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mercredi, 24 janvier 2018

Le McCarthysme avant McCarthy

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Le McCarthysme avant McCarthy

Ex: http://www.dedefensa.org

Justin Raimondo est un vieux briscard libertarien, ennemi de l’État centralisateur, pacifiste et antiguerre, isolationniste. (C’est aussi un homme malade qui lutte contre le cancer comme il en a avisé ses lecteurs, et qui poursuit avec héroïsme, sans faillir, sa mission de commentateur de la Grande Crise de l’américanisme. S’il faut symboliquement marquer la tradition des vœux pour une nouvelle année, qu’il en soit le récipiendaire.)

L’une des cibles privilégiées de Raimondo, outre les neocons, c’est la gauche moraliste et hypocrite, et hypocrite parce que belliciste sous couvert de moralisme, – ou de moraline, selon le mot nietzschéen. Cette fois (le 29 décembre 2017), Raimondo s’adresse à ces commentateurs de gauche honorables qui, en accord avec leurs idées, s’opposent avec vigueur et alacrité à la politique belliciste générale (la “politiqueSystème”, pour notre cas), et s’étonnent aujourd’hui, se scandalisent même, souvent avec fureur, de voir les démocrates et une bonne partie de la gauche progressiste US à la pointe du bellicisme et des simulacres qui vont avec, et essentiellement le Russiagate à cet égard ; et notamment, cette gauche “progressiste-belliciste”, instigatrice de la nouvelle vague de McCarthysme qui touche les USA à l’encontre de tous ceux qui ne vouent pas la Russie aux gémonies jusqu’à menacer ce pays de rien moins qu’un état de guerre à peine déguisé. Ces commentateurs de gauche honorables, ce sont des gens comme Glenn Greenwald de The Intercept ou Robert Parry de ConsortiumNews.

Raimondo est bien sûr de leur côté dans leur bataille antiguerre et leur dénonciation des progressistes-bellicistes, mais il tient, dans la chronique que nous citons, à leur rappeler ou à leur apprendre s’ils ne le savent pas que les pratiques McCarthystes qu’ils dénoncent viennent de bien avant McCarthy et que les premiers inspirateurs et organisateurs de l’appareil répressif qui permit le McCarthysme, c’est justement ceux de la gauche américaniste, communistes en tête. La boucle est bouclée alors, du marxisme-policier au marxisme-culturel... Quant aux neocons, ils ont retrouvé leurs origines naturelles, venus du trotskisme et installés au cœur du parti démocrate jusqu’aux années 1970.

Voici donc l’explication historique que Raimondo adresse aux “commentateurs de gauche honorables”... 

« L’histoire se répète dans ce cas d'une manière bizarrement invertie : les neocons ont leur ascendance idéologique dans la faction belliciste et pro-sioniste du parti démocrate réunie autour du sénateur de l’État de Washington Scoop Jackson. Ils ont été écartés de la direction du parti à cause de leur engagement en faveur du conflit vietnamien que les démocrates rejetaient radicalement [à partir de 1969]. Aujourd’hui, ils retrouvent une nouvelle jeunesse dans leur parti d’origine grâce à une autre guerre, –contre Trump et contre Poutine.

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Henry "Scoop" Jackson, Sénateur de Floride

» Les neocons ne sont nullement étrangers à l'art de la chasse aux sorcières mais les quelques [progressistes] actuels qui sont déconcertés par la prise de contrôle de “leur” parti démocrate par des menchéviks portant des œillères ne connaissent pas l’histoire. Le Hollywood libéral n’est pas avare d’interminables récits sur les “persécutions” infligées aux admirateurs de Staline par le Comité des activités anti-américaines de la Chambre (HUAC). Lorsque la HUAC tint des audiences pour enquêter sur des groupes communistes à l'hôtel de ville de San Francisco [à la fin des années 1940], les manifestants de gauche perturbèrent la procédure en manifestant leur sympathie pour les accusés. Ce dont on se souvient moins, si pas du tout, c’est que la première tentative d'établir un “contrôle de la subversion”, et en particulier par le biais de la HUAC, fut la “Brown Scare” une campagne menée par l'extrême gauche, avec les communistes à l’avant-garde. L’objectif de cette campagne était la soi-disant pénétration clandestine nazie aux USA, que le gouvernement devait extirper de vive force.

dickstein2.jpg» La HUAC avait été mise en place à la Chambre des Représentants en 1934 à la demande du député démocrate de New York Sam Dickstein (photo), qui devint plus tard un juge de la Cour suprême de l'Etat de New York. Il mourut en 1954. Après la dissolution de l’URSS et la chute du communisme, les archives du KGB ouvertes au public révélèrent que Dickstein avait été un agent rétribué des Soviétiques pendant des années. Dickstein manipula la HUAC pour faire passer les adversaires de Franklin Roosevelt pour des fascistes, et après l'invasion de la Russie par Hitler il essaya par tous les moyens d’assimiler le sentiment antiguerre aux USA au nazisme. Ses traitants des SR soviétiques lui avaient donné le nom de “Crook” [“Escroc”] en raison de sa cupidité exceptionnelle. Il avait insisté pour être payé l'équivalent de plus de $20.000 par mois par les Soviétiques.

» Le Parti communiste et les groupes “anti-fascistes” que le Parti manipulait étaient à l'avant-garde du mouvement pour réprimer la “subversion” pendant les années Roosevelt, et quand la guerre arriva les outils légaux étaient en place. Quant au président, il poussait continuellement son ministre de la justice Francis Biddle, à “faire quelque chose” contre “les isolationnistes”. Le “procès de la sédition“ de 1944 fut une farce totale, au cours de laquelle le ministère de la Justice tenta de prouver que les 30 accusés – du commentateur et auteur de The New Republic Lawrence Dennis à un certain Elmer J. Garner, un fermier populiste de 80 ans, militant anti-Roosevelt qui était trop sourd pour entendre un seul mot du procès et qui mourut quelques semaines après cette grotesquerie au cours de laquelle il avait comparu avec 32 cents en poche – s'étaient engagés dans une conspiration pour provoquer une mutinerie dans les forces armées alors que la plupart d’entre eux ne s’étaient jamais rencontrés.

» Les premières inculpations avaient été lancées en 1942, désignant un certain nombre de membres du Congrès et le Comité de l’association America First comptant 900 000 membres, ainsi que des groupes pro-allemands connus comme le Bund germano-américain. L’affaire se termina dans la confusion : lorsque le juge nommé au temps du New Deal mourut à la fin de 1944, le gouvernement décida de cesser les poursuites.

MacC-tribunechiic.jpg» Ce n'était que la plus visible des mesures répressives qui furent prises lors de la “Brown Scare” et qui furent ensuite réutilisées lors de la “Red Scare”. Il s’agissait d’un simple ajustement suivant le tournant de la politique étrangère américaine et un changement ultérieur de l'opinion publique américaine. Le FBI avait infiltré des groupes comme le Comité America First qui s'opposait à l'entrée des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, il avait mis sur écoutes des dirigeants conservateurs tel que le directeur du Chicago Tribune Robert McCormick ; il suffisait alors de réorienter toutes ces procédures vers les cibles de gauche. Mais rappelez-vous l’essentiel : c’est la gauche qui lança tout cela et fit mettre en place la répression dans toute son ampleur, alors qu’elle tenait le fouet.

» Vous êtes donc surpris que nos “progressistes” montrent les dents et soutiennent avec enthousiasme les interminables enquêtes sur la “subversion” russe réalisées par un FBI très politisé ? Remettez-vous donc, – ils ne font que revenir à leurs vieilles pratiques historiques. »

Raimondo dit dans ces paragraphes beaucoup de choses intéressantes, qui ne sont pas inédites mais qu’en général on connaît peu ou très peu, et qu’en général on se garde le plus souvent de trop détailler lorsqu’on en connaît effectivement. Pour notre part, nous ne connaissions pas tous les aspects que détaille Raimondo, dans ce cadre précis de la mise en place d’un appareil répressif d’État où travaillent côte-à-côté le Congrès et l’administration fédérale, principalement le ministère de la Justice (DoJ), principalement par l’intermédiaire de son bras armé qu’est le FBI. Cet appareil de répression est un phénomène systémique en soi qui n’existait pas auparavant et qui pose les premières pierres de la structure fondamentale de l’État de Sécurité Nationale (National Security State). La structure sera complètement en place avec la National Security Act de 1947, qui créait le département de la défense (réunion des ministères de la guerre et de la marine), une force aérienne indépendante (l’USAF), la CIA et le Conseil de Sécurité Nationale (National Security Council, ou NSC, sorte de “gouvernement de sécurité nationale” personnel du président).

Les vagues de “panique” (Scare) qui ont précédé, comme la Red Scare de 1919, avaient amené des réactions de répression, – dans le cas cité, contre le “péril rouge”, socialo-communiste et anarchiste, – mais sans instauration d’une réelle structure répressive comme ce fut le cas à partir de 1933-1934 (selon la description de Raimondo). Le paradoxe de l’événement est que cette structure se met en place d’abord contre le danger nazi alors que les USA sont en plein cœur de la Grande Dépression et que le principal danger, du point de vue de la direction américaniste, aurait dû être perçu comme venant de la gauche et du communisme. Il apparaît que la “Brown Scare” (“Panique Brune”, référence aux “chemises brunes” nazies) est d’abord l’exploitation politicienne, voulue par Roosevelt et exploitée par la gauche radicale, d’une crainte d’une menace fasciste de prise de pouvoir, comme on en voyait beaucoup en Europe à cette époque. Sur ce point, sans aucun doute Roosevelt et la gauche coopérèrent pour exploiter cet atout de communication et mettre en place ce qui devint effectivement une structure bureaucratique de répression, – servant aussi bien contre la gauche que contre la droite. L’on peut ainsi considérer l’interprétation de Raimondo comme fondée en estimant qu’il y avait une certaine imitation des structures de répression d’État comme en URSS sous la pression de la gauche radicale et communiste.

upton.jpg(D’un autre côté, Roosevelt, qui était d’abord un politicien roué assez éloigné de l’image idéalisée qu’on en fit et qui persiste, s’opposait aux tentatives légales d’avancement trop affirmé de la gauche radicale, comme par exemple lorsqu’il sabota indirectement la campagne de l’écrivain Upton Sinclair et de son programme  EPIC (End Poverty in California) pour devenir gouverneur de Californie en 1934. Roosevelt, qui restait constamment soutenu par Wall Street même contre des centres importants de la direction économique [par exemple, Henry Ford, ennemi acharné de Roosevelt et de Wall Street], reçut dans le cas de la Californie le soutien de tous les dirigeants des studios d’Hollywood qui levèrent des bandes et des milices pour saboter la campagne de Sinclair. Dans ce cas, Hollywood la gauchiste et la progressiste, – ceux qui se considèrent comme des créateurs et des artistes, des scénaristes aux acteurs, – était priée rudement de s’aligner au moins dans la neutralité, tandis que la direction des studios hollywoodiens jouait parfaitement le jeu du président et donc de l’américanisme.)

... Car enfin, ce que nous suggère indirectement Raimondo en décrivant la mise en place de cette structure répressive commanditée par la gauche, c’est bien la description d’une branche de cet “État de Sécurité Nationale”, à peu près au même moment où le Complexe Militaro-Industriel allait commencer à prendre son élan. Roosevelt ayant installé un gouvernement très fort et très centralisé pour lutter contre la Grande Dépression, effectivement l’ensemble de la dynamique mise en place évoluait vers cette énorme infrastructure bureaucratique, à la fois de communication, de répression et de développement technologique, que l’on connaît aujourd’hui, – d’une certaine façon, le véritable DeepState qui est une sorte de Mordor des USA. De ce point de vue, McCarthy n’avait pas beaucoup d’effort d’organisation à faire pour lancer sa campagne anticommuniste en 1950 parce que l’outil existait ; plus encore, qui s’étonnerait d’apprendre qu’en se lançant en politique (élu sénateur en 1944), McCarthy était clairement à gauche et pro-Roosevelt, et qu’il ne devint anti-communiste que pour sa campagne de réélection dès 1950, ayant jugé l’anticommunisme comme un bon argument de communication.

Ainsi la mise en accusation de la gauche progressiste US par Raimondo est-elle fondée, et même plus grave encore qu’une simple “passade” pour souligner un événement conjoncturel. Manipulée ou pas, la gauche progressiste a largement participé à la mise en place structurelle de certaines fondations du monstre bureaucratique, répressif et belliciste, que sont devenus les USA, et son évolution actuelle n’est rien d’autre qu’un retour à l’envoyeur, ou l’achèvement d’une “révolution” dans le sens originel sur lequel insiste Hanna Arendt (une révolution est d’abord une ellipse d’un corps dans l’espace, le ramenant à son terme à son point de départ). Quoi qu’elle en dise, la gauche progressiste US regarde le McCarthysme comme l’on se regarde dans un miroir. Dont acte, et suffisamment pour avoir toute confirmation que l’américanisme, c’est-à-dire le cœur grondant du Système, n’épargne aucune vertu, surtout parmi ceux qui prétendent en faire leur production exclusive.

 

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The Russo-Chinese "Alliance" Revisited

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The Russo-Chinese "Alliance" Revisited

America’s greatest strategic mind of global recognition, Alfred Thayer Mahan, in his seminal work The Influence of Sea Power upon History saw the World Ocean and activity in it as the foundation for national greatness and power. The pivot of this greatness was a powerful navy. Through Mahan, the Theory of Navalism reached American elites late in 19th Century. As Byron King noted:

Mahan’s book struck the highest levels of the governing classes like a bolt of lightning and created a tempest of intellectual upheaval not just within the U.S. Navy, but throughout the broader American (and overseas) political, economic, and industrial system.

It was, however, not Navalism as a theory which contributed to both intellectual and, eventually, social upheaval—it was the industrial revolution and the technological paradigm that revolution created, which propelled ideas of naval blockades and of the decisive battles of large fleets to the forefront of global strategic thought. The confirmation of the correctness of Mahan’s vision didn’t have to wait for too long—on 28 May 1905, in the straits of Tsushima, Russia’s Baltic Sea Squadron of Admiral Zinovyi Rozhesvensky was almost completely obliterated by the Japanese naval force of Admiral Togo in what amounted to one of the most lop-sided battles in history. Russia’s de jure defeat in the Russo-Japanese War of 1904-05 became inevitable in the wake of Tsushima, which became in Russia a euphemism for a catastrophe. Recriminations and, eventually the First Russian Revolution followed as the result of this military-political humiliation. This outcome also cemented a central postulate of Navalism—large, expensive fleets became the main force which embodied both national prestige and safety for the trade of the nation which possessed them. The era of battleships and cruisers unfolded but so did the era of submarines.

The explosive technological and doctrinal development of fleets, both naval and commercial, followed. Also Mahan’s ideas that the old concept of Guerre’ de Course, of commerce raiding, simultaneously matured and reached industrial proportions, which would see massive naval battles on the Shipping Lanes of Communications (SLOC) during WW I and, especially so, during WW II. The Safety of SLOCs and maritime Choke Points became defining factors in Western strategic thinking of the 20th Century. Nowhere was this more so than in Great Britain and, especially, in the newly emerging superpower of the United States. The World Island is how Admiral Elmo Zumwalt defined the United States of the 20th Century. The post WW II US Navy became more than just a concentrated material expression of American national pride and of industrial-technological prowess; it became the guarantor of the safety of those numerous SLOCs and Choke Points on which American prosperity depended then and continues to depend even more so today.

Enter the 21st Century. With the collapse of the Soviet Union, the US Navy lost its only modern peer—the Soviet Navy. Today, the US Navy reigns supreme over the vast spaces of the World Ocean, thus making American maritime trade secure. For now it also controls the world’s maritime trade which amounts to almost 90 percent of all global trade. A fleet of more than 62 000 commercial vessels every day carries millions tons of cargo, ranging from crude oil and ore to washing machines and cars, between hundreds of ports, thus generating trillions of dollars in capital movement every month. It seems that the United States with her magnificent navy is living proof of the old geopolitical truism that the one who controls the World Ocean controls the world’s trade, and thus controls the World. This was true with the United States being the most productive and largest industrial economy in the post-World War Two world. This is not the case anymore. To be sure, the United States still hugely depends on and still controls most SLOCs, but this time the pattern is different and is changing constantly.

China’s ever-growing manufacturing capacity entered the game—the times when the United States was shipping massive amounts of finished goods and of materiel both to Europe and elsewhere around the world are over. Of course, the United States still produces many finished goods, some of them of a world-class quality, such as commercial aircraft, processors, generators, and engines, to name just a few; but in 2017 the United States posted an astonishing 344 billion dollars trade deficit with China. Today, the US controlled SLOCs in the Asia-Pacific area operate as supply lines for the US internal market, shipping monthly tens of billions of dollars’ worth of the finished consumer goods to the United States, filling the shelves of American Walmarts, Targets and Costcos with mostly Chinese-manufactured TVs, home appliances, computers, Smart phones, furniture, and articles of clothing. The United States today depends on China for its own everyday consumer needs. This dependence is unprecedented historically and is a powerful reason for questioning both America’s internal and international trade policies. Today, trade deficits of such a scale are among the most important drivers behind contemporary geopolitical upheaval.

The United States is in a trade hole and that hole is extremely deep. Yet, while the US-Chinese trade is the talk of the town and is extremely important in explaining contemporary geopolitical dynamics, and an inevitable US-Chinese trade war, a much larger but less talked about global scenario is beginning to emerge and it has everything to do with the fact of China’s (One) Belt and Road initiative aka the New Silk Road. A lot has been said about this massive project, most of it is positive and it is derived from the fact of the seemingly much fairer and beneficial, for all parties involved, nature of it. This is true, especially against the background of the mayhem and destruction the United States has unleashed around the world. Yet, the Chinese project is far more than just an exercise in charity which it certainly is not. China, with her excessive industrial capacity, is in it for a much bigger prize than the United States, with its sluggish consumer market and declining standard of living. Nor are Africa or Eurasian subcontinent the targets, although often placed in the center of Chinese considerations. The name of the Chinese game is Europe. Without Europe, the One Belt and Road initiative becomes merely an expansion into large but mostly poor markets in Asia. The Philippines or Indonesia cannot compare to the advanced economies of Germany or France. Europe, not just the EU, is a different game. With her almost 750 million population and a GDP larger than that of China or the US, Europe is the only truly wealthy market left in the world. China desperately needs access to this market both through the land bridge and SLOCs and it is here where the geopolitical dance of the century becomes extremely intricate. Several important facts must be considered before drawing any conclusions on the mid to long-term developments:

1. The United Stated posts huge trade deficits not only with China. The US is in a deep 56 billion dollars trade hole with Germany in 2017. It consistently posts trade deficits with most European nations from France to Finland and Russia. With the EU alone, the US trade deficit is more than 135 billion dollars. With the exception of military hardware, commercial aircraft and some electronics, the US is simply not competitive in Europe. China is and precisely in that sector where the United States produces next to nothing—consumer goods. The Europeans are aware of this, as they are apprehensive of China’s One Belt and Road. Speaking on January 10, 2018 France’s President Macron was explicit in his description of the Silk Road:

“We must come up with a common position at the European level…We can’t disregard this initiative. It would mean dealing with its consequences and would be a profound strategic mistake.”

Europe does feel a need to protect her strategic sectors and those are the ones where China still lags considerably—the high-tech machine building sectors.

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2. With China securing the safety of her strategic rear and crucial resources by entering into all but an full-fledged military-political alliance with Russia, China seems poised to complete the Silk Road’s land-bridge, a small part of which will go through Russia. Modern transportation technologies, including high-speed rail—the exact field in which China is one of the global leaders—may significantly change the matrix of goods’ flow and, indeed, interconnect Eurasia with a highly developed railroad network. In fact, the work is already in progress. But here is the catch.

3. Commercial marine transport still remains the most efficient way of delivering large quantities of goods—a term “Road” stands for SLOCs in a One Belt and Road initiative. China needs this Road which connects her ports with the Mediterranean and it is here where all illusions about this Chinese initiative must be dispelled.

There is a lot of talk about the Russia-Chinese alliance, as well as about Russia being a junior partner in such an alliance. All this is a result of not seeing the very serious real factors behind the new Silk Road. First, China’s initiative is not that beneficial to Russia. In fact, it goes contrary to Russia’s own plans for creating a new Eurasian Economic Union (EAEU). Russia has its own designs on large portions of the markets China sees as her own. Russia, dominating Eurasia’s heartland, has a shot at a serious upgrade of its own role in this plan and that is what Russia is doing already. One of the major reasons is the fact that the US Navy and the Chinese Navy (PLAN) are simply in different leagues. One may say, and justly so, a lot of negative things about the US Navy, which does face a whole host of large technological and operational problems, but there can be no denial that it still remains the most powerful naval force in history. It is precisely this force which can, if push comes to shove, stop any maritime trade in almost any part of the world. The “almost” qualifier is extremely important here.

One also may say that this is an unrealistic scenario, while in reality it is anything but. The Chinese Navy (PLAN) was in construction overdrive for a decade now and it built a large number of surface combat ships, some of which on paper look impressive. By 2030 it also plans to have four aircraft carriers in its order of battle. China is also building naval bases in Pakistan, which is prudent once one considers that a large portion of this “Road” passing through the Indian Ocean. But the question remains—in the case of an inevitable US-China trade war, which may go hot on “neutral” territory, will the Chinese Navy (PLAN) be able to defend its SLOCs from the interdiction by the US Navy?

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The answer is an unequivocal no. China may already have a very serious A2/AD (Anti-Access/Area Denial) capability which would deters the US Navy and make its life difficult in the South China Sea, but blue water operations are a completely different game. The US Navy today and in the foreseeable future has an ace up its sleeve, and that is a world-class, massive nuclear attack submarine force which, considering the US Navy’s powerful surface element, will not allow PLAN to defend its SLOCs. While Mahan’s ideas seem to be moribund, they may yet see their resurrection in the form of a large fleet standoff with global implications.Neither now nor in the foreseeable future will China be able to overcome the US Navy’s technological underwater superiority, and eventually the Chinese will also need to contend with India’s view of the Indian Ocean as her own internal lake. India also sees the Chinese naval presence in the Indian Ocean as a threat to herself. It is not surprising therefore to see increased cooperation between the US and Indian Navies. The PLAN is not ready to face such odds, especially when one considers the rather unimpressive technological reality of PLAN’s submarine force—this inferiority in technology and numbers will not be overcome any time soon. In plain language, in the open ocean the US Navy can and, most likely, will sink the Chinese Navy and that will mean the end of the Road, leaving onl the Belt to China.

