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En 1984 sortait sur grand écran l’un des plus emblématiques films de science-fiction : Terminator. Signé James Cameron, ce film, qui vit l’envol de la carrière de l’herculéen Arnold Schwarzenegger, risque un jour de devenir réalité…
Retour vers le Futur
En 2029, suite à un holocauste nucléaire, une guerre sans pitié oppose ce qui reste de l’humanité aux machines. Dans le but d’éliminer John Connor, le meneur de la résistance, les machines envoient dans le passé un Terminator, c’est-à-dire un « cyborg », créature mécanique enveloppée de tissu vivant et donc, à l’apparence humaine, pour éliminer la mère de leur ennemi afin que celui-ci ne puisse venir au monde. La résistance arrive trop tard mais réussit malgré tout à envoyer un de ses meilleurs soldats pour tenter d’empêcher l’irréparable. Le premier volet de la franchise Terminator pose les jalons d’une histoire qui se complexifiera par la suite, et parfois uniquement dans le but d’exploiter le filon à des fins pécuniaires, au détriment de la qualité artistique bien évidemment. Pour autant, et au-delà de sa carcasse métallique, l’univers Terminator pose de nombreuses questions relatives à la technique, à l’hybris et surtout à notre avenir.
La guerre contre la machine...
Nous avons toujours eu un faible pour le film de James Cameron. Sa qualité cinématographique, son ambiance et le thème développé ont tout pour nous plaire. Mais c’est ce dernier qui a retenu notre attention : la destruction de l’humanité par la machine, l’arroseur arrosé, la justice immanente. Et nous ajouterons que nous avons toujours cru en la possibilité d’un tel scénario. Ce qui était de la pure fiction en 1984 appartient désormais au domaine du possible. Comment en arrive t-on à la quasi extermination complète de l’humanité par les robots ? La réponse tient en deux lettres : IA, pour Intelligence Artificielle. Un logiciel d’automatisation de riposte nucléaire américain nommé Skynet devient autonome et décide d’éradiquer notre espèce. En août 2017, des chercheurs du Facebook Artificial Intelligence Research (FAIR) publie une étude dans laquelle ils expliquent que deux robots communicatif programmés pour la négociation, appelés chatbots, ont inventé leur propre langage. Les chercheurs disent avoir arrêté le programme qui « ne fonctionnait pas comme prévu » (1). Volontairement ou non, ces programmes ont à un moment échappé à leurs créateurs.
… ou la guerre contre nous-même ?
Déléguer à la machine certains travaux pénibles n’a rien de vraiment choquant en soi, bien que la politique d’automatisation du travail puisse se répercuter de manière néfaste sur les emplois. Dans ce cas, de figure l’humain reste maître de la situation. Le développement de l’IA pourrait correspondre au franchissement d’une étape périlleuse. Où et comment poser les limites ? Comment être sûr de l’efficacité des gardes-fous ? N’est-ce pas manquer de confiance en nous-même que de laisser les manettes à une entité extérieure mais surtout non-humaine ? Tel un golem cybernétique, Skynet, prévu à la base pour nous protéger se retourne contre nous. Le créateur se voit déloger de son trône par sa créature : game over. Et cela sans compter le Grand Remplacement de l’Homme par son alter-ego, l’androïde T-800. Le cyborg, cet être bio-mécanique, renvoi à un autre sujet d’actualité : le transhumanisme.
Demain tous cyborg ?
Hybride bio-mécanique, autrefois relégué à la science-fiction, le cyborg, à l’instar de l’IA, devient réalité. Sa particularité est de conjuguer à la fois des caractéristiques provenant du Bios – le monde du vivant – et des caractéristiques provenant du monde de la machine. Dans le cas des films Terminator, le cyborg est un robot (ayant l’apparence d’un squelette humain) recouvert de tissus vivants. Dans un autre registre de la culture populaire, le manga Dragon Ball Z compte également plusieurs cyborgs. Mais dans ce cas il s’agit d’êtres humains qui servent de base et qui furent transformés en androïdes. Ici figure donc la véritable logique qui sous-tend l’ontologie du cyborg, celle du transhumanisme. Au même titre que la délégation de tâches diverses à la machine doit être envisagé du point de vue de la Μηδὲν ἄγαν(2), il doit en être de même pour la transformation de l’homme. Qu’une prothèse soit capable de palier à l’absence d’un ou plusieurs membres amputés ne nous pose pas de problème. Se faire implanter des puces R.F.I.D. ou un micro ordinateur au cerveau relève de la démesure et de la folie de ce que l’on appelle désormais l’ »homme augmenté ».
There's no fate but what we make for ourselves
Pour reprendre l’expression de l’un de nos amis, la civilisation de l’homme blanc se caractérise par l’usage de la technique, affirmation essentiellement « spenglerienne » s’il en est. L’auteur de L’Homme et la technique (3) a décrit les processus involutifs des civilisations et, concernant la notre, celle qu’il qualifie de « faustienne », périra par là où elle a fauté. Bien qu’Oswald Spengler déplore la récupération de la technique des peuples blancs par des peuples hostiles au premier, ce qui causera leur perte, notre propos concerne en revanche la transformation de la question technique en « technologisme ». Le « technologisme », corollaire de la fuite en avant que l’on nomme idéologie du Progrès, se caractérise par une modification ontologique : l’objet devient sujet. Là réside le danger. Cette marche en avant nous paraît encore plus inéluctable avec le technocosme ambiant. Notre avenir ne s’oriente t-il pas, en fin de compte, vers un effacement de l’Homme, dans sa totalité ontologique, par la Machine ?
Quel doit être l’attitude à adopter ? Le lecteur conviendra de son impuissance face à un processus sur lequel il n’a aucune emprise. Il faut tout simplement accepter le Destin. Chez les peuples d’origine indo-européenne, le Destin est même supérieur aux Dieux eux-mêmes, et par conséquent à nos actes. Ainsi c’est l’acceptation tragique du Destin qui prévaut. Il en va de même pour Kyle Reese, venu sauver la mère de John Connor et qui sait pertinemment qu’il ne pourra jamais revenir en arrière, et qui incarne parfaitement « ce soldat romain […] qui périt parce qu’on avait oublié de le relever lorsque le Vésuve entra en éruption » (4). Kyle Reese accepte son destin d’un cœur pur, tel un chevalier des temps modernes, avec comme motivation première l’accomplissement de son devoir. Nous devrons faire de même si le « scénario Terminator » devient réalité.
The iron cage of abstract materiality threatens to suffocate Western man. In a time when his systems of government threaten to devour him; when his pride is condemned as hate; his women are cold, mocking, and infertile; and the virility of idealism is desecrated everywhere, a miracle has happened: out of the pit of Hollywood itself a film has erupted bearing witness to the mysterious and inexhaustible fertility of love.
Blade Runner: 2049 takes the symbols and ideal types of contemporary life and invests them with mythological significance, pointing a way forward out of the labyrinth of spiritual entropy that threatens to snuff out the last glimmer of our will to idealize.
In the world of 2049, a bio-engineered humanoid named “K” is manufactured and brought into a world alien to him, to be a drone for a butch queen bee, to be a scapegoat for the merely human around him as he does the work they are not capable of. He has no concept of the possibility of disobeying commands, although an early figure in the film hints that “seeing a miracle” could change that.
K is strictly controlled psychologically by the bureaucracy of his job, because his genetically modified capacities make him explosively dangerous. This official emasculation is reinforced by his interactions with female authority figures. They simultaneously humiliate him and browbeat him as they also vaguely attempt to seduce him. They refer to him as a “good boy” because he does what he is told.
The two powers we see in this world are distant and technical. A gigantic police force seems more interested in controlling and destroying people like K than creating order in the city. A titanic transhumanist genius named Wallace looms in the background, a vaguely satanic figure, blind without the aid of robotic eyes. Everything about him is inverted and mocking. He summons fallen “angels” from the ceiling of his temple-like headquarters, then condemns them for their barrenness by goring them where their fertile womb should be. He feeds the cultureless masses with food processed from grubs. He’s developed the digital escape of K’s AI holographic girlfriend, cynically naming her Joi.
In another satanic mockery, Wallace names his chief agent and assassin, his “angel” of death, “Luv.” She is everything we have come to loathe in a certain contemporary woman. She is elegant, career-focused, cunning, duplicitous, and ruthless. She hides cold violence behind a thin veneer of simulated female charm. Her dissimulation even extends to the capacity to lie to and disobey her creator. Why, then, doesn’t she leave Wallace? Behind her polished frame, she is afraid. We know this because whenever her commands contradict her feminine nature, she sheds a tear. This makes her all the more ruthless as she despises those who aren’t enslaved as she is. She reenacts Wallace’s ritual of death on K’s boss, enraged by her devotion to K. She is an abomination of femininity, infertile, spared from Wallace’s ritual of abortion only by her deadly devotion to her master.
Set against this world which attempts to justify itself in the gigantic and the technical, we find the oddly charming simulated golden-age relationship between K and his digital girlfriend, Joi. We begin to get the sense that this ritual of love by Joi, who is programmed to please, has become something apart from mere programming. In a revelatory scene that is the key to the whole film, K and Joi are looking at DNA records. Their conversation explores how DNA and binary programming are both codes, just of a different type. K remarks that binary is even more elegant than DNA’s four possible characters, just as Joi’s disembodied devotion is more perfect than any merely biological woman’s. This suggests that it is not DNA’s organization of matter that makes us human, but the selfless devotion of love that invests our frames with spiritual significance.
This devotion is mutually reinforcing. K buys a portable projector unit for Joi so she can experience the world and accompany him everywhere. In turn, she grants him the name, “Joe,” planting the seed in him that could be more than just an obedient drone, a free moral agent. Although we are given reason to doubt the genuineness of Joi’s capacity for authentic love in a later scene which reveals that her model is programmed to call every man it meets “Joe,” this ambiguity only heightens the miracle of her last act. As Wallace’s angel of death threatens Joi out of visible spite for her devotion, instead of protesting or trying to save herself, Joi proclaims her love for K.
Having “seen a miracle,” K is freed from his programming and can become “more human than human” by devoting himself to an ideal in this fallen world, even lying and killing if necessary.
The selfless ideal of love symbolically justifies and fertilizes mere matter in a series of scenes. In the first, a prostitute merges with JOI to enable K to make physical love to her. This consummation of love is not without risk, as it ensnares us irrevocably into the materiality of women. But it is a risk we have to take in order to actualize love in our world. The film symbolizes this danger through K stumbling upon an oasis of life in the desert, a beehive, underneath twin statues of Joi, naked and sexually enticing. He braves the bees’ nest that is woman, and sticks his hand into the hive. After this scene, and after Joi’s final act of perfect love, K sees the prostitute again and she seems to have become possessed by the spirit of Joi, her face alive with love for the first time. The process of love investing the material world is realized.
It is this figure of Joi which gives the film its shockingly numinous quality, and it is no surprise that it is she been the focus of condemnation by our own angels of death. As a digital holograph, she somehow manages to be both the apotheosis of the pathetic depths we have sunk to in our thirst for the feminine, while at the same time an otherworldly revelation of the inexhaustible fertility of pure feminine love.
It is impossible to imagine a film more closely mirroring the spiritual state of current western man. Whether intentionally or as a testament to the synchronistic power of meme magic, its characters and their actions pulse with archetypal significance for us. We too are spiritual orphans corralled and degraded by gigantic bureaucracies, ugly crowds, barren women, and satanic mockeries of our most sacred inheritances at every turn. But what this film reveals, reverently and powerfully, is that we are not irrevocably doomed by the inevitable march of cold matter to heat death. Love justifies this world, and faith in love, however mocked by our titanic overlords and their harpy slaves, prefigures the sudden irruption of the miraculous into this world of matter in the most surprising and mysterious ways.
In 1927, Fritz Lang’s Metropolis premiered in Berlin, accompanied by majestic symphonic music written by composer Gottfried Huppertz, one of the first orchestral works specially composed for films during the silent era. In fact, some of the film’s reconstructions and restorations were only possible using transcriptions from Huppertz’s film score cues. Metropolis was recut considerably after its premiere and the latest restoration of the film still omits portions of material.
Watching Metropolis in 2017, you will feel a nervous twitch in your right temple, and you will ask: “Why isn’t cinema this good anymore?” Celebrating its 90th anniversary this year, Metropolis remains the unadulterated template for epic science fiction. The spellbinding cyborg scene where the celestial machine-man in the form of Maria (Brigitte Helm) is created by the mad scientist Rotwang (Rudolf Klein-Rogge) will leave you breathless. A fable of war and peace set against a backdrop of machines, the prodigious balletic choreography, staging, and epic set design will make any discerning filmmakers feel inadequate.
Metropolis is mostly about the dehumanizing effects of human automation, overarching surveillance, and the use of technology as a force for the control of labor. The film’s vision materializes around us today in the form of call centers, intrusive digitalization, and city streets deluged with CCTV. Is it a question of life imitating art? Is it a cinema foretelling? Or is it simply a lucky guess? Whatever the case, Metropolis has informed countless science fiction works, including Ridley Scott’s Blade Runner (1982) and the Star Wars saga. The film received the Freddy Mercury treatment with a Radio Ga Ga music video and even a disastrous truncated release of the film in the 80s featuring an electronic disco Queen film score. Generation Z kids won’t get it, Millennials won’t want to get it, but Lang’s opus continues to impact visual culture, fashion, and interior design to this day.
Its roots in early 1920s German Expressionist theater give the film an energy unique to that era. The quality and sheer ambition of the content will never be equaled again. We are not just talking about lush matte paintings and optical effects; we are talking about the radical political allegory that is Metropolis, and which has established a pioneering cinematic grammar for social activism. This type of progressive filmmaking will never happen again on this scale. Never.
Metropolis is a passionate call, and equally a passionate caution, for social change. Large sections of the film make an enthralling case for a new revolutionary spring, only to reverse mid-act and suddenly push an anti-revolutionist tone. Some parts of the film even imply that an authoritarian government may be in the best interest of society.
It is no surprise, then, that the film has been exploited as a propaganda tool by political movements on both the left and right. The significant Marxist declaration in the prologue, “These are your brothers,” are words that may swing with the proletarian psyche, as may the battalions of workers drooping to labor like the marching soldiers of the First World War. The first act takes an anti-industrialization stance; workers’ rights suffering at the hands of the technology used by the ruling elite. Later, during the chaotic revolution, the composer Huppertz wields syncopated snippets from the melody that has come to embody the French Revolution, La Marseillaise. Thus, the broken melodies carry an uncertainty, a doubt over the significance of the mobilization of citizens. The frenzied workers almost destroy both themselves and the innocent, as they heedlessly try to bring down the machines powering the city. The film cautions us on the wider self-destructive implications brought about by mass emotion. Lang’s depiction of the mob, elaborated later in his M (1931) and Fury (1936), rather than serving as an advert for leftist revolution, arguably mirrors Gustave Le Bon’s assessment of the frenzied “enthusiasm and heroism of primitive beings.”
These reproaches for and against revolution were in part due to different releases of the film. The bittersweet union behind the scenes may also shed light on its convoluted stances. Fritz Lang and his then-wife Thea von Harbou made several films together. They changed the world. Their public partnership brought about one of the most peculiar and productive artistic unions in cinema. She wrote. He directed. Did they love each other? Perhaps. Certainly creatively. It is unclear if Lang was a communist, but he was certainly captivated by the works of Marx and Engels. Harbou was intrigued by the Third Reich, eventually subscribing to the Nazi Party. She was likely delighted when Metropolis was championed by the Nazi regime.
One imagines, however, that Marx and Engels would have choked at Metropolis‘s epic medieval Christian imagery. Peaching for a social revolution from the Eternal Gardens to the Tower of Babylon was not what the Reds had in mind. The mesmerizing “M Machine” turns into Moloch, the Canaanite god of child sacrifice, and consumes the city’s expended workers only to return to its iron machine disguise. Indeed, the correlation between biblical motif and ideology seems key to the film, as it was in Lang’s own life. He waxed lyrical about a dark visit by Nazi propagandist Dr. Joseph Goebbels, who seemingly poached Lang for a job as the head of the National Socialist Film Studios.
Lang eventually did leave Germany, though perhaps several months after his alleged meeting with Goebbels. He was to partially disown Metropolis, only acknowledging its lauded merits decades later. Harbou, despite being a significant woman of pioneering creativity, was condemned to the dark caverns of fascism for historical deletion. Following their divorce, they never spoke again and their artistic relationship dissolved forever.
Metropolis, anachronistically today, is a dystopia with utopian activism; it is a tale of social change and an egalitarian technological society. Though an imperfect film, it stands courageously with its scattering commentary on civil liberties, caste, fascism, and social revolution. Metropolis may be sistered with Battleship Potemkin (1925), another film with strong socialist tendencies. On its 90th anniversary, it stands as a reminder of the influence cinema can have over politics.
Cristobal Catalan is a film historian, curator, and producer.
Jean Rochefort est décédé – Hommage avec Le Crabe Tambour
par Jean Pierinot
Ex: http://metamag.fr
Quelques semaines après Claude Rich, Jean Rochefort est décédé à l’âge de 87 ans. Il ne reste que Jacques Perrin comme dernier survivant de l’affiche du film de Pierre Schoendoerffer Le Crabe Tambour.
Tourné en 1976 sur les grands bancs de terre-Neuve et à Saint-Pierre et Miquelon, le Crabe Tambour, réalisé par Pierre Schoendorffer, reste un film à part dans la filmographie de Jean Rochefort. Jean Rochefort y incarne un officier de Marine, atteint d’un cancer du poumon, qui se voit confier un ultime commandement, celui de l’escorteur d’escadre Jauré guiberry dont c’est également la dernière mission avant son désarmement. Il est chargé de l’assistance et de la surveillance de la grande pêche sur les bancs de Terre-Neuve. Le commandant mène aussi une quête plus intime, celle de revoir une dernière fois un homme qu’il avait connu et auquel il avait donné sa parole, qu’il n’avait finalement pas tenue. Il est inspiré par des épisodes de la vie du lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume.
Marin et soldat d’exception, né le 11 août 1925 à Saint-Servan, le lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume est mort le 3 décembre 2002 au terme d’une existence intense et mouvementée. Élève de l’École navale en 1945, envoyé à trois reprises en Indochine (1945 ; 1948-1950 ; 1953-1955), il participe aux opérations contre le Vietminh en Cochinchine et à l’évacuation des catholiques du Tonkin en juillet 1954. Sous-marinier sur la Créole et le Laubie, une grande carrière dans cette arme aurait été possible mais il est un « soldat des Marches de l’Empire ». À l’issue de son troisième séjour en Indochine, il rentre en France en solitaire à bord d’une jonque, le Manohara, mais il s’échoue et devient l’hôte forcé d’une tribu somalienne. En 1957, fait exceptionnel, il change d’armée, quitte à sa demande la marine pour l’infanterie coloniale et prend, en Algérie, la tête du commando de parachutistes coloniaux à la tête duquel son frère cadet Jean-Marie a été tué peu auparavant. Après un passage sur l’Agenais en 1958-1960, il est nommé à l’état-major interarmées du commandant en chef des armées françaises en Algérie. Pendant le putsch, il est adjoint marine du général Challe. Arrêté et condamné à quatre ans d’emprisonnement avec sursis, il repart alors en Algérie pour devenir l’adjoint du général Jouhaud passé dans la clandestinité. Arrêté en mars 1962, condamné à huit ans de détention, il en purge quatre. À sa sortie de prison, il occupe diverses fonctions dans des sociétés d’affrètement maritime et d’armement de bateaux. En 1978, il arme le bâtiment qui permet à Bob Denard et son équipe de mercenaires de débarquer aux Comores. Il se consacre ensuite au renflouement de bateaux. Entre 1981 et 1987, il se rend en Arabie Saoudite, où il s’occupe des systèmes de défense maritime.
Le film comporte d’authentiques repères historiques (la guerre d’Indochine, le putsch des généraux, la chute de Saïgon en 1975). L’action, qui se déroule essentiellement au sein de la Marine nationale, restitue bien les usages ou règlements en vigueur. L’ambiance sur la passerelle, notamment, est très réaliste. Les ordres sont réglementaires et quelques phrases sont criantes de vérité : trop de monde sur cette passerelle ou le commandant n’aime pas que l’on parle sur sa passerelle en dehors du service. Quant au débarquement du commandant (Le commandant quitte le bord), cette cérémonie est tout à fait conforme au cérémonial militaire avec la garde d’honneur qui présente les armes et les honneurs rendus au sifflet par le gabier siffleur.
By Trevor Lynch Ex: http://www.counter-currents.com
When the Young Turk government dragged the Ottoman Empire into the First World War on the side of the Central Powers, their aim was to create a pan-Turkic empire incorporating Turkic lands that were part of the Russian Empire. A major impediment to these plans were the Christian minorities of Eastern Anatolia: the Armenians, Greeks, and Assyrians, who naturally looked to Russia as a potential ally and protector. Thus the Young Turks hatched a plan to exterminate these groups.
The Promise, helmed by Irish director Terry George, is a story from the Armenian genocide, which began with the arrest of the leaders of the Armenian community in Constantinople on April 24, 1915. Most of them were later murdered. Young Armenian men were inducted into the Turkish military, where they were put to work as slave laborers building roads and railroads, then massacred. Older and infirm men, as well as women and children, were marched out of their towns and villages, ostensibly to be relocated to Syria, then massacred. All told, 1.5 million Armenians were killed, as well as 450,000 to 750,000 Greeks and 150,000 to 300,000 Assyrians. Most survivors fled abroad, essentially ridding the heartland of the Empire, which is now modern-day Turkey, of Christians.
The Promise is an excellent movie: a visually sumptuous, old-fashioned period film — a story of love, family, and survival set against the backdrop of a decadent and crumbling empire, the First World War, and the 20th century’s first genocide. In terms of visual grandeur and emotional power, The Promise brought to mind David Lean’s Doctor Zhivago. Although some have criticized The Promise for making the Armenian genocide the backdrop of a love triangle, what did they expect? A documentary? Besides, The Promise is no mere chick flick. It is a genuinely moving film, with a host of excellent performances, not just a predictable, cardboard melodrama — as fun as those can be. And although the comparison actually cheapens this film, if you like historical soaps like Masterpiece Theatre, Downtown Abbey, and Merchant-Ivory films — or high-order chick flicks like Anthony Minghella’s The English Patient — you will love The Promise.
Another delightful, old-fashioned feature of The Promise is its original orchestral score by Lebanese composer Gabriel Yared, who incorporates Armenian music. There is also gorgeous music in a church scene in which the great Armenian composer and musicologist Father Komitas[2] is portrayed singing on the eve of his arrest along with the other leading Armenians of Constantinople. (He survived but was driven mad by his ordeal and never composed again.)
The Promise focuses on Mikael Boghosian (Oscar Isaac), a young Armenian from a small village in southern Turkey who takes the dowry from his betrothal (the promise of the title) to Marak (Angela Sarafyan) to enroll in the Imperial Medical Academy in Constantinople. There he meets and falls in love with Ana Khesarian (Charlotte Le Bon), the French-educated daughter of a famous Armenian violinist, who is the lover of American journalist Chris Myers (Christian Bale). When the genocide begins, Mikael’s wealthy uncle is arrested, Mikael is conscripted as a slave laborer, and Ana and Chris work to document the atrocities and save lives. Eventually Mikael makes his way back to his village, finds his family, and marries his betrothed. He then encounters Ana and Chris and joins forces with them to try to save his family, his village, and other Armenians.
All the leading characters in The Promise are convincingly three-dimensional and well-performed. Oscar Isaac is excellent as Mikael, as is Charlotte Le Bon in the role of Ana. Every Christian Bale fan, of course, will want to see this film. Although this is not his most compelling character, it is an enjoyable performance nonetheless. My favorite minor character was Mikael’s mother Marta, played by the charismatic, husky-voiced Persian actress Shohreh Aghdashloo.
I recommend that all my readers see The Promise. It is worth seeing simply as a film, but it is also worth seeing to send a message. For powerful forces are working together to make sure that you do not see this film. A movie about the Armenian genocide is viewed as a threat by the Turkish government and the organized Jewish community, both of which oppose designating the Armenian tragedy a genocide. The Turks wish to evade responsibility, and the Jews fear any encroachment on their profitable status as the world’s biggest victims. Before the film’s release, Turkish internet trolls spammed IMDb [3]with bogus one-star reviews. Since the film’s release, the Jewish-dominated media has given the film tepid to negative reviews. Given the film’s obvious quality, I suspect an organized campaign to stifle this film. Don’t let the bastards win.
For many years, I illustrated the Jewish will-to-power compared to other market-dominant minorities with the story of Kirk Kerkorian’s purchase of MGM Studios. Kirk Kerkorian was a self-made Armenian-American billionaire. At his peak, he was worth $16 billion and was the richest man in California. In 1969, Kerkorian bought MGM, and instead of seeing it as an opportunity to influence the culture by making movies and television shows, he sold off a lot of its properties and basically turned it into a hotel company. Before he died at the age of 98, however, Kerkorian realized the cultural value of movies and bankrolled The Promise with $100 million.
Over his lifetime, Kerkorian gave away more than $1 billion, spending most of it on helping the Republic of Armenia. If only white American billionaires had a shred of this sort of ethnic consciousness, White Nationalism would be flourishing. Until such figures emerge and start taking media power seriously, the Western mind will be nothing more than a battleground over which highly-organized Levantines fight for control. From a White Nationalist point of view, of course, this is an intolerable situation. But anything that challenges Jewish media hegemony is in the long-term interests of whites. White Nationalism, moreover, has many Armenian allies and well-wishers. So I regard The Promise not just as an excellent film, but as a positive cultural and political development. Thus we should wish it every success.
« La Morsure des dieux », le mariage de la terre et du ciel…
par Pierre-Emile Blairon
Ex: http://www.bvoltaire.fr
Cheyenne Carron a choisi pour cadre de son film le Pays basque, vieille terre de légendes.
Cheyenne Carron n’était pas présente à la cérémonie des César, et pour cause : cette réalisatrice anticonformiste et (très) indépendante n’avait aucune intention de participer à cette mascarade parisiano-parisienne, épicentre de la bien-pensance cinématographique.
Elle a réalisé son nouveau film, La Morsure des dieux, avec les mêmes moyens financiers que les précédents : ceux de quelques amis qui croient en elle et en son cinéma lumineux, fait d’intuition, de fulgurance et de bienveillance, mais qui ne fait aucune concession à la mode.
Ce nouveau film réussit à faire apparaître toute une dimension spirituelle dans ce qu’il nous montre de la beauté des paysages et des chants, du jeu des acteurs, profondément naturel, des silences et des voix aériennes.
Le thème de La Morsure des dieux est double : la lente agonie du monde paysan que la mondialisation condamne à disparaître et le dialogue que prône Cheyenne Carron, catholique fervente, entre les anciennes spiritualités européennes et le christianisme.
Cheyenne Carron a choisi pour cadre de son film le Pays basque, vieille terre de légendes où les bergers s’interpellent encore de sommet en sommet, et vieux peuple qui révère toujours un génie féminin, Mari, compromis entre le nom païen d’origine, Maya, et le nom de la Vierge chrétienne, ce qui n’a pas laissé indifférente la réalisatrice.
Cheyenne Carron imagine une rencontre entre un jeune homme qui a choisi de rester sur sa terre, prenant la succession de la ferme familiale, et une jeune fille, Juliette, aide-soignante de son métier, qui symbolise, avec son personnage empli de douceur et de force, le rôle de catholique ferme dans sa foi, mais aussi tolérante et charitable, qui lui est dévolu.
