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samedi, 09 janvier 2021

L'influence de Carl Schmitt sur la politique nationaliste chinoise

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L'influence de Carl Schmitt sur la politique nationaliste chinoise

par Maurizio Stefanini

Ex : http://novaresistencia.org

Des changements importants ont eu lieu dans le discours et l'attitude des autorités chinoises à l'égard des menaces intérieures et extérieures. Ces changements indiquent le passage d'un illibéralisme pragmatique à un antilibéralisme de principe. Il est possible de retracer cette transition grâce à l'influence croissante du juriste allemand Carl Schmitt sur l'Académie chinoise et le Parti communiste.

Le tropisme prégnant de la République populaire de Chine vers Hong Kong présente une certaine réminiscence de l’ère nationale-socialiste. Et ce n'est pas une hyperbole polémique. Ce serait l'influence croissante de la pensée de Carl Schmitt qui a fait passer le régime de la phase simplement non libérale qui se déroulait au moment de la modernisation par Deng Xiaoping à une phase ouvertement non libérale, qui depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping, a atteint son paroxysme.

La thèse est de Chang Che : un sinologue d'origine chinoise, ainsi qu'un analyste de la politique américaine et de la politique technologique. Il est le directeur exécutif de l'Oxford Political Review et il l'a expliqué dans un essai paru dans The Atlantic, en citant la politologue italienne Flora Sapio, qui enseigne l'histoire internationale de l'Asie de l'Est à l'Université orientale de Naples.

Mais nous devons également nous rappeler que Schmitt, après avoir risqué d'être inculpé à Nuremberg et après avoir été qualifié de "criminel de guerre", a été largement réévalué en Italie, par un groupe idéologiquement transversal d'universitaires allant de Gianfranco Miglio à Massimo Cacciari, en passant par des personnalités telles que Giorgio Agamben, Pietro Barcellona, Emanuele Castrucci, Fulco Lanchester, Angelo Bolaffi, Danilo Zolo, Carlo Galli, Giacomo Marramao. Pas seulement pour nous, qui suivons ses préceptes dans nos analyses politiques : parmi ses admirateurs, il faut aussi citer Walter Benjamin, Leo Strauss ou Jacques Derrida.

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Mais dans un pays qui, comme le nôtre, est souvent obsédé par l'idée de trouver du fascisme partout, cette fascination pour une personnalité est au moins unique, une personnalité qui, après avoir utilisé le vocable de "Révolution conservatrice" au début des années 1930, a rejoint le Parti national-socialiste des travailleurs allemands le 1er mai 1933 et est devenue, en novembre de la même année, président de l'Union nationale socialiste des juristes, et rédacteur en chef du Journal des juristes allemands au mois de juin suivant.

En décembre 1936, il est vrai, un magazine SS l'avait alors attaqué de front, l'accusant d'être un "opportuniste" et imposant son exclusion. Et en 1937, il a fait l'objet d'un rapport confidentiel du régime, dans lequel son "papisme" était particulièrement montré du doigt.

Il a cependant eu le temps de mettre en vigueur les lois de Nuremberg qui, en 1935, avaient interdit toutes les relations, non seulement maritales mais aussi sexuelles, entre les Juifs et les "Aryens". "Aujourd'hui, le peuple allemand est redevenu allemand, même d'un point de vue juridique. Après les lois du 15 septembre, le sang allemand et l'honneur allemand sont redevenus les concepts de base de notre droit. L'État est désormais un moyen de servir la force de l'unité populaire. Le Reich allemand n'a qu'un seul drapeau, celui du mouvement national-socialiste ; et ce drapeau n'est pas seulement composé de couleurs, mais aussi d'un grand et authentique symbole : le signe du serment populaire de la croix gammée ».

Malgré sa marginalisation théorique pendant la guerre, il avait alors fourni des conseils juridiques à la fois pour la politique allemande d'expansion et d'occupation.

Mais surtout, sa théorie de la relation "ami-ennemi" comme critère constitutif de la dimension politique semble avoir ensorcelé nos facultés de sciences politiques, surtout à l'époque de la transition de la Première à la Deuxième République : absolument obsédée par l'objectif de réaliser à tout prix une "démocratie d'alternance", et méprisant cette autre dimension politique de la coopération, dédaigneusement qualifiée de "farce".

Mais c'est peut-être précisément ces vicissitudes de l’histoire italienne qui démontrent l'incroyable capacité de Schmitt à réagir face aux contextes politiques les plus divers, au point de produire les résultats les plus surprenants.

Ainsi, si en Italie l'impact de son œuvre a porté principalement sur une critique de longue date du "bipartisme imparfait", alimentée par les analyses de Maurice Duverger ou de Giorgio Galli, si en République fédérale d'Allemagne, en opposition aux mauvais souvenirs laissés par la République de Weimar, l'institution dite de la ‘’méfiance constructive’’ ou les fortes barrières dressées face à toute tentative de changement dans l’ordre constitutionnel sont typiquement schmittiennes, en Chine le contexte est évidemment celui d'un régime marxiste-léniniste qui a décidé, à un moment donné de l’histoire chinoise, d'accepter le marché mais pas le pluralisme politique.

40039806._SX318_.jpgPar ailleurs, le contexte chinois est celui d'une culture dans laquelle l'école légaliste a agi en profondeur. Courant philosophique fondé au IIIe siècle avant J.-C. par Han Fei qui, en opposition aux idées confucéennes de bienveillance, de vertu et de respect des rituels, prêchait le droit du prince à exercer un pouvoir absolu et incontesté. Seule source du droit, le prince légaliste ne délègue aucune autorité à qui que ce soit. A côté de lui, il n'y a que des exécuteurs testamentaires, aux tâches strictement délimitées. En-dessous d'eux se trouvent les sujets, obligés seulement d'obéir.

En réalité, le confucianisme, autre pôle historique de la pensée politique chinoise, tend également à être autoritaire. Mais avec l'idée que même le souverain a des devoirs et des règles à respecter et peut, le cas échéant, être contaminé par une idée de démocratie libérale de type occidental.

Sun Yat-Sen a essayé, comme plus tard ses émules à Taiwan, une hybridation entre Locke et Confucius, synthèse qui semble fonctionner. Alors qu'en Chine continentale, le légalisme, Schmitt et le communisme se sont ‘’hybridés’’.

Le grand enseignement de Schmitt est caractérisé par la volonté bien nette d’articuler une élimination des ennemis externes et internes de l'État : les premiers doivent être identifiés par le ius belli, les seconds par l'identification suivie de l'élimination de ceux qui "perturbent la tranquillité, la sécurité et l'ordre" de l'État. Pour ce faire, l'État ne peut être empêché par les limites de l'État de droit libéral. Sinon, l’Etat ne serait pas en mesure de protéger ses citoyens des ennemis.

Selon Chang Che, c'est exactement la logique qui sous-tend la répression qui a été imposée à Hong Kong dans le but officiel de protéger l'île de "l'infiltration de forces étrangères".

"Bien que les universitaires chinois soient souvent limités dans ce qu'ils peuvent et ne peuvent pas dire", note-t-il, "il leur arrive d'exprimer des désaccords en public. Parfois, ils se permettent même de critiquer les dirigeants chinois, même si leurs critiques restent limitées et prudentes. Cette fois, cependant, l'énorme volume d'écrits produits par les universitaires chinois, ainsi que la nature de leurs arguments - cohérents, coordonnés et souvent rédigés dans un jargon juridique sophistiqué - suggèrent qu'il existe désormais un nouveau niveau de cohésion à Pékin sur la portée acceptable du pouvoir de l'État.

Jinping.pngXi Jinping a redéfini le centre de gravité idéologique du parti communiste, redéfini la tolérance limitée de la dissidence, laquelle pouvait parfois se manifester mais a désormais disparu, de même toute forme d'autonomie, qui aurait pu être accordée au Xinjiang, à la Mongolie intérieure et à Hong Kong, a été supprimée.

Tout cela est justifié par un nouveau groupe d'idéologues en pleine ascension que l'on a appelé les "étatistes". Plus précisément, il semble s'agir d'une redéfinition de ce que l’on appelait jadis les "légalistes". Cette redéfinition est basée sur les enseignements de Schmitt mais, cette fois, au service du parti de Mao. L'un de leurs forums en ligne est Utopia, où, en 2012, il était clairement indiqué que "la stabilité doit prévaloir sur tout le reste".

Selon Chang Che, il s'agit d'un concept typiquement schmittien, qui peut s'expliquer par la traduction en chinois de Schmitt par le philosophe Liu Xiaofeng au début du millénaire, dont est issue, dans l’ancien Empire du Milieu, une véritable "fièvre schmittienne".

Un autre grand admirateur de Schmitt était Chen Duanhong, professeur de droit à l'université de Pékin. "Sa doctrine constitutionnelle est ce que nous vénérons", a-t-il écrit en 2012 à propos de ce qu'il a décrit comme "le théoricien le plus influent", rejetant son adhésion au nazisme comme "un choix personnel". Chang Che cite également des témoignages d'étudiants selon lesquels les concepts schmittiens sont désormais "un langage commun dans l'établissement universitaire".

Citant le "juriste allemand Carl Schmitt" en 2018, Chen Duanhong a expliqué l'évaporation progressive du régime de garantie accordé à Hong Kong au moment de sa "rétrocession" par Londres, en distinguant entre les normes étatiques et constitutionnelles et en faisant valoir que "lorsque l'État est en grave danger", ses dirigeants ont le droit de suspendre les normes constitutionnelles : "en particulier les dispositions relatives aux droits civils.

Plus explicitement encore, l'idée d'utiliser les théories de Schmitt pour forger une mise en garde contre Hong Kong a été défendue dans un livre publié en 2010 par Jiang Shigong : un professeur de droit de l'université de Pékin qui avait travaillé au bureau de liaison Pékin-Hong Kong entre 2004 et 2008, et qui, en 2014, figurait parmi les auteurs d'un livre blanc du gouvernement chinois sur Hong Kong.

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Haig Patapan.

Chang Che cite également Haig Patapan, un professeur de politique à l'université Griffith en Australie, qui, à son tour, a écrit sur l'influence de Schmitt en Chine, et selon lequel le schmittisme pourrait devenir une idéologie du régime à la place d'un marxisme perçu comme n'étant plus approprié.

Le nationalisme et les ennemis extérieurs pourraient justifier le monolithisme du Parti communiste bien plus qu'une notion de lutte des classes qui entre forcément en conflit avec la stratification acceptée par le régime. Il cite également William Kirby, professeur d'études chinoises à Harvard et auteur d'un livre sur l'attrait du modèle de modernisation allemand en Chine depuis l'époque de Tchang Kaï-Chek.

Les événements de la pandémie auraient davantage renforcé les étatistes. Et en effet, l'essai se termine par une citation de Flora Sapio : "Depuis que Xi Jinping est devenu le chef suprême, la philosophie de Carl Schimtt a trouvé une application encore plus large tant dans la théorie du parti que dans la vie universitaire. Ce changement est significatif : il marque la transition de Pékin de ce qui était un gouvernement illibéral - qui a enfreint les normes libérales par commodité - à un gouvernement antilibéral - qui répudie les normes libérales par principe.

Source : Linkiesta

USA: Qui a vraiment trahi la démocratie?

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Cafe Noir N.05

USA: Qui a vraiment trahi la démocratie?

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde. Émission du Vendredi 08 Janvier 2021 avec Pierre Le Vigan et Gilbert Dawed.
 

vendredi, 08 janvier 2021

Le péronisme dans l'Argentine d'aujourd'hui

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Le péronisme dans l'Argentine d'aujourd'hui

Par Esteban Montenegro, Président de NOMOS (Argentine)

Traduit par Zero Schizo

Au-delà de la gauche et de la droite, le péronisme a été caractérisé par le fait d'élever les intérêts du mouvement ouvrier au rang de "cause nationale" devant tous les secteurs concentrés de l'économie ou, du moins, de les équilibrer les uns par rapport aux autres. Ce pourrait être sa définition idéologique. Mais elle serait trop abstraite, si l'on ne tenait pas compte de ses caractéristiques organisationnelles. La proximité de ses organisations avec le peuple et sa grande force de mobilisation en font une clé indispensable à la gouvernabilité du pays. Cette accumulation de pouvoir, ajoutée à une culture politique "décisionnelle", où "celui qui gagne mène et le reste se borne à suivre", a fait que les disputes internes du péronisme et les caractéristiques de son leadership, qui en résulte, décident du sort de la nation. Cela conduit parfois à des paradoxes insurmontables. Par exemple, le néolibéralisme en Argentine a été mis en œuvre avec un succès relatif par la décision d'un dirigeant "péroniste" : Carlos Menem. Et c'est ainsi que l'essence pratique du péronisme réellement existant (la relation personnelle Leader-Peuple à travers quelques organisations intermédiaires libres, mais qui répondent politiquement au principe de ‘’conduction’’) s'est rebellée contre les définitions idéologiques "minimales" qui lui ont donné son existence dans le passé.

Plus récemment, les dirigeants Nestor et Cristina Kirchner ont donné au péronisme une "ressemblance de famille" avec les gouvernements "populistes" de Lula et Chávez. Cela a engendré, en contrepoint, un péronisme plus ou moins opposé et modéré, plus proche de l'économie et de l'établissement médiatique, avec de bonnes relations avec les États-Unis. À l'intérieur, un "kirchnerisme dur" est né à travers de nouvelles organisations, de nature plus juvénile, articulant une synthèse complexe entre des secteurs sociaux-démocrates éclairés, peu ou pas ancrés dans la mouvance péroniste et imaginaire, et des secteurs péronistes "classiques" et "doctrinaires", d'extraction et d'intensité différentes.

Le succès électoral d'un parti libéral pro-marché comme le PRO de Mauricio Macri en 2015 et 2017 s'explique par les erreurs de Kirchner en matière de sécurité publique et de communication politique ; ensuite, par la difficulté du péronisme, dans toute son ampleurs et dans toutes ses facettes, à trouver une voie qui le conduirait à l'unité, non seulement entre ses factions mais, plus encore, entre sa "cause matérielle" pratique et sa "cause formelle" idéologique. Cette dernière engendre la première, car l'efficacité organisationnelle du péronisme n'ira pas loin sans représenter les intérêts de la majorité de ses bases.

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En décembre dernier, un nouveau gouvernement péroniste a gagné les élections en Argentine. La personnalité qui a obtenu le plus de voix, mais dont l’image est très négative à cause de sa gestion politique antérieure, est Cristina Kirchner. Elle a introduit sur la scène un péroniste "centriste" pour tenter de faire l'unité, un ex-Kirchneriste mais opposé à la politique du dernier gouvernement Kirchner, trop souvent remis en cause par l'établissement : Alberto Fernández. Qu'on le veuille ou non, on ne peut pas juger Fernandez pour son "éclectisme idéologique", car il est obligé de trouver des compromis entre les différentes factions de son gouvernement, manquant de bases propres et, sur le front extérieur, il devra renégocier le paiement de la dette. Enfin, le président ne sera pas jugé sur ses discours, mais sur ses décisions. Étant donné la crise économique héritée du passé, aggravée par le Covid-19, il devra devenir un leader innovateur, décidé à prendre des mesures drastiques qui conduiront à l'unité de tous les Argentins, tout en visant l'unité du péronisme. Cela ne peut être obtenu qu'en sacrifiant les profits extraordinaires de l'économie extractive et spéculative. Ce n'est peut-être pas ce qui convient le mieux à son style conciliant. Mais ni la classe moyenne ni les secteurs populaires n'ont encore suffisamment de marge de manœuvre pour s'adapter davantage à la situation précarisée. Et ajouter à la crise sanitaire, économique et sociale, une crise politique de la représentation dans le parti populaire majoritaire, serait ouvrir la boîte de Pandore au pire moment possible.

Source :

MONTENEGRO, Esteban. "Columna de Opinión Internacional (Argentina) del 04.06.2020". Diario La Verdad. Lima, Pérou.

Disponible à l'adresse suivante :

https://comitecentralameri.wixsite.com/ccla/post/el-peronismo-en-la-argentina-de-hoy

L'Espagne va s'effondrer. Préparons-nous à l'insubordination

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L'Espagne va s'effondrer. Préparons-nous à l'insubordination

Sur l'état de l'Espagne aujourd'hui

Carlos X. Blanco

Forger une unité politique de taille suffisante en termes de territoire, de population, de ressources et d'armée constitue la base pour devenir un État capable de prendre part à des actions efficaces pour ses intérêts et sa défense, aussi pour écarter la possibilité que cette unité politique ne devienne plus qu'un sujet passif, par exemple une colonie (formelle ou informelle) d'autres Etas plus puissants.

Notre unité politique, soit la monarchie hispanique fondée par les Rois catholiques, Isabel et Ferdinand, au 15ème siècle, a empêché d'autres royaumes étrangers de soumettre les domaines ibériques, et surtout a empêché les musulmans d'Afrique du Nord de reprendre leur expansion dans le sud de l'Europe.

Les petits et puissants États italiens avaient à cette même époque atteint des niveaux très élevés de puissance maritime et commerciale, mais le manque d'unité entre eux allait les déclasser politiquement pendant des siècles. Ils allaient devenir les jouets de la politique espagnole ou française. L'Italie a connu, en général, un plus profond développement capitaliste que l'Espagne ou la France, mais les micro-États italiens, appelés à diriger une éventuelle unification – qui fut impossible jusqu'au 19ème siècle - n'ont pas été animés par vision vaste et généreuse que, dans une autre péninsule, la péninsule ibérique, Leurs Majestés catholiques possédaient.

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La vision vaste et généreuse d'Isabel et Ferdinand était à la fois politique et spirituelle.

Une vision politique, puisque la Castille meurtrie, à cause des affres subies pendant des guerres civiles incessantes pendant toute la période précédente, plongée dans un processus de décomposition féodale, est devenue, malgré ses déboires, la matrice d'une union hispanique, embrassant par le mariage un royaume d'Aragon non moins décomposé, avec une politique et un commerce méditerranéens soumis à de dangereuses turbulences et en plei déclin, et avec un arrière-pays, dont la force productive était brisée et marquée par le dépeuplement et le localisme.

L'union des deux royaumes, jusqu'alors blessés et meurtris, fut scellée par l'idée spécifiquement hispanique de l'impérialité (née au cours du Haut Moyen-Âge dans la zone de la monarchie asturienne-léonaise) qui devait marquer l'aboutissement de la Reconquête (avec la récupération de Grenade en 1492). Ces processus qui ont pris une énorme épaisseur et atteint un haut niveau spirituel.

Evoquons la vision spirituelle. Le catholicisme signifie l'universalité, la rupture avec le localisme, la fin de l'étroitesse d'esprit et de l'égoïsme féodal et provincial. La création d'une unité politique de taille suffisante et l'unité fondée sur une seule foi furent les deux conditions pour que la souveraineté soit garantie et que cette unité devienne une puissance et non, a contrario, dans un scénario passif, l’objet d’une déprédation par d'autres puissances.

Ce type de processus (création d'unités politiques équipées pour être des pouvoirs subordonnés et non des États subordonnés), est magistralement expliqué à notre époque par le professeur argentin Marcelo Gullo. Des cas analogues, jamais identiques, peuvent être observés dans l'Histoire. Les colonies américaines, dans leur insubordination fondatrice contre la Grande-Bretagne, et la Grande-Bretagne elle-même dans son processus - fondateur et pionnier - de conversion en une puissance capitaliste industrielle après Elizabeth I, sont des cas paradigmatiques.

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De toute évidence, l'histoire nous enseigne des exemples d'insubordination réussie et des exemples d'insubordination ratée. En Amérique latine et dans l'Espagne péninsulaire elle-même, ces modes d’insubordination ratée abondent et nous concernent intimement. L'étude de ces cas d'insubordination ratée devrait nous éclairer sur la voie à suivre pour en sortir et pour récupérer de la souveraineté, sans tomber dans les vieux pièges, en tirant les leçons du passé. La géopolitique et les relations internationales sont généralement étudiées aujourd'hui avec un vice particulier (un vice largement étendu dans les universités américaines qui, jusqu'à aujourd'hui, étaient les centres intellectuels de la métropole dominante) : le vice de l'absentéisme. Mais la géopolitique et les relations internationales sont à comprendre sur le plan historique sinon on ne les comprend pas du tout.

L'Espagne a connu un exemple tronqué d'insubordination fondatrice récente, tronquée par la mort du Caudillo. L'Espagne "développementaliste" de Franco, malgré toutes les erreurs qu'elle a commises, et sans entrer dans le débat sur le "péché originel" de sa légitimité (ce qui n'est pas notre problème ici), est l'exemple d'une prodigieuse augmentation du niveau de productivité, des revenus, de l'éducation publique et de l'autosuffisance agro-industrielle entre 1960, disons, et 1975. La mort du Caudillo a interrompu ce processus d'accumulation capitaliste autocentré, un processus qui était d'ailleurs la condition sine qua non pour avoir une voix propre sur la scène internationale.

Déjà dans les années de vieillesse du Généralissime, les politiques libérales en matière économique proliféraient dans le Régime, des politiques désireuses de subordonner l'Espagne pour satisfaire leur propre profit. L'arrivée au pouvoir de Felipe González (1982) a accéléré et étendu la vision néolibérale et a marqué un tournant : l'Espagne a cessé d'être l'une des grandes puissances économiques du soi-disant "premier monde" par le biais d'un processus de "reconversion" industrielle et agricole qui impliquait, en fait, la vente des grandes entreprises qui étaient patrimoine de l'État, et leur mise aux enchères au profit des amis du régime (aujourd'hui bourbono-socialiste au lieu de franquiste) et au profit principalement de spéculateurs étrangers. Les paysans, quant à eux, étaient pieds et poings liés, et c'était presque un crime de produire tant que cette production n'était pas adaptée à ce que "l'Europe" exigeait de nous.

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Votre serviteur se souvient parfaitement comment, dans les Asturies, c'est devenu presque un crime de posséder une ou deux vaches pour compléter la maigre pension d'un couple de personnes âgées vivant à la campagne, alors qu'avant notre "européanisation", les laiteries collectaient le lait de chaque producteur, petit ou grand, en échange d'un revenu fondamental pour le maintien de la vie rurale. Aujourd'hui, depuis que nous nous sommes "européanisés", les campagnes d'une grande partie de l'Espagne se dépeuplent, ce qui est le premier symptôme de la mort d'une nation. De même, les grandes industries du capital de l'État, qui auraient pu être facilement relancées avec des investissements publics (je me souviens du cas d'ENSIDESA, des chantiers navals, et de tant d'autres), si utiles pour maintenir l'État en autarcie et conserver des milliers d'emplois, ont été liquidées par les ministres successifs de la "pelote basque" (Solchaga, Boyer, Solbes...). Un investissement industriel aussi énorme et aussi bien autocentré, mené par l'INI de Franco, a été liquidé et vendu, plongeant des régions entières dans le chômage chronique et la retraite anticipée, ouvrant la porte à la toxicomanie des jeunes et à la paresse subventionnée, contraires à l'éthique imposée par les socialistes.

Le PSOE, paradoxalement, a été l'un des instruments les plus importants du néolibéralisme. Le néo-libéralisme, quant à lui, n'est rien d'autre qu'une interprétation fondamentaliste du capitalisme qui consiste à liquider toute nation souveraine dans la sphère économique (et donc ayant sa propre voix dans la sphère politique), qui s'oppose à son projet : cela signifie l'accumulation et la concentration du capital en très peu de mains. L'Espagne du défunt Franco a été, pendant de nombreuses décennies, à nouveau souveraine dans la sphère européenne et donc concurrente de nos "partenaires". Elle a dû être détruite. Ils ne s'arrêteront pas tant qu'ils n'y seront pas parvenus totalement.

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Parlons de l’accumulation et de la concentration du capital dans quelques mains. Ces mains ne sont plus des « mains d'individus » : leurs propriétaires sont des conglomérats complexes de fonds d'investissement qui, de plus en plus, ne sont pas identifiables à des États spécifiques, comme l'étaient autrefois la Grande-Bretagne et les États-Unis, de manière canonique. Aujourd'hui, les différentes puissances occidentales sur la scène mondiale sont à leur tour des instruments de ces fonds spéculatifs. Mais à part l'Occident, le gouvernail de l'État national est bien présent dans le développement capitaliste autocentré. Un gouvernement souverainiste et protectionniste, gouvernant l'économie nationale et une banque nationale peuvent être les instruments de ce "retour des pouvoirs" dans une région du monde à vocation expansive. Aujourd'hui, la Chine et la Fédération de Russie dépassent largement leur rôle de puissances régionales et, compte tenu de leurs importantes dimensions territoriales et démographiques, elles sont appelées à remplacer l'Occident en déclin. Le rôle prépondérant de leurs États, aussi autocratiques qu'ils le souhaitent, reste fondamental.

