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mardi, 27 octobre 2009

Bouclier anti-missiles américain: la Slovaquie refuse la vassalité

Bouclier anti-missiles américain:

la Slovaquie refuse la vassalité

26/10/09- 12h30
BRATISLAVA (NOVOpress) – Le premier ministre slovaque Robert Fico a totalement exclu le déploiement sur le sol de son pays d’éléments du futur système antimissile (ABM), qu’il soit américain ou otanien.

Missile SM-3

Il a notamment déclaré : « Tant que je resterai premier ministre, je ne donnerai pas mon accord à la mise en place sur le territoire slovaque d’une quelconque composante d’un système antimissile» .

Le 17 septembre dernier, les Etats-Unis ont renoncé à leur premier projet de bouclier antimissile en Europe, perçu comme une menace par Moscou.

Par contre, de leur côté, Prague et Varsovie ont déjà déclaré leur disposition à participer au nouveau projet ABM.

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lundi, 26 octobre 2009

Tutelle américaine sur l'Europe: la Pologne prête à participer à la nouvelle version du bouclier anti-missiles

Tutelle américaine sur l’Europe : la Pologne prête à participer à la nouvelle version du bouclier anti-missile

Missiles

VARSOVIE(NOVOpress)L’indépendance de la défense européenne ne parait toujours pas à l’ordre du jour.

Ainsi, la Pologne, par la voix de son premier ministre, s’est déclarée prête à participer à la nouvelle version du bouclier anti-missile américain (ABM).

« Le projet SM-3, c’est-à-dire le projet de nouvelle configuration du bouclier anti-missile est très intéressant et nous voulons y participer. Nous sommes prêts à assumer une responsabilité commune» , a indiqué le premier ministre polonais avant de souligner que les peuples polonais et américain partageaient « les mêmes valeurs ».

Une prise de position qui fait déjà grincer des dents le voisin russe qui voit d’un très mauvais œil la stratégie américaine en Europe.

[cc [1]] Novopress.info, 2009, Article libre de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
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samedi, 24 octobre 2009

Afghanistan: une guerre de mensonges

nato-troops-in-afghanistan.jpgAfghanistan : une guerre de mensonges

La guerre en Afghanistan semble être un préoccupation beaucoup plus marquée chez les citoyens des pays de la coalition que pour leurs gouvernements, même si certains d’entre eux réduisent pas à pas les effectifs de leurs troupes en opérations.
En France, mis à part les tristes nouvelles annonçant les décès de nos soldats, cette guerre, menée sous le double commandement de l’OTAN et des Améticains, ne fait l’objet que de peu d’analyses et il faut surfer sur les sites étrangers et plus particulièrement anglo-saxons pour en savoir plus.
Polémia présente à ces lecteurs un article d’Eric Margolis, consacré à cette guerre en Afghanistan, levant le voile sur certains aspects qu’on ne soupconne pas.
Certes, les informations données restent de la responsabilité de leur auteur et les opinions exprimées n’engagent que lui et ne reflètent pas nécéssairement celles de Polémia.

Polémia /
http://www.polemia.com/

Afghanistan : une guerre de mensonges



Le président Barack Obama et le Congrès se débattent avec l’élargissement de la guerre en Afghanistan. Après huit années d'opérations militaires, qui ont coûté 236 milliards de dollars, le commandant des forces américaines en Afghanistan vient de lancer une mise en garde contre la menace d’un  « échec », c’est-à-dire une défaite.

La vérité est la première victime de la guerre

La vérité est la première victime de la guerre. Le plus gros mensonge de cette guerre en Afghanistan est de dire : « Nous devons combattre les terroristes là-bas, pour ne pas avoir à le faire chez nous » Les politiques  et les généraux ne cessent de se servir de ce bobard pour justifier une guerre qu'ils ne peuvent ni expliquer ni justifier autrement.

Beaucoup d'Américains du Nord continuent à avaler ce mensonge parce qu'ils croient que les attentats du 11-Septembre ont été lancés directement par Al-Qaida et les Talibans basés en Afghanistan.

Ce n’est pas vrai. Les attentats du 11-Septembre ont été planifiés en Allemagne et en Espagne, et dirigés principalement par des Saoudiens vivant aux Etats-Unis afin de  punir l'Amérique du soutien qu’elle apporte à Israël dans sa répression des Palestiniens.

Les Talibans, mouvement militant religieux et anticommuniste, issu de l’ethnie pachtoune, ont été totalement surpris par le 11-Septembre. Osama ben Laden, sur qui on rejette la responsabilité du 11-Septembre, était en Afghanistan en tant qu’invité parce qu'il était considéré comme un héros national qui avait combattu les Soviétiques au cours des années 1980 et qu’ensuite il avait apporté assistance aux Talibans dans leur lutte contre les Afghans communistes de l'Alliance du Nord.

Les Talibans sont-ils vraiment ceux que l’on nous décrit ?

Les Talibans ont bénéficié de l'aide américaine jusqu'en mai 2001. La CIA avait l'intention d'utiliser l’Al-Qaïda d’Osama ben Laden pour monter les Ouïgours musulmans contre l’autorité chinoise, et d'employer des Talibans contre les alliés de la Russie en Asie centrale. La plupart des prétendus « camps d'entraînement terroristes » en Afghanistan étaient entre les mains des services secrets pakistanais et destinés à préparer les combattants moudjahidin au combat dans le Cachemire occupé par les Indiens.

 En 2001, Al-Qaïda ne comptait que 300 membres. La plupart ont été tués depuis. Une poignée d’entre eux se sont échappés vers le Pakistan. Seuls quelques-uns demeurent en Afghanistan. Pourtant, le président Obama veut à tout prix que 68.000 soldats américains, ou plus, restent en Afghanistan afin de combattre Al-Qaida et d’empêcher les extrémistes de récupérer les « camps d'entraînement de terroristes ».

Cet argument, comme celui des armes de destruction massive inexistantes de Saddam, est un slogan commode pour vendre la guerre au public. Aujourd'hui, la moitié de l'Afghanistan est sous contrôle Taliban. Les militants anti-américains pourraient plus facilement se servir de la Somalie, de l'Indonésie, du Bangladesh, de l’Afrique du Nord et de l’Ouest, ou du Soudan. Ils n'ont pas besoin d’aller chercher jusqu’en Afghanistan. Les attentats du 11-Septembre ont été conçus en chambre, pas dans des camps.

Aussi arriérés et lourdauds soient-ils, ses Pashtounes n’ont nullement envie ni intérêt à attaquer l’Amérique Les Talibans sont les fils des moudjahidins qu’avaient soutenus les Américains et qui ont vaincu les Soviétiques dans les années 1980. Les Talibans n'ont jamais été les ennemis de l'Amérique. Au lieu d'envahir l'Afghanistan en 2001, les Etats-Unis auraient dû payer les Talibans pour déraciner al-Qaïda – comme je l'ai écrit dans le Los Angeles Times en 2001.

Les Etats-Unis s’enfoncent encore plus profondément dans le bourbier sud-asiatique.

Les tribus pachtounes veulent mettre fin à l'occupation étrangère et chasser les communistes afghans et les barons de la drogue, qui dominent aujourd’hui le régime de Kaboul installé par les Etats-Unis. Mais les Etats-Unis se sont engagés par erreur dans une guerre de grande envergure, non seulement contre les Talibans, mais aussi contre la plupart des féroces tribus pachtounes de l'Afghanistan, qui représentent plus de la moitié de la population.

Ce conflit se propage maintenant dans les régions pachtounes du Pakistan. La semaine dernière, l'ambassadeur américain à Islamabad a effectivement réclamé que les Etats-Unis envoient des avions et des missiles contre la ville pakistanaise de Quetta, où des personnalités Talibans de haut rang sont censées avoir été repérées.

Les Etats-Unis s’enfoncent encore plus profondément dans le bourbier sud-asiatique. Washington tente de forcer la main au Pakistan pour qu’il se montre plus obéissant et étendent la guerre contre ses propres  tribus pachtounes à l’esprit indépendant - appelées à tort « Talibans ».

Les tentatives incroyablement maladroites de Washington pour distribuer 7,5 milliards de dollars pour soudoyer le gouvernement et l’armée pakistanais faibles et corrompus, pour maîtriser les promotions militaires et obtenir quelque contrôle sur l'arsenal nucléaire du Pakistan, ont déclenché une colère incendiaire. Les soldats pakistanais sont sur le point de se révolter.

Il en est de même des projets américains de construction d’une ambassade-forteresse pour 1.000 personnes à Islamabad et un consulat à Peshawar qui manifestement servira de base aux services de renseignement, ainsi que du déploiement d'un nombre croissant de mercenaires américains au Pakistan.

Tout cela est bien réglé. Washington affirme qu'il faudra plus de personnel et une plus grande ambassade pour superviser la distribution du supplément d’aide au Pakistan, et davantage de mercenaires (c’est-à-dire de « contractuels ») pour les protéger.

Le président Obama a fait l'objet d'intenses pressions pour étendre la guerre, de la part de républicains cocardiers, d’une bonne partie des médias et les va-t-en guerre responsables de la sûreté de l’Etat. Les partisans d'Israël, y compris de nombreux démocrates du Congrès, veulent voir les Etats-Unis s’emparer des armes nucléaires du Pakistan et étendre la guerre d'Afghanistan à l’Iran. Le ministre israélien des Affaires étrangères, le belliciste Avigdor Lieberman, a récemment désigné l'Afghanistan, le Pakistan et l'Irak comme principales menaces pour Israël.

Talibans ne sont pas et n'ont jamais été une menace pour l'Occident

Le président Obama devrait admettre que les Talibans ne sont pas et n'ont jamais été une menace pour l'Occident ; que Al-Qaïda, dont on a larmement exagéré l’importance, a été en majorité éradiquée ; et que la guerre menée par les Etats-Unis en Afghanistan cause davantage de dommages aux intérêts américains dans le monde musulman – qui représente maintenant 25% de la population mondiale – que Ben Laden et les quelques voyous qu’il a pour alliés. Les attentats à la bombe de Madrid et de Londres et la conspiration de Toronto ont tous été des manifestations particulièrement aberrantes de la part de jeunes musulmans contre la guerre en Afghanistan.

On ne va pas changer la façon dont les Afghans traitent leurs femmes en menant une guerre contre eux ni apporter la démocratie au moyen d’élections truquées. On ne va pas gagner les cœurs et les esprits en imposant à de pieux musulmans un régime dominé par les communistes à Kaboul, en  bombardant leurs villages et en envoyant des Marines enfoncer leurs portes à coups de pied et violer leurs foyers.

Le commandant en chef américain en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, exige 40.000 à 80.000 soldats supplémentaires. Même avec ce nombre, il ne gagnera pas la guerre dont Washington ne peut même pas déterminer les conditions de la victoire. Le seul moyen de sortir de ce bourbier passe par un règlement négocié incluant les Pachtounes et leurs bras armé, les Talibans, à qui sera donné le droit de vote.

Si jamais la résistance afghane reçoit des missiles antiaériens et antichars modernes, les forces d'occupation occidentales seront isolées et condamnées. Aujourd'hui, elles tiennent à peine le coup contre les Talibans équipés d’armes légères.

Si seulement le président Obama déclarait simplement la victoire en Afghanistan ! S’il en retirait les forces occidentales pour remettre la sécurité entre les mains d’une force multinationale de stabilisation constituée de nations musulmanes ! Les bons présidents, comme les bons généraux, savent quand il faut se retirer.

Eric Margolis
13 octobre 2009
http://buchanan.org/blog/afghanistan-a-war-of-lies-2548

Titre original : Afghanistan: A War of Lies
Traduction pour Polémia : R. S.


Eric Margolis contribue au Toronto Sun, New York Times, The American Conservative et à de nombreux journaux du Golfe. Il se produit régulièrement sur les chaînes de télévision comme CNN, Fox, SRC, British Sky Broadcasting News, NPR, et CTV. Correspondant de guerre de longue date, il est reconnu comme spécialiste des questions relevant de l’Afghanistan et plus généralement de l’Asie.

Correspondance Polémia
18/10/2009
Les intertitres sont de la rédaction.

Image : flag-draped coffins

 

Eric Margolis

vendredi, 23 octobre 2009

Polonia y Estados Unidos analizan nueva estrategia militar

Polonia y Estados Unidos analizan nueva estrategia militar

Expertos militares de Estados Unidos y Polonia se reúnen hoy en esta ciudad para discutir una nueva estrategia más económica y adecuada para las necesidades defensivas de Europa, según observadores.

El plan norteamericano pretende situar en el viejo continente sistemas de misiles móviles, en sustitución del proyecto inicial de escudo balístico propuesto por el ex presidente George Bush, y que el mes pasado la actual administración de Barack Obama desechó.

En declaraciones a la radio pública polaca, el viceministro de Defensa de ese país, Stanislaw Komorowski, dijo que hoy tendrán la oportunidad de solicitar toda la información necesaria sobre la nueva propuesta, pues todavía hay muchas preguntas.


La decisión de Obama de cancelar el polémico plan de Bush, no fue bien vista por las autoridades polacas y sí por las rusas, quienes en más de una ocasión denunciaron que este escudo balístico constituía una amenaza directa a su seguridad.

A cambio de aceptar ser la sede de las baterías de misiles, Bush prometió a Polonia la entrega de cohetes tipo Patriot, una demanda reiterada del ejército polaco por considerar necesario este tipo de armamento para repeler posibles ataques de países vecinos.

Pese a su decisión, Obama no descartó la posibilidad de buscar variantes que protegieran mejor al pueblo estadounidense, a sus tropas y a sus aliados en Europa por lo que anunció una “propuesta gradual y adaptable” a la defensa antimisiles en el continente.

Según declaraciones de funcionarios estadounidenses, la administración Obama optará mejor por misiles Patriot y SM-3 recién desarrollados y capaces de interceptar lanzamientos enemigos antes de que un misil ofensivo de largo alcance enfrente una supuesta amenaza iraní.

El sistema será desplegado inicialmente en embarcaciones estadounidenses en el Mediterráneo y no en la considerada área de influencia de Rusia en Europa Oriental.

A pesar del rechazo de la nueva administración norteamericana de seguir adelante con el escudo antimisiles, todo apunta a que el sistema Patriot se instalará finalmente en los próximos meses en Polonia, bajo el control inicial de una dotación de militares estadounidenses para asegurar su funcionamiento.

Extraído de Prensa Latina.

dimanche, 18 octobre 2009

Unegrande Albanie parrainée par l'Occident

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Menace d'un nouveau conflit en Europe:
Une Grande Albanie parrainée par l'Occident


Le 10 octobre 2009

L'Europe peut être perchée au-dessus du précipice de son premier conflit armé depuis les 78 jours de bombardement de la guerre de l'OTAN contre la Yougoslavie en 1999 et l'invasion armée de la Macédoine qui a suivi lancée à partir du Kosovo occupé par l'OTAN deux ans plus tard.

Avec l'accession formelle,  en avril, de l'Albanie à l'OTAN comme membre à part entière et la victoire de la réélection (au moins formellement) qui a suivi, du premier ministre de la nation Sali Berisha, le théâtre est prêt pour la réalisation du projet de nouveau retraçage des frontières de l'Europe du Sud-est à la recherche d'une grande Albanie.

Les étapes précédentes dans cette direction ont été la guerre menée par les États-Unis et l'OTAN contre la République Fédérale de Yougoslavie il y a dix ans pour le compte de l'ainsi dite Armée de Libération du Kosovo (AKL, en albanais UÇK) et de connivence avec elle, une violation criminelle du droit international qui s'est terminée par l'arrachage de la province serbe du Kosovo en même temps à la Serbie et à la Yougoslavie.

50 000 soldats de l'OTAN versés dans le Kosovo en juin 1999, accompagnés par les dirigeants et les combattants de l'ALK basés en Albanie, sous les auspices de la  Résolution 1244 des Nations Unies qui, entre autres, condamnait les "actes terroristes commis par l'une ou l'autre  partie "et" [réaffirmait] l'engagement de tous les états membres pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de la République Fédérale de Yougoslavie et des autres états de la région, conformément à l'acte final d'Helsinki et à l'annexe 2".

Les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN n'avaient pas l'intention de respecter les dispositions de la résolution 1244 de l'ONU et ils ont montré leur mépris pour un document qu'eux-mêmes avaient signé en réarmant les combattants de l'ALK, qui pendant des années avaient attaqué, enlevé et assassiné des civils de toutes provenances ethniques et en transformant l'ancien groupe armé sécessionniste en Corps de Protection du Kosovo.

La Résolution 1244 de l'ONU ordonnait expressément que l'ALK et ses gangsters affiliés devaient être désarmés, alors les puissances de l'OTAN ont contourné cette exigence par un tour de passe-passe en fournissant à l'ALK de nouveaux uniformes, de nouvelles armes et un nouveau nom. Mais pas un nouveau commandant. Celui qui a été choisi pour ce rôle a été Agim Ceku, commandant de l'armée croate durant la brutale campagne Opération Tempête de 1995 "la plus grande offensive terrestre européenne depuis la seconde guerre mondiale" [1] - et chef d'état-major de l'ALK au cours de sa guerre commune avec l'OTAN contre la Yougoslavie quatre ans plus tard.

Encouragée par le soutien militaire de l'Occident dans la réalisation de son programme séparatiste, l'ALK a lâché ses groupes affiliés contre la Serbie du Sud et la Macédoine : l'Armée de Libération de Presevo, Medveda et Bujanovac dans le premier cas à partir de 1999 et l'Armée de Libération Nationale dans le second, qui a commencé les attaques à l'intérieur de la Macédoine à partir de sa base au Kosovo en 2001.

Seule la capitulation du gouvernement de la Serbie après octobre 2000 et un semblable fléchissement sous la pression - pression occidentale – du gouvernement de la Macédoine en 2001 ont satisfait les longues attentes des extrémistes armés pan-albanais dans les deux nations pour une éventuelle unification au-delà des différentes frontières nationales avec le soutien des États-Unis et de leurs alliés de l'OTAN.

La confirmation décisive du soutien occidental est arrivée en février 2008 avec la déclaration unilatérale d'indépendance des forces séparatistes du Kosovo. L'ancien chef de l'ALK et protégé de l'Amérique  Hashim Thaci, alors premier ministre en titre, a proclamé la sécession d'avec la  Serbie et la plupart des nations de l'OTAN se sont précipitées pour gratifier l'entité illégale d'une reconnaissance diplomatique.

Vingt mois après, plus des deux-tiers des pays du monde, y compris la Russie, la Chine et l'Inde, n'ont pas légitimé cette abomination par la reconnaissance, mais l'Occident est resté inébranlable dans son mépris pour le droit international et dans le soutien apporté aux  extrémistes violents au Kosovo, qui ont des ambitions plus vastes pour l'ensemble de la région, ambitions encouragées par l'appui consistant des États-Unis et de l'OTAN et la conviction que l'Occident poursuivra ce soutien à l'avenir.

L'Albanie étant maintenant un état membre à part entière de l'OTAN et en tant que tel sous la protection de la clause d'assistance militaire mutuelle de l'article 5 de l'Alliance, les appels à une Grande Albanie au détriment du territoire de plusieurs autres pays européens sont devenus plus forts et plus acharnés.

En réponse à la campagne grandissante pour étendre le modèle du Kosovo au sud de la Serbie à la Macédoine, au Monténégro et même en Grèce (Épire), il y a deux mois le Ministre des Affaires étrangères russe Sergei Lavrov a admonesté les nations qui envisagent de reconnaître le statut d'état du Kosovo en leur conseillant de "réfléchir très attentivement avant de prendre cette décision très dangereuse qui aurait un résultat imprévisible et qui n'est pas bonne pour  la stabilité de l'Europe.» [2]

Neuf jours plus tard le premier ministre albanais Berisha a déclaré sans détours que «le projet de l'unité nationale de tous les Albanais devrait être un phare directeur pour les politiciens en Albanie et au Kosovo.» Il a dit avec insistance que «l'Albanie et le Kosovo ne doivent en aucun cas se considérer mutuellement comme des états étrangers.» [3]

Un commentateur russe a répondu à cette déclaration en avertissant que "toute tentative de mise en œuvre de l'idée d'une Grande Albanie est similaire à la réouverture d'une boîte de Pandore. Cela pourrait déstabiliser la situation dans les Balkans et déclencher une guerre sur le continent, semblable à celle de la fin des années 1990." [4]

Parlant du " projet d'une soi-disant Grande Albanie qui embrasse tous les territoires des Balkans où vivent des Albanais ethniques, y compris le Kosovo, certaines régions de la Macédoine, le Monténégro et plusieurs autres pays ", l'analyste politique russe Pyotr Iskenderov a dit que « la déclaration de l'indépendance du Kosovo et la reconnaissance de cet acte illicite par les États-Unis et les principaux membres de l'Union Européenne ont stimulé la mise en œuvre de l'idée d'une soi-disant Grande Albanie.» [5]

Le reste de la Serbie est également affecté - la vallée de Presevo dans le sud de la nation où la  Serbie proprement dite, le Kosovo et la Macédoine se rejoignent - et pareillement la Grèce si l'on doit croire un rapport de 2001. À l'époque Ali Ahmeti, fondateur et commandant de l'ALK, puis chef de l'Armée Nationale de Libération (ANL) qui avait commencé à lancer des attaques meurtrières contre la Macédoine depuis sa base dans la ville de Prizren au Kosovo, a été signalé comme ayant glorifié une Armée de Libération de Chameria dans la région d'Epire du Nord-Ouest de la Grèce, une armée équipée d'un arsenal d'armes impressionnant.

Le drapeau national introduit après février 2008 contient une esquisse du Kosovo avec six étoiles blanches au-dessus de lui. Alors qu'il n'a pas été reconnu pour des raisons évidentes, les étoiles sont supposées représenter les nations ayant des populations albanaises ethniques : le Kosovo, l'Albanie, la Serbie, la Macédoine, le Monténégro et la Grèce.

L'entraînement militaire et l'aptitude au combat des groupes séparatistes et irrédentistes pan-Albanais sont en train d'être augmentés à un niveau plus élevé que jamais auparavant par les principaux pays de l'OTAN. En mars la Force du Kosovo dirigée par l'OTAN  (KFOR) a commencé à remanier le Corps de Protection du Kosovo, lui-même un avatar de l'Armée de Libération du Kosovo,  en une armée nationale embryonnaire, la Force de Sécurité du Kosovt o, dont le chef d'état-major est le Lieutenant General [[général de corps d'armée]] Sylejman Selimi venant en transition directe du poste de commandant du Corps de Protection du Kosovo. Un sympathique reportage d'information de décembre dernier a décrit plus précisément son nouveau poste comme Chef d'Etat-major de l'Armée de la République du Kosovo. [6]

La Force de Sécurité du Kosovo (FSK) comme le Corps de Protection du Kosovo avant elle est vantée dans les cercles occidentaux comme une prétendue force de police multiethnique; elle n'est ni multiethnique, ni une force de police, mais une armée naissante, une armée que l'autoproclamé président du Kosovo, le président Fatmir Sejdiu en juin dernier a caractérisée comme étant "une force moderne qui se construit en conformité avec les standards de l'OTAN". [7]

Dans le même mois l'OTAN a annoncé que l'armée du Kosovo prototype serait prête en septembre et "que l'OTAN devrait augmenter ses capacités de contrôle au sein de la FSK afin d'assurer le meilleur renforcement des capacités de la FSK ". [8]

Un rapport antérieur du Kosovo a également démontré que les nouvelles forces armées de l'entité illégitime ne seraient rien d'autre qu'un accessoire militaire de l'OTAN : «La force de sécurité doit être entraînée par des officiers de l'armée britannique, les uniformes ont été fournis par les États-Unis et les véhicules ont été fournis par L'Allemagne.

«La Force de Sécurité du Kosovo doit être conforme aux standards de l'OTAN.» [9]

En février l'Italie a annoncé qu'elle ferait un don de 2 millions d'euros et l' Allemagne qu'elle donnerait 200 véhicules militaires pour l'armée dans le processus. Le Commandant suprême allié de l'OTAN en Europe de l'époque, le général John Craddock, s'est rendu au Kosovo pour lancer la création de la Force de Sécurité du Kosovo et il a visité le Camp d'Entrainement National de la FSK à Vucitrn, voyage au cours duquel il a dit "Je suis satisfaits de l'état d'avancement à ce jour. À la fin de la première phase de recrutement nous avons quelque 4.900 candidats pour environ 300 postes dans la FSK dans cette première tranche de recrutement ". [10]

En mai de cette année, le Ministère de la Défense britannique a signé un accord avec la Force de Sécurité du Kosovo balbutiante pour "donner une formation aux membres de la FSK en différents domaines conformément aux standards de l'OTAN."

L'Ambassadeur britannique au Kosovo Andrew Sparks a été cité comme disant "Nous espérons qu'après la signature de cet accord et l'expansion de notre coopération, le Kosovo parviendra à devenir un membre de l'OTAN." [11]

Comme les soldats d'Albanie auxquels l'OTAN a apporté une expérience des zones de combat en Irak et en Afghanistan, la nouvelle armée du Kosovo sera, comme les forces armées des autres nouvelles nations de l'OTAN, utilisée pour les guerres à l'étranger. Un exemple récent, en août le chef du Quartier Général de la Macédoine, le General Lieutenant Colonel Miroslav Stojanovski, "a souligné que plus d' un quart de la composition des unités du service combattant de l'AMR (Forces Armées Macédoniennes), soit 1.746 soldats ont participé aux missions de paix," ce qui signifie les déploiements de l'OTAN. [12] Cependant plus de soldats macédoniens ont été tués en 2001 par l'Armée de Libération Nationale avatar de l'ALK  qu'il y en a de  morts à ce jour en Afghanistan et en Irak.

Un rapport d'information de mai dernier a apporté davantage de détails sur l'envergure initiale et l'objectif à long terme de la nouvelle armée du Kosovo: "Selon la Constitution de la République du Kosovo, la FSK est censée avoir 3 000 soldats actifs et 2 000 réservistes. Ils sont organisés conformément aux standards de l'OTAN. Il y a également la possibilité de leur déploiement à l'étranger,  garantie de la situation mondiale dans l'avenir." [13]

Lorsque le nouveau Secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen a rendu sa première visite en tant que tel au Kosovo en août pour rencontrer le Commandant de la KFOR Giuseppe Emilio Gai, le Président du Kosovo Fatmir Sejdiu, le premier ministre Hashim Thaci et le Ministre des Forces de Sécurité du Kosovo Fehmi Mujota,  "le Président du Kosovo Fatmir Sejdiu a déclaré qu'il espère que l'état participera aux opérations de maintien de la paix de l'OTAN à l'étranger.» [14] L'Afghanistan est le premier déploiement apparent.

Six ans plus tôt Agim Ceku avait offert les troupes du Corps de Protection du Kosovo aux États-Unis en vue de la guerre et de l'occupation en Irak comme contrepartie du maintien des troupes de l'OTAN au Kosovo.

L'OTAN a déployé des soldats venant de nations comme la Géorgie, l'Azerbaïdjan, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Finlande en Afghanistan pour la formation dans le cadre des conditions de combat dans la réalité, pour les utiliser plus près de chez eux une fois revenus comme  l'ont reconnu ouvertement des officiers des armées des nations ci-dessus nommées. Plusieurs milliers de soldats d'Albanie et du Kosovo endurcis par les opérations dans la zone de guerre afghane seront de formidables forces combattantes pour de futurs conflits dans les Balkans.

