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samedi, 16 septembre 2017

Sur l'Europe: le dernier livre de Georges Feltin-Tracol

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Sur l'Europe: le dernier livre de Georges Feltin-Tracol

En trois quarts de siècle, le projet européen en partie formulé par les milieux non-conformistes de l’Entre-deux-guerres est devenu un cauchemar pour les peuples du Vieux Continent. Dans le cadre d’une mondialisation désormais illimitée, les sectateurs mondialistes de l’actuelle imposture européenne ne cachent même plus leur volonté d’intégrer au plus vite cet espace dans un ensemble planétaire global.

Cette terrible désillusion favorise le souverainisme national et les
revendications régionalistes. Faut-il pour autant rejeter toute idée européenne?

Non, affirme Georges Feltin-Tracol qui en appelle à une salutaire lucidité.
Ancien animateur de la revue L’Esprit européen et collaborateur naguère à Éléments pour la civilisation européenne, ce Français d’Europe (ou Européen de France) considère que l’Europe n’est pas ouvert aux populations du monde entier, mais l’héritage des peuples boréens. Se détournant à la fois de l’État-nation dépassé, du mondialisme mortifère et d’un altermondialisme parodique, il envisage un autre défi continental, soucieux de la personnalité historique de ses cultures et susceptible d’assumer un destin de puissance géopolitique.

Contribution révolutionnaire pro-européenne à la grande guerre des idées, ce recueil d’articles, d’entretiens, de conférences et de recensions démontre la persistance d’un authentique esprit européen, surtout si de nouvelles chevaleries militantes surgies des communautés populaires enracinées relèvent le nouvel enjeu civilisationnel du XXIe siècle : maintenir la spécificité albo-européenne. Pendant que se prolonge l’éclipse de l’Europe, c’est dans la pénombre que s’esquissent quelques jalons fondamentaux d’une nouvelle Europe polaire, fière et solsticiale.

Pour commander l'ouvrage:

http://www.ladiffusiondulore.fr/home/669-l-europe-pas-le-...

Né en 1970, collaborateur aux revues dissidentes Réfléchir & Agir et Synthèse nationale, rédacteur en chef et co-fondateur du site identitaire de langue française Europe Maxima, présent sur des sites Internet rebelles comme EuroLibertés, Georges Feltin-Tracol est aussi conférencier, chroniqueur radio et essayiste.
Auteur, seul ou en collaboration, d’une dizaine d’ouvrages, il a publié en 2016 aux Éditions du Lore Éléments pour une pensée extrême.

Dae’ch et les autres : bienvenue dans le « monde VUCA » !

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Dae’ch et les autres : bienvenue dans le « monde VUCA » !

Richard Labévière
Journaliste,
Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

L’ensemble de la presse mondiale a, dernièrement commémoré le premier anniversaire de la Coalition internationale qui a déclenché ses premiers bombardements contre des positions de l’organisation « Etat islamique » (Dae’ch) en Irak et en Syrie, le 2 août 2014. Un an plus tard, tout le monde s’étonne que cette « alliance », réunissant quand même les armées les plus puissantes du monde, n’ait pas réussi à éradiquer une organisation constituée de quelque 30 à 35 000 fusils tout au plus. Le même constat vaut également pour Jabhat al-Nosra et les autres résidus d’Al-Qaïda ayant prospéré en Asie, en Afrique ou en Europe.

Pourquoi un tel étonnement, sinon une telle cécité ? La réponse est pourtant aussi claire et limpide que La Lettre volée d’Edgar Allan Poe, posée  là, sous nos yeux, alors que personne ne veut vraiment la voir… Les experts militaires américains, qui donnent le « la » en matière de « guerre contre la terreur » depuis quatorze ans, l’ont dit, redit et écrit : il ne s’agit nullement d’éradiquer le terrorisme, d’en neutraliser définitivement les protagonistes, de casser définitivement ses inspirateurs et d’en assécher les financements. L’objectif principal est de « gérer » son développement, ses mutations et l’évolution de sa cartographie afin d’accompagner la reconfiguration, la modernisation et la diversification de l’hégémonie stratégique, économique et politique des Etats-Unis et de leurs alliés.

En août dernier, le président de la République française - à l’unisson avec ses homologues américains, britannique et allemand -, l’a expliqué très clairement à ses ambassadeurs : « la guerre contre Dae’ch va durer dix, quinze ou vingt ans ». Cette fatalité de la longue durée correspond, non pas à une espèce de complot centralisé ni à une conspiration globale, mais s’inscrit dans la logique d’un « procès sans sujet », conforme aux motivations, aux stratégies et aux intérêts de la mondialisation néo-libérale. Cette incapacité à éradiquer Dae’ch est d’autant plus assumée par les grands décideurs mondiaux qu’ils savent parfaitement que l’action militaire extérieure n’est qu’un segment limité de la panoplie contre-terroriste. Ils savent tout aussi pertinemment que Dae’ch ne pourra être éradiqué durablement sans « assécher » politiquement et idéologiquement l’extrémisme sunnite dont les bailleurs de fonds sont devenus nos meilleurs partenaires commerciaux. Dae’ch est une chose, les affaires en sont une autre : vive la « politique sunnite » de François hollande et Laurent Fabius ! 

Orphelines de l’ennemi communiste, les officines stratégiques du Pentagone, leurs tutelles politiques et les industries de défense occidentales de l’après Guerre froide (garantissant des millions d’emplois et de sous-traitants) devaient impérativement - au risque d’entrer en déshérence -, trouver une autre figure du « mal », définir une menace « globale », autrement dit se fabriquer un nouvel ennemi commun. Ce fût chose faite dès le 11 septembre 2001. Là encore, soyons clairs : il ne s’agit pas de céder à la moindre tentation des théories conspirationnistes et autres « effroyables impostures » ayant fait florès après l’effondrement des tours du World Trade Center, mais bien de restituer rigoureusement pourquoi et comment les administrations Bush successives et celles qui suivirent, ont magistralement « utilisé » cette tragédie afin de pousser leurs pions.

A l’époque, plusieurs économistes réveillés relevaient que le budget du Département américain de la Défense avait enregistré ses hausses les plus importantes depuis la guerre de Corée. Avec un certain étonnement, les mêmes constataient que George W. Bush - digne héritier de Ronald Reagan et de  Margaret Thatcher -, adepte d’un monétarisme des plus classiques et de toutes les recettes les plus libérales, s’était brusquement converti à une politique budgétaire farouchement keynésienne ! En effet, les attentats du 11 septembre 2001 ont fortement contribué à la relance de l’économie américaine qui marquait alors le pas. Mais ce bon usage de la terreur ne profita pas qu’aux seuls investisseurs américains et devait impulser une nouvelle révolution dans les affaires militaires qui s’esquissait depuis la fin des années 90.

Dans les amphithéâtres de l’US-Army-War-College de Carlisle en Pennsylvanie, des professeurs de stratégie militaire commençaient alors à populariser un nouveau concept en quatre lettres pour résumer le monde : VUCA, pour Volatility, Uncertainity, Complexity, Ambiguity. Dans le monde de la fin des années 90, ces experts nous expliquaient que toute espèce de projets et d’actions étaient devenus « volatiles ». Par conséquent, chaque option stratégique était appelée à changer extrêmement rapidement, la visibilité à moyen terme n’étant pas seulement devenue « incertaine », mais proprement impossible. La « complexité » des interactions, des facteurs d’influence et des acteurs devenait la norme, l’ « ambiguïté » étant désormais la règle et non plus l’exception.

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Et toujours très positifs, nos amis américains se félicitaient que dans un tel monde devenu « VUCA », l’incertitude ne constituait nullement un problème, mais présentait au contraire une chance à saisir comme levier d’innovation et de performance. « Les acteurs qui réussissent », affirmaient ces professeurs, « sont ceux qui investissent dans la connaissance de soi, cultivent le succès collectif et encouragent l’agilité et la fluidité efficaces ». La loi de la variété requise, développé par R. Ashby en 1956 (dans An Introduction to Cybernetics) stipule que seule la « variété » peut répondre à la variété. En d’autres termes : plus une personne ou un système génère et active « sa diversité », plus elle est capable de s’adapter aux changements provenant de son environnement et d’assurer son existence. Appliquée à VUCA, cette loi nous enseigne que seul VUCA sait répondre à VUCA.

Les nouveaux chefs (militaires, économiques et politiques) doivent donc incarner un « projet de sens » qui libère les engagements tout en laissant s’exprimer les ruses de la volatilité, comme autant d’opportunités à saisir et à utiliser afin de promouvoir des « changements incessants ». L’incertitude invite ces chefs à profiter des situations inédites pour apprendre… Au lieu de renforcer les procédures de contrôles connues et des actions propices à la reproduction du système en vigueur. Ils « trouvent alors le courage de créer des espaces de liberté, de créativité et d’expérimentation rapide ». La complexité oblige les acteurs clés à coopérer et à privilégier le succès collectif. Pour saisir la complexité d’une situation, ses multiples enjeux et ses différents leviers, il est obligatoire de créer des groupes divers, transversaux et hétérogènes. Pour trouver des solutions véritablement innovantes, il s’agit donc de travailler en grand groupe, d’oser le chaos provisoire, de privilégier l’expérimentation ciblée au lieu de déployer un plan convenu. Sont alors privilégiées « les dynamiques alternatives ». L’ambiguïté se manifeste à travers des figures ambivalentes, par la non-cohérence d’un projet, le mélange des responsabilités, les multiples interprétations d’un concept. Cette ambiguïté doit devenir la culture dominante des nouveaux chefs : celle consistant à vivre avec une variété de solutions au lieu de s’attacher à l’obsession de la clarification, à la recherche d’une cohérence, ainsi qu’à celle d’une quête de « la » solution à déployer. Dans un monde VUCA, rien n’est acquis d’avance, rien n’est durablement stable et tout est opportunité !

Enfin, nos professeurs édictaient cinq principes à l’usage des nouveaux chefs voulant réussir « dans la joie » : 1) dans un monde VUCA, l’agilité d’une organisation se débloque en passant de la réaction à l’action par le « sens » ; 2) dans un monde VUCA, tout se transforme quand le système se libère d’une obsession de performance opérationnelle pour privilégier la recherche d’excellence relationnelle ; 3) dans un monde VUCA, le chaos devient créateur, le vide faisant place à de nouvelles solutions ; 4) dans un monde VUCA, l’individu peut se sentir perdu mais l’intelligence collective en action s’affirmera comme le nouveau levier de performance ; 5) Dans un monde VUCA, la notion de « leadership » est renversée pour laisser place à la puissance d’une nouvelle posture … celle du « Followership ». Bref, dans ce meilleur des mondes possibles, les chefs et, en définitive tous les acteurs qui savent conjuguer la joie et le « sens » vont être en mesure d’inventer des formules inédites de performance.

C’est presque aussi bien que La Richesse des nations d’Adam Smith et c’est à Donald Rumsfeld - secrétaire d’Etat à la Défense (2001-2006) - que l’ont doit l’application de cette idéologie aux affaires militaires. Sans y changer une seule virgule, la première administration Obama renonçait ainsi aux réponses classiques : les guerres conventionnelles et de contre-insurrection. On assistait alors à des redéploiements élargis dans les zones économiques et stratégiques considérées prioritaires pour les grandes sociétés (armements, aéronautiques, BTP et infrastructures, etc.). Enfin, selon un officier général des Forces spéciales, le Pentagone cherchait à maintenir autant que faire se peut la « clandestinité la plus totale afin de privilégier des campagnes médiatiques et de communication parfaitement maîtrisées ».

En juin 2014, dans une conférence publique tenue à Beyrouth, nous expliquions alors, que cette « non doctrine » militaire s’articulait sur sept piliers : 1) montée en puissance des forces spéciales ; 2) prééminence du renseignement ; 3) extension de la géographie des drones ; 4) choix de la cyber-guerre ; 5) développement d’ « armées de substitution » ; 6) formation et manœuvres avec les partenaires ; et enfin 7) médiatiser et communiquer. Ce dernier pilier chapeaute l’ensemble ! Le plus vieux métier du monde ! Pour qu’elle atteigne ses objectifs, toute opération militaire doit être non seulement comprise mais aussi « partagée » par les opinions publiques du ou des pays qui la mènent. Sont alors appelés en renfort les bataillons de journalistes « embeded » chargés d’expliquer et de diffuser les raisons et le phasage de la « guerre juste », forcément juste. Au hardpower des armées doit s’adjoindre organiquement le softpower -madame Clinton préfère parler de smartpower -, des journalistes, des « experts » et autres « communicants ». Ces sept piliers requièrent, non pas la « sagesse » de Lawrence d’Arabie, mais une transparence imposée, c’est-à-dire opaque, la clandestinité et le secret.

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Dans le meilleur des mondes VUCA possibles, Dae’ch, Al-Qaïda, Nosra et les autres ne peuvent et ne doivent pas être éradiqués parce qu’ils sont absolument nécessaires à la reconfiguration permanente du « sens », de la « joie » et des « profits » des nouveaux chefs militaires, économiques et politiques du monde. Sur le plan intérieur, les recettes VUCA servent tout aussi bien à déconstruire les frontières nationales, le droit du travail et toute autre loi garante du contrat social des vieilles républiques pour nous convertir aux fluidités multiples d’une mondialisation heureuse où tout devient possible et principalement le retour à l’état de nature où règne, en définitive, la loi du plus fort.

Lorsque notre ami Alain Joxe souligne, à juste titre, que les Etats-Unis ont régulièrement perdu les guerres asymétriques qu’ils ont déclenchés depuis la fin de la Guerre froide, il n’en tire pourtant pas la conclusion ultime : ces défaites apparentes sont en réalité des victoires inestimables pour les stratèges du Pentagone, de Tel-Aviv, de Wall Street, de la City et de Bruxelles. D’un état de non guerre conventionnelle, les délices du monde VUCA nous embarquent dans celui d’une guerre asymétrique généralisée, permanente et nécessaire. 

Richard Labévière, 15 septembre 2015

vendredi, 15 septembre 2017

En Syrie, le plus grand fiasco de la CIA ?

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En Syrie, le plus grand fiasco de la CIA ?

Maxime CHAIX
Ex: https://www.legrandsoir.info

Alors qu’il n’est plus tabou de critiquer le rôle trouble des puissances moyen-orientales dans le renforcement des réseaux djihadistes au Moyen-Orient, la coresponsabilité de leurs partenaires de l’OTAN ne peut et ne doit plus être éludée

Récemment, le Washington Post a annoncé la fin du soutien de la CIA en faveur des rebelles « modérés », confirmant qu’en 2015, ceux-ci menaçaient de renverser Bachar el-Assad mais que cette issue chaotique fut empêchée par l’intervention militaire directe de la Russie cette même année. Chaotique, car le chroniqueur du Post, David Ignatus, vient de souligner dans ce même journal que Washington et ses alliés ne pouvaient proposer d’alternative politique viable, démocrate et modérée face au gouvernement syrien.

D’après le spécialiste de la Syrie Charles Lister, qui regrette ouvertement la fin de cette guerre secrète coordonnée par la CIA, l’Agence aurait constitué une force de 45 000 combattants à travers cette opération, dont nous savons depuis janvier 2016 qu’elle a pour nom de code « Timber Sycamore ».

Or, comme le rappelle l’universitaire américain Joshua Landis, ces rebelles « modérés » appuyés par la CIA et ses partenaires ont combattu jusqu’en janvier 2014 aux côtés de la milice terroriste qui allait devenir l’« État islamique » (EI) six mois plus tard, lors de la proclamation du « califat » par Abou Bakr al-Baghdadi. Cet argument est confirmé par l’expert de la Syrie Fabrice Balanche, qui a souligné à l’auteur de ces lignes que « les rebelles n’ont combattu Daech qu’à partir de l’hiver 2013-2014. Avant cette période, ils étaient main dans la main avec cette organisation. » 

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Depuis qu’ils ont rompu avec l’EI, ces groupes soutenus par la CIA et ses alliés se sont majoritairement coordonnés avec la branche d’al-Qaïda en Syrie, qui s’est appelée le Front al-Nosra jusqu’en juillet 2016, avant de changer de nom et de rompre superficiellement son allégeance au réseau de feu Oussama ben Laden.

Comme le New York Times le soulignait en octobre dernier, lors de la bataille finale pour la reprise d’Alep-Est, « onze parmi la vingtaine de groupes rebelles menant l’offensive ont été approuvés par la CIA et ont reçu des armes de l’Agence, d’après Charles Lister, un chercheur et spécialiste de la Syrie au Middle East Institute, à Washington. [...] Monsieur Lister et d’autres experts ont déclaré que la vaste majorité des factions rebelles approuvées par les États-Unis à Alep combattaient en pleine ville, et qu’ils pilonnaient massivement les troupes du gouvernement syrien en appui des combattants affiliés à al-Qaïda, qui se chargeaient de l’essentiel des combats sur la ligne de front. “La triste vérité, cependant, est que ces groupes soutenus par les États-Unis [et leurs alliés] restent d’une manière ou d’une autre dépendants des factions affiliées à al-Qaïda dans ces opérations, en termes d’organisation et de puissance de feu”, selon l’experte Genevieve Casagrande, une spécialiste de la Syrie au sein de l’Institute for the Study of War à Washington. »

Comment la CIA et ses alliés ont soutenu le djihad en Syrie

Plusieurs éléments troublants sont à relever dans cette opération. Tout d’abord, sachant que les États-Unis se revendiquent en guerre contre le terrorisme depuis septembre 2001, appuyer pendant près de cinq ans des groupes qui combattent aux côtés d’al-Qaïda n’a pas semblé poser problème aux décideurs américains et à leurs alliés occidentaux – ce qui est pour le moins déroutant.

Et comme l’a pertinemment souligné Joshua Landis, le gouvernement des États-Unis savait depuis le milieu de l’année 2012 que les armes livrées massivement par la CIA et une quinzaine de services spéciaux depuis la Turquie et la Jordanie équipaient principalement des groupes djihadistes, un processus dévoilé par le New York Times en octobre 2012.

Comme l’auteur de ces lignes avait eu l’occasion de le défendre, le réseau qui a majoritairement bénéficié de ces milliers de tonnes d’armements a été le Front al-Nosra ; ce fut d’ailleurs le cas jusqu’à récemment dans le gouvernorat d’Idleb, dont la capitale vient d’être prise par cette organisation, aujourd’hui rebaptisée Hayat Tahrir al-Cham.

Ces graves dérives ont été notamment confirmées par le journaliste spécialisé Gareth Porter, dans un article explicitement intitulé « Comment les États-Unis ont armé des terroristes en Syrie ». « Cet afflux massif d’armes [coordonné par la CIA] vers le territoire syrien, ainsi que l’entrée de 20 000 combattants étrangers dans ce pays – et ce principalement depuis la Turquie –, ont largement défini la nature de cette guerre », a souligné Gareth Porter en se référant au vaste réseau de trafic d’armes mis en place par la CIA et ses alliés depuis les Balkans et la Libye, de même qu’à l’acquisition de 15 000 missiles TOW made in USA par l’Arabie saoudite. Fabriqués par Raytheon, ces missiles antichars ont été introduits en masse dans ce conflit à partir de 2014, et les pertes infligées aux forces syriennes avec ces armements auraient été le principal facteur de l’intervention militaire russe au début de l’automne 2015.

Dans cet article solidement documenté, Gareth Porter ajoute que « les armes [injectées par la CIA et ses partenaires dans le conflit syrien] ont contribué à faire de la branche d’al-Qaïda en Syrie [...] et de ses proches alliés la plus puissante des forces anti-Assad dans ce pays – et elles ont aussi permis l’émergence de Daech ».

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Rappelons qu’à l’origine, le Front al-Nosra et le futur « État islamique » ne faisaient qu’un avant leur scission au printemps 2013, qui déboucha sur une guerre fratricide entre ces deux factions. Plus exactement, les combattants majoritairement irakiens de ce qui était alors appelé l’« État islamique d’Irak » (EII) ont fondé, à partir de l’été 2011, la milice qui allait devenir le Front al-Nosra en janvier 2012.

Encore aujourd’hui à la tête de ce réseau, leur leader, Mohammed al-Joulani, un djihadiste syrien ayant affronté la coalition de George W. Bush en Irak, avait été chargé par Abou Bakr al-Baghdadi de combattre les forces de Bachar el-Assad en 2011. D’après Foreign Policy, lors de cette scission d’avril 2013 entre ces deux entités terroristes, « une large majorité de commandants et de combattants d’al-Nosra en Syrie ne suivirent pas [leur chef al-Joulani] » et prêtèrent allégeance au futur « calife » d’al-Baghdadi, ce qui aurait représenté « jusqu’à 15 000 combattants sur environ 20 000 », d’après une estimation du chercheur Fabrice Balanche.

Toujours selon Foreign Policy, « partout dans le nord de la Syrie, Daech s’empara des quartiers généraux d’al-Nosra, des caches de munitions et des dépôts d’armes » durant cette séparation, qui conduisit à la création de l’« État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), rebaptisé « État islamique » au milieu de l’année suivante.

En d’autres termes, le gigantesque trafic d’armes et de munitions organisé par la CIA pour équiper les rebelles en Syrie a, directement ou non, profité à Daech et favorisé sa montée en puissance dès janvier 2012. Le fait que si peu d’experts et de journalistes occidentaux l’aient souligné (ou remarqué) est incompréhensible.

Derrière l’alibi des « rebelles modérés »

Même conséquence pour le versant « formation militaire » de ce programme de l’Agence et de ses alliés, qui a conduit les Forces spéciales détachées auprès de la CIA à entraîner malgré elles une forte proportion de djihadistes officieusement affiliés à al-Nosra ou à Daech – selon des sources anonymes du SOCOM et de l’Agence qui étaient directement impliquées dans cette opération.

En clair, de nombreux mercenaires anti-Assad recrutés par la CIA ont dissimulé leur appartenance à (ou leur attrait pour) ces groupes terroristes, le processus de sélection des combattants étant particulièrement laxiste. Or, la simple existence de cette procédure a permis à la CIA de maintenir une façade de respectabilité en affirmant qu’elle ne formait que des « rebelles modérés ».

En réalité, pour quiconque s’affranchit de cette notion orwellienne, les dynamiques de cette opération peuvent être résumées ainsi : supervisés par la CIA et quatorze autres services spéciaux, dont ceux de la France, du Royaume-Uni, d’Israël, de la Turquie, de l’Arabie saoudite et du Qatar, le financement, la formation et l’approvisionnement en armes des rebelles depuis les territoires turc et jordanien ont profité à l’ensemble des groupes armés, y compris à Daech et au Front al-Nosra.

En des termes plus parlants, qui sont ceux du spécialiste Sam Heller, « la majeure partie du soutien américain fut dirigée vers des factions de l’“Armée syrienne libre” (ASL), qui ont en fait servi d’auxiliaires et de sources d’armements à de plus puissantes factions islamistes et djihadistes, dont la branche d’al-Qaïda en Syrie ».

Ces dérives ne furent toutefois pas systématiquement intentionnelles. L’exemple de « Cheg Cheg », devenu le plus grand trafiquant d’armes syrien durant cette guerre, pourrait l’illustrer. Mort dans l’explosion de son véhicule en avril 2016, ce baron de la contrebande d’armements avait vendu à des intermédiaires bédouins un certain nombre d’armes issues des bases supervisées par la CIA, dont la mise en place en Turquie et en Jordanie avait dynamisé ses affaires. Or, ces intermédiaires les avaient achetées pour le compte du malnommé « État islamique », ce que « Cheg Cheg » n’ignorait pas

À l’origine de ces révélations, le quotidien émirati TheNational.ae évoqua des transferts « involontaires » d’armements de la CIA et de ses alliés vers l’EI, à travers les réseaux de « Cheg Cheg ». Pourtant, selon différentes enquêtes approfondies, dont une récemment publiée par le JDD, il ne fait plus aucun doute que les services spéciaux des pétromonarchies du Golfe – essentiellement ceux de l’Arabie saoudite – ont sciemment armé Daech en Syrie comme en Irak, en particulier via une ligne d’approvisionnement Balkans-Moyen-Orient mise en place avec l’aide discrète de la CIA à partir de janvier 2012.

Ambassadeur américain en Syrie de 2011 à 2014, Robert S. Ford est persuadé de l’implication de l’Agence dans ces manœuvres, qui furent d’après lui « strictement confinées aux réseaux des services secrets ». Étonnamment, cette enquête du JDD ne fait pas mention de ce rôle central de la CIA dans la création de ce trafic d’armes produites dans les Balkans. Toutefois, son auteur a répondu à une demande de clarification en soulignant que « les propos de Robert S. Ford, qui s’est exprimé plus en détail sur ce sujet dans le New York Times, portent davantage sur l’approvisionnement en armes du Front al-Nosra... dont a ensuite profité Daech. »

Une telle franchise est malheureusement trop rare dans les médias occidentaux, et en particulier francophones. En réalité, alors qu’il n’est plus tabou de critiquer le rôle trouble des puissances moyen-orientales dans le renforcement des réseaux djihadistes en Irak et au Levant, la coresponsabilité de leurs partenaires de l’OTAN dans ces politiques catastrophiques ne peut et ne doit plus être éludée par les médias.

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L’opération Timber Sycamore : un fiasco historique

Pour dresser le bilan de cette désastreuse politique, que la majorité de la presse occidentale a dissimulée au profit d’une narration séduisante impliquant des rebelles « modérés » n’ayant qu’un poids limité sur le terrain, on peut dire que la CIA et ses partenaires ont imposé à la Syrie une guerre secrète meurtrière, et que celle-ci a eu comme conséquence des dizaines de milliers de morts dans les rangs de l’armée syrienne et de leurs alliés, ainsi qu’un nombre indéterminé de victimes civiles, de blessés, de réfugiés et de déplacés internes.

Cette coresponsabilité majeure des puissances occidentales dans ce conflit a été durablement occultée du débat public, à travers ce qui pourrait être considéré un jour comme l’un des plus grands échecs collectifs de l’histoire du journalisme contemporain.

Bien qu’indiscutablement condamnable, le gouvernement Assad a bénéficié d’un soutien populaire suffisant pour tenir face à la rébellion, et il s’est maintenu au pouvoir grâce à l’intervention décisive de la Russie, ce qui n’avait pas été anticipé par les stratèges d’Obama.

Censées être en guerre contre le jihadisme depuis l’automne 2001, les puissances occidentales ont fait le pari cynique de couvrir diplomatiquement et d’aider militairement leurs alliés régionaux dans leur soutien en faveur de groupes extrémistes éprouvant la même détestation à l’égard de notre modèle démocratique qu’envers l’État syrien laïc et ses alliés russes et chiites.

Provoquant un véritable désastre humanitaire, la fulgurante montée en puissance de Daech en 2014 est en bonne partie la conséquence de cette politique inconsciente et court-termiste, dont l’Arabie saoudite a été le principal financeur – le rôle de nos « alliés » turc et pétromonarchiques dans l’essor du djihad armé dans cette région (et au-delà) n’ayant d’ailleurs jamais fait l’objet d’une quelconque protestation officielle de la part d’États occidentaux pourtant frappés par le terrorisme.

Après d’innombrables hésitations, ces derniers ont fini par accepter le réel. De ce fait, ils ont progressivement abandonné l’objectif de renverser Bachar al-Assad ; et ils ont mis en priorité la lutte contre un monstre Frankenstein en grande partie engendré par leurs propres errements stratégiques et diplomatiques, encouragés dans ces dérives par leurs « alliés » néo-ottomans et wahhabites.

À l’aune du sévère bilan que l’on peut dresser de l’interventionnisme occidental au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Afrique du Nord, il serait plus que jamais salutaire que les journalistes, les experts et d’éventuels lanceurs d’alertes dénoncent plus explicitement le rôle majeur de nos États dans l’élaboration, la conduite et la dissimulation de ces politiques clandestines inconsidérées.

En attendant, espérons que le potentiel aggiornamento du président français Emmanuel Macron sur le dossier syrien, et la conclusion du programme anti-Assad de la CIA décrétée par son homologue américain, marquent la fin durable de ces stratégies aventuristes à l’origine de tant de souffrances et de destructions – officiellement imposées au nom de la démocratie, de la paix et des droits de l’homme.

Dans tous les cas, au regard des conséquences dramatiques de cette ultime guerre secrète de la CIA – que le Washington Post avait décrite en juin 2015 comme étant « l’une [de ses] plus vastes opérations clandestines » –, il n’est pas impossible que les historiens la considèrent un jour comme le plus grand fiasco de l’Agence ; un désastre aux conséquences potentiellement plus graves que celles de la baie des Cochons, ou de la tentative de recrutement de deux futurs pirates de l’air du 11 septembre par la CIA et les services secrets saoudiens. Comme l’avait relaté un ex-agent spécial du FBI à l’auteur de ces lignes, cette opération illégale conduisit l’Agence à dissimuler à la police fédérale la présence de ces hommes de Ben Laden aux États-Unis, ce qui aurait empêché le Bureau de déjouer ces attentats.

Visiblement, cette tragédie était bien loin dans les mémoires des responsables du programme Timber Sycamore, qui ont massivement armé la nébuleuse terroriste contre laquelle les autorités américaines et leurs alliés se revendiquent en guerre depuis 2001.

Maxime Chaix

http://maximechaix.info/

»» http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/en-syrie-le-plus...
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mercredi, 13 septembre 2017

Olivier Hanne: «une très grande fragilité de tous les systèmes importés au Moyen-Orient»

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Olivier Hanne: «une très grande fragilité de tous les systèmes importés au Moyen-Orient»

Propos recueillis par Edouard Chanot
Ex: https://fr.sputniklnews.com

Le Moyen-Orient reste mystérieux pour les occidentaux. Olivier Hanne propose d’en comprendre les frontières physiques et mentales.

La frontière nous obsède, à l'heure de la mondialisation. Les partisans du nomadisme voudraient la voir, les voir disparaître, tandis que les sédentaires du XXIème siècle voudraient leur grand retour. Dans l'absolu, comprendre les frontières, c'est comprendre les fractures, et donc les particularismes. Comprendre comment elles sont définies, c'est comprendre ceux qui la définissent…

Justement cette approche pourrait nous aider à comprendre une région du monde qui nous a toujours paru mystérieuse. Mystérieuse et conflictuelle, aujourd'hui comme depuis des centaines d'années.