In the end, the United States also needs Europe in a desperate attempt to revitalize own economy by utilizing the subjugated and split EU as the main market for US hydrocarbons and goods. The US doesn’t need Chinese competition in what has now become a struggle with enormously high stakes for the United States. After all, the memories of America as a global industrial powerhouse are still fresh among many. This, eventually, may move the United States into full confrontational mode with China and it is here where Russia will have her own very appealing strategic fork in the road, with some preparations for this fork now being made. The most important sign of this was Vladimir Putin’s rather startling revelation, during his October 2017 Valdai Forum conversation with youth, of his concern for the fate of white European Christian Civilization and his desire to preserve it.

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The importance of this statement is difficult to overstate—much more is at stake than mere economic issues, however important. The Russian-Chinese alliance today seems unshakable and it will remain so for a while, but, contrary to some opinions, this is not because Russia needs China—certainly no more than China needs Russia. It is a situational global alliance, but it is also the economically natural alliance of two very close neighbors. China needs Russia’s resources, which Russia gladly sells to China, but China also needs Russia’s technology and she needs it desperately. Europe is also not just a market for China; it provides access to very advanced technologies, from nuclear power to transportation. But Europe and Russia are effectively the same culture, while China and Russia are not.

Putin at Valdai confirmed Russia as primarily a European nation and stressed the necessity to preserve it as such while preserving European, which is Western, culture as a whole—this is without doubt a most startling and profound political statement from a major global statesman in the 21st century. Preserving European culture is impossible without extremely advanced technology and advanced military systems, but that is what Russia has been building for the last decade. With Europe slowly coming to some understanding of the dead end of its cultural and economic policies, it is becoming clear that Europe sees neither China nor the United States as friends. Yet, even despite sanctions on Russia, the Q3 2017 reports saw a very significant, double digit, growth in trade between Russia and Germany, Netherlands, Italy, and Austria—hardly a sign of an isolated nation. The trade with China also grew tremendously by more than 20% and reached 84 billion dollars, with a target of 200 billion to be reached in the nearest future. There will be no cohesion to any Eurasian economic plans without Russia. The Russians know this, and so do the Chinese and the Americans.

More importantly, while it is primarily Russian or Russia-derived military technology which has already firmly secured the Chinese and Russian littorals and their near sea zones from any aggression, Russia holds yet another joker up her sleeve. It is the Northern Sea Route, which China supports enthusiastically. She has sound reasons for doing that. Unlike the Indian Ocean where PLAN would have to face the immensely powerful US Navy, Russia controls the Arctic and possesses a world-class A2/AD capability there, from advanced nuclear submarines, patrol and missile carrying aviation to a system of surveillance and reconnaissance sensors and coastal weapons, which make this route a desirable trade artery, also being much shorter than other maritime routes. The pace of Russian construction of ice-breakers for year-round operation of this ice route, now greatly mitigated by climate change, testifies to the fact that this route is already becoming an important economic and geopolitical factor.

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The strategic implications are enormous—neither the US Navy, nor, for that matter any other navy, would be able to interdict Arctic SLOCs. Russia already has enough fire-power in the Arctic to ensure that passage is peaceful under any geopolitical conditions, while retaining, if need be, the capacity to shut it down. China has no such capabilities. But that is why China knows how to behave with Russia, which is also, together with Finland, a source of advanced technology for China not only militarily but for the use of this route. As The Diplomat noted:

In short, as long as solid Russia-China relations exist, the future of the Ice Silk Road is bright.

There are no reasons for China or Russia to spoil their relations, especially now when the agreement has been signed and a JV established for developing and building Russian-Chinese long-range wide-body CR 929 aircraft, which gives China access to world-class Russia’s commercial aircraft design and technologies. Russian-Chinese energy and infrastructure projects are also impressive and have huge potential for growth. In general, after all of these factors are considered, one can easily see that no matter how one plays with numbers or geography, Russia long ago secured both continental and maritime pivot positions for any major Eurasian project. She did that by playing to her many strengths. Then, by openly stating her European cultural roots, Russia has asserted her claim to be the very real bridge between Asia and Europe and she has all the necessary economic, technological and military wherewithal to support such a claim.

Will Europe get the signal? There are certainly many there who got it already but so did the United States, whose neocon cabal is going apoplectic when facing an unfolding geopolitical reality in which the United States may be simply bypassed as a player in Eurasia or, under highly desirable yet unattainable conditions, see herself reinventing herself as a major global productive player. How to do this? Alfred Thayer Mahan left no instructions and that could be a big problem. But if we all manage to avoid Mahan’s vision of large fleets blowing each-other out of the water with modern conventional let alone nuclear weapons, in their desperate fight to control shipping lanes of communications—this, I think, will fit the common sense of most people in Russia, the US, China and Europe. These four players must sort their problems out in a peaceful and civilized way—there is no other viable option. The only alternative is a bloody destructive triumph of Navalism.

lundi, 22 janvier 2018

A US-Turkish Clash in Syria?

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A US-Turkish Clash in Syria?

Turkey is moving armor and troops south to Syria’s border enclave of Afrin, occupied by Kurds, to drive them out, and then drive the Syrian Kurds out of Manbij further south as well.

Says President Recep Tayyip Erdogan, “We will destroy all terror nests, one by one, in Syria, starting from Afrin and Manbij.”

For Erdogan, the Kurdish YPG, the major U.S. ally in Syria, is an arm of the Kurdish PKK in Turkey, which we and the Turks have designated as a terrorist organization.

While the Kurds were our most effective allies against ISIS in Syria, Turkey views them as a mortal peril and intends to deal with that threat.

If Erdogan is serious, a clash with the U.S. is coming, as our Kurdish allies occupy most of Syria’s border with Turkey.

Moreover, the U.S. has announced plans to create a 30,000-man Border Security Force of Kurds and Arabs to keep ISIS out of Syria.

Erdogan has branded this BSF a “terror army,” and President Bashar Assad of Syria has called BSF members “traitors.”

This U.S. plan to create a BSF inside Syria, Damascus declared, “represents a blatant attack on the sovereignty and territorial integrity and unity of Syria, and a flagrant violation of international law.”

Does not the Syrian government have a point?

Now that ISIS has been driven out of Raqqa and Syria, by what authority do U.S. forces remain to arm troops to keep the Damascus government from reimposing its authority on its own territory?

Secretary of State Tillerson gave Syria the news Wednesday.

The U.S. troop commitment to Syria, he said, is now open-ended.

Our goals: Guarantee al-Qaida and ISIS do not return and set up sanctuary; cope with rising Iranian influence in Damascus; and pursue the removal of Bashar Assad’s ruthless regime.

But who authorized this strategic commitment, of indefinite duration, in Syria, when near two decades in Afghanistan have failed to secure that nation against the return of al-Qaida and ISIS?

Again and again, the American people have said they do not want to be dragged into Syria’s civil war. Donald Trump won the presidency on a promise of no more unnecessary wars.

Have the American people been had again?

Will they support a clash with NATO ally Turkey, to keep armed Kurds on Turkey’s border, when the Turks regard them as terrorists?

Are we prepared for a shooting war with a Syrian army, backed by Russia, Iran, Hezbollah and Shiite militias from Iraq, Afghanistan and Pakistan, to hold onto a fourth of Syria’s territory in alliance with Kurds?

The U.S. coalition in Syria said this week the BSF will be built up “over the next several years” and “be stationed along the borders … to include portions of the Euphrates river valley and international borders to the east and north.”

Remarkable: A U.S.-created border army is going to occupy and control long stretches of Syria’s borders with Turkey and Iraq, over Syria’s objections. And the U.S. military will stand behind the BSF.

Are the 2,000 U.S. troops in Syria really up to that task, should the Turks decide to cleanse the Syrian border of Kurds, or should the Syrian regime decide to take back territory occupied by the Kurds?

Who sanctioned this commitment to a new army, which, if Syria and its Russian and Iranian allies, and the Turks, do not all back down, risks a major U.S. war with no allies but the Kurds?

As for Syria’s Kurds casting their lot with the Americans, one wonders: Did they not observe what happened when their Iraqi cousins, after helping us drive ISIS out of Mosul, were themselves driven out of Kirkuk by the Iraqi army, as their U.S. allies watched?

In the six-year Syrian civil war, which may be about to enter a new phase, America faces a familiar situation.

While our “allies” and adversaries have vital interests there, we do not. The Assads have been in power for the lifetime of most Americans. And we Americans have never shown a desire to fight there.

Assad has a vital interest: preservation of his family regime and the reunification of his country. The Turks have a vital interest in keeping armed Kurds out of their border regions adjacent to their own Kurdish minority, which seeks greater independence.

The Israelis and Saudi royals want the U.S. to keep Iran from securing a land bridge from Tehran to Damascus to Lebanon.

The U.S. War Party wants us to smash Iran and remain in the Middle East forever to assure the hegemony of its favorites.

Have the generals taking us into Syria told the president how and when, if ever, they plan to get us out?

Camp Bondsteel muss geschlossen werden!

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Camp Bondsteel muss geschlossen werden!

Ex: https://www.zeit-fragen.ch/de

Steigende Spannungen und Gefahrenherde alter und  neuer Krisen erfordern die Einig-keit und das Bemühen aller Friedenskräfte zur Schliessung ausländischer Militärbasen, insbesondere der rund um den Globus in anderen Staaten aufgebauten US- und Nato-Basen. Die Kräfte, die sich um den Frieden bemühen, sind verpflichtet, die klare Botschaft zu verbreiten, dass die in anderen Staaten bestehenden US- und Nato-Militärbasen Werkzeuge des Hegemonismus, der Aggression und der Besetzung darstellen und als solche geschlossen werden müssen.


Frieden und eine alle mit einschliessende Entwicklung, die Eliminierung von Hunger und Armut bedingen eine Umverteilung der Ausgaben für die Aufrechterhaltung solcher Militärbasen zugunsten von Entwicklungsbedürfnissen, Bildung und Gesundheitsversorgung. Nach dem Ende des Kalten Krieges erwartete die ganze Menschheit Stabilität, Frieden und Gerechtigkeit in einer Welt gleichberechtigter Staaten und Völker. Diese Erwartungen erwiesen sich als vergebliche Hoffnungen.


Anstatt die US- und Nato-Basen in ­Europa zu schliessen, wurde der Kontinent im Laufe der zwei letzten Jahrzehnte durch eine ganze Reihe neuer US-Militärbasen in Bulgarien, Rumänien, Polen und den baltischen Staaten vernetzt. Infolgedessen gibt es heute mehr US-Militärbasen in Europa als auf dem Höhepunkt des Kalten Krieges. Frieden und Sicherheit sind brüchiger, und die Lebensqualität wird aufs Spiel gesetzt.


Diese gefährliche Entwicklung wurde 1999 eingeleitet durch die Nato-US-geführte Aggression gegen Serbien (die Bundesrepublik Jugoslawien). Am Ende der Aggression errichteten die USA in Kosovo und Metochien, dem besetzten Teil des serbischen Territoriums, eine militärische Basis, Camp Bondsteel genannt, die eine der teuersten und die grösste US-Militärbasis ist, die nach dem Vietnam-Krieg aufgebaut worden ist. Das war nicht nur illegal, sondern ein brutaler Akt der Missachtung der Souveränität und territorialen Integrität Serbiens sowie anderer Grundprinzipien des Völkerrechts. Heute gibt es gar den Plan, Camp Bondsteel zu erweitern und es – mit Blick auf geopolitische Absichten und Konfrontationen – zu einem permanenten Standort amerikanischer Truppen und zu einem Dreh-  und Angelpunkt der US-Militärpräsenz in Südosteuropa zu machen.


Wir verlangen, dass der Militärstützpunkt Camp Bondsteel geschlossen wird, und genauso alle anderen US-Militärbasen in Europa und der Welt. Vorbereitungen für das Vorantreiben von Konfrontation und neuen Kriegen sind eine sinnlose Verschwendung von Geld, Energie und Entwicklungsmöglichkeiten.


Das Belgrad-Forum als integraler Teil der Friedensbewegung der Welt steht entschieden zur Initiative, alle Militärbasen in der Welt zu schliessen und die Ressourcen statt dessen den wachsenden Entwicklungsbedürfnissen und der Sehnsucht der Menschen nach einem besseren Leben zukommen zu lassen.

The Belgrade Forum for a World of Equals. Belgrad, 12. Januar 2018

(Übersetzung Zeit-Fragen)

dimanche, 21 janvier 2018

Les Grands américains de l'Internet et le terrorisme islamique

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Les Grands américains de l'Internet et le terrorisme islamique

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Les services de contre-espionnage russes et de quelques pays européens avaient eu des preuves apparemment incontestables du fait que la CIA américaine et d'autres services des Etats-Unis ont toujours encouragé le développement au Moyen-Orient de milices se rattachant à l'Etat Islamique et combattant aussi bien le gouvernement de Damas que ses alliés russes et aujourd'hui iraniens.

A cette fin, ils avaient multiplié les aides en dollars et en armement. Il paraît très probable que cette aide se poursuit plus discrètement.

Mais il est une forme d'aide dont on a peu parlé, consistant à apprendre à ces terroristes à manipuler les « réseaux sociaux » de l'Internet pour diffuser des exhortations au djihad et aux attentats, visant non seulement les populations arabophones, mais des groupes terroristes implantés dans tous les pays européens.

Ces messages utilisaient et utilisent encore les grands de l'Internet américain, notamment Facebook, Twitter et You Tube. Cela ne pouvait pas se faire sans que ces organismes détectent de tels échanges. Mais pendant plusieurs années ils n'ont rien fait pour les prévenir, à la demande sans doute du gouvernement américain qui y a vu une forme d'aide très précieuse à leurs « proxies » terroristes.

Lancer une pierre en l'air et elle vous retombera sur la tête.

Le point de vue a cependant récemment changé, quand les services américains ont vu de tels messages pénétrer des milieux musulmans anglophones aux Etats-Unis susceptibles de comporter des candidats aux attentats en Amérique même. Une Commission du Sénat vient de se réunir récemment pour discuter de ce problème.

Mais les représentants des Réseaux sociaux interrogés ont prévenu qu'ils ne pouvaient pratiquement rien faire dorénavant pour contrer un phénomène devenu proliférant. Bien évidemment, ils ne peuvent confier à des contrôleurs humains la charge de contrôler des millions de messages par jour. Ils ont mis au point des algorithmes capables d'identifier et détruire les messages violents dont ces « robots » ont reçu la description. Comme il fallait s'y attendre cependant, les techniciens (souvent précédemment formés aux Etats-Unis) des organisations islamiques émettant ces messages ont vite appris comment échapper à ces algorithmes en changeant en permanence la façon dont ces messages se présentent. Comme il a été dit à la Commission, une sorte de jeu du chat et de la souris s'est installé, où le chat américain est toujours perdant

De plus, les terroristes islamistes ont appris à utiliser dorénavant des plates formes plus discrètes, utilisant des logiciels de cryptage. On connait à cet égard Telegram, Reddit and WhatsApp, très utilisés par les échanges n'ayant rien de criminel. Par ailleurs, comme les services de police le savent depuis longtemps, le fait que tous les messages et textes produits sur l'Internet permettent l'anonymat des auteurs ne fait que compliquer, sinon rendre impossible, l'identification et la poursuite en justice des sources.

Clint Watts, expert anti-terrorisme au Foreign Policy Research Institute, a reconnu que les Grands de l'Internet étaient devenus capables de détruire 95% des messages islamiques. Mais 5% de ceux-ci, en renouvellement constant de format, leur échappera toujours, quelque soit les progrès attendus de l'Intelligence Artificielle utilisée. Cela suffira à recruter dans les pays occidentaux un nombre considérable de candidats terroristes.

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Addendum
Nous recevons ce message d'un de nos correspondants, que nous ne nommerons pas ici. Pas de liens avec le terrorisme...encore que 

L'explorateur internet "Opera" introduit une protection contre l'emprunt 
clandestin de notre puissance de calcul :

"New year, new browser. Opera 50 introduces anti-Bitcoin mining tool.
"The only major browser that stops Bitcoin mining on your computer
Everyone is talking about Bitcoins these days. Their sudden rise in value 
resulted in the fact that more and more people set out to mine them by 
running shady scripts on the PCs of unsuspecting users. This situation might 
sound familiar: your CPU is suddenly working at 100 percent capacity, the 
fan is going crazy for seemingly no reason and your battery is quickly 
depleting. These are signs someone might be using your computer to mine for 
cryptocurrency and can continue to do so even after you have left the site. 
It's a problem which affects approximately 500 million people worldwide but 
not for those who choose Opera 50.
"We, as the only major browser with an integrated ad blocker, have a 
built-in solution to keep miners from trespassing onto your machine.
"After we recently updated the rules of our built-in ad blocker mechanism, 
we eliminated cryptocurrency mining scripts that overuse your device's 
computing ability."

L'annonce n'est pas claire : s'agit-il spécifiquement de "bitcoin" ? ou un 
peu plus largement de toutes monnaies cryptées ?
Ou encore, ce qui serait le mieux, d'une protection contre tout emprunt non 
autorisé des ressources de l'ordinateur ?
S'il ne s'agit que un certain type d'"emprunt", quelles conditions font 
qu'on puisse la particulariser ou, qu'elle ne puisse être plus générale ?

=====
Cet exemple me suggère un problème plus large, qu'il serait intéressant de 
traiter de manière systémique. Peut-être ceci a-t-il été entrepris : 
quelqu'un est-il au courant ? :
L'ensemble des ordinateurs connectés à Internet sont en interaction (via 
celui-ci) : ils forment donc un système. Ces relations sont des échanges 
d'information ou d'ordres. Il en est de diverses sortes : courrier 
électronique, consultation de sites, conversations (Skype, réseaux sociaux, 
travail collaboratif, ...), téléchargement de programmes, logiciels, 
pilotes, etc., mises à jour de logiciels déjà installés, implantation de 
cookies, circulations de virus et malwares divers, captation de carnets 
d'adresses, physhing, espionnage, etc.  ... et emprunt de ressources comme 
l'exemple ci-dessus.

Certaines interactions se font au su et avec l'accord à la fois de 
l'émetteur que du destinataire ; pour d'autres, les situations de 
connaissance et de consentement sont diverses et plus ou moins claires. 
L'initiative est tantôt chez l'émetteur du message ou de la requête, tantôt 
chez le receveur de l'information ou du logiciel. Aussi, des transactions 
licites et consenties sont parfois l'occasion d'offres incidentes 
(suggestions commerciales, documentaires, ou autres) et parfois le véhicule 
de communications ou installations occultes.

Divers enchaînements ou rétroactions sont donc possibles : soit que le 
destinataire accepte ou bloque de nouvelles possibilités de communication, 
soit qu'elles s'établissent automatiquement. C'est en particulier le cas 
pour les mises à jour automatiques et pour l'espionnage. D'où une dynamique 
fort complexe.

Comment étudier ce fonctionnement, ses implications techniques, économiques, 
politiques , culturelles et civilisationnelles ?

 

“Nueva California”, la Tabarnia de Estados Unidos

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Para liberarse del radicalismo del Partido Demócrata

“Nueva California”, la Tabarnia de Estados Unidos

Ex: www.latribunadelpaisvasco.com

Un grupo de activistas conservadores ha propuesto mediante una declaración simbólica de independencia, fundar "Nueva California", un nuevo estado dentro de EE.UU. que agruparía las zonas rurales de California y las separaría de las áreas urbanas costeras en manos de la extrema izquierda del Partido Demócrata norteamericano.

Los partidarios de la creación de "Nueva California" sostienen que los actuales y pasados gobernantes de California “no han cumplido con sus deberes y obligaciones con el pueblo californiano”. Además, aseguran que las acciones del presente gobernador del Estado, el demócrata Jerry Brown, y de su equipo pretenden establecer "una tiranía sobre California y ‘Nueva California’ a través de repetidas injurias y usurpaciones”.


Los impulsores de la iniciativa también aseguran que después de años “de exceso de impuestos, regulación y política de partido único, el estado de California y muchos de sus 58 condados se han vuelto ingobernables. La tendencia  del Estado a volverse ingobernable ha causado una gran pérdida de valor de los servicios básicos como la educación, la protección contra incendios, la aplicación de la ley, el transporte, la vivienda, la atención médica, los impuestos, los derechos de los votantes, los sistemas estatales de pensiones, los parques estatales, la gestión de las infraestructuras y el agua”.


Según el mapa publicado en la web de los impulsores de la iniciativa, la actual California quedaría conformada sólo por la franja costera donde se sitúan grandes ciudades como Los Ángeles, San Francisco, Santa Bárbara o San José, mientras que "Nueva California" contaría con condados como los de San Bernardino, Kern, Fresno o Riverside.


Entre los principales responsables de la propuesta de "Nueva California" figura el presentador radiofónico Paul Preston, uno de los políticos conservadores de Estados Unidos que se ha hecho conocido por su acierto a la hora de alertar de lo que él definie como “conspiraciones ecologistas y de la ONU en contra Estados Unidos”.

00:42 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, californie, états-unis, nouvelle californie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 20 janvier 2018

Un discours incendiaire de Rex Tillerson à propos de la Syrie

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Un discours incendiaire de Rex Tillerson à propos de la Syrie

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans un discours devant le Hoover Institute à Stanford le 17 janvier en présence de Condoleezza Rice, conseillère pour la Sécurité Nationale sous la précédente Administration, qui avait toujours poussé les Etats-Unis à la guerre, le Secrétaire d'Etat Rex Tillerson a réaffirmé la volonté américaine de renverser Bashar al Assad, en dépit ou plutôt en raison du soutien que ce dernier reçoit de la Russie et plus récemment de l'Iran.

Il est curieux de voir qu'en Europe, et notamment en France, ce discours qui est une véritable déclaration de guerre, n'ait pas reçu plus d'échos. Tillerson, contrairement aux affirmations précédentes de Washington envisageant un retrait du Moyen-Orient après une prétendue victoire américaine sur le terrorisme islamique, affirme dorénavant que les Etats-Unis resteront indéfiniment en Syrie et qu'ils n'accepteront jamais à Damas un gouvernement qui ne se plie pas aux injonctions de la politique américaine.

Il a ainsi renoncé à justifier la présence militaire américaine par les besoins de la lutte contre le terrorisme. De plus, il a multiplié les accusations contre l'Iran. Il est en cela dans la ligne définie par Donald Trump, selon laquelle ce pays était un adversaire de l'Amérique qu'il fallait détruire le plus vite possible. Selon lui, l'Iran chercherait à dominer entièrement le Moyen Orient. Les Etats-Unis n'accepteront jamais les interférences hostiles de Téhéran en Syrie : « the US was committed to reducing and expelling malicious Iranian influence from Syria ». Il a exigé également de la Russie qu'elle cesse son soutien à Assad.

Ce discours signifie implicitement que Tillerson prépare la partition de la Syrie en deux régions, l'une au nord devenant un protectorat américain à travers les nationalistes kurdes – ce que n'acceptera jamais la Turquie - et l'autre à l'est contrôlée par les milices islamiques qu'a toujours encouragé et armé Washington.