La distinction entre les forces armées de l'Albanie et du Kosovo, devient en grande partie académique. En août le premier ministre albanais Berisha a publié un déclaration sans équivoque selon laquelle  "l'idée d'unité nationale est fondée sur les principes et les idéaux européens.... De ce fait le Premier ministre du Kosovo Hashim Thaci, et moi-même travaillerons en vue de la suppression de tous les obstacles qui empêchent les Albanais de de sentir unis quel que soit l'endroit où ils vivent," ajoutant que " il ne doit pas y avoir d'administration des douanes et l'Albanie et le Kosovo ne devraient pas se considérer mutuellement comme des pays étrangers...." [15]

L'Albanie est maintenant un membre complet de l'OTAN et comme l'Alliance elle-même pourrait être appelée à réagir si les autorités du Kosovo provoquaient une confrontation avec des voisins comme la Serbie, et la Macédoine et l'Albanie insistent pour affirmer qu'elles et le Kosovo ne sont pas  des "pays étrangers." Si l'Albanie intervient au nom de sa «nation frère» dans un conflit militaire avec un adversaire non-Alliance, l'OTAN deviendra impliquée ipso facto.

En septembre, les ministères des affaires étrangères de la Russie et de la Roumanie ont exprimé leurs graves préoccupations concernant l'évolution dans et se rapportant au Kosovo. La Roumanie est un des trois seuls pays membres de l'OTAN qui n'ont pas reconnu l'indépendance du Kosovo, les deux autres étant l'Espagne et la Slovaquie. Toutes ces trois nations craignent que le précédent du Kosovo puisse contribuer à l'éclatement par la force de leurs propres pays.

Le porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Andrei Nesterenko, a déclaré qu'un  " conflit potentiel considérable " persistait au Kosovo et qu'il attendait des représentants de la communauté internationale qu'ils agissent avec impartialité pour empêcher de "nouvelles provocations anti-serbes".

Il a ajouté que "les événements dans la province  montrent qu'un conflit potentiel considérable  " demeure et que les plus récent affrontements inter-ethnies ont été un résultat du désir des Albanais du Kosovo pour compresser à tout prix le territoire serbe ethnique" et que "dans l'ensemble, le problème du Kosovo reste un des plus sérieux problèmes posés à la sécurité de la région.» [16]

Nullement découragée, l'OTAN a annoncé le 16 septembre sur son site web de la KFOR que «la Force de Sécurité du Kosovo (FSK) a acquis la capacité opérationnelle initiale (COI).

«La décision a été rendue après l'exercice Lion Agile, qui était le point d'aboutissement d'un peu plus de sept mois de dur labeur de la KFOR et de la FSK pour recruter, former et équiper la force.

«Le prochain objectif de la FSK est de parvenir à la pleine capacité opérationnelle. La KFOR va encadrer et soutenir ce processus qui devrait prendre 2 à 5 ans.» [17]

Le jour précédent le nouvel ambassadeur U.S. au Kosovo, Christopher Dell, avait signé le premier accord interétat des États-Unis avec l'entité dissidente, démontrant "l'engagement  de l'Amérique pour un Kosovo indépendant," avec Fatmir Sejdiu et Hashim Thaci. Le président putatif Sejdiu a déclaré à l'occasion: "Cet accord élève cela au niveau de la coopération d'état entre les États-Unis et le Kosovo, pas seulement par le biais des divers organismes des USA et du Kosovo, comme ce fut le cas jusqu'à maintenant.» [18]

Ce que l'extension du "Kosovo indépendant" laisse présager a été indiqué fin septembre lorsque les policiers serbes ont découvert une importante cache d'armes dans la Vallée de Presevo près des frontières Serbie-Macédoine-Kosovo qui comportait  " des mitrailleuses, des bombes, des lance-fusées, 16 grenades à main et plus de 20 mines, ainsi qu'un grand contingent de munitions"[19] et plus tard au début du mois d'octobre lorsque la police des frontières macédonienne  a été "attaquée avec des armes automatiques alors qu'elle menait une patrouille de routine le long de la frontière du Kosovo...." [20].

Ce qui peut également être en magasin a été révélé tardivement le mois dernier lorsque l'Allemagne a déporté les premiers des 12. 000 Roms (gitans) qu'elle renvoie de force au Kosovo. Vers l'exclusion, la persécution, les attentats et la mort. Les Roms qui restent sont en train de mourir dans les abris où la mission intérimaire d'administration des Nations Unies au Kosovo (MINUK) les abandonne après la prise de la province par l'OTAN et l'ALK en juin 1999.
é «Les camps, près d'un complexe fermé de mine et de fonderie  qui comprend un monceau de scories de 100 millions de tonnes de matières toxiques, ont été envisagés comme une mesure temporaire après qu'un quartier qui avait été un foyer pour 9 000 tsiganes a été détruit par  les Albanais ethniques alors que les forces de sécurité serbes avaient quitté la zone dans les derniers jours du conflit du Kosovo en juin 1999.» [21]

Quelques semaines avant la Russie avait averti qu'elle envisageait "l'arrêt de la mission de l'OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] au Kosovo instituée pour protéger les droits des communautés ethniques inacceptables."

L'ambassadeur de Russie à l'OSCE, Anvar Azimov, a déclaré «De telles mesures, sanctionnées par personne, sont unilatérales et ont une incidence sur l'activité globale sous le mandat de cette mission». [22]

Le 5 septembre une source de nouvelles serbe a signalé que plus de 200 000 réfugiés du Kosovo ont été enregistrés en Serbie, comprenant des Serbes ethniques, des Roms, des Gorans et autres non-Albanais. Ce nombre excluait ceux qui n'étaient pas inscrits, ceux qui avaient fui vers d'autres pays comme la Macédoine et ceux chassés de leurs foyers mais restés au Kosovo.

Au cours des dix dernières années des centaines de milliers de résidents du Kosovo, y compris Albanais ethniques, ont été assassinés et chassés de la province. Des organisations de Roms ont estimé que le nombre des Roms, des Ashkalis et des Egyptiens ainsi touchés se comptent avec  six chiffres. Des Serbes, des Gorans, des Turcs, des Bosniaques, des Monténégrins et autres victimes de la terreur raciale et de l'extermination au Kosovo se comptent également en centaines de milliers.

Les médias occidentaux ont affirmé régulièrement depuis dix ans maintenant que le Kosovo était à  90 pour cent albanais ethnique. Il pourrait bien en être ainsi maintenant après de telles expulsions à grande échelle, mais les chiffres ci-dessus réfutent que c'était auparavant le cas dans une province de pas plus de deux millions d'habitants.

Après la première déclaration du Premier ministre albanais que son pays et le peuple du  Kosovo et les siens sont un, le Ministre des affaires étrangères russe Sergei Lavrov a publié une condamnation de cette déclaration et par forte implication de l'Ouest: «Nous sommes très préoccupés par la déclaration du Premier ministre albanais.

«Nous sommes convaincus qu'il devrait y avoir des réactions appropriées à la déclaration - tout d'abord, de l'UE et également de l'OTAN. Nous n'avons pas encore eu ces réactions. Nous espérons que, malgré le fait qu'aucune des déclarations publiques ne sont venues des capitales européennes, les négociations avec les autorités albanaises sont en route». [23]

"Moscou est préoccupée par les déclarations de Tirana sur  « l'indispensable unification de tous les Albanais » "[24]

À moins que les commentaires de Lavrov n'aient été que strictement rhétoriques, il lui faudra attendre longtemps avant que les responsables des USA, de l'OTAN et de l'Union européenne ne fassent quelques déclarations, beaucoup moins critiques, sur les demandes de Berisha et de ses homologues du Kosovo et de Macédoine pour une grande Albanie unifié (ou un Grand Kosovo). Les nations de l'OTAN ont armé, entraîné et doté d' un soutien logistique l'Armée de Libération du Kosovo dans sa guerre contre les forces de sécurité serbes et yougoslaves à la fin des années 1990 ; ils entrèrent en marchant côte à côte avec l'ALK dans le Kosovo et l'ont institutionnalisée comme Corps de Protection du Kosovo la même année ; ils ont tiré son Armée de Libération Nationale d'une cuisante défaite de la part de l'Armée Macédonienne en 2001 ; Ils l'ont recréée à nouveau cette année en tant que noyau d'une future armée nationale du Kosovo, la Force de Sécurité du Kosovo ; et ils ont reconnu la déclaration unilatérale de l'indépendance d'un Kosovo dirigé par l' ex chef de l'ALK Hashim Thaci l'an dernier.

Il n'y a aucune raison de croire que Washington et Bruxelles abandonneront maintenant leurs clients et leur projet de subversion et de mutilation de quatre pays voisins pour créer un super-état étendu Albanie-Kosovo ethniquement purifié,  en proie au crime, alors que ce dernier approche de sa réalisation.

Le 6 octobre Berisha a été à Pristina, la capitale du Kosovo, "pour signer un certain nombre d'accords. Selon [Berisha], son gouvernement travaillera mener à bien les projets d'infrastructure qui prévoient une unification des systèmes économiques de l'Albanie et du Kosovo, la création de voies de communications pour expédier des marchandises et pourvoir à la migration économique de la population. [25]

Un compte-rendu de nouvelles italien de la visite a signalé que "l'Albanie a également cédé au Kosovo le port adriatique de Shendjin (Shengjin), donnant ainsi à l'état nouvellement indépendant une issue vers la mer." [26]

Selon les propres termes de Berisha, "le port de Shengjin est maintenant l'issue à la mer du Kosovo ".[27] Accès à l'Adriatique que la Serbie n'a plus depuis l'éclatement de l'Union de la Serbie et du Monténégro il y a trois ans.

Son homologue, l'ancien chef  de bande Hashim Thaci, s'est fait l'écho de la déclaration précédente de son invité en disant "Les Albanais vivent dans de nombreux pays, mais nous sommes une seule nation. Les pays de la région ont deux pays amis au Kosovo et en Albanie, pays partenaires, pour la coopération, la paix et stabilité, pour l'investissement dans la région et pour l'intégration européenne." [28]

Le premier ministre albanais a été cité sur le site web du président du Kosovo le 7 octobre promettant que "l'Albanie aidera le Kosovo de toutes les manières possibles. L'Albanie est résolue à renouveler, de la manière la plus rapide possible, tous ses liens infrastructurels avec le Kosovo. Dans les quatre prochaines années, la construction de l'autoroute Qafe Morine–Shkoder sera terminée et cela donnera au Kosovo occidental un accès rapide à la mer. L'année prochaine, mon gouvernement mettra en œuvre une étude de faisabilité et élaborera le projet d'un chemin de fer Albanie-Kosovo. De nombreuses autres lignes infrastructurelles sont et seront construites. [29]

Berisha a également rencontré le commandant de la Force du Kosovo de l'OTAN (KFOR), le Lieutenant général allemand Markus Bentler et il a dit "Les troupes albanaises pourraient faire partie de la KFOR" avant de déposer une couronne sur la tombe d' Adem Jashari, le premier commandant de l'ALK. [30]

Le jour précédent de la réunion Berisha-Thaci à Pristina, l'accommodant gouvernement serbe du Président Boris Tadic et du Ministre des affaires étrangères Vuk Jeremic se sont avérés d'accord sur les raisons pour lesquelles les intentions de l'OTAN et les intentions pan-albanaises dans la région ont rencontré peu d'opposition. Jeremic, tout en déclarant pour la forme que sa nation n'adhérerait pas  à l'OTAN dans l'avenir immédiat (bien qu'elle ait rejoint le programme transitoire de Partenariat pour la Paix), a déclaré «Nous poursuivons une étroite coopération parce que l'OTAN est le facteur le plus important pour assurer la sécurité dans le monde.»

Un site d'actualités russe informant de cette affirmation a rappelé à ses lecteurs que " en 1999 les forces aériennes de l'OTAN ont bombardé Belgrade et d'autres villes serbes en soutenant les séparatistes albanais du Kosovo. Puis plus de 3 000 Serbes sont morts et des dizaines de milliers de personnes ont été blessées. L'OTAN a également fait la promotion de la séparation du Kosovo de la Serbie...." [31]

A la fin du mois dernier l'amiral américain James Stavridis, chef du Commandement Européen des USA et Commandant Suprême Allié  en Europe de l'OTAN, ont assisté à une réunion de Charte de l'Adriatique que Washington a signé avec l'Albanie, la Macédoine, la Croatie, la Bosnie et le Monténégro en 2003 pour les préparer eux et en réalité l'ensemble des Balkans à l'adhésion à l'OTAN. Stavridis est ensuite parti pour la Croatie pour superviser les manœuvres de guerre multinationales Jackal Stone 09 dont l'objectif était  "d'améliorer avec succès la capacité des participants à mener des opérations de contre-insurrection."le 

Co-organisé par le Commandement des Opérations Spéciales Europe des États-Unis , le commandant de ce dernier,  le Major General Frank Kisner a vanté le  succès de l'exercice : «Cette planification ininterrompue a réuni les représentants de 10 Nations et leur a permis d'exécuter efficacement une multitude de tâches dans les airs, sur terre et sur mer. [32]

Jackal Stone 09 a été le premier exercice militaire mené en Croatie depuis son entrée dans l'OTAN au début de cette année. Des responsables des États-Unis et l'OTAN ont à maintes reprises affirmé qu'après la Croatie et Albanie, la Macédoine, la Bosnie et le Monténégro allaient les premiers devenir membres à part entière et que la Serbie et le Kosovo viendraient ensuite.

Le 2 octobre la Bosnie a présenté au Secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen une demande formelle d'un plan d'action pour l'adhésion, à l'OTAN une demande de facto d'adhésion à part entière. Rasmussen a déclaré, «je crois que cette demande est la meilleure route pour une stabilité durable dans la région euro-atlantique. C'est ma vision pour que tous les pays des Balkans occidentaux soient intégrés dans l'OTAN.» [33]

L'OTAN a utilisé plusieurs prétextes pour une intervention militaire dans les Balkans au cours des quinze dernières années, bon nombre de ces prétextes étant contradictoires comme avec le Kosovo contre la République serbe de Bosnie et avec le Kosovo dans son ensemble contre le Nord Kosovska Mitrovica. Son intention, cependant, n'a pas varié et elle persiste: pour absorber chaque nation et pseudo-nation de la région dans ses rangs et recruter parmi  ses nouveaux membres et partenaires pour des guerres plus lointaines.

Le séparatisme armé a été l'outil utilisé pour commencer l'éclatement de la République fédérale socialiste de Yougoslavie en 1992, un processus qui a maintenant fragmenté cette nation en ses six républiques fédérales constitutives et dans le cas du Kosovo arraché une province à une ancienne république.

Mais la refonte des frontières nationales, avec les perturbations et la violence qu'elle implique inévitablement, n'est pas terminée.

Le Kosovo est indiscutablement une boîte de Pandore au fond de laquelle l'espoir n'attend pas  nécessairement. Il reste une étincelle potentielle, capable d augmenter le danger, comme on l'a vu précédemment,  pour "déstabiliser la situation dans les Balkans et déclencher une guerre sur le continent, similaire à celle de la fin des années 1990."

Traduction:  André Compte pour
Mondialisation.ca

Notes

1) Wikipedia
2) Black Sea Press, August 6, 2009
3) Voice of Russia, August 20, 2009
4) Ibid
5) Ibid
6) New Kosova Report, December 20, 2009
7) Kosovo Times, June 9, 2009
8) Kosovo Times, June 8, 2009
9) Kosovo Times, May 27, 2009
10) NATO, Supreme Headquarters Allied Powers Europe, February 18, 2009
11) Southeast European Times, May 21, 2009
12) Makfax, August 17, 2009
13) New Kosova Report, May 20, 2009
14) Focus News Agency, August 13, 2009
15) Sofia News Agency. August 16, 2009
16) Tanjug News Agency, September 4, 2009
17) NATO, Kosovo Force, September 16, 2009
18) Beta News Agency, September 15, 2009
19) Tanjug News Agency, September 23, 2009
20) Makfax, October 2, 2009
21) Washington Times, May 3, 2009
22) FoNet, September 11, 2009
23) Russia Today, October 5, 2009
24) Voice of Russia, October 6, 2009
25) Ibid
26) ADN Kronos International, October 6, 2009
27) B92, October 6, 2009
28) B92, Beta News Agency, Tanjug News Agency, October 6, 2009
29) President of the Republic of Kosovo, October 7, 2009
30) Beta News Agency, October 7, 2009
31) Voice of Russia, October 5, 2009
32) United States European Command, September 28, 2009
33) NATO, October 2, 2009



vendredi, 16 octobre 2009

La base d'Incirlik, atoutstratégique pour les Etats-Unis

turkey_incirlik.jpgLa base d’Incirlik (Turquie), atout stratégique pour les Etats-Unis

Ex: http://qc.novopress.info/

Avec la réorientation de l’action militaire des Etats-Unis vers l’Afghanistan, la base turque d’Incirlik, dans le sud du pays, érigée en 1951 pour ses atouts en faveur des actions de bombardiers à long rayon d’action, devrait connaître une montée en puissance au profit des forces américaines. Il s’agit en effet d’une véritable plate-forme tout à fait opportune sur le plan stratégique en matière de projection de forces, mais aussi sur le plan logistique. Elle fut largement sollicitée lors des opérations en Irak au début des années 1990 et des bombardements réguliers tout au long de cette même décennie. En fait, cette base est utilisée depuis près d’un demi-siècle par les forces américaines qui sont liées à la Turquie en vertu d’un accord de coopération et de défense datant de 1969 ; accord doublé d’un volet économique à partir de 1980. Plus récemment, Incirlik  était un pilier stratégique des interventions massives en Irak, au point que la base en 2007, voyait transiter par ses pistes plus de 70% des avions gros-porteurs à destination du territoire irakien. Le site conserverait aussi, selon diverses ONG, des ogives nucléaires B-61.

Le retour au premier plan des opérations similaires américaines de la base coïnciderait avec les voyages officiels effectués tant par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, en mars 2009, que par le président Barack Obama lui-même, en avril 2009, qui, depuis, de cesse de réitérer son soutien à  l’idée que la Turquie puisse intégrer l’Union européenne.

La situation est en tout cas favorable à l’affirmation de la Turquie sur l’échiquier international, laquelle est un partenaire obligé pour la question du Kurdistan irakien, mais aussi un interlocuteur privilégié comme intermédiaires dans les relations syro-israéliennes et russo-géorgiennes, et même auprès des Etats afghan et pakistanais.

Actuellement, la base d’Incirlik compte quelque 4500 Américains. En cas de dégradation de la situation en Irak, après août 2010, elle sera un pôle stratégique particulièrement précieux pour intervenir.

Source : RAIDS magazine #280, p.14


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mardi, 13 octobre 2009

Rusia espera detalles del nuevo escudo antimisil de EEUU en Europa

Rusia espera detalles del nuevo escudo antimisil de EEUU en Europa

Rusia espera conocer los detalles del nuevo escudo antimisil de EEUU (DAM) en Europa en las consultas bilaterales previstas para el próximo 12 de octubre en Moscú, informó hoy el ministerio ruso de Asuntos Exteriores.

“Contamos con que la parte estadounidense nos suministrará información detallada y completa sobre las nuevas iniciativas de la administración sobre la creación del DAM”, dijo un funcionario del departamento de prensa de esa cartera a RIA Novosti.

En las consultas, la delegación rusa estará presidida por el viceministro Serguei Riabkov y la delegación estadounidense por la subsecretaria de Estado para el Control de Armamento Ellen Tauscher.


Recientemente, el presidente estadounidense, Barack Obama y el jefe del Pentágono Robert Gates anunciaron correcciones a los planes del DAM en Europa, que inicialmente tenía previsto la creación de una estación de radar en la República Checa y el emplazamiento de misiles interceptores en Polonia.

Los nuevos planes de EEUU no suponen una renuncia al emplazamiento de elementos del DAM en el territorio europeo sino que posterga ese proceso para el año 2015.

La nueva estructura del DAM incluidos los elementos terrestres se desarrollará en cuatro etapas y deberán estar operativas para el año 2020.

Moscú siempre se manifestó en contra de la configuración inicial del DAM estadounidense en Europa porque consideraba que la estación de radar en territorio checo, y los misiles en el polaco, amenazaban su seguridad nacional al alterar el equilibrio estratégico nuclear entre Rusia y EEUU.

Extraído de RIA Novosti.

samedi, 10 octobre 2009

Francia y Espana al rescate del imperialismo yanqui

soldados_espanoles_afganistan.jpgFrancia y España al rescate del imperialismo yanqui

Volverán a la base aérea en Kirguistán

Kirguistán dio pasos el lunes para permitir que soldados franceses y españoles vuelvan a su base área de Manas, un puesto de paso para las operaciones militares encabezadas por Estados Unidos en Afganistán.

Kirguistán canceló los acuerdos con Francia y España en marzo, cuando rechazó un pacto similar con Estados Unidos para el uso de la base. El personal de Francia y España tenía que salir del país para el 13 de octubre.

“Se ha decidido aprobar los acuerdos (con Francia y España) y enviarlos al Ministerio de Exteriores”, dijo Erik Arsaliyev, responsable del comité parlamentario para asuntos internacionales, a los periodistas.


La base, que sirve como punto de repostaje para aviones usados en Afganistán, es importante para Washington y sus aliados de la OTAN porque sustituye a rutas que atraviesan Pakistán y que han sido atacadas por los integristas.

El viceministro de Exteriores, Ruslan Kazakbayev, dijo que el Parlamento revisaría los acuerdos tras la aprobación gubernamental.

El Parlamento está dominado por los leales al presidente Kurmanbek Bakiyev, lo que deja poca duda de que los acuerdos se aprobarán.

Bakiyev anunció la cancelación del acuerdo con el Ejército de EEUU en una visita a Moscú, donde Rusia dijo que ofrecería 2.000 millones de dólares en ayuda para el empobrecido país, en lo que los analistas consideraron una batalla entre Moscú y Washington para ganar influencia en el Asia Central.

Washington renegoció después una renta mayor y continuará usando la base para sus operaciones en Afganistán.

Según los borradores a los que tuvo acceso Reuters, Francia podrá tener 40 efectivos y un avión de repostaje en Manas. El acuerdo no da detalles sobre el número de personas o equipamiento que se permitirán a España.

Extraído de SwissInfo.

lundi, 28 septembre 2009

De quoi se mêle Hervé Morin?

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De quoi se mêle Hervé Morin?

 

Atlantiste délirant, Hervé Morin, ministre sarköziste de la défense en France, a lancé un appel à l’Italie, pour qu’elle ne retire pas ses troupes d’Afghanistan, sous la pression du peuple, las de voir couler en pure perte le sang de soldats italiens. En effet, six malheureux soldats du contingent italien viennent d’être tués dans un attentat suicide et le peuple italien manifeste sa rage de voir ses fils sacrifiés sur le sinistre autel d’une guerre totalement inutile à leur patrie et à l’Europe. Berlusconi, qui prend le pouls de l’opinion publique de la péninsule et sait d’instinct ce que veut son peuple, avait déclaré le 17 septembre dernier “que l’Italie désirait rapatrier ses troupes le plus vite possible”. Morin, sous la dictée de ses maîtres américains alarmés, exhorte dès lors les Italiens à demeurer présents en Afghanistan et à parachever le travail qu’ils avaient promis de faire: former la police afghane, supposée prendre le relais des soldats de l’OTAN dans un Afghanistan enfin pacifié (mais ce n’est pas demain la veille...). Pire: Morin passe du ton larmoyant, qui fait appel à la solidarité atlantiste, à la menace à peine déguisée, qui affirme que tout retrait italien doit procéder d’une “décision internationale”. Bref: l’Italie n’a pas le droit à la moindre parcelle de souveraineté nationale, n’a pas le droit d’envoyer ou de ne pas envoyer ses soldats où bon lui semble.

 

Nous constatons avec amertume que Paris redouble de zèle atlantiste, se veut le pompon de l’OTAN, l’élève-modèle, depuis son retour au bercail otanesque, en traitant sa “soeur latine” avec  une rudesse à peine déguisée et totalement injuste et injustifiable, sans le moindre respect pour ses sentiments et son chagrin. Notons que ce discours de Morin à Nijrab, lors d’une visite de quarante-huit heures aux troupes françaises stationnées en Afghanistan, arrive au même moment où le Général américain McChrystal, dans un rapport secret dont la presse d’Outre Atlantique a eu vent, réclame à Obama et à tous les alliés des Etats-Unis, l’envoi de renforts substantiels sur le terrain afghan. Hasard ou collusion?

 

Le sarközisme est l’idéologie larbine de l’américanisme, avec pour paradoxe qu’il émane d’une matrice gaullienne! A Colombey-les-Deux-Eglises, un vénérable ancêtre doit se retourner dans son caveau!

 

(source: Giampaolo Cufino, “Il Ministro della Difesa francese chiede all’Italia di rimanere in Afghanistan”, in: “Rinascita”, Rome, 22 septembre 2009).

mercredi, 23 septembre 2009

Le bouclier antimissile américain en Europe relancé?

Le bouclier antimissile américain en Europe relancé ?

Des missiles SM-3 en Europe...

PARIS (NOVOpress) – Contrairement à ce que pouvait laisser penser la décision du président Obama de renoncer à implanter un système antimissile en Pologne et en Tchéquie, les Etats-Unis n’ont nullement renoncé à leur projet de bouclier antimissile en Europe, bien au contraire.

En effet, dans un article paru samedi dans The New-York Times, Robert M. Gates, secrétaire à la Défense des Etats-Unis l’affirme très clairement : « nous renforçons la défense antimissile en Europe, nous ne l’abandonnons pas» .

Selon lui, le système qui vient d’être abandonné ne serait pas entré en service « avant au moins 2017 et probablement beaucoup plus tard»  alors que le nouveau plan prévoit un déploiement, effectif dès 2011, de missiles d’interception SM-3 embarqué à bord de navires, sans doute en Méditerranée orientale. Une deuxième phase, « vers 2015″, verra, elle, le déploiement d» une version améliorée du SM-3 au sol « en Europe du sud et centrale» .

Bref, la tutelle militaire américaine sur L’Europe, renforcée par le retour de la France dans l’Otan, a encore de beaux jours devant elle.

[cc [1]] Novopress.info, 2009, Article libre de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
[
http://fr.novopress.info [2]]


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Lettre ouverte à Hervé Morin, ministre de la Défense euro-atlantiste

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Lettre ouverte à Hervé Morin,

ministre de la Défense euro-atlantiste

 

 

 

Monsieur le ministre de la Défense de l’Occident,

 

 

 

 

Je m’autorise de vous interpeller avec un titre erroné puisque, renouant avec une mauvaise habitude pratiquée sous le septennat giscardien, le terme « nationale » a été supprimé de l’intitulé officiel de votre ministère. Permettez-moi par conséquent de vous désigner tour à tour comme le ministre de la Défense euro-atlantiste ou celui de la Défense de l’Occident, tant ces deux appellations me paraissent vous convenir à merveille.

