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mercredi, 12 septembre 2018

Un empire diabolique de faux drapeaux

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Un empire diabolique de faux drapeaux

par Edward Curtin 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Le passé n’est pas mort, ce sont les gens qui dorment. Les cauchemars et les rêves éveillés que nous connaissons aujourd’hui sont le résultat de meurtres qui se sont perpétués au plus profond de notre passé et qui se sont perpétués dans le présent. Aucune fausse amnésie n’effacera la vérité sanglante de l’histoire américaine, la grâce bon marché que nous nous accordons à nous-mêmes ; nous nous sommes, comme l’a dit Harold Pinterdans son discours du prix Nobel, nourris « du vaste tapis de mensonges » qui nous entoure, mensonges proférés depuis très longtemps par des dirigeants nihilistes et leurs porte-parole médiatiques ; nous avons ou devrions avoir mauvaise conscience de ne pas reconnaître être complices actifs ou silencieux de la répression de la vérité et de millions de crimes vicieux au Canada et ailleurs.

Mais, comme l’a dit Pinter :

« Je crois qu’en dépit des énormes obstacles qui existent, une détermination intellectuelle inébranlable, inébranlable et féroce, en tant que citoyens, à définir la vérité réelle de nos vies et de nos sociétés est une obligation cruciale qui nous incombe à tous. C’est en fait obligatoire ».

Nul n’est plus emblématique de ce noble effort que David Ray Griffin, qui, livre après livre depuis les attentats du 11 septembre 2001, a méticuleusement exposé les dessous de l’empire américain et de ses méchants maîtres. Sa persévérance à essayer d’atteindre les gens et de les mettre en garde contre les horreurs qui en ont résulté est extraordinaire. En excluant ses travaux philosophiques et théologiques, c’est son quinzième livre depuis 2004 sur ces graves questions de vie et de mort et sur l’avenir du monde.

Dans ce livre magistral, il fournit un argument historique puissant selon lequel, dès le début, avec l’arrivée des premiers colons européens, ce pays, malgré toute la rhétorique selon laquelle il a été fondé et guidé par Dieu, a été « plus malveillant que bienveillant, plus démoniaque que divin ». Il présente chronologiquement cette histoire, étayée par une documentation minutieuse, pour appuyer sa thèse.

Dans son livre précédent, Bush et Cheney : Comment ils ont ruiné l’Amérique et le monde, Griffin a catalogué les mauvaises actions qui ont découlé des attaques du 11 septembre, alors que dans celui-ci – un préquelle – il offre une leçon d’histoire américaine qui remonte à des siècles, et il montre qu’on aurait raison en traitant les États-Unis « d’empire de faux drapeaux ».

Les attentats du 11 septembre 2001 sont le point d’appui de ses deux livres. On ne saurait surestimer leur importance, non seulement en raison de leur cruauté inhérente qui a causé la mort de milliers d’Américains innocents, mais aussi depuis qu’ils sont devenus la justification des campagnes meurtrières des États-Unis, appelées « guerres contre le terrorisme », qui ont fait des millions de victimes dans le monde. Un éventail international de personnes sacrifiables. Aussi terrifiants qu’elles aient été, et devaient être, il y a de nombreux précédents, bien qu’une grande partie de cette histoire soit cachée dans l’ombre. Griffin les éclaire d’une lumière vive, la plupart de ses analyses se concentrant sur les années 1850-2018.

dRGri.jpgEn tant que théologien et philosophe, il est bien conscient de l’importance de la nécessité pour la société de légitimer religieusement son autorité séculière, d’offrir à son peuple un bouclier contre la terreur et les craintes multiples de la vie par un mythe protecteur qui a été utilisé avec succès par les États-Unis pour terroriser les autres, de montrer comment les termes selon lesquels les États-Unis sont légitimés comme « nation choisie » par Dieu et les Américains comme « peuple élu » par Dieu ont évolué au fil du temps, à la lumière de l’avancée des processus de sécularisation et de pluralisme qui se sont développés. Les noms ont changé, mais la signification est la même. Dieu est de notre côté, et quand c’est ainsi, l’autre côté est maudit et peut être tué par le peuple de Dieu, qui se bat toujours contre le Diable.

Il l’illustre en commençant par une citation de la première allocution inaugurale de George Washington, où ce dernier parle de « la main invisible » et « d’agence providentielle » qui guide le pays, et en terminant par Obama qui dit « Je crois en l’exceptionnalisme américain de tout mon être ».  Entre les deux, nous entendons Andrew Jackson dire que « la Providence s’est déversée sur cette terre bénie » et Henry Cabot Lodge en 1900 qualifie la mission divine de l’Amérique de « destinée manifeste ». La religion américaine d’aujourd’hui est l’exceptionnalisme américain, un euphémisme actualisé pour le « Nouvel Israël de Dieu » ou la « Nation rédemptrice ».

Au cœur de ce verbiage se trouve l’illusion que les Etats-Unis, en tant que pays béni et bon, ont une mission divine de répandre la « démocratie » et la « liberté » à travers le monde, comme l’a déclaré Hilary Clinton lors de la campagne présidentielle de 2016 en disant que « nous sommes grands parce que nous sommes bons » et en 2004 quand George W. Bush disait : « Comme des générations précédentes, nous avons un appel venant d’au-delà les étoiles pour défendre notre liberté ». De tels sentiments ne pouvaient être reçus qu’avec un rire sardonique de la part des innombrables victimes par-ci par-là « libérées » par les dirigeants violents de l’Amérique, comme l’atteste Griffin.

Ayant établi le fait que l’Amérique revendique le statut divin, il guide ensuite le lecteur à travers divers penseurs qui ont pris parti sur la question des États-Unis, qu’ils soient indulgents ou malveillants. Tout ceci est préliminaire au cœur du livre, qui est une leçon d’histoire documentant la malignité au cœur de la trajectoire américaine.

« On dit souvent que l’impérialisme américain a commencé en 1898, lorsque Cuba et les Philippines furent les principales récompenses », commence-t-il. « Ce qui était nouveau à cette époque, cependant, c’est que l’Amérique a pris le contrôle de pays en dehors du continent nord-américain ».

Le « droit divin » de s’emparer des terres des autres et de les tuer a commencé bien avant, et bien qu’aucune mer n’ait été traversée selon la conception habituelle de l’impérialisme, le génocide des Amérindiens a largement précédé 1898. De même que le « destin manifeste » qui a déclenché la guerre avec le Mexique, la confiscation de ses terres et l’expansion vers l’ouest, jusqu’au Pacifique.

Cette période de construction de l’empire dépendait fortement de « l’autre grand crime contre l’humanité » qu’était la traite négrière, où l’on estime que 10 millions d’Africains sont morts, en plus de la brutalité malsaine de l’esclavagisme lui-même.

« Peu importe la brutalité des méthodes, les Américains étaient employés comme instruments à des fins divines, écrit Griffin. Et, ajoute-t-il à juste titre, il n’est pas vrai que les entreprises impérialistes américaines à l’étranger ne se sont imposées qu’en 1898, car dans les années 1850, le commodore Perry a forcé « les arrogants japonais » à ouvrir leurs ports au commerce américain par la diplomatie de la canonnière ».

Puis, en 1898, le rythme de l’expansion impériale outre-mer s’est accéléré de façon spectaculaire avec ce qu’on a appelé « la guerre hispano-américaine » qui a abouti à la prise de Cuba et des Philippines et à l’annexion d’Hawaii. Griffin dit que ces guerres pourraient être appelées « les guerres pour s’emparer des colonies espagnoles ». Son analyse de la brutalité et de l’arrogance de ces actions fait comprendre au lecteur que le massacre de My Lai au Vietnam et d’autres atrocités plus récentes ont un lourd pedigree qui fait partie d’une structure institutionnelle, et pendant que les Philippins, les Cubains et tant d’autres étaient massacrés, Griffin écrit :

« Anticipant la déclaration du Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, qui a dit : « Nous ne sommes pas un empire », le Président McKinley a déclaré que l’impérialisme était étranger au tempérament et au génie de ces peuples généreux et libres ».

A l’époque comme aujourd’hui, un fou rire peut-être est la seule réponse à de telles conneries, et comme Griffin cite Mark Twain qui dit qu’il serait facile de créer un drapeau pour les Philippines :

« Nous prenons juste notre drapeau habituel, avec les rayures blanches peintes en noir et les étoiles remplacées par le crâne et les os en croix ».

Cela aurait également fonctionné pour la Colombie, le Panama, Porto Rico, la République dominicaine, Haïti, le Nicaragua et d’autres pays soumis à l’idéologie de la Doctrine Monroe ; partout où la liberté et l’indépendance nationale ont soulevé la tête, les États-Unis sont intervenus rapidement avec leur puissante armée antirévolutionnaire et leurs brutalités financières. En Extrême-Orient, la politique de la « porte ouverte » a été utilisée pour piller la Chine, le Japon et d’autres pays.

Mais tout cela n’était que le début. Griffin montre comment Woodrow Wilson, la quintessence du libéral démocrate sournois et traître, qui prétendait vouloir tenir l’Amérique à l’écart de la Première Guerre Mondiale, a fait exactement le contraire pour s’assurer que les États-Unis en viennent à dominer les marchés étrangers que ses maîtres capitalistes demandaient. Ainsi, Griffin explore comment Wilson a conspiré avec Winston Churchill pour utiliser le naufrage du Lusitania comme un casus belli et comment le dur traitement de l’Allemagne par le Traité de Versailles a préparé le terrain pour la Deuxième Guerre Mondiale.

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Il nous raconte comment, entre les deux guerres mondiales, la diabolisation de la Russie et de la nouvelle Union Soviétique a commencé. Cette déprédation de la Russie, qui rugit à plein régime aujourd’hui, est un thème qui revient tout au long de La Trajectoire américaine. On ne saurait trop insister sur son importance. Wilson qualifia le gouvernement bolchevique de « gouvernement de terreur » et, en 1918, « envoya des milliers de soldats dans le nord et l’est de la Russie, les laissant là jusqu’en 1920 ».

Que les États-Unis aient envahi la Russie est un fait rarement mentionné et même à peine connu des Américains. Peut-être que la prise de conscience et la diabolisation séculaire de l’URSS/Russie éclaireraient ceux qui achètent la propagande anti-russe actuelle appelée « Russiagate ».

Pour égaler cet acte « divin » d’intervention impériale à l’étranger, Wilson a fomenté la Peur Rouge chez nous, qui, comme le dit Griffin, avait une importance durable et incalculable car elle a créé la peur américaine de la pensée radicale et de la révolution qui existe encore aujourd’hui et sert de justification pour soutenir des dictateurs brutaux dans le monde et réprimer la liberté chez nous (comme cela se passe actuellement).

Il nous donne de brefs résumés de certains dictateurs que les États-Unis ont soutenus, et nous rappelle le dicton d’un autre démocrate libéral, Franklin Roosevelt, qui a dit du brutal dictateur nicaraguayen Anastasio Somoza :

« C’est peut-être un fils de pute, mais c’est notre fils de pute ».

Somoza terrorisera son propre peuple pendant 43 ans. Il en a été de même à Cuba, au Chili, en Iran, au Guatemala, en République dominicaine, en Haïti, etc. Les États-Unis ont également soutenu Mussolini, n’ont rien fait pour empêcher le renversement fasciste de la République espagnole par Franco et ont soutenu le gouvernement de droite de Chiang-Kai Shek dans ses efforts pour dominer la Chine.

C’est une histoire très sombre et très laide qui confirme la nature démoniaque des actions américaines dans le monde.

Puis Griffin fait exploser les nombreux mythes sur ce que l’on appelle la « Bonne Guerre » – la Seconde Guerre Mondiale. Il explique les mensonges racontés au sujet de l’attaque « surprise » japonaise contre Pearl Harbor, comment Roosevelt souhaitait faire entrer les Etats-Unis dans la guerre, tant dans le Pacifique qu’en Europe, et à quel point les intérêts économiques américains étaient en jeu. Il critique le mythe selon lequel l’Amérique souhaitait avec désintéressement défendre les peuples épris de liberté dans leurs batailles contre les régimes brutaux et fascistes. Cela, nous dit-il, n’est qu’une petite partie de l’histoire :

« Il ne s’agit toutefois pas d’une image exacte de la politique américaine pendant la Seconde Guerre Mondiale. Certes, beaucoup de gens ont été libérés de terribles tyrannies par les victoires alliées.  Mais le fait que ces personnes en aient profité n’était qu’un résultat fortuit et non un motif de la politique américaine. Ces politiques, comme l’a découvert Andrew Bacevich, étaient fondées sur un « intérêt personnel inébranlable ».

Ensuite, il y a les bombardements conventionnels et atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. Rien n’est plus démoniaque, comme le montre Griffin. Si ces massacres de civils de sang-froid et les mensonges qui les justifient ne convainquent pas le lecteur qu’il y a longtemps eu quelque chose de radicalement mauvais au cœur de l’histoire américaine, rien ne le fera. Griffin montre comment Truman et ses conseillers et généraux, y compris Dwight Eisenhower et l’amiral William D. Leahy, chef d’état-major de Truman, savaient que le largage des bombes atomiques était inutile pour mettre fin à la guerre, mais ils le firent quand même.

Il nous rappelle la réponse de la secrétaire d’État, Mme Madeline Albright, à la question de savoir si elle pensait que la mort de plus de 500 000 enfants irakiens à la suite des sanctions économiques paralysantes imposées par Mme Clinton valait la peine :

« Mais, oui, nous pensons que le prix en vaut la peine » (remarquez l’utilisation du présent « en vaut la peine » exprime la nature continue de ces crimes de guerre). Mais c’est aussi la femme qui a dit : « Nous sommes la nation indispensable. Nous restons grands… »

Griffin consacre d’autres chapitres à la création de la guerre froide, à l’impérialisme américain pendant la guerre froide, aux interventions de l’après-guerre froide, à la guerre du Vietnam, à la course à la domination mondiale et aux opérations sous faux drapeaux, entre autres sujets.

Quant aux opérations de faux drapeaux, il affirme :

« En effet, la trajectoire de l’Empire américain s’est tellement appuyée sur ce type d’attaques qu’on pourrait le décrire comme un empire de faux drapeaux ».

Dans le chapitre sur les faux drapeaux et tout au long du livre, il discute de plusieurs des faux drapeaux dans lesquels les États-Unis se sont engagés, y compris l’Opération Gladio, l’opération terroriste États-Unis/OTAN dans toute l’Europe que l’historien suisse Daniele Ganser a largement documentée, une opération visant à discréditer les communistes et socialistes. Ces opérations étaient directement liées à l’OSS, à la CIA et à son directeur Allen Dulles, à son acolyte James Jesus Angleton et à leurs complices nazis, comme le général Reinhard Gehlen. Lors d’un attentat de ce type en 1980 à la gare de Bologne, en Italie, ces terroristes américains ont tué 85 personnes et en ont blessé 20 autres. Comme pour les bombes larguées aujourd’hui par l’Arabie Saoudite sur des écoliers yéménites, l’explosif utilisé a été fabriqué pour l’armée américaine. À propos de ces atrocités américaines avérées, Griffin dit :

« Ces révélations montrent la fausseté d’une hypothèse largement répandue chez les Américains. Tout en reconnaissant que les militaires américains font parfois des choses terribles à leurs ennemis, la plupart des Américains ont supposé que les chefs militaires américains n’ordonneraient pas le meurtre de civils innocents dans les pays alliés à des fins politiques. L’opération Gladio a montré que cette hypothèse était fausse ».

Il a raison, mais j’ajouterais que les dirigeants derrière tout cela étaient des civils, tout autant, voire plus que des militaires.

Dans le cas de l’Opération Northwoods, ce sont les chefs d’état-major interarmées qui ont présenté au président Kennedy cette proposition de faux drapeaux qui justifierait une invasion américaine à Cuba. Cela aurait impliqué le meurtre de citoyens américains sur le sol américain, des bombardements, des détournements d’avions, etc.

Le président Kennedy considérait de telles personnes et de tels plans comme insensés, et il les a rejetés en tant que tels. Ce faisant, il nous en dit long, car beaucoup d’autres présidents les auraient approuvés. Et encore une fois, combien d’Américains sont au courant de cette proposition dépravée qui est documentée et facilement accessible ? Combien d’entre eux veulent même la consulter ?  Car la nécessité de rester dans le déni des faits de l’histoire et de croire en la bonté essentielle des dirigeants de l’Amérique est une noix très difficile à casser. Griffin a écrit une douzaine de livres sur le 11 septembre 2001, en essayant de le faire.

Si l’on est prêt à embrasser les faits historiques, ce livre exceptionnel ouvrira les yeux sur la nature démoniaque de longue date des actions des dirigeants des États-Unis. Un lecteur ne peut sortir de son histoire lucidement présentée sans être affecté, à moins de vivre dans un monde fantastique qu’il s’impose. Le dossier est clair, et Griffin le présente dans toute son horreur graphique. Ce qui ne veut pas dire que les États-Unis n’ont pas « fait à la fois le bien et le mal, et qu’ils ne peuvent donc pas raisonnablement être considérés comme purement divins ou purement démoniaques« . Les questions de pureté ont pour but d’obscurcir les vérités fondamentales. Et la question qu’il pose dans son sous-titre – Divin ou démoniaque ? – est vraiment une question rhétorique, et quand il s’agit de la « trajectoire » de l’histoire américaine, le démon gagne haut la main.

Je m’en voudrais de ne pas signaler un endroit où Griffin laisse tomber le lecteur. Dans son long chapitre sur le Vietnam, qui regorge d’excellents faits et analyses, il commet une erreur cruciale, ce qui est inhabituel pour lui. Cette erreur apparaît dans une section de quatre pages sur la politique du président Kennedy à l’égard du Vietnam. Dans ces pages, Griffin s’appuie sur le terrible livre de Noam Chomsky – Rethinking Camelot : JFK, la guerre du Vietnam et la culture politique américaine (1993), un livre dans lequel Chomsky ne montre aucun respect pour les preuves ou les faits – pour peindre Kennedy comme étant en accord avec ses conseillers, la CIA, et l’armée concernant le Vietnam. C’est tout à fait faux. Griffin a dû être plus attentif et l’a compris.

La vérité est que Kennedy a été assiégé et entouré par ces gens démoniaques, qui voulaient l’isoler, ignorer ses instructions et l’assassiner pour atteindre leurs objectifs au Vietnam. Au cours de la dernière année de sa vie, JFK avait pris un virage radical vers l’établissement de la paix, non seulement au Vietnam, mais aussi avec l’Union Soviétique, Cuba et dans le monde entier. Un tel revirement était anathème pour les amoureux de la guerre. Il devait donc mourir.

Contrairement aux tromperies de Chomsky, motivé par sa haine de Kennedy et peut-être quelque chose de plus sinistre (il soutient aussi la Commission Warren, pense que l’assassinat de JFK n’était pas grave, et accepte la version officielle manifestement fausse des attaques du 11 septembre 2001), Griffin aurait dû affirmer avec insistance que Kennedy avait publié la NSAM 263 le 11 octobre 1963 appelant au retrait des troupes américaines du Vietnam, et qu’après son assassinat un mois plus tard, Lyndon Johnson avait annulé cet ordre de retrait avec la NSAM 273. Malgré Chomsky, toutes les meilleures études et preuves documentaires le prouvent. Et pour Griffin, un merveilleux érudit, écrire que le passage de Kennedy à Johnson n’entraînerait aucun changement fondamental de politique est si scandaleusement faux que j’imagine que Griffin, un homme passionné par la vérité, s’est simplement trompé et qu’il a été négligent ici. Car rien n’est plus faux.

Ironiquement, Griffin présente un dossier magistral pour sa thèse, tout en oubliant le seul homme clé, le président John Kennedy, qui a sacrifié sa vie pour tenter de changer la trajectoire de l’histoire américaine de son cours démoniaque.

C’est une erreur dans un livre par ailleurs très important et excellent qu’il devrait être obligatoire de lire pour quiconque doute de la nature maléfique de la politique étrangère continue de ce pays. Ceux qui en sont déjà convaincus devraient également le lire, car il fournit une ressource historique et une impulsion nécessaires pour aider à changer la trajectoire qui mène le monde vers l’oubli nucléaire, si elle se poursuit.

Si – un vœu fantastique ! – La Trajectoire américaine : Divin ou Démoniaque ? étaient des lectures obligatoires dans les écoles et collèges américains, peut-être qu’une nouvelle génération se lèverait pour transformer nos démons en anges, l’arc de l’univers moral futur de l’Amérique au profit de la justice, et loin d’être le plus grand pourvoyeur de violence dans le monde actuel comme cela a été le cas si longtemps.

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La Trajectoire américaine : Divine ou démoniaque de David Ray Griffin

Traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International

A Diabolic False Flag Empire: A Review of David Ray Griffin’s The American Trajectory: Divine or Demonic?

 

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A Diabolic False Flag Empire: A Review of David Ray Griffin’s The American Trajectory: Divine or Demonic?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

But, as Pinter said, “I believe that despite the enormous odds which exist, unflinching, unswerving, fierce intellectual determination, as citizens, to define the real truth of our lives and our societies is a crucial obligation which devolves upon us all. It is in fact mandatory.”

No one is more emblematic of this noble effort than David Ray Griffin, who, in book after book since the attacks of 11 September 2001, has meticulously exposed the underside of the American empire and its evil masters.  His persistence in trying to reach people and to warn them of the horrors that have resulted is extraordinary.  Excluding his philosophical and theological works, this is his fifteenth book since 2004 on these grave issues of life and death and the future of the world. 

In this masterful book, he provides a powerful historical argument that right from the start with the arrival of the first European settlers, this country, despite all the rhetoric about it having been divinely founded and guided, has been “more malign that benign, more demonic than divine.”  He chronologically presents this history, supported by meticulous documentation, to prove his thesis.  In his previous book, Bush and Cheney: How They Ruined America and the World, Griffin cataloged the evil actions that flowed from the inside job/false flag attacks of September 11th, while in this one – a prequel – he offers a lesson in American history going back centuries, and he shows that one would be correct in calling the United States a “false flag empire.”

The attacks of 11 September 2001 are the false flag fulcrum upon which his two books pivot. Their importance cannot be overestimated, not just for their inherent cruelty that resulted in thousands of innocent American deaths, but since they became the justification for the United States’ ongoing murderous campaigns termed “the war on terror” that have brought death to millions of people around the world.  An international array of expendable people.  Terrifying as they were, and were meant to be, they have many precedents, although much of this history is hidden in the shadows.  Griffin shines a bright light on them, with most of his analysis focused on the years 1850-2018.

As a theological and philosophical scholar, he is well aware of the great importance of society’s need for religious legitimation for its secular authority, a way to offer its people a shield against terror and life’s myriad fears through a protective myth that has been used successfully by the United States to terrorize others.  He shows how the terms by which the U.S. has been legitimated as God’s “chosen nation” and Americans as God’s “chosen people” have changed over the years as secularization and pluralism have made inroads.  The names have changed, but the meaning has not. God is on our side, and when that is so, the other side is cursed and can be killed by God’s people, who are always battling el diabalo.

He exemplifies this by opening with a quote from George Washington’s first Inaugural Address where Washington speaks of “the Invisible Hand” and “Providential agency” guiding the country, and by ending with Obama saying “I believe in American exceptionalism with every fiber of my being.”  In between we hear Andrew Jackson say that “Providence has showered on this favored land blessings without number” and Henry Cabot Lodge in 1900 characterize America’s divine mission as “manifest destiny.”  The American religion today is American Exceptionalism, an updated euphemism for the old-fashioned “God’s New Israel” or the “Redeemer Nation.”

At the core of this verbiage lies the delusion that the United States, as a blessed and good country, has a divine mission to spread “democracy” and “freedom” throughout the world, as Hilary Clinton declared during the 2016 presidential campaign when she said that “we are great because we are good,” and in 2004 when George W. Bush said, “Like generations before us, we have a calling from beyond the stars to stand for freedom.”   Such sentiments could only be received with sardonic laughter by the countless victims made “free” by America’s violent leaders, now and then, as Griffin documents.

Having established the fact of America’s claim to divine status, he then walks the reader through various thinkers who have taken sides on the issue of the United States being benign or malign.  This is all preliminary to the heart of the book, which is a history lesson documenting the malignancy at the core of the American trajectory.

“American imperialism is often said to have begun in 1898, when Cuba and the Philippines were the main prizes,” he begins.  “What was new at this time, however, was only that America took control of countries beyond the North American continent.”  The “divine right” to seize others’ lands and kill them started long before, and although no seas were crossed in the usual understanding of imperialism, the genocide of Native Americans long preceded 1898.  So too did the “manifest destiny” that impelled war with Mexico and the seizure of its land and the expansion west to the Pacific.  This period of empire building depended heavily on the “other great crime against humanity” that was the slave trade, wherein it is estimated that 10 million Africans died, in addition to the sick brutality of slavery itself.  “No matter how brutal the methods, Americans were instruments of divine purposes,” writes Griffin.  And, he correctly adds, it is not even true that America’s overseas imperialistic ventures only started in 1898, for in the 1850s Commodore Perry forced “the haughty Japanese” to open their ports to American commerce through gunboat diplomacy.

Then in 1898 the pace of overseas imperial expansion picked up dramatically with what has been called “The Spanish-American War” that resulted in the seizure of Cuba and the Philippines and the annexing of Hawaii.  Griffin says these wars could more accurately be termed “the wars to take Spanish colonies.”  His analysis of the brutality and arrogance of these actions makes the reader realize that My Lai and other more recent atrocities have a long pedigree that is part of an institutional structure, and while Filipinos and Cubans and so many others were being slaughtered, Griffin writes, “Anticipating Secretary of Defense Donald Rumsfeld’s declaration that ‘we don’t do empire,’ [President] McKinley said that imperialism is ‘foreign to the temper and genius of this free and generous people.’”

Then as now, perhaps mad laughter is the only response to such unadulterated bullshit, as Griffin quotes Mark Twain saying that it would be easy creating a flag for the Philippines:

We can have just our usual flag, with the white stripes painted black and the stars replaced by the skull and cross-bones.

