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dimanche, 13 août 2017

Faire face au nationalisme économique américain

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« Un ami qui nous veut du bien ? Faire face au nationalisme économique américain »

Ex: http://radiomz.org

Ce soir, la Méridienne vous propose un entretien avec Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de Guerre Economique (EGE), sur la question du nationalisme économique américain, ce spectre qui hante l’Europe depuis des décennies et que nos dirigeants ignorent pourtant avec tant de constance. M. Harbulot a dirigé dans le cadre de l’EGE un travail collectif sur cette question qui sera publié en juillet.

Nous n’avons évidemment pas choisi cette thématique par hasard. Le 8 mai n’est pas loin et nous n’oublions pas qu’il y a plus de 20 ans, un de nos camarades perdait la vie en voulant échapper aux forces de l’ordre à cause de sa participation à une manifestation interdite dont le mot d’ordre était « Bienvenue aux ennemis de l’Europe ! ». Si le propos était peut-être excessif, les Etats-Unis doivent cependant être regardés pour ce qu’ils sont et cette émission entend y contribuer.
A la barre JLR.

Pour écouter:

http://radiomz.org/emission-n311-un-ami-qui-nous-veut-du-...

samedi, 12 août 2017

Airbus est-il en train de passer sous contrôle américain, avec l'assentiment d'Emmanuel Macron?

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Airbus est-il en train de passer sous contrôle américain, avec l'assentiment d'Emmanuel Macron?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Airbus prend le chemin de Technip. Selon Wikipedia, « Technip est(était) une entreprise d'origine française présente dans le management de projets, l'ingénierie et la construction pour l'industrie de l'énergie mais aussi accessoirement de la chimie ». Il faut retenir le terme « entreprise d'origine française » car il s'agit dorénavant d'une entreprise passée sous contrôle américain.

 Comme l'indique l'excellente enquêtrice Martine Orange dans Médiapart https://www.mediapart.fr/journal/international/080817/let...

En mai 2016, Thierry Pilenko, PDG de Technip, annonçait un mariage entre égaux avec l'américain FMC Technologies, bien que ce dernier soit trois fois plus petit que le français. Contre toute attente, Emmanuel Macron, alors ministre de l'économie, refusa de prendre un décret de sauvegarde pour protéger le groupe, et BPI France, premier actionnaire de Technip, avalisa cette fusion contraire à ses intérêts, car il s'agissait « d'une opportunité ».

Cette affaire faisait suite à une accusation de corruption menée contre Technip par la justice américaine. Voir sur cette accusation, montée quasiment de bout en bout par les intérêts américains pour prendre le contrôle de Technip, l'article daté de juin 2016 de la même Martine Orange (Technip: l'Etat brade un nouveau groupe industriel et même ses intérêts financiers https://www.mediapart.fr/journal/economie/181116/technip-... )

Or la même manœuvre est en train de se renouveler contre Airbus. Là encore des accusations de corruption sont en cours d'instruction actuellement, avec l'accord tacite de Tom Enders, PDG de Airbus, qui a toujours recherché des alliances avec les industriels américains aux dépends des salariés français principalement basés à Toulouse.

Comme l'indique Martine Orange: Les dirigeants d'Airbus sont comme tétanisés. Pendant des mois, ils étaient parvenus à minimiser l'affaire de corruption qui menace tout le groupe (voir notre enquête). Et ils pensaient bien qu'ils allaient pouvoir continuer à gérer ce dossier à l'abri des regards. Ils comprennent qu'ils ne le pourront plus : l'enquête judiciaire pour corruption menée conjointement par le Serious Fraud Office (SFO) et le Parquet national financier (PNF) est devenue publique. Elle est désormais un sujet de préoccupation majeure au sein des pouvoirs publics.

Ceux-ci sont en train découvrir tout, avec retard. Bien que la France et l'Allemagne soient à égalité (11 %) les deux premiers actionnaires du groupe aéronautique, Tom Enders n'a pas éprouvé le besoin, semble-t-il, d'informer l'Élysée et la chancellerie à Berlin dès le début des menaces qui pesaient sur le groupe. De la même manière, les personnes censées représenter l'État au conseil d'administration ne paraissent pas avoir pris la mesure de la situation ni donné l'alerte.

Ajoutons que ces accusations de corruption paraissent peu fondées ou très exagérées. Ceci, selon l'article, commence à inquiéter sérieusement l'Elysée, Airbus étant pour la France un atout essentiel en matière d'aviation civile et militaire. Mais si Emmanuel Macron se réveille à ce sujet tardivement, n'aura-t-il pas vis-à-vis des autorités américaines la même indulgence que celle manifestée par lui dans le cas de Technip. En ce cas, Airbus passerait presqu'entièrement sous contrôle des Américains, avec l'accord des Allemands...et finalement avec la bénédiction de Macron ?

Cette affaire est trop complexe pour que nous la résumions ici. Il faudra se reporter, entre autres, aux articles de Martine Orange dans Médiapart. Nous nous sommes bornés ici à signaler en quelques mots une affaire dont pratiquement nul ne parle en France, et qui serait catastrophique pour la France. Celle-ci rejoindrait définitivement le sous-développement industriel stratégique qui est celui des autres pays européens.

Jean Paul Baquiast

La Iniciativa Minerva, o cómo provocar una guerra civil «científicamente» calculada

 
Ex: http://www.elespiadigital.com
 
Un reciente estudio establece que la derrota de Hillary Clinton se debió en gran parte a que los votantes de la clase trabajadora en las zonas más pobres y con más número de bajas en las guerras de Irak y Afganistán no apoyaron al Partido Demócrata, al que identificaron como el principal partido de la guerra y el militarismo. Así, se confirmó la afirmación realizada desde esta columna, según la cual el público latinoamericano de países vasallos creía erróneamente que Hillary Clinton y Barack Obama eran adalides de la paz, desconociendo la deportación de más de tres millones de inmigrantes y confiando en su segura elección.

Cabe confirmar que la manipulación mediática se recrea con análisis metodológico para descubrir herramientas de control del comportamiento humano, y el Pentágono ha utilizado a los científicos sociales desde hace décadas con el fin de ejercer presión o domesticación. En ese sentido, se ha creado el programa Minerva para neutralizar el descontento social mundial causado por los diversos problemas sociopolíticos vigentes y agudizados por las élites bélicas.

Minerva es una iniciativa de investigación del Departamento de Defensa de EE.UU. que financia con millones de dólares a universidades para modelar la dinámica, los riesgos y puntos de inflexión de los disturbios civiles a gran escala en el planeta bajo la supervisión de agencias militares propias. Está diseñado para desarrollar «ideas de guerra combativas relevantes, inmediatas y a largo plazo», que sean útiles a altos funcionarios y tomadores de decisiones en «la comunidad política de defensa», y para informar a los «comandos combatientes» de su operatividad.

Este trabajo estratégico posee cuatro puntos básicos:

  1. conocer los críticos del régimen estadounidense para identificar probables terroristas;
  2. seleccionar en las universidades de países insumisos a líderes destacados con el fin de involucrarlos ideológicamente;
  3. emplear la ciencia para descubrir leyes y procesos asociados a la desestabilización social;
  4. conocer técnicas de falsificación aplicada a las redes y crear escenarios ficticios.

Así, el estudio selecciona líderes potenciales que se integren decididamente a grupos violentos o terroristas, similares a Daesh o Al Qaeda, que no trepiden en matar, quemar, acosar a la autoridad legítima, basados en la estructura emocional de las personas (odio fundamentalmente), por sobre la razón. Asimismo, se vincula a las universidades donde se coopta dirigentes que coadyuven en procesos de movilización para desestabilizar gobiernos no afectos a USA.

Una meta es mejorar la comprensión básica del Departamento de Defensa sobre las fuerzas sociales, culturales, conductuales y políticas, en países y regiones de importancia para EE.UU. Entre los proyectos adjudicados para el período 2014-2017 se encuentra un estudio dirigido por la Universidad de Cornell, gestionado por la Oficina de Investigación Científica de la Fuerza Aérea de los EE.UU., que tiene como objetivo desarrollar un modelo empírico «de la dinámica de la movilización de los movimientos sociales» y de la «la masa crítica» de ‘contagios sociales’ mediante el estudio de sus «huellas digitales». En cuanto a las redes y páginas virtuales, los mensajes y conversaciones de Twitter se examinarán para identificar a individuos movilizados que puedan generar un ‘contagio social’.

El año pasado, la Iniciativa Minerva financió un proyecto para determinar quién y por qué no se convierte en un terrorista, donde se involucra a las «causas radicales» promovidas por ONGs pacíficas: para el Departamento de Defensa, los movimientos de protesta, de cambio social y el activismo en diferentes partes del mundo son una amenaza a la seguridad nacional de EE.UU. Este año, la Universidad de Washington y la Oficina de Investigación del Ejército de los EE.UU. tratarán de descubrir el origen, características, condiciones y consecuencias de los movimientos dirigidos a cambios políticos y económicos a gran escala, abarcando 58 países en total.

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Los profesores universitarios David Price y James Petras coinciden en que existe una militarización de las ciencias sociales, financiando investigaciones vinculadas a las operaciones de contrainsurgencia del Pentágono por Minerva y estudiando las emociones para avivar o sofocar movimientos de base con motivaciones ideológicas. Complementa esta política la infiltración de agentes encubiertos en Internet para manipular, engañar y destruir reputaciones, comprometiendo la integridad de la propia Internet.

En conclusión, ciudadanos que desconfíen de un régimen neoliberal son agresores o violentos potenciales que deben ser controlados antes que comiencen a «subvertir» la sociedad.

Contrasta esta posición oficial con la hipocresía demostrada en el caso de Venezuela, donde el régimen estadounidense alienta a los grupos violentos a derrocar un gobierno que no se inclina a sus deseos ni rinde pleitesía.

Si la «radicalización de la desobediencia civil» ocurriese en las calles de Washington, con armas letales caseras y un discurso golpista, serían inmediatamente calificados como terroristas. En Estados Unidos, cualquier manifestante que desobedece la ley o intente protestar sin permiso enfrenta la detención y cargos penales. Si usara armas contra las fuerzas estatales o un discurso violento contra el Gobierno o el presidente, pagaría con muchos años de prisión. Si asesinara un policía, la muerte sería su condena.

Finalmente, es factible predecir que estos estudios no serán capaces de prevenir todos los efectos internos que sucederán en Estados Unidos, ni los externos, ya que el objetivo no es comprender lo que sucede y enmendar los errores, sino controlar y reprimir para continuar con sus intereses erróneos, falibles, interventores. Sólo la investigación para acrecentar la paz y la felicidad social debe ser el principio de la ciencia como herramienta analítica.

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El MI6 repliega su dispositivo organizador de «primaveras árabes»

Ante el fracaso de la llamada «primavera árabe», el MI6 está replegando sus hombres. Elaborado en 2004, por sir James Craig, ese proyecto debía reproducir la «Revuelta árabe» que Lawrence de Arabia organizó en el pasado contra el Imperio Otomano.

Durante la Primera Guerra Mundial, Thomas Lawrence –el célebre «Lawrence de Arabia»– prometió a los árabes que serían libres si lograban derrocar la colonización otomana, finalmente reemplazada por la colonización británica.

Pero la «primavera árabe» se concibió en contra de Irán y su objetivo era instalar en el poder, en los países del Medio Oriente ampliado o Gran Medio Oriente, a la Hermandad Musulmana, como correa de transmisión del imperialismo anglosajón.

Uno de los principales agentes al servicio de ese programa, Angus McKee (ver foto), fue nombrado encargado de negocios en la embajada del Reino Unido en Siria, en diciembre de 2011. Cuando Londres decretó el cierre de la embajada, Angus McKee siguió ejerciendo las mismas funciones y bajo la misma cobertura, pero desde Beirut. En marzo de 2012 fue nombrado cónsul en el Kurdistán iraquí. Ahora, el MI6 acaba de llevárselo de regreso a Londres.

jeudi, 10 août 2017

«L’application extraterritoriale de lois américaines est incontestablement une violation du droit international»

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«L’application extraterritoriale de lois américaines est incontestablement une violation du droit international»

par Alfred de Zayas*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Il est compréhensible que l’Allemagne et la France s’indignent des sanctions des Etats-Unis à l’égard de la Russie, car cette fois, il ne s’agit pas seulement de «morale», c’est-à-dire de la morale néolibérale, ou de l’intégrité territoriale de l’Ukraine ou de l’«autodétermination» du peuple de la Crimée mais de l’industrie américaine, du commerce et donc de beaucoup d’argent. Si les sanctions américaines entrent en vigueur en tant que telles, elles violent bien évidemment le droit international et sont incompatibles avec le droit international coutumier, le libre-échange, la Charte des Nations Unies, les dispositions de l’Organisation mondiale du commerce et plusieurs résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies, notamment la Résolution 2625.


Hélas, le président américain vient de signer la loi du Congrès américain et n’a pas osé opposer son veto. En effet, le Congrès américain l’a humilié avec un vote qui, concrètement, lui enlève sa compétence constitutionnelle pour gérer la politique extérieure des Etats-Unis. C’est pourquoi les responsables politiques européens doivent se mettre d’accord sur un «plan B», et prendre des mesures de rétorsion.


On se rend compte que les sanctions sont très bénéfiques aux sociétés américaines et très préjudiciables aux sociétés européennes, notamment aux entreprises allemandes et européennes en relation avec les réseaux de gazoduc, etc. A ces préoccupations économiques et commerciales, s’ajoute le fait que l’application extraterritoriale de lois américaines viole incontestablement le droit international ce qu’une juridiction internationale constaterait rapidement. Il faut s’adresser aux diverses instances de l’ONU – entre autres à la Cour internationale de justice de La Haye – tant dans le domaine de sa compétence à trouver des réponses aux litiges internationaux que dans celui relevant de sa fonction d’établir des expertises juridiques. Il est également possible de s’adresser à la Cour d’arbitrage permanente aussi à La Haye, à l’Organisation mondiale du commerce à Genève, etc.


En outre, s’y ajoutent de sérieux problèmes relevant des principes des droits de l’homme. En 2000 déjà, l’ONU a condamné toutes sanctions unilatérales dans un long rapport de l’ancienne Commission des droits de l’homme. Depuis 2014, il existe un Rapporteur spécial des Nations Unies pour les sanctions unilatérales, M. Idriss Jazairy, ayant mis en évidence les conséquences relevant des droits de l’homme dans plusieurs rapports. Il ne s’agit non seulement de violations du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, mais aussi d’articles de la Convention européenne des droits de l’homme.


Par ailleurs, les sanctions américaines n’ont aucune légitimité. Où sont les «preuves» de la violation du droit international par la Russie pouvant justifier ce type de sanctions? En réalité, les sanctions constituent un prétexte, une mascarade pour imposer les intérêts économiques des Etats-Unis. Il ne suffit pas d’affirmer la souveraineté et l’autodétermination des Etats européens, il faut également les défendre activement.    •

*    Alfred de Zayas est Expert indépendant des Nations Unies pour la promotion d’un ordre international démocratique et équitable.
Ce texte correspond à son opinion personnelle.

mercredi, 09 août 2017

L'Europe continuera-elle à se laisser « sanctionner » par Washington ?

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L'Europe continuera-elle à se laisser « sanctionner » par Washington ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Les leaders démocrates et républicains viennent de s'entendre pour faire adopter au Congrès une loi de 70 pages instaurant officiellement des sanctions contre la Corée du Nord, contre l'Iran et contre la Russie. Ce texte impose unilatéralement à tous les autres États du monde de respecter ces interdictions commerciales. Ces sanctions s'appliquent donc tout autant à l'Union européenne et à la Chine qu'aux États officiellement ciblés.
 
Seuls cinq parlementaires se sont désolidarisés de cette coalition et ont voté contre cette loi : les représentants Justin Amash, Tom Massie et Jimmy Duncan, et les sénateurs Rand Paul et Bernie Sanders. Donald Trump pouvait imposer son véto, mais selon la Constitution, il suffirait au Congrès de revoter le texte dans les mêmes termes pour pouvoir l'imposer au président. Il n'a donc rien fait, à supposer qu'il l' ait voulu, pour bloquer la loi afin de préserver ses relations déjà bien compromises avec Moscou.

En première mesure de rétorsion, la Russie a demandé à Washington de réduire le personnel de son ambassade à Moscou au niveau de celui de sa propre ambassade à Washington, c'est-à-dire à 455 personnes, expulsant 755 diplomates. De la sorte, Moscou entend rappeler que s'il a interféré dans la politique américaine, c'est sans commune mesure avec l'importance de l'ingérence américaine dans sa propre vie politique. Par ailleurs, dans une conférence de presse récente, Vladimir Poutine a rappelé qu'il ne fallait pas abuser de la patience de la Russie. Mais on ne voit pas clairement comment il pourrait réagir, à moins de faire parler l'armée.

En ce qui concerne la nouvelle loi américaine, certains intérêts européens, pourtant très atlantistes de principe, ont réalisé que Washington veut les empêcher de toute coopération économique avec la Russie, ce qui leur imposera des sacrifices considérables. Ainsi les sociétés européennes qui se sont investies dans le projet de gazoduc destiné à doubler l'actuel et déjà ancien gazoduc North Stream supporteront des pertes très importantes, les plus petites seront ruinées. Ainsi Wintershall, E.ON Ruhrgas, N. V. Nederlandse Gasunie, et Engie (ex-GDF Suez) perdent non seulement le droit de concourir à des appels d'offres américains, mais tous leurs avoirs aux États-Unis. Ils sont interdits d'accès aux banques internationales et ne peuvent poursuivre leurs activités hors de l'Union.

Les États-Unis, comme tout État, peuvent interdire à leurs sociétés de commercer avec des États étrangers et à des sociétés étrangères de commercer avec eux. Mais, selon la Charte des Nations Unies, ils ne peuvent imposer leurs propres choix en la matière à leurs alliés et partenaires. C'est pourtant ce qu'ils ont fait depuis leurs sanctions contre Cuba. À l'époque, le gouvernement cubain avait lancé une réforme agraire à laquelle Washington entendait s'opposer. Ils ont été docilement suivi par les membres de l'Otan. Aujourd'hui, les Américains viennent de décider de « sanctionner » le Vénézuela, qui a eu le tort de reconduire le président Maduro, lequel leur interdit l'accès aux réserves pétrolières du pays. Mais les Européens n'ont pas grand chose à y perdre. Pour la première fois, avec les sanctions contre Moscou, ils sont touchés par le système de « sanctions » qu'ils avaient toléré voire aider à mettre en place quand ils n'en étaient pas les victimes. 1)

On dira que le mécanismes des « sanctions » américaines contre Moscou est déjà ancien de quelques années et qu'il compromettait les relations économiques entre la Russie et l'Europe. Certains pays européens avaient réagi, comme l'Allemagne, mais mollement car ces relations sont encore très modestes. Dans son ensemble, l'Union européenne avait laissé faire. Avec la nouvelle loi américaine, compte tenu des nouvelles perspectives prometteuses de coopération économique avec la Russie, notamment avec le Brics, elle se trouvera interdite d'accès à la moitié du monde.

Nouvelles protestations verbales allemandes

Celle-ci manifeste clairement aux yeux des plus sceptiques que l'Amérique a toujours voulu et veut toujours, au mépris du droit international, soumettre l'Europe à ses intérêts, non seulement politiques, mais aussi économiques. Ainsi, dans le cas du gaz, elle veut obliger l'Europe a acheter du gaz liquéfié américain transporté à grand frais à travers l'atlantique par des navires pétroliers-gaziers, plutôt que s'approvisionner à la source russe, pourtant bien plus proche. 2)

Les nouvelles sanctions proposées par les parlementaires américains contre la Russie pourraient pénaliser des entreprises européennes et sont contraires au droit international, vient de déclarer la ministre allemande de l'Economie, Brigitte Zypries.

 « Nous jugeons que cela va à l'encontre du droit international, purement et simplement », a déclaré la ministre au Funke Mediengruppe. « Bien sûr, nous ne voulons pas de guerre commerciale. Mais il est important que la Commission européenne se penche sur des contre-mesures. »

Le gouvernement et les organisations patronales redoutent par exemple que les nouvelles sanctions adoptées en juillet par le Congrès interdisent aux entreprises allemandes de travailler sur des projets de pipelines que Berlin juge vitaux pour sa sécurité énergétique. De même, l'Allemagne et même la France, avec Total, seront sanctionnées pour leurs relations très prometteuses avec l'Iran.

Mais les Allemands et tous ceux qui en Europe avaient des projets de coopération industrielle et commerciale avec Moscou ou l'Iran risquent d'attendre longtemps les « contre-mesures » européennes.3)

Notes

1) Ce processus n'est cependant pas nouveau, aux dépens notamment de la BNP française. Celle-ci avait accepté en 2014, de plaider coupable de deux chefs d'accusation : « falsification de documents commerciaux » et « collusion ». BNP Paribas était poursuivie pour avoir facilité des milliards de dollars de transactions avec le Soudan, mais aussi l'Iran et Cuba, enfreignant ainsi l'« International Emergency Economic Powers Act », cette loi fédérale américaine de 1977 qui autorise le président des Etats-Unis à restreindre les relations commerciales avec certains pays. La banque française ne contrevenait en rien à la législation franco-européenne, ces pays n'étant pas considérés comme ennemis. Mais le gouvernement français avait laissé faire. Les clients français de la BNP paieront, ils sont suffisamment riches pour cela, comme il avait été dit officieusement.

2) Les sanctions américaines au secours des exportateurs américains. L'Ukraine importera désormais du charbon américain
https://francais.rt.com/economie/41566-accord-commercial-...

3) Sur la "réponse russe", voir
Russian PM: "The U.S. Just Declared Full-Scale Trade War On Russia"
http://www.zerohedge.com/news/2017-08-02/russian-pm-medvedev-us-just-declared-full-blown-trade-war-russia

lundi, 07 août 2017

Les fossoyeurs de la civilisation occidentale

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Friedrich P. Ost

Les fossoyeurs de la civilisation occidentale

Le « marxisme culturel » comme instrument de la rééducation s’utilise depuis des décennies pour saper les assises conservatrices de nos sociétés

La déclaration de guerre des Etats-Unis d’Amérique au Reich allemand puis à l’Empire austro-hongrois pendant la première guerre mondiale, respectivement les 6 avril et 7 décembre 1917, a sauvé l’Entente d’un effondrement prévisible et a scellé le destin des puissances dites « centrales » un an plus tard. Les bellicistes anglo-américains se rendaient toutefois compte que leur but de guerre –la défaite et l’annihilation de l’Europe et de sa civilisation- ne pouvait pas être atteint par les seuls moyens militaires mis en œuvre mais qu’il leur fallait aussi déployer des moyens « civils » parallèles. Des experts en guerre psychologique ont alors planifié la rééducation des vaincus et la subversion de leur culture par l’intérieur : l’avènement de l’école de Francfort était donc à l’ordre du jour.

En 1924, Felix Weil, fils d’un millionnaire germano-argentin, négociant en céréales, fonde l’ « Institut des Etudes sociales », rapidement inféodé à l’Université de Francfort sous l’appellation synonymique d’ « Ecole de Francfort », nom par lequel il allait connaître une notoriété mondiale. Georg Lukacs, rejeton richissime d’une famille hongroise dirigeant une banque d’investissement, tenait absolument à saper les assises de la culture européenne/occidentale. Pour y parvenir en Allemagne, il se rappelait ses propres expériences pratiques en Hongrie, lorsqu’il était Commissaire du peuple pour la culture et l’enseignement sous le régime bolchevique de Bela Kun en 1919. A cette époque-là, Lukacs avait déjà imaginé une forme d’éducation sexuelle pour les enfants des écoles dans le but de détruire les valeurs familiales. Cette expérience fit de lui un spécialiste des méthodes de rééducation qui, au bout de plusieurs décennies,  allaient nous donner le « gender mainstream » (GM) ou « gendérisme ». Cet avatar des élucubrations de Lukacs se répand aujourd’hui dans le monde entier.

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Peu après la première guerre mondiale, les idéologues de gauche se préoccupaient surtout d’un phénomène patent qui les contrariait : pourquoi la classe ouvrière, à l’exception de la Russie soviétique, avait failli dans le rôle qu’ils lui avaient assigné, à savoir d’être la porteuse de la révolution partout dans le monde. Contrairement aux prévisions de Karl Marx, les ouvriers de tous les pays belligérants étaient partis, volontaires, à la guerre pour combattre pour leur patrie au lieu de déclencher des révolutions. Antonio Gramsci (1891-1937), écrivain, homme politique et chef de file des idéologues de gauche en Italie, croyait avoir trouvé la réponse : il avançait désormais l’idée qu’une révolution communiste n’était possible qu’après « une longue marche à travers les institutions ». Si cette longue marche n’avait pas lieu, les masses resteraient accrochées à la culture et aux valeurs religieuses de leurs pères. Il fallait donc éradiquer les habitudes avérées des peuples. Pour y parvenir, il fallait, poursuivait-il, placer des intellectuels révolutionnaires dans toutes les institutions culturelles et scolaires afin d’infléchir les sociétés vers le cours nouveau. Les institutions culturelles devaient véhiculer, par des livres, par les mass media et par le cinéma, des idées révolutionnaires et préparer ainsi l’avènement de « l’homme nouveau ».

Le premier directeur de l’Ecole de Francfort fut Carl Grünberg. Son successeur immédiat fut Max Horkheimer, qui prit ses fonctions en 1930. Son objectif était de poursuivre l’œuvre théorique de Georg Lukacs. Horkheimer décréta que la classe ouvrière était incapable de déclencher une révolution et posa la question : quelle catégorie de la population la remplacera dans le rôle d’initiatrice des révolutions ? Au contraire de Karl Marx, dont les positions théoriques étaient déduites de causes économiques, Horkheimer estimait que les influences culturelles étaient primordiales, influences qu’il interprétait aussi par les théories de Sigmund Freud. Il finit par affirmer que les ruptures dans l’ordre culturel en place annonçaient toujours les véritables révolutions politiques.

Herbert Marcuse, Theodor Adorno et Erich Seligmann Fromm ont formé une deuxième vague de « francfortistes », non moins déterminante sur le plan théorique. Ils ont fondé leurs doctrines sur les recherches d’anthropologues contemporains renommés, comme par exemple celle du Britannique Joseph D. Unwin, auteur de Sex and Culture en 1934. Unwin confirmait, dans ce travail, ce que la plupart des anthropologues avaient toujours admis : toute promiscuité sexuelle débordante, contemporaine d’une inversion des rôles sexuels, avait toujours conduit les sociétés, qui la pratiquaient et la toléraient, à un déclin irréversible. Cela s’était observé dans toute l’histoire humaine au cours de ces cinq mille dernières années. Fromm part de ce constat d’Unwin pour, a contrario, propager la thèse d’une libération sexuelle sans freins. Il ajoute à cette thèse et ce projet l’idée que le sexe d’une personne n’est pas une donnée naturelle mais le produit des conditions sociales, déterminées par la société. Nous avons affaire, là, à une aberration scientifique mais elle s’est maintenue envers et contre tout jusqu’à nos jours, avec la promotion des « Gender Studies ».

L’expression « gender », dans l’usage qu’en fait la langue anglaise et, à sa suite, les tenants du « marxisme culturel », signifie le sexe mais seulement selon les critères sociaux (et non naturels-biologiques). L’expression « gender » a moins de connotations érotiques que le terme « sexe », ce qui permet son usage dans toutes les conférences mondiales organisées par les féministes et patronnées par les Nations Unies. Il faut aussi ajouter que le terme n’est guère compris en dehors de la sphère occidentale. Il permet aux rééducateurs de gauche de dissimuler habilement leurs véritables intentions, derrière des phrases pompeuses ou en apparence inoffensives (comme l’égalité des sexes ou la libération des sexes), contre lesquels personne ne soulève d’objections. Ainsi, jusqu’en 2014, en Allemagne, quelque 200 « professeurs »  et des milliers d’assistants, dans plus de cinquante universités, ont pu enseigner la pseudo-science des « gender studies ». En 1998, un citoyen honnête et préoccupé fit un procès à l’Université Humboldt pour pouvoir exercer un droit de regard sur le matériel pédagogique des dites « gender studies ». Au départ, l’Université refusait cet accès sans doute parce qu’elle craignait que le public allait bien vite s’apercevoir qu’il s’agissait d’un matériel pseudo-scientifique, dont l’utilisation abusive et manipulatrice constituait un délit punissable par la loi.

En 1933, les représentants de l’Ecole de Francfort déménagèrent à Genève d’abord puis, un an après, aux Etats-Unis, où ils furent reçus amicalement à la Columbia University. On peut avancer l’hypothèse suivante : vu leur passé puritain, les Etats-Unis se montrent généralement réceptifs à toutes les entreprises sectaires. La nouvelle base américaine de l’Ecole de Francfort a offert à ses protagonistes la possibilité de réaliser leur mission de rééducation, visant la destruction des valeurs et traditions existantes, la déconstruction de toute autorité, la dissolution de la famille et le démantèlement de l’Etat national. Ce programme a d’abord visé l’Allemagne vaincue après 1945, ensuite tous les Etats de la sphère occidentale.

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Le principe de tout réduire à du fascisme, ou d’accuser de « fascisme » tous ceux qui n’entendent pas suivre le programme à la lettre, dérive des théories et du livre de Theodor Adorno, « Die autoritäre Persönlichkeit ». Dans cet ouvrage, Adorno stigmatise tous les citoyens qui tiennent encore aux valeurs héritées : il les traite de « fascistes » (réels ou potentiels).  La méthode a connu son succès jusqu’à nos jours. Même un Vladimir Poutine est insulté de « nazi » dans la presse mensongère de la sphère occidentale alors que l’Union Soviétique a subi le poids le plus lourd de la seconde guerre mondiale dans son combat contre le Troisième Reich.

Après la guerre, Horkheimer et Adorno sont revenus en Allemagne. Demeuré aux Etats-Unis, Herbert Marcuse, entretemps, croyait avoir trouvé la catégorie sociale appelée à remplacer la classe ouvrière comme moteur de la révolution : pour lui, c’était l’ensemble des minorités. Celles-ci sont variées dans le menu proposé : cela peut être, tour à tour, les étudiants, les chômeurs, les peuples de couleur, les femmes, les mal doués pour les études, les homosexuels, les lesbiennes, les pédophiles, les criminels, les objecteurs de conscience, les militants d’extrême-gauche, les immigrés clandestins, tous ceux qui ont besoin de protection, etc. En optant pour cette survalorisation des minorités, la gauche se détache des théories de Karl Marx : les marxistes classiques n’auront que mépris pour les marcusiens, para-marcusiens et post-marcusiens. Pour eux, c’est là une pseudo-gauche ou une bande de socialistes de salon. Pour la gauche marcusienne, la révolution culturelle ne se fera donc que par le biais d’un prolétariat diplômé, alimenté par l’Etat. Les ouvriers sont dès lors considérés comme une vieillerie et la figure de Karl Marx ne sert plus qu’un but : servir de cheval de Troie pour les nouveaux vertueux auto-proclamés et pour gruger les gens du peuple encore fascinés par le socialisme traditionnel.

Marcuse est rapidement devenu le héros de la « nouvelle gauche » et a exercé une forte influence sur la génération de mai 68. Dans son ouvrage « Eros et la civilisation », il s’attaque à toutes les limitations imposées à la sexualité dans les sociétés équilibrées et plaide en faveur d’une « perversion polymorphe », comme celle que l’on peut voir à l’œuvre dans les « Life Balls » actuels, notamment ceux qui animent notre bonne ville de Vienne. Marcuse est aussi devenu l’un des représentants les plus emblématiques de la « rectitude politique » et de la « tolérance répressive ». Seuls les adeptes du « marxisme culturel » peuvent être traités avec tolérance. Tous les autres, tous ceux qui pensent autrement, doivent être traités avec la plus extrême des intolérances.

Pour faire face à la « terreur vertuïste » et à la « tolérance répressive » du marxisme culturel, le citoyen normal et décent n’a plus qu’un choix : soit il émigre et quitte le « paradis occidental », soit il se convertit et devient un « homme bon » selon les critères mis en place par l’Ecole de Francfort, en respectant les dix commandements de la « nouvelle rectitude ». Les voici :

  1. Tu ne croiras à aucun Dieu.
  2. Tu devras détruire les églises.
  3. Tu devras accueillir tous les migrants.
  4. Tu devras réclamer la dissolution de la famille.
  5. Tu devras empêcher toute nouvelle vie d’éclore.
  6. Tu devras répandre des perversions.
  7. Tu devras saluer la domination du non-droit.
  8. Tu devras combattre tous les hommes et les femmes décentes.
  9. Tu devras adhérer à la folie du « gendérisme ».
  10. Tu devras dépendre de l’Etat.

