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lundi, 05 juin 2017

Le grand écroulement: la crise de l'ordre géopolitique mondial

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Le grand écroulement: la crise de l'ordre géopolitique mondial

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

 

Moins d'une semaine après la tournée du président américain Donald Trump au Moyen Orient et en Europe, il est clair qu'une profonde transformation s'opère dans la politique mondiale. Des relations et des institutions qui ont structuré la vie économique et la politique internationales pendant des décennies s'écroulent rapidement.

La montée du danger de guerre commerciale ainsi que des ambitions militaires de toutes les puissances impérialistes témoignent de l'état avancé de la crise des institutions créées après la Deuxième Guerre mondiale, quand l'impérialisme américain a établi son hégémonie mondiale.

Cette crise est le produit de processus qui se sont développés sur des décennies. En 1991, quand la dissolution stalinienne de l'URSS a privé l'Otan d'un ennemi commun, les tensions inter-impérialistes explosaient déjà. Les stratèges américains ont applaudi l'émergence d'un « moment unipolaire », où la disparition de l'URSS éliminait le seul rival militaire sérieux des Etats-Unis ; ils espéraient utiliser cet avantage militaire pour compenser le déclin économique des Etats-Unis.

En 1992, un document du Pentagone affirmait qu'il fallait convaincre « d'éventuels rivaux qu'ils ne devraient pas ambitionner d'établir un rôle plus large ou une posture plus agressive », et les « décourager de mettre en question notre leadership et de renverser l'ordre politique et économique établi ».

25 ans après, cette politique est en lambeaux. Elle a produit une série d'interventions impérialistes par l'Otan, dirigées par Washington, qui ont dévasté l'Irak, la Yougoslavie, l'Afghanistan, la Libye, la Syrie, l'Ukraine, et d'autres pays. Ces actions militaristes – qui ont fait des millions de victimes, détruit des sociétés entières, et produit le plus grande crise de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale – n'ont pas amélioré la position de l'impérialisme américain. A présent, un nouveau stade est atteint : les rivaux impérialistes des Etats-Unis se préparent à contester le primat de Washington.

Les tentatives de Trump aux sommets du G7 et de l'Otan d'obtenir de meilleurs conditions économiques en Europe se sont retournées contre lui. Il avait dénoncé les Européens pour « n'avoir pas payé ce qu'ils devraient payer » à l'Otan, traité l'Allemagne de « terrible », et menacé « d'arrêter » les exportations de voitures allemandes aux Etats-Unis. L'Europe n'a pas réagi avec de la sympathie ou des aides financières, mais en indiquant que l'Union européenne (UE) se prépare à une rupture politique et militaire avec les Etats-Unis.

A un festival de bière dimanche à Munich, la chancelière allemande Angela Merkel a évoqué le Brexit et la performance de Trump aux sommets internationaux : « L'époque à laquelle nous pouvions compter entièrement sur d'autres est d'une certaine façon révolue – j'ai vécu cela ces derniers jours. Nous, les Européens, nous devons prendre notre destinée dans nos propres mains ». A l'avenir, a-t-elle ajouté, « nous devrons nous battre nous-mêmes pour notre propre avenir. »

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Depuis, l'actualité européenne a confirmé l'existence d'une profonde crise de l'Otan, l'alliance entre l'Amérique et l'Europe occidentale établie en 1949. Le ministre des Affaires Etrangères allemand, Sigmar Gabriel, a dit qu'en élisant Trump, les Etats-Unis s'était mis au ban de la « communauté des valeurs occidentales ». C'était selon lui « une transformation des relations de pouvoir mondiales ».

Le président français nouvellement élu, Emmanuel Macron, un proche allié de Berlin, a invité le président russe Vladimir Poutine à un sommet à Versailles.A une conférence de presse, Macron a critiqué aux côtés de Poutine toutes les interventions extérieures de l'Otan des dernières années. Il a appelé de ses vœux une résolution du conflit en Ukraine provoqué par le coup à Kiev appuyé par Washington et Berlin, signalé sa volonté d'établir des liens économiques plus étroits avec Moscou, et même évoqué la possibilité de rétablir une ambassade française à Damas, en Syrie.

Cette semaine, l'UE a inauguré son nouveau quartier-général militaire à Bruxelles. Le Royaume Uni, qui l'avait bloqué pour rendre service à Washington, qui craignait que l'UE rivalise avec l'Otan, ne pouvait plus y apposer son véto à cause de sa sortie de l'UE.

Les stratèges américains avouent que ces événements sont un revers historique pour Washington. « Chaque président américain depuis 1945 a essayé de travailler étroitement avec l'Allemagne et l'Otan », écrit Jacob Heilbrunn dans The National Interest, mais l'Amérique sous Trump « pousse Merkel à la création d'une superpuissance allemande ».

Heilbrunn a poursuivi, « A présent que la France a élu Macron, Merkel s'occupe à façonner un axe franco-allemand qui poursuivra une voie économique et militaire commune. Ceci signalera une réduction significative du prestige et de l'influence américaines à l'étranger. Imaginons, par exemple, que Merkel décidait de défier la poussée de Trump pour des sanctions qui isoleraient l'Iran et établissant des relations commerciales avec la Corée du nord, et en lui fournissant des armes ».

Ces tensions ne sont pas seulement le produit de l' extrême nationalisme de l'occupant actuel de la Maison Blanche. Le Parti démocrate diabolise la Russie sans relâche et l'accuse d'avoir faussé les élections et la démocratie américaines ; il est clair qu'une victoire de Hillary Clinton aux présidentielles américaines n'aurait pas résolu les conflits avec l'Europe. En fait, ces tensions proviennent de profondes contradictions entre les grandes puissances impérialistes, qui deux fois au siècle dernier ont provoqué des guerres mondiales.

Les rivalités croissantes entre les puissances impérialistes en Asie confirment ce jugement. A la conférence en mai où la Chine a inauguré la nouvelle Route de la Soie – un réseau d'infrastructures énergétiques et commerciales reliant la Chine, le Moyen-Orient, et l'Europe – Washington n'a joué qu'un rôle mineur, alors que la Chine développait ses liens avec l'UE. La réaction du Japon et de l'Inde, les alliés du « pivot vers l'Asie » américain visant à isoler la Chine, n'était pas toutefois foncièrement plus rassurante pour Washington que celle des puissances européennes.

La semaine passée, Tokyo et Delhi ont proposé de construire un « couloir de croissance Asie-Afrique », une alternative à la Route de la Soie chinoise qui développerait l'Inde en tant qu'alternative industrielle et contrepoids militaire à la Chine. Le but du premier ministre japonais, Shinzo Abe, et des ses soutiens dans l'organisation ultranationaliste Nippon Kaigi, n'est pas seulement de dépasser la Chine, mais de supplanter l'hégémonie américaine en Asie.

Abe, qui fait campagne agressivement pour éliminer l'interdiction constitutionnelle au Japon de mener des guerres extérieures imposée après la Deuxième Guerre mondiale, a déclaré à maintes reprises qu'une alliance indo-japonaise a « le plus grand potentiel » au monde.

Les réactions au voyage de Trump en Europe témoigne non seulement d'une crise de l'impérialisme américain, mais du capitalisme mondial. Aucun des rivaux de Washington—l'UE, haïe pour sa politique d'austérité ; le régime de droite, économiquement moribond, au Japon ; on l'oligarchie capitaliste post-maoïste au Chine—n'offre une alternative progressiste.

Quelqu'un qui affirmerait qu'une coalition de ces puissances pourra stabiliser le capitalisme et bloquer l'émergence de conflits commerciaux et de guerres inter-impérialistes, parierait gros contre l'Histoire. Trump appelle à une guerre commerciale contre l'Allemagne, Berlin et Tokyo re-militarisent leur politique étrangère, et Macron veut rétablir le service militaire. Tout indique que les élites dirigeantes marchent les yeux fermés vers une nouvelle catastrophe mondiale à la même échelle, voire pire, que les guerres mondiales du siècle dernier.

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L'alternative à l'effondrement de la politique bourgeoise viendra de la classe ouvrière internationale. Des conditions de vie intolérables, le chômage de masse, et la misère sociale après des décennies d'austérité et de guerre la poussent à la lutte. Des sociétés telles qu'Amazon ou Apple, présentes aux quatre coins du monde, dominent l'économie mondiale ; les travailleurs sont de plus en plus conscients du caractère international de la classe ouvrière, dont les intérêts sont fondamentalement distincts et opposés à ceux des aristocraties financières qui gouvernent chaque pays.

L'effondrement des relations capitalistes va de pair avec le discrédit des partis social-démocrates et libéraux et des appareils syndicaux qui, après 1945, ont étouffé la lutte des classes dans un cadre bureaucratique. Le vote surprise pour Brexit, l'élection de Trump, et l'éclatement du duopole PS-LR aux présidentielles françaises de 2017 sont autant de signes de l'effondrement des vieilles élites dirigeantes. Une éruption mondiale de la lutte des classes est en préparation.

Cette crise confirme la justesse de l'affirmation du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), selon laquelle la dissolution stalinienne de l'URSS ne signifiait pas la fin de la lutte du prolétariat international pour le socialisme. Le capitalisme n'a pas pu résoudre les conflits fondamentaux identifiés par les grands marxistes du 20e siècle – entre l'économie mondiale et le système d'Etats-nation, entre la production économique socialisée et le profit privé – qui l'ont poussé à la guerre et à la révolution sociale.

http://www.wsws.org/fr/articles/2017/jui2017/pers-j03.shtml

dimanche, 04 juin 2017

Djihad 2.0: la fabrication du prochain cauchemar

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Djihad 2.0: la fabrication du prochain cauchemar 

Commençons avec 28 dirigeants de l'UE discutant de l'ouest des Balkans lors d'un récent sommet, en pestant contre - quoi d'autre - « l'agression russe » dans leur arrière-cour. Entre alors en scène un procureur monténégrin qui tempête que des « entités de l'état russe » ont élaboré une tentative de coup d'état pendant les élections d'octobre 2016, afin d'empêcher le pays de rejoindre l'OTAN.
 
Fasse alors son entrée le Président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker, avertissant que la rhétorique anti-UE de Donald Trump pourrait mener à une guerre dans les Balkans. Juncker, toujours aussi méprisant, soutient que « si nous les laissons à eux-mêmes - la Bosnie-Herzégovine, la Republika Srpska, la Macédoine, l'Albanie, tous ces pays-là - nous aurons encore une guerre. »
Les Balkans pourraient bientôt exploser - une fois de plus. Mais avec une variante; au contraire de 1999, l'OTAN ne pourra pas se permettre de bombarder la ville sans défense de Belgrade pendant 78 jours. Une nouvelle génération de missiles russes l'en empêcherait très facilement.
La tragédie qui s'est jouée en 1999 dans les Balkans avait principalement été mise en branle par de faux massacres au Kosovo mis en scène par le BND - les services secrets allemands - se servant d'Albanais locaux et de provocateurs du BND, qui ont tiré sur les deux côtés pour enflammer une guerre et briser la Yougoslavie.

Ce qui émerge, au cours de la présente conjoncture géopolitique, est encore plus sombre.

Les suspects usuels font ce qu'ils ont l'habitude de faire: blâmer la Russie, et cracher sur les preuves.

Par conséquent laissons un initié bien informé, le Dr. Olsi Jazexhi, directeur du Free Media Institute à Tirana en Albanie, être notre guide.

En décembre 2016, John Brennan de la CIA se rendit en Albanie et y répandit une fatwa en faveur de « la guerre contre la Russie » - surtout en Macédoine.

Comme l'explique le Dr. Jazexhi,
« après le départ de Brennan Edi Rama, le Premier Ministre albanais et ami proche de George Soros, rassembla tous les partis politiques albanais de Macédoine et leur ordonna de soutenir Zoran Zaev contre Nikola Gruevski. Gruevski est considéré être russophile et otanophobe, tandis que Zaev mange dans la main de Soros. Ainsi Gruevski fut boycotté par les Albanais et Zaev avait leur soutien pour la formation d'un gouvernement. Zaev promet aux Albanais que la Macédoine fera de l'albanais une langue officielle et créera un troisième (demi-)état albanais dans les Balkans. Les Macédoniens y résistent, mais Tirana et Edi Rama manipulent les partis politiques albanais contre Gruevski. L'enjeu final est de faire de la Macédoine un membre de l'OTAN. »
Pendant ce temps-là, au Kosovo - essentiellement une sale combine de narco-mafieux paradant comme un état et abritant Camp Bonsteel, la plus grande base militaire US à l'étranger de la planète - Hashim Thaçi, le président et ancien gorille de l'Armée de Libération du Kosovo (ALK), « construit une armée pour le Kosovo. L'objectif est d'intégrer le Kosovo à l'OTAN, même si la Serbie rejette une telle idée concernant son ancienne province autonome. »

Commentaire : Lire :
Jazexhi explique également comment « en Albanie, nous avons deux grandes organisations terroristes sous la protection des USA et des Européens. »

La première est ce qu'Ankara décrit comme l'Organisation Terroriste de Fetullah Gülen (FETO, Fetullah Gülen Terror Organisation), apparemment instrumentalisée par les services secrets allemands; « la Turquie proteste de l'hébergement albanais de la FETO, mais ce sont les USA qui les abritent contre Erdogan. »

La seconde est Moudjahidin-e Khalq (MKO), qui se bat contre Téhéran;
« l'Albanie se transforme en centre pour le MKO. John Bolton était récemment à Tirana, en compagnie d'autres soutiens internationaux du MKO, et ils s'en prennent à l'Iran en y appellant au changement de régime. »
Le cinglé du MKO Marjam Rajavi a lui aussi visité Tirana, développant des plans pour « renverser les Ayatollahs » en Iran.

L'essentiel, tel que souligné par Jazexhi, c'est qu'après « avoir transformé les Balkans en terrain de recrutement pour Da'esh/EI pendant la guerre syrienne, désormais les USA transforment l'Albanie en état djihadiste 2.0. »

Donc, ce qui se développe c'est « la même erreur historique commise par les Albanais du Kosovo, qui ont lié leur avenir à 100% au Camp Bondsteel et seraient immédiatement envahis à nouveau par la Serbie si jamais l'OTAN ou les USA devaient partir (ce qu'ils feront un jour ou l'autre, inévitablement). Pendant ce temps, l'Union Européenne et les USA, qui veulent déradicaliser les Musulmans wahhabites d'Europe, gardent le silence à propos des djihadistes iraniens. »

Ainsi l'élément essentiel du puzzle est la configuration de l'Albanie en tant que centre djihadiste 2.0 - contre les Slaves de Macédoine, contre Téhéran, et aussi contre Ankara. Pas étonnant que le principal conseiller du gouvernement albanais, jusqu'à il y a quelques mois, ait été un certain Tony Blair.

Mais ensuite, il y a l'ennemi « invisible » qui est celui qui compte réellement.

À la fin du mois de mars, le Président serbe Tomislav Nikolic est allé à Beijing pour sa dernière visite officielle précédant les élections du 2 avril. Le Président chinois Xi Jinping a souligné le fait que la coopération économique avec la Serbie - et les Balkans dans leur ensemble - est une priorité pour la Chine.

Nul doute. En 2014, Beijing a créé un fonds qui investira 10 milliards d'euros en Europe Centrale et Orientale. L'année dernière, China Everbright a acheté l'aéroport de Tirana en Albanie. La banque China Exim finance la construction d'autoroutes en Macédoine et au Monténégro.

En Serbie, la China Road and Bridge Corporation a construit le pont de Pupin - aussi connu sous le nom de « Pont de l'Amitié Sino-Serbe » - au-dessus du Danube à Belgrade à hauteur de 170 millions d'euros, inauguré en 2014 et financé à 85% par un prêt de la China Exim Bank.

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Et la cerise sur le gâteau (de développement d'infrastructures) est la ligne ferroviaire à grande vitesse de 350 km et valant 2,89 milliards de dollars US entre Athènes et Budapest, via la Macédoine et Belgrade.

L'UE a fait tinter une sonnette d'alarme à propos du tronçon reliant Budapest à Belgrade devant coûter 1,8 milliard de dollars US, cherchant à savoir si la section hongroise a contrevenu aux strictes lois de l'UE selon lesquelles les appels d'offres doivent être publics pour les grands projets d'infrastructures de transports.

En filigrane se trouve la proverbiale condescendance européenne, décrétant que les Chinois sont assurément incapables de construire une infrastructure ferroviaire aussi bien sinon mieux - et pour moins cher - qu'en Europe.

Le tronçon Budapest-Belgrade est précisément l'aspect central de la Route Express de la Terre à la Mer [Land Sea Express Route, NdT] que Beijing s'était engagé à construire déjà en 2014 avec la Hongrie, la Serbie et la Macédoine. Il s'agit du nœud crucial de l'axe d'Europe du Sud-Est des Nouvelles Routes de la Soie, désormais dénommée Initiative de Route et de Ceinture (BRI, Belt and Road Initiative); un corridor de commerce entre le port à conteneurs du Pirée sur la Mediterranée [en Grèce à côté d'Athènes, NdT] - co-détenu par la China Ocean Shipping Company depuis 2010 - et le centre de l'Europe.

Le discours officiel de l'OTAN est que l'organisation doit être implantée dans les Balkans pour y combattre la « menace du terrorisme ». Selon le Secrétaire-Général de l'OTAN Jens Stoltenberg, « j'ai récemment visité la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo, et cela m'encourage de voir combien ils s'attachent à contrer la menace de combattants étrangers. »

Alors en l'occurrence, les « combattants étrangers » se trouvent être au coin de la rue, pas seulement au Kosovo mais bientôt en Albanie, capitale du djihad 2.0. Après tout, l'OTAN excelle dans la création de « menaces » émergentes essentielles à la justification de son existence.

Le djihad 2.0 pourra être dirigé contre les Slaves de Macédoine, contre l'Iran et contre la Turquie. Sans parler du ventre mou de la Russie. L'angle invisible, c'est qu'ils pourront à tout moment être déployés pour mettre en danger l'effort chinois d'intégration de l'Europe du Sud-Est comme nœud essentiel des Nouvelles Routes de la Soie.

Traduit par Lawrence Desforges sur son site :

https://globalepresse.wordpress.com/2017/06/02/djihad-2-0-la-fabrication-du-prochain-cauchemar/

Spitting in The Face of Civilization - Europe vs. Trump

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Spitting in The Face of Civilization

Germany: ‘bad, very bad.’ Trump tweet.

France’s brainy new president, Emmanuel Macron, said it was too bad that Donald Trump was not part of the Enlightenment.  Few Americans would have understood what he meant but Europeans certainly did.

The Enlightenment was the glorious epoch in the mid-1700 and 1800’s that gave birth to modern science, philosophy, reason, and literature. Among its notables were Voltaire, Rousseau, Kant, Diderot, Hume, and Adam Smith and Benjamin Franklin.

This was by far the most delicate criticism of Trump that one hears in Europe, where he is widely regarded with  contempt and revulsion.   As for Trump’s business-heavy cabinet,  one immediately thinks of Oscar Wilde’s acid line about men who know the price of everything and the value of nothing.

Europe is in a rage over Trump’s rejection of the Paris Climate Accord, an act that also caused worldwide shock and dismay.  It will please American coal miners, religious fundamentalists and those who share Trump’s view that it’s all a Red Chinese hoax. 

Meanwhile, Trump’s adversarial relations with Europe have shaken the NATO alliance and changed Germany’s view of transatlantic relations.  After last week’s testy NATO summit and Trump’s tweeted attacks on Germany, Chancellor Angela Merkel lashed out, ‘“The times in which we could completely depend on others are, to a certain extent, over.”

Merkel is a cautious,  ultra-bland technocrat whose speeches are usually sleep-inducing.   For her to drop such a bombshell shows how poor US-German relations have become.  This fracture between Berlin and Washington has been a long time in coming but is still startling. Germans are fed up with being treated like vassals and, let us not forget, still semi-occupied by US armed forces.

Adding to the tensions,  Trump has been hammering Europe’s NATO members over their skimpy contributions to the alliance and its arms programs.   But here is another example of Trump’s poor understanding of world affairs.

NATO is not a business partnership. The alliance, founded in 1949, was designed to shore up war-battered Europe and form a united front against the very real threat of Soviet invasion.  Today, the very successful NATO alliance, 70% funded by the US, remains the most concrete expression of America’s geopolitical domination of western Europe.

As the recently deceased thinker Zbigniew Brezezinski  aptly put it to me,  Europe provides strategic ‘stepping-stones’ to the expansion of US influence into Eurasia through NATO.  The alliance is not an equal partnership, it’s the primary tool for enforcing US power in Europe.

Now that the Soviet Union is gone, there is no real military threat to Europe.  A majority of Europe’s tax-payers don’t want to pay more to reinforce NATO.  Or worse, see it become a sort of foreign legion for the US to use in its imperial ventures in the Mideast, Africa and West Asia. 

Germany was dragooned by the US into sending troops to Afghanistan, but over the protests of most of its citizens and other Europeans.  Canada faces a similar problem.  As the late German defense minister, Franz Josef Strauss so colorfully put it, ‘we won’t be spear carriers for America’s atomic knights.’

I’ve witnessed a powerful up swell of nationalism in Germany, including growing pride in Germany’s soldiers during World War II.  But every sign of pride in Germany is met by a torrent of media frenzy about the Nazis and their crimes.  In this way, Germany is kept on the defensive and quiescent.  But this may now be changing as Trump & Co lambastes Germany and Germans.   It’s very dangerous, as history shows, to strong-arm Germans.

Trump even blasts German cars.  He would better reserve his wrath for the manufacturers of America’s mediocre quality cars.

What really galls Trump about Europe is that it has too many Muslims.  He actually accused Angel Merkel of ‘wrecking’ Europe because she allowed in Syrian refugees in a praiseworthy humanitarian act.  Trump and his alt-right advisors are unlikely to know that 11% of Syrians are Christians of various sorts.

Neither Trump nor his advisors have much interest in or knowledge of Europe.   America’s nativist religious voters, 80% of whom support with Trump, see Europe as a wicked, degenerate place filled with drinkers, sexual perverts and pacifists.  Europeans laugh at church-going fundamentalist Americans as backwards, superstitious rustics.

Trump is wildly popular in Pittsburgh, as he noted last week, but to much of the rest of the planet he remains a symbol of flat-earth consciousness and the unlovely face of America.

vendredi, 02 juin 2017

Le legs de Zbig : à l’origine...

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Le legs de Zbig : à l’origine...

Ex: http://www.dedefensa.org

Comme l’écrit Neil Clark ce 29 mai 2017 sur RT, on pourrait dire que le legs de Zbigniew Brzezinski, qui vient de mourir à 89 ans, est notre “monde en flammes” (« World in flames - the deadly legacy of Cold War warrior Brzezinski »). C’est lui, Brzezinski, qui recommanda et orchestra le lancement de l’opération qui allait conduire à l’implication de l’URSS en Afghanistan, au développement de la résistance afghane de laquelle découlèrent les innombrables branches du terrorisme islamiste, à commencer par Ben Laden. Dès l’origine, la CIA fut l’instrument opérationnel de cette énorme entreprise, à laquelle l’Arabie Saoudite notamment fut largement partie prenante (financièrement) dès le départ.

Clark écrit, et c’est le “before” qui compte puisque la version officielle fut longtemps que les USA avaient répliqué en formant les moudjahidines (“combattants de la liberté”) comme on les appelait alors, après l’intervention soviétique de décembre 1979 : « In fact, US financial assistance for anti-government forces had begun BEFORE the invasion- and was expressly designed to provoke a Soviet military response. In 1998 Brzezinski admitted that he had got President Carter to sign the first order for secret aid to ‘rebels’ in July 1979 a full five months before the Soviets intervened. “I wrote a note to the president in which I explained to him that in my opinion, this aid was going to induce a Soviet military intervention,” Brzezinski said. Even before that, US officials had been meeting with ‘rebel’ leaders. While in 1977 Zbig had set up the Nationalities Working Group - whose goal was to weaken the Soviet Union by stirring up ethnic and religious tensions. »

La révélation de cette action préventive (juillet 1979), qui donne toute la responsabilité de l’origine des événements de déstabilisation massive qui viennent jusqu’à nous se fit dans une interview du Nouvel Observateur ; interview très courte mais très révélatrice, qui résume en quelque phrase, non seulement la pensée de Brzezinski (avec la multiplication par ce qu’on peut nommer la “haine antirusse” de son origine polonaise) mais aussi la stratégie opérationnelle de l’establishment US depuis des décennies. Cette stratégie à tendance globalisante existait déjà de manière offensive durant la Deuxième Guerre mondiale, avec l’activisme des divers services officiels US auprès des indigènes et des diverses organisations soit nationalistes, soit panarabes avec de fortes consonances religieuses dans les pays à population arabe sous colonisation européenne, y compris par exemple dans les pays du Maghreb alors français à partir du débarquement de novembre 1942. Cette même attitude prévalut dans les pays asiatiques dans la même situation, notamment dans l’Indochine française. (Ho Chi-minh reçut l’aide de l’OSS pour former son organisation et il fondait à l’origine ses ambitions sur le schéma de la Constitution des États-Unis.) Dans cette attitude US, on retrouve un mélange d’un puissant affairisme avec l’annexion au profit des USA des marchés extérieurs, d’un anticolonialisme remontant au temps de la Guerre d’Indépendance, et enfin de l’idéalisme de type-wilsonien selon lequel la diffusion de la formule américaniste de la démocratie et de la modernité constitue la voie évidente vers une globalisation et une uniformisation vertueuses du monde, – selon le “modèle” américaniste naturellement. Ainsi l’anticolonialisme si souvent acclamé par la pensée moderniste trouve-t-il là une parentèle inattendue sinon quelque peu gênante. (Nous avons déjà rappelé combien Arnold Toynbee a bien montré comment il importait de faire toute la lumière sur ce mouvement à partir des conceptions du suprémacisme de l’anglosaxonisme, de l’“anglosphère”, puis de l’américanisme gobant le tout au bout du compte.)

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Voici donc la courte interview de Zbigniew Brzezinski parue dans Le Nouvel Observateur numéro 1732 du 15 janvier 1998, lorsque on s’intéressait encore fort peu à l’implication des révélations qu’il y fait. (Le propos est recueilli par Vincent Jauvert, les mémoires de Robert Gates servant de référence sont intitulés : From the Shadows, chez Simon and Schuster. Nous avions déjà publié cette interview le 15 juillet 2005.)

Le Nouvel Observateur : « L'ancien directeur de la CIA Robert Gates l'affirme dans ses Mémoires : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l'intervention soviétique. A l'époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité ; vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez? »

Zbigniew Brzezinski : « Oui. Selon la version officielle de l'histoire, l'aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c'est-à-dire après que l'armée soviétique eut envahi l'Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu'à présent, est tout autre : c'est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l'assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j'ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu'à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques. »

Le Nouvel Observateur : « Malgré ce risque, vous étiez partisan de cette “covert action” [opération clandestine]. Mais peut-être même souhaitiez-vous cette entrée en guerre des Soviétiques et cherchiez-vous à la provoquer ? »

Zbigniew Brzezinski : « Ce n'est pas tout à fait cela. Nous n'avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu'ils le fassent.