That would have also worked for Columbia, Panama, Puerto Rico, the Dominican Republic, Haiti, Nicaragua, and other countries subjugated under the ideology of the Monroe Doctrine; wherever freedom and national independence raised its ugly head, the United States was quick to intervene with its powerful anti-revolutionary military and its financial bullying.  In the Far East the “Open Door” policy was used to loot China, Japan, and other countries.

But all this was just the beginning.  Griffin shows how Woodrow Wilson, the quintessentially devious and treacherous liberal Democrat, who claimed he wanted to keep America out of WW I, did  just the opposite to make sure the U.S. would come to dominate the foreign markets his capitalist masters demanded.  Thus Griffin explores how Wilson conspired with Winston Churchill to use the sinking of the Lusitania as a casus belli and how the Treaty of Versailles’s harsh treatment of Germany set the stage for WW II.

He tells us how in the intervening years between the world wars the demonization of Russia and the new Soviet Union was started. This deprecation of Russia, which is roaring at full-throttle today, is a theme that recurs throughout The American Trajectory.  Its importance cannot be overemphasized.  Wilson called the Bolshevik government “a government by terror,” and in 1918 “sent thousands of troops into northern and eastern Russia, leaving them there until 1920.”

That the U. S. invaded Russia is a fact rarely mentioned and even barely known to Americans.  Perhaps awareness of it and the century-long demonizing of the U.S.S.R./Russia would enlighten those who buy the current anti-Russia propaganda called “Russiagate.”

To match that “divine” act of imperial intervention abroad, Wilson fomented the Red Scare at home, which, as Griffin says, had lasting and incalculable importance because it created the American fear of radical thought and revolution that exists to this very day and serves as a justification for supporting brutal dictators around the world and crackdowns on freedom at home (as is happening today).

He gives us brief summaries of some dictators the U.S has supported, and reminds us of the saying of that other liberal Democrat, Franklin Roosevelt, who famously said of the brutal Nicaraguan dictator Anastasio Somoza, that “he may be a son-of-a-bitch, but he’s our son-of-a-bitch.”  And thus Somoza would terrorize his own people for 43 years.  The same took place in Cuba, Chile, Iran, Guatemala, the Dominican Republic, Haiti, etc.  The U.S. also supported Mussolini, did nothing to prevent Franco’s fascist toppling of the Spanish Republic, and supported the right-wing government of Chiang-Kai Shek in its efforts to dominate China.

It is a very dark and ugly history that confirms the demonic nature of American actions around the world.

Then Griffin explodes the many myths about the so-called “Good War” – WW II.  He explains the lies told about the Japanese “surprise” attack on Pearl Harbor; how Roosevelt wished to get the U.S. into the war, both in the Pacific and in Europe; and how much American economic self-interest lay behind it.  He critiques the myth that America selflessly wished to defend freedom loving people in their battles with brutal, fascist regimes.  That, he tells us, is but a small part of the story:

This, however, is not an accurate picture of American policies during the Second World War.  Many people were, to be sure, liberated from terrible tyrannies by the Allied victories.  But the fact that these people benefited was an incidental outcome, not a motive of American policies.  These policies, as [Andrew] Bacevich discovered, were based on ‘unflagging self-interest.’

Then there are the conventional and atomic bombings of Hiroshima and Nagasaki.  Nothing could be more demonic, as Griffin shows.  If these cold-blooded mass massacres of civilians and the lies told to justify them don’t convince a reader that there has long been something radically evil at the heart of American history, nothing will.  Griffin shows how Truman and his advisers and top generals, including Dwight Eisenhower and Admiral William D. Leahy, Truman’s Chief of Staff, knew the dropping of the atomic bombs were unnecessary to end the war, but they did so anyway.

He reminds us of Clinton’s Secretary of State Madeline Albright’s response to the question whether she thought the deaths of more than 500, 000 Iraqi children as a result of Clinton’s crippling economic sanctions were worth it: “But, yes, we think the price is worth it.”  (Notice the “is,” the ongoing nature of these war crimes, as she spoke.)  But this is the woman who also said, “We are the indispensable nation.  We stand tall…”

Griffin devotes other chapters to the creation of the Cold War, American imperialism during the Cold War, Post-Cold War interventions, the Vietnam War, the drive for global dominance, and false flag operations, among other topics.

As for false flag operations, he says, “Indeed, the trajectory of the American Empire has relied so heavily on these types of attacks that one could describe it as a false flag empire.”  In the false flag chapter and throughout the book, he discusses many of the false flags the U.S. has engaged in, including Operation Gladio, the U.S./NATO terrorist operation throughout Europe that Swiss historian Daniele Ganser has extensively documented, an operation meant to discredit communists and socialists.  Such operations were directly connected to the OSS, the CIA and its director Allen Dulles, his henchman James Jesus Angleton, and their Nazi accomplices, such as General Reinhard Gehlen.  In one such attack in 1980 at the Bologna, Italy railway station, these U.S. terrorists killed 85 people and wounded 20 others.  As with the bombs dropped by Saudi Arabia today on Yemeni school children, the explosive used was made for the U.S. military.  About these documented U.S. atrocities, Griffin says:

These revelations show the falsity of an assumption widely held by Americans.  While recognizing that the US military sometimes does terrible things to their enemies, most Americans have assumed that US military leaders would not order the killing of innocent civilians in allied countries for political purposes.  Operation Gladio showed this assumption to be false.

He is right, but I would add that the leaders behind this were civilian, as much as, or more than military.

In the case of “Operation Northwoods,” it was the Joint Chiefs of Staff who presented to President Kennedy this false flag proposal that would provide justification for a U.S. invasion of Cuba.  It would have involved the killing of American citizens on American soil, bombings, plane hijacking, etc.  President Kennedy considered such people and such plans insane, and he rejected it as such.  His doing so tells us much, for many other presidents would have approved it.  And again, how many Americans are aware of this depraved proposal that is documented and easily available?  How many even want to contemplate it?  For the need to remain in denial of the facts of history and believe in the essential goodness of America’s rulers is a very hard nut to crack.  Griffin has written a dozen books about 11 September 2001, trying to do exactly that.

If one is willing to embrace historical facts, however, then this outstanding book will open one’s eyes to the long-standing demonic nature of the actions of America’s rulers.  A reader cannot come away from its lucidly presented history unaffected, unless one lives in a self-imposed fantasy world.  The record is clear, and Griffin lays it out in all its graphic horror. Which is not to say that the U.S. has not “done both good and bad things, so it could not sensibly be called purely divine or purely demonic.” Questions of purity are meant to obfuscate basic truths. And the question he asks in his subtitle – Divine or Demonic? – is really a rhetorical question, and when it comes to the “trajectory” of American history, the demonic wins hands down.

I would be remiss if I didn’t point out one place where Griffin fails the reader.  In his long chapter on Vietnam, which is replete with excellent facts and analyses, he makes a crucial mistake, which is unusual for him.  This mistake appears in a four page section on President Kennedy’s policies on Vietnam.  In those pages, Griffin relies on Noam Chomsky’s terrible book – Rethinking Camelot: JFK, the Vietnam War, and US Political Culture (1993), a book wherein Chomsky shows no regard for evidence or facts – to paint Kennedy as being in accord with his advisers, the CIA, and the military regarding Vietnam.  This is factually false. Griffin should have been more careful and have understood this.  The truth is that Kennedy was besieged and surrounded by these demonic people, who were intent on isolating him, disregarding his instructions, and murdering him to achieve their goals in Vietnam.  In the last year of his life, JFK had taken a radical turn toward peace-making, not only in Vietnam, but with the Soviet Union, Cuba, and around the globe.  Such a turn was anathema to the war lovers. Thus he had to die.  Contrary to Chomsky’s deceptions, motivated by his hatred of Kennedy and perhaps something more sinister (he also backs the Warren Commission, thinks JFK’s assassination was no big deal, and accepts the patently false official version of the attacks of 11 September 2001), Griffin should have emphatically asserted that Kennedy had issued NSAM 263 on October 11, 1963 calling for the withdrawal of American troops from Vietnam, and that after he was assassinated a month later, Lyndon Johnson reversed that withdrawal order with NSAM 273.  Chomsky notwithstanding, all the best scholarship and documentary evidence proves this.  And for Griffin, a wonderful scholar, to write that with the change from Kennedy to Johnson that “this change of presidents would bring no basic change in policy” is so shockingly wrong that I imagine Griffin, a man passionate about truth, simply slipped up and got sloppy here.  For nothing could be further from the truth.

Ironically, Griffin makes a masterful case for his thesis, while forgetting the one pivotal man, President John Kennedy, who sacrificed his life in an effort to change the trajectory of American history from its demonic course.

It is one mistake in an otherwise very important and excellent book that should be required reading for anyone who doubts the evil nature of this country’s continuing foreign policy.  Those who are already convinced should also read it, for it provides a needed historical resource and impetus to help change the trajectory that is transporting the world toward nuclear oblivion, if continued.

If – a fantastic wish! – The American Trajectory: Divine or Demonic? were required reading in American schools and colleges, perhaps a new generation would arise to change our devils into angels, the arc of America’s future moral universe toward justice, and away from being the greatest purveyor of violence in the world today, as it has been for so very long.

Reprinted with the author’s permission.

mardi, 11 septembre 2018

Les sanctions contre l’Iran, les marchés émergents et la fin de la domination du dollar

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Les sanctions contre l’Iran, les marchés émergents et la fin de la domination du dollar

par Brandon Smith

Ex: http://versouvaton.blogspot.com

Article original de Brandon Smith, publié le 28 Août 2018 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

La guerre commerciale est une affaire assez étrange et déconcertante si vous ne comprenez pas l’objectif sous-jacent. Si vous pensez que l’objectif est d’équilibrer le déficit commercial et de fournir un meilleur accord pour les producteurs américains sur le marché mondial, alors vous vous retrouvez probablement soit confus, soit acceptant avec une foi aveugle que les détails s’arrangeront d’eux-mêmes.
À titre d’exemple, les derniers rapports indiquent que le déficit commercial des États-Unis est maintenant sur la bonne voie pour atteindre des sommets depuis 10 ans, après une augmentation de 7 % en juin. C’est exactement le contraire de ce qui était censé se produire lorsque les tarifs douaniers ont été mis en place. En fait, je me souviens de nombreuses discussions dans les cercles médiatiques alternatifs qui prétendaient que la simple menace des tarifs douaniers allait effrayer les exportateurs étrangers et les pousserait à équilibrer le commerce par leurs propres moyens. De toute évidence, cela n’a pas été le cas.

Les rumeurs selon lesquelles la Chine s’engagerait dans des négociations commerciales ou « plierait » sous la pression se sont avérées fausses à plusieurs reprises. Bien que les marchés boursiers semblent bénéficier de telles manchettes, les résultats positifs tangibles sont inexistants. Alors que le monde se concentre principalement sur les réactions de la Chine, les sanctions contre d’autres nations se poursuivent pour des raisons difficiles à comprendre.
 
Les sanctions contre la Russie ont été renforcées à la suite de l’empoisonnement de Serguei et Ioulia Skripal au Royaume-Uni, même si nous n’avons encore aucune preuve concrète que la Russie a quelque chose à voir avec l’attaque.

Les sanctions contre l’Iran ont été réintroduites sur l’accusation que le gouvernement iranien est engagé dans la mise au point secrète d’armes nucléaires. Et encore une fois, nous n’avons pas encore vu de preuves tangibles que ce soit vrai.

De telles sanctions, fondées sur des ouï-dire, des rumeurs et des données « classifiées » que le public n’est jamais autorisé à examiner, présentent ce qui équivaut à un brouillard de guerre économique. Ce qui semble être un gâchis chaotique, cependant, pourrait en fait être une distraction par rapport à un projet plus vaste.

Je parle de ce que le FMI appelle communément le « reset économique mondial ». Ils ont tendance à en discuter de façon vague, mais d’après ce que j’ai tiré de la documentation du FMI et de ce que réclament d’autres grandes puissances économiques, cette réinitialisation comprend une voie vers la dé-dollarisation. Cela signifie la fin du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale, qui sera remplacée par les DTS, un système de panier monétaire contrôlé par le FMI.

Les sanctions iraniennes, en elles-mêmes, ne représentent pas un déclencheur d’un affaiblissement du dollar au niveau mondial. Cependant, les globalistes au sein du FMI pourraient préférer que la personne ou l’analyste économique moyen pense que c’est possible. De cette façon, ils veulent éviter d’être blâmés pour la souffrance financière potentielle qui résulterait du déclassement du dollar et des conséquences stagflationnistes.

Beaucoup de dominos doivent être soigneusement et délibérément placés et renversés pour que le dollar perde son statut de réserve, mais le processus est bien engagé. Les effets des sanctions sur le pétrole iranien en sont un parfait exemple.

Plutôt que de créer un « monde multipolaire » comme le suggère la propagande dominante, nous assistons à une centralisation encore plus globale face à la guerre commerciale. Récemment, cinq pays, dont la Russie et l’Iran, ont signé un accord sur la mer Caspienne. Le différend de longue date au sujet de cette région riche en ressources naturelles s’est soudainement terminé alors que la mise en place de tarifs douaniers contestés avec les États-Unis s’accélèrent.

L’Iran était initialement réticent à signer l’accord, mais ce succès marque aujourd’hui une étape importante dans les relations entre la Russie et l’Iran. Je le répète, deux pays qui ont été sanctionnés par les États-Unis se rapprochent maintenant pour réaliser des gains stratégiques et économiques. Mais cela ne s’arrête pas là.

L’Europe a exprimé son dégoût pour les sanctions iraniennes et tarde à réduire ses achats de pétrole brut et de gaz naturel iraniens. Ce faisant, les pays de l’UE perdraient l’un de leurs plus gros fournisseurs d’énergie. La France et l’Allemagne envisagent d’utiliser des systèmes de paiement alternatifs afin de contourner les États-Unis et de poursuivre leurs échanges commerciaux avec l’Iran. Cette décision s’inscrit dans le droit fil des informations selon lesquelles l’Allemagne s’éloigne du réseau de paiement SWIFT dominé par les États-Unis au profit du CIPS basé en Chine.

Le gaz naturel est vital pour l’économie européenne, y compris pour le chauffage pendant les mois d’hiver. Au départ, avant l’ouverture des marchés d’exportation de l’Iran, l’UE était fortement dépendante du gaz naturel et du pétrole russes pour satisfaire sa demande. Avec la menace de sanctions contre l’Iran en novembre prochain, devinez quel fournisseur est de retour en ville. La Russie et l’Allemagne sont sur le point de signer un accord sur un gazoduc appelé Nord Stream 2, qui augmentera considérablement les exportations russes d’énergie. Donald Trump a attaqué cette proposition, affirmant qu’elle fait de l’Allemagne « un captif des Russes ». Cette rhétorique ne fait qu’accélérer le processus.

Je note que les sanctions contre l’Iran sont probablement la cause d’un soutien élevé de l’Europe en faveur d’un resserrement des liens économiques avec la Russie. Encore une fois, nous voyons le monde se rapprocher de la centralisation alors que les États-Unis en sont systématiquement éliminés.

L’Iran a déclaré ouvertement qu’il a l’intention de défier les sanctions américaines et ce défi a reçu le soutien non seulement de la Russie, mais aussi de la Chine. La puissance asiatique en terme d’exportation et de d’importation, déjà engagée dans une guerre commerciale avec les États-Unis, a déclaré qu’elle ne réduira pas ses importations de pétrole brut iranien et a même suggéré de supprimer le dollar comme mécanisme commercial pour l’achat du pétrole.

La question iranienne s’enflamme à un moment intéressant. Les économies de marché des pays émergents sont confrontées à des pressions considérables alors que la Réserve fédérale poursuit ses hausses de taux d’intérêt et ses réductions de bilan au nom d’un resserrement budgétaire pour lutter contre « l’inflation ». Comme je l’ai mentionné dans des articles précédents, les banques et les sociétés américaines n’étaient pas les seules bénéficiaires des renflouements de la FED, de l’assouplissement quantitatif et des prêts de refinancement. Selon l’audit initial de renflouement du TARP, qui ne nous donne qu’un petit aperçu de la quantité de monnaie fiduciaire injectée dans le système mondial par la FED, des milliers de milliards de dollars ont été injectés dans les banques et les entreprises étrangères.

Les pays émergents sont devenus dépendants des liquidités de la FED au cours de la dernière décennie, utilisant les prêts sans frais et le dollar affaibli pour soutenir leurs marchés boursiers, leurs obligations et leurs propres devises. Ils ont été les premiers à voir un rebond des marchés boursiers après le lancement des renflouements, et maintenant ils sont les premiers à voir leurs marchés boursiers plonger alors que la FED retire le bol de punch. Les actions des marchés émergents ont récemment subi une baisse d’environ 15 % en raison de l’assèchement des liquidités du dollar.

Les guerres commerciales ont fourni une couverture parfaite, distrayant le public du fait que sans la création constante et croissante de monnaie par la Réserve fédérale, les actifs dans le monde entier auraient plongés en valeur.

Ce déséquilibre dans le déclin des marchés a trompé les analystes des médias dominants, qui prétendent que la guerre commerciale de Trump « fonctionne » et que les opposants au commerce capituleront bientôt. En réalité, c’est l’inverse qui est probablement vrai.

Comme nous l’avons vu avec le pétrole iranien, les économies émergentes ne se précipitent pas pour apaiser les États-Unis. Et même des pays européens comme l’Allemagne cherchent des alternatives qui ne correspondent pas aux souhaits des États-Unis. L’Inde s’est plainte ouvertement que les réductions du bilan de la FED et des hausses des taux d’intérêt qui causeront une grave instabilité économique. Bien que les banques étrangères détiennent encore des milliards de dollars à l’étranger, la liquidité du dollar est devenue un facteur psychologique majeur. Au-delà de cela, c’est le COÛT plus élevé des prêts basés sur le dollar en raison de la hausse des taux d’intérêt que les analystes traditionnels semblent ignorer. La dette déjà accumulée par les banques des marchés émergents devrait devenir beaucoup plus chère, et c’est probablement le déclencheur de la volatilité des marchés actions dans une grande partie du monde en développement à l’heure actuelle. Plus la dette est chère, moins les banques internationales et les banques centrales étrangères emprunteront pour soutenir les marchés dans ces régions.

Lorsqu’un toxicomane est incapable d’obtenir la drogue qu’il désire de sa source traditionnelle, il en cherchera d’autres. Autrement dit, les marchés émergents vont chercher d’autres options pour remplacer le dollar par nécessité.

On peut se demander si la FED est consciente qu’elle crée les conditions mêmes qui causeront la chute du dollar. Et la réponse est oui – ils sont parfaitement au courant. Jerome Powell a admis en octobre 2012 que le resserrement de l’assouplissement quantitatif et la hausse des taux d’intérêt pourraient provoquer une grave crise financière. Aujourd’hui, Powell est le président de la FED, et il poursuit les actions dont il prévenait des effets en 2012. Si cela ne vous dit pas que la FED est un saboteur délibéré de notre système, alors je ne sais pas ce qui pourrait le faire.

Nous nous concentrons généralement sur les conséquences des politiques de la FED aux États-Unis, mais nous considérons rarement comment les actions de la FED pourraient frapper les marchés étrangers, puis revenir comme un boomerang pour frapper les États-Unis.

Nous savons que la hausse des taux d’intérêt finira par arrêter les rachats de leurs actions par des sociétés, qui ont maintenu les marchés boursiers américains dans un marché haussier artificiel pendant des années. Le mois d’août est connu comme le mois le plus agressif pour ces rachats d’actions et cela s’est reflété jusqu’à présent avec la récente reprise du marché. Mais les entreprises ont déjà des niveaux d’endettement historiques jamais vus depuis la crise de Lehman Brother en 2008, et des taux plus élevés les entraîneront dans des eaux encore plus profondes. Cependant, avec les marchés émergents, nous voyons la menace de quelque chose de beaucoup plus dommageable [pour les USA, NdT] – la fin du dollar comme monnaie de réserve mondiale.

Les conséquences ? Il est possible, quoique peut-être sans précédent, que le dollar index diminue même si la liquidité du dollar est réduite. En d’autres termes, une forte inflation des prix alors que les détenteurs étrangers de dollars les revendent sur les marchés américains pour se tourner vers un système monétaire basé sur un panier de monnaie, les DTS.

Cela mènerait probablement à une explosion du prix de l’or [en dollar, NdT], mais au-delà, une explosion du prix de la plupart des matières premières pour les Américains [toujours en dollar, NdT]. Les banques mondiales sont plus qu’heureuses d’entamer leur « réinitialisation » de cette manière, car les guerres commerciales de Trump peuvent être utilisées comme couverture parfaite pour prévenir toute douleur ressentie pendant la transition.

Si les prix montent en flèche et que les marchés chutent, les tarifs douaniers seront accusés au lieu des banquiers centraux. Quand assez de peur aura été induite dans la population, le FMI et ses clients banquiers peuvent « monter à la rescousse » avec le même système de panier de monnaies basé sur le DTS que la Chine et la Russie ont appelé de leurs vœux en remplacement de l’hégémonie du dollar. Dans ce scénario, l’Amérique sera présentée comme le méchant qui n’obtient que ce qu’il mérite, tandis que le monde sera sauvé du bord de la destruction par les élites bancaires qui ont initialement créé la catastrophe.

Brandon Smith

lundi, 10 septembre 2018

Le duel Trump – Erdogan

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Le duel Trump – Erdogan

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le mois d’août 2018 a été particulièrement difficile pour la monnaie turque qui a subi une très forte dépréciation par rapport au dollar. Donald Trump a doublé les taxes douanières pour l’acier et l’aluminium turcs, ordonné le gel des avoirs financiers des ministres turcs de l’Intérieur et de la Justice et exigé la libération immédiate d’Andrew Brunson. Accusé de terrorisme pro-kurde et d’espionnage au profit de l’Occident, ce pasteur étatsunien d’une secte évangélique a été détenu un an et demi avant d’être récemment assigné à résidence.

Loin de se laisser impressionner, le chef de l’État turc, Tayyep Recep Erdogan, résiste aux États-Unis si bien que les relations sont dorénavant glacées entre Ankara et Washington. Ce nouveau contentieux s’ajoute à d’autres divergences profondes concernant le sort du Kurdistan syrien et l’achat par l’armée turque du système de missiles russes S – 400. La brouille entre les deux principales puissances de l’OTAN risque de durer d’autant que l’émirat du Qatar vient d’accorder une aide financière élevée à son allié turc. La Turquie se rapproche de l’Iran et de la Russie et renoue le dialogue avec les Européens en général et les Grecs en particulier. Deux garde-frontière hellènes viennent juste d’être libérés et expulsés.

Concentrant tous les pouvoirs, le président turc, réélu en juin dernier, s’affranchit de plus en plus de la pesante tutelle yankee, atlantiste et occidentale. La confrontation qui commence risque à terme d’être explosive quand on sait le caractère affirmé et déterminé des deux présidents. Les Turcs soutiennent dans leur majorité l’action de leur gouvernement. Ils ont encore en tête le roman de Burak Turna, La Troisième Guerre mondiale, grand succès en librairie de 2005.

Prenons en effet garde de ne pas sous-estimer la littérature de gare comme le polar ou la science-fiction parce qu’elles véhiculent plus facilement dans l’opinion de fortes idées. Dans ce récit d’anticipation politique, Burak Turna imagine un conflit entre le Bloc occidental atlantiste et une alliance eurasiste formée de la Turquie et du monde musulman, de la Russie et du monde orthodoxe, de l’Inde et du monde hindou et de la Chine et du monde confucéen. Une fois encore, dans la réalité ou pas, l’Europe paie cher son absence criante de volonté d’indépendance vis-à-vis de Wall Street et de la City.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 89.

La situation financière US…

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La situation financière US…


Dix indicateurs qui montrent que la situation financière actuelle des États-Unis est une vision d’horreur


Par Michael Snyder –

Source TheEconomicCollapse

Les prévisions à long terme du bilan des États-Unis continuent à s’aggraver progressivement. Malheureusement, depuis que le marché boursier a flambé et que les chiffres du PIB semblent satisfaisants, la plupart des Étasuniens supposent que l’économie de leur pays se porte bien. Mais il faut dire que le marché boursier montait en flèche et les chiffres du PIB semblaient corrects juste avant la grande crise financière de 2008, et nous avons vu ce que cela a donné. La vérité est que le PIB n’est pas la meilleure mesure pour la santé de l’économie. Juger l’économie étasunienne par rapport au PIB revient essentiellement à mesurer la santé financière d’une personne relativement à ses dépenses. C’est ce que je vais essayer d’illustrer ici.

Si je sortais tout de suite, obtenais un certain nombre de nouvelles cartes de crédit et commençais à dépenser comme si demain n’existait pas, cela signifierait-il que ma situation financière se serait améliorée ?

Non, en fait, cela signifierait que ma situation financière à long terme a au contraire empiré.

Le PIB est une mesure de l’activité économique de notre société, et c’est essentiellement une indication du montant d’argent échangé.

Mais le fait que plus d’argent change de mains ne veut pas dire que les choses s’améliorent. Ce qui compte vraiment est ce qui arrive aux actifs et aux passifs. En d’autres termes, est-ce que de la richesse a été créée ou bien a-t’on simplement accumulé de la dette ?

Malheureusement, il n’y a qu’une poignée de points positifs dans notre économie. Quelques très grandes entreprises technologiques, comme Apple, amassent de la richesse, mais à peu près partout la dette augmente à un rythme sans précédent. La dette des ménages n’a jamais été aussi élevée. La dette des entreprises a doublé depuis la dernière crise financière. La dette publique des États et des collectivités locales a atteint un niveau record et la dette publique étasunienne est complètement hors de contrôle.

Si je sortais demain et dépensais $20 000 avec un lot de nouvelles cartes de crédit, je pourrais prétendre que mon « PIB personnel » monte en flèche parce que je dépense beaucoup plus qu’avant. Mais ma vantardise serait inutile car, en réalité, je mettrais simplement ma famille dans une situation financière extrêmement précaire.