Tillerson est dans la ligne de la précédente décision américaine consistant à créer une force de 30.000 hommes commandée de fait par les 2.000 militaires américains maintenus en Syrie et appuyée par l'US Air Force basée en Irak et dans les Etats du Golfe. (Voir notre article, les Etats Unis s'installent militairement en Syrie).

Mais il va beaucoup plus loin. Dans l'immédiat, son objectif est de contrecarrer la prochaine réunion de Sochi, en Russie, destinée à instaurer un processus de paix. Au delà, prépare-t-il un affrontement militaire direct entre l'armée américaines et les troupes de Bashar al Assad, qui conduirait à un affrontement avec les Russes, installés en Syrie et qui ne s'en retireront jamais, sauf à accepter une retraite honteuse devant l'Amérique ? Prépare-t-il par ailleurs l'opinion à une guerre totale contre l'Iran?

Il conviendra de suivre avec attention dans les prochains jours la réponse que la Russie entendra donner à ces provocations.

Référence

Le discours de Tillerson le 17 janvier 2018
https://www.state.gov/secretary/remarks/2018/01/277493.htm

 

mercredi, 17 janvier 2018

L'Australie entre les Etats-Unis et la Chine

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L'Australie entre les Etats-Unis et la Chine

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'Australie et la Chine ont à peu près la même superficie. Mais avec ses 24 millions d'habitants, elle ne pèse pas au regard du 1 milliard 400 millions de Chinois. Cependant, par sa position clé dans le Pacifique, et ses nombreuses îles, elle ne peut pas être indifférente à une Chine qui ambitionne de plus en plus de se développer , au moins économiquement, en mer de Chine méridionale.

C'est sur le plan géopolitique qu'elles différent le plus. L'Australie, peuplée d'une majorité d'anglo-saxons, a joué depuis longtemps l'alliance avec les Etats-Unis. La Chine au contraire, dans le cadre du Bric notamment, coopère de plus en plus avec la Russie.

Cependant l'Australie a longtemps cru qu'elle n'aurait pas à choisir entre ses relations économiques avec la Chine et son alliance militaire avec l'Amérique. Les deux paraissaient compatibles et acceptées par les gouvernements respectifs. Cependant aujourd'hui la pression américaine se fait de plus en plus forte pour que l'Australie devienne, si l'on peut dire, un quasi membre de l'Otan, prête à des positions dures voire extrêmes, envers la Chine et la Russie.

La Chine ressent de plus en plus cette hostilité latente. Elle émet aujourd'hui des menaces économiques voilées à l'égard de Canberra, menaçant de se fermer aux exportations australiennes et d'y ralentir ses investissements. Sur le plan militaire, la Chine reproche à l'Australie de choisir systématiquement le camp américain dans les conflits latents ayant émergé en mer de Chine sud (SCS). C'est ce que vient d'affirmer le journal chinois quasi officiel le Global Times (voir référence ci-dessous) qui a avertit l'Australie qu'elle ne devait pas interférer dans les disputes territoriales dans cette région, en adoptant les positions américaines sur la liberté de navigation dans cette mer.. Sinon, elle « empoisonnerait » ses relations avec la Chine, qui adopterait de solides contre-mesures susceptible de freiner le développement économique australien.

Or la Chine est le plus grand partenaire économique de l'Australie, absorbant le tiers de ses exportations Dans le cadre d'un accord de libre-échange entré en vigueur en 2015, le commerce réciproque entre les deux pays dépasse 110 milliards de dollars annuels. De nombreux étudiants chinois sont inscrits dans les universités australiennes, où ils versent des droits importants. Les investissements chinois sont nombreux, notamment dans l'agriculture et le secteur minier. Par ailleurs, le nombre des touristes chinois en Australie ne cesse d'augmenter.

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Les militaires

Ceci n'empêche pas les militaires australiens de s'opposer de plus en plus à la Chine, l'accusant notamment de manipuler ses réseaux numériques et de développer un cyber-espionnage invasif. Les gouvernements australiens successifs, s'inspirant de ces accusations, ont interdit au géant chinois des télécommunicationssss Huawei de contribuer à la mise en place du National Broadband Network et de particper à la mise en place du réseau de câbles sous-marins entre Sydney et les iles Salomon. On notera que la Nouvelle Zélande et la Grande Bretagne accueillent au contraire favorablement les investissements de Huawai.

Par ailleurs l'Australie a multiplié ces dernières années les achats de matériels militaires américains, avec la coopération entre leurs forces armées qui en découle nécessairement. Aujourd'hui, elle s'est déclarée volontaire pour recevoir les premiers Joint Stike Fighters – ce qui n'est peut-être pas remarquons-le en passant, une décision très judicieuse, vu les ennuis de cet appareil.

L'Australie aujourd'hui est au pied du mur. Suivra-t-elle la politique américaine qui, dernièrement, sous Donald Trump, a paru préparer une guerre militaire contre la Chine, au moins en mer de Chine. Se rapprochera-t-elle en ce sens du Japon et de la Corée du Sud, si celle-ci joue - ce qui paraît aujourd'hui de moins en moins probable- le jeu de Donald Trump?

L'Australie au contraire tiendra-elle compte du fait que la Chine, dans de très nombreux domaines, est en train de devenir la première puissance mondiale, remplacer souvent les Etats-Unis en termes d'influence géopolitique? Elle aurait intérêt en ce sens a suivre l'exemple de la France, qui vient récemment d'afficher sa volonté d'augmenter ses échanges avec la Chine. D'autres pays européens, notamment l'Allemagne, font de même. Tout laisse penser que Pékin accueillera cette coopération renforcée avec faveur.

A court terme, la décision incombera à une classe politique australienne encore obsédée par la volonté de rester dans l'orbite américaine. Mais ceci pourrait changer, notamment si Donald Trump, sans être « fou », continue à donner de nouvelles preuves d'incohérence. Cela changera aussi si le dollar perd de plus en plus sa prédominance dans les échanges en faveur du yuan chions, ou à court terme, d'une devise hybride dite pétro-yuan.

Référence

Global Times. Meddling in South China Sea deepens Australia's strategic plight
http://www.globaltimes.cn/content/1082765.shtml
Voir aussi, précédemment
http://www.globaltimes.cn/content/1082291.shtml

mardi, 16 janvier 2018

Américannabis

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Américannabis

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Les études médicales les plus récentes sont formelles : la consommation de tabac diminue très fortement aux États-Unis. Le fumeur de cigarette devient de plus en plus rare par la force de l’hygiénisme ambiant. De nombreux propriétaires exigent maintenant dans les contrats de location de ne pas fumer à l’intérieur des appartements, ni en terrasse, ni même aux environs immédiats de la résidence. Mais cette baisse massive masque un mal bien plus grand qui gangrène toute la société étatsunienne, la dépendance aux drogues.

Le 1er janvier 2018, la Californie est devenue le neuvième État à légaliser la production, la vente, la distribution, l’usage et la détention de cannabis. Dès novembre 1995, la proposition 125 autorisait les Californiens à prendre du cannabis à titre médical contre l’arthrite et le cancer. Cet usage légal est désormais reconnu dans une trentaine d’États ainsi que dans le District fédéral de Colombia, à Guam et à Porto Rico.

États fédérés, comtés et municipalités se félicitent déjà des gigantesques retombées fiscales de la vente de cet excrément à fumer, à boire et à manger. La collecte des taxes rapporterait plus de 655 millions de dollars par an. Le chiffre d’affaire tournera d’après les prévisions les plus optimistes à 5,6 milliards d’euros ! Rien qu’en Californie, 230 000 emplois à temps plein ou partiel vont être créés. Les médiats officiels européens qui relaient avec complaisance cette abjecte tolérance se taisent en revanche sur la catastrophe sanitaire qui en découle. Pour la deuxième année consécutive, l’espérance de vie des Étatsuniens a diminué du fait de l’utilisation tolérée des drogues.

En 2015, le nombre moyen de consommateurs s’y élevait à 97 millions. Un an plus tard, un consommateur décédait de surdose toutes les huit minutes. Les plus affectés sont les 25 – 34 ans qui connaissent en une seule année + 30 % de hausse de leur mortalité. Ce fléau ravage en particulier les Amérindiens dans leurs réserves et les zones rurales pauvres blanches, ces campagnes qui ont voté Donald Trump à la dernière présidentielle. Pis, sous la pression de l’industrie pharmaceutique, 28 % des victimes sont tombés dans la drogue suite à des prescriptions médicales, en particulier un anti-douleur de synthèse, le fentanyl.

Un véritable génocide s’opère donc en silence bien loin de Wall Street, du Capitole de Washington et d’Hollywood. La situation est gravissime par rapport à quelques mains aux fesses d’actrices délurées consentantes à l’insu de leur plein gré. Le recours tant au cannabis qu’aux opiacés se comprend pour un Étatsunien pris dans l’engrenage infernal du libéralisme capitaliste qui lui impose une exigence de rendement, de rentabilité, de surconsommation, de concurrence, de productivité et d’hyper-endettement personnel. Pour survivre aux cadences folles de ce monde taré où tous sont en guerre contre tout le monde, des millions d’esclaves hyper-modernes se résignent à la drogue et acceptent une existence pourrie. Bienvenue donc aux États-Zombies d’Amérique. Raison supplémentaire pour rejeter l’américanisation de l’Europe, sa saloperie de société de marché et son infect libéralisme.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 61, diffusée sur Radio-Libertés, le 12 janvier 2018.

11:39 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cannabis, drogues, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 14 janvier 2018

L’armée américaine prépare la guerre du futur : le Pentagone va aligner des essaims de drones, prêts à l’action

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L’armée américaine prépare la guerre du futur : le Pentagone va aligner des essaims de drones, prêts à l’action

Washington. Des innovations étonnantes préparent la guerre du futur : le gouvernement américain a inauguré un projet d’armement à plusieurs niveaux, lequel prévoit l’engagement d’essaims compacts de drones. Dans le cadre de ce projet, les autorités militaires américaines envisagent de combiner l’engagement de drones en essaims sur terre et dans les airs. Le projet est à l’étude et serait sans cesse perfectionné. Les militaires américains ont en vue d’utiliser ces dispositifs dans des « zones opérationnelles complexes » comme les espaces urbains.

Les militaires américains expérimentent depuis un temps déjà assez long l’utilisation opérationnelle d’essaims de drones. Il s’agit ainsi de mettre en œuvre de petits drones intelligents en réseau qui, tel un essaim d’insectes, iraient par exemple reconnaître le terrain, échangeraient des informations ou même aborderaient des cibles et les combattraient. Les drones autonomes constitueront surtout une arme de premier plan dans les futurs combats urbains, biotopes dangereux où il s’agira surtout d’épargner des hommes et du matériel.

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Dès 2016, le ministère américain de la défense avait testé des micro-drones en essaims sur un terrain en Californie. 103 drones avaient été lancés au départ de trois avions de combat. Ces petits drones ont mené plusieurs missions de combat : vol en formation, repérage collectif d’objectifs et auto-réparation. Une vidéo montre comment l’essaim trouve sa cible, l’encercle en quelques secondes et s’en approche.

Les Etats-Unis entendent utiliser cette technologie en essaim dans les airs, sur terre et en environnement maritime. La Chine, elle aussi, met les bouchées doubles pour être, dans un futur proche, prête à aligner sur un front de combat des essaims de drones.

(Source : http://www.zuerst.de ).

 

Bannon en chute libre : il a été chassé de « Breitbart News »

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Bannon en chute libre: il a été chassé de « Breitbart News »

Washington. L’étoile du « faiseur de roi », de celui qui avait été décrit comme l’homme à avoir promu Trump, a encore pâli. Steve Bannon,en effet,  perd encore des plumes. Il était tombé en disgrâce à la Maison Blanche, pour avoir participé à un ouvrage qui critiquait vertement Trump : cet ouvrage s’intitule « Fire and Fury » et est signé par le publiciste Michael Wolff. Pire : il vient d’être démis de ses fonctions au portail en ligne « Breitbart News ».

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« Breitbart News » avait la réputation d’être le site porte-paroles de la droite américaine et avait véritablement mobilisé l’opinion pour faire entrer Trump à la Maison Blanche. Dans une déclaration qu’il vient de publier, Bannon lui-même se dit fier que l’équipe du site est parvenue à créer, au cours des dernières années, « une plateforme d’information de niveau mondial ». Bannon ne dit rien à propos des motifs de son départ dans la déclaration qu’il vient de formuler. Le directeur actuel du portail, Larry Solov, a toutefois expliqué que l’entreprise sera « toujours reconnaissante » à Bannon pour avoir atteint le niveau qu’elle a effectievement atteint grâce à l’aide de Bannon.

Mais les « sources bien informées » de Washington en savent davantage, bien évidemment. D’après elles, le départ de Bannon est dû à la pression exercée par la famille Mercer, des milliardaires conservateurs qui possèdent la plupart des actions de « Breitbart ». Rebekah Mercer, femme entrepreneur et généreuse mécène de l’affaire, aurait été outrée après la parution du livre révélateur « Fire and Fury » ; elle se serait alors désolidarisée de Bannon pour réaffirmer son soutien à Donald Trump.

(Source : http://www.zuerst.de ).

dimanche, 07 janvier 2018

Le dollar en voie - enfin - d'être détrôné par le Yuan

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Le dollar en voie - enfin - d'être détrôné par le Yuan

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Un article de la chaine financière américaine CNBC publié le 24 octobre dernier annonçait " China has grand ambitions to dethrone the dollar. It may make a powerful move this year "

https://www.cnbc.com/2017/10/24/petro-yuan-china-wants-to...

Cela n'a pas tardé. Le 2 janvier 2018, la Banque Centrale du Pakistan annonçait que les échanges du pays avec la Chine allait désormais être libellés en yuan et non plus en dollars. “Comprehensive policy related measures to ensure that imports, exports and financing transactions can be denominated in CNY (Chinese Yuan).”

Compte-tenu de l'importance non négligeable des échanges sino-pakistanais, cela ne pourra pas laisser indifférents un grand nombre de pays d'Asie centrale ou d'Asie du sud-est qui échangent beaucoup avec la Chine. La Russie de son côté risque d'abandonner enfin pour son compte le monopole du dollar dans ses échanges.

Rappelons plus concrètement qu'il y a quelques jours le gouverneur de la Banque Centrale chinoise a rencontré le ministre des finances saoudien afin de discuter de la date à laquelle le Royaume acceptera de voir la Chine payer en yuan ses importants achats de pétrole.Voir à nouveau CNBC https://www.cnbc.com/2017/10/11/china-will-compel-saudi-a...  Rappelons aussi que précédemment le Vénézuéla avait prévenu que ses exportations en gaz et pétrole devraient être payées en yuan.

Le coup frappé contre les Etats-Unis par la décision du Pakistan devrait être considérable. Pour Wall Street et Washington, la perte par le dollar de son statut de monnaie de réserve internationale, même si elle n'est pas complète, entrainera une explosion de la dette américaine, de l'inflation et l'impossibilité de financer à crédit, notamment, les importantes dépenses militaires prévues par Donald Trump. Celui-ci devra renoncer à son grand projet « America first ».

La Chine aura obtenu ce succès stratégique sans tirer un coup de fusil contre les Américains.

vendredi, 05 janvier 2018

Charles Lindbergh’s Philosophy of Vital Instinct

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Charles Lindbergh’s Philosophy of Vital Instinct

The heightened pace of life in industrial societies, Charles Lindbergh realized, necessitated reflection on what type of life is best suited for man. Which of the two, reason or vital instinct, constitutes the best function of human beings? Which of the two contributes best to man’s happiness and lasting well-being?…

Charles Lindbergh begins Autobiography of Values by reflecting on the values that mold a person’s life. In the first pages of this autobiography of ideas and values, Lindbergh asks, whether life is best lived by paying allegiance to reason or to vital instinct.

This is the fundamental question that is addressed by philosophy of life thinkers like Maine de Biran, Wilhelm Dilthey, Miguel de Unamuno and José Ortega y Gasset, to name just a few. Lindbergh’s concern reflects the philosophia perennis, a term that was coined by Leibniz, but which contains themes that can be traced back to the ancient Greek pre-Socratic philosophers, Pythagoras and Heraclitus, and that are beautifully articulated by Socrates and Plato, and Marcus Aurelius’ stoicism.

For practical reasons, the act of balancing a life of reason with a life guided by vital instinct became more delicate after the Industrial Revolution.The heightened pace of life in industrial societies, Charles Lindbergh realized, necessitated reflection on what type of life is best suited for man. Which of the two, reason or vital instinct, constitutes the best function of human beings? Which of the two contributes best to man’s happiness and lasting well-being?

This question is of crucial importance for Lindbergh, for the world-renowned pilot embarked on a life of scientific and technological discovery. Lindberg lived during a time that witnessed the explosion of mechanization in twentieth-century Western civilization. The life of the legendary aviator was marked by this quest.

Lindbergh’s fascination with science and technology is commensurate with America’s in the first half of the twentieth century. Yet the other component of the perennial philosophy that Lindbergh addressed is that without moderation by vital instinct—a kind of checks-and-balances in itself—science and technology develop into sterile scientism, which eventually comes to rule over man by obfuscating man’s hierarchy of values. In his book Of Flight and Life, which Lindbergh published in 1948, he offers a refutation of philosophical materialism. He argues that to keep scientism from destroying Western civilization, “we must control it by a philosophy reaching beyond materialism, a philosophy rooted in the character of man and nourished by the eternal truths of God.”

The tension between reason and vital instinct elucidates what Lindbergh means by values. While reason can be equated with intellect, vital instinct in human beings is akin to lived-intuition, which serves as a guide for human emotion and passion. The values of vital life, Lindbergh suggests, enable man to decipher the meaning and purpose of human experience. This entails having to choose between often-conflicting values.

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Early in life, the young Lindbergh did not like school. What he enjoyed most was working on the family farm in Minnesota and being in the outdoors. When he discovered flying, the values of vital life enabled the young flyer to treat flight with deference. Lindbergh writes: “Instinctively I was drawn to the farm, intellectually to the laboratory. Here began a conflict between values of instinct and intellect that was carried through my entire life, and that I eventually recognized as inherent in my civilization.”

Lindbergh’s flight in his single-engine monoplane Spirit of St. Louis from New York to Paris on May 20-21, 1927, is a feat of engineering and technology. By all accounts, this is what the crossing of the Atlantic in a single-engine airplane meant in those pioneering and dangerous days of aviation history. Lindbergh understood the technical specifications that such a flight would entail: weight to power ratio of his airplane, accurate navigation in relation to predominant wind currents, fuel consumption, etc. Lindbergh was careful to plan his flight across the Atlantic well in advance. This was the sublimation of emotion by the intellect. In other words, Lindbergh’s historic flight was not the whim of a daredevil pilot, even though he came to be known as Lucky Lindy.

Beyond the technical feat, Lindbergh’s near-3,600-mile and thirty-four-hour-long flight across the Atlantic is a human story of colossal proportion. Part of this has to do with Lindbergh’s character: The young man was reserved and private. He remained this way even after the fame that his historic flight brought him. Lindbergh’s description of the flight in his book The Spirit of St. Louis offers readers a deeper understanding of the thought process of the courageous twenty-five-year-old aviator. He describes his ordeal during the flight as one of vast personal discover: “Emerging from my contemplation were two areas of extraordinary interest. One related to aviation’s progress, the other to the quality and mystery of life.” This is the main theme that dominates his books and also, judging from the prominent role this plays in his autobiography, Lindbergh’s life.

Lindbergh’s historic New York-Paris flight made the young pilot realize the immense potential for the future of commercial aviation. First, airplanes needed to become bigger and more reliable. After Lindbergh’s Atlantic crossing, technological development of aircrafts allowed for the growth of commercial aviation.

During this period of his life, Lindbergh began to reflect on the dominant values of Western civilization: what these mean to human liberty, the essence of man, and how the cultivation of man’s better traits and moral compass contribute to the upkeep of democratic societies. These questions, Lindbergh believed, are rooted in higher values.

Technological advancement made Lindbergh understand that civilization always wavers between the complexity of vast structures and instinctual simplicity. The former is imbued with scientific discovery, while the latter remains grounded in the values of a reflective existence. For instance, Lindbergh found inspiration in the work of the 1912 Noble prizewinner in medicine, Alexis Carrel. Lindbergh believed that life expectancy could be extended, perhaps indefinitely. The young Lindbergh believed that the future of life expectancy depended on the creation of efficient perfusion pumps—the kind of medical technology that Lindbergh designed in 1935—in collaboration with Carrel.

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With the advent of World War II, Lindbergh witnessed the creation of evermore elaborate machinery and industrialization. Technology, Lindbergh feared, was outpacing the dreams and aspirations of those who labored to create it. Lindbergh’s philosophy of human values was in part inspired by Robert Goddard’s development of rockery, Werner von Braun’s V-2 rocket, and how these machines blossomed into the Saturn V rocket that would eventually propel man to the moon.

Lindbergh’s thinking is infused with the tension of balancing reason, which is calculative, with values of life—what he referred to as vital instincts.

Lindbergh’s reflective inquietude is the same encountered by philosophers of life, for through reflection on scientific explanations of the world; the individual finds himself as a responsible interpreter of human experience. Scientific explanation of human reality must be mediated by human thought and instinct. He explains, “I believe early entrance to this era can be attained by the application of our scientific knowledge, not to life’s mechanical vehicles, but the essence of life itself: to the infinite and infinitely evolving qualities that have resulted in the awareness, shape, and character of man.”

Part of the importance of Lindbergh’s philosophy of the role of the individual in Western civilization, which he expounds on in his writing, is his reflection and exploration of the perennial philosophy. The perennial philosophy revisits human ideas and values that remain relevant through the passage of time and that must be re-addressed by subsequent generations. Lindbergh articulated his discovery of many of these values after much thought and consideration of scientific problems.

Lindbergh’s philosophical ruminations display an efficient and fresh way to keep philosophy and philosophical reflection relevant, uncorrupted by the sterility of uninspired academic bureaucrats.

For instance, Lindbergh reflects on the problem of the fruit of the tree of knowledge posed in Genesis. If there exists a tree of knowledge that man must respect, then how does man appropriate this knowledge, without crossing the line that opens a Pandora’s Box of human suffering? What, then, if any, is the limit of human knowledge that the tree of knowledge suggests for man? Does the wisdom that comes from this knowledge require a rite of passage that is earned through self-reflection and sacrifice? Lindbergh considered these questions in earnest and has the following to say: “Genesis leaves us in a mystery not unlike what lies beyond scientific rationality. Was man ruined in his knowledge because it is finite? Was mankind better off following dogmatic religious myths than the fearful future realities of science? Is the intellect man’s tyranny over himself?”