Ce « marxisme culturel » et cette rééducation se sont étendus sur près de quatre générations et ont laissé des traces profondes de déclin et de déchéance dans les sociétés régies par les Etats occidentaux. Ce qui nous oblige à dire que les alternatives à cette déliquescence, alternatives qui nous assureront seules un avenir et une évolution réellement constructives, se trouvent aujourd’hui en Europe orientale et en Asie !

Friedrich P. OST.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°21/2017, http://www.zurzeit.at ).

mardi, 01 août 2017

La guerre froide du gaz et les inacceptables sanctions des États-Unis contre l’Europe!

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La guerre froide du gaz et les inacceptables sanctions des États-Unis contre l’Europe!

Marc Rousset

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

Que ne feraient pas les États-Unis pour exporter leur gaz de schiste nouveau et contrer la puissance stratégique de la Russie aussi bien en Europe qu’au Moyen-Orient !

Le russe Gazprom (Газпро́м) veut construire un nouveau gazoduc (Nord Stream 2) de 9,5 milliards d’euros dans la Baltique, qui augmenterait d’un tiers en 2019, soit de 55 milliards de m3, le gazoduc sous-marin Nord Stream 1 déjà existant entre Vyborg (Выборг, Russie) et Greifswald (Allemagne).

Suite à l’opposition de l’Ukraine et de la Pologne, dont les gazoducs continentaux Yamal et Brotherhood passant par leurs territoires sont court-circuités, Gazprom a été amené à être le seul actionnaire du projet. Le français Engie, les allemands Uniper (ex-E.ON) et Wintershall (BASF) ainsi que l’anglo-néerlandais Shell ont décidé d’être seulement des financiers à hauteur de 10 % chacun, et non plus des actionnaires, ce qui était initialement prévu. Nord Stream, passant sous la mer, échappe à la juridiction de Bruxelles ; les Allemands considèrent ce projet comme strictement commercial.

Mais le 15 juin 2017, le Sénat américain a décidé, au grand dam de l’Europe, d’envisager des sanctions contre les entreprises européennes « du fait des effets préjudiciables de Nord Stream 2 sur la sécurité énergétique européenne ». Bref, l’Amérique est plus royaliste que le roi Europe, alors qu’il s’agirait bien au contraire de diminuer la sécurité énergétique de l’Europe et de nous obliger à acheter du gaz de schiste américain transporté sous forme liquéfiée à partir des États-Unis jusqu’à des ports terminaux européens. À noter qu’aux États-Unis mêmes, l’idée d’exporter du gaz de schiste est considérée par l’Industrial Energy Consumers of America comme stupide car contribuant à augmenter la cherté du gaz dans les industries manufacturières porteuses de valeur ajoutée.
 
Selon Isabelle Kocher, directrice générale d’Engie, « il s’agit d’une ingérence spectaculaire et inacceptable dans les affaires européennes », après les sanctions financières des États-Unis contre BNP Paribas, Alstom et les contraintes imposées à Renault, PSA et Total pour investir en Iran. Cette implication est d’autant plus surréaliste, impérialiste et inacceptable que Nord Stream est un projet non américain avec des entreprises non américaines et un financement sans dollars américains.

L’Europe ne peut, au contraire, que se réjouir de diversifier son approvisionnement en gaz naturel pour 40 % en provenance de la Russie, pays frère continental européen, d’autant plus que la production chute au Royaume-Uni (mer du Nord) et au Pays-Bas.

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La folle agressivité américaine se comprend d’autant mieux que la Russie, suite à son intervention victorieuse en Syrie, est devenue le maître du jeu au Moyen-Orient pour le gaz en provenance du Qatar et d’Iran. Le projet « Turkish Stream » prévoit la construction en Turquie par la Russie de deux conduites d’une capacité de 15,75 milliards de m3 par an chacune, qui formeront un gazoduc sous la mer Noire, évitant encore une fois l’Ukraine, pour fournir l’Europe. Le Qatar a dû passer sous les fourches caudines russes et renoncer au projet initial « sunnite » évitant l’Irak, passant par l’Arabie saoudite et une Syrie non Bachar el-Assad. La Russie devient le pivot central pour que le gaz tant iranien que qatari transite vers l’Europe sans déposséder Moscou via le futur gazoduc russo-turc « Turkish Stream ». À quand une Europe européenne et enfin libre ?

Boulevard Voltaire cliquez ici

lundi, 31 juillet 2017

America Declares Economic War Against Europe

Ex: http://www.ronpaulinstitute.org

On Friday night, July 28, US President Donald Trump said that he would sign into law the increased economic sanctions (passed by 98-2 in the Senate and 419-3 in the House) against any business that is declared to have "knowingly provided goods or services... for construction, modernisation, or repair of Russia’s energy export pipelines."

Russia is the largest energy-supplier to the world’s largest energy-market, which is Europe, or the EU. The biggest proportion of that trade is in Europe’s main source of energy, which is gas, which is pipelined into Europe from Russia. So: those pipelines are vitally important not only to Russia’s economy but to Europe’s.

President Trump had gotten Congress to agree to limit the application of this provision only to "The President, in coordination with allies of the United States, may impose five or more of the sanctions described in section 235 with respect to a person if the President determines that the person knowingly, on or after the date of the enactment of this Act, makes an investment described in subsection (b) or sells, leases, or provides to the Russian Federation, for the construction of Russian energy export pipelines, goods, services, technology, information, or support."

But the new law still does include "SEC. 232. SANCTIONS WITH RESPECT TO THE DEVELOPMENT OF PIPELINES IN THE RUSSIAN FEDERATION." That Section punishes "Goods, services, technology, information, or support described in this subsection are goods, services, technology, information, or support that could directly and significantly facilitate the maintenance or expansion of the construction, modernization, or repair of energy export pipelines by the Russian Federation." That includes the crucial Nord Stream pipeline, which is maintained by Russian and German companies to transport gas from Russia to the EU.

US firms have thus now gotten their stooges in Congress to punish European and Russian companies that will be determined by "The President, in coordination with allies of the United States," to be working together in these ways, to get Russia’s gas to Europe’s markets.

North Stream, or Nord Stream, as Wikipedia says:
has an annual capacity of 55 billion cubic metres (1.9 trillion cubic feet), but its capacity is planned to be doubled to 110 billion cubic metres (3.9 trillion cubic feet) by 2019, by laying two additional lines.[5] Due to EU restrictions on Gazprom, only 22.5 billion cubic metres (790 billion cubic feet) of its capacity is actually used.[6] The name occasionally has a wider meaning, including the feeding onshore pipeline in the Russian Federation, and further connections in Western Europe.
So, already, the US oligarchs have greatly reduced the effectiveness of this enormous European and Russian investment, and this is already war by the US oligarchs (and their congressional agents) against both Europe and Russia; but, the new sanctions aim to go even further to absolutely cripple Europe and Russia.

President Trump is to be credited for having weakened this provision to such an extent that it will be virtually meaningless; but, the intention of the oligarchs who control the US, to force Europe to buy from them, and from their allied Saudi, UAE, Kuwaiti, and the other royal fundamentalist Sunni Arab families, is clear.

Other highlights from this new US law are well summarized in the July 28 article from Zero Hedge, "Trump Confirms He Will Sign Russia Sanctions Bill." The biggest concession that Trump made was to allow that this new law, "H.R.3364 - Countering America's Adversaries Through Sanctions Act," "Codifies existing US sanctions on Russia and requires Congressional review before they are lifted." This is an Executive-Legislative agreement (an agreement between the President and Congress), but the US Constitution doesn’t include any provision allowing an Executive-Legislative agreement to violate the Constitution; and there are a number of provisions in the US Constitution that H.R.3364 might be determined by courts to be violating. This is presuming, of course, that key judges cannot be bought-off.

When a country is being ruled by its oligarchs, anything that the nation’s Constitution says, can be viewed as little more than an impediment, not any outright ban, because the actual Constitution, in any such country, is whatever they want it to be. Just how bad the US government has become, can’t yet be determined, but might become clear fairly soon.

Reprinted with permission from the Strategic Culture Foundation.

The Forgotten History of Britain's White Slaves in America

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The Forgotten History of Britain's White Slaves in America

Slavery in America, typically associated with blacks from Africa, was an enterprise that began with the shipping of more than 300,000 white Britons to the colonies.  This little known history is fascinatingly recounted in White Cargo (New York University Press, 2007).  Drawing on letters, diaries, ship manifests, court documents, and government archives, authors Don Jordan and Michael Walsh detail how thousands of whites endured the hardships of tobacco farming and lived and died in bondage in the New World. 

Following the cultivation in 1613 of an acceptable tobacco crop in Virginia, the need for labor accelerated.  Slavery was viewed as the cheapest and most expedient way of providing the necessary work force.  Due to harsh working conditions, beatings, starvation, and disease, survival rates for slaves rarely exceeded two years.  Thus, the high level of demand was sustained by a continuous flow of white slaves from England, Ireland, and Scotland from 1618 to 1775, who were imported to serve America's colonial masters. 

These white slaves in the New World consisted of street children plucked from London's back alleys, prostitutes, and impoverished migrants searching for a brighter future and willing to sign up for indentured servitude.  Convicts were also persuaded to avoid lengthy sentences and executions on their home soil by enslavement in the British colonies.  The much maligned Irish, viewed as savages worthy of ethnic cleansing and despised for their rejection of Protestantism, also made up a portion of America's first slave population, as did Quakers, Cavaliers, Puritans, Jesuits, and others.

Around 1618 at the start of their colonial slave trade, the English began by seizing and shipping to Virginia impoverished children, even toddlers, from London slums.  Some impoverished parents sought a better life for their offspring and agreed to send them, but most often, the children were sent despite their own protests and those of their families.  At the time, the London authorities represented their actions as an act of charity, a chance for a poor youth to apprentice in America, learn a trade, and avoid starvation at home.  Tragically, once these unfortunate youngsters arrived, 50% of them were dead within a year after being sold to farmers to work the fields.

A few months after the first shipment of children, the first African slaves were shipped to Virginia.  Interestingly, no American market existed for African slaves until late in the 17th century.  Until then, black slave traders typically took their cargo to Bermuda.  England's poor were the colonies' preferred source of slave labor, even though Europeans were more likely than Africans to die an early death in the fields.  Slave owners had a greater interest in keeping African slaves alive because they represented a more significant investment.  Black slaves received better treatment than Europeans on plantations, as they were viewed as valuable, lifelong property rather than indentured servants with a specific term of service.

These indentured servants represented the next wave of laborers.  They were promised land after a period of servitude, but most worked unpaid for up to15 years with few ever owning any land.  Mortality rates were high.  Of the 1,200 who arrived in 1619, more than two thirds perished in the first year from disease, working to death, or Indian raid killings.  In Maryland, out of 5,000 indentured servants who entered the colony between 1670 and 1680, 1,250 died in bondage, 1,300 gained their right to freedom, and only 241 ever became landowners. 

Early in the 17th century, the headright system, a land allocation program to attract new colonists, began in Jamestown, Virginia as an attempt to solve labor shortages.  The program provided acreage to heads of households that funded travel to the colony for destitute individuals to work the land.  It led to the sharp growth of indentured servitude and slavery because the more slaves imported by a colonist, the larger the tracts of land received.  Promises of prosperity and land were used to lure the poor, who were typically enslaved for three to 15 years.  All the while, agents profited handsomely by augmenting their land holdings.  Corruption was rampant in the headright system and included double-counting of individual slaves, land allocations for servants who were dead upon arrival, and per head fees given for those kidnapped off English streets.

Purveyors of slaves often worked in teams of spirits, captains, and office-keepers to kidnap people from English ports for sale in the American labor market.  Spirits lured or kidnapped potential servants and arranged for their transport with ship captains.  Office-keepers maintained a base to run the operation.  They would entertain their prey and get them to sign papers until an awaiting ship became available.  Spirits and their accomplices were occasionally put on trial, but court records show that they got off easily and that the practice was tolerated because it was so profitable.

The indentured servant system of people who voluntarily mortgaged their freedom evolved into slavery.  England essentially dumped its unwanted in the American colonies, where they were treated no better than livestock.  Servants were regularly battered, whipped, and humiliated.  Disease was rampant, food was in short supply, and working and living conditions were grim.  War with local native Indian tribes was common.  Severe punishment made escape unrealistic.  Initially, running away was considered a capital crime, with clemency granted in exchange for an agreement to increase the period of servitude.

In the 1640s, the transportation of the Irish began.  Britain's goal was to obliterate Ireland's Catholics to make room for English planters.  Catholics who refused to attend a Protestant church could be fined.  If they were unable to pay, they could be sold as slaves.  Following the end of the English Civil Wars in 1651, English military and political leader Oliver Cromwell focused his attention on Ireland, where the people had allied with the defeated royalists during the conflict.  Famine was created by the intentional destruction of food stocks.  Those implicated in the rebellion had their land confiscated and were sold into slavery.  Anyone refusing to relocate was threatened with death, including children.

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Scots were also subjected to transportation to the British colonies for religious differences, as England imposed Anglican disciplines on the Church of Scotland as well.  The English army was deployed to break up illegal church assemblies and imprison or deport religious protesters. 

Cruelty to servants was rampant.  Beatings were common, and the perpetrators, buttressed by juries made up of fellow landowners, were rarely punished for abuse or even murder.  In time, efforts were made to improve the lot of servants.  Legislation in 1662 provided for a "competent diet, clothing and lodging" and disciplinary measures not to "exceed the bounds of moderation."  Servants were granted the right to complain, but the cruelty continued. 

Infanticide by unmarried women was common, as they could be severely punished for "fornication."  The mother faced a whipping, fines, and extra years added to her servitude.  Her offspring faced time in bondage as well.  If the mother was the victim of a rape by the master, he faced a fine and the loss of a servant but wasn't subjected to whipping.

Several uprisings in the American colonies awakened slave owners to problems, exposing their vulnerability within the caste-like master-servant social system they had created.  In 1676, Nathaniel Bacon, an aristocrat from England who became a Virginia colonist, instigated an insurrection, referred to as Bacon's Rebellion, that changed the course of white slavery. 

Prior to Bacon's Rebellion, much discontentment existed among servants over seemingly empty promises of land following their periods of indenture.  When they were finally freed of their obligations, many found that they couldn't afford the required land surveying fees and the exorbitant poll taxes. 

In 1675, when war broke out with some of the native tribes, Bacon joined the side of the warring settlers and offered freedom to every slave and servant who deserted his master and joined Bacon in battle.  Hundreds enthusiastically joined him in the insurgency.  When Bacon died suddenly, his supporters fled or surrendered; some were recaptured, put in chains, and beaten or hanged.  However, because of the revolt, whites gained rights.  Whippings were forbidden without a formal judicial order. 

By the early 1770s, the convict trade was big business, more profitable than the black slave trade because criminals were cheap.  They could be sold for one third the price of indentured servants.  England's jails were being emptied into America on a significant scale.  Additionally, merchants who traded in convicts from England and Ireland received a subsidy for every miscreant transported to America.  Up to a third of incoming convicts died from dysentery, smallpox, typhoid, and freezing temperatures.  Upon arrival, they were advertised for sale, inspected, and taken away in chains by new masters.

Following the Revolutionary War, the British continued to ship convict labor as "indentured servants" to America.  During that time, seven ships filled with prisoners made the journey, and two successfully landed.  In 1789, convict importation was legally banned across the U.S.  America would no longer be the dumping ground for British criminals.  It took another 30 years before the indentured servant trade ended completely.  

A well written and well researched historical narrative, White Cargo does an excellent job of elucidating a forgotten part of our colonial past by telling the story of thousands of Britons who lived and died in bondage before African slaves were transported to the New World.

 

jeudi, 06 juillet 2017

Les LGTBQ remplacent les neocons

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Les LGTBQ remplacent les neocons

Ex: http://www.dedefensa.org

De grandes et profondes transformations se font sous nos yeux, à l’occasion d’événements s’entremêlant dans les “tourbillons crisiques” et développant spontanément, pour se justifier, des simulacres de situation. (Opposera-t-on, pour mieux s’en expliquer et améliorer le rangement de notre perception quelque chose que l’on pourrait baptiser “simulacres-de-situation” s’opposant aux vérités-de-situation ? Le simulacre-de-situation intégrant alors à la fois la narrative et le déterminisme-narrativiste pour atteindre le rang d’un concept fondamental et se suffisant à lui-même ? On y travaille...)

Il est certain que l’antirussisme, cet événement psychologique et pathologique majeur, fournit un formidable champ de manœuvre pour cette sorte d’exercice de développement accéléré des situations psychologiques couplées à la puissance du système de la communication, le tout engendrant de nouvelles situations (de nouveaux “simulacres-de-situation”). Dans sa dernière chronique du 19 juin 2017, Justin Raimondo, revient sur le cas de James T. Hodgkinson, l’homme qui a attaqué des parlementaires républicains et qui en a blessé un très sérieusement avant d’être lui-même abattu. Raimondo rappelle qu’outre d’être partisan de Sanders, Hodgkinson était un fervent admirateur de Rachel Maddow, présentatrice-vedette de MSNBC, la chaîne-TV pourtant complètement intégrée dans la presseSystème, la plus radicalisée.

Maddow elle-même, lesbienne et fervente partisane des causes LGTBQ, tient une tribune qu’on ne peut que qualifier d’antirusse selon le concept d’antirussisme par la densité et l’importance accordées au sujet. The Intercept a montré que le traitement du Russiagate sur le très important segment de Maddow sur MSNBC est largement supérieur, en temps d’antenne, au traitement de tous les autres sujets réunis. Exemple de déclaration de Maddow que signale Raimondo : « Si cette présidence est effectivement le résultat d’une opération des Russes, eh bien, si cette présidence américaine est effectivement la production d’une collusion entre des services de renseignement russes et d’une équipe de campagne présidentielle US, je veux dire que c’est quelque chose d’énorme... [NDLR : on comprend ici, dans cette intervention du 17 avril 2017, que, pour Maddow, le “si” est de pure forme] Ce n’est plus une partie de la politique américaine ; ce n’est plus, vous voyez, la bataille partisane habituelle entre Républicains et Démocrates. C’est une guerre internationale conduite contre notre pays. »

Autour de Maddow à qui Hodgkinson a beaucoup écrit en tant qu’animatrice vedette-LGBTQ de MSNBC, et de l’acte commis par Hodgkinson et qui fut escamoté dans les émissions de Maddow, Raimondo présente une analogie qui peut surprendre à première vue, mais à première vue seulement. Maddow n’est pas une gauchiste émeutière et ultra-marxiste comme celles des années 1960-1970, non elle est d’abord et avant tout scrupuleusement progressiste et sociétale (progressiste-sociétale, selon notre rangement), c’est-à-dire d’abord enflammée pour la cause des minorités et “pseudo-déviances” sexuelles (LGTBQ) ; pourtant Raimondo insiste pour la placer exactement là où se trouvaient les fous de l’hyper-extrême-droite du début des années 1960 qui voyaient les Russes-Soviétiques partout :

« This sort of craziness is usually reserved for the farther fringes of the American polity. Back in the 1960s, far-right groups like the Minutemen – who believed the United States government was effectively under the Kremlin’s control – armed themselves to prepare for the day when they would “liberate” America. Indeed, this sort of lunacy has traditionally been a fixture of extreme right-wing politics in this country: that it has now appeared on the left – and not the far-left, but in the “mainstream” of the Democratic party, which has taken up the Russia-gate conspiracy theory to the virtual exclusion of all else — is the proximate cause of what I call Hodgkinson’s Disease: the radicalization of formerly anodyne Democrats into a twenty-first century version of the Weathermen.

» How did this happen? Democratic party leaders, in tandem with their journalistic camarilla, have validated an unconvincing conspiracy theory for which not a lick of definitive evidence has been provided: the idea that the Russians “stole” the election on behalf of Trump, and that the Trump campaign cooperated in this treasonous effort... »

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Nous rappelions dernièrement, sous le titre « The Russians are coming ! The Russians are coming ! » cette atmosphère des années 1960 au travers de deux films, en plus du Manchurian Candidate qui magnifiait le complot communiste, et qui fut d’ailleurs rappelé à propos de Trump (The Siberian Candidate) par rien de moins que le brillant et rationnel Prix Nobel d’Economie Paul Krugman :

« Nous sommes désolés, ou peut-être enchantés après tout, de devoir rappeler que cette exclamation redoublée est aussi le titre d’une comédie désopilante de 1966 contant l’histoire d’un brave sous-marin soviétique en assez mauvais état et en difficulté, accostant sur une côte US pour demander de l’aide et déclenchant une panique affreuse achalandés d’un appel aux armes général chez les locaux tandis que les matelots soviétiques/russes tentent de les calmer, – tout cela, deux ans après le “Dr. Strangelove, Or How I Learned To Love The Bomb”, de Kubrick, qui nous avait instruit sur l’état de l’esprit des dirigeants du système de l’américanisme et autres membres du Deep State... »

Comme on le lira, la colonne de Raimondo est pleine d’intérêt, mais surtout elle nous confronte indirectement, sans que Raimondo lui-même ne le souligne, avec le fait de la radicalisation et la politisation extrêmes d’un sentiment progressiste qui est au départ, ou se prétend, sociétal ; jusqu’à sa transformation en une pathologie d’une politique absolument belliciste, complotiste et jusqu’auboutiste. La différence avec la référence des Minutemen d’extrême-droite des années 1960, et aussi avec les gauchistes extrémistes jusqu’aux années 1970 (Weathermen et Black Panthers) tient en ceci que ces extrémistes disons de la gauche LGTBQ ne sont justement pas en position extrémiste dans le système de la communication. Comme on l’a dit, MSNBC et Maddow font partie de la presseSystème, ou Mainstream (MSM) aux USA. On aura ainsi remarqué que, depuis des mois sinon une ou deux années, parallèlement à la candidature évidemment à tendance féministe d’Hillary Clinton, tout se passe comme si les phalanges progressistes-sociétales les plus engagées dans le mouvement LGTBQ avaient remplacé les neocons dans leur rôle de warmongers (“fauteurs de guerre”), avec cette même position, sinon plus puissante, que celle que les neocons avaient occupée dans la presseSystème et le système de la communication. Les progressistes-sociétaux/LGTBQ ont cet avantage d’une sorte de “légitimité morale”, d’un magistère moral postmoderne placé au centre du Politically Correct (PC) qui exerce, lui, une dictature intellectuelle, et caractérisé justement par l'exercice d'une complète terreur intellectuelle, à l’intérieur du Système.

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Les neocons se sont divisés à propos de Trump et ils se trouvent aujourd’hui confrontés au désordre extrême de la politique extérieure US produit aussi bien par le président que par le Congrès, que par une multitude de contradictions qui lui donnent un aspect complètement erratique, ce que le ministre allemand des affaires étrangères a désigné comme une “trumpisation”. (Cette division des neocons est en fait apparue dès 2011 avec l’affaire libyenne où ils se sont séparés en partisans et adversaires de l’intervention ; depuis, chaque “incident” de ce genre tend à les diviser encore davantage et leur influence a fortement pâti de cette division...) Au contraire, les progressistes-sociétaux/LGTBQ se trouvent rassemblés sur une ligne de force d’une puissance extrême, notamment contre la Russie avec le Russiagate dont ils sont les principaux incendiaires. Pour eux, en effet, il s’agit d’une ligne de force belliciste extrêmement cohérente, aussi bien du point de vie politique (géopolitique) selon la tradition américaniste de la Guerre froide ; idéologique selon la mantra démocratique et droitdel’hommiste qu’on connaît bien ; et, surtout, ligne de force de type-PC et postmoderne, déconstructrice évidemment, complètement anti-traditionnelle et s'exercçant dans ce sens contre les Russes et Poutine qui, comme nous le rappelons souvent depuis au moins 5 ans, représentent aujourd’hui le plus puissant pôle de défense de la tradition, dans son sens le plus large, clairement explicitée et puissamment affirmé dans les termes les plus fermes.

Cette évolution est passée par une phase intermédiaire avec le surgissement avec Obama de la tendance R2P (“Right To Intervene”), qui était une sorte de néoconservatisme de la gauche humaniste, mais dont on a rapidement perçu l’aspect LGTBQ avec l’implication de l’administration Obama et sa dimension antiraciste et féministe (il va sans dire que l’antiracisme trouve naturellement sa place au sein des LGTBQ). On se rappelle que les principales avocates du R2P était justement des femmes militantes en situation directe de pouvoir (les “harpies” d’Obama : Clinton, Rice, Power, Nuland, Flournoy) suivant et dirigeant la présence d’un affectivisme puissant dans la politique extérieure d’Obama. Parallèlement, diverses affaires médiatico-sociétales (les Pussy Riots) contribuaient à installer un antirussisme radical dans le mouvement LGTBQ. Bien entendu, ces créatures de genre féminin qui feraient croire à l’intolérance de ceux qui les mettent en cause sont totalement opposées à des femmes politiques développant une réflexion rationnelle, telle Tulsi Gabbard, ce qui montre que l’argument LGTBQ est complètement idéologisé et politisé puisque Gabbard est aussi bien, – sinon mieux, – une femme avec une conscience politique que ne l’est une Maddow. Bien entendu (suite), tout cela prétend se situer à gauche (“progressiste”) de façon à poursuivre l’usage de l’arme de communication du PC, malgré les intéressants enseignements des vérités de l’Histoire. (*) Le mouvement LGTBQ n’est ni de gauche ni de droite, il ne peut être réduit à ce rangement : dans sa forme actuelle, il est radicalement déconstructeur et, en cela, il poursuit à sa façon le rôle des homosexuels allemands dans le développement du pangermanisme et la formation du nazisme.

Ci-dessous, le texte de Justin Raimondi du 19 juin 2017, sur Antiwar.com.

dedefensa.org

Note

(*) Le mouvement LGTBQ, qui se veut sociétal progressiste, s’affirme donc de gauche, et notamment l’homosexualité postmoderne qui s’affiche de gauche dans la tradition (?) de Foucault et des déconstructeurs ; ce qui conduit à installer l’homosexualité masculine à gauche et à évacuer l’un des principaux mouvements homosexuels politisés de l’histoire, qui est l’homosexualité allemande du XIXème et du début du XXème siècle. Ce mouvement, comme le rappelle Robert Simonnot dans son livre Rose et Brun fut très largement impliqué dans la dynamique pangermaniste à laquelle il participa conceptuellement, et, au-delà, à la dynamique nazie avec Röhm et ses SA. Röhm est considéré par certains comme le véritable inspirateur de la doctrine nazie et de Hitler, et s’il fut liquidé avec ses SA au moment de la Nuit des Longs Couteaux de 1934, ce fut moins à cause de l’homosexualité que de la crainte de Hitler de voir Röhm prendre la direction du parti NSDAP grâce à la puissance des SA, véritable armée parallèle qui rassembla plus d’un million d’hommes à son sommet. La persécution des homosexuels qui suivit (“étoile rose”) fut un moyen pour Hitler de se gagner le soutien des conservateurs traditionnalistes allemands autant que de verrouiller cette purge à l’intérieur du parti nazi... Où l’on voit que le parallèle établi par Raimondo entre les LGTBQ et l’extrême-droite complotiste du début des années 1960 n’est pas seulement symbolique. Les “Queer” (“étrange” en anglais) du Q de LGTBQ ne sont pas si “étranges” qu’ils veulent bien le faire croire : ils ont une ascendance extrêmement significative et qui a sa place dans les grandes dynamiques politiques que ces mêmes LGTBQ vomissent aujourd’hui avec entrain. Tout cela, malgré les maquillages de fortune, se retrouve dans la logique de la postmodernité et des déconstructeurs.

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Hodgkinson’s Disease: Politics and Paranoia in the Age of Trump

James T. Hodgkinson, the would-be assassin of Republican congressmen, wasn’t a radical. If you look at his published output – a series of letters to his local newspaper in Belleville, Illinois, as well as the majority of his Internet postings – it’s mostly about matters nearly every progressive cares about: taxes (the rich don’t pay enough), healthcare (the government must provide), income inequality (it’s all a Republican plot). All in all, a pretty unremarkable worldview that any partisan Democrat – either a Bernie Sanders supporter, as Hodginkinson was, or a Hillary fan – could sign on to. 

So what drove him over the edge?

One of his more recent Facebook posts was a link to a petition that called for “the legal removal of the President and Vice-President, et. al., for Misprision of Treason.” Hodgkinson had signed it and he was asking his readers to follow suit: “Trump is a Traitor,” he wrote, “Trump Has Destroyed Our Democracy. It’s Time to Destroy Trump & Co.”  He was also a big fan of Rachel Maddow, who – incredibly — has spent the majority of her airtime ranting about “The Russian Connection,” as this Intercept piece documents. Hodgkinson was also a member of a Facebook group ominously dubbing itself “Terminate the Republican Party,” an appellation Hodgkinson apparently took quite literally. The group has over 13,000 members. The main page of the Terminators is adorned with a cartoon of Putin manipulating Trump like a puppet.

When Hodgkinson left his home and his job to travel to Alexandria, Virginia, he told his wife he was going to “work on tax issues.” But is that what motivated his murderous spree? Do “tax issues” really seem like something that would inspire someone to plan and carry out an assassination attempt that, but for the presence of Capitol police on the scene, would have certainly resulted in a massacre?

Hodgkinson clearly believed that the President of the United States was an agent of a foreign power. He had signed on to the idea that Trump not only benefited from a Russian campaign to discredit Hillary Clinton, but that he is engaged in a war against his own country. As Maddow put it in one of her more unhinged broadcasts:

“If the presidency is effectively a Russian op, right, if the American Presidency right now is the product of collusion between the Russian Intelligence Services, and an American campaign, I mean, that is so profoundly big. This is not part of American politics; this is not, you know, partisan warfare between Republicans and Democrats. This is international warfare against our country.”

“International warfare” – and Hodgkinson, a soldier in that fight, saw it as his duty to use the sort of weapons that are commonly used in international warfare. That’s why he sprayed that baseball field with a hail of gunfire – over fifty rounds. And when his rifle ran out of ammunition, he took out his handgun and continued firing. Because “this is not, you know, partisan warfare between Republicans and Democrats. This is international warfare against our country” – and it’s the obligation of patriotic citizens to take up that fight and take out the enemy.

This sort of craziness is usually reserved for the farther fringes of the American polity. Back in the 1960s, far-right groups like the Minutemen – who believed the United States government was effectively under the Kremlin’s control – armed themselves to prepare for the day when they would “liberate” America. Indeed, this sort of lunacy has traditionally been a fixture of extreme right-wing politics in this country: that it has now appeared on the left – and not the far-left, but in the “mainstream” of the Democratic party, which has taken up the Russia-gate conspiracy theory to the virtual exclusion of all else — is the proximate cause of what I call Hodgkinson’s Disease: the radicalization of formerly anodyne Democrats into a twenty-first century version of the Weathermen.

How did this happen? Democratic party leaders, in tandem with their journalistic camarilla, have validated an unconvincing conspiracy theory for which not a lick of definitive evidence has been provided: the idea that the Russians “stole” the election on behalf of Trump, and that the Trump campaign cooperated in this treasonous effort.

Yet that hasn’t stopped the Democratic party leadership from taking this ball and running with it. As Jennifer Palmieri, a top official in the Clinton campaign, put it, Democrats should push the “collusion” issue “relentlessly and above all else. They should talk about it in every interview.” The New York Times writes about this conspiracy theory as if it is uncontested fact. Democratic officeholders have declared that the alleged “hacking” of the election was an “act of war” – with the NeverTrump Republicans echoing the party line – and the Twitterverse’s conspiracy theorists are having a field day with the dangerously loony contention that we are at war with Russia. What’s more, the wildest imaginings of the nutjob crowd are being taken up and amplified by “respectable” people like constitutional lawyer Laurence Tribe.

In this way Hodgkinson’s Disease was incubated, its toxicity penetrating the mind of a suggestible and embittered little man until the poison had accumulated to such an extent that it burst through to the surface in an explosion of uncontrollable rage. Rachel Maddow is the theory: James T. Hodgkinson is the practice. The ultimate result is civil war.