Le Nouvel Observateur : « Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu'ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des Etats-Unis en Afghanistan, personne ne les a crus. Pourtant, il y avait un fond de vérité... Vous ne regrettez rien aujourd'hui ? »

Zbigniew Brzezinski : « Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d'attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j'ai écrit au président Carter, en substance : “Nous avons maintenant l'occasion de donner à l'URSS sa guerre du Vietnam.” De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l'éclatement de l'empire soviétique. »

Le Nouvel Observateur : « Vous ne regrettez pas non plus d'avoir favorisé l'intégrisme islamiste, d'avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? »

Zbigniew Brzezinski : « Qu'est-ce qui est le plus important au regard de l'histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l'empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l'Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

Le Nouvel Observateur : « “Quelques excités”? Mais on le dit et on le répète: le fondamentalisme islamique représente aujourd'hui une menace mondiale. »

Zbigniew Brzezinski : « Sottises ! Il faudrait, dit-on, que l'Occident ait une politique globale à l'égard de l'islamisme. C'est stupide: il n'y a pas d'islamisme global. Regardons l'islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C'est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu'y a-t-il de commun entre l'Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l'Egypte pro-occidentale ou l'Asie centrale sécularisée? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté... »

Après l’attaque du 11 septembre 2001 et avec l’attaque américaine contre l’Afghanistan puis contre l'Irak qui suivirent, certains avaient ressorti cette courte interview de Zbigniew Brzezinski au Nouvel Observateur, pensant qu’elle servirait à tempérer toutes les affirmations officielles sur le terrorisme dans sa quasi-fatalité islamiste, sur “le choc des civilisations”, sur le Mal et sur le diable. Il n’en fut rien et la version officielle aussitôt proclamée par l’administration GW Bush fut bien qu’il y avait un terrorisme islamiste né d’une origine lointaine, lié à la religion, ami du Diable et représentant le Mal contre le Bien qui tenait et tient toujours congrès permanent à Washington D.C.

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Bien entendu, les manœuvres sans nombre des divers services de l’IC (Intelligence Community), CIA en tête, et des divers services des forces armées, pour créer et instrumenter différents groupes extrémistes en les équipant d’armes et en les couvrant d’ors saoudiens, constituèrent un élément fondamental qui intervint dans un phénomène où l’existence précédait l’essence pour satisfaire les conceptions sartriennes, les Américano-Saoudiens se chargeant de définir de quelle essence il s’agissait ; vue la nature de leurs liens, aux américanistes et aux Saoudiens, ce n’était pas difficile. En d’autres mots, l’islamo-terroriste qui n’existait pas comme phénomène majeur ni même annexe en 1980, était devenu le phénomène universel qu’on connaît après 9/11, et bien plus encore après le surge de Petraeus en Irak en 2007-2007, négociant à coup de conteneur de dollars le ralliement des sunnites d’Irak et mettant ainsi en place les structures du futur Daesh et de toute la galaxie qu’on retrouve en Syrie.

Brzezinski et son mépris pour les craintes d’un mouvement terroristes islamiste avait sûrement raison d’un point de vue stratégique en 1980 ; il avait sans doute encore un peu raison en 1999 malgré qu’il ait été démontré par la mise à jour d’archives diverses que l’URSS n’avait nullement été le danger d’agression permanente que Brzezinski eut continuellement à l’esprit pour minorer tous les autres dangers. (Le véritable danger de la Guerre froide était de type “objectif” et catastrophique pour tous les acteurs, dans le chef de la possibilité de l’usage de l’arme nucléaire.) Comme en 1980, le terrorisme islamiste n’était pas encore, en 1999, un danger majeur, sauf peut-être en Russie avec la Tchétchénie, ce qui n’était d’ailleurs pas pour déplaire à Zbig. Il l’est devenu avec 9/11, communication oblige, et opérationnellement notamment grâce aux canaux et aux complicités sans nombre, aux corruptions innombrables, aux manipulations vertigineusement nombreuses et aussi sans queues ni têtes, déjà en place avec l’activisme forcené et incontrôlé de la CIA que Brzezinski avait immédiatement mis sur le coup en 1979.

Brzezinski avait été le conseiller pour la sécurité nationale du président Jimmy Carter, de 1977 à 1981. A ce poste, il fut effectivement le principal animateur, contre l’avis du secrétaire d’État Vance, du prologue et du lancement de l’aide américaine aux moudjahidines luttant contre les communistes en Afghanistan (effectivement: “contre les communistes” en général ; d’abord contre le régime communiste de Babrak Karmal puis, à partir de décembre 1979, contre les Soviétiques de l’Armée Rouge également). Cette politique a donc été souvent et justement décrite comme l’événement créant le Osama Ben Laden présenté depuis comme le cerveau d’une offensive mondiale de terrorisme, avant de passer le relais aux vedettes actuelles. Elle prit, avec Reagan et son directeur de la CIA Bill Casey, relais de Wall Street et maître des coups fourrés impliquant diverses branches du crime organisé, des proportions importantes, accentuant l’effet initial voulu par Brzezinski et l’administration Carter (l’accentuation de la lutte contre les Soviétiques passant par le renforcement des structures de l’extrémisme islamiste).

C’est effectivement de là que datent le développement et la mise en place, et l’équipement militaire initial également, de la nébuleuse islamiste qu’il est de bon ton de considérer aujourd’hui, dans les milieux de la pensée conformiste globalisée, comme la première menace contre la civilisation. La véritable responsabilité est donc bien celle du Système, avec l’organisation colossale venue des divers services d’agitation et de subversion des moyens opérationnels de l’américanisme (IC et le reste), et sans aucun doute l’opération globale de déstabilisation la plus ambitieuse jamais lancée par les USA. (En 1980, Brzezinski parlait de “l’arc de crise” du monde allant de l’Inde à la Somalie et le président Carter créait le Central Command qui constitue aujourd’hui le commandement militaro-politique le plus puissant des forces bellicistes et expansionnistes US. (Carter, qui a évoulé dans le meilleur sens du monde, devenu parfaitement antiSystème, n'a jamais dit précisément ce qu'il pensait de cette évolution-là à laquelle il avait présidé, comme parfait jouet du Système.)

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Certes, personne de sérieux, en 1998, à Washington, n’aurait contredit Brzezinski sur le fond, malgré l’insistance de l’intervieweur. Aujourd’hui, rappeler ces déclarations de Brzezinski pourrait représenter un cas d’une condamnation sans appel, avec effet rétroactif s’il le faut. Restent la réalité, les faits, les manigances, les intentions, — bref, ce qui fait ici la cause première de l’enchaînement menant aux événements du 11 septembre 2001 et après. Il est bon de se rappeler jusqu’à quel point, et à quelle profondeur, avec quel zèle, quelle absence de défiance et de scrupule, quelle courte vue et quel cynisme, quel idéalisme niais et si fortement lié aux gains du capitalisme, les États-Unis ont semé les graines dont ils récoltent aujourd’hui les fruits amers (d’ailleurs pas amers pour tout le monde, y compris à Washington D.C.). Si ce n’est de la prédestination, cela y ressemble, jusques et y compris dans l’entraînement vers un destin catastrophique pour les USA que suppose cette vaste opération ; après tout, c’est elle qui n’a cessé d’exercer une influence déstabilisatrice, directement et indirectement, aux USA même, à Washington D.C., en développant une corruption effrénée, en installant une communication tout à fait faussaire et en créant des événements relevant du simulacre pur et simple, en donnant à des organisations diverses dont la CIA est l’archétype des pouvoirs énormes et incontrôlables ; bref, en donnant les moyens opérationnels de faire entrer la postmodernité comme simulacre de réalité à la place de la vérité du monde.

 

 

mercredi, 31 mai 2017

Donald Trump’s unhappy NATO visit as US and Europe drift apart

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Donald Trump’s unhappy NATO visit as US and Europe drift apart

Ex: http://theduran.com 

European leaders annoyed by Trump's calls to increase defence spending, making NATO look too obviously like a protection racket.

Having been showered with compliments in Saudi Arabia and Israel, Donald Trump’s visit to Europe where he has met the US’s formal allies in the NATO and G7 formats, have gone unhappily.

 

Despite efforts on both sides to patch things up, it is impossible to avoid the sense that Trump and his erstwhile “allies” don’t like each other very much.  Not only has Trump had uncomfortable meetings with Merkel and Macron, and not only did his shoving aside the Prime Minister of Montenegro look like a snub, but I doubt that Trump himself realises how irritated most of his European allies are by his constant calls that they increase their defence spending.

These calls Trump made again during the summit and in blunt language and at extraordinary length

The NATO of the future must include a great focus on terrorism and immigration, as well as threats from Russia and on NATO’s eastern and southern borders.  These grave security concerns are the same reason that I have been very, very direct with Secretary Stoltenberg and members of the Alliance in saying that NATO members must finally contribute their fair share and meet their financial obligations, for 23 of the 28 member nations are still not paying what they should be paying and what they’re supposed to be paying for their defense.

This is not fair to the people and taxpayers of the United States.  And many of these nations owe massive amounts of money from past years and not paying in those past years.  Over the last eight years, the United States spent more on defense than all other NATO countries combined.  If all NATO members had spent just 2 percent of their GDP on defense last year, we would have had another $119 billion for our collective defense and for the financing of additional NATO reserves.

We should recognize that with these chronic underpayments and growing threats, even 2 percent of GDP is insufficient to close the gaps in modernizing, readiness, and the size of forces.  We have to make up for the many years lost.  Two percent is the bare minimum for confronting today’s very real and very vicious threats.  If NATO countries made their full and complete contributions, then NATO would be even stronger than it is today, especially from the threat of terrorism.

There is no doubt that Trump himself sincerely believes all this, and doubtless from his point it is obvious that it is simply unfair for the US to pay such a disproportionate amount of the Western alliance’s defence burden.

However the US’s NATO allies will have noticed that these words contain no reciprocal pledge from the US to ‘defend’ them come what may, and they are bound to see Trump’s calls for them to increase defence spending as a form of blackmail, implicitly threatening them that unless they increase their defence spending the US will stop ‘defending’ them.

A point which few Americans understand is that some European states – Germany being a case in point – anyway deliberately underspend on defence in the belief that if they spent more on defence the US might one day conclude that they no longer need to be “defended” by it.  For these states Trump’s calls that they spend more on defence sets this all on its head, calling their bluff in a way they particularly dislike.  It does not help that in Germany’s case Trump during their summit made further comments which all but accused Germany of taking the US for a ride on trade.

Beyond that there is the never expressed but always present doubt about what NATO is really for.

The USSR – the ostensible threat from which NATO was supposedly set up to defend Europe from – no longer exists, which begs the question of what NATO is really for, and from whom or what the NATO is actually “defending” Europe from, and what the purpose of all this extra spending really is.  By constantly harping on the subject Trump threatens to strip away the illusion that NATO is actually “defending” anyone from anything, and makes NATO look more like what it really is, which is a gigantic protection racket.

Needless to say that is not something the European members of NATO like to be reminded of.

The simple fact is that since the end of the Cold War the glue that has held the Western alliance together has become overtly ideological, with the members of the alliance seeing themselves as joint partners in an overtly ideological neoliberal enterprise.  When the leader of what is by far the most powerful state within NATO makes it perfectly clear that he has no belief in that enterprise, and insists on talking about money instead, that inevitably makes the others unhappy.

That more than anything else explains the unhappy mood music of this summit, which contrasts so strikingly with Trump’s far happier interactions with President Xi Jinping of China and Foreign Minister Lavrov of Russia.

This is a situation which in the history of the Western alliance has never existed before – of a US President interacting more happily with the alliance’s “enemies” than with its members.  Moreover so long as Donald Trump remains US President it is difficult to see how it can change.

 

Sur Brzezinski et notre élite apocalyptique

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Sur Brzezinski et notre élite apocalyptique

 
Auteur : Nicolas Bonnal
Ex: http://zejournal.mobi 
 

Le conseiller Ubu est mort, mais gageons que son œuvre luciférienne va lui survivre. Il meurt salué quand on profane (malmène, dit lemonde.fr) la tombe du Général de Gaulle.

Relisons l’interview où Zbig fait l’éloge de sa politique d’appui au terrorisme islamiste. Il se peut d’ailleurs que Zbig sache que ce terrorisme n’est pas islamique (islamique au sens saoudien, mais pas au sens musulman, islamique au sens américain, mais pas au sens guénonien) mais oxydental si j’ose dire, un bon moyen avec le réchauffement climatique et la fraude fiscale de célébrer la venue de l’Etat totalitaire qui les excite tous depuis les années 1780.

Le fait que les quatre plus grosses cotisations boursières relèvent de cet espionnage-emprisonnement des âmes et de cet argent dématérialisé (Google, Amazon, Facebook, Apple) ne doit pas nous étonner. Zbig avait fait l’éloge de la société technétronique, nous prévenait dans son livre de la vague de populisme qu’auraient à redouter (tu parles !) les élites cosmopolites – qui ne faisaient que reprendre le comportement du siècle des Lumières, qui lui aussi rêva d’automates. Sur les origines réelles de Zbig, et pour comprendre ses méthodes illuminées, lisez Charles Novak (1).

Voici donc la courte interview de Zbigniew Brzezinski parue dans Le Nouvel Observateur numéro 1732 du 15 janvier 1998 :

Le Nouvel Observateur : « L’ancien directeur de la CIA Robert Gates l’affirme dans ses Mémoires : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l’intervention soviétique. A l’époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité ; vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez? »

Zbigniew Brzezinski : « Oui. Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu’à présent, est toute autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques ».

Le Nouvel Observateur : « Malgré ce risque, vous étiez partisan de cette “covert action” [opération clandestine]. Mais peut-être même souhaitiez-vous cette entrée en guerre des Soviétiques et cherchiez-vous à la provoquer ? »

Zbigniew Brzezinski : « Ce n’est pas tout à fait cela. Nous n’avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu’ils le fassent.

Le Nouvel Observateur : « Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu’ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des Etats-Unis en Afghanistan, personne ne les a crus. Pourtant, il y avait un fond de vérité… Vous ne regrettez rien aujourd’hui ? »

Zbigniew Brzezinski : « Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j’ai écrit au président Carter, en substance : “Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam.” De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l’éclatement de l’empire soviétique ».

Le Nouvel Observateur : « Vous ne regrettez pas non plus d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? »

Zbigniew Brzezinski : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

Le Nouvel Observateur : « “Quelques excités”? Mais on le dit et on le répète: le fondamentalisme islamique représente aujourd’hui une menace mondiale ».

Zbigniew Brzezinski : « Sottises ! Il faudrait, dit-on, que l’Occident ait une politique globale à l’égard de l’islamisme. C’est stupide: il n’y a pas d’islamisme global. Regardons l’Islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C’est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu’y a-t-il de commun entre l’Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l’Egypte pro-occidentale ou l’Asie centrale sécularisée? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté… »

Un petit ajout : l’Europe centrale a perdu 10% de sa population depuis la fin du communisme. Le nombre d’enfants passa de deux à un en Allemagne de l’Est. L’Ukraine sombre démographiquement, et la Russie perdit dix millions d’âmes en vingt ans de chute du communisme. Le NYT vient de rappeler que le taux de natalité s’effondre en Grèce depuis la crise sauce mondialiste imposée par les Goldman-Merkel-Zbig. Le mondialisme est un cannibalisme postmoderne et fier de l’être !

Pour parler d’un énergumène comme ça (et la Pologne ubuesque et russophobe en a eu d’autres, voyez Retinger-Bilderbergs, voyez Tusk-Europe, descendant de soldat nazi),  il n’y aurait que Dante (Enfer, XXXII) :

« … tous deux d’un même lit, et tous deux si dignes de la fosse glacée, que tu fatiguerais de tes recherches le cercle de Caïn sans trouver leurs pareils ».

1) JACOB FRANK, LE FAUX MESSIE Déviance de la kabbale ou théorie du complot (L’Harmattan)

mardi, 30 mai 2017

Brzezinski: il Carl Schmitt americano e la sua idea di impero

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Brzezinski: il Carl Schmitt americano e la sua idea di impero

Ex: http://www.linterferenza.info 

Il teorico del liberal-imperialismo Zbigniew Brzezinski è stato il più importante ed insidioso teorico reazionario di tutta la seconda metà del XX secolo.

Brzezinski fu il vero ispiratore, creatore e finanziatore di Al Qaeda in funzione anti Urss; dietro il golpe neonazista in Ucraina e la destabilizzazione della Siria c’è sempre la sua lunga mano. Esponente del sionismo cosmopolita non ha mai accettato le avventure militariste di Israele; per lui lo Stato ‘’per soli ebrei’’ doveva limitarsi ad essere una portaerei degli Usa senza rallentare troppo il progetto imperialistico nord-americano che prevede la conquista dell’Eurasia. Per questa ragione gli Usa, con tutta probabilità, non avranno più uno stratega del suo calibro, i plutosionisti vanno dietro ad Israele ‘’come un mulo’’ senza guardare alla rapace borghesia statunitense tanto cara al cinico teorico polacco.

Per questo esperto (di destra) di geopolitica Russia e Cina, o meglio tutto il blocco capitalistico euroasiatico, doveva essere smembrato; l’arma per realizzare il progetto di ‘’tribalizzazione’’ era ( ed è ) il separatismo etnico e religioso. lIn cosa differisce la Dottrina Brzezinski dalla Dottrina Kissinger? Un articolo molto documentato, di qualche anno fa, pubblicato nel sito dello studioso Miguel Martinez, ce le illustra entrambe:

‘’Lo “scontro delle civiltà”, prima di essere un articolo o un libro, è un progetto che si colloca ben al di sopra di Huntington. è un vero e proprio “piano di guerra” messo a punto da un raggruppamento di potere tra le due sponde dell’Atlantico che fa capo all’Inghilterra. La sovraccoperta del libro mette in evidenza gli elogi di due esponenti di questo mondo: Henry Kissinger e Zbignew Brzezinski. Il primo promuove gli schemi geopolitici sin dalla sua tesi di laurea ad Harvard, «A World Restored» in cui elogiava la diplomazia dell’“equilibrio delle forze” che fu instaurata al Congresso di Vienna del 1815 dal ministro degli Esteri britannico lord Castlereagh e dal Cancelliere austriaco principe di Metternich. Dopo la laurea, negli anni Cinquanta, Kissinger si dedicò a costruire quella rete harvardiana nelle varie amministrazioni democratiche e repubblicane di cui oggi Huntington è una delle figure di primo piano. Huntington è stato addestrato a ripetere quello che diceva Kissinger. Un esempio è il suo articolo apparso sul numero di Survival di gennaio-febbraio 1991, quando Bush e la Thatcher scatenarono la guerra del Golfo. Su quella rivista del britannico International Institute for Strategic Studies (IISS) Huntington scriveva che la politica americana nei confronti dell’Eurasia deve avere come premessa le teorie geopolitiche di Mackinder e adottare lo stesso approccio seguito da lord Castlereagh al Congresso di Vienna del 1815.

Brzezinski, invece, quando nel 1976 divenne Consigliere di Sicurezza Nazionale sotto Jimmy Carter, sviluppò una sua teoria geopolitica chiamata “l’Arco di Crisi”. Calcolava che tutta l’ampia regione lungo il fianco meridionale dell’Unione Sovietica sarebbe stata percorsa da instabilità sempre più destabilizzanti (a causa del “fondamentalismo islamico” oppure di conflitti tribali e razziali), e che questo doveva essere geopoliticamente sfruttato come un’arma contro l’impero sovietico. Nel National Security Council diretto da Brzezinski l’incarico di direttore della pianificazione della sicurezza era affidato ad Huntington. Brzezinski e Huntington erano giunti nell’amministrazione Carter passando per la Commissione Trilaterale, un’organizzazione fondata e finanziata da David Rockefeller nel 1974. Nel 1975 Huntington aveva realizzato per la Trilaterale lo studio «The Crisis of Democracy» in cui sosteneva che il mantenimento delle democrazie rappresentative e delle istituzioni che hanno una base popolare non è più affatto facile e garantito in un’epoca in cui l’imposizione di misure di austerità “richiede” regimi post-democratici e non-democratici’’ 1

Nel 1996 Brzezinski fonda il Central Asia Institute presso la School of Advanced International Studies della John Hopkins University. I soldi per il progetto provenivano dalla Smith Richardson Foundation ed è la stessa centrale imperialistica che permise a Brzezinski di finanziare gli strateghi reazionari di Harward e Samuel Hungtinton, il teorico dello ‘’scontro di civiltà’’. Il potere di quest’uomo fu, a dir poco, enorme. Devo ricordare che Brzezinski ‘’è stato uno dei primi promotori della carriera di Madeleine Albright, attuale segretario di Stato USA ( l’articolo risale a qualche anno fa ), prima alla Columbia University poi, nel 1978, portandola con sé, insieme ad Huntington, nel Consiglio di Sicurezza Nazionale di Carter per affidarle l’incarico di collegamento con il Congresso USA’’. Brzezinski dichiarò che la democrazia capitalistica per funzionare ha bisogno dell’apatia delle masse; le elite, per tenere buono il ‘’popolino’’, devono ricorrere a quella che Platone chiamò la ‘’nobile menzogna’’ castrando le rivendicazioni di libertà e giustizia sociale. Il pensiero geopolitico sopra illustrato, invece, prende il nome di Arco della crisi e – come vedremo – verrà riproposto anche in Siria.

Il segretario del Partito comunista siriano Ammar Baghdash, lo scorso anno a Roma, ci ha parlato della strategia imperialistica Usa, la sua analisi – certamente di grande spessore – è stata puntualmente sintetizzata da Fabrizio Marchi nelle sue linee guida essenziali:

“A Partire dagli anni ’80 – ha spiegato Baghdash – è in corso un progetto di destabilizzazione di tutto il Medio oriente da parte degli USA di cui Brzezinski fu il principale ideologo. Questa “teoria” si fonda sull’idea che esiste un’ area, che va dall’Asia centrale fino alla Somalia che è di interesse strategico per gli USA. Nello stesso tempo però questa vasta area deve essere tenuta in uno stato di costante tensione. Tale progetto prevede la distruzione e la frammentazione degli stati nazionali in tante entità e “staterelli” su base etnica e confessionale. E’ così che sono state create “tre Somalie”, la stessa sorte è toccata all’Irak, la Jugoslavia è stata distrutta, l’Afghanistan è stato occupato e anche la Libia è stata aggredita e poi smembrata’’ 2

Questo non ha impedito a Brzezinski di consigliare ad Obama, nel 2009, in caso di aggressione imperialistica israeliana contro l’Iran, di ‘’colpire i jet israeliani’’ 3. Per questa mente diabolica i nemici erano Russia e Cina, gli Usa non potevano perdere tempo, armi e denaro dietro a Netanyahu. Il vero sionismo, secondo Brzezinski, è quello anglosassone, erede del colonialismo britannico; l’imperialismo di Tel Aviv può aspettare ( ma non aspetta ).

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Professore di Obama alla Columbia University, impegnato in tutto il mondo a diffondere il suo pensiero reazionario partendo da una prospettiva certamente superiore rispetto ai più ottusi sionisti, negli ultimi mesi sembrò avvicinarsi a Donald Trump. L’Europa non è più un insieme di Stati vassalli ma una alleata. Il marxista Michele Basso ci svela quest’ultimo inganno, l’ultimo tranello di Brzezinski, articolato, complesso e, come sempre, mai banale:

‘’Brzezinski ha cambiato il linguaggio, non chiama più gli europei vassalli, ha fatto passi avanti nell’ipocrisia, pur senza raggiungere i vertici di virtuosismo di Obama. Ma non ci caschiamo. Se B. meno di 20 anni fa ci chiamava vassalli, non è credibile se oggi ci chiama alleati. E, se leggiamo bene il suo progetto, sotto le espressioni più caute, si cela la vecchia arroganza imperiale. 


Il vecchio piano egemonico non è stato cestinato, ma solo aggiornato.
Brzezinski comincia con un tono biblico ed espone 5 verità: 
“”Mentre finisce la loro epoca di dominio globale, gli Stati Uniti devono prendere l’iniziativa per riallineare l’architettura del potere globale.” 


Pone cinque verità fondamentali:
La prima di queste verità è che gli Stati Uniti sono ancora l’entità politicamente, economicamente e militarmente più potente del mondo, ma, dati i complessi cambiamenti geopolitici negli equilibri regionali, non sono più la potenza imperiale globale.” (Towards a Global Realignment, Zbigniew Brzezinski, The American Interest) (1)
Non seguiremo B. sul Monte Sinai, ed esporremo in modo informale le sue posizione, con le critiche.


Sulla via del dominio USA, Brzezinski trova due ostacoli : la forza militare russa e la potenza economica cinese, per ora non ancora tradotta in potenza bellica. Una guerra mondiale sarebbe troppo pericolosa, e quindi bisogna addomesticare le due potenze, offrendo soluzioni, nell’ambito del consenso di Washington, mescolate a minacce. Non si tratta di trovare accordi tra grandi stati. Ad ognuna delle 2 potenze vengono fissati d’autorità un percorso e relative zone d’influenza. Quello di Brzezinski non è tanto un messaggio alla Russia e alla Cina, quanto piuttosto una traccia di programma per il governo degli Stati Uniti, un’indicazione su come conservare, sia pure in una forma diversa, l’egemonia mondiale’’ 4

L’imperialismo Usa ha devastato tre quarti della popolazione mondiale con guerre neocoloniali degne dei regimi nazifascisti; Brzezinski se ne va con i suoi libri, le sue ampie conoscenze geopolitiche, un’ abilità diplomatica senza pari e qualche milione di morti sulla coscienza. Fu russofobo, amico di Al Qaeda e degli speculatori senza scrupoli che spaccano la schiena ad intere nazioni ma – non possiamo negarlo – padroneggiava le strategie militari ed aveva una cultura sconfinata. Per dirla con Brecht, in altri tempi, a questo strano personaggio con gli occhi da lucertola, in tanti gli avrebbero riservato un buon muro e delle buone pallottole.

http://www.kelebekler.com/caimani/24.htm

http://www.linterferenza.info/esteri/fianco-del-popolo-si...

https://comedonchisciotte.org/brzezinski-obama-dovrebbe-a...

http://www.pane-rose.it/files/index.php?c3:o49221:m2

 

World in flames - the deadly legacy of Cold War warrior Brzezinski

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World in flames - the deadly legacy of Cold War warrior Brzezinski

by Neil Clark

Ex: https://www.rt.com

Neil Clark is a journalist, writer, broadcaster and blogger. He has written for many newspapers and magazines in the UK and other countries including The Guardian, Morning Star, Daily and Sunday Express, Mail on Sunday, Daily Mail, Daily Telegraph, New Statesman, The Spectator, The Week, and The American Conservative. He is a regular pundit on RT and has also appeared on BBC TV and radio, Sky News, Press TV and the Voice of Russia. He is the co-founder of the Campaign For Public Ownership @PublicOwnership. His award winning blog can be found at www.neilclark66.blogspot.com. He tweets on politics and world affairs @NeilClark66
 
How ironic that a major upsurge in violence in Afghanistan has coincided with the death of Zbigniew Brzezinski, the viscerally anti-Russian Cold War warrior and architect of the US policy of backing jihadists in the country to 'bleed' the Soviet Union.