Nous comprenons que l'Occident est plongé dans la plus sombre décadence non plus à cause d'une sorte de besoin inexorable, correspondant à son "cycle de vie". Ce naturalisme, parfois interprété par le point de vue morpho-historique de Spengler, n'a pas fonctionné dans le cas des anciennes civilisations, beaucoup plus anciennes que l'Occident, comme c'est le cas du monde chinois. Et cela contredit l'idée "pseudo-naturaliste" selon laquelle une civilisation ancienne doit nécessairement être décadente.

Il y a encore un siècle, en Occident, les Chinois étaient méprisés, non sans une dose de racisme explicite, selon des clichés éculés. Dans cette optique, on parlait d'une civilisation orientale si ancienne, avec une longue histoire d'oppression du peuple, une oppression d'un tel degré et d'une telle efficacité que les Chinois ne seraient, peut-être inévitablement, que des esclaves nés. Une tare ethnique, supposée acquise à la manière lamarckienne, par une sorte d'exercice répété de soumission à une pseudomorphose de la domination, ferait de l'Empire chinois une sorte de carcasse éventrée prête à être dévorée par les vautours occidentaux et le Japon.

L'histoire nous a montré que rien de tout cela ne s’est avéré vrai, que les Chinois ont depuis longtemps retrouvé toute leur fierté nationale et sont en fait aujourd'hui la première puissance économique du monde.

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Après plusieurs décennies de croissance économique soutenue, et avec une combinatoire idéologico-pragmatique surprenante (sous nos yeux, formée par le néolibéralisme et l'ethnocentrisme occidentaux), mêlant l’idée d’un "État fort" et d’une "communauté forte" (idéologie communiste et confucianiste) d'une part, et de capitalisme avancé d'autre part, les Chinois ont généré leur propre insubordination fondatrice. D'exportateur de bibelots de mauvaise qualité, ils sont devenus un fer de lance de la technologie du plus haut niveau, sachant que cette technologie du plus haut niveau est la dernière étape d'une pyramide qui doit être soutenue par un secteur industriel moyen fort (qui n’est pas, lui, leader en technologie ou en marge des plus-values), qui fournira plusieurs millions d'emplois, des emplois qui généreront une importante classe moyenne instruite, d'où émergeront des élites technologiques et de toutes sortes, des élites capables de diriger le monde.

Au contraire, les politiques occidentales, y compris espagnoles, commettent l'erreur de délocaliser et de privatiser toutes les industries, comme si nous jetions notre propre mobilier par la fenêtre, dans le but de nous abandonner, d'une part, à une production technologique avancée minoritaire, sans socle moyen, et, d'autre part, à un secteur des services vaporeux et précaire, un secteur qui, au vu de la maudite pandémie de Covid-19, est comme un château de cartes. Nous le savons désormais.

L'Espagne est maintenant dans le peloton de queue de l'Europe. Et tous ceux qui se trouvent en dehors de nos frontières le savent. C'était - et c'est encore ! - un pays incapable de produire ses propres masques. Aujourd'hui, l'Espagne n'est qu'un pays plein de fous, comme dans la nef des fous, qui abrite une caste d'hommes (im)politiques incompétents qui ne cherchent que le vote à court terme et qui - depuis l'époque où Franco vieillissait - n'aspirent qu'à des sièges ou des sinécures, des prébendes, et ne songent qu’à vendre la patrie aux étrangers. L'Espagne est aujourd'hui un pays qui manque de la moindre souveraineté. Qu'est-ce que j'entends par souveraineté ? L’autonomie dans ses décisions. Une fois la plus grande et la meilleure de ses industries liquidée, l'Espagne ne sera plus qu’un site ouvert aux spéculateurs internationaux et au dumping de main-d'œuvre. En fait, elle est actuellement un sujet passif, qui subit une véritable "marche verte" devant laquelle les médias se taisent et devant laquelle les "partis du système" maintiennent le pacte secret de ne pas le mentionner au peuple.

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Le pays est rempli d'agents marocains qui, secrètement, de manière réitérée, avec arrogance et sans aucune dissimulation, diffusent un message hispanophobe dans tous les domaines possibles (journalistique, universitaire, culturel) afin de castrer le peuple espagnol face à l'imminence des marches vertes. Si le peuple espagnol ne se reconnaît plus comme une entité unie, cela entraînera l'impuissance de l’État, qui doit demeurer une entité politique unie. Cette impuissance de l’Etat nous met à nu, nous désarme, face à la menace venant du sud. Il est très symptomatique que de nos jours se déroule une campagne idéologique contre la célébration ou le souvenir de la prise de Grenade, que nous assistons au réveil féroce de la Légende noire, que nous observons un rejet mental de la Reconquête et des exploits des anciens royaumes hispaniques (Covadonga, Las Navas de Tolosa, Grenade, la Découverte des Amériques...). Les agents marocains sont très présents dans les rangs de la gauche et des groupes séparatistes, mais en réalité ils sont présents dans tous les partis ayant une représentation électorale.

Si le peuple restait uni, l'État, dirigé par les "vendus" de la partitocratie, n'aurait absolument rien à faire. Mais ce n’est pas le cas. Alors lorsque la nouvelle "marche verte" pénétrera (elle le fait déjà) dans les îles Canaries, à Ceuta et à Melilla, et en général sur les côtes méridionales et méditerranéennes, les "nouveaux Sahraouis" (apatrides, dépossédés de leur propre pays) seront les Espagnols d'aujourd'hui qui comprendront trop tard (comme ce fut le cas en 711, après la défaite de Don Rodrigo), qu'ils n'ont rien fait pour empêcher leur acculturation, leur conversion en peuple mozarabe, diminué en droits et en liberté, à peine tolérés par les nouveaux maîtres.

Il est clair que la véritable Espagne, celle qui, potentiellement, a un avenir, est l'Espagne guerrière, re-née jadis dans les montagnes de Covadonga, et non l'Espagne mozarabe, qui s’était déjà vendue, qui avait ouvert les portes à l'envahisseur. Mais avant cela, bien avant de se permettre toute bravade face aux provocations constantes, l'Espagne doit revenir à un "seuil de pouvoir" qui lui permette de se doter d'une puissance économique, en protégeant nos industries et nos campagnes, en donnant à l'État central le rôle de leader et d'investisseur dans l'économie. Redevenir un pays producteur, c’est aussi remettre sur pied, entre autres choses, une armée efficace capable de défendre les frontières. Les frontières de l'Espagne, ne l'oubliez jamais, sont aussi celles de notre civilisation. Les "partenaires européens", après des siècles d'histoire moderne, nous ont appris qu'ils préfèrent désormais devenir des musulmans, ou autre chose d’exotique et de fumeux, que des alliés fiables pour défendre les valeurs de notre civilisation. Nous devons également nous méfier d'eux, de leurs "lignes directrices" et de leurs schémas supranationaux. L'Europe est le problème, et le monde hispanique est la solution.

jeudi, 07 janvier 2021

Ecrabouillement de Trump et soumission de la masse occidentale

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Ecrabouillement de Trump et soumission de la masse occidentale

par Nicolas Bonnal

Je n’ai pas longtemps cru à la prise d’assaut du capitole par les patriotes américains ; je me disais en effet que les patriotes resteraient chez eux à cliquer et à râler comme nous. Et j’avais raison, puisque Mike Adams sur naturalnews.com a vite parlé de masse endormie et surtout de false flag. Après le printemps arabe on a créé un printemps américain pour imposer ici comme dans ces braves pays jadis nationalistes, socialistes et libres (aujourd’hui islamistes et technophiles) l’idéologie woke dont a besoin le système non pas pour nous soumettre, mais pour nous exterminer – surtout dans les pays occidentaux, qui sont ceux de la vieille race blanche que j’ai dénoncée il y a dix ans.

Trump, dont j’ai toujours parlé amusé, est un Berlusconi yankee, un idiot utile qui a servi à radicaliser le système, mais aussi un idiot inutile. La rage du petit blanc était plus forte en 2012  ou en 2016, et si la Clinton était passée en 2016 on aurait assisté à une résistance. Le Donald a radicalisé l’ennemi qui est revenu plus fort que jamais et il a anesthésié et neutralisé les petits blancs (je me suis fait insulter pour écrire cela, mais insulter…) ; il a enrichi la Chine et Wall Street comme personne, obéi à Fauci comme personne, et démantibulé l’occident comme personne. Il a aussi repoussé Poutine et la Russie comme personne, et je n’ai pas envie de continuer, les aveugles parmi les antisystèmes étant devenus pires que les aveugles du système.

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Il fallait être « un optimiste, c’est-à-dire un imbécile heureux » (Bernanos) pour penser que « trahi de toute part, accablé d’injustices », le guignol orange prendrait des risques pour sauver son électorat qui préfère le clic et la télé à la liberté, ou qui s’achète des armes comme des médicaments. Dans cette histoire le smartphone a joué un rôle fantastique : regardez autour de vous dans la rue et vous verrez que, masqués ou pas, les zombis ont tous ou presque le pif dans le smartphone. Masqué et vacciné fera partie du kit. On est déjà en mode techno-zombi, ils le savent en en profitent.

On nous a fait le coup du coup d’Etat fasciste et cela a marché comme à la parade, avec ce viking indien vu déjà chez les antifas et BLM, que Mike Adams a eu tôt fait de reconnaître. Cela montrait que le Donald était totalement isolé dans son narcissisme obtus, lui qui de toute manière a fait comme personne la pub du vaccin avant de le refourguer aux israéliens (les pauvres…). Trump aura marqué pour la énième fois la bouffonnerie des populistes et des libéraux de droite, des vieux droitistes et des je-ne-sais-quoi encore. Pour moi qui ai étudié et vécu cela depuis quarante ans, cette sanie confirme la notion de présent éternel avec un ricanement. Car Trump ce n’est que leur général Boulanger. Une coterie de mécontents, de réacs et de bidons qui se réunissent pour râler et tempêter, puis se dispersent à la première pluie, au premier vent, comme dirait  le vieux Rutebeuf.

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La suite va être abominable mais comme je l’ai dit le peuple la veut cette suite. Il faut arrêter de s’aveugler, rares résistants. Le peuple veut du grand Reset lui aussi : il veut moins travailler, se vacciner, moins polluer, moins se reproduire. Il est fatigué le peuple, comme l’a vu Nietzsche dès la fin des années 1880. On pourra aussi relire Maupassant qui montre comme Drumont l’arrivée du parisien moderne. C’est une médiocrité ontologique séculaire comme le catho d’aujourd’hui ou son monstre de pape, médiocrité que l’on assoupit ou que l’on conditionne pour les guerres contre l’Allemagne, l’arabe, le chinois, le virus. Ce type-là disait Drumont est un nihiliste qui ne tient à rien, pas même à la vie qu’on va lui enlever avec le Reset. De toute manière Greta lui a expliqué l’an dernier qu’il était de trop : du coup les maires écolos ont pris toutes les grandes villes françaises d’assaut, et on ne parlera pas de ce qui se passe en Angleterre ou en Allemagne ! Le système n’impose rien, c’est ce que je veux dire.

La suite va être une abomination. La grosse masse des zombis va se faire liquider ou va être privée de tout, tout en étant contente. La plupart des résistants trop vieux et trop mous continueront de cliquer et subiront le joug comme les autres. Refuge alors avec armes et pièces d’argent dans les campagnes dans des coins reculés, dans les montagnes ? Attention, ils ont la technologie, ils ont les drones (voyez l’excellente séquence de Bourne avec le drone) et ils auront tous les moyens de couper (cf. le général Barrons de l’OTAN) électricité, comptes bancaires, eau, etc. aux contrevenants et même aux autres. Certes si nous avions plus résisté ils auraient été moins méchants. Ils créent maintenant l’élite de SS  et de kapos, de commissaires politiques et médicaux dont ils ont besoin pour liquider la masse.

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Tout se sera passé comme dans le western de Richard Brooks La Dernière chasse : on voit les bisons se faire abattre (to shoot : vacciner) et continuer de brouter et de bailler. Les autres bisons peu fûtés s’en foutent.

Notre esclavage n’a fait que progresser depuis trois siècles. Il a été hallucinatoire (politique) et technique. Sur ce thème Jünger a tout dit dans son Traité du rebelle :

« L’homme tend à s’en remettre à l’appareil ou à lui céder la place, là même où il devrait puiser dans son propre fonds. C’est manquer d’imagination. Il faut qu’il connaisse les points où il ne saurait trafiquer de sa liberté souveraine…Tout confort se paie. La condition d’animal domestique entraîne celle de bête de boucherie. »

Cela c’est pour la masse. Pour l’élite dont a bien parlé Jack London (le Talon de fer) l’expression-clé c’est : « conviction de bien faire ».

Sources:

Nicolas Bonnal – Littérature et conspiration

Guénon, Bernanos et les gilets jaunes

mercredi, 06 janvier 2021

La guerre d'anéantissement et la paix permanente

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La guerre d'anéantissement

et la paix permanente

 

Irnerio Seminatore

 

En rappelant que la guerre n'a pas un caractère moral et ne peut comporter en soi un caractère criminel, en disqualifiant d'avance et par le droit la figure de l'ennemi, la guerre d'anéantissement, en dehors de toute référence aux legs de la civilisation, se développe en dessous de la paix apparente, conformément au sens originel de la lutte et de sa fureur élémentaire. Elle se définit dans la dimension conjointe de l'affrontement guerrier et de la perspective d'anéantissement de l'adversaire. Sous forme de lutte à mort, elle resserre en un seul concept, trois buts de guerre, politique,militaire et civil. Politique (par un choc étatique des armées), militaire (par une suppression de toute opposition et de toute résistance sur les arrières), et enfin, génocidaire (par la confusion des civils et des militaires et l'absence de toute retenue et contrainte violente). Elle produit une fusion destructrice de trois facteurs de résistance, la force actuelle, le potentiel de mobilisation et la force vive du peuple ou de la nation. Enfin, dans une apothéose de mort elle conduit à la suppression de tout antagonisme, peuple, race ou religion. Cela signifie l'éradication de l'ennemi du cours de l'histoire et, de ce fait, une guerre totale, en son pur principe. Ce type de guerre comporte la liquidation immédiate et soudaine d'une portion définie, organisée et territoriale de l'espèce humaine et configure ainsi la conception d'une guerre d'effacement existentiel, au dessus de laquelle tout armistice est trompeur, aléatoire et précaire. Deux exemples confirment cette analyse: la bataille de Canne (216 a.J-C) et la destruction de Carthage par les Romains dans l'antiquité et l'Opération "Barbarossa" pour l'anéantissement de l'URSS dans la troisième guerre mondiale (juin 1941). Le but d'éliminer l'adversaire et de raser Carthage après la deuxième guerre punique, fit de Rome la maîtresse du "Mare Nostrum"; la conquête de l'espace vital (le Lebensraum), devait permettre un repeuplement de l'immense étendue des terres de l’hémisphère Nord de l'Eurasie pour la constitution allemande d'un empire millénaire. Le Drang Nach Osten (la marche vers l'Est) aurait pu assurer une domination in-contrastée au Herrenvolk (le Peuple des Seigneurs).

51fIcbT3hdL._SX318_BO1,204,203,200_.jpgDifférente dans la forme, mais similaire pour les enjeux et surtout pour les issues, l'anéantissement des populations européennes par la guerre du ventre des femmes musulmanes. L'asymétrie démographique et la mobilité humaine compensent ainsi les buts de conquête politiques et militaires. La proclamation de la guerre du ventre fut une anticipation prémonitoire de Houari Boumediene. L'avait-on oublié?

En avril 1974, le président de la république algérienne, Houari Boumediene, prévenait l’Europe du projet de transplantation de peuple qui se préparait :

« Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour aller dans l’hémisphère nord. Et ils n’iront pas en tant qu’amis. Ils iront là-bas pour le conquérir, et ils le conquerront en le peuplant avec leurs fils. C’est le ventre de nos femmes qui nous donnera la victoire ».

L'histoire c'est aussi la démographie, éruption irrésistible du vivant.

La perspective d'anéantissement du Nord par le Sud de la planète est la forme du Lebensraum des opprimés contre les nantis Une perspective d'anéantissement lent, souterrain et insidieux, par l'étreinte démographique des populations. Une poursuite de la décolonisation, en forme d'invasion et de revanche, qui montent par vagues successives, par terre et par mer, soutenues par des organisations militantes. C'est le purgatoire des démunis et la noyade des populations autochtones. Ce sont les flux, refusés par la Grande Bretagne et sources de dissolution, de désagrégation et de conflit. Est loin des esprits, dans cette forme piétiste de la guerre des mondes, le principe westphalien du "cuius regio eius religio" (ou non ingérence idéologique), mais aussi celui du "cuius economia, eius regio" (individualisme ou étatisme économique), et encore le différent déterminisme des paradigmes de la connaissance "cuius religio, eius universalis cognitio"(telle religion, tel universalisme), visant l'identité, la famille, le groupe, la religion et la divinité. L'anéantissement touche ici aux principes premiers, ceux de la mission et de la foi. Un peuple ou un communauté affectés de l'intérieur par une "guerre des dieux" sont un peuple et une communauté condamnés à la disparition et à la sortie de l'histoire. Dans la guerre d'anéantissement démographique ou racial, la défense immunitaire de la philosophie et du droit est pervertie en son contraire, l'égalisation des conditions et des statuts. C'est la porte ouverte à l'exercice d'une violence disruptive, vindicative et revendicative de la part de l'étranger, devenu citoyen. Dans ces conditions la guerre n'est plus considérée comme une relation d’État à État, mais comme une révolte et insoumission permanentes, dépourvues de leaders et donc in-négociable. L’envahisseur, ami de l'ennemi extérieur est le premier fossoyeur de l'arène politique à qui on a remis les clés de la cité et qu'il livre au frère ennemi, lorsque la guerre civile est surmontée par la guerre étatique. La guerre de substitution, par noyade ethnique ou raciale, a son moment culminant dans la délivrance de toute obéissance, désignant une crise d'autorité et une prise de terre à repeupler.

Protégé par une philosophie humanitariste, consentie à l'ennemi sécessionniste, l'ekthrsos profite de la vie publique pour attiser les antagonismes des vieux conflits interconfessionnels et se hisser à la tête de la terreur extrémiste. De facto la guerre d'anéantissement se prépare dans l'antériorité de la guerre civile des sociétés ouvertes et dans la préparation souterraine des guerres d'étripage et de terreur qui la précèdent. Cela prouve que le monde n'est pas un village planétaire mais un espace protégé par les murailles du droit qui veillent à la sécurité des nations, sous le brouillard de la paix apparente de Saint Augustin. La bataille qui précède la guerre d'anéantissement est au même temps juridique et philosophique, afin que l’envahisseur ne puisse disposer des armes lui permettant de violer l'état de la pacification existante et de poignarder au dos le parti de la cohabitation et du "statu quo", par une fausse égalisation des conditions. Est guerre d'extermination dans les deux cas, la perspective d'anéantissement par l’atome, le globalisme prophétique, le millénarisme climatique et le réinitialisation de Davos. Concepts englobés dans les deux expressions de destruction complète et d'abattement total, sans pour autant que soit identifié l'auteur de cette guerre d'anéantissement qui, à l'inverse des perspectives civilisationnelles du passé, permettrait demain leurs condamnation et leur mise au ban des nations.

Bruxelles, le 5 janvier 2021

NdR. Ce billet fait partie d'une étude sur le thème :"GUERRE ET POLITIQUE. La désignation de l'ennemi et la discorde dans les alliances"

Et si le peuple voulait du "Grand Reset" et de la tyrannie ?

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Et si le peuple voulait du "Grand Reset" et de la tyrannie ?

par Nicolas Bonnal

Le plan des mondialistes progresse bien, et on en peut que rester béat d’admiration devant la stupidité béate des victimes. Comme dit Bernanos dans la France contre les robots, au moment des guerres contre le fascisme :

« Et si, par hasard, une telle idée leur était venue, ils se seraient bien gardés de l'avouer, car ils sont un des éléments de cette pourriture. La Bêtise, en effet, m'apparaît de plus en plus comme la cause première et principale de la corruption des Nations. La seconde, c'est l'avarice. L'ambition des dictateurs ne vient qu'au troisième rang. »

J’exagère ? Parce qu’une fois de plus je me crois supérieur et que je méprise mes contemporains qui sont les pauvres victimes d’une dictature affreuse ?

Essayez alors d’enlever votre masque dans le métro avant de me jeter la première pierre. Essayez d’envoyer votre petit sans masque à l’école avant de me jeter la première pierre. Essayez de prêcher à voix haute le texte du Dr Perronne en public avant de me jeter la première pierre. Vous verrez que le monde que vous croyez résistant le temps d’un clic est furieusement collabo dans la réalité.

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Cela n’étonnera du reste que les distraits. La résistance en France ne s’est développée que lorsque la défaite allemande fut assurée. Il n’y a que les nationalistes qui résistaient dès le début, comme là Marion et Philippot chez les politiciens. Et il fallait moins de cent mille soldats allemands en 1942 pour garder cette masse, tout comme il ne faut guère que cent mille gendarmes pour mettre tout le monde au pas. On a rappelé ici-même la soumission des Français sous Napoléon III, confirmé par le plébiscite de Mai 1870 d’ailleurs (pauvre Hugo exilé pour rien sur son île) et sous les aberrantes guerres républicaines, continentales ou coloniales. Le reste est de la soumission à la société de consommation et technologique, et Guy Debord nous a tout dit dessus, comme Lewis Mumford ou John Boorstyn en leur temps.

Il faut donc tirer quelques conclusions, car on s’est très bien habitués au masque, comme dit justement le président jupitérien Macron. On s’est très bien habitué au confinement aussi, et au porno gratuit sur le web (voyez la bonne émission d’Alexis Cossette et de Sylvain Trotta), et à Netflix, et à BFM. On a aussi compris que la populace ne veut pas du vaccin, mai que si on prend le temps de bien lui expliquer, et de la prévenir contre le militantisme terroriste et réac des anti-vaccins, ce que font les journaux tout le temps, tout ira pour le mieux.

Récemment c’est maître Brusa qui reconnaissait :

 “La Covid a généré une catastrophe juridique…il faudra des années pour se remettre sur le plan économique. Et des années sur le plan du droit…On commence à avoir des informations qui attestent qu’on nous prend pour des cons…Il faut que le peuple réagisse, il faut aussi que les gens réclament de la liberté, et aujourd’hui ce qui m’anéantit, c’est de voir comme il est difficile de faire réagir le peuple. Je ne demande pas de faire une révolution, je demande au peuple de demander les libertés…Nous sommes en train de tout perdre. Mais qu’est-ce qu’il faut de plus pour qu’on comprenne qu’on est dans le cadre d’une dictature ? Ce n’est pas parce que 200 ou 300 avocats font une tribune dans un journal que les choses vont changer, parce que, excusez-moi, mais Macron de la tribune dans le JDD, il n’en a rien à cirer… »

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Le peuple ne veut pas de la liberté. Le peuple veut du pain et des jeux, et on n’a pas attendu l’an 2020 pour le découvrir. Or le système les lui donne et il va prendre à ceux qui ont de l’argent en banque, qui sont une minorité et aux propriétaires, qui sont une minorité. Pour le reste le peuple admire les vedettes et les hommes les plus riches sont des vedettes comme ses sportifs préférés. Eux sont des philanthropes qui veulent vacciner ou protéger la planète…

J’irai même plus loin cette fois : le peuple n’a aucune raison d’être contre le grand reset. Le grand reset est dans l’air du temps, pas vrai ? Le peuple a en effet été éduqué dans l’idée que l’on pollue trop et qu’il faut arrêter de respirer ou de trop carboniser l’atmosphère ; il a été élevé dans la peur depuis l’an 2001 et un ami espagnol me disait que la jeune génération avait été déjà élevée dans la soumission et dans la servitude volontaire, pour reprendre le mot de l’année écoulée et même du court millénaire à venir. Le peuple a des dettes, pas de pognon, pas de goût pour la liberté (à part pour aller revoter pour Macron ou son ministre Edouard Philippe), mais il a le sens des responsabilités (remets ton masque, sale nazi) et de l’écologie, alors… On le prive de travail ; mais tant qu’il a le smartphone et la tambouille assurée. Le reste on verra après. De toute manière le travail…

Nietzsche avait déjà tout dit vers 1880 et on comprend (et c’est pourquoi je tape sur leur monde moderne) comment nos opinions abruties ont pu se farcir tant de guerres et de dictatures depuis. Lisez, vous allez rire :

« Tomber malade et être méfiant passe chez eux pour un péché : on s’avance prudemment. Bien fou qui trébuche encore sur les pierres et sur les hommes !