 

 

 

Si je vous adresse aujourd’hui la présente algarade, sachez au préalable que je ne vise nullement l’élu local normand que vous êtes par ailleurs. L’adhérent au Mouvement Normand que je suis soutient, tout comme vous, l’indispensable (ré)unification normande des deux demi-régions. Notre désaccord concerne l’avenir de la France, de son armée et de l’Europe de la défense.

 

Je vous dois d’être franc. Quand en mai 2007, vous avez été nommé au ministère de la rue Saint-Dominique, j’ai immédiatement pensé à une erreur de recrutement : vous n’êtes pas fait pour occuper ce poste, faute d’une carrure suffisante. Comment cela aurait pu être autrement avec un Premier ministre qui, lui, est un fin connaisseur de la chose militaire depuis de longues années ? Il s’agissait surtout de vous récompenser pour avoir abandonné (trahi, diraient de mauvaise langues) entre les deux tours de la présidentielle votre vieil ami François Bayrou et rallié le futur président.

 

 

 

D’autres, tout aussi non préparés aux fonctions de ce ministère éminemment régalien, auraient acquis au contact des militaires une stature politique afin de viser, plus tard, bien plus haut. Hélas ! Comme l’immense majorité de vos prédécesseurs depuis 1945, voire depuis l’ineffable Maginot, et à l’exception notable d’un Pierre Messmer, d’un Michel Debré ou d’un Jean-Pierre Chevènement, vous êtes resté d’une pâleur impressionnante. Pis, depuis votre nomination, vous avez démontré une incompétence rare qui serait risible si votre action ne nuisait pas aux intérêts vitaux de la France et de l’Europe.

À votre décharge, je concède volontiers qu’il ne doit pas être facile de diriger un tel ministère à l’ère de l’« omniprésidence omnipotente » et de sa kyrielle de conseillers, véritables ministres bis. Faut-il en déduire qu’une situation pareille vous sied et que vous jouissez en fait des ors de la République ?

 

 

 

Je le croyais assez jusqu’à la survenue d’un événement récent. Depuis, j’ai compris que loin d’être indolent, vous effectuez un véritable travail de sape, pis une œuvre magistrale de démolition systématique qui anéantit quarante années d’indépendance nationale (relative) au profit d’une folle intégration dans l’O.T.A.N. américanocentrée, bras armé d’un Occident mondialiste globalitaire.

 

 

Vous vous dîtes partisan de la construction européenne alors que vous en êtes l’un de ses fossoyeurs les plus déterminés. L’Europe, sa puissance sous-jacente, ses peuples historiques vous indiffèrent, seule compte pour vous cette entité despotique de dimension planétaire appelée « Occident ».

 

 

 

Qu’est-ce qui m’a dessillé totalement les yeux en ce 6 février 2009 ? Tout simplement votre décision inique et scandaleuse de congédier sur le champ Aymeric Chauprade de son poste de professeur au Collège interarmées de Défense (C.I.D.). Brillant spécialiste de géopolitique, Aymeric Chauprade présente, dans un nouvel ouvrage Chronique du choc des civilisations, des interprétations alternatives à la thèse officielle des attentats du 11 septembre 2001. Exposer ces théories « complotistes » signifie-t-il obligatoirement adhérer à leurs conclusions alors qu’Aymeric Chauprade, en sceptique méthodique, prend garde de ne pas les faire siennes ?

 

 

 

Peu vous chaut l’impartialité de sa démarche puisque, sur l’injonction du journaliste du Point, Jean Guisnel, auteur d’un insidieux article contre lui, vous ordonnez son exclusion immédiate de toutes les enceintes militaires de formation universitaire. Mercredi dernier – 11 février -, l’infâme Canard enchaîné sortait une véritable liste d’épuration en vous enjoignant d’expulser d’autres intervenants rétifs au politiquement correct. Auriez-vous donc peur à ce point (si je puis dire) de certains scribouillards pour que vous soyez si prompt à leur obéir, le petit doigt sur la couture du pantalon ? Faut-il comprendre que Jean Guisnel et autres plumitifs du palmipède décati sont les vrais patrons de l’armée française ?

 

 

 

Avez-vous pris la peine de lire l’ouvrage incriminé ? Votre rapidité de réaction m’incite à répondre négativement. Il importe par conséquent de dénoncer votre « attitude irresponsable, irrespectueuse et indigne », car « nier la réalité est une attitude particulièrement inquiétante pour un ministre et qui n’atteste pas du courage que chacun est en droit d’attendre d’un haut responsable politique ». Qui s’exprime ainsi ? M. Jean-Paul Fournier, sénateur-maire U.M.P. de Nîmes, irrité par la fermeture de la base aéronavale de NÎmes – Garons, cité par Le Figaro (et non Libé, Politis ou Minute) du 9 février 2009. Le sénateur Fournier a très bien cerné votre comportement intolérable et honteux.

 

 

 

Aymeric Chauprade interdit de tout contact avec le corps des officiers d’active, vous agissez sciemment contre l’armée française, contre la France. En le renvoyant, vous risquez même de devenir la risée de l’Hexagone. En effet, le 12 juillet 2001, Aymeric Chauprade publiait dans Le Figaro un remarquable plaidoyer en faveur d’un « bouclier antimissile français ». Et que lit-on dans Le Figaro du 13 février 2009 ? « La France se lance dans la défense antimissile »… Certes, nul n’est prophète en son pays, mais quand même, ne peut-il pas y avoir parfois une exception ?

 

 

 

Votre action injuste me rappelle d’autres précédents quand l’Institution militaire sanctionnait des officiers coupables de penser par eux-mêmes et de contester ainsi le conformisme de leur temps : le général Étienne Copel, le colonel Philippe Pétain, le lieutenant-colonel Émile Mayer, le commandant Charles de Gaulle.

 

 

Anticonformiste, Aymeric Chauprade l’est avec talent et intelligence; il s’inscrit dans la suite prestigieuse des Jomini, Castex et Poirier. Voilà pourquoi le réintégrer au C.I.D. serait un geste fort pour l’indispensable réarmement moral d’une armée qui en a grand besoin.

 

 

 

Je doute fort, Monsieur le ministre de la Défense euro-atlantiste, que ma missive vous fera changer d’avis. Qu’importe ! Libre à vous de rester insignifiant et de figurer dans les chroniques comme le Galliffet de la réflexion stratégique.

 

Recevez, Monsieur le Ministre, mes salutations normandes.

 

 

 

Georges Feltin-Tracol

jeudi, 03 septembre 2009

Interview d'Aymeric Chauprade

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Interview d'Aymeric Chauprade

« La France vit une épuration sourde de ceux qui ne vont pas dans le sens des intérêts américains et israéliens »

Éditeur de science politique et d’histoire depuis 1994 et professeur de géopolitique depuis 1999, Aymeric Chauprade est également consultant international pour de grands groupes français ou pour des États sur les contentieux géopolitiques.
Il a publié plusieurs ouvrages, notamment « Géopolitique, constantes et changements dans l’histoire » (Éd. Ellipses), devenu un manuel de référence, et plus récemment « Chronique du choc des civilisations » (février 2009, Éd. Dargaud), qui a provoqué son éviction brutale de sa chaire de géopolitique.
 

 Hugues Wagner, Mardi 07 Juillet 2009



Hugues Wagner  :
On vous a accusé d’être un partisan de la théorie du complot alors que vous n’êtes pas réputé comme tel. Que s’est-il passé ?

Aymeric Chauprade : Tout est parti d’un article de Jean Guisnel dans l’hebdomadaire français Le Point du 5 février 2009, qui a demandé ma tête au ministre de la Défense parce que j’ai osé faire écho aux théories non conformistes sur le 11 septembre 2001. Mon dernier ouvrage commence en effet par un chapitre sur le 11-Septembre. J’ai voulu montrer que le choc des civilisations, c’est d’abord le fait qu’uneimmense partie de l’humanité, en dehors du monde occidental, ne croit pas à la version officielle de cet événement donnée par le gouvernement américain et qui est devenue la version obligatoire des médias occidentaux. Dans « Chronique du choc des civilisations » – qui est un atlas de géopolitique mondial et pas du tout un livre limité au 11 septembre –, je propose la synthèse, à ma connaissance la plus aboutie qui existe à ce jour, de ce qui pourrait être un scénario alternatif à la version officielle. Je ne prends pas parti. J’expose les arguments des tenants de cette théorie dite du complot et je ne conclus pas. Je reste prudent. Mais mon « crime » est d’avoir osé présenter de manière crédible et donc convaincante ces éléments de contestation de la version officielle.

Je suis un scientifique, j’ai une première formation de sciences mathématiques et physiques avant d’être passé à la science politique. Pour avoir creusé le sujet (surtout aux États-Unis) et pour avoir beaucoup parlé de cela avec des experts français du renseignement (qui eux ne parlent pas mais n’en pensent pas moins), je peux vous dire que j’ai des doutes plus qu’importants quant à la version officielle. En tout cas, je ne vois pas au nom de quoi il serait interdit de penser sur ce sujet. On aurait le droit d’imaginer des choses horribles sur les musulmans ou sur n’importe quelle civilisation, mais dès que cela touche aux Américains, et plus encore à Israël, c’est quasiment un crime contre l’humanité que d’imaginer que des cyniques aient pu concevoir un tel crime.

Hugues Wagner : Vous venez de faire suspendre, par le tribunal administratif, la décision du ministre. Pouvez-vous à nouveau donner des cours ?

Aymeric Chauprade : Après un premier référé, nous en avons fait un deuxième en montrant que la décision menaçait mon économie personnelle. Le juge des référés a jugé qu’une liberté fondamentale, celle des droits de la défense, avait été gravement bafouée. Je suis tombé sur un juge indépendant et juste, dans une France de plus en plus verrouillée médiatiquement et politiquement. Même quand tout est verrouillé, il faut toujours croire en la France. Conséquence : théoriquement je peux reprendre mes cours. Évidemment, dans la pratique c’est plus compliqué. Le ministère de la Défense va devoir dire clairement quelle faute j’ai pu commettre. En réalité, tout le monde sait que la vraie raison de mon éviction est que j’étais le dernier représentant, dans les institutions de défense, de la ligne gaulliste en politique étrangère. Je suis pour un monde multipolaire et non pour cette folle politique de « l’Occident contre les autres » que représentent ceux qui sont au pouvoir maintenant en France.

Hugues Wagner : Quelles ont été les réactions de vos élèves et collègues, notamment du Collège royal militaire supérieur du Maroc, où vous enseignez ?

Aymeric Chauprade : Je suis extrêmement touché par les très nombreuses manifestations de solidarité que j’ai eues. Pas seulement l’immense majorité des officiers français de l’École de guerre, mais aussi les étrangers. Les stagiaires africains étaient très en colère notamment, ceux des pays arabes aussi. J’ai reçu, plus discrètement des témoignages d’amitié venant de pays asiatiques. Mon éviction est interprétée, à juste titre, comme la manifestation évidente de la rupture de la France avec les fondamentaux de sa politique étrangère d’équilibre. J’attends de voir ce que va faire le Collège des forces armées Royales du Maroc. J’y enseigne depuis six ans et j’ai toujours donné satisfaction. On aimait à Rabat ma liberté d’expression. Je suis employé directement par les Marocains et non par la partie française. Normalement, le Maroc n’étant plus un protectorat, je m’attends à ce que rien ne change, malgré les pressions.

Hugues Wagner : Que pensez-vous de la réintégration par la France du commandement de l’Alliance atlantique (Otan) ?

Aymeric Chauprade : Elle est contraire à l’intérêt de la France et nous n’avons pas eu de véritable débat sur ce sujet à l’échelle nationale. Je suis frappé de constater à quel point les médias français sont verrouillés par les relais d’influence américain et israélien qui ont totalement neutralisé toute possibilité de débat. Depuis la sortie de ce commandement en 1966, il y avait un consensus de droite et de gauche. La « valeur ajoutée » de la France sur la scène internationale tenait en partie à cette position singulière, à cet héritage de la troisième voie, j’ose dire de non-alignement, car si la France est bien d’Occident, elle ne doit pas pour autant réduire sa politique mondiale à une politique occidentale. Sa vocation est de défendre l’équilibre multipolaire, pour que toutes les civilisations aient leur place dans l’Histoire.

Hugues Wagner : Une alliance est-elle dirigée contre un objectif. la Russie, la Chine, l’Iran, le terrorisme ?

Aymeric Chauprade : Les Américains ont remplacé la lutte contre le communisme par celle contre le terrorisme. Cette nouvelle idéologie vise à coaliser les anciens alliés de la guerre froide. Logiquement, il aurait dû y avoir une Europe puissante après la guerre froide. Or, qu’avons-nous aujourd’hui ? Une Europe certes économique, mais géopolitiquement parlant composante d’un bloc transatlantique dominé par les États-Unis. Le président Chirac a tenté de s’opposer à cela avec son acte courageux en 2003 avec l’affaire d’Irak. Je suis convaincu que ce qui se passe aujourd’hui est le retour de bâton de 2003. Les Américains se sont dits : « ces Français se sont opposés sur l’Irak ; c’est un raté, changeons les choses en France et ils ne s’opposeront pas demain sur l’Iran ».

Hugues Wagner : L’ancien premier ministre français Dominique de Villepin a déclaré que l’Otan était « totalement sous contrôle américain ». Est-ce votre avis ?

Aymeric Chauprade : Il a raison. Villepin a été l’honneur de la France à la tribune de l’Onu en 2003. Aujourd’hui, comme d’autres, il a raison de rappeler cette évidence : après la disparition du Pacte de Varsovie, l’Otan aurait dû disparaître. Elle n’a pas disparu parce que cela a été, dès 1990, une priorité des États-Unis de l’étendre et de la renforcer. L’organisation de l’Europe centrale et orientale va de pair avec l’élargissement de l’Union européenne. Et les Américains, voyant que l’Allemagne poussait pour reconstruire son espace d’influence à l’éclatement de la Yougoslavie, ont compris qu’il y avait là un potentiel de guerre susceptible de redonner une raison d’exister à l’Otan. Avec la Yougoslavie, l’Otan a glissé vers la guerre d’ingérence manichéo- humanitaire…

Hugues Wagner : Est-il vrai que vous défendez une théorie du choc des civilisations, notamment au travers d’une opposition entre l’Europe (Russie incluse) et l’islam ?

Aymeric Chauprade : Les civilisations sont un facteur important de l’Histoire mais je ne réduis pas l’Histoire au choc des civilisations. Les civilisations existent, on ne peut le nier. Et dans la longue durée, la problématique de la hiérarchie de puissance entre les civilisations est une réalité. L’Occident européen est devenu moteur de la mondialisation au XVIe siècle et a supplanté l’islam en le contournant grâce à l’ouverture des grandes routes maritimes qui ont permis d’atteindre l’Asie. Aujourd’hui, peut-être que l’Asie est en train de prendre la tête de la mondialisation et que ce qui nous menace est une guerre de l’Amérique n’acceptant pas son déclassement. Jacques Sapir soutient, très intelligemment, que si l’Amérique n’arrive plus à faire l’ordre américain elle fera le désordre… Je crois à ces réalités-là. Donc il n’y a pas que l’islam et les Européens ; ces rapports de force entre civilisations existent aussi entre Chinois et Indiens, entre Indiens hindouistes et musulmans, etc.

Je crois qu’Européens et Russes ont un destin commun à construire et qu’ils doivent bâtir un rapport équilibré avec le monde musulman. La France doit développer une politique arabe intelligente car équilibrée. Les Russes ont l’expérience de l’islam caucasien et centre-asiatique depuis le XVIIIe siècle alors que les Américains n’y comprennent rien.

Hugues Wagner : Certains prétendent que vous pourriez avoir été victime d’une « campagne d’épuration » menée par un cercle néoconservateur proche du pouvoir comme l’auraient été les journalistes Richard Labévière de RFI, ou Moktar Gaoud et Agnès Levallois de France 24…

Aymeric Chauprade : Ce n’est pas une supposition c’est un fait avéré. La France est en train de vivre une épuration douce et sourde (regardez mon cas : alors que j’ai gagné contre un ministre, aucun quotidien national n’en a fait état) de tous ceux dont la pensée va à l’encontre des intérêts d’Israël et des États- Unis. Cela peut paraître difficile à croire, mais c’est pourtant la vérité. Qu’il s’agisse de gens de gauche ou de la droite conservatrice, tous ceux qui « tombent » ont un point commun : leurs analyses ne vont pas dans le sens des intérêts américains et israéliens.


Hugues Wagner
Afrique Asie – Juin 2009


Source :
http://www.alterinfo.net/Interview-d-Aymeric-Chauprade-La-France-vit-une-epuration-sourde-de-ceux-qui-ne-vont-pas-dans-le-sens-des-interets_a34175.html

Correspondance Polémia
25/08/2009

Image: Aymeric Chauprade

Voir : les articles consacrés à Aymeric Chauprade
http://www.polemia.com/article.php?id=1934
http://www.polemia.com/article.php?id=1898
http://www.polemia.com/article.php?id=1888
http://www.polemia.com/article.php?id=1859
http://www.polemia.com/article.php?id=554
 

Hugues Wagner

lundi, 31 août 2009

EEUU renuncia al escudo antimisiles en Polonia y Republica Checa

EEUU renuncia al escudo antimisiles en Polonia y República Checa

La administración del presidente estadounidense, Barack Obama, renunció al despliegue de elementos del escudo antimisiles en Polonia y en República Checa, afirmó este jueves el diario polaco Gazeta Wyborcza, citando varias fuentes de Washington.

“Las señales enviadas por los generales del Pentágono son absolutamente claras: el gobierno de Estados Unidos busca, en lo referente al escudo antimisiles, otras soluciones a las bases en Polonia y en República Checa”, según un miembro del lobby a favor del escudo, Riki Ellison, citado por el diario.

Durante una conferencia de expertos del departamento de defensa hace una semana, “los generales no han mencionado ni una sola vez los planes respecto a Polonia y a la República Checa”, subrayó Ellison.


“Desde hace unas semanas, el gobierno sondea la reacción del Congreso al abandono de los planes de instalación del escudo en Polonia y República Checa”, afirma Gazeta Wyborcza, citando una fuente anónima en el Congreso.

En 2008, Varsovia y Washington alcanzaron un acuerdo sobre el despliegue de aquí a 2013 en Polonia de diez interceptores de misiles balísticos de largo alcance, a lo que se añadía un potente radar en República Checa, un proyecto global al que Rusia se opuso, al considerarlo una amenaza para su seguridad.

La administración de Obama se propone reexaminar el proyecto de escudo antimisiles lanzado por su predecesor, George W. Bush, en respuesta a la amenaza de países como Irán.

Según Gazeta Wyborcza, la administración de Obama desearía instalar misiles interceptores en unos barcos y en bases en Israel y en Turquía, y “quizás en alguna parte de los balcanes”.

Extraído de AFP.

~ por LaBanderaNegra en Agosto 27, 2009.

jeudi, 14 mai 2009

Le Maghreb pris dans l'unification méditerranéenne et transatlantique

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Le Maghreb pris dans l’unification méditerranéenne et transatlantique

Ex: http://www.mecanopolis.org/

L’influence des Etats-Unis et de l’Europe sur le Maghreb
En collaboration avec la revue Questions internationales (La Documentation française)Avec Dorothée Schmid, chercheuse à l’IFRI (Méditerranée/ Moyen Orient)
Et Hamid Barrada, journaliste, directeur Maghreb/Orient sur la chaîne TV5

La revue Questions internationales proposait un excellent numéro sur le Maghreb en novembre-décembre 2004, qui suggérait tout l’intérêt de la tenue d’un tel café géopolitique sur le Maghreb et les rivalités de pouvoir entre Etats-Unis et Europe dans cette région. Nos deux intervenants considéraient ici le Maghreb comme une entité au sein d’un ensemble méditerranéen et proche-oriental plus vaste, plutôt que par ses Etats pris un à un. Dorothée Schmid a montré comment la politique européenne au Maghreb devait faire face à un investissement américain croissant dans cette zone, tandis que Hamid Barrada s’intéressait aux ambitions américaines dans la région et à la perception de ces politiques américaines par les habitants.

La politique européenne au Maghreb:
Travaillant sur la politique européenne en Méditerranée, Dorothée Schmid a porté son intérêt sur les stratégies comparées des Américains et des Européens au Maghreb. Il ressort que si nouvel activisme américain il y a au Maghreb, il est certes bien moindre que pour le Moyen-Orient, mais suffisamment important pour susciter des inquiétudes côté européen.

1.Le Maghreb, une chasse gardée européenne ?


Le Maghreb étant une région proche de l’Europe sur de nombreux points, culturels, historiques, géographiques, économiques, il constitue une région prioritaire dans la politique extérieure de l’Union européenne. 2005 marque les dix ans du partenariat euro-méditerranéen, cette grande initiative de coopération régionale avec la rive sud de la Méditerranée. Ce partenariat est du reste essentiellement économique (accords bilatéraux de libre-échange, avec l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, coopération financière) ; ses volets politiques et culturels faisant pâle figure à côté. Le Maroc a su tirer son épingle du jeu, en attirant une part importante des ressources consacrées au partenariat (deuxième pays partenaire méditerranéen le mieux doté après l’Egypte) ; la Tunisie est présentée par ses partenaires européens comme un modèle de réforme économique libérale ; l’Algérie est entrée dans le partenariat tardivement, en 2002, (et la signature d’un accord de libre-échange avec l’UE doit être vue surtout comme un appui diplomatique européen pour l’Algérie dans la mesure où le pays est mono-exportateur d’hydrocarbures), et la Libye a été récemment invitée à rejoindre le Processus de Barcelone. L’Union européenne souhaite encourager l’intégration entre les pays partenaires eux-mêmes, et le Maghreb reste un modèle sous-régional possible ; l’initiative d’Agadir d’intégration régionale démontre l’existence d’un véritable moteur maghrébin.

2.La redéfinition européenne de sa politique de voisinage


Or, aujourd’hui, l’élargissement de l’UE est quasiment achevé et le temps semble être venu d’un verrouillage des frontières et de l’Union. La standardisation des relations de l’Union avec les Etats du Sud et les Etats de l’Est est en marche : la Méditerranée devient ainsi traitée comme le Caucase, l’Ukraine, la Biélorussie ou la Moldavie. Le but semble être l’unification de ces régimes à un grand marché élargi ; tous les aspects de l’Union sauf les institutions, comme le disait Romano Prodi.
Les conséquences pour le Maghreb sont importantes : on assiste à un renforcement des relations bilatérales et à un abandon de la perspective régionale méditerranéenne. Qui plus est, des problèmes de financement ne tardent pas à se faire jour, avec une compétition des différents Etats riverains de l’UE pour savoir lequel profitera le plus des aides européennes. Les pays les plus réformateurs, les plus en phase avec l’UE et respectant le mieux les droits de l’homme devraient être à terme récompensés pour leur volonté de réforme, selon une logique du premier arrivé premier servi. Les pays méditerranéens ne sont pas forcément les mieux placés dans cette compétition. Cependant, le Maroc vise déjà un statut d’association avancée avec l’UE, qui se concrétiserait d’abord par la mise en place d’une union douanière, sur le modèle turc.

En fait, selon Dorothée Schmid, on assiste à une dilution de la priorité méditerranéenne de l’UE, qui pourrait annoncer la fin de la politique méditerranéenne de l’Europe. L’avenir sera aux relations bilatérales étroites entre des Etats méditerranéens pris individuellement et certains Etats-membres de l’UE, la France au premier chef.

3.Une présence américaine intense


C’est dans ce contexte que la présence américaine dans la région se fait plus intense. On peut même dire que les Etats-Unis restent et demeurent l’unique puissance méditerranéenne, quelle que soit l’activité européenne en cours. En plus de la présence militaire, l’administration Bush s’intéresse diplomatiquement et économiquement au Maghreb. Le 11 septembre 2001 a tout changé. Auparavant, les Américains tenaient le régime algérien en quarantaine, voyaient avec une forte hostilité le régime libyen, et manifestaient de l’indifférence pour la Tunisie, la timide cordialité avec le Maroc étant pleine de distances. Depuis le 11 septembre, le Moyen Orient élargi jusqu’au Maroc est passé au cœur des préoccupations de l’administration Bush. La montée en puissance de l’islam politique en Algérie ou au Maroc inquiète, la prolifération nucléaire de la Libye angoisse, l’obsession démocratique pour la région ne faiblit pas (avec une théorie des dominos, la démocratie se répandant d’Irak aux autres pays par contagion de Marrakech au Bangladesh), et la politique d’hydrocarbures (gaz et pétrole) est naturellement essentielle.
Les Américains ont donc lancé une offensive diplomatique dans la région, qui se concrétise par les nombreuses tournées d’officiels américains au Maghreb, et par l’invitation régulière des chefs d’Etat maghrébins à la Maison blanche. C’est dans ce contexte qu’est intervenu le rétablissement spectaculaire des relations avec la Libye. Une collaboration renforcée s’établit par ailleurs dans le domaine sécuritaire avec l’Algérie, qui est présentée comme un modèle de lutte anti-terroriste. Enfin, un accord de libre-échange a été signé avec le Maroc en 2004, dont la faible portée économique ne doit pas masquer la très forte importance politique.

4.Vers une rivalité Europe - Etats-Unis au Maghreb


Une réelle rivalité transatlantique se dessine en fait sur le front économique. Le Middle East Partnership initiative traduit une offensive économique des Etats-Unis à l’échelle du grand Moyen-Orient. Les Américains ont déjà signé des accords de libre-échange avec la Jordanie, le Maroc, Bahreïn, et d’autres ne tarderont pas, en un temps absolument record. Derrière les intérêts commerciaux officiels, ces accords sont présentés comme un volet de la diffusion de la liberté dans le monde. L’accord avec le Maroc, négocié en secret, est plutôt léonin, les Américains n’ayant rien cédé sur leurs intérêts. Les Américains soutiennent par ailleurs l’accès de l’Algérie à l’OMC, et raflent désormais les concessions d’hydrocarbures en Libye…
Toute une rivalité potentielle entre les Etats-Unis et l’UE est donc en train de naître. Les Européens craignent que les accords de libre échange signés par les pays de la région avec les Américains rendent impossible la mise en œuvre des accords euro-méditerranéens. Par ailleurs, les Européens craignent d’être cooptés pour financer les plans américains de développement de la région.

5.Les conséquences pour le Maghreb de cette rivalité transatlantique


Les conséquences pour la rive sud méditerranéenne de cette rivalité Etats-Unis - Europe sont assurément d’abord et avant tout une ouverture économique généralisée qui sera difficile pour les économies de la région. Peut-on dire que les Américains comme les Européens négligent les intérêts des Maghrébins ? Les zones de libre échange s’inscrivent fondamentalement comme des projets politiques visant la démocratie et les réformes. La Commission européenne et le Conseil européen s’alignent progressivement sur le discours de réforme américain même si l’UE se montre encore peu sourcilleuse en matière de droits de l’homme. Si les Américains sont plus durs en parole quant au respect des droits de l’homme, ils se montrent finalement en pratique assez peu regardants. Etats-Unis et Europe se rejoignent en tout cas pour louer systématiquement le modèle marocain, seul exemple de démocratisation progressive et pacifique observable dans la région. On peut en conclure que les Américains comme les Européens privilégient la stabilité de la région et l’UE compte même sur les Etats-Unis pour faire la loi si nécessaire.
Si côté américain, il y a une réelle défiance des néo-conservateurs pour les régimes arabes, les Maghrébins sont ravis de voir qu’on s’intéresse à eux, surtout quand l’UE pense plus à ses frontières de l’Europe orientale qu’à son voisinage méditerranéen. Les crispations, côté européen, sont alors réelles. Et comme l’a ajouté Dorothée Schmid lors du débat, les Européens ne peuvent pas défendre aussi bien leurs intérêts commerciaux dans la région que les Américains, dans la mesure où l’UE accompagne ses projets de libre échange d’une aide économique importante, là où les Américains sont beaucoup plus libres.

