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lundi, 15 janvier 2018

Robert STEUCKERS: EUROPA - Volume I, II & III

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EUROPA - Volume I, II & III

(10 janvier 2018)

I : VALEURS ET RACINES PROFONDES DE L'EUROPE

Les valeurs qui nous déterminent ou devraient encore et toujours nous déterminer sont nées aux périodes axiales de l’histoire, nous expliquait Karl Jaspers. Pour l’Europe et pour les peuples de souche européenne, Jaspers situait cette émergence de valeurs dans l’antiquité, aux époques de Zoroastre ou de Socrate.

Pour la Grèce, nous situerions cette émergence à l’ère homérique. D’autres filons philosophiques voient la naissance de valeurs fondatrices en Europe à d’autres époques, portée par d’autres figures individuelles ou collectives : Marc-Aurèle, Maître Eckhart, Sohrawârdî, Nietzsche…

Il s’agit désormais, à une époque de nihilisme profond, de vide, de ressusciter ces valeurs fondamentales et traditionnelles par un combat métapolitique permanent et vigilant, créant tout à la fois une rétivité sociale, politique et militante, dirigée contre les vecteurs du nihilisme délétère, et, chez chacun des combattants politiques ou métapolitiques, du plus humble au plus prestigieux, une force intérieure tranquille, inaccessible aux séductions perverses de la modernité dévoyée.

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II : DE L'EURASIE AUX PÉRIPHÉRIES, UNE GÉOPOLITIQUE CONTINENTALE

Les deux guerres mondiales du XXème siècle nous ont appris que seuls comptaient sur l’échiquier planétaire les grands espaces, théorisés par les écoles géopolitiques et par le juriste Carl Schmitt.

Pour l’Europe, il s’agit de s’insérer dans un espace eurasien qui englobe la Sibérie russe, comme au temps de l’alliance tacite entre Louis XVI, Marie-Thérèse et Catherine II ou comme au temps, trop bref, de la Sainte-Alliance post-napoléonienne.

Cette convergence eurasienne implique un regard bienveillant sur les espaces perse, indien ou chinois (confucéen), de façon à créer un monde multipolaire où le politique repose sur des assises éthiques traditionnelles et solides, sur les longues mémoires, sur la plus grande profondeur temporelle possible.

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III : L'EUROPE, UN BALCON SUR LE MONDE

L’Europe, c’est d’abord une identité anthropologique. Mais c’est aussi une réalité géographique : une presqu’île à l’ouest d’une masse continentale eurasienne, perpétuellement assiégée, depuis les Huns, les Avars ou les Ottomans jusqu’aux faux réfugiés économiques arrivant aujourd’hui à Lampedusa ou à Lesbos.

Une Europe réveillée doit connaître son passé tragique, son passé de sous-continent et d’humanité assiégée, doit se remémorer la volonté de combattre de ses générations antérieures et les ressorts religieux et idéologiques de ses voisins, amis ou ennemis. Il n’y a pas de politique cohérente possible, pas d’avenir stable, sans longue mémoire.

Ce livre entend surtout, et de manière didactique, fournir les éléments de cette mémoire qu’il faudra impérativement, impérialement, retrouver, sous peine de mort, de disparition dans la honte et la misère.

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Editions BIOS

Directeur: Laurent Hocq

Retrouvez nous sur :

+33 7 70 27 00 46
https://fr-fr.facebook.com/editionsbios.fr/videos/1336055553207365/

laurent.hocq@editionsbios.fr

Janvier 2018

Trois volumes d'un total de 996 pages

ISBN : 979-10-94233-01-6

75.00 €

dimanche, 14 janvier 2018

Bannon en chute libre : il a été chassé de « Breitbart News »

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Bannon en chute libre: il a été chassé de « Breitbart News »

Washington. L’étoile du « faiseur de roi », de celui qui avait été décrit comme l’homme à avoir promu Trump, a encore pâli. Steve Bannon,en effet,  perd encore des plumes. Il était tombé en disgrâce à la Maison Blanche, pour avoir participé à un ouvrage qui critiquait vertement Trump : cet ouvrage s’intitule « Fire and Fury » et est signé par le publiciste Michael Wolff. Pire : il vient d’être démis de ses fonctions au portail en ligne « Breitbart News ».

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« Breitbart News » avait la réputation d’être le site porte-paroles de la droite américaine et avait véritablement mobilisé l’opinion pour faire entrer Trump à la Maison Blanche. Dans une déclaration qu’il vient de publier, Bannon lui-même se dit fier que l’équipe du site est parvenue à créer, au cours des dernières années, « une plateforme d’information de niveau mondial ». Bannon ne dit rien à propos des motifs de son départ dans la déclaration qu’il vient de formuler. Le directeur actuel du portail, Larry Solov, a toutefois expliqué que l’entreprise sera « toujours reconnaissante » à Bannon pour avoir atteint le niveau qu’elle a effectievement atteint grâce à l’aide de Bannon.

Mais les « sources bien informées » de Washington en savent davantage, bien évidemment. D’après elles, le départ de Bannon est dû à la pression exercée par la famille Mercer, des milliardaires conservateurs qui possèdent la plupart des actions de « Breitbart ». Rebekah Mercer, femme entrepreneur et généreuse mécène de l’affaire, aurait été outrée après la parution du livre révélateur « Fire and Fury » ; elle se serait alors désolidarisée de Bannon pour réaffirmer son soutien à Donald Trump.

(Source : http://www.zuerst.de ).

samedi, 13 janvier 2018

Preparing for Iran's Next Reza Shah

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Preparing for Iran's Next Reza Shah

Ex: https://jasonrezajorjani.com

No one in the mainstream media seems to have noticed that the uprising in Iran took place six months after the most well-established Iranian opposition groups were unified for the first time in 38 years of theocratic tyranny. On August 11, 2017 in Los Angeles, the Constitutionalist Party, the Pan-Iranist Party, and the National Front were brought together under the cultural umbrella of the Iranian Renaissance to form the Jebheyé Irângarâyân or Iranian United Front (literally, the “Iranist Front”).

For about a year now, a faction within the so-called “hardliners” of the Islamic Republic has been considering embracing the idea of an Iranian Renaissance in order to salvage some of the core structures of the Islamic Republic that protect Iran’s banking system from globalist control and secure Iran's territorial integrity in the face of foreign-backed separatist agitators. This faction is centered around Esfandiar Rahim Mashaei, who briefly served as Mahmoud Ahmadinejad’s Vice President and was unsuccessfully backed by Ahmadinejad to run against Rouhani (because the Guardian Council deemed Mashaei a “deviationist” for his nationalism). Mashaei’s circle has been reading Renaissance texts such as The Political Thought of Aryan Imperium, written by Shahin Nezhad, the spokesman of the Iranian Renaissance (and a Mashadi), who delivered a talk at The London Forum last February. Since this group of hardliners are a part of the regime itself, they were able to secure permits for demonstrations against worsening economic conditions and corruption. Ahmadinejad gave a speech threatening the regime's corrupt establishment shortly before the protests began, and he has since been arrested by the Islamic Republic for provoking unrest. The slogans of the Ahmadinejad-associated protests condemned the so-called “reformist” Rouhani administration for its broken promise that Iran’s concessions in the nuclear deal would raise living standards.

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At the same time that these legal demonstrations were organized in the city of Mashad (the city of Imam Reza), the Iranian Renaissance planned a celebration for Ferdowsi’s birthday. The event was originally scheduled for the 27th of Âzar (his actual birthday), but then rescheduled for the 2nd of Dây (the date he gives for his birth, not adjusted to changes in the calendar system), or December 23, 2017. The tomb of the author of the Persian national epic, the Shâhnâmeh, is in Tous, just outside of Mashad. The idea was to replicate our Cyrus Day event, when hundreds of thousands gathered at the tomb of Cyrus the Great on October 29, 2016. Once busloads of ultra-nationalists arrived at the tomb, they were informed that their rally permit was revoked. These angry ultra-nationalists were diverted to Mashad where they encountered the legal hardliner demonstrations, and joined them, shifting the slogans in a nationalist direction. Then they went back home to the smaller cities and towns where the Renaissance has its largest following, rather than in more Westernized major metropolitan areas. The rest is history.

The protests that we have been seeing in Iran since late December of 2017 are fundamentally different from the Green Movement of 2009. This can be seen from the type of slogans being chanted by demonstrators. They are not in favor of democracy or demanding so-called ‘free elections.’ No one is asking “where is my vote?” and not so much as a green handkerchief can be seen on the streets during this uprising. Here is a breakdown of some of the slogans that have become definitive of this revolt.

“We are Aryans, we don’t worship Arabs!”

Iran is shorthand for Irânshahr, the Middle Persian form of Aryânâ Khashatrâ or “Aryan Imperium.” Persians never referred to Iran as “Persia” or the “Persian Empire.” What we are seeing on the streets in Iran is the spearhead of a renaissance of the Aryan heritage of Iran after 1,400 years of genocidal Arab, Turkic, and Mongol colonization. Those who are concerned that Iran’s uprising will lead to the kind of change we saw during the so-called “Arab Spring” are clueless regarding the chasm that divides the Arabs and other Muslim societies from Iranians. The #AryanSpring in Iran is radically pre- and post-Islamic, if not anti-Islamic.

“Islam and the Quran, we sacrifice them both to Iran!”

Protesters who are chanting slogans such as this are not simply opposing the 39-year old Islamic Republic. They are burning down mosques, and setting fire to the religious schools that train Mullahs (i.e. clergy) and produce the regime’s reigning Ayatollahs. People are rejecting Islam as such in favor a renaissance of pre-Islamic Persian values like the reverence for wisdom, industriousness, chivalry, tolerance, and humanitarianism.

Reza Shah & Mohammad Reza Pahlavi.jpg“Whether by cannons, guns, or tanks – the clergy have to go!”

Contrary to the peaceful nature of the upper class 2009 protest movement, which was aimed at mobilizing the international community to impose allegedly ‘free elections’ on Iran with a pre-determined neo-liberal outcome, this working class uprising is forceful. People in the streets are not demanding a chaotic ‘democratic’ revolution, one that would decimate the nation’s industries and threaten its territorial integrity. Rather, they are inviting a military coup and removal of the Ayatollahs under martial law conditions.

“Reza Shah, may your soul rejoice!”

This is probably the most popular slogan of the current uprising, and further substantiates that the will of protesters is a transition out of the Islamic Republic under martial law. Reza Shah Pahlavi (d. 1944) was an authoritarian ultra-nationalist who came to power in a military coup. He is the one who, in 1935, requested that the world call “Iran” by the same name that the Persians have called it for 3,000 years. Reza Shah was removed by the Allied powers when they invaded and occupied Iran from 1941–1946, because although Iran was officially neutral, Reza Shah ideologically leaned toward the Axis.

So it is safe to say that what is going on inside of Iran is not a “color revolution.” In point of fact, the Mossad was taken completely by surprise, and the Trump administration had not yet even formulated, let alone implemented, a cohesive plan for how to effect regime change in Iran. We preempted them. That having been said, there is a very great danger that this movement will be co-opted.

Reza Shah, Not Reza Pahlavi

Slogans of “Reza Shah, may your soul rejoice!” should not be conflated with support for Crown Prince Reza Pahlavi, even if the latter’s supporters inside of Iran are attempting to conflate the two. The Crown Prince has repeatedly and emphatically rejected the legacy of his father and his even more authoritarian and ultra-nationalist grandfather. He is an advocate of liberal democracy, neo-liberal economics, and a kind of ‘human rights’ that entails federalism on an ethnic basis and the disestablishment of the Persian language (which we have not once heard come out of the mouth of his daughter and heir). In the summer of 2016 there was a revolt against him from among the ranks of the most elite proponents of a restoration of the Persian Imperial tradition. Those of us who signed the “Last Warning” statement of August 20, 2016 were particularly vexed by his close relationship with the Arab sheikhdoms of the Persian Gulf (which he has referred to as “the Gulf” in order to placate them). At a CFR meeting in Dallas on February 25, 2016, he went so far as to belittle the genocidal Arab invasion of Iran and mock Iranian nationalists. At the same meeting, Reza Pahlavi II relinquished a future post-Islamic Iran’s right to nuclear weapons and suggested that Saudi Arabia should so deeply invest in Iran’s economy and industry that war with the Wahhabi Kingdom would become inconceivable for Iranians. The Crown Prince has also gone on record saying that if the religious beliefs of Muslims are to be disrespected under a new regime, then it would be better for the Islamic Republic to remain in power.

Based on this past history, his response to the current developments in Iran were quite predicable. After returning from a winter vacation in Europe, which allegedly prevented him from delivering a speech during the days of the most intense protests, on January 10, 2018, Reza Pahlavi granted an interview with the newscaster Alireza Nourizadeh. In this interview, Reza Pahlavi actually admits that he “did nothing” to catalyze the uprising. He is gleeful about the prospect of its being leaderless, and yet he attempts to co-opt the movement on the streets in Iran for his own purposes, or rather, for those of his foreign financiers and handlers.

Leadership

The Crown Prince rejects the need for a charismatic leader, voicing concern that such a person could become an idol who is later toppled or smashed. He says that he has always insisted that Iran’s problems must be addressed through a bureaucratic system. This is in response to the interviewer’s rhetorical question about whether the current uprising has put him in a position of greater responsibility. As his own father once remarked about him to a prominent court minister, this Crown Prince has always endeavored to shirk responsibility by any means possible.

Reza Pahlavi denies the need for a charismatic leader to shepherd Iran’s transition out of the Islamic Republic because, unlike the grandfather who is his namesake, he is not such a leader. In fact those close to him know that he has repeatedly mocked his grandfather and criticized him for being a ‘dictator’. Apparently, the Crown Prince does not recognize the difference between dictatorship and the need for sovereign authority in a state of emergency when the normal constitutional order has been suspended. It is precisely in such situations that one cannot rely on the systematic decision-making process of a bureaucracy.

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The Crown Prince also fails to recognize the difference between the type of idolatry characteristic of Sultanates and the Persian Imperial concept of farré kiâni or “divine royal glory.” The latter is an inextricable element of any properly Persian monarchical system, and it is a philosophical concept that his father embraced by assuming the title Âryâmehr or “Light of the Aryans.” The farré kiâni was aesthetically symbolized by the halo or aura around the head, a convention that entered both European and Buddhist art via Iranian influence on Roman Mithraism and the Iranian development of Mahayana Buddhism. Reza Pahlavi actually rejects the idea of farré kiâni out of deep resentment over the fact that he lacks it. Protesters on the streets are, however, clearly looking for someone with this quality.

Reza Pahlavi says, “leadership (rahbari) is not dependent on one person. We each have our own roles. A workers syndicate leader has to provide leadership (rahbari) to exactly the same extent as a social activist inside the country and a student leader and so forth.” This shows his fundamental failure to understand the concept of rahbari or shahriyâri, i.e. sovereignty, in the framework of Iranian political thought. This becomes clearer in the context of his remarks concerning democratization of Iran.

Democracy

The Crown Prince identifies the establishment of a “true democracy” as the goal of the uprising against the Islamic Republic. He further defines this as the determination of Iran’s form of government, as well as all of the policies of this government, by means of “the ballot box” and according to “the will of the majority.” Interestingly, in rejecting the restoration of monarchy as a foregone conclusion, he says “I don’t know what form of government the majority of the people of Iran will choose in the future election that establishes a secular democratic parliamentary regime.” These are very telling words. They reveal that for Reza Pahlavi “a secular democratic parliamentary regime” is non-negotiable and while various ‘monarchist’ and republican parties may contend over the specific shape that it takes, the basic ideological parameters of this coming regime are predetermined.

What if the single largest segment of the population with a coherent will (what Rousseau called a volonté générale, which need not amount to 51%), prefer a regime that is not democratic or secular in the sense that Reza Pahlavi means? After all, the Islamic Republic came to power in a democratic election wherein 98.2% of the population voted for a regime that the Crown Prince himself now describes as “an occupation regime”. Perhaps Reza Pahlavi can identify what foreign power 98.2% of Iranians were acting as a fifth column for when they democratically elected it? If foreign manipulation did take place on such a scale (and perhaps it did), then why would the Crown Prince assume that democratic elections held amidst a chaotic revolution now would not be manipulated in the same way? Including, and especially, by the foreign interests who want to install him.

It is significant that he uses this phrase, “occupation regime”, to describe the Islamic Republic at a point in this interview when he is praising France as a model democracy. Since 1789 France has been through five republics, with each of the four preceding the present one being brought to an end by either a bloody revolution or a devastating war! Meanwhile, the “democratic” policies of the present French Republic have turned large parts of Paris, Marseilles, and other major metropolitan areas into Muslim slums and Sharia-law enforced no-go zones. Within a generation, there may be a Muslim majority in metropolitan France.

More fundamental than all of these criticisms is the fact that Iranian civilization is fundamentally anti-democratic and has been so since Darius and Xerxes fought with Athens over the control of Greek city states, many of which were pro-Persian. The core concept of Iranian political thought is Shahrivar (a contraction of the Avestan Khashatrâ Vairyâ), which means a utopian aristocracy wherein those who are most qualified to make decisions regarding certain areas of state policy are the ones making them, rather than the ignorant masses. This system avoids the injustice of treating those who are unequal as if they are equals. As Darius the Great states in the rock carving of Behistun, "Neither did I allow the strong to oppress the weak, nor did I allow the weak to tyrannize over the strong. I stood for what is Just." This conception of good governance guards against the manipulation of the masses by oligarchs who hide behind the façade of a democracy. Heraclitus, Pythagoras, and Plato all essentially accepted the superiority of this Persian form of government over the democracy exemplified by Athens. This ideal was resurrected in the West during the Italian Renaissance and its modern European representatives are thinkers such as Friedrich Nietzsche, Julius Evola, Carl Schmitt, and Martin Heidegger.

Unlike Greek democracy, the Persian Imperial tradition, which Reza Shah Pahlavi resurrected and Crown Prince Reza Pahlavi disowns, is one that outlawed slavery and insisted on charitably providing economic welfare to all workers (Daheshmandi) with a view to promoting industrious development and the beautification of the world (Abâdsâzié Gitiârâ). Such ideals of statecraft were superficially Islamized by Medieval Iranian thinkers like Shahab al-Din Suhrawardi and Al-Farabi, whose treatises in turn influenced Ayatollah Khomeini and some of the other theoreticians of the Islamic Republic. In other words, there are certain anti-democratic formal structures of the Islamic Republic that are thoroughly Iranian. Iranians can de-Islamize and reclaim these rather than adopting a system of government that is problematic even in the West.

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Human Rights and Secularism

Reza Pahlavi claims that the next constitution of Iran should be based on the 1948 United Nations’ Universal Declaration of Human Rights (UDHR), and he places a special emphasis on the freedom of religion (Article 18) while insisting on a “secular” regime. The Crown Prince makes it emphatically clear that by “secular” he does not mean anti-Islamic. On the contrary, he is very concerned with protecting Islam and the rights of Muslims to profess and practice their religion in tomorrow’s Iran.

The UDHR protects freedom of religion unconditionally, and it declares that popular sovereignty is the basis of the legal authority of governments. The drafters formulated these rights in an unqualified manner that renders the Declaration incoherent and self-vitiating, because it inadvertently allows the ‘moral majority’ of a religious democracy to deny dissenting minorities the very human rights that are protected by the Declaration. Certain of the drafters of the declaration were aware of this possibility. If one compares the law of the Quran to the Universal Declaration of Human Rights it becomes clear that Islam is not compatible with the qualified liberal democracy that some of the UDHR drafters had in mind when writing Article 21, but is compatible with the original Greek conception of Democracy, as well as the kind of Democracy advocated by Jean-Jacques Rousseau.

The establishment of the Islamic Republic of Iran in the popular revolution of 1979 is an example of a democracy that, once established, renounced its nation’s commitment to make a sincere effort to protect universal human rights under the UN Charter. There is a fundamentally false presumption underlying the drafting of Article 18’s unqualified right to freedom of religion, namely that the state can be “neutral” with respect to any and all religions. This is the same delusion that Crown Prince Reza Pahlavi is laboring under. It is nonsensical to tolerate an irrationally and inherently intolerant religion, and it is impolitic to do so when your nation is presented with a historic opportunity for a cultural revolution that could move it beyond 1,400 years of Islamic colonization at the hands of Arabs, Turks, and Mongols, on the basis of a renaissance of pre-Islamic Persian principles and ideals.

Humanism is one of these ideals, and it is often confused with the internally contradictory modern Western formulation of “human rights.” Cyrus the Great was not the author of ‘the first declaration of human rights,’ as Westernized Iranians like to refer to the Cyrus Cylinder. Cyrus the Great was an autocratic militarist whose conquests established the first true empire in human history that encompassed and integrated numerous formerly independent kingdoms. It is true that he was able to do this because, unlike previous tyrannical rulers, he was also a humanitarian. His humanitarian character and the cosmopolitan humanism of his Achaemenid successors is based on an ancient Iranian concept called Vohuman, which is the oldest Indo-European instance of the word “human.” According to Zarathustra (Zoroaster), one is a human being to the extent that one has cultivated one’s mind and thereby raised oneself above what one shares in common with animals. This sense was retained when Mithraism acted as a conduit to bring this idea from Iran to Rome, where it was revived as the ideal of humanitas in the Italian Renaissance. The West implicitly recognizes this in the designation of the liberal arts as “humanities” or the means whereby one becomes a human being. That is what Saadi of Shiraz meant in the famous poem that Barack Obama was so fond of misquoting, and that is stitched into a Persian carpet at the United Nations: “The children of Adam are all limbs of one another, should one be in distress the others unmoved cannot remain; should you be indifferent to human pain, a son of Adam may your name not remain!” This is not an endorsement of “human rights.” On the contrary, the idea is that many people are not deserving of being considered “human.” 

shah-d-iran-et-son-epouse-en-1967-637x0-2.jpgWhat is particularly alarming about Reza Pahlavi’s discourse of human rights and secularism, especially considering that he is funded by Saudi Arabia, is that he wants Sunnis in outlying provinces such as Kurdistan and Baluchistan to be able to build mosques and religious schools that reflect their beliefs. At a time when the majority of Shiite Iranians are burning down mosques and seminaries, do we really want Wahhabi-funded madrassas in Iran? Reza Pahlavi is utterly ignorant of his nation’s history when he claims, in this interview as in many others that he has given, that the Shiite-Sunni conflict does not precede the Islamic Republic’s allegedly divisive state ideology and foreign policy. When the Ismaili Assassins and Shah Ismail Safavi took up the banner of Shiism, it was to exploit this sectarian division in order protect Iran from being swallowed by the Arabian and Turkic Caliphates. Otherwise, Iran today might look a lot more like Persian-speaking Afghanistan. Iranian society has evolved beyond the need for cloaking Iranian ideas and values in a Shiite garb. Nevertheless, it is dishonest to deny the historic relationship between Shiism and the struggle to maintain Iranian identity in the face of the Sunni Muslim orthodoxy of the various Caliphates, including the present Islamic State to Iran’s immediate West and Al-Qaeda or the Taliban on Iran’s eastern border.

Liberalism

According to the Crown Prince, “Liberalism” was the uncompleted goal of the Persian Constitutional Revolution of 1905-1911 and the current revolt against the Islamic Republic represents the completion of the final stage of the project initiated by the constitutionalist revolutionaries. How interesting that although he rejects Iranian sacred ideals such as farré kiâni and insists that the next regime of Iran should be radically neutral with respect to every religion, Reza Pahlavi refers to the attainment of “complete liberalism” in Iran as “this sacred goal.” He does so while asserting that Iran’s new constitution should not be based on any particular ideology: “Equality before the law will have been established when no ideology is superior to any other and all ideologies are free. I see this exemplified around the world, in the freest and most progressive countries.” Does he think that Liberalism is not an ideology?

Of course it is. Liberals just cheat themselves out of an honest fight by pretending that it isn't. Liberalism is an ideology that originated in modern Europe and one that has been embraced by a particular segment of Western society, a small minority of extremely Westernized Iranians living abroad, and perhaps also an even smaller urban elite of nihilistic materialists in wealthy districts of Tehran and other big cities. It is certainly not the ideology of the people protesting since December 28, 2017.

Furthermore, Liberalism is an incoherent ideology insofar as it attempts to synthesize itself with Democracy. “Liberal Democracy” becomes a contradiction in terms as soon as the will of a majority in any country (or perhaps in a future global democracy) turns out to be illiberal. This may take the form of the electorate embracing some form of religious orthodoxy as the basis of public policy, as in the so-called “Arab Spring”, or democratic elections that empower more secular but anti-liberal forces, as in the example of Italian Fascism and German National Socialism. As Carl Schmitt understood well in his critique of John Stuart Mill, liberals like Reza Pahlavi make the mistake of confusing a political regime’s decision-making with a gentlemen’s debating society.  Every political order is at least implicitly based on a certain ideology. More than that, sovereign decision needs to be grounded in an ethos or moral character that is more fundamental than the written constitution of a nation.

“Liberalism” is an uprooted way to conceive of the values of a particular culture or civilization, values which Iranians actually may share with certain of their European cousins, on the basis of a common Aryan heritage of free-spirited chivalry and broad-minded tolerance. However, these values are nothing like universal to humanity and in Iran, in particular, they have been under a 14 century-long assault by brutal Muslim colonizers of the kind that are now targeting the West as well. It is the most liberal social atmosphere in Persian history, the Mazdakite Revolution of the late Sassanian period, that opened the way for the Islamic Conquest of Iran. The liberalizing reforms enacted by the Shah in the late 1970s, under pressure from President Carter and other Western leaders, led directly to the Ayatollahs’ tyranny. Today, when Iran is flanked by two rival forms of a fundamentalist Sunni Caliphate, and also finds itself across the Persian Gulf from a Wahhabi regime that is funding and arming anti-Persian separatists in all of Iran’s most resource-rich provinces, advocating a constitutional order based on liberal ideology is tantamount to treason.

Globalist Capitalism vs. Nationalism

The final points that Reza Pahlavi makes in his January 10th interview are the most damning. He doubles down on the direct assault on Iranian nationalism, and the promotion of globalist economics, which I blasted him for during an interview with Omid Dana that exposed his February 2016 speech and Q&A session at a Council on Foreign Relations dinner in Dallas. Toward the very end of his interview he even chuckles as he mentions that he has said these things before “at considerable cost.” He is talking about the damage that Omid and I did to him with this interview. Unrepentant, the Crown Prince patronizingly explains that: “We have to think deeply and get out of these blind nationalist games that always pit Arabs against Aryans and look at things in a way that is a little more sophisticated and realistic.”  He goes on to point out that European nations that fought terrible wars with one another are now joined together in the European Union, citing France and Germany, and France and England, in particular. Based on this grotesquely false analogy, which shows his inability to even conceive of an Iranian Civilization distinct from the Arab and other Muslim cultures that misappropriated its genius, he argues that Iran should enter into a regional common market with Saudi Arabia. Each of the countries in that market, the vast majority of which would be Arab states, ought to invest in all of the others to the extent that war between them becomes impossible.

In fact, Reza Pahlavi goes so far as to suggest that Iran should agree to have an integrated military structure with Saudi Arabia that would act as a “common defense” for the entire region of the Middle East and North Africa, stretching as far as Morocco. He repeatedly emphasizes that these ideas are based on numerous conversations with big players in the United Arab Emirates, Egypt, Saudi Arabia, and “the Arab world as a whole” where, he claims, people have no animosity toward Iranians and are only opposed to the Islamic Republic. So the Crown Prince essentially wants Iran to be swallowed by the GCC or Arab League, and one is left wondering if he could really be so idiotically naive as to believe what his Arab benefactors are telling him.

“In the end it’s all about people being able to get their daily bread, right?” he asks rhetorically. “Well, then,” he says, “if that’s what it is, tell me where the majority of the capital for rebuilding our nation is going to come from? …Who has the most money in their hands? These very same countries in the region. Should we throw it at each other in the form of missiles?! Or should there be capital investment in Iran to create jobs?” In other words, Reza Pahlavi wants sheikhdoms like Saudi Arabia and the UAE to be the single largest source of capital investment for the rebuilding of Iran’s economy after the overthrow of the Islamic Republic destroys all of those industries under the control of the Islamic Revolutionary Guard Corps (IRGC). The cherry on top is what he says about the banking system of Iran, which is currently one of the very few nations in the world without a Rothschild controlled bank: “When you… institute international standards, and regulations concerning banks – Iran is crying out for this! We cannot constantly be interfering in the affairs of our neighbors.” Really? The protesters are crying out for a Rothschild bank?

Reza Pahlavi is a disgraceful antithesis of the grandfather who is his namesake. The Pahlavi dynasty died with the Crown Prince's 'suicided' brother, Shapur Ali Reza – a true patriot and a doctor of Iranian Studies. This leaves us asking, “Who is the next Reza Shah?” Certainly not Maryam Rajavi or any commander of her Islamist-Marxist militia.

An Islamist-Marxist Terrorist Cult

The Mojaheddin-e-Khalq Organization (MEK or MKO) was the main force behind the hostage taking at the American Embassy in Tehran in 1979. They also introduced the description of America as “the Great Satan” and the slogan “Death to America!” into the Islamic Revolution in Iran. Anyone who has honestly studied the Iranian Revolution in depth knows that the hostage crisis was engineered, on the American side, by 33° freemason and CIA director George H.W. Bush. The Bushes are so close to the House of Saud that former Saudi Ambassador to the United States, Bandar bin Sultan was nicknamed “Bandar Bush.” So it should be no surprise that Saudi Prince Turki Bin-Faisal has praised the late Massoud Rajavi, leader of the Mojahhedin-e-Khalq, as a hero worthy of those memorialized in the Shâhnâmeh.

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On the weekend of July 2nd 2017, in a suburb of Paris, prominent US Senators Newt Gingrich and Joe Lieberman joined Saudi Prince Turki Bin Faisal to attend an event organized by the Mojaheddin-e-Khalq. At the meeting, former Democratic senator Robert Torricelli, who has since become the group’s lawyer, described them as the “point of the spear” for regime change in Iran. Also known by the aliases People’s Mojaheddin Organization of Iran (PMOI) and National Council of Resistance of Iran (NCRI), the group was on the US State Department’s list of foreign terrorist organizations until being removed by Secretary of State Hillary Rodham Clinton in September of 2012.

The Mojaheddin most certainly belonged on that list. Aside from the fact that these guerrilla fighters were responsible for assassinating Americans in 1970s Iran, and initiating the hostage-taking at the American Embassy in Tehran after the Shah was removed from power, they are first and foremost guilty of terrorizing their own membership. The group, led by Maryam Rajavi (in the wake of her husband Massoud’s recent death), is essentially a totalitarian cult of personality that controls every aspect of the lives of followers and demands blind obedience from them. Their bizarre ideology fuses a Che Guevara or Maoist type of Marxism with an anti-clerical and therefore radically heterodox messianic Shiite Islam. Their political leadership and militia commanders include red headscarf wearing women, and yet men and women are even more strictly segregated in Mojaheddin facilities and encampments than they are under the sharia law of the Islamic Republic. Members of the group are even forced to divorce their spouses and pledge all of their love to their Leader. When Massoud was still alive, it is rumored that he used to sleep with other members’ former wives as a test of loyalty. Also consistent with what is observed in many cults is the fact that disobedience from members, of any age, meets with physical torture, solitary confinement, and brainwashing tactics.

The group has virtually no following inside of Iran. After they helped to bring the provisional government of the Islamic Republic to power, Ayatollah Khomeini turned on them in 1980 and they responded by siding with Saddam Hussein during his 8-year, Western-backed war of aggression against the Iranian people. They defected to Iraqi territory taking some tank divisions and helicopters with them. Consequently, the Mojaheddin are considered traitors by almost everyone in Iran. It does not help that, during the war, the MEK agreed to govern the Iraqi-occupied oil-rich province of Khuzestan for Saddam, in the event that it could be separated from the rest of Iran, or that the NCRI’s official charter and proposed constitution promises regional autonomy and the right of self-determination to Kurdish separatists who falsely deny that all Kurds are Iranians. The US-occupation of Iraq in 2003, and the subsequent increase of Iranian influence in Iraq has meant that Iraq is no longer a safe haven for them, with the very significant exception of separatist Iraqi Kurdistan. Consequently, Rajavi and her followers have relocated most of their resources to the West.

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Senator Lieberman and former House Speaker Gingrich, who has been photographed bowing before the group’s leader, are not the only prominent politicians on the Mojaheddin’s payroll. The former governor of Pennsylvania, Ed Rendell, has been paid more than $150,000. Rudy Giuliani, the 9/11 mayor of New York, Republican Presidential candidate and close associate of Donald Trump, has received a $20,000 ‘honorarium’ for each of the many twenty minute speeches that he has given at MEK events over the years (including when the group was still listed as a terrorist organization). Senator “Bomb Bomb Iran” John McCain has accepted a medal from the MEK and praised them as “freedom fighters.” The list of the MEK’s bought and paid-for supporters in Washington goes on and on, including former US Ambassador to the UN, John Bolton, top brass of the US military such as Generals Wesley Clark, Peter Pace, Hugh Shelton, and Anthony Zinni, as well as three former directors of the CIA: James Woolsey, Michael Hayden, and Porter Goss.

The question is: Where does the MEK get its money? Tel Aviv and the Israel Lobby in the United States. The Mossad has trained the group’s operatives to carry out assassinations of nuclear scientists in Iran and clandestinely gather intelligence on Iranian nuclear facilities. Meanwhile, the American Israeli Public Affairs Committee (AIPAC) successfully strong-armed Hillary Clinton’s State Department to remove the Mojaheddin from its list of terrorist groups. Elie Wiesel and Alan Dershowitz are among the group’s most prominent advocates.

It has been very disturbing to see the NCRI/MEK/MKO promoted over American intelligence-backed Persian language news services during the course of the uprising. The CIA-run Voice of America Persian Service allowed Maryam Rajavi to use its capability to satellite broadcast into Iran and this reached another level with FOX News giving airtime to this Mojaheddin representative to distort the American public’s perception of this revolt against the Islamic Republic.

Bonapartist Persia

Concern over this movement being co-opted is, considering all of the above, quite reasonable, but it should leave no one with the illusion that the Islamic Republic can somehow be salvaged. Consider that 90% of the 3,700 protesters arrested in Iran are under 25 years old. No one should be fooled by the pro-regime demonstrations displayed on IRI propaganda outlets like Press TV. They are fake news. As in this case of this video from Shiraz, the Islamic Republic is transporting its supporters by bus from one city to another, staging demonstrations there, filming them, and moving on to the next city to repeat the same routine. In some cases, such as the alleged pro-regime demonstrations in Neyriz, they are simply broadcasting old footage of Qods Day gatherings on state TV. On the contrary, precisely because the situation has crossed the point of no return, it is imperative for the Iranian people to receive every encouragement to persist in their valiant struggle. Otherwise, those with the worst intentions will seize this opportunity to take up the mantle of opposition to the Ayatollahs.

President Trump should maintain his public support for the uprising in Iran. However, he should under no circumstances authorize a US military intervention in Iran. Moreover, the White House must prevent the governments of Israel and Saudi Arabia from manipulating the situation in Iran with their support for ethnic separatists and other terrorist organizations such as the MEK/MKO/NCRI. No one should militarily engage the Islamic Republic (even outside of Iran), as this would give the regime an excuse to crush any attempted coup as an act of treason. Finally, the President and his cabinet (i.e. Secretary Tillerson) would be well advised to never use the term “Arabian Gulf” again. It almost completely cost them their credibility with a population that could potentially turn Iran into America’s most reliable long-term strategic ally in the Islamic world.

At the same time, Americans should not impose their expectations upon Iran or be deceived by an opportunist like the Crown Prince simply because he mirrors those expectations. In view of how the current uprising began, one can project that it will not end with free elections and wholesale replacement of the Islamic Republic by foreign-based opposition. Rather, we are headed for a coup d'état by members of both the IRGC and the national military, a coup which preserves certain formal structures of the Islamic Republic while replacing its ideological content through a top-down cultural revolution.

That is as it should be. This uprising is not about democracy, human rights, and secularism. It is about the idea of "Iran", which is an inherently imperial idea. The repudiation of the Rouhani government is also a rejection of the international community's denial of Iran's right to nuclear weapons. Given its glorious world-historical civilization and incomparable geostrategic position, Iran should certainly have nuclear weapons as a deterrent against the numerous nuclear-armed rivals that surround it (recall that Russia alone is responsible for militarily conquering and colonizing one-third of Iranian territory, and that Pakistan's nuclear arsenal is essentially owned by Saudi Arabia). "Neither for Gaza, nor for Lebanon, I'll sacrifice my life for Iran!" is not a slogan of retreat or surrender. It is just that the sixth Persian Empire will have no place for the Palestinians or Hezbollah.

Iran is surrounded by 10 artificial states, and at least half of them were former provinces – some, for example northern Azerbaijan and large parts of Georgia in the Caucasus, were still part of Iran as recently as the 19th century (which is yesterday in terms of Iranian history). That Iranians are not willing to waste their lives and their hard-earned money on protecting Lebanese, Palestinian, Syrian, and Yemeni Arabs, does not mean that Iran can be prevented from re-integrating territories that have been part of at least five successive Persian Empires, including Iraq and the Tajik (i.e. Persian-speaking) regions of Afghanistan and Central Asia. As soon as he became the Revolution, Napoleon formed an Empire. Westerners (and irredeemably Westernized Persians) need to stop agitating for democracy in Iran. They should prepare themselves for the rise of Bonapartist Persia.

vendredi, 12 janvier 2018

Protecting the Belt and Road Initiative From US-Led Terrorism: Will China Send Troops to Syria?

Protecting the Belt and Road Initiative From US-Led Terrorism: Will China Send Troops to Syria?

Ex: https://www.stratgic-culture.org

An interesting theme concerning Syria is the involvement of the People's Republic of China in the conflict. While China’s diplomatic and economic assistance has been constant, its military contribution to Syria is less known. It is important for China and Russia to contain and defeat the terrorist phenomenon in the Middle East, as well as to defang the strategists in the US deep state who are unceasing in their efforts to employ jihadism as a weapon to destabilize Eurasia’s integration projects.

The Jihad International, under the economic and strategic guidance of the United States, has recruited tens of thousands of terrorists over the years and sent them to Syria. Among these, a significant number come from the Uighur ethnic group, situated in the autonomous Chinese province of Xinjiang, particularly from the city of Kashgar, geographically located in the extreme west and close to the borders of Kyrgyzstan and Tajikistan.