That such a conflict would be born out of a full-scale delusional system that resembles a third-rate cold war era thriller just adds a Bizarro World cast to the whole sorry spectacle. The “Russia-gate” conspiracy theory that has consumed the energies of the media, the Congress, and President Trump is an elaborate hoax. This farrago of falsehood rests on a fallacious assumption: that the Russians necessarily “hacked” the DNC and John Podesta’s emails. The contention is that the methods supposedly utilized by the alleged hackers were similar to those used in the past by “suspected” Russian hackers, and that this makes the case. Yet this argument ignores the fact that these tools and methods were already out there, available for anyone to use. This is a textbook example of what cyber-security expert Jeffrey Carr calls “faith-based attribution,” which amounts to, at best, an educated guess, and at worst is the end result of confirmation bias combined with the economic incentive to tell a client what they want to hear. In the case of the DNC/Podesta “hacks,” the company hired to investigate, CrowdStrike, had every reason to echo Hillary Clinton’s contention that the Russians were the guilty party. CrowdStrike, by the way, never gave US law enforcement authorities access to the DNC’s servers: indeed, the FBI’s request for access was rebuffed.

The “Russia-gate” hoax has injected a pernicious and highly dangerous theme into our political discourse: the accusation that the Trump administration is a traitorous cabal intent on “destroying democracy,” as Hodgkinson put it, and handing over the country to the tender mercies of a foreign power. Taken seriously, this theme necessarily and inevitably leads to violence, which means there’s a good chance we’ll see more Hodgkinsons in the headlines. 

And standing behind it all is the Deep State – the leakers (with access to all our communications) who are feeding disinformation to the Washington Postand the New York Times in order to bring down this presidency. One prong of this operation is embodied in the Special Counsel, Robert Mueller, whose investigation was provoked and fueled by Deep State leakage. The other prong consists of the useful idiot crowd, those who believe the propaganda and can be mobilized to take to the streets.

The Deep State types don’t have to get in direct contact with people like Hodgkinson in order to provoke violence against this administration or Trump’s supporters. They have only to continue to do what they’ve been doing since before Trump even took office, covertly spreading the idea that Trump is “Putin’s puppet,” as Mrs. Clinton put it: radicalized useful idiots like Hodgkinson will do the rest. It is eerily similar to the methods the CIA has used to overthrow foreign governments: spread rumors, utilizing their journalistic sock-puppets, and indirectly motivate and mobilize mobs to carry out their “regime-change” agenda. The only difference now is that they’re doing what they’ve always done on the home front instead of in, say, Lower Slobbovia.

Yes, that’s where we are right now – we’ve become Lower Slobbovia. Get used to it, folks, because it won’t end until the Deep State is defeated and dismantled.

Justin Raimondo

mardi, 13 juin 2017

Historic Battle in the Pacific

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Historic Battle in the Pacific

To see America as it once was, go back to the three days from 4 to 7 June, 1942. During the six months after the devastating Japanese attack on the principal US Pacific base at Pearl Harbor,  Hawaii, US and allies forces across the west Pacific were being mauled by the Imperial Japanese Navy.

Japan’s leading naval strategist, Adm. Isoroku Yamamoto, was planning a decisive action near Midway Island to lure America’s three aircraft carriers into battle and sink them.

The USS carriers Enterprise, Hornet and Yorktown had been sent away from Pearl Harbor before the Japanese attack.  Had they been in port, Japan would have won the Pacific War on 7 Dec 1941.  But they were not, strongly suggesting foreknowledge by the pro-war Roosevelt administration of Japan’s plans.

In fact, US naval code-breakers had deciphered many of Japan’s naval and diplomatic codes that Tokyo believed were secure.   The US also broke many of Germany’s codes.  Almost eight decades later, the US National Security Agency continues this code-breaking tradition.  Small wonder the US is so obsessed with communications security and ELINT, or electronic intelligence.  They were key elements in America’s WWII victory.

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Yamamoto had made a grave error during the Pearl Harbor attack.  He should have sent his powerful battleships to direct attack the US base with naval gunfire.  There was concern about US coastal 16 inch batteries on Oahu, but Yamamoto should still have bombarded US oil and repair facilities at Pearl Harbor.  Destroying them would have given Japan control of the Pacific for at least a year. In the event, his battleships served little useful purpose during the war and were mostly sunk by later US airstrikes.

Widely dispersed Japanese naval forces, with four fast carriers, moved towards Midway, a tiny atoll 3,500 miles west of Hawaii, to draw the US Navy into battle.

What Yamamoto did not know was that US naval intelligence was reading all of his orders and tracing movement of his ships.  Or that he was facing three of the finest admirals in US history:  Chester Nimitz, Frank Fletcher and Raymond Spruance.

Meanwhile, Adm. Yamamoto had to dispatch a strong navel force to the remote US Aleutian Islands off Alaska to secure backing by the Imperial Japanese Army for the coming Midway battle.   Throughout WWII, Japan’s army and navy operated at cross-purposes or as rivals.  The army wanted to attack Soviet Siberia while the Navy was determined to capture oil sources in SE Asia.  There was almost no coordination between the two and the Emperor failed to impose unity of command.

In a near-miraculous example of American can-do spirits, the carrier ‘Yorktown,’ badly damaged at the Battle of the Coral Sea, was rushed back into service to the astonishment of the Japanese.

The two fleets began searching for one another – a process in pre-radar days of  blind luck, like a knife fight in a pitch-black room.   Of course, the US knew where many of the Japanese ships were.  But once Japan’s fleet moved, it was quickly lost again.

Carrier warfare is one of the consummate military arts, a process demanding absolute technical expertise, top command skills, steel nerves, and a lot of luck.  Japan’s admirals, Yamamoto, Nagumo, and Kondo, were experienced and skilled but America’s commanders ranked with Britain’s admirals Nelson and Cochran.

The key to the upcoming battle, which was all  beyond visual range, was searching.  US land and carrier  planes kept flying over search patterns seeking the Japanese carriers ‘Akagi, Kaga, Soryu and Hiryu,’ all veterans of the Pearl Harbor attack.  The Japanese searched even more intensely. Ironically, a Japanese floatplane that was to search a quadrant in which the US carriers were steaming was badly delayed by mechanical problems and failed to locate the US warships.

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At 0430 on 4 June 1943, Adm. Nagumo launched air attacks on Midway, which was defended by US Marines. As the Japanese attack intensified, Pearl Harbor reportedly sent them a message, ‘what can we send you?’  Came the insolent reply (my father was a Marine in the 5thDivision), ‘send us more Japs.’

Nagumo kept half his torpedo plans and dive bombers armed and in reserve in case US warships were sighted. At 0800, a Japanese search plane reported sighting US carriers while Nagumo still kept attacking Midway.  Unbeknown to him, Adm. Fletcher had already ordered his torpedo planes and dive bombers to attack Nagumo’s fleet that had been spotted by a US PBY flying boat and the heroism of squadron commander C. Wade McClusky.

At 0920, US torpedo squadron 6 from Enterprise flying obsolescent `Devastator’ aircraft attacked the Japanese carriers.  The squadron was massacred by Japanese Zero fighters flying top cover.  At least six US Mark 13 torpedoes hit the Japanese carriers yet failed to explode. US torpedoes were notoriously unreliable as compared to the deadly Japanese long-lance torpedoes.

All 15 of torpedo squadron 6’s Devastators were shot down.  At this dark moment,  three squadrons of Douglas Dauntless dive bombers from Enterprise and Yorktown arrived while the Japanese were distracted by the torpedo attacks.  Worse, the Japanese carriers were in the process of re-arming their aircraft for new strikes.  The carrier decks were covered with bombs, torpedoes and fuel lines.

At 1022 the US Dauntless dive bombers struck.  Within minutes, three Japanese carriers, Soryu, Kaga and Akagi were in flames.  The surviving Hiryu managed to launch and fatally wound the Yorktown.  US aircraft located then sank the Hiryu.

Four of Japan’s six carriers were sunk and many of her veteran pilots and mechanics were killed.  Both sides broke off the battle to lick their wounds.

Midway marked the high point of Japan’s Pacific offensive. After the battle, Japan lost the military imitative and went on the defensive for the rest of the war.  Japan could not replace the carriers or aircrews lost in battle.  As the war continued, America’s mighty industrial base produced more than eight times more warships and transports than battered Japan.

There were many more naval battles after Midway, but no other nation on earth would dare challenge the US Navy.  America’s sailors and airmen had won the Pacific War in a day that will reverberate in history.

samedi, 10 juin 2017

DÉSIGNER L’ENNEMI OU DÉSIGNER LE MAL !

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DÉSIGNER L’ENNEMI OU DÉSIGNER LE MAL !

Ex: http://www.geopolitica.ru 

Il n’est pas d’usage dans les colloques académiques de parler ainsi, de manière si brutale et pourtant il m’apparait nécessaire aujourd’hui, et surtout ici sur cette terre Moldave, zone de confluence tectonique entre l’Est et l’Ouest, d’affirmer lucidement et de dire clairement qui nous combattons et pourquoi. Pour Carl Schmitt : « la distinction spécifique du politique […]  c’est la discrimination de l’ami et de l’ennemi.» (Carl SCHMITT, La notion de politique – Théorie du partisan). De son point de vue, la dialectique ami/ennemi s’appréhende comme un concept autonome dans la mesure où elle ne s’amalgame pas avec des considérations morales (bien/mal) ni esthétiques (beau/laid), mais constitue en elle-même une opposition de nature.

Le concept de désignation de l’ennemi de Carl Schmitt, idéologue du régime nazi, fut en quelque sorte intégré mais amendé par le philosophe français Julien Freund entré très jeune dans la résistance à l’idéologie nationale-socialiste : « j’avais compris jusqu’alors que la politique avait pour fondement une lutte opposant des adversaires. Je découvris la notion d’ennemi avec toute sa pesanteur politique, ce qui m’ouvrait des perspectives nouvelles sur les notions de guerre et de paix ». Freund fut dès la fin de la guerre, un partisan de la réconciliation franco-allemande et de l’Europe. Il resta toute sa vie antinazi malgré sa fréquentation de Carl Schmitt et comme il le lui écrivit un jour : « Si nous nous étions rencontrés plus tôt, nous n’aurions pas été du même bord. »

Indéniablement, le concept de désignation de l’ennemi, chez Schmitt comme chez Freund, puise dans la pensée machiavélienne mais dans la logique de l’auteur du Prince, il ne s’agit que d’un bréviaire de l’absolutisme et de conseils donnés au Souverain pour que celui-ci puisse triompher et conserver le pouvoir. Autrement dit, la vision politique de Machiavel et de ceux qu’il a inspiré est à échelle humaine et ne s’inscrit pas dans un processus historique transgénérationnel. Les conseils que donne le philosophe florentin à Laurent de Médicis, même s’ils intègrent les valeurs cyniques, ne s’inscrivent pas dans une vue du monde visant au pouvoir absolu sur l’humanité entière. Machiavel souhaite la réunification de l’Italie par les Médicis. Son ambition s’arrête là. Or, nous avons de bonnes raisons de penser, qu’à peu près à la même époque, en Grande-Bretagne, et peut-être par l’entremise de philosophes italiens comme Pic de la Mirandole ou Gerolami Cardano, est en train de se cristalliser autour d’un philosophe kabbaliste renommé, John Dee, une autre conception du monde, beaucoup plus ambitieuse et qui elle visera à l’imperium total sur les affaires du monde.

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John Dee fut l’inventeur de la notion d’Empire britannique, et à partir de ce moment et pour la seconde fois dans l’histoire du monde, l’aristocratie d’un peuple se percevait comme élevée par la grâce divine pour accomplir à travers les siècles la volonté du Tout-Puissant.

Ce qu’il faut bien comprendre c’est que depuis cette révolution de la pensée, la nature des conflits a radicalement changé : nous ne sommes plus à l’heure des affrontements entre les Horaces et les Curiaces, entre les Gaulois et les Romains, les Tatars et les Russes, les Roumains et les Turcs, mais nous sommes entrés dans une nouvelle ère où l’ennemi n’a plus seulement pour but de conquérir des territoires ou d’exiger un tribut des peuples vaincus, mais il est aussi l’incarnation d’un hegemon total qui ne perçoit pas la guerre en terme d’amis ou d’ennemis, mais dans une radicalité totale où l’altérité doit être « désanimée » c’est-à-dire littéralement privée de son âme (vendre son âme au Diable…).

Cette entité profondément hostile à tout ce qui est humain, n’est pas seulement l’incarnation d’une volonté de puissance destinée à conquérir le monde, mais je crois profondément que le petit cercle d’initiés qui agit depuis des siècles pour asseoir sa domination sur la terre au fil des générations vise à l’anéantissement de la vie par haine totale du genre humain. J’en veux pour preuve la triste condition humaine que l’on peut observer sur tous les territoires où règne l’esprit de Mammon. Regardez à quoi ressemblait l’Angleterre au XIXème siècle telle que la décrivait Dickens ou encore la France miséreuse que dénonçait Zola. Regardez à quoi ressemblent les grandes métropoles occidentales où des populations obèses se pressent dans des hypermarchés pour s’empiffrer de nourritures frelatées  fabriquées par les multinationales. Regardez ces banlieues immondes où s’entassent dans des clapiers de béton des populations déracinées et abruties par le spectacle du sport et des divertissements débiles.

Un bon médecin, quand il a achevé son diagnostic sur la pathologie observée sur le patient, ne se contente pas d’administrer des remèdes, mais il essaye d’identifier les causes et la racine du mal. C’est là toute la définition de l’étiologie, à savoir l’étude des causes et des facteurs d’une maladie.

 Le temps qui m’est imparti ne permettra pas d’entrer dans les détails de ce que l’on peut définir comme la maladie occidentale par excellence, celle qui se diffuse tel un virus par pandémie et que j’ai baptisée l’idéologie anglo-saxonne.

Pourquoi anglo-saxonne, tout simplement parce que l’observation objective de la plupart des guerres et des conflits qui se sont déroulés depuis des siècles en Europe et dans le monde et jusqu’à nos jours ont à un moment donné une implication née quasi invariablement sur les bords de la Tamise ou du Potomac. 

Qu’est-ce que l’idéologie anglo-saxonne et comment est-elle née ?

Il faut pour cela remonter à la période élisabéthaine de la monarchie anglaise, à la fin du XVIème siècle et au début du XVIIème. En 1600, l’Angleterre ne compte que 4 millions d’habitants quand la France en compte près de 20 millions. Cette faiblesse démographique comparée aux puissances continentales de l’époque, France et empire des Habsbourg et la menace extrême qu’a représentée la tentative d’invasion de l’Angleterre par l’Invincible Armada du roi d’Espagne Philippe II est probablement à l’origine de la politique suivie depuis lors par les élites britanniques (politique du faible au fort), à savoir provoquer la division et l’affrontement chez tous leurs ennemis potentiels. Leur principal atout est l’insularité et la puissance maritime et elles l’exploiteront à fond, par tous les moyens, la guerre bien sûr, le blocus -on appelle cela aujourd’hui des sanctions -, mais aussi la piraterie et le commerce (c’est dans les Caraïbes que sont domiciliées aujourd’hui quelques-unes des principales places-fortes anglo-saxonnes de l’évasion fiscale et que sont ces paradis fiscaux si ce n’est des havres où se réfugient les pirates de l’économie mondiale après avoir spolié les peuples qu’ils ont escroqués).

Le grand rêve de puissance et d’hégémonie mondiale de l’oligarchie anglaise est né, selon moi, au retour de l’expédition autour du monde du pirate Francis Drake le 26 septembre 1580 où la part du butin volé aux Espagnols et réservée à la reine Elisabeth représentait selon certaines sources une fois et demie le budget annuel du royaume.

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Francis Drake est probablement devenu après ses exploits le modèle à suivre et parmi ses nombreux admirateurs, un en particulier mérite d’être retenu, Walter Raleigh (cf. controverse Ecole de la nuit), car il fut l’un des premiers avec John Dee à avoir conceptualisé l’hégémonie anglo-saxonne sur le monde. En effet, ce gentilhomme, un peu pirate lui aussi, un peu aventurier et qui finit décapité à la tour de Londres, eut le temps d’écrire avant sa mort un ouvrage intitulé en toute simplicité l’Histoire du monde et dans lequel il affirme : « Qui tient la mer tient le commerce du monde, qui tient le commerce tient la richesse, qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même ».

Mais cette idée s’est transmise de génération en génération à travers les siècles dans le monde anglo-saxon (par deux sources, souvent liées : source exotérique universitaire et source ésotérique franc-maçonnerie), notamment chez le Britannique Mackinder dont la formule maîtresse est « qui tient l’Europe orientale tient le heartland, qui tient le heartland domine l’île mondiale, qui domine l’île mondiale domine le monde » et qui s’est transformée chez l’Américain Spykman dans la formule plus ramassée « Qui contrôle le rimland gouverne l'Eurasie ; qui gouverne l'Eurasie contrôle les destinées du monde ».

Ce qui est extraordinaire c’est qu’à trois siècle de distance, ces trois personnages partagent tous l’idée de domination du monde et c’est là véritablement qu’il faut comprendre la nature profonde de cette idéologie anglo-saxonne : la volonté d’asservissement de toute l’humanité.

Dans la conception cynique de la politique telle que la concevait Machiavel et ses successeurs, la notion d’ami et d’ennemi est relative. En effet, l’ami peut trahir demain et l’ennemi d’hier devenir un allié, voire un ami à son tour. L’idéologie anglo-saxonne elle a absolutisé la notion d’ennemi puisque tout est subordonné à la fin ultime qui est de dominer toutes les nations. Bien entendu, en tenant compte de la complexité des affaires du monde et ce projet mondialiste s’inscrivant dans une lutte à travers les siècles, on a pu observer les Anglo-Saxons exceller dans l’art de renverser les alliances, de jouer les uns contre les autres et pratiquer avec un art consommé une politique que n’aurait pas reniée Machiavel. Mais là où Machiavel limite la fortune du Prince à sa conquête de l’Italie et à l’horizon de la vie de ce Prince, les apôtres de l’idéologie anglo-saxonne ont introduit une dimension téléologique justifiant leurs actions par l’atteinte du but final – ce qu’ils appellent aujourd’hui la gouvernance mondiale - une espèce de Parousie où les élus ayant signé le pacte seraient appelés à régner sur le monde. Dès lors, tous ceux qui s’opposent ou qui freinent, même inconsciemment, cette vision du monde deviennent des ennemis absolus et sont désignés comme le Mal par excellence, sans espoir de rémission, sauf à déposer les armes, comme la Russie l’a fait un temps entre 1991 et 1999.

Mais si l’idéologie anglo-saxonne a mis en place un Système qui non seulement ignore la notion première du politique à savoir la recherche du bien commun mais considère au surplus tout ce qui ne le sert pas comme le mal, alors la vieille distinction ami/ennemi n’est plus opérante. Nous ne sommes plus et depuis longtemps, à l’époque de la guerre en dentelle et des relations chevaleresques au combat, nous sommes au contraire plongés dans une guerre totale, une relation agonale absolue dont la finalité est notre disparition ou notre liberté.

Ayant retenu de Machiavel la nécessité de la ruse et de la dissimulation pour parvenir à ses fins, le Système applique ces méthodes dans tous les domaines de la vie et en particulier dans le contrôle des esprits. Bien évidemment, il va aussi user de la force ou de la menace de la force pour faire avancer ses pions – ce sont les guerres en Yougoslavie, en Tchétchénie, en Géorgie ou en Ukraine, guerres en Lybie, en Syrie ou en Irak, boucliers anti-missiles placés en Roumanie et en Pologne ou troupes de l’OTAN positionnées aux frontières de la Russie… - et bien évidemment la conquête du monde ne peut s’envisager qu’avec le concours de la force, mais bien souvent celle-ci n’est utilisée que pour masquer d’autres méthodes comme celles qui ont été utilisées avec succès, notamment en Géorgie et en Ukraine lors des révolutions de couleur qui ont fait basculer ces pays dans le camp occidental.

Et c’est là que je voudrais attirer l’attention de nos amis sur le danger mortel que fait courir le combat culturel et que pratiquent admirablement les sectateurs de Mammon. Vous croyez que la publicité est une simple industrie devant être gérée par des marchands de rêve. Grave erreur les amis, il s’agit d’une arme de destruction massive destinée à atomiser et déshumaniser les sociétés dans lesquelles elle opère.

Vous pensez que la musique est l’âme d’un peuple ? Non ! elle est devenue un business mondial et la majorité des musiques que nous écoutons - même malgré nous - sont anglo-saxonnes parce que les canaux par lesquels elle est diffusée sont régis par la publicité, elle-même contrôlée par la haute finance.

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Sans publicité, pas de contrôle occulte des médias. Le premier devoir d’une société recouvrant sa liberté devrait être d’interdire les régies publicitaires. Le deuxième devrait être de nationaliser les banques et le troisième de contrôler l’enseignement, en commençant par l’université où on forme les maîtres, en y éradiquant les ferments du libéralisme, qui n’est que l’idéologie politique préférée du Système, celle par laquelle, est perfusée goutte à goutte dans le corps d’un peuple les ferments de la dissolution et de la mort.

Mais pour que les choses soient bien claires, les oligarques anglo-saxons peuvent aussi se servir du fascisme ou du communisme pour provoquer des affrontements mortels et en tirer les marrons du feu. Qui a financé la Révolution de 1917 ? Qui a financé l’arrivée de Hitler au pouvoir ?

Par ailleurs, ce sont bien les Russes qui ont vaincu le nazisme en 1945 ? Mais qui aujourd’hui contrôle l’Allemagne de Madame Merkel si ce n’est la City de Londres ou encore Wall Street ?

En guise de conclusion, je reviendrai sur le titre de mon exposé : Désigner l’ennemi/désigner le mal pour vous dire que nous aurions tort de considérer l’idéologie anglo-saxonne comme un simple ennemi qu’il nous faut affronter. L’idéologie du Système est une vision du monde globale dont la finalité est la réduction drastique de l’humanité et la mise en esclavage de ceux qui auront été épargnés. Il ne s’agit donc pas d’une lutte entre les Gibelins et les Guelfes, les Armagnacs et les Bourguignons, les sudistes et les nordistes, les Avars et les Petchénègues ! Non ! Il s’agit d’une guerre totale, d’essence spirituelle et dont l’enjeu est en toute simplicité la survie ou la disparition de l’humanité. Le triomphe du mondialisme, si par malheur il advient, sera le triomphe du mal.

Une des armes préférées du Système est la pratique de l’inversion accusatoire consistant à imputer à son ennemi la responsabilité d’un crime que l’on a soi-même commis. Le Système est très doué aussi pour diaboliser ses ennemis transformant les patriotes en nazis, ceux qui luttent contre l’euthanasie ou l’avortement comme des ennemis de la liberté, ceux qui défendent le christianisme comme des obscurantistes etc.

Il faut retourner ces armes de diabolisation contre le Système. Désormais, grâce à l’élection présidentielle française, les masques sont tombés et le véritable clivage sera entre les patriotes et les mondialistes. Ces derniers sont les ennemis de la liberté ! ce sont eux les ennemis de l’humanité ! ce sont eux les sectateurs du fascisme financier ! Ce sont eux les fossoyeurs de la vie. Il est temps d’ouvrir les yeux les amis et de débarrasser le monde de cette engeance. 

Colonisation juridique et liberté des peuples - Pour un nouvel ordre juridique

Chisinau, colloque des 26 et 27 mai 2017

Colonisation juridique et liberté des peuples
Pour un nouvel ordre juridique

Ex: http://www.geopolitica.ru 

La globalisation économique est-elle l’autre nom de  la colonisation juridique américaine ?
Au nom d’une efficacité usurpée, d’une performance imaginaire, et du droit du plus fort, le modèle juridique américain entend s’imposer comme le modèle universel du droit des affaires, du commerce et du marché mondialisé. Sans doute préférable à d’autres, l’arme du droit est mobilisée sans faiblesse au service de l’intérêt américain. Les bénéfices pour l’industrie juridique américaine sont énormes ; plusieurs dizaines de milliards d’amendes chaque année. Les bénéfices stratégiques le sont davantage, qu’ils viennent de l’affaiblissement de concurrents gênants, du pillage de leurs secrets industriels ou commerciaux, de la peur de l’inculpation pénale provoquée chez leur dirigeants. Les risques, pour être lointains, n’en sont pas moins énormes. L’extraterritorialité du droit américain est contraire au principe de souveraineté des Nations et d’égalité en droit des Nations, comme du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, principes sur lesquels reposent et la communauté internationale, et la paix. La prétention du procureur américain à faire régner partout dans le monde le droit américain est contraire à la seule source de légitimité du droit, qui est la volonté des peuples souverains de décider du droit qui s’applique sur leur territoire, à leurs activités économiques et aux sociétés qui sont actives auprès d’eux. 

Le débat sur l’extraterritorialité du droit américain, tel que le vivent les entreprises européennes et françaises, est à cet égard emblématique d’un conflit de civilisation. Il oppose la reconnaissance de la diversité des sociétés humaines et des systèmes juridiques, comme expression de la liberté politique, à un idéal d’uniformisation du monde dicté par les intérêts de la finance de marché et du rendement du capital. Ce conflit en réalité n’oppose pas une civilisation à une autre. Il oppose la civilisation elle-même, qui  n’existe pas sans la diversité des civilisations ( selon Claude Lévi-Strauss),  à une nouvelle forme de barbarie, portée par l’intérêt manifeste de ceux qui se croient élus pour diriger le monde, et qui  menace rien moins que la survie de l’humanité.

Voilà pourquoi les sanctions américaines contre des entreprises françaises et européennes méritent l’attention. Elles révèlent une stratégie de mobilisation du droit dans la guerre économique, qui se traduit par un changement de nature du droit. IL n’est plus l’expression de peuples souverains, il est placé sous la dépendance de l’économie et de la géopolitique. Le droit serait ce qui sert l’économie. Il serait ce qui assure aux pouvoirs invisibles de la finance et des réseaux criminels une emprise de plus en plus complète sur les démocraties occidentales, à la faveur du sans frontiérisme, de l’individualisme radical et de l’idéal nomade des déracinés. Il serait ce qui ne connait ni territoire, ni Nations, pas plus que de limites ni d’appartenances. Une telle évolution appelle une analyse de la transformation contemporaine du capitalisme, et de la doctrine du chaos qui met fin à ce que nous avons cru nommer « Occident », depuis Jérusalem, Athènes, Rome et Byzance, une analyse essentielle pour organiser la résistance et préparr la libération à venir.

1 – Une étrange soumission

Différentes lois, adoptées notamment dans les années 1990 après le scandale lié à la corruption de dirigeants de plusieurs Etats par la firme d’aéronautique de défense Lockeed-Martin, illustraient l’exemplarité américaine ; si certains devaient terrasser la corruption, c’étaient les Etats-Unis d’Amérique ! Cet objectif de moralisation du commerce international sous l’égide du Department of Justice ( DOJ) a donné lieu, notamment, au vote de la loi dite «  Foreign Corrupt Practices Act » (FCPA) dont la première rédaction visait explicitement les faits de corruption d’agents publics étrangers par les sociétés américaines.


D’autres lois cherchaient à aligner les partenaires commerciaux des Etats-Unis sur leurs embargos contre Cuba, l’Iran, le Soudan, et autres représentants désignés de « l’axe du mal ». La logique est intelligible ; «  vous ne pouvez pas faire des affaires avec nous et avec nos ennemis ». Elle a été démentie de multiples fois, par les entreprises américaines elles-mêmes, dont beaucoup savent fort bien travailler avec l’Iran, la Russie, et autres incarnations du Mal ( de Bell Helicopters à Chrysler et General Electric, la liste est longue). Est-ce pour cette raison qu’elle a eu peu de succès, une Union européenne pour une fois résolue et unie ayant obtenu des reculs significatifs de l’application des lois d’Amato et Helms-Burton, respectivement contre Cuba et l’Iran ?

Dans le même temps, celui de la globalisation et donc de l’affrontement de plus en plus direct entre intérêts privés et intérêt national, les Etats-Unis renforçaient la protection de leur épargne nationale et plus encore, des entreprises jugées stratégiques. L’objet de « the office of foreign asset control » (OFAC) et de ses moyens d’investigation étendus, consiste pour l’essentiel à s’informer de toute entrée au capital ou prise de contrôle étranger d’entreprises ou d’activités américaines, et, le cas échéant, de manière discrétionnaire, sans justification nécessaire ni débat contradictoire, à bloquer prise de participation ou rachat. L’Ofac s’est récemment illustré en interdisant à Port Dubaï Authority d’acquérir le contrôle de ports de commerce aux Etats Unis, et en interdisant à une firme d’énergie chinoise l’achat de sources d’énergie aux Etats-Unis.

Les années 2000 ont vu une transformation progressive de la doctrine et des pratiques du système judiciaire américain. Les poursuites engagées contre des sociétés étrangères, pour des opérations hors du territoire des Etats-Unis, se sont multipliées et continuent de se multiplier ( elles sont publiées sur le site du DOJ). Il suffit pour cela qu’un critère de rattachement établisse la compétence du procureur américain, et la liste est longue, qui va de l’emploi du dollar, dont les chambres de compensation sont toutes situées aux Etats-Unis, jusqu’à l’utilisation d’une puce ou d’un logiciel sous licence américaine, ou d’un moteur de recherche dont les serveurs sont situés aux Etats-Unis !


Trois raisons majeures à cette utilisation du droit comme arme économique ; d’abord, l’idée généralement répandue qu’à un terrain de jeu unique, le monde, ne peut s’appliquer qu’une seule règle du jeu, la meilleure, celle des Etats-Unis. L’exceptionnalisme américain trouve pleinement à s’exprimer ; il ne saurait exister qu’une seule loi, et elle est américaine ! Autrement dit ; ce qui est bon pour les Etats-Unis est bon pour le monde, et que périssent ceux qui ne reconnaissent pas le peuple élu ! La notion répandue de « marché du droit » couvre en réalité un monopole du droit.

Ensuite, constat ou théorie, l’idée que la corruption alimente ces zones troubles du monde où ne règne pas la lumière protestante de l’aveu, de la transparence et de la pureté, et que, latins, arabes, chinois, africains ou russes, tous ces mercantis des bazars et des souks doivent être soumis à la loi ou sortis du jeu global. L’Amérique est la Nation indispensable sans laquelle le monde serait voué au désordre. 50 millions d’Africains réduits en esclavage et combien de millions d’Indiens exterminés en témoignent.

Enfin, la volonté géopolitique si bien exprimée par George W Bush et que son successeur ne démentira pas ; entre le Bien et le Mal, il faut rendre effective la grande séparation, il faut que pas un dollar, pas une arme, pas un litre de pétrole ne circule, et le droit doit y procéder. Aucune légitimité, aucune souveraineté, et surtout pas le droit international, ne saurait prévaloir contre le Bien incarné par les Etats-Unis. Qui défend le Mal ? La rupture avec les principes d’égalité en droit des Nations et de respect de leur souveraineté ne saurait être plus grande ; Alain de Benoist, dans « Carl Schmitt actuel », développe la logique qui conduit aux guerres d’extermination et fait de la paix la continuation de la guerre. 

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Les résultats concrets de l’évolution de la doctrine américaine et de la mobilisation de l’arme juridique dans l’affrontement mondial engagé sont connus, même s’ils sont étonnamment peu commentés.

En huit ans ( 2008-2016), au titre de sanctions directes ou indirectes procédant du non-respect d’embargos ( BNP-Paribas, par exemple), de faits de corruption d’agents étrangers ( Alstom, Total, Technip), de règles de marché ( Crédit agricole, Société Générale), les entreprises françaises auront payé plus de 15 milliards de dollars d’amende, pour l’essentiel au Department of Justice américain qui se voit ainsi doté de ressources significatives pour financer et amplifier son action. C’est ainsi que la première société russe, une société de télécommunications, condamnée pour faits de corruption à la suite de plaintes conjointes du procureur néerlandais et du procureur américain, pour des opérations en Asie centrale, a dû s’acquitter en 2016 d’une amende de 400 millions de dollars aux Pays-Bas, et de 400 millions de dollars aux Etats-Unis…


Les amendes acquittées par les entreprises ne sont que la partie émergée du coût effectif des sanctions.

Quand une entreprise négocie avec la justice américaine, l’accord qui met fin au procès comporte une première condition ; que l’entreprise prenne les dispositions nécessaires pour mettre fin aux pratiques jugée et condamnées. En d’autres termes, qu’elle se mette en conformité avec les lois américaines. Et qu’elle emploie pour cela des avocats, des consultants, des auditeurs, choisis sur une liste aimablement fournie par le DOJ, tous américains ou dépendant de structures américaines, l’exigence pouvant aller jusqu’à l’installation dans les murs de l’entreprise d’un « monitor » dont la fonction sera d’exiger tout document, d’avoir accès à toute information pouvant révéler des comportement contraires à la loi américaine (à ce jour, cinq entreprises françaises subissent la présence de tels « collaborateurs » dans leurs sièges sociaux). Une entreprise industrielle européenne a estimé à trois fois le montant de l’amende, ce que monitor et spécialistes de la « compliance » lui ont coûté.