Direction donc le Moyen-Orient compliqué, avec notre invité du jour, Olivier Hanne, chercheur à l'Université d'Aix Marseille, islamologue. Il vient de publier 'Les seuils du Moyen-Orient, histoire des frontières et des territoires', aux éditions du rocher. Un ouvrage volumineux, de plus de 500 pages, qui comprend — heureusement, devrais-je dire — un cahier de cartes, sans doute indispensables. Une approche originale: Olivier Hanne dévoile une généalogie des frontières, une histoire frontalière. Il puise dans le temps long, du quatrième millénaire avant notre ère jusqu'à l'Etat islamique, les permanences de la région.

 

Extraits:

Frontières physiques et mentales

« [Il y a] d'abord des frontières de guerre, des frontières culturelles. Mais il y a des frontières mentales qui ont parfois autant d'importance, si ce n'est plus, que celles qu'on pourrait tracer sur une carte: la fameuse ville de Deir Ezzor dont on parle beaucoup, qui a été une capitale, une métropole de l'Etat islamique, a toujours joué un rôle, un rôle de seuil: de passage d'un Etat à un autre, de centre de monopolisation des enjeux politiques et militaires. Par exemple, durant l'époque médiévale, elle était un siège de villégiature califale, dans l'antiquité, un poste avancé de l'empire romain et en 1915, le terminus des convois d'Arméniens qu'on massacrait sur place. Les frontières mentales peuvent entraîner une mobilisation populaire autant si ce n'est plus qu'une invasion. »

Le mirage de l'unification musulmane

« Dès sa naissance l'islam est parcouru par des tendances centrifuges gigantesques. Finalement, on se rend compte que les provinces sont assez autonomes. Dès le Xè siècle, le calife abbasside ne contrôle que le sud de l'Irak actuel. Dans toute la zone nord, le Kurdistan, au moyen-âge, échappe au pouvoir des califes, ainsi que l'Egypte, qui malgré son islamisation et son arabisation précoces, a toujours su maintenir une autonomie culturelle et politique. Il est important d'avoir ça en tête: quand on aborde le Moyen-Orient, on a trop tendance à dire que dès lors que ce sont des populations musulmanes, elles ont une unité. Ce n'est pas vrai quand on regarde la construction des structures de pouvoir. (…) On a des pays, des empires, qui se comportent déjà en puissances, et n'ont pas forcément en tête uniquement l'aspect religieux. On a trop tendance à dire: l'Arabie Saoudite est wahhabite, sa géopolitique est wahhabite, l'Iran est chiite, sa géopolitique est chiite. Dès le XVIè siècle, toutes ces puissances jouent sur plusieurs cordes pour développer une stratégie qui leur est propre et n'est pas forcément que religieuse. »

Imposer un système culturel?

« La longue histoire nous apprend qu'il y a une très grande fragilité de tous les systèmes importés de l'extérieur. Même l'unification par la religion musulmane n'a pas réussi à dépasser 50 à 80 ans de pérennité, de stabilité des frontières. Dès le IXè siècle apparaissent les tendances centrifuges. Quel que soit le système que vous abordez, une géopolitique, une idéologie extérieure: l'hellénisme, la romanisation, le 'grand Moyen-Orient', la démocratie, vous n'avez que quelques dizaine d'années devant vous avant de voir les prémisses d'une fracture. C'est ce que nous avons vu avec l'idéal d'une société démocratique qui s'est manifesté en 2011. Mais peu à peu, les forces locales l'emportent et jouent leur propre partition. »

Revoir Sykes-Picot?

« Il est dangereux de dire l'Irak et la Syrie n'existent pas car les frontières ont été tracées de l'extérieur. N'imaginons pas redécouper ces pays. (…) Aujourd'hui vous avez des structures politiques qui existent. Toutefois, il faut prendre en compte les complexités des sociétés, irakienne, syrienne. Il faut conserver leurs frontières quitte à proposer différents degrés d'allégeance, tout en maintenant l'unité administrative. Le système fédéral est typiquement occidental, cela signifierait des référendums. Peut-être faut-il accepter cette complexité. »

Printemps arabe?

« On a confondu l'appel à la dignité, ou à l'humanité au sens de ‘je suis un homme digne de respect', cette conception orientale. Nous l'avons confondue avec l'appel à une démocratisation. L'avons-nous confondu parce qu'on la comprenait mal ou parce que cela nous arrangeait bien, c'est une autre question! »

​Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

Israël face à l'Iran

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Israël face à l'Iran

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous avons indiqué dans un article du 07/09 « Libération de Deir Ezzor. Perspectives pour l'EI » 1) que les forces syriennes soutenues par l'Iran, le Hezbollah et l'aviation russe allaient prochainement être confrontées aux forces de la coalition arabo-kurdes (SDF) soutenues par l'armée américaine à l'est de la province syrienne de Deir Ezzor.

Ces deux coalitions combattent l'Etat islamique EI auquel elles ont infligés de nombreuses pertes, mais elle visent également à contrôler les réserves pétrolifères à l'est de Deir Ezzor, encore aux mains des combattants islamiques.

Depuis la coalition syrienne s'est efforcée d'occuper la route stratégique Deir Ezzor -Damas. Ceci signifie qu'elle n'est plus séparée de la SDF que par une bande large de 15km autour de l'Euphrate.

Les djihadistes tiennent toujours une partie de Deir Ezzor et de sa banlieue, ainsi que des poches de territoires près de Homs et de Hama à l'ouest. De là ils peuvent procéder à de petites contre-offensives. Plus préoccupant est le fait que la SDF n'a pas encore réussi à s'emparer entièrement de Raqqa, dont l'EI avait fait sa capitale. Elle aurait très certainement pu le faire en y concentrant toutes ses forces, plutôt que se disperser vers Deir Ezzor. Pourquoi ne pas l'avoir fait.

La responsabilité des Etats-Unis

La réponse paraît évidente. Les Etats-Unis ont apparemment renoncé à renverser Bashar al Assad ou à en éliminer les bases militaires russes, mais ils refusent toujours de laisser celui-ci dominer l'ensemble de la Syrie. Il faut se demander pourquoi ils continuent à mener une guerre qui pourrait paraître sans espoir à terme.

La raison en est qu'outre l'accès aux territoires pétrolifères, les Américains n'ont pas renoncé à une présence sur la frontière Iraco-Syrienne le long de l'Euphrate et plus au sud dans les régions est et sud-est de la Syrie. Or sur ces territoires, la Syrie pourrait établir un pont terrestre permettant de relier Damas à Téhéran via Bagdad en Syrie. Ce pont serait nécessairement un pont chiite dont la perspective fait très peur aux alliées musulmans sunnites de l'Amérique. Mais surtout ce sera un pont permettant d'augmenter considérablement l'influence de l'Iran au Moyen Orient. Celle-ci est en passe en effet de devenir une puissance régionale dominante. Comme jusqu'à ce jour, malgré quelques tensions, elle est restée l'alliée de la Russie, cette perspective signifierait un nouveau recul, peut-être définitif, de l'influence américaine. Washington fera donc beaucoup d'efforts pour combattre le renforcement de Téhéran.

Un autre facteur, plus important encore, joue. Pour les Kurdes alliés jusqu'à ce jour des Etats-Unis, et surtout pour Israël, une influence accrue de l'Iran, éventuellement capable de devenir une puissance nucléaire, est déjà considérée comme une menace considérable. Israël n'a pas beaucoup de moyens militaires, hors l'arme atomique, pour contrer une éventuelle offensive iranienne de grande ampleur. L'éventualité en parait aujourd'hui très improbable, mais Tel Aviv se fait fort afin de survivre de prévoir à long terme.

Aussi aux Etats-Unis le « lobby juif » dit Aipac exerce de fortes pressions pour que les Etats-Unis ne permettent pas la mise en place de ce pont chiite sous contrôle de l'Iran. Directement, Israël multiplie les pressions sur Washington pour qu'il ne cède rien au front syro-irako-iranien et qu'il le fasse savoir à Moscou.

Il est dommage qu'Israël n'adopte pas de positions diplomatiques plus subtiles que celles consistant à s'abriter exclusivement sous le parapluie militaire américain. Beaucoup de pays non-musulmans considèrent que sa survie face à la montée inexorable, ne fut-ce qu'en termes démographiques, de 300 millions de musulmans tentés par le djihad serait essentielle. C'est le cas des pays européens, de l'Inde et aussi, dans une large mesure, de la Russie. Ces divers pays seraient près à jouer de leur influence auprès de l'Iran pour qu'en aucun cas celle-ci n'essaye, comme un ayatollah l'avait dit il y a quelques années, de « rayer Israël » de la carte.

Mais des opérations militaires telles que le raid israélien, mené il y a quelques jours, contre les usines militaires syriennes à Masyaf, au prétexte que celles-ci continueraient à fabriquer des armes chimiques, ne paraissent pas une bonne façon de dialoguer avec Damas, Bagdad et surtout Moscou.

NB

Sur la question, non abordée dans cet article, concernant les relations complexes entre Kurdes, Américains, Syriens et Russes, on pourra lire un excellent article daté du12/09, signé par Adam Garrie dans The Duran
http://theduran.com/syria-turkey-and-the-kurds-a-devils-t...

1) Voir http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2680...

 

mardi, 12 septembre 2017

Géopolitique du blé : un produit vital pour la sécurité mondiale

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Géopolitique du blé : un produit vital pour la sécurité mondiale

 
 
Sébastien Abis est administrateur au Secrétariat général du CIHEAM, chercheur associé à l'IRIS. Il répond à nos questions alors qu'il présentera son ouvrage “ Géopolitique du blé, un produit vital pour la sécurité mondiale” dans le cadre du colloque “Le blé, enjeux géopolitiques et diplomatie économique” organisé par l’IRIS et l’AGPB le jeudi 18 juin 2015 : - Le colloque organisé par l'IRIS le jeudi 18 juin sera l'occasion de discuter des enjeux géopolitiques du blé. Quels sont-ils ? Dans quelle mesure cette céréale est-elle déterminante pour la sécurité mondiale ? - Vous consacrez une partie de votre ouvrage à la "géohistoire d'un grain au cœur du pouvoir". En quoi le blé a-t-il contribué à l'histoire du monde ? - Dans quelle mesure les matières premières agricoles, et notamment le blé, sont-elles révélatrices des tensions et des compétitions entre les États ?
 

vendredi, 08 septembre 2017

La Birmanie confrontée à un djihad d'inspiration américano-saoudienne

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La Birmanie confrontée à un djihad d'inspiration américano-saoudienne

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La Birmanie ou Myanmar est un pays d'Asie du Sud-Est continentale ayant une frontière commune avec le Bangladesh, la Chine, l'Inde, le Laos et la Thaïlande. Elle est bordée par la mer d'Andaman au sud et par le golfe du Bengale au sud-ouest, avec environ 2 000 kilomètres de côtes au total.

Le pays a connu dès les temps les plus anciens de l'hominisation, soit 400.000 ans, la présence de l'Homo erectus utilisateur d'outils et celle de ses successeurs. Une suite compliquée d'influences et d'Empires, non résumable ici, s'y sont disputés le pouvoir depuis l'an 1.000. Il suffit de savoir que la colonisation britannique, attirée par la position stratégique du pays et ses considérables ressources et réserves naturelles, après plusieurs échecs, avait réussi en 1886 à faire de la Birmanie une composante de l'Empire britannique. Les Birmans sont en très grande majorité bouddhistes.

La Birmanie a été une dépendance de l'Empire jusqu'à 1937. La capitale en était Rangoon. A cette date, sous la pression incessante des nationalistes birmans, il a acquis le statut de colonie britannique distincte. Envahie par le Japon au début 1942, la Birmanie avait pris le parti de ce dernier. L'homme politique indépendantiste Ba Maw a dirigé un gouvernement pro-japonais entre août 1943 et mars 1945. Des combats incessants entre les militaires américains et et les birmans indépendantistes ralliés aux Japonais ont ravagé le pays jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Malgré leur succès militaires, les Britanniques et les Américains n'avaient pas pu à cette date refaire de la Birmanie la quasi-colonie qui auraient voulue. Ils ont officiellement renoncé à cet objectif devant les résistances des indépendantistes et l'insécurité en découlant. Le 19 juillet 1947, le pays est devenu indépendant,puis a quitté le Commonwealth le 4 janvier 1948 . Le premier ministre U Nu y a instauré une démocratie dite officiellement « parlementaire ». Mais le pays a connu depuis 1962 une série de régimes autoritaires militaires, qualifiés de dictatures militaires par les Occidentaux. Ceux-ci avaient surtout le tort de vouloir résister militairement aux oppositions suscités et financées par les Etats-Unis. Ils avaient aussi le tort de se tourner vers l'URSS, relativement favorable aux indépendantistes.

De 1988 à 2011, la Birmanie a été officiellement dirigée par un pouvoir militaire, qualifié de « junte » par les Occidentaux, qui s'était nommé Conseil d'État pour la paix et le développement. Celui-ci a laissé la place en 2011 à un pouvoir civil dirigé par l'un de ses anciens membres. Il a incontestablement imposé une relative libéralisation s'inspirant des principes de la démocratie occidentale, mais le poids de la hiérarchie militaire est resté prépondérant dans les faits.

La  libéralisation du pays qui s'est confirmée depuis a conduit l'Union européenne et les États-Unis à suspendre ou lever en 2012 l'embargo qu'ils imposaient au pays depuis les années 1990, exception faite des ventes d'armes. Mais les Occidentaux, poussés par les Etats-Unis qui n'avaient jamais renoncé à mettre le pays sous leur influence directe, n'ont cessé de susciter des oppositions internes au pouvoir Birman.

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Pourtant, aux élections législatives de novembre 2015 , la National League for Democracy (NDL) d'Aung San Suu Kyi avait remporté une écrasante victoire sur le Parti de l'union, de la solidarité et du développement (USDP) du président Thein Sein. Lors de l'élection présidentielle du 15 mars 2016, Htin Kyaw, un proche d' Aung San Suu Kyi, a succédé à Thein Sein . L'emblématique Aung San Suu Kyi est devenue "ministre du conseil d'État", nouvelle fonction qui s'apparente à un premier ministre sans grandes responsabilités. Tous deux entendent désormais poursuivre la transition démocratique pacifique. Il reste qu'ils demeurent sous la tutelle des militaires, qui n'entendent pas laisser la Birmanie devenir une sorte de colonie américaine, comme le voudrait Washington. Ils ont raison de se méfier car, selon la politique classique du « regime change », ce dernier encourage tous les opposants, éventuellement armés, qui pourraient créer des difficultés au gouvernement de Naypyidaw (la capitale depuis 2005).

Malgré cette transition démocratique, la Birmanie reste présentée par tous les médias occidentaux comme une dictature. La capitale est décrite comme une « ville-fantôme ». Il y a du vrai dans ces descriptions, mais il faut bien voir que sans les ressources d'une puissance militaire, la Birmanie aurait été envahie et défigurée par les intérêts américains. On peut à cet égard comparer le régime birman à celui de la Corée du Nord. Il leur faut préserver leur indépendance et leur singularité par tous les moyens.

Les Rohingya

C'est en tenant compte de cet historique, sur lequel l' « Occident » se garde bien de faire la lumière, qu'il faut étudier les efforts faits par certains musulmans Rohingya pour se rendre indépendants du pouvoir central en s'appuyant ce faisant sur les moyens généreusement consentis par les Etats-Unis, en dollars et en mercenaires, afin de provoquer une crise de régime.

arakan.gifLes Rohingya, descendants lointains de commerçants et de soldats arabes, mongols et turcs, se sont convertis à l'Islam au 15e siècle, alors qu'à l'époque la région était un État vassal du Bengale. Des colonies musulmanes existent en Arakan (Rankine ou Rakhine) depuis la venue des Arabes au 8e siècle. Les descendants directs des colons arabes vivent au centre de l'Arakan près de Mrauk U et de Kyauktaw.

De 1824 à 1826, lors de la première guerre entre l'empire britannique et la Birmanie, les Rohingyas étaient supplétifs dans l'armée britannique et considérés comme des traitres par les indépendantistes birmans. Après la Seconde guerre mondiale, ils soutiennent de nouveau les Anglais face aux Birmans. En 1948, comme rappelé ci-dessus, la Birmanie retrouve son indépendance et les Rohingyas sont alors rejetés voire persécutés, au regard des critères de la démocratie occidentale.

L'arrivée des Rohingya en Birmanie à la fin du 19e siècle est, en grande partie, liée à la politique d'immigration encouragée par l'administration coloniale durant la période du régime colonial dit Raj britannique, ceci afin de les employer comme main d'œuvre bon marché dans les exploitations agricoles. La majorité d'entre eux vit dans l'État actuel d'Arakan (dont ils forment environ la moitié de la population), séparés de la Birmanie proprement dite par l'Arakan Yoma (voir carte). Leurs effectifs globaux sont d'environ 800.000 personnes.

Ils ont fui massivement vers le Bangladesh, en 1978 tout d'abord, puis en 1991-1992 pour échapper au gouvernement birman. ce qui a ainsi amené plusieurs centaines de milliers d'entre eux à rester confinés dans des camps de réfugiés au Bangladesh. Dans les deux cas, la question centrale est liée au fait que le gouvernement birman considère que les Rohingya sont en grande partie des immigrants clandestins et leur refuse toute citoyenneté, alors qu'eux-mêmes s'appuient sur le fait que leur présence dans la région remonte avant son rattachement à la Birmanie. Ils ont incontestablement subi quelques violences « ethniques » et religieuses de la part des majorités birmanes bouddhistes.

Ceci dit, les gouvernements et les opinions occidentales, toujours à l'affut de ce qui pourrait déstabiliser le gouvernement birman, avaient donné un écho excessif à ces violences. Human Rights Watch, à l'unisson avec le président « musulman modéré » turc Erdogan, avaient appelé l'Occident au soutien des musulmans Rohingya « persécutés ». Les gouvernement occidentaux, qui partout ailleurs combattent le terrorisme musulman, ont décidé d'encourager, voire susciter, des mouvements insurrectionnels djihadistes en lutte contre le gouvernement de Naypyidaw.

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Les acteurs derrière cette insurrection Rohingya sont aujourd'hui, outre les services américains, l'Arabie saoudite et les royaumes arabes sunnites. L'Arakan est en effet appelé à jouer un rôle important dans les projets chinois dits One Belt One Road Initiative, OBOR, dont il constituera le débouché vers l'océan Indien et où des investissements chinois importants sont prévus. Des pipe-lines de la côte birmane vers la Chine permettront les importations chinoises de pétrole en évitant le Détroit de Malacca et la mer de Chine méridionale ou la marine américaine renforce constamment sa présence.

Un djihad Rohingya ?

Les Américains et les Saoudiens ont donc cherché à susciter un djihad Rohingya susceptible de mettre en difficulté les projets chinois. Pour cela, récemment, ils ont encouragé un mouvement insurrectionnel dit Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA) dirigé par un certain Ataullah abu Ammar Junjuni, agitateur djihadiste provenant d'une communauté Rohingya présente au Pakistan et ayant vécu récemment en Arabie saoudite.

Selon le journal pakistanais Dawn (voir https://www.dawn.com/news/amp/1165299 ), les Rohingya sont plus de 500.000 à Karachi et la région, où ils forment une communauté islamique très agressive, au contraire des Rohingya de Birmanie. Le Pakistan et l'Arabie Saoudite les ont utilisés pour conduire en 2016 différents actions anti-birmanes à la frontière de ce pays. Les populations bouddhistes de l'Arakan ont eu de nombreux morts à la suite de ces attaques. Les terroristes ont ensuite attaqué plus de 30 postes militaires et de police birmans, tuant environ une douzaine de policiers. Le gouvernement birman a réagi de sa façon habituelle (et attendue), en incendiant des villages musulmans susceptibles d'abriter des terroristes.

Comme attendu également par la conspiration américano-saoudienne, des populations Rohingya ont fui en grand nombre vers le Bangladesh, tandis que les populations bouddhiste se réfugiaient dans la capitale de l'Arakan. Seules les premières ont attiré l'attention de l'opinion occidentale.

On peut penser cependant que ces mouvements de populations et les accusations portées contre le pouvoir Birman dans les médias occidentaux ne remettront pas en cause les projets birmano-chinois autour de l'OBOR. Les intérêts en cause sont trop importants pour que le gouvernement birman laisse fuir cette opportunité, en cédant à des provocations américano-saoudiennes prenant en otage les musulmans birmans.

jeudi, 07 septembre 2017

Guerre économique contre l’Europe

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Guerre économique contre l’Europe

par Eberhard Hamer, professeur d’économie

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

«L’Amérique d’abord», le slogan de Trump, doit être considéré non seulement d’un point de vue militaire mais également économique. Toutefois, la prédominance des Etats-Unis dans l’industrie cinématographique, le traitement des données, le monopole sur les semences par la génétique et la suprématie mondiale de l’industrie américaine d’armement, ne suffisent plus pour financer la demande d’importation de machines européennes, de produits chimiques, de voitures de luxe ainsi que de produits pour les besoins du quotidien, dont la production de masse est délocalisée en Asie. Avec 600 milliards de dollars de dettes annuelles sur les ventes, les Etats-Unis seraient depuis longtemps insolvables s’ils n’avaient la possibilité de faire marcher la planche à billets sur un rythme effréné en émettant des dollars comme monnaie de référence pour couvrir leurs dépenses mondiales. Ainsi s’édifie une montagne de dettes, augmentant chaque année, d’actuellement 20 billions (!) de dollars, dont le collapsus financier n’est repoussé que par les taux d’intérêt artificiellement créés par la FED.


Les Etats-Unis doivent donc soit épargner, soit retirer leurs forces armées du monde (600 milliards de dollars par an) ou alors exporter plus et importer moins.


Pour l’application de cette dernière ligne stratégique, ils ont choisi l’Europe.
Les exportations vers les Etats-Unis sont systématiquement combattues:

  • Le but de la lutte contre les moteurs diesel est non seulement de protéger l’industrie américaine, mais encore d’empêcher l’importation de véhicules diesel européens. Les normes arbitraires concernant les gaz d’échappement sont une attaque généralisée contre les voitures diesel européennes, non seulement aux Etats-Unis mais aussi en Europe, alors qu’on ignore totalement la pollution massive produite par les poids lourds.
  • L’application de tarifs douaniers est faite pour paralyser les importations d’acier venant d’Europe.
  • Le droit américain et le statut juridique des multinationales américaines devaient être garantis par le TTIP, même à l’encontre des normes de protection européennes et du Parlement européen.
  • La justice américaine poursuit systématiquement les sociétés européennes pour leur porter préjudice en leur infligeant des amendes pénales (actuellement déjà plus de 20 milliards de dollars).
  • Les tribunaux américains considèrent que tout contrat conclu en dollars, où que ce soit dans le monde, relève automatiquement de la juridiction américaine, et peut donc ainsi faire l’objet des sanctions appliquées selon cette même juridiction.
  • Le sénat et le gouvernement américains recourent régulièrement à des sanctions, des menaces et des amendes, partout au monde où des entreprises européennes mettent en danger la concurrence américaine. Suite aux sanctions à l’encontre de la Russie, par exemple, auxquelles ont adhéré les Européens, le commerce extérieur européen avec ce pays a diminué de moitié, alors que celui des Etats-Unis a doublé.

En outre, des mesures au niveau national et légal sont utilisées afin de réaliser la suprématie américaine dans les secteurs économiques.

  • Dans la lutte pour la domination sur le marché mondial du gaz, les Etats-Unis tentent actuellement d’exclure l’Europe de l’approvisionnement en gaz russe bon marché en menaçant de sanctions de toutes les sociétés qui participeraient à la construction du gazoduc North Stream II par la mer Baltique.
  • En Syrie, ils cherchent une interzone déserte afin de construire un gazoduc menant à la Méditerranée pour le gaz qatari – un arrière-plan essentiel de la guerre en Syrie.
  • Par des manipulations de prix sur le marché pétrolier, ils tentent de faire exploser l’OPEP pour récupérer leur propre hégémonie pétrolière.
  • Ayant le monopole mondial des réseaux de données, ils ont en tout temps l’accès aux serveurs et aux «clouds» demeurés aux Etats-Unis, en espionnant simultanément de manière générale l’économie européenne en faveur de leur propre économie, sans que les gouvernements européens, et notamment le gouvernement allemand, risquent de s’opposer à cet espionnage économique total.
  • Les consortiums américains ont aussi appelé à la guerre économique contre la Russie pour empêcher et soumettre aux sanctions toute coopération économique dangereuse pour eux entre l’Europe et la Russie. (Doctrine de l’OTAN: «To keep the Americans in, the Russians out and the Germans down!»)

Les Etats-Unis mènent une guerre économique contre l’économie européenne, avant tout contre celle exportant aux Etats-Unis. Elle lutte donc contre toute collaboration économique entre l’Europe et la Russie, afin de maintenir leur règne économique sur l’Europe, contre l’euro et tous les efforts européens visant aux économies, contre les tentatives européennes d’empêcher l’espionnage américain total et la position d’hégémonie des Etats-Unis sur l’Europe en matière de numérique et de sanctionner l’avance de la concurrence des entreprises européennes à l’égard des Etats-Unis au plan mondial.


Aux Etats-Unis même, l’élite financière, les consortiums électoraux, le complexe militaire, sont les soutiens de l’impérialisme économique américain. A l’extérieur, ces soutiens sont représentés par l’administration de l’UE, Angela Merkel et d’autres hommes politiques détestant les Russes, les partis allemands parce qu’ils ne s’opposent pas à l’espionnage total des Etats-Unis et ne s’opposent pas même aux organisations américaines dites «privées» ou «non gouvernementales» (Fondation Soros et autres).


Alors qu’actuellement l’Allemagne se réjouit encore de l’accroissement de ses excédents d’exportations, nos «amis» ont depuis longtemps commencé à saper les bases de ces excédents. Si notre industrie automobile mondialement reconnue perd de son attractivité, si nos inventions techniques continuent à se retrouver plus vite aux Etats-Unis qu’elles sont développées chez nous, si l’industrie gazière américaine évince en Europe le gaz russe meilleur marché et si l’industrie américaine de la finance encourage sans aucun scrupule l’endettement des pays méditerranéens, entrainant également l’écroulement de l’euro malheureusement garanti par l’Allemagne, toujours davantage de lumières s’éteindront en Europe et en Allemagne et la prospérité en Europe, issue du commerce international, diminuera rapidement.


Soros et Angela Merkel ont, en outre, régularisé l’immigration de masse avec chaque année des centaines de milliers de bénéficiaires de prestations sociales supplémentaires, surchargeant les systèmes sociaux allemands, et défavorisant ceux qui contribuent à la production et au financement de ce système.
En Allemagne, deux tiers de la population vivent déjà des prestations sociales. Dans 10 ans, le rapport sera de trois pour un, peut-être pire encore.


L’allégresse des organismes confessionnels et des institutions sociales sur l’immigration de masse des bénéficiaires de prestations sociales cédera déjà bientôt à l’horreur, lorsque nos excédents d’exportation fondront, que le nombre des supports économiques payant leurs charges diminuera tandis que la vague de bénéficiaires des prestations sociales continuera d’enfler.


Notre génération a joui du niveau de confort et de prospérité le plus haut qu’ait connu l’Allemagne. Cette prospérité est attaquée tant par l’administration américaine que par une politique sociale et démographique certes pleines de bonnes intentions, mais destructive – et nous ne nous y opposons pas. Pour cela, la génération montante nous insultera tout comme nous avons insulté nos parents parce qu’ils n’avaient pas voulu ou pu empêcher Hitler et ses destructions.     •
(Traduction Horizons et débats)

lundi, 04 septembre 2017

The Geopolitics of Jason Jorjani

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The Geopolitics of Jason Jorjani

Jason Reza Jorjani
World State of Emergency [2]
London: Arktos Media, 2017

Dr. Yen Lo: ”You must try, Comrade Zilkov, to cultivate a sense of humor. There’s nothing like a good laugh now and then to lighten the burdens of the day. [To Raymond] Tell me, Raymond, do you remember murdering Mavole and Lembeck?”[1] [3]

If Dr. Jason Jorjani were an inanimate object, he would be an exploding cigar; or perhaps one of those cartoon guns with a barrel that twists around [4] and delivers a blast to the man behind the trigger.[2] [5] Jorjani, however, is neither a gun nor a cigar, but an author, and with his new book he delivers another kind of unexpected explosion of conventional — albeit alt-Right — expectations. Anyone possessed with the least amount of intellectual curiosity — and courage — needs to read this book; although you should keep well away from windows and beloved china, as you will likely want to hurl it away from time to time.

After the twin hammer blows of first, publishing Prometheus and Atlas (London: Arktos, 2016), and then almost immediately taking on the job of Editor-in-Chief at Arktos itself, Jorjani has symmetrically one-upped himself by almost simultaneously resigning from Arktos and unleashing a second book, World State of Emergency, the title of which represents, he tells us almost right at the start, his “concept for a state of emergency of global scope that also demands the establishment of a world state.”[3] [6]

It’s no surprise that there hasn’t been much change here, but a glance at his resignation statement — helpfully posted at his blog[4] [7] — shows that he has set his sights on new targets, and changed his focus from how we got here to where we — might? must? — be going.

In my view, the seismic political shift that we are shepherding, and the Iranian cultural revolution that underlies it, represents the best chance for the most constructive first step toward the Indo-European World Order that I conceptualize in my new book, World State of Emergency.

Another change is that unlike his previous book, where the length and variety made it a bit difficult to keep the thread of the argument before one’s mind, this work is relatively straightforward. In fact, he provides an admirably clear synopsis right at the start, and by Ahura Mazda he sticks to it.

Over the course of the next several decades, within the lifespan of a single generation, certain convergent advancements in technology will reveal something profound about human existence. Biotechnology, robotics, virtual reality, and the need to mine our Moon for energy past peak oil production, will converge in mutually reinforcing ways that shatter the fundamental framework of our societies.