The employment of ethnic and religious minorities to destabilize the majority of a given population has been an ancient artifice repeatedly relied upon by great powers. We thus remember how radical Islam was used in Chechnya to strike the Russian Federation at its "soft underbelly" in the south-west of the country. Two wars and repeated terrorist attacks show the area has yet to be fully pacified. The Wahhabis, a Sunni (anti-) Islamic minority, have shown themselves to be the perfect spark to ignite the tensions between Shiites and Sunnis in the Middle Eastern region and beyond. The case of the Uighur Islamist extremists in Xinjiang is no exception, and the Chinese central government is well aware of the potential danger from an internal uprising or targeted sabotage in the region. Not surprisingly, there has been a tightening of security measures in the region, with exercises against terrorist attacks and riots carried out by police and paramilitary groups. Beijing does not underestimate the danger posed by populations susceptible to foreign manipulation.

While the economic support for Uyghur Islamist separatists more likely derives from Turkey than Saudi Arabia (for historical reasons), it is worth highlighting the highly proactive attitude of China in addressing the issue. As well as beefing up internal security and having a policy of zero tolerance towards such extremist ideologies, Beijing has since 2011 been contributing economically and diplomatically to the Syrian war against the jihadists.

Official estimates place about 5,000 Chinese Uyghur terrorists in Syria, and Beijing’s strategy has reflected the one already implemented in the Russian Federation. Rather than waiting for highly trained killers to return home, it is better to confront the danger in a foreign land, thereby gaining a strategic and tactical advantage over those financing and manipulating terror, which is to say the American deep state and its military and security apparatus.

Thus far, there has been a continuous support of the Syrian government coming from Beijing, both economic and diplomatic. However, rumour over the last few weeks has it that Chinese special forces and war veterans will be deployed to Syria to eliminate the Islamist threat breathing down on China’s western border.

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As always, when Beijing decides to move, it does so under the radar, with extreme caution, especially militarily. Chinese military strategists intend not only to act pre-emptively against internal destabilization, but to also respond asymmetrically to American involvement in the South China Sea and other areas lying within the China’s sphere of influence. The insertion of Chinese troops into the Middle East (albeit in limited numbers) would signal an epochal change in the region, a change that was instigated by the Saudi-Israeli-American trio in an effort to employ controlled chaos through Islamist terrorism but which is proving to be a chaos that they are incapable of controlling.

Preventing the spread of terrorism in Asia, and more generally in Eurasia, is understandably an important goal for Russia and China, especially in view of ambitious infrastructure projects like the Belt and Road Initiative (BRI). Much of the success of this project will depend on how well the Chinese government and its partners (Pakistan, Afghanistan and Turkey in particular) will be able to prevent destabilization through the fanning of ethnic and religious tensions along the route of the BRI, such as in Pakistan.

China’s foray into Syria will involve a few special-forces units, namely: the Shenyang Military Region Special Forces Unit, known as the "Siberian Tigers"; and the Lanzhou Military Region Special Forces Unit, known as the "Night Tigers". These units will have responsibilities for advising, training and conducting reconnaissance. Similar to the Russian engagement in Syria, Chinese involvement will remain as hidden and limited as possible. The Chinese goal, unlike the Russian one, concerns the gaining of urban-warfare experience, in addition to hunting jihadists, and more generally, to test Chinese military readiness in war conditions, experience of which is lacking in Beijing's recent experience.

China’s involvement in Syria is less obvious than that of the Russian Federation. The strategic objectives of the Chinese vary greatly from that of the Russians, especially vis-a-vis the Russian ability to project forces a long way from home.

The Chinese and Russians are increasing their operational capabilities, both in terms of defending their territorial boundaries as well as in their ability to project their power as a result of increased naval and aerospace capabilities. Syria offers Beijing the perfect opportunity to include itself in the global fight against terrorism, thereby preventing possible terrorist insurgencies at home. Further, it serves to send a clear message to rivals like the United States who might have thoughts of using Islamic terrorists to destabilize China. Beijing is aware of the perverse employment of terrorism to advance geostrategic goals by its Western adversaries and has no intention of succumbing to waves of attacks or chaos coordinated by the Western powers. Prevention is better than cure, and Russia and China seem to have completely embraced this philosophy by deciding, in different ways, to assist allies like Syria, Egypt and Libya to fight terrorism.

In terms of diplomacy and economic aid, the Sino-Russian contribution could prove decisive in linking the Middle East and North Africa to major projects under development, such as the BRI (Belt and Road Initiative) and the Eurasian Union. We are still at the preliminary stage for the time being, even as 2018 could end up being the year that major conflicts in the Middle East and North Africa (MENA) region end, with the prospect of economic reconstruction being at the forefront.

jeudi, 11 janvier 2018

Kémi Séba et l’«Effet-Dakar»: le défi anti-mondialiste des afro-descendants

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Kémi Séba et l’«Effet-Dakar»: le défi anti-mondialiste des afro-descendants

Dany Colin
Ex: http://www.geopolitica.ru

Les récents événements survenus à Dakar au sujet du combat panafricaniste ET anti-mondialiste (la précision est primordiale) du camarade Kémi Séba qui ont chevauché la fin du mois d’août et le début du mois de septembre sont symptomatiques à plus d’un titre de la fin d’un cycle historique. Les mobilisations récurrentes qui se sont organisées en cette année 2017 dans l’ensemble de la sphère francophone du continent africain contre le Franc CFA et qui ont abouti à l’incarcération temporaire puis à l’expulsion du militant hors du territoire sénégalais semblent faire bouger les lignes de la lutte panafricaniste. Bref état des lieux de la situation : pour celles et ceux qui auraient encore du mal à s’y faire, l’Afrique est la chasse gardée d’une civilisation occidentale vieillissante, tellement débandante que l’on peine à croire que la pente soit raide ! Et ce système s’appuie en majeure partie sur les méfaits des chefs d’états africains à l’encontre de leur peuple. Un tel constat a pour effet de résumer la croyance en une dimension strictement raciale du combat à un délirium pour afrocentristes et autres Hotep ! égarés. Des blancs rougissant péniblement sous les éclats généreux du Soleil pour fouetter nos nègres insolents ? Plus besoin ! Les « nègres de maison », pour citer le défunt Malcolm X, s’en chargent très bien ! Et pour étendre la citation de l’activiste afro-américain, le terme « maison » devrait plutôt s’étendre au terme « hôtel », voire « hôtel de passe », ce genre d’établissement hôtelier tant souhaité par nos grands échiquiers du mondialisme qui appellent de leurs vœux la réduction de toute nation souveraine à ce genre d’immondices…

La lutte panafricaniste n’est pas une lutte panégriste. Le panafricanisme, au regard d’un contexte actuel pétri de bouleversements géopolitiques et de redéfinitions d’alliances autant chez les atlantistes que chez les non-alignés, est avant tout une lutte de classe. Et à ce titre, l’afro-descendant qui prétendra être un panafricaniste ou un afro-militant déterminé à libérer le Monde Noir sera dès aujourd’hui mis au défi de s’installer en Afrique non pas pour y faire du tourisme ou des selfies, mais pour y trimer sous les coups de poings que lui assèneront quotidiennement les fossés sociaux et ethno-tribaux où l’injustice est reine. Ses « tous ensembles, frères et sœurs noirs de tous les horizons ! » se verront quelque peu piétinés. L’organisation de son travail se verra ralentie par une autre conception du temps et du rythme. Il sera trompé par les hochements de tête d’autoproclamés panafricanistes convaincus mais qui s’avèreront être, lorsqu’il sera question d’actions concrètes, des cons vainqueurs par excès de blabla, cette excroissance se doublant généralement d’une ignorance totale et d’un mépris affiché de ses engagements les plus sincères. Mais si la foi en son combat reste intacte, s’il sait se rattacher à des êtres de souffle qui lui susurreront l’objectif de sa mission, ce militant malmené se relèvera sans compromissions pour un nouvel affront, plus vivace, plus efficace, où stratégie et minutie seront de mise.

Le mondialisme, dont le néocolonialisme n’est qu’une facette, déforme de fond en comble l’infrastructure, l’architecture et les mentalités du territoire sur lequel il s’exerce. Il est à cet égard important d’observer la ville de Dakar. En digne représentante de l’ « Afrique Occidentale », la capitale du pays de Cheikh Anta Diop est une ville aménagée comme on les aime au-dessus de la Méditerranée ! Les routes sont goudronnées, les taxis sont policés dans leur conduite. « Nous ne sommes pas comme les chauffeurs guinéens peuhls qui ne sont pas homologués ! » peut vous dire un taximan dakarois. Peuhls qu’il reconnait « à leur teint clair ». Oui, il est important de préciser par extension aux Hotep légèrement ou carrément café-crèmes qui n’ont jamais mis les pieds sur le continent africain qu’ils seront considérés comme des Toubabs ! C’est une précaution toujours bonne à prendre pour éviter les crises identitaires aiguës qui peuvent vous accabler au détour d’une conversation ou d’un comportement à votre encontre. Mais rassurez-vous, les trottoirs sont propres, les feux et les signalisations abondent comme à Paris ! Les travailleurs en service font la gueule et saluent à peine, on se croirait vraiment à Paname ! Paris s’est inscrit dans le logiciel dakarois depuis que ses maîtres, tout en meurtrissant le petit peuple de France à coups de révolutions bourgeoises et libérales, ont jeté leur dévolu sur la terre sénégalaise. C’est-à-dire depuis très longtemps ! Et cela d’ailleurs n’a pas échappé à Kémi Séba qui a su anticiper, par le biais de son happening, les réflexes de leurs successeurs. Notre camarade doit par ailleurs certainement relativiser, par expérience, l’épisode dakarois en comparaison d’un pays comme la République Démocratique du Congo, immense plateforme de tout ce que le continent africain peut abriter en violences, en cruautés et en opportunités mondialistes sans fins…

Le panafricanisme doit se faire essentiellement et prioritairement sur le continent africain. Autrement, il n’est qu’une vue extérieure et inoffensive de l’esprit où le panafricanisme est à la fois partout et nulle part. Trop d’organisations politiques (souvent diasporiques) voulant peser politiquement sur les élections africaines par nostalgie des coups d’éclats de nos aînés africains (Patrice Emery Lumumba, Ahmed Sékou Touré en passant par Mouammar Kadhafi et Thomas Sankara) sans maîtriser le terrain ne prennent pas suffisamment en compte la dimension spirituelle voire mystique qui redéfinira l’Afrique face à l’Atlantisme (à combattre avec la plus grande des intransigeances) mais aussi face à l’Eurasisme (à considérer comme allié stratégique). Nos militants ne doivent pas omettre de puiser dans les prémisses des luttes de libération africaine des siècles derniers qui ne se situent pas forcément sur le continent (de Zumbi Dos Palmares au Brésil en passant par Marcus Mosiah Garvey aux Etats-Unis voire la Nation Of Islam actuellement dirigée par l’Honorable Ministre Louis Farrakhan). Le panafricaniste doit étudier avec attention les préceptes religieux propres à l’Afrique (dont le kémitisme qu’il ne s’agit pas de négliger mais de réadapter et de concrétiser) pour impulser, par la force de la connaissance historique et d’une foi exaltée, la création d’autorités spirituelles enfouies et renouvelées par l’héritage matérialiste de nos luttes contemporaines.

Une praxis sans vision, tout comme une vision sans praxis, est un échec…Les militants africains et afro-descendants voulant arracher l’émancipation de leur peuple n’ont plus le droit à l’erreur ! Le dépassement de nos aliénations premières (complexes d’infériorité, rivalités mimétiques) auxquelles un Frantz Fanon a consacré son œuvre, tout comme le dépassement de nos aliénations actuelles que le consumérisme et la Société du Spectacle digèrent sans reflux gastriques, est notre première tâche. La consolidation des structures afro-militantes sur une convergence commune en ré-inculquant l’esprit du collectif et en ravalant nos prétentions mégalomaniaques de négros frustrés est une de nos priorités. « Balayer devant sa porte avant de balayer devant celle du voisin ! ». En d’autres termes, le combat panafricaniste est en première instance un combat interne. Le reste suivra, par la grâce de Dieu et de nos ancêtres…

Courage à Kémi Séba, à son conseiller politique Hery Djehuty et à toutes les sections « Urgences Panafricanistes » !

Panafricainement.

Source

19:30 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, afrique, affaires africaines, kémi seba | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 09 janvier 2018

Un équivalent des groupes terroristes “ISIS” en Amérique Hispanique ?

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Un équivalent des groupes terroristes “ISIS” en Amérique Hispanique ?

Universitaire

Ex: https://metamag.fr

L’horreur qui a surgi de la seconde guerre mondiale, les armées  de l’OTAN, en réalité le  MI6, la CIA et leurs divers collaborateurs  a conduit à la destruction actuelle de l’Europe, où les soviets de la finance et les congrégations multinationales terrorisent les populations avec l’appui de ces services spéciaux qui entraînent et arment des mercenaires venus du vaste monde, regroupés sous l’acronyme ISIS.

Le but  étant connu, la domination du monde sous l’égide du totalitarisme marchand, les méthodes qui ont détruit l’Europe devraient s’appliquer aussi aux autres continents. Il n’est pas sûr que les  asiatiques se laissent manipuler désormais, mais l’Amérique Hispanique est beaucoup plus ouverte à la destruction. Des gangs kleptocratiques sont installés là depuis des siècles, sans préoccupation autre que le pillage, et l’Eglise officielle est au service de cette global invasion. Reste à préciser les degrés de la destruction.

Deux exemples nous aideront à discerner les horreurs en préparation

Les tenants de la global-invasion savent qu’en Amérique Hispanique ils trouvent de l’eau, des minéraux, des paysages “touristiques” ou écologiques, des ressources forestières. Ils veulent les voler. Comment faire ? Le Paraguay nous permet de comprendre la première méthode, alors que le problème ethnique des Mapuches nous aide à cerner la seconde.

Le Paraguay en effervescence.

Ce fut vers le mois d’août 2016 qu’au Paraguay un groupe armé attaqua une patrouille de la Force de Suveillance Conjointe Argentine-Paraguay. Huit militaires furent tués et le groupe d’assaut prit leurs armes et gilets pareballes. Le coup de main fut revendiqué par un groupe nommé Armée du Peuple Paraguayen (APP) dont on suppose qu’il entretient des liens avec les FARC colombiennes. Mais ce n’est pas clair. L’APP se proclame marxiste-léniniste depuis sa fondation en mars 2008. Son aire d’activités subversives se situe près de la frontière avec le Brésil, dans les régions du nord-est du Paraguay là où régne la forêt vierge, une population clairsemée et où l’État est absent. Cette troupe terroriste s’auto-proclame “les fils du pauvre peuple du Paraguay” et copie les méthodes  des groupes “révolutionnaires” des années 70, pratiquant l’expropriation et les enlèvements avec rançon. Son trésor de guerre ainsi constitué  s’approcherait des trois millions de dollar. Ils occupent un vide créé volontairement par l’État paraguayen dont l’oligarchie est alliée aux multinationales de produits transgéniques qui exploitent les meilleures terres. Mais ces marxistes refusent tout tout le temps, ne veulent rien savoir des problèmes sociaux spécifiques aux agriculteurs de la zone ni acceptent une réforme agraire. Étrange….

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Les Mapuches : un instrument de destruction des États-Nations ?

Tout le sud du continent américain est peuplé de tribus qui se reconnaissent dans le qualificatif ethnique de Mapuche. Ils luttent pour la “récupération” de territoires tant au Chili qu’en Argentine et les conflits sont quasi quotidiens. Il y a un an à peu près, en novembre 2016, par exemple, des types aux faciés camouflés sous des cagoules avaient incendié un centre appelé “Plantas del Sur” dont l’activité principale est la vente et l’exportation de fraises, situé dans la province de Chubut. Ils incendièrent ensuite un hangar où furent détruits de nombreuses machines agricoles . Le groupe d’assaut signa son forfait de l’acronyme RAM (Résistence Ancestrale Mapuche). De tels actes se perpétuent dans d’autres zones : destruction de matériel des ponts et chaussées dans l’entreprise Magri, située sur les bords de la rivière Azul dans la ville de El Hoyo ; l’incendie d’une structure appartenant au syndicat local du pétrole (région Chubut) ainsi que celle d’installations, propriété de la multinationale Benetton. Etc.

La coordination MAPU (Mouvement Autonome du Peuple Mapuche) revendique par ces moyens-là son droit historique à la propriété du territoire dont ils ont été dépouillés dès l’arrivée des “conquérants” espagnols et affirme en même temps qu’elle défend les ressources naturelles. Les guerriers de l’acronyme RAM se présentent comme des révolutionnaires de logique ancestrale dont le projet consiste à reconstruire le monde Mapuche puis de le conduire à la libération nationale. Ils prétendent récupérer une terre qui leur appartint. Il n’y a aucune étude précise de ce que fut la présence indigène dans ses régions, ni prise en compte de l’importance réelle de ces groupes au XIXème siècle. Ils affirment un droit à restitution de territoires…Ce droit n’émerge pas d’une antique législation indigène, mais s’appuie sur les droits crées par la Constitution argentine et les traités internationaux signés en 1994.

carte-territoire-mapuche.jpgLes ennemis des Mapuches sont les politiques qui gèrent ces territoires et les congrégations multinationales qui exploitent pétrole, électricité, mines, tourisme. On citera Benetton, propriétaire de 900.000 ha dans les provinces de Rio Negro, Chubut et Santa Cruz ; Joe Lewis, ex-propriétaire de la chaîne Hard Rock ; Ted Turner, Georges Soros, Perez Companc, Amalita Lacroze de Fortabat, etc.

Les gouverneurs régionaux tiennent un discours d’intégration et sont accusés de freiner l’avance des Communautés indigènes vers leur conscience ancestrale. Mais lorsqu’on cherche qui est le chef (ou l’un des principaux responsables) de l’organisation RAM, on découvre qu’il s’agit de Francisco Facundo Jones Huala dont le père est d’origine britannique et la mère appartient à une famille de chefs mapuches. Sert-il les intérêts des mapuches ou plutôt ceux de quelques tyrans  qui veulent détruire les États-nations ?

Des évolutions cohérentes en direction de la destruction des États

On entend fréquemment évoquer la nécessité d’un développement local qui passe systématiquement par une phase de municipalisation des sols, base de transfert de pouvoir incognito, sans que l’État ne soit informé. Non seulement les Mapuches et autres organisations de “lutte”  cherchent à éliminer l’État mais les transnationales  procèdent de même, de sorte que se télescopent les revendications à partir de légitimités affirmées très diverses : la législation de l’État, celle des municipalités, les droits révélés de la charte des droits de l’homme…

Les conflits ne peuvent trouver de solutions dans ces circonstances d’autant que les États ont accepté de se retirer peu à peu tant en matière de sécurité que dans le domaine juridique. Les pillards de la global-invasion et les vautours d’une pseudo-libération marchent main dans la main contre l’État qui fut et reste cependant la structure de mise en forme et de défense de toute vie collective harmonieuse.

jeudi, 04 janvier 2018

Le marché de l’attention et le capitalisme de sublimation

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Le marché de l’attention et le capitalisme de sublimation

Par Jure Georges Vujic, écrivain franco-croate, avocat, géopoliticien, contributeur de Polémia ♦

Facebook, Whatsapp, Snapchat, Twitter, Viber, Google, Amazon et Apple, le labyrinthe des réseaux sociaux, tous sont là, ces virus technomorphes quotidiens, pour nous solliciter, détourner, capter l’attention, dans un ordre souvent cacophonique et synchronique. Notre attention est le plus souvent extorquée et orientée vers des offres voire des demandes pseudo-communicationnelles, ludiques et consuméristes, le tout paqueté dans un langage relationnel, interactionnel et prétendument créatif.

Tel est bien l’enjeu de cette nouvelle économie de l’attention, dont le sociologue Gabriel Tarde rendait compte déjà au début du XXe siècle et dont Herbert Simon traçait des contours précis, dans le cadre contemporain de l’abondance d’information qui créait une rareté de l’attention.


En effet, la surproduction du marché nécessite des formes de publicités qui puissent « arrêter l’attention, la fixer sur la chose offerte ». Bien sûr, ce phénomène ne date pas d’hier, et les stratégies publicitaires, le marketing des marques cherchaient à capter l’attention du consommateur sur tel ou tel produit, mais ce qui est nouveau aujourd’hui, avec l’explosion des applications internet et smartphone, c’est que l’attention est devenue une denrée rare, une ressource captable, une nouvelle monnaie qu’il est loisible de capitaliser et de stocker. Penser l’économie en termes attentionnels, c’est réduire l’attention à des questions d’économie quantifiables. Le récepteur étant constamment sollicité par un flot d’informations et de questions le plus souvent privées de profondeur et de sens, et dépassant souvent ses capacités attentionnels, se réduit à un consommateur boulimique passif de supports visuels et d’informations dans un univers digital et numérique où la frontière entre en attention et distraction, concentration et dispersion, disparaît.

C’est le propre des stratégies numériques d’aligner des attentions (et des inattentions) sur certains indicateurs plutôt que sur d’autres, entraînant ce que l’on appelle des phénomènes de « cécité attentionnelle » : on concentre tellement son attention sur un phénomène précis qu’on rate quelque chose qui devrait pourtant nous sauter aux yeux. La cécité attentionnelle et les stratégies d’escapisme et de désinformation font bon ménage. Lorsque Patrick Le Lay, parlant du modèle d’affaires de TF1, affirmait que : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible », il touchait à la question capitale des conséquences anthropologiques délétères de l’économie de l’attention, puisque la manipulation et l’orientation des attentions humaines bouleversera à long terme les données anthropologiques culturelles multimillénaires basées sur la diachronie espace/temps, le respect des sphères intérieures privées, de l’intégrité personnelle et le besoin de reconnaissance au sein des sociétés humaines.

L’emprise de cette économie serait d’autre part catastrophique sur la culture, sur l’enseignement, sur les capacités cognitives et cérébrales des nouvelles générations, puisque les facultés de concentration et les capacités de transmission du savoir sont considérablement amoindries et détournées. Pour le futurologue Ray Kurzweil, qui est aujourd’hui chargé par Google d’imaginer les produits et services du futur, cette immortalité est toute proche, puisque, selon lui, nous entrons dans l’ère de « la fusion entre la technologie et l’intelligence humaine ». Dépossédés de notre libre arbitre et du contrôle de notre attention, nous serons bientôt des êtres mi-homme mi-machine constamment reliés à l’Internet. Notre esprit se diffusera bientôt dans le réseau sous forme de données numériques. Nous sauvegarderons notre contenu cérébral aussi facilement que nous stockons aujourd’hui un fichier Word sur une clé USB. Une application permettra des mises à jour quotidiennes. Tout cela sera possible à l’horizon 2045, d’après les chantres du transhumanisme.

Nous assistons dores et déjà à ce que le philosophe Eric Sadin appelle « la Silicolonisation du monde », en mettant l’accent sur l’impact anthropologique et politique de ce qu’il appelle « l’accompagnement algorithmique de la vie » ou « le soft-totalitarisme numérique », lesquels visent ultimement à nous dessaisir de notre attention, de notre jugement pour piloter automatiquement le cours de nos existences. L’économie de l’attention qui s’intègre dans cette « nouvelle industrie de la vie » serait le dernier avatar du techno-libéralisme :

“L’économie de la donnée aspire à faire de tout geste, souffle, relation, une occasion de profit, entendant ne concéder aucun espace vacant, cherchant à s’adosser à chaque instant de la vie, à se confondre avec la vie tout entière. L’économie de la donnée, c’est l’économie de la vie intégrale.”

Jbausigne.jpgDe l’économie politique des signes, critiquée par Baudrillard, nous sommes passés au nouvel horizon du capitalisme fondé sur l’économie de l’attention. Dans cette économie, l’homme n’est plus seulement pensé en termes de valeur d’échange mais aussi en termes de valeur d’attention. Simultanément, l’individu, dégagé de toute obligation collective d’ordre politique ou transcendental-religieux, « libéré » de ses liens symboliques ou personnels, enfin « privé » et autonome, se définit par une activité d’allocataire d’attentions disparates, furtives et fluides. L’attention, étant le plus souvent spoliée, détournée vers des offres et des besoins artificiels et préconçus dans cet univers le plus souvent virtuel, s’intègre dans un système de codification (les likes chez Facebook, on like pour être like-é) non dénué de toute forme ostensible evoquée par Thorstein Veblen à propos de la consommation ostentatoire.

Avec ce nouveau marché de l’attention, nous serions entrés dans une ère post-culturelle, pour d’autres, dans une période hyper-moderne ou post-humaine, eu égard aux progrès modernes de la nouvelle révolution digitale, de la reproduction artificielle et de la génétique qui bouleversent l’« univers biblique » ou fantasmatique touchant aux origines de l’humanité : une période marquée par un vacillement sans précédent des paradigmes qui pulvérise le schéma Khun-ien desdites « révolutions de paradigmes » qui ont, depuis la Renaissance, construit les modèles socio-culturels qui nous furent transmis et dont la sublimation fut un des moteurs. La civilisation occidentale « hyper-refoulatoire » et « hyper-pulsionnelle », surchargée de dispositifs libidinaux, serait vouée au cercle infernal de l’inflation sublimatoire. Y aurait-il une crise du processus sublimatoire lui-même – un malaise dans la sublimation – dont nous serions les témoins et les acteurs face à ce mouvement d’acculturation et de déculturation généralisée qu’entraîne l’uniformisation consumériste de la globalisation ?

Il convient de s’accorder sur un constat : le cycle séculaire qui faisait de la culture le cadre de notre vie et de nos aspirations, ciment de la civilisation occidentale, est en train de se fermer. Le cycle de notre civilisation, dont l’épicentre trouve ses appuis les plus solides dans le Siècle des Lumières et par conséquent dans l’humanisme anthropocentrique, porte un héritage moribond. Aujourd’hui, les échos du passé deviennent presque imperceptibles dans la cacophonie généralisée de l’instantanéité médiatique et vidéosphérique omniprésente. Ils se dissolvent. Le sentiment de continuité cultuelle qui jusque-là permettait de contempler dans notre imaginaire les traces de ce qui avait fait l’objet de cet héritage paraît effacé et les conséquences sont nombreuses : repli de l’identité culturelle avec le retour des fanatismes ethno-confessionnels, et des crises identitaires entraînant des replis et réflexes sécuritaires.

La raison instrumentale, le positivisme simplificateur, l’idéologie de la « faisabilité » et du solutionnisme opératoire reflètent une fascination pour « la supériorité du fait » et un certain « impérialisme de la preuve » inlassablement requise face aux incertitudes de la pensée et de la réflexion. Sans s’attarder sur le bien-fondé des leçons métapsychologiques freudiennes qui font de la sublimation le passage du sexuel vers des buts non sexuels d’ordre culturel (et qui, par voie de conséquence, produirait les forces d’une grande part des œuvres de la civilisation), il conviendrait plutôt de s’interroger sur la nature sociale de cette sublimation et sur la question de son devenir. Bien sûr, il est indéniable que la société consumériste globale contemporaine est une société pulsionnelle et sublimatoire, et la sublimation ostensible, qu’elle soit consumériste, esthétique, économique ou politique, reste à l’état réactionnel le symptôme d’une maladie plus profonde qui est celle de l’absence de sens. Notre époque sublimatoire n’a jamais été aussi « créative » et, mutando mutandis, « réactive », marquée par une véritable explosion d’ « œuvres » culturelles et artistiques, de festivals, de « rencontres », d’une myriade d’ « events », mais elle souffre fortement d’une absence de « contenu » référentiel ; elle privilégie l’autoréférentiel subjectif, hyperindividuel et par conséquent l’éphémère sublimatoire des « contenants » frivoles, de la pure consommation et de l’hédonisme individuel.

La sublimation consumériste fébrile et ostensible qui résulte de ce captage de l’attentio prend la forme d’une excitation et d’un escapisme durable, un « onanisme » permanent, sorte de procédé auto-calmant, qui contrecarre l’hémorragie narcissique liée à l’investissement de l ‘œuvre en gestation. L’activité sublimatoire est ici à son acmé. La brutalité de l’oscillation des investissements narcissiques et objectaux plus souvent à l’œuvre dans les réseaux sociaux constitue bien une menace pour l’intégrité individuelle, pour « l’autarcie du for intérieur » qui nous empêcheront d’être notre « propre principe souverain » (autarcie).

Il est question ici de dispositifs subliminaux purement somatiques qui n’ont rien à voir avec les procédés sublimatoires mystiques qui s’apparentent à une quête de soi (ou plutôt à un renoncement de soi et une séparation de soi) lesquels débouchent sur un mouvement de conversion intérieur qui détermine ce « saut ontologique », non pas dans le somatique, mais dans la spiritualité (même si les processus qui relient les diverses formes de conversion s’entrecroisent). Certains parlent de neuro-totalitarisme ou de totalitarisme numérique et avec raison. Le capitalisme de sublimation, après avoir aliéné le désir, aboutirait donc via la nouvelle emprise sur l’attention, au règne d’un autisme collectif. La sublimation postmoderniste aboutirait à une sorte d’extinction nihiliste, une sorte de « satori » global où notre société de consommation marchande s’abolirait elle-même par une entropie irréversible.

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L’idéalisation de la promesse de libération, de renaissance, de restauration ou de purification originelle, est illusoire, non seulement du fait de l’intensité des forces sublimatoires globales, mais aussi du fait du retrait des grands récits mobilisateurs porteurs d’idéal, et de leur incapacité à s’ancrer dans des consciences collectives qui ne sont ni pré-modernes ni modernes, mais tout simplement des consciences collectives coalisées par l’imaginaire sublimatoire occidental. Au contraire, plutôt que vers une sortie vers l’idéalisation, la sublimation générale mobilise des charges émotionnelles mélancoliformes, qui côtoient une sorte de dépouillement imaginaire, cousin de la déréalisation. De sorte que la société sublimatoire contemporaine s’achemine vers des phases de mélancolie successives qui jouent le jeu d’un processus de sevrage, dans lequel se résolvent les excédents d’images inflationnistes, pour nourrir un sentiment nostalgique qui équivaudra à un renoncement, à une perte de ses particularités défensives.

Le véritable défi ontologique de notre époque sera celui de surmonter les formes d’une société mélancolique, en tant qu’usine de sevrage où se désintoxiquent des millions d’individus vivant à la surface des apparences d’images dénuées de sens. Ou bien cette même société sombrera dans une mélancolie psychiatrique généralisée, la folie des Anciens, où disparaît l’activité métaphorique et où le sens s’amenuise peu à peu, ou bien elle sombrera dans une folie infra-onirique, cathodique et hypnotique, qui dilue et réifère l’attention, le sens, pour n’entretenir que l’apparence d’une activité créatrice.

Entre cette folie intra-onirique et la folie sociale, notre société globale contemporaine se trouve dans un espace interval et transitoire.

Jure Georges Vujic
29/12/2017

Notes bibliographiques :

  • Yves Citton, L’Economie de l’attention. Nouvel horizon du capitalisme ? La Découverte, 2014.
  • Eric Sadin, La Silicolonistion du monde, L’Echappée, 2016.
  • En savoir plus sur lemonde.fr

Correspondance Polémia – 31/12/2017

Culture: l’Apocalypse zombie

 
Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Les zombies sont à la mode.

On les trouve désormais à toutes les sauces. Aux films, livres et séries télévisées succède une vague sans précédent dans le monde des jeux vidéo. Days Gone, State of Decay II, The Last of Us : Part II, Red Dead Redemption, Resident Evil 2, Death Stranding ou encore Metal Gear Survive sont autant de titres majeurs annoncés pour cette année ou la suivante, dans un marché qui dépasse celui de la musique et du cinéma.

Le sujet est étudié en sociologie, mais pas forcément pour poser les bonnes questions ("Si l’épidémie se produisait, quelles seraient les conséquences sur le plan sociologique?" ... Vraiment, Monsieur le sociologue?). Car, après tout, que signifie cette omniprésence des zombies dans l'esprit du grand public?

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Les Grandes Peurs

Hollywood ne saurait représenter autre chose qu'une infime fraction de l'humanité, mais vend ses productions à une grande part de celle-ci. Et à l'instar d'autres industries, l'offre s'adapte à la demande. Notons bien que la mode des catastrophes ne saurait se découper de façon précise. Comme des vagues qui se chevauchent, les thèmes se recouvrent et s'étalent sur une longue durée. Ce n'est que suite à de multiples essais plus ou moins réussis que l'un d'eux trouve grâce auprès du grand public et engendre la production de masse d’œuvres à succès sur le même thème - donnant naissance à un genre proprement dit.

Les peurs de l'humanité montées sur grand écran sont un classique de l'histoire du cinéma, depuis la dystopie de Metropolis (1927), ou l'Homme invisible (1933) mettant en scène la voix désincarnée d'un savant fou devenu insaisissable. A l'issue de la Seconde Guerre mondiale, Hollywood effraie le grand public à travers des thèmes liés aux craintes du développement scientifique, pourtant à l'origine de la victoire contre le Japon, en l'extrapolant sur fond de Guerre Froide. Le futur fascine mais terrorise, et bien sûr l'anéantissement est toujours dans la balance. C'est l'heure des laboratoires secrets lâchant sur le monde d'étranges inventions, quand les militaires ne déclenchent pas eux-mêmes l'Apocalypse par bêtise ou inadvertance.

Vers les années 70, l'époque est plus propice aux films-catastrophe mettant l'Humanité occidentale en prise avec des forces qui les dépassent - naufrages, éruption de volcans ou invasions extraterrestres - et favorisées par l'amélioration des effets spéciaux. C'est l'heure de La Tour infernale (1974) ou de l'Invasion des Body Snatchers (1978).

Aux craintes des décennies précédentes, les suivantes ajoutent épidémies et météorites menaçant la vie sur la planète entière. Les dangers deviennent plus systématiquement planétaires, montrant non seulement des catastrophes hors des États-Unis, mais allant parfois jusqu'à impliquer d'autres nations dans une résolution conjointe du problème. La tendance au globalisme se confirmera au tournant des années 2000 avec les premiers films visant directement à véhiculer une idéologie politique sur le thème de la catastrophe, comme Le Jour d'Après (2004) où la non-signature par le Président américain d'un traité visant à lutter contre le réchauffement climatique déchaîne littéralement, et dès le lendemain, un tsunami contre la Côte Est.

L'évolution de la technologie et l'émergence d'Internet fera fleurir toute une nouvelle catégorie de dystopies et d'interrogations quant au devenir de l'humanité, la robotisation de la société, l'émergence d'une intelligence artificielle, la plausibilité d'une guerre entre humains et machines, ou la confusion entre réalité virtuelle et monde réel.

Mais depuis des années, au milieu des autres thèmes, les zombies se maintiennent et gagnent en popularité.

Zombie-London.jpgLe Zombie, excuse du chaos

Le thème des zombies est très ancien, mais son traitement a évolué au fil du temps. De la créature ranimée obéissant à un maître, le zombie est devenu incontrôlable, puis terriblement contagieux, puis mondial. Les morts-vivants originels ont laissé la place à des humains bien portant soudainement fauchés par la zombification, parfois en quelques minutes.

Or, le zombie lui-même est rarement le principal protagoniste de l'histoire. Les premiers films de zombies mettaient l'accent sur le déclenchement de l'épidémie, le réveil de la horde, la survie des premiers civils confrontés par surprise à la marée décomposée comme dans La Nuit des Morts Vivants (1968). Mais depuis plusieurs années déjà le thème est prétexte à autre chose - l'émergence de nouvelles structures sociales au sein d'une société effondrée, les rapports de confiances entre survivants, les perspectives d'avenir, la survie des valeurs occidentales judéo-chrétiennes dans une catastrophe d'ampleur biblique.

Dans ces contextes, le zombie n''a plus qu'un rôle secondaire, quoique essentiel. Il remplit toujours deux fonctions principales du récit:

  1. Justifier la disparition de la société classique. Face aux zombies, les structures des États traditionnels sont invariablement défaillantes et finissent par s'écrouler. C'est sans doute la plus marquante distinction d'avec une invasion extraterrestre, par exemple, ou après des défaites initiales les vaillants défenseurs de la planète finissent par apprendre de leurs erreurs et mettent une raclée aux envahisseurs. Dans le monde des zombies, rien de tel: l'État disparaît du paysage après quelques soubresauts. Il ne subsiste plus que sous la forme d'usurpateurs, ou d'éléments militaires agissant désormais pour leur propre compte comme pillards ou mercenaires.
  2. Maintenir un niveau de danger lancinant. L'insouciance n'est pas une option. Faire face à une horde de zombies est une perspective terrifiante mais les survivants sont rapidement aguerris et bien préparés. Les zombies sont en général lents, prévisibles et incapables de tactique, mais forcent les humains à se regrouper pour augmenter leurs chances de survie, du tour de garde à l'expédition de pillage dans un centre commercial. D'autres défis plus complexes émergent assez vite: lutte pour le leadership au sein du groupe, affrontement avec des groupes rivaux, localisation de ressources rares (médicaments, énergie, munitions). Les communautés de survivants entrent en concurrence et donnent rapidement lieu à des affrontements plus dangereux et plus vicieux que contre les zombies, mais ceux-ci restent en arrière-plan pour rappeler à tous le destin qui attend les individus isolés.

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Simulation et jeu vidéo

Les survivalistes sont tournés en dérision, mais le grand public est friand de la société désintégrée que met en scène le thème des zombies. La survie dans cet univers se ramène à la mise en application de leurs conseils: être autosuffisant, prêt à se défendre, et paré au maximum d'éventualités.

Si on accepte l'idée d'un monde dévasté par les morts-vivants comme la symbolique d'une société effondrée et généralement hostile, non seulement le thème des zombies prend tout son sens, mais il s'incarne parfaitement dans le médium du jeu vidéo. À l'inverse d'autres supports, et malgré la scénarisation poussée de certains grands titres, le jeu vidéo est l'environnement parfait pour laisser le joueur libre de ses actes et tenter plusieurs approches. Il peut expérimenter et organiser sa survie dans un monde où chaque nouveau lever de soleil est une victoire.

Les titres autorisant des joueurs à se rejoindre en ligne dans un même monde renforce l'expérience sociale des "survivants", leur permettant d'élaborer des stratégies que même les créateurs du jeu n'auraient imaginées.

Dans son aspect plus polémique, le zombie représente l'Autre, agrémenté d'une dangerosité mortelle et irréconciliable. Rares sont les titres qui considèrent les zombies comme des êtres humains, bien qu'ils l'aient tous été au départ. La perte d'humanité est généralement présentée comme un processus irréversible. On ne peut pratiquement jamais la guérir (bien que parfois des remèdes permettent de juguler la transformation en zombie d'une personne infectée). Or, non seulement les zombies sont nombreux, mais ils sont toujours hostiles. On ne peut pas raisonner un zombie, ni le dresser, ni espérer qu'il change d'avis, ni faire la paix avec lui - pas même une trêve. Le zombie est l'hostilité incarnée et la seule réponse est sa destruction.