Sébastien, comme beaucoup de jeunes gens qui ont décidé leur retour à la terre, seuls ou en communauté, est identitaire, attaché au sol de ses ancêtres et « païen », terme dont Cheyenne Carron rappelle la connotation péjorative que les premiers chrétiens donnaient aux paysans ; mais ces nouveaux écologistes enracinés prônent une agriculture saine, tournant le dos au productivisme et à l’empoisonnement des sols et s’intégrant à nouveau dans l’ordre cosmique.
Le meilleur ami de Sébastien est un vieux paysan qui sera acculé au suicide. Une scène du film symbolise tout le drame de la paysannerie actuelle : la voiture du vieil homme tombe en panne et il continue sa route à pied ; Sébastien l’invite sur sa moto, le vieil homme enlève alors son béret basque pour mettre le casque de Sébastien, qui va contenir sa tête, bien serrée, casque rigide, plein de règles imposées par la nouvelle société.
On songe à ces paroles d’Oswald Spengler en 1917 : « Le paysannat a enfanté un jour le marché, la ville rurale, et les a nourris du meilleur de son sang. Maintenant, la ville géante, insatiable, suce la campagne, lui réclame sans cesse de nouveaux flots d’hommes qu’elle dévore… »
NDLR : la sortie en salles du film est prévue le 26 avril prochain mais les DVD sont disponibles à la vente depuis vendredi sur www.cheyennecarron.com
Un film par an sans subvention d’Etat, sur les sujets les plus difficiles. Une telle fécondité est exceptionnelle. Une telle habileté pour se contenter de budgets microscopiques et faire au mieux avec, cela relève du miracle. Quel miracle ? Celui d’une volonté en acte, qui se sait mystérieusement plus forte que tous les obstacles. Voilà Cheyenne-Marie Carron, une réalisatrice atypique, qui nous offre un monde dans chaque film, avec une générosité sans cesse renouvelée, une sorte de jubilation créatrice, qui dépasse les scénarios attendus et nous propose hardiment une vérité cachée, une vérité à laquelle nous n’avions pas osé penser. C’est l’Apôtre, ce musulman qui se convertit au christianisme parce qu’il a compris la Paternité de Dieu. C’est Patries, avec ce jeune Camerounais qui ayant appris beaucoup de choses en France, ne se satisfait pas de la vie médiocre qu’offre la Banlieue et envisage de revenir au Pays comme entrepreneur. C’est La chute des hommes, dans lequel Cheyenne montre des djihadistes au désert, qui exécutent des otages et se battent entre eux pour la gloire d’Allah ; et puis l’un d’eux qui, devant l’horreur, retrouve sa foi chrétienne, au milieu des cadavres, non pas malgré ce qu’il a fait mais à cause de la brutalité d’un engagement, qu’il finira par renier.
Et voici en 2017 La morsure des dieux. Nous ne sommes plus au Désert, mais en plein Pays Basque, cette terre de caractère, dans laquelle les dieux des morts continuent leur sarabande à l’insu de la plupart des vivants, qui ne veulent rien entendre. Il y a bien – on les aperçoit dans le film – quelques hommes-brebis qui continuent à danser, mais ces démonstrations relèverait du pur folklore si certains êtres ne continuaient pas à vibrer à l’intime d’eux-mêmes pour le vieux Pays, qui persiste dans sa vie cachée tant que certains de ses rejetons perçoivent sa musique, et mettent leur musique intérieure au diapason des Tradition du monde dont ils sont issus.
En regardant ce film, j’ai pensé au très beau roman d’Eugène Green, La bataille de Roncevaux, qui met en scène, lui aussi, ce pays qui refuse de mourir. Pour tenter de découvrir l’énigme qui constitue le Pays basque, Eugène Green a écrit une sorte de roman policier. Ne s’agit-il pas d’un secret à trouver ? Le genre « policier » semble éminemment adapté pour poser cette énigme. Cheyenne Carron a fait l’option inverse. Rien à voir avec un roman policier ! Cette énigme est déjà donnée, comme l’énigme antique proposée par la Sphinge de Thèbes, la solution est dans la question qu’il suffit de bien lire, de bien voir. Elle est à portée de main ? Disons à portée d’objectif. Ce que propose la réalisatrice, à l’inverse d’Eugène Green, ce n’est pas un secret caché. Il suffit de percer la magie des images : que nous acceptions de voir ce que l’on ne sait que regarder… La beauté des images, dans ce film, invite avant tout à abandonner le Moi, pour une vérité hors de moi, une vérité qui n’est pas cachée mais trop apparente, trop offerte pour être vue, vérité dans laquelle Sébastien s’est cherché et croit s’être trouvé ; vérité dans laquelle Juliette est déjà de plain-pied, vérité cosmique, essentiellement féminine, vérité qu’il ne faut pas chercher si l’on veut la trouver, car elle est toujours déjà là.
Sébastien, ce jeune agriculteur, qui a repris des terres ancestrales pour y élever des chèvres, a compris la beauté de cette quête païenne de l’Origine du monde. Mais c’est un homme, il lui faut intellectualiser sa recherche. Il s’est donc constitué un petit autel, avec Cernunos, le dieu Cerf et Mari, la déesse mère vénérée par les Basques. Il connaît le chemin de la source sacrée, qui guérit ceux qui y ont recours. Il prie à l’Eglise aussi, où il retrouve l’ombre de sa mère. Il lui arrive de lire, Henry Miller : il s’identifie à la quête hellénique de l’auteur du Colosse de Maroussi. Mais surtout il milite et tente de constituer, avec les paysans, une Amap, qui soit comme un clan des paysans et leur permette d’échapper aux tarifs léonins pratiqués par le Supermarché voisin. Si la terre se meurt, il est en quelque sorte payé pour le savoir, c’est avant tout parce qu’elle ne permet plus aux hommes qui la cultivent d’en vivre, ou plutôt parce que le Système financier, qui broie les hommes faibles, quelque bienveillants qu’ils soient, ne permet plus une commercialisation normale de ses produits.
Quant à Juliette, elle a compris qu’elle était sa parèdre, que telle était sa place ou son destin, que l’Ordre cosmique ou le Fatum en avait décidé ainsi. Sans doute émue par la pureté de Sébastien, de son enthousiasme et de son engagement, elle choisit d’être à ses côtés, avec une tranquille assurance, sans se laisser impressionner plus que cela par les rebuffades qu’elle subit d’abord, avec, je dirais cette infaillibilité qui caractérise la femme amoureuse. La croix qu’elle arbore tranquillement sur sa poitrine ne laisse aucun doute : elle est chrétienne. Apparemment donc, elle vit à des années lumières de Sébastien, qui se met en tête de l’initier aux Puissances de la nature qu’il révère. Drôle d’entrée en matière ! Elle se laisse faire, souriante, mais au fond n’est-ce pas elle, n’est-ce pas son amour si supérieur à toutes les amourettes de rencontre, programmées sur Internet, n’est-ce pas sa sérénité tranquille qui leur permettra, à tous deux, de communier avec le cosmos ?
Sébastien est inquiet, mental et militant. Au fond il n’a pas trouvé, parce qu’il n’a pas vu, pas encore, que Juliette est tout ce qu’il cherche, et que son christianisme semble la renforcer encore dans son éloquence muette, en l’ancrant inconditionnellement dans l’Amour, comme elle le lui expliquera.
Cette histoire d’amour entre Juliette et Sébastien aurait pu être une pochade. En réalité, c’est une sorte de parabole, qui permet de comprendre les rapports entre le paganisme et le christianisme, rapports que d’aucuns dans les années 70 avaient voulu rendre conflictuels, en les badigeonnant d’un nietzschéisme de bazar, rapports que Cheyenne Carron pressent comme absolument complémentaires, et je dois dire que sur ce point je ne saurais lui donner tort. Il y a une étroite symbiose, mais elle est à redécouvrir aujourd’hui, entre l’arbre de la nature et l’arbre de la grâce, comme parle Péguy. Quand l’arbre de la grâce est raciné profond » il est plein d’une sève naturelle, qui le fait vivre. A ce moment, on peut dire avec saint Thomas d’Aquin que « la grâce agit selon le mode de la nature ».
Je ne veux pas transformer cette critique agréable en un article de théologie, mais il faudra le faire, cet article, et y venir : l’actuelle faiblesse du christianisme en Europe n’a-t-elle pas son origine dans le divorce entre la nature et la grâce, opéré fort légèrement par de soi-disant spécialistes de la Pastorale, soucieux de faire des petits chrétiens propres sur eux, comme on fait les cornichons : en bocaux ? Marcel De Corte, Gustave Thibon, Charles Péguy, Gilbert Keith Chesterton l’ont pensé très fort… Cheyenne-Marie Carron nous le montre en images. Son héros, Sébastien, part en moto à travers l’Europe pour digérer son échec. Mais il sait bien que son équilibre, il le retrouvera, pour l’épouser lui-même, dans ce que j’aimerais appeler le catholicisme médiéval de Juliette.
By Bryan Christopher Sawyer Ex: http://www.counter-currents.com
Following the surrender of German forces at the end of World War Two nearly one million captured German soldiers had their status downgraded from Prisoners of War (POWs) to Disarmed Enemy Forces. The purpose was to provide the Allied force with a ready supply of slave labor by skirting around the Geneva Convention. In Denmark, under the direction of the British, two thousand soldiers were forced to clear mines along the west coast in violation of International laws prohibiting the use of captured soldiers for dangerous jobs. Half of these veterans were killed or maimed. Roughly 300 were children, drafted near the end of the war. This is their story.
Directed by Martin Zandvliet, Land of Mine is the Danish entry for Best Foreign Film in the upcoming Academy Awards. I despise the Oscars, but even I might take a peek to see if it wins. Nordisk Film claims their standard for Oscar entries is that it must be cinema with high cultural value to the Nordic countries, and in this effort they certainly succeeded. It is one of the most moving war dramas I’ve seen.
The film opens with Sgt. Carl Leopold Rasmussen sitting alone in his jeep, observing hundreds of captured soldiers on the long march to a prison camp in Southern Jutland for a three-day course on how to neutralize mines. Not content with their unconditional surrender Sgt. Rasmussen drives along the shuffling line of defeated Germans until he spots one carrying a folded Danish flag. He snatches it from the soldier and delivers a head butt that drops the exhausted man to the ground. Daring the others to intervene he begins to pummel the young man’s face into burger. When another of the captured begs for him to stop he too is subjected to punches and a few stomps on the ground. Rasmussen is a hard man, and this is your introduction to what he is capable of. He is, though, a soldier. True to that nature he has a begrudging respect of the martial abilities of the defeated he is ordered to train and command. At times you will admire him. Most times you will hate this man. He is a bitter and conflicted human being that has suffered the torments of war. A patriot to a land invaded who has learned that the battles are far from over.
In the prison camp they are put under the charge of Lt. Ebbe – a sadist. He assembles them in a small hangar for training. Lt. Ebbe stares at the now interned soldiers. They’re children. Teenage kids that are later described as “boys who cry for their mothers when they get scared.” It’s an accurate assessment. Told that Denmark is no friend of theirs they are set to the task of disarming and digging up mines with their bare hands. He shows them the Tellermine 42 (T.Mi.42), the most common mine used in the German defense of the beaches. German High Command believed that when the Allied forces invaded they’d be crawling up the shores of Denmark rather than Normandy. As a result there were more mines buried along that coast then in the rest of continental Europe. When asked who recognizes the mine half a dozen raise their hands. When asked who has attempted to disarm one only a couple put their arms up. Training in the sand and rain with disarmed mines Lt. Ebbe corrects each mistake with a swift wrap across the knuckles with a switch. Graduation involved taking an armed mine into a barracks reinforced by hundreds of sand bags and disarming it by hand. Those that survive this stage would be put to work on the western beaches of Denmark where an estimated 2.2 million anti-tank and anti-personnel mines lay buried.
Moving on from their training they are put under the charge of Sgt. Rasmussen. He will oversee their work on the beach. Our characters are all young, handsome German boys. Fighters who’ve never known the touch of a woman. There’s the bright-eyed leader, the stubby nosed red head who always wears his helmet, and then, of course, the twins. Some laugh. Many cry. All have dreams they rely on to carry them through this nightmare.
He lines them up in formation and demands their names. When he approaches the twins one makes the mistake of answering for the both of them. He’s told to keep quiet. Trying to be polite or diplomatic at the least he simply says “Pardon me.” This is returned with a slap to the face. “I do not PARDON!” the Sergeant informs him. He’s not a man who has sympathies that can be played upon.
Equipped only with a thin metal rod they inch across the sands stabbing into the ground until they hear the heart stopping sound of metal on metal. They dig out these hidden machines of destruction by scooping away handfuls of earth and, under threat of imminent death, dismantle the component parts and render them neutral. They are required to take the mine off the beach for disposal. In order to secure their release in three months, each soldier is informed they must disarm and remove six mines an hour. There are an estimated forty-five thousand in the portion of land they are tasked with clearing.
During their down time they fantasize about the world they will return to. The shops, cafes, and industries they will go back to rebuild. A young mother lives at the farm house nearby and we see one of the twins try to befriend her little girl only to swipe a half loaf of bread from her wagon. Their captors have begun to starve them slowly, and now the boys must face the challenge of disarming mines while extremely malnourished. They steal animal feed tainted by rat feces, and Sgt. Rasmussen discovers them sick in their barracks. He forces them to drink sea water to induce vomiting and hoses them off. Their requests for basic food were met with nothing but disdain. They begin to work on new explosives. There are stock mines sticking out of the tide, sitting on their wooden stakes waiting for the battle that never came. Even the notorious Bouncing Betty makes an appearance. As soon as I see it I pray I won’t see one of them take out any of these kids.
The German S-Mine (Schrapnellmine, Springmine or Splittermine in German) is a spring loaded anti-personnel explosive that hops one meter out of the ground before it ignites and turns the immediate vicinity into a cuisinart. Arms and legs are torn off. Often genitals as well. You don’t always die right away. You will probably wish you did while you lay helpless waiting for your eyesight to return as the ringing in your ears subsides and you can make out the muffled wailing of the man you ate breakfast with. It was the American G.I.’s that gave it the moniker we know it by in the states. Bouncing Betty. One dance would be your last.
When their desperate state of starvation and sickness begins to slow down the mine removal program they are fed. But not before that deprivation costs lives on the sand. You know that you are going to have to watch kids die in this film. That’s what happened, after all. It’s not something unique to Denmark either. France alone forced tens of thousands of German soldiers to sweep minefields and around 1800 of them died. But in Denmark we know of three hundred boys sent to those beaches. Many are represented among the thousand post-war German casualties that occurred in that country when they tried to clear the ordinance from those shores. This story follows fourteen hopeful German youths aching for a future. One is lost in training. You didn’t really see it happen though. This time you’re going to have to watch what a landmine can do to a teenage boy. When you’re in a minefield you cannot run to a friend who has been harmed. One false step and you may beat them to the pearly gates. Some hesitate. Others look away, which is the easiest thing to do. They don’t want to see what may become of them one day.
Sgt. Rasmussen is unwavering in his attempt to show a complete lack of empathy. He has a cruel job. He also must maintain order. With prisoners that is best done by impressing upon them that they will be afforded no sympathy during their stay. If you want something you will have to work harder for it or go without. He’s not above lying to them, either. If that beach isn’t cleared of landmines no one is going anywhere. Not the Sergeant and certainly not any of the “disarmed enemy forces.”
Werner and Ernst (the twins) work harder with food in their stomachs. They help drag a cart full of mines through the sand to be counted in front of Sgt. Rasmussen. After the day’s work is done the boys sit around to relax. Some even build toys. The twins find a beetle in a nearby field and name it. My mind immediately recalls German war veteran and literary giant Ernst Jünger[2] for whom six species of beetles and a prize in entomology are actually named. Jünger said in his epic war memoir Storm of Steel that he was collecting beetles in the trenches during WWI.
For a moment we let our guard down. Then a scene reminds us of why they were there in the first place. The Sergeant wakes up to a noisy dawn. It seems that the Brits have been drinking all night and followed Lieutenant Ebbe down to the barracks. They’ve pulled all the boys out front to humiliate them. Rasmussen walks over to find Ludwig on his knees being abused in front of the others. They piss on him. Blue eyed Sebastian breaks ranks and tries to cover him with his own body. They put a gun to his head and begin to count in German. Finally Sgt. Rasmussen dismisses the British officers, saying he “needs all of these boys.” It’s another crack in the emotionless armor he’s walked around in since the beginning of the film. More importantly this scene is meant to show that denying their rights as prisoners of war was a group effort. We cannot simply blame the Danes. Ultimately it was Winston Churchill who finally approved the use of forced labor after the war. Most of the mine sweeping in Denmark was carried out under the supervision and instruction of the United Kingdom. The Soviets and Americans participated in the active suspension of POW rights as well. This is our people at their worst. A grim reminder that the Second World War was in fact, a civil war among whites. As an American I know the residual effects of your civilization defining itself by committing to a fratricidal war. If ever again a conflict of this sort befell our race it would end us. There is no justice in self-hatred and no redemption in collective suicide.
So the stage is set. Lt. Ebbe rages against the failure of Danish sovereignty during the war by showing nothing but contempt for the German prisoners. Sgt. Rasmussen wants a safe and sane nation and so rebels inward — treating any sentimental feelings as if they were live mines in need of immediate removal. The boys struggle for food and freedom to return to their Fatherland and as the twins put it: “rebuild the Reich.” Each and all are fighting what is the greatest enemy of white warriors everywhere, at any time: indignity. It is that fight that defines our geopolitics, trade deals, and space programs. It defines our post-war hostilities and the love of each unique European identity whether in conflict or harmony with the others. It’s why we tailor clothing and write symphonies. It’s why we invented plumbing. It’s the reason we build our churches. We struggle — individually and together — against indignity. We always have. This is the struggle that defines us as white people.
Remember that when you watch these people fight to survive such events. You will see brother lose brother and boys give into fear. You will see hard men grow soft, only to hate themselves for what little bit of humanity they let rise to the surface. This is a story of death and pain. Fraternity and fragility. Of men at war within themselves during a time of peace, and young boys on a losing side trying to find their way home. We all want our dignity. If we strip it away from another then we rob ourselves of it as well.
Recourir au cinéma pour parler, en contemporain, d’un phénomène grave qui retient l’attention d’une grande partie de la planète n’est pas aussi aisé que de réaliser un film historique plusieurs décennies après. Ça l’est d’autant moins lorsque le phénomène en question est le djihadisme et que le film se présente comme une œuvre engagée tout en évitant l’écueil manichéen des facilités et d’une grossière dialectique des bons et des méchants. C’est pourtant le pari tenté par Cheyenne-Marie Caron, réalisatrice atypique et prolifique qui évolue depuis un certain temps en marge de l’industrie cinématographique française, alignant les projets ambitieux et les budgets dérisoires. Engagé, le film l’est assurément dans la mesure où la cinéaste n’a jamais caché la foi chrétienne qui l’anime et en fait ici à la fois un emblème identitaire et un idéal au nom duquel refuser la barbarie. Et pourtant nous sommes loin, très loin, d’un propos islamophobe ou diabolisant, loin également d’une rhétorique simpliste de choc des civilisations. A sujet délicat, traitement tout en nuances.
Lucie est une jeune Parisienne, fille d’un père aux convictions païennes et d’une mère chrétienne d’origine ukrainienne. Spécialiste des parfums, elle doit se rendre dans un pays oriental (dont le nom ne sera, à dessein, jamais indiqué) pour mener une recherche dans le cadre de son sujet d’étude, à savoir « l’histoire des odeurs et la mémoire des peuples ». Le thème des parfums reviendra d’ailleurs comme un leitmotiv tout au long du film, qui aurait tout à fait pu être une œuvre tournée en odorama ! Les choses ne se passent toutefois pas comme prévu et, peu après son arrivée, la jeune fille, trompée par un chauffeur de taxi, est livrée à un groupe de djihadistes qui la prennent en otage pour obtenir de l’argent de la France. L’histoire nous est racontée tour à tour selon trois perspectives : celle de Lucie, celle de Younes (le chauffeur de taxi en proie à un dilemme moral et que les difficultés économiques contraignent à se faire le complice des islamistes) et celle d’Abou (un djihadiste d’origine française qui va peu à peu être assailli de doutes sur son engagement à mesure que la situation se dégrade).
Lucie, expansive et excessivement loquace, candide jusqu’à l’inconscience, a un petit côté catholique des JMJ, évoluant constamment dans la grâce de Dieu et l’arc-en-ciel des Bisounours. Véritable moulin à paroles, sans cesse en train de se confier au premier venu, de la parfumière parisienne à qui elle raconte sa vie dans la toute première scène jusqu’au chauffeur de taxi ou à la femme qui prendra soin d’elle dans le camp où on la retient prisonnière, la jeune héroïne est à la fois sympathique (car foncièrement bienveillante et fidèle à ses principes et à son identité) et agaçante par sa naïveté et son ignorance de l’autre – la scène dans le taxi, où elle ne fait preuve d’aucune méfiance, assomme le chauffeur taciturne de son bavardage et cite Khaled comme exemple de musique orientale est à cet égard symptomatique… D’évaporée, elle prendra toutefois vite une posture plus ferme, montrant un certain courage puisqu’au prix de sa vie elle refusera, face à Abou qui lui demande de se faire parjure, d’abjurer sa foi et sa double filiation chrétienne et païenne.
Comme elle, les membres du groupe djihadiste ne sont pas traités comme des blocs, l’enrégimentement islamiste et la culture de la violence côtoyant chez eux l’humanité ordinaire. Le chef du groupe, un Arabe né en Seine Saint-Denis, insiste beaucoup sur le caractère sans-frontiériste du projet islamiste, spécificité trop rarement mise en avant lors des débats sur le sujet. Il reconstitue pour ses hommes captivés les batailles antiques de Mahomet en traçant des plans dans le sable, dans une scène qui évoque autant une partie d’échecs que des petits garçons jouant aux soldats de plomb. Mais pour eux, dans l’immédiat le péril ne vient pas des troupes « infidèles » mais bien d’un groupe djihadiste rival, qui convoite le territoire où ils ont établi leur camp…
Le déroulement de La Chute des hommes est très linéaire, ne recourant presque jamais à l’ellipse, d’où le choix du temps long pour dérouler son récit, événement après événement. La première partie, qui se déroule en France, est celle qui se charge le moins d’artifices, la musique paraissant ne faire son apparition que dans la scène où Lucie, arrivée à destination, sort de l’aéroport : les premières notes, qui donnent tout à coup un ton plus dramatique à l’atmosphère, se font entendre, plus exactement, au moment où nous la voyons descendre un escalator et se coiffer d’un voile (rose), manière de marquer le passage brusque d’un monde à l’autre. C’est aussi à partir de ce passage à la partie orientale que vont se succéder des plans aux cadrages plus horizontaux, ce qui est certainement l’élément visuel le plus marquant – et le plus réussi – du film à mon sens. Cet apport musical dont je viens de parler, qui reste discret, a toutefois une importance moindre que celle des chants (chants slaves et chants arabes entre autres) entonnés à diverses occasions par les personnages et des prières qui reviennent régulièrement, comme une psalmodie donnant une cadence au long métrage : Lucie se recueillant durant sa captivité, enfermée dans une caravane, Abou invoquant in fine la Vierge Marie, une icône orthodoxe serrée contre le cœur, après le massacre de ses camarades… Prières souvent accompagnées d’un plan montrant la lune, une image qui permet à la fois de rythmer le temps du récit et de rappeler l’antique déesse Séléné, évoquée au début du film par le père de Lucie. Une référence au paganisme qui annonce, peut-être, le prochain film de Cheyenne-Marie Caron (photo, ci-dessous), La Morsure des dieux, où ce sujet-là occupera une place de choix.
Autour de la figure de Jacques-Yves Cousteau, interprété par Lambert Wilson, L'Odyssée, film de Jérôme Salle, César du meilleur premier film pour Anthony Zimmer, nous entraîne dans trente années qui vont forger un mythe en même temps que changer le monde : 1949-1979. Deux mondes que toute oppose. Derrière l'Odyssée, nous assistons plutôt à une série d'odyssées, celle de la famille Cousteau, celle de la France triomphante des Trente Glorieuses, celle, au final, de l'écologie balbutiante.
Le film démarre en 1949, Jacques-Yves Cousteau, marié à Simone Melchior, fille et petite fille d'Amiral, quitte la Marine nationale et décide de mener différentes campagnes océanographiques. Il achète alors la Calypso, qu'il retape avec famille et volontaires et avec laquelle il va mener des expéditions financées par des sociétés pétrolières prospectant pour l'extraction offshore puis par une chaîne de télévision états-unienne. En 1979, le film se termine au moment de la mort de son deuxième fils, Philippe, dans un accident avec son hydravion sur le Tage.
Centré sur les rapports complexes avec son fils Philippe, la narration est assez classique, voire convenue, mais les scènes d'exploration sous-marine et Antarctique rehaussent l'ensemble. Vous saurez vous laisser entraîner dans ses différentes aventures sur ces nouveaux fronts pionniers vers les confins du monde des glaces et du monde sous-marin. Le film peut toutefois s'avérer poignant tant il rentre dans l'intimité du Commandant et de sa famille. Devenant de plus en plus détestable au fur et à mesure du film mais sachant regagner la sympathie du spectateur, celui-ci est bousculé dans ses représentations par son fils Philippe, préoccupé par l'écologie. Une Odyssée ? Au sens littéraire sûrement, au sens d'Homère, pas vraiment, tant J.Y.C. se laisse happer par les tentations de son époque. Simone Melchior semble une bien terne Pénélope, écumant son Whisky dans les logis de la Calypso...
Le rêve Cousteau se transforme ainsi peu à peu en cauchemar pour son équipage et son épouse, attachés à la Calypso, alors que le Commandant se rend dans les soirées mondaines à New-York ou à Paris. La décrépitude de son épouse, qui ressemble de plus en plus à une tenancière de bistrot de province, contraste avec l'allure de son mari, toujours impeccablement habillé, signant des autographes et séduisant les femmes. L'archétype de l'homme français, séducteur et agaçant qui parvient parfois à conquérir l'Amérique.
Mais peut-on vraiment, à la fin du film, se défier de l'homme au bonnet rouge ? Pas vraiment. Le père et le mari ont sûrement, comme tout homme, leur part d'ombre et leurs limites, mais Cousteau est au-delà de ça. Déterminé et égoïste mais surtout génie et pionnier, il est à l'origine du moratoire qui empêche l'exploitation de l'Antarctique jusqu'en 2048. Ses apports au monde de la plongée et à la connaissance des mondes sous-marins nous sont aujourd'hui précieux. Paul Watson, fondateur de la Sea Shepherd Conservation Society en 1977 le compte comme l'une de ses inspirations.
Utopiste, homme de son temps, le mythe Cousteau méritait-il d'être abordé sous un angle aussi intimiste ? C'est essentiellement sur ce point que les critiques pourront débattre. Et les conflits d'héritage entre sa nouvelle épouse et son fils Jean-Michel n'y sont probablement pas pour rien. En s'arrêtant en 1979, à la mort de Philippe, après une discussion avec Jean-Michel et sur une image de la famille réunie en 1949, le film ne cherche-t-il pas à s’immiscer dans ses querelles de famille ? Etait-il cependant nécessaire de dépeindre cet homme d'exception sous les traits aussi banals d'un père de famille inattentionné ou d'un mari volage ? Les Français ont-ils toujours besoin d'égratigner leurs icônes et de faire leur examen de conscience ? Si l'Odyssée redonne la part belle à ses proches, le film montre en définitive que rien de toute cette aventure n'aurait été possible sans la vision et la flamme ardente du Commandant. Nul n'est irremplaçable ? Pas sûr... Avec la fin de Cousteau, c'est aussi une certaine France qui s'est éteinte, une France ambitieuse et sûre d'elle-même. Quelque chose que nos enfants ne connaîtront sûrement jamais.
Jean/C.N.C.
Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.