It is not a question of incremental change. The technological apocalypse that we are entering is a Singularity that will bring about a qualitative transformation in our way of being. Modern socio-political systems such as universal human rights and liberal democracy are woefully inadequate for dealing with the challenges posed by these developments. The technological apocalypse represents a world state of emergency, which is my concept for a state of emergency of global scope that also demands the establishment of a world state.

An analysis of the internal incoherence of both universal human rights and liberal democracy, especially in light of the societal and geopolitical implications of these technologies, reveals that they are not proper political concepts for grounding this world state. Rather, the planetary emergency calls for worldwide socio-political unification on the basis of a deeply rooted tradition with maximal evolutionary potential. This living heritage that is to form the ethos or constitutional order of the world state is the Aryan or Indo-European tradition shared by the majority of Earth’s great nations — from Europe and the Americas, to Eurasia, Greater Iran, Hindu India, and the Buddhist East.

In reviewing Jorjani’s previous book [8], Prometheus and Atlas, I said that it could serve as a one-volume survey of the entire history of Western thought, thus obviating the need to waste time and money in one of the collegiate brainwashing institutes; I also said that “the sheer accumulation of detail on subjects like parapsychology left me with the feeling of having been hit about the head with a CD set of the archives of Coast to Coast AM.”

The new book changes its focus to technology and its geopolitical implications, but a bit of the same problem remains, on a smaller scale and, as I said, the overall structure of the argument is clear. In the first chapter, Jorjani lands us in media res: the Third World War. Unlike the last two, most people don’t even realize it’s happening, because this is a true world war, a “clash of civilizations” as Samuel Huntington has famously dubbed it.

The dominance of Western values after the Second World War was a function of the West’s overwhelming military and industrial power; the ease which that power gave to the West’s imposition of its values misled it into thinking those values were, after all, simply “universal.” With the decline of that power, challenges have emerged, principally from the Chinese and Muslim sectors.

Jorjani easily shows that the basis of the Western system — the UN and its supposed Charter of Universal Human Rights — is unable to face these challenges; it is not only inconsistent but ultimately a suicide pact: a supposed unlimited right to freedom of religion allows any other right (freedom from slavery, say, or from male oppression) to be checkmated.

Chapter Two looks at the neocon/neoliberals’ prescription for an improved world order, the universalizing of “liberal democracy.” Here again, Jorjani easily reveals this to be another self-defeating notion: liberalism and democracy are separate concepts, which history shows can readily be set to war with each other, and Moslem demographics alone predicts that universal democracy would bring about the end of liberalism (as it has wherever the neocon wars have brought “democracy”).[5] [9]

For a more accurate and useful analysis, Jorjani then pivots from these neo nostrums to the truly conservative wisdom of the alt-Right’s political guru, Carl Schmitt.

Schmitt’s concept of the state is rooted in Heraclitus: the state emerges (note the word!) not from the armchair speculations of political philosophers on supposed abstract “rights,” but from

Decisive action required by a concrete existential situation, namely the existence of a real enemy that poses a genuine threat to one’s way of life.

Thus, there cannot be a “universal” state: the state must be grounded in the ethos or way of life of a particular people, from which it emerges; and it does so in the state of emergency, when the people confronts an existential Enemy. Unless . . .

Humanity as a whole were threatened by a non-human, presumably extraterrestrial, enemy so alien that in respect to it “we” recognized that we do share a common way of life that we must collectively defense against “them.”[6] [10]

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There it is — bang! Just as Jorjani found a passage in Heidegger’s seminar transcripts that he could connect to the world of the paranormal,[7] [11] he grabs hold of this almost off-hand qualification and runs for daylight with it.

We have in interplanetary conflict a threat to Earth as a whole, which according to the logic of Schmitt’s own argument ought to justify a world sovereign. This is even more true if we substitute his technological catalyst[8] [12] with the specter of convergent advancements in technology tending towards a technological singularity, innovations that do not represent merely incremental or quantitative change but qualitatively call into question the human form of life as we know it. This singularity would then have to be conceived of, in political terms, as a world state of emergency, in two senses: a state of emergency of global scope, and a world state whose constitutional order emerges from out of the sovereign decisions made therein.

After this typically Jorjanian move, we are back to the land of Prometheus and Atlas, where each chapter is a mini-seminar; Chapters Three, Four and Five are devoted to documenting this “technological singularity” that “calls into question the human form of life as we know it.”

Take biotechnology:

What is likely to emerge in an environment where neo-eugenic biotechnology is legalized but not subsidized or mandates is the transformation of accidental economic class distinctions, which is possible for enterprising individuals to transcend, into a case system based on real genetic inequality.[9] [13]

Next up, robotics, artificial intelligence, drones, and most sinister of all, virtual reality:

In some ways, the potential threat to the human form of life from Virtual Reality is both more amorphous and more profound than that posed by any other emergent technology. It could become the most addictive drug in history. The enveloping of the “real world” into the spider-web of Cyberspace could also utterly destroy privacy and personal identity, and promote a social degenerative sense of derealization.

None of this matters, however, if we cannot maintain the “development of industrial civilization” after “the imminent decline in petroleum past the global peak in oil production.” This can only be addressed by the third technological development, “a return to the Moon for the sake of Helium-3 fueled fusion power.” This will “challenge us to rethink fundamental concepts such as nationalism and international law.” Who, on the Moon, is to be sovereign?

Having softened up the reader with this barrage of terrifying facts, Jorjani is ready to spring his next trap. The task of regulating biotechnology and guiding us to the moon requires a world state; Schmitt has shown us that a state can emerge only from the ethos of a particular people.

However,

We have also seen that a bureaucratic world state will not suffice. Certain developments in robotics mean the end of personal privacy [and] as we live ever more of our lives in cyberspace, identity theft is coming to have a much more literal meaning. All in all, the convergent technological advancements that we have looked at require a maximal trust society simply for the sake of human survival. We need a world society with total interpersonal transparency, bound together by entirely sincere good will.

And yet, even if we could create such a society, perhaps by biotechnology itself, we don’t have the time: we have at most a generation to act. Is there “an already existing ethos, a living tradition that is inter-civilizational[10] [14] and global in scope,” as well as promoting high levels of mutual trust?

That would be, of course, “the common Aryan heritage of the Indo-European civilizations.”

It’s as if Jorjani took Carl Schmitt and Kevin MacDonald[11] [15] and through some kind of genetic engineering produced a hybrid offspring: the World State.

Reeling but still upright, the Alt-Right reader at least still has this to hang onto: “good old Aryan culture!” Lulled into complacency, he doesn’t even see the next punch coming:

Iran or Iran-Shahr — literally the “Aryan Imperium” — is the quintessentially Indo-European Civilization.

Iran is not just one great civilization among a handful of others, it is that crossroads of the world that affords all of humanity the possibility for a dialogue toward the end of a new world order.

A renaissance of Greater Iran . . . will be the spearhead of the war for an Indo-European World Order.

Once the Iranian or Aryan Renaissance triumphs domestically, the Persians and Kurds in the vanguard of the battle against the nascent global Caliphate — with its fifth-column in the ghettos of the major European cities — will reconstitute Greater Iran as a citadel of Indo-European ideals at the heart of what is now the so-called “Islamic world” . . . this is going to happen.

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At this point, the alt-Right reader throws up his hands and shouts “No mas! I didn’t sign up for this crusade!”

Now might be the point to bring up the general question: in what sense — if any – is Jorjani an Alt-Right writer? There is that resignation business, and what’s with all this Iranian Renaissance stuff?[12] [16]

Well, you say “Aryan,” he says “Iran.” The point is that the Aryan Imperium is explicitly White, and fulfills Greg Johnson’s principle of setting up a white hegemony where all public issues are discussed in term of “what’s good for the White race,” rather than other hot button issues like school choice, abortion, etc. Under Jorjani’s postulated “world emergency” the new Aryan overlords would be viewed as both necessary and, therefore, literally unquestionable.[13] [17]

In a way, the Aryan Imperium is even too white, hence the alt-Rightist’s discomfort. Jorjani delights in taking “conservative” ideas and taking them to their logical endpoint. Enumerating the accomplishments of the Indo-Iranians, he lists “major . . . religious traditions such as . . . Zoroastrianism, Hinduism, and Buddhism.” As in his previous book, Jorjani goes beyond the fashionable anti-Jihadism of the Right and locates the root of the problem in the Semitic tradition as such.

This is probably not what most alt-Rightists signed on for. But then, it is they who are among “those self-styled ‘identitarians’ who want to hold on to Traditional Christianity and hole up in one of many segregated ethno-states.” Not to worry; they will “perish together with the other untermenschen” in the coming world state of emergency, which will be the “concrete historical context for the fulfillment” of Zarathustra’s prophecy of a “new species,” the Superman.

So, I guess we have that to look forward to, at least.[14] [18]

As you can see, the anti-Christian animus can claim a pedigree back to that alt-right darling, Nietzsche, although it may not be something one is supposed to mention in public. That brings us to another sense in which Jorjani is an alt-Right thinker: he draws on, and orients himself by, the alt-Right canon: Nietzsche, Heidegger, Schmitt, de Benoist, Faye, Dugin, etc.

But again, as always . . .

“I’ve tried to clear my way with logic and superior intellect. And you’ve thrown my own words right back in my face, Brandon. You were right, too. If nothing else, a man should stand by his words. But you’ve given my words a meaning that I never dreamed of! And you’ve tried to twist them into a cold, logical excuse for your [Aryan Imperium].”[15] [19]

Calm down, people! Always with a little humor, comrades, to lighten the day’s geopolitical work.

While there is a cottage industry of goodthinkers trying to find evidence — well, more evidence — of how Heidegger’s allegiance to National Socialism “twisted” his thought, Jorjani found connections with parapsychology and even the occult; it’s a toss-up which association Heidegger epigones found more infuriating.

Now, Jorjani uptilts Heidegger’s colleague and fellow party-member Carl Schmitt; did Schmitt argue that the world-state of liberal globalist dreams was logically and existentially impossible? Sure, except this place here where he grants that one would be possible and necessary — if aliens invaded.[16] [20]

As for your White Imperium, sure, we’ll have that . . . run out of Tehran![17] [21]

The alt-Right is full of titanic thinkers of the past — Heidegger, Spengler, Yockey, Benoist — and their modern epigones (fully their equals, at least in their own minds), but Jorjani is the thinker we need now: more than just a lover of wisdom, he’s a wise guy.[18] [22]

That’s how Wolfi Landstreicher describes Max Stirner, and we might compare our situation to the Left Hegelians and Die Freien who populated the Berlin beerhalls and Weinstube — the blogs of the day — in the wake of Hegel. Among them were such “serious” thinkers as Karl Marx — and we know how that turned out — and Bruno Bauer, who invented the Christ Myth theory.

But there was also an individual — a Unique One — born Caspar Schmidt, calling himself — his online handle, if you will — “Max Stirner.”

As I wrote in my review [23] of Landstreicher’s new translation of The Unique One and Its Property, Stirner was driving people nuts right from the start.

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Marx famously claimed to have found Hegel standing on his head, and to have set him right-side up; in other words, he re-inverted Hegel’s already inverted idealist dialectic and made material reality the basis of ideas.

Stirner, by contrast, picked Hegel up and held him over his head, spun him around, and then pile-drove him into the mat; a philosophical Hulk Hogan.

Stirner’s magnum opus is a kind of parody of Hegelianism, in which he spends most of his time using the famous dialectic to torment Hegel’s epigones, first Feuerbach and then, at much greater length, the Whole Sick Crew of (mid-19th century Euro-)socialism.

Have you philosophers really no clue that you have been beaten with your own weapons? Only one clue. What can your common-sense reply when I dissolve dialectically what you have merely posited dialectically? You have showed me with what kind of ‘volubility’ one can turn everything to nothing and nothing to everything, black into white and white into black. What do you have against me, when I return to you your pure art?[19] [24]

Of course, unless you’re Howard Roark claiming “no tradition stands behind me,” everyone has their sources; the more creative among us are the ones who transform them, and no one’s alchemical sleight of hand is as dramatic as Jorjani’s.[20] [25] As the great Neoplatonist John Deck wrote:

Clearly, there can be no a priori demonstration that any philosophic writer is more than a syncretist: but if it is good to keep our eyes open to spot “sources,” it is even better to bear in mind that a philosopher is one who sees things, and to be ready to appreciate it when sources are handled uniquely and, in fact, transmuted.[21] [26]

As always, the Devil — or Ahriman — is in the details.[22] [27]

In reviewing his previous book, I took Jorjani to task for assuming that a particular view of Islam, the fundamentalist, was ipso facto the “true” or “original” version of the religion.

Why privilege the fundamentalist, or literalist, view? It is as if Jorjani thinks that because religion determines culture (true) it does so in a way that would allow you to read off a culture simply from a study its sacred books, especially the ethical parts.[23] [28]

But the latter is neither the same as nor a valid inference from the former. A religion does not “imply” a culture, like a logical inference. Both the Borgia’s Florence and Calvin’s Geneva are recognizably “Christian” and totally unlike any Islamic society, but also almost totally unlike each other.

By this method, one could readily predict the non-existence of lesbian rabbis, which, in fact, seem to be everywhere.

The temptation, of course, is to dismiss those outliers are “not really Islam,” in preference to one’s own, whether one is a Wahabi oneself or an observer like Jorjani insisting Wahbism is “real” Islam; but to call the moderate Islam that made Beirut “the Islamic Riviera” heretical ironically puts Jorjani and other anti-jihadis in the same boat as an Obama, who hectors terrorists about “betraying Islam” and lectures us that “Islam is a religion of peace.”[24] [29]

And yet Jorjani himself upbraids Huntington for advising Westerners to “take pride in the uniqueness of western culture, reaffirming, preserving and protecting our values from internal decay,” which he derides as “the kind of conservatism that imagines “western values” to be static.”

In the book under review here, Jorjani doubles down: Islam is still based on a book actually written by this chap Mohammed, and a reading thereof shows it to be “impervious to reform or progressive evolution.”

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But to this he now adds a similar concept of Zoroastrianism, but of course given a positive spin:

A handful of ideas or ideals integral to the structure of Iranian Civilization could serve as constitutional principles for an Indo-European world order: the reverence for Wisdom; industrious innovation; ecological cultivation, desirable dominion; chivalry and tolerance.

Jorjani writes in his two, last, geopolitical chapters as if there were a discernable set of “principles” written down or carved in stone as defining Zoroastrianism, and that these principles were adhered to, unquestionably, down through Persian history, accounting for its salient features. In reality, like all religions, Zoroastrianism was in favor and out of favor, adhered to strictly and given mere lip service, and always subject to reinterpretation and syncretism with outside sources.

After flourishing early on among the Achaemenid Persians (600s to 300s BC), Zoroastrianism was suppressed under the Parthian regime (200s BC to 200s AD), only to reemerge under the Sassanid dynasty for a few final centuries before the Arab conquest imposed Islam.

Zaehner distinguished three distinct periods in the history of pre-Islamic Zoroastrianism: “primitive Zoroastrianism,” that is, the prophet’s own message and his reformed, monotheistic creed; “Catholic Zoroastrianism,” appearing already in the Yasna Haptaŋhaiti and more clearly in the Younger Avesta, which saw other divinities readmitted in the cult, a religious trend attested in the Achaemenid period, probably already under Darius I and Xerxes I, certainly from Artaxerxes I onwards as shown by the calendar reform that he dates to about 441 BCE and finally the dualist orthodoxy of Sasanian times.[25] [30]

At times Jorjani recognizes this interplay of text, interpretation, and historical necessity, at least with Christianity:

The so-called “Germanization of Christianity” would be more accurately described as an Alanization of Christianity, since Alans formed the clerical elite of Europe as this took shape.[26] [31]

Or here:

One particularly colorful practice which reveals the love of Truth in Achaemenid society is that, according to Herodotus, the Persians would never enter into debates and discussions of serious matters unless they were drunk on wine. The decisions arrived at would later be reviewed in sobriety before being executed. . . . It seems that they believed the wine would embolden them to drop all false pretenses and get to the heart of the matter.

Indeed, and rather like the Japanese salarymen as well.[27] [32] But it comports poorly with Zoroaster’s insistence on sobriety and temperance; indeed, according to Zaehner, the whole point of Zoroaster’s reforms was the recognition that the drunken, orgiastic rites of the primitive Aryans (involving the entheogen haoma, the Hindu soma) were inappropriate for peasants in a harsh mountainous terrain.[28] [33]

I have spent this time — shall we say, deconstructing — Jorjani’s account of Zoroastrian culture because it is the envelope in which he presents us with his Indo-European principles, and is therefore important; but this must not be taken to mean I object to the principles themselves. They are fine ones, but if we choose to make them the principles for our Indo-European Imperium, it will be because we do so choose them our own, not because they instantiate some hypothetical, synchronic version of Zoroastrianism which we have already persuaded ourselves must govern our choices.[29] [34]

Such great, world-creating choices require the guidance of great minds, and not just those of the past. The Great Thinkers of the past are not only Titans but dinosaurs; and racing around them is a wily newcomer, Jason Jorjani — a prophet, like Nietzsche or Lawrence, who imagines new forms of life rather than reiterating the old ones[30] [35] — to whom the archeo-future belongs.

Notes

[1] [36] The Manchurian Candidate (Frankenheimer, 1962)

[2] [37] Surprisingly, this myth is confirmed: MythBusters Episode 214: Bullet Baloney [38] (February 22, 2014).

[3] [39] Big scope and small scope, as we used to make the distinction back in the analytic philosophy seminars. Down the hall in the English Department corridor, Joyce Carol Oates was typing away at her novel of madness in Grosse Pointe, Expensive People: “I was a child murderer. I don’t mean child-murderer, though that’s an idea. I mean child murderer, that is, a murderer who happens to be a child, or a child who happens to be a murderer. You can take your choice. When Aristotle notes that man is a rational animal one strains forward, cupping his ear, to hear which of those words is emphasized — rational animal, rational animal? Which am I? Child murderer, child murderer? . . . You would be surprised, normal as you are, to learn how many years, how many months, and how many awful minutes it has taken me just to type that first line, which you read in less than a second: I was a child murderer.” (Vanguard Press, 1968; Modern Library, 2006).

[4] [40] “My Resignation from the alt-Right,” August 15th, 2017, here [41].

[5] [42] It’s happening here as well; a commenter at Unz.com observes that [43] “That’s the thing about representative democracy with universal, birthright citizenship suffrage. You don’t need to invade to change it, just come over illegally and have children. They’ll vote their homeland and culture here.”

[6] [44] Jorjnan’s paraphrase of Schmitt’s The Concept of the Political, p. 54: “Humanity as such cannot wage war because it has no enemy, at least on this planet.

[7] [45] In Prometheus and Atlas, Jorjani discusses an imaginal exercise conducted by Heidegger himself in his Zollikon Seminars, in which participants are asked to “make present” the Zurich central train station. Heidegger insists that “such ‘making present’ directs them towards the train station itself, not towards a picture or representation of it,” his conclusion being that ‘We are, in a real sense, at the train station.” (Quoting from Zollikon Seminars: Protocols, Conversations, Letters [Northwestern, 2001], p. 70). See my review [8] for a discussion of the implications of the Japanese saying, “A man is whatever room he is in.”

[8] [46] In a late work, Theory of the Partisan, Schmitt already begins to suggest that the development of what we would now call “weapons of mass destruction” may already constitute such a planetary threat.

[9] [47] Perhaps only evaded by “a small but highly motivated and potentially wealthy anarchical elite of Transhumanists who want to push the boundaries ad infinitum.”

[10] [48] I think Jorjani reverses “civilization” and “culture” (i.e., ethos) as defined by “Quintillian” here [49] recently: “The left cunningly advances its false narrative by deliberately contributing to the confusion between two terms: culture and civilization. Simply put, a civilization is an overarching (continental) commonality of shared genetics, religious beliefs, and political, artistic, and linguistic characteristics. A civilization is generally racially identifiable: African civilization, Asian civilization, and white European civilization. A civilization can have any number of constituent cultures. The culture of the Danes and that of the Poles are very different in superficial details, but they are both immediately identifiable as belonging to the same Western civilization. Africans are similarly divided among a variety of culture and ethnicities.” But “As I [Jorjani] understand it, a civilization is a super-culture that demonstrates both an internal differentiation and an organic unity of multiple cultures around an ethno-linguistic core.” Both would agree, however, that “the Indo-Europeans originated nearly all of the exact sciences and the technological innovations based on them, the rich artistic and literary traditions of Europe, Persia and India, as well as major philosophical schools of thought and religious traditions.” (Jorjani)

[11] [50] See, for example, the discussion of trust in White societies in Greg Johnson’s interview with Kevin MacDonald, here [51].

[12] [52] Not that there’s anything wrong with that.

[13] [53] A typically subtle point: by requiring a high-trust population, Jorjani implicitly excludes Jews and other Semites. A low-trust people themselves, the Jewish plan for World Order is to encourage strife within and between societies, until the sort of managerial or administrative state Jorjani rejects is installed to maintain order, under the wise leadership of the secular rabbis.

[14] [54] “So we finish the eighteenth and he’s gonna stiff me. And I say, “Hey, Lama, hey, how about a little something, you know, for the effort, you know.” And he says, “Oh, uh, there won’t be any money, but when you die, on your deathbed, you will receive total consciousness.” So I got that goin’ for me, which is nice.” Bill Murray, Caddyshack (Landis, 1980).

[15] [55] Rupert Cadell, upbraiding the crap-Nietzscheanism of his former pupils in Rope (Hitchcock, 1948). Cadell, of course, actually refers to “your ugly murder” which, the viewer knows, sets off the action of the film.

[16] [56] A not uncommon trope in science fiction, from The Day the Earth Stood Still to Childhood’s End to Independence Day; as well as a particularly desperate kind of Keynesian economic punditry: in a 2011 CNN interview video Paul Krugman proposed Space Aliens as the solution to the economic slump (see the whole clip here [57] for the full flavor).

[17] [58] I am reminded of the moment when Ahab reveals his hidden weapon against the Great White Whale: “Fedallah is the harpooner on Ahab’s boat. He is of Indian Zoroastrian (“Parsi”) descent. He is described as having lived in China. At the time when the Pequod sets sail, Fedallah is hidden on board, and he later emerges with Ahab’s boat’s crew. Fedallah is referred to in the text as Ahab’s “Dark Shadow.” Ishmael calls him a “fire worshipper,” and the crew speculates that he is a devil in man’s disguise. He is the source of a variety of prophecies regarding Ahab and his hunt for Moby Dick.” (Wikipedia [59]) For more on Moby Dick and devils, see my review of Prometheus and Atlas.

[18] [60] “You know, we always called each other goodfellas. Like you said to, uh, somebody, “You’re gonna like this guy. He’s all right. He’s a good fella. He’s one of us.” You understand? We were goodfellas. Wiseguys.” Goodfellas (Scorsese, 1990). Who but Jorjani would define “arya” as “‘crafty,’ and only derivatively ‘noble’ for this reason.” But then is that not precisely the Aryan culture-hero Odysseus?

[19] [61] Max Stirner,The Philosophical Reactionaries: The Modern Sophists by Kuno Fischer,reprinted in Newman, Saul (ed.), Max Stirner (Critical Explorations in Contemporary Political Thought), (Basingstoke and New York: Palgrave Macmillan, 2011), p. 99.

[20] [62] Given Jorjani’s love of Heraclitus, one thinks of Water Pater’s description, in Marius the Epicurean, of the Roman philosopher Aristippus of Cyrene, in whom Heraclitus’ “abstract doctrine, originally somewhat acrid, had fallen upon a rich and genial nature well fitted to transform it into a theory of practice of considerable simulative power toward a fair Life.”

[21] [63] John N. Deck, Nature, Contemplation, and the One: A Study in the Philosophy of Plotinus (University of Toronto Press, 1969; Toronto Heritage series, 2017 [Kindle iOS version].

[22] [64] Including such WTF moments as Jorjani off-handedly defines “Continental Philosophy” as “largely a French reception of Heidegger.”

[23] [65] Ethical treatises, such as Leviticus, as best seen as reactions to the perceived contamination of foreign elements, rather than practical guides to conduct; Zaehner dismisses the Zoroastrian Vendidad as a list of “impossible punishments for ludicrous crimes. . . . If it had ever been put into practice, [it] would have tried the patience of even the most credulous.” R. C. Zaehner, The Dawn and Twilight of Zoroastrianism, London, 1961, pp. 27, 171.

[24] [66] As one critic riposted, “Who made Obama the Pope of Islam?” Indeed, the Roman Catholic model may be the (mis-)leading model here; Islam, like Judaism, lacks any authoritative “magisterium” (from the Greek meaning “to choose”) to issue dogma and hunt down heretics. Individual imams have only their own personal charisma and scholarly chops to assert themselves, just as individual synagogues hire and fire their own rabbis, like plumbers. On Jorjani’s model, lesbian rabbis should be as scarce as unicorns, rather than being a fashionable adornment of progressive congregations.

[25] [67] Encyclopedia Iranica Online, here [68]. Quoting Zaehner, op. cit., pp. 97–153.

[26] [69] Compare, on your alt-Right bookshelf, James C. Russell: The Germanization of Early Medieval Christianity: A Sociohistorical Approach to Religious Transformation (New York and Oxford: Oxford University Press, 1994).

[27] [70] What, by the way, happened to Japan, which in Jorjani’s first book was specially favored by its non-Abrahamic traditions and catastrophic encounter with atomic energy to lead the way into the new future?

[28] [71] Zaehner, op. cit., p. 81. In fact, Herodotus never mentions Zoroaster at all, suggesting how obscure and un-influential the cult was at that time. Rather than the modern idea of “in vino veritas,” the “wine” here, as in the symposiums of Greece, may have been “mixed wine” containing entheogenic substances. “Visionary plants are found at the heart of all Hellenistic-era religions, including Jewish and Christian, as well as in all ‘mixed wine’, and are phenomenologically described in the Bible and related writings and art.” (Michael Hoffman, “The Entheogen Theory of Religion and Ego Death,” in Salvia Divinorum, 2006.)

[29] [72] Whether it’s Cyrus or Constantine, periods of Imperium are ipso facto periods of syncretism not orthodoxy. Surely this is more in accord with the author’s notion, here and elsewhere, of truth emerging from a Heraclitean struggle?

[30] [73] “[Henry] James evidently felt confident that he could make his last fictions not as a moralist but as a prophet; or a moralist in the sense in which Nietzsche and Lawrence were prophets: imagining new forms of life rather than reinforcing old ones.” Denis Donoghue, “Introduction” to The Golden Bowl (Everyman’s Library, 1992).

dimanche, 03 septembre 2017

US-Hauptziel ist, ein Bündnis zwischen Russland und Deutschland zu verhindern

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US-Hauptziel ist, ein Bündnis zwischen Russland und Deutschland zu verhindern

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Der Gründer und Vorsitzende des führenden privaten US-amerikanischen Think tanks Stratfor (Abkürzung für Stategic Forecasting Inc.) George Friedman in einem Vortrag vom 4. Februar 2015 für The Chicago Council on Global Affairs über die geopolitischen Hintergründe der gegenwärtigen Ukraine-Krise und globale Situation insgesamt (Ausschnitte):

«Kein Ort kann auf Dauer friedlich bleiben, auch die USA nicht. Ich meine, wir [die USA] werden von Kriegen begleitet beziehungsweise betroffen. Europa wird, wie ich vermute, zwar nicht zu den grossen Kriegen zurückkehren, aber es wird wieder zum menschlichen Normalfall zurückkehren: Es wird seine Kriege haben, seine Friedenszeiten, und es wird seine Leben verlieren. Es wird keine 100 Millionen Tote geben wie im letzten Krieg, aber die Idee von der europäischen Auserwähltheit, wie ich denke, wird dazu beitragen. Es wird Konflikte in Europa geben, es gab schon Konflikte in Jugoslawien und jetzt auch in der Ukraine.


Europas Beziehungen zu den Vereinigten Staaten – wir haben keine Beziehungen mit «Europa». Wir haben Beziehungen mit Rumänien, wir haben Beziehungen mit Frankreich, aber es gibt kein Europa, mit dem die USA Beziehungen haben […].

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Mit dieser Karte (ohne die deutschsprachige Beschriftung auf der rechten Seite) illustrierte George Friedman, was er mit einem «Cordon Sanitaire» meint, der Russland von Deutschland trennen sollte. Solche Pläne, die auf den polnischen Marschall Pilsudski zurückgehen – dieser wollte damit nach dem Ersten Weltkrieg einen antirussischen slawischen Staatenbund schaffen –, lebten nach 1990 wieder auf und nahmen 2016 konkrete Gestalt an, als Polen und Kroatien die Drei-Meere-Inititiative ins Leben riefen. Der zweite Kongress der Initiative fand vom 6.–7. Juli 2017 in Warschau unter Teilnahme von US-Präsident Donald Trump statt.


Das Hauptinteresse der US-Aussenpolitik während des letzten Jahrhunderts, im Ersten und Zweiten Weltkrieg und im Kalten Krieg, waren die Beziehungen zwischen Deutschland und Russland, denn vereint sind sie die einzige Macht, die uns bedrohen kann. Unser Hauptinteresse war, sicherzustellen, dass dieser Fall nicht eintritt.


Wenn Sie ein Ukrainer sind, werden Sie Ausschau danach halten, wer Ihnen als einziger helfen kann – und das sind die Vereinigten Staaten. Letzte Woche oder etwa vor 10 Tagen war der Oberbefehlshaber der amerikanischen Bodentruppen in Europa, General Ben Hodges, zu Besuch in der Ukraine. Er kündigte dort an, dass die US-Militärberater offiziell demnächst kommen sollen. Eigentlich hat er dort die Medaillen an die ukrainischen Kämpfer verteilt, obwohl das militärische US-Protokoll verbietet, dass die Medaillen an Ausländer verliehen werden. Doch er tat das, weil er damit zeigen wollte, dass die ukrainische Armee seine Armee ist. Dann ging er weg. Und die Vereinigten Staaten liefern baltischen Staaten Waffen, Artillerie und andere Militärausrüstung – die baltischen Staaten, Rumänien, Polen und Bulgarien – das ist ein sehr interessanter Punkt. Und gestern haben die Vereinigten Staaten angekündigt, dass sie vorhaben, die Waffen in die Ukraine zu liefern. Das wurde dementiert, aber sie tun das, die Waffen werden geliefert. Und bei allen diesen Handlungen agieren die Vereinigten Staaten ausserhalb der Nato. Denn die Nato-Entscheidungen müssen von allen Nato-Mitgliedern einstimmig getroffen werden.