On Saturday, the first day of Ramadan, 18 people were killed in a suicide blast close to a military base in Khost Province. Meanwhile, attacks by militants on the security forces in Badghis Province reportedly left 36 dead and many more wounded. On Friday, another blast killed ten civilians in Herat Province.

2017 has been a very bloody year for Afghanistan, with the UN Assistance Mission reporting more than 2,100 civilians were killed or injured between January and March.

None of this was mentioned when the establishment eulogies to Brzezinski started pouring in.

I was one of several presidents who benefited from his wisdom and counsel,” said Barack Obama.

Former Presidents George H.W. Bush and Jimmy Carter also paid generous tributes. But while our condolences go out to Brzezinski’s family and friends at this difficult time, any objective assessment of what ‘Zbig’ actually achieved as US National Security Advisor would have to conclude that his influence was disastrous not just for the people of Afghanistan, but for the world as a whole. Put simply; the world would now be a much safer place if Brzezinski had used his considerable intellectual skills in pursuits other than global politics.

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Zbig's obsession in the late 1970s was with giving the Soviet Union their own Vietnam. Appointed President Carter’s National Security Advisor in 1977 Brzezinski found himself at loggerheads with Secretary of State Cyrus Vance, a man of peace who genuinely wanted to strengthen detente with Moscow.

Brzezinski’s anti-Soviet strategy was two-fold. Firstly, to aggressively promote the issue of human rights, the so-called ‘third basket’ of the 1975 Helsinki Accords, as a means of destabilizing the eastern bloc.

Brzezinski recognized the political advantage to be had from the human rights issue, for it put pressure on the Soviet Union and rallied opposition to Moscow,” said Jeremy Isaacs and Taylor Downing in their book Cold War. But there was great hypocrisy at play here, as ‘Zbig’ was quite happy to work with governments whose human rights records were far worse than that of the Soviet Union’s to achieve his objectives.

The second strand of his strategy was to try to entice the Kremlin to send troops into Afghanistan.

To understand how Afghanistan became a new and crucial front in the Cold War we have to go back to the summer of 1973. King Mohammed Zahir Shah, who had governed the country since 1933, was deposed by his cousin Mohammed Daoud Khan with the help of Afghan communists. Daoud though continued his country’s non-aligned policy and liked to say by way of illustration that he was “ready to light his American cigarettes with Russian matches.

However, the government in Kabul was increasingly courted by the US and tempted with offers of aid. Daoud banned the communist People’s Democratic Party of Afghanistan and dismissed Soviet-trained army officers. The result was the so-called ‘Saur Revolution,’ which brought the pro-Soviet Nur Muhammad Taraki to power in April 1978.

The left-wing government initiated reforms of land ownership and encouraged women to join literacy classes alongside men,” record Isaacs and Downing.

Eurasian chessboard & total surveillance: 10 quotes by the late Zbigniew https://on.rt.com/8cvs 

Hardline Islamic clerics weren’t too happy and religious opposition to the left-wing government grew. Brzezinski saw a great opportunity to back the anti-government Mujahedeen or ‘Soldiers of God.' It’s a commonly held, but erroneous view, that the US only started to support the fundamentalist ‘rebels’ after the Soviet tanks had rolled into Kabul at Christmas 1979.

In fact, US financial assistance for anti-government forces had begun BEFORE the invasion- and was expressly designed to provoke a Soviet military response. In 1998 Brzezinski admitted that he had got President Carter to sign the first order for secret aid to ‘rebels’ in July 1979 a full five months before the Soviets intervened.

I wrote a note to the president in which I explained to him that in my opinion, this aid was going to induce a Soviet military intervention,” Brzezinski said. Even before that, US officials had been meeting with ‘rebel’ leaders. While in 1977 Zbig had set up the Nationalities Working Group - whose goal was to weaken the Soviet Union by stirring up ethnic and religious tensions.

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The Kremlin was faced with a terrible dilemma. It was damned if it did intervene to help the beleaguered Afghan government, and damned if it didn’t. There was a fear Islamic fundamentalism if prevailing in Afghanistan after the Islamic Revolution in Iran, could spread to the Soviet Union itself and on top of this NATO had agreed to site Pershing and Cruise missiles in Europe.

But still the Kremlin, perhaps suspecting a trap was being set for them, was reluctant to commit ground troops. Taraki pleaded with Moscow for more assistance and visited the Kremlin in September 1979. But not long afterward Taraki himself was toppled (and killed by suffocation with pillows) with his Prime Minister Hafizullah Amin, taking over as president. Moscow believed that Amin was getting ready to pivot toward the west.

The Kremlin finally decided to act, even though there was still opposition from within the Politburo. On 24th December 1979, Brzezinski got the Christmas present from ‘Santa’ Brezhnev that he had long wanted. “The day that the Soviets officially crossed the border, I wrote to President Carter, essentially: ‘We now have the opportunity of giving to the USSR its Vietnam War,'” he later admitted. Cyrus Vance urged a diplomatic solution, but unfortunately, Carter listened to Zbig. 

The national security advisor flew to Pakistan in early 1980 and posed, two years before the first Rambo film, for photographs holding a Chinese-made machine gun at the Khyber Pass. “Your cause is right, and God is on your side,” he told the assembled holy warriors.

Over the next decade, billions of dollars of aid and weaponry from the US and their allies poured in for the Islamist rebels, euphemistically labeled ‘freedom fighters.'

In 1982, Ronald Reagan even dedicated the Space Shuttle Columbia to the anti-government fighters.

The struggle of the Afghan people represents man’s highest aspiration for freedom,” the President declared

It wasn’t just Afghan ‘rebels’ who were fighting against the socialist government in Kabul. Encouraged and equipped by the US and their allies, between 25,000 and 80,000 fighters came in from other countries.

Hawks in Washington, following Brzezinski’s anti-Moscow lead, did all they could to prevent a diplomatic solution to the conflict. The aim, to use Zbig’s phrase, was to “make the Soviets bleed as much and as long as is possible.

Mikhail Gorbachev’s warnings about the dangers of Islamic fundamentalism and a hardliner takeover of Afghanistan having far-reaching global consequences went unheeded. The Taliban and Al-Qaeda grew out of the Mujahedeen and then many years later, the US led an invasion of Afghanistan to try and get rid of the Taliban. But the Taliban is still there (as is ISIS and Al-Qaeda) and has just launched a deadly new spring offensive.

Afghanistan has known nothing but war these last forty or so years and Brzezinski’s desire to give the Soviet Union “its Vietnam War” has an awful lot to do with it.

Not only that but his strategy of backing jihadists to destabilize and help bring down secular, socialistic governments friendly to the Soviet Union or Russia has been copied in other countries, such as Libya and Syria with such devastating consequences nationally and internationally.

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Not that the ‘great man’ showed any remorse for what he had done. Far from it. In 1998 he was asked: “Do you regret having supported Islamic fundamentalism, which has given arms and advice to future terrorists?” Brzezinski replied: “What was more important to the history of the world? The Taliban or the collapse of the Soviet empire? Some agitated Muslims or the liberation of Central Europe and the end of the Cold War?

When his interviewer then countered with “Some agitated Moslems”? But it has been said and repeated: Islamic fundamentalism represents a world menace today, Brzezinski’s response was to say ‘Nonsense.'

In 2008 when he was asked again about his Afghanistan policies Brzezinski saidI would not hesitate to do it again.” When we look back at the disagreements in 1979 and 1980 between Zbig and the more cautious Cyrus Vance, who labeled Brzezinski “evil” time has surely shown us who was right and who was wrong. If only Vance and not the too-clever-by-half academic had prevailed.

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lundi, 29 mai 2017

The Real Story of Zbigniew Brzezinski That the Media Isn’t Telling

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The Real Story of Zbigniew Brzezinski That the Media Isn’t Telling 

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(ANTIMEDIA) Zbigniew Brzezinski, former national security advisor to President Jimmy Carter, died Friday at a hospital in Virginia at the age of 89. Though the New York Times acknowledged that the former government advisor was a “hawkish strategic theorist,” misrepresenting his legacy as one of otherwise infinite positivity may not be as easy as the establishment might like to think.

As the United Kingdom plays around with levels of the so-called “terror threat” following a devastating attack by an ISIS-inspired individual — and as the Philippines goes into an almost complete state of martial law following ISIS-inspired destruction — Brzezinski’s timely death serves as a reminder to seek a deeper understanding of where modern terrorism originated in the first place.

As the New York Times explains, Brzezinski’s “rigid hatred of the Soviet Union” guided much of America’s foreign policy “for better or worse.” From the Times:

“He supported billions in military aid for Islamic militants fighting invading Soviet troops in Afghanistan. He tacitly encouraged China to continue backing the murderous regime of Pol Pot in Cambodia, lest the Soviet-backed Vietnamese take over that country.[emphasis added]

While it is progressive of the New York Times to note Brzezinski’s support for Islamic militants, downplaying the effect of his vindictive foreign policy agenda with a mere sentence does an injustice to the true horror behind Brzezinski’s policies.

Because a 1973 coup in Afghanistan had installed a new secular government that was leaning towards the Soviets, the U.S.  endeavored to undermine this new government by organizing multiple coup attempts through America’s lackey states, Pakistan and Iran (the latter was under the control of the U.S.-backed Shah at the time.) In July 1979, Brzezinski officially authorized aid to the mujahideen rebels in Afghanistan to be delivered through the CIA’s program “Operation Cyclone.”

Many people defend America’s decision to arm the mujahideen in Afghanistan because they believe it was necessary to defend the country and the wider region from Soviet aggression. However, Brzesinski’s own statements directly contradict this rationale. In a 1998 interview, Brzezinski admitted that in conducting this operation, the Carter administration had “knowingly increased the probability” that the Soviets would intervene militarily (suggesting they began arming the Islamist factions before the Soviets invaded, making the rationale redundant since there was no invasion Afghanistan freedom fighters needed to repel at the time). Brzezinski then stated:

Regret what? That secret operation was an excellent idea. It had the effect of drawing the Russians into the Afghan trap and you want me to regret it? The day that the Soviets officially crossed the border, I wrote to President Carter: We now have the opportunity of giving to the USSR its Vietnam war.”

This statement went further than merely boasting at the instigation of war and the ultimate collapse of the Soviet Union. In his memoir, entitled “From the Shadows,” Robert Gates — former CIA director under Ronald Reagan and George H.W. Bush and secretary of defense under both George W. Bush and Barack Obama — directly confirmed this covert operation began six months prior to the Soviet invasion with the actual intention of luring the Soviets into a Vietnam-style quagmire.

Brzezinski knew exactly what he was doing. The Soviets were then bogged down in Afghanistan for approximately ten years, fighting an endless supply of American-supplied weapons and trained fighters. At the time, the media even went so far as to laud Osama bin Laden — one of the most influential figures in Brzezinski’s covert operation. We all know how that story ended.

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Even with full knowledge of what his CIA-funded creation had become, in 1998 Brzezinski stated the following to his interviewers:

“What is most important to the history of the world? The Taliban or the collapse of the Soviet empire? Some stirred-up Moslems or the liberation of Central Europe and the end of the cold war?”

The interviewer at the time, refusing to allow this answer to pass, retorted:

“Some stirred-up Moslems? But it has been said and repeated: Islamic fundamentalism represents a world menace today.”

Brzezinski dismissed this statement outright, replying: “Nonsense!”

This occurred back when the journalists asked government officials pressing questions, a rare occurrence today.

Brzezinski’s support for these radical elements led directly to the formation of al-Qaeda, which literally translates to “the base,” as it was the base in which to launch the repulsion of the anticipated Soviet invasion. It also led to the creation of the Taliban, a deadly entity currently deadlocked in an endless battle with NATO forces.

Further, despite Brzezinski’s statements, which attempt to depict a lasting defeat of the Russian empire, the truth is that for Brzezinski, the cold war never ended. Though he was a critic of the 2003 invasion of Iraq, Brzezinski’s stranglehold over American foreign policy continued right up until his death.

It is no coincidence that in Syria, the Obama administration deployed an Afghanistan-quagmire-type strategy toward another Russian ally — Assad in Syria. A cable leaked by Wikileaks dated December 2006 — authored by William Roebuck, who was chargé d’affaires at the US embassy in Damascus at the time — stated:

“We believe Bashar’s weaknesses are in how he chooses to react to looming issues, both perceived and real, such as the conflict between economic reform steps (however limited) and entrenched, corrupt forces, the Kurdish question, and the potential threat to the regime from the increasing presence of transiting Islamist extremists. This cable summarizes our assessment of these vulnerabilities and suggests that there may be actions, statements, and signals that the USG can send that will improve the likelihood of such opportunities arising.” [emphasis added]

Much like Operation Cyclone, under Barack Obama, the CIA was spending approximately $1 billion a year training Syrian rebels (to engage in terrorist tactics, nonetheless). The majority of these rebels share ISIS’ core ideology and have the express aim of establishing Sharia law in Syria.

Just like in Afghanistan, the Syrian war formally drew in Russia in 2015, and Brzezinski’s legacy was kept alive through Obama’s direct warning to Russia’s Vladimir Putin that he was leading Russia into another Afghanistan-style quagmire.

So where might Obama have gotten this Brzezinski-authored playbook from, plunging Syria further into a horrifying six-year-long war that has, again, drawn in a major nuclear power in a conflict rife with war crimes and crimes against humanity?

The answer: from Brzezinski himself. According to Obama, Brzezinski is a personal mentor of his, an “outstanding friend” from whom he has learned immensely. In light of this knowledge, is it any surprise that we saw so many conflicts erupt out of nowhere during Obama’s presidency?

On  February 7, 2014, the BBC published a transcript of a bugged phone conversation between Assistant Secretary of State Victoria Nuland and the U.S. Ambassador to Ukraine, Geoffrey Pyatt. In that phone call, the representatives were discussing who they wanted to place in the Ukrainian government following a coup that ousted Russian-aligned president Viktor Yanukovych.

Lo and behold, Brzezinski himself advocated taking over Ukraine in his 1998 book, The Grand Chessboard, stating Ukraine was “a new and important space on the Eurasian chessboard…a geopolitical pivot because its very existence as an independent country (means) Russia ceases to be a Eurasian empire.” Brzezinski warned against allowing Russia to control Ukraine because “Russia automatically again regains the wherewithal to become a powerful imperial state, spanning Europe and Asia.”

Following Obama, Donald Trump came into office with a completely different mentality, willing to work with Russia and the Syrian government in combatting ISIS. Unsurprisingly, Brzezinski did not support Trump’s bid for the presidency and believed Trump’s foreign policy ideas lacked coherence.

All that being said, just last year Brzezinski appeared to have changed his stance on global affairs and instead began to advocate a “global realignment” — a redistribution of global power — in light of the fact that the U.S. is no longer the global imperial power it once was. However, he still seemed to indicate that without America’s global leadership role, the result would be “global chaos,” so it seemed unlikely his change in perception was rooted in any actual meaningful change on the geopolitical chessboard.

Further, the CIA’s very existence relies on the idea of a Russian threat, as has been evidenced by the agency’s complete assault on the Trump administration whenever it appears détente is possible with the former Soviet Union.

Brzezinski died safely in a hospital bed, unlike the millions of displaced and murdered civilians who were pawns in Brzezinski’s twisted, geopolitical chess games of blood and lunacy. His legacy is one of militant jihadism, the formation of al-Qaeda, the most devastating attack on U.S. soil by a foreign entity in our recent history, and the complete denigration of Russia as an everlasting adversary with which peace cannot — and should not — ever be attained.

Des missionnaires aux mercenaires

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Aurélie Piau. — « Le Sacré Pouvoir d’H A », 2011
aurelie-piau.blogspot.fr

C’est au sein du programme « Young Leaders » de la French-American Foundation que le nouveau premier ministre, Édouard Philippe, a rencontré Emmanuel Macron en 2012, comme le raconte l’un de ses adjoints à la mairie du Havre à Ouest France (15 mai). Après avoir été directeur des affaires publiques d’Areva au moment où l’entreprise concluait d’étranges affaires en Afrique, le nouveau locataire de Matignon participait, comme le président, au séminaire de deux ans organisé depuis 1981 par la fondation privée, où une douzaine de jeunes Français côtoient les élites américaines de la même classe d’âge.

Des missionnaires aux mercenaires

Quel fil peut bien relier les ministres ou anciens ministres Emmanuel Macron, Fleur Pellerin et Najat Vallaud-Belkacem, la présidente du conseil régional d’Île-de-France Valérie Pécresse, les journalistes Jean-Marie Colombani et Christine Ockrent, l’homme d’affaires Alain Minc, le banquier Matthieu Pigasse (l’un des propriétaires du Monde SA) ou encore l’ancien premier ministre Alain Juppé ? Tous ont effectué un passage par la French-American Foundation dans le cadre de son programme « Young Leaders ». Tout comme cinq cents autres personnalités françaises, parmi lesquelles le président François Hollande lui-même.

Depuis 1981, cette fondation privée organise des séminaires de deux ans où une douzaine de jeunes Français côtoient les élites américaines de la même classe d’âge. Officiellement, l’objectif est de favoriser le dialogue franco-américain. En réalité, il s’agit de bien faire comprendre aux futurs décideurs français — entrepreneurs, responsables politiques, journalistes — les bienfaits de la mondialisation à l’anglo-saxonne. Certes, on constatera ultérieurement que, ici ou là, l’opération de séduction a échoué (avec M. Nicolas Dupont-Aignan, par exemple). Mais, dans l’ensemble, ces jeunes gens effectueront une brillante carrière au sein des structures de pouvoir et dans les affaires. Des personnalités qui ne feront pas dans l’antiaméricanisme…

Ce programme est révélateur de la stratégie d’influence des États-Unis. Celle-ci s’exerce de manière encore plus spectaculaire à travers le pantouflage des élites, notamment européennes, dans de grandes entreprises américaines. Dernier exemple en date — ô combien symbolique : la décision de M. José Manuel Barroso de rejoindre la banque Goldman Sachs. L’ancien président de la Commission européenne va mettre son expérience et son carnet d’adresses — où figurent notamment tous les dirigeants politiques de l’Union — au service de ce prestigieux établissement… qui a participé au maquillage des comptes de la Grèce pour lui faire intégrer l’euro.

M. Barroso n’est pas le seul commissaire à se reconvertir dans des fonctions lucratives : ce fut le cas récemment de Mme Neelie Kroes (Bank of America) et de M. Karel De Gucht, négociateur et thuriféraire du grand marché transatlantique (CVC Partners). M. Mario Draghi est, quant à lui, directement passé de Goldman Sachs à la présidence de la Banque d’Italie, puis à celle de la Banque centrale européenne (BCE) (1).

Ces allers-retours entre public et privé relèvent de pratiques courantes aux États-Unis. Sous la présidence de M. William Clinton, les instigateurs de l’abrogation — réclamée par Wall Street — du Glass-Steagall Act de 1933, qui séparait banques de dépôt et banques d’affaires, se sont facilement reconvertis dans de grands établissements financiers. Le big business sait récompenser ceux qui l’ont bien servi. À la tête de la Réserve fédérale (FED) de 2006 à 2014, M. Ben Bernanke a favorisé la création monétaire au profit des acteurs financiers en déversant 8 000 milliards de dollars dans l’économie au nom du sauvetage des banques. En 2015, il a intégré Citadel, l’un des principaux fonds d’investissement du pays. La même année, M. Timothy Geithner, l’un des protégés de M. Clinton, ancien secrétaire au Trésor de M. Barack Obama, a rejoint Warburg Pincus, un grand fonds d’investissement.

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Le monde des affaires sait aussi miser sur ceux qui, demain, pourront faire prévaloir ses intérêts, lui ouvrir les portes des administrations, relayer son discours. Aux États-Unis, bien sûr, mais aussi dans le reste du monde. Cette stratégie permet de rendre désuet le recours aux pots-de-vin et autres enveloppes. Plus besoin de corrompre ! Fini aussi le chantage direct, les menaces, pour obtenir un marché ou des renseignements. On fait désormais dans le soft power, le lobbying.

Le coup d’envoi en France de cette stratégie de l’influence, que d’aucuns pourraient qualifier de trafic d’influence, a été donné en 1986 lorsque Simon Nora, figure tutélaire et emblématique de la haute administration, a intégré à 65 ans la banque d’affaires Shearson Lehman Brothers, devenue par la suite Lehman Brothers. Au cours de la décennie 1990, la mondialisation a accéléré le pantouflage. Désormais, les grands établissements financiers américains, qui veulent pénétrer le marché français et européen, font leurs emplettes au sein de l’élite hexagonale. Toute une génération d’énarques et d’inspecteurs des finances approche de l’âge de la retraite. Leur salaire en tant que hauts fonctionnaires, dirigeants de banques hier nationalisées ou de grandes entreprises, pour être correct, n’avait cependant rien à voir avec ceux pratiqués outre-Atlantique. Banques et fonds d’investissement leur font miroiter la perspective de gagner en quelques années autant que durant toute leur carrière passée. Tentant ! D’autant qu’ils éprouvent le sentiment d’aller dans le sens de l’histoire.

C’est ainsi qu’en 1989 Jacques Mayoux, lorsqu’il était fonctionnaire, président de la Société générale, est devenu le représentant de Goldman Sachs à Paris. Il a été suivi de beaucoup d’autres. À commencer par M. Philippe Lagayette, ancien directeur de cabinet de M. Jacques Delors lorsqu’il était ministre de l’économie, des finances et du budget, ancien directeur général de la Caisse des dépôts, qui rejoignit JP Morgan en 1998. Les énarques dits « de gauche » ne sont pas les derniers à succomber aux sirènes de ce capitalisme de connivence. Ces personnalités sont choisies et touchent de confortables honoraires pour ouvrir les portes et pour faciliter les fusions et les rachats d’entreprises françaises que lanceront les banques.

Au fil des ans, des centaines de sociétés sont passées de main en main par le biais d’achats à effet de levier (leverage buy-out ou LBO). Chaque fois, les banques d’affaires touchent une commission, leurs dirigeants français ayant bien mérité leurs émoluments. Peu importe, finalement, que la France se désindustrialise, que les salariés soient licenciés pour accroître le rendement du capital, que les déficits commerciaux se creusent. L’essentiel n’est-il pas de saisir la vague de cette finance triomphante ? Hier, ou plutôt avant-hier, les fonctionnaires issus des grands corps de l’État — s’ils pantouflaient déja — s’estimaient investis d’une mission : ils servaient la nation. À partir des années 1990, les mentalités changent. La mondialisation a transformé les missionnaires en mercenaires. Le capitalisme débridé a remplacé le capitalisme d’État.

Ce mouvement s’est amplifié au fil des ans. En 2004, M. Charles de Croisset, ancien président du Crédit commercial de France (CCF), a marché dans les traces de Mayoux en devenant conseiller international chez Goldman Sachs et vice-président de Goldman Sachs Europe. Les branches françaises des cinq grandes banques d’investissement américaines sont toutes dirigées par un énarque (2). M. Jean-François Cirelli, ex-dirigeant de Gaz de France et d’Engie, ancien membre du cabinet du président Jacques Chirac, vient de rejoindre la filiale pour la France et le Benelux de BlackRock. Peu connu du grand public, ce fonds est le premier gestionnaire d’actifs du monde (5 000 milliards de dollars).

Tout aussi symbolique est le parcours de Mme Clara Gaymard. Cette énarque, épouse de M. Hervé Gaymard, ministre de M. Chirac, avait été nommée en 2003 déléguée aux investissements internationaux. De quoi étoffer son carnet d’adresses, l’un des plus fournis de l’énarchie. En 2006, General Electric (GE) lui proposa de prendre la tête de son antenne France, puis la vice-présidence de GE International, l’entité chargée des grands comptes et des relations avec le gouvernement. Elle a servi d’intermédiaire lors du rachat par GE de la division énergie d’Alstom, au printemps 2014. Une fois l’opération achevée, le président du groupe, M. Jeffrey R. Immelt, s’est séparé d’elle brusquement, mais, soyons-en sûrs, avec de bonnes compensations. Pendant dix ans, Mme Gaymard a été l’un des relais essentiels de l’influence américaine en France : membre de la Trilatérale (3), présidente de la Chambre américaine de commerce, membre du conseil d’administration de la French-American Foundation.

Proposer de belles fins de carrière aux seniors, miser sur quelques personnages-clés dans le Tout-Paris médiatico-politique, investir dans de jeunes cadres prometteurs : tels sont les axes de ce soft power qui s’exerce aux quatre coins de la planète. Cet investissement dans la jeunesse se retrouve dans le cas d’Alstom : à la demande du gouvernement français, GE a promis de créer 1 000 emplois nets en France sur trois ans. Mais le groupe s’est au passage engagé à recruter 240 jeunes de haut niveau à la sortie des grandes écoles pour ses « programmes de leadership ». Ces derniers se verront proposer une carrière accélérée chez GE, aux États-Unis et dans le reste du monde. Une opération fort habile de captation des cerveaux ; une manière aussi de vider un peu plus la France de ses forces vives.

Car l’expatriation des capitaux s’accompagne désormais d’un exode des jeunes diplômés vers les États-Unis, mais aussi vers Londres, Singapour ou ailleurs. Ce sont bien souvent les enfants de cette nouvelle caste de managers mercenaires, les relations des parents aidant à leur trouver des postes intéressants dans les multinationales. Dans ce monde globalisé, les élites françaises ont adopté les mêmes comportements et les mêmes ambitions que leurs homologues américaines.

Jean-Michel Quatrepoint

Journaliste ; auteur notamment d’Alstom, scandale d’État, Fayard, Paris, 2015. 

(1) Lire Vicky Cann, « De si confortables pantoufles bruxelloises », Le Monde diplomatique, septembre 2015.

(2) Cf. Jean-Pierre Robin, « Créer son fonds d’investissement, ainsi font font font les petites marionnettes », Le Figaro, Paris, 17 octobre 2016.

(3) Créée en 1973 par M. David Rockefeller, la Commission trilatérale a pour but de resserrer les liens entre les États-Unis, l’Europe et le Japon. Lire Diana Johnstone, « Une stratégie “trilatérale” », Le Monde diplomatique, novembre 1976.

Article mis à jour le 20 janvier 2017 : Jacques Mayoux n’est pas le père de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

« Le grand échiquier » de Zbigniew Brzezinski

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« Le grand échiquier » de Zbigniew Brzezinski

par Philippe Raggi

Ex: http://www.polemia.com 

L’œil américain sur l’échiquier mondial.

♦ Il est toujours bon de rappeler certaines choses, même si celles-ci furent dites il n’y a pas si longtemps de cela ; n’est-ce pas un des premiers principes pédagogiques ?
Ainsi, les propos de Zbigniew Brzezinski peuvent-ils prendre aujourd’hui peut-être davantage de reliefs, de couleurs, quatorze ans après la publication française de son ouvrage intitulé Le grand échiquier paru chez Fayard.