The fantastic technological developments of the first half of the twentieth century made Lindbergh cognizant of the individual’s place in the cosmos. Mechanization made the dizzying speed of technological development possible. This, in turn, made it necessary for man to reflect on the scope of mechanization in Western societies. The difference between handcrafting canvass and wooden airplanes in the early days of aviation, to molding sheet metal, and using pneumatic tools to build the formidable Boeing 747-8 Intercontinental is enough to move sentient people to reflect about man’s capacity to create.

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Lindbergh contends that the values of Western civilization must continually be made fresh, in order for the West to remain grounded in the values of life. “But in part modern science developed from the magic of times past,” Lindbergh suggests. “Maybe science was like an adolescent child smiling too surely at its uneducated parents.”

The legendary aviator argues that reason, intellectual discourse, and science and technology should be considered, and thus operate hand-in-hand with vital instinct. Speculation on cosmic reality enables man to reflect on the nature of individual existence. For this reason, Lindbergh writes, “man feels intuitively that something beyond life exists for him—a continuance, a direction, surpassing the description of his mind.”

Only through man’s encounter with differentiation can man make sense of the unique, lived reality that is experienced as individual human existence.

The Imaginative Conservative applies the principle of appreciation to the discussion of culture and politics—we approach dialogue with magnanimity rather than with mere civility. Will you help us remain a refreshing oasis in the increasingly contentious arena of modern discourse? Please consider donating now.

Kalter Krieg und transatlantische Netzwerke – gestern und heute

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Kalter Krieg und transatlantische Netzwerke – gestern und heute

Zur Ausstellung «Parapolitik: Kulturelle Freiheit und Kalter Krieg»

von Urs Knoblauch, Kulturpublizist, Fruthwilen

Ex: http://www.zeit-fragen.ch.fr

Nur noch bis zum 8. Januar 2018 widmet sich das Berliner Museum «Haus der Kulturen» (HKW) mit einer grossen Ausstellung und Veranstaltungen der Aufarbeitung der propagandistischen Kulturpolitik im Kalten Krieg ab den 1950er Jahren. Aber auch über diesen Termin hinaus bleibt das Thema aktuell.
Eine sorgfältige Aufklärung über diese wichtige historische Epoche ist nötig. Und sicherlich ist es kein Zufall, dass gerade das Berliner «Haus der Kulturen» für die Ausstellung ausgewählt wurde, stand doch dieses Haus für die hier dargelegten kulturpolitischen Aktivitäten im Zentrum. «Es wurde auf Initiative der beim amerikanischen State Departement in Berlin tätigen Eleanor Dulles gebaut, der Frau des politischen Hardliners und Aussenministers John Forster Dulles», so Paul Jandl im Artikel «Der Geheimdienst fördert die Kunst» in der «Neuen Zürcher Zeitung» vom 30. November 2017. Jandl schreibt weiter, dass es in der Familie Dulles viele gab, «die im ideologischen Halbschatten Amerikas Karriere gemacht haben, nämlich bei der CIA».

Der Kongress für kulturelle Freiheit

Der Kampf der politischen Systeme wurde nach dem Zweiten Weltkrieg in Europa und besonders in Deutschland und Frankreich, aber auch in Österreich und Italien in grossem Stil mit Millionenbeträgen in Kunst, Kultur, Medien und Bildung geführt. «Dafür steht beispielhaft der Kongress für kulturelle Freiheit (Congress für Cultural Freedom, CCF)», so der Text des HKW zur Ausstellung. Im «Kalten Kulturkrieg», so auch der informative Artikel zur Ausstellung in der «Süddeutschen Zeitung» (18./19. November 2017), wurde die kulturelle Hegemonie und «Moderne» auf allen kulturellen Gebieten des Westens befördert. Ab 1950 organisierte der CCF zahlreiche Kongresse, kulturelle Veranstaltungen mit berühmten Persönlichkeiten, um die amerikanischen Werte und politischen Anliegen in Europa gegen den Einfluss des Kommunismus und Sozialismus, der viele Anhänger gerade unter den Intellektuellen fand, zu verbreiten. «Ausgehend vom Pariser Hauptquartier unterstützte der CCF zahlreiche Kulturprogramme in Lateinamerika, Afrika und Südostasien und spann ein Netzwerk von Zeitschriften, Konferenzen und Ausstellungen, um die ‹universelle› Sprache der Moderne in Literatur, Kunst und Musik zu fördern».
Der CCF griff immer mehr in die «intellektuelle Debatte ein, indem er Künstler und Medien unterstützte. Nicht nur «Heinrich Böll und Sigfried Lenz sollen von den Aktivitäten des CIA-Kassenwartes profitiert haben», auch «wurden Zeitschriften gegründet, die sich zu wichtigen Instrumenten des Austauschs entwickelten. In Deutschland war es der vom amerikanischen Publizisten Melvin Lasky ins Leben gerufene ‹Monat›, für den André Gide und Arthur Koestler, aber auch Theodor W. ­Adorno und Hannah Arendt schrieben».
«1967 stellte sich heraus, dass der CCF im verborgenen von der CIA finanziert worden war, um den antikommunistischen Konsens und damit die hegemonialen Interessen der USA in einem Kalten Krieg der Kulturen zu befördern. Mit der Enthüllung des CIA-Skandals war der Ruf des CCF ruiniert. Zu offensichtlich waren die ideologischen Widersprüche und die moralisch zweifelhafte Verteidigung von Freiheit und Transparenz mit Mitteln, die sich ihrerseits der demokratischen Rechenschaftspflicht entzogen.» (HKW) So wurden 44 westdeutsche Zeitungen, auch die «Süddeutsche Zeitung», und wichtige Zeitungen der Nachbarländer, beispielsweise die «Neue Zürcher Zeitung», mit grossen Geldsummen «subventioniert».

Weg in die Postmoderne

Für den «Kalten Kulturkrieg» setzten sich über zwei Dutzend amerikanische Stiftungen neben den offiziellen und halboffiziellen Institutionen mit riesigen Millionen-Dollar-Beträgen ein. In der Musik wurde die Avantgarde, in der bildenden Kunst wurden vor allem die modernen, abstrakten Maler gefördert. «Jackson Pollocks Bilder und der vom Kongress für kulturelle Freiheit favorisierte Abstrakte Expressionismus waren Inbegriff formaler Freiheit bei gleichzeitiger Abwesenheit direkter politischer Botschaften», so im informativen Artikel der «Neuen Zürcher Zeitung». Dabei ging es nicht um die historische «Moderne» in Kunst und Architektur des beginnenden 20. Jahrhunderts, sondern um eine Abstraktion ohne Grundwerte, um eine inhaltliche Beliebigkeit und insbesondere um eine Abwertung der wertvollen europäischen Tradition der realistischen und wertorientierten Kunst und Kultur, die dann kaum noch gefördert wurde.
In der Berliner Ausstellung sind moderne Bilder von zahlreichen bekannten Künstlern zu sehen. Dabei wird das Spektrum von der propagierten radikalen Abstraktion (Ungegenständlichkeit) bis zur abgewerteten figürlichen Kunst (Realismus) gezeigt. Von der Art&Language-Künstlergruppe ist das grossformatige Guernica-Gemälde von ­Picasso zu sehen, welches im «Action-Painting-Stil» von Jackson Pollock in den 1980er Jahren umgestaltet wurde. Die Bilder wurden von den Kuratoren zusammengestellt unter dem offenen Begriff «Parapolitik», der die globale Dimension der Kulturpolitik im Kalten Krieg, die Instrumentalisierung, ihre Einflüsse und die «wandelnden Bedeutungen und Ziele» der Moderne und Postmoderne mitbezeichnet.

VB-TrKK.jpgEin Buch von Volker Berghahn

Zur komplexen Problematik, welche die Ausstellung thematisiert, ist das lesenswerte Standardwerk «Transatlantische Kulturkriege – Shepard Stone, die Ford-Stiftung und der europäische Antiamerikanismus» (Stuttgart 2004) des deutschen Historikers Volker Berghahn, der unter anderem an der Columbia University in New York lehrte, besonders informativ. Am Beispiel einer Schlüsselperson wie Shepard Stone (1908–1990), Stabsmitarbeiter in der «Ford Foundation», Sonderberater der USA im «Kalten Kulturkrieg» und von 1974 bis 1988 Leiter des einflussreichen Berliner Aspen-Instituts, erhält der Leser detaillierte Einsicht in das historische Quellenmaterial, das dokumentiert, wie ab 1945 an verschiedenen kulturellen Fronten um «die Hegemonialmacht innerhalb des westlichen Bündnisses» gekämpft wurde.
Die Literaturwissenschaftlerin, Filmproduzentin und Kulturpublizistin Frances Stonor Saunders hatte schon mit ihrem Buch «Wer die Zeche bezahlt – Die CIA und die Kultur im Kalten Krieg» (New York 2000; Berlin 2001) vielen Künstler die Augen geöffnet. Der damalige Rezensent des Buches, Norbert Seitz, beschrieb, wie «prominente westliche Intellektuelle beabsichtigt oder unbeabsichtigt zu Werkzeugen des amerikanischen Geheimdienstes wurden» («Süddeutsche Zeitung» vom 18.4.2001).

Auswirkungen bis heute

Die Kulturstrategie des Kalten Krieges hat bis heute grosse Auswirkungen. Zu Recht schreibt Paul Jandl in der «Neuen Zürcher Zeitung»: «Man darf sich nicht täuschen lassen. Wenn es darauf ankommt, wird sie [die Kunst, uk] noch immer zum Diener der Politik degradiert. Als 2003 klar war, dass die USA dem Irak den Krieg erklären werden, haben die Vereinten Nationen im New Yorker Hauptquartier den Wandteppich mit Picassos ‹Guernica› schnell verhüllen lassen. Präsident Bushs sogenannter Feldzug des Guten und Aussenminister Colin Powell vor Picassos Anti-Kriegs-Bild: Das hätte nicht gut ausgesehen.»
Die hier kurz dargelegte Thematik der Kulturkriege verdient weitere Vertiefung, gerade auch im Hinblick auf die Verhaltensforschung und Bildungspolitik, die Amerika im Zusammenhang mit dem «Kalten Kulturkrieg» zentral «förderte». Ebenso sind die heutigen ausgefeilten politischen Propaganda- und Manipulationsmethoden eines Edward Bernays sowie die Auswirkungen von Theorien und Praxis der «Kulturellen Hegemonie» von Trotzki und Gramsci einzubeziehen.
Wenn man die Programme und Aktivitäten zur Bildung im Haus der Kulturen in Berlin studiert, erkennt man die Aktualität der Ausstellung. Sie zeigt die Notwendigkeit auf, Begriffe wie «Kultur» und «Freiheit» nicht zu missbrauchen und genauer zu definieren. So können uns Ausstellungen und Bücher die Augen öffnen und zum Nachdenken anregen, auch über die Notwendigkeit einer Kulturethik, zum Mitwirken im ehrlichen, mitmenschlichen Sinn und dazu, dem grossen Reichtum der europäischen Kulturtradition mehr Sorge zu tragen.    •

Eine Publikation zur Ausstellung in englischer Sprache erscheint im Frühjahr 2018. Informationen unter: www.hkw.de  

mardi, 02 janvier 2018

Comparaison entre les moyens militaires américains et russes

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Comparaison entre les moyens militaires américains et russes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans un article du 29/12/2017, nous avions évalué rapidement ce à quoi correspondent ce que l'article avait nommé les « nouvelles forces armées russes »

Il est intéressant de comparer les moyens de celles-ci à ceux de l'armée américaine. Le site Russiafeed fournit des éléments à cet égard. Nous ne pouvons évidemment pas garantir la validité des chiffres. Disons seulement qu'ils paraissent très vraisemblables. Précisons qu'ils ne concernent pas les moyens aéro-navals, notamment en nombre de porte-avions et de flottes aériennes embarquées. Sur ce point l'Amérique dispose d'une supériorité écrasante. La Russie est en train de mettre au point de nouveaux missiles capables de traverser les barrières électroniques actuelles des navires américains. Mais l'US Navy ne restera certainement pas sans réponse.

Voir http://russiafeed.com/russia-vs-us-who-has-the-stronger-m...

Nous en retiendrons les éléments suivants:

Budget militaire annuel.
Etats-Unis $594 milliards, Russie $67 milliards.

Personnels d'active.
Etats-Unis 1.492.200, Russie 845.000

Bases militaires à l'étranger
Etats-Unis 800 dans 80 pays dont 174 en Allemagne, Russie 12 dont 10 dans les anciens Etats de l'Union soviétique à sa frontière sud, 2 autres l'une en Syrie et l'autre au Viet-Nam.

Arsenal nucléaire.
Nous ne reprendrons pas ici les chiffres. Disons que chacun des deux adversaires éventuels dispose de la capacité de rayer l'opposant de la carte mais aussi d'anéantir la Terre entière. Néanmoins, récemment, Donald Trump a ordonné de moderniser et renforcer les moyens américains, tètes nucléaires et ICBM, sans doute sous la pression du complexe militaro-industriel, toujours avide de nouveaux contrats, même s'ils ne reposent sur aucun besoin.

Aptitude à la « réponse asymétrique ».
On appelle ainsi, dans le cas des grandes puissances, la disponibilité de systèmes de défense aérienne, de systèmes de détection, de systèmes de défense anti-missiles. Or sur ce point la Russie, beaucoup plus exposée que l'Amérique aux attaques provenant des bases militaires qui l'encerclent, à mis au point divers systèmes qui semblent beaucoup plus efficaces que leurs homologues américains. Elle a pu les utiliser avec succès et les améliorer encore lors de la récente campagne en Syrie.

Le représentant russe à l'Otan a prévenu en été 2016 ses homologues des capacités de réponse asymétrique russes, non seulement peu couteuses, mais hautement efficace https://www.rt.com/news/337818-russia-nato-asymmetrical-r.... Voir aussi, en langue russe https://ria.ru/syria/20161006/1478654294.html?utm_source=...

Cyber-guerres.
Sur ce point, l'Amérique possède une indéniable supériorité sur la Russie, compte tenu du nombre et de la variété de systèmes d'espionnage, y compris spatiaux, dont disposent notamment la CIA et la NSA (National Security Agency). On peut penser que rien d'important de ce qui de passe à Moscou ou plus généralement en Russie n'échappe aux « grandes oreilles américaines.

Les capacités russes ont été volontairement surévaluées par le Pentagone et le Département d'Etat à propos de l'affaire dite du Russiagate. Il avait été dit que des Hackers russes étaient intervenus dans l'élection présidentielle américaine pour gêner la candidature d'Hillary Clinton. Mais après des mois d'enquêtes approfondies, les services américains n'ont jamais pu identifier la moindre cyber-intervention. Ceci n'est pas la preuve d'une « incomparable supériorité de la Russie dans la cyber-guerre », comme prétendu par le gouvernement américain, mais de l'absence de toute intervention russe d'ampleur, faute de moyens adéquats.

Dans son récent discours au Club de Valdaï, Vladimir Poutine avait ironisé sur la capacité de son pays d'intervenir dans la vie politique américaine avec des moyens électroniques. «  L'Amérique est un grand Etat et non une république bananière. Dites moi si je me trompe »

dimanche, 31 décembre 2017

The Alt Right Perspective

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The Alt Right Perspective

Mencken Club Address

By John Derbyshire

Ex: http://www.hlmenckenclub.org

Good morning, Ladies and Gentlemen. My title is “The Alt Right Perspective.” I assume this means that I should tell you what the Alt Right is, and how Alt Righters see the world.

That’s unfortunate because I don’t actually know what the Alt Right is. Casual acquaintances—neighbors and such—sometimes ask me if I am Alt Right. I never know what to say. Am I? Pass.

Some of this is just temperamental. I’m not by nature a joiner. I don’t feel strong affinity with any sports team or church. I’m not an Elk or a Shriner. I’m just not a herd animal—not well-socialized. I’m the little boy calling out that the Emperor has no clothes. (Although I’ve always thought that story would be more true to life if the little boy had been chased down and lynched by a howling mob of well-socialized Goodthinkers.)

The rest is Englishness. We English don’t do ideology. We leave that stuff to our more erudite continental neighbors. In matters social and political, we default to compromise and muddle. The nearest thing I have to an ideological hero is George Orwell, whose ideological position could fairly be described as reactionary-Tory-patriotic-socialist.

There’s some overlap between the last two paragraphs. I have utmost difficulty following any kind of ideological script. Sooner or later I always bang my shins against the boundary fences of ideological orthodoxy.

On race, for example, I get incoming fire from both sides. Goodthinkers point’n’sputter at me for my negative comments about blacks; race purists snarl at me as a race traitor because of my marriage choice.

Has my email bag familiarized me with the expression “mail-order bride”? Oh yeah.

It doesn’t help that I’m a philosemite, although I don’t much like that word. It sounds a bit cucky and patronizing. I prefer “anti-antisemite.” On any terminology, though, many self-identified Alt Righters would consider me off-reservation on this point alone.

So it’s no use looking to me for exposition of an ideological program. To present my assigned topic honestly, I therefore thought it best to seek out someone who believes he does know what the Alt Right is, and who has spelled out his knowledge clearly but concisely.

I settled on the blogger Vox Day who, in August last year, put forth a 16-point Alternative Right manifesto that has been much discussed, and translated into umpteen languages.

Here are Vox Day’s 16 points, embroidered with my comments

1.    The Alt Right is of the political right in both the American and the European sense of the term. Socialists are not Alt Right. Progressives are not Alt Right. Liberals are not Alt Right. Communists, Marxists, Marxians, cultural Marxists, and neocons are not Alt Right. National Socialists are not Alt Right.

No argument from me on that, although I don’t know what a Marxian is. Typo for “Martian”?

2.    The Alt Right is an ALTERNATIVE to the mainstream conservative movement in the USA that is nominally encapsulated by Russell Kirk’s 10 Conservative Principles, but in reality has devolved towards progressivism. It is also an alternative to libertarianism.

I’m fine with that one, too; and I’m glad to have been prompted to re-read Kirk’s principles. He was big on prudence: the word, or its derivatives, occurs nine times in the ten points, which Kirk included in a book titled The Politics of Prudence. This inspired a section of my Radio Derb podcastlast week.

I liked Vox Day’s batting away of libertarianism, too, though I think at this point it’s kind of superfluous. My impression is that libertarianism has succumbed to an intellectual version of the Aspidistra Effect. That is to say, it has moved down-market. (The aspidistra is a potted plant that decorated wealthy households in Victorian England. By the time Orwell used it in the title of a novel a generation later it had been taken up by the lower-middle classes, and of course abandoned by the gentry.)

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It used to be that if someone told you, “I am a libertarian,” it was at a gathering of conservative intellectuals, perhaps even at the Mencken club. You could then get into an interesting conversation about what kind of libertarian he was: Classical, Objectivist, Paleolibertarian, …

Nowadays if you hear those words it’s probably some smart high-schooler speaking; and if you try to drill down further he freezes.

3. The Alt Right is not a defensive attitude and rejects the concept of noble and principled defeat. It is a forward-thinking philosophy of offense, in every sense of that term. The Alt Right believes in victory through persistence and remaining in harmony with science, reality, cultural tradition, and the lessons of history.

That’s OK, except for the word “philosophy.” Let’s not get ideas above our station here. Aristotle had a philosophy. Descartes had a philosophy. Kant had a philosophy. What the Alt Right has is an attitude.

4. The Alt Right believes Western civilization is the pinnacle of human achievement and supports its three foundational pillars: Christianity, the European nations, and the Graeco-Roman legacy.

I think the Jews should have gotten a mention there, since half of the Christian Bible is about them. That’s a kind of fielder’s-choice point, though.

5. The Alt Right is openly and avowedly nationalist. It supports all nationalisms and the right of all nations to exist, homogeneous and unadulterated by foreign invasion and immigration.

No problem with that. We should, however, bear in mind what a knotty thing nationalism can be. There is a case to be made—a conservative case—for big, old, long-established nations resisting disaggregation. Does Catalan nationalism trump Spanish nationalism? Does it do so even if only half of Catalans wish to separate from Spain?

That kind of nitpicking doesn’t belong in a manifesto, though. For these purposes, Point 5 is fine.

6. The Alt Right is anti-globalist. It opposes all groups who work for globalist ideals or globalist objectives.

Again there are nits to pick, though again this isn’t the place to pick them. When the slave traders arrive from Alpha Centauri, or an asteroid hits, or a supervolcano pops, we shall all become globalists overnight.

7. The Alt Right is anti-equalitarian. It rejects the idea of equality for the same reason it rejects the ideas of unicorns and leprechauns, noting that human equality does not exist in any observable scientific, legal, material, intellectual, sexual, or spiritual form.

Yes-s-s-s.

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8. The Alt Right is scientodific. It presumptively accepts the current conclusions of the scientific method (scientody), while understanding a) these conclusions are liable to future revision, b) that scientistry is susceptible to corruption, and c) that the so-called scientific consensus is not based on scientody, but democracy, and is therefore intrinsically unscientific.

It’s what? The word “scientody” is not known to dictionary.com; nor is it in my 1971 OED with supplement; nor in my 1993 Webster’s.

I tried digging for etymologies, but got lost in a thicket of possibilities. Greek hodos, a path or way; so “the way of science”? Or perhaps eidos, a shape or form, giving us the “-oid” suffix (spheroid, rheumatoid); so “science-like”? Then there’s aoide, a song, giving … what? “Harmonizes like science”? Or maybe it’s the Latin root odor, a smell; “smells like science.”

In any case, all three of the “understandings” here are gibberish.

a) There is a large body of solidly-established scientific results that are not liable to future revision.

Saturn is further from the Sun at any point of its orbit than Jupiter is at any point of its. A water molecule has two hydrogen atoms and one oxygen atom. Natural selection plays an important role in the evolution of life.

I promise Vox Day there will be no future revisions of these facts, at any rate not on any time span he or I need worry about. (I add that qualification because there are conceivable astronomical events that could alter the sequence of planetary orbits—a very close encounter with a rogue star, for example. Those are once-in-a-billion-year occurrences, though.)

b) “Scientistry”? Wha?

c) The scientific consensus is unscientific? Huh? And why is the consensus “so-called”? There usually—not always, but usually—is a scientific consensus. It occasionally turns out to have been wrong, but it’s a consensus none the less, not a “so-called” consensus.

9. The Alt Right believes identity > culture > politics.

Again, not bad as a first approximation, but this ignores a lot of feedback loops. Has politics not affected culture this past 72 years in North Korea? Did not North Korea and South Korea have the same culture a hundred years ago?

10. The Alt Right is opposed to the rule or domination of any native ethnic group by another, particularly in the sovereign homelands of the dominated peoples. The Alt Right is opposed to any non-native ethnic group obtaining excessive influence in any society through nepotism, tribalism, or any other means.