Par ailleurs, le zombie permet de s'éviter les foudres du politiquement correct. Les éditeurs de jeux n'ont certainement pas vocation à se transformer en lanceurs d'alertes, et on ne verra jamais Hollywood se lancer dans un film montrant l'émergence d'une guerre civile entre immigrés et autochtones dans les banlieues européennes - quelle que soit la plausibilité d'un tel scénario. Le zombie permet de contourner cet obstacle et de parvenir au même "résultat": une société effondrée, des factions irréconciliables et un danger de tous les instants.

De ce point de vue, la popularité de l'apocalypse zombie prend un tout autre sens: elle pourrait nous préparer, collectivement et inconsciemment, à ce que pourrait être notre survie dans un avenir aussi proche que sombre - même sans morts-vivants.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 4 janvier 2018

10:53 Publié dans Actualité, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, philosophie, apocalypse | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La déconstruction du déconstructeur

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La déconstruction du déconstructeur

Ex: http://www.dedefensa.org

31 décembre 2017 – Nous avons consacré hier 30 décembre 2017 un F&C à partir d’un texte de James Edward Kunstler sur la situation crisique extraordinaire où est emportée l’Amérique. Kunstler parle d’une situation d’“irréalité” (terme qui rencontre certains de nos concepts) et cite deux “opérationnalisation de [cette] irréalité” qui, à notre avis, se complètent pour donner toute sa puissance à l’épisode crisique fondamental et décisif actuel aux USA. Nous nous attachons ici à l'explication de la deuxième “opérationnalisation de l’irréalité”, celle qui a est développée par le progressisme-sociétal. Nous citons le passage décrivant cet évènement

« ... La seconde est ainsi synthétisée par Kunstler, à propos des différentes facettes du progressisme-sociétal tel qu’il s’est développé à une vitesse extraordinaire depuis 2014-2015 et essentiellement à l’occasion de la campagne puis de l’élection de Donald Trump :

» “ L’idée nouvelle et fausse que quelque chose étiqueté ‘discours de hain’ – étiqueté par qui ? –équivaut à la violence qu’il décrit flottait autour des établissements d’enseignement des cycles supérieurs en un nuage toxique d'hystérie intellectuelle concocté dans le laboratoire de la philosophie dite “post-structuraliste”, où gisaient des parties des corps de Michel Foucault, Jacques Derrida, Judith Butler et Gilles Deleuze, qui seraient surmonté d’un cerveau fait d’un tiers de Thomas Hobbes, d'un tiers de Saul Alinsky et d'un tiers de Tupac Shakur, le tout donnant un parfait Frankenstein accouchant d’une monstrueuse pensée... ”

» Ce passage est d’une extrême importance pour nous, dans la mesure essentiellement où Kunstler mentionne quelques noms de “déconstructivistes” dont la pensée pèse sur notre époque, – non pour l’aider à reconstruire quelque chose sur ce qui aurait été détruit mais pour la pousser, pour l’entraîner, pour l’emprisonner dans une irrésistible pulsion de destruction, quel que soit l’objet à détruire. (“Destruction” plutôt que “mort” parce que ces déconstructivistes pensent finalement que la destruction n’est pas la mort, – et c’est en cela que cette pensée est singulièrement diabolique.)... » 

JDerr-dec.jpgL’on voit l’importance déterminante que Kunstler attribue à un courant philosophique bien connu, celui que l’on connaît sous divers noms dont celui de “déconstruction”. Le nom de Jacques Derrida y figure en bonne place et il nous a semblé ainsi particulièrement opportun de revenir sur un texte F&C (du 27 avril 2015), sur une intervention de Derrida particulièrement révélatrice à notre sens, et en  en orientant notre commentaire vers une hypothèse offrant une explication de l’évolution de la politique mondiale avec l’intervention catastrophique de la politiqueSystème conçue d’une façon complètement incontestable comme un phénomène imposé par le Système, lui-même opérationnalisation du “déchaînement de la Matière” ; et, depuis, cet ensemble complété d’une façon encore plus significative par l’accélération extraordinaire du phénomène de dissolution du progressisme-sociétal, avec la grande crise de l’américanisme et du pouvoir de Washington D.C. ouverte à l’été 2015 et qui ne cesse pas de s’aggraver.

La “confession” involontaire, ou semi-involontaire du philosophe Derrida, à partir de sa propre expérience d’écrivain et de penseur de la déconstruction, nous suggère une hypothèse opérationnelle et contradictoire implique selon laquelle la déconstruction produite par le déconstructeur alimente la déconstruction de ce même déconstructeur. D’une certaine façon, cette observation n’est nullement contradictoire avec nos conceptions générales car l’on retrouve dans ce cas de “la déconstruction produite par le déconstructeur  [alimentant] la déconstruction du déconstructeur” rien de moins qu’une variante de la formule surpuissance-autodestruction. On comprend, au travers des liens de Derrida avec l’évolution de la pensée progressiste-sociétale et de la psychologie de l’américanisme, le lien extrêmement fort et révélateur que nous offre cet incident (la “confession” de Derrida) avec la situation présente.

Le texte du 27 avril 2015 repris ci-dessous a été évidemment relu et modifié en fonction des plus récents événements de ces deux dernières années. Néanmoins, pour l’essentiel, il nous paraît être tout à fait pertinent.

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Terreur de Jacques Derrida

27 avril 2015 (relu et actualisé au 31 décembre 2017) – La genèse de ce texte est chronologiquement complexe à établir. Qu’il nous suffise de dire qu’un proche, qui suivait nos travaux concernant notamment le processus-Système de “néantisation” sous la formule dd&e (déstructuration-dissolution-entropisation), nous signala la présence sur YuTube d’une intervention du philosophe “déconstructeur” Jacques Derrida, sous doute datant de 2002, sous le titre (anglais) de Derrida’s Terror. C’est sur ce document que nous appuyons notre texte qui développe une hypothèse ambitieuse.

(Nous sollicitons ici le terme “néantisation” pour désigner en une forme plus définitive le processus dd&e, et bien qu’on puisse arguer que “néantisation” pourrait équivaloir à “entropisation” ; mais le premier néologisme [de Heidegger], d’origine philosophique et métaphysique, semble apte à embrasser la processus général dd&e, plus que le terme “entropisation”, de facture fortement scientifique, et de plus qui fait partie de la formule [dd&e], donc dans une position qu’on pourrait juger inopportunément “juge et partie”. Une hypothèse serait que, dans notre esprit, “entropisation” constituât l’opérationnalisation de la “néantisation” tandis que la “néantisation” engloberait l’ensemble du processus dd&e. C’est à voir et l’on verra. En attendant, on notera ce que Gorge Steiner dit, dans Grammaires de la création [NRF essais/Gallimard, 2001], du terme “néantisation” : « Mais c’est Heidegger qui va le plus loin dans le repliement des contours du langage ordinaire et de la syntaxe rationnelle. Dans le contexte historique qui est déterminant pour cette étude, à l’époque de la longue éclipse des espoirs humains et de la dislocation du temps futur, Heidegger fait du “néant” un verbe : Nichten, “néantir”. Le néologisme va beaucoup plus loin que vernichten, qui signifie “détruire”, “anéantir”. Il laisse pressentir comme à travers un voile, – la notion d’“ombre” est ici cruciale, – l’anéantissement de ce qui existe. »)

Le document Derrida’s Terror, mis sur YuTube le 24 novembre 2008 par un incertain Xenosophia, est manifestement une interview faite par un (des) intervieweur(s) de langue anglaise, ou anglo-américaine sans nul doute (Derrida, décédé en 2004, enseignait régulièrement aux USA, comme on va le voir évidemment). La présentation écrite est en anglais, il y a des sous-titres anglais et, à un moment, Derrida dit une phrase en anglais alors que le reste de son intervention est en français. D’après les indications que nous avons recueillies, il s’agirait d’un document réalisé par deux des anciennes élèves de Derrida, de Kirby Dick & Amy Ziering Kofman (voir ce lien). Le texte de présentation dit ceci (le souligné en caractère gras est de nous : il marque combien l’acte de la déconstruction est irrémédiablement un acte d’une extraordinaire agressivité parce qu’il est une attaque impitoyable contre tout ce qui est, activement ou potentiellement, et même relativement, ordre, harmonie et équilibre) : « Jacques Derrida speaks about the aggressivity that is inevitable in the act of deconstruction, and the fear and anxiety that he experiences as he finds himself “aggressing” other texts, persons, or institutions. » Il y avait 5.591 visions le 25 avril 2015 alors qu’il y en avait eu 1.285 lorsque nous le visionnâmes pour la première fois, le 12 août 2012. Nous l’avons consulté à nouveau, près de deux ans et demi plus tard, et nous enregistrons 6.809 visions. La durée de l’interview est de 3 minutes 48 secondes. Voici sa transcription (Nous avons mis quelques mots en gras, pour souligner ceux qui sont les plus importants pour notre propos ; le mot “i-na-dmi-ssible” “tronçonné” en tirets retranscrit l’intonation de martèlement que Derrida déclame...)

Derrida’s Terror

« …Chaque fois que j’écris quelque chose … Que j’avance dans des espaces où je ne m’étais pas aventuré, ce qui implique des actes qui peuvent sembler agressifs à l’égard de penseurs, ou de collègues… C’est déjà arrivé… Je ne suis pas “polémiqueur” [sic] mais il est vrai que les gestes de type déconstructif ont souvent l’apparence de gestes qui vont déstabiliser, ou angoisser les autres, ou même blesser les autres quelquefois…

» Alors, chaque fois que j’ai fait ce geste là, il y a y eu des moments de peur… Pas au moment où j’écris, parce qu’au moment où j’écris, il y a une espèce de nécessité, une espèce de force, plus forte que moi, qui fait que ce que je dois écrire, je l’écris, quelles que soient les conséquences … Je n’ai jamais renoncé à écrire quoi que ce soit parce que les conséquences me faisaient peur. Rien ne m’intimide quand j’écris. Je dis ce que je pense qui doit être dit. Bon

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» Cela dit, quand je n’écris pas, quand je ne suis pas en train d’écrire, et à un moment très particulier qui est le moment où je m’endors… When I have a nap and I fall asleep … A ce moment-là, dans un demi-sommeil, je suis effrayé par ce que je suis en train de faire, et je me dis “mais tu es fou, tu es fou d’écrire ça, tu es fou de t’attaquer à ça, tu es fou de critiquer telle ou telle personne, tu es fou de contester telle ou telle autorité, que ce soit une autorité textuelle, une autorité institutionnelle, une autorité personnelle”... Et il y a une sorte de panique, dans un subconscient, comme ça, une sorte de panique, comme si … comme si, à quoi est-ce que je peux comparer ça ? Imaginez un enfant qui fait une chose honteuse, il a fait une chose honteuse, bon… Il y a les rêves d’enfant de Freud, où l’enfant se promène nu, vous savez les rêves où l’on se promène tout nu, et puis l’on est effrayé parce que tout le monde voit que vous êtes nu … Bon… Dans ce demi-sommeil, j’ai l’impression que j’ai fait une chose criminelle, honteuse, inavouable, quelque chose que je n’aurais jamais dû faire… Et quelqu’un est en train de me dire : “Mais tu es fou de faire ça !” … Et c’est l’évidence même, je le crois dans mon demi-sommeil, je le crois… Et donc, l’ordre qui est évident dans cela, c’est “Arrête tout, retire ça, brûle tes papiers… Ce que tu viens de faire est i-na-dmi-ssible !” Mais dès que je me réveille, c’est fini.

» Ca veut dire que… Je l’interprète comme ça, ça veut dire que quand je suis éveillé, conscient, au travail, etc., je suis d’une certaine manière plus inconscient que dans un demi-sommeil… Dans un demi-sommeil, je, je… il y a une certaine vigilance qui me dit la vérité, à savoir que ce que je fais c’est très grave, d’une certaine manière … Mais quand je suis éveillé et au travail, cette vigilance-là est en sommeil. Elle n’est pas la plus forte, et donc je fais ce qui doit être fait… »

Il faut regarder et écouter Derrida, l’esprit dégagé au moins pour cet instant de tout parti pris, voire même de ses propres positions fondamentales, le regarder et l’écouter disons d’humain à humain. Il dit une vérité profonde de son être, de lui-même, qui le tourmente horriblement et dont on sent qu’il ne parviendra jamais à la maîtriser (il mourra deux années après cette intervention), comme s’il en était prisonnier ; et cela, n’est-ce pas, dont on devine qu’il le sait, ou qu’il le devine “comme semi-inconsciemment”, comme lorsqu’il est dans cet état de demi-sommeil qu’il mentionne, où il juge qu’alors une vigilance fondamentale contre des forces extérieures maléfiques reprend sa place et qu’il entend la condamnation de ses écrits comme une vérité qui le remplit de honte.

(En quelque sorte, c’est quand il est conscient, c’est quand il est “libre” qu’il est prisonnier, car alors le venin des idées idéologisées reprend le dessus.)

Il est difficile de ne pas ressentir le sentiment d’une grande compassion, presque un élan de solidarité pour ce qu’il nous dit de la tragédie humaine, et comme nous-mêmes à sa place, nécessairement, nous l’aurions expérimenté dans son intensité quoique chacun à sa manière et selon l’orientation de son esprit. La tragédie intérieure de cet homme se trouve dans cette interrogation : comment surmonter une telle contradiction ? Entre cette “vigilance” qui lui “dit la vérité”, savoir que ce qu’il fait est “i-na-dmi-ssible” et devrait être brûlé, et lui-même, écrivant contre cette vigilance qu’il a écartée, estimant qu’il “fait ce qui doit être fait” ? Entre ceci qui est sa “vigilance” lui disant que ce qu’il fait est “i-na-dmi-ssible” et cela qui lui dit “ce qui doit être fait” qui est ce que sa “vigilance” dénonce ?... Il faut que l’enjeu soit, pour cet esprit, – mais aussi pour la théorie qu’il représente et l’influence qu’eut et qu’a cette théorie, – d’une importance vitale et, surtout, imposé par une force irrésistible et d’une surpuissance exceptionnelle.

(Il faut insister là-dessus, dans ce moment de vérité : Derrida s’explique à lui-même de ses actes comme s’il existait effectivement quelque chose d’extérieur à lui, qui le guide et le force, et la contraint...)

Maintenant, laissons de côté l’aspect humain pour lequel nous disons notre plus grand respect, et venons-en à l’aspect disons plus social et symbolique de définition de la philosophie que représentent Derrida et quelques-uns des philosophes de la même école que lui et qui connurent la même aventure disons pédagogique. Derrida le dit lui-même, – le “geste de type déconstructif” définit le mouvement philosophique qui se développe à partir des références du structuralisme et du poststructuralisme ; on pourrait donc désigner ce mouvement comme celui de “la déconstruction” alors que nous serions conduit, pour notre part, à voir dans ce même mot, en partie l’équivalent de notre “déstructuration-dissolution”. Derrida exprime sa “peur” à propos de l’activation, dont il est lui-même l’ordonnateur, des “gestes de type déconstructif”. Il ne peut prétendre parler, disons comme pourrait le faire un isolé, un non-conformiste, un “poète maudit” ou un philosophe rebelle, un homme dressé contre les conventions et l’ordre établi (effectivement, des positions qui plaisent tant aux “intellectuels” qui se jugent nécessairement “en avance”, là où l’on peut se sentir isolé, angoissé, exposé à la vindicte du conformisme, etc., puisqu’effectivement “en avance” sur tout cela). Bien au contraire. Derrida fut, en son temps, avec ses confrères du post-structuralisme, un véritable maître, et reconnu et encensé comme tel, de la future pensée dominante en train de s’élaborer, – mais nous devrions dire plutôt “psychologie dominante”, car peu nous importe le contenu extraordinairement complexe jusqu’à la micro-conceptualisation, de cette “pensée”. Pour nous, cette “future psychologie dominante” fut absolument la matrice implacable de la “pensée dominante” (pour le coup, le terme “pensée” a sa place), là où cela comptait, comme elle l’est absolument aujourd’hui de la déferlante progressiste-sociétale perçue comme une dynamique de la pensée dont le cours déconstructurationniste est tracé et absolument inarrêtable.

Le livre French Theory, de François Cusset (La Découverte, 2003), nous instruit à propos du formidable succès de ces philosophes français aux USA dans les années 1970. Le “quatrième de couverture” nous suffit à cet égard pour avoir une idée du cheminement de l'influence de cette French Theory, et parce que c’est de psychologie et non de pensée que nous parlons, – et cette psychologie étant parfaitement celle de la “déconstruction”, ou “déstructuration-dissolution”, – ou, si l’on veut employer un néologisme d’une famille de grand style qu’on a déjà suggérée, la “déconstructuration”...

« Sait-on que la science-fiction américaine, du roman “cyberpunk” à la saga “Matrix”, se nourrit largement de Jean Baudrillard ? Que Gilles Deleuze et Félix Guattari inspirent aux États-Unis les pionniers de l’internet et de la musique électronique ? Que Michel Foucault y est une référence majeure des luttes communautaires tandis que Jacques Derrida est une star sans égale dans l’université ? [...] C’est cette histoire, mal connue, de la ‘French Theory’ que François Cusset retrace ici. Il retrace le succès de cette étrange ‘théorie française’, – la déconstruction, le biopouvoir, les micropolitiques ou la simulation [le simulacre], – jusque dans les tréfonds de la sous-culture américaine. Il restitue l’atmosphère particulière des années 1970 et raconte la formidable aventure américaine, et bientôt mondiale, d’intellectuels français marginalisés dans l’Hexagone ...»

Que voilà donc des flons-flons triomphants (où, tout de même, Baudrillard est mis dans le même sac que Foucault, Deleuze, Derrida & Cie, ce qui est pousser le bouchon un peu loin) ... Ils ont l’avantage, ces flons-flons, de nous confirmer contrairement à ce qu'il prétend nous dire, que ces “intellectuels français” ne furent jamais vraiment marginalisés “dans l’Hexagone”... Finalement, c’est cette marginalisation qui a manqué à Derrida et ce manque fait comprendre les arcanes de son drame, parce qu'il s'agit d'une époque où la célébrité fait de vous une victime désignée et vulnérable d’un système maléfique d’une puissance inoiuïe.

Jderrlivreexpl.jpgAinsi revenons-nous au drame de Derrida que restituent les quelques minutes de confidences qu’on a écoutées. Ayant écarté les occurrences sociales et autres qui figurent au début des confidences, nous revenons au plus profond du secret de l’être, pour considérer enfin ce qu’il nous dit en vérité, selon notre interprétation. Dans ces moments de semi-conscience que lui-même (Derrida) qualifie de la plus grande “vigilance”, c’est-à-dire de la lucidité qui dit “la vérité” en écartant l’espèce d’opium de la pure spéculation intellectuelle, l’esprit qui fait “ce qui doit être fait” est confronté à ce jugement terrible : « Ce que tu viens de faire est i-na-dmi-ssible »... Non pas “selon ta fonction, ta position sociale, ton respect de la hiérarchie”, mais parce qu’il s’agit de quelque chose d’“i-na-dmi-ssible” en soi, – et cela ne peut être alors que le fait de céder à la tentation épouvantable, de succomber à l’influence du Mal, d’accepter le simulacre qu’il impose.

Si nous disons cela, c’est conduit par la logique autant qu’influencé grandement par l’intuition, laquelle nous a proposé comme évidence que le Mal se manifeste essentiellement par ce processus dd&e, ou pour retrouver notre trouvaille de circonstance, par le processus de “déconstructuration”... Et l’état de semi-conscience où la “vigilance” retrouve sa place naturelle, c’est celui où la psychologie, débarrassée des chaînes des idées auxquelles l’esprit s’est attaché, est capable de percevoir toute la puissance de la vérité et de se faire elle-même messagère de la vérité pour admonester le philosophe. Ainsi Derrida se trouverait-il confronté à la vision affreuse que les idées qu’il développe constitueraient effectivement une transcription socio-intellectuelle de l’influence du Mal (ou du Système pour notre compte, pris dans son sens le plus large d’opérationnalisation du “déchaînement de la Matière”).

Encore une fois, il ne nous viendrait pas à l’esprit de développer cette idée misérable et infondée de faire un procès à Derrida. D’ailleurs, sa “confession” quasi-psychanalytique parle pour lui-même : il représente ce cas qu’on a déjà envisagé d’une intelligence brillante, d’un exceptionnel brio intellectuel, trahis par une psychologie trop faible ou affaiblie (elle n’est capable de transmettre les messages essentiels venus d’un en-dehors ou d’un au-delà que lorsque l’esprit est dans un état de conscience très amoindrie). Il représente cette défaite permanente des psychologies, depuis le XVIIIème siècle (siècle du “persiflage” bien entendu), confrontées aux pressions des salons, de l’université, des milieux intellectuels dominants, bref de tout ce qui fait la modernité dans son activité d’influence par le système de la communication.

(Il ne nous viendrait certes pas à l’esprit, non plus, d’écarter l’idée qu’un intellectuel, un écrivain, un penseur, un essayiste, un philosophe, ne connaît pas de terribles faiblesses dans son travail sans nécessairement avoir sa psychologie affaiblie. S’il fallait identifier la principale, ce serait l’angoisse avec ses différents effets [paralysie de la création, panique, etc.], et l’angoisse à cause du doute, mais non la peur, comme le confie Derrida. [L’angoisse concerne l’inconnu, qui peut être dangereux ou amical, faussaire ou vrai ; la peur, elle, concerne ce qui est connu et dont on sait le danger que cette chose représente, c’est-à-dire la cause de la peur identifiée comme mauvaise ou ennemie ; l’angoisse réclame la vérité de l’énigme qu’on affronte pour pouvoir être surmontée, la peur marque la démarche dont on a identifié le danger.] Outre cette différence entre l’angoisse et la peur, il y a ce fait que l’angoisse ne vient pas dans les états de semi-conscience, sous le coup d’une “vigilance” qui soudain joue son rôle ; elle marque en toute lucidité le travail de la pensée consciente, procédant par à-coups d’incertitudes angoissantes suivies de soudaines certitudes sublimes, suivies à nouveau d’incertitudes angoissantes, etc., –une bataille sans fin pour la vérité, et non pas une avancée sans douter mais transie de peur, pour “faire ce qui doit être fait”, “une espèce de nécessité, une espèce de force, plus forte que moi, qui fait que ce que je dois écrire je l’écris, quelles que soient les conséquences”, – cela dont la “vérité” vous dit par instant que c’est “i-na-dmi-ssible”. Nous n’écartons pas un instant l’idée que l’écrit est l’outil principal de transmission de forces invisibles [voir notamment le 16 avril 2015] et qu’il entraîne l’écrivain considéré alors comme un “messager” bien plus qu’il n’est conduit par lui, mais rien n’assure bien évidemment que dans ces forces ne s’en glissent pas certaines qui représentent une influence maléfique. C'est à la vigilance d'exercer son office.)

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La “déconstructuration“ depuis 9/11

A partir de notre raisonnement intuitif concernant ce cas tel que nous l’identifions, à l’audition de ce remarquable document de la “confession” de Jacques Derrida, et à la lumière de ce qu’on sait de l’extraordinaire succès de la French Theory aux USA, il nous semble qu’une hypothèse opérationnelle historique peut être développée. Il s’agirait de présenter une explication hypothétique pour mieux comprendre notre époque depuis la fin de la Guerre froide et surtout depuis l’attaque du 11 septembre 2001, et essentiellement la politique de l’américanisme qui est apparue finalement comme étant elle-même l’opérationnalisation de la “politiqueSystème” dans spn sens le plus large et dont on sait qu’elle peut, qu’elle doit complètement et parfaitement s’identifier à elle.

(Le concept de “politiqueSystème“ doit être pris ici dans son sens quasiment absolu, c’est-à-dire embrassant politiques extérieures et situations intérieures. Cela va évidemment et nécessairement, ô combien, jusqu’à comprendre l’irruption depuis 1974-1975 de la grande crise intérieure du pouvoir de l’américanisme et du déchaînement du progressisme-sociétal, ou marxisme-culturel comme l’identifient nombre d’intellectuels conservateurs.)

Ce que nous observons, d’abord depuis la fin de la Guerre froide jusqu’à l’attaque 9/11, puis à partir de 9/11, c’est une évolution psychologique US caractérisée par une alternance maniaco-dépressive, d’abord d’un épisode dépressif puis d’un épisode maniaque (à partir de l’été 1996), transcendé ensuite avec 9/11 en une sorte d’épisode hypomaniaque qu’on peut aisément aligner avec un concept tel que l’“idéal de puissance”. Quant à la politique extérieure suivie à partir de 9/11, identifiée comme “politiqueSystème” (dans son épisode “hégémonisme-chaotique”), elle ne présente aucun caractère de cohérence lorsqu’elle est observée sur le terme de la quinzaine d’années nous séparant du 11 septembre 2001. Bien entendu, cette politique a un caractère de surpuissance évident qui est systématiquement interprété comme une politique de conquête hégémonique des USA, — en général d’une façon avantageuse pour les USA, à notre sens en complète contradiction avec la vérité-de-situation à cet égard. Sur ce terme de 2001-2015 on observe que cette conquête hégémonique tourne en rond sur des territoires d’ores et déjà conquis (ou sous l’influence US), si bien qu’on finit par s’interroger sur la cohérence de la chose : combien de fois les USA ne se sont-ils pas lancés à l’assaut de l’Irak depuis 1991 ? Pourquoi les USA n’ont-ils pas aménagé leur écrasante supériorité sur la Russie dans les années 1990, en pratiquant une politique un peu plus habile avec un pays qui leur était quasiment acquis (même Poutine, à ses débuts, ne demandaient qu’à coopérer avec les USA) ? Pourquoi dans ces conditions ouvertes à la coopération, éventuellement à l’intégration-domination de la Russie dans l’OTAN, lancer dès 2002 le programme de missiles antimissiles qui n’a jusqu’ici servi qu’à s’aliéner la Russie et à pousser Poutine vers une réaffirmation de la souveraineté russe, et à un réarmement de son pays ? Etc... Chacune de ses questions sans réponse accentue le jugement d’une politique de complet désordre qui n’est conduite que par l'effet qu'elle produit de la déstructuration et de la dissolution.

Certes, les théories et les complots ne manquent pas, mais eux aussi tournent en rond et ne produisent rien. Il y a les neocons affirmant vouloir refaire les cartes du monde en s’appuyant sur Leo Strauss et proclamant l’ère du “chaos créateur”, il y a l’hypercapitalisme et sa référence à Friedrich von Hayek et la thèse de l’“ordre spontané” aussi vieille que l’Empire du Milieu. Mais rien ne sort de tout ce verbiage de communication dont Strauss et Hayek ne réclameraient certainement pas la paternité. On passe d’une Libye qu’on conquiert pour son pétrole et qui est récupérée par l’anarchie comme l’avaient prévu les adversaires de cette expédition, à une Syrie qu’on ne parvient même pas à attaquer, à une Ukraine qui nous conduit au bord d’un conflit aux proportions inimaginables sans se ménager la moindre issue de secours avant de sombrer dans la paralysie d’un trou noir de gaspillage, de corruption et de désordre, tout cela et dans le même temps en lançant au Moyen-Orient la constitution d’un pseudo-“État Islamique” qu’on finance et qu’on arme tout en le combattant avec fureur, ou en soutenant l’attaque du Yémen par une maison Saoud dont la sénilité a produit soudain un vertige interventionniste, sans très bien savoir contre qui et dans quel but, et qui se trouve soudain à découvert, face aux plus grandes menaces pour sa propre survivance.

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Bien entendu, à partir de 2015 s’est ajouté le volet intérieur, la crise interne du système de l’américanisme sous la poussée du progressisme-sociétal, avatar intérieur et effectivement sociétal de la même politiqueSystme. Là aussu, les psychologies sont touchées en priorité et la pente suivie est, d’une façon aveuglante à force d’être évidente, celle de la “déconstructuration”.

Le résultat est toujours et encore un immense désordre qui ne cesse de grandir et de s’amplifier selon un élan à la fois exponentiel et d’orientation entropique, et se caractérisant par une poussée constante, déstructurante et dissolvante, ou bien “déconstructurante” après tout ... L’impression, souvent émise, est que les intelligences qui mènent cette politique sont, à l’image de la déstructuration-dissolution du pouvoir en divers centres, complètement déstructurées ou déconstruites, donc elles-mêmes transformant la perception du monde qu’elles reçoivent en désordre en restituant évidemment des politiques qui alimentent ce désordre et l’accroissent partout où c’est possible ; il n’y a qu’un pas à faire, et nous le faisons plus souvent qu’à notre tour, pour avancer l’hypothèse que les psychologies qui sont au service de ces intelligences sont elles-mêmes déstructurées et livrent une perception qui l’est nécessairement. C’est bien évidemment à ce point que nous retrouvons Derrida, sa confession extraordinaire et la French Theory.

Notre thèse est que la French Theory, dont on a mesuré le triomphe aux USA par les extraits cités plus haut, et qui toucha tous les domaines, constitua un phénomène psychologique d’une profondeur considérable (il est question des “tréfonds de la sous-culture américaine”). Ce succès concerna certes bien des idées pour ces milieux des élites devenues élites-Système qui entretiennent leur vanité intellectuelle s’il le faut au prix de la destruction du monde, mais il eut surtout un impact fondamental sur les psychologies de ces élites, d’ailleurs à partir de conceptions de déstructuration et de déconstruction correspondant parfaitement à l’esprit de l’américanisme tel qu’on peut le percevoir, notamment dans le flux du “déchaînement de la Matière”.

(On sait combien nous apprécions les États-Unis d’Amérique comme une construction a-historique, “en-dehors de l’Histoire”, donc naturellement productrice d’une politique de déconstruction de l’Histoire allant jusqu’à l’annonce triomphale quoiqu’un peu hasardeuse de la “fin de l’Histoire”, au moment où la French Theory donne tous ses effets sur la psychologie américaniste en accentuant décisivement ses caractères naturels.)

Cette hypothèse donnant un tel effet au constat de l’influence de la French Theory aux USA est largement concevable tant on perçoit avec quelle force l’un des messagers de la “déconstructuration” lui-même, Derrida, est touché au niveau de sa psychologie. La philosophie de la déconstruction et de la déstructuration (“déconstructuration”) touche la psychologie autant que l’esprit, et elle a sur la psychologie un effet déconstructeur et déstructurant qui agit de toutes les façons sur l’esprit, sans même qu’il soit nécessaire d’assimiler les idées portées par la philosophie elle-même.

Fth-book.jpgLes philosophes de la French Theory eurent un peu le même effet que celui qu’amena Sigmund Freud en le pressentant largement, lors de son premier voyage aux USA en 1909, lorsqu’il s’exclama que ce pays-continent était la terre rêvée pour la psychanalyse tant il était producteur fondamental de la névrose caractéristique de la modernité, désignée en 1879 par le Dr. Beard comme “le mal américain”. Simplement, à un peu moins d’un siècle de distance, ils ont décisivement prolongé Freud pour porter la psychologie de l’américanisme à son point de fusion, lorsqu’elle devint le parfait serviteur du Système en se déstructurant. La French Theory servait sur un plateau de fer et de tonnerre le destin des USA d’après la Guerre froide : une psychologie à la fois absolument déstructurée et absolument déstructurante, ou absolument “déconstructurante” si l’on veut, avec des idées plus ou moins précisées à mesure, qu’on peut de temps en temps saupoudrer de neocon ou de von Hayek, sans oublier la “démocratie” dont l’idée portée vers des lieux impréparés pour cela enfante elle aussi le désordre par “déconstructuration”.

Drôle d’hypothèse ou drôle de théorie finalement, que de proposer un tel rôle à la French Theory, matrice de la postmodernité et dont la position épouse parfaitement l’invasion universelle du “marché” et de l’effet de déconstruction et de déstructuration qu’il exige pour être quitte de toutes les règles et de tous les principes. On retrouve le même mouvement dans le monde de l’art, avec la déconstruction complète de la notion d’“art” qu’implique l’“Art Contemporain” (l’AC), lui aussi entièrement créature créée par le “marché”, le Corporate Power et l’hypercapitalisme, – et tous ces bouleversements pesant affreusement sur les psychologies de leurs principaux acteurs, toujours dans le même sens “déconstructurant”...

On observerait alors plusieurs enchaînement à la fois contradictoires et logiques ... Les USA qui purent se constituer grâce à la France et son intervention lors de leur guerre de l’indépendance, lancés à la conquête du monde par l’américanisation (vieux projet évident dès la fin du XIXème siècle) dans un sens qui trahissait évidemment les conceptions françaises engagées lors de l’aide aux insurgents de 1776 (voir la Deuxième Partie du Tome-I de La Grâce de l’Histoire) ; recevant en retour, deux siècles plus tard, de la France, productrice tout au long de son histoire du pire et du meilleur de l’esprit dans un affrontement métahistorique colossal, la French Theory qui pourrait bien être la recette pour accomplir le destin annoncé par Lincoln-1838 (« En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant ») ... Le problème, sans nul doute, est que nous sommes du voyage, et il faut espérer qu’il y a plus d’embarcations de sauvetage qu’il n’y en avait sur le Titanic.

Au reste, on conviendra que ce rangement ne contredit en rien celui, plus général, que nous proposons avec la thèse du “déchaînement de la Matière”. Il s’y insère parfaitement, avec cette proximité jusqu’à l’intimité de la volonté de déstructuration (et la dissolution des esprits et des formes), de déstructuration-dissolution, de “déconstructuration”, qui s’ensuit, qui est le caractère même de la modernité, aussi bien que des phénomènes que nous observons, en constante progression depuis plus de deux siècles et entrés dans une phase d’accélération foudroyante depuis un quart de siècle et particulièrement depuis  2001. Il faut dire que les trois minutes 48 secondes de la “confession” de Derrida, celle-ci avec son caractère tragique et sa résonnance pathétique, nous suggèrent effectivement que l’on se trouve là devant un phénomène dont la description et la signification touchent aux choses les plus hautes et à l’inversion la plus basses de ces choses les plus hautes. Comme si s’ouvrait soudain, devant nous, une porte d’un pan essentiel pour notre contre-civilisation du Grand Mystère...

mardi, 02 janvier 2018

Autorité politique contre influence médiatique

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Autorité politique contre influence

médiatique

 

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

Pendant la période historique où la presse écrite détermine le débat public, les rapports entre le quatrième pouvoir et le système politique se posent en termes de soumission ou critique tant il semble évident que le média joue un rôle second par rapport à l'autorité. Le politique ordonne et agit, le journaliste  s'il est servile ou s'il subit un contrôle  social (voire policier) relaye la position officielle ; il la critique s'il a d'autres options idéologiques, plus le courage le talent ou la possibilité de les exprimer. Les médias valent suivant qu'ils reflètent plus ou moins authentiquement événements et opinions. Dans l'idéal, le citoyen rationnel, éclairé sur les affaires du monde par une presse pluraliste (des journalistes plus "intellectuels critiques" que "chiens de garde"), débat avec ses pairs dans l'espace public, puis indique par des procédures démocratiques le chemin du Bien Commun à des gouvernants serviteurs de la Loi. Il s'agit là d'une utopie évidente car le pouvoir des médias excède très vite  celui de décrire et de juger : voir Randolph Hearst  poussant son pays à la guerre à Cuba en 1898 (une anecdote douteuse veut qu'il ait télégraphié  à son correspondant à la Havane : "Fournissez les images, je fournirai la guerre.").

Cette représentation toute théorique du rapport autorité/influence reflète un stade de la technique lié à la presse à imprimer. Mais d'autres évolutions techniques - nous  en évoquerons trois, mais il en est sans doute d'autres - bouleversent ce rapport.

Influence d'État : secteurs et vecteurs

La première mutation affecte le lien entre frontière politique et frontière médiatique au sens géographique. Jusqu'au seuil de la seconde guerre mondiale, celui qui contrôle le territoire gère à peu près les flux d'information qui y circulent, même si des publications peuvent franchir une douane clandestinement. Le souverain maîtrise les instruments de destruction sur son territoire (la fameuse violence légitime) mais aussi les moyens de communication de masse, généralement soumis à autorisation.

Mais voici qu'apparaît la radio et qu'aucun gabelou n'arrête les ondes. Pionnier en ce domaine, le Saint Siège se dote de Radio Vatican en 1931, propaganda fidei et émet à l'échelle internationale à partir de 1937 par autorisation spéciale de l'Union internationale de la radio.

La Seconde Guerre mondiale stimule l'usage "offensif" de la radio en direction d'un territoire à libérer ou à conquérir : instructions pour ses partisans, désinformation ou démoralisation pour ses adversaires, propagande pour les habitants... Voir Radio Londres ou "Germany Calling" avec le fameux "Lord Haw Haw" propagandiste nazi.

Pourtant la création de médias destinés à persuader des populations étrangères, dans leur langue et chez eux est typique de la Guerre Froide[1]. L'Est finance modestement quelques médias destinés à l'exportation et à la catéchèse (l'intelligentzia européenne n'a pas besoin de lire Spoutnik pour pencher vers le marxisme et radio Tirana ne convertit que des convaincus).

En revanche, les USA conçoivent sous Eisenhower une stratégie de "diplomatie publique"; une de ses composantes principales est l'utilisation de radios émettant au-delà du rideau de fer. De 1953 à 1999, l'US Information Agency[2], crée Voice of America, puis la radio anti-castriste Radio Marti. Radio Free Europe, en principe privée, mais financée par le Congrès remplit la même fonction de lutte idéologique contre le communisme. La recette combine l'héritage de Woodrow Wilson (convertir la planète aux valeurs démocratiques, gagner les "cœurs et les esprits"), l'idée chère à la CIA (mener une "guerre culturelle" contre l'Est y compris en montrant combien "notre" jazz ou "notre" peinture abstraite peuvent être subversifs face au réalisme soviétique à la Jdanov) et enfin une confiance très américaine dans le pouvoir libérateur des médias. Il s'agit de donner une "vraie" image de l'Amérique et de son mode de vie. Faire savoir, c'est forcément convertir des citoyens de l'Est qui ne peuvent être communistes que par ignorance.

Dans les années 90, avec la chute de l'URSS (et en particulier sous la présidence de Clinton) la diplomatie publique est remplacée par la politique de "soft power"[3], basée sur l'exemplarité et la séduction des USA. Désormais, les partisans d'un "élargissement" du modèle américain font bien davantage confiance aux médias privés qu'aux officines plus ou moins liées aux services secrets. Beaucoup expliquent en partie la chute du Mur par la séduction du mode de vie capitaliste que les téléspectateurs de RDA contemplaient en recevant les télévisions de RFA. Avec toutes les mythologies que répandent les œuvres de fiction. Le feuilleton "Dallas" et le rock auraient en somme vaincu Honnecker et la Stasi.

Tout ce qui est universel, démocratie, marché, culture de masse et société de communication sert objectivement les intérêts US, pense-t-on dans la décennie 90 : Al Gore prophétise que la démocratie se répandra sur "l'Agora planétaire" de la Toile.

