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samedi, 23 mai 2015

La Russie vote l'interdiction des ONG étrangères sur son sol

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La Russie vote l'interdiction des ONG étrangères sur son sol

Auteur : Emilie Defresne
Ex: http://zejournal.mobi

Illustration: « La Maison blanche » à Moscou. C’est le nom du bâtiment de la Douma (le Parlement russe)

Les membres de la Douma ont voté très majoritairement en -presque- dernière lecture, hier mardi, la loi sur le contrôle et l’interdiction des organisations étrangères installées en Russie et jugées « indésirables » par l’État. Le texte doit encore passer devant la chambre haute de la Douma, simple formalité, et être promulgué par Vladimir Poutine.

La loi donnera aux autorités les moyens d’interdire les ONG étrangères qui menaceraient la « sécurité de l’État ». Les ONG ont en effet la réputation de servir de couvertures à des réseaux d’espionnage, ou à des agents de déstabilisation étrangers.  Cette loi entend défendre les « fondements constitutionnels » de la Russie. Le pouvoir russe pourra poursuivre les employés de ces organisations, qui risqueront jusqu’à six ans de prison ou pourront se voir interdire d’entrée sur le territoire russe.

La loi permettra aussi de bloquer les comptes bancaires des ONG visées et les organisations russes qui recevront des fonds d’organisations indésirables devront justifier leurs actes.

Les députés ont invoqué « les organisations destructrices » travaillant en Russie, où elles peuvent menacer « les valeurs de l’Etat russe » et fomenter des « révolutions de couleurs », ces révolutions qui ont secoué plusieurs ex-républiques soviétiques au cours des dernières années et tout particulièrement l’Ukraine, par deux fois. La seconde ayant déclenché la guerre civile à la frontière de la Russie, en Novorossiya, où elle semble à nouveau reprendre de l’ampleur.

Ce projet de loi a été qualifié par « Amnesty International » (l’une des ONG qui risquent d’être visées par la prochaine loi), de « dernier chapitre dans la répression sans précédent contre les organisations non-gouvernementales ». Selon elle, la formulation imprécise du texte pourrait également cibler des entreprises étrangères. Le Parquet pourra juger « indésirable » une organisation sans passer par la justice.

« C’est une mesure préventive et personne n’a envie de devoir l’appliquer », a déclaré Alexandre Tarnavski, le rapporteur de la loi; elle est, selon lui, consécutive aux sanctions économiques contre la Russie. « Cette loi est une mesure dissuasive pour que les entreprises qui sont là pour faire des affaires ne se mêlent pas de politique ». 

Vladimir Poutine avait, dés son accession à la tête de la fédération de Russie, lutté contre les oligarchies qui se mêlaient de politique au service de leurs intérêts qui recoupaient le plus souvent des intérêts étrangers au détriment de la Russie. Les oligarques avaient du renoncer à se mêler de politique, les oligarchies qui n’avaient pas obtempéré avaient été démantelées. Le retour de la Russie à la prospérité et à l’indépendance avait été acquises à ce prix. 

Les intérêts étrangers qui ont pâti du redressement de la Russie, ont donc toutes les raisons de tenter de restaurer leurs anciennes procédures. C’est dans ce contexte qu’on peut aisément expliquer comme des mesures de rétorsions , les sanctions économiques dirigées par les USA contre la Russie qui sont intervenues après le retour de la Crimée à la Russie, selon le vœu de la population qui s’était exprimée par référendum.


- Source : Emilie Defresne

vendredi, 22 mai 2015

Pourquoi nos élites nous trahissent

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OTAN, Europe, privatisations: pourquoi nos élites nous trahissent
 
Le fossé entre peuple et élites n’a jamais été si grand en France depuis le départ du général de Gaulle. Mai 68 a servi d’introduction aux nouvelles élites hostiles.
 
Ecrivain
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

Le fossé entre peuple et élites n’a jamais été si grand en France depuis le départ du général de Gaulle. Mai 68 a servi d’introduction aux nouvelles élites hostiles, les élites mondialisées de Chevènement, qui ont mis à la retraite les générations précédentes pour mieux se remplir les poches et nous faire la morale.

Sophie Coignard recense courageusement depuis vingt ans l’incapacité de nos oligarchies, leur rapacité et maintenant aussi leur méchanceté. Voyez, par exemple, son opus sur L’Oligarchie des incapables (Albin Michel), que l’on peut recommander au même titre que le récent Richie (Grasset) de Raphaëlle Bacqué.

Il est normal qu’il y ait un « fossé » entre peuple et élites. Mais répétons-le, depuis Giscard et Mitterrand, ce fossé est devenu effarant. Le fichage des citoyens, l’adoption de lois scélérates contre nos libertés, la politique accélérée de Grand Remplacement, la liquidation de notre épargne et de nos revenus montrent que le comportement desdites élites ne relève plus seulement de l’incompétence mais plus gravement de la détestation.

Sophie Coignard ne le faisant pas, je m’attaquerai aux causes. On peut distinguer quelques belles causes récentes dans l’Histoire de France de l’après-gaullisme :

– Les privatisations des « eighties ». Ces privatisations ont rendu nos élites gourmandes. Elles les ont américanisées, ont donné aux banquiers tous les pouvoirs. Elles sont allées de pair, en Europe comme en Amérique, avec la montée des déficits et de la dette. On a appris à se rémunérer non pas dix fois plus qu’un employé, mais mille ou dix mille fois plus, si cet employé est bengali ou mauricien. Et on le fera en insultant les « minables » qui, dit Copé, « gagnent moins de cinq mille euros par mois ». À quand une indemnité de cinquante mille euros mensuels pour nos bons députés ?

– L’Europe : elle a créé, comme le voulait Brzeziński, une élite « fonctionnelle et non plus nationale ». Cette élite bureaucratique et aveugle continue sa course à l’abyme en insultant la caravane qui traîne.

– L’OTAN, enfin : depuis que nous y sommes retournés avec Chirac, Sarkozy et tous les traîtres de l’après-gaullisme, nous pouvons constater que l’information est encore plus truquée qu’avant (voyez comment Seymour Hersh casse en ce moment la Barack Obama et ses mensonges) et que les projets à venir sont pour le moins affolants : guerre contre la Russie à l’est et invasion africaine au sud, le tout sous la houlette de cette organisation fameuse pour sa honteuse gestion des attentats à l’époque de Gladio. La France était épargnée par les attentats, et ce n’est certes pas un hasard : lisez le livre d’une homme courageux sur Gladio, Daniele Ganser – lui aussi de la bonne gauche à l’ancienne.

Le présent montre que le Français, comme le chien Rantanplan, « sent confusément quelque chose » ; et l’expérience nous enseigne qu’il suit, soumis à la trique qui le mène à l’abattoir…

China’s Land Bridge to Europe

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EURASIAN ECONOMIC BOOM AND GEOPOLITICS:
 
China’s Land Bridge to Europe: The China-Turkey High Speed Railway

 

The prospect of an unparalleled Eurasian economic boom lasting into the next Century and beyond is at hand. The first steps binding the vast economic space are being constructed with a number of little-publicized rail links connecting China, Russia, Kazakhstan and parts of Western Europe. It is becoming clear to more people in Europe, Africa, the Middle East and Eurasia including China and Russia that their natural tendency to build these markets faces only one major obstacle: NATO and the US Pentagon’s Full Spectrum Dominance obsession.  Rail infrastructure is a major key to building vast new economic markets across Eurasia.

 

China and Turkey are in discussions to build a new high-speed railway link across Turkey. If completed it would be the country’s largest railway project ever, even including the pre-World War I Berlin-Baghdad Railway link. The project was perhaps the most important agenda item, far more so than Syria during talks in Beijing between Prime Minister Recep Tayyip Erdogan and the Chinese leadership in early April. The proposed rail link would run from Kars on the easternmost border with Armenia, through the Turkish interior on to Istanbul where it would connect to the Marmaray rail tunnel now under construction that runs under the Bosphorus strait. Then it would continue to Edirne near the border to Greece and Bulgaria in the European Union. It will cost an estimated $35 billion. The realization of the Turkish link would complete a Chinese Trans-Eurasian Rail Bridge project that would bring freight from China to Spain and England.1

 

The Kars-Edirne line would reduce travel time across Turkey by two-thirds from 36 hours down to 12. Under an agreement signed between China and Turkey in October 2010, China has agreed to extend loans of $30 billion for the planned rail network.2 In addition a Baku-Tbilisi-Kars (BTK) railway connecting Azerbaijan’s capital of Baku to Kars is under construction, which greatly increases the strategic importance of the Edirne-Kars line. For China it would put a critical new link in its railway infrastructure across Eurasia to markets in Europe and beyond.

 

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(Map: Yunus Emre Hatunoğlu)

 

Erdogan’s visit to Beijing was significant for other reasons. It was the first such high level trip of a Turkish Prime Minister to China since 1985. The fact that Erdogan was also granted a high-level meeting with Chinese Vice President Xi Jinping, the man slated to be next Chinese President, and was granted an extraordinary visit to China’s oil-rich Xinjiang Province also shows the high priority China is placing on its relations with Turkey, a key emerging strategic force in the Middle East.

 

Xinjiang is a highly sensitive part of China as it hosts some 9 million ethnic Uyghurs who share a Turkic heritage with Turkey as well as nominal adherence to the Turkish Sunni branch of Islam. In July 2009 the US government, acting through the National Endowment for Democracy, the regime-change NGO it finances, backed a major Uyghur uprising in which many Han Chinese shop owners were killed or injured. Washington in turn blamed the riots on Beijing as part of a strategy of escalating pressure on China.3 During Uyghur riots in Xinjiang in 2009, Erdogan accused Beijing of “genocide” and attacked the Chinese on human rights, a dicey issue for Turkey given their Kurd ethnic problems. Clearly economic priorities from both sides have now changed the political calculus.

 

Building the world’s greatest market

 

Contrary to the dogma of Milton Friedman and his followers, markets are never “free.” They are always manmade. The essential element to build new markets is building infrastructure and for the vast landmass of Eurasia railroad linkages are essential to those new markets.

 

With the end of the Cold War in 1990 the vast under-developed land space of Eurasia became open again. This space contains some forty percent of total land in the world, much of it prime unspoiled agriculture land; it contains three-fourth of the entire world population, an asset of incalculable worth. It consists of some eighty eight of the world’s countries and three-fourths of known world energy resources as well as every mineral known needed for industrialization. North America as an economic potential, rich as she is, pales by comparison.

 

The Turkish-China railway discussion is but one part of a vast Chinese strategy to weave a network of inland rail connections across the Eurasian Continent. The aim is to literally create the world’s greatest new economic space and in turn a huge new market for not just China but all Eurasian countries, the Middle East and Western Europe. Direct rail service is faster and cheaper than either ships or trucks, and much cheaper than airplanes. For manufactured Chinese or other Eurasian products the rail land bridge links are creating vast new economic trading activity all along the rail line.

 

Two factors have made this prospect realizable for the first time since the Second World War. First the collapse of the Soviet Union has opened up the land space of Eurasia in entirely new ways as has the opening of China to Russia and its Eurasian neighbors, overcoming decades of mistrust. This is being met by the eastward expansion of the European Union to the countries of the former Warsaw Pact.

 

The demand for faster rail transport over the vast Eurasian distances is clear. China’s container port activity and that of its European and North American destinations is reaching a saturation point as volumes of container traffic explode at double-digit rates. Singapore recently displaced Rotterdam as the world’s largest port in volume terms. The growth rate for container port throughput in China in 2006, before outbreak of the world financial crisis was some 25% annually. In 2007 Chinese ports accounted for some 28 per cent of world container port throughput. 4 However there is another aspect to the Chinese and, to an extent, the Russian land bridge strategies. By moving trade flows over land, it is more secure in the face of escalating military tensions between the nations of the Shanghai Cooperation Organization, especially China and Russia, and NATO. Sea transport must flow through highly vulnerable narrow passageways or chokepoints such as the Malaysian Straits of Malacca.

 

The Turkish Kars-Edirne railway would form an integral part of an entire web of Chinese-initiated rail corridors across the Eurasian landmass. Following the example of how rail infrastructure transformed the economic space of Europe and later of America during the late 19th Century, the Chinese government, which today stands as the world’s most efficient railroad constructor, has quietly been extending its rail links into Central Asia and beyond for several years. They have proceeded in segments, one reason the vast ambition of their grand rail infrastructure has drawn so little attention to date in the West outside the shipping industry.


China builds Second Eurasian Land Bridge

 

By 2011 China had completed a Second Eurasian Land Bridge running from China’s port of Lianyungang on the East China Sea through to Kazakhstan’s Druzhba and on to Central Asia, West Asia and Europe to various European destinations and finally to Rotterdam Port of Holland on the Atlantic coast.

 

The Second Eurasian Land Bridge is a new railway connecting the Pacific and the Atlantic that was completed by China to Druzhba in Kazakhstan. This newest Eurasia land bridge extends west in China through six provinces–Jiangsu, Anhui, Henan, Shaanxi, Gansu, and Xinjiang autonomous region, which neighbors respectively with Shandong Province, Shanxi Province, Hubei Province, Sichuan Province, Qinghai Province, Ningxia Hui Autonomous Region and Inner Mongolia. That covers about 360,000 square kilometers, some 37% of the total land space of China. About 400 million people live in the areas, which accounts for 30% of the total population of the country. Outside of China, the land bridge covers over 40 countries and regions in both Asia and Europe, and is particularly important for the countries in Central and West Asia that don’t have sea outlets.

 

In 2011 China’s Vice Premier Wang Qishan announced plans to build a new high-speed railway link within Kazakhstan, linking the cities of Astana and Almaty, to be ready in 2015.  The Astana-Almaty line, with a total length of 1050 kilometers, employing China’s advanced rail-building technology, will allow high-speed trains to run at a speed of 350 kilometers per hour.

 

DB Schenker Rail Automotive is now transporting auto parts from Leipzig to Shenyang in northeastern China for BMW. Trains loaded with parts and components depart from DB Schenker’s Leipzig trans-shipment terminal in a three-week, 11,000 km journey to BMW’s Shenyang plant in the Liaoning province, where components are used in the assembly of BMW vehicles. Beginning in late November 2011, trains bound for Shenyang departed Leipzig once each day. “With a transit time of 23 days, the direct trains are twice as fast as maritime transport, followed by over-the-road transport to the Chinese hinterland,” says Dr. Karl-Friedrich Rausch, member of the management board for DB Mobility Logistics’ Transportation and Logistics division. The route reaches China via Poland, Belarus, and Russia. Containers have to be transferred by crane to different gauges twice—first to Russian broad gauge at the Poland-Belarus border, then back to standard gauge at the Russia-China border in Manzhouli.5

 

In May 2011 a daily direct rail freight service was launched between the Port of Antwerp, Europe’s second-largest port, and Chongqing, the industrial hub in China’s southwest. That greatly speeded rail freight transport across Eurasia to Europe. Compared to the 36 days for maritime transport from east China’s ports to west Europe, the Antwerp-Chongqing Rail Freight service now takes 20 to 25 days, and the aim is to cut that to 15 to 20 days. Westbound cargo includes automotive and technological goods, eastbound shipments are mostly chemicals. The project was a major priority for the Antwerp Port and the Belgian government in cooperation with China and other partners. The service is run by Swiss inter-modal logistics provider Hupac, their Russian partner Russkaya Troyka and Eurasia Good Transport over a distance of more than 10,000km, starting from Port of Antwerp through to Germany and Poland, and further to Ukraine, Russia and Mongolia before reaching Chongqing in China.6

 

The Second Eurasian Land Bridge runs 10,900 kilometers in length, with some 4100 kilometers of that in China. Within China the line runs parallel to one of the ancient routes of the Silk Road. The rail line continues across China into Druzhba where it links with the broader gauge rail lines of Kazakhstan. Kazakhstan is the largest inland country in the world. As Chinese rail and highways have expanded west, trade between Kazakhstan and China has been booming. From January to October 2008, goods passing through the Khorgos port between the two nations reached 880,000 tons – over 250% growth compared with the same period a year before. Trade between China and Kazakhstan is expected to grow 3 to 5 fold by 2013. As of 2008, only about 1% of the goods shipped from Asia to Europe were delivered by overland routes, meaning the room for expansion is considerable.7

 

From Kazakhstan the lines go on via Russia and Belarus over Poland to the markets of the European Union.

 

Another line goes to Tashkent in Uzbekistan, Central Asia’s largest city of some two millions. Another line goes west to Turkmenistan’s capital Asgabat and to the border of Iran.8  With some additional investment, these links, now tied to the vast expanse and markets of China could open new economic possibilities in much-neglected regions of Central Asia. The Shanghai Cooperation Organization (SCO) could provide a well-suited vehicle for coordination of a broad Eurasian rail infrastructure coordination to maximize these initial rail links. The members of the SCO, formed in 2001, include China, Kazakhstan, Russia, Kyrgyzstan, Tajikstan, Uzbekistan with Iran, India, Mongolia and Pakistan as Observer Status countries.

 

Russia’s Land Bridge

 

Russia is well positioned to benefit greatly from such an SCO strategy. The First Eurasian Land Bridge runs through Russia along the Trans-Siberian Railway, first completed in 1916 to unify the Russian Empire. The Trans-Siberian remains the longest single rail line in the world at 9,297 kilometers, a tribute to the vision of Russian Sergei Witte in the 1890s. The Trans-Siberian Railway, also called the Northern East-West Corridor, runs from the Russian Far East Port of Vladivostok and links in Europe to the Port of Rotterdam some 13,000 kilometers. At present it is the less attractive for Pacific-to-Atlantic freight because of maintenance problems and maximum speeds of 55 km.

 

There are attempts to better use the Trans-Siberian Land Bridge. In January 2008 a long distance Eurasian rail freight service, the “Beijing-Hamburg Container Express” was successfully tested by the German railway Deutsche Bahn. It completed the 10,000 km (6,200 miles) journey in 15 days to link the Chinese capital to the German port city, going through Mongolia, the Russian Federation, Belarus and Poland. By ship to the same markets takes double the time or some 30 days.  This route, which began commercial service in 2010 incorporates a section of the existing Trans-Siberian Railway, a rail link using a broader gauge than either Chinese or European trains, meaning two offloads and reloads onto other trains at the China-Mongolia border and again at the Belarus-Poland border.

 

Were the Trans-Siberian railway passage across Russian Eurasian space to be modernized and upgraded to accommodate high-speed freight traffic, it would add a significant new economic dimension to the economic development of Russia’s interior regions. The Trans-Siberian is double-tracked and electrified. The need is minimally to improve some segments to insure a better integration of all the elements to make it a more attractive option for Eurasian freight to the west.

 

There are strong indications the new Putin presidency will turn more of its attention to Eurasia. Modernization of the First Eurasian Land Bridge would be a logical way to accomplish much of that development by literally creating new markets and new economic activity. With the bond markets of the United States and Europe flooded with toxic waste and state bankruptcy fears, issuance of Russian state bonds for modernization or even a new parallel high-speed rail Land Bridge linking to the certainty of growing freight traffic across Eurasia would have little difficulty finding eager investors.  

 

Russia is currently in discussion with China and Chinese rail constructors who are bidding on construction of a planned $20 billion of new high-speed Russian rail track to be completed before the 2018 Russian hosting of the Soccer World Cup. China’s experience in building some 12,000 km of high speed rail in record time is a major asset for China’s bid. Significantly, Russia plans to raise $10 billion of the cost by issuing new railroad bonds.9

 

A Third Eurasian Land Bridge?

 

In 2009 at the Fifth Pan-Pearl River Delta Regional (PPRD) Cooperation and Development Forum, a government-sponsored event, the Yunnan provincial government announced its intention to accelerate construction of needed infrastructure to build a third Eurasian continental land bridge that will link south China to Rotterdam via Turkey over land. This is part of what Erdogan and Chinese Prime Minister Wen Jiabao discussed in Beijing this April. The network of inland roads for the land bridge within Yunnan province will be completed by 2015, said Yunnan governor Qin Guangrong. The project starts from coastal ports in Guangdong, with the Port of Shenzhen being the most important. It will ultimately go all the way through Kunming to Myanmar, Bangladesh, India, Pakistan and Iran, entering Europe from Turkey.10

 

The route would cut some 6,000-km from the sea journey between the Pearl River Delta and Rotterdam and allow production from China’s eastern manufacturing centers to reach Asia, Africa and Europe. The proposal is for completing a series of missing rail and modern highway links totaling some 1,000 Km, not that inconceivable. In neighboring Myanmar a mere 300 km of railways and highways are lacking in order to link the railways in Yunnan with the highway network of Myanmar and South Asia. It will help China pave the way for building a land channel to the Indian Ocean.

 

The third Eurasian Land Bridge will cross 20 countries in Asia and Europe and have a total length of about 15,000 kilometers, which is 3,000 to 6,000 kilometers shorter than the sea route entering at the Indian Ocean from the southeast coast via the Malacca Straits. The total annual trade volume of the regions the route passes through was nearly US$300 billion in 2009. Ultimately the plan is for a branch line that would also start in Turkey, cross Syria and Palestine, and end in Egypt, facilitating transportation from China to Africa. Clearly the Pentagon’s AFRICOM and the US-backed Arab Spring unrest directly impacts that extension, though for how long at this point is unclear. 11

 

The geopolitical dimension

 

Not every major international player is pleased about the growing linkages binding the economies of Eurasia with western Europe and Africa. In his now famous 1997 book, “The Grand Chessboard: American Primacy and its Geostrategic Imperatives”, former Presidential adviser Zbigniew Brzezinski noted,

 

“In brief, for the United States, Eurasian geo-strategy involves the purposeful management of geo-strategically dynamic states…To put it in a terminology that harkens back to the more brutal age of ancient empires, the three grand imperatives of imperial geo-strategy are to prevent collusion and to

 

maintain security dependence among the vassals, to keep tributaries pliant and protected, and to keep the barbarians from coming together.” 12

 

The “barbarians” that Brzezinski refers to are China and Russia and all in between. The Brzezinski term “imperial geo-strategy” refers to US strategic foreign policy. The “vassals” he identifies in the book as countries like Germany, Japan and other NATO “allies” of the US. That Brzezinski geopolitical notion remains US foreign policy today. 13

 

The prospect of an unparalleled Eurasian economic boom lasting into the next Century and beyond is at hand.

 

The first sinews of binding the vast economic space have been put in place or are being constructed with these rail links. It is becoming clear to more people in Europe, Africa, the Middle East and Eurasia including China and Russia that their natural tendency to build these markets faces only one major obstacle: NATO and the US Pentagon’s Full Spectrum Dominance obsession.  In the period prior to World War I it was the decision in Berlin to build a rail land link to and through the Turkish Ottoman Empire from Berlin to Baghdad that was the catalyst for British strategists to incite the events that plunged Europe into the most destructive war in history to that date. This time we have a chance to avoid a similar fate with the Eurasian development. More and more the economically stressed economies of the EU are beginning to look east and less to their west across the Atlantic for Europe’s economic future.

 

*F. William Engdahl is author of several books on contemporary geopolitics including A Century of War: Anglo-American Oil Politics and the New World Order. He is available via his website at www.engdahl.oilgeopolitics.net

 

Notes:

 

 

 

1 Sunday’s  Zaman, Turkey, China mull $35 bln joint high-speed railway project, Istanbul, April 14, 2012, accessed in

 

http://www.sundayszaman.com/sunday/newsDetail_getNewsById.action?newsId=277360.

 

2 Ibid.

 

3 F. William Engdahl, Washington is Playing a Deeper Game with China, Global Research, July 11, 2009, accessed in http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=14327.

 

4 UNCTAD, Port and multimodal transport developments,2008,  accessed in http://www.thefreelibrary.com/Chapter+5%3a+Port+and+multimodal+transport+developments.-a0218028142.

 

5 Joseph O’Reilly, BMW Rides Orient Express to China, Global Logistics, October 2011, accessed in http://www.inboundlogistics.com/cms/article/global-logistics-october-2011/.

 

6 Aubrey Chang, Antwerp-Chongqing Direct Rail Freight Link Launched, May 12, 2011, accessed in

 

http://www.industryleadersmagazine.com/antwerp-chongqing-direct-rail-freight-link-launched/

 

7 CNTV, Eurasian land bridge, March 12, 2011, accessed in http://english.cntv.cn/program/china24/20111203/108360.shtml.

 

8 Shigeru Otsuka, Central Asia’s Rail Network and the Eurasian Land Bridge, Japan Railway & Transport Review 28, September 2001, pp. 42-49.

 

9 CNTV, Russian rail official: Chinese bidder competitive, November 21,2011, accessed in

 

http://english.cntv.cn/program/bizasia/20111121/110092.shtml

 

10 Xinhua, Yunnan accelerates construction of third Eurasia land bridge, 2009, accessed in http://www.shippingonline.cn/news/newsContent.asp?id=10095

 

11 Li Yingqing and Guo Anfei, Third land link to Europe envisioned, China Daily, July 2, 2009, accessed in

 

http://www.chinadaily.com.cn/china/2009-07/02/content_8345835.htm.

 

12 Zbigniew Brzezinski, The Grand Chessboard, 1997, Basic Books, p. 40. See F. William Engdahl, A Century of War: Anglo-American Oil Politics and the New World Order, Wiesbaden, 2011, edition.engdahl, for details of the role of the German Baghdad rail link in World War I.

 

13 Zbigniew Brzezinski, op. cit. p.40.

jeudi, 21 mai 2015

Voyage au pays de l'essentialisme

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Archives 2012

Front de Gauche/FN: Voyage au pays de l’essentialisme

Par Pierre Bérard

Ex: http://fr.novopress.info

Le journal Le Monde publiait récemment la tribune d’un professeur d’histoire, Bruno Belliot, titrée « Le Front de Gauche est un mouvement républicain, contrairement au FN ». Faisant le procès de l’UMP et du FN tout en dédouanant les angéliques du PC et du FdG français, cette tribune contenait tout l’argumentaire médiatique habituel sur l’incompatibilité du FN et de la République, colporté tant par certains politiques ignorants que par des journalistes incultes qui mettent leur complaisance au service d’une cause inavouable : la nostalgie du totalitarisme stalinien. Sa participation au camp des vainqueurs de 1945 n’empêche pas, en effet, le PCF de s’être rendu coupable de complicité avec la tyrannie.

Le sens de l’affaire est limpide, toujours et encore culpabiliser le camp de la « droite » : « C’est pourquoi, il m’est intolérable d’entendre, de lire (comme de voir dessiner), qu’un parallèle peut être fait entre Mélenchon, les communistes, les candidats du Front de Gauche et l’extrême droite du FN. Et que par conséquent, la droite n’aurait pas à rougir de ses alliances avec le FN puisque le PS s’allie avec le Front de Gauche. »

Dans un article publié sur le site la Droite strasbourgeoise, Pierre Bérard démontre non seulement l’inanité de cette culpabilisation mais démonte du même coup la notion de « droite républicaine » dont la signification reste à démontrer si l’on veut dire par là qu’il existerait en 2012 une droite qui ne le serait pas. Ce texte est reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.

***

Alors que tout change, y compris l’extrême gauche passée en 40 ans de la défense héroïque du grand soir prolétarien à celle lacrymale des sans-papiers, « armée de réserve » du capital qui exerce une pression discrète mais constante à la baisse des petits salaires (sinon on se demande bien pourquoi madame Laurence Parisot aurait, sur ce point, les mêmes idées déflationnistes que messieurs Krivine et Mélanchon. Certes, on peut toujours s’évertuer à penser que la dirigeante du MEDEF est secrètement passée du coté obscur de la force et qu’elle contraint ses amis à cultiver une forme peu banale de masochisme altruiste. Hypothèse peu probable, reconnaissons-le. Tout change donc : le « socialisme » démocratique acquis, via l’Europe, depuis deux ou trois décennies au social-libéralisme, comme le « gaullisme » qui a renoncé à l’indépendance et au dogme du peuple souverain.

Tout change, sauf bien sûr l’extrême droite vue par Bruno Belliot, membre du Front de Gauche. Impavide, elle est semblable à elle même, immobile et pétrifiée comme les années trente du XX siècle en ont donné la définition rituelle, guettant dans l’ombre (évidemment) l’heure de sa revanche, ourdissant des complots comme celui de la Cagoule, collaborant avec l’ennemi durant l’Occupation, se relevant avec le poujadisme puis l’OAS pour finir par renaitre avec le Front National. Elle est là, figée, telle que la vulgate médiatique en fait le portrait, une vulgate inspirée par l’antifascisme stalinien qui nous ressert toujours le même plat continûment réchauffé depuis 80 ans, comme l’a très bien montré François Furet. Cette paresse a fini par s’inscrire comme un habitus dans nos mœurs et nos tics de langage.

Pourtant, en ce qui concerne le procès le plus sévère instruit contre l’extrême droite, sa collaboration avec le régime nazi ou ses soi-disant affidés, qu’en est-il ?

Pour ce qui est de la résistance et de la collaboration, puisque c’est sur ce sombre épisode que s’enrochent la plupart des mythes fondateurs de l’histoire sainte dont se réclame Bruno Belliot, rappelons quelques faits marquants qui n’appartiennent nullement à une vision révisionniste de l’histoire. C’est le 26 septembre 1939 que le Parti Communiste est interdit par le gouvernement dirigé par un des chefs du Front Populaire, Édouard Daladier. Pour quelle raison ? Parce que en bon disciple stalinien il continue d’approuver le pacte Germano-Soviétique d’août 1939 qui permettra le dépeçage de la Pologne, alliée de la France, entre les deux contractants. Passé dans la clandestinité, Jacques Duclos, un des principaux dirigeants du PCF, diffuse le premier octobre 1939 une lettre ouverte invitant le gouvernement à entamer des négociations de paix avec l’Allemagne hitlérienne qui étant pour l’heure l’alliée de l’URSS ne représente plus le condensé de la menace fasciste. C’est à la même époque que Maurice Thorez, secrétaire général du Parti, déserte face aux armées nazies, pour rejoindre la « patrie des travailleurs » (et du Goulag), ce qui lui vaut une condamnation à mort et la déchéance de la nationalité française.

Plus tard, la défaite de la France étant consommée, Jacques Duclos entre en contact dès le 18 juin 1940 avec les autorités allemandes d’occupation tout juste installées pour entreprendre une négociation. Dans quel but ? Permettre au Parti d’être à nouveau autorisé sur la base d’une bonne entente entre le peuple français et l’armée d’occupation. Duclos propose même d’orienter la propagande du Parti dans le sens d’une lutte contre le grand capital anglais et contre sa guerre impérialiste. Les allemands ne sont pas preneurs.

Ce n’est qu’en Juin 1941 que l’extrême gauche communiste entre dans la résistance active suivant en cela ses sponsors. L’Allemagne ayant en effet décidé d’attaquer l’URSS. Dans cette résistance active, les communistes arrivent bien tard pour y retrouver des hommes qui venaient souvent de l’extrême droite. Comment, en effet, qualifier autrement les partisans de la monarchie tels Daniel Cordier (secrétaire de jean Moulin), le célèbre colonel Rémy (premier agent gaulliste en France occupée), De Vawrin (chef des services secrets de la France libre). Ou encore des cagoulards comme Guillain de Benouville (dirigeant du mouvement Combat) et des centaines d’autres affreux tels Honoré d’Estienne d’Orves fusillé un mois après Guy Moquet, célébré par Sarkozy (à la suite du parti Communiste) et qui ne fut jamais résistant…

Il suffit de lire les deux livres que l’historien israélien Simon Epstein a consacré à cette période pour abandonner tout schéma manichéen, schéma auquel s’accroche désespérément Bruno Belliot pour nous conter sa fable d’une France coupée en deux avec d’un côté les représentants du Bien et de l’autre ceux du Mal, c’est à dire l’extrême droite éternelle.

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Dans « Les Dreyfusards sous l’Occupation » (2001) puis dans « Un paradoxe français » (2008), il montre, liste de noms à l’appui, que dans leur immense majorité les dreyfusards, anti-racistes, généralement pacifistes de gauche s’engagèrent dans la collaboration, tandis que nombre d’antidreyfusards et antisémites appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler la droite radicale germanophobe s’engagèrent dans la résistance etla France libre. Or ce paradoxe, on le comprend aisément, est peu abordé par l’histoire académique, prudente jusqu’à la couardise, permettant à une doxa politiquement correcte de prospérer sur les non dits de l’histoire savante. ce qui permet qu’aujourd’hui encore fleurissent des absurdités comme cette apologie du Front de Gauche intégrant trotskistes et communistes, dont peu, même dans une « droite » gagnée par la lâcheté, ose remettre en question les énoncés falsifiés. N’en reste pas moins vrai que les quatre cinquième de la chambre du Front Populaire ont accordé à un vieux maréchal, que sa réputation de laïque républicain plaçait au dessus de tout soupçon, les pleins pouvoirs. Il y avait très peu de députés d’extrême droite, pourtant, dans cette assemblée.

Quant à la reconnaissance du Parti Communiste comme parti républicain par le général de Gaulle en 1943-1944, avait-il le choix ? Il lui fallait composer avec une force majeure à l’époque. Son réalisme politique a contribué à mettre en selle un parti qu’il s’est empressé de combattre à partir de 1947 (création du RPF). De même, n’est ce pas un récipiendaire de la francisque qui nomma en 1981 des ministres communistes dans son gouvernement pour mieux étouffer un parti qui devait plus tard ramasser les dividendes putrides de son long flirt avec une URSS désormais honnie? Ce qui montre bien que la reconnaissance de tel parti comme « parti républicain » est avant tout une question de rapport de force. Le statut « républicain » accordé à un parti n’a que très peu de rapport avec les vérités de la science politique et beaucoup à voir avec la « realpolitik » de l’époque. Les définitions de la République sont évasives, comme tout ce qui ressort de la condition humaine. Chacun devrait savoir que depuis 1793,la République a changé de signification. En faire une monade surplombant dans le ciel le monde des Idées est une niaiserie platonicienne.

Pierre Bérard

Sur Novopress cet article a été publié initialement par son antenne régionale Novopress Breizh.

Éric Zemmour on the Suicide of France / Zemmour vs. Soral on the Decline of France

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Éric Zemmour on the Suicide of France

Éric Zemmour
Le Suicide français
Paris: Albin Michel, 2014

I approached Éric Zemmour’s door-stopper of a book, Le Suicide français, with some trepidation. I had not always been impressed with his previous work, he is after all one of “the System’s” journalists, and Alain Soral had spoken ill of it. My fears were for the most part unfounded: This is a very worthwhile book, indeed remarkably so for one promoted by mainstream media, notwithstanding its flaws, as we shall see.

Le Suicide is a chronicle of the gradual disintegration of France both as a nation and a state from the death of General Charles de Gaulle in 1970 to the present day. The culprits? The end of patriarchy, the rise of feminism, individualism, multiculturalism, globalized capitalism, European integration, and borderlessness in all spheres. Amazingly for a mainstream publication, the book explicitly highlights the contributions of Left-wing and ethnocentric Jews to this process, with full chapters on SOS Racisme’s Judeo-Trotskyite character, the tribal activism of the official Jewish lobby,[1] Bernard-Henri Lévy’s representing “the ruling ideology for dummies”[2] (19), and “the rise of the Shoah as the official religion of the French Republic” (383).

I was frankly very impressed that Zemmour would go so far in criticizing Jewish ethnocentrism and activism in his account,[3] this strikes me as going far beyond what your typical “neoconservative” fare.[4] No doubt he gets away with more than others would because he is a Sephardic Jew, nonetheless, his explicit positions on Jews and Afro-Muslims remain rather risqué for a mainstream career. Indeed, he was widely attacked upon the book’s release for defending the Vichy Regime’s policy of protecting French Jews over foreign ones (he estimates 90% of French Jews survived the war) and was fired by i>Télé from one of his pundit jobs when comments he gave to the Italian newspaper Corriere della Sera were interpreted as calling for the expulsion of all Muslims.

The book benefited from substantial media coverage, with Zemmour being repeatedly invited to various talk shows. The interviewers’ questions were often hostile but, were he really beyond the pale, they would not have given him such publicity in the first place. Le Suicide sold 400,000 copies between October and December 2014.

Le Suicide is rather similar in its fears and presentation to Thilo Sarrazin’s Deutschland schafft sich ab, which also examines the slow suicide of a great European nation. Deutschland is the work of an erudite German professor who, with all the dry rigor of a post-Prussian central banker familiar with Anglo-American studies of human biodiversity, steadily makes his case with a barrage of socio-economic data. Le Suicide in contrast is the latest polemic of a conservative journalist-turned-pundit, a professional provocateur (Zemmour has been called a “troll” more than once), each chapter presenting a colorful vignette of a key cultural, economic, social, political, or even sports moment in France’s decline. Zemmour’s work has the great merit of taking a holistic approach to national decline, exploring the complex mix of underlying causes and how they into the wider world and individual experience.[5] In doing this, he draws from an impressive array of mainstream and alternative sources (mostly French, naturellement, but also a few Anglophones and Europeans). Though he does not cite Soral, many of Zemmour’s points on feminism and Balkanization are very close (the two men apparently correspond regularly).