Au final, l’UE et les Etats-Unis se livrent une concurrence pas forcément nuisible pour le Maghreb, puisqu’elle fait monter les enchères en faveur des pays maghrébins. Mais il faut s’attendre à ce que les Européens restent structurellement plus engagés dans la région, même s’ils devront apprendre à composer avec les Américains. Les Maghrébins devront, eux, apprendre à négocier à court terme avec les Américains et sur le fond avec les Européens.

Ambitions américaines et perceptions maghrébines:
Hamid Barrada souligne d’emblée que les relations du Maghreb avec les Etats-Unis ne sont pas nouvelles. Le Maroc ne fut-il pas le premier pays à reconnaître les Etats-Unis d’Amérique lors de l’indépendance américaine ? De même, les Américains ont joué un rôle substantiel dans la libération du Maghreb, soutenant les intérêts de la décolonisation et faisant reconnaître politiquement la légitimité du combat algérien.

Proximités américano-maghrébines:
Le traumatisme du 11 septembre a changé la vision américaine du reste du monde. Et leur intérêt pour le Maghreb en est sorti renforcé. Les Marocains avaient infiltré les réseaux islamistes partant combattre les Soviétiques en Afghanistan, et avaient donc in fine infiltré le réseau de Ben Laden. Un bras droit de Ben Laden était d’ailleurs un agent marocain, qui fut livré aux autorités américaines pour connaître le fonctionnement d’Al Qaida. De même, les Algériens ont beaucoup aidé les Américains dans la lutte anti-terroriste. Le chef d’Etat algérien fut le premier des chefs d’Etat à se rendre à Washington après le 11 septembre 2001, et Washington lui a rapidement livré les armes que l’Algérie réclamait à l’Europe pour sa lutte contre le terrorisme… La Libye fut aussi très précieuse aux Américains pour donner des informations sur le rôle des Pakistanais dans la prolifération nucléaire en Iran et ailleurs. Kadhafi jouant la carte américaine, il devient un témoin à charge contre l’Iran. Enfin, la Mauritanie risquait de devenir une base arrière du réseau Al Qaida, l’un des hommes les plus proches de Ben Laden est un Mauritanien. Là encore, Kadhafi a été très précieux aux Américains pour leur donner des informations là-dessus, et sur les plans d’Al Qaida de s’implanter au Sahara. La Mauritanie a dû jouer finement pour ne pas se faire reprocher ses relations inavouables avec l’Irak de Saddam. C’est ainsi que le pays a reconnu Israël (il y a un ambassadeur israélien à Nouakchott) afin de donner des gages aux Etats-Unis. Mais cette politique du régime mauritanien a été vivement critiquée, au point de donner lieu en Mauritanie à un rapprochement entre nationalistes arabes et islamistes.

Les Etats-Unis face aux rivalités algéro-marocaines sur le Sahara occidental:
Les rivalités entre Algérie et Maroc quant au Sahara occidental perturbent les plans américains dans la région. L’affaire du Sahara occidental n’étant pas réglée, chaque Etat a intérêt à collaborer au plus vite avec les Américains pour bénéficier de leur soutien dans le conflit. L’Algérie commença à proposer aux Américains un partage entre Maroc et Polisario. Les Marocains ont alors accepté l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis - accord qui n’a pas une finalité économique mais bien plutôt politique - afin que les Américains ne se mêlent surtout pas de l’affaire du Sahara occidental.
Comme cela est ressorti lors du débat qui a suivi l’intervention de Hamid Barrada, il y a eu un consensus au Maroc sur cet accord de libre-échange : il permettait en effet aux Marocains d’entretenir de bonnes relations avec les Etats-Unis quant au Sahara occidental. L’opposition islamiste marocaine, pourtant représentée au Parlement, ne s’est donc pas opposée à cet accord de libre-échange (conclu en des termes très proches de l’accord américano-jordanien).
Certes, l’Afrique du Sud a pris parti pour le Polisario dans ce conflit du Sahara occidental. Il faut y voir ici la faiblesse de la diplomatie officielle marocaine, qui semble ne pas s’être remise de la disparition de Hassan II qui menait une diplomatie parallèle assez efficace . Au contraire l’Algérie a tout une tradition de diplomatie militante et a un réel intérêt pour l’Afrique noire. Il n’est dès lors pas étonnant qu’elle ait su rallier à elle l’Afrique du Sud. Toutefois, dans ce conflit finalement assez artificiel entre Maroc et Algérie - identitaire pour l’armée algérienne et nationale pour les Marocains comme le disait Hubert Védrine - il semble momentanément que l’Algérie a en fait perdu la main. Elle laisse donc le dossier ouvert, comme en suspens, pour ne pas favoriser un renforcement du royaume jugé préjudiciable à ses intérêts.

Le projet américain pour le grand Moyen-Orient:
Les Maghrébins savent très bien tenir le langage de la démocratie qui plaît tant aux Américains. Qui plus est, les femmes conduisent au Maroc, contrairement à la situation saoudienne, et tout le monde parle de démocratie dans le royaume de Mohammed VI. Autant dire que cela conforte les Américains dans leur bonne opinion sur le Maroc.
Le problème pour les Américains vient plutôt du fait que les Maghrébins sont très bien renseignés sur la politique américaine. Pour Hamid Barrada, les Américains créent de l’islamisme jihadiste tous les jours avec leur politique irakienne, d’autant plus insupportable qu’elle n’est pas suffisamment dénoncée par des voix politiques arabes officielles. Mais cela ne veut pas dire que tous les musulmans adoptent fatalement le point de vue islamiste. Si seuls les musulmans peuvent régler le problème de l’islamisme, la qualité de l’information empêche en fait tout choc de civilisations. Si les Arabes condamnent la politique irakienne des Etats-Unis, ils sont loin d’être tous convertis à l’islamisme. Hamid Barrada souligne en revanche qu’Hassan II avait mal mesuré la capacité de nuisance de l’islamisme saoudien. Le roi du Maroc s’était déclaré fondamentaliste pour ne pas laisser le champ libre aux islamistes. Mais ces derniers sont aujourd’hui au Parlement marocain et pourraient bien gagner en 2007.

Le débat a donné lieu à des échanges éclectiques et intéressants, notamment sur la perception maghrébine d’une éventuelle entrée de la Turquie en Europe. Les Marocains semblent fascinés par la démarche turque de rapprochement progressif mais durable vers l’Union européenne : utiliser l’accord de libre-échange pour mieux poser ensuite sa candidature. Hamid Barrada souligne que le monde arabe perçoit mal que la Turquie puisse être refusée simplement au nom de sa religion majoritaire. En fait, on entend soudain beaucoup parler de la Turquie au Maghreb depuis qu’elle est plus ou moins rejetée. Ce à quoi rétorque Dorothée Schmid, que la Turquie est au contraire entrée en négociation d’adhésion et que cela est perçu positivement au Maghreb.

Quant à la place de la francophonie au Maghreb, Dorothée Schmid sourit à cette « vieille lune de la politique française » qu’il faudra bien revoir un jour. Si l’anglais devient effectivement la langue diplomatique que les élites maghrébines apprennent, il n’a pas de perspectives rapides d’usage courant pour la population. Pour Hamid Barrada, les deux langues, arabe et française, cohabitent harmonieusement au Maroc notamment, où on parle aussi espagnol au Nord. A Dubai, les cours de français se développent prodigieusement pour… les Indiens et Pakistanais qui veulent émigrer au Canada ! Dorothée Schmid ajoute que depuis la délivrance plus parcimonieuse de visas américains aux étudiants arabes, ceux-ci ne se tournent certainement pas vers la France, mais vers les universités américaines du Caire et de Beyrouth.

Au final, ce café semble donner une leçon de réalisme politique. Les Maghrébins savent bien qui est l’hyperpuissance du monde actuel. S’ils ne partagent pas nécessairement ses politiques, loin de là bien souvent, ils ne tiennent pas à rester sourds aux intérêts américains pour la région.

Compte-rendu : Olivier Milhaud, Université de Paris 1

jeudi, 07 mai 2009

El Caucaso se calienta...

El Cáucaso se calienta: Rusia y el eje EEUU-OTAN reinician movimientos militares

¿Nuevo desenlace en la guerra energética?

Rusia y EEUU vuelven a cruzarse peligrosamente en el Cáucaso, una región clave en la disputa estratégica por el control de los recursos energéticos de Eurasia que ya tuvo su primer desenlace armado con la llamada “guerra de Georgia” en agosto pasado. Ejercicios militares de la OTAN y un reposicionamiento estratégico de Rusia en Abjasia y Osetia del Sur, marcan el calendario inmediato de una región de alto voltaje conflictivo.

El presidente de Rusia, Dmitri Medvédev, calificó el jueves de “provocación descarada” los ejercicios que la OTAN efectuará en Georgia este mes de mayo.

“Los ejercicios que la OTAN tiene previsto llevar a cabo en Georgia son una provocación descarada por mucho que se intente convencernos de lo contrario”, dijo Medvédev en el acto de firma de acuerdos con Abjasia y Osetia del Sur sobre vigilancia conjunta de fronteras, celebrado el jueves 30 en el Kremlin.


La OTAN tiene previsto celebrar en el territorio georgiano, del 6 de mayo al 1 de junio próximo, las maniobras Cooperative Longbow/Cooperative Lancer 09, con la asistencia de 1.300 militares de 19 naciones: Albania, Armenia, Azerbaiyán, Bosnia y Herzegovina, Canadá, Croacia, EEUU, Emiratos Árabes Unidos, España, Georgia, Gran Bretaña, Grecia, Hungría, Kazajstán, Macedonia, Moldavia, República Checa, Serbia y Turquía. El objetivo principal de los ejercicios de mandos sin tropas, según la OTAN, es mejorar la coordinación con los países partes del programa Asociación por la Paz.

Moscú interpreta el despliegue de fuerzas atlánticas como un intento del “eje occidental” de reafirmar su presencia militar en la región tras la derrota política, militar y diplomática sufrida con el posicionamiento militar de Rusia en el Cáucaso, en agosto del año pasado.

En las maniobras de la OTAN participarán Azerbaiyán y Georgia (ambos limitan fronteras), búnkeres del eje USA-UE, que son parte del corredor energético en disputa que desató el conflicto del Cáucaso en agosto de 2008.

Azerbaiyán, a su vez, limita con Armenia, un enclave ruso, que también comparte fronteras con Turquía (aliado estratégico de EEUU) e Irán (aliado estratégico de Rusia).

Georgia, puntal de estrategia USA en el Cáucaso, continúa rodeada por el aparto militar ruso, mientras que Ucrania (aliada de EEUU) y Moldavia (más inclinada hacia Moscú) están asediadas por conflictos políticos internos donde el sector “pro-ruso” está recuperando espacios de poder.

Esto denota el alto voltaje estratégico de la región donde se va a realizar el despliegue de las unidades navales y terrestres de la alianza atlántica (OTAN).

A su vez Rusia, a una semana de las maniobras de la OTAN en el Cáucaso, consolidó su posición estratégica en la región mediante acuerdos militares con Osetia del Sur y Abjasia sobre el control ruso de las fronteras de esas repúblicas, reconocidas por Moscú como estados independientes, después de la invasión militar perpetrada por Georgia contra Osetia del Sur, en agosto del año pasado.

De acuerdo a los términos establecidos en los acuerdos, Abjasia y Osetia del Sur “delegan en Rusia las atribuciones en materia de vigilancia de la frontera estatal hasta que sean formados cuerpos republicanos de guardafronteras”. Esta cláusula se aplicará a las fronteras tanto terrestres y aéreas como marítimas.

A su vez, el gobierno de Georgia calificó el jueves de “provocación” el acuerdo suscrito la víspera por Rusia, Abjasia y Osetia del Sur sobre la vigilancia de las fronteras entre los tres países, documento que a juicio de Tbilisi, tiene como objetivo “legalizar la ocupación de territorios pertenecientes a Georgia”.

Según la cancillería georgiana, los acuerdos fronterizos suponen un intento de Rusia para fortalecer su potencial militar en “territorios ocupados de Georgia”.

Para los analistas rusos, las maniobras militares de la OTAN -de casi un mes de duración- y la decisión rusa de mantener y consolidar sus dispositivo militar por aire, mar y tierra en la región, reposiciona un “teatro de conflicto armado latente” en el Cáucaso, donde -y durante los casi 30 días que duren los eejercicios de la OTAN- seguramente se va a desarrollar una creciente tensión militar.

Luego de que Georgia invadiera Osetia del Sur, el año pasado, y por medio de una estrategia envolvente, Moscú invadió y consolidó sus posiciones de control militar en Georgia, desoyó las advertencias de EEUU, dividió a la ONU y desafió abiertamente a la flota de la OTAN en el Mar Negro.

En agosto de 2008, las tropas georgianas atacaron a Osetia del Sur, y Rusia se vio obligada a intervenir con unidades militares para defender a la población suroseta, gran parte de la cual tiene ciudadanía rusa.

Durante el conflicto armado de tres semanas Moscú realizó cinco movidas claves: Pulverizó al Ejército de Georgia entrenado y armado por EEUU, se posicionó en el control de las áreas estratégicas de la región (principalmente del oleoducto BTC, un enclave energético de las petroleras anglo-estadounidenses), rompió virtualmente “relaciones” con la OTAN, dividió la ONU boicoteando todos los proyectos de resolución en su contra, y a inicios de septiembre reconoció la independencia de las provincias separatistas de Abjasia y Osetia del Sur que permanecían presionadas por el tutelaje del gobierno de Georgia, títere desembozado de la OTAN y del eje “occidental” en el Cáucaso.

Tras la finalización del conflicto armado en septiembre pasado, y mientras la OTAN desplegaba su flota en el Mar Negro, la UE, atada por su dependencia energética a Moscú, desechó la aplicación de sanciones a Rusia.

Y aunque EEUU se apuró a transmitir que estudiaba medidas contra Rusia por lo que consideraba una ofensiva militar inaceptable y un desafío a la soberanía e integridad territorial de su gran aliado en el Cáucaso, debió resignarse a un acuerdo de Moscú con la UE, mediante el cual la organización europea se ponía en “garante de la paz” en la región.

Con su posicionamiento militar en el Cáucaso, y su virtual control de Georgia, Moscú se perfiló para avanzar hacia la consolidación de nuevos acuerdos energéticos con Europa produciendo una fisura en la alianza EEUU-UE con -todavía impensables-influencias en el mapa del poder regional.

El teatro de operaciones del Cáucaso, y Georgia en particular, juegan un papel clave en el tablero de la guerra energética (todavía sin definición militar) que disputan Washington y Moscú en la región euroasiática.

Los lineamientos del “nuevo orden mundial” construido sobre la base del control de mercados y recursos estratégicos es, fundamentalmente, un orden creado para que las trasnacionales, los bancos, las petroleras y la armamentistas capitalistas, hagan “negocios”.

La nueva “guerra fría” entre Rusia y EEUU, es antes que nada una guerra económica por el control de recursos estratégicos, con el petróleo y el gas como los dos objetivos fundamentales en disputa.

Se trata de una guerra (por ahora “fría”) por el control de las redes de oleoductos (corredores energéticos) euroasiáticos donde China juega su supervivencia en alianza con Rusia.

Además, en la agenda militar y geopolítica del espacio asiático, Pekín, igual que Rusia, se sitúa en las antípodas del proyecto estratégico del eje EEUU-UE que militarizó la región euroasiática para desestabilizar las redes energéticas de Rusia, de las cuales China es la principal beneficiaria.

Moscú y Pekín, en abierto desafío a la hegemonía europeo-estadounidense, a su vez trazaron acuerdos militares estratégicos y consolidaron un bloque militar y económico común en Asia en abierto desafío a la OTAN.

En el actual escenario de crisis económica mundial, un reposicionamiento de la OTAN y de la flota rusa en el Mar Negro, ponen de relieve nuevamente el papel estratégico de la zona en el gran tablero internacional.

En ese juego, “El Gran Juego”, la UE (a través de la OTAN) y Washington mueven sus propias piezas en el teatro de operaciones de la guerra intercapitalista por áreas de influencia que se disputa desde Eurasia y los ex espacios soviéticos hasta el Medio Oriente. Y en ese tablero, el Kremlin sabe que sólo cuenta con dos aliados: Irán y China, con el petróleo y las armas rusas como eje de los acuerdos.

Putin y Medvedev, luego de posicionarse militarmente con el control de Georgia, y de comprobar la lentitud de reflejos del decadente Imperio capitalista “occidental” referenciado en el eje USA-UE, vivieron el conflicto como una victoria en la disputa por el control del Cáucaso.

El posicionamiento militar de Rusia en Georgia, en agosto pasado, y la pasividad de EEUU, que no defendió a su aliado estratégico en el Cáucaso, impactó inmediatamente en un acercamiento de la Unión Europea a Moscú quienes, a espaldas de Washington, pactaron el acercamiento.

Para los analistas europeos, las potencias del euro vacilaron a la hora de instrumentar medidas concretas contra Moscú, en primer lugar por la creciente dependencia comercial, en el rubro de la energía y el petróleo ruso, y en segundo lugar por el temor acentuado de que el Kremlin resuelva concretar algún bloqueo del vital oleoducto BTC en Georgia que lleva el petróleo del Caspio a Europa.

Lo que hoy (a través de los movimientos de Rusia y de la OTAN) los analistas ya visualizan como el principio de una nueva escalada militar en el Cáucaso, puede modificar nuevamente el statu quo de las relaciones de Moscú con la UE, dado que la organización europea conforma la columna vertebral de la alianza atlántica.

Los casi treinta días de duración de los ejercicios de la OTAN, en una región altamente militarizada y con las dos flotas navales posicionadas una enfrente de la otra en el Mar Negro, preanuncian un creciente estado de tensión en el Cáucaso.

Según interpretaban el jueves analistas rusos, se trata de una peligrosa reedición de “escalada militar” en un escenario internacional dominado por una crisis recesiva de difícil pronóstico y desenlace.

Manuel Freytas

Extraído de IAR Noticias.

mercredi, 29 avril 2009

Vuelve la tension al Caucaso

Vuelve la tensión al Cáucaso

Ex: http://labanderanegra.wordpress.com/

A una veintena de kilómetros de la capital georgiana, Tiflis, se encuentra la base militar de Vaziani, que hasta mediados del año 2001 albergó unidades militares soviéticas, herencia de los años en que Georgia fue una república constitutiva de la URSS. Fue devuelta al Gobierno georgiano, que en ella instaló algunas de sus unidades de reacción rápida.

Precisamente en esa base tuvieron lugar en el verano de 2008 unos ejercicios combinados con las Fuerzas Armadas de EEUU, financiados por el Pentágono, justo un par de semanas antes de que estallara el conflicto ruso-georgiano. Éste, irreflexivamente provocado por el presidente Saakashvili en relación con los territorios independentistas de Osetia del Sur y Abjasia, elevó peligrosamente la tensión en tan crítica zona del Cáucaso y deterioró las relaciones entre Rusia, la OTAN y EEUU, como es de sobra sabido.


Tras el relevo en la Casa Blanca y los nuevos esfuerzos desplegados por Washington y Moscú para mejorar el entendimiento entre ambas potencias, la tensión internacional parecía haberse reducido en esa zona, aunque el descontento popular con el Gobierno de Saakashvili no ha dejado de manifestarse periódicamente a través de una oposición política cada vez más activa.

En estas circunstancias, la OTAN ha anunciado que no modificará sus planes para desarrollar unos ejercicios militares en colaboración con Georgia, previstos para el próximo mes de mayo. El hecho de que esos ejercicios se centrarán en la citada base de Vaziani, de claras connotaciones relacionadas con la guerra del año pasado, añade un crítico interés al asunto, al que no son ajenos los medios de comunicación georgianos.

La televisión local concede amplios espacios al acontecimiento, que las autoridades del país valoran como un claro indicativo de que Georgia tiene gran importancia estratégica para Occidente. El ministro de Defensa declaró que “los ejercicios militares sirven para situar a Georgia más cerca de las estructuras euro-atlánticas y mejorar el cumplimiento de los estándares occidentales”.

Conocedor del peculiar modo de actuar del presidente georgiano, el representante de Rusia en la OTAN sospecha que aquél “considerará la presencia de tropas y equipos militares de la OTAN en su territorio como un renovado beneplácito para atacar a las repúblicas vecinas de Abjasia y Osetia del Sur”. Y añadió: “Estos ejercicios parecen ser un apoyo moral y armado al régimen de Saakashvili”. En la misma línea, Moscú ha decidido no participar en el próximo Consejo Rusia-OTAN, previsto para el 7 de mayo, si las maniobras no son suspendidas.

La OTAN intenta quitar hierro al asunto aduciendo que tales maniobras no implican el empleo de material militar pesado y recordando que estaban planeadas con anterioridad a la guerra del Cáucaso del año pasado. Por su parte, Tiflis denuncia a su vez otras actividades militares que Rusia está llevando a cabo con ambas repúblicas independentistas. El Gobierno georgiano alega que lo que Moscú persigue con esto es que su país aparezca a los ojos del mundo como “un Estado agresivo, con el que no es aconsejable tener tratos”.

Desde Tiflis, un analista georgiano considera que no se deberían esperar “grandes dividendos” de las maniobras, pues la OTAN no quiere perjudicar sus relaciones con Rusia, dados los problemas que tiene pendientes en Afganistán: “La OTAN está más interesada en obtener la cooperación rusa que Rusia en cooperar con la Alianza”. Basa su opinión en el hecho de que Rusia no aspira a entrar en la OTAN, no depende de ésta para su seguridad y no considera prioritarias las relaciones con la organización atlántica.

En Moscú se advierte del riesgo de que se produzcan en Georgia actos de provocación contra las tropas de la OTAN, que se atribuirían a los servicios secretos rusos, para enconar la ya complicada situación. El citado representante de Rusia en la OTAN opina que Saakashvili anhela internacionalizar el conflicto como modo de reforzar su inestable posición política: “Este hombre es peligroso para el mundo”, declaró.

Por último, el ministro ruso de Asuntos Exteriores declaró a una agencia local de noticias: “La OTAN ha vuelto a la Guerra Fría y a la lógica de la confrontación. Pero la guerra tiene sus propias reglas, como todos sabemos”.

Es probable que se trate solo de un desahogo verbal, a tono con la situación, pero los términos del conflicto están ya sobre la mesa y las posturas negociadoras parecen sofocadas bajo una arriesgada dinámica militar, propia y peculiar de la organización atlántica, que habrá que vigilar muy de cerca. La oscura sombra de Afganistán se cierne también sobre el Cáucaso, para una OTAN que parece crear más problemas que los que resuelve.

Alberto Piris

dimanche, 26 avril 2009

Nog eens 60 jaar NAVO?

Nog eens 60 jaar NAVO?

mardi, 21 avril 2009

L'OTAN et la Russie: entretien avec N. S. Babourine

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1997

 

 

L'OTAN et la Russie: entretien avec Nicolaï Sergueï Babourine, vice-président de la Douma

 

La visite récente qu'a apportée à Moscou Madeleine Albright, secrétaire des affaires étrangères des Etats-Unis, avait pour but de faire fléchir l'attitude négative des Russes face à l'extension vers l'Est de l'OTAN et à l'inclusion de la Pologne, de la Tchéquie et de la Hongrie dans le système de défense atlantique. La rencontre entre Madeleine Albright et les plus hauts dirigeants de la Russie n'a pas eu les résultats escomptés. (...). Fin janvier 1997, sous la direction du Vice-Président de la Douma, Sergueï Nicolaï Babourine, un nouveau groupe parlementaire voit le jour, le groupe “anti-OTAN”. Fin février, 110 parlementaires y adhéraient, principalement des députés de l'extrême-gauche et de l'extrême-droite. Babourine, ancien recteur de la faculté de droit d'Omsk, la mégapole de Sibérie méridionale, est le plus farouche adversaire de l'élargissement de l'OTAN. Babourine a 38 ans, il est juriste et président de la “Fédération du Peuple Russe”, proche du PC de la Fédération de Russie. Il est un homme politique conservateur appartenant à la jeune génération. Il n'a pas été “mouillé” par le communisme, il a acquis sa maturité politique au début des années 90, après l'effondrement de l'Union Soviétique. «Babourine est l'un des rares, sinon le seul, parmi les hommes politiques nationalistes de gauche en Russie à manifester clairement son opposition à l'élargissement de l'OTAN à des pays ex-socialistes», nous a dit le chroniqueur parlementaire d'un journal moscovite à gros tirage.

 

Les adversaires de Babourine, les parlementaires qui ne partagent pas les mêmes opinions que lui dans la Douma, estiment qu'il est un homme politique clairvoyant. Plusieurs partis démocratiques cherchent à obtenir ses faveurs ou à l'attirer dans leurs rangs. Babourine est le plus jeune des hommes politiques russes à occuper d'aussi hautes fonctions, tout en étant membre d'une fraction parlementaire proche des communistes et dénommée “Le Pouvoir au Peuple” (Vlado VURUSIC, Zagreb).

 

VV: Quelle est la raison qui pousse la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie à adhérer à l'OTAN? Ces pays ont-ils peur de la Russie?

 

NSB: Je ne crois pas que les problèmes se trouvent dans les pays qui veulent adhérer à l'OTAN. A mon avis, il faut chercher la raison dans l'OTAN elle-même, qui, en principe, est un système de sécurité collective en Europe. L'élargissement de l'OTAN vers l'Est conduit à une déstabilisation et contribuera à amener de nouveaux clivages et de nouvelles divisions en Europe. La question est la suivante: qui a besoin de ce système? De qui faut-il le protéger? De la Russie? Cela signifierait ipso facto que les relations entre l'Ouest et la Russie ne se sont pas modifiées d'un poil depuis la guerre froide? Absurde! Pour moi, la façon de procéder des pays membres de l'OTAN et des pays qui souhaitent y adhérer ou qui attendent d'en faire partie, est un acte de méfiance à l'égard de la Russie, quoi qu'ils veulent bien nous faire croire. Ce sentiment de méfiance est un danger pour la Russie.

 

VV: Pourquoi pensez-vous que l'OTAN est un danger pour la Russie? L'OTAN n'a-t-elle pas demandé à la Russie d'en faire partie elle aussi?

 

NSB: L'OTAN est un danger permanent pour notre sécurité. Elle possède un commandement unifié et constitue un système politique commun. Souvenons-nous des bombardements massifs subis par les Serbes en Bosnie et en Herzégovine. Qu'est-ce qui peut nous garantir qu'un jour nous ne subirons pas le même sort? Vous remarquez que l'OTAN a demandé à la Russie de faire partie de l'alliance, moi, je pense que cette proposition n'était pas honnête et sérieuse. Nous nous retrouverions dans une position subalterne, si nous demandions d'en faire partie, nous devrions faire la queue en attendant d'être acceptés et, finalement, nous risquerions d'être rejetés!