As several commenters pointed out, the Iroquois and the Sioux might have something to say about that. Bitching about historical injustices is such an SJW thing, though, I can’t bring myself to care. I’m fine with Point 10.

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11. The Alt Right understands that diversity + proximity = war.

Again, there are nits to be picked. Diversity per se is neither good nor bad. Numbers are of the essence.

I’m a salt-in-the-stew diversitarian. I want to live in a society with a big fat racial and ethnic supermajority: somewhere north of ninety percent. Small minorities of Others can then be accommodated with friendly hospitality and accorded full equality under law. (I don’t say they necessarily will be; but they can be.)

That’s the kind of country I grew up in, 1950s England. It’s the kind of country the U.S.A. was in 1960, just barely: ninety percent European-white, ten percent black, others at trace levels.

Vox Day is using the word “diversity” in its current sense, though: as a code word for massive, deliberate racial replacement. In that sense his equation, and the embedding sentence, are both correct.

12. The Alt Right doesn’t care what you think of it.

Yee-hah!

13. The Alt Right rejects international free trade and the free movement of peoples that free trade requires. The benefits of intranational free trade is not evidence for the benefits of international free trade.

I’m an economic ignoramus, but I’d like to see a good logical proof of the proposition that free trade requires free movement of peoples. I am sincerely open to being enlightened on this point.

14. The Alt Right believes we must secure the existence of white people and a future for white children.

I doubt there is an existential threat to white people. I’d be content to secure the existence of a racially self-confident white race—one not addled by ethnomasochism—and by a future for white children free of schools, colleges, and authority figures telling them they are the scum of the earth.

15. The Alt Right does not believe in the general supremacy of any race, nation, people, or sub-species. Every race, nation, people, and human sub-species has its own unique strengths and weaknesses, and possesses the sovereign right to dwell unmolested in the native culture it prefers.

Hmm. That’s a bit kumbaya-ish (or “-oid”). No doubt the Bushmen of the Kalahari are much better at hunting with spears than are Norwegians or Japanese. As Greg Cochran points out, though: “innate superiority at obsolete tasks (a born buggy-whip maker?) doesn’t necessarily translate to modern superiority, or even adequacy.”

What do the “unique strengths” of the Bushmen, or of Australia’s aborigines, avail them in the world we actually live in? On the plain evidence it looks very much as though some “races, nations, peoples, or sub-species” are better able to cope with modernity than others. The less-able seem to agree. Great masses of them prefer not to dwell in their native culture, but in someone else’s. Boats crammed with such people have been crossing the Mediterranean from Africa for the past few years. The revealed preference of these people is not their native culture.

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16. The Alt Right is a philosophy that values peace among the various nations of the world and opposes wars to impose the values of one nation upon another as well as efforts to exterminate individual nations through war, genocide, immigration, or genetic assimilation.

I get the point and agree with it; but again, reality is knottier than this allows. “If you desire peace, prepare for war,” said the Romans, who knew a thing or two about human affairs.

That’s Vox Day’s sixteen-point definition of the Alt Right. There have been other Alt Right manifestos from other quarters; here for example is Richard Spencer’s.

Supposing this is a fair picture of the Alt Right perspective, am I on board with it? Do I belong to the Alt Right?

As you can see from my comments, I have plenty of quibbles, and I’d prefer to get my manifesto from someone acquainted with the elementary principles of scientific inquiry.

Still, it’s not bad. I can sign up to most of Vox Day’s points.

Yes, I’m on board … until I bang my shins against a fence post.

The Alt Right Among Other Rights

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The Alt Right Among Other Rights

By Keith Preston

Ex: http://www.hlmenckenclub.org

Speaking about the intricacies of different ideological tendencies can often be a bit tedious, and certainly a topic like the Alt-Right can get very complicated because there are so many currents that feed into the Alt-Right. I know that when I spoke here last year I was speaking on the right-wing anarchist tradition, which is a highly esoteric tradition, and one that is often very obscure with many undercurrents. The Alt-Right is similar in the sense of having many sub-tendencies that are fairly obscure in their own way, although some of these have become more familiar now that the Alt-Right has grown in fame, or infamy, in the eyes of its opponents. Some of the speakers we have heard at this conference so far have helped to clarify some of the potential definitions of what the Alt-Right actually is, but given the subject of my presentation I thought I might break it down a bit further, and clarify a few major distinctions.

What is the Alt-Right?

The Alt-Right can be broadly defined as a highly varied and loose collection of ideologies, movements, and tendencies that in some way dissent from the so-called “mainstream” conservative movement, or are in actual opposition to mainstream conservatism. Of course, this leaves us with the task of actually defining mainstream conservatism as well. I would define the conservative movement’s principal characteristics as being led by the neoconservatives, oriented towards the Republican Party, and as a movement for whom media outlets like Fox News, talk radio, and publications like National Review and the Weekly Standard are its leading voices. Outside of the framework of what some here appropriately call “Conservatism, Inc.,” we could say that there is an Alt-Right that can be broadly defined, and an Alt-Right that can be more narrowly defined.

miloy.jpgThe Alt-Right broadly defined would be anything on the Right that is in opposition to the neocon-led Republican alliance. This could include everything from many Donald Trump voters in the mainstream, to various tendencies that have been given such labels as the “alt-lite,” the new right, the radical right, the populist right, the dark enlightenment, the identitarians, the neo-reactionaries, the manosphere (or “men’s right advocates”), civic nationalists, economic nationalists, Southern nationalists, white nationalists, paleoconservatives, right-wing anarchists, right-leaning libertarians (or “paleolibertarians”), right-wing socialists, neo-monarchists, tendencies among Catholic or Eastern Orthodox traditionalists, neo-pagans, Satanists, adherents of the European New Right, Duginists, Eurasianists, National-Bolsheviks, conspiracy theorists, and, of course, actually self-identified Fascists and National Socialists. I have encountered all of these perspectives and others in Alt-Right circles.

Milo Yiannopoulos

Under this broad definition of the Alt-Right, anyone from Steve Bannon or Milo Yiannopoulos all the way over to The Daily Sturmer or the Traditionalist Workers Party could be considered Alt-Right. In fact, ideological tendencies as diverse as these have actually embraced the Alt-Right label to describe themselves. For example, Steve Bannon said at one point during the Trump campaign in 2016 that he wanted to make Breitbart into the voice of the Alt-Right, but then I have also encountered people who are actual neo-Nazis using the Alt-Right label to describe themselves as well.

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A narrower definition of the Alt-Right might be to characterize what is most distinctive about the Alt-Right. In this sense, the Alt-Right could be characterized as a collection of tendencies that is specifically oriented towards some of kind identification with European history and tradition, and regard Europe and, by extension, North America as part of a distinct Western civilization that was developed by European and, predominantly, Christian peoples. Consequently, the Alt-Right tends to be much more oriented towards criticizing ideas or policies like multiculturalism, mass immigration, and what is commonly called “political correctness,” than what is found among mainstream conservatism. This is in contrast to the Left’s views, which are increasingly the views of mainstream liberalism as well, and which regards the legacy of Western history and culture as nothing but an infinite string of oppressions such racism, sexism, homophobia, classism, anti-Semitism, Islamophobia, xenophobia, patriarchy, hierarchy, nativism, cisgenderism, speciesism, and the usual laundry list of isms, archies, and phobias that the Left sees as permeating every aspect of Western civilization. Presumably, other civilizations have never featured any of these characteristics. 

In this way, the Alt-Right is obviously in contrast to mainstream conservatism given that the so-called “conservative movement” is normally oriented towards what amounts to three basic ideas. One idea is that of the foreign policy “hawks,” or advocates of military interventionism for the ostensible purpose of spreading the Western model of liberal democracy throughout the world, whose greatest fear is isolationism in foreign policy, and which is a perspective that I would argue is also very convenient for the armaments manufacturers and the Pentagon budget. A second idea is a fixation on economic policy, such as a persistent advocacy of “tax cuts and deregulation,” which in reality amounts to merely advancing the business interests of the corporate class. And the third idea is a type of social conservatism that is primarily religion-driven, and has opposition to abortion or gay marriage as central issues of concern, but typically gives no thought to cultural or civilizational issues in any broader or historical sense. For example, it is now common in much of the evangelical Protestant milieu, as well as the Catholic milieu, to welcome mass immigration, as a source of potential converts, or as replacement members for churches that are losing their congregations due to the ongoing secularization of the wider society. In fact, the practice of adopting Third World children has become increasingly common within the evangelical Protestant subculture in the same way it has among celebrities and entertainers like Madonna or Angelina Jolie.

Predictably, there has been a great deal of conflict that has emerged between the Alt-Right and the mainstream conservative movement, with many movement conservatives and their fellow travelers going out of their way to attack or denounce the Alt-Right. In this sense, the attacks on the Alt-Right that have originated from mainstream conservatism essentially mirror those of the Left, or of the liberal class. For example, the Associated Press issued a description of the Alt-Right that was intended for writers’ guideline policy purposes, and which reads as follows:

The 'alt-right' or 'alternative right' is a name currently embraced by some white supremacists and white nationalists to refer to themselves and their ideology, which emphasizes preserving and protecting the white race in the United States in addition to, or over, other traditional conservative positions such as limited government, low taxes and strict law-and-order. The movement has been described as a mix of racism, white nationalism and populism ... criticizes "multiculturalism" and more rights for non-whites, women, Jews, Muslims, gays, immigrants and other minorities. Its members reject the American democratic ideal that all should have equality under the law regardless of creed, gender, ethnic origin or race (John Daniszewski, Associated Press, November 26, 2016)

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While the above quotation is from the Associated Press, I do not know that there is anything in it that could not have come from the pages of not only The New Yorker, The Atlantic, or the Southern Poverty Law Center’s Intelligence Report, but also from the pages of the National Review, Weekly Standard, the Federalist, or a Prager University video.

As for some specific examples, writing in The Federalist, conservative political scientist Nathanael Blake stated that “Christianity and Greco-Roman philosophy, rather than race, are the foundations upon which Western Civilization was built,” and suggested that the Alt-Right is actually attacking the legacy of Western Civilization rather than defending the Western cultural heritage. These questions have become a major point of contention between cultural conservatives and the racialist right-wing. Writing in National Review, David French (Bill Kristol’s one-time proposed presidential candidate), called Alt-Right adherents "wanna-be fascists" and denounced “their entry into the national political conversation.” I suppose the difference between the views of David French and the views of the Left would be that the Left would say that the Alt-Right are actual fascists, and not merely “wanna-be” fascists.  Presumably, this is what separates the mainstream Right from the Left nowadays.

Writing for The Weekly Standard, Benjamin Welton has characterized the Alt-Right as a "highly heterogeneous force" that "turns the left's moralism on its head and makes it a badge of honor to be called 'racist,' 'homophobic,' and 'sexist'". Based on my own experiences with the Alt-Right, I would say this assessment by Welton is largely true. In the National Review issue of April, 2016, Ian Tuttle wrote:

The Alt-Right has evangelized over the last several months primarily via a racist and anti-Semitic online presence. But for Allum Bokhari and Milo Yiannopoulos, the Alt-Right consists of fun-loving provocateurs, valiant defenders of Western civilization, daring intellectuals—and a handful of neo-Nazis keen on a Final Solution 2.0, but there are only a few of them, and nobody likes them anyways.

Jeffrey Tucker, a libertarian writer affiliated with the Foundation for Economic Education, describes the Alt-Right as follows:

The Alt-Right "inherits a long and dreary tradition of thought from Friedrich Hegel to Thomas Carlyle to Oswald Spengler to Madison Grant to Othmar Spann to Giovanni Gentile to Trump's speeches." Tucker further asserts that Alt-Right adherents "look back to what they imagine to be a golden age when elites ruled and peons obeyed" and consider that "identity is everything and the loss of identity is the greatest crime against self anyone can imagine."

Whatever one thinks of the Trump presidency, it is highly doubtful that Trump actually draws inspiration from Hegel.

Writing in The Federalist, a libertarian feminist named Cathy Young criticized a Radix Journal article on abortion that criticized the pro-life position as "'dysgenic,” because it supposedly “encourages breeding by 'the least intelligent and responsible' women." So apparently, it is not enough to simply favor abortion rights. Instead, one has to be “pro-choice” for what are apparently the “right reasons,” such as a “woman’s right to choose,” as opposed to “bad reasons,” such as eugenic practice. This line of thought is in keeping with the fairly standard leftist viewpoint which insists that motives and intentions rather than ideas and consequences are what matters, and the standard by which people ought to be morally judged.

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Richard Spencer

Another interesting aspect of these criticisms is that the mainstream conservatives have attacked the Alt-Right by using leftist terminology, such as labeling the Alt-Right as racist, sexist, fascist, xenophobic, etc. But a parallel tactic that has been used by mainstream conservatism has been to denounce the Alt-Right as leftist.  For example, at this year’s gathering of CPAC, or the Conservative Political Action committee, Dan Schneider, who is currently the executive director of the American Conservative Union, an organization that hosts the annual CPAC conference, criticized the Alt-Right as “a sinister organization that is trying to worm its way into our ranks,” insisting that, quote, “We must not be duped. We must not be deceived,” and said of the Alt-Right:

“They are nothing but garden-variety left-wing fascists..They are anti-Semites; they are racists; they are sexists. They hate the Constitution. They hate free markets. They hate pluralism. They despise everything we believe in.”

This sounds very similar to the rhetoric that often comes from the far left where dire warnings are issued concerning the supposed threat of fascist entryism into leftist organizations. For example, there is term called the “the fascist creep” that is used by some very far Left antifa and Maoist tendencies to describe what are supposedly ongoing nefarious plots by “fascists” to infiltrate and co-opt leftist movements, and steer these towards fascism. Ironically, this conspiracy theory is very similar to traditional anti-Semitic conspiracy theories about how Jews supposedly infiltrate and take over everything, and manipulate institutions in order to advance all sorts of supposed nefarious plots. It would appear that the far Left, and apparently increasingly mainstream conservatism, has developed its own rhetoric about the “fascist conspiracy” as a counterpart to far Right fantasies about the “Jewish conspiracy.” Perhaps we could characterize the former as the “Protocols of the Learned Elders of Thule.”

Jeff Goldstein, writing in The Federalist on September 6, 2016, suggests that, quote, “the Alt-Right is the mirror image of the New Left,” and describes the Alt-Right “an identity movement on par with Black Lives Matter, La Raza, the Council on American-Islamic Relations, and other products of cultural Marxism.” Goldstein further says of the Alt-Right:

The Alt-Right is a European-style right-wing movement that is at odds with the classical liberalism upon which our country was built, and which the Left has redefined as “Right.” That is to say, the European “Right” is mapped onto a political spectrum different than our own. Our “right” — conservatism or classical liberalism —is dead-center on our spectrum, no matter how persistently the Left tries to claim otherwise. It is constitutionalism, which incorporates federalism, republicanism, legal equity, and a separation of powers.

nina.jpgThese comments are fairly representative of the rhetoric used by mainstream conservatives who attempt to either portray the Alt-Right as leftists, or label the Alt-Right as fascists and then claim fascism is really on the Left. The general argument that is made by mainstream conservatives in response to the Alt-Right is that “true” conservatism or the “true” Right is actually veneration for the Enlightenment-influenced ideas found in the Declaration of Independence, veneration of the Founding Fathers, and reverence for the Constitution as a kind of secular Bible. Parallel to these claims is the idea of America as a “propositional nation” that has no roots in any kind of history, culture, or tradition other than just a very vaguely defined “Judeo-Christianity.” This idea of what “conservatism” supposedly is basically amounts to being for so-called “limited government,” so-called “free enterprise,” “individualism,” and various other vaguely defined abstractions, plus policy preferences like a so-called “strong national defense” (which is often just a euphemism for the neoconservatives’ foreign policy agenda), and various center-right policy prescriptions like tax cuts, opposing Obamacare, opposing affirmative action, opposing gun control, opposing abortion, opposing gay marriage, supporting school vouchers, and other ideas we are all familiar with.

Nina Kouprianova

These policy preferences will often be accompanied by silly platitudes like “Democrats are the real racists,” or dubious and often flagrantly false claims like “Martin Luther King was a conservative,” or that foreign policy hawks are the real friends of feminists and gays because of their opposition to so-called “Islamo-fascism.” At times, Democrats will be labeled as fascists and anti-Semites because of their supposed pro-Islamic views, or because some on the far Left are pro-Palestinian. Taken to extremes, there are characters like Dinesh D’Souza who would probably claim that the Democrats crucified Jesus.

The representatives of “Conservatism, Inc.” will also give lip service to opposition to attacks on free speech and academic freedom in the name of political correctness, but they are very selective about this. For example, their defense of the politically incorrect does not extend to anti-Zionists like Norman Finkelstein. On the immigration issue, while there are some mainstream conservatives that are immigration restrictionists, it is just as common that the proposed method of reducing illegal immigration advanced by mainstream conservatives is to make legal immigration easier, on the assumption that the only problem with illegal immigration is its illegality. A defining characteristic of mainstream conservatism when contrasted with the Alt-Right is the total lack of seriousness, or any kind of solid philosophical or intellectual foundation that is displayed by mainstream conservatism.

The Alt-Right is more of a meta-political movement than a political one, and the specific policy proposals that are found among Alt-Rightists vary enormously. I do not know that it would even be possible to draft a platform for an Alt-Right political party because the Alt-Right contains so much diversity of ideas. However, the Alt-Right is far more serious about ideas than mainstream conservatism in the sense of having an understanding of the reality of demographic conflict, recognizing the difficulties that are associated with rapid demographic change, understanding the reality of class conflict as well as cultural and civilizational conflicts, understanding that Western liberal democracy is particular to the cultural foundations and historical circumstances of the West, and not something that can be easily transplanted elsewhere, and concerns that mainstream conservatives normally have no perception of, or do not take seriously.

I will end my presentation by pointing to an observation by Professor George Hawley of the University of Alabama, who suggested that the Alt-Right may pose a greater threat to progressivism than the mainstream conservative movement. I would agree that this is true, but only in the sense that the mainstream conservative movement poses no threat to progressivism at all. I would argue that far from being a threat to the Democratic Party, mainstream media, the corporate class and the cultural elite, the mainstream conservative movement is actually partners in crime with the progressives. The Alt-Right at least proposes ideas that are an ideological threat to progressivism even if this small size prevents the Alt-Right from being a political threat, at least at the present time.

vendredi, 29 décembre 2017

Relations internationales: la fin des dogmes!

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Relations internationales: la fin des dogmes!

par Guillaume Berlat

Ex: http://www.zejournal.mobi

 
Auteur : Guillaume Berlat | Editeur : Walt | Mardi, 19 Déc. 2017 - 14h46

« La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être » (Henri Poincaré). Mais qu’est-ce au juste que le dogme ? « Point de doctrine établi ou regardé comme une vérité fondamentale, incontestable (dans une religion, une école philosophique) ». Telle est la définition qu’en donne le petit Robert 1 ! Aujourd’hui, le champ des relations internationales est soumis par certains esprits critiques à un questionnement sans précédent – depuis 1989, la chute du mur de Berlin, l’effondrement de l’URSS et l’avènement de l’hyperpuissance américaine (Hubert Védrine), le retour en force de la Russie au Moyen-Orient – après avoir vécu sous le règne incontesté de multiples dogmes venus, le plus souvent, d’outre-Atlantique. Qui n’a pas entendu parler de celui de « la fin de l’histoire » pensée et vulgarisée par le grand expert en prévision, Francis Fukuyama ?

Horresco referens, les dogmes font désormais l’objet d’attaques anti-dogmes – telles celles des hackers informatiques -, par des hérétiques, des déviants qui contaminent par leurs mauvaises pensées les peuples et dont le nombre ne cesse de croitre de façon exponentielle. Que constate-t-on en effet aujourd’hui ? Après le temps des certitudes assénées et des vérités révélées vient celui des interrogations légitimes et des doutes sérieux sur l’intangibilité des dogmes. Vérité d’un jour n’est pas celle de toujours comme dit l’adage. Certaines vérités imposées ad nauseam aux citoyens par les médias « mainstream », au nom d’une fausse transparence, n’auraient-elles été que de grosses contre-vérités, de vulgaires mensonges, de mauvaises fables, de minables bobards ? Heureusement, les médias alternatifs jouent parfois leur rôle de passeurs d’idées, d’éclaireurs de l’obscurantisme, contribuant, avec le temps, le courage, la volonté à démystifier les supercheries de nos dirigeants, nos chercheurs idéologues et autres usurpateurs de haut vol.

Même si la liste est loin d’être exhaustive, cinq exemples récents (libre-échange et mondialisation ; hyperpuissance américaine ; effacement russe ; pérennité de l’Union européenne ; omnipotence de l’OTAN) éclairent notre propos. Rien ne vaut la confrontation de la théorie à la pratique.

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LE DOGME DU LIBRE-ÉCHANGE ET DE LA MONDIALISATION (1)

Que n’a-t-on entendu depuis la chute du mur de Berlin de la part des grands ayatollahs du libéralisme nous assénant le primat incontesté et incontestable du libre-échange, de la mondialisation et son corollaire, la fin des États nations avec l’ouverture des frontières. En dernière analyse, ces augures nous promettent la paix perpétuelle à l’instar de l’ouvrage d’Emmanuel Kant qu’ils n’ont vraisemblablement jamais lu. Leur projet de Grand Moyen-Orient immortalisé par George W. Bush doit être le premier point d’application de leur dada dans le monde du XXIe siècle. Il doit conduire à une occidentalisation/américanisation de la planète que les peuples accueilleront tel un don du ciel (2). A tel point qu’ils en redemanderont, supplieront de se vautrer dans la servitude volontaire pour l’éternité. Tel est le nouveau rêve américain relayé urbi et orbi par les amis fidèles, disons les « idiots utiles » de l’administration américaine et de ses « think tanks ». Un remake du meilleur des mondes grâce au « soft power » à l’américaine, voire parfois avec l’aide du « hard power » pour les récalcitrants ! La carotte et surtout le bâton.

Or, quelle est l’une des plus importantes conclusions du sommet du G20 de Hangzhou (4-5 septembre 2016), premier sommet du genre sous présidence chinoise ? Les dirigeants constatent la défiance croissante des peuples à l’égard du libre-échange, de la mondialisation. Ils relèvent, avec objectivité, que ce dogme n’a plus les faveurs de ses géniteurs si l’on en croit les positions tranchées prises sur le sujet par les deux candidats à l’élection présidentielle américaine de novembre 2016. Ils observent également que les négociations des traités de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne (TAFTA) ; entre les États-Unis et l’Asie (TPP) sont dans l’impasse, si ce n’est menacés par Donald Trump. Enfin, « en dépit des promesses répétées du G20, le nombre des restrictions affectant le commerce et les services a continué à augmenter » (communiqué final) (3). Mieux encore, lors du sommet du G20 au niveau des ministres des Finances de Baden-Baden (17-18 mars 2017), le premier de la présidence de Donald Trump, la délégation américaine s’oppose à toute mention de la défense du libre-échange, de l’interdiction du protectionnisme et des résultats de la COP21 sur le climat (4). On sait ce qu’il en est advenu depuis. Elle jette les évangiles dans la poubelle de l’Histoire. Rien ne va plus dans le monde idéal qui nous avait été promis, juré, craché. Il ne s’agissait que d’un remake du Veau d’or. Y compris à l’OMC (5).