The book is of course not perfect. Zemmour is constantly using various rhetorical devices to exaggerate for effect: flowery metaphors, superficial analogies, pseudo-paradoxes. While certainly evocative in a single chapter – and perhaps more suited to the brevity of an op-ed or the spectacle of radio or television, where he excels – the repetitive use of such wordplay grows tiresome over time;[6] especially in a 527-page book. His rhetorical prowess is certainly impressive on occasion, as when he describes the Green movement:

Environmental politics would become this curious far-left movement which only speaks to the urban petty bourgeois; despising globalization and hating borders; advocates of local productions but with foreigners freely arriving from the entire world; defenders of the precautionary principle for nature (nuclear, GMOs, shale gas) but not for man (gay marriage, adoption by gay couples), nor for the nation (massive immigration, the right to vote and even of candidature for foreigners) [. . .]. (79-80)

Zemmour presents the most controversial points in indirect ways, using conditional or speculative qualifiers, or putting them in the mouths of others, especially concerning Jewish power (François Mitterrand and Jean-Marie Le Pen said there was a “Jewish lobby,” Muslims are anti-Semitic, Richelieu and De Gaulle were opposed to any “State within the State,” [259] etc.). This is a well-advised technique of plausible deniability. Soral has called Zemmour “a wily right-winger,” no doubt Savitri Devi would have classed him among the “clever Levantines.”

zerm53261.jpgThe book was often promoted by the media alongside Michel Houellebecq’s Soumission,[7] and indeed the two works share a number of themes, namely the negative effects of individualism, sexual liberation, and Jewish influence upon French society. The main difference is in the treatment of Islam: Whereas Houellebecq sees still-patriarchal Muslims as an opportunity to re-inject the French with values of Tradition, for Zemmour Islamization is an exclusively negative phenomenon.

Zemmour advocates, in effect, a return to the virtues of the Gaullist era, with a patriarchal, sovereign, non-aligned, state capitalist France without immigration; a defensible position, not dissimilar to that of a Patrick Buchanan in America. But how does one get from here to there? He knows full well the clock cannot and should not be turned back (we’d just end up back where we are).[8]

Here the book itself is rather silent. Indeed, too often Zemmour excessively idealizes the past or paints an unduly dark picture of the present. The trends are bad, of course, but everything has a silver lining. When Zemmour presents a purely negative picture of the Internet (218), because of its encouraging atomization and creating massive transnational IT giants, the points are well-taken, but it seems to me the net effect remains enormously positive in economic, cultural, and even social terms (such as enabling self-employment).

Zemmour then provides no explicit way out. He is asking a question, presenting a diagnostic. But I believe, similarly to Houellebecq, certain conclusions can be drawn from Le Suicide as a publishing event and Éric Zemmour as a political actor, which I think may also help to explain why a Sephardic Jew has become mainstream France’s leading advocate of “nationalism,” and why the media are promoting his particular brand of it.

Who is Éric Zemmour?

Zemmour’s biography helps to explain his personal positions and his place in the French politico-media system. He was born in 1958 in the Parisian département[9] of Seine-Saint-Denis to North African Jewish immigrants fleeing the Algerian War. His forefathers, along with 35,000 other Algerian Jews, were given full French citizenship in 1870 with the Crémieux Decree.[10] Seine-Saint-Denis has since become the most thoroughly Afro-Islamized département in the country, with considerable associated poverty and criminality.

While Zemmour’s father was an ambulance technician, the son studied at Sciences Po Paris, an elite grande école, and became a journalist for various media. He would go on to work as a political reporter for the conservative Figaro newspaper and a radio and TV pundit, where he would be (in)famous for his politically incorrect tirades (“most drug dealers are Black or Arab,” “If there were no races, there would also be no métissage [race-mixing]”).

Today Zemmour co-hosts a talk show on regional TV station Paris Première, has a morning op-ed on RTL radio, and a column for Figaro Magazine. He is now the most famous and influential nationalist voice allowed on French television, all but calling to vote for the Front National (although he has always been coy on this, claiming to not remember who he voted for in the 2012 presidential elections, the “democratic” French regime has yet to allow a single French pundit openly back the FN and still work in mainstream media, a party representing 10-25% of the vote). No doubt the diversity of his jobs, along with his book sales, provide him with some economic leeway to be more politically incorrect than most.

Zemmour is then a typical example of Jewish upward social mobility in post-Enlightenment, meritocratic Western societies, once secularization had made the Jewish/Christian divide apparently less salient. He and his family owe everything, from its being granted French citizenship in majority-Muslim Algeria, to the French Republic and nation. Zemmour seems to ask: Was France not the first nation to emancipate the Jews during the French Revolution? Did not Napoleon’s code civile not free all Jews from their ghettos wherever the French armies triumphed? Today, Paris is ringed by sullen, impoverished, crime-prone Afro-Islamic neighborhoods, and in particular his birthplace of Seine-Saint-Denis. The same people who, sixty years ago, a blink of an eye historically, kicked his parents out of Algeria, along with 1 million European settlers. Le Suicide is dedicated “to my father.”

As I have suggested elsewhere, I believe Zemmour wants to save France for the same reasons Ron Unz wants to save America [2]: because the end of Western civilization would be a tragedy for all, including the Jews. His audience is as much France’s elites, Jewish and indigenous,[11] as the general public, pleading: Why destroy France, where else have we been allowed to prosper so? Are we not “as happy as God in France”?[12] Do you really want to put French Jewry at the mercy of an Afro-Islamic majority, with Jewish children already bullied in some neighborhoods and Jews being periodically murdered by Muslim chavs-turned-jihadis?

The fact that Zemmour has been promoted by the politico-media system shows, I believe, that there is genuine intra-elite debate [3] in France on whether the French Republic and nation should be preserved or whether the current program of slow by steady abolition should be pursued to its logical conclusion.[13] He is the symbol of a possible change of course in the regime. Concretely, this would pass by the reconciliation of the ruling establishment with the Front National, which might then come to power alone or as part of a coalition, an action which would be useful insofar as it restored French politico-economic sovereignty, halted and then reversed migratory flows, and reinstituted freedom of speech on ethnic and historical questions. Such gains would no doubt be helpful in the demographic and cultural struggle, and gradual reconquest of our sovereignty and cohesion; were the FN to achieve power without them, this would be a sign of selling out to the regime.[14]

This strategy will no doubt strike many as too conservative or indeed foolhardy. Zemmour does not really explain how the forces of disintegration which destroyed his beloved 1960s France can be overcome, saying: “This enlightened conservatism was no doubt too subtle to resist the destructive folly of the age” (113). No doubt far more radical thinking and novel action will be eventually required.

Zemmour on Jews

Jews are an enormous presence in Le Suicide – between the dedicated chapters and references under other headings, perhaps 100 pages deal with the community’s members and organizations. This is suggestive of the enormous presence of Jews among France’s cultural, economic, legal, and political elites.[15]

Zemmour wants French Jews to return to the republican pact, to become what he calls “Israelites,” what Winston Churchill called “national Jews.” He quotes the Count of Clermont-Tonnerre’s argument for Jewish emancipation before the Constituent Assembly in 1789:

We must refuse everything to the Jews as a nation and accord everything to the Jews as individuals; they must form neither a political body nor an order within the State; they must individually be citizens. But, I will be told, they do not want to be citizens. Well then! If they do not want to be citizens, let them say it, let us banish them. It is loathsome that there be within the State a society of non-citizens and a nation within the nation. (259)

This meritocratic promise is why Zemmour is so infatuated with republican and even Napoleonic France[16]: Had the French Republic or the French Empire been stronger, there would have been no Third Reich and no persecution of the Jews of Europe.[17] Zemmour accuses organized Jewry – notably the CRIF – of betraying this promise. In his words they have “murdered Napoleon” and repeatedly refers to them as a “State within the State.”

Zemmour repeatedly describes left-wing Jewish agitation against the native French:

In the 1970s, the hatred of France was reinforced with a hatred of the French [. . .]. In this politico-historical context – [Robert] Paxton’s work [on Vichy], The Sorrow and the Pity, Night and Fog, etc. – inglorious memories return, of the war, of collaboration, of the extermination of the Jews. The youth, which did not experience the Occupation, ignorantly condemned the behavior of their fathers, guilty at once of having lost the war, collaborated, and handed over Jews. The leaders of leftist micro-groups [groupuscules] were mostly Jews, sons of those Ashkenazis who had been chased out, or handed over to the Germans, because they were not French citizens. [. . .]

But this youth – more imbued with Judeo-Christianity than they would care to admit – cannot mourn the loss of all millenialism, nor of all salvatory religion. The immigrant would be their new Christ, their new chosen people. His suffering would be that of the Jewish people; his oppressor – the French people of course – would be identified together in an implacable curse. (150)

He condemns left-wing Jews’ scapegoating of nationalists for various events, such as when a pro-Palestinian Arab bombed the Copernic Street synagogue in 1980:

Movements of young “anti-fascist and anti-racist” Jews hurried to demonstrate in the streets of the capital; others pillaged the Parisian head office of the European Nationalist Fasces, or fought with “neo-nazis” [. . .]; gunfire was shot against the Œuvre française office [. . .].[18] (183)

Zemmour’s account is not ideal. He recognizes the issue of dual loyalty while seeming to suggest Western Jews have no agency in the matter, citing “the effective action of the Israeli State’s PR, which had closely associated the Jewish communities of the entire world – and particularly those of the United States and France – to its destiny” (186). He wants to save our “civilization, Greco-Roman and Judeo-Christian” (523). He curiously described contemporary “French self-hatred” as modeled on nineteenth-century Jewish self-hatred (506). He describes the tensions between native French and African immigrants as a return of “the ancient conflict which we had thought long past between nomads and sedentaries,” a very strange choice of words, since after all those immigrants are generally looking to permanently settle (211).

Zemmour’s narrative on the relationship between post-revolutionary France and Jews is not entirely persuasive, but has a significant degree of truth. He recognizes that the nineteenth century Universal Israelite Alliance engaged in a “parallel diplomacy,” seeking to influence the French state in the sole interests of foreign Jewish communities. Zemmour appears to consider this a legitimate anti-Semitic grievance. Many French Jews did sincerely uphold French republicanism and some even died for it, like Marc Bloch. Jewish ethnocentrism has clearly become more overt and explicit since the 1960s.

Zemmour is then the strange successor to that other Jewish intellectual associated with France’s conservative establishment, Raymond Aron, though they radically differ in style.[19] The ever-hyperbolic and metaphorical Zemmour fears, as Aron did towards the end of his life 30 years ago, that the rise in explicit Jewish ethnocentrism, in particular since the 1967 Six Day War, will have adverse consequences. While the measured, conciliatory Aron was pessimistic on immigration and European decadence, Zemmour wants immigration ended and multiculturalism abolished, decadence arrested.

zemmbouq.jpgBut there is the same problem with Zemmour’s civic nationalism as with Aron’s or Soral’s: It only works in good times and is inherently unstable, just waiting to fall into debilitating contradictions or outright collapse as soon as any group’s ethnocentrism rises, causing other groups’ ethnocentrism to rise in retaliation and the usual escalation through mimetic rivalry. When the mass of society is ethnically divided, this leads to bloody partition. When a minority ethnic group is influential at the top of society, this leads a country’s elites to be hostile to majority-group ethnocentrism and supportive of the minority group’s (e.g. Israel). A multiethnic country is an accident waiting to happen.[20]

Notes

1. The Representative Council of Jewish Institutions of France (CRIF).

2. Given Lévy’s notorious ethnocentrism and Francophobia, this is in effect admitting that France is dominated by a MacDonaldian culture of critique. Kevin B. MacDonald, The Culture of Critique (First Books, 2002). Zemmour summarizes Lévy’s thesis thus: “Love of France is therefore the extermination of the Jews” (193) and accuses him of “alternating between pacifism on French TV shows, and nationalist pride in Jerusalem” (195).

3. Indeed, I thought some of these texts were so noteworthy they merited translation into English. Éric Zemmour, “The Rise of the Shoah as the Official Religion of the French Republic,” The Occidental Observer, May 12, 2015 http://www.theoccidentalobserver.net/2015/05/eric-zemmour-the-rise-of-the-shoah-as-the-official-religion-of-the-french-republic/ [4] Zemmour, “SOS Racisme: A Case Study in Anti-Nationalist Jewish Activism,” The Occidental Observer, May 14, 2014. http://www.theoccidentalobserver.net/2015/05/eric-zemmour-sos-racisme-a-case-study-in-anti-nationalist-jewish-activism/ [5]

4. Although, admittedly, I may not be in a good position to compare, as I have always been repulsed by, and rarely expose myself to, such brain poison.

5. The following extracts from Zemmour’s conclusion give a sense of his style and argument:

De Gaulle failed. Forty years after his death, his masterpiece is in ruins. [. . .]

For the most part our elites have abdicated. Our political elites have abandoned national sovereignty and independence in the name of the great European project. Our economic elites betray the interests of France in the name of globalization and a necessary internationalization. Over half the companies of the French stock exchange are owned by foreign funds. Industrial France no longer belongs to France. The French stock exchange has not welcomed new companies for 20 years. Bosses are leaving the Hexagon [metropolitan France], following or preceding their children who are studying in London, New York, Montreal, Los Angeles, establishing their companies in England, the Netherlands, America, Singapore or Shanghai, as though their future growth only depended on emerging countries, as though their past growth owed nothing to the dear old country.

Our media elites justify and exalt this great abdication, admonish and track down rare dissenters, and unleash a continuous flow of guilt-inducing moralism upon the public mind.

Their common objective is to bind France to the Western ensemble which will unite against the new threat from the East, in particular China. The transatlantic free trade agreement [TAFTA] has as its goal, in the words of the American negotiators, to build “an economic NATO.” This agreement would subject the European economy to U.S. health, technical, environmental, legal, and cultural norms; this would definitively spell the end of a coherent and independent Europe. (517-519)

He goes on:

For them [French elites], the cultural coherence which our people had been able to preserve, despite significant immigration in the nineteenth century, is suspect [. . .]. The future of our dear Hexagon lies between a vast touristic amusement park and Islamic fortresses, between Disneyland and Kosovo. The State is no more than an empty shell which has conserved only the worst Gaullian particularities (elite arrogance), without having the remarkable effectiveness. We would need the firm hand of a Colbert or a Pompidou for our lost industries to be reborn from their ashes. We would need an implacable Richelieu to relentlessly fight “the State within the State” [a thinly-veiled to organized Jewry, among others] and the “foreigners’ parties” [partis de l’étranger, serving foreign power, rather than immigrants] to destroy the “Islamic La Rochelles” which are being built on our territory; but we give way to the internal enemy which we have allowed to prosper, and we ally with foreign powers who feed it with their subsidies and religious propaganda – the Gulf Arab princes have replaced the Duke of Buckingham [. . .].

The anti-racist and multiculturalist ideology of globalization will be to the twenty-first century what nationalism was to the nineteenth and totalitarianism was to the twentieth: a warmongering messianic progressivism; we will have transferred war between nations to war within nations [. . .]

It’s the entire Occident which is suffering this gigantic movement of peoples, losing bearings, identities and certainties. [. . .]

France is dying, France is dead.

Our political, economic, administrative, media, intellectual, and artistic elites are spitting on her grave and trampling on her festering corpse. They draw social and financial gratification from this. All watch, with sarcasm and feigned emotion, the France that is being felled; and write with a bored and disdainful air, “the last pages of the history of France.” (525-7) 

This or similar expressions were used by presidents Charles de Gaulle and François Mitterrand. Zemmour quotes De Gaulle after he (temporarily) lost power in 1946: “French decadence began in the middle of the eighteenth century. Since, there have only been occasional resurgences. The last was in 1914. Me, I bluffed, and by bluffing I was able to write the last pages of the history of France.” (24) The journalist Georges-Marc Benhamou reported Mitterrand saying: “I am the last of the great presidents . . . Well, I mean the last in De Gaulle’s tradition. After me, there will not be any more in France . . . Because of  Europe . . . Because of globalization.” Georges-Marc Benhamou, Le dernier Mitterrand (Plon: 1996), 145-6.

6. “France is the sick man of Europe” (9, who isn’t sick in Europe?), Europeans’ settlement of America is likened to the Israelites’ flight from Egypt, the 1981 race riots of Vénissieux are termed the French Communists’ “Dien Bien Phu,” etc. Zemmour engages in hyperbolic excess to better condemn: France’s (limited) decentralization in the 1980s meant “the State was decapitated at the top after having been gnawed at from the bottom. The Gulliver inherited from Colbert, Napoleon, De Gaulle was bound, ridiculed, humiliated. Assassinated” (228). An excellent chapter on the difficult subject of European Central Bank President Jean-Claude Trichet begins with a just slightly overdone metaphor. “He was the final sovereign of a European continent which had abolished sovereignty in the name of peace. He was at once the Emperor Charlemagne and the last head of the French State” (483).

7. Guillaume Durocher, “Houellebecq, Islam, & the Jews: A Review of Michel Houellebecq’s Soumission,” Counter-Currents, February 26, 2015. http://www.counter-currents.com/2015/02/michel-houellebecq-soumission/ [6]

8. Zemmour notes that Socialist President François Mitterrand tried briefly to restore a kind of socially progressive nation-statist dirigisme in 1981 but “the economic transformations (abolition of borders within Europe, end of the gold standard, price of oil, etc), but also the decapitation by May 68 of the hierarchical structure which was the backbone of French society, had made this Restoration [. . . ] impossible” (232).

9. County.

10. Named after the Franco-Jewish Justice Minister of the day, Adolphe Crémieux, who incidentally had taken a leading role in more generally organizing Jewish lobbying worldwide, founding the Universal Israelite Alliance in 1860.

11. The argument for the preservation of France is somewhat different for native French elites and oligarchs: Are you really comfortable in a world where only English may be spoken? Are you really comfortable destroying the French Republic and putting your fate in the hands of the ineffectual, unresponsive Eurocracy? Are you and your children really going to be better off when you are reduced to a minority in an Afro-Islamic country?

12. Guillaume Durocher, “‘As Happy as God in France’: The state of French Jewish elites,” The Occidental Quarterly 14, no. 4 (Winter 2014-2015): 41-56.  http://www.theoccidentalobserver.net/2014/05/as-happy-as-god-in-france-the-state-of-french-jewish-elites-part-1/ [7]

13. Other rising stars symbolizing this debate include “philosopher” Alain Finkielkraut and pundit Élisabeth Lévy, both of whom are objectively hysterical. Like Zemmour, these two have promoted a certain rehabilitation of French culture and criticism of multiculturalism. Finkielkraut once lamented that the French national football team had become “Black-black-black” (saying it in English, a play on the old multiracial slogan: “black-blanc-beur” [Black-White-Arab]). As such, he could hardly complain if we remark that these three mainstream “nationalist” voices form a “Jew-Jew-Jew” trio. Élisabeth Lévy once famously attacked a Black activist, who demanded more people of color on television, saying: “If there is aren’t enough of X, then what is there ‘too much’ of, exactly?” As it happens, if Jews in the French media were gracious enough to hand their positions to Blacks and Muslims in line with their share of population (15-20%), they would still be the most over-represented group. No other (pseudo-)nationalist pundits are allowed on French television. One would indeed find it strange if, in Israel, only Christians were allowed by the media to present an apology of “Israeli nationalism” . . .

14. À la Gianfranco Fini.

15. Zemmour peppers the book with ominous quotes, such as Claude Lévi-Strauss’ “The ultimate goal of the human sciences is not to build man, but to dissolve him” (14), Michel Foucault’s “I am creating something which ultimately is used for a siege, for a war, for a destruction” (122), and the strange “philosopher” Benny Lévy’s ideological journey “from Mao to to Moses,” ending up teaching “Levinassian studies” in Jerusalem under the patronage of Bernard-Henri Lévy and Alain Finkielkraut . . . Difficult to imagine a more blatant transition from pseudo-universalist anti-European agitation to absolute Jewish ethnocentrism.

16. Zemmour’s previous book, Mélancolie française, is a short historical overview which portrays France as a sort of failed empire, which I think is an incorrect view, the revolutionary-Napoleonic episode being an exception, as opposed to being the first and archetypical nation-state. I found Le Suicide a far better work, Zemmour I believe being much more familiar with contemporary history.

17. As an aside, Zemmour quotes a particularly perceptive De Gaulle: “In the victories of Alexander, there is Aristotle” (477). A conqueror’s political œuvre – above and beyond the cruelly ruthless pragmatism of any successful war leader – is inevitably shaped by the ruling intellectual Zeitgeist, by the intellectuals, dead or alive, who have given them their assumptions and values. While Adolf Hitler drew from the German conservative revolutionary and Anglo-American evolutionary thinkers of the day, Napoleon followed the bourgeois Enlightenment. Thus I suspect that had Napoleon defeated England and his vast, largely ethnically-naïve Empire endured, Jews would have risen to the same position of privilege there as they currently enjoy in the United States.

18. A nationalist group.

19. Guillaume Durocher, “The Jew as Citizen: Raymond Aron & Civic Nationalism,” Counter-Currents, November 5, 2014. http://www.counter-currents.com/2014/11/the-jew-as-citizen-part-1/ [8]

20. During a chance meeting, the francophone Black Nationalist Kemi Seba explained his skepticism of Soralism to me with the following example: Will Soral’s Algerian supporters “die for France” if the French Republic were to go to war with Algeria?

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/05/Zemmour.jpg

[2] Zemmour wants to save France for the same reasons Ron Unz wants to save America: http://www.theoccidentalobserver.net/2015/01/towards-kosher-nationalism-4-the-rise-of-eric-zemmour-and-the-case-of-france/

[3] genuine intra-elite debate: http://www.radixjournal.com/journal/2015/5/12/cracks-in-the-facade

[4] http://www.theoccidentalobserver.net/2015/05/eric-zemmour-the-rise-of-the-shoah-as-the-official-religion-of-the-french-republic/: http://www.theoccidentalobserver.net/2015/05/eric-zemmour-the-rise-of-the-shoah-as-the-official-religion-of-the-french-republic/

[5] http://www.theoccidentalobserver.net/2015/05/eric-zemmour-sos-racisme-a-case-study-in-anti-nationalist-jewish-activism/: http://www.theoccidentalobserver.net/2015/05/eric-zemmour-sos-racisme-a-case-study-in-anti-nationalist-jewish-activism/

[6] http://www.counter-currents.com/2015/02/michel-houellebecq-soumission/: http://www.counter-currents.com/2015/02/michel-houellebecq-soumission/

[7] http://www.theoccidentalobserver.net/2014/05/as-happy-as-god-in-france-the-state-of-french-jewish-elites-part-1/: http://www.theoccidentalobserver.net/2014/05/as-happy-as-god-in-france-the-state-of-french-jewish-elites-part-1/

[8] http://www.counter-currents.com/2014/11/the-jew-as-citizen-part-1/: http://www.counter-currents.com/2014/11/the-jew-as-citizen-part-1/

 

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Suicide or Homicide?
Zemmour vs. Soral on the Decline of France

by Guillaume Durocher

Éric Zemmour
Le Suicide français
Paris: Albin Michel, 2014

Zemmour vs. Soral: Abetz vs. De Gaulle?

In Le Suicide français, Éric Zemmour’s major concern with immigration appears to be with Islam. He makes no real mention of race-replacement, beyond a few cryptic references and mentions of disproportionate African criminality and welfare use.[1] Alain Soral has been very critical of Zemmour’s focus on Islam, arguing during a conversation with Dieudonné:

[There is] the incredible promotion and the incredible current and promised success of Zemmour’s book, and the content of Zemmour’s book. Eighty percent of Zemmour’s book is Comprendre l’Empire.[2] There is only the conclusion which differs where he says the problem is Islam and the Muslims, and basically that we won’t avoid a civil war in France, which is a way of calling for civil war.

This does not strike me as a fair characterization (I do not know if Soral has actually read the book). Zemmour certainly predicts civil war, but he does not exclusively blame Islam, and indeed Islam, while a major issue, is not even the primary focus. He explicitly recognizes that ethnocentric and left-wing Jewish groups played a major role. Zemmour’s conclusion calls on all communities, except perhaps the native French,[3] to refrain from engaging in ethnic activism. He also calls for the destruction of “Islamic La Rochelles”[4] and of Jewish “States within the State,” like the CRIF.

Soral is correct in highlighting a certain hypocrisy in Zemmour’s treatment of Muslims and Jews. Zemmour writes:

To “integrate” Islam, France would need to renounce a thousand years of history, to renounce Philip the Fair, Richelieu, Louis XIV, Napoleon, De Gaulle; we would steadily go from a multiethnic society to a multicultural society, which would become multiconfessional on the Lebanese model. (330)

Islam, Zemmour argues, cannot be integrated. But if Islam cannot be integrated, can Judaism – or its postwar secular manifestation, the Shoah world-religion which animates and even fanaticizes organized Jewry, and terrorizes guilt-stricken goyim – be integrated? There is, as Soral points out, a double standard and perhaps Soral feels motivated by this to condemn Zemmour, particularly to remain credible with the Maghrebi portion of his base.

I tend to think both writers are useful. The Zemmour/Soral tangent resembles, albeit imperfectly, that of German Ambassador to France Otto Abetz and Free French leader Charles de Gaulle during the Second World War. After the war, Abetz regretted that Hitler had rejected – either out of wartime wariness of potentially unreliable partners or lack of common European feeling – the Vichy Regime’s overtures for greater wartime collaboration in exchange for French independence. So does Zemmour, a member of the establishment, plead with it to stop abolishing the French state and Balkanizing the French nation, our nation-state being a rare socio-political masterpiece, the fruit of over a millennium of work since the coming to power of the Frankish kings. Zemmour remarks: “[The nationalist Charles] Maurras once exalted the forty kings who made France; we must now tell the tale of the forty years which have undone France” (16).

De Gaulle in contrast collaborated with the Anglo-Americans to destroy what he saw as the greater threat to France, the Third Reich. So Soral, a native Frenchman, seeks to ally with all those who have as their common enemy the “Americano-Zionist Empire” which is working to destroy or  all the world’s nations which might contest its power, including Blacks and Muslims, hoping that some revolutionary upheaval or divine surprise would, like Joan of Arc, liberate France before it is too late. Each of us obeys his destiny.

Neoliberalism and Globalism: France’s Assisted Suicide

soraldiss.jpgSoral also objected to Zemmour’s choice of the word “suicide” in the title: “It’s not a suicide, it’s an attempt at murder!” One can see Soral’s point. However I think Zemmour shows the expression to be somewhat accurate because many of the worst policies were largely passed by France’s indigenous center-right conservative/liberal elite put in charge after 1945. As ever, it remains extremely difficult to isolate the impact of Jewish activism as against indigenous European and bourgeois propensities; both have clearly played a role. No doubt Matthew Heimbach’s expression of “assisted suicide” is appropriate. Zemmour summarizes the French situation thus: “Our ‘BHL-ized’ elites are returning to the old aristocratic cosmopolitanism of the eighteenth century and of Coblenz”[5] (194).

This is evident in the 1970s, when many of the most demographically-damaging liberal measures were taken. Between 1970 and 1975, the laws recognizing bastardy and patriarchy were abolished, while divorce was simplified. The 1975 Veil Act[6] decriminalizing abortion was passed under the center-right liberal President Valéry Giscard d’Estaing and his conservative Prime Minister Jacques Chirac (“8 million French lives lost” to this, Zemmour notes [139]). The creation in 1976 of family reunification under this same government paved the way for the mass Afro-Islamic settlement of the country.

To those on the far-left and right concerned with international high finance, Zemmour praises the merits of financing the government through citizens’ savings and the national bank, as opposed to reliance on financial markets. He mentions the 1973 Pompidou-Giscard-Rothschild Act,[7] which is alleged to have banned the Banque de France from lending to the state,[8] making the government vulnerable to international speculation and usurious debt slavery. This “deprived French citizens of the mastery of their national debt by ceding it to international financiers. In a few decades, they would explain that the ‘markets’ have a veto on France’s policies and that her citizens can no longer decide alone” (236-7).

More generally, Zemmour presents an eloquent account of the rise, through neoliberal borderlessness, of a deracinated, globalized economic elite hostile to nationhood.[9] This is in effect a postnational version of the bourgeoisie. The French invented the bourgeoisie, and the bourgeoisie is the name of that rationalizing, deracinated group whose interests ever-tends to grow distinct from the population.

The global bourgeoisie – including plutocrats, high finance, and multinational corporations – wants a world without national borders hindering the free movement of capital, goods, services, and people. It wants to maximize its wealth and power by squeezing the working and middle classes through low-wage immigrant labor, offshoring, too-big-to-fail banks (heads I profit, tails you bailout), privatizing and internationalizing public entities, and organizing tax evasion through offshore accounts and siphoning profits through tax havens. National governments are to be reduced to impotence, constrained by the Golden Cage. In this supposed “post-political” order, “[t]he administration of things will replace the government of men,” as Saint-Simon said.

As a result, says Zemmour: “In all countries, a new aristocracy (the famous 1%, or even 0.01%) was being reborn from its ashes, isolating itself from the rest of the population, living in areas reserved for it across the globe” (283). The global bourgeoisie is, today, centered upon the American Empire and is made up of those from national bourgeoisies who have been able to defect from the constraints of national solidarity to join the Euro-Atlantic constellation.[10] While there have always been Anglophiles in France, the degree of elite defection today is unprecedented, as Zemmour notes:

Bosses are leaving the Hexagon, following or preceding their children who are studying in London, New York, Montreal, Los Angeles, establish their companies in England, the Netherlands, America, Singapore or Shanghai, as though their future growth only depended on emerging countries, as though their past growth owed nothing to the dear old country. (518)

Zemmour, like Soral, shows how the nation is a necessary condition for the left-wing goals of social justice and well-being. Leftists have also identified the role of neoliberal borderleness in promoting this inequality, but with few exceptions, are utterly incapable of recognizing the nation’s contributions in tackling these problems (a small minority of left-wing civic nationalists will recognize the merits of the nation-state in this, a tinier minority still will recognize the ethnic factor at both the bottom and top of society in heightening this inequality, and become rightists).

soral-abecedaire-de-la-beti.jpgZemmour also shows how the French bourgeoisie spearheaded the entrenching of neoliberal principles into international law. He cites Rawi Abdelal’s Capital Rules describing the “Paris Consensus” in which the French promoted the idea of locked-in unlimited free movement of capital and free trade as goals in and of themselves. “Globalization was first financial,” Zemmour notes (236).

French diplomats, starting with the corrupt parliamentarians of the Fourth Republic to today, have inscribed similar bourgeois principles in the European treaties.[11] France has produced many of the leading functionaries – many of them “Socialists” – establishing and running the new order: Jean Monnet at the founding of the European Communities, Jacques Delors at the European Commission, Pascal Lamy[12] at the World Trade Organization, Jean-Claude Trichet at the European Central Bank (who declared in English upon taking office: “I am not French.”), Dominique Strauss-Kahn and Christine Lagarde at the International Monetary Fund, and the French-speaking judges at the European Court of Justice . . .

The role of these economic trends in European dispossession should not be underestimated. Members of the global bourgeoisie[13] – a deracinated, mobile, Anglophone elite – have little vested interested in preserving either their nation of origin or of residence, and have a strong interest in reducing any cohesion or organization in the masses which could challenge their power.

The Importance of Culture: Americanization and Judeocentrism

Zemmour’s approach has the great merit of showing how elements of apparently apolitical everyday life – sports and pop culture – have accentuated or reflected France’s decline. The story is much the same as in America, with a more brutal shift from a significantly Marxoid culture which lionized the proletarian martyr-class, to a demonization of the racist, chauvinist, misogynistic working White male (Georges Lajoie of the 1975 film Dupont Lajoie standing in for Archie Bunker). Instead of Sumner Redstone and MTV, we have Léo Scheer creating Canal+, a satellite TV channel featuring Le petit journal (France’s even-more-puerile answer to The Daily Show).

Zemmour highlights the role of moral signaling in European self-dispossession. Celebrities appealed to humanitarian openness to the immigrant as in Daniel Balavoine’s 1985 hit song L’Aziza (“the beauty” in Arabic, dedicated to his Moroccan Jewish wife): “The Aziza, your yellow star is your skin [. . .] I want you if you want me” (189, the song naturally won the “SOS Racisme prize”). Following the culture they had imbibed, students backed illegal immigrant children on moral grounds:

[F]or all the high school students who protested against the deportation of their “classmates” in the same schools, the “undocumented person” turned out to be an unhoped for blessing, an ideal “Jew” which allowed them to take upon the prestigious air of the “Righteous” without risking falling to the bullets of the SS or of the Milice.[14] (415)

Indeed, Zemmour notes, “bobos” today want both the pleasures of privilege and the moral smugness of playacting “fighting the power” . . .

France’s cultural decline is a terribly sad, tragic story going to the heart to the most intimate and casual aspects of life. The forenames “Pierre” and “Marie” give way to “Mohammed” and “Jennifer.” Petty thugs in court, having watched American TV, refer to the judge as “Votre honneur” (it should be “Monsieur le juge”). European judges imposed the removal of quotas of local players from football clubs as a “barrier to free trade,” cutting off clubs from any affiliation with their city and turning football into the deracinated, gaudy business it is today. The victorious “black-blanc-beur” football team of the 1998 world cup – touted as overcoming France’s racial divisions – gives way to a majority-minority team dominated, to the nation’s horror, by the ruffian culture of the banlieues.

Zemmour calls the American TV show Dallas “a formidable weapon of the colonization of the minds, which the Americans called soft power” and an “Americanization of minds” (198). “French society, impregnated with a triple catholic, revolutionary, and communist culture, bent the knee before Texan cowboys,” he says. The influence of American elite and pop culture over Europe is difficult to overestimate, as the German hard rock band Rammstein has pointed out [2]: “We’re all living in America.”

A particularly disgusting piece of obscenity has been the promotion by the French government (namely the Jewish Minister of Culture Jack Lang) and media of explicitly anti-French rappers, such as Doc Gynéco and the group NTM (short for “Nique Ta Mère,” “Fuck Your Mom,” hard to think of a more hostile and antisocial role model). It may seem too poetic to be true, but the leading purveyor of this Satanic anti-culture, the rap-focused radio station Skyrock, has been heavily invested in by Goldman Sachs and Deutsche Bank. The Socialists in particular have continued to sink ever-lower in their degeneracy. During his presidential campaign, François Hollande released an ad targeting Blacks and Muslims using Jay-Z and Kanye West’s “Niggers in Paris” as the soundtrack [3], seeming to want to symbolically incite the Underman to race war:

Slogan: “Change is now.”

West: “I got my niggers in Paris, and they going gorillas.”

Hollande: “If some are richer than you, you outnumber them.”

Surely a sign of the end-times.

At elite level there was much the same, namely with the transformation of Sciences Po into a globalized institution: Massive increase in students fees, massive expansion and internationalization of the student body, some token affirmative action for French Blacks and Muslims. This was done under the apparently cocaine-addicted homosexual Richard Descoings. The latter nonetheless had a pro forma marriage with a woman, whom he conveniently made vice president of the university.  Zemmour describes Descoings’ work:

But Descoings’ model was this America of the West and East Coasts, liberal and libertarian, individualist, inegalitarian, multiculturalist, and feminist (and gay friendly), following a relaxed (cool) and festive protestantism, where the cult of money has destroy the old morality of the founding fathers and the former ethnic solidarities.[15] (406)

Descoings once had Alain Soral forcefully evicted from Science Po’s book fair by the police, despite the writer having been invited by students, his presence displeasing the Zionist lobby. The resulting video [4] of the incident contributed to Soral’s growing notoriety. Descoings died in a New York hotel at the age of 53 – he was there to attend a “Global Colloquium of University Presidents” – stricken by a heart attack (probably related to drug abuse) and abandoned by the two male prostitutes he had hired. The new French elite.

Zemmour writes at length on “the rise of the Shoah as the official religion of the French Republic” and a general Judeo-centrism, which need not be described further here.[16]

Petty-Frenchness: Europe reduced to “France, but bigger”

There is much to be said for the nation-state, indeed, I personally believe this constructive vision of progressive harmony, both within the population and between the population and the polity, remains unsurpassed. But Zemmour also appears to be representative of a strain of French petty-nationalism which is unhelpful insofar as it is indifferent or even hostile to Europe.

Zemmour is very strong in his critique of the EU[17] and hilariously quotes innumerable French politicians vaunting the benefits for employment and growth of the neoliberal 1992 Maastricht treaty.[18] He is an admirable wielder of the French nationalist theodicy. These French concerns are often lost on our European brothers and many French nationalists enter the struggle not through concerns on immigration – which may still seem manageable – but from the already-accomplished castration of the French state (despite the French people’s manifest objection to this process as embodied in the 2005 rejection of the EU “constitutional treaty” by referendum) and neoliberalization of our economy. In destroying France’s sovereignty, the French elite has, in Zemmour’s words, broken a “millennial pact” with the people (520). The French, living in “the reflection of the prince,” cannot but be alarmed at having the agitated Sarkozy and the pathetic Hollande as the highest representatives of the nation.

But Zemmour has very little to say on Europe as such. He laments that French leaders declined to celebrate the two-hundredth anniversary of the Battle of Austerlitz because “[w]e do not celebrate a victory over our European friends” (504). He is wedded to the absurd notion that the only worthwhile European construction would be one under French domination:

French elites have given up on dominating Europe, and the rest of the continent now refuses any hegemony, even cultural or ideological, of the former “Grande Nation.” But the combination of these refusals is leading the European project to its ruin. As though the death of French Europe dragged all of Europe to its downfall. The historian Pierre Gaxotte understood this well: “Europe existed. It is behind us. It was a community of civilization and this civilization was French.” (519)

This is of course nonsense. The problem is not that the current French regime is no longer strong enough to bully its partners into granting more substantial agricultural subsidies or that European Commission officials no longer draft documents in la langue de Molière. Furthermore, it is absurd to imagine Europe as merely “la France en grand.” European civilization is the fruit of all our peoples, shaped, after the collapse of the Roman Empire, most significantly by the Roman Catholic Church and the Frankish aristocracy (to which, lest we forget, France owes her name). In addition this largely Latin and Germanic foundation in the West, there are of course other contributions – Hellenic, Celtic, Anglo-Saxon, Viking, Slavic, etc. The French period was admittedly long, stretching for six centuries from the reign of Saint Louis to the fall of Napoleon, but it is hardly synonymous with Europe as a whole (or even Carolingian Europe). (Perhaps a hegemonic nation is necessary to keep any European polity together, but that may well be an argument against such an entity, and in any event Germany has comfortably filled any vacancy.)

soralEq3Pht-L.jpgZemmour then is also affected by a certain parochialism which was so powerful it convinced millions of Europeans to kill their kin, often enlisting Africans and Asians in the process, in the terrible Brüderkrieg of 1914-1918. He jokes on French officials presenting “Europe as a grail which is won through innumerable sacrifices” (521). But if by “Europe” we mean our “Europe,” that of our blood and spirit (and not some transient political organization), we could only rejoice at joining such a quest!