 

On nous dirait alors: “Les cartes d'entrée ont toutes été distribuées, vous avez attendu pour rien”. Pour nous, qui restons une grande puissance, ce serait une humiliation sans précédent. Ensuite, je me permettrais de vous rappeler qu'en son temps, l'URSS en la personne de Nikita Khrouchtchev, Secrétaire général du PCUS, avait demandé au Président américain Eisenhower notre adhésion à l'OTAN. Ils nous ont refusés. Après avoir rencontré des diplomates européens à Bruxelles et à Strasbourg ou en avoir reçus ici à Moscou, il me semble que les Européens conçoivent l'OTAN de la même façon que les Américains.

 

De toutes ces réunions, je suis revenu convaincu que les diplomates européens et américains conçoivent l'OTAN comme une forme de vie, comme un style de vie impassable. Cette façon de penser est profondément ancrée dans le subconscient de ces gens: il y a été enfoncé pendant toute la durée de la guerre froide. Ce subconscient, ils l'ont gardé jusqu'aujourd'hui, malgré le changement de donne. Pour eux, l'OTAN n'existe que contre la Russie. Or, s'ils voient les choses ainsi, il est tout naturel que nous, les Russes, nous nous montrions prudents. Pour ces diplomates, l'OTAN est l'élément principal dans l'architecture globale de la sécurité européenne.

 

C'est comme s'ils ne pouvaient pas comprendre que le Pacte de Varsovie n'existe plus, ce Pacte qui donnait a posteriori une raison d'être à l'OTAN. Ensuite, l'URSS, puissance nucléaire dont ils avaient peur, puissance qui était leur adversaire potentiel, n'existe plus non plus. Si l'on prend ces deux faits majeurs en considération, les efforts déployés par l'OTAN pour s'étendre vers l'Est menacent de fait la sécurité européenne dans son ensemble. Vu ainsi, cet élargissement en cours n'est pas seulement une reprise des hostilités à l'encontre de la Russie.

 

VV: Vous ne pensez donc pas que l'élargissement de l'OTAN soit une garantie pour la sécurité européenne, qu'elle soit une part du processus d'intégration qui anime l'Europe d'aujourd'hui et auquel la Russie est conviée?

 

NSB: Non. Pour moi, ce ne sont pas les garanties de sécurité qui constituent l'enjeu majeur; je crois qu'il s'agit en toute première instance de menacer la Russie. De plus, l'élargissement de l'OTAN vers l'Est pose problème pour l'avenir des accords et des traités signés jadis entre l'OTAN et la défunte URSS. De facto et de jure, ces accords et ces réglements, sur lesquels repose la sécurité européenne, ont été dénoncés unilatéralement par les membres européens et américains de l'OTAN.

 

En première instance, il s'agit des accords réglant la réduction des armes nucléaires. C'est justement l'OTAN, à ce niveau, qui menace la sécurité européenne dans ses fondements: même si l'OTAN n'acquiert qu'un seul nouveau membre, pour nous, cette situation crée une base juridique rendant caducs les accords du passé, par exemple ceux qui portent sur la limitation de l'emploi de missiles à courte et moyenne portée. C'est l'OTAN qui porte la responsabilité de la caducité de ces accords!

 

Car, enfin, osons poser la question: l'OTAN est-elle une alliance dirigée contre la Chine? Certes, les parties co-signatrices de ces accords devenus caducs par la volonté de l'OTAN, c'est-à-dire l'URSS et le Pacte de Varsovie, n'existent plus, mais il va tout de même de soi que c'est la Russie qui a hérité des obligations liées à ces accords.

 

Car on semble effectivement oublier que la Russie a repris à son compte les obligations liées à ces accords, signés par l'ex-URSS. Enfin, sur le plan juridique, si l'OTAN s'étend vers l'Est à des pays qui ont accepté eux aussi la teneur de ces accords au titre de membres du Pacte de Varsovie, alors la problématique peut être envisagée d'une toute autre façon. Quoi qu'il en soit, l'élargissement de l'OTAN vers l'Est constitue une entorse de taille aux accords passés qui avaient réglés les problèmes généraux de la sécurité européenne.

 

VV: Pourquoi affirmez-vous sans détours que l'OTAN menace la Russie?

 

NSB: La Russie et l'OTAN (du moins ses principaux membres) sont des puissances nucléaires. Ensuite, nous, les Russes, devons retirer tout notre potentiel nucléaire hors des pays qui faisaient jadis partie de l'URSS. Rien que la simple existence de l'OTAN est signe qu'il y a un ennemi, que cette alliance militaire existe contre quelqu'un. Si, finalement, la Russie vient à faire partie de l'OTAN, contre quel ennemi sera dirigée son adhésion? Sans doute contre notre plus gros voisin, la Chine, un pays de plus d'un milliard d'habitants? Ce pays considérera sans doute que notre adhésion à l'OTAN est un acte d'hostilité à son égard: avons-nous besoin de cela? Très logiquement, les Chinois se demanderaient si la Russie prépare la guerre contre eux. La Chine est un pays important, avec lequel nous entendons coopérer harmonieusement. Nous ne voulons pas le provoquer.

 

VV: La Russie prend-elle des mesures contre l'élargissement de l'OTAN vers l'Est?

 

NSB: Nous invitons toutes les forces de gauche en Europe à se mobiliser contre l'élargissement de l'OTAN vers l'Est. Nous avons déjà obtenu le soutien des représentants de la gauche dans le Conseil Européen. Ensuite, nous allons reprendre les meilleures relations possibles avec les pays non alignés.

 

L'OTAN est devenu une organisation qui n'a d'autre but que de se perpétuer. On peut se poser la question: l'OTAN existe-t-elle pour l'Europe, ou l'Europe existe-t-elle pour l'OTAN? Si les dirigeants européens l'avaient voulu, l'OTAN se serait auto-dissoute une semaine après l'auto-dissolution du Pacte de Varsovie voire même dès la dissolution de l'URSS. Dans les circonstances actuelles, je ne vois pas de raison objective pour que cette alliance atlantique se perpétue ou s'élargisse.

 

Je suis sûr que l'OTAN disparaîtra comme elle s'est jadis constituée. J'espère que dans quelques années, tout ce que je dis ici, ne sera plus qu'anecdotique, plus que matière pour les historiens et les chroniqueurs politiques et parlementaires.

 

VV: Mais pourquoi les Polonais, les Tchèques et les Hongrois veulent-ils intégrer l'OTAN?

 

Je vois et je comprends les motivations pour lesquelles des pays d'Europe orientale veulent adhérer à l'OTAN. Les Polonais et les Tchèques craignent surtout l'Allemagne réunifiée, ils craignent qu'elle ne réclame les territoires annexés en 1945. Si la Pologne et la Tchéquie deviennent membres de l'OTAN, elles obtiendront des garanties quant à leur sécurité mais aussi des garanties pour leurs frontières.

 

Lorsque l'on converse avec des hommes politiques est-européens, on perçoit chez eux une drôle de psychose, faite de tension et d'impatience. Ils parlent comme s'ils étaient agités par une fièvre et me disent: «Comprenez-vous? Tous autour de nous veulent entrer dans l'OTAN, alors pourquoi ne le ferions-nous pas?». J'interprète cela comme un phénomène psychologique, post-traumatique. Il y a quelques jours, j'étais en Bulgarie. Là-bas, les politiques m'ont dit souvent: «Pourquoi n'entrerions-nous pas dans l'OTAN, si tous les autres le font. Même si nous ne le souhaitons pas, nous devons y adhérer parce que tous nos voisins sont dans l'OTAN, nous ne pouvons pas rester en marge...».

 

VV: Manifestement, ni l'OTAN ni les pays est-européens ne sont en mesure de prendre leurs distances avec l'élargissement de l'alliance militaire atlantique...

 

NSB: Il faut que la Russie prenne des décisions claires, qui ne soient pas que paroles et qu'elle annonce aux Européens, qu'elle les convainc qu'un tel comportement induira des contre-mesures russes, par exemple, la reprise de la production de certains types d'armes, la remise en question de certains traités sur la réduction des armes nucléaires, de même que la reprise de tests ou l'adoption de nouveaux systèmes d'armes, ou encore la réactualisation de certains éléments de notre doctrine militaire, alors l'Ouest sera obligé de réfléchir... Justement, c'est dans le domaine de la doctrine militaire que je veux rester: une clause de cette doctrine est toujours théoriquement valable; elle dit que la Russie a le droit d'administrer la première frappe nucléaire. Le principe de la doctrine militaire soviétique, qui veut que la Russie garde pour elle le droit d'effectuer une première frappe, n'a pas été abandonné officiellement. La Russie peut donc conserver son droit de frapper la première.

 

Dès lors, la Russie a non seulement le droit de riposte mais aussi le droit d'initiative, si elle se sent menacée. Ce que pouvait la puissante URSS de jadis, la Russie affaiblie d'aujourd'hui le peut encore. Les dirigeants de l'OTAN devraient y penser. Ensuite, l'intégration de la Russie et de la Biélorussie progresse, bientôt ces deux pays seront à nouveau réunis. L'Occident doit aussi y réfléchir. La réunification russo-biélorusse sera un événement important, qui obligera l'OTAN à s'élargir encore davantage. De son côté, la Russie devra développer des processus d'intégration comparables avec les pays de l'ex-URSS. Ce sera sa réponse à l'OTAN et elle s'efforcera de créer en Europe un système efficace de sécurité collective, limité au territoire de l'ancienne URSS.

 

VV: Quelques pays de l'ancienne URSS se sont toutefois donné pour objectif de devenir eux aussi membres de l'OTAN...

 

NSB: Il n'en est pas question. Nous réclamerons le soutien du Conseil de l'Europe et nous ferons en sorte que l'Ukraine acquiert le statut d'un pays non aligné, qui, par sa propre volonté, renonce à l'arme nucléaire.

 

VV: Comment les futurs rapports entre la Russie et l'Europe évolueront-ils après l'adhésion des nouveaux membres de l'OTAN?

 

NSB: La Russie devra immédiatement réviser ses rapports avec les Etats qui viennent d'adhérer à l'OTAN et prendre toutes les mesures adéquates pour assurer la défense de ses frontières. On nous a dit assez souvent que la Fédération de Russie possédait une frontière commune avec la Pologne, en Prusse orientale. Nous allons devoir défendre nos frontières. L'élargissement de l'OTAN coûtera fort cher: aux nouveaux pays membres, à ceux qui les soutiennent et à la Russie. Toutes ces charges seront portées par nos contribuables. La Russie n'hésitera pas à défendre ses frontières: chaque région, chaque citoyen.

 

VV: Pouvez-vous nous dire quelles mesures la Russie compte-t-elle concrètement adopter après l'adhésion des nouveaux membres de l'OTAN?

 

NSB: La Russie prendre position face aux événements. Mais elle ne peut dévoiler ses cartes. Mais soyez-en sûrs, la Russie ne laissera pas l'élargissement de l'OTAN vers l'Est sans réponse.

(propos recueillis par Vlado Vurusic pour le journal Globus de Zagreb, le 28 février 1997. Trad. all.: Dr. Hrvoje Lorkovic; une version allemande écourtée est parue dans Junge Freiheit n°16/1997; trad. franç.: R. Steuckers). 

vendredi, 10 avril 2009

La expansion de la OTAN y el beso francés

La expansión de la OTAN y el beso francés

http://pocamadrenews.files.wordpress.com/2008/08/sarkozy-en-el-congreso-de-usa.jpg?w=136&h=204

La OTAN, el principal brazo transatlántico del complejo militar industrial de los Estados Unidos, no deja de expandirse. La amenaza soviética, su supuesta raison d’être originaria, desapareció hace veinte años. Pero al igual que el complejo militar industrial, la OTAN sigue viva y en constante expansión, alimentada por arraigados intereses económicos, una inveterada inercia institucional y la fijación paranoide de unos think tanks desesperados por encontrar “amenazas” por doquier.

A comienzos de abril, este Behemoth se dispone a celebrar su 60 aniversario en las ciudades vecinas de Estrasburgo (Francia) y Kehl (Alemania), atravesadas por el Rin. En ocasión de la efemérides, recibirá un especial regalo del cada vez más impopular presidente francés, Nicolás Sarkozy: el regreso de Francia a su comando militar. Un acontecimiento burocrático de este tipo, cuyo significado práctico dista de estar claro, proporciona a los corifeos de la OTAN y a los plumistas de turno algo sobre lo que cacarear. ¿Veis?, los tontuelos de los franceses han comprendido su error y han vuelto al redil.

Sarkozy, por supuesto, presenta las cosas de otro modo. Asegura que la integración de Francia al comando militar de la OTAN realzará su importancia en el mundo y le permitirá influir en la estrategia y las operaciones de una Alianza que nunca abandonó y a la que ha contribuido de forma ininterrumpida por encima de sus obligaciones.

Este argumento, sin embargo, oculta que fue precisamente el inconmovible control de los Estados Unidos sobre la estructura militar de la OTAN lo que persuadió a Charles de Gaulle a abandonarla en marzo de 1966. Su decisión no obedeció a un simple capricho. Había intentado sin éxito modificar el procedimiento de toma de decisiones de la Alianza hasta que entendió que era imposible. La amenaza soviética había remitido en parte y de Gaulle no quería verse arrastrado a operaciones bélicas que consideraba innecesarias, tales como el intento de Estados Unidos de ganar en Indochina una guerra que Francia ya había perdido y que consideraba inviable. De Gaulle prefería que Francia pudiera proseguir defendiendo sus intereses en Oriente Medio y África. Además, la presencia militar de Estados Unidos en Francia estimulaba las manifestaciones plagadas de “Yankees go home”. En ese contexto, el traspaso a Bélgica del comando militar de la OTAN satisfizo a todos.

El antecesor de Sarkozy, Jacques Chirac, erróneamente considerado “anti-americano” por los medios de Estados Unidos, ya estaba dispuesto a reincorporarse al comando de la OTAN si obtenía algo sustancial a cambio, como el comando mediterráneo de la Alianza. Pero los Estados Unidos se negaron en redondo.

Sarkozy, en cambio, ha decidido batallar por las migajas. Su objetivo es la asignación de oficiales franceses a un comando en Portugal y a algunas bases de entrenamiento en los Estados Unidos. “No hubo negociación alguna. Dos o tres oficiales franceses más bajo las órdenes de los norteamericanos no cambia nada”, observó en un reciente coloquio sobre Francia y la OTAN el ex ministro de exteriores francés Hubert Védrine.

Sarkozy anunció la reincorporación el 11 de marzo, seis días antes de que la cuestión fuera debatida en la Asamblea Nacional. Todas las protestas serán, por consiguiente, en vano. A simple vista, esta rendición incondicional parece obedecer a dos causas fundamentales. Una es la psicología del propio Sarkozy, cuyo amor por los aspectos más superficiales de los Estados Unidos, escenificado en su discurso ante el Congreso norteamericano en noviembre de 2007, produce vergüenza ajena. Sarkozy debe ser el primer presidente francés al que parece no gustarle Francia. O, al menos, al que – de verlos en televisión- parecen gustarle más los Estados Unidos. Por momentos se tiene la impresión de que ha querido ser presidente de Francia no por amor al país sino como una revancha social en su contra. Desde un comienzo ha mostrado una clara disposición a “normalizar” Francia, esto es, a rehacerla de acuerdo al modelo norteamericano.

La otra causa, menos obvia pero más objetiva, es la reciente expansión de la Unión Europea. La rápida absorción de los antiguos satélites de Europa del Este, a los que hay que sumar a las ex repúblicas soviéticas de Estonia, Letonia y Lituania, ha alterado de manera drástica el equilibrio de poder dentro de la propia Unión Europea. El núcleo de las naciones fundadoras, Francia, Alemania, Italia y los países del Benelux, es incapaz de encauzar la Unión hacia una política exterior y de seguridad única. Después de que Francia y Alemania se negaran a apoyar la invasión a Irak, Donald Rumsfeld las descalificó como parte de la “vieja Europa” y apeló maliciosamente a la “nueva Europa” para que se sumara a los designios estadounidenses. El Reino Unido, al oeste, y los “nuevos” satélites europeos del Este, están más atados política y emocionalmente a los Estados Unidos de lo que lo están a la Unión Europea que les proporcionó considerable ayuda económica para su desarrollo y capacidad de veto en las cuestiones políticas relevantes.

La expansión, en efecto, enterró el sempiterno proyecto francés de construir una fuerza de defensa europea que pudiera actuar con autonomía del comando militar de la OTAN. Los dirigentes de Polonia y de los Estados bálticos quieren que Estados Unidos los defienda a través de la OTAN y punto. Jamás aceptarían el proyecto francés de una Unión Europea no atada a la OTAN y a los Estados Unidos.

Francia tiene su propio complejo militar industrial, muy inferior, ciertamente, al de Estados Unidos. Pero es el más grande de Europa occidental. Un complejo así necesita mercados de exportación para su industria armamentística. El mejor mercado potencial serían una fuerzas armadas europeas independientes. Sin dicha perspectiva en el horizonte, algunos podrían pensar que la integración a comando militar podría abrir los mercados de la OTAN a los productos militares franceses.

Se trata, sin embargo, de una esperanza huera. Los Estados Unidos se han reservado con celo los principales suministros de la OTAN para su propia industria. Es improbable que Francia llegue a tener una influencia significativa en la OTAN, por las mismas razones por las que ha acabado por abandonar su intento de construir un ejército europeo. Los propios europeos están profundamente divididos. Con Europa dividida, los Estados Unidos mandan. Es más, con la profundización de la crisis, el dinero para armamentos comienza a escasear.

Desde el punto de vista del interés nacional francés, esta endeble esperanza de poder colocar en el mercado los propios productos militares es nada comparada con las desastrosas consecuencias políticas que tiene el gesto de lealtad protagonizado por Sarkozy. Es cierto que incluso fuera del comando militar de la OTAN, la independencia francesa era sólo relativa. Francia apoyó la incursión de los Estados Unidos en la primera guerra del Golfo. En vano el presidente François Mitterand esperó con ello ganar influencia en Washington, el clásico espejismo que deslumbra a los aliados de Estados Unidos en operaciones más dudosas. En 1999, Francia se sumó a la guerra de la OTAN contra Yugoslavia, a pesar de las dudas existentes en los altos mandos. En 2003, sin embargo, el presidente Jacques Chirac y su ministro de relaciones exteriores Dominique de Villepin hicieron gala de su independencia y rechazaron la invasión de Irak. Hay bastante acuerdo en que el plantón francés permitió a Alemania hacer lo mismo. Y a Bélgica.

El discurso de Villepin ante el Consejo de Seguridad de Naciones Unidas de 14 de febrero de 2003, defendiendo la prioridad del desarme y de la paz sobre la opción de la guerra, levantó una abrumadora ovación. Villepin se granjeó una amplia popularidad alrededor del mundo y reforzó el prestigio francés, sobre todo en el mundo árabe. De regreso en París, no obstante, el odio personal entre Sarkozy y Villepin alcanzó cotas de pasión operísticas, y no es infundado sospechar que el compromiso de obediencia con la OTAN de Sarkozy es también un acto de revancha personal.

El efecto político más devastador de todo esto es, sin embargo, la impresión que se ha generado de que “Occidente”, Europa y los Estados Unidos, se han enrocado en una alianza militar contra el resto del mundo. Contemplado de manera retrospectiva, el disenso francés prestaba un servicio a Occidente en la medida en que generaba la impresión, o la ilusión al menos, de que todavía era posible pensar y actuar de forma independiente, y de que alguien en Europa podía llegar a escuchar lo que otras partes del mundo se dice y piensa. Ahora, este “cierre de filas” sellado por los valedores de la OTAN como una manera de “mejorar nuestra seguridad” activará las alarmas en el resto del mundo.

El imperio parece cerrar filas con el propósito de regir el mundo. Los Estados Unidos y sus aliados no reclaman abiertamente el gobierno del mundo, pero sí su control. Occidente controla las instituciones financieras mundiales, el FMI y el Banco Mundial. Controla el poder judicial, el Tribunal Penal Internacional, que en 6 años de existencia sólo ha sentado en el banquillo a un oscuro señor de la guerra congolés y ha abierto cargos contra otras 12 personas, todas ellas africanas. Mientras, los Estados Unidos provocan la muerte de cientos, miles, acaso millones de personas en Irak y Afganistán, al tiempo que apoyan la agresión de Israel contra el pueblo palestino. Para el resto del mundo, la OTAN no es más que el brazo armado de esta empresa de dominación. Y todo ello en un momento en el que el sistema financiero capitalista dominado por los países occidentales está arrastrando a la economía mundial al colapso.

Tamaña exhibición de “unidad de Occidente” al servicio de “nuestra seguridad” sólo puede generar inseguridad en el resto del mundo. Mientras, la OTAN no ha cejado en su intento de rodear a Rusia con bases militares y alianzas hostiles, principalmente en Georgia. Pese a las sonrisas de sobremesa con su contraparte ruso, Sergei Lavrov, Hillary Clinton no ha dejado de insistir en el obcecado mantra de que las “esferas de influencia son inaceptables”. Con ello, claro está, se refiere a la histórica esfera de intereses rusa, a la que Estados Unidos está incorporando agresivamente a su propia esfera de influencia a través de la OTAN.

No es de extrañar, en este contexto, que China y Rusia hayan aumentado su cooperación defensiva. Los intereses económicos y la inercia institucional de la OTAN están empujando el mundo hacia un escenario pre-bélico mucho más peligroso que la Guerra Fría. La lección que la OTAN se resiste a aprender es que la búsqueda de enemigos crea enemigos. La guerra contra el terrorismo promueve el terrorismo. Rodear a Rusia con misiles sedicentemente “defensivos” –cuando todo estratega sabe que un escudo acompañado de una espada es también un arma ofensiva- hará de Rusia un enemigo.En busca de amenazas

Para probarse a sí misma que, en verdad, es una entidad “defensiva”, la OTAN no cesa de buscar amenazas. Pues lo tiene fácil, puesto que el mundo es un lugar convulso, en buena medida gracias al tipo de globalización económica que los Estados Unidos han impuesto en las últimas décadas. Acaso haya llegado la hora de realizar esfuerzos políticos y diplomáticos para impulsar vías internacionales que permitan abordar cuestiones como la crisis económica, el cambio climático, el uso de la energía, los hackers y las “ciber-guerras”. Los think tanks vinculados a la OTAN ven en estos problemas “amenazas” que deberían ser tratadas a través de la OTAN. Esto conduce a militarizar las decisiones políticas allí donde, por el contrario, deberían desmilitarizarse.

Pensemos, por ejemplo: ¿cómo se podría abordar la supuesta amenaza del cambio climático con medios militares? La respuesta parece obvia: utilizando las fuerzas armadas contra las poblaciones forzadas a abandonar sus hogares por la sequía o por las inundaciones. Tal vez, como en Darfur, la sequía podría conducir a enfrentamientos entre grupos étnicos o sociales. Entonces, la OTAN podría decidir quiénes son los “buenos” y bombardear al resto. Este tipo de cosas.

Todo parece indicar, en efecto, que el mundo se está metiendo en muchos problemas. La OTAN parece dispuesta a afrontarlos utilizando sus fuerzas armadas contra las poblaciones descontroladas. Este propósito podrá verse con toda claridad en la celebración del 60 aniversario de la OTAN que tendrá lugar en Estrasburgo/Kehl el 3 y 4 de abril. Ambas ciudades se convertirán en auténticos campos militares. Los residentes de la tranquila ciudad de Estrasburgo están obligados a solicitar credenciales para salir y entrar a sus hogares durante el feliz evento. En momentos clave, no podrán dejar sus casas, salvo bajo circunstancias extraordinarias. El transporte urbano se detendrá. Las ciudades estarán muertas, como si hubieran sido bombardeadas, para permitir a los dignatarios de la OTAN montar su show por la paz.

El momento culminante de todo este espectáculo será la sesión fotográfica de diez minutos en la que los líderes de Francia y Alemania intercambien un apretón de manos en el puente sobre el Rin que conecta ambas ciudades. Será como si Angela Merkel y Nicolás Sarkozy sellaran la paz entre Alemania y Francia por primera vez. Los locales permanecerán encerrados en su casa para no perturbar la pantomima. La OTAN se comportará como si su mayor amenaza fuera el pueblo de Europa. Y es muy posible que, por esa vía, la mayor amenaza para el pueblo de Europa llegue también a ser la OTAN.

Diana Johnston es una escritora y periodista estadounidense especializada en temas de política exterior europea y occidental. Fue una participante activa del movimiento contra la guerra de Vietnam. Entre sus últimos trabajos se encuentra Fool’s Crusade: Yugoslavia, NATO and Western Delusions, (Monthly Review Press, 2003) un alegato contra la guerra emprendida en los Balcanes en 1999.  Es colaboradora habitual de la revista Counterpunch.

Traducción para www.sinpermiso.info: Gerardo Pisarello

mercredi, 08 avril 2009

Le trio infernal de l'atlantisme "français"

 

Ex: http://ettuttiquanti.blogspot.com/
"Depuis 2007 la politique étrangère française est aux mains d'un triumvirat à la fois sioniste et philo-américain : Nicolas Sarkôzy, Bernard Kouchner et Jean-David Lévitte.

On ne présente plus Nicolas Sarkôzy, mais on rappellera qu'il est le petit-fils d'un éminent représentant de la communauté juive de Salonique qui l'a largement élevé. Cette communauté juive de Salonique était réputée pour son aisance à se mouvoir au sein des arcanes du pouvoir ottoman et à en profiter durant l'occupation turque en Grèce. Cet héritage explique sans doute pourquoi Nicolas Sarkôzy s'est toujours montré fort soucieux de satisfaire toutes les demandes du CRIF et a reçu, en 2003, le prix de la tolérance du Centre Simon Wiesenthal pour son action contre l'antisémitisme. Son élection a été saluée en Israël comme une excellente nouvelle. Il n'y a pas lieu d'insister. C'est, aussi, un amoureux inconditionnel des États-Unis, à tel point que c'est là-bas que, sitôt élu, il est allé se ressourcer.

On ne présente plus non plus Bernard Kouchner, d'origine juive russe, spécialiste du business humanitaire et de la consultante de luxe, fidèle d'Israël et ami de dirigeants israéliens, ancien "Gauleiter" de la MINUK au Kossovo où il a couvert l'épuration ethnique perpétrée par les Albanais aux dépends des Serbes selon les vœux de ses maîtres américains. Devenu ministre des Affaires étrangères de la république française, il multiplie les signes d'allégeance à toutes les modes occidentales.