La pilule est difficile à digérer, certes. Mais, pas le moindre acte de contrition de la part des prêtres du libre-échange et du mondialisme ! (6) Ils sont aux abonnés absents.

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LE DOGME DE L’HYPERPUISSANCE AMÉRICAINE

Que n’a-t-on entendu après la chute de l’empire du mal ? Le monde passerait d’une structure bipolaire à une nouvelle unipolaire marquée par le règne sans partage de l’hyperpuissance américaine. Une sorte de gendarme du monde allant éteindre les feux aux quatre coins du monde, y compris sans l’autorisation du Dieu Conseil de sécurité de l’ONU. Tel Moïse et les Tables de la Loi, l’Amérique s’impose comme une sorte de législateur universel imposant ses normes, ses idées, sa langue, sa cuisine, son mode de vie, son manque d’humour et ses mensonges (sur la présence d’armes de destruction massive en Irak que personne n’a du reste jamais trouvées)… à tout un chacun. Le multilatéralisme se réduit comme peau de chagrin sous les coups de boutoir de l’unilatéralisme américain. A quoi bon entretenir à grands frais le machin qui n’est qu’un vulgaire arbre à palabres inutile ? A quoi bon penser, Washington s’en charge à votre place et gratuitement ?

Or, que constate-t-on aujourd’hui ? (7) La superbe n’est plus de mise tant la réalité douche l’hubris américain. Sur le plan économique, la Chine tient la dragée haute aux États-Unis endettés. Sur le plan technique, certains émergents monopolisent le marché du numérique et de la connectique en dépit de la puissance de la « Silicon Valley ». Sur le plan géopolitique, le Moyen-Orient, qui était la chasse gardée et exclusive de l’Amérique, voit quelques braconniers (russes) opérer au vu et au su de tout le monde, voir défier ouvertement l’Oncle Sam en débauchant certains de ses alliés les plus fidèles et les plus historiques. L’Amérique, en pleine campagne électorale, se montre affaiblie face à un quarteron de dirigeants autoritaires lors du G20 de Hanghzou (Chine) qui jettent quelques grains de sable dans la machine yankee (8). La situation en Irak, en Syrie semble lui échapper pour employer un euphémisme très diplomatique (9). L’allié historique turc rue dans les brancards, faisant ami-ami avec Moscou qui fait la loi sur le théâtre d’opérations syrien, y compris en tançant Israël.

La remise en cause du dogme par les croyants est toujours, à plus ou moins long terme, annonciatrice de réformes, voire de schismes. Elle a aussi pour corollaire la croissance du nombre des agnostiques déçus par les manquements à la parole du Dieu Amérique. Que dire de la semaine durant laquelle les Chinois refusent de dérouler le tapis rouge, à sa descente d’avion, à Barack Obama (en fin de second mandat présidentiel). En outre, il se fait traiter par le président philippin de « fils de pute » (en tagalog) ?

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LE DOGME DE L’EFFACEMENT RUSSE (10)

Que n’a-t-on entendu en boucle après la transformation de l’URSS en Fédération de Russie sur la sortie de l’Histoire, de la marginalisation économique, politique, géopolitique, culturelle, sécuritaire du gros ours rouge ? Le temps du duopole américano-soviétique est définitivement révolu. Il appartient désormais à une histoire ancienne, celle du XXe siècle. Pire encore, la chute vertigineuse du cours des matières premières de ces dernières années aura à l’évidence raison des velléités de Vladimir Poutine de jouer les empêcheurs de tourner en rond, voire de se prendre pour un nouveau Tsar en annexant la Crimée. Elle le mettra à genoux et le conduira à faire amende honorable la corde au cou tels les Bourgeois de Calais immortalisés par Auguste Rodin. La slavophobie, la russophobie courent partout sur les plateaux de télévision. Personne n’y trouve à redire sauf quelques hurluberlus ou originaux qui croient à l’avenir des nations.

Or, qu’en est-il aujourd’hui ? Prenons deux exemples emblématiques pour mesurer le chemin parcouru depuis le début des « révolutions arabes » (11). Hier, les Russes étaient traités en parias, en pestiférés, surtout au Proche et au Moyen-Orient. Aujourd’hui, ils ont droit aux égards américains (12). S’agissant du conflit syrien, les choses sérieuses ne se traitent plus dans les conférences des « affinitaires » et autres farfeluteries imaginées dans les usines à penser américaines (13). Désormais, c’est Moscou qui mène le branle militairement (en faisant le ménage sur le terrain) et diplomatiquement (en organisant une rencontre à Moscou et Syriens et Turcs au nez et à la barbe des Américains) (14). Pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, Moscou tente une médiation entre les deux adversaires en les invitant à Moscou pour discuter directement entre eux alors (15) que Washington a jeté l’éponge il y a belle lurette et que Paris ne pèse plus rien, y compris avec sa conférence internationale médiatique, à Paris au début 2017. La Russie dispose de plus d’atouts de médiateur que l’Amérique de Donald Trump surtout après sa décision de transfert de son ambassade à Jérusalem.

L’écriture et la lecture des Évangiles se fait de moins en moins à Washington et de plus en plus à Moscou par une curieuse ironie de l’Histoire, au grand désespoir des « ludions médiatiques » anglo-saxons (16). « Les mouches ont changé d’âne ».

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LE DOGME DE LA PÉRÉNNITÉ DE L’UNION EUROPÉENNE (17)

Que n’a-t-on entendu au cours des dernières décennies ? La liste de ces vérités incontestables est impressionnante. C’est grâce à la construction européenne que nous vivons en paix depuis 1945. C’est grâce au marché commun, puis à l’Union européenne que le niveau de vie des Européens connaît une croissance permanente et que le chômage recule. C’est grâce à la politique européenne de sécurité et de défense que les 28 comptent dans le concert des nations et que la sécurité, la paix, la concorde règnent dans le monde. C’est grâce à un puissant service européen d’action extérieure (SEAE) que l’Europe est un acteur incontournable dans le concert des nations. C’est grâce à un euro fort que l’Europe s’impose dans le monde économique. C’est grâce à Schengen et à la liberté de circulation que ce traité organise que nous sommes protégés d’incursions extérieures. C’est grâce à une commission indépendante que l’intérêt général européen prévaut sur l’intérêt égoïste des nations (18). En un mot, « l’eurobéatitude court partout et transforme toutes les salles de presse en sacristies de la nouvelle religion » (19).

Or qu’en est-il aujourd’hui, plus particulièrement après le vote du peuple sur le « Brexit » ? Les certitudes d’hier se transforment aujourd’hui en incertitudes, en interrogations sur les mantras de la technostructure bruxelloise relayés par l’élite parisienne. La guerre est en Ukraine, le terrorisme frappe au cœur de l’Europe, la croissance est atone, le chômage augmente, la PESD est une coquille vide (20), l’Europe est spectatrice du monde, l’euro fort est critiqué par les exportateurs, Schengen est vilipendé et remis en cause par certains États membres dans le contexte de la crise migratoire (21). Pire encore, les peuples, que l’on avait voulu ignorer et mettre au pas en contournant l’expression de leur malaise (Cf. l’opération inqualifiable de Nicolas Sarkozy sur traité constitutionnel), se rebellent dans les urnes. Certains vont même jusqu’à reprendre les propos de Margaret Thatcher : « les référendums sont les armes des dictateurs et des démagogues ». A ce rythme, il faudra dissoudre les peuples. La béance actuelle donne le vertige (22). L’Europe a été bâtie à l’envers. C’est cela qu’il faut changer comme le souligne justement Hubert Védrine.

Les croyants sont de moins en moins nombreux aux offices. Heureusement, les grands prêtres (chefs d’État et de gouvernement des 27/28) se retrouvent régulièrement à Bruxelles pour d’inutiles grands-messes. Mais la foi n’y est plus. Seule reste une liturgie désuète pour tenter de sauver les apparences ! L’hymne à la joie n’a pas les mêmes accents lyriques lors des cérémonies du soixantième anniversaire du traité de Rome (25 mars 2017) qui coïncident avec le lancement du « Brexit ». Aujourd’hui, et plus encore demain, il faut (faudra) sauver le soldat Europe (23). Dans tous les cas, le statu quo n’est plus tenable

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LE DOGME DE L’OMNIPOTENCE DE L’OTAN (24)

Que n’a-t-on entendu après l’effondrement de l’URSS à Evere (siège de l’OTAN situé près de l’aéroport de Bruxelles-Zaventem), temple de l’atlantisme, d’une liturgie désuète ? Alors que certains agnostiques (la France) caressent le projet fou de démonter « l’Église » avec la dissolution du Pacte de Varsovie, la mise au point américaine la plus solennelle tombe telle une fatwa. Il n’en est pas question. Au contraire, l’OTAN va s’élargir aux anciens ennemis (la Russie exceptée), oublier le hors-zone en se mêlant de tout et de rien (sécurité, économie, écologie, droits de l’homme…) aux quatre coins de la planète. L’ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN est chargé, par le Dieu Amérique, de réciter la nouvelle religion atlantiste et d’encourager les fidèles à psalmodier sur les nouveaux textes sacrés. Mais, il faut aussi aller remettre de l’ordre manu militari en ex-Yougoslavie, et, plus tard, après les attentats du 11 septembre 2001, en Afghanistan.

Or, qu’en est-il aujourd’hui ? Y compris, parmi les croyants les plus inconditionnels, les aventures militaires américaines – parfois maquillées sous le logo de l’OTAN – sont de plus en plus remises en cause, pire elles agacent. Les batailles gagnées haut la main ne se finissent-elles pas par des débandades peu glorieuses (Irak, Afghanistan, Libye…) que les peuples désavouent majoritairement, découvrant les mensonges sur les prétendues armes de destruction massive en Irak ? Certains voient d’un mauvais œil cette nouvelle guerre froide développée par l’OTAN avec la Russie (déploiement de défenses anti-missiles en Pologne et en Roumanie, de troupes dans les pays baltes, langage belliqueux des secrétaires généraux de l’Alliance). Washington n’inventerait-il pas un nouvel ennemi (grosse ficelle américaine) pour justifier sa présence sur le continent européen ? Manifestement, la défiance éclairée fait place à la confiance aveugle. Cerise sur le gâteau, Donald Trump qualifie le « NATO » d’ « obsolète », allant même jusqu’à accuser les alliés (Allemagne en tête) de ne pas contribuer suffisamment à leur défense commune. Le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson snobe la réunion des 5 et 6 avril 2017 à Bruxelles, nouvel acte de défiance à l’égard de l’Alliance atlantique.

Force est de constater que le dogme atlantiste de l’Amérique – hormis chez ses fidèles relais néo-conservateurs européens – ne fait plus guère recette. Pire encore, les évangiles otaniens sont contestés après avoir longtemps été loués et célébrés lors des sommets de l’Alliance au cours desquels la liturgie servait de bible. Horresco referens ! Le temps est à l’hérésie venue d’Outre-Atlantique ! Qui l’eut cru, il y a quelques années encore ?

« L’évidence détruit le doute » (25). Rien ne pire qu’une fausse évidence, puisqu’elle a tout d’une vraie. Montrer sans démontrer, c’est le mensonge dans lequel nous piège cette frénésie de dogmes venue d’Outre-Atlantique, d’Outre-Tombe, dirait Chateaubriand. Surtout lorsqu’elle s’entoure d’une « névrose de répétition » (Freud) à travers une débauche de communication. « Ainsi dans un monde saturé d’images, on aurait tendance à espérer le triomphe de la transparence. Au contraire, la très grande visibilité a généré une nouvelle forme d’invisibilité » (26). Or, cette démarche idéologique et dogmatique, qui nous submerge à travers une information à jet continu, se situe à l’opposé d’une approche scientifique respectueuse de la « vérité des faits » et permettant d’appréhender la réalité au travers de la raison (« libido sciendi » de Saint-Augustin), démarche qui sied, en principe, à l’étude sérieuse des relations internationales. Que sont devenus les authentiques cartésiens au pays de René Descartes ? Vers quel monde allons-nous ? Nul ne le sait, y compris chez nos brillants oracles. Il est vrai que les « prévisions sont difficiles surtout lorsqu’elles concernent l’avenir » comme nous le rappelle l’humoriste Pierre Dac.

Aujourd’hui, les questions ne manquent pas. Oserons-nous opposer l’information au savoir ? Saurons-nous dépasser l’image qui absorbe le regard mais, surtout, neutralise la réflexion sans laquelle rien n’est possible dans une démocratie digne de ce nom ? Aurons-nous le courage de ne plus céder à la tentation facile du panurgisme médiatique et américain ? Tels sont les principaux défis que devront relever les citoyens au XXIe siècle s’ils ne souhaitent pas se transformer en pions d’un totalitarisme médiatique ! Une question de la plus haute importance est désormais aussi sur la table. La liberté d’expression, sans cesse invoquée, n’est-elle plus qu’un leurre ? Les mots ne sont-ils plus désormais que mensonges (Cf. le débat lancé aux États-Unis par Donald Trump sur les informations bidon ou « fake news ») ? Tout semble embrumé dans une langue de bois épaisse. In fine, les crises multiples qui secouent le monde n’auront-elles pas un effet positif sur nos modes d’appréhension de la réalité de notre planète en nous contraignant, lentement mais sûrement, à nous orienter vers la fin des dogmes dans les relations internationales et, peut-être, à imaginer un futur recomposé ?

Notes:

(1) Guillaume Berlat, La mondialisation c’est comme les trains : elle peut en cacher une autre, www.prochetmoyen-orient.ch , 8 août 2016.

(2) Serge Audier (critique de l’ouvrage La démocratie universelle. Philosophie d’un modèle politique de Florent Guénard, Seuil, 2016), La démocratie, ça s’exporte mal, Le Monde des Livres, 9 septembre 2016, p. 8

(3) Simon Leplâtre, Commerce, climat, Brexit, fiscalité : les leaders mondiaux dans le flou, Le Monde, 7 septembre 2016, p. 3.

(4) 20/20 au G20, Le Canard enchaîné, 22 mars 2017, p. 1.

(5) Éditorial, L’OMC est morte, vive l’OMC !, Le Monde, 13 décembre 2017, p. 25.

(6) Sylvie Kauffmann, La mondialisation en panne, Le Monde, 11-12 septembre 2016, p. 26.

(7) Frédéric Chatillon/Célia Belin (sous la direction de), Les États-Unis dans le monde, CNRS éditions, 2016.

(8) Brice Pedrolotti/Cédric Pietralunga, Au G20, le triomphe des dirigeants autoritaires. Les chefs d’État chinois russe et turc se sont imposés face à des responsables occidentaux affaiblis, Le Monde, 7 septembre 2016, p. 3.

(9) Isabelle Mandraud, Poutine pousse ses pions au Moyen-Orient, Le Monde, 13 décembre 2017, p. 2.

(10) Guillaume Berlat, L’étrange victoire ou les clés du succès russe en Syrie, www.prochetmoyen-orient.ch , 25 avril 2016.

(11) Yves Aubin de la Messuzière, Monde arabe, le grand chambardement, Plon, 2016.

(12) Marc Semo, Accord américano-russe pour une trêve en Syrie, Le Monde, 11-12 septembre 2016, p. 3.

(13) Claude Angeli, L’imprévisible Poutine rebat les cartes en Syrie, Le Canard enchaîné, 7 septembre 2016, p. 3.

(14) Richard Labévière, Nouvelle donne : Assad et Erdogan bientôt à Moscou, www.prochetmoyen-orient.ch , 5 septembre 2016.

(15) Piotr Smolar, Moscou tente une médiation dans le conflit israélo-palestinien, Le Monde, 7 septembre 2016, p. 4.

(16) Andreï Gratchev, Un nouvel avant-guerre ? Des hyperpuissances à l’hyperpoker, Alma, 2017.

(17) Guillaume Berlat, Union européenne : un nouveau remake de la SDN ? De Stefan Zweig à Romain Gary, www.prochetmoyen-orient.ch , 9 mai 2016.

(18) Thierry de Montbrial/Thomas Gomart (sous la direction de), Notre intérêt national. Quelle politique étrangère pour la France ?, Odile Jacob, 2017.

(19) Philippe de Villiers, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, Albin Michel, 2016, p. 239-240.

(20) Éditorial, L’Europe de la sécurité est une priorité, Le Monde, 9 septembre 2016, p. 22.

(21) Pierre Lellouche, Une guerre sans fin, Cerf éditions, 2017, pp. 207-215.

(22) Didier Modi, Le rêve européen. Autopsie d’un cauchemar, éditions Europolis, 2017.

(23) Hubert Védrine, Sauver l’Europe, Liana Lévi, 2016.

(24) Guillaume Berlat, Varsovie : comme un parfum de guerre froide…, www.prochetmoyen-orient.ch , 11 juillet 2016.

(25) Mazarine Pingeot, La dictature de la transparence, Robert Laffont, 2016, p. 137.

(26) Mazarine Pingeot, précitée, pp 19-20.

samedi, 23 décembre 2017

La nouvelle stratégie spatiale américaine

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La nouvelle stratégie spatiale américaine

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Donald Trump vient d'annoncer ce que sous son autorité sera la Stratégie de Sécurité Nationale 2018 et au delà 1). On a beaucoup remarqué les menaces voilées que comporte cette Stratégie à l'égard de la Russie et de la Chine. Mais l'on a pas assez commenté l'importance qu'y comportera la construction d'une infrastructure spatiale beaucoup plus ambitieuse qu'elle ne l'est actuellement.

Le Pentagone est en train de réaliser que tous les systèmes d'armes américains font confiance au GPS et aux communications satellitaires. Mais qu'arriverait-il si ces ressources se trouvaient détruites par un ennemi éventuel?

Le Colonel Richard Zellmann, commandant la 1st Space Brigade basée au Colorado, vient de remarquer dans un rapport que si l'Armée américaine devait se passer de ces outils, elle devrait tripler ses effectifs, sans être pour autant assurée de conserver sa supériorité. Or les récentes recherches russes et chinoises visent à développer des satellites anti-GPS ou à brouiller leurs résultats. Ce brouillage pourra être produits par des stations terrestres (jammers) peu coûteuses et faciles à implanter ou transporter 2)

En conséquence, l'Armée et la Marine américaine ont commencé à former des personnels maitrisant des savoirs tombés en désuétude depuis plus de 20 ans. On pensera notamment aux sextants, apparus au 18e siècle sous le nom d'octants (image). A plus long terme, la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) développera des systèmes de géolocalisation se passant du GPS, tel des gyroscopes et capteurs destinés à ce que l'on appelle la navigation inertielle. Le principe en est simple. Chaque piéton la pratique intuitivement dans la campagne en évaluant le nombre de ses pas dans une direction donnée, et en se repérant à fin de contrôle sur des signaux tels que les clochers d'église.

Par ailleurs le Pentagone mettra en service de nouvelles générations de satellites dotés de capacités anti-brouillage.

Donald Trump dans le document qu'il vient de diffuser a précisé que « The United States considers unfettered access to and freedom to operate in space to be a vital interest, « Any harmful interference with or an attack upon critical components of our space architecture that directly affects this vital US interest will be met with a deliberate response at a time, place, manner and domain of our choosing ».

Les Européens ne pourront que constater leur quasi absence dans ces nouveaux domaines stratégiques.

Références

1) Voir CNN
http://edition.cnn.com/2017/12/18/politics/5-things-to-kn...

2) L'Agence spatiale européenne annonce le lancement imminent de 4 nouveaux satellites, destinés au système Galileo, le rival du GPS
http://www.gpsdaily.com/reports/Galileo_satellites_atop_r...

lundi, 18 décembre 2017

Ukraine. L'Union européenne à la botte de Washington

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Ukraine. L'Union européenne à la botte de Washington

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'Union européenne, lors d'un sommet européen à Bruxelles le 14 décembre, a décidé de reconduire ses sanctions contre la Russie à propos de l'Ukraine. Ces sanctions touchent des banques, des entreprises de défense et des compagnies pétrolières russes, et interdisent aux Européens les investissements financiers en Russie.

Le conflit ukrainien connait actuellement un regain. Les Ukrainiens de Kiev, soutenus et armés jusqu'ici de façon non officielle par les Etats-Unis, ont repris de violentes offensives contre les séparatistes russophones de l'Est. Les Occidentaux accusent la Russie de soutenir les « rebelles » séparatistes, notamment en leur fournissant des armes, ce qui semble exact, bien que Moscou démente catégoriquement la chose. Mais le soutien russe reste modeste. Il n'est en rien comparable à l'aide occidentale. On apprend d'ailleurs aujourd'hui que le Canada a décidé, officiellement, d'armer les Ukrainiens de l'Ouest   https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/...

La décision du sommet européen devra encore être officiellement adoptée par les 28 pays de l'Union européenne, probablement dès la semaine prochaine, selon un porte-parole de l'Estonie, le pays qui assure la présidence tournante de l'Union jusqu'à fin décembre.

Il est regrettable que ni Angela Merkel ni Emmanuel Macron n'aient présenté d'objections à la décision du Conseil, au prétexte que le protocole de Minsk n'était toujours pas appliqué. Mais ils ont paru en imputer la responsabilité à la Russie, sans mentionner la volonté de Kiev, affichée dès le début, de n'en tenir aucun compte,. Depuis quelques mois, elle a repris ses offensives sur une large échelle.

Moscou a réagi calmement, mais il est évident que les relations entre la Russie et les Européens, déjà quasiment au point mort, ne s'amélioreront pas. Dans un premier temps, les contre-sanctions russes, dont souffre principalement l'agriculture françaises, ne seront pas levées.

La récente tournée européenne du secrétaire d'Etat Rex Tillerson a montré que Donald Trump fera tout son possible pour éloigner l'Europe de la Russie...et qu'il y a déjà réussi. Tillerson n'a cessé d'affirmer que la Russie était une menace grandissante pour l'Europe: « L'agression russe en Ukraine reste la plus grande menace actuelle contre la sécurité européenne » “Russia's aggression in Ukraine remains the biggest threat to European security.”. Aucun de ses interlocuteurs européens n'a fait valoir la moindre objection.