Issu d'un ensemble de textes médiévaux autocentrés autour de la figure du roi Arthur, le Cycle arthurien compte parmi les plus merveilleuses gestes européennes. Loin de constituer un texte unique, la légende arthurienne s'est au contraire enrichie, à partir du 9ème siècle, de divers apports issus des traditions orales bretonnes et, plus généralement celtiques, compilés par plusieurs générations d'écrivains. C'est le poète du 12ème siècle Chrétien de Troyes qui, le premier, fixe par écrit la légende dans ses Romans de la Table Ronde et fait émerger la Quête du Graal, voyage initiatique parsemé d'embuches visant à la découverte du vase contenant le Sang du Christ. De la même manière, l'amour que se portent le chevalier Lancelot et Guenièvre préfigure-t-il les romans d'amour courtois qui dicteront une part importante de la littérature médiévale. Et la Quête de transcender très rapidement les frontières du monde celte pour s'internationaliser et former la quintessence de l'aventure européenne, jusque dans les mondes germanique et slave qui conservent le souvenir de la Table Ronde dans le Royaume mythique de Bretagne, regroupant une majeure partie de l'Angleterre contemporaine et un territoire non défini de la Bretagne armoricaine. L'unité de temps est également conservée quelque soit sa forme et les influences internationales subies. Aussi, le Cycle arthurien prend-il place après le départ des troupes romaines d'Angleterre à la fin du 5ème et au début du 6ème siècles. Transformée, réécrite, adaptée, la littérature arthurienne parvient jusqu'à notre monde moderne, popularisée de nouveau par les écrits de Xavier de Langlais ou Jean Markale au 20ème siécle. Et il ne sera pas exagéré d'indiquer, qu'avec Homère et Virgile, le Cycle arthurien est père de toute la littérature de contes et légendes initiatiques ; Le Seigneur des anneaux de John Ronald Reuel Tolkien demeurant la plus parfaite illustration. Païen et chrétien solaire, le Cycle arthurien a massivement débordé le cadre de la littérature pour être largement repris dans l'ensemble des autres arts, de la peinture au théâtre en passant par le chant, et bien évidemment le cinéma. Plus ou moins inspirés, dans tous les sens du terme..., du Cycle arthurien, plus ou moins fidèles aux textes initiaux ou, au contraire, en totale confrontation, on dénombre pas moins d'une soixantaine de films, téléfilms, dessins animés et séries s'y rattachant. Et le phénomène semble s'accélérer dans la seconde moitié du 20ème siècle. Rentré de plein fouet dans notre ère désenchantée et matérialiste, le cinéma, majoritairement anglo-saxon , entreprit de contribuer au réenchantement du monde. Le chef-d'œuvre en la matière est signé John Boorman qui rend à la légende ses lettres de noblesse païenne, évolienne et eliadienne pourrait-on dire. Par ailleurs déjà auteur de Lancelot et la reine chevalerie hyperboréenne et féminité, l'écrivain Nicolas Bonnal, dans son dernier ouvrage Le Paganisme au cinéma, indique qu'Excalibur "est une grande réussite : la fin de cette chevalerie arthurienne est une fin de notre monde. Bienvenue après au centre commercial et à la salle de bains américaine". Plus qu'un film, Excalibur est un crachat lancé à la figure hideuse de la médiocrité contemporaine. Excalibur et quelques autres à découvrir maintenant ! Et la Quête ne fait que commencer en réalité. Le destin de l'Europe est à ce prix...
LES BRUMES D'AVALON
Titre original : The Mists of Avalon
Film américano-germano-tchèque d'Uli Edel (2001)
Une invasion barbare se précise sur les côtes anglaises. Les hommes de Camelot se préparent à défendre le Royaume d'Avalon dont Viviane est la grande prêtresse de ce monde invisible aux impies. Elle est la Dame du Lac chargée de la préservation des traditions et mythes païens du royaume. Même pour les fidèles, Avalon devient un lieu mystérieux de plus en plus introuvable tant sont nombreux ceux qui se détournent de la Déesse-Mère. Il faut un roi à la Bretagne ! Et c'est aux femmes qu'il revient de le trouver. Viviane est rejointe dans sa quête par Morgaine, désignée à sa succession un jour, et sa sœur Morgause, femme du Roi Lot qui, au prix de nombreuses infamies, intrigue en vue de capter l'héritage du trône à son profit. L'irréversible combat que vont se mener ces trois femmes va changer à jamais la destinée du Royaume d'Arthur Pendragon et de ses chevaliers...
Réalisée pour la télévision, cette mini-série de deux téléfilms est bien évidemment tirée de deux romans du Cycle d'Avalon de l'écrivaine américaine Marion Zimmer Bradley qui assume une réécriture de fond en comble des mythes arthuriens. Sacrilège !, ne manquerons pas de hurler certains d'entre nous. Fidèle au roman, Edel filme son histoire à l'aune de ses personnages féminins narrant l'histoire d'Arthur au cours de trois heures de téléfilm à grand spectacle qui contiennent cependant de nombreuses longueurs. Et c'est peu dire... Le réalisateur filme, en revanche, magnifiquement certaines scènes, à l'instar des feux de Beltaine. On pourrait croire au premier abord à un film de contes et légendes pour enfants. Les têtes blondes feront pourtant bien de ne pas regarder certaines scènes de mœurs assez... "païennes".
CAMELOT
Film américain de Joshua Logan (1967)
Roi du pays pacifié de Camelot, ceint par une merveilleuse forêt enchantée, Arthur épouse Guenièvre et fonde la confrérie des chevaliers de la Table Ronde. Ce mariage arrangé devenu romance procure au royaume une forte période de stabilité, de liberté et de justice, dont les chevaliers doivent constituer le fer de lance. Arrive de France Lancelot du Lac qui formule le vœu de rejoindre l'ordre chevaleresque. Arthur voit en celui-ci un fils mais le chevalier trahit son roi en tombant éperdument amoureux de la reine Guenièvre dont il devient bientôt l'amant. Cet amour interdit précipite la fin de la confrérie...
Le Cycle arthurien se décline à toutes les sauces. Aussi en 1960, Alan Jay Lerner et Frederick Loewe produisent-ils une comédie musicale à Broadway, adaptée d'un roman de Terence Hanbury White, dont la réalisation de Logan constitue l'adaptation cinématographique revisitée. A titre d'exemple, sont manquants les personnages de Viviane et la fée Morgane. Idem, la Quête du Graal. Camelot est l'anti-Excalibur de Boorman et développe un curieux univers Flower Power, il est vrai bien contemporain en 1967. Une plaisante mise en scène, des décors et costumes soignés, et pourtant, Camelot laisse un goût amer. La faute peut-être à une théâtralisation trop académique qui peine à convaincre. A plus forte raison, le film dure trois heures... De même, la qualité des chansons mises en scène laisse à désirer. Pour une camelote musicale, c'est un comble !
LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE
Titre original : The Knights of the Round Table
Film anglais de Richard Thorpe (1953)
Au 6ème siècle, au sein d'un royaume miné par les dissensions internes, le Roi Arthur s'appuie sur Merlin l'Enchanteur et le chevalier Lancelot pour ramener la paix sur l'ensemble de ses terres. L'ordre des Chevaliers de la Table Ronde qu'Arthur fonde doit pourvoir à ce but. A la cour, l'intrépidité et l'élégance du chevalier Lancelot font l'unanimité auprès de tous. Presque tous..., car Mordred, un des chefs de clan rebelle jalouse le prestige dont jouit le chevalier et cherche par tous les moyens à ourdir contre lui. La reine Guenièvre est son talon d'Achille ; Lancelot et la reine éprouvant de forts sentiments auxquels leur loyauté empêche de se livrer. La fée Morgane, mère de Mordred, diffuse la calomnie dans tout le royaume. Afin de faire taire les médisances, Lancelot épouse dame Elaine et fuit la cour pour guerroyer. Les périls pointent à l'horizon. Lancelot absent, la malédiction s'abat sur le royaume sans protection face à l'appétit saxon, affaibli qu'il est par les tensions au sein de l'ordre de chevalerie...
Une année après Ivanhoé, la société de production hollywoodienne Metro-Goldwyn-Mayer récidive en confiant à Thorpe une adaptation du Cycle du Graal. Et la M.G.M. met le paquet dans cette superproduction à très haut budget pour l'époque. Pour qui n'est pas un héraut fanatique de l'imaginaire arthurien, le résultat est à la hauteur grâce à un subtil mélange de romance dramatique et de guerre chevaleresque, accompagné d'une sublime musique de Miklos Rózsa. Il est une curieuse tradition pour chaque réalisateur s'essayant au cinéma arthurien : gommer certains personnages et parties de l'intrigue. Ici, c'est à Viviane d'en faire les frais tandis que Merlin et la Quête du Graal ne sont quasiment pas évoqués. Une fois n'est pas coutume, Ava Gardner peine à convaincre, à la différence de Robert Taylor, grande figure de la geste cinématographique médiévale anglo-américaine. Un petit bijou.
EXCALIBUR
Film américain de John Boorman (1981)
De Merlin l'Enchanteur, Uther Pendragon reçoit l'épée Excalibur sortie des eaux par la Dame du Lac. A Uther revient la mission d'unir et de pacifier le Royaume de Bretagne. Mais les espoirs de Merlin sont bientôt ruinés par les amours du Roi qui convoite la belle Ygraine, épouse du duc de Cornouaille. Afin qu'Uther séduise Ygraine, Merlin use de sa magie et offre les traits du duc à Uther. Du lit illégitime nait Arthur qu'enlève Merlin à son père en échange de l'utilisation de ses pouvoirs. A la mort d'Uther, Excalibur demeure scellée dans une stèle de granit. Il est dit que seul celui qui parviendra à retirer l'Epée deviendra Roi. Seul Arthur parvient à extraire le métal de la pierre et le brandir. Quelques années plus tard, le nouveau Roi épouse Guenièvre en même temps qu'il fonde la Table Ronde. Sa demi-soeur, la fée Morgane intrigue et parvient à enfanter un bâtard d'Arthur. L'enfant va provoquer la perte du Roi...
Si le film de Boorman peut sembler avoir vieilli sous certains aspects, quel chef-d'œuvre il demeure ! Le réalisateur livre l'adaptation cinématographique la plus fidèle au Cycle arthurien dans sa chronologie malgré quelques entorses imposées par la nécessité de ne pas produire une œuvre trop longue. Elle est également la transposition la plus païenne de la légende au cinéma tant un grand soin est apporté aux rapports de l'homme à Dame Nature et aux apports prodigués par celle-ci. Boorman fait également la part belle à la Quête du Graal en opposition avec les autres réalisations arthuriennes. Cet Excalibur résonne, en outre, comme une tragédie grecque dans laquelle le destin de chacun est aliéné, empêchant toute possibilité d'échappatoire. Quant aux mélomanes, ils apprécieront, à n'en pas douter, l'immixtion précieuse d'œuvres de Richard Wagner et Carl Orff. A voir et à revoir!
LANCELOT DU LAC
Film franco-italien de Robert Bresson (1974)
La Quête du Graal se solde par un échec et a décimé les chevaliers de la Table Ronde l'un après l'autre au cours de furieux combats. Parmi les derniers survivants contraints au désespoir maintenant que l'ordre chevaleresque est sur le point de disparaître, le chevalier Lancelot regagne la cour du Roi Artus. Il y retrouve Guenièvre qui, bien que Reine entretient une relation adultérine avec le noble chevalier. Lancelot se persuade que l'échec de sa Quête est une punition divine exigée par Dieu pour que le chevalier expie sa relation cachée. Humblement, Lancelot demande à son amante de le délivrer de son serment de l'aimer ; ce que la Reine refuse. Gauvain exhorte à la poursuite de la Quête tandis que Mordred, souffrant du prestige du chevalier, entend user de tous les stratagèmes pour le déshonorer. Plus que tout autre, il devine la passion adultère qui unit les amants et en apporte la preuve irréfutable à Artus...
Spécialiste de l'adaptation au cinéma des œuvres de Georges Bernanos, mais encore de Léon Tolstoï et Fiodor Dostoïevski, Bresson prend le risque de s'attaquer au mythe arthurien. Le film n'est pas le meilleur du genre mais conserve un intérêt certain dans l'"identité" cinématographique française de l'œuvre. A la différence des adaptations américaines ou anglaises, le présent film offre une transcription plus austère et plus dépouillée, plus cérébrale et plus théâtrale également. Cela manque certainement de panache mais l'intention est louable. Bresson ne conserve qu'un seul personnage féminin en la personne de Guenièvre. Exit les autres ! Mais on ne restera pas insensible à la scène lors de laquelle elle prend un bain. Moins spectaculaire que les autres, il n'en est pas moins à voir. Le Lancelot de Bresson est largement supérieur en tout cas à celui de Jerry Zucker réalisé deux décennies plus tard.
MONTY PYTHON, SACRE GRAAL
Titre original : Monty Python and the Holy Grail
Film anglais de Terry Gilliam et Terry Jones (1974)
Recruter des chevaliers de la Table Ronde, tel est le défi qui anime le Roi Arthur. L'entreprise n'est pas sans difficultés et les tentatives d'approches du chevalier noir ou de paysans anarcho-syndicalistes s'avèrent vaines. Au cours du procès d'une sorcière, Sir Bedevere le Sage accepte de se joindre au Roi, bientôt rejoints par d'autres chevaliers sans montures. Cheminant vers Camelot, la petite troupe part en Quête du Graal à la suite d'une divine rencontre. Un château renfermant des soldats français serait détenteur d'un Graal. Qu'à cela ne tienne, nos courageux chevaliers entreprennent la construction d'un lapin de Troie afin de pénétrer à l'intérieur des lieux. Mais le sort s'acharne contre les chevaliers qui oublient de se cacher à l'intérieur de la structure. Les hommes d'Arthur sont contraints d'abandonner toute velléité de tenir plus longtemps le siège car les Français se battent vaillamment en lançant des vaches domestiques depuis la muraille. Et encore ne sont-ils pas au bout de leur dangereuses aventures. Heureusement, la police motorisée veille...
Hilarant que cette parodie du mythe arthurien, la plus montypythonesque qui soit ! Ça n'est que succession de gags tous plus loufoques les uns que les autres, anachronismes surréalistes, danses absurdes, redondances abrutissantes ; le tout apparaissant dès la première seconde du générique. Il paraît que les loufiats Gilliam, Jones et consorts ne pouvaient produire que des navets. Alors l'industrie cinématographique anglaise refusa d'y mettre le moindre penny. Le film put quand même être produit grâce aux largesses de Led Zeppelin, Pink Floyd ou encore des Rolling Stones. Comme quoi l'Angleterre a quand même pu léguer à l'humanité quelques bonnes choses. En cherchant bien... Même Henri Béraud eut pu esquisser un sourire à la vision de ce film irrésistible ! A côté de Monty Python, la série, quoique réussie, de Kaamelott, fait figure de thèse d'histoire médiévale !
PERCEVAL LE GALLOIS
Film français d'Eric Rohmer (1978)
Perceval est un jeune valet éduqué par sa mère loin de toute présence masculine. Aussitôt qu'il croise par hasard des chevaliers, Perceval rêve d'en épouser le code et ses dangers. Malgré la farouche opposition de sa mère qui a vu mourir au combat son mari et ses deux autres fils, Perceval quitte le château maternel afin de gagner la cour du Roi Arthur et être adoubé à son tour. Il y apprendra le maniement des armes et aura à venger une offense faite à une damoiselle dont l'honneur a été bafoué par un triste personnage que Lancelot tue sans sourciller. Il est désormais temps pour le preux chevalier de partir en Quête mais auparavant de saluer sa mère. Se dresse alors sur son chemin un étrange château où le chevalier est invité à demeurer le temps d'un étrange festin...
A l'instar de Bresson, Rohmer fait une brève incursion dans l'imaginaire médiéval avec cette curieuse adaptation du Perceval de Chrétien de Troyes. Curieuse mais réussie ! Curieux décors en papier mâché en effet qui ne sont pas sans rappeler l'art de l'enluminure médiévale, en ce qui concerne la disproportion des perspectives, mélangés à des décors de séries animées pour enfants des années 1970 et en contraste total avec le grand soin apporté aux costumes. D'aucuns seront effarés de cette hardiesse mais le style esthétique est intéressant. A plus forte raison, si Rohmer traduit en langue moderne le roman courtois du 12ème siècle, il en conserve la versification. La musique est composée de chœurs s'inspirant d'airs médiévaux. Loin de l'argot célinien, Fabrice Luchini dans l'un de ses tous premiers grands rôles. Ce film est un bijou majestueusement conservé dans son écrin !
Virgile / C.N.C.
Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.
Paris est la plus belle ville du monde ! Au risque de décevoir titis et gavroches, il se pourrait que la sentence péremptoire ne soit pas ou plus communément partagée. Seuls les apaches s'en étaient peut-être déjà convaincus. Oh certes, on peut comprendre que Jean-Baptiste Gresset ait pu écrire qu'"on ne vit qu'à Paris, et l'on végète ailleurs." Paris jouit d'un prestige mondial inégalé et la Ville lumière offre, il est vrai, un remarquable exemple d'unité architecturale du 19ème siècle, un petit joyau d'orfèvrerie dessiné par le préfet Georges-Eugène Haussmann. La révolution haussmannienne ne manqua néanmoins pas de se faire au détriment d'un Lutèce définitivement enterré et du Paris médiéval, cher à Victor Hugo, dont il ne subsiste plus ça-et-là que quelques minuscules quartiers, vestiges d'îlots villageois, perdus au centre de voraces immeubles. "Respirer Paris, cela conserve l'âme", écrivait d'ailleurs l'auteur de Notre-Dame. Mais respire-t-on encore Paris ?, cette vieille dame au maquillage dégoulinant qui ne survit plus que grâce au souvenir de ses heures joyeuses et insouciantes d'une vieille gloire perdue. Il est vrai qu'il est de bon ton aujourd'hui de mépriser l'oppression citadine. "Qui est assez fort désormais pour vivre dans les villes qui prolifèrent comme des cancers ? Et qui est assez fort pour n’y plus vivre ?", questionnait Raymond Abellio. L'injustice certaine de la métaphore de la vieille dame peut certainement, et doit !, s'appliquer à toutes les cités tentaculaires. Que les Parisiens, qui eux-aussi n'aiment pas Paris mais ne peuvent vivre ailleurs, pour reprendre la formule d'Alphonse Karr, nous excusent de la férocité du langage. Mais il sera autorisé d'être plus féroce à l'égard de Paris que de Londres ou Berlin tant il faut être le plus dur avec soi-même. Paris est devenue sale, Paris est devenue dangereuse, Paris est devenue moche, Paris est devenue aussi ennuyeuse que la province française... Telle une fille de Pigalle, Paris a perdu son âme en s'offrant à l'étranger, qu'il soit provincial en quête de reconnaissance sociale ou étranger en conquête de reconnaissance territoriale. Il paraît que c'était mieux avant ! C'était en tout cas différent et Paris n'avait pas à s'infliger de condenser en son sein un échantillon exhaustif de cultures africaines et orientales qui ont cessé de coexister avec le titi depuis bien longtemps en l'étouffant et le remplaçant. Oui, Paris a perdu de sa superbe de jour comme de nuit. Il en va jusqu'à l'Ecole de Guerre économique qui publia, voilà deux ans, un pamphlet des plus sérieux et remarquablement détaillé au titre inquisiteur : Pourquoi les nuits parisiennes (et ne créent pas d'emploi). Elles le sont d'autant plus depuis un certain 13 novembre... Il n'y a plus qu'à espérer une nouvelle Commune. Les Versaillais sont déjà arrivés place de la République...
CHERI
Film franco-anglo-allemand de Stephen Frears (2009)
Paris au début du vingtième siècle. Léa de Lonval est une riche courtisane qui entame sa fin de carrière après le retour de son comte russe dans son pays natal. Approchant la cinquantaine, elle n'en demeure pas moins d'une beauté toujours aussi remarquable. Mais le déclin de son activité de courtisane est inéluctable. Aussi, Léa s'autorise-t-elle de séduire Chéri, de son véritable nom Fred Peloux, 19 ans et jeune fils de Charlotte, une ancienne consœur et rivale. Ces six années passées auprès de Nounoune, ainsi que Chéri la surnomme, lui apprennent un savoir inestimable sur l'amour et les femmes. La mère du jeune homme entend bien désormais mettre un terme à la relation afin que Chéri se construise un avenir. Chéri est promis à Edmée, fille unique de Marie-Laure, autre courtisane. Les amants savent désormais que les jours de leur relation sont comptés. Si chacun feint l'indifférence, il se pourrait que leur lien amoureux soit plus fort qu'ils ne voulaient bien l'admettre. Leur liaison ne devait ainsi durer qu'une saison...
Le Chéri de Frears constitue la seconde adaptation du roman éponyme de Colette après une première par Pierre Billon en 1950. Avec plusieurs scènes tournées en Angleterre et à Biarritz, Chéri n'est pas un film parisien stricto sensu. Il demeure néanmoins une plaisante illustration de société mondaine parisienne de la Belle époque que le réalisateur dénature quelque peu en anglicisant largement l'œuvre. Si les costumes et décors du Vieux Paris sont majestueusement représentés, le film manque cruellement de souffle. Frears se trompe rarement au cinéma. Il s'emmêle pourtant ici les pellicules. Michelle Pfeiffer n'en demeure pas moins époustouflante, comme toujours, dans un rôle d'amante initiatrice, prisonnière d'un monde bourgeois qui la quitte petit à petit mais dont la courtisane refuse d'abandonner les artifices.
LE DERNIER TANGO A PARIS
Titre original : Ultimo tango a Parigi
Film franco-italien de Bernardo Bertolucci (1972)
De nationalité américaine et d'âge mûr, Paul s'est établi à Paris. Sa femme qu'il n'est jamais vraiment parvenu à comprendre s'est suicidée récemment. Il n'en demeure pas moins anéanti par la mort de Rosa. Tandis qu'il visite un grand appartement désert à louer par une matinée d'hiver, Paul fait la connaissance de Jeanne, jeune parisienne aussi belle qu'envoutante. Les deux êtres font l'amour dans le lieu sans rien connaître de l'autre, pas même le prénom. L'américain loue l'appartement dans lequel il donne rendez-vous à Jeanne pour leurs ébats sexuels d'une violence sans cesse croissante. Rapidement, la situation devient insoutenable. Paul est ivre de sexe et de mort. Car comble de l'horreur, le cadavre de sa femme gît dans l'une des chambres de l'appartement du seizième arrondissement, dans laquelle Paul lui rend visite avant de décider de l'inhumation. Progressivement, le brutal Paul se dévirilise complètement au contact de la mystérieuse Jeanne qui prend l'ascendant sur lui...
Le film se déroule sur trois jours qui s'échelonnent du suicide de Rosa à ses obsèques. Trois jours pendant lesquels les deux héros se livrent à des jeux érotiques désespérés et violents ; chacun retournant ensuite à ses préoccupations quotidiennes. Né d'un fantasme de Bertolucci, le film provoqua un scandale monstre, de par ses scènes de sexe, jugées bien au-delà de la révolution sexuelle nouvellement admise, au point que l'œuvre fut classée X dans nombre de pays dont la France. Bertolucci et ses deux acteurs principaux furent même condamnés par la justice italienne pour pornographie, sur pression du Vatican. On a vu pire depuis... Le réalisateur évoque avec son indiscutable talent le Paris post-soixante-huitard tandis que certaines images du quartier Montparnasse raviront les nostalgiques. Marlon Brando et Maria Schneider sont au sommet de leur art ; l'allemande qui n'en ressortit pas moins traumatisée par certaines scènes et ne pardonna jamais au réalisateur. Il y aurait encore mille choses à écrire au sujet de ce chef-d'œuvre de critique des rapports humains contrariés par la nouvelle redéfinition des schémas socio-sexuels entre hommes et femmes. A voir absolument !
DOUCE
Film français de Claude Autant-Lara (1943)
L'année 1887 à l'approche des fêtes de la Nativité, la comtesse de Bonafé héberge dans son hôtel particulier son fils le comte Engelbert et sa petite-fille Douce, âgée de 17 ans. Irène Comtat est la gouvernante de la jeune Douce. La jeune fille est follement amoureuse de Fabien Marani, le régisseur, dont Irène est l'amante. Si le régisseur caresse l'idée de faire naviguer Irène jusqu'au Canada, afin de s'établir avec sa chère et tendre, cette dernière ambitionne plutôt des épousailles avec Engelbert, veuf depuis peu. Marani s'aperçoit de la duplicité d'Irène après que le comte ait demandé en mariage la douairière. Tandis que la comtesse entre dans une rage folle, Marani se venge en enlevant la jeune Douce, fort consentante à cette idée au demeurant. Les turpitudes bourgeoises de la maisonnée ne manquent pas de scandaliser le Tout-Paris. Devenus amants, le régisseur et Douce se rendent à une représentation théâtrale à l'Opéra comique. Un incendie ravage bientôt les lieux...
La satire sociale constitue l'une des clés du cinéaste réprouvé Autant-Lara. Issue d'une adaptation du roman éponyme de Michel Davet, la présente œuvre ne déroge pas à la règle et l'hypocrisie de la bourgeoisie parisienne y est allégrement épinglée. Et finalement, la classe populaire en prend également pour son grade. Douce est bien plus qu'un simple mélodrame comme le cinéma sous l'Occupation a pu en fournir parmi les plus insipides. La censure vichyssoise entreprit de supprimer quelques répliques jugées trop critiques à l'égard des mœurs de la bonne société conservatrice et plus ostentatoirement qu'intrinsèquement catholique. Par bonheur, il fut possible de les restaurer par la suite. Autant-Lara est définitivement un cinéaste non-conforme et on revoit toujours avec le même plaisir Odette Joyeux à l'écran. La reconstitution du Paris de la fin du 19ème siècle est, en outre, formidablement faite.
LE FABULEUX DESTIN D'AMELIE POULAIN
Film français de Jean-Pierre Jeunet (2000)
Lorsqu'elle était enfant, son père lui a diagnostiqué un cancer qu'elle ne portait pas. Aujourd'hui âgée de 22 ans, Amélie Poulain est serveuse dans un bar-tabac de la butte Montmartre. Un trésor caché dans sa salle de bains et Amélie découvre un coffret empli de souvenirs d'enfance qu'elle entend bien restituer à son propriétaire. De nature profondément débonnaire, faire le bonheur des autres est la plus belle récompense de la jeune femme. Chaque jour, elle observe les gens et se laisse emporter par son imagination fertile. Sans l'air d'y toucher, la serveuse intervient dans la vie de chacun pour arranger les petits tracas quotidiens de tous ceux qui entourent son monde enchanté. Plus que tout autre, Nino Quincampoix recueille toute l'attention d'Amélie. Quincampoix dont la vie est rythmée par le train fantôme et la fréquentation d'un sex-shop et qui cherche inlassablement à retrouver les visages des photos d'identité oubliées dans les Photomatons. Ne pensant qu'aux autres, la belle Amélie en arriverait presque à oublier son propre bonheur. Il lui apparaîtra sous les traits de Quincampoix....
Delicatessen, La Cité des enfants perdus, L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet..., cinéaste avare en réalisations, Jeunet, passé maître dans le cinéma français en matière de création d'un univers, ne cesse d'approcher les plus grands. Et pourtant, il manque toujours ce petit quelque chose. Amélie Poulain ne déroge pas à la règle bien qu'il demeure un excellent film qui fonctionne comme un machine à remonter le temps. On a envie de s'immerger dans ce Montmartre disparu. Jeunet excelle dès lors qu'il s'agit d'offrir au spectateur une galerie de personnages tous aussi tendres que loufoques. Un film qui rend tout simplement joyeux, même les plus irascibles grincheux, à l'exception notable des xénophiles fanatiques qui se plaignirent du peu de diversité ethnique de ce Paris féérique et qui se délectent qu'"un drapeau frappé d'un croissant flottera sur Paris"... Jeunet livre un plaisant hommage au village parisien.