En revanche, beaucoup moins connu du grand public, Jean-David Lévitte mérite une mention spéciale. C'est l'éminence grise de Nicolas Sarkôzy en politique étrangère, le vrai patron de celle-ci, ce qui l'amène parfois à entrer en conflit avec l'ego démesuré de Bernard Kouchner. Né en 1946, diplômé de I.E.P. de Paris et de l'Institut national des langues et civilisations orientales, il a entamé une carrière diplomatique avant de servir Jacques Chirac de 1995 à 2000, ce qui lui a valu de devenir le représentant permanent de la France auprès des Nations Unies à New York puis ambassadeur aux États-Unis à partir de 2002. Là-bas, il sut faire évoluer la position diplomatique de la France, mal perçue depuis l'opposition à la seconde guerre d'Irak en 2003, dans un sens plus "compréhensif" " des positions américaines. Le 16 mai 2007, Nicolas Sarkôzy l'intègre à sa garde rapprochée comme conseiller diplomatique avant de lui confier les rênes du nouveau Conseil National de Sécurité, véritable pilote de la nouvelle diplomatie française. Ce que l'on sait moins, c'est qu'il est le fils de Georges Lévitte, issu d'une famille juive d'Ukraine réfugiée d'abord en Allemagne en 1922, puis en France. Son père a eu une influence déterminante sur le renouveau de la pensée religieuse juive après la Seconde Guerre mondiale en même temps qu'il s'est engagé à l'Ainerican detvish Committee et a collaboré au Fonds Social Juif Unifié. Jean-David Lévitte a donc grandi dans un milieu familial très lié à la fois à la communauté juive, au sionisme et aux États-Unis.

C'est donc ce trio qui est aux commandes de la politique étrangère française depuis le printemps 2007. Un double rapprochement s'est alors effectué tant vis-à-vis de l'entité sioniste israélienne que des États-Unis d'Amérique, avec accélération du processus depuis que le nouveau locataire de la Maison Blanche apparaît plus fréquentable que l'ancien. Leur grand chantier actuel est la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN."

Source :
Terre & Peuple n°39.

mardi, 07 avril 2009

Obama fait son lobbying en faveur de l'entrée de la Turquie dans l'UE

Obama fait son lobbying en faveur de l’entrée de la Turquie dans l’UE

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Otan: la Turquie impose sa vison dans l’affaire des caricatures

Barack Obama avait estimé devant les dirigeants de l’UE à Prague que l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne “constituerait un signal important” envoyé à ce pays musulman.

Alors que beaucoup d’Etats sont hostiles à cette élargissement de l’UE à la Turquie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, en revanche, militent depuis longtemps pour une adhésion. En Europe, personne ne comprend pourquoi les Etats-Unis ne font pas de la Turquie un état américain., ce qui lui permettrait d’ajouter une cinquante- et-unième étoile à son drapeau.

Vendredi et samedi, au sommet de l’Otan à Strasbourg/Kehl/Baden Baden, la Turquie s’était opposée à la nomination du Premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, au poste de secrétaire général de l’Alliance avant de s’y ranger. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, avait indiqué samedi que ce revirement suivait le fait que le président Barack Obama se fût porté “garant” d’un certain nombre d’engagements, qu’il n’a pas précisé.

Selon plusieurs journaux turcs, Ankara a obtenu l’assurance que Roj TV sera prochainement interdite d’émettre depuis le Danemark, que Anders Fogh Rasmussen allait adresser “un message positif” sur l’affaire des caricatures, ainsi que la désignation de responsable turcs à des postes clés de l’Otan.


Article printed from AMI France: http://fr.altermedia.info

URL to article: http://fr.altermedia.info/general/obama-fait-son-lobbying-en-faveur-de-lentree-de-la-turquie-dans-lue_22168.html

lundi, 23 mars 2009

Ucraina: chiave géopolitica tra la Russia e la NATO

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Ucraina: chiave geopolitica tra la Russia e la NATO

di Bernardo Quagliotti de Bellis

Il noto analista Peter Taylor, nella sua opera Geografia politica (1994), afferma che subito dopo la fine della “Guerra Fredda”, nel sistema internazionale delle nazioni cominciò a manifestarsi una nuova struttura sociale, in concreto: L’analisi dei sistemi mondiali solleva la questione su come concettualizziamo il mutamento sociale. I territori vivono in continua trasformazione, provocando crisi politiche ed economiche. Nei nostri giorni, esistono tensioni e opposizioni tra le più grandi potenze come, ad esempio, Russia, Cina e gli Stati Uniti, condizione che favorisce la formazione di una minaccia verso le piccole e medie nazioni dell’Asia, dell’Africa, e persino dell’America latina.

In un interessante dialogo nel quale ha preso parte lo storico Arnold J. Toynbee e il filosofo giapponese Daisaku Ikeda (1970), tra l’infinità di temi affrontati, parlavano sull’instabilità del Medio Oriente e la minaccia delle “guerre a distanza” come quella sofferta in Vietnam, la quale si estese a Laos e alla Cambogia (1958-1975), un conflitto generato dal funesto disegno della politica estera americana nel sudest asiatico quando stabilì che il Vietnam del Nord e il Vietnam del Sud non dovevano unirsi.

In questo momento, le vicende che avvengono tra Israele e Palestina, sommate a quelle che avvengono in altri scenari: Afganistan, Congo, Guinea Equatoriale, Haiti (per citare solo alcune), si potrebbe aggiungere il caso dell’Ucraina che, da un punto di vista internazionale e interno, attraversa una situazione di confusione con la Russia e la NATO, la quale sta deteriorando i rapporti con i governi di Mosca e di Washington.

L’Ucraina negozia la sua inclusione alla NATO

Una volta smembrata l’URSS, Mosca e Kiev entrarono in disputa, quando, nella riunione di Raykjavia (13 maggio 2002), l’Ucraina sollecitò la sua adesione alla NATO, desiderio al quale il presidente Putin si oppose immediatamente. Questo atteggiamento dava ragione a Brzezinski che nel suo saggio Il nuovo scacchiere mondiale scriveva: l’Ucraina può stare in Europa senza la Russia, ma la Russia non può stare in Europa senza l’Ucraina.

L’attuale presidente ucraino, Victor Yushenko, insistendo sulla forte tendenza manifestata nei confronti della politica occidentale – d’altronde, così intimamente intrecciata con gli interessi del Vicino Oriente – potrebbe alterare pericolosamente l’equilibrio geopolitico di tutta quell’estesa e complessa area terrestre e fluviale, giacchè si deve valutare l’importanza rappresentata dagli stretti del Bosforo e dei Dardanelli, vasi comunicanti del Mar Nero e ricche aree d’influenza con il Mare Mediterraneo, zona scrupolosamente controllata dalla VI flotta degli Stati Uniti.

Siccome si prende in considerazione questo argomento, bisogna valutare che la base di Sebastopoli sita nella Crimea si trova sotto il controllo del governo di Mosca, il che fa pensare che la Russia continui a considerare la Crimea formante parte del suo territorio ma, vista l’irregolarità con la quale è stata consegnata, l’attuale Stato ucraino si oppone saldamente a questa rivendicazione, così come alla pretesa, sempre da parte di Mosca, di aver ereditato nella sua totalità la flotta sovietica del Mar Nero, da dove alcuni mesi fa è partita la flotta russa nel suo viaggio di “visita” verso il Venezuela.

Inoltre, l’argomento possiede una componente di destabilizzazione politica interna in Ucraina, giacché si confrontano due criteri per agire sulla scena politica internazionale. Benché il presidente Victor Yushenko insista nella sua visione di voler integrare il paese nell’orbita occidentale, con la proposta di aderire alla NATO – come la Turchia –, il primo ministro Yulia Timoshenko – insiste nel mantenere un atteggiamento neutro e improntato sull’amicizia verso la Russia, pur considerando che l’Ucraina stabilisca una politica di apertura verso l’Europa.

La tensione esistente tra i due dirigenti ucraini si è acuita dopo il conflitto armato russo-georgiano dell’agosto 2008. Mentre il presidente Yushenko appoggiava la Georgia, il primo ministro Timoshenko, rimaneva neutrale. Questa circostanza ha provocato in Ucraina una crisi politica interna, superata tramite la “coalizione arancione” .

Nel frattempo, l’Unione Europea ha offerto una “associazione” che potrebbe concretarsi in questo 2009, ma con la severa condizione che questa non significhi un appoggio politico-strategico, il cui obiettivo è di evitare possibili suscettibilità che potrebbero infastidire il governo di Mosca.

L’Alleanza atlantica (NATO) non scarta la possibilità di consentire l’incorporazione dell’Ucraina nella sua organizzazione di difesa, ma senza che ciò significhi interrompere la cooperazione con la Russia, un avvenimento che avrebbe potuto rendersi concreto nel summit di Bucarest svoltosi in aprile del 2008 e che, sfortunatamente, fallì di fronte alle reticenze manifestate da molti membri europei, i quali hanno rivelato un atteggiamento negativo con l’obiettivo di sminuire le tensioni di alcuni paesi europei nei confronti della Russia. Ma, come ha dichiarato l’ex segretario di Stato americana, Condoleeza Rice, prima della conclusione della sua missione politica: “La NATO ha sempre le porte aperte”.

Europa verso il 2025


Per alcuni osservatori di questioni internazionali (Martínez Laínez, la futura Europa del 2025 dipenderà in gran parte dalla scelta che farà l’Ucraina. A detta di questi esperti, la Russia non accetterà mai una Ucraina inserita nella NATO, poiché una scelta di tale natura potrebbe comportare a livello internazionale una nuova “Guerra Fredda” e internamente, nella “piccola Russia” (come si è solito chiamare tradizionalmente l’Ucraina), dove la maggioranza della popolazione che vi abita è di origine russa – potrebbe sorgere una grave instabilità a livello socio-politico.

Nel prossimo mese di aprile (2009) si porterà a termine un nuovo summit della NATO a Strasburgo, la cui presidenza sarà assunta dal rappresentante degli Stati Uniti. Intanto è stata anticipata una dichiarazione congiunta da parte dei ventisei paesi della NATO, secondo la quale, a dimostrazione della propria “buona volontà”,la NATO - una volta conclusosi il summit - studierà la compatibilità dei sistemi di difesa antimissilistici degli Stati Uniti, della stessa NATO e della Russia.

Jaap de Hoop Scheffer – segretario generale della NATO - ha dichiarato che è stata decisa la ripresa “condizionale e graduata del dialogo con la Russia”, il che implica la riattivazione degli incontri NATO-Russia, ormai bloccati da diversi mesi.

La guerra del gas


Un problema che ha anche aggravato la situazione geopolitica, sollevata tra Ucraina e Russia, concerne la provvista di gas proveniente dalla Russia e che l’Europa Orientale riceve tramite gli oleodotti che attraversano il territorio ucraino. Nei primi mesi del presente anno, la Russia ha tagliato l’erogazione di gas all’Ucraina, come conseguenza dell’elevato debito che quest’ultima intratteneva con la ditta russa fornitrice. Ala fine del 2008, il debito raggiungeva una cifra superiore ai 3.000 milioni di dollari.

In fondo, la “guerra del gas” la sostengono due compagnie: la russa Gazprom e l’ucraina Naftogaz. L’argomento non si riduce alla sola sfera commerciale, poiché, come nel caso del petrolio del Vicino Oriente, si tratta di una lotta di potere tra i due Stati, i quali coincidono – a modo loro - nel dimostrare all’Europa la sua dipendenza verso Mosca e Kiev.

Con l’intervento di Vladimir Putin e di Yulia Timoshenko il problema è stato risolto. Ma la cosa più importante – commenta Martínez Laínez – è la definitiva scomparsa dal processo di erogazione verso l’Europa di una “oscura” società intermediaria – la RusUkrEnergo, con sede in Svizzera – il cui capitale sociale è diviso in parti uguali tra Gazprom ed un gruppo di oligarchi ucraini. Sin da quest’inverno, in Europa la fornitura di gas è supervisionata dai rispettivi governi e dipenderà dalle due compagnie soprannominate.

(trad. dallo spagnolo di V. Paglione)


Questa pagina è stata stampata da: http://www.eurasia-rivista.org/cogit_content/articoli/EkFZEAVFlEWwoCcNwy.shtml

dimanche, 22 mars 2009

Atlantisme, occidentalisme. Pourquoi N. Sarkozy veut que la France réintègre le commandement de l'OTAN

Noël Blandin*
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Atlantisme, Occidentalisme. Pourquoi Nicolas Sarkozy veut que la France réintègre le commandement de l'OTAN.

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Le Général de Gaulle se retourne dans sa tombe. 43 ans après sa décision de retirer Paris du commandement militaire intégré de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN, créée en 1949, 22.000 employés et 60.000 militaires permanents), son dangereux successeur à l'Elysée multiplie les déclarations (1) pour que la France y reprenne désormais "toute sa place". "Toute sa place" est une formule qui, dans l'approche de Nicolas Sarkozy, signifie clairement un engagement sans réserve aux côtés des Etats-Unis. Fidèle à sa méthode autocratique du "J'écoute mais je ne tiens pas compte", il fait fi des voix de plus en plus nombreuses qui s'opposent à sa décision (2) et fait dire qu'il n'y aura ni référendum ni même de vote au Parlement sur la question.

Il entend bien concrétiser seul son choix stratégique et balayer d'un coup d'un seul un demi-siècle de politique étrangère et d'indépendance française dès les 3 et 4 avril prochain, lors des cérémonies du 60e anniversaire de l'OTAN à Strasbourg et Kehl.

Histoire de confirmer sa volonté d'intégrer la France dans les hautes sphères politico-militaires de l'OTAN, Nicolas Sarkozy a d'ores et déjà pris l'année dernière deux initiatives très applaudies par son ami George W. Bush. Un, il a doublé la présence militaire française en Afghanistan en envoyant un millier de soldats combattre avec les américains contre les Taliban, alors que chacun sait que cette guerre est déjà perdue et que l'enlisement des troupes y est assuré (le nombre de soldats français morts sur le terrain depuis est déjà suffisamment éloquent).

Deux, il a soutenu activement le projet de déployer un bouclier antimissile américain en Europe centrale, quitte à braquer sérieusement la Russie (Heureusement Barack Obama semble être en train de déminer cette énième provocation bushiste aux relents de Guerre froide). La récente volonté affichée de rapprocher Paris et Londres, principal allié des Etats-Unis dans ses guerres en Irak et en Afghanistan, est également un signe plus discret, mais tout aussi fort, d'allégeance à Washington.

Seule contrariété pour le néo-conservateur de l'Elysée, ce n'est plus son ami fauteur de guerres George W. Bush qui est au pouvoir, mais Barack Obama, à l'évidence moins enclin à semer la terreur partout dans le monde au nom de la lutte anti-terroriste.

Cette rupture dans la politique d'indépendance de la France se drape bien entendu d'arguments à usage médiatique du type "Amis, alliés, mais non inconditionnels", ou "nécessaire rénovation car nous ne sommes plus en 1966", ou encore "La France ne perdra rien de sa souveraineté" (3). Nicolas Sarkozy dit vouloir développer avec l'OTAN une "Europe de la Défense efficace". Depuis son élection, il ne cesse de répéter qu'une Europe de la Défense indépendante et l'ancrage atlantique sont les deux volets d'une même politique de sécurité. Mais quelle OTAN, pour quelle mission de défense européenne ? et la France a-t-elle quelque chose à gagner à réintégrer le commandement militaire de l'organisation, avec lequel elle coopère déjà très bien ? Elle fournit déjà 2.800 soldats pour l'occupation de l'Afghanistan, et maintient actuellement 36.000 soldats dans divers autres pays (Kosovo, Côte d'Ivoire, etc.).

Il est bien illusoire d'imaginer que les Etats-Unis donneront plus de place aux Européens et aux Français dans la nouvelle Alliance. Jaap De Hoop Scheffer a d'ailleurs bien précisé le 12 février 2009 à Paris que, si la France réintégrait le Commandement militaire intégré de l'Alliance atlantique, ce serait de toutes façons toujours à lui qu'il revenait "de gérer les choses au sein de l'OTAN, comme la position française au sein des structures de commandement, les généraux, etc". Tout au plus les Etats-Unis accorderont-ils quelques commandements militaires sans importance à un ou deux généraux français -- on parle vaguement d'un poste à Norfolk (Virginie, USA) ou à Lisbonne (Portugal) -- sans que cela puisse réellement permettre à la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) de s'affirmer et de de peser significativement sur les décisions de l'OTAN.

Dans tous les conflits (Afghanistan, Serbie, Kosovo, etc) où la France s'est retrouvée engagée aux côtés des militaires américains, ce sont systématiquement ces derniers qui décident et contrôlent de façon unilatérale toutes les opérations, en particulier les frappes, reléguant la France et les autres pays alliés au rang de simples exécutants. On ne les imagine guère se plier aux décisions des français dans l'avenir. Il n'est d'ailleurs pas inutile de rappeler que si de Gaulle est sorti de l'OTAN, c'est notamment parce qu'il demandait un directoire partagé de l'Organisation, ce que les Américains lui ont refusé.

Et la suite a montré que la France, puissance moyenne disposant de l'arme nucléaire et d'un siège au Conseil de sécurité de l'ONU, existait finalement plus à l'échelle mondiale en s'affirmant de façon autonome qu'en s'effaçant dans ce qu'il appelait le "machin" atlantiste.
Autre risque, la réintégration de Paris dans une OTAN qui sert de plus en plus de caution et de bras armé à l'impérialisme américain, sera sans nul doute perçu dans les grandes capitales du monde non-occidental comme un affaiblissement et un alignement sur les Etats-Unis, ce qui lui fera perdre le peu d'influence qui lui reste encore.

Quant à la "Voix de la France", qui selon Nicolas Sarkozy deviendrait plus forte dans le concert des Nations si elle réintègre l'OTAN, elle semble jusqu'à présent avoir moins souffert des discours et des choix du Général de Gaulle -- ou même de ceux de Jacques Chirac et Dominique de Villepin, par exemple en 2003 à l'ONU lors du refus de la France de suivre les Etats-Unis dans l'invasion de l'Irak -- que ceux des "caniches" européens de George W. Bush (Tony Blair, José Manuel Barroso, Nicolas Sarkozy, José-Maria Aznar,...).
Mais l'essentiel n'est pas là.

Le projet de Nicolas Sarkozy, cet anti de Gaulle, ne consiste pas en un renforcement de la défense européenne, ou du moins pas pour lui donner plus de pouvoir et d'indépendance comme il le prétend. A travers ses choix diplomatiques et stratégiques il est à l'évidence tout à sa "vision" purement occidentaliste de la France et de l'Europe. Pour lui, la France doit s'affirmer "dans sa famille occidentale" et dans "les valeurs occidentales qui sont pour elle essentielles" (Discours de janvier 2008 devant le corps diplomatique français). Il partage avec son mentor George W. Bush une idéologie qui se fonde avant tout sur la défense d'une civilisation occidentale qui serait aujourd'hui attaquée par le monde islamiste. Lorsqu'il déclare faire en sorte que "Paris et l'ensemble des capitales occidentales parlent désormais toutes d'une seule voix", c'est surtout pour défendre les causes occidentales que les discours et les aventures guerrières de Bush "contre l'Axe du Mal et la Barbarie" ont totalement galvaudées: la Démocratie, la Liberté, l'universalisme des Droits de l'Homme, la lutte contre le terrorisme.

Comme George W. Bush et comme tous les néo-conservateurs islamophobes, Nicolas Sarkozy est dans une logique de guerre contre tout ce qui ne relève pas des "valeurs occidentales" judéo-chrétiennes, tant en matière d'économie que de politique et de religion. Il exècre et ne cesse de diaboliser les partis islamistes qualifiés de terroristes comme le Hezbollah ou le Hamas, n'imaginant pas que son propre occidentalisme est à l'Occident ce que le fondamentalisme islamiste est à l'Islam.

Il est au plus près des cercles israélo-américains d'extrême-droite qui, afin de "garantir la paix et la sécurité", prônent une domination occidentale du monde, quitte pour cela à passer à l'offensive et à se lancer dans une guerre de civilisation "globale". Pour Nicolas Sarkozy il s'agit de défendre mais aussi désormais d'imposer par tous les moyens, et notamment par la guerre, un nouvel ordre occidental soi-disant "moral" (comprendre surtout "néo-libéral") qui doit régner sur l'ensemble de la planète.

Cette idéologie d'autodéfense agressive se nourrissant du conflit avec l'islamisme autorise ainsi l'OTAN -- qui à l'origine n'a qu'une mission de défense limitée aus territoires occidentaux -- à aller porter la guerre aux confins de la planète pour défendre des intérêts géostratégiques essentiellement américains, quand ce n'est pas parfois purement israéliens, à titre d'une soi-disant "légitime défense" contre le terrorisme islamiste. De hauts stratèges et chefs d'état-major de l'OTAN planchent même actuellement sur de réjouissantes nouvelles options militaires.

Ces docteurs Folamour réclament en effet le droit d'effectuer des frappes préventives, y compris avec l'arme nucléaire, sans autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU. Lorsque l'on connaît le désir insensé des Israéliens et de leurs amis américains -- Même avec Barack Obama, il y a peu de chances que les Etats-Unis modifient leur politique de soutien inconditionnel à l'Etat d'Israël -- d'aller bombarder l'Iran, on imagine aisément à quoi la sainte alliance transatlantique risque bientôt de servir.

C'est avec cette "vision" guerrière et occidentaliste du monde, ruineuse et extrêmement dangereuse pour la France, que Nicolas Sarkozy entend jouer un rôle international. En infléchissant la doctrine militaire française pour mieux s'aligner sur la politique étrangère américaine, dont on connaît pourtant les errements et l'agressivité aussi inefficace que désastreuse, il commet une erreur diplomatique et stratégique majeure.
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Notes
1) Annoncé dès la campagne électorale de 2007, ce projet sarkozyste n'a cessé d'être remis sur la table, tant par Nicolas Sarkozy que par Bernard Kouchner (Ministre des Addaires étrangères) et Hervé Morin (Ministre de la Défense) afin d'y "préparer l'opinion", notamment pour le Président de la République à travers le Discours de janvier 2008 devant le corps diplomatique français, lors du Sommet de l'OTAN à Bucarest en avril 2008 et la semaine dernière encore lors d'une conférence sur la sécurité à Munich.

2) Parmi les responsables politiques qui s'opposent à la décision autocratique de Nicolas Sarkozy, on note celles de François Bayrou pour qui la réintégration dans le commandement militaire de l'OTAN serait "une défaite pour la France" et un "un aller sans retour" [...] "En nous alignant, nous abandonnons un élément de notre identité, une part de notre héritage, et nous l'abandonnons pour rien". Il demande que le choix fait par le Général de Gaulle en 1966 "ne soit pas bradé et jeté aux orties", ajoutant qu'un tel choix ne peut aujourd'hui être modifié "que par un référendum du peuple français". Dans un entretien au Nouvel Observateur, François Bayrou précise sa pensée. Pour lui, en réintégrant l'OTAN, la France se range "aux yeux du monde" dans un "bloc occidental" [...] "euro-américain d'un côté, le reste du monde de l'autre. Ceci, pour la France et son histoire, son universalité, est un renoncement". Il affirme que "ce que nous sommes en train de brader, ce n'est pas seulement notre passé mais aussi notre avenir, une partie du destin de la France et de l'Europe". Pour le Parti Socialiste, qui demande un débat et un vote parlementaire sur la question, "Aucune explication recevable n'est apportée sur l'intérêt pour la France de ce retour" et les "conditions et contreparties de cette réintégration ne sont pas connues". Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés PS, estime que "La France doit garder son autonomie de décision" et que celle-ci "ne peut pas être prise par le président seul". Les anciens ministres socialistes de la Défense Paul Quilès et Jean-Pierre Chevènement ont également publié des tribunes dans la presse pour exprimer leur rejet de cette décision "très dangereuse pour la sécurité de la France". [...] "Nous ne devons pas nous laisser entraîner dans des guerres qui ne sont pas les nôtres", affirment-ils. "Si la France entre dans l'OTAN, il n'y a plus d'espoir de politique étrangère et de sécurité commune, plus d'Europe de la défense", affirme également le socialiste Jean-Michel Boucheron. La réintégration "limiterait notre souveraineté et serait le signe d'un alignement sur l'administration américaine qui banaliserait la singularité de la France", estiment pour sa part le Parti Communiste. Du côté de l'UMP, une partie des députés exprime aussi son opposition: Jacques Myard proteste contre ce "retour qui va lier les mains de la France et l'arrimer à un bloc monolithique occidental dirigé par les Etats-Unis" tandis que Lionnel Luca explique que "Pour un grand nombre de pays arabes, le fait que la France soit dans l'OTAN est un mauvais signal". Jean-Pierre Grand regrette cet "arrimage plein et entier aux Etats-Unis". "Il y a dans le monde entier des pays qui attendent de la France qu'elle demeure une transition, une passerelle, et qu'elle ne s'aligne pas sur les Etats-Unis", renchérit Georges Tron. Le gaulliste ex-UMP Nicolas Dupont-Aignan s'engage lui dans une quasi campagne contre le projet et exige un débat parlementaire. Daniel Garrigue, député ex-UMP de la Dordogne, s'est de son côté fendu d'une tribune intitulé "Bonjour, messieurs les traîtres !". Pour lui, "Rien ne justifie le retour de la France dans l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord et la remise en cause de l'un des rares consensus forts de notre pays -- voulu en l'occurrence par le général de Gaulle avec la sortie de l'Otan en 1966 et confirmé par ses successeurs, y compris par le socialiste François Mitterrand. Nous y perdrons la considération que nous avions sur la scène internationale et particulièrement notre capacité à être entendus dans un certain nombre de conflits, notamment au Proche et au Moyen-Orient. [...] "Pour tous ceux qui croient en la France et en la construction de l'Europe, cette décision de rejoindre l'Otan qui n'a été ni concertée, ni discutée, ni approuvée par les Français ou par le Parlement, constitue bien une véritable trahison". Alain Juppé, ancien Premier Ministre de Jacques Chirac, renouvelle lui aussi ses critiques en demandant si la France n'était pas en train de "faire un marché de dupes en rentrant sans conditions" dans le commandement de l'OTAN. Mais le plus farouche opposant à Droite est l'ancien Premier Ministre Dominique de Villepin. Pour lui, la France "va se trouver rétrécie sur le plan diplomatique" et sera plus vulnérable au terrorisme. "Alors que le Sud est en train de s'affirmer, dans un monde qui est en train de basculer, faut-il donner le sentiment de se crisper sur une famille occidentale ?", s'interroge-t-il. Comme François Bayrou, il estime que si la France avait été intégrée aux structures de commandement de l'OTAN en 2003, elle aurait été obligé de suivre les Etats-Unis de Geoorge W. Bush dans la guerre contre l'Irak.

3) Discours de Jaap De Hoop Scheffer, Secrétaire général de l'OTAN, devant les parlementaires français le 12 février 2009.
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*http://www.republique-des-lettres.fr/journal.php

vendredi, 20 mars 2009

Sarkozy battles General De Gaulle's NATO retreat

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Sarkozy battles General de Gaulle's NATO retreat

16 March, 2009, http://russiatoday.ru/

French President Nicolas Sarkozy has gone against the late General Charles de Gaulle’s decision in 1966 to remove France from NATO, but that move promises to be something of a public relations disaster.

Intensive security measures are planned as tens of thousands of anti-NATO demonstrators plan to block the summit during the military organization’s 60th Anniversary conference in Strasbourg in April.

Sarkozy is pulled in different directions over reintegrating with the NATO military machine. He believes France needs US friendship to do business worldwide and wants to benefit from the US military umbrella. He has worked hard to overcome the violent hostility to France that dates back to the quarrel over the war in Iraq, which saw Americans pouring French wine into the Potomac River, but he also wants a European defence policy for Europe and does not want to follow the US into Vietnam style quagmire in Afghanistan.