Der Punkt bei der ganzen Sache ist, dass die USA einen «Cordon Sanitaire», einen Sicherheitsgürtel um Russland herum aufbauen. Und Russland weiss es. Russland glaubt, die USA beabsichtigten, die Russische Föderation zu zerschlagen. Ich denke, wir wollen sie nicht töten, sondern nur etwas verletzen beziehungsweise ihnen Schaden zufügen. Jedenfalls sind wir jetzt zurück beim alten Spiel. Und wenn Sie einen Polen, Ungarn oder Rumänen fragen – sie leben in einer ganz anderen Welt als die Deutschen, und die Deutschen leben in einer ganz anderen Welt als Spanier, also es herrscht Uneinigkeit in Eu­ropa. Aber was die Ukrainer bevorzugen werden, das werde ich Ihnen genau sagen: Sie werden versuchen, das Zischen seitens der USA zu vermeiden.


Die Vereinigten Staaten aus ihrem fundamentalen Interesse kontrollieren alle Ozeane der Welt. Keine andere Macht hat das je getan. Aus diesem Grunde intervenieren wir weltweit bei den Völkern, aber sie können uns nicht angreifen. Das ist eine schöne Sache. Die Aufrechterhaltung der Kontrolle über die Ozeane und im Weltall begründet unsere Macht. Der beste Weg, die feindliche Flotte zu besiegen, ist zu verhindern, dass diese gebaut wird. Der Weg, den die Briten gegangen sind, um sicherzustellen, dass keine europäische Macht die Flotte bauen konnte, ist, dass die Europäer einander bekämpften. Die Politik, die ich empfehlen würde, ist die, die Ronald Reagan angewendet hat, in Iran und im Irak. Er unterstützte beide Kriegsseiten, so dass sie gegeneinander kämpften (Iran-Irak-Krieg 1980–1988) und nicht gegen uns. Er war zynisch, es war nicht moralisch vertretbar, aber es funktionierte. […]


Die Frage, die jetzt für die Russen auf dem Tisch ist, ist, ob man die Ukraine als eine Pufferzone zwischen Russland und dem Westen haben will, die wenigstens neutral bleiben wird, oder ob der Westen so weit in die Ukraine vordringen wird, dass der Westen nur 100 Kilometer von Stalingrad und 500 Kilometer von Moskau entfernt sein wird. Für Russ­land stellt der Status der Ukraine eine existenzielle Frage dar. Und die Russen können bei dieser Frage nicht einfach so weggehen, loslassen. Für die USA gilt, wenn Russland sich weiterhin an die Ukraine hängt, werden wir Russ­land stoppen. Deshalb starten die USA solche Massnahmen, wie sie kürzlich General Hodges, der für Blamagen bekannt ist, angesprochen hat, und zwar über Eingreiftruppen in Rumänien, Bulgarien, Polen und den baltischen Staaten. Damit begründet man das Intermarium («Zwischenmeer-Land»), das Territorium zwischen dem Schwarzen Meer und der Ostsee. Dieses Konzept arbeitete Pilsudski aus, und das ist die von den USA bevorzugte Lösung.


Und die Sache, worauf wir keine Antwort parat haben, ist die Frage, was wird Deutschland in dieser Situation unternehmen. Die reale unbekannte Variable in Europa sind die Deutschen, wenn die USA diesen Sicherheitsgürtel aufbauen, nicht in der Ukraine, sondern zum Westen, und der Einfluss der Russen in der Ukraine wird schwinden – wir wissen nicht, wie die deutsche Haltung ausfallen wird. Deutschland befindet sich in einer sehr eigenartigen Lage. Der ehemalige Bunderkanzler Gerhard Schröder ist im Aufsichtsrat von Gazprom. Die Deutschen haben ein sehr komplexes Verhältnis zu den Russen. Die Deutschen wissen selbst nicht, was sie tun sollen. Sie müssen ihre Waren exportieren, die Russen müssen ihre Waren abnehmen.

Anderseits verlieren sie die Freihandelszone, die sie brauchen, um andere Sachen aufzubauen. Für die Vereinigten Staaten ist es das Hauptziel zu verhindern, dass deutsches Kapital und deutsche Technologien und die russischen Rohstoff-Ressourcen und die russische Arbeitskraft sich zu einer einzigartigen Kombination verbinden – was die USA seit einem Jahrhundert zu verhindern versuchen. Also, wie kann man das erreichen, dass diese deutsch-russische Kombination verhindert wird? Die USA sind bereit, mit ihrer Karte diese Kombination zu schlagen: Das ist die Linie zwischen dem Baltikum und dem Schwarzem Meer.


Für die Russen ist die entscheidende Frage, dass die Ukraine ein neutrales Land wird, kein prowestliches. Weissrussland ist hier eine andere Frage. Nun, wer mir eine Antwort darauf geben kann, was die Deutschen in dieser Situation tun werden, der kann mir auch sagen, wie die nächsten 20 Jahre Geschichte aussehen werden. Aber unglücklicherweise müssen die Deutschen immer wieder Entscheidungen treffen. Und das ist das ewige Problem Deutschlands. Deutschland ist wirtschaftlich enorm mächtig, aber gleichzeitig geopolitisch sehr zerbrechlich, und sie wissen niemals, wie und wo sie ihre Exporte verkaufen können. Seit 1871 – das war immer «die deutsche Frage» und die Frage Europas. Denken Sie über die deutsche Frage nach, welche jetzt wieder mal aufkommt. Das ist die nächste Frage, die wir uns stellen müssen, was wir aber nicht tun, weil wir nicht wissen, was die Deutschen tun werden.»

Abschrift der Untertitel des Videos, veröffentlicht am 17.3.2015;  http://www.youtube.com/watch?v=9fNnZaTyk3M

samedi, 26 août 2017

The US Empire, the CIA, and the NGOs

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The US Empire, the CIA, and the NGOs

An interview with F. William Engdahl

The Ancient Greeks knew: “Religion is regarded by the common people as true, by the wise as false, and by rulers as useful.” No less a figure than the late Zbigniew Brzezinski and the CIA made use of this saying by recruiting the Muslim Brotherhood to fight a proxy war against the Soviet Union in Afghanistan, which led to the withdrawal of the Soviets from the Hindu Kush. Since then, the CIA used the mercenaries to fight more proxy wars in the Balkans, Chechnya, and Azerbaijan. Due to the wars of aggression against Iraq, Libya, Syria and Yemen the US and its vassal states created sectarian violence that led to civil wars. Right now, the CIA and the Muslim Brotherhood are present in the form of ISIS in Syria and Iraq.

No one has studied this triad more intensively than F. William Engdahl who is a renowned geopolitical analyst, risk consultant, author, and lecturer. Engdahl was born in Minneapolis/MN, and grew up in Texas. After earning a degree in politics from Princeton University, and graduate study in comparative economics at Stockholm University, he worked as an economist and investigative journalist in the US and Europe. He was named Visiting Professor at Beijing University of Chemical Technology and delivers talks and private seminars around the world on different aspects of economics and politics with the focus on geopolitical events. For the last 30 years, Engdahl has been living in Germany.

He has written numerous best-selling books on oil and geopolitics: The Lost Hegemon: Whom The Gods Would DestroyFull Spectrum Dominance: Totalitarian Democracy in the New World Order, Seeds of Destruction: The Hidden Agenda of Genetic Manipulation, and not to forget: Target China to name only a few. His books are translated into 14 foreign languages.

His latest book on the role of the NGOs focuses on their involvement in US regime change operations and in steering up fabricated mass protests to facilitate the efforts of the US Empire and the CIA to replace resilient national oriented governments by obedient ones that will execute the Washington agenda. All this happens under the pretext of democracy à la US-American style.

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The following interview focuses on Engdahl’s latest book in German Secret files NGOs (Geheimakte NGOs).

Ludwig Watzal:  I guess we could agree upon the fact that the CIA is the world’s worst terror organization. After WW II, hardly any coup d’état or organized uprising happened without the helping hand of the CIA. As I understood your book, in the last 25 years, the CIA got quite a few so-called little helpers in the form of NGOs. Please, could you elaborate on that?

William Engdahl: During the Reagan Presidency very damaging scandals were becoming public about CIA dirty operations around the world. Chile, Iran, Guatemala, the top secret MK-Ultra project, the student movement during the Vietnam War to name just a few. To take the spotlight away from them, CIA Director Bill Casey proposed to Reagan creating a “private” NGO, a kind of cut-out that would pose as private, but in reality, as one of its founders the late Allen Weinstein said in a later interview to the Washington Post, “doing what the CIA did, but privately.” This was the creation of the NGO named National Endowment for Democracy in 1983. Soon other Washington-steered NGOs were added like the Freedom House or the Soros Open Society Foundations, the United States Institute of Peace and so forth.

The money was often channeled via USAID of the State Department to hide its origin. Every major regime attack by the US Government since then including the Solidarnosc in Poland, the Yeltsin CIA-backed Russia coup, the 2004 Ukraine Orange Revolution, the 2008 Tibet riots, the Arab Spring of 2011 to today—all have been done by this group of very select “democracy” NGOs. Little wonder that countries like Russia and China or Hungary act to ban them as “undesirable NGOs.”   

LW: You quote Allen Weinstein, co-author of the founding act of the NGO National Endowment for Democracy (NED), saying; “Much of what we do today was done 25 years ago by the CIA.” Are the US NGOs such as NED, CIPE, USAID, NDI, not to speak of the Soros network, the fifth column of the CIA?

WE: As I indicated above, I would say so in my opinion. Invariably their NGO agenda fits the given agenda of Washington foreign policy. Coincidence? I don’t believe so.

LW: Your critic focused mainly on a few US NGOs or would you include all non-governmental organizations in general? Aren’t all these NGOs driven by a good mind and noble deeds to spread democracy and freedom around the world?

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WE: This is the devil in the concept of Bill Casey. Hiding very black dirty anti-democratic CIA operations behind private political NGOs waving the banner of “Human Rights” has been very effective for Washington’s global agenda of toppling un-cooperative regimes around the world. In effect the CIA has weaponized human rights. Curiously useful regimes for Washington such as Saudi Arabia go unbothered by calls for democracy. Their oil billions finance Washington’s global terrorism agenda.

Take the recent case of the fake democracy White Helmets NGO in Syria doing propaganda in intimate cooperation with ISIS, to justify the US-led war against the duly elected Assad regime. White Helmets get money reportedly from Soros Foundations, from the US and UK governments and were created by a former British Army Intelligence officer James Le Mesurier. Their atrocity videos have repeatedly been exposed as fake, staged by actors. Their alleged Sarin gas video showing unprotected White Helmets “first responders” handling alleged Sarin gas victims with no protective HAZMAT protection is a joke, a fake as was exposed widely after by a number of HAZMAT Sarin gas experts.

The Washington–or EU in some cases—political NGOs are effective because they can attract many innocent good-willed people. I recently received a very touching personal letter from a European Medical Doctor who had been 18 months working with the best humanitarian intention with Doctors without Borders in South Sudan before their US-backed independence. She was so grateful after reading my NGO book as she could understand all the seeming irrational directions their American Doctors Without Borders leader gave the staff. She quit because of burnout and now said she understands why. Honest doctors were being used by Washington for secret political agendas. South Sudan was target because China was receiving a major share of her oil from there via Khartoum.

Of course, not all NGOs are doing the work of the CIA. I focus on the ones with a hidden political agenda, who, as I describe in the book, have weaponized human rights and the word democracy for devious ends.

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LW: In 1984, the hedge fund-Billionaire George Soros, established in Budapest the Soros Foundation. His first target was Poland. Pope John Paul II and US President Ronald Reagan met in 1982 at the Vatican to discuss the destabilization of the Communist Bloc. In this endeavor, has there also been an involvement of the Soros Foundation?

WE: The Soros Foundation established the Stefan Batory Foundation in Warsaw in 1988 to train activists to ultimately topple the Communist regime. They played a major role “building democracy” and immediately after the collapse in Poland of the government of General Czesław Kiszczak in August, 1989. Soros brought Harvard University “Shock Therapy” economist Jeffrey Sachs into Poland to push privatization of state enterprises, create a hyperinflation and open choice Polish state assets for auction to western investors like friends of Soros for pennies or then, for pfennig.

LW:  The two chapters on the plundering of the former Soviet Union by the CIA, Soros and his Harvard Boys in cooperation with the Yeltsin clan and former KGB official is quite shocking. Please, elaborate on this Mafia-like undertaking.

WE: I have to refer readers to the book as the treatment has been cross-checked and is exhaustive. In brief, the CIA under the direction of then-President George H.W. Bush managed to corrupt several very high-ranking KGB generals who recruited a network of young Komsomol or Communist Union of Youth proteges such as Boris Berezovsky and Mikhail Khodorkovsky to become their hand-picked “oligarchs” to plunder the State assets for pennies compared to their true worth. This was the infamous “voucher” scandal that valued the entire state assets including oil and gas, machine-making companies, high-tech, all at a little under $16 billion. They literally raped Russia for personal gain. And the CIA and its network of Western banks such as Riggs Bank in Washington allowed them to launder the money out of Russia. Even I was shocked to verify the details. It was criminal. Yeltsin was their boy. Some said so long as his supply of good Vodka was guaranteed he would do anything Soros and his Harvard economists demanded.

The interesting point to note is that President G.H.W. Bush, former director of the CIA, ordered three simultaneous NGO destabilizations in the same year, 1989.  The three were Russia, China in Tiananmen Square and Yugoslavia. The book documents this in great detail.

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LW:  After Vladimir Putin succeeded Boris Yeltsin as Russia’s President, he immediately stopped the robbing of Russia. Do you think that could be one cause why the political class in Washington hates and demonizes him to such an extent, which is irrational?

WE: Putin came from a Russian nationalist faction (as opposed to what were called cosmopolitan or internationalist faction) of the KGB and its successor. They knew they had to act with stealth until their grip was secure in 2000 when Yeltsin was forced to quietly “retire” or face revelations and Yeltsin was convinced to name Putin acting President.

There has been an undeclared war against a stable nation-state in Russia since well before 1917. The founder of Stratfor, George Friedman, one of the better informed American analysts of geopolitics and former consultant to the Pentagon and CIA among others, recently gave an interview after the CIA Ukraine “coup d’ etat” which Friedman called “the most blatant coup in US history.” That if you recall was the one where Viktoria Nuland as US Assistant Secretary of State went to Kiev and handed out candy bars to the protesters in Maidan Square and telephoned her contempt for the EU to the US Ambassador in Kiev.

Friedman noted what I have documented in my various other books such as Mit der Ölwaffe zur Weltmacht, that the foreign policy of the United States of America for at least the past century as the USA emerged on the decline of the British Empire, the US foreign policy priority has been to prevent at all costs the merging of economic interests and cooperation between especially Germany and Russia. The world has undergone two world wars because of this unfortunate geopolitical dogma of US foreign policy, a dogma taken over from the British and from the father of British geopolitics, Sir Halford Mackinder.

Washington hates and demonizes Putin for the reason he has moved deliberately to stabilize Russia as a great nation, which it truly is as I can attest from almost 25 years of personal experience. And as a result of Washington’s demonization, Putin’s influence in the world seems only to grow stronger—first with China, then Eurasia nations, Africa, the Middle East, Asia, even the Philippines and Latin America. The world is becoming fed up with the endless agenda of overt and covert USA wars everywhere. We need to look closely behind the Trump words and very soon we find the same old, degenerate oligarchs and their so-called deep-state of unelected bureaucrats at work.  

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LW:  The dismantling of Yugoslavia was a catastrophe. The Germans under the chancellorship of Gerhard Schroeder and his infamous foreign minister Joschka Fischer joined forces with Clinton to overthrow the Serbian President Slobodan Milosevic. In this coup-like operation, were there also NGOs involved? And what was their strategy?

WE: Yes. Follow the subsequent career of Mr. Fischer. A street thug from the 1968 Frankfurt protests becomes crowned by the USA and its mainstream media as a statesman, apparently the reward for delivering the Green Party vote for bombing Yugoslavia in 1999. After office, Fischer got an honorary teaching post at my Alma Mater, Princeton. Later George Soros invites Mr Fischer on to his new European council on Foreign Relations think tank.

In terms of the toppling of Slobodan Milosevic, the US government and its select NGOs including NED and Soros foundations, organized, financed, and trained key student leaders and others in a successful coup, under the name Otpor! (Resistance!), with the now -ubiquitous logo of the threatening clenched fist. Serbian translations of Gene Sharp’s writings on nonviolent action were used and the key leaders were personally trained by Sharp’s associate US Army colonel Robert Helvey in secret meeting places to avoid police. Otpor! got by some estimates as much as $30 million from U.S. government-linked organizations such as the National Endowment for Democracy (NED), International Republican Institute (IRI), and US Agency for International Development (USAID). The destruction of Yugoslavia was orchestrated since the 1980’s by Washington, first Bush Sr. then Clinton. The aim was to create a war in Europe to justify the continued presence of a NATO whose raison d’être after the collapse of the Soviet Union was hard to justify to American taxpayers or to the Europeans who were planning an independent European Defense Pillar apart from NATO. For Washington and the influential US military industrial complex such independence was tabu!. The second aim was to establish a huge US military presence later in Kosovo called Camp Bond Steel.

LW:  When the Arab masses went into the streets of Tunis, Cairo and Tripoli, the Western media, and political class were thrilled. Finally, democracy, freedom, and human rights found their way into the Arab world. Were these uprisings spontaneous or were they organized and orchestrated from outside forces?

WE: The entire Arab Spring was secretly planned and financed by Washington and US-financed NGOs. Then-Secretary of State Hillary Clinton was a key figure along with her bizarre Muslim Brotherhood assistant Huma Abedin. The RAND Corporation, which is a Pentagon think tank responsible for developing the technique of mob “swarming” like bees, as a way using facebook and social media to steer protests, played a key role.

The protest student groups in Egypt were US-trained, again using translations of Gene Sharp, they were brought to Europe to be secretly trained by the leaders of Otpor!.

In the case of Libya’s Qaddafi, a more urgent regime change was deemed necessary as the now-famous DCLeaks and Wikileaks emails of Hillary to her private adviser Sidney Blumenthal reveal. Qaddafi, who contrary to his demonized image had built up Libya with the highest living standard in all Africa, was about to unveil creation of an alliance of Muslim central banks and introduction of a Gold Dinar currency for oil sales not US dollars. He was doing so together with Ben Ali of Tunisia and Mubarak in Egypt. As Hillary wrote to Blumenthal, that had to be blocked by whatever means. The means to “block” were the illegal bombing of Libya and the assassination of Qaddafi and turning Libya into a field of rubble. The original Pentagon-CIA-State Department plan called for the immediate toppling of another thorn in Washington’s side immediately after Qaddafi, that was Bashar al Assad in Syria. That has not worked out well for the Washington planners and a great human tragedy unnecessarily has grown out of 6 years of what essentially is a US-led war there.

LW:  In the old days, the conquerors brought in its wake the missionaries. Today, the Western neo-colonial powers come with hundreds of NGOs who teach the indigenous population how Western democracy is supposed to function. Do you think the NGOs serve the interest of these people? What about the German NGOs who especially carry a lot of ideological ballast, for example, in the form of gender mainstreaming with them? What do you make of that?

WE: I think your analogy with the “Christian” missionaries of the past and the “Human Rights” or “democracy” NGOs today is very fitting. I am not competent to comment on the activities of various German NGOs. My main focus is Washington, the hegemonic power today and source of so much that is destructive, unfortunately.

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LW: At the beginning and at the end of your book you refer to George Orwell’s double think that means “War is Peace, Freedom is Slavery, Ignorance is Strength.” Do we live in times where the original meanings of words become different contents? Do the US Empire and its vassal states wage war in the name of democracy and destroy the nation states with the same democratic rhetoric?

WE: This is why I found the Orwell quote so appropriate. His book 1984 in many ways is a description of what has been allowed to happen to our western democracies, especially in Britain and the USA.

LW: If you could give the NGOs a piece of advice, what would you tell them?

WE: For the honest persons who may have got caught up in nice rhetoric about values, human rights and such, I would suggest looking more closely at the money trail feeding your given NGO. For the NED or Soros foundations I would suggest they would all do mankind a favor by shutting their doors permanently. That you allow nations and individuals to decide their own sovereign future without your unwanted meddling. I would say, to paraphrase Cromwell to the British Long Parliament, ”You human rights NGOs, Go! You have sat too long here for any good you have been doing. Depart, I say, and let us have done with you. In the name of God, go!”

LW: Mr. Engdahl, thanks for the interview.

WE: Thank you for your interest and excellent questions.

Dr. Ludwig Watzal works as a journalist and editor in Bonn, Germany. He runs the bilingual blog Between the lines. He can be reached at: www.watzal.com. Read other articles by Ludwig.

 


jeudi, 24 août 2017

Les militaires prennent-ils le pouvoir à Washington?

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Les militaires prennent-ils le pouvoir à Washington?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le « limogeage » de Steve Bannon par Donald Trump suscite d'innombrables commentaires. Les premiers concernent d'abord les vraies raisons du départ de Bannon. A-t- été effectivement renvoyé par Trump de la fonction de conseiller spécial pour la stratégie dans laquelle il avait été nommé par ce dernier il y a sept mois. A-t-il au contraire démissionné de son plein gré pour rejoindre son bastion éditorial de Breitbart.com http://www.breitbart.com/ ?
 
Dans le premier cas, Trump a-t-il volontairement limogé Bannon dont il ne supportait plus les critiques, ou sous la pression de l'Etat profond américain dont les deux piliers sont les militaires et Wall Street. Ces derniers s'irritaient de plus en plus du fait que Bannon voulait obliger Trump à s'affranchir de la tutelle toujours plus pesante qu'ils exerçaient sur le Président.

D'autres commentaires concernent les projets de Bannon une fois libéré de ses fonctions officielles. Va-t-il soutenir plus ouvertement Trump en rendant public tout ce qu'il sait des pressions des militaires? Va-t-il au contraire mener « une guerre nucléaire » contre Trump, comme il l'aurait promis, du fait que selon lui, Trump avait abandonné les grandes lignes de son programme électoral, celles visant à désengager l'Amérique de ses guerres extérieures et à la doter d''une politique économique protectionniste et isolationniste, conforme à celle que Steve Bannon et le lobby Breitbart avaient toujours recommandé?

Nous pensons pour notre part que, quelles qu'en aient été les raisons, le départ de Bannon permettra aux militaires (Les généraux Kelly et McMaster à la Maison-Blanche, le général Mattis au Pentagone) de contrôler directement la Maison Blanche et mettre le Président et l'Administration fédérale au service de leurs objectifs.

Ceci signifierait, même si ce terme est peu employé par les médias américains, que se mettrait en place une véritable dictature militaire soft, c'est-à-dire ne faisant pas pour le moment appel aux forces armées pour vaincre les résistances encore toute verbales d'une partie du corps politique américain.

Mais quels objectifs poursuivrait cette dictature militaire, s'exerçant pour le moment sous le couvert de Trump? La encore, les opinions peuvent différer. Nous pensons pour notre part qu'elle reviendrait aux objectifs annoncés par Hillary Clinton durant sa campagne, visant notamment à reprendre militairement l'initiative au Moyen-Orient. Par contre, le projet d'une guerre nécessairement nucléaire contre la Corée du Nord et à terme contre la Chine, telle que celle toujours préconisée par Trump, ne serait pas retenu, car les militaires n'y voient que des inconvénients.

Ils réserveraient l'immense supériorité militaire américaine à l'objectif qui a toujours été celui de l'Etat profond, réduire la Russie à l'impuissance. Ceci permettrait à l'Amérique de redevenir la seule superpuissance nucléaire qu'elle avait été un temps. Le Pentagone paraît en effet prêt à une guerre nucléaire contre la Russie, quelles qu'en soient les conséquences désastreuse au plan mondial. Mais les militaires espèrent sans doute que Vladimir Poutine, confronté à ce risque, reculerait et céderait aux exigences de l'Empire américain.

Steve Bannon, pour sa part, paraissait totalement opposé à ce pari aux risques immenses. D'où sa neutralisation, sous une forme ou sous une autre, par les militaires.

 

mercredi, 23 août 2017

Guerre économique contre l’Europe

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Guerre économique contre l’Europe

par Eberhard Hamer, professeur d’économie

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

«L’Amérique d’abord», le slogan de Trump, doit être considéré non seulement d’un point de vue militaire mais également économique. Toutefois, la prédominance des Etats-Unis dans l’industrie cinématographique, le traitement des données, le monopole sur les semences par la génétique et la suprématie mondiale de l’industrie américaine d’armement, ne suffisent plus pour financer la demande d’importation de machines européennes, de produits chimiques, de voitures de luxe ainsi que de produits pour les besoins du quotidien, dont la production de masse est délocalisée en Asie. Avec 600 milliards de dollars de dettes annuelles sur les ventes, les Etats-Unis seraient depuis longtemps insolvables s’ils n’avaient la possibilité de faire marcher la planche à billets sur un rythme effréné en émettant des dollars comme monnaie de référence pour couvrir leurs dépenses mondiales. Ainsi s’édifie une montagne de dettes, augmentant chaque année, d’actuellement 20 billions (!) de dollars, dont le collapsus financier n’est repoussé que par les taux d’intérêt artificiellement créés par la FED.

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Les Etats-Unis doivent donc soit épargner, soit retirer leurs forces armées du monde (600 milliards de dollars par an) ou alors exporter plus et importer moins.
Pour l’application de cette dernière ligne stratégique, ils ont choisi l’Europe.
Les exportations vers les Etats-Unis sont systématiquement combattues:

  • Le but de la lutte contre les moteurs diesel est non seulement de protéger l’industrie américaine, mais encore d’empêcher l’importation de véhicules diesel européens. Les normes arbitraires concernant les gaz d’échappement sont une attaque généralisée contre les voitures diesel européennes, non seulement aux Etats-Unis mais aussi en Europe, alors qu’on ignore totalement la pollution massive produite par les poids lourds.
  • L’application de tarifs douaniers est faite pour paralyser les importations d’acier venant d’Europe.
  • Le droit américain et le statut juridique des multinationales américaines devaient être garantis par le TTIP, même à l’encontre des normes de protection européennes et du Parlement européen.
  • La justice américaine poursuit systématiquement les sociétés européennes pour leur porter préjudice en leur infligeant des amendes pénales (actuellement déjà plus de 20 milliards de dollars).
  • Les tribunaux américains considèrent que tout contrat conclu en dollars, où que ce soit dans le monde, relève automatiquement de la juridiction américaine, et peut donc ainsi faire l’objet des sanctions appliquées selon cette même juridiction.
  • Le sénat et le gouvernement américains recourent régulièrement à des sanctions, des menaces et des amendes, partout au monde où des entreprises européennes mettent en danger la concurrence américaine. Suite aux sanctions à l’encontre de la Russie, par exemple, auxquelles ont adhéré les Européens, le commerce extérieur européen avec ce pays a diminué de moitié, alors que celui des Etats-Unis a doublé.

En outre, des mesures au niveau national et légal sont utilisées afin de réaliser la suprématie américaine dans les secteurs économiques.

  • Dans la lutte pour la domination sur le marché mondial du gaz, les Etats-Unis tentent actuellement d’exclure l’Europe de l’approvisionnement en gaz russe bon marché en menaçant de sanctions de toutes les sociétés qui participeraient à la construction du gazoduc North Stream II par la mer Baltique.
  • En Syrie, ils cherchent une interzone déserte afin de construire un gazoduc menant à la Méditerranée pour le gaz qatari – un arrière-plan essentiel de la guerre en Syrie.
  • Par des manipulations de prix sur le marché pétrolier, ils tentent de faire exploser l’OPEP pour récupérer leur propre hégémonie pétrolière.
  • Ayant le monopole mondial des réseaux de données, ils ont en tout temps l’accès aux serveurs et aux «clouds» demeurés aux Etats-Unis, en espionnant simultanément de manière générale l’économie européenne en faveur de leur propre économie, sans que les gouvernements européens, et notamment le gouvernement allemand, risquent de s’opposer à cet espionnage économique total.
  • Les consortiums américains ont aussi appelé à la guerre économique contre la Russie pour empêcher et soumettre aux sanctions toute coopération économique dangereuse pour eux entre l’Europe et la Russie. (Doctrine de l’OTAN: «To keep the Americans in, the Russians out and the Germans down!»)