La croissance économique qui résulte de l’accroissement continu de la dette n’est pas une chose positive. Je souhaite que plus de gens comprennent ce concept très basique. Voici dix indicateurs qui montrent que la situation financière actuelle des États-Unis est une vision d’horreur…

1. Le crédit à la consommation aux États-Unis vient d’atteindre un nouveau record. Au deuxième trimestre de 2008, le total des crédits à la consommation avait atteint $2 630 milliards et, dix ans plus tard, ce chiffre a grimpé à $3 870 milliards. Cela représente une augmentation de 48% en une seule décennie.

2. La dette étudiante a pour la première fois dépassé les $1 500 milliards. Au cours des huit dernières années, le montant total de l’endettement des étudiants aux États-Unis a augmenté de 79%.

3. Selon la Réserve fédérale, le taux de défaillance des cartes de crédit aux États-Unis a augmenté pendant sept trimestres consécutifs.

4. Une enquête récente a révélé que 42% des consommateurs étasuniens ont payé en retard leur factures de carte de crédit « au moins une fois au cours de la dernière année » et 24% des consommateurs étasuniens les ont payées en retard « plus d’une fois au cours de la dernière année ».

5. Les salaires réels aux États-Unis viennent d’atteindre leur niveau le plus bas depuis six ans.

6. Selon une étude récente, « le taux de faillite personnelle des gens âgés de 65 ans et plus est trois fois supérieur à celui de 1991 ».

7. Nous sommes au cœur de la plus grande « apocalypse de la vente au détail » dans l’histoire étasunienne. À ce jour, en 2018, 57 grandes surfaces ont annoncé des fermetures de magasins.

8. Le déficit budgétaire officiel des États-Unis est en hausse de 21% sous le président Trump.

9. On prévoit que le service de la dette publique cette année dépassera pour la première fois les $500 milliards.

10. Goldman Sachs prévoit que le déficit budgétaire annuel dépassera les $2 000 milliards d’ici 2028.

Et je n’ai même pas parlé des passifs non capitalisés. Ce sont essentiellement des engagements futurs pour lesquels nous n’avons pas d’argent.

Selon le professeur Larry Kotlikoff, en ce moment nos engagements non capitalisés dépassent largement les $200 000 milliards.

Si les personnes, les entreprises, les États et gouvernements locaux et le gouvernement fédéral cessaient tous de s’endetter, nous nous enfoncerions immédiatement dans la plus grande dépression économique de l’histoire des États-Unis.

Le système est profondément brisé, et la seule façon de maintenir cette bulle de dette est de continuer à l’accroître encore plus.

Toute personne qui croit que l’économie étasunienne est « réparée » est complètement dans l’erreur. RIEN n’a été arrangé. Au lieu de cela, nos déséquilibres financiers à long terme s’aggravent à un rythme croissant.

Malheureusement, l’attitude du grand public est exactement similaire à ce qu’elle était juste avant la grande crise financière de 2008. La plupart des gens semblent assumer que n’ayant pas subi jusqu’à présent de conséquences néfastes résultant de nos très idiotes décisions, aucune conséquence dommageable ne se produira.

Beaucoup supposent également que depuis que le contrôle de la Maison Blanche a changé, les choses vont s’améliorer par magie.

Bien sûr, la vérité est que la seule façon de résoudre nos problèmes à long terme est de s’attaquer à leur origine, ce qui n’est tout simplement pas le cas.

Comme j’ai beaucoup voyagé au cours de l’année écoulée, j’ai découvert que la plupart des Étasuniens ne veulent pas apporter de changements fondamentaux au système actuel, car ils ont l’illusion qu’il fonctionne très bien. Donc, il faudra probablement une autre crise majeure avant que la plupart des gens soient prêts à envisager des changements fondamentaux, et quand cela arrivera, nous devrons être prêts à l’expliquer au public.

Le système que nous avons aujourd’hui, est fondamentalement malsain. Nous avons désespérément besoin de revenir aux valeurs et aux principes sur lesquels notre pays a été fondé, mais tant que les choses n’ont pas commencé à aller vraiment, vraiment mal, il est fort peu probable que le peuple étasunien soit prêt à accepter ces changements.

Michael Snyder  est un écrivain syndiqué, une personnalité médiatique et un militant politique. Il est l’éditeur de The Most Important News et l’auteur de quatre ouvrages, dont The Beginning of the End et Living A Life That Really Matters

Traduit par Alexandre Moumbaris  relu par Marie-José Moumbaris

jeudi, 06 septembre 2018

Il fondamentalismo protestante negli USA

Alcune note su religiosità evangelical e dissimulazione della postmodernità

Gli avvenimenti succedutisi dopo gli attentati dell’11/9/2001 hanno sensibilmente accresciuto l’interesse deimedia sulla questione delle relazioni tra USA ed Europa e tra il cosiddetto “Occidente” – che queste rappresenterebbero – e il mondo islamico. Tenuto conto che le vaghe nozioni di “Occidente” e di “Islam”, come è stato a lungo ripetuto, non possono sic et simpliciter rimandare a blocchi culturalmente monolitici, è lecito,da europei, chiedersi se il primo dei due concetti possa correttamente indicare la sostanziale unità di “visioni del mondo” ­­– e quindi di intenti geopolitici – tra gli Stati Uniti d’America e l’Europa (un’Europa che, peraltro, consiste attualmente solo in un moloch burocratico privo di una politica e di un esercito comuni, senza considerare gli enormi squilibri economici che la caratterizzano al suo interno).

Prendiamo le mosse dalla storia religiosa, a nostro parere punto di osservazione privilegiato per tentare di comprendere le dinamiche culturali sottese alla formazione dell’identità americana, che, senza menzionare altri influssi certamente determinanti ma posteriori, può essere a ragione ritenuta un’identità “religiosa”, nello specifico fondata sul protestantesimo di orientamento congregazionalista. Come è noto, la società statunitense si costituì a partire da una frattura con quella europea; per i Pilgrim Fathers, i poco più di 100 puritani inglesi che nel 1620, sbarcati dal Mayflower, fondarono la colonia di Plymouth (Massachussets), l’Europa costituiva una realtà oppressiva da cui separarsi per inaugurare una nuova civiltà (se si dà uno sguardo ai biglietti americani da un dollaro, vi si legge l’inequivocabile mottoNovus Ordo Seclorum)[1]: in questo senso, gli USA possono essere considerati da un lato come il prodotto storico-culturale del rifiuto europeo di una Weltanschauung calvinista radicale, dall’altro come il tentativo di formazione, per l’appunto, di un nuovo ordine, fondato su principi etico-religiosi incompatibili con quelli del vecchio continente. 

Attualmente, il camaleontico panorama religioso a stelle e strisce è caratterizzato dalla presenza di un crogiolo di fedi e credenze nel quale non è sempre facile districarsi: ad una robusta dose di cattolicesimo non del tutto romano si giustappongono ­– per citare due forme di espressione del “sacro” tipicamente statunitensi – le evasioni neo-gnostiche del New Age e la più inquietante deriva satanica, nelle sue declinazioni “acida” ovvero “occulta”; oltre, ovviamente, alla galassia delle denominazioni protestanti, che vanno dalle Chiese liberal che ammettono il sacerdozio femminile e sdoganano l’omosessualità alle apparentemente sedate milizie antigovernative: il pluralismo, si dirà, è l’anima della democrazia (in particolare statunitense).

Ora, i principi informatori del congregazionalismo seicentesco costituiscono il punto di partenza di un iter che, sulla base del minimo comune denominatore del ritorno ai fundamentals della fede e di una ermeneutica biblica rigidamente letterale – ciò che inevitabilmente produce una prospettiva di stampo apocalittico-millenaristico –, ha condotto alla nascita del cosiddetto “fondamentalismo”, venuto alla luce per l’appunto in contesto protestante statunitense nei primi decenni del XX secolo. Oggi una tale tendenza si concentra per lo più nell’ambito delle denominazioni pentecostali, battiste ed evangelical, riscuotendo particolare successo fra i ceti medio-borghesi e nelle aree rurali della Bible belt; ma non risulta essere assente neanche negli stati a forte maggioranza liberal, motori dell’economia e della cultura americana, quali New York e California.

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Il fondamentalismo, categoria tassonomicamente utilissima ma necessariamente generalizzante (in quanto costituita a partire da un processo di astrazione), costituisce negli USA un fenomeno articolato, anche in ragione della complessità della società in cui è inserito: in primis, esso non è in toto riducibile – come talune generalizzazioni giornalistiche sembrerebbero far credere – all’ambito della destra religiosa[2], sebbene questa ne abbia spesso egemonizzato la visibilità a livello mass-mediatico e l’influenza a livello politico. A tal riguardo, si pensi al caso dell’ex presidente degli Stati Uniti J. Carter, battista georgiano di orientamento politicamente e teologicamente progressista (a motivo del quale si è staccato dalla Chiesa battista del sud, che al contrario mantiene posizioni conservatrici in materia di omosessualità, sacerdozio femminile ed evangelizzazione degli ebrei)[3]; si noti in particolare che l’orizzonte dei valori etici dei protestanti “radicali” à la Carter, fondato sull’umanitarismo e sul solidarismo, risulta essere indubbiamente più prossimo ai fermenti controculturali di fine anni ’60 che agli orientamenti della medesima destra religiosa. Anche sulla questione centrale delle relazioni tra fede e politica, il fondamentalismo statunitense propone una serie di posizioni contrastanti, che spazia dall’assoluto disimpegno degli Amish – dipendente dal loro “escatologismo spiritualizzato” di fondo – alla prepotente pressione esercitata sull’amministrazione Bush, all’inizio del nuovo millennio, dalla religious right, che tende alla sacralizzazione della nation under God: sacralizzazione che, nelle discutibili elucubrazioni di P. Robertson, massimo rappresentante dei telepredicatori statunitensi ed intimo di G.W. Bush, si realizzerà secondo il modello di una teocrazia americano-cristiana che, a parte la difficoltà storica di applicare un tale sistema nell’ambito del Cristianesimo (per di più anglosassone!), appare certamente meno una opzione meditata che non una involontaria parodia di lontani e maldigeriti echi provenienti da certa teologia politica medioevale. L’adesione ad una chiesa fondamentalista, peraltro, garantisce generalmente una esperienza emotivamente forte e totalizzante, in cui non vi è posto per la separazione tra vita e fede – e dunque tra politica e religione –, semplicemente perché la prima è inglobata nella seconda: dal che promana un sostanziale disconoscimento del principio occidentale (statunitense) di separazione dell’autorità civica da quella religiosa.

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Agli occhi di un europeo, le modalità di estrinsecazione del culto delle sette protestanti determinano, in linea generale, due ordini di reazioni: da un lato, di fronte alle forme di espressione rituale della “Chiesa elettronica”, vi è l’impressione di un trattamento “grossolano” del sacro, neanch’esso esentato da quella tendenza alla spettacolarizzazione che costituisce uno dei tratti essenziali dell’American way of life; dall’altro, la liturgia e l’iconografia in uso in special modo presso le chiese calviniste suscitano la percezione di una assenza della dimensione simbolica: ciò si manifesta significativamente secondo le polarità, opposte ma in certo senso convergenti, dell’eccesso e della “semplificazione”. Nell’arcipelago fondamentalista si passa, infatti, da “chiese” che sono teatri, palazzetti dello sport o stadi, nei quali la musica gospel e rock (!) fa da contraltare ad un atteggiamento e ad un vestiario sommamente irrituali, a luoghi di culto freddi, spogli e banali, del tutto privi dei simbolismi propri dell’arte cristiana tradizionale.

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Il fondamentalismo statunitense, piuttosto che attuare il topos protestante del recupero del Cristianesimo originario, sembra quindi, da questo punto di vista, dar luogo ad una “fuga in avanti” che mescola un’attitudine postmoderna inevitabilmente influenzata dallo stile di vita statunitense, una teologia ridotta appunto ai fundamentals e la riduzione della religiosità ad ethos e/o ad esperienza emotiva: la religione è, in specie nel caso emblematico dei pentecostali, spiritual healing, culto di guarigione, ovvero counselling, cura pastorale talora esperibile via cavo. Le derive “miracolistiche” non sono peraltro del tutto sconosciute nel cattolicesimo, manifestandosi in particolare nell’ambito del movimento del “Rinnovamento nello Spirito” – che gode di solidi sostegni anche all’interno della Chiesa romana –, all’interno del quale, non a caso, si “scavalca” di fatto la gerarchia ecclesiastica (in altro abito, negli “scrutini” dei neocatecumenali, un laico può giudicare i progressi spirituali di un sacerdote, decidendone l’avanzamento ai livelli superiori del “cammino”): in questo senso, una relazione “pubblica” con il sacro assolutamente priva di mediazioni non può non avere come corollario la negazione dell’idea di gerarchia. Inoltre, lo spirito “settario”, elemento che accomuna i pentecostali ai carismatici nostrani, costituisce sia una indiscutibile forza di attrazione verso tali movimenti – garantendo al fedele la partecipazione ad un sistema chiuso ed autoreferenziale, che propone una visione del mondo accessibile a tutti e delle risposte chiare ai quesiti essenziali –, sia la sua intrinseca debolezza, impedendo in tal modo l’adesione ai movimenti in questione da parte di fette maggiori di credenti.

Ad ogni modo, il fondamentalismo costituisce, a ben guardare, l’altra faccia del laicismo, rispetto al quale si è storicamente posto come reazione: reazione in specie rivolta contro l’illanguidimento delle Chiese storiche protestanti, compromesse, mediante l’elaborazione di una teologia “liberale”, con i processi di laicizzazione/secolarizzazione operanti in Occidente; la posizione al riguardo della destra religiosa, al contrario improntata alla valorizzazione pubblica della fede cristiana, risulta significativamente in contrasto con la linea dello stesso protestantesimo “tradizionale”, se si pensa solamente al fatto, da tempo acclarato sulla base dei celeberrimi studi di M. Weber, che è stata proprio l’etica protestante (nello specifico calvinista) ­– e non genericamente “il Cristianesimo” – a plasmare il capitalismo e, di rimando, il mondo moderno con il suo corollario di riduzione della fede a fatto privato[4].

Tuttavia, il rimedio fondamentalista al decadimento del protestantesimo istituzionale, cui si faceva cenno sopra, rischia di rivelarsi più problematico del male che vorrebbe curare, essendo privo di autorevoli riferimenti ad un saldo “centro”. Inevitabili sono, in tal senso, ulteriori degenerazioni, di segno apparentemente opposto, ad esempio di ordine “sincretistico”: a dimostrazione di ciò, si pensi al caso della Chiesa cristiana avventista del settimo giorno, che mescola un messianismo a base di continue profezie sulla parousía – peraltro costantemente smentite dai fatti! –, usanze ebraiche (il sabato come giorno di riposo), un salutismo tipicamente moderno inaugurato dai corn flakes del dott. Kellog ed un orientamento politicamente e socialmente progressista, fondato su di una ideologia umanitaria ed espresso, tra l’altro, nella ferma condanna della pena di morte (ciò in netta controtendenza rispetto alle altre Chiese evangelical)[5]. A questo proposito, ci sembra che una tale problematicità derivi essenzialmente da quello che può essere considerato il “peccato originale” del protestantesimo, condotto alle estreme conseguenze nei suoi (inevitabili?) esiti fondamentalisti: l’incomprensione del fatto che, laddove la relazione “privata” del credente con Cristo è eminentemente personale e diretta, quella “pubblica” con il sacro – implicante in primo luogo l’interpretazione del testo biblico – deve di necessità assumere una mediazione ecclesiastica autorevole.

Alcuni temi etici concernenti in particolare il versante della difesa della vita, portati avanti per lo più dalla destra religiosa, inoltre, non contrastano con il magistero della Chiesa romana; anzi, in alcuni casi la critica dei telepredicatori alla ingiustizia di alcuni provvedimenti legislativi in materia di aborto e di eutanasia sembra essere più convinta di quella cattolica, grazie ai toni generalmente urlati che contraddistinguono gli infiammati sermoni dei pastori fondamentalisti (si pensi anche alla questione della preghiera nelle scuole pubbliche, sulla quale gli ambienti evangelical continuano a dare battaglia: questione, tra l’altro, inestricabilmente legata al principio di laicità dello stato, in merito al quale si sono più volte favorevolmente pronunciati gli esponenti del protestantesimo storico): in effetti, a parte gli irriducibili contrasti a livello antropologico, ecclesiologico e teologico con la Chiesa cattolica ed ortodossa, colpiscono le forme del discorso pubblico proprie della “Chiesa elettronica”. In questa declinazione postmoderna della fede cristiana è del tutto assente – anzi, è negata ­– la nozione di tradizione, perlomeno nell’intendimento cattolico e ortodosso del termine. In realtà, la prospettiva dei settori più aggressivi degli evangelical americani è basata sulla necessità di una “guerra culturale” – ciò che riduce il Cristianesimo a fatto politico e morale.

Preaching_at_Bele_Chere_2007.jpgIl protestantesimo, e a maggior ragione le sue derive fondamentaliste, costituiscono dunque la recisa opposizione al Cristianesimo “tradizionale”, annoverando tra i loro principi fondanti un’antropologia tendenzialmente disincarnata, il recupero di una dimensione morale che sfocia spesso nel moralismo, la tesi della predestinazione assoluta calvinista, che rischia di ridurre l’uomo a “burattino” della divinità, la critica del ritualismo cattolico; si aggiungano a ciò il totale misconoscimento della nozione di gerarchia, operato in virtù di un livellamento democratico ed egualitario tipicamente anglosassone, e la commistione tra un’ostentata morigeratezza pubblica (cui non sempre corrisponde un’analoga condotta privata…) ed un individualismo che trova la sua sublimazione nel liberismo economico: uno dei classici topoi, quest’ultimo, del discorso di certo protestantesimo, estremizzato dalla asserzione calvinista secondo cui il successo economico è segno della benedizione divina. A questo proposito, si dovrà prima o poi riconoscere che le presunte “conquiste” della società postmoderna (comunque quasi esclusivamente di ordine tecnologico e materiale) dipendono in larga misura dal notevole abbassamento degli standards morali in uso presso la civiltà occidentale[6], e sono state ottenute a costo di una gigantesca sperequazione nella distribuzione delle ricchezze: ciò che costituisce il portato di una concezione mercantilistica dell’esistenza (applicata persino alla divinità!), concezione di cui l’assunto calvinista sopra citato rappresenta un significativo esempio.

Per concludere queste brevi osservazioni, ci sia concessa una provocazione di ordine storico-culturale. La civiltà postmoderna, nata con la legittimazione morale del bombardamento atomico di Hiroshima, operazione che ha contribuito a liberare l’umanità dal tabù dell’indiscriminato massacro di civili[7] e dall’imperativo etico della pietà per i vinti, può essere considerata in questo senso l’esito apocalittico dell’utilitarismo liberale di scuola anglosassone. La giustificazione di quella immane strage – che ha costituito la eloquente dimostrazione della barbarie della guerra moderna (si badi bene: non tanto della guerra in sé, ma della guerra moderna) – ha determinato il definitivo collasso di un Occidente già in crisi secolare: in una parola, la morte dell’Europa. Pure, siamo certi che l’avanzamento politico della destra evangelica, in particolare negli anni dell’amministrazione Bush jr, abbia coinciso con il riemergere del sacro negli Usa? Oppure eravamo di fronte ad una colossale, ma al tempo stesso sottile dissimulazione di concreti interessi economici e geopolitici – peraltro contrastanti con quelli del resto del mondo –, che si occultavano dietro la maschera di quei “valori cristiano-americani” formalmente accettabili (e spesso in buona fede e sostanzialmente accettati) agli occhi di un’opinione pubblica spesso fuorviata dalla “civiltà delle immagini”?

Marco Toti.



[1]D. Fennell, La fragilità della civiltà postoccidentale, Trasgressioni, 28, maggio-agosto 1999, 68-69.

[2]P. Naso, God bless America. Le religioni degli americani, Roma 2002, 67-68.

[3]Ibidem, 68-69.

[4]A tal proposito, riteniamo in questa sede opportuno smascherare il gigantesco equivoco, alimentato in Italia da potenti lobbies di “atei devoti” e di più o meno “strani cristiani”, rappresentato dalla tesi della “discendenza diretta” del liberalismo classico  ­– e dunque di uno dei fondamentali nutrimenti ideologici del mondo moderno ­– dal Cristianesimo (ovvero dal cattolicesimo: ma il liberalismo fu condannato, ad es. da S. Pio X!): ciò che consente la quantomeno spericolata asserzione di una naturale convergenza-complementarità di valori tra l’amministrazione statunitense di Bush jr e la gerarchia vaticana. Equivoco, questo, motivato da un intento politicamente e scopertamente antiislamico ed “occidentalista”: dunque, a ben guardare, antioccidentale in quanto “filoamericano”. In realtà, il mondo moderno, sia nella sua declinazione “giacobina” che in quella liberale di origine anglosassone, nasce da una interpretazione specifica dei precetti cristiani, ossia dal loro trasferimento dall’ambito spirituale a quello mondano: tanto è vero che il medesimo liberalismo, molto spesso supporto politico del protestantesimo statunitense, costituisce, allo stesso modo del socialismo scientifico, un’ideologia in nuce economicistica; e proprio in quanto ideologia, come il materialismo marxiano, si sviluppa a partire da un “escatologismo”, a sua volta procedente da una lettura non “tradizionale” del Nuovo Testamento.

[5]Naso, op. cit., 69-71.

[6]Fennell, cit., 73.

[7]Ibidem, 66 (l’espressione “liberazione dal tabù del massacro dei civili” si trova ibidem, 72).

mardi, 04 septembre 2018

Le néo-impérialisme américano-britannique et ses « missionnaires » des temps modernes

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Le néo-impérialisme américano-britannique et ses « missionnaires » des temps modernes

 
 
Auteur : Tony Cartalucci
Ex: http://www.zejournal.mobi

La pire des tromperies est celle perpétrée par ceux qui prétendent défendre les plus vulnérables alors qu’ils tirent profit de leur situation, exploitent leur souffrance et, dans de nombreux cas, jouent un rôle direct dans la perpétuation des deux.

Il s’agit d’une description pertinente du racket mondial des droits de l’homme par Washington, Londres et Bruxelles – utilisé à plusieurs reprises comme prétexte à l’ingérence politique et parfois même à la guerre.

Un exemple particulièrement cynique de ce phénomène se produit au Myanmar, un pays d’Asie du Sud-Est.

Alors que les liens entre le Myanmar et la Chine se resserrent, les États-Unis et leurs partenaires européens s’efforcent de faire pression, de coopter, voire de renverser l’ordre politique actuel du Myanmar, qui comprend non seulement une armée puissante et indépendante, mais aussi un gouvernement civil que les États-Unis et le Royaume-Uni ont directement aidé à mettre au pouvoir.

Les décennies de soutien américano-britanniques à Aung San Suu Kyi – l’actuelle conseillère d’État du Myanmar – s’accrochent à elle et aux membres de son parti politique de la Ligue Nationale pour la Démocratie (NLD) comme un boulet. Les réseaux parrainés par l’étranger qu’ils ont faits entrer au Myanmar pour les aider à prendre le pouvoir sont maintenant utilisés contre eux pour contraindre la politique intérieure et étrangère du Myanmar.

Un autre rapport douteux de l’ONU

Un récent rapport de l’ONU sur les atrocités présumées commises contre la minorité Rohingya au Myanmar s’est accompagné d’une campagne de relations publiques coordonnée menée par les médias occidentaux et les organisations non gouvernementales (ONG) financées par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Dans le cadre de cette campagne de relations publiques, de nombreux chefs militaires du Myanmar ont été appelés à saisir la Cour Pénale Internationale (CPI) – une institution considérée dans le monde entier comme la continuation de la colonisation occidentale – en particulier en Afrique. Des pressions ont également été exercées sur le gouvernement civil du Myanmar, dirigé par Aung San Suu Kyi et son parti, la NLD.

Cela se traduit par la capacité de l’Occident à tirer parti de la violence ethnique pour faire pression sur le Myanmar, ce qui permet à l’Occident d’exiger des concessions et d’imposer des sanctions ou de retirer du pouvoir à volonté toute personnalité politique ou militaire de premier plan.

L’objectif principal de la politique étrangère de l’Occident est de rompre les liens du Myanmar avec la Chine, de transformer le Myanmar en un État client obéissant et d’utiliser le succès de ce pays pour étendre des actions similaires dans le reste de l’Asie du Sud-Est.

Le rapport de l’ONU intitulé officiellement « Rapport de la mission internationale indépendante d’établissement des faits sur le Myanmar » (PDF), révèle que sa méthodologie a été basée sur des entretiens. Il prétend :

« La Mission a rassemblé une grande quantité d’informations essentielles. Elle a réalisé 875 entretiens approfondis avec des victimes et des témoins oculaires, ciblés et choisis au hasard. Elle a obtenu des images satellites et authentifié une série de documents, de photographies et de vidéos. Elle a comparé ces informations à des informations secondaires jugées crédibles et fiables, y compris les données brutes ou les commentaires des organisations, les interviews d’experts, les contributions et le matériel open source ».

Le rapport admet également :

« La Mission a également tenu plus de 250 consultations avec d’autres parties prenantes, y compris des agences transgouvernementales et non gouvernementales, des chercheurs et des diplomates, en personne et à distance. Elle a reçu des soumissions écrites, et par appel public ».

C’est ce deuxième point qui est particulièrement préoccupant.

Il semble qu’une grande partie de ce que contient le rapport de l’ONU n’est qu’une simple répétition d’informations que des « ONG » supposées, financées par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’UE – éléments centraux du racket des droits de l’homme en Occident – ont déjà rapportées dans leurs propres publications hautement suspectes.

Parmi celles-ci, il y a Fortify Rights – financé par les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada et des Pays-Bas, ainsi que l’Open Society Foundation de George Soros, un criminel financier reconnu coupable. Le rapport de l’ONU semble n’être qu’un bref résumé du rapport de Fortify Rights, « They gave them long swords » (PDF).

Les « Missionnaires » des temps modernes financés par les États-Unis et le Royaume-Uni 

Fortify Rights divulgue son financement dans au moins deux rapports annuels de 2015 et 2016.

