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dimanche, 11 février 2024

Convulsions rurales

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Convulsions rurales

par Georges FELTIN-TRACOL

À cinq mois des élections européennes, les campagnes du Vieux Continent s’emballent dans une exaspération variée. Espagnols, Britanniques, Belges, Allemands et Français suivent avec deux à cinq ans de retard la révolte de leurs homologues néerlandais. Ces derniers protestèrent contre les normes administratives, les injonctions officielles et les oukases écologiques punitifs. La Commission européenne a, d’une part, incité à prendre ces mesures et, d’autre part, insisté à ratifier les traités déments de libre-échange au moins disant agricole avéré.

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Depuis bientôt trois semaines, les syndicats majoritaires de l’agriculture hexagonale, productiviste et mécanisée, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) et les Jeunes Agriculteurs, rencontrent la concurrence non plus de la Confédération paysanne altermondialiste, mais de la Coordination rurale. Dissidence de la FNSEA en 1991 en réaction contre la réforme libre-échangiste de la PAC (Politique agricole commune), la Coordination rurale fusionne avec la FFA (Fédération française de l’Agriculture) dont l’une des figures marquantes fut l’infatigable défenseur de l’enracinement et grand activiste agricole à l’instar d’Henri Dorgères, Alexis Arette. Qu’on se souvienne du magnifique blocus paysan de Paris en 1992 ! Quant au MODEF (Mouvement de défense des exploitants familiaux), proche du PCF, il se met à la remorque des événements…

La présente crise agricole résulte de plus de six décennies d’« industrialisation », de « tertiarisation » et de « bureaucratisation » du secteur primaire. Les agriculteurs sont de nos jours les formidables aventuriers d’une ère moderne finissante. Certains commentateurs voient dans ces manifestations et autres blocages autoroutiers la synthèse des Bonnets rouges bretons de 2013 et des Gilets jaunes de 2018 – 2019, d’où le bonnet jaune porté avec fierté par les mécontents. D’autres y transfèrent leur nostalgie ruraliste et agrarienne alors que le monde agricole est à 100 % urbanisé dans les mentalités. La césure entre les aires rurales et les espaces urbains n’existe plus d’un point de vue psychologique.

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Photo: Jacques Ellul et Bernard Charbonneau

Ce constat, Bernard Charbonneau l’a fait dès 1973 dans son essai Tristes Campagnes (Éditions L’Échappé, coll. « Poche », 2023, 232 p., 12 €). Ami personnel du philosophe anti-technicien Jacques Ellul (1912 – 1994), Bernard Charbonneau (1910 – 1996) reste à l’écart des milieux politiques écologistes. C’est un paradoxe ! Son œuvre riche en essais édifiants constitue une belle somme intellectuelle non-conformiste. Méfiant envers le progrès technique, il clame son amour des patries charnelles. Il regardait d’un œil critique et sceptique l’entrée des écologistes dans l’électoralisme.

Amoureux des paysans du Béarn, des Landes et du Pays Basque, Bernard Charbonneau remarque qu’« autrefois maître de sa terre, le paysan béarnais n’en est plus que l’exploitant provisoire ». Il souligne que « la grande nouveauté de l’après-guerre c’est l’intégration de la campagne dans l’ensemble industriel et urbain, avec pour effet sa transformation en banlieue ». Il note en outre que « nous vivons dans une société qui n’a guère qu’une idée : produire ». Cette course au rendement explique l’endettement des exploitants agricoles, l’extension nécessaire des parcelles au grè des remembrements incessants et l’acquisition, de plus en plus en GAEC (Groupement agricole d’exploitation en commun), de machines automatisées coûteuses. L’introduction de la compétition dans le travail des champs explique le passage du paysan libre au salarié, plus ou moins direct, de l’industrie agro-alimentaire.

Dès 1973, Bernard Charbonneau écrit, visionnaire, qu’« au nom de la rentabilité on détruit l’exploitation familiale de polyculture établie ici depuis des siècles sur sa terre, pour la remplacer par la grande entreprise travaillant pour le marché européen ou mondial. Ou bien on persuade les derniers jeunes de mener un jeu pour lequel ils ne sont pas faits : Dieu – l’Économie – reconnaîtra les siens. Abandonnés dans un désert parsemé de ruines, ils vieilliront dans une angoisse de la faillite, sans pouvoir prendre femme, en attendant le jour où, liquidés par leur tracteur et les hasards de la monoculture, ils devront partir, laissant le nouveau Béarn aux mains de gros propriétaires ou de sociétés étrangères. »

la_fin_des_paysans-631328-264-432.jpgLa « fin des paysans », pour reprendre le titre d’une célèbre enquête du sociologue Henri Mendras en 1967, n’implique toutefois pas la disparition des terroirs. Au contraire, les terres arables conservent toute leur valeur. Elles deviennent plutôt la propriété de multinationales chinoises, indiennes ou moyennes-orientales, car l’agriculture demeure un enjeu crucial pour le maintien de toute communauté politique surtout à un moment où la mondialisation atteint enfin ses limites. L’autosuffisance alimentaire comme d’ailleurs l’autosuffisance énergétique auraient dû être érigées depuis bien longtemps en priorités absolues. Or cela aurait impliqué l’affirmation de l’homme de la terre aux dépens de l’individu de bitume. En fin détracteur du modèle stato-national, Bernard Charbonneau observe que la « modernisation agricole » « a été décrétée d’en haut, en vertu d’un esprit hostile aux particularités, à l’invention et à l’originalité locale, ennemi de tout pays ou patrie ». Ainsi déplore-t-il qu’« un pays, une patrie – je ne dis pas un État-nation - c’est-à-dire un paysage et un style de vie, disparaît ».

Réaliste pessimiste, Bernard Charbonneau estime aussi que « la campagne ne fait pas les révolutions; si elle subit le changement, elle ne favorise guère l’aptitude à le concevoir ». Il faut se défaire de l’envie de voir dans l’actuelle agitation agricole une répétition de la révolte paysanne du Schleswig-Holstein en 1928 - 1932 décrite dans La Ville (1932) d’Ernst von Salomon. Les conditions ne sont guère propices à un tel soulèvement. Il manque aux côtés des agriculteurs des penseurs organiques, des poètes et des artistes authentiques non subventionnés. En effet, dans un récit d’anticipation qui clôt Tristes Campagnes, Bernard Charbonneau rappelle à propos du rôle social de l’art – qu’il ne confond surtout pas avec l’art contemporain ! - qu’« une action révolutionnaire aurait la vertu de lui rendre, comme à la parole, sa dignité. L’art, ou plutôt la pensée vécue jusqu’au sang du cri, serait à nouveau force sociale, créateur de rites et de cérémonies ».

Par leurs actions coups de poing sur les autoroutes et au marché d’intérêt national de Rungis, les adhérents intrépides de la Coordination rurale et des fédérations départementales des exploitants agricoles démontrent cependant leur grand sens de la médiatisation. Hélas ! Ces convulsions rurales actuelles n’empêcheront pas la mort lente des campagnes et leur mutation en zones d’accueil permanent d’une immigration de peuplement en hausse constante. Le cosmopolitisme déteste toute pérennité. La société liquide inonde désormais les campagnes. On assiste en direct à la noyade du monde rural. Qui s’en soucie vraiment ? 

GF-T

 

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 101, mise en ligne le 7 février 2024 sur Radio Méridien Zéro.

vendredi, 09 février 2024

Finanzcapitalisme : de l'économie réelle à la spéculation financière

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Finanzcapitalisme: de l'économie réelle à la spéculation financière

Ilaria Bifarini

Source: https://ilariabifarini.com/finanzcapitalismo-schiavi-del-debito/

    "De toutes les façons d'organiser la banque, la pire est celle que nous avons aujourd'hui"

    (Sir Mervyn King, ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre)

L'une des transformations les plus inhumaines du système capitaliste industriel, fondé à l'origine sur la fabrication et plus généralement la production, est celle du capitalisme financier, dans lequel le pouvoir est concentré dans quelques grandes banques. Les banques ont cessé leur rôle de soutien et de prêt au développement, préférant investir dans des produits financiers qui génèrent plus de capital, dans un système autoréférentiel où les profits proviennent de la spéculation, sans passer par le travail et la production.

Le système capitaliste a déplacé l'axe de l'économie réelle vers l'économie financière et, pire encore, vers la spéculation qui l'accompagne, à tel point qu'il a été rebaptisé "capitalisme financier" ou "capitalisme ultra-financier".

Orientée vers la maximisation du profit à partir de l'argent lui-même, la richesse n'y passe pas par la production de biens ou de services, et il n'y a pas non plus de plan de redistribution entre les travailleurs et les consommateurs, mais seulement une centralisation dans les mains de quelques-uns, d'un très petit nombre. Après avoir toujours soutenu l'économie capitaliste, la finance s'est transformée, avec l'avènement du néolibéralisme, de serviteur en maître de l'économie mondiale, l'engloutissant et se reproduisant à une vitesse vertigineuse.

Depuis 1980, le montant des actifs générés par le système financier a dépassé la valeur du PIB de la planète entière. Depuis lors, la course au profit de la finance est devenue si rapide qu'elle a quintuplé l'économie réelle en termes de masse d'actifs en l'espace de trente ans.

Sous la présidence de Bill Clinton, deux étapes ont été franchies pour achever la dérégulation du système financier néolibéral. Avec l'abolition du Glass-Steagall-Act - introduit par Roosevelt l'année suivant la crise de 29 - la séparation entre banques d'investissement et banques d'affaires a été supprimée, ces dernières retrouvant ainsi des concentrations de pouvoir économique.

Dans le même temps, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a donné le feu vert aux transactions de gré à gré en annulant les règles antérieures, jugées restrictives, sur le contrôle des produits dérivés.

Chaque jour, de nouveaux types de produits dérivés de plus en plus sophistiqués et complexes sont créés et peuvent être négociés de gré à gré, c'est-à-dire en dehors des bourses. S'agissant de titres "transitoires", ils ne répondent pas à l'obligation d'inscription au bilan des banques et échappent aux réglementations sectorielles. En exploitant les failles du système qu'ils ont eux-mêmes générées, les grands groupes financiers ont créé une myriade de sociétés indépendantes auxquelles ils transfèrent des montants importants de capitaux hors bilan, qui deviennent ainsi invisibles. Ces instruments ont les mêmes caractéristiques que l'argent: ils peuvent être revendus plusieurs fois, sont facilement monétisés et échangés sans détenir la propriété de leur sous-jacent. Ainsi, les produits dérivés, mis en circulation en masse par les banques, sont devenus une nouvelle forme de monnaie circulante, qui échappe à l'analyse et rend les interventions de politique monétaire problématiques et inefficaces. C'est le monde de la finance de l'ombre, ce vaste marché parallèle, né au milieu des intrigues du système bancaire international, qui a rendu la masse des produits financiers en circulation gigantesque et incontrôlable.

Une grande partie de ces produits financiers a pour sous-jacent des formes de dettes, comme les hypothèques sur les maisons. Avec un mécanisme pervers, dans lequel l'argent est créé par la dette, on assiste à une forme de spéculation absolue qui n'a rien à voir avec la création de valeur, mais plutôt avec sa destruction.

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Il est clair qu'un système économique basé sur la spéculation découplée de la production et fondé sur l'endettement, tant public que privé, n'est pas viable.

Le paradoxe du capitalisme financier est qu'il trouve son terreau idéal dans le chaos et la pauvreté, puisque c'est précisément la spéculation sur la dette et la souffrance qui est sa sève. Son fonctionnement est régulé par des mécanismes complexes et artificiels basés sur l'application de modèles issus de la physique et de la cybernétique : rien n'est plus éloigné de l'économie réelle.

 

La menace de Trump et la situation critique des pays euro-atlantiques

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La menace de Trump et la situation critique des pays euro-atlantiques

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2024/02/05/trumpin-uhka-ja-euroatlantistien-ahdinko/

Les euro-atlantistes espèrent probablement que le mandat de Joe Biden, 81 ans, en tant que président des États-Unis se poursuivra après les prochaines élections. Les dirigeants européens ont traditionnellement plus de points communs avec les démocrates américains qu'avec les républicains.

Ces espoirs risquent de ne pas se concrétiser. Malgré toutes les accusations judiciaires dont il fait l'objet, Donald Trump, 77 ans, pourrait revenir à la Maison-Blanche et reprendre là où il s'était arrêté lors de son précédent mandat. Peut-être les cercles capitalistes sont-ils heureux qu'un autre vieil homme, "agent du chaos", le fanfaron Trump, mette à bas l'ancien ordre mondial dans notre ère de crises multiples ?

Trump est le premier président américain à traiter ses partenaires européens avec une suspicion ouverte, avec du mépris et même de l'hostilité. Bien sûr, Washington a toujours traité l'Europe de cette manière et exploité ses vassaux transatlantiques à volonté, mais Trump l'a fait plus ouvertement que ses prédécesseurs.

Malgré les attaques rhétoriques de l'ère Trump, la politique étrangère américaine a peu changé, mais les Euro-Atlantiques craignent toujours sa réélection. Encore une fois, on spécule que le retour de Trump augmenterait l'instabilité, ferait le jeu de Poutine et pourrait soulever une nouvelle vague de résistance en Europe pour déstabiliser également les politiques de Bruxelles.

Les experts en politique étrangère et de sécurité soupçonnent qu'au cours de son second mandat, Trump pourrait devenir encore plus hostile à l'Europe et aux "valeurs européennes", ce qui augmenterait considérablement les risques pour la sécurité du continent et exacerberait ses difficultés actuelles. Les partisans de l'OTAN n'attendent pas avec impatience le retour de Trump, mais ils appellent déjà, eux aussi, à une augmentation des budgets de défense pour maintenir l'alliance militaire à flot.

Sous une seconde présidence Trump, les relations entre les États-Unis et la Chine se détérioreraient probablement davantage, avec des répercussions économiques et politiques pour l'Europe. La ligne nuancée à l'égard de la Chine continuerait-elle à ne concerner que le commerce et la concurrence technologique, et comment Trump traiterait-il la question de Taïwan ?

Bien que les politiques de Trump aient été défendues en affirmant qu'il n'avait pas déclenché de nouvelles guerres, Israël a obtenu davantage de concessions pendant son mandat, ce qui se reflète également dans la crise actuelle à Gaza. Le général iranien Suleimani a été assassiné par Trump et l'homme à la chevelure jaune canari a également poursuivi le vol de pétrole américain en Syrie.

Sous Biden également, les États-Unis ont agi sans consulter leurs "partenaires" européens. Les gazoducs Nord Stream reliant la Russie à l'Allemagne ont explosé dans la mer Baltique, mais en cette année électorale, l'administration Biden, qui peaufine son programme de politique climatique, a décidé de "suspendre temporairement" la fourniture de gaz naturel liquide de substitution à l'Europe en proie au stress énergétique.

En matière de politique économique également, Washington prend des mesures protectionnistes "à la Trump" aux dépens des pays de l'euro. Un exemple en est la loi signée par M. Biden, qui utilise des subventions pour inciter les entreprises à délocaliser de l'Europe vers les États-Unis. La désindustrialisation menace l'Euroland, mais qu'importe si la ligne politique de l'Occident collectif est "America first".

La politique de sanctions imposée par les États-Unis à la Russie a également coûté cher aux pays de l'euro, mais l'économie russe n'a fait que se renforcer malgré les sanctions. Pour couronner le tout, Washington elle-même continue de commercer avec Moscou. Même si Trump ne remporte pas les élections en novembre, les États-Unis ne peuvent pas être considérés comme un partenaire bon et fiable pour l'Europe, qui semble même payer le prix du conflit en Ukraine.

Quelle Turquie sans Atatürk?

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Quelle Turquie sans Atatürk?

Gennaro Malgieri

Source: https://electomagazine.it/quale-turchia-senza-ataturk/

J'ai l'impression que le mausolée massif, imposant et somptueux de Mustafa Kemal Ataturk, l'Anitkabir, qui domine Ankara, a été saccagé. Le père de la patrie n'est plus à sa place dans ce tombeau qui a abrité sa dépouille pendant soixante-deux ans. Quel est le rapport entre ce monument à la gloire laïque de la Turquie et la vague islamiste qui menace d'engloutir la révolution ?

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Il ne voulait pas d'une puissance régionale fondamentaliste et confessionnelle, sinistrement voilée et victime d'une revanche ottomane, bien qu'hypocritement résurgente derrière un hommage formel à son nom. Atatürk voyait loin. Et il a mis fin aux guerres de religion, condition indispensable à la revitalisation d'un monde moribond. Sainte-Sophie à Istanbul est le symbole de la nation, de toutes les confessions, de toutes les croyances: musulmans et chrétiens peuvent se retrouver au nom d'une nation unie, porte de tolérance pour un Orient ébranlé, hier comme aujourd'hui, par un vaticanisme sanguinaire. Le rêve du jeune soldat devenu chef d'un Etat enfin respecté après la défaite ottomane s'estompe. Du parc Gezi aux terres turques servant de bases plus ou moins dissimulées à des manœuvres politico-militaires sans scrupules, la Turquie s'enfonce, elle à qui, il y a quelques années encore, je reconnaissais le droit de faire partie de l'Union d'une Europe qui aurait bénéficié de la "contagion" du kémalisme, dont la liquidation était au contraire, pour beaucoup, la condition préalable à l'entrée dans le club bruxellois.

Malgré tout, après des militaires arrogants et ambitieux, des politiciens médiocres, des bureaucrates corrompus, nous avons cru qu'avec l'avènement de Tayyp Erdogan, le temps commençait à venir. Atatürk pourrait continuer à dormir paisiblement dans son Anitkabir.

Le drapeau de l'Islam ne serait pas déployé sur la nation qui se portait candidate pour être le modérateur des convulsions du Levant et pour agir en Occident comme messager de l'intégration politique, sinon des coutumes et de la civilisation.

Atatürk est mort petit à petit au cours de ses dernières années. Ses portraits, qui accueillent le voyageur dès sa descente d'avion dans n'importe quel aéroport turc et l'accompagnent partout, sont comme effacés. Le nouveau seigneur de l'ambiguïté orientale s'empressera-t-il de les faire disparaître ? Il ferait preuve de cohérence s'il le faisait. Il y a longtemps que quelqu'un a souhaité qu'Atatürk reste présent comme une figure désidéologisée, la référence patriotique la plus sûre et la plus inattaquable en somme. Et même ceux qui n'approuvaient pas l'abolition de la loi coranique n'auraient pas hésité à se reconnaître comme un "tout" dans la diversité. C'est l'inverse qui s'est produit.

Ces dernières années, la Turquie a eu de nombreuses occasions de se montrer à la hauteur de l'héritage d'Atatürk : elle les a toutes gâchées. Tout comme son dirigeant a jeté aux orties l'héritage de Kemal Pacha, construit pour libérer un peuple des idolâtries ottomanes tardives, afin d'affirmer une conception autocratique du pouvoir, sans aucun sens de la communauté composite et complexe à laquelle il appartient. Sur les ruines du kémalisme s'élève désormais le cri d'une nation étouffée dans le conformisme. L'Occident est loin. Daesh est plus proche. Dans le village syrien reculé de Yamadi, non seulement un avion russe s'est écrasé, abattu par un missile de l'armée de l'air turque, mais le mince espoir d'une défense commune contre un ennemi que ceux qui disent le combattre et n'assument pas la responsabilité de sa victoire sacrilège a été brisé.

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La question chiite

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La question chiite

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/la-questione-sciita/

Dans le silence désormais habituel des médias occidentaux, Washington a bombardé la Syrie et l'Irak. En représailles à l'attaque d'une base américaine en Irak par un groupe chiite, attaque qui a fait quelques morts.

Des représailles... près de quatre-vingt-dix raids aériens, menés avec des bombardiers à long rayon d'action en provenance des États-Unis, peut-on appeler cela ainsi?

Car la disproportion entre la provocation d'un groupuscule et la réaction de la grande puissance est immédiatement visible. Du moins pour quiconque n'a pas les yeux aveuglés par les hamburgers de chez McDonald's.

Ce qui se passe entre la Syrie et l'Irak est plutôt une véritable offensive. Menée par voie aérienne, elle exploite l'hégémonie que procurent l'aviation et le contrôle du ciel. Bases aériennes, bases militaires, cibles stratégiques, infrastructures... mais aussi cibles civiles sont touchées. Sans se soucier des "dommages collatéraux".

Il s'agit en fait d'une réédition de la stratégie "Shock and Howe", Strike & Terrorise. Expérimentée en son temps contre la Serbie, puis massivement appliquée lors de la phase initiale de la première guerre du Golfe.

A ce stade, il serait légitime de se demander si celle en cours dans la région syro-irakienne, véritable cœur du Moyen-Orient, se limitera (euphémisme) à une destruction massive de cibles, ou si, au contraire, elle doit être comprise comme un prélude à une attaque terrestre plus conventionnelle.

Auquel cas, tout, vraiment tout, changerait dans l'équilibre mondial déjà périlleux.

En effet, une intervention terrestre des Etats-Unis et de leurs alliés obligerait Téhéran à se rendre sur le terrain. Car il est clair que cette offensive en Syrie et en Irak, ainsi que celle menée parallèlement au Yémen, n'a pas grand-chose à voir avec la question de Gaza. La véritable cible stratégique est l'Iran et son réseau d'alliances.

Malgré l'embargo sévère (ou peut-être à cause de lui), Téhéran a réussi à tisser un réseau complexe d'alliances au fil des ans. Exploitant surtout l'identité particulière de l'islam chiite, dont il a pris la tête. Dont il a assumé le leadership.

Les chiites sont minoritaires dans l'ensemble du monde islamique. Ils sont cependant concentrés au Moyen-Orient, où ils disposent d'une force considérable. Et ils sont, à l'heure actuelle, très bien organisés militairement.

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Le Hezbollah, au Liban, est une véritable épine dans le pied d'Israël. Les analystes du Mossad le considèrent comme la meilleure force armée de tout le monde arabe.

En Irak, la majorité est chiite. C'est d'ailleurs sur le territoire irakien que se trouvent les principaux lieux saints du chiisme.

Après avoir éliminé Saddam, qui était sunnite et nationaliste, les chiites pro-iraniens détiennent de facto le pouvoir dans la région. Et lorsque Isis a tenté de prendre le pouvoir dans le pays, ce sont eux qui ont vaincu les milices du califat. Encadrées et organisées par les Qods, les forces spéciales iraniennes.

Et c'est le général Qasem Soleymani, commandant du Qods, qui a été l'architecte de ce réseau de forces chiites. C'est aussi à lui que l'on doit la réorganisation des troupes fidèles à Assad, un alawite, dont les références religieuses procèdent d'une déclinaison du chiisme- troupes qui ont renversé le cours de la guerre en Syrie.

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Soleymani a également structuré les Houthis yéménites - de confession zaïdite, une autre branche du chiisme - leur permettant de résister à sept années de guerre contre la coalition du Golfe dirigée par l'Arabie saoudite. Et, aujourd'hui, d'affronter même les forces de l'OTAN, minant la route commerciale de Suez.