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Les Etats-Unis mènent une guerre économique contre l’économie européenne, avant tout contre celle exportant aux Etats-Unis. Elle lutte donc contre toute collaboration économique entre l’Europe et la Russie, afin de maintenir leur règne économique sur l’Europe, contre l’euro et tous les efforts européens visant aux économies, contre les tentatives européennes d’empêcher l’espionnage américain total et la position d’hégémonie des Etats-Unis sur l’Europe en matière de numérique et de sanctionner l’avance de la concurrence des entreprises européennes à l’égard des Etats-Unis au plan mondial.
Aux Etats-Unis même, l’élite financière, les consortiums électoraux, le complexe militaire, sont les soutiens de l’impérialisme économique américain. A l’extérieur, ces soutiens sont représentés par l’administration de l’UE, Angela Merkel et d’autres hommes politiques détestant les Russes, les partis allemands parce qu’ils ne s’opposent pas à l’espionnage total des Etats-Unis et ne s’opposent pas même aux organisations américaines dites «privées» ou «non gouvernementales» (Fondation Soros et autres).
Alors qu’actuellement l’Allemagne se réjouit encore de l’accroissement de ses excédents d’exportations, nos «amis» ont depuis longtemps commencé à saper les bases de ces excédents. Si notre industrie automobile mondialement reconnue perd de son attractivité, si nos inventions techniques continuent à se retrouver plus vite aux Etats-Unis qu’elles sont développées chez nous, si l’industrie gazière américaine évince en Europe le gaz russe meilleur marché et si l’industrie américaine de la finance encourage sans aucun scrupule l’endettement des pays méditerranéens, entrainant également l’écroulement de l’euro malheureusement garanti par l’Allemagne, toujours davantage de lumières s’éteindront en Europe et en Allemagne et la prospérité en Europe, issue du commerce international, diminuera rapidement.
Soros et Angela Merkel ont, en outre, régularisé l’immigration de masse avec chaque année des centaines de milliers de bénéficiaires de prestations sociales supplémentaires, surchargeant les systèmes sociaux allemands, et défavorisant ceux qui contribuent à la production et au financement de ce système.
En Allemagne, deux tiers de la population vivent déjà des prestations sociales. Dans 10 ans, le rapport sera de trois pour un, peut-être pire encore.
L’allégresse des organismes confessionnels et des institutions sociales sur l’immigration de masse des bénéficiaires de prestations sociales cédera déjà bientôt à l’horreur, lorsque nos excédents d’exportation fondront, que le nombre des supports économiques payant leurs charges diminuera tandis que la vague de bénéficiaires des prestations sociales continuera d’enfler.
Notre génération a joui du niveau de confort et de prospérité le plus haut qu’ait connu l’Allemagne. Cette prospérité est attaquée tant par l’administration américaine que par une politique sociale et démographique certes pleines de bonnes intentions, mais destructive – et nous ne nous y opposons pas. Pour cela, la génération montante nous insultera tout comme nous avons insulté nos parents parce qu’ils n’avaient pas voulu ou pu empêcher Hitler et ses destructions.     •
(Traduction Horizons et débats)

lundi, 21 août 2017

Wirtschaftskrieg gegen Europa

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Wirtschaftskrieg gegen Europa

von Prof. Dr. Eberhard Hamer

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Trumps Losung «America first» soll nicht nur militärisch, sondern auch wirtschaftlich gelten. Immerhin reicht ihre Vorherrschaft vom Filmgeschäft über die Datenverarbeitung, die Saatgutmonopole durch Gentechnik bis zur Weltführung der amerikanischen Waffenindustrie nicht mehr aus, die Importnachfrage nach europäischen Maschinen, Chemikalien, Edelautos sowie den Bedarf an in der Produktion nach Asien ausgewanderten Massengütern des täglichen Bedarfs zu finanzieren. Mit 600 Milliarden US-Dollar Umsatzschulden pro Jahr wären die USA längst zahlungsunfähig, wenn sie nicht die Möglichkeit hätten, als Leitwährung hemmungslos Dollar zu drucken und in der Welt damit zu bezahlen. Dafür entsteht allerdings ein jährlich wachsender Schuldenturm über 20 Billionen Dollar, der nur durch künstlich geschaffene Nullzinsen der FED den Finanzkollaps noch aufschiebt.
Die USA müssen also entweder sparen oder ihr Militär aus der Welt zurückziehen (600 Milliarden Dollar jährlich) oder mehr exportieren und weniger importieren.
Für die letztere Strategie haben sie sich nun Europa ausgesucht.
Die Exporte nach USA werden systematisch bekämpft:

  • Der Kampf gegen den Dieselmotor soll nicht nur die amerikanische Industrie schützen, sondern auch die europäischen Dieselfahrzeuge verhindern. Die willkürlichen Abgasnormen sind ein Generalangriff auf die europäischen Diesel-Pkw, nicht nur in den USA, sondern auch in Europa, während die Dreckschleudern der Lkw völlig unbehelligt bleiben.
  • Stahlimporte aus Europa sollen gerade durch Zölle verhindert werden.
  • Mit TTIP sollte das amerikanische Recht und die Rechtsstellung amerikanischer Globalkonzerne sogar gegen die europäischen Schutznormen und das Europäische Parlament gesichert werden.
  • Die amerikanische Justiz verfolgt systematisch europäische Firmen, um sie mit Strafzahlungen (inzwischen mehr als 20 Milliarden Dollar) zu schädigen.
  • Die amerikanischen Gerichte vertreten die Auffassung, dass jedes in Dollar abgeschlossene Geschäft in der Welt automatisch amerikanischer Justiz untersteht, also auch sanktioniert werden kann.
  • Der amerikanische Senat und die Regierung verhängen jeweils Sanktionen, Drohungen und Strafen, wo europäische Firmen in der Welt der amerikanischen Konkurrenz gefährlich werden, also ins Geschäft kommen. Mit den von den Europäern mitgemachten Sanktionen hat sich zum Beispiel der Aussen­handel Europas nach Russ­land halbiert, der der USA dagegen verdoppelt.

Zusätzlich werden staatliche und gesetzliche Machtmittel eingesetzt, um amerikanische Vorherrschaft der Wirtschaftssektoren zu erreichen.

  • Im Kampf um den Weltgasmarkt versuchen die USA zurzeit, Europa von der billigen russischen Gasversorgung auszuschliessen, indem sie allen Firmen, die sich an der Nord-Stream-Leitung durch die Ostsee beteiligen, Sanktionen androhen.
  • In Syrien suchen sie eine menschenleere Zwischenzone, um die Durchleitung katarischen Gases ins Mittelmeer zu erreichen – ein wesentlicher Hintergrund des Syrien-Krieges.
  • Und mit Preismanipulationen auf dem Ölmarkt versuchen sie, die OPEC zu sprengen, um die eigene Ölherrschaft wiederzugewinnen.
  • Mit den Weltmonopolen der Datennetze haben sie jederzeit Zugriff auf die in den USA verbliebenen Datenknotenpunkte und Cloudzentren und spionieren so gleichzeitig flächendeckend die europäische Wirtschaft zugunsten der eigenen Wirtschaft aus, ohne dass die europäischen Regierungen, insbesondere die deutsche, dieser totalen Wirtschaftsspionage zu widersprechen wagen.
  • Amerikanische Konzerne haben auch zum Wirtschaftskrieg gegen Russland aufgerufen, um jegliche für sie gefährliche Wirtschaftskooperation zwischen Europa und Russland zu verhindern und unter Strafe zu stellen. (Nato-Doktrin: «To keep the Americans in, the Russians out and the Germans down!»)

Die USA führen also einen Wirtschaftskrieg gegen die europäische Wirtschaft, vor allem diejenige, die in die USA exportiert, gegen die wirtschaftliche Verbindung zwischen Europa und Russland, um ihre wirtschaftliche Vorherrschaft über Europa zu halten, gegen den Euro und alle europäischen Sparbestrebungen sowie gegen die Bestrebungen in Europa, die US-Totalspionage und die digitale Vormacht der USA über Europa zu behindern und den Wettbewerbsvorsprung der europäischen Firmen gegenüber der US-Konkurrenz in der Welt zu sanktionieren.
Helfer der US-Wirtschaftsimperialisten sind innerhalb der USA die Finanzelite, die Wahlkonzerne, der militärische Komplex und ausserhalb der USA die EU-Behörde, Merkel und andere Politiker als Russlandhasser, die deutschen Parteien, weil sie sich der Totalspionage der USA nicht widersetzen und nicht einmal die US-Organisationen (Soros-Stiftung und andere) stoppen.
Während also zurzeit Deutschland noch über wachsende Exportüberschüsse jubelt, werden die Grundlagen dieser Exportüberschüsse von unseren «Freunden» längst angesägt. Wenn unsere weltführende Automobilindustrie ihren Ruf verliert, unsere technischen Erfindungen weiterhin schneller in den USA sind, als bei uns zur Reife entwickelt werden, die US-Gasindustrie das billigere russische Gas aus Europa verdrängt und die US-Finanzindustrie die Verschuldung der Mittelmeerstaaten hemmungslos förderte und den Zusammenbruch des leider von Deutschland verbürgten Euro betreibt, gehen in Europa und Deutschland immer mehr Lichter aus, wird der Wohlstand aus dem internationalen Geschäft in Europa nachlassen.
Dazu haben Soros und Merkel die Masseneinwanderung mit jährlich Hunderttausenden zusätzlichen Sozialleistungsnehmern arrangiert, welche die deutschen Sozial­systeme belasten und den Leistungsträgern immer weniger übriglassen.
In Deutschland leben bereits zwei Drittel der Bevölkerung von Transferleistungen. In 10 Jahren wird das Verhältnis drei zu eins sein, möglicherweise noch schlechter.
Die Freude von Kirchengewerkschaften und Sozialinstitutionen über die Massenzuwanderung von Sozialleistungsnehmern wird schon bald Entsetzen weichen, wenn unserer Exportüberschüsse schmelzen, die Zahl unserer Leistungsträger zurückgeht und die Flut ausländischer Sozialleistungsforderer weiter anschwillt.
Unsere Generation hat den höchsten Wohlstand genossen, den es in Deutschland je gegeben hat. Wir haben diesen Wohlstand durch die US-Administration bekämpfen und durch gutgemeinte, aber zerstörerische Sozial- und Bevölkerungspolitik vernichten lassen. Die nächste Generation wird uns dafür genauso beschimpfen, wie wir unsere Eltern dafür beschimpft haben, dass sie Hitler und dessen Zerstörung nicht verhindern wollten oder konnten.    •

dimanche, 20 août 2017

Deux projets pour le siècle : réactiver le projet de Wilson ou adopter le nouveau projet chinois ?

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Paul F. Raichmann

Deux projets pour le siècle : réactiver le projet de Wilson ou adopter le nouveau projet chinois ?

Il me paraît opportun de comparer aujourd’hui deux projets politiques pour la planète, un ancien, vieux d’un siècle, et un nouveau, qui vient d’être élaboré. Il y a cent ans, le Président américain Woodrow Wilson voulait concrétiser son projet de réaménagement politique de la planète après avoir déclaré la guerre au Reich allemand le 6 avril 1917 et à l’Empire austro-hongrois le 7 décembre de la même année. Aujourd’hui, un autre projet, tout aussi ambitieux, vient d’être conçu en Chine ; on l’appelle, en anglais, « One Belt, One Road » (une ceinture, une route). Les dirigeants chinois l’ont présenté à la communauté internationale en 2013.

Le Président Wilson avait annoncé l’imminence du « paradis sur Terre » mais on ne l’a jamais vu advenir. Bien au contraire, cent ans plus tard, l’Union Européenne est un fortin assiégé, où des foyers d’incendie se sont allumés de l’intérieur. De plus, elle est entourée de pays, comme la Libye, le Yémen, la Syrie, l’Irak ou encore l’Ukraine qui, tous, sombrent dans le chaos et se couvrent de ruines. La France a dû déclarer l’état d’exception et même l’état de guerre et a réussi, en faisant jouer l’article 42.7 du Traité de Lisbonne, à réclamer pour elle le devoir d’assistance, ce qui implique que l’Allemagne devrait, le cas échéant, entrer en guerre contre les bandes de mercenaires sunnites en Afrique sahélienne.

Ensuite, le modèle libéral d’une économie de marché est, lui aussi, en mille morceaux. L’économie réelle de l’Occident a été remplacée par une économie spéculative et virtuelle ayant aboli toutes frontières et se basant uniquement sur la planche à billets, ce qui a pour conséquence inévitable que tout cela se terminera par une bulle financière et par un crash.

La Chine, désormais deuxième puissance économique du globe, est une nation porteuse d’une civilisation très ancienne. La profondeur temporelle de son histoire fait qu’elle a aisément perçu les problèmes et proposé une solution à la communauté internationale : elle l’a invitée à participer à une initiative d’industrialisation qu’elle a baptisée « One Belt, One Road ». Cette initiative a pour but de développer un réseau d’infrastructures, actuellement manquant, grâce à des fonds récoltés sur le travail quotidien d’une vaste économie réelle et non spéculative. Le développement de ce réseau d’infrastructures vise pour l’essentiel à organiser des régions laissées jusqu’ici pour compte, surtout à l’intérieur des vastes zones continentales (enclavées). Celles devront, dans l’avenir, être mieux et plus étroitement reliées entre elles et, par le truchement d’une troisième révolution industrielle, recevoir les impulsions nécessaires à assurer leur croissance. Il s’agit, en fait, de réactiver un projet antique et médiéval, celui de faire fonctionner la fameuse « Route de la Soie », cette fois avec les moyens techniques de notre époque. Les régions enclavées et laissées pour compte devront être reliées entre elles par des corridors économiques garantissant leur croissance. De nouvelles zones industrielles verront alors le jour. Le premier pas dans ce grand réaménagement de la planète prévoit de créer un nouveau réseau de communications en Eurasie, composé de six grands corridors terrestres puis d’impliquer l’Afrique et les deux Amériques dans le projet par une « Route de la Soie maritime », projet spécifique au 21ème siècle. Soixante-quatre pays se sont joints à la Chine pour rendre cette initiative possible.

Paul F. RAICHMANN.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°26/2017 – http://www.zurzeit.at ).

samedi, 19 août 2017

Les Etats-Unis et la nouvelle « Route de la Soie » chinoise

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Les Etats-Unis et la nouvelle « Route de la Soie » chinoise

Entretien avec le prof. Wang Yiwel sur le « Forum Route de la Soie » et sur le désintérêt de Merkel et de la RFA pour ce projet

Propos recueillis par Paul F. Raichmann

Q.: A la mi-juin 2017, la Chine a organisé à Beijing le « Forum Route de la Soie » (en anglais : « Belt & Road Forum » ou BRF). Vingt-neuf chez d’Etat et/ou leurs représentants, venus de 130 pays, y ont participé. Quels succès ce Forum a-t-il pu engranger ?

WY : Beaucoup. Il faut comparer ce projet à une bourse qui émettrait des actions de pointe et qui intéresserait la majorité des participants : car cette initiative ne signifie pas seulement que l’on va réactiver l’ancienne Route de la Soie mais que l’on va aller bien au-delà. En effet, ce ne sont pas seulement des représentants des pays riverains qui sont venus participer au Forum mais aussi des représentants de pays sud-américains, européens et africains. L’initiative est donc un projet global. Elle permettra d’atteindre les objectifs que les Nations Unies se sont fixés pour 2030 pour accéder à un développement durable. L’initiative BRF est un projet global, inclusif, équilibré et procurera des avantages au monde entier. Elle offre une plateforme de coopération visant à surmonter les obstacles de la fragmentation du monde. Elle répond aux problématiques qui affectent encore bon nombre de pays très différents les uns des autres, ce qui souligne sa grande importance. Elle permettra à la Chine de procéder à des échanges avec des pays en voie de développement permettant à terme d’y augmenter le niveau de vie, d’y lutter contre la pauvreté. La construction d’infrastructures jouera un rôle-clef.

Q.: Comment expliquez-vous l’intérêt fort mitigé du gouvernement allemand actuel, vu que la chancelière était absente à la conférence de Beijing ?

WY : Madame Merkel n’a pas participé parce qu’elle préparait le sommet du G20 et les élections prochaines pour le Bundestag. Mais, tout naturellement, l’Allemagne et l’Europe (représentée par l’Allemagne) cherchent à réaliser plusieurs critères via l’initiative. Dans le processus de globalisation, l’Allemagne cherche à respecter des règles fixes, tandis que la Chine cherche à lancer de nouveaux développements et des dynamiques : cette différence d’approche crée des contradictions et des conflits. Or l’initiative ouvrira bien des possibilités à l’industrie allemande et intéressera bon nombre d’autres pays qui cherchent à se réorienter vers l’Est et veulent coopérer avec la Chine. Quoi qu’il en soit, l’Allemagne a envoyé une délégation spéciale à Beijing.

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Q.: Avant l’accession de Donald Trump au pouvoir à Washington, l’Union Européenne cherchait à formuler des législations contre un soi-disant dumping et contre des pratiques commerciales douteuses, législations qui visaient clairement la Chine. Quelle est la position de la Chine face à ces reproches venus d’Occident ? La Chine voit-elle aujourd’hui un changement d’attitude de l’Union Européenne depuis que des frictions opposent entre eux les partenaires atlantiques ?

WY : Il existe effectivement des contradictions entre les conceptions et les intérêts du Président Trump et ceux de l’Europe.  Je voudrais rappeler aux Européens que la Communauté atlantique offre certes des opportunités mais l’Eurasie aussi. Les pays européens n’ont pas intérêt à négliger les opportunités qu’offre l’option eurasienne. Il ne faut pas oublier que les Etats-Unis, naguère, se sont, eux aussi, tournés vers l’Asie et s’intéressent à la nouvelle initiative chinoise. Les Américains estiment que celle-ci est utile pour créer des infrastructures et pour amorcer des exploitations, toutes bonnes pour le développement économique. Les Etats-Unis espèrent que leur participation au projet BRF leur permettra d’influencer l’organisation de cette nouvelle Route de la Soie. Le Japon, à son tour, et l’Europe pensent, au fond, dans les mêmes termes.

Q.: Comment l’initiative de la Route de la Soie peut-elle raviver l’économie globale et, simultanément, contribuer à l’émergence d’un monde multipolaire et équilibré ?

WY : Selon la planification choisie pour l’initiative, celle-ci devrait augmenter l’ampleur du commerce mondial à 2,5 trillions de dollars américains, en l’espace de dix ans. C’est une contribution importante à la globalisation. Avant la crise financière globale, les taux de croissance du commerce était deux fois plus important que ceux de l’économie mondiale. Après la crise, ils étaient inférieurs. L’initiative, que nous prônons, ne peut que favoriser le commerce. Elle attirera des accords de libre-échange et favorisera les investissements dans les infrastructures et dans d’autres projets. Les liens créent la croissance commerciale. Ces liens infrastructurels sont un modèle nouveau pour la globalisation. Ils pourront stimuler deux ou trois fois plus l’économie mondiale que le simple artifice consistant à abandonner les tarifs.

Q.: Ce « projet du siècle » qu’est l’initiative BR semble plutôt taillé à la mesure des grands consortiums ou des entreprises étatisées. En Europe centrale, ce sont 20 .000 petites et moyennes entreprises qui forment l’épine dorsale de l’économie. Ces entreprises sont indépendantes et ne partagent pas le pessimisme de leurs gouvernements et des médias. Mais elles pourront éprouver des difficultés à se joindre à cet immense projet. Que proposez-vous pour encourager les petites et moyennes entreprises d’Europe centrale à résoudre leurs problèmes, à sortir de l’enlisement favorisé par les politiques et les médias ?

WY : Exact : les PPP (Public and Private Partnership), c’est-à-dire les grandes entreprises et les entreprises d’Etat y joueront des rôles moteurs. Mais Chinarail Express vise à inclure les petites et moyennes entreprises dans l’initiative BR. Voici comment pourraient se dérouler les choses : les grandes entreprises et les entreprises d’Etat vont dans un premier temps développer les infrastructures ; ensuite viennent les corridors économiques reliant les zones industrialisées. C’est là que les petites et moyennes entreprises vont découvrir mille et une possibilités.

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Q.: Quel danger le terrorisme peut-il représenter pour l’initiative BR ?

WY : Les autorités chinoises suivent la question avec toute l’attention voulue : comment, se demandent-elles, les liens de communications nouveaux pourront-ils favoriser les déplacements des terroristes en direction de la Chine. A court terme, le danger est de voir s’infiltrer des éléments indésirables via les corridors. Il faudra instaurer des contrôles d’identité pour freiner ces infiltrations. Mais, à long terme, l’exploitation d’infrastructures modernes et l’amélioration des communications contribueront à la sécurité de tous et faciliteront la lutte contre le terrorisme.

(entretien paru dans « zur Zeit », Vienne, n°26/2017, http://www.zurzeit.at – propos recueillis par Paul F. Raichmann).

Le Professeur Wang Yiwei est considéré en Chine comme l’un des principaux experts des nouvelles « Routes de la Soie », si bien qu’il y a récolté le sobriquet de « Mr. Belt & Road ». Il enseigne à l’école chinoise des hautes études internationales et est le directeur de l’institut des relations internationales ainsi que du Centre des études européennes. Il était auparavant diplomate de la mission chinoise auprès de l’UE (2008-2011) et professeur au centre des études américaines à l’Université Fudan (2001-2008).  

jeudi, 10 août 2017

Le BRICS est loin d'être mort

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Le BRICS est loin d'être mort

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous étions de ceux qui regrettaient l'apparente mise en sommeil du BRICS depuis quelques mois. Cette structure est de première importance pour contrer l'influence du dollar et des intérêts américains dans les cinq importants pays concernés, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.

 Mais des tensions étaient apparues, que nous avons relatées, entre certains de ses membres, la confrontation entre l'Inde et la Chine au Tibet (Doklam standoff) pouvant être la plus ravageuse. Plus généralement les projets chinois de Nouvelle Route de la Soie inquiètent l'Inde et dans une certaine mesure la Russie. Elles y voient une porte ouverte aux importations chinoises, qui ne fonctionnera pas dans le sens de leurs exportations vers la Chine.

Par ailleurs, le Brésil est redevenu une quasi colonie américaine avec le renversement des président(e) Lula et Roussef sous l'influence de ceux des intérêts brésiliens acquis depuis toujours à Wall Street et Washington.

Enfin, la Nouvelle Banque de Développement, lancée par le Brics il y a deux ans, n'a jamais recueilli suffisamment d'épargne en monnaie chinoise (renminbi) ou en rouble pour concurrencer les dollars de la Banque Mondiale.

Cependant, en coulisse, des négociations se sont poursuivies entre les membres du BRICS pour continuer à progresser dans une coopération où chacun trouvera son intérêt. C'est ce que vient de montrer la réunion à Shanghai des ministres du commerce des cinq pays.Voir http://french.china.org.cn/business/txt/2017-08/01/content_41329445.htm. Ils ont convenu de s'accorder sur un ambitieux programme de coopération en matière d'investissement, de commerce, de protection de la propriété industrielle. Le ministre du commerce chinois Zhong Shan, le premier intéressé, évidemment, a parlé d'un “franc succès” . La coopération en matière d'investissement entre la Chine et le Brésil, décidée malgré les oppositions américaines, en a été la preuve la plus visible.

Mais Zhong Shan a fait l'unanimité en promettant que la Chine s'ouvrirait dorénavant aux importations des autres membres du BRICS vers son marché de consommation. Restera évidemment à voir ce qu'il en sera effectivement. On notera que ces importations la dernière année auraient augmenté de quelques 35% .

Les pays membres de la zone dollar, dont en premier lieu l'Europe, auraient intérêt à se méfier.. Chaque membre du BRICS exerce une influence prépondérante dans des zones spécifiques d'influence : la Russie en Eurasie, le Brésil au Mercosur, l'Inde dans la South Asian Association for Regional Cooperation, l'Afrique du Sud dans la South African Development Community. La Russie et l'Inde sont par ailleurs membres actifs, avec la Chine, de l'Organisation de Coopération de Shanghaï. Nécessairement, les Etats européens, en premier lieu l'Allemagne et dans une certaine mesure la France,, ne voudraient pas être exclus du vaste ensemble en train de se mettre en place.

Les « sanctions » que veulent imposer les Etats-Unis aux pays coopérant en dollars avec la Russie et dans une certaine mesure la Chine, ne feront que précipiter la mise en place d'un nouvel étalon de change, probablement un mix entre le rouble et le renminbi.

Jean Paul Baquiast

mardi, 01 août 2017

La guerre froide du gaz et les inacceptables sanctions des États-Unis contre l’Europe!

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La guerre froide du gaz et les inacceptables sanctions des États-Unis contre l’Europe!

Marc Rousset

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

Que ne feraient pas les États-Unis pour exporter leur gaz de schiste nouveau et contrer la puissance stratégique de la Russie aussi bien en Europe qu’au Moyen-Orient !

Le russe Gazprom (Газпро́м) veut construire un nouveau gazoduc (Nord Stream 2) de 9,5 milliards d’euros dans la Baltique, qui augmenterait d’un tiers en 2019, soit de 55 milliards de m3, le gazoduc sous-marin Nord Stream 1 déjà existant entre Vyborg (Выборг, Russie) et Greifswald (Allemagne).

Suite à l’opposition de l’Ukraine et de la Pologne, dont les gazoducs continentaux Yamal et Brotherhood passant par leurs territoires sont court-circuités, Gazprom a été amené à être le seul actionnaire du projet. Le français Engie, les allemands Uniper (ex-E.ON) et Wintershall (BASF) ainsi que l’anglo-néerlandais Shell ont décidé d’être seulement des financiers à hauteur de 10 % chacun, et non plus des actionnaires, ce qui était initialement prévu. Nord Stream, passant sous la mer, échappe à la juridiction de Bruxelles ; les Allemands considèrent ce projet comme strictement commercial.

Mais le 15 juin 2017, le Sénat américain a décidé, au grand dam de l’Europe, d’envisager des sanctions contre les entreprises européennes « du fait des effets préjudiciables de Nord Stream 2 sur la sécurité énergétique européenne ». Bref, l’Amérique est plus royaliste que le roi Europe, alors qu’il s’agirait bien au contraire de diminuer la sécurité énergétique de l’Europe et de nous obliger à acheter du gaz de schiste américain transporté sous forme liquéfiée à partir des États-Unis jusqu’à des ports terminaux européens. À noter qu’aux États-Unis mêmes, l’idée d’exporter du gaz de schiste est considérée par l’Industrial Energy Consumers of America comme stupide car contribuant à augmenter la cherté du gaz dans les industries manufacturières porteuses de valeur ajoutée.
 
Selon Isabelle Kocher, directrice générale d’Engie, « il s’agit d’une ingérence spectaculaire et inacceptable dans les affaires européennes », après les sanctions financières des États-Unis contre BNP Paribas, Alstom et les contraintes imposées à Renault, PSA et Total pour investir en Iran. Cette implication est d’autant plus surréaliste, impérialiste et inacceptable que Nord Stream est un projet non américain avec des entreprises non américaines et un financement sans dollars américains.

L’Europe ne peut, au contraire, que se réjouir de diversifier son approvisionnement en gaz naturel pour 40 % en provenance de la Russie, pays frère continental européen, d’autant plus que la production chute au Royaume-Uni (mer du Nord) et au Pays-Bas.

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La folle agressivité américaine se comprend d’autant mieux que la Russie, suite à son intervention victorieuse en Syrie, est devenue le maître du jeu au Moyen-Orient pour le gaz en provenance du Qatar et d’Iran. Le projet « Turkish Stream » prévoit la construction en Turquie par la Russie de deux conduites d’une capacité de 15,75 milliards de m3 par an chacune, qui formeront un gazoduc sous la mer Noire, évitant encore une fois l’Ukraine, pour fournir l’Europe. Le Qatar a dû passer sous les fourches caudines russes et renoncer au projet initial « sunnite » évitant l’Irak, passant par l’Arabie saoudite et une Syrie non Bachar el-Assad. La Russie devient le pivot central pour que le gaz tant iranien que qatari transite vers l’Europe sans déposséder Moscou via le futur gazoduc russo-turc « Turkish Stream ». À quand une Europe européenne et enfin libre ?

Boulevard Voltaire cliquez ici

lundi, 31 juillet 2017

America Declares Economic War Against Europe

Ex: http://www.ronpaulinstitute.org

On Friday night, July 28, US President Donald Trump said that he would sign into law the increased economic sanctions (passed by 98-2 in the Senate and 419-3 in the House) against any business that is declared to have "knowingly provided goods or services... for construction, modernisation, or repair of Russia’s energy export pipelines."

Russia is the largest energy-supplier to the world’s largest energy-market, which is Europe, or the EU. The biggest proportion of that trade is in Europe’s main source of energy, which is gas, which is pipelined into Europe from Russia. So: those pipelines are vitally important not only to Russia’s economy but to Europe’s.

President Trump had gotten Congress to agree to limit the application of this provision only to "The President, in coordination with allies of the United States, may impose five or more of the sanctions described in section 235 with respect to a person if the President determines that the person knowingly, on or after the date of the enactment of this Act, makes an investment described in subsection (b) or sells, leases, or provides to the Russian Federation, for the construction of Russian energy export pipelines, goods, services, technology, information, or support."

But the new law still does include "SEC. 232. SANCTIONS WITH RESPECT TO THE DEVELOPMENT OF PIPELINES IN THE RUSSIAN FEDERATION." That Section punishes "Goods, services, technology, information, or support described in this subsection are goods, services, technology, information, or support that could directly and significantly facilitate the maintenance or expansion of the construction, modernization, or repair of energy export pipelines by the Russian Federation." That includes the crucial Nord Stream pipeline, which is maintained by Russian and German companies to transport gas from Russia to the EU.

US firms have thus now gotten their stooges in Congress to punish European and Russian companies that will be determined by "The President, in coordination with allies of the United States," to be working together in these ways, to get Russia’s gas to Europe’s markets.

North Stream, or Nord Stream, as Wikipedia says:
has an annual capacity of 55 billion cubic metres (1.9 trillion cubic feet), but its capacity is planned to be doubled to 110 billion cubic metres (3.9 trillion cubic feet) by 2019, by laying two additional lines.[5] Due to EU restrictions on Gazprom, only 22.5 billion cubic metres (790 billion cubic feet) of its capacity is actually used.[6] The name occasionally has a wider meaning, including the feeding onshore pipeline in the Russian Federation, and further connections in Western Europe.
So, already, the US oligarchs have greatly reduced the effectiveness of this enormous European and Russian investment, and this is already war by the US oligarchs (and their congressional agents) against both Europe and Russia; but, the new sanctions aim to go even further to absolutely cripple Europe and Russia.

President Trump is to be credited for having weakened this provision to such an extent that it will be virtually meaningless; but, the intention of the oligarchs who control the US, to force Europe to buy from them, and from their allied Saudi, UAE, Kuwaiti, and the other royal fundamentalist Sunni Arab families, is clear.

Other highlights from this new US law are well summarized in the July 28 article from Zero Hedge, "Trump Confirms He Will Sign Russia Sanctions Bill." The biggest concession that Trump made was to allow that this new law, "H.R.3364 - Countering America's Adversaries Through Sanctions Act," "Codifies existing US sanctions on Russia and requires Congressional review before they are lifted." This is an Executive-Legislative agreement (an agreement between the President and Congress), but the US Constitution doesn’t include any provision allowing an Executive-Legislative agreement to violate the Constitution; and there are a number of provisions in the US Constitution that H.R.3364 might be determined by courts to be violating. This is presuming, of course, that key judges cannot be bought-off.