En 2015 (PDF), les sponsors comprenaient les gouvernements néerlandais, canadien et américain par l’intermédiaire du National Endowment for Democracy (NED). Elle comprenait également Open Society Foundations et Avaaz. En 2016 (PDF), le gouvernement du Royaume-Uni a également été inclus dans sa liste de donateurs.

Face aux questions concernant l’acceptation par Fortify Rights de l’argent des gouvernements actuellement engagés dans des violations des droits de l’homme dans le monde entier – y compris la vente d’armes à Riyad et l’assistance dans la guerre de Riyad contre le Yémen – le fondateur de Fortify Rights, l’Américain Matthew Smith, a tenté de détourner et de minimiser le financement de son organisation.

Il a affirmé que l’argent de la NED ne constituait pas un financement du gouvernement américain parce que les fonds du Congrès américain ont transité par la NED avant de lui parvenir.

Il a également affirmé que l’argent que son organisation a accepté du Royaume-Uni n’a pas été utilisé pour le Myanmar, prétendant qu’il avait servi à la place à un programme que son organisation dirige en Thaïlande – apparemment convaincu que cette explication résoudrait les inquiétudes sur le conflit d’intérêts évident que représentent les activités de son organisation et son financement.

Pire encore, Smith a reconnu le rôle du Royaume-Uni dans la crise actuelle au Myanmar. C’est le colonialisme britannique qui a intentionnellement fomenté et exploité les tensions ethniques qui existent encore aujourd’hui au Myanmar. Cela inclut pratiquement tous les groupes ethniques pour lesquels Fortify Rights se pose en champion.

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Smith et d’autres membres de Fortify Rights ont été interrogés à plusieurs reprises et n’ont pas expliqué comment des étrangers financés par les gouvernements qui ont créé les tensions ethniques au Myanmar, peuvent servir de solution à ce conflit en s’insérant dans la violence actuelle.

Au lieu de cela, il est clair que ce que les Britanniques avaient intentionnellement accompli il y a des générations pour diviser et conquérir la Birmanie d’alors, se poursuit dans le Myanmar d’aujourd’hui.

Matthew Smith et son organisation, Fortify Rights, sont les équivalents modernes des missionnaires qui ont contribué à la conquête d’une grande partie de la planète par l’Empire britannique.

« L’avant-garde du colonialisme : Missionnaires et frontières en Afrique australe au XIXe siècle », écrit par le professeur Paul Gifford, donne un aperçu utile du rôle des missionnaires à l’apogée de la colonisation européenne :

« Le rôle des sociétés missionnaires en Afrique australe est controversé. À bien des égards, leurs objectifs déclarés étaient admirables : la création d’une société pacifique sans guerre intestine, l’éducation et l’élévation du peuple, et ainsi de suite. Mais dans la pratique, les missionnaires rempliraient des rôles très similaires et souvent interchangeables avec les explorateurs et diplomates européens laïcs, utilisant et manipulant les Africains qu’ils ont rencontrés comme il leur convient le mieux« .

Le professeur Gifford conclut :

« En fin de compte, la guerre n’était pas entre Dieu et Satan pour les âmes des Africains, mais entre l’Europe et l’Afrique pour les cœurs et les esprits des peuples, et le résultat final de cette bataille est encore indécis à ce jour ».

L’histoire du colonialisme européen en Asie du Sud-Est n’est pas différente.

Et ironiquement, Matthew Smith de Fortify Rights admettrait lui-même :

« …nous ne sommes pas du tout satisfaits de l’approche britannique au Myanmar en ce qui concerne l’avancée de la responsabilisation. Et nous sommes bien conscients de la terrible histoire coloniale et de ses conséquences, qui se poursuit encore aujourd’hui ».

C’est ironique parce que Smith soit ignore, soit refuse de reconnaître que la crise du Myanmar n’est pas seulement la « conséquence » de l’histoire coloniale britannique, c’est une continuation de celle-ci, et le Fortify Rights de Smith sert le rôle – textuellement – décrit par le professeur Gifford concernant les missionnaires dans la facilitation de la colonisation occidentale.

La NED finance Fortify Rights, et cette même Fortify Rights est supposée « enquêter »

Le rapport de l’ONU – 20 pages au total – ne mentionne Aung San Suu Kyi qu’une seule fois et uniquement dans le contexte de l’absence de condamnation de la violence en cours. Le rapport de l’ONU ne mentionne que les acteurs non militaires impliqués dans les violences ethniques en une seule phrase.

Pourtant, la vérité est que beaucoup de ceux qui ont directement facilité la prise de pouvoir politique par Aung San Suu Kyi en 2016 encouragent ouvertement la haine envers des groupes ethniques comme le Rohingya au Myanmar depuis des décennies. Ils ont aussi ouvertement incité et appelé à la violence contre les Rohingya. Personne n’a attiré autant l’attention que Fortify Rights ou l’ONU.

Une grande partie de la base de soutien de Aung San Suu Kyi est infectée. Les groupes qui ont reçu les éloges et le soutien des États-Unis ont ouvertement nié la reconnaissance ou la protection des groupes ethniques – en particulier des Rohingya. Beaucoup ont ouvertement incité à la haine et même à la violence contre les Rohingya.

Cela inclut non seulement les extrémistes se faisant passer pour des moines bouddhistes, mais aussi des groupes politiques comme le Groupe d’Étudiants de la Génération 88 dont le membre fondateur Min Ko Naing a reçu le prix « Democracy Award » 2012 de la NED.

L’Irrawaddy – un autre front financé par la NED américaine – dans son article « Analyse : Utiliser le terme « Rohingya », dévoile une liste de militants financés par les États-Unis et de membres de la NLD soutenus par les États-Unis et le Royaume-Uni qui dénoncent les Rohingya, contribuant ainsi à alimenter les lignes de fractures ethniques qui ont divisé le pays et apporté la violence des deux côtés.

Selon Irrawaddy, Min Ko Naing, lauréat du prix « Democracy Award » du NED, affirmerait que :

« Ils (ceux qui s’auto-identifient Rohingya) ne font pas partie des 135 groupes ethniques du Myanmar ».

U Win Tin, membre fondateur de la NLD de Suu Kyi, et récompensé par Reporters sans frontières pour le titre de « journaliste de l’année », a recommandé l’internement des Rohinya dans des camps, en revendiquant :

« Ma position est que nous ne devons pas violer les droits humains de ces personnes, les Rohingya, ou quoi qu’ils soient. Une fois qu’ils sont à l’intérieur de nos terres, nous devons peut-être les contenir en un seul endroit, comme un camp, mais nous devons respecter leurs droits humains ».

Ko Ko Gyi, un autre membre du Groupe d’Étudiants de la Génération 88, financé et soutenu par les Etats-Unis, irait jusqu’à jurer de prendre les armes contre les Rohingya qu’il appelle « envahisseurs étrangers ».

Dans un autre article sur l’Irrawaddy financé par le NED, publié en 2012 et intitulé « Le traumatisme va durer longtemps : Ko Ko Gyi », il serait révélé que :

« Début juin, Ko Ko Gyi a accusé les « pays voisins » d’alimenter les troubles dans l’État d’Arakan, et a déclaré catégoriquement que le groupe de la génération 88 ne reconnaîtra pas les Rohingyas comme une ethnie du Myanmar. Il a déclaré que son organisation et ses partisans sont prêts à prendre les armes aux côtés de l’armée pour lutter contre les « envahisseurs étrangers ».

Ko Ko Gyi – qui s’est juré en 2012 de commettre les violences qui se déroulent aujourd’hui au Myanmar – s’est retrouvé à Washington D.C. en 2013 après avoir fait ses remarques virulentes en faveur du génocide. Il a été invité spécifiquement par le NED américain à participer à une table ronde sur le thème « Examiner la transition vers la démocratie en Birmanie » (vidéo).

Même à première vue, Fortify Rights, chargée « d’enquêter » sur la violence contre les Rohingya et d’autres groupes minoritaires – y compris la violence et les appels à la violence lancés par d’autres bénéficiaires du soutien de la NED – représente un énorme conflit d’intérêts qui compromet entièrement la légitimité de l’enquête et renforce la légitimité de Fortify Rights en tant que groupe « de défense des droits de l’homme ».

Il n’est pas étonnant que dans le rapport de 162 pages de Fortify Right, « They gave them long swords » (PDF), seulement 4 pages soient consacrées aux « auteurs civils » qui sont directement reliés aux militaires et il n’y est jamais fait mention des organisations financées par les Etats-Unis auxquelles ils sont liés et par lesquelles ils sont incités.

Perpétuer la violence, ne pas protéger les personnes vulnérables

Fortify Rights rend compte de manière sélective de ce qui se passe au Myanmar. Pour l’instant, elle blâme l’armée de la retirer entièrement du paysage politique du Myanmar, expulsant ainsi une obstruction de longue date aux intérêts américains et britanniques. Elle prépare également le terrain pour contraindre le gouvernement civil si nécessaire.

Fortify Rights fournit à son gouvernement occidental, aux entreprises et aux fondations missionnaires qui la financent, un prétexte pour s’insérer dans les tensions ethniques afin de reprendre le contrôle du Myanmar, de son gouvernement, de son armée, de sa population, de ses ressources et de sa politique – comme l’ont fait les Britanniques lorsque le Myanmar était une colonie.

Il existe une véritable défense des droits de l’homme et des organisations non gouvernementales. Elle existe dans les communautés, soutenue par les personnes qu’elle prétend représenter. La défense internationale des « droits de l’homme » a toujours été, et continue d’être aujourd’hui, un écho vivant du passé colonial de l’Europe. Cela inclut les « missionnaires » qui ont aidé à la faciliter et qui se manifestent maintenant en tant « qu’ONG ».

Fortify Rights a catégoriquement échoué à répondre aux questions légitimes concernant son financement et ses méthodes, y compris pourquoi les « auteurs civils » financés – comme elle – par la NED américaine ne sont mentionnés nulle part dans leur long rapport de 162 pages.

Bien que Smith reconnaisse lui-même que la colonisation britannique a ouvert la voie à la violence ethnique au Myanmar, il couvre sciemment son propre rôle dans sa continuation aujourd’hui.

La crise du Myanmar se poursuivra tant qu’elle donnera à l’Occident l’occasion de s’impliquer dans les affaires intérieures du Myanmar par la coercition fondée sur des « préoccupations humanitaires« , alors que l’Occident lui-même alimente intentionnellement toutes les parties au conflit.

Pour le peuple du Myanmar, tenté par des querelles ethniques persistantes, le seul moyen d’expulser l’ingérence étrangère est la seule façon de parvenir à l’indépendance de la nation – une indépendance qui a toujours été incomplète en raison des vestiges du colonialisme britannique qui pèsent encore aujourd’hui sur la nation. C’est la division qui a permis aux Britanniques de s’installer, et c’est aujourd’hui la division qui continue de permettre au Royaume-Uni, aux États-Unis et à l’UE de rester sur le territoire.

Photo d'illustration: membres de la Fortify Rights

Traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International


- Source : NEO (Russie)

jeudi, 30 août 2018

Faut-il craindre une guerre civile aux Etats-Unis ?

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Faut-il craindre une guerre civile aux Etats-Unis ?

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Un de nos correspondants, Frédéric Beaugeard, nous adresse ces considérations très pertinentes, dont nous le remercions :

«  Donald Trump risque d'être démis de ses fonctions (impeachment) sinon poursuivi en justice concernant les montages financiers qu'il ne pouvait pas ignorer et qui ont facilité son élection. Il s'agit d'un crime fédéral. Deux de ses proches, directement associés à sa campagne électorale, Michaël Cohen et Paul Manafort, sont dorénavant menacés de dizaines d'années de prison pour fraude fiscale et bancaire par les tribunaux américains. Ils ont plaidé coupable.

Le risque est qu'en cas de l'éviction de Trump l'on passe aux USA d'un climat de fracture à une réelle fracture violente. On risque alors de voir apparaître un terrorisme d'extrême-droite aux USA. Il est en germe depuis les années I970, mais actuellement inexistant. Si celui-ci se conjugue  à une crise économique, on verra la résurgence d'émeutes raciales visant à affirmer la présence des Noirs et Latino-Américains se considérant non sans raison comme victimes des suprématistes blancs.

S'ajoutera à cela la progression organisée des gangs et des revendications musulmanes au sein de la communauté afro-américaine, pouvant conduire à une recrudescence d'attentats.  D'ici-là, la Californie devrait faire une quasi-sécession en expérimentant le début du néo-socialisme à la mode américaine qui devrait être durement réprimé, notamment par le FBI sous contrôle des intérêts de Wall Streets. D'autres Etats pourraient décider de faire de même ».


Nous ajouterons pour notre part que face à ce début de révolution, le complexe militaro industriel très puissant n'hésitera pas à conduire des politiques de répression militarisée qui susciteront inévitablement des réactions populaires violentes, utilisant les armes de tous calibres qui ne manquent pas en vente libre aux Etats-Unis.

La question qui se pose dès maintenant aux Européens, comme d'ailleurs aux Russes et aux Chinois, est de savoir s'il faudrait craindre une telle guerre civile américaine qui ruinerait définitivement tout espoir des Etats-Unis de rester une superpuissance dominant unilatéralement le monde. Sur le principe, cet effondrement (collapse) programmé de l'Empire américain, laisserait  place aux autres puissances. Il leur appartiendrait d'être suffisamment modérées pour en profiter, sans encourager un  effondrement qui pourrait s'étendre à l'ensemble du monde.

Il reste que la mise en sommeil forcé de domaines essentiels à l'avenir du monde où les Américains se sont donnés, face notamment au manque d'intérêt européen, un leadership incontestable, serait préjudiciable à tous. On pensera en premier lieu aux recherches scientifiques et aux politiques d'exploration spatiales.

Pourrait-on espérer que les Européens, malgré leurs attaches américaines profondes, sauraient en ce cas se rapprocher suffisamment des Russes et des Chinois pour mettre en place des politiques  alternatives, voire plus ambitieuses. Libérés de leur fascination mortifère pour l'Amérique, présente d'ailleurs aussi en Russie, les uns et les autres pourraient enfin faire appel à leurs ressources propres  pour mettre en place des stratégies qui ne seraient plus comme actuellement américano-centrées.

Il est certain en tous cas que, sans une crise profonde aux Etats-Unis, voire une guerre civile, ils n'y arriveront pas.

NB. Nous avions précédemment publié deux excellents articles de Frédéric Beaugeard, le dernier concernant l'invasion culturelle anglo-saxonne en Europe. Nous y présentions également l'auteur
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1309américaine en France

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vendredi, 17 août 2018

De l’esclavage des blancs et du martyre des Irlandais…

De L’esclavage irlandais en Amérique. En enfer ou à la Barbade, un livre écrit par Sean Callaghan révèle les vérités derrière les Irlandais qui ont été vendus en esclavage.

Après la bataille de Kinsale (1601), les Anglais avaient capturé quelque 30 000 prisonniers militaires, créant ainsi une politique officielle de bannissement ou de transport. James II encouragea la vente des Irlandais comme esclaves aux planteurs et aux colons des colonies du Nouveau Monde. La première vente enregistrée d’esclaves irlandais a eu lieu en 1612 dans une colonie située sur le fleuve Amazone.

whitecargo.jpgEn 1625, une proclamation officielle ordonna aux prisonniers irlandais d’être rassemblés et vendus comme esclaves aux planteurs anglais. Entre 1629 et 1632, un grand nombre d’Irlandais, hommes et femmes, furent envoyés en Guyane, à Antiqua et à Montserrat. En 1637, environ 69 % de la population de Montserrat était constituée d’esclaves irlandais. Il fallait acheter de nouveaux esclaves, de 20 à 50 livres sterling, des esclaves irlandais capturés et vendus pour 900 livres de coton. Les Irlandais sont devenus la plus grande source d’esclaves pour les marchands d’esclaves anglais.

De 1641 à 1652, plus de 550 000 Irlandais ont été tués par les Anglais et 300 000 autres ont été vendus comme esclaves. Comme de plus en plus d’hommes étaient transportés, laissant leurs femmes et leurs enfants derrière eux, ils étaient aussi rassemblés et vendus comme esclaves. Les Irlandaises et leurs filles étaient de moins bonne qualité que les esclaves noires et étaient considérées comme des esclaves domestiques.

En 1649, Cromwell entreprit une campagne de terreur en Irlande. Tous les soldats capturés ont été transportés pour être vendus en esclavage. Quelques mois plus tard, en 1650, 25 000 Irlandais étaient vendus à des planteurs à St. Kitt.

Au cours des années 1650, plus de 100 000 enfants irlandais, généralement âgés de 10 à 14 ans, ont été enlevés à leurs parents et vendus comme esclaves aux Antilles, en Virginie et en Nouvelle-Angleterre. En fait, plus d’Irlandais ont été vendus comme esclaves aux colonies américaines de 1651 à 1660 que la population totale « libre » existante des Amérique !

En 1652, Cromwell ordonna que les Irlandais soient transportés à l’étranger, à commencer par 12 000 prisonniers irlandais vendus à la Barbade. La fameuse proclamation « To Hell or to Connacht » fut publiée le 1er mai 1654, confisquant toutes les terres irlandaises, et les Irlandais indigènes devaient déménager à l’ouest du Shannon ou être transportés aux Antilles.

Pour accélérer le processus en 1657, la loi a été clarifiée comme suit : « Ceux qui ne parviennent pas à se transplanter dans Connaught ou Co Clare dans les six mois seront atteints de haute trahison… doivent être envoyés en Amérique ou ailleurs… les mers… les bannis qui reviennent doivent subir les souffrances de la mort en tant que criminels en vertu de cet acte, sans bénéficier du clergé. »

Ce n’était pas un crime de tuer des Irlandais, comme les soldats étaient encouragés à le faire, mais la traite des esclaves rentable à ignorer. En conséquence, 52 000 Irlandais ont été vendus à la Barbade et à Virginia uniquement. 30 000 Irlandais et Indiennes ont été faits prisonniers et ont été transportés et vendus comme esclaves. En 1656, le Conseil d’État de Cromwell ordonna que 1 000 filles irlandaises et 1 000 garçons irlandais soient rassemblés et emmenés en Jamaïque pour être vendus comme esclaves à des planteurs anglais.

hellbarbados.jpgDe 1600 à 1699, peu de gens comprennent que plus d’Irlandais étaient vendus comme esclaves que d’Africains.

Les contrats de service étaient un accord mutuel par lequel un agent vendait une période de temps en échange de son passage, en échange de quoi il recevrait un logement, de la nourriture, des vêtements et généralement un terrain à la fin du service. Mais les Irlandais étaient plus souvent une exception.

Parfois, l’esclavage n’était pas enregistré en tant que tel ou pas du tout enregistré. À partir de 1625, les Irlandais sont vendus avec un seul objectif : les esclaves. Il n’y avait pas d’entente, pas de protection, pas de choix. Ils ont été capturés et remis aux expéditeurs pour être vendus pour leur profit. Les profits étaient énormes, 900 livres de coton pour un esclave irlandais.

Tout le monde dans le commerce d’esclaves d’Irlande a réalisé un profit, à l’exception de l’esclave. Les esclaves irlandais et africains étaient logés dans les mêmes installations et appartenaient au propriétaire de la plantation. Les planteurs devaient payer plus cher pour un esclave noir. Les Noirs africains coûtent généralement entre 20 et 50 livres sterling, contre 900 livres de coton (environ 5 livres sterling) pour un Irlandais. Les Noirs ont été mieux traités. Le pape et tous les catholiques romains étaient considérés comme un ennemi de Dieu et de la civilisation. Toute infraction a été traitée avec sévérité. Beaucoup d’Irlandais sont morts suite à leur traitement. Tuer un esclave irlandais ne fut pas un crime, mais une perte.

Mais le Parlement avait besoin de protéger certaines esclaves. En 1677, le Parlement adopta la loi réglementant le traitement des esclaves dans les plantations britanniques, désignant les sanctions autorisées pour inclure les coups de fouet et les marques pour les délits d’esclaves commis contre un chrétien.

Les catholiques irlandais n’étaient pas considérés comme des chrétiens, donc ces protections ne s’appliquaient pas. Les planteurs ont commencé à élever les Irlandaises parce que c’était rentable. Les enfants des esclaves étaient eux-mêmes des esclaves. Les planteurs ont alors commencé à élever des femmes irlandaises avec des hommes africains pour produire plus d’esclaves qui avaient une peau plus claire et un prix plus élevé.

En 1681, une loi a été adoptée « interdisant la pratique d’accoupler les esclaves irlandaises aux hommes esclaves africains dans le but de vendre des esclaves. »

Non par considération morale, mais parce que les marchands d’esclaves y voyaient une concurrence. En 1691, à la suite de la bataille de la Boyne et de la défaite du roi James, la traite des esclaves irlandais disposait d’une nouvelle réserve de captifs prêts à être transportés. Au cours des 100 années suivantes, la politique est restée le transport d’hommes, de femmes et d’enfants irlandais, vendus comme esclaves, une politique de nettoyage ethnique.

Finalement, en 1839, un projet de loi a été adopté en Angleterre pour interdire ces activités, mettant fin à la traite des esclaves irlandais.

De L’esclavage irlandais en Amérique. En enfer ou à la Barbade, un livre écrit par Sean Callaghan,éd. Mainstream Publishing _ The White Slave, Richard Hildreth éd. Adamant Media Corporation.

Sources

http://www.irisheyesofva.com/wp-content/uploads/2018/05/Irish_Slavery.pdf

12:18 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire, esclavae, servitude, irlande, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 09 août 2018

Querelle sur les transferts iraniens de liquidités: Washington fait pression sur l'Allemagne

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Querelle sur les transferts iraniens de liquidités : Washington fait pression sur l’Allemagne

Washington : Le gouvernement américain accentue ses pressions sur l’Allemagne pour empêcher une somme de 300 millions d’euros en avoirs iraniens de quitter l’Allemagne. Il s’agit d’avoirs appartenant à la banque publique commerciale euro-iranienne qui sont entreposés actuellement dans les coffres de la banque fédérale allemande. Téhéran veut se préparer à faire face aux sanctions élargies que lui impose Washington ; or, comme le versement d’une telle somme n’est plus possible, à cause des conditions qui ont été modifiées, le gouvernement iranien s’efforce de faire rapatrier cet argent en liquidités. Washington veut empêcher cette opération.

Le gouvernement américain compte sur un refus allemand de procéder à ce transfert de liquidités et se réfère aux nouvelles conditions régissant les transactions commerciales internationales qu’a acceptées la banque fédérale allemande. « Nous serions reconnaissants à nos partenaires du gouvernement allemand, s’ils admettent la nécessité de contrer les activités destructrices de l’Iran », a déclaré l’ambassade des Etats-Unis.  La décision de la banque fédérale allemande de rendre ses règles plus sévères, « contrecarrera les efforts problématiques de l’Iran, de faire transférer par avion, au départ de l’Allemagne, des cargaisons entières de liquidités ».

Ces nouvelles conditions pour les transactions, qui entreront en vigueur le 25 août prochain, veulent que, pour des paiements en liquidités aussi importants, il faut donner des explications, notamment pour empêcher le financement du terrorisme. Si les explications ne s’avèrent pas suffisantes, la transaction pourra être refusée. Les Etats-Unis reprochent à l’Iran d’utiliser l’argent demandé pour financer des activités terroristes au Proche Orient.

L’Allemagne, une fois de plus, s’est placée entre plusieurs chaises, parce que Berlin, comme toutes les autres capitales des pays de l’UE, ne veulent pas davantage heurter l’Iran, au moment où les Etats-Unis lui infligent de nouvelles sanctions. Le refus du transfert demandé pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour l’Allemagne et pour l’Europe dans son ensemble.

Ex : http://www.zuerst.de  

lundi, 30 juillet 2018

Une “OTAN arabe” - L’instrument de Trump contre l’Iran

politique internationale, actualité, proche orient, moyen orient, monde arabe, monde arabo-musulman, états-unis, iran, géopolitique,

Une “OTAN arabe”

L’instrument de Trump contre l’Iran

A Washington, on sait qu’en cas de guerre avec l’Iran, les Etats-Unis auront le besoin urgent du soutien des pays arabes voisins. Une OTAN arabe serait dès lors bien utile !

Par Marco Maier

Au Proche Orient, on envisage la création d’une nouvelle alliance militaire et politique, que l’on désigne déjà comme une « OTAN arabe », car la comparaison semble licite. Six pays arabes du Golfe, l’Eypte et la Jordanie agiraient ensemble au sein de cette organisation, en tant qu’alliés des Etats-Unis et uniraient leurs efforts contre l’Iran.

Selon certaines informations, la Maison Blanche inciterait ces pays à coopérer plus étroitement dans la défense anti-missiles, dans les manœuvres militaires communes et dans les mesures anti-terroristes et à renforcer leurs relations économiques et diplomatiques dans la région. Il s’agirait surtout de ruiner les efforts de Téhéran qui cherche à étendre son influence dans la région, en tablant notamment sur les pays à dominante chiite, comme, par exemple, l’Irak ou le Yémen.

Officiellement, les Américains appliquent la doctrine du « No Regime Change » en ce qui concerne l’Iran ; cependant, il est de notoriété que la CIA, le Mossad et d’autres services utilisent tous les moyens à leur disposition pour susciter ou envenimer des troubles au sein de la théocratie chiite, afin, dans la mesure du possible, de précipiter le pays dans une guerre civile qui entraînerait, en bout de course, la chute des mollahs. Voilà ce qu’espèrent les services secrets. Et si, finalement, le régime des mollahs ne tombe pas ? Alors, la situation chaotique, qui règnerait suite à toutes ces amorces de conflit civils, ferait en sorte que Téhéran serait forcé à se replier sur son front intérieur et ne pourrait plus œuvrer à s’installer comme puissance régionale qui compte.

En cas d’extrême nécessité, on pourrait aussi fabriquer un prétexte pour autoriser cette OTAN arabe de rentrer en Iran pour obliger les chiites perses, traités d’« adorateurs du diable », à « rentrer dans la droit chemin » (les sunnites radicaux haïssent davantage les chiites que les « mécréants »). Selon la bonne habitude, ce seront alors les Arabes qui feraient le sale boulot, verseraient leur sang en abondance, pour qu’à la fin, les Américains arrivent comme des héros resplendissants, comme des libérateurs.