Above all, the French want to keep their independence and have no intention of seeming to become the next British style US poodle. Yet much of the world sees NATO as the military arm of US foreign policy. Sarkozy thinks that he can achieve these contradictory aims from within the alliance but the result is that different levels of the French government are giving off conflicting messages.

The administration is playing up two opinion polls that show a small majority of French people in favour of reintegration. Much of the press have dutifully echoed the result. Little attention has been paid to the high figure of 21% of ‘don’t knows’. Equally the French press has ignored completely the Angus Reid poll that shows that only a tiny 12% of French people think that the engagement in Afghanistan boosted by Sarkozy, ‘has been mostly a success’ – the lowest figure for six comparable western European nations.

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Faced with this President Sarkozy has appointed a personal envoy to Afghanistan and Pakistan, Pierre Lellouche. In so doing he reinforces France’s diplomatic presence in the region at a time when policy is under review by the United States and its NATO allies. The move follows similar appointments by Britain and Germany, which in turn were triggered by the appointment of the veteran diplomat Richard Holbrooke to head up a similar US diplomatic mission. For the moment, despite US pressure, there is no question of sending more troops.

It is likely that the appointment of Lellouche has been made after consultation with the Americans. His career path confirms this. He has close links with America and achieved a doctorate in law at Harvard University. In his political career he has specialised in foreign relations and in particular NATO. He is President of the French parliamentary delegation to NATO and was President of the NATO Parliamentary Assembly from 2004 -2006. Last year he conducted a cross-party parliamentary enquiry into conditions in Afghanistan. He worked with Holbrooke in Bosnia in the 1990s.

The importance of the appointment of Holbrooke, linked to that of his French, German and British counterparts, to a hard pressed President Obama is clear from the fact that it came only two days into his presidency. Any support for him by France is welcome. President Sarkozy has appointed an envoy very much to the taste of his allies and has talked of staying in Afghanistan ‘as long as is necessary’. However, in Washington, recently his Minister of Defence Hervé Morin put it differently:

“We will have to stay as long as is needed… Our aim is not to stay there for ever. That is what the President of the Republic has reminded us several times.”

And he went so far as to pose the question: “Why not set, quite rapidly, a date for the beginning of the withdrawal of the alliances forces?”

Lellouche himself was more blunt:

“It is right that we operate as co-pilots in the international strategy in Afghanistan. There must not be a repetition of unilateral excesses of the Bush era, which provoked a deep gulf between the United States and its NATO allies”.

He said that the French government would ‘test’ the dialogue proposed by President Obama. “Let us hope that it works. We will not stay in Afghanistan indefinitely”. He stressed that the conflict there “was a war and not an international police operation. The proof is that France spends nearly €200 million a year on its army in Afghanistan whilst spending only €11 billion on civilian aid”. He pin pointed the withdrawal of all but 7,000 US troops at the time of the invasion of Iraq in 2003, as the main cause of the deterioration of the allied position in Afghanistan. But he said “The game is not lost. Studies show that if there is a lack of support for the Karzai government, the people do not want a return to the rule by the Taliban.”

By fully rejoining NATO, France removes a thorn from the US diplomatic flesh and adds the full support of the world’s second biggest diplomatic service backed up by Western Europe’s only genuinely independent nuclear deterrent plus experienced and respected military forces. Even so, quite how much influence France will really have over policy in Afghanistan, with a total of only 3,300 troops deployed, remains to be seen. The United States now has 38,000 present with a further 15-30 thousand to arrive shortly.

The point is underlined by the announcement that French troops there are now to come directly under US command whereas before they operated as an independent unit. This will be grist to the mill of those in France who claim NATO reintegration means loss of national control. It will not help Prime Minister François Fillon, who after some hesitation, decided to call for a vote of confidence on the question in the French National Assembly. By putting the survival of the government on the line he will win easily and it gives him a chance to counter the arguments of those within his own party and in the opposition who oppose the move.

Despite this neat political manoeuvre, the reality is that the French President is confronted by real opposition from many in the French political class over NATO reintegration and in particular involvement in Afghanistan. They argue, often privately, that this is more a colonial war to control pipeline routes from central Asia to the sea coast of Pakistan than about democracy. Worse they suggest it may be an excuse to establish a long term presence in the region with no other real military aim.

They point to the coincidence that the US led invasion followed one month after the award by the Taliban government of a key energy contract to an Argentinean company rather than American Unocal and that before becoming President, Hamid Karzai was an oil consultant to Chevron in Kazakhstan. The same Afghan President requires a twenty four hour a day American body guard of over 100 men to stay alive, unlike his much criticised Communist predecessor.

They question why after seven years, the US security services that employ 100,000 people and spend an astounding $50 billion a year, cannot find Osama Bin Laden. They note that Afghanistan has become the world’s biggest producer of heroin under Western occupation.

Finally they do not think the war can be “won” in any meaningful sense. They echo the view of Canadian Prime Minister Stephen Harper, who told CNN:

“Quite frankly, we are not going to ever defeat the insurgency. Afghanistan has probably had – my reading of Afghanistan history is – it’s probably had an insurgency forever of some kind.” The Canadian parliament has voted to withdraw all troops by 2011.

Despite all this there are indications that President Sarkozy will eventually take the risk of sending more troops. Under the French constitution it is his decision alone, but this will not happen before the controversial NATO summit in Strasbourg in April and the vote in parliament. In any event he will do what he can to prevent the alliance from failing in Afghanistan because he believes that such an outcome would damage NATO credibility perhaps fatally. This is especially the case in the light of the recent humiliation of Western financial institutions.

All this leaves the United States and its NATO allies confronting the classic military dilemma well summarized by Winston Churchill over a hundred years ago:

“It is one thing to take the decision not to occupy a position. It is quite another to decide to abandon it once occupied.”

More troops may just make it possible in one form or another to ‘declare a victory and go home’ to the great relief of the French electorate and government. This process is likely to be accelerated by the bankrupt finances of the NATO governments.

Robert Harneis for RT

Eurasisme et atlantisme: quelques réflexions intemporelles et impertinentes

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Robert STEUCKERS:

Eurasisme et atlantisme: quelques réflexions intemporelles et impertinentes

 

Préface à un ouvrage de Maître Jure Vujic (Zagreb, Croatie)

 

Il y a plusieurs façons de parler de l’idéologie eurasiste, aujourd’hui, après l’effondrement du bloc soviétique et la disparition du Rideau de Fer: 1) en parler comme s’il était un nouvel avatar du soviétisme; 2) en faisant référence aux idéologues russes de l’eurasisme des années 20 et 30, toutes tendances idéologiques confondues; 3) en adoptant, par le truchement d’un eurasisme synthétique, les lignes de force d’une stratégie turco-mongole antérieure, qui deviendrait ainsi alliée à la spécificité russe; un tel eurasisme est finalement une variante du pantouranisme ou du panturquisme; 4) faire de l’idéologie eurasiste le travestissement d’un traditionalisme révolutionnaire, reposant in fine sur la figure mythique du “Prêtre Jean”, évoquée par René Guénon; cet eurasisme-là prendrait appui sur deux pôles religieux: l’orthodoxie russe et certains linéaments de l’islam centre-asiatique, mêlant soufisme et chiisme, voire des éléments islamisés du chamanisme d’Asie centrale. Ces quatre interprétations de l’eurasisme sont certes séduisantes sur le plan intellectuel, sont, de fait, des continents à explorer pour les historiens qui focalisent leurs recherches sur l’histoire des idées, mais d’un point de vue realpolitisch européen, elles laissent le géopolitologue, le stratège et le militaire sur leur faim.

 

L’eurasisme, dans notre optique, relève bien plutôt d’un concept géographique et stratégique: il tient compte de la leçon de John Halford Mackinder qui, en 1904, constatait que l’espace centre-asiatique, alors dominé par la Russie des Tsars, était inaccessible à la puissance maritime anglaise, constituait, à terme, un môle de puissance hostile aux “rimlands”, donc, du point de vue britannique, une menace permanente sur l’Inde. L’eurasisme des géopolitologues rationnels, s’inscrivant dans le sillage de John Halford Mackinder, n’est pas tant, dans les premières expressions de la pensée géopolitique, l’antipode d’un atlantisme, mais l’antipode d’une puissance maritime centrée sur l’Océan Indien et possédant le sous-continent indien. Si l’Angleterre est, dès l’époque élisabéthaine, une puissance nord-atlantique en passe de conquérir toute l’Amérique du Nord, au faîte de sa gloire victorienne, elle est essentiellement une thalassocratie maîtresse de l’Océan Indien. La clef de voûte de son empire est l’Inde, qui surplombe un “arc” de puissance dont les assises se situent en Afrique australe et en Australie et dont les points d’appui insulaires sont les Seychelles, l’Ile Maurice et Diego Garcia.

 

Le premier couple de concepts antagonistes en géopolitique n’est donc pas le dualisme eurasisme/atlantisme mais le dualisme eurasisme/indisme. L’atlantisme ne surviendra qu’ultérieurement avec la guerre hispano-américaine de 1898, avec le développement de la flotte de guerre américaine sous l’impulsion de l’Amiral Alfred Thayer Mahan, avec l’intervention des Etats-Unis dans la première guerre mondiale, avec le ressac graduel de l’Angleterre dans les années 20 et 30 et, enfin, avec l’indépendance indienne et la relative neutralisation de l’Océan Indien. Qui ne durera, finalement, que jusqu’aux trois Guerres du Golfe (1980-1988, 1991, 2003) et à l’intervention occidentale en Afghanistan suite aux “attentats” de New York de septembre  2001.

 

Route de la Soie et “Greater Middle East”

 

Avec l’indépendance des anciennes républiques musulmanes de l’ex-URSS, la Russie cesse paradoxalement d’être une véritable puissance eurasienne, car elle perd les atouts territoriaux de toutes ses conquêtes du XIX° siècle, tout en redécouvrant le punch de l’idéologie eurasiste. Donc la fameuse “Terre du Milieu”, inaccessible aux marines anglo-saxonnes, comprenant le Kazakhastan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan, est théoriquement indépendante de toute grande puissance d’Europe ou d’Asie. Un vide de puissance existe ainsi désormais en cette Asie centrale, que convoitent les Etats-Unis, la Chine, l’Iran et la Turquie, au nom de concepts tour à tour anti-russes, panasiatiques, panislamistes ou pantouraniens. Les Etats-Unis parlent tout à la fois, avec Zbigniew Brzezinski, de “Route de la Soie” (“Silk Road”), et, avec d’autres stratégistes, de “Greater Middle East”, comme nouveau débouché potentiel pour une industrie américaine enrayée dans ses exportations en Europe, avec l’émergence d’une UE à 75% autarcique, et en Amérique ibérique avec l’avènement du Mercosur et d’autres regroupements politico-économiques.

 

Vu la population turcophone des anciennes républiques musulmanes d’Asie centrale, cet espace, hautement stratégique, ne partage plus aucune racine, ni culturelle ni linguistique, avec l’Europe ou avec la Russie. Un barrage turcophone et islamisé s’étend de l’Egée à la Muraille de Chine, empêchant le regroupement de puissances à matrice européenne: l’Europe, la Russie, la Perse et l’Inde. La conscience de ce destin raté n’effleure même pas l’immense majorité des Européens, Russes, Perses et Indiens.

 

L’idée-force qui doit, tout à la fois, ressouder l’espace jadis dominé par les Tsars, de Catherine II à Nicolas II, et donner une conscience historique aux peuples européens, ou d’origine européenne, ou aux peuples d’aujourd’hui qui se réfèrent à un passé historique et mythologique européen, est celle d’un eurasisme indo-européanisant. Cet eurasisme trouve son origine dans la geste des vagues successives de cavaliers et de charistes, dites “proto-iraniennes”, parties de l’ouest de l’Ukraine actuelle pour se répandre en Asie centrale entre 1800 et 1550 avant J. C. Deux historiens et cartographes nous aident à comprendre cette dynamique spatiale, à l’aurore de notre histoire: le Britannique Colin McEvedy (1) et le Suisse Jacques Bertin (2).

 

L’aventure  des cavaliers indo-européens dans la steppe centre-asiatique

 

Pour McEvedy, la césure dans le bloc indo-européen initial, dont le foyer primordial se situe en Europe centrale, survient vers 2750 av. J. C. quand le groupe occidental (cultures de Peterborough et de Seine-Oise-Marne) opte pour un mode de vie principalement sédentaire et le groupe oriental, de l’Elbe à la Mer d’Aral, pour un mode de vie semi-nomade, axé sur la domestication du cheval. Bien que la linguistique contemporaine opte pour une classification des langues indo-européennes plus subtile et moins binaire, reposant sur la théorie des ensembles, McEvedy retient, peu ou prou, l’ancienne distinction  entre le groupe “Satem” (oriental: balto-slave, aryen-iranien-avestique, aryen-sanskrit-védique) et le groupe “Centum” (occidental: italique, celtique, germanique), selon le vocable désignant le chiffre “100” dans ces groupes de langues. Pour McEvedy, à cette même époque (-2750), un bloc hittite commence à investir l’Asie Mineure et l’Anatolie; le groupe tokharien, dont la langue est “indo-européenne occidentale”, s’installe en amont du fleuve Syr-Daria, en direction de la “Steppe de la Faim” et à proximité des bassins du Sari-Sou et du Tchou. Récemment, l’archéologie a exhumé des momies appartenant aux ressortissants de ce peuple indo-européen d’Asie centrale et les a baptisées “Momies du Tarim”. A cette époque, les peuples indo-européens orientaux occupent toute l’Ukraine, tout l’espace entre Don et Volga, de même que la “Steppe des Kirghiz”, au nord de la Caspienne et de la Mer d’Aral. De là, ils s’élanceront vers 2250 av. J. C. au delà de l’Aral, tandis que les Tokhariens entrent dans l’actuel Sinkiang chinois et dans le bassin du Tarim, à l’époque assez fertile. La “Terre du Milieu” de John Halford Mackinder a donc été d’abord indo-européenne avant de devenir altaïque et/ou turco-mongole. A partir de 1800 av. J. C., ils font mouvement vers le Sud et pénètrent en Iran, servant d’aristocratie guerrière, cavalière et chariste, à des peuples sémitiques ou élamo-dravidiens. Vers 1575 av. J. C., ils encadrent les Hourrites caucasiens lors de leurs conquêtes au Proche-Orient et en Mésopotamie, pénètrent dans le bassin de l’Indus et dans le Sinkiang et le Gansou.

 

Ces peuples domineront les steppes centre-asiatiques, des Carpathes à la Chine jusqu’à l’arrivée des Huns d’Attila, au IV° siècle de l’ère chrétienne. Cependant, les empires sédentaires et urbanisés du “rimland”, pour reprendre l’expression consacrée, forgée en 1904 par Mackinder, absorberont très tôt le trop plein démographique de ces cavaliers de la steppe: ce seront surtout les Perses, Parthes et Sassanides qui les utiliseront, de même que les Grecs qui auront des mercenaires thraces et scythes et, plus tard, les Romains qui aligneront des cavaliers iazyges, roxolans et sarmates. Cette réserve militaire et aristocratique s’épuisera progressivement; pour Jacques Bertin, l’expansion vers l’Océan Pacifique de ces peuples cavaliers sera contrecarrée  par des bouleversements climatiques et un assèchement graduel de la steppe, ne permettant finalement plus aucune forme, même saisonnière, de sédentarité. A l’Est, le premier noyau mongol apparaît entre 800 et 600 av. J. C., notamment sous la forme de la culture dite “des tombes à dalles”.

 

Le reflux vers l’ouest

 

Les peuples cavaliers refluent alors principalement vers l’Ouest, même si les Yuezhi (on ne connaît plus que leur nom chinois) se heurtent encore aux Mongols et à la Chine des Qin. La pression démographique des Finno-Ougriens (Issédons) et des Arimaspes de l’Altaï et la détérioration générale des conditions climatiques obligent les Scythes à bousculer les Cimmériens d’Ukraine. Quelques éléments, après s’être heurtés aux Zhou chinois, se seraient retrouvés en Indochine, à la suite de ce que les archéologues nomment la “migration pontique”. De 600 à 200 av. J.C., la culture mongole-hunnique des “tombes à dalles” va accroître, graduellement et de manière non spectaculaire, son “ager” initial. Vers –210, les tribus mongoles-hunniques forment une première confédération, celle des Xiongnu, qui font pression sur la Chine mais bloquent définitivement l’expansion des cavaliers indo-européens (Saces). C’est là que commence véritablement l’histoire de l’Asie mongole-hunnique. Vers 175 av. J.C., les Xiongnu dirigés par Mao-Touen, véritables prédécesseurs des Huns, s’emparent, de tout le Gansu, chassent les Yuezhi indo-européens et occupent la Dzoungarie. La vaste région steppique entourant le Lac Balkach cesse d’être dominée par des peuples indo-européens. La Chine intervient et bat la Confédération des Xiongnu, donnant aux empires romain et parthe un répit de quelques centaines d’années.

 

Le potentiel démographique indo-européen des steppes se fonde dans les empires périphériques, ceux du “rimland”: les Sarmates de l’Ouest, connus sous les noms de Roxolans et de Iazyges s’installent en Pannonie et, après un premier choc avec les Légions de l’Urbs, deviendront des “foederati” et introduiront les techniques de la cavalerie dans l’armée romaine et, partant, dans toutes les régions de l’Empire où ils seront casernés. L’épopée arthurienne découlerait ainsi d’une matrice sarmate. Les Alains, ancêtres des Ossètes, entrent en Arménie. Les Yuezhi envahissent l’Inde et y fondent l’Empire Kusana/Kouchan. De l’an 1 à l’an 100, trois blocs  impériaux de matrice indo-européenne se juxtaposent sur le rimland eurasien, face aux peuples hunniques désorganisés par les coups que lui ont porté les armées chinoises de Ban Chao, qui poussent jusqu’en Transoxiane. Nous avons l’Empire romain qui inclut dans ses armées les “foederati” sarmates. Ensuite, l’Empire perse qui absorbe une partie des peuples indo-européens de la steppe centre-asiatique, dont les Scythes, qu’il fixera dans la province du Sistan. Enfin l’Empire kouchan, sous l’impulsion des tribus yuezhi réorganisées, englobe toutes les terres de l’Aral au cours moyen du Gange, l’Afghanistan et le Pakistan actuels et une vaste portion de l’actuel Kazakhstan.

 

Les Huns arrivent dans l’Oural et dans le bassin de la Volga

 

Au cours du II° siècle de l’ère chrétienne, les Xianbei, issus des forêts, deviennent le peuple dominant au nord de la Mandchourie, provoquant, par la pression qu’ils exercent sur leur périphérie occidentale, une bousculade de peuples, disloquant les restes des Xiongnu qui, d’une part, entrent en Chine, et d’autre part, se fixent en Altaï, patrie des futurs peuples turcs (les “Tujue” des chroniques chinoises). Les Huns arrivent dans l’Oural, approchent du bassin de la Volga et entrent ainsi dans les faubourgs immédiats du foyer territorial originel des peuples indo-européens que l’archéologue allemand Lothar Kilian situe du Jutland au Don, les peuples préhistoriques et proto-historiques se mouvant sur de vastes territoires, nomadisme oblige. Thèse qu’adopte également Colin McEvedy.

 

En 285, les derniers Tokhariens font allégeance aux empereurs de Chine. Sassanides zoroastriens et Kouchans bouddhistes s’affrontent, ce qui conduit au morcellement de l’ensemble kouchan et, ipso facto, à la fragilisation de la barrière des Empires contre les irruptions hunniques venues de la steppe. Chahpour II, Empereur perse, affronte les Romains et les restes des Kouchans. L’Empereur Julien meurt en Mésopotamie en 373 face aux armées sassanides. Dans la patrie originelle des peuples hunniques-mongols, les Ruan Ruan bousculent les Xianbei qui refluent vers l’ouest, bousculant les Turcs, ce qui oblige les Huns à franchir la steppe sud-ouralienne et à se heurter en 375 aux Alains et aux Goths. Le glas de l’Empire romain va sonner. Les Huns ne seront arrêtés qu’en Champagne en 451 (Bataille des Champs Catalauniques). Les Kouchans, désormais vassaux des Sassanides, doivent céder du terrain aux Hephtalites hunniques. Les Tokhariens se soumettent aux Gupta d’Inde.

 

D’Urbain II à l’échec de la huitième Croisade

 

La chute de l’Empire romain, les débuts chaotiques de l’ère médiévale signalent un ressac de l’Europe, précisément parce qu’elle a perdu l’Asie centrale, le contact avec la Perse et la Chine. L’émergence de l’islam va accentuer le problème en donnant vie et virulence à la matrice arabique des peuples sémitiques. L’invasion de l’Anatolie byzantine par les Seldjouks au XI° siècle va provoquer une première réaction et enclencher une guerre de près de 900 ans, brièvement interrompue entre la dernière guerre de libération balkanique en 1913 et l’ère de la décolonisation. Le pape Urbain II, dans son discours de Clermont-Ferrand (1095) destiné à galvaniser la noblesse franque pour qu’elle parte en croisade, évoque nettement “l’irruption d’une race étrangère dans la Romania”, prouvant que l’on raisonnait encore en terme de “Romania”, c’est-à-dire d’impérialité romaine, cinq ou six cents ans après la chute de l’Empire romain d’Occident. En 1125, Guillaume de Malmesbury, dans sa “Gesta Regum”, déplore que la “chrétienté”, donc l’Europe, ait été chassée d’Asie et d’Afrique et que, petite en ses dimensions, elle est constamment harcelée par les Sarazins et les Turcs, qui veulent l’avaler toute entière. Les propos de Guillaume de Malmesbury expriment fort bien le sentiment d’encerclement que ressentaient les Européens de son époque, un sentiment qui devrait réémerger aujourd’hui, où les peuples de la périphérie ne cachent pas leur désir de grignoter notre territoire et/ou de l’occuper de l’intérieur par vagues migratoires ininterrompues, en imaginant que notre ressac démographique est définitif et inéluctable.

 

L’épopée des Croisades ne s’achève pas par l’échec total de la huitième croisade, prêchée par Urbain IV en 1263 et où meurt Saint Louis (1270). La chute d’Acre en 1291 met fin aux Etats latins d’Orient: seul ultime sursaut, la prise de Rhodes en 1310, confiée ensuite aux Hospitaliers. Détail intéressant: en 1274, Grégoire X, successeur d’Urbain IV, tentera en vain d’unir les empires du rimland en un front unique: les Mongols de Perse, les Byzantins et les Européens catholiques (3). Les guerres contre les Ottomans à partir du XIV° siècle et le fiasco de Nicopolis en 1396, à la suite de la défaite serbe du Champs des Merles en 1389, sont des guerres assimilables à des croisades. Le XV° siècle ne connaît pas de répit, avec la défaite européenne de Varna en 1444, prélude immédiat de la chute de Constantinople en 1453. Les XVI° et XVII° siècles verront l’affrontement entre l’Espagne d’abord, l’Autriche-Hongrie ensuite, et les Ottomans. La défaite des Turcs devant Vienne en 1683, puis la Paix de Karlowitz en 1699, scellent la fin de l’aventure ottomane et le début de l’expansion européenne. Ou, plus exactement, le début d’une riposte européenne, enfin victorieuse depuis les premiers revers des Saces.

 

Les Portugais contournent l’Afrique et arrivent dans l’Océan Indien

 

Deux réactions ont cependant été déterminantes: d’abord, l’avancée des Russes sur terre, séparant les Tatars de Crimée du gros de la Horde d’Or et du Khanat de Sibir par la conquête du cours de la Volga jusqu’à la Caspienne. Le réveil de la Russie indique le retour d’un peuple indo-européen dans l’espace steppique au sud de l’Oural et un reflux des peuples hunniques et mongols. La Russie poursuivra la conquête jusqu’au Pacifique en deux siècles. Puis reprendra toute l’Asie centrale. Nous avons affaire là au même eurasisme que celui des Proto-Iraniens à l’aurore de notre histoire. Ensuite, deuxième réaction, la conquête portugaise des eaux de l’Atlantique sud et de l’Océan Indien. Elle commence par une maîtrise et une neutralisation du Maroc, d’où disparaissent les Mérinides, remplacés par les Wattasides qui n’ont pas eu les moyens d’empêcher les Portugais de contrôler le littoral marocain. A partir de cette côte, les Portugais exploreront tout le littoral atlantique de l’Afrique avec Cabral et franchiront le Cap de Bonne Espérance avec Vasco de Gama (1498). Les Européens reviennent dans l’Océan Indien et battent la flotte des Mamelouks d’Egypte au large du Goujarat indien. La  dialectique géopolitique de l’époque consiste, peut-on dire, en une alliance de l’eurasisme européanisant des Russes et de l’indisme thalassocratique des Portugais qui prennent un Empire musulman du rimland en tenaille, une empire à cheval sur trois continents: l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Le tandem Ottomans-Mamelouks disposait effectivement de fenêtres sur l’Océan Indien, via la Mer Rouge et le Golfe Persique et était en quelque sorte “hybride”, à la fois tellurique, avec ses armées de janissaires dans les Balkans, et thalassocratique par son alliance avec les pirates barbaresques de la côte septentrionale de l’Afrique et avec les flottes arabe et mamelouk de la Mer Rouge. Les Portugais ont donc réussi, à partir de Vasco de Gama à parfaire une manoeuvre d’encerclement maritime du bloc islamique ottoman et mamelouk, puisque les entreprises terrestres que furent les croisades et les expéditions malheureuses de Nicopolis et de Varna avaient échoué face à l’excellence de l’organisation militaire ottomane. Les héritiers d’Henri le Navigateur, génial précurseur du retour des Européens sur les mers du monde, ont réduit à néant, par leur audace, le sentiment d’angoisse des Européens devant l’encerclement dont ils étaient les victimes depuis l’irruption des Seldjouks dans cette partie de la Romania, qui était alors byzantine.

 

L’indisme thalassocratique et l’eurasisme tellurique/continental sont alors alliés, en dépit du fait que les Portugais sont catholiques et honorent le Pape de Rome et que les Russes se proclament les héritiers de Byzance, en tant que “Troisième Rome”, depuis la chute de Constantinople en 1453. Après les succès flamboyants d’Albuquerque entre 1503 et 1515 et la pénétration du Pacifique, les Portugais s’épuiseront, ne bénéficieront plus de l’apport de marins hollandais après le passage des Provinces-Unies des Pays-Bas au calvinisme ou au luthérisme; les Hollandais feront brillamment cavaliers seuls avec leur “Compagnie des Indes Orientales” fondée en 1602, s’empareront de l’Insulinde, deviendront pendant les deux tiers du XVII° une puissance à la fois “indiste” et atlantiste, et même partiellement pacifique vu leurs comptoirs au Japon, mais ne disposant que d’une base métropolitaine bien trop exigüe, ils cèderont graduellement le gros de leurs prérogatives aux Anglais dans l’Océan Indien et autour de l’Australie.