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Un peu de poison de-ci de-là, pour se procurer des rêves agréables. Et beaucoup de poisons enfin, pour mourir agréablement.

On travaille encore, car le travail est une distraction. Mais l’on veille à ce que la distraction ne débilite point.

On ne devient plus ni pauvre ni riche : ce sont deux choses trop pénibles. Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir encore ? Ce sont deux choses trop pénibles. Point de berger et un seul troupeau ! »

Et là le maître touche le but de nos banquiers globaux :

« La terre sera alors devenue plus petite, et sur elle sautillera le dernier homme, qui rapetisse tout. »

Eh bien notre homme va sautiller un peu moins…

Sources :

Ainsi parlait Zarathoustra

Coronavirus et servitude volontaire

La France contre les robots

https://covidinfos.net/covid19/nous-sommes-en-train-de-creer-une-prison-a-ciel-ouvert-affirme-maitre-brusa-qui-denonce-une-dictature/2607/

Macron et le Quatrième Pouvoir

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Macron et le Quatrième Pouvoir

Par Franck Buleux

Traditionnellement, l’expression « quatrième pouvoir » désigne la presse et les médias. Par extension, le quatrième pouvoir regroupe tous les moyens de communication qui peuvent servir de contre-pouvoir face aux trois pouvoirs incarnant l’État (pouvoir exécutif, législatif et judiciaire).

De mémoire d’homme, ce pouvoir a, plus ou moins, toujours critiqué, voire combattu le pouvoir en place. Certes, la gouvernance classée à droite est toujours plus critiquée que la gouvernance classée à gauche. Il apparaît évident que la défaite de Valéry Giscard d’Estaing le 10 mai 1981 doit beaucoup à ce « pouvoir » au cours des années 1979 et 1980. De la même façon, il n’est guère critiquable de dire que Le Canard enchaîné, grâce ou à cause de ses révélations, a limité l’électorat de François Fillon à un peu plus de 20 % des suffrages exprimés. Certains m’objecteront que la plume n’est pas la cause initiale mais le fait incriminé, ce qui n’est pas faux.

Les écoles de journalisme produisent des hommes et des femmes de gauche. La presse de droite est moins influente, parfois inaudible. L’hebdomadaire de droite nationale, Minute, révélait la maladie de Mitterrand dès 1981, il a fallu attendre 1992 pour que le public l’apprenne par l’intéressé.

Certes, François Mitterrand, surtout lors de son second septennat et François Hollande surtout n’ont pas été exempt de critiques médiatiques, même s’il s’agissait, le plus souvent, de critiques « de gauche ».

Depuis la disparition de Minute, d’abord des kiosques puis du paysage de la presse écrite, la droite nationale dispose de peu de relais en kiosques et il ne s’agit pas, mis à part le courageux Présent, jamais cité par ses confrères, de quotidiens ou d’hebdomadaires à fort tirage.

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Or, l’élection de Macron, en mai 2017, a fait coïncider le 4e pouvoir avec le pouvoir exécutif (ou législatif, de toute façon la réforme de la durée du mandat présidentiel a entraîné, ipso facto, la symbiose électorale quasi-automatique de ces deux pouvoirs). La représentation politique de Macron contre Marine Le Pen au second tour lui a donné une aura « de gauche » et sa politique économique, considérée comme libérale (je ne suis pas persuadé que la « nationalisation des salaires » soit très libérale mais il s’agissait probablement d’une nécessité sociale, via la prise en charge du financement du chômage partiel) lui a conféré une stature « de droite ». Aussi, les médias de droite comme de gauche, en particulier audiovisuels, rivalisent de félicités à l’endroit du président Macron.

Mais à quoi sert ce 4e pouvoir ? Il n’est plus un contre-pouvoir mais une espèce de caisse de résonnance des décisions prises en conseil des ministres (le Parlement n’était qu’une chambre d’enregistrement des règles édictées par l’exécutif).

La crise sanitaire est devenue l’exemple emblématique de cette situation. Chaque média rivalise de loyauté (sic) avec les dirigeants. Mieux même, cette presse « libre » en redemande, soulignant parfois que si l’exécutif ne va pas assez loin (la politique des vaccins par exemple), c’est à cause des « mauvais Français », les conspirationnistes et autres extrémistes qui « manipulent » (comment ? Ils n’ont aucun média…) l’opinion en les nourrissant de « fakes News », terme qui sert aujourd’hui à décrédibiliser toute opinion contraire à celle d’Emmanuel Macron.

Le « 4e pouvoir » ne joue plus son rôle de « contre-pouvoir », il n’est plus que l’aiguillon de l’exécutif, l’élément accélérateur du système : vaccination « pour tous », dissolution de groupes dissidents, « chasse » internationale sur le Net de tout individu qui remettrait en cause la doxa. Le sanitaire a pris la place du politique.

Même les réseaux sociaux sont contrôlés, surveillés et chacun d’entre nous risque, plus que son propre décès par la Covid-19, la mort sociale.

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On arrive à penser que, même si l’exécutif hésite à mettre en place des règles privatrices de liberté, le 4e pouvoir va l’y pousser. On en viendrait presque à nous retourner, comme certains le font déjà, vers le pouvoir judiciaire face aux trois autres (exécutif, législatif et médiatique).

En Union soviétique (beaucoup l’ont oublié ou n’étaient pas nés), les médias se limitaient à un journal, La Pravda, c’est-à-dire « la vérité » en russe car, c’est bien connu, il n’y a qu’une vérité.

L’avantage de l’Union soviétique est que le message était unique alors que, dans la France de 2021, il y a plusieurs voix… pour indiquer une seule et unique voie. C’est la raison pour laquelle il apparaît nécessaire, voire indispensable, de développer des médias libres, écrits ou numériques. Comme Métainfos !

Le 4e pouvoir n’a d’intérêt que s’il apporte des éléments informatifs distincts, qui permettent de comprendre, de débattre, pas d’avaliser, sans analyses, les choix du pouvoir.

Une opposition atone, des médias aux ordres, l’image du président jeune et démocrate Macron ne correspond pas à la réalité que nous subissons. En 2021, « Ouvrez les yeux ! » devrait être la campagne essentielle de tous et de chacun. Dois-je vous rappeler que, en ce début janvier, les élections régionales et départementales ont été reportées et devraient avoir lieu en juin, si tout  va bien ou à l’année prochaine ? Aux calendes grecques.

Quel est le nom de cette démocratie dans laquelle les campagnes électorales n’existent même plus ? Sur cette interrogation à laquelle je vous invite à réfléchir, je présente tous mes vœux de santé et de concrétisation de vos projets tout au long de cette année à l’ensemble de notre lectorat, de plus en plus nombreux, attentif à nos écrits et fidélisé!

mardi, 05 janvier 2021

Le Moyen-Orient entre Trump et Biden

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Le Moyen-Orient entre Trump et Biden

par Alberto Negri

Sources : Il Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it

Le pacte abrahamique entre Israël et les monarchies arabes, plus qu'une stabilisation, est un moyen d'annuler les droits des peuples et s'applique négativement aux Iraniens, Palestiniens, Kurdes, Libanais, Irakiens, Yéménites, et à tous ceux qui n'ont pas l'intention d'obéir. Au Moyen-Orient, Biden est déjà sous le poids des décisions de Trump.

La nouvelle année s'ouvre alors que l'année de la pandémie se termine. Les Américains peuvent faire ce qu'ils veulent contre l'Iran et les Israéliens aussi peuvent faire tout ce que les autres ne peuvent jamais faire : agir contre le droit international. Une synthèse du double standard qui, en négatif, s'applique aux Iraniens, Palestiniens, Kurdes, Libanais, Irakiens, Yéménites, et à tous ceux qui n'ont généralement pas l'intention d'obéir. Ces peuples, au mieux, peuvent obtenir des "concessions" mais ne sont pas titulaires de "droits". L'Alliance Abrahamique a sanctionné cet état de fait.

Au milieu se trouvent Erdogan et Poutine : le premier s’avère fonctionnel pour le second. Non seulement parce que le sultan de l'OTAN s'oppose à Moscou et traite en même temps avec la Russie en Libye et en Syrie, mais aussi parce qu'il sert les États-Unis en endiguant l'influence russe, comme en témoigne la guerre du Haut-Karabakh contre les Arméniens soutenue par les Turcs et les armes israéliennes. Biden déteste Erdogan (il l'a également attaqué quand il était l’adjoint d'Obama) mais l'affrontera non pas sur la base de ses aversions ou de ses références démocratiques mais sur son utilité sur le flanc oriental de l'Alliance atlantique.

Un an après l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani et de son lieutenant irakien Al Muhandis à Bagdad le 3 janvier dernier par les Américains, nous pouvons aujourd’hui en mesurer pleinement les conséquences. 2020 était l'année de l'attaque contre l'Iran - illustrée également par le meurtre en novembre du scientifique Mohsen Fakhrizadeh, attribué au Mossad – et celle du Pacte d'Abraham concocté dans une optique hostile à Téhéran, et scellé entre Israël et les monarchies du Golfe, suivies rapidement par le Soudan et le Maroc. Plus qu'une stabilisation, c'est un bond en avant vers de nouvelles annulations de droits des peuples : au Moyen-Orient, l'administration Biden, qui entrera en fonction le 20 janvier, pèse déjà sous le poids des décisions de Trump.

L'héritage contrasté d'Obama au printemps 2011 dans le monde arabe - soutien en Égypte aux Frères musulmans, guerre contre Kadhafi et soutien à la déstabilisation de la Syrie - avait eu comme issue positive le 14 juillet 2015 l'accord nucléaire avec l'Iran qui avait exaspéré Israël et jeté la panique en l'Arabie saoudite et dans les monarchies du Golfe. Trump est sorti unilatéralement de ce traité international et a établi de nouvelles règles de jeu qui n'étaient finalement pas si nouvelles que cela car elles remontent au président démocrate Roosevelt et à l’année 1945 : les monarchies devaient payer "cash" et par le truchement d’achats d'armes américaines pour la protection des intérêts des Etats-Unis ; s’ajoutait à la facture la normalisation avec Israël, la vente aux Arabes de pétrodollars comme artifice de survie face à la menace réelle ou présumée de l'Iran.

C'est ainsi que sont apparues les "incitations". Nétanyahou, qui se prépare à de nouvelles élections en mars, a profité de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par les Américains de Trump et de l'annexion du plateau du Golan. En 2020, l’Israélien n'a eu besoin que d'un coup de pouce pour l'annexion annoncée de la Cisjordanie et pour concrétiser les nouvelles alliances avec les Arabes. Le pacte abrahamique a été rejoint par les Emirats et le Bahreïn, puis est venue la normalisation entre Israël et le Soudan, puis celle avec le Maroc.

L'Égypte d'Al Sisi fait déjà partie du jeu : elle reçoit l'argent des Émirats et des Saoudiens ayant comme tâche idéologique et répressive d'éliminer les Frères musulmans. Même le général Haftar en Cyrénaïque, s'il adhère au Pacte Abrahamique, serait entièrement recyclé.

Le souverain Mohammed VI a obtenu des incitations financières mais surtout il a obtenu la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. L'occupation marocaine des territoires sahraouis comme l'occupation israélienne de la Palestine est contraire au droit international et à toutes les résolutions de l'ONU sur l'autonomie et l'autodétermination des peuples. Ce sont là les deux mots que la philosophie lapidaire du pacte abrahamique fait oublier aux Kurdes, ainsi qu'aux Yéménites.

L'autonomie des Kurdes irakiens s’est désormais réduite à une peau de chagrin : le Premier ministre Al Khadimi préfère rencontrer Erdogan dans le cadre d'opérations anti-Pkk que "ses" Kurdes d'Erbil ou de Suleimanya. Ceux de Rojava, alliés des Occidentaux contre l’Etat islamique, avaient déjà payé le prix du sang en 2019, en subissant le retrait américain du nord de la Syrie. La réalité est que tant les Américains que les Européens sont prêts à sacrifier les Kurdes à tout moment si Erdogan garde trois millions de réfugiés chez lui et modère ses revendications en Méditerranée orientale où il se heurte à l'axe France-Grèce-Chypre-Egypte-Israël-Emirats.

Le pacte d'Abraham a également divisé les Yéménites en bons et en mauvais. Selon le Financial Times, avant le 20 janvier, le Département d'Etat américain se préparait à inclure les alliés houthis de l'Iran dans la liste des organisations terroristes. C'est l'une des conditions que l'Arabie saoudite demande, avec le protectorat sur le Yémen, pour la reconnaissance d'Israël, objectif recherché par le prince meurtrier Mohammed bin Salman et jusqu'ici rejeté par le roi Salman.

Mais c'est probablement encore en Irak qu'il faudra s'attendre à de nouvelles opérations des milices pro-américaines et pro-israéliennes anti-iraniennes et anti-chiites. Un récent rapport du Monde le prétend, tout comme le ministre iranien des affaires étrangères Javad Zarif hier. L'année à venir ressemble déjà beaucoup, trop, à celle qui vient de s'écouler.

 

Scénarios probables en cas de victoire de Biden ou en cas de victoire de Trump

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Scénarios probables en cas de victoire de Biden ou en cas de victoire de Trump

Nous portons  à votre attention, les documents de synthèse prospective ci-dessus, élaborés sur base des travaux du think thank indépendant "Aurora".

Scénario de victoire Biden

Quelle sera la stratégie des «Financiers et banquiers Transnationaux» (le Finintern) si ils battent Trump et que ses réseaux n’arrivent pas à reprendre la main et le contrôle de l’appareil d’état dans les mois qui viennent.

  • Début de la nouvelle Grande Dépression (2020 avec l’affaire du «Coronavirus»)
  • Reprise du contrôle des États-Unis par le Finintern, notamment de la bureaucratie d’état
  • (2021-2025) Guerre civile «froide» grandissante aux États-Unis sur fond d’affrontement souterrain entre les milieux industriels (Trump) et financiers (Biden / Clinton / Harris), avec les premiers qui ne parviennent pas à reprendre le contrôle, dégradation accélérée de l’industrie par une accélération des délocalisations vers les autres pays, augmentation importante du chômage.
  • Retour de la politique financière libérale (création monétaire généreuse) et augmentation de la tension militaire à travers le monde, réactivation de nombreux conflits, notamment au Moyen-Orient, en Afrique et à la périphérie de l’Europe.
  • (2022-2025) Tentatives de coups d’état à travers toute la planète afin de renverser tous les régimes politiques indésirables, notamment ceux qui ont peu de dettes, beaucoup seront mis sous embargo (Iran, Belarus, Cuba, Corée du Nord, Russie, Venezuela, Argentine, Algérie…), intensification de guerres commerciales avec certains pays, relance en version durcie du TTIP et du TPP, retour de l’UE sous dépendance américaine, notamment militaire et commerciale.
  • Création massive de monnaie par les banques centrales (FED) afin de sauver le système bancaire mondial et financier transnational au bord de la faillite, cela en parallèle à l’anéantissement de l’économie réelle des États-Unis écrasé par les impôts levés afin de financier les subventions aux clientèles du Parti Démocrate.
  • Faillites massives des entreprises petites et moyennes ainsi que des particuliers (les exigences de paiement des dettes des ménages, notamment de la classe moyenne, elles restant bien en place sur fond de chute des revenus provoquées par la faillite des entreprises).
  • (2022-2025) Chute du niveau de vie moyen de 50% en 3 ans; famines localisées aux États-Unis, notamment dans les milieux ruraux, chômage qui s’élève à plusieurs dizaines de % (2025), répression sanglantes d’émeutes rurales aux États-Unis avec tirs à balles réelles, application localisée de la loi martiale dans certains états et comtés (la quasi-totalité des subventions est envoyée vers les minorités clientes du parti démocrate).
  • Fermeture définitive de toutes les industries de pointe (industrie 4.0), les crédits et les conditions n’étant pas réunies en situation d’hypercrise.
  • (2025-2027) Tentatives infructueuses de stabilisations de la situation aux États-Unis dont l’économie est tombée à 30% de celui de 2020, le budget militaire qui reste colossal est l’un des principaux piliers de cette tentative de stabilisation ainsi que l’utilisation de ce qui reste d’influence politique internationale.
  • Vers 2027-2030 dégradation irréversible de la structure de l’économie (par rupture des filières et chaines d’approvisionnement restantes) sortie du rang des grandes puissances mondiales, déménagement du QG du FinIntern hors des États-Unis.
  • 2030–2040 гг. très difficile et lente reconstruction de l’appareil productif, sur la base des 4èmes (milieu-fin du XXème siècle moteur à combustion interne, moteur à réaction, premiers ordinateurs, début de l’ère nucléaire…) et 5èmes (fin XXème-début XXIème siècle microélectronique, informatique, biotechnologies, télécoms, fibres optiques…) paradigmes technologiques, convergence du niveau de vie moyen, des structures économiques et sociales avec celles de l’Amérique du Sud
  • 2045 reprise d’une souveraineté et d’un poids politique minimal, à un niveau comparable à celui de l’Inde.
  • Tous les pays de la planète sentiront les conséquences de ces évènements.

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Scénario de victoire Trump

Temporalité de la stratégie MAGA en cas de victoire/refus de passation de pouvoir de la part du Président Trump et des industriels qui l’appuient.

  • Début de la Nouvelle Grande Dépression (2020 avec l’affaire du «Coronavirus»)
  • Maintien du contrôle des États-Unis par les élites industrielles et Donald Trump & Co.
  • 2021-2024 émission monétaire, orientée en priorité vers le sauvetage du secteur réel de l’économie au dépens de l’économie financière chute massive, mais contrôlée, totale de l’économie de 40% à 50%
  • Annulation de dette pour l’essentiel des ménages et entreprises du secteur réel de l’économie, faillite du secteur financier
  • (2021-2025) Guerre civile «froide» grandissante aux États-Unis sur fond de purge des élites établies
  • 2022/2023 Nouveau Yalta et établissement des nouvelles règles de fonctionnement internationales sur la période courant jusqu’à 2040, fractionnement de fait du monde en blocs macro régionaux.
  • Retrait des troupes américaines de l’Hémisphère Oriental du globe : Moyen-Orient (2021-2022), Asie Centrale (2022-2024), Europe (2023-2025), Extrême-Orient (2024-2027);
  • 2023-2026 préparation d’un nouveau redécoupage du Moyen-Orient, préparation du démantèlement de la Turquie (NDT : pas d’accord) et de l’Arabie Saoudite.
  • 2025-2030 relocalisation de l’appareil productif sur base des 4èmes (milieu-fin du XXème siècle moteur à combustion interne, moteur à réaction, premiers ordinateurs, début de l’ère nucléaire…) et 5èmes (fin XXème-début XXIème siècle microélectronique, informatique, biotechnologies, télécoms, fibres optiques…) paradigmes technologiques
  • 2027 lancement des projets de développement des technologies du 6ème paradigme technologique (spatial, nanotechnologies, IA, industrie 4.0, technologies additives…) représenté par des industriels comme Elon Musk.
  • 2030-2035 reconfiguration de l’ensemble de l’appareil productif sur base du 6ème paradigme technologique, États-Unis le font les premiers au monde.
  • 2030-2040 expansion et formation-consolidation du bloc macro régional étasunien;
  • 2040-2060 mondialisation alternative sur certains principes helleno-chrétiens actualisés et remaniés dans un monde multipolaire

dimanche, 03 janvier 2021

Non à la société multiculturelle néolibérale, oui à la communauté et à l’identité sociale

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Non à la société multiculturelle néolibérale, oui à la communauté et à l’identité sociale

Par Enric Ravello Barber

Ex : https://www.enricravellobarber.eu

L'immigration massive, le multiculturalisme, la substitution démographique sont la conséquence du paradigme idéologique actuel, de la superstructure idéologique - comme dirait Marx - qui détermine la structure sociale et économique. Ce paradigme, que beaucoup appellent aujourd'hui mondialisme ou mondialisation, n'est rien d'autre que le développement logique des principes de l'idéologie libérale. Pour guérir une maladie, la première chose à faire est dresser un bon diagnostic, d’observer les symptômes et d’en déterminer la cause. Nous sommes clairs : le libéralisme est la cause principale de tous les problèmes conflictuels dont souffrent les sociétés européennes aujourd'hui. Par conséquent, c'est le grand ennemi à détruire.

ravello_new.jpgPour le libéralisme, l'homme est né "ex novo". C'est-à-dire qu'il ne fait pas partie d'une communauté, d'une tradition ou d'une identité, il est simplement un individu qui est mû par son seul intérêt individuel et économique. D'une certaine manière, le libéralisme est la théorie de l'individualisme absolu, dans laquelle l'individu, sans racines, sans passé ni mémoire, et donc égal et interchangeable avec le reste des hommes, s'associe à d'autres pour défendre ses propres intérêts qui sont essentiellement de nature économique. Cet amalgame d'intérêts particuliers crée la société, comprise essentiellement comme un marché.

Conçu comme un pacte de minima, l'État est "un moindre mal" qu'il faut réduire au maximum pour que ce soit le marché - le totem libéral - qui régule les relations entre les individus.

De cette même logique libérale naît le concept ambigu et liquide "d'intégration" qui, dans l'imaginaire libéral, se traduit par l'incorporation plus ou moins ordonnée à la société de marché de nouveaux individus en tant que simples producteurs/consommateurs.

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Nous, les identitaires, sommes à l'antithèse, tant dans ses principes que dans son application, de la pensée libérale. Pour nous, la société n'est pas créée par un contrat commercial (principe libéral) mais par une histoire, un patrimoine et une tradition (principe identitaire). La personne naît avec un héritage et dans un certain environnement : elle fait, dès le premier instant, partie d'un groupe et ce sont ces groupes, les peuples, qui créent les États. Pour les identitaires, le "nous" précède et conditionne le "je", tandis que le "je" détaché du "nous", est la base de l'idéologie libérale, uniformisante et mondialiste.

C'est pourquoi nous soulignons que le concept d'intégration est une erreur. Les cultures, qui n'apparaissent pas spontanément, sont l'expression mentale et formelle de peuples. Si le peuple disparaît, sa culture disparaîtra aussi. Il ne faut pas confondre "intégration" et "imitation" (des formes externes et de l'accès au marché du travail) - ce qui est l’erreur libérale. Une culture est quelque chose de bien supérieur, de bien plus large et de plus complexe.

Dans la Grèce classique, berceau de la démocratie (le pouvoir du peuple), le "demos" était lié à l'ethnicité. Rien à voir avec un regroupement d'individus qui sont en relation les uns avec les autres dans un intérêt économique et commercial. Il est temps de retrouver le vrai sens de la démocratie.

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En comprenant la société comme une communauté qui partage des liens historico-culturels profonds, nous sommes aux antipodes du libéralisme et de son idée de réduire l'État à un minimum. L'État est l'instrument politique de la communauté historique-identitaire et, par conséquent, il veillera à protéger tous ses membres et ne l'abandonnera pas à la volonté injuste du "marché".

C'est pourquoi nous défendons un secteur public fort et digne qui assure la santé, les droits sociaux et l'éducation de tous les membres de notre communauté nationale et populaire. Être identitaire comporte nécessairement un élément social fort, le contraire est, disons-le clairement, la trahison de son propre peuple en tant que communauté organique.

unnamedGV.jpgAinsi, nous désignons le libéralisme comme l'ennemi absolu, ses œuvres et ses dirigeants, qui ne peuvent jamais être une référence à quiconque s'identifie à nos postulats, à titre d'exemple nous citons la malfaisante Margaret Thatcher et ses politiques néolibérales de privatisation du secteur public ; nous reprenons la citation de Géraldine Vaughan (photo), docteur en histoire et civilisation britanniques, qui dans le contexte du référendum sur l'indépendance de l'Écosse en 2014 a déclaré : "L'idéologie thatcherienne a attaqué les valeurs écossaises profondément ancrées dans l'idée de communauté. L'exaltation de l'individualisme n'est ni comprise ni acceptée. La politique néolibérale de Thatcher a pulvérisé l'État, et cela a été ressenti comme une attaque contre l'idée de communauté. Un fossé idéologique et moral s'est ainsi ouvert avec les Écossais".