A combien chiffrer le coût de l’espionnage des données commerciales, financières, stratégiques, et le pillage auquel les prestataires agréés par le DOJ soumettent les entreprises qui leur ouvrent leurs portes ? Peu de dirigeants dans le monde connaissent les principes du droit pénal américain. Qui oublie qu’à la différence d’un avocat français qui défend son client, son client seulement, et peut même lui conseiller de mentir à la justice, un lawyer américain est le représentant de la loi et est tenu de révéler à la justice les atteintes à la loi dont son client serait coupable ? Qui sait que tout prestataire américain ayant connaissance d’opérations ou d’actions hostiles à l’intérêt national américain est tenu de les déclarer à la justice américaine, sans en informer son client, sous peine d’inculpation pénale – et les procureurs peuvent avoir une idée large de l’intérêt national américain… ? Et voilà comment la toile des cabinets d’audit, de conseil, d’ingénierie, des prestataires de services numériques et financiers, nourrit l’imperium américain. La manne assurée par le DOJ aux sociétés de service américaine – cabinets d’avocats, auditeurs, cabinets de conformité, consultants, etc. – aux termes de ce qui peut s’apparenter à un véritable racket (« si je ne certifie pas vos opérations, vous risquez les poursuites… ») permet au smart power de nourrir une industrie du droit, industrie de l’obéissance et de la soumission ; pour le dire tout net, une banque, une société aéronautique, une société de télécommunications, qui choisissent pour prestataires des cabinets américains entrent dans des logiques, des univers de référence, des structures d’organisation, qui n’ont plus rien de français ou d’européen, et qui réalisent concrètement une colonisation par le droit et la conformité à des règles étrangères. La mobilisation de l’arme du droit permet des sanctions financièrement rentables, pénalise les concurrents de sociétés américaines, elle constitue surtout un outil de prise de pouvoir intellectuel, moral et managérial sur des « partenaires » consentants. « The Law » est aussi une industrie.


Le coût de cette soumission aux intérêts américains est celui de la paralysie stratégique. Quelle banque française finance une PME française qui veut se développer, ouvrir des lignes de crédit, etc., en Russie, en Iran, au Soudan, ailleurs encore ? La seule menace d’attirer les soupçons explique pourquoi, à bas bruit et sans déclarations publiques, tant de banques françaises et européennes se retirent de tant de pays jugés peu coopératifs ou insuffisamment organisés ( telle grande banque européennes ferme ses implantations dans pas moins de vingt pays parce qu’elle s’y juge incapable d’appliquer la compliance américaine ; curieusement, des banques américaines demeurent actives dans la plupart de ces pays). Et elle explique pourquoi, dans les années à venir, et sur la base d’un renforcement à prévoir des exigences américaines ( par exemple, de contrôle des tierces parties à partir de 100 Millions d’euros de chiffre d’affaires et cinq cent salariés, d’identification du « end user » d’une pièce ou d’un système par le grossiste ; ou encore, de l’intégration obligatoire aux contrats commerciaux de clauses de respect des minorités sexuelles, etc.), les entreprises françaises pourraient voir se fermer des marchés historiques et se trouver ainsi réduites à la place attribuée à la France dans l’ordre mondial; petite.

La séparation du monde n’est pas un sujet de débat ; l’unilatéralisme américain accélère une séparation qui réserve bien des surprises – puisqu’elle exclut de l’univers du Bien les trois quarts de la population mondiale, comme le Président Obama avait d’ailleurs su le dire à des Américains trop enclins à multiplier les sanctions ( au cour de l’été 2015, quand les « faucons » de l’administration démocrate avaient voulu couper la Russie des systèmes de paiement internationaux pour cause de résistance aux ordres de Washington…


C’est le dernier point, et le plus important du débat. Le caractère unilatéral des sanctions américaines ( même si trois banques américaines ont été condamnées à des sanctions considérables, Citigroup, J. P. Morgan et Goldman Sachs, de 16 à 6 Milliards de dollars), de la désignation d’organisations comme «  terroristes » (qui, par exemple, épargne les « islamistes modérés » en Syrie) et le sentiment d’arbitraire qu’elles donnent, fragilisent non seulement le supposé «  camp occidental », mais aussi les relations internationales dans leur ensemble, notamment en accréditant l’idée d’un « deux poids, deux mesures ». Elles suggèrent que la lutte anti-corruption est devenu un prétexte, un de plus, pour bafouer la souveraineté des Etats et placer les alliés sous contrôle.  Depuis 1648 et le traité de Westphalie, l’ordre international repose sur la souveraineté des Nations constituées et sur la non-ingérence. Maintes exceptions ont été constatées, la première correspondant à la colonisation et à l’idée, sotte ou criminelle, c’est selon, de faire le bien des autres sans eux, et malgré eux ; la plus récente touchant au «  droit au développement » qui est trop souvent obligation pour un Etat d’offrir son territoire au pillage de ses ressources et au nivelage de sa culture. La globalisation financière, technique et marchande, qui fixe l’objectif d’aligner les normes et les lois partout dans le monde pour soumettre les peuples et les Etats à l’intérêt du capital nomade, entre directement en conflit avec le principe de souveraineté des Nations, et avec la démocratie. Elle suggère un changement de nature du droit, qui ne procède plus de la société des hommes, de leur histoire, de leurs traditions, de leur singularité et de ce rapport avec la nature et la vie qui est la source des systèmes politiques durables ; le droit doit servir l’économie, il doit assurer la marche des affaires, et le rendement du capital investi. Pour cela, il s’impose d’en haut, ; pour cela il doit mettre le capital et le commerce hors d’atteinte des Nations, des Etats, et des lois que les peuples se donnent quand ils gouvernent vraiment. « L’imaginaire pirate des puissances de la mer » (selon Antoine Garapon) trouve dans cet aplatissement du monde sous le joug du droit et de la conformité, au profit d’entreprises globales et de capitaux nomades, un élément puissant de sa réalisation ; offrir le monde au pillage et les peuples, réduits à des individus atomisés, à l’esclavage. Car les façades chatoyantes de la lutte anticorruption, des sanctions contre les Etats-voyous et de la guerre contre le terrorisme cachent la réalité d’un monstre qui ne dit pas son nom ; le capitalisme du chaos.


Est-ce que le Brexit et plus encore la victoire de Donald Trump ne sont pas deux réactions populaires à ce capitalisme du chaos né de la globalisation, et dont les acteurs majeurs s’étaient emparés de Washington pour mieux faire des Etats-Unis leur base arrière ?

2 – De défaites annoncées et de batailles à livrer

La réalité est claire ; de même que le trafic des migrants ressuscite l’esclavage, de même que les néoconservateurs américains placeront bientôt le terrorisme sunnite au rang des dommages collatéraux de leur entreprise de sujétion mondiale, comme Brzezinski l’a reconnu, avec une rare franchise, en faisant d’Al Quaeda un dommage collatéral de la guerre contre l’URSS, de même que le peuple américain est la victime inconsciente du hold up du Deep State sur l’Amérique, de même tous les mots de libération, de démocratie planétaire, de développement global, doivent être traduits par soumission obligée, colonisation économique et morale, suppression de la liberté politique.
A la fin, c’est rien moins que le droit de peuples libres à se doter d’un Etat, à tenir leur frontière et à voter leurs lois qui est en jeu.


A la fin, c’est la survie de la civilisation, comme affirmation de principes supérieurs à l’intérêt individuel, économique et financier qui est en jeu.


Et c’est notre capacité à décider nous-mêmes de notre destin qui est en jeu.
Face aux sanctions américaines et à la volonté d’imposer le droit américain au monde, en réalité de soumettre le monde à l’intérêt national américain, l’indifférence française, pour ne rien dire de la complaisance européenne, dénoncent l’esprit de collaboration qui réunit les élites prétendues, les dirigeants qui calculent leurs options en dollars et tant de membres de ministères ou de généraux frustrés qu’un séjour d’étude aux Etats-Unis a laissé béats d’admiration.


La France se trouve face à une offensive qui, pour n’avoir rien de militaire, pour conjuguer les armes molles du droit, de la propagande et de l’argent, a et aura des conséquences tout aussi graves que la conquête d’une partie de son territoire, la destruction de ses institutions, ou le pillage de ses ressources.

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L’indépendance nucléaire de la France est en question. Au prix d’une politique d’intimidation américaine qui touche au « soft terrorism », au prix aussi de trahisons manifestes ou plus cachées de la part de dirigeants privés et publics « français », Alstom énergie a été vendu – bradé plutôt – à General Electric. Les liens entre General Electric et l’Etat profond américain sont attestés par l’étroitesse de ses liens avec The American Chamber of Commerce). Depuis lors, l’entretien des turbines des moteurs à propulsion nucléaire de la marine française dépend de General Electric. Depuis lors aussi, le tandem Areva-Astom qui avait bien fonctionné est déstabilisé, et le nouvel acteur pilote du nucléaire, EDF, fait l’objet d’une étrange convergence des vents contraires ; note financière abaissée, ennuis techniques, arrêt de réacteurs, partenariats déstabilisés, et, par hasard sans doute, réactivation de campagnes antinucléaires par des Fondations venues du nord ou des ONG généreusement financées depuis Washington. Faut-il en conclure que ce qui reste du non alignement de la politique française, dérange encore, ou bien qu’il faut réduire la France au rang de vassal des seules puissances nucléaires inévitables que sont les Etats-Unis, la Russie et la Chine, toutes les autres ( Inde, Pakistan, France, Corée du Nord, voire Israël) devant se voir éliminées du jeu ? Après tout, la Grande Bretagne a bien fait sa soumission à l’ordre militaire américain, pourquoi pas la France?

      
Il faut aller plus loin. Les signes ici et là se font jour, notamment venant d’officines comme Transparency International, dont l’activité militante semble être de dénoncer des sociétés françaises au procureur américain, tout cela depuis la France, et dans une impunité totale. De nouvelles cibles sont visées. L’eau est stratégique. Les déchets sont stratégiques. Et voilà que les grands fournisseurs de prestations aux collectivités, Engie, Suez, Vinci, d’autres encore, sont ciblés par des dénonciations, visés par des procédures.

L’aéronautique et le spatial sont stratégiques, la France et l’Europe y excellent, et voilà pourquoi il faut paralyser Airbus en attendant que Boeing fasse jeu égal en Iran, voilà pourquoi le Serious Fraud Office (SFO britannique) bloque le financement des crédits à l’exportation d’Airbus, voilà pourquoi l’application des règles « ITAR » qui soumettent à l’approbation des autorités américaines l’exportation de tout engin ou système contenant même le plus infime composant américain, se durcit et se fait menaçante à l’encontre des industriels de l’électronique de défense français. L’alimentation est stratégique, et voilà pourquoi le rachat de Monsanto par Bayer dessine de grandes manœuvres qui vont placer l’agroalimentaire français sous contrôle, mettre fin aux préférences françaises pour les appellations territoriales, les produits sans OGM et une nourriture non artificiellement surchargée en sucres, en gluten et en graisses. L’éducation est stratégique, et les agressions contre le système éducatif français conduites à coup de classements manipulateurs, d’études ciblées, de revues à comité de lecture et de campagnes de désinformation vont substituer aux vieux lycées et collèges, aux vieilles universités et grandes Ecoles, des « net académies » et autres « international schools » chargées de privatiser l’enseignement en distribuant des MBA, des promesses d’emplois mirifiques et non tenues, des crédits pour financer ces MBA et ces promesses, et de somptueux dividendes à leurs initiateurs de la Silicon Valley ( en novembre 2016, l’entreprise Bridge International University qui vend très cher dans les pays les plus pauvres d’Afrique des promesses de formations et d’emploi a été interdite en Ouganda ; parmi ses actionnaires, Mark Zuckerberg et Bill Gates). Il est intéressant de noter que certains acteurs agressifs de la privatisation de l’enseignement ainsi que de l’optimisation fiscale sont reçus en grande pompe dans les palais ministériels et présidentiels français.


L’offensive dépasse le droit, et touche l’ensemble des techniques de domination théorisées par une ancienne candidate à la Présidence des Etats-Unis, Hillary Clinton, sous le nom de « smart power ». Elle fait apparaître les contours encore flous d’une entreprise globale de corruption dont le coup d’Etat réalisé en Ukraine, les opérations de déstabilisation engagées dans les Nations du Proche et du Moyen Orient, et qui n’épargnent pas les Nations européennes ( voir les campagnes d’agitation des banlieues orchestrées depuis l’Ambassade des Etats-Unis en France par M. Marc Rivlin, de 2009 à 2014 ) suggèrent l’ampleur. La campagne présidentielle américaine a fort heureusement permis d’éclairer le cœur du système entourant la Fondation Clinton, un système qui privatise les guerres et vend à la carte le renversement de régimes, la perversion de structures sociales et la destruction d’Etats qui s’opposent à la grande criminalité financière et industrielle. N’est-ce pas là la définition même de la corruption, telle que les Caton, Solon ou Lycurgue l’ont définie ? Ce capitalisme du chaos aura relégué aux antiquités les valises de billets, commissions occultes et autres procédés traditionnels de corruption, pour leur substituer l’action combien plus efficace d’une nébuleuse d’ONG, de Fondations, de think-tanks, qui dispensent bien plus que de l’argent ; de la bonne conscience et de la conformité. Et voilà comment le principe majoritaire est vidé de son sens par l’agitation de minorités agressives et manipulatrices, voilà pourquoi le multiculturalisme et les migrations de masse sont l’outil de destruction massive de l’unité des Nations et de leur capacité de résistance, voilà enfin comment l’hyperpuissance peut mobiliser les moyens de la propagande, du spectacle et des bons sentiments pour obtenir plus que l’obéissance, le consentement.    

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C’est ainsi que la France, que l’Europe, perdent les batailles qu’elles ne veulent pas livrer. Il est comique de voir le Parlement européen se mobiliser contre les agences de presse russes, certes actives, quand la presse française est saturée d’informations filtrées, orientées, ciblées par les Fondations, Ong, think tanks et agences de presse américaines, au point que l’intérêt national devient indiscernable, au point que l’idée même d’indépendance semble indécente. Et qui a parlé de résistance quand des importations américaines aussi étrangères aux traditions françaises qu’Halloween, le Black Friday ou le super Monday envahissent les écrans et les vitrines? Le consentement est le premier objectif du smart power, il annonce bien des défaites après des batailles qui ne seront pas livrées.


Une illustration parlante de la naïveté européenne à ce sujet est donnée par le débarquement de la « Responsabilité sociétale et environnementale » de l’entreprise, dite aussi RSE. Ce concept a été développé dans les années 1990 au sein de fondations et d’ONG diverses, majoritairement anglo-américaines, avec l’objectif explicite de remplacer l’obéissance à la loi par des déclarations publiques. Les multinationales américaines ont suivi avec enthousiasme un mécanisme relayé par les Nations Unies, qui donne lieu à une annexe au rapport annuel des entreprises, n’a pas de caractère contraignant et s’est imposé de manière virale sous la pression de centaines d’officines diverses, puis de directions ad hoc qui ont cette puissante motivation à agir ; justifier leur emploi. Dans la mesure où les critères retenus privilégient la vision américaine de la société comme agrégat de minorités, valorisent la diversité interne et le multiculturalisme. L’ensemble s’est déroulé dans l’inconscience totale des politiques de toutes tendances, et dans la sidération de dirigeants dont aucun n’a suggéré que des critères de responsabilité nationale et environnementale seraient plus adaptés, et plus démocratiques.


Face à cette offensive, des réactions se dessinent. La loi dite « Sapin 2 » devrait justifier auprès du juge américain d’une action résolue des autorités françaises contre les faits de corruption ; après sa validation probable par le Conseil constitutionnel, tout dépendra de son application effective par des tribunaux par ailleurs en manque criant de moyens, et par des services d’enquête spécialisés qui sont absents, ou absorbés par d’autres priorités. La norme ISO de prévention de la corruption, publiée à l’automne 2016, suscite l’intérêt de nombre d’entreprises, qui y voient notamment l’occasion d’une meilleure valorisation auprès des fonds d’investissement, un sujet auquel la BPI est aussi sensible. Le rapport Berger Lellouche, excellent par sa franchise et surprenant par les évolutions personnelles dont il témoigne, ne vaut que par les conséquences et les contre-mesures que le futur gouvernement voudra bien lui donner ; il est intéressant qu’il suggère une toute autre voie que celle de la soumission, celle de la confrontation. Si la France n’en a pas, ou plus, les moyens l’Union européenne les a. Les sanctions annoncées contre Apple et ses pratiques d’optimisation fiscale en Irlande par la Commissaire Margrete Verstaeger  montrent la voie d’une réaction européenne à ce qu’il faut bien appeler un détournement américain ; elle illustre une voie qu’ont emprunté, et suivi avec succès les Chinois, qui ont su faire comprendre aux Etats-Unis qu’il n’était pas question qu’ils fassent la loi à leurs entreprises. Quelques incarcérations justement calculées de dirigeants de sociétés américaines, quelques mesures de rétorsion à l’encontre des intérêts américains, et surtout, le classement de la comptabilité des entreprises en « secret d’Etat », dont la divulgation est passible de la peine de mort, ont été d’une efficacité certaine. L’Union européenne saura-t-elle suivre et amplifier l’action de la Commissaire, au moment même où la ratification du CETA (traité de libre échange avec le Canada ) ouvre le boulevard de l’arbitrage privé aux sociétés américaines, dont le négociateur européen semble avoir oublié qu’elles sont toutes présentes au Canada, de sorte que le CETA dispense du TTIP  - et aura les mêmes conséquences ; assurer la primauté des sociétés privées et des investisseurs sur les Nations et les Etats ?

Pour conclure…


Il est utile de clarifier la logique développée par les autorités américaines. Car elle est soutenue par la logique économique et financière ; que le monde serait plus simple si une seule loi s’appliquait partout ! Car elles excellent à répandre le dilemme ; nous, ou la Chine. Demain sans doute, c’est contre la montée en puissance des exigences chinoises, contre leurs propres règles du jeu et leur ingérence qu’il faudra se mobiliser, comme il faut se mobiliser contre tout universalisme qui prétend unifier le monde, et qui n’est que l’expression de provinces qui se prennent pour le monde.


Que valait Alcatel pour la Chine, que valait Alstom Energie pour la Chine ? Beaucoup sans doute, mais le débat n’est pas là. Il est que, Etats-Unis, Chine ou Touamotou en présence, les choix de la France soient les choix des Français, des choix qui servent l’intérêt de la France et des Français, d’eux seuls, d’eux d’abord. Et le débat est que, selon l’affirmation de Claude Lévi-Strauss, il n’est de barbares que ceux qui croient qu’il y a des barbares – et l’unilatéralisme américain nous fait plonger dans une nouvelle barbarie. Qu’est-ce que la civilisation, sinon l’apaisement des différences ?


Il faut chercher plus loin, et entrer dans l’évaluation des intérêts. La Chine a su fermer les portes au procureur américain. L’Inde, la Russie, font de même. Et les pays de l’Organisation de Coopération de Shanghai disposent de systèmes de compensation, de paiement et de règlement internationaux, et même d’un marché de l’or, totalement hors du dollar, du territoire américain, et de toute dépendance aux autorités américaines. La Russie impose que les hébergeurs de services en ligne traitant des données de citoyens russes disposent de serveurs localisés en Russie. Ce qui signifie qu’une entreprise peut travailler avec les deux tiers de la population mondiale et bientôt la moitié de l’économie mondiale, sans s’exposer au procureur américain. De sorte que le pari peut être pris ; combien d’années faut-il avant qu’une banque européenne, avant qu’une société du CAC40, avant qu’une PME « gazelle » fassent leur choix et, tout bien pesé et compté, décident de s’affranchir de tout lien avec les Etats-Unis, et de partir à la redécouverte du reste du monde ?  

  
L’issue du jeu de l’obéissance auquel l’ubris de l’hyperpuissance condamne les Etats-Unis est plus incertaine que jamais après l’élection de Donald Trump. Car se fait jour une toute autre perspective ; celle que les Etats-Unis mettent d’eux-mêmes fin à une politique de lutte anti-corruption que le candidat élu avait qualifié de « stupide et irréaliste » pendant sa campagne. Il restera alors aux Etats les plus agiles à démanteler des législations d’importation, et aux autres, à se draper dans une vertu outragée et déçue. A chacun de parier sur la position de la France. 

   Hervé Juvin,
   Essayiste et écrivain français,
   Président de NATPOL, «Sécurité des opérations, résilience des organisations, intelligence de la diversité »

lundi, 05 juin 2017

Le grand écroulement: la crise de l'ordre géopolitique mondial

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Le grand écroulement: la crise de l'ordre géopolitique mondial

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

 

Moins d'une semaine après la tournée du président américain Donald Trump au Moyen Orient et en Europe, il est clair qu'une profonde transformation s'opère dans la politique mondiale. Des relations et des institutions qui ont structuré la vie économique et la politique internationales pendant des décennies s'écroulent rapidement.

La montée du danger de guerre commerciale ainsi que des ambitions militaires de toutes les puissances impérialistes témoignent de l'état avancé de la crise des institutions créées après la Deuxième Guerre mondiale, quand l'impérialisme américain a établi son hégémonie mondiale.

Cette crise est le produit de processus qui se sont développés sur des décennies. En 1991, quand la dissolution stalinienne de l'URSS a privé l'Otan d'un ennemi commun, les tensions inter-impérialistes explosaient déjà. Les stratèges américains ont applaudi l'émergence d'un « moment unipolaire », où la disparition de l'URSS éliminait le seul rival militaire sérieux des Etats-Unis ; ils espéraient utiliser cet avantage militaire pour compenser le déclin économique des Etats-Unis.

En 1992, un document du Pentagone affirmait qu'il fallait convaincre « d'éventuels rivaux qu'ils ne devraient pas ambitionner d'établir un rôle plus large ou une posture plus agressive », et les « décourager de mettre en question notre leadership et de renverser l'ordre politique et économique établi ».

25 ans après, cette politique est en lambeaux. Elle a produit une série d'interventions impérialistes par l'Otan, dirigées par Washington, qui ont dévasté l'Irak, la Yougoslavie, l'Afghanistan, la Libye, la Syrie, l'Ukraine, et d'autres pays. Ces actions militaristes – qui ont fait des millions de victimes, détruit des sociétés entières, et produit le plus grande crise de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale – n'ont pas amélioré la position de l'impérialisme américain. A présent, un nouveau stade est atteint : les rivaux impérialistes des Etats-Unis se préparent à contester le primat de Washington.

Les tentatives de Trump aux sommets du G7 et de l'Otan d'obtenir de meilleurs conditions économiques en Europe se sont retournées contre lui. Il avait dénoncé les Européens pour « n'avoir pas payé ce qu'ils devraient payer » à l'Otan, traité l'Allemagne de « terrible », et menacé « d'arrêter » les exportations de voitures allemandes aux Etats-Unis. L'Europe n'a pas réagi avec de la sympathie ou des aides financières, mais en indiquant que l'Union européenne (UE) se prépare à une rupture politique et militaire avec les Etats-Unis.

A un festival de bière dimanche à Munich, la chancelière allemande Angela Merkel a évoqué le Brexit et la performance de Trump aux sommets internationaux : « L'époque à laquelle nous pouvions compter entièrement sur d'autres est d'une certaine façon révolue – j'ai vécu cela ces derniers jours. Nous, les Européens, nous devons prendre notre destinée dans nos propres mains ». A l'avenir, a-t-elle ajouté, « nous devrons nous battre nous-mêmes pour notre propre avenir. »

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Depuis, l'actualité européenne a confirmé l'existence d'une profonde crise de l'Otan, l'alliance entre l'Amérique et l'Europe occidentale établie en 1949. Le ministre des Affaires Etrangères allemand, Sigmar Gabriel, a dit qu'en élisant Trump, les Etats-Unis s'était mis au ban de la « communauté des valeurs occidentales ». C'était selon lui « une transformation des relations de pouvoir mondiales ».

Le président français nouvellement élu, Emmanuel Macron, un proche allié de Berlin, a invité le président russe Vladimir Poutine à un sommet à Versailles.A une conférence de presse, Macron a critiqué aux côtés de Poutine toutes les interventions extérieures de l'Otan des dernières années. Il a appelé de ses vœux une résolution du conflit en Ukraine provoqué par le coup à Kiev appuyé par Washington et Berlin, signalé sa volonté d'établir des liens économiques plus étroits avec Moscou, et même évoqué la possibilité de rétablir une ambassade française à Damas, en Syrie.

Cette semaine, l'UE a inauguré son nouveau quartier-général militaire à Bruxelles. Le Royaume Uni, qui l'avait bloqué pour rendre service à Washington, qui craignait que l'UE rivalise avec l'Otan, ne pouvait plus y apposer son véto à cause de sa sortie de l'UE.

Les stratèges américains avouent que ces événements sont un revers historique pour Washington. « Chaque président américain depuis 1945 a essayé de travailler étroitement avec l'Allemagne et l'Otan », écrit Jacob Heilbrunn dans The National Interest, mais l'Amérique sous Trump « pousse Merkel à la création d'une superpuissance allemande ».

Heilbrunn a poursuivi, « A présent que la France a élu Macron, Merkel s'occupe à façonner un axe franco-allemand qui poursuivra une voie économique et militaire commune. Ceci signalera une réduction significative du prestige et de l'influence américaines à l'étranger. Imaginons, par exemple, que Merkel décidait de défier la poussée de Trump pour des sanctions qui isoleraient l'Iran et établissant des relations commerciales avec la Corée du nord, et en lui fournissant des armes ».

Ces tensions ne sont pas seulement le produit de l' extrême nationalisme de l'occupant actuel de la Maison Blanche. Le Parti démocrate diabolise la Russie sans relâche et l'accuse d'avoir faussé les élections et la démocratie américaines ; il est clair qu'une victoire de Hillary Clinton aux présidentielles américaines n'aurait pas résolu les conflits avec l'Europe. En fait, ces tensions proviennent de profondes contradictions entre les grandes puissances impérialistes, qui deux fois au siècle dernier ont provoqué des guerres mondiales.

Les rivalités croissantes entre les puissances impérialistes en Asie confirment ce jugement. A la conférence en mai où la Chine a inauguré la nouvelle Route de la Soie – un réseau d'infrastructures énergétiques et commerciales reliant la Chine, le Moyen-Orient, et l'Europe – Washington n'a joué qu'un rôle mineur, alors que la Chine développait ses liens avec l'UE. La réaction du Japon et de l'Inde, les alliés du « pivot vers l'Asie » américain visant à isoler la Chine, n'était pas toutefois foncièrement plus rassurante pour Washington que celle des puissances européennes.

La semaine passée, Tokyo et Delhi ont proposé de construire un « couloir de croissance Asie-Afrique », une alternative à la Route de la Soie chinoise qui développerait l'Inde en tant qu'alternative industrielle et contrepoids militaire à la Chine. Le but du premier ministre japonais, Shinzo Abe, et des ses soutiens dans l'organisation ultranationaliste Nippon Kaigi, n'est pas seulement de dépasser la Chine, mais de supplanter l'hégémonie américaine en Asie.

Abe, qui fait campagne agressivement pour éliminer l'interdiction constitutionnelle au Japon de mener des guerres extérieures imposée après la Deuxième Guerre mondiale, a déclaré à maintes reprises qu'une alliance indo-japonaise a « le plus grand potentiel » au monde.

Les réactions au voyage de Trump en Europe témoigne non seulement d'une crise de l'impérialisme américain, mais du capitalisme mondial. Aucun des rivaux de Washington—l'UE, haïe pour sa politique d'austérité ; le régime de droite, économiquement moribond, au Japon ; on l'oligarchie capitaliste post-maoïste au Chine—n'offre une alternative progressiste.

Quelqu'un qui affirmerait qu'une coalition de ces puissances pourra stabiliser le capitalisme et bloquer l'émergence de conflits commerciaux et de guerres inter-impérialistes, parierait gros contre l'Histoire. Trump appelle à une guerre commerciale contre l'Allemagne, Berlin et Tokyo re-militarisent leur politique étrangère, et Macron veut rétablir le service militaire. Tout indique que les élites dirigeantes marchent les yeux fermés vers une nouvelle catastrophe mondiale à la même échelle, voire pire, que les guerres mondiales du siècle dernier.

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L'alternative à l'effondrement de la politique bourgeoise viendra de la classe ouvrière internationale. Des conditions de vie intolérables, le chômage de masse, et la misère sociale après des décennies d'austérité et de guerre la poussent à la lutte. Des sociétés telles qu'Amazon ou Apple, présentes aux quatre coins du monde, dominent l'économie mondiale ; les travailleurs sont de plus en plus conscients du caractère international de la classe ouvrière, dont les intérêts sont fondamentalement distincts et opposés à ceux des aristocraties financières qui gouvernent chaque pays.

L'effondrement des relations capitalistes va de pair avec le discrédit des partis social-démocrates et libéraux et des appareils syndicaux qui, après 1945, ont étouffé la lutte des classes dans un cadre bureaucratique. Le vote surprise pour Brexit, l'élection de Trump, et l'éclatement du duopole PS-LR aux présidentielles françaises de 2017 sont autant de signes de l'effondrement des vieilles élites dirigeantes. Une éruption mondiale de la lutte des classes est en préparation.

Cette crise confirme la justesse de l'affirmation du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), selon laquelle la dissolution stalinienne de l'URSS ne signifiait pas la fin de la lutte du prolétariat international pour le socialisme. Le capitalisme n'a pas pu résoudre les conflits fondamentaux identifiés par les grands marxistes du 20e siècle – entre l'économie mondiale et le système d'Etats-nation, entre la production économique socialisée et le profit privé – qui l'ont poussé à la guerre et à la révolution sociale.

http://www.wsws.org/fr/articles/2017/jui2017/pers-j03.shtml

dimanche, 04 juin 2017

Djihad 2.0: la fabrication du prochain cauchemar

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Djihad 2.0: la fabrication du prochain cauchemar 

Commençons avec 28 dirigeants de l'UE discutant de l'ouest des Balkans lors d'un récent sommet, en pestant contre - quoi d'autre - « l'agression russe » dans leur arrière-cour. Entre alors en scène un procureur monténégrin qui tempête que des « entités de l'état russe » ont élaboré une tentative de coup d'état pendant les élections d'octobre 2016, afin d'empêcher le pays de rejoindre l'OTAN.
 
Fasse alors son entrée le Président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker, avertissant que la rhétorique anti-UE de Donald Trump pourrait mener à une guerre dans les Balkans. Juncker, toujours aussi méprisant, soutient que « si nous les laissons à eux-mêmes - la Bosnie-Herzégovine, la Republika Srpska, la Macédoine, l'Albanie, tous ces pays-là - nous aurons encore une guerre. »
Les Balkans pourraient bientôt exploser - une fois de plus. Mais avec une variante; au contraire de 1999, l'OTAN ne pourra pas se permettre de bombarder la ville sans défense de Belgrade pendant 78 jours. Une nouvelle génération de missiles russes l'en empêcherait très facilement.
La tragédie qui s'est jouée en 1999 dans les Balkans avait principalement été mise en branle par de faux massacres au Kosovo mis en scène par le BND - les services secrets allemands - se servant d'Albanais locaux et de provocateurs du BND, qui ont tiré sur les deux côtés pour enflammer une guerre et briser la Yougoslavie.

Ce qui émerge, au cours de la présente conjoncture géopolitique, est encore plus sombre.

Les suspects usuels font ce qu'ils ont l'habitude de faire: blâmer la Russie, et cracher sur les preuves.

Par conséquent laissons un initié bien informé, le Dr. Olsi Jazexhi, directeur du Free Media Institute à Tirana en Albanie, être notre guide.

En décembre 2016, John Brennan de la CIA se rendit en Albanie et y répandit une fatwa en faveur de « la guerre contre la Russie » - surtout en Macédoine.