LES MYSTERES DE PARIS
Film français de Jacques de Baroncelli (1943)
En 1820 à Paris, Fleur de Marie est une jeune femme habituée aux quartiers les plus infâmes. Un certain Rodolphe l'extraie des bas-fonds. Ce mystérieux personnage s'avère en réalité être le grand Duc de Gerolstein, parti à la recherche d'une fille qu'il eût autrefois avec la comtesse Sarah MacGregor, sa maîtresse à la méchanceté diabolique, qui fit disparaître l'enfant. MacGregor ne voit pas d'un bon œil que Gerolstein s'entiche à venir en aide à la pauvresse dont le cœur est d'une pureté sans faille. L'amante fait enlever Fleur et la séquestre à la prison Saint-Lazare. Le duc bienfaiteur part de nouveau en quête, cette fois à la recherche de Fleur. Mais se pourrait-il que Fleur et l'enfant disparu constituent la même personne ?...
Le roman éponyme d'Eugène Sue fut l'objet de nombreuses adaptations à la qualité inégale. Plus encore que la version d'André Hunebelle en 1962, l'œuvre de Baroncelli demeure la meilleure adaptation du pavé de l'auteur du 19ème siècle. Il est vrai que le Baron de Baroncelli, cinéaste prolixe, n'en était pas à son coup d'essai en matière d'adaptation cinématographique de classiques de la littérature française. Le film est servi par une talentueuse pléiade de premiers et seconds rôles tandis qu'un grand soin est apporté aux costumes et décors malgré la disette qui frappait la production cinématographique sous l'Occupation. La réalisation a néanmoins quelque peu vieilli et d'aucuns jugeront la mièvrerie de certaines scènes parfaitement insupportable.
LES RENDEZ-VOUS DE PARIS
Film français d'Eric Rohmer (1995)
Paris n'est-elle pas la ville de l'Amour ? Esther est très amoureuse d'Horace. Tout s'effondre lorsqu'un ami l'informe que Monsieur entretient des rendez-vous galants avec d'autres femmes dans un café du parvis de Beaubourg. Esther pense piéger Horace en utilisant un beau jeune homme et Aricie, une jeune femme à propos de laquelle elle ignore qu'elle est une récente conquête de son ami. Benoît enseigne la philosophie en province mais réside en banlieue parisienne. Il rencontre un jour une jeune femme qui s'ennuie de son fiancé et de leur relation morne. Une histoire d'amour naît entre les deux êtres mais la jeune femme ne parvient pas à quitter son fiancé jusqu'à ce qu'elle le croise par hasard en galante compagnie dans un quartier de Paris. Une suédoise débarque dans la capitale pour visiter la ville. Une jeune peintre lui sert de guide. La jeune scandinave est loin d'être impressionné par la peinture du gavroche. Vexé, il fixe néanmoins à la femme dans un restaurant le soir. Le peintre fait la connaissance d'une autre femme un peu plus tard qui, elle, se montre enthousiasmée par son coup de pinceau. Mais elle doit retourner auprès de son mari. Le peintre se résigne à rejoindre la suédoise au restaurant. Qui ne vient pas...
Film composé de trois sketches présentant autant de jeux de séduction dans autant de quartiers parisiens. Ces trois histoires sublimées par le talent impressionniste de Rohmer enseignent la vanité des apparences trompeuses et de la frivolité des cœurs. D'aucuns jugeront le scénario trop intellectualisant avec des paroles trop empreintes et précieuses de littérature. De Beaubourg au Marais, en passant par Montparnasse et Luxembourg, Rohmer offre une balade romantique et désenchantée de cette capitale romantique qu'est Paris. Ce film est une carte-postale. Rohmer excelle une fois de plus. C'est une bonne habitude pour ce cinéaste non-conforme que fut le regretté Rohmer, décédé il y a six ans.
LA TRAVERSEE DE PARIS
Film franco-italien de Claude Autant-Lara (1956)
Paris est occupée par les armées du Reich en cette année 1943. La pénurie d'essence, sévissant en France, réduit à l'inactivité le chauffeur de taxi Marcel Martin. Le chauffeur survit en transportant clandestinement des colis destinés à l'alimentation du marché noir. L'activité n'est pas sans risque et Martin apprend que son compère vient d'être arrêté par la police. Il lui faut le remplacer au plus vite. Dans un bistrot, Martin fait la connaissance impromptue de Grandgil, qu'il prend pour un plâtrier, qui acceptera d'entreprendre la traversée de Paris. Le duo se rend chez Jambier, épicier de la rue Poliveau. L'épicier les charge de convoyer un cochon réparti dans quatre valises dans une boucherie de la rue Lepic. Six kilomètres périlleux au cours desquels toutes les péripéties peuvent se produire. A plus forte raison lorsque le nouvel acolyte Grandgil se révèle vite incontrôlable...
Librement inspiré de la nouvelle éponyme de Marcel Aymé, Autant-Lara signe l'un des films les plus cultes du cinéma français, remarquablement emmené par le trio gouailleur Bourvil, Louis de Funès et Jean Gabin. Les répliques cinglantes font mouche, surtout lorsqu'il s'agit de railler l'enrichissement scandaleux de certains Français sur le dos de ces "Salauds de pauvres" qui ont tout autant à se reprocher avec les compromis qui deviennent des compromissions et les petites lâchetés du quotidien. La réalisation au vitriol ne manqua d'ailleurs pas de choquer les bonnes consciences qui préféraient garder un souvenir plus manichéen de l'Occupation, en cette période des Trente glorieuses lorsque le film sortit en salles. Le cinéma français est sur le point d'enfanter la Nouvelle vague qui rebat toutes les cartes de l'art cinématographique. Un certain cinéma populaire va disparaître. Il est interdit de ne pas l'avoir vu !
Virgile / C.N.C
Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.
Enfin un livre sur le paganisme au cinéma : les héros, les mythes, les épopées, le voyage initiatique, l’âge d’or, la femme fatale, l’enlèvement saisonnier, tout vient en fait du paganisme !
Le conte a souvent mauvaise presse, étant confondu avec la sorcellerie ou la spiritualité New Age. Pourtant cette sensibilité cosmique et féerique continue toujours d’inspirer notre quotidien, malgré le rationalisme et la médiocrité moderne.
Ce livre tente de recenser les nobles inspirations du paganisme dans le septième art. Il évoque bien sûr le cinéma français, soulève l’importance excessive du cinéma américain et notre inspiration anglo-saxonne. Puis il évoque d’une manière plus originale la source païenne dans le cinéma soviétique ou japonais de la grande époque, sans oublier celles du cinéma allemand, surtout celui de l’ère muette. L’ouvrage célèbre les contes de fées, les épopées, les adaptations des mythes fondateurs de la tradition nippone ou européenne. Il ignorera certaines cinématographies, quand il insiste sur d’autres. Mais le sujet est bien vaste…
Si l’on devait donner quelques noms prestigieux pour illustrer notre livre, nous donnerions ceux de Walsh, Lang, Kurosawa, celui de son compatriote Inagaki, génie païen oublié (lion d’or et oscar en son temps) du cinéma. Et bien sûr ceux des soviétiques négligés comme Alexandre Rou – officiellement « folkloriste » – et le grand maître ukrainien Ptushko. Mais la France mystérieuse, celle de Cocteau, Rohmer et Duvivier, a aussi son mot à dire…
Nous espérons que notre ouvrage redonnera à ce cinéma populaire et cosmologique quelques-unes de ses plus belles lettres de noblesse.
Entretien avec Nicolas Bonnal sur le paganisme au cinéma
Les éditions Dualpha publient « Le paganisme au cinéma » rédigé par Nicolas Bonnal , écrivain auteur notamment d’ouvrages sur Tolkien.
Mondes païens, épopées, contes de fées… Enfin un livre sur le paganisme au cinéma : les héros, les mythes, les épopées, le voyage initiatique, l’Age d’or, la femme fatale, l’enlèvement saisonnier, tout vient en fait du paganisme !
Rédigé par un cinéphile passionné et érudit, ce livre trouvera une place de premier choix dans votre bibliothèque non conforme.
Nous avons interrogé Nicolas Bonnal, qui a accepté de nous parler de son livre.
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter ?
Nicolas Bonnal : Je suis historien de formation, ancien IEP Paris. J’ai beaucoup voyagé et je vis depuis quinze ans à l’étranger. Mes voyages m’auront sauvé. Je collabore avec la presse russe et avec des sites rebelles. Mes livres sont liés à des commandes et à des passions personnelles : étude ésotérique de Mitterrand (Albin Michel puis Dualpha) ou de Tolkien (les Univers d’un Magicien) ; livres sur le cinéma ou la culture rock (Damnation des arts, chez Filipacchi). Les sujets liés à l’initiation m’ont toujours plu : mon guide du voyage initiatique, publié jadis aux Belles Lettres.
Mais mes pépites sont mes recueils de contes (Les mirages de Huaraz, oubliés en 2007) ou mes romans, notamment Les maîtres carrés,téléchargeable en ligne. Plus jeune, je rêvais de changer le monde, aujourd’hui de vivre agréablement en Espagne et ailleurs. J’ai un gros penchant pour la Galice, terre extrême et bien préservée. Sinon je suis très polémiste de tempérament, mais cela apparaît peu dans mes livres.
Breizh-info.com : Loin des clichés et des mythes, qu’est ce que le paganisme ?
Nicolas Bonnal : Pour moi c’est la Tradition primordiale hyperboréenne. C’est la seule relation de vérité et de beauté avec le monde. Tout est bien lisible dans Yourcenar ou dans Nerval.
Le paganisme, c’est la beauté, la blondeur, l’élévation sentimentale, la danse céleste, le voyage initiatique ou la guerre héroïque, le lien avec le cosmos et avec les dieux. Le reste est laid et inutile.
Breizh-info.com : Votre ouvrage se focalise presque intégralement sur un cinéma « que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre » comme dirait la chanson. Le cinéma des années 90 et 2000 serait donc vide de tout paganisme ?
Nicolas Bonnal : Non. Vous avez un chapitre sur le cinéma contemporain. J’explique des films récents que j’ai bien aimé, Twilight, Point Break, le treizième guerrier, le Seigneur des Anneaux, Apocalypse Now (le colonel Kurtz est lié au rameau d’or ou à Jamie Weston, donc au Graal).
Pour le reste il faut redécouvrir le monde recouvert par la merde médiatique contemporaine et par une ignorance crasse dans tous les domaines. Donc je parle des grands films soviétiques et japonais ou du cinéma muet. Je suis obligé de le faire. Je permets aussi au jeune Français de redécouvrir son patrimoine : Pagnol, Renoir, Cocteau.
Et si c’est mieux que Luc Besson ou les films cannois, je n’y peux rien. Ressentir le paganisme est une grande aventure spirituelle et intellectuelle, un effort intelligemment et sensiblement élitiste.
Donc pas de feuilletons américains interdit au moins de dix-huit ans ! Il faut le dire sans arrogance mais il faut le dire. Il faut oublier Avatar, et découvrir Ptouchko, Inagaki. Dans sa cabane de rondins, l’américain Thoreau tentait d’ignorer son affreux pays, philosophait et lisait en grec l’odyssée. C’est cela être païen.
Je vous invite à découvrir Taramundi par exemple en Galice pour y aller philosopher ou travailler le fer.
Breizh-info.com : Que diriez vous à des cinéphiles qui – comme moi et je pense qu’ils sont nombreux – ont un mal fou bien que férus de légendes, de mythologies et d’histoire, à regarder un film en noir et blanc ou les premiers films couleurs ? Comment les inciteriez vous à changer de regard sur ce cinéma, techniquement moins abouti qu’aujourd’hui et difficile à suivre pour l’œil ?
Nicolas Bonnal : Oui, TNT avait colorisé les films pour contourner la paresse du spectateur moyen ! Mais c’est céder à l’ennemi. La facilité nous tuera tous. C’est le triomphe de la pornographie sur l’amour fou.
J’adore le cinéma populaire. Je cite beaucoup de films en couleur, bien plus beaux qu’aujourd’hui car ils étaient en cinémascope. C’est pourquoi je défends même certains beaux « classiques » américains (les comédies musicales, surtout Brigadoon) ! Les films soviétiques ou japonais sont superbes, le Fleuve de Renoir aussi. Le noir et blanc expressionniste de Fritz Lang inspire toujours les bons cinéastes, et Metropolis comme les Nibelungen sont une date dans l’histoire.
Donc je le répète, il faut découvrir, il faut chercher, faire un effort. Il y a bien des gens qui vont dans les Himalayas escalader des pics, alors pour le cinéma ou la littérature on peut faire de même et devenir un athlète de la cinéphilie ! Il faut aussi redonner un sens pratique et initiatique au mot solidarité, créer des ciné-clubs communautaires et sensibles, échanger grâce aux réseaux sociaux autre chose que sa détestation pour Gaga ou Obama.
Et puis il faut s’ouvrir au vrai orient. Actuellement le cinéma chinois est à la pointe sur le plan technique, initiatique, héroïque. Voyez les films de Donnie Yen ou Jet Li (ses films chinois !). Ils sont à un centime sur amazon.co.uk, souvent extraordinaires.
Je recommanderai surtout les films historiques de Zang Yimou et le cinéma de Donnie Yen, extraordinaire athlète et acteur. Ici il n’y a plus aucune excuse pour refuser cette leçon. Mais quel plaisir noble que de découvrir Orphée de Cocteau ou de retrouver Naissance d’une Nation, sa célébration de la féodalité sudiste…
Breizh-info.com Quels sont les films qui vous ont le plus marqué concernant la thématique que vous abordez dans le livre, et pour quelles raisons ?
Nicolas Bonnal : Les deux Fritz Lang cités plus haut. J’aime beaucoup la Belle et la Bête de Cocteau, Perceval de Rohmer, bien enracinés dans notre vieille France initiée. Je célèbre Inagaki pour son culte du Japon solaire, cyclique, héroïque, mythologique. C’est lui aussi qui a réalisé la plus grande adaptation des 47 rônins remis au goût du jour récemment. Il faut voir Rickshaw man (voyez un génial extrait sur Youtube, Toshiro Mifune battant le tambour)) et les Trois trésors.
Tout cela est disponible via Amazon (essayez plutôt pour économiser et trouver plus amazon.co.uk ou amazon.es) et Youtube. Il y a un site russe Mosfilm. J’ai adoré donc les films de Ptouchko (Ilya Murometz, phénoménal, ou les Voyages de Sadko) et de Rou, un irlando-grec né en Russie et maître du cinéma folklorique soviétique. Voyez ses films sur Babayaga, Kochtchei, Vassilissa.
Breizh-info.com : Comment expliquez-vous qu’à l’heure actuelle, les Européens (Russie exceptée) semblent dans l’incapacité de tourner des films à la gloire d’un passé, d’une mythologie, d’une civilisation ? Pourquoi ont-ils laissé Hollywood massacrer nos mythes ?
Nicolas Bonnal : Il y a eu un bon Hollywood avec Griffith, Walsh, Hathaway : Peter Ibbetson est un sommet du cinéma érotique, lyrique et onirique. Même les films d’Elvis sont très bons, voyez ceux sur Hawaï, ils vous surprennent. Le King était une belle figure. Pour répondre à votre question, Guénon a rappelé que le peuple contient à l’état latent les possibilités initiatiques. Le paganisme est d’essence populaire et l’on détruit simplement les peuples à notre époque.
Jusqu’aux années cinquante et soixante, ce paganisme de masse avec touche éducative s’est maintenu au cinéma. Il y avait encore une civilisation paysanne en France, au Japon, en Russie, en Ukraine. Les films mexicains étaient très bons par exemple. Puis la mondialisation sauce néo-Hollywood et la société de consommation sont arrivées : on supprime tout enracinement (celui visible encore chez Renoir, Pagnol ou même Eric Rohmer), et on le remplace par un Fast-food visuel pour société liquide. Ensuite il y a une autre raison plus grave, si l’on veut. Le kali-yuga, l’âge de fer d’Ovide. On n’est pas païen si l’on est n’est pas lucide ou pessimiste. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas résister.
Mais je répète que toutes nos traditions ont été convenablement défendues jusqu’aux années 70, et j’ai souligné le rôle païen, libertaire et positif (cinéma allemand façon Schroeder ou Herzog) de cette décennie. Ensuite on est entrés dans le trou noir absolu. De temps en temps une petite lueur. Je répète ce que j’ai dit : il faut découvrir le cinéma chinois avec ses épopées, son féminisme magique, des arts martiaux à touche taoïste (fabuleux duel du début de Hero !), son moyen âge héroïque. Là je vous garantis qu’on est loin des tortues ninjas de Marvel.
(Propos recueillis par Yann Vallerie)
Pourquoi un livre sur le paganisme au cinéma?
Propos recueillis par Fabrice Dutilleul
Pourquoi ce livre ? Par goût du paganisme ou du cinéma ?
Par cinéphilie ! J’étais un jour dans un bus au Pérou, à 4600 mètres, tout près d’Ayacucho. On projetait un film à la télé à bord, et les jeunes indiens se sont comme arrêtés de vivre. Ils ont fusionné avec le film. C’était L’Odyssée. Je me suis dit alors : il y a quelque chose de toujours vrai et de fort ici, puisque les descendants des incas adorent cette épopée et les voyages d’Ulysse.
Et vos références ?
Je suis un vieux cinéphile et j’ai toujours aimé les films à forte résonnance tellurique ou folklorique. Jeune, j’adorais Excalibur ou Apocalypse now. On se souvient que le colonel Kurtz lit Jamie Weston et Le Rameau d’or. Ensuite, j’ai découvert dans un ciné-club à Grenade (merci Paco !) le cinéma japonais, dont le contenu païen est très fort, avec Inagaki et, bien sûr, Kurosawa. Puis, je me suis plongé grâce à ma belle-famille dans le cinéma populaire soviétique qui s’inspire des contes de fées (skaska) et des récits de chevaliers (bogatyr) ; les grands maîtres sont Rou et Ptouchko. Dans ce cinéma d’ailleurs, des femmes inspirées ont joué aussi un très beau rôle tardif. Voyez la Fleur pourpre (Belle et Bête revisitées) de mon amie Irina Povolotskaya.
Il y a une tonalité nostalgique dans tout le livre.
C’est une des clés du paganisme. Il était lié à une civilisation agricole qui a disparu. Relisez Ovide ou Hésiode. Il est aussi lié à une perception aigüe de la jeunesse du monde. Dans ce livre, on regrette le cinéma muet, expressionniste, le cinémascope, les grands westerns, le cinéma enraciné des Japonais, à l’époque où il y a encore une agriculture avec ses rites. Tout cela est parti maintenant, et on regrette les âges d’or et même la nostalgie évanouie. C’est évident pour le cinéma français des années 30 à 50. On pleure en pensant Pagnol, Renoir, Duvivier. Regain, le Fleuve et Marianne sont des hymnes au monde, quand la France était encore de ce monde.
Il y a aussi une tonalité mondialiste !
Pas mondialiste, mais mondiale. C’est beau d’aimer le monde. On ne peut se limiter à connaître le cinéma américain parce qu’on est colonisé culturellement, ou notre seul cinéma français. Donc vive le Japon, l’Allemagne de Weimar, la Russie enracinée de la Grande Guerre patriotique ! En se basant sur des données traditionnelles, on voit les troncs communs de la spiritualité païenne, qu’on a tant oubliée depuis.
Et le paganisme proprement dit ? Comment le considérez-vous ?
C’est ici une affaire de sensibilité et de culture, pas de pratique religieuse… les héros, l’aventure, les mythes, le crépuscule, l’âge d’or : tout cela donne ses lettres de noblesse au cinéma, avec les couleurs du cinémascope et les cheveux blonds des héros russes. Le paganisme est la source de toute la littérature populaire d’aventure et donc du cinéma. On ne peut pas comprendre Jules Verne ou Conan Doyle si l’on n’est pas au fait de ces croyances, de cette vision poétique du monde.
Vous avez partagé votre livre en cinématographies ?
Pas tout à fait. J’étudie bien sûr les grands moments du cinéma russe ou japonais, ceux du cinéma allemand muet ou moderne (de Fritz Lang à Herzog), les beaux moments du cinéma français (Renoir, Rohmer, Duvivier…). Puis je reviens au cinéma américain, via les grands classiques du western et de la comédie musicale (Brigadoon) et le beau cinéma orangé des années 70. Et je commence mon livre par un aperçu de notre culture païenne expliquée par les spécialistes et réintégrée dans la culture populaire depuis le romantisme !
Si le sujet de ce livre est le paganisme, quel en est l’objet ?
Connaître des cinématographies, les comprendre et les aimer. Le cinéma est venu quand le monde moderne a commencé à tout détruire, les contes et légendes, les paysages, les danses folkloriques, les cadres de vie, tout !
Cette industrie artistique a aidé à comprendre (même si elle a parfois caricaturé ou recyclé) la beauté du monde ancien, tellurique et agricole qui allait disparaître. Le cinéma japonais est magnifique dans ce sens jusqu’au début des années soixante. Et donc l’objet de ce livre est de pousser la jeunesse à redécouvrir l’esprit de la Genèse, la nature, les animaux, les cycles, les hauts faits, les voyages et les grandes aventures initiatiques. Les romains, dit déjà Juvénal dans ses Satires, connurent le même problème, les enfants ne croyant même plus aux enfers ! C’est un livre sur la poésie de la vie et des images qui nous aident à l’affronter aux temps de l’existence zombie et postmoderne.
Quelques films pour commencer ?
Ilya Murometz de Ptouchko. Kochtchei de Rou. Les Trois Trésors d’Inagaki. Les Nibelungen de Fritz Lang. Le Fleuve de Renoir.
Pourquoi toujours ce Fleuve ?
Parce que c’est l’eau, c’est Héraclite et son fleuve où l’on ne se baigne pas deux fois. C’est le chant des bateliers aussi. C’est le Gange, avec vie et mort. C’est l’éternité du monde avant l’industrie. C’est la famille aussi. Et c’est la nostalgie.
Le paganisme au cinéma de Nicolas Bonnal – 354 pages – 31 euros – éditions Dualpha, collection « Patrimoine du spectacle », dirigée par Philippe Randa.
Ray Bradbury once said, “I wasn’t trying to predict the future. I was trying to prevent it.” Really, that’s the whole point of science fiction. The genre has never been about predicting new technologies. Instead, its purpose is to warn us about the dark future to come, if we don’t change our path.
Occasionally, we listen and learn, and then society improves. But other times, we don’t. And while the present day seems quite ordinary to us, the reality is that our modern era was once a horrible, terrifying nightmare that sci-fi writers desperately tried to stop.
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‘Number 12 Looks Just Like You’ Warned Us About South Korea’s Plastic Surgery Obsession
When The Twilight Zone first aired on TV, cosmetic surgery barely existed. It was only used for the absolute worst medical cases. The idea of someone getting their face restructured just for the sake of looking pretty still seemed outlandish to most people.
But not to the writers of The Twilight Zone. As it turns out, they knew exactly what was coming.
In the episode “Number 12 Looks Just Like You,” we’re taken to a future where every person is expected to go through a “transformation” at age 18. This surgery completely changes their face to resemble one of a small number of gorgeous models. It’s such a big change that teenagers are appointed therapists to deal with the stress of waiting to become beautiful.
When they wrote it, the Twilight Zone writers were just worried about girls using too much make-up. But in South Korea, the world is more like “Number 12 Looks Just Like You” than even the writers could have predicted.
A shocking one in three girls in South Korea have had plastic surgery, and just like in the story, the results are drastic. So much so that plastic surgeons now have to hand out certificates proving that the attractive girl in question is really the same drab-looking person on her ID.
Just like in the story, plastic surgery is a common graduation gift for girls after high school. It really seems like they’re living in the Twilight Zone. Girls suffering through high school, unable to live up to the unreal standards that adults have created, and then conforming to one of a few faces as soon as they turn 18.
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‘The Veldt’ Warned Us About Video Game Violence
When Ray Bradbury wrote his short story, “The Veldt,” televisions were just coming into homes for the first time, and these inventions changed everything, especially parenting. It’s kind of hard to imagine how parents did it before Dora the Explorer was around to help out. Raising a child was a much different thing back in the day . . . and Bradbury was terrified about how it might change.
In “The Veldt,” Bradbury writes about a family that uses a “nursery”—basically, an interactive TV—to keep their kids entertained. The children end up being raised more by the nursery than by the parents, and that’s when the kids start going savage. It gets so bad that, when the worried parents finally shut the nursery down, the kids murder them.
Perhaps Bradbury’s story sounds kind of far-fetched. How could TV make a kid murder his parents? Well, the thing is, it actually happened. The exact events of the story played out in real life.
A 14-year-old boy named Noah Crooks was obsessed with video games, and just like in the story, his mother began to worry about how it was affecting him. His grades were going down, and he was becoming more and more prone to violence. And just like in the story, his mother decided to shut the video games down.
Noah didn’t take this well. He erupted in a fit of rage and murdered his own mother.
Sure, Noah isn’t exactly normal, but neither are the kids in the story. They’re portrayed as an extreme symptom of a larger problem. Ray Bradbury wasn’t saying everyone would murder their parents. Instead, he argued that children would lose enough parental guidance that it could possibly happen. And maybe Bradbury was right. Maybe TV and video games have really messed us up, but we’re just so used to them that we don’t even realize it.
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‘The Machine Stops’ Warned Us About Facebook Friendships
When it came out in 1909, “The Machine Stops” seemed like a bit of an overreaction. The telephone had just started to enter into people’s homes, and E.M. Forster was already worried that society was somehow ruined. He imagined a ridiculous future where people would spend all their time indoors, sitting at machines, while sending short, pithy thoughts to thousands of “friends” they’d never met, and “liking” things as their main source of human interaction.
Sure, this probably sounded paranoid in 1909. After all, it was just a telephone. But today, our reality is almost exactly like the world in “The Machine Stops.” The story’s depiction of long-distance interactions is eerily similar to social media. The idea of having thousands of online friends you’ve never met is a terrifyingly dead-on prediction of Facebook. And the way people in the story send out short, one-sentence thoughts is basically an old-timey Twitter.
But it’s more than just the inventions, though. The whole culture Forster predicted in 1909 is just like ours. For example, Forster portrayed social media as a form of distraction. When the protagonist of the story starts to feel sadness for her son, she’s immediately pulled out of her thoughts by the ability to “like” things. And according to some people, that’s exactly what happens in real life. Some claim that social media really does distract us from our families and emotions by giving us hard-to-ignore jolts of stimulation.
There’s also our attitude toward the outdoors. In the story, going outside for pleasure is considered weird. Now, most people won’t say that out loud, but it does seem to be our view today. According to one study, only about 1 percent of Americans actually participate in nature-based activities.
The final message of the story is that our connection to nature and our families is what brings us happiness, not social media. Similarly, a study of college students showed that heavy Facebook users are more likely to be depressed, so maybe that message hits home for us, too.
For a story written in 1909, the overlaps are incredible. The only thing Forster got wrong was that he thought some robotic dictator would force us into this scenario. In reality, we were happy to do it ourselves.
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‘The Fun They Had’ Warned Us About Online Learning
When Isaac Asimov wrote “The Fun They Had,” he wasn’t really worried about any particular issue. Actually, he only wrote this story—a tale of kids learning on computers—as a favor for a friend. But what might’ve seemed inconsequential in Asimov’s time is quickly becoming a reality today.
The story tells about a future where children learn exclusively at home, on computers. When the computers break down, the kids find out that students used to learn in classrooms, and suddenly, they begin wondering about “the fun they had” in the past.