Contre tout libéralisme, individualisme et mercantilisme, nous luttons pour un "niveau de vie" décent dans la sphère socio-économique et pour un "mode de vie" propre dans la sphère communautaire et nationale.

Enric Ravello.

 

samedi, 02 janvier 2021

2020 et le triomphe du techno-mondialisme en France

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2020 et le triomphe du techno-mondialisme en France

par Nicolas Bonnal

Ex: https://reseauinternational.net

La facilité avec laquelle s’installe l’horreur techno-mondialiste nécessite un rappel historique. La dictature pseudo-médicale est liée à l’ascension prodigieuse de l’État moderne. De grands penseurs très différents ont dénoncé cet État moderne : Marx, les anarchistes français (génial Proudhon…), Tocqueville. Mais quand on sait sur quoi ont débouché marxisme et libéralisme, on comprendra pourquoi je ne propose jamais de solution. Ma solution c’est Fly you fools dans la caverne de la Moria de Tolkien. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai publié plusieurs livres sur Tolkien, et qui tournent autour de cette question : comment les gens libres du monde traditionnel ou les rebelles du monde moderne peuvent-ils échapper à l’horreur du totalitarisme postmoderne occidental ? Le grand traditionaliste Coomaraswamy a écrit :

« …le gouvernement traditionnel de l’Inde est bien moins centralisé et bien moins bureaucratique que n’importe quelle forme de gouvernement connue des démocraties modernes. On pourrait même dire que les castes sont la citadelle d’un gouvernement autonome bien plus réel que ce qu’on pourrait réaliser par le décompte de millions de voix prolétaires. Dans une très large mesure, les diverses castes coïncident avec les corps de métier ».

Correspondant de Guénon, Coomaraswamy est alors proche des derniers grands écrivains catholiques Chesterton ou Bernanos. Son fils chirurgien a d’ailleurs écrit un livre contre Vatican II. Et on voit que le paganisme de l’Église romaine débouche sur son acquiescement au totalitarisme mondialiste sous le pontificat de l’autre. Je recommanderai aussi la lecture du jeune historien Yohann Chapoutot qui établit le lien entre occident et nazisme, cette machine coloniale à organiser pour dépeupler et contrôler.

9782081204959.jpgLa France est à la tête du totalitarisme néo dans le monde, et Macron a succédé au prince-président dont a génialement parlé Hugo dans Napoléon le petit. La France a toujours été à l’avant-garde de la tyrannie étatiste. Lisez Taine (le tome cinquième de sa France contemporaine) à ce sujet, l’Ancien Régime de Tocqueville, et même mon livre le Coq hérétique, publié en 1997, qui eut de nombreuses recensions en Angleterre… et en France.

Un qui en a bien parlé c’est Marx dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte :

« On se rend compte immédiatement que, dans un pays comme la France, où le pouvoir exécutif dispose d’une armée de fonctionnaires de plus d’un demi-million de personnes et tient, par conséquent, constamment sous sa dépendance la plus absolue une quantité énorme d’intérêts et d’existences, où l’État enserre contrôle, réglemente, surveille et tient en tutelle la société civile, depuis ses manifestations d’existence les plus vastes jusqu’à ses mouvements les plus infimes, de ses modes d’existence les plus généraux jusqu’à la vie privée des individus, où ce corps parasite, grâce à la centralisation la plus extraordinaire, acquiert une omniprésence, une omniscience une plus rapide capacité de mouvement et un ressort, qui n’ont d’analogues que l’état de dépendance absolue, la difformité incohérente du corps social, on comprend donc que, dans un tel pays, l’Assemblée nationale, en perdant le droit de disposer des postes ministériels, perdait également toute influence réelle, si elle ne simplifiait pas en même temps l’administration de l’État, ne réduisait pas le plus possible l’armée des fonctionnaires et ne permettait pas, enfin, à la société civile et à l’opinion publique, de créer leurs propres organes, indépendants du pouvoir gouvernemental ».

Aujourd’hui cette armée de fonctionnaires, encore un peu pseudo-grévistes dans les années 90, se mettent goulument au service de la dictature cléricale et médicale de Macron. Le régime reste bourgeois et Marx explique pourquoi il y a cent-cinquante ans :

index18BR.jpg« Mais l’intérêt matériel de la bourgeoisie française est précisément lié de façon très intime au maintien de cette machine gouvernementale vaste et compliquée. C’est là qu’elle case sa population superflue et complète sous forme d’appointements ce qu’elle ne peut encaisser sous forme de profits, d’intérêts, de rentes et d’honoraires. D’autre part, son intérêt politique l’obligeait à aggraver de jour en jour la répression, et, par conséquent, à augmenter les moyens et le personnel du pouvoir gouvernemental, tandis qu’en même temps il lui fallait mener une guerre ininterrompue contre l’opinion publique, mutiler et paralyser jalousement les organes moteurs indépendants de la société, là où elle ne réussissait pas à les amputer complètement. C’est ainsi que la bourgeoisie française était obligée, par sa situation de classe, d’une part, d’anéantir les conditions d’existence de tout pouvoir parlementaire et, par conséquent aussi, du sien même, et, d’autre part, de donner une force irrésistible au pouvoir exécutif qui lui était hostile ».

Entre le lumpenprolétariat (la bohème de Marx, racailles d’aujourd’hui, suppôt du pouvoir rose-brun), la population superflue et l’ordre bourgeois, on conçoit que la France est mal partie pour réagir.

Marx ajoute dans le même élan :

« Napoléon acheva de perfectionner ce mécanisme d’État. La monarchie légitime et la monarchie de Juillet ne firent qu’y ajouter une plus grande division du travail, croissant au fur et à mesure que la division du travail, à l’intérieur de la société bourgeoise, créait de nouveaux groupes d’intérêts, et, par conséquent, un nouveau matériel pour l’administration d’État. Chaque intérêt commun fut immédiatement détaché de la société, opposé à elle à titre d’intérêt supérieur, général, enlevé à l’initiative des membres de la société, transformé en objet de l’activité gouvernementale, depuis le pont, la maison d’école et la propriété communale du plus petit hameau jusqu’aux chemins de fer, aux biens nationaux et aux universités. La république parlementaire, enfin, se vit contrainte, dans sa lutte contre la révolution, de renforcer par ses mesures de répression les moyens d’action et la centralisation du pouvoir gouvernemental ».

J’ai déjà cité cette phrase prodigieuse, alors je la répète :

« Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d’État comme la principale proie du vainqueur ».

9782080703538.jpgAujourd’hui la machine se met au service du techno-mondialisme, des GAFAM, de l’écologisme malthusien, de Davos.

La suite avec Tocqueville : lui a décrit la triomphe de l’État et de sa bourgeoisie un peu comme Guénon dans Autorité spirituelle et pouvoir temporel.  Tocqueville décrit déjà distanciation et isolement, et fin de la patrie :

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie ».

Au-dessus de cette meute, l’État qui n’a pas attendu nos commentateurs télé pour découvrir qu’il faut maintenir les Français dans l’enfance (il faudra un jour comprendre qu’on n’était pas beaucoup plus libres avant le coronavirus) :

« Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? »

On répète car c’est magnifique : que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

Et bien c’est fait avec le vaccin et la télé et la grande confiscation de l’année prochaine.

9782081451667_1_75.jpgTocqueville ajoute :

« Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger ».

J’ai déjà parlé de l’hébétude, mot repris par Baudrillard dans sa Guerre de Troie et subtilement commenté par Mgr Gaume : c’est la fin de l’intelligence du baptême et l’abrutissement esclave, celui que vous et moi, rebelles impuissants, constatons autour de nous. Le rebelle découvre alors que lui aussi n’est pas libre sur le terrain…

Tocqueville explique la vraie raison de notre stupide soumission :

«  Chaque individu souffre qu’on l’attache, parce qu’il voit que ce n’est pas un homme ni une classe, mais le peuple lui-même, qui tient le bout de la chaîne. Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent ».

le_coq_heretique_autopsie_de_l_exception_francaise-71933-264-432.jpgCe qui nous arrive était écrit, comme dirait un beau rebelle arabe dans Lawrence d’Arabie, tourné près de chez moi en Andalousie.

Faites attention, l’État mondialiste a toute la technologie pour s’installer, et les « bourreaux volontaires » abondent. Il a son armée de politiciens, de drones, de fonctionnaires et de journalistes hypnotiques, de victimes hébétées.

Bonne année à ceux qui veulent vivre et résister.

Nicolas Bonnal.

Sources :

Nicolas Bonnal – Le coq hérétique (Les Belles Lettres)

Tocqueville –  De la Démocratie en Amérique, volume II, part 4, chap VI.

Marx – Le dix-huit Brumaire

Chapoutot – Libres d’obéir, nazisme et management

vendredi, 01 janvier 2021

Feux dans la nuit d'hiver : perspectives eschatologiques dans les rites traditionnels du Nouvel An

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2021

Feux dans la nuit d'hiver : perspectives eschatologiques dans les rites traditionnels du Nouvel An

Pour le Nouvel An, nous publions un article sur ces feux, tiré du site italien https://www.azionetradizionale.com

par Lorenzo Maria Colombo

Dans de nombreux pays du nord de l'Italie, les célébrations de la fin de l'année et des premiers mois de la nouvelle année sont accompagnées de rituels collectifs particuliers qui, à y regarder de plus près, ont l'aspect apparemment assez macabre d'un sacrifice humain : des mannequins aux traits anthropomorphiques ou même des êtres humains en chair et en os sont brûlés, noyés, enterrés ou, en général, tués rituellement.

A Ameglia (SP), par exemple, il existe la tradition de l'Omo ar bozo, dans laquelle une personne du village se déguise en étranger qui est jugé et jeté dans une mare d'eau (le bozo, en fait).

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Dans de nombreux autres endroits, cependant, le symbolisme de l'enjeu purificateur semble prévaloir : À Varallo Sesia (VC), le 6 janvier, pour célébrer le début du carnaval, les habitants se réunissent sur les rives du ruisseau Mastallone, qui divise la localité en deux, pour brûler le mannequin diy du Veggia Pasquetta (le « vieux lundi de Pâques ») ; le feu continue à jouer un rôle central pendant toute la durée de ce carnaval alpin, l'un des plus importants et des plus populaires du nord du Piémont, avec des épisodes tels que le rond-point autour du feu de joie sur la place le soir du Carnevalàa n'tla stràa (Carnaval sur la route) et l'incendie final du roi du Carnaval (évidemment toujours un mannequin) sur le Ponte Antonini.

Des rites similaires ont lieu dans le village de Roccapietra et dans les villes voisines de Civiasco et Borgosesia, parfois accompagnés de feux d'artifice. D'autres caractéristiques de cette période, qui sont très importantes comme nous le verrons pour comprendre son profond symbolisme, sont les distributions gratuites de nourriture (soupe, haricots, tripes, focaccia, sucreries, etc.) dans différents villages. Parmi les quelques autres particularités de cette période, répandues dans divers pays, il faut compter certaines manifestations typiques où prédominent des performances de force et d'habileté physiques, voire un caractère explicitement agonistique ou guerrier : par exemple, le défi entre le "laid" et le "beau" qui se déroule dans Suvero (SP), les sapeurs (littéralement: les huissiers) armés qui accompagnent les défilés de carnaval de Sampeyre (CN) et Schignano (CO), la Danse des épées lors des processions religieuses de Venaus et Giaglione (TO), les coups de poing dans les rues contre les krampus (les "putréfiés" ou, selon une autre étymologie, "celui qui a les griffes") dans le Trentin-Haut-Adige ou encore les célèbres manieurs de drapeaux du Paliotto d'Asti qui sont appelés à se produire sur les places de différentes communes piémontaises.

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Les ethnologues et anthropologues interprètent généralement ces traditions comme des résidus païens d'anciens rites propitiatoires pour la fertilité des champs, antérieurs à l'arrivée du christianisme ; le faux "sacrifice humain" (ou même dans certains cas le sacrifice authentique et sanglant d'un animal, comme une dinde ou une oie) est alors considéré comme une représentation typique du "bouc émissaire". Selon l'ethnologue Piercarlo Grimaldi, la "chèvre" est tuée par la "communauté paysanne qui, pour faire face à la nouvelle saison agricole, doit se régénérer rituellement"[1].

Il va sans dire que de telles explications, même si elles ne sont pas complètement fausses, sont, d'un point de vue authentiquement traditionnel, loin d'être satisfaisantes. L'incapacité des universitaires occidentaux à analyser les significations cachées de ces rites est probablement due, au moins en partie, à la rupture, survenue pour des raisons historiques et sociales, entre la culture paysanne et celle de la "haute société" (ndt : la « culture des élites » selon Robert Muchembled), représentée autrefois par le clergé et aujourd'hui par les universitaires, qui ne sont plus capables de dialoguer et de comprendre la culture populaire. Il faut évidemment ajouter à cela des considérations sur le "cycle vital" normal des traditions, qui, dans sa phase terminale, voit une perte progressive de sens jusqu'à ne laisser qu'une forme vide et « survivante » (d'où le terme « superstition »).

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Si nous voulons trouver la véritable clé de l'interprétation de ce que nous venons de dire, nous devons donc nous tourner vers les cultures où une telle césure n'a pas eu lieu ou a été rétablie à temps : c'est le cas du Tibet où (au moins avant l'invasion communiste chinoise) les rites du Nouvel An étaient pratiqués, avec la combustion d’un mannequin, extraordinairement similaires à ceux du nord de l'Italie. Ici, cependant, la tradition bouddhiste a réussi à réinterpréter l'ancien rituel populaire dans la perspective sotériologique de la nouvelle religion, ou plutôt à revenir à leur signification originelle. Traditionnelles, les anciennes formes ont dégénéré en superstition, explique en fait le célèbre tibétologue Giuseppe Tucci : "La superposition de la fête du sMon lam sur l'ancienne fête du Nouvel An s'explique par le fait que le premier en était venu à s'identifier à l'idée de la victoire sur le mal et l'hérésie dans le miracle de Śrāvastī (...)[2]. La communauté est dans une période de déclin progressif, dans laquelle le mal augmente et la doctrine prêchée par Śākyamuni devient obscure. Il est donc nécessaire d'éliminer ou au moins d'atténuer les signes évidents de cette époque - épidémies, guerres, famines - mais surtout d'aider à préparer l'action rédemptrice du prochain Bouddha, Byams pa, Maitreya. Le symbolisme à la base de cette pensée a également des répercussions sur le plan liturgique et pratique : le gouvernement distribue des plantes médicinales (sman) aux moines pour lutter contre les maladies ; des tissus de soie pour les défendre du danger des armes ; de la nourriture, de la viande, de la soupe, de l'argent, etc... contre la famine imminente. La liturgie est conditionnée de façon dramatique à chacun de ses différents moments. Par exemple, la procession rituelle autour du temple de Byams pa est censée signifier que la nouvelle ère de la doctrine, la descente de la parole divine, est déjà un fait accompli (...) la non-science (ma rig), l'origine de la contamination morale (ňon mons) et donc aussi du karma, est innée en chacun de nous, en moi et dans les autres, et [pour cela] il est nécessaire de la brûler dans le feu de la connaissance sublimée (ye šes kyi me). L'image qui est au centre de cette cérémonie est destinée à recevoir en elle-même la non-science et est brûlée dans le feu de la sagesse, qui est représentée de cette façon (...). A l'attente de la nouvelle année prévaut celle de l'annus magnus : ainsi le cycle bref des douze mois devient le maillon d'une chaîne qui s'étend à l'infini, de bon augure, de renouvellement de la doctrine, de l'avènement du royaume de Maitreya, dont l'épiphanie aura lieu après la fin du processus progressif de décadence de l'ère cosmique actuelle"[3].

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Pour résumer : au moment où l'obscurité semble la plus profonde, à la limite entre une année et l'autre, les adeptes de la Tradition sont appelés à monter sur le terrain de lutte, à entrer en guerre contre les forces du mal afin de favoriser le retour de la Lumière dans une nouvelle ère prospère du monde, où il n'y aura plus ni faim ni misère et où les hommes se "nourriront" directement de l'enseignement spirituel ; et les flammes qui brûlent le mannequin sacrifié ne sont autres que celles qui consommeront les potentialités inférieures de ce cycle pour permettre au nouveau de commencer.

Au Tibet, comme en Italie, le rite du début de la nouvelle année entend représenter une attente, non pas passive et sentimentale mais active et "militante", une tension eschatologique vers la réalisation, même seulement temporaire et virtuelle, de cette Terre pure, cette Jérusalem céleste où l'être humain sera réintégré dans son état originel[4].

Enfin, nous nous permettons de faire quelques réflexions sur la situation que nous vivons dans cette période particulière de l'Histoire.

On se souvient qu'au début de l'année 2020, alors que, comme on vient de le démontrer, la pandémie de covid-19 était déjà en cours depuis plusieurs mois, le premier confinement est tombé au moment même où les festivités du carnaval atteignaient leur point culminant, empêchant la conclusion naturelle du Carême, avec les fermetures forcées qui se sont ensuite étendues bien au-delà de la Semaine Sainte. Et aujourd'hui, avec l'urgence sanitaire qui semble loin d'être résolue, il est très probable que nous soyons obligés d'abandonner nombre de ces rites traditionnels mentionnés au début de notre article, dont certains, il faut le souligner, ont des origines très anciennes et n'ont jamais été interrompus jusqu'à présent, sauf pendant les périodes les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale.

Il est probablement trop tôt pour affirmer que cette situation est intentionnelle, qu'elle découle d'une intention consciente d'anéantir nos traditions ancestrales ; et pourtant la symbolique lugubre qui sous-tend ces faits nous semble claire : les forces de l'anti-tradition, les légions de l'adversaire n'acceptent plus d'être domptées et exorcisées, mais se déchaînent de toutes leurs forces dans le monde dévasté.

Et dans ce contexte, il n'est pas surprenant que certains "champions" de la subversion internationale n'aient pas pu cacher un certain sentiment de vengeance mesquine contre ceux qui, légitimement, se plaignaient de la suppression ou de la réduction à un minimum des événements traditionnels : juste avant ce Noël 2020, parmi les plus dramatiques dont l'histoire récente se souvienne, un youtubeur, au nom plutôt risible d'"Ateotube", a déclaré sur sa page Facebook : "Je ne comprends vraiment pas le fétichisme des Italiens pour les traditions. Mieux vaut innover, progresser, avancer".

Progresser et avancer vers où, on peut se le demander, si ce n'est vers une civilisation vidée de tout sens, vers une culture qui ne peut plus être définie comme telle car rien n'est plus "cultivé", vers l'immense abîme d'où tant de jeunes tentent en vain de s'échapper avec la drogue ou en s'ôtant la vie...

Mais en fin de compte, comme nous le savons déjà, ce sont des choses qui doivent arriver. Les armées des ténèbres seront autorisées à avancer jusqu'à ce que la moindre lueur de la Lumière des anciens jours semble être étouffée à jamais ; alors, et seulement alors, Rudra Chackrin, Seigneur de la Roue Cosmique, descendra dans le monde pour la sacrifier (la rendre sacrée) dans les flammes purificatrices et sanctionner le début d'un nouveau Jour.

Il nous appartient de nous préparer à ce moment par une pratique intérieure, car les formes extérieures - en elles-mêmes seulement instrumentales et temporaires - nous sont aujourd'hui refusées.

À tous ceux d'entre vous qui ont eu la patience de lire cet article jusqu'au bout, j’apporte un souhait sincère de bonne année sous le signe de la lutte et de la victoire.

Notes :

[1] P. Grimaldi, Tempi grassi tempi magri, Omega edizioni 1996 Torino, p. 50.

[2] L’épisode où Bouddha manifeste sa propre supériorité face aux adeptes des sectes rivales, est celui où, de son corps, s’échappent simultanément des langues de feu et une pluie d’eau. Remarquons que ce double symbolisme de l’eau et du feu se repère également dans les rites italiens que nous avons cités.  

[3] G. Tucci, Le religioni del Tibet, ed. Mediterranee 1995 Roma, pp. 192-193. Ed. originale Die Religionen Tibets, W. Kholhammer GmhH, Stuttgart 1970.

[4] G. Marletta, L’Eden, la Resurrezione e la Terra dei Viventi, Irfan edizioni San Demetrio Corone (CS) 2017, pp. 79-91.

 

La Turquie pivote vers le centre du nouveau grand jeu

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La Turquie pivote vers le centre du nouveau grand jeu

Pepe Escobar

Ex: https://www.unz.com

Lorsqu'il s'agit de semer la zizanie et de profiter de la division des autres, la Turquie d'Erdogan est une véritable superstar.

Sous le délicieux nom de Countering America's Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA), l'administration Trump a dûment imposé des sanctions à Ankara pour avoir osé acheter des systèmes russes de défense anti-missiles sol-air S-400. Les sanctions visaient l'agence turque d'acquisition de matériel de défense, la SSB.

La réponse du ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a été rapide : Ankara ne reculera pas - et réfléchit en fait à la manière de réagir.

Les caniches européens ont inévitablement dû assurer le suivi. Ainsi, après le proverbial et interminable débat à Bruxelles, ils se sont contentés de sanctions "limitées" - ajoutant une nouvelle liste pour un sommet en mars 2021. Pourtant, ces sanctions se concentrent en fait sur des individus non encore identifiés, impliqués dans des forages en mer au large de Chypre et de la Grèce. Elles n'ont rien à voir avec les S-400.

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L'UE a en fait proposé un régime de sanctions très ambitieux, inspiré du Magnitsky Act américain, qui vise à protéger les droits de l'homme dans le monde entier. Cela implique l'interdiction de voyager et le gel des avoirs de personnes considérées unilatéralement comme responsables de génocide, de torture, d'exécutions extrajudiciaires et de crimes contre l'humanité.

La Turquie, dans ce cas, n'est qu'un cobaye. L'UE hésite toujours fortement lorsqu'il s'agit de sanctionner un membre de l'OTAN. Ce que les eurocrates de Bruxelles veulent vraiment, c'est un outil supplémentaire et puissant pour harceler surtout la Chine et la Russie.

Nos jihadistes, pardon, les "rebelles modérés"

Ce qui est fascinant, c'est qu'Ankara sous Erdogan semble toujours faire preuve d'une sorte d'attitude consistant à dire, "le diable peut s'en soucier".

Prenez la situation apparemment insoluble dans le chaudron d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie. Jabhat al-Nusra - alias Al-Qaida en Syrie - est maintenant impliqué dans des négociations "secrètes" avec des gangs armés soutenus par la Turquie, comme Ahrar al-Sharqiya, sous l’oeil des officiels turcs. L'objectif : augmenter le nombre de jihadistes concentrés dans certaines zones clés. L'essentiel : un grand nombre d'entre eux proviendront de Jabhat al-Nusra.

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Ankara reste donc, à toutes fins pratiques, entièrement derrière les djihadistes purs et durs du nord-ouest de la Syrie - déguisés sous le label "innocent" de Hayat Tahrir al-Sham. Ankara n'a absolument aucun intérêt à laisser ces gens disparaître. Moscou, bien sûr, est pleinement consciente de ces manigances, mais les stratèges rusés du Kremlin et du ministère de la défense préfèrent laisser faire pour le moment, en supposant que le processus d'Astana partagé par la Russie, l'Iran et la Turquie puisse être quelque peu fructueux.

Erdogan, en même temps, donne magistralement l'impression qu'il est bel et bien impliqué dans le pivotement de son pays vers Moscou. Il entre en effervescence quand il parle de "son collègue russe Vladimir Poutine" et quand il soutient l'idée - initialement présentée par l'Azerbaïdjan - d'une plateforme de sécurité régionale unissant la Russie, la Turquie, l'Iran, l'Azerbaïdjan, la Géorgie et l'Arménie. M. Erdogan a même déclaré que si Erevan fait partie de ce mécanisme, "une nouvelle page pourrait s'ouvrir" dans les relations Turquie-Arménie, jusqu'ici inextricables.

Il sera bien sûr utile que, même sous la prééminence de Poutine, Erdogan ait un siège très important à la table de cette organisation de sécurité putative.

La vue d'ensemble est encore plus fascinante, car elle présente divers aspects de la stratégie d'équilibre eurasiatique de Poutine, qui implique comme principaux acteurs la Russie, la Chine, l'Iran, la Turquie et le Pakistan.