C'est pourquoi, le 3 janvier 2020, le stratège iranien a été assassiné par un drone américain à l'aéroport de Bagdad. Une élimination qui rappellerait celle de l'amiral Yamamoto dans le conflit américano-japonais, si ce n'est que, cette fois, l'état de guerre n'avait pas été déclaré.

Et le même sort a été réservé au général Raza Moussavi en décembre dernier en Syrie. Ce dernier avait été l'un des plus proches collaborateurs de Soleymani.

À Washington, l'Iran est considéré comme la principale menace pour le contrôle du Moyen-Orient. Une vision qui n'est pas l'apanage de Biden, puisque l'assassinat de Soleymani a eu lieu sous la présidence Trump.

Cependant, The Donald avait toujours évité une confrontation directe avec Téhéran. Et c'est pourquoi il considérait l'attaque contre les Houthis yéménites comme une folie.

En outre, il avait beaucoup œuvré pour une bonne entente avec Moscou. Toujours dans le but d'isoler Téhéran.

Aujourd'hui, cependant, la scène a radicalement changé. La Russie apparaît comme le principal allié de l'Iran. Les risques de la politique de Biden, qui consiste à attaquer frontalement le monde chiite, sont évidents. Et très élevés.

Au Pentagone, on en est parfaitement conscient. Et ils essaient d'y mettre un frein. Il faudra cependant voir si la prudence des militaires l'emportera ou le bellicisme hâtif des "faucons". Ces conseillers qui, depuis West Wongh et surtout Wall Street, tirent les ficelles de Joe Biden.

Triste succès des transatlantistes : le commerce germano-russe s'effondre de 80%

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Triste succès des transatlantistes: le commerce germano-russe s'effondre de 80%

Source: https://zuerst.de/2024/02/08/trauriger-erfolg-der-transatlantiker-deutsch-russischer-handel-um-80-prozent-eingebrochen/

Berlin/Moscou. Le journaliste et géopoliticien américain George Friedman, cofondateur du think tank américain "Stratfor", ne s'est jamais lassé d'évoquer dans ses livres et ses conférences le grand danger que représente pour les Etats-Unis la coopération germano-russe. En 2010, il écrivait déjà dans son livre The Next Decade : What the World Will Look Like (en français: "La prochaine décennie - à quoi ressemblera le monde"): "Le maintien d'une barrière solide entre l'Allemagne et la Russie est d'un intérêt primordial pour les États-Unis".

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Et en 2015, lors d'une conférence au Chicago Council on Global Affairs, il a réaffirmé: "Le principal intérêt des États-Unis, pour lequel nous avons mené des guerres pendant des siècles - la Première, la Deuxième et la Guerre froide - est la relation entre l'Allemagne et la Russie, parce qu'ils sont là, et s'ils s'unissent, ils seront la seule force qui pourrait nous menacer. Et nous devons faire en sorte que cela n'arrive pas".

Entre-temps, c'est exactement ce qui s'est passé, et c'est invariablement le mérite discutable de l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel (CDU) et de l'actuel gouvernement "Feu tricolore", en place depuis très exactement deux ans. En 2023, le commerce entre l'Allemagne et la Russie s'est complètement effondré, à l'exception de quelques postes résiduels. Les importations allemandes en provenance de Russie ont chuté de 90%. Les exportations allemandes vers la Russie ont encore chuté de 39%. Par rapport à l'année 2021, avant la guerre, elles ont diminué de deux tiers. C'est ce que révèlent les dernières données de l'Office fédéral des statistiques.

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En 2023, l'Allemagne n'achetait plus que 3,7 milliards d'euros de marchandises à la Russie. Avant le début de la guerre en Ukraine, ce chiffre dépassait les 30 milliards d'euros. Les entreprises allemandes livraient encore pour près de 9 milliards d'euros de marchandises à la Russie. Il s'agissait en grande partie de médicaments, d'appareils médicaux et de produits alimentaires.

Dans un premier temps, l'économie allemande avait continué à miser sur le commerce avec la Russie malgré l'aggravation du climat après le coup d'État de Maïdan en 2014, profitant notamment des livraisons d'énergie russe à bas prix. Mais au plus tard après le déclenchement de la guerre en février 2022, cette orientation n'a plus pu être maintenue dans le sillage des sanctions occidentales. L'Allemagne a été contrainte de se détacher de la Russie, à son propre détriment.

Par rapport à l'année 2021, avant la guerre, le volume total du commerce germano-russe a chuté de près de 80%. La Russie est désormais largement insignifiante pour le commerce extérieur allemand. Les liens économiques étroits qui existaient auparavant ont été rompus. Avant la guerre d'Ukraine, la Russie était encore le cinquième marché le plus important pour les exportateurs allemands en dehors de l'UE, juste derrière les États-Unis ou la Chine. Elle est désormais 20ème.

En décembre, les entreprises allemandes livraient encore pour 700 millions d'euros de marchandises à la Russie. Inversement, l'Allemagne a reçu des marchandises en provenance de la Russie pour une valeur de 200 millions d'euros. Le volume des échanges commerciaux s'est maintenant stabilisé à ce niveau. Les saboteurs du partenariat germano-russe ont fait du bon travail (mü).

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jeudi, 08 février 2024

Pourquoi l'interview de Tucker Carlson est-elle considérée comme un tournant pour l'Occident et la Russie?

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Pourquoi l'interview de Tucker Carlson est-elle considérée comme un tournant pour l'Occident et la Russie?

Alexander Douguine

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/why-tucker-carlsons-interview-considered-pivotal-both-west-and-russia?fbclid=IwAR2Dt-QI_YDKbGhaU8NgvbZOE05qAfqz3tpXk1UwuIgZyEynGt2h9CdXVlk

Commençons par la partie la plus simple : la Russie. Tucker Carlson est devenu le point de convergence de deux pôles opposés au sein de la société russe : les patriotes idéologiques et les élites occidentalistes qui restent néanmoins fidèles à Poutine et à l'opération militaire spéciale. Pour les patriotes, Tucker Carlson est tout simplement "l'un des nôtres". C'est un traditionaliste, un conservateur de droite et un farouche opposant au libéralisme. Voilà à quoi ressemblent les émissaires du tsar russe du 21ème siècle.

Poutine n'interagit pas souvent avec des représentants éminents du camp fondamentalement conservateur. L'attention que lui porte le Kremlin enflamme le cœur du patriote, inspirant la poursuite d'un parcours conservateur-traditionnel en Russie même. C'est désormais possible et nécessaire : le pouvoir russe a défini son idéologie. Nous nous sommes engagés dans cette voie et nous n'en dévierons pas. Pourtant, les patriotes ont toujours peur que nous le fassions. Non.

En revanche, les occidentalistes ont poussé un soupir de soulagement : voyez, tout n'est pas mauvais en Occident, et il y a des gens bons et objectifs, nous vous l'avions dit ! Soyons amis avec un tel Occident, pensent les occidentalistes, même si le reste de l'Occident libéral mondialiste ne veut pas être ami, mais nous bombarde de sanctions, de missiles et de bombes à fragmentation, tuant nos femmes, nos enfants et nos personnes âgées. Nous sommes en guerre avec l'Occident libéral, alors soyons au moins amis avec l'Occident conservateur. Ainsi, les patriotes russes et les occidentalistes russes (de plus en plus russes et de moins en moins occidentaux) s'accordent sur la figure de Tucker Carlson.

En Occident, tout est encore plus fondamental. Tucker Carlson est une figure symbolique. Il est désormais le principal symbole de l'Amérique qui déteste Biden, les libéraux et les mondialistes et qui s'apprête à voter pour Trump. Trump, Carlson et Musk, ainsi que le gouverneur du Texas Abbott, sont les visages de la révolution américaine imminente, cette fois-ci une révolution conservatrice. La Russie se connecte à cette ressource déjà puissante. Non, il ne s'agit pas pour Poutine de soutenir Trump, ce qui pourrait facilement être rejeté dans le contexte d'une guerre avec les États-Unis. La visite de Carlson concerne autre chose. Biden et ses maniaques ont effectivement attaqué une grande puissance nucléaire par les mains des terroristes déchaînés de Kiev, et l'humanité est au bord de la destruction. Rien de plus, rien de moins.

Les médias mondialistes continuent de faire tourner une série Marvel pour les enfants en bas âge, où Spider-Man Zelensky gagne par magie grâce à des super-pouvoirs et des cochons magiques contre le "Dr Evil" du Kremlin. Cependant, il ne s'agit que d'une série stupide et bon marché. En réalité, tout se dirige vers l'utilisation d'armes nucléaires et peut-être la destruction de l'humanité. Tucker Carlson fait le point sur la réalité : l'Occident comprend-il ce qu'il est en train de faire, en poussant le monde vers l'apocalypse ? Il y a un vrai Poutine et une vraie Russie, pas ces personnages mis en scène et ces décors de Marvel. Regardez ce que les mondialistes ont fait et à quel point nous en sommes proches !

Ce n'est pas le contenu de l'interview de Poutine qui est en cause. C'est le fait qu'une personne comme Tucker Carlson se rende dans un pays comme la Russie pour rencontrer une personnalité politique comme Poutine à un moment aussi critique. Le voyage de Tucker Carlson à Moscou pourrait être la dernière chance d'arrêter la disparition de l'humanité. L'attention gigantesque de l'humanité elle-même à l'égard de cette interview charnière, ainsi que la rage frénétique et inhumaine de Biden, des mondialistes et des citoyens du monde intoxiqués par la décadence, témoignent de la prise de conscience par l'humanité de la gravité de la situation.

Le monde ne peut être sauvé qu'en s'arrêtant maintenant. Pour cela, l'Amérique doit choisir Trump. Et Tucker Carlson. Et Elon Musk. Et Abbott. Nous aurons alors la possibilité de faire une pause au bord de l'abîme. Comparé à cela, tout le reste est secondaire. Le libéralisme et son programme ont conduit l'humanité dans une impasse. Le choix est désormais le suivant : les libéraux ou l'humanité. Tucker Carlson choisit l'humanité, c'est pourquoi il est venu à Moscou pour rencontrer Poutine. Le monde entier a compris pourquoi il est venu et à quel point c'est important.

Le moteur de l'économie tourne au ralenti : les commandes manquent, la production diminue, les exportations chutent

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Le moteur de l'économie tourne au ralenti: les commandes manquent, la production diminue, les exportations chutent

Source: https://zuerst.de/2024/02/07/der-wirtschaftsmotor-stottert-auftraege-fehlen-die-produktion-sinkt-exporte-gehen-zurueck/

La récession s'accélère en Allemagne, pays autrefois en pointe dans ce domaine. L'institut munichois Ifo enregistre avant tout un manque flagrant de commandes dans de nombreux secteurs, ce qui devient entre-temps un sérieux handicap pour la conjoncture. Selon le célèbre institut de recherche économique, la situation s'est nettement aggravée ces derniers temps. "Presque aucun secteur n'est épargné", affirme l'économiste Klaus Wohlrabe cité par les médias. Et de préciser : "Les carnets de commandes fondent".

Selon les données de l'Ifo, 36,9% des entreprises industrielles allemandes se sont plaintes en janvier d'un manque de commandes. En octobre, ce chiffre était de 36% et il y a un an, il n'était que de 20,9%. Les économistes considèrent qu'un faible carnet de commandes est un indicateur d'un affaiblissement de la production à l'avenir, ce qui a à son tour des répercussions négatives sur la volonté d'investissement des entreprises et la situation sur le marché du travail.

Les chiffres actuels du commerce extérieur sont également un signal d'alarme. Selon l'Office fédéral de la statistique, les exportations allemandes ont reculé de 4,6% par rapport au mois précédent. Selon Marc Schattenberg, économiste chez Deutsche Bank Research, cela laisse présager de nouveaux vents contraires pour l'économie allemande, dépendante des exportations.

Les exportations ne sont pas les seules à s'affaiblir, les importations le font également, ce qui indique que la consommation intérieure est faible, ce qui n'est pas surprenant compte tenu de la hausse continue des prix.

Mais ce qui est le plus préoccupant à l'heure actuelle, c'est le manque de commandes. Ce sont surtout les secteurs à forte consommation d'énergie qui s'en plaignent. Selon l'institut Ifo, le pourcentage est de 53,9% dans l'industrie du papier, de 53,3% dans la métallurgie et de 40,6% dans l'industrie chimique. Seul le secteur du conseil n'a pas à s'inquiéter pour le moment, puisque seulement 6,8 pour cent des entreprises se plaignent d'un manque de commandes. Ce chiffre n'est pas non plus surprenant - de nombreuses entreprises ont surtout besoin de bons conseils en ce moment. (se)

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mercredi, 07 février 2024

Les peurs humaines face aux pharaons de la technologie comme Musk et Gates

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Les peurs humaines face aux pharaons de la technologie comme Musk et Gates

La crainte est fondée. Jünger a bien compris que l'irréductibilité de l'être humain réside dans son implacable soif d'erreur.

par Giacomo Petrella

Source: https://www.barbadillo.it/112729-heliopolis-18-i-timori-umani-davanti-ai-faraoni-della-tecnica-come-musk-e-gates/

Il y a une terrible dissonance entre les sourires avec lesquels les institutions accueillent des figures exceptionnelles et formidables comme Bill Gates ou Elon Musk, et la peur intime de l'homme moyen face à ces pharaons de la technologie. Certains intellectuels se moquent de cette peur, la jugeant hâtivement "néo-luddite". Eux, en tant qu'intellectuels, imaginent qu'ils recevront un billet tout prêt pour le vaisseau spatial qui les emmènera en sécurité, sur Mars. Leur ironie est la même que celle qui a accompagné toutes les terribles dévastations historiques. Et peut-être que pour certains d'entre eux, il en est ainsi. Il ne nous est pas donné de le savoir.

La crainte de l'homme moyen est cependant bien fondée. Dans Les abeilles de verre, notre bon maître Ernst Jünger nous avertissait avec une froideur toute germanique que "la perfection humaine et la perfection technique ne sont pas conciliables. Si nous voulons l'une, nous devons sacrifier l'autre; à ce stade, les chemins se séparent. Celui qui en est convaincu sait ce qu'il fait d'une manière ou d'une autre".

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La cabane dans la forêt

Ici, ce qui est un peu rageant, c'est que nous n'avons toujours pas le temps ni l'argent pour construire notre cabane dans les bois. Ce qui, on s'en rend compte, représente une angoisse typiquement américaine: les cours de prepping, de survie, etc. fleurissent. Mais il serait un peu idiot de psychanalyser tout cela sans observer d'en haut comment les choses évoluent. La cabane dans la forêt représente en fait la contre-ironie intellectuelle : il serait amusant de voir les fusées exploser vers le ciel lorsque la guerre civile atteindra, par un miracle divin, sa phase de pacification.

La peur

Mais nous disions: la peur est fondée. Jünger avait bien saisi combien l'irréductibilité de l'être humain réside dans son implacable soif d'erreur. L'homme se trompe. Il ne serait pas à la fois arbitre et victime du Devenir s'il n'en était pas ainsi. Il ne serait pas libre. "Nous ne voulons pas d'un monde bien construit...". Il est donc tout à fait naturel que celui qui se sent encore lié à l'Univers soit terrifié par la perfection de la Technique apportée sur la table, avec la Tg; le morceau reste évidemment indigeste. La main glisserait vers la garde de l'épée, si nous étions dans d'autres temps.

En effet, la Technique n'admet pas l'erreur. Le calcul a commencé. Inéluctable. Celui qui salue le Pharaon sourit d'un sourire désespéré. Combien d'emplois vais-je pouvoir sauver? pense-t-il. Combien de familles? Combien de lits? Il n'y a pas d'ironie ici. Il y a la peur de l'insubstantialité totale de son effort. Comme Don Quichotte sans folie, l'homme sans erreur est un être effrayé, brisé, anéanti. Son seul mantra "ne pas faire le mal - ne pas faire le mal" l'enferme bien plus que le pauvre Prométhée.

Oui, parce que si notre bon Titan a agi par arrogance, vilenie et liberté, le reste d'entre nous agit par simple instinct de conservation. C'est ici que le parallèle jüngerien entre l'État mondial et le monde des insectes trouve son déploiement effectif: sans liberté, nous agissons par une action aussi conditionnée que parfaite, cohérente, a-historique. Sain d'esprit.

Peut-être est-ce notre fils qui le verra, cet État mondial. Ou peut-être, s'il en a la force, ce sera son petit-fils. Il y avait dans le Maître un optimisme prudent, une sorte d'espoir marxien et héraclitéen. La fourmilière pourrait devenir, après tout, le nouvel âge d'or. Nous aussi, nous espérons un peu.

En attendant, préparons-nous à un carnage sans précédent. Gaza multiplié par mille. La technique n'admet aucun dysfonctionnement.

Giacomo Petrella

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mardi, 06 février 2024

Médecine et géopolitique

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Médecine et géopolitique

par le groupe de réflexion géopolitique "Katehon" (Moscou)

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/medicina-e-geopolitica

Lors du forum de Davos, un sujet a été abordé qui a immédiatement attiré l'attention de tous les participants, indépendamment de leurs préférences politiques et de leurs régions. Il s'agissait d'une discussion sur une certaine épidémie X, qui pourrait s'avérer beaucoup plus grave que le coronavirus. Les défenseurs des valeurs traditionnelles y ont vu, à juste titre, une nouvelle phase du programme malthusien, à savoir la réduction artificielle de la population par une épidémie contrôlée à l'aide d'armes biologiques.

Dans le même temps, sous prétexte de prévenir de telles épidémies, on tente manifestement d'élaborer une sorte de norme internationale ("accord sur les pandémies"), ainsi que de réformer les règlements sanitaires internationaux. Tout cela sous prétexte de lutter efficacement contre les menaces sanitaires grâce à une communication rapide et transparente et à une coopération efficace entre les États. Dans le même temps, les mondialistes se rendent compte que, compte tenu des tensions géopolitiques croissantes, une telle coopération ouverte - en particulier en temps de crise - est de plus en plus improbable par rapport à 2021, date à laquelle les négociations sur un accord de lutte contre la pandémie ont commencé.

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Dans ce cas, les "tensions géopolitiques" font référence à l'augmentation des conflits interétatiques résultant de revendications de puissance et de zones d'influence concurrentes. L'action géopolitique se caractérise donc par l'utilisation de ressources économiques ou politiques pour promouvoir les intérêts nationaux et étendre l'influence politique. On le voit déjà dans les négociations de l'accord sur la pandémie, la Chine, la Russie et même les États-Unis ayant rejeté l'idée que l'accord devrait contenir des obligations de transparence et de responsabilité envers l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les autres parties contractantes, tant en ce qui concerne les épidémies que les investissements publics dans les fournitures médicales nécessaires pour y faire face.

La géopolitique joue également un rôle dans le commerce des produits médicaux et la gestion des chaînes d'approvisionnement médical. Même pendant la période Covid-19, par exemple, la Chine a utilisé le commerce des produits médicaux pour réaliser ses intérêts nationaux dans d'autres domaines politiques et tenter d'étendre son influence sur les pays en développement.

Les actions dictées par des considérations géopolitiques dans le secteur de la santé peuvent avoir des conséquences considérables dans le monde entier. En Occident, elles sont considérées comme exceptionnellement négatives parce qu'elles limitent leurs propres monopoles. Dans d'autres pays, la médecine sert d'outil politique et idéologique, comme à Cuba, où des brigades médicales sont envoyées en mission en Amérique latine, en Afrique et en Asie depuis des décennies, bien que Cuba soit elle-même soumise à de sévères sanctions américaines et n'ait pas grand-chose à montrer pour ses réalisations économiques.

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Il est intéressant d'examiner la politique de santé mondiale des États-Unis à cet égard. À l'exception de la présidence Trump, au cours de laquelle les États-Unis ont tourné le dos à l'OMS, le pays a toujours cherché à jouer un rôle de premier plan dans la politique de santé mondiale. La stratégie de sécurité nationale de l'administration Biden le démontre également en faisant référence à la politique de santé mondiale. La stratégie de sécurité met l'accent sur la coopération avec des "partenaires partageant les mêmes idées" sur les questions de santé et critique le comportement de la Chine pendant la pandémie de grippe aviaire de 19 ans. En outre, elle souligne le rôle des États-Unis en tant que donateur à l'OMS et au Fonds de lutte contre les pandémies de la Banque mondiale et, en particulier, en tant que promoteur du Plan d'urgence du président américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR), lancé en 2003. Tout cela peut être considéré comme une volonté marquée des États-Unis de façonner la santé mondiale. Façonner pour contrôler et imposer ses propres règles.

Cette stratégie a été renforcée lorsque plusieurs bureaux préexistants ont été fusionnés pour créer le Bureau de la sécurité sanitaire mondiale et de la diplomatie du département d'État en août 2023. Le chef du Bureau décrit la sécurité sanitaire mondiale comme un "élément clé" de la politique étrangère des États-Unis, et la diplomatie sanitaire est également au centre de deux nouvelles divisions au sein du Bureau : le Bureau de la diplomatie sanitaire et du renforcement des capacités et le Bureau de la diplomatie régionale et multilatérale. La diplomatie est donc considérée comme essentielle pour créer de nouvelles alliances dans le domaine de la gouvernance sanitaire. Une fois de plus, il s'agit d'alliances dirigées par les États-Unis qui répondent à la volonté de Washington.

Le PEPFAR, avec un budget de près de 7 milliards de dollars pour 2023, est le programme le plus important du Bureau. Lors du débat sur la prolongation du programme, ses partisans au Congrès ont souligné, entre autres, son "soft power" et sa capacité à jouer un rôle important sur le continent africain, d'autant plus que la Chine y étend son influence par le biais de la diplomatie de la santé.

On ne sait pas encore si le bureau recevra les ressources financières nécessaires dans les années à venir, d'autant plus que la politique américaine en matière de santé mondiale est elle-même appelée à changer après les élections de novembre. De nombreux républicains conservateurs sont favorables à l'imposition de conditions au financement du PEPFAR et cherchent à exclure les établissements qui fournissent des services de conseil ou d'avortement. Ainsi, la question de la santé mondiale n'est pas seulement politisée en raison des rivalités systémiques entre les pays, mais elle est également utilisée à des fins politiques au niveau national.

En conclusion, bien que les efforts américains en matière de santé mondiale soient de plus en plus caractérisés par des conflits politiques internes et des conditions connexes, une chose est claire : les États-Unis utilisent la politique de santé mondiale pour étendre leur sphère d'influence géopolitique, en particulier en concurrence avec la Chine, et cherchent à créer diplomatiquement de nouvelles alliances pour lutter ensemble contre les menaces sanitaires.

La Chine a une approche différente. Même avant Covid-19, la Chine coopérait avec les pays du Sud sur les questions de santé dans le cadre de l'initiative "Une ceinture, une route". Cette coopération s'est intensifiée pendant la pandémie dans le cadre de ce que l'on appelle la diplomatie chinoise des masques et des vaccins. L'approche du gouvernement chinois diffère de celle des États-Unis dans la mesure où la souveraineté nationale a été consacrée comme la pierre angulaire de l'initiative de sécurité mondiale de la Chine. En substance, les gouvernements étrangers qui reçoivent une aide de la Chine conservent le contrôle de leurs propres politiques de santé, ce qui signifie que l'initiative de sécurité globale de la Chine et sa diplomatie en matière de santé n'imposent pas de contraintes explicites aux pays bénéficiaires potentiels.