Zemmour’s attitude may be explained partly by the fact that his English, like Soral’s, seems to be rather poor (at times, one has the impression both writers are making a point of misspelling the occasional English words they use).[19] They are of that generation of French writers, raised under De Gaulle, for whom France and the Francophonie were enough.[20] France being a great nation, there is no question that a Frenchman should be required to know a foreign language to operate freely in the world. This is the splendid parochialism of a once psychologically self-confident and culturally self-sufficient nation. It has its charms and has helped preserve France’s specificity for a time, making it unusually pugnacious in its independence vis-à-vis the Anglo-Zionist world.[21] Today still, the French singularity lives on in the unique contributions to the world of a Soral, a Dieudonné, a Houellebecq, or indeed a Le Pen père. But we cannot afford political parochialism today. Whatever political organization we dream of for Europe, and I believe the nations are fundamental building blocks, we cannot think of our nationhood outside of a European consciousness.

Zemmour then has given us a highly interesting work, a veritable panorama of French decadence over the past half-century and an implicit offer, no doubt insufficient, for renewal. He provides an eloquent defense of the homogeneous French nation-state, with its strengths and weaknesses, and a critique of Jewish activism remarkable for a mainstream publication. The book marks a significant milestone in Jewish elites and the French regime’s changing and highly ambiguous attitudes towards the Front National and Islam. How significant? Time will tell. As Zemmour writes: “We have forgotten that history is a succession of strategic surprises” (402).

Notes

1. Zemmour writes: “It is not structures which forge superstructures; it’s the population – and the changes of population – which shape the environment” (95). And: “‘Demography is destiny,’ the Americans rightly say: Territorial conquest always precedes ideological, political, cultural conquest. Civilizational” (212). (In fact, “demography is destiny” appears to be from Auguste Comte.) He also quotes President Georges Pompidou at length on the futility of attempting to Americanize France: “The changing of a society would require full blood transfusion, that we expel 50 million Frenchmen and replace them with 50 million Anglo-Saxons! The French are as they are, and they will remain so. Doctors do not tell their patient: ‘Sir, you have a sanguine temperament. That is no good for me. I would heal you more easily if you had a bilious temperament.’ They take him with the temperament he has, without trying to change it, and they try to heal him, if they can” (128).

2. Soral’s masterwork, a political essay.

3. Zemmour does not mention the Identitarians and scarcely criticizes the Front National.

4. The city of La Rochelle served as major Protestant citadel during the sixteenth century Wars of Religion in France. Zemmour believes Islam’s growing presence in many French cities, splitting the country religiously along Islamic and secular-Christian lines, will lead to similar political fragmentation and civil war.

5. BHL refers to Bernard-Henri Lévy. Coblenz was a major center for aristocratic émigrés during the French Revolution, plotting to retake power with the support of foreign powers.

6. Named for the Jewish then-health minister, Simone Veil.

7. Georges Pompidou worked as the director-general of the Rothschild Bank before serving as President de Gaulle’s chief of staff and then Prime Minister, before becoming President himself in 1969.

8. The subject is too technical for me to confirm or not. In any event, the 1992 Maastricht treaty banned the new European Central Bank from directly financing states and the current situation in the Eurozone can be fairly described as usurious.

9. In France, Zemmour reports, 40-50% of French stock exchange (CAC40) shares are held by foreigners, while 85% of profit are made abroad. The “French company” decreasingly exists.

10. In this schema, all Western European oligarchies have largely defected – thinking of themselves collectively as minor appendages and collaborators of the American Empire, rather than genuinely independent actors, and individually as free-moving, selfish atoms in the Euro-Atlantic constellation – while those of Russia and China have yet to.

11. Zemmour notes that Ronald Reagan and Margaret Thatcher imposed neoliberalism by wrapping it in Anglo-American patriotism. Mitterrand in contrast “preferred to hide his abandonment of socialism and of the State behind the façade of a European mythology” (238).

12. Lamy is typical of this deracinated, apatride technocratic elite, recently declaring [5] – shades of Barbara Spectre – on the EU’s proposal of imposing refugee quotas upon the 28 member nations: “Europe does not have this culture of immigration [of the United States, Australia, and Canada] [. . .] The negotiations are going to be difficult but [refugee quotas] are a necessary step in this transformation towards of a culture of immigration, which seems inevitable, principally for demographic reasons. The European Union will lose 20 million people of working age in the next 10 years [. . .] this transformation towards a culture of immigration quotas seems to me inevitable within 10 or 20 years.” There is a special place in hell . . .

13. Whose goy members include Rupert Murdoch, Pierre Bergé, Carlos Slim . . .

14. The Vichy Regime’s militia.

15. Italicized words in English in the original.

16. See my translations on The Occidental Observer as well as an upcoming book review of Anne Kling’s work on Jewish ethnic lobbies in France. http://www.theoccidentalobserver.net/author/guillaume-durocher/ [6]

17. Zemmour describes French leaders as “sticking to the [Deutsch-]Mark like a little boy hides behind his big brother in the playground, to guarantee his protection in exchange for submission.” He also quotes in extenso Jacques Chirac’s remarkable 1978 Le Pen-like critique of European integration: “[B]ehind the mask of the technocrats’ words and jargon, they are preparing the vassalization of France [. . .]. [A] federal Europe could not avoid being dominated by American interests. [. . .]  It is a fact that today this [European Economic] Community – outside of agricultural policy, which is also threatened – is tending towards being, today, nothing more than a free trade area favoring perhaps the most powerful foreign interests, but which condemns entire sectors of our industry to dismantlement, left without protection against unequal, wild competition or who decline to grant us reciprocity. [. . .] We want, as much as the others, that Europe be built. But a European Europe, where France leaders her destiny of a great nation. We say no to this vassal-France in an empire of merchants, no to a France who would abdicate today to disappear tomorrow. As always, when it comes to lessening France, the foreigners’ party is at work” (165-7).

18. Jean-Luc Mélenchon, a Socialist Freemason who later joined the far-left, sold the treaty at the time saying: “It’s the advent of the European nation, bringing peace, civilization and solidarity” (362). One can almost hear Sir Oswald Mosley! Observers do not often enough recognize the extent to which the EU has been sold to the public with implicit appeals to White identity and European ethnocentrism.

19. Zemmour writes of “racist, macho red skins,” clearly thinking of rednecks (63).

20. Practically, it also means that Zemmour and Soral’s audiences are thoroughly constrained within the French-speaking world. They cannot dream of shifting their loyalty, like so many, to Brussels, London, New York, Jerusalem, or some other part of the Euro-Atlantic constellation. They will fight for France or go down with it. This may also explain, in the case of Soral, a certain complacency and sense of kinship regarding the non-White parts of the French-speaking world.

21.  I hope I will not be accused of petty-French chauvinism if I confess that I cannot think of a better hope for Europe today than to saw off the gangrenous Anglo-Saxon world as soon as possible. Not as part of that centuries-long struggle between the English and French oligarchies (eighteenth century naval and colonial wars, Napoleon’s Continental System, De Gaulle’s excluding Britain from the European Community, Mitterrand’s European currency . . .), but to emancipate Continental Europeans from the toxic cultural influence and false sense of security provided by America, a necessary step before any restoration of hard thinking and real sovereignty in Europe.

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/05/la-haine.jpg

[2] Rammstein has pointed out: https://www.youtube.com/watch?v=4NAM3rIBG5k

[3] “Niggers in Paris” as the soundtrack: http://www.dailymotion.com/video/xqhrlh_french-presidential-candidate-uses-jay-z-and-kanye-s-niggas-in-paris-in-campaign-ad_music

[4] resulting video: http://www.dailymotion.com/video/xqmx4_scandale-a-sciencespo-alain-soral_news

[5] recently declaring: http://www.fdesouche.com/598253-pascal-lamy-les-quotas-limmigration-en-europe-sont-inevitables

[6] http://www.theoccidentalobserver.net/author/guillaume-durocher/: http://www.theoccidentalobserver.net/author/guillaume-durocher/

Une réforme du collège culturellement génocidaire!

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Une réforme du collège culturellement génocidaire!

Ex: http://www.les4verites.com

Le projet de réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem, couplé aux propositions de refonte des programmes scolaires ont indéniablement un caractère anti-français, anti-chrétien et anti-humain.

L’école ne s’est jamais dégradé aussi rapidement depuis l’accession au pouvoir de François Hollande. Après la « refondation de l’école », la « charte de la laïcité », la « ligne Azur » et la « réforme des rythmes scolaires » portés par Vincent Peillon, le projet de Najat Belkacem est l’aboutissement travail de sape de l’instruction nationale qui a démarré il y a 60 ans par l’entremise des communistes Langevin-Wallon.

La tentative de supprimer les enseignements du latin et du Grec, jugées « trop élitistes », la disparition des « classes bilangues », elles aussi jugées « trop élitistes », le programme d’histoire complètement chamboulé sous l’impulsion d’un racisme anti-français et anti-chrétien, qui préfère mettre en valeur de manière manichéenne la traite négrière ou la colonisation que les Lumières et la Chrétienté médiévale, tout en rendant l’islam obligatoire, et, pour finir, l’idéologique « interdisciplinarité » qui veut rendre l’école « cool » afin « que les enfants ne s’ennuient pas », en mélangeant toutes les disciplines dans un « gloubi-boulga » général.

Nous nous inquiétons du caractère ouvertement idéologique dans lequel toutes ces mesures s’inscrivent. Un des seuls à défendre cette réforme – y compris dans les rangs socialistes, le Premier ministre Manuel Valls, affirme à ce propos que « La République a fait l’école, et l’école a fait la République. ». Le premier ministre de l’éducation nationale de François Hollande, Vincent Peillon, était beaucoup plus clair : « c’est bien une nouvelle naissance, une transusbtantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle Église, avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi »(La révolution française n’est pas terminée, Seuil, 2008, p. 18). La République (et l’école) se passeraient bien de cette instrumentalisation à caractère théocratique des enseignements à destination des enfants français.

La connivence entre les membres de l’opaque Conseil supérieur des programmes (CSP), les cabinets de hauts fonctionnaires, les ministres de l’éducation nationale, tous plus médiocres les uns que les autres et les groupuscules antichrétiens et antifrançais qui tentent de déverser leur idéologie sur nos enfants n’est plus supportable.


Vivien Hoch, mai 2015

mercredi, 20 mai 2015

Europa occidental sufre las consecuencias de su vasallaje

por Sergio Fernández Riquelme

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

Cientos de miles de refugiados intentan entrar desesperadamente en la próspera Europa, huyendo de países destruidos y empobrecidos; los desheredados del mundo reclamando asilo, procedentes de países “salvados” por la intervención occidental, y el mare nostrum convertido en un gran cementerio.

Numerosas células terroristas actuando en el corazón del Viejo continente, nutridas de ciudadanos supuestamente bienvenidos y nunca integrados. La frontera entre Oriente y Occidente en llamas, foco de un incendio que parece incontrolable: el conflicto en las estepas de Ucrania, las múltiples guerras civiles de Libia, la crónica inestabilidad de los Balcanes, los viejos miedos en las montañas del Cáucaso, la amenaza escondida en las sabanas del Sahel, el genocidio en las llanuras de Mesopotamia, la crisis persistente en los países sureuropeos, la irresolución histórica del problema en la tres veces santa Jerusalén (Al-Quds), el Tigre asiático saltando la banca del capitalismo mundial. Mundialistán llega a las puertas de la tierra del progreso.

Europa occidental sufre, en el siglo XXI, las consecuencias de su vasallaje. Decidió abandonar su discurso fundacional (Schuman, Monnet, Gasperi) y asumir el mandato norteamericano. Renunció a su identidad a cambio de ser vanguardia del Imperio. Pero el Atlántico salvaguarda, en teoría, las estrategias de mundo anglosajón; se pueden lavar las manos tras la inmensa frontera oceánica. Pero el Mediterráneo, tan cercano, parece no poder contener los efectos de una geopolítica occidental que demuestra los límites internos y externos del proyecto comunitario (desde la presión migratoria al debate sobre viabilidad de su Estado del bienestar).

Y desde la Historia de las ideas (IdeenGeschichte) podemos señalar tres dimensiones de esta teorización: su pasado (retrospectiva, o las experiencias valoradas u olvidadas), su presente (perspectiva, o posibilidades recibidas que usamos de una manera u otra) y su futuro (prospectiva, o expectativas que nos hicieron decidir o asentir).

1. Nace Mundialistán.

Toda decisión, toda acción, conlleva consecuencias; unas planificadas, pero otras indeseadas.  La geopolítica occidental, basada en la imposición, directa o indirecta, del ideal de progreso consumista en las áreas limítrofes consideradas de expansión, ha generado el fenómeno que en estas páginas denominamos como Mundialistán. Una realidad geopolítica y una categoría de interpretación histórica que puede explicar una dimensión conflictiva, destacada mediáticamente, de la actual época de la globalización.

El neocolonialismo euroatlántico, ordenado por el interés norteamericano durante las últimas décadas, bajo gobiernos republicanos o administraciones demócratas, ha mostrado el lado oculto del mundo global. Imponer por las buenas o por las malas, mediante intervención militar o presión económica, el ideal de progreso occidental y el control de sus recursos naturales, ha llevado a una reacción insospechada de las antiguas provincias.

La antigua Yugoslavia, el Medio Oriente, las fronteras de Eurasia, el norte de África, el corazón de América Latina, la emergente Asia. El objetivo estaba claro; convertir a esas regiones en espacio de vasallaje político, feudo económico y mímesis cultural. El etnocentrismo norteamericano legitimaba su acción para “llevar la civilización” a esos pueblos atrasados, oscurantistas, medievales, imponiendo su modelo de desarrollo capitalista-liberal. La Unión europea había sido el alumno perfecto; usaban su lengua como idioma común, consumían sus productos mediáticos, pensaban como ellos; y además, sería el instrumento privilegiado, y más próximo como “primera línea del frente”, para la batalla por la transformación de las áreas en la nueva colonización. Pero el resultado no fue el esperado en el siguiente nivel. Nacía Mundialistán.

El Nuevo Orden mundial. En la frontera oriental algo falló. Las antiguas colonias no querían volver a serlo. Primero fue la intervención militar; la vis legitimaría la potestas. El “fin de la Historia” popularizado por Francis Fukuyama, con la proclamación de ese victorioso e inevitable imperio norteamericano tras la caída del Muro de Berlín (Berliner Mauer) en 1989, justificaba la intervención de las huestes de Washington DC, como juez y parte, en cualquier espacio y en cualquier momento. Tras cooptar a buena parte de las antiguas repúblicas soviéticas, llegó el turno de la multiétnica Yugoslavia. Fue el escenario inicial de la actuación del Nuevo orden mundial. Pero las consecuencias de su desintegración, alentada por el mismo eje euroatlántico, fueron trágicas pese a la aparente normalización de la región; asolada por conflictos étnicos de enorme impacto, sus divisiones persisten, la pobreza aumenta y el futuro se torna incierto. La situación actual de Kosovo, entre el Estado fallido y la depresión económica, lo demuestra.

Los laboratorios. Afganistán sería el primer laboratorio para el nuevo colonialismo euroatlántico del siglo XXI (y que sirve de paradigma para nuestra teoría, tanto por su impactante tracto histórico como por su manido sufijo). Parecía imposible, pero nos hacían creer que, por las buenas o por las malas, se podía convertir a la nación afgana, tras la eliminación del Emirato islámico talibán, en una democracia occidentalizada sin más, convirtiéndose la ONU en poco más que otro ministerio norteamericano. Si tras la Segunda Guerra Mundial, países ocupados como Corea o Japón pudieron ser prósperos y fiables aliados, Afganistán llegaría a ser un moderno “patio trasero” useño. Este país, refugio de los mentores de los terroristas responsables del 11-S sería, por tanto, el nuevo ejemplo de lo inevitable de la asimilación. Pero catorce años después poco ha cambiado; el atraso y las divisiones que se querían erradicar siguen presentes, y Kabul poco se parece a la City londinense. Y el segundo laboratorio sería la despótica Irak. Cayó la dictadura baazista de Sadam Hussein (bajo el pretexto de armas químicas nunca encontradas) pero las guerras fratricidas siguen asolando las legendarias tierras del Creciente fértil.

2. A new beginning.

El celebrado discurso del nuevo presidente norteamericano Barack Obama, en la Universidad de El Cairo en 2009, pretendía representar una nueva orientación en política internacional tras los evidentes errores de los anteriores gobiernos. Occidente y Oriente debían superar sus diferencias y caminar juntos el camino del progreso y la paz. Pero esta proclama, que ayudó a que el mandatario lograra rápida y mediáticamente el mismísimo Premio Nobel de la Paz, seguía alimentando a Mundialistán. Porque esta nueva orientación, ahora más centrada en la presión ideológica y económica, seguía basándose en las dos mismas claves que alimentaban al monstruo: superioridad moral de Occidente, e intervención directa en la soberanía nacional.

La primavera árabe. El lema “Yes we can” no se limitaba a propaganda de consumo interno norteamericano. Aspiraba a ser la bandera de nuevas generaciones musulmanas abiertas a copiar la forma de ser y de pensar del mundo occidental. Pero el resultado del proyecto se ha convertido en un rotundo fracaso, al contener de nuevo el inevitable complejo de superioridad occidental. Se destruyeron viejos Estados y se alumbraron naciones fallidas; cayeron estables autócratas laicos ante inestables democracias fundamentalistas; se ajusticiaron a dictadores, antes socios occidentales, surgiendo guerras civiles interminables; los antiguos combatientes (en Afganistán) pasaron de ser aliados circunstanciales a enemigos estructurales; se pretendieron crear naciones desarrolladas y se consiguió el éxodo de las mismas.

El EIIL (Daesh en árabe). Asombroso pero cierto; en pleno siglo XXI surgía un autodefinido Califato islámico en el territorio sirio-iraquí. Los antiguos socios combatientes, utilizados por primera vez como aliados norteamericanos en la guerra contra la extinta URSS (en la misma Afganistán) pasaron de ser terroristas globales (Al-Qaeda) a un auténtico Estado terrorista, con ramificaciones en muchas de las naciones que una vez les usaron como milicias en sus aventuras intervencionistas. “Cría cuervos y te sacarán” los ojos, dicen con sabiduría nuestros mayores.

3. Identidades globalizadas y conflictivas.

Mundialistán, desgraciadamente, no se limita al mundo árabe, al Medio Oriente. No solo es un hecho geopolítico que afecta a las fronteras nacionales, a la configuración de los Estados, a las divisiones étnicas. Quizás supone, también, un nuevo tiempo histórico que se superpone conflictivamente al pacifismo hedonista que nos prometían con la globalización “made in America”, capaz de moldear las sociedades tradicionales y convertir en consumidores idénticos a ciudadanos de ambos lados del globo terráqueo.

Nos habla, posiblemente, de la identidad de los pueblos (nacional y global, personal y comunitaria), de los principios y valores por ella encarnada, y de los conflictos surgidos de su defensa, adaptación o su transformación, en una mundialización que pretende borrar fronteras y unificar mentalidades. Primera cuestión: quiénes somos y cómo quieren que seamos.

Nos muestra una competencia económica mundial que se hecho brutal, casi despiadada en los Mercados, afectando a los derechos de los trabajadores y cuestionando la viabilidad medioambiental. El modelo chino de alta productividad y bajos salarios, que tanto nos benefició sin cargo de conciencia, se traslada al mercado occidental; paradojas del destino. La crisis se hace crónica y las clases bajas se sumen en la mera supervivencia ante la falta de oportunidades vitales. Afroamericanos y latinos pierden el tren de soñado American way of life; asalariados europeos ven caer sus derechos en pro del beneficio de unos pocos; migrantes de medio mundo se condenan a la eterna exclusión en los arrabales de las Babilonias contemporáneas. Segunda cuestión: qué producimos y cómo producimos.

Y nos enseña un orden político internacional que se convierte de nuevo en un campo de batalla, con viejas guerras “frías” y nuevas contiendas “calientes”. Emergentes centros de poder reclaman su soberanía y su influencia: el gigante chino, el mundo ruso, la creciente India, el poder persa, la inmensa África. Tradicionales focos de dominación se encuentran en la encrucijada: la envejecida Unión europea entre el populismo de los desesperados y la partitocracia dominante;  o la decadente USA entre las antiguas tentaciones militaristas y el fin de su hegemonía mundial.  Tercera cuestión. Quién nos manda y como debemos obedecer.

No parece ser una simple coyuntura; Mundialistán es, quizás, algo más. Conflictos diversos y profundos, interrelacionados globalmente, condicionan tanto las grandes políticas como las vidas diarias de ciudadanos anónimos, en plena lucha entre la identidad heredada y la identidad construida. En los años venideros podremos descifrar si esta teoría es mera especulación o criterio empírico para analizar el verdadero rostro de la globalización de ideas, tecnologías, migraciones y cambios que los agoreros de la nueva centuria nos prometió pacífica y se desvela trágica en demasiados escenarios. La Historia, magistra vitae, nos dará la respuesta, tarde o temprano

Fuente: HispanTV

mardi, 19 mai 2015

Lucien Cerise et la gauche liberticide

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Ces justiciers fossoyeurs de notre civilisation

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Ces justiciers fossoyeurs de notre civilisation

Le néant ne remplace pas vingt siècles de civilisation.
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Le « fichage » des écoliers de Béziers est un non-événement ; il révèle surtout une crise générale du système politique et de notre société que le pouvoir refuse de voir tout en continuant à foncer tête baissée. Politiciens de gauche comme de droite qui s’autoproclament seuls garants de la République.

Une gauche socialiste et progressiste face une droite libérale et conservatrice est un clivage du XXe siècle, toujours dans les esprits mais totalement dépassé. Le gouvernement est hanté par le fantôme du fascisme qui, aujourd’hui, est un épiphénomène entretenu par celui même qui le combat.

Le cheval de Troie de la gauche est la laïcité qui, sous les signes de la liberté de l’homme et de l’éternel progrès source du bonheur, ravage tout sur son passage : suppression des racines judéo-chrétiennes notamment dans l’enseignement, atteinte au modèle familial traditionnel, avortement, euthanasie, relativisme, irresponsabilité généralisée… Créer un citoyen nouveau, libre, républicain, solidaire, agent du développement durable, par un harcèlement médiatique et une pensée unique totalitaire. Les codes linguistiques, la dialectique officielle imposée, voilà les bourreaux de Robert Ménard.

Malheureusement, le néant ne remplace pas vingt siècles de civilisation. Le gouvernement travaille son électorat issu de l’immigration : ce Grand Remplacement qui contribue progressivement à une islamisation de notre société, malgré elle. Racisme, islamophobie, tolérance sont les maîtres mots et, désormais, on ne juge plus les faits mais les personnes, certaines victimes se transformant en bourreaux avec la complicité des médias.

Certains s’étonnent du développement de l’anti-islamisme ; cela devient une réalité, que le gouvernement qui l’a inconsciemment installé ne maîtrise plus. Chassant ses vieux démons, il en a intégré de plus redoutables et destructeurs : laïcisme antichrétien, montée des communautarismes et leurs tensions inhérentes, coupure définitive des « élites » avec le peuple et, surtout, les germes de guerre civile.

Quel but avait cette étude menée par Robert Ménard ? Le souci de tout maire responsable d’intégrer les enfants immigrés par un enseignement scolaire adapté. Robert Ménard ne pratique pas les grandes théories idéologiques. Il colle à la réalité pour le bien commun. Il partage avec Hélie de Saint Marc ces qualités essentielles pour servir un pays que sont le courage et l’honnêteté intellectuelle.

Le Premier ministre et ses sbires auraient dû réfléchir avant de le couvrir d’invectives et d’engager des poursuites judiciaires. Car Robert Ménard n’a pas les mains couvertes du sang de Chloé pour le dysfonctionnement volontaire de la justice, ni l’enfance saccagée des élèves victimes d’enseignants pédophiles.

Des consciences se réveillent, des voix s’élèvent : il est temps que d’autres citoyens s’engagent pour pratiquer la politique autrement ; accepter la réalité, prendre en compte les nouvelles donnes ethniques, sociales, économiques et culturelles sociétales ; s’en enrichir ; prendre les décisions difficiles pour adapter notre société aux nouveaux enjeux en maintenant notre identité et nos valeurs.

Que les mots Liberté, Égalité, Fraternité retrouvent leur sens, loin des jeux partisans des politiques devenus autistes, qui détruisent notre pays.

Chers compatriotes, qu’attendons-nous ?

lundi, 18 mai 2015

Etes-vous un pseudo-intellectuel?

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Etes-vous un pseudo-intellectuel?

par Mathieu Bock-Côté

Ex: http://www.lefigaro.fr

FIGAROVOX/ANALYSE - Face au tollé engendré par sa réforme du collège, le ministre de l'Éducation nationale a traité ses opposants de «pseudo-intellectuels». Pour Mathieu Bock-Côté, cette accusation révèle qu'une certaine frange de la gauche ne s'est toujours pas réconciliée avec le pluralisme politique.


Mathieu Bock-Côté est sociologue (Ph.D). Il est chargé de cours à HEC Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal ainsi qu'à la radio de Radio-Canada. Il est l'auteur de plusieurs livres, parmi lesquels «Exercices politiques» (VLB, 2013), «Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois» (Boréal, 2012) et «La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire» (Boréal, 2007).


Êtes-vous un pseudo-intellectuel? L'accusation n'est pas neuve mais elle étonne chaque fois. Quand la gauche pontifiante constate que les intellectuels font dissidence, alors qu'elle les croyait à son service, elle les accuse d'être des pseudo-intellectuels. Autrement dit, ce sont des faussaires qui usurpent un beau titre pour se mettre au service de la réaction. C'est de cette manière que Najat Vallaud-Belkacem a exécuté les adversaires de sa réforme des programmes.

Quand la gauche pontifiante constate que les intellectuels font dissidence, alors qu'elle les croyait à son service, elle les accuse d'être des pseudo-intellectuels.

Cette accusation, elle vient souvent des intellectuels de gauche eux-mêmes. On se souviendra du mauvais sort fait à Raymond Aron, traité longtemps à la manière d'un pamphlétaire. Il avait beau être un des grands philosophes de son temps, on le traitait comme un prosateur sans envergure, seulement bon à donner un vernis théorique aux intérêts bien calculés de la bourgeoisie à laquelle il avait prêté serment.

C'était le temps du marxisme religieux. On distinguait alors ceux qui avaient été éclairé par la révélation révolutionnaire et les autres, encore empêtrés dans l'histoire avec ses contradictions et sa part tragique. Les premiers servaient l'humanité, ils travaillaient à l'éclairer et à l'émanciper, les seconds, consciemment ou non, justifiaient les privilèges des uns et la subordination des autres.

Mais le marxisme n'était pas qu'une morale surplombante distinguant entre les forces vives de l'humanité et son bois mort. Il se prenait aussi pour une science, ce qui assurait son surplomb théorique devant le commun des mortels. Une partie importante de la gauche intellectuelle a récupéré ces dernières années cette rhétorique et se permet d'exclure du domaine de la pensée ceux qui ne reprennent pas son jargon ou ses méthodes.

Une partie importante de la gauche intellectuelle a récupéré ces dernières années cette rhétorique et se permet d'exclure du domaine de la pensée ceux qui ne reprennent pas son jargon ou ses méthodes.

taubira-vengeresse-001.jpgAinsi, au fil des ans, Jean Sévillia, Alain Finkielkraut ou Marcel Gauchet ont été accusés successivement de pratiquer la contrefaçon intellectuelle. Le premier ne serait pas vraiment historien, les deux autres certainement pas philosophes. On a aussi fait le coup, au fil du temps à Pierre Manent, accusé d'avoir une connaissance sommaire des œuvres qu'il commente. Si de telles attaques n'étaient pas aussi mesquines, on dirait aisément qu'elles sont hilarantes.

La dernière accusation en date, c'est celle de polémiste. Elle consiste à transformer son contradicteur en aboyeur virulent, qui cherche la querelle pour la querelle, à moins qu'il ne se contente de provoquer cyniquement la bonne société pour augmenter sa visibilité médiatique. Éric Zemmour, qui est un écrivain politique de grand talent, a ainsi été réduit au statut d'histrion ne méritant même pas qu'on lui réponde. En attendant qu'on le fasse taire.

Souvent, les «pseudo-intellectuels» sont accusés d'être réactionnaires. Encore faudrait-il définir ce terme mais il sert moins à qualifier qu'à disqualifier son contradicteur. Il envoie le message suivant: vous êtes réactionnaire, alors pourquoi perdrais-je du temps à débattre avec vous? On parlera même de «penchants réactionnaires», à la manière de passions honteuses qu'un intellectuel bien élevé devrait refouler sans jamais les avouer.

Une certaine frange de la gauche ne s'est toujours pas réconciliée avec le pluralisme politique. Pour elle, la vérité et la justice coïncident toujours. Elle se présente comme le parti du bien.

D'ailleurs, une frange importante de la gauche psychiatrise ses adversaires. Ils seront au gré des querelles xénophobes, homophobes, transphobes, europhobes, islamophobes, et ainsi de suite. L'avantage, lorsqu'on diagnostic un trouble psychiatrique chez son adversaire, c'est qu'on n'a plus à lui répondre. Il a besoin d'une thérapie. Au mieux, on l'accusera de nostalgie. On le laissera alors radoter seul dans son coin, comme un grand-père sénile.

C'est la possibilité même du désaccord de fond qui semble inconcevable pour une femme comme Najat Vallaud-Belkacem. Pour elle, il va de soi que si quelqu'un a vraiment lu et compris sa réforme, il ne pourra que l'approuver. À moins qu'il ne milite consciemment contre le bien commun. Ce sera alors un salaud. C'est-à-dire un homme de droite. Ou qu'il ne comprenne rien à rien. Ce sera alors un idiot. Mais l'adversaire de bonne foi n'existe tout simplement pas.

Une certaine frange de la gauche ne s'est toujours pas réconciliée avec le pluralisme politique. Pour elle, la vérité et la justice coïncident toujours. Elle se présente comme le parti du bien. Les seuls contradicteurs légitimes qu'elle se reconnaitra seront ceux qui se couchent devant elle en se présentant simplement comme de simples ajusteurs comptables. Mais lorsqu'un intellectuel confesse un désaccord de fond, il n'est plus digne de considération.

Un homme «de droite» pourrait aisément reconnaître en Michel Foucault un authentique philosophe même s'il rejette son œuvre. De même, un homme «de gauche» devrait admettre la profondeur philosophique de l'œuvre d'un Julien Freund même s'il ne l'embrasse pas. Ceux qui réservent la philosophie pour leur camp témoignent en fait d'un fanatisme grave. Il est seulement triste de constater qu'on décide de temps en temps d'en faire des ministres.

Najat Belkacem sa haine du latin et... des mathématiques

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Najat Belkacem sa haine du latin et... des mathématiques

Auteur : Fiorello
Ex: http://zejournal.mobi & http://www.agoravox.fr

Aujourd'hui avec la réforme des collèges annoncée par Mme Najat Belkacem, l'heure est grave, les professeurs de mathématiques en collège sont au bord d'un grand découragement. L'enseignement des mathématiques au collège est en passe d'être anéanti en même temps que les classes bilangues et que l'enseignement du latin mais dans un silence absolu sans qu’aucune voix ne s’élève pour le défendre. Bref c’est l’école de l’exigence et de la transmission des savoirs qui vacille au profit d’un centre de loisir low cost.

De quel massacre s’agit-il ?

Depuis que j’enseigne, nous (professeurs de mathématiques) déployons dans les collèges tous nos efforts pour rendre les mathématiques plus ludiques, plus concrètes, plus en interaction avec les autres disciplines et nous intégrons de plus en plus l’histoire des mathématiques dans nos cours ainsi que les nouvelles technologies. Ceci est utile, nécessaire, important mais ce n’est pas non plus l’alpha et l’oméga de l’enseignement des mathématiques. Tout comme pour la grammaire, il convient pour faire des mathématiques d’avoir des connaissances, de connaître des techniques, d’apprendre et de s’entrainer à raisonner. Bref un temps disciplinaire et un temps d’exercices n’hésitons pas à le dire répétitifs sont nécessaires (je sais aujourd’hui on appelle cela de la barbarie). N’en déplaise à notre ministre, pour progresser en mathématiques il est nécessaire d’apprendre, de travailler et de fournir des efforts ! Comment maîtriser le calcul sans s’entrainer à en faire ? Comment savoir résoudre une équation sans s’entrainer à en résoudre ? Comment faire de la géométrie sans connaître les éléments de base, les principaux théorèmes ? Les exemples sont innombrables.

Madame la ministre entend diviser par deux les horaires disciplinaires de mathématiques au collège en rendant obligatoire d’effectuer durant le temps d’enseignement de l’aide individualisé et des projets interdisciplinaires. Sans polémiqué sur l’intérêt de l’aide individualisé qui sur le terrain ne convainc pas grand monde, il est interdit durant ce temps de faire du disciplinaire et donc de faire des mathématiques (voilà une heure en moins en 6ème, et une demi-heure en moins pour les autres niveaux). En ce qui concerne les Enseignements pratiques interdisciplinaires(EPI), c’est une vieille recette qui s’appelait autrefois IDD (itinéraires de découverte) et qui a valu à l’époque une baisse des horaires en mathématiques au collège. Madame la ministre entend imposer cette interdisciplinarité comme le vœu du prince, comment réussir un projet pluridisciplinaire si l’enseignant n’est pas volontaire pour se lancer dans ce projet ? Les enseignants forcés seront-ils motivés et pertinents ? Imaginons qu’ils le soient et bien ces heures ne remplaceront pas les heures disciplinaires en efficacité.

Et c’est surtout en mathématiques que ces EPI seront les plus néfastes. Tout simplement parce que dans de tels projets les mathématiques n’interviennent que de façons sporadiques, ponctuelles et pire parfois même de façon artificielle. Prenons les exemples du ministère : « un magazine consacré à la machine à vapeur ». Sur cet exemple comme sur tous les autres les élèves vont passer beaucoup de temps à taper leur page du magazine, à embellir le magazine et à relier les pages du magazine tout ça sur le temps disciplinaire qui sera réduit. Pour la partie mathématique je cite : « leur professeur de mathématiques leur a demandé de prouver qu’il s’agissait réellement d’une révolution en calculant, à partir de la vitesse d’un cheval et la vitesse des premiers trains, le temps gagné pour rejoindre les villes de Lyon, Marseille, Orléans et Nantes depuis Paris. ». Un petit problème concret et 2 calculs intéressants certes mais qui prenne la place du travail réalisé au cours de 15 à 20 heures de mathématiques. On peut prendre tous les exemples et faire le même constat, j’ai longuement travaillé sur les IDD, je pense savoir de quoi je parle !

Donc avec les EPI c’est entre une demi-heure à une heure en moins pour l’enseignement des mathématiques en 5ème, en 4ème et en 3ème. Que reste-t-il ? 3,5h/semaine en 6ème  et 2h/semaine en 5ème, 4ème et 3ème. Avec des élèves habitués à ne pas travailler pendant 4h par semaine lors des EPI, donc moins efficaces durant le peu de temps d’enseignement qu’il restera. Ok ce n’est pas encore divisé par deux, il suffit maintenant de rajouter le numérique dans l’enseignement des mathématiques et maintenant on a CQFD. Le numérique et lui aussi un plus d’entre notre enseignement mais vouloir apprendre le codage à des élèves qui en grande partie ne maitrisent pas le calcul mental, ne maitrisent pas la géométrie de base et ne maitrisent pas les bases de la langue française est-ce bien raisonnable ? Utiliser un logiciel et cliquer sur une souris c’est utile dans la vie j’en conviens mais qu’on dégage du temps pour cela et qu’on ne vienne pas sans cesse rogner sur les fondamentaux que sont les mathématiques.

La grille horaire n’est pas le seul grave problème, il y en a un autre de taille : les programmes. Non pas le contenu des programmes mais leur faisabilité et leur adaptation laissée au « local ». Les programmes sont donnés volontairement peu clairs et peu détaillés pour soi-disant permettre une liberté pédagogique. Le pire c’est qu’ils ne sont pas donnés par niveau mais par cycle, en clair pas par année mais sur trois ans. Chaque collège pourra étaler sa progression sur trois ans comme il le souhaite. Plus personne ne pourra s’assurer que les programmes sont bouclés, un élève qui change de collègue sera complétement perdu surtout dans une discipline comme la nôtre où les notions sont liés les unes aux autres. Et pire encore, il sera impossible pour les éditeurs de concevoir des manuels, de belles économies pour le ministère mais une nouvelle catastrophe pour les mathématiques et les élèves. Comment donner du travail à faire en classe et à la maison sans livre ? Jamais nous n’obtiendrons des photocopies en nombre suffisant pour pallier à ce problème (ils nous en manquent déjà cruellement) ! Les manuels scolaires sont aussi un moyen de mieux connaître les programmes surtout pour les jeunes débutants.

Pour noircir encore un peu plus le tableau, je pourrais parler des hiérarchies intermédiaires souhaitées par le ministère pour mettre au pas les enseignants récalcitrants et la concurrence que souhaite lancer le ministère entre les différentes disciplines et entre les enseignants. De quoi encore remonter sans doute le moral des professeurs de mathématiques et celui des autres enseignants ! On pourrait aussi ajouter le tableau décrit par notre ministre sur le travail effectué jusqu’à présent dans nos collèges, chacun appréciera ses écrits et ses propos à leur juste valeur. Ce ne sont pas les mensonges proférés par les plus hauts représentants de l’état pour défendre cette réforme qui améliorent la situation bien au contraire.