Ex: https://www.compact-magazin.com

lundi, 23 juillet 2018

L'Etat profond américain s'expose en plein jour

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L'Etat profond américain s'expose en plein jour

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ce terme d'Etat profond (Deep State), que nous utilisons souvent, est devenu courant dans les analyses politiques américaines. Il désigne en général, sans le dire clairement, la coalition des divers services secrets et des forces militaires qui exercent le pouvoir aux Etats-Unis. Ceci au mépris de la Constitution et des différentes institutions, dont la Maison Blanche et le Président américain, seules habilitées officiellement pour ce faire.

Jusqu'ici ce terme avait été réservé pour désigner dans des pays comme l'Egypte, le Pakistan et la Turquie, l'appareil des institutions militaires et de renseignement qui depuis des décennies a fait de ces pays des dictatures recourant en permanence à la force et à la violence pour s'imposer. Leurs victimes bien que mal identifiées, se comptent par millions.

Or c'est à l'Etat profond américain que font désormais appel tous ceux qui aux Etats-Unis s'opposent aux perspectives de détente avec la Russie apparues à la suite de la rencontre de Donald Trump et Vladimir Poutine à Helsinki le 16 juillet. A la suite de cette rencontre, Trump avait déclaré qu'il n'avait pas de raisons pour croire ses services secrets plutôt que le démenti de Poutine concernant une ingérence de celui-ci dans son élection.

Devant l'appel à sa destitution lancé contre lui par l'ensemble des institutions politiques américaines, y compris l'Etat profond, il s'était rapidement rétracté. Mais le mal avait été fait. Toutes les forces démocratiques qui s'opposent, plus ou moins timidement, à une militarisation ouverte de l'Etat, avaient retenu ce terme d'Etat profond pour désigner ceux qui avaient forcé Trump à se démentir. Il fallait donc que l'Etat profond sorte de l'ombre, reconnaisse son existence et fasse admettre à l'opinion qu'il s'agissait d'une force indispensable à la survie de l'Amérique.

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Deux articles

Ceci n'a pas tardé. Dans un article de très « officiel » Washington Post, l'éditorialiste réputé Eugène Robinson, prix Pulitzer, a osé, sous le titre de God Bless the Deep State, demander à Dieu de bénir l'Etat profond. Lui seul permettra de sauver l'Amérique de tous ceux qui veulent sa perte. Le Deep State, écrit-il, se tient entre nous et les abysses. Son devoir est de continuer à jouer ce rôle 1).

Quatre mois auparavant, le New York Times avait annoncé les pires catastrophes à ceux qui dénoncent un prétendu Deep State qui, selon le journal, n'existerait pas 2).

Aujourd'hui, le pas est franchi. Le Deep State reconnaît sa propre existence. Son devoir affirme-t-il est de combattre tous ceux qui au nom de la démocratie, voudraient s'affranchir de sa protection.

On dira qu'en Russie, en Chine et dans bien d'autres pays, y compris en Europe, cet état de chose est reconnu et que personne ne s'indigne. Disons seulement, à supposer que ceci soit exact, que l'Etat profond américain paraît annoncer son rôle au service de la mise en place d'une dictature qui ne sera pas différente des autres. Donald Trump a du s'en rendre compte. Il semble avoir compris que s'il résistait, sa fonction et probablement même sa vie en paieraient le prix.

Références

1) https://www.washingtonpost.com/opinions/god-bless-the-dee...

2) https://www.nytimes.com/2017/03/10/world/americas/what-ha...

L’Union Européenne est l’ennemie des Etats-Unis depuis la fin de l’ancienne guerre froide

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L’Union Européenne est l’ennemie des Etats-Unis depuis la fin de l’ancienne guerre froide

Par Tyler Durden

Trump a fait sensation cette semaine en décrivant l’Union Européenne comme une ennemie des Etats-Unis

Cette Remarque du Président américain, “politiquement incorrecte” et impensalbe jusqu’il y a peu a été prononcée après le sommet de l’OTAN, à l’occasion d’un entretien que Trump a donné à CBS News. Les journalistes ont demandé à Trump de décrire « le plus grand ennemi global d’aujourd’hui » : celui-ci a répondu, laissant tout un chacun complètement pantois : « Eh bien, je pense que nous avons un tas d’ennemis. Je pense que l’Union Européenne en est un pour ce qu’elle inflige à notre commerce. Certes, je comprends votre stupéfaction, car vous ne songiez pas à l’Union Européenne, mais, oui, elle est un ennemi ».

Très vite, le Président américain a édulcoré ses propres paroles en disant : « Je respecte les dirigeants de ces pays. Mais, du point de vue commercial, ils ont fini par prendre l’avantage sur nous et bon nombre de ces pays sont dans l’OTAN et ne paient pas leurs factures ». Mais le mal était fait.

Un sondage recent (recent poll ) nous apprend que deux tiers des Allemands pensent que Trump est « plus dangereux » que le Président russe Poutine. Quant au ministre allemand des affaires étrangères, il a déclaré lundi que son pays « ne pouvait plus entièrement faire confiance à la Maison Blanche » (voir : déclaration ).

Les médias « mainstream » décrivent cet incident majeur comme un désastre que l’Amérique s’inflige à elle-même « en rejetant ses liens traditionnels transatlantiques » et en répétant « que Trump a trahi les alliés les plus proches des Etats-Unis ». Cependant la situation est bien plus complexe que ne le veulent ces explications simplistes.

L’idéologie « America First » de Trump est complètement opposée  à l’approche globaliste de l’élite européenne de gauche. Trump, l’homme d’affaires milliardaire, n’accepte pas que les contribuables américains continuent à financer injustement les notes de l’OTAN tandis que les Européens gardent les mains libres grâce à leurs sacrifices. De plus, Trump n’accepte pas le déséquilibre tarifaire existant entre les Etats-Unis et l’Union Européenne ; toutefois, sa réponse est le résultat d’une manipulation des chiffres due à une tactique habile de gestion de la perception (cf. skillful perception management tactics ), tendant à faire croire à « une attaque non provoquée contre le commerce libre et honnête ». La réalité nous oblige à dire qu’il n’y a jamais eu de véritable commerce « libre et honnête » et que ce conflit larvé a toujours existé.

Les Etats-Unis avaient décidé, dès la fin des années 1940, de subsidier “l’utopie socialiste de l’Etat-Providence” dans l’Union Européenne, pour gagner des atouts lors de l’ancienne guerre froide. Cette raison, dorénavant caduque, a pourtant toujours été évoquée et traduite dans la pratique pour  faire triompher des objectifs globalistes favorisant l’unipolarité américaine (cf.  continued for unipolar globalist ends ).

Exactement comme les Russes soviétiques n’ont jamais cessé de redistribuer leurs ressources aux autres républiques de l’URSS puis aux pays européens du bloc de l’Est et aux pays alliés du « Sud soviétique » en Afrique et en Asie. Les Américains éprouvent des sentiments négatifs à l’égard de leurs gouvernements qui, pendant des décennies, ont favorisé les Européens et même les Chinois en leur octroyant des arrangements commerciaux asymétriques.

Aujourd’hui, les implications possibles en matière de sécurité, sur le long terme, qu’a ce transfert continu de richesses des Etats-Unis vers l’Europe, sont les motifs principaux pour lesquels Trump a considéré l’Union Européenne comme un « ennemi » car c’est là une façon simple et claire de définir la concurrence économique et stratégique entre ces deux pôles qui sont des « amis/ennemis » ; certes, cela a surpris considérablement les Européens d’être apostrophés de la sorte par le Président américain lui-même.

Ex: https://www.zero-hedge.com

jeudi, 19 juillet 2018

Revilo P. Oliver & Francis Parker Yockey

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Revilo P. Oliver & Francis Parker Yockey

The writings of Francis Parker Yockey have fascinated the far Right for a half-century and more. I would argue that the person most responsible for this popularity is the late classics professor Revilo P. Oliver. While Prof. Oliver had little practical input in the distribution of Yockey writings (that credit would go more to Willis Carto and George Dietz), it was Oliver’s imprimatur that lent Yockey a gravitas that ensured he would be cherished as something other than the author of some controversial, obscurantist tracts. 

This is true even though Oliver disagreed with Yockey on a number of key points. He championed Yockey even in the early 1960s when Oliver was writing for the John Birch Society and had to couch his praise in evasive words. Years later, when his critical essays were mainly limited to the small-run periodical Liberty Bell and he could write whatever he pleased (which often meant page-long footnotes explicating minutiae of philology, archeology and race), he still held Yockey in great esteem, someone whose errors were as worthy of explication as his insights.

Accordingly, anyone who studies Yockey very quickly runs into Prof. Oliver. Here are some highlights of the Yockey-Oliver connection.

Francis_Parker_Yockey.jpgRPO in the Yockey Biographies

We now have two big Yockey biographies at our disposal. There is Kevin Coogan’s Dreamer of the Day: Francis Parker Yockey and the Postwar Fascist International, published in 1999. And, new in 2018, Kerry Bolton’s Yockey: A Fascist Odyssey. Despite the somewhat similar titles, the books are very different, and hardly “synoptic” narratives. While offering many curious details of Yockey’s life, the Bolton book largely takes an historiographic view, reviewing how Yockey was seen and written about through the passing decades. For example, Bolton tells us that one notable American figure of the Right, Wilmot Robertson of The Dispossessed Majority and the magazine Instauration, did not care for Yockey at all. Yockey was too Spenglerian; he followed Spengler’s rather mystical and unprovable idea of historical cycles. Worst of all, he tried to evade the hard and essential factor of biological (or “vertical”) race. Yockey, like Spengler, instead emphasized what he called “horizontal race,” a kinship more of cultural spirit than blood.

As for Oliver, he shared some of these objections, but never ceased to endorse what he saw as the kernel of Yockey’s argument, which was the quasi-organic unity of (Western) culture. He knew of Yockey before Yockey’s Imperium was popularized in the early 1960s. He praised Yockey’s insights in the pages of American Opinion and The American Mercury during that decade. He assisted with the founding of the Yockeyite National Youth Alliance organization in the late 60s. He was still treating Yockey as a figure of serious analysis in the 1980s.

Conversely, in the Coogan study Oliver hardly appears at all. He is merely a name mentioned in passing, mainly with regard to the National Youth Alliance. Coogan ignores RPO’s extensive writing on Yockey. For that matter, Coogan does not seem to be much interested in Imperium—or even have read it, let alone Yockey’s other writings. For Coogan, Yockey’s “philosophy of history” exists mainly as a title of a big cult book that enraptured the far Right in the 1960s and beyond. It is most peculiar to attempt a biography of a philosopher without discussing his philosophy, let alone critics’ commentaries on it, but that is what we have here. And it explains why Coogan makes RPO no more than a minor, ancillary figure.

To digress a little: only about half of Coogan’s Dreamer of the Day pertains to Yockey’s writing or life events. There is little historiography or critical discussion, from RPO or anyone else. And yet the book is far longer than it needs to be (644 pp. in paperback), padded out with every stray rumor and scrap of research the author found. The biographical portion is derived in large part from FOIA files as well as various letters that an earlier researcher, Keith Stimely, received in the 1980s. The rest of the content is a hyperbolic exposition of what Coogan calls the “Fascist International”: a murky stew into which he stirs such extraneous, oddball characters as Chilean diplomat and mystic Miguel Serrano, and British occultist Aleister Crowley. Throughout the book Coogan throws in misinformed, lurid notions about such things as Yockey’s parentage (Coogan has the birthdate of Yockey’s father Louis wrong, and thereby implies Louis was a bastard, born years after his ostensible father died) and researcher Stimely’s personal life (based on allegations in David McCalden’s lively-but-scurrilous Revisionist Newsletter in the 1980s). Sensationalism was the main objective here.

RPO on Comparative Morphology

Much of Oliver’s writing on Yockey is a half-century old now, yet it is still the most trenchant and inclusive analysis. So far as I can tell, he is the only person who analyzed Imperium as a work in a definable genre, what one might call the philosophy of morphological history. In a very long 1963 essay, published in American Opinion (though very un-Birchite in scope and theme), he compares Yockey with a number of others in the school including, most obviously, The Decline of the West‘s Oswald Spengler, Lawrence R. Brown (The Might of the West) and Arnold Toynbee (A Philosophy of History).

Although RPO quibbles with some of Yockey’s factual asides—e.g., his apparent forgetfulness about the Thirty Years War when stating that Germany was fortunate to avoid most of the carnage that depleted the rest of Europe from the Middle Ages onward—he is generally appreciative of and laudatory toward Imperium. The basic reason for this seems to be that, whatever Oliver’s own doubts may have been about Spenglerian theories of historical morphology, or Yockey’s own quasi-mystical belief in Destiny, he agrees with the Yockey’s fundamental argument: that the Western civilization from the Middle Ages at least has been a unitary whole, and that the destructive conflicts of the 20th century amounted to a pathology exacerbated by outside elements:

[T]he culture of the West, like every viable civilization, is a unity in the sense that its parts are organically interdependent. Although architecture, music, literature, the mimetic arts, science, economics, and religion may seem at first glance more or less unrelated, they are all constituent parts of the cultural whole, and the disease of any one will sooner or later affect all the others. Your hands will not long retain their strength, if there is gangrene in the foot or cancer in the stomach.[1]

imperium.pngWriting in 1963, Oliver avoids mention of Yockey’s “culture-distorter” or the Jewish Question (although he makes a nod to that Birchite proxy, the International Communist Conspiracy). Years later, with the “Birch Business” well behind him, Oliver would be more explicit.

This brings us to “The Enemy of Our Enemies” (1981), which George Dietz’s Liberty Bellmagazine put out in a fat issue that also contained Yockey’s own “The Enemy of Europe.” The two monographs were later republished together as a paperback book.[2] Yockey’s extended essay, translated back into English from a surviving German version, is nearly a hundred pages, an excoriation of American hegemony over the European culture-soul. The Oliver section is even longer, a brilliant and cranky, no-holds-barred fulmination. While beginning as an exegesis of Yockey, his influences and his errors, this commentary readily departs from that pretext, delivering instead RPO’s own, broader variation on the general theme:

In 1914, our civilization was worm-eaten at the core, but its brightly glittering surface concealed the corruption within from superficial eyes. It was taken for granted that the globe had become one world, the world of which the Aryan nations were the undisputed masters, while all the lesser races already were, or would soon become, merely the subject inhabitants of their colonial possession. This reasonable conception of the world’s unity oddly survived the catastrophes that followed and it conditioned unthinking mentalities to accept the preposterous notion of the current propaganda for “One World,” which is couched in endless gabble that is designed to conceal the fact that it is to be a globe under the absolute and ruthless dominion of the Jews—a globe on which our race, if not exterminated, will be the most degraded and abject of all.[3]

The Introduction to Imperium: A Question of Attribution

Finally, a note on a point that perennially comes up when Yockey and Oliver are discussed. Was the long foreword to the post-1960 editions of Imperium, signed Willis A. Carto, actually written by Mr. Carto, or by Prof. Oliver? Keith Stimely claimed the latter, in a furious booklet he distributed in the mid-1980s after he left Carto’s employ at the Institute for Historical Review.

When pressed, Oliver was vague on the subject, writing Stimely in 1984 only that he had given Carto permission to use material he had written as suggested introduction to a new reprint of the book. Stimely reproduced part of Oliver’s letter in his anti-Carto booklet, and Kerry Bolton also excerpt it in his Yockey biography:

I wrote a lengthy and signed memorandum on Yockey’s importance as a philosopher of history and a nationalist, hoping to inlist the support of persons who would subsidize a new edition of Imperium . . .  I . . . told Carto to make whatever use he wished of what I had written for an intoduction by him or anyone he chose to introduce the new edition. I therefore gave him the material, and it would be dishonourable of me to try to reclaim it. [4]

This essay-memorandum seems to have vanished. Oliver wrote a review of Imperium some years later (1966) for The American Mercury [5] that bears some resemblance to the philosophical discussion in the Introduction, but is otherwise entirely different: i.e., not a “retread” of some older piece that was repurposed.

When the question was put to them, both Willis Carto and his wife (now widow) Elisabeth maintained that the Introduction was indeed written by Mr. Carto himself. Therefore, worrying through the problem, Kerry Bolton comes to a Solomonic compromise, and says that it

seems plausible, stylistically and philosophically . . . that Carto wrote the first biographical half of the ‘Introduction’ and Oliver wrote the second half, commenting on the Yockeyan doctrine of Culture-pathology.

Notes

[1] Revilo P. Oliver, “History and the Historians,” 1963; collected in America’s Decline, 1983, pp. 276-277. https://archive.org/stream/AmericasDecline1983V2/OLIVERRe... [2]

[2] Yockey and Oliver, The Enemy of Europe/the Enemy of Our Enemies. Liberty Bell Publications, 2003.

[3] https://archive.org/stream/TheEnemyOfOurEnemies/EEE#page/... [3]

[4] Kerry Bolton, Yockey: A Fascist Odyssey. Arktos, 2018.

[5] http://www.revilo-oliver.com/news/1966/06/the-shadow-of-empire-francis-parker-yockey-after-twenty-years/ [4]

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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samedi, 14 juillet 2018

Projet de loi au Congrès américain : le gazoduc Nord Stream 2 est visé !

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Projet de loi au Congrès américain : le gazoduc Nord Stream 2 est visé !

Washington – Les Etats-Unis ne lâchent pas le morceau : ils ne veulent pas du projet de gazoduc germano-russe Nord Stream 2. Un projet de loi a été introduit au Congrès américain : il concerne les conséquences politiques et économiques qu’aura le projet de gazoduc. Le texte du document en question est paru sur le site officiel du Congrès. On y trouve les exigences du ministre américain des affaires étrangères, du chef des services de renseignement et du ministre des finances : tous veulent des rapports détaillés sur les effets que pourrait avoir l’installation de ce gazoduc dans la Baltique.

Littéralement, on peut lire la phrase suivante dans le texte du projet de loi : « La Fédération de Russie propose de construire un gazoduc partant de Russie pour aboutir en Allemagne ; ce gazoduc portera le nom de Nord Stream 2. Sa construction permettrait de couvrir l’augmentation éventuelle de la consommation d’énergie en Europe mais accroîtrait simultanément la dépendance de l’Europe à l’endroit de l’énergie russe et aurait des effets déstabilisants pour le gouvernement ukrainien si l’Ukraine, suite à la construction de ce gazoduc Nord Stream 2, perdait des dividendes dus au transit de l’énergie ».

Le projet de loi avance d’autres arguments : les Etats-Unis continueront à s’opposer à la réalisation de ce projet en Europe du Nord et prendront des « mesures diplomatiques » pour empêcher la construction du gazoduc.

Si la loi est adoptée, le chef des services de renseignement américain serait alors dans l’obligation de rédiger un rapport sur les effets du gazoduc Nord Stream 2 sur la sécurité énergétique de l’Union Européenne, sur les intérêts des Etats-Unis et de l’Ukraine dans cette affaire.

Le projet de loi a été introduit par le député démocrate Dennis Heck et son collègue républicain Ted Poe. Préalablement, le ministre américain des affaires étrangères Mike Pompeo avait déclaré que les Etats-Unis tenteraient de convaincre l’Union Européenne d’abandonner le projet Nord Stream 2.

Ex : http://www.zuerst.de

 

jeudi, 12 juillet 2018

Sommet de l’OTAN et sommet Trump/Poutine : que faut-il en penser ?

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Sommet de l’OTAN et sommet Trump/Poutine : que faut-il en penser ?

Par Robert Steuckers

Script de l'entretien d'aujourd'hui, 11 juillet 2018, accordé à Channel 5 (Moscou), sous la houlette d'Alexandra Lusnikova

Le sommet de l’OTAN qui se tient aujourd’hui, 11 juillet 2018, et se poursuivra demain à Bruxelles, aura pour point principal à son ordre du jour la volonté affichée par Donald Trump d’obtenir de ses partenaires, plutôt de ses vassaux, européens ce qu’il appelle un « Fair Share », c’est-à-dire une participation financière accrue des petites puissances européennes dans le budget de l’OTAN. Pour Trump, les pays européens consacrent trop d’argent au « welfare » et pas assez à leurs armées. C’est une antienne que l’on entend depuis belle lurette de la part de tous les ténors américains de l’atlantisme. Ceux-ci veulent que tous les pays européens consacrent au moins 2% de leur PNB à la chose militaire. Les Etats-Unis, engagés sur de multiples fronts de belligérance, consacrent 3,58% de leur PIB à leurs dépenses militaires. En Europe, la Grèce (qui craint surtout son voisin turc et doit sécuriser les îles de l’archipel égéen), le Royaume-Uni, la Pologne, l’Estonie et la Roumanie dépassent ces 2% exigés par Trump. La France consacre 1,79% à ses forces armées ; l’Allemagne 1,22%. Evidemment, ces 1,22% du PIB allemand sont largement supérieurs aux 2% consacrés par des pays moins riches. Malgré les 3,58% dépensés par les Etats-Unis,  précisons toutefois que ce budget, certes énorme, est en constante diminution depuis quelques années.

L’exigence américaine se heurte à plusieurs réalités : d’abord, les Etats-Unis ont sans cesse, depuis la création de l’OTAN, empêché les pays européens de développer leurs aviations militaires, en mettant des bâtons dans les roues de Dassault, de Saab, de Fiat, etc. et en interdisant la renaissance des usines aéronautiques allemandes. Si l’Europe avait reçu de son « suzerain » le droit de développer ses propres usines aéronautiques, ses budgets militaires, même réduits en apparence, auraient permis de consolider sérieusement ses armées, tout en créant des emplois de qualité sur le marché du travail ; ensuite, certains chiffres parlent pour eux-mêmes : si l’on additionne les budgets militaires des principales puissances européennes de l’OTAN (Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Espagne), ceux-ci dépassent de loin le budget de la Russie, posée comme « ennemi majeur ». Le bugdet de l’OTAN, Etats-Unis compris, est donc pharamineux.

Bon nombre de voix estiment que cette problématique de « Fair Share » est le rideau de fumée qui masque le problème réel: celui de la guerre commerciale larvée entre l’Europe et les Etats-Unis. Le but réel de Trump et du « Deep State » américain est de réduire les importations européennes (et chinoises) vers les Etats-Unis. Le but de Trump, louable pour un Président des Etats-Unis, est de remettre l’industrie américaine sur pied, de manière à débarrasser la société américaine des affres qu’a laissées la désindustrialisation du pays. Pour Trump, mais aussi pour ses prédécesseurs, l’UE imposerait des barrières, en dépit de ses crédos néolibéraux, qui empêcheraient les Etats-Unis d’exporter sans freins leurs produits finis en Europe, comme ils le faisaient dans les deux décennies qui ont immédiatement suivi la seconde guerre mondiale. L’UE est un problème pour l’élite financière américaine, tout simplement parce qu’elle est largement (bien qu’incomplètement) autarcique. Trump estime que, dans les relations commerciales bilatérales, les pertes américaines, par manque à gagner, s'élèveraient à 151 milliards de dollars. Le déficit commercial entre l’UE et les Etats-Unis serait actuellement de 91 milliards de dollars, au détriment de Washington.

Autre point à l’agenda : les efforts qui vont devoir, selon l’OTAN, être déployés pour que la Géorgie puisse adhérer le plus rapidement possible à l’Alliance Atlantique. Dans l’ordre du jour du sommet d’aujourd’hui et de demain, ici à Bruxelles, la question géorgienne est évidemment le thème le plus intéressant à analyser. La stratégie habituelle des puissances maritimes, l’Angleterre au 19ième siècle et puis les Etats-Unis qui prennent son relais, est de contrôler les bras de mer ou les mers intérieures qui s’enfoncent le plus profondément à l’intérieur de la masse continentale eurasienne et africaine. L’historien des stratégies navales anglaises depuis le 17ième siècle, l’Amiral américain Mahan, s’intéressait déjà à la maîtrise de la Méditerranée où l’US Navy avait commis sa première intervention contre les pirates de Tripolitaine à la fin du 18ième siècle. Halford John Mackinder retrace aussi, dans ses principaux traités de géopolitique, l’histoire de la maîtrise anglaise de la Méditerranée. Dans le cadre des accords Sykes-Picot et de la Déclaration Balfour, les Anglais protestants, en imaginant être un « peuple biblique », accordent, contre l’avis de leurs compatriotes et contemporains conservateurs, un foyer en Palestine pour les émigrants de confession mosaïque. Le but, que reconnaissait pleinement le penseur sioniste Max Nordau, était de faire de cette entité juive la gardienne surarmée du Canal de Suez au bénéfice de l’Empire britannique et de créer un Etat-tampon entre l’Egypte et l’actuelle Turquie afin que l’Empire ottoman ne se ressoude jamais. Les guerres récentes dans le Golfe Persique participent d’une même stratégie de contrôle des mers intérieures. Aujourd’hui, les événements d’Ukraine et la volonté d’inclure la Géorgie dans le dispositif de l’OTAN, visent à parachever l’œuvre de Sykes et de Balfour en installant, cette fois au fond de la Mer Noire, un Etat, militairement consolidé, à la disposition des thalassocraties. Le fond du Golfe Persique, le fond de la Méditerranée et le fond de la Mer Noire seraient ainsi tous contrôlés au bénéfice de la politique globale atlantiste, contrôle qui serait encore renforcé par quelques nouvelles bases dans la Caspienne. Je pense vraiment que ce point à l’ordre du jour est bien plus important que les débats autour du « Fair Share » et de la balance commerciale déficitaire des Etats-Unis.