We aren’t quite at that point yet, but we’re getting there. When Asimov penned this tale, all education took place in classrooms, and barely anyone was homeschooled. Today, the rate of homeschooled kids has tripled to nearly two million in America alone.
Learning on computers is becoming a reality, too. As of 2011, 30 percent of all college students were learning via the Internet. But it’s not just limited to adults, though. Schools are already promoting online, computer-based teaching in nurseries. According to advocates, this will soon be the norm.
When you think of Asimov’s time period, this was a truly crazy prediction. In the 1950s, personal computers didn’t even exist, and the idea of giving up school must’ve seemed fairly far-fetched. But today, the technological innovations that Asimov wrote about are quickly becoming the way we learn.
In this short story, two men have such a hard time putting up with their wives’ affections that they buy look-alike robots to stand in for themselves at home. But the twist is that the women like the robots better than their husbands. And in the end, the main character is stuffed into a crate and permanently replaced by the robo-hubby.
On its face, this sounds pretty ridiculous. It’s not like we’re so unwilling to put a little work into our relationships that we’d replace our partners with dolls . . . are we?
Well, in Japan, that’s exactly what’s happening.
Japan is dealing with an epidemic of growing disinterest in sex. Currently, 61 percent of unmarried Japanese men have never dated anyone, and 45 percent of women between the ages of 16 and 24 say they have no interest in having sex whatsoever. So why did half of Japan lose interest in having relationships with other people? Because it’s too hard.
Experts have consistently blamed this phenomenon of so-called “herbivore” asexuals on people just giving up. Things are so serious that one economic analyst actually proposed a tax hike on sexually attractive people. He hopes this will give uglier men a chance when it comes to dating, thus increasing the national birthrate.
But while these “herbivores” say they have no interest in sex, that’s not exactly true. While they might not put in the effort necessary to attract human girls, they’re perfectly happy to start romantic relationships with artificial ones. These men spend their time playing with virtual girlfriends on computers, purchasing erotic figurines of cartoon characters, or dating “waifus”—pillows with pictures of girls on them.
This phenomenon isn’t just limited to Japan, either. America has “iDollators,” men who have given up on attracting human women. Instead, they’ve “married” realistic sex dolls, as seen in the video above.
There’s something about “Marionettes, Inc.” that feels like Bradbury just wrote it for a laugh. But weirdly enough, we’re suddenly living in a world where life-like dolls really are creeping into our bedrooms.
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‘The Brain Center At Whipple’s’ Warned Us That Robots Would Take Our Jobs
In 1964, Rod Serling wrote a Twilight Zone episode that ended with one its trademark twists. The episode focuses on Wallace V. Whipple, a man who fires the employees at his manufacturing company and replaces them with robots. In the episode’s ironic ending, Whipple ends up getting replaced by a robot himself.
Similar to many other Twilight Zone episodes, “The Brain Center at Whipple’s” actually predicted the future. First of all, while robot factories are completely a thing these days, you might not realize how space-age they are. We’re far past the point where we just have a few machines and computers to make the job easier. More and more, factories are increasingly operated by robots, just like Serling predicted.
Experts are predicting that, over the next 20 years, we are going to see about 50 percent of all jobs disappear. But we’re not just talking about factory jobs, and that’s what’s so spot-on about “The Brain Center at Whipple’s.” Just like Wallace V. Whipple, the managers who had us replaced are starting to be replaced by robots themselves.
A computer program has been created and tested that not only chooses employees, but it actually seems to make better hiring decisions than humans do. When the program was put in charge of picking who to hire, its top choices stayed on the staff for an average of 29 days longer than the other applicants. So for those you at Amazon who are losing jobs to delivery drones, take a little comfort. The robots are coming for your boss, too.
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‘Solution Unsatisfactory’ Warned Us About The Cold War
The world changed after America invented the atomic bomb. This terrifying weapon wreaked such destruction that it brought an end to World War II. It also gave us a world where America was a superpower, and nations carried enough weapons to destroy the planet, thus giving rise to the Cold War. And when that icy conflict ended, it left us in an era where the US patrols other countries, limiting their access to weapons of mass destruction in the name of peace.
That’s not a history lesson. That’s a summary of Robert Heinlein’s story “Solution Unsatisfactory,” written before the Manhattan Project even began.
Heinlein wrote this story before the US had entered World War II. The plot was inspired—according to Heinlein—by an editor asking him to write a story about “radioactive dust” being used as a weapon. But the weird thing about “Solution Unsatisfactory” isn’t that Heinlein got the atomic bomb right. (In fact, he thought it would be more like a biological weapon.) It’s that he predicted the next 60 years of history almost perfectly.
Like Heinlein guessed, the introduction of nuclear weaponry caused us to live in constant terror of imminent nuclear destruction. During the Cold War, children even watched “edutainment” videos on how to survive an apocalypse as part of a regular school curriculum. But Heinlein’s story goes even further. He warns of a future when America would play the part of world police.
In his story, America holds enough weapons to destroy the entire planet. It then uses them to create a “Peace Patrol” that forces everyone else to give up their militaries. It’s almost exactly what’s happening today, with America’s current efforts to keep countries like Iran from becoming nuclear powers.
Heinlein ends his story by warning that America probably won’t be able to keep up its role as international peace officer, and the world will probably destroy itself. That should be a pretty troubling prediction, given how much of the future Heinlein actually got right.
However, the only thing he didn’t predict is how complacent we’d become to this dystopian life. Heinlein ended his story by writing, “I can’t be happy in a world where any man, or group of men, has the power of death over you and me.” And really, whether we talk about it or not, that’s the world we live in right now. Only we’ve just learned to go on with it, to stop worrying and love the dystopia.
3
‘Static’ Warned Us About Our Obsession With Nostalgia
If you want proof that our culture has become obsessed with nostalgia, just log onto Buzzfeed. You don’t have to search hard to find an article with a title like “Only ’90s Kids Will Remember This.”
The Twilight Zone warned us about this problem, too. The 1961 episode “Static” tells the story of a man in his late 50s who finds an old radio that only plays programs from his childhood. He becomes obsessed with the radio, and he won’t do anything but listen to it. Soon, his friends become worried about his mental health, and they take his radio away.
Does that sound familiar? The radio is basically Nickelodeon’s TV station that only plays ‘90s shows, or any other “retro TV” station or website devoted to pop culture, for that matter. Basically, every aspect of our entertainment is obsessed with the past.
Take movies, for example. Josh Kurp of Uproxx looked at the top 10 grossing movies for each year since 1990. He found that, out of every hit so far this decade, there are only six that aren’t remakes or sequels. It seems we’re perpetually revisiting our childhood, just like the man by the radio. And this might be more of an issue than we realize.
Originally, “nostalgia” was a mental illness, not something we were supposed to take pride in. The word came about to describe a crippling longing for the past, which in turn leads to depression. These days, some worry that we’re getting stuck in a rut because of our focus on the past, both artistically and culturally. Perhaps, like the man in the Twilight Zone episode, we’re all sitting by a machine, playing back our past memories . . . and perhaps that’s a problem.
2
Fahrenheit 451 Warned Us About Our Obsession With Reality TV
Fahrenheit 451 is about more than just burning books. It’s about a culture that willingly gives up on its intellectualism and social connections, all thanks to TV. Sure, nobody is setting books on fire right now, but some other parts of the novel are eerily similar to our reality today.
In the book, the hero’s wife, Mildred, spends most of her time watching a “parlor family” on TV as they play out their ordinary lives. She seems more emotionally invested in these characters than she is in her own family. Mildred insists that she has an obligation to keep up with what they’re doing, and she ignores her husband to focus on the show, even putting “audible seashells” in her ears to shut off the world around her.
It’s eerily close to modern reality TV shows, especially ones like the Kardashians. People today have a weirdly deep level of knowledge about that family. If you visit the right websites, you can find daily updates on everything the Kardashians are doing. Some people have, at least in a half-kidding tone, even admitted to knowing more about these socialites than their own families.
Bradbury’s “audible seashells” are real, too. Only today, they’re in the form of earphones. That’s more than just a technological prediction, though. These buds have changed society, just as Bradbury assumed they would.
Headphones have been credited with changing the world of art by removing its social requirements. Where music was once a public art, people now have their own tastes because they listen to their iPods alone. And people often put on headphones as a way of saying, “Don’t bother me. I want to be alone.” So while we aren’t burning books yet, it’s probably because we’d have to gather with other people first.
1
The Sheep Look Up Warned Us About Beijing’s ‘Airpocalypse’
John Brunner’s 1972 book, The Sheep Look Up, warns of a world ravaged by pollution. The people in the story use water filters to drink, and only the poorest risk drinking tap water. They wear masks when they go outside in order to survive the smog. And chemicals have absolutely devastated both water and land.
If you live in China, this might just sound like a news report.
Modern China has turned into the exact place Brunner described. People in China exclusively drink purchased water because it’s unsafe to drink from the tap. Even the poor avoid tap water if possible, since major health problems can occur if you drink anything that comes out of a Chinese sink.
And, yes, people wear masks outside. But things have gone even further than most people would expect. Air pollution in Beijing has recently reached what’s being called “doomsday levels” or the “airpocalypse.” Pollution there is 18 times higher than the safe level, making it an absolute necessity to don a mask.
One of the most extreme cases of pollution can be found in the waters of Qingdao. Due to chemicals, the water has been overrun with so much green algae that it completely covers the surface. It’s an absolute catastrophe with apocalyptic implications, but for the people in China, it’s just everyday life. Because that’s all you can do when you live in a dystopia. Just carry on.
On l'oublie trop souvent ! L'Irlande est peut-être le pays qui aura le plus contribué à la préservation de notre plus longue mémoire. A la suite de l'évangélisation de l'île par Saint Patrick au 5ème siècle, de nombreux moines fixent minutieusement par écrit les traditions orales du Nord de l'Europe dans des monastères qui comptent parmi les centres spirituels les plus effervescents du monde connu, contribuant ainsi à une meilleure connaissance des temps et des civilisations les plus anciens. Les temps troublés prennent place au 16ème siècle lorsque des navires chargés d'Anglais et d'Ecossais protestants déferlent sur la Green Erin et entreprennent sa colonisation. La langue gaélique cède progressivement sa place à l'idiome anglais. Plus qu'une volonté de résistance linguistique, c'est le facteur religieux qui va exacerber les passions. Farouchement catholiques, les Irlandais ne cessent de se révolter contre l'occupant protestant. Insurrections vaines face à la toute puissance de l'ennemi... Aussi, l'Histoire moderne de l'Irlande constitue-t-elle une longue litanie de massacres perpétrés par Oliver Cromwell et ses successeurs au service de Sa Majesté. Les massacres s'accompagnent d'une élimination politique. Composant 85% de la population insulaire, les Irlandais sont bannis du Parlement ; Parlement bientôt supprimé par l'Acte d'Union de 1801 qui intègre pleinement l'île dans le Royaume-Uni de Grande-Bretagne. Un pas supplémentaire est franchi lorsque l'élimination politique se mue en pratique génocidaire. S'il sera exagéré d'indiquer que la Grande Bretagne a "fabriqué" la grande et meurtrière famine qui sévit entre 1846 et 1848 et contraint nombre d'Irlandais à émigrer aux Etats-Unis, il ne le serait point d'affirmer que l'occupant se frottait les mains de voir les Irlandais disparaître ! Malgré tous ces malheurs, jamais le peuple irlandais n'aura abdiqué depuis la bataille de la Boyne en 1690 qui consacre la première défaite des rebelles. L'histoire de la résistance irlandaise est jalonnée de noms de héros : Wolfe Tone, Robert Emmett, Daniel O'Connell... Si chaque rébellion est un échec noyé dans le sang, c'est un coup de bélier supplémentaire qui fissure toujours un peu plus la citadelle assimilationniste britannique. En 1905 est fondé le Sinn Fein qui parvient très rapidement à obtenir des concessions de l'Empire britannique. En 1912, le Home Rule accorde une autonomie accrue à l'île. L'éclatement de la Première Guerre mondiale offre une fantastique opportunité d'attaquer un occupant déjà affaibli par la mobilisation de ses troupes sur le continent et de créer un arrière-front de guérilla.
L'insurrection de Dublin, également appelée Pâques Sanglantes, éclate en ce lundi de Pâques, le 24 avril 1916. L'indépendance de l'Irlande est proclamée. Les volontaires républicains sont écrasés après une semaine d'intenses combats le 30 avril. Le socialiste et nationaliste James Connolly est arraché de son lit d'hôpital sur lequel sont pansées ses blessures, assis sur une chaise et fusillé. Exécutés également les autres chefs, Patrick Pearse, Tom Clarke, John MacBride, Sean McDiarmada, Joseph Plunkett et le lord protestant pro-irlandais Roger Casement. Perçue dans la mythologie nationaliste comme une bataille de grande envergure, les événements de Pâques constituent en réalité un affrontement miniature lors duquel 1.250 Irlandais font face à 16.000 soldats de la Couronne. 80 volontaires républicains furent tués, de même que 300 civils ; l'Empire dénombrant quant à lui 169 morts. Dublin, Guernica nationaliste ? Si les rebelles n'auront pas suscité d'embrasement généralisé, au moins l'insurrection aura-t-elle marquée de sa profonde empreinte la mémoire collective irlandaise. Et la rébellion de Pâques 1916 est certainement intéressante pour tout révolutionnaire à cet égard : il s'agit peut-être du meilleur exemple de l'émergence d'un sentiment révolutionnaire au sein d'un peuple. La proclamation de l'indépendance ne suscita guère l'enthousiasme parmi la foule irlandaise qui ne manqua pas de se gausser de voir quelques 800 volontaires de l'Irish Citizen Army et de l'Irish Volunteers Force, habillés en guenilles et armés de fusils qui manqueraient un cerf dans un pub bondé, défiler dans O'Connell street animés de leur volonté de défier le puissant Commonwealth. De la moquerie, le sentiment populaire se mue bientôt en colère lorsque la population dublinoise examine la détermination de ces bougres d'indépendantistes qui vont faire s'abattre sur la ville une féroce répression. En cela, ne s'étaient-ils pas trompés ! Mais c'est bien le courage romantique et sacrificiel de cette élite républicaine qui va faire germer le sentiment révolutionnaire au sein de tout le peuple d'Irlande. L'un des chefs républicains, McDiarmada, peut-il écrire dans sa dernière lettre à sa famille, "Au revoir chers frères et sœurs. Ne pleurez pas sur mon sort. Priez pour mon âme et soyez fiers de ma mort. Je meurs pour que la Nation irlandaise puisse vivre. Dieu vous bénisse, vous protège, et puisse-t-Il avoir pitié de mon âme." Comme toujours, le peuple fut attentiste avant de comprendre que c'est l'Irlande qui avait trop attendue... Mieux soutenue par le peuple, c'est désormais à l'Irish Republican Army de reprendre le flambeau de la révolte. Up the R.A. ! Mélange de romantisme révolutionnaire et de celtisme, la lutte de l'Irlande pour son auto-détermination a gagné les cœurs de nombre d'Européens de tous bords. Le cinéma a inévitablement joué un rôle d'adhésion à la lutte républicaine. Nombre de réalisateurs ont, avec le plus grand talent, rendu hommage aux volontaires des unités rebelles. En ce centenaire de l'insurrection de Pâques 1916, vous contribuerez à votre tour à ce salutaire devoir de mémoire en n'oubliant pas...
LA FILLE DE RYAN
Titre original : Ryan's daughter
Film anglais de David Lean (1969)
Kirrary est un petit village de la côte irlandaise la plus occidentale. L'année 1916, Tom Ryan est le tenancier sournois d'un pub dont la fille Rosy épouse Charles Shaughnessy, l'instituteur veuf de quinze ans son ainé. Curieuse union qui prend l'eau dès les premiers jours ; la sensuelle Rosy se désespérant aussitôt de la maladresse conjugale de son époux. Rosy fait bientôt la rencontre du taciturne major britannique Randolph Doryan, débarquant, gravement blessé, des tranchées de la Première Guerre mondiale afin de prendre la tête du commandement d'une garnison. La subite passion qui unit les deux êtres fait scandale dans la communauté villageoise après que le secret de leur liaison soit révélé par le benêt du coin, Michaël. Rosy est sévèrement tancée par le Père Collins tandis que les villageois, tous ultranationalistes, s'étranglent de cette relation contre-nature. Un autre scandale secoue bientôt le village. Tim O'Leary, volontaire républicain, dont la popularité est grande parmi la communauté, est arrêté tandis qu'il s'apprêtait à réceptionner une cargaison d'armes allemandes. Si Tom Ryan est le dénonciateur, les soupçons se portent immédiatement sur sa fille, coupable de pactiser avec l'ennemi protestant. La communauté villageoise, acquise à la cause indépendantiste, se retourne violemment contre Rosy...
Très libre adaptation de Madame Bovary de Gustave Flaubert, transposée de la Normandie dans la Green Erin. Le film fut assassiné par la critique, au point que Lean ne toucha plus une caméra pendant quinze longues années. Et l'on se demande bien ce qui motiva cette injustifiable exécution en règle tant le réalisateur livre une magnifique œuvre romantique et empreinte d'une forte émotion. La famille Ryan, c'est la duplicité d'un père délateur à laquelle s'ajoute la volonté émancipatrice de la fille, éprise de culture dans un univers rustre en même temps que d'un soldat ennemi. Le film est d'une irréprochable esthétique invitant au voyage en Irlande. La scène de la tempête figure au Panthéon du cinéma. Si l'œuvre ne fait pas référence de prime abord à l'insurrection dublinoise, elle retranscrit merveilleusement et avec une parfaite précision historique la fiévreuse mentalité nationaliste qui secoue l'île peu avant l'insurrection de 1916, et ce, en pleine Première Guerre mondiale, pendant que la perfide Albion est enterrée dans les tranchées outre-Manche.
IRISH DESTINY
Film irlandais de George Dewhurst (1925)
En 1919, la lutte pour l'indépendance de l'Irlande vient de débuter. Les sombres Black and Tans poursuivent inlassablement les rebelles indépendantistes. Le petit village de Clonmore est l'un des théâtres d'opération. Volontaire républicain, Denis O'Hara apprend au cours de la descente que la police investira le lieu d'une réunion secrète, qui doit se tenir non loin de Dublin, afin de discuter des actions à mener. Afin de déjouer l'arrestation de chacun, O'Hara tente de prévenir ses camarades mais est touché par une balle etbbientôt appréhendé. Son arrestation le fait échouer dans sa tentative. O'Hara est emprisonné à Kildare. Sans nouvelle du jeune homme, la famille du prisonnier le croit mort. Sa mère perd la vue sous le choc de la nouvelle tandis que sa fiancée Moira est enlevée par Gilbert Beecher, traitre acquis aux loyalistes. Le jeune O'Hara parvient néanmoins à s'échapper et regagner son village...
Première œuvre à évoquer la rébellion de Pâques 1916 et projetée pour la première fois le jour de Pâques 1926, dix années jour pour jour après les événements, la réalisation muette de Dewhurst rencontra immédiatement un fort succès malgré la censure britannique. O'Hara figure un jeune irlandais ordinaire qui accepte de mettre sa vie en péril pour la plus juste cause à ses yeux : l'indépendance de l'Irlande. Pour cela, il est prêt à tout sacrifier. Considéré comme perdu pendant plusieurs décennies, une bobine fut, par bonheur, miraculeusement retrouvée aux Etats-Unis, en 1991, restaurée et enrichie de fascinantes images d'archives de l'I.R.A. Le producteur et médecin dublinois Isaac Eppel y laissera toute sa fortune. L'œuvre est empreinte d'un certain côté propagandiste évidemment et est parfois prisonnière du cinéma mélodramatique muet mais n'en demeure pas moins un petit bijou dont on peut craindre qu'il ne soit jamais édité en France.
MA VIE POUR L'IRLANDE
Titre original : Mein Leben für Irland
Film allemand de Max W. Kimmich (1941)
Dublin en 1903, Michael O'Brien est capturé. L'activiste indépendantiste est suspecté d'un attentat meurtrier sur des policiers de Sa Majesté. La justice condamne le jeune O'Brien à mort après une parodie de procès. Pendant sa détention, sa fiancée enceinte Maeve Fleming le visite en prison et obtient l'autorisation de l'épouser avant qu'il ne soit pendu. O'Brien lui remet une croix d'argent qu'arborent les nationalistes irlandais et sur laquelle sont gravés les mots "Ma vie" et "Irlande". Puisse cette croix revenir un jour au fils qu'O'Brien ne verra jamais... 1921, O'Brien n'aura effectivement jamais connu son fils qui passe cette année-là son baccalauréat dans un collège anglais. Sa condition de fils d'un rebelle lui a imposé une éducation spécifique par l'occupant sous la férule de Sir George Baverly qui veut en faire un parfait Britannique. Ainsi sont éduqués les mauvais Irlandais comme Michael Jr. Il se peut qu'il en faille plus qu'un conditionnement sous haute surveillance pour transformer un fils de rebelle en fidèle sujet de la Couronne...
En 1941, avant que le Reich ne s'attaque à la Russie soviétique, la Grande-Bretagne représente le principal ennemi de l'Allemagne. Aussi, n'est-il pas anormal que le cinéma national-socialiste ait glorifié les autres ennemis du pouvoir londonien. Sorti la même année que Le Président Krüger de Hans Steinhoff, évoquant la Guerre des Boers, Ma vie pour l'Irlande s'intéresse bien évidemment aux combattants de la liberté irlandaise, perçus comme solidaires de la lutte antibritannique. L'œuvre de Kimmich se range résolument aux côtés des républicains. Dans la production de qualité inégale de l'art cinématographique nazi, il s'agit ici d'une réalisation très intéressante dans sa présentation de la vie clandestine et des motivations des luttes pour l'auto-détermination. L'atmosphère embrumée des ruelles dublinoises et parfaitement rendue et le film est servi par un rythme haletant dès la scène d'ouverture qui se poursuit jusqu'à la sublime scène finale. Un film remarquable mais difficile à revoir et uniquement distribué en D.V.D. par une société de Chicago...
MICHAEL COLLINS
Film américain de Neil Jordan (1997)
Pâques 1916, l'atmosphère est lourde dans la cité dublinoise. Chacun sent bien que des événements vont se produire. Si la rébellion d'une poignée d'insoumis irlandais éclate bien, l'issue des combats ne laisse aucun doute tant la supériorité technique des troupes anglaises est remarquable. Nombre de patriotes irlandais sont tués dans les combats. Beaucoup d'autres sont arrêtés, tel Eamon De Valera, président du Sinn Fein. On fusille des prisonniers parmi lesquels le révolutionnaire national-syndicaliste Connolly. L'insurrection est noyée dans le sang et provoque une détermination infaillible chez les survivants. Parmi les jeunes insurgés à avoir échappé à la mort, Michael Collins se jure que 1916 constituera le dernier échec des indépendantistes. Face à un ennemi supérieur en armes, la surprise doit-elle prévaloir. Aussi, la priorité est-elle l'élimination des espions. Avec l'aide de son fidèle ami Harry Boland et l'appui d'un informateur anglais, Collins devient le héraut républicain, entreprend la neutralisation des traitres et prépare une véritable stratégie de harcèlement militaire qui porte ses fruits. Le traité de 1921 accorde l'indépendance à la majeure partie de l'île. L'Ulster reste sous domination britannique, faisant se déchirer la famille républicaine...
Somptueuse et rigoureuse épopée de la lutte du peuple irlandais pour son accession à l'indépendance dans la première moitié du vingtième siècle. Difficile de ne pas plonger corps et âme dans cette lutte pour la liberté qui se double d'une guerre fratricide entre nationalistes. On ne peut s'empêcher de regarder les frères d'hier s'entretuer sans un gros pincement. Collins est le héros d'un combat qui le transforme en victime expiatoire de sa propre lutte. Allez un petit bémol, Jordan peine à faire l'économie d'une histoire d'amour entre Collins et sa fiancée Kitty Kiernan qui alourdit considérablement une intrigue déjà fort spectaculaire. A plus forte raison, Julia Roberts n'est guère à son aise ! Le cinéaste prend quelques autres libertés avec l'Histoire, prêtant à moins de conséquences. Liam Neeson s'implique énormément dans son rôle. Enorme succès en Irlande, massacré en Angleterre, preuve s'il en est que le cinéma n'est pas qu'art. A voir absolument évidemment !
ON EST TOUJOURS TROP BON AVEC LES FEMMES
Film français de Michel Boisrond (1970)
Dublin, le Lundi de Pâques 1916. L'armée britannique attaque le bureau des Postes dans lequel sont retranchés sept insurgés républicains commandés par McCormack. Gertie Girdle, une employée qui utilisait les toilettes au moment inopportun, est prise en otage par les indépendantistes. La jeune femme se révèle être la fiancée du commandant Cartwright, qui n'est autre que l'officier à la tête du détachement de Sa Majesté assiégeant la cité. L'otage se mue bientôt en une pasionaria exhortant les révolutionnaires à se conduire au feu de la plus belle manière. La fougue des insurgés est dérisoire face à la puissance des troupes britanniques. Les canons ont raison de la rébellion. Mais Cartwright ne ressortira pas non plus indemne du combat...
Boisrond adapte à l'écran le roman éponyme paru en 1947 sous le pseudonyme de Sally Mara qui masqua un temps l'identité de Raymond Queneau. Curieux et plaisant roman de Queneau que Boisrond trahit allégrement en en faisant un film vulgaire avec le Jean-Pierre Marielle des mauvais jours. C'est bien dommage pour le seul film français sur le sujet ! Le synopsis est trompeur. Aussi, ne faut-il pas s'attendre à un film historique. Bien au contraire, le roman et le film évoquent plutôt un récit burlesque et grivois, empreint d'un soupçon d'érotisme, sur la manière de se comporter au feu en compagnie d'une dame de la haute société. Si quelques passages du film sont assurément plaisants, il sera permis de lui préférer le roman.
REVOLTE A DUBLIN
Titre original : The Plough and the Stars
Film américain de John Ford (1936)
Pâques 1916 en Irlande. Les troubles agitent Dublin. L'insurrection..., Nora Clitheroe aimerait s'en tenir la plus éloignée possible. Mais voilà..., son époux Jack vient d'être nommé par le général Connolly commandant d'une unité. L'époux doit prendre immédiatement ses fonctions. Les dirigeants du Sinn Fein viennent de proclamer l'indépendance. Une indicible peur envahit l'épouse lorsqu'elle apprend que l'homme qu'elle aime éperdument reçoit l'ordre d'investir le bâtiment des Postes. Les rebelles possèdent l'avantage de la surprise et se battent vaillamment. Mais les nombreuses forces loyalistes écrasent sans difficultés la hardiesse des volontaires irlandais. Poursuivi sur les toits de la cité, Jack peine à retrouver Nora tout en continuant de tirer ses cartouches. Son amour pour Nora ne le fera guère abandonner la lutte armée...
Libre adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Sean O'Casey, l'œuvre de Ford se révèle fort plus belliciste que la pièce du dramaturge nationaliste. Révolte à Dublin, c'est le tiraillement d'un homme entre le fol amour qu'il voue à son épouse et une cause révolutionnaire qui sublime toute autre perspective de vie. Un vrai bréviaire de la Révolution dans ses dialogues qui évite l'écueil de vouloir trop en faire, si ce n'est montrer et rendre hommage à la paradoxale froide passion des combattants irlandais. Ford ne manque pas de saluer la mémoire des oubliées des révolutions en la personne des épouses des rebelles. Les premiers rôles sont merveilleusement campés et la réalisation offre une truculente galerie de seconds roublards. Le propos est clairement favorable au camp républicain. Il est vrai que le réalisateur est né Sean O'Feeney avant d'adopter un patronyme plus digeste à Hollywood. Tout simplement un chef-d'œuvre d'un peu plus d'une heure. Quel regret qu'il soit malheureusement trop court !