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En ce qui concerne la vaccination contre le virus Covid-19 en particulier, la Chine a comblé une lacune alors que d'autres pays du Nord sont revenus au "nationalisme vaccinal". En outre, la Chine est apparue comme un défenseur des intérêts des pays du Sud dans les négociations de l'accord sur la pandémie, notamment en ce qui concerne les droits de propriété intellectuelle, l'accès et le partage des bénéfices. On peut supposer que la Chine espère que ces pays soutiendront en retour ses aspirations géopolitiques.

En fin de compte, les ambitions géopolitiques de la Chine s'expriment également dans sa politique de santé mondiale. D'une part, la Chine étend sa sphère d'influence par le biais du commerce de produits médicaux ; d'autre part, elle forge de nouvelles alliances dans le Sud.

La Russie a également sa propre approche, similaire à la stratégie chinoise. En outre, en raison des sanctions, la Russie doit créer sa propre capacité de production de produits médicaux pour couvrir la demande intérieure nécessaire. En matière de politique étrangère, Moscou a également fourni une aide humanitaire à plusieurs pays sans imposer de conditions. Actuellement, les directions stratégiques sont les pays d'Afrique, où la Russie peut réaliser de nombreux projets dans le domaine de la médecine. En Bolivie, avec l'aide de la société Rosatom, un centre de recherche nucléaire a récemment été ouvert, qui fournira des produits radiologiques non seulement à la Bolivie, mais aussi à d'autres pays d'Amérique latine.

Globalement, la Russie dispose d'un bon potentiel, compte tenu de la montée des partisans de la multipolarité et de la critique des différents projets mondialistes. De plus, les enquêtes sur les activités des laboratoires biologiques du Pentagone contribuent à la lutte contre l'hégémonie américaine.

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lundi, 05 février 2024

Bienvenue à Chaoslandia. La troisième guerre mondiale a commencé

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Bienvenue à Chaoslandia. La troisième guerre mondiale a commencé

par Maurizio Bianconi

Source: https://www.destra.it/home/benvenuti-a-caoslandia-la-terza-guerra-mondiale-e-iniziata/

En 1861, sur une petite île près du port de Charleston, en Caroline du Sud (USA), se trouvait un minuscule avant-poste nordiste, Fort Sumter. Compte tenu des tensions entre Confédérés (Sudistes) et Unionistes (Nordistes), la petite garnison demande à se retirer d'un territoire hostile. La permission est refusée. Les Sudistes assiégeants canonnent le fort. Le Nord se considère comme attaqué et contraint à la guerre. Attaqué, pas agresseur.

Lors de la guerre de 1914/18, les États-Unis, non impliqués dans le conflit, approvisionnaient les Britanniques par voie maritime. Les Allemands torpillaient les navires de toutes nationalités à destination ou en provenance des îles britanniques. Le paquebot Lusitania a été coulé et des centaines de passagers américains ont péri. Le trafic entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et la chasse aux sous-marins allemads se poursuit avec le naufrage de navires américains. Les États-Unis se déclarent obligés de faire la guerre. Agressés, pas agresseurs.

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À la fin des années 1930, la politique agressive du Japon à l'Est réduit l'espace de l'influence américaine. Les États-Unis épuisent les Japonais avec des sanctions économiques et un embargo total sur la fourniture de tous les produits pétroliers. Un coup insupportable pour le Japon, qui en importait 90 %. L'attaque prodigieuse de la flotte américaine à Pearl Harbor les fait passer du statut d'attaquants à celui d'agresseurs et justifie l'entrée en guerre des États-Unis. Attaqués et non agresseurs.

En octobre 2022, les troupes russes ont ouvert les hostilités contre l'Ukraine. C'est la pire conclusion d'un conflit séculaire entre les deux pays. Après avoir démantelé l'empire soviétique, les États-Unis ont progressivement étendu l'alliance militaire de l'OTAN à l'est, jusqu'aux frontières de la Russie, qui souffre historiquement du syndrome d'encerclement et d'une sorte de complexe impérial. La menace d'une implantation de l'OTAN en Ukraine signifiait la certitude d'une action téméraire de la part des Russes. C'est ce qui s'est passé. Des attaquants, pas des agresseurs.

Aujourd'hui, le monde est plus compliqué qu'à l'époque de Fort Sumter. Les décideurs des politiques mondiales ne sont plus les présidents américains, mais la finance et le pouvoir des banques. Les choix du financiarisme mettent à mal l'équilibre planétaire. Les plus avisés commencent à appeler le phénomène "polycrise", c'est-à-dire une crise multiple, générale et incontrôlée. La course à la spéculation et à la richesse croissante réservée à des cercles de plus en plus restreints laisse sur le terrain trop de dégâts sociaux, économiques, environnementaux et de ressources, le tout avec un effet multiplicateur négatif.

On commence à craindre que l'implosion de l'ensemble du système ne soit plus proche que prévu. C'est ce qui motive la tentative de contre-feu à l'incendie causé par la croissance quantitative de la richesse et non par la qualité du progrès. Et il n'y a pas de meilleur contre-feu que de favoriser un conflit qui a le pouvoir de restaurer l'esprit de corps, les ennemis à combattre, et de reléguer le reste à l'arrière-plan.

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C'est ainsi que commence le choix de la guerre. Une erreur commise dans la conviction qu'elle pouvait être gérée, sans se rendre compte que les liens et les équilibres étaient brisés. C'est ainsi que l'option du conflit s'est élargie. La poussée russe a engendré une nouvelle sécurité anti-occidentale. L'Iran espère revenir dans le jeu international. L'éternel conflit islamo-juif est devenu irrépressible.

Chacun gère ses propres conflits, mettant hors jeu toute tentative de les gouverner. Une liste incomplète des conflits qui ont éclaté au cours de cette courte période est effrayante : Arménie-Azerbaïdjan avec la diaspora des Arméniens du Nagorno-Karabak. Coups d'État et guerres civiles au Sud-Soudan, au Niger, au Burkina Faso (qui, ajoutés à ceux de la Guinée et du Mali, ont mis fin à la Francafrique et marqué l'avènement des influences chinoises et russes). La guerre de Gaza qui a entraîné les conflits asymétriques Israël/Hamas, Israël/Hezbollah. Après la guerre d'Ukraine, Israël, le Liban, la Syrie, l'Iran, l'Irak, le Yémen, le Pakistan sont en état de guerre.

L'appel aux armes s'est également fait dans un silence inconscient en Europe : l'Italie, la France et la Grande-Bretagne entament des missions de guerre "défensives" dans le golfe d'Oman aux côtés des États-Unis, avec le début d'un autre conflit asymétrique avec les Houthis yéménites. Ceux qui pensaient avoir le monde à leur disposition se retrouvent avec la Troisième Guerre mondiale sur les bras, alors que les conflits planétaires se manifestent aujourd'hui. Qui vivra verra.

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dimanche, 04 février 2024

Petr Pavel : l'OTAN doit se préparer à la victoire de Trump

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Petr Pavel : l'OTAN doit se préparer à la victoire de Trump

Lucas Leiroz

Source: https://novaresistencia.org/2024/02/01/petr-pavel-a-otan-deve-preparar-se-para-a-vitoria-de-trump/

Apparemment, l'éventualité d'un retour de Donald Trump à la Maison Blanche désespère déjà les faucons de l'OTAN.

Dans une récente déclaration, le président tchèque Petr Pavel a appelé tous les dirigeants de l'alliance occidentale à se préparer aux conséquences possibles d'une victoire républicaine aux États-Unis. Selon lui, l'ascension de Trump pourrait conduire à un "accord avec Poutine", contrecarrant définitivement les plans occidentaux.

Lors d'un entretien avec les médias, Pavel a déclaré que M. Trump pensait "différemment" des autres dirigeants occidentaux, raison pour laquelle son élection éventuelle devrait être considérée avec inquiétude à l'heure actuelle. Alors que la plupart des responsables de l'OTAN estiment que la meilleure façon de gérer le conflit en Ukraine est d'apporter un soutien militaire à Kiev, Donald Trump adopte un point de vue plus pragmatique qui inclut la nécessité de négocier la paix directement avec les Russes.

Pavel précise que son intention n'est pas de perturber l'alliance euro-américaine ou d'interférer dans les affaires intérieures des États-Unis, mais simplement de faire avancer les discussions sur la manière dont l'OTAN devrait se préparer à un éventuel changement de politique de la Maison Blanche à l'égard de l'Ukraine. Il prévient que l'élection de M. Trump aura de graves conséquences, raison pour laquelle il exhorte les autres dirigeants de l'alliance à se préparer à un avenir difficile.

"Il ne s'agit pas de perturber le lien transatlantique en contestant les États-Unis en tant qu'alliés. Mais nous devrions admettre de manière réaliste que Donald Trump voit un certain nombre de choses différemment (...) Nous devrions nous y préparer, car il y aura certainement des conséquences", a-t-il déclaré aux journalistes.

Pavel a également mis l'accent sur les points qu'il considère comme essentiels pour une stratégie de l'OTAN en Ukraine. Selon lui, Kiev est désavantagé sur le champ de bataille car ses options militaires sont limitées et ses actions tactiques sont insuffisantes pour causer des dommages aux Russes. À l'instar des activistes pro-guerre les plus radicaux, il propose que l'alliance atlantiste augmente de manière exponentielle les livraisons d'armes à l'Ukraine, afin que les troupes de Kiev soient suffisamment fortes pour parvenir à un "équilibre des forces" avec les Russes. Il estime que ce n'est que lorsque Kiev aura atteint une telle capacité qu'il sera possible de mener des négociations de paix équitables avec Moscou.

"Seul un équilibre des forces peut contraindre les deux parties à comprendre qu'elles ne remporteront plus de succès et qu'il est temps de négocier", ajoute Pavel.

En fait, la crainte de Pavel reflète la mentalité des principaux fauteurs de guerre occidentaux. Lors de sa campagne électorale, Donald Trump a notamment promis de "mettre fin à la guerre en Ukraine en un jour". Il est évident que le seul moyen d'y parvenir est de négocier directement la paix avec les Russes, de forcer l'Ukraine à reconnaître ses pertes territoriales, de garantir la neutralité de Kiev et de mettre fin à l'interventionnisme de l'OTAN aux frontières de la Russie.

On ne sait pas encore si M. Trump fera réellement les efforts nécessaires pour parvenir à la paix, mais il y a au moins une possibilité significative que cela se produise, étant donné que le dirigeant républicain défend l'idée de "l'Amérique d'abord" - proposant un isolationnisme nationaliste et la réduction de la présence des États-Unis dans le monde.

En outre, le fils de Trump, qui a participé activement à la campagne électorale de son père, a déjà déclaré publiquement qu'il était nécessaire de mettre fin au conflit par des négociations, en ignorant toute possibilité de solution militaire. Il est clair que Trump ne souhaite pas poursuivre l'objectif de "vaincre" la Russie ou de parvenir à une "victoire ukrainienne", mais plutôt de se concentrer sur le développement interne.

Une telle politique s'annonce désastreuse pour les partisans de la guerre contre la Russie, d'où l'inquiétude de Pavel et de tous les fauteurs de la guerre actuelle. Auparavant, le président ukrainien lui-même, Vladimir Zelensky, s'était déjà dit inquiet de l'éventuelle élection de Trump. Selon le leader néo-nazi, le projet de Trump de mettre fin à la guerre est "très dangereux" car il met en péril les ambitions irréalistes de Kiev de "récupérer" les territoires réintégrés à la Fédération de Russie. En pratique, le régime ukrainien et les gouvernements pro-guerre de l'OTAN sont déjà en train d'établir leur position dans les élections américaines en apportant un soutien ouvert aux démocrates.

En fait, Trump a de grandes chances de gagner s'il se présente aux élections. Plusieurs tentatives ont été faites pour bloquer légalement sa candidature, mais jusqu'à présent, on ne sait pas si ces procédures judiciaires suffiront à l'arrêter. De toute évidence, la question de savoir si Trump peut ou non se présenter est une affaire interne aux autorités américaines. Toutefois, il est indéniable que les tentatives visant à arrêter Trump ou à le rendre inéligible sont ouvertement soutenues par les secteurs les plus favorables à la guerre dans la société américaine et internationale. En ce sens, il est possible qu'il n'y ait pas seulement de telles méthodes bureaucratiques pour empêcher Trump de se présenter, mais même des manœuvres illégales, comme la fraude, pour lui faire perdre l'élection d'une manière ou d'une autre.

C'est au peuple américain seul de décider de la meilleure option pour gouverner son pays, mais jusqu'à présent, Trump est le seul candidat à avoir une proposition concrète pour reprendre les négociations de paix. Comme on pouvait s'y attendre, cela suscite l'hystérie chez les partisans d'une guerre prolongée.

Vous pouvez suivre Lucas Leiroz sur: https://twitter.com/leiroz_lucas et https://t.me/lucasleiroz

Source : Infobrics

Les Philippines, instrument de l'impérialisme pour la déstabilisation de la mer de Chine méridionale

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Les Philippines, instrument de l'impérialisme pour la déstabilisation de la mer de Chine méridionale

Giulio Chinappi

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/le-filippine-strumento-dellimperialismo-la-destabilizzazione-del-mar-cinese-meridionale

Que veulent les Philippines : un environnement stable propice à un développement pacifique ou être piégées dans le jeu imprévisible de la géopolitique? Récemment, les actions et les déclarations du pays ont été empreintes de duplicité et de complexité, mais la tendance est claire: les Philippines se positionnent impulsivement comme une avant-garde, une tête de pont et même de la chair à canon pour les États-Unis.

La duplicité de Manille a été mise à nu récemment. Mercredi, la Chine et les Philippines ont tenu la huitième réunion du mécanisme de consultation bilatérale Chine-Philippines. Les deux parties ont convenu de renforcer le mécanisme de communication maritime, de gérer les conflits et les différends maritimes par des consultations amicales, de traiter les urgences maritimes, en particulier la situation à Ren'ai Jiao, et de promouvoir davantage la coopération maritime pratique.

Toutefois, le même jour, le ministre philippin de la défense, Gilberto Teodoro, a menacé les Philippines de planifier des activités militaires "plus robustes" avec les États-Unis et leurs alliés face à une Chine "plus agressive". Deux jours plus tôt, le chef d'état-major des forces armées philippines, le général Romeo Brawner, avait déclaré que les Philippines développeraient les îles de la mer de Chine méridionale afin de les rendre plus hospitalières pour les troupes.

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Sous cette rhétorique contradictoire, il est évident qu'il n'existe pas de politique unifiée sur la Chine au sein du gouvernement philippin, a déclaré au Global Times Chen Xiangmiao, directeur du World Marine Research Centre de l'Institut national d'études sur la mer de Chine méridionale. D'importants désaccords internes sur la question de la mer de Chine méridionale ont mis en évidence un modèle de comportement "les Philippines veulent tout": maintenir des relations avec la Chine pour des intérêts économiques tout en affirmant agressivement ses intérêts maritimes par des actions provocatrices.

La duplicité des Philippines est également évidente dans leur position sur la question de Taïwan. D'une part, elles soutiennent la politique d'une seule Chine; d'autre part, après les élections régionales à Taïwan, le président philippin Ferdinand Marcos a qualifié le nouveau dirigeant de Taïwan de "président élu" sur les médias sociaux. Ces déclarations contradictoires des Philippines créent la confusion, laissant planer l'incertitude sur les véritables intentions de Manille.

En fait, l'hostilité de Marcos Jr. à l'égard de la Chine, encouragée par les États-Unis, est évidente depuis un an, en particulier depuis le début de l'année dernière, lorsque les États-Unis ont obtenu l'accès à quatre nouvelles bases militaires aux Philippines. Les récents discours du ministre de la défense et du chef d'état-major ressemblent à une compétition pour savoir qui sera le plus agressif.

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Les capacités militaires et d'application du droit maritime des Philippines sont fondamentalement insuffisantes pour défier la Chine. La principale raison de cette rhétorique belliqueuse permanente est l'encouragement et le soutien de certains pays, tels que les États-Unis et le Japon, a déclaré l'expert militaire Song Zhongping au Global Times. Toutefois, sur la question de la mer de Chine méridionale, les États-Unis utilisent simplement les Philippines comme un pion pour tenter de rassembler des alliés afin de mettre en œuvre leur stratégie indo-pacifique visant à contenir la Chine. Si Manille pense que les États-Unis l'aideront à maintenir ses soi-disant intérêts nationaux et sa sécurité, c'est une pure illusion, comme le montre la réduction significative de l'ampleur des patrouilles conjointes américano-philippines, découragées par les patrouilles de routine organisées par le Southern Theater Command de l'Armée populaire de libération de la Chine.

Lorsque les Philippines prétendent renforcer leurs relations militaires avec les États-Unis afin de devenir "un contributeur plus efficace à la stabilité régionale", elles ne se rendent manifestement pas compte qu'elles interprètent à tort la préservation de l'hégémonie américaine comme un moyen de promouvoir la stabilité régionale.

Anna Rosario Malindog-Uy, vice-présidente chargée des affaires extérieures à l'Institut d'études stratégiques des Philippines du 21ème siècle, a déclaré lors d'une table ronde récemment organisée par le Global Times qu'elle ne pensait pas que les États-Unis soient prêts à un conflit militaire direct avec la Chine dans la mer de Chine méridionale, ou même dans le détroit de Taïwan. C'est pourquoi ils utilisent un intermédiaire, et les Philippines servent de pion ou d'intermédiaire.

"Les États-Unis ont déjà été vaincus par les talibans en Afghanistan, par la Russie en Ukraine et récemment par les Houthis en mer Rouge. Ils ne sont pas en mesure d'affronter la Chine en mer de Chine méridionale. Ils ne peuvent pas se permettre que quelque chose explose au cours d'une année électorale", a déclaré John Pang, ancien fonctionnaire du gouvernement malaisien et chercheur principal à l'Académie de Perak, en Malaisie, lors de la discussion.

Les Philippines doivent réévaluer leur position, éviter d'agir de manière imprudente et évaluer de manière réaliste leurs capacités militaires.

La Chine, en tant que grande puissance responsable, a toujours fait preuve d'une grande retenue sur la question de la mer de Chine méridionale. Toutefois, les Philippines ne doivent pas confondre la retenue de la Chine avec sa faiblesse. La Chine reste fidèle à ses intérêts fondamentaux et conserve l'initiative sur la question de la mer de Chine méridionale, ce qui lui confère une position privilégiée tant sur le plan du droit international que de l'histoire. Nous espérons que les Philippines reconnaîtront que le maintien de la paix et de la stabilité en mer de Chine méridionale nécessite une coopération avec la Chine et l'ANASE en signant conjointement le code de conduite en mer de Chine méridionale. C'est le seul moyen de transformer la mer de Chine méridionale en une mer de paix, de stabilité, d'amitié et de coopération.

L'étoile solitaire

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L'étoile solitaire

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/la-stella-solitaria/

Peut-être Huntington avait-il, une fois de plus, raison. S. P. Huntington, célèbre surtout pour ce "Choc des civilisations" qui, en pleine gueule de bois de l'optimisme clintonien, prévoyait les futurs conflits tragiques du monde "globalisé". Et la réalité de plus en plus dangereuse dans laquelle nous sommes aujourd'hui plongés.

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Un ouvrage, son "Choc des civilisations", qu'un peu tout le monde cite aujourd'hui. Mais très peu l'ont lu. Et encore moins l'ont compris.

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Pourtant, le dernier ouvrage du politologue, en 2004, était Who are We ? Qui sommes-nous. Le défi de l'identité nationale américaine. Traduit en italien sous le titre trompeur de La rencontre des civilisations. Ce qui, on l'aura compris, signifie tout autre chose.

En réalité, Huntington voyait dans le problème de l'immigration massive des Latinos du Mexique et d'Amérique du Sud une menace de plus en plus concrète non seulement pour l'identité américaine - qui pour lui était essentiellement anglo-saxonne - mais aussi pour l'unité même des États. Celle-ci est, pour l'Union, de plus en plus contestée par une nouvelle "ceinture". Une "ceinture solaire" destinée à séparer les États du Sud, à majorité latino-américaine et où l'usage de l'espagnol - ou du nouvel argot mixte, le "spanglish" - est très répandu, des États du Centre-Nord, anglo-saxons.

Il convient de rappeler ici que Huntington n'était pas un paléo-conservateur. Au contraire, il était démocrate et avait été conseiller politique pendant la présidence Carter.

Mais il craignait la menace que représentaient les immigrants. Et il a proposé des politiques, à la fois d'ordre public et culturel (la défense de l'anglais comme seule langue nationale), pour amortir ou au moins freiner le phénomène.

Un phénomène migratoire qui, au contraire, connaît aujourd'hui une accélération croissante et virulente. Les États du Sud sont littéralement envahis chaque année par des dizaines de milliers - 250.000 pour le seul dernier mois de 2023 - de Latinos. Et face à une telle masse de migrants, aucune politique d'intégration ne résiste.

Deux causes principales expliquent ce phénomène. L'appauvrissement croissant des pays d'Amérique latine, qui paient un lourd tribut aux politiques dites de mondialisation. L'administration Biden en est un ardent défenseur. Et, à bien des égards, la longa manus.

Dans le même temps, l'administration actuelle à Washington ne fait pas grand-chose pour contenir les migrations de masse. En fait, à certains égards, elle semble presque la favoriser. En effet, les politiques du turbo-capitalisme, si chères aux adeptes de Davos, considèrent (disons) avec bienveillance la disponibilité d'une main-d'œuvre bon marché en provenance du sud du continent. Et peu leur importe que cela provoque une crise économique et un chômage croissant dans les couches inférieures de la population américaine.

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Greg Abbott n'est pas du même avis. Le populaire gouverneur républicain du Texas a décidé d'ériger un mur de barbelés à Eagle Pass. C'est là que passe le principal flux de migrants.

Une décision contestée par Washington, qui s'appuie également sur un arrêt de la Haute Cour.

Ce à quoi Abbott a répondu en déclarant qu'un État de l'Union, s'il est envahi ou attaqué, a le droit de se défendre. Même contre (et c'est là tout l'intérêt) les décisions de Washington.

Le gouverneur texan a ensuite accusé M. Biden de violer la Constitution des États-Unis. Qui est, en effet, une fédération d'États. Pas un État centralisé...

Et derrière le combatif Abbott, les gouverneurs de 25 autres États se sont immédiatement rangés.

Tous républicains, pourrait-on dire... nous sommes proches des élections présidentielles, et le blocage des flux migratoires est un élément important de la propagande de Trump...

Trop simple, et réducteur... En réalité, l'affrontement entre Abbott et Biden - dont la Garde nationale du Texas empêchant la Patrouille frontalière fédérale de démolir le mur d'Eagle Pass est une image symbolique - occulte bien d'autres choses.