Le sommet Trump-Poutine

D’après maints observateurs, le sommet prochain entre Trump et Poutine à Helsinki en Finlande aurait pour objet principal de laisser la Syrie à la Russie, après les succès de l’armée régulière syrienne sur le terrain. Reste à savoir si la Syrie, laissée à Assad, sera une Syrie tronquée ou une Syrie entière, dans ses frontières d’avant l’horrible guerre civile qu’elle a subi depuis 2011. L’objectif des Etats-Unis et d’Israël semble être de vouloir tenir l’Iran, et son satellite le Hizbollah, hors de Syrie. Poutine, apparemment, y consentirai et offre d’ores et déjà une alternative à l’Iran qui, depuis les premiers empires perses de l’antiquité, souhaite obtenir une façade sur la Méditerranée, directement ou indirectement par tribus ou mouvements religieux interposés. Poutine offre à l’Iran la possibilité d’emprunter une voie par la Caspienne (d’où l’intérêt récent des Américains à avoir des bases dans cette mer intérieure et fermée), la Volga, le Canal Volga/Don, le Don (par Rostov), la Mer d’Azov, l’isthme de Crimée et la Mer Noire. L’Iran préfère évidemment la voie directe vers la Méditerranée, celle qui passe par la Syrie et la partie chiite de l’Irak. Mais si l’Iran doit renoncer à son fer de lance qu’est le Hizbollah, les Etats-Unis devraient renoncer, en toute réciprocité, à soutenir des mouvements protestataires, souvent farfelus, en Iran.

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Deuxième condition, pour que l’éviction hors de Syrie de l’Iran soit crédible, il faudrait aussi expurger définitivement la Syrie de toutes les séquelles du djihadisme salafiste ou wahhabite. Or, on observe, ces derniers mois, que ces forces djihadistes sont alimentés voire instruites au départ de la base américaine d’al-Tanf sur la frontière syro-irakienne. Question à l’ordre du jour : les Etats-Unis vont-ils quitter cette base terrestre entre la Méditerranée et le Golfe Persique ou y rester, en tolérant des poches de résistance djihadiste qu’ils alimenteront au gré de leurs intérêts ?

L’objectif des Russes, dans le cadre syrien, est de sauver la viabilité économique du pays, de rouvrir les grands axes de communication et de soustraire définitivement ceux-ci à toute forme de guerre de basse intensité (low intensity warfare), à toute stratégie lawrencienne modernisée. Pour y parvenir, Poutine et Lavrov suggèreront sans nul doute le rétablissement d’une Syrie souveraine dans ses frontières de 2011, ce qui implique de purger le pays de toutes les formes de djihadisme, portées par les « Frères Musulmans » ou par Daesh et de prier la Turquie d’évacuer les zones qu’elle occupe au Nord du pays, le long de sa frontière. Le Hizbollah, lui, a toujours promis d’évacuer les territoires syriens où il est présent, dès que les forces djihadistes sunnito-wahhabites en auront été éliminées.

Force est de constater que le projet russe correspond certes aux intérêts traditionnels de la Russie, tsariste, soviétique ou poutinienne, mais aussi aux intérêts des puissances ouest-européennes comme la France et l’Italie et même à une puissance germano-centrée ou austro-centrée qui aurait retrouvé sa pleine souveraineté dans le centre de la presqu’île européenne.

Le volet géorgien du sommet de l’OTAN et les futurs échanges sur la Syrie et la présence iranienne en Syrie, entre Trump et Poutine, me paraissent les enjeux les plus intéressants de l’actualité qui se fait et se fera, aujourd’hui et demain, ici à Bruxelles.

Robert Steuckers, Bruxelles, 11 juillet 2018.

mercredi, 11 juillet 2018

Brzezinski, le Zbig boss du grand échiquier

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Brzezinski, le Zbig boss du grand échiquier

par Edouard Rix

Zbigniew Brzeziński, dont l’économiste James K. Galbraith disait que « son passe-temps est de nuire à la Russie », s’est éteint le 26 mai dernier à l’âge de 89 ans. Moins connu du grand public que son alter ego républicain Henry Kissinger, peut-être à cause de son nom imprononçable (on le surnomme Zbig à Washington), son influence a été tout aussi forte.

Zbigniew Brzeziński est né à Varsovie le 28 mars 1928, au sein d’une famille noble et catholique. Fils d’un diplomate au service de la jeune République de Pologne, il émigre au Canada à l’âge de dix ans lorsque son père y est muté. Le partage de la Pologne entre l’Allemagne et l’URSS empêche la famille de rentrer au pays. Massacre de Katyn, soviétisation de la Pologne, Rideau de Fer, autant d’événements tragiques qui façonnent sa future vision géopolitique, viscéralement anticommuniste et antirusse. « Son objectif, fixé dès sa jeunesse, était de détruire l’Empire soviétique, faire cesser sa mainmise sur l’Europe de l’Est et faire imploser l’URSS elle-même », écrit l’historien français Julien Vaïsse[1].

Diplômé de l’université McGill de Montréal, il poursuit ses études à Harvard, où il soutient en 1953 une thèse de doctorat sur Le totalitarisme soviétique et les purges. Il y reste pour y enseigner de 1953 à 1960, puis rejoint l’université de Columbia où il sera professeur de 1960 à 1989. Membre entre 1966 et 1968 du Conseil de planification politique du Département d’État lors de la campagne présidentielle de 1968, il appartient à l’équipe du candidat démocrate qui sera battu par Nixon.

De la Trilatérale à la Maison Blanche

En 1970, dans Between Two Ages[2], il expose sa vision d’un nouvel ordre politique mondial s’appuyant sur un lien économique trilatéral entre le Japon, l’Europe et les USA. Enthousiasmé, le millionnaire David Rockefeller le recrute alors pour créer la très mondialiste Commission Trilatérale qui regroupe les décideurs économiques et politiques nord-américains, européens et japonais. Brzeziński en sera le directeur de 1973 à 1976.

Un proche de la Commission, Jimmy Carter, est élu à la Maison Blanche, et Zbig devient directeur du Conseil national de sécurité de 1977 à 1981. Bien que démocrate, il défend des positions conservatrices et anticommunistes. Très critique envers la politique de « coexistence pacifique » suivie par Nixon et Ford qu’il dénonce comme « coexistence passive », il pense que l’URSS profite de la détente pour progresser dans le Tiers monde, et contre le secrétaire d’État Cyrus Vance prône la fermeté.

C’est ainsi qu’il est l’un des promoteurs de l’Opération Cyclone, visant à soutenir les moudjahidin afghans dès juillet 1979 et enliser l’armée russe dans un conflit périphérique. Dans un entretien accordé au Nouvel Observateur, il précisera : « Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidines a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu’à présent, est tout autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques. » Il poursuit : « Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège afghan []. Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j’ai écrit au président Carter, en substance : “Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam“. » À ceux qui lui reprochent d’avoir favorisé le terrorisme islamiste, il répond cyniquement : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la Guerre froide ? [3] »

Il poursuit la normalisation des relations sino-américaines amorcée par Kissinger. Soutien indéfectible du régime du Shah, il sera l’un des promoteurs, en avril 1980, de l’opération commando Eagle Claw visant à libérer les otages américains de Téhéran.

ZBZ-Gech.jpgLe grand échiquier

Il rompt avec les Démocrates en 1988 en soutenant la candidature du républicain George Bush, dont il est l’un des conseillers à la sécurité nationale durant la campagne. L’année suivante, il publie The Grand Failure[4] (« Le grand échec »), ouvrage dans lequel il prédit l’échec de la politique de glasnost et perestroïka de Gorbatchev et l’effondrement final de l’URSS… d’ici quelques décennies. En 1990, il critique les thèses de Fukuyama sur la « fin de l’Histoire » et s’oppose à la guerre du Golfe. Au cours des années 1990, on le retrouve émissaire spécial du président des USA pour la promotion du plus grand projet d’infrastructure pétrolière au monde, l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, destiné à contourner la Russie.

En 1997 sort son magnum opus, The Grand Chessbord[5] (« Le grand échiquier »), « l’analyse politique et stratégique la plus rigoureuse du nouvel ordre mondial dominé par les États-Unis et des voies et moyens pour que perdure cette suprématie »[6] selon le géostratège Gérard Chaliand. Conformément à l’enseignement des géopoliticiens anglo-saxons, Brzeziński tient le continent eurasiatique, qui regroupe 75% de la population mondiale, une grande partie des ressources naturelles et les deux tiers de la production mondiale, pour le pivot du monde. « L’Eurasie reste l’échiquier sur lequel se déroule la lutte pour la primauté mondiale », écrit-il, car « se situant au centre du monde, quiconque contrôle ce continent, contrôle la planète[7] ». Pour que la suprématie américaine perdure, il faut empêcher qu’un État n’y devienne hégémonique.

Zbig entend profiter du recul de la Russie pour passer de l’endiguement de la guerre froide au refoulement (roll back). C’est ainsi qu’il souhaite que les USA s’emploient à détacher de l’orbite russe ce que Moscou appelle « l’étranger proche », c’est-à-dire les États qui constituaient l’URSS autour de la Fédération de Russie. Selon lui, l’effort américain doit porter prioritairement vers l’Ukraine, l’Azerbaïdjan, riche en hydrocarbures et l’Asie centrale musulmane – pour lui la clef pour contrôler l’Eurasie est l’Asie centrale, et la clef pour contrôler l’Asie centrale est l’Ouzbékistan -. Il insiste sur l’importance géopolitique de l’Ukraine : « « L’indépendance de l’Ukraine modifie la nature même de l’État russe. De ce seul fait, cette nouvelle case importante sur l’échiquier eurasien devient un pivot géopolitique. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie. Et quand bien même elle s’efforcerait de recouvrer un tel statut, le centre de gravité en serait alors déplacé, et cet empire pour l’essentiel asiatique serait voué à la faiblesse[8] ». Il estime aussi que la Russie doit être évincée de la zone qu’il appelle les « Balkans d’Eurasie », à savoir la Turquie, le Caucase, l’Iran, l’Afghanistan et l’Asie centrale. Son objectif final : que les USA dominent l’espace de l’ancienne route de la soie (Silk road), une route non plus caravanière mais pétrolière et gazière parsemée d’oléoducs et de gazoducs, en reliant l’Europe à la Chine par une chaîne de petits États vassaux de l’Amérique.

Il s’oppose à la première guerre de Tchétchénie et préside dès 1999 le Comité américain pour la paix en Tchétchénie, qui apporte un soutien occulte aux indépendantistes. Il s’agit, comme jadis en Afghanistan, d’entretenir une guerre périphérique qui affaiblisse la Russie et l’éloigne des richesses de la Caspienne. Après l’arrivée de Poutine au pouvoir, il prône l’extension de l’OTAN aux États post-soviétiques, idée qui se concrétisera en 2002 avec l’intégration des trois républiques baltes à l’Organisation.

Renouant avec les démocrates, Zbig est nommé conseiller aux affaires étrangères par Obama lors de sa campagne présidentielle, ce qui provoque l’ire des néoconservateurs, qui lui reprochent d’avoir soutenu les auteurs du livre Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine.

Dans son dernier ouvrage, paru en 2012, Strategic vision[9], il prend acte du recul des USA et de l’avènement d’un monde multipolaire, et abandonne temporairement son hostilité à la Russie. Toutefois, lorsqu’éclate en 2014 la crise ukrainienne, repris par son tropisme antirusse, il pousse à l’affrontement dans un article intitulé « Qu’est-ce qui doit être fait ? L’agression de Poutine en Ukraine nécessite une réponse » : « L’Occident doit reconnaître rapidement le gouvernement actuel de l’Ukraine comme légitime [...]. L’Occident doit affirmer que l’armée ukrainienne peut compter sur l’aide occidentale immédiate et directe afin de renforcer ses capacités de défense[10] ». Encore et toujours nuire à la Russie !

Edouard Rix, Réfléchir & Agir, automne 2017, n°57, pp. 12-14.

Notes:

[1] J. Vaïsse, Zbigniew Brzeziński, le stratège de l’Empire, Odile Jacob, 2016.

[2] Between Two Ages : America’s Role in the Technetronic Era, Viking Press, New York, 1970.

[3] Le Nouvel Observateur, 15 au 21 janvier 1998, n° 1732, p. 76.

[4] The Grand Failure : The Birth and Death of Communism in the Twentieth Century, Charles Scribner’s Sons, New York, 1989.

[5] Le grand échiquier : L’Amérique et le reste du monde, Bayard, coll. « Actualité », 1997.

[6] Ibid, p. 21.

[7] Ibid, p. 24.

[8] Ibid, p. 74.

[9] Strategic Vision : America and the Crisis of Global Power, Basic Books, New York, 2012.

[10] Washington Post, 3 mars 2014.

mercredi, 27 juin 2018

Spatial : Trump réaffirme la totale domination américaine

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Spatial : Trump réaffirme la totale domination américaine

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
L'on sait depuis les origines des politiques spatiales que les Etats-Unis avaient décidé de faire du spatial un domaine stratégique entièrement sous leur contrôle. C'est ce que résume le concept dit de « full spatial dominance ». Donald Trump vient d'en réaffirmer la nécessité 1).

Il montre en cela qu'il est toujours, malgré certaines décisions jugées étranges, totalement sous le contrôle du complexe scientifico-militaro-industriel américain. Dès le début de la guerre froide, Washington et le Pentagone ont toujours considéré qu'il s'agissait d'un élément essentiel à la lutte, sinon à la destruction, de la Russie. Le débarquement sur la Lune, décidée par J.F. Kennedy, n'avait pas d'autre but, sous l'apparence d'une intention scientifique.

Cette domination du spatial a d'abord pris la forme d'une exploitation militaire de l'Espace. Les satellites militaires américains ne se comptent plus, de même que leurs applications stratégiques multiples. Mais tout ce qui est considéré comme relevant du spatial scientifique, au delà d'un intérêt propre pour la connaissance de l'espace et de l'univers, est également largement financé par l'Etat profond américain au regard de ses implications en faveur de l'industrie de défense.

A cet égard, la Nasa, malgré son petit budget de $2 milliards, en a toujours constitué un élément essentiel – ceci d'autant plus que sous couvert de coopération spatiale, elle permet un espionnage scientifique sans égal. Il en est de même des réalisations de l'industrie spatiale américaine. Eon Musk ne s'en cache pas, au contraire. Il utilise l'argument pour obtenir des aides considérables de l'Etat.

On ne doit pas oublier non plus que les Grands de l'Internet américain, qui fonctionnent principalement avec l'aide du spatial américain, sont un élément essentiel pour formater les consciences mondiales au profit de la puissance américaine.

A terme enfin, la course pour un retour sur la Lune, puis un débarquement sur Mars, vise à faire de ces planètes de nouvelles colonies américaines. Si à la suite d'une série de catastrophes, en partie d'ailleurs provoquées par eux, ne survivaient dans le système solaire que quelques dizaines de milliers d'humains éventuellement « augmentés », ils porteraient tous la bannière étoilée.

La Russie puis la Chine l'ont bien compris. Mais les moyens qu'elles peuvent dégager au profit de leurs projets spatiaux restent bien inférieurs à ceux des Etats-Unis. De plus, le retard qu'elles ont pris ne se rattrapera pas, compte tenu des délais nécessaires à la réalisation de nouveaux programmes.

Une « force armée spatiale » américaine 

La création d'une sixième branche des forces armées américaines, qualifie de « Space Force », que vient d'annoncer Donald Trump, met en évidence la volonté américaine de militariser complètement et définitivement l'espace. Ceci signifie nécessairement en éliminer progressivement Russie et Chine, sans mentionner d'autres puissances qui auraient la volonté d'y jouer un rôle. Rappelons à cet égard que l'Agence spatiale européenne avait dès le début refusé de s'impliquer dans des objectifs militaires. Ceci aurait fortement déplu au Pentagone, qui veut rester maître du jeu. La France s'est dotée de quelques petits satellites militaires, mais aux ambitions très limitées.

Trump n'a pas caché l'objectif de Washington et du Pentagone de maintenir et renforcer la pleine domination spatiale américaine. Que se passerait-il si celle-ci entrait en conflit direct, éventuellement au plan militaire, avec la Russie et la Chine ?

Compte tenu de l'importance de l'Espace, celles-ci ne pourraient pas ne pas riposter. Il en résulterait inévitablement une guerre mondiale. Mais le risque n'est pas plus grand, diront les optimistes, que ceux découlant des affrontements dans le domaine nucléaire.

1) https://www.bbc.com/news/world-us-canada-44527672

Note au 21/06. La Russie réagit.

Le président du Conseil de défense et de sécurité russe, Viktor Bondarev, cité par l'agence de presse Ria le 19 juin, a réagi à l'annonce de Donald Trump de vouloir créer une force armée de l'espace : «La militarisation de l'espace mènera au désastre». Il a également fait référence à la possible volonté de Washington de mettre des armes de destruction massive en orbite. «Si les Etats-Unis se retirent des accords de 1967 qui proscrivent le déploiement d'armes nucléaires dans l'espace, ceci appellera «  une réponse forte de la part de notre pays, mais également d'autres Etats, il en irait de la préservation de la sécurité internationale »

Rappelons que le traité de l'espace de 1967 (également appelé «traité sur les principes régissant les activités des Etats en matière d'exploration et d'utilisation de l'espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes») interdit le déploiement d'armes nucléaires et de destruction massive dans l'espace. Le traité interdit aussi de pratiquer des essais d'armement dans l'espace et d'établir des bases militaires sur tout corps céleste, dont la Lune.

Au delà des mots de Victor Bondarev, il faut se demander ce que serait « la réponse forte » russe,  de même qu'une réponse chinoise à laquelle il a fait allusion. S'agira-t-il de détruire, selon des moyens à préciser, les satellites militaires américains, voire de détruire une base militaire sur la Lune. On ne voit pas comment cela ne déclencherait pas une guerre mondiale, au moins dans l'espace.

 

mercredi, 23 mai 2018

Les Etats-Unis veulent l’escalade : Pompeo annonce « les sanctions les plus dures de toute l’histoire » !

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Les Etats-Unis veulent l’escalade : Pompeo annonce « les sanctions les plus dures de toute l’histoire » !

Washington : Téhéran et même les Européens usent de la diplomatie dans le conflit du nucléaire iranien. Les Etats-Unis, en revanche, ne cessent de chercher la confrontation e l’escalade. Le ministre américain des affaires étrangères, Mike Pompeo, a annoncé, sans circonlocutions, “les sanctions les plus dures de toute l’histoire” contre l’Iran. La pression financière sera plus forte que jamais, a-t-il déclaré à Washington dans un discours révélant ses principes d’action. Lorsque toutes les mesures punitives entreront en action, l’Iran devra se battre pour maintenir son économie en vie.

Pompeo a soumis douze exigences aux dirigeants iraniens, ce qui équivaut à du chantage car certaines d’entre elles sont irréalisables en pratique, comme, par exemple, le retrait des troupes iraniennes hors de Syrie. Dans ce pays, les Iraniens sont aux côtés des Russes depuis plusieurs années pour battre et éliminer les milices terroristes de l’Etat dit islamique. Les sanctions ne seront levées que si l’Iran change de politique sur le long terme, a ajouté Pompeo expressis verbis. Il a déclaré : « Nous exercerons une pression financière sans exemple sur le régime iranien. Les dirigeants de Téhéran ne pourront jamais douter de notre détermination ».

Mais les chantages américains affectent désormais les Européens aussi. Pompeo s’est adressé à l’Union Européenne pour dire que les entreprises qui feront des « affaires interdites » avec l’Iran, devront faire face à leurs responsabilités. Pompeo a présenté la nouvelle stratégie iranienne du gouvernement américain lors d’un événement organisé par le think tank néoconservateur Heritage Foundation.

(Ex : http://www.zuerst.de ).  

vendredi, 18 mai 2018

Keith Preston: Who Am I?

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Keith Preston: Who Am I? 1

Ex: http://www.attackthesystem.com 

This is the transcript of an interview I recently did with a Swiss journal.

In your book “Attack the System” you describe the current ideology of the West as a “totalitarian humanism,” yet you claim to be to the left of Marx (I am referring to a statement you made on the Tom Woods Show). You describe yourself as an anarchist, yet you hold speeches at Richard Spencer’s National Policy Institute. Please tell us: Who is Keith Preston?

I am to the left of Marx in the sense that anarchism was always the left-wing opposition to Marxism. This was true even in the period before the First International when anarchists such as Pierre Joseph Proudhon and Max Stirner would voice their opposition to state-socialism of the kind championed by Marx and his predecessors like Louis Blanc. Marx was so incensed by these attacks from anarchists that he devoted considerable effort to his own counterattacks. For example, much of Marx’s The German Ideology is an attack on Stirner, and Marx’s The Poverty of Philosophy is an attack on Proudhon. It was anarchists such as Mikhail Bakunin that led the opposition to the influence of Marxism in the First International, for which the Bakuninists were expelled. Bakunin was a prophetic opponent of state-socialism and predicted that if the Russian socialist revolutionaries ever gained state power they would become as tyrannical as the czars ever were. Bakunin essentially predicted much of the course of the twentieth century when state-socialist regimes ruled one third of the world’s nations. The anarchists were not only critics of the state, including state-socialism, but were also early critics of imperialism and colonialism during the heyday of these in the nineteenth and twentieth century. Marx and Engels, on the other hand, were champions of imperialism and colonialism, believing these to be historically progressive forces. All of these questions are examples of why I, as an anarchist, am to the left of Karl Marx.

KPB2.jpgI have spoken to the National Policy Institute on two occasions. I spoke there in 2011, and presented a critique of mass immigration that pointed out that large scale migration of the kind that modern societies are experiencing is something that is being driven by the entire range of power elite institutions at the expense of the native populations and working classes of particular societies. The impact of mass migration is to import a “reserve army of labor,” a nice Marxist term, into the advanced capitalist societies for the purpose of wage suppression and exacerbating social conflict in a way that undermines working class cohesion and solidarity. This has the effect of strengthening the forces of state and capital, while simultaneously depriving the developing and underdeveloped world of human capital thereby undermining development and progress in poor countries. The liberal class supports this process because it allows them to pose as cosmopolitan humanitarians while advancing their own class interests and political interests.

I spoke at the National Policy Institute again in 2015 where I presented a critique of American imperialism as a unique and perhaps unprecedented threat to the survival of the world’s many ancient and unique cultures. These are being absorbed in the homogeneity of cultural imperialism driven by the commercial culture that the United States seeks to impose on the world by means of neoliberal hegemony. This is a process that many specialists in international relations have referred to as “McDonaldization,” “Wal-Martization,” or simply as “Americanization.” During that presentation I focused to a great degree on the Americanization of Europe, which I felt to be appropriate given the Eurocentric orientation of the National Policy Institute, although I could have just as easily focused on Southeast Asia, the Middle East or the Amazon rain forests. But what I said at the National Policy Institute was essentially the same as what I would say if I were speaking to a Communist or Islamist organization. I am interested in networking with all enemies of neoliberal imperialism.

What exactly do you mean when you say “totalitarian humanism”?

Totalitarian humanism is a term that I took from a countercultural writer many years ago who suggested that a phenomenon called “totalitarian humanism” was developing into a third wave of totalitarian political ideology in the developed world. The first of wave was Communism which claimed to be liberating the working class from capitalist oppression. The second wave was Fascism or Nazism which claimed to be advancing the interests of allegedly superior races and nations over allegedly inferior ones. The third wave is Totalitarian Humanism which claims to be advancing the interests of all of humanity, but in reality postulates the same kind of dualistic millenarianism rooted in out-group enmity, and with the same double standards, mendacity, and authoritarianism that were found in these older totalitarian ideologies.

KPB3.jpgWe see many different examples of this. On a localized level, we see examples of the state attempting to micromanage every aspect of life for the purpose of advancing some kind of therapeutic, egalitarian, or ostensibly humanitarian objective. This include everything from banning smoking in pubs, to arresting parents for allowing children to play outside unsupervised, to levying special taxes on foods and beverages for social engineering purposes. We also see examples of the state attempting to subjugate local communities, regions, the private sector, and civil society for the purpose of imposing ostensibly progressive values on all of these competing centers of power. This has the effect of eroding zones of autonomy that serve as a bulwark against the state. We see the example of people being removed from their professional or academic positions for expressing ideas that defy progressive orthodoxy. The worst example is what I call “human rights imperialism,” which involves destroying entire nations such as Libya and Iraq under the guise of rescuing them from oppression.

In your political evolvement you went from the Christian right to the far left, from there to libertarianism and after that to the militia movement. At the end of this journey you call yourself an anarcho-pluralist. What is the worldview that stands behind this term?

Anarcho-pluralism is a term that I first heard from an anarchist named Sam Dolgoff many years ago. He was a veteran of the classical anarchist movement of the early twenty first century, and had written extensively about the Spanish Civil War. He used the term anarcho-pluralism to describe his embrace of the range of anarchist thought in terms of potential forms of economic self-organization by the working class. I use the term in a similar but more expansive way. It is an umbrella term that I use to describe the entire range of anarchist thought and tendencies, as well as libertarian, decentralist, anti-state, and anti-authoritarian movements and ideologies generally.

In your book you contrast that with what you refer to as “neoliberal imperialism.” Could you elaborate on what you mean by that?

Neoliberal imperialism is a term that is meant to subscribe the system of global plutocratic rule by means of the G20, individual states that are aligned with the major military and trading blocks, the World Bank, the International Monetary Fund, the World Trade Organization, the United Nations, NATO, transnational corporations, and the wider network of financial, business, media, academic, governmental, and nongovernmental organizations that are connected to this system. At present, for example, about 150 corporations control nearly half of the world’s wealth, and about 200 states control virtually all of the world’s territory.

How would an anarcho-pluralist movement look like and what strategy would it apply, especially given the widely varying conceptions different anarchists have of things like ethics and property rights?

Anarcho-pluralism would involve efforts to decentralize systems of political and economic power into the hands of regions, localities, voluntary associations, and other kinds of communities and organizations that are comprised of people pursing their own interests, whether individually or collectively, in a way that is independent of the state or other external institutions. I do not see anarcho-pluralism, or pan-anarchism, as a prescription for any particular kind of organizational forms, specific sets of economic arrangements, positions on social issues, or as anything which favors any set of identity groups or value systems over others. Rather, anarcho-pluralism could include an infinite array of interests of these kinds, from indigenous tribes that prefer a pre-modern existence, to religious monasteries, to hippie communes, to Afro-centric or neo-pagan or LGBTQ or vegan and animal rights oriented communities, to medieval or Star Trek themed communities, to Islamic or Hasidic or Kekistan communities, to rave partiers to those who dream of colonizing space with communities of robots, from nudist colonies to conservative religious communities, or just ordinary, boring centrist communities.