À la veille du premier anniversaire de l'assassinat du général Soleimani, Téhéran est loin d'être intimidé et "isolé". À toutes fins utiles, elle contraint lentement mais sûrement les États-Unis à quitter l'Irak. Les liens diplomatiques et militaires de l'Iran avec l'Irak, la Syrie et le Liban restent solides.157191553.jpg

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Et avec moins de troupes américaines en Afghanistan, le fait est que l'Iran, pour la première fois depuis l'ère où l’on ne cesse plus de parler de l'"axe du mal", sera moins entouré par le Pentagone. La Russie et la Chine - les nœuds clés de l'intégration eurasienne - l'approuvent pleinement.

Bien sûr, le rial iranien s'est effondré par rapport au dollar américain, et les revenus pétroliers sont passés de plus de 100 milliards de dollars par an à quelque 7 milliards. Mais les exportations non pétrolières dépassent largement les 30 milliards de dollars par an.

Tout est sur le point de changer pour le mieux. L'Iran est en train de construire un oléoduc ultra-stratégique reliant la partie orientale du golfe Persique au port de Jask dans le golfe d'Oman - en contournant le détroit d'Ormuz ; ainsi, l’Iran est prêt à exporter jusqu'à 1 million de barils de pétrole par jour. La Chine sera le premier client.

Le président Rouhani a déclaré que l'oléoduc sera prêt d'ici l'été 2021, ajoutant que l'Iran prévoit de vendre plus de 2,3 millions de barils de pétrole par jour l'année prochaine - avec ou sans sanctions américaines, que celles-ci soient allégées par le tandem Biden-Harris ou non.

L'anneau d'or

L'Iran est bien relié à la Turquie à l'ouest et à l'Asie centrale à l'est. Un élément supplémentaire important de l'échiquier qui se met en place est l'entrée des trains de marchandises qui relient directement la Turquie à la Chine via l'Asie centrale - en contournant la Russie.

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Au début de ce mois, le premier train de marchandises a quitté Istanbul pour un voyage de 8.693 km en 12 jours, passant sous le Bosphore via le tout nouveau tunnel Marmary, inauguré il y a un an, puis le long du couloir moyen Est-Ouest via la ligne ferroviaire Bakou-Tbilissi-Kars (BTK), à travers la Géorgie, l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan.

En Turquie, il est connu sous le nom de "chemin de fer de la soie". C'est la BTK qui a permis de réduire le transport de fret de la Turquie vers la Chine d'un mois à seulement 12 jours. L'ensemble du trajet entre l'Asie de l'Est et l'Europe occidentale peut désormais être parcouru en 18 jours seulement. Le BTK est le nœud clé du "couloir du milieu" de Pékin à Londres et de la "route ferroviaire de la soie" du Kazakhstan à la Turquie.

Tous ces projets s'inscrivent parfaitement dans le programme de l'Union européenne, en particulier celui de l'Allemagne : mettre en place un corridor commercial stratégique reliant l'Union européenne à la Chine, en contournant la Russie.

Cela permettrait à terme de consolider l'une des alliances clés des années folles : l’alliance Berlin-Beijing.

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Pour accélérer cette alliance présumée, on dit à Bruxelles que les eurocrates profiteraient du nationalisme turkmène, du pan-turquisme et de la récente entente cordiale entre Erdogan et Xi en ce qui concerne les Ouïgours. Mais il y a un problème : beaucoup d’Etats turcophones préfèrent une alliance avec la Russie.

De plus, la Russie est incontournable lorsqu'il s'agit d'autres corridors. Prenez, par exemple, un flux de marchandises japonaises allant à Vladivostok, puis via le Transsibérien à Moscou et ensuite vers l'UE.

La stratégie de contournement de la Russie par l'UE n'a pas vraiment été un succès en Arménie-Azerbaïdjan : ce que nous avons eu, c'est un recul relatif de la Turquie et une victoire russe de facto, Moscou renforçant sa position militaire dans le Caucase.

Entrons maintenant dans un nouveau jeu encore plus intéressant : le partenariat stratégique Azerbaïdjan-Pakistan, désormais en surrégime dans les domaines du commerce, de la défense, de l'énergie, de la science et de la technologie, et de l'agriculture. Islamabad a d'ailleurs soutenu Bakou sur le Haut-Karabakh.

L'Azerbaïdjan et le Pakistan entretiennent tous deux de très bonnes relations avec la Turquie : une question d'héritage culturel turco-persan très complexe et interdépendant.

Et ils pourraient se rapprocher encore davantage, avec le corridor international de transport nord-sud (INTSC) qui relie et reliera plus sûrement encore non seulement Islamabad à Bakou, mais aussi les deux à Moscou.

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D'où la dimension supplémentaire du nouveau mécanisme de sécurité proposé par Bakou, qui unit la Russie, la Turquie, l'Iran, l'Azerbaïdjan, la Géorgie et l'Arménie : tous les quatre veulent ici des liens plus étroits avec le Pakistan.

L'analyste Andrew Korybko l'a joliment surnommée "l'anneau d'or" - une nouvelle dimension de l'intégration de l'Eurasie centrale, avec la Russie, la Chine, l'Iran, le Pakistan, la Turquie, l'Azerbaïdjan et les "stans" d'Asie centrale. Tout cela va donc bien au-delà d'une éventuelle Triple Entente : Berlin-Ankara-Beijing.

Ce qui est certain, c'est que la relation Berlin-Moscou, si importante, restera forcément froide comme de la glace. L'analyste norvégien Glenn Diesen a résumé le tout : "Le partenariat germano-russe pour la Grande Europe a été remplacé par le partenariat sino-russe pour la Grande Eurasie".

Ce qui est également certain, c'est qu'Erdogan, un maître du pivotement, trouvera des moyens de profiter simultanément et de l'Allemagne et de la Russie.

jeudi, 31 décembre 2020

Une révision de l’échelle F d’Adorno, censée mesurer le degré de « fascisme » en chaque individu

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Une révision de l’échelle F d’Adorno, censée mesurer le degré de « fascisme » en chaque individu

Par Gilad Atzmon

Ex : https://www.unz.com

En revenant sur les travaux de Theodore W. Adorno sur la "personnalité autoritaire" et l'"échelle F", on constate qu'en 2020, ce sont en fait les libéraux, les progressistes et la soi-disant "gauche" qui manifestent huit des neuf attitudes les plus problématiques, antidémocratiques et autoritaires.

La théorie d'une personnalité autoritaire a été introduite dans les années 1930 pour tenter d'expliquer l'attrait massif qu’exerçait le fascisme et les idéologies de droite. Elle a vu le jour à la suite d'une forte hausse de la popularité des mouvements fascistes dans de nombreuses sociétés européennes pendant l'entre-deux-guerres.

À l'époque, de nombreux idéologues et intellectuels européens étaient profondément inspirés par Marx et Freud. Le marxisme avait prédit que la grande dépression se traduirait par un vaste changement de conscience dans la classe ouvrière, se matérialisant par une révolution socialiste mondiale. Bien sûr, cela ne s'est pas produit. La crise économique a plutôt entraîné un soutien massif aux mouvements nationalistes et fascistes qui étaient souvent profondément antisémites.

Le raisonnement qui sous-tend cette modification de la prophétie marxiste a emprunté certains mécanismes théoriques freudiens. L'"explication" donnée était la suivante : "Les gens sont des autoritaires" : dans certaines conditions menaçantes, les "personnages autoritaires" sont émotionnellement et cognitivement vulnérables à l'attrait des idéologies fascistes et nationalistes.

unnamedtwaap.jpgDans les années 1930, une vingtaine d'intellectuels juifs allemands, principalement (mais pas tous) associés à l'école de Francfort (par exemple, Wilhelm Reich), se sont engagés à mettre en évidence les conditions psychologiques et socio-économiques responsables de la formation de la personnalité autoritaire.

Dans son ouvrage de 1933, The Mass Psychology of Fascism, Wilhelm Reich a tenté d'expliquer la victoire éclatante du fascisme "réactionnaire" sur le communisme "progressiste". Reich cherchait désespérément à sauver la pertinence du marxisme révolutionnaire. Pour ce faire, il a élaboré une nouvelle perspective théorique "post-marxiste" afin d'expliquer pourquoi les Allemands de son temps préféraient l'"autoritarisme" à une révolution communiste "souhaitable".

Reich estime que l'attrait des politiques "réactionnaires" et "conservatrices" et le penchant pour le fascisme sont dus à une longue histoire de patriarcat rigide et autoritaire qui affecte la famille, la parentalité, l'éducation primaire et, finalement, la société dans son ensemble. Dans une tentative de sauver la société du fascisme, Reich a synthétisé Marx et Freud pour théoriser une "révolution sexuelle".

En 1950, l'éminent intellectuel de l'école de Francfort, Theodor W. Adorno, ainsi que d'autres, ont publié The Authoritarian Personality, un recueil d'études qui a été hissé au rang de texte académique de premier plan dans le domaine des sciences sociales. Dans ce volume, Adorno et d'autres se sont penchés sur la théorie de la personnalité autoritaire et ont présenté les résultats d'une décennie de recherche visant à tester cette théorie.

Compte tenu des origines de bon nombre de ses membres et de l'objectif intellectuel premier de l'école de Francfort, il n'est pas surprenant que l'enquête ait commencé par une tentative d'explication des racines psychologiques de l'antisémitisme : l'hypothèse était que les personnalités autoritaires manifestent certains schémas ethnocentriques qui se manifestent par des inclinations xénophobes et une aversion pour les groupes et les minorités.

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Adorno & co. ont réduit la personnalité autoritaire à un ensemble de neuf attitudes et croyances "implicitement antidémocratiques". Adorno pensait qu'il était possible d'identifier les personnalités autoritaires en fonction du degré d'accord des gens avec ces neuf attitudes. Les neuf attitudes fascistes sont brièvement résumées ici :

  • Le conventionnalisme : Adhésion aux valeurs conventionnelles.
  • Soumission autoritaire : Vers des figures d'autorité au sein du groupe.
  • Agressivité autoritaire : Contre les personnes qui violent les valeurs conventionnelles.
  • Anti-intraception : Opposition à la subjectivité et à l'imagination.
  • Superstition et stéréotypie : Croyance dans le destin individuel ; pensée en catégories rigides.
  • Puissance et dureté : Souci de soumission et de domination ; affirmation de la force.
  • Destructivité et cynisme : hostilité à la nature humaine.
  • Projectivité : Perception du monde comme dangereux ; tendance à projeter des pulsions inconscientes.
  • Sexe : Trop préoccupé par les pratiques sexuelles modernes.

L'examen de la pertinence du point de vue d'Adorno sur l'autoritarisme à la lumière de l'hystérie pandémique mondiale actuelle ou de la bataille sur l'intégrité de l'élection présidentielle américaine peut révéler que, selon l'échelle F, ce sont en fait les progressistes, les libéraux et la soi-disant "gauche" qui manifestent les modèles autoritaires antidémocratiques les plus problématiques :

  1. Selon Adorno, les fascistes "adhèrent à des valeurs conventionnelles".

En 2020, les "valeurs conventionnelles" sont pratiquement dictées par les "normes communautaires" dites "libérales" et "progressistes" définies par Twitter, FB et Google. Ces valeurs conventionnelles sont souvent validées par des "vérificateurs de faits", parfois étayées par des conventions plutôt que par tout ce qui ressemble à une recherche factuelle, à une étude universitaire ou théorique.

  1. Adorno insiste sur le fait que les Autoritaires se soumettent à des figures d'autorité au sein du groupe.

Mais en 2020, ce sont en fait les progressistes et les libéraux qui adhèrent à "l'autorité épidémiologique de groupe" de Bill Gates. De même, Anthony Fauci est pour les progressistes un juge suprême en matière de santé publique. Combien de bévues colossales devrions-nous accepter de la part de l'Imperial College de Londres avant que cette institution ne soit démantelée ? De même, vous pouvez vous demander qui, en Amérique, a tendance à croire ses enquêteurs "de groupe" malgré le fait qu'ils se révèlent être colossalement faux à chaque fois ?

  1. Adorno nous dit que les fascistes manifestent une agressivité autoritaire contre les personnes qui violent les valeurs conventionnelles.

Dans l'état actuel des choses, "annuler la culture" (cancel culture) est en fait un modus operandi progressiste/libéral. Les peuples voient leur culture ancestrale annulée parce que, par le biais de celle-ci, ils adoptent spontanément des points de vue critiques à l’encontre des pensées conventionnelles qui sont, elles, importantissimes pour maintenir en selle les engouements des progressistes. Ce n'est un secret pour personne que le grand public craint de plus en plus d'exprimer des critiques, et encore moins des doutes sur un certain nombre de questions intellectuellement et médiatiquement dominées et articulées par les progressistes, car une telle conduite pourrait conduire à se faire vilainement agresser.

  1. Adorno insiste sur le fait que les fascistes s'opposent à la subjectivité et à l'imagination.

En réalité, ce sont des algorithmes progressistes qui sont mis en place par les "libéraux" sur Twitter et FB pour traquer et punir ceux qui osent exprimer des idées subjectives sur le COVID-19, sur Trump, sur le gendérisme, sur la Palestine ou sur Soros. La notion progressiste de « politiquement correct » est en soi un appel tyrannique visant à supprimer toute forme de subjectivité ou d'imagination.

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  1. Selon Adorno, les fascistes sont superstitieux et pensent de manière stéréotypée, ils croient au destin individuel et pensent en catégories rigides.

Malheureusement, ce sont en fait les progressistes et les libéraux qui succombent à des catégories rigides telles que "blanc", "privilégié", "théoriciens du complot", "antisémites", "suprémacistes", "racistes déplorables" et ainsi de suite. Dans le monde dans lequel nous vivons, un nombre important d'électeurs américains expriment des doutes sur l'intégrité des dernières élections, mais leur voix est institutionnellement ignorée parce qu'ils sont "blancs", "conspirateurs" et généralement "déplorables". De même, de nombreux Occidentaux expriment leur scepticisme à l'égard des vaccins COVID-19, mais les grands médias dits "libéraux" ne veulent pas que leur voix soit entendue et encore moins explorée. Les sceptiques du COVID sont présentés comme des "délirants" et des "théoriciens de la conspiration". Que ce soit effectivement le cas ou non, il est assez évident que ce sont les progressistes et les libéraux qui opèrent réellement dans un domaine intellectuel rigide fait de catégories strictes.

  1. Adorno insiste sur le fait que les fascistes sont obsédés par la domination.

En 2020, ce sont en fait les géants libéraux et progressistes de l'internet, de Google à Amazon, qui célèbrent leur pouvoir de domination en éliminant ceux avec lesquels ils ne sont pas d'accord, en supprimant leurs pages, en tripotant leurs classements et en éliminant pratiquement leurs pensées. C'est ce que correspond à brûler des livres en 2020. Vous pouvez également vous demander qui exerce le plus souvent de la violence contre les statues, en adhérant à la croyance insensée selon laquelle dégrader une statue équivaut à "réécrire l'histoire".

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  1. Les personnalités autoritaires ne peuvent pas supporter le cynisme. Ils sont hostiles à la nature humaine, dit Adorno

Je me demande qui poursuit les comédiens, les artistes, les auteurs, les scientifiques qui osent se moquer des discours hégémoniques contemporains. Combien de livres ont été brûlés par Amazon ? Combien de conférences et de vidéos ont été supprimées par Google/YouTube ? Dans le monde dans lequel nous vivons, les libéraux et les progressistes censurent les élus politiques et leurs commentaires.

  1. Adorno pense que les fascistes perçoivent le monde comme un endroit dangereux et qu'ils ont tendance à attribuer leurs propres pulsions inconscientes aux autres

Dans le monde à l'envers où nous vivons aujourd’hui, ce sont en fait les soi-disant droites et nationalistes qui refusent constamment d'être tourmentés par les menaces dites mondiales : qu'il s'agisse du réchauffement climatique ou des pandémies. C'est la "gauche", les libéraux et les progressistes qui succombent à toutes les mises en garde mondialisées possibles, qu'elles soient factuelles ou imaginaires. Comme nous le verrons tout à l'heure, dans le monde où nous vivons, ce n'est pas la droite ou le nationalisme qui "projette" ses symptômes. Ce sont en fait les Américains de droite qui sont ostracisés et réprimés au point qu'ils luttent pour que leur vision soit entendue ou au moins discutée par les grands médias.

  1. Adorno pense que les fascistes et les autoritaires sont trop préoccupés par les pratiques sexuelles modernes.

C'est le seul critère qui se rapporte véritablement aux conservateurs contemporains. Il est juste d'affirmer que les conservateurs succombent encore à l'idée que le genre est une question binaire. Ils adhèrent également aux valeurs familiales et ecclésiastiques. Toutefois, cela n'a pas nécessairement à voir avec le "fascisme" ou l'"autoritarisme". Les personnes qui croient que le genre est une question binaire peuvent souvent plaider leur cause et aussi discuter de tout autre sujet de la manière la plus franche.

imagesfoinsdfgdghf.jpgUn examen actuel de l'échelle F d'Adorno, censée définir la personnalité autoritaire, révèle que ce sont en fait les progressistes et les libéraux qui manifestent la quintessence des tendances fascistes. Alors que la corrélation des conservateurs et des nationalistes contemporains avec l'échelle F ne peut pas dépasser 0,12 (1 trait sur 9), la corrélation des libéraux et des progressistes avec l'échelle F d'Adorno peut atteindre 0,88 (8 sur 9).

Adorno avait-il alors totalement tort ? Pas nécessairement. L'échelle F d'Adorno décrit la condition autoritaire qui est caractéristique de l'hégémonie, de la domination et d'une vision du monde particulièrement exceptionnaliste. Dans les années 1930, certains idéologues nationalistes européens de droite ont évolué vers un exceptionnalisme radical. L'échelle F décrit leur attitude avec précision. Aujourd'hui, ce sentiment d'exceptionnalisme et d'élitisme est un territoire idéologique progressiste, car les progressistes se trouvent être des personnes qui croient que les autres sont réactionnaires. Les progressistes, en tant que tels, sont des personnes qui se croient élues.

La lutte contre l'antisémitisme et la tentative de comprendre ses racines étaient au cœur du travail d'Adorno et de l'école de Francfort. Bizarrement, l'échelle F d'Adorno est une description adéquate de la condition mentale juive. Chacun des traits autoritaires de l'échelle F d'Adorno peut être ramenée au cœur des croyances et de la pensée juives ; le judaïsme est une adhésion autoritaire rigide au Mitzvoth (aux valeurs conventionnelles). Il exige le règne total des rabbins (soumission autoritaire). Il ne tolère aucune forme de déviation (agression autoritaire). Il est superstitieux et fait entrer le "goyim" dans un stéréotype (superstition et stéréotypie), etc. Il est donc plausible que les "attitudes" qu'Adorno attribuait aux fascistes par projection soient celles qu'Adorno a effectivement trouvées en lui-même. Une telle observation du projet d'Adorno validerait le travail du grand philosophe Otto Weininger, qui a proclamé que ce que nous détestons chez les autres est ce que nous détestons en nous-mêmes.

mardi, 29 décembre 2020

Le colonel de réserve Richard Black révèle les vraies raisons de la survie de l'OTAN

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L'OTAN doit être dissoute

Le colonel de réserve Richard Black révèle les vraies raisons de la survie de l'OTAN

Par le Colonel Richard Black

Ex : https://www.tradicionviva.es

SEN. RICHARD BLACK : Je suis très heureux d'être ici à la tribune de l'Institut Schiller, et je veux que vous sachiez à l'avance que j'y viens en tant que « superpatriote américain ». J'ai risqué ma vie des centaines de fois au combat.

Je suis donc très patriote, mais je suis très préoccupé par l'OTAN.

L'OTAN, à mon avis, représente une menace très sérieuse pour la paix mondiale. En fait, c'est la pièce maîtresse de l'état profond. En 1949, l'OTAN a été créée en tant qu'alliance défensive contre l'Union soviétique, qui avait une forte puissance nucléaire. L'Union soviétique, en réponse, a formé le Pacte de Varsovie, six ans plus tard, en 1955. De nombreuses années de guerre froide ont passé. Heureusement, il n'y a pas eu de guerre nucléaire ni de guerre conventionnelle.

La guerre froide a pris fin en 1991, lorsque l'Union soviétique a été dissoute et que le communisme a été définitivement discrédité. Le pacte de Varsovie a été dissous la même année.

Or, en 1991, l'OTAN n'avait aucun but pratique et aurait dû être dissoute. Sa dissolution aurait été une grande chose pour la paix dans le monde. Les perspectives de paix permanente sont très prometteuses.

Col. Richard H. Black (USA Ret.), former head of the Army’s Criminal Law Division of The Pentagon, former State Senator (Va.) Delivered to the Schiller Institute conference December 12, 2020 https://bit.ly/2KMogqn

La distance entre l'Allemagne et le cœur de la Russie était de plus de 3.000 miles, une grande zone tampon contre tout type de lancement accidentel de missile ou d'invasion hostile, d'une manière ou d'une autre. Ainsi, à cette époque, les perspectives d'une troisième guerre mondiale étaient extrêmement éloignées et c'était un très bon moment de l’histoire récente.

Un an plus tôt, en 1990, le président George H. W. Bush et la direction de l'OTAN avaient garanti que si laRussie n'intervenait pas dans la réunification de l'Allemagne, l'OTAN ne se déplacerait pas d'un pouce vers l'est, en direction de la Russie, et celle-ci a accepté cet accord et l'a fidèlement respecté. Mais, l'OTAN a menti, et ils ont menti démesurément. Au lieu de tenir sa promesse, l'OTAN a agi rapidement, jusqu'à aujourd'hui, ils sont à 20 miles de la frontière russe. L'OTAN a donc avancé à peu près sur la même distance que d'un océan à l'autre aux États-Unis, de New York à San Francisco.

Au lieu de dissoudre l'OTAN, l'Alliance est passée de 16 à 30 membres, et ils l'ont fait en présentant faussement la Russie comme la réincarnation de l'Union soviétique, ce qu'elle n'était pas du tout.

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Maintenant, il est important de réaliser que la population de la Russie représente la moitié de celle des États-Unis et que son économie n'a que la taille de celle de l'Italie. Une bonne mesure du risque réel pour la Russie est que l'Allemagne, qui est la plus grande puissance industrielle de l'Europe, a évalué la menace d'une invasion russe comme étant si peu probable qu'elle a réduit le nombre de ses chars de 5000 pendant la guerre froide à 200 aujourd'hui. Presque rien.

Aujourd'hui, Donald Trump a fait campagne pour se retirer de l'OTAN, parce qu'elle était obsolète, et il s'est engagé à normaliser les relations avec la Russie et la Syrie ; cependant, le problème est que cela aurait détruit la {raison d'être}, la raison même de l'existence de l'OTAN et de l'état profond.

Et c'est cette raison principale, à mon avis, qui a fait subir au président Trump des coups continus, qui ont commencé avant son élection et qui ont culminé dans la fraude électorale massive à laquelle nous venons d’assister.

La fausse nouvelle d’une intervention russe dans les processus électoraux américains a mis le président Trump dos au mur. Il a été forcé de changer sa rhétorique anti-OTAN en une demande d'achat d'armes supplémentaires par l'OTAN. Ils l'ont fait et, bien sûr, cela n'a fait qu'exacerber la course aux armements entre l'OTAN et la Russie.

L'OTAN et le complexe militaro-industriel, tout l'État profond, qui emploie des millions de bureaucrates influents, dépendent de la perception par le public de menaces imminentes à leur existence. Des millions d'emplois liés à la défense sont concernés. Mais le fait est que, à l'exception de quelques escarmouches mineures à la frontière avec le Mexique, les États-Unis n'ont jamais été envahis par une nation étrangère depuis la guerre de 1812. À l'époque, nous étions une petite nation faible, et aujourd'hui, nous sommes un gros monolithe dans le monde. Le budget de la défense des États-Unis est si important qu'il dépasse aujourd'hui les dix plus gros budgets de défense de toutes les autres nations. Nous avons trois fois le budget de la Chine, quinze fois celui de la Russie et quarante fois celui de l'Iran. La marine américaine a un tonnage trois fois supérieur à celui de la Russie ou de la Chine. Leurs marines sont primitives : pourtant, nous disposons de 11 énormes forces opérationnelles autour de porte-avions pour projeter notre puissance dans le monde.

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Les troupes de la marine, l'infanterie de marine, sont une indice très parlant de la puissance d'une nation, de sa capacité à envahir d'autres pays par la mer.

Les États-Unis ont quinze fois plus de troupes navales que la Russie et huit fois plus que la Chine.