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Depuis le Big Government de Lyndon Johnson, les Etats ont dû faire face à une centralisation croissante du pouvoir. Cette centralisation a été menée principalement par des administrations démocrates, mais aussi par des présidents républicains.

Un processus de centralisation qui, au cours des dernières décennies, surtout à partir de Clinton, a convergé vers une politique de plus en plus descendante. Où des oligarchies financières, totalement autoréférentielles, déterminent les choix de politique économique et internationale. En faisant payer le prix aux populations. Et en privant les États de leur pouvoir.

L'émergence du populisme avec Trump a été un premier signe de ce malaise généralisé dans les États.

Mais la rébellion du gouverneur du Texas est un acte encore plus fort et plus décisif.

C'est la réapparition soudaine sur la scène de la tradition fédéraliste, voire confédérale, des États-Unis.

Et ce n'est pas un hasard si ce réveil, vraisemblablement destiné à s'étendre, part précisément du Texas.

L'État à l'étoile solitaire a toujours été le plus fier de sa propre histoire. Et le plus jaloux de ses prérogatives.

Greg Abbott, dans le fauteuil roulant auquel l'a condamné un accident de jeunesse, nous montre une chose. Une chose dont nous devons nous souvenir.

Les élites autoréférentielles de Washington et de Wall Street, les libéraux de Manhattan et les défenseurs de la culture Woke de Los Angeles ne sont pas l'Amérique. Ce sont des conventicules fermés et satisfaits d'eux-mêmes, complètement détachés de la culture du peuple, ou plutôt des peuples des États, et qui lui sont hostiles.

Des peuples et des cultures, des identités, de plus en plus comprimés. Et reléguées au silence. Mais aujourd'hui, ils semblent connaître un réveil soudain. Destinés à déterminer l'avenir des États.

Quel avenir ? Unitaire ou voué à l'éclatement ? Une implosion interne ?

Aucun politologue n'est, à l'heure actuelle, en mesure de le prédire.

Il faudrait non pas un autre Huntington, mais... le magicien Merlin.

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Quand l'alimentation exige une décision politique. La bataille pour la souveraineté alimentaire

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Quand l'alimentation exige une décision politique. La bataille pour la souveraineté alimentaire

par Gennaro Malgieri

Sources: https://www.destra.it/home/quando-il-cibo-e-una-scelta-politica-la-battaglia-per-la-sovranita-alimentare/

Depuis le 24 janvier, les produits alimentaires fabriqués à partir de poudre d'insectes peuvent être vendus et achetés dans toute l'Union européenne. Il s'agit d'une étape importante dans la décadence alimentaire, qui révèle une décadence morale, culturelle et civile bien plus importante, au nom du profit. Allons-nous lire les étiquettes de ces délices censés émoustiller nos papilles?

La farine de grillons sera étiquetée Acheta domesticus, mais ne sous-estimons pas non plus l'inscription Tenebrio Molitor. La farine d'insectes pourrait se retrouver dans les produits suivants : pain, biscuits, crackers, baguettes de pain, sauces, soupe en poudre, pâtes, pizzas, mélanges prêts à l'emploi pour produits de boulangerie, lait en poudre, produits transformés à base de pommes de terre, snacks.

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Ces délices devraient changer nos goûts, et surtout qui sait ce qu'ils feront à nos estomacs qui, bien qu'habitués à digérer des saloperies innommables, ne resteront pas indemnes, je pense, lorsqu'ils réceptionneront ces nouveaux plats succulents à base d'insectes.

Nous pensions que l'Union européenne avait déjà touché le fond en légiférant sur les mesures des différents légumes et en prescrivant même les ingrédients des pizzas "politiquement correctes", mais nous n'en étions pas là.

Lorsque nous avons dénoncé, il y a plusieurs mois, ce que les chefs-bureaucrates étoilés de l'UE s'apprêtaient à mettre sur leurs menus, en annonçant la date du 24 janvier 2024, à laquelle ils se sont tenus, pour concocter de nouvelles sauces, nous avons pris la "menace" au sérieux, mais en nourrissant au fond de nous l'espoir que la controverse et le non-sens flagrant de l'initiative abattraient le dernier cri de la nouvelle cuisine inventée dans la "capitale" de l'Europe où un Parlement aliéné au souci de la santé et du bien-être de ses citoyens entérinait toutes les sottises colportées selon les canons de la cancel culture.

Rien. Ils ont continué comme des chars jusqu'à ce qu'ils nous donnent les ingrédients pour mettre sur la table les plats obscènes que vous trouvez depuis quelques jours dans les rayons des supermarchés.

Pourquoi cette "révolution alimentaire"? Le profit, disait-on. Et le grand marché alimentaire, partout dans le monde, avec la complicité des classes politiques sur lesquelles il faudrait enquêter sur les bizarreries qu'elles cautionnent comme les insectes dans l'assiette, s'apprête à envahir surtout l'Occident (en Orient et en Afrique, les cultures alimentaires sont profondément différentes et peu éloignées de celles que l'on introduit dans nos nations) avec des produits qui n'ont rien à voir avec notre alimentation et, vraisemblablement, avec leur pérennité dans notre corps.

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Mais à Bruxelles, les insectes sont considérés comme des protéines alternatives en général et une réponse au coût croissant des protéines animales, à leur impact environnemental, à l'insécurité alimentaire (sic !), à la croissance démographique et à la demande correspondante et croissante de protéines dans les classes moyennes: c'est du moins ce que l'on peut déduire du débat et de la réglementation européenne.

Selon les partisans de l'élevage massif d'insectes, il pourrait également contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre et le gaspillage alimentaire. Mais ne sous-estimons pas la viande synthétique qui, selon ses défenseurs, serait même bonne pour la santé. De même, et avec des procédés tout aussi sophistiqués, on pourrait élever des bovins, des ovins, des volailles, des poissons. Et cela nous protégerait des problèmes qu'ils sont censés résoudre, à commencer par la pollution? Thèse risible et non démontrée. Heureusement, le biberon italien ne semble même pas vouloir entendre parler de viande synthétique et autres.

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Nous soupçonnons les lobbies écologistes d'aller de pair avec les grandes industries agro-alimentaires et pharmaceutiques. Et ce n'est pas un hasard si la recherche sur les protéines dérivées des insectes est considérée comme l'un des domaines les plus importants du programme "Horizon Europe", qui soutient financièrement l'expérimentation dans les pays de l'UE.

Les Italiens, revenant sur les nouvelles farines présentes sur le marché, comme le révèle un sondage Coldiretti-Ixè, semblent peu ou pas du tout enthousiastes à l'égard du programme "Insectes sur la table". 54% sont contre, 24% sont indifférents, 16% seulement sont pour et 6% ne se prononcent pas.

Sujet scabreux et contradictoire, hormis ceux qui voudraient le soutenir au motif qu'en 2050 il y aura plus de neuf milliards d'habitants sur notre Planète et qu'avec la croissance démographique (ailleurs, mais pas en Europe) il sera impossible de nourrir tout le monde: mais aujourd'hui, avec près de deux milliards de moins, la faim dans le monde a-t-elle disparu? Il y a huit cents millions d'affamés dans le monde, selon la FAO.

Voici donc l'expédient salvateur: trouver d'autres formes d'alimentation, à commencer par les insectes. La réponse déconcerte ceux qui ont des habitudes alimentaires très différentes et qui entendent les conserver. L'alimentation, avant d'être une nécessité matérielle, est un facteur culturel dont découlent l'existence des peuples, leurs attitudes et leurs comportements.

C'est pourquoi on parle beaucoup de "souveraineté alimentaire". Chacun a le droit/devoir de manger selon ses propres traditions, coutumes, goûts et cultures indigènes.  Elle est définie à juste titre comme un courant politico-économique visant à affirmer le droit des peuples à définir leurs propres politiques et stratégies durables en matière de production, de distribution et de consommation alimentaires. Cette tendance concerne en particulier les peuples autochtones soumis, grâce à la grande distribution, à des problèmes de production et de distribution alimentaires, en raison du changement climatique et des routes alimentaires qui en subissent les conséquences et affectent leur capacité à accéder aux sources d'alimentation traditionnelles et contribuent à l'augmentation des maladies.

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Ces besoins ont été pris en compte ces dernières années par plusieurs organisations internationales, qui ont adopté des politiques de souveraineté alimentaire avec différents pays. Le concept de souveraineté alimentaire a été proposé pour la première fois par le mouvement international "Via Campesina" lors de sa conférence internationale à Tlaxca, au Mexique, en avril 1996. Il est apparu en opposition au modèle néolibéral du processus de mondialisation, fournissant une clé pour comprendre la gouvernance internationale en matière d'alimentation et d'agriculture. En particulier, la souveraineté alimentaire a été proposée en réponse au terme de sécurité alimentaire utilisé par les ONG et les gouvernements sur les questions d'alimentation et d'agriculture.

Contrastant avec le programme commercial alimentaire et agricole promu par l'Organisation mondiale du commerce, la souveraineté alimentaire envisage un lien essentiel entre l'alimentation, l'agriculture, les écosystèmes et les cultures, valorisant la diversité et le travail associés à la production alimentaire dans le monde entier. Ainsi, la différenciation de la production et de la distribution est le seul moyen de préserver la variété des aliments et des modes d'alimentation.

C'est pourquoi les nations, sur la base de la souveraineté alimentaire, doivent pouvoir définir leurs propres politiques agricoles caractérisées par des besoins spécifiques, les raisons organiques qui motivent les choix alimentaires, les habitudes contractées au fil des siècles, liées à la fois au marché et aux besoins des agriculteurs, des éleveurs et des consommateurs.

Il est inacceptable que la mondialisation mette les pieds dans le plat, qui plus est, sans les laver. Avec l'alimentation, en somme, on ne badine pas. Et c'est une forme de totalitarisme extrême que d'imposer des lignes nutritionnelles au seul motif qu'il faut nourrir naturellement plus de monde pour gagner plus d'argent.

L'empereur Hadrien, dans ses Mémoires, par l'intermédiaire de Marguerite Yourcenar, solennise la nourriture avec des mots qui restent gravés dans l'âme : "S'empiffrer les jours de fête a toujours été l'ambition, la joie, l'orgueil naturel des pauvres. J'aimais l'arôme des viandes rôties, le bruit des marmites raclées, lors des fêtes militaires, et que les banquets au camp (ou ce qui constituait un banquet au camp) soient ce qu'ils devaient toujours être, une compensation grossière et festive aux privations des journées de travail ; je tolérais discrètement l'odeur des fritures sur les places publiques au moment des Saturnales. Mais les banquets de Rome m'inspiraient une telle répugnance et un tel ennui que parfois - au cours d'une exploration ou d'une expédition militaire - je voyais la mort approcher, et pour me donner du courage je me disais qu'au moins je serais débarrassé des repas".

La nourriture est ainsi: elle a une âme pour ceux qui savent la percevoir, et pour ceux qui n'en sont pas capables, elle reste cachée dans la joie qu'elle crée, dans le monde très privé des sensations qui, de toute façon, transfigurent tous ceux qui en bénéficient en petits prêtres d'un rite vieux comme le monde. La table est un autel séculaire sur lequel se pressent les gestes légers et mesurés que la tradition a consacrés, sorte de rites ancestraux dédiés à l'humble soin d'un plat en sachant que le corps le gardera comme une relique

La bataille pour la souveraineté alimentaire, comme celle de l'eau et des identités culturelles, marquera le 21ème siècle comme personne, à ses débuts il y a vingt-quatre ans, n'aurait pu l'imaginer.

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Cybertechnologies: menaces et prévisions pour 2024

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Cybertechnologies: menaces et prévisions pour 2024

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/article/kibertehnologii-ugrozy-i-prognozy-na-2024-god

L'intelligence artificielle, les divers gadgets informatiques, la concurrence entre les fournisseurs de services Internet, en particulier dans le domaine de la 5G - toutes ces tendances deviennent de plus en plus pertinentes d'année en année. Parallèlement, l'importance des industries connexes - de l'extraction des métaux rares à la production de semi-conducteurs - s'accroît. La demande, à son tour, alimente l'économie des entreprises informatiques (et, bien sûr, les complexes militaro-industriels des différents pays), qui trouvent des moyens de créer et de vendre de nouveaux produits et services. Enfin, le monde criminel y voit ses propres avantages et s'adapte au développement de la technologie. Tout cela crée un cycle de processus dans lequel l'État est en queue de train, tandis que les sociétés de capital-risque et les groupes de pirates informatiques deviennent la locomotive.

Prenons l'exemple des États-Unis, où le secteur des technologies de l'information et de la cybersécurité est le plus développé et où se trouvent la plupart des marques mondiales liées à ce secteur.

Selon une étude d'Arctic Wolf, moins de 4 % des États américains sont pleinement préparés à détecter les incidents de cybersécurité liés aux élections et à y remédier. Lorsqu'un incident se produit avant ou immédiatement pendant une élection, qui les responsables et les politiciens vont-ils blâmer ? Encore les mythiques usines à trolls de la Russie ? En attendant, le problème se situe à l'intérieur des États-Unis.

Malgré les informations largement diffusées sur les cyberattaques menées par des pirates chinois, nord-coréens et russes, les principaux problèmes liés à la cybersécurité des États-Unis sont causés par des groupes criminels locaux.

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Ainsi, selon les estimations des experts américains, les plus sérieux sont les extorqueurs qui opèrent dans différents États. En tête de liste des cyberattaques les plus graves pour 2023 figure le cas de Johnson Controls, une entreprise spécialisée dans les bâtiments et espaces intelligents et durables, qui a reçu en septembre une demande de 51 millions de dollars de la part de l'équipe de pirates Dark Angles pour le décryptage et la suppression des données volées. Ce qui est particulièrement préoccupant, c'est que le piratage aurait pu inclure des données sensibles du ministère de la sécurité intérieure révélant des informations sur la sécurité de contrats avec des tiers, ainsi que des plans physiques de certaines installations de l'entreprise.

En ce qui concerne les infrastructures, la cyberattaque la plus importante en 2023 a eu lieu en Australie. Elle a conduit DP World Australia à suspendre ses activités en novembre 2023, obligeant l'opérateur portuaire à fermer quatre grands terminaux à Sydney, Melbourne, Brisbane et Fremantle. Ce qui est intéressant, c'est que cette attaque a suivi une cyberattaque contre la Banque industrielle et commerciale de Chine, mais personne ne peut accuser directement la Chine car il n'y a pas de preuves.

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Bien entendu, la cyberguerre entre la Russie et l'Ukraine a également fait parler d'elle. Par exemple, le GSD des forces armées ukrainiennes a ouvertement admis qu'il menait régulièrement des attaques contre les infrastructures civiles russes et volait diverses données. Artur Lyukmanov, représentant spécial du président russe pour la coopération internationale dans le domaine de la sécurité de l'information et directeur du département de la sécurité de l'information du ministère russe des affaires étrangères, a confirmé que l'infrastructure d'information de la Russie est devenue la cible d'attaques informatiques régulières. La plupart d'entre elles sont menées depuis le territoire ou dans l'intérêt du régime de Vladimir Zelensky. Dans l'interview, il note que les autorités de Kiev, qui se présentent à l'Ouest comme des victimes de la "cyber-agression russe", se vantent de sabotages anti-russes utilisant les technologies de l'information et de la communication.

Les pirates russes ont porté un coup violent au système de télécommunications de l'opérateur de téléphonie mobile Kyivstar, qui a entraîné la destruction de la plupart des serveurs et des protocoles. On sait que le système a été pénétré en mai 2023, mais le piratage n'a été détecté qu'à la fin de l'année, lorsque l'ensemble du réseau s'est effondré. Des actions similaires se produiront également en 2024.

Les attaques et les fuites sont imminentes si les gouvernements et les entreprises ne prennent pas les mesures qui s'imposent. Cependant, les grandes entreprises informatiques occidentales se concentrent sur les profits et suivront donc cette trajectoire.

Le Reuters Institute prévoit que les grandes plateformes technologiques se concentreront également de plus en plus sur des modèles commerciaux payants afin de réduire leur dépendance à l'égard de la publicité. Cette année, X (anciennement Twitter, bloqué en Russie), Meta* (reconnu comme extrémiste et terroriste) et TikTok offriront davantage de services premium, y compris des options sans publicité et respectueuses de la vie privée. Les robots d'intelligence artificielle et les assistants personnels deviendront plus répandus en 2024 en raison de l'actualité et des sports. Le débat entre les partisans de l'intelligence artificielle et les partisans de l'accélération se poursuivra en 2024. Les partisans de l'accélération conserveront le pouvoir alors que les gouvernements s'efforceront de comprendre et de contrôler la technologie.

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Il existe des projets spécifiques ambitieux. Par exemple, Google est sur le point de poser un nouveau câble sous-marin reliant le Chili à l'Australie via la Polynésie française - il s'agira du premier câble reliant directement l'Amérique du Sud à l'Asie-Pacifique.

Le domaine de l'informatique quantique connaît également une baisse, et les progrès rapides dans ce domaine pourraient constituer une menace pour le cryptage des canaux sécurisés. Les sceptiques considèrent que toute percée dans le domaine de l'informatique quantique est un pas de plus vers le cybermagistère.

L'Union européenne va continuer à jouer des coudes pour construire sa propre capacité de production de semi-conducteurs. D'autres pays suivent les États-Unis et l'Union européenne dans leur souci de protéger leurs propres sites. Le 15 janvier, la Corée du Sud a dévoilé son projet de création d'un "mégacluster de semi-conducteurs" dans le sud de Séoul d'ici 2047, en attirant 472 milliards de dollars d'investissements avec Samsung Electronics Co. et SK hynix Inc. Le pôle envisagé couvrira une superficie de 21 millions de mètres carrés et devrait avoir une capacité de production mensuelle de 7,7 millions de plaquettes de semi-conducteurs d'ici à 2030.

Bien entendu, la plus grande préoccupation est la militarisation de la cybertechnologie et en particulier de l'intelligence artificielle. Il convient également de prêter attention à la portée ambitieuse de la transformation numérique au sein de l'OTAN et de l'UE. Elle comprend les fondements technologiques, organisationnels, procéduraux et humains de la transformation et donne la priorité aux données, au stockage et au traitement dans le nuage et à une approche renouvelée de la cybersécurité.

De manière générale, l'Occident développe des méthodes de guerre algorithmique qui, selon leurs stratèges et scientifiques, peuvent aider dans les conflits futurs. Et le pari est fait sur l'intelligence artificielle. De plus en plus d'entreprises informatiques sont heureuses de servir les intérêts de l'armée et d'autres services spéciaux.

Par exemple, OpenAI, une société d'intelligence artificielle connue pour son bot avancé ChatGPT, a supprimé de ses règles l'interdiction d'utiliser de tels programmes dans le domaine militaire en 2023. Dans le même temps, un certain nombre d'interdictions dans les règles de l'entreprise ont été maintenues. Comme le confirme Bloomberg, OpenAI coopère bel et bien avec le Pentagone, notamment avec l'agence DARPA. D'autres entreprises s'engagent également dans cette voie, modifiant les règles du jeu et les réglementations en vigueur.

Il existe également des risques d'abrutissement liés à l'application de l'intelligence artificielle et à la robotisation de processus auparavant confiés à l'homme. À cet égard, le précédent du gouvernement britannique, où l'intelligence artificielle a été chargée de lire des documents que les ministres doivent traiter, est illustratif.

Dans ce contexte, l'approbation par le gouvernement russe de la stratégie de développement de l'industrie des communications jusqu'en 2035, qui contient un certain nombre d'initiatives visant à améliorer la cybersécurité dans les télécommunications, est une bonne nouvelle. L'orientation internationale, c'est-à-dire l'élaboration d'instruments universels juridiquement contraignants dans le domaine de la sécurité de l'information, n'est pas moins importante. Cette année, la Russie et un groupe d'organisations partageant les mêmes idées ont présenté à l'ONU un prototype de traité international de ce type - le concept d'une convention des Nations unies sur la sécurité de l'information. Il est important que la plupart des pays du monde s'accordent sur la nécessité d'élaborer ce traité, malgré le fait que les États-Unis et leurs satellites tentent de préserver les failles du droit international pour leurs actions criminelles.

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Sur les Partisans de Dieu du Yémen

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Sur les Partisans de Dieu du Yémen

par Georges FELTIN-TRACOL

Dans une vidéo datant de 2006, Judith Butler affirmait que « le Hamas et le Hezbollah sont des mouvements sociaux progressistes et font partie de la gauche mondiale ». L’essayiste queer étatsunienne montrait une maîtrise des problématiques de l’« Orient compliqué » aussi brillante que ses connaissances de l’intimité masculine. Cette prise de position entérina l’existence universitaire de l’islamo-gauchisme. On attend cependant la manifestation des wokistes pour le djihad ou la mise en vente des abaya pour hommes déconstruits.

Dans sa déclaration, Judith Butler aurait pu y inclure les Partisans de Dieu au Yémen qui existaient depuis déjà deux ans. Le monde entier les a découverts, le 19 novembre 2023, quand, caméras GoPro sur la poitrine, des commandos s’emparent du navire de transport Galaxy Leader et le détournent vers le port de Hobeida. Cette action est un acte de propagande réussi. Le monde médiatique parle dorénavant des « milices Houthi ». C’est un abus et une facilité de langage pour une opinion qui ignore le contexte politique agité en « Arabie Heureuse », nom antique du Yémen.

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Ansar Allah, ou en arabe « Partisans de Dieu », sont fondés vers 2004 par Hussein Badreddine el-Houthi (1960 – 2004) (photo). Ce mouvement s’inscrit dans la complexité socio-culturelle du Yémen. La société traditionnelle yéménite se structure en effet autour des clans, des tribus et des fédérations tribales aux fortes traditions guerrières. À cette sociologie complexe s’ajoute la consommation généralisée et coutumière du khat, une « plante à mâcher » aux effets psychotropes majeurs. Il faut y ajouter les effets d’une histoire récente avec la division jusqu’en 1990 entre la République arabe du Yémen (ou Yémen du Nord) et la République démocratique populaire du Yémen (ou Yémen du Sud pro-soviétique). L’union de 1990 est rompue dès 1994 avec les velléités sécessionnistes du Sud contre la mainmise des « Nordistes ». Or le président Ali Saleh réprime avec violence ce séparatisme en moins de deux mois. Son autoritarisme irrite très vite de nombreuses tribus dont celle des Houthi du Haut-Yémen près de la frontière saoudienne.

Militant politique et prédicateur religieux, Hussein Badreddine el-Houthi conteste les autorités en place. Son assassinat déclenche la révolte de la région de Saada qui engendre ensuite une féroce guerre civile d’une rare intensité. Pour faire simple, les Partisans de Dieu affrontent non seulement les troupes gouvernementales, mais aussi les Frères musulmans,  les indépendantistes du Sud ainsi que les islamistes de Daech et d’Al-Qaïda (qui se détestent réciproquement) sans oublier l’intervention armée de l’Arabie Saoudite, des Émirats arabes unis, du Soudan, de la Jordanie, du Qatar et de l’Égypte. Au cours de leur avancée vers la capitale Sanaa, Ansar Allah amalgame en leur sein des unités nassériennes et baasistes. N’oublions pas qu’en 1990 – 1991, le Yémen soutenait l’Irak de Saddam Hussein dans la formation du gouvernorat du Koweït.