KPB4.jpgJust as anarcho-pluralism might include an infinite array of values systems and identity or affinity groups, it might also include a similar array of strategies. These could include secession movements that wish to proliferate the number of sovereign countries, regions, and localities, the creation of micronations and independent municipalities, to those building seasteads on the oceans, to anarcho-syndicalist labor unions and worker cooperatives, to mutual aid societies, to the practice of agorist countereconomics, to civil disobedience or independent militias, to alternative currencies, to any kinds of communities, organizations and activities that are functioning independently of the state and which will be the prototypes for the eventual elimination of the state. What I have mentioned are only a few examples.

What is your biggest critique of the current mainstream anarchism in the United States?

The mainstream anarchist movement in North America is largely a youth subculture rather than a political movement. To the degree that mainstream anarchism is politically serious at all, it largely limits itself to a focus standard left-progressive issues, and largely renders itself to being not much different from the local precinct chapter of the Democratic Party as a result. A much more serious issue with mainstream anarchism involves the fact that most anarchists have yet to fully comprehend Nietzsche’s critique of slave morality or Stirner’s critique of humanism, much less incorporate these ideas into their paradigm. Many dissidents from the dominant slave morality paradigm within the general anarchist milieu often error in the other direction and become reactionaries. An example would be those former libertarians that have embraced the neo-reactionary movement, the alt-right or neo-fascism. I am in favor of the development of a form of anarchism that is in opposition to slave morality but without embracing reaction. I suppose you could say that I represent the post-postmodern revolutionary post-left.

In chapter 1 of “Attack the System” you delve into the philosophical foundations of anarchism and you exclusively name German thinkers: Friedrich Nietzsche, Max Stirner and Ernst Jünger. Let’s go through them: How has Nietzsche laid the foundations for modern-day anarchism and what can he tell us about the crisis of the West?

kpb5.jpgNietzsche was not an anarchist. What Nietzsche did was issue the most serious reply to anarchists and one that anarchists have yet to address. Nietzsche considered the political Left to be a modernized, secularized version of Christian morality, in the sense of the idea of the suffering just and notions like the least will be the first, and he considered anarchists to be the Left’s version of fundamentalist true believers. This critique is absolutely correct, and this is why so many mainstream anarchists have such a pronounced inclination towards the persecution of anyone they deem insufficiently progressive that have become the modern versions of heretics. This is why we see ostensibly “anarchist” Antifa thugs attacking peaceful people who are engaged in the exercise of free speech. Until anarchists examine this flaw in their own thinking, and make the necessary changes in their own actions, they will never be anything more than a prototype for a new kind of authoritarian statism of the kind that I call “totalitarian humanism.”

Nietzsche also thought Western civilization was headed for an existential crisis that was rooted in the loss of traditional cultural, religious, moral and philosophical ideas, and that modern ideologies were an effort to find an appropriate substitute. He correctly surmised that these substitutes would prove to be unsatisfactory and that by the twenty-first century Western civilization would be faced with the crisis of nihilism. The only possible resolution of this crisis, in Nietzsche’s view, was the “transvaluation of values,” which would in turn involve a process of both individual and collective “self-overcoming,” and ultimately “becoming who we are,” once again on both the individual and collective level.  I am inclined towards the view that Nietzsche regarded the pre-Socratics, particularly the Sophists, as a kind of prototype for what a post postmodern world might maintain as a philosophical or intellectual foundation. If so, this would represent of a kind of cyclical process that involved a return to a kind of primordial essence. In fact, I am inclined towards the view that this is what Nietzsche meant by his concept of “eternal recurrence.”

How about Stirner?

Stirner was a very similar to thinker to Nietzsche in the sense of recognizing that, as Stirner himself put it, “our atheists are very pious men.” Like Nietzsche, he recognized that humanism of the kind that came out of the Enlightenment was not a rejection of religion or even of Christianity as much as a kind of secularized Christian heresy. I am inclined to think that Nietzsche was influenced by Stirner in an unacknowledged way, and that Nietzsche’s concept of the overman was essentially rooted in Stirner’s idea of a society that consisted of a union of egoists with the idea that the overman would be the product of the union of egoists. However, it is interesting that we have self-proclaimed egoists today who utterly fail to grasp this concept.

And what is Ernst Jüngers contribution?

Ernst Junger’s later work is particularly important for the purposes of cultivating a well-developed philosophical anarchism, especially his novel “Eumeswil” where he introduces the idea of the “Anarch.” During his elder years, Junger was less of a social or political critic, and was instead focused on how the individual might achieve an inner freedom in the face of persistent tyranny that abounds on an external level. His thinking on this question was heavily influenced by Stirner and also resembles certain Buddhist precepts in many ways. The core idea of the Anarch is one that renounces authority on an internal basis even if one does not defy authority on an external basis. The Anarch grants loyalty to nothing but his or her own thoughts and thereby achieves a kind of inward resolution of conflict. However, there is another way in which Junger’s thought is relevant to anarchism and that is his conception of a warrior ethos that stands in opposition to slave morality. An anarchist that was guided by the ideas of Nietzsche, Stirner, or Junger would not be a religious zealot persecuting those who have sinned against slave morality, but an egoist that is both internally self-liberated, and engaged in warfare against external authority as an expression of self-overcoming or becoming who they are.

What is your personal critique of modernity?

Modernity is a model of civilization where traditional institutions have largely been eradicated and replaced by the dominance of the impersonal corporate state that rules as an abstract entity even as its personnel changes. The features of modernity are the public administration bureaucracy, mass society dominated by mass institutions and organizations, the hegemony of commercial values and consumerism with social status largely conferred on the basis of one’s capacity for what Thorstein Veblen called “conspicuous consumption,” technology fused with scientism, therapeutism egalitarianism replacing theocratic traditionalism as the foundation of civil values, sophisticated systems of propaganda promulgated by the mass media and the public relations and advertising industries, the rise of the culture industry, the erosion of intermediary institutions, atomized individualism, and the erosion of individual identity except for that of subject of the state, worker, and consumer. Modernity is essentially a replication of feudalism but within the context of a commercial and technologically driven society where mass bureaucratic institutions assume the role of the new manorial systems.

kpb6.jpgYou engage in conversations with all anarchist camps, yet refuse to pick a label for yourself except for “anarchist without adjectives.” Which critique would you voice specifically towards Anarcho-Capitalism?

Anarcho-Capitalism is the mirror image of Anarcho-Communism in the sense that just as Anarcho-Communism runs the risk of degenerating into Big “C” Communism so does Anarcho-Capitalism runs the risk of degenerating into Big “C” Capitalism and becoming a new kind of plutocratic rule. I would have parallel critiques of virtually any school of anarchist thought, from anarcho-primitivism to anarcho-transhumanism. For example, I am neither an Austrian nor a Marxist when it comes to economic critiques but instead to draw from the better ideas of multiple schools of economic thought. That might include the Marxist or Austrian paradigms in certain ways, but no more so than it would include, for example, the paradigms of behavioral economics or institutional economics. Rather, it is necessary to critique systems of power wherever they appear, and in whatever kind of context, whether political, economic, or social. I am heavily influenced by elite theory in this regard, as well as a range of critics of power from Bertrand Russell to Michel Foucault.

What is your personal brand of anarchism grounded in? Utilitarianism? The self-ownership of one’s own body?

I am neither a utilitarian nor do I subscribe to self-ownership theory which is a derivate of Locke’s natural rights doctrine. I see these ideas as particular to the tradition of English liberalism, which is a fine tradition but not one that represents universal principles. Instead, I regard Anarchist philosophy a representing an intellectual trajectory that can be traced back to Zeno and Diogenes in the West and Zhaung Zhou and Lao-tzu in the East, and which has prototypes in all sorts of indigenous, traditional, and pre-modern societies. Anarchism crystallized as a modern intellectual movement during the time of the Enlightenment with both a left and right wing dimension, with many different cousins and distant relatives, and which continues to evolve and assume new forms over time. Anarchism can be Dorothy Day and Ivan Illich, or it can be the Situationists or the Boston Anarchist Drinking Brigade. It is necessary to move away from singular models and closed systems towards pluralistic models and open-ended systems.

Let’s say you were able to recommend one thinker to the readers of eigentümlich frei, who would make them question their premises. Who would that be?

The thinker that I would recommend would depend on the general political and cultural orientation of the individual I was speaking with. For someone who was more left-leaning, I might recommend Arthur Koestler’s “Darkness at Noon,” or Carl Schmitt’s “The Concept of the Political.” Koestler’s work illustrates very well the legacy of oppression that has historically been perpetrated by ostensibly “progressive” regimes. Schmitt challenges utopian illusions in favor of an uncompromising realism. Leftists of any kind have a bad habit of thinking only conservatives and reactionaries can be tyrants. For someone who was more right-leaning, I might recommend Peter Gay’s “The Enlightenment” or Stefan Zweig’s “The Right to Heresy.” Rightists of any kind have a bad habit of glorifying the past as having been better than it really was. In reality, the past was often quite terrible. One particular thinker whose works I would recommend to both leftists and rightists would be Thomas Szasz, a heterodox psychiatrist who developed a classical liberal-influenced critique of the modern therapeutic state.

What is your favourite anarchist thinker and why?

I can’t say that I have a single favorite anarchist thinker.  I am influenced by too many thinkers in anarchist and related traditions to identify one that really stands out. Philosophically, I am the closest to Stirner. I am closest to Proudhon on economics. I very much appreciate Bakunin as a class theorist, particularly his emphasis on the lumpenproletariat, as well as a strategist and critic of Marxism. Kropotkin’s analysis of the historical development of the state is similar to my own. I am in general agreement with Voline’s critique of the limitations of Platformism. I also very much appreciate the American individual-anarchist tradition. The organizational methods employed by the Spanish anarchist movement are worthy of study. There is an English anarchist writer named Peter Marshall that has produced a voluminous history of anarchism that outlines a trajectory that is very similar to the one that I used when describing the anarchist tradition. There is an anarchist anthropologist named Harold Barclay that has examined anarchist trends in pre-modern societies. If I had to pick one of the more well-known figures from history, it would probably be Voltairine de Cleyre since her “anarchism without adjectives” approach is very similar to my own. Another tradition I admire is panarchism which was first formulated by Paul Emile de Puydt, and the leading contemporary proponent of which is John Zube. I am also pleased to see the ongoing proliferation of new forms of anarchism, and the blending of anarchist ideas with those that have been accumulated from a vast range of other traditions. Tendencies such as Green anarchism, Christian anarchism, black anarchism, national-anarchism, anarcha-feminism, indigenous anarchism, post-colonial anarchism, Islamic anarchism, queer anarchism, anarcho-monarchism, anarcho-transhumanism, and geo-anarchism are examples of these ideas.

I’d like to end the interview with the words you chose to start your book with: “To all enemies of the state, whoever they are and wherever they may be.” Any objections?’

No objections at all. I would say that is an excellent way to end any statement or conversation.

13:15 Publié dans Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : keith preston, amérique, états-unis, anarchisme, entretien | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 16 mai 2018

Trump déclare la guerre économique à l’Europe

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Trump déclare la guerre économique à l’Europe

Jean-Michel Vernochet

Ex: http://www.geopolintel.fr

En se décidant à sortir du Traité relatif au programme nucléaire iranien dit 5+1 (les Cinq membres permanents du Conseil de Sécurité + l’Allemagne), Donald Trump déclare en fait, littéralement, la guerre à l’Europe. Ceci n’étant pas une clause de style parce qu’en dénonçant unilatéralement cet accord collectif et en annonçant le rétablissement d’une batterie de sanctions draconiennes à l’encontre de Téhéran au cours du prochain semestre, il met du même coup, la France et l’Allemagne à genoux. Il s’agit en effet ni plus ni moins, dans l’actuel contexte de crise sociétale aiguë, de la perte d’un marché providentiel de 83 millions d’âme.

Un débouché en pleine expansion depuis la fin de 22 années de blocus économique [1] et l’accord de contrôle extérieur du programme nucléaire civil iranien du 14 juillet 2015. Lequel pouvait laisser espérer aux Allemands de regagner leurs positions perdues après 2005. Celles-ci cumulaient alors à 5,67 milliards de dollars soit 14,4% de leurs exportations. Pour la France, les constructeurs automobiles PSA et Renault sont eux aussi immédiatement menacés par la volte-face de la politique américaine. Peugeot détient actuellement 30% d’un marché iranien difficilement reconquis après son retrait de 2012 pour obéir à l’injonction comminatoire de son partenaire américain General motors [2]. Celui-ci avait fait miroiter à PSA, en échange d’un manque à gagner à l’export vers l’Iran de 450.000 véhicules l’an, l’ouverture de l’immense marché chinois. Promesse mirobolante, évidemment non tenue. Notons qu’à l’époque, les syndicats compradores habituellement si prompts à s’insurger pour un oui ou pour un non, ne pipèrent mot.

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Au moment où est tombé le couperet américain ce 8 mai (avec quatre jours d’avance sur la date annoncée), le groupe PSA se préparait à la production en Iran de la Peugeot 301 ainsi que de la Citroën C3. Rappelons que les constructeurs français tenus par leurs partenariats transatlantiques, tombent, en cas de refus d’obtempérer, sous le coup de la loi fédérale, laquelle n’a pas la main légère avec les contrevenants. Tous les acteurs économiques ont à l’esprit les 8,9 milliards de dollars d’amende que dut verser la BNP au Trésor américain en mai 2015 pour avoir transgressé les oukases de Big Sister America et fricoté de l’an 2000 à 2010 avec Cuba, l’Iran, le Soudan et la Libye, tous pays sous embargo.

Beaucoup pensent que l’interdépendance économique est un puissant facteur de paix internationale. Que nenni ! C’est oublier que certains, les forts, sont alors en position de dicter leur loi aux faibles et que ceux-ci n’ont d’autres choix que de se soumettre. Cinquante ans après mai 1968, il serait judicieux de se souvenir de l’embargo américain instauré sur le tourteau de soja et les porcs menacés de famine dans les élevages bretons… L’initiative du président Trump est à ce titre un véritable coup bas pour l’économie européenne sacrifiée notamment sur l’autel des fantasmes sécuritaires de l’État hébreu… mais pas seulement, car l’affaire est au final beaucoup plus complexe et plus tordue.

On peut en effet s’interroger sur l’enchevêtrement de calculs nébuleux qui conduit l’Amérique à s’aliéner volontairement et à peu de profit, ses alliés européens ? Parce que cela revient avons-nous dit, à les mettre au pas et les faire passer (une fois de plus) sous les fourches caudines de l’État profond américain seul décideur… le président Trump ne se maintenant actuellement à la Maison-Blanche que dans la mesure où il en exécute les consignes. Une hyperclasse qui agit en sous-main et qui, ayant échoué à imposer une hégémonie directe sur le reste du monde, préfère désormais opter pour les voies détournées de la guerre économique, de la subversion politique et de la diplomatie armée (soft power), afin d’atteindre ses objectifs de domination tous azimuts.

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Un rappel à l’ordre n’est donc pas à exclure à l’endroit des Macron et Merkel qui se sont crus autorisés à venir s’ingérer (à domicile) dans la géostratégie de l’imperium nord-américain. Notons que M. Macron s’est ridiculisé en allant quémander à Washington que le Département d’État accepte de prendre en considération ses misérables desiderata (la préservation de la petite part hexagonale du juteux marché persan), prétendant pouvoir faire accepter la renégociation de l’accord par Téhéran. Ce dont il n’est pour l’heure pas question. Alors que déduire sinon que conclure, de la décision des élites américaines de revenir sur l’engagement pris en 2015 ? Précisant que ni le Département d’État, ni le Pentagone, ni la CIA, et surtout pas le Deep State - à savoir le complexe militaro-industriel, les néoconservateurs (d’anciens trotskystes, soixante-huitards reconvertis, qui pour beaucoup tiennent aujourd’hui le haut du pavé), les likoudniki de diverses obédiences, les puissants groupes de pression sionistes faiseurs et tombeurs de rois, Wall Street – n’ont été mis hors-jeu, exclus ou seraient restés étrangers à cette fatale décision de sortie de l’Accord 5+1. De plus, qui parmi ces différents acteurs, aurait pu se préoccuper de plaire ou déplaire au petit marquis élyséen et de chercher des voies raisonnables en vue d’éteindre les incendies qui n’en finissent pas de se multiplier au Levant ? Reste qu’à défaut d’avoir conservé une influence directe au Proche Orient - ayant perdu la guerre de Syrie et l’Irak livré à la majorité chiite - la Grande Amérique gouverne par le maintien d’un certain chaos et le soutien relatif de l’irrédentisme kurde ?

Les oligarchies du Nouveau Monde savent les européens lâches, désunis et dépendants, auto-intoxiqués qu’ils sont - entre autres - par leurs soi-disant Valeurs ! Par ailleurs ce sont des rivaux qu’il convient de brider. Le grand théoricien de l’impérialisme yankee, le franckiste Brzezinski, énonçait la chose avec clarté dans le Grand échiquier (1998) - reprenant en cela les idées directrices de l’immémoriale politique continentale des Britanniques – à savoir que l’Europe devait demeurer coûte que coûte désunie (rien de contradictoire ici avec l’Union européenne qui est un moyen d’assujettir les nations tout en détruisant leur puissance souveraine) et politiquement débile. Nous y sommes. Cette loi géopolitique s’applique aujourd’hui dans toute sa rigueur derrière les embrassades et les guignoleries de façade. Peu chaut à M. Trump que M. Macron ait été désavoué par le dangereux revirement de la politique extérieure de l’Union. Il n’a cure de lui sauver la face. De toute façon la presse dont le président hexagonal est le fils puîné l’aura fait à sa place.

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Comme si également ces fantoches européens - les trois « M » Merkel, May, Macron - pesaient lourds face aux bibliothèques de dossiers et de disques compacts dramatiquement dévoilés par le triste sire Netanyahou, ci-devant Premier ministre du 51e membre des États-Unis ? Oubliant de dire au passage que ces documents d’archives exfiltrés d’Iran on ne sait par qui ni comment, dataient de 2003. Comme quoi les vieilles ficelles font toujours recette. Et ce depuis la fiole de sucre glace brandie naguère au Conseil de Sécurité par l’Oncle Ben’s Colin Powell prétendant qu’il s’agissait d’Anthrax, preuve accablante de la poursuite d’un programme irakien d’armes de destruction massive ! Néanmoins, prouver de cette manière, en ouvrant l’armoire aux squelettes, la perpétuation en 2018 d’un programme offensif en contredisant ex abrupto tout les rapports de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) relatifs au suivi de l’application de l’Accord de dénucléarisation, il faut à la fois une certaine dose de cynisme et de mauvaise foi… ainsi que l’active complicité d’une presse détenant tous pouvoirs sur une opinion publique entièrement forgée par ses soins… et par ses assidus mensonges !

Ajoutons que le Premier ministre israélien, parle toujours de guerre contre le grand voisin iranien, mais qu’il n’a guère les moyens de ses ambitions guerrières hormis ses inutilisables vecteurs Jéricho à tête nucléaire : ses chasseurs-bombardiers F16 sont à bout de souffle et sa dizaine de F35 sont trop précieux pour être exposés sans nécessité absolue à des tirs de représailles… pas plus qu’il n’aurait la sottise d’envoyer ses pilotes au casse-pipes, lesquels, lorsqu’ils tirent leurs missiles vers des positions iraniennes de Syrie, le font généralement depuis l’espace aérien libanais, prudence oblige car le 10 février un chasseur-bombardier de Tsahal était abattu par la défense aérienne syrienne, le premier depuis 1982. Les temps changent. Au demeurant les guerres israéliennes destinées à nettoyer par cercles concentriques successifs la périphérie de l’entité sioniste, se font toujours à moindre coût et assez généralement par procuration : 1991 « Tempête du désert », 2003 « Choc et effroi »…

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Ou bien encore s’achèvent en foirade comme lors de la deuxième guerre du Liban de juillet 2006 – le sixième conflit israélo-arabe – lancée (mais non déclarée) au prétexte controuvé que deux soldats de Tsahal auraient été capturés en Eretz Israël (et non enlevés comme le clamait la presse hébreu). Pour l’heure, la puissante Armée de défense israélienne excelle surtout à faire des cartons meurtriers sur les Palestiniens… 40 mort ces dernières six semaines et deux milliers de blessés. Là encore nous aurions pu nous attendre à des reportages de la part de ces mêmes envoyés spéciaux qui, dans Alep Ouest assiégée par les forces loyalistes ou dans la Ghouta orientale où s’étaient retranchés un dernier carré de terroristes d’Al-Qaïda (prétendument perpétrateurs du 11 Septembre ?), faisaient pleurer Margot sur le sort des djihadistes en dépit du fait que ceux-ci avaient pris les habitants de ces villes martyrs en otages et comme boucliers humains.

Quant à M. Netanyahou, en délicatesse avec sa propre justice pour malversations, il est en fin de compte, semble-t-il, brillamment parvenu à faire endosser par Washington une politique coercitive de sanctions maximales à l’encontre de l’Iran, sa bête noire tout en se prévalant d’une intention de neutralité de la part de Vladimir Poutine à l’égard des frappes de missiles israéliens en Syrie contre les bases de Gardiens de la Révolution [3]. Maintenant vers quoi allons-nous ? Quelles leçons provisoires tirer des récents événements ? Que veut ou que cherche M. Trump en calmant d’un côté le jeu entre les deux Corée – ce qui pourrait lui valoir un prix Nobel de la paix et le rendre de facto indéboulonnable – et en œuvrant de l’autre à la déstabilisation de l’Iran, voire en préparant une Troisième guerre du Golfe ? On en parle sérieusement dans le landernau des initiés.

Au final, en dénonçant l’accord, non seulement la Maison Blanche va créer de graves difficultés économiques à ses alliés et tributaires européens, faisant le calcul que de toutes les façons ceux-ci feront profil bas. Qu’ils se coucheront, quoiqu’il leur en coûte, devant les insatiables exigences israéliennes relayées par Washington (wag the dog… il est patent que la queue remue le chien et non l’inverse !). Allons plus loin. L’Amérique du Deep state, au-delà du complexe obsidional israélien, vise assurément plus loin que la simple destruction d’un État persan candidat au leadership régional et grand rival de l’Arabie wahhabite, alliée privilégié de Washington et de Tel-Aviv.

Iran qui certes développe des missiles à longue portée et des drones de combat à partir de technologies justement fournies par Pyongyang, et de facto menacerait à court terme la sécurité de l’État juif (puisqu’il se désigne lui même ainsi). M. Trump s’étant convaincu d’avoir fait plier la Corée du Nord (mais une interprétation inverse de la désescalade et du réchauffement des relations interétatiques autour de la Mer du Japon est également très recevable – nous y reviendrons), peut-être se dit-il que la menace d’un recours à la force, est (ou serait à nouveau), payante ? Ce faisant, dans le cas de l’Iran, il ne peut ignorer qu’en dénonçant unilatéralement l’accord de 2015, il prend le risque de déstabiliser le pays en profondeur, en accroissant la division du pays entre modernistes et conservateurs, ceci affaiblissant le camp pro occidental dont la tête de file est l’actuel président Rohani… et revigorant du même coup celui de conservateurs.

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L’on voudrait relancer en Iran une contestation insurrectionnelle que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Les Anglo-américains ne sont jamais, ni avares ni en retard d’une révolution de couleur ou de velours… Des révolutions qui d’ailleurs se greffent souvent sur un légitime terreau de revendications et des carences politiques avérées. Ainsi de l’Ukraine et ces jours-ci l’Arménie et la Moldavie. Soyons assurés que les experts en coup tordus de la CIA, machiavéliens parmi les machiavéliens, ne chôment pas et qu’un projet de regime change pour l’Iran est peut-être d’ores et déjà en cours d’application. Avec pour premier objectif de réinsérer l’Iran [4] dans une mondialisation sociétalement et économiquement libérale-libertaire… et par la même occasion, de resserrer le dispositif de contention – le cordon sanitaire – que tissent patiemment les puissances atlantiques autour de la Russie et de l’espace continental eurasiatique.

Chacun comprendra que face à de tels enjeux, les Européens et leurs indésirables industries de haute technologie concurrentes de leurs homologues américaines, doivent rentrer dans le rang de la mondialisation heureuse et apaisée sous la férule de l’Oncle Sam… surtout au moment où la libre circulation des biens et le retour du protectionnisme font l’objet du bras de fer commercial qui se joue entre Washington et une Chine populaire trop gourmande. L’aluminium européen vient d’ailleurs d’en faire les frais. Pauvres européens, cinquième roue du carrosse de M. Trump, lequel pense en priorité à la restauration de son parc industriel et au plein emploi outre-Atlantique. L’Europe devra, en conséquence, se soumettre, continuer d’avaler des couleuvres de la taille d’anacondas, voir croître l’armée de ses chômeurs et gérer elle-même ses crises et ses krachs à venir.

13 mai 2018

Notes

[1Sévères restrictions des échanges commerciaux que R. Reagan met en place en 1988, un an avant la fin du conflit Iran/Irak. Dispositions accentuées en 1996 quand Washington adopte la loi d’Amato-Kennedy (8 août) en mettant l’embargo sur les importations de pétrole brut et en interdisant tous les investissements directs ou étrangers via les partenariat existant avec des sociétés non américaines.

[2En 2010 PSA exportait en Iran 461.000 véhicules mais se retirait du pays en 2012 sous la pression de son éphémère partenaire, General Motors, ceci afin de se mettre en conformité avec les sanctions américaines. De retour en Iran, Peugeot y a immatriculé 443.000 unités en 2017 et 83.600 au cours des deux premiers mois de 2018 soit 30% du marché.

[3https://fr.timesofisrael.com/netany... Le Kremlin 9 mai : « J’ai souligné l’obligation et le droit d’Israël à se défendre contre l’agression iranienne, menée depuis le territoire syrien. Les Iraniens ont déclaré leur intention de nous attaquer. Ils essaient de transférer des forces et des armes mortelles avec l’objectif explicite d’attaquer l’État juif dans le cadre de leur stratégie pour détruire l’Israël ».