Si vous voulez je suis élitiste, un pseudo intellectuel et un passéiste mais je vous em...

- Source : Fiorello

dimanche, 17 mai 2015

Capire la Russia

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Capire la Russia

Intervista a Paolo Borgognone

L'autore di "Capire la Russia" (Zambon Editore, 2015) traccia un quadro delle dinamiche politiche e sociali nella Russia postsovietica degli ultimi 25 anni. [Alberto Melotto]

 

di Alberto Melotto

Ex: http://www.megachip.info

"Il puritanesimo è l'ossessionante paura che qualcuno, da qualche parte, possa essere felice". Questo aforisma di Henry Louis Mencken ci sembra appropriato ad introdurre il volume Capire la Russia di Paolo Borgognone (Zambon Editore, 2015) che non è soltanto una cronaca degli ultimi venticinque anni di tempestosi rapporti fra il ricco mondo consumista e il (non più) misero mondo comunista, ansioso di liberarsi degli umili stracci di Cenerentola. E' innanzitutto lo studio di un sentimento atavico, pressoché impossibile da estirpare, venato di bluastre striature di fanatismo, come tutte le pulsioni tristi: la russofobia. Come tanti alunni di scuola elementare, ingobbiti nella lettura di un abbecedàrio della paura, ripetiamo quel che ci è stato insegnato fin dalla più tenera età: meglio diffidare di tutto ciò che viene da est. In altre parole: viviamo in una perenne condizione di strabismo culturale e politico.

Molti vedono il fascismo dove non c'é, lo stesso Borgognone ha dovuto subire questa accusa per non aver descritto gli anni di Putin in maniera manichea e pregiudizievolmente ostile, e non lo sanno vedere dove, invece, è purtroppo assai presente, ovvero l'Ucraina e gli stati baltici ormai prede di movimenti neo-nazisti che non si nascondono più nei vicoli oscuri della storia, ma riemergono baldanzosi, per tornare a macchiarsi di crimini odiosi. E ancora: paventiamo la rinascita di un Impero russo, e non ci accorgiamo che un altro Impero, quello statunitense, ci obbliga a muoverci sullo scacchiere internazionale come marionette obbedienti, ad appoggiare regimi che sventolano il simbolo della svastica nel cuore dell'Europa.

Nel volume Capire la Russia si può trovare una dettagliata descrizione del golpe di EuroMaidan: qui si parla di influenti attori dell'establishment statunitense che incitano la folla (peraltro interessata: un tanto al giorno per farsi riprendere dalle tv, tre volte tanto per mettersi a picchiare i poliziotti) a liberarsi dal giogo del cosiddetto dittatore corrotto Viktor Janukovyc per legarsi mani e piedi ai voleri della tecnocrazia di Washington e Bruxelles. C'è il racconto di una Russia, offesa e calpestata negli anni novanta del secolo scorso che prova, faticosamente, a riprendere contatto con la propria identità, anche attraverso il ricorso alla fede ortodossa.

Milioni di persone, donne e uomini, che intravedono nel luccichìo del bazar d'occidente qualche sinistro bagliore, in grado di confondere per qualche istante ma non di accecare per sempre. Come dice Giulietto Chiesa nell'introduzione al libro di Borgognone, la Russia si è risvegliata. Diversamente dalla nostra opinione pubblica, che ancora è immersa in un sonno malsano, popolato di nemici immaginari. Come ulteriore invito alla lettura, proponiamo di seguito alcune domande all'autore di Capire la Russia.


***

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Nel tuo volume appare chiaro il giudizio negativo su Boris Eltsin e il suo decennio di privatizzazione selvaggia di un'intera nazione, vorrei che ci spiegassi meglio cosa pensi di Michail Gorbacev, a tuo avviso il suo ruolo è stato quello di un improvvido legislatore, inconsapevole di quel che sarebbe accaduto con il suo programma di riforme, oppure la sua opera si può focalizzare come una sostanziale complicità nei confronti del processo di occidentalizzazione forzata della Russia/Urss?

Il mio giudizio politico su Mikhail Gorbaciov è decisamente negativo. Tale giudizio è corroborato dalle parole stesse dell'ultimo segretario generale del PCUS, che lo scorso anno, ricordando l'epoca della perestrojka, ebbe a dire: «Sembrava che avessimo preso Dio per la barba». Da questa dichiarazione, di esplicita autocritica per «l'eccesso di sicurezza in se stessi» degli architetti "comunisti riformisti" del crollo dell'URSS, si deduce l'elevato tasso di pressapochismo, improvvisazione e impreparazione politica ed economica dei fautori della perestrojka, eurocentrici sostenitori della "ristrutturazione" semicapitalistica dell'URSS mediante l'inoculazione, nel sistema sovietico, di consistenti dosi di liberismo mutuate direttamente dal modello thatcheriano (gli economisti "riformisti" del PCUS infatti, da Abalkin ad Aganbegjan, passando per Petrakov, Javlinskij e Shatalin, non avevano una teoria e un programma economici propri).

La conversione dell'economia sovietica a forme protocapitalistiche ispirate al capitalismo di libero mercato favorì e consolidò l'ascesa politica di una "nuova classe" di imprenditori privati, nati e cresciuti tra i settori di classe media del Komsomol e tra i manager dell'industria statale, che dopo il 1991 assunse indirettamente il controllo politico del Paese (modello del "governo indiretto dei businessmen") e che, in Occidente, è conosciuta (e, ahimè, mediaticamente riverita) con il nome di "oligarchia". Fu sotto Gorbaciov che si svilupparono le forme embrionali della futura plutocrazia cleptocrate filoccidentale che, con la presidenza Eltsin, dominò e rapinò la Russia fino a distruggerne ogni residuo di Stato sociale assistenziale e nazionale sovrano. Il gorbaciovismo politico non fu meno improvvisato del gorbaciovismo economico. Gorbaciov favorì dunque quella che Costanzo Preve ha definito la «controrivoluzione dei ceti medi sovietici» che, tra il 1989 e il 1991, affossò l'URSS.

In questo ambito, infatti, il versante politico della perestrojka, la glasnost', attraverso l'allentamento dei meccanismi di controllo e repressione nei confronti del secessionismo e dello sciovinismo interno alle repubbliche sovietiche a struttura europea e assimilate per via militare all'area eurasiatica dopo il 1940-'45 (Paesi baltici, Volinia, Galizia, Bessarabia), "scoperchiò il Vaso di Pandora" dei nazionalismi radicali russofobici, tra i fattori determinanti, nel 1991, lo smantellamento dell'URSS come Stato unitario. In ambito internazionale infine, Gorbaciov favorì il processo di riduzione dell'URSS e della Russia a semi-colonia dell'Occidente (si veda a riguardo il vergognoso trattato sull'autolimitazione della dislocazione degli armamenti convenzionali sul territorio sovietico, firmato da Gorbaciov con la controparte occidentale nel 1990).

Di fatto, Gorbaciov e la sua cricca (Shevardnadze, Jakovlev, ecc.) di "riformisti" teorizzarono, propugnarono e favorirono la metamorfosi del sovietismo in liberalismo. E il liberalismo è un'ideologia e una prassi politica radicalmente incompatibile con l'inconscio collettivo (tradizionalista) russo. Per questo motivo, Gorbaciov non gode di particolari simpatie in patria (in "compenso" però è, comprensibilmente quanto interessatamente, molto amato dagli intellettuali e dalle classi dirigenti neoliberali occidentali).

Gennadij Zjuganov, leader del Partito Comunista Russo KPRF, nei primi anni '90 stabilì rapporti con alcuni ambienti della destra italiana, con i quali aveva in comune l'idea di salvaguardare la sovranità statuale dalla globalizzazione made in USA. Tu guardi con curiosità al cambiamento portato avanti da Marine Le Pen "l'ultima marxista di Francia" all'interno del suo Front National. Ci vuoi spiegare se e come è possibile un dialogo tra forze così diverse, sul tradizionale asse destra-sinistra, per ridare prospettiva politica e centralità al Vecchio Continente, l'Europa?

Bisognerebbe domandarlo al premier ellenico, Alexis Tsipras, leader di un partito di sinistra radicale (Syriza) che, nel gennaio 2015, ha costituito un'anticonformista maggioranza di governo non con i socialdemocratici filo-UE e filo-NATO de Il Fiume bensì con Greci Indipendenti, un partito nazional-conservatore di destra, ma rigorosamente anti-austerity e russofilo. Se Tsipras avesse ragionato attraverso gli anacronistici schemini ideologici novecenteschi della post-sinistra italiana (argine politico contro "la destra" genericamente intesa, persistenza del dogma ideologico dell'"antifascismo in totale assenza di fascismo", dialogo discontinuo ma sempre possibile e alleanze a corrente alternata con i "democratici" di centrosinistra, russofobi, pro-UE e pro-NATO), a quest'ora la Grecia non avrebbe un esecutivo timidamente sovranista e critico nei confronti della geopolitica atlantista, bensì sarebbe in balìa di un vuoto politico interno o, peggio, avrebbe un esecutivo di centrosinistra Syriza-To Potami, supinamente di complemento ai diktat neoliberali di Bruxelles e ai desiderata neocoloniali di Washington.

Personalmente, pur rimanendo un antifascista sostenitore della persistenza della dicotomia destra/sinistra (sebbene ridefinita su nuovi assi e trasformata dopo il 1989), sono al contempo un critico e un oppositore radicale della società liberale postmoderna centrata sull'egemonia ideologica del Politicamente Corretto e pertanto mi trovo dichiaratamente d'accordo con Giulietto Chiesa quando sostiene: «Io comincio a pensare che l'Italia si possa salvare soltanto attraverso una grande alleanza democratica e popolare» e non tramite la stantia e falsa di riproduzione "dialettica" tra un centrodestra neoliberale, pseudo-conservatore, perbenista e atlantista e un centrosinistra ultraliberale, libertario, pseudo-progressista e atlantista.

La dicotomia centrodestra/centrosinistra riproduce pedissequamente il modello di sfruttamento, alienazione e controllo tardocapitalistico. Occorre, nella fase attuale, connotata dalla radicalizzazione delle politiche di guerra neocoloniale verso l'esterno e di smantellamento dei residui di sovranità, socialità e democrazia dei singoli Stati all'interno, cominciare a pensare a qualcosa di nuovo. D'altronde, a fronte dell'emergenza della guerra di liberazione, tra il 1944 e il 1945, Togliatti non si era alleato, nel CLN, persino con i monarchici? In Russia invece, l'antitesi europea destra/sinistra non ha alcun valore, la storia del grande Paese eurasiatico lo dimostra e solo chi è male informato o in malafede può far finta di non vederlo.

Nel pensiero di Alexander Dugin, attratto dall'idea di "socialismo nazionale" ma anche da autori tabù come Julius Evola, si identifica la Russia come segnata da un destino assai particolare e scomodo, essere parte fondante di un impero, questa nozione non è contraddittoria rispetto all'idea di un nuovo polo geopolitico, area comune euroasiatica sottratta all'influenza statunitense? Perché gli europei dovrebbero fidarsi della Russia? Il tempo dell'autocrazia, di marca zarista o staliniana è davvero finito?

Occorre innanzitutto distinguere nettamente tra le definizioni di "impero" e di "imperialismo", che non sono sinonimi, contrariamente a quanto veicolato dalla vulgata mediatica russofobica corrente. L'"impero" è principalmente una categoria metafisica, un «servizio religioso», per citare le parole di Alain de Benoist. L'"impero" è, nel caso eurasiatico, l'epifania della "Terza Roma", bizantina, ortodossa, profondamente influenzata dalla tradizione dei "popoli della steppa" (unni, tataro-mongoli), un ancestrale e non sempre lineare crogiuolo di identità tradizionali, popoli, culture, lingue, religioni e vissuto storico, unificato dalla comune consapevolezza di appartenere e votarsi a una "missione universale".

La categoria di "impero" è ostile al particolarismo etnico dello Stato nazionale, al nazionalismo borghese, al razzismo, a ogni forma d'intolleranza religiosa. L'"impero" ha peculiarità geopolitiche tellurocratiche. Si configura, nell'ambito della geopolitica dei grandi spazi, o dei blocchi geopolitici continentali, in opposizione all'imperialismo, ossia alla strategia talassocratica anglosassone di compimento della teoria liberaldemocratica postmoderna della "fine capitalistica della Storia" e del trionfo illimitato della società tecno-mercantile dei consumi, dei desideri e dell'alienazione di massa. L'imperialismo utilizza i nazionalismi etnici e gli sciovinismi campanilistici per aprire delle fratture politiche all'interno delle singole unità statuali che vuole ricondurre al proprio dominio.

L'imperialismo è omologatore e tende allo scioglimento, nella postmoderna "società liquida", delle identità collettive, riconvertite in tribalizzati atomi di consumo e desiderio capitalistico. L'"impero" è invece custode geloso di identità e culture premoderne. Quella russa è una «nazione costitutiva di impero» (cit. Alain de Benoist), gli USA non sono che una «democrazia imperialista». Naturalmente, non vedo incomponibilità tra l'idea moderna di Stato-Nazione e l'idea premoderna di "impero", perché gli Stati possono sopravvivere, seppure ridimensionati rispetto ad alcune prerogative sovrane, come unità nazionali interne al summenzionato blocco continentale eurasiatico.

Il modello da seguire è, a mio avviso, quello della nascente Unione eurasiatica indicata da Putin. Per quel che riguarda i temuti "residui autocratici stalinisti" in Russia, credo che essi siano presenti più nella letteratura e nella pubblicistica scandalistica (infogossip politico) occidentali che non nella realtà delle cose. Oggi la Russia tende verso la concretizzazione di un sistema politico interno di «democrazia sovrana» nazionalmente orientata all'autonomia geopolitica ed economica, che ricorda più il gollismo francese o il neoperonismo argentino che non lo stalinismo. Il modello politico di «democrazia sovrana» dovrebbe essere guardato con particolare attenzione da chi, nei Paesi della UE, si oppone alla riduzione dell'Europa al rango di vassallo strategico degli USA per il tramite della NATO, del Trattato transatlantico di libero scambio e libero commercio (TTIP) e dell'invasività dei modelli consumistici, televisivi e mediatici più in generale, provenienti da Oltreoceano.

Negli anni '70 Pier Paolo Pasolini affermava non esservi più una vera distanza tra un giovane comunista e un giovane fascista, i due tipi erano antropologicamente affini, a suo dire: in questo senso, la Russia odierna è riuscita a preservare una propria diversità rispetto ad alcuni deleteri stili di vita occidentali, quali l'uso smodato di tecnologie, l'individualismo sfrenato, la chiusura nel particolare? Esiste ancora una comunità nazionale in Russia, e se la risposta è positiva, ciò si deve anche, paradossalmente, all'attacco mediatico e militare che viene dal blocco atlantico?

Dopo il 1991, la Russia è diventata un Paese capitalistico a regime neoliberale oligarchico. Ciò significa che l'allora cricca "democratica" di Eltsin e dei Chicago Boys (tutti economisti liberisti, thatcheriani, provenienti dalle cellule dipartimentali universitarie del PCUS, ossia tutti rampanti intellettuali di classe media forgiatisi all'interno delle strutture ideologiche del Partito comunista, una burocrazia che mirava esclusivamente alla perpetuazione e alla salvaguardia dei propri privilegi castali, anche al prezzo di convertire se stessa alla più ferrea fede politica neoliberale) brigò per mutare la "struttura nazionale russa" (tradizionalista, eurasiatista e socialista) in direzione liberale, atlantista e liberista.

Eltsin e i "democratici", dopo il 1991, posero in essere un vero e proprio tentativo di ingegneria sociale volto a eliminare gli ancestrali contenuti tradizionalisti, eurasiatisti e socialisti dell'inconscio collettivo russo mediante la promozione degli pseudo-valori liberaldemocratici occidentali all'interno del corpo sociale russo. Il tentativo eltsiniano di occidentalizzazione della società russa diede inizialmente i suoi frutti perché buona parte dei ceti medi autoctoni, all'inizio degli anni Novanta del XX secolo, aveva effettivamente rivestito se stessa di abiti mentali neoliberali. Importante citare, a riguardo, le seguenti parole del noto politologo neocon e pervicacemente atlantista Samuel P. Huntington: «Un sondaggio condotto nel 1992 su un campione di 2069 russi europei indicava che il 40 per cento degli intervistati era "favorevole all'Occidente", il 36 per cento "contrario all'Occidente e il 24 per cento "incerto"». (S. P. Huntington, Lo scontro delle civiltà e il Nuovo Ordine Mondiale, Garzanti, Milano, 1996, p. 206).

Nel febbraio 2015, vent'anni dopo e al culmine dell'offensiva atlantista contro la Russia, l'81 per cento dei russi intervistati da un sondaggio Levada Center esprimeva un'opinione «negativa» o «molto negativa» rispetto agli USA e il 71 per cento avversava allo stesso modo la UE. L'attacco mediatico, politico, economico e militare condotto dal blocco atlantico contro la Russia aveva suscitato la reazione patriottica e identitaria antioccidentale dei russi, che sembravano aver finalmente archiviato le alchimie ingegneristico-sociali dei mad doctors radunati attorno a Boris Eltsin tra il 1991 e il 1999. Tuttavia, la sensibilità nazionalpatriottica di ampia parte della società politica russa non deve essere ravvisata esclusivamente come elemento di istintiva risposta identitaria dinnanzi alla giusta percezione del pericolo atlantista, divenuto evidente con il processo di espansione a Est della NATO.

La maggior parte dei russi non è patriottica perché si sente accerchiata dall'Alleanza atlantica ma in quanto strutturalmente adattata a un inconscio collettivo che potrei definire "conservatore" e "rivoluzionario" al contempo. L'inconscio collettivo identitario ("conservatore-rivoluzionario" o "nazional-bolscevico") russo affonda le sue radici nella storia dell'immenso Continente-Impero eurasiatico e non è pertanto un fattore di mera contingenza difensiva. Tra l'altro la "struttura russa", tradizionalista e nazional-bolscevica, rifiuta l'esclusivismo etnonazionalista, la xenofobia e lo sciovinismo tipico degli Stati-Nazione borghesi e coloniali europei. Nel momento in cui, segnatamente sotto Pietro il Grande, la Russia ebbe tentazioni scioviniste e coloniali, ciò fu dovuto all'adozione, da parte dello "zar riformatore", degli «obiettivi diplomatici che le suggerivano gli stranieri» (A. de Benoist, A. G. Dugin, Eurasia. Vladimir Putin e la grande politica, Controcorrente, Napoli, 2014, p. 87).

Determinante, nel novero del complesso di valori culturali identitari alla radice della particolare e del tutto originale "struttura russa", il ruolo esercitato dalla spiritualità ortodossa come fattore di mobilitazione delle masse in chiave nazionalpatriottica (si veda l'alleanza antifascista tra "trono e altare" stabilita tra Stalin e la Chiesa Ortodossa Russa nel 1941, come motore ideologico della Grande Guerra Patriottica). In definitiva, sono perfettamente d'accordo con Giulietto Chiesa, nel momento in cui, in una recente intervista, ha affermato: «La Russia, indipendentemente da chi la comanda, è la Russia: ha una sua cultura a parte. Non potrà mai diventare un Paese consumistico stile Usa. Sarebbe bene che l'Occidente lo capisse una volta e per tutte» (A. De Alberti, Giulietto Chiesa: «Putin autocrate? Solo per USA e UE», intervista a Giulietto Chiesa, in «Lettera 43», 2 maggio 2015).

La tregua in Ucraina sembra ormai essere stata definitivamente spazzata via, quali scenari dovremo aspettarci nei prossimi mesi?

Non azzardo previsioni sul futuro, mi limito all'analisi del presente. E ritengo che l'unica chance che le forze europee d'opposizione alla guerra e all'imperialismo hanno per fermare la spedizione coloniale portata avanti dalle truppe e dalle milizie ultranazionaliste di Kiev nella Novorossija è quella di battersi per l'uscita dei Paesi che ne fanno parte dalla NATO. La sconfitta del fascismo oggi passa per la fuoriuscita dalla NATO. L'orologio nucleare, che alla mezzanotte segnerà l'ora della guerra atomica, attualmente indica le 23:57.

Rifuggo dall'agitare scenari apocalittici e catastrofisti ma rilevo come sia in corso una guerra (politica, economica, militare, mediatica e culturale) d'aggressione degli USA e dei loro lacchè della NATO contro la Russia. Chi in Italia si oppone a tale strategia bellica, alla «quarta generazione della guerra» (la guerra politica e psicologica), deve battersi per promuovere l'uscita del Paese dalla NATO. Una sfida titanica quanto essenziale per ritrovare la sovranità nazionale e, in prospettiva, la sovranità di un Continente europeo che non può non essere alleato della Russia in funzione anti-egemonica.<7p>

L'Europa non potrà essere sovrana, neanche culturalmente, fintantoché sarà militarmente presidiata da truppe nordamericane. Concludo riportando alla memoria una frase del compianto Costanzo Preve, che nel 2010 disse: «Sarebbe stata possibile la filosofia di Socrate con una guarnigione militare persiana a presidio dell'Acropoli di Atene?». La risposta è assai semplice: no. Allo stesso modo, non è possibile lo sviluppo di un pensiero filosofico europeo autonomo fino a quando l'Europa sarà, dal punto di vista geopolitico e militare, un vassallo degli USA.

(9 maggio 2015)

Taubira et Najat-Belkacem: les ministres de la diversité ne sont pas intouchables

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DE L’INSTRUMENTALISATION DE LA XÉNOPHOBIE
 
Taubira et Najat-Belkacem: les ministres de la diversité ne sont pas intouchables

Raoul Fougax
Ex: http://metamag.fr
 
La charge de Nicolas Sarkozy contre Najat Vallaud-Belkacem, sans oublier Christiane Taubira, n’aura pas été inutile. Immédiatement en effet le Ps a réagi, dénonçant des relents xénophobes dans les propos de l’ancien président. Le mot xénophobie a été employé à tort par Cambadélis mais volontairement pour ne pas prononcer celui qui tue : racisme ! En effet la xénophobie s’adresse à des étrangers et pour le moment encore, en France, pour être ministre, il faut être français. Ce que Cambadélis  regrette peut être.

Alors on voit bien l’argument. On s’attaquerait particulièrement à ces deux ministres parce que femmes toutes les deux, parce que noire pour l’une et d’origine étrangère et musulmane pour l’autre. 

Comment nier que cela doit en énerver quelques uns. Le plus intéressant est cependant ailleurs. Il est dans le calcul de François Hollande. Incapable de satisfaire la gauche sur l’économie, il tente, on le sait, de l’apaiser par subversion sociétale.

Or, pour cette action de démolition des repères traditionnels français, il y a deux ministères clés, la justice et l’éducation nationale. CQFD. On l’a vu pour le mariage homosexuel et cela continue avec la réforme des collèges.

François Hollande passe son temps à instrumentaliser le passé. Il le fait dans le sens de la culpabilisation mémorielle pour renforcer le totalitarisme anti raciste. On passe des camps à l’esclavage sans oublier les migrants et les dangers de l’islamophobie. On rapace, mais c’est essentiel.

L’ami de Fidel Castro a donc nommé, avec des conseillers éclairés, deux ministresses bien identifiées idéologiquement aux postes les plus sensibles. C’est l’arme de dissuasion massive en fait. 

Des qu’on met en cause une réforme qui mine notre identité familiale et historique ou qui discrimine la culture traditionnelle européenne et française on hurle au racisme.  C’est facile. Et si il y a du racisme non dit, il n’est certes pas toujours du même coté. Sexisme militant, suspicion de tout ce qui est virilité traditionnelle ou enseignement classique, nos deux ministres ont du mal à résister à leurs pulsions pour une politique de discrimination négative et d’exclusion de ce qui n’est pas leur France rêvée qui, pour de nombreux Français, est un cauchemar cosmopolite.

Sarkozy lui-même, attaqué pour ses origines hongroises et juives, n’a pas  hésité à utiliser les mêmes ficelles en sortant de son chapeau  des Rachida Dati et autres Rama Yade. Il n’ose pas dire qu’il avait mieux choisi que François Hollande, mais il le pense très fort.

Personne dans notre système n’échappera à la case diversité, encore moins le Fn "mariniste" que les autres, s'il venait aux affaires.

Le problème n’est pas finalement la diversité, assumée, et on a le droit d’ailleurs de préférer Gaston Monnerville à une Taubira, mais son exploitation par un totalitarisme anti raciste.  Ce système  veut imposer une priorité des minorités ethniques religieuses et sexuelles et par une autre forme de discrimination  liée à la xénophilie.

Si on ne peut être xénophobes vis à vis de deux ministres français, on peut dénoncer,de leur part, une certaine xénophilie qui conduit à une  nouvelle forme évidente, même si sournoise, de discrimination. 
 

samedi, 16 mai 2015

Quand juifs et homosexuels ont mis la barre très à droite

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Quand juifs et homosexuels ont mis la barre très à droite
 
La débandade socialiste se mesure à la rapidité du renversement idéologique, du déplacement des clivages. Juifs et homosexuels ont mis la barre très à droite, jusqu’à se réclamer du nationalisme ou du conservatisme. On en voit les effets jusqu’au FN.
 
Administrateur civil, écrivain
Ex: http://bvoltaire.fr

Quelle ingratitude ! Les socialistes ont donné aux homos le droit de se marier comme des petits bourgeois, de mener une existence aussi banale que des hétéros, entre la marmaille à élever, le pavillon à construire et le brunch du dimanche à organiser.

Et quels n’ont pas été les efforts de Valls et Cazeneuve pour contenter le ban et l’arrière-ban du CRIF et des associations godillots de l’antiracisme qui gravitent autours du Parti socialiste comme les mouches au-dessus de l’étron !

Tout ça pour que Marine Le Pen fasse « carton plein chez les pédés », comme dirait Frédéric Mitterrand, et qu’Éric Zemmour, petit juif français né à Trappes, soit devenu la coqueluche de la France traditionnelle, et non moins éternelle, que l’on n’entendait plus.

L’histoire d’amour de la gauche française avec les juifs et les homosexuels aura duré cent ans, depuis l’affaire Dreyfus d’une part, et l’emprisonnement d’Oscar Wilde, son exil et sa triste mort en France, d’autre part.

La débandade socialiste se mesure à la rapidité du renversement idéologique, du déplacement des clivages. Juifs et homosexuels ont mis la barre très à droite, jusqu’à se réclamer du nationalisme ou du conservatisme. On en voit les effets jusqu’au FN, où la querelle de légitimité familiale se double de divergences sur la ligne stratégique et la nature des nouveaux adhérents.

En 2013, Finkielkraut, fils de juifs polonais, et en 2014, Zemmour, fils de juifs pieds-noirs, nous ont dit toute l’affection qu’ils avaient pour le pays qui a fait ce qu’ils sont devenus. De L’identité malheureuse aux Quarante années qui ont défait la France, ces deux cris d’amour à la nation française ont affolé le Landerneau médiatique et le parti dévot.

Il y avait de quoi. Il suffit de comparer, d’une décennie l’autre, ce qu’a été l’intelligentsia juive, ou se réclamant du judaïsme, du trio de la LCR trotskiste Krivine-Weber-Bensaïd à la gogauche atlantiste et droits-de-l’hommiste Kouchner-BHL-Glucksmann jusqu’aux néo-souverainistes Zemmour, Finkielkraut et Élisabeth Lévy.

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De même, si le FN est devenu un repaire d’homosexuels, cela gêne surtout ses adversaires car faisant s’effondrer un pan de leur argumentaire : comment un parti sectaire, intolérant et quasi nazi, où les deux passe-temps favoris seraient de chasser le métèque et casser du pédé, peut en accueillir toute une tripotée qui s’y sentent chez eux comme des poissons dans l’eau ?

Les pédés ont viré à droite, depuis Pim Fortuyn et Jörg Haider à l’étranger, bien avant Philippot, depuis que le look Fred Perry – crane rasé, réappropriation parodique de la figure de la classe ouvrière blanche – a saisi le Marais. À l’extrême gauche anti-institutionnelle de Foucault, Barthes et Genet succéda le communautarisme queer de Guibert, Dustan et Eribon, puis la figure exemplaire de Renaud Camus, jadis proche de Barthes, puis l’auteur du Tricks à l’esthétique camp, jusqu’à sa sensibilité national-identitaire actuelle.

Le pourquoi est délicat si l’on ne veut pas tomber dans l’essentialisme. Une raison tient à la dynamique du minoritaire : on sent mieux l’air du temps, et le vent tourner, quand on n’appartient pas à la majorité qui fait la doxa. L’autre raison est un retour du refoulé : ceux qui sont allés le plus loin dans la détestation de la tradition, de la nation et du pater familias ont été les premiers à les redécouvrir.

Est-ce à dire que si l’on n’est pas juif, homosexuel, noir ou d’une communauté « opprimée », on est moins légitime à s’exprimer ? Eh bien oui. Au point qu’il faut que la majorité s’organise en « de souche » pour se faire entendre. La République unitaire est morte. Bienvenue dans la société communautarisée.

Nouveaux programmes scolaires: détruire l’identité nationale

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Nouveaux programmes scolaires: détruire l’identité nationale

Les programmes scolaires revisités par Mme Najat Vallaud-Belkacem mettent l’islam en valeur et tentent d’abolir la transmission de la culture française et européenne. Cette entreprise, fort bien ciblée, est parfaitement corrélée au processus d’immigration de peuplement invasive, de colonisation et d’islamisation. Les nouveaux programmes prévoient qu’une partie de  l’histoire de France sera facultative (chrétienté médiévale) mais l’histoire de l’islam (truquée, on peut le prévoir…) obligatoire.

La logique islamisatrice

On croit rêver : en effet, dans les nouveaux programmes du collège concoctés par la ministre de l’Éducation nationale, Mme Najat Vallaud-Belkacem, l’histoire de la chrétienté médiévale, des Empires byzantin et carolingiens ou de la période des Lumières devient facultative. En revanche, en 5e, l’étude des débuts de l’expansion de l’islam est… obligatoire ! Le Conseil supérieur des programmes (CSP), peuplé d’islamo-gauchistes, a parfaitement validé ces choix. Ils entrent dans le projet d’effacer progressivement le récit de la mémoire historique nationale française au profit de l’identité des ”nouvelles populations”, selon le souhait du think-tank Terra Nova. Pour l’essayiste Dmitri Casali « on veut gommer les racines chrétiennes de la France ». C’est vrai, mais ce constat est insuffisant, il faut aller plus loin encore. Il s’agit tout simplement d’islamiser (et d’arabiser) l’enseignement de la mémoire historique dès l’adolescence.

Mais on cherche aussi à faire reculer dans les programmes tout ce qui pourrait heurter les musulmans le christianisme, les Lumières, etc.  « À croire qu’il ne faut pas heurter certaines sensibilités religieuses », remarquait pudiquement Hubert Tison, secrétaire général de l’association des professeurs d’histoire-géographie. Tout cela sous le prétexte d’ ”alléger les programmes” qui seraient trop chargés. En réalité, dans les collèges à forte proportion ou à majorité d’élèves musulmans issus de l’immigration, pour ne pas ”créer de problèmes”, on laisse aux professeurs le soin de faire l’impasse sur les sujets qui fâchent.

En revanche, tous les élèves, même dans les classes sans musulmans, devront obligatoirement étudier l’histoire de l’islam ! On se doute qu’elle sera enjolivée et expurgée de ses sombres réalités – comme par exemple l’esclavagisme des Africains, les raids barbaresques, les persécutions d’infidèles, etc. Derrière cette démission, cette soumission à l’islam, on retrouve aussi les pratiques soft-totalitaires de l’Éducation nationale, adepte du bourrage de crâne idéologique. Parmi les enseignements obligatoires, on trouve la traite négrière transatlantique et les conquêtes coloniales présentées comme des agressions ; toujours le même objectif : culpabiliser l’histoire de France.

Abolition et substitution  de la mémoire

casemanqu.jpgMme Najat Vallaud-Belkacem sait ce qu’elle fait. Avec la complicité des idéologues de l’Éducation nationale et la bénédiction de François Hollande, elle milite activement pour accélérer l’islamisation. En tant que féministe, adepte de la théorie du genre, égalitariste forcenée, elle semble ne pas percevoir l’insurmontable contradiction de sa position. Mais peu importe : pour elle, sans doute, la dépossession de l’identité française est prioritaire et corrélée à une volonté de procéder à une acculturation arabo-musulmane. Tout se passe comme si l’islam devait devenir, par force, ”notre histoire”, comme si nous devions l’incorporer dans notre mémoire. Cela correspond au dogme (de type stalinien) de l’idéologie dominante, maintes fois asséné en dépit de toute vérité historique, selon lequel ”la France a toujours été un pays musulman” ou un pays d’immigration et de mélanges permanents, sans identité fixe. Un récent rapport sur l’intégration parle, sans rire, de la « dimension arabo- orientale de notre identité ». Le n’importe quoi, le mensonge historique, au service du fanatisme idéologique. 

Dans les nouvelles réformes de déconstruction de l’identité européenne de la France, on trouve également le torpillage de l’enseignement du grec ancien, du latin et de l’allemand, destinés à disparaître progressivement  ou à devenir anecdotiques et marginaux. Et à cela, s’adjoint logiquement  le renforcement des ”enseignements de langues et de cultures d’origine” (ELCO). Il s’agit de faire apprendre les cultures et surtout les langues de leurs origines ethniques aux jeunes élèves issus de l’immigration, majoritairement l’arabe et le turc, qu’ils maîtrisent souvent mal ou pas du tout. Ces enseignements concernent aujourd’hui 92.500 élèves dont 87.000 dans le primaire, population scolaire en augmentation de 16%  de 2010 à 2015. En parallèle, l’enseignement grammatical et lexical de la langue française est volontairement torpillé. Les deux entreprises sont logiquement liées.

Il s’agit, outre la furie égalitariste et anti-élitiste du nivellement par le bas (notamment avec la suppression des classes bilangues), terriblement nuisible pour les classes modestes, de supprimer de l’enseignement non seulement l’héritage du christianisme mais aussi celui de la culture gréco-latine, pareillement reniés. Ethnocide culturel.

Les idiots de la République

C’est assez extraordinaire : la République renonce à l’intégration et à la francisation – encore plus à l’assimilation. Elle promeut le communautarisme ethnique et l’islamisation (tout en prétendant combattre l’islamisme !). En réalité, le pouvoir a pris acte des réalités démographiques et de l’immigration massive qu’il a favorisé depuis des décennies. M. Valls a déclaré le 5 mai 2015 devant les députés, fustigeant ceux qui s’opposaient à la réforme des programmes : « c’est une nostalgie que vous essayez de défendre, une nostalgie d’une France qui est celle du passé ».  Autrement dit, la ”nouvelle France” doit abolir la mémoire et l’identité de l’ ”ancienne France”. Les Français de souche doivent renoncer à leur identité et à leur ethnicité mais….pas les immigrés  allochtones ! Quant aux étrangers qui ont choisi l’assimilation française et européenne, ils sont tout autant méprisés.      M. Valls a avoué par ailleurs que «  le terme d’intégration ne veut plus rien dire ». Il lui préfère celui de « citoyenneté » Naïveté totale : la citoyenneté républicaine est totalement incompatible avec l’islam ! Et la vraie citoyenneté (voir Aristote) n’est possible qu’entre sociétaires qui possèdent les mêmes valeurs, la même mémoire ; autrement, c’est la rupture communautariste assurée avec, au bout, la guerre civile probable. Cette idéologie d’un angélisme crétin et, au fond, haineuse de l’identité européenne et française, a également été formulée par M. Sarkozy (mais, chez lui, par calcul politicien et non par fanatisme idéologique comme chez M. Valls) quand il a déclaré, repentant : « quand j’étais président de la République, je n’aurais pas du parler d’identité nationale mais dire que je voulais défendre les valeurs de la République ». Quelle république ? Une future république islamique ?

Il y a fort à parier que la droite, si elle revient au pouvoir en 2017, n’osera pas remettre en cause les mesures de démolition de Mme Vallaud-Belkacem.

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Vers l’inévitable affrontement

La conscience nationale, les traditions autochtones sont donc traitées de ”nostalgie” ringarde, voire criminelle, par les collaborateurs de l’immigration massive et de l’islamisation. En revanche, les ” nouveaux Français” issus de l’immigration sont choyés comme jamais ; leur religion, leur culture, leurs langues sont mises en valeur et enseignées. Outre les nombreux privilèges, subventions, protections dont ils bénéficient par ailleurs. Ils sont flattés parce que leur nombre croissant fait peur. La tradition et la mémoire sont suspectes voire détestables quand elles concernent la France, son identité et son histoire ; mais elles sont formidables quand elles concernent les populations migrantes et, en particulier l’islam ; cet islam sur la véritable nature duquel on se bouche les yeux, soit par bêtise et ignorance, soit par pusillanimité et lâcheté.

Tout cela est parfaitement antidémocratique puisque la majorité des Français refuse cette politique de capitulation et de soumission. Mais la démocratie n’est pas le bac à sable de l’idéocratie de la gauche idéologue ou de la droite capitularde.  Cependant ces nouvelles mesures imposées par l’oligarchie à l’Éducation nationale sont la conséquence logique de l’immigration hors contrôle et du différentiel démographique intérieur : elle  a pris acte, avec jubilation, qu’intégration et assimilation étaient désormais quantitativement impossibles. C’est aux Français de souche de s’adapter, de renoncer à eux-mêmes, à leur enracinement. Leur histoire est terminée, forclose.  L’oligarchie (voir les analyses de Terra Nova) se dit et espère que dans pas si longtemps la véritable minorité visible, ce seront les Français de souche.