Comme l'explique le Dr. Jazexhi,
« après le départ de Brennan Edi Rama, le Premier Ministre albanais et ami proche de George Soros, rassembla tous les partis politiques albanais de Macédoine et leur ordonna de soutenir Zoran Zaev contre Nikola Gruevski. Gruevski est considéré être russophile et otanophobe, tandis que Zaev mange dans la main de Soros. Ainsi Gruevski fut boycotté par les Albanais et Zaev avait leur soutien pour la formation d'un gouvernement. Zaev promet aux Albanais que la Macédoine fera de l'albanais une langue officielle et créera un troisième (demi-)état albanais dans les Balkans. Les Macédoniens y résistent, mais Tirana et Edi Rama manipulent les partis politiques albanais contre Gruevski. L'enjeu final est de faire de la Macédoine un membre de l'OTAN. »
Pendant ce temps-là, au Kosovo - essentiellement une sale combine de narco-mafieux paradant comme un état et abritant Camp Bonsteel, la plus grande base militaire US à l'étranger de la planète - Hashim Thaçi, le président et ancien gorille de l'Armée de Libération du Kosovo (ALK), « construit une armée pour le Kosovo. L'objectif est d'intégrer le Kosovo à l'OTAN, même si la Serbie rejette une telle idée concernant son ancienne province autonome. »

Commentaire : Lire :
Jazexhi explique également comment « en Albanie, nous avons deux grandes organisations terroristes sous la protection des USA et des Européens. »

La première est ce qu'Ankara décrit comme l'Organisation Terroriste de Fetullah Gülen (FETO, Fetullah Gülen Terror Organisation), apparemment instrumentalisée par les services secrets allemands; « la Turquie proteste de l'hébergement albanais de la FETO, mais ce sont les USA qui les abritent contre Erdogan. »

La seconde est Moudjahidin-e Khalq (MKO), qui se bat contre Téhéran;
« l'Albanie se transforme en centre pour le MKO. John Bolton était récemment à Tirana, en compagnie d'autres soutiens internationaux du MKO, et ils s'en prennent à l'Iran en y appellant au changement de régime. »
Le cinglé du MKO Marjam Rajavi a lui aussi visité Tirana, développant des plans pour « renverser les Ayatollahs » en Iran.

L'essentiel, tel que souligné par Jazexhi, c'est qu'après « avoir transformé les Balkans en terrain de recrutement pour Da'esh/EI pendant la guerre syrienne, désormais les USA transforment l'Albanie en état djihadiste 2.0. »

Donc, ce qui se développe c'est « la même erreur historique commise par les Albanais du Kosovo, qui ont lié leur avenir à 100% au Camp Bondsteel et seraient immédiatement envahis à nouveau par la Serbie si jamais l'OTAN ou les USA devaient partir (ce qu'ils feront un jour ou l'autre, inévitablement). Pendant ce temps, l'Union Européenne et les USA, qui veulent déradicaliser les Musulmans wahhabites d'Europe, gardent le silence à propos des djihadistes iraniens. »

Ainsi l'élément essentiel du puzzle est la configuration de l'Albanie en tant que centre djihadiste 2.0 - contre les Slaves de Macédoine, contre Téhéran, et aussi contre Ankara. Pas étonnant que le principal conseiller du gouvernement albanais, jusqu'à il y a quelques mois, ait été un certain Tony Blair.

Mais ensuite, il y a l'ennemi « invisible » qui est celui qui compte réellement.

À la fin du mois de mars, le Président serbe Tomislav Nikolic est allé à Beijing pour sa dernière visite officielle précédant les élections du 2 avril. Le Président chinois Xi Jinping a souligné le fait que la coopération économique avec la Serbie - et les Balkans dans leur ensemble - est une priorité pour la Chine.

Nul doute. En 2014, Beijing a créé un fonds qui investira 10 milliards d'euros en Europe Centrale et Orientale. L'année dernière, China Everbright a acheté l'aéroport de Tirana en Albanie. La banque China Exim finance la construction d'autoroutes en Macédoine et au Monténégro.

En Serbie, la China Road and Bridge Corporation a construit le pont de Pupin - aussi connu sous le nom de « Pont de l'Amitié Sino-Serbe » - au-dessus du Danube à Belgrade à hauteur de 170 millions d'euros, inauguré en 2014 et financé à 85% par un prêt de la China Exim Bank.

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Et la cerise sur le gâteau (de développement d'infrastructures) est la ligne ferroviaire à grande vitesse de 350 km et valant 2,89 milliards de dollars US entre Athènes et Budapest, via la Macédoine et Belgrade.

L'UE a fait tinter une sonnette d'alarme à propos du tronçon reliant Budapest à Belgrade devant coûter 1,8 milliard de dollars US, cherchant à savoir si la section hongroise a contrevenu aux strictes lois de l'UE selon lesquelles les appels d'offres doivent être publics pour les grands projets d'infrastructures de transports.

En filigrane se trouve la proverbiale condescendance européenne, décrétant que les Chinois sont assurément incapables de construire une infrastructure ferroviaire aussi bien sinon mieux - et pour moins cher - qu'en Europe.

Le tronçon Budapest-Belgrade est précisément l'aspect central de la Route Express de la Terre à la Mer [Land Sea Express Route, NdT] que Beijing s'était engagé à construire déjà en 2014 avec la Hongrie, la Serbie et la Macédoine. Il s'agit du nœud crucial de l'axe d'Europe du Sud-Est des Nouvelles Routes de la Soie, désormais dénommée Initiative de Route et de Ceinture (BRI, Belt and Road Initiative); un corridor de commerce entre le port à conteneurs du Pirée sur la Mediterranée [en Grèce à côté d'Athènes, NdT] - co-détenu par la China Ocean Shipping Company depuis 2010 - et le centre de l'Europe.

Le discours officiel de l'OTAN est que l'organisation doit être implantée dans les Balkans pour y combattre la « menace du terrorisme ». Selon le Secrétaire-Général de l'OTAN Jens Stoltenberg, « j'ai récemment visité la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo, et cela m'encourage de voir combien ils s'attachent à contrer la menace de combattants étrangers. »

Alors en l'occurrence, les « combattants étrangers » se trouvent être au coin de la rue, pas seulement au Kosovo mais bientôt en Albanie, capitale du djihad 2.0. Après tout, l'OTAN excelle dans la création de « menaces » émergentes essentielles à la justification de son existence.

Le djihad 2.0 pourra être dirigé contre les Slaves de Macédoine, contre l'Iran et contre la Turquie. Sans parler du ventre mou de la Russie. L'angle invisible, c'est qu'ils pourront à tout moment être déployés pour mettre en danger l'effort chinois d'intégration de l'Europe du Sud-Est comme nœud essentiel des Nouvelles Routes de la Soie.

Traduit par Lawrence Desforges sur son site :

https://globalepresse.wordpress.com/2017/06/02/djihad-2-0-la-fabrication-du-prochain-cauchemar/

Spitting in The Face of Civilization - Europe vs. Trump

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Spitting in The Face of Civilization

Germany: ‘bad, very bad.’ Trump tweet.

France’s brainy new president, Emmanuel Macron, said it was too bad that Donald Trump was not part of the Enlightenment.  Few Americans would have understood what he meant but Europeans certainly did.

The Enlightenment was the glorious epoch in the mid-1700 and 1800’s that gave birth to modern science, philosophy, reason, and literature. Among its notables were Voltaire, Rousseau, Kant, Diderot, Hume, and Adam Smith and Benjamin Franklin.

This was by far the most delicate criticism of Trump that one hears in Europe, where he is widely regarded with  contempt and revulsion.   As for Trump’s business-heavy cabinet,  one immediately thinks of Oscar Wilde’s acid line about men who know the price of everything and the value of nothing.

Europe is in a rage over Trump’s rejection of the Paris Climate Accord, an act that also caused worldwide shock and dismay.  It will please American coal miners, religious fundamentalists and those who share Trump’s view that it’s all a Red Chinese hoax. 

Meanwhile, Trump’s adversarial relations with Europe have shaken the NATO alliance and changed Germany’s view of transatlantic relations.  After last week’s testy NATO summit and Trump’s tweeted attacks on Germany, Chancellor Angela Merkel lashed out, ‘“The times in which we could completely depend on others are, to a certain extent, over.”

Merkel is a cautious,  ultra-bland technocrat whose speeches are usually sleep-inducing.   For her to drop such a bombshell shows how poor US-German relations have become.  This fracture between Berlin and Washington has been a long time in coming but is still startling. Germans are fed up with being treated like vassals and, let us not forget, still semi-occupied by US armed forces.

Adding to the tensions,  Trump has been hammering Europe’s NATO members over their skimpy contributions to the alliance and its arms programs.   But here is another example of Trump’s poor understanding of world affairs.

NATO is not a business partnership. The alliance, founded in 1949, was designed to shore up war-battered Europe and form a united front against the very real threat of Soviet invasion.  Today, the very successful NATO alliance, 70% funded by the US, remains the most concrete expression of America’s geopolitical domination of western Europe.

As the recently deceased thinker Zbigniew Brezezinski  aptly put it to me,  Europe provides strategic ‘stepping-stones’ to the expansion of US influence into Eurasia through NATO.  The alliance is not an equal partnership, it’s the primary tool for enforcing US power in Europe.

Now that the Soviet Union is gone, there is no real military threat to Europe.  A majority of Europe’s tax-payers don’t want to pay more to reinforce NATO.  Or worse, see it become a sort of foreign legion for the US to use in its imperial ventures in the Mideast, Africa and West Asia. 

Germany was dragooned by the US into sending troops to Afghanistan, but over the protests of most of its citizens and other Europeans.  Canada faces a similar problem.  As the late German defense minister, Franz Josef Strauss so colorfully put it, ‘we won’t be spear carriers for America’s atomic knights.’

I’ve witnessed a powerful up swell of nationalism in Germany, including growing pride in Germany’s soldiers during World War II.  But every sign of pride in Germany is met by a torrent of media frenzy about the Nazis and their crimes.  In this way, Germany is kept on the defensive and quiescent.  But this may now be changing as Trump & Co lambastes Germany and Germans.   It’s very dangerous, as history shows, to strong-arm Germans.

Trump even blasts German cars.  He would better reserve his wrath for the manufacturers of America’s mediocre quality cars.

What really galls Trump about Europe is that it has too many Muslims.  He actually accused Angel Merkel of ‘wrecking’ Europe because she allowed in Syrian refugees in a praiseworthy humanitarian act.  Trump and his alt-right advisors are unlikely to know that 11% of Syrians are Christians of various sorts.

Neither Trump nor his advisors have much interest in or knowledge of Europe.   America’s nativist religious voters, 80% of whom support with Trump, see Europe as a wicked, degenerate place filled with drinkers, sexual perverts and pacifists.  Europeans laugh at church-going fundamentalist Americans as backwards, superstitious rustics.

Trump is wildly popular in Pittsburgh, as he noted last week, but to much of the rest of the planet he remains a symbol of flat-earth consciousness and the unlovely face of America.

vendredi, 02 juin 2017

Le legs de Zbig : à l’origine...

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Le legs de Zbig : à l’origine...

Ex: http://www.dedefensa.org

Comme l’écrit Neil Clark ce 29 mai 2017 sur RT, on pourrait dire que le legs de Zbigniew Brzezinski, qui vient de mourir à 89 ans, est notre “monde en flammes” (« World in flames - the deadly legacy of Cold War warrior Brzezinski »). C’est lui, Brzezinski, qui recommanda et orchestra le lancement de l’opération qui allait conduire à l’implication de l’URSS en Afghanistan, au développement de la résistance afghane de laquelle découlèrent les innombrables branches du terrorisme islamiste, à commencer par Ben Laden. Dès l’origine, la CIA fut l’instrument opérationnel de cette énorme entreprise, à laquelle l’Arabie Saoudite notamment fut largement partie prenante (financièrement) dès le départ.

Clark écrit, et c’est le “before” qui compte puisque la version officielle fut longtemps que les USA avaient répliqué en formant les moudjahidines (“combattants de la liberté”) comme on les appelait alors, après l’intervention soviétique de décembre 1979 : « In fact, US financial assistance for anti-government forces had begun BEFORE the invasion- and was expressly designed to provoke a Soviet military response. In 1998 Brzezinski admitted that he had got President Carter to sign the first order for secret aid to ‘rebels’ in July 1979 a full five months before the Soviets intervened. “I wrote a note to the president in which I explained to him that in my opinion, this aid was going to induce a Soviet military intervention,” Brzezinski said. Even before that, US officials had been meeting with ‘rebel’ leaders. While in 1977 Zbig had set up the Nationalities Working Group - whose goal was to weaken the Soviet Union by stirring up ethnic and religious tensions. »

La révélation de cette action préventive (juillet 1979), qui donne toute la responsabilité de l’origine des événements de déstabilisation massive qui viennent jusqu’à nous se fit dans une interview du Nouvel Observateur ; interview très courte mais très révélatrice, qui résume en quelque phrase, non seulement la pensée de Brzezinski (avec la multiplication par ce qu’on peut nommer la “haine antirusse” de son origine polonaise) mais aussi la stratégie opérationnelle de l’establishment US depuis des décennies. Cette stratégie à tendance globalisante existait déjà de manière offensive durant la Deuxième Guerre mondiale, avec l’activisme des divers services officiels US auprès des indigènes et des diverses organisations soit nationalistes, soit panarabes avec de fortes consonances religieuses dans les pays à population arabe sous colonisation européenne, y compris par exemple dans les pays du Maghreb alors français à partir du débarquement de novembre 1942. Cette même attitude prévalut dans les pays asiatiques dans la même situation, notamment dans l’Indochine française. (Ho Chi-minh reçut l’aide de l’OSS pour former son organisation et il fondait à l’origine ses ambitions sur le schéma de la Constitution des États-Unis.) Dans cette attitude US, on retrouve un mélange d’un puissant affairisme avec l’annexion au profit des USA des marchés extérieurs, d’un anticolonialisme remontant au temps de la Guerre d’Indépendance, et enfin de l’idéalisme de type-wilsonien selon lequel la diffusion de la formule américaniste de la démocratie et de la modernité constitue la voie évidente vers une globalisation et une uniformisation vertueuses du monde, – selon le “modèle” américaniste naturellement. Ainsi l’anticolonialisme si souvent acclamé par la pensée moderniste trouve-t-il là une parentèle inattendue sinon quelque peu gênante. (Nous avons déjà rappelé combien Arnold Toynbee a bien montré comment il importait de faire toute la lumière sur ce mouvement à partir des conceptions du suprémacisme de l’anglosaxonisme, de l’“anglosphère”, puis de l’américanisme gobant le tout au bout du compte.)

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Voici donc la courte interview de Zbigniew Brzezinski parue dans Le Nouvel Observateur numéro 1732 du 15 janvier 1998, lorsque on s’intéressait encore fort peu à l’implication des révélations qu’il y fait. (Le propos est recueilli par Vincent Jauvert, les mémoires de Robert Gates servant de référence sont intitulés : From the Shadows, chez Simon and Schuster. Nous avions déjà publié cette interview le 15 juillet 2005.)

Le Nouvel Observateur : « L'ancien directeur de la CIA Robert Gates l'affirme dans ses Mémoires : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l'intervention soviétique. A l'époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité ; vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez? »

Zbigniew Brzezinski : « Oui. Selon la version officielle de l'histoire, l'aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c'est-à-dire après que l'armée soviétique eut envahi l'Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu'à présent, est tout autre : c'est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l'assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j'ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu'à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques. »

Le Nouvel Observateur : « Malgré ce risque, vous étiez partisan de cette “covert action” [opération clandestine]. Mais peut-être même souhaitiez-vous cette entrée en guerre des Soviétiques et cherchiez-vous à la provoquer ? »

Zbigniew Brzezinski : « Ce n'est pas tout à fait cela. Nous n'avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu'ils le fassent.

Le Nouvel Observateur : « Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu'ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des Etats-Unis en Afghanistan, personne ne les a crus. Pourtant, il y avait un fond de vérité... Vous ne regrettez rien aujourd'hui ? »

Zbigniew Brzezinski : « Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d'attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j'ai écrit au président Carter, en substance : “Nous avons maintenant l'occasion de donner à l'URSS sa guerre du Vietnam.” De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l'éclatement de l'empire soviétique. »

Le Nouvel Observateur : « Vous ne regrettez pas non plus d'avoir favorisé l'intégrisme islamiste, d'avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? »

Zbigniew Brzezinski : « Qu'est-ce qui est le plus important au regard de l'histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l'empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l'Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

Le Nouvel Observateur : « “Quelques excités”? Mais on le dit et on le répète: le fondamentalisme islamique représente aujourd'hui une menace mondiale. »

Zbigniew Brzezinski : « Sottises ! Il faudrait, dit-on, que l'Occident ait une politique globale à l'égard de l'islamisme. C'est stupide: il n'y a pas d'islamisme global. Regardons l'islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C'est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu'y a-t-il de commun entre l'Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l'Egypte pro-occidentale ou l'Asie centrale sécularisée? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté... »

Après l’attaque du 11 septembre 2001 et avec l’attaque américaine contre l’Afghanistan puis contre l'Irak qui suivirent, certains avaient ressorti cette courte interview de Zbigniew Brzezinski au Nouvel Observateur, pensant qu’elle servirait à tempérer toutes les affirmations officielles sur le terrorisme dans sa quasi-fatalité islamiste, sur “le choc des civilisations”, sur le Mal et sur le diable. Il n’en fut rien et la version officielle aussitôt proclamée par l’administration GW Bush fut bien qu’il y avait un terrorisme islamiste né d’une origine lointaine, lié à la religion, ami du Diable et représentant le Mal contre le Bien qui tenait et tient toujours congrès permanent à Washington D.C.

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Bien entendu, les manœuvres sans nombre des divers services de l’IC (Intelligence Community), CIA en tête, et des divers services des forces armées, pour créer et instrumenter différents groupes extrémistes en les équipant d’armes et en les couvrant d’ors saoudiens, constituèrent un élément fondamental qui intervint dans un phénomène où l’existence précédait l’essence pour satisfaire les conceptions sartriennes, les Américano-Saoudiens se chargeant de définir de quelle essence il s’agissait ; vue la nature de leurs liens, aux américanistes et aux Saoudiens, ce n’était pas difficile. En d’autres mots, l’islamo-terroriste qui n’existait pas comme phénomène majeur ni même annexe en 1980, était devenu le phénomène universel qu’on connaît après 9/11, et bien plus encore après le surge de Petraeus en Irak en 2007-2007, négociant à coup de conteneur de dollars le ralliement des sunnites d’Irak et mettant ainsi en place les structures du futur Daesh et de toute la galaxie qu’on retrouve en Syrie.

Brzezinski et son mépris pour les craintes d’un mouvement terroristes islamiste avait sûrement raison d’un point de vue stratégique en 1980 ; il avait sans doute encore un peu raison en 1999 malgré qu’il ait été démontré par la mise à jour d’archives diverses que l’URSS n’avait nullement été le danger d’agression permanente que Brzezinski eut continuellement à l’esprit pour minorer tous les autres dangers. (Le véritable danger de la Guerre froide était de type “objectif” et catastrophique pour tous les acteurs, dans le chef de la possibilité de l’usage de l’arme nucléaire.) Comme en 1980, le terrorisme islamiste n’était pas encore, en 1999, un danger majeur, sauf peut-être en Russie avec la Tchétchénie, ce qui n’était d’ailleurs pas pour déplaire à Zbig. Il l’est devenu avec 9/11, communication oblige, et opérationnellement notamment grâce aux canaux et aux complicités sans nombre, aux corruptions innombrables, aux manipulations vertigineusement nombreuses et aussi sans queues ni têtes, déjà en place avec l’activisme forcené et incontrôlé de la CIA que Brzezinski avait immédiatement mis sur le coup en 1979.

Brzezinski avait été le conseiller pour la sécurité nationale du président Jimmy Carter, de 1977 à 1981. A ce poste, il fut effectivement le principal animateur, contre l’avis du secrétaire d’État Vance, du prologue et du lancement de l’aide américaine aux moudjahidines luttant contre les communistes en Afghanistan (effectivement: “contre les communistes” en général ; d’abord contre le régime communiste de Babrak Karmal puis, à partir de décembre 1979, contre les Soviétiques de l’Armée Rouge également). Cette politique a donc été souvent et justement décrite comme l’événement créant le Osama Ben Laden présenté depuis comme le cerveau d’une offensive mondiale de terrorisme, avant de passer le relais aux vedettes actuelles. Elle prit, avec Reagan et son directeur de la CIA Bill Casey, relais de Wall Street et maître des coups fourrés impliquant diverses branches du crime organisé, des proportions importantes, accentuant l’effet initial voulu par Brzezinski et l’administration Carter (l’accentuation de la lutte contre les Soviétiques passant par le renforcement des structures de l’extrémisme islamiste).

C’est effectivement de là que datent le développement et la mise en place, et l’équipement militaire initial également, de la nébuleuse islamiste qu’il est de bon ton de considérer aujourd’hui, dans les milieux de la pensée conformiste globalisée, comme la première menace contre la civilisation. La véritable responsabilité est donc bien celle du Système, avec l’organisation colossale venue des divers services d’agitation et de subversion des moyens opérationnels de l’américanisme (IC et le reste), et sans aucun doute l’opération globale de déstabilisation la plus ambitieuse jamais lancée par les USA. (En 1980, Brzezinski parlait de “l’arc de crise” du monde allant de l’Inde à la Somalie et le président Carter créait le Central Command qui constitue aujourd’hui le commandement militaro-politique le plus puissant des forces bellicistes et expansionnistes US. (Carter, qui a évoulé dans le meilleur sens du monde, devenu parfaitement antiSystème, n'a jamais dit précisément ce qu'il pensait de cette évolution-là à laquelle il avait présidé, comme parfait jouet du Système.)

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Certes, personne de sérieux, en 1998, à Washington, n’aurait contredit Brzezinski sur le fond, malgré l’insistance de l’intervieweur. Aujourd’hui, rappeler ces déclarations de Brzezinski pourrait représenter un cas d’une condamnation sans appel, avec effet rétroactif s’il le faut. Restent la réalité, les faits, les manigances, les intentions, — bref, ce qui fait ici la cause première de l’enchaînement menant aux événements du 11 septembre 2001 et après. Il est bon de se rappeler jusqu’à quel point, et à quelle profondeur, avec quel zèle, quelle absence de défiance et de scrupule, quelle courte vue et quel cynisme, quel idéalisme niais et si fortement lié aux gains du capitalisme, les États-Unis ont semé les graines dont ils récoltent aujourd’hui les fruits amers (d’ailleurs pas amers pour tout le monde, y compris à Washington D.C.). Si ce n’est de la prédestination, cela y ressemble, jusques et y compris dans l’entraînement vers un destin catastrophique pour les USA que suppose cette vaste opération ; après tout, c’est elle qui n’a cessé d’exercer une influence déstabilisatrice, directement et indirectement, aux USA même, à Washington D.C., en développant une corruption effrénée, en installant une communication tout à fait faussaire et en créant des événements relevant du simulacre pur et simple, en donnant à des organisations diverses dont la CIA est l’archétype des pouvoirs énormes et incontrôlables ; bref, en donnant les moyens opérationnels de faire entrer la postmodernité comme simulacre de réalité à la place de la vérité du monde.

 

 

mercredi, 31 mai 2017

Donald Trump’s unhappy NATO visit as US and Europe drift apart

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Donald Trump’s unhappy NATO visit as US and Europe drift apart

Ex: http://theduran.com 

European leaders annoyed by Trump's calls to increase defence spending, making NATO look too obviously like a protection racket.

Having been showered with compliments in Saudi Arabia and Israel, Donald Trump’s visit to Europe where he has met the US’s formal allies in the NATO and G7 formats, have gone unhappily.

 

Despite efforts on both sides to patch things up, it is impossible to avoid the sense that Trump and his erstwhile “allies” don’t like each other very much.  Not only has Trump had uncomfortable meetings with Merkel and Macron, and not only did his shoving aside the Prime Minister of Montenegro look like a snub, but I doubt that Trump himself realises how irritated most of his European allies are by his constant calls that they increase their defence spending.

These calls Trump made again during the summit and in blunt language and at extraordinary length

The NATO of the future must include a great focus on terrorism and immigration, as well as threats from Russia and on NATO’s eastern and southern borders.  These grave security concerns are the same reason that I have been very, very direct with Secretary Stoltenberg and members of the Alliance in saying that NATO members must finally contribute their fair share and meet their financial obligations, for 23 of the 28 member nations are still not paying what they should be paying and what they’re supposed to be paying for their defense.

This is not fair to the people and taxpayers of the United States.  And many of these nations owe massive amounts of money from past years and not paying in those past years.  Over the last eight years, the United States spent more on defense than all other NATO countries combined.  If all NATO members had spent just 2 percent of their GDP on defense last year, we would have had another $119 billion for our collective defense and for the financing of additional NATO reserves.

We should recognize that with these chronic underpayments and growing threats, even 2 percent of GDP is insufficient to close the gaps in modernizing, readiness, and the size of forces.  We have to make up for the many years lost.  Two percent is the bare minimum for confronting today’s very real and very vicious threats.  If NATO countries made their full and complete contributions, then NATO would be even stronger than it is today, especially from the threat of terrorism.

There is no doubt that Trump himself sincerely believes all this, and doubtless from his point it is obvious that it is simply unfair for the US to pay such a disproportionate amount of the Western alliance’s defence burden.

However the US’s NATO allies will have noticed that these words contain no reciprocal pledge from the US to ‘defend’ them come what may, and they are bound to see Trump’s calls for them to increase defence spending as a form of blackmail, implicitly threatening them that unless they increase their defence spending the US will stop ‘defending’ them.

A point which few Americans understand is that some European states – Germany being a case in point – anyway deliberately underspend on defence in the belief that if they spent more on defence the US might one day conclude that they no longer need to be “defended” by it.  For these states Trump’s calls that they spend more on defence sets this all on its head, calling their bluff in a way they particularly dislike.  It does not help that in Germany’s case Trump during their summit made further comments which all but accused Germany of taking the US for a ride on trade.

Beyond that there is the never expressed but always present doubt about what NATO is really for.

The USSR – the ostensible threat from which NATO was supposedly set up to defend Europe from – no longer exists, which begs the question of what NATO is really for, and from whom or what the NATO is actually “defending” Europe from, and what the purpose of all this extra spending really is.  By constantly harping on the subject Trump threatens to strip away the illusion that NATO is actually “defending” anyone from anything, and makes NATO look more like what it really is, which is a gigantic protection racket.

Needless to say that is not something the European members of NATO like to be reminded of.

The simple fact is that since the end of the Cold War the glue that has held the Western alliance together has become overtly ideological, with the members of the alliance seeing themselves as joint partners in an overtly ideological neoliberal enterprise.  When the leader of what is by far the most powerful state within NATO makes it perfectly clear that he has no belief in that enterprise, and insists on talking about money instead, that inevitably makes the others unhappy.

That more than anything else explains the unhappy mood music of this summit, which contrasts so strikingly with Trump’s far happier interactions with President Xi Jinping of China and Foreign Minister Lavrov of Russia.

This is a situation which in the history of the Western alliance has never existed before – of a US President interacting more happily with the alliance’s “enemies” than with its members.  Moreover so long as Donald Trump remains US President it is difficult to see how it can change.

 

Sur Brzezinski et notre élite apocalyptique

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Sur Brzezinski et notre élite apocalyptique

 
Auteur : Nicolas Bonnal
Ex: http://zejournal.mobi 
 

Le conseiller Ubu est mort, mais gageons que son œuvre luciférienne va lui survivre. Il meurt salué quand on profane (malmène, dit lemonde.fr) la tombe du Général de Gaulle.

Relisons l’interview où Zbig fait l’éloge de sa politique d’appui au terrorisme islamiste. Il se peut d’ailleurs que Zbig sache que ce terrorisme n’est pas islamique (islamique au sens saoudien, mais pas au sens musulman, islamique au sens américain, mais pas au sens guénonien) mais oxydental si j’ose dire, un bon moyen avec le réchauffement climatique et la fraude fiscale de célébrer la venue de l’Etat totalitaire qui les excite tous depuis les années 1780.

Le fait que les quatre plus grosses cotisations boursières relèvent de cet espionnage-emprisonnement des âmes et de cet argent dématérialisé (Google, Amazon, Facebook, Apple) ne doit pas nous étonner. Zbig avait fait l’éloge de la société technétronique, nous prévenait dans son livre de la vague de populisme qu’auraient à redouter (tu parles !) les élites cosmopolites – qui ne faisaient que reprendre le comportement du siècle des Lumières, qui lui aussi rêva d’automates. Sur les origines réelles de Zbig, et pour comprendre ses méthodes illuminées, lisez Charles Novak (1).

Voici donc la courte interview de Zbigniew Brzezinski parue dans Le Nouvel Observateur numéro 1732 du 15 janvier 1998 :

Le Nouvel Observateur : « L’ancien directeur de la CIA Robert Gates l’affirme dans ses Mémoires : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l’intervention soviétique. A l’époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité ; vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez? »

Zbigniew Brzezinski : « Oui. Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu’à présent, est toute autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques ».

Le Nouvel Observateur : « Malgré ce risque, vous étiez partisan de cette “covert action” [opération clandestine]. Mais peut-être même souhaitiez-vous cette entrée en guerre des Soviétiques et cherchiez-vous à la provoquer ? »

Zbigniew Brzezinski : « Ce n’est pas tout à fait cela. Nous n’avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu’ils le fassent.

Le Nouvel Observateur : « Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu’ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des Etats-Unis en Afghanistan, personne ne les a crus. Pourtant, il y avait un fond de vérité… Vous ne regrettez rien aujourd’hui ? »

Zbigniew Brzezinski : « Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j’ai écrit au président Carter, en substance : “Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam.” De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l’éclatement de l’empire soviétique ».

Le Nouvel Observateur : « Vous ne regrettez pas non plus d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? »

Zbigniew Brzezinski : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

Le Nouvel Observateur : « “Quelques excités”? Mais on le dit et on le répète: le fondamentalisme islamique représente aujourd’hui une menace mondiale ».

Zbigniew Brzezinski : « Sottises ! Il faudrait, dit-on, que l’Occident ait une politique globale à l’égard de l’islamisme. C’est stupide: il n’y a pas d’islamisme global. Regardons l’Islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C’est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu’y a-t-il de commun entre l’Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l’Egypte pro-occidentale ou l’Asie centrale sécularisée? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté… »

Un petit ajout : l’Europe centrale a perdu 10% de sa population depuis la fin du communisme. Le nombre d’enfants passa de deux à un en Allemagne de l’Est. L’Ukraine sombre démographiquement, et la Russie perdit dix millions d’âmes en vingt ans de chute du communisme. Le NYT vient de rappeler que le taux de natalité s’effondre en Grèce depuis la crise sauce mondialiste imposée par les Goldman-Merkel-Zbig. Le mondialisme est un cannibalisme postmoderne et fier de l’être !

Pour parler d’un énergumène comme ça (et la Pologne ubuesque et russophobe en a eu d’autres, voyez Retinger-Bilderbergs, voyez Tusk-Europe, descendant de soldat nazi),  il n’y aurait que Dante (Enfer, XXXII) :

« … tous deux d’un même lit, et tous deux si dignes de la fosse glacée, que tu fatiguerais de tes recherches le cercle de Caïn sans trouver leurs pareils ».

1) JACOB FRANK, LE FAUX MESSIE Déviance de la kabbale ou théorie du complot (L’Harmattan)

mardi, 30 mai 2017

Brzezinski: il Carl Schmitt americano e la sua idea di impero

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Brzezinski: il Carl Schmitt americano e la sua idea di impero

Ex: http://www.linterferenza.info 

Il teorico del liberal-imperialismo Zbigniew Brzezinski è stato il più importante ed insidioso teorico reazionario di tutta la seconda metà del XX secolo.

Brzezinski fu il vero ispiratore, creatore e finanziatore di Al Qaeda in funzione anti Urss; dietro il golpe neonazista in Ucraina e la destabilizzazione della Siria c’è sempre la sua lunga mano. Esponente del sionismo cosmopolita non ha mai accettato le avventure militariste di Israele; per lui lo Stato ‘’per soli ebrei’’ doveva limitarsi ad essere una portaerei degli Usa senza rallentare troppo il progetto imperialistico nord-americano che prevede la conquista dell’Eurasia. Per questa ragione gli Usa, con tutta probabilità, non avranno più uno stratega del suo calibro, i plutosionisti vanno dietro ad Israele ‘’come un mulo’’ senza guardare alla rapace borghesia statunitense tanto cara al cinico teorico polacco.