Lors de la première guerre du Golfe, outre les armes de haute technologie, les USA semblent s'être aussi assurés le monopole de l'image, grâce à CNN la chaîne d'information continue de Ted Turner,  Du missile décollant d'Arabie saoudite au missile explosant à Bagdad, rien n'échappe à ses caméras : une guerre sera désormais vue en plongée, donc avec un œil occidental, côté vainqueurs, démocrates et "modernes"[4]. Et les médias nationaux s'abreuveront au robinet à images  planétaire

À l'effet CNN s'opposera pourtant dix ans plus tard l'effet al Jazira. La "petite" chaîne qatarie arabophone reçue par peut-être quarante ou cinquante millions de spectateurs atteint une notoriété mondiale le 7 octobre 2001 en diffusant au monde entier une cassette de ben Laden au début de l'intervention militaire en Afghanistan. La chaîne qui, depuis s'est dotée d'une petite sœur anglophone, compte dans tout le monde arabe, symbolisant une vision alternative de celle de l'Occident[5]. À tel point que les émirats financent al Arabiya, que les USA lancent des radios et télévisions arabophones (comme al Hurrah) pour compenser son influence.

Désormais, dès qu'une État prétend à une influence hors-frontières, la chaîne internationale d'information télévisée, si possible multilingue, devient un outil presque obligatoire : BBC International pour le Royaume-Uni, Deutsche Welle pour l'Allemagne, Russia Today pour la Russie... Même notre pays, avec France 24 émettant simultanément en français, anglais et arabe n'échappe pas à la règle. Tout est possible, de la lutte idéologique (Telesur chaîne latino-américaine anti-impérialiste lancée par Chavez) à la fonction vitrine : attirer les investisseurs étrangers et donner une vision paisible du pays, (fonction de la télévision chinoise CCTV). Dans tous les cas l'État séducteur selon l'expression de Régis Debray[6] doit maintenant persuader aussi l'opinion internationale, ou au moins une très vaste aire culturelle (monde arabo-musulman ou latino-américain) d'adhérer à ses objectifs.

D'autant qu'il n'est pas seul à jouer sur ce terrain.

La compétition par les chaînes par satellite - relayée bien entendu sur Internet comme nous le verrons - est maintenant ouverte y compris aux organisations internationales, ( telle l'Otan lançant une télévision destinée à combattre la communication des talibans) ou à des partis comme le Hezbollah avec al Manar.

D'autant plus que si l'on remonte un degré de plus en amont, non pas vers la diffusion mais vers la fabrication d'images, la compétition est encore plus ouverte et le contrôle plus difficile[7]. Les Américains, incapables d'empêcher la circulation de vidéo cassettes jihadistes du "producteur d'al Qaïda", as-Sahab en sont conscients, comme le sont les Israéliens qui hésitent entre l'interdiction des caméras à Gaza ou la contestation des images des bavures de Tsahal. Ils les dénoncent comme du pur "Pallywood" (Hollywood + Palestiniens) : des mises en scènes d'atrocités par des manipulateurs du Hezbolalh ou du Hamas abusant les reporters européens. La lutte est désormais engagée pour la métapropagande : décrédibiliser les images de l'autre comme pure propagande.

Certes, pas plus qu'il n'existe de marché parfait, il n'y a de circulation concurrentielle absolue de l'information. Dans la plupart des pays, le média le plus influent restera une chaîne télévisée nationale, et l'idée que "sur Internet plus aucune censure n'est désormais possible" est carrément fausse. La Chine réussit notamment - aidée, il est vrai,  par la barrière de la langue - accomplit ce paradoxe  : avoir une population énorme branchée sur Internet et un contrôle politique presque sans faille de ce à quoi elle a accès. Mais la tendance lourde est à l'abolition de la frontière intérieur/extérieur

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La classe politique : spectacle et dépendance

Seconde grand effet de l'explosion des médias : la dépendance de la classe politique à  leur égard. Abaissement du politique et de sa dignité face aux exigences de l'Audimat, de l'urgence spectaculaire, de l'agenda télévisuel, impératif de séduction et de personnalisation, prédominance de la vulgate journalistique, confusion entre représentants du peuple et membres des peoples..., la critique a été souvent faite. Du coup, la dénonciation (justifiée) de l'État spectacle[8] finit presque en lieu commun pour plateau télévisé. Le lecteur nous dispensera de plaider le dossier en détails pour ne prendre qu'un exemple.

Il est d'ordre financier : l'argent de la communication politique. Ainsi le budget des campagnes pour l'élection présidentielle - Barack Obama (639 millions de dollars) et son rival (360 seulement) - excède le milliard de dollars, la plus grande partie dépensée en publicité pour les médias. Ce record historique (trois fois le prix de la campagne de 2004) prolonge une tendance lourde : la sélection de la classe politique sur des critères médiatiques avec son corollaire, la professionnalisation de la communication et la prédominance du spécialiste de l'apparence sur le responsable de la décision.

Nous aimerions croire que notre pays - où il est vrai, un candidat n'est pas encore autorisé à dépenser des millions d'euros pour des minutes de télévision - ne subit pas cette dérive, mais de récentes affaires (le budget de sondage de l'Élysée ou la révélationa des sommes perçues par quelques gourous du marketing politique) suggèrent le contraire.

Il n'y a pas eu une époque mythique où le succès d'un politicien ne dépendait pas de sa capacité de sourire et de lever des fonds et où il n'était élu que sur son programme et le contenu de son discours. Sans souci de sa démagogie, de sa télégénie, de ses petites phrases ou de ses dons publicitaires. Simplement le changement quantitatif (l'argent) traduit des changements qualitatifs : l'évolution de la forme ne peut pas ne pas changer le fond. D'un côté, le conseiller en communication traduit tout en termes de consommation politique (demandes de l'opinion mesurées par sondage, adaptation de l'offre aux tendances "sociétales", tendances, créneaux, image de marque...) ; d'autre part les médias sélectionnent sur leurs propres critères (le renouvellement perpétuel, les questions "qui font débat" et "qui interpellent", l'image forte, la formule qui échappera à l'oubli, la "relation humaine" et la capacité "d'être proche des gens" que doit avoir le "produit politique"..). Au total il faudrait une singulière force de caractère pour résister aux projecteurs et aux paillettes. Comme à la pression de l'urgence médiatique avec son tempo particulier (réagissez vite, soyez original et exhaustif, mettez vous au niveau du téléspectateur, vous avez quarante secondes).

Le temps du tous médias

À certains égards, la troisième tendance contrarie les deux précédentes. Un slogan la résume  : "Ne haïssez plus les médias, devenez les médias." Toute organisation visant à peser sur le débat public (courant de pensée, ONG ou association, lobby, centre de recherche, groupe militant...), voire tout individu pratiquant le "journalisme citoyen" dispose désormais de facilités inédites pour faire connaître virtuellement à la planète son opinion ou son témoignage - fût-ce une photo d'un événement historique prise depuis un simple téléphone portable.

En amont, chacun peut se servir instantanément dans d'inépuisables réserves de données.

Qu'il s'agisse d'archives - textes, photos, séquences, son-, de dépêches ou images venues du bout du monde, de la faculté d'aller consulter directement le site de tous les acteurs d'un événement, n'importe quel citoyen doté d'une connexion à Internet dispose sur l'instant sans frontière et généralement gratuitement de sources dont les directeurs des plus grands quotidiens ne rêvaient pas il y a trente ans.

Pour son message, le néo-journaliste doté d'un minimum de bagage technique peut réaliser tous les montages de textes et images fixes ou animées qu'il peut souhaiter, sans parler des trucage qui renvoient à la préhistoire les affaires orweliennes de clichés retouchés l'encre de Chine pour faire disparaître Trotsky.

Enfin en aval chacun a une chance théorique de voir son message consulté de la planète que la source (son site p.e.) soit réputée, ou que d'autres Internautes (par des liens depuis des sites, par un système de recommandation, rétroliens[9]...) conseillent d'aller le consulter, ou, enfin qu'il soit remarquablement indexé (le "Google ranking", place que tient une adresse Internet dans la hiérarchie des réponses fournies par le moteur de recherche à une demande sémantique, telle un mot-clef, est un facteur décisif du succès d'un message).

D'où une contradiction. D'un côté les chances que possède le "faible" de faire connaître un événement ou de défendre un argument le mettent à égalité - toujours en théorie- avec le fort. D'autre part, nous savons très bien que le "terminal ultime", notre cerveau n'a qu'un temps de disponibilité limité et n'absorbe que certaines informations, de préférence celles qu'il peut recevoir sans trop d'effort et qui flattent ses préjugés. Nous savons que parmi ces millions de dénonciations, protestations, admonestations, proclamations, etc.. qui se concurrencent sur la Toile, seules quelques unes atteindront un vaste public. À plus forte raison, très peu pèseront sur la décision du politique.

Quand tout est disponible, entendez quand toutes les visions de la réalité peuvent se concurrencer, la surabondance a des effets paradoxaux. Ainsi, si chacun peut "être" journaliste, chacun peut aussi recevoir son journal unique, piochant à différentes sources en fonction de ses intérêts et combinant. Mais avec un risque : celui de la répétition, de la monomanie et de l'isolement :  n'aller qu'aux sources qui confirment nos croyances, ou ne partager qu'avec ceux qui nous ressemblent et adoptent le même point de vue (notre "réseau social").

Enfin, les cas les plus spectaculaires de "réussites" du journalisme "citoyen" ne sont pas forcément à son honneur : bouts de vidéos pris à la sauvette et où un homme politique gaffe ou se ridiculise, thèses du complot démontrant que tout est truqué dans le onze septembre, gags de mauvais goût ou insultants comme une photo retouchée de Michelle Obama avec des traits simiesques. C'est un lieu commun de dire que le meilleur et le pire voisinent grâce aux nouveaux médias, mais les critères d'émergence et de propagation "virale" -un document est signalé, repris, cité, recopié, commenté, indexé...- ne favorisent pas forcément le meilleur. Ni le plus original  : dans un système où tous s'expriment, la tentation est forte de citer, reproduire ou paraphraser, de pratiquer la pensée "copiée/collée", de telle sorte qu'il devient parfois impossible de trouver la source primaire et de vérifier une information reprise des milliers de fois.

La situation se complique à mesure que s'amenuise la frontière commentateur/acteur, entre celui qui est censé décrire le monde, ou au minimum l'actualité, et celui qui est censé vouloir les changer.  La notion même d'événement devient plus vague : nombre des faits dignes d'être rapportés par les médias ont été mis en scène pour produire précisément cet effet médiatique. Y compris, sous  la forme la plus cynique, l'attentat terroriste qui est, après tout, un acte sanglant mais publicitaire.

Dans tous les cas, pour le politique, "agir" passe de moins en moins par la voie traditionnelle : l'idéologie génère le parti et le programme, le parti gagne les élections, il applique le programme avec l'autorité de l'État. Cela se fait de plus en plus par les jeux des réseaux et mouvements dits "de la société civile", comprenez ceux qui sont censée représenter des demandes de citoyens, désirent défendre un intérêt ou faire avancer une cause et qui ont accès aux médias. Ils établissent à l'égard de l'État toute une variété de rapports de suggestion, inspiration, critique, protestation ou mobilisation qui passent indirectement par l'opinion, donc via les médias.

Le problème n'est plus de savoir si cette situation est prometteuse (au nom de la démocratie directe qui se développe ainsi) ou déplorable (au nom de l'abaissement de la volonté du souverain face aux fabricants d'opinion) : elle s'inscrit dans la logique du développement technique.

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Le problème est plutôt de repérer les déplacements de pouvoir qui s'opèrent sous nos yeux. Les nouvelles "fabriques de l'opinion" ne sont plus uniquement de grosses machines déversant des messages standardisés sur des foules fascinées. Elles fonctionnent aussi du bas vers le haut : un "amateur" filmant clandestinement la pendaison de Saddam Hussein ou interceptant des documents du  centre d’études climatologiques sur le réchauffement climatique  (le "climatgate"[10]) peuvent remettre en cause en quelques heure la vérité médiatique admise. Ces fabriques fonctionnent aussi comme des circuits parallèles de contagion dont les mécanismes (la succès de la diffusion de tel thème et non de tel autre) ne se laissent pas résumer en recette faciles. Dans tous les cas, rien ne garantit que les facteurs de succès soient démocratiques : le malin (qui maîtrise des techniques spécifiques pour attirer les moteurs de recherche ou contaminer ses réseaux sociaux ), le militant (qui bénéficie de l'appui de sa petite communauté) ou l'obstiné (qui passe un temps exceptionnel sur les forums, parfois sous de multiples pseudonymes) ont un avantage.

Du coup naissent de nouvelles stratégies :

- États ou acteurs internationaux adoptant une stratégie du tricheur pour déstabiliser un régime ou une entreprise hors frontières : faux comptes, bots, fausses pages, fausses nouvelles, astroturfing (créer artificiellement un courant d’opinion animé en réalité par des travailleurs du clic rémunérés ou par des robots, des algorithmes). Voire le « hack and leak » -pénétrer dans le compte d’un adversaire politique par piraterie informatique et en diffuser les contenus scandaleux.

- Contre-stratégies : médias mainstream pratiquant le fact-checking pour désamorcer les campagnes vraies ou supposées de désinformation et les discours dits extrémistes, politiques dénonçant les manœuvres de déstabilisation de la démocratie par les ingérences et intoxications venues de l’étranger, grands du Net changeant leurs règles et leurs algoritmes pour chasser les fausses nouvelles, les fausses identités et les discours dits de haine

- Sans oublier le retour à des formes plus classiques de lutte politique -dénonciatins et interdits-pour contrer le soft power des autres (affaire Russia Today, par exemple).

Bref, si le mot système n’était pas connoté, nous dirions que le système réagit en tentant de décrédibiliser un discours qu’il ne contrôle plus sur les réseaux sociaux, en rétablissant l’autorité des élites et des experts, et en désignant des ennemis de la vérité (agents russes, fachosphère, islamistes, complotistes) qui empoisonneraient les réseaux donc le peuple.

Que conclure ? Que la classe politique, concurrencée, y compris hors frontières, par l'omniprésence des médias et par l'émiettement des micro-tribunes, s'affole face à l'accélération des demandes "sociétales" ? Sans doute, mais cela confirme sans doute l'affaiblissement de l'autorité et de la tradition dans nos sociétés qui fonctionnent ou croient fonctionner à la séduction, au consensus, à la reconnaissance des singularités, à la négociation permanente. Toutes sortes de procédures de validation qui concurrencent le verdict des urnes et qui ouvrent de nouvelles possibilités d'action aux stratèges de l'influence.

François-Bernard Huyghe


[1] Frances  Stonor Saunders  Qui mène la danse ? La CIA et la Guerre Froide culturelle, Denoël, 2003

[2] Leo Bogart, Premises For Propaganda: The United States Information Agency's Operating Assumptions in the Cold War,  New York, Free Press, 1976

[3] Joseph Nye, Bound to Lead: The Changing Nature of American Power, New York, Basic Books, 1990

[4] Dominique Wolton, War Games, Flammarion 1992

[5]  Miles Hugh, Al-Jazira, la chaîne qui défie l'Occident, éd. Buchet Chastel (trad.fr.), 2006.

[6] Régis Debray,  L'État séducteur, Gallimard 1997

[7] F.B. Huyghe,  Maîtres du faire croire. De la propagande à l'influence, Vuibert 2008

[8]  R.G. Schwartzenberg, L'État spectacle,  Flammarion 1979

[9] Les lecteurs peu familiers de ses vocabulaire technique peuvent trouver un glossaire à l'adresse http://www.huyghe.fr/actu_183.htm

[10] Expression renvoyant au scandale qui éclata en novembre 2009, lorsqu'un pirate informatique préleva dans le serveur du centre de recherches sur le climat (CRU) de référence du GIEC un millier d'e-mails et autres documents qui semblaient démontrer sinon que leurs chiffres étaient truqués, du moins que les preuves du réchauffement étaient assez légères.

Opération « Regime change » en Iran ?

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Opération « Regime change » en Iran ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Quand on connait le crainte et la rage que suscite l'Iran en voie de devenir une grande puissance régionale, tant aux Etats-Unis de Trump que dans les pétromonarchies sunnites, il est tentant de penser que les manifestations de rue anti-gouvernementales qui se déroulent actuellement dans plusieurs villes d'Iran ont été provoquées ou du moins sont appuyées par les services spéciaux américains. Pourquoi ne pas renouveler une opération qui leur a si bien profité à Kiev?

Ces manifestations ont été initialisées, selon tous les observateurs, par la hausse des prix et la raréfaction des produits de première nécessité dans les milieux populaires. Mais aurait-ce été un facteur suffisant? D'autres phénomènes de même nature s'étaient déjà produit sans déclencher des réactions d'ampleur.

S'agit-il, plus vraisemblablement, d'une révolte des milieux religieux les plus intégristes contre le parti du président Rohani, accusé de faire trop facilement le jeu de « Occident », non seulement dans le domaine nucléaire mais en favorisant une libéralisation des moeurs, notamment à Téhéran. C'est possible, mais l'image qui vient d'être diffusée d'une jeune femme arrachant publiquement son voile devant une foule apparemment approbative, pourrait nourrir un argument opposé. Les plus libéraux des Iraniens pourraient reprocher à Rohani sa trop grande lenteur dans l'adoption des réformes.

Pour le moment, en attendant de nouvelles informations, nous ne pouvons nous empêcher au soir du 31/12, de penser que les manifestations avaient été préparées depuis longtemps par des organisations secrètes iraniennes achetées avec force dollars par la CIA et d'autres services occidentaux.

Réussir un changement de régime à Téhéran serait pour Washington un coup de maitre. Il permettrait de restaurer la puissance américaine au Moyen-Orient, mais aussi de signifier à Vladimir Poutine, allié de l'Iran, qu'il devra renoncer au rôle d'arbitre qu'il était en train de se donner dans toute la région, et au delà.

Note au 01/01/2017
On  lira ici une analyse très éclairante montrant comment la CIA et autres agences américiaines avaient préparé depuis au moins 6 mois une opération de changement de régime en Iran.
http://www.moonofalabama.org/2017/12/iran-early-us-suppor...

 

Presseschau Januar 2018

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Presseschau

Januar 2018

 

AUßENPOLITISCHES

 

Haushaltsüberwachung

Bundesbankchef gegen EU-Finanzminister

https://www.handelsblatt.com/politik/international/hausha...

 

EU am Scheideweg

Zum Schaden Deutschlands

von Bruno Bandulet

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/zum-schad...

 

Großbritannien : Die Islamische Republik von Tower Hamlets

http://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/europa/grossbr...

 

Parallelgesellschaft in Blackburn

Muslime übernehmen eine britische Stadt

https://www.n-tv.de/mediathek/sendungen/auslandsreport/Mu...

 

Schüsse auf offener Straße

Gangs verbreiten Angst und Schrecken in Kopenhagen

https://www.berliner-kurier.de/news/panorama/schuesse-auf...

 

Schweden: Unternehmer berichtet RT über kriminelle Zustände in No-Go-Zonen

https://deutsch.rt.com/europa/56577-schwedens-no-go-zonen/

 

Antifa-Gewalt

Spanier wegen Hosenträgern in Nationalfarben totgeprügelt

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/spanier-weg...

http://www.heraldo.es/noticias/aragon/2017/12/13/la-polic...

 

Belgien: Verfahren zur Auslieferung Puigdemonts eingestellt

Kataloniens Ex-Regionalpräsident muss nicht mehr fürchten, in seine Heimat ausgeliefert zu werden. Dies gilt auch für vier weitere katalanische Politiker.

http://www.zeit.de/politik/ausland/2017-12/belgien-carles...

 

Neuwahl in Katalonien

Separatisten verteidigen Mehrheit im Parlament

http://www.spiegel.de/politik/ausland/katalonien-separati...

 

Kurz-Regierung

Neue Koalition in Österreich stärkt Anti-Merkel-Front

https://www.welt.de/politik/ausland/article171658263/Neue...

 

Neue Koalition

Glückwunsch, Österreich!

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/glueckwun...

 

IfW-Studie

Rußland-Sanktionen: Deutschland trägt Hauptlast

https://jungefreiheit.de/wirtschaft/2017/russland-sanktio...

 

Anschlag in New York

„Alle fingen an zu rennen“

https://www.welt.de/politik/ausland/article171493807/Alle...

 

Industriestandorte

Ifo-Präsident: Trumps Steuerreform verschärft den Wettbewerb

https://jungefreiheit.de/wirtschaft/2017/ifo-praesident-t...

 

Trump und Jerusalem

Angekommen in der Realität

von Thorsten Brückner

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/angekomme...

 

Jerusalem als Hauptstadt Israels

Übertriebene Empörung

Von Michael Wolffsohn

https://causa.tagesspiegel.de/politik/anerkennung-jerusal...

 

Moskau betrachtet West-Jerusalem schon seit April als Hauptstadt Israels

http://www.epochtimes.de/politik/welt/moskau-betracht-wes...

 

Foto mit Folgen

„Miss Irak“ bekommt Todesdrohung nach Selfie mit „Miss Israel“

https://www.welt.de/vermischtes/article171630685/Miss-Ira...

 

Australien

Auto rast in Menschenmenge

Polizei in Melbourne geht von vorsätzlicher Tat aus

https://www.stuttgarter-nachrichten.de/inhalt.auto-rast-i...

 

Peru: Proteste nach Begnadigung von Fujimori

http://www.zeit.de/politik/ausland/2017-12/peru-ex-praesi...

 

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INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

 

Wohnungsnot

Die Politik hat versagt

von Markus Brandstetter

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/die-polit...

 

Flüchtlinge werden zu Hartz-IV-Empfängern

Sozialausgaben steigen: 1,6 Milliarden Euro mehr als geplant

https://jungefreiheit.de/allgemein/2017/sozialausgaben-st...

 

Elend und Ende des Deutschen Konservatismus

https://sezession.de/57483/elend-und-ende-des-deutschen-k...

 

Identitäre

Neue Kampagne »Werde Betriebsrat« – warum?

https://sezession.de/57508/werde-betriebsrat-%E2%80%93-wa...?

 

DGB-Chef beobachtet AfD-Mobilisierung vor Betriebsratswahlen

https://www.welt.de/politik/deutschland/article171952327/...

 

SPD-Chef auf dem Parteitag

Schulz will Vereinigte Staaten von Europa

http://www.handelsblatt.com/politik/deutschland/spd-chef-...

 

Richtungsstreit bei den Sozialdemokraten

SPD-Politiker kritisieren Gabriels Leitkultur-Vorstoß

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/spd-pol...

 

(Zum Messerangriff auf den Bürgermeister von Altena)

Die alltägliche Heuchelei und Propaganda

http://vera-lengsfeld.de/2017/11/30/die-alltaegliche-heuc...

http://vera-lengsfeld.de/2017/11/30/luegen-in-zeiten-der-...

 

(Ebenfalls zum Messerangriff auf den Bürgermeister von Altena)

Der rote Knopf

Das Hauptproblem der Medien liegt nicht in ihren Meldungen. Sondern in ihrer Unfähigkeit, sich zu korrigieren

https://www.publicomag.com/2017/12/der-rote-knopf/

 

Nach Messerangriff

Altenaer Bürgermeister geißelt Haß in den sozialen Medien

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/altenae...

 

(Dazu ein Kommentar)

Politische Gewalt

War was?

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/war-was/

 

Sigmar Gabriel fordert neue deutsche Außenpolitik wegen USA unter Donald Trump

https://www.gmx.net/magazine/politik/us-praesident-donald...

 

Niedersachsen

Ex-SPD-Abgeordneter wechselt ins türkische Außenministerium

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/ex-spd-abge...

 

Kein dringender Tatverdacht

Terrorverdächtiger Soldat aus Offenbach auf freiem Fuß

https://www.op-online.de/offenbach/terrorverdaechtiger-so...

 

AfD: Gauland und Meuthen zu Parteichefs gewählt

http://www.zeit.de/politik/deutschland/2017-12/afd-waehlt...

 

Der Bundestag nach dem Einzug der „Nazis“

Die dritte „grüne Couch“ ist erschienen und liefert eine Wahl-Nachlese

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1255

 

Deutsch-Russisches Kriegsgräberabkommen

Festakt ohne die AfD

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/festakt...

 

Söder wird neuer bayerischer Ministerpräsident

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/soeder-...

 

Gesichtserkennungssoftware

Ein weiterer Schritt in den totalen Überwachungsstaat

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/ein-weite...

 

„Bürgerversicherung“

Sozialpolitische Sause

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/sozialpol...

 

Berlin Autofahrer raste aus Wut in SPD-Zentrale

Sie sind anonym und meist auch freiwillig: Befragungen. Doch diese Teilnahme war verpflichtend. Der Mann wollte dies jedoch nicht und konnte seinem Ärger über den Mikrozensus nicht anders Luft machen, als ein Auto in die SPD-Zentrale zu fahren.

http://www.maz-online.de/Nachrichten/Berlin/Autofahrer-ra...

 

(Antiisraelische Demonstrationen)

Meinung

Der geförderte Judenhaß

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/der-gefoe...

 

(Dazu ein Kommentar)

Antisemitische Ausschreitungen

Es ist der Islam, Dummkopf!

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/es-ist-de...

 

Deutschlands neuer Judenhass kommt aus dem Einwanderermillieu

Muslimische Demonstranten verbrennen in Berlin israelische Flaggen und wünschen Juden den Tod. Die Akteure haben keine Glatzen, sondern Vollbärte, Palästinenserschals und Kopftücher.

https://www.nzz.ch/international/der-importierte-judenhas...

 

Anmerkungen zur aktuellen „Antisemitismus“-Diskussion

Weder „Erbschuld“ noch Pflicht zur „Verantwortung“

von Wolfgang Hübner

http://www.pi-news.net/2017/12/weder-erbschuld-noch-pflic...

 

(Energien werden lieber hier eingesetzt…)

Vorsorge für den Tag X

Die Prepper-Szene gerät ins Visier des Verfassungsschutzes

https://www.welt.de/regionales/nrw/article171630915/Die-P...

 

Terrorgefahr

Verfassungsschutz: 1.900 potentielle islamische Terroristen im Land

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/verfass...

 

Antisemitismus

Jüdische Gemeinde warnt Mitglieder vor Kippa in der Öffentlichkeit

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/juedisc...

 

Breitscheidplatz-Attentat

Hierarchisierung der Opfer

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/hierarchi...

 

Verschwindet Niederschlesien?

Das Bürgerforum Oberlausitz will einen anderen Namen für den regionalen Kulturraum. Dazu ist der Landtag gefragt.

https://www.sz-online.de/sachsen/verschwindet-niederschle...

 

Mehrheit an der Uni Greifswald spricht sich für Arndt aus

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/mehrhei...

 

Kölner Flüchtlingsboot im Haus der Geschichte

Letzte Station nach einer langen Reise

https://www.domradio.de/themen/erzbistum-koeln/2017-12-11...

 

LJ-3.jpg

LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE

 

SoKo Schwarzer Block

Bundesweite Razzia gegen gewalttätige G20-Gegner

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/bundesw...

 

Hamburg und Freiburg

Razzia: Wichtige linksextreme Szenetreffs wurden nicht durchsucht

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/razzia-...

 

(Witznummer)

G20-Razzia

Linke Szene wurde vor bundesweiter Durchsuchung gewarnt

https://www.berliner-zeitung.de/berlin/polizei/g20-razzia...

 

Kampf gegen Linksextremismus

Mit angezogener Handbremse

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/mit-angez...

 

Linksextremismus

Polizei fahndet mit Fotos nach G-20 Gewalttätern

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/polizei...

 

Soko „Schwarzer Block“

G20-Krawalle: Erster Verdächtiger stellt sich nach Fahndung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/g20-kra...

 

Fahndungsaufruf

Linksextremisten veröffentlichen Polizisten-Pranger

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/linksex...

 

Bündnis „Aufstehen gegen Rassismus“

AfD prangert Zusammenarbeit mit Linksextremisten an

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/afd-pra...

 

Innenminister wollen Linksextremismus stärker bekämpfen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/innenmi...

 

Gerichtsurteil

Geldstrafe: Ex-Piratenpolitiker feierte Kopfschuß auf Polizistin

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/geldstr...

 

("Grüne", Jusos, "Pro Asyl" und andere…)

Rund 500 Demonstranten am Frankfurter Flughafen

Protest gegen Abschiebeflug nach Afghanistan

http://www.hessenschau.de/gesellschaft/protest-in-frankfu...

 

("Antifa"- und Gender-Rapperin Sookee in Frankfurt…)

http://www.hessenschau.de/kultur/hip-hop-konferenz-mit-ce...

http://www.fnp.de/nachrichten/kultur/Festival-im-Mousontu...

 

(Pseudo-Künstler)

Gerichtsbeschluß

Philipp Ruch darf sich Wohnhaus von Höcke nicht mehr nähern

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/philipp...

 

(Die Mücke zum Elefanten aufgeblasen…AfD unter "Korruptionsverdacht"…)

Offenbach

Geschenke, die ins Zwielicht rücken können

„Präsentkorb“ der AfD sorgt für Aufregung

https://www.op-online.de/offenbach/praesentkorb-afd-stadt...

 

(Aktion "AfD bleibt Bazillen-frei"…)

Linken-Politiker will AfD-Kollegen nicht die Hand geben

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/linken-...

 

Kampagne gegen Thomas Rauscher

Mob schleift Universität

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/mob-schle...

 

Präsident Peter Fischer: „AfD-Wähler können bei Eintracht Frankfurt nicht Mitglied sein“

https://www.welt.de/sport/article171958406/Praesident-Pet...

 

Ein Antidemokrat kann nicht Eintracht-Präsident sein

Peter Fischer hat sich in Interview disqualifiziert

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1259

 

(Säuberungsversuche)

Neurechte Ideologie und Verschwörungstheorien

Potsdam: Umstrittene Bücher in der Bibliothek

http://www.pnn.de/potsdam/1244746/

 

(Ehemalige DDR-Blockpartei-Zeitung sieht Säuberungsversuche von unliebsamer Literatur positiv)

Kommentar über umstrittene Bücher in der Bibliothek

Verschwörungstheorien in Potsdam: Muss das sein?

von Henri Kramer

http://www.pnn.de/potsdam/1244747/

 

ITV "Enthüllung" von gar nichts

Eine von Soros finanzierte NGO und ein TV Sender haben 6 Monate lang die englische Rechte infiltriert. Sie haben auch bei einer Konferenz der TBG und einem "Meet up" der IB für Interessierte vorbeigeschaut. Gefunden haben sie nichts. ;)

https://www.youtube.com/watch?v=zdjfuSeXmh8

 

Halle

Eskalation der Gewalt

Identitäre greifen Polizisten an - die ziehen ihre Waffen

https://www.mz-web.de/halle-saale/eskalation-der-gewalt-i...

 

Kontrakultur Halle

Stellungnahme zum Vorfall am 20.11.

https://de-de.facebook.com/identitaere/posts/193546602313...

 

Hannover

Polizei setzt Wasserwerfer gegen AfD-Gegner ein

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/polizei...

 

(Sympathisanten-Umfeld)

Grüne kritisieren Polizeieinsatz gegen AfD-Gegner

https://jungefreiheit.de/allgemein/2017/gruene-kritisiere...

 

Niedersachsen: Farbanschlag auf AfD-Landesgeschäftsstelle

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/nieders...

 

München

340 Sachbeschädigungen in einer Nacht

100.000 Euro Schaden durch linke Schmierereien - Täter sind gefasst

https://www.tz.de/muenchen/stadt/100-000-euro-schaden-dur...

 

Führerscheinentzug

Antifa-Pfarrer König soll beinahe Polizisten überfahren haben

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/antifa-...

 

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EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

 

Wohlfahrtsfestung

von Martin Sellner

https://sezession.de/57514/wohlfahrtsfestung

 

Und der „große Austausch“ findet DOCH statt

http://krisenfrei.de/und-der-grosse-austausch-findet-doch...

 

Zuwanderung in Europa

In einem Szenario verdoppelt sich die Zahl der Muslime bis 2050

https://www.welt.de/politik/deutschland/article171103437/...

 

Globalisierung und Zuzug von Flüchtlingen 2016

Ergebnisbericht einer Befragung von StudienbewerberInnen der TU Darmstadt

https://www.ifs.tu-darmstadt.de/fileadmin/soziologie/Neue...

 

Reflexionen zum Thema „MUFL“

http://www.journalistenwatch.com/2017/12/30/reflexionen-z...

 

Einladung zum Hahnenkampf

Von Thor Kunkel

https://sezession.de/57520/einladung-zum-hahnenkampf

 

Paris: Anwohner drohen mit Hungerstreik gegen zeltende Flüchtlinge in ihrem Bezirk

https://deutsch.rt.com/europa/62059-paris-anwohner-drohen...

 

Flüchtlinge in Baden-Württemberg

Zahnersatz könnte Milliarden kosten

https://www.stuttgarter-nachrichten.de/inhalt.fluechtling...

 

Gesetzesantrag

Linksfraktion will Familiennachzug für alle Flüchtlinge

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/linksfr...

 

Asylmagnet Deutschland – Neue Förderung für freiwillige Ausreisen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/asylmag...

 

Abgeschobener Afghane

Deutschland holt Flüchtling zurück und ändert heimlich dessen Status

https://www.focus.de/politik/deutschland/abgeschobener-af...

 

(Steuergeldverschwendung)

Silvester

Stadt Köln verteilt Armbändchen gegen Sex-Attacken

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/koeln-v...

 

Berlin

Grüne wollen Kopftuchverbot für Lehrerinnen kippen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/gruene-...

 

Zweite Auflage von Rechtsstaats-Comic für Flüchtlinge

http://www.fnp.de/rhein-main/Zweite-Auflage-von-Rechtssta...

 

"Grundlage für Transparenz"

Berliner Polizisten müssen im Dienst Deutsch sprechen

https://www.welt.de/politik/deutschland/article171325349/...

 

„Islam-Kindergärten“: ÖVP und FPÖ attackieren Wiens Regierung

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/islam-kinde...

 

Diskriminierungsvorwurf

Einwanderer abgewiesen: Disko-Türsteher sollen Strafe zahlen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/einwand...

 

Ausländergewalt

Rund 100 Türken und Araber randalieren in Essener Innenstadt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/rund-10...

 

Unbegleitete Flüchtlinge in Mannheim

Wie kriminelle Jugendliche Stadt tyrannisieren und Feindseligkeit schüren

http://www.focus.de/politik/deutschland/unbegleitete-flue...

 

Stich in den Hals

Tödlicher Streit unter jungen Flüchtlingen in Frankfurt

http://www.hessenschau.de/panorama/toedlicher-streit-unte...

 

Richter geigt Flüchtling die Meinung

"Wenn es bei uns scheiße ist, wieso sind Sie hier?"

Bei einer Gerichtsverhandlung in Zwickau platzte einem Richter der Kragen. Er hatte kein Mitleid mit dem angeklagten Libyer.

http://www.heute.at/welt/news/story/-Wenn-es-bei-uns-sche...

 

Ein Streit unter Bauarbeitern ist in Frankfurt in Gewalt ausgeartet

https://www.focus.de/regional/frankfurt-am-main/kriminali...

 

Kandel

Haftbefehl nach tödlicher Messerattacke auf 15-Jährige

http://www.tagesspiegel.de/weltspiegel/kandel-haftbefehl-...

 

ARD-Entscheidung Deshalb berichtete die „Tagesschau“ zunächst nicht über Kandel

https://www.welt.de/vermischtes/article171997257/ARD-Ents...

 

Kandel

Die Tat und ihre Puzzlestücke

http://www.faz.net/aktuell/politik/inland/nach-mord-in-ka...

 

Kandel: Altersfeststellung von Migranten

Fahrlässiges Verhalten des Staates

von Klaus Kelle

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/fahrlaess...

 

Krieg gegen Frauen

http://www.achgut.com/artikel/krieg_gegen_frauen

 

Offenbach

Prozess um blutigen Streit

Bewährungsstrafe nach Messerattacke vor Kinocenter

https://www.op-online.de/offenbach/bewaehrungsstrafe-nach...

 

(Mittlerweile ist die Frau verstorben)

73-Jährige schwebt in Lebensgefahr

Schock-Video aufgetaucht! Rentnerin in Nürnberg brutal getreten

https://www.merkur.de/bayern/schock-video-aufgetaucht-ren...

Video: https://www.youtube.com/watch?v=swT3RvdipO8

 

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KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

 

Fast jeder fünfte Viertklässler kann nicht richtig lesen

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/fast-je...

 

Wieder eine Studie – und wieder nichts Neues

Deutschlands Grundschüler lesen nicht gut genug

https://www.tichyseinblick.de/kolumnen/josef-kraus-lernen...

 

"Gender-Dysbalance"

BBC streicht "Bob der Baumeister" aus Kinderprogramm

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/bbc-streich...

 

NetzDG, Regierung, Journalisten

Eine Zensur findet statt

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2017/eine-zensur-f...

 

Prinz Harry interviewt Obama: Soziale Medien als Gefahr und Chance

https://derstandard.at/2000071076195/Prince-Harry-intervi...

 

Studie

Roboter könnten ein Drittel der deutschen Arbeitsplätze ersetzen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/roboter...

 

SPD fordert Frauenquote für den Bayerischen Landtag

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/spd-for...

 

Hochschulgruppe

Junge Liberale fordern Ende des Polygamieverbots

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/junge-l...

 

Gesetz: Sexualpartner in Schweden müssen Erlaubnis erteilen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/gesetz-sexu...

 

Hygieneverstöße und Bedrohungen

Frauenbadetag in Hannover: Moslems vermüllen Schwimmbad

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/frauenb...

 

Meinung

Wenn Pseudowissenschaft keinen Widerspruch erträgt

von Lukas Mihr

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/wenn-pseu...

 

Die Schuld der Gutmenschen

https://dushanwegner.com/die-schuld-der-gutmenschen/

 

Rolf Peter Sieferles „Epochenwechsels“

Der Weg zum globalen Lumpenproletariat

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/der-weg-zum-globalen...

 

Wie bekommt man den Moralismus vom Hals?

https://sezession.de/57517/wie-bekommt-man-den-moralismus...?

 

Staatlich verordneter Individualismus

https://sezession.de/57518/staatlich-verordneter-individu...

 

Sonntagsheld (40) - Alles in Ordnung

Fünf kleine Worte stellen Amerika auf den Kopf.

Am 30. November veröffentlichte der Programmierer und Milliardär Markus Persson unter seinem Pseudonym "Notch" folgenden Satz: It's ok to be white…

https://sezession.de/57494/sonntagsheld-(40)---alles-in-o...

 

Ausstellung in Berlin

Frankreich protestiert gegen Kreuzberger Märtyrer-Verherrlichung

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/frankreich-protestie...