 

Le premier “atlantisme” ibérique: un auxiliaire du dessein “alexandrin”

 

L’atlantisme naît évidemment de la découverte des Amériques par Christophe Colomb en 1492. Mais l’objectif premier des puissances européennes, surtout ibériques, sera d’exploiter les richesses du Nouveau Monde pour parfaire un grand dessein romain et “alexandrin”, revenir en Méditerranée orientale, reprendre pied en Afrique du Nord, libérer Constantinople et ramener l’Anatolie actuelle dans le giron de la “Romania”. Le premier atlantisme ibérique n’est donc que l’auxiliaire d’un eurasisme “croisé” ibérique et catholique, allié à la première offensive de l’eurasisme russe, et portée par un dessein “alexandrin”, qui espère une alliance euro-perse. Une telle alliance aurait reconstitué le barrage des empires contre la steppe turco-hunnique, alors que les empires antérieurs, ceux de l’antiquité, se nourrissaient de l’énergie des cavaliers de la steppe quand ceux-ci étaient indo-européens.

 

L’atlantisme proprement dit, détaché dans un premier temps de tout projet continentaliste eurasien, nait avec l’avènement de la Reine Elisabeth I d’Angleterre. Elle était la fille d’Anne Boleyn, deuxième épouse d’Henri VIII et pion du parti prostestant qui avait réussi  à évincer la Reine Catherine, catholique et espagnole. Après la décollation d’Anne Boleyn, la jeune Elisabeth ne devait pas monter directement sur le trône à la mort de son père: son demi-frère Edouard VI succède à Henri VIII, puis, à la mort prématurée du jeune roi, sa demi-soeur Marie Tudor, fille de Catherine d’Espagne, qui déclenche une virulente réaction catholique, ramenant l’Angleterre, pendant cinq ans dans le giron catholique et l’alliance espagnole (1553-1558). Le décès prématuré de Marie Tudor amène Elisabeth I sur le trône en 1558; elle y restera jusqu’en 1603: motivée partiellement par l’ardent désir de venger sa mère, la nouvelle reine enclenche une réaction anti-catholique extrêmement violente, entraînant une cassure avec le continent qui ne peut être compensée que par une orientation nouvelle, anglicane et protestante, et par une maîtrise de l’Atlantique-Nord, avec la colonisation progressive de la côte atlantique, prenant appui sur la réhabilitation de la piraterie anglaise, hissée au rang de nouvelle noblesse après la disparition de l’ancienne aristocratie et chevalerie anglo-normandes suite à la Guerre des Deux Roses, à la fin du XV° siècle (4).

 

L’expansion anglaise en Amérique du Nord

 

C’est donc une vendetta familiale, un schisme religieux et une réhabilitation de la piraterie qui créeront l’atlantisme, assorti d’une volonté de créer une culture ésotérique différente de l’humanisme continental et catholique. Elle influence toujours, dans la continuité, les linéaments ésotériques de la pensée des élites anglo-saxonnes (5), notamment ceux qui, en sus du puritanisme proprement dit, sous-tendent la théologie politique américaine. Sous le successeur faible d’Elisabeth commence la colonisation de l’Amérique du Nord, par la fondation d’un premier établissement en 1607 à Jamestown. Elle sera complétée par l’annexion des comptoirs hollandais en 1664, dont “Nieuw Amsterdam” qui deviendra New York. L’inclusion du Delaware et des deux Carolines permet l’occupation de tout le littoral atlantique des futurs Etats-Unis. En 1670, l’Angleterre patronne la fondation de l’Hudson  Bay Company qui lui permet de coincer la “Nouvelle-France”, qui s’étend autour de Montréal, entre les Treize colonies et cette portion importante de l’hinterland du futur territoire canadien. Les liens avec l’Angleterre et l’immigration homogène et massive de Nord-Européens font de l’Atlantique-Nord un lac britannique et le socle d’une future puissance pleinement atlantique.

 

L’Angleterre en s’emparant de la totalité du Canada par le Traité de Paris en 1763 consolide sa puissance atlantique. Mais les jeux ne sont pas encore faits: lors de la révolte des “Treize colonies” en 1776, les flottes alliées de la France, de l’Espagne et de la Hollande volent au secours des insurgés américains et délogent les Anglais qui, dans les décennies suivantes, redeviendront une puissance principalement indienne, c’est-à-dire axée sur la maîtrise de l’Océan Indien. A partir du développement de la flotte russe sous Catherine la Grande, la Russie devient une menace pour l’Inde et surtout pour la route maritime qui y mène. Quand le Tsar Paul I propose à Napoléon Bonaparte de marcher de conserve, à travers la steppe, vers l’Inde, source de la puissance anglaise, en bousculant la Perse, Londres focalise toute son attention sur le maintien de son hégémonie sur le sous-continent indien et met en sourdine son ancienne vocation atlantique. C’est le “Grand Jeu”, le “Great Game” disent les historiens anglo-saxons, qui oppose, d’une part, une thalassocratie maîtresse de l’Océan Indien et de la Méditerranée, avec un appendice atlantique, comprenant le Canada comme réserve de matières premières et quelques comptoirs africains sur la route des Indes avant le creusement du Canal de Suez, et, d’autre part, une puissance continentale, tellurique, qui avance lentement vers le Sud et reconquiert la steppe d’Asie centrale sur les peuples turcs qui l’avaient enlevée aux Yuezhi, Saces, Tokhariens et Sarmates. Du coup, la Russie des Tsars devient l’héritière et la vengeresse de ces grands peuples laminés par les invasions hunniques, turques et mongoles. La Russie des Tsars développe donc un eurasisme indo-européanisant et se heurte à une thalassocratie qui a hérité de la stratégie de contournement des Portugais de la fin du XV° et du début du XVI° siècle. Mais cette stratégie de contournement est nouvelle, n’a pas de précédent dans l’histoire, ne s’identifie ni à l’Europe continentale ni à une Romania, disparue mais hissée au rang d’idéal indépassable, ni à un catholicisme qui en exprimerait l’identité sous des oripeaux chrétiens (comme dans le discours d’Urbain II ou le texte de Guillaume de Malmesbury). Le choc de cette thalassocratie et du continentalisme russe va freiner, enrayer et empêcher le parachèvement plein et entier d’un eurasisme indo-européanisant.

 

L’affrontement entre l’Empire continental des Tsars et l’Empire maritime des Britanniques

 

L’affrontement entre la thalassocratie anglaise et le continentalisme russe débute dès les premières conquêtes de Nicolas I, qui règna de 1825 à 1855 et consolida les conquêtes d’Alexandre I dans le Caucase, tout en avançant profondément dans les steppes du Kazakhstan, entre 1846 et 1853. Nicolas I désenclave également la Mer Noire, en fait un lac russe: alarmée, l’Angleterre fait signer une convention internationale en 1841, interdisant le franchissement des détroits pour tout navire de guerre non turc. Elle avait soutenu le Sultan contre le Pacha d’Egypte, Mehmet Ali, appuyé par la France. En 1838, elle s’installe à Aden, position stratégique clef dans l’Océan Indien et à la sortie de la Mer Rouge. C’est le début d’une série de conquêtes territoriales, en réponse aux avancées russes dans le Kazakhstan actuel: sont ainsi absorbés dans l’Empire thalassocratique anglais, le Baloutchistan en 1876 et la Birmanie intérieure en 1886. Pour contrer les Russes au nord de l’Himalaya, une expédition est même lancée en direction du Tibet en 1903.

 

Dans ce contexte, la Guerre de Crimée (1853-1855), suivie du Traité de Paris (1856), revêt une importance toute particulière. L’Angleterre entraîne la France de Napoléon III et le Piémont-Sardaigne dans une guerre en Mer Noire pour soutenir l’Empire ottoman moribond que la Russie s’apprête à absorber. Les intellectuels russes, à la suite de cette guerre perdue, vont cultiver systématiquement une méfiance à l’égard de l’Occident, posé comme libéral, “dégénéré” et “sénescent”, sans pour autant abandonner, dans les cinq dernières décennies du XIX° leur eurasisme indo-européanisant: l’obsession du danger “mongol”, qualifié de “panmongoliste”, demeure intacte (6). L’Orient de ces intellectuels orthodoxes et slavophiles est russe et byzantin, les référents demeurent donc de matrice grecque-chrétienne et européenne. Dans ce contexte, Vladimir Soloviev prophétise une future nouvelle invasion “mongole” en 1894, à laquelle la Russie devra faire face sans pouvoir compter sur un Occident décadent, prêt à trahir son européanité. Neuf ans plus tard, la défaite russe de Tchouchima laisse entrevoir que cette prophétie était juste, du moins partiellement.

 

La thématique du “péril panmongol” dans la littérature russe

 

Gogol, dans deux récits fantastiques, “Le portrait” et “Une terrible vengeance”, aligne des personnages de traîtres, dont l’anti-héros Petromihali, qui infusent dans l’âme russe des  perversités asiatiques et les préparent ainsi à la soumission. Dostoïevski, dans “La légende de l’Antéchrist”, faire dire à son “Grand Inquisiteur” que le Christ, auquel la Russie doit s’identifier jusqu’à accepter le martyre, a eu tort de refuser une “monarchie universelle” à la Gengis Khan ou à la Tamerlan. Satan l’a proposée au Christ, et le “Grand Inquisiteur” qui est une incarnation du Malin sous le déguisement d’un dignitaire de l’Eglise du Fils de Dieu, reproche au Christ, revenu sur Terre et qu’il va juger, d’avoir refusé ce pouvoir absolu, séculier et non spirituel. La Russie doit donc refuser un pouvoir de type asiatique, rester fidèle à ses racines européennes et chrétiennes, c’est-à-dire à une liberté de l’âme, à une liberté intérieure qui se passe de l’Etat ou, du moins, ne le hisse pas au rang d’idole absolue car, sinon, l’humanité entière connaîtra le sort peu enviable de la “fourmilière rassassiée”. La liberté scythe et cosaque, en lutte contre les ténèbres asiatiques, doit prévaloir, se maintenir envers et contre tout, même si elle n’est plus qu’une petite flamme ténue. Plus tard, le “totalitarisme” communiste et les dangers impitoyables du “panmongolisme”, annoncés par Soloviev, fusionneront dans l’esprit de la dissidence, jusqu’à l’oeuvre de Soljénitsyne. Dimitri Merejkovski ira même plus loin: le monde “s’enchinoisera”, l’Europe sombrera dans la veulerie et la léthargie et le monde entier basculera dans un bourbier insondable de médiocrité. “L’enchinoisement”, craint par Merejkovski, peut certes s’interpéréter de multiples manières mais une chose est certaine: il implique un oubli dramatique de l’identité même de l’homme de qualité, en l’occurrence de l’homme russe et européen, oubli qui condamne l’humanité entière à une sortie hors de l’histoire et donc à une plongée dans l’insignifiance et la répétition stérile de modes de comportement figés et stéréotypés. En ce sens, la figure du “Chinois” est métaphorique, tout aussi métaphorique qu’elle le sera chez un Louis-Ferdinand Céline après 1945.

 

Jusqu’à la révolution bolchevique, l’eurasisme russe demeure indo-européanisant: il reste dans la logique de la reconquête de l’espace scythique-sarmate, “proto-iranien” dirait-on de nos jours. La Russie est revenue dans les immensités sibériennes et centre-asiatiques: ce n’est pas pour en être délogée comme en furent délogés les peuples cavaliers, à partir du déploiement de la puissance de la Confédération des Xiongnu. Toutefois cet anti-asiatisme, réel ou métaphorique, et cette volonté d’être européen sur un mode non plus repu, comme les Occidentaux, mais sur un mode énergique et héroïque, ne touche pas l’ensemble de la pensée stratégique russe: au lendemain de la Guerre de Crimée, où le Tsar Nicolas I avait délibérément voulu passer sur le corps de l’Empire Ottoman pour obtenir une “fenêtre” sur la Méditerranée, Konstantin Leontiev suggère une autre stratégie. Il vise une alliance anti-moderne des chrétiens orthodoxes et des musulmans contre le libéralisme et le démocratisme modernes, diffusés par les puissances occidentales. On ne déboulera pas sur les rives de  l’Egée par la violence, en allant soutenir des nationalismes balkaniques ou helléniques  entachés de modernisme occidental, mais en soutenant plutôt la Sublime Porte contre les subversions intérieures qui la minent, de façon à apaiser toutes les tensions  qui  pourraient survenir dans le vaste espace musulman et turcophone fraîchement conquis en Asie centrale et à obtenir des concessions portuaires et navales en Egée et en Méditerranée orientale, tout en annulant les contraintes des traîtés fomentés par l’Angleterre pour bloquer le passage des Détroits. Leontiev suggère dès lors une alliance entre Russes et Ottomans, qui constituerait un bloc de Tradition contre le modernisme occidental. Cette idée, conservatrice, est reprise aujourd’hui par les néo-eurasistes russes.

 

L’idée de Leontiev peut bien sûr se conjuguer à certaines visions de l’anti-mongolisme littéraire, surtout si elle vise, comme ennemi premier, le libéralisme et le positivisme occidentaux, pendants néo-kantiens de l’immobilisme “jaune”, qui engourdissent les âmes. Avec la révolution bolchevique et la rupture avec l’Occident qui s’ensuivit, l’anti-asiatisme va s’estomper et, comme la nouvelle URSS est de facto une synthèse d’Europe et d’Asie, on élaborera, dans un premier temps, “l’idée scythe”. Les “Scythes”, dans cette optique, sont les “Barbares de l’Ouest” dans l’espace russo-sibérien, tandis que les “Barbares de l’Est” sont les cavaliers turco-mongols. On ne spécule plus sur les différences raciales, posées comme fondamentales dans l’eurasisme indo-européanisant, mais sur les points communs de cette civilisation non urbanisée et non bourgeoise, qui abhorre la quiétude et portera l’incendie révolutionnaire dans le monde entier, en balayant toutes les sociétés vermoulues. Du “scythisme”, dont le référent est encore un peuple indo-européen, on passe rapidement à un idéal fusionniste slavo-turc voire slavo-mongol, qui unit dans une même idéologie fantasmagorique tous les peuples de l’URSS, qu’ils soient slaves-scythes ou turco-mongols.

 

Du scythisme des années 20 au néo-eurasisme actuel

 

Jusqu’à l’effondrement de l’Union Soviétique, l’élément slave et scythe reste implicitement dominant. Quand les républiques musulmanes centre-asiatiques de l’éphémère CEI obtiennent une indépendance pleine et entière, la Russie perd tous les glacis conquis par les Tsars de Catherine la Grande à Nicolas II. Le néo-eurasisme est une réaction face à la dislocation d’un bloc qui fut puissant: il cherche à rallier tous ceux qui en ont fait partie au nom d’une nouvelle idéologie partagée et à constituer ainsi un ersatz à l’internationalisme communiste défunt.

 

D’un point de vue eurasiste indo-européanisant, cette position peut se comprendre et s’accepter. Le néo-eurasisme refuse de voir se reconstituer, dans les steppes centre-asiatiques, un môle anti-russe, porté par un nouveau panmongolisme, un pantouranisme, un panislamisme ou une idéologie occidentaliste. L’eurasisme indo-européanisant, le “scythisme” des premières années du bolchevisme et le néo-eurasisme actuel, dont la version propagée par Alexandre Douguine (7) ont pour point commun essentiel de vouloir garder en une seule unité stratégique l’aire maximale d’expansion des peuples indo-européens, en dépit du fait qu’une portion majeure, stratégiquement primordiale, de cette aire soit occupée désormais par des peuples turcophones islamisés, dont le foyer originel se trouve sur le territoire de l’ancienne culture dite des “tombes à dalles” ou dans l’Altaï et dont la direction migratoire traditionnelle, et donc la cible de leurs attaques, porte dans l’autre sens, non plus d’ouest en est, mais d’est en ouest.

 

L’idéologie néo-eurasienne, avec sa volonté de consolider un bloc russo-asiatique, s’exprime essentiellement dans les stratégies élaborées par le Groupe de Changhaï et dans les réponses que celui-ci apporte aux actions américaines sur la masse continentale eurasienne.

 

L’expansion “bi-océanique” des Etats-Unis au XIX° siècle

 

Face à cet eurasisme, qui se conjugue en trois modes (indo-européanisant, scythique et russo-turco-mongol), qu’en est-il exactement de l’atlantisme, posé comme son adversaire essentiel sinon métaphysique? A l’aube du XIX° siècle, les “Treize colonies” américaines, qui ont fraîchement acquis leur indépendance face à l’Angleterre, ne possèdent pas encore un poids suffisant pour s’opposer  aux puissances européennes. Leur premier accroissement territorial vient de l’acquisition de la Louisiane, qui leur donne une plus grande profondeur territoriale sur le continent nord-américain. En Europe, l’effondrement du système napoléonien fait éclore, avec le Traité de Vienne de 1815, qui ménage la France redevenue royale, une “Sainte-Alliance” ou une “Pentarchie” qui est, ipso facto, eurasienne. La “Pentarchie”  s’étend, de fait, de l’Atlantique au Pacifique, puisque la Russie du Tsar Alexandre I en fait partie, en constitue même la masse territoriale la plus importante. On oublie trop souvent que l’Europe a été eurasienne et que l’eurasisme n’est pas une lubie nouvelle, imaginée par des intellectuels en mal d’innovation à la suite de la chute du Mur de Berlin et de la disparition du système soviétique. La Pentarchie, système unifiant l’Europe, n’a pas duré longtemps mais elle a existé et rendu notre sous-continent et la Russie-Sibérie inviolables et invincibles. Elle est par conséquent un modèle à imiter, une situation idéale à restaurer.

 

Face à ce bloc euro-pentarchique, en apparence inexpugnable, les Etats-Unis se sentent minorisés, craignent pour leur subsistance et, par une audace inouïe, leur Président, James Monroe proclame sa célèbre Doctrine en 1823 en imaginant, dans un premier temps, que le monde sera divisé en un “ancien monde” et un “nouveau monde”, dont il s’agira d’interdire l’accès à toutes les puissances de la Pentarchie et à l’Espagne, où elle était intervenue pour rétablir l’ordre (8). La proclamation de la Doctrine de Monroe est un premier grand défi au bloc pentarchique eurasiatique, avant même que les Etats-Unis ne soient devenus une puissance bi-océanique, à la fois atlantique et pacifique. Ils ne possèdent pas encore, en 1823, le Texas, le Nouveau-Mexique, la Californie et l’Alaska. En 1848, suite à la défaite du Mexique, ils deviennent bi-océaniques, ce qui revient à dire qu’ils ne sont pas exclusivement “atlantistes” mais constituent aussi une puissance intervenante dans les immensités du plus grand océan de la planète. Déjà, certains sénateurs envisagent de réorganiser la Chine pour qu’elle devienne le premier débouché des Etats-Unis et de leur industrie naissante. Le Commodore Matthew C. Perry, dès 1853-54, force, sous la menace, le Japon à s’ouvrir au commerce américain: première manifestation musclée d’une volonté claire et nette de dominer le Pacifique, contre les pays riverains du littoral asiatique de ce grand océan. Il faudra attendre la guerre hispano-américaine de 1898 pour que les Etats-Unis s’emparent d’un territoire insulaire face à l’Asie, en l’occurrence les Philippines, pour donner du poids à leurs revendications. Sous la présidence de Théodore (Teddy) Roosevelt, les Etats-Unis jettent les bases, non d’un atlantisme, mais d’un mondialisme offensif. L’instrument de cette politique mondialiste sera la flotte que l’Amiral Alfred Thayer Mahan appelle à constituer pour que les Etats-Unis puissent faire face, avec succès, au reste du monde. En 1912, Homer Lea, officier américain formé à Westpoint mais démis de ses fonctions pour raisons de santé, théorisera, immédiatement après John Halford Mackinder, les règles de l’endiguement de l’Allemagne et de la Russie, avant même que l’alliance anglo-américaine ne soit devenue une réalité.

 

Une thalassocratie pluri-océanique

 

Avec Teddy Roosevelt et avec Mackinder, nous avons affaire, dans la première décennie du XX° siècle à un mondialisme thalassocratique américain, maître depuis 1898 des Caraïbes et de la “Méditerranée américaine”, mais sans aucune présence dans l’Océan Indien, et à une thalassocratie britannique, présente dans l’Atlantique Nord, dans l’Atlantique Sud (où l’Argentine est un de ses débouchés), dans l’Océan Indien et dans le Pacifique Sud. La puissance découle des capacités des marines de guerre et des fameux “dreadnoughts”, mais elle est toujours au moins bi-océanique, sinon pluri-océanique. Les Centraux en 1918 et l’Axe en 1945 perdent la guerre parce qu’ils ne maîtrisent aucune mer, même pas la Méditerranée, la Mer du Nord et les zones chevauchant l’Atlantique Nord et l’Océan Glacial Arctique, puisque Malte, Gibraltar, Chypre et l’Egypte (avec Suez) resteront toujours aux mains des Britanniques et que le trafic maritime des “liberty ships”, en dépit des pertes infligées par les sous-marins allemands, ne sera jamais interrompu entre l’Amérique du Nord et le port soviétique de Mourmansk. La seconde guerre mondiale est une lutte entre, d’une part, les thalassocraties anglo-saxonnes maîtresses des océans et alliées à la puissance eurasiatique soviétique, et, d’autre part, une péninsule européenne riche mais dépourvue d’une réelle puissance navale, alliée à un archipel du Pacifique, surpeuplé et dépourvu de matières premières.

 

Le terme d’atlantisme apparaît lors des accords entre Churchill et Roosevelt, scellés au beau milieu de l’Océan en 1941. En 1945, l’Amérique du Nord et l’Europe occidentale forment un ensemble, qui deviendra l’OTAN, une alliance centrée sur l’Atlantique-Nord, que l’on qualifiera rapidement, dans les écrits polémiques, d’ “atlantisme”. Mais l’Atlantique, en tant qu’espace océanique, est-il si déterminant que cela dans les atouts, multiples et variés, qui confèrent aujourd’hui la puissance aux Etats-Unis? Non. Car, si la puissance de la Russie, des Tsars à la perestroïka, repose, comme l’avait constaté Mackinder en 1904, sur la possession de la “Terre du Milieu”, celle de l’Empire britannique reposait sur la maîtrise complète de l’ “Océan du  Milieu”, l’Océan Indien. En 1947, quand l’Inde accède à l’indépendance mais subit simultanément une partition dramatique, opposant une Inde nouvelle majoritairement hindoue à un Pakistan presque totalement musulman, l’Océan Indien, débarrassé de ses maîtres britanniques épuisés par deux guerres mondiales, entre dans une phase de neutralisation provisoire. Il est alors l’espace du non-alignement. L’Inde de Nehru, clef de voûte géographique de l’ancien arc de puissance britannique (du Cap à Perth), propage une logique politique détachée des blocs issus de la bipolarisation de la Guerre Froide. Dès les années 60, Mohammed Reza Pahlavi, Shah d’Iran, théorise l’idéal d’une “Grande Civilisation” dans l’Océan Indien, tout en multipliant les démarches diplomatiques pacifiantes avec ses voisins, y compris soviétiques. A Washington, on comprend rapidement que la Guerre Froide ne se gagnera pas en Europe, sur un front qui correspond au Rideau de Fer, mais qu’il faut endiguer l’URSS, en renouant avec la Chine, comme le fit le tandem Nixon-Kissinger au début des années 70; en tablant sur les peuples installés le long de la Route de la Soie et en éveillant les forces centrifuges au sein même de l’Union Soviétique, comme l’envisageait Zbigniew Brzezinski; en entraînant l’URSS dans le bourbier afghan; en tablant sur le fanatisme musulman pour lutter contre l’athéisme communiste et pour briser l’alternative locale proposée par le Shah d’Iran, car, en dépit des affrontements irano-américains largement médiatisés depuis la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran au début de l’ère khomeyniste, il ne faut pas oublier que la “révolution islamiste” d’Iran a d’abord été une création des services américains, pour briser la politique énergétique du Shah, casser les relations qu’il entretenait avec l’Europe et mettre l’Iran et ses potentialités au “frigo”, le plus longtemps possible. Ces stratégies avaient toutes pour but de revenir dans l’Océan Indien et dans le Golfe Persique. Elles ont contribué à la reconquête de l’Océan Indien et fait des Etats-Unis une puissance désormais tri-océanique.

 

La maîtrise de l’Océan Indien reste la clef de la puissance mondiale

 

La dialectique atlantisme/eurasisme, dont les néo-eurasiens russes actuels font usage dans leurs polémiques anti-américaines, oublie que l’Amérique ne tient pas sa puissance aujourd’hui de sa maîtrise de l’Atlantique, océan pacifié où ne se joue pas l’histoire qui est en train de se faire, mais de son retour offensif dans l’Océan du Milieu. L’abus du vocable “atlantiste” risque de provoquer une sorte d’illusion d’optique et de faire oublier que ce n’est pas la maîtrise des Açores, petit archipel portugais au centre de l’Atlantique, qui a provoqué la désagrégation de l’URSS, puissance eurasienne, mais la maîtrise de Diego Garcia, île au centre de l’Océan Indien, d’où partaient les forteresses volantes qui bombardaient l’Afghanistan et l’Irak. C’est au départ des forces aéronavales massées à Diego Garcia qu’adviendra peut-être le “Greater Middle East”. Si c’est le cas, l’Europe et la Russie seront condamnées à l’isolement, à n’avoir aucune fenêtre sur les espaces où s’est toujours joué, et se joue encore, le destin du monde. 

 

Certes, l’atlantisme est, pour les Européens, une idéologie engourdissante, aussi engourdissante, sinon plus, que “l’enchinoisement”, réel ou métaphorique, dénoncé par Soloviev ou Merejkovski: Danilevski, lui, parlait de l’Occident comme d’un cimetière pour les plus sublimes vertus spirituelles humaines et l’écrivain russe provocateur et contemporain, Edouard Limonov, parle, lui, d’un “Grand Hospice occidental”. Mais ce n’est pas là un problème géopolitique, c’est un problème théologique, métaphysique, philosophique et éthique. Qu’il convient d’aborder avec force et élan. Pour dégager l’humanité des torpeurs et des enlisements du consumérisme.

 

Robert STEUCKERS.

(fait à Forest-Flotzenberg, du 11 au 15 février 2009).

 

Notes:

(1)       Cf. Colin McEVEDY, “The New Penguin Atlas of Ancient History”, Penguin, London, 2nd ed., 2002.

(2)       Cf. Jacques BERTIN, “Atlas historique universel – Panorama de l’histoire du monde”, Minerva, Genève, 1997.

(3)       Robert DELORT (Éd.), “Les croisades”, Seuil, coll. “Points”, 1988.

(4)       Vicente FERNANDEZ & Dionisio A. CUETO, “Los perros de la Reina – Piratas ingleses contra España (s. XVI)”, Almena Ed., Madrid, 2003.

(5)       Frances A. YATES, “Cabbala e occultismo nell’età elisabettiana”, Einaudi, Torino, 1982.

(6)       Cf. Georges NIVAT, “Vers la fin du mythe russe – Essais sur la culture russe de Gogol à nos jours”, Lausanne, L’Age d’Homme, 1988.

(7)       Cf. Mark J. SEDGWICK, “Contre le monde moderne – Le traditionalisme et l’histoire intellectuelle secrète du XX° siècle”, Ed. Dervy, Paris, 2008.

(8)       Dexter PERKINS, “Storia della Dottrina di Monroe”, Societa Editrice Il Mulino, Bologne, 1960.