When a country is being ruled by its oligarchs, anything that the nation’s Constitution says, can be viewed as little more than an impediment, not any outright ban, because the actual Constitution, in any such country, is whatever they want it to be. Just how bad the US government has become, can’t yet be determined, but might become clear fairly soon.

Reprinted with permission from the Strategic Culture Foundation.

vendredi, 14 juillet 2017

The Silk Roads of Faith

Frankopan begins his journey not with trade in goods but trade in faith.  Buddhism, Hinduism, Jainism, Manichaeism, Zoroastrianism, Judaism, Christianity (of more than one flavor), and eventually Islam (of more than one flavor) all come into play in this journey, and not always in a peaceful way.

As early as the third century B.C, Buddhist principles could be found as far to the east as Syria, with a Jewish sect in Alexandria, Egypt known as Therapeutai bearing unmistakable similarities to Buddhism.  In central Asia, forty Buddhist monasteries ringed Kabul.  Noted a visitor:

“The pavement was made of onyx, the walls of pure marble; the door was made from moulded gold, while the floor was solid silver; stars were represented everywhere one looked…in the hallway, there was a golden idol as beautiful as the moon, seated on a magnificent bejeweled throne.”

The first four centuries of the first millennium saw the explosion of Christianity and “a maelstrom of faith wars.”  Persia, the leading power during the rise of the Sasanian dynasty, was Zoroastrian, persecuting other religions and sects.

The story of the spread of Christianity from Palestine to the west is well known; the spread of Christianity to the east was far more remarkable and extensive.  Christianity was brought in through the trade routes, as well as through the deportations of Christians from Syria.  It was a Christianity with a communion different than that to be found in Rome.  This difference would prove to play a key role in the not too distant future. 

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Evangelists reached north into Georgia, reaching a large community of Jews who converted.  There were dozens of Christian communities along the Persian Gulf and as far to the east as today’s Afghanistan.  As the influence of Christianity increased, the persecution by the Zoroastrian Persians followed suit.  For the leaders of the non-Persian minorities, Christianity was seen as a way to break free of the empire.  It was seen this way by the Persians as well.

Precisely how and when rulers in the Caucasus adopted Christianity is not clear.  One example regarding this should suffice, regarding the conversion of the Armenian King Tiridates III at the start of the fourth century:

…according to tradition, Tiridates converted after turning into a pig and roaming naked in the fields before being healed by St. Gregory, who had been thrown into a snake infested pit for refusing to worship an Armenian goddess.  Gregory healed Tiridates by causing his snout, tusks and skin to fall off before baptizing the grateful monarch in the Euphrates.

Way better than the story of Constantine, who looked up in the sky and saw a cross-shaped light.

Constantine’s conversion was a blessing to Christians of the west; it led to a disaster for Christians in the east.  While Christianity was not made a state religion, Constantine did declare himself the protector of Christians wherever they lived – even outside of the Roman Empire.

To the Persians, he presented himself as speaking on behalf of these eastern Christians.  From here on, every conversion was seen as an act of war.  In order to protect these eastern Christians, Constantine planned his attack on Persia; he was going to bring about God’s kingdom on earth.  As noted Aphrahat, head of a key monastery near Mosul, “Goodness has come to the people of God…the beast will be killed at its preordained time.”

Apparently this wasn’t the preordained time.  Unfortunately for these Christians, Constantine fell ill and died; Shapur II proceeded to unleash hell on the local Christian populations as payback for Constantine’s aggressions.  The list of martyrs was long.  It truly was a disaster for Christianity in the east.

Eventually the conflicts between Rome and the Persians settled down; the Persians secured key points on the routes of trade and communication.  Half of Armenia was annexed.  Both powers were faced with a new enemy coming from the steppes of Asia.

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Driven by famine attributed by the author to catastrophic climate change (too many cows?  Volkswagen diesels?), the tribes of the steppes were driven westward.  They drove refugees in front of them, clear to the Danube.  Persia was not spared this invasion, with attacks along the major cities of the Tigris and Euphrates rivers.  This drove Persia and Rome into a previously unlikely alliance.

A massive fortification was built by the Persians along a 125 mile stretch between the Caspian and Black Seas.  Thirty forts spanned this expanse; a canal fifteen feet deep protected the wall; 30,000 troops manned this barrier.  Rome made regular financial contributions in support of this fortification; further, they supplied a regular contingent of soldiers to defend it.

As far as Rome itself was concerned, it all came too late; in 410, the city was sacked.  The city that controlled the Sea which was considered to be the center of the world was conquered.  To the Christian men of Rome, this was God handing out punishment for man’s sinful ways; to others, it was a result of Rome’s turn to Christianity and away from its pagan roots.

This was a benefit to Christians in the east; Rome was no longer seen as a threat to Persia.  Constantinople had its own defenses from these hordes to worry about, so there was little threat from this quarter either.

This relative calm allowed for the various Christian sects, east and west, to work out the doctrine – turning the Gospels and letters into consistent practice, belief, action and governance; the perfect opportunity to turn Christianity into a unified church.

It didn’t work out this way.  Bishops against bishops, sects against sects, unsettled debates at the various councils, power politics, and excommunication freely offered.  To offer any meaningful detail would only make my head hurt.

While the church in the west was busy rooting out deviant views, the church in the east went on a missionary outreach to rival any other.  From the tip of Yemen to Sri Lanka, Christian communities could be found headed by clergy appointed from Persia.  The author suggests that even during the Middle Ages there were more Christians in Asia than in Europe.

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This outreach was made possible due to the tolerance shown by the Sasanian rulers of Persia – you might consider these the Constantines of the east.  The clergy would pray for the Shah’s health; the Shah would organize elections for the clergy.

It might be generally said that religious tolerance was shown throughout the region.  In Bamiyan, within today’s Afghanistan, two immense statues of Buddha stood – one as high as 180 feet.  Carved in the fifth century, they were left intact under later Muslim rule for 1200 years, ending only under the Taliban in 2001.

Others did not show as much tolerance.  While the Palestinian Talmud refers lightly to Jesus and His followers, the Babylonian Talmud takes a “violent and scathing position on Christianity.”  Converts to Judaism, according to one prominent rabbi, still had the evil in them until twenty-four generations have passed.

In the kingdom of Himyar, in the southwestern corner of the Arabian Peninsula, Jewish communities became increasingly prominent.  Judaism was adopted as the state religion; Christians faced martyrdom for their beliefs, after being condemned by a council of rabbis.

In any case, by around the middle of the seventh century, Christianity was generally on the march east, at the expense of Zoroastrianism, Judaism and Buddhism.

This period was to quickly come to an end.

Reprinted with permission from Bionic Mosquito.

vendredi, 07 juillet 2017

Was treibt die deutsche Politik ins Feindbild Russland?

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Was treibt die deutsche Politik ins Feindbild Russland?

von Karl Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Der deutsche Bundespräsident Frank-Walter Steinmeier hat sich in einem Interview mit der «Frankfurter Allgemeinen Zeitung» (16. Juni 2017) zum deutsch-russischen Verhältnis ge­äussert. Alle, die sich vom Bundespräsidenten ein Signal der Entspannung in den bilateralen Beziehungen erhofft hatten, wurden enttäuscht. Auch der Bundespräsident hat ins gleiche Horn geblasen wie der überwiegende Teil der deutschen Politik und Medien. Steinmeier rückte Russland mit Unterstellungen in ein schiefes Licht und sprach von einer zu erwartenden weiteren Abkühlung in den Beziehungen beider Länder. Wörtlich sagte er: «Käme es zu einer Einfluss­nahme Moskaus auf die Bundestagswahl, dann wird sich der Vorrat an Gemeinsamkeiten notwendigerweise weiter verringern. Das wäre für beide Seiten schlecht.» Und: «Wir haben nun anderthalb Jahrzehnte wachsender Entfremdung zwischen Europa und Russland hinter uns.» Heute suche Russland seine Identität eher in Abgrenzung zu Europa und zum Westen als in Gemeinsamkeiten. Und dann spricht er noch von der «Annexion» der Krim und von den militärischen Aktivitäten Russ­lands in der Ost-Ukraine, die alles zugespitzt hätten.

Viele Fragen bleiben unbeantwortet

Diese Äusserungen des deutschen Bundespräsidenten zeugen erneut von einer Denkungsart, die partout nicht zur Kenntnis nehmen will, dass die Tatsachen ein anderes Licht auf die Vorgänge werfen. Es ist wohl kein Zufall, dass Frank-Walter Steinmeier nichts Substantielles sagt, keine Fakten nennt und statt dessen auf Stimmungsmache setzt. Zu fragen ist zum Beispiel:

  • Wie soll «Moskau» Einfluss auf die Bundestagswahlen nehmen? Dass die russische Regierung eine eigene Meinung zu den verschiedenen Parteien und deren Kandidaten hat, ist ihr nicht vorzuwerfen. Dass sie insbesondere die politischen Kräfte in Deutschland, die den Konflikt mit Russland schüren, kritisch betrachtet, ebenso nicht. Dass deutschsprachige russische Medien wie Sputnik und rt deutsch ihr Recht auf Meinungsäusserungsfreiheit nutzen, ist selbstverständlich. Dass Wähler von «Moskau» aus «manipuliert» werden, entspringt wohl eher dem Menschenbild der Kräfte in Deutschland (und anderswo), die ihrerseits alles versuchen, um die deutschen Wähler zu beeinflussen. Die Idee, russische Hacker könnten in die geheimsten Daten der Parteien und Kandidaten eindringen und durch deren Veröffentlichung die Wahlen beeinflussen, ist bemerkenswert. Gibt es vielleicht wichtige politische Informationen über Parteien und Kandidaten, die nicht ans Tageslicht kommen sollen? Das macht einen als Wähler doch eher neugierig …

Soll Russlands Regierung noch danke sagen zum Feindbild Russland?

  • Mit Blick auf die tatsächlich wachsende Entfremdung: Wäre es nicht vernünftig, auch einmal auf den eigenen Anteil an dieser Entfremdung zu schauen? Seit Beginn des Jahrhunderts haben der jeweilige russische Präsident und die russische Regierung immer wieder Signale an die anderen Staaten Europas und auch ganz speziell an Deutschland gesendet, die in Richtung mehr Beziehung und mehr Kooperation gingen. Die Reaktionen darauf waren zwiespältig. Einerseits hat der Rest Europas, insbesondere Deutschland, versucht, gute Geschäfte mit Russland zu machen. Auch sind Foren des Gedankenaustausches wie der «Petersburger Dialog» oder das «Deutsch-Russische Forum» entstanden. Zugleich aber hat sich die Nato in Richtung russischer Grenze vorgeschoben, die EU hat die Nachbarn Russlands enger an sich binden wollen und – die Ukraine ist nur ein Beispiel dafür – dabei zugleich versucht, die besonderen Beziehungen der westlichen Nachbarn zu Russland auszuhöhlen. Und was die Foren betrifft: Aus westlicher Sicht gab es keinen gleichwertigen Austausch auf Augenhöhe; statt dessen sollte Russland «verwestlicht» werden. Was das bedeutet, hatten die Menschen in Russland während der Jelzin-Ära erlebt und erlitten. Ist es da so verwunderlich, dass die russische Politik immer mehr einen eigenständigen Weg sucht und nicht noch danke sagt zum Feindbild Russland?

Was passierte tatsächlich auf der Krim und in der Ukraine?

  • Warum werden beim Blick auf die Krim und die Ukraine die Tatsachen ausgeblendet? An der Zuspitzung seit dem Herbst 2013 hatten die EU-Staaten und auch hier insbesondere Deutschland einen massgeb­lichen Anteil. Als deutscher Aussenminister war Frank-Walter Steinmeier zwar im Februar 2014 aktiv an einem Versuch beteiligt, einen verfassungsmässigen Übergang der Regierungsgewalt in der Ukraine zu bewerkstelligen, aber die getroffene Vereinbarung war einen Tag später nur noch Makulatur, und es kam zu einem verfassungswidrigen Sturz der Regierung. Dagegen hat der deutsche Aussenminister, der ja Mitunterzeichner der Vereinbarung war, nichts unternommen, obwohl ihn der russische Aussenminister eindringlich dazu aufgefordert hatte. Im Gefolge des ukrainischen Staatsstreiches und der offenen Feindseligkeit der neuen Regierung nicht nur gegen Russland, sondern auch gegen die mit Russland sympathisierenden Bevölkerungsteile in der Ukraine hatten diese den Wunsch nach mehr Eigenständigkeit von Kiew – und auf der Krim mit grosser Mehrheit nach einer Mitgliedschaft in der Russischen Föderation. Die grosse Mehrzahl der Krim-Bewohner hatte und hat nicht den Eindruck, von Russland annektiert worden zu sein … und die völkerrechtliche Beurteilung der Vorgänge im Frühjahr 2014 fällt unterschiedlich aus.

Recht hat der deutsche Bundespräsident mit der Feststellung, dass eine weitere Verschlechterung der deutsch-russischen Beziehungen für «beide Seiten schlecht» wäre. Um so mehr stellt sich die Frage, warum die deutsche Politik und warum so viele deutsche Medien alles tun, damit sich diese Beziehungen weiter verschlechtern. Den Wünschen und Interessen der meisten Deutschen entspricht dies nicht. Aber was treibt die deutsche Politik ins Feindbild Russland?

Was «stört» wirklich an Russland?

Betrachtet man die Tatsachen, so kann es nicht der Inhalt der Unterstellungen gegenüber Russland sein. Die Tatsachen werden auch der deutschen Politik bekannt sein. Auch der deutsche Bundespräsident wird wissen, dass das Argumentarium beim Feindbild Russland nicht stimmt.
Ist es die deutsche Abhängigkeit von den Kreisen in den USA, die an einer Konferenz in Bratislava – der ehemalige Staatssekretär im deutschen Verteidigungsministerium Willy Wimmer erwähnt diese zurecht immer wieder – im April 2000 bekundet haben, sie wollten den europäischen Kontinent teilen und einen neuen «Eisernen Vorhang» hochziehen? Alles westlich dieser Grenzziehung sollte unter US-amerikanischem Einfluss stehen.
Mit 97 zu 2 Stimmen hat der US-Senat erneut verschärfte Sanktionen gegen Russland beschlossen und zugleich dem US-Präsidenten Trump untersagen wollen, von sich aus Sanktionen gegen Russland aufzuheben. In den USA hat das Feindbild Russland wahnhafte Züge angenommen – und dafür gibt es viele Gründe: Sie reichen vom inneramerikanischen Krieg des «tiefen Staates» gegen den amtierenden US-Präsidenten und seine politischen Ideen bis hin zu handfesten wirtschaftlichen Interessen, nicht zuletzt an den riesigen Rohstoffvorkommen Russlands.
Vor allem aber: Russland ist ein Vorreiter der Idee geworden, dass jedes Land über sein Schicksal selbst bestimmen soll und dass es der Menschheit nicht guttut, wenn ein Staat alleine oder gar eine Art von «Weltregierung» die Weltgeschicke bestimmen will.

Soll Deutschland wieder gegen Russland in Stellung gebracht werden?

Schon zweimal im 20. Jahrhundert hat sich Deutschland für verheerende Kriege gegen Russland beziehungsweise die Sowjetunion instrumentalisieren lassen. Soll Deutschland wieder – erneut gegen den Willen der Bevölkerung – gegen Russland in Stellung gebracht werden?
Gibt es Kräfte in Deutschland selbst, die davon profitieren wollen, dass sich das deutsch-russische Verhältnis immer weiter verschlechtert? Zugespitzt formuliert: Überall auf der Welt, auch in Deutschland, gibt es Kräfte, die von Konflikten (und Kriegen) profitieren – obwohl man auch mit Russland gute Geschäfte machen könnte. In den USA spricht man vom militärisch-industriellen Komplex, wenn von der ersten Gruppe die Rede ist.
Deutschland ist das Land Europas, in dem die Kräfte der kulturellen Zersetzung den grössten Einfluss haben: von der Gender­ideologie bis hin zur gezielten Verdummung und Atomisierung unserer Kinder und Jugendlichen. Diese Kräfte treibt eine erbitterte Feindschaft gegen alle Staaten und Völker, die kulturelle Substanz erhalten, pflegen und weiterentwickeln wollen. Die schärfsten ­Polemiken gegen Russland finden sich im deutschen Feuilleton.
Und so weiter, und so fort. Eine definitive Antwort muss noch offenbleiben.

Eigenständiges Denken wird überlebenswichtig

Um das zum Schluss zu klären: Der Verfasser dieser Zeilen ist deutscher Staatsbürger, das Schicksal seines Landes ist ihm ein grosses Anliegen. Er ist kein Sprachrohr der russischen Regierung, bekommt kein Geld aus Russland, wird von niemandem aus Russland gesteuert, sondern hat sich lediglich vorgenommen, eigenständig zu denken. Er weiss, dass der Konflikt mit Russland eine Sackgasse ist, die schon jetzt viele Opfer fordert. Er ist überzeugt davon, dass Deutschland mit Russland gut auskommen könnte, wenn die deutsche Politik den Willen dazu hätte. Er plädiert für Dialog statt Konfrontation. Er hält es mit dem ehemaligen Bundeskanzler Willy Brandt: «Der Frieden ist nicht alles, aber alles ist ohne den Frieden nichts.»    •

mercredi, 05 juillet 2017

Pourquoi cette attitude hostile de la politique allemande envers la Russie?

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Pourquoi cette attitude hostile de la politique allemande envers la Russie?

par Karl Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le président de l’Allemagne fédérale Frank-Walter Steinmeier s’est exprimé sur la relation germano-russe dans une interview accordée à la «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 16 juin 2017. Ce fut une déception pour tous ceux ayant espéré entendre un signal de détente dans ces relations bilatérales. Le président fédéral s’est exprimé très exactement comme la grande majorité du monde politique allemand et des médias du pays. Steinmeier a placé la Russie, par insinuations, dans une vision négative et a exprimé ses attentes de voir les relations se détériorer. Mot pour mot, il a dit: «Si la Russie devait prendre une influence sur les élections au Bundestag, on assisterait forcément à un recul de ce qui reste de commun. Ce serait négatif pour les deux côtés.» Puis, il a ajouté: «Depuis une quinzaine d’années, nous sommes confrontés à une aliénation croissante entre l’Europe et la Russie.» Aujourd’hui, la Russie semble chercher son identité plus en se séparant de l’Europe et de l’Occident qu’en recherchant des points communs. Il s’est également exprimé sur l’«annexion» de la Crimée et sur les activités militaires russes en Ukraine orientale qui auraient tout aggravé.

Il reste nombre de questions sans réponses

Ces affirmations du président fédéral démontrent à nouveau une manière de penser voulant à tout prix ignorer les faits offrant un autre regard sur les évènements concrets. Ce n’est certes pas par hasard que Frank-Walter Steinmeier ne présente rien de substantiel, ne cite aucun fait et se contente de propagande. On peut donc se poser les questions suivantes:

  • Comment «Moscou» peut-elle prendre quelque influence sur les élections parlementaires? On ne peut guère reprocher au gouvernement russe d’avoir son opinion quant aux différents partis et à leurs candidats. Pas plus qu’on ne peut lui en vouloir d’avoir un regard critique sur les forces politiques qui incitent au conflit. Il va de soi que des médias russes de langue allemande, tels Sputnik et rt deutsch, ont le droit d’utiliser la liberté d’expression. L’idée que des électeurs seraient «manipulés par Moscou» relève davantage d’une certaine image de l’homme prévalant dans certains cercles en Allemagne (et dans d’autres pays), qui eux-mêmes ne se gênent pas de tenter d’influencer les électeurs allemands. L’idée que des pirates informatiques russes pourraient s’infiltrer dans les données les plus secrètes des partis et des candidats afin d’influencer les élections en les rendant publiques est remarquable. Est-ce possible qu’il existe des données et des informations politiques importantes sur les partis et les candidats ne devant pas être dévoilées? Voilà de quoi éveiller la curiosité des électeurs …

Le gouvernement russe doit-il, en plus, dire merci pour le cliché négatif qu’on présente de lui?

  • Vu la réelle aliénation actuelle, ne serait-il pas plus judicieux d’analyser quelle est notre propre part dans cette situation? Depuis le début du siècle, les présidents russes et leurs gouvernements ont régulièrement lancé des signaux aux autres Etats européens, et spécialement à l’Allemagne, proposant de renforcer des relations et d’opter pour davantage de coopération. Les réactions furent contradictoires. D’une part, le reste de l’Europe, notamment l’Allemagne, tentent de faire de bonnes affaires avec la Russie et on a créé des forums en vue d’échanges d’idées, tels que le «dialogue de Saint-Pétersbourg» ou le «Forum germano-russe». D’autre part, l’OTAN s’est rapprochée de la frontière russe et l’UE a tenté de lier à elle plus étroitement les voisins de la Russie – l’Ukraine n’en est qu’un exemple – et a en même temps tenté de saboter les bonnes relations des voisins occidentaux de la Russie. En ce qui concerne les forums, il faut préciser que du point de vue occidental, il n’y a jamais eu d’échanges sur un pied d’égalité; le but était d’«occidentaliser» la Russie. Le peuple russe a vécu ce scénario sous l’ère Eltsine et savait à quoi s’en tenir. Est-ce vraiment si surprenant que la politique russe ait cherché de plus en plus sa propre voie, sans dire merci pour l’entreprise de diabolisation effectuée à son égard?

Que s’est-il réellement passé en Crimée et en Ukraine?

  • Pourquoi occulte-t-on les faits lorsqu’on lance son regard sur la Crimée et l’Ukraine? Les pays de l’UE, et particulièrement l’Allemagne, ont une large responsabilité dans l’accentuation de la situation depuis l’automne 2013. Certes, le ministre des Affaires étrangères allemand de l’époque Frank-Walter Steinmeier fut très actif en février 2014 lors de la tentative de procéder à un transfert de façon constitutionnelle du pouvoir du pays en Ukraine, mais les accords obtenus furent rejetés le lendemain et remplacés par la chute anticonstitutionnelle du gouvernement. Le ministre allemand des Affaires étrangères, cosignataire de l’accord, n’entreprit rien dans ce domaine, alors même que le ministre russe des Affaires étrangères l’en pria instamment. À la suite de ce coup d’Etat en Ukraine et de l’attitude ouvertement hostile du nouveau gouvernement non seulement contre la Russie, mais aussi contre la partie de la population ukrainienne favorable à la Russie et souhaitant davantage d’indépendance de Kiev – et en Crimée, où la population largement russophone souhaitait un rattachement à la Fédération de Russie. La grande majorité des habitants de la Crimée n’ont nullement l’impression d’avoir été annexés par la Russie …, et les analyses au niveau du droit international des événements du printemps 2014 sont diverses.

Le président allemand a raison de constater qu’une nouvelle détérioration des relations germano-russes serait dommageable «pour les deux parties». On peut donc se demander pourquoi le monde politique allemand et tant de médias allemands s’efforcent d’envenimer ces relations. Cela ne correspond certainement pas aux vœux ou aux intérêts de la grande majorité de la population allemande. Alors pourquoi cette attitude hostile de la politique allemande envers la Russie?

En quoi la Russie dérange-t-elle?

Lorsqu’on s’en tient aux faits, il est évident que ceux-ci ne peuvent être considérés comme la véritable raison du dénigrement constant de la Russie. La politique allemande connaît aussi les faits. Le président allemand sait parfaitement que les affirmations avancées contre la Russie ne tiennent pas la route.
Serait-ce la dépendance allemande à certains cercles américains ayant déclaré – lors d’une importante conférence tenue à Bratislava en avril 2000 – vouloir scinder le continent européen et installer un nouveau «rideau de fer»? Puis, tout ce qui se trouverait à l’ouest de cette frontière serait sous la coupe des Etats-Unis.
Le sénat américain a promu à 97 voix contre 2 de nouvelles sanctions renforcées contre la Russie et a tenté d’interdire au nouveau président Donald Trump, la possibilité de les abroger. Aux Etats-Unis, la haine contre la Russie a pris des proportions démentielles – et il y a plusieurs raisons à cela: elles vont de la guerre interaméricaine, menée par l’«Etat profond» contre l’actuel président américain et ses idées politiques, jusqu’aux sérieux intérêts économiques, notamment pour les immenses ressources naturelles de la Russie.
Une autre raison repose sur le fait que la Russie est devenue pionnière dans la conception du droit de chaque pays de décider lui-même de son destin. En effet, il n’est pas de bon augure pour l’humanité qu’un seul pays tels les Etats-Unis, ou bien une sorte de «gouvernement mondial», puisse décider du destin du monde.

Veut-on préparer un affron­tement de l’Allemagne contre la Russie?

Par deux fois au cours du XXe siècle, l’Allemagne s’est laissée embarquer dans des guerres dévastatrices contre la Russie ou plutôt l’Union soviétique. Veut-on à nouveau préparer un affrontement de l’Allemagne contre la Russie – à nouveau contre la volonté des populations allemandes?
Y a-t-il en Allemagne même des forces voulant profiter de la dégradation des relations entre les deux pays? Partout dans le monde, y compris en Allemagne, il y a des forces profitant des conflits (et des guerres) – alors même qu’on pourrait aussi faire de bonnes affaires avec la Russie. Lorsqu’on parle du premier groupe aux Etats-Unis, on évoque le complexe militaro-industriel.
L’Allemagne est le pays en Europe, où les forces destructives de la culture profitent de la plus grande influence: allant de l’idéologie du genre jusqu’à l’abêtissement voulue et l’atomisation individuelle de nos enfants et adolescents. Ces forces sont les ennemis jurés de tous les Etats et les peuples voulant préserver, soigner et développer leur substance culturelle. On trouve la plus forte hargne envers la Russie dans les pages culturelles (Feuilleton) des grands journaux allemands.
Et ainsi de suite – il faudra patienter pour obtenir une réponse définitive.

La pensée individuelle est de première importance

En guise de conclusion: l’auteur de ces lignes est citoyen allemand et il est très préoccupé du sort de son pays. Il n’est pas porte-parole du gouvernement russe, ne reçoit aucun subside de Russie et n’est dirigé par personne. Il a simplement décidé de se fier entièrement à sa pensée individuelle. Il sait que le conflit avec la Russie ne peut que mener dans l’impasse et qu’il a déjà causé de nombreuses victimes. Il est convaincu que l’Allemagne peut s’entendre avec la Russie, si la politique allemande le veut bien. Il plaide pour le dialogue à la place de l’affrontement. Il honore les mots de l’ancien chancelier allemand Willy Brandt: «La paix, ce n’est pas tout, mais sans la paix, tout n’est rien.»    •

Comment les Etats-Unis ont réduit à néant les espoirs des Afghans

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Comment les Etats-Unis ont réduit à néant les espoirs des Afghans

A propos de l’histoire contemporaine du pays de l’Hindou Kouch

par Matin Baraki

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

hd. Il y a quelques semaines, un attentat faisant plus de 90 morts dans la capitale afghane de Kaboul a de nouveau épouvanté l’opinion mondiale. L’Afghanistan ne revient pas à une vie normale. Dans ce pays, la guerre continue et elle demeure quotidienne – à présent depuis déjà pratiquement 40 ans. Le texte ci-dessous de Matin Baraki, chercheur en sciences politiques et enseignant à l’Université de Marbourg, donne un aperçu des rapports historiques et politiques. Baraki, lui-même originaire d’Afghanistan, l’a quitté en 1974, rend compte des tentatives – depuis le début des années 1960 – de construction d’une démocratie dans le pays, de l’échec de ces tentatives et de la responsabilité des pouvoirs étrangers impliqués, notamment les Etats-Unis et leurs alliés.

Le 9 mars 1963, le roi Mohammad Saher annonça la démission de son Premier ministre, Mohammad Daud. Cela devait éviter au royaume d’Afghanistan une révolution venue de la rue. Il s’agissait d’une tentative de transformation partant d’une monarchie absolue pour aboutir à une monarchie constitutionnelle. La monarchie afghane s’était décidée, «à laisser au peuple l’entière liberté du choix de la forme sous laquelle il souhaitait voir s’exercer le gouvernement et l’administration». La population pouvait être sûre, «que nous irons jusqu’au bout dans le domaine des principes démocratiques et des réformes sociales. Nous voulons que notre peuple détermine son destin. Nous voulons que les partis politiques puissent y souscrire»1, soulignait-on du côté officiel.

Tentative de monarchie constitutionnelle (1964–1973)

Le 11 mars 1963, Mohammad Jossof, jusqu’alors ministre de l’Industrie minière et de l’Industrie, fut nommé nouveau ministre-président. Avec Jossof, des forces extérieures à la dynastie accédaient pour la première fois aux affaires gouvernementales tout en jouissant de la confiance du roi ainsi que de la classe dirigeante aristocratique. Dès sa première déclaration gouvernementale, le 28 mars 1963, Jossof annonça des réformes dans la politique du pays, dont l’élément essentiel devait être l’élaboration d’une nouvelle Constitution et d’une loi électorale. En septembre 1964, une Loyah Djergah (Grand Conseil) accepta le projet constitutionnel et le 1er octobre 1964, la nouvelle Constitution fut ratifiée par le roi.
Dans l’article 1 de la Constitution, il est dit: «L’Afghanistan est une monarchie constitutionnelle et un Etat unitaire indépendant et indivisible.» Soutenues par la Constitution, toutes les tendances politiques furent rendues publiques, ainsi que leurs programmes. Le 1er janvier 1965, les forces politiques d’orientation marxiste fondèrent en toute illégalité le Parti populaire démocratique d’Afghanistan (PPDA). Un an plus tard fut adoptée une loi sur les partis politiques. Le 30 avril 1963, Jossof, alors Premier ministre, avait déclaré que la seule solution valable pour l’Afghanistan était un système bipartite. Cela était dans l’intérêt d’un pouvoir exécutif stable et il fallait barrer la voie de la formation politique aux groupes minoritaires. Le parti au pouvoir devait être composé des partisans du roi et de ses proches pouvoirs, le second parti faisant fonction de «parti d’opposition», avec obligation de loyauté envers le roi.
Pour la première fois eurent lieu des élections législatives (du 10 au 25 septembre 1965) avec une forte participation populaire. Le 25 octobre 1965, lycéens et étudiants manifestèrent publiquement pendant le débat parlementaire sur la question de confiance au cabinet nouvellement formé et qui serait de nouveau sous la direction de Mohammad Jossof.
Leur protestation concernait la composition du cabinet Jossof au sein duquel on trouvait des personnalités réputées extrêmement corrompues telles Said Qasem Reschtia, le ministre des Finances. La police et l’armée réagirent par la force des armes envers les manifestants; selon les chiffres officiels, il y eut trois morts et plusieurs douzaines de blessés. Selon les informations diffusées par des observateurs indépendants, il y eut entre 20 et 30 morts parmi les lycéens et les étudiants.
Afin d’apaiser la situation, Jossof démissionna de ses fonctions de chef du gouvernement le 29 octobre 1965. Cela marque l’échec de la première tentative de démocratisation, connue comme la «révolution tranquille». Les neuf gouvernements qui se succédèrent jusqu’en avril 1978 ne parvinrent pas non plus à satisfaire mêmes les besoins élémentaires de la population.