Très proche de l’exécutif américain, ancien conseiller à la sécurité de la présidence des Etats-Unis, expert fort écouté du Center for Strategic and International Studies, membre du très influent Counsil on Foreign Relations, Zbigniew Brzezinski est loin d’être un personnage de second rang. Quelques années après le médiatique « Clash of civilisations » de Samuel P. Huntington, où développant le concept d’Occident cet auteur désignait les adversaires des Etats-Unis et l’importance du bloc islamo-confuséen, et où le paradigme de l’après guerre froide devenait le choc des civilisations, Brzezinski faisait paraître The grand chessboard. Cet ouvrage est un examen sérieux de géopolitique mondiale, et trace les objectifs stratégiques des Etats-Unis pour les prochaines décennies.

Dès l’introduction, nous sommes renseignés sur la portée de l’ouvrage ; il ne s’agit pas d’un énième travail de géostratégie présentant les forces, les interactions, les évolutions, les constantes du monde contemporain, mais bien d’une vision de géostratégie s’inscrivant dans une eschatologie terrifiante. Le but est clair : asseoir et renforcer le rôle dominant des Etats-Unis comme première puissance mondiale ; pour cela, nous dit Brzezinski, il faut à tout prix empêcher l’émergence d’une puissance sur le continent eurasien capable de rivaliser avec les Etats-Unis. En effet, nous dit-il, celui qui tiendrait ce continent serait le maître du monde ; Hitler et Staline, qui l’avaient compris, s’y sont d’ailleurs essayés dans le passé mais sans succès. Les Etats-Unis doivent veiller au respect légitime de la primauté américaine sur cette Eurasie, car ses objectifs sont « généreux ». Ainsi, dans cette logique implacable, défier l’Amérique serait agir contre « les intérêts fondamentaux de l’humanité ». Tout est dit.

Dans le premier chapitre, nous est brossé le tableau de l’évolution de la puissance américaine depuis 1898 (guerre contre l’Espagne) jusqu’à son état actuel de première puissance mondiale. Nous y voyons cette attitude anti-européenne constitutive de la création des Etats-Unis : cette Europe aux « privilèges archaïques et aux hiérarchies sociales rigides ». La première irruption des Etats-Unis dans la géopolitique européenne n’est pas abordée du point de vue de ses portées réelles, meurtrières (les quatorze points de Wilson portant en germe les conflits européens à venir), mais sous l’angle du formidable idéalisme américain allié à une puissance militaire, économique sans précédent qui font que ses principes sont pris en compte dans la recherche de solutions aux problèmes européens ; le nouvel acteur de l’arène internationale fait valoir sa vision du monde.

La fin de la seconde guerre mondiale fait émerger un monde bipolaire, et le temps de la guerre froide voit se mettre en place des enjeux géopolitiques clairement définis : les Etats-Unis contre l’Eurasie (URSS), avec le monde comme enjeu. Avec l’effondrement et l’éclatement de l’Union Soviétique, les Etats-Unis deviennent, nous dit Brzezinski, « la première puissance globale de l’histoire ». Le parallèle avec Rome est vite amené, et nous apprenons que Rome (empire simplement régional) est même dépassée.

L’auteur établit ensuite la liste des empires ayant eu une aspiration à la domination mondiale ; il y en a eu trois : l’empire romain, la Chine impériale et l’empire mongol. Parmi ces trois, seul l’empire mongol approche la définition moderne de puissance mondiale, nous dit Brzezinski ; seul cet empire peut être comparé aux Etats-Unis d’aujourd’hui. Mais, après deux siècles d’existence (du XIIIème au XVème siècle), cet empire disparaissait sans laisser de traces ; ce qui devrait faire réfléchir d’avantage l’auteur.

L’Europe devient ensuite le foyer de la puissance globale et le lieu où se déroule les luttes pour l’acquérir, sans toutefois être dominé par un Etat en particulier. Brzezinski note que la France en premier lieu (jusqu’en 1815), puis la Grande-Bretagne (jusqu’en 1914) ont eu leur période de prééminence. Mais, aucun de ces empires n’a vraiment été global. Le fait que les Etats-Unis se soient élevés au rang de puissance globale est, lit-on, unique dans l’histoire. Ce pays a un appareil militaire qui est le seul à avoir un rayon d’action global.

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Cette prééminence fait de l’ombre à la Russie et à la Chine ; néanmoins, le retard technologique de ces deux pays fait qu’ils n’ont pas de politique significative sur le plan mondial. Dans les quatre domaines clés (militaire, économique, technologique et culturel) les Etats-Unis sont dominants, et ceci lui confère la position de seule superpuissance globale.

Brzezinski développe ensuite ce « système global » propre aux Etats-Unis. La puissance globale des Etats-Unis viendrait d’une part du pluralisme de sa société et d’autre part de son système politique. Incidemment, nous apprenons que par le passé les Européens, dans leurs visées impériales, n’ont été que des « aventuriers ». Autre élément de ce système : les idéaux démocratiques sont aujourd’hui identifiés dans le monde comme issus de la tradition politique américaine ; les Etats-Unis sont devenus Le modèle incontournable. La doctrine américaine, « mélange actif » d’idéalisme et d’égoïsme, est le seul qui prévaut; bien entendu ceci pour le plus grand profit de tous.

Mais cette suprématie américaine repose également, apprend t-on, sur un système élaboré d’alliances couvrant la planète. L’OTAN, l’APEC, le FMI, l’OMC, etc. (dans lesquels les Etats-Unis ont un rôle prépondérant, sinon directif) constituent un réseau mondial actif et incontournable dans la constitution et la conservation de la puissance globale américaine. Et les Etats-Unis se doivent de conserver cette position d’hégémonie globale sans précédent ; il y aurait comme une « mission » confiée à ce pays. Il lui faut impérativement prévenir toute émergence de rivaux, maintenir le statu quo ; ceci au nom du bien être de l’humanité, bien entendu.

De nouveau, dans le second chapitre, et avec la même logique utilisé par l’auteur dans l’introduction, on apprend que le maintien de la prééminence des Etats-Unis dans le monde va de pair avec la paix dans le monde. L’enjeu est l’Eurasie, nous dit Brzezinski ; C’est l’Eurasie qui est « l’échiquier », c’est là que se déroule le jeu pour la domination mondiale. Apparaît alors la phobie des Etats-Unis : une éventuelle unité politique de l’Eurasie. Et l’auteur d’établir l’univers des possibles, la recension des différents cas de figures qui feraient que les Etats-Unis seraient en position d’affaiblissement ; nous apprenons que l’hégémonie américaine est superficielle, et qu’elle ne passe pas par un contrôle direct sur le monde. C’est ce qui distinguerait l’Amérique des empires du passé. De plus, toujours dans les faiblesses du « géant », il y a le fait que le système de la démocratie « exclu toute mobilisation impériale » ; mais on peut en douter justement par ces moyens d’alliances et de coalitions très « incitatifs » mis en place. Nous sommes également surpris dans la vision que Brzezinski prête aux Américains face à leur statut de superpuissance mondiale sans rivale : ils ne considèreraient pas que ce statut leur confère des avantages particuliers. Les faits prouveraient plutôt autre chose.

Nous abordons plus loin les thèmes de la géostratégie et de la géopolitique. Sans surprise, nous apprenons que la géographie prédestine les priorités immédiates des pays ; nous le savions depuis au moins Napoléon. Halford J. Mackinder au début du siècle avait tracé déjà ce que nous avions vu plus haut développé par Brzezinski, à savoir que « qui gouverne l’Europe de l’Est domine le heartland, qui gouverne le heartland domine l’île-monde, et qui gouverne l’île-monde domine le monde » (le heartland étant le cœur continental). L’Amérique suit donc cette voie pour parvenir au maintien de son rang.

Suit une analyse des principaux acteurs et une reconnaissance appropriée du terrain. Les Etats eurasiens possédant une réelle dynamique géostratégique gênent les Etats-Unis, il s’agit donc pour ces derniers de formuler des politiques spécifiques pour contrebalancer cet état de fait. Ceci peut se faire par trois grands impératifs : « éviter les collusions entre vassaux et les maintenir dans l’état de dépendance que justifie leur sécurité ; cultiver la docilité des sujets protégés ; empêcher les barbares de former des alliances offensives ». Tout le programme des Etats-Unis est là. Pour la poursuite de son analyse, Brzezinski distingue les « acteurs géostratégiques » (France, Allemagne, Russie, Chine et Inde) des « pivots géopolitiques » (Ukraine, Azerbaïdjan, Corée, Turquie et Iran). Les premiers sont en mesure de modifier les relations internationales, « au risque d’affecter les intérêts de l’Amérique » ; les seconds ont une position géographique leur donnant « un rôle clé pour accéder à certaines régions ou leur permet de couper un acteur de premier plan des ressources qui lui sont nécessaires ».

La France et l’Allemagne sont deux acteurs géostratégiques clés qui, par « leur vision de l’Europe unie », (…) « projet ambitieux », (…) « s’efforcent de modifier le statu quo ». Ces acteurs sont l’objet « d’une attention toute particulière des Etats-Unis ». Cependant, on peut se poser la question de la « réelle volonté d’indépendance européenne » instiguée par ces deux pays.

La Russie, joueur de premier plan malgré l’affaiblissement de son Etat, n’a pas tranché quant à son attitude vis à vis des Etats-Unis : partenaire ou adversaire ? La Chine, puissance régionale importante, a des ambitions élevées : la Grande Chine. Le Japon, puissance internationale de premier ordre mais qui ne souhaite pas s’impliquer dans la politique continentale en Asie. Maintenir les relations avec le Japon est un impératif pour les Etats-Unis, ne serait-ce que pour maintenir la stabilité régionale. L’Inde, qui se définit comme un rival de la Chine, est le seul pôle de pouvoir régional en Asie du Sud ; cependant ce pays n’est pas gênant pour l’Amérique car il ne contrarie pas les intérêts américains en Eurasie. L’Ukraine, l’Azerbaïdjan : le sort de ces deux pays dicteront ce que sera ou ne sera pas la Russie à l’avenir. La Turquie, facteur de stabilité dans la Mer Noire, sert de contrepoids à la Russie dans le Caucase, d’antidote au fondamentalisme islamique, et de point d’ancrage au Sud pour l’OTAN. Brzezinski nous fait là un chantage à l’islamisme pour que la Turquie intègre l’Union Européenne : « l’Amérique va profiter de son influence en Europe pour soutenir l’admission éventuelle de la Turquie dans l’UE, et mettre un point d’honneur à la traiter comme un état européen » afin qu’Ankara ne glisse vers les intégristes islamiques. Mais les motifs américains sont aussi plus prosaïques : les Etats-Unis soutiendront « avec force l’ambition qu’ont les Turcs de mettre en place un pipeline reliant Bakou à Ceyhan qui servirait de débouché à la majeure partie des ressources en énergie du bassin de la mer Caspienne ». L’Iran est, curieusement, un élément stabilisateur dans la redistribution du pouvoir en Asie Centrale ; il empêche la Russie de menacer les intérêts américains dans la région du golfe persique. « Il n’est pas dans l’intérêt des Etats-Unis de continuer à avoir des relations hostiles avec l’Iran », et ceci « malgré son sentiment religieux, à condition que celui-ci ne se traduise pas par un sentiment anti-occidental ». Mais les véritables raisons pointent quelques lignes plus bas, avec « la participation des Etats-Unis au financement de projets de pipelines entre l’Iran, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan ».

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Vis à vis de l’Europe, les USA sont, dans les principes tout au moins, pour la construction européenne ; cependant, leur souhait est une Europe vassale. L’OTAN est non seulement le support essentiel de l’influence américaine mais aussi le cadre de sa présence militaire en Europe de l’Ouest. Pour autant, c’est un réel partenariat que souhaite l’Amérique ; on peut se demander toutefois, à l’aune de ces points de vues contradictoires (une Europe à la fois vassale et partenaire), quelle est la marge de manœuvre laissée à l’Europe par les Etats-Unis, et dans quels domaines elle pourrait s’exercer.

La problématique géostratégique européenne sera, lit-on, directement influencée par l’attitude de la Russie et de sa propre problématique. Et pour faire face à toute éventualité, les Etats-Unis doivent empêcher la Russie de « recouvrer un jour le statut de deuxième puissance mondiale » ; à terme, ce pays posera un problème lors de son rétablissement comme « empire ». L’Asie centrale, zone inflammable, pourrait devenir le champ de violents affrontements entre Etats-nations. Le Golfe persique est une chasse gardée des Etats-Unis ; « la sécurité dans cette zone est du ressort de l’Amérique ». On comprend mieux les enjeux de la guerre menée contre l’Irak. Le défi du fondamentalisme islamique quant à lui « n’est guère stratégique » ; ce qui expliquerait l’attitude ambiguë des USA à l’égard de celui-ci. L’Islam n’a pas d’ « Etat-phare » dirait Huntington. La Chine pour sa part évolue, mais l’incertitude demeure quant à sa démocratisation. Brzezinski note que dans le cas de l’émergence d’une « grande Chine », le Japon resterait passif ; cette neutralité cause quelques craintes aux Etats-Unis. De plus, les Etats-Unis doivent se prémunir contre l’éventualité d’un développement de l’axe sino-japonais. L’Amérique doit faire des concessions à la Chine si elle veut traiter avec elle ; « il faut en payer le prix » nous dit l’auteur. Toujours dans cette zone, la mesure impérative de la stratégie US est « le maintien de la présence américaine en Corée du Sud » ; elle est d’« une importance capitale ». Une autre crainte américaine serait la naissance d’une grande coalition entre la Chine, la Russie et peut-être l’Iran ; une coalition anti-hégémonique, « unie par des rancunes complémentaires ». Enfin, pour maintenir la primauté américaine, la solution adoptée et recommandée est « l’intégration de tous ces Etats dans des ensembles multilatéraux, reliés entre eux, et sous l’égide des Etats-Unis ».

Le chapitre suivant aborde l’Europe, « tête de pont de la démocratie », où il faut entendre en fait, bien sûr, « tête de pont des Etats-Unis ». L’Union Européenne, union supranationale, dans le cas où elle réussirait deviendrait une puissance globale, apprend t-on ; ce qui veut dire qu’elle ne l’est pas aujourd’hui. La réussite de ce projet, permettrait à ces pays européens « de bénéficier d’un niveau de vie comparable à celui des Etats-Unis » ; mais est-ce vraiment la panacée, et a-t-on besoin de cette Europe-là pour y parvenir ? Par ailleurs, ce niveau de vie n’est-il pas déjà atteint ? Dans l’appréciation de cette idée de projet européen, on note toujours un « oui, mais » ; en effet, cette Europe est placée incidemment « sous l’égide américaine ». Nous pouvons à juste titre nous demander où est le réel « partenariat », « la réelle équité » tant vantée par l’auteur ?

Brzezinski nous fait un tableau sans concession de l’Union Européenne : les Etats européens dépendent des Etats-Unis pour leur sécurité ; une « Europe vraiment européenne n’existe pas » ; et poursuit-il, « sans détour, l’Europe de l’Ouest reste un protectorat américain ». Tous ceci est un soufflet à ceux qui pensent que l’Europe, grâce à l’Union, est la structure permettant une indépendance vis à vis des Etats-Unis. Comme la situation de l’Union européenne est floue, indécise, « les Etats-Unis ne doivent pas hésiter à prendre des initiatives décisives ».

« Le problème central pour l’Amérique est de bâtir une Europe fondée sur les relations franco-allemandes, viable, liée aux Etats-Unis et qui élargisse le système international de coopération démocratique dont dépend l’exercice de l’hégémonie globale de l’Amérique ». Ainsi, comme partout ailleurs, les USA se moquent de leurs « alliés » du moment ; seuls comptent les intérêts finaux américains. Observant la politique européenne et son évolution récente, Brzezinski nous dit que la lutte contre la montée « de l’extrémisme politique et du nationalisme étriqué » doit se faire par la constitution « d’une Europe plus vaste que la somme de ses parties – c’est à dire capable de s’assigner un rôle mondial dans la promotion de la démocratie et dans la défense des droits de l’homme ». Le procédé est toujours le même ; pour asseoir ses fins, il faut « diluer» les entités dans des ensembles plus vastes. De plus, dans le processus de construction « européenne », l’UEO apparaît de fait comme l’antichambre de l’OTAN. Il est trop tôt, nous dit Brzezinski, pour fixer catégoriquement les limites orientales de l’Europe. Cependant, pour ce qui est du connu, « l’objectif géostratégique central de l’Amérique en Europe est de consolider sa tête de pont sur le continent eurasien » ; ceci pour constituer un tremplin dans le but « d’instaurer en Eurasie un ordre international fondé sur la démocratie et la coopération », en fait sur la domination américaine.

Le rôle de l’Allemagne est celui du bon vassal, « bon citoyen de l’Europe, partisan déterminé des Etats-Unis » ; elle n’a jamais remis en cause « le rôle central des Etats-Unis dans la sécurité du continent ». C’est l’effondrement du bloc soviétique qui a fait que « pour l’Allemagne, la subordination à la France n’offrait aucun bénéfice particulier ». Elle a aujourd’hui un rôle entraînant ; « en entretenant des relations étroites avec la puissante Allemagne, ses voisins bénéficient de la protection rapprochée des Etats-Unis ». Avec le rapprochement germano-polonais, « l’Allemagne peut exercer son influence jusque dans les pays baltes, l’Ukraine, la Biélorussie ». La sphère d’influence allemande s’est déplacée vers l’Est, et « la réussite de ces initiatives confirme la position dominante de l’Allemagne en Europe centrale ». Sans l’élargissement de l’OTAN aux pays de l’Est, « l’Amérique essuierait une défaite d’une ampleur mondiale », note Brzezinski. Ainsi, la collaboration américano-germanique est-elle « nécessaire pour élargir l’Europe vers l’Est ». Par ailleurs, nous apprenons que « l’Europe ne se réalisera pas sous l’égide de Berlin » ; parions toutefois que, pour l’auteur, cela ne s’envisage bien plutôt « sous l‘égide de Washington ».

Quant à la France, « puissance moyenne post-impériale », elle n’a pas les moyens de ses prétentions. Son rêve de grandeur pour une Europe sous conduite française correspondrait pour elle, nous dit l’auteur, à la « grandeur de la France ». Cependant, elle pourrait avoir des velléités pour traiter directement avec la Russie, et ainsi s’affranchir relativement des Etats-Unis ; nous voyons poindre là une légère inquiétude vis à vis de la France. Pour autant, la France est tout de même « un partenaire indispensable pour arrimer définitivement l’Allemagne à l’Europe ». N’étant pas assez forte pour faire obstacle aux objectifs géostratégiques américains en Europe, « la France avec ses particularismes et ses emportements peut être tolérée ». Quant au couple franco-allemand est primordial pour les intérêts américains ; une remise en cause de cette unité « marquerait un retour en arrière de l’Europe », et serait « une catastrophe pour la position américaine sur le continent ». Il est clair également que les Etats-Unis se servent de l’Allemagne (dominant économiquement en Europe) pour canaliser et « tenir » la France.

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La chapitre suivant, intitulé « Le trou noir », traite de la Russie à l’aune des changements survenus depuis la fin de l’Union Soviétique et la naissance de la Communauté des Etats Indépendants. « Il est indispensable que l’Amérique contre toute tentative de restauration impériale au centre de l’Eurasie » qui ferait obstacle à ses objectifs géostratégiques premiers : « l’instauration d’un système euro-atlantique ». Après l’effondrement de l’Empire, qui a vu un vide politique (le « trou noir ») s’instaurer au cœur même de l’Eurasie, et qui a ramené la Russie « au niveau d’une puissance régionale du tiers monde », Brzezinski constate que cet état a très peu d’espaces « géopolitiquement sûrs ».

Les frontières actuelles de la Russie ont reculé de plus de mille kilomètres vers le Nord après 1991, et les états qui l’entourent actuellement constituent une ceinture, un obstacle à son épanouissement, à son développement ; ceci tant vers l’Est que vers la Mer Noire et le Sud-Est de l’ancien Empire. L’auteur fournit une réponse américaine aux questions russes ; l’Amérique se préoccupe de savoir « ce qu’est la Russie, et ce que doivent être ses missions ainsi que son territoire légitime ». Mais la raison essentielle qui fait le regard critique, systématique américain vis à vis de la Russie est qu’elle a « une identité eurasienne », une « personnalité eurasienne », ce que les Etats-Unis n’ont pas par nature. Et si les Etats-Unis soutiennent l’Ukraine c’est que sans ce dernier, aucune restauration impériale n’est possible pour la Russie. C’est l’application de la technique du « roll back », celle du refoulement de la Russie vers l’Asie.

Plus loin, Brzezinski note que les Etats de l’ex-URSS, pour échapper aux nouvelles visées « impériales » russes, « ont cherché à tisser leurs propres réseaux de relations internationales, avec l’Ouest pour l’essentiel, mais aussi avec la Chine ou les pays musulmans au Sud ». La seule solution honorable pour la Russie, nous dit l’auteur, est « une direction partagée avec l’Amérique » ; ce pays « devrait se résoudre à jouer un rôle de tampon entre l’expansionnisme chinois et l’Ouest », à choisir l’Europe, alliée des Etats-Unis, pour faire face à d’éventuelles visées expansionnistes chinoises. Reste donc pour Moscou le « choix européen, seule perspective géostratégique réaliste » ; et, par choix « européen » ont peut entendre, en fait, choix « occidentalo-américain ». Pour les Etats-Unis, « la Russie paraît vouée à devenir un problème », et d’autant plus si d’aventure une alliance avec la Chine et l’Iran se concrétisait. C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis doivent « éviter de détourner la Russie de son meilleur choix géopolitique » à savoir, l’Europe atlantiste. La Russie doit s’intégrer à l’Europe, en suivant un processus graduel, commençant par sa « participation au Conseil de l’Europe », à l’instar de la Turquie Kémaliste qui « s’est engagée sur la voie de la modernisation, de l’européanisation et de la démocratisation » ; la deuxième étape de cet arrimage européen de la Russie serait la proposition d’une charte avec l’OTAN par l’Europe et l’Amérique. Enfin, ultime étape dans ce processus, l’intégration de la Russie dans l’Union Européenne. Cependant, précise l’auteur, le choix de l’Europe pour la Russie se fera plus facilement une fois l’Ukraine intégrée elle-même à l’OTAN et à l’Union Européenne.

Les « Balkans eurasiens » sont l’objet du chapitre suivant. Ces nouveaux « Balkans » sont constitués de neufs pays : le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Géorgie et l’Afghanistan. Les facteurs d’instabilité des ces « Balkans eurasiens » sont nombreux : de graves difficultés nationales, des frontières contestées des voisins ou des minorités ethniques, peu d’homogénéité nationale, des luttes territoriales, ethniques ou religieuses. Toutes les options peuvent donc être envisagées quant à l’avenir de cette région, nous dit Brzezinski.

Les voisins intéressés, nourrissant des visées politiques sur la région sont la Russie, la Turquie, l’Iran et la Chine. La Russie qui veut retrouver sa zone d’influence, renouer avec ses républiques d’hier, et dont les visées géopolitiques vont vers le Sud, en direction de l’Azerbaïdjan et du Kazakhstan.; la Turquie qui se considère comme le leader potentiel d’une communauté turcophone aux frontières très floues ; l’Iran, dont le principal souci est le renouveau de l’islam en Asie centrale ; la Chine enfin, que les ressources énergétiques de la région attirent, et qui veut y avoir un accès direct hors contrôle de Moscou. Les motifs d’intérêts sont essentiellement économiques : « la région renferme une énorme concentration de réserve de gaz naturel, d’importantes ressources pétrolières, auxquelles viennent s’ajouter des gisements de minerais, notamment des mines d’or ». Mais il y a aussi des raisons plus profondes (et qu’il est curieux de voir soulever par un américain) des facteurs « relevant de l’histoire ».

D’autres pays ont leurs regards tournés vers cette région : le Pakistan qui veut exercer une influence politique en Afghanistan et profiter à terme de la construction de pipelines reliant l’Asie centrale à la Mer d’Oman. L’Inde qui, pour faire face aux projets du Pakistan et à la montée de l’influence chinoise, est favorable au développement de l’influence iranienne en Afghanistan, ainsi qu’à une présence russe plus importante dans ses anciennes républiques. Les Etats-Unis enfin, qui « agissent en coulisse », cherchent à ménager le pluralisme géopolitique, et tentent « d’empêcher la Russie d’avoir la suprématie ». La dynamique russe et les « ambitions anachroniques » de Moscou dans cette région sont « nuisibles à la stabilité de celle-ci ». Et nous apprenons que « les objectifs géostratégiques américains recouvrent en fait les intérêts économiques de l’Europe et de l’Extrême-orient » ; nous sommes toujours dans cette logique « philanthropique » américaine. L’engagement des Etats-Unis dans cette région, nous dit Brzezinski, est considérée par les pays concernés comme « nécessaire à leur survie ». Les motifs généraux américains sont les pipelines et leurs tracés actuels ; le but des Etats-Unis étant de ne plus passer par des pipelines courant sur le territoire russe, non plus au Nord donc mais par le Sud et la médiane de cette région des Balkans eurasiens. « Si un pipeline traversait la Mer Caspienne pour atteindre l’Azerbaïdjan et, de là, rejoignait la Méditerranée en passant par la Turquie, tandis qu’un autre débouchait sur la Mer d’Oman en passant par l’Iran, aucune puissance unique ne détiendrait le monopole de l’accès à la région ». On comprend aisément à cette lumière les actions et les soutiens américains à tel ou tel pays ; on peut saisir ainsi la bienveillance des Etats-Unis pour les « étudiants en théologie », les Pachtouns de Kaboul, au détriment des Tadjiks d’Ahmed Shah Massoud concentrés dans les régions du Nord de l’Afghanistan.

Dans l’avenir, Brzezinski voit dans ses Balkans eurasiens une montée de l’islamisme, des conflits ethniques, un morcellement politique, et une guerre ouverte le long de la frontière méridionale de la Russie. Une zone donc qui fera sans doute parler d’elle bientôt.

Quelle doit être la politique américaine en extrême orient ? C’est l’objet du chapitre suivant. Pour être efficace, elle doit avoir un point d’ancrage dans cette région, nous dit l’auteur. Il est essentiel, poursuit-il, que les Etats-Unis aient d’étroites relations avec le Japon, et qu’ils établissent une coopération avec la Chine. Si l’extrême orient connaît aujourd’hui un dynamisme économique extraordinaire, il va néanmoins de pair avec une incertitude politique croissante. C’est « un volcan politique en sommeil » ; il ne possède pas de « structures de coopération multilatérale » comme l’Union européenne et l’OTAN, et ce malgré l’ASEAN. Cette région est devenue, selon l’Institut International d’Etudes Stratégiques, « le plus gros importateur d’armes, dépassant l’Europe et le Moyen-Orient ».