Il en résultera qu'au plan géostratégique, l'alliance entre la Russie et la Chine se renforcera. L'Europe sera de moins invitée à s'y joindre, le voudrait-elle. Quant à l'Ukraine, Vladimir Poutine dans sa dernière conférence de presse a mis en garde contre le risque d'un « massacre dans les Etats ukrainiens russophones pire que celui de Srebrenica si les Occidentaux continuaient à renforcer leur aide aux forces ukrainiennes nationalistes de Kiev ». On remarquera qu'avec sa prudence habituelle il n'a pas évoqué dans ce cas une intervention militaire de la Russie en défense des républiques populaires de Lougansk et de Donetz.

dimanche, 17 décembre 2017

Un pont-tunnel ferroviaire à travers le détroit de Bering?

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Un pont-tunnel ferroviaire à travers le détroit de Bering?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ce projet, plusieurs fois étudié dans le passé, a toujours échoué devant le refus du Canada et des Etats-Unis d'être relié à la Russie. Pourtant il ressurgit dans l'esprit d'un certain nombre d'Etats et d'investisseurs privés susceptibles d'être intéressés par les perspectives d'emplois et de développement économique qu'il générerait.

Il suffit de regarder une carte pour en comprendre l'intérêt. Même si le réchauffement climatique facilitait les trafic maritimes dans les mers adjacentes dites mer des Tchouktches et mer de Sibérie orientale, ces passages resteraient aléatoires voire dangereux une grande partie de l'année. Les liaisons trans-Pacique présentent leurs propres inconvénients. Une voie ferrée rapide doublée d'un pont-tunnel ferroviaire sous le détroit de Bering représenterait un investissement certes coûteux mais qui serait vite rentabilisé par les retombées économiques en résultant.

Le détroit n'est large que de 51 miles nautiques. Le tunnel pourrait selon les premières estimations être construit à des profondeurs d'entre 50 et 100 m, ce qui est tout à fait à la portée , même si l'on tient compte du fait que le sol est gelé, des méthodes modernes d'ingénierie. Il en serait de même des tronçons de ponts permettant d'y accéder.

La Chine a repris le projet dans le cadre de son grand programme d'interconnexion international dit One Belt One Road. La voie ferrée permettrait la circulation de trains à grande vitesse, tant pour les marchandises que pour les voyageurs. Ils relieraient la Chine et la Russie au Canada et aux Etats-Unis. L'Académie Chinoise d'Ingénierie ( Chinese Academy of Engineering) a déjà proposé de nommer la future ligne China-Russia-Canada-America line.

La Chine a besoin de charbon. Elle pourra l'importer des mines de l'Alaska. De même, elle pourra importer du pétrole de l'Alberta, à hauteur de 3 millions de barils par jour. Les défenseurs des énergies nouvelles ne s'en réjouiront pas, mais ils ne seront évidemment pas écoutés. Le coût du tunnel serait d'environ $35 milliards, montant très faible au regard du coût total d'une future liaison ferroviaire reliant Pékin à Moscou et à Washington.

Même si pour le moment, le climat politique à Washington ne peut pas faire espérer un accord des Etats-Unis sur un tel projet, on peut penser que le Canada, le Mexique et même certains Etats d'Amérique centrale y verraient une occasion irremplaçable de se relier à l'ensemble euro-asiatique en cours de mise en place. L'Allemagne, nous l'avons vu dans un article précédent, sera certainement prête à y investir, compte tenu des bénéfices qu'elle en retirerait.

samedi, 16 décembre 2017

Donald Trump et le sionisme chrétien

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Donald Trump et le sionisme chrétien

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Les commentateurs politiques européens se sont étonnés de voir Donald Trump décider de transférer l'ambassadeur américaine à Jérusalem. Trump reconnaissait de fait cette ville comme la capitale d'Israël, Etat s'affirmant juif, alors qu'elle est également revendiquée comme capitale au moins religieuse par les musulmans et par les chrétiens.

Etait-ce une de ses irresponsabilités habituelles, ou une provocation gratuite à l'égard des musulmans de Palestine – lesquels n'ont pas tardé de commencer à réagir?

Ce n'était rien de cela. Il s'agissait de la satisfaction donnée à une partie de son électorat, lequel lui est resté imperturbablement fidèle, et que l'on désigne par les Sionistes Chrétiens ou « Christian Zionist » . Il s'agit d'une croyance religieuse très répandue aux Etats-Unis, parfois qualifiée de christianisme évangélique ou fondamentaliste, dont le vice-Président Mike Pence est le représentant le plus connu. Il en est de même des deux George Bush.

Récemment, devant le sommet annuel des « Christians United for Israel », Mike Pence a rappelé qu'il était temps de voir Donald Trump concrétiser enfin ses promesses électorales de soutien à Israël. Pour les Sionistes Chrétiens, l'actuel Etat d'Israël est la réalisation d'une des prophéties de la Bible et l'avenir des Etats-Unis est lié irrévocablement à celui de cet Etat. Binjamin Netanyahu serait lui aussi un éminent représentant de cette croyance. Disons qu'il n'y a pas fait allusion lors de sa visite à l'Elysée du 10 décembre.

Préparer Armageddon

Pour les Sionistes Chrétiens américains, formant répétons-le une partie importante de l'électorat de Donald Trump, il faut obéir aux injonctions du Messie en se préparant pour la bataille finale d'Armageddon. Selon la Bible, telle qu'ils l'interprètent, Jésus reviendra alors sur la Terre et fera triompher son Royaume. Tous les fidèles d'autres religions, Musulmans, Juifs, Bouddhistes, Hindous Catholiques ou autres, ainsi que les athées, se convertiront à la parole du Seigneur. Sinon ils seront massacrés. Les évangéliques considèrent donc que l'existence même de l'État d'Israël ramènera Jésus sur Terre, le fera définitivement reconnaître comme Messie et assurera le triomphe de Dieu sur les forces du mal.

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Mais pour cela, la terre historique de l'ancien Israël devra être purgée des hérétiques, notamment des musulmans qui l'ont envahie. Ceci ne se fera pas pacifiquement. Comme l'indique le terme d'Armageddon, le retour de Jésus sera précédé d'une série d'évènements catastrophiques, encore imprévisibles. Israël sera détruit pendant l'Apocalypse. Ceux des Juifs que ne regardent pas Jésus comme le Messie seront détruits comme les autres.

Rappelons que pour les Sionistes Chrétiens américains, dont Mike Pence se veut le représentant à la Maison Blanche, sans attendre l'Apocalypse, il faut éliminer d'ores et déjà tous les hérétiques qui pourront l'être, par exemple les médecins qui pratiquent la contraception, ou les homosexuels. Par contre, ils considèrent la force armée américaine, la première au monde, comme devant faire partie des instruments destinés à servir la colère de Dieu contre les hérétiques. Le complexe militaro-industriel américain, même s'il ne partage pas systématiquement cette vision apocalyptique, s'en réjouira. Les crédits ne lui manqueront pas à l'avenir.

On peut espérer que Donald Trump n'est pas aussi convaincu que le sont ses pieux électeurs de la nécessité de préparer l'Armageddon. Mais que ne fera-t-il pas pour conserver et élargir sa base électorale?

Trump : la fin du soft power U.S. ?

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Trump : la fin du soft power U.S. ?

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

Trump peut-il détruire le soft power américain ? Dans tous les cas, il suffit d’ouvrir un journal ou une télévision n’importe où dans le monde pour être au courant de sa provocation quotidienne, des manifestations ou des déclarations qui se déchaînent contre lui, des indignations qu’il suscite. Nixon au moment des bombardements du Vietnam ne provoquait pas plus de rejet, ou, pour employer un mot à la mode, n’était pas plus clivant. Et le contraste entre les mois Trump et les années Obama, dont le passage en France vient de montrer l’incroyable popularité hors frontières souligne le contraste.

Bien entendu, que l’image d’un homme ou d’une politique repousse n’implique pas que l’on parle moins anglais à travers le monde, que l’on porte moins de Nike ou que l’on programme moins de blockbusters, ni même que nos mœurs politiques ou autres s’américanisent moins en profondeur comme le montre Régis Debray dans Civilisation. Mais, si l’on considère que le soft power comprend un volet d’attraction spontanée, celle d’un mode de vie, d’une culture, des goûts des populations(au sens du mainstream, de ce qui plaît à tout le monde, sur toute la planète) mais aussi une part de stratégie délibérée de séduction, de réseaux et de persuasion, le second volet fait singulièrement défaut.

Au-delà du caractère d’un homme ou de l’image d’une politique, l’influence ne se réduit pas au fait d’être gentil ou de bien communiquer.
Comme on le sait, le terme « soft power » a été « inventé », ou au moins popularisé, par Jospeh Nye dans un livre de 1990, Bound to Lead.

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L'émergence de ce concept-valise dans cette période s'inscrivait dans un contexte de soulagement (disparition de l’ennemi) et d'optimisme (la mondialisation heureuse). Il fait la synthèse d'une pluralité d'éléments :

- l'assimilation des industries culturelles américaines à un modèle universel : l'irrésistible attirance du contenu "mainstream" prolonge la prédominance politique et économique de l'hyperpuissance

- l'exemplarité du mode de vie US, que l'on cherche à imiter partout sur la planète, l'admiration pour une société ouverte et prospère

- plus largement encore, la notion qu'une sorte de sens de l'histoire qui menait l'humanité à adopter un même modèle politique, économique et culturel, favorisé par la fin de la grande confrontation Est Ouest et par l'émergence des nouvelles technologies

- le triomphe des valeurs occidentales confirmé par leur victoire contre le communisme

- et la stratégie qui semblait en découler : chercher le plus possible à obtenir le consensus, l'alliance et le soutien de autres nations. Bref, ne pas se montrer autoritaire pour rester séduisant.

Le tout repose sur deux éléments : l'absence de réelle compétition face à un modèle présumé triomphant, et la fin inéluctable de l'hostilité. Contrairement à la vision volontariste et agressive de la diplomatie publique antérieure (la lutte idéologique contre le communisme menée depuis les années 60 sous l’étiquette « diplomatie publique »), il ne s’agissait plus de gagner une compétition entre deux visions du monde ou de déstabiliser l'autre, mais d'assurer paisiblement une transition heureuse sur fond de pax americana. De ne pas contrarier un mouvement auquel tendent les lois de l'économie et de la technique (via la révolution de l'information ). Et d'attirer encore davantage vers ce que tous tendent naturellement à admirer.

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Le 11 septembre bouleversa tout. Autant que la révélation de sa fragilité, l'Amérique fut frappée par le retour du tragique et du conflit. La figure de l'Ennemi revient et avec elle le principe de compétition idéologique. Dans un réflexe presque pavlovien, l'une de premières réactions de l'administration Bush fut de recréer un sous secrétariat d'État à la Diplomatie Publique. Ses missions : répondre à l'angoissante question "Mais pourquoi nous haïssent-ils ?", rétablir l'image de l'Amérique en lançant de nouveaux médias arabophones cette fois (et, modernité oblige quelques sites Internet), mener une politique de séduction envers le monde arabe en séparant ceux avec qui l'Amérique a "des valeurs communes" de "ceux qui haïssent notre liberté et notre mode de vie". Plus tard, on s’essaiera au contre-discours et à la déradicalisation comme réponse psychologique à un problème géopolitique. On commencera aussi à pratiquer quelques interventions pour soutenir des mouvements politiques de type révolutions de couleurs qui devaient liquider les derniers autocrates de la planète, avec de l’argent, des médias et une formation à l’activisme non violent.

 Les schémas de guerre froide trouvent une nouvelle jeunesse dans une perspective de guerre au terrorisme (que l'administration Obama rebaptisera pudiquement "combat contre l'extrémisme violent"). Avec la même notion sous-jacente d'un malentendu : si les gens nous connaissaient vraiment, ils nous aimeraient. L'anti-américanisme est évoqué en termes de "misperception", comme si tout était affaire de mauvaise compréhension. Une bonne communication « basée sur les faits », qu’elle passe par des chaînes internationales ou par les réseaux sociaux (où va se déployer une diplomatie numérique) doivent y porter remède.

Durant les années Obama, l’image du personnage - celle qui lui permet, par exemple, d’avoir été le président américain qui a fait le plus de guerres et le plus longtemps pendant ses mandats tout en ayant la réputation d’être l’archange de la paix - occulte bien des choses.

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D’abord la multiplicité des acteurs qui s’essaient au jeu du soft power. Les autres grandes Nations qui adoptent des stratégies d'image (on parle désormais de "Nation branding") et de communication. La prolifération des chaînes internationales d'information (y compris qatarie, saoudienne, vénézuelienne, russe...) en est un bon symptôme. La Chine, la Russie adoptent les mêmes méthodes : développement de médias internationaux, réseaux d’influence, protections de leur espace Internet et intervention sur celui des autres.

Mais les États ne sont pas seuls à jouer le nouveau jeu : les lobbies internationaux, les mouvements d'idées, les ONG, les groupes activistes transnationaux, etc. sont aussi entrés en lice avec des moyens de dénonciation, d'inspiration, de mobilisation jusque là inconnus. Ils sont désormais à même d'imposer leur thématique, leurs débats, leurs exigences à des États courant souvent derrière l'évolution de l'opinion pour reprendre le contrôle de leur agenda et l'initiative politique. Même les mouvements terroristes (après tout le terrorisme, "propagande par le fait" est aussi un moyen d'influence) fonctionnent avec des moyens d'expression nouveaux que ce soit sur le Net ou à travers des médias classiques (voir le Hezbollah se dotant d'une chaîne de télévision par satellite).

- Les réseaux numériques perturbent la donne. En interne, ils affaiblissent le contrôle des États : la critique venue de l'extérieur ou de l'intérieur, l’appel à la résistance et à l’action se développent avec le Web 1.0 puis 2.0. Tandis que dans le camp des démocraties, le discours officiel est contredit par le journalisme citoyen, la fuite ou le "whistle blowing" (de la circulation des images de sévices à Abou Graibh aux révélations à très grande échelle de Wikileaks). La tendance lourde d'Internet s'est exaspérée (une capacité de communiquer avec la planète entière à la portée de chacun, pourvu qu'il parvienne à mobiliser les réseaux de l'indexation, de la citation, de la recommandation etc, qui permettront à son message d'émerger et d'attirer l'attention de l'opinion en situation de surinformation). Du coup, ce qui enchantait l’Occident au moment du printemps arabe - l’État ne peut contrôler l’expression, les réseaux se jouent des frontières, l’information est produite par tout un chacun, émetteur et prescripteur à la fois - change de signe au moment de l’Ukraine et surtout de l’année de l’élection présidentielle US. C’est désormais la subversion 2.0 que l’on craint.

Avec la propagande djihadiste, les États-Unis ont découvert la résistance de croyances « archaïques » face aux effets sophistiqués des machines à produire du consensus global. En clair le fondamentalisme islamique se renforce du spectacle de nos démocraties et de nos modes de vie. Et, surprise, voilà que se développent des courants populistes, des idéologies « illibérales », assumées à l’est de l’Europe, et que la Russie recommence à exercer attraction et influence hors de ses frontières.

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Le phénomène arroseur arrosé culmine en 2016 et 2017 quand l’appareil d’État américain se met à dénoncer la désinformation et les manipulations que subiraient les U.S.A. L’ingérence venue du froid est devenue une machine à expliquer la conduite des peuples qui votent mal (Brexit, Trump, Catalogne)... Moscou utiliserait conjointement les réseaux humains (sa cinquième colonne) et les réseaux virtuels pour répandre théories conspirationnistes et fake news. Pire, les Russes attaquent sur tous les fronts (cela s’appelle la guerre hybride) : interventions militaires et soutiens à des gouvernements ou mouvements armés, propagande par des médias internationaux (Russia Today et Radio Spoutnik), trolls et pirates en ligne, intrusions dans les ordinateurs du Parti démocrate ou de Macron pour faire fuiter des informations compromettantes, alimentation des réseaux de fausses nouvelles...

Que Trump se fiche du soft power, c’est une évidence. Il s’adresse bizarrement à son électorat, à des gens qui hurlent de joie chaque fois qu’il choque les médias et les élites, des gens qui l’ont, après tout, élu sur un programme isolationniste. Mais derrière Trump cause, il y a Trump symptôme. Celui d’une Amérique qui avait déjà perdu le monopole des moyens et de l’ambition de séduire la planète. Idéologiquement, en tout cas.

vendredi, 15 décembre 2017

Allan Bloom et la déconstruction de la civilisation occidentale

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Allan Bloom et la déconstruction de la civilisation occidentale

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

En 1986 Allan Bloom publiait un livre retentissant, The closing of american mind dont le titre fut absurdement traduit en français. Cet auguste platonicien plagié peu après par Alain Finkielkraut dressait l’état des lieux de la barbarie universitaire américaine qui depuis lors a gagné la France et l’Europe, et ne s’arrêtera que lorsqu’elle aura tout dévoré. Minorités sexuelles et raciales en bisbille, relativisme moral, délire de société ouverte, interdiction d’interdire, chasse aux préjugés, abrutissement sonore et consumériste, règlementation orwellienne du droit et du langage, tout était fin prêt. Le professeur Bloom écrivait pour une minorité éclairée, reliquat de temps plus cultivés, chassée depuis par le business et les archontes du politiquement correct.

ame_desarmee_1.jpegL’ouvrage est essentiel car depuis le délire a débordé des campus et gagné la société occidentale toute entière. En même temps qu’elle déboulonne les statues, remet en cause le sexe de Dieu et diabolise notre héritage littéraire et culturel, cette société intégriste-sociétale donc menace le monde libre russe, chinois ou musulman (je ne pense pas à Riyad…) qui contrevient à son alacrité intellectuelle. Produit d’un nihilisme néo-nietzschéen, de l’égalitarisme démocratique et aussi de l’ennui des routines intellos (Bloom explique qu’on voulait « débloquer des préjugés, « trouver du nouveau »), la pensée politiquement correcte va tout dévaster comme un feu de forêt de Stockholm à Barcelone et de Londres à Berlin. On va dissoudre les nations et la famille (ou ce qu’il en reste), réduire le monde en cendres au nom du politiquement correct avant d’accueillir dans les larmes un bon milliard de réfugiés. Bloom pointe notre lâcheté dans tout ce processus, celle des responsables et l’indifférence de la masse comme toujours.

Je ne peux que renvoyer mes lecteurs à ce maître-ouvrage qui satisfera autant les antisystèmes de droite que de gauche. J’en délivre juste quelques extraits que je reprends de l’anglais :

• Sur l’éducation civique et les pères fondateurs, dont on déboulonne depuis les statues :

« L'éducation civique s'est détournée de la fondation du pays pour se concentrer sur une ouverture fondée sur l'histoire et les sciences sociales. Il y avait même une tendance générale à démystifier la Fondation, à prouver que les débuts étaient défectueux afin de permettre une plus grande ouverture à la nouveauté. »

Les pères fondateurs ? Racistes, fascistes, machistes, esclavagistes ! Lisez mon texte sur Butler Shaffer à ce sujet : Hitler est plus populaire que Jefferson.

• Sur la chasse à la discrimination et la tabula rasa intellectuelle qui en découle :

« L'indiscriminabilité est donc un impératif moral parce que son contraire est la discrimination. Cette folie signifie que les hommes ne sont pas autorisés à rechercher le bien humain naturel et à l'admirer lorsqu'ils l’ont trouvé, car une telle découverte est contemporaine de la découverte du mal et du mépris à son égard. L'instinct et l'intellect doivent être supprimés par l'éducation. L'âme naturelle doit être remplacée par une âme artificielle. »

• Sur l’ouverture, l’openness, la société ouverte façon Soros,  Allan Bloom écrit :

« L'ouverture visait à offrir une place respectable à ces «groupes» ou «minorités» - pour arracher le respect à ceux qui n'étaient pas disposés à le faire - et à affaiblir le sentiment de supériorité de la majorité dominante (plus récemment appelée WASP, un nom dont le succès montre quelque chose du succès de la sociologie dans la réinterprétation de la conscience nationale). Cette majorité dominante a donné au pays une culture dominante avec ses traditions, sa littérature, ses goûts, sa prétention particulière de connaître et de superviser la langue, et ses religions protestantes. Une grande partie de la machinerie intellectuelle de la pensée politique et des sciences sociales américaines du vingtième siècle a été construite dans le but d'attaquer cette majorité. »

De tout cela il ne reste plus rien maintenant. La société ouverte rejoint la société du vide de Lipovetsky, elle est plus exactement du néant où l’on a tout interdit puisqu’il sera interdit… d’interdire.

Sur le nouveau complexe d’infériorité occidental et l’obsession tiers-mondiste :

« Les aventuriers sexuels comme Margaret Mead et d'autres qui ont trouvé l'Amérique trop étroite nous ont dit que non seulement nous devons connaître d'autres cultures et apprendre à les respecter, mais nous pourrions aussi en tirer profit. Nous pourrions suivre leur exemple et nous détendre, nous libérer de l'idée que nos tabous ne sont rien d'autre que des contraintes sociales. »

En tant que Français je reconnais d’ailleurs qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Relisez Diderot et son voyage de Bougainville… La France dite révolutionnaire n’avait pas attendu les nietzschéens et les pions postmodernes pour ravager son héritage de tyrans, prêtres et autres félons…

Le tout ne débouche pas forcément sur une destruction physique du monde (encore que…), mais sur une nullité généralisée (voyez l’art, nos prix littéraires ou notre cinéma). Allan Bloom souligne la fin de l’humanisme estudiantin et l’avènement de l’abrutissement estudiantin. Sur le premier :

« Tout au contraire. Il y a une indifférence à ces choses, car le relativisme a éteint le véritable motif de l'éducation, la recherche d'une vie bonne. Les jeunes Américains ont de moins en moins de connaissance et d'intérêt pour les lieux étrangers. Dans le passé, il y avait beaucoup d'étudiants qui connaissaient et aimaient l'Angleterre, la France, l'Allemagne ou l'Italie, car ils rêvaient d'y vivre ou pensaient que leur vie serait rendue plus intéressante en assimilant leurs langues et leurs littératures. »

bloomplato.jpgTout cela évoque Henry James mais aussi Hemingway, Gertrude Stein, Scott Fitzgerald, à qui Woody Allen rendait un rare hommage dans son film Minuit à Paris – qui plut à tout le monde, car on remontait à une époque culturelle brillante, non fliquée, censurée. Cette soi-disant « génération perdue » des couillons de la presse n’avait rien à voir avec la nôtre – avec la mienne.

Sur l’étudiant postmoderne, avec son truisme tiers-mondiste/migrant façon Bergoglio :

« Ces étudiants ont presque disparu, remplacés tout au plus par des étudiants intéressés par les problèmes politiques des pays du tiers monde et en les aidant à se moderniser, dans le respect de leurs anciennes cultures, bien sûr. Ce n'est pas apprendre des autres mais la condescendance et une forme déguisée d'un nouvel impérialisme. C'est la mentalité du Peace Corps, qui n'est pas un stimulant à l'apprentissage mais une version sécularisée de faire de bonnes œuvres. »

On sait que c’est cette mentalité de Peace corps qui a ensanglanté la Libye, la Syrie ou le Yémen, en attendant l’Europe.