Per questo esperto (di destra) di geopolitica Russia e Cina, o meglio tutto il blocco capitalistico euroasiatico, doveva essere smembrato; l’arma per realizzare il progetto di ‘’tribalizzazione’’ era ( ed è ) il separatismo etnico e religioso. lIn cosa differisce la Dottrina Brzezinski dalla Dottrina Kissinger? Un articolo molto documentato, di qualche anno fa, pubblicato nel sito dello studioso Miguel Martinez, ce le illustra entrambe:

‘’Lo “scontro delle civiltà”, prima di essere un articolo o un libro, è un progetto che si colloca ben al di sopra di Huntington. è un vero e proprio “piano di guerra” messo a punto da un raggruppamento di potere tra le due sponde dell’Atlantico che fa capo all’Inghilterra. La sovraccoperta del libro mette in evidenza gli elogi di due esponenti di questo mondo: Henry Kissinger e Zbignew Brzezinski. Il primo promuove gli schemi geopolitici sin dalla sua tesi di laurea ad Harvard, «A World Restored» in cui elogiava la diplomazia dell’“equilibrio delle forze” che fu instaurata al Congresso di Vienna del 1815 dal ministro degli Esteri britannico lord Castlereagh e dal Cancelliere austriaco principe di Metternich. Dopo la laurea, negli anni Cinquanta, Kissinger si dedicò a costruire quella rete harvardiana nelle varie amministrazioni democratiche e repubblicane di cui oggi Huntington è una delle figure di primo piano. Huntington è stato addestrato a ripetere quello che diceva Kissinger. Un esempio è il suo articolo apparso sul numero di Survival di gennaio-febbraio 1991, quando Bush e la Thatcher scatenarono la guerra del Golfo. Su quella rivista del britannico International Institute for Strategic Studies (IISS) Huntington scriveva che la politica americana nei confronti dell’Eurasia deve avere come premessa le teorie geopolitiche di Mackinder e adottare lo stesso approccio seguito da lord Castlereagh al Congresso di Vienna del 1815.

Brzezinski, invece, quando nel 1976 divenne Consigliere di Sicurezza Nazionale sotto Jimmy Carter, sviluppò una sua teoria geopolitica chiamata “l’Arco di Crisi”. Calcolava che tutta l’ampia regione lungo il fianco meridionale dell’Unione Sovietica sarebbe stata percorsa da instabilità sempre più destabilizzanti (a causa del “fondamentalismo islamico” oppure di conflitti tribali e razziali), e che questo doveva essere geopoliticamente sfruttato come un’arma contro l’impero sovietico. Nel National Security Council diretto da Brzezinski l’incarico di direttore della pianificazione della sicurezza era affidato ad Huntington. Brzezinski e Huntington erano giunti nell’amministrazione Carter passando per la Commissione Trilaterale, un’organizzazione fondata e finanziata da David Rockefeller nel 1974. Nel 1975 Huntington aveva realizzato per la Trilaterale lo studio «The Crisis of Democracy» in cui sosteneva che il mantenimento delle democrazie rappresentative e delle istituzioni che hanno una base popolare non è più affatto facile e garantito in un’epoca in cui l’imposizione di misure di austerità “richiede” regimi post-democratici e non-democratici’’ 1

Nel 1996 Brzezinski fonda il Central Asia Institute presso la School of Advanced International Studies della John Hopkins University. I soldi per il progetto provenivano dalla Smith Richardson Foundation ed è la stessa centrale imperialistica che permise a Brzezinski di finanziare gli strateghi reazionari di Harward e Samuel Hungtinton, il teorico dello ‘’scontro di civiltà’’. Il potere di quest’uomo fu, a dir poco, enorme. Devo ricordare che Brzezinski ‘’è stato uno dei primi promotori della carriera di Madeleine Albright, attuale segretario di Stato USA ( l’articolo risale a qualche anno fa ), prima alla Columbia University poi, nel 1978, portandola con sé, insieme ad Huntington, nel Consiglio di Sicurezza Nazionale di Carter per affidarle l’incarico di collegamento con il Congresso USA’’. Brzezinski dichiarò che la democrazia capitalistica per funzionare ha bisogno dell’apatia delle masse; le elite, per tenere buono il ‘’popolino’’, devono ricorrere a quella che Platone chiamò la ‘’nobile menzogna’’ castrando le rivendicazioni di libertà e giustizia sociale. Il pensiero geopolitico sopra illustrato, invece, prende il nome di Arco della crisi e – come vedremo – verrà riproposto anche in Siria.

Il segretario del Partito comunista siriano Ammar Baghdash, lo scorso anno a Roma, ci ha parlato della strategia imperialistica Usa, la sua analisi – certamente di grande spessore – è stata puntualmente sintetizzata da Fabrizio Marchi nelle sue linee guida essenziali:

“A Partire dagli anni ’80 – ha spiegato Baghdash – è in corso un progetto di destabilizzazione di tutto il Medio oriente da parte degli USA di cui Brzezinski fu il principale ideologo. Questa “teoria” si fonda sull’idea che esiste un’ area, che va dall’Asia centrale fino alla Somalia che è di interesse strategico per gli USA. Nello stesso tempo però questa vasta area deve essere tenuta in uno stato di costante tensione. Tale progetto prevede la distruzione e la frammentazione degli stati nazionali in tante entità e “staterelli” su base etnica e confessionale. E’ così che sono state create “tre Somalie”, la stessa sorte è toccata all’Irak, la Jugoslavia è stata distrutta, l’Afghanistan è stato occupato e anche la Libia è stata aggredita e poi smembrata’’ 2

Questo non ha impedito a Brzezinski di consigliare ad Obama, nel 2009, in caso di aggressione imperialistica israeliana contro l’Iran, di ‘’colpire i jet israeliani’’ 3. Per questa mente diabolica i nemici erano Russia e Cina, gli Usa non potevano perdere tempo, armi e denaro dietro a Netanyahu. Il vero sionismo, secondo Brzezinski, è quello anglosassone, erede del colonialismo britannico; l’imperialismo di Tel Aviv può aspettare ( ma non aspetta ).

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Professore di Obama alla Columbia University, impegnato in tutto il mondo a diffondere il suo pensiero reazionario partendo da una prospettiva certamente superiore rispetto ai più ottusi sionisti, negli ultimi mesi sembrò avvicinarsi a Donald Trump. L’Europa non è più un insieme di Stati vassalli ma una alleata. Il marxista Michele Basso ci svela quest’ultimo inganno, l’ultimo tranello di Brzezinski, articolato, complesso e, come sempre, mai banale:

‘’Brzezinski ha cambiato il linguaggio, non chiama più gli europei vassalli, ha fatto passi avanti nell’ipocrisia, pur senza raggiungere i vertici di virtuosismo di Obama. Ma non ci caschiamo. Se B. meno di 20 anni fa ci chiamava vassalli, non è credibile se oggi ci chiama alleati. E, se leggiamo bene il suo progetto, sotto le espressioni più caute, si cela la vecchia arroganza imperiale. 


Il vecchio piano egemonico non è stato cestinato, ma solo aggiornato.
Brzezinski comincia con un tono biblico ed espone 5 verità: 
“”Mentre finisce la loro epoca di dominio globale, gli Stati Uniti devono prendere l’iniziativa per riallineare l’architettura del potere globale.” 


Pone cinque verità fondamentali:
La prima di queste verità è che gli Stati Uniti sono ancora l’entità politicamente, economicamente e militarmente più potente del mondo, ma, dati i complessi cambiamenti geopolitici negli equilibri regionali, non sono più la potenza imperiale globale.” (Towards a Global Realignment, Zbigniew Brzezinski, The American Interest) (1)
Non seguiremo B. sul Monte Sinai, ed esporremo in modo informale le sue posizione, con le critiche.


Sulla via del dominio USA, Brzezinski trova due ostacoli : la forza militare russa e la potenza economica cinese, per ora non ancora tradotta in potenza bellica. Una guerra mondiale sarebbe troppo pericolosa, e quindi bisogna addomesticare le due potenze, offrendo soluzioni, nell’ambito del consenso di Washington, mescolate a minacce. Non si tratta di trovare accordi tra grandi stati. Ad ognuna delle 2 potenze vengono fissati d’autorità un percorso e relative zone d’influenza. Quello di Brzezinski non è tanto un messaggio alla Russia e alla Cina, quanto piuttosto una traccia di programma per il governo degli Stati Uniti, un’indicazione su come conservare, sia pure in una forma diversa, l’egemonia mondiale’’ 4

L’imperialismo Usa ha devastato tre quarti della popolazione mondiale con guerre neocoloniali degne dei regimi nazifascisti; Brzezinski se ne va con i suoi libri, le sue ampie conoscenze geopolitiche, un’ abilità diplomatica senza pari e qualche milione di morti sulla coscienza. Fu russofobo, amico di Al Qaeda e degli speculatori senza scrupoli che spaccano la schiena ad intere nazioni ma – non possiamo negarlo – padroneggiava le strategie militari ed aveva una cultura sconfinata. Per dirla con Brecht, in altri tempi, a questo strano personaggio con gli occhi da lucertola, in tanti gli avrebbero riservato un buon muro e delle buone pallottole.

http://www.kelebekler.com/caimani/24.htm

http://www.linterferenza.info/esteri/fianco-del-popolo-si...

https://comedonchisciotte.org/brzezinski-obama-dovrebbe-a...

http://www.pane-rose.it/files/index.php?c3:o49221:m2

 

World in flames - the deadly legacy of Cold War warrior Brzezinski

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World in flames - the deadly legacy of Cold War warrior Brzezinski

by Neil Clark

Ex: https://www.rt.com

Neil Clark is a journalist, writer, broadcaster and blogger. He has written for many newspapers and magazines in the UK and other countries including The Guardian, Morning Star, Daily and Sunday Express, Mail on Sunday, Daily Mail, Daily Telegraph, New Statesman, The Spectator, The Week, and The American Conservative. He is a regular pundit on RT and has also appeared on BBC TV and radio, Sky News, Press TV and the Voice of Russia. He is the co-founder of the Campaign For Public Ownership @PublicOwnership. His award winning blog can be found at www.neilclark66.blogspot.com. He tweets on politics and world affairs @NeilClark66
 
How ironic that a major upsurge in violence in Afghanistan has coincided with the death of Zbigniew Brzezinski, the viscerally anti-Russian Cold War warrior and architect of the US policy of backing jihadists in the country to 'bleed' the Soviet Union.

On Saturday, the first day of Ramadan, 18 people were killed in a suicide blast close to a military base in Khost Province. Meanwhile, attacks by militants on the security forces in Badghis Province reportedly left 36 dead and many more wounded. On Friday, another blast killed ten civilians in Herat Province.

2017 has been a very bloody year for Afghanistan, with the UN Assistance Mission reporting more than 2,100 civilians were killed or injured between January and March.

None of this was mentioned when the establishment eulogies to Brzezinski started pouring in.

I was one of several presidents who benefited from his wisdom and counsel,” said Barack Obama.

Former Presidents George H.W. Bush and Jimmy Carter also paid generous tributes. But while our condolences go out to Brzezinski’s family and friends at this difficult time, any objective assessment of what ‘Zbig’ actually achieved as US National Security Advisor would have to conclude that his influence was disastrous not just for the people of Afghanistan, but for the world as a whole. Put simply; the world would now be a much safer place if Brzezinski had used his considerable intellectual skills in pursuits other than global politics.

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Zbig's obsession in the late 1970s was with giving the Soviet Union their own Vietnam. Appointed President Carter’s National Security Advisor in 1977 Brzezinski found himself at loggerheads with Secretary of State Cyrus Vance, a man of peace who genuinely wanted to strengthen detente with Moscow.

Brzezinski’s anti-Soviet strategy was two-fold. Firstly, to aggressively promote the issue of human rights, the so-called ‘third basket’ of the 1975 Helsinki Accords, as a means of destabilizing the eastern bloc.

Brzezinski recognized the political advantage to be had from the human rights issue, for it put pressure on the Soviet Union and rallied opposition to Moscow,” said Jeremy Isaacs and Taylor Downing in their book Cold War. But there was great hypocrisy at play here, as ‘Zbig’ was quite happy to work with governments whose human rights records were far worse than that of the Soviet Union’s to achieve his objectives.

The second strand of his strategy was to try to entice the Kremlin to send troops into Afghanistan.

To understand how Afghanistan became a new and crucial front in the Cold War we have to go back to the summer of 1973. King Mohammed Zahir Shah, who had governed the country since 1933, was deposed by his cousin Mohammed Daoud Khan with the help of Afghan communists. Daoud though continued his country’s non-aligned policy and liked to say by way of illustration that he was “ready to light his American cigarettes with Russian matches.

However, the government in Kabul was increasingly courted by the US and tempted with offers of aid. Daoud banned the communist People’s Democratic Party of Afghanistan and dismissed Soviet-trained army officers. The result was the so-called ‘Saur Revolution,’ which brought the pro-Soviet Nur Muhammad Taraki to power in April 1978.

The left-wing government initiated reforms of land ownership and encouraged women to join literacy classes alongside men,” record Isaacs and Downing.

Eurasian chessboard & total surveillance: 10 quotes by the late Zbigniew https://on.rt.com/8cvs 

Hardline Islamic clerics weren’t too happy and religious opposition to the left-wing government grew. Brzezinski saw a great opportunity to back the anti-government Mujahedeen or ‘Soldiers of God.' It’s a commonly held, but erroneous view, that the US only started to support the fundamentalist ‘rebels’ after the Soviet tanks had rolled into Kabul at Christmas 1979.

In fact, US financial assistance for anti-government forces had begun BEFORE the invasion- and was expressly designed to provoke a Soviet military response. In 1998 Brzezinski admitted that he had got President Carter to sign the first order for secret aid to ‘rebels’ in July 1979 a full five months before the Soviets intervened.

I wrote a note to the president in which I explained to him that in my opinion, this aid was going to induce a Soviet military intervention,” Brzezinski said. Even before that, US officials had been meeting with ‘rebel’ leaders. While in 1977 Zbig had set up the Nationalities Working Group - whose goal was to weaken the Soviet Union by stirring up ethnic and religious tensions.

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The Kremlin was faced with a terrible dilemma. It was damned if it did intervene to help the beleaguered Afghan government, and damned if it didn’t. There was a fear Islamic fundamentalism if prevailing in Afghanistan after the Islamic Revolution in Iran, could spread to the Soviet Union itself and on top of this NATO had agreed to site Pershing and Cruise missiles in Europe.

But still the Kremlin, perhaps suspecting a trap was being set for them, was reluctant to commit ground troops. Taraki pleaded with Moscow for more assistance and visited the Kremlin in September 1979. But not long afterward Taraki himself was toppled (and killed by suffocation with pillows) with his Prime Minister Hafizullah Amin, taking over as president. Moscow believed that Amin was getting ready to pivot toward the west.

The Kremlin finally decided to act, even though there was still opposition from within the Politburo. On 24th December 1979, Brzezinski got the Christmas present from ‘Santa’ Brezhnev that he had long wanted. “The day that the Soviets officially crossed the border, I wrote to President Carter, essentially: ‘We now have the opportunity of giving to the USSR its Vietnam War,'” he later admitted. Cyrus Vance urged a diplomatic solution, but unfortunately, Carter listened to Zbig. 

The national security advisor flew to Pakistan in early 1980 and posed, two years before the first Rambo film, for photographs holding a Chinese-made machine gun at the Khyber Pass. “Your cause is right, and God is on your side,” he told the assembled holy warriors.

Over the next decade, billions of dollars of aid and weaponry from the US and their allies poured in for the Islamist rebels, euphemistically labeled ‘freedom fighters.'

In 1982, Ronald Reagan even dedicated the Space Shuttle Columbia to the anti-government fighters.

The struggle of the Afghan people represents man’s highest aspiration for freedom,” the President declared

It wasn’t just Afghan ‘rebels’ who were fighting against the socialist government in Kabul. Encouraged and equipped by the US and their allies, between 25,000 and 80,000 fighters came in from other countries.

Hawks in Washington, following Brzezinski’s anti-Moscow lead, did all they could to prevent a diplomatic solution to the conflict. The aim, to use Zbig’s phrase, was to “make the Soviets bleed as much and as long as is possible.

Mikhail Gorbachev’s warnings about the dangers of Islamic fundamentalism and a hardliner takeover of Afghanistan having far-reaching global consequences went unheeded. The Taliban and Al-Qaeda grew out of the Mujahedeen and then many years later, the US led an invasion of Afghanistan to try and get rid of the Taliban. But the Taliban is still there (as is ISIS and Al-Qaeda) and has just launched a deadly new spring offensive.

Afghanistan has known nothing but war these last forty or so years and Brzezinski’s desire to give the Soviet Union “its Vietnam War” has an awful lot to do with it.

Not only that but his strategy of backing jihadists to destabilize and help bring down secular, socialistic governments friendly to the Soviet Union or Russia has been copied in other countries, such as Libya and Syria with such devastating consequences nationally and internationally.

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Not that the ‘great man’ showed any remorse for what he had done. Far from it. In 1998 he was asked: “Do you regret having supported Islamic fundamentalism, which has given arms and advice to future terrorists?” Brzezinski replied: “What was more important to the history of the world? The Taliban or the collapse of the Soviet empire? Some agitated Muslims or the liberation of Central Europe and the end of the Cold War?

When his interviewer then countered with “Some agitated Moslems”? But it has been said and repeated: Islamic fundamentalism represents a world menace today, Brzezinski’s response was to say ‘Nonsense.'

In 2008 when he was asked again about his Afghanistan policies Brzezinski saidI would not hesitate to do it again.” When we look back at the disagreements in 1979 and 1980 between Zbig and the more cautious Cyrus Vance, who labeled Brzezinski “evil” time has surely shown us who was right and who was wrong. If only Vance and not the too-clever-by-half academic had prevailed.

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The statements, views and opinions expressed in this column are solely those of the author and do not necessarily represent those of RT.

lundi, 29 mai 2017

The Real Story of Zbigniew Brzezinski That the Media Isn’t Telling

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The Real Story of Zbigniew Brzezinski That the Media Isn’t Telling 

by

(ANTIMEDIA) Zbigniew Brzezinski, former national security advisor to President Jimmy Carter, died Friday at a hospital in Virginia at the age of 89. Though the New York Times acknowledged that the former government advisor was a “hawkish strategic theorist,” misrepresenting his legacy as one of otherwise infinite positivity may not be as easy as the establishment might like to think.

As the United Kingdom plays around with levels of the so-called “terror threat” following a devastating attack by an ISIS-inspired individual — and as the Philippines goes into an almost complete state of martial law following ISIS-inspired destruction — Brzezinski’s timely death serves as a reminder to seek a deeper understanding of where modern terrorism originated in the first place.

As the New York Times explains, Brzezinski’s “rigid hatred of the Soviet Union” guided much of America’s foreign policy “for better or worse.” From the Times:

“He supported billions in military aid for Islamic militants fighting invading Soviet troops in Afghanistan. He tacitly encouraged China to continue backing the murderous regime of Pol Pot in Cambodia, lest the Soviet-backed Vietnamese take over that country.[emphasis added]

While it is progressive of the New York Times to note Brzezinski’s support for Islamic militants, downplaying the effect of his vindictive foreign policy agenda with a mere sentence does an injustice to the true horror behind Brzezinski’s policies.

Because a 1973 coup in Afghanistan had installed a new secular government that was leaning towards the Soviets, the U.S.  endeavored to undermine this new government by organizing multiple coup attempts through America’s lackey states, Pakistan and Iran (the latter was under the control of the U.S.-backed Shah at the time.) In July 1979, Brzezinski officially authorized aid to the mujahideen rebels in Afghanistan to be delivered through the CIA’s program “Operation Cyclone.”

Many people defend America’s decision to arm the mujahideen in Afghanistan because they believe it was necessary to defend the country and the wider region from Soviet aggression. However, Brzesinski’s own statements directly contradict this rationale. In a 1998 interview, Brzezinski admitted that in conducting this operation, the Carter administration had “knowingly increased the probability” that the Soviets would intervene militarily (suggesting they began arming the Islamist factions before the Soviets invaded, making the rationale redundant since there was no invasion Afghanistan freedom fighters needed to repel at the time). Brzezinski then stated:

Regret what? That secret operation was an excellent idea. It had the effect of drawing the Russians into the Afghan trap and you want me to regret it? The day that the Soviets officially crossed the border, I wrote to President Carter: We now have the opportunity of giving to the USSR its Vietnam war.”

This statement went further than merely boasting at the instigation of war and the ultimate collapse of the Soviet Union. In his memoir, entitled “From the Shadows,” Robert Gates — former CIA director under Ronald Reagan and George H.W. Bush and secretary of defense under both George W. Bush and Barack Obama — directly confirmed this covert operation began six months prior to the Soviet invasion with the actual intention of luring the Soviets into a Vietnam-style quagmire.

Brzezinski knew exactly what he was doing. The Soviets were then bogged down in Afghanistan for approximately ten years, fighting an endless supply of American-supplied weapons and trained fighters. At the time, the media even went so far as to laud Osama bin Laden — one of the most influential figures in Brzezinski’s covert operation. We all know how that story ended.

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Even with full knowledge of what his CIA-funded creation had become, in 1998 Brzezinski stated the following to his interviewers:

“What is most important to the history of the world? The Taliban or the collapse of the Soviet empire? Some stirred-up Moslems or the liberation of Central Europe and the end of the cold war?”

The interviewer at the time, refusing to allow this answer to pass, retorted:

“Some stirred-up Moslems? But it has been said and repeated: Islamic fundamentalism represents a world menace today.”

Brzezinski dismissed this statement outright, replying: “Nonsense!”

This occurred back when the journalists asked government officials pressing questions, a rare occurrence today.

Brzezinski’s support for these radical elements led directly to the formation of al-Qaeda, which literally translates to “the base,” as it was the base in which to launch the repulsion of the anticipated Soviet invasion. It also led to the creation of the Taliban, a deadly entity currently deadlocked in an endless battle with NATO forces.

Further, despite Brzezinski’s statements, which attempt to depict a lasting defeat of the Russian empire, the truth is that for Brzezinski, the cold war never ended. Though he was a critic of the 2003 invasion of Iraq, Brzezinski’s stranglehold over American foreign policy continued right up until his death.

It is no coincidence that in Syria, the Obama administration deployed an Afghanistan-quagmire-type strategy toward another Russian ally — Assad in Syria. A cable leaked by Wikileaks dated December 2006 — authored by William Roebuck, who was chargé d’affaires at the US embassy in Damascus at the time — stated:

“We believe Bashar’s weaknesses are in how he chooses to react to looming issues, both perceived and real, such as the conflict between economic reform steps (however limited) and entrenched, corrupt forces, the Kurdish question, and the potential threat to the regime from the increasing presence of transiting Islamist extremists. This cable summarizes our assessment of these vulnerabilities and suggests that there may be actions, statements, and signals that the USG can send that will improve the likelihood of such opportunities arising.” [emphasis added]

Much like Operation Cyclone, under Barack Obama, the CIA was spending approximately $1 billion a year training Syrian rebels (to engage in terrorist tactics, nonetheless). The majority of these rebels share ISIS’ core ideology and have the express aim of establishing Sharia law in Syria.

Just like in Afghanistan, the Syrian war formally drew in Russia in 2015, and Brzezinski’s legacy was kept alive through Obama’s direct warning to Russia’s Vladimir Putin that he was leading Russia into another Afghanistan-style quagmire.

So where might Obama have gotten this Brzezinski-authored playbook from, plunging Syria further into a horrifying six-year-long war that has, again, drawn in a major nuclear power in a conflict rife with war crimes and crimes against humanity?

The answer: from Brzezinski himself. According to Obama, Brzezinski is a personal mentor of his, an “outstanding friend” from whom he has learned immensely. In light of this knowledge, is it any surprise that we saw so many conflicts erupt out of nowhere during Obama’s presidency?

On  February 7, 2014, the BBC published a transcript of a bugged phone conversation between Assistant Secretary of State Victoria Nuland and the U.S. Ambassador to Ukraine, Geoffrey Pyatt. In that phone call, the representatives were discussing who they wanted to place in the Ukrainian government following a coup that ousted Russian-aligned president Viktor Yanukovych.

Lo and behold, Brzezinski himself advocated taking over Ukraine in his 1998 book, The Grand Chessboard, stating Ukraine was “a new and important space on the Eurasian chessboard…a geopolitical pivot because its very existence as an independent country (means) Russia ceases to be a Eurasian empire.” Brzezinski warned against allowing Russia to control Ukraine because “Russia automatically again regains the wherewithal to become a powerful imperial state, spanning Europe and Asia.”

Following Obama, Donald Trump came into office with a completely different mentality, willing to work with Russia and the Syrian government in combatting ISIS. Unsurprisingly, Brzezinski did not support Trump’s bid for the presidency and believed Trump’s foreign policy ideas lacked coherence.

All that being said, just last year Brzezinski appeared to have changed his stance on global affairs and instead began to advocate a “global realignment” — a redistribution of global power — in light of the fact that the U.S. is no longer the global imperial power it once was. However, he still seemed to indicate that without America’s global leadership role, the result would be “global chaos,” so it seemed unlikely his change in perception was rooted in any actual meaningful change on the geopolitical chessboard.

Further, the CIA’s very existence relies on the idea of a Russian threat, as has been evidenced by the agency’s complete assault on the Trump administration whenever it appears détente is possible with the former Soviet Union.

Brzezinski died safely in a hospital bed, unlike the millions of displaced and murdered civilians who were pawns in Brzezinski’s twisted, geopolitical chess games of blood and lunacy. His legacy is one of militant jihadism, the formation of al-Qaeda, the most devastating attack on U.S. soil by a foreign entity in our recent history, and the complete denigration of Russia as an everlasting adversary with which peace cannot — and should not — ever be attained.

Des missionnaires aux mercenaires

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Aurélie Piau. — « Le Sacré Pouvoir d’H A », 2011
aurelie-piau.blogspot.fr

C’est au sein du programme « Young Leaders » de la French-American Foundation que le nouveau premier ministre, Édouard Philippe, a rencontré Emmanuel Macron en 2012, comme le raconte l’un de ses adjoints à la mairie du Havre à Ouest France (15 mai). Après avoir été directeur des affaires publiques d’Areva au moment où l’entreprise concluait d’étranges affaires en Afrique, le nouveau locataire de Matignon participait, comme le président, au séminaire de deux ans organisé depuis 1981 par la fondation privée, où une douzaine de jeunes Français côtoient les élites américaines de la même classe d’âge.

Des missionnaires aux mercenaires

Quel fil peut bien relier les ministres ou anciens ministres Emmanuel Macron, Fleur Pellerin et Najat Vallaud-Belkacem, la présidente du conseil régional d’Île-de-France Valérie Pécresse, les journalistes Jean-Marie Colombani et Christine Ockrent, l’homme d’affaires Alain Minc, le banquier Matthieu Pigasse (l’un des propriétaires du Monde SA) ou encore l’ancien premier ministre Alain Juppé ? Tous ont effectué un passage par la French-American Foundation dans le cadre de son programme « Young Leaders ». Tout comme cinq cents autres personnalités françaises, parmi lesquelles le président François Hollande lui-même.

Depuis 1981, cette fondation privée organise des séminaires de deux ans où une douzaine de jeunes Français côtoient les élites américaines de la même classe d’âge. Officiellement, l’objectif est de favoriser le dialogue franco-américain. En réalité, il s’agit de bien faire comprendre aux futurs décideurs français — entrepreneurs, responsables politiques, journalistes — les bienfaits de la mondialisation à l’anglo-saxonne. Certes, on constatera ultérieurement que, ici ou là, l’opération de séduction a échoué (avec M. Nicolas Dupont-Aignan, par exemple). Mais, dans l’ensemble, ces jeunes gens effectueront une brillante carrière au sein des structures de pouvoir et dans les affaires. Des personnalités qui ne feront pas dans l’antiaméricanisme…

Ce programme est révélateur de la stratégie d’influence des États-Unis. Celle-ci s’exerce de manière encore plus spectaculaire à travers le pantouflage des élites, notamment européennes, dans de grandes entreprises américaines. Dernier exemple en date — ô combien symbolique : la décision de M. José Manuel Barroso de rejoindre la banque Goldman Sachs. L’ancien président de la Commission européenne va mettre son expérience et son carnet d’adresses — où figurent notamment tous les dirigeants politiques de l’Union — au service de ce prestigieux établissement… qui a participé au maquillage des comptes de la Grèce pour lui faire intégrer l’euro.

M. Barroso n’est pas le seul commissaire à se reconvertir dans des fonctions lucratives : ce fut le cas récemment de Mme Neelie Kroes (Bank of America) et de M. Karel De Gucht, négociateur et thuriféraire du grand marché transatlantique (CVC Partners). M. Mario Draghi est, quant à lui, directement passé de Goldman Sachs à la présidence de la Banque d’Italie, puis à celle de la Banque centrale européenne (BCE) (1).

Ces allers-retours entre public et privé relèvent de pratiques courantes aux États-Unis. Sous la présidence de M. William Clinton, les instigateurs de l’abrogation — réclamée par Wall Street — du Glass-Steagall Act de 1933, qui séparait banques de dépôt et banques d’affaires, se sont facilement reconvertis dans de grands établissements financiers. Le big business sait récompenser ceux qui l’ont bien servi. À la tête de la Réserve fédérale (FED) de 2006 à 2014, M. Ben Bernanke a favorisé la création monétaire au profit des acteurs financiers en déversant 8 000 milliards de dollars dans l’économie au nom du sauvetage des banques. En 2015, il a intégré Citadel, l’un des principaux fonds d’investissement du pays. La même année, M. Timothy Geithner, l’un des protégés de M. Clinton, ancien secrétaire au Trésor de M. Barack Obama, a rejoint Warburg Pincus, un grand fonds d’investissement.

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Le monde des affaires sait aussi miser sur ceux qui, demain, pourront faire prévaloir ses intérêts, lui ouvrir les portes des administrations, relayer son discours. Aux États-Unis, bien sûr, mais aussi dans le reste du monde. Cette stratégie permet de rendre désuet le recours aux pots-de-vin et autres enveloppes. Plus besoin de corrompre ! Fini aussi le chantage direct, les menaces, pour obtenir un marché ou des renseignements. On fait désormais dans le soft power, le lobbying.

Le coup d’envoi en France de cette stratégie de l’influence, que d’aucuns pourraient qualifier de trafic d’influence, a été donné en 1986 lorsque Simon Nora, figure tutélaire et emblématique de la haute administration, a intégré à 65 ans la banque d’affaires Shearson Lehman Brothers, devenue par la suite Lehman Brothers. Au cours de la décennie 1990, la mondialisation a accéléré le pantouflage. Désormais, les grands établissements financiers américains, qui veulent pénétrer le marché français et européen, font leurs emplettes au sein de l’élite hexagonale. Toute une génération d’énarques et d’inspecteurs des finances approche de l’âge de la retraite. Leur salaire en tant que hauts fonctionnaires, dirigeants de banques hier nationalisées ou de grandes entreprises, pour être correct, n’avait cependant rien à voir avec ceux pratiqués outre-Atlantique. Banques et fonds d’investissement leur font miroiter la perspective de gagner en quelques années autant que durant toute leur carrière passée. Tentant ! D’autant qu’ils éprouvent le sentiment d’aller dans le sens de l’histoire.

C’est ainsi qu’en 1989 Jacques Mayoux, lorsqu’il était fonctionnaire, président de la Société générale, est devenu le représentant de Goldman Sachs à Paris. Il a été suivi de beaucoup d’autres. À commencer par M. Philippe Lagayette, ancien directeur de cabinet de M. Jacques Delors lorsqu’il était ministre de l’économie, des finances et du budget, ancien directeur général de la Caisse des dépôts, qui rejoignit JP Morgan en 1998. Les énarques dits « de gauche » ne sont pas les derniers à succomber aux sirènes de ce capitalisme de connivence. Ces personnalités sont choisies et touchent de confortables honoraires pour ouvrir les portes et pour faciliter les fusions et les rachats d’entreprises françaises que lanceront les banques.

Au fil des ans, des centaines de sociétés sont passées de main en main par le biais d’achats à effet de levier (leverage buy-out ou LBO). Chaque fois, les banques d’affaires touchent une commission, leurs dirigeants français ayant bien mérité leurs émoluments. Peu importe, finalement, que la France se désindustrialise, que les salariés soient licenciés pour accroître le rendement du capital, que les déficits commerciaux se creusent. L’essentiel n’est-il pas de saisir la vague de cette finance triomphante ? Hier, ou plutôt avant-hier, les fonctionnaires issus des grands corps de l’État — s’ils pantouflaient déja — s’estimaient investis d’une mission : ils servaient la nation. À partir des années 1990, les mentalités changent. La mondialisation a transformé les missionnaires en mercenaires. Le capitalisme débridé a remplacé le capitalisme d’État.