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Il existe dans cette partie du monde de nombreux points de frictions : les relations entre la Chine et Taiwan ; les îles Paracels et Spratly, objets de multiples convoitises ; l’archipel Senkaku qui sont disputées par la Chine et le Japon ; la division de la Corée et l’instabilité inhérente à la Corée du Nord ; les îles Kouriles, sujets à controverses entre la Russie et le Japon ; enfin, des conflits territoriaux et / ou ethniques divers, le long de la frontière chinoise, également entre le japon et la Corée, enfin entre la Chine et l’Indonésie à propos des limites océaniques. La Chine est « la puissance militaire dominante de la région » ; et, dans l’absence d’équilibre entre les puissances, l’on a vu l’Australie et l’Indonésie se lancer dans une plus grande coopération militaire ; Singapour a également, avec ces deux pays, développé une coopération en matière de sécurité. La probabilité de voir se réaliser ces conflits dépendront « de la présence et du comportement américains ».

Brzezinski vante la Chine du passé, « pays qui [ au XVIIème siècle ] dominait le monde en termes de productivité agricole, d’innovation industrielle et par son niveau de vie ». Puis, il compatit avec les « cent cinquante années d’humiliation qu’elle a subies » ; la Chine doit être « lavée de l’outrage causé à chaque chinois », et « les auteurs doivent être châtiés ». Parmi les auteurs, la Grande-Bretagne a été dépossédée de son Empire, la Russie a perdu son prestige et une partie de son territoire ; restent les Etats-Unis et le Japon qui sont le principal souci de la Chine aujourd’hui. Selon l’auteur, la Chine refuserait « une véritable alliance sino-russe à long terme, car elle aurait pour conséquence de renforcer l’alliance nippo-américaine » et car « cette alliance empêcherait la Chine d’accéder à des technologies modernes et à des capitaux, indispensables à son développement ».

Nous est brossé ensuite les différents cas de figure possibles. L’auteur fait état des prévisions prometteuses relatives à la Chine ; cependant, il doute de ses capacités à « maintenir pendant vingt ans ses taux de croissance spectaculaire ». Actuellement, nous dit-il, la croissance rapide de la Chine accentue la fracture sociale liée à la répartition des richesses ; ces inégalités ont un impact sur la stabilité du pays. Mais le rayonnement de la Chine « pourraient bien amener les riches chinois d’outre-mer à se reconnaître dans les aspirations de la Chine ». Autre cas de figure évoqué, l’éventualité d’un repli sur soi de la Chine.

Dans son espace régional, la Chine joue le Pakistan et la Birmanie contre l’Inde son « rival géopolitique ». L’objectif de Pékin serait « une plus grande influence stratégique sur l’Asie du Sud-Est », contrôler le détroit de Malacca et le goulet de Singapour. La Chine élabore « une sphère d’influence régionale » ceci en particulier vers ses voisins de l’Ouest qui cherchent un contre poids à l’influence russe. Brzezinski traite des relations américano-chinoise mais sans comprendre l’attitude de Pékin, et en jouant les naïfs : « (…) en raison de ce qu’ils sont et de leur simple présence, les Etats-Unis deviennent involontairement l’adversaire de la Chine au lieu d’être leur allié naturel ». Par ailleurs, les Chinois savent que « leur influence dans la région se trouverait automatiquement renforcée par la moindre attaque qui viendrait miner le prestige américain ». L’objectif central de la politique chinoise serait d’affaiblir l’Amérique pour que cette dernière ait besoin d’une Chine « dominant la région » et « mondialement puissante pour partenaire ».

Autre point d’extrême orient analysé par l’auteur : le Japon, dont les relations avec l’Amérique, nous dit-il, feraient dépendre l’avenir géopolitique de la Chine. Le paradoxe du Japon est qu’il « a beau être riche, dynamique et économiquement puissant, il n’en est pas moins un Etat isolé dans sa région et politiquement limité dans la mesure où il est tributaire d’un allié puissant qui s’avère être non seulement le garant de l’ordre mondial mais aussi son principal rival économique » : les Etats-Unis. Mais, « la seule véritable question politique pour le Japon consiste à savoir comment utiliser la protection des Etats-Unis afin de servir ses propres intérêts ». Le Japon est, apprend-t-on, un pays «qui ne se satisfait pas du statu quo mondial ». Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, note Brzezinski, on observe une redéfinition de la politique étrangère de ce pays. Cette redéfinition porte le Japon à « ménager la Chine plutôt que de laisser le soin aux Etats-Unis de la contenir directement ». Cependant « très peu [de japonais] se prononcent en faveur d’une grande entente entre le Japon et la Chine » car cela déstabiliserait la région, et provoquerait le désengagement des USA, subordonnant la Corée et Taiwan à la Chine, mettant « le Japon à la merci de cette dernière ».

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Les Etats-Unis veilleront à ce que le Japon mette « en place une coopération véritablement internationale, mieux institutionnalisée » à l’instar du Canada, « Etat respecté pour l’utilisation constructive de ses richesses et de son pouvoir, et qui ne suscite ni craintes ni ressentiments ». Les objectifs globaux des USA étant de faire du Japon « le partenaire essentiel et privilégié de la construction d’un système » de coopération mondiale.

La partie n’est pas gagnée d’avance en extrême orient pour les Etats-Unis, concède Brzezinski, car « la création d’une tête de pont démocratique est loin d’être imminente (…) contrairement à ce qui s’est passé en Europe ». On note la prudence des Etats-Unis vis à vis de la Chine : « il est préférable de la traiter comme un acteur crucial sur l’échiquier mondial », et la faire participer au G7, lui donnant accordant ainsi du crédit et satisfaisant son orgueil. Les USA doivent également « se montrer conciliant sur certaines questions, tout en restant ferme sur d’autres », poursuit Brzezinski. Et revenant sur le problème de Taiwan, nous apprenons que « les Etats-Unis interviendraient pour défendre non pas l’indépendance de Taiwan, mais leurs propres intérêts géopolitiques dans la région Asie-Pacifique » ; voilà qui est clair. Pour ce qui concerne la Corée et le Japon, l’Amérique peut « jouer un rôle décisif en soutenant la réconciliation » ; la stabilité apportée faciliterait « le maintien de la présence des Etats-Unis en extrême orient », et cette réconciliation « pourrait servir de base à une éventuelle réunification » de la Corée

Toutefois, nous dit Brzezinski, les Etats-Unis ne sont pas seulement la première superpuissance globale, mais seront très probablement la dernière, ceci à cause de la diffusion de plus en plus généralisée du savoir et de la dispersion du pouvoir économique. Si les Etats-Unis ont pu exercer une prépondérance économique mondiale, ils le doivent à « la nature cosmopolite de [leur] société (…) qui [leur] a permis (…) d’asseoir plus facilement leur hégémonie (…) sans pour autant laisser transparaître [leur] caractère strictement national ». Il est peu probable qu’un autre pays puisse faire de même ; « pour simplifier, n’importe qui peut devenir Américain, mais seul un Chinois peut être Chinois ». Il transparaît dans ces propos une négation radicale de l’altérité. Les Etats-Unis ne veulent pas « l’autre », ils ne le conçoivent même pas ; ils ne connaissent que l’autre en tant que « même », un clone en quelque sorte ; piètre intelligence du monde, de la richesse, de la diversité de l’homme que ce rapport à l’autre, spécifiquement américain.

Comme la puissance Américaine ne saurait durer sans fin (nous ne sommes pas arrivé avec le triomphe de l’Amérique et de ses « idéaux » à la fin de l’Histoire, pour reprendre les mots d’un illuminé nommé Francis Fukuyama), Brzezinski nous trace « l’après domination états-unienne ». Le legs de l’Amérique au monde, à l’histoire, doit être une démocratie planétairement triomphante, nous dit-il, et surtout, la création d’une « structure de coopération mondiale (les Nations Unies sont « archaïques ») (…) qui assumerait le pouvoir de « régent » mondial ». Voilà donc un testament établi pour la poursuite mondiale – et jusqu’à la fin des temps – du « rêve américain ». Mais chacun sait que les temps comme les rêves ont toujours une fin.

Si la recension des objectifs géostratégiques américains est établie, la formulation et la structure interne de l’ouvrage sont assez confuses puisque l’on retrouve souvent des éléments concernant un sujet deux ou trois chapitres plus loin. L’auteur manque un peu de rigueur dans son exposition. Plus généralement, si l’on comprend la logique de ce discours de la part d’un américain, on ne peut décemment acquiescer aux propos de Zbigniew Brzezinski. Dès lors que l’on n’est pas américain, on ne peut pas souscrire aux thèses énoncées dans ce livre; ce serait sinon, pour prendre l’exemple d’un animal, comprendre les motivations de son prédateur, et accepter de se laisser dévorer par lui. Si certains constats de l’auteur sont justes et relèvent du bon sens, il n’en demeure pas moins qu’il faut combattre ces objectifs impériaux / impérialistes américains malgré cette apathie qui caractérise malheureusement les Européens en général et les Français en particulier, cet état de « dormition » dont parle Dominique Venner (1).

Philippe Raggi
29/04/2014

PS : J’avais écrit ce commentaire sur le livre de Brzezinski dès la parution de son ouvrage en France. Je n’ai rien modifié à ce texte depuis lors.

Source : A l’Est de Suez, Blog de Philippe Raggi sur l’Asie du Sud-Est et notamment sur l’Indonésie.
http://philippe-raggi.blogspot.fr/2014/04/loeil-americain...

Zbigniew Brzezinski, The Grand Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives, New York, Basic Books, 1997.
Le grand échiquier, traduction de The Grand Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives, Paris, Collection Pluriel, Hachette Littérature, 1997
Le grand échiquier, éditions Fayard/Pluriel, mars 2011, 288 pages (réédition)

Zbigniew Brzezinski est expert au Center for Strategic and International Studies (Washington, DC) et professeur à l’université Johns Hopkins de Baltimore. Il fut conseiller du président Carter, s’oppose à Reagan, Clinton et Bush et reste toujours un ardent partisan de la suprématie américaine dans le monde..

Note :

(1) Cf. : http://www.dominiquevenner.fr/2010/07/l%E2%80%99europe-en...

Correspondance Polémia – 5/05/2014

samedi, 27 mai 2017

America in the Time of Kerouac’s Travels

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America in the Time of Kerouac’s Travels

How the author of On the Road midwifed an anti-establishment movement at the same time that he denounced it.

 

In Jack Kerouac’s last piece of writing, “After Me, the Deluge,” the writer rued his influence on the hippie movement. In so doing, both in the Chicago Tribune magazine, where “Deluge” appeared in 1969, and during a pie-eyed appearance on Bill Buckley’s Firing Line the year before, Kerouac validated the pop-cultural notion that by going against the grain of Eisenhower’s suburban, conservative America, he unwittingly helped inspire the ’60s counterculture and its many excesses.

With its hobo squalor, its sexual candor, and most of all its aimless and irrepressible urge to roam, Kerouac’s famous On the Road, published in September of 1957, certainly appeared to signal a departure from the domestic conventions of the late 1950s. Relationships in the book are volatile and tenuous, while people and property are often exploited just for kicks. As a chronicle of freewheeling social disintegration, On the Road went down as a book very much at odds with its time, a foretaste of the cultural revolutions that rocked the late 1960s.

Often unnoticed or forgotten is that the road trips in Kerouac’s book were undertaken between 1947 and 1950, the postwar Truman years, in whose grain On the Road actually resides, even if Kerouac downplayed this fact. Betwixt the numerous travels that made up On the Road, Kerouac wrote his first book, The Town and the City (1950), a family history/coming-of-age novel in which World War II assumes its proper dimensions as an influence on the lives of his Martin family. Tellingly, however, Kerouac’s chief surrogate, young Peter Martin, was almost determinedly unmoved by it all: “Mighty world events meant virtually nothing to him, they were not real enough, and he was certain that his wonderful joyous visions of super-spiritual existence and great poetry were ‘realer than all.’”

Hence On the Road, a series of larks whose settings and patterns, preoccupations and mores, are marked by a recent conflict that goes almost entirely unmentioned. But the war’s influence was profound, starting with the wanderlust itself, which followed years of gasoline and tire rationing and Detroit’s suspension of automaking during the conflict. Further, space on Pullman cars and interstate buses was largely reserved for troops, furloughed GIs and their families, or those setting out to work in vital war industries. Everyone else had to stay put, scramble for the few remaining tickets, or venture into the black market.

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With war’s end, people rushed to get behind the wheel and go, and automakers, tire manufacturers, oil companies, and others offered plenty of encouragement. Magazine ads of the time occasionally achieved near Kerouacian poetry in invoking the joyous splendors awaiting motorists. A Lincoln ad from 1945: “These grey years will end with brighter days … Then, free as a birdsong, you’ll share in the secrets of a thousand roads … Travel the taut highway that thins to a dot in the distance.” A Nash Motors ad from the same year was borderline orgasmic: “Waiting for you … wide highways that beg your car to spread her wings and fly … Her low, sweet motor-music as the miles race by … the way she quickens to a throttle-touch and leaps ahead to flatten out the hills and make the pavement sing beneath her wheels.”

Years later, Kerouac remarked that On the Road had been an investigation into “post-Whitman America,” an idea that tallied with a bit of doggerel (“Song of the Open Road … Again!”) produced in 1946 by Quaker State copywriters: “Oh, some roads stretch to Mexico, / And some roads stretch towards Nome, / And roads reach out from east and west, / And beckon us from home …”

Of course, as Kerouac sensitively attested in The Town and the City, the war had been beckoning Americans from home for years. He chronicled “the whole legend of wartime America … the great story of wandering, sadness, parting, farewell.” He marveled at “the young soldier-wives who were beginning to wander the nation … in search of some pitiable little home or situation that would bring them close to their young husbands, if only for a few months.” All this movement provoked “night-dreams woven out of three thousand miles of continental traveling … enacted upon some deranged little map of the mind that was supposed to represent the continent of America.” He added, “No one could see it, yet everyone was in it, and it was like the incomprehensible mystery of life … grown fantastic and homeless.” The members of his Martin family, being no exception, were also “uprooted by war,” part of the “great wartime wanderings” of that period.

Before On the Road’s protagonists, Sal and Dean, ever balled the jack across miles of open blacktop, moving from one brief habitation to the next, America was in the throes of temporary relocations, out-and-out migrations, and demographic shifts of an unprecedented scale. Some 15 million Americans were in uniform and away from home during the war, and Life reported that an estimated 75 percent of them did not intend to return to their hometowns. Nearly as many relocated owing to war-related industry, largely to be near shipyards and aircraft plants along the coasts and the Gulf Shore or near the veritable arsenal that emerged in and around Detroit. The sociologist Francis E. Merrill noted in 1948 that more than 27.5 million Americans “experienced at least one wartime change of residence that removed them from one set of social influences and often failed to substitute similar influences.” Roughly 20 percent of the population, in other words, was socially unmoored by the war.

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And the migrations didn’t end with the war’s conclusion. Throughout the 1940s, an estimated 12 million Americans relocated to a new state. As a record of human movement within the country, this dwarfs the Great Migration (of Southern blacks to the North and Midwest), the second wave of which—beginning in 1940—is partly subsumed into this far larger, racially neutral tally.

Hidden within the numbers for that decade are various pathologies associated with social dislocation. This is what Merrill was hinting at when he noted that many Americans, in relocating, found themselves bereft of familiar social influences. Such influences serve as inhibitors, informally keeping most people from significant misbehavior. When you’re known to those around you, your actions naturally have greater social consequence than if you’re a stranger. Many of those 27.5 million during the war, and those 12 million over the course of the decade, were living—at least for a time—as virtual strangers in their new communities, which included occupied foreign capitals, stateside garrison towns, and American cities swelling with newly arrived defense workers. Furthermore, couples were often living apart (with, say, the man in uniform and the woman engaged in defense work), while children were subject to diminished supervision. Consequently, America in the ’40s experienced significant increases in promiscuity, infidelity, rape, out-of-wedlock births, divorce, venereal disease, auto theft, truancy, and juvenile delinquency.

Further, as Merrill noted, planning for the future is difficult in times of flux, and an uncertain future generates an equally uncertain present, which in turn produces indecision that can erode adherence to conventional mores. Thus, in The Town and the City we see one of the Martin daughters, Liz, elope at 18 with her piano-player boyfriend, leaving the town of Galloway (a fictionalized Lowell, Mass.) for Hartford, Conn. From there the two move to Detroit to find better-paying defense work. At 19, Liz delivers a stillborn baby in this strange and distant city, plunges into depression, and disappears from her family for a time. In the fall of 1945 she turns up in New York City (by way of San Francisco), separated from her husband and working as a nightclub singer when not occasionally flashing leg in “second-rate floorshows.”

“She had become one of the many girls in America,” Kerouac writes, capturing exactly the indecision Merrill noted, “who flit from city to city in search of something they hope to find and never even name, girls who ‘know all the ropes,’ know a thousand people in a hundred cities and places, girls who work at all kinds of jobs, impulsive, desperately gay, lonely, hardened girls.” All of which makes the roving escapades of Sal and Dean appear tamer in context. What seemed outré in the reading in 1957 was less so in the doing in 1947; less so, for that matter, in the reading in 1967, after the deluge Kerouac regretted had somewhat normalized many of the behaviors of 20 years prior, which—however prevalent they were at the time—were still considered misbehaviors. The excesses of the 1960s were in some ways a pale recurrence of those of the 1940s, the difference resting more in the attitude toward those excesses than in the excesses themselves.

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But it wasn’t just behaviors in the ’40s that had been changed by the war—behaviors, again, that put the Beats nearer the American mainstream than they seemed ten years later, when On the Road was finally published. Whole environments through which Kerouac moved in his travels had been changed—if not created—by the war. For instance, the Bay Area ghetto in which Kerouac (“Sal”) lives with a buddy for a time, while employed as a rent-a-cop, didn’t exist before the war. Kerouac called this black enclave “Mill City,” but it was actually Marin City (across the Golden Gate from San Francisco and just north of Sausalito), then a collection of hastily constructed dwellings put up at the beginning of the war to house thousands of newly arrived workers at a nearby shipyard. Among them were many African-Americans, whose population in the San Francisco-Oakland area grew sixfold during the war. Los Angeles saw a similar influx of African-American defense workers—as reflected in Chester Himes’s 1945 novel If He Hollers Let Him Go, in which a black machinist, as a wartime expediency, is put in an unaccustomed position of authority in the racially, politically, and (with a certain white Rosie the Riveter) sexually fraught atmosphere of a San Pedro shipyard.

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When the war boom ended and the (mostly white) GIs came home to preferential hiring, these blacks were relegated once more to a poorer, often marginalized existence. But the scale and impact of such migrations went largely overlooked by Kerouac. Like Peter Martin in The Town and the City, he gave little thought to the shifting fortunes of whole human populations, preoccupied as he was with his joyous visions of super-spiritual existence. He described Mill City thus: “It was, so they say, the only community in America where whites and Negroes lived together voluntarily … and so wild and joyous a place I’ve never seen since.” This is classic slumming, oblivious of the fact that blacks at the time didn’t live anywhere “voluntarily” in the sense Kerouac implies. They lived where they were allowed to live, such as in cheap wartime shacks mostly ceded by whites following the peace and the drop-off in local industry, whereas Kerouac and others could pop in voluntarily for a time and admire the beat Negroes with their irrepressible laughter and happiness. As Kerouac writes at one point, “next door … lived a Negro called Mr. Snow whose laugh, I swear on the Bible, was positively and finally the one greatest laugh in all this world.”

To be fair, in “October in the Railroad Earth,” written in San Francisco several years after the travels that made up On the Road, Kerouac did reveal a fleeting, Joycean awareness of the grubbiness and disappointment that attended the large-scale migration of blacks to the West Coast during and after the war. He described a “poor grime-bemarked” street near the city’s Southern Pacific station as a scene of “lost bums,” including black migrants who—having long ago left the East only to find themselves now chronically unemployed—were in the grip of such hopelessness, irresponsibility, and lack of initiative that all they did was “stand there spitting in the broken glass, sometimes fifty in one afternoon against one wall at Third and Howard.”

The entire West Coast, of course, was changed by the war. Washington, Oregon, and California saw population increases ranging from 37 percent to more than 53 percent during the 1940s, and California experienced the greatest population increase of any state that decade, moving it for the first time into the top three in total population. More specifically, the war precipitated a westward migration that eventually (from 1940 to 1970) saw the black population of Los Angles grow tenfold and that of San Francisco-Oakland more than fifteenfold. It’s not too squiggly a line that connects the fleeting defense boom of the ’40s with such defining moments of the ’60s as the Watts Riots and the rise of the Black Panthers in Oakland; not too dim an influence that the boom had on such distinctive postwar artifacts as Sweet Sweetback’s Baadasssss Song (the original blaxploitation film, from 1971, set in and around poverty-stricken black Los Angeles) and “Mau-Mauing the Flak Catchers” (Tom Wolfe’s tragicomic 1970 essay on Bay Area race relations). Kerouac, of course, is not responsible for lack of awareness of future trends and events, even trends that were already somewhat discernible. Perhaps, to borrow from his description of wartime upheavals in The Town and the City, it was all so big that everyone was in it but no one could see it. However, it is a failure of imagination on his part to think that ghetto life was truly as joyous for those who lacked the options available to the free-ranging author. There had, after all, been a significant race riot in Harlem in 1943, touched off by the NYPD’s rumored mistreatment of a black vet. Kerouac, as an on-again, off-again student at Columbia and resident of New York City in the early ’40s, could be expected to have known about that riot.

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An influx of out-of-state Americans (white or black), however, wasn’t the only war-induced demographic change experienced by California and the West in the 1940s. Upon leaving Mill City, Kerouac/Sal headed for L.A. and, en route, hooked up with a Latina named Teresa, with whom he eventually lived for a spell in a San Joaquin Valley encampment near Fresno. There he picked cotton to raise money for a journey east, and for kicks frequented nearby “Mextowns” with Teresa and her brother, Rickey, “a wild-buck Mexican hotcat with a hunger for booze.” There were remnants of the old Dust Bowl migrants thereabouts, the Okies and Arkies famously portrayed in The Grapes of Wrath and After Many a Summer Dies the Swan. But the scene Kerouac describes is populated largely by Mexicans, with a touch of formerly Southern blacks—the predominance of the one and the presence of the other being artifacts of the recent war.

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Mexicans, of course, were not exactly new in Central Valley agriculture, the history of which is a litany of one racial/ethnic/class group after another being recruited en masse and just as summarily dismissed based on harvests, populist resentments, and economic variables. First it was Native Americans and tramps; then Chinese laborers found in surplus after the railroad completion and the Gold Rush exhaustion; then Japanese immigrants; then, in the 1920s, large numbers of Mexicans, roughly 75,000 of them. The arrival of each itinerant, socially disenfranchised group helped depress the local wage base and, when combined with the unseemly poverty that thereby attended the farm-labor community, brought repeated calls from the local working classes for racial and ethnic restrictions, which—if passed—resulted only in the Central Valley growers’ finding another marginalized group to exploit. By the end of the 1920s, the process again repeated itself with importation of Mexicans in such numbers that an agitation emerged to place quotas on Mexican immigration. That prompted the growers to import Filipino workers, some 30,000 by 1930, according to Carey McWilliams in his book California: The Great Exception.

It was the Depression and the Dust Bowl that brought the likes of Tom Joad to the Central Valley, when white laborers suddenly found themselves in surplus. Roughly 350,000 Okies and Arkies, McWilliams noted, entered the agricultural labor pool in California between 1935 and 1938, in the process displacing Latinos and becoming the main focus of local resentment for their grotty, wage-depressing influence.

But this period in California culture, however immortalized in populist lore, was short-lived. The tide soon began to change once more, owing to a series of events related to America’s looming and then actual involvement in World War II. By 1940, Franklin Roosevelt had commenced an arms buildup in anticipation of U.S. war involvement, and the economy began to boom. That same year, Congress passed the first peacetime draft. Both events stirred those Okies and Arkies to rush into the military or to better-paying defense work. In the months following Japan’s December 1941 attack on Pearl Harbor and America’s entry into the war, large-scale growers throughout the West faced an abrupt labor shortage. Filipino agricultural workers had also availed themselves of higher-paying industrial opportunities. And the entire West Coast population of Japanese-Americans (many of them, too, agricultural workers) had been forcibly relocated to the interior.

Produce was rotting on the vine, and ripened crops were being plowed under for lack of harvesting help. The result was the 1942 Mexican Farm Labor Agreement, the first of a series of treaties with Mexico more commonly known as the Bracero Program, by which the federal government sought the return, as provisional guest workers, of those “wetbacks” who had left or been repatriated at the onset of the Depression.

Under the Bracero Program—which, though conceived to address the exigency of food production in wartime, lasted until 1964—an average of 200,000 farm laborers a year were brought into the United States, almost certainly some of them known to Teresa, Rickey, and Sal from the Mextowns in and around Fresno in the late 1940s. Countless more arrived and operated outside the program, sometimes with the help of American agencies willing to make a burlesque of border enforcement for the sake of American business. Untold numbers of these melted away into various other corners of the American economy, thus making room for yet more cheap, politically impotent migrants from south of the border. The rush was contributing to ethnic tensions during Kerouac’s time in the San Joaquin Valley. He describes how Okies at a roadhouse near his and Teresa’s encampment “went mad” one night, tying a man to a tree and lashing him brutally with sticks. “From then on,” Kerouac writes, “I carried a big stick with me in the tent in case they got the idea we Mexicans were fouling up their trailer camp.”

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So great was the demand for north-of-the-border toil at south-of-the-border wage rates that of course Bracero Program quotas couldn’t keep up. Consequently, human trafficking in brown-skinned labor was under way even before the 1940s ended. Such trafficking is the kernel of the crime in Ross Macdonald’s first novel, 1949’s The Moving Target, in which a dubious sun-cult temple atop a southern-California hillside serves as a receiving station for undocumented workers headed into the Bakersfield area.

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The bargain-based attraction of Mexico ran both ways, however, and in the spring of 1950 Kerouac and pals crossed the border themselves, driving south. Beat father figure William S. Burroughs had taken up residence in Mexico City and sent Kerouac a letter touting how far a man could make his dollar go yonder, “including all the liquor he can drink.” The road trip is the centerpiece of Part Four of On the Road, arguably the most Beat section in the book, with the dusty Mexican whores, the boyish excitement over Third World slumming, and the enormous joint the guys all share one afternoon (“the biggest bomber anybody ever saw”). But even here, off in the wilds, Kerouac was within the American zeitgeist. In January of 1948, Life revealed how a certain Mexican university, “accredited under the GI Bill of Rights,” had become a “paradise” to which veterans went to “study art, live cheaply and have a good time.” One of Kerouac’s travel companions, as it happens, had begged his way into the Mexican venture by promising that he could raise a hundred dollars and, once there, “sign up for GI Bill in Mexico City College.”

In fact, Kerouac’s life during On the Road was funded, at least in part, by checks he was receiving in his status as a World War II veteran, though his military service was nearly a farce. He served briefly in the Navy, spending a portion of his enlistment under psychiatric observation, before being discharged (honorably) as ill-fit for military life. (He did, however, undertake two sailings with the merchant marine, and this is hardly to be discounted. The merchant marine’s wartime casualty rate was comparable to that of the Marine Corps, and one of the ships on which Kerouac had sailed was torpedoed on its next outing, with significant loss of life.)