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Le roi Saher («ombre d’Allah») est balayé (1973–1978)

Dans de nombreux domaines, l’Afghanistan se rangeait parmi les pays les moins développés et les plus pauvres du monde. C’était déjà à l’époque, selon les statistiques de l’ONU, le pays le plus sous-développé d’Asie.
Malgré l’aide au développement «néocolonialiste» accordée depuis des décennies par les nations occidentales – principalement les Etats-Unis et la RFA – la situation socio-économique s’était aggravée en Afghanistan d’année en année. A lui seul, l’endettement, résultant notamment de nombreux projets de développement partiellement aboutis ou carrément avortés,2 était en forte hausse au point que la situation générale devenait de plus en plus menaçante pour la monarchie.
La majorité de la population afghane vivait de toute façon déjà à la limite du minimum vital. La famine, dont furent victimes près de 1,5 millions de personnes suite à la période de sécheresse dévastatrice de 1971/1972, scella la fin du règne du roi Mohammad Saher. «Le temps approchait de prendre des décisions au sujet, soit de la révolution de ceux qui attendaient dans l’ombre […] soit des mesures radicales menant à une démocratie moderne. Il fallait que quelque chose se produise tôt ou tard venant de la monarchie, ou alors il y aurait quelque chose qui se passerait avec la monarchie.»3
Le 17 juillet 1973, les officiers appartenant au Parti populaire démocratique d’Afghanistan (PPDA) lancèrent un coup d’Etat contre la monarchie et portèrent au pouvoir Mohammad Daud (ministre-président de 1953 à 1963 et, en outre, beau-frère et cousin du roi). Cependant le gouvernement Daud ne mis en œuvre aucune des réformes qu’il avait promises dans son premier «discours à la nation». Sur le plan de la politique extérieure, il jeta par-dessus bord la politique traditionnelle de non-alignement de l’Afghanistan tout en intensifiant les relations avec le Shah d’Iran, le président égyptien Anwar Al Sadat, l’Arabie saoudite et le Pakistan.
En premier lieu, Daud exclut peu à peu toutes les forces de gauche de toutes les positions importantes et passa de plus au printemps 1978 à la répression ouverte contre la direction du PPDA. S’y ajoutèrent en outre le terrorisme politique islamiste et la terreur exercée par les services secrets dont étaient victimes des politiciens connus et des représentants du PPDA. Mir Akbar Chaibar, membre fondateur du parti et membre du bureau politique, fut assassiné en pleine rue le 18 avril 1978. En outre, Daud fit arrêter tous les membres de la direction du parti, à quelques exceptions près; ils devaient être liquidés.
Lorsqu’on annonça cette nouvelle aux actualités du soir à la télévision afghane, cela amena le 27 avril 1978 une révolte de l’armée contre le régime de Daud sous la conduite du parti PPDA et initia en conséquence un processus révolutionnaire (révolution d’avril).4 Les militaires libérèrent la direction de parti et lui transmirent le gouvernement de l’Etat: le secrétaire général Nur Mohammad Taraki fut nommé à la présidence du Conseil de révolution et ministre-président et Babrak Karmal son adjoint, ainsi qu’Hafisullah Amin ministre des Affaires étrangères. Ainsi échoua la deuxième tentative de démocratisation du pays de l’Hindou Kouch.

Afghanistan, un modèle à ne pas imiter (1978–1980)

Après la réussite de la révolte du 27 avril 1978, le gouvernement révolutionnaire entreprit des mesures de réforme comme la législation sur le mariage et le divorce (Décret no 7 du 17/10/78), la réforme agraire (Décret no 8 du 28/11/78) ainsi qu’un programme exhaustif d’alphabétisation, ceci afin de s’attaquer et casser les structures féodales et semi-féodales encore en place.5 Dès le début, le combat contre l’analphabétisme remporta un tel succès qu’en 6 mois près de 1,5 millions de personnes apprirent à lire et à écrire, ce pour quoi l’UNESCO décerna un prix à l’Afghanistan. Dans le pays tout entier, on organisa 27 000 cours de formation permanente auxquels participèrent en tout 600 000 personnes.6
De nombreuses erreurs furent commises dans le mouvement de réformes. Entre autres choses, on négligea de préparer la population aux mesures révolutionnaires, ce qui renforça la contre-révolution. Fin 1979, la situation du gouvernement était si désespérée qu’ils demandèrent l’aide militaire soviétique «afin d’empêcher l’Afghanistan de devenir un second Chili (putsch militaire contre le gouvernement Allende du 11/9/73).7 Le gouvernement afghan demanda au total 21 fois8 l’aide de l’Union soviétique, entre autres lors d’une conversation téléphonique le 18 mars 1979 entre N.M. Taraki et Alexej N. Kossygin, président du Conseil des ministres de l’URSS. 9
Avec l’engagement militaire soviétique à partir du 27/12/79, fondé sur le traité d’amitié soviéto-afghan du 5/12/78 et l’article 51 de la Charte de Nations-Unies, le conflit afghan s’internationalisa et fut attisé d’abord de façon occulte puis plus tard ouvertement par les plus grands pays occidentaux, y compris la RFA et ses alliés régionaux. A l’époque, le porte-parole du groupe parlementaire de la CDU/CSU au Bundestag, Jürgen Todenhöfer, plaida avec véhémence pour l’équipement et le réarmement des contre-révolutionnaires avec les armes les plus modernes et motiva sur place les fanatiques du combat et de la destruction de l’Afghanistan.
Les pays impérialistes se réjouirent tout haut d’avoir attiré l’Union soviétique dans un piège. Dans une interview pour le «Le Nouvel Observateur» Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller de sécurité du président américain Jimmy Carter (1977–1981), souligna: «Nous n’avons pas poussé les Russes à intervenir,10 cependant nous avons sciemment augmenté la probabilité qu’ils le fassent.»11
A partir de 1979, on lança contre l’Afghanistan «la plus grande opération secrète dans l’histoire de la CIA».12 Immédiatement après la révolution d’avril, sous la houlette des services secrets américains CIA et de son organisme-frère pakistanais, l’Inter Service Intelligence (ISI), on réorganisa environ 35 000 islamistes radicaux issus de 40 pays islamiques13 en puissantes organisations armées qui furent lâchées à l’attaque contre l’Afghanistan.14 Plus de 100 000 islamistes ont ainsi été directement influencés par la guerre contre l’Afghanistan.15 En 1985, la CIA a soutenu la contre-révolution afghane «avec un montant record de 250 millions de dollars».16 Cela constituait «plus de 80% du budget pour les opérations secrètes de la CIA».17 Selon le Spiegel, dans les dix premières années de la guerre civile en Afghanistan, les islamistes ont été officiellement armés pour «plus de deux milliards de dollars».18

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Il fallait absolument empêcher que l’Afghanistan devienne un modèle. Sinon les souverains de toute la région, depuis l’Iran – l’allié le plus proche des Etats-Unis – jusqu’aux potentats arabes despotiques, auraient été emportés par des tempêtes révolutionnaires. La révolution iranienne de février 1979 en fut un exemple patent: le Shah d’Iran, l’un des souverains les plus puissants de la région et, à côté de la Turquie – partenaire de l’OTAN – l’allié le plus important du monde occidental, fut chassé. Les Etats-Unis furent ensuite contraints de transférer leurs stations d’espionnage de la frontière soviéto-iranienne à la Turquie, de retirer près de 40 000 de leurs conseillers militaires et de fermer le siège de la centrale régionale de la CIA à Téhéran.19
Comme les efforts des autorités afghanes pour résoudre politiquement le conflit n’eurent aucun succès, elles décidèrent de capituler. La voie vers l’islamisation était ainsi aplanie et l’immense espoir de la population, détruit.

Début de l’islamisation (1992)

Le nouveau gouvernement formé autour du ministre des Affaires étrangères Abdul Wakil, Najmudin Kawiani, Farid Masdak (tous trois étaient membres du bureau politique) et l’ex-représentant et successeur de Najibullah, Abdul Rahim Hatef, avait décidé de transmettre le pouvoir aux contre-révolutionnaires le 27 avril 1992. Leur président en exil Sebghatullah Modjadedi devint ainsi le premier chef d’Etat de la République islamique d’Afghanistan.
Cependant les islamistes ne réussirent pas non plus à gouverner ensemble le pays, en raison d’intérêts politiques et économiques divergents. La paix, si ardemment souhaitée par le peuple, ne revint pas. Au contraire, la guerre continua avec une brutalité jusque là inégalée. L’opinion mondiale s’en apercevait à peine, mais «les dernières nouvelles de Kaboul, la capitale afghane faisaient en sorte que même la guerre civile en Bosnie-Herzégovine apparaissait presque comme un conflit inoffensif: 3000 à 4000 morts,20 200 000 réfugiés, une ville sans eau, ni électricité ou denrées alimentaires».21
Les grandes villes, au nombre desquelles Kaboul, furent réduites en ruines et en cendres. Des observateurs parlaient même de l’incinération de Kaboul.22 Cet échec historique des islamistes contredisait les intérêts stratégiques et politico-économiques de leurs commanditaires étrangers. Car de leur avis, un régime d’Afghanistan coopérant avec les Etats-Unis et le Pakistan devait réussir à créer des conditions de stabilité politique favorables à la conception du capital pakistanais et américain dans la région du Moyen-Orient – en particulier dans les républiques d’Asie centrale. C’est ainsi que cette situation donna naissance aux talibans dont les accoucheurs furent les Etats-Unis.

La talibanisation (1994)

Longtemps oublié de l’opinion mondiale et rétrogradé au stade d’«orphelin» de la politique mondiale23, l’Afghanistan redevint un sujet prépondérant pour les médias internationaux avec l’apparition des talibans en 1994, la prise de Kaboul le 27 septembre 1996, et leur politique fondamentaliste, extrêmement misogyne et hostile à toute forme de culture, laquelle culmina lors de la destruction des statues de Bouddha dans le Bamyan (Afghanistan central) début mars 2001.
La catastrophe du 11 septembre 2001 à Washington et New York aurait pu devenir un point d’inflexion pour l’Afghanistan, si la communauté internationale avait pris en considération non seulement les intérêts particuliers de certains pouvoirs déterminés, mais aussi ceux des Afghans. Bien que l’apparition publique des talibans ne date que de septembre 1994, ils étaient cependant déjà constitués en force militaire dans le nord-est de l’Afghanistan dès 1985/86, selon les informations recueillies auprès du général Aslam Beg, l’ancien chef d’état-major général du Pakistan. Ils étaient principalement passés par les «Madrasah», des écoles religieuses dispensant une formation fondamentaliste aussi bien militaire que religieuse. Olivier Roy, expert français de l’Afghanistan, avait, dès l’été 1984, pu observer l’action sur les fronts des talibans dans les régions du sud de l’Afghanistan, à Orusgan, Sabul et Kandahar.

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«Il s’agissait en principe de la transformation d’une Madrasah villageoise en un front militaire.»24 Ils recrutaient entre autres parmi les enfants issus des orphelinats en Afghanistan et dans les camps de réfugiés au Pakistan. Sous le commandement direct de l’armée pakistanaise et des services secrets de l’ISI, ils étaient utilisés selon les besoins dans divers groupes de moudjahidins. D’après le général Beg, les moudjahidins «ont été financés généreusement par les gouvernements du Pakistan et de l’Arabie saoudite et, éventuellement des Etats-Unis».25 Pour ce qui est de la décision d’utiliser les talibans en tant que formation militaire indépendante dans la guerre civile afghane, les motivations principales en étaient, selon ma propre estimation, les suivantes:

  1. Au printemps 1994, les chefs des groupes rivaux de moudjahidins en Afghanistan furent cités à comparaître devant la Commission des Affaires étrangères du Congrès américain lors d’un entretien à Washington. Les moudjahidins n’envoyèrent que leurs dirigeants secondaires ou ne répondirent simplement pas du tout à cette «invitation». On présenta aux chefs de moudjahidins présents un plan de réalisation d’un projet d’oléoduc qui aurait fait transiter par l’Afghanistan le pétrole et le gaz de l’Asie centrale – troisième réserve mondiale – jusqu’à l’océan Indien. C’est la raison pour laquelle les plus grands groupes pétroliers occidentaux avaient mené depuis 1990 une «lutte sans merci».26 Il fut donc demandé aux représentants des moudjahidins de conclure une entente dès que possible afin de ne pas retarder la réalisation du projet.27 Ils promirent alors à leurs interlocuteurs américains qu’ils désiraient résoudre le conflit afghan rapidement et pacifiquement – une promesse jamais tenue.
    Les talibans ne sont rien d’autre que le produit des intérêts économiques des Etats-Unis et de leurs alliés régionaux. L’échec historique des moudjahidins a vu la naissance des talibans en tant qu’unité tactique organisée et indépendante sur le théâtre des opérations d’Afghanistan.
    Sorties en apparence du néant, des unités militaires bien organisées, connues à présent sous le nom de talibans, attaquèrent en septembre 1994 la ville afghane de Kandahar à partir de leurs bases du Pakistan. C’était le début d’une nouvelle tentative de résolution militaire du conflit afghan, ayant la préférence des Etats-Unis et de leurs alliés régionaux. La mission historique des talibans telle qu’on la voyait alors, était d’occuper tout l’Afghanistan afin de créer les conditions favorables à la réalisation des projets économiques, politiques et idéologiques des Etats-Unis, du Pakistan et de l’Arabie saoudite. S’y rajoutait encore l’intérêt géostratégique spécifique du Pakistan envers le pays voisin. «Ce serait bien d’avoir un gouvernement fantoche à Kaboul qui contrôlerait le pays tout entier et serait favorablement disposé face au Pakistan»28 constata alors un stratège pakistanais.
  2. Gulbuddin Hekmatyar, le moudjahid favori des Etats-Unis et de leurs alliés dans le conflit afghan, était tombé en disgrâce à cause de ses discours anti-occidentaux et de son soutien au dictateur irakien Saddam Hussein pendant la deuxième guerre du Golfe, ainsi que son refus catégorique de retourner les missiles Stinger encore en sa possession et dont il avait reçu de grandes quantités des Etats-Unis. Il suscita même un affront direct envers les Etats-Unis en en vendant une partie à l’Iran.
  3. Le marché de l’Asie centrale était considéré comme le terrain privilégié des exportations pour les produits pakistanais. Cependant l’unique voie de transit pour y accéder passe par le territoire afghan. Après une rencontre avec des représentants des compagnies pétrolières saoudiennes et américaines, le ministre-président pakistanais Nawaz Sharif de l’époque invita impérativement les talibans à finaliser l’occupation totale de l’Afghanistan avant la fin de l’été 1997.29 Depuis longtemps, cela n’était plus un secret que des unités régulières de l’armée pakistanaise étaient associées aux opérations de combat amplifiant encore l’injonction de Nawaz Sharif, car «livrés à eux-mêmes, les talibans ne seraient pas capables de s’emparer d’un seul village».30
  4. Les Etats-Unis ainsi que l’Arabie saoudite voulaient endiguer l’influence idéologique de leur rival iranien en Afghanistan. Les groupes de moudjahidins s’étant ici aussi révélés incapables, ils devaient appuyer les talibans à leur place.

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La guerre des Etats-Unis dans l’Hindou Kouch (2001–jusqu’à?)

Le 5 décembre 2001, alors que la guerre américaine en Afghanistan était encore en cours, un gouvernement pour l’Afghanistan fut constitué, sous la responsabilité des Nations Unies, sur le Petersberg près de Bonn. Y étaient représentés des chefs de moudjahidins qui se connaissaient depuis plusieurs années de guerre civile. Les forces rassemblées étaient principalement celles qui avaient participé de façon décisive à la destruction de Kaboul durant laquelle plus de 50 000 civils avaient trouvé la mort. Le général ouzbek Abdul Raschid Dostum, le seul chef de milice séculaire d’Afghanistan n’avait pas été invité à cette conférence.
Parmi les observateurs internationaux, seuls étaient représentés les Etats-Unis avec 20 participants. Cette énorme présence laissait présager une influence déterminée du déroulement et du résultat des pourparlers. Les Etats-Unis s’imposèrent ainsi avec la nomination de Karsei au poste de ministre-président bien que ce dernier n’était pas présent au Petersberg, car il se trouvait sur un navire de guerre des Etats-Unis dans l’océan Indien.
La communauté internationale sous l’égide américaine parlait d’une «démocratisation» de l’Afghanistan, et pourtant elle portait au pouvoir des islamistes, des seigneurs de guerre et des criminels de guerre. C’était à présent la quatrième fois qu’étaient déçus les espoirs de paix durable et de démocratie de la population afghane meurtrie: 1) En 1989, après le départ des forces armées soviétiques, 2) suite à la prise de pouvoir des moudjahidins en 1992, 3) avec l’arrivée des talibans en 1994–1996, 4) avec l’expulsion des talibans en 2001. Ainsi la communauté internationale a non seulement gaspillé une autre chance d’aider l’Afghanistan sur la voie de la démocratisation, mais encore a dûment entériné l’échec d’une solution au conflit par la voie militaire.

Tentative d’intégration des talibans

Lors de la guerre d’Afghanistan, l’administration Bush avait présenté la destruction d’Al-Kaida sous la direction d’Oussama ben Laden et des talibans comme l’objectif direct de la guerre. Quand ils finirent par se rendre compte qu’on ne pouvait détruire les talibans aussi facilement qu’Al-Kaida et encore moins les éliminer d’Afghanistan, les stratèges occidentaux entreprirent alors de les différencier. Al-Kaida avait un agenda international, les talibans demeuraient à l’échelon national, c’était le nouveau mot d’ordre. C’est-à-dire que la lutte des talibans avait à présent un objectif national, de plus orienté uniquement contre les armées occidentales en Afghanistan. On devait donc tenter de les intégrer dans les structures politiques quasi-coloniales dans l’Hindou Kush. Pour mettre cette stratégie en pratique avec succès, il fallait avant tout renforcer la pression sur les talibans en les divisant et en éliminant physiquement certains des chefs locaux.
Les experts gouvernementaux auprès de la Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP) de Berlin plaidèrent pour un «‹coup fatal› à porter contre les instances dirigeantes des groupes de résistance afghans [Quetta-Shura, qui comprend les talibans, le réseau d’Haqqani et le Hezb-e Islami de Gulbuddin Hekmatyar] avec pour objectif d’affaiblir significativement l’opposition militante […]».31 Cela ressemblait à une incitation au meurtre, ce qui d’après le code pénal allemand (StGB § 26 Anstiftung) est interdit et condamnable: «L’instigateur est punissable de la même façon que l’auteur du crime, celui qui a intentionnellement incité un tiers à commettre un acte illégal avec préméditation.» En conséquence, l’instigateur devrait être condamné exactement comme l’auteur du délit lui-même.
Les exigences politiques et militaires des talibans devaient ultérieurement être présentées de telle manière qu’elles puissent être satisfaites.
Les stratèges occidentaux découvrirent alors les «talibans modérés» qui entrèrent en ligne de compte comme partenaires de négociations. En avril 2007, le chef du SPD de l’époque, Kurt Beck avait convoqué une conférence pour la paix pour l’Afghanistan, à laquelle tous les groupes importants de l’Hindou Kush, dont les talibans auraient dû participer. Cela ne mena nulle part. On continua néanmoins les négociations secrètes entre les diverses parties impliquées dans le conflit, avec plusieurs rencontres en Allemagne. C’est seulement six ans plus tard, le 18 juin 2013, que les talibans ouvrirent leur bureau de liaison à Doha, capitale du Qatar. C’est là que les islamistes, les Etats-Unis et le gouvernement afghan entreprendraient des pourparlers.
L’arrière-plan sous-tendant la volonté des Etats-Unis de conduire les négociations résidait dans le fait que pour ceux-ci la guerre était devenue trop chère. D’après les informations officielles, la guerre de l’Hindou Kouch, lorsqu’elle atteignit son paroxysme, coûtait 1,5 milliards de dollars par semaine. Pour cette raison, plus de 135 000 hommes appartenant aux troupes d’intervention des Etats-Unis et de l’OTAN devaient être retirées d’Afghanistan avant la fin 2014. Les occupants américains et leurs alliés avaient depuis longtemps fait leur deuil des paysages riants et autres augustes objectifs qui avaient été projetés pour l’Afghanistan en 2001 par l’Occident, comme par exemple la démocratie, les droits de l’homme, une bonne politique gouvernementale. «Aussi longtemps que les talibans renonceront à faire usage de leur souveraineté pour servir de base arrière aux terroristes internationaux, ils pourront y fonctionner et y agir à leur guise, firent savoir les Etats-Unis.»32 Les talibans suspendirent dans leur siège de Doha la bannière de l’«Emirat islamique d’Afghanistan» et cela, en tant que gouvernement parallèle, ce qui fut perçu comme un affront par l’administration de Kaboul. Jusque là les talibans avaient refusé toute discussion avec cette dernière, car ils considéraient Karsei comme une marionnette des Etats-Unis.

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A la fin des pourparlers, les talibans devaient être associés au gouvernement et ils auraient donc dû pour cette raison accepter la Constitution afghane de 2004. Les talibans se référèrent cependant à la Charia. C’est ainsi que l’échec des pourparlers de Doha fut rétrospectivement influencé par les exigences maxima des deux parties.
Au début de 2016, une nouvelle tentative fut entreprise pour ranimer en Afghanistan le processus de paix, qui était resté au point mort. Le 11 janvier, des représentants des gouvernements afghans, pakistanais, chinois et américains se rencontrèrent dans la capitale pakistanaise d’Islamabad afin d’élaborer un plan de paix pour le pays de l’Hindou Kouch. Suite à cela, Sartaj Aziz, conseiller en politique extérieure du gouvernement pakistanais, indiqua dans son discours d’ouverture qu’on devait proposer aux talibans des incitations pour qu’ils cessent d’utiliser la violence. «Nous ne devrions avoir aucune attente excessive» restreignait-il donc.33
Après des pourparlers secrets de plusieurs années, l’administration de Kaboul réussit à intégrer Gulbuddin Hekmatyar, criminel de guerre et chef du parti islamique afghan, dans les structures existantes de l’Afghanistan. Puisque son groupe n’a militairement joué plus aucun rôle au cours des dernières années, il ne s’agit donc que d’une opération à la signification psychologique et propagandiste.

La Chine et la Russie, nouveaux acteurs

Les tentatives de l’Occident d’intégrer également l’opposition armée regroupée sous la bannière des talibans ont échoué. «Les interventions de l’Occident ont été contreproductives», souligna, apparemment fâché, Khawaja Muhammad Asif, ministre pakistanais de la Défense34 en marge de la Conférence de sécurité de Munich de 2017. L’Occident est responsable des interventions militaires manquées en Afghanistan de même qu’en Irak, en Libye et en Syrie et de leurs conséquences, soulignait Asif, en ajoutant que dans l’Hindou Kouch, une coalition militaire internationale sous commandement américain avait «laissé derrière elle un réel chaos». Pour une résolution politique du conflit en Afghanistan et dans la région, une coopération régionale de pays tels que l’Afghanistan, le Pakistan, la Chine, l’Iran et l’Inde aurait des perspectives de succès.
Deux nouveaux acteurs, les gouvernements de la Chine et de la Fédération de Russie, essaient à présent en tant qu’intermédiaires neutres de trouver une solution politique. La Chine, étant considérée comme un partenaire stratégique du Pakistan, les talibans ont donné leur accord. La Russie participera également, étant acceptée comme intermédiaire neutre par toutes les parties. Fin décembre 2016, la Chine, la Russie et le Pakistan se sont mis d’accord pour retirer les représentants des talibans de la liste des sanctions établie par l’ONU. De cette façon, on peut encourager un dialogue apaisé entre l’administration de Kaboul et les talibans.
Alors que le gouvernement de Kaboul réagit avec réserve, les talibans saluèrent la proposition. Le porte-parole de l’OTAN à Kaboul, Charles Cleveland, déclara à Kaboul sur Tolo-TV que «l’engagement russe avec les talibans» lui causait des soucis.35 Cela donnait une légitimation aux talibans en tant qu’organisation. Cependant, souligna Cleveland, nous voulons renforcer le gouvernement de Kaboul.
Le gouvernement russe a cependant invité à nouveau à des pourparlers sur l’Afghanistan pour le 14 avril 2017 à Moscou, comme l’annonça le 18 mars 2017 Mohammad Hanif Atmar, expert pour la sécurité de la présidence de Kaboul à l’agence de presse Interfax. Pendant que l’administration de Kaboul envoyait un chef de service à Moscou, des représentants de la Chine, de l’Iran, de l’Inde et du Pakistan ainsi que de cinq ex-républiques soviétiques centrales-asiatiques étaient associés à la rencontre aux côtés d’experts de la Russie et de l’Afghanistan. Les Etats-Unis et les talibans y étaient invités eux aussi.36 Tous deux avaient refusé leur participation37, ce qui équivalait à un boycott. Les participants de la conférence appelèrent les talibans à des pourparlers de paix. Leurs dirigeants devaient s’écarter d’une résolution violente du conflit et entreprendre des pourparlers avec le gouvernement de Kaboul, disait-on le 14 avril 2017 au ministère russe des Affaires étrangères. De possibles pourparlers de paix pourraient avoir lieu à Moscou.
Au lieu de participer aux négociations de paix, l’armée américaine avait, à la veille de la Conférence de paix de Moscou, lancé une bombe à «16 millions de dollars»38 dans l’est de l’Afghanistan.39 «Cependant, lancer une bombe de 10 000 kg sur un groupe de terroristes légèrement équipés, c’est comme tirer au canon sur des moineaux.»40 Selon les premières estimations, 36 personnes désignées par l’armée américaine comme des combattants de l’Etat islamique avaient été tuées.41 D’après les informations du gouvernement régional, il y aurait eu au moins 94 morts, comme l’a relevé la Deutsche Welle.42 La population afghane considère ce bombardement massif comme un acte de vengeance de la part des Etats-Unis. En effet, quelques jours auparavant un soldat d’élite américain avait été tué durant les opérations dans cette même région.43

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L’Afghanistan pourrait avoir des perspectives d’avenir

Les facteurs extérieurs n’ont pas pu résoudre le conflit en Afghanistan. Au contraire, ils ont uniquement importés des intérêts étrangers en Afghanistan et ont ainsi détruit les solutions politiques.
Ce n’est qu’après 16 ans de guerre de l’OTAN, de destruction et de catastrophes humanitaires dans le Hindou Kouch que certains politiciens occidentaux, tel le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, réalisent que «les interventions militaires ont échoué et […] n’ont apporté aucune stabilisation».44 C’est la raison pour laquelle les populations quittent l’Afghanistan en grand nombre. Il est temps de laisser les Afghans de trouver une solution au conflit en Afghanistan et dans le sens des intérêts nationaux de l’Afghanistan.
La «Communauté internationale» mène depuis plus de 39 ans une guerre larvée et depuis quinze ans une guerre ouverte contre l’Afghanistan et a ainsi détruit en grande partie la structure sociale du pays: les infrastructures, les bases économiques, politiques et sociales sont désorganisées dans une telle mesure qu’il ne pourra y avoir dans l’avenir immédiat de société capable de fonctionner dans l’Hindou Kouch.
Sur la base de mes propres recherches sur le terrain et de nombreux entretiens avec la population issue des couches et des classes sociales les plus différentes en Afghanistan, je suis arrivé à la conviction qu’il est grand temps de réfléchir à des alternatives à la guerre de l’OTAN. 39 ans de guerre, c’est plus qu’assez. Nous devons sérieusement rechercher des voies nouvelles vers la paix. Les thèses suivantes pourraient servir de base de discussion:
1.    Armistice unilatéral et sans condition de la part d’OTAN, d’abord pour une durée d’au moins six mois.
2.    Remplacement des unités d’OTAN par une International Security Assistance Force (Isaf), comprenant des unités en provenance d’états musulmans et non alignés. Parmi les Casques bleus des Nations-Unies, 80% proviennent d’Etats non-alignés, pourquoi pas aussi en Afghanistan.
3.    Démantèlement de toutes les bases militaires de l’OTAN ainsi que les contrats conclus avec l’administration de Kaboul.
4.    Invitation à une politique de réconciliation nationale comprenant tous les groupements politiques, y compris ceux estampillés islamiques, tels les talibans, l’Hesbe Islami de Gulbudin Hekmatyar et le réseau d’Haqani.
5.    Formation d’une Commission de vérité d’après le modèle de l’Afrique du Sud.
6.    Démantèlement de toutes les troupes militaires et paramilitaires des seigneurs de guerre ainsi que des sociétés de sécurité privées, étrangères et afghanes.
7.    Préparation d’élections nationales dans les villages, les communes, les arrondissements etc. pour une Loya Djerga (Conseil national) sous le contrôle d’organisations internationales indépendantes, tels les mouvements pacifistes, féministes, les associations d’étudiants et les syndicats.
8.    Institution d’une Loya Djerga élue par le peuple, sans possibilité de désignation de ses députés par le président.
9.    Un gouvernement provisoire et des commissions pour l’élaboration d’un projet constitutionnel basé sur l’abolition du système présidentiel, d’une loi électorale, d’une loi sur les partis et d’une loi sur les syndicats doivent être élus par cette Loya Djerga.
10.    Conduite d’élections législatives générales, libres et contrôlées par des organisations indépendantes.
11.    Election d’un nouveau gouvernement directement par le Parlement, sans proposition préalable du ministre-président par intérim encore en fonction.
12.    Abolition de la politique de la porte ouverte et la mise en place d’une politique économique, financière, juridique et fiscale basée sur les intérêts nationaux.
13.    Mesures de reconstruction du pays détruit auxquelles serait affecté un quart du budget de guerre de l’OTAN. Ces fonds seraient déposés sur un compte de tutelle lui-même contrôlé de façon indépendante et uniquement dévolu à ce projet.
14.    Les voisins de l’Afghanistan devaient être des associés privilégiés dans les mesures de reconstruction. Cela encouragerait la coopération régionale et la stabilité.
15.    Il faudrait mettre en place dans la région périphérique de l’Afghanistan une Union d’Asie du centre et du Sud. Outre l’Afghanistan, y participeraient les cinq pays d’Asie centrale (Tadjikistan, Ouzbékistan, Turkménistan, Kirghizistan et Kazakhstan) ainsi que l’Iran, le Pakistan et l’Inde. Tous ces pays ont en effet beaucoup de points communs, tels les langues, les religions et l’histoire.
16.    Comme mesure de renforcement de la confiance, l’Afghanistan devrait commencer par être le premier pays à dissoudre son armée nationale, au bout d’environ cinq ans.
17.    Une Union d’Asie du centre et du Sud pourrait contribuer à résoudre définitivement le conflit du Cachemire entre l’Inde et le Pakistan et le conflit autour de la Ligne Durand entre l’Afghanistan et le Pakistan.
18.    Il serait alors temps de réduire et de supprimer les arsenaux d’armes nucléaires de l’Inde et du Pakistan. Ainsi l’une des régions les plus riches en conflits du continent asiatique pourrait devenir une zone de la paix, de stabilité et de prospérité.     •