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Les Partisans de Dieu du Yémen ne se limitent plus aux seuls Houthi et à leurs alliés. Ils ont su se coaliser avec d’autres clans, tribus et confédérations coutumières. Leur discipline interne, leur combativité et leur sens tactique attirent très tôt l’attention de la Jamahiriya arabe libyenne de Mouammar Kadhafi et, selon des sources journalistiques anglophones, une aide logistique militaire de Pyongyang leur parvient par l’intermédiaire d’un négociant syrien proche du président Al-Assad. Les missiles et les drones de guerre ne seraient donc pas iraniens, mais plutôt coréens du Nord !

L’Occident se focalise sur les liens supposés entre Ansar Allah et la République islamique d’Iran. Certains services de renseignement occidentaux insistent sur les années d’études de Hussein Badreddine à Qoms et oublient qu’il aurait aussi étudié au Soudan à l’époque où s’exerçait sur ce pays le magistère intellectuel de Hassan al-Tourabi (1932 - 2016), penseur soudanais des Frères musulmans, théoricien d’un nationalisme-révolutionnaire à la fois panarabe et panislamiste en synthétisant les thèses de l’islamiste radical égyptien, proche des Frères musulmans, Sayyid Qutb (1906 – 1966), et du philosophe chiite d’extrême gauche Ali Shariati (1933 - 1977). Pourquoi ce tropisme, plus ou moins exact, vers l’Iran ?

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Une partie non négligeable des Yéménites professe le zaïdisme, une branche méconnue de l’islam chiite. La rupture entre les zaïdites et les autres chiites se produit entre les fils du quatrième imam, Ali Zayn al-Abidin (659 – 713). La majorité des chiites juge que la succession revient à Muhammad al-Bakir (677 - 733), le cinquième imam, tandis qu’une minorité reconnaît son frère Zaïn al-Abidin (695 – 740). Ce dernier prétend que l'on ne peut être imam que si l'on se déclare publiquement, ce que refuse Muhammad al-Bakir. Par ailleurs, instruit dans le mutazilisme, Zaïn al-Abidin entend concilier la raison et la tradition.

Les zaïdites se sentent assez proches du sunnisme au point que certains érudits du Coran les considèrent comme la cinquième école juridique de l’islam sunnite. Les zaïdites n’adhèrent pas à l’occultation de l’iman cher aux ismaéliens et aux imamites. Ils n’insultent pas les trois premiers califes et réclament que la direction spirituelle de la Communauté des croyants revienne de droit à l’un des descendants de Fatima et d’Ali. Dans l’histoire, le zaïdisme se manifesta sous les Idrissides du Maroc (789 – 985) et les Alavides en Asie Centrale (864 – 928). Plus récemment, entre 1878 et 1962, un iman zaïdite régnait sur le Yémen du Nord avant que les républicains aidés par les nassériens égyptiens ne le renversassent.

Aujourd’hui, les Partisans de Dieu du Yémen s’affichent en fer de lance de l’« Axe de la Résistance » contre les États-Unis et l’État d’Israël. Leur modèle est le Hezbollah. Ce n’est pas un hasard si leur nouveau symbole reprend celui du mouvement chiite libanais avec une autre couleur. Leur défense active de la cause palestinienne n’est pas une surprise dans un État en guerre avec Tel-Aviv depuis des décennies.

L’ouverture d’un front naval au détroit de Bab-el-Mandeb pèse sur la « liberté des mers » défendue avec énergie par les puissances commerciales thalassocratiques. Afin de contrer des actions téméraires qui contrarient la fluidité du marché planétaire, Washington vient d’organiser une opération dont le nom « Gardiens de la Prospérité » ressemble à une mauvaise reprise d’une super-production sortie de Marvel. Il s’agit d’une opération internationale avec le Royaume Uni, Bahreïn, le Canada, le Danemark, la Norvège, la Grèce, les Pays-Bas et les Seychelles. Dans les faits, la puissance de feu effective repose sur la seule flotte étatsunienne, les trois destroyers britanniques et une frégate grecque. Les Seychelles se mobilisent sur la transmission des informations tandis que les Canadiens, les Norvégiens et les Néerlandais prennent part à la mission au niveau de l’état-major.

La mondialisation entraîne parfois des conséquences étranges. Le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël, le 7 octobre dernier, peut faire passer un autre conflit de sa dimension strictement locale à une portée internationale. Les actions des Partisans de Dieu entravent le commerce planétaire. Elles prouvent la nocivité des traités de libre-échange et la faiblesse intrinsèque des échanges économiques intercontinentaux. L’autarcie du XXIe siècle est probablement née dans les faubourgs bombardés de Sanaa.         

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 100, mise en ligne le 30 janvier 2024 sur Radio Méridien Zéro.

samedi, 03 février 2024

Chine et Brésil: la coopération s'intensifie

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Chine et Brésil: la coopération s'intensifie

Luca Bagatin

Source: https://electomagazine.it/cina-e-brasile-la-cooperazione-aumenta/

Le Brésil, la République populaire de Chine et le Vatican, trois réalités qui, au cours des deux dernières années, ont contribué et contribuent encore et toujours à jeter de l'eau sur le feu des conflits nés il y a des décennies, plutôt que de souffler sur le feu des nationalismes et des particularismes, comme l'a souvent fait et le fait encore quelqu'un d'autre.

Dans ce contexte, la coopération qui existe depuis cinquante ans se poursuit, en particulier - depuis quinze ans - au sein de l'alliance économique connue sous le nom de BRICS, entre la Chine et le Brésil.

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Le 19 janvier, le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi a rencontré le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva à Fortaleza, au Brésil.

Le ministre Wang a apprécié les positions du Brésil sur le principe d'une seule Chine et, également au nom du président Xi Jinping, a soutenu le Brésil dans l'accélération de son développement social et économique, l'invitant également à approfondir sa communication stratégique et les nouvelles perspectives qui en découlent dans la sphère géopolitique.

Le ministre Wang a également espéré la possibilité de renforcer les relations entre les deux pays, ainsi qu'avec la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et le Mercosur (Marché commun du Sud), dans la poursuite de la "modernisation et de la promotion d'un ordre international juste et raisonnable".

Pour sa part, le président socialiste Lula a non seulement transmis ses salutations au président Xi, mais il a également exprimé sa volonté de renforcer les échanges de haut niveau entre les deux pays, ainsi que le partenariat stratégique global.

En particulier, le président Lula a déclaré qu'il était désireux d'apprendre de l'expérience de la Chine en matière de gouvernance mondiale, ajoutant que les entreprises chinoises sont les bienvenues pour investir au Brésil.

Enfin, le ministre chinois Wang a rencontré le vice-président brésilien Geraldo Alckmin et le conseiller principal de la présidence brésilienne Celso Amorim, ainsi que le ministre brésilien des affaires étrangères Mauro Vieira.

Toutes les parties ont convenu qu'il était nécessaire d'œuvrer à la construction d'un "monde ouvert, inclusif, propre et beau, jouissant d'une paix et d'une sécurité durables pour tous les citoyens de la planète".

La fin de la "Pologne traditionnelle", de la Pologne dirigée par les conservateurs

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La fin de la "Pologne traditionnelle", de la Pologne dirigée par les conservateurs

Nick Krekelbergh

Source : Nieuwsbrief Knooppunt Delta, no 186, janvier 2024

L'année dernière, la pression migratoire a encore fortement augmenté en Europe et, selon certains analystes, nous serons à nouveau confrontés en 2024 à une vague sans précédent depuis la crise des réfugiés de 2015-2016. À l'époque, celle-ci avait créé un phénomène inédit depuis la fin de la guerre froide, à savoir un clivage entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est, avec des visions nettement différentes quant à l'avenir du continent. La Pologne et la Hongrie ont refusé de se plier aux plans de dispersion de l'Union européenne, et en Hongrie, un mur a même été érigé à la frontière sud pour endiguer le flux de migrants empruntant ce qu'on appelle les "routes des Balkans". En outre, la réticence à accueillir des populations importantes en provenance du Moyen-Orient et d'Afrique était partagée par de nombreux pays d'Europe de l'Est, ce qui a donné lieu au phénomène dit de "Visegrád". La presse et la littérature professionnelle universitaire ont parfois parlé de "démocraties illibérales".

L'un des grands déclencheurs et de loin le plus grand pays avec une population équivalente à celle du reste du groupe de Visegrád a été la Pologne. Le parti national-conservateur Prawo i Sprawiedliwość (PiS en abrégé, traduit par Droit et Justice) y était au pouvoir depuis 2015. Le PiS a été fondé par les frères jumeaux Lech et Jarosław Kaczyński, et avait déjà été en concurrence pour le pouvoir avec la Plateforme civique, le parti libéral de Donald Tusk, avec plus ou moins de succès pendant une décennie et demie. En 2015, cependant, ils sont devenus le plus grand parti de la Diète (parlement polonais), juste après l'éclatement de la grande crise européenne des réfugiés. Lech Kaczyński, quant à lui, était mort dans un accident d'avion à Smolensk en 2010, à propos de quoi une tension fondamentale subsisterait entre la Pologne et la Russie depuis ce jour-là.

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Jarosław Kaczyński (photo) était le leader incontesté du parti. Au fil des années, le PiS a développé en Pologne un modèle de société considéré comme exemplaire par de nombreux conservateurs et identitaires à travers l'Europe. Tout d'abord, le PiS s'est obstinément opposé à tout projet d'accueil de réfugiés extra-européens. Il s'en est pris nommément aux migrants originaires de pays musulmans, ce qui ne leur a pas rendu service à l'heure où des mesures draconiennes étaient prises dans les grandes villes d'Europe de l'Ouest pour prévenir les attentats terroristes. Dans le même temps, le pays a absorbé des centaines de milliers de travailleurs migrants en provenance d'Ukraine en tant que "réfugiés", ce qui était nécessaire pour maintenir à flot son économie à croissance relativement rapide: après tout, les écarts de salaires relativement élevés ont poussé une grande partie des travailleurs les plus productifs sont partis en Europe occidentale pour aller travailler dans des secteurs tels que la construction, l'agriculture et les entreprises de nettoyage. En outre, sur le front social, le PiS lui-même a poursuivi une politique sociale et interventionniste forte pendant toutes ces années, ce qui lui a valu les éloges de Sahra Wagenknecht, politicienne de Die Linke (à l'époque), entre autres.

Un deuxième élément qui, à l'époque du Brexit et d'une réévaluation de l'État-nation, pouvait compter sur beaucoup de sympathie était l'opposition à l'ingérence de l'Union européenne dans ce qui était considéré comme des affaires nationales. Un dossier symbolique important à cet égard était celui de la réforme du système judiciaire, que les puissances européennes considéraient comme une érosion de l'État de droit libéral. Que Kaczyński et ses acolytes aient réellement voulu mettre un terme au gouvernement des juges par ce biais ou qu'ils aient surtout voulu construire un réseau loyaliste de fonctionnaires fidèles au PiS, comme ils l'avaient fait dans les autres branches de l'administration nationale, il vaut mieux ne pas se prononcer, car la vérité se trouve peut-être aussi quelque part à ce niveau médian. Quoi qu'il en soit, cela a valu à la Pologne un blâme de la Cour de justice de Luxembourg, à l'issue d'une procédure de deux ans engagée par la Commission européenne. Les projets de réforme du système judiciaire polonais étaient "contraires au droit communautaire".

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Un troisième aspect du gouvernement était son approche culturellement conservatrice et son profond attachement à l'Église catholique polonaise, qui reste à ce jour d'une popularité sans précédent dans le pays. Quiconque a déjà assisté à une messe en Pologne pourra confirmer qu'il s'agit d'une expérience très différente de celles que l'on éprouve dans les églises disparues d'Europe occidentale aujourd'hui. Cette même Église catholique a pu ensuite marquer de son empreinte les politiques culturelles et éthiques conservatrices du PiS. L'avortement y a été de facto interdit et, après 2020, il y a eu un conflit ouvert avec l'"idéologie LGBTQ+", qui peut être considérée comme le terme est-européen pour "woke" puisqu'il s'agit de son aspect le plus manifeste (le discours de décolonisation est beaucoup moins répandu en Pologne pour des raisons historiques évidentes). Et puis, bien sûr, il y a le patriotisme populaire, qui n'a jamais été très refoulé en Pologne, même sous le régime national-communiste de la PZPR dans la seconde moitié du 20ème siècle. Sous le PiS, ce patriotisme s'est transformé en un culte identitaire mettant l'accent sur la victimisation des Polonais tout au long de l'histoire. La marche annuelle de l'indépendance à Varsovie était ouvertement soutenue par le PiS et attirait non seulement des dizaines de milliers de patriotes et de nationalistes polonais, mais aussi toutes sortes de pèlerins et de sympathisants venus d'autres pays, principalement d'Europe occidentale. Dans l'argot anglo-saxon de l'internet, on parlait de "based Poland", ce qui signifie aussi bien "inébranlable" que "non influencé par l'opinion des autres".

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Se réveiller dans une nouvelle Europe de l'Est

À l'automne 2023, cependant, cette "Pologne directrice", conservatrice, a pris fin. Le PiS est à nouveau sorti des élections en tant que premier parti, mais l'opposition libérale, qui s'était unie dans une liste d'unité comme en Hongrie un an et demi plus tôt, avait de meilleures cartes en main pour former une majorité. Ainsi, à la fin de l'année dernière, le pays avait un gouvernement composé de libéraux, de centristes chrétiens et de la gauche woke, et ce sous la direction du vétéran Donald Tusk. En outre, le PiS avait tenté de combiner les élections avec un référendum sur l'immigration, mais comme seuls 40 % des électeurs avaient pris la peine de le remplir, le résultat de ce référendum n'était pas suffisamment représentatif pour être déclaré légalement valide. La Pologne s'est dotée d'un nouveau gouvernement présentant une image résolument différente de la société, saluée par les eurocrates comme un "retour à la maison au sein de la grande famille européenne". Cependant, on peut imaginer que de nombreux électeurs polonais ont voté en faveur de l'intégration à l'Occident et, par conséquent, à son système de valeurs, non pas tant parce qu'ils souhaitaient consciemment une telle société, mais parce qu'ils avaient simplement "besoin de quelque chose de différent pour une fois". Ces dernières années, le PiS a donc été hanté par des scandales d'abus de pouvoir, de mauvaise gestion et de corruption, y compris - ironiquement - un scandale de visas pour lequel deux anciens membres du gouvernement PiS sont aujourd'hui poursuivis. En outre, l'Église catholique polonaise a également été mêlée à des scandales d'abus sexuels et de décadence, alors qu'elle avait été jusqu'alors relativement épargnée par rapport à d'autres pays. La haine entre les conservateurs et l'opposition libérale a atteint des sommets inégalés au cours de la dernière décennie et, bien plus que d'autres pays d'Europe centrale et orientale, la Pologne est désormais en proie à des guerres culturelles (importées) en réaction de l'opposition à l'omnipotence de l'Église catholique. Les conséquences peuvent être devinées. Immédiatement après l'arrivée au pouvoir de Donald Tusk, le régime libéral a pris un tournant autoritaire, les médias d'État conservateurs ont été retirés des ondes et plusieurs anciens membres du gouvernement PiS ont été poursuivis en justice. Selon David Engels, l'opinion publique est également prête à mettre fin au strict refoulement des migrants à la frontière biélorusse (https://notesfrompoland.com/2024/01/11/hundreds-of-ngos-and-public-figures-call-on-tusk-to-stop-migrant-pushbacks-at-belarus-border/ ). 101 ONG et 550 activistes, artistes et universitaires ont déjà signé une lettre ouverte à Donald Tusk à cet effet. Agnieszka Dziemianowicz-Bak (photo, ci-dessous), femme politique de gauche ouvertement anti-chrétienne et éthiquement progressiste, a été nommée ministre de la famille, du travail et des affaires sociales (https://www.corrigenda.online/politik/agnieszka-dziemianowicz-bak-offen-linksradikal-das-ist-polens-neue-familienministerin).

images.jpgMais ce qui a peut-être joué, plus que toute autre chose, dans la chute de la "Pologne fondée", c'est que depuis 2022, nous nous sommes réveillés dans une autre Europe de l'Est. La guerre entre la Russie et l'Ukraine, plutôt que les flux migratoires ou le wokeness, est le thème dominant dans cette région, et le PiS a toujours lutté pour trouver un équilibre entre la défense de sa propre souveraineté nationale et le fonctionnement au sein de la coalition internationale (occidentale) chargée de soutenir l'Ukraine par un appui militaire et économique. Les conservateurs et les libéraux polonais ont tendance à être fortement anti-russes (à l'exception du parti Konfederacja, relativement nouveau et plus radical, qui gagne en popularité, surtout parmi les jeunes), mais lorsque le discours sur le soft power de la Russie repose en partie sur des principes éthiquement conservateurs très similaires à ceux du PiS, le maintien d'un discours anti-russe virulent joue naturellement à l'avantage des libéraux à long terme. Le déversement de grandes quantités de céréales ukrainiennes sur le marché polonais, qui a mis les agriculteurs polonais dans une situation difficile, a provoqué d'importantes tensions entre les deux pays. L'escalade a été telle qu'à un moment donné, la Pologne a menacé de réduire son soutien militaire à Kiev. Les conséquences ne se sont pas arrêtées là. Une semaine avant les élections, tous les hauts gradés de l'armée (intégrée à l'OTAN) ont démissionné en signe de protestation contre le gouvernement PiS.

Nick Krekelbergh

vendredi, 02 février 2024

Le juge reprend désormais le flambeau des politiques

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Le juge reprend désormais le flambeau des politiques

Jan Sergooris

Source : Nieuwsbrief Knooppunt Delta, no. 186, janvier 2024

Le 30 novembre 2023, la Cour d'appel de Bruxelles a rendu un arrêt (dans l'affaire du climat) ordonnant à la Région flamande, à la Région de Bruxelles-Capitale et à l'État belge de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d'ici 2030 par rapport à 1990. Les trois juges de la Cour d'appel de Bruxelles se sont référés dans leur motivation à la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH) et plus particulièrement au droit à la vie (art. 2) et au droit au respect de la vie privée (art. 8). (source : De Standaard, 2 le 3 décembre 2023).

Cet arrêt fait suite à un arrêt rendu en 2015 aux Pays-Bas, dans lequel l'organisation environnementale Urgenda a gagné un procès sur le climat contre l'État néerlandais, exigeant que le gouvernement veille à ce que, d'ici 2020, les émissions soient réduites de 25 % par rapport à 1990.

Et bien que je sois favorable au principe de la réduction des effets nocifs sur le climat - je ne suis pas de ceux qui parlent d'hystérie climatique - je trouve cette décision du tribunal de Bruxelles extrêmement inquiétante sur le plan démocratique. Dans les deux cas, le tribunal se substitue au législateur. Dans l'affaire Urgenda, l'avocat de Milieudefensie a parlé de "mise sous tutelle" de la démocratie par le juge.

Le professeur de droit de l'environnement, de l'énergie et du climat Kurt Deketelaere (KULeuven) a également fait remarquer dans De Standaard que les juges ne devraient pas jouer eux-mêmes le rôle de législateur. C'est au législateur de fixer les objectifs de réduction et les délais, pas au pouvoir judiciaire. Cette décision est contraire à la Constitution belge en raison de la séparation des pouvoirs. Dans le cas qui nous préoccupe, on affirme qu'avec cette demande, la décision ne prend pas la place de la politique, car sa seule intention est d'"aider les politiciens", afin de prendre "la seule décision possible" pour mettre fin aux violations flagrantes des droits de l'homme (selon un rapport du journal De Morgen, du 2 décembre 2023).

Manuel Sintobin, géologue à la KULeuven, affirme que, contrairement à ce que prétendent les défenseurs des plaignants, ils siègent bel et bien dans le fauteuil des politiques. En appel, cette partie a exigé une réduction des émissions de 61% d'ici 2030 par rapport à 1990, ce qui, selon eux, est le strict minimum "sur lequel tous les experts s'accordent". Leurs points de départ correspondent à des choix politiques individuels. Ils partent de 1,5° C alors que l'Accord de Paris stipule que nous devrions rester en dessous d'un réchauffement de 2° C et faire tout notre possible pour limiter le réchauffement à 1,5° C. Le choix de la limite de température de 1,5° C est donc un choix politique (De Morgen, 2 décembre 2023).

Rik Torfs mentionne dans Doorbraak que la décision de Bruxelles a été accueillie favorablement dans la "presse de qualité", soit la presse établie. Le rédacteur en chef Karel Verhoeven (De Standaard), par exemple, a trouvé la décision "formidable", un "document intense avec une mission politique hardie". Torfs a posé la question avec l'ironie qui s'impose: "Le poignant n'est-il pas plutôt une caractéristique de la bonne poésie ? Une véhémence intense. Il est agréable de trouver de tels sentiments dans un roman. Mais délivrez-nous de toute jurisprudence poignante, Seigneur", a déclaré l'avocat en droit ecclésiastique.

La réaction initiale des grands médias et du Standaard n'a pas été la même lorsque, en juin de l'année dernière, la Cour suprême des États-Unis a annulé l'arrêt "Roe v Wade" ! Cette loi de 1973 stipulait que l'avortement était un droit garanti par la Constitution. Le monde progressiste s'est indigné de "l'interdiction" de l'avortement. En réalité, l'arrêt de la plus haute juridiction américaine n'a pas aboli l'avortement, mais cette Cour suprême a jugé que, contrairement à ce qui avait été décidé en 1973, ce n'est pas à elle d'en décider, mais aux États. C'est le parlement (=législature) des différents États qui doit en décider. C'est ainsi que fonctionne une véritable démocratie.

Marc Bossuyt estime, également dans Doorbraak (11 décembre 2023) que la Cour d'appel va cette fois très loin dans l'attribution d'obligations positives au droit à la vie. Elle y lit l'obligation pour le gouvernement de prendre des mesures préventives. De tels objectifs sont louables, a déclaré M. Bossuyt, mais ils ne sont pas de nature à être imposés par un tribunal. En outre, il existe de nombreux autres objectifs qui ne s'y prêtent pas. Nous consacrerions 0,7% de notre PIB à l'aide au développement ? Nous augmenterions certainement nos efforts de défense à hauteur de 2% ? Notre droit à la sécurité garanti par l'article 5 de la CEDH (= droit à la liberté et à la sécurité) ne risque-t-il pas d'être compromis? Ne devrions-nous pas limiter notre dette à 60% de notre PIB et notre déficit budgétaire à 3%? Notre droit de propriété n'est-il pas menacé si nous n'atteignons pas ces objectifs? Nous attendons toujours un arrêt d'une chambre néerlandophone de la Cour d'appel condamnant les gouvernements fédéral, bruxellois et wallon pour ne pas avoir pris suffisamment de mesures sur ce point.

Jan Sergooris

Le projet "Greater India" prend de l'ampleur

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Le projet "Greater India" prend de l'ampleur

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/article/proekt-velikoy-indii-nabiraet-oboroty

Le 22 janvier, le Premier ministre indien Narendra Modi a assisté à la cérémonie d'inauguration d'un temple hindou dédié à Rama, l'un des dieux du panthéon hindou.