Ainsi, quiconque imagine que nous pourrions être menacés par une sorte d'invasion n'a qu'à regarder la taille du Corps des marines américains. Et la taille de leurs forces navales et, par suite, de constater que c'est un fantasme.

Avec les États-Unis aux commandes, l'OTAN a opté imprudemment pour des mesures provocatrices contre la Russie, pour augmenter délibérément les tensions, faisant déployer à plusieurs reprises des missions aériennes avec des capacités nucléaires aux abords immédiats de la frontière russe, et juste avant d'atteindre celle-ci, ils décollent et se dirigent dans leur direction. Rien qu'au mois d'août 2020, elle a obligé la Russie à faire décoller ses propres avions pour intercepter ces bombardiers et ce, à 27 occasions différentes.

Les provocations, tant navales qu'aériennes, sont devenues si provocatrices et si risquées qu'en 2019, le président Poutine a pris la décision de révéler son programme d'armes nucléaires hypersoniques, jusqu'alors secret.

Il l'a fait, non pas pour se vanter et impressionner le monde, mais pour éviter toute éventuelle action offensive contre la Russie. Il a ensuite annoncé qu'il allait armer la marine russe et la force sous-marine russe avec des missiles hypersoniques.

En l'absence quasi totale de zone tampon entre l'OTAN et la Russie, ces missiles, qui ne peuvent être interceptés, peuvent atteindre Washington ou New York depuis la Russie en une heure, et pour les missiles tirés par les sous-marins russes en haute mer, en quelques minutes. Ils peuvent littéralement anéantir toute la population de Washington ou de New York.

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Il s'agit d'un danger extraordinaire auquel le peuple américain est exposé à cause de l’OTAN et de l’Etat profond. Il y a une chose qu'il faut comprendre : {la Russie ne veut pas la guerre.} Ils ne veulent certainement pas d'une guerre nucléaire. Et ils ne peuvent pas combattre les États-Unis et l'OTAN de manière conventionnelle. Mais les États-Unis ont démantelé tous les accords nucléaires, presque tous les traités de désarmement nucléaire.

Ils avaient été péniblement négociés pendant des décennies, et maintenant nous développons des armes nucléaires à petite échelle dont le seul but est de faire de la guerre nucléaire une réalité plus pratique.

Ainsi, l'OTAN, qui défendait autrefois l'Europe, mène maintenant des guerres agressives au Moyen-Orient et est sollicitée pour affronter la Chine et se joindre à cette entreprise, ce qui risque fort de se produire.

Chacune de ces expansions de l'OTAN soulève le spectre d'une guerre nucléaire. Si la troisième guerre mondiale éclate, elle tuera un grand nombre de citoyens américains, et l'OTAN sera tenue pour responsable. Le nombre de morts dépassera celui de toutes les guerres qui ont été menées dans l’histoire ! Il empoisonnerait la Terre avec des radiations. Cela provoquerait un effondrement total du commerce, des transports et de la production alimentaire. Cela pourrait anéantir complètement la civilisation.

Maintenant, il est important pour les Américains de comprendre la géographie du monde. Les États-Unis ont eu la chance d'avoir des océans de dimensions immenses sur leurs deux côtes : le Pacifique, l'Atlantique, qui s'étend sur plusieurs milliers de miles.

Nous ne sommes donc pas menacés. Aucune nation ne peut envahir les États-Unis, et à moins de menacer les autres, il n'y a absolument aucune crainte réaliste de voir éclater une guerre. Les Américains ordinaires ne tirent aucun profit des guerres sans fin que nous menons, sous l'égide de l'OTAN et de nos alliés. Et il est important de comprendre que lorsque le monde sera précipité dans une conflagration nucléaire, les hauts fonctionnaires et les oligarques mondiaux se réfugieront dans des villes souterraines préparées depuis longtemps. Mais le reste d'entre nous sera incinéré à cause de leur folie. Nous devrons alors remercier l'OTAN pour la disparition de la civilisation occidentale.

Merci beaucoup.

Que deviendra l'Europe de la défense sans Trump ?

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Que deviendra l'Europe de la défense sans Trump ?

L'Union européenne continuera à être seule face à ses démons

Par Raul Suevos

Ex : https://www.tradicionviva.es

Nous sommes en pleine période d'euphorie depuis la victoire de Biden ; il semble que le « président de l'Europe » ait été élu sur base d'innombrables articles dans la presse européenne et espagnole. On mesure la rapidité avec laquelle les dirigeants de chaque pays se sont félicités ou, selon le cas, on interprète l'absence de réaction. Il en va toujours de même avec l'intronisation du nouveau César, dans tout l'Empire, des gestes sont attendus, d'une manière ou d'une autre.

Il y a un aspect, je crois, que les analystes n'ont pas encore abordé et qui cache une importance de tout premier ordre pour l'avenir de l'Europe. C'est la Défense, la Défense européenne, avec des majuscules, un élément sous-jacent dès le début, dès la création même du sujet politique européen. La défense est évidemment un élément intégrateur auquel Donald Trump avait donné, indirectement, la plus grande impulsion depuis la naissance de l'Union avec la Communauté européenne du charbon et de l'acier en 1951, un instrument destiné uniquement, au départ, au maintien indéfini de la paix sur le continent et qui a fini par donner naissance à un géant économique.

La politique étrangère de Trump a été farouchement isolationniste, avec des manifestations constantes de désaffection envers les pays européens, individuellement et dans leur ensemble. Certains de ses débordements resteront dans l'histoire de la diplomatie mais, dans l'ensemble, ils ont servi à mettre la peur dans le corps des dirigeants européens qui, ces dernières années, coïncidant avec sa présidence, ont mené un énorme effort dans la construction de cette nécessaire Défense européenne, avec le Fonds européen de Défense, au sein de la Coopération structurée permanente : il s’agit là d’une réalisation majeure parmi d'autres également significatives.

Il reste beaucoup à faire, surtout dans le domaine des opérations à l'étranger, où des vies nationales sont perdues et avec elles le soutien électoral dans le pays, mais la situation actuelle est bien meilleure qu'à la fin du mandat d'Obama. Les attentes sont grandes maintenant avec l'arrivée de Biden, mais je ne suis pas sûr que cela suscitera un avenir brillant.

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Il est difficile de croire que le nouveau président va soudainement changer la politique étrangère isolationniste ; sa préoccupation restera la Chine, vers laquelle Obama a déjà infléchi l'intérêt des États-Unis. Et Poutine, malgré sa guerre et ses préoccupations politiques - il vient d'obtenir un cessez-le-feu dans le Haut-Karabakh dont le principal bénéficiaire sera Erdogan - ne sera pas une raison suffisante pour modifier le retrait américain en Europe. L'Union européenne continuera à être seule avec ses démons.

Le problème est qu'une lecture superficielle peut amener de nombreux partenaires à penser qu'avec Biden ici, il ne vaut plus la peine de poursuivre la construction de la Défense européenne, et cela nous laisse nus au milieu d'un monde en ébullition, alors qu’aucune des menaces n’a disparu, bien au contraire.

lundi, 28 décembre 2020

Quatre Livres d'Histoire pour Mieux Comprendre le Monde

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Café Noir N.03

Quatre Livres d'Histoire pour Mieux Comprendre le Monde

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
Émission du Vendredi 25 décembre 2020 avec Pierre Le Vigan et Gilbert Dawed. 
 
François Reynaert – La Grande Histoire du Monde (Livre de Poche) https://bit.ly/3mKqt2Y
François Reynaert – La Grande Histoire du Monde Arabe (Livre de Poche) https://bit.ly/38yjaqc
Sébastien Rauline – L'Histoire pour Tous (Ellipse) https://bit.ly/2JksULY
Hugh Thomas – Histoire Inachevée du Monde (Robert Laffont) https://bit.ly/3aJ0dUr
 

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samedi, 26 décembre 2020

Le moment postlibéral

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Le moment postlibéral

par Jure Georges Vujic

Ex: https://www.polemia.com

Par Jure Georges Vujic, écrivain franco-croate, politologue ♦ Après la chute du mur de Berlin, alors que le paradigme de la « fin de l’histoire » de Fukuyama et le triomphe du modèle de la démocratie libérale de marché au niveau planétaire prévalaient, la technocratisation des élites dirigeantes mondialistes et leur séparation du peuple ont remis en question la légitimité démocratique d’un tel mode de gouvernement oligarchique.

La pandémie de Covid-19 en tant que crise sanitaire mondiale est un indicateur de la crise actuelle du modèle politique, économique et social du libéralisme, soulevant ainsi la question de l’efficacité et de la responsabilité du modèle dominant de gouvernance libérale, en particulier en temps de crise. L’un de ces problèmes découle directement des pénuries, c’est-à-dire des pénuries successives dans divers secteurs clés de l’économie et de la santé publique, causées par l’absence de production nationale autosuffisante, qui révèle l’état de dépendance économique et sanitaire. La pandémie a révélé le cœur de la crise contemporaine du libéralisme postmoderne, à savoir la crise de l’hybris, de la démesure de la croissance, de la consommation et du progrès, et du déséquilibre dans la production nationale. Il n’est donc pas étonnant que de sérieuses options idéologiques et politiques alternatives conservatrices, souverainistes et populistes soient proposées comme correctif aux dynamiques néo-libérales destructrices, parce qu’elles satisfont le besoin de trouver un nouvel équilibre : le besoin de modération dans l’innovation, la production et la consommation, et la stabilité dans l’échange. C’est pourquoi, certains ont d’ores et déjà vu dans la crise globale du Covid-19 la fin de la « mondialisation heureuse ». Même si certains parlent de défaite du néo-libéralisme, en louant le retour de l’État-providence, de l’État-nation souverain, d’autres appellent à un retour aux sources du libéralisme classique. Il semblerait que la vague postlibérale soit loin d’annoncer une rupture radicale avec le modèle libéral dominant, dans la mesure où notre imaginaire individuel et collectif reste bien ancré dans la conception économiciste de la vie moderne conditionnant la pensée, les réflexes et les modes de vie.

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Tout comme le postmoderne, le terme postlibéral même reste contradictoire car il est difficile de dépasser ce qui a vocation au renouvellement permanent, tout comme la modernité libérale. Le « post-isme » libéral serait alors une notion « fourre-tout », fédératrice de diverses familles de pensée, évoluant comme un caméléon sous diverses formes en fonction de l’époque. Tout comme il existe une nébuleuse postmoderne, il y a une nébuleuse postlibérale qui, loin de s’inscrire dans une structure, une hiérarchie, s’inscrit dans un univers horizontal, fluide, « liquide » et hétérogène… D’autre part, alors que la « raison d’être », le sens du libéralisme se situait dans la reproduction économiciste de l’ordre politiquement social spontané, en réponse à l’absolutisme de l’État, le postlibéralisme fonde sa légitimité, son «éthos » sur la gestion exceptionnaliste du désordre du chaos. En effet, le libéralisme a toujours fait bon ménage avec des mesures répressives d’exception lorsque l’ordre libéral était menacé, alors que la religion des droits de l’homme ne l’a pas empêché de s’accommoder des pires régimes totalitaires, de sorte que l’on peut à juste titre parler de régime de liberté liberticide.

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Le libéralisme, une anthropologie politique pathogène

L’émergence du postlibéralisme pose en effet la question paradoxale du succès du libéralisme, mais aussi de son dépassement nécessaire. En ce sens, Patrick J. Deneen, professeur à l’université Notre-Dame aux États-Unis, dans son livre Why Liberalism Failed constate ce paradoxe : « Le libéralisme a échoué précisément parce qu’il a réussi. » Deneen soutient que la défaite du libéralisme est le produit de ses contradictions internes qui créent constamment des pathologies sociales, lesquelles menacent non seulement le libéralisme en soi mais la stabilité politique et sociale en général. Depuis les débuts de la théorie du libéralisme de Francis Bacon, Thomas Hobbes, à John Locke, Deneen estime que les prémisses originelles du libéralisme se fondent sur une « fausse » anthropologie philosophique, qui repose sur deux piliers : le volontarisme et l’individualisme. Il n’est pas étonnant que le postlibéralisme contemporain cherche à promouvoir et à articuler une nouvelle anthropologie anthropocène biopolitique sous la forme d’une vision transhumaniste de la condition humaine, qui est le résultat socio-pathologique direct de la première anthropologie classique, protolibérale progressiste et anthropocentrique, ainsi qu’une expression de la conception évolutionniste du monde. Bien sûr, le libéralisme a aussi ses courants alternatifs et dissidents sous forme de libertarisme ou de paléo-libéralisme, qui prônent la réhabilitation du libéralisme classique en réponse aux excès des expériences déviantes du néo-libéralisme. Dans Les Métamorphoses de la lutte des classes, le philosophe français Michel Clouscard montre combien le libéralisme, en tant que discours légitimateur de la dynamique du marché capitaliste, sait s’adapter et se transformer en fonction de la nouvelle anthropologie culturelle et politique du moment. L’individualisme et la permissivité, loin de remettre en cause radicalement les fondements de la société bourgeoise, ont en fait permis la réalisation de nouveaux marchés pour une nouvelle forme de capitalisme de divertissement et de « séduction ». De plus, David Harvey dans sa Brève histoire du néo-libéralisme place le phénomène du néo-libéralisme dans un large éventail historique, du règne de Reagan aux États-Unis, Margaret Thatcher en Grande-Bretagne, à la Chine de Deng et au Chili de Pinochet, soulignant la grande adaptabilité reproductive de ce phénomène politique et économique. On retrouve ses transformations dans le modèle néo-libéral du Mexique dans les années 80, de la Russie dans les années 90 et même en Suède en tant que modèle néo-libéral à part. Le sociologue Michel Freitag estime que le libéralisme a détruit le système symbolique de la société et la possibilité d’une coexistence harmonieuse parce que toute relation humaine, comme la société, est basée sur un système de codes symboliques. Selon lui, dans la société de la Grèce antique, nous trouvons la conception la plus riche de la liberté politique, qui combine les principes d’aidos (solidarité) et de diké (justice) qui font défaut dans les sociétés libérales atomisées et hyperindividualistes. Le néo-libéralisme contemporain est une négation du politique en tant que res publica, une lutte pour le bien commun, tandis que sa dynamique darwiniste de marché détruit la capacité d’action collective et la création d’une coexistence réfléchie et raisonnable.

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Nouvelle règle anthropocène globale

Néanmoins, le postlibéralisme, qui implique qu’à ce jour la société et la politique ont été dominées par des paradigmes spécifiquement libéraux (ou déjà néo-libéraux), tels que la démocratie, le libre marché, le mondialisme et l’individualisme culturel, ne signifie pas que nous avons dépassé aujourd’hui cette matrice politico-sociale libérale. Cette notion suggérerait que nous avons laissé le vieux monde dominé par le libéralisme dans toutes ses composantes de gauche social-démocrate ou de droite libérale et que nous entrons dans un monde où de nouveaux paradigmes illibéraux ou antilibéraux domineront l’espace public. Cependant, en tant que produit des transformations constantes du libéralisme tout au long de l’histoire, le postlibéralisme est actuellement un phénomène politique historique hybride, en émergence, qui, selon certains analystes, aurait rompu avec le libéralisme classique (protolibéralisme) et le néo-libéralisme. Comme ses prédécesseurs, le postlibéralisme reposerait sur ses propres postulats, ses « régimes de vérité », et de pouvoir. Selon Michel Foucault, il s’agirait donc de la « loi », c’est le nomos de la biopolitique, c’est-à-dire un mode de gouvernance qui repose sur sa propre rationalité, sa pratique, sa technologie et sa norme postpolitiques propres. De la théorie libérale, le postlibéralisme retient le mythe du progrès, le discours et le « comportement social », et, de la théorie économique néo-libérale, il accepte l’idée qu’un marché qui produit empiriquement une concurrence et des prix harmonieux n’est pas naturel mais résulterait d’une construction sociale fragile. Le postlibéralisme, à travers la radicalisation des mécanismes de gestion de la vie humaine, redéfinit l’expérience humaine, en profondeur voire ontologiquement, en combinant le « sujet libéral égoïste » et « l’entrepreneur néo-libéral du libre-échange » avec le modèle bio-humain. Contrairement au libéralisme et au néo-libéralisme classiques, le postlibéralisme réduit la différence entre l’individu et la collectivité par ce que l’on peut appeler le gouvernement de domination thérapeutique des corps individuels dans le sillage de la nouvelle biopolitique globale. En effet, les mesures biopolitiques qui ont été conçues en réponse à la propagation du virus du Covid-19, ont configuré une nouvelle forme de gouvernance appliquée au niveau planétaire, en s’appuyant sur les technologies de gouvernance numérique pour faire appliquer la règle anthropocène. Bien que n’étant pas le résultat de consultations entre États souverains, la gestion de crise pandémique mondiale implique la mise en œuvre de systèmes d’évaluation des risques en temps réel basés sur les mathématiques et l’informatique, qui incluent des mesures de contrôle de la population et l’imposition de mesures sécuritaires et de restrictions sanitaires (dites de distanciation sociale, utilisation de drones détecteurs de présence, géolocalisation). Ainsi, aujourd’hui, la plupart des démocraties libérales occidentales appliquent des mesures biopolitiques en réponse à la propagation des virus, qui dessinent les contours de la règle globale du biopouvoir. Giorgio Agamben parle de la nouvelle condition humaine de « vie nue » (homo sacer), laquelle a marqué l’entrée dans l’ère anthropocène (le moment où l’humanité s’est érigée en force géologique qui a transformé irréversiblement son cadre de vie). Il s’agit d’une rupture totale entre les vies politiques et biologiques de l’individu, et l’homo sacer, dans sa nouvelle condition biologique, se trouve soumis à la souveraineté de l’état d’exception. La règle postlibérale serait le reflet du pouvoir anthropocène qui devrait trouver des réponses à la situation d’instabilité générale et mondiale causée par le développement d’une économie postmoderne basée sur l’utilisation illimitée des ressources naturelles, une instabilité qui affecte tous les êtres vivants et à laquelle les États-nations modernes ne peuvent pas répondre. Si la règle politique moderne était basée sur une anthropologie exclusive qui opposerait l’humanité à la nature (en tant que facteur externe), le pouvoir anthropocène encouragerait l’anthropologie inclusive, qui intégrerait la nature dans un système censé être contrôlé et intégré.

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De l’État Léviathan et à l’État cyborg

Le virus du Covid-19, qui apparaît en tant que « game changer », fonctionnerait comme moteur disruptif d’une nouvelle politique postlibérale. La pandémie a permis l’activation d’un gouvernement mondial opaque, qui était déjà opérationnel, mais qui n’était pas encore visible en tant que tel sous la forme de biopouvoir. La crise globale sanitaire du Covid-19 serait « un accélérateur de transformation » permettant la mise en place de stratégies de choc, selon la thèse de Schumpeter de la « destruction créatrice », alors que la pandémie au niveau planétaire serait une opportunité pour accélérer la mise en place de la règle globale anthropocène. Ainsi, les transformations successives du libéralisme au cours des quarante dernières années cèdent aujourd’hui la place au postlibéralisme en tant que nouvelle forme de gouvernement de transition, qui fait de l’économie un moyen de transformation anthropologique et transhumaniste de l’espèce humaine dans le cadre d’un nouvel « environnement hostile » planétaire. En ce sens, l’analyse proposée par Barbara Stiegler dans « Il faut s’adapter » à partir des travaux de Walter Lippmann (connu pour sa thèse sur la « fabrique du consentement ») démontre que le but du néo-libéralisme n’est pas seulement de nature économique mais aussi anthropologique ; il s’inscrit dans la filiation évolutionniste et constructiviste (d’inspiration darwiniste) de l’espèce humaine, tandis que Lippmann y ajoute un objectif politique : organiser massivement l’adaptation de l’espèce humaine au nouvel état du monde, imposé par la mondialisation du marché. Ainsi, le néo-libéralisme mais aussi l’ordolibéralisme allemand légitiment le recours au rôle organisateur ou régulateur de l’État. Dans le nouveau contexte du biopouvoir mondial, l’État libéral devient le principal levier de la domination globale anthropocène, qui doit intervenir dans le sens de la survie et du renouvellement de l’espèce humaine. Mais ce modèle d’État libéral n’est plus celui qui incarne l’autorité transcendante du Léviathan hobbesien. À l’ère postlibérale, le fonctionnement de l’État libéral consiste essentiellement à mettre en place un cadre normatif qui surveille, encourage et contrôle les transformations anthropologiques du corps social en temps réel. Finalement, l’État libéral du Léviathan cède sa place au profit d’un cyborg-État postlibéral et biopolitique qui cherche à intégrer toutes les dimensions de l’existence, du minéral au psychique en passant par le biologique. La pandémie est certes un « accélérateur de transformation », mais aussi un bon indicateur de l’usure des vieilles idéologies modernes comme le libéralisme de la modernité. D’où les appels qui émanent de sphères politiques, académiques ou économiques, comme celle de l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger ou de Robert Kagan, ou ceux des mondialistes de Davos, comme Klaus Schwab, qui prônent une « nouvelle réinitialisation globale » et un nouveau « capitalisme inclusif », en appelant à « l’humanisation » du capitalisme néo-libéral dans le sens de la conscience écologique. Le discours moralisateur du dépassement du libéralisme, en tant qu’imposture, s’inscrirait alors dans l’inversion debordienne : « le vrai est un moment du faux ». Bien sûr, il faut y voir les dispositifs narratifs destinés à légitimer les transformations émergentes de l’ordre postlibéral avec l’adaptation de l’espèce humaine à la nouvelle configuration globale du biopouvoir.

Jure Georges Vujic
24/12/2020

Source : Correspondance Polémia

L'influence de Carl Schmitt en Chine

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L'influence de Carl Schmitt en Chine

Par Daniele Perra

Ex: https://www.eurasia-rivista.com

"πόλεμος πάντων μὲν πατήρ ἐστι, πάντων δὲ βασιλεύς, καὶ τοὺς μὲν θεοὺς ἔδειξε τοὺς δὲ ἀνθρώπους, τοὺς μὲν δούλους ἐποίησε τοὺς δὲ ἐλευθέρους."

"Conflit, de toutes choses père, de toutes choses roi, de quelques-uns il a fait des dieux, d’autres il a fait des mortels, d'autres des serviteurs, d'autres encore, il a fait des hommes libres"

(Héraclite, fragment 53)

Dans une lettre datée de 1933, Martin Heidegger, félicitait le juriste Carl Schmitt, son compatriote, pour le succès de l'ouvrage La notion du politique, qui en était alors à sa troisième édition. Heidegger le félicitait pour la citation que Schmitt avait faite du fragment 53 d'Héraclite et de l'interprétation correcte qu'il avait donnée des concepts fondamentaux de πόλεμος (polemos) et βασιλεύς (basileus). Dans le même temps, Heidegger a non seulement révélé à Schmitt qu'il préparait sa propre interprétation du fragment héraclitéen, directement lié au concept de ἀλήθεια (aletheia), mais aussi qu'il traversait lui-même une forme de "conflit".

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Heidegger et Schmitt étaient tous deux bien conscients que le Superbe d'Ephèse, avec le terme "conflit", ne voulait pas indiquer uniquement et exclusivement une lutte armée. En fait, cela devait être compris également dans le sens de conflit interne. Ce πόλεμος, pour Heidegger, n'était autre que ce "travail de l'ego" qui l'a conduit à ce qu'il a lui-même défini comme un "combat au corps à corps avec son propre moi", à abandonner l'enseignement pendant plusieurs années, mais aussi à produire par la suite quelques ouvrages fondamentaux comme la volumineuse étude sur Nietzsche et Holzwege (Les chemins qui ne mènent nulle part) [1].

Le choix de commencer par le fragment 53 d'Héraclite pour cette réflexion sur l'influence de la pensée de Carl Schmitt en Chine n'est pas fortuit. Le conflit dont s'occupe le penseur grec, et dont Heidegger a compris l'essence, appartient à juste titre à la liste de ces concepts théologiques qui, selon Schmitt, ont été "sécularisés" par la doctrine moderne de l'État.

photo-rabbin-daniel-farhi-héraclite.jpgDans le contexte islamique, puisque la révélation y est à la fois prophétie et loi, le sens réel du terme conflit utilisé par Héraclite apparaît avec toute sa force perturbatrice dans le concept théologique de djihad. Cela, rappelons-le, signifie littéralement "effort" et indique l'engagement de l'homme à s'améliorer, à devenir un "vrai" être humain, paraphrasant l'interprétation qu'en donne l'imam Khomeiny [2].