Ce mouvement s’est amplifié au fil des ans. En 2004, M. Charles de Croisset, ancien président du Crédit commercial de France (CCF), a marché dans les traces de Mayoux en devenant conseiller international chez Goldman Sachs et vice-président de Goldman Sachs Europe. Les branches françaises des cinq grandes banques d’investissement américaines sont toutes dirigées par un énarque (2). M. Jean-François Cirelli, ex-dirigeant de Gaz de France et d’Engie, ancien membre du cabinet du président Jacques Chirac, vient de rejoindre la filiale pour la France et le Benelux de BlackRock. Peu connu du grand public, ce fonds est le premier gestionnaire d’actifs du monde (5 000 milliards de dollars).

Tout aussi symbolique est le parcours de Mme Clara Gaymard. Cette énarque, épouse de M. Hervé Gaymard, ministre de M. Chirac, avait été nommée en 2003 déléguée aux investissements internationaux. De quoi étoffer son carnet d’adresses, l’un des plus fournis de l’énarchie. En 2006, General Electric (GE) lui proposa de prendre la tête de son antenne France, puis la vice-présidence de GE International, l’entité chargée des grands comptes et des relations avec le gouvernement. Elle a servi d’intermédiaire lors du rachat par GE de la division énergie d’Alstom, au printemps 2014. Une fois l’opération achevée, le président du groupe, M. Jeffrey R. Immelt, s’est séparé d’elle brusquement, mais, soyons-en sûrs, avec de bonnes compensations. Pendant dix ans, Mme Gaymard a été l’un des relais essentiels de l’influence américaine en France : membre de la Trilatérale (3), présidente de la Chambre américaine de commerce, membre du conseil d’administration de la French-American Foundation.

Proposer de belles fins de carrière aux seniors, miser sur quelques personnages-clés dans le Tout-Paris médiatico-politique, investir dans de jeunes cadres prometteurs : tels sont les axes de ce soft power qui s’exerce aux quatre coins de la planète. Cet investissement dans la jeunesse se retrouve dans le cas d’Alstom : à la demande du gouvernement français, GE a promis de créer 1 000 emplois nets en France sur trois ans. Mais le groupe s’est au passage engagé à recruter 240 jeunes de haut niveau à la sortie des grandes écoles pour ses « programmes de leadership ». Ces derniers se verront proposer une carrière accélérée chez GE, aux États-Unis et dans le reste du monde. Une opération fort habile de captation des cerveaux ; une manière aussi de vider un peu plus la France de ses forces vives.

Car l’expatriation des capitaux s’accompagne désormais d’un exode des jeunes diplômés vers les États-Unis, mais aussi vers Londres, Singapour ou ailleurs. Ce sont bien souvent les enfants de cette nouvelle caste de managers mercenaires, les relations des parents aidant à leur trouver des postes intéressants dans les multinationales. Dans ce monde globalisé, les élites françaises ont adopté les mêmes comportements et les mêmes ambitions que leurs homologues américaines.

Jean-Michel Quatrepoint

Journaliste ; auteur notamment d’Alstom, scandale d’État, Fayard, Paris, 2015. 

(1) Lire Vicky Cann, « De si confortables pantoufles bruxelloises », Le Monde diplomatique, septembre 2015.

(2) Cf. Jean-Pierre Robin, « Créer son fonds d’investissement, ainsi font font font les petites marionnettes », Le Figaro, Paris, 17 octobre 2016.

(3) Créée en 1973 par M. David Rockefeller, la Commission trilatérale a pour but de resserrer les liens entre les États-Unis, l’Europe et le Japon. Lire Diana Johnstone, « Une stratégie “trilatérale” », Le Monde diplomatique, novembre 1976.

Article mis à jour le 20 janvier 2017 : Jacques Mayoux n’est pas le père de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

« Le grand échiquier » de Zbigniew Brzezinski

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« Le grand échiquier » de Zbigniew Brzezinski

par Philippe Raggi

Ex: http://www.polemia.com 

L’œil américain sur l’échiquier mondial.

♦ Il est toujours bon de rappeler certaines choses, même si celles-ci furent dites il n’y a pas si longtemps de cela ; n’est-ce pas un des premiers principes pédagogiques ?
Ainsi, les propos de Zbigniew Brzezinski peuvent-ils prendre aujourd’hui peut-être davantage de reliefs, de couleurs, quatorze ans après la publication française de son ouvrage intitulé Le grand échiquier paru chez Fayard.

Très proche de l’exécutif américain, ancien conseiller à la sécurité de la présidence des Etats-Unis, expert fort écouté du Center for Strategic and International Studies, membre du très influent Counsil on Foreign Relations, Zbigniew Brzezinski est loin d’être un personnage de second rang. Quelques années après le médiatique « Clash of civilisations » de Samuel P. Huntington, où développant le concept d’Occident cet auteur désignait les adversaires des Etats-Unis et l’importance du bloc islamo-confuséen, et où le paradigme de l’après guerre froide devenait le choc des civilisations, Brzezinski faisait paraître The grand chessboard. Cet ouvrage est un examen sérieux de géopolitique mondiale, et trace les objectifs stratégiques des Etats-Unis pour les prochaines décennies.

Dès l’introduction, nous sommes renseignés sur la portée de l’ouvrage ; il ne s’agit pas d’un énième travail de géostratégie présentant les forces, les interactions, les évolutions, les constantes du monde contemporain, mais bien d’une vision de géostratégie s’inscrivant dans une eschatologie terrifiante. Le but est clair : asseoir et renforcer le rôle dominant des Etats-Unis comme première puissance mondiale ; pour cela, nous dit Brzezinski, il faut à tout prix empêcher l’émergence d’une puissance sur le continent eurasien capable de rivaliser avec les Etats-Unis. En effet, nous dit-il, celui qui tiendrait ce continent serait le maître du monde ; Hitler et Staline, qui l’avaient compris, s’y sont d’ailleurs essayés dans le passé mais sans succès. Les Etats-Unis doivent veiller au respect légitime de la primauté américaine sur cette Eurasie, car ses objectifs sont « généreux ». Ainsi, dans cette logique implacable, défier l’Amérique serait agir contre « les intérêts fondamentaux de l’humanité ». Tout est dit.

Dans le premier chapitre, nous est brossé le tableau de l’évolution de la puissance américaine depuis 1898 (guerre contre l’Espagne) jusqu’à son état actuel de première puissance mondiale. Nous y voyons cette attitude anti-européenne constitutive de la création des Etats-Unis : cette Europe aux « privilèges archaïques et aux hiérarchies sociales rigides ». La première irruption des Etats-Unis dans la géopolitique européenne n’est pas abordée du point de vue de ses portées réelles, meurtrières (les quatorze points de Wilson portant en germe les conflits européens à venir), mais sous l’angle du formidable idéalisme américain allié à une puissance militaire, économique sans précédent qui font que ses principes sont pris en compte dans la recherche de solutions aux problèmes européens ; le nouvel acteur de l’arène internationale fait valoir sa vision du monde.

La fin de la seconde guerre mondiale fait émerger un monde bipolaire, et le temps de la guerre froide voit se mettre en place des enjeux géopolitiques clairement définis : les Etats-Unis contre l’Eurasie (URSS), avec le monde comme enjeu. Avec l’effondrement et l’éclatement de l’Union Soviétique, les Etats-Unis deviennent, nous dit Brzezinski, « la première puissance globale de l’histoire ». Le parallèle avec Rome est vite amené, et nous apprenons que Rome (empire simplement régional) est même dépassée.

L’auteur établit ensuite la liste des empires ayant eu une aspiration à la domination mondiale ; il y en a eu trois : l’empire romain, la Chine impériale et l’empire mongol. Parmi ces trois, seul l’empire mongol approche la définition moderne de puissance mondiale, nous dit Brzezinski ; seul cet empire peut être comparé aux Etats-Unis d’aujourd’hui. Mais, après deux siècles d’existence (du XIIIème au XVème siècle), cet empire disparaissait sans laisser de traces ; ce qui devrait faire réfléchir d’avantage l’auteur.

L’Europe devient ensuite le foyer de la puissance globale et le lieu où se déroule les luttes pour l’acquérir, sans toutefois être dominé par un Etat en particulier. Brzezinski note que la France en premier lieu (jusqu’en 1815), puis la Grande-Bretagne (jusqu’en 1914) ont eu leur période de prééminence. Mais, aucun de ces empires n’a vraiment été global. Le fait que les Etats-Unis se soient élevés au rang de puissance globale est, lit-on, unique dans l’histoire. Ce pays a un appareil militaire qui est le seul à avoir un rayon d’action global.

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Cette prééminence fait de l’ombre à la Russie et à la Chine ; néanmoins, le retard technologique de ces deux pays fait qu’ils n’ont pas de politique significative sur le plan mondial. Dans les quatre domaines clés (militaire, économique, technologique et culturel) les Etats-Unis sont dominants, et ceci lui confère la position de seule superpuissance globale.

Brzezinski développe ensuite ce « système global » propre aux Etats-Unis. La puissance globale des Etats-Unis viendrait d’une part du pluralisme de sa société et d’autre part de son système politique. Incidemment, nous apprenons que par le passé les Européens, dans leurs visées impériales, n’ont été que des « aventuriers ». Autre élément de ce système : les idéaux démocratiques sont aujourd’hui identifiés dans le monde comme issus de la tradition politique américaine ; les Etats-Unis sont devenus Le modèle incontournable. La doctrine américaine, « mélange actif » d’idéalisme et d’égoïsme, est le seul qui prévaut; bien entendu ceci pour le plus grand profit de tous.

Mais cette suprématie américaine repose également, apprend t-on, sur un système élaboré d’alliances couvrant la planète. L’OTAN, l’APEC, le FMI, l’OMC, etc. (dans lesquels les Etats-Unis ont un rôle prépondérant, sinon directif) constituent un réseau mondial actif et incontournable dans la constitution et la conservation de la puissance globale américaine. Et les Etats-Unis se doivent de conserver cette position d’hégémonie globale sans précédent ; il y aurait comme une « mission » confiée à ce pays. Il lui faut impérativement prévenir toute émergence de rivaux, maintenir le statu quo ; ceci au nom du bien être de l’humanité, bien entendu.

De nouveau, dans le second chapitre, et avec la même logique utilisé par l’auteur dans l’introduction, on apprend que le maintien de la prééminence des Etats-Unis dans le monde va de pair avec la paix dans le monde. L’enjeu est l’Eurasie, nous dit Brzezinski ; C’est l’Eurasie qui est « l’échiquier », c’est là que se déroule le jeu pour la domination mondiale. Apparaît alors la phobie des Etats-Unis : une éventuelle unité politique de l’Eurasie. Et l’auteur d’établir l’univers des possibles, la recension des différents cas de figures qui feraient que les Etats-Unis seraient en position d’affaiblissement ; nous apprenons que l’hégémonie américaine est superficielle, et qu’elle ne passe pas par un contrôle direct sur le monde. C’est ce qui distinguerait l’Amérique des empires du passé. De plus, toujours dans les faiblesses du « géant », il y a le fait que le système de la démocratie « exclu toute mobilisation impériale » ; mais on peut en douter justement par ces moyens d’alliances et de coalitions très « incitatifs » mis en place. Nous sommes également surpris dans la vision que Brzezinski prête aux Américains face à leur statut de superpuissance mondiale sans rivale : ils ne considèreraient pas que ce statut leur confère des avantages particuliers. Les faits prouveraient plutôt autre chose.

Nous abordons plus loin les thèmes de la géostratégie et de la géopolitique. Sans surprise, nous apprenons que la géographie prédestine les priorités immédiates des pays ; nous le savions depuis au moins Napoléon. Halford J. Mackinder au début du siècle avait tracé déjà ce que nous avions vu plus haut développé par Brzezinski, à savoir que « qui gouverne l’Europe de l’Est domine le heartland, qui gouverne le heartland domine l’île-monde, et qui gouverne l’île-monde domine le monde » (le heartland étant le cœur continental). L’Amérique suit donc cette voie pour parvenir au maintien de son rang.

Suit une analyse des principaux acteurs et une reconnaissance appropriée du terrain. Les Etats eurasiens possédant une réelle dynamique géostratégique gênent les Etats-Unis, il s’agit donc pour ces derniers de formuler des politiques spécifiques pour contrebalancer cet état de fait. Ceci peut se faire par trois grands impératifs : « éviter les collusions entre vassaux et les maintenir dans l’état de dépendance que justifie leur sécurité ; cultiver la docilité des sujets protégés ; empêcher les barbares de former des alliances offensives ». Tout le programme des Etats-Unis est là. Pour la poursuite de son analyse, Brzezinski distingue les « acteurs géostratégiques » (France, Allemagne, Russie, Chine et Inde) des « pivots géopolitiques » (Ukraine, Azerbaïdjan, Corée, Turquie et Iran). Les premiers sont en mesure de modifier les relations internationales, « au risque d’affecter les intérêts de l’Amérique » ; les seconds ont une position géographique leur donnant « un rôle clé pour accéder à certaines régions ou leur permet de couper un acteur de premier plan des ressources qui lui sont nécessaires ».

La France et l’Allemagne sont deux acteurs géostratégiques clés qui, par « leur vision de l’Europe unie », (…) « projet ambitieux », (…) « s’efforcent de modifier le statu quo ». Ces acteurs sont l’objet « d’une attention toute particulière des Etats-Unis ». Cependant, on peut se poser la question de la « réelle volonté d’indépendance européenne » instiguée par ces deux pays.

La Russie, joueur de premier plan malgré l’affaiblissement de son Etat, n’a pas tranché quant à son attitude vis à vis des Etats-Unis : partenaire ou adversaire ? La Chine, puissance régionale importante, a des ambitions élevées : la Grande Chine. Le Japon, puissance internationale de premier ordre mais qui ne souhaite pas s’impliquer dans la politique continentale en Asie. Maintenir les relations avec le Japon est un impératif pour les Etats-Unis, ne serait-ce que pour maintenir la stabilité régionale. L’Inde, qui se définit comme un rival de la Chine, est le seul pôle de pouvoir régional en Asie du Sud ; cependant ce pays n’est pas gênant pour l’Amérique car il ne contrarie pas les intérêts américains en Eurasie. L’Ukraine, l’Azerbaïdjan : le sort de ces deux pays dicteront ce que sera ou ne sera pas la Russie à l’avenir. La Turquie, facteur de stabilité dans la Mer Noire, sert de contrepoids à la Russie dans le Caucase, d’antidote au fondamentalisme islamique, et de point d’ancrage au Sud pour l’OTAN. Brzezinski nous fait là un chantage à l’islamisme pour que la Turquie intègre l’Union Européenne : « l’Amérique va profiter de son influence en Europe pour soutenir l’admission éventuelle de la Turquie dans l’UE, et mettre un point d’honneur à la traiter comme un état européen » afin qu’Ankara ne glisse vers les intégristes islamiques. Mais les motifs américains sont aussi plus prosaïques : les Etats-Unis soutiendront « avec force l’ambition qu’ont les Turcs de mettre en place un pipeline reliant Bakou à Ceyhan qui servirait de débouché à la majeure partie des ressources en énergie du bassin de la mer Caspienne ». L’Iran est, curieusement, un élément stabilisateur dans la redistribution du pouvoir en Asie Centrale ; il empêche la Russie de menacer les intérêts américains dans la région du golfe persique. « Il n’est pas dans l’intérêt des Etats-Unis de continuer à avoir des relations hostiles avec l’Iran », et ceci « malgré son sentiment religieux, à condition que celui-ci ne se traduise pas par un sentiment anti-occidental ». Mais les véritables raisons pointent quelques lignes plus bas, avec « la participation des Etats-Unis au financement de projets de pipelines entre l’Iran, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan ».

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Vis à vis de l’Europe, les USA sont, dans les principes tout au moins, pour la construction européenne ; cependant, leur souhait est une Europe vassale. L’OTAN est non seulement le support essentiel de l’influence américaine mais aussi le cadre de sa présence militaire en Europe de l’Ouest. Pour autant, c’est un réel partenariat que souhaite l’Amérique ; on peut se demander toutefois, à l’aune de ces points de vues contradictoires (une Europe à la fois vassale et partenaire), quelle est la marge de manœuvre laissée à l’Europe par les Etats-Unis, et dans quels domaines elle pourrait s’exercer.

La problématique géostratégique européenne sera, lit-on, directement influencée par l’attitude de la Russie et de sa propre problématique. Et pour faire face à toute éventualité, les Etats-Unis doivent empêcher la Russie de « recouvrer un jour le statut de deuxième puissance mondiale » ; à terme, ce pays posera un problème lors de son rétablissement comme « empire ». L’Asie centrale, zone inflammable, pourrait devenir le champ de violents affrontements entre Etats-nations. Le Golfe persique est une chasse gardée des Etats-Unis ; « la sécurité dans cette zone est du ressort de l’Amérique ». On comprend mieux les enjeux de la guerre menée contre l’Irak. Le défi du fondamentalisme islamique quant à lui « n’est guère stratégique » ; ce qui expliquerait l’attitude ambiguë des USA à l’égard de celui-ci. L’Islam n’a pas d’ « Etat-phare » dirait Huntington. La Chine pour sa part évolue, mais l’incertitude demeure quant à sa démocratisation. Brzezinski note que dans le cas de l’émergence d’une « grande Chine », le Japon resterait passif ; cette neutralité cause quelques craintes aux Etats-Unis. De plus, les Etats-Unis doivent se prémunir contre l’éventualité d’un développement de l’axe sino-japonais. L’Amérique doit faire des concessions à la Chine si elle veut traiter avec elle ; « il faut en payer le prix » nous dit l’auteur. Toujours dans cette zone, la mesure impérative de la stratégie US est « le maintien de la présence américaine en Corée du Sud » ; elle est d’« une importance capitale ». Une autre crainte américaine serait la naissance d’une grande coalition entre la Chine, la Russie et peut-être l’Iran ; une coalition anti-hégémonique, « unie par des rancunes complémentaires ». Enfin, pour maintenir la primauté américaine, la solution adoptée et recommandée est « l’intégration de tous ces Etats dans des ensembles multilatéraux, reliés entre eux, et sous l’égide des Etats-Unis ».

Le chapitre suivant aborde l’Europe, « tête de pont de la démocratie », où il faut entendre en fait, bien sûr, « tête de pont des Etats-Unis ». L’Union Européenne, union supranationale, dans le cas où elle réussirait deviendrait une puissance globale, apprend t-on ; ce qui veut dire qu’elle ne l’est pas aujourd’hui. La réussite de ce projet, permettrait à ces pays européens « de bénéficier d’un niveau de vie comparable à celui des Etats-Unis » ; mais est-ce vraiment la panacée, et a-t-on besoin de cette Europe-là pour y parvenir ? Par ailleurs, ce niveau de vie n’est-il pas déjà atteint ? Dans l’appréciation de cette idée de projet européen, on note toujours un « oui, mais » ; en effet, cette Europe est placée incidemment « sous l’égide américaine ». Nous pouvons à juste titre nous demander où est le réel « partenariat », « la réelle équité » tant vantée par l’auteur ?

Brzezinski nous fait un tableau sans concession de l’Union Européenne : les Etats européens dépendent des Etats-Unis pour leur sécurité ; une « Europe vraiment européenne n’existe pas » ; et poursuit-il, « sans détour, l’Europe de l’Ouest reste un protectorat américain ». Tous ceci est un soufflet à ceux qui pensent que l’Europe, grâce à l’Union, est la structure permettant une indépendance vis à vis des Etats-Unis. Comme la situation de l’Union européenne est floue, indécise, « les Etats-Unis ne doivent pas hésiter à prendre des initiatives décisives ».

« Le problème central pour l’Amérique est de bâtir une Europe fondée sur les relations franco-allemandes, viable, liée aux Etats-Unis et qui élargisse le système international de coopération démocratique dont dépend l’exercice de l’hégémonie globale de l’Amérique ». Ainsi, comme partout ailleurs, les USA se moquent de leurs « alliés » du moment ; seuls comptent les intérêts finaux américains. Observant la politique européenne et son évolution récente, Brzezinski nous dit que la lutte contre la montée « de l’extrémisme politique et du nationalisme étriqué » doit se faire par la constitution « d’une Europe plus vaste que la somme de ses parties – c’est à dire capable de s’assigner un rôle mondial dans la promotion de la démocratie et dans la défense des droits de l’homme ». Le procédé est toujours le même ; pour asseoir ses fins, il faut « diluer» les entités dans des ensembles plus vastes. De plus, dans le processus de construction « européenne », l’UEO apparaît de fait comme l’antichambre de l’OTAN. Il est trop tôt, nous dit Brzezinski, pour fixer catégoriquement les limites orientales de l’Europe. Cependant, pour ce qui est du connu, « l’objectif géostratégique central de l’Amérique en Europe est de consolider sa tête de pont sur le continent eurasien » ; ceci pour constituer un tremplin dans le but « d’instaurer en Eurasie un ordre international fondé sur la démocratie et la coopération », en fait sur la domination américaine.

Le rôle de l’Allemagne est celui du bon vassal, « bon citoyen de l’Europe, partisan déterminé des Etats-Unis » ; elle n’a jamais remis en cause « le rôle central des Etats-Unis dans la sécurité du continent ». C’est l’effondrement du bloc soviétique qui a fait que « pour l’Allemagne, la subordination à la France n’offrait aucun bénéfice particulier ». Elle a aujourd’hui un rôle entraînant ; « en entretenant des relations étroites avec la puissante Allemagne, ses voisins bénéficient de la protection rapprochée des Etats-Unis ». Avec le rapprochement germano-polonais, « l’Allemagne peut exercer son influence jusque dans les pays baltes, l’Ukraine, la Biélorussie ». La sphère d’influence allemande s’est déplacée vers l’Est, et « la réussite de ces initiatives confirme la position dominante de l’Allemagne en Europe centrale ». Sans l’élargissement de l’OTAN aux pays de l’Est, « l’Amérique essuierait une défaite d’une ampleur mondiale », note Brzezinski. Ainsi, la collaboration américano-germanique est-elle « nécessaire pour élargir l’Europe vers l’Est ». Par ailleurs, nous apprenons que « l’Europe ne se réalisera pas sous l’égide de Berlin » ; parions toutefois que, pour l’auteur, cela ne s’envisage bien plutôt « sous l‘égide de Washington ».

Quant à la France, « puissance moyenne post-impériale », elle n’a pas les moyens de ses prétentions. Son rêve de grandeur pour une Europe sous conduite française correspondrait pour elle, nous dit l’auteur, à la « grandeur de la France ». Cependant, elle pourrait avoir des velléités pour traiter directement avec la Russie, et ainsi s’affranchir relativement des Etats-Unis ; nous voyons poindre là une légère inquiétude vis à vis de la France. Pour autant, la France est tout de même « un partenaire indispensable pour arrimer définitivement l’Allemagne à l’Europe ». N’étant pas assez forte pour faire obstacle aux objectifs géostratégiques américains en Europe, « la France avec ses particularismes et ses emportements peut être tolérée ». Quant au couple franco-allemand est primordial pour les intérêts américains ; une remise en cause de cette unité « marquerait un retour en arrière de l’Europe », et serait « une catastrophe pour la position américaine sur le continent ». Il est clair également que les Etats-Unis se servent de l’Allemagne (dominant économiquement en Europe) pour canaliser et « tenir » la France.

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La chapitre suivant, intitulé « Le trou noir », traite de la Russie à l’aune des changements survenus depuis la fin de l’Union Soviétique et la naissance de la Communauté des Etats Indépendants. « Il est indispensable que l’Amérique contre toute tentative de restauration impériale au centre de l’Eurasie » qui ferait obstacle à ses objectifs géostratégiques premiers : « l’instauration d’un système euro-atlantique ». Après l’effondrement de l’Empire, qui a vu un vide politique (le « trou noir ») s’instaurer au cœur même de l’Eurasie, et qui a ramené la Russie « au niveau d’une puissance régionale du tiers monde », Brzezinski constate que cet état a très peu d’espaces « géopolitiquement sûrs ».

Les frontières actuelles de la Russie ont reculé de plus de mille kilomètres vers le Nord après 1991, et les états qui l’entourent actuellement constituent une ceinture, un obstacle à son épanouissement, à son développement ; ceci tant vers l’Est que vers la Mer Noire et le Sud-Est de l’ancien Empire. L’auteur fournit une réponse américaine aux questions russes ; l’Amérique se préoccupe de savoir « ce qu’est la Russie, et ce que doivent être ses missions ainsi que son territoire légitime ». Mais la raison essentielle qui fait le regard critique, systématique américain vis à vis de la Russie est qu’elle a « une identité eurasienne », une « personnalité eurasienne », ce que les Etats-Unis n’ont pas par nature. Et si les Etats-Unis soutiennent l’Ukraine c’est que sans ce dernier, aucune restauration impériale n’est possible pour la Russie. C’est l’application de la technique du « roll back », celle du refoulement de la Russie vers l’Asie.

Plus loin, Brzezinski note que les Etats de l’ex-URSS, pour échapper aux nouvelles visées « impériales » russes, « ont cherché à tisser leurs propres réseaux de relations internationales, avec l’Ouest pour l’essentiel, mais aussi avec la Chine ou les pays musulmans au Sud ». La seule solution honorable pour la Russie, nous dit l’auteur, est « une direction partagée avec l’Amérique » ; ce pays « devrait se résoudre à jouer un rôle de tampon entre l’expansionnisme chinois et l’Ouest », à choisir l’Europe, alliée des Etats-Unis, pour faire face à d’éventuelles visées expansionnistes chinoises. Reste donc pour Moscou le « choix européen, seule perspective géostratégique réaliste » ; et, par choix « européen » ont peut entendre, en fait, choix « occidentalo-américain ». Pour les Etats-Unis, « la Russie paraît vouée à devenir un problème », et d’autant plus si d’aventure une alliance avec la Chine et l’Iran se concrétisait. C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis doivent « éviter de détourner la Russie de son meilleur choix géopolitique » à savoir, l’Europe atlantiste. La Russie doit s’intégrer à l’Europe, en suivant un processus graduel, commençant par sa « participation au Conseil de l’Europe », à l’instar de la Turquie Kémaliste qui « s’est engagée sur la voie de la modernisation, de l’européanisation et de la démocratisation » ; la deuxième étape de cet arrimage européen de la Russie serait la proposition d’une charte avec l’OTAN par l’Europe et l’Amérique. Enfin, ultime étape dans ce processus, l’intégration de la Russie dans l’Union Européenne. Cependant, précise l’auteur, le choix de l’Europe pour la Russie se fera plus facilement une fois l’Ukraine intégrée elle-même à l’OTAN et à l’Union Européenne.

Les « Balkans eurasiens » sont l’objet du chapitre suivant. Ces nouveaux « Balkans » sont constitués de neufs pays : le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Géorgie et l’Afghanistan. Les facteurs d’instabilité des ces « Balkans eurasiens » sont nombreux : de graves difficultés nationales, des frontières contestées des voisins ou des minorités ethniques, peu d’homogénéité nationale, des luttes territoriales, ethniques ou religieuses. Toutes les options peuvent donc être envisagées quant à l’avenir de cette région, nous dit Brzezinski.

Les voisins intéressés, nourrissant des visées politiques sur la région sont la Russie, la Turquie, l’Iran et la Chine. La Russie qui veut retrouver sa zone d’influence, renouer avec ses républiques d’hier, et dont les visées géopolitiques vont vers le Sud, en direction de l’Azerbaïdjan et du Kazakhstan.; la Turquie qui se considère comme le leader potentiel d’une communauté turcophone aux frontières très floues ; l’Iran, dont le principal souci est le renouveau de l’islam en Asie centrale ; la Chine enfin, que les ressources énergétiques de la région attirent, et qui veut y avoir un accès direct hors contrôle de Moscou. Les motifs d’intérêts sont essentiellement économiques : « la région renferme une énorme concentration de réserve de gaz naturel, d’importantes ressources pétrolières, auxquelles viennent s’ajouter des gisements de minerais, notamment des mines d’or ». Mais il y a aussi des raisons plus profondes (et qu’il est curieux de voir soulever par un américain) des facteurs « relevant de l’histoire ».

D’autres pays ont leurs regards tournés vers cette région : le Pakistan qui veut exercer une influence politique en Afghanistan et profiter à terme de la construction de pipelines reliant l’Asie centrale à la Mer d’Oman. L’Inde qui, pour faire face aux projets du Pakistan et à la montée de l’influence chinoise, est favorable au développement de l’influence iranienne en Afghanistan, ainsi qu’à une présence russe plus importante dans ses anciennes républiques. Les Etats-Unis enfin, qui « agissent en coulisse », cherchent à ménager le pluralisme géopolitique, et tentent « d’empêcher la Russie d’avoir la suprématie ». La dynamique russe et les « ambitions anachroniques » de Moscou dans cette région sont « nuisibles à la stabilité de celle-ci ». Et nous apprenons que « les objectifs géostratégiques américains recouvrent en fait les intérêts économiques de l’Europe et de l’Extrême-orient » ; nous sommes toujours dans cette logique « philanthropique » américaine. L’engagement des Etats-Unis dans cette région, nous dit Brzezinski, est considérée par les pays concernés comme « nécessaire à leur survie ». Les motifs généraux américains sont les pipelines et leurs tracés actuels ; le but des Etats-Unis étant de ne plus passer par des pipelines courant sur le territoire russe, non plus au Nord donc mais par le Sud et la médiane de cette région des Balkans eurasiens. « Si un pipeline traversait la Mer Caspienne pour atteindre l’Azerbaïdjan et, de là, rejoignait la Méditerranée en passant par la Turquie, tandis qu’un autre débouchait sur la Mer d’Oman en passant par l’Iran, aucune puissance unique ne détiendrait le monopole de l’accès à la région ». On comprend aisément à cette lumière les actions et les soutiens américains à tel ou tel pays ; on peut saisir ainsi la bienveillance des Etats-Unis pour les « étudiants en théologie », les Pachtouns de Kaboul, au détriment des Tadjiks d’Ahmed Shah Massoud concentrés dans les régions du Nord de l’Afghanistan.

Dans l’avenir, Brzezinski voit dans ses Balkans eurasiens une montée de l’islamisme, des conflits ethniques, un morcellement politique, et une guerre ouverte le long de la frontière méridionale de la Russie. Une zone donc qui fera sans doute parler d’elle bientôt.

Quelle doit être la politique américaine en extrême orient ? C’est l’objet du chapitre suivant. Pour être efficace, elle doit avoir un point d’ancrage dans cette région, nous dit l’auteur. Il est essentiel, poursuit-il, que les Etats-Unis aient d’étroites relations avec le Japon, et qu’ils établissent une coopération avec la Chine. Si l’extrême orient connaît aujourd’hui un dynamisme économique extraordinaire, il va néanmoins de pair avec une incertitude politique croissante. C’est « un volcan politique en sommeil » ; il ne possède pas de « structures de coopération multilatérale » comme l’Union européenne et l’OTAN, et ce malgré l’ASEAN. Cette région est devenue, selon l’Institut International d’Etudes Stratégiques, « le plus gros importateur d’armes, dépassant l’Europe et le Moyen-Orient ».

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Il existe dans cette partie du monde de nombreux points de frictions : les relations entre la Chine et Taiwan ; les îles Paracels et Spratly, objets de multiples convoitises ; l’archipel Senkaku qui sont disputées par la Chine et le Japon ; la division de la Corée et l’instabilité inhérente à la Corée du Nord ; les îles Kouriles, sujets à controverses entre la Russie et le Japon ; enfin, des conflits territoriaux et / ou ethniques divers, le long de la frontière chinoise, également entre le japon et la Corée, enfin entre la Chine et l’Indonésie à propos des limites océaniques. La Chine est « la puissance militaire dominante de la région » ; et, dans l’absence d’équilibre entre les puissances, l’on a vu l’Australie et l’Indonésie se lancer dans une plus grande coopération militaire ; Singapour a également, avec ces deux pays, développé une coopération en matière de sécurité. La probabilité de voir se réaliser ces conflits dépendront « de la présence et du comportement américains ».

Brzezinski vante la Chine du passé, « pays qui [ au XVIIème siècle ] dominait le monde en termes de productivité agricole, d’innovation industrielle et par son niveau de vie ». Puis, il compatit avec les « cent cinquante années d’humiliation qu’elle a subies » ; la Chine doit être « lavée de l’outrage causé à chaque chinois », et « les auteurs doivent être châtiés ». Parmi les auteurs, la Grande-Bretagne a été dépossédée de son Empire, la Russie a perdu son prestige et une partie de son territoire ; restent les Etats-Unis et le Japon qui sont le principal souci de la Chine aujourd’hui. Selon l’auteur, la Chine refuserait « une véritable alliance sino-russe à long terme, car elle aurait pour conséquence de renforcer l’alliance nippo-américaine » et car « cette alliance empêcherait la Chine d’accéder à des technologies modernes et à des capitaux, indispensables à son développement ».