The checks Kerouac received after the war were earmarked for education: “It was over a year before I saw Dean again,” he writes of 1948, at the beginning of Part Two of On the Road. “I stayed home all that time, finished my book and began going to school on the GI Bill of Rights.” But those education checks mostly went to other purposes: “We got ready to cross the groaning continent again,” Kerouac writes elsewhere in Part Two. “I drew my GI check and gave Dean eighteen dollars to mail to his wife; she was waiting for him to come home and she was broke.” Later, when he and the guys were at Burroughs’s place in Louisiana, Kerouac was “waiting for my next GI check to come through.” Then, on the West Coast: “Dean and I goofed around San Francisco in this manner until I got my next GI check and got ready to go back home.” Later, in early 1949, “I had a few dollars saved from my GI education checks and I went to Denver, thinking of settling down there.”

Were it not for government largesse extended to the country’s veterans, On the Road might never have been written, a point Kerouac made—semi-lucidly—in 1969, in “After Me, the Deluge,” when railing against the relativism and anti-
establishmentarianism of kids those days:

So who cares anyhow that if it hadn’t been for western-style capitalism so-called (nothing to do with the black market capitalism in Jeeps and rice in Asia), or laissez-faire, free economic byplay, movement north, south, east, and west, haggling, pricing, and the political balance of power carved into the United States Constitution and active thus far in the history of our government, and my perfectly recorded and legitimatized United States coast guard papers, just as one instance of arch (nonanarchic) credibility in our provable system, I wouldn’t have been able or allowed to hitchhike half broke thru 47 states of this Union and see the scene with my own eyes, unmolested?

Of course, 25 years before, Kerouac was present at what was arguably the birth of that very anti-establishment, and his feelings then were a little more mixed. The later stretches of The Town and the City find Peter Martin in New York City in 1944, where he reunites socially with a charismatic acquaintance from his college days, the poet Leon Levinsky (Allen Ginsberg). Levinsky is full of loquacious enthusiasm for the coming day when everybody “is going to fall apart, disintegrate” and “all character-structures based on tradition and uprightness and so-called morality will slowly rot away.” He calls this eagerly anticipated event “the great molecular comedown.”

More to Levinsky’s taste is the milieu occupied by their mutual acquaintance Will Dennison (Burroughs), a heroin addict whose apartment is “overrun with people who dash about getting morphine prescriptions from dishonest doctors.” Dennison shares the apartment with his sister, who takes benzedrine to stay alert and help run the “madhouse,” including caring for Dennison’s child. “You’ve got to see it,” Levinsky remarks, “especially Dennison with his baby son in one hand and a hypo needle in the other, a marvelous sight.” Although Peter disagrees that it sounds marvelous, he otherwise skips right past that disturbing image to inquire after Dennison’s wife.

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Peter also makes the mistake of likening Levinsky to a childhood friend from Galloway named Alexander Panos (Kerouac’s real-life Lowell friend Sebastian Sampas, a budding poet who enlisted in the Army and was eventually killed in the Italian campaign). To this well-intended comparison Levinsky responds with a hauteur that the world would eventually come to recognize in Ginsberg but that Peter, in Kerouac’s words, met only with “smiling indulgence.” Dismissing Panos’s “social conscience bleatings about the brotherhood of man,” Levinsky, with no protest from Peter, goes on to denounce Panos as a “smalltown Rupert Brooke,” a “joy-and-beauty poet of the hinterlands.”

It’s all the more interesting to note, then, that Kerouac’s voluminous correspondence—compiled, edited, and (in 1995) published by biographer and scholar Ann Charters—reveals the young Kerouac to have been much less forbearing toward Ginsberg than Peter Martin was toward Leon Levinsky. When Ginsberg dared reproach Kerouac for his own “peckerhead romanticism,” Kerouac, in a letter to Ginsberg dated August 23, 1945, replied by calling Ginsberg “unutterably vain and stupid,” after also having run down Burroughs and several other personalities from that scene, following a social event that Kerouac had found particularly distasteful.

Roughly two weeks later, in a follow-up letter to Ginsberg, Kerouac clarified his reaction to the Burroughs event, which he called “la soirée d’idiocie.” Referring obliquely to his own Catholic, conservative youth, he remarked, “You understand, I’m sure. Remember that the earlier part of my life has always been spent in an atmosphere vigorously and directly opposed to this sort of atmosphere … It automatically repels me, thereby causing a great deal of remorse, and disgust.” Having admitted his own ingrained prejudice, he then issued a far more elegant indictment of the anti-establishment than he was ever able to muster in his wretched, reactionary final years under the influence:

There is a kind of dreary monotony about these characters, an American sameness about them that never varies and is always dull … Like a professional group, almost. The way they foregather at bars and try to achieve some sort of vague synthesis between respectability and illicitness … That is annoying, but not half so much as their silly gossiping and snickering.

Warming to his irritation, and addressing the hauteur to which Ginsberg was prone to subject him, Kerouac offered this valediction:

There’s nothing that I hate more than the condescension you begin to show whenever I allow my affectionate instincts full play with regard to you; that’s why I always react angrily against you. It gives me the feeling that I’m wasting a perfectly good store of friendship on a little self-aggrandizing weasel. I honestly wish that you had more essential character, of the kind I respect. But then, perhaps you have that and are afraid to show it. At least, try to make me feel that my zeal is not being mismanaged … as to your zeal, to hell with that … you’ve got more of it to spare than I. And now, if you will excuse me for the outburst, allow me to bid you goodnight.

Yet this is the company he kept for what were his most productive and successful years—years when, under the guise of his various alter egos (Peter Martin, Sal Paradise, etc.), Kerouac feigned impressionability, his fictionalized selves shambling with childlike curiosity after one countercultural dynamo or another, thereupon to record their antics as something vitally American. To quote Sal Paradise, “the only people for me are the mad ones, the ones who are mad to live, mad to talk, mad to be saved, desirous of everything at the same time, the ones who never yawn or say a commonplace thing, but burn, burn, burn like fabulous yellow roman candles exploding like spiders across the stars and in the middle you see the blue centerlight pop and everybody goes ‘Awww!’” Yet here again is Kerouac in that follow-up letter to Ginsberg in 1945 in which he recounted how repellent but also commonplace he found Burroughs’s social scene: “Strangely, the thing that annoys me the most is the illusion everyone has that I’m torn in two by all this … when actually, all I want is clear air in which to breathe, and there is none because everybody’s full of hot air.”

So much for mad talk and roman candles.

Thus, although he was right about the deluge, Kerouac was wrong (and evasive) about the sequence. The anti-establishment he bemoaned didn’t come after him, in the late 1960s or even the late 1950s. He helped conjure it into being as early as the mid-1940s, with the friends he kept and the stories he told, which began appearing in print in 1950. He denounced the hippies as so many bastard children of his misapprehended innocence. But his innocence was always a literary stratagem. The problem wasn’t that everyone misapprehended it but that we all fell for it in the first place.

Jon Zobenica’s writing has appeared in The Atlantic Monthly, The American Scholar, and The New York Times Book Review.

vendredi, 26 mai 2017

America’s Culture War On Russia

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America’s Culture War On Russia

 

The other day on this blog, in a discussion of Team Trump’s dodgy relations with Russian officials, I described Russia as a “hostile foreign power.” Some of you objected to that, saying that Russia is actually friendly. That’s simply not true. I mean, I wish the US and Russia were more friendly, but we are hostile foreign powers to each other. After all, it was the United States that pushed post Cold War NATO to the Russian border. Maybe we had good reasons for that (or not), but there’s no rational way for the Russians to see it other than a hostile act.

In The Atlantic last week, Sigal Samuel wrote about Russian (and Eastern European) anxiety about America’s hostility on the culture war front:

In many Central and Eastern European countries, people are concerned about America’s influence on Russia and on their own nations—and they want Russia to push back, according to a major new Pew Research Center survey.

The results of the survey—released, by coincidence, just hours after Russian Foreign Minister Sergei Lavrov visited the White House and jokedabout Comey’s firing—reveal that in most nations with Orthodox Christian majorities, Russia is seen as an important buffer against the influence of the West. Because the study was conducted between June 2015 and July 2016, before Trump’s election, it does not capture any shifts in public opinion that his administration may have provoked. Still, the survey offers illuminating insights into how America is perceived, and about how those perceptions correlate with religious identity.

There are complex reasons why the Orthosphere nations see the West as a threat, including economic ones. However:

But the perception of clashing values goes beyond different economic models. Pheiffer Noble added that there is a widespread sense among Russians that they are safeguarding civilization, be it through the conservative gender norms and sexual norms they advocate, the literature they produce, or the soldiers they send off to war in every generation. “In Russian culture, they have their canon, and their canon is pretty impressive,” she said. “They’ve got Tolstoy and Dostoevsky. They’ve got iconography. They’ve got the idea of suffering as a cultural value—and they feel like they’re also winning at that.”

Sergei Chapnin, the former editor of the official journal of the Russian Orthodox Church, agreed that many Russians feel their country is both integral to European culture and superior to it. (Indeed, 69 percent say their “culture is superior to others,” the survey shows.) “We have a desire to cooperate with Europe and to call Europe an enemy,” he said. “These exist at the same time in the mass consciousness in Russia.” But he also warned that “politicians manipulate” this psychological tension, appealing sometimes to pro-Western feeling and sometimes to anti-Western feeling, in order to serve their own purposes.

Well, sure. But that doesn’t mean the psychological and cultural tensions aren’t real, and important. It’s very difficult for Americans to think of ourselves as anything but bearers of light and goodness to the nations of the world. Along those lines, many of us (especially secular liberals) see resistance to American values — and, more broadly, secular Western values — as a sign of irrational prejudice. The presumption that Western values are universal values is very strong.

These values are globally powerful not so much because they are true (though they may be), but because they are borne by the most economically and culturally powerful nations on earth, especially the United States. Ryszard Legutko, the Polish Catholic political philosopher, writes about how Western liberalism has come to mimic the coercive and unjust ways of the communism it displaced in Eastern Europe. Cultural imperialism is a real thing, and it is no less imperialistic because it hides its aggressiveness from the aggressors. As Legutko puts it, “The liberal-democratic man, especially if he is an intellectual or an artist, is very reluctant to learn, but, at the same time, all too eager to teach.”

When it comes to Orthodox Christianity and Orthodox Christian peoples, many Westerners assume that the Orthodox are just like our Christians, except they use more incense and come in more pronounced ethnic flavors. I used to be this way too, before I entered Orthodoxy in 2006. At that time, a fellow convert in my parish told me to be patient, that it would take at least a decade for my mind to begin thinking like an Orthodox Christian. I didn’t understand that. I thought it would simply be a matter of getting used to a few doctrinal changes, and a different way of worship. Not true. Orthodoxy is not so much a set of propositions as it is a way of being in the world — a way that has for the most part not been conditioned by the experience of modernity, as Western Christianity has.

I’m not here to argue whether that’s a good or a bad thing, though I think it’s mostly a good thing. My point is that Orthodox Christian civilization is meaningfully different from Western civilization, which assumes that liberal individualism is the correct social model.

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In the US, for example, our religious culture has been dramatically shaped by Evangelical Protestantism, the Enlightenment, and capitalism — all modern phenomenon that understand religion in individualistic, voluntary terms. Orthodox cultures have a much more traditional form of Christianity and morality, and see religion in far more communal terms — as it was seen in the West prior to the Reformation and the Enlightenment. Patriarch Kirill, the head of the Russian Orthodox Church, has correctly described the basic principle of Western cultural life today as affirming the individual’s freedom of choice, which includes diminishing the role of religion in public life. Kirill continued:

We cannot say that we live in a completely peaceful environment. Today there are battles without roar of guns, and the enemy who threatens us does not visibly cross our borders. However, we are all involved into what the Orthodox tradition calls ‘the invisible battle’. Everyone today is involved in this battle. We are offered a chaos, but we should not be bought by these recommendations and should not participate in the creation of chaos … We are offered sin, a destruction of the moral foundations.

In an academic paper about differences between the West and the Orthodox East on the meaning of human rights, law professor Mark Movsesian has written:

The [Russian Orthodox Church’s social teaching’s] ambivalence about individual rights and its emphasis on the religious community reflect central themes in Orthodox thought, which distrusts Western-style individualism. It is not simply a matter of rejecting the “excesses of individualism” in the matter of Western communitarian scholars. Orthodoxy often expresses discomfort with the very idea of the autonomous individual as a rights-holder. Orthodox thought emphasizes the relational self: a person is defined by relationship to others in the body of the Church. As Daniel Payne writes, “the Orthodox tradition understands the human being ecclesially rather than individualistically.” As a consequence, the tradition has a problem with the idea of individual rights in the Western manner. “[I]f there is any concept of rights in Orthodox political culture,” Payne explains, it is not individual rights, but “group rights.”

Moreover, Orthodox thought conflates religious and national identities in a stronger way than in the West. To be sure, religion can serve as a marker of national and cultural identity in the West as well; consider Italy and Poland. And citizenship in Orthodox countries is not directly tied to religion; as a formal matter, one can be a Russian citizen and not an Orthodox Christian. But religion and nationality are intertwined in a particularly powerful way in the Orthodox world. In Russia, for example, it is a “widely accepted idea”—“shared by politicians, intellectuals and clergy”—that Orthodoxy is the fundamental factor in national identity. Other historical and ethnic factors pale in comparison. The same may be said for other Orthodox countries, like Greece.

This is hard for Westerners — including Westerners like me, who have converted to Orthodoxy — to grasp. I bristle, for example, at restrictions on religious liberty in Russia, in particular on the freedom of minority forms of Christianity. But this is because I have a Westernized view of how religion relates to society. As Movsesian says elsewhere in the same law journal paper (for which there is no link), the Catholic Church’s current teaching on religious liberty is also informed by modernity’s individualism.

My point in this blog entry is not to argue for the superiority of one model over the other. I think both have their strengths and weaknesses. I do want, however, to point out that when Orthodox countries reject liberal Western ideas (e.g., gay rights, religious liberty), they are not necessarily doing so out of bigotry, but because they have a fundamentally different view on what the human person is, what the church is, and what society is. They see the West’s war on their traditions in the name of secular liberalism as an act of aggression — and they’re right. Many of us Westerners regard our actions instead as human rights activism, as fighting for basic liberties against structures of bigotry. But doing so requires accepting the modern Western way of seeing the world as normative — and assuming so is an act of cultural imperialism.

Hey, sometimes cultural imperialism is defensible. It was a very good thing, for example, that the colonizing British in the 19th century put an end to the ancient Indian practice of suttee (widow-burning). Even so, we should practice self-awareness when we are being cultural imperialists, and understand how our cultural hegemony appears in the eyes of other civilizations.

Contemporary America most fundamentally operates on the principle elucidated by Justice Anthony Kennedy in the 1992 Planned Parenthood v. Casey opinion:

At the heart of liberty is the right to define one’s own concept of existence, of meaning, of the universe, and of the mystery of human life.

Leaving aside the legal and philosophical incoherence of this statement, and the coercion it conceals, it is nevertheless an accurate précis of the way Americans think about the relationship between society and religion, or any other source of transcendent meaning. Orthodox countries rightly reject it, because it is profoundly untrue to their own traditions and ways of living. To the Orthodox mind, what Kennedy proposes here is not liberty at all, but a form of bondage. Again, I’m not trying to convince you that the Orthodox view is correct, but only to point out that when Orthodox countries push back against Western “human rights” activists, it is a matter not only of self-defense, but defending themselves against what they genuinely believe to be lies that will destroy the fabric of society.

 

Macron : un cheval de Troie américain au Palais de l’Élysée

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Macron : un cheval de Troie américain au Palais de l’Élysée

Auteur : Wayne Madsen 
Ex: http://zejournal.mobi 
 
Le nouveau président français, Emmanuel Macron, qui a été poussé dans la course présidentielle française en tant que contrepoids pro-Union Européenne pour empêcher l’élection de la leader du Front National Marine Le Pen, semble avoir plus qu’une relation décontractée avec les États-Unis. Alors qu’il travaillait au sein du ministère de l’Économie, successivement comme inspecteur spécial et comme ministre, Macron a supervisé le vol virtuel des industries françaises stratégiques, par des entreprises américaines ayant des liens solides avec la communauté américaine du renseignement.

Le piratage des ordinateurs du mouvement de campagne En Marche ! de Macron par des hackers inconnus a fourni un matériel intéressant. Les défenseurs de Macron affirment que les fichiers informatiques publiés sont soit faux, soit des informations externes. Cependant, un ensemble de fichiers portant sur le vol virtuel du géant de la technologie de l’information en France, par des personnes connectées à la CIA, est exactement le type de fichiers que l’on s’attend à trouver lors de la campagne de Macron. Le premier travail de Macron dans le gouvernement français était de protéger les intérêts des entreprises françaises de la concurrence et surtout des acquisitions étrangères.

Le travail des services de renseignement américains pour acquérir le leader de la technologie des cartes à puce français Gemplus International a débuté en 2001 et l’opération était en grande partie terminée en 2004, l’année où Macron est devenu inspecteur des finances au ministère de l’Économie française. L’industrie française a longtemps été une cible pour la surveillance et / ou l’acquisition par des entreprises américaines. La CIA a joué un rôle important dans ces opérations de guerre économique. Par exemple, la société française d’électronique Thomson-CSF était une cible majeure pour l’Agence de sécurité nationale des États-Unis (NSA) et la surveillance de la CIA.

Les documents concernant la reprise réussie de Gemplus, ainsi que sa principale usine de Gemenos, Bouches-du-Rhône, en France, par une firme américaine appelée Texas Pacific Group (TPG), sont inclus dans la tranche de fichiers extraits des ordinateurs de En Marche ! TPG a d’abord acquis des actions Gemplus en février 2000. En 2006, Gemplus a fusionné avec Axalto pour former Gemalto, et le contrôle effectif des États-Unis sur l’entreprise est alors devenu total.

En septembre 2002, Alex Mandl, un Américain originaire de Vienne, en Autriche, et ancien président d’AT & T, président et directeur de Teligent, membre du conseil d’administration de la société de capital-risque IN-Q-TEL de la CIA et membre du conseil d’administration du néoconservateur American Enterprise Institute, a été nommé PDG de Gemplus International. Il continue en tant que président exécutif de Gemalto.

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À la suite de la divulgation de l’ancien contractant de la NSA Edward Snowden, on sait maintenant que le Siège des communications du gouvernement britannique (GCHQ), travaillant avec la NSA, a pénétré avec succès les cartes SIM utilisées par Gemalto. Le GCHQ / NSA a réussi à intercepter les communications mobiles en utilisant des cartes SIM Gemalto activées par cryptage en Afghanistan, au Yémen, en Inde, en Serbie, en Iran, en Islande, en Somalie, au Pakistan et au Tadjikistan. L’attaque GCHQ-NSA a également visé les centres de personnalisation de cartes SIM Gemalto au Japon, en Colombie et en Italie. Le hack NSA / GCHQ des chips SIM de Gemalto par leur équipe conjointe d’exploitation de combinés mobiles (MHET) représente peut-être la plus grande opération d’interception de la NSA dans l’histoire, qui a vu des milliards d’appels mobiles et de messages texto interceptés et décodés par la NSA et son partenaire britannique. Plus grave est l’inclusion des données d’identification de la carte SIM de Gemalto dans la base de données de la CIA contenant les numéros des téléphones cellulaires ciblés par les frappes de drones américaines.

Les documents internes de En Marche ! identifient quatre agences gouvernementales françaises qui ont mené des enquêtes sur la prise de contrôle de Gemplus. Ce sont les Renseignements généraux (RG), la Direction de surveillance du territoire (DST), le ministère de l’Industrie et le ministère de l’Économie de Macron.

La presse française aux ordres, qui a encensé Macron, un ancien banquier de Rothschild, décrit les documents Gemplus comme n’ayant rien à voir avec Macron. Les médias français font valoir que Macron était un simple élève de l’École nationale d’administration (ENA), l’élite de l’administration publique française, jusqu’à ce qu’il soit diplômé en 2004. Cependant, comme le montrent clairement les documents divulgués, la prise de contrôle de Gemplus était toujours menée par le gouvernement français, lorsque Macron est devenu inspecteur au sein du ministère de l’Économie en 2004. Comme le rôle de Macron était de s’assurer que les entreprises françaises étaient à l’abri des tentatives étrangères visant à bloquer la croissance économique française, sa performance, comme en témoigne la perte des emploi français au profit d’intérêts étrangers, a été consternante.

Il est très probable que les dossiers de En Marche ! sur la prise de contrôle de Gemplus avaient pour but d’avoir des informations de sauvegarde à disposition, au cas où le rôle de Macron dans la dissimulation des détails de la reprise américaine de Gemplus devait devenir public. Tout parti politique doit être prêt à faire face aux révélations exposées par les inquisitions de l’opposition concernant ses candidats. Il est également à noter que quelques-uns des éléments publiés par En Marche ! déclaraient que la politique de Macron était de surveiller, mais pas d’empêcher, l’appropriation d’industries et d’entreprises françaises stratégiques par des firmes étrangères.

En 2008, Macron a quitté le gouvernement pour rejoindre la Banque Rothschild & Cie. Il est également devenu chef de file dans la Fondation franco-américaine (FAF), largement néoconservatrice, qui compte parmi ses collègues Hillary Clinton, le général Wesley Clark et l’ancien président de la Banque mondiale, Robert Zoellick.

La question pratique concernant Macron est la suivante : qu’est-ce qu’il savait de la prise de contrôle de Gemplus et quand l’a-t-il su ? Les fichiers Gemplus de En Marche !, contenus dans un dossier intitulé Macron, et traitant de la prise de contrôle par les Américains, ressemblent à un roman d’espionnage à la John LeCarré.

Un fichier, marqué Confidentiel, et envoyé à Stefan Quandt, de la famille milliardaire Quandt, propriétaire des firmes renommées BMW et Daimler en Allemagne, se préoccupe de la dépréciation de la valeur des actions de Gemplus en 2001, dans le contexte de « relations et d’affrontements extrêmement tendus entre les personnes principales aux échelons supérieurs et la rupture de la communication avec le personnel. En conséquence, la majeure partie d’entre eux est complètement démotivée aujourd’hui ».

En tant qu’inspecteur au sein du ministère de l’Économie, il est étonnant que Macron n’ait pas été au courant de la violation de la loi française qui a eu lieu avec la reprise américaine de Gemplus. Ceci est également décrit dans un autre fichier Gemplus de sa campagne, se focalisant sur la situation concernant Gemplus après la prise de contrôle par les US : « Les déclarations irresponsables, souvent suivies par des revirements sur les fermetures de sites et le licenciement du personnel, avant même de consulter leurs représentants (comme le requièrent la loi et le bon sens) ».

Les Quandt sont très timides et ont une bonne raison pour cela. Günther Quandt a fabriqué des fusils Mauser et des roquettes antiaériennes pour le Troisième Reich. Il a divorcé de sa première épouse, Magde Quandt, après avoir eu un enfant, Harald Quandt. Magde a ensuite épousé le ministre de la Propagande nazie Joseph Goebbels. Stefan Quandt, qui a participé à la reprise de Gemplus, est le fils d’Herbert Quandt , qui est le demi-frère de Harald Quandt.

Les informations négatives sur Gemplus ont abouti à un rapport de Goldman Sachs du 24 janvier 2002, qui a exhorté l’entreprise à continuer sa restructuration, dirigée par les Américains, pour maintenir la santé du marché. Bien qu’il ait été étudiant à l’ENA à l’époque, il y a peu d’informations sur les projets auxquels Macron a été affecté de 2001 à 2003 par ses professeurs de service civil.

D’autres fichiers liés à Gemplus dans le dossier En Marche ! concernent l’une des vedettes de Gemplus, Ziad Takieddine, un courtier en armes druze franco-libanais et diplômé de l’Université américaine de Beyrouth, liée à la CIA. Takieddine a aidé à concevoir la reprise américaine de Gemplus, avec l’aide de Stefan Quandt. Takieddine a aidé à conclure des accords majeurs de vente d’armes françaises avec la Libye, la Syrie, l’Arabie saoudite et le Pakistan. Accusé de blanchiment d’argent dans les îles Vierges britanniques par son ex-femme, Takieddine est également l’oncle d’Amal Alamuddin, la femme de l’acteur George Clooney. Takieddine est aussi un amer ennemi politique de l’ancien président Nicolas Sarkozy, qui a perdu la primaire de la course à la présidentielle en 2017 contre son rival conservateur François Fillon. Macron a marginalisé Fillon au premier tour de l’élection présidentielle, arrivant en deuxième position devant lui.

Takieddine, Quandt et une société suspecte de la CIA, Texas Pacific Group (TPG), faisaient clairement partie d’un complot pour se débarrasser du cofondateur français de Gemini, Marc Lassus, et des cadres français de l’entreprise. La décision de licencier Lassus et ses collègues français a été prise lors d’une réunion du conseil d’administration de Gemplus qui s’est tenue à Washington, et non en France, le 15 décembre 2001. Un autre acteur important dans la reprise américaine de Gemplus était Lee Kheng Nam, un dirigeant d’affaires de Singapour et titulaire d’un diplôme en recherche opérationnelle et analyse systémique de l’École de troisième cycle de la marine américaine à Monterey, en Californie. Le cofondateur de TPG, David Bonderman, de Fort Worth, au Texas, a également été fortement impliqué dans la prise de contrôle hostile de Gemplus. L’acquisition de Gemplus par TPG a été menée à travers une société fantoche, coquille vide pratiquement inconnue, enregistrée à Gibraltar qui s’appelait Zensus. Bonderman, qui est juif, a provoqué un soulèvement politique en 2012 en Égypte, lorsqu’il a rencontré Khairat El-Shater, le chef-adjoint des Frères musulmans et membre du gouvernement de Mohamed Morsi. Bonderman a déclaré qu’il cherchait des « opportunités d’investissement » en Égypte.

Dans un document Word non daté, trouvé dans les ordinateurs de En Marche ! , Lassus cite : «Je suis convaincu que la société d’investissement TPG avait une forme d’accord avec son gouvernement [US, NdT] pour déménager le siège social en Californie. Ils ont essayé à nouveau en janvier 2002». Les syndicats ouvriers de Gemplus ont prédit que la production de l’entreprise passerait de la France à la Pologne. Le plus grand syndicat français, la CGT, a déclaré que le but de la reprise de Gemplus était de dépouiller la France de son leadership technologique sur les cartes à puce. Gemplus employait 7 000 travailleurs français, avant sa prise de contrôle par les Américains. Le document Word non daté fait également référence aux agences gouvernementales françaises ayant « lancé des enquêtes » et recherché des « informateurs internes ». Macron a-t-il joué un rôle, soit dans les enquêtes menées par le ministère de l’Économie, soit dans la dénonciation des  « informateurs internes » de Gemplus à ses amis américains ?

Lorsque la firme américaine General Electric a repris la société française Alstom, productrice de turbines et spécialisée dans les technologies nucléaire, le ministre de l’Économie de l’époque, Macron, a déclaré qu’il avait approuvé ces prises de contrôle, parce que « l’intervention de l’État dans l’industrie ne se produit qu’au Venezuela ». Cette remarque est parvenue comme une musique très douce, aux oreilles des milliardaires de l’administration Donald Trump.