Le complexe du temple a été construit dans l'État d'Ayodhya sur le site de l'ancienne mosquée de Babri de l'ère moghole, qui a été détruite par les hindous en décembre 1992. Ironiquement, les enquêtes sur cet acte de vandalisme ont révélé que la destruction de la mosquée avait été planifiée par des organisations radicales hindoues, dont le Bharatiya Janata Party, aujourd'hui au pouvoir.

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La cérémonie avait plusieurs significations. Tout d'abord, dans le contexte de la religion, elle symbolisait la victoire de l'hindouisme sur l'islam. Deuxièmement, elle a montré la puissance de l'Inde elle-même dans le contexte des traditions culturelles et historiques. Troisièmement, il s'agissait d'une sorte d'acte de campagne électorale de Narendra Modi et de son parti, le Bharatiya Janata Party, qui professe le nationalisme hindou.

Modi lui-même avait promis d'ériger ce temple lorsqu'il a remporté le poste de Premier ministre en 2014. Il a tenu parole et a gagné un autre dividende politique et le respect de ses partisans. Un peu plus tôt, lors d'un rassemblement le 15 septembre 2023, Modi avait promis à ses compatriotes mille ans de grandeur.

Le Pakistan a réagi négativement à l'événement, le représentant du pays à l'ONU, Munir Akram, a publié une lettre envoyée à l'organisation. Cette lettre indique que le Pakistan condamne fermement ces actions car "une telle tendance représente une menace significative pour le bien-être social, économique et politique des musulmans indiens, ainsi que pour l'harmonie et la paix dans la région".

En effet, des actions spontanées ont été menées par des nationalistes hindous dans certaines villes, qui ont accroché des drapeaux orange (la couleur des nationalistes indiens) à une mosquée d'Agra. Des émeutes ont également eu lieu dans les États du Maharashtra, du Gujarat, du Madhya Pradesh et du Kerala.

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Si la rhétorique du Premier ministre peut sembler populiste, elle a souvent été l'occasion de provocations en Inde même. Modi lui-même a été associé à la montée du nationalisme hindou, qui s'est à plusieurs reprises traduit par des pogroms visant les membres d'autres religions.

En 2002, le plus grand pogrom antimusulman de l'histoire de l'Inde indépendante a eu lieu. Selon les chiffres officiels, plus d'un millier de personnes ont été tuées (dont 254 hindous), mais certains médias avancent le chiffre de deux mille musulmans tués. Beaucoup pensent que Modi n'a pas fait assez pour protéger la population musulmane.

Il convient de noter que des affrontements similaires, bien que de moindre ampleur, se produisent régulièrement dans différentes villes de l'Inde et que, lors des dernières émeutes, la police a arrêté plusieurs dizaines de radicaux à Agra.

La polarisation ne se fait pas seulement en fonction de la religion, mais aussi des idéologies politiques et des traditions locales. Cela soulève la question de savoir si l'image politique de l'Inde correspond à la réalité qui prévaut dans le pays.

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Perspectives de victoire

L'idéologie du Bharatiya Janata Party et d'autres partis nationalistes défend le projet d'une Grande Inde. Ce projet s'accompagne d'amendements à la constitution du pays (dont l'un abolit l'autonomie du Jammu-et-Cachemire), d'un changement officiel du nom de l'État - Bharat au lieu d'India - et d'un intérêt pour l'expansion et l'absorption des terres voisines.

Dans sa version la plus radicale, la Grande Inde inclurait le Pakistan, le Bangladesh, le Népal et le Bhoutan. Dans une telle philosophie politique, le système même de l'État est considéré comme un mandala. Dans le bouddhisme, le mandala est un symbole d'harmonie et de plénitude, et les dessins eux-mêmes doivent être symétriques pour indiquer la perfection. Dans la politique de l'Asie du Sud-Est, le mandala a une signification légèrement différente.

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Ce concept remonte à l'héritage de Kautilya (Chanakya), souvent considéré comme le Machiavel oriental. Kautilya vivait à l'époque de l'invasion d'Alexandre le Grand et, impressionné par ce qu'il voyait, écrivit des recommandations au souverain Chandragupta, connues sous le nom d'Arthashastra, ou science de la politique.

Selon la logique de Kautilya, le mandala représente alors des cercles concentriques représentés par les voisins et leurs voisins. Or, pour un pays, tous les voisins sont par nature des ennemis et les voisins des voisins sont vos amis. Les idées de Kautilya sont toujours vénérées et interprétées en Inde au plus haut niveau et dans divers domaines, de l'histoire de l'hindouisme à la stratégie militaire.

En ce qui concerne la réalité, la situation est plus compliquée et plus complexe. Le fait est qu'avant la conquête du sous-continent indien, il n'y avait jamais eu de pays aussi grand et unifié. La plus grande entité avant l'arrivée des Britanniques était le sultanat de Delhi, dirigé par des dynasties turques. Leur succès est dû au fait qu'ils ne se sont pas assimilés à la population locale comme l'avaient fait leurs prédécesseurs d'Asie centrale et de l'Oural, mais qu'ils ont conservé leur identité, bien que la culture moghole ait acquis des caractéristiques spécifiques.

Les Britanniques, quant à eux, ont utilisé les contradictions entre les différents souverains pour conquérir l'ensemble du sous-continent, ce qu'ils ont réussi à faire. Ils y sont parvenus non seulement par la force militaire, mais aussi par la corruption et divers privilèges accordés à leurs vassaux. Mais comme l'ensemble de cet immense massif n'était pas uni, même sur la base de la religion, lorsque les Britanniques sont partis, deux sujets politiques - l'Inde et le Pakistan, divisés sur le principe de la religion - ont accédé à l'indépendance.

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Les Sikhs ont le plus souffert et se sont retrouvés sur la ligne de démarcation des deux nouveaux États, demeurant respectivement dans l'État du Pendjab et la province du Pendjab. Les chrétiens se sont retrouvés dispersés dans différents endroits en fonction des circonstances historiques (il convient de rappeler que l'apôtre Thomas a prêché dans le sous-continent, de sorte que le christianisme peut également être considéré comme traditionnel dans cette région).

En 1948, la principauté de Junagadh, dont le dirigeant voulait rejoindre le Pakistan, a été conquise, et en 1961, la colonie portugaise de Goa a été annexée.

Cependant, la question de la propriété du Cachemire au niveau international n'a pas encore été résolue (le territoire est divisé en deux parties, administrées respectivement par Islamabad et New Delhi). Au Ladakh, la Chine contrôle une partie du territoire. Le Pakistan et la Chine sont deux puissances nucléaires qui coopèrent assez bien, notamment pour contenir les ambitions géopolitiques de l'Inde.

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Outre les minorités religieuses mentionnées ci-dessus, parmi lesquelles on compte plus de 200 millions de musulmans, il y a également ce que l'on appelle la "ceinture rouge" des Naxalites, des insurgés à l'idéologie gauchiste, qui sont actifs dans un certain nombre d'États depuis des dizaines d'années.

Par conséquent, malgré la rhétorique des autorités et les aspirations stratégiques, il sera difficile de réaliser le projet de la Grande Inde dans la pratique. Il sera également difficile d'influencer l'Inde de l'extérieur si des conflits internes éclatent dans le pays.

L'exemple des actions d'Israël en Palestine a montré qu'en dépit d'une apparente solidarité musulmane, hormis les Houthis du Yémen, le Hezbollah libanais et les mandataires de l'Iran en Syrie et en Irak, personne n'a pris de mesures décisives à l'encontre d'Israël. Israël peut choisir de ne pas respecter les décisions de la Cour internationale des Nations unies. Et personne ne peut l'y contraindre puisque la Cour ne l'autorise pas à envoyer des troupes de maintien de la paix de l'ONU. Que dire de l'Inde avec son immense armée et son appareil de sécurité, qui sait très bien mener des opérations de toutes sortes ?

Mais en ce moment, en Inde, les autorités essaient de ne pas parler des problèmes, mais de mettre l'accent sur la prospérité et la voie de l'avenir. Cette année, les élections nationales auront lieu en avril-mai. Une période aussi longue s'explique par les spécificités du système électoral et du décompte des voix.

En décembre dernier, le parti de Modi a remporté les élections dans trois États indiens, montrant que le succès était toujours de son côté. Les sondages ont montré que, sur dix Indiens, sept approuvent les performances du Premier ministre, car l'Inde a connu une croissance économique significative au cours de la décennie de règne du Bharatiya Janati - les derniers chiffres font état de 7%. Il est donc tout à fait possible que Narendra Modi remporte à nouveau les élections législatives et brigue un troisième mandat, même si l'opposition s'est réunie au sein de l'alliance INDIA et espère également une victoire.

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Toutefois, quelle que soit l'issue des élections, l'Inde restera un partenaire stratégique de la Russie, car une tel partenariat est au moins bénéfique pour les deux pays. C'est ce qu'a souligné l'ambassadeur indien en Russie le 26 janvier à Moscou lors de son discours à la cérémonie en l'honneur du 65ème anniversaire de la république.

Le développement du corridor Nord-Sud, la route maritime de Chennai à Vladivostok et même la participation à la route maritime du Nord - ces projets ont été mentionnés par l'ambassadeur comme des priorités stratégiques pour l'avenir proche. Sans oublier les produits pétroliers en provenance de Russie, qui contribuent également à la croissance économique de l'Inde, ainsi que d'autres domaines dans lesquels les deux pays coopèrent traditionnellement depuis de nombreuses décennies.

L'Union européenne, coordonnée par l'OTAN, est l'instrument américain dans le conflit stratégique lors de la phase multicentrique

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L'Union européenne, coordonnée par l'OTAN, est l'instrument américain dans le conflit stratégique lors de la phase multicentrique

par Luigi Longo

Source: https://www.sinistrainrete.info/geopolitica/27223-luigi-l...

L'Europe est devenue un Euroland sans souveraineté économique et surtout géopolitique et militaire. En son sein, un corps d'occupation étranger, connu sous le nom d'OTAN, est installé, envoyé depuis longtemps comme des soldats mercenaires en Asie centrale, prêt à menacer et à risquer une guerre mondiale en Géorgie et en Ukraine. Si cela est vrai, ne serait-ce qu'en partie, alors quel est l'intérêt d'énumérer notre grand profil européen, de la philosophie grecque au droit romain, des cathédrales romanes et gothiques à l'humanisme de la Renaissance, de la révolution scientifique aux Lumières, de l'héritage gréco-romain classique au christianisme, etc.

Pure hypocrisie.

Costanzo Preve*

1.

Je vais avancer quelques réflexions sur l'Europe, non pas à partir de l'histoire de l'Europe des Nations, qui s'est formée après la dissolution de l'empire de Charlemagne (1), mais à partir de la guerre Russie-Ukraine (c'est-à-dire l'agression américaine contre la Russie via l'OTAN-Europe), qui a en fait sanctionné la fin du projet de l'Union européenne (avancé et réalisé après la Seconde Guerre mondiale, même s'il a été conçu dans les années 1930 par les États-Unis d'Amérique) remplacé par le nouveau rôle de l'OTAN qui convient mieux aux nouvelles stratégies américaines dans la phase multicentrique [conflit entre une puissance hégémonique en déclin (États-Unis) et des puissances consolidées (Russie, Chine) et montantes (Inde)] (2). Une "[...] Europe occidentale (également Europe de l'Est, ma précision LL) soumise à une occupation militaire américaine acceptée par les gouvernements fantoches actuels, que je considère précisément pour cette raison comme totalement illégitimes, qu'ils soient ou non sanctionnés par des élections manipulées" (3).

2.

Raniero La Valle saisit le sens de la métamorphose, qui a commencé il y a des années (4), de l'OTAN lorsqu'il affirme: "De Washington à Vilnius, en fait, tout revient, tout va pour l'Amérique et sa Cour "incomparable" : les mêmes ennemis, la Russie, la Chine, l'Iran, la Corée du Nord, le "terrorisme", la même victime qui unit tout le monde autour de l'autel du sacrifice, l'Ukraine, la même détermination à utiliser même la première arme nucléaire parce que la dissuasion ne suffit plus, la même idée que le vieux concept de défense est dépassé, parce qu'aujourd'hui, ce ne sont pas seulement les guerres qui se décident avec des armes de guerre, mais aussi des alternatives de toutes sortes, la gestion des crises, les politiques industrielles, l'économie, le climat, les questions de "sécurité humaine", et même la question de l'égalité des sexes et de la participation des femmes: tout est lié à l'OTAN, le nouveau souverain, parce que son approche est "globale" et que ses trois tâches principales, "la dissuasion et la défense, la prévention et la gestion des crises, et la sécurité coopérative", doivent être accomplies dans la discrétion la plus absolue : "Nous répondrons à toute menace contre notre sécurité comme et quand nous le jugerons approprié, dans la zone de notre choix, en utilisant des moyens militaires et non militaires de manière proportionnée, cohérente et intégrée" ; et, semble-t-il, pour décider dans l'urgence (mais cela n'a pas été écrit), cela peut également être le commandant général de l'OTAN sans remettre en question "la structure" ; en bref, il y a une liberté d'exercice du nucléaire. L'Ukraine est pleinement intégrée à l'OTAN, mais il faut faire comme si elle ne l'était pas, pour ne pas obliger la Russie à utiliser l'arme nucléaire; Poutine accuse le coup, il doit jouer le jeu, et se dit "prêt à traiter séparément les garanties de sécurité de l'Ukraine, mais pas dans le cadre de son adhésion à l'OTAN". Et à Vilnius, il assure que cela n'arrivera pas, que l'Ukraine ne rejoindra l'OTAN que lorsque la guerre sera terminée, et c'est la raison pour laquelle, comme le voulait Biden depuis le début, elle ne doit pas avoir de fin; et Zelensky, après la première colère qui lui a valu d'être accusé d'"ingratitude" par le ministre britannique de la défense, s'est rendu à la collecte et a joyeusement exprimé son enthousiasme (Le Colonel de l'état-major ukrainien et analyste militaire Oleg Zhdanov dit: "Au cours des 16 derniers mois, nous nous sommes intégrés à la machine militaire atlantique d'une manière dont nous n'aurions jamais pu rêver avant le 24 février 2022. Les milliers d'hommes prêts à percer les lignes russes sont habillés, armés, transportés, entraînés par l'OTAN ; même leurs armes personnelles ont été fournies par les alliés", et ainsi de suite: "chars allemands Leopard 2, véhicules américains Humvee ou véhicules blindés de transport de troupes Bradley et Strykes, dizaines de types différents de transports blindés de troupes, canons français à longue portée Caesar ou canons américains M777, lance-roquettes américains Himars, obusiers automoteurs polonais Krab", le tout accompagné d'une assistance, de pièces détachées, de personnel spécialisé, avec une chaîne d'échange et de coopération à long terme, bien qu'"il soit difficile de dire quand l'Ukraine rejoindra l'OTAN, peut-être même jamais" (5).

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3.

L'OTAN est fondamentale pour les stratégies mondiales des États-Unis d'Amérique. Sa transformation d'un instrument de défense contre le soi-disant communisme soviétique en un instrument d'agression et de pénétration dans les zones d'influence de la Russie et de la Chine pour empêcher la consolidation du pôle asiatique (qui prend actuellement son essor avec ses structures de fonctionnement et de coordination comme, par exemple, les Brics) capable de défier l'hégémonie mondiale des États-Unis avec son modèle de lien social de la production et de la reproduction de la vie. Les États-Unis n'acceptent pas un monde multicentrique, leur histoire en tant que nation est emblématique et devrait servir de leçon; je cite, à cet égard, ce que j'ai déjà souligné dans d'autres écrits: il est difficile pour les États-Unis de renoncer à une domination mondiale absolue, sous couvert de démocratie, de droits et de divers mensonges, étant donné leur histoire qui, depuis le 4 juillet 1776 (année de la déclaration d'indépendance), ne les a vus en paix que pendant 18 des 246 années au cours desquelles ils ont progressivement évolué d'une néo-nation luttant pour son indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne (1775-1783), en passant par la monumentale guerre de Sécession (1861-1865) pour se transformer, après avoir collaboré au triomphe de la Seconde Guerre mondiale (1941-1945), en la plus grande puissance du monde de la fin du 20ème siècle à nos jours, bien que, heureusement pour nous, en net déclin relatif. Alain Badiou affirmait il n'y a pas longtemps que: "La puissance impériale américaine, dans la représentation formelle qu'elle se fait d'elle-même, a la guerre comme forme privilégiée, sinon unique, d'attestation de son existence" (6). Leur passion est de commander, d'usurper, de subjuguer tous les peuples; leur mission est la domination absolue. Les USA ont un poids spécifique plus important qui est celui du mandat divin qui les conduit à la domination absolue du monde (monocentrisme), par opposition aux autres puissances qui sont pour une domination partagée du monde (multicentrisme). Le facteur déterminant dans ce scénario misérable sont les relations de pouvoir et de domination, les relations les plus stupides que les êtres humains sexualisés se soient jamais données. L'autorité en est un autre ! (mais c'est un autre sujet de discussion).

Nous sommes, dans cette phase multicentrique, en pleine guerre "au sens large" (7). Voyez par exemple le rôle de pays tels la Norvège, la Finlande, la Suède, le Danemark, pays d'Europe du Nord qui font partie de l'UE (à l'exception de la Norvège) et de l'OTAN (à l'exception de la Suède) et qui ont signé des accords de défense bilatéraux avec les États-Unis d'Amérique en cas de conflit avec la Russie (8).

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Alberto Bradanini (photo - ancien ambassadeur à Pékin de 2013 à 2015) précise ainsi "[...] comme tout conflit même lointain génère des turbulences insidieuses, les dirigeants chinois partagent pour l'essentiel le jugement de Moscou: "que la genèse du conflit doit être attribuée à la stratégie américaine visant à déstructurer la Russie par une guerre par procuration (menée par les Ukrainiens avec des armes et des financements nato américains), à provoquer son changement de régime et si possible même à provoquer son éclatement, en en faisant une proie facile pour les vautours de Wall Street [...] Dans le jugement de Pékin [...] les États-Unis visent alors à empêcher la soudure Russie-Chine et à provoquer une guerre par procuration antichinoise similaire, menée cette fois-ci jusqu'au dernier Taïwanais". Selon lui, les Etats-Unis n'acceptent pas l'émergence d'un monde multipolaire qui s'épanouit autour de l'alliance russo-chinoise, à laquelle s'ajouteraient "l'Inde et d'autres nations dites émergentes qui, en fait, n'entendent pas suivre Washington dans sa politique de sanctions contre Moscou [...]. L'expansionnisme de l'OTAN/Washington vers l'Est a donc pour objectif stratégique d'empêcher cette voie de pacification/intégration eurasiatique qui était apparue comme une promesse de paix et de développement à la chute de l'Union soviétique". Un tournant qui a entraîné une nouvelle convergence entre la Chine et la Russie, qui ne sont plus unies par une idéologie anticapitaliste comme à l'époque de Mao et Staline, mais par des intérêts économiques et stratégiques communs et le même besoin de contenir l'expansionnisme américain [italiques de moi, LL]" (9).

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En résumé, selon les termes de l'économiste marxien Richard D. Wolff (photo), qui résume bien ce qui précède, on peut dire que: "[...] l'empire américain, compris comme la suprématie capitaliste et géopolitique, est terminé. Mais l'Amérique ne veut pas s'en rendre compte [...] la Chine, en revanche, a créé un écosystème productif gigantesque dont le monde ne peut se désintéresser et codétermine donc désormais le destin du capitalisme. Consensuellement d'abord et conflictuellement maintenant, mais jamais de manière subalterne [...] le capitalisme s'est "sinisé" (comme en Russie il s'est "russifié", ma spécification, LL) d'une manière que l'Amérique ne pensait pas possible, étant donné la crise persistante entre l'économie de marché et le parti communiste" (10). Les difficultés américaines, qui soulignent à la fois le déclin et l'incapacité stratégique à atteindre des objectifs dans le temps et l'espace, sont évidentes dans les deux conflits ouverts en Ukraine (via l'OTAN-Europe), principalement contre la Russie, et en Palestine (via l'OTAN-Europe-Israël), principalement contre la Chine. La faiblesse des USA se manifeste aussi dans leur jeu de renvoi (car ils n'ont aucune idée du nouveau monde qui se dessine, engagés qu'ils sont dans la quatrième révolution industrielle, celle du transhumanisme, c'est-à-dire la fin de la dimension humaine de l'humanité, une révolution nihiliste de l'humanité sexuée) en tentant de contrer les projets mondiaux de la Chine (les Routes de la Soie) et de la Russie (le Corridor international de transport nord-sud russo-indien, INSTC) en avançant son projet IMEC (Corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe):

1) favoriser l'hégémonie israélienne dans le Nouveau Moyen-Orient, en tant que puissance régionale, avec son projet de Canal de Gurion, concurrent du Canal de Suez, avec toutes les conséquences néfastes sur l'élimination de la population palestinienne de Gaza pour permettre un débouché sur la Méditerranée;

2) réduire la taille de l'Egypte;

3) porter un coup sévère à l'axe de transport énergétique et commercial Bassorah-Europe, centré sur la Turquie. Derrière les infrastructures et le contrôle des ressources énergétiques se joue un jeu fondamental dans l'affrontement entre les puissances mondiales (USA, Chine, Russie et indirectement l'Inde, puissance montante) avec leurs sous-puissances régionales (Israël, Iran, Turquie) (11).

4.

La Russie et la Chine, qui sont les deux centres (pour l'instant) du pôle asiatique émergent, veulent construire un monde multicentrique et sont en mesure de contester l'hégémonie mondiale des États-Unis, qui prône un monde monocentrique. Un pôle asiatique que, dès 1956, l'historien Arnold Toynbee configurait ainsi: "Si, ayant ainsi perdu l'amitié du sous-continent chinois, notre monde occidental devait également perdre l'amitié du sous-continent indien, l'Occident aurait perdu au profit de la Russie la majeure partie du Vieux Continent, à l'exception de quelques têtes de pont en Europe de l'Ouest et en Afrique ; et cela pourrait être un événement décisif dans la lutte pour le pouvoir entre le "monde libre" et le communisme" (une réflexion actuelle en substance si nous spécifions les concepts de monde libre et de communisme et les mettons en relation avec l'histoire donnée) (12).