Nous est brossé ensuite les différents cas de figure possibles. L’auteur fait état des prévisions prometteuses relatives à la Chine ; cependant, il doute de ses capacités à « maintenir pendant vingt ans ses taux de croissance spectaculaire ». Actuellement, nous dit-il, la croissance rapide de la Chine accentue la fracture sociale liée à la répartition des richesses ; ces inégalités ont un impact sur la stabilité du pays. Mais le rayonnement de la Chine « pourraient bien amener les riches chinois d’outre-mer à se reconnaître dans les aspirations de la Chine ». Autre cas de figure évoqué, l’éventualité d’un repli sur soi de la Chine.

Dans son espace régional, la Chine joue le Pakistan et la Birmanie contre l’Inde son « rival géopolitique ». L’objectif de Pékin serait « une plus grande influence stratégique sur l’Asie du Sud-Est », contrôler le détroit de Malacca et le goulet de Singapour. La Chine élabore « une sphère d’influence régionale » ceci en particulier vers ses voisins de l’Ouest qui cherchent un contre poids à l’influence russe. Brzezinski traite des relations américano-chinoise mais sans comprendre l’attitude de Pékin, et en jouant les naïfs : « (…) en raison de ce qu’ils sont et de leur simple présence, les Etats-Unis deviennent involontairement l’adversaire de la Chine au lieu d’être leur allié naturel ». Par ailleurs, les Chinois savent que « leur influence dans la région se trouverait automatiquement renforcée par la moindre attaque qui viendrait miner le prestige américain ». L’objectif central de la politique chinoise serait d’affaiblir l’Amérique pour que cette dernière ait besoin d’une Chine « dominant la région » et « mondialement puissante pour partenaire ».

Autre point d’extrême orient analysé par l’auteur : le Japon, dont les relations avec l’Amérique, nous dit-il, feraient dépendre l’avenir géopolitique de la Chine. Le paradoxe du Japon est qu’il « a beau être riche, dynamique et économiquement puissant, il n’en est pas moins un Etat isolé dans sa région et politiquement limité dans la mesure où il est tributaire d’un allié puissant qui s’avère être non seulement le garant de l’ordre mondial mais aussi son principal rival économique » : les Etats-Unis. Mais, « la seule véritable question politique pour le Japon consiste à savoir comment utiliser la protection des Etats-Unis afin de servir ses propres intérêts ». Le Japon est, apprend-t-on, un pays «qui ne se satisfait pas du statu quo mondial ». Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, note Brzezinski, on observe une redéfinition de la politique étrangère de ce pays. Cette redéfinition porte le Japon à « ménager la Chine plutôt que de laisser le soin aux Etats-Unis de la contenir directement ». Cependant « très peu [de japonais] se prononcent en faveur d’une grande entente entre le Japon et la Chine » car cela déstabiliserait la région, et provoquerait le désengagement des USA, subordonnant la Corée et Taiwan à la Chine, mettant « le Japon à la merci de cette dernière ».

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Les Etats-Unis veilleront à ce que le Japon mette « en place une coopération véritablement internationale, mieux institutionnalisée » à l’instar du Canada, « Etat respecté pour l’utilisation constructive de ses richesses et de son pouvoir, et qui ne suscite ni craintes ni ressentiments ». Les objectifs globaux des USA étant de faire du Japon « le partenaire essentiel et privilégié de la construction d’un système » de coopération mondiale.

La partie n’est pas gagnée d’avance en extrême orient pour les Etats-Unis, concède Brzezinski, car « la création d’une tête de pont démocratique est loin d’être imminente (…) contrairement à ce qui s’est passé en Europe ». On note la prudence des Etats-Unis vis à vis de la Chine : « il est préférable de la traiter comme un acteur crucial sur l’échiquier mondial », et la faire participer au G7, lui donnant accordant ainsi du crédit et satisfaisant son orgueil. Les USA doivent également « se montrer conciliant sur certaines questions, tout en restant ferme sur d’autres », poursuit Brzezinski. Et revenant sur le problème de Taiwan, nous apprenons que « les Etats-Unis interviendraient pour défendre non pas l’indépendance de Taiwan, mais leurs propres intérêts géopolitiques dans la région Asie-Pacifique » ; voilà qui est clair. Pour ce qui concerne la Corée et le Japon, l’Amérique peut « jouer un rôle décisif en soutenant la réconciliation » ; la stabilité apportée faciliterait « le maintien de la présence des Etats-Unis en extrême orient », et cette réconciliation « pourrait servir de base à une éventuelle réunification » de la Corée

Toutefois, nous dit Brzezinski, les Etats-Unis ne sont pas seulement la première superpuissance globale, mais seront très probablement la dernière, ceci à cause de la diffusion de plus en plus généralisée du savoir et de la dispersion du pouvoir économique. Si les Etats-Unis ont pu exercer une prépondérance économique mondiale, ils le doivent à « la nature cosmopolite de [leur] société (…) qui [leur] a permis (…) d’asseoir plus facilement leur hégémonie (…) sans pour autant laisser transparaître [leur] caractère strictement national ». Il est peu probable qu’un autre pays puisse faire de même ; « pour simplifier, n’importe qui peut devenir Américain, mais seul un Chinois peut être Chinois ». Il transparaît dans ces propos une négation radicale de l’altérité. Les Etats-Unis ne veulent pas « l’autre », ils ne le conçoivent même pas ; ils ne connaissent que l’autre en tant que « même », un clone en quelque sorte ; piètre intelligence du monde, de la richesse, de la diversité de l’homme que ce rapport à l’autre, spécifiquement américain.

Comme la puissance Américaine ne saurait durer sans fin (nous ne sommes pas arrivé avec le triomphe de l’Amérique et de ses « idéaux » à la fin de l’Histoire, pour reprendre les mots d’un illuminé nommé Francis Fukuyama), Brzezinski nous trace « l’après domination états-unienne ». Le legs de l’Amérique au monde, à l’histoire, doit être une démocratie planétairement triomphante, nous dit-il, et surtout, la création d’une « structure de coopération mondiale (les Nations Unies sont « archaïques ») (…) qui assumerait le pouvoir de « régent » mondial ». Voilà donc un testament établi pour la poursuite mondiale – et jusqu’à la fin des temps – du « rêve américain ». Mais chacun sait que les temps comme les rêves ont toujours une fin.

Si la recension des objectifs géostratégiques américains est établie, la formulation et la structure interne de l’ouvrage sont assez confuses puisque l’on retrouve souvent des éléments concernant un sujet deux ou trois chapitres plus loin. L’auteur manque un peu de rigueur dans son exposition. Plus généralement, si l’on comprend la logique de ce discours de la part d’un américain, on ne peut décemment acquiescer aux propos de Zbigniew Brzezinski. Dès lors que l’on n’est pas américain, on ne peut pas souscrire aux thèses énoncées dans ce livre; ce serait sinon, pour prendre l’exemple d’un animal, comprendre les motivations de son prédateur, et accepter de se laisser dévorer par lui. Si certains constats de l’auteur sont justes et relèvent du bon sens, il n’en demeure pas moins qu’il faut combattre ces objectifs impériaux / impérialistes américains malgré cette apathie qui caractérise malheureusement les Européens en général et les Français en particulier, cet état de « dormition » dont parle Dominique Venner (1).

Philippe Raggi
29/04/2014

PS : J’avais écrit ce commentaire sur le livre de Brzezinski dès la parution de son ouvrage en France. Je n’ai rien modifié à ce texte depuis lors.

Source : A l’Est de Suez, Blog de Philippe Raggi sur l’Asie du Sud-Est et notamment sur l’Indonésie.
http://philippe-raggi.blogspot.fr/2014/04/loeil-americain...

Zbigniew Brzezinski, The Grand Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives, New York, Basic Books, 1997.
Le grand échiquier, traduction de The Grand Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives, Paris, Collection Pluriel, Hachette Littérature, 1997
Le grand échiquier, éditions Fayard/Pluriel, mars 2011, 288 pages (réédition)

Zbigniew Brzezinski est expert au Center for Strategic and International Studies (Washington, DC) et professeur à l’université Johns Hopkins de Baltimore. Il fut conseiller du président Carter, s’oppose à Reagan, Clinton et Bush et reste toujours un ardent partisan de la suprématie américaine dans le monde..

Note :

(1) Cf. : http://www.dominiquevenner.fr/2010/07/l%E2%80%99europe-en...

Correspondance Polémia – 5/05/2014

samedi, 27 mai 2017

America in the Time of Kerouac’s Travels

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America in the Time of Kerouac’s Travels

How the author of On the Road midwifed an anti-establishment movement at the same time that he denounced it.

 

In Jack Kerouac’s last piece of writing, “After Me, the Deluge,” the writer rued his influence on the hippie movement. In so doing, both in the Chicago Tribune magazine, where “Deluge” appeared in 1969, and during a pie-eyed appearance on Bill Buckley’s Firing Line the year before, Kerouac validated the pop-cultural notion that by going against the grain of Eisenhower’s suburban, conservative America, he unwittingly helped inspire the ’60s counterculture and its many excesses.

With its hobo squalor, its sexual candor, and most of all its aimless and irrepressible urge to roam, Kerouac’s famous On the Road, published in September of 1957, certainly appeared to signal a departure from the domestic conventions of the late 1950s. Relationships in the book are volatile and tenuous, while people and property are often exploited just for kicks. As a chronicle of freewheeling social disintegration, On the Road went down as a book very much at odds with its time, a foretaste of the cultural revolutions that rocked the late 1960s.

Often unnoticed or forgotten is that the road trips in Kerouac’s book were undertaken between 1947 and 1950, the postwar Truman years, in whose grain On the Road actually resides, even if Kerouac downplayed this fact. Betwixt the numerous travels that made up On the Road, Kerouac wrote his first book, The Town and the City (1950), a family history/coming-of-age novel in which World War II assumes its proper dimensions as an influence on the lives of his Martin family. Tellingly, however, Kerouac’s chief surrogate, young Peter Martin, was almost determinedly unmoved by it all: “Mighty world events meant virtually nothing to him, they were not real enough, and he was certain that his wonderful joyous visions of super-spiritual existence and great poetry were ‘realer than all.’”

Hence On the Road, a series of larks whose settings and patterns, preoccupations and mores, are marked by a recent conflict that goes almost entirely unmentioned. But the war’s influence was profound, starting with the wanderlust itself, which followed years of gasoline and tire rationing and Detroit’s suspension of automaking during the conflict. Further, space on Pullman cars and interstate buses was largely reserved for troops, furloughed GIs and their families, or those setting out to work in vital war industries. Everyone else had to stay put, scramble for the few remaining tickets, or venture into the black market.

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With war’s end, people rushed to get behind the wheel and go, and automakers, tire manufacturers, oil companies, and others offered plenty of encouragement. Magazine ads of the time occasionally achieved near Kerouacian poetry in invoking the joyous splendors awaiting motorists. A Lincoln ad from 1945: “These grey years will end with brighter days … Then, free as a birdsong, you’ll share in the secrets of a thousand roads … Travel the taut highway that thins to a dot in the distance.” A Nash Motors ad from the same year was borderline orgasmic: “Waiting for you … wide highways that beg your car to spread her wings and fly … Her low, sweet motor-music as the miles race by … the way she quickens to a throttle-touch and leaps ahead to flatten out the hills and make the pavement sing beneath her wheels.”

Years later, Kerouac remarked that On the Road had been an investigation into “post-Whitman America,” an idea that tallied with a bit of doggerel (“Song of the Open Road … Again!”) produced in 1946 by Quaker State copywriters: “Oh, some roads stretch to Mexico, / And some roads stretch towards Nome, / And roads reach out from east and west, / And beckon us from home …”

Of course, as Kerouac sensitively attested in The Town and the City, the war had been beckoning Americans from home for years. He chronicled “the whole legend of wartime America … the great story of wandering, sadness, parting, farewell.” He marveled at “the young soldier-wives who were beginning to wander the nation … in search of some pitiable little home or situation that would bring them close to their young husbands, if only for a few months.” All this movement provoked “night-dreams woven out of three thousand miles of continental traveling … enacted upon some deranged little map of the mind that was supposed to represent the continent of America.” He added, “No one could see it, yet everyone was in it, and it was like the incomprehensible mystery of life … grown fantastic and homeless.” The members of his Martin family, being no exception, were also “uprooted by war,” part of the “great wartime wanderings” of that period.

Before On the Road’s protagonists, Sal and Dean, ever balled the jack across miles of open blacktop, moving from one brief habitation to the next, America was in the throes of temporary relocations, out-and-out migrations, and demographic shifts of an unprecedented scale. Some 15 million Americans were in uniform and away from home during the war, and Life reported that an estimated 75 percent of them did not intend to return to their hometowns. Nearly as many relocated owing to war-related industry, largely to be near shipyards and aircraft plants along the coasts and the Gulf Shore or near the veritable arsenal that emerged in and around Detroit. The sociologist Francis E. Merrill noted in 1948 that more than 27.5 million Americans “experienced at least one wartime change of residence that removed them from one set of social influences and often failed to substitute similar influences.” Roughly 20 percent of the population, in other words, was socially unmoored by the war.

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And the migrations didn’t end with the war’s conclusion. Throughout the 1940s, an estimated 12 million Americans relocated to a new state. As a record of human movement within the country, this dwarfs the Great Migration (of Southern blacks to the North and Midwest), the second wave of which—beginning in 1940—is partly subsumed into this far larger, racially neutral tally.

Hidden within the numbers for that decade are various pathologies associated with social dislocation. This is what Merrill was hinting at when he noted that many Americans, in relocating, found themselves bereft of familiar social influences. Such influences serve as inhibitors, informally keeping most people from significant misbehavior. When you’re known to those around you, your actions naturally have greater social consequence than if you’re a stranger. Many of those 27.5 million during the war, and those 12 million over the course of the decade, were living—at least for a time—as virtual strangers in their new communities, which included occupied foreign capitals, stateside garrison towns, and American cities swelling with newly arrived defense workers. Furthermore, couples were often living apart (with, say, the man in uniform and the woman engaged in defense work), while children were subject to diminished supervision. Consequently, America in the ’40s experienced significant increases in promiscuity, infidelity, rape, out-of-wedlock births, divorce, venereal disease, auto theft, truancy, and juvenile delinquency.

Further, as Merrill noted, planning for the future is difficult in times of flux, and an uncertain future generates an equally uncertain present, which in turn produces indecision that can erode adherence to conventional mores. Thus, in The Town and the City we see one of the Martin daughters, Liz, elope at 18 with her piano-player boyfriend, leaving the town of Galloway (a fictionalized Lowell, Mass.) for Hartford, Conn. From there the two move to Detroit to find better-paying defense work. At 19, Liz delivers a stillborn baby in this strange and distant city, plunges into depression, and disappears from her family for a time. In the fall of 1945 she turns up in New York City (by way of San Francisco), separated from her husband and working as a nightclub singer when not occasionally flashing leg in “second-rate floorshows.”

“She had become one of the many girls in America,” Kerouac writes, capturing exactly the indecision Merrill noted, “who flit from city to city in search of something they hope to find and never even name, girls who ‘know all the ropes,’ know a thousand people in a hundred cities and places, girls who work at all kinds of jobs, impulsive, desperately gay, lonely, hardened girls.” All of which makes the roving escapades of Sal and Dean appear tamer in context. What seemed outré in the reading in 1957 was less so in the doing in 1947; less so, for that matter, in the reading in 1967, after the deluge Kerouac regretted had somewhat normalized many of the behaviors of 20 years prior, which—however prevalent they were at the time—were still considered misbehaviors. The excesses of the 1960s were in some ways a pale recurrence of those of the 1940s, the difference resting more in the attitude toward those excesses than in the excesses themselves.

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But it wasn’t just behaviors in the ’40s that had been changed by the war—behaviors, again, that put the Beats nearer the American mainstream than they seemed ten years later, when On the Road was finally published. Whole environments through which Kerouac moved in his travels had been changed—if not created—by the war. For instance, the Bay Area ghetto in which Kerouac (“Sal”) lives with a buddy for a time, while employed as a rent-a-cop, didn’t exist before the war. Kerouac called this black enclave “Mill City,” but it was actually Marin City (across the Golden Gate from San Francisco and just north of Sausalito), then a collection of hastily constructed dwellings put up at the beginning of the war to house thousands of newly arrived workers at a nearby shipyard. Among them were many African-Americans, whose population in the San Francisco-Oakland area grew sixfold during the war. Los Angeles saw a similar influx of African-American defense workers—as reflected in Chester Himes’s 1945 novel If He Hollers Let Him Go, in which a black machinist, as a wartime expediency, is put in an unaccustomed position of authority in the racially, politically, and (with a certain white Rosie the Riveter) sexually fraught atmosphere of a San Pedro shipyard.

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When the war boom ended and the (mostly white) GIs came home to preferential hiring, these blacks were relegated once more to a poorer, often marginalized existence. But the scale and impact of such migrations went largely overlooked by Kerouac. Like Peter Martin in The Town and the City, he gave little thought to the shifting fortunes of whole human populations, preoccupied as he was with his joyous visions of super-spiritual existence. He described Mill City thus: “It was, so they say, the only community in America where whites and Negroes lived together voluntarily … and so wild and joyous a place I’ve never seen since.” This is classic slumming, oblivious of the fact that blacks at the time didn’t live anywhere “voluntarily” in the sense Kerouac implies. They lived where they were allowed to live, such as in cheap wartime shacks mostly ceded by whites following the peace and the drop-off in local industry, whereas Kerouac and others could pop in voluntarily for a time and admire the beat Negroes with their irrepressible laughter and happiness. As Kerouac writes at one point, “next door … lived a Negro called Mr. Snow whose laugh, I swear on the Bible, was positively and finally the one greatest laugh in all this world.”

To be fair, in “October in the Railroad Earth,” written in San Francisco several years after the travels that made up On the Road, Kerouac did reveal a fleeting, Joycean awareness of the grubbiness and disappointment that attended the large-scale migration of blacks to the West Coast during and after the war. He described a “poor grime-bemarked” street near the city’s Southern Pacific station as a scene of “lost bums,” including black migrants who—having long ago left the East only to find themselves now chronically unemployed—were in the grip of such hopelessness, irresponsibility, and lack of initiative that all they did was “stand there spitting in the broken glass, sometimes fifty in one afternoon against one wall at Third and Howard.”

The entire West Coast, of course, was changed by the war. Washington, Oregon, and California saw population increases ranging from 37 percent to more than 53 percent during the 1940s, and California experienced the greatest population increase of any state that decade, moving it for the first time into the top three in total population. More specifically, the war precipitated a westward migration that eventually (from 1940 to 1970) saw the black population of Los Angles grow tenfold and that of San Francisco-Oakland more than fifteenfold. It’s not too squiggly a line that connects the fleeting defense boom of the ’40s with such defining moments of the ’60s as the Watts Riots and the rise of the Black Panthers in Oakland; not too dim an influence that the boom had on such distinctive postwar artifacts as Sweet Sweetback’s Baadasssss Song (the original blaxploitation film, from 1971, set in and around poverty-stricken black Los Angeles) and “Mau-Mauing the Flak Catchers” (Tom Wolfe’s tragicomic 1970 essay on Bay Area race relations). Kerouac, of course, is not responsible for lack of awareness of future trends and events, even trends that were already somewhat discernible. Perhaps, to borrow from his description of wartime upheavals in The Town and the City, it was all so big that everyone was in it but no one could see it. However, it is a failure of imagination on his part to think that ghetto life was truly as joyous for those who lacked the options available to the free-ranging author. There had, after all, been a significant race riot in Harlem in 1943, touched off by the NYPD’s rumored mistreatment of a black vet. Kerouac, as an on-again, off-again student at Columbia and resident of New York City in the early ’40s, could be expected to have known about that riot.

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An influx of out-of-state Americans (white or black), however, wasn’t the only war-induced demographic change experienced by California and the West in the 1940s. Upon leaving Mill City, Kerouac/Sal headed for L.A. and, en route, hooked up with a Latina named Teresa, with whom he eventually lived for a spell in a San Joaquin Valley encampment near Fresno. There he picked cotton to raise money for a journey east, and for kicks frequented nearby “Mextowns” with Teresa and her brother, Rickey, “a wild-buck Mexican hotcat with a hunger for booze.” There were remnants of the old Dust Bowl migrants thereabouts, the Okies and Arkies famously portrayed in The Grapes of Wrath and After Many a Summer Dies the Swan. But the scene Kerouac describes is populated largely by Mexicans, with a touch of formerly Southern blacks—the predominance of the one and the presence of the other being artifacts of the recent war.

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Mexicans, of course, were not exactly new in Central Valley agriculture, the history of which is a litany of one racial/ethnic/class group after another being recruited en masse and just as summarily dismissed based on harvests, populist resentments, and economic variables. First it was Native Americans and tramps; then Chinese laborers found in surplus after the railroad completion and the Gold Rush exhaustion; then Japanese immigrants; then, in the 1920s, large numbers of Mexicans, roughly 75,000 of them. The arrival of each itinerant, socially disenfranchised group helped depress the local wage base and, when combined with the unseemly poverty that thereby attended the farm-labor community, brought repeated calls from the local working classes for racial and ethnic restrictions, which—if passed—resulted only in the Central Valley growers’ finding another marginalized group to exploit. By the end of the 1920s, the process again repeated itself with importation of Mexicans in such numbers that an agitation emerged to place quotas on Mexican immigration. That prompted the growers to import Filipino workers, some 30,000 by 1930, according to Carey McWilliams in his book California: The Great Exception.

It was the Depression and the Dust Bowl that brought the likes of Tom Joad to the Central Valley, when white laborers suddenly found themselves in surplus. Roughly 350,000 Okies and Arkies, McWilliams noted, entered the agricultural labor pool in California between 1935 and 1938, in the process displacing Latinos and becoming the main focus of local resentment for their grotty, wage-depressing influence.

But this period in California culture, however immortalized in populist lore, was short-lived. The tide soon began to change once more, owing to a series of events related to America’s looming and then actual involvement in World War II. By 1940, Franklin Roosevelt had commenced an arms buildup in anticipation of U.S. war involvement, and the economy began to boom. That same year, Congress passed the first peacetime draft. Both events stirred those Okies and Arkies to rush into the military or to better-paying defense work. In the months following Japan’s December 1941 attack on Pearl Harbor and America’s entry into the war, large-scale growers throughout the West faced an abrupt labor shortage. Filipino agricultural workers had also availed themselves of higher-paying industrial opportunities. And the entire West Coast population of Japanese-Americans (many of them, too, agricultural workers) had been forcibly relocated to the interior.

Produce was rotting on the vine, and ripened crops were being plowed under for lack of harvesting help. The result was the 1942 Mexican Farm Labor Agreement, the first of a series of treaties with Mexico more commonly known as the Bracero Program, by which the federal government sought the return, as provisional guest workers, of those “wetbacks” who had left or been repatriated at the onset of the Depression.

Under the Bracero Program—which, though conceived to address the exigency of food production in wartime, lasted until 1964—an average of 200,000 farm laborers a year were brought into the United States, almost certainly some of them known to Teresa, Rickey, and Sal from the Mextowns in and around Fresno in the late 1940s. Countless more arrived and operated outside the program, sometimes with the help of American agencies willing to make a burlesque of border enforcement for the sake of American business. Untold numbers of these melted away into various other corners of the American economy, thus making room for yet more cheap, politically impotent migrants from south of the border. The rush was contributing to ethnic tensions during Kerouac’s time in the San Joaquin Valley. He describes how Okies at a roadhouse near his and Teresa’s encampment “went mad” one night, tying a man to a tree and lashing him brutally with sticks. “From then on,” Kerouac writes, “I carried a big stick with me in the tent in case they got the idea we Mexicans were fouling up their trailer camp.”

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So great was the demand for north-of-the-border toil at south-of-the-border wage rates that of course Bracero Program quotas couldn’t keep up. Consequently, human trafficking in brown-skinned labor was under way even before the 1940s ended. Such trafficking is the kernel of the crime in Ross Macdonald’s first novel, 1949’s The Moving Target, in which a dubious sun-cult temple atop a southern-California hillside serves as a receiving station for undocumented workers headed into the Bakersfield area.

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The bargain-based attraction of Mexico ran both ways, however, and in the spring of 1950 Kerouac and pals crossed the border themselves, driving south. Beat father figure William S. Burroughs had taken up residence in Mexico City and sent Kerouac a letter touting how far a man could make his dollar go yonder, “including all the liquor he can drink.” The road trip is the centerpiece of Part Four of On the Road, arguably the most Beat section in the book, with the dusty Mexican whores, the boyish excitement over Third World slumming, and the enormous joint the guys all share one afternoon (“the biggest bomber anybody ever saw”). But even here, off in the wilds, Kerouac was within the American zeitgeist. In January of 1948, Life revealed how a certain Mexican university, “accredited under the GI Bill of Rights,” had become a “paradise” to which veterans went to “study art, live cheaply and have a good time.” One of Kerouac’s travel companions, as it happens, had begged his way into the Mexican venture by promising that he could raise a hundred dollars and, once there, “sign up for GI Bill in Mexico City College.”

In fact, Kerouac’s life during On the Road was funded, at least in part, by checks he was receiving in his status as a World War II veteran, though his military service was nearly a farce. He served briefly in the Navy, spending a portion of his enlistment under psychiatric observation, before being discharged (honorably) as ill-fit for military life. (He did, however, undertake two sailings with the merchant marine, and this is hardly to be discounted. The merchant marine’s wartime casualty rate was comparable to that of the Marine Corps, and one of the ships on which Kerouac had sailed was torpedoed on its next outing, with significant loss of life.)

The checks Kerouac received after the war were earmarked for education: “It was over a year before I saw Dean again,” he writes of 1948, at the beginning of Part Two of On the Road. “I stayed home all that time, finished my book and began going to school on the GI Bill of Rights.” But those education checks mostly went to other purposes: “We got ready to cross the groaning continent again,” Kerouac writes elsewhere in Part Two. “I drew my GI check and gave Dean eighteen dollars to mail to his wife; she was waiting for him to come home and she was broke.” Later, when he and the guys were at Burroughs’s place in Louisiana, Kerouac was “waiting for my next GI check to come through.” Then, on the West Coast: “Dean and I goofed around San Francisco in this manner until I got my next GI check and got ready to go back home.” Later, in early 1949, “I had a few dollars saved from my GI education checks and I went to Denver, thinking of settling down there.”

Were it not for government largesse extended to the country’s veterans, On the Road might never have been written, a point Kerouac made—semi-lucidly—in 1969, in “After Me, the Deluge,” when railing against the relativism and anti-
establishmentarianism of kids those days:

So who cares anyhow that if it hadn’t been for western-style capitalism so-called (nothing to do with the black market capitalism in Jeeps and rice in Asia), or laissez-faire, free economic byplay, movement north, south, east, and west, haggling, pricing, and the political balance of power carved into the United States Constitution and active thus far in the history of our government, and my perfectly recorded and legitimatized United States coast guard papers, just as one instance of arch (nonanarchic) credibility in our provable system, I wouldn’t have been able or allowed to hitchhike half broke thru 47 states of this Union and see the scene with my own eyes, unmolested?

Of course, 25 years before, Kerouac was present at what was arguably the birth of that very anti-establishment, and his feelings then were a little more mixed. The later stretches of The Town and the City find Peter Martin in New York City in 1944, where he reunites socially with a charismatic acquaintance from his college days, the poet Leon Levinsky (Allen Ginsberg). Levinsky is full of loquacious enthusiasm for the coming day when everybody “is going to fall apart, disintegrate” and “all character-structures based on tradition and uprightness and so-called morality will slowly rot away.” He calls this eagerly anticipated event “the great molecular comedown.”

More to Levinsky’s taste is the milieu occupied by their mutual acquaintance Will Dennison (Burroughs), a heroin addict whose apartment is “overrun with people who dash about getting morphine prescriptions from dishonest doctors.” Dennison shares the apartment with his sister, who takes benzedrine to stay alert and help run the “madhouse,” including caring for Dennison’s child. “You’ve got to see it,” Levinsky remarks, “especially Dennison with his baby son in one hand and a hypo needle in the other, a marvelous sight.” Although Peter disagrees that it sounds marvelous, he otherwise skips right past that disturbing image to inquire after Dennison’s wife.

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Peter also makes the mistake of likening Levinsky to a childhood friend from Galloway named Alexander Panos (Kerouac’s real-life Lowell friend Sebastian Sampas, a budding poet who enlisted in the Army and was eventually killed in the Italian campaign). To this well-intended comparison Levinsky responds with a hauteur that the world would eventually come to recognize in Ginsberg but that Peter, in Kerouac’s words, met only with “smiling indulgence.” Dismissing Panos’s “social conscience bleatings about the brotherhood of man,” Levinsky, with no protest from Peter, goes on to denounce Panos as a “smalltown Rupert Brooke,” a “joy-and-beauty poet of the hinterlands.”

It’s all the more interesting to note, then, that Kerouac’s voluminous correspondence—compiled, edited, and (in 1995) published by biographer and scholar Ann Charters—reveals the young Kerouac to have been much less forbearing toward Ginsberg than Peter Martin was toward Leon Levinsky. When Ginsberg dared reproach Kerouac for his own “peckerhead romanticism,” Kerouac, in a letter to Ginsberg dated August 23, 1945, replied by calling Ginsberg “unutterably vain and stupid,” after also having run down Burroughs and several other personalities from that scene, following a social event that Kerouac had found particularly distasteful.

Roughly two weeks later, in a follow-up letter to Ginsberg, Kerouac clarified his reaction to the Burroughs event, which he called “la soirée d’idiocie.” Referring obliquely to his own Catholic, conservative youth, he remarked, “You understand, I’m sure. Remember that the earlier part of my life has always been spent in an atmosphere vigorously and directly opposed to this sort of atmosphere … It automatically repels me, thereby causing a great deal of remorse, and disgust.” Having admitted his own ingrained prejudice, he then issued a far more elegant indictment of the anti-establishment than he was ever able to muster in his wretched, reactionary final years under the influence:

There is a kind of dreary monotony about these characters, an American sameness about them that never varies and is always dull … Like a professional group, almost. The way they foregather at bars and try to achieve some sort of vague synthesis between respectability and illicitness … That is annoying, but not half so much as their silly gossiping and snickering.

Warming to his irritation, and addressing the hauteur to which Ginsberg was prone to subject him, Kerouac offered this valediction:

There’s nothing that I hate more than the condescension you begin to show whenever I allow my affectionate instincts full play with regard to you; that’s why I always react angrily against you. It gives me the feeling that I’m wasting a perfectly good store of friendship on a little self-aggrandizing weasel. I honestly wish that you had more essential character, of the kind I respect. But then, perhaps you have that and are afraid to show it. At least, try to make me feel that my zeal is not being mismanaged … as to your zeal, to hell with that … you’ve got more of it to spare than I. And now, if you will excuse me for the outburst, allow me to bid you goodnight.

Yet this is the company he kept for what were his most productive and successful years—years when, under the guise of his various alter egos (Peter Martin, Sal Paradise, etc.), Kerouac feigned impressionability, his fictionalized selves shambling with childlike curiosity after one countercultural dynamo or another, thereupon to record their antics as something vitally American. To quote Sal Paradise, “the only people for me are the mad ones, the ones who are mad to live, mad to talk, mad to be saved, desirous of everything at the same time, the ones who never yawn or say a commonplace thing, but burn, burn, burn like fabulous yellow roman candles exploding like spiders across the stars and in the middle you see the blue centerlight pop and everybody goes ‘Awww!’” Yet here again is Kerouac in that follow-up letter to Ginsberg in 1945 in which he recounted how repellent but also commonplace he found Burroughs’s social scene: “Strangely, the thing that annoys me the most is the illusion everyone has that I’m torn in two by all this … when actually, all I want is clear air in which to breathe, and there is none because everybody’s full of hot air.”

So much for mad talk and roman candles.

Thus, although he was right about the deluge, Kerouac was wrong (and evasive) about the sequence. The anti-establishment he bemoaned didn’t come after him, in the late 1960s or even the late 1950s. He helped conjure it into being as early as the mid-1940s, with the friends he kept and the stories he told, which began appearing in print in 1950. He denounced the hippies as so many bastard children of his misapprehended innocence. But his innocence was always a literary stratagem. The problem wasn’t that everyone misapprehended it but that we all fell for it in the first place.

Jon Zobenica’s writing has appeared in The Atlantic Monthly, The American Scholar, and The New York Times Book Review.