Traduit et édité par jj, relu par nadine pour le Saker Francophone

jeudi, 25 mai 2017

Donald d'Arabie: dégoûtant spectacle

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Donald d'Arabie: dégoûtant spectacle

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Dégoûtant. C'est ainsi que Justin Raimondo, combattant américain inlassable contre le système imposé par la Maison Blanche, le département de la Défense et Wall Street, qualifie la visite de Trump au roi Salman d'Arabie saoudite.
 
Pour plus de détails, voir http://original.antiwar.com/justin/2017/05/21/donald-of-a...

Philippe Grasset reprend le propos dans un article également écœuré http://www.dedefensa.org/article/telerealite-pour-vomir . « Voir Trump se pavaner au milieu de la richissime pourriture du cloaque saoudien, avec ses deux ravissantes (Melania et Ivanka) célébrant la façon dont les femmes sont traités dans le royaume ; la facture du déplacement ($350 milliards de quincaillerie militaire) immédiatement signée, sinon payée ; puis la visite en Israël, avec le gros Donald devant le Mur des Lamentations ; tout cela, enfin, entrecoupé par un discours incroyablement haineux à l'encontre de l'Iran bien dans l'esprit trumpiste (encore des promesses de tension pour un conflit que l'esprit du temps avec sa tumeur maligne en guise d'esprit attend avec tant d'impatience), ce discours assorti de l'exaltation d'une coalition antiterroriste des pays musulmans notoirement soutiens financiers et logistiques  du terrorisme.. ».

Ajoutons pour notre part, à l'attention de ceux pour qui le séjour de Trump à Jérusalem, puis auprès de Mahmoud Abbas à Bethléem, pourrait permettre de faire avancer la question palestinienne sans compromettre les intérêts vitaux d'Israël, qu'ils sont dans l'erreur la plus complète. Derrière le discours convenu selon lequel l'Amérique continuera à défendre la création de deux Etats, il n'a proposé aucune solution nouvelle concernant notamment les questions de la coexistence pacifique entre Palestiniens et Israéliens, ou celle, désormais insoluble, de la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie.

Dans le même temps, ses attaques renouvelées contre l'Iran qu'il ne cesse d'accuser de financer le terrorisme, et ses menaces permanentes de guerre contre Téhéran, ne peuvent qu'encourager l'Arabie Saoudite et les pétromonarchies à financer le terrorisme sunnite et la guerre meurtrière au Yémen, provoquant des milliers de morts et une famine touchant désormais des centaines de milliers de personnes.

Comme toujours à la fin d'articles de ce genre, nous ne pouvons que déplorer l'absence totale de la diplomatie des pays européens, face à des propos américains qui nécessairement encourageront le terrorisme frappant l'Europe, à l'exemple de l'attentat du 22 mai à Manchester.

Trump à Riyad: la guerre à l'Iran

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Trump à Riyad: la guerre à l'Iran

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Personne ne s'est étonné, sinon indigné, de voir Trump réserver sa première rencontre à l'étranger au pire des régimes finançant partout le terrorisme et la guerre, l'Arabie saoudite. Normalement, un président américain va d'abord soit au Canada, soit au Mexique. S'il franchit l'Atlantique, il se rend en Europe, par exemple à Bruxelles ou Berlin.
 
C'est que Trump (drôlement surnommé par Pepe Escobar dans l'article référencé ci-dessous, Abu Trump al Amriki, Trump l'Américain), attend de Riyad d'importants contrats d'armement, ainsi qu'un appui dans la lutte contre le terrorisme. Ces contrats rendront évidemment service à l'industrie militaire américaine, mais tout laisse craindre que les armements fournis aillent renforcer les pays sunnites dans leur lutte contre l'Iran. 

Dans ce sens, le dimanche 21 mai, Trump  a prononcé un discours sur l'islam devant les représentants d'une cinquantaine de nations musulmanes, dont 37 chefs d'État ou de gouvernement. Beaucoup d'observateurs craignaient qu'il ne se laisse engager dans une improvisation dont il a le secret, aux conséquences pouvant être catastrophiques. Ceci n'a pas été le cas. Il s'est tenu au discours qui avait été préparé pour lui.

Il a exhorté les pays musulmans à n'offrir aucun "refuge aux terroristes" et a annoncé un accord avec les pays du Golfe pour lutter contre le financement du "terrorisme". "Il s'agit d'une bataille entre des criminels barbares qui cherchent à éradiquer la vie humaine et des gens bien de toutes les confessions qui cherchent à la protéger", a-t-il déclaré. Par ailleurs, il a invité les pays arabes à compter avant tout sur eux-mêmes.

« Les nations du Proche-Orient ne peuvent attendre que la puissance américaine écrase cet ennemi à leur place » a-t-il dit : « Nous ne sommes pas ici pour donner des leçons, nous ne sommes pas ici pour dire aux gens comment ils doivent vivre, ce qu'ils doivent faire, qui ils doivent être ou comment prier,et cela demande de se montrer soudés face aux meurtres de musulmans innocents, à l'oppression des femmes, à la persécution des juifs et au massacre de chrétiens ».

Rien à objecter. Cependant, comme l'on pouvait s'y attendre, il n'a pas convié l'Iran à cette lutte contre le terrorisme. Il l'a au contraire entre les lignes assimilée à ce terrorisme. Nous avions énuméré dans un article précédent les nombreuses raisons qui opposent les intérêts américains à ce pays, y compris les pressions d'Israël 1).

Ceci veut dire que si le discours de Trump a apparemment séduit les gouvernements arabes sunnites réunis à Riyad, c'est parce qu'il a annoncé implicitement une participation accrue des Etats-Unis à la lutte contre l'Iran. Compte tenu des liens solides de ce pays avec la Russie, Trump a été perçu comme encourageant une mobilisation accrue du monde arabe, non seulement contre l'Iran, mais contre ses alliés dans le monde chiite et indirectement, contre la Russie.

Plus que jamais, Donald Trump s'est donc comporté de façon irresponsable au plan géostratégique. Moscou ne manquera pas de le souligner 2). Les pays européens devraient réagir, compte tenu des perspectives que leur offre une ouverture diplomatique plus grande à l'égard de Téhéran. Mais on peut craindre qu'ils n'en fassent rien. Eux aussi sont intéressés par les pétro-dollars de l'Arabie.

Notes

1) Réélection de Hassan Rohani en Iran http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2569...

2) Voir aussi de Pepe Escobar https://sputniknews.com/columnists/201705201053811797-abu...

samedi, 20 mai 2017

La NSA, fléau mondial

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La NSA, fléau mondial

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

La cyber-attaque qui a infecté cette dernière semaine 200.000 ordinateurs dans le monde entier serait due selon les experts en cyber-sécurité à un ransomware nommé Wannacrypt. Tout laisse craindre que cette attaque ne se renouvelle en s'amplifiant cette semaine.

On nomme ransomware un logiciel malveillant (malware) qui crypte les fichiers d'un ordinateur infecté, et demande une rançon en Bitcoin pour en restaurer l'accès. Nul en principe ne connait les bénéficiaires de cette rançon, puisque le bitcoin est une monnaie virtuelle dont les mouvements peuvent être cryptés. On peut penser cependant qu'avec les moyens dont ils disposent, les gouvernements pourraient identifier ces bénéficiaires, s'ils existaient vraiment. Mais existent-ils réellement ? Peut-être s'agit-il de créations virtuelles inventées par les malwares.

On pouvait s'attendre à ce que la Russie soit accusée d'être derrière cette attaque, comme elle l'a été à propos des fichiers du Democratic National Committee soutien de la candidature d'Hillary Clinton et de John Podesta, l'un de ses agents. Ces documents ont considérablement gêné la candidature de Hillary Clinton en montrant d'une part les manœuvres par lesquelles celle-ci avait déconsidéré son rival au sein du parti démocrate, Bernie Sanders, et d'autre part comment la candidate s'était mise au service de Wall Street et plus particulièrement de Goldman Sachs. On peut penser que ces révélations, diffusées par Wikileaks, avaient favorisé l'élection de Donald Trump.

Or comme Trump avait été accusé par les services de renseignement d'être une marionnette dans les mains de Vladimir Poutine, la fuite a-t-on assuré ne pouvait que provenir de Moscou. Cependant, malgré tous leurs efforts, les services américains avaient été incapables de prouver l'interférence de Moscou dans le processus électoral ayant finalement abouti à l'élection de Trump. L'un des arguments employés contre Moscou était que le piratage (hacking) était si sophistiqué qu'il ne pouvait que provenir d'un grand Etat, en l'espèce la Russie.

Aujourd'hui par contre les divers services de sécurité informatique n'ont mis que quelques heures pour penser pouvoir identifier l'auteur de l'attaque. Il s'agirait d'une organisation criminelle encore non identifiée utilisant des outils développés par la NSA, sous le nom de code Eternal Blue, afin d'attaquer les ordinateurs des Etats et organisations que la NSA a décidé d'espionner pour son propre compte. Malheureusement pour la NSA, ces outils auraient été piratés par un groupe de hackers jusqu'ici anonymes connus sous le nom de “Shadow Brokers.”

Ceux-ci seraient-ils des agents de la NSA elle-même, devenus criminels pour leur propre compte ? S'agit-il de cyber-criminels venus de l'extérieur ? Peu importe. Le point important, qui devrait être souligné avec plus de véhémence par les victimes de ces cyber-attaques, est que la NSA par sa puissance et par sa volonté d'infiltrer tous les systèmes informatiques, amis comme ennemis, se révèle être une menace contre la sécurité de l'ensemble des réseaux numériques mondiaux. Ni la Russie ni la Chine ne disposent à ce jour d'une arme de cette puissance.

Or ni le gouvernement américian, ni aucun autre gouvernement, ne se déclare désireux de mettre un terme aux activités de la NSA. Si pourtant celle-ci continue d'avoir les mains libres pour espionner le monde entier avec ses malwares, on peut être certain que la dernière cyber-attaque sera suivie par de nombreuses autres, de plus en plus graves. L'appel lancé à une plus large utilisation de logiciels de cryptage n'aura guère d'effets. Ceux-ci pourront facilement être contournés par les puissants moyens dont dispose la NSA.

Ce service deviendra-t-il le nouveau maître du monde?

Note

Sur la cyber-attaque, voir Mediapart https://blogs.mediapart.fr/ivan-kwiatkowski/blog/130517/q...

vendredi, 19 mai 2017

Emmanuel Macron et la soumission de la France aux Etats-Unis

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Emmanuel Macron et la soumission de la France aux Etats-Unis

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Le nouveau gouvernement français désigné par Emmanuel Macron comporte certes des personnalités intéressantes. Mais la ligne politique de ce gouvernement et sa marge de manoeuvre dépendront du résultat des élections législatives du 18 juin
 Selon le poids et la nature de l'opposition à Macron qui en résultera, le programme de celui-ci, au plan intérieur, pourra plus ou moins bien être appliqué. De toutes façons, tout laisse penser qu'il sera plus orienté à droite qu'à gauche. La France en Marche a beau vouloir refuser le recours à ce qu'elle prétend être une terminologie dépassée, l'opinion continuera à reconnaître les différences entre la droite et la gauche. Ainsi une législation du travail faisant comme il est prévisible une large part aux exigences du MEDEF et du CAC 40, au détriment des intérêts des salariés, sera sans ambiguïté ressentie comme de droite.

Mais la question n'est pas là. La vraie question concerne le positionnement de la France au plan international. Ceci tant en ce qui concerne l'Union européenne que dans le domaine des relations avec les Etats-Unis et la Russie. En ce qui concerne l'Union, nous avons précédemment indiqué que malgré les demandes de la France, renouvelées lors de la dernière entrevue à Berlin Merkel-Macron, rien ne changera. L'Allemagne continuera à refuser toute politique visant à relancer l'économie française par des investissements industriels européens, comme à protéger l'économie, non seulement française mais européenne, par un minimum de barrières extérieures. Or comme l'Allemagne a réussi à la suite d'abandons français successifs, à mettre la politique de l'Union au service de ses intérêts à court terme, les nouveaux ministres « européens » du gouvernement Macron n'obtiendront aucune concession de sa part.

Il y a plus grave. Aucun effort ne sera fait par la France pour se dégager de la domination des intérêts de la finance américano-centrée. Ceci d'autant plus que les intérêts économiques des groupes qui ont financé la campagne de Macron et qui continueront à l'appuyer vivent essentiellement de leurs activités à Wall Street. Aucun effort ne sera fait non plus pour rapprocher la France d'un rôle qui correspondrait pourtant à sa situation géographique et à ses intérêts pour l'avenir, celui d'une puissance eurasiatique. Les candidats aux présidentielles qui proposaient un début de rapprochement avec Moscou n'ont pas été entendu. Emmanuel Macron n'a jamais proposé la moindre démarche en ce sens, le nouveau gouvernement français vu sa composition n'en fera rien non plus.

Or des évènements très importants se préparent au plan intérieur américain. Tout laisse penser qu'à Washington la campagne anti-Donald Trump prendra de plus en plus d'ampleur. Il risque d'être prochainement destitué. Les éléments les plus bellicistes du complexe militaro-diplomatique américain prendront alors le pouvoir. Si la France n'a pas su prendre ses distances vis-à-vis des Etats-Unis, elle sera entrainée, comme tous les alliés de ceux-ci, notamment au sein de l'Otan, dans des affrontements pouvant prendre une forme militaire avec la Russie et la Chine.

Mais manifestement Macron dans ce domaine n'est pas et ne sera pas De Gaulle. Se positionner d'une façon équilibrée entre l'Est et l'Ouest ne paraît pas être le moindre de ses soucis. Atlantiste il est, atlantiste il restera.

mardi, 16 mai 2017

Forgotten White Slaves - Irish, Scots, poor Englishmen ended up as slaves in America

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Forgotten White Slaves - Irish, Scots, poor Englishmen ended up as slaves in America

Thanks for watching and please visit Red Ice Creations
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Red Ice Radio - They Were White and They Were Slaves: The Untold History of the Enslavement of Whites in Early America. First, Michael shares his inspiration for writing this book and why it is important to highlight this dark corner of suppressed history. He’ll tell of a hidden epoch, the slave trade of Whites, hundreds of thousands of whom were kidnapped, chained, whipped and worked to death in the American colonies and during the Industrial Revolution. We’ll learn about the artificial creation of the underclass and the emergence of the pauper class in England, which led to abduction into slavery. Michael explains how many poor Whites were taken from the British Isles and sent to America for slave labor against their will. He also elaborates on the false narrative surrounding indentured servitude. Additionally, we talk about how the cover-up of White slavery has impacted race relations today. Later, we talk about other historical aspects of slavery that are not discussed. In the second hour, we’ll discuss how the exclusion of politically incorrect aspects of history remains closeted and what must be done about it. Then, Michael talks about the Judas factor among White elites. Where is the yeoman resistance? We’ll also discuss the emergence of the idea of racial supremacy found in Judaic doctrine. He’ll explain the difference between self defense and racial supremacy and how it’s relevant today. Later, Michael comments on the root of White European problems. At the end, we return to White slavery as Hoffman explains the gradual transition from slavery to contractual servitude and he reminds us of the White slaves who were forcefully send to Australia.

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Howard Kunstler et le désastre de la civilisation américaine

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Howard Kunstler et le désastre de la civilisation américaine

Par Nicolas Bonnal 

Ex: http://lesakerfrancophone.fr

On a parlé ici de la crise du tourisme en Amérique. Parlons de la crise de la civilisation en Amérique, cette nation indispensable qui crée un monde zombi à son image.
 
Il reste un cinéaste américain, Alexander Payne, qui nous conte, à travers des films comme Les Descendants, Monsieur Schmidt ou Nebraska, le désastre de la civilisation américaine. La matrice américaine entre les mains des oligarques a tué la civilisation américaine et l’a dévitalisée. Michael Snyder, sur son blog, ne cesse de nous donner, semaine après semaine, des nouvelles de cet effondrement physique de l’Amérique, cette Amérique représentée par les jeunes filles odieuses et monstrueuses comme la grosse Kardashian ou l’Ivanka Trump-Kushner.

Le néant US accompagne bien sûr une extension du domaine de la lutte, pour reprendre l’expression de Houellebecq. Car la matrice fait vivre de plus en plus mal les gens à l’intérieur, et elle fait souffrir ou extermine de plus en plus de peuples à l’extérieur, du monde musulman aux banlieues industrielles chinoises et bengalis (cinq euros par mois pour fabriquer des chemises vendues soixante chez Gap) en passant par la banlieue française. Comme dans un livre de Jack London que j’ai analysé récemment, l’oligarchie devient de plus en plus fasciste et dangereuse, car elle carbure moins à l’impérial qu’au prétexte humanitaire : réparation du monde (tikkun), lutte contre le nationalisme, le sous-développement, le terrorisme (sauf Daesh), l’islamisme, etc.

Jack London écrit dans le Talon de fer : « La force motrice des oligarques est leur conviction de bien faire. » Les milliardaires éduquent ensuite leurs enfants et les rendent tout prêts à amender l’humanité, et à l’exterminer comme populiste quand elle ne veut pas être amendée !

Et s’il y a un cinéaste, il y a aussi un grand analyste du désastre US (qui est devenu le nôtre lors de notre passage à la globalisation), et qui se nomme Howard Kunstler. Je donne ici deux extraits de son dernier texte, qui résume son œuvre maîtresse, The Long Emergency.

Froidement, Kunstler présente ainsi son pays :

Je vis dans un coin de cette Amérique périphérique, où vous pouvez facilement lire les conditions de vie sur les murs : les rues principales vides, surtout quand la nuit tombe, les maisons sans soins et se dégradant d’année en année, les fermes abandonnées avec des granges qui tombent en ruine, les outils agricoles rouillant sous la pluie et les pâturages couverts de sumacs, ces chaînes nationales de magasins parasites, poussant comme des tumeurs aux abords de chaque ville.

Ce pourrissement culturel créé par l’oligarchie avide et folle, les Wal-Mart, la multiplication des « détritus urbains » (Lewis Mumford) et la crétinisation médiatique créent une humanité à la hauteur :

Vous pouvez le lire dans le corps des gens dans ces nouveaux centre-ville, c’est-à-dire le supermarché : des personnes prématurément vieilles, engraissées et rendues malades par la consommation de mauvaises nourritures, faites pour avoir l’air et avoir un goût irrésistible pour les pauvres qui s’enfoncent dans le désespoir, une consolation mortelle pour des vies remplies par des heures vides, occupées à regarder la trash-télé, des jeux informatiques addictifs et leurs propres mélodrames familiers conçus pour donner un sens narratif à des vies qui, autrement, ne comportent aucun événement ou effort.

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Tout programme télé me semble à moi aujourd’hui totalement insupportable. Il ne faut plus être tout à fait humain pour se gaver de télé. Évidemment, cela rend ensuite la démarche plus dure à l’antisystème : comment peut-il expliquer le monde à un zombi nourri de l’arme de destruction massive qu’est la télévision ? Et l’on rencontre ce problème tous les jours. On est dans le classique de Don Siegel.

Une illustration donnée par Snyder a magnifiquement illustré l’involution américaine des années Eisenhower aux années Obama. On peut en dire autant du cinéma. Godard disait qu’il ne critiquait pas le cinéma américain contemporain parce qu’il était anti-américain, mais parce que ce cinéma est devenu mauvais. Où sont passés les Walsh, Ford et Minnelli d’antan ?

Il y a dix-sept ans, j’avais publié un roman d’anticipation sur ce thème, les territoires protocolaires. C’est que la construction européenne avait facilité l’émergence d’une Europe déracinée et défigurée, présente déjà en France à l’époque de Pompidou : les grandes surfaces, les autoroutes, les zones de luxe, le pourrissement culturel par la télévision. Cet anéantissement de toute civilisation présent aussi au Maroc (agglomérations interminables autour de Tanger, aéroports, centres commerciaux, villas et immigration de luxe – gourbis et HLM pour les autochtones) se répand dans le monde comme un cancer. L’insensibilité des populations toujours plus hébétées (Baudrillard) par les médias accompagne ce phénomène. On cherche à en savoir plus sur le simulacre Kardashian (soixante millions de tweeter ; et je rappelle : un million de commentaires par chanson Gaga) que sur la prochaine guerre ou l’état de son âme.

Lorsque j’avais découvert et commenté – en 2012 – Howard Kunstler pour la presse russe, il était encore à la mode en Amérique, et prévoyait comme toujours une catastrophe énergétique (prévoir une catastrophe financière ou autre est devenu une usine à gaz), mais surtout il décrivait cette apocalyptique réalité – celle que Kunstler appelle le sprawling, la prolifération de cette géographie du nulle part, qui s’étend partout et pourrit tout l’espace mondial (repensons à Guénon).

L’impérialisme américain devenu risible et hors de contrôle, mais impuissant aussi, ne doit pas nous faire oublier la vraie menace, celle du modèle économique et urbain. C’est par là que l’on devrait commencer les prochains combats qui nous guettent. Au lieu de prévoir des catastrophes imprévisibles, voir enfin ce désastre américain qui nous entoure et nous consume.

Nicolas Bonnal

Ses dernières publications sur Amazon

Sources

  • Le blues national – Le Saker Francophone
  • Nicolas Bonnal – les territoires protocolaires ; les grands auteurs et la théorie… (Kindle)
  • Kunstler, James Howard, The Geography of Nowhere (Simon and Schuster, 1994). Kunstler, James Howard, The Long Emergency (Atlantic Monthly Press, 2005).
  • Jack London – Le talon de fer (ebooksgratuits.com)
  • Lewis Mumford – La cité dans l’histoire

 

lundi, 15 mai 2017

VS: sancties als EU Londen hard aanpakt na brexit

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VS: sancties als EU Londen hard aanpakt na brexit

De Verenigde Staten willen dat Londen het financiële centrum van Europa blijft, ook na de brexit. De Amerikanen dreigen met sancties als Brussel financiële instellingen in Londen dwingt belangrijke activiteiten naar het Europese vasteland te verplaatsen.

Jeroen Van Wensen 
Bron: De Volkskrant

De voorzitter van de Amerikaanse toezichthouder CFTC, Chris Giancarlo zei woensdag dat de Verenigde Staten "tegenmaatregelen" zullen nemen als de EU in de brexitonderhandelingen eist dat de zogenoemde 'clearing' van financiële transacties die in euro's worden afgerekend, voortaan in het eurogebied moeten plaatsvinden.

Londen dankt zijn positie als financieel centrum mede aan het feit dat 's werelds grootste clearinghuizen daar gevestigd zijn. Een gedwongen verhuizing naar het eurogebied kan de City 83.000 banen kosten, becijferde consultancyclub EY in 2016. Amsterdam, Parijs en Frankfurt strijden om de financiële instellingen die als gevolg van de brexit Londen verlaten.

"Balkanisering"

Driekwart van de rentederivaten gedenomineerd in euro's wordt nu afgehandeld door clearinghuizen in Londen. Dagelijks gaat daar een bedrag van 850 miljard euro in om. Als een clearinghuis in de problemen komt, kunnen de gevolgen groot zijn. De Europese Centrale Bank wil daarom dat clearinghuizen die handelen in eurocontracten in het eigen toezichtsgebied zijn gevestigd. Dat betekent dus verhuizen, als Londen straks niet meer in de EU ligt.

Maar de VS zijn bang voor een "balkanisering" cq. versnippering van de financiële markten, wanneer elk land of muntunie zijn eigen clearing gaat regelen. Dat leidt tot hogere kosten voor financiële instellingen bij het handelen in effecten of derivaten. Bovendien denken de Amerikanen dat het toezicht op de clearinghuizen door die versnippering minder effectief wordt.

Strijd

Jaap Koelewijn, hoogleraar Corporate Finance aan de Nederlandse Nyenrode Business Universiteit, kan wel meevoelen met de Amerikanen. "Ik verdenk de EU ervan hiermee politiek te bedrijven", zegt hij. "Waarom zouden de Europeanen beter toezicht kunnen houden dan de Britten? Het lijkt een beetje plagerij van de EU in het kader van de brexit."

Er woedt al jaren strijd tussen de eurolanden en de Britten over de clearingactiviteiten die plaatsvinden in euro's. In 2015 haalden de Britten hun gelijk bij het Hof van Justitie van de Europese Unie. Dat oordeelde toen dat clearinghuizen vanuit Londen transacties in euro's mochten blijven afhandelen. Nu de Britten waarschijnlijk in 2019 de EU verlaten, zet Brussel de kwestie opnieuw op de agenda.

Clearinghuizen

Clearinghuizen zijn de oliemannetjes van de financiële markten. Ze zorgen ervoor dat kopers en verkopers van effecten (aandelen, obligaties) en derivaten (opties, futures, warrants) erop kunnen vertrouwen dat de tegenpartij in de transactie zijn verplichtingen nakomt. Als koper en verkoper elkaar in de ogen kunnen kijken, hoeft dat niet. Wie een bloemkool koopt van een groenteman op de markt, geeft met de ene hand geld en pakt met de andere hand meteen de bloemkool. Dat 'gelijk oversteken' bij een transactie is niet mogelijk als de koper en verkoper zich op grote afstand van elkaar bevinden.

Een belegger in Amsterdam die een pakket aandelen koopt van iemand in New York moet geld overmaken en dan maar hopen dat de ander de gekochte aandelen levert. Clearinghuizen garanderen dit door als tussenpersoon op te treden. Zij ontvangen zowel het geld van de koper als de aandelen van de verkoper en laten de transactie pas doorgaan als beide partijen hebben geleverd.

Voor die dienstverlening vraagt het een flinke commissie. Clearing is één van de meest winstgevende activiteiten in de financiële wereld.


Bron:  http://www.demorgen.be/economie/vs-sancties-als-eu-londen... 
 

War with Iran Seems Likely as Trump Cosies Up with Saudi Arabia

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War with Iran Seems Likely as Trump Cosies Up with Saudi Arabia
 
 
Many people view Donald Trump as the most dangerous man on the planet, but next week he flies to Saudi Arabia for a three-day visit during which he will meet a man who surely runs him a close second as a source of instability. This is deputy crown prince Mohammed bin Salman, 31 – the de facto ruler of Saudi Arabia since his father King Salman, 81, is incapacitated by old age – who has won a reputation for impulsiveness, aggression and poor judgement in the two-and-half years he has held power. Early on he escalated the Saudi role in Syria, thereby helping to precipitate Russian military intervention, and initiated a war in Yemen that is still going on and has reduced 17 million people to the brink of famine. Combine his failings with those of Trump, a man equally careless or ignorant about the consequence of his actions, and you have an explosive mixture threatening the most volatile region on earth.

Prince Mohammed, who is also defence minister, is not a man who learns from his mistakes or even notices that he has made them. Less than a year after his father became king in January 2015, the BND German intelligence agency issued a warning that Saudi Arabia had adopted “an impulsive policy of intervention” abroad and blamed this on the deputy crown prince whom it portrayed as a naïve political gambler. The degree of alarm within the BND about his impact on the region must have been high for them to release such a document which was swiftly withdrawn at the insistence of the German foreign ministry, but its predictions have been fulfilled disastrously in the following eighteen months.