 

Berlin: Polizeischutz für den Ali-Baba-Spielplatz

https://www.gmx.net/magazine/panorama/berlin-polizeischut...

 

Identitäre erobern den Kölner Ebertplatz zurück

http://www.pi-news.net/2017/12/identitaere-erobern-den-ko...

 

Gedenk-Aktion zum Jahrestag des Terroranschlags am Breitscheidplatz

Identitäre setzen Denkmal für Islamopfer am Brandenburger Tor

http://www.pi-news.net/2017/12/identitaere-setzen-denkmal...

 

Rezension zum Werk von Caroline Sommerfeld und Martin Lichtmesz

Michael Klonovsky über das Antaios-Buch „Mit Linken leben“

http://www.pi-news.net/michael-klonovsky-ueber-das-antaio...

 

Kulturelle Hegemonie

Die Nähe zur Macht suchen

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/die-naehe-zur-macht-...

 

(Tilgung des Begriffs "Völker")

Hamburger Kulturszene

Mehr Weltoffenheit: Museum für Völkerkunde wird umbenannt

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/mehr-weltoffenheit-m...

 

„Nazi“-Alarm bei sächsischer Polizei

http://www.pi-news.net/2017/12/nazi-alarm-bei-saechsische...

 

Polizei Sachsen

Trotz Rechtfertigung des LKA: Umstrittenes Logo wird aus Sitzen entfernt

Das LKA hatte auf die Aufregung um ein Logo mit Fraktur-Schrift im neuen Polizeipanzer "Survivor R" zunächst mit einer Rechtfertigung reagiert. Nun wird der Schriftzug aber doch entfernt.

https://www.stern.de/panorama/gesellschaft/polizei-sachse...

 

(1. Weltkrieg in Belgien)

Erster Weltkrieg

Ein Verzicht auf diplomatische Zugeständnisse

https://jungefreiheit.de/wissen/geschichte/2017/ein-verzi...

 

Dezember 1917: Brest-Litowsk

Gastbeitrag von Stefan Scheil. Es ist oft versucht worden, aus der bekannten historischen Vergangenheit große geschichtliche Linien herauszulesen.

https://sezession.de/57511/?komplettansicht=1

 

„Für Elise“ aus dem Müllwagen

Wird irgendwo in der Welt die Mülltrennung so ernst genommen wie in Deutschland? Ja – in Taiwan wird die Müllabfuhr gar zum Event

https://www.svz.de/deutschland-welt/panorama/fuer-elise-a...

 

Japaner entdeckt selbstreparierendes Glas

Per Zufall entwickelt ein japanischer Forscher eine glasartige Substanz, die sich nach einem Bruch fast von selbst repariert.

https://diepresse.com/home/ausland/welt/5344992/Japaner-e...

 

  1. Geburtstag von Reinhard Mey

Volle Fahrt voraus und Kurs aufs Riff

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/volle-fahrt-voraus-u...

 

AfD-"Tatort" mit Wilke Möhring

"Westentaschen-Goebbels" auf Abwegen

https://www.n-tv.de/leute/Westentaschen-Goebbels-auf-Abwe...

 

"Tatort"-Kritikerspiegel

Wenn die Rechten mal den Rand halten

Nicht zur AfD, sondern zu den "Neuen Patrioten" führt der Hamburger "Tatort". Könnte Fahnder Falke, Proll und Ex-Punk, bitte auch sonst das Reden gegen rechts übernehmen?

http://www.zeit.de/zeit-magazin/leben/2017-12/tatort-hamb...

 

Sie wollen für Angela Merkel sterben

von Ellen Kositza

Zu den Parallelen zwischen dem Tatort "Dunkle Zeit" und Julis Zehs "Leere Herzen".

https://sezession.de/57516/sie-wollen-fuer-angela-merkel-...

dimanche, 31 décembre 2017

The Alt Right Perspective

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The Alt Right Perspective

Mencken Club Address

By John Derbyshire

Ex: http://www.hlmenckenclub.org

Good morning, Ladies and Gentlemen. My title is “The Alt Right Perspective.” I assume this means that I should tell you what the Alt Right is, and how Alt Righters see the world.

That’s unfortunate because I don’t actually know what the Alt Right is. Casual acquaintances—neighbors and such—sometimes ask me if I am Alt Right. I never know what to say. Am I? Pass.

Some of this is just temperamental. I’m not by nature a joiner. I don’t feel strong affinity with any sports team or church. I’m not an Elk or a Shriner. I’m just not a herd animal—not well-socialized. I’m the little boy calling out that the Emperor has no clothes. (Although I’ve always thought that story would be more true to life if the little boy had been chased down and lynched by a howling mob of well-socialized Goodthinkers.)

The rest is Englishness. We English don’t do ideology. We leave that stuff to our more erudite continental neighbors. In matters social and political, we default to compromise and muddle. The nearest thing I have to an ideological hero is George Orwell, whose ideological position could fairly be described as reactionary-Tory-patriotic-socialist.

There’s some overlap between the last two paragraphs. I have utmost difficulty following any kind of ideological script. Sooner or later I always bang my shins against the boundary fences of ideological orthodoxy.

On race, for example, I get incoming fire from both sides. Goodthinkers point’n’sputter at me for my negative comments about blacks; race purists snarl at me as a race traitor because of my marriage choice.

Has my email bag familiarized me with the expression “mail-order bride”? Oh yeah.

It doesn’t help that I’m a philosemite, although I don’t much like that word. It sounds a bit cucky and patronizing. I prefer “anti-antisemite.” On any terminology, though, many self-identified Alt Righters would consider me off-reservation on this point alone.

So it’s no use looking to me for exposition of an ideological program. To present my assigned topic honestly, I therefore thought it best to seek out someone who believes he does know what the Alt Right is, and who has spelled out his knowledge clearly but concisely.

I settled on the blogger Vox Day who, in August last year, put forth a 16-point Alternative Right manifesto that has been much discussed, and translated into umpteen languages.

Here are Vox Day’s 16 points, embroidered with my comments

1.    The Alt Right is of the political right in both the American and the European sense of the term. Socialists are not Alt Right. Progressives are not Alt Right. Liberals are not Alt Right. Communists, Marxists, Marxians, cultural Marxists, and neocons are not Alt Right. National Socialists are not Alt Right.

No argument from me on that, although I don’t know what a Marxian is. Typo for “Martian”?

2.    The Alt Right is an ALTERNATIVE to the mainstream conservative movement in the USA that is nominally encapsulated by Russell Kirk’s 10 Conservative Principles, but in reality has devolved towards progressivism. It is also an alternative to libertarianism.

I’m fine with that one, too; and I’m glad to have been prompted to re-read Kirk’s principles. He was big on prudence: the word, or its derivatives, occurs nine times in the ten points, which Kirk included in a book titled The Politics of Prudence. This inspired a section of my Radio Derb podcastlast week.

I liked Vox Day’s batting away of libertarianism, too, though I think at this point it’s kind of superfluous. My impression is that libertarianism has succumbed to an intellectual version of the Aspidistra Effect. That is to say, it has moved down-market. (The aspidistra is a potted plant that decorated wealthy households in Victorian England. By the time Orwell used it in the title of a novel a generation later it had been taken up by the lower-middle classes, and of course abandoned by the gentry.)

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It used to be that if someone told you, “I am a libertarian,” it was at a gathering of conservative intellectuals, perhaps even at the Mencken club. You could then get into an interesting conversation about what kind of libertarian he was: Classical, Objectivist, Paleolibertarian, …

Nowadays if you hear those words it’s probably some smart high-schooler speaking; and if you try to drill down further he freezes.

3. The Alt Right is not a defensive attitude and rejects the concept of noble and principled defeat. It is a forward-thinking philosophy of offense, in every sense of that term. The Alt Right believes in victory through persistence and remaining in harmony with science, reality, cultural tradition, and the lessons of history.

That’s OK, except for the word “philosophy.” Let’s not get ideas above our station here. Aristotle had a philosophy. Descartes had a philosophy. Kant had a philosophy. What the Alt Right has is an attitude.

4. The Alt Right believes Western civilization is the pinnacle of human achievement and supports its three foundational pillars: Christianity, the European nations, and the Graeco-Roman legacy.

I think the Jews should have gotten a mention there, since half of the Christian Bible is about them. That’s a kind of fielder’s-choice point, though.

5. The Alt Right is openly and avowedly nationalist. It supports all nationalisms and the right of all nations to exist, homogeneous and unadulterated by foreign invasion and immigration.

No problem with that. We should, however, bear in mind what a knotty thing nationalism can be. There is a case to be made—a conservative case—for big, old, long-established nations resisting disaggregation. Does Catalan nationalism trump Spanish nationalism? Does it do so even if only half of Catalans wish to separate from Spain?

That kind of nitpicking doesn’t belong in a manifesto, though. For these purposes, Point 5 is fine.

6. The Alt Right is anti-globalist. It opposes all groups who work for globalist ideals or globalist objectives.

Again there are nits to pick, though again this isn’t the place to pick them. When the slave traders arrive from Alpha Centauri, or an asteroid hits, or a supervolcano pops, we shall all become globalists overnight.

7. The Alt Right is anti-equalitarian. It rejects the idea of equality for the same reason it rejects the ideas of unicorns and leprechauns, noting that human equality does not exist in any observable scientific, legal, material, intellectual, sexual, or spiritual form.

Yes-s-s-s.

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8. The Alt Right is scientodific. It presumptively accepts the current conclusions of the scientific method (scientody), while understanding a) these conclusions are liable to future revision, b) that scientistry is susceptible to corruption, and c) that the so-called scientific consensus is not based on scientody, but democracy, and is therefore intrinsically unscientific.

It’s what? The word “scientody” is not known to dictionary.com; nor is it in my 1971 OED with supplement; nor in my 1993 Webster’s.

I tried digging for etymologies, but got lost in a thicket of possibilities. Greek hodos, a path or way; so “the way of science”? Or perhaps eidos, a shape or form, giving us the “-oid” suffix (spheroid, rheumatoid); so “science-like”? Then there’s aoide, a song, giving … what? “Harmonizes like science”? Or maybe it’s the Latin root odor, a smell; “smells like science.”

In any case, all three of the “understandings” here are gibberish.

a) There is a large body of solidly-established scientific results that are not liable to future revision.

Saturn is further from the Sun at any point of its orbit than Jupiter is at any point of its. A water molecule has two hydrogen atoms and one oxygen atom. Natural selection plays an important role in the evolution of life.

I promise Vox Day there will be no future revisions of these facts, at any rate not on any time span he or I need worry about. (I add that qualification because there are conceivable astronomical events that could alter the sequence of planetary orbits—a very close encounter with a rogue star, for example. Those are once-in-a-billion-year occurrences, though.)

b) “Scientistry”? Wha?

c) The scientific consensus is unscientific? Huh? And why is the consensus “so-called”? There usually—not always, but usually—is a scientific consensus. It occasionally turns out to have been wrong, but it’s a consensus none the less, not a “so-called” consensus.

9. The Alt Right believes identity > culture > politics.

Again, not bad as a first approximation, but this ignores a lot of feedback loops. Has politics not affected culture this past 72 years in North Korea? Did not North Korea and South Korea have the same culture a hundred years ago?

10. The Alt Right is opposed to the rule or domination of any native ethnic group by another, particularly in the sovereign homelands of the dominated peoples. The Alt Right is opposed to any non-native ethnic group obtaining excessive influence in any society through nepotism, tribalism, or any other means.

As several commenters pointed out, the Iroquois and the Sioux might have something to say about that. Bitching about historical injustices is such an SJW thing, though, I can’t bring myself to care. I’m fine with Point 10.

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11. The Alt Right understands that diversity + proximity = war.

Again, there are nits to be picked. Diversity per se is neither good nor bad. Numbers are of the essence.

I’m a salt-in-the-stew diversitarian. I want to live in a society with a big fat racial and ethnic supermajority: somewhere north of ninety percent. Small minorities of Others can then be accommodated with friendly hospitality and accorded full equality under law. (I don’t say they necessarily will be; but they can be.)

That’s the kind of country I grew up in, 1950s England. It’s the kind of country the U.S.A. was in 1960, just barely: ninety percent European-white, ten percent black, others at trace levels.

Vox Day is using the word “diversity” in its current sense, though: as a code word for massive, deliberate racial replacement. In that sense his equation, and the embedding sentence, are both correct.

12. The Alt Right doesn’t care what you think of it.

Yee-hah!

13. The Alt Right rejects international free trade and the free movement of peoples that free trade requires. The benefits of intranational free trade is not evidence for the benefits of international free trade.

I’m an economic ignoramus, but I’d like to see a good logical proof of the proposition that free trade requires free movement of peoples. I am sincerely open to being enlightened on this point.

14. The Alt Right believes we must secure the existence of white people and a future for white children.

I doubt there is an existential threat to white people. I’d be content to secure the existence of a racially self-confident white race—one not addled by ethnomasochism—and by a future for white children free of schools, colleges, and authority figures telling them they are the scum of the earth.

15. The Alt Right does not believe in the general supremacy of any race, nation, people, or sub-species. Every race, nation, people, and human sub-species has its own unique strengths and weaknesses, and possesses the sovereign right to dwell unmolested in the native culture it prefers.

Hmm. That’s a bit kumbaya-ish (or “-oid”). No doubt the Bushmen of the Kalahari are much better at hunting with spears than are Norwegians or Japanese. As Greg Cochran points out, though: “innate superiority at obsolete tasks (a born buggy-whip maker?) doesn’t necessarily translate to modern superiority, or even adequacy.”

What do the “unique strengths” of the Bushmen, or of Australia’s aborigines, avail them in the world we actually live in? On the plain evidence it looks very much as though some “races, nations, peoples, or sub-species” are better able to cope with modernity than others. The less-able seem to agree. Great masses of them prefer not to dwell in their native culture, but in someone else’s. Boats crammed with such people have been crossing the Mediterranean from Africa for the past few years. The revealed preference of these people is not their native culture.

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16. The Alt Right is a philosophy that values peace among the various nations of the world and opposes wars to impose the values of one nation upon another as well as efforts to exterminate individual nations through war, genocide, immigration, or genetic assimilation.

I get the point and agree with it; but again, reality is knottier than this allows. “If you desire peace, prepare for war,” said the Romans, who knew a thing or two about human affairs.

That’s Vox Day’s sixteen-point definition of the Alt Right. There have been other Alt Right manifestos from other quarters; here for example is Richard Spencer’s.

Supposing this is a fair picture of the Alt Right perspective, am I on board with it? Do I belong to the Alt Right?

As you can see from my comments, I have plenty of quibbles, and I’d prefer to get my manifesto from someone acquainted with the elementary principles of scientific inquiry.

Still, it’s not bad. I can sign up to most of Vox Day’s points.

Yes, I’m on board … until I bang my shins against a fence post.

The Alt Right Among Other Rights

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The Alt Right Among Other Rights

By Keith Preston

Ex: http://www.hlmenckenclub.org

Speaking about the intricacies of different ideological tendencies can often be a bit tedious, and certainly a topic like the Alt-Right can get very complicated because there are so many currents that feed into the Alt-Right. I know that when I spoke here last year I was speaking on the right-wing anarchist tradition, which is a highly esoteric tradition, and one that is often very obscure with many undercurrents. The Alt-Right is similar in the sense of having many sub-tendencies that are fairly obscure in their own way, although some of these have become more familiar now that the Alt-Right has grown in fame, or infamy, in the eyes of its opponents. Some of the speakers we have heard at this conference so far have helped to clarify some of the potential definitions of what the Alt-Right actually is, but given the subject of my presentation I thought I might break it down a bit further, and clarify a few major distinctions.

What is the Alt-Right?

The Alt-Right can be broadly defined as a highly varied and loose collection of ideologies, movements, and tendencies that in some way dissent from the so-called “mainstream” conservative movement, or are in actual opposition to mainstream conservatism. Of course, this leaves us with the task of actually defining mainstream conservatism as well. I would define the conservative movement’s principal characteristics as being led by the neoconservatives, oriented towards the Republican Party, and as a movement for whom media outlets like Fox News, talk radio, and publications like National Review and the Weekly Standard are its leading voices. Outside of the framework of what some here appropriately call “Conservatism, Inc.,” we could say that there is an Alt-Right that can be broadly defined, and an Alt-Right that can be more narrowly defined.

miloy.jpgThe Alt-Right broadly defined would be anything on the Right that is in opposition to the neocon-led Republican alliance. This could include everything from many Donald Trump voters in the mainstream, to various tendencies that have been given such labels as the “alt-lite,” the new right, the radical right, the populist right, the dark enlightenment, the identitarians, the neo-reactionaries, the manosphere (or “men’s right advocates”), civic nationalists, economic nationalists, Southern nationalists, white nationalists, paleoconservatives, right-wing anarchists, right-leaning libertarians (or “paleolibertarians”), right-wing socialists, neo-monarchists, tendencies among Catholic or Eastern Orthodox traditionalists, neo-pagans, Satanists, adherents of the European New Right, Duginists, Eurasianists, National-Bolsheviks, conspiracy theorists, and, of course, actually self-identified Fascists and National Socialists. I have encountered all of these perspectives and others in Alt-Right circles.

Milo Yiannopoulos

Under this broad definition of the Alt-Right, anyone from Steve Bannon or Milo Yiannopoulos all the way over to The Daily Sturmer or the Traditionalist Workers Party could be considered Alt-Right. In fact, ideological tendencies as diverse as these have actually embraced the Alt-Right label to describe themselves. For example, Steve Bannon said at one point during the Trump campaign in 2016 that he wanted to make Breitbart into the voice of the Alt-Right, but then I have also encountered people who are actual neo-Nazis using the Alt-Right label to describe themselves as well.

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A narrower definition of the Alt-Right might be to characterize what is most distinctive about the Alt-Right. In this sense, the Alt-Right could be characterized as a collection of tendencies that is specifically oriented towards some of kind identification with European history and tradition, and regard Europe and, by extension, North America as part of a distinct Western civilization that was developed by European and, predominantly, Christian peoples. Consequently, the Alt-Right tends to be much more oriented towards criticizing ideas or policies like multiculturalism, mass immigration, and what is commonly called “political correctness,” than what is found among mainstream conservatism. This is in contrast to the Left’s views, which are increasingly the views of mainstream liberalism as well, and which regards the legacy of Western history and culture as nothing but an infinite string of oppressions such racism, sexism, homophobia, classism, anti-Semitism, Islamophobia, xenophobia, patriarchy, hierarchy, nativism, cisgenderism, speciesism, and the usual laundry list of isms, archies, and phobias that the Left sees as permeating every aspect of Western civilization. Presumably, other civilizations have never featured any of these characteristics. 

In this way, the Alt-Right is obviously in contrast to mainstream conservatism given that the so-called “conservative movement” is normally oriented towards what amounts to three basic ideas. One idea is that of the foreign policy “hawks,” or advocates of military interventionism for the ostensible purpose of spreading the Western model of liberal democracy throughout the world, whose greatest fear is isolationism in foreign policy, and which is a perspective that I would argue is also very convenient for the armaments manufacturers and the Pentagon budget. A second idea is a fixation on economic policy, such as a persistent advocacy of “tax cuts and deregulation,” which in reality amounts to merely advancing the business interests of the corporate class. And the third idea is a type of social conservatism that is primarily religion-driven, and has opposition to abortion or gay marriage as central issues of concern, but typically gives no thought to cultural or civilizational issues in any broader or historical sense. For example, it is now common in much of the evangelical Protestant milieu, as well as the Catholic milieu, to welcome mass immigration, as a source of potential converts, or as replacement members for churches that are losing their congregations due to the ongoing secularization of the wider society. In fact, the practice of adopting Third World children has become increasingly common within the evangelical Protestant subculture in the same way it has among celebrities and entertainers like Madonna or Angelina Jolie.

Predictably, there has been a great deal of conflict that has emerged between the Alt-Right and the mainstream conservative movement, with many movement conservatives and their fellow travelers going out of their way to attack or denounce the Alt-Right. In this sense, the attacks on the Alt-Right that have originated from mainstream conservatism essentially mirror those of the Left, or of the liberal class. For example, the Associated Press issued a description of the Alt-Right that was intended for writers’ guideline policy purposes, and which reads as follows:

The 'alt-right' or 'alternative right' is a name currently embraced by some white supremacists and white nationalists to refer to themselves and their ideology, which emphasizes preserving and protecting the white race in the United States in addition to, or over, other traditional conservative positions such as limited government, low taxes and strict law-and-order. The movement has been described as a mix of racism, white nationalism and populism ... criticizes "multiculturalism" and more rights for non-whites, women, Jews, Muslims, gays, immigrants and other minorities. Its members reject the American democratic ideal that all should have equality under the law regardless of creed, gender, ethnic origin or race (John Daniszewski, Associated Press, November 26, 2016)

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While the above quotation is from the Associated Press, I do not know that there is anything in it that could not have come from the pages of not only The New Yorker, The Atlantic, or the Southern Poverty Law Center’s Intelligence Report, but also from the pages of the National Review, Weekly Standard, the Federalist, or a Prager University video.

As for some specific examples, writing in The Federalist, conservative political scientist Nathanael Blake stated that “Christianity and Greco-Roman philosophy, rather than race, are the foundations upon which Western Civilization was built,” and suggested that the Alt-Right is actually attacking the legacy of Western Civilization rather than defending the Western cultural heritage. These questions have become a major point of contention between cultural conservatives and the racialist right-wing. Writing in National Review, David French (Bill Kristol’s one-time proposed presidential candidate), called Alt-Right adherents "wanna-be fascists" and denounced “their entry into the national political conversation.” I suppose the difference between the views of David French and the views of the Left would be that the Left would say that the Alt-Right are actual fascists, and not merely “wanna-be” fascists.  Presumably, this is what separates the mainstream Right from the Left nowadays.

Writing for The Weekly Standard, Benjamin Welton has characterized the Alt-Right as a "highly heterogeneous force" that "turns the left's moralism on its head and makes it a badge of honor to be called 'racist,' 'homophobic,' and 'sexist'". Based on my own experiences with the Alt-Right, I would say this assessment by Welton is largely true. In the National Review issue of April, 2016, Ian Tuttle wrote:

The Alt-Right has evangelized over the last several months primarily via a racist and anti-Semitic online presence. But for Allum Bokhari and Milo Yiannopoulos, the Alt-Right consists of fun-loving provocateurs, valiant defenders of Western civilization, daring intellectuals—and a handful of neo-Nazis keen on a Final Solution 2.0, but there are only a few of them, and nobody likes them anyways.

Jeffrey Tucker, a libertarian writer affiliated with the Foundation for Economic Education, describes the Alt-Right as follows:

The Alt-Right "inherits a long and dreary tradition of thought from Friedrich Hegel to Thomas Carlyle to Oswald Spengler to Madison Grant to Othmar Spann to Giovanni Gentile to Trump's speeches." Tucker further asserts that Alt-Right adherents "look back to what they imagine to be a golden age when elites ruled and peons obeyed" and consider that "identity is everything and the loss of identity is the greatest crime against self anyone can imagine."

Whatever one thinks of the Trump presidency, it is highly doubtful that Trump actually draws inspiration from Hegel.

Writing in The Federalist, a libertarian feminist named Cathy Young criticized a Radix Journal article on abortion that criticized the pro-life position as "'dysgenic,” because it supposedly “encourages breeding by 'the least intelligent and responsible' women." So apparently, it is not enough to simply favor abortion rights. Instead, one has to be “pro-choice” for what are apparently the “right reasons,” such as a “woman’s right to choose,” as opposed to “bad reasons,” such as eugenic practice. This line of thought is in keeping with the fairly standard leftist viewpoint which insists that motives and intentions rather than ideas and consequences are what matters, and the standard by which people ought to be morally judged.

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Richard Spencer

Another interesting aspect of these criticisms is that the mainstream conservatives have attacked the Alt-Right by using leftist terminology, such as labeling the Alt-Right as racist, sexist, fascist, xenophobic, etc. But a parallel tactic that has been used by mainstream conservatism has been to denounce the Alt-Right as leftist.  For example, at this year’s gathering of CPAC, or the Conservative Political Action committee, Dan Schneider, who is currently the executive director of the American Conservative Union, an organization that hosts the annual CPAC conference, criticized the Alt-Right as “a sinister organization that is trying to worm its way into our ranks,” insisting that, quote, “We must not be duped. We must not be deceived,” and said of the Alt-Right:

“They are nothing but garden-variety left-wing fascists..They are anti-Semites; they are racists; they are sexists. They hate the Constitution. They hate free markets. They hate pluralism. They despise everything we believe in.”

This sounds very similar to the rhetoric that often comes from the far left where dire warnings are issued concerning the supposed threat of fascist entryism into leftist organizations. For example, there is term called the “the fascist creep” that is used by some very far Left antifa and Maoist tendencies to describe what are supposedly ongoing nefarious plots by “fascists” to infiltrate and co-opt leftist movements, and steer these towards fascism. Ironically, this conspiracy theory is very similar to traditional anti-Semitic conspiracy theories about how Jews supposedly infiltrate and take over everything, and manipulate institutions in order to advance all sorts of supposed nefarious plots. It would appear that the far Left, and apparently increasingly mainstream conservatism, has developed its own rhetoric about the “fascist conspiracy” as a counterpart to far Right fantasies about the “Jewish conspiracy.” Perhaps we could characterize the former as the “Protocols of the Learned Elders of Thule.”

Jeff Goldstein, writing in The Federalist on September 6, 2016, suggests that, quote, “the Alt-Right is the mirror image of the New Left,” and describes the Alt-Right “an identity movement on par with Black Lives Matter, La Raza, the Council on American-Islamic Relations, and other products of cultural Marxism.” Goldstein further says of the Alt-Right:

The Alt-Right is a European-style right-wing movement that is at odds with the classical liberalism upon which our country was built, and which the Left has redefined as “Right.” That is to say, the European “Right” is mapped onto a political spectrum different than our own. Our “right” — conservatism or classical liberalism —is dead-center on our spectrum, no matter how persistently the Left tries to claim otherwise. It is constitutionalism, which incorporates federalism, republicanism, legal equity, and a separation of powers.

nina.jpgThese comments are fairly representative of the rhetoric used by mainstream conservatives who attempt to either portray the Alt-Right as leftists, or label the Alt-Right as fascists and then claim fascism is really on the Left. The general argument that is made by mainstream conservatives in response to the Alt-Right is that “true” conservatism or the “true” Right is actually veneration for the Enlightenment-influenced ideas found in the Declaration of Independence, veneration of the Founding Fathers, and reverence for the Constitution as a kind of secular Bible. Parallel to these claims is the idea of America as a “propositional nation” that has no roots in any kind of history, culture, or tradition other than just a very vaguely defined “Judeo-Christianity.” This idea of what “conservatism” supposedly is basically amounts to being for so-called “limited government,” so-called “free enterprise,” “individualism,” and various other vaguely defined abstractions, plus policy preferences like a so-called “strong national defense” (which is often just a euphemism for the neoconservatives’ foreign policy agenda), and various center-right policy prescriptions like tax cuts, opposing Obamacare, opposing affirmative action, opposing gun control, opposing abortion, opposing gay marriage, supporting school vouchers, and other ideas we are all familiar with.

Nina Kouprianova

These policy preferences will often be accompanied by silly platitudes like “Democrats are the real racists,” or dubious and often flagrantly false claims like “Martin Luther King was a conservative,” or that foreign policy hawks are the real friends of feminists and gays because of their opposition to so-called “Islamo-fascism.” At times, Democrats will be labeled as fascists and anti-Semites because of their supposed pro-Islamic views, or because some on the far Left are pro-Palestinian. Taken to extremes, there are characters like Dinesh D’Souza who would probably claim that the Democrats crucified Jesus.

The representatives of “Conservatism, Inc.” will also give lip service to opposition to attacks on free speech and academic freedom in the name of political correctness, but they are very selective about this. For example, their defense of the politically incorrect does not extend to anti-Zionists like Norman Finkelstein. On the immigration issue, while there are some mainstream conservatives that are immigration restrictionists, it is just as common that the proposed method of reducing illegal immigration advanced by mainstream conservatives is to make legal immigration easier, on the assumption that the only problem with illegal immigration is its illegality. A defining characteristic of mainstream conservatism when contrasted with the Alt-Right is the total lack of seriousness, or any kind of solid philosophical or intellectual foundation that is displayed by mainstream conservatism.

The Alt-Right is more of a meta-political movement than a political one, and the specific policy proposals that are found among Alt-Rightists vary enormously. I do not know that it would even be possible to draft a platform for an Alt-Right political party because the Alt-Right contains so much diversity of ideas. However, the Alt-Right is far more serious about ideas than mainstream conservatism in the sense of having an understanding of the reality of demographic conflict, recognizing the difficulties that are associated with rapid demographic change, understanding the reality of class conflict as well as cultural and civilizational conflicts, understanding that Western liberal democracy is particular to the cultural foundations and historical circumstances of the West, and not something that can be easily transplanted elsewhere, and concerns that mainstream conservatives normally have no perception of, or do not take seriously.

I will end my presentation by pointing to an observation by Professor George Hawley of the University of Alabama, who suggested that the Alt-Right may pose a greater threat to progressivism than the mainstream conservative movement. I would agree that this is true, but only in the sense that the mainstream conservative movement poses no threat to progressivism at all. I would argue that far from being a threat to the Democratic Party, mainstream media, the corporate class and the cultural elite, the mainstream conservative movement is actually partners in crime with the progressives. The Alt-Right at least proposes ideas that are an ideological threat to progressivism even if this small size prevents the Alt-Right from being a political threat, at least at the present time.

samedi, 30 décembre 2017

Europe et Russie: ne pas mettre en danger les points communs

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Europe et Russie: ne pas mettre en danger les points communs

Dans le Brandebourg oriental, la conférence avec Gabriele Krone-Schmalz et Matthias Platzeck a suscité un vif intérêt

par Eva-Maria Föllmer-Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le 25 novembre 2017, au château de Neuhardenberg à l’est de Berlin, la journaliste et écrivaine Gabriele Krone-Schmalz et l’ancien Ministre-président du Land de Brandebourg et actuel président du Forum germano-russe Matthias Platzeck (SPD) ont pris part à un débat public. Le modérateur de la conférence était Frank Mangelsdorf, rédacteur en chef de la «Märkische Oderzeitung». Le thème de la conférence était «Les relations entre l’Europe et la Russie».

Le texte d’introduction parlait d’une «relation faussée entre l’Europe et la Russie» et commentait: «Indépendamment de la qualité des relations du moment, les deux parties ne sont nullement indifférentes l’une à l’autre, et l’intérêt fondamental de vouloir coopérer ne peut être nié. Il y a donc suffisamment de raisons de rechercher des voies vers un nouveau rapprochement.»
Les participants à cette réunion étaient au nombre de 200 environ, la plupart d’entre eux venus de Berlin. En juin, trois heures à peine après l’annonce de la conférence, tous les billets avaient été écoulés. Malgré tout, quelques intéressés tentèrent leur chance à l’entrée. Et pourtant Neuhardenberg, ça n’est pas vraiment la porte à côté. Il faut compter au moins une heure et demie depuis Berlin vers l’est, et traverser en partie le Margraviat de Brandebourg, le paysage le plus aquatique d’Allemagne, avec ses belles allées bordées d’arbres presque jusqu’à la frontière polonaise.

Comprendre la Russie: la meilleure des positions

Les participants y ont trouvé leur compte, ce que l’on a pu mesurer aux applaudissements fournis. Il en a été ainsi dès l’ouverture, lorsque Gabriele Krone-Schmalz a critiqué l’utilisation négative de la notion de «Russlandversteher» [personnes faisant preuve de compréhension envers Moscou, ndt.], terme dont elle est elle-même également souvent affublée. Elle n’a jamais compris pourquoi le mot de «comprendre» pouvait être utilisé de façon aussi négative, car la compréhension est à la base de toute démarche sensée. Pour elle, il est évident que la connaissance et la compréhension doivent être à la base de tout jugement (et non la condamnation). Donc, le fait de «comprendre» Moscou, d’être un «expert» de la Russie, est la meilleure des positions qu’on peut avoir.

Relations culturelles et humaines millénaires

A la question du modérateur sur les évènements des 27 dernières années, depuis l’enthousiasme initial de l’Ouest pour la Perestroïka et la Glasnost de Gorbatchev, et l’évolution de nos rapports avec la Russie, Matthias Platzeck a apporté la réponse suivante: la recherche des causes est toujours en cours, mais ce qui s’est passé est plutôt effrayant. La Russie, cependant, est un pays avec lequel nous avons des relations culturelles, humaines et sociales millénaires. Avec aucun autre pays, notre histoire n’est aussi étroite, et cela avec tous les hauts et les bas qu’elle comporte. Reste inoubliable, un postulat élaboré dans les années 1989/90: en Occident, on est parti de l’idée que nous avions gagné la guerre froide. Francis Fukuyama a publié son livre sur «La fin de l’histoire» et proclamé la victoire définitive de la démocratie occidentale et du capitalisme. Il n’y aurait à l’avenir plus qu’une seule superpuissance. Il y avait pourtant aussi la Charte de Paris et son idée maîtresse: «A présent, nous vivrons tous ensemble et en paix.»
Bien sûr, la Russie était toujours là. Mais le pays était accablé, et l’Occident n’avait pas vraiment réagi comme il l’aurait fallu. Au contraire, le concept dominant était que nos valeurs, notre démocratie, notre système économique étaient les meilleurs. Il ne restait donc aux Russes qu’à devenir comme nous, s’ils désiraient un meilleur avenir pour eux. Jusqu’à présent, on s’interroge encore trop peu sur l’histoire, les traditions, la mentalité de ce peuple. Et Platzeck de préciser qu’il était convaincu que la Russie et les Russes chercheront leur propre voie et qu’ils la trouveront.

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«Diktats idéologiques»

Mais l’Occident a réagi une fois de plus avec la «diabolisation de la Russie» [«Feindbild Russland»] aux tentatives de ce pays de trouver sa propre voie. La «russophobie» ne date cependant pas d’hier, selon Gabriele Krone-Schmalz. En Occident, on a toujours prétendu que nous avions gagné la guerre froide. Cependant, en disant cela, la guerre froide n’est pas automatiquement terminée. Pour qu’elle soit vraiment finie, il faudrait que les deux parties se considèrent comme gagnantes. Mais nous avons tout mesuré à l’aune de notre propre monde: chez nous tout est mieux et nous faisions tout mieux.
Gabriele Krone-Schmalz parle d’expérience. Pendant la période des bouleversements, elle était à Moscou correspondante pour la Russie de l’ARD – la 1re chaîne de télévision allemande – et elle l’a constaté elle-même: tout le monde s’y est précipité pour expliquer qu’il fallait faire ceci, et puis cela, et encore cela. «Tous ces diktats idéologiques ont mis fin à beaucoup de bonnes initiatives, et le font encore aujourd’hui», dit-elle. La Russie a dû surmonter simultanément trois révolutions: premièrement, le passage de l’économie planifiée à l’économie de marché, deuxièmement, de la suprématie du parti communiste à un système orienté vers l’Etat de droit et troisièmement, de l’Union soviétique à l’Etat national. L’Ouest a montré peu de compréhension en la matière. Au contraire, il s’est produit une mise sous tutelle occidentale accrue.

Si nous avions considéré les choses sur un pied d’égalité …

Matthias Platzeck sait de quoi il parle, quand il décrit les effets délétères de l’ère Eltsine sur l’amour-propre des Russes. A l’époque, on lui expliquait: «Maintenant, nous ne sommes plus rien du tout. Nous n’avons plus aucune importance dans le monde.» Si aujourd’hui, «dans la Russie profonde», on utilise dans une discussion les notions «économie de marché», «démocratie» ou «privatisation», cela jette un «froid glacial» dans la salle parce que, pour beaucoup de Russes, cela reste associé à leur pire traumatisme du passé récent, c’est-à-dire les années 1991–1998, durant lesquelles 95% de la population ont presque tout perdu.
«Le fait que nous ayons si peu pris tout cela en considération et avions été si peu attentifs, signifie un manque d’intérêt, sinon nous aurions agi différemment sur de nombreux points, si nous avions pris tout cela plus au sérieux, si nous avions considéré les choses sur un pied d’égalité», a ajouté Platzeck.

Journalisme sérieux …

La plupart des grands médias occidentaux y ont joué un rôle très défavorable. Sous les applaudissements, Krone-Schmalz a attiré l’attention sur les divergences existant entre l’opinion publique et l’opinion propagée par les médias. Sur la question du modérateur de savoir si nous ne nous donnions pas assez de temps de réflexion et décrivions les choses uniquement en noir et blanc, Gabriele Krone-Schmalz, qui enseigne également le journalisme, a expliqué quel devait être aujourd’hui la contribution d’un journalisme sérieux. Même si aujourd’hui tout doit aller plus vite et que le monde est devenu plus complexe, il ne faut pas sacrifier le soin et la minutie, ne pas tomber dans la simplification divisant l’univers en bons et méchants.
A présent, de nombreux journalistes ont modifié leur image de soi et leur rôle en croyant devoir mettre leurs semblables sur la «bonne voie». «Je trouve cela déplorable.» En réalité, le journalisme a la tâche, «de raconter toute l’histoire, le mieux possible, et pas seulement le point de vue d’une partie. Il a l’obligation d’effectuer un changement de perspective, c’est-à-dire de se mettre à la place de ceux-là mêmes, dont il veut décrire la réalité de vie, afin de mieux la comprendre et la situer.» Quand, pour des raisons de manque de temps ou parce que tout est compliqué, on suit un schéma directeur [«mainstream»] en créant l’atmosphère que tout ce qui n’entre pas dans ce modèle doit être taxé d’extrémisme ou être rejeté, alors apparait une situation dans laquelle «une majorité de la population ne se retrouve plus dans cette presse».

… au lieu de reportages stéréotypés

Matthias Platzeck critique également les reportages stéréotypés. Il s’agit d’une situation dramatique, quand il n’y a pratiquement plus de différenciation possible dans des processus aussi sensibles que le travail pour la paix. Il y a d’énormes divergences entre ce qui préoccupe et ce que pensent le citoyen lambda et la «réalité» publiée par les médias et les politiques. «C’est une situation qui doit nous alarmer.» Et: «Les médias ne doivent pas éduquer, ils doivent informer sur la réalité.»