Mais est-ce bien sûr que cette stratégie réussisse ? Pas certain. Car les oligarques à la tête de la République française ont négligé les effets dialectiques de leurs décisions. À toutes choses, malheur est bon.  Autrement dit, en renforçant le communautarisme, notamment musulman (et en combattant par ailleurs l’islamisme et son terrorisme, contradiction absolue), les gouvernants renforcent par ailleurs la rupture  polémique  entre la France de souche et la ”nouvelle population”. Ils confortent des identités hostiles les unes envers les autres, dans leur rêve ”républicain” pacificateur. Ils préparent la guerre civile ethnique globale, qui impliquera évidemment, nécessairement l’islam, en Europe même.  Ils jouent avec le feu comme des enfants avec des allumettes. Ceux qui ont créé le chaos, irresponsables, seront dévorés, comme les enfants de Saturne. 

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vendredi, 15 mai 2015

Brzezinski et la formation des «élites hostiles» en Europe

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Brzezinski et la formation des «élites hostiles» en Europe

Auteur : Nicolas Bonnal
Ex: http://zejournal.mobi

La grande obsession américaine n’est plus de conquérir le peuple, mais de contrôler ses élites. Rien de plus simple : il suffit d’imposer le culte des universités américaines, et l’on se retrouve avec les Young Leaders et les élites hostiles aux manettes ; dette, austérité, immigration et guerre humanitaire au menu.

C’est le fameux et immortel Zbigniew Brzezinski, architecte de la nouvelle guerre froide avec la Russie, qui décrit la nouvelle caste dominante dans sa Révolution technétronique (publié en 1969), qui exalte froidement un homme synthétique et cybernétique, des nations désossées et liquéfiées. Je cite un passage de cet anglais de laboratoire dont le mentor d’Obama a le secret, et qui montre que l’on n’aurait jamais dû renoncer au français comme langue diplomatique – mais nos rois très chrétiens sont partis…

« La création d’une grille globale d’informations facilitant l’interaction intellectuelle en continu et le partage du savoir renforcera le trend présent vers la formation d’élites internationales et l’émergence d’un langage scientifique commun. »

Le stratège devrait quand même indiquer que cette langue internationale est, depuis le traité de Versailles, l’anglais administratif, que nos ministres parlent mieux que leur langue natale. On se souvient, par exemple, de Christine Lagarde qui bredouillait ses premiers discours en français sur LCP. C’est sans doute pour cela qu’elle imposa l’anglais à son ministère, et que Sarkozy a donné un nom américain à son petit parti.

Brzezinski souligne ensuite que les intérêts des nouvelles élites européennes ne seront plus nationaux mais – quel beau mot ! – fonctionnels. Il insiste sur le rôle des universitaires : comme on sait, une grande partie des désastreux Premiers ministres et Présidents de France et d’Italie (Barre, Prodi, Hollande, etc.) sont avant tout des profs d’éco et de peu trépidants universitaires d’extraction keynésienne ou néolibérale, tous soumis à la doxa et à l’enseignement made in America, qui ont assuré à ce beau pays son bellicisme, son immigration clandestine, sa dette, ses déficits ou sa violence urbaine.

Le résultat, Brzezinski s’en moque : pour lui, ce qui importe, c’est l’abolition des frontières et la stricte coalescence de ces élites de mondains et de pédants. L’euro aura marqué cette rage d’unifier à tout prix contre les intérêts économiques et culturels des peuples concernés.

Enfin notre vieux renard prévoyait la réaction populaire et nationale à venir. C’était en 1969. Trois ans plus tard, on créait le Front national.

« Tout cela pourrait créer un fossé entre ces élites et les masses politiquement activées, dont le nativisme exploité par des leaders politiques pourrait marcher contre les élites cosmopolites. »

Une remarque : il n’y a rien de mal à être cosmopolite. Au XVIIIe siècle, nos élites aristocratiques étaient cosmopolites. Aujourd’hui, nos élites de péquenots sont américanisées. Ce n’est pas tout à fait la même chose…


- Source : Nicolas Bonnal

Front contre Front

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Front contre Front

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Alors que les politologues opposent le « vieux » FN de « Jean-Marie » au nouveau « FN » de « Marine », la classe politique, de gauche comme de droite, prétend au contraire que le FN n’a pas changé, ou alors simplement de manière cosmétique, que le nouveau est la continuité de l’ancien, à quelques « détails » près. Cette crise familiale et politique est-elle le choix de l’efficacité au détriment de l’authenticité, une véritable rupture ou une continuité masquée ?

Le FN de JMLP : provocations et incohérences.

Jean-Marie Le Pen, choisi comme figure de proue par une partie de la droite radicale et activiste, lassée des combats de rue en 1972, Dominique Venner rejetant la proposition qui lui avait été faite d’en être l’animateur, a voulu rassembler le camp dit de « droite nationale » autour de sa personne. Il était relativement indifférent aux querelles de chapelle et admettait tant d’anciens résistants que d’anciens collaborationnistes, dans la mesure où tous lui faisaient allégeance. Néanmoins, son parti fut une succession de départs et d’arrivées, au gré de diverses scissions liées à sa personnalité ou à ses positions fluctuantes. Dès 1973, la plupart des fondateurs du FN partirent « faire Front » puis en 1983 ce fut le départ de ceux qui allaient fonder le PNF. La plus grande scission, dont le FN n’a jamais réussi à se remettre, même en 2015, fut celle emmenée par Bruno Mégret.

Rappelons que cette scission était la conséquence non seulement de l’attitude de Le Pen, attisée par un clan épurateur dont sa fille Marine était une des animatrices les plus acharnées, mais aussi de choix tactiques différents. Toutefois, contrairement à ce qui a été souvent dit ces derniers mois, et affirmé aussi par Mégret lui-même, la « dédiabolisation » qu’il envisageait n’avait rien à voir avec celle de Marine Le Pen aujourd’hui. Il s’agissait simplement de ne plus donner d’armes aux adversaires par le biais de déclarations intempestives et/ou nostalgiques d’époques dont l’évocation n’apportait rien de bon, mais sans le moindre renoncement idéologique. Mégret a ainsi emmené avec lui les opposants les plus radicaux à l’immigration avant de les perdre au gré de ses défaites électorales.

Les provocations attiraient l’attention des media sur le parti et plaisaient à une partie de l’électorat. Ce côté anti-système était un positionnement confortable, même s’il amenait à se faire attaquer par toute l’intelligentsia politique et médiatique, car il évitait les remises en question douloureuses. Mais d’un point de vue politique c’était improductif puisque les chances réelles de succès étaient nulles. En 2002, la punition au second tour des présidentielles infligée à Jean-Marie Le Pen fut significative et sa réaction personnelle démontra qu’il avait compris qu’il n’aurait pas le pouvoir. Il l’avait sans doute compris dès 1995 en vérité. Alors tout ça pour quoi ?

Par ailleurs, le FN était un rassemblement hétéroclite sans aucune colonne vertébrale idéologique. Les néo-droitiers autour de Mégret et de Le Gallou avant 1998 avaient tenté de lui offrir une ligne. La revue « Identité » animée par Jean-Claude Bardet, le « Conseil Scientifique » du FN et d’autres structures la préparaient. Mais cette ligne rencontra l’opposition non seulement du président du parti mais de toute la coterie autour de lui. Les évolutions idéologiques, dans un sens plus souverainiste, les clins d’œil appuyés à l’islam, les renoncements doctrinaux, étaient au contraire défendus par JMLP, même s’il n’a jamais été un acharné de l’opposition à la construction européenne, à la différence de sa fille.

En outre, Le Pen lui-même n’était pas cohérent et oscillait entre ces deux positionnements, étant à la fois séduit par les thèmes nouveaux apportés par ceux qui allaient devenir les « mégretistes » et inquiet de l’ascension de son lieutenant au sein du parti. L’idée même de partager le trône avec lui était impensable. Mais ce discours « pré-identitaire » se heurtait aussi de front aux nostalgies coloniales du chef, à ce propos célèbre de jeune député en 1958 où il proposait un avenir français à la « jeunesse algérienne ». Lorsqu’on lit sous sa plume l’évocation d’une « Europe boréale » et la dénonciation implicite du « grand remplacement », on oublie son discours d'Argenteuil de 2007 adressé aux « branches de l’arbre France ». Le Pen a toujours hésité entre un nationalisme ethnique, pro-européen, et un nationalisme universel, potentiellement ouvert aux immigrés.

Enfin, en 1998, il osait évoquer à propos des mégretistes une « minorité extrémiste et même raciste », reprenant ainsi les accusations du système politico-médiatique à l’égard de gens qui quelques semaines auparavant étaient ses compagnons de route.
C’est oublier qu’il est plus que probable que les « mégretistes » n’ont fait que réagir par anticipation à une prévisible épuration envisagée par les courtisans, dont Samuel Maréchal (son gendre) et Marine Le Pen (sa fille), et admise implicitement par Le Pen.

Le FN de MLP : acheter la paix civile avec ses adversaires.

La stratégie de Marine Le Pen est le contraire exact de celle de son père. Elle dit vouloir le pouvoir et non témoigner. Mais, à la lire, on a l’impression que ce pouvoir est une fin en soi, et non le moyen de mener une autre politique. Son « FN » renonce à des convictions pour choisir des positions, fluctuantes au gré du vent. S’il lui faut garder un parfum d’acide, pour conserver un électorat dégoûté par la classe politique, et qui choisit le FN car différent (selon lui), le fond est considérablement allégé, les propositions les plus dures clairement adoucies ou abolies, y compris le refus de l’immigration passée. Le FN désormais se contente de réclamer un arrêt de l’immigration et une politique d’assimilation que certains jugent totalement illusoire, à l’instar de Julien Rochedy. Par ailleurs, il souffre d’un déficit de pensée. Le parti est en effet incapable de garder ses rares têtes pensantes, les privant de toute expression décomplexée. Chauprade a ainsi été fortement marginalisé suite à des propos hétérodoxes sur la question du « conflit entre civilisations ».

Le seul « intellectuel » du FN de Marine Le Pen semble donc Florian Philippot, qui sert à la fois de mentor politique de la présidente, de coach moral, de stratège en chef et d’épurateur n°1. Il est clairement à la manœuvre, même s’il s’en défend, et je dirais même surtout parce qu’il s’en défend, dans l’éviction de Jean-Marie Le Pen. Il a l’oreille de sa chef puisqu’il pense comme elle sur à peu près tous les thèmes.

Si Le Pen fille a au moins une conviction, c’est son rejet de l’idée européenne, qu’elle partage avec Philippot. C’est sur ce thème là qu’elle aura le plus de mal à faire son aggiornamento. Mais pour le reste, elle est prête à faire de son parti « le premier parti anti-raciste et anti-fasciste de France », pour reprendre une boutade de son père. Elle ira jusqu’au bout pour supprimer toutes les aspérités dérangeantes. Elle se guide aux sondages et études d’opinion, dans une certaine mesure seulement, et surtout aux media. Ce sont eux qui dictent sa politique de sanctions à l’intérieur du parti, eux qui traquent le moindre individu hétérodoxe en son sein. Elle préférera toujours un ancien socialiste ou gauchiste repenti à un nationaliste droitier.

En clair, pour accéder à une part de pouvoir, elle est prête à tout, alors qu’au contraire son père n’était prêt à rien. C’est là une différence fondamentale.

Deux lignes, deux échecs.

La ligne provocatrice à la JMLP menait à une impasse. Elle permettait certes d’obtenir entre 15 et 17% des voix à chaque élection, mais elle s’usait à la longue, en même temps que l’âge du capitaine augmentait. En 2007, il finit par tomber à 10% des voix et aux législatives suivantes le parti tomba à 4.3%. L’aventure risquait de se terminer comme elle avait commencé. La refondation était indispensable. Mais elle alla dans le sens exactement contraire, allant d’un extrémisme à un autre, d’un entêtement stérile à un renoncement qui ne l’est pas moins.

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Si dans les urnes le FN de « Marine » réussit mieux, avec 25% aux européennes et à peu près autant aux départementales, c’est dû à un contexte social et politique plus que dégradé. Si JMLP lui-même n’aurait plus été capable de réaliser ces scores, n’importe quel remplaçant un minimum jeune et dynamique l’aurait pu. Il n’y a pas vraiment de plus value « Marine ». Elle attire certes de nouveaux électorats. Elle en fait fuir aussi certains, notamment en raison de son programme économique anxiogène et pathétiquement europhobe.

MLP échouera pour les raisons exactement opposées à celles de son père. Elle échouera en diluant le discours dans le « politiquement correct », en stérilisant intellectuellement le parti. Elle n’a pas réussi à conserver la démarche de rassemblement de son père. Mais en revanche le « principe du chef » s’est aggravé. L’autoritarisme interne règne par la terreur. Tout intellectuel digne de ce nom ne saurait accepter une stérilisation mentale. Tout homme de conviction ne pourrait que se heurter à cette ligne dictée par ses adversaires.

Pour le moment, sa chance formidable est que la diabolisation dont elle est l’objet continue, alors même qu’elle fait des efforts immenses pour y mettre fin. On lui prête ainsi un crypto-programme. Ses adversaires comme ses électeurs la prétendent beaucoup plus dure sur le fond qu’elle ne l’est vraiment. On l’imagine avec une main de fer dans un gant de velours. Mais c’est au contraire une main molle dans un gant de fer. Et à un moment donné, cela se verra. A un moment donné, ses électeurs découvriront le pot aux roses, à savoir que sur les questions essentielles qui les animent, et notamment l’immigration, elle a déjà renoncé avant même de se battre. Peut-être en 2017, peut-être après, cette supercherie médiatique sera découverte. Pour peu qu’un parti identitaire, et pourquoi pas pro-européen, émerge, et elle sera ringardisée et rapidement écartée du jeu. Car la raison d’être de son parti, et la cause de ses succès, a toujours été ce thème, un thème « diabolisant » qu’elle accuse de lui interdire l’accès aux portes du palais présidentiel.

Enfin, l’obsession présidentielle, qu’elle partage avec son père, nécessitant d’atteindre les 50% des voix, ce qu’aucun parti révolutionnaire n’a jamais été capable de réussir au XXème siècle dans aucun pays européen, la perdra. Elle est incapable de passer cette barre. Ses reniements se paieront par des électeurs en moins qui ne seront même pas compensés par des électeurs en renfort. Et si malgré tout, elle réussissait, elle ne tiendrait pas quinze jours, prise dans ses contradictions. Elle aurait déjà le plus grand mal à se choisir un premier ministre. Et de toute façon le pouvoir n’est plus depuis longtemps à l’échelle nationale, or c’est la seule échelle qu’elle puisse envisager. Au mieux, elle isolera la France comme Syriza isole la Grèce. Et finalement elle cédera.

Et pendant ce temps là, la situation de la France et de l’Europe s’aggravera et cette « voie de garage » représentera une « voie de blocage » face à de vraies solutions audacieuses qui pourraient émerger et « capitaliser » de nombreux électeurs. Entre l’extrémisme de forme du père et la mollesse de fond de la fille, il existe une troisième voie aussi éloignée de l’une que de l’autre. Elle devra se chercher non seulement en dehors de ce parti, dont la direction est verrouillée au moins pour vingt ans, mais en dehors même de son créneau politique. Car toute solution sera européenne ou ne sera pas.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Pulverfass Mazedonien

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Pulverfass Mazedonien

von Frank Marten

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Am Wochenende lieferten sich mazedonische Streitkräfte mit albanischen Separatisten Feuergefechte. Mazedonien droht ein neuer Bürgerkrieg. Balkan-​Experte Frank Marten zu den historischen und ethnischen Hintergründen.

Die Vergangenheit scheint den kleinen Balkanstaat fest im Griff zu haben. 22 Tote, Dutzende Verletzte und zahlreiche zerstörte Bauten gab es am Wochenende – das erinnert an scheinbar längst vergangene Zeiten. Der Zwischenfall vor einigen Tagen im mazedonischen Städtchen Kumanovo könnte ein schlechtes Omen für die Zukunft Mazedoniens sein.

Der Vielvölkerstaat Mazedonien

Wer diesen Konflikt verstehen will, muss die ethnische Zusammensetzung des Landes betrachten. Die Bevölkerung der Republik Mazedoniens ist heterogen aufgeteilt: Knapp 64 Prozent sehen sich als slawische Mazedonier, die vor allem im Süden, im Westen und im Zentrum des Landes ansässig sind. Rund 25 Prozent der in der kleinen Republik lebenden Bevölkerung sind dagegen Albaner, die vor allem im Osten des Landes und an den Grenzen zum Kosovo und der Republik Albanien leben. Als politisches und kulturelles Zentrum dieser großen Minderheit gilt die Stadt Tetovo im Nordwesten des Landes an der Grenze zum Kosovo. Es handelt sich um die drittgrößte Stadt Mazedoniens.

Dementsprechend ist es nicht verwunderlich, dass gerade dort die Idee der Separation albanischer Gebiete von Mazedonien die meisten Anhänger findet. Beflügelt von dem Erfolg der „Befreiungsarmee des Kosovo“ (UCK) gründete sich um die Jahrtausendwende ein mazedonischer Ableger. Dessen Ziel war die Lossagung der albanisch besiedelten Gebiete Mazedoniens und der Anschluss dieser Gebiete an Albanien. Besonders umkämpft waren 2001 die Gebiete rund um Tetovo und das Grenzgebiet zum Kosovo sowie zur Republik Albanien.

Die UCK im Kosovo

In den knapp sechsmonatigen Kämpfen zwischen albanischen Separatisten und mazedonischen Sicherheitskräften begingen beide Seiten schwere Menschenrechtsverletzungen gegenüber der anderen Ethnie und ihren sakralen Bauten. Denn die Mehrheit der albanischen Mazedonier sind Muslime. Beendet wurde der Aufstand durch den Vertrag von Ohrid vom August 2001. Dieser gab den Albanern mehr Rechte als jemals zuvor in der mazedonischen Geschichte. Beispielsweise wurde die albanische Sprache nun als Kommunalsprache anerkennt. Gebieten mit eine überwiegend albanisch sprechenden Bevölkerung wurden im Rahmen des Abkommens mehr Selbstverwaltung und Entscheidungsgewalt eingeräumt.

Das Abkommen beendete zwar das Blutvergießen, nicht jedoch das durch den Aufstand ausgelöste Misstrauen zwischen den Ethnien. Der frühere mazedonische UCK-​Chef Ali Ahmeti gründete nach dem Aufstand die albanische Partei „Demokratische Union für Integration“, die die drittgrößte Partei im Land darstellt. Sie hat sich die Ausweitung der Rechte der Albaner auf die Fahnen geschrieben. Dennoch sei angemerkt, dass Ahmeti zu den eher moderaten Kräften gehört und auf Wahlen anstatt Blutvergießen setzt.

Die demographische Landnahme

Der überwiegende Teil der Mazedonier fürchtet eine Übernahme ihres Landes durch die albanische Minderheit. Schon jetzt bekommen albanische Mütter wesentlich mehr Kinder als mazedonische Frauen. Und dieser Prozess scheint sich ohne Unterbrechung fortzusetzen. Das Misstrauen auf beiden Seiten ist hoch. Knapp sieben Jahre nach der Beendigung des Aufstandes wurde im albanisch besiedelten Bezirk der Hauptstadt Skopje das „Museum der Freiheit“ eröffnet. Es sorgte vor allem mit der Zurschaustellung der Erfolge und Symbole der mazedonischen UCK für Furore innerhalb Mazedoniens.

Der Zwischenfall von Kumanovo bestärkte die Mazedonier in ihrem Misstrauen gegenüber den albanischen Nachbarn. Die UCK, die nach dem Aufstand von 2001 von der Bildfläche verschwunden war, taucht nun wie der Phoenix aus der Asche mit einem lauten Donnerschlag wieder auf. Dennoch ist wenig über den Vorfall bekannt: Laut der mazedonischen Regierung sollte es sich um eine Razzia gegen albanische Separatisten gehandelt haben, die vor einigen Wochen einen Grenzposten zur albanischen Grenze für einige Stunden übernommen hatten.

Verschwörungen um Kumanovo

Aus der Razzia entwickelte sich ein Feuergefecht zwischen den Separatisten und den mazedonischen Sicherheitskräften. Laut der mazedonischen Regierung, bestehend aus einer Koalition der christlich-​konservativen VMRO-​DPMNE mit der national-​albanischen DIU, seien diese vom Ausland aus gesteuert worden. Doch dieser Aussage wird sowohl aus dem Kosovo als auch aus Albanien widersprochen. Manche Oppositionelle vermuten hinter dem Vorfall von Kumanovo jedoch ein Ablenkungsmanöver der umstrittenen Regierung.

Denn die steht seit Wochen unter dem Protest der Straße. Grund dafür sei die illegale Abhörung von knapp 20.000 kritischen Journalisten und Oppositionellen gewesen, so internationale Medienberichte. Bauscht die mazedonische Regierung den Vorfall also medial auf, um somit von ihren eigenen Schandtaten abzulenken?

Nachbarstaaten heizen den Konflikt an

Wie dem auch sei – die Antwort der Nachbarstaaten ließ nicht lange auf sich warten. So kritisierten sowohl Albanien als auch das Kosovo die Vorgehensweise der mazedonischen Sicherheitskräfte. Sie forderten die mazedonische Regierung zur Einhaltung der Bestimmungen von Ohrid auf. Bulgarien, das sich als Schutzmacht Mazedoniens sieht, forderte eine lückenlose Aufklärung des Vorfalls. Diese Forderung teilt auch die Republik Serbien, die nach dem Vorfall bereits Polizeitruppen an der serbisch-​mazedonischen Grenze stationierte. Dort geht die Angst vor einem „Großalbanien“ um. Denn die UCK fordert auch die Angliederung von Teilen Südserbiens an das von ihr angestrebte „Großalbanische Reich“.

Die Angst vor einem erneuten Aufstand der Albaner ist nicht unbegründet: Durch die desolate Wirtschaftslage des Balkanstaates und die um sich greifende Korruption teilen viele Albaner den Wunsch eines geeinigten Großalbaniens unter der Flagge des schwarzen Adlers. Die mazedonische Politik sollte sich nun ihrer desolaten Lage bewusst werden und die Probleme im Land, die sie teilweise selbst zu verantworten hat, mit demokratischen Mitteln bekämpfen: „Nein“ zum albanischen Separatismus, „Ja“ zur regionalen Selbstverwaltung unter dem Schutz des mazedonischen Staates. Das bismarcksche Prinzip von „Zuckerbrot und der Peitsche“ könnte auch im tiefsten Balkan funktionieren. Von einem erneuten Blutvergießen hat niemand etwas – weder die Albaner noch die Mazedonier.

Anm. d. Red.: BN-​Autor Frank Marten hat mehrere Auslandsaufenthalte im Balkan, darunter auch im Kosovo und in Mazedonien, verbracht. Hier berichtet er über seine Reise in den Kosovo.

jeudi, 14 mai 2015

Échec du coup d'État US en Macédoine

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Échec du coup d'État US en Macédoine

Auteur : Thierry Meyssan

Ex: http://zejournal.mobi

La Macédoine vient de placer hors d'état de nuire un groupe armé dont elle surveillait les commanditaires depuis au moins huit mois. Elle a prévenu ainsi une nouvelle tentative de coup d'État, planifiée par Washington pour le 17 mai. Il s'agissait d'élargir à la Macédoine le chaos déjà installé en Ukraine de manière à prévenir le passage d'un gazoduc russe vers l'Union européenne.

L’affaire de Kumanavo

La police macédonienne a lancé, le 9 mai 2015, à l’aube, une opération pour arrêter un groupe armé qui s’était infiltré dans le pays et qu’elle soupçonnait de préparer divers attentats.

La police avait évacué la population civile avant de donner l’assaut.

Les suspects ayant ouvert le feu, il s’ensuivit une dure bataille qui fit 14 morts du côté des terroristes et 8 du côté des forces de l’ordre. 30 personnes ont été faites prisonnières. On dénombre quantité de blessés.

Pas une action terroriste, mais une tentative de coup d’État

La police macédonienne était manifestement bien renseignée avant de lancer son opération. Selon le ministre de l’Intérieur, Ivo Kotevski, le groupe préparait une très importante opération pour le 17 mai (c’est-à-dire lors de la manifestation convoquée par l’opposition albanophone à Skopje).

L’identification des suspects a permit d’établir qu’ils étaient presque tous anciens membres de l’UÇK (Armée de libération du Kosovo).

Parmi ceux-ci, on trouve :

- Sami Ukshini, dit « Commandant Sokoli », dont la famille joua un rôle historique au sein de l’UÇK.
- Rijai Bey, ancien garde du corps de Ramush Haradinaj (lui-même trafiquant de drogues, chef militaire de l’UÇK, puis Premier ministre du Kosovo. Il fut jugé par deux fois par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie pour crimes de guerre, mais acquitté car 9 témoins cruciaux furent assassinés durant son procès).
- Dem Shehu, actuel garde du corps du leader albanophone et fondateur du parti BDI, Ali Ahmeti.
- Mirsad Ndrecaj dit le « Commandant de l’Otan », petit fils de Malic Ndrecaj commandant de la 132e Brigade de l’UÇK.

Les principaux chefs de cette opération, dont Fadil Fejzullahu (mort pendant l’assaut), sont des proches de l’ambassadeur des États-Unis à Skopje, Paul Wohlers.

Ce dernier est fils d’un diplomate états-unien, Lester Wohlers, qui joua un rôle important dans la propagande atlantiste et dirigea le service cinématographique de l’U.S. Information Agency. Le frère de Paul, Laurence Wohlers, est actuellement ambassadeur en République centrafricaine. Paul Wohlers lui même, ancien pilote de la Navy, est un spécialiste du contre-espionnage. Il fut directeur adjoint du Centre d’opérations du département d’État (c’est-à-dire du service de surveillance et de protection des diplomates).

Pour qu’il n’y ait aucun doute sur les commanditaires, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, intervenait avant même la fin de l’assaut. Non pas pour déclarer sa condamnation du terrorisme et son soutien au gouvernement constitutionnel de Macédoine, mais pour transformer le groupe terroriste en une opposition ethnique légitime : « C’est avec une vive inquiétude que je suis les événements se déroulant à Kumanovo. J’adresse toute ma sympathie aux familles des personnes tuées ou blessées. Il est important que tous les dirigeants politiques et responsables de communauté s’emploient ensemble à rétablir le calme et fassent procéder à une enquête transparente pour déterminer ce qui s’est passé. J’appelle instamment chacun à faire preuve de retenue et à éviter toute nouvelle escalade, dans l’intérêt du pays et de l’ensemble de la région. »

Il faut être aveugle pour ne pas comprendre.

En janvier 2015, la Macédoine déjouait une tentative de coup d’État au bénéfice du chef de l’opposition, le social-démocrate Zoran Zaev. Quatre personnes étaient arrêtées et M. Zaev se voyait confisquer son passeport, tandis que la presse atlantiste commençait à dénoncer une « dérive autoritaire du régime » (sic).

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Zoran Zaev est publiquement soutenu par les ambassades des États-Unis, du Royaume-Uni, d’Allemagne et des Pays-Bas. Mais il n’existe à ce jour de trace dans la tentative de coup d’État que de la responsabilité US.

Le 17 mai, le parti social-démocrate (SDSM) de Zoran Zaev devait organiser une manifestation. Il devait distribuer 2 000 masques de manière à empêcher la police d’identifier les terroristes au sein du cortège. Durant la manifestation, le groupe armé dissimulé par ces masques devait attaquer diverses institutions et lancer une pseudo-« révolution » comparable à celle de la Place Maidan de Kiev.

Ce coup d’État était coordonné par Mile Zechevich, un ancien employé d’une des fondations de George Soros.

Pour comprendre l’urgence de Washington à renverser le gouvernement de Macédoine, il faut revenir sur la guerre des gazoducs. Car la politique internationale est un grand échiquier où chaque mouvement de pièce provoque des conséquences sur les autres.

La guerre du gaz

 

Le gazoduc Turkish Stream devrait passer à travers la Turquie, la Grèce, la Macédoine et la Serbie pour déservir l’Union européenne en gaz russe. A l’initiative du président hongrois, Viktor Orbán, les ministres des Affaires étrangères des pays concernés se sont réunis le 7 avril à Budapest pour se coordonner face aux États-Unis et à l’Union européenne.

Depuis 2007, les États-Unis tentent de couper les communications entre la Russie et l’Union européenne. Ils sont parvenus à saboter le projet South Stream en contraignant la Bulgarie à annuler sa participation, mais le 1er décembre 2014, à la surprise générale, le président russe Vladimir Poutine lançait un nouveau projet en réussissant à convaincre son homologue turc Recep Tayyip Erdo?an de faire accord avec lui bien que la Turquie soit membre de l’Otan. Il était convenu que Moscou livrerait du gaz à Ankara et que celui-ci en livrerait à son tour à l’Union européenne, contournant ainsi l’embargo anti-russe de Bruxelles. Le 18 avril 2015, le nouveau Premier ministre grec, Aléxis Tsípras, donnait son accord pour que le gazoduc traverse son pays. Le Premier ministre macédonien, Nikola Gruevski, avait, quant à lui, discrètement négocié en mars dernier. Enfin, la Serbie, qui faisait partie du projet South Stream, avait indiqué au ministre russe de l’Énergie, Aleksandar Novak, lors de sa réception à Belgrade en avril, qu’elle était prête à basculer sur le projet Turkish Stream.

Pour stopper le projet russe, Washington a multiplié les initiatives :
- en Turquie, il soutient le CHP contre le président Erdo?an en espérant lui faire perdre les élections ;
- en Grèce, il a envoyé le 8 mai, Amos Hochstein, directeur du Bureau des ressources énergétiques, pour sommer le gouvernement Tsípras de renoncer à son accord avec Gazprom ;
- il prévoyait —à toutes fins utiles— de bloquer la route du gazoduc en plaçant une de ses marionnettes au pouvoir en Macédoine ;
- et en Serbie, il relance le projet de sécession du bout de territoire permettant la jonction avec la Hongrie, la Voïvodine.

Dernière remarque et non des moindres : le Turkish Stream alimentera la Hongrie et l’Autriche mettant fin au projet alternatif négocié par les États-Unis avec le président Hassan Rohani (contre l’avis des Gardiens de la Révolution) d’approvisionnement avec du gaz iranien.


- Source : Thierry Meyssan

mercredi, 13 mai 2015

Fuite TTIP/TAFTA: La proposition de l’UE est une menace pour les valeurs démocratiques

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Fuite TTIP/TAFTA: La proposition de l’UE est une menace pour les valeurs démocratiques

Auteur : Corporate Europe Observatory
Ex: http://zejournal.mobi

Selon une nouvelle fuite concernant une proposition de la Commission Européenne pour les négotiations du partenariat de commerce et d’investissement transatlantique entre l’UE et les Etats-Unis (TTIP), les initiatives législatives des Etats membres de l’UE devront être examinées minutieusement pour leurs impacts potentiels sur les intérêts des entreprises privées.

 

La proposition fait partie d’un vaste projet de “coopération réglementaire”. Les groupes de la société civile ont déjà dénoncé des versions précédentes de ce plan, le jugeant propice à tuer dans l’oeuf ou à saper en amont les réglementations d’intérêt public. D’après eux, les nouveaux éléments détaillés dans cette nouvelle fuite aggravent le problème.

 

Les groupes de la société civile ont qualifié les plans d’“échanges réglementaires” d’affront à la démocratie parlementaire. “C’est une insulte aux citoyens, aux politiciens élus et à la démocratie elle-même”, dénonce Max Bank de Lobby Control.

 

La proposition d’“échanges réglementaires” forcera les lois rédigées par des politiciens élus démocratiquement à passer par un processus de criblage (notation) très lourd. Ce processus aura lieu dans les 78 Etats, pas seulement à Bruxelles et à Washington DC. Les lois seront évaluées selon leur compatibilité avec les intérêts économiques des grandes entreprises. La responsabilité de ce criblage reviendra à l’Organe de Coopération Réglementaire, un conclave permanent et non-démocratique de technocrates Européens et Américains.

 

“La Commission et les autorités américaines pourront exercer des pressions excessives sur les gouvernements et les politiques à travers cette mesure car ces acteurs puissants seront parachutés dans les procédures législatives nationales. Les deux vont également certainement partager le même programme politique: soutenir les intérêts des multinationales,” a déclaré Kenneth Haar de Corporate Europe Observatory.

 

“La proposition de la Commission introduit un système qui met en danger chaque nouvelle réglementation protégeant l’environnement, la santé et les travailleurs aux niveaux Européen et des Etats Membres. Cela crée un labyrinthe bureaucratique pour les régulateurs, payé par les contribuables, qui réduira la volonté politique d’adopter des lois dans l’intérêt général,” estime Paul de Clerck des Amis de la Terre Europe.

 

Le criblage prévu dans les “échanges sur les réglementations” pourrait avoir lieu avant qu’une proposition de loi soit formellement mise sur le bureau des députés et ce jusqu’à ce qu’elle soit adoptée, et ce également sur les lois existantes, donnant des opportunités continuelles pour diminuer ou retarder les actes réglementaires. Les articles 9 et 11 sont les plus explicites sur ce point.

 

“Ce qui certainement le plus effrayant est l’application potentielle de ce dispositif aux réglementations existantes – ce qui ne paralysera pas seulement les lois futures mais constitute également un retour en arrière,” s’inquiète David Azoulay du Centre pour le Droit International pour l’Environnement (CIEL).

 

“Non seulement cela va créer un processus outrageusement lourd pour l’examen des lois futures, mais toute loi d’intérêt général existante qui ne conviendrait pas aux intérêts commerciaux, et ce des deux côtés de l’Atlantique, sera soumise au même processus de mise en conformité aux intérets des entreprises.”

 

Notes : document “fuité” ici

 

Das Schicksal der Deutschbalten

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Das Schicksal der Deutschbalten

von Georg Schäfer

Ex: http://www.blauenarzisse.de

baltend.jpgVor fast 100 Jahren wurden die meisten Deutschen aus dem Baltikum vertrieben. Die komplexe Vorgeschichte schildert Siegfried von Vegesacks packende Romantrilogie Die Baltische Tragödie.

Die Worte von Leutnant Kay im Roman Die Geächteten von Ernst von Salomon stoßen heute bei vielen Deutschen auf Unverständnis: „Riga. Eine deutsche Stadt immerhin, von Deutschen begründet, aufgebaut und bewohnt.“

Vielen heutigen Deutschen ist die Leidensgeschichte der Baltendeutschen unbekannt. Dabei lebten sie fast 700 Jahre im Baltikum und gehörten der zur oberen sozialen Schicht an. Die letzten Jahre der deutschen Siedlung im Baltikum und den Untergang dieser Kultur beschreibt von Vegesacks Romantrilogie von 1935.

Kindheit auf dem Blumbergshof

Der baltendeutsche Schriftsteller hat hier eine stark autobiographische Darstellung vorgelegt: Sie beginnt mit der unbeschwerten Kindheit auf einem Gutshof in Livland, das im Gebiet des heutigen Estlands und Lettlands liegt. Aurel von Heidenkampf wächst auf dem Blumbergshof, irgendwo in Livland, sorgenfrei auf. Zahlreiche lettische Diener umsorgen ihn und seine Familie von früh bis spät. Aurel spürt schon früh, dass eine unsichtbare gläserne Mauer die Welt der deutschen Herren und der lettischen Knechte trennt. Diese Mauer wird etwa dann sichtbar, wenn sich die lettischen Bauernkinder nicht trauen, die Kinder der deutschen Herren bei einer Rauferei zu stark anzugehen. Denn andernfalls müssten sie befürchten, dass ihren Vätern das gepachtete Land gekündigt wird.

Aurel bleibt bei der Bewertung dieser sozialen Verhältnisse zwiegespalten. Einerseits erkennt er das Unrecht, dass der lettischen Bevölkerung widerfährt und schämt sich für sein luxuriöses Leben. Andererseits aber kann er auch nicht aus den Traditionen seiner Familien und der deutschen Oberschicht ausbrechen. Aurels Familie besteht neben seinen drei Brüdern und einer Schwester auch aus vielen Tanten und Onkeln. Diese Tanten und Onkeln sind untereinander sehr verschieden. Zum einen ist da der „angerusste“ Onkel Jegor, der in einem hohen Posten der russischen Regierung in Sankt Petersburg dient. Denn zu dieser Zeit stand das Baltikum unter der Herrschaft des Zarenreiches.

Die Russifizierung der Baltendeutschen

Eine andere Position nimmt Aurels Onkel Rembert ein, der sich gegen den Einfluss der russischen Regierung und der russischen Nationalisten auf das Baltikum verwehrt. Auf Aurel wirkt er wie ein alter Ordensritter. Die Idylle der frühen Kindheit wird allerdings immer wieder durch die Verlusterfahrungen gestört, die Aurel macht. Alle Personen, zu denen er eine innere Bindung herstellt, versterben bald darauf. Zuerst sterben seine Betreuerin, sein Hauslehrer, sein Cousin und sein engster Freund Boris. Schließlich folgt der Vater, nachdem Aurel zu ihm ein innigeres Verhältnis aufgebaut hat.

Nach dem Tod des Vaters zieht die Familie nach Riga. Hier erlebt Aurel, die starke Russifizierungsbestrebungen der russischen Regierung in der Schule, der sich die Baltendeutschen ausgesetzt sehen. Aurel weigert sich, die Erklärung „ Ich bin ein Russe!“ des russischen Geschichtslehrers zu schreiben. Sein Widerstand wird mit Schikane bestraft. Daraufhin nimmt Aurel eine noch stärkere russland-​kritische Haltung an. In Riga wird er von den dort lebenden Verwandten aus zwei völlig unterschiedlichen Seiten kritisiert. Sein russlandfreundlicher Onkel Jegor fordert Aurel und die Balten insgesamt auf, mehr Integrationswillen gegenüber dem russischen Zarenreich zu zeigen.