Le djihad, tel que rapporté dans un hadith bien connu du prophète Muhammad, peut être de deux types : majeur (ou intérieur) et mineur (ou extérieur). Le djihad majeur consiste en la lutte intérieure, comme nous venons de le dire, pour devenir un véritable homme ; tandis que le djihad mineur indique en fait la lutte armée contre un ennemi extérieur au dar al-Islam (maison de l'Islam). Donc, contre quelqu'un qui se trouve dans le dar al-harb (maison de la guerre).

Ce concept se retrouve déjà dans la civilisation chinoise traditionnelle. Au-delà des frontières impériales, en effet, se trouvait l'espace des "barbares" : une région "inculte", un royaume de la guerre et un espace purement quantitatif dans lequel les vertus de jen (solidarité de groupe) et de yi (équité) n'étaient pas pleinement réalisées.

En termes de théorie géopolitique classique, les concepts de conflit interne et externe peuvent facilement être appliqués à l'idée organique de l'État (une entité vivante qui est à la fois morale et spirituelle) développée par Friedrich Ratzel [3]. Ainsi, si l'État est considéré comme un organisme, son conflit intérieur est son effort pour devenir une entité forte, unie et pleinement souveraine, capable d'agir indépendamment et sur un pied d'égalité avec les autres acteurs internationaux dans un théâtre régional ou mondial. Et il est clair que cet effort interne représente la condition préalable essentielle de l'effort externe et, par rapport à ce dernier, joue un rôle primordial.

Maintenant, en voulant transposer l'idée, que nous venons de reconstruire dans le présent texte, à l'actualité géopolitique de la République populaire de Chine, il apparaît évident que les concepts schmittiens de la politique comme "conflit" et de l'opposition dichotomique ami/ennemi ont connu une diffusion notable (et peut-être même inconsciente) à Pékin.

La politique de la "Chine unique" menée par la République populaire se traduit en effet ouvertement par un effort interne dont l'objectif est la réalisation d'une unité nationale complète non seulement en termes territoriaux (rétablissement de la souveraineté sur Taiwan, par exemple), mais aussi en termes idéologiques, en luttant contre cet "ennemi interne" qui se présente sous les différentes formes de séparatisme soutenu par l'Occident : du modèle terroriste du Mouvement islamique du Turkestan oriental (qui a été supprimé récemment de la liste des organisations terroristes par les États-Unis par pure coïncidence) à la rébellion "sorosienne" à Hong Kong, jusqu'à l'influence exercée par des sectes anti-traditionnelles comme le Falun Gong, aujourd'hui revigorée par l'alliance avec le phénomène des QAnon.

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Le chercheur chinois Liu Xiaofeng (profondément influencé par Schmitt), dans son recueil d'essais Sino-Théologie et philosophie de l'histoire, souligne les différences entre le concept européen d'État-nation et le substrat idéologique dans lequel s'est développé l'État chinois actuel. Les meilleurs penseurs politiques chinois, dit le professeur de l'université de Renmin, ont parfaitement compris que l'impérialisme européen moderne était loin de l'ancien concept d'Empire (plus proche, à certains égards, de celui des Perses et des Chinois). Et ils ont réalisé qu'à l'époque moderne, il n'y avait pas qu'un seul impérialisme, mais plusieurs formes d'impérialisme contradictoires, une pour chaque État-nation[4].

coverimage.jpgDans ce contexte, selon l'historien et homme politique Liang Qichao, qui a vécu au tournant des XIXe et XXe siècles à l'époque du déclin inexorable et de la partition impérialiste de l'espace chinois, la solution ne pouvait être que la création d'une forme de nationalisme chinois. Cependant, ce que Qichao considérait comme du nationalisme était une forme de conscience politique et culturelle nationale, mais pas du nationalisme au sens européen du terme. En fait, ce concept est resté complètement étranger à la forme impériale traditionnelle qui, même aujourd'hui, dans son expression modernisée et influencée par le marxisme-léninisme, ressemble davantage au modèle achéménide qu'à l'idée européenne de l'État-nation et de ses impulsions impérialistes. Et, en tant que telle, elle s'est imposée dès son origine comme un dépassement en nuance de cette idée.

L'historiographie occidentale, à travers ce qu'on appelle l'histoire globale, a tenté de dépasser le système eurocentrique basé sur l'État-nation, en le remplaçant par une idée de l'histoire axée sur le changement des structures sociales. Liu Xiaofeng, contrairement à certains de ses collègues et compatriotes, a eu le mérite de réaliser que cette histoire mondiale n'est pas née avec l'essai de William H. McNeill de 1963, The Rise of the West. A History of Human Community [6]. Il a également compris que le désir de surmonter l'eurocentrisme a simplement abouti à une forme assez paradoxale de cosmopolitisme qui cache un impérialisme naturel de matrice anglo-américaine (celui qui est sorti vainqueur du choc avec les autres formes d'impérialisme européen). Ce cosmopolitisme, en effet, continue de considérer le canon "occidental", inspiré des valeurs du capitalisme libéral, comme le meilleur modèle dans l’absolu. Cependant, ce cosmopolitisme occidental examine d'autres modèles avec la bienveillance due au bon sauvage que l’on étudie selon les canons de l’anthropologie et, peut-être, que l’on éduquera à terme (même par le biais du "bombardement humanitaire") pour l'émanciper de lui-même.

81Oe29BuvPL.jpgAinsi, l'histoire mondiale n'a été que la superstructure historiographique du libéralisme occidental à l'époque de la guerre froide et de l'instant unipolaire.

Bien avant l'essai de McNeill, comme le rappelle à nouveau Xiaofeng, Carl Schmitt a publié Le Nomos de la Terre, un ouvrage qui, plutôt que de subvertir l'eurocentrisme aujourd'hui disparu, a pleinement réalisé qu'il avait déjà été remplacé par un système centré sur l'Amérique [7]. Mais Schmitt, contrairement aux prophètes de l'histoire mondiale, utilisait encore un modèle historiographique centré sur les entités étatiques. L'idée fondamentale de Schmitt était de comprendre que les affrontements entre États resteraient fréquents et intenses, indépendamment du mythe cosmopolite de la citoyenneté mondiale, et que cela deviendrait même extrême dans certains cas.

Schmitt, en effet, a compris que la création et la croissance/le développement des États-Unis se sont déroulés dans un contexte où le jus publicum europaeum (celui qui régissait la guerre entre les monarchies chrétiennes européennes sur le sol du Vieux Continent) n'avait aucune valeur.

31V21xQ3hSL._SX327_BO1,204,203,200_.jpgLes États-Unis sont nés dans un "espace libre" où prévalait la loi du plus fort, celle de l'état de nature et sur le fond idéologico-religieux du thème biblique de l'Exode et de la conviction messianique de la construction du "Nouvel Israël" et de la "Jérusalem sur terre" : des principes qui sont à la base de l'idée puritaine de supériorité morale et de prédestination et qui représentent les fondements existentiels de l'américanisme. Les États-Unis sont nés en totale opposition au modèle européen. Leur entrée sur le Vieux Continent marque le passage de la guerre "légale" à la guerre "idéologique" : l'ennemi doit non seulement être vaincu, mais diabolisé, criminalisé et donc anéanti. Ce que les États-Unis ont fait, c'est ramener en Europe la loi du plus fort, en la considérant, comme les Européens l'avaient fait avec l'hémisphère occidental à l'époque moderne, comme un "espace libre" à soumettre à la simple conquête.

Xiaofeng applique ces idées schmittiennes à la situation géopolitique actuelle en Extrême-Orient et en Chine en particulier. La Chine, à un moment où la « lutte intérieure », que nous évoquions, n'avait pas encore abouti à la formation d'un État fort et pleinement souverain qui lui permettrait de participer pleinement (et équitablement) au forum international, a dû opter pour un accès "technique" au système, par l'entrée dans les institutions internationales. Cette méthode était opposée à celle purement politico-militaire utilisée par le Japon au tournant des XIXe et XXe siècles, lorsque le processus de modernisation endogène réalisé par l'Empire nippon lui a permis de s'affirmer comme une puissance mondiale.

Cependant, l'erreur fondamentale de la classe politique chinoise dans la première moitié du XXe siècle a été de croire que le droit international s'appliquait avec équité à tous les membres de la communauté qui acceptaient ses normes. Xiaofeng rappelle que Tchang Kaï-chek restait fermement convaincu, malgré l'avertissement du conseiller militaire allemand Alexander von Falkenhausen, que les puissances européennes (France et Grande-Bretagne) et les États-Unis viendraient au secours de la Chine face à l'agression japonaise à la fin des années 1930 [8]. De toute évidence, rien de tout cela ne s'est produit et ce n'est qu'avec le début de la Seconde Guerre mondiale et l'entrée des États-Unis dans le conflit que la situation a commencé à changer. 

La nature réelle du droit international a été bien décrite au délégué en URSS de la République de Chine de l'époque, Chiang Ching-kuo, par Joseph Staline. Le "Vozhd", très franchement, lui a dit : "tous les traités sont des chiffons de papier, ce qui compte, c'est la force" [9].

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En effet, la méthode "technique" décrite par Xiaofeng, par laquelle la Chine a d'abord essayé de se garantir une participation au système des relations internationales, ne lui a pas permis d'atteindre pleinement un équilibre des pouvoirs avec les puissances européennes ou avec les Etats-Unis. Ce n'est qu'avec la révolution maoïste et la victoire dans la guerre de Corée que la possibilité de cet objectif a commencé à se manifester.

Il est bon de rappeler que les États-Unis ont historiquement appliqué à la Chine, avant et après Mao (et bien qu'en phases alternées), une stratégie appelée "politique de la porte ouverte". Dans la période unipolaire, cette politique stratégique a pris la forme d'une sorte d'accord (théoriquement parfait) selon lequel la Chine, exportateur de biens et importateur de liquidités, prenait en charge les titres de la dette américaine, tandis que les États-Unis, consommateur et débiteur, pouvaient compter sur une suprématie militaire durable en se concentrant sur une nouvelle révolution technologique, pour laquelle la concurrence chinoise n'était même pas prise en considération. Comme le dit l'historien Aldo Giannuli : "Dans la vision néo-libérale, l'ouverture mondiale des marchés aurait dû faire de la Chine le principal centre manufacturier du système mondial, mais à condition que le fossé technologique reste constant, voire s'élargisse, et que la balance commerciale ne penche pas trop vers l'Est" [10].

Cependant, avec la crise de 2008, cette entente s'est rapidement fissurée et s'est détériorée déjà sous l'administration Obama qui, dans une tentative de se mettre à l'abri, a opté pour la stratégie géopolitique du « Pivot vers l'Asie » en relation avec le déplacement rapide du centre du commerce mondial vers l'Extrême-Orient. Une stratégie que l'administration Trump a tenté de pousser à l'extrême par une militarisation constante des mers adjacentes aux côtes chinoises et en incitant aux opérations de sabotage le long des voies de communication de la nouvelle route de la soie.

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L'erreur de jugement américaine a donc une origine beaucoup plus lointaine que ce qui est constamment proposé dans les analyses géopolitiques actuelles. Avec la traversée du fleuve Yalu et l'entrée des volontaires chinois en Corée, Pékin avait déjà envoyé un signal assez clair aux États-Unis : vous n'êtes pas les bienvenus de l'autre côté du 38e parallèle. Avec les réformes et les politiques d'ouverture de Deng Xiaoping au début des années 1980 et l'échec du soulèvement de la place Tienanmen, Pékin a envoyé un autre signal aux États-Unis : la Chine n'est plus un "espace libre" où l'on peut opérer à volonté (comme l'a fait Washington en Europe) ou divisible par des moyens économiques et des politiques d'infiltration culturelle.

L'ascension rapide de la Chine hors du "contexte libéral" et en vertu d'un système "illibéral", profondément étatiste et bien décrit également dans le nouveau plan quinquennal du PCC centré sur le principe de la double circulation (demande interne/demande externe), a envoyé un nouveau signal: la fin du système mondial centré sur les États-Unis est proche.

L'accord de libre-échange RCEP - Regional Comprehensive Economic Partnership est le premier pas vers la construction d'une sphère de coopération asiatique libérée de la présence déstabilisatrice de l'Amérique du Nord.

Il est clair qu'une telle éventualité ne sera pas acceptée de plein gré par les États-Unis. Mais aujourd'hui, Pékin, consciente de la nécessité d'un État fort, y compris en termes d'homogénéité idéologique et d'objectifs, est également bien préparée à la lutte contre l'ennemi extérieur.

index.jpgNOTES

[1] J’ai traité ce sujet dans mon livre Essere e Rivoluzione. Ontologia heideggeriana e politica di liberazione, NovaEuropa, Milano 2018.

[2]Cf. R. Khomeini, La più grande lotta. Per liberarsi dalla prigione dell’ego ed ascendere verso Dio, Irfan Edizioni, Roma 2008.

[3]Cf. F. Ratzel, Lo Stato come organismo, “Eurasia. Rivista di studi geopolitici” 3/2018.

[4]L. Xiaofeng, Sino-Theology and the philosophy of history. A collection of essays by Liu Xiaofeng, Brill, Boston 2015, p. 99.

[5]Ibidem.

[6]L. Xiaofeng, New China and the end of the international American law, www.americanaffairsjournal.org.

[7]Cf. C. Schmitt, Il nomos della terra, Adelphi Edizioni, Milano 1991.

[8]New China and the end of the international American law, ivi cit.

[9]Ibidem.

[10]A. Giannuli, Coronavirus. Globalizzazione e servizi segreti, Ponte alle Grazie, Milano 2020, p. 236.

 

 

Quand Truffaut était de droite et critiquait les films idéologiques

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Quand Truffaut était de droite et critiquait les films idéologiques

Proche des hussards, le futur régisseur a signé des critiques enflammées. Ellessont maintenant disponible en un volume

Claudio Siniscalchi

Ex: https://www.ilgiornale.it

En novembre 1955, un jeune critique de cinéma à succès, François Truffaut, décide de rencontrer un ancien collègue (c'est ainsi qu'il l’appelle), Lucien Rebatet. Truffaut a 23 ans et se précipite dans les escaliers.

Rebatet a 52 ans, et est affaibli de corps et d'esprit. Ils déjeunent tous les deux le long de la Seine, à bord d'un bateau-mouche. Rebatet, plus connu à cette époque sous son pseudonyme François Vinneuil, écrivit à partir de 1930 sur le cinéma pour L'Action française (jusqu'en 1939) puis, à partir de 1935, pour l'hebdomadaire Je suis partout. En 1941, il publie un pamphlet sulfureux, dans lequel il dénonce la "grande invasion" des Juifs dans le cinéma et le théâtre français. L'année suivante, il devient une célébrité avec un volumineux acte d'accusation contre le Front populaire et la France de Vichy, Les décombres. Fervent partisan de l'alliance franco-allemande, et antisémite agressif, Rebatet est condamné à mort pour ces motifs en 1946 (peine qui sera transformée en prison à vie en 1947). En juillet 1952, il est remis en liberté. Mais il était devenu un paria. La patrie le rejette, malgré Les Deux Etendards, publié en deux volumes par Gallimard en 1951. François Mitterrand, parlant de ce roman sans fin d'amour et de métaphysique, a dit que le monde est divisé en deux : ceux qui l'ont lu et ceux qui ne l'ont pas lu. Truffaut, le "jeune amant", a décidé de rencontrer le "vieux critique", défiant ainsi les conventions.

L'idée de provoquer, de scandaliser, est un trait essentiel de la personnalité de Truffaut. Mais il y a quelque chose de plus profond qui scelle la rencontre. Rebatet, qu'on le veuille ou non, appartient à l'une des grandes traditions anticonformistes de la culture française, qui commence avec Charles Maurras et débouche chez les Hussards. Et, à toutes fins utiles, Truffaut est le chef de file de la critique cinématographique des Hussards. Il vient de s'imposer sur la scène française avec un écrit  explosif, intitulé Une certaine tendance du cinéma français, paru dans le premier numéro de 1954 du mensuel Cahiers du cinéma. C'est "une attaque à la baïonnette", dans laquelle Truffaut réécrit l'histoire du cinéma français. Si le produit national est devenu aussi bâclé et répétitif, c'est la faute des réalisateurs qui n'ont aucun courage et des scénaristes attachés à "inventer sans trahir", qui privilégient le mot à l'élément visuel. Le réalisateur est finalement réduit à une présence insignifiante: un prêteur de main d'œuvre, payé pour ne faire que de beaux plans. Truffaut a l'idée géniale de réadapter, au milieu des années 1950, la querelle déjà proposée par les écrivains romantiques du XIXe siècle, entre "anciens" et "modernes". Pour le "Rimbaud de la critique", la controverse représente presque une "nécessité morale". Mais il a besoin d'un forum approprié pour devenir le "broyeur du cinéma français", l'homme le plus détesté de Paris, une sorte de terroriste en perpétuel mouvement.

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Le meilleur forum pour faire exploser le talent de Truffaut fut Arts, la vitrine hebdomadaire des Hussards, fondée en 1952. En 1954, le nouveau directeur en est Jacques Laurent, à la recherche de jeunes talents anticonformistes qu’il pourra jeter dans la mêlée. Si Breton était le pape du surréalisme et Sartre de l'existentialisme, Laurent était le pape des Hussards. Il ouvre les portes du magazine aux écrivains marginalisés après la Libération : Jacques Chardonne, Paul Morand, Marcel Jouhandeau, Marcel Aymé, Henry de Montherlant. Et en même temps, il promeut les nouveaux écrivains hostiles à l'engagement politique de gauche : Roger Nimier, Michel Déon, Antoine Blondin. Le terme « hussard » a été emprunté au roman de Roger Nimier, Le hussard bleu (1950). Sur le plan littéraire, les hussards se sont opposés à la "dictature sartrienne". La littérature, telle qu'elle est comprise par le philosophe devenu l’intellectuel des médias, est mélangée à un engagement politique (marxiste) et métaphysique (existentialiste). Ouvrir le feu contre les hussards, ce fut la tâche de la revue Les Temps modernes. L'article polémique, que Sartre y publie, analyse l'éveil intellectuel fasciste dans un long essai en 1952. L’impact des Hussards, réactionnaires turbulents, est un signe inquiétant pour la revue de Sartre: "Comme tous les fascistes, écrit Bernard Frank, ils détestent la discussion, la temporisation, les idées". Truffaut a collaboré avec l'hebdomadaire des Hussards de février 1954 à décembre 1958, en rédigeant 460 articles, rassemblés par Gallimard dans les Chroniques d'Arts-Spectacle 1954-1958 (528 pages, 24 euros). Pour ceux qui veulent comprendre la culture française, et pas seulement le cinéma, des années 50, que l'on croit à tort dominée par Sartre et ses imitateurs, un vide est comblé. Les écrits de Truffaut qui ont paru dans les Cahiers du cinéma ont été surtout mis en exergue. L'icône de l'artiste de gauche qui, en 1968, a mis fin au Festival de Cannes et qui, en 1960, a signé le Manifeste des 121 en faveur des soldats déserteurs en Algérie est en quelque sorte ternie. La collaboration avec Arts inscrit à juste titre le jeune critique dans le panorama de la droite littéraire. Ses adversaires qualifient Truffaut de fasciste, de désengagé, de provocateur de droite.

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Son style nerveux et agressif exalte le cinéma français des bien-aimés Jean Renoir, Sacha Guitry, Max Ophuls, Robert Bresson. Il déteste carrément Jean Delannoy et Claude Autant-Lara. Il défend Roberto Rossellini. Réfractaire à tout message idéologique, il préfère les films américains, même de série B, aux productions soviétiques. Il a soutenu les jeunes réalisateurs Alain Resnais, Agnès Varda et surtout Roger Vadim. Lorsque Et Dieu créa la femme sortit en décembre 1956, il fut l'un des rares à le défendre. Brigitte Bardot apparaît magnifique dans un film qui est typique "de notre génération parce qu'il est amoral (en ce qu'il rejette la morale actuelle et n'en propose pas d'autre) et puritain (en ce qu'il est conscient de cette amoralité et qu'il en est perturbé)". Le seul défaut de cette splendide publication est la note d'introduction de Barnard Bastide, un long exercice d'équilibre qui n'aborde pas le véritable cœur de la collection. Des colonnes d’Arts, François Truffaut a construit, brique par brique, une critique d'extrême droite du cinéma actuel, de grande qualité stylistique, loin des modes dominantes. Mais on ne peut pas tout obtenir d'un livre.

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vendredi, 25 décembre 2020

Face au mondialisme, la Table Ronde de la Mémoire

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Face au mondialisme, la Table Ronde de la Mémoire

par Paul-Georges Sansonetti

Chers amis, 

Voici le texte de la conférence que Paul-Georges devait donner cet été le dimanche matin dans le cadre de la réunion annuelle d'Hyperborée à Roquefavour qui n'a pu se tenir ; texte évidemment capital, mais il y manquera le talent oratoire et les saillies pertinentes et pleines d'humour de notre ami. Ce texte a été envoyé aux habituels participants des journées Hyperborée et à quelques autres amis  ; il n'est pas destiné au grand public. Bonne lecture.

Joyeuses fêtes (quand même) à tous.

PEB

Chers Amis,

Cette année sous l’emprise du virus nous plaça dans la pénible obligation de renoncer à notre dimanche matin annuel. Les difficultés se sont multipliées pour nombre d’habitués fidèles à nos partages. L’équipe organisatrice ne pouvait que le déplorer tant ces retrouvailles ne manquent pas d’offrir, avec l’apport amical de chacun, des échanges passionnants à partir de concepts essentiels. Nous ressentons tous que rien ne remplace les rencontres roboratives entre personnes fortement motivées en ce lieu hautement signifiant que constitue la Domus. Peut-être à cause de ce manque et résolument déterminés à s’offrir une revanche, Pierre-Émile Blairon, plusieurs de nos Camarades et votre serviteur se sont décidés à se manifester. À leur demande, J’ai mis par écrit des données - parfois évoquées les autres années - et dont les prolongements et surtout les fondements les plus radicaux devaient être explicités et ramenés à des notions irréductibles car garantes de l’existence d’une société et même d’une civilisation. 

En cette période de Solstice d’hiver, l’équipe de Hyperborée Magazine vous adresse des vœux de réussite, de pleine santé et de cette joie que confère la certitude du destin supérieur de l’Europe.

L’ÉCHEC D’UNE FRANCE OPEN FIELD

            Ce que nous vivons actuellement apparaît véritablement effarant dès lors que l’on est encore conscient et non partiellement, sinon totalement, décérébré par la «bien-pensance » mondialiste. Des individus de souche étrangère à l’Europe, la plupart incultes, s’érigent en censeur de notre Histoire multimillénaire. Je m’en voudrais de porter un jugement péjoratif sur les communautés bédouine, érythréenne, tamoul ou turkmène. Mais, en inverse, il m’insupporte d’entendre vilipender le génie européen auquel une bonne partie des peuples dit « de couleur » doit l’amélioration des conditions existentielles et, conséquemment, sa survie dont résulte une fécondité des plus proliférative ; nous en subissons – hélas ! – les « débordements ».

actualité, table ronde, tradition, traditionalisme, paul-georges sansonetti, Plusieurs évènements me semblent éminemment symptomatiques de l’effondrement frappant la France et de proches nations européennes. D’abord la fresque peinte à Stains en mémoire de deux figures de la cause « black ». Montrant les visages  surdimensionnés de ces personnages, on découvre que le grapheur s’est efforcé  d’accentuer ce qui relève de l’appartenance ethnique en épaississant fortement – et même en alourdissant - les morphologies faciales de façon, dirait-on, à les distinguer sans discussion possible d’avec la typologie européenne. Point n’est besoin de les comparer à un visage grec antique ou tiré d’une cathédrale gothique ou encore d’une peinture de la Renaissance pour comprendre que ces deux facies – qu’accompagnait, lors de sa création, une imprécation contre la Police – contribuent à ce qu’une Afrique sub-saharienne impose massivement sa prépondérance en regard d’un autre génotype qualifié, dans le vocabulaire « jeune de banlieue », de « face de craie », de « Gaulois », de « fromage » (sous-entendu « fromage blanc »). « Gaulois » ne m’offusque pas et le rapport à la couleur blanche non plus. Car, à travers ces désignations qui se veulent péjoratives, tout comme par l’apologie de deux représentants du continent noir et quelle que soit la nationalité – américaine et française – qui était la leur, ce qui importe impérativement c’est de proclamer de façon tonitruante que l’on appartient à l’un des quatre (voire cinq) grands groupes raciaux répartis sur notre globe. Victime d’une  « sensibilité » inhérente à  l’air du temps, le mot « race » ne devrait plus être prononcé. Du reste, on ne cesse de nous assurer d’une façon obsessionnellement réitérée que les races n’existent pas. Il n’y a que l’Humanité avec, admet-on cependant, des apparences différentes. Or, ce sont précisément ces différences qui offrent le plus grand intérêt au niveau civilisationnel. Mais toujours est-il que, selon le message de cette fresque et le slogan Black live matter, renforcé en France par l’affaire Traoré[1], c’est surtout le fait de se reconnaître dans une communauté en fonction de sa couleur de peau qui a favorisé l’émergence d’un mouvement désormais international. Première conséquence, l’idéal d’une société du « vivre ensemble », l’une des facettes de la « mondialisation heureuse » (chère à un célèbre ancien élu bordelais), se voit brutalement remise en cause.