Informer sur la réalité avec respect et en gardant une certaine distance

A ce propos, Gabriele Krone-Schmalz s’est exprimé très clairement sur les récits concernant Donald Trump: «Ce que je pense de Trump n’a aucune importance. En tant que journaliste, je dois trouver et expliquer les raisons pour lesquelles il a été élu.» Il est inacceptable que je le fasse d’une «manière irrespectueuse, simplement parce que je ne peux pas supporter ce type». Il est tout aussi irresponsable d’expliquer l’élection de Trump par les activités «de quelques services et le piratage de quelques comptes de courrier électronique». Cela s’avoisine à «du colportage de rumeurs». Il faut informer sur la réalité, avec respect et en gardant une certaine distance. C’est ainsi qu’il faut lire les articles. Si l’on commence à criminaliser tout contact avec la Russie, cela ne contribuera en rien à l’amélioration des relations entre la Russie et les Etats-Unis, tout au contraire. Lors de sa campagne électorale, Trump a déclaré que de bonnes relations russo-américaines sont dans l’intérêt des Etats-Unis, «et là, cet homme a raison». Mais tout ce qu’il entreprend en ce sens joue en sa défaveur et génère des accusations contre lui «allant éventuellement même lui coûter son poste».

Aller sur place et entretenir des relations personnelles

Le modérateur a également interrogé Matthias Platzeck, qui a présidé le SPD pendant une année, sur les rapports entretenus par son parti avec la Russie. Réponse de Platzeck: «Ah, c’était une belle soirée … jusqu’à présent.» – La politique est un métier, il faut savoir ce qu’on fait, et c’est lourd à porter. Pour maintenir la paix sur notre continent, il ne suffit pas de lire des rapports, il faut aussi aller sur place, il faut entretenir des relations personnelles. Dans les CV des députés du Bundestag, on trouve de nombreux liens avec les Etats-Unis, l’Angleterre, la France, et plus souvent avec la Nouvelle-Zélande qu’avec la Russie.


Egon Bahr a toujours pris grand soin de ses canaux d’informations à Moscou. Lorsqu’une situation s’aggravait, il pouvait les appeler et obtenir des informations fiables basées sur une confiance mutuelle. Quand on ne connaît pas un pays, le danger d’une guerre accidentelle est d’autant plus grand. C’est un des aspects à prendre en compte, lorsqu’aujourd’hui on parle de l’«aliénation des peuples». 2017 a été l’année de l’échange de jeunes germano-russe: «Cette année n’a pas été prise en compte en Allemagne, c’est un signal d’alarme.»

Deux poids, deux mesures

Suite à la question de savoir si l’Occident utilise le système du «deux poids, deux mesures» quand il s’agit de la Russie, Gabriele Krone-Schmalz répond spontanément qu’elle traite de ce sujet dans tous ses livres. Chaque jour, on peut traiter de ce sujet, tant c’est fréquent. «C’est égal, qu’il s’agisse du dopage ou d’autres choses, le deux poids deux mesures est définitivement établi quand il s’agit de la Russie, ce qui est très blessant.» Et Matthias Platzeck complète qu’il s’en est lui-même souvent aperçu lors de débats publics en Russie. Quand il était question de violation du droit international de la part de la Russie, des Russes l’ont souvent questionné sur les décisions du Bundestag de 2003, lors de l’attaque – contraire au droit international – des Américains contre l’Irak, ayant coûté des centaines de milliers de vies humaines. «Pourquoi, à l’époque, aucun d’entre vous n’a-t-il réclamé de sanctions?»

Le manque d’entente mutuelle met en danger l’intérêt commun

A la fin de la réunion, le modérateur a soulevé la question concernant les points communs encore existants entre l’Allemagne et la Russie. Krone-Schmalz a répondu qu’il y avait, en réalité, de très nombreux points communs, entre autres l’intérêt commun du bien-être des sociétés de part et d’autre et d’une bonne entente mutuelle. Le plus grand danger est que, suit à la méfiance qui s’est installée, on en vienne à des affrontements violents. Le plus grand problème réside dans les nombreux malentendus qui pourraient mener, «à ce que les choses tournent mal, échappent à tout contrôle et qu’on ne puisse plus les corriger.»
Il faut donc instaurer en Allemagne une politique de l’histoire et de la mémoire, a commenté Matthias Platzeck, il n’y a aucun futur possible tant que cela n’aura pas été mutuellement éclairci. Nous devons nous demander pourquoi 27 millions de victimes des opérations militaires contre l’Union soviétique, la «pire guerre d’extermination que l’humanité ait jamais connue», n’ont pas, dans notre mémoire collective, la même valeur que d’autres victimes. Après cette guerre d’extermination, les peuples de l’Union soviétique nous ont proposé la réconciliation, et pour finir également leur amitié. «Nous n’avons pas traité ce cadeau avec la sensibilité qui s’imposait.» Grande approbation dans la salle.
Tout cela est perçu en Russie, et accroit encore l’aliénation. Il y a, certes, une sympathie marquée envers l’Europe et particulièrement envers l’Allemagne, mais la Russie commence peu à peu à s’en détacher. Cette aliénation croissante induit un grand danger: moins on en connait sur la culture, la façon de vivre, la langue de l’autre, plus on peut raconter les plus grandes absurdités, car il n’y a plus guère de connaissances réelles à disposition.

Quand ça ne marche pas «en haut» – l’importance des jumelages

Toutefois, à la Conférence Internationales des Jumelages ayant récemment eu lieu à Krasnodar en Russie et à laquelle ont participé les ministres allemands et russes des Affaires étrangères, l’ambiance était bien différente: «Nous ne laisserons pas détruire cela!» Et on a proclamé l’année des jumelages interrégionaux et intercommunaux. C’est là une initiative sensée à laquelle il faut maintenant insuffler la vie. Et sous les applaudissements nourris, ils ont ajouté: «Si cela ne marche pas «en haut», il faut qu’au moins cela fonctionne ‹en bas›».    •

GKS-Rver.jpgGabriele Krone-Schmalz

Gabriele Krone-Schmalz est née en 1949 à Lam en Basse-Bavière en 1949. Elle a étudié l’histoire de l’Europe orientale, les sciences politiques et la slavistique. Elle est diplômée en Histoire et Sciences politiques, journaliste indépendante et auteur. De 1987 à 1991, elle a été correspondante d’ARD pour la Russie à Moscou. Depuis 2000, elle est membre du comité directeur du Dialogue de Pétersbourg, depuis 2006, elle est membre du Conseil d’administration du Forum germano-russe. Depuis 2011, elle occupe une chaire de journalistique et de communication télévisuelle à la Business and Information Technology School (BiTS) d’Iserlohn. Comptant au nombre des experts majeurs de la Russie en Allemagne, elle passe régulièrement à la télévision. Elle a publié de nombreux livres, dont le dernier «Comprendre la Russie» (17. édition 2016) et «L’âge de glace» (2017).

Matthias Platzeck

Matthias Platzeck est né en 1953 à Potsdam. Il est ingénieur diplômé en cybernétique biomédicale. Il a fait partie des 144 députés des nouveaux Länder, envoyés au Bundestag allemand après la réunification. En 1990, il a été nommé, pour le parti Bündnis 90, ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et l’Aménagement du territoire du Land de Brandebourg. De 1991 à 1993, il a appartenu au Comité fédéral des porte-paroles du parti Bündnis 90, dont il refusa la fusion avec les Verts ouest-allemands en 1993.

platzeck-teaser-DW-Vermischtes-Potsdam-jpg.jpgEn 1994, il fut de nouveau nommé ministre, et en 1995 Matthias Platzeck a rejoint le SPD. En 1997, Matthias Platzeck fut félicité pour sa gestion des opérations lors des inondations catastrophiques de l’Oder en juillet et août. Depuis juin 1998, il appartient au Comité national du SPD au Brandebourg. En 2005, il a été nommé président du SPD. De 1998 à 2002, il a été maire de Potsdam. En 2002, il a été élu Ministre-président du Land de Brandebourg par le Parlement. En 2004 puis en 2009, il a chaque fois été réélu Ministre-président de Brandebourg. En 2013, il s’est retiré de son poste pour raisons de santé. Matthias Platzeck a reçu de nombreuses distinctions, entre autres la Croix fédérale du mérite de première classe de la République fédérale d’Allemagne (1998), l’Ordre «Pierre le Grand» de l’Académie russe pour les questions de sécurité, de défense et du système juridique (2005), la Grande Croix fédérale du mérite avec étoile et bandoulière de la République fédérale d’Allemagne (2011).


Le 19 février 2017 à Dresde, Matthias Platzeck a prononcé une allocution fondamentale très remarquée sur les rapports entre l’Europe et la Russie. On peut retrouver et relire ce discours sur: www.deutsch-russisches-forum.de/portal/wp-content/uploads...

Etats-Unis, OTAN et UE – une alliance de guerre commune

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Etats-Unis, OTAN et UE – une alliance de guerre commune

par Willy Wimmer, ancien secrétaire d’Etat au Ministère fédéral allemand de la Défense

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Durant la Guerre froide, il n’y avait aucun problème à expliquer l’importance de l’OTAN. Le Soviet Military Power, édité par le Pentagone et garni d’images et de constatations impressionnantes, nous fournissait une importante argumentation. Du moins, c’était le cas pour les partenaires de l’alliance en Europe de l’Ouest. On n’a réalisé que beaucoup plus tard qu’il y avait quelque chose de louche là-dedans, ceci en observant le comportement de l’époque et d’aujourd’hui des partenaires nord-européens de l’OTAN. En ce temps-là, il n’y avait aucune prise de position de l’Alliance sans que Danois et Norvégiens exprimassent très fort leurs opinions personnelles. La menace remarquée par l’Alliance, relative au Pacte de Varsovie, était généralement vue différemment et d’une façon moins grave à Copenhague ou/et à Oslo. Pourtant, les armées de blindés étaient véritablement face à face. Depuis l’apparition du Danois Rasmussen et du Norvégien Stoltenberg, nous devons constater en Europe centrale un changement complet des mentalités, soit une mutation en va-t’en-guerre suprêmes sur ordre de l’OTAN. Comment doit-on s’expliquer cela, notamment au regard du passé?

Etats-Unis en 1988: l’armée rouge en Europe centrale a un caractère purement défensif

Il faudra y réfléchir, quand au cours de la semaine de Saint Nicolas de l’année 2017 le contrat du belliciste Stoltenberg auprès de l’OTAN sera prolongé de deux ans. Mais ce n’est pas tout. Encore en 1988, le gouvernement américain déclara que même la présence massive du Pacte de Varsovie et notamment de l’armée rouge en Europe centrale avait un caractère purement défensif. Il s’agissait de «protéger la petite mère Russie» comme conséquence des expériences faites avec Napoléon et Hitler. Malgré tout ce qui avait compté au cours des décennies précédentes comme la «bible de l’OTAN», les partenaires de Washington niaient toute intention agressive envers le Pacte de Varsovie dominé par Moscou.

Politique américaine actuelle: un mur de séparation doit à nouveau diviser l’Europe

Et aujourd’hui? Les archives de Washington montrent clairement à quel point l’Occident, uni par la force au sein de l’OTAN, a rompu sans pitié toutes les promesses sur la non-extension de l’OTAN. Pire encore, comme le montre le réarmement par les Américains en Europe centrale et orientale soutenu par nous tous. C’est la politique déclarée des Etats-Unis de séparer à nouveau l’Europe par un mur allant de la mer Baltique à la mer Noire. S’il n’est pas encore possible d’éliminer la Russie, elle doit du moins être exclue du bon voisinage. Mais il faut prendre en compte encore deux autres éléments. Dans des Etats comme l’Ukraine, les démons du passé nazi sont revitalisés à l’aide de l’OTAN et de l’UE. Le regard non seulement à «droite», mais «vers l’Est». En Ukraine et selon Spiegel online aussi en Hongrie avec des liens dans d’autre camps. Des liens évidemment peu avouables qu’on ne peut ni imaginer ni croire …

Le bellicisme de l’Occident …

Si le gouvernement des Etats-Unis avait attribué, à notre plus grande surprise, au Pacte de Varsovie en pleine guerre froide un caractère purement défensif, on ne peut certes pas dire la même chose de l’OTAN actuelle à la frontière occidentale de la Russie. Le bellicisme de l’Occident est trop palpable depuis la guerre d’agression contre la Yougoslavie. Le caractère exceptionnel des Etats-Unis s’est distingué, depuis la fin de la guerre froide, uniquement par son abstention de tout engagement pour la paix et l’entente. Aux yeux de Washington, le monde représentait uniquement les conditions-cadres pour sa propre industrie d’armement, comme le démontre de manière remarquable le rejet de toute engagement pour la paix en Europe et en Asie du Nord-Est.

… et le rôle de l’UE

Et qu’en est-il de l’Europe de l’Ouest transformée, sous le joug de l’Union européenne, en une machine de destruction d’Etats? Aujourd’hui, l’adhésion à cette UE ne signifie plus la protection durable des valeurs fondamentales. Il est bien possible qu’un pays ne soit un jour plus en mesure de se gérer lui-même, de protéger son territoire national, son autorité étatique et sa population. Pour garantir cela, les peuples se sont déclarés d’accord d’accéder à l’Union européenne d’aujourd’hui et ont même salué ce pas avec joie.
Nous devons cependant constater qu’aujourd’hui ce consentement est utilisé pour créer autre chose. Quiconque se réfère aux éléments constitutionnels de cette Union européenne, est marginalisé sans pitié par les dirigeants et leurs troupes de choc de la presse, puis, au mieux, méchamment dénigré en tant que membre de l’extrême droite ou des nazis. Les frontières ne sont plus gardées et quiconque se permet d’émettre une critique au sein du Bundestag se fait injurier et ridiculiser. L’autorité étatique se manifeste quand des personnes âgées sont mises à l’amende à Düsseldorf lorsqu’ils s’asseyent sur un banc d’arrêt de bus, ou lorsqu’une ancienne nation modèle de l’industrialisation n’est plus capable de terminer la construction d’un aéroport, ou lorsque la «Deutsche Bahn» échoue à placer des trains opérationnels sur les rails. Pendant ce temps, les frontières allemandes sont libres d’accès. Des concitoyens turcs démontrent, comment on peut pousser à l’extrême la lutte contre son ancien pays d’origine, grâce au fait que la citoyenneté allemande est octroyée trop facilement. Le peuple, auquel ont été consacrées des lettres dorées sur le Reichstag, n’est plus que témoin de la transformation de son pays en un Etat multiethnique.

Un mort-né européen: l’union militaire

La semaine passée, un mort-né supplémentaire, sous forme d’une union militaire, a été baptisé. Est-ce que c’est ainsi que nous voulons contribuer à la paix dans le monde? L’ancienne Union d’Europe occidentale était en fait un excellent exemple de comment réaliser cela. Tout le monde s’était mis d’accord pour une défense légitimée uniquement par la Charte des Nations Unies. C’était pour la défense, non pas pour la projection de pouvoir global, afin d’être à temps prêts à participer à la prochaine guerre américaine dans le monde avec une alliance de guerre européenne.
Notre choix est manifestement de pouvoir choisir entre les intérêts anglo-saxons et français pour lesquels nos soldats sont envoyés au combat. Le Proche- et le Moyen-Orient pour les Anglo-Saxons, l’Afrique pour le «shooting star» français, récemment décoré à Aix-la-Chapelle? Un engagement clair pour la défense de l’Europe de l’UE devrait remplir au moins une condition: on devrait toujours se préoccuper de la situation, dans laquelle on se trouve et faire des déclarations claires sur comment le monde devrait se présenter. Suite à cela, on pourrait définir le montant que chaque pays aurait à verser pour la défense commune. Mais aucun des chefs d’Etats et aucun des gouvernements dans cette UE agressive ne veut cela. On préfère développer des projets de pouvoir global faisant grimper les budgets militaires. En tant que citoyens, nous ne pouvons pas même choisir, si notre argent est utilisé pour les victimes des guerres déclenchées par nous-mêmes ou pour les guerres elles-mêmes. Dans tous les cas, l’argent a disparu et nous sommes forcés par nos gouvernements de financer notre assurance vieillesse nous-mêmes. Même la question du déclenchement d’une guerre ou non, n’est plus décidée par le peuple souverain. L’UE nomme des commandants militaires créant des zones de tension et de guerres en outrepassant les Parlements et sans respecter les frontières des Etats, soumis au bon vouloir des Anglo-Saxons ou des Français laissant les blindés aller et venir.

L’éclatement est préprogrammé

Ils ont bien existé, ces excellents fonctionnaires ministériels allemands. Un exemple en était le dirigeant ministériel Hans Ambos qui était mandataire du système pour les avions de combat «Tornado». C’est à lui que nous devons de savoir que, pour la dernière augmentation de 5% de la puissance de combat, il aurait fallu débourser 100% du prix d’achat de ces avions, ce qui aurait représenté l’éclatement du budget fédéral. Avec une UE ne reconnaissant et n’acceptant plus les citoyens comme le souverain et le garant de la paix, l’éclatement est préprogrammé.    •
(Traduction Horizons et débats)

vendredi, 29 décembre 2017

The Virtual Economy Is The End Of Freedom

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The Virtual Economy Is The End Of Freedom

There is one simple rule to follow when understanding the tragic history of economies: Never put blind faith in a system built on an establishment-created foundation. You would think this would not be a difficult concept to grasp being that we have so many examples of controlled economies and collapse to reference over the centuries, but in our era more than ever the allure of a virtual world with promises of endless wealth and ease is overwhelming.

Yes, I am referring primarily to cyptocurrency "tulip-mania" (sorry bitcoiners, the description is too fitting, it isn't going away), but not this issue alone. I am also referring to a far-reaching problem of which cryptocurrencies are a mere reflection. Namely, the fact that humanity is swiftly losing sight of what a true economy is and what it is supposed to accomplish. It is because of this reality that crypto is thriving.

First, let's be clear, fiat currencies are one of the first machinations of the virtual economy. Once paper currencies printed from thin air by central bankers were separated from tangible backing and accepted by the masses as "valuable" and worth trading labor for, the seed of financial cancer was planted. Today, there is one final step needed for the establishment to accomplish complete tyranny in global trade and that is to disconnect the masses fully from private transactions. In other words, we must be tricked into going digital, where privacy is an absurd memory.

Virtual economics is appealing for several reasons, most of them bad.

Americans and much of the west in particular are increasingly uncomfortable with the idea of real production. The latest generation coming into political and social influence, the millenials, is a perfect example. Surveys show American millenials more than any other generation lack basic workplace competency skills, including scoring low on arithmetic and reading comprehension. Often portrayed as "tech savvy" in popular culture and the media, millenials are quite inept when it comes to core skills that fuel strong business and trade, which is part of the reason why the U.S. is falling into the shadow of foreign workforces.

Millenials in the West also exhibit abysmal technical skills in international testing and lag far behind foreign peers. This has come as a surprise to many mainstream economists and social analysts, primarily because millenials are also considered the "most educated" generation ever. But, of course, we have not only been given a virtual economy in recent decades, but also a virtual educational system. A majority of millenials are lacking when it comes to key production skills and entrepreneurship methods because they have been trained to dismiss such skills as negligible. In other words, millenials have been conditioned to be academic idiots.

Why go through the struggle and hardship required to become an effective producer of tangible necessities when it is far easier to join a collectivist drive for socialism and a structure in which little to no work is required to obtain such necessities? Why not steal from a productive minority and spread it thinly enough to keep the unskilled majority fed? It is only within this kind of culture that virtual production, a virtual society and virtual "money" is seen as an ideal solution.

The notion is becoming more and more prevalent in our popular media, and I believe this is rather symbolic (or ironic) of our conundrum.

For example, consider the book Ready Player One, a pop-culture craze and archetypal zeitgeist for millenials soon to be released as an intended Hollywood blockbuster directed by Steven Spielberg. The novel depicts the world of 2045, a world in which fossil fuel depletion and "global warming" have triggered economic and social decline (Remember in the 1980s when they used to tell us that global warming was going to melt the polar icecaps and we would be under water by the year 2000?). A totalitarian governing body controlled by corporate behemoths rules over the dystopian sprawl.

In response to an ever painful existence in the real world, the masses have sought to escape to a virtual world called "the Oasis," created by a programming genius. The Oasis becomes a nexus for the global economy and a virtual society.

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This sounds like a rousing background for a story of rebellion, and it is about that... sort of. Unfortunately, here is where the disturbing ties between our world and the fictional world of Ready Player One meet. The "rebellion" is for all intents and purposes also virtual, and for millenial audiences in particular, this is supposed to be inspiring.

Perhaps this is why cryptocurrencies are so appealing to the millenial crowd in particular. Think about it — the dismal economic doldrums of Ready Player One exist NOW; we don't have to wait until 2045. Millenials are already feeling disaffected, indebted and disenfranchised, and most of them are also skill-less. Self reliance to them is an idea so alien it rarely if ever crosses their minds. So, how do they fight back? Or, how are they tricked into thinking they can fight back against a virtual system that has left them in the gutter? Why, with a virtual community and a virtual currency, of course.

Millenials and others think that they are going to rebel and "take down the banking oligarchs" with nothing more than digital markers representing "coins" tracked on a digital ledger created by an anonymous genius programmer/programmers. Delusional? Yes. But like I said earlier, it is an appealing notion.

Here is the issue, though; true money requires intrinsic value. Cryptocurrencies have no intrinsic value. They are conjured from nothing by programmers, they are "mined" in a virtual mine created from nothing, and they have no unique aspects that make them rare or tangibly useful. They are an easily replicated digital product. Anyone can create a cryptocurrency. And for those that argue that "math gives crypto intrinsic value," I'm sorry to break it to them, but the math is free.

In fact, for those that are not already aware, Bitcoin uses the SHA-256 hash function, created by none other than the National Security Agency (NSA) and published by the National Institute for Standards and Technology (NIST).

Yes, that's right, Bitcoin would not exist without the foundation built by the NSA. Not only this, but the entire concept for a system remarkably similar to bitcoin was published by the NSA way back in 1996 in a paper called "How To Make A Mint: The Cryptography Of Anonymous Electronic Cash."

The origins of bitcoin and thus the origins of crytpocurrencies and the blockchain ledger suggest anything other than a legitimate rebellion against the establishment framework and international financiers. I often cite this same problem when people come to me with arguments that the internet has set the stage for the collapse of the globalist information filter and the mainstream media. The truth is, the internet is also an establishment creation developed by DARPA, and as Edward Snowden exposed in his data dumps, the NSA has total information awareness and backdoor control over every aspect of web data.

Many people believe the free flow of information on the internet is a weapon in favor of the liberty movement, but it is also a weapon in favor of the establishment. With a macro overview of data flows, entities like Google can even predict future social trends and instabilities, not to mention peek into every personal detail of an individual's life and past.

To summarize, cryptocurrencies are built upon an establishment designed framework, and they are entirely dependent on an establishment created and controlled vehicle (the internet) in order to function and perpetuate trade.  How exactly is this "decentralization", again?

TOTAL information awareness is the goal here; and blockchain technology helps the powers-that-be remove one of the last obstacles: private personal trade transactions. Years ago, a common argument presented in favor of bitcoin was that it was "completely anonymous."  Today, this is being proven more and more a lie. Even now, in the wake of open admissions by major bitcoin proponents that the system is NOT anonymous, people still claim anonymity is possible through various measures, but this has not proven to sway the FBI or IRS which have for years now been using resources such as Chainanalysis to track bitcoin users when they feel like doing so, including those users that have taken stringent measures to hide themselves.

Bitcoin proponents will argue that "new developments" and even new cryptocurrencies are solving this problem. Yet, this was the mantra back when bitcoin was first hitting the alternative media. It wasn't a trustworthy assumption back then, so why would it be a trustworthy assumption now? The only proper assumption to make is that nothing digital is anonymous. Period.

With the ludicrous spike in bitcoin prices, champions of the virtual economy are unlikely to listen to any questions or criticisms. I have never argued one way or the other in terms of bitcoin's potential "market value," because it does not really matter. I have only ever argued that cryptocurrencies like bitcoin are in no way a solution to combating the international and central banks.  In fact, cyrptocurrencies only seem to be expediting their plan for full spectrum digitization and the issuance of a global currency system.

Bitcoin could easily hit $100,000, but its "value" is truly irrelevant and consistently hyped as if it makes bitcoin self evident as a solution to globalism. The higher the bitcoin price goes, the more the bitcoin cult claims victory, yet the lack of intrinsic value never seems to cross their minds. They have Scrooge McDuck-like visions of swimming in a vault of virtual millions. They'll only accuse you of being an "old fogey" that "does not understanding what the blockchain is."

The fact is, they are the one's that do not really understand what the blockchain is — a framework for a completely cashless society in which trade anonymity is dead and economic freedom is destroyed.

Ask yourself this: Why is it that central banks around the world (including the BIS and IMF) are investing in Bitcoin and other crytpocurrencies while developing their own crypto systems based on a similar framework? Could it be that THIS infusion of capital and infrastructure from major banks is the most likely explanation for the incredible spike in the bitcoin market?  Why is it that globalist banking conglomerates like Goldman Sachs lavish blockchain technology with praise in their white papers? And, why are central bankers like Ben Bernanke speaking in favor of crypto at major cryptocurrency conferences if crypto is such a threat to central bank control?

Answer — because it is not a threat.  They benefit from a cashless system, and liberty champions are helping to give it to them.

Above all else, the virtual economy breeds weakness in society. It encourages a lack of tangible production. Instead of true producers, entrepreneurs and inventors, we have people scrambling to sell real world property in order to buy computing rigs capable of "mining" coins that do not really exist. That is to say, we may one day soon be faced with millions of citizens expending their labor and energy in order to obtain digital nothings programmed into existence and given artificial scarcity (for now).

It also encourages false rebellion. Real change requires actions in the real world. Removing banking elitists and their structures by force if necessary (and this will probably be necessary). Instead, freedom activists are being convinced that they will never have to lift a finger to beat the bankers. All they have to do is buy and mine crypto. The day will come in the near future when the folks that embrace this nonsense will wake up and realize they have wasted their energies chasing a unicorn and are ill prepared to weather the economic reset that continues to evolve.

To maintain a real economy in which people are self reliant and safe from fiscal shock, you need three things: tangible localized and decentralized production, independent and decentralized trade networks that are not structured around an establishment controlled system (like the internet is controlled), and the will to apply force to protect and preserve that production and those networks. If you cannot manufacture a useful thing, repair a useful thing or teach a useful skill, then you are essentially useless in a real economy. If you do not have localized trade, you have nothing.  If you do not have the mindset and the community of independent people required to protect your local production, then you will not be able to keep the economy you have built.

This is the cold hard truth that crypto proponents do not want to discuss, and will dismiss outright as "archaic" or "not obtainable." The virtual economy is so much easier, so much more enticing, so much more comfortable. Why risk anything or everything in a real world effort to build a concrete trade network in your own neighborhood or town? Why risk everything by promoting true decentralization through localized commodity-backed money and barter systems? Why risk everything by defending those systems when the establishment seeks to crush them? Why do this, when you can pretend you are a virtual hero wielding virtual weapons in a no risk rebellion in a world of electronic ones and zeros?

In truth, the virtual economy is not legitimate decentralization, it is a weapon of mass distraction engineered to kill legitimate decentralization.

If you would like to support the publishing of articles like the one you have just read, visit our donations page here.  We greatly appreciate your patronage.

You can contact Brandon Smith at:

brandon@alt-market.com

After 8 long years of ultra-loose monetary policy from the Federal Reserve, it's no secret that inflation is primed to soar. If your IRA or 401(k) is exposed to this threat, it's critical to act now! That's why thousands of Americans are moving their retirement into a Gold IRA. Learn how you can too with a free info kit on gold from Birch Gold Group. It reveals the little-known IRS Tax Law to move your IRA or 401(k) into gold. Click here to get your free Info Kit on Gold.

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La domination des milliardaires

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La domination des milliardaires

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le dernier Index des milliardaires de Bloomberg, publié juste avant Noël, montre que la fortune des 500 milliardaires les plus riches s'est accrue de 23% l'année précédente, soit de $1 trillion, atteignant la somme global de $5,3 trillons. Cette somme est 4 fois supérieure à ce qu'elle était l'année précédente. Rappelons qu'un trillion représente 1 milliard de milliards. Les non-financiers ont de la peine à se représenter ce à quoi correspond cette somme.

Selon Bloomberg, les milliardaires, en moyenne, ont vu leur fortune s'accroitre de $2,7 milliards par jour, soit pour chacun $5,400,000 par jour ou $225,000 par heure. Dans le même temps, selon les US Centers for Disease Control, l'espérance de vie globale n'a cessé de diminuer aux Etats-Unis.

Pour prendre un autre élément de comparaison, il faut indiquer que $5.3 trillions contrôlés par les plus riches correspondent à 2 fois le PNB (Produit national brut) du Mexique, pays de 128 millions d'habitants. Il s'agit du double des PNB confondus de l'Argentine, du Chili et du Pérou. Le PNB français est environ de 2.276 milliards. (Voir https://www.indexmundi.com/g/r.aspx?v=65&l=fr )

Les Nations Unies estiment qu'il faudrait $30 milliards par an pour éradiquer la faim dans le monde. Or Jeff Bezos, fondateur d'Amazon, a vu sa fortune s'accroitre de $34.2S en 2017. Son gain pour la dernière année correspond aux PNB réunis de la Jamaïque, du Niger et du Zimbabwe, soit 39 millions d'habitants au total

Résignation voire fascination

Les chiffres publiés par Bloomberg n'ont guère suscité d'émotion dans le monde. L'inégalité ainsi révélée entre les 500 milliardaires et les 5 milliards de pauvres est considérée par l'opinion comme allant de soi. Suivre son accroissement suscite de la curiosité, sinon de la fascination, mais pas d'indignation. L'on considère généralement que les fortunes des 500 milliardaires correspond en fait à des services rendus. Or c'est évidemment faux. Il s'agit d'un accaparement du travail fourni par les autres.

Prenons l'exemple de Jeff Bezos, avec Amazon. Cette entreprise, profitant du manque de politiques économiques et fiscales intégrées dans le monde, a réussi à mettre en difficulté, sinon en chômage, des milliers de redistributeurs et producteurs primaires. Certes, une organisation exemplaire au niveau de la gestion par Internet de ses services lui permet généralement de faire jeu égal en termes de services rendus avec les petits commerces locaux. Mais ceci se fait aux dépends des budgets publics.

Amazon, comme l'on sait, ne paie pas d'impôts. Elle ne contribue pas aux dépenses de santé ou d'éducation. Les infrastructures et réseaux de télécommunications qu'elle utilise exclusivement et qui font une grande partie de ses bénéfices, ont été financés par des Etats ou des fournisseurs de service. Il en est de même des réseaux physiques de redistribution qu'elle utilise pour livrer ses produits au plus près des consommateurs finaux. Ce sont également les Etats qui prendront en charge les dizaines de milliers de chômeurs résultant de la concurrence qu'elle leur fait. Enfin, si des petites entreprises réussissaient à se regrouper pour rendre des services en ligne analogues, elles seront vite torpillées par des attaques ciblées de Amazon.

Mais que font les 500 milliardaires de leurs milliards. Une partie va dans les paradis fiscaux, en réserve. Une autre sert à financer des dépenses de luxe, tels les méga-yachts qui n'intéressent que quelques chantiers. Une part sans doute considérable, bien que mal connue, s'investit dans les industries d'armements. Quand l'on sait l'importance des dépenses militaires de certains Etats, notamment des Etats-Unis, on peut penser que les industriels peuvent convenablement rémunérer les prêts que leur consentent les super-riches. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_d%C3%A9p...) Or qui dit dépenses militaires dit victimes par dizaines de milliers (comme actuellement au Yemen ) dont les riches ne se préoccupent évidemment pas, laissant aux populations locales le soin de les prendre en charge.

Des mouvements politiques, comme ici la France Insoumise, n'ignorent évidemment pas ces faits. Les plus optimistes espèrent que des révoltes sociales en profondeur pourront ramener un peu d'égalité. Nous pensons pour notre part que c'est une illusion. Les 500 milliardaires ont tous les moyens policiers et militaires pour faire taire les opposants - sans mentionner les milices privées dont le budget dans certains Etats dépasse celui des forces armées. Si la menace se précisait, ils n'hésiteraient pas à s'en servir froidement .

Source

https://www.bloomberg.com/news/articles/2017-12-27/world-...

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jeudi, 28 décembre 2017

L’Europe et la finalité spirituelle de l’Empire

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Les entretiens de Métamag :

L’Europe et la finalité spirituelle de l’Empire

Entretien de Boris Nad (Serbie) avec Robert Steuckers (Belgique)

Traduction de l’espagnol et de l’anglais par Michel Lhomme.

Pour son intérêt incontestable, nous offrons pour Noël aux lecteurs de Métamag un cadeau avec cette traduction inédite d’un entretien d’un penseur de la Nouvelle Droite belge, Robert Steuckers. Nous avions connu cet entretien (avec coupures) en espagnol dans La Tribune du Pays basque puis nous nous sommes rendus compte qu’il avait été réalisé à l’origine en anglais à Bruxelles. Sont réunies ici les deux versions, ce qui donnera au lecteur français le texte complet. Ce sont les idées et l’esprit critique d’où qu’ils soient qui nous importe et les revues Orientations et Vouloir resteront toujours  comme le signe de notre éveil géopolitique. Nous poursuivons avec cette exclusivité Métamag, (entretien complet disponible en français) notre tour d’horizon européen. A cette occasion nous demandons à nos lecteurs francophones de l’étranger de nous aider à élargir internationalement le réseau de nos correspondants pour y publier comme nous le faisons depuis quelque temps avec nos Carnets d’Outre-Rhin des chroniques régulières d’actualité. Nous demandons donc aux bonnes volontés  de contacter le secrétariat de la rédaction. 

Boris Nad est un écrivain serbe, auteur de TheReturn of Myth, Il dirige un site internet. 

Michel Lhomme.

Boris Nad : L’Union européenne, en réalité tout le continent européen, se retrouve aujourd’hui dans une crise profonde. L’impression est que cette crise apparaît d’abord comme le résultat d’une crise des idées. Les idéologies politiques et même celles du libéralisme sont partout critiquées, jugées obsolètes et anachroniques. Et nous pouvons en dire autant de toutes les idées du panorama politique contemporain. Partagez-vous cette impression ?


Robert Steuckers: La première réflexion qui me vient d’abord à l’esprit, c’est celle des articles de Moeller van den Bruck des années vingt. Tous les peuples qui ont adopté et prisé le libéralisme finissent par mourir au bout de quelques décennies parce qu’ils n’ont plus d’immunité organique, ils l’ont perdue. Par conséquent, notons que le libéralisme est d’abord une maladie avant d’être une simple mentalité. Le libéralisme et le modernisme se ressemblent parce qu’ils refusent tous deux d’accepter et de reconnaître les permanences dans la politique de la Cité. Au 17ème siècle, vous aviez encore un certain niveau en philosophie et en littérature qui permettait la Querelle des Anciens et des Modernes, querelle qui revêtit plusieurs aspects, certains d’entre eux pouvant même être considérés comme positifs. A cette époque, il n’y eut jamais de connexion étymologique entre le «modernisme » et le terme français de « mode » c’est-à-dire la « tendance », «être dans le vent », toujours en transition, nomade, mobile, changeant à volonté. Or quand vous considérez que tout ce qui est politique renvoie à des « modes », vous en arrivez forcément à décoller de la réalité qui est, elle, faite d’espace et tissée par le temps. Toutes les nécessités qui dérivent de l’acceptation des limites qu’impliquent l’espace et le temps sont maintenant perçues par les Modernes comme des fardeaux dont on devrait vite se débarrasser. Et, même aujourd’hui,vous ne devez pas seulement vous efforcer de vous en débarrasser mais aussi essayer d’y échapper complètement en les transformant afin de devenir artificiel,virtuel et toujours dans le mouvement, en marche. C’est l’essence même du libéralisme.

Nonobstant, même si le libéralisme trouve ses racines au dix-septième et dix-huitième siècle, il n’a jamais été, du moins jusqu’après la bataille de Waterloo de 1815, un mouvement politique puissant car les conservateurs ou les démocrates chrétiens dans une premier temps, le mouvement socialiste dans les décennies suivantes tempéreront ce déni libéral des réalités spatiales et des permanences. Les partis libéraux officiels, étant en réalité plus libéraux-conservateurs que libéraux proprement dit au sens anglo-saxon du terme, étaient quantitativement plus minoritaires que les deux autres grandes familles politiques européennes et du coup, l’esprit apolitique qui était le fondement de cette idéologie se heurta aux idées des démocrates-chrétiens (malgré la doctrine de l’Eglise) et à celles des sociaux-démocrates (en dépit de leur marxisme édulcoré). Puis, c’est vrai petit à petit, les conservateurs, les démocrates-chrétiens et les sociaux-démocrates reprendront nombre d’idées du libéralisme de base.

qNQE606I.jpgLa France fut partiellement épargnée par ce mouvement en raison du caudillisme introduit par De Gaulle en 1958 après la déroute de la Quatrième République, qui était justement intrinsèquement libérale. La personnalité du Général-Président put contenir les Libéraux et la majeure partie d’entre eux se replièrent dans l’ombre non sans phagocyter les partis politiques de sorte que ce ne fut qu’un court répit comme nous le verrons.

Et puis, en 1945, l’Europe était détruite par la guerre. Il lui fallu un petit plus qu’une décennie pour se reconstruire en particulier en Allemagne. Mais dès que les horreurs furent oubliées, l’Europe retrouva de nouveau la puissance économique. La France des années 60, en devenant membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, réclama plus d’indépendance pour l’Ouest. Pour les États-Unis, c’était le moment opportun pour riposter et injecter une plus forte dose de poison libéral dans la classe politique française. Les États-Unis ont une idéologie reposant en fait sur les méthodes d’empoisonnement pour contaminer le monde. Ce n’est pas simplement une idéologie de la table rase, comme celle des Lumières comme on en trouve en Europe de l’Ouest mais c’est surtout une idéologie caractérisée parce rejet puritain de base de tout l’héritage médiéval européen, rejet qui fut soutenu durant les premières décennies du dix-huitième siècle en particulier parle mouvement déiste et les Whigs. Les colons américains développèrent ainsi l’idée d’une mission à accomplir dans le monde qui combinait fanatisme puritain et libéralisme éclairé, une mission apparemment plus souple mais en réalité pas moins radicale dans sa haine contre toutes les traditions ancestrales et les institutions.Ces principes radicaux sous-jacents s’adaptèrent très vite à l’esprit du temps des années 50 et 60 par des officines de pensées dirigées au final par l’OSS (leBureau des Études Stratégiques). Ce dernier fomenta en sous-main la rébellion perverse de Mai 68 qui frappa l’Allemagne aussi bien que la France. Ces deux pays purent encore résister dans les années 70 mais leurs sociétés civiles avaient déjà été contaminées par le bacille qui érodera petit à petit leurs assises psychologiques traditionnelles, leurs mœurs.

fu.jpgUne seconde vague libérale devait alors être déclenchée pour asséner aux sociétés occidentales agonisantes et à leur corps politique malade le dernier souffle. Après l’idéologie de Mai 68, plus ou moins dérivée de l’École de Francfort, une nouvelle arme sera forgée pour détruire l’Europe (et en partie, le reste du monde), une arme encore plus efficace. Cette arme sera l’infâme thatchérisme néolibéral. A la fin des années soixante-dix, le néo-libéralisme (qu’il soit thatchérien ou reaganien) était donc célébré partout comme la nouvelle libération idéologique qui permettait de nous débarrasser enfin de l’État. Ni les démocrates-chrétiens ni les sociaux-démocrates ne purent loyalement résister à la tentation même s’ils rappelaient parfois à leurs partisans que la Doctrine de l’Eglise (basée sur Thomas d’Aquin et Aristote) ou l’interventionnisme socialiste traditionnel était totalement hostile à un libéralisme débridé. Les économistes devinrent alors plus importants que les politiciens. Nous entrons dans ce qu’on appela alors la « fin de l’Histoire », le règne absolu du marché. Pire, le système des partis où les démocrates-chrétiens et les sociaux-démocrates s’étaient péniblement hissés, empêcha toute critique rationnelle ou la possibilité d’un quelconque changement, en bloquant le processus démocratique que les réformistes chrétiens ou socialistes prétendaient orgueilleusement incarner à eux tous seuls. L’Europe est effectivement maintenant dans une sombre impasse et paraît incapable d’échapper au libéralisme de Mai 68 aussi bien qu’au néo-libéralisme.Ces forces de transformation semblent incapables de rassembler suffisamment de votes pour pouvoir obtenir un changement de pouvoir effectif. Nous devons prendre aussi en compte le fait que les forces du système ont été au pouvoir depuis maintenant plus de soixante-dix ans et que par conséquent, elles occupent littéralement les institutions à tous les niveaux par la nomination de fonctionnaires officiels qui ne pourront pas être remplacés instantanément en cas d’irruption soudaine d’une nouvelle légitimité populaire. Les défis risquent en tout cas de lancer les nouveaux parvenus dans des domaines qu’ils seront bien incapables de maîtriser.