[4Lire « Iran, la destruction nécessaire - Persia delenda est » Xenia 2012.

mardi, 15 mai 2018

Trump. Les menaces de rétorsion européenne font bien rire outre-Atlantique

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Trump. Les menaces de rétorsion européenne font bien rire outre-Atlantique

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ce n'est pas nous qui l'affirmons. Il suffit de lire la presse américaine. Après que Donald Trump ait annoncé qu'il dénonçait le Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) avec l'Iran concernant la renonciation de ce pays aux armes nucléaires, une majorité de gouvernants européens, notamment de Grande Bretagne, d'Allemagne et de France, ont annoncé qu'ils resteraient dans le Pacte

Il a été aussi beaucoup discuté de mesures de protection des entreprises européennes qui seraient sanctionnées par Washington au cas où elles continueraient à commercer avec l'Iran.

Les Européens auraient-ils décidé de s'affranchir de la tutelle politique et économique exercée par les Etats-Unis depuis 1950 ? Certains ont pu l'espérer en Europe. Mais la menace n'a en aucun cas été prise au sérieux par les divers intérêts américains visés. Au contraire, comme le montre la lecture des médias américains, elle a suscité un vif amusement. Ce ne serait pas encore maintenant que les nains européens pourraient commencer à s'affranchir de la domination du géant américain.

Les grandes sociétés européennes comme Daimler ou Airbus allaient-elles risquer de supporter de lourdes amendes sous prétexte que, commerçant en dollars avec l'Iran, elles devaient respecter en tout la législation américaine ? L'Union européenne n'aurait été prise au sérieux que si elle avait déclaré qu'elle prendrait des mesures de rétorsion réciproques contre les entreprises américaines opérant en Europe.

Connaissant l'inexistence d'une politique internationale et moins encore de politiques économiques communes au sein de l'Union, personne ne peut croire que de telles mesures soient décidées en Europe. Il suffirait par exemple que l'Irlande s'y oppose pour que rien n'aboutisse. Comme individuellement les grands pays européens ne peuvent rien faire de sérieux sans l'accord de Bruxelles, très largement pénétré par les lobbys pro-américains, rien ne se passera non plus à leur niveau.

Les perspectives d'un futur commerce européen avec l'Iran sont trop modestes pour que les entreprises européennes renoncent aux avantages du marché américain, tant à l'exportation qu'à l'importation. Cela signifie que malgré leurs prétentions à rester dans le JCPOA, les gouvernements européens, soumis plus que jamais à la domination américaine, devront y renoncer.

Un euro-BRICS ?

La seule façon qu'auraient les intérêts politiques et économiques d'être pris au sérieux outre-Atlantique seraient que les gouvernements européens décident de négocier enfin sérieusement avec la Russie et la Chine afin de construire avec elles l'ensemble euro-asiatique qui est en train de se mettre en place et qui se fera autrement sans eux, sinon à leurs dépens. Il est faux de prétendre que la Russie, et plus encore la Chine, chercheraient à piller les ressources européennes sans contrepartie. Les entreprises européennes, comme leurs laboratoires de recherche, ont assez de ressources pour être considérés comme des partenaires indispensables avec qui traiter sur un plan de réciprocité.

Pour prendre par exemple le domaine de l'automobile ou de l'aviation civile, même si la Chine cherche actuellement à construire des industries la rendant indépendante des Daimler et Airbus, les besoins sont si vastes qu'elle n'y arrivera pas sans l'apport des Européens. Mais comme les dirigeants de ces entreprises et plus généralement les hommes politiques européens ont été formés en Amérique (en tant que « young leaders »...) ils ne feront rien pour contrarier leurs tutelles américaines.

Le JCPOA est donc bien mort, quels que soient les démarches du président iranien Rohani pour le maintenir en activité. Nul besoin d'imagination pour se représenter les conséquences en chaîne qui en résulteront, plus dangereuses les unes que les autres.

Note

1. Voir sur ce point l'éditorial de Der Spiegel en date du 11 mai (édition européenne) 
http://www.spiegel.de/international/world/editorial-trump...

2. Voir pour plus de détails Dedefensa
http://www.dedefensa.org/article/sans-rire-ueversususa

lundi, 14 mai 2018

Face à l’«Imperium juridique» des États-Unis

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Face à l’«Imperium juridique» des États-Unis

Ex: http://echelledejacob.blogspot.com

Sans rire : UE versus USA

Pour certains, ils n’oseront pas, pour d’autres ils seront obligés d’oser. Ainsi trouve-t-on sur le site TheDuran.com, à quelques heures d’intervalle, un texte affirmant que les Européens ne réagiront pas face aux USA, qu’ils n’oseront pas (Alexander Mercouris), et un autre disant qu’ils le feront pas, qu’ils réagiront directement contre les USA (Frank Sellers)... En l’occurrence, TheDuran.com ne se contredit pas, il expose loyalement le débat qui s’est immédiatement ouvert depuis la décision de Trump de jeudi de sortir du JCPOA.

Un des aspects qui n’est pas le moins important, tant s’en faut, des effets de la décision de Trump de sortir du traité JPOAC avec l’Iran, c’est de placer les USA et l’UE sur ce qu’on nomme dans leur langage transatlantique commun a collision course. On sait de quoi il s’agit : les exorbitants pouvoirs d’exterritorialité que s’est attribuée la justice américaniste, qui permettent, en l’espèce, de punir une société non-US, essentiellement une société d’un pays de l’UE puisque c’est de cela que nous parlons, qui contreviendrait au diktat des USA interdisant tout commerce avec l’Iran, et serait lourdement punie par une amende au montant astronomique.

On a connu tant et tant de situation de confrontation potentielle entre UE et USA qui, finalement, se réglaient “à l’amiable” selon une situation de compromis qui était une capitulation à peine déguisé de l’UE, qu’on a peine à croire qu’on puisse aller jusqu’à une confrontation. Ce n’est pas l’absence de moyens, d’“armes”, qui prime en la circonstance, mais l’hypothétique manifestation d’une volonté politique et d’un courage dans l’action des Européens. Les pays de l’UE ont tout l’arsenal nécessaire pour résister, voire répliquer à ces actions de piratage juridique des USA, et c’est donc bien une affaire de volonté politique pour cette psychologie européenne qui a si souvent montré son américanisation et son zèle pour la vassalisation.

Quelles sont les circonstances qui font de ce cas plus une exception qu’un cas routinier de capitulation assurée des pays européens ? Car c’est bien le cas... L’Europe se trouve devant une situation économique, juridico-financière et surtout politique, où elle est directement engagée du point de vue de ses intérêts économiques, où elle est directement engagée en confrontation directe avec les USA, dans une circonstance qui représente l’un des seuls accomplissements solides et de poids d’une pseudo-“diplomatie européenne” ; et encore, jusque dans la possibilité d’un enchaînement pouvant entraîner par ailleurs des conditions catastrophiques d’affrontements d’engagement militaire où elle n’aurait aucun poids d’influence si elle capitulait aussitôt devant les USA. A ces exceptions de circonstances objectives de la situation, s’ajoutent les exceptions de circonstances disons subjectives qui aggravent les conditions générales et rendent tout arrangement (entre UE et USA), y compris la capitulation avec un peu de cosmétique “pour sauver la face”, – c’est-à-dire tout sauf la capitulation sans conditions extrêmement difficile sinon presque impossible.

• L’Iran est dans une situation juridiquement solide et dans une situation politique loin d’être isolée. (L’isolement,c’est plutôt pour la bête déchaînée que sont devenus les USA.) L’Iran est économiquement activement soutenu par la Russieet la Chine, et tous les pays de ce bloc hors-bloc-BOA, qui pourraient trouver dans le soutien apporté à l’Iran un moyen non négligeable de réduire la nocivité de l’action des USA, voire d’attaquer son statut de superpuissance entrée dans une folie d’entropisation en activant la crise interne à Washington D.C.

• Car Washington D.C. est plus que jamais “D.C.-la-folle”. La décision de Trump, si elle est soutenue par les divers extrémismes qui pullulent comme des rats dans un égout dans la capitale du Système, n’empêche en rien l’hostilité qui se poursuit dans autant de milieux divers contre l’actuel président. (Par exemple, la conviction de l’équipe Trump est bien que, si les démocrates emportent les élections dites mid-termde novembre prochain, pouvant aller jusqu’à la majorité dans les deux Chambres, une procédure de destitution sera lancée contre lui, – pour le motif, on verra le moment venu, n’est-ce pas...) Il ressort de tout cela que Trump reste dans une position délicate tout en sachant que l’opposition au retrait du JPCOA ne peut s’exprimer en tant que tel, – malgré certaines critiques sur l’isolement des USA ; ainsi Trump a-t-il d’autant plus tendance à être intransigeant, y compris avec les Européens d’ailleurs, – et cette intransigeance rejoignant l’une des facettes exubérantes de son hypomanie narcissique..

C’est bien là notre argument essentiel, de considérer le retrait du JCPOA d’un point de vue politique, selon deux perspectives : 1) l’extrémisme de la décision, impliquant la possibilité d’un conflit catastrophiste dont personne sauf les extrémistes qu’on sait, ne veut ; 2) l’état de crise également catastrophique où se trouvent les USA, qui font de cette monstrueuse puissance une tourmenteuse du reste du monde aux abois et au bord de l’effondrement. Dans ces conditions, la crise iranienne contient tous les ingrédients pouvant conduire au paroxysme d’une crise générale, impliquant tous les acteurs, et poussant d’ores et déjà les uns et les autres à assurer des positions aussi fermes que possibles dans la tempête qui pourrait éclater. Ce raisonnement vaut évidemment au premier chef pour les pays européens. Ils n’ont jamais brillé ni par leur courage, ni par leur indépendance d’esprit et de politique d’une part ; ils n’ont jamais rencontré de circonstances qui impliquent la possibilité d’une criss aussi catastrophique que celle qui se dessine d’autre part. On voit qu’il y a assez d’incertitudepour envisager que, cette fois, la partie n’est pas jouée et que les Européens pourraient être obligés de réagir, au cas par cas ou collectivement. Nous sommes dans une époque où les évènements décident, et dans certains cas même la couardise et la servilité ne parviennent pas à en contenir les effets.

Cela ravirait Pierre Lellouche, ce “jeune loup” proaméricaniste largement chouchouté par les amis de Washington au début de sa carrière (fin des années 1970), devenu, notamment au cours de la présidence Sarkozy, un spécialiste et un avocat ardent d’une riposte européenne aux entreprises de pressions et de chantage des USA vis-à-vis de l’Europe. Il donne ici plusieurs avis en réponse à une interview de Maxime Perrotin pour Spoutnik-français, texte publié hier soir, 11 mai 2018, et que nous reproduisons ici.
dedefensa.org
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Face à l’«Imperium juridique» des États-Unis

Avec le retour des sanctions contre l’Iran, l’extraterritorialité du droit américain est à nouveau sous les projecteurs. Face à cette situation, les hommes politiques français multiplient les «moulinets diplomatiques», regrette l’ancien Secrétaire d'État de Nicolas Sarkozy, Pierre Lellouche, auteur d’un rapport sur cette épineuse question.

«Il n'y a pas vraiment de surprise à découvrir que nous avons en fait à faire à un Imperium juridique américain, à un mur extrêmement complexe de textes de loi que les Américains n'hésitent pas à faire appliquer aux entreprises étrangères. Ce qui, naturellement, enlève toute souveraineté aux pays européens», déclare à Sputnik Pierre Lellouche, ancien Secrétaire d'État des Affaires européennes.

Trois à dix-huit mois, c'est le délai que le département du Trésor américain accorde aux entreprises françaises et européennes pour quitter l'Iran et mettre un terme à tout contact avec la République islamique. Un ultimatum qui fait suite à la décision de Donald Trump de claquer la porte de l'accord sur le nucléaire iranien et de rétablir les sanctions américaines à l'encontre de Téhéran.

Une décision unilatérale du Président américain de se retirer d'un accord négocié et avalisé par le Conseil de Sécurité, paraphé en 2015 par son prédécesseur, contre laquelle des voix s'élèvent à Paris, Berlin, Londres et Bruxelles. Jeudi 10 mai, à l'occasion du prix Charlemagne, Emmanuel Macron a plaidé en faveur d'une «souveraineté européenne», appelant notamment à ne pas être «faibles» et ne pas «subir» les décisions de gouvernements étrangers.

Vendredi matin, Bruno le Maire, affirmant s'inscrire dans la ligne du Président de la République déclarait sur le plateau d'Europe1 qu'il «est temps que l'Europe passe des paroles aux actes en matière de souveraineté économique» et se dote des «mêmes instruments dont disposent les États-Unis» afin de défendre leurs intérêts.

Une déclaration fort louable. Mais pour Pierre Lellouche, les déclarations d'intention ne suffiront pas, bien au contraire. Pour l'ancien député Les Républicains, auteur d'un rapport consacré justement à la problématique de l'extraterritorialité du droit américain, «la question d'une réaction européenne est à la fois une question économique et politique fondamentale»:

«Si l'Europe accepte cette décision sans réagir, elle aura montré spectaculairement qu'elle n'existe pas et qu'elle n'existera plus sur les questions politiques majeures du monde, même quand ces questions soulèvent directement la sécurité de 500 millions d'Européens.»

Des déclarations politiques que l'ex-député assimile donc pour l'heure à de «faux semblants». «On ne peut pas prétendre que ces sanctions sont une surprise, puisqu'elles sont appliquées par les États-Unis depuis 40 ans», insiste-t-il.

Reste à savoir de quelle manière réagiront les Européens. Toujours lors de son interview à Europe1, le ministre de l'Économie précise avoir «demandé des exemptions ou des délais d'application plus longs à son homologue américain.» Une voie sans issue, estime Pierre Lellouche, qui rappelle que jusqu'à présent, le Président américain n'a jamais, en matière de politique extérieure, considéré l'avis de ses alliés européens.

«Toutes les visites qui ont été faites par les Européens à la Maison-Blanche n'ont eu aucun résultat. Il ne faut pas se leurrer, si nous conservons le rôle de simples quémandeurs, demandant à Trump de bien vouloir nous donner des exemptions, on risque d'être lourdement déçus.»

Qu'ils s'agissent des récentes sanctions mises en place sur l'acier et l'aluminium, de la relocalisation dans la ville de Jérusalem de l'ambassade américaine en Israël ou de l'accord de Paris, force est de constater que les Européens n'ont pour l'heure jamais obtenu gain de cause face à Donald Trump,

«La seule chose que Trump et le Congrès vont respecter, c'est un rapport de force avec les Européens. Donc, il faut absolument que le Président Macron obtienne des autres Européens une position ferme et à défaut, au moins qu'on se fasse respecter, seul, en prenant au plan national les lois de blocages qui s'imposent.»

Pour Pierre Lellouche, les Européens doivent «commencer à se faire respecter» par Washington. Pour ce faire, des solutions existent, tant à l'échelle européenne que nationale, d'autant plus que la Commission européenne a déjà remporté des bras de fer avec le Trésor américain, notamment sur l'Iran, grâce à un recours devant l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Une procédure que Pierre Lellouche invite les responsables européens à réitérer, en publiant la liste des entreprises américaines qui pourraient être visées par des contre-mesures.

Pour lui, l'Europe «doit envoyer un signal fort à l'allié américain. On ne peut pas accepter de subir ce que décident unilatéralement les États-Unis.» Il rappelle également l'existence des lois de blocage qui ont vu le jour lors des précédentes passes d'armes entre les deux rives de l'Atlantique, au siècle dernier, comme en 1996 face à la loi Helms-Burton renforçant l'embargo sur Cuba.

«Les lois de blocage interdisent aux sociétés européennes ou aux sociétés du pays concerné de se soumettre au droit d'un pays étranger- en l'occurrence au droit américain- sous peine de sanctions fortes. Donc ces lois existent, elles existent même dans les codes juridiques français, nous avons des lois de blocage depuis 1968.»

Preuve que même des États européens isolés peuvent, pour l'heure, obtenir des résultats vis-à-vis des sociétés américaines, Pierre Lellouche revient sur son expérience de député:

«J'entends beaucoup de moulinets diplomatiques, mais on demande des exemptions, on va quémander des exemptions aux États-Unis. La seule façon de les obtenir, c'est de créer un rapport de force. Quand les Européens taxent Apple, je peux vous dire que les Américains font attention! Quand j'ai mis dans la loi Sapin II une clause qui permet de poursuivre les filiales d'entreprises américaines situées en France pour des actes de corruption commis à l'autre bout du monde, ça, ils l'ont parfaitement noté. Mais il appartient d'établir cette crédibilité.»

Des sanctions, qui ont coûtées cher à la France par le passé, à BNP Paribas et Alstom pour ne reprendre que les plus médiatiques. À l'échelle du vieux continent, ce ne sont pas moins de 38,5 milliards d'euros qui ont été versés — ces dernières années — par les entreprises européennes aux autorités américaines, d'après Jean-Michel Quatrepoint, auteur d'un ouvrage sur le scandale politico-judiciaire du rachat Alstom par son concurrent américain General Electrics. Des sanctions unilatérales américaines qui, comme le souligne Pierre Lellouche, sont à géométrie variable, revenant sur le cas de la banque française :

«Figurez-vous que Trump a levé les sanctions contre le Soudan. Le Général al-Bashir, qui commande le Soudan et qui est un dictateur épouvantable et sanguinaire, qui était soumis à des sanctions, brutalement est libéré de ces sanctions et devient un allié des États-Unis. Très franchement, si j'étais l'avocat de la BNP, je demanderais à être remboursé.»

Pierre Lellouche, en bon juriste et ancien Secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, tient à rappeler, en trois points, les mesures qu'il suggère d'appliquer afin de sortir du piège des sanctions américaines.

«1) Une saisine de l'OMC, pour une initiative contraire au commerce international
2) une interdiction à nos entreprises de s'y plier, c'est la directive de blocage de 96, qui peut être complétée, y compris avec des lois de blocages prises au niveau national et
3) il convient de publier la liste des entreprises américaines qui seraient susceptibles de subir des sanctions dans la mesure où elles bénéficieraient des problèmes causés à leurs concurrents européens.»


Reste à savoir si de telles mesures, sur le long terme, seront suffisantes. Qui plus est dans une Europe où ses 28 membres n'ont pas tous les mêmes intérêts, ni la même volonté de s'opposer aux décisions américaines. À bon entendeur…

Maxime Perrotin, interview de Pierre Lellouche

dimanche, 13 mai 2018

Manuel Ochsenreiter »Russland, USA, Europa. Souveränität und Hegemonie«

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Manuel Ochsenreiter »Russland, USA, Europa. Souveränität und Hegemonie«

 
Manuel Ochsenreiter spricht über die geopolitischen Zusammenhängen in Bezug auf Syrien aber auch beispielsweise die Ukraine und die USA und wie diese in deutsche und europäische Politik hineinreichen. Besonders brisant war dies vor den in der Nacht zuvor durchgeführten, völkerrechtswidrigen aber folgenlos bleibenden Luftschlägen der USA und deren Verbündeten gegen Syrien und dessen Machthaber Assad.
 
Weiterführende Informationen:
staatspolitik.de
sezession.de
antaios.de
 

samedi, 12 mai 2018

L'Arménie, avec Nikol Pashinyan, va-t-elle devenir une « colonie » américaine ?

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L'Arménie, avec Nikol Pashinyan, va-t-elle devenir une « colonie » américaine ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Bien que chacun connaisse directement ou indirectement en France un ou plusieurs citoyens se disant Arméniens, l'Arménie y est pratiquement inconnue.

Il s'agit d'une république du sud-Caucase théoriquement alliée avec la Russie. Elle est venue à l'actualité il y a quelques jours à propos d'une prise de pouvoir par le leader de l'opposition Nikol Pashinyan. Celui-ci, qui vient de devenir Premier ministre avait forcé à la démission le précédent Premier ministre, Serzh Sargsyan, à la suite d'une série de grèves générales et manifestations de rues très vraisemblablement organisée par Nikol Pashinyan. La jeunesse du pays avait massivement participé à ces mouvements.

Lorsque de tels mouvements se produisent, il convient de se demander s'ils ne sont pas organisés ou financés par les deux grandes puissances voulant conserver leur influence dans la région, les Etats-Unis ou la Russie. A priori, l'Arménie qui vient de se libérer de la domination de l'URSS, continue à se méfier d'éventuels rapprochements avec la Russie actuelle. D'éventuelles interventions russes discrètes n'avaient pas réussi à inverser la tendance. Au contraire le pays est de plus en plus influencé par les intérêts arméniens dits néo-libéraux dont le modèle est Wall Street et Washington. Pour ceux-ci l'Ambassade américaine, une des plus importantes du monde, abondamment pourvue en dollars, notamment par la CIA, sert d'interlocuteur privilégié.

Rappelons que l'Arménie avait pris son indépendance à l'égard de l'Union soviétique en 1991. Le premier président élu a été le néo-libéral Levon Ter-Petrosyan. Immédiatement après, le territoire de Nagorno-Karabakh, faisant partie de l' Azerbaïdjan (capitale Bakou), sous influence russe, et principalement peuplé d'Arméniens, avait décidé de faire sécession pour rejoindre l'Arménie, sous la forme d'une république indépendante associée. Il en était résulté une guerre qui avait fait environ 6.000 morts Arméniens et 30.000 Azeris.

Dans la suite, Petrosyan, confronté à une stagnation économique de l'Arménie, avait décidé de restituer le Nagorno-Karabakh à Bakou, en échange de relations de libre-échange et d'intégration économique avec l' Azerbaïdjan et la Turquie. Cependant ces deux pays étaient des ennemis traditionnels de l'Arménie. L'Azerbaïdjan restait à tort ou à raison considérée comme restée sous influence russe, la Turquie était non sans raison détestée, ayant été responsable du « génocide arménien » de 1915, responsable de 1.200.000 victimes. Notons qu'Ankara refuse toujours de parler de génocide. Le rapprochement de l'Arménie avec la Turquie désiré par Petrosyan n'avait donc pu se faire que sous la pression de l'Otan, du département d'Etat américain et de l'Union européenne.

Ceci avait été ressenti comme une trahison par le peuple arménien, provoquant la démission de Petrosyan. Après 10 ans de silence relatif, celui-ci s'était à nouveau présenté aux élections présidentielles de 2008. Il les avait perdu au profit de son ancien ministre de la Défense devenu Premier ministre, Serzh Sargsyan. Sargsyan a été réélu Premier ministre en avril 2018. Mais Petrosyan avait à nouveau contesté cette élection. Il avait organisé à cette fin de premières manifestations de masse. Celles-ci furent réprimées par le gouvernement, provoquant la mort d'une dizaine d'Arméniens.

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Nikol Pashinyan, qui vient de devenir Premier ministre, avait joué un rôle majeur dans l'organisation de ces manifestations. Il avait donc été accusé de meurtre par la police et condamné à 7 ans de prison. Il bénéficia d'une amnistie en 2011. Petrosyan avait décidé de renforcer son pouvoir en créant à partir de mouvements qui lui étaient favorables un parti dit Congrès National Arménien, principal parti d'opposition, dans lequel Nikol Pashinyan a tout de suite pris un rôle directeur.

Nous passons sur le détail des événements ayant suivi une sorte de printemps arabe destiné à organiser un « regime change » où les ONG, au nombre de plusieurs centaines, financées par l'Ambassade américaine en Arménie ont joué un rôle déterminant. Disons seulement que l'Ambassadeur américain était intervenu directement pour provoquer la vente aux Américains de l'entreprise arménienne dite Armenian Hydro, précédemment nommée Armenia Sapa.

Il en était résulté une hausse sensible des prix de l'électricité et plus généralement du coût de la vie. Les ONG et Pashinyan, certainement financés par George Soros and Co, en ont imputé la responsabilité à la Russie ainsi qu'à l'administration de Sargsyan restée en place. D'où les manifestations dans les rues d'Erevan et finalement l'accès au pouvoir de Pashinyan, dans des conditions n'ayant rien de démocratique, comme on le devine.

L'Arménie colonie américaine

L'Arménie dans ces conditions deviendra-t- elle une « colonie » américaine ? Le risque est grand.

Il faut savoir qu'il y aurait plusieurs centaines d'ONG (organisation non gouvernementale) pour une population d'environ 3 millions de personnes. Il est difficile d'y échapper. Or ces ONG travaillent pratiquement toutes pour permettre la mise en place de « valeurs américaines » et d'un gouvernement « pupett » tout dévoué à Washington. Cela s'explique car vu la proximité géographique de l'Arménie avec la Russie, elle est considérée comme une plate-forme utile pour diffuser en Russie même les mots d'ordre de la propagande américaine. Inutile de dire que, comme précédemment indiqué, ces ONG ne trouvent leurs ressources qu'à partir des dollars américains qui leur sont généreusement alloués.

Elles financent une grande partie du secteur éducatif primaire et secondaire, ainsi que les programmes de la télévision et de la radio. Ainsi dès l'enfance les Arméniens sont appelés à considérer la Russie comme un ogre avec lequel éviter tout contact.

Ceci n'a pas été sans conséquences politiques majeures. En effet les différents mouvements et manifestations anti-gouvernementales ayant provoqué la chute du précédent gouvernement ont été animées par des jeunes sans perspectives d'emploi et rêvant aux valeurs occidentales, présentées comme capables de résoudre toutes les difficultés de l'Arménie.

La « révolution de velours » ayant finalement conduit Nikol Pashinyan au pouvoir a été menée essentiellement par ces jeunes et les ONG qui les mobilisaient. Faut-il en conclure que l'Arménie deviendra un satellite de Washington comme le sont certaines républiques d'Amérique centrale ou l'actuelle Ukraine ?

La montée d'un nationalisme arménien qui sera certainement encouragé par le futur gouvernement peut dans l'immédiat faire craindre qu'il ranime le conflit avec l'Azerbaïdjan dans les territoires du Nagorno-Karabakh. De nouveau le nettoyage ethnique dirigée contre les populations Azeris pourrait reprendre. Ceci pourrait donner matière à de réelles interventions militaires occidentales par exemple dans le cadre de l'Otan. On ne voit pas dans ces conditions comment la Russie pourrait rester seulement spectatrice.