Ce qui en résulte ? Moralité, relativisme culturel et je-m’en-foutisme intégral (« foutage de gueule, dirait notre rare idole incorrecte OSS 117) :

« Pratiquement tout ce que les jeunes Américains ont aujourd'hui est une conscience inconsistante qu'il y a beaucoup de cultures, accompagnées d'une morale saccharine tirée de cette conscience : nous devrions tous nous entendre. Pourquoi se battre? »

Le bilan pour les étudiants conscients est désastreux, et qu’il est dur de se sentir étrangers en ce monde. Je rappelle que Tolkien écrira dans une lettre en 1972 :

 “I feel like a lost survivor into a new alien world after the real world has passed away.”

Allan Bloom  ajoute sur cette montée du cynisme et de l’indifférence que j’ai bien connue dans les années 80 :

« Les étudiants arrivent maintenant à l'université ignorants, cyniques au sujet de notre héritage politique, manquant des moyens d'être soit inspiré par lui ou sérieusement critique de lui. »

La chasse aux préjugés horripile Allan Bloom :

« Quand j'étais jeune professeur à Cornell, j'ai eu un débat sur l'éducation avec un professeur de psychologie. Il a dit que c'était sa fonction de se débarrasser des préjugés chez ses étudiants. Il les a abattus. J'ai commencé à me demander par quoi il remplaçait ces préjugés. »

Allan Bloom fait même l’éloge des préjugés au nez et à la barbe des présidents banquiers, des ministresses branchées, des députés européens, des lobbyistes sociétaux, des prélats décoincés :

« Les préjugés, les préjugés forts, sont des visions sur la façon dont les choses sont. Ce sont des divinations de l'ordre de l'ensemble des choses, et par conséquent le chemin de la connaissance se produit à travers des opinions erronées. L'erreur est en effet notre ennemi, mais elle seule indique la vérité et mérite donc notre traitement respectueux. L'esprit qui n'a pas de préjugés au départ est vide. »

On en reste au vide…

Bilan des libérations de tout genre :

« Les diverses libérations gaspillaient cette énergie et cette tension merveilleuses, laissant les âmes des étudiants épuisées et flasques, capables de calculer, mais pas de perspicacité passionnée. »

Car le bonhomme de neige, comme on disait quand je passais mon bac, croit être revenu de tout, qui n’est allé nulle part. Cela ne l’empêchera pas de demander sa guerre contre la Russie orthodoxe, la Chine nationaliste, ou l’Iran intégriste. Car sa régression stratégique et intellectuelle aura accompagné sa cruauté humanitaire et son involution moraliste.

Bloom enfin a compris l’usage ad nauseam qu’on fera de la référence hitlérienne : tout est décrété raciste, fasciste, nazi, sexiste dans les campus US dès 1960, secrétaires du rectorat y compris ! Mais lui reprenant Marx ajoute que ce qui passe en 1960 n’est ni plus ni moins une répétition comique du modèle tragique de 1933. Les juristes nazis comme Carl Schmitt décrétaient juive la science qui ne leur convenait pas comme aujourd’hui on la décrète blanche ou sexiste.

Citons Marx d’ailleurs car Bloom dit qu’on l’a bien oublié à notre époque de juges postmodernes :

« Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. »

On verra si on garde le ton de la farce. Moi je doute : on est trop cons.

Sources

Allan Bloom – The closing of American mind

Nicolas Bonnal – La culture moderne comme arme de destruction massive ; Comment les Français sont morts (Amazon.fr)

Alain Finkielkraut – La défaite de la pensée

Gilles Lipovetsky – L’ère du vide

Marx – Le dix-huit Brumaire de Louis-Napoléon Bonaparte

Nietzsche – Deuxième considération inactuelle, de  l’inconvénient des études historiques…

Platon – Livre VIII de la république (561 d-e)

Tocqueville – De la démocratie en Amérique, II, deuxième et quatrième partie

mardi, 12 décembre 2017

L’atlantisme: une passion française

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L’atlantisme: une passion française

Auteur : Guillaume Berlat
Ex: http://zejournal.mobi

 

 

« L’OTAN est un faux-semblant. C’est une machine pour déguiser la mainmise de l’Amérique sur l’Europe. Grâce à l’OTAN, l’Europe est placée sous la dépendance des États-Unis sans en avoir l’air » déclarait le 13 février 1963 le général de Gaulle qui en connaissait un rayon sur nos meilleurs amis américains. Manifestement, les choses ont peu évolué dans notre Douce France. Au lieu de se tenir à distance respectable de cette institution avatar de la Guerre Froide comme l’avait fait le premier président de la Cinquième rompant avec la structure militaire intégrée de l’Alliance atlantique, ses successeurs n’ont eu de cesse que de reprendre une place pleine et entière à Evere et à Mons. Malheureusement, le rôle d’idiot utile n’est jamais payant auprès du grand frère américain, pas plus hier qu’aujourd’hui. La théorie de la servitude volontaire chère à Etienne de la Boétie n’a pas pris la moindre ride. Il est pathétique d’entendre déclamer par les servants de la liturgie des éléments de langage de l’OTAN les fadaises sur « l’alliance la plus durable de l’histoire ». Quelques précisions sémantiques s’imposent d’entrée de jeu pour mieux appréhender le concept d’atlantisme qui n’est pas neutre.

PRÉCISIONS SÉMANTIQUES

Avant toute chose de quoi parle-t-on concrètement dans un domaine où la confusion est souvent la règle ? D’un fort ancrage anglo-saxon de l’OTAN que l’on doit compléter par un questionnement sur la finalité de l’Alliance atlantique après la fin de la Guerre froide.

Un fort socle anglo-saxon de l’OTAN

Sur le plan de l’étymologie : le terme d’atlantisme est un dérivé d’atlantique, concept contenu dans l’appellation de l’ « Organisation du traité de l’Atlantique Nord » (OTAN sous son acronyme français et NATO en anglais). Le mot atlantique est issu du grec atlantikos, Atlantique. Il est un dérivé d’Atlas, du nom d’une chaîne de montagnes situées en Afrique du Nord. L’adjectif « atlantique » qualifie ce qui concerne l’Océan atlantique et les pays riverains. L’atlantisme désigne une politique extérieure caractérisée par le soutien apporté aux Etats-Unis, notamment dans le cadre de l’OTAN. Conceptualisé au début de la Guerre froide, l’atlantisme prône une étroite coopération entre les Etats-Unis, le Canada et les pays européens dans les domaines politique, militaire, économique et culturel. L’objectif avoué consiste, en principe, à assurer la sécurité des pays membres de l’OTAN (clause de solidarité de l’article 5 qui veut qu’une attaque contre l’un de ses membres est considérée comme une attaque contre tous) et de protéger les valeurs qui les unissent : démocratie, libertés individuelles et Etat de droit. L’atlantisme désigne aussi l’attitude politique, l’opinion, la doctrine de ceux qui font du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) la base de leur action extérieure et qui, au nom de ces principes, s’alignent de manière plus ou moins systématique, idéologique sur la politique extérieure des Etats-Unis qu’elle soit entièrement justifiée ou totalement infondée, ce qui arrive parfois.

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Un questionnement sur la finalité de l’OTAN dans l’après-guerre froide

Depuis la fin de la Guerre froide, l’atlantisme est souvent dénoncé, dans les mouvements de gauche et altermondialistes de certains pays d’Europe, mais aussi chez ceux qui se revendiquent du gaullo-mitterrandisme, comme un soutien à la politique étrangère des États-Unis et à la défense d’une conception purement anglo-saxonne du libéralisme économique. Les préjugés envers l’atlantisme sont plutôt favorables au Royaume-Uni, en Pologne, dans les pays Baltes, et défavorables en France et en Allemagne. Un atlantiste est un partisan de l’atlantisme. L’adjectif atlantiste qualifie ce qui est relatif à l’atlantisme(1). L’Atlantiste se revendique d’une vision occidentaliste et universaliste du monde consistant à prétendre se substituer aux autres peuples pour définir leurs intérêts, y compris par la force pour les plus récalcitrants d’entre eux (Cf. concept du Grand Moyen-Orient développé par George W. Bush après la guerre en Irak). On peut mesurer les effets négatifs d’une telle conception du monde à travers les expériences afghane, irakienne, libyenne. Cette approche atlantiste peut se résumer sommairement en un amour immodéré de l’OTAN(2) complété par une haine viscérale de la Russie(3).

Un retour en arrière sur l’immédiat après Seconde Guerre mondiale dans notre pays.

LA TENTATION OTANIENNE : UN MARQUEUR DE LA QUATRIÈME RÉPUBLIQUE

Durablement affaiblie sur la scène internationale après « l’étrange défaite » de 1940, la France de la Quatrième République n’a d’autre ressource que de se soumettre aux Diktats de Washington surtout à une époque où le péril soviétique est bien présent en Europe. La défaite de Dien Bien Phu ne redore pas le blason terni d’une France affaiblie politiquement, économiquement et diplomatiquement. En dépit des appels à l’aide lancés à l’Amérique pour l’aider à desserrer l’étau autour de la cuvette de la mort, Washington reste de marbre. Cela lui permettra de remplacer la France en Indochine. L’expédition franco-britannique de Suez est condamnée par les États-Unis. Les premières tentatives d’acquisition de l’arme atomique font l’objet de sévères mises en garde de Washington auquel l’OTAN emboîte le pas.

La France est accusée d’être un pays proliférateur et priée de cesser de jouer dans la cour des grands. La guerre d’Algérie vient ajouter un sujet de mécontentement américain à l’endroit de la « Grande Nation ». Mais, lorsqu’on est affaibli, il faut savoir faire bon cœur contre mauvaise fortune et se montrer un otanien discipliné et servile. Accepter sans coup férir les humiliations répétées, les Oukazes, les rabaissements… venus de Washington. Il faudra attendre le retour du général de Gaulle au pouvoir en 1958 pour que la donne change petit à petit… mais sûrement. Cela va décoiffer chez les esprits formés au moule de la servitude atlantiste.

Le retour du général de Gaulle aux affaires en 1958 constitue de ce point de vue une véritable rupture idéologique vis-à-vis de l’Amérique et de ses outils de domination, en particulier militaires.

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LE CHOIX DE L’INDÉPENDANCE NATIONALE : LE DÉSIR DU GÉNÉRAL

Seul un retour à une économie forte et dynamique permet au premier président de la Cinquième République de gagner son indépendance militaire.

Le retour de l’autonomie économiqueC’est que le général de Gaulle a quelques idées bien arrêtées sur la nature de la relation qu’il entend développer avec les États-Unis qui lui ont donné pas mal de fil à retordre pendant la Seconde Guerre mondiale et à la Libération de la France qui avait vocation à un régime de tutelle. La première de ses préoccupations consiste à rembourser toutes ses dettes aux Américains tout en mettant un terme au conflit algérien pour retrouver les mains libres. Allié fidèle en cas de coup dur, il le sera comme pendant les crises de Berlin et de Cuba. Aligné indéfectible en temps normal, il refusera de l’être choisissant la voie de l’indépendance nationale. Construire une Europe avec un moteur franco-allemand, renforcer le franc, contester la convertibilité du dollar, réclamer voix au chapitre dans les grandes décisions otaniennes… telles sont les grands axes de la politique étrangère du général de Gaulle. Contrairement à certains de ses éminents successeurs, il fait ce qu’il dit. Les actes suivent les paroles au grand dam de nos excellents amis américains très peu portés à la contradiction et au rejet de leur politique hégémonique, pour ne pas dire parfois, leur politique impériale.

Le choix de l’indépendance militaire

Qui dit indépendance économique, dit indépendance diplomatique (parler avec Moscou, établir des relations diplomatiques avec Pékin, critiquer la guerre du Vietnam lors du discours de Phnom Penh ; titiller Washington en Amérique latine et au Québec…) et indépendance militaire (parvenir au seuil nucléaire sans l’aide américaine et faire ses premiers essais nucléaires dès le début des années 1960 dans le Sahara). Toutes choses, on l’imagine, qui ne sont pas du meilleur goût pour nos alliés américains et pour toute la piétaille française grassement rémunérée pour lutter contre le terrorisme mais surtout pour cultiver un état de servitude volontaire vis-à-vis du tuteur américain.

N’ayant obtenu aucune réponse favorable à ses demandes de traitement identique à celui des Britanniques, le général de Gaulle en tire les conséquences : retrait de la structure militaire intégrée, départ de toutes les troupes américaines stationnées en France, déplacement du siège de l’OTAN de Paris à Bruxelles… Circulez, il n’y a rien à voir en France. Allez voir chez nos voisins belges ! Ils seront ravis de vous héberger à Bruxelles et à Mons pour aller vous préparer à faire la guerre… surtout après la fin de la Guerre froide. Le premier président de la République traite directement avec l’ours soviétique et avec Mao sans aller chercher ses instructions à la Maison Blanche.

En France, les vieux démons ont la vie dure. Chassez le naturel, il revient au galop. Sortie par la grande porte de l’histoire gaullienne, la pensée atlantiste revient par la petite fenêtre de l’histoire sarkozyste.

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LE RETOUR AU BERCAIL OTANIEN : LE CHOIX DE NICOLAS SARKOZY

Après quelques hésitations des successeurs directs du général de Gaulle en termes de positionnement par rapport à l’OTAN, c’est l’un de ceux qui se prétendent ses héritiers qui pratiquera la transgression, la trahison.

Les héritiers du général

Les successeurs du général de Gaulle, avec des degrés différents, maintiennent le dogme gaullien tout en se montrant plus souple sur la forme. Georges Pompidou n’aura pas le temps matériel de s’affirmer mais fait le voyage aux États-Unis sous les lazzis. Valery Giscard d’Estaing apprécie ses rencontres avec ses homologues américains, flattant ainsi son ego démesuré. François Mitterrand veut se différencier de l’homme du coup d’état permanent tout en le caricaturant mais doit, au moins au début de son premier quinquennat, montrer pattes blanches en raison de la présence de ministres communistes dans son premier gouvernement. L’affaire Farewell lui permet de démontrer qu’il est un allié fiable dans la lutte contre les menées subversives de l’URSS.

Reconnaissons-lui le mérite d’avoir proposé la création d’une confédération européenne après la chute du mur de Berlin (rejetée avec vigueur par tous nos alliés) et d’avoir interpellé George Bush père lors du sommet de l’OTAN à Rome en 1992, lui rappelant que l’Alliance atlantique n’était pas la Sainte Alliance. Quant à Jacques Chirac, il s’opposera, certes, à la guerre en Irak de 2003 mais fera assaut d’amabilités auprès de Washington pour se faire pardonner sa déviance anti-atlantiste. Il en faudra de peu pour qu’il rejoigne la structure militaire intégrée de l’OTAN. Il y renoncera dans la mesure où les Américains ne lui proposeront pas un grand commandement.

« Sarko l’américain », le capitaine de pédalo et Jupiter

Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir en 2007 pour que « Sarko l’américain » brise le tabou en reprenant en 2009 le chemin perdu du Saint des Saints en se rangeant sous la coupe du Pentagone. Les Américains décident, les Français exécutent comme des idiots utiles. En échange, nous recevons un commandement à Norfolk en Virginie (SACT ou Commandement Suprême Allié de la Transformation). Tout est bien qui finit bien pour la France ! Le président de la République multiplie les attentions à l’endroit de ses interlocuteurs américains. Mais, contrairement à ce qu’il escomptait (ceci ne relevait-il pas de la vulgaire farce ?), les Américains et autres Britanniques ne font pas le moindre pas en direction de la politique européenne de sécurité et de défense.

L’argument est imparable en période de restrictions budgétaires, pourquoi faire mal au Berlaymont ce que l’on fait parfaitement à Evere ! C’est le règne du circulez, il n’y a rien à voir. Quant à François Hollande qui avait critiqué la décision de Nicolas Sarkozy alors qu’il était le chef de l’opposition, il n’y trouve rien à redire dès qu’il prend ses fonctions à l’Élysée. Il fait même rédiger un rapport par Hubert Védrine qui souligne les inconvénients d’un nouveau départ de la structure intégrée. Tout est bien qui finit bien. Jupiter écrase la main de Donald Trump mais essuie ses avanies successives (retrait de l’accord sur le climat, décertification de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, retrait de l’UNESCO au moment où une Française, Audrey Azoulay est désignée comme directrice générale Place Fontenoy…). Dans son discours sur la refondation de la Sorbonne, il se prononce pour une défense européenne en concertation avec l’OTAN, le membre de phrase qui tue. Ce qui signifie en clair que tout change pour que rien ne change ! La servitude volontaire a encore de beaux jours devant elle.

La voie est désormais libre pour tout ce que la France compte d’admirateurs de l’Amérique.

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L’AMOUR DE L’AMÉRIQUE : LES NÉOCON TIENNENT LE HAUT DU PAVÉ PARISIEN

L’américanisme touche d’abord une haute administration passée par le même moule de l’ENA qui est majoritairement néo-conservatrice.

Une haute administration passée par le même moule

Mais, il y a plus grave encore dans cette otanomania. Elle concerne toute la haute administration française (formée sur les bancs de l’ENA) qui constitue le meilleur ambassadeur des thèses néoconservatrices en France et dans les institutions internationales. Que nous dit le général Pierre Lorenzi sur le sujet : quand les hauts fonctionnaires civils trustent la quasi-totalité des directions du ministère de la défense (des armées) et des postes interministériels à vocation stratégique ?

La  qualité de l’administration civile française, la valeur de ses hauts fonctionnaires, issus pour un certain nombre de l’ENA et l’ouverture de la Défense à des savoir-faire originaux ne sont pas contestées. La Défense peut se sentir honorée de l’attrait de ces fonctionnaires civils pour la chose militaire. Mais cette tendance très nette à la substitution des personnels d’encadrement aboutissant peu à peu au monopole des personnels civils sur ces postes laisse perplexe quand on connait l’investissement de la Défense – et donc du contribuable français  – dans la sélection et la formation permanente de ses  officiers généraux. Aller chercher ailleurs ce dont la Défense dispose largement en son sein, à un moment où les contraintes budgétaires sont sans cesse rappelées, répond-il à un besoin effectif ?

Pour illustrer ces propos, observons la distribution des rôles dans l’appareil de sécurité et de défense français et les parcours universitaires et professionnels de leurs détenteurs : président de la République : inspecteur des finances ; Premier ministre : conseiller d’Etat ; ministre des Armées : conseillère d’Etat ; Secrétaire Général de la Défense et de la Sécurité Nationale : conseiller maître à la Cour des Comptes ; éphémère prédécesseur du ministre des Armées, directeur des Affaires financières au ministère de la Défense, directeur du Service Historique de la Défense, directeur des Relations Internationales et de la Stratégie au ministère des Armées, directeur de la DGSE, responsable national du contre-terrorisme, coordinateur du renseignement auprès du Président : tous diplômés de l’ENA !

Sans compter le nombre considérable de conseillers, membres et directeurs de cabinets de ces dirigeants, et la diminution considérable du nombre de militaires dans le pilotage des derniers Livres blancs de la Défense, dont l’extension à la sécurité constitue là encore un prétexte supplémentaire à la marginalisation des militaires. Plus largement, on peut s’étonner que le musée de l’air et de l’espace, à forte dimension militaire, ne soit plus dirigé par un officier général de l’armée de l’Air ou que la communication de la défense (DICOD) soit désormais pilotée exclusivement par des civils (4).

Une haute administration majoritairement néo-conservatrice

Ce que l’on dit moins est que notre élite bienpensante pense (le terme est peu approprié), parle anglais, ne rêve que d’un monde unilingue et se nourrit au lait des « think tanks » d’Outre-Atlantique, du cinéma d’Hollywood, de la chanson anglo-saxonne, privilégie le « fast food » à la gastronomie française…. Elle se montre de plus en plus incapable de penser français de parler français. À Abidjan, le président de la République, Emmanuel Macron qui avait vanté la veille à Ouagadougou les vertus de la langue française et de la francophonie (il était accompagné de sa représentante personnelle pour la Francophonie, Leïla Slimani), n’hésite pas à évoquer une task force » (pour évoquer un groupe de travail ou une force opérationnelle) et « l’intelligence » (en parlant du renseignement).

En un mot, elle est néo-conservatrice, plus néo-conservatrice que les néo-conservateurs américains-5). C’est la fable bien connue de l’élève qui dépasse le maître. Cette élite gagnerait à méditer le petit opuscule de Noam Chomsky intitulé « De la guerre comme politique étrangère des États-Unis »(6). On reste confondu au spectacle d’une haute administration formée sur les bancs des meilleures écoles de la République, en particulier de l’ENA, qui succombe aux sirènes américaines sans mesurer les impasses auxquelles conduit la diplomatie (ou l’absence de diplomatie) d’une Amérique rongée par l’hubris alors même qu’elle perd de plus en plus son rôle de nation indispensable dans le monde. Pense-t-elle que la France serait une terre de mission américaine qui se grandirait en s’abaissant au rôle de valet de Washington ?(7)

Cette dérive néo-conservatrice préjudiciable aux intérêts bien compris de la France ne semble émouvoir que quelques esprits chagrins ! Comment parler sérieusement de « souveraineté européenne » comme le fait le président de la République, Emmanuel Macron lors de son discours de la Sorbonne tout en se mettant dans le même temps sous le parapluie américain de moins en moins fiable et de moins en moins crédible depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche (le président jugeant « obsolète » l’OTAN) ? Nous devenons plus otanien que les Américains alors que ces derniers deviennent moins otanien. Méfions-nous que notre atlantisme ne se transforme un jour en Atlantide, cette île mythique évoquée par Platon qui fut engloutie par les flots dans un cataclysme provoqué à l’instigation de Zeus, dieu grec que les Romains appelaient Jupiter… Telle serait la morale de cette passion française, qui dévore nos élites et qui a pour nom l’atlantisme.

Notes:

(1) www.toupie.org/Dictionnaire/Atlantisme.htm 

(2) Jaap de Hoop Scheffer, « La Turquie pose un sérieux problème à l’OTAN », Le Monde, 24 octobre 2017, p. 22.

(3) Gaidz Minassian, L’illusoire « soft power » russe, Le Monde, 24 octobre 2017, p. 22.

(4) www.asafrance.fr/item:la-defense-pilotee-par-des-hauts-fo... , 20 octobre 2017. 

(5) Juliette Grange, Les néoconservateurs, Agora Pocket, 2017.

(6) Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Agone, 2017.

(7) Jean-Michel Autran, La France, terre de mission américaine, Vendémiaire, 2017.