L’Europe est, comme vous le dites, dans une impasse, une voie sans issue.L’Union européenne a été frappée par une crise politique,économique et migratoire. Puis est apparue la vague de terrorisme. Les partis politiques et les institutions européennes semblent aujourd’hui paralysés. Jusqu’à présent, l’intégration européenne était menacée par des mouvements dit eurosceptiques. Il semble qu’aujourd’hui nous sommes au début d’une vague de sécessionnisme, comme celle de la Catalogne, qui secoue de nombreux pays européens. Quelle est votre opinion là-dessus ?

Certains services secrets outre-Atlantique ont pour finalité politique l’affaiblissement de l’Europe par des attaques régulières non militaires, typiques de la « guerre dite de Quatrième Génération ». Les stratagèmes économiques, les manipulations boursières, sont les tours habituels utilisés par ceux dont l’objectif principal est d’empêcher l’Europe de se développer pleinement, de trouver une meilleure autonomie dans toutes ses affaires politiques et militaires, d’atteindre un niveau de bien-être élevé permettant une recherche développement optimale, en développant de solides relations d’affaires avec la Russie et la Chine. Par conséquent, pour eux, l’Europe doit constamment être touchée, secouée, affectée par toutes sortes de problèmes. Certains donc dans l’ombre s’en chargent.

1995 Hongrie04.jpg

La France de Chirac en fut le meilleur exemple, par delà les opérations psychologiques bien connues comme le furent les «révolutions de couleur». La France est encore une puissance nucléaire, mais elle ne peut plus développer cette capacité au-delà d’un certain niveau. Pourquoi ? En 1995, lorsque les expériences nucléaires reprirent dans l’océan Pacifique, en Polynésie, Greenpeace, en tant que mouvement pseudo-écologiste a tout essayé et tout fait pour les torpiller. Sur le territoire français, les grèves paralysèrent le pays, grèves orchestrées par un syndicat socialiste qui avait été anti-communiste dans les années 50 et avait reçu le soutien de l’OSS, le Bureau des Services Stratégiques américains. Les sociaux-démocrates et les syndicalistes socialistes avaient en effet reçu discrètement un soutien atlantiste, un soutien souvent oublié aujourd’hui. En novembre 2005, pour se débarrasser de Chirac, qui avait soutenu en 2003 une alliance fantomatique entre Paris, Berlin et Moscou lors de l’invasion de Bush en Irak, les militants des communautés immigrées africaines, des banlieues grises de Paris, lancèrent une série d’émeutes violentes. Tous dans la rue après un incident mineur qui avait causé accidentellement deux morts dans l’enceinte d’un poste électrique. Finalement, les émeutes se propagèrent à de nombreuses villes comme Lyon et Lille. La France, dans sa situation actuelle, est totalement incapable de rétablir la loi et l’ordre une fois que les émeutes se sont propagées dans plus de trois ou quatre grandes agglomérations. Les émeutes ont donc duré assez longtemps permettant la promotion d’un petit politicien auparavant bien obscur, Nicolas Sarkozy, qui promit d’éliminer les émeutiers dans les banlieues mais qui, une fois au pouvoir, ne fera absolument rien.

Charles Rivkin, ambassadeur des États-Unis en France, est très précisément le théoricien de ces opérations de « guerre de quatrième génération » dont l’objectif fut d’encourager là les communautés immigrées contre la loi et l’ordre en France. Cette stratégie vicieuse n’est possible en France que depuis dix ou douze ans parce qu’aucun autre pays européen ne compte autant d’immigrés parmi sa population. La crise des réfugiés qui a frappé l’Allemagne en 2015 est sans doute le prochain chapitre de la triste histoire de cette submersion programmée et de cette neutralisation stratégique de l’Europe.

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L’Allemagne devra demain faire face aux mêmes communautés violentes que la France d’hier. Le but est évidemment d’affaiblir le pays qui prospère industriellement en raison des excellentes relations commerciales qu’il entretient avec l’Eurasie en général. L’objectif des services secrets britanniques et américains a ainsi toujours été d’éviter tout lien entre l’Allemagne et la Russie. Ainsi, l’Allemagne se trouve aujourd’hui affaiblie par la masse critique des millions de faux réfugiés, masse qui va très rapidement faire s’effondrer les systèmes de sécurité sociale, qui a de plus toujours été la spécificité originale des modèles sociaux allemands (qu’ils soient bismarckiens, nationaux-socialistes, démocrates-chrétiens ou sociaux-démocrates). La déstabilisation complète des sociétés industrielles européennes (Suède, France, Allemagne, Italie et partiellement des Pays-Bas) entraîne donc des changements sociaux et politiques qui prennent parfois la forme de soi-disant «mouvements populistes», mouvements que les médias qualifient alors frénétiquement d’«extrême droite», ou de «néo-fascistes», en vue d’enrayer leur développement. Jusqu’à présent, ces mouvements n’ont pu obtenir une partie importante du pouvoir, puisque les partis conventionnels ont infiltré toutes les institutions (presse, médias, justice, banques, etc.).

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L’Espagne, qui est un pays plus pauvre n’attire pas particulièrement les immigrés et ne les attirera pas car les avantages matériels qui leur sont octroyés sont moins intéressants qu’ailleurs. Aussi,le seul levier possible pour lancer une opération de « guerre de quatrième génération » en Espagne, contre le pays fut d’activer le micro-nationalisme catalan. Si la Catalogne se sépare, l’une des régions les plus industrialisées de l’Espagne historique quittera une communauté politique qui existe depuis 1469 et le mariage d’Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon. Oui,cela signifierait un sérieux revers pour l’Espagne, qui est déjà bien fragile, et qui devra alors dépendre de pays voisins, d’une France par exemple déstabilisée ou d’une Allemagne qui doit faire face maintenant à son propre problème de réfugiés et à l’érosion de son système de sécurité sociale. Cette érosion conduira fatalement à une insatisfaction générale en Allemagne, à un rejet des partis politiques conventionnels et sans doute, à la poursuite de l’ascension du seul parti réellement dissident actuellement, l’AfD avec lequel Merkel ne peut construire une majorité idéologiquement cohérente pour son prochain gouvernement.

Ma position est donc de dire que tous ces problèmes qui mettent actuellement en péril l’avenir de l’Europe ne se sont pas produits par une pure coïncidence.Tous me paraissent liés entre eux même si, en disant cela, je serais inévitablement accusé de manipuler une «causalité diabolique» ou d’adhérer à des «théories du complot».

Cependant, je ne considère pas le Diable comme un être surnaturel, j’utilise simplement le mot comme une image facile pour stigmatiser les vraies forces et les puissances cachées qui tentent de façonner le monde en fonction de leurs propres intérêts. Or sur cet échiquier, les Européens ne peuvent pas à la fois détecter l’ennemi et défendre leurs propres intérêts.

RS-EEcover.jpgEn 2016, vous publiez en anglais votre livre The European Enterprise: Geopolitical Essays. Vous y explorez brillamment les fondements historiques, culturels et spirituels des grands empires européens,à savoir le début du Reich, qui n’est pas du tout l’équivalent pour vous du mot français « nation » et vous estimez que le développement naturel de l’Europe a été entravé ou détourné par la « civilisation occidentale ». Vous accordez aussi une attention toute particulière dans ce livre au « thème russe », à l’espace russe et au concept d’Eurasie. Pourquoi cet espace est-il nécessaire à l’ère de la mondialisation et alors que les États-Unis tentent d’imposer leur hégémonie mondiale ou de « globaliser » leur propre modèle politique et économique ?


En fait, j’ai exploré et continuerai d’explorer le passé européen car l’amnésie est la pire maladie qu’un corps politique puisse souffrir.On ne peut penser à l’Europe sans penser simultanément à la notion d’Empire et à la soi-disant «forme romaine» de celui-ci. Carl Schmitt était bien conscient d’être l’héritier de la«forme romaine», qu’elle soit païenne, impériale ou catholique, héritée de la «nation allemande ». Actuellement, personne ne nie l’importance de Schmitt dans le domaine de la théorie politique. Certains cercles de la nouvelle gauche américaine, comme ceux de la revue Telos ont même encouragé la lecture de ses œuvres outre-Atlantique au-delà de ce qu’auraient pu en rêver les rares étudiants allemands des travaux de Schmitt. L’Empire romain était situé géographiquement et hydrographiquement entre la mer Méditerranée et le Danube: la « Mer du Milieu » assurait la communication entre la Vallée du Rhône et l’Egypte, entre la Grèce et l’Hispanie tandis que les méandres du Danube reliaient le sud de l’Allemagne à la mer Noire et au-delà à cette zone pontique de la Colchide et de la Perse légendaire, plus tard mythifiée par l’Ordre équestre de la Toison d’Or,créé par Philippe, duc de Bourgogne en 1430. Après la chute de l’Empire romain, il y eut la fameuse « translatio imperii adFrancos », le transfert de puissance aux Francs et plus tard, après la bataille de Lechfeld en 955 une « translatio imperii ad Germanos », une translation de puissance aux Germains. La partie centrale de l’Europe devint ainsi le noyau de l’Empire, centré désormais sur le Rhin, le Rhône et le Pô.

athosdrap.jpgL’axe du Danube a été coupé au niveau des « Portes de Fer », par delà lesquelles la zone byzantine s’étendait vers l’Est. L’Empire byzantin était l’héritier direct de l’Empire romain: là, la légitimité n’y fut jamais contestée. La communauté du mont Athos est un centre spirituel qui a pleinement été reconnu tout récemment par le président russe Vladimir Poutine.L’Empire romain-germanique (plus tard austro-hongrois),l’Empire russe comme héritier de Byzance et la communauté religieuse du Mont Athos partagent les mêmes symboles, celui du drapeau d’or avec un aigle bicéphale noir, vestige d’un vieux culte traditionnel perse où les oiseaux assuraient le lien entre la Terre et le Ciel, entre les hommes et les Dieux. L’aigle est l’oiseau le plus majestueux qui vole dans les hauteurs les plus élevées du ciel, et il est devenu évidemment le symbole de la dimension sacrée de l’Empire. Ainsi vivre dans les cadres territoriaux d’un Empire signifie d’abord accomplir une tâche spirituelle: établir sur la Terre une harmonie semblable à celle qui gouverne l’ordre céleste. La colombe qui symbolise l’Esprit Saint dans la tradition chrétienne avait en fait la même tâche symbolique que l’aigle dans la tradition impériale: sécuriser le lien entre le royaume ouranien (l’Uranus grec et la Varuna védique) et la Terre (Gaïa).

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En tant que membre d’un Empire, je suis bien obligé de consacrer toute ma vie à essayer d’atteindre la perfection de l’ordre apparemment si parfait des orbes célestes. C’est un devoir ascétique et militaire présenté par l’archange Michel, une figure également dérivée des êtres hommes et oiseaux de la mythologie perse que les Hébreux ramenèrent de leur captivité à Babylone. L’empereur Charles Quint a essayé d’incarner l’idéal de cette chevalerie malgré les petits péchés humains qu’il commit sciemment durant sa vie, certes il demeura pécheur mais comme tout un chacun et consacrera au contraire tous ses efforts à maintenir l’Empire en vie, à en faire un mur contre la décomposition, ce qui est précisément la tâche du « katechon » selon Carl Schmitt.Personne mieux que le Français Denis Crouzet n’a décrit d’ailleurs cette tension perpétuelle et intérieure que l’Empereur vivait dans son merveilleux livre, Charles Quint. Empereur d’une fin des temps, publié aux Editions Odile Jacob en 2016 .

Je relis encore et encore ce livre très dense parce qu’il m’aide à clarifier ma vision du monde impériale et à mieux comprendre ce que Schmitt voulait dire quand il considérait l’Église et l’Empire comme des forces «katechoniques ». Ce chapitre est loin d’être fermé. Ainsi, Crouzet explique dans son livre que la Réforme allemande et européenne voulait « précipiter » les choses, aspirant à expérimenter en même temps et avec violence l’« eschaton », la fin du monde. Cette théologie de la précipitation est le premier signe extérieur du modernisme.Luther, d’une manière plutôt modérée,et les autres acteurs de la Réforme, d’une manière extrême, souhaitaient la fin du monde (la fin d’une continuité historique) qu’ils considéraient comme profondément infecté par le mal. Charles Quint, explique Crouzet, avait, lui, une attitude impériale de « katechon » (de résistance, d’endiguement). En tant qu’empereur et serviteur de Dieu sur Terre, il se devait d’arrêter le processus de l’« eschaton » pour préserver ses sujets des afflictions de la décadence.

iconoclchromo.jpgAprès Luther, les éléments puritains extrémistes de la Réforme du nord de la France, des Pays-Bas, de Münster et de Grande-Bretagne feront en sorte que cette « théologie de la précipitation » soit encore plus virulente, dans l’Angleterre anglicane mais aussi dans le « royaume protestant » des Treize Colonies d’Amérique du Nord, comme en témoignent les événements tragiques de l’époque: la décapitation du roi Charles Ier due à la révolution puritaine de Cromwell. Cette façon de voir l’histoire comme une malédiction profonde a été transmise aux Pères fondateurs des futurs États-Unis. Avec la tradition déiste en Angleterre et la tradition politique Whig en Grande-Bretagne et en Amérique du Nord, cette « théologie de la précipitation » se rationalisera perfidement en se donnant un vernis progressiste, celui des Lumières qui culminera dans le plan du président Wilson visant à purger le monde du mal. La « philosophie de la précipitation » (et non la « théologie ») des philosophes français conduira à une eschatologie politique laïque sous l’ombre tutélaire de la guillotine, sous laquelle tous ceux qui soi-disant freinaient le processus devaient périr préventivement et avoir la tête coupée. Après Wilson, plusieurs diplomates américains vont forger des principes qui empêchent que la souveraineté en propre des États puisses’exprimer par le biais de projets programmatiques avec ou sans guerres.

Depuis l’effondrement du système soviétique, la « théologie de la précipitation », déguisée de manière rationnelle, redeviendra une fois de plus absurde.On en connaît déjà les résultats: la catastrophe dans les Balkans, l’impasse en Irak, une guerre interminable en Syrie et en Afghanistan. La « théologie de la précipitation», caractéristique du monde occidental, du monde dirigé par l’hémisphère occidental, par la « coalition » ou par les royaumes d’Europe de l’Ouest ou d’Europe centrale, n’offre aucune solution viable aux problèmes qui se posent au monde inévitablement imparfait puisque placé sous les yeux d’Uranos ou la tutelle des Cieux. Les vues de Charles Quint au contraire consistaient à ralentir le processus et à diriger des opérations militaires modérées contre les rebelles. C’était de toute façon la meilleure posture à tenir.

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Dans les années 1990, j’ai découvert aussi que la Chine et de nombreux autres pays asiatiques développaient une autre façon d’harmoniser les relations internationales, excluant, entre autres, le principe post-wilsonien d’intervenir violemment dans les affaires des autres pays. C’est le principe adopté non seulement par la Chine de Xi Ping aujourd’hui mais aussi par Poutine et Lavrov. L’alternative chinoise exclut, par exemple, la politique de « changement de régime » qui a plongé l’Irak et la Syrie dans d’atroces guerres civiles que les précédents régimes baasistes avaient sagement éviter, quoiqu’ils étaient sans pitié. Mais n’est-il pas préférable d’avoir un régime « katechon » implacable, bien qu’imparfait, que de voir des centaines de milliers d’innocents tués dans des attaques insensées, des bombardements ou des massacres talibans ou salafistes ? La « théologie de la précipitation » des États-Unis post-puritains, néo-wilsoniens et des musulmans salafistes a créé le chaos dans des pays qui d’une certaine façon avant eux étaient tranquilles. D’ailleurs, Luther lui-même n’avait-il pas averti ses contemporains que le Diable pouvait user du langage théologique(ou d’une « novlangue ») pour tromper le peuple ?

Merezhkovsky.jpgAinsi, la Russie est importante dans cette trame générale d’une interprétation historique du « katechon » car elle est l’antidote à « la folie eschatologique ». La Russie est l’héritière de Byzance mais aussi l’héritière directe de la « Forme romaine ». Elle était considérée comme le bastion du conservatisme avant 1917, même si ce conservatisme fut fossilisé par Konstantin Pobiedonostsev comme a pu l'observer Dmitri Merejkovsky qui rejetta par la suite tous les aspects démoniaques de la révolution russe. La Russie n'a pas expérimenté le même traumatisme que l'Europe au 16ème siècle avec la Réforme et les guerres de religion, les destructions perpétrées par les iconoclastes; elle a ensuite été préservée des sottes philosophies déistes des Whigs anglais ou des folies des Lumières françaises du 18ème siècle. Cela ne veut pas dire, comme l'entend la vulgate occidentaliste, que la Russie est un pays arriéré: Catherine II était une impératrice animée par l'idéologie des Lumières, mais des Lumières dites "despotiques" et, par voie de conséquence, pragmatiques et constructives. Elle fit de la Russie une grande puissance. Alexandre I était animé par des idées religieuses traditionnelles et apaisantes, que nous devrions réétudier attentivement aujourd'hui, surtout après le désastre syrien. Alexandre II a modernisé le pays à grande vitesse à la fin du 19ème siècle et a pu éliminer tous les handicaps imposés à la Russie après le Traité de Paris de 1856 qui mit fin à la guerre de Crimée. En fin de compte, la Russie, à la notable exception des premières décennies du régime bolchevique, semble avoir été immunisée contre la toxicité dangereuse que constitue la "théologie de la précipitation".

Finalement les hommes d'Etat et les diplomates russes ont été davantage inspirés par le style byzantin de développer des stratégies lentes de joueurs d'échecs plutôt que par cette précipitation qui veut des vengeances immédiates ou commet des agressions délibérées. Ce style byzantin et la notion chinoise et confucéenne de l'harmonie peuvent nous servir aujourd'hui comme modèles alternatifs et pragmatiques dans un monde occidental précipité dans la confusion générée par les médias propagandistes qui ne cessent de véhiculer une forme ou une autre, moderniste et post-puritaine, de la "théologie de la précipitation". Par voie de conséquence, l'idée eurasiste, pourvu qu'elle s'aligne sur les idées "katechoniques" et rétives à toute précipitation théologique, telles celles qui animaient Charles-Quint dans la gestion de son Empire avant d'affronter les Ottomans, est la seule réelle alternative dans un monde qui, autrement, serait géré et perverti par une superpuissance qui aurait pour seuls principes ceux qui excitaient jadis les adeptes les plus fous de la "théologie de la précipitation", dont les "Founding Fathers".

J'ajouterais que toute théologie ou idéologie de la précipitation ne s'exprime pas nécessairement par toutes sortes de fadaises et de prêches millénaristes et pseudo-religieux pareils à ceux qui sont débités par exemple en Amérique latine mais peuvent tout aussi bien s'exprimer à la façon d'un fondamentalisme économique comme l'est la folie néolibérale qui afflige l'Amérique et l'Europe depuis la fin des années 1970. Ensuite, tout puritanisme, dans ses excès de pudibonderie, peut s'inverser complètement, se muer en son contraire diamétral, basculer dans la débauche postmoderniste, ce qui explique que les millénaristes, les femens, les "pussy rioters", les salafistes, les banksters néolibéraux, les détenteurs des grands médias, les fauteurs de révolutions colorées, etc. suivent tous, en dépit de leurs différences de déguisements, le même programme de "guerre de quatrième génération" sur l'échiquier international. Le but est de détruire tous les barrages érigés par la civilisation et que doivent défendre les figures katechoniques ou les "Spoudaios" aristotéliciens. Nous devons nous définir nous-mêmes comme les humbles serviteurs du Kathechon contre les manigances prétentieuses et malsaines des "précipitateurs". Cela signifie qu'il faut, dans tous les cas de figure, servir les pouvoirs impériaux et lutter contre tous les pouvoirs qui ont été pervertis par les théologies ou les idéologies de la précipitation. Aujourd'hui, cela signifie opter pour une voie eurasiste et rejeter toute voie atlantiste.

Q.: Vous soutenez l'Eurasisme. Cela vous distingue clairement de ceux qui ont opté pour des positions nationalistes fortes ou de nombreux penseurs ou pseudo-penseurs qui se disent de droite. Votre pensée géopolitique est, comme vous le dites vous-mêmes, une réponse aux idées formulées par le stratégiste américain Brzezinski mais elle est aussi profondément enracinées dans la tradition européenne. Pouvez-vous nous expliquer brièvement quelle est votre conception de la géopolitique?

OH-russie.jpgA.: Vous pouvez bien entendu me compter parmi les soutiens d'u néo-eurasisme mais les racines de mon propre eurasisme sont peut-être assez différentes de celles généralement attribuées à l'eurasisme traditionnel ou au nouvel eurasisme russe. Quoi qu'il en soit, ces perspectives différentes ne se heurtent pas comme si elles étaient antagonistes; bien au contraire, elles se complètent parfaitement afin de promouvoir une résistance mondiale anti-système. Ce qui est important quand on veut développer un mouvement eurasiste fort, c'est d'avoir simultanément une large vision de l'histoire de chaque composante politique et historique des vastes territoires de l'Europe et de l'Asie et de se donner pour tâche d'étudier cette histoire bigarrée en y recherchant des convergences et non en cherchant à raviver des antagonismes. Cette méthode avait déjà été préconisée par le Prof. Otto Hoetzsch dans les années 1920 et 1930 pour l'Europe occidentale et la Russie.

Voilà pourquoi le premier pas à franchir serait de trouver, aussi loin que possible en amont dans l'histoire, des convergences entre les puissances ouest-européennes et la Russie en tant qu'entité territoriale eurasienne. Pierre le Grand, comme vous le savez, à relier la Russie à l'Europe en ouvrant une fenêtre sur la Mer Baltique, ce qui a malheureusement conduit à une sale guerre avec la Suède au début du 18ème siècle. Mais après les vicissitudes de la Guerre de Sept Ans (1756-1763), la France, l'Autriche et la Russie sont devenues des alliées et le territoire de ces trois royaume et empires s'étendait de l'Atlantique au Pacifique, ce qui en faisait une alliance eurasienne de facto. Leibniz, qui n'était pas qu'un philosophe et un mathématicien mais aussi un diplomate et un conseiller politique, était méfiant à l'égard de la Russie dans un premier temps, parce qu'elle était une nouvelle puissance qui bouleversait l'échiquier européen et pouvait s'avérer un "nouveau khanat mongol" ou une "Tartarie" menaçante. Dans un second temps, il percevait la Russie du Tsar Pierre et ses développement comme bénéfiques: pour Leibniz, la gigantesque Russie devenait le lien territorial nécessaire pour permettre les communications entre l'Europe et les deux grands espaces civilisationnels qu'étaient à l'époque la Chine et l'Inde, dont le niveau de civilisation était nettement plus élevé que celui de l'Europe des 17ème et 18ème siècles, comme l'expliquent des historiens contemporains comme Ian Matthew Morris au Royaume-Uni (in: Why the West Rules – For Now…) et l'Indien Pankaj Mishra qui enseigne en Angleterre (in: From the Ruins of the Empire and Begegnungen mit China und seinen Nachbarn).

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Quoique Pankaj Mishra se présente comme le typique idéologue tiers-mondiste affichant clairement son ressentiment contre l’Occident, et plus spécialement contre la vielle domination coloniale britannique. Durant la courte période où la France, l’Autriche et la Russie furent des alliés, un eurasisme avant la lettre fut en quelque sorte initié par la mise en place d’une puissante flotte française développée pour venger l’humiliante défaite de Louis XV au Canada et en Inde. Durant la Guerre de Sept ans, l’exploration de l’Océan Pacifique par les capitaines de mer russes et français, les efforts communs de l’Autriche et de la Russie pour libérer les Balkans et la côte nord de la Mer Noire du joug ottoman, avec, pour résultat, la conquête de la Crimée qui permis d'installer la première grande base navale russe dans l’aire pontique.

OB-HL.jpgLa flotte française qui battit en 1783 l’Angleterre en Amérique du Nord permit la complète indépendance des États-Unis. La Russie put alors conquérir l’Alaska, établir un comptoir en Californie et envisager une alliance hispano-russe dans le Nouveau Monde. Les marins russes purent accoster dans les îles Hawaii et les offrir à leur Tsar. A leur niveau, les expéditions françaises dans le Pacifique furent fructueuses et personne n’oubliera jamais que Louis XVI quelques minutes avant de monter les marches qui le conduisirent à l’échafaud, demanda des nouvelles de La Pérouse, qui s’était perdu en explorant les eaux du Pacifique. Ce premier dessein eurasien avant la lettre fut torpillé par les Révolutionnaires français payés et excités par les Anglais et les services secrets de Pitt, comme le raconte bien l’historien Olivier Blanc dans Les Hommes de Londres, histoire secrète de la Terreur, livre publié en 1989. Pitt voulait effectivement se débarrasser d’un régime qui en promouvant le développement d’une flotte pourrait entraîner le développement d’une politique internationale française concurrente de l’Angleterre.

Le deuxième projet eurasien avant la lettre fut la très brève « Sainte Alliance » ou« Pentarchie » créée après le Traité de Vienne en 1814. Elle permit l’indépendance de la Grèce mais échoua avec celle de la Belgique quand l’Angleterre et la France aidèrent à dissoudre les Provinces unies du Pays-Bas.Puis, la « Sainte Alliance » s’écroula définitivement quand la guerre de Crimée commença puisqu’on vit alors deux puissances occidentales de la Pentarchies’affronter côte à côte contre la Russie. Un mouvement anti-occidental se diffusa alors largement en Russie et ses idées de base se retrouvent clairement exposées dans le livre politique de Dostoïevski, Journal d’un écrivain écrit après son exil sibérien et la guerre russo-turque de 1877-78. Ainsi, l’Ouest complote sans arrêt contre la Russie et la Russie doit se défendre elle-même contre ces tentatives constantes d’éroder son pouvoir et sa stabilité intérieure.

Mais aujourd’hui, l’Eurasie revient en force

Deux livres importants ont été publiés ces dernières années qui pourraient être les livres de chevet de tous ceux qui sont animés par l’idée eurasienne : celui du Prof. Christopher I. Beckwith, Empires of the Silk Road – A History of Central Eurasia from the Bronze Age to the Present (2009)

 et l’autre de Peter Frankopan, The Silk Roads – A New History of the World (2015).

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L’ouvrage de Beckwith (non traduit en français) nous présente le panorama le plus complet de l’histoire de l’Eurasie : j’ai conservé dans ma tête l’essentiel des idées de ses chapitres captivants et premièrement le fait que dans un passé finalement très proche les tribus de cavaliers indo-iraniens inventèrent des formes d’organisation qui déterminèrent tous les schémas d’organisation future des royaumes et des empires de la route de la Soie. Ensuite, dans un second temps, Beckwith démontre que les temps et les idéologies modernes détruisirent complètement les réalisations sublimes des royaumes d’Asie centrale. Aussi un nouvel eurasisme aura-t-il la grande tâche de restaurer l’esprit qui permit cet extraordinaire achèvement culturel à travers les âges. Le Professeur Beckwith maîtrise une bonne douzaine de langues modernes et anciennes ou qui ont été parlées en Asie centrale, il possède une formidable connaissance de la région qui lui permet de comprendre plus minutieusement les vieux textes et surtout d’en saisir l’esprit qui permit la prospérité des royaumes et des empires.

Le livre de Peter Frankopan  est plus factuel, moins dense mais il permet aussi de critiquer l’attitude arrogante de l’Occident en particulier contre l’Iran. Les chapitres de ce livre dédiés à la vieille Perse et à l’Iran moderne permettrait à nos diplomates d’acquérir de bonnes bases pour engager une coopération nouvelle avec l’Iran, à condition bien sûr, que les Européens abandonnent et renoncent totalement aux lignes directrices dictées par l’OTAN et les ♫4tats-Unis. Ainsi, l’eurasisme vous contraint-il à étudier avec plus d’attention précisément l’Histoire plutôt que les politiques menées actuellement par l’Occident dans le monde. Les faits ne peuvent être ignorés ou simplement balayés parce qu’ils n’entreraient pas dans les schèmes de l’interprétation superficielle des Lumières. Les puissances occidentales s’en sont pris couramment à ces faits en provoquant en même temps sur le terrain une concaténation de catastrophes. De fait, l’acceptation intellectuelle de l’excellence du passé et du présent de l’Asie et des traditions d’Asie centrale et la volonté de pacifier cet immense territoire qui git entre l’Europe occidentale et la Chine nous conduit à dénoncer le projet de Brezinski qui consiste à vouloir finalement porter une guerre permanente dans la région (exactement comme Trotski avait théorisé en son temps la « révolution permanente »). D’ailleurs tous les néoconservateurs sont d’anciens trotskistes ! Nous nous devons de favoriser ce projet chinois de la Nouvelle route de la Soie, du One Belt, One Road , le plus sérieux de tous les projets en cours du vingt-et-unième siècle.
 
Aujourd’hui, les États-Unis eux-mêmes traversent une crise profonde. Trump et le Trumpisme n’en sont certainement pas la cause mais les conséquences. D’un autre côté, avec la montée de la Russie et de la Chine, la situation géopolitique du monde a  changé, le monde n’en a plus pour longtemps à être unipolaire. Hal Brands dans ses notes aux conférences Bloomberg a souligné que la politique étrangère américaine avait atteint ses limites et même son point historique critique, que le projet de la mondialisation de son modèle politique présente des failles, que le seul but des États-Unis dans le futur sera néanmoins de défendre l’ordre libéral. En d’autres termes, le temps de l’hégémonie américaine approche de sa fin, et les événements du Proche-Orient, de Syrie en particulier parlent plutôt en sa faveur ?
 
Ce n’est pas une remarque qui lui est propre mais un constat général amplement partagé par tous ceux qui réfléchissent un peu. La crise des États-Unis qui se déroule actuellement peut s’expliquer par l’inadéquation de la base idéologique et religieuse de son « État profond » devant la pluralité des visions du monde actuelles ou potentielles. Ce mélange de puritanisme, de déisme et de wilsonisme qui a fait la force incroyable des États-Unis durant le vingtième siècle, cette base puritaine du protestantisme radical, vu aussi en Hollande ou dans l’histoire britannique au temps des iconoclastes de Cromwell ne sont plus efficients. La mentalité de ces protestants radicaux se résumait à un rejet sauvage des héritages du passé et à une volonté d’éradiquer tout ce qui était jugé « impur » ou appartenant à un « mauvais passé » soit exactement les mêmes positions que développent actuellement les Wahhabites au Moyen-Orient.

Si vous partagez de telles vues, vous vous lancez effectivement dans une guerre éternelle contre le monde entier. Mais cette guerre est à la longue pratiquement impossible à terminer sur le long terme. Des résistances émergeront fatalement et quelques pays ou des aires de civilisation apparaîtront toujours, se lèveront comme des barrages, comme des résistances surtout si ces aires ont assez de pouvoir ou d’espace pour empêcher l’invasion c’est-à-dire si elles peuvent offrir une « masse » suffisante, comme l’écrivait Elias Canetti, pour résister sur le long terme. Même si l’Afghanistan fut une « masse » capable de résister, elle ne put empêcher l’invasion. Mais la Russie et la Chine peuvent réellement ensemble offrir cette « masse ». La lutte sera néanmoins rude puisqu’on constate que l’Amérique latine, par exemple, membre pourtant des Brics a plus ou moins été obligée dernièrement de se rendre ou de changer de position. Le Venezuela subit une « révolution de couleur » qui risque de le ramener bientôt dans le giron du soit disant pré-carré américain.

Seal_of_the_United_States_Africa_Command.svg.pngDans un futur proche, les États-Unis essaieront à tout prix de conserver leur domination sur l’Europe de l’Ouest (même si d’un autre côté, ils tentent aussi de la fragiliser encore plus par les vagues migratoires incontrôlées et les initiatives de Soros), ils feront aussi tout pour asseoir leur domination sur l’Amérique latine et plus particulièrement sur l’Afrique, où ils développent une nouvelle forme d’impérialisme original à travers l’AFRICOM, une structure de commandement conçue justement pour endiguer les Chinois et faire sortir les Français de leur Françafrique tout en enjoignant à ces derniers de participer au processus militaire de leur propre neutralisation ! Nonobstant, cette politique internationale est condamnée à l’échec parce que l’ubiquité du contrôle total qu’elle suppose demeure impossible à tenir sur la base de seulement 350 millions de contribuables.

Ainsi, une «masse » a bien été utilisée jusqu’à la fin des années 90 et elle a permis à la superpuissance Atlantique de lancer de grands programmes de recherche militaire et civile, programmes qui furent réellement profitables à l’Amérique à tous les niveaux et sur un temps suffisamment court pour consolider réellement le pouvoir militaire de Washington et lui permettre d’être toujours devant ses opposants. Mais 350 millions de consommateurs et de contribuables ne sont plus suffisants maintenant pour soutenir une telle compétition.

Le projet d’une Big Society qui aurait pu donner aux citoyens américains un système de sécurité sociale comme en Europe fut réduit à néant par la guerre du Vietnam. Les reaganomics ultralibérales ruinèrent les banlieues industrielles comme Detroit. Progressivement, la société américaine est devenue instable, les conflits raciaux et l’omniprésent problème de la drogue rendent la situation de plus en plus compliquée. Ces deux questions mises ensemble peuvent d’ailleurs nous faire croire que les initiatives de Soros en Europe visent à créer délibérément une situation similaire de guerre civile en Europe et même en pire de sorte que les nations européennes ne pourront jamais remettre en question l’ancienne superpuissance de l’Ouest. La question de la drogue est un très sérieuse problème si vous gardez à l’esprit que les drogues furent introduites dans les années 60 par les forces spéciales de la CIA présentes au Laos et en Birmanie. Les forces spéciales américaines autorisèrent les opposants chinois à semer leurs graines de pavot dans la perspective de pouvoir financer des insurrections nationalistes en Chine maoïste.
 

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Les services secrets soutenaient ainsi le trafic de drogue parce qu’il permettrait de financer indirectement la guerre du Vietnam que de son côté, le Congrès désapprouvait par des votes de budget hostiles. Drogues, conflits domestiques sans solution dans des zones de mixité raciale et mesures néolibérales extrêmes de l’économie de Reagan furent catastrophiques pour la désagrégation interne de l’Etat américain et ce sont toutes ces dépenses qui laissent aujourd’hui l’Amérique exsangue, créant en plus chez elle une culture de camé, (une Junk culture ) dont ils ne peuvent même plus aujourd’hui se passer. Les pays qui seront demain forts seront ceux qui résisteront à cette culture de et qui en la rejetant auront du ressort moral. Toutes les autres périront lentement.
 
Vous avez appris le russe et vous étudiez toujours la culture russe. En outre, dans vos recherches, vous accordez une attention particulière aux traditions et aux groupes ethniques de l’Europe de l’Est. Par exemple, les Scythes, le groupe ethnique indo-européen qui habitait la steppe eurasienne, au sud de la Russie, qui est extrêmement important dans l’ethnogenèse des Slaves. Les cultures slaves, y compris les Serbes et les Slaves des Balkans, n’ont effectivement malheureusement pas été suffisamment étudiées en Europe occidentale. Avez-vous l’impression que le patrimoine slave est non seulement méconnu, mais qu’il est aussi systématiquement réprimé et sous-estimé en Europe occidentale?

Hélas, je n’ai jamais correctement appris le russe, mais il est vrai que quand j’étais adolescent, mes amis et moi avons été séduits par l’histoire russe et fascinés par la conquête de la Sibérie, de l’Oural à l’Océan Pacifique. Lorsque j’ai commencé à publier mes œuvres au début des années 1980, j’étais profondément influencé par une tendance culturelle et politique allemande qui avait émergé quelques années auparavant. Cette tendance avait pris en compte les éléments nationalistes des mouvements de gauche depuis le 19ème siècle et aussi toutes les traditions diplomatiques qui avaient favorisé une alliance entre l’Allemagne et la Russie (puis l’Union Soviétique). Les Allemands, mais aussi les peuples du Bénélux, étaient choqués et meurtris que l’armée américaine ait déployé des missiles meurtriers en Europe centrale, forçant les Soviétiques à faire de même pour qu’en cas de guerre, l’Europe centrale soit bombardée de manière fatale. Personne ne pouvait accepter une telle politique et le résultat en fut la naissance du mouvement pacifiste neutraliste qui dura jusqu’à la chute du mur de Berlin et qui permit à l’époque d’incroyables convergences entre les groupes de gauche et les groupes conservateurs ou nationalistes.

Dans le cadre de ce mouvement, nous commençons à traduire ou résumer des textes ou des débats allemands pour montrer que l’histoire aurait pu être différente et que la volonté d’analyser le passé avec des yeux différents pourraient nous ouvrir aussi d’autres perspectives pour un avenir distinct. Nous n’avons pas réduit notre recherche aux seules questions allemandes, mais l’avons ensuite élargie pour voir les choses d’un point de vue encore plus «européen». Je réalisais effectivement que l’Histoire avait été réduite à l’histoire de l’Europe occidentale, ce qui était un réductionnisme intellectuellement inacceptable que je pus détecter assez tôt en lisant des livres sur les pays d’Europe de l’Est, en rédigeant un mémoire à la fin de mes études secondaires.