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Costanzo Preve a raison lorsqu'il affirme: "[...] Il s'agit d'une décision (la décision de résister à l'américanisme, ma précision LL) nourrie par la conscience de la principale caractéristique de l'américanisme lui-même, à savoir son arrogance. [...] Il ne s'agit pas seulement d'une question de pure puissance militaire "impériale" (Alexandre le Grand, Jules César, Gengis Khan, Napoléon). Il s'agit de quelque chose de plus profond et d'immensément plus abject, l'arrogance d'être porteur d'une civilisation supérieure garantie même par un mandat divin qui légitime cette prétention à la supériorité par son élection invérifiable. Aujourd'hui, le seul détenteur au monde de cette intolérable arrogance, ce sont les États-Unis d'Amérique. Peut-être [...] l'Europe, la Russie, les Mongols, les Arabes, la Chine, etc. l'ont-ils été dans le passé, mais il est certain que dans les conditions géopolitiques actuelles, ils ne le sont plus. C'est de cette donnée qu'il faut partir". Un mandat divin d'un Dieu un peu étrange, "[...] le Dieu de George Bush et du messianisme idéocratique américain des néo-cons [...,  le Dieu exclusif, lié de facto à un seul peuple élu (autrefois les Juifs, aujourd'hui les Américains de la Destinée Manifeste et de la Cité sur la Colline, le peuple que le blasphémateur éhonté Bill Clinton a appelé sans vergogne dans son discours d'investiture à la Maison Blanche "le seul peuple indispensable au monde"), le Dieu au nom duquel les bombes atomiques sont larguées sur Hiroshima et Nagasaki et l'Irak envahi en 2003, le Dieu au nom duquel les bases militaires sont multipliées dans tous les pays du monde, planifiant de manière obsessionnelle la prochaine guerre avec la coexistence d'une Europe asservie et terrorisée [...]" (13).

5.

La soumission volontaire totale des nations européennes (et de sa superstructure représentée par l'Union européenne) aux stratégies américaines est si forte que les guerres Russie-Ukraine et Israël-Palestine ont fait l'objet d'une homogénéité si compacte dans le camouflage de la réalité. Il faut remonter à l'histoire de Catilina dont nous n'avons qu'une seule vérité : rarement une tradition aussi abondante aura été aussi compacte dans l'obscurcissement de la réalité (14). L'Ukraine agressée est devenue une victime après avoir réprimé les Républiques populaires séparatistes de Donetsk et de Lougansk, une répression commencée en 2014 contre les régions russophones (Odessa, Dniepropetrovsk, Kharkov, Louhansk et Donetsk) qui a conduit à une militarisation du contexte et à quelques massacres (à Odessa et Marioupol, les plus importants) et après avoir été l'instrument américain, par l'entrée de facto dans l'OTAN, de la guerre contre la Russie ; tout comme l'Israël lésé par le Hamas est transformé en victime après avoir occupé la Palestine depuis 1948 (proclamation de la naissance de l'Etat d'Israël) en expulsant les Palestiniens (composés à l'origine d'Arabes musulmans, d'Arabes chrétiens, de Juifs et de minorités turques et arméniennes) avec une violence et des méthodes inqualifiables (15). Le mensonge systématique qui devient la vérité des dominants ! (16).

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La remarque de Luciano Canfora sur le modèle européen plein de démocratie, de liberté et de droits universels des peuples en référence à la soi-disant invasion russe de l'Ukraine (et au plan d'attaque du Hamas contre Israël) est efficace, rappelant la férocité des puissances européennes dans la poursuite de la domination mondiale: "Bien sûr, si l'on pense avec quelle détermination les Européens ont poursuivi la domination mondiale, il est plutôt amusant qu'ils se montrent maintenant comme un modèle de vertu et qu'ils fassent la leçon aux autres. Une certaine rhétorique pro-européenne ressemble à la prière contrite de quelqu'un qui a fait toutes sortes de choses et qui devient soudain pieux et vertueux" (17).

C'est-à-dire que nous passons d'une phase historique monocentrique, avec une coordination occidentale américaine jusqu'en 1990-1991 (implosion de l'ex-URSS) et mondiale jusqu'en 2011 (montée des puissances russe et chinoise), où l'Europe a joué un rôle subalterne et dirigeant dans le système américain (américanisation du territoire européen) et ses stratégies de domination du monde ; à une phase multicentrique où l'Europe, gouvernée et gérée par la nouvelle OTAN, devient une expression géographique de la mémoire metternichienne, ainsi qu'un champ de bataille de l'affrontement entre les puissances mondiales.

6.

L'Union européenne n'existe pas ! Ce qui apparaît, ce sont des institutions (lieux institutionnels) dirigées par des sous-décideurs des différentes nations qui utilisent les ressources des différentes sphères sociales et mettent en œuvre des stratégies de développement (en alliance ou en conflit les unes avec les autres) intégrées dans celles des États-Unis. Les sanctions contre la Russie, qui ont eu un effet négatif sur l'Europe (augmentation des prix des matières premières énergétiques, en particulier pour les entreprises du secteur de l'énergie et du gaz, réduction des relations économiques, récession et perte accentuée du pouvoir d'achat, sécurité dans les nouvelles infrastructures énergétiques, etc.) elles ont apporté des avantages aux États-Unis (limitation de la baisse de la demande de dollars pour le commerce international, vente de gaz à des prix russes multiples, attraction des entreprises européennes, etc : construire de nouvelles relations en Asie (Chine, Inde, Iran), promouvoir un développement autosuffisant (dans l'alimentation, l'industrie manufacturière, les biens de consommation, etc.) Un autre exemple est le désastre de l'économie européenne: "[...] 2024 sera un désastre pour l'économie réelle européenne. Les indicateurs économiques manufacturiers prévisionnels, les PMI, sont pratiquement tous négatifs pour les pays européens [...]. Les perspectives économiques sont donc mauvaises, mais il y a pire: les nouvelles règles budgétaires européennes, celles sur lesquelles un accord a été trouvé, prévoient des contraintes très fortes sur le déploiement de politiques budgétaires expansionnistes. Le fait que le déficit ne puisse dépasser 1% du PIB pour la quasi-totalité des pays européens rendra impossible toute politique de nature anticyclique; au contraire, il imposera des réductions et des augmentations d'impôts qui seront procycliques. Ainsi, non seulement la crise cyclique ne sera pas contrée par les politiques économiques de l'UE, mais elle sera même accentuée. La crise de 2011-2014 ne nous a rien appris du tout [...]" (18).

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L'Europe en tant que sujet politique unitaire n'a jamais existé. Je souligne, avec Luciano Canfora, que "l'Europe occidentale s'est divisée très tôt et est restée divisée: l'idée qu'il s'agit d'un continent unitaire est une invention. Au fil des siècles, nous la voyons se déchirer, déchirée par des luttes de pouvoir, aux prises avec une autorité spirituelle, celle du pontife romain, qui était également temporelle et interagissait avec les gouvernements des différents États. Cela a favorisé une dialectique plus vivante, mais aussi un éclatement structurel, annonciateur de problèmes" (19).

Les puissances européennes se sont toujours affrontées pour l'hégémonie sur le continent européen: considérez, par exemple, la tentative ratée de Napoléon Bonaparte qui a déclaré avec regret: "je n'avais pas terminé mon travail. L'Europe serait en effet devenue un seul peuple; en voyageant, chacun se serait senti dans une patrie commune... Cette union devra se faire un jour ou l'autre par la force des choses... Il faut un droit européen, une Cour de cassation européenne, un système monétaire unique, des poids et mesures égaux, il faut les mêmes lois pour l'ensemble de l'Europe. J'aurais voulu faire de tous les peuples d'Europe un seul peuple... C'est la seule solution" (20). On ne peut pas échanger l'Europe des différentes nations concurrentes (qui avaient aussi un rôle à jouer dans la religion, l'art, la culture, la nature, la science, etc. Pensez, par exemple, à la Renaissance italienne et européenne qui, selon Fernand Braudel, "[...] est cette lente transformation, qui n'en finit pas, par laquelle la civilisation occidentale passe des formes traditionnelles du Moyen Âge aux formes nouvelles, déjà actuelles, de la première modernité, encore vivace dans cette même civilisation occidentale dans laquelle nous vivons aujourd'hui, qui, à peine sortie de ses anciennes contradictions, en fabrique allègrement d'autres" (21).

L'hypocrisie de l'Europe comme sujet politique et unitaire. La réflexion de l'historien Paul Kennedy n'est pas à partager lorsqu'il affirme que "l'Europe ne disparaîtra certainement pas. Elle jouera également un rôle politique central à l'avenir. Si, en 2030, nous avons une Union européenne qui inclut également l'Ukraine, nous assisterons à une transformation historique de la dynamique politique internationale. Toute la région du Caucase sera également attirée vers l'UE. Avec pour conséquence un plus grand isolement de la Russie" (22). Pour avoir un rôle politique central, l'Europe doit être autonome, indépendante, souveraine, capable de penser et de réaliser une stratégie de projet pour un modèle de développement et de relations sociales dans une société européenne de peuples, avec un rôle central dans l'échange culturel, politique, économique et social entre l'Ouest et l'Est tout en respectant les différentes histoires territoriales. Mais l'Europe est au service des stratégies de pouvoir des États-Unis pour une domination mondiale monocentrique. Il faut donc la repenser en se tournant vers l'Est, où il y a des puissances établies, comme la Chine et la Russie, et des puissances montantes, comme l'Inde, qui sont pour un monde multicentrique (23) et qui peuvent être porteuses d'un autre modèle de développement social, bien que dans une logique systémique capitaliste (les différents capitalismes), encore capables de se situer dans les équilibres naturels et humains pour leurs histoires, leurs cultures, leurs traditions, leurs religions, etc., par opposition à l'Occident dirigé par les États-Unis, qui se projette dans le transhumain (dépassement de l'humain), ce qui signifie la fin de l'humanité telle que nous la connaissons: "Trasumanar significar per verba non si porìa [...] le passage à une condition, ou à un mode d'être, supérieur à celui normalement propre à l'homme qui ne peut être exprimé [...] au moyen de mots" (24).

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Le mode de production et de reproduction de la vie américain, expression d'un modèle de développement hégémonique, mais en déclin du fait de l'avancée du multicentrisme lequel propose d'autres modèles de développement suggérés par d'autres puissances mondiales (pensez au modèle chinois de la Route de la Soie), a pénétré et façonné le mode de développement européen. L'Europe est devenue un outil important (une sorte de tête de bélier) pour les projections stratégiques contre l'Est et ses puissances. En fait, l'Europe n'existe plus, ce qu'elle apparaît est l'expression de la servitude volontaire des sous-décideurs qui ne veulent pas perdre leur pouvoir dérivé des phases de gestion et d'exécution des stratégies des pré-dominants américains dans leurs territoires nationaux respectifs. Les sous-décideurs décident des lignes stratégiques du développement de leurs territoires nationaux respectifs incorporés dans le territoire hégémonique des États-Unis d'Amérique. L'américanisation du territoire européen (dont nous savons peu de choses) est emblématique des processus de pénétration du modèle de développement hégémonique des États-Unis. Ce modèle affecte profondément et intègre le développement des nations européennes dans les stratégies américaines d'hégémonie mondiale. Pensez aux transformations des villes et des territoires (inclus dans la zone OTAN) et à la fourniture d'infrastructures territoriales (tables, couloirs de mobilité, bases, logistique, ports, etc.). Dans la phase multicentrique, l'Union européenne ne sert pas de ciment et d'agrégat pour les stratégies américaines comme elle le faisait dans la phase monocentrique du monde occidental (et bipolaire), car elle a été remplacée par le projet de l'OTAN. Ce n'est pas un hasard si l'Europe, comme on l'a vu plus haut, n'a jamais été autonome et a toujours été subordonnée aux États-Unis d'Amérique depuis la Seconde Guerre mondiale.

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7.

Je cite un bon résumé de ce qui a été dit ci-dessus sur l'Europe non souveraine, par Giorgio Agamben: "[...] l'Union européenne conçue uniquement pour des raisons économiques qui ignorent non seulement les raisons spirituelles et culturelles, mais aussi les raisons politiques et juridiques [...]; l'Union européenne est techniquement un traité entre États qui se fait passer pour une constitution démocratique [...]; la soi-disant Constitution européenne est illégitime [...]. Le juriste allemand Dieter Grimm (photo) a souligné qu'il manque à la constitution européenne l'élément démocratique fondamental, car elle n'est en aucun cas le fruit de l'autodétermination des citoyens européens [...]. Le seul semblant d'unité est atteint lorsque l'Europe agit comme un vassal des États-Unis, participant à des guerres qui ne correspondent en rien aux intérêts communs et encore moins à la volonté des peuples. D'ailleurs, certains États signataires du traité, comme l'Italie, en raison du nombre de bases militaires qu'ils hébergent, sont techniquement des protectorats et non des États souverains. En matière de politique étrangère, il existe un Ouest atlantique, mais certainement pas une Europe. Tout comme elle n'existe pas sur le plan constitutionnel, l'Europe n'existe pas sur le plan politique et militaire [...]. Le Moyen Âge a compris qu'une unité formée par des sociétés politiques doit être quelque chose de plus ou de différent qu'une société politique. Le Moyen Âge a cherché son critère dans le christianisme. L'homme européen - à la différence des Asiatiques et des Américains, pour qui l'histoire et le passé ont un tout autre sens - ne peut accéder à sa vérité qu'en se confrontant à son passé, qu'en se confrontant à sa propre histoire. En d'autres termes, le passé est pour lui non seulement un patrimoine de biens et de traditions, mais aussi et surtout une composante anthropologique essentielle, qui fait qu'il ne peut accéder au présent que de manière archéologique, qu'en regardant ce qui a été. Cela signifie que pour l'Européen, le passé est avant tout une forme de vie. D'où le rapport particulier que l'Europe entretient avec ses villes, avec ses œuvres d'art, avec son passage: il ne s'agit pas de conserver des biens plus ou moins précieux, mais néanmoins extérieurs et disponibles; en détruisant hier les villes allemandes, les Américains savaient qu'ils démolissaient en quelque sorte l'identité même de l'Allemagne; c'est pourquoi, aujourd'hui, en détruisant le paysage italien avec du ciment, des autoroutes et des lignes ferroviaires à grande vitesse, les spéculateurs ne nous privent pas seulement d'un bien, mais détruisent aussi notre propre réalité historique [...]. Il fut un temps où l'idéal commun d'une Europe s'exprimait politiquement dans l'idée romaine d'un empire, puis dans l'idée germanique d'un saint-empire qui laissait intactes les spécificités des peuples [...]. Alors qu'il serait urgent de réfléchir à la difficile tâche de construire une unité tout en préservant la diversité, nous constatons au contraire que, dans tous les pays européens, on assiste à un véritable démantèlement des écoles et des universités, c'est-à-dire des institutions qui, en transmettant la culture, devraient veiller sur le rapport vivant entre le passé et le présent. À ce démantèlement correspond une muséification croissante du passé, à commencer par les villes elles-mêmes, transformées en centres historiques, dont les habitants sont en quelque sorte transformés en touristes de leur propre culture [...]. Un haut fonctionnaire de l'Europe naissante, Alexandre Kojéve, soutenait que l'Homo sapiens était arrivé au bout de son histoire et n'avait plus que deux possibilités devant lui: l'accès à une animalité post-historique (incarnée par l'American way of life) ou le snobisme (incarné par les Japonais, qui continuent à célébrer leurs cérémonies du thé, pourtant vidées de toute signification historique). Entre une Amérique complètement réanimée et un Japon qui ne reste humain qu'à condition de renoncer à tout contenu historique, l'Europe pourrait offrir l'alternative d'une culture qui reste humaine et vitale, parce qu'elle est capable d'affronter sa propre histoire dans sa totalité et de tirer une vie nouvelle de cette confrontation" (25).

8.

La centralisation du pouvoir dans la phase multicentrique est fonctionnelle pour réduire la chaîne de commandement qui devient essentielle dans les phases (multicentriques et polycentriques) de conflit ouvert entre les puissances mondiales. Par exemple, voyez la tentative de réforme, à partir de 2015, de l'Union européenne en ce qui concerne l'élargissement et l'approfondissement des domaines politiques vers la constitution des États-Unis d'Europe (26). L'objectif est de réformer l'Union européenne pour la rendre plus fiable et servile en éliminant les vassaux et les vavasseurs qui servaient de ciment et de coordination dans l'exécution et la gestion des stratégies américaines contre les puissances qui contestent leur ordre mondial monocentrique (Mario Draghi est l'un des protagonistes, au nom des pré-dominants américains, de cette réforme vers la construction des États-Unis d'Europe) (27). Il est emblématique que l'un des secteurs les plus touchés par la réforme soit le secteur militaire. Un secteur qui doit être absorbé et coordonné par les États-Unis et l'OTAN et qui doit jouer un rôle de menace, d'intimidation et de conflit potentiel avec la Russie et la Chine (et leurs zones d'influence) afin de les affaiblir et de les réduire (28).

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L'Europe doit être repensée et reconstruite, en commençant par un processus de libération de la servitude volontaire (29) envers les États-Unis, qui passe par la démilitarisation des bases des États-Unis et de l'US-OTAN sur son territoire (occupation militaire, par le biais de bases et d'accords), est la force qui a permis à la puissance américaine de coordonner le développement au niveau mondial jusqu'en 2011, fin de la phase monocentrique) et la sortie du système de l'euro articulé dans le système hégémonique du dollar (en voie d'être concurrencé par d'autres systèmes monétaires qui expriment d'autres modèles de développement et de relations sociales, à comprendre et à approfondir).

Il faut repartir de la césure que représente la désaméricanisation du territoire européen (tout comme, avec la doctrine Monroe (30), les États-Unis d'Amérique ont imposé la déseuropéanisation du continent américain) ; il faut, selon les termes de Costanzo Preve, "une réorientation gestaltiste radicale" qui fasse sortir l'Europe de la servitude volontaire des États-Unis et penser à une autre Europe de nations autodéterminées et libres. Une rupture forte et qualitative qui peut être obtenue en tournant notre regard vers l'est, vers le pôle asiatique en expansion qui englobe 70 % de la population mondiale, tout en sachant que "[...] Dans la réalité sociale, les expressions oui et non sont inséparablement liées dans une relation dialectique. Dans la réalité sociale, il n'y a pas de non qui ne contienne pas quelque chose d'essentiellement positif" (31).

Une refonte et une reconstruction qui jette les bases d'une Europe autodéterminée tournée vers l'Est, où les puissances mondiales montantes font des propositions pour un nouvel équilibre (un nouveau nomos) de la domination mondiale (32).

9.

Que faire ? Existe-t-il les conditions subjectives et objectives pour penser, concevoir et construire une autre Europe et ne pas continuer dans l'hypocrisie pure ?

La citation choisie comme épigraphe est tirée de : *Costanzo Preve et Luigi Tedeschi, Dialoghi sull’Europa e il nuovo ordine mondiale (= Dialogues sur l'Europe et le nouvel ordre mondial), Casa Editrice "il Prato", Saonara (Padoue), 2016, p.86.

NOTES

1 Alessandro Barbero, Charlemagne. Un padre dell'Europa, Editori Laterza, Roma-Bari, 2002, chapitre V, pp. 113-127 ; sur le parcours complexe de la construction des nations européennes, voir Andrea Zannini, Storia minima d'Europa. Dal neolitico a oggi, il Mulino, Bologna, 2019, pp. 223-237; sur l'importance de la reconquête de la souveraineté des nations pour construire une autre Europe libre et autodéterminée comme nouvel espace de connexion et d'échange politique, économique et culturel entre l'Ouest et l'Est voir Costanzo Preve et Luigi Tedeschi, Dialoghi sull'Europa e sul nuovo ordine mondiale, Casa Editrice "il Prato", Saonara (Padoue), 2016 ; Perry Anderson et autres, sous la direction de, Storia d'Europa, Einaudi, Turin, 1993, volume 1.

2 Sur le rôle de l'Europe dans les stratégies américaines, voir Henry Kissinger, World Order, Mondadori, Milan, 2015, pp.87-96 et pp. 234-326 ; Zbigniew Brzezinski, The Great Chessboard, Longanesi, Milan, 1998 ; sur le rôle des services secrets dans la construction du projet d'une Europe unie, à la fois pour saper l'influence communiste et pour incorporer l'Europe dans les stratégies américaines de domination, voir Richard J. Aldrich, OSS, CIA and European Unity : the American Committee for a United Europe, 1948-60 (first, second, third part), www.comedonchisciotte.org , 24/8/2020 ; sur la construction des institutions européennes et leur fonctionnement lire Perry Anderson, Towards an ever closer Union ? (first, second, third part), www.comedonchisciotte.org, 2/1/2021 ; sur la fin du projet européen des États-Unis je renvoie à mon article The European Union project is over, NATO is the US tool in the strategic conflict of the multicentric phase, www.italiaeilmondo.com , 26/11/2018.

3 Costanzo Preve, Ripensare Marx oltre la destra e la sinistra, interview éditée par Luigi Tedeschi, www.ariannaeditrice.it , 31/5/2007 ; Costanzo Preve, Filosofia e geopolitica, Edizione all'insegna del Veltro, Parma, 2005.

4 Sur la métamorphose de l'OTAN, je renvoie à Luigi Longo, L'americanizzazione del territorio (Appunti per una riflessione), www.conflittiestrategie, 29/3/2014 et www.italiaeilmondo.com, 27/5/2017 ; Idem, Il progetto dell'Unione europea, op. cit. ; Idem, La Nato è lo strumento degli USA nel conflitto strategico della fase multicentrica, www.italiaeilmondo.com, 7/7/2022.

5 Raniero La Valle, In Vilnius NATO took over the world, www.ilfattoquotidiano.it , 25/7/2023.

6 Editor, The military history of the United States looks like a game but it is not, www.infodata.ilsole24ore.com , 20/2/2020 ; Giovanni Viansino, Roman Empire, American Empire. Idéologies et pratiques, Edizioni Punto Rosso, Milan, 2005.

7 Sur la définition de la guerre au sens étroit (première (1914-1918) et deuxième guerre mondiale (1939-1945) et au sens large pour la troisième (1945-1989) et la quatrième encore en cours, voir Costanzo Preve, La quarta guerra mondiale, Edizioni all'insegna del Veltro, Parma, 2008.

8 Rédaction de l'Ansa, Nordic countries towards joint air defence from Russia, www.ansa.it, 25/3/2023 ; Filippo Jacopo Carpani, Troops on the border with Russia : what's behind the US move in Finland, www.ilgiornale.it , 15/12/2023 ; Maurizio Blondet, The German Defence Minister : "Europe must be ready for war by the end of the decade", www.maurizioblondet.it , 18/12/2023.

9 Alberto Bradanini, The US fears a Russia-China axis and a multipolar world, interview by Luciana Borsatti, www.sinistrainrete.info , 11/5/2022.

10 Fabrizio Maronta, édité par, conversation avec Richard D. Wolff, The American empire is over but America does not accept it, "Limes" no.4/2023, pp.104-106.

11 Maurizio Brignoli, Les causes économiques du massacre de Gaza, www.ariannaeditric.it 18/11/2023 ; Enrico Tomaselli, La catabasi imperiale, www.ariannaeditrice.it , 24/12/2023 ; Pepe Escobar, Le Yémen est prêt à affronter une nouvelle coalition impériale, www.comedonchisciotte.org , 23/12/2023 ; Jean Valyean, L'opération "prosperity guardian" voulue par le Pentagone s'effondre après même pas une semaine, www.scenarieconomici.it, 24/12/2023 ; Marco Dell'Aguzzo, Who (not) is part of the US anti-Houthi coalition in the Red Sea ? www.startmag.it  , 30/12/2023; Manlio Dinucci, Medioriente : gli incendiari cry "Al fuoco", www.voltairenet.org , 31/12/2023 ; Enrico Tomaselli, Chi vuole allargare la guerra in Medio Oriente (e perché), www.ariannaeditrice.it  , 4/1/2024.