Les tenants forcenés de cette mondialisation péroraient que l’avenir du genre humain serait forcément métissé. J’ai le souvenir d’un certain Nicolas Sarkozy qui, dans un discours en 2008, souhaitait ardemment que la France  réussisse « le défi du métissage ». Et, a-t-il ajouté, si cela n’était pas adopté de plein gré par les citoyens, il serait question d’un recours à, je cite, « des méthodes plus contraignantes encore » (grands dieux, lesquelles ?). Toute une intelligentsia n’avait que le mot « métissage » à la bouche et, d’une façon sournoise, durant ces deux dernières années, un nombre conséquent de spots publicitaires, mirent en scène des couples mixtes ou alors une charmante personne issue d’un melting pot afro-caraïbe. La nécessité de prendre en compte l’actuelle modification de population ? Plus que probable, mais aussi, n’en doutons pas, une façon d’habituer le « français de souche » (formule insupportable à des oreilles dûment formatées, de même que le mot « frontière », on va voir pourquoi) à considérer que sa patrie, convertie en un open field, prenait place dans le grand projet planétaire élaboré par le sinistre ploutocrate Georges Soros. Je vais revenir sur open. Auparavant, il nous faut parler d’une série de tragédies à la fois consternantes et significatives.

Le 5 juillet, à Bayonne, un chauffeur de bus se voyait agressé par quatre individus : deux Mohamed, un Moussa et un Selim, tous déjà fort connus, parait-il, des services de Police. Ils se sont acharnés sur leur victime laissée en état de mort cérébrale. La veille, le 4, dans le Lot-et-Garonne, c’est la jeune Mélanie, gendarme de profession, qui était tuée sur le coup par un chauffard, délinquant multirécidiviste, prénommé Yacine quelque chose. Les parents de cette malheureuse jeune femme devaient déclarer, je cite : « Nous portons des valeurs de vivre ensemble et la haine et les messages de haine n’ont pas leur place dans le vivre ensemble ». Tragique ! Et l’on est tenté d’en conclure : laissons-nous assassiner, l’important consiste à ne pas perturber ce fameux et sacro-saint « vivrensemble », instrument prioritaire de l’éradication progressive de notre peuple. Cependant, malgré les prêches lénifiants de la « bien-pensance », ces deux horribles « faits divers » suscitèrent une immense émotion. On pourrait citer des dizaines d’agressions, viols (ou tentatives) mais aussi coups de couteaux dont pâtissent quotidiennement de braves gens qui ont l’infortune de croiser des « chances pour la France ». Le summum de l’horreur fut atteint avec la jeune lyonnaise percutée par une voiture et trainée sur huit-cent mètres. Ajoutons, hélas, une autre jeune femme, assassinée à Nantes dans des conditions effroyables (elle aurait été défigurée). Et puis, au sortir des « vacances » - surtout mentales tant aucune idée force n’habite plus les citoyens - deux nouvelles monstruosités firent l’actualité : décapitation d’un enseignant à Conflans-Ste Honorine. Tragédie suivie d’une seconde décapitation dans la basilique de Nice et un attentat au fusil d’assaut dans la capitale de l’Autriche. Rêvée par de belles consciences allergiques au mot « frontière », l’idéale Humanité, brassant des dizaines d’ethnies non-européennes, sombre chaque jour plus vite dans la violence et le sang. Des mots commencent à sortir des lèvres de politiciens jusque-là idéologiquement frileux : « barbarie », « ensauvagement de la France », « la République en péril ». D’abord simples propos de circonstance destinés à garroter l’hémorragie de leur électorat lorgnant vers les partisans d’un sursaut national, ces mots semblent faibles en regard du terrifiant défi lancé à nos nations européenne : sa soumission par la terreur à un courant religieux, excluant toute concession, qui lui est foncièrement étranger. À l’évidence, nos dirigeants gouvernementaux et les faiseurs d’opinions médiatiques prennent peur. Et pourtant, ils se refusent encore à réagir avec vigueur devant tous ces drames car, pour eux, le seul avenir admissible ne s’inscrit que dans un mélange universel des peuples et des cultures. Alors, posons la question à laquelle ils ne répondront jamais. Pourquoi?

LA NOTION DE FORME ET LA FASCINATION DE L’INFORME.

Depuis des temps fort anciens et sans doute guère possible à dater faute de matériaux narratifs et archéologiques, deux tendances dominantes agissent en sens contraires dans le domaine civilisationnel. La première polarise tout ce qu’exprime l’ordre fait de rigueur et d’harmonie présent dans l’univers. Cet ordre confère à chaque chose une « forme » (une apparence résultant d’une constitution) qui lui correspond ; depuis le plus modeste végétal, sinon minéral, jusqu’à un astre prenant sa place parmi des milliards d’étoiles au sein de la galaxie. Ici, la notion d’ordre est inhérente à celle de « forme » et s’impose comme le contraire de ce que l’on entend en utilisant le terme anglo-saxon open. Il faut redire que la « forme » révèle une identité, autrement dit la capacité d’appartenance à une espèce bien définie. Cette notion est exprimée dans l’Inde arya par le mot Dharma désignant l’ « ordre universel », synonyme de « loi éternelle », et auquel on associe les mots « devoir », « droiture », « vertu ». Le Dharma est emblématisé par une roue comportant généralement huit rayons. Nous sommes là en présence de l’un des symboles fondamentaux. Symbole d’une priorité si l’on veut sortir de l’odieuse parodie de société que nous subissons de nos jours.

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La roue du Dharma, sculpture du temple de Hindu Surya à Konârak, XIIIème siècle. Notez les huit rayons qui manifestent les huit directions cardinales (les quatre principales et les quatre intermédiaires). Plus minces et parfaitement droits, huit autres rayons s’ajoutent à l’ensemble.

Aux personnes qui n’auraient pas dans leur bibliothèque l’indispensable étude intitulée La Roue et le Sablier, de notre ami Pierre-Émile Blairon, nous en conseillons vivement la lecture. Cette roue est une image de référence qui permet de mémoriser le fait qu’entre la périphérie figurant le perpétuel changement – qui marque notre monde – et l’immuabilité du moyeu positionné au centre, il y a les « rayons » énonçant le fait qu’ « éclairement » (de la conscience) et « rectitude » (comportementale) sont indissociables. Le « moyeu » figure ce qui rassemble en un même concept l’origine et l’ultime. Certains parleraient de l’Alpha et de l’Oméga. C’est l’ « invariable milieu » sans lequel tout ce qui existe n’est qu’insignifiance. Expliquons-nous.

Puisqu’il faut aller à l’essentiel, disons que l’une des choses les plus caractéristiques du vécu contemporain c’est l’invraissemblable marécage dans lequel s’enfonce la société. Là, nous abordons la polarité inverse de celle que nous venons d’énoncer. Le mot « marécage » s’impose puisque le socle sur lequel devrait reposer l’état et ses citoyens est devenue meuble, instable, quasiment liquide. De fait, tout ce qui semblait solide se ramollit, se disloque et se décompose. Ainsi en est-il des institutions et des cerveaux qui s’embourbent. Des phrases prononcées par un personnages gouvernemental (remplacé depuis) le prouvent amplement : « manifestation interdite mais autorisée », « l’émotion prime le droit » et surtout « soupçons avérés », impérissable formule car oxymoronique à souhait. Tout cela révèle une dissolution de l’autorité et, par conséquent, le renoncement à maintenir ce qui, depuis longtemps, apparaît comme une République invertébrée au bord de l’écroulement. Face à ce festival de paroles et de réactions, tout à la fois pathétique et burlesque, la symbolisation du Dharma présente un message direct. Et, revenant à la roue, cette figure est de beaucoup plus efficace que la langue de bois (fortement vermoulu) des politiciens et diverses logorrhées ministérielles sinon présidentielles. Dirigeants dépassés et populations désemparées sont emportés par le mouvement de la roue qui, à la fin de notre cycle, s’accélère et semble s’emballer. L’existence du centre – le moyeu - où demeure immuablement ce qui a pouvoir de péréniser un ensemble sociétal est ignoré d’un monde dans lequel les valeurs éthiques ont été remplacées par des concepts aberrants légitimant les faiblesses, les carances, voire les dépravations d’individus désormais sans repères. Et ce, précisément, parce que tout ce qui pouvait reconduire au centre a été effacé ou brisé : les rayons évocateurs de « clarté », de « rectitude », de « droiture » et, en conséquence, de « rigueur » se sont évanouis ; leur existence même est devenue illégitime. Une attitude inflexible, tant sur le plan individuel que collectif, une fermeté au niveau étatique, une exigence face à des propos ou des comportements ineptes sont maintenant impensables dès lors que jugés contraires à je ne sais quel supposé « humanisme » fabriqué afin de dissimuler une veulerie généralisée et, n’hésitons pas à le dire, institutionalisée… Ou peut-être pire encore, témoignant de l’intention non avouée d’altérer les capacités réactives d’un peuple afin, progressivement, de le débiliser. Conditionné au point de n’avoir plus d’instinct de survie, ce peuple est mûr pour son remplacement par une grande armée d’envahisseurs venue d’autres continents.

LA TABLE RONDE COMME EXEMPLE

Repassé récemment sur Arte, un film des années cinquante, signé Richard Thorpe[2],  Les Chevaliers de la Table Ronde, montrait une image qui, chez certaines personnes de ma génération, s’imprima emblématiquement : on voyait la fameuse assemblée circulaire des preux arthuriens et leurs épées toutes posées sur la grande table de pierre, pointes vers le centre. Visuellement un soleil de fer ! Moralement une puissance décisionnaire prête à intervenir à tout instant. Les rayons de la « roue  dharmique » se sont mués en lames redoutables. Ce rassemblement des épées induit immédiatement l’idée d’unité d’une nation. Unité s’affirmant par le pouvoir de ces aciers lorsque c’est nécessaire. Nos responsables politiques devraient afficher dans leur bureau la photo d’une pareille circularité évacuant toutes les dérisoires « tables rondes » supposées conciliatrices à force de parlottes. Avec le thème d’une élite chevaleresque disposée ainsi, c’est une société  « prenant forme » à partir d’un « centre » que manifeste Arthur, personnage dont le nom, de par son origine celtique (art signifiant « ours »), reconduit aux deux constellations marquant le Nord (la Grande Ourse) et le Pôle (la Petite Ourse), autrement dit le double rappel d’un foyer civilisationnel à l’origine de l’Europe.

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Une image du film de Richard Thorpe. Sur la photo, chaque chevalier s’apprête à poser son épée sur la célèbre Table, pointe vers le centre. En blanc, Merlin lève sa dextre pour consacrer l’assemblée. Image reprise des décennies plus tard dans un second film intitulé Lancelot, premier chevalier, dans lequel Richard Gere incarnait Lancelot et Sean Connery campait un impressionnant roi Arthur. Opus de Jerry Zucker, 1994. Ci-dessous une image de cette production : la Table Ronde rassemblant les épées. Au centre du cercle un feu rituel est allumé. Comme on le voit, une épée manque. C’est celle du chevalier félon, Méléagant.

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On notera que le centre de la Table reproduit le hiéroglyphe du Soi  (un cercle avec un point au milieu) symbolisant le « soleil intérieur »,  , la partie immortelle d’un être. Ce signe se retrouve sur les gravures rupestres de la Vallée des Merveilles ainsi qu’à Bohuslan en Scandinavie.

Le malheur, aujourd’hui, c’est qu’une telle image n’a plus le pouvoir d’interpeller la mémoire de nos dirigeants et autres postulants aux responsabilités étatiques. Et ne nous leurrons pas, comment parlerait-elle à une partie (conséquente, hélas !) de notre jeunesse française que l’on sait étourdie par un climat sociétal exaltant un hédonisme débridé à base de « shit », d’alcool et d’un vacarmisme musical. Reste, comme toujours, une minorité qui, à rebours d’une indifférence mortifère, se veut farouchement déterminée à ne pas sombrer. Bien que restreint, ce nombre saura voir dans le cercle des épées, évocateur du rougeoiment des forges et d’une brillance héroïque, l’équivalent européen de la roue du Dharma.

 En allant à l’essentiel, au point le plus radical du présent imbroglio politico-idéologique, nous dirons que toute l’Histoire de l’Humanité se ramène à l’irréductible antagonisme entre ce qui valorise la (notion de) « forme » et ce qui s’y oppose. Pour la première fois peut-être depuis des temps oubliés, on dirait qu’un courant doctrinaire, disposant de prosélytes dans nombre de nations, a décidé d’éradiquer ce qui, chez divers peuples, se reliait encore, même de façon ténue, à un ordre « principiel ». D’où l’enragement actuel consistant à s’attaquer à l’identité – impliquant, au premier chef, l’épiderme – de ce qu’il est désormais convenu de nommer, dans notre mouvance, « Albo-Européens ». Cette dernière formule, bien que n’étant nullement agressive, voire provocatrice, envers d’autres éthnies sera, n’en doutons pas, considérée de façon malveillante par tout les individus endémiquement déterminés à dénoncer les actes de dissidence d’avec le brassage perçu comme obligatoire des peuples et des cultures.

LE GRAAL AU RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE

Plusieurs enluminures médiévales montrent la table ronde sous l’aspect d’un disque dont la partie centrale, découpée, présente un vide. Et c’est sur ce circulaire espace que se tient le Graal porté par deux silhouettes immatérielles ailées.

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Nimbé d’arc-en-ciel, l’objet surnaturel a l’apparence d’un ciboire d’or et non d’un calice. L’artiste privilégie un réceptacle entièrement clos, sans doute pour occulter ce qu’il contient. Mais, si cette sorte de ciboire émet un rayonnement c’est que, d’une façon évidente, son contenu n’appartient pas au monde humain. On sait qu’il s’agit du sang christique recueilli, dit-on, au moment où le centurion Longinus porta le coup de lance au flanc droit du Galiléen. Or, ce dernier avait, sur le mont Thabor, révélé sa surnature - à Pierre, Jacques et Jean - par la luminosité de ce qu’il est convenu de nommer le « corps glorieux ». Sur l’enluminure, le « sang-lumière » irradie à travers le métal du ciboire. Dans divers articles, il m’a été donné de montrer que ce thème du corps glorieux, fondamental dans l’ésotérisme chrétien, est en fait la transcription de ce qu’incarne Apollon dans le paganisme grec et BaldR dans celui des Germano-Scandinaves ; état que le professeur Régis Dutheil dénomme l’Homme superlumineux. Il s’agit de la cime de l’accomplissement de l’être. Un tel corps de lumière est synonyme d’immortalité et prend place dans l’éternité. Mais le plus important c’est que le sang se révèle porteur de cette lumière. Le sommet de notre identité spirituelle dépend donc d’un sang méritant d’être qualifié de supérieur. Compte tenu que le thème apollinien est indissociable du royaume hyperboréen, allusif à l’origine du génotype « albo-européen », et qu’à leur façon les rédacteurs des récits du Graal exprimèrent une idée semblable, on pourrait dire que l’image du sang-lumière est la transcription d’un apanage  suprahumain. Ajoutons à cela que, comportant les fameux quatre Âges, la doctrine du cycle étant commune à tous les peuples indo-européens on comprendra aisément que le retour annoncé de l’ « état » (à la fois sociétal et individuel) premier et, donc, de la toute-puissance que cela suppose, ne peut qu’apparaître intolérable à tous les individus viscéralement (disons psycho-somatiquement) aux antipodes de ce qu’un tel « état » signifie. J’ai montré dans un autre ouvrage en quoi, dans le Perceval  de Chrétien de Troyes,  la symbolique du Graal et plus particulièrement de son cortège, dans le Perceval, renvoyait à une spécificité génotypique inhérente à l’Europe[3].

Il est possible d’affirmer que le thème du Graal a été conçu, par le biais d’une interrogation sur ce que représente cet objet surnaturel, de façon à raviver la conscience des origines fondatrices de notre nature d’ « Albo-Européens ». C’est comme si le (en fait, je serais tenté d’écrire les) créateur(s) de ce légendaire si prégnant avai(en)t compris que la fin du cycle annonçait un risque majeur de disparition de nos peuples causée par une substitution de population. À l’encontre d’un tel effarant programme, combien révélateur de l’achèvement de ce cycle, les intelligences veillant au devenir de l’Europe (et, principalement, de notre nation, la France) conçurent le thème du Graal. Le lumineux calice d’or fut imaginé afin de remettre en mémoire l’origine civilisationnelle (à l’intention de qui saurait en décrypter la signification véritable) et de livrer une fascinante image porteuse du message suivant : le sang est consubstantiel à l’excellence. En l’occurrence un sang tellement pur qu’il se change en lumière ; et ce, afin, sans doute, d’illuminer l’avenir espéré. Ne dirait-on pas qu’à travers le péril principal qui menace nos peuples, à savoir, redisons-le, un remplacement de population, c’est bien d’un sursaut voué à sauvegarder l’homogénéité ethnique auquel on assiste actuellement dans l’irruption partout de mouvements identitaires confluant avec le bouillonnement des populismes ?

LES U. S. A. AU BORD D’UNE TEMPÊTE POLITIQUE

Quelques mots concernant les U. S. A. Au moment où nous terminions ce texte, les élections présidentielles américaines, aux dires d’informations multiples ne venant pas seulement du camp « trumpiste », ont été accompagnées par un festival de fraudes sans précédent. Si cela devait s’avérer vrai et que les partisans de Trump (je précise bien Trump et non républicain tant un certain nombre d’élus sous cette étiquette se révèlent aussi acquis à l’idéologie mondialiste que leurs adversaires démocrates) parviennent à révéler la forfaiture dans toute son ampleur, alors, indéniablement, nous aurions la preuve qu’un Deep State dirige l’Amérique. Et surtout qu’une énorme entreprise de subversion a été mise en œuvre, selon les vœux des Soros,  Clinton et Obama pour mondialiser cette nation en ouvrant les vannes d’une immigration massive. La n° 2 du parti Démocrate, Kamala Harris, incarnant, par ses origines (jamaïcaine et indienne), ce melting pot tant espéré par les sans-frontiéristes enragés, est emblématique d’une société à laquelle travaillent depuis des décennies les concepteurs d’un monde à l’opposé de ce que représente la notion de « forme » évoquée plus haut.

La façon dont, de part et d’autre de l’Atlantique, les médias main stream se sont empressés d’annoncer la victoire de Biden marque de leur part l’irrépressible nécessité de se rassurer : ouf ! Le monde de l’intelligentsia peut respirer, Trump – qui n’a jamais été considéré comme un humaniste à leur sauce – est éliminé du jeu politique. Sauf que d’innombrables fraudes ont été commises par les démocrates et que le camp républicain accumule chaque jour une pléthore de preuves. Si Trump gagne juridiquement, ce sera bien plus qu’un coup de tonnerre dans le ciel de la « bien-pensance ». Ses partisans parlent d’une « tempête » qui se lève sur l’Amérique. Ne nous y trompons pas, nous sommes peut-être à la veille d’un évènement sans précédent qui marquerait la première grande défaite des mondialistes et de leur chef de file, Georges Soros.

Nous ne tarderons pas à savoir ce qu’il en est. En attendant de nous retrouver, excellente continuation à toutes et  tous.

Publications de l’équipe d’Hyperborée Magazine :

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Pierre-Émile Blairon : Chroniques d’une Fin de Cycle. Les enfers parodisiaques. Éditions Les Diffusions du Lore.

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Paul-Georges Sansonetti : Les Runes et la Tradition primordiale, réédition d’un ouvrage épuisé. Éditions Les Amis de la Culture européenne.

Présence de la Tradition primordiale (E. A. Poe, G. Meyrink, H. P. Lovecraft, J. R. R. Tolkien, Stanley Kubrick et d’autres…). Éditions de L’œil du Sphinx.

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Arcanes Polaires, Éditions Arqa.

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Le Graal d’Apollon, Éditions Terre et Peuple.

Notes:

[1] Comme on vient de l’apprendre, sa sœur, Assa, est consacrée personnalité de l’année par le magazine Time. Après cela, de beaux esprits oseront encore prétendre qu’il n’existe pas un « centre de commandement » transmettant des directives destinées à influencer les esprits.

[2] Robert Taylor tenait le rôle de Lancelot, Ava Gardner celui de Guenièvre et Mel Ferrer du  roi Arthur.

[3] Dans Le Graal d’Apollon, Éditions Terre et Peuple, Forcalquier, 2020, chapitre V.

jeudi, 24 décembre 2020

La pire des violences est celle des élites qui défendent leur domination

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La pire des violences est celle des élites qui défendent leur domination

Michel Maffesoli nous a accordé une interview sur le bilan d'une année hypocondriaque, passée à parler de maladie, et à la craindre. Il s'exprime notamment sur la stratégie de la peur, qui déploie la violence des élites pour conserver le contrôle de la société.
www.lecourrierdesstrateges.fr
 
 

La fin des rites, la fin de l'homme

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La fin des rites, la fin de l'homme

Par Riccardo Paccosi

Ex: https://www.ariannaeditrice.it

Le monde "durable" qui se matérialise sous nos yeux, apporte avec lui la fin des danses, la fin des chants choraux, la fin des cinémas, la fin des théâtres, la fin des concerts de rock.

Mais aussi la fin des fêtes religieuses, la fin des foires agricoles, la fin du tourisme de masse, la fin des rituels sportifs.

Elle s'accompagne également de l'interdiction des enterrements en certains lieux et à certaines périodes, de l'effondrement quantitatif des baptêmes, de la chute exponentielle des mariages, de la diminution des rassemblements familiaux pendant les vacances.

Tout élément rituel, ludique ou artistique-culturel qui pourrait, en somme, servir de lien entre l'individu et la communauté, cesse d'exister, les arts abdiquent leur rôle de célébration collective de la pólis pour s'adapter, sans opposer de résistance, à un destin de jouissance exclusivement individuelle et domestique.

En évoquant la relation entre les arts et la pólis, nous rappelons comment la naissance de l’art découle de cette culmination de la sphère collective que sont les rites.

Sacrificielle, saisonnière, propitiatoire ou apotropaïque, la dimension rituelle a toujours représenté - comme le soutiennent Durkheim, Malinowski, Frazer et bon nombre d’anthropologues - le principe originel et fondateur de la communauté et du contrat social.

Mais le rituel ne réalise pas seulement la reconnaissance de chaque homme individuel par rapport à sa communauté : il réalise aussi, de manière spéculaire, la reconnaissance de l'espèce humaine par rapport à l'univers.

L'existence finie et mortelle de l'homme, en fait, face à la substance infinie de la nature et du cosmos environnant, se trouve dans ce qu'Ernesto De Martino appelle « une crise de présence ». Les rites répondent donc à cette crise et la transmuent en une conscience de la relation, générant ainsi un sentiment et une sensation de connexion entre l'espèce humaine et le cosmos.

Cette conscience d'un univers extérieur et la célébration rituelle et collective de cette prise de conscience ont caractérisé l'espèce humaine depuis bien avant la découverte de la roue.

De ce point de vue, on peut donc dire que la société de la distanciation permanente, en annihilant toute forme de rituel collectif, aliène les humains du sens et du sentiment de leur connexion avec les autres humains et de leur connexion avec la nature et le cosmos environnants.

En conséquence, on peut conclure que la société de la distanciation aliène également l'homme de ce qui le définit comme espèce et de tout ce qui est inscrit dans la catégorie de l'humanité.

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mercredi, 23 décembre 2020

Voici les derniers articles publiés sur Strategika.

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Chers amis, 
 
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J'en profite pour vous souhaiter un joyeux et saint Noël.

Amicalement,

Pierre-Antoine Plaquevent
 
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