Vom Baltikum nach Berlin

Seine Klavierlehrerin, Tante Arabelle, hingegen kritisiert die baltische Gemütlichkeit. Sie schätzt den Arbeitssinn der Reichsdeutschen. Aurel orientiert sich aber am stärksten an seinem Onkel Rembert. Rembert fordert für die Baltendeutschen gegenüber der russischen Regierung ihre verbrieften Rechte ein. Eine starke Belastungsprobe für die Baltendeutschen ist die Revolution von 1905. Die schwappt von Russland auch nach Livland über. Die zuvor von der russischen Regierung aufgehetzten Letten ermorden deutsche Gutsbesitzer und brennen deren Höfe nieder. Auch einige von Aurels Verwandten fallen dem lettischen Mob zum Opfer. Erst durch eine russische Militärintervention kann das Gemetzel gestoppt werden.

Doch gleichzeitig lässt die russische Regierung die Hintermänner entkommen. Es ist klar, dass die Baltendeutschen dem zwiespältigen Treiben der russischen Regierung hoffnungslos ausgeliefert sind. Sie sind Herren ohne Heer, so der Titel des zweiten Bandes. Die Weltgeschichte überrollt die gemütlichen Balten. Doch für Aurel geht das Leben weiter. Nach dem Gymnasium studiert er – nach langem Ringen – zunächst Geschichte in Dorpat im heutigen Estland, um dort wie seine Brüder Mitglied bei der Studentenverbindung Livonia zu werden. Nachdem er bei einer Mensur am Auge verletzt wird, bricht er sein Studium ab. Er studiert danach in Berlin Musik. Berlin jedoch bleibt Aurel fremd, ebenso wie die Reichsdeutschen. Er ist irritiert und auch verletzt von ihnen als „Deutsch-​Russe“ abstempelt zu werden. Haben doch gerade die Auslandsdeutschen aufgrund der Verteidigung ihres Volkstums ihr Deutschtum stärker bewahrt als die Reichsdeutschen.

Doch trotz der Ablehnung fühlt er, dass in Deutschland auch nach siebenhundert Jahren noch immer seine Wurzeln liegen. Wieder zuhause angekommen, währt das Glück nur kurz. Schon kurz darauf, nach dem Ende des Ersten Weltkriegs, werden die Deutschen endgültig von den Letten aus dem Baltikum vertrieben. Die deutsche Kultur im Baltikum geht in den Wirren des Russischen Bürgerkriegs und des Kampfes zwischen Freikorps und Letten unter.

Ein unheimlich aktuelles Werk

Siegfrieds von Vegesacks Roman ist ein epochales Werk. Man findet keinen besseren Roman, wenn man sich mit dem Schicksal der Deutschen im Baltikum beschäftigen möchte. Hieran ändert auch der Schreibstil von Vegesack nichts. Die zum Teil bandwurm-​artigen Sätze stören den Lesefluss aber nur leicht. Zudem wohnt seinem Werk auch eine zum Teil ungeahnte Aktualität inne. Wird unsere deutsche Kultur nicht auch immer mehr durch eine große, fremde Macht von außen beeinflusst? Und drohen uns nicht, wenn auch unter anderen Vorzeichen, ähnliche Bürgerkriegsszenarien wie im Baltikum? Die Antwort auf diese Fragen finden sich in von Vegesacks Trilogie.

Siegfried von Vegesack: Die baltische Tragödie. Reihe Die Vergessene Bibliothek. Verlag F. Sammler 2004. 520 Seiten. Gebunden. 19,90 Euro.

Réflexions générales sur le concept d’ « Eurasie »

 

 
 
Robert Steuckers :
Réflexions générales sur le concept d’ « Eurasie »
 
 
Conférence préparée pour une rencontre eurasiste à Marseille, le 12 juillet 2014, présentée lors des « Rencontres eurasistes » de Bruxelles, le 18 octobre 2014
 
Quand on parle d’eurasisme actuellement, on a tendance à y voir une sorte d’ersatz des idéologies défuntes, qui devrait incessamment en prendre le relais, comme le voulaient par ailleurs les eurasistes des années 20 et 30, dont les démarches ont été analysées avec minutie par le Professeur Marlène Laruelle (1). Celle-ci démontre le caractère éminemment russe de la démarche eurasiste des années 20 et 30. Par conséquent, si l’Europe, le sous-continent indien, la Chine et d’autres puissances d’Asie centrale ou d’Asie orientale adoptent une stratégie « eurasienne » ou « eurasiste », le concept d’un eurasisme nouveau, conforme aux aspirations de l’Europe ou de ces autres puissances petites ou grandes, doit certes garder son noyau théorique russe, vu la qualité des arguments développés par les eurasistes de l’émigration russe de Berlin, Prague, Bruxelles et Paris entre 1920 et 1940 mais il doit aussi être élargi pour en faire la pratique naturelle des puissances du BRICS et donner corps à la géopolitique pragmatique suggérée à tous par le président kazakh Nazarbaïev, qui assure aujourd’hui les destinées de l’Etat le plus central de la masse continentale eurasienne, du « Heartland » tel qu’il fut théorisé par Sir Halford John Mackinder en 1904. 
 
Les Chinois et les Japonais (la filière géopolitique « mandchoue » de l’école dite de Tokyo, inspirée par les thèses grandes-continentales de Karl Haushofer) apporteront certainement leur pierre au nouvel édifice et la tâche de futures « rencontres eurasistes » pourraient fort bien être d’illustrer et de commenter des travaux réalisés à l’autre extrémité de la masse continentale eurasienne car la raison pragmatique nous induit tout naturellement à penser que l’avenir de l’Extrême-Orient aurait bien sûr tout à gagner d’un apaisement des tensions récentes entre la Chine et le Japon et à une réactivation des projets d’une grande « sphère de coprospérité est-asiatique » (Daitoa Kyoeiken), théorisés immédiatement avant la seconde guerre mondiale par le Prince Konoe, par le ministre japonais des affaires étrangères Matsuoka Yosuke et par le géopolitologue Sato Hiroshi (qui parlait également d’une « sphère de coprospérité des mers du Sud ») (2). Sato Hiroshi se réclamait de Haushofer dans la mesure où celui-ci estimait dans ses écrits que le Japon avait pour mission historique de contrôler les espaces de la « zone des moussons », dont la géopolitique américaine d’aujourd’hui reparle d’ailleurs avec grande précision, formulant un projet de contrôle serré de cette zone au départ de bases situées dans l’Océan Indien pour que Washington hérite définitivement, ou du moins durablement, des atouts que possédait l’Empire britannique jusqu’en 1947, année où les deux puissances rivales du sous-continent indien ont acquis leur indépendance (3).
 
De Krymski a Beckwith
Pour nous Européens de l’Extrême-Occident de la masse continentale eurasienne, une théorie eurasiste n’est possible qu’à la condition d’intégrer dans toute démarche politique ou diplomatique future et « eurasienne » le fait archéologique et linguistique indo-européen, comme l’admettait aussi un historien russe pré-eurasiste mais indo-européanisant du 19ème siècle, Agafangel Efrimovitch Krymski (1871-1942). En effet, avant la ruée des cosaques du Tsar vers le Pacifique, à partir de la fin du 16ème siècle, les peuples européens n’ont connu de projection vers le centre de la masse eurasienne qu’à l’époque de la conquête de ces vastes espaces steppiques par des peuples cavaliers proto-iraniens, comme le démontre avec une remarquable érudition le Professeur Christopher I. Beckwith (4) qui voit l’idéal politico-religieux le plus emblématique des peuples d’Eurasie formulé implicitement dès l’époque axiale de cette première migration vers le centre de l’Asie, vers les hauts plateaux iraniens puis vers la Chine (au-delà de la Dzoungarie), migration portée par des guerriers montés sur chars, aventureux, regroupés en « comitatus » autour d’un « prince » énergique, fondateur de structures politiques solides, figure charismatique qu’il faut imiter et reproduire sans cesse pour la gloire du peuple ou de la lignée dont on est issu. Pour Beckwith, l’idée eurasienne, l’idée seule capable de donner vigueur aux « empires de la Route de la soie » et des périphéries que Mackinder nommaient les « rimlands », est directement issue de ces premières vagues de la diaspora indo-européenne en Asie centrale, en Iran (y compris dans le royaume moyen-oriental de Mitanni) et au-delà de l’Indus dans le sous-continent indien, sous l’impulsion de la caste des kshatryas.
 
Pour Beckwith, ce modèle est certes d’origine européenne, se manifeste pour la première fois chez ces Proto-Iraniens, mais il a été repris successivement par tous les fondateurs d’empires de cette très vaste région, qu’ils aient été européens, huns, turcs, mongols, mandchous, etc. Tout théoricien ouest-européen d’un eurasisme nouveau doit donc intégrer ce fait protohistorique de la diaspora indo-européenne (ou proto-iranienne) dans ses réflexions (géo)-politiques, savoir qu’elle a un droit d’aînesse sur le plan axiologique, les ressacs qui ont suivi cette première expansion proto-iranienne, à partir des invasions hunniques ayant acculé l’Europe dans le cul-de-sac de la péninsule européenne, entre Mer Noire et Atlantique (res nullius à l’époque).
 
L’Europe-cul-de-sac
Aucune perspective géopolitique valable ne peut vouloir ce statut médiocre d’isolé en cul-de-sac, où semblent aujourd’hui se complaire les eurocrates, animés par des idéologies boiteuses, amnésiques, méprisables qui font dire à l’écrivain russe contemporain Edouard Limonov que l’Europe occidentale est devenue un « Grand Hospice ». Déjà au 12ème siècle, l’érudit anglais Guillaume de Malmesbury justifiait les Croisades non pas par le désir pathologique de faire la guerre à ses voisins mais de sortir de ce cul-de-sac pour récupérer les ports d’accès aux routes de la soie, pour ne pas mariner dans un isolement qui conduit à l’implosion, ce que confirme par ailleurs la grande spécialiste allemande contemporaine de l’histoire d’Arménie, Tessa Hofmann (5), quand elle évoque les royaumes arméniens de Cilicie aux 13ème et 14ème siècles. Après avoir reçu l’amical aval du grand Empereur Frédéric I Barberousse, ceux-ci branchaient, via les éléments croisés qui structuraient et protégeaient la région, l’Europe occidentale du moyen-âge sur le commerce d’Asie, première tentative de rompre l’encerclement, l’enclavement, qui étouffait l’Europe en occupant durablement la région d’Antioche, en tenant à distance les éléments seldjouks qui prétendaient couper les communications. Les Arméniens du « Comté d’Edesse » ont initié les caravaniers italiens aux routes de la Soie : c’est au départ des ports ciliciens, aux mains des Arméniens et des Croisés, que Nicola et Marco Polo entreprendront leurs voyages vers les immensités asiatiques ou vers la Cour du Grand Khan.
 
« Shatterbelt » et « gateway regions »
 
Quand on se complait dans l’idée médiocre d’une « Europe-cul-de-sac », on pose les limites orientales de l’Europe, limites purement théoriques, totalement dépourvues de pertinence, sur les Monts Oural alors que le sommet le plus élevé de cette chaine de collines est de 1600 m, exactement comme le Chasseral dans le Jura suisse. Entre l’Europe proprement dite, celle de l’espace civilisationnel médiéval, et les autres espaces impériaux d’Asie, de Perse et d’Inde, se situe un « shatterbelt » de zones mixtes, de zones de transit que le géopolitologue américain contemporain Saul B. Cohen (6) nomme également les « gateway regions » ou les « gateway states » : la Cilicie arménienne du temps des Croisades était une porte d’accès au « gateway » géant qu’est la Route de la soie ; l’Ukraine d’aujourd’hui est une autre « gateway region » et c’est, par la force des choses, une zone de fortes turbulences géopolitiques, tout comme le Nord de la Syrie et tout l’espace bouleversé par les forces de l’EIIL, un espace qui est bel et bien le correspondant actuel et l’extension vers la Perse de la Cilicie des 13 et 14ème siècles, mais un espace cette fois bouleversé de fond en comble, au point de ne plus pouvoir jouer pleinement son rôle de « gateway ». Début 2015, les observateurs les plus pertinents des effervescences en gestation pronostiquent d’ores et déjà de nouvelles zones de turbulence en Moldavie et au Turkménistan voire un affaiblissement programmé de l’Europe par une variante nouvelle des  « révolutions de couleur », sous la forme d’une confrontation entre populations autochtones (opérations PEGIDA en Allemagne et « Je suis Charlie » en France) et immigrés musulmans qui grèvera dangereusement les budgets des Etats et fragiliseront l’euro, suite à la crise grecque et à la victoire probable de l’extrême-gauche hellénique.
 
Cette brûlante actualité doit nous obliger à signaler les débuts d’une constante de l’histoire : les cavaliers proto-iraniens de la protohistoire, et leurs successeurs scythes ou alains, ont lié le vaste « shatterbelt » entre l’Europe et l’Inde, entre l’Europe et la Chine. Cette réalisation n’a suscité que nostalgies : l’Empire romain voulait rétablir la liaison avec l’Inde et la Chine, on le sait désormais comme le prouve l’importance de certains ports antiques en Mer Rouge, le site caravanier transarabique de Pétra en Jordanie ou les campagnes des empereurs romains en Mésopotamie. L’histoire des vagues successives de peuples cavaliers indo-européens vers l’Inde et la Chine devrait donc relever d’un savoir indispensable, digne complément des anciennes « humanités » (sabotées par des politiciens veules et criminels), nécessaire noyau d’une future paedia renaissanciste, dont les jalons ont été posés par Iaroslav Lebedynsky, auteur de monographies précises sur chacun des peuples cavaliers de la grande « gateway region » steppique entre Europe et Chine.
 
Attila pénètre dans la trouée pannonienne
 
Les momies du Tarim (7), comme les démonstrations du Prof. Christopher I. Beckwith, et les analyses grammaticales et sémantiques de la langue tokharienne, parlée par les ressortissants de ce peuple dont proviennent les momies, prouvent l’influence prépondérante de ces peuples cavaliers, charistes et tisserands sur le développement initial de la civilisation chinoise. Ces peuples, descendants des Proto-Iraniens, ainsi que les Tokhariens et apparentés, garderont une maîtrise complète de l’espace steppique eurasien dont la qualité stratégique est celle d’un « shatterbelt » selon Cohen, jusqu’en + /- 200 av. J. C. A ce moment-là une confédération de peuples nomades hunniques, qui reprend à son compte le haut degré d’organisation sociale des Proto-Iraniens et de leurs descendants, que l’on peut dire inspirés par les valeurs insignes et fondatrices du proto-zoroastrisme, provoque, par ses coups de butoir, le reflux des Indo-Européens en Asie centrale. Leurs successeurs huns se heurteront au barrage des empires : la Chine tient le coup, Rome s’effondre dès que les cavaliers du chef Attila pénètrent dans la trouée pannonienne, le territoire de l’actuelle Hongrie, point central et névralgique du dispositif impérial romain sur l’axe fluvial danubien. Le choc survenu en Pannonie provoque l’effondrement de l’Empire romain, y compris en Méditerranée. Celle-ci, bien que d’importance cardinale, ne suffisait pas pour en conserver la cohérence et l’unité.
 
 
Les tenants d’une vision scolaire et étriquée de l’histoire antique de Rome considèrent que celle-ci est une civilisation exclusivement « méditerranéenne », axée sur ce que Mussolini, pétri de nostalgie romaine, appelait la « Mare Nostrum ». Rome, on l’oublie trop souvent, était également une civilisation rhénane-mosellane autour de Trêves et de Cologne. Elle se déployait également le long de l’axe danubien. Donc le long de deux voies de circulation posées sur un axe Ouest-Est, la Méditerranée et le Danube, lequel était toutefois partiellement interrompu à hauteur des « portes de fer » (sur l’actuelle frontière serbo-roumaine) ou « cataractes de l’Ister ». Tout empire, qu’il soit perse, romain ou chinois, est aussi un réseau de communications : Rome, et par conséquence, l’Europe, reposait dans l’antiquité 1) sur les voies maritimes méditerranéennes dès que Caïus Julius reçoit le titre de « Caesar » pour avoir vaincu les pirates de la Méditerranée (son premier triomphe) ; 2) sur les voies de communications terrestres que furent les routes romaines ; 3) sur les voies fluviales au départ de la rive occidentale du Rhin et de la rive méridionale du Danube. L’impérialité romaine en Europe est donc la maîtrise de ces trois modes de communications que la restauration impériale pippinide/carolingienne voudra remettre en état de fonctionnement après la déchéance des derniers Mérovingiens : l’effondrement du Bas Empire avait été suivi d’une désagrégation du système des routes romaines, si bien que seules les communications par voies d’eau permettaient encore le transport de masse.
 
Le partage de Verdun de 843
 
On ne répétera jamais assez que le fameux partage de Verdun de 843 partage en fait des systèmes fluviaux entre les héritiers du fils de Charlemagne : à la Francie occidentale, les bassins de la Somme, de la Seine, de la Loire et de la Garonne, soit ce que les historiens et cartographes appellent désormais l’ « espace gallique » ; à la Lotharingie centrale, dévolue à l’aîné Lothaire et détentrice de la titulature impériale, les bassins de la Meuse, du Rhin, du Rhône et du Pô ; à la Francie orientale, dévolue au jeune et vigoureux Louis, les bassins fluviaux parallèles de la grande plaine nord-européenne et le devoir de reconquérir le Danube sur toute sa longueur, jusqu’à la Mer Noire, accès à la mythique Colchide des Argonautes et porte de la Perse. Louis établit ses capitales à Francfort sur le Main, entre la Rhénanie urbanisée et le reste de son royaume, et à Ratisbonne (Regensburg) sur le Danube, afin, justement, de se projeter vers l’aval du grand fleuve central. Ce partage de Verdun était sage et la mort prématurée de Lothaire donnera au jeune Louis la titulature impériale, après quelques vicissitudes guerrières, soit le double « espace lotharingien et germanique », au détriment de Charles le Chauve, roi de la Francie occidentale, dont les successeurs n’auront de cesse de vouloir usurper l’héritage de Lothaire, en le grignotant pendant près de dix siècles, arrêtant sa fringale territoriale par l’annexion illégitime de la Savoie en 1861 et ne laissant comme lambeaux intacts qu’une Belgique écervelée et amnésique, un Luxembourg comme coffre-fort, une Hollande isolée au nord du Rhin et de la Meuse et aliénée mentalement par un calvinisme anti-impérial (bien décrit par le philosophe allemand Christoph Steding), une Italie padanienne prospère mais liée à l’Adriatique et à la zone alpine, une Suisse, dont le territoire romand s’étend entre l’arrière-pays jurassien au sud de Bâle et Genève, là où les fleuves commencent seulement à être navigables, rendant cette Suisse au-delà de Bâle et de Genève inintéressante, contrairement au réseau routier de la Franche-Comté, pour les impérialistes galliques ou ouest-franciens, à partir de Philippe le Bel et de Louis XI. Les querelles innombrables et incessantes qui ont suivi la mort du malheureux Lothaire vont donc déterminer pendant plus de mille ans l’histoire de la péninsule occidentale de la masse territoriale eurasienne et l’empêcher de faire le grand bon en avant pour récupérer en Asie centrale son droit d’aînesse, héritage des « comitati » rassemblés autour de princes cavaliers énergiques, une quinzaine de siècles avant notre ère. 
 
 
Toynbee et la Bithynie
 
L’objectif des sages qui ont présidé à l’élaboration du Traité de Verdun était donc de laisser le bassin danubien au plus jeune et au plus vigoureux des héritiers du fils de Charlemagne, pour qu’il puisse faire face aux Hongrois et réorganiser le Danube jusqu’à son delta, afin d’y restaurer une impérialité « romaine », portée cette fois par les Francs et/ou les Germains. Le but était d’atteindre la Mer Noire et de renouer avec un système de communications permettant de commercer avec les Byzantins et les Perses voire avec tous les peuples qui vivaient au-delà de cette Perse mythique, de cet Orient qui avait été « indo-européen » avant d’être récemment islamisé. La Mer Noire, mer intérieure, est, pour les Européens de l’Ouest, la porte vers l’Eurasie, tout comme elle est, pour les Russes, un accès potentiel à la Méditerranée orientale, nécessité que postule leur volonté d’être tout à la fois les héritiers de la civilisation grecque (qui fut un Axe nord-sud, pontique/est-méditerranéen, dont le Bosphore était un goulot d’étranglement en position centrale) et de l’impérialité byzantine. Arnold Toynbee, qui a animé le « Royal Institute of International Affairs », instance compilant une immense documentation et téléguidant l’action des diplomates et stratégistes britanniques, était byzantinologue : pour lui, la civilisation grecque, posée comme matrice de la civilisation européenne (ce qui n’est que partiellement vrai à nos yeux !), est une civilisation qui lie l’espace aride du bout de la péninsule balkanique baignée par l’Egée mais tire ses substances vitales, son blé, son bois, de la maîtrise de l’espace pontique. Il n’y a pas de civilisation grecque sans les ressources de la Crimée, qui passent par le Bosphore. Autour de ce Bosphore, plus particulièrement en Bithynie, écrit Toynbee, se trouve un territoire qui, si on le domine durablement, donne tout à la fois la clef de la Méditerranée, l’accès aux routes de la soie ou à la « gateway region » de Scythie (l’actuelle Ukraine !), permet aussi l’accès à la Perse par la Colchide transcaucasienne, etc. Rome hérite de cette puissance en conquérant la Bithynie : elle sera, immédiatement après César, maîtresse du Danube, de la Crimée et de l’espace pontique et entrera en conflit avec l’Empire perse qui, lui, cherchera à se projeter vers la Méditerranée orientale : Byzance, puis l’Empire ottoman, hériteront de ce clivage Rome/Perse. Et l’adversaire ottoman de l’Europe entre le 14ème et le 18ème siècle a acquis sa puissance et sa force d’expansion immédiatement après avoir consolidé ses positions en Bithynie, ce qui lui a permis de conquérir l’Anatolie occidentale et une bonne partie des Balkans, avant même la chute de Constantinople. 
 

 

Charlemagne, incarnation d’une impérialité devenue romano-germanique, ne s’opposait nullement à Byzance, à l’Empire romain d’Orient, dirigé par le Basileus : le modèle qui le fascine, et qu’il adoptera pour embellir sa capitale d’Aix-la-Chapelle, sera précisément byzantin. Le Dom d’Aix-la-Chapelle, édifié sur un plan octogonal, reflète une splendeur byzantine, surtout depuis sa restauration récente. Charlemagne respectait donc le droit d’aînesse de l’Empire romain d’Orient et visait à lier territorialement son Empire franc à celui du Basileus. Pour y parvenir, il fallait dégager la trouée pannonienne au niveau de la puszta hongroise et rétablir le contact avec les Byzantins à hauteur des « portes de fer ». Pour réaliser un tel projet impérial, il fallait creuser une voie d’eau entre le Main et le Danube, entre le bassin rhénan dont les eaux se jettent dans la Mer du Nord et le bassin danubien, dont les eaux coulent vers la Mer Noire. En 793, Charlemagne ordonne le creusement d’un canal, que l’on appellera la fosse caroline ou fossa carolina ou Karlsgraben. Elle servira pendant un temps assez long au cours du haut moyen-âge, avant de s’enliser et de décourager les marchands vu la difficulté que constituait le système des biefs élémentaires de l’époque, mais elle s’avèrera utile dans les opérations logistiques, d’abord pour mettre un terme définitif à la domination des Avars sous Charlemagne, ensuite pour repousser les envahisseurs magyars, définitivement battus par Othon I en 955 à Lechfeld, permettant l’établissement définitif du Saint Empire Romain de la Nation germanique. Il y a à nouveau impérialité en Europe, à partir de la victoire d’Othon, parce qu’il n’y a plus de blocage hostile, porté par un élément quelconque niant ou ignorant l’héritage romain, en Pannonie.
 
Restaurer l’Empire par la maîtrise de la Pannonie
L’objectif stratégique de Charlemagne à Othon I a bel et bien été la maîtrise du Danube et de la plaine pannonienne car, dès que ce plan se réalise, il y a alors retour automatique à une impérialité à la romaine puisque Rome entretenait de nombreuses légions en Hongrie actuelle, dont les bains chauds de Budapest sont un souvenir remarquable, au même titre que ceux d’Aix-la-Chapelle. Autre preuve de restauration impériale : l’impérialité romaine était l’alliance de la sédentarité latine et de la mobilité cavalière (et eurasienne !) des foederati iazyges et roxolans (étudiés par Lebedynsky), dont les humanités un peu figées de nos curricula scolaires d’antan ne nous parlaient pas encore. Rome en effet, comme Athènes jadis avec sa police scythe, tablait sur le concours de cavaliers aguerris issus de la steppe : on les appelle surtout des Sarmates dans les sources classiques mais les unités qui servaient en Pannonie portaient les noms tribaux de Iazyges et de Roxolans. Ces cavaliers expérimentés étaient chargés de protéger cette trouée pannonienne contre les attaques des Daces ou des tribus germaniques comme les Quades ou les Marcomans. 
 
Par la conversion des Hongrois, la Pannonie, après la victoire d’Othon I, retrouve une garnison permanente de cavaliers de la steppe, de cavaliers eurasiens, qui promettent fidélité à l’Europe (à la « chrétienté » dans le langage médiéval), de toujours se ranger du côté de celle-ci et d’interdire à toute invasion venue de la steppe de bouleverser encore l’ordre néo-romain. Les Hongrois ont toujours tenu cette promesse, en laissant passer les Croisés, en luttant héroïquement contre les Turcs aux 15ème et 16ème siècles, en se sacrifiant deux fois dans les rues de Budapest en 1945 (pour protéger Vienne) et en 1956. Aujourd’hui toutefois, le parti nationaliste hongrois Jobbik, dégoûté sans nul doute par la veulerie et l’impéritie criminelle des cliques eurocratiques (qui cultivent avec une obstination pathologique le déni de toute romanité donc de toute européanité vraie et héritée), parie pour un eurasisme pantouranien, renouant avec quelques antécédents : les idées pantouraniennes des transfuges hongrois, devenus généraux dans l’armée ottomane, après la révolte de 1847-1848 matée par les Autrichiens ; les visions du turcologue judéo-hongrois Armin Vambéry, théoricien d’un pantouranisme dont les Hongrois de l’Empire des Habsbourgs seraient partie prenante, tout comme pour son homologue et coreligionnaire judéo-lorrain David Léon Cahun ; l’idéologie pantouranienne du géographe Pal Teleki (1879-1941, suicidé), futur ministre des affaires étrangères et premier ministre anglophile du gouvernement Horthy avant la deuxième guerre mondiale. Il semble que ce pantouranisme hongrois d’avant le néo-nationalisme actuel du mouvement Jobbik ait été une manœuvre occidentale, franco-britannique, pour disloquer l’Empire des Habsbourgs, ruiner tout nouveau tandem austro-hongrois ou germano-hongrois et balkaniser la Mitteleuropa, comme l’a fait le Traité de Versailles de 1919.  
 
 
Des Sicambres à Parzival
 
L’impérialité romaine puis l’impérialité othonienne recèlent donc toutes deux une dimension eurasienne, non retenues par les humanités édulcorées et figées ad usum Delphini ou par certains eurasistes russes des années 20 et 30 qui fustigeaient la civilisation « romano-germanique » en la décrétant imperméable à tout dynamisme d’origine eurasienne ou fondamentalement étrangère à la civilisation byzantine. Les éléments scythes puis sarmates ont été déterminants dans le façonnage du mental germanique, dépositaire de la titulature impériale, comme le note bien le Prof. Beckwith. Par ailleurs, de nouvelles études tendent à prouver que les éléments sicambres de la confédération franque, originaires de Cologne et de sa région et dont sont issus les Mérovingiens, avaient des origines sarmates (8), tout comme les mythes arthuriens, faussement dits « celtiques », en Britannia. Les idéaux sarmates, ceux du « comitatus » proto-iranien selon Beckwith, serviront, tout comme le « fottowat » musulman imprégné de traditions persanes (Saladin !) et non arabes, à faire éclore, dans le sillage des Croisades, le noyau dur de la civilisation européenne médiévale, c’est-à-dire les ordres de chevalerie, exprimée notamment par le mythe de Parzival (Perceval chez Chrétien de Troyes) dans l’œuvre de Wolfram von Eschenbach, qui s’inspire des mythes arthuriens, considérés aujourd’hui comme relevant du sarmatisme romain, et les introduit en Germanie continentale. Perceval est le frère en esprit du Perse Feirefiz, dont la mère est de « peau brune ». Le mythe forgé par Wolfram von Eschenbach vise à ramener au souvenir des chevaliers la tradition cavalière, chevaleresque du « comitatus » proto-iranien (et eurasien) partagée par l’impérialité germanique et l’impérialité kurde ou persane, tout en constatant une différenciation d’ordre racial. 
 
Revenons à l’époque carolingienne. Si l’objectif de Charlemagne et de ses successeurs compétents était de restaurer la communication sur le Danube, de déboucher en Mer Noire et de relier l’Ouest et l’Est à hauteur du Bosphore byzantin, à la même époque, des éléments européens non romanisés, très éloignés du monde romain et méditerranéen, entreprennent une percée plus à l’Est : les Vikings scandinaves et les Varègues suédois, dont la plaque tournante stratégique et commerciale a été le port de Haithabu, atteignent la Volga et le comptoir de Bolgar et restaurent de la sorte un commerce eurasien en prise tout à la fois sur la Volga qui mène à la Caspienne et de la Caspienne à la Perse et de la Perse à Bagdad et sur les routes de la Soie menant vers le centre de la masse continentale eurasienne et vers la Chine.  
 
 
Limes danubien et axe gothique
 
Rome était certes, depuis l’issue des guerres puniques, une puissance méditerranéenne mais elle était présente aussi sur la rive occidentale du Rhin, avec des villes comme Trêves, Cologne, Bonn, Mayence, Arlon, Tongres, Metz, Strasbourg, et sur la rive méridionale du Danube avec Castra Regina (Regensburg/Ratisbonne), Vindobona (Vienne), Aquincum (Budapest) et Colonia Singidunum (Belgrade). Plus loin, au-delà des « portes de fer », en province de Moesia Inferior, avec Novae (Svishtov), Durostorum (Silistra), etc. Jean de Brem, dans son Testament d’un Européen, d’inspiration romanisante et byzantinisante (les eurasistes russes les plus sourcilleux ne pourront nous reprocher cette lecture…), rappelle l’évacuation des régions aujourd’hui bavaroises et le remplacement de la population celte romanisée ou de souche italienne par les nouveaux venus, les Bajuwaren germaniques. Face à ce limes du delta hollandais jusqu’à celui du Danube, se regroupent une masse d’Européens non romanisés, les Germains, principalement, et leurs alliés, issus de peuples divers. Ils occupent la rive orientale du Rhin et la rive septentrionale du Danube et, surtout sous l’impulsion des Goths, maîtrisent, à l’époque du Bas-Empire ce qu’il conviendra ultérieurement d’appeler l’ « axe gothique », soit la ligne qui va de la Mer Baltique à la Mer Noire, jusqu’à la Volga. Il s’agit de l’extension d’une culture dite de Wielbark, surgie sur les rives de la Baltique, à l’embouchure de la Vistule, suite à une occupation de populations venues de l’actuelle Gothie suédoise et de l’île de Gotland, pour s’étendre au 3ème siècle jusqu’au delta du Danube et jusqu’à l’embouchure du Dniestr, sous le nom de culture de Tcherniakov. 

 

 
Portées par les Goths, préalablement issus de la Suède actuelle, les cultures de Wielbark et de Tcherniakov contribuent au « membrage » territorial de l’Europe en dehors de l’orbe romaine. La juxtaposition conflictuelle de ces deux blocs, dont le premier est avéré, ancré dans l’histoire antique, et l’autre en gestation, va créer au-delà de l’espace romanisé un barrage gothique dans le « shatterbelt » ukrainien, sarmatisé après avoir été dominé par les Scythes, et une sarmatisation partielle de l’élément goth, créant, de ce fait, une fusion germano-eurasienne féconde et relativement homogène, qui ne sera que de brève durée et n’aura pas le temps de se cristalliser : en 369, les Huns ­ -qui ont soumis les Alains, autre peuple cavalier indo-européen dont descendent les actuels Ossètes-, franchissent le Don, limite fluviale du pouvoir d’Ermanarich, roi wisigoth. Le verrou gothique du « shatterbelt » steppique ukrainien a sauté : les Huns seront rapidement sur le Danube et sur le Rhin. Rome vacille puis s’effondre. L’Empire finira par disparaître car sans verrou gothique et sans verrou romain, il n’y a pas d’impérialité possible en Europe.
 
La présence tatar/mongole empêche tout membrage de l’axe gothique
 
Mais si les Huns et les Alains ont indubitablement repris à leur compte l’idéal du « comitatus » des cavaliers proto-iraniens, leur pouvoir sur les peuples est éphémère, sans doute à cause d’une hypertrophie impériale, les cavaliers hunniques et leurs alliés contraints s’étant trop éloignés de l’espace premier de leur rassemblement. Plus tard, les Avars ont pris leur relais dans la plaine pannonienne, ont parfois été les alliés des Byzantins et ont influencé tous les peuples slaves et germaniques du bassin danubien, de la zone anciennement dace des Carpathes et de la Bohème. Ils seront progressivement éliminés par les Pippinides et les Carolingiens. Les Magyars seront battus par Othon I. De même, les Mongols et les Tatars, présents en Russie et en Ukraine de 1235 à 1480, n’exigent qu’allégeance et tribut sans occuper réellement le terrain. L’Europe a failli tomber à la même époque car les hordes mongoles arrivent sur la Vistule et battent les armées impériales et polonaises à Liegnitz en Silésie et atteignent l’Adriatique après avoir battu les Hongrois puis les Croates. La mort du Grand Khan Ögödei oblige les Mongols, respectueux de leurs coutumes, de retourner vers leurs bases de départ pour participer à l’élection d’un nouveau chef suprême. Le joug tatar, comme l’appellent les Russes, après s’être imposé de 1235 à 1480, a empêché un nouveau « membrage » territorial sur l’ancien « axe gothique », détruit en sa période de gestation par la première invasion hunnique, annihilé une seconde fois quand s’écroule la Russie kiévienne, expression d’une fusion varèguo-slave. Le choc avec les hordes tataro-mongoles, pourtant peu nombreuses, a brisé le « membrage » en gestation du binôme Varègues/Slaves sur l’axe baltique/pontique, tourné vers Byzance, donc vers l’espace pontique, le Bosphore, l’Egée et le bassin oriental de la Méditerranée et capable, comme le diront plus tard Catherine II de toutes les Russie et son ministre Potemkin, de souder une civilisation néo-hellénique, rajeunie par les éléments slaves, baltes et germaniques. Ce projet n’a jamais pu être réalisé. L’Europe reste alors enclavée, elle fait du sur-place ou ne réussit que de petites opérations ponctuelles de « désenclavement » (9), dont aucune n’a une réelle ampleur, confirmant le constat de Guillaume de Malmesbury : l’Europe est un sous-continent assiégé, battu en brèche par des ennemis acharnés. Son expansion future n’est pas due à sa malignité, à un désir sauvage de dominer autrui mais à une nécessité de se désenclaver, d’échapper à des étaux mortels, mis en œuvre eux, par des adversaires qui n’ont ni nos scrupules ni un souci de l’ « Autre » comme on le dit aujourd’hui, suite aux réflexions du philosophe Levinas.
 
Un seul objectif : se désenclaver !
 
Pour le Prof. Jean-Michel Sallmann, l’histoire de l’Europe est constitué d’une série de tentatives, d’abord timides ensuite grandioses, de désenclavement.  1) Les Croisades seront une première tentative de sortir de l’étau imposé par les Seldjoukides et leurs successeurs après leur victoire contre les Byzantins à Manzikert en 1071. L’appel d’Urbain II (alias Eudes de Châtillon) aux Francs à Clermont-Ferrand le 27 novembre 1095 demande, suite aux appels du Basileus Alexis I, de libérer la « Romania », soit l’espace jadis romain, d’une « race étrangère », mais non pas une race au sens ethnologique du terme (concept biologisant et darwinien inconnu à l’époque). Par « race », Urbain II et ses contemporains entendent un ensemble uni par une même idée et une même fidélité à l’Empire ou à ce qui demeure de cet Empire dans les esprits (comme l’explique parfaitement Jean de Brem dans son Testament d’un Européen). Finalement, ces expéditions vers le Levant furent un échec géopolitique dès la fin du 13ème siècle, sauf qu’elles permirent une deuxième forme de désenclavement, celle amorcée en parallèle à ces Croisades, soit 2) le développement des entreprises commerciales italiennes, essentiellement génoises et vénitiennes, lesquelles s’implantent en Crimée (en Tauride) pour se brancher sur les routes de la Soie du nord, grâce à une tolérance mongole pour le commerce que n’auront plus les Tatars de Crimée et d’Ukraine quand ils chercheront la protection des Turcs contre les Russes dans cette « gateway region ». Là aussi, les Italiens seront évincés du commerce centre-asiatique, au bénéfice d’un autre commerce, transatlantique celui-là, que domineront durablement des puissances atlantiques désormais liées aux Amériques. Il faudra attendre l’entrée en Crimée des troupes de Catherine II de Russie pour restaurer potentiellement un commerce liant le reste de l’Europe à l’Asie centrale, et au-delà de ses immensités territoriales, de ses déserts et de ses massifs montagneux (Altaï, Himalaya), à la Chine et à l’Inde, deux « marchés » plus accessibles au commerce maritime, plus rapide et moins onéreux, dominé par les Anglais.
 