12 Arnold Toynbee, Le monde et l'Occident, Aldo Martello editore, Milan, 1956, p. 54.

13 Costanzo Preve, Filosofia e geopolitica, Edizioni all'insegna del Veltro, Parma, 2005, pp. 38-39 et Costanzo Preve, Una nuova storia alternativa della filosofia. Il cammino ontologico-sociale della filosofia, éditeur Petite Plaisance, Pistoia, 2013, p. 53.

14 Voir Luciano Canfora, Catilina. Una rivoluzione mancata, Laterza, Bari-Roma, 2023.

15 Giancarlo Paciello, La conquista della Palestina, Editrice C.R.T., Pistoia, 2004 ; Domenico Moro, Il seme della violenza. Le origini del conflitto israelo-palestinese, www.sinistrainrete.info , 19/10/2023 et 9/11/2023, première et deuxième partie ; Salvatore Bravo, La cesoia corazzata, www.comunismoecomunità.org , 20/11/2023.

16 Costanzo Preve, Il bombardamento etico. Saggio sull'interventismo umanitario, sull'embargo terapeutico, e sulla menzogna evidente, Editrice C.R.T., Pistoia, 2000.

17 Luciano Canfora, Intervista sul potere, édité par Antonio Carioti, Editori Laterza, Roma-Bari, 2013, p. 92 ; au sujet des puissances européennes qui ont fait toutes sortes de choses, lire Attilio Brilli, Dove finiscono le mappe. Storie di esplorazioni e di conquista, il Mulino, Bologna, 2012.

18 Leoniero Dertona, Désastre de l'économie européenne : 2024 sera une récession avec des mesures fiscales et monétaires cycliques, www.scenarieconomici.it , 3/1/2024 ; Isabella Bufacchi, L'industrie allemande souffre, la demande ne redémarre pas, www.ilsole24ore.com  , 8/1/2024 ; pour une interprétation des sanctions contre la Russie qui ont eu des effets négatifs sur l'Europe et stimulé l'économie russe, voir Michael Hudson, The US economy : surprisingly robust or a Potemkin village ? www.comedonchisciotte.org  20/6/2023 ; Megas Alexandros (alias Fabio Bonciani), Sanctions on Russia : idiocy in the service of 'power', www.comedonchisciotte.org  , 12/9/2022 ; pour une lecture des sanctions contre la Russie qui ont bénéficié à l'économie américaine dans Marco Della Luna, The Price of Adam, www.marcodellaluna.info ,1/9/2023 ; Domenico Moro, The EU mountain and the mouse of the new stability pact, www.comedonchisciotte.org  , 9/1/2024.

19 Luciano Canfora, Intervista sul potere, édité par Antonio Carioti, op. cit. p.90-91.

20 Alessandra Necci, Au cœur de l'empire. Napoleone e le sue donne fra sentimento e potere, Universale Economica Feltrinelli (Marsilio Editori), Milan, 2023, p. 274 ; voir le docu-film écrit et raconté par Alessandro Barbero, Ei fu. Vie, conquêtes et défaites de Napoléon Bonaparte, https://www.raicultura.it/storia/articoli/2021/05/Ei-fu-V... .

21 Fernand Braudel, L'Italia fuori d'Italia. Due secoli e tre Italie in AaVvv, Storia d'Italia. Dalla caduta dell'impero romano al secolo XVIII, Einaudi, Torino, 1974, Tomo secondo, p. 2143. Lire aussi Jacques Le Goff, L'Italia fuori d'Italia. L'Italia nello specchio del Medioevo in AaVvv, Storia d'Italia. Dalla caduta dell'impero romano al secolo XVIII, Einaudi, Torino, 1974, Tomo secondo, parte III, pp. 2060-2088 ; Federico Chabod, Storia dell'idea d'Europa, édité par Ernesto Sestan et Armando Saitta, Editori Laterza, Bari-Roma, 1989.

22 Paul Kennedy, Here are the three poles of the new world (and Europe is not there), entretien édité par Massimo Gaggi, https://www.corriere.it/la-lettura/24_gennaio_01/paul-ken... ...

23 L'objectif du multicentrisme équilibré ne sera possible que si la puissance agressive, par son histoire, les USA, sait partager la domination mondiale avec les autres puissances que sont la Chine, l'Inde et la Russie, porteuses d'un équilibre dynamique entre les puissances, dans le respect de leurs propres particularités historiques et territoriales. Je fais une lecture différente du multicentrisme équilibré et de la multipolarité équilibrée de John J. Mearsheimer qui peut éviter la phase polycentrique qui signifierait la troisième guerre mondiale et la fin de l'humanité compte tenu de la force destructrice des armes nucléaires. Sur la multipolarité équilibrée, voir John J. Mearsheimer, The Tragedy of the Great Powers, Luiss Press, Rome, 2019, pp. 259-427.

24 Dante Alighieri, La Divine Comédie. Paradiso, édité par Daniele Mattalia, BUR, Milan, 1989 (quatrième édition), Canto I, vers 70-71, note 70, pp.22-23. Sur le transhumanisme comme progrès nihiliste de l'Occident, voir Roberto Pecchioli, L'uomo transumano. La fine dell'umanità, Arianna Editrice, Bologne, 2023.

25 Giorgio Agamben, La crisi perpetua come strumento di potere in "Lo Straniero", 3/11/2013 ; voir aussi Alessandra Ciattini, Verso un nuovo mondo: due punti di vista, www.ilcomunista23.blogspot.com , 15/7/2023.

26 Luca Lanzalaco, États-Unis d'Europe : si vous les connaissez, vous les évitez, si vous les évitez, vous vous sauvez, www.comedonchisciotte.org , 15/12/2023 ; Idem, La révision des traités de l'UE est l'attaque ultime contre la souveraineté et la démocratie, www.comedonchisciotte.org , 14/6/2022. Je souligne que l'auteur ne fait aucune référence au rôle de l'UE dans les stratégies hégémoniques américaines dans le conflit stratégique mondial.

27 Stefano Cingolani, United States of Europe : the real fiscal reform according to Draghi, www.ilfoglio.it , 7/9/2023 ; Megas Alexandros, (alias Fabio Bonciani), It's time for the eurozone's mass running experiment to end ! Mario Draghi, www.comedonchisciotte.org , 10/9/2023 ; Federico Fubini, Draghi: "L'Europe doit être une véritable union, à commencer par la politique étrangère et la défense. Les erreurs ? La Russie et l'Afghanistan", www.corriere.it , 8/11/2023 ; Ansa Editorial, Draghi est un moment critique pour l'Europe, www.ansa.it , 29/11/2023 ; Katia Migliore, L'Europe est-elle en crise ? Il nous faut plus d'Europe ! www.comedonchisciotte.org , 1/12/2023 ; Marina Lanza, ed, L'UE met fin à la fiction démocratique, www.maurizioblondet.it , 21/11/2023.

28 Nick Alipour, Le ministre allemand de la Défense : "L'Europe doit être prête à la guerre d'ici la fin de la décennie", www.maurizioblondet.it  18/12/2023 ; Stefano Porcai, Changing the laws to favour Europe's military-industrial complex, www.contropiano.org, 5/1/2024 ; sur le rôle de l'Union européenne en Asie centrale, voir Pepe Escobar, Central Asia is the first battlefield in the new great game, www.comedonchisciotte.org , 21/8/2023.

29 Sur la conversion de la sujétion extérieure en soumission intérieure, donnant lieu à cette psychologie du sujet que Friedrich Engels a qualifiée de "servante", voir Gyorgy Lukacs, La distruzione della ragione, Einaudi, Turin, 1959, pp. 3-90.

30 Nico Perrone, Progetto di un impero 1823.L'annuncio dell'egemonia americana infiamma le borse, La Città del Sole, 2013, Napoli.

31 Gyorgy Lukacs, La destruction de la raison, Einaudi, Turin, 1959, p. 804.

32 Voir, avec une lecture critique, Valery Korovin, The End of Europe. Avec la Russie sur la voie du multipolarisme, Anteo Edizioni, Cavriago (RE), 2023.

 

jeudi, 01 février 2024

Les événements au Texas: Une nouvelle guerre civile?

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Les événements au Texas: Une nouvelle guerre civile?

par Alexander Douguine

Source: https://www.arktosjournal.com/p/the-events-in-texas-a-new-civil-war

Alexandre Douguine examine le passage du pragmatisme aux politiques mondialistes dans la politique américaine, prévoyant une guerre civile inévitable en raison de ces profondes contradictions philosophiques.

En Amérique, berceau du pragmatisme, le pragmatisme a disparu. Les mondialistes, en particulier sous le régime de Biden, représentent une forme extrême de dictature mondialiste, rompant les liens avec la tradition typiquement américaine établie par Charles Peirce et William James. La tradition du pragmatisme était fondée sur une indifférence totale à l'égard de toute prescription d'un contenu normatif tant pour le sujet que pour l'objet.

Pour un véritable pragmatiste, les perceptions du sujet sur lui-même, sur l'objet ou sur tout autre sujet n'ont aucune importance - ce qui compte, c'est que tout fonctionne efficacement lors de l'interaction. Cependant, les mondialistes diffèrent considérablement, s'alignant plus étroitement sur les positivistes britanniques et les fervents matérialistes français. Ils persistent dans leur brutalité totalitaire, dictant qui et quoi doit se conformer à leurs prescriptions.

Pour un pragmatique, il est indifférent que l'on change de sexe ou que l'on reste le même, du moment que cela lui convient. En revanche, les mondialistes imposent le changement de sexe, l'imposent par la loi et le promeuvent comme une valeur universelle et progressiste. Quiconque s'oppose à ce point de vue est qualifié de "fasciste" ou assimilé à Trump ou à Poutine. Ils insisteront sur cette approche, indépendamment de son efficacité ou de sa nature autodestructrice. Il est surprenant de constater que les mondialistes partagent de nombreux traits avec les Ukrainiens - une ressemblance troublante.

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Lorsque les mondialistes décident d'augmenter l'immigration illégale, ils poursuivent sans relâche cet agenda, qualifiant de "fascistes", de partisans de Trump ou d'agents de Poutine ceux qui prônent une immigration régulée ou un contrôle des frontières. Ils poursuivent leurs politiques prescriptives à l'extrême, même si elles s'avèrent totalement inefficaces. Pour un mondialiste, quiconque n'est pas d'accord avec son point de vue n'existe pas - et ne devrait pas exister.

On peut donc être certain que les progressistes du parti démocrate et les néoconservateurs des deux partis - tout aussi obstinés et déconnectés du pragmatisme, du réalisme ou du conservatisme traditionnel, aliénant ainsi la véritable essence de l'Amérique - conduisent le pays vers une guerre civile inévitable. Ils refusent de s'engager dans un dialogue constructif, sans se soucier de savoir si leurs politiques sont efficaces ou non. Ils se concentrent sur l'application de leurs idéaux: droits des transsexuels, immigration illégale, positions pro-choix, ouverture des frontières, énergie verte et intelligence artificielle. Il s'agit là d'une profonde contradiction philosophique au sein du système américain. Aujourd'hui, l'Amérique est gouvernée par des personnes profondément déconnectées de son identité, et une nouvelle guerre civile aux États-Unis semble donc inévitable. Les mondialistes sont prêts à en assurer le déclenchement.

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mercredi, 31 janvier 2024

L'absence de soft power est une erreur stratégique pour la Chine

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L'absence de soft power est une erreur stratégique pour la Chine

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/la-mancanza-di-soft-power-e-un-errore-strategico-per-la-cina/

Tôt ou tard, la Chine devra se rendre compte qu'elle doit également s'engager dans le soft power. Ce qui ne peut se limiter à injecter des investissements dans les infrastructures ou à lancer de nouvelles initiatives industrielles. Tout cela est important, bien sûr. Et même fondamental. Mais pas suffisant. On l'a vu dans l'affaire de la mer Rouge, aux prises avec les tirs de missiles des Houthis en réponse à la boucherie israélienne à Gaza.

Les navires chinois ont multiplié les passages, presque certains de ne pas être touchés en tant que bateaux d'un "pays ami". En réalité, les grandes entreprises de Pékin préfèrent elles aussi contourner l'Afrique. On ne sait pas si c'est par choix sécuritaire ou pour ne pas afficher une trop grande proximité avec le Yémen. Mais cela laisse de la place aux navires chinois de plus petites compagnies.

En tout cas, un avantage pour le commerce de Pékin. Lequel, toutefois, évite soigneusement de jouer un rôle politique dans toute cette affaire. Préférant ne pas s'écarter de la voie économique. Un choix similaire à celui de l'ensemble des Brics, ou presque. Le seul pays qui a tenté d'aller plus loin - au-delà de la Russie avec sa gestion de la guerre - est l'Afrique du Sud, avec sa dénonciation des crimes de guerre israéliens.

Mais tous les autres sont restés muets. Pas seulement sur la question palestinienne. Inexistants dans le cinéma, la télévision, la musique, l'art, la littérature. Inexistants dans tout ce qui est utilisé par les États-Unis pour faire passer leur vision du monde dans les consciences partout dans le monde. Alors que les Brics, qui représentent près de la moitié de la population mondiale, sont incapables d'offrir une alternative qui ne soit pas strictement économique. Et même sur ce plan, la dépendance à l'égard de l'image imposée par le turbo-capitalisme atlantiste est embarrassante. Il n'y a pas d'événement alternatif à Davos qui ait la même résonance.

C'est une erreur stratégique, qui a aussi des conséquences économiques. Car le redressement de l'économie chinoise, par exemple, est présenté par les médias occidentaux comme une défaite de Xi Jinping et des dirigeants de Pékin. Cela déclenche la fuite des investisseurs. Mais la Chine, dépourvue de soft power, n'est pas en mesure de renverser le récit imposé par Washington. Cela vaut également pour Moscou et Brasilia. C'est un avertissement pour New Delhi, Riyad et Le Caire.

Ce n'est pas un hasard si, face à des choix indiens ou égyptiens, inconfortables pour les atlantistes, les médias occidentaux lancent une campagne médiatique contre Modi ou Al Sisi. Et, invariablement, l'Inde et l'Egypte sont incapables de réagir parce qu'elles n'ont jamais investi dans un système alternatif d'information, de projets culturels, d'initiatives capables de changer leur propre image construite par leurs adversaires.

Les relations transfrontalières et transnationales du Pakistan et le rôle de la Russie

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Les relations transfrontalières et transnationales du Pakistan et le rôle de la Russie

Marina Bakanova

Source: https://www.geopolitika.ru/article/transgranichnye-i-transnacionalnye-otnosheniya-pakistana-i-rol-rossii

Le Pakistan, l'un des grands pays nés de l'effondrement de l'Inde britannique, a hérité de relations complexes en matière de politique transfrontalière et transnationale. La situation géopolitique associée à l'ingérence anglo-saxonne dans la région n'a fait que compliquer ces relations. Par ailleurs, le Pakistan, en tant que région située à la jonction de l'Asie du Sud et de l'Asie centrale, est très important pour les intérêts politiques, économiques et culturels de la Russie.

Cette problématique n'est pratiquement pas prise en compte par la communauté scientifique russe, alors que l'actuel "demi-tour de la Russie vers l'Est" nécessite une étude approfondie. Tout d'abord, pour la mise en œuvre efficace des projets économiques pakistano-russes, l'amélioration des relations avec l'Iran et la Chine, et la résolution du problème afghan.

Bien que le Pakistan puisse actuellement se targuer d'être tout au plus un leader régional, sa position est stratégiquement importante d'un point de vue géopolitique. Dans le sens ouest-est, le Pakistan est au carrefour des routes terrestres et maritimes entre le Moyen-Orient, l'Asie du Sud et la Chine (potentiellement l'Extrême-Orient), et dans le sens nord-sud, il offre aux pays d'Asie centrale l'accès le plus proche à la mer d'Oman. Enfin, le Pakistan est un membre actif de l'OCS et de l'OCI, et un membre potentiel des BRICS.

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Ces dernières années, le Pakistan a fait preuve d'une certaine capacité à faire face et à s'adapter aux défis mondiaux et aux changements géopolitiques. Mais cela est dû en grande partie à l'ancien Premier ministre Imran Khan (photo), puis aux crises politiques et économiques qui ont empêché le gouvernement intérimaire de poursuivre une politique étrangère ambitieuse. Il convient de noter que les choses pourraient changer radicalement après les élections du 8 février 2024, notamment en cas de victoire du PLM-N du clan des Sharifs, qui bénéficie d'un soutien extrêmement faible à l'heure actuelle, mais qui devrait l'emporter en éliminant son principal rival, le PTI.

Le fait même de la création du Pakistan est une véritable bombe à retardement, mise en place dès la politique britannique et assidûment alimentée par la posture du mouvement national indien pendant la Seconde Guerre mondiale.

Bien que la division de l'Inde britannique ait été déclarée sur la base de la religion, de nombreux territoires "musulmans" ont été incorporés à l'Inde en raison de la proximité territoriale, du succès des pressions exercées par les dirigeants britanniques ou des guerres éclair de l'armée indienne. En fait, l'héritage résiduel du territoire pakistanais a d'abord posé des problèmes transfrontaliers et transnationaux. Et si la frontière officielle avec l'Inde était au moins documentée (sans compter la situation distincte du Cachemire), le reste n'était pas résolu. Ainsi, au nord-ouest, la ligne Durand n'est pas reconnue par le gouvernement afghan (et absolument aucune version d'un quelconque gouvernement installé à Kaboul) et par certains nationalistes pachtounes du territoire de Khyber Pakhtunwa. La frontière avec l'Iran est critiquée par les séparatistes du Baloutchistan qui réclament la création d'un pays séparé pour eux, assemblés à partir des territoires du Baloutchistan pakistanais et iranien. Inutile de parler du Cachemire, la frontière avec l'Inde et la frontière avec la Chine sont toujours en question, et le statut du Gilgit-Baltistan, ainsi que des populations qui y vivent, n'a pas encore été déterminé.

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La politique de partenariat stratégique global de l'URSS avec l'Inde a contribué à geler le conflit du Cachemire, qui est l'une des questions clés de la politique pakistanaise contemporaine, mais n'a pas pu contribuer à le résoudre définitivement. Cela s'explique principalement par la position exclusivement pro-indienne de Moscou, qui est restée inchangée depuis 1947. En même temps, sa solution pourrait non seulement contribuer à améliorer les relations entre l'Inde et le Pakistan, mais aussi à "diluer" la présence de la Chine dans la région. D'ailleurs, la position de la Chine, qui soutient sans ambiguïté le Pakistan dans l'affaire du Cachemire, se comprend ici aussi : tout transfert des territoires du Cachemire (et du Gilgit-Baltistan par la même occasion) entraînera un arrêt complet des projets chinois d'accès à la mer d'Oman, à l'Afghanistan et à l'Iran, ce qui est tout à fait dans les "mains" de l'Inde, qui cherche à évincer Pékin de "sa" région.

La guerre d'Afghanistan et la méthode du contingent soviétique consistant à "faire pression" sur les Afghans au Pakistan ont provoqué une crise humanitaire dans le pays, qui n'a pas été résolue à ce jour et qui intensifie la confrontation entre Islamabad et Kaboul, étant l'une des questions clés de la politique interethnique. La politique d'expulsion des Afghans, appliquée activement depuis novembre 2023, est une conséquence directe à la fois de la guerre afghane et de la réduction des programmes humanitaires de l'ONU sur fond de crise économique au Pakistan. Il convient de noter que dans le cadre des relations soviéto-afghanes amicales, la reconnaissance de la ligne Durand en tant que frontière officielle entre les deux pays pouvait être favorisée, mais qu'elle est aujourd'hui sérieusement entravée. La situation est vraiment compliquée. En effet, l'Afghanistan moderne se positionne comme un État pachtoune, et ce malgré le fait que la plupart des Pachtounes vivent sur le territoire du Pakistan (et d'ailleurs, à l'exception de quelques personnalités politiques, ne cherchent pas à vivre en Afghanistan), et que sur le territoire même de l'Afghanistan vivent de grands peuples d'Asie centrale, dont les représentants sont généralement plus nombreux que les Pachtounes.

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La question du Baloutchistan complique considérablement les relations avec l'Iran. En effet, les autorités d'Islamabad et de Téhéran partagent le même point de vue : le Baloutchistan indépendant n'a pas le droit d'exister et, dans une certaine mesure, c'est historiquement justifié, puisqu'il n'y a jamais eu d'État baloutche unifié, mais seulement plusieurs principautés disparates.

Cependant, l'opposition séparatiste du Baloutchistan a trouvé un bon soutien, à la fois moral et monétaire, auprès de l'Occident global, ce qui aboutit tôt ou tard à la création de groupes terroristes.

Cette situation, entre autres problèmes, ralentit considérablement le développement des relations entre le Pakistan et l'Iran, en particulier les relations commerciales. Il convient de noter que l'opposition du Baloutchistan, à son tour, entrave activement le développement du nationalisme au Baloutchistan, empêchant le développement de minorités nationales sur le territoire contrôlé, telles que les Brahui, les Pachtounes, les Harareis et les Siddis. Ce sont les actes terroristes au Baloutchistan qui créent des problèmes à la Chine dans son initiative "Belt and Road" avec l'accès à Gwadar.

Cela dit, il convient de noter que, d'une manière ou d'une autre, toutes les affaires transfrontalières pakistanaises fondées sur des questions transnationales sont des héritages de la colonisation britannique et de la politique du grand jeu de la fin du 19ème siècle. Compte tenu des relations actuelles entre le Sud global et la Russie, le Pakistan est en fait entouré d'États amis ou loyaux envers Moscou, et l'influence russe (non unilatérale bien sûr et pas uniquement en sa faveur) pourrait contribuer à leur résolution, ainsi qu'à la réduction du degré de tension dans la région. Toutefois, des difficultés se posent également à cet égard. Le fait est que la stratégie de sécurité nationale du Pakistan, adoptée en janvier 2022 (sous le régime du PTI et, par conséquent, considérablement déformée et violée par l'intérim), mentionne la Russie et le cadre de coopération avec elle: "Le Pakistan cherche à redéfinir son partenariat avec la Russie dans les domaines de l'énergie, de la coopération en matière de défense et de l'investissement. Les relations ont déjà pris un élan positif et le Pakistan continuera à s'efforcer de maximiser les avantages mutuels. La Russie, les pays d'Asie centrale et le Pakistan sont également des partenaires importants dans la réalisation de nos objectifs communs de paix et de stabilité en Afghanistan". Dans le même temps, le concept de politique étrangère russe de 2023 ne mentionne pas le Pakistan séparément en principe.

L'aide de la Russie au Pakistan pour résoudre les problèmes transfrontaliers et transnationaux pourrait faciliter considérablement les relations de Moscou avec les pays d'Asie du Sud dans leur ensemble, et contribuer à la construction d'un modèle efficace de monde multipolaire, mais pour l'instant, cela ne vaut probablement pas la peine d'espérer.