LE VENT SE LEVE
Titre original : The Wind that shakes the Barley
Film anglais de Ken Loach (2006)
Les années 1920 en Irlande. Des bateaux entiers déversent leur flot de Black and Tans pour mâter les rebelles qui poursuivent la lutte pour l'indépendance après l'échec de l'insurrection de Pâques 1916. Les exactions sont nombreuses et la répression britannique impitoyable. A l'issue d'un match de hurling dans le comté de Cork, Damien O'Donovan voit son ami Micheál Ó Súilleabháin sommairement exécuté sous ses yeux. Malgré quelques hésitations, Damien plaque la jeune carrière de médecin qu'il devait débuter dans l'un des plus prestigieux hôpitaux londoniens pour rejoindre son frère Teddy, commandant de la brigade locale de l'I.R.A. Dans tous les comtés, des paysans rejoignent les rangs des volontaires républicains et bouter l'Anglais hors de l'île. Au prix de leur sang, et d'indicibles tourments, les volontaires de l'I.R.A. changeront le cours de l'Histoire...
The Wind that shakes the Barley est un poème de Robert Dwyer Joyce évoquant l'insurrection irlandaise de 1798. Nous ne saurions trop recommander également l'écoute du chant éponyme repris par nombre d'artistes de Dolores Keane à Dead Can Dance. Encore un film sur l'I.R.A., direz-vous ! Pas tout à fait, l'originalité de la réalisation du Loach, cinéaste militant, est de présenter la lutte nationaliste sous un angle socialiste, pour ne pas dire marxiste. Aussi, la lutte de libération anticolonialiste se double-t-elle chez les éléments les plus révolutionnaires d'une volonté de refonte radicale de la société bourgeoise quand d'autres estiment le départ de l'occupant suffisant. Pour le reste, c'est un film sur l'I.R.A. de très belle facture. Loach ne vola pas sa Palme d'or au Festival de Cannes 2006 qui contribua au succès de l'œuvre en Angleterre même ! A voir !
Virgile / C.N.C.
Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.
« Les Saisons » hymne profond de notre longue mémoire forestière
Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com
Sorti en salles le 27 janvier dernier, « Les Saisons » est le film indispensable pour tous les amoureux de la faune et de la flore forestières européennes, mais aussi pour tous ceux qui se placent dans le droit fil de notre longue mémoire.
Film de Jacques Perrin et de Jacques Cluzaud, « Les Saisons » sort du cadre classique du documentaire animalier pour aller vers le poème visuel et sonore. Retraçant l'évolution de la forêt européenne depuis l'ère glaciaire jusqu'à nos temps actuels, en expliquant par la voix de Jacques Perrin l'apparition des saisons qui marquent depuis des millénaires nos paysages et notre nature.
Procédant par touches impressionnistes, par une beauté visuelle, tout autant que sonore, « Les Saisons » se place dans le sillage de l'émerveillement permanent, de l'apologie de la beauté de notre nature. Grâce à une véritable prouesse technique, nous approchons au plus près des habitants de nos forêts, les voyant naître, grandir, mourir... A tel point que nous nous identifions aux cerfs, loups, lynx, ours, renards, sangliers et autres multiples espèces d'oiseaux qui constituent la diversité de notre faune, autant d'animaux qui font le bonheur des lecteurs de « La Salamandre » et de « La Hulotte ». Sans parler de la beauté des éléments (pluie, neige, vent, orage, aurore, crépuscule, nuit, pleine lune, etc.). Le film réussit également à nous montrer l'apparition des hommes au cœur de cette nature par petites touches comme si nous n'étions pas l'élément central de cette nature, mais l'un des hôtes.
« Les Saisons » est également une réussite car ce film évite le commentaire permanent et la musique sempiternelle, on découvre en effet la multitude de sons et de bruits que font la faune et la flore au cœur de nos forêts. Ce qui rend d'autant plus appréciables les commentaires de Jacques Perrin et les illustrations sonores qui tombent juste à chaque fois.
Ensuite, le film montre le déroulement des saisons par des touches infimes et surtout leur cycle permanent, une véritable leçon qui passe, là-aussi, par la beauté et l'émerveillement.
Il mérite d'être revu plusieurs fois et retrace notre forêt, notre flore et notre faune dans une longue mémoire, y compris celle des hommes qui rappellera aux lecteurs du CNC les œuvres de Dominique Venner, tant pour la chasse et la place symbolique qu'occupe le cerf dans ses œuvres, et même au sein du film, mais surtout pour la longue filiation humaine européenne. En évoquant qui plus est sources et divinités par touches, idem pour l'arrivée des monastères et des défricheurs présentée tout en nuances.
Pour autant « Les Saisons » montre là encore avec finesse comment les hommes ont changé leur rapport à la nature, pour la domestiquer, expliquant à la suite de Descartes que nous voyons désormais les animaux comme utiles ou nuisibles. Pour autant, le film n'oublie pas la poésie des gestes humains au cœur de cette nature.
La dernière partie du film est proprement étonnante. Montrant des animaux, notamment des oiseaux, au cœur de la boucherie de 14-18, on voit un soldat français cesser son observation pour dessiner un oiseau ; scène qui évoque directement Jünger et ses récits de guerre. Ensuite nous sommes plongés en plein combat avec l'utilisation du gaz moutarde qui décime les animaux sur le front et nous assistons à l'utilisation actuelle de pesticides et insecticides dans les rangs d'arbre qui a pour conséquence la décimation de nos abeilles, ce qui infirme le greenwashing de certains sponsors du film (EDF, Center parcs, etc.). Enfin apparaît une jeune fille entrant avec précaution au cœur d'une forêt pour regarder avec émerveillement une biche et son faon. Là Jacques Perrin nous incite à retrouver notre part sauvage, avec une belle scène sur Paris. Et un énième survol de nos forêts par des oiseaux migrateurs...
Arnaud/CNC
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La psychologie... Voilà une science qui provoque de furieuses crises d'acné à bon nombre d'entre nous qui auraient tendance à tout rejeter en bloc et ne voir dans les sciences cognitives qu'un inutile bavardage de divan soumis aux désirs de psychologues et autres psychiatres qui "prêtrisent" leur profession en exigeant du patient qu'il se confie intégralement. Tel un abbé, le psy reçoit toute information sans broncher et absout l'Homme de ses déviances et psychopathologies. Il est vrai que le legs quasi-monopolistique de Siegmund Freud dans ces domaines laisse perplexe. De même que la situation de maître-à-penser de son disciple français en la personne du théoricien néo-marxiste Jacques Lacan. N'évoquons même pas les ravages des ouvrages de Laurence Pernoud, à qui on préfèrera les écrits de sa belle-sœur Régine Pernoud. "Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste", ne manquait pas d'indiquer Freud, "pape" imposteur de la psychologie, sur le navire qui l'emmenait aux Etats-Unis. L'intérêt de l'étude des profondeurs de l'âme ne naît pourtant pas des élucubrations freudiennes au 19ème siècle et est attesté depuis l'antiquité gréco-romaine avant d'être développé, un siècle avant Freud, par Franz-Anton Mesmer et le marquis de Puységur. Alors ? Au feu la psychologie ? La redécouverte dans nos milieux de Carl-Gustav Jung a considérablement modifié cet état de choses. Jung qui demandait à son mentor Freud d'avoir la bonté de le considérer comme son fils spirituel, prend progressivement ses distances avant de "tuer le père" en rompant définitivement l'année 1914 ; la théorie de l'interprétation des rêves consommant la genèse de cette césure. Jung réfute bientôt la rigidité des axiomes freudiens concernant son schéma d'interprétation qui accorde une place prépondérante au refoulement aliénant des conflits affectifs hérités de la petite enfance et à la sexualité. L'Homme sera excusé d'être incapable d'affirmer complètement son Moi. Ainsi, pour ne citer qu'un seul exemple, le tabou de l'inceste par la seule décision du père de voir en son fils un concurrent sexuel, soumis à un complexe œdipien, et manifestant un désir sexuel réel pour sa mère. Selon Jung, la psyché est moins déterminée par le désir sexuel que par des réminiscences conscientes ou non des symboles et des mythes. Ainsi, Jung refuse-t-il l'individualisation de l'individu en le rattachant dans un inconscient qui contient la mémoire de l'Humanité. Et Mircea Eliade, avec lequel il entretenait une relation épistolaire, ne manqua pas de louer grâce à Jung d'avoir dépassé l'inconscient personnel freudien pour l'inscrire dans un inconscient collectif. Si, dans la pensée jungienne, la sexualité acquiert une importance non négligeable dans la psyché de l'être humain, elle ne représente pas toute sa psyché. Grâce à Jung et d'autres, l'apport des sciences cognitives est aujourd'hui parfaitement reconnu dans notre doxa et il est admis qu'elles contribuent à une meilleur connaissance de l'Homme par le biais de l'ethnologie, l'anthropologie et l'éthologie humaine dans sa double dualité entre identités innée et acquise d'un côté et identités individuelle et collective de l'autre. Mais passons au cinéma ! Le thriller, par sa représentation des comportements humains devant l'angoisse de l'existence, peut être considéré comme la typologie-maître des films psychologiques, mais celui-ci accorde une place trop prépondérante à l'action. Et puisqu'il se trouve que quelques réalisateurs ont eu le bonheur de sonder la profondeur des âmes... Vous pensez que ces films constituent d'ennuyeuses jacasseries ? Et bien, détrompez-vous !
A DANGEROUS METHOD
Film canado-anglo-germano-suisse de David Cronenberg (2011)
Zurich en 1904. A 18 ans, Sabina Spielrein est une jolie jeune femme russe et cultivée souffrant de crises d'hystérie et de troubles sadomasochistes. Elle intègre la patientèle du psychiatre Jung, alors âgé de 29 ans, et qui n'en est qu'au début de sa brillante carrière. S'inspirant des travaux de son auguste prédécesseur Freud, Jung tente sur la jeune femme un traitement expérimental alors peu connu et qualifié de psychanalytique. Bien que marié à Emma, Jung oublie bientôt toute éthique et entame une relation adultère avec la jeune femme. Afin d'être aidé dans ses recherches, Jung entame une correspondance épistolaire avec le mentor Freud que Spielrein rencontre bientôt. Les conséquences de sa rencontre avec Freud se font ressentir sur la relation entre les deux psychanalystes ; relation qui oscille de la collaboration scientifique à la rupture irréconciliable...
Cronenberg, passé maître dans le film fantastique ou de science-fiction, prend un risque énorme, dans ce film à costumes, en retraçant cette libre évocation de l'aube de la psychologie analytique par le truchement des relations tumultueuses entre Jung, autour duquel le film est autocentré, Freud et Spielrein. Et le pari est plus que réussi ! Le spectateur est captivé dès les premières scènes qui montrent la déformation des traits et du corps de la jeune femme qui deviendra elle-même une future grande psychanalyste assassinée prématurément en 1941 par les troupes allemandes. Les dangers de cette nouvelle discipline sont remarquablement exprimés par un réalisateur pourtant profane en montrant à quel point elle affecte aussi bien le praticien que le malade. L'évolution de la brouille entre Jung et Freud est parfaitement rendue. Viggo Mortensen, Keira Knightley et Michael Fassbender rivalisent de talent. La mise en scène et les décors retranscrivent merveilleusement la Confédération helvétique du début du 20ème siècle. La critique de ce film mériterait encore de très nombreuses lignes. Il est supérieur à L'Âme en jeu, réalisé par Robert Faenza et adaptant la même histoire. A voir absolument !
AUGUSTINE
Film français d'Alice Winocour (2012)
Paris à la fin du 19ème siècle, Augustine travaille comme domestique dans une famille bourgeoise de la capitale. Alors qu'elle sert le dîner, la jeune fille est prises de violentes convulsions incontrôlables. Internée à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, elle rencontre le professeur Jean-Martin Charcot qui entend soutenir devant l'Académie de médecine que l'hypnose facilite le déclenchement de tous les symptômes de l'hystérie, maladie alors mal connue et encore taxée de signe de possession diabolique. La pratique de l'hypnose permet de constater que les traumatismes émotionnels sont responsables de l'installation des maladies psychiques, au moins partiellement. Le professeur démontre également que les symptômes nerveux dont Augustine est victime ont une valeur psychodynamique qui ne peut se ramener à des lésions anatomiques précises. Augustine devient bientôt le sujet d'étude favori de Charcot. Et de désir...
Une peinture est à l'origine du film. Dans sa toile Une leçon clinique à la Salpêtrière, André Brouillet peint, en 1887, des hommes habillés en costume fixant une femme comme un animal de foire. Le film, inspiré d'une histoire réelle, est parfaitement maîtrisé de bout en bout. Chaque plan-séquence est méticuleusement étudié, au point de paraître trop académique, ce qui est peu surprenant s'agissant du premier long-métrage de la jeune réalisatrice. La reconstitution de l'univers hospitalier du début du 20ème siècle est, en tout cas, merveilleusement rendu. Un univers cruel au sein duquel le scientifique espère la pérennité de la pathologie de sa patiente pour mieux l'étudier et satisfaire sa gloire. Sans trop en montrer, Winocour distille une pointe d'érotisme lors de séances qui, sous couvert médical, constituaient des séances de voyeurisme sexuel. Car c'est en effet grâce à la découverte de sa sexualité qu'Augustine va maîtriser son corps convulsif. Intéressant !
CASANOVA 70
Film franco-italien de Mario Monicelli (1965)
Andrea Rossi-Colombotti occupe une haute fonction d'attaché militaire au sein de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. Il a un talon d'Achille : les femmes, dont il tombe éperdument amoureux très rapidement. Ce curieux mal frappe l'officier. Il ne résiste à aucune femme et aucune ne résiste non plus au Don Juan de l'O.T.A.N. En revanche, s'il entreprend de toutes les séduire, las de conquêtes trop aisées, sa libido ne s'éveille que lorsqu'il se trouve dans des situations rocambolesques. Par exemple, lui faut-il pénétrer par effraction dans la chambre de sa petite amie afin que le désir s'éveille en lui, mais encore provoquer lui-même la découverte de sa relation extraconjugale par le mari cocu en lui faisant parvenir un télégramme. Andrea ne voit bientôt plus que la psychanalyse pour l'aider à s'extirper de ses curieuses relations. Le psychanalyste conseille à l'officier de ne plus entretenir que des relations platoniques et de se marier...
Chacun aura compris que la psychanalyse est utilisée à des fins de divertissement dans cette évocation contemporaine du célèbre libertin vénitien. La réalisation de Monicelli est caractéristique du cinéma transalpin des années 1960 et 1970. A cet égard, on pourrait presque le qualifier d'un film à sketches dont Casanova-Andrea serait le fil rouge. Marcello Mastroianni qui campe le héros est très à l'aise en séducteur invétéré de femmes bourgeoises, épouses modèles ou jeunes ingénues facilement corrompues. Le film manque néanmoins d'un peu d'âme, surtout de profondeur dans sa critique sociale, et donne un air de déjà vu pour qui est familier du cinéma italien. Mais il s'avère finalement assez drôle et pétillant. Une comédie de mœurs antiromantique par excellence !
ELEMENT OF CRIME
Titre original : Forbrydelsens element
Film danois de Lars von Trier (1984)
Fisher est un détective anglais et vit désormais au Caire. Avec l'aide d'un psychanalyste ventripotent, il est maintenu sous hypnose afin de soigner de terribles maux de tête issus des traumatismes de son expérience passée. Dans son souvenir, alors qu'il officiait en Europe, le Vieux continent constituait une dystopie, dont les sociétés étaient en pleine décomposition. L'utopie avait viré au cauchemar. Ses réminiscences se précisent lorsqu'il se remémore avoir inlassablement poursuivi un assassin insaisissable, coupable de crimes effroyables, et surnommé le Meurtrier Loto. A son tableau de chasse, de nombreuses jeunes femmes étranglées et sauvagement mutilées et dont le seul tort était de vendre des billets de loterie. Afin d'arrêter le serial-killer, Fisher s'inspire des méthodes controversées contenues dans le livre Element of crime, écrit par Osborne, le mentor de Fisher tombé en disgrâce. Selon la méthode Osborne, Fisher doit s'identifier au criminel pour mieux le confondre. Mais le comportement de Fisher s'amalgame de plus en plus avec celui du criminel. Et Osborne qui mène son enquête parallèle, s'est si bien identifié à celui-ci, qu'il est devenu lui-même un assassin...
Premier long-métrage de ce réalisateur inclassable qu'est von Trier et qui constitue le premier volet de la trilogie européenne du cinéaste. Qu'en penser ? Tout d'abord que l'intrigue, constituée en un long flash-back psychanalytique et hypnotique, est encore plus difficile à suivre qu'à résumer en quelques lignes. Ensuite, que visuellement, c'est sublime ! Tout en tons feu et ocre. Une diarrhée ! Tant il s'agit bien d'une plongée dans un cloaque labyrinthique puant jonché de canalisations suintantes. Enfin, que l'intrigue, qui vise une allégorie de la décadence européenne, est délirante et déroutante. On s'y perd. A plus forte raison au regard de l'avarice des dialogues. Voilà une œuvre post-expressionniste qui ne fera pas l'unanimité et ne manquera pas de refiler la migraine à quelques-uns. C'est esthétiquement aussi glauque qu'Irréversible de Gaspard Noé ! Element of crime est néanmoins à voir, ne serait-ce que pour apprécier ce qu'est une descente aux enfers.
ET NIETZSCHE A PLEURE
Titre original : When Nietzsche wept
Film américain de Pinchas Perry (2007)
Vienne à la fin du 19ème siècle. Le docteur Josef Breuer compte parmi les pères de la psychanalyse. L'écrivain Lou Andreas-Salomé lui demande d'accepter de rencontrer un certain Friedrich Nietzsche. Alors totalement méconnu du grand public, le futur Philosophe au marteau traverse une grave crise identitaire et existentielle. Breuer accepte d'aider Nietzsche à lutter contre ses angoisses doublées d'une profonde mélancolie. Nietzsche s'avère être un cas d'une complexité extrême. Aussi, le docteur applique-t-il une curieuse méthode en se laissant analyser par le philosophe qu'il croit guérir ainsi. Les rôles s'inversent bientôt. Le médecin est confronté à ses propres fractures et se mue progressivement en patient...
Issu du livre éponyme du psychothérapeute Irvin Yalom, Perry livre ici une très libre évocation de la relation entre Salomé et un Nietzsche amoureux transi et faible. De cette œuvre, l'apôtre du surhomme ne sort pas grandi. Dénué de tout charisme, indécis, craintif, nu de toute volonté, encore moins de puissance. Voilà de quelle manière le philosophe est-il perçu par le réalisateur et l'écrivain qui exigent le crépuscule de l'idole. Il est certain qu'on ne peut nier l'esprit torturé du philosophe mais il y a un fossé que l'écrivain et le cinéaste franchissent allégrement. On devine que Nietzsche n'est pas leur penseur de référence. C'est dommage tant l'intrigue semblait passionnante. Notons quand même la performance du jeu des acteurs. Yalom et Perry, humains, trop humains ?
HOMME REGARDANT AU SUD-EST
Titre original : Hombre mirando al sudeste
Film argentin d'Eliseo Subiela (1987)
Le docteur Julio Denis est psychiatre et chef de service dans un hôpital neuropsychiatrique. Séparé de sa femme, il ne voit ses deux enfants qu'à de trop rares occasions. Denis se définirait lui-même comme rationaliste et désabusé tant il a vu passer de pathologies diverses dans ses couloirs. Mais arrive un jour Rantès, un homme qui débarque presque d'une d'autre planète puisque celui-ci se dit descendre d'un vaisseau spatial pour déchiffrer l'ensemble des mécanismes offrant à l'être humain la capacité de ressentir des émotions. Un fou simulateur bien évidemment, pense le médecin ! Mais le résultat des premiers tests pratiqués s'avère surprenant. Les empreintes digitales de Rantès ont des caractéristiques inconnues et il est doté d'une intelligence supérieure. Pour la première fois depuis longtemps, le cas atypique de Rantès pique la curiosité du médecin. Pendant d'interminables heures, Rantès se tient immobile dans le jardin, fixant la direction du sud-est...
Très intéressante réflexion sur la folie et la foi analysées à l'angle de la médecine par le truchement d'un psychiatre analysant son malade. L'astuce de Subiela est d'en offrir plus au spectateur qu'au psychiatre toujours absent lors des manifestations paranormales développées par Rantès. Aussi, le cinéaste incorpore-t-il des éléments fantastiques dans son intrigue dramatique. Rantès symbolise-t-il une figure christique ? Charitable, il fait preuve d'écoute, recouvre chaudement les patients transis de froid et alimente les affamés. L'origine mystérieuse du patient est également préservée en même temps qu'il se dit être investi d'une mission et connaîtra un funeste destin. C'est plus que réussi ! Mais c'est lent également !
ZELIG
Film américain de Woody Allen (1983)
Les années 1920. Leonard Zelig a une singulière particularité : il est un homme-caméléon et possède la faculté de transformer son apparence et sa personnalité en fonction des interlocuteurs avec lesquels il se trouve. Le mimétisme physique se double d'un mimétisme mental. Aussi, grossit-il en présence d'un obèse ou son teint se fonce-t-il lorsqu'il se trouve en compagnie d'un noir. Aux côtés de médecins, il indique avoir collaboré avec Freud à Vienne et est capable de débiter le jargon lexical de la profession dans un discours intelligible. Une métamorphose le conduit à se faire arrêter et conduire à l'hôpital. Sans succès, le corps médical cherche à percer le mystère jusqu'à ce que le docteur Eudora Fletcher s'intéresse de très près au cas Zelig qu'elle parvient à soigner en lui faisant supporter sa judaïté et admettre son mal d'amour. Mais Ruth, sœur cupide de Zelig, l'enlève bientôt et le promène tel un phénomène de foire à travers tous les Etats-Unis. De nouvelles péripéties l'amènent dans le Reich hitlérien dans lequel il se mue en véritable national-socialiste parmi les plus hauts dirigeants du régime...
Il y a à prendre et à laisser dans la filmographie déjantée d'Allen. Le présent film, tourné à la façon d'un documentaire, compte parmi ses plus originaux, réussis et moins connus. Allen mélange allégrement interviews de pontes de la psychologie et des documents historiques trafiqués avec brio pour y incorporer Zelig, personnage parfaitement fictif bien entendu. Le réalisateur aborde dans ce faux film biographique deux thèmes chers à la psychanalyse : la démultiplication schizophrène des personnalités et la peur paralysante du rejet amoureux. De même, le film contient un thème plus personnel et qui transparaît en filigrane dans bon nombre de réalisations du cinéaste : le Moi juif d'Allen qui a toujours déterminé son Surmoi et son Ça. Il y aurait de nombreuses autres choses à dire au sujet de ce petit bijou mais le mieux est, bien évidemment, de le découvrir.
Virgile / C.N.C.
Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.
Pour Pier Paolo Pasolini, l'art n'était pas un mot doux susurré aux oreilles des bourgeois et ouvrant miraculeusement les vannes des fontaines à subventions. C'était une matière vivante, radicale et désespérée. Une pâte à modeler les désirs et les rêves issues de la triste réalité. Une exception fragile face au règne de la culture. Ou tout du moins de la nouvelle culture moderne.
En effet, dans l'Italie d'après-guerre, la culture humaniste (l'art) – celle qui mettait à l'honneur Dante et Léopardi, Rossini et Puccini – a laissé place à une culture plus en phase avec les préoccupations matérielles du moment, une culture tournée vers l'avenir électroménager et le divertissement télévisuel : la culture hédoniste de consommation. Une culture qui impose un tel impératif de jouir des biens matériels que Pasolini parle de « fascisme de la société de consommation », le « désastre des désastres ». Un désastre car cette révolution capitaliste impose aux hommes, quelle que soit leur classe sociale, de se couper des valeurs et des passions de l'ancien monde, comme il l'explique dans ses Lettres Luthériennes (1975) : « Elle exige que ces hommes vivent, du point de vue de la qualité de la vie, du comportement et des valeurs, dans un état, pour ainsi dire, d’impondérabilité – ce qui leur permet de privilégier, comme le seul acte existentiel possible, la consommation et la satisfaction de ses exigences hédonistes. »
Le nouveau pouvoir consumériste impose ainsi un conformisme en accord avec l'air du temps utilitariste : la morale, la poésie, la religion, la contemplation, ne sont plus compatibles avec l'impératif catégorique de jouir du temps présent. L'art qui se nourrit des passions humaines les plus tragiques et les plus violentes n'a plus sa place dans un monde soumis aux stéréotypes médiatiques et aux discours officiels. À quoi servent encore des livres qui transmettent une représentation d'un monde passé dans une société exclusivement tournée sur elle-même ?
Ainsi, si le mot « culture » avait encore un sens à cette époque-là (un sens dépréciatif on l'aura compris : les artistes appartenant au « monde d'avant ») il est aisé de constater qu'il ne désigne désormais qu'un objet de consommation parmi tant d'autres et dont l'inoffensive transgression subventionné de l'art contemporain est en l'emblème souverain. Une transformation due, en partie, à la volonté de l'intelligentsia de gauche de « désacraliser et de désentimentaliser la vie », se croyant la porte-drapeaux d'un antifascisme fantasmé alors qu'elle contribue à développer, selon la nouvelle logique conformiste, le véritable fascisme moderne, celui de la consommation irrépressible : « Venant des intellectuels progressistes, qui continuent à rabâcher les vieilles conceptions des Lumières, comme si elles étaient passées automatiquement dans les sciences humaines, la polémique contre la sacralité et les sentiments est inutile. Ou alors, elle est utile au pouvoir. »
Poète irréductible, cinéaste enragé, Pasolini s'est toujours élevé contre les normes oppressantes du vieux régime cléricale-fasciste, bouleversant les codes et les styles. Mais tout à son irrespect aux désuètes hiérarchies imposées par le pouvoir il est un des rares à avoir compris que le sacré (l'art), débarrassé de sa léthargie bourgeoise, possédait une aura de subversion scandaleuse. Que dans un monde spirituellement desséché et ricanant, il ne faut « pas craindre la sacralité et les sentiments, dont le laïcisme de la société de consommation a privé les hommes en les transformant en automates laids et stupides, adorateurs de fétiches. »
Dans la lutte cruelle, et pourtant vitale, de l'art contre la culture (le cinéma contre la télévision, le poète contre l'animateur, le théâtre contre les créatifs, l'érotisme contre la transparence, la transcendance contre le matérialisme) la voix de Pasolini, tranchant l'air vicié de la publicité et de la vulgarité, rejoint celle d'un autre grand cinéaste mécontemporain italien, Federico Fellini : « Je crois que l’art est la tentative la plus réussie d’inculquer à l’homme la nécessité d’avoir un sentiment religieux. »
Il est un fait évident que la littérature russe compte parmi le fleuron des arts littéraires du Vieux continent, au sein duquel le 19ème siècle fait figure d'âge d'or. Jugeons-en plutôt à la lecture de l'école romantique d'Alexandre Pouchkine, Nicolas Gogol, Ivan Tourgueniev, Fiodor Dostoïevski, Léon Tolstoï ou Anton Tchekhov ! Avec moins de faste, le début du 20ème siècle poursuit un certain classicisme russe dont Maxime Gorki constitue la figure de proue. L'avènement du bolchévisme au pays du Grand Ours marque un coup d'arrêt dans la magnificence de la littérature russe, tant il est vrai que si le génie personnel de tout écrivain est la condition première à la réalisation d'un chef-d'œuvre, il est des climats politiques qui compliquent la tâche, voire la rendent impossible. Notons tout de même les œuvres de Boris Pasternak, Mikhaïl Boulgakov et Mikhaïl Cholokhov. Ces listes ne sont, bien entendu, pas exhaustives. Et comment pourrions-nous évoquer les lettres russes sans évoquer le caractère plus fiévreux des ouvrages d'Alexandre Soljenitsyne, bien sûr, dissident politiquement incorrect qui renvoie dos à dos le communisme et le capitalisme, mais également les théoriciens de l'anarchisme Mikhaïl Bakounine et Pierre Kropotkine ? Et plus proche de nous, l'inclassable écrivain franco-russe, fondateur du parti national-bolchévique, Edouard Limonov. Si comme toutes les littératures nationales, les lettres moscovite et saint-pétersbourgeoise furent très influencées par la littérature occidentale, plus particulièrement française, elles n'en conservent pas moins des aspects particuliers. Plus que tout autre, la littérature russe est certainement déterminée géographiquement et psychologiquement par l'âme de sa Nation, dont la construction identitaire est marquée par la violence des soubresauts de son Histoire récente. Le lecteur profane en Histoire russe pourrait rapidement se heurter à une littérature absconse qui lui ferait manquer la dimension charnelle de l'œuvre. Littérature pessimiste, voire nihiliste, dans laquelle les cicatrices et fractures morales de l'individu constituent des aliénations, littérature dense faisant figurer de nombreux protagonistes, acteurs d'une intrigue diffuse et compliquée, la littérature russe est très difficilement transposable sur une pellicule. Il est d'ailleurs à noter que ce ne sont pas des cinéastes russes qui s'attaquèrent aux monuments littéraires de leur patrie éternelle. Adapter, c'est trahir dit-on ! Cela vaut certainement encore plus pour Dostoïevski et Tolstoï ! Aussi, qui est exégète de ces œuvres littéraires, dont la force et la beauté demeurent un apport incommensurable à l'identité européenne, sera déçu des films présentés. Pour les autres, il s'agira d'une formidable découverte.