Trois tentatives de faire sauter les verrous tatar et ottoman
 
Il y aura trois tentatives majeures pour faire sauter les verrous tatar et/ou ottoman : une offensive russe, une volonté portugaise de contourner l’Afrique et la longue guerre mené par l’Espagne pour maîtriser toute la Méditerranée. Sous l’impulsion de marchands anglais, qui se souvenaient vraisemblablement des initiatives scandinaves entre les 9ème et 12ème siècles, le Tsar Ivan le Terrible voudra rétablir sous son autorité un ensemble territorial partant de la Mer Blanche pour aboutir à la Caspienne, à Astrakhan, tout en rassemblant les terres que baigne la Volga au profit de son empire qui se pose comme l’héritier de Byzance, éliminée par le Sultan Mehmet II en 1453. Il y réussira mais sans rouvrir les routes commerciales de Marco Polo, à cause du maintien d’une présence tatar sous la protection de la Sublime Porte ottomane en Ukraine actuelle, en une zone pleinement qualifiable de « gateway area ». En compensation, l’œuvre géopolitique d’Ivan le Terrible rouvre la voie sibérienne aux cosaques, qui atteindront le Pacifique après un siècle de chevauchées. L’action géopolitique ante litteram d’Ivan le Terrible amorce le reflux tatar/mongol mais renforce simultanément la volonté de résistance ottomane qui, paradoxalement et en dépit de la volonté russe de devenir la « Troisième Rome », adopte les stratégies byzantines « antilatines » et « anticatholiques » en Méditerranée, en Mer Noire et dans le bassin danubien, autant d’actualisations des stratégies jadis préconisées par Justinien et ses généraux. Il y a eu fusion entre la géopolitique byzantine et la géopolitique ottomane dès la prise de Constantinople : le fameux film turc à grand spectacle relatant l’œuvre militaire de Mehmet II met en scène des Grecs pro-ottomans.

 

 
La tentative portugaise est plus grandiose. Sous l’impulsion du Prince Henri le Navigateur (1394-1460), Anglais du clan des Lancastre par sa mère, une école s’établit à Sagres au Portugal qui compile le savoir géographique disponible à l’époque, attirant à elle des savants de toutes origines. Dès l’âge de vingt ans, l’Infant Henri obtient de son père Jean I qu’il lance une campagne contre les pirates maures de Ceuta. La conquête de ce nid de pirates barbaresques permet de découvrir que la richesse des royaumes maures de l’actuel Maroc et de l’Andalousie musulmane provenait des richesses africaines, dont l’or de l’actuel Ghana, ramenées par les caravanes transsahariennes. Tout en préconisant un harcèlement systématique de la côte marocaine afin de contrer toute contre-offensive maure, Henri conçoit alors le projet de lancer des expéditions maritimes par cabotage le long des côtes atlantiques de l’Afrique pour contourner ces pistes caravanières et pour assurer un transport plus rapide et quantitativement plus important au bénéfice du Portugal. Les recherches de l’école géographique de Sagres permettent d’amorcer le désenclavement de l’Europe via les côtes africaines et via les immensités océaniques de l’Atlantique :   en 1419-1420, les explorateurs Joao Gonçalves Zarco et Tristao Vaz Teixeira découvrent Madère ; en 1427, Diego de Silves découvre les Açores ; en 1434, Gil Eanes franchit le Cap Bojador ; en 1444, année de la bataille fatidique de Varna contre les Ottomans, Nuno Tristao arrive jusqu’à l’embouchure du fleuve Sénégal ; après la mort de l’Infant Henri, Rui de Sequiera arrive au Bénin en 1472 puis, entre 1482 et 1486, Diego Cam atteint l’embouchure du fleuve Congo et pousse jusqu’aux côtes de l’actuelle Namibie. Entre 1487 et 1488, Bartolomeu Dias double le Cap de Bonne Espérance. En 1498, Vasco de Gama arrive à Calicut en Inde. La route vers le sous-continent indien, vers les épices et vers les régions du monde que les Romains aspiraient à explorer, est enfin accessible aux Européens, qui viennent de réussir à se désenclaver, grâce à l’impulsion première de l’Infant Henri, grâce au travail intellectuel de l’école de Sagres. L’ère de la suprématie européenne commence. 

 

 

L’Espagne ne cherchera pas à contourner la masse continentale africaine, projet qu’elle estime sans doute démesuré, et envisage de maîtriser d’abord les deux bassins de la Méditerranée, contre les Ottomans et les Barbaresques, puis de donner, à terme, des coups de bélier sur les côtes orientales de la Grande Bleue afin de rouvrir les voies classiques du commerce eurasien au départ des ports syriens et d’Alexandrie. Cette aventure –le rêve alexandrin de Charles-Quint et de Philippe II-  avait commencé dès les 13ème et 14ème siècles par les conquêtes aragonaises des îles (Baléares, Sardaigne, Sicile, Italie du Sud et parties du Péloponnèse grec). En 1565, Philippe II prend Malte. La prise de Chypre par les Ottomans ne sera pas compensée par la victoire de Lépante en 1571. Les projets espagnols de désenclaver l’Europe par le « fond » de la Méditerranée n’aboutiront pas, en partie à cause de l’alliance entre les monarques français et l’ennemi ottoman, exemple flagrant de trahison civilisationnelle, à l’origine du déclin irrémédiable de l’Europe aujourd’hui et explication au tropisme musulmaniste de la « République » maçonnique et laïcarde, en dépit d’une incompatibilité de cette idéologie stupide et vulgaire avec toute position religieuse de grande profondeur temporelle, quelle qu’elle soit. L’Espagne se tournera alors vers l’exploitation des Amériques et gardera ses conquêtes dans le Nouveau Monde jusqu’au début du 19ème siècle.
 
Cette rétrospective sur les tentatives européennes de désenclaver notre sous-continent nous montre que les conflits sont permanents et que les zones-clefs de la géostratégie peuvent redevenir, après les périodes plus ou moins longues d’apaisement, des enjeux déclencheurs de nouveaux conflits chauds. Les confrontations pour maîtriser ces zones-clefs sont donc des permanences de l’histoire qu’aucune idéologie iréniste, qu’aucun discours pacifiste, ne peuvent effacer ou rendre caduques. Nous avons vu que le conflit franco-allemand de 1870 à 1945 (ou à 1963, lors de la rencontre De Gaulle/Adenauer qui scelle la nouvelle amitié franco-allemande) a été un conflit pour la maîtrise de l’espace dit « lotharingien » puis pour le Danube et surtout le Pô, parce que les rois de France voulaient une fenêtre sur l’Adriatique pour avoir accès justement au commerce que tentait de rétablir Venise. Au-delà de cet enjeu des guerres d’Italie, de la conquête de la Franche-Comté (« El camino espanol ») par Louis XIV et des campagnes de Napoléon III en Lombardie au 19ème siècle, ces guerres incessantes visaient aussi, quelque part, à établir des têtes de pont est-méditerranéennes ou pontiques pour accéder aux routes de la soie : les croisades françaises visent à prendre Alexandrie, de même que le commerce italien qui entend également conserver et consolider ses avantageux avant-postes en Crimée, jusqu’au moment où les Tatars, oublieux des sagesses de leurs khans antérieurs, s’allieront aux Ottomans qui verrouilleront tous les accès méditerranéens et pontiques au commerce eurasien pour ne laisser aux Européens que les routes ouvertes par les Portugais ou l’exploitation du Nouveau Monde.
 
Le projet ? Ré-enclaver l’Europe !
 
Aujourd’hui, le Levant est ravagé par les miliciens de l’EIIL jusqu’en Mésopotamie, empêchant du même coup tout développement de la région au profit d’une synergie eurasienne. La « gateway region » ukrainienne est bloquée au niveau du Donbass par une guerre permanente que l’on voudra maintenir et entretenir sur la très longue durée, afin d’installer un « abcès de fixation » purulent qui aura pour double fonction d’entraver l’acheminement d’hydrocarbures russes vers l’Ouest et de fragiliser l’Ukraine, privée ainsi de ses régions industrielles et mise à charge d’une Union Européenne déjà financièrement exsangue. La Crimée va bientôt être coincée entre ce Donbass bloqué par une guerre interne aux conséquences imprévisibles et une Moldavie/Transnistrie que l’on s’apprête, dans certains cénacles de stratégistes d’Outre-Atlantique, à porter en ébullition pour imposer un nouveau verrou qui parachèvera le ré-enclavement de l’Europe, ennemi principal de Washington. A ces deux foyers de turbulences sur le « gateway » ukrainien et à l’implosion du Levant et de l’Irak, s’ajoutent la réactivation probable des conflits tchétchène et daghestanais, du conflit russo-géorgien, de manière à créer des blocages de longue durée non seulement de part et d’autre de la Crimée, mais aussi entre l’espace maritime pontique et la Caspienne. Par ailleurs, au départ d’un Afghanistan abandonné par les soldats de la coalition atlantiste, des djihadistes, que l’on posera comme « incontrôlables », s’infiltreront au Turkménistan pour bloquer les communications au-delà de la Caspienne. L’ancienne route maritime portugaise, dans l’Océan indien, le long des côtes de l’Afrique orientale, est, elle, partiellement interrompue en une zone océanique importante, au large de la Somalie par la piraterie que l’on combat soi-disant avec les flottes ultra-modernes de l’OTAN mais qui fait preuve d’une résilience finalement fort suspecte, tant et si bien que deux verrous y sont présents implicitement : entre Madagascar et la côte orientale de l’Afrique, au niveau du Kenya, et à la sortie de la Mer Rouge. On le voit : l’ennemi, c’est l’Europe qu’il faut ré-enclaver et qu’il faut faire imploser de l’intérieur en la livrant en permanence à des politiciens écervelés et en y déversant constamment des populations hétérogènes et inassimilables, débarquant à Lampedusa et sur les îles de l’Egée grecque. Toutes les avancées de l’Europe hors de son enclavement médiéval sont rendues nulles et non avenues par les stratégistes américains, héritiers des thèses et projets de Brzezinski.
 
Un chaos « néo-mongol » en Asie centrale ?
 
L’objectif essentiel des volontés européennes de désenclaver notre sous-continent était de renouer des relations commerciales avec l’Inde et la Chine, qui, à elles deux, faisaient au total au moins 35% du commerce mondial jusqu’au milieu du 19ème siècle. Dans l’Océan Indien, qui devient une « route de la soie » maritime et remplace les voies terrestres, les Britanniques prendront le relais des Portugais et des Hollandais mais excluront le reste de l’Europe : la France de Louis XV est chassée des Indes, la compagnie d’Ostende au service de l’Empereur d’Autriche est également sabotée, tandis que la Russie avance ses pions en Asie centrale, menaçant à terme les Indes anglaises. La maîtrise russe de la « terre du milieu » (avant que le géographe Halford John Mackinder ne forge le concept en 1904) s’oppose à la maîtrise britannique de l’« océan du milieu », en une confrontation binaire Terre/Mer que soulignera notamment Carl Schmitt. Cette dialectique induit la notion de « Grand Jeu », où le protagoniste russe cherche, au 19ème siècle, surtout sous Alexandre II, à parachever l’œuvre d’Ivan le Terrible en « rassemblant les terres » au sud de ses conquêtes antérieures de Sibérie septentrionale, région très inhospitalière où ne passait aucune « route de la soie ». En poussant vers la Perse et vers les terres islamisées et iranisées des Turkménistan et Ouzbékistan actuels, la Russie tsariste s’emparait de plusieurs tracés des anciennes routes de la soie, reliant notamment les villes de Samarkand, de Merv et de Boukhara. Un embranchement de ce réseau de voies terrestres partait vers l’Inde sur le chemin emprunté jadis par les conquérants perses et afghans de la vallée du Gange : à Londres, on imaginait déjà que les cosaques du Tsar allaient s’élancer sur les mêmes pistes et arriver à Bénarès et à Calcutta. Simultanément, surtout après le complètement du chemin de fer transsibérien jusqu’à Vladivostok et Kharbin en Mandchourie, les Russes s’emparent de l’espace où s’étaient rassemblées, vers 200 avant notre ère, les premières coalitions hunniques et mongoles qui avaient éliminé d’Asie centrale les royaumes indo-européens, tokhariens ou autres, avant de disloquer l’Empire gothique en gestation en Ukraine et, par suite, l’Empire romain. La conquête russe de cet antique espace de rassemblement hunno-mongol rend impossible, jusqu’à nos jours, toute nouvelle dislocation, par coups de butoir hunniques ou mongols, de cet immense espace réunifié cette fois par les Tsars –et non plus par des khans mongols qui ont trop souvent souhaité le vide et la « désurbanisation » totale en ces terres immenses entre la Mandchourie et l’Ukraine. Les Tsars, eux, font œuvre « romaine » en construisant des voies de communications, telles les tracés du chemin de fer transsibérien, et en jalonnant ce tracé de nouveaux centres urbains. Raison pour laquelle certains observateurs n’ont pas hésité à qualifier la volonté américaine de bouleverser l’Asie centrale, parfois par djihadismes interposés, de « néo-mongolisme », vu qu’elle a parfois souhaité un chaos généralisé et durable, afin d’affaiblir les empires périphériques, russe ou chinois. Serait dès lors « néo-mongole » la stratégie de bouleverser le Turkménistan et peut-être aussi l’Ouzbékistan (plus lié à l’Organisation de Shanghaï) par des nouveaux talibans venus d’un Afghanistan laissé volontairement dans le chaos le plus absolu, après le départ des troupes américaines qui ont, bien évidemment, subtilement préparé ce désordre artificiel… sans en avoir l’air et surtout contrairement aux intentions proclamées par les médias. Le Turkménistan détient d’immenses réserves d’hydrocarbures, exportables vers l’Europe, qui cherche des alternatives à une trop grande dépendance russe : le projet de bouleverser la paix intérieure dont jouit encore ce pays, sous prétexte que son pouvoir présidentiel serait trop « fort », et donc pas assez « démocratique » au regard des innombrables ONG américaines, n’est pas seulement un projet antirusse mais avant tout un projet antieuropéen, qui vise à freiner encore davantage l’approvisionnement en hydrocarbures de notre sous-continent. 
 
Accès à la Mer Rouge
 
Il faudra cependant attendre 1783 pour que Catherine II, Impératrice de toutes les Russies, reprenne la Crimée aux Tatars inféodés aux Ottomans. Du coup, la Russie, auparavant éloignée de tout littoral utile, bénéficie du tremplin pontique de l’antique civilisation hellénique et des comptoirs génois et vénitiens, mais en l’articulant forcément dans une direction nord-sud. Ce nouvel état de choses menace la puissance devenue quasi globale de l’Angleterre depuis la guerre de Sept Ans, où elle a évincé la France des Indes et du Canada. Albion craint une pression permanente et dangereuse sur la future artère méditerranéenne qu’elle compte bien ouvrir en s’emparant de l’Egypte et en creusant un canal entre la Méditerranée et la Mer Rouge pour réactiver le commerce avec l’Inde que les Romains entretenaient au départ des ports égyptiens de Bérénice et de Myos-Hormus en direction du Yémen et du Gujerat indien. Le bassin oriental de la Méditerranée et l’accès à la Mer Rouge doivent dès lors demeurer sous contrôle anglais et sans aucune pression venue d’ailleurs en Europe : ni d’une Autriche qui se découvrirait une vocation adriatique, égéenne et est-méditerranéenne ni d’une Russie qui se projetterait de l’espace pontique vers Alexandrie et la vallée du Nil ni d’une France révolutionnaire ou bonapartiste qui s’installerait en Egypte, à l’ombre des pyramides « d’où quarante siècles la contempleraient » ni d’une France de la Restauration qui appuierait trop généreusement Mehmet Ali. Parce que sa puissance globale en gestation postule de conserver le sous-continent indien et de maîtriser l’Océan du Milieu, soit l’Océan Indien, l’Angleterre des Pitt et de leurs successeurs doit être la seule puissance capable de contrôler le corridor Méditerranée à son profit, à l’exclusion de toutes les autres puissances européennes. L’installation des Russes en Crimée est donc un casus belli potentiel, tout comme la campagne d’Egypte de Bonaparte sera considérée comme un danger mortel pour le dispositif anglais entre la métropole britannique et les possessions indiennes.
 
L’eurasisme informel du 18ème siècle
 
En effet, entre la fin de la guerre de Sept Ans et la Révolution française, surtout sous le règne de Louis XVI, une sorte d’unité stratégique eurasienne existe, même si, au départ, elle était encore privée de la mobilité qu’offrent les flottes. Louis XVI fait la paix avec l’Autriche de Marie-Thérèse et de Joseph II ; l’Autriche est alliée des Russes contre les Ottomans dans le bassin danubien et en Mer Noire. L’Europe connaît un bond en avant en tous domaines, vu la neutralisation de l’ennemi ottoman pluriséculaire, puis les explorations maritimes, favorisées par Louis XVI, par la Tsarine et ses successeurs, vont bon train (10) : les puissances de cette alliance informelle se dotent, après la Guerre de Sept Ans, de flottes capables d’exercer la pression que craignent les Pitt à Londres. Aujourd’hui, cette tradition européenne et eurasienne, au sens de cette alliance informelle du 18ème siècle, est reprise par Don Sixto Enrique de Borbon, héritier, pour les légitimistes carlistes, de la Couronne d’Espagne (11) et non pas seulement par des nostalgiques marginalisés d’une forme ou d’une autre de « national-bolchevisme ». Après la parenthèse des guerres contre la Révolution française et l’Empire napoléonien, l’Europe, cette fois avec l’Angleterre, cherchera à restaurer cet espace pacifié de l’Atlantique au Pacifique par la mise en œuvre d’un nouveau système, celui de la Sainte-Alliance, née lors du Congrès de Vienne de 1814 que l’historien allemand contemporain Eberhard Straub considère comme un exemple de sagesse politique, dans la mesure où son système de sécurité collective a procuré un siècle de paix à l’Europe, qui a pu ainsi s’imposer au monde tout en conservant sa diversité (12).
 
La Doctrine de Monroe
 
L’alliance franco-austro-russe du 18ème siècle, bien qu’informelle, et la Sainte-Alliance du Congrès de Vienne ont été des espaces eurasiens unis, stratégiquement unifiés. Ils ont toutefois été de courte durée. La Révolution française, que quelques historiens français comme Olivier Blanc (13) considèrent comme une fabrication des services de Pitt, bouleverse l’équilibre européen en déployant une idéologie délirante et déstabilisatrice qui a ruiné toute coopération harmonieuse entre la France, l’Autriche et la Russie. Blanc a exploré les archives de manière méticuleuse pour étayer ses thèses. Au départ de son travail, on peut avancer l’hypothèse que les services de Pitt visaient à faire exploser la France de Louis XVI qui misait sur le développement d’une flotte capable d’intervenir en tous points du globe, d’une flotte qui avait battu les Anglais à Yorktown en 1783. L’objectif de Pitt était aussi de saboter les efforts austro-russes contre l’Empire ottoman pour éviter cette double pression sur le Bosphore et la Méditerranée orientale et pour obliger les Autrichiens à affronter les hordes révolutionnaires française aux Pays-Bas méridionaux et en Rhénanie. Il s’agissait de générer le chaos dans toute l’Europe pour éviter une alliance paneuropéenne ou la domination du sous-continent par une puissance trop hégémonique. D’où, pour Straub, la phobie de Metternich et des congressistes viennois pour les théories dites « démocratiques », plus ou moins dérivées des idées révolutionnaires françaises, parce qu’on les devinait génératrices d’un chaos sans fin.
 
Dans une première phase, qui a duré une bonne douzaine d’années, le bloc européen de la Sainte-Alliance suscite les craintes d’une puissance émergente, viscéralement hostile à la vieille Europe au nom d’un fondamentalisme protestant et bibliste, camouflé derrière un rationalisme et un « déisme » de façade et de circonstances, détaché de tout héritage historique concret : les Etats-Unis d’Amérique. Ceux-ci craignaient que les puissances européennes ne portent assistance à l’Espagne confrontée aux nouveaux nationalismes démocratiques des populations indigènes et créoles des vice-royaumes du Nouveau Monde. En 1823, en réaction au danger potentiel que représentait la Sainte-Alliance eurasienne, le Président James Monroe énonce sa célèbre doctrine de « l’Amérique aux Américains », forgeant de la sorte une politique qui deviendra constante : celle du refus de toute ingérence européenne dans le Nouveau Monde. Les Etats-Unis ne craignaient pas seulement un éventuel secours porté à l’Espagne ruinée et désormais incapable de se réaffirmer dans les Amériques : ils craignaient aussi et surtout la présence russe en Alaska et en Californie, voire aussi la possible alliance entre Russes et Espagnols sur la côte pacifique de l’Amérique du Nord, qui aurait verrouillé la marche en avant des Etats-Unis vers la bi-océanité, clef de leur future puissance globale. On oublie souvent de mentionner que Monroe, quand il a énoncé sa doctrine, avait l’aval plus ou moins secret de la Grande-Bretagne qui, elle aussi et en dépit de la guerre qui venait de l’opposer aux jeunes Etats-Unis en 1812, ne désirait pas voir d’autres puissances européennes intervenir dans les Amériques, où elle cherchait à contrôler seule certains marchés, notamment en Argentine. La Doctrine de Monroe sera complétée par le « corollaire Roosevelt » après la guerre hispano-américaine de 1898, qui arrache à l’Espagne Cuba et les Philippines, un corollaire qui stipule que toute politique que les Etats-Unis pourraient considérer comme contraire à leurs intérêts serait traitée comme un acte d’agression. C’est ce « corollaire Roosevelt » qui justifie encore et toujours aujourd’hui les interventions américaines dans le monde, ainsi que l’espionnage des réseaux ECHELON et Prism (l’affaire Snowden) dirigé essentiellement contre l’Europe. Le « corollaire Roosevelt » est interprété de manière très vaste : le développement optimal d’une technologie quelconque, mais surtout aéronautique ou spatiale, même dans un pays « allié », est considéré comme une agression contre les intérêts des firmes concurrentes américaines donc contre l’intérêt des Etats-Unis en tant que puissance.
 
Crise grecque et question d’Orient
 
La cohérence eurasienne de la Sainte-Alliance sera, nous l’avons dit, de courte durée. Ce seront principalement les deux puissances occidentales, la France et la Grande-Bretagne, qui la saborderont progressivement. Les premières lézardes à l’édifice eurasien, que fut la Sainte-Alliance, ont été : le soutien aux Grecs révoltés contre la Sublime Porte ; l’indépendance belge ; la Guerre de Crimée, qui sanctionne la rupture entre un Occident colonial, qui n’est plus centré sur l’Europe même (14), et un « Orient » centre-européen et russe, toujours fidèle à l’esprit premier de la Sainte-Alliance ; l’intervention anglo-française en Chine, lors des guerres dites de l’opium. Eberhard Straub montre que cette Sainte-Alliance, soucieuse de maintenir l’Europe en état de stabilité durable, garantissait l’intégrité de l’Empire ottoman. La révolte grecque et le mouvement des Philhellènes (dont Lord Byron) induisent trois puissances de la Sainte-Alliance à rompre avec l’idéal metternichien et antirévolutionnaire de stabilité européenne : l’objectif n’est pas tant de sauver les Grecs du joug ottoman, car on ne s’était jamais fort soucié d’eux, mais d’obtenir des concessions, des bases pour prendre Constantinople et se projeter vers la Méditerranée (les Russes) ou pour s’installer dans la capitale ottomane et verrouiller le Bosphore pour éviter justement cette projection russe vers Chypre, l’Egée et l’Egypte. Metternich voit dans ce soutien, purement tactique, une amorce de « balkanisation » de l’Europe, une balkanisation qui ne serait pas tant territoriale que mentale : les Européens cesseraient de poursuivre ensemble, dans la cohérence, des politiques stabilisantes communes, qui constitueraient l’essence même du nouvel ordre équilibré voulu par les congressistes de Vienne. Le Tsar Nicolas I voulait toutefois un partage des dépouilles ottomanes, où chaque bénéficiaire trouverait son intérêt mais les deux puissances occidentales, qui agissaient davantage dans les intérêts des Ottomans que dans ceux des Russes, ont refusé cet expédient qui aurait pu, finalement, sauver la cohérence de la Sainte-Alliance. Anglais et Français, rappelle Straub, se méfiaient du résultat à long terme d’un accord général qui affaiblirait définitivement l’Empire ottoman qui n’aurait alors plus eu d’autre solution que de demander son inféodation à l’Empire russe, exactement comme aujourd’hui, la Turquie d’Erdogan et de Davutoglu joue sur deux tableaux, sur l’Occident et sur la Russie, dans l’espoir de se hisser au rang d’une puissance régionale incontournable. Metternich, face à la première crise grecque des années 20 du 19ème siècle qui déclenche ce que l’on a appelé la « question d’Orient », accuse Lord Palmerston d’être un « tyran » dans la mesure où c’est l’Angleterre qui mène une politique égoïste, contraire aux intérêts du continent dans son ensemble. L’objectif anglais, lui, était de contrôler la Méditerranée sans aucune possibilité d’être contrecarré par une autre puissance européenne, quitte à soutenir toute sorte de mouvements séditieux de nature révolutionnaire (selon Metternich), comme aujourd’hui une politique comparable se déploie en Syrie afin qu’aucun môle de puissance régionale, alliée à la Russie ou à une autre puissance européenne, qui se montrerait challengeuse, ne puisse émerger.
 
Indépendance belge et Guerre de Crimée
 
Deuxième lézarde dans l’édifice de la Sainte-Alliance : l’indépendance belge. Une fois de plus, c’est l’Angleterre qui craint le développement du Royaume-Uni des Pays-Bas, disposant d’une flotte hollandaise de haute qualité, d’une industrie textile en Flandre (la Lys autour de Courtrai et Wijnegem) et en Wallonie (vallée de la Vesdre), d’un binôme charbon/acier à Mons, Charleroi et Liège, d’une présence en Insulinde à la charnière de l’Océan Indien et du Pacifique, d’anciennes colonies en Afrique du Sud (colonie du Cap) et dans l’île Maurice qui auraient pu revenir dans le giron néerlandais et surtout d’une aura dans une Allemagne du Nord qui parle des dialectes très proches du néerlandais. Ce Royaume-Uni des Pays-Bas aurait parfaitement pu attirer à lui, plutôt que la Prusse, les régions d’Allemagne du Nord. Pour briser ce môle germanique continental potentiel en face de ses côtes, à une nuit de navigation du cœur de Londres, jadis incendiée par la flotte de l’Amiral de Ruyter lors des guerres anglo-hollandaises du 17ème siècle, il fallait lui faire subir une sécession définitive, affaiblissant les deux lambeaux subsistants. 
 
Troisième lézarde, encore plus profonde : la Guerre de Crimée. Après le soutien français apporté en 1839-1840 au khédive d’Egypte, Mehmet Ali, en révolte contre la Sublime Porte, les deux puissances occidentales, la France et l’Angleterre, se muent en protectrices de l’Empire ottoman pour contenir la Russie au nord du Bosphore. Bismarck reste neutre, de même que la Belgique de Léopold I, qui est un ancien officier de l’armée du Tsar Alexandre. Cette intervention franco-anglaise en Mer Noire vise l’endiguement de la Russie, le maintien d’un Empire ottoman désarticulé, affaibli, incapable d’autonomie et à la merci des pressions occidentales qui entendent garder les mains complètement libres en Méditerranée orientale et en Egypte. Elle génère également l’anti-occidentalisme russe, comme l’attestent d’ailleurs le Journal d’un écrivain de Dostoïevski et les souvenirs de Tolstoï, officier combattant sur le front de Crimée. La Guerre de Crimée provoque donc une rupture profonde entre l’Ouest et la Russie qui alimentera toutes les idéologies antioccidentales qui germeront ultérieurement, qu’elles aient été de facture slavophile ou eurasiste et que cet eurasisme ait été tsariste ou communiste (stalinien). 
 
 
La ruine de la Chine des Qing
 
Parallèlement à ces trois lézardes –question grecque, révolution belge et Guerre de Crimée-  les deux puissances occidentales participent à la ruine de la Chine, présente dans le Sinkiang (le « Turkestan chinois ») et au Tibet, deux composantes importantes du puzzle centre-asiatique à l’époque de gloire des routes de la soie. La première guerre de l’opium, menée par l’Angleterre contre le Céleste Empire, se déclenche parce que le protectionnisme chinois, porté par une bureaucratie bien organisée, barre l’accès au commerce que les Anglais voudraient illimité. Le protectionnisme des empereurs Qing crée un déséquilibre commercial en défaveur des Anglais qui importent plus de marchandises chinoises qu’ils n’en exportent vers le Céleste Empire. Obligés de payer en lingots d’argent, métal précieux qu’ils ne possèdent pas en grandes quantités, les Anglais, pour importer leur thé, vendent de l’opium indien contre l’argent qu’ils ont préalablement cédé pour obtenir le breuvage traditionnel des après-midi londoniens. Ils inversent alors le déséquilibre commercial : l’Empereur, en envoyant son haut fonctionnaire zélé Lin Zexu, riposte en interdisant les fumeries d’opium, en confisquant les ballots de drogue et en imposant de sévères restrictions. Ces mesures entraînent l’intervention britannique et la première guerre de l’opium (1839-1842) qui s’achève par le Traité de Nankin, où la Grande-Bretagne obtient pleine satisfaction. La seconde guerre de l’opium (1856-1860) se déclenche immédiatement après la Guerre de Crimée, sous prétexte d’un non respect des clauses du Traité de Nankin de 1842. La France, alliée de l’Angleterre, participe à la curée et, en 1860, cette guerre se solde par la prise de Pékin et le pillage du Palais d’été. La Chine est contrainte d’accepter les stipulations de la Convention de Pékin (1860), qui reprennent les clauses humiliantes des traités précédents. Cette défaite entame considérablement le prestige des empereurs Qing : la Chine, auparavant superpuissance économique, déchoit en un pays déficitaire, rétif à la modernisation technique, et en une nation esclave de la consommation d’opium. La situation déplait à de larges strates de la population chinoise, ce qui aboutit à la révolte dite des Taiping, qui éclate dès 1851. Le pouvoir central mettra quinze ans à mater ce soulèvement, dirigé par un certain Hong Ziuquan, qui se prenait pour le frère de sang de Jésus-Christ (15). 
 
 
Dislocation de l’Empire des Qing
 
L’affaiblissement du pouvoir impérial permet aux Britanniques de progresser en Birmanie, ancien Etat tributaire de la Chine, et aux Français de s’emparer de l’Annam et de tout le Vietnam dans les années 80 du 19ème siècle. Les maoïstes s’inspireront de cette révolte des Taiping, 80 ou 90 ans plus tard, car elle prêchait un certain égalitarisme et rejetait les hiérarchies politiques traditionnelles, qui venaient de prouver leur incompétence à maintenir la Chine dans son statut de grande puissance impériale. Simultanément, vu le discrédit dans lequel le pouvoir Qing était tombé, d’autres révoltes secouent la Chine au même moment, risquant de précipiter l’Empire dans un chaos indescriptible où s’affrontent des entités rivales. La révolte des Taiping constitue sans doute la guerre civile la plus meurtrière de l’histoire : de vingt à trente millions de morts. La Chine en ressort démographiquement affaiblie. Elle passe de 410 millions d’habitants en 1851 à 350 millions en 1873 (16). Indépendamment des ravages cruels que cette révolte a fait subir à la Chine, elle servira, en dépit d’une inspiration chrétienne bizarre donc non chinoise, non autochtone, de modèle aux nationalismes futurs et au maoïsme (qui est un nationalisme chinois à la sauce communiste). L’idéologie des nationalismes et communismes chinois, irréductibles à leurs modèles européens car sinisés en profondeur, a pour socle principal un refus des « traités inégaux », pareils à ceux imposés par les Britanniques suite aux deux guerres de l’opium, ce qui induit aujourd’hui, alors que la Chine se redresse et reprend la place prépondérante qu’elle détenait jadis dans l’économie mondiale, une volonté de laisser à chaque entité politique le droit de déterminer librement ses choix, sans que ceux-ci ne soient oblitérés par des idéologies universalistes (17), imposées par des puissances hégémoniques occidentales et contraires aux principes du mos majorum à la chinoise, c’est-à-dire du culte des ancêtres, et à la sage notion de perpétuation des schémas connus qu’il convient de ne pas modifier, au nom d’un équilibre et d’une harmonie issus d’une méditation des pensées taoïstes. Les Taiping, en s’inspirant d’une interprétation très biscornue des évangiles, n’avaient pas opté pour un « schéma connu », confucéen ou taoïste, parce que les schémas connus, à leurs yeux, avaient justement déchu et précipité la Chine dans une incapacité à saisir les clefs de la puissance moderne, elles, bien instrumentalisées par l’ennemi britannique. Après la longue guerre civile, l’Impératrice régente Cixi lancera timidement la Chine sur la voie d’une modernisation technologique insuffisante, selon un rythme trop lent, jugeront plus tard les révolutionnaires du Kuomintang du Dr. Sun Ya Tsen, qui proclameront la république en 1912.
 
L’extraversion des deux puissances occidentales s’est traduit, tout au long du 19ème siècle, par des interventions répétées sur des théâtres non européens, par un désintérêt croissant et par un mépris affiché pour les autres puissances européennes non extraverties (selon la terminologie adoptée par Constantin Frantz), dont elles n’ont jamais tenu compte des besoins et des aspirations. Elles n’ont eu de cesse de camoufler leur mépris derrière des discours ronflants, idéologiques ou moralisants, avec l’appui d’une presse haineuse déversant des flots de logorrhées bellicistes ou dépréciatives contre les Russes, par exemple, ou contre les Allemands et les Autrichiens, considérés comme des « barbares » grossiers, incultes parce que ne partageant pas les schémas révolutionnaires, jacobins ou manchesteriens. Cette attitude, en ruinant la pentarchie de la Sainte-Alliance, a provoqué quantité de déséquilibres stratégiques en Europe, comme l’avait prévu Frantz, ce qui a conduit à l’explosion d’août 1914. Et à la fin de l’excellence européenne.
 
De la dangerosité perverse des modernités
 
Toutefois, aux yeux du Prof. Beckwith, les modernisations/centralisations, par l’action des communistes, affecteront les grandes entités politiques de la masse continentale eurasiatique, surtout la Chine et la Russie maitresses des vastes régions de l’Asie centrale, où des syncrétismes séduisants avaient été forgés par des cultures aujourd’hui disparues. Ces modernisations vont éradiquer la diversité linguistique et religieuse, les synthèses fécondes qui ont innervé la région, laissant derrière elles un désert culturel, que les postcommunismes actuels ne parviennent pas à combler, surtout que la planète entière subit, depuis la chute du Mur de Berlin, un tropisme « néolibéral » préoccupant, bien plus incapable de restaurer les assises des vieilles cultures centre-asiatiques que ne l’étaient les communismes dans leurs diverses moutures. Beckwith conclut à la dangerosité perverse des modernités. L’explorateur italien Giuseppe Tucci (1894-1984), polyglotte et orientaliste, est sans nul doute celui qui nous a, de la manière la plus didactique, dressé un tableau des religions syncrétiques de cette Asie centrale et du Tibet (18) : un dossier à ouvrir afin de parfaire le long travail de restauration qu’il faudra bien entreprendre pour guérir l’humanité des maux de la modernité et des faux traditionalismes qu’elle génère dans son sillage pour perpétrer par procuration, par succession ininterrompue d’opérations « fausse bannière », son œuvre de destruction et de mort, comme le montre l’instrumentalisation du fondamentalisme des salafistes et des wahhabites, dont les pauvres schémas n’arrivent pas à la cheville des anciens syncrétismes, à dominante musulmane, nés et morts à Samarkand et à Boukhhara.
 
Pour sortir la Chine de la misère où l’avaient plongé les guerres de l’opium et les pressions britanniques, le premier mouvement républicain, le Kuo Mintang du Dr. Sun Yatsen, s’inspirera indirectement, après sa prise du pouvoir en 1911-1912, des thèses de l’Allemand Friedrich List, qui entendaient généraliser un développement intérieur, c’est-à-dire un colonialisme intérieur et non pas tourné vers l’extérieur et vers les périphéries non européennes. List a inspiré le développement des communications par canaux et voies de chemin de fer en Allemagne (projet concret visant à réaliser le testament politique du Roi Frédéric II de Prusse) et en Belgique (à l’invitation de Léopold I). Sollicité comme « expert ès-développement » avant la lettre, il a également influencé l’organisation territoriale des Etats-Unis dans la première moitié du 19ème siècle, préconisant, notamment, de relier la région des grands lacs, fertile en céréales, à l’Atlantique par un système de canaux, donnant ainsi le coup d’envoi à la puissance agricole que sont demeurés les Etats-Unis depuis lors, dont la meilleur arme, selon Eagleburger, assistant de Kissinger et conseiller de Nixon, est la surproduction de denrées alimentaires (« Food is the best weapon in our arsenal »). Plus tard, List a été considéré comme le théoricien du développement autonome et de l’indépendance économique nationale ou continentale, surtout dans les pays du dit « tiers monde » qui venaient d’accéder à l’indépendance. Il avait des disciples chinois, dont le dernier en date est assurément Deng Xiaoping, promoteur de la Chine post-maoïste. Dans la France gaullienne, l’économiste François Perroux se plaçait dans son sillage et plaidait en faveur d’une indépendance semi-autarcique que d’autres, comme André Grjébine, moderniseront dans le cadre européen, sans obtenir l’oreille des eurocrates.
 