(Traduction Horizons et débats)

1    Cité selon: Afghanistan nach dem Besuch Chruschtschews – Erklärungen des Fürsten Daud. In: «Neue Zürcher Zeitung» du 9/3/1960
2    Cf. Baraki, Matin. Die Beziehungen zwischen Afghanistan und der Bundesrepublik Deutschland 1945–1978. Frankfurt/M. 1996. p. 201–548
3    Ackermann, Klaus. Stille Revolution in Afghanistan. In: Aussenpolitik. H. 1, Jg. 16. Stuttgart 1965, p. 34
4    Cf. aussi: Baraki, Matin. Theorie und Praxis der nationaldemokratischen Revolution am Beispiel Afghanistans. In: Kraft, Dieter (Hrsg.). Aus Kirche und Welt: Festschrift zum 80. Geburtstag von Hanfried Müller. Berlin 2006, p. 284–310
5    Cf. Taraki, Nur Mohammad. Grundlinie der revolutionären Aufgaben der Regierung der Demokratischen Republik Afghanistan, 9. Mai 1978. In: Brönner, Wolfram. Afghanistan, Revolution und Konterrevolution. Frankfurt/M. 1980, p. 203
6    Cf. Karmal, Babrak. Rede auf dem neunten Plenum des Zentralkomitees der Demokratischen Volkspartei Afghanistans. Kabul. Asad 1361 [Juli/August 1982]. p. 18 in Dari (Archives de l’auteur)
7    «Ich sehe nicht ein, warum wir ein Land marxistisch werden lassen sollen, nur weil sein Volk verantwortungslos ist», verkündete US-Aussenminister Henry Kissinger am 27. Juni 1970 in vertrauter Washingtoner Runde im Hinblick auf seinen Beitrag beim Sturz der Regierung Salvador Allendes am 11.9.1973 in Chile. In: Dederichs, Mario R. Reagan legt die Lunte an. In: Stern, Nr. 32 vom 4.8.1983, S. 102. Schmid, Thomas. Der andere 11. September. In: Die Zeit. No 38 du 11/9/03, p. 90
8    Cf. Sapper, Manfred. Die Auswirkungen des Afghanistan-Krieges auf die Sowjetgesellschaft. Münster 1994, p. 68
9    Cf. Protokoll der Sitzung des Politbüros des ZK der KPdSU, 18. März 1979, nach Sapper, M. Die Auswirkungen des Afghanistan-Krieges auf die Sowjetgesellschaft. a.a.O., p 385 s.
10     L’armée soviétique s’est retirée de l’Afghanistan le 15 février 1989 après 10 ans d’engagement.
11    Les révélations de l’ancien conseiller de sécurité de Jimmy Carter, «Oui, la CIA est entrée en Afghanistan avant les Russes […]». In: Le Nouvel Observateur du 15 au21 janvier 1998, p. 76
12    Chossudovsky, Michel. Global brutal. Frankfurt/M. 2002, S. 359
13    Un de mes amis était professeur à l’Université de Riad en Arabie saoudite. Il m’a raconté que 5% des salaires des employés et des fonctionnaires étatiques saoudiens étaient déduits sans leur accord en faveur du djihad en Afghanistan. La situation était semblable dans d’autres Emirats arabes.
14    Cf. Baraki, A. Matin. Nacht über Afghanistan. In: Marxistische Blätter. Jg. 31. Essen 1993, Nr. 4, p. 17s.
15    Chossudovsky, Michel. Global brutal, a.a.O., p. 359
16    CIA-Hilfe für afghanischen Widerstand höher denn je. In: «Frankfurter Rundschau» du 14/1/85, p. 2
17    idem.
18    Absolut blind. In: Der Spiegel, Nr. 38, 1989, p. 194
19    Cf. Brönner, Wolfram. Afghanistan, a.a.O., p. 18
20    Après la destruction totale de Kaboul, on rescensa 50 000 morts.
21    Sichrovsky, Peter. Ein Land zerfleischt sich selbst. In: «Süddeutsche Zeitung» du 31/8/92, p. 4
22    Cf. Gatter, Peer. Hoffnung in Trümmern. In: Mahfel. Berlin 1995. Nr. 5, p. 7
23    Cf. Ghali, Butros Butros. Die Aufgabe des Sisyphus. In: Der Spiegel. Nr. 31/96 du 29/7/96, p. 116
24    Roy, Olivier. Die Taleban-Bewegung in Afghanistan. In: Afghanistan-Info. Neuchâtel. no 36, février 1995. Cité d’après: Mahfel, H. 2. Berlin 1995, p. 8
25    Jang, The News du 3/3/95, cite d’après: Taleban schon seit 1985/86? In: Ebenda, p. 5
26    Newsweek du 17/4/95 et Artico, A. Afghanistans ferngesteuerte Glaubenskrieger. In: Le Monde Diplomatique/Tageszeitung. novembre 1995, p. 15.
Il s’agissait là aussi d’Usbekistan, situé au nord de l’Afghanistan, ou se trouvent les plus riches mines d’or du monde avec une production annuelle d’environ 50 tonnes et des plus grandes reserves d’argent du monde ainsi que de l’uranium au Kirgistan.
27    Malgré la présence américaine massive au Hindou Kouch, le projet n’était toujours pas concrétisé 20 ans plus tard.
28    Haubold, Erhard: In Afghanistan spielen die UN noch eine untergeordnete Rolle, in: «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 26/10/96, p. 1
29    Krieg um Bodenschätze. In: Der Spiegel Nr. 22/1997 du 26/5/97
30    Haubold, Erhard. In Afghanistan spielen die UN noch eine untergeordnete Rolle, a.a.O., p. 2
31    Wörmer, Nils/Kaim, Markus. Afghanistan nach den gescheiterten Präsidentschaftswahlen im April 2014. S. 23. In: Perthes, Volker/Lippert, Barbara (Hrsg.). Ungeplant bleibt der Normalfall – Acht Situationen, die politische Aufmerksamkeit verdienen. Berlin, SWP-Studie du 16/9/13
32    Sydow, Christoph: Die Kapitulation des Westens in Afghanistan. Spiegel Online du 20/6/13
33    Bemühungen um Frieden für Afghanistan,
in: «Neue Zürcher Zeitung» du 12/1/16, p. 3
34    Matern, Tobias. Eine Sache von Jahrzehnten.
In: «Süddeutsche Zeitung» du 20/2/17, p. 2
35    Petersen, Britta. Die Rückkehr des «Grossen Spiels» um Afghanistan. In: «Neue Zürcher Zeitung» du 3/1/17, p. 4
36    Cf. Russland organisiert Afghanistan-Treffen. dpa du 19/3/17 et Deutschlandfunk du 14/4/17
37    Cf. Böge, Friederike/Schmidt, Friedrich. Kratzen an der Nato-Flanke. In «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 13/4/17, p. 5.
38    «Gazeta Wyborcza» du 15/4/17. Cf. Tagesschau.de du 14/4/17
39    Avec ce bombardement, les Etats-Unis ont détruit un système de tunnels qu’ils avaient eux-mêmes construit dans les années 1980 pour les moudchahidin terroristes.
40    «De Telegraaf» du 15/4/17
41    Cf. dpa du 14/4/17
42    Afghanistan-Konferenz ruft Taliban zu Frieden auf. Deutsche Welle Online du 14/4/17
43    Cf. Böge, Friederike. Bombe mit Signalwirkung. In: «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 15/4/17, p. 2
44    Gabriel sucht die Konfrontation in der Nato. In: «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 1/4/17, p. 2

mardi, 04 juillet 2017

Libye, Syrie… À qui le tour ? Entretien avec Emmanuel Leroy

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Libye, Syrie… À qui le tour ?

Entretien avec Emmanuel Leroy

Ex: http://zejournal.mobi

Le Moyen-Orient devient une fois de plus l’arène de la confrontation entre les deux plus puissantes forces. Emmanuel Le Roy, célèbre politologue français, président du mouvement humanitaire « Save the Children of Donbass », nous a accordé une interview et nous a parlé de ce qui attise la guerre au Moyen-Orient et de ceux qui bénéficient des attentats terroristes contre les civils.

K.- La guerre en Syrie, ainsi que nombre d’attentats terroristes dans les villes contre les civils, se poursuit. Les USA ajoutent toujours de l’huile sur le feu. Cette fois, ils prétendent que le gouvernement syrien préparerait des attaques chimiques. Or, la Maison Blanche a, bien sûr, refusé d’en apporter la preuve. Que pensez-vous de l’efficacité de la lutte actuelle contre le terrorisme en France ?

E.L.- La situation avec le terrorisme est extrêmement compliquée. L’année dernière, j’ai été invité à Moscou pour assister à la conférence donnée par RISI (Institut russe des études stratégiques) sur les questions de terrorisme. L’article du New York Times daté du 23 avril 2016, a été abordé. L’auteur disait que le terrorisme prenait racine aux USA, que dans les années 1970, la CIA et l’Arabie Saoudite avaient monté un complot visant à soutenir les terroristes et Oussama ben Laden, à provoquer une division et des menées terroristes en Afghanistan, dans le but de chasser de là-bas les Soviétiques.

Rien n’a changé depuis cette époque. Les USA et l’Arabie Saoudite coopèrent toujours ensemble dans ce domaine. Le principal moteur du terrorisme mondial est l’armée anglo-saxonne.

Le terrorisme qui a touché la Russie et l’Occident est différent. Par exemple, ce qui s’est passé en Tchétchénie, au Daghestan, en Ingouchie, est l’œuvre de réseaux wahhabites aiguillonnés par les Anglo-saxons. Ils voulaient déstabiliser la Russie.

Et le terrorisme que nous avons combattu depuis le 11 septembre 2001 (la série de quatre attaques terroristes coordonnées aux USA, avec la destruction des tours jumelles), est le fruit de démarches visant à créer le chaos dans les sociétés occidentales. Le but est de les frapper jusqu’à ce qu’elles changent de forme institutionnelle et finissent par perdre leur liberté.

La deuxième option, qui est en cours aujourd’hui, consiste à provoquer un conflit en Europe occidentale, entre la population locale et les Musulmans (qui arrivent sans fin). Et cela, à son tour, mène aussi au chaos.

Ce sont d’ores et déjà les intérêts US. L’objectif est de créer une situation conflictuelle dans laquelle l’Europe perdra sa compétitivité et ne sera à même de former une alliance avec la Russie contre la thalassocratie.

L’État orwellien est déjà là

Ainsi, la première sorte de terrorisme a été créée artificiellement contre la Russie et ses intérêts. C’est le même plan qui se joue en Syrie : Mêmes gens, mêmes armes, mêmes fonds utilisés contre la Syrie de Bashar El-Assad. C’est le terrorisme de la dévastation, nécessaire pour saper la Russie.

Et la deuxième sorte de terrorisme est plus calme, moins extrême. Son but est de créer une situation de chaos maîtrisé. Cela signifie supprimer 10 personnes ici, puis 15 autres ailleurs. Il est utile pour maintenir la population en état de terreur et perpétuer la situation d’urgence. Et c’est ce qui se passe depuis plus d’un an en France.

La situation de contrôle est semblable à celle de l’État décrit par Orwell dans son roman « 1984 ». Aujourd’hui, nous voyons que l’Europe ressemble à un État totalitaire. Comparé à l’Europe actuelle, l’URSS de l’ère de Brezhnev était un paradis.

La confrontation des deux forces s’est intensifiée

K.- La Libye est détruite. Maintenant, comme nous le voyons, ils achèvent la Syrie. Que pouvons-nous attendre de la suite ?

E.L.- Ceux que je qualifie d’archéo-mondialistes protègent la suprématie du dollar et l’État profond. Ils ont provoqué la crise en Libye pour planifier de nouvelles destructions et remodeler le Moyen-Orient.

Mais il semble qu’il y ait eu des tentatives de lutte contre les archéo-mondialistes ces dernières années, surtout depuis le Brexit. Aujourd’hui, dans ce système mondialiste, Londres qui est aussi impliquée, essaie de jouer la carte chinoise… La stratégie est purement anglaise, et n’est pas dans l’intérêt des USA.

Je pense que le Brexit était une sorte de guerre entre la City de Londres et Wall Street, et que la compétition présidentielle entre Clinton et Trump était une suite de cette dure confrontation.

En France, les élections sont aussi devenues l’illustration de la confrontation entre les deux forces. Je suppose que les archéo-mondialistes, dont Clinton, pariaient sur Alain Juppé, candidat idéal pour eux qui pouvait devenir le pendant de Clinton. Mais les amis de Trump et les partisans du Brexit se prononçaient pour François Fillon, plus en faveur de relations russo-françaises. Mais ils se sont rendu compte à temps qu’il y avait un autre substitut, Macron…

L’Iran est le prochain, et puis se sera la Russie

Revenons à la question de la Libye et de la Syrie (qui ne sont qu’un même front). Il s’agit de tentatives de certains archéo-mondialistes qui cherchent à poursuivre les manœuvres de déstabilisation des États laïques du Moyen-Orient. Mais cette guerre ne vise pas seulement à réformer le monde musulman, elle prépare un objectif futur : L’Iran, une voie d’accès au Caucase.

Et le tour de la Russie viendra après l’Iran. Il s’agit d’une guerre géopolitique qui passe inaperçue.

Pour mieux comprendre la situation, rappelons l’exclusion du Qatar du Conseil de coopération des États arabes du golfe Persique. Bien qu’il y ait des intérêts de M. Rockefeller, le Qatar a toujours été sous protectorat britannique. Et M. Trump a négocié avec l’Arabie saoudite pour dire « stop » au Qatar, arrêtez de financer les « Frères musulmans », qui sont aussi subordonnés à la Grande-Bretagne (les « Frères musulmans » est une organisation terroriste interdite en Russie). Même si Clinton a introduit leurs représentants dans son entourage, ils sont toujours sous contrôle britannique.

La situation est donc complexe. Je pense qu’il y a de la concurrence au sein même du système mondialiste. La crise du Qatar, le Brexit ou les élections françaises, montrent que ce n’est pas une bataille pour la vie, mais une lutte à mort aux USA et en France.

Il s’agit d’une confrontation très obscure entre différents concepts. Je pense que la Grande-Bretagne rejoue son unique carte, comme à la veille de la Première Guerre mondiale. Pendant ce temps, le premier travail des USA est de préserver la suprématie du dollar. Sans le dollar, les USA ne peuvent rien faire…

Traduction Petrus Lombard


- Source : Katehon (Russie)

dimanche, 02 juillet 2017

L’européisme (l’idée européenne) comme volonté de puissance

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L’européisme (l’idée européenne) comme volonté de puissance

par Gérard Dussouy*, Professeur émérite à l’Université de Bordeaux
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Tout le monde connaît l’aphorisme de Nietzsche « l’Europe se fera au bord du tombeau » !

He bien, elle n’en est plus très loin, de ce bord ! De tous les points de vue, mais plus particulièrement de ceux de la démographie (la dimension qui conditionne toutes les autres) et de la culture. C’est, probablement, une affaire de trente à cinquante ans, compte tenu de la concomitance de la dénatalité européenne et de l’amplification continue de l’immigration (Cf. les dernières données de l’INED), pour que la civilisation européenne, engloutie ou ravagée, perde toute son authenticité !

Or, rien ne dit que les Européens ne vont pas y aller sans réagir, dans le tombeau de l’Histoire, les uns après les autres, faute d’une prise de conscience rapide, et faute de s’être unis, car il n’existe aucune réponse nationale possible, sauf pour les Tartarins du souverainisme, aux défis du monde du XXI° siècle. Sans une volonté de puissance de leur part, leur destin, commun et funeste, est scellé.

La revitalisation de l’idée européenne, qui a perdu tout son sens, dénaturée et dévaluée qu’elle a été, toutes ces dernières années, par l’idéologie libérale et mondialiste, est le dernier espoir. Après avoir permis l’instauration de la paix entre les Européens, l’européisme est désormais la condition de leur survie. Conçu sous la forme d’une volonté de puissance qui permet d’articuler prise de conscience et praxis.

Nous entendons ici, par volonté de puissance, deux choses

D’abord, la volonté d’être et de durer, de rester soi-même dans l’Histoire d’un monde devenu connexe et synchrone, en se donnant pour cela les moyens politiques adaptés, ceux de la puissance continentale.

Ensuite, et cela va de pair, la volonté de déclencher, à l’échelle du continent, un processus de convergence. Celui par lequel des forces ou des configurations de forces donnent sens à une action, à une politique, en permettant de créer une autre configuration que celle que l’on subit. Pour tout dire, en rendant possible une métamorphose, celle  de l’Europe, bien entendu.

C’est, autrement dit, la volonté de rassembler les forces vives du continent pour re-construire l’Europe sauvegarde (comme entité politique souveraine, protectrice de ses nations et de leur civilisation singulière) et pour réinventer l’Europe des esprits libres (ceux qui sont débarrassés de toute anxiété métaphysique ou moraliste) qu’elle a été.

Ceci implique la réfutation du nationalisme, parce qu’il est source de repli et de dispersion et par conséquent d’affaiblissement, et qu’il ne permet pas de lutter contre le mondialisme, qu’il soit libéral et affairiste, tel qu’on le connaît aujourd’hui, dominant et arrogant, ou qu’il procède du vieil internationalisme marxiste qui aspire à une « autre mondialisation », mais qui reste un melting pot idéalisé. Car dans ces deux cas les intérêts et les identités des peuples européens sont sacrifiés au nom d’une vision millénariste du monde qui les invite à disparaître. Et puis, ce n’est pas l’heure de rouvrir des querelles entre Européens. Ce que pourraient être tentés de faire des partis populistes-nationalistes parvenus au pouvoir, dont les programmes économiques démagogiques auraient aggravé les problèmes qu’ils prétendaient résoudre.

L’européisme est donc la volonté de penser le monde tel qu’il est, sans illusion, et de permettre aux Européens d’affronter ses défis en créant pour cela de nouvelles formes politiques, en donnant à l’Europe l’instrument étatique indispensable à sa continuité. Et dans ce but, la volonté d’organiser la configuration de forces qui permettra de forger cet instrument.

Etre et durer en changeant l’Union européenne

L’Europe politique, ou l’État européen, fédéral, régional et multinational, est une nécessité historique.

La mondialité a sonné le glas des États-nations, tous aussi impuissants les uns que les autres. Leur cycle s’achève, et les peuples en ont bien conscience qui, au cours des dernières consultations électorales en Autriche, aux Pays-Bas et en France ont, finalement, refusé leurs suffrages aux partis séparatistes, à ceux qui préconisent la sécession, soit avec la zone euro, soit avec l’Union européenne.

Le cycle moderne des États-nation est en train d’être remplacé par le cycle postmoderne des hégémonies. Celui des puissances qui ne se limitent pas à  contrôler de vastes territoires, comme au temps pré-moderne des empires, mais qui détiennent des positions dominantes dans les sphères économique, financière, technologique, et idéelle. Celles qui ont accès au pouvoir mondial et qui fixent les normes.

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Comme parler de pouvoir, c’est parler de domination, les nations européennes sont désormais face à un dilemme :

– ou bien elles s’accrochent à leurs États nationaux respectifs, et alors, elles demeureront ou passeront sous l’influence de l’une des grandes hégémonies ;

- ou bien, elles se sauveront ensemble en abandonnant l’État national pour se retrouver dans un autre Etat , un Etat de taille continentale, à la mesure de ceux qui mènent déjà le monde. Dans cette perspective, répétons le, les derniers échecs électoraux des populistes n’impliquent pas une adhésion ferme des Européens à l’UE telle qu’elle existe, et surtout pas à sa politique, mais ils révèlent un sentiment, même implicite, de solidarité européenne face aux périls et aux expansionnismes.

Certes, l’hégémonie américaine qui a imposé le libre-échange et le règne de la finance sur toute la planète, semble sur le recul. Surtout que Donald Trump a promis à ses électeurs d’en finir avec les traités de libre-échange contractés par les États-Unis. Ce qui met un terme à la négociation du traité transatlantique, et ce qui est toujours cela de gagné. Mais, il faut rester méfiant, parce qu’il ne pourrait s’agir que de velléités du nouveau président qui, dans bien domaines, est déjà revenu sur ses positions électorales. Il faut s’attendre à d’autres volte-face de sa part. Et, de toutes les façons, un mandat de quatre ans, cela ne représente rien dans la longue durée, celle à laquelle appartient la politique interventionniste américaine, inchangée depuis Théodore Roosevelt.

Cependant, la mondialisation est maintenant de plus en plus chinoise

La montée en puissance de la Chine est irrésistible. Il faut avoir conscience que son niveau actuel correspond à la modernisation, d’à peine, oserait-on dire, 300 à 400 millions de Chinois. Et il en reste plus d’un milliard en réserve ! D’ailleurs le plan 2049 (en l’honneur du centenaire de la révolution) arrêté par Pékin ne cherche pas à dissimuler ses intentions de permettre à la Chine de prendre le leadership mondial. Les Européens n’ont pas encore compris que la réorganisation des affaires planétaires se fait à partir de l’Asie orientale.

Non seulement le monde a basculé, du mauvais côté pour les Européens, mais il est aussi le champ des expansionnismes démographiques et culturels, issus du monde musulman et d’Afrique, dont l’Europe commence, seulement, à ressentir les premiers effets. Il est probable que la conjonction des crises politiques, économiques, climatiques et alimentaires, inéluctables, va les renforcer, de manière quasiment mécanique.

Ni l’Union européenne, parce que ses dirigeants ne veulent pas connaître la nouvelle donne mondiale lourde d’adversités, ni les États-nation, parce qu’ils ne le peuvent pas, sont en mesure de faire face. Il faut dire qu’un grand nombre de ces derniers, parce qu’ils sont mal gérés depuis longtemps, et qu’ils se sont fortement endettés, sont passés sous le contrôle des oligopoles financiers et bancaires auprès desquels ils ont emprunté sans discernement. Les abus de l’État-providence (le laxisme social dans beaucoup de pays européens) ont abouti à l’épuisement et au démantèlement de la puissance publique.

Comment, dans ces conditions, peut-on, renouer avec la souveraineté qui, en termes concrets, réalistes, signifie la levée des contraintes extérieures les plus lourdes, et se traduit par la possibilité de s’auto-organiser en fonction de ses propres valeurs, de ses identités, de ses préférences éthiques, sociales, et de ses traditions ? Sinon qu’en envisageant la chose dans un cadre politique autonome parce que puissant, suffisamment vaste et riche en ressources pour conduire des politiques de restructuration et des stratégies impossibles à mener à l’échelle nationale. La seule option réaliste est la prise du pouvoir dans l’Union Européenne, avec comme but sa transformation en un Grand Régulateur.

La volonté de réunir la configuration de forces favorable au changement

La politique de la table rase, prônée par certains, comme le voie du repli, choisie par d’autres, sont des impasses. Il est toujours difficile de reconstruire sur des ruines, surtout quand la convergence des volontés est faible.

Malgré l’europessimisme écrasant, l’alternative reste « l’Europe ou la mort », comme le stipulait, dans un livre déjà ancien, Michel Poniatowski. En dépit de tout ce qui peut être dit et écrit, il n’en existe pas d’autres. C’est bien pourquoi, l’européisme se comprend comme la volonté d’organiser la configuration de forces capable d’obtenir le changement en Europe.

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Il ne faut pas détruire Bruxelles, mais s’en emparer. Et dans cet objectif, il convient de fédérer toutes les forces éclairées qui entendent sauvegarder les identités et les intérêts des peuples européens, à quel qu’échelon territorial que ce soit. La dispersion et la prétention à faire bande à part sont des faiblesses rédhibitoires. Au contraire, le regroupement des forces populaires dans un même faisceau et dans la même direction est la seule force qui, d’ores et déjà, ferait pâlir de peur la Commission européenne, et l’obligerait à revoir sa politique.

Pour inspirer confiance aux électeurs européens, ces forces identitaires doivent montrer qu’elles sont responsables, qu’elles sont en prise avec le réel, celui du monde globalisé, sans nostalgie. Et qu’elles sont capables d’innover, de créer des formes politiques adaptées au monde d’aujourd’hui. C’est par l’agrégation de leurs moyens, par l’agglutination de leurs déterminations que les partisans européens pourront se réapproprier l’Union.

Le mot d’ordre est à la convergence, au rassemblement

Face à un environnement mondial plein de risques et de menaces, l’État communautaire est le seul cadre de survie des nations européennes. Cela les mouvements protestataires ne l’ont pas encore compris. Et s’ils ne le comprennent pas, Ils sont condamnés à n’être que les témoins d’une désespérance à laquelle ils n’ont pas les moyens de répondre. La solution n’est pas dans le retour aux frontières intérieures de l’Europe, mais dans le renforcement de la frontière extérieure de l’Europe.

L’Histoire est une succession de contextes et tout reste possible

L’Histoire n’a aucun sens obligatoire. Elle est une succession de configurations dont chacune est héritière de la précédente, sans jamais être une réplique de ce qui a déjà existé. Et chaque configuration n’est pas autre chose que le résultat de l’interaction des hommes. Autrement dit, ceux d’entre eux qui le veulent et qui s’en donnent les moyens, peuvent toujours recontextualiser leur monde, le refaire. Rien n’est jamais acquis, mais rien n’est jamais perdu. Rien n’est prescrit, et il n’y a pas de complot.

Certes, la situation actuelle de l’Europe est déprimante, plus par la léthargie des Européens et par la résignation qui semble les avoir gagnés. La crise sociale qui frappe une partie des populations européennes épargne tous ceux que le système libéral mondialisé favorise et tous ceux qui vivent sur les acquis d’un système qui n’est plus finançable. Dès lors, les élites qui dirigent ce système fondent son maintien sur l’approfondissement du marché et la libération totale des flux humains, matériels et immatériels.

Mais cette politique engendre une endogamie sociale de plus en plus aiguë, entre les élites mondialisées et leurs peuples originaires, et communautaire, de moins en moins lisse, entre les populations autochtones et les différents groupes ethnoculturels allogènes.

Dans ces conditions, le contexte historique pourrait vite devenir un contexte de crises. A commencer par un nouvel accès de fièvre dans la crise migratoire non-stop, compte tenu des masses de migrants qui se pressent sur la rive sud de la Méditerranée. La France, plombée par ses déficits jumeaux(public et commerce extérieur), évitera-t-elle encore longtemps la faillite ? Et combien de temps le colosse économique allemand, où la précarisation sans fin de l’emploi pallie au drame du chômage, tiendra-t-il sur son pied d’argile démographique ? Selon les réponses apportées, ou pas, à ces questions cruciales et à bien d’autres encore résulteront, peut-être, des situations favorables au changement.

Dans cette perspective, deux types d’acteurs existent, qui sont compatibles et qui pourraient converger dans leurs actions : certains des États existant et des mouvements de partisans européens. En effet, parmi les Etats, quelques uns comptent des gouvernants qui ont pris acte de toutes les dérives de l’Union européenne, de toutes ses orientations politiques nocives pour les peuples européens, de l’insignifiance ou de l’indifférence à la cause européenne de ceux qui la dirigent, et qui tentent déjà de changer le cours des choses. On pense ici aux États du groupe dit de Višegrad.

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Au plan des mouvements de partisans, tout reste à faire. Peut-être que les échecs répétés des populistes-nationalistes ouvriront bien des yeux ? Il n’est pas impossible, en tout cas risquons l’analogie, que ce qui s’est passé dans la Chine subjuguée et en partie démembrée de la fin du 19ème siècle, où la révolte des Boxers a abouti à la révolution nationaliste de 1911, se répète dans une Europe en crise et ouverte à toutes les pénétrations étrangères. Le souci, par rapport à cette expérience historique victorieuse, est l’absence, dans le Vieux continent, de générations conséquentes de jeunes adultes, homogènes parce qu’ouvrières et paysannes, comme il en existait au siècle dernier. La résignation guette les peuples vieillissants.

Quoi qu’il en soit, le processus à engager est celui d’une agrégation  de tous les acteurs potentiels. Il faut inventer des organes politiques transnationaux dont l’objectif, à terme, est l’investissement coordonné du Parlement européen. Car le Parlement a les pouvoirs de changer l’Union européenne de l’intérieur, dès lors qu’existerait en son sein un bloc nettement majoritaire de députés solidaires dans leur vision d’une Europe émancipée de ses vieux tabous idéologiques, et conscients de la précarité de son avenir.

Le changement est toujours possible, à la condition qu’il soit voulu, quand le contexte lui devient favorable. Et c’est l’organisation de la lutte qui permet de garder l’espoir.