Anna Karénine
Film américain de Clarence Brown (1935)
La Russie tsariste dans la seconde moitié du 19ème siècle. Anna Karénine est l'épouse d'un sombre et despotique noble, membre du gouvernement. Prisonnière d'un mariage de raison, l'épouse délaissée n'a jamais vraiment manifesté de sentiment amoureux pour son mari, à la différence de son jeune garçon Sergeï qui constitue son seul rayon de soleil. L'amour qu'elle porte à son enfant ne lui suffit néanmoins pas. Sa vie faite de convenances bourgeoises et de respectabilité sociale l'ennuie terriblement. Aussi, lors d'un voyage à Moscou, succombe-t-elle aux avances du colonel Comte Vronsky, jeune cavalier impétueux. Vronsky ne tarde pas à suivre Anna à Saint-Pétersbourg. L'idylle adultère est bientôt découverte et provoque un scandale. Anna est chassée de la maison sans possibilité de revoir son enfant. Elle va tout perdre, d'autant plus que si le Comte est un fougueux prétendant, sa véritable maîtresse est l'armée du Tsar...
Fait rare ! Greta Garbo interprètera à deux reprises l'héroïne du roman éponyme de Tolstoï, après une première adaptation muette d'Edmund Goulding sept années plus tôt. La présente adaptation de Brown est soignée mais la retranscription hollywoodienne de la Russie tsariste a un côté "image d'Epinal" très décevant. On n'y croit guère ! On ne peut que se rendre compte qu'adapter à l'écran la richesse d'une œuvre dense de plusieurs centaines de pages est une gageure. Egalement, peut-être la volonté du réalisateur était-elle justement de gommer le caractère russe de l'œuvre de Tolstoï afin de délivrer une vision plus universelle de cet amour interdit. A cet égard, la mise en scène est impeccable, de même que les décors et les costumes. Garbo et Fredric March ont un jeu impeccable.
LE DOCTEUR JIVAGO
Titre original : Docteur Zhivago
Film américain de David Lean (1965)
Moscou en 1914, peu avant que la Première Guerre mondiale n'achemine la Russie tout droit vers la Révolution bolchévique. Le docteur Youri Jivago est un médecin idéaliste dont la véritable passion demeure la poésie. Jivago mène une vie paisible auprès de son épouse Tonya et leur fils Sacha, que vient bientôt bousculer Lara, fiancée à un activiste révolutionnaire, dont le médecin tombe immédiatement amoureux. Lorsqu'éclate la guerre, Jivago est enrôlé malgré lui dans l'armée russe et opère sans relâche les blessés sur le front. Sa route croise de nouveau celle de Lara devenue infirmière. D'un commun accord, ils se refusent mutuellement cette histoire sans lendemain. Après la Révolution d'octobre 1917, la vie devient précaire dans la capitale moscovite. Jivago se réfugie dans sa propriété de l'Oural avec sa famille afin d'échapper à la faim, au froid et à une terrible épidémie de typhus qui ravage le pays...
Film librement inspiré du roman éponyme de Pasternak et là aussi, un pavé de plusieurs centaines de pages à porter à l'écran. Lean s'en sort à merveille au cours de ces trois heures-et-demi, en retranscrivant magnifiquement l'épopée de ce jeune médecin en quête de vérité dans le tumulte de l'aube du vingtième siècle. Aussi, à la différence du livre, le film est-il recentré sur les protagonistes principaux. Pour que celui-ci soit à la hauteur, les producteurs y ont mis les moyens et ne se sont pas montrés avares en dépenses ! Le film, longtemps censuré au pays des Soviets, reprend bien évidemment avec la plus grande fidélité la critique du régime bolchévique par Pasternak. Ce qui n'est pas très surprenant non plus, concernant une production américaine en pleine période de guerre froide. Omar Sharif est convaincant. Une fresque grandiose qui a quand même un peu vieilli.
LE JOUEUR
Film franco-italien de Claude Autant-Lara (1958)
En 1867, Le général Comte russe Alexandre Vladimir Zagorianski prend du bon temps avec sa famille à Baden-Baden en attendant le décès de sa riche tante Antonina dont il espère l'héritage prochain. Le général est accompagné d'Alexeï Ivanovich, précepteur des enfants. L'oisiveté à laquelle la vie du général est toute dévouée le pousse à s'abandonner dans les bras de Blanche, habile intrigante. Quant à sa fille Pauline, elle est la maîtresse du marquis des Grieux, un riche aristocrate français qui entretient toute la famille du général tant qu'Antonia n'a pas expiré. Et la tante ne semble guère pressée de trépasser. Certes en fauteuil roulant, elle rend visite à son général de neveu en Allemagne. Ivanovich, qui avait prévu de retourner à Moscou après qu'il se soit fait éconduire par Pauline, change ses plans à l'arrivée de la riche tante qui le prend à son service. Antonia épouse le démon du jeu et a tôt fait de dilapider la fortune qui faisait tant l'espoir de Zagorianski...
Autant-Lara ne tire pas son meilleur film de sa libre adaptation du roman éponyme de Dostoïevski. Loin de là... Et Liselotte Pulver, Gérard Philipe et Bernard Blier ne sont pas au mieux de leur forme. Certes, Dostoïevski n'est pas l'auteur dont les personnages sont les plus simples à camper... Le film d'Autant-Lara est plus proche du Vaudeville que de la restitution de l'hédonisme russe en Allemagne. Néanmoins, cette fantasque description de l'univers du jeu au 19ème siècle, parfois trop caricaturale et mièvre, revêt des caractères plaisants bien rendus par les décors et l'atmosphère des villes d'eaux du duché de Bade. A réserver aux inconditionnels du réalisateur de La Traversée de Paris.
LOLITA
Film anglais de Stanley Kubrick (1962)
C'est l'été dans la petite ville de Ramslade dans le New Hampshire. Humbert Humbert est un séduisant professeur de littérature française récemment divorcé qui cherche une chambre à louer dans la ville. C'est dans la demeure de Charlotte Haze, veuve érudite en mal d'amour, qu'il trouvera son bonheur, surtout après avoir entraperçu Dolorès, quatorze ans, surnommée Lolita, la charmante fille de Charlotte. La propriétaire essaye par tous les moyens de s'attirer les faveurs du professeur bien plus tenté par le charme de la juvénile Lolita. Afin de pouvoir continuer à demeurer chez les Haze à l'issue de sa location, et ainsi à proximité de l'adolescente , Humbert n'hésite pas une seconde et épouse la mère. Le bonheur marial est de courte durée. Charlotte ne tarde pas à démasquer les véritables intentions de son nouveau mari...
Réalisation très librement inspirée du roman éponyme de Vladimir Nabokov qui ne fit pas l'unanimité. Certains allèrent jusqu'à hurler à la trahison de l'œuvre du moins russe des écrivains russes, dont la famille s'exila après la Révolution d'octobre 1917. Il est vrai que le film de Kubrick, qui n'a pourtant jamais craint d'érotiser son œuvre, contient une sensualité moindre que le roman. Il est vrai aussi que la censure exerçait encore de nombreuses contraintes à l'orée de la décennie 1960. Kubrick avait d'ailleurs déclaré, après avoir dû couper plusieurs scènes, qu'il aurait préféré ne pas tourner cette adaptation critique de la libéralisation sexuelle outre-Atlantique. La jeune Sue Lyon est merveilleuse, de même que James Manson. Il est difficile de juger si Lolita figure parmi les meilleurs Kubrick. Mais ça reste du grand Kubrick !
LES POSSEDES
Film français d'Andrzej Wajda (1987)
Vers 1870, dans une ville de province de l'Empire russe, un group d'activistes révolutionnaires tente de déstabiliser la Sainte-Russie. Aux réunions, grèves et diffusions de tracts, succède bientôt l'action clandestine. Conduits par l'exalté fils d'un professeur humaniste, Pierre Verkhovenski, la cellule nihiliste confie la direction du mouvement à Nicolas Stavroguine, de condition aristocrate, mais cynique et désabusé. Fanatique et charismatique, Stavroguine exerce un pouvoir sans pitié sur le groupe. Aussi, ordonne-t-il l'exécution de Chatov, ouvrier honnête qui manifestait ses distances avec la bande au sein de laquelle les tensions s'exacerbent. Verkhovenski intrigue afin que Kirilov, un athée mystique, endosse le crime. Kirilov est contraint au suicide...
Au risque de se répéter, une nouvelle fois, le film est inférieur au roman, bien que la présente réalisation de Wajda conserve un intérêt majeur et de splendides images. Le fond de l'intrigue est survolé et perd, ainsi, en intensité, au regard des centaines de pages de l'œuvre de Dostoïevski, mais comment pourrait-il en être autrement ? Si Omar Sharif incarne, de nouveau et de manière satisfaisante, un héros de la littérature russe, les personnages du film pourront être perçus comme excessifs à l'exception de Sjatov, révolutionnaire qui garde raison plus que les autres. Wajda semble assez peu à l'aise dans sa représentation de l'esprit révolutionnaire qu'il apparente trop vulgairement à une soif de violence gratuite. A voir quand même !
LE PREMIER CERCLE
Titre original : The First circle
Film américain d'Aleksander Ford (1972)
En 1949, un jeune diplomate découvre, à la lecture d'un dossier, l'arrestation imminente d'un grand médecin. Le diplomate prend la décision de prévenir anonymement le futur embastillé, ne se doutant que des oreilles mal intentionnées enregistrent la conversation téléphonique. La mise sur écoute n'est pas encore jugée suffisamment au point par les services secrets. Nombre de savants s'ingénient ainsi à perfectionner le système dans une charachka, laboratoire de travail forcé, de la banlieue moscovite. L'un des ingénieurs, conscient que l'écoute téléphonique est une arme coercitive précieuse pour les services secrets, entreprend de détruire sa création perfectionnée. Ce sabotage n'a d'autre issue que sa déportation en Sibérie. De même pour le diplomate bientôt identifié qui avait tenté de sauver la liberté du médecin. Parmi tout l'appareil répressif communiste, les laboratoires dans lesquels sont mis au point les armes de répression massive constituent le premier cercle de l'Enfer stalinien.
Il est surprenant que ce soit le cinéaste polonais rouge Ford qui se soit porté volontaire pour adapter à l'écran un roman de Soljenitsyne... Certainement revenu de ses illusions sur la nature du régime stalinien, Ford livre un plaidoyer en faveur de la liberté et de la dignité humaines. Soucieux d'une recherche esthétique, celle-ci n'est pourtant pas toujours réussie mais livre des passages intéressants que magnifie le noir et blanc. Le film est malheureusement tombé dans les oubliettes du Septième art. Quant au titre du récit éponyme et largement autobiographique de Soljenitsyne, il fait référence aux neufs cercles de l'Enfer de la Divine comédie de Dante Alighieri.
UN DIEU REBELLE
Titre original : Es ist nicht leicht ein Gott zu sein
Film germano-franco-russe de Peter Fleischmann (1989)
La Terre dans un futur loin de plusieurs siècles. Les Terriens sont parvenus à une parfaite maîtrise de leurs émotions afin de vivre dans une paix perpétuelle. A des fins d'étude, une équipe de chercheurs est envoyée en observation d'une autre civilisation humaine sur une lointaine planète. Afin de ne pas dévoiler leur présence, seul Richard est choisi parmi les siens pour aller à la rencontre des habitants. Un seul impératif guide son action : la non-ingérence dans les affaires autochtones. Le temps passe et Richard ne donne plus aucun signe de vie au reste de l'équipage demeuré dans le vaisseau spatial. Inquiet, Alan fait à son tour le voyage vers la planète semblable à la Terre mais sur laquelle les mœurs des habitants, brutales et cruelles, et la technologie accusent plusieurs siècles de retard...
Délaissons quelque peu l'univers de la littérature classique russe pour nous intéresser à un chef-d'œuvre méconnu de la littérature de science-fiction. Le présent film est une adaptation du roman Il est difficile d'être un Dieu des frères Arcadi et Boris Strougatski et est supérieur à la seconde adaptation éponyme d'Alexeï Guerman. Le présent film ne manque pas d'être subversif et peut être considéré comme une vive critique du soviétisme et, dans une perspective plus large, de la barbarie de la soumission à autrui qu'exerce la violence. La mise en scène est néanmoins faible, les cadrages serrés curieux au regard de l'immensité du décor et les effets spéciaux peu travaillés. Et pourtant ! Voilà un petit bijou que les passionnés de science-fiction considéreront comme culte. Les plus rationnels des spectateurs pourraient, quant à eux, s'endormir longtemps avant la fin. Tourné au Tadjikistan pour les décors naturels, il offre, en outre, de splendides paysages.
Virgile / C.N.C.
Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.
Comment l’Occident est passé de l’Iliade à Star Wars?
Jean Raspail et Renaud Camus ont le mérite d'avoir alerté le peuple français sur le Grand Remplacement. Mais ce remplacement n'est-il que démographique ?
Une semaine après sa sortie aux États-Unis d’Amérique, le septième volet de la saga Star Wars – Le réveil de la Force – vient de battre un record de bénéfices, atteignant 238 millions de dollars. Quant au public français, l’intervalle de quelques jours qui sépara la sortie du film aux États-Unis et en France semble avoir été vécu comme un supplice, à en croire le Figaro qui titrait le 15 décembre : « En France, le monde de la culture s’impatiente. »
Jean Raspail et Renaud Camus ont le mérite d’avoir alerté le peuple français sur le Grand Remplacement orchestré par étapes, dans le plus grand silence. Mais ce remplacement n’est-il que démographique ? N’y a-t-il pas aussi une véritable substitution dans les fondements de notre culture ? Pour ce remplacement culturel, ce n’est pas dans les sables brûlants d’Arabie mais vers les tours métalliques de l’Oncle Sam qu’il faut porter le regard pour y trouver les réponses.
Qu’est-ce que la culture sinon un ensemble de mœurs, de techniques et de savoirs, cimentant l’unité d’un peuple, ayant pour fondement une tradition orale ou écrite ? Les textes dits « fondateurs » propres à chaque civilisation en ont à bien des égards façonné les mentalités. Que serait l’univers judaïque sans la Torah, le monde chinois sans Confucius ou l’Occident sans l’épopée homérique, la vaste littérature chrétienne et les nombreux récits d’aventures celto-germaniques qui en ont façonné l’esprit tout au long des siècles ?
Mais en 2015, Achille et le roi Arthur ont déserté nos esprits et nos discussions, sauf lorsqu’ils sont accaparés par des réalisateurs pour des films de qualité médiocre portant les mêmes messages lénifiants de tolérance et d’irénisme.
À la place, des allusions à Han Solo, Voldemort ou Gollum affleurent dans les conversations, quand ces personnages ne sont pas pris pour modèles par les jeunes générations. Détail révélateur : on parle de « saga » ou d’« épopée » pour désigner ces séries qui durent parfois pendant des décennies et engrangent des milliards de bénéfices.
ERTV (dont certes on peut avoir beaucoup à redire) a réalisé un reportage sur ce phénomène Star Wars, en interrogeant ces milliers de Français massés devant les cinémas pour espérer une place ne serait-ce qu’à la séance de 22 heures. L’effervescence était à son comble, les réactions étant quasi orgasmiques. Mais à la question « Pourquoi êtes-vous fan de Star Wars ? », cette joie frénétique laissait place au silence gêné ou, pire, aux poncifs sans cesse répétés : « Parce que c’est culte », dit l’un ; « C’est fondateur de notre culture », clame l’autre ; « Révisez vos classiques », affirme un troisième…
La culture est mobile, me direz-vous. Certes, l’art ne peut vaticiner indéfiniment entre Antiquité et Renaissance, la nouveauté est vitale pour l’esprit humain. Mais je ne conçois pas qu’Homère et Chrétien de Troyes s’effacent honteusement devant Rowling, Tolkien ou E. L. James au seul prétexte que « les temps changent ».
Depuis la fin de la période de décolonisation amorcée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale jusqu'au milieu des années 1970, les notions d'éternité et d'intangibilité des frontières nationales sont durablement inscrites dans la représentation mentale collective. Or, ces derniers mois, les aspirations à l'indépendance de l'Ecosse et de la Catalogne bouleversent ces certitudes qui n'avaient pas été aussi ébranlées, au sein des Etats piliers de l'Union européenne, depuis de nombreuses décennies. De nombreux Etats européens ne masquent pas leurs craintes que ces exemples ne créent un lourd précédent. En réalité, qu'est-ce qu'une frontière continentale si ce n'est une limite issue d'un traité de guerre ou d'une union par mariage ? Ainsi, les luttes indépendantistes constituent-elles un légitime moteur de l'Histoire. Depuis la dissolution de l'ancien bloc soviétique au début de la décennie 1990, qui a favorisé l'accession ou la ré-accession à l'indépendance de nombre d'anciennes républiques soviétiques, ce ne sont pas moins de six pays qui sont parvenus à l'indépendance ces vingt dernières années : de l'Erythrée en 1993 au Soudan du Sud en 2011, en passant par le micro-Etat du Pacifique des Palaos, le Timor Oriental et le Monténégro. Il nous sera permis d'être plus circonspect concernant le sixième cas. Car si de nombreux Etats européens ne masquent pas leurs craintes de voir leurs frontières remises en cause, ces Etats-dit-Nations, si prompts à se crisper sur leur intégrité territoriale avaient su se montrer plus favorables, en 2008, à soutenir l'indépendance de l'Etat-mafieux islamiste du Kosovo-et-Métochie, au détriment du caractère de berceau originel que représente le Kosovo pour une Nation serbe qui n'avait pas voulu se plier aux injonctions du Nouvel Ordre mondial... Mauvais apprentis sorciers, les arroseurs sont aujourd'hui les arrosés. "Aujourd'hui la Serbie, demain la Seine-Saint-Denis, un drapeau frappé d'un croissant flottera sur Paris".... La chanson prophétique Paris-Belgrade du groupe de rock In Memoriam fait dramatiquement écho aux récents événements survenus dans la très jacobine Nation française.
LA BATAILLE DE CULLODEN
Titre original : The Battle of Culloden
Film anglais de Peter Watkins (1964)
16 avril 1746, à Culloden, des membres des différents clans rebelles écossais des Highlands, menés par le Prince Charles Edouard Stuart, font face aux troupes anglaises du Roi George II de Grande-Bretagne, que commande le Duc de Cumberland. Il ne faut pas plus d'une heure pour que le destin de la bataille soit scellé. Les Ecossais, mal organisés, sont mis en pièce par l'armée royale mieux équipée. Le combat terminé, la pacification du gouvernement britannique est d'une férocité sans nom. L'objectif avoué est de totalement annihiler le système clanique et, ainsi, de prévenir toute nouvelle rébellion dans les Hautes terres. Ils seront plus de deux mille Ecossais à périr dans la lande marécageuse ce jour-là... Watkins a curieusement opté pour un montage singulier. Aussi, le film se présente-t-il comme un documentaire d'actualités tourné caméra à l'épaule. Le réalisateur se balade donc sur le champ de bataille et interviewe les combattants çà-et-là sans manquer pas de commenter le déroulé de la bataille en voix off. Choix risqué mais, ô combien, magistralement réussi ! Tourné avec des comédiens amateurs et un maigre budget, on est loin de la grande production peu avare en mélodrame. Et voilà tout le charme de Watkins, le drame brut l'emporte sur le pathos, finalement assez anachronique. Culloden, c'est un peu un Braveheart réussi ! Un chef-d'œuvre !
BRAVEHEART
Film américain de Mel Gibson (1995)
En cette fin de treizième siècle, l'Ecosse est occupée par les troupes d'Edouard 1er d'Angleterre. Rien ne distingue un certain William Wallace de ses frères de clan lorsque son père et son frère meurent opprimés. Bien au contraire, Wallace souhaite avoir le moins d'ennuis possibles avec la soldatesque anglaise et s'imagine parfaitement en modeste paysan et époux de son amie d'enfance, Murron MacClannough. C'est en secret que les amoureux se marient afin d'épargner à la belle de subir le droit de cuissage édicté par la couronne anglaise. Mais Murron est bientôt violentée par un soldat anglais, provoquant la fureur de Wallace. La jeune femme est étranglée devant ses yeux. Wallace ne pense plus qu'à se venger. La garnison britannique du village est massacrée, première bataille d'une longue série de reconquête des clans écossais à l'assaut des Highlands... Oui, Braveheart est un beau film ! Oui, les scènes de bataille sont fabuleuses ! Oui, le personnage de Wallace, imaginé et interprété par Gibson, ferait se soulever n'importe quel militant et s'enhardir du courage nécessaire lorsqu'il n'y a plus d'autre solution que le combat. Oui, Wallace est un héros nationaliste qui ne laisse pas indifférent. Oui, Gibson maîtrise toutes les ficelles du Septième art dès son deuxième long métrage. Oui, il est normal que vous ayez irrésistiblement eu une furieuse envie de casser la figure de Darren, brave étudiant londonien en Erasmus, qui vous tient lieu de pourtant si amical voisin. Oui, oui, oui et pourtant... Braveheart ne parvient pas au niveau de la réalisation de Watkins. La faute à un pathos romantique trop exacerbé et une idylle absolument mal venue avec Isabelle de France, bru du Roi Edouard 1er. Il est néanmoins impensable de ne pas le voir et l'apprécier.
FLB
Documentaire français de Hubert Béasse (2013)
En quatorze années d'existence, de 1966 à 1980, le Front de Libération de la Bretagne a commis pas moins de deux centaines d'attentats. Par tous les moyens, les F.L.B. entreprennent de défaire l'annexion de la Bretagne à la France, héritée du mariage de la Duchesse Anne, alors seulement âgée de douze ans, et du Roi de France Charles VIII. Les nombreux attentats visent l'ensemble des pouvoirs régaliens et symboliques de la France. Le plasticage de l'antenne de retransmission télévisée de Roc'h Trédudon, privant la Bretagne de télévision pendant plus d'un mois, et le dynamitage de la Galerie des glaces du château de Versailles comptent parmi les actions les plus spectaculaires menées par les mouvements indépendantistes en France. Evidemment, la répression ne tarde pas à frapper l'Emsav... Divisé en deux parties, Les Années De Gaulle et Les Années Giscard, le remarquable documentaire de Béasse donne la parole à nombre d'anciens F.L.B., dont le témoignage est assorti de nombreux documents inédits. Provenant d'horizons politiques, parfois les plus opposés, l'extension du F.L.B. ne pouvait que rimer avec scission. S'ouvrant aux thèses socio-économiques anticapitalistes, l'Armée Révolutionnaire Bretonne entend marier ses initiales au sigle F.L.B. et lutter pour une Bretagne plus progressiste. Béasse, par bonheur, entend tendre le micro à toutes les tendances des F.L.B., et ce, avec une objectivité appréciable dans le traitement des témoignages. Les pendules sont remises à l'heure pour ceux qui ont la mémoire courte ou la dent dure sur la réalité du mouvement breton. Parfaitement intéressantes que ces deux heures documentaires.
GENERATION FLNC
Documentaire français de Samuel Lajus (2004)
Eté 1975 sur l'Ile de beauté, Edmond a finalement choisi entre la canne à pêche et le fusil. Dès l'année suivante, différents groupuscules unissent leurs forces et créent le Front de Libération Nationale Corse et célèbrera joyeusement sa naissance par une spectaculaire nuit bleue. Le sigle F.L.N.C. se popularise très rapidement au-delà des côtes corses et inquiète fortement les services français. Les nombreuses arrestations et mises en détention n'entament en rien la progression de l'idée nationaliste en Corse. Aussi, est-il inconcevable de ne pas attribuer au Front les avancées des revendications corses. Si la lutte armée contre le trafic de drogue divise la population, tous les Corses, à l'exception de certains propriétaires fonciers peu regardants, approuvent le plasticage des résidences construites sur le littoral, afin que la Corse ne devienne pas la Costa del Sol. Pourtant, les tensions grandissent et les nationalistes s'engluent dans les affaires jusqu'à l'assassinat du préfet Erignac qui consomme un certain divorce entre partisans de la lutte armée et peuple corse. Il est dit que l'omerta règne en Corse. Pas dans ce passionnant et poignant documentaire en tout cas. De nombreuses images d'archives enrichissent les témoignages d'une trentaine d'ex-militants quinquagénaires du Front, de représentants du nationalisme corse mais également de hautes personnalités, tel le commissaire Robert Broussard, Jean-Louis Debré ou Charles Pasqua. La langue de bois n'est ainsi pas de mise, y compris sur les sujets les plus sensibles, des règlements de compte entre partisans de la même cause aux négociations secrètes entre les clandestins et l'Etat, mais aussi sur la dérive mafieuse de certaines factions. Finalement, ce sont les représentants de l'Etat qui en disent le moins ; tant il est vrai qu'ils n'ont pas les fesses complètement propres sur ces sujets. Deux années de tournage pour achever ce document, extraordinaire de décorticage d'un sentiment identitaire. Indispensable pour qui s'intéresse au sujet.
L'ORDRE ET LA MORALE
Film français de Mathieu Kassovitz (2011)
1988, loin de l'hexagone, sur l'île kanake d'Ouvéa, quatre gendarmes sont abattus dans l'assaut de leur caserne et vingt-sept autres retenus par des membres du mouvement indépendantiste du Front de Libération National Kanak et Socialiste. La situation se dégradait depuis de nombreux mois. Trois cents militaires sont dépêchés sur l'île calédonienne pour libérer les otages. Philippe Legorjus, patron de l'élite des gendarmes d'intervention, et Alphonse Dianou, leader des preneurs d'otages, partagent bien des valeurs communes, l'honneur surtout. Legorjus sent qu'il peut maîtriser la situation sans effusion de sang mais la France est alors à deux jours du premier tour des élections présidentielles. Dans le combat qui opposera Jacques Chirac et François Mitterrand en pleine cohabitation, la morale ne semble pas être la première préoccupation des deux candidats. Tiré de l'ouvrage La Morale et l'action de Legorjus, le film ne manqua pas de faire scandale. Film militant pro-indépendantiste selon les partisans de la vérité d'Etat, film inutile pour de nombreux Kanaks estimant la réouverture des cicatrices inutile. C'est certainement Legorjus qui constitue la source la plus fiable pour expliquer ce bain de sang. Manipulation des faits pour de basses considérations électives, réalité d'un néo-colonialisme français, fortes rivalités entre de hauts gradés, la prise d'otages de la grotte ne pouvait connaître d'issue sereine. Les exécutions sommaires de militants indépendantistes fait prisonniers sont là pour le rappeler. Parfois manichéen dans sa caricature des militaires français, le film de Kassovitz demeure néanmoins extrêmement convaincant. A voir absolument !