Mes amis et moi, nous ne réduisions pas nos lectures à l’histoire contemporaine, mais nous les étendions aussi à l’histoire médiévale et ancienne.

slavescànte.jpgEt c’est ainsi que nous fûmes attirés par les Scythes, surtout après avoir lu un livre de l’historien français Francis Conte où il nous rappelait que les origines de nombreux peuples slaves remontaient non seulement aux tribus slaves mais aussi aux cavaliers Sarmates, y compris ceux qui les avaient nourris auparavant, la cavalerie des légions romaines.

L’élément Sarmate n’est pas seulement important pour les peuples slaves, mais aussi pour l’Occident, qui a essayé d’éliminer ce patrimoine de la mémoire collective. Les historiens britanniques, avec l’aide de leurs collègues polonais, admettent maintenant que les cavaliers Sarmates sont à l’origine des mythes arthuriens celtiques, puisque la cavalerie romaine en Grande-Bretagne occupée était composée majoritairement et principalement de cavaliers Sarmates. L’historien allemand Reinhard Schmoeckel a émis l’hypothèse que même les Mérovingiens, dont descend Chlodowegh (Clovis pour les Français), faisaient partie des Sarmates et n’étaient pas purement germaniques.

En Espagne, les historiens admettent facilement que parmi les Wisigoths et les Souabes qui ont envahi la péninsule, les tribus germaniques étaient accompagnées d’Alains, un peuple de cavaliers de la Caspienne et du Caucase. Les traditions qu’ils ont rapporté en Espagne sont à l’origine des ordres de chevalerie qui ont beaucoup aidé à mener la Reconquête. Comme vous le dites, tout cela a été bien négligé, mais maintenant les choses sont en train de changer. Dans mon bref essai sur les auteurs géopolitiques à Berlin entre les deux guerres mondiales, je me souviens d’un pauvre professeur sympathisant qui avait tenté d’élaborer une nouvelle historiographie européenne en tenant compte de ces éléments orientaux, mais dont la collection impressionnante de documents fut complètement détruite par les bombardements durant la bataille de Berlin en 1945. Son nom était Otto Hoetzsch. C’était un philologue slave, traducteur officiel (en particulier lors des négociations du traité de Rapallo de 1922) et historien de la Russie. Il en a appelé à une historiographie européenne commune qui soulignerait les similitudes plutôt que les différences qui conduisirent aux conflits catastrophiques tels que les guerres germano-russes du XXe siècle. J’ai écrit que nous devons tous suivre ses traces. Je suppose qu’en tant que serbe, vous serez d’accord !

Islamabad et la lutte contre le terrorisme

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Islamabad et la lutte contre le terrorisme

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Pakistan avait été accusé le 21 août 2017 par Donald Trump de soutenir le terrorisme. Islamabad, par la voix du ministère des affaires étrangères, avait qualifié le lendemain de  décevantes les critiques américaines. Celles-ci  « ignorent les énormes sacrifices de la nation pakistanaise » dans la lutte contre le terrorisme.

Il est indéniable que le Pakistan, qui comporte en son sein de très nombreux groupes approchés par le terrorisme islamique, n'est nulle part considéré comme un agent très actif du contre-terrorisme. Ceci n'a pas empêché la tenue à Islamabad les 20-22 décembre d'une conférence régionale sur le terrorisme. Y participaient des parlementaires d'Iran, de Turquie et d'Afghanistan. La Russie et la Chine y étaient représentées en tant qu'invitées. 

L'Iran était représentée par le Speaker Ali Larijani, la Russie par le Speaker de la Douma Vyacheslav Volodin, très proche du Kremlin, la Turquie par le vice-président de l'Assemblée Ismail Kahraman et l'Afghanistan par le Speaker Abdul Rauf Ibrahimi, porte-parole du Hezb-e-Islami Gulbuddin qui est la plus grande des factions du parti Hezb-e-Islami d'Afghanistan. On observera que celui-ci a été placé, à tort ou à raison, sur la liste officielle des organisations terroristes par le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni.

L'objet de la conférence était la lutte contre le terrorisme en Afghanistan. L'accent a été mis sur les substantielles ressources que lui procurait le narco-trafic. Le Pakistan et l'Iran considèrent que depuis l'arrivée dans le pays de la coalition sous direction américaine, les cultures de pavot se sont considérablement multipliées, ainsi que le nombre des laboratoires manufacturant la drogue. Les vues aériennes confirment d'ailleurs ce jugement.

Vyacheslav Volodin a mis en parallèle la Syrie et l'Afghanistan, exposant que si les mêmes efforts internationaux n'étaient pas faits pour combattre les organisations terroristes islamiques en Afghanistan, celle-ci pourrait devenir le fiel d'un Etat Islamique EI ressuscité. L'on constate en effet depuis l'élimination de l'EI en Syrie, que des transferts importants de militants islamiques et même d'armements se font vers l'Afghanistan. Or la Russie se préoccupe de plus en plus d'infiltrations islamiques dans les pays dits du 'Stan à sa frontière sud (Afghanistan, Tajikistan et Uzbekistan). Celles-ci pourraient très vite multiplier les attentats en Russie même.

Vladimir Poutine

Vladimir Poutine, dans un communiqué le lendemain de la conférence d'Islamabad, a constaté qu'en effet, sous la présence américaine, les trafics de drogues et le terrorisme n'ont pas diminué, mais au contraire augmenté. Cependant, avec sa prudence habituelle, il s'est refusé à en faire porter la responsabilité sur les Etats-Unis. Sans les Américains, a-t-il dit, la situation aurait pu être pire.
Il ne paraît pas favorable à une intervention russe en Afghanistan sur le modèle qui a rencontré un plein succès en Syrie.

Cependant, le 26 décembre, lors d'un sommet « informel » des Etats du CIS (Commonwealth of Independent States) à Moscou, il a mis l'accent sur la volonté russe de participer aux efforts communs contre le terrorisme, le crime trans-frontières, le trafic de drogues et d'armes. Il a par ailleurs confirmé la volonté de renforcer la coopération économique et les investissements productifs au sein des pays du CIS et du Collective Security Treaty Organization (CSTO).

Moins discrètement, le chef d'Etat-Major général russe le général Valery Gerasimov a confirmé qu'après leur défaite en Syrie des milliers de combattants de l'EI se dirigeaient vers la Libye et les pays de l'Asie du sud-ouest. Il a par ailleurs indiqué que, selon des observations spatiales ou d'autres sources, des centaines de combattants de l'EI s'entrainent désormais dans les bases américaines en Syrie. Les questions russes sur cette question sont restées sans réponse des Américains.

Concernant l'Afghanistan, les experts militaires russes considèrent qu'elle est en train de devenir un point fort de l'EI, avec plus de 10.000 hommes entrainés et bien armés s'y étant retranchés.

Le Pakistan proche ne devrait pas considérer ceci sans inquiétude, s'il était bien décidé, comme le gouvernement l'affirme, à lutter contre le terrorisme.

Quoi qu'il en soit, rien n'a été dit officiellement sur ces questions lors de la conférence de décembre 2017 à Islamabad.

 

mardi, 26 décembre 2017

Le phare spirituel de l’Europe

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Le phare spirituel de l’Europe

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

« Il est des lieux où souffle l’esprit. Il est des lieux qui tirent l’âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour être le siège de l’émotion religieuse. […] Illustres ou inconnus, oubliés ou à naître, de tels lieux nous entraînent, nous font admettre insensiblement un ordre de faits supérieurs à ceux où tourne à l’ordinaire notre vie. Ils nous disposent à connaître un sens de l’existence plus secret que celui qui nous est familier, et, sans rien nous expliquer, ils nous communiquent une interprétation religieuse de notre destinée. Ces influences longuement soutenues produiraient d’elles-mêmes des vies rythmées et vigoureuses, franches et nobles comme des poèmes. Il semble que, chargées d’une mission spéciale, ces terres doivent intervenir, d’une manière irrégulière et selon les circonstances, pour former des êtres supérieurs et favoriser les hautes idées morales. » Ces propos de Maurice Barrès, écrits en 1913 dans La Colline inspirée, concordent parfaitement avec la Sainte-Montagne plus connue sous le nom de Mont Athos.

Point culminant à 2033 m de la plus orientale des péninsules grecques de la Chalcidique, le Mont Athos devient dès la fin du VIIe siècle le lieu de retraite des ermites. L’endroit se couvre bientôt de monastères qui dépendent directement du patriarchat œcuménique de Constantinople. Très tôt, le territoire, dédié à la Vierge Marie, applique l’abaton (un terme grec signifiant « lieu pur ou inaccessible ») : l’accès y est interdit à toute personne de sexe féminin ainsi qu’à tout animal femelle, excepté pour des raisons pratiques les poules et les chattes.

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L’actuelle hystérie féministe voit dans cette interdiction « anachronique » le caractère machiste, discriminatoire et sexiste de la Sainte-Montagne. Dès 2002, une socialiste député grec au Parlement européen avait réclamé de l’assemblée une ferme condamnation. Athènes s’y opposa avec vigueur. En effet, la Grèce garantit les spécificités de ce « Tibet chrétien » reconnues par le traité de Lausanne en 1923 et par les différents traités européens.

Héritier de l’Empire byzantin dont il a gardé l’étendard doré à l’aigle impériale bicéphale, le Mont Athos est un État monastique autonome de 2 250 habitants qui se répartissent entre les vingt monastères d’origine grecque, russe, bulgare, roumaine, serbe, géorgienne et arménienne. Organe délibératif, sa Communauté sacrée réunit les représentants de chaque monastère. Quatre moines choisis pour un an forment la Sainte-Épistasie, l’instance exécutive présidée par un Protos.

Classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1998, le Mont Athos concilie avec une harmonie certaine spiritualité, tradition et écologie. Des éoliennes discrètes et des panneaux solaires fournissent aux monastères leur propre électricité. Tandis que le Mont Saint-Michel croûle sous le tourisme de masse et que le Rocher de Saint-Michel d’Aiguilhe au Puy-en-Velay connaît pour l’instant une fréquentation somme toute supportable, le Mont Athos reste encore ce grand phare spirituel de l’Europe.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 58, diffusée sur Radio-Libertés, le 22 décembre 2017.

Olympisme vertueux – olympisme pervers

Stupeur dans l’Olympisme, le dopage sévit, consternation, la corruption aussi. Qui aurait pensé de telles abjections possibles, dans ce monde de vertu. L’hébétude règne. En vérité, seuls les naïfs, les ingénus ou les niais peuvent croire à ces simagrées de probité, mais certainement pas les professionnels du sport, d’où elles émanent, particulièrement des experts de la magouille et de la manipulation.

Ainsi le dopage serait l’apanage de la Russie, qu’il conviendrait de punir pour son manquement au code de déontologie de l’Olympisme. Il faudrait la clouer au pilori, en lui interdisant de participer aux jeux d’hiver organisés en Corée du Sud. Le sort à réserver à l’Olympisme pervers, face à l’Olympisme vertueux des autres nations, au premier rang desquelles figurent les États-Unis.

La réalité s’inscrit en faux, d’une Russie unique dévoyée du dopage, qui seule, mériterait les châtiments. La vérité est cruelle pour les chevaliers Bayard, car le dopage inonde, submerge, tous les pays, dont l’un des plus puissant d’entre eux, les États-Unis, qui occupent la première place dans ce triste palmarès.

L’attention est polarisée sur la Russie, afin d’occulter la reine du dopage, qui avec 652 cas recensés depuis 1976, arrive en tête de ce singulier hit-parade. La quasi-totalité des autres pays formant le peloton.

Si dans le sport, la culture du dopage est planétaire, plus de 52 médailles olympiques ont été retirées depuis 2000, elle apparaît particulièrement bien implantée aux États-Unis depuis les années 1960. Sans même être mis en cause, de nombreux athlètes américains ont dévoilé qu’ils prenaient des produits dopants.

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La dissimulation, comme pour les jeux olympiques de Sydney, ou l’éducation des athlètes à déjouer les contrôles antidopage, pratiqués par les États-Unis, montrent bien que, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, les qualités naturelles des sportifs américains, ne sont pas les seules à les hisser sur les podiums olympiques.

Reconnaissons, malheureusement, que cette gangrène s’étend à tout le monde sportif, à toutes les disciplines. Des centaines de cas de dopages, en cyclisme, en haltérophilie et combien dans les sports les moins contrôlés, comme le football et le rugby. Même le tir à l’arc ou le golf le subissent. Dans la compétition à la prévarication, la corruption s’illustre également.

Quelques cas récents sont suffisamment significatifs, car une liste exhaustive constituerait une encyclopédie. Citons, pour l’Olympisme, la mise en cause du président du comité olympique brésilien et le doute de la justice française sur la désignation de Tokyo 2020, pour le football, l’interrogation sur l’attribution du mondial 2022 au Quatar et l’affaire multiforme Sepp Blatter à la FIFA.

Pour réhabiliter le sport professionnel, il convient, comme le préconise l’Agence Mondiale antidopage, que tout le domaine sportif soit soumis aux mêmes règles de contrôle. Seul un organisme totalement indépendant de ce milieu, peut éventuellement y parvenir.

Actuellement, les sanctions sectorielles, hypocrites et iniques qui frappent la Russie, ne sont pas recevables. C’est à une révision fondamentale, de toutes les structures qui régissent le sport, qu’il faut procéder. Sans ça, l’enthousiasme pour le sport professionnel va continuer de s’étioler. Il doit retrouver les valeurs dont il est normalement porteur, l’excellence, l’amitié et le respect, qui rejettent les pratiques actuelles, le dopage, la corruption et l’intrigue politique. Face à ce constat, il serait atterrant et scandaleux que la Russie soit bannie des jeux d’hiver organisés en Corée du Sud, alors que les États-Unis y sont admis. L’égalité, l’impartialité, la justice, imposent la participation de la Russie.

jeudi, 21 décembre 2017

Amerika moet weg uit het Midden-Oosten

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Amerika moet weg uit het Midden-Oosten

SAMEN MET TURKIJE EN IRAN WIL RUSLAND DE WERELD HERTEKENEN

‘Amerika moet weg uit het Midden-Oosten’

Alexander Doegin wordt wel eens de huisideoloog van Poetin genoemd. Hij droomt van een nieuwe wereld. Waar Turkije en Iran het Midden-Oosten beheersen en Europa geen vazal van de Verenigde Staten meer is. ‘Vergeet dat liberalisme. Daag ons uit met jullie eigen waarden.’

Van onze redactrice in Nederland Corry Hancké

De Russische filosoof Alexander Doegin was zaterdag in Amsterdam voor de jaarlijkse Nexus Conferentie. Een dag later vertelt hij over de clash die hij daar met de Franse filosoof Bernard-Henri Lévy had. De twee mannen zijn elkaars tegenpolen.

‘Hij is alles wat ik niet ben. Lévy verdedigt de imperialistische ideologie van het Westen en vecht tegen de opkomende multipolaire wereld. Alles wat ik bewonder, keurt hij af. Alles waarvoor hij staat, vind ik fout. Het was een echte clash van ideeën. Het was boeiend, want we vertrekken allebei vanuit de idee van een eeuwenoude oorlog tussen beschavingen: de oorlog tussen Sparta en Athene of tussen Rome en Carthago. Een oorlog tussen een landmacht en een zeemacht.’

‘De landmacht – en dat is een land als Rusland, staat voor een onveranderlijke, collectieve identiteit. De zeemacht ziet constante verandering, globalisering en vooruitgang als hoogste goed. Ze probeert iedereen te bevrijden van een collectieve identiteit, omdat die onderdrukkend zou zijn.

Maar dat liberalisme loopt ten einde. Het eindigt in decadentie en een complete loskoppeling van de natuurlijke wetten. Geslachtsbepaling of het uitstellen van de dood door artificiële intelligentie, zijn een ontkenning van de menselijke waarden. Je krijgt immortaliteit voor de prijs van
menselijkheid.’

Welke waarden zijn belangrijk voor een landmogendheid?

‘Een landmacht baseert zich op het concept van eeuwigheid. Het gaat om identiteit, het is een sacrale houding tegenover de natuur, de wereld en God. In die visie is God belangrijker dan de mens, hiërarchie is beter dan gelijkheid, traditie en identiteit zijn belangrijker dan verandering en grensverlegging. Eigenlijk is de afwezigheid van verandering de meest positieve waarde. Je probeert dezelfde te zijn als je voorouders en je conserveert hun manier van leven.’
‘De geest van de moderne mens is zo beïnvloed door de zeemogendheid dat hij de landwaarden als archaïsch, negatief beschouwt. Maar als je vanuit de waarden van een landmacht kijkt, dan zie je dat vooruitgang leidt tot decadentie, immoraliteit en verlies van waardigheid. Het verlies van de collectieve identiteit is nihilisme.’
‘Men probeert ons tegenwoordig te vertellen dat de weg naar een zeemogendheid de enige mogelijke is. Maar dat klopt niet, het is een keuze. Landen als Rusland, China, Turkije, Iran of zelfs India kunnen kiezen voor identiteit in plaats van voor liberalisme, vooruitgang, bevrijding,... De hegemonie van de westerse waarden is niet onaantastbaar. De geschiedenis ligt open.’

Rusland zoekt toenadering tot Turkije. De Turkse president Erdogan deelt jullie ‘landwaarden’?

‘Correct, hij moet kiezen tussen een Euraziatische en westerse identiteit. Ik had mijn bedenkingen bij hem, maar nadat hij de Gülenpartij heeft opzijgezet, komt hij steeds dichter bij die Euroaziatische kernwaarden en neemt hij steeds meer afstand van het Westen.’

Helpt u hem daarbij?

‘Ja, ik help de Turken om te kiezen voor het Eurazianisme. Mijn boek is in Turkije vertaald en het biedt aan de militairen een ander denkkader. Tevoren kenden ze alleen het Navo-Atlantisch denkkader, waarin hen werd geleerd hoe ze tegen Rusland moeten vechten. In mijn handleiding leg ik uit dat Turkije kan kiezen en ook tegen de VS kan vechten. Vroeger, als je als Turk niet tevreden was met de rol van de Amerikanen in de regio, zoals hoe ze de Koerden naar onafhankelijkheid helpen, dan had je geen keuze, want je had maar één denkkader.’
‘Iran staat voor dezelfde keuze. Dat land zag Rusland altijd als de oude vijand, maar toen mijn boeken er werden vertaald, ontdekten de Iraniërs dat er parallellen bestaan tussen het Euroazianisme en hun visie op de samenleving. Dat sloeg een brug tussen Rusland, Turkije en Iran. Die metafysische brug leidt uiteindelijk naar concrete politieke actie.’
Ze heeft alvast de situatie in Syrië doen kantelen. Rusland en Turkije gingen samenwerken en samen gaven ze de Syrische president al-Assad de mogelijkheid om de burgeroorlog in zijn land te winnen. ‘Dat klopt, Syrië was de laatste dominosteen die viel.’

Begon het toen in 2015 een Russische piloot boven Turkije werd neergeschoten?

‘Ik heb toen hard gewerkt om een confrontatie tussen Turkije en Rusland te vermijden en om de banden tussen beide landen aan te halen. Niet omdat ik pro-Turks ben, neen, ik ben Russisch-orthodox. Maar ik ben tegen de Amerikaans hegemonie.’
‘Die samenwerking heeft ook geleid tot de deal tussen Irak en de Iraanse generaal Soeleimani, waardoor het opstandige Kirkoek weer in handen van Irak kwam. Dat was de tweede grote overwinning die we hebben behaald in de multipolaire wereld.’

Die nieuwe samenwerking verandert de situatie in het Midden-Oosten grondig.

‘Ja, maar daar zijn tientallen jaren aan voorafgegaan. Na de val van de Sovjetunie hebben we met een aantal Russische patriotten een Euraziatische visie ontwikkeld, gebaseerd op de “landwaarden”. Die visie zijn we aan het uitdragen en we werken aan een alliantie met Turkije en Iran. Het was een lange weg. Poetins politiek is de finalisatie van die ideeën.’ 

De strijd in Syrië was het eerste kantelpunt. Wat wordt de volgende stap?

‘Amerika moet weg uit het Midden-Oosten. Eerst zullen we aandacht geven aan de heropbouw van Syrië en Irak. We hebben een militaire overwinning behaald, nu moet de politieke volgen. We moeten de territoriale eenheid bewaren, we moeten uitzoeken wat we aan de Koerden kunnen bieden. Ze zijn door het Westen in de steek gelaten en nu kan Rusland een oplossing voor de Koerden zoeken. We zullen hen geen nieuwe staat laten bouwen, want niet iedereen is daar voorstander van. Islamitische Staat moet verdwijnen, dat is duidelijk. En de invloed van de Saudi’s moet worden gestopt. De oorlog in Jemen moet worden beëindigd. Daar kunnen we, tegen de Saudi’s in, de sjiieten helpen.’

U wil de Verenigde Staten weg uit het Midden-Oosten. De huidige Amerikaanse president Trump is sowieso minder geïnteresseerd in buitenlands beleid. Het kan dus voor de Russen niet zo moeilijk zijn om de Amerikanen te verdrijven?

‘Het is iets gemakkelijker dan vroeger. Trump zegt dat hij een non-interventionist is. Hij zou natuurlijk afstand kunnen nemen van die belofte, zoals hij wel vaker heeft gedaan. Maar hij heeft binnenlandse problemen. Dat hij die maar eerst oplost. Wij willen vrede, we willen een wereld die vrij is van de Verenigde Staten en van zijn zogenaamde democratie. Laat Eurazië en Europa met rust. Europa moet niet bang zijn, wij gaan dat niet inpalmen.’

En Oekraïne dan?

‘Oekraïne is deels Europees deels Russisch. Het is een nieuwe staat, die de keuze had als België te worden, een land met twee entiteiten. Maar het westelijke deel van Oekraïne wilde het hele land domineren, in naam van de democratie en de mensenrechten, alhoewel er ook fascisten bij waren.
Daarom is het oostelijk gedeelte in opstand gekomen en die opstand hebben wij gesteund. Wij zijn dus geen dreiging voor Europa, wij zijn geen dreiging voor West-Oekraïne. Dat is voor ons een legitiem deel van Oost-Europa.’
‘Het is boeiend: je ziet in Oost-Europa steeds meer landen die toenadering tot ons zoeken. Ik merk dat landen als Polen of Hongarije zich afvragen of Europa wel zo’n ideale wereld is. De Polen denken dat democratisering en vooruitgang hun katholieke identiteit vernietigen. De beweging die de nadruk legt op de Poolse identiteit groeit, ik krijg er steeds meer aanhangers. Hetzelfde voor Hongarije. Daar vraagt men zich af wat het beste is: hun identiteit laten vernietigen door Europa of ze te behouden, met onze steun. Voor hen is de EU een culturele bedreiging. Wij daarentegen dringen ons niet op, zij hebben gewoon de keuze.’
‘Aangezien wij Europa niet bedreigen, hebben de Europeanen een kans om over hun identiteit na te denken. Ze hebben gezien welke chaos de Amerikaanse zeemogendheid veroorzaakt. Europa heeft een kans om zich te bezinnen. Ik droom van een sterk, onafhankelijk Europa dat zijn eigen logica hanteert en dat misschien tegen ons is. En toch verkies ik dat, want dat zou betekenen dat Europa opnieuw waardigheid heeft en niet langer de vazal van de Verenigde Staten is. Wees de ander die het verschil maakt. Nu? met al dat liberalisme, zijn jullie dat niet. Daag ons uit met jullie eigen
waarden.’

mercredi, 20 décembre 2017

La Vraie Droite contre-attaque !

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La Vraie Droite contre-attaque !

Recension du livre métapolitique de Daniel Friberg

par Thierry Durolle

Ex: http://www.europemaxima.com

À l’aube du XXIe siècle, certains s’imaginent, à tort, que la Gauche et la Droite sont deux clivages politiques dépassés. L’émergence de formations politiques ou métapolitiques transcourants pourrait en effet nous tromper. Pourtant il n’en n’est rien. Bien que des idées de gauche passent à droite et vice versa (1), il y aura toujours une Gauche et une Droite « éternelles », « métaphysiques »; une Gauche synonyme d’horizontalité et une Droite de verticalité.

En cet âge sombre, où la confusion est reine, ces repères se trouvent donc parfois malmenés. Alors oui, il faut reconnaître que les frontières, dans certains cas, sont poreuses ou bien que le dialogue entre deux camps opposés est possible. L’histoire du Cercle Proudhon est d’ailleurs un bel exemple d’union sacrée. Néanmoins, il ne faut pas que le dialogue, ou l’emprunt de méthodes au camp adverse en vienne à modifier l’ADN des deux ensembles. Que Michel Onfray discute avec Alain de Benoist soit. Est-il devenu un homme de Droite pour autant ?

Évoquer la Droite en France ramène toujours aux libéraux, au patronat, aux affairistes de tout poil, même s’ils présentent une pointe de conservatisme un peu réactionnaire aux yeux des plus progressistes. À ce titre, nombre de ténors de la Droite « classique » sont compatibles avec les idées sociétales du Parti socialiste et d’En Marche. Est-ce la Droite « classique » qui se rabat sur sa gauche ou n’est-elle pas, historiquement parlant, la véritable Gauche, celle qui naquit a de la Révolution bourgeoise de 1789 ?

Dans ce cas-là, qu’en est-il de la véritable Droite ? Le Suédois Daniel Friberg, responsable des éditions Arktos, fondateur du groupe de réflexion métapolitique Motpol, et rédacteur européen de la plate-forme AltRight.com, s’est lui aussi posé cette question. Son livre, Le retour de la vraie droite, est désormais disponible en français. Ce petit recueil comporte six textes (en plus de la préface et de la postface) et d’un « dictionnaire métapolitique ».

DF-RVD.jpgDans son texte, « Le retour de la vraie Droite », l’auteur revient en premier lieu sur l’ascension culturelle de la Gauche et conqtate que « les idéaux de l’Occident ont subi une inversion totale, et des idées qui se situaient initialement à la périphérie de l’extrême gauche ont été élevées au rang de normes sociales qui prévalent aujourd’hui dans l’éducation, les médias, les institutions gouvernementales et les ONG privées (p. 2) ». Un tel résultat, nous explique l’auteur, n’aurait pas pu être possible sans « les sociologues et philosophes marxistes de l’Institut für Sozialforschung de Francfort [qui], au début du XXe siècle, visaient, au travers de la conception de la philosophie et leur analyse sociale sélective, à saper la confiance dans les valeurs et hiérarchies traditionnelles (p. 2) ». Sans doute que d’autres facteurs sont rentrés en ligne de compte concernant l’involution de l’Occident, et non pas uniquement des facteurs politiques, mais cela ne rentre peut-être pas dans la grille de lecture de l’auteur – ce qui n’enlève rien, par ailleurs, à la justesse de ses propos.

Justement, Daniel Friberg souligne que cet essor de la Gauche culturelle (que l’on nomme parfois « marxisme culturel ») fut rendu possible par « trois facteurs principaux ». Tout d’abord, « après la Seconde Guerre mondiale, la Droite a été assimilée au camp des vaincus, en particulier au national-socialisme (p.5) ». Ensuite la « longue marche de la Gauche à travers les institutions […] s’est accélérée dans les années 1960 et 1970 et a culminé dans la mainmise sur les médias, les institutions culturelles et les systèmes éducatifs, c’est-à-dire sur les piliers de la société qui forment précisément les pensées et les opinions des gens (p. 5) ». Enfin, la « nouvelle Gauche a rejeté la classe ouvrière européenne, jugée incurablement réactionnaire par les minorités sexuelles et ethniques (p. 5) ». Mais le plus important reste que « cette évolution a coïncidé avec la montée de puissants nouveaux intérêts et courants économiques et politiques (p. 6) ». N’est-ce pas un résumé de la genèse du paradigme libéral-libertaire actuel ?

Daniel Friberg relate ensuite brièvement l’émergence de la Nouvelle Droite. Est-ce bien nécessaire de revenir sur cet épisode sans doute bien connu du public français ? Dans tous les cas, son influence sur Daniel Friberg et certains de ses camarades déboucha sur la naissance de la Nouvelle Droite suédoise. « S’il fallait dater précisément le début de ces activités, écrit Friberg, on pourrait dire que la Nouvelle Droite suédoise est née en 2005, lorsqu’un petit groupe d’étudiants de droite a commencé à se former à Göteborg; il réunissait ceux d’entre nous qui s’étaient engagés avec enthousiasme dans la lecture d’un certain nombre d’ouvrages révolutionnaires, dont l’édition originale anglaise du livre New Culture, New Right de Michael O’Meara, ainsi que des essais d’Alain de Benoist, Guillaume Faye, Dominique Venner, Pierre Krebs et d’autres penseurs de la Nouvelle Droite continentale (p. 12). » Tout ce bouillonnement culturel « dextriste » donnera, le 10 juillet 2006, la création d’un cercle métapolitique nommé Motpol. D’autres projets alternatifs de Droite apparaîtront en Suède comme Fria Tider ou Avpixlat.

À l’époque, la méthode de conquête finale du pouvoir envisagée par la Nouvelle Droite n’est pas nouvelle en soit, mais son usage par un mouvement de Droite reste inédit. Elle consiste en ce que certains ont appelé un « gramscisme de Droite » à cause de l’adaptation qu’elle fit des théories du communiste italien : préparer les esprits pour parachever la prise de pouvoir politique. Daniel Friberg, en bon disciple des ténors du mouvement susnommé mise lui aussi sur cette méthode. Presque cinquante ans après l’avènement du GRECE en France, le bilan est pourtant décevant, voir médiocre. L’influence de la Nouvelle Droite s’est faite sur les milieux de la Droite nationale, et ce, pour le meilleur (c’est du moins notre avis). Il faut également préciser l’influence préalable d’Europe Action et, dans un registre différent, de Jeune Europe. En revanche, son influence sur le peuple est quasi nul, la faute à une campagne médiatique dont le but fut l’instauration d’un cordon sanitaire entre le peuple et la Nouvelle Droite, mais aussi, à la teneur hautement intellectuelle des travaux et des productions du GRECE ou de la revue Nouvelle École. Ainsi nous sommes assez sceptique sur l’efficacité de la métapolitique à influencer le peuple. En revanche, nous croyons plus à la pertinence d’une initiative comme TV Libertés, ainsi qu’aux autres plate-formes opérant à un travail de ré-information.

Dans le chapitre intitulé « Orientations » (sympathique clin d’œil à un philosophe italien), Daniel Friberg esquisse les grandes lignes de ce qu’il estime appartenir à une véritable pensée de Droite. Là encore le lecteur familier avec les idées de la Nouvelle Droite ne sera pas déstabilisé. Ethno-différencialisme, alter-européisme, anti-libéralisme, anti-impéralisme droit-de-l’hommiste, refus de l’uniformisation du monde et du mondialisme, refus de la méthode révolutionnaire empruntée à l’extrême gauche – « La vraie Droite ne devrait pas chercher à imiter cette stupidité, qui n’est que perte de temps (p. 35) » – figurent parmi ces orientations. Daniel Friberg réitère à propos de la méthode métapolitique qu’il qualifie à juste titre de « transformation graduelle ». La remarque qui nous vient immédiatement à l’esprit est « Avons-nous encore le temps ? » La réponse est sans doute non. Quels sont concrètement les succès de la métapolitique sur le peuple en France ? L’emploi dans les médias et par une infime frange du peuple des expressions comme « Français de souche » (2) et « Grand Remplacement » ? En outre, le discours métapolitique des cercles de réflexions issus de la Nouvelle Droite n’ont que très rarement concordé avec le Front national par exemple, alors qu’en face les gouvernements successifs œuvrent avec succès à notre neutralisation.

Nonobstant ces critiques concernant l’emploi de la métapolitique prôné dans cet ouvrage, Le retour de la vraie droite de Daniel Friberg est surtout digne d’intérêt pour le néophyte. Son langage clair, ses propos synthétiques et son utile dictionnaire métapolitique constitueront un excellent point de départ pour de nombreux jeunes militants.

Thierry Durolle

Notes

1 : Arnaud Imatz l’a parfaitement démontré dans son livre Droite / GauchePour sortir de l’équivoque. Histoire des idées et des valeurs non conformistes du XIXe au XXe siècle, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2016.

2 : L’un de nos objectifs devrait inclure la réhabilitation du concept de nationalité – et non plus de citoyenneté – française, avec comme tout premier prérequis, sa nature albo-européenne, c’est-à-dire le fait d’être Blanc. Pour cela le travail à effectuer ne concerne pas seulement le domaine bioculturel, mais s’accompagne aussi d’un travail de revalorisation de l’Histoire de France, ou bien encore par la mise en avant d’une philosophie politique adaptée à nos objectifs.

• Daniel Friberg, Le retour de la vraie droite. Un manuel pour la véritable Opposition, Arktos, 117 pages, 2017, 12,72 €.

mardi, 19 décembre 2017

Syrie: le facteur chinois

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Bernhard Tomaschitz :

Syrie: le facteur chinois

Beijing accroît son engagement en Syrie pour mieux asseoir sa stratégie géopolitique après le conflit !

La Chine vient donc d’accroître son engagement en Syrie. Depuis avril 2016, quelque 300 conseillers et instructeurs chinois sont présents en Syrie d’après le Middle East Monitor ; désormais, la Chine veut y envoyer des soldats pour soutenir le Président Bachar El-Assad. On pense que ces soldats appartiendront aux fameuses unités d’élite chinoises, les « Tigres de Sibérie » et les « Tigres de Nuit ». Selon le droit chinois, l’envoi d’expéditions militaires à l’étranger est autorisé, à condition que ce soit pour combattre le terrorisme. Ensuite, on peut dire que les intérêts syriens et chinois coïncident en matière de sécurité. D’après les sources syriennes, quelque 5000 islamistes venus du Xinjiang chinois combattent dans les rangs de Daesh. Les Chinois craignent dès lors que ces hommes, après la défaite subie par l’organisation terroriste, ne reviennent dans leur pays et y commettent des attentats.

La Chine a cependant d’autres intérêts en Syrie, sur le long terme cette fois, car ce pays du Levant aura un rôle important à jouer dans le grand projet chinois de la « route de la soie », l’OBOR. C’est la raison majeure qui amène Beijing à intervenir dans le processus de paix. « En tant que membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, la Chine a toujours veillé à ce que règne la paix, la stabilité et le développement au Proche-Orient », a déclaré, fin novembre 2017, Geng Shuan, porte-paroles du ministère chinois des affaires étrangères. Geng Shuan s’est avéré encore plus précis : « La Chine soutient les efforts des pays de la région qui cherchent à renforcer la lutte antiterroriste et entendent rétablir l’ordre et la stabilité ». La Chine est prête à échanger des idées avec les pays de la région « qui travailleront à la réalisation du projet OBOR et qui voudront assurer la paix et la stabilité en optant pour une politique de développement ».

La Chine, tout comme la Russie, veut participer à grande échelle à la reconstruction de la Syrie pour gagner en influence dans la région aux dépens des Etats-Unis. Beijing et Moscou profitent du fait que l’Occident, engoncé dans ses marottes idéologiques, cultive encore et toujours l’illusion d’un changement de régime à Damas. « Les Etats occidentaux disent qu’ils apporteront leur soutien à la reconstruction de la Syrie seulement si s’amorce « un processus crédible conduisant à un véritable changement politique soutenu par la majorité du peuple syrien », écrivait l’agence Reuters le 24 novembre 2017. La Chine, elle, ne demande à la Syrie que de faire preuve de ‘flexibilité’, d’esprit de dialogue et de négociation.

Pour se préparer à l’ère de la reconstruction, une rencontre bilatérale sino-syrienne de haut niveau a eu lieu en juillet dernier. Y participait également la « Banque d’investissements structurels asiatique », créée à l’initiative de la Chine. On y a planifié l’édification d’un parc industriel en Syrie, qui serait ouvert aux entrepreneurs chinois et aurait une valeur de deux milliards de dollars. Comme le remarquait Asia Times, « rien n’aurait davantage de sens qu’un engagement chinois ». Finalement, les négociants syriens ont été très actifs sur la route de la soie pour le petit commerce, avant la tragique guerre civile syrienne ». Les Chinois n’ont pas oublié non plus qu’aux temps de l’ancienne route de la soie la Syrie contrôlait le passage des marchandises vers l’Europe et vers l’Afrique.

Aujourd’hui, ajoute Asia Times, le projet OBOR fera inévitablement émerger un « moyeu syrien ». Ce n’est donc pas un hasard si l’ambassadeur syrien en Chine, Imad Mustafa, mise sur cet atout. La Chine, la Russie et l’Iran recevront la priorité demain, après la fin des hostilités, quand il s’agira de lancer les programmes de reconstruction, de rééquipement et d’investissements infrastructurels. Les Etats-Unis et, à leur suite, les Etats de l’Union européenne, resteront sur le carreau.

Avec l’aide de la Chine, Assad pourra sans doute réaliser son rêve des « Quatre mers ». En 2009, il avait déclaré dans un interview : « Dès que l’espace économique entre la Syrie, la Turquie, l’Irak et l’Iran sera intégré, nous deviendrons le lien nodal entre la Méditerranée, la Caspienne, la Mer Noire et le Golfe Persique. Dès que ces mers seront reliées entre elles, nous serons, dans le monde, le point d’intersection optimal pour tous investissements, transports et autres ». On avait planifié en Syrie la construction de routes, de ports et d’oléoducs. De plus, la stratégie dite des « Quatre mers » avait été évoquée dans « Syria today » en janvier 2011 : ce projet, disait le magazine syrien, «montrera que la Syrie, en matière de stabilité, ne dépendra plus des Etats-Unis et de leurs principaux alliés : c’est là un message clair pour beaucoup d’autres pays comme le Venezuela, le Brésil et l’Argentine ».  Assad n’a plus pu réitérer ce message car, très peu de temps après l’avoir formulé une première fois, les Etats-Unis ont déclenché leur guerre contre la Syrie, par terroristes interposés.

Or, sept ans après avoir énoncé ce projet, Assad a, envers et contre tout, consolidé son pouvoir et a offert aux adversaires géopolitiques des Etats-Unis l’occasion de gagner considérablement en influence au Levant. On dirait que l’histoire a puni l’Amérique. L’analyste russe Alex Gorka en tire des conclusions pertinentes : « La Chine peut devenir un acteur très important en Syrie. La Syrie, en effet, doit être reconstruite et la Chine est en mesure d’offrir cette aide. En tant que membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, le rôle qu’elle peut jour pour parvenir à une solution pacifique est de toute première importance. La participation chinoise fait que le processus de paix sera vraiment international, avec une large représentation de puissances autres qu’occidentales, réduisant du même coup le rôle que pourra jouer l’Ouest ».

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°50/2017, http://www.zurzeit.at ).