The deputy crown prince is turning out to be not only a gambler, but one who recklessly raises his stakes when in trouble. Proof of this came in an extraordinary but under-reported interview he gave earlier this month, broadcast on al-Arabiya TV and Saudi TV, in which he threatens military intervention in Iran. “We will not wait until the battle is in Saudi Arabia, but we will work so the battle is there in Iran,” he says. Speaking in highly sectarian terms, he claims that the Iranian Shia leaders are planning to seize Mecca and to establish their rule over all the 1.6 billion Muslims in the world. He believes that “their logic is based on the notion that Imam Mahdi will come and they must prepare the fertile environment for his arrival and they must control the Muslim world.” His diatribe is as anti-Shia as it is anti-Iranian and likely to provoke fears among Shia in Iraq, Lebanon, Pakistan and Saudi Arabia itself, where Shia make up a tenth of the population, that they will be the victims of an anti-Shia crusade.

It is absurd to imagine that the four or five Shia countries have the ambition or the ability to take over the fifty or more that are Sunni, though Sunni fundamentalists accuse tiny Shia minorities in countries like Egypt, Tunisia and Indonesia of plotting to do so. Prince Mohammed appears to give credence to the theory of a grand anti-Sunni conspiracy orchestrated by Iran, saying that, since the Iranian revolution in 1979, Iran has been trying to “control Muslims in the Islamic world and spread the Twelver Jaafari [Shia] sect in the Islamic world so Imam Mahdi comes.”

There is more at play here than Prince Mohammed whipping up religious and nationalist feelings in Saudi Arabia to secure his own power base and fend off his rivals within the royal family. None of his foreign ventures have so far achieved their aims: in Syria in the spring of 2015 Saudi Arabia gave support to the so-called Army of Conquest, consisting primarily of the al-Qaeda affiliate the al-Nusra Front and its then ally Ahrar al-Sham. This won a series of victories against pro-Assad forces in Idlib province but their success led to Russian military intervention later the same year that was a turning point in the war. Saudi influence was marginalised, something that he blames on “former American President Barack Obama [who] wasted many significant opportunities he could have seized to achieve great change in Syria.” In practice, Saudi Arabia was hoping for US military intervention to enforce regime change in Syria along the lines of Iraq in 2003 or Libya in 2011. Obama was privately critical of Saudi actions and the tradition of the Washington foreign policy establishment of giving automatic support to Saudi Arabia and its allies.

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Nevertheless, in Yemen Mr Obama gave backing until the last days of his presidency to the Saudi-led bombing campaign which has been devastating the country since March 2015 but has so far failed to win the war for the Saudis’ local allies. It has brought terrible suffering to the Yemeni population of 27 million, of whom the UN estimates that 17 million are “food insecure” including 3.3 million pregnant and breast-feeding mothers and children, some 462,000 under the age of five, who are “acutely malnourished” or, in other words, starving. Saudi-backed forces are poised to attack the Red Sea port of Hodeida, through which come 80 per cent of Yemen’s imports which make up most of its food supplies. If the port is closed then Yemenis will face the worst man-made famine since Mao Tse-Tung’s Great Leap Forward. Prince Mohammed says the war is all but won, though, mysteriously, in finishing off the other side, “thousands of our troops can fall victims. There will be funerals in all Saudi cities.”

Trump has already ordered greater US support for the Saudi war effort in Yemen, but the deputy crown prince will be primarily bidding for US backing for his confrontation with Iran. Words are already turning into action with reports of the US and Saudi Arabia being at one in planning to stir up an anti-government insurgency among minorities in Iran such as the Baluchis in the south east, something that has been done before but with limited impact.

Saudi leaders were overjoyed by the election of Trump whom they see as sympathetic to them and the Gulf leaders whom he will meet after he arrives in Saudi Arabia on 19 May, before going on to Israel. It is a chilling tribute to the authoritarian instincts of Trump that his first foreign visit as President should be to the last arbitrary monarchies left on earth and to a state where women are not even allowed to drive. On the question of confronting Iran, he is unlikely to be restrained by his Defence Secretary, James Mattis, and his National Security Adviser, HR McMaster, both former generals scarred by America’s war in Iraq, where they see Iran as the main enemy.

The White House is doubtless conscious that the one-time Trump has won universal plaudits in the US was when he fired missiles in Syria and dropped a big bomb in Afghanistan. Trump and Prince Mohammed may be very different in some respects, but both know that fighting foreign foes and waving the flag shores up crumbling support at home.

(Reprinted from The Independent by permission of author or representative)

dimanche, 14 mai 2017

Deep state en de krachten achter politiek beleid

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Deep state en de krachten achter politiek beleid

Karel van Wolferen en Laszlo Maracz

Deep state; De Trans Atlantische krachten achter het geopolitieke speelveld.

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Wat is de betekenis van het begrip Deep state en welke invloed heeft het op de Europesche politieke besluitvorming? Wat is de Trans-Atlantische agenda van de Amerikanen en wat is de rol van de Neocons daarbij?

Deep state wordt door Amerikaanse deskundigen gedefinieerd als een gecombineerde groep machten die met elkaar belangrijker zijn dan de Amerikaanse regering en buiten de democratische processen om het politieke beleid bepalen.

Een ding is zeker, de Amerikanen proberen met hun doctrine van Full-spectrum dominance zowel militair als economisch de wereld te beheersen. Uit naam van de wereldvrede zoals u zult begrijpen........en natuurlijk doen wij allemaal mee, want wie is er nu tegen wereldvrede?

jeudi, 11 mai 2017

Il ne reste qu’une seule chose à faire: se libérer des élites anglo-saxonnes du pouvoir

 

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Il ne reste qu’une seule chose à faire: se libérer des élites anglo-saxonnes du pouvoir

par Willy Wimmer

Ex: http://www.zeit-fragen.ch 

Juste 100 ans après la décapitation de l’Allemagne, menée par l’Angleterre, les Etats-Unis et la France à Versailles, l’Angleterre exige un acte de libération de l’UE. En 1919, les puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale semèrent avec leur diktat de Versailles les graines de la prochaine grande guerre. L’an 2019 va nous rapprocher à nouveau des abîmes européens.
L’Angleterre risque-t-elle – quasiment comme une vengeance pouvant provenir de n’importe qui – de souffrir du même sort que l’Allemagne en 1919? Il est difficile de comprendre différemment le commentaire mémorable exprimé lors des nouvelles de la ZDF1 [2e chaîne de la télévision allemande] du 29 mars 2017, jour de la notification de la demande de divorce de Londres à Bruxelles. Un interlocuteur distingué de l’île, méritant certainement d’être appelé «professeur», s’est exprimé au sujet du «Brexit».

Versailles fut un traumatisme, ni plus ni moins

Pour comprendre le «Versailles» actuel, il faut se pencher sur le Versailles historique.
Des interlocuteurs bien informés et très estimés défendent l’idée, lors de discussions en cercle familier, que l’histoire européenne des derniers 200 ans n’était qu’un seul mensonge anglo-saxon. Il ne faut pas nécessairement aller si loin. Cependant, des sources américaines expliquent en toute franchise et publiquement quelles étaient les positions des Etats-Unis envers le continent, au cours des décennies ayant suivi la fondation de l’Empire allemand de 1871 dans cette même Salle des Miroirs à Versailles. On voulut à tout prix empêcher une collaboration étroite entre les deux puissances continentales de l’époque, l’Allemagne et la Russie.


Ainsi, les Etats-Unis et la Grande Bretagne recoururent à la méthode romaine classique du «diviser pour régner», les événements ayant débouché sur le déclenchement de la Première Guerre mondiale. C’est un historien issu du Commonwealth qui ouvrit la voie pour évaluer les évènements ayant déclenché la Grande Guerre. Christopher Clark et d’autres dans son sillon ne parlèrent à juste titre plus de l’«unique responsabilité allemande», tout en minimisant terriblement la responsabilité britannique dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale.


Washington rejoignit l’attitude britannique face au continent, poursuivant après la défaite de Napoléon, par tous les moyens et pour des intérêts particuliers, le but de saper la «Sainte Alliance» du tsar russe avec le chancelier autrichien, formée pour trouver un règlement pacifique sur ce continent à nouveau dévasté.


Les personnes ayant déployé du côté britannique les efforts intenses pour se débarrasser de l’Allemagne émergente, sont aujourd’hui des personnages historiquement connus tels les Messieurs Milner et Rhodes,2 dont la responsabilité pour l’impulsion initiale de cette «catastrophe originelle européenne».


Il ne faut relativiser ou écarter aucune décision prise par les Empires centraux – empires allemand et austro-hongrois, par la suite l’empire Ottoman et la Bulgarie. Cependant, la vue actuelle sur les développements généraux rend pourtant évidente une chose: il faut chercher la responsabilité pour le déclenchement de la Première Guerre mondiale sur les épaules de ceux qui l’ont réellement portée, et là on trouve en première ligne la Londres politique.


Les accords Sykes-Picot de 1916 et par la suite l’entrée américaine dans la guerre ne contribuèrent pas seulement à déstabiliser de manière décisive la machinerie de guerre des Empires centraux. Ils créèrent également la base pour jeter à l’enfer l’«Etat modèle européen» qu’était l’Allemagne, accompagné par l’Autriche, bien qu’ils ne portaient, en réalité, aucune responsabilité pour le déclenchement de cette guerre. N’oublions pas qu’avec le meurtre de l’héritier du trône à Sarajevo, on s’était débarrassé de la personnalité dirigeante la plus prometteuse de l’Europe, ayant des idées sociales, démocratiques et européennes. C’est ce qu’on nomme «décapitation» contre les nations – un modèle que le monde anglo-saxon a utilisé par la suite et utilise encore avec succès et de manière répétitive sur le continent européen et au-delà.


Actuellement, on reste le souffle coupé face à la réunion de la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik (DGAP) du 3 avril 2017 où, dans ce Berlin peuplé de chancelleries anglo-saxonnes d’avocats et de prétendues «organisations non-gouvernementales», des politiciens allemands attestent aux forces armées alliées d’avoir toujours été du bon côté au cours du dernier siècle. En outre, fut-il précisé, il fallait leur être très reconnaissant.
Cette homélie curieuse omet le fait que depuis Napoléon, la guerre est le modèle d’affaires anglo-saxon pour le reste du monde et qu’actuellement, nous sommes tous témoins de la manière dont un nouveau président américain définit le rôle anglo-saxon: c’est aux nations extraordinaires qu’appartient le droit divin de soumettre le monde, même si elles sont confrontées à d’autres nations telles la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Iran – et ceci après avoir poussé l’Allemagne dans son destin, ce qu’on peut décrire par les termes de «Versailles» et «Adolf Hitler».


Il ne s’agit là pas seulement des revenants du passé. Avant d’être menés tambour battant dans la prochaine guerre, peut-être définitive pour nous, il y a en Allemagne des forces voulant coûte que coûte maintenir la vision du monde créée par les puissances de l’Entente cordiale [de 1904 entre le Royaume uni et la France, ndt.]. Ils se nomment «groupes antifascistes» et entreprennent tout pour maintenir la vision du monde créée artificiellement par les Anglo-saxons à l’encontre de l’Allemagne. Il leur faut un «cliché ennemi de l’Allemagne» pour pouvoir survivre et ainsi, ils rejoignent à merveille les positions de l’OTAN…

L’OTAN surmonte les conséquences des procès de Nuremberg: la guerre à l’heure actuelle

Le Premier Ministre britannique Theresa May a lié les négociations sur le Brexit aux questions de sécurité européenne. Ce lien n’existe que dans un seul domaine: l’actuelle présence militaire britannique sur le territoire allemand. Cette présence est logiquement liée – malgré tous les changements depuis 1945 – à un seul critère: la participation du Royaume-Uni à l’Union européenne. Etant donné que Londres a décidé de quitter l’UE, une présence de troupes britanniques dans notre pays est dénuée de tout fondement. Les efforts britanniques actuels de faire revivre les anciennes images de la période d’occupation ne peuvent pas masquer ce fait. On s’est donné la peine de transporter la composante militaire britannique, selon l’exemple américain, du port allemand d’Emden [sur la mer du Nord] vers les pays d’Europe orientale où l’OTAN les déploie contre la Russie. «Les chars de l’OTAN doivent rouler pour la victoire», l’image ne peut pas être interprétée autrement, pas même chez les Américains qui, depuis longtemps, souhaitent réimporter des images de guerre en Europe.


Ce n’est cependant pas entièrement clair et cela préoccupe beaucoup les gens, pas seulement en Allemagne. Le comportement des Etats-Unis depuis la guerre criminelle contre la Yougoslavie est pire que les conséquences des procès de Nuremberg. Toute personne doutant de cela est priée d’étudier les procurations des présidents américains concernés relatives au déclenchement de guerres voulues par les Etats-Unis.
Il ne reste plus qu’à comparer la situation de 1939 à cela pour obtenir une idée de l’hybris et du désastre qui peut en résulter. Depuis l’engagement du fameux représentant de l’UE pour le Proche-Orient M. Tony Blair, il est avéré que Londres joue un rôle-clé dans la mise en œuvre des plans bellicistes globaux des Etats-Unis. Là, tout est approuvé et signé sans broncher.


Jusqu’à présent, l’Allemagne a pu esquiver l’une ou l’autre question de guerre. Mais ce qui est actuellement prévu contre la Russie affecte notre existence, et là, on ne peut plus se tapir et collaborer. Il est grandement temps de se battre pour sa propre existence [mise en relief par la rédaction], et pour cette seule raison, Mme May devrait être prise au mot concernant le Brexit. «Sortir de l’Europe» signifie: retrait immédiat des troupes britanniques de l’Allemagne! Washington et Londres conduisent à nouveau l’Europe et le monde au bord de l’abîme. Nous ne sommes pas obligés de sauter.

La tragédie allemande: avoir écouté Londres trop souvent et trop longtemps

Peu avant les élections présidentielles françaises, personne ne peut dire si l’on restera confronté au seul Brexit ou si pour diverses raisons encore inconnues, l’Europe dans sa forme connue de l’UE aura explosé avant même le début des négociations sur le Brexit. A part nous, les Russes sont les seuls à savoir ce que cela représente d’être frappé par l’arme nucléaire économique des Américains. Ce que l’économiste de Harvard Jeffrey Sachs a fait après l’effondrement de l’Union soviétique avec les restes de l’ancienne économie soviétique, peut être uniquement comparé avec l’impact de la faillite de Lehman en 2008 pour l’Europe de l’Union européenne.


Aucun Etat européen n’a mandaté Berlin ou Bruxelles de dissoudre ces Etats et de livrer la souveraineté des peuples européens à l’«ordre globalisé» dirigé par les places financières de Londres ou de Wall Street. Par cette Europe de l’UE, les citoyens sont totalement mis sous tutelle, privés de leurs droits et livrés aux Soros de ce monde. Cela peut servir la City de Londres, mais certainement pas les peuples souverains en Europe. Alors confronter Londres avec les souvenirs de «Versailles», comme la proposé le «professeur» du début? Une telle idée ne peut survenir que chez des personnes ayant «Versailles» dans leur boîte à outils politiques. Cela est connu à Moscou, à Pékin, à Téhéran et – actuellement – à Damas … mais également ailleurs.     

(Traduction Horizons et débats)

1    Anthony Glees, dans une interview accordée au ZDF heute-journal du 29/3/17
2    Les politiciens britanniques Cecil Rhodes et Alfred Lord Milner étaient les représentants principaux de l'impérialisme britannique avant la Première Guerre mondiale.

 

mercredi, 10 mai 2017

Ernest Hemingway and Ezra Pound’s friendship spanned continents—and ideologies.

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The Circuitous Path of Papa and Ezra

Ernest Hemingway and Ezra Pound’s friendship spanned continents—and ideologies.

Ernest Hemingway, fresh off his marriage to Hadley Richardson, his first wife, arrived in Paris in 1921. Paris was a playground for writers and artists, offering respite from the radical politics spreading across Europe. Sherwood Anderson supplied Hemingway with a letter of introduction to Ezra Pound. The two litterateurs met at Sylvia Beach’s bookshop and struck up a friendship that would shape the world of letters.

They frolicked the streets of Paris as bohemians, joined by rambunctious and disillusioned painters, aesthetes, druggies, and drinkers. They smoked opium, inhabited salons, and delighted in casual soirées, fine champagnes, expensive caviars, and robust conversations about art, literature, and the avant-garde. Pound was, through 1923, exuberant, having fallen for Olga Rudge, his soon-to-be mistress, a young concert violinist with firm breasts, shapely curves, midnight hair, and long eyebrows and eyelashes. She exuded a kind of mystical sensuality unique among eccentric highbrow musicians; Pound found her irresistible.

Pound was known for his loyalty to friends. Although he had many companions besides Hemingway—among them William Butler Yeats, James Joyce, T.S. Eliot, Marianne Moore, Robert McAlmon, Gertrude Stein, e.e. cummings, Pablo Picasso, Wyndham Lewis, T.E. Hulme, William Carlos Williams, Walter Morse Rummel, Ford Madox Ford, Jean Cocteau, and Malcolm Cowley—Hemingway arguably did more than the others to reciprocate Pound’s favors, at least during the Paris years when he promoted Pound as Pound promoted others.

Pound was aware of Hemingway’s talent for publicity: he and Hemingway had combined their genius to promote Eliot’s The Waste Land. Hemingway introduced Pound to William Bird, an American reporter who arranged to publish an autobiographical piece about Pound’s childhood. Bird was instrumental to the eventual publication of Pound’s A Draft of XVI Cantos. Pound, for his part, secured for Hemingway a position as assistant editor of The Transatlantic Review. Their relationship matured into something symbiotic and mutually beneficial.

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Pound edited Hemingway’s work, stripping his prose of excessive adjectives. Hemingway remarked that Pound had taught him “to distrust adjectives as I would later learn to distrust certain people in certain situations.” Unlike, say, Conrad Aiken or Robert Frost, who resisted Pound’s editing, Hemingway acquiesced to Pound’s revisions. In exchange, Hemingway taught Pound how to box. He acknowledged that the scraggly Pound had “developed a terrific wallop” and had “come along to beat the hell wit the gloves.” Hemingway worried that “I will get careless and [Pound] will knock me for a row of latrines.” He even treated Pound to a night at the prizefights to brighten Pound’s spirits as Pound battled various illnesses.

Pound, however, grew disillusioned with Paris, where his friends were gravitating toward socialism and communism. Paris, he decided, was not good for his waning health. Hemingway himself had been in and out of Paris, settling for a short time in Toronto. In 1923, accompanied by their wives, Pound and Hemingway undertook a walking tour of Italy. The fond memories of this rejuvenating getaway inspired Pound to return to Italy with his wife Dorothy Shakespear in 1924. They relocated, in 1925, to a picturesque hotel in Rapallo, a beautiful sea town in the province of Genoa, on the bright blue Tigullio Gulf.

Pound found the weather in Rapallo to be soothing and agreeable. It was Hemingway who had first recommended this scenic spot, having visited Sir Max Beerbohm there years before. Hemingway’s tales of the sunshine, swimming, tennis, and other outdoor activity in Rapallo appealed to Pound, who fancied himself an athlete. The fact that his mistress Olga frequented Italy—where her father owned a house—made Rapallo all the more desirable, as did Dorothy’s seeming willingness to share her husband with his lover.

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Olga Rudge

The friendship remained intact as Pound settled into Rapallo. About to vacate Europe for Key West, Hemingway dashed off a missive to Pound that began “Dear Duce” and then boasted about how Papa, as people had begun to call Hemingway, was “going to know everything about fucking and fighting and eating and drinking and begging and stealing and living and dying.” Gradually, though, the Pound-Papa gulf widened.

The move to Italy also effectively terminated Pound’s glory years in Paris, about which Hemingway wrote affectionately:

So far we have Pound the major poet devoting, say, one fifth of his time to poetry. With the rest of his time he tries to advance the fortunes, both material and artistic, of his friends. He defends them when they are attacked, he gets them into magazines and out of jail. He loans them money. He sells their pictures. He arranges concerts for them. He writes articles about them. He introduces them to wealthy women. He gets publishers to take their books. He sits up all night with them when they claim to be dying and he witnesses their wills. He advances them hospital expenses and persuades them from suicide. And in the end a few of them refrain from knifing him at the first opportunity.

This last line is both teasing and fitting because there was, in fact, at least one assailant in Paris who didn’t refrain: a man who attempted to stab Pound at a dinner party hosted by the surrealists.

Hemingway guessed that Pound might stay in Italy “sometime” even if he took “no interest in Italian politics.” Hemingway was right about Pound’s love for Rapallo but wrong about his political affinities. More than anything else, Italian politics—and the rise of fascism—damaged Hemingway’s regard for Pound, who became a zealous supporter of Mussolini and a reckless trafficker in conspiracy theories.

Hemingway grumbled that if Pound “actually and honest to God … admire[d] and respect[ed] … [Mussolini] and his works [then] all I can say is SHIT.” Hemingway, true to character, remained manfully playful, stating, “I will take practical steps by denouncing you here in Paris as a dangerous anti-fascist and we can amuse one another by counting the hours before you get beaten up in spite of your probity—which in such a fine country as it must be would undoubtedly save you.” Such slight criticisms may have been colored with a lighthearted tone, but the disapproval was plain.

When Hemingway and Guy Hickock visited Pound in northern Italy in 1927, Pound was living in self-imposed exile. Hemingway had recently converted to Catholicism and was enjoying renewed fame after the publication of The Sun Also Rises. He divorced and remarried that year, offering Hadley a portion of the profit from The Sun Also Rises as part of their divorce. Pound, meanwhile, was immersing himself in political theories that likely baffled Hemingway as much as they angered him.

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Shortly after the stock-market crash in 1929 and the onset of a worldwide economic crisis, Pound took to writing in Italian. Mussolini’s March on Rome had occurred seven years earlier, and since then he had assumed dictatorial control of Italy, suppressed opposition parties, and built a police state. Pound was enthralled. He met Mussolini in 1933, peddling strange monetary schemes to the fascist leader.

In 1933 Pound and Hemingway exchanged letters that highlighted their diverging attitudes toward Mussolini, fascism, and government. Pound, who’d embraced wild and polemical speculations about the economic theories of the American Founders—Jefferson in particular—began to decry capitalism and taxation while celebrating fiat currency and a convoluted system of state central planning. “Since when are you an economist, pal?” Hemingway mocked. “The last I knew you you were a fuckin’ bassoon player.” Hemingway offered Pound some money, sensing that money was needed, but Pound declined it.

Pound was now enamored with Il Duce; Hemingway was furious. Hemingway hated government, he told Pound, and preferred organized anarchism and masculine sport to statist ideology. Hemingway saw through Pound’s charlatanic flourishes and economic fallacies and accused Pound, quite rightly, of lacking clarity. Yet Pound’s admiration for Hemingway’s work did not diminish, and Pound, ever devoted, included Hemingway in an anthology that he was then editing.

Possibly the last time Pound and Hemingway saw each other, they were having dinner with Joyce on a warm summer night in Paris. Pound allegedly bloviated about economics and the decline of art and European civilization, and Hemingway and Joyce feared that Pound had gone mad. The date and details of the dinner are a matter of debate, as is the veracity of any account of that evening. But one thing is certain: Hemingway was frustrated with Pound’s embrace of Italian fascism. By the time Pound voiced support for Franco in the Spanish Civil War, putting him once again at odds with Hemingway, their once thriving friendship had deteriorated beyond repair.

The falling out was no secret, and other writers took sides. William Carlos Williams wrote to Pound in 1938, saying, “It is you, not Hemingway, in this case who is playing directly into the hands of the International Bankers.” Hemingway conveyed his concerns about Pound to their friend Archibald MacLeish:

Thanks for sending the stats of Ezra’s rantings. He is obviously crazy. I think you might prove he was crazy as far back as the latter Cantos. He deserves punishment and disgrace but what he really deserves most is ridicule. He should not be hanged and he should not be made a martyr of. He has a long history of generosity and unselfish aid to other artists and he is one of the greatest living poets. It is impossible to believe that anyone in his right mind could utter the vile, absolutely idiotic drivel he has broadcast. His friends who knew him and who watched the warpeing [sic] and twisting and decay of his mind and his judgement [sic] should defend him and explain him on that basis. It will be a completely unpopular but an absolutely necessary thing to do. I have had no correspondence with him for ten years and the last time I saw him was in 1933 when Joyce asked me to come to make it easier haveing [sic] Ezra at his house. Ezra was moderately whacky then. The broadcasts are absolutely balmy. I wish we could talk the whole damned thing over. But you can count on me for anything an honest man should do.

Hemingway was referring to Pound’s notoriety as a propagandist for radio and newspaper during the Second World War.  When he received transcripts of Pound’s radio broadcasts, he surmised that Pound was “obviously crazy” for espousing such “vile, absolutely idiotic drivel.” Pound was a “crazy … and harmless traitor,” Hemingway concluded, and an “idiot” with a “distracted mind” who “ought to go to the loony bin.” And that’s precisely where Pound ended up: He was admitted to St. Elizabeth’s Hospital in Washington, DC, in 1945.

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Pound’s friends put their reputations at stake to help him. MacLeish, expressing both love and admonition, dashed off these words in a missive to Pound:

… your information is all second-hand and distorted. You saw nothing with your own eyes. And what you did see—Fascism and Nazism—you didn’t understand: you thought Musso belonged in Jefferson’s tradition and God knows where you thought Hitler belonged. I think your views of the history of our time are just about as wrong as views can be. But I won’t sit by and see you held in confinement because of your views. Which is what is really happening now. I am doing what I am doing partly because I revere you as a poet and partly because I love this Republic and can’t be quiet when it violates its own convictions.

MacLeish helped to orchestrate Pound’s release from St. Elizabeth’s, drafting a letter to the government on Pound’s behalf that included Hemingway’s signature, along with those of Robert Frost and T.S. Eliot. A year later Hemingway provided a statement of support for Pound to be used in a court hearing regarding the dismissal of an indictment against Pound.

Hemingway, who was now living in Cuba, did little else to help Pound. More for practical reasons than personal conviction, Hemingway, who was himself targeted by the American government, refused to sign a petition of amnesty for Pound. The petition had been Olga’s idea, and Hemingway didn’t believe the American people would rally behind the desperate pleas of an adulterous lover. Hemingway never visited Pound at St. Elizabeth’s, but he did tell Pound, via Dorothy, that he had read and enjoyed The Pisan Cantos. And when he won the Nobel Prize in 1954, Hemingway announced that the year was good for releasing poets, a not-so-slight reference to his old friend.

Hemingway awoke on the morning of July 2, 1961, put a 12-gauge, double-barreled shotgun to his head, and, alone in the foyer of his home, blew his brains out. He was 61. Pound’s friends and family didn’t tell him about Hemingway’s death, but a careless nurse did, and Pound reacted hysterically. The older of the two, Pound, at 72, was free from St. Elizabeth’s, where he’d spent 12 solemn years. He had returned to his beloved Italy to finish out his long and full life. In the autumn of 1972, he died peacefully in his sleep in Venice, the day after his birthday, which he’d spent in the company of friends.

Allen Mendenhall is an associate dean at Faulkner University Thomas Goode Jones School of Law and executive director of the Blackstone & Burke Center for Law & Liberty.

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