15 FEVRIER 1839
Film québécois de Pierre Falardeau (2001)
14 février 1839, sous le régne de la Reine Victoria, deux héros québécois de la lutte pour l'indépendance, Marie-Thomas Chevalier de Lorimier et Charles Hindelang, apprennent que la sentence de mort par pendaison sera appliquée le lendemain. Voilà deux années que ces hommes comptent parmi huit cents détenus emprisonnés à Montréal dans des conditions dégradantes après l'échec de l'insurrection de 1837, dont une centaine a été condamnée à mort par les autorités colonialistes anglaises. Entourés de leurs compagnons d'infortune, vingt-quatre heures les séparent de leur funèbre destin. De vagues sursauts d'espoir affrontent la peur et le doute. Une seule chose est sûre, affronter la mort sera leur dernier combat. Et ils ne regrettent rien... Malgré une parenté historique et linguistique évidentes, que connaît-on aujourd'hui du Québec en France et de son aspiration à la liberté ? Inspiré de faits réels, Falardeau rompt avec sa filmographie satirique et a à cœur de rendre hommage aux luttes indépendantistes qui ont enflammé le pays québécois au 19ème siècle. Le réalisateur livre un huis-clos sombre de toute beauté. D'un parti pris indépendantiste évident, le film a légitimement été fortement égratigné par la critique anglophone dénonçant un déferlement de haine antibritannique. Quelques approximations historiques ne nuisent pas à un ensemble prodigieux.
SALVATORE GIULIANO
Film italien de Francesco Rosi (1961)
5 Juillet 1950, le corps criblé de balles du bandit indépendantiste sicilien Salvatore Giuliano est découvert dans la cour d'une maison du village de Castelvetrano. Si l'homme était traqué par la police et l'armée italiennes, il semblerait qu'il ait été retrouvé avant eux. Le constat du décès est dressé par un commissaire tandis que les journalistes sont à l'affût du moindre renseignement. La mort achève une existence intrépide commencée en 1945 lorsque Giuliano s'engage dans la lutte violente, avec l'appui de la Mafia, pour l'indépendance de son île. Le 1er mai 1947, il avait été notamment impliqué dans l'assassinat de militants socialistes. Son corps est bientôt exposé dans sa commune natale de Montelepre, où sa mère et les habitants viennent se recueillir avec une dévotion non simulée. Tous les regards convergent alors vers Gaspare Pisciotta, lieutenant de Giuliano, que tous soupçonnent de l'avoir trahi et assassiné... Film subversif et engagé à plus d'un titre ! Rosi utilise un curieux procédé scénographique pour évoquer la vie de ce curieux personnage historique sicilien, moitié bandit indépendantiste, moitié Robin des Bois dont le souhait était de voler les riches pour donner aux pauvres et arracher l'île à la domination italienne pour en faire le quarante-neuvième Etat d'Amérique. Ainsi, le récit anarchique de Rosi parvient-il à ne pas être brouillon sans aucun ordre chronologique. Autre point fort, Rosi est l'un des premiers à dénoncer les rapports étroits de la Cosa nostra avec le pouvoir politique sicilien. Enfin, le réalisateur n'a pas hésité à faire appel à des acteurs non-professionnels, renforçant le caractère authentique de l'œuvre. Un grand film politique par l'un des maîtres du cinéma italien.
Virgile / C.N.C.
Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.
La bataille des régionales aura pour enjeu important la question des subventions attribuées au secteur culturel, là où la droite, suivie de la gauche, sont intervenues pour largement subventionner nombre d’associations dont la vocation consiste à détruire les structures traditionnelles, culturelles et artistiques de notre pays au détriment de créateurs, artistes, écrivains, cinéastes, revues, groupements de préservation de nos racines et traditions qui constituent les fondements même de notre avenir. Cheyenne-Marie Carron est, parmi de nombreux autres, l’exemple vivant de cette injustice et de ces dysfonctionnements.
Cheyenne-Marie Carron est devenue cinéaste par insomnie, comme beaucoup d’entre nous sont devenus cinéphiles : en regardant les films diffusés dans le cadre de l’émission télévisée Le cinéma de minuit, émission créée par Claude-Jean Philippe et Patrick Brion le 28 mars 1976, quelques semaines avant que Cheyenne vienne au monde.
Cheyenne, curieux prénom qu’elle s’est choisie elle-même, fille adoptive, lorsqu’elle arriva à l’âge de majorité. Prénom emprunté à une tribu amérindienne, qui véhicule dans les tréfonds de nos âmes, les valeurs de fierté, d’insoumission, d’enracinement, de combat identitaire contre l’envahisseur. Ne sommes-nous pas devenus, nous, Européens, des « Indiens » traqués sur leur propre sol, chassés de nos terres et, si l’on y pense bien, par substitution, au bout du compte, par le même envahisseur qui sait si bien organiser son expansion mondiale ?
Curieux parcours d’une femme au tempérament gai, passionné, mais affirmé, d’une franchise et d’un naturel qui ont désarçonné plus d’un critique cinématographique, l’intellectuel parisien habitué aux palabres feutrées mais néanmoins féroces, de celles qui poignardent dans le dos. Et qui, pour le coup, se sont intéressés de plus près à cet O.C.N.I., objet cinématographique non identifié. Signalons un entretien télévisé mené par une journaliste intelligente de KTOTV, dans son émission Visages inattendus de personnalités, que vous retrouverez sur youtube, et les interviews accordés à Radio Courtoisie.
Tout le caractère de Cheyenne est contenu dans son prénom.
Mais comment, éduquée par une famille catholique « de gauche », en vient-on à devenir une réalisatrice de la mouvance identitaire, catholique et monarchiste, ayant à son actif déjà une demi-douzaine de longs-métrages ? C’est la première question que nous lui avons posée.
Je ne souhaite pas appartenir à une mouvance quelconque. Je traite de sujets qui me tiennent à cœur, et j’espère que des gens de tout horizons les apprécient. Je suis catholique, car Dieu m’a sauvé, et monarchiste, car une nation a besoin d’un père.
Et si la mouvance identitaire apprécie peut-être mes films, c’est peut-être que peu d’artistes sont sensibles à cette question. Moi, je suis une enfant de la DDASS et manquer de repères et d’identité, je sais quelle souffrance cela représente. Alors il est possible que bien des jeunes se retrouvent dans mes films, car ils ont peut-être l’impression d’être traités comme des enfants abandonnés, c’est à dire sans racines…
La plupart de vos films mettent en scène le multiculturalisme qui est le problème principal auquel est confronté notre pays ; c’est parce que le sujet vous touche, ou parce que vous voulez apporter une réponse à un questionnement qui serait le vôtre, ou bien les deux ?
Pour ma part, bien que mes géniteurs étaient Kabyles, je n’ai qu’une seule patrie, celle où je suis née, où j’ai été pupille de l’Etat, et où j’ai été élevée. Il s’agit de la France.
Mais mon éducation m’a conduite à avoir regard ouvert sur le monde, ayant été d’une famille qui a adopté des enfants. Et je crois en l’importance de protéger et défendre les cultures et les traditions de tous les peuples, c’est ce que j’ai essayé de proposer dans mon dernier film Patries.
La presse, dans son ensemble, a fait un bon accueil à vos films, même si on peut considérer qu’ils ne sont pas politiquement corrects ; vous avez une explication à cet engouement ?
Peut-être parce que mes films sont bons !
Je n’ai pas l’impression de traiter de sujets « politiquement incorrects », mais de traiter de sujets de mon temps. Et je veille à le faire avec humanité, vérité et justesse.
Quels sont les éléments que vous aimeriez apporter, après une certaine expérience, à votre façon de travailler et de concevoir les films, pour progresser dans votre métier ?
J’aimerais parvenir à faire des films avec un peu plus de budget, car faire un long-métrage avec 50 000 euros, ça rend les choses très, très compliquées. Je pense avoir gagné mes galons, mais les subventions d’État me sont toujours refusées.
Vous avez eu beaucoup de mal à trouver des producteurs, ce qui vous a amené à financer vous-même vos films; comment faites-vous ?
C’est une galère sans nom, mais ça, c’est ma cuisine interne, je ne suis pas sûre qu’il soit utile que je pleurniche publiquement en vous expliquant mes galères. Le spectateur paye sa place au cinéma pour voir mes films, au même prix qu’une superproduction américaine, et il s’en fiche de savoir si j’ai fait mon film avec un millième du budget de la superproduction, et il a raison de s’en ficher. C’est à moi à parvenir à faire du bon travail avec très peu ; c’est peut-être ça qu’on appelle la magie du cinéma.
Vous tournez actuellement ?
Non, je ne suis pas en tournage actuellement.
Parmi vos projets, vous avez mis en chantier un film qui reprend l’une de vos préoccupations majeures, c’est la confrontation des religions ; dans L’Apôtre, cette confrontation concernait deux religions monothéistes, l’islam et le christianisme, mais vous voulez élargir le débat, si l’on peut dire, avec La morsure des dieux ?
Effectivement, je prépare deux films. L’un qui s’intitulera La Chute des Hommes, et racontera l’histoire d’une chrétienne prise en otage par des djihadistes. Et l’autre, s’intitulera La Morsure des Dieux, qui racontera l’histoire d’un agriculteur français qui se bat pour sauver son exploitation, ce film sera une déclaration d’amour pour la cause pagano-chrétienne.
Je suis catholique pratiquante, et j’ai découvert le paganisme il y a peu de temps. Ce nouveau monde, nouveau pour moi, me fascine, car j’y vois non seulement beaucoup de beauté, mais aussi une nouvelle force d’enracinement antérieure à ma religion, et pour cette raison, le paganisme est un trésor à préserver.
ATTENTATS "Made in France" : l’affiche du film retirée, sa sortie repoussée
Ex: http://sans-langue-de-bois.eklablog.fr
ATTENTATS "Made in France" : l’affiche du film retirée, sa sortie repoussée. « Une vague d’attentats va secouer toute la France. » Lorsqu’on la visionne au lendemain du vendredi sanglant qui a frappé Paris, la bande-annonce de Made in France glace le sang.
Ce film de Nicolas Boukhrief devait sortir en salles mercredi 18 novembre. Son scénario : un journaliste indépendant infiltre les mosquées clandestines de la banlieue parisienne et se rapproche d’un groupe de jeunes djihadistes qui s’apprêtent à semer le chaos au cœur de la capitale. Le distributeur du film, Pretty Pictures, a annoncé samedi que sa sortie était repoussée et sa promotion annulée.
L’affiche de Made in France, elle aussi, a de quoi frapper les esprits. On y voit une tour Eiffel en forme de Kalachnikov géante, l’arme avec laquelle plusieurs assaillants ont tué plus de 120 personnes à Paris vendredi. L’affiche était placardée dans plusieurs espaces publicitaires de la RATP, gérés par la régie Metrobus. « Le producteur a demandé à ce qu’elle soit retirée, et nous avions décidé de la retirer de toute façon », indique un porte-parole de la RATP à Marianne. Un retrait qui a commencé dès la journée de samedi.
Made in France est un film d’autant plus prémonitoire qu’il a été tourné avant les attentats de janvier dernier. Dans la bande-annonce, l’un des personnages a cette phrase : « On est en guerre. Et dans toute guerre, il y a des victimes civiles. » Aucune nouvelle date de sortie n’a pour l’instant été communiquée.
(ndlr: La bande-annonce du films a été supprimée sur "youtube"!!!!!)
Le 21 octobre prochain sortira le nouveau film de la cinéaste indépendante Cheyenne Marie Carron , intitulé « Patries ». Un film particulièrement attendu car controversé avant même sa sortie, un film que nous avons pu visionner en exclusivité et en avant-première.
Cinéaste engagée, Cheyenne Marie Carron fait des films depuis 2001 sans bénéficier de la promotion et de l’aide dont bénéficient beaucoup de films qui ne font pourtant pas honneur au cinéma français. Sorti en 2014, son film L’Apôtre avait même suscité de violentes critiques et menaces parce qu’il évoquait l’histoire d’un jeune musulman désireux de se convertir au catholicisme. On se souvient même qu’une salle, à Nantes, avait déprogrammé le film après les attentats de janvier, de peur de représailles de la part d’islamistes.
N’ayant pas vu L’Apôtre, mon regard a donc pu se porter en toute objectivité sur le film Patries, film présenté comme traitant du racisme anti-blanc, dont j’avais vu la bande annonce au mois de mars dernier et lu le synopsis : « Sébastien et ses parents viennent d’emménager en banlieue parisienne. À son arrivée, il essaie de se faire accepter par un groupe de jeunes issus de l’immigration africaine. Malgré le rejet qu’il subit, une amitié complexe se noue avec Pierre, un jeune Camerounais en quête d’identité » Quelle agréable surprise. Ou plutôt, quelle violente surprise. Car Patries est un film long-métrage coup de poing, une gifle en pleine figure, réalisé avec un budget équivalent à celui d’un clip publicitaire de 3 minutes effectués par des professionnels de la communication.
Un film intégralement tourné en noir et blanc et qui se divise en deux parties ; on suit d’abord principalement Sébastien (et le jeune acteur Augustin Raguenet) , jeune de la France périphérique obligé de suivre ses parents (dont son père aveugle) en banlieue parisienne, sa mère ayant trouvé un emploi à Paris. Très vite, il fait la connaissance de Pierre, un Camerounais qui le prends sous son aile et tente d’intégrer Sébastien à « sa bande », sans succès. Car Sébastien – éduqué par des parents ayant porté le « vivre ensemble » au statut de quasi-religion – va vite se rendre compte qu’il n’est pas le bienvenue dans cette banlieue, lui, le blanc, le babtou, la face de craie. La réalité des métropoles françaises et notamment de ses banlieues lui explose alors en plein visage sans que ses parents n’y comprennent rien et il deviendra rapidement une sorte de bouc émissaire pour deux « racailles » africaines ayant dès la première rencontre refusé de lui serrer la main en raison de sa couleur de peau. Seule solution pour lui ? Fuir, retourner dans la France périphérique, ou bien faire face, physiquement, et « s’intégrer » dans son propre pays.
La deuxième partie est centrée sur le personnage de Pierre, incarné par le brillant Jacky Toto, jeune Camerounais qui prend Sébastien sous son aile mais qui, suite à un mensonge non avoué de sa part, rompra de fait leur amitié et leur confiance naissante. Pierre – qui ne trouve pas de travail malgré sa volonté manifeste de réussir – est victime de DRH sans scrupules et d’une administration française qui ne pense qu’à l’aider, à l’assister, là où il voudrait réussir par lui même. Dans le même temps, il est en pleine crise identitaire, lui le Camerounais arrivé à 5 ans en France, jamais retourné au pays, mais n’ayant jamais su creuser sa place dans un pays qui n’est pas le sien. Doit-il partir et monter une entreprise au Cameroun, afin de réussir sa vie et d’aider son peuple , sur la terre de ses ancêtres ? Doit-il rester aux côtés de cette mère qui a tout sacrifié pour lui permettre une vie meilleure en France, et aux côtés de sa soeur, qui par le jeu d’une union mixte avec un bobo parisien français de souche, se sent beaucoup plus intégrée que lui ?
Le résultat est un film abouti, dont la scène finale ne pourra surprendre que ceux qui, habitant la France périphérique, ne connaissent pas ou n’ont pas connu la vie en banlieue, la vie d’un jeune blanc devenu étranger dans son propre pays. Durant ce film, qui, non sans un clin d’oeil appuyé à La Haine de Kassovitz , provoque un retour très violent au réel pour le spectateur, on se dit que du côté des enfants d’immigrés comme du côté des jeunes Français de souche, la cohabitation pacifique sera tout simplement impossible dans le futur, si ce n’est à la marge. Seuls les nantis ou les « vieux » comme dirait Julien Langella, et non pas les « anciens » , refusent de voir cette réalité, de l’admettre, alors même qu’elle est aujourd’hui communément admise par toute la jeunesse, quelle que soit sa couleur de peau ou son identité.
Patries est un film dur, violent psychologiquement, porté par une superbe bande-son particulièrement adaptée qui dévoile tantôt la foi chrétienne profonde de la réalisatrice, tantôt le ressenti de la rue, avec quelques morceaux de rap bien trouvés. C’est un film qui lève le voile sur une réalité jamais évoquée jusqu’ici par le cinéma français, trop souvent englué ces dernières années dans le politiquement correct et la médiocrité. Un film qui mériterait lui aussi d’être projeté dans toutes les salles obscures de France et d’être montré à la jeunesse de France, dans les collèges et les lycées. Car la réalité de la France des villes d’aujourd’hui, c’est plus Patries que L’Esquive, film médiocre sur des « jeunes de banlieue » qui avait, politiquement correct oblige, remporté 4 Césars alors même que la critique spectateurs ne lui accorde aujourd’hui que 2,6 sur 5 (2 962 notes) sur Allo Ciné.
Cheyenne Marie Carron est une cinéaste courageuse, au caractère bien trempé. C’est pourquoi elle a réussi avec brio ce film qui, au delà de ce qu’il montre, est techniquement réussi, surtout quand on connait le faible budget alloué. C’est pourquoi aussi, une certaine presse pourrait lui tomber rapidement dessus, ne pouvant admettre qu’une réalité certaine soit portée sur les écrans. Patries est en cette année 2015 au cinéma Français ce que « Catch Me Daddy » fut au cinéma anglais en 2014. Une révélation, une claque, à voir absolument à partir du mois d’octobre.
E.C : Le sujet du racisme anti-blanc, est assez tabou, avez-vous, vous-même subi du racisme ?
Cheyenne Carron : Je suis ni blanche, ni noire, mais marron clair de peau. Je n’ai jamais souffert de racisme de la part de personnes blanches ou noires. Depuis mon adolescence j’ai eu l’occasion de fréquenter des garçons et des filles issues de tous milieux et de toutes origines ethniques. J’ai observé les manifestations du racisme sous toutes ses formes. Aujourd’hui, j’ai pris assez de distance avec ce sujet pour pouvoir m’y intéresser. J’ai constaté que beaucoup de magnifiques films ont été fait dénonçant le racisme contre les noirs, je pense à « Imitation of Life », « 12 years a slave », ou « Dear white people », mais je n’ai jamais vu de films sur le racisme anti-blanc. Alors j’ai eu envie de corriger cela. Mais, avant de parler de racisme, Patries est surtout un film qui parle de différentes quêtes liées à l’identité.
E.C : N’avez-vous pas peur d’être taxée de racisme ?
C.C : Les valeurs dans lesquelles j’ai été élevée me mettent à l’abri de ce type de sentiment. J’ai des frères et sœurs blancs et un frère noir de peau. (Je viens d’une famille qui a adopté des enfants). Je ne suis pas raciste, et je pense donc qu’il est grand temps de parler des sujets qui fâchent ! Pour moi il ne s’agit pas de désigner des coupables et des victimes, mais il faut montrer le racisme mais aussi ceux qui l’exploitent en faisant mine de le condamner.
E.C : N’est-ce pas dangereux de traiter de ce sujet dans cette période compliqué ?
C.C : Il y a danger de se faire récupérer par des partis politiques extrêmes. Mais je pense qu’il y a aussi danger à ne pas s’emparer de ces sujets et de laisser à des gens sans humanité, et de les laisser pourrir dans la société… Et puis, je crois qu’un artiste doit s’emparer des problèmes de son temps.
E.C : Pour écrire ce scénario, vous êtes vous inspirée d’un livre, ou de faits divers ?
C.C : Je me suis inspirée du témoignage de plusieurs personnes. Elles m’ont raconté la manière dont elles tentaient de s’intégrer, mais aussi la manière dont elles vivaient une forme de rejet lié à leur couleur de peau, blanche ou noire.
E.C : Dans Patries vous nous montrez une famille, celle de Pierre, qui semble très attachée à son pays d’origine : le Cameroun.
C.C : Les sœurs de Pierre et sa mère, elles, sont très enracinées dans la culture Française, elles se sentent pleinement françaises. Pierre, lui, a un vrai désir qui grandit tout au long du film : celui de redécouvrir le pays d’où il vient. J’ai eu envie de parler d’un homme qui ne se sent pas heureux d’être en France, parce que sa culture d’origine lui manque. Je trouvais intéressant de montrer un immigré qui a soif de son identité perdue. Ça nous change du discourt habituel.. La France n’est pas son eldorado, il cherche autre chose. Pierre est aussi, d’une certaine façon, un héros. Il rêve de bâtir, et il croit en son destin. Mais pour lui, au fond de son cœur, son destin n’est pas en France. Son destin c’est le pays de ses ancêtres, alors que sa sœur ne jure que par la France.
E.C : Les deux mères de famille ont en point commun leur foi, c’est une thématique qui revient souvent dans vos films : la religion.
C.C : J’ai voulu faire le portrait de deux mères catholiques, à l’image de la mienne que j’aime. En tant qu’enfant abandonnée, j’aurais pu être adoptée par une maman noire, mais ce fut une maman blanche.
E.C : La notion de patrie incarne des réalités diverses selon le point de vue de chacun ; pour vous, quelle valeur a-t-elle ?
C.C : Moi qui ai été Pupille de l’État Français jusqu’à mes 19 ans, la patrie française ça a un sens. En tant qu’enfant abandonnée, j’ai bénéficié de la protection de l’État français et ça, ça n’a pas de prix. Mais il ne faut pas traiter les immigrés comme des enfants abandonnés ! Eux ont une terre quelque part, où ils sont nés, et où ils ont parfois une famille et des souvenirs. Un jour cette terre peut leur manquer, c’est le cas de Pierre.
E.C : Et où en êtes-vous avec le CNC ? J’ai cru comprendre que vos précédents films n’ont pas été subventionnés.
C.C : En 2014 le CNC m’a refusé deux scénarios (Hadès et Ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne), alors je ne présenterai plus mes scénarios à l’avenir. Je n’ai pas présenté Patries. J’ai beau faire ma maligne, à chaque refus ça me mine le moral et j’ai le sentiment que mon travail ne trouvera jamais grâce aux yeux du CNC. J’ai financé Patries avec l’argent que j’ai gagné sur les DVD de L’Apôtre.
E.C : Quels sont vos prochains projets ?
C.C : Je vais continuer à chercher le financement de « Hadès » et « Ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne », j’essaie d’élargir mon champ d’action à l’étranger. Si je n’y parviens pas, je vais devrais arrêter le cinéma. Je lui aurait donné tout ce que j’ai pu et Lui m’aura apporté beaucoup de joie et de réconfort.
Entretien avec Cheyenne-Marie Carron, réalisatrice
par Belle et Rebelle
Ex: http://www.belle-et-rebelle.com
Cheyenne-Marie Carron est un OVNI. On ne croise pas un petit bout de femme comme elle tout les matins devant la haie de son champ.
Elle a été adoptée toute petite par une famille qui compte deux autres enfants adoptés ainsi que deux enfants “bio”. Elle est la réalisatrice d’une petite dizaine de films et commence à faire parler d’elle et notamment dans les médias rattachés à ce qu’on appelle la réacosphère. Un caractère bien trempé et une personnalité solaire: elle fait son petit bonhomme de chemin et à l’occasion de la sortie prochaine de son nouveau film, Patries, Cheyene-Marie Carron nous permet de nous intéresser à elle en nous accordant un entretien.
-Bonjour Madame, qui êtes-vous ? Pouvez-vous vous présenter succinctement aux lecteurs de Belle-et-Rebelle ?
J’ai 38 ans. Je suis une réalisatrice, scénariste et productrice, catholique.
-Quelle est la motivation qui pousse une jeune femme comme vous à réaliser un film aussi polémique que Patries, qui porte sur le racisme anti-blanc, ce thème tellement controversé ?
Ce qui me pousse n’est pas la polémique, mais l’injustice. Beaucoup de très beaux films existent sur le racisme contre les noirs, mais aucun sur le racisme contre les blancs. J’ai eu envie de corriger cela.
-D’après vous, pour quelles raisons le racisme anti-blanc est-il l’un des tabous de la France moderne?
Peut-être la peur… La peur de se rendre compte qu’on ne déracine pas impunément les gens sans que cela n’entraîne de conséquences.
Comment se manifeste selon vous le racisme anti-blanc ? -
Je pense qu’il prend sa source d’abord dans un mal-être. Celui de se sentir étranger à la culture française, avec peut-être un sentiment de honte et rage d’avoir abandonné son pays d’origine. Puis vient la conséquence, c’est à dire l’agression verbale ou physique de l’homme blanc, du Français.
Dans cette situation tout le monde souffre, d’abord la victime, le Français blanc de peau, mais aussi celui qui agresse.
-Quels obstacles avez-vous rencontrés dans la réalisation de votre film?
Aucun, car je n’ai rien demandé ! Le CNC m’a été refusé sur tous les films, et j’ai décidé de ne plus rien demander à cet organisme, ni aux régions. Je fais mes films sans argent, et je galère pas mal… mais je m’accroche.
-Cheyenne-Marie, soyez honnête, vous aimez vous compliquer la vie: femme, entrepreneure, politiquement incorrecte, catholique, artiste, j’en passe et des meilleures, vous cherchez les ennuis ?
Je ne cherche pas les ennuis, et si l’on m’en fait, je me défends, car j’ai le sentiment d’accomplir des choses justes.
-Est-ce que d’après vous, le harcèlement de rue des femmes ne relève pas aussi du racisme anti-blanc?
Ce harcèlement s’étend aussi à des femmes qui ne sont pas blanches. Il provient je crois d’un regard sur la femme occidentale qui prend sa source dans le mépris de notre culture.
Il faut que la femme occidentale par sa dignité et sa fierté en impose aux barbares.
-J’ai cru comprendre que vous n’êtes pas dans le circuit de distribution classique des films. Comment faites-vous pour faire voir vos films ? Avez-vous des idées de leur audience ?
Effectivement personne n’accepte de distribuer mes films, alors je prends mon courage à deux mains et frappe aux portes des cinémas. De manière étonnante, mes films voyagent aux quatre coins du monde grâce aux DVD et la VOD [Vidéo à la Demande; NDLR], et je reçois parfois des courriels d’encouragements venant de très loin. C’est ça aussi la magie d’un film, une fois terminé, il fait sa vie !
-Qu’est-ce qui vous révolte au quotidien?
Le manque de courage.
-Qu’est-ce qui vous fait garder l’espoir?
Ma foi en l’Eglise et en la France.
-Qu’est-ce qui vous émerveille ?
En ce moment, c’est le printemps qui m’émerveille…
-Qu’est-ce qui vous dégoûte?
L’orgueil.
-Les livres/images/œuvres/artistes/films qui ont fait de vous ce que vous êtes.
Ça n’est rien de tout ça. Ce qui a fait ce que je suis devenue, c’est ma mère. Une sainte femme qui m’a recueillie lorsque j’avais 3 mois, et le prêtre de mon village qui m’a inspiré le film L’Apôtre. Cet homme a tendu la main à la famille du tueur de sa soeur. Ces deux personnes sont les deux figures qui ont fait ce que je suis. Ensuite, il y bien sûr des centaines de gens qui ont croisé ma route, et qui m’ont tendu la main !
-Votre idée du bonheur?
Avoir des enfants… ce que je n’ai pas pour le moment.
-Première chose que vous feriez si vous étiez présidente de la République.