Kang Youwei et Liang Qichao
 
Les idées de List vont bien entendu inspirer les précurseurs chinois du mouvement national et républicain du Kuo Mintang. Dans un ouvrage largement distribué dans les pays anglo-saxons et en Allemagne, l’historien indien du développement  Pankaj Mishra (19), qui enseigne en Angleterre, rappelle le travail patient des hauts mandarins chinois qui ne voulaient pas voir leur patrie impériale sombrer dans un marasme définitif. Parmi eux, Liang Qichao et son maître Kang Youwei. Tous deux entendaient imiter le mouvement Meiji japonais, moderniser et généraliser l’enseignement, les structures de l’Etat et les forces armées. Ils se heurteront à une forte résistance des éléments passéistes. Les nationalistes étatistes du Kuo Mintang et les communistes de Mao seront tous deux, à leur manière, les héritiers de cette volonté modernisatrice de Liang Qichao et Kang Youwei, pionniers du renouveau chinois, inspirés par l’ère Meiji japonaise, dès la fin du 19ème siècle. Les idées de Liang Qichao et de Kang Youwei sont néanmoins pétries de confucianisme, catalogue de principes inébranlables dont ils ne se déferont jamais, alors que la tentation des premiers nationalistes du Kuo Mintang était de rejeter l’héritage confucéen comme responsable du retard et des défaites chinoises. De même, en dépit des discours communistes lors de la « longue marche » et de la prise du pouvoir, en dépit de la révolution culturelle maoïste des années 60 du 20ème siècle, mise ultérieurement sur le dos de la « Bande des quatre » (dont la veuve de Mao), le confucianisme n’a cessé d’irriguer la pensée politique chinoise dans sa volonté de récupérer son statut de grand empire historique : il a marqué les avatars du Kuo Mintang dans la gestion de l’île de Formose, devenue la « Chine nationaliste » ; il a marqué tout aussi profondément la gestion communiste de la Chine continentale. Il a accompagné le pays dans sa marche hors du premier carcan communiste pour le faire évoluer vers le système original qui, aujourd’hui, lui a redonné une puissance incontournable, bien qu’elle soit, in fine, plus quantitative que qualitative, car calquée sur le modèle occidental et social-darwiniste, comme l’avait d’ailleurs prévu un disciple de Kang Youwei, fasciné par le social-darwinisme occidental à la fin du 19ème siècle, Tan Sitong, décapité sur ordre de l’Impératrice douairière en 1898, suite à l’éviction de l’héritier réformiste du trône chinois, Guangxu. Celui-ci avait reçu, sans les formalités inutiles de la vieille étiquette impériale, Liang Qichao, Kang Youwei et Tan Sitong pour faire passer, sur le mode accéléré, des réformes modernisatrices, bien que toujours confucéennes dans leur esprit, suite à l’écrasante défaite subie par la Chine face aux armées japonaises en 1895 : l’expérience a duré exactement 103 jours, explique Pankaj Mishra, avant d’être brutalement réprimée par Cixi, appuyée par le vieux mandarinat et les partisans obtus des vieilles structures vermoulues de la dynastie Qing. Il ne restait plus que la voie nationaliste et républicaine, antimandchoue, celle d’un bouleversement radical comme le voulait Sun Yatsen. Elle aboutira en 1911-1912.
 
Rigidités mentales de l’occidentalisme et du fondamentalisme
 
En dépit du sort tragique du malheureux Tan Sitong  -qui avait délibérément choisi le martyr, parce qu’un homme insigne, disait-il, devait accepter la mort pour assurer le triomphe final de ses idées qui ne voulaient que le bien public-  le mélange éclectique de pensées pragmatiques confucéennes et d’idées occidentales, libérales, nationalistes ou communistes, procure à la Chine contemporaine une pensée politique finalement plus souple que l’actuelle panacée occidentale où dominent, en dépit des paroles en apparence « progressistes », des rigidités mentales dérivées des calvinisme et puritanisme fondamentalistes, alliés au wahhabisme et au salafisme dans le monde musulman. De telles pensées refusent obstinément les syncrétismes et les éclectismes idéologiques et philosophiques qui, au cours de l’histoire, ont apporté l’harmonie aux empires et aux Etats. Ce sont des schémas para-théologiques fondamentalistes qui se profilent derrière les idéologies figées que professe l’Occident et qui contribue à son ressac. Elles se présentent sous des couleurs politiques différentes, tout en partageant en filigrane les mêmes postulats fondamentalistes, souvent déguisés en « progressismes », en pseudo-avatars de l’idéologie des « Lumières » : c’est tantôt ce que l’on appelait justement le « libéralisme doctrinaire » au 19ème siècle, revenu à l’avant-plan, suite à Thatcher et Reagan, sous le nom de « néo-libéralisme », tantôt le marxisme non marxien (car Marx ne répétait pas des schémas figés et irréalistes comme ses piètres disciples), tantôt le discours sur les droits de l’homme, où ceux-ci servent de référence au prêchi-prêcha du « politiquement correct » et d’instruments de subversion maniés par les services américains pour bouleverser les Etats qui résistent à leur hégémonie ou entendent garder des barrières quelconques pour préserver leurs outils industriels nationaux. Via une quantité d’ONG, ces idéologies figées et répétitives servent d’instruments dans une lutte sans répit contre les syncrétismes féconds dans les mondes arabe, turc ou orthodoxe. Le monde asiatique avait réagi contre cette instrumentalisation du discours sur les droits de l’homme dès le début des années 90, où les diverses doctrines de Clinton avaient imposé ce discours comme référentiel unique et non critiquable. Au fil du temps, ce référentiel, soustrait à toute critique, est devenu le socle inamovible du « politiquement correct », débouchant sur ce que Georges Orwell avait défini comme le « goodthink ». L’alliance paradoxale du « politiquement correct » et des fondamentalismes télé-évangéliques, chrétiens-sionistes ou salafistes a conduit la planète au blocage actuel, au chaos qui agite le « rimland » géopolitique de la Libye aux frontières de l’Iran et au Pakistan, à la confusion totale qui marque les esprits en Occident, où la caste politique est désormais incapable de distinguer ce qui peut consolider le Bien public de ce qui le disloque et le ruine. 
 
Ce chaos sur les « rimlands » méditerranéens, moyen-orientaux ou musulmans, de la frontière tunisienne à l’Indus est né de la volonté de l’hegemon américain. Au départ d’un soutien à apporter aux mudjahiddins afghans contre les protecteurs soviétiques d’un régime laïque à Kaboul, Zbigniew Brzezinski voulait se servir du levier islamiste pour finir par contrôler la Route de la Soie dans l’Asie centrale musulmane, soviétique jusqu’à la dislocation de l’URSS. Le fondamentalisme islamiste était alors un pur instrument et on n’imaginait pas à Washington que des éléments de ce golem à têtes multiples pourraient un jour devenir incontrôlables et poursuivre un agenda non dicté par une tierce puissance ou se montrer indisciplinés et commettre des actions non souhaitées par leurs commanditaires de départ. En 2012, Brzezinski lui-même constate l’échec de son projet stratégique (20) mais, malgré cet aveu, bien étayé, Washington a réactivé en 2013-2014 la stratégie qu’il préconisait en Ukraine. 
 
 
De la position centrale de l’Iran
 
Sur fond de quel autre projet, cette réactivation des projets initiaux de Brzezinski sur la « gateway region » ukrainienne  s’est-elle déployée ? Le projet de contrôler la Route de la Soie centre-asiatique est, simultanément, un projet d’unir politiquement, sous la férule d’un hégémonisme américain, la zone d’intervention virtuelle de l’USCENTCOM, le commandement militaire américain au centre de la masse continentale eurasiatique. L’espace géographique dévolu à l’USCENTCOM a pour centre l’Iran. Dans un premier temps, les Etats-Unis visaient à annuler le pouvoir d’attraction que ce centre iranien pouvait éventuellement déployer dans sa périphérie, de l’Egypte à l’Inde. Le rayonnement de la « civilisation iranienne » était un projet du Shah qui était parvenu à faire la paix avec les Saoudiens (annulant de la sorte l’antagonisme chiites/sunnites revenu à l’avant-plan pour ravager le Proche et le Moyen Orient aujourd’hui), à soutenir financièrement l’Afghanistan voisin, à tisser des liens féconds avec l’Inde, à forger des accords industriels et énergétiques avec l’Europe et à pactiser dans un projet gazier avec l’URSS de Brejnev. Il fallait briser ce rayonnement iranien sur le « rimland » de l’Océan Indien et le nouveau tandem pétrolier irano-saoudien. Le Shah, bien qu’officiellement « allié », devait dès lors être éliminé : on lui a balancé la révolution de Khomeiny pour ruiner ses projets et affaiblir ses partenaires européens qui venaient de vivre les Trente Glorieuses. Mais le golem Khomeiny s’est avéré récalcitrant et les projets atomiques, que l’ayatollah ne souhaitait pas développer (il avait lancé une « fatwa » contre les armes atomiques), ont été repris par Ahmadinedjad, figure diabolisée à souhait par le pouvoir médiatique américain sur la planète. L’Iran était décrété « Etat voyou ». Son pouvoir d’attraction n’était pas entièrement éliminé mais sérieusement limité. Cependant, l’Iran, de par sa centralité sur le territoire dévolu à l’USCENTCOM ou au « Greater Middle East », est incontournable. L’intervention en Afghanistan n’a apporté aucun autre résultat que le chaos au bout de quatorze ans. Onze ans de présence américaine en Irak se solde par un déchaînement de violence encore plus spectaculaire. D’où certains stratégistes envisagent une autre stratégie (21) : ôter à l’Iran le statut d’ « Etat voyou » et en refaire un allié afin de dominer le centre même de l’espace du « Plus grand Moyen Orient ». Cette stratégie, d’abord complètement isolée dans un « paysage idéologique américain » dominé par le bellicisme intransigeant des « néo-conservateurs » faisant chorus autour des deux présidents Bush, est désormais envisagée comme une solution possible par davantage de stratégistes, sans nul doute parce que les clivages religieux du Moyen Orient se sont avérés plus résilients que prévus. Les différences entre chiites et sunnites avaient été considérées comme superficielles, comme des enfantillages archaïques appelés à disparaître. La suite des événements a prouvé le contraire : les peuples du Moyen Orient tiennent à leurs religions et ne veulent pas se noyer dans l’océan des hommes sans substance et sans qualités que génère le libéralisme occidental. En Irak, le pouvoir chiite, mis en place par les Américains suite à l’élimination du nationaliste arabe sunnite Saddam Hussein, se sent plus proche de la « civilisation iranienne », dominée par l’islam chiite, que du wahhabisme sunnite saoudien, qui soutient désormais des forces djihadistes sunnites en Irak, pour éviter une extension géopolitique indirecte des « Perses », par chiites irakiens interposés, alors que, pourtant, ces chiites irakiens avaient été hissés au pouvoir par les Américains, alliés des Saoudiens : une contradiction majeure des stratégistes d’Outre-Atlantique qui aura des répercussions inattendues et catastrophiques. De même, l’Afghanistan, de langue iranienne (indo-européenne), où les Pachtounes dominants sont sunnites et où la minorité asiatique persophone des Hazaras est chiite, n’est toujours pas pacifié : les bases arrières pakistanaises des talibans, d’abord alliés puis ennemis, plongent le Pakistan dans le chaos ; l’Iran, lui, reste stable dans un environnement totalement bouleversé. L’élection de Hassan Rohani en 2013 a facilité l’apaisement mais le jeu demeure complexe et les relations irano-américaines ambigües, surtout parce qu’un alignement sur les BRICS pourrait s’avérer tout aussi intéressant pour l’Iran qu’un retour dans le système atlantiste global visant l’endiguement permanent de la Russie et de la Chine. Israël, qui a bénéficié jusqu’ici du statut de seul allié privilégié des Etats-Unis, craint le rapprochement irano-américain qui relativiserait considérablement sa position au Proche et au Moyen Orient où son ennemi le plus tenace reste le Hezbollah chiite libanais, iranophile par une sorte de nouvelle convergence panchiite, peu perceptible sur l’échiquier régional avant l’intervention américaine en Irak. Le regard à porter sur une éventuelle position rétrogradée d’Israël doit tenir compte d’une mutation notable : la tradition juive avait toujours été de s’allier avec les Perses contre les puissances venues de l’Ouest (les Romains puis les Byzantins), dans le souvenir du Cyrus de la Bible, expliquant aussi le patriotisme des juifs d’Iran ; Netanyahu, lui, pratique une politique juive « hérodienne », favorable à la puissance hégémonique venue de l’Ouest, en l’occurrence les Etats-Unis, qui prennent le relais d’une Angleterre que les ancêtres idéologiques du Likoud, son parti, avait soit combattue au nom de l’anticolonialisme soit favorisée au nom d’une alliance contre le fascisme et le nazisme.
 
De la stratégie eurasienne d’Obama
 
Dans ce contexte trouble et bouleversé, quelle est donc la stratégie eurasienne d’Obama ? Quels en sont les contours et les visées ?
 
 Obama vise, semble-t-il, à contrôler la Mer Noire, à réaliser à son profit les clauses du Traité de Paris de 1856 : arracher la Mer Noire à toute forme d’hégémonisme russe. L’objectif d’Obama est de contrôler ou d’empêcher l’utilisation maximale des gazoducs et oléoducs « South Stream » ; cette politique, une fois de plus, vise davantage l’Europe, premier concurrent des Etats-Unis et « ennemi métaphysique » dans la mesure où c’est l’Allemagne qui en est le centre névralgique et que tout retour de l’Allemagne à l’avant-plan sur l’échiquier politique et économique international, surtout par le biais d’un tandem énergétique germano-russe, est la hantise des anciens trotskistes devenus « néo-conservateurs » et bellicistes à tous crins car leur idéologie est inspirée in fine par les puritanismes les plus échevelés, ennemis de toute forme de diplomatie harmonieuse et d’équilibres syncrétiques.
 
2)     Le contrôle de la Mer Noire implique un retour des Etats-Unis et de l’OTAN en Géorgie et en Azerbaïdjan, en exploitant les ressources de l’allié turc, exactement comme au temps de la Guerre de Crimée.
 
3)     Ce projet de domination de l’espace pontique implique aussi d’aider financièrement l’Arménie à se désenclaver, alors qu’elle est un allié-clef de la Russie et, accessoirement, de l’Iran dans le Caucase.
 
4)     Même si cela n’apparaît pas directement aujourd’hui, ce faisceau de stratégies dans l’espace pontique doit aussi compter sur une réactivation de la subversion wahhabite en Tchétchénie et au Daghestan, de façon, cette fois, à interrompre potentiellement le transit des hydrocarbures non plus seulement à hauteur du Donbass ukrainien mais cette fois dans l’espace transcaucasien, entre la Mer Noire et la Caspienne. Nous aurions affaire, si cette stratégie finit par s’inscrire dans les faits, à une double interruption des flux énergétiques en direction de l’Europe. 
 
5)     La visée finale de cette stratégie pontique de l’ « administration » Obama est bien sûr d’affaiblir l’Europe, puisque la Russie vend alors ses hydrocarbures ailleurs en Asie, à des clients que les Etats-Unis ne peuvent guère influencer. Pour les Russes, la partie est nulle. Le North Stream achemine le gaz vers l’Allemagne, à l’abri de toute subversion dans l’espace pontique, mais le reste de l’Europe orientale et centrale est affaibli par le fonctionnement déficitaire du système South Stream, ce qui implique ipso facto un affaiblissement du centre germanique de l’Europe et une balkanisation es volontés européennes, mutatis mutandis, comme le craignait Metternich. 
 
6)     Au-delà de cet affaiblissement de l’Europe toute entière, la stratégie américaine actuelle semble vouloir joindre l’espace pontique à l’espace iranien, justement en agissant dans le Caucase, en Géorgie (l’antique Colchide), en Azerbaïdjan, en Arménie et sur le flanc septentrional de la chaîne montagneuse caucasienne. De la Roumanie à l’Afghanistan, nous verrions alors se reconstituer le verrou d’endiguement, rêvé par tous les stratégistes anglo-saxons depuis Pitt. Simultanément, ce verrou géopolitique sur le rimland qui courrait d’Ouest en Est serait doublé d’un verrou placé sur un axe nord-sud et couperait l’Europe, ennemi principal, de ses approvisionnements russes et caucasiens, ou ne tolérerait qu’un approvisionnement qui passerait par un contrôle turc, tandis que les hydrocarbures iraniens seraient déviés vers d’autres Etats clients. 
 
7)     Autre facette de cette stratégie entre Danube et Indus (sur l’antique territoire de l’Empire macédonien d’Alexandre le Grand) : centrer autour de l’Iran, redevenu ami, dépouillé de son statut infâmant d’ « Etat voyou », les territoires placés, de manière informelle et virtuelle, dans l’orbite de l’USCENTCOM ; simultanément, pour couper l’Europe et la Chine voire l’Inde d’autres approvisionnements en matières premières diverses et indispensables, puis pour prendre solidement pied en Afrique, en développant l’AFRICOM.
 
8)     La Chine ne doit pas seulement être contenue en Afrique, où elle a déployé une diplomatie sans imposer de contraintes idéologiques comme le fait l’Occident, mais aussi ailleurs, surtout dans le Pacifique. Il faut empêcher, mais ce sera difficile, son approvisionnement optimal en hydrocarbures, comme cela avait été pratiqué contre le Japon en 1940-1941. Pour parvenir à endiguer la Chine, on réhabilite l’OTASE, équivalent en Asie orientale de l’OTAN. On cherche à embrigader la Thaïlande et le Vietnam dans une politique d’endiguement et à empêcher la Birmanie (le Myanmar) de faire aboutir dans ses ports les terminaux pétroliers et gaziers de la Chine dans le Golfe du Bengale.
 
Cette politique internationale belligène d’Obama, qui n’est jamais qu’un avatar logique des stratégies guerrières pensées par les néoconservateurs avant ses mandats, a suscité, on s’en doute, la riposte « eurasienne » de la Russie et de la Chine :
 
1)     Les gazoducs sibériens acheminent désormais une bonne partie du pétrole et du gaz russes vers la Chine et non plus vers l’Europe, en passant par l’Ukraine secouée par des troubles civils, fabriqués par les ONG américaines.
 
2)     Remplacer le dollar par d’autres devises pour les échanges internationaux.
 
3)     Inclure l’Iran dans l’Organisation de Shanghai donc dans le groupe BRICS.
 
Cette priorité, qui consiste, en fin de compte, à contrôler tout le rimland de la Grèce à la Mer de Chine du Sud, est handicapée par le chaos persistant qui bouleverse le Proche Orient et la Mésopotamie irakienne. Ce chaos empêche l’organisation optimale, pourtant promise, d’un « Plus Grand Moyen Orient ». Ces désordres sanglants ne peuvent constituer un modèle séduisant. D’autres acteurs, en apparence alliés des Etats-Unis, poursuivent d’autres projets, comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite qui ne se soucient guère de l’établissement d’un « Greater Middle East » et donnent la priorité à l’élimination de toutes les factions musulmanes qui ne s’alignent pas sur les canons rigoristes du wahhabisme saoudien. Cette priorité induit un état de guerre permanent de tous contre tous qui n’autorise aucune installation d’un pouvoir solide, syncrétique et pacificateur. Du coup, des voix s’élèvent pour dire « qu’il manque un Saddam » (22), corroborant ainsi les paroles prophétiques prononcées par le Raïs vaincu et écrasé au pied de la potence… L’Irak, disait-il, en cet instant fatidique, « était plongé dans un enfer ». Le baathisme, même sous la poigne très rude des militaires irakiens, était un système plus efficace, plus générateur d’ordre et de paix civile, que le chaos installé depuis l’invasion américaine. De même, Bachar El-Assad apparaît comme un allié potentiel contre les débordements incontrôlables de l’EIIL, en dépit des diabolisations qu’il a subies dans les médias au début de la guerre civile syrienne. La stratégie consistant à armer des factieux déséquilibrés ou d’anciens vaincus de guerres civiles antérieures ou des minorités religieuses et/ou ethniques ou des politiciens falots et véreux aspirant à s’emparer d’un pouvoir qu’ils ne pourraient pas tenir avec leurs seules forces s’avère un fiasco : il aurait mieux valu préconiser un développement harmonieux à la chinoise.
 
L’harmonie confucéenne, idéologie chinoise, asiatique, confucéenne ou bouddhiste recèle plus de possibles féconds que les fondamentalismes puritains américains ou wahhabites saoudiens. Et quand le fanatisme puritain se camoufle derrière une interprétation facile, médiatisable et caricaturale de l’idéologie des droits de l’homme, qui confine à l’hystérie avec Carter, Bill et Hillary Clinton ou encore Bernard-Henri Lévy, le chaos s’installe et l’enfer (pavé de bonnes intentions) descend sur terre comme en Libye, en Syrie, en Irak ou dans le Donbass. Les droits de l’homme, dans leur application, disaient déjà les Chinois au début des années 90 du 20ème siècle, doivent être tempérés par les messages pacificateurs des religions traditionnelles, surtout le confucianisme qui prêche l’harmonie. Qui dit religion apaisante dit automatiquement capacité à forger des syncrétismes harmonieux et féconds, comme le voulait le Shah avec son idée de « civilisation iranienne » qui est parvenu à signer une paix avec le roi Fayçal d’Arabie Saoudite, réduisant à néant, dans les années 70 du 20ème siècle, le contentieux pluriséculaire entre Chiites et Sunnites. Autre syncrétisme pacificateur : les baathismes syrien et irakien qui, bien que devenus ennemis, ont chacun procuré la paix intérieure à leurs pays respectifs. Quant au kémalisme, reposant sur le syncrétisme alaouite turc et sur l’appareil militaire (hostile aux fondamentalismes et aux terribles simplifications des zélotes religieux), il offrait, finalement, une plus large marge de manœuvre à la Turquie et ses dernières manifestations, avant la mise au pas fondamentaliste perpétrée par Erdogan, avaient fait montre de velléités eurasistes, liées idéologiquement à ses positions parfois pantouraniennes, plus conformes à la position pontique de la Turquie, réduite sur le plan territorial suite aux clauses du Traité de Lausanne de 1923 et dépouillée des ressources énergétiques de l’actuel Kurdistan irakien (gisements de Kirkouk et de Mossoul). 
 
L’alliance entre les puritains de Boston (avec leurs avatars télé-évangélistes, chrétiens-sionistes et autres), les trotskistes de la côte est, mués en néoconservateurs pour qui la notion trotskiste de « révolution permanente » s’est transformée en pratique de la « guerre permanente », et les wahhabites djihadistes saoudiens qui ont plongé la Libye, la Syrie et l’Irak dans le chaos, est une alliance que l’on peut sereinement qualifier de calamiteuse, vu l’absence de résultats acceptables au regard de la simple bienséance. Face à elle, l’eurasisme est donc un antidote où entrent en jeu les valeurs asiatiques, bouddhistes et confucéennes non dérivées du tronc abrahamique et les volontés syncrétiques des grands khans mongols dont Marco Polo fut un conseiller pendant dix-sept ans. A ce corpus de religions asiatiques et à cette volonté de syncrétisme s’ajoutent les idéaux équilibrants et apaisants que nous lègue Aristote, avec son idée de « nomos » de la terre, reprise au 20ème siècle par Carl Schmitt. Il ne s’agit nullement d’un « nomos » figé, comme pourrait nous le faire croire l’aristotélisme scolastique ou la pratique metternichienne en marge de la Sainte-Alliance, mais d’un « nomos » dynamique, que le philosophe Heidegger, sous l’impulsion du futur archévêque de Fribourg Conrad Gröber, a exploré, prouvant que les concepts grecs étaient plus « fluides », plus souples, que ne l’avaient imaginé les scolastiques : ceux-ci, prêtaient le flanc aux critiques, souvent antireligieux, qui percevaient l’aristotélisme des « Anciens » comme une charpente trop rigide, rejetée par les « Modernes ». Confucianisme chinois et aristotélisme tablant sur un « nomos » irrigué de concepts fluides impliquent la mise en œuvre d’une diplomatie planétaire diamétralement différente de la pratique occidentale dominante aujourd’hui et opposée à l’anti-diplomatie du néoconservateur Robert Kagan à l’époque du fameux Axe Paris-Berlin-Moscou de 2003 quand l’Europe et la Russie se sont opposées, de concert mais hélas trop brièvement, au bellicisme américain en Irak. Cet axe éphémère était une réactualisation de l’alliance implicite franco-austro-russe du 18ème siècle, flanquée des bonnes politiques maritimes du Roi Louis XVI et de la Tsarine Catherine. 
 
La réémergence d’un Axe Paris-Berlin-Moscou, difficile à raviver depuis la trahison du gaullisme par Sarkozy et Hollande, renoue avec les meilleurs traditions du siècle des Lumières, où les Lumières n’étaient pas réduites aux piètres schémas vociférés par un Bernard-Henri Lévy. Il s’agissait de neutraliser le cycle infernal des guerres mondiales et des guerres permanentes commencé avec la Guerre de Sept Ans en 1756 (23). L’eurasisme est donc cette réponse nécessaire et équilibrante à des forces génératrices de désordres criminels et destructeurs.
 
Robert Steuckers, octobre 2014 (rédaction finale, janvier 2015). 
 
Notes :
 
(1) Marlène LARUELLE, L’idéologie eurasiste russe ou comment penser l’empire, L’Harmattan, Paris, 1999.
(2) Christian W. SPANG, Karl Haushofer und Japan – Die Rezeption seiner geopolitischen Theorien in der deutschen und japanischen Politik, Iudicium Verlag, München, 2013.
(3) Robert KAPLAN, Monsoon – The Indian Ocean and the Future of American Power, Random House, New York, 2011.
(4) Christopher I. BECKWITH, Empires of the Silk Road – A History of Central Eurasia from the Bronze Age to the Present, Princeton University Press, Princeton, 2009.
(5) Tessa HOFMANN, Annäherung an Armenien – Geschichte und Gegenwart, Verlag C. H. Beck, München, 1997-2006.
(6) Sur Saul B. Cohen, cf. David CRIEKEMANS, Geopolitiek – ‘Geografisch geweten’ van de buitenlandse politiek ?, Garant, Antwerpen/Apeldoorn, 2007.
(7)   J. P. MALLORY & Victor H. MAIR, The Tarim Mummies. Ancient China and the Mystery of the Earliest Peoples from the West, Thames & Hudson, London, 2000.

(8) Reinhard SCHMOECKEL, Die Indoeuropäer - Aufbruch aus der Vorgeschichte, Verlag Bublies, Schnellbach, s.d.

 (9) Jean-Michel SALLMANN, Le grand désenclavement du monde – 1200-1600, Payot, Paris, 2011.
(10) Pour comprendre la volonté russe de se projeter vers le Pacifique, lire: Owen MATTHEWS, Glorious Misadventures – Nikolai Rezanov and the Dream of a Russian America, London, Bloomsbury, 2013-2014.
(12) Eberhard STRAUB, Der Wiener Kongress – Das grosse Fest und die Neuordnung Europas, Stuttgart, Klett-Cotta, 2014.
(13) Olivier BLANC, Les hommes de Londres – Histoire secrète de la Terreur, Paris, Albin Michel, 1989.
(14) Cf. notre article consacré à Constantin Frantz : in Jean-François MATTEI, Les Œuvres philosophiques (deux tomes), volume III de l'Encyclopédie philosophique universelle, Paris, PUF, 1992.
(16) John KING FAIRBANK, The Great Chinese Revolution 1800-1985, 1986, p. 81.
(17) Robert STEUCKERS, “Les amendements chinois au nouvel ordre mondial”, sur http://robertsteuckers.blogspot.be/2014/04/les-amendements-chinois-au-nouvel-ordre.html
(18) Giuseppe TUCCI, Les religions du Tibet et de la Mongolie, Payot, 1973.
(19) Pankaj MISHRA, Aus den Ruinen des Empires – Die Revolte gegen den Westen und der Wiederaufstieg Asiens, S. Fischer, Frankfurt a. M., 2013.
(20) Robert STEUCKERS, « Etonnantes révisions chez les grands stratégistes américains », cf. http://robertsteuckers.blogspot.be/2013/08/etonnantes-revisions-chez-les-grands.html
(21) Robert BAER, Iran – l’irrésistible ascension, J.C. Lattès, Paris, 2008; Trita PARSI, Treacherous Alliance – The Secret Dealings of Israel, Iran, and the U.S., Yale University Press, 2007; Barbara SLAVIN, Bitter Friends, Bosom Enemies – Iran, the U.S., and the Twisted Path to Confrontation, St. Martins Press, New York, 2007.
(22) Wayne MADSEN, “Missing Saddam”, cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/apps/search/?s=missing+saddam
(23) Robert STEUCKERS, “Historical Reflections on the Notion of “World War””, cf. http://robertsteuckers.blogspot.be/2014/02/historical-reflections-on-notion-of.html

mardi, 12 mai 2015

Rassegna Stampa (12-V-2015)

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Rassegna Stampa (12-V-2015)

  • Terra promessa
    di Piero Cammerinesi [12/05/2015]
    Fonte: Il giornale del Ribelle

La CIA déclenche une attaque sous faux drapeau en Macédoine

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La CIA déclenche une attaque sous faux drapeau en Macédoine pour contrer le projet gazier russo-grec

par Yann de Kerguezec
Ex: http://breizatao.com

Alors que la Russie vient de nouer un partenariat énergétique stratégique avec la Turquie et la Grèce pour un gazoduc commun devant rejoindre la Serbie, la Hongrie, l’Autriche et l’Italie. La CIA a réagi en déclenchant une agitation islamo-nationaliste albanaise depuis le Kosovo en Macédoine. Un exemple caricatural de l’alliance stratégique islamo-atlantiste en Europe.

Alternative au projet South Stream

De la même façon que la Russie achemine son gaz en Allemagne via le gazoduc “North Stream” (“Courant Nord”), Moscou entend garantir son partenariat avec l’Union Européenne en développant un projet analogue pour l’Europe méridionale et centrale, “South Stream” (“Courant Sud”) tout en contournant l’Ukraine.

Les USA, soucieux de briser une alliance stratégique euro-russe afin de s’assurer de la domination mondiale au détriment des Européens et des Russes, tentent en effet de créer un “cordon sanitaire” tourné contre Moscou partant des états baltes jusqu’à la Mer Noire, Ukraine incluse. D’où le coup d’état mené à Kiev par la CIA dans ce pays en février 2014.

Suite à cet événement, Washington a obtenu l’abandon du soutien bulgare au projet “South Stream” qui devait voir le jour :

 

Vladimir Poutine, actant de la soumission de la Bulgarie aux USA, annonçait formellement, début décembre 2014, l’abandon du projet “South Stream” (source) :

“Comme nous n’avons toujours pas reçu la permission de la Bulgarie, nous pensons que dans la situation actuelle la Russie ne peut pas poursuivre la réalisation de ce projet”.

Accord russo-turco-grec

La Turquie ambitionnait de faire transiter du gaz d’Asie Centrale et d’Orient –  en concertation avec les USA – sur son territoire vers l’Europe dans le cadre du projet de gazoduc “Nabucco”. Ce concurrent direct au projet “South Stream” a été progressivement abandonné et Moscou vient d’offrir à Ankara une alternative : le “Turkish Stream”.

Ce gazoduc permettra de livrer, dès 2016, la Turquie en gaz à un prix revu à la baisse par Gazprom (source). Avec l’arrivée d’Alexis Tsipras au pouvoir à Athènes, le nouveau gouvernement grec est à la recherche de toutes les opportunités économiques possibles.

Moscou a profité de ce changement politique pour proposer aux Grecs l’extension du projet turco-russe à la Grèce. Ce qu’a rapidement accepté le gouvernement d’extrême-gauche. Cet accord entre la Russie et la Grèce avait été salué par l’Allemagne, Berlin s’opposant de plus en plus fermement à l’ingérence américaine dans les affaires euro-russes (source).

La Macédoine en ligne de mire de la CIA

Avec la création de ce “Turkish Stream”, la Russie dispose d’une alternative au South Stream pour l’acheminement de son gaz vers l’Italie, la Serbie et la Hongrie. Aussi, les efforts américains en Ukraine et en Bulgarie pour couper l’accès du gaz russe au marché européen sont-ils sérieusement menacés d’échec.

Cette perspective d’un accord entre la Grèce et la Russie fait littéralement paniquer Washington qui a envoyé il y a deux jours un émissaire à Athènes pour exiger de la Grèce qu’elle abandonne son partenariat avec Moscou (source). Le ministre de l’Energie grec a redit la volonté de la Grèce de maintenir son projet de participation au projet russe.

Mais pour réaliser le “Balkans Stream”, alternative au “South Stream”, il faut que la Russie puisse faire transiter le gazoduc conjoint par la Macédoine.

Agitation albano-islamiste fomentée par la CIA

La CIA a donc décidé d’agiter ses fidèles vassaux de la mafia albanaise. Ainsi, une attaque menée depuis le Kosovo, un non-état où est située une des plus grandes bases américaines en Europe (Camp Bondsteel), a frappé le territoire macédonien au non d’un séparatisme albanais sur les frontières de l’actuelle Macédoine. Après avoir tué 22 personnes, les assaillants se sont ensuite repliés vers leur base arrière, protégés par les forces de l’OTAN.

Le but de la manoeuvre est clair : faire échec à l’alternative d’acheminement de gaz russe en Europe en menaçant de guerre indirectes les autorités macédoniennes susceptibles de rejoindre l’accord entre Russes, Grecs et Turcs.

En guise de hors d’oeuvre, les Macédoniens ont vu une résurgence récente de l’action des musulmans albanais sur leur territoire. D’abord une action contre 4 policiers s’était déroulée fin avril (source).

Le but est bien sûr de mener une guerre non-conventionnelle identique à celle menée en Syrie par les USA et leurs vassaux,  en agitant leurs alliés musulmans locaux.

Dans le même temps, des provocations multiples de la part des ultranationalistes musulmans d’Albanie ont visé la Serbie, comme l’annonce faite en avril d’une annexion “inéluctable” du Kosovo par Tirana (source). Une façon indirecte pour Washington de faire chanter Belgrade, au cas où le gouvernement serbe accepterait de faire transiter le gaz russe vers l’Europe centrale, Hongrie et Autriche notamment.

Révolution colorée en Macédoine

En parallèle, l’OTAN et les USA pourraient tenter de créer une crise politique visant à mettre au pouvoir un gouvernement fantoche, sur le modèle ukrainien, afin de contrecarrer le projet russe établi en concertation avec les Serbes, les Grecs et les Hongrois.


- Source : Yann de Kerguezec

La Macedonia sarà un’altra Majdan

La Macedonia sarà un’altra Majdan

Dovrebbe essere interesse primario del nostro governo fornire tutto l'aiuto possibile al premier Gruevski per garantire la stabilità del territorio macedone. Se, come il nordafrica, anche i balcani precipitano nel caos, l'Italia in primis, ma l'Europa tutta, si troverà circondata da guerre guerreggiate.
 
 
 
Ex: http://www.lintellettualedissidente.it 
 

Macedoine-municipalites-map.gifSoros, Nuland e la loro felice compagnia stanno cercando in ogni modo di mettere a ferro e fuoco la Repubblica di Macedonia. I loro burattini all’ interno del territorio macedone, ovvero l’attuale leader dell’ opposizione nonchè presidente del partito social democratico Zoran Zaev, insieme al vecchio presidente macedone Branko Cervenkovski, stanno però fallendo una mossa dopo l’altra. Non è servito a nulla comprare giornali locali, fare centinaia di siti internet uniti ad una propaganda pressante sui siti web, non è servito neppure possedere le televisioni “24 Vesti” o “Telma”, il popolo Macedone è ben informato e sta eroicamente resistendo, tenendo bene a mente i fatti ucraini di piazza Majdan. Nonostante abbia un PIL di poco più di 10 miliardi di dollari, nulla se paragonato ad esempio al denaro gestito dai grandi fondi d’investimento internazionali come i 4000 miliardi di Blackrock, l’attuale presidente Gruevski sta lottando con onestà e coraggio per evitare lo scenario peggiore, resistendo ad ogni tipo di attacco, come ad esempio l’accusa di aver spiato 20000 macedoni, in realtà operazione orchestrata dalla CIA come ha ammesso in un incontro privato, segretamente ripreso, proprio Zoran Zaev.  I motivi  per cui la Macedonia è sotto attacco sono: il ruolo di anello debole dei paesi balcanici per la costruzione del gasdotto Turkish stream – Balkan stream e oltretutto la pace nei balcani favorirebbe la messa in atto della “nuova via della seta cinese” collegando commercialmente il porto greco del Pireo all’ Ungheria, dunque al cuore dell europa attraverso Macedonia e Serbia.

Ma gli squali della grande finanza non si arrendono così facilmente e stanno puntando tutto sulla manifestazione del 17 maggio. Lo scopo dei manifestanti sarà quello di rimanere in piazza con le tende per giorni, replicando il copione delle altre rivolte colorate o delle primavere arabe. L’atmosfera viene riscaldata dai recentissimi eventi di Kumanovo, dove 80 uomini armati si sono scontrati con la polizia causando diversi feriti e 8 morti tra le forze di sicurezza. La stampa occidentale e l’opposizione macedone hanno subito accusato il governo di aver orchestrato tutto. In realtà si è trattata di un operazione eterodiretta, quei guerriglieri provenivano certamente dal Kosovo e fanno parte di quei mercenari a basso costo che l’intelligence del west tiene sempre pronti all’ attacco come dei cani da combattimento. Il governo Serbo si è subito dimostrato attento ed ha mandato proprie forze armate al confine con la Macedonia per evitare il diffondersi della violenza. Gruevski avrà la capacità di resistere, si spera riuscendo ad evitare scenari da guerra civile. Anche il governo albanese ha oggi esortato le comunità albanesi della Macedonia a non restare in piazza. Ma il governo macedone non può essere abbandonato da noi europei.Dovrebbe essere interesse primario del nostro governo fornire tutto l’aiuto possibile al premier Gruevski per garantire la stabilità del territorio macedone. Se, come il nordafrica, anche i balcani precipitano nel caos, l’Italia in primis, ma l’Europa tutta, si troverà circondata da guerre guerreggiate.