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jeudi, 18 août 2011

Péguy parmi nous

Péguy parmi nous

par Pierre LE VIGAN

peguy.jpgIl y a cent ans, Péguy publiait Le mystère de la Charité de Jeanne d’Arc, pièce de théâtre qui est toute entière le mystère de la prière de Péguy. Il publiait aussi, cette même année 1911, Le Porche du mystère de la deuxième Vertu (« Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance. » Cette « petite fille espérance. Immortelle » que chantera cet autre poète qu’était Brasillach). L’occasion de revenir sur Péguy, l’homme de toutes les passions.

En 1914 mourrait Charles Péguy, au début d’une guerre qui marqua la fin d’une certaine Europe et d’une certaine France. Péguy représentait précisément le meilleur de l’homme de l’ancienne France, atteint au plus haut point par les ravages du monde moderne. On dit parfois qu’il y eut deux Péguy, le premier socialiste et dreyfusard, et le second, nationaliste, critique du progrès, catholique proclamé (par ailleurs nullement pratiquant) et atypique. Ces deux Péguy ont leur grandeur, et les deux ont été bien vivants c’est-à-dire qu’ils ont écrits comme tout le monde aussi quelques bêtises. Mais c’est le même homme qui a été tour à tour socialiste idéaliste et critique passionné – et bien injuste – de Jean Jaurès. Et c’est le même homme qui fut poète, et qui fut hanté par l’idée de hausser l’homme. C’est pourquoi dans Notre jeunesse (1910), Péguy écrivait : « On peut publier mes œuvres complètes, il n’y a pas un mot que j’y changerais. » Et de dire dans ce texte, en substance : je ne renierais jamais mon engagement (dreyfusard) dans l’affaire Dreyfus et je ne renierais jamais la République.

Péguy est né à Orléans en 1873. Il sera influencé par Louis Boitier et le radicalisme orléanais. Fils d’un menuisier et d’une rempailleuse de chaises, Péguy peut faire des études grâce à une bourse de la République. Condisciple du grand historien jacobin Albert Mathiez, Péguy échoue à l’agrégation de philosophie. Dans les années 1890, il se range du côté des socialistes par aspiration à la fraternité et un ordre vrai. De même, il défend Dreyfus injustement accusé de trahison. C’est un anticlérical et un homme de gauche. « Les guerres coloniales sont les plus lâches des guerres », écrit-il en 1902. Sa première Jeanne d’Arc qui, parue en 1897, n’aura aucun succès est dédiée à ceux qui rêvent de la République socialiste universelle. Il abandonne la voie du professorat en 1897.

À partir de 1900, il évolue de manière de plus en plus autonome et inclassable. Il se convertit à un certain réalisme politique. « La paix par le sabre, c’est la seule qui tienne, c’est la seule qui soit digne », écrit-il alors à propos de la colonisation française. Ce qui n’est pas incompatible avec le premier propos mais marque une nette inflexion. C’est l’époque de Notre Patrie (1905) et du raidissement patriotique après l’incident de Tanger. « L’ordre, et l’ordre seul, fait en définitive la liberté. Le désordre fait la servitude », écrit-il alors dans les Cahiers de la Quinzaine. Mais ce ne peut être qu’un ordre vrai, c’est-à-dire un ordre juste.

L’antisocialisme de Péguy vers 1910 est surtout une protestation contre l’embourgeoisement du socialisme. Mais il faut le dire : il y aussi un profond recul de l’intérêt pour la question sociale. S’il ne fut jamais maurrassien (Daniel Halévy expliquera que ce qui a manqué au débat français c’est un face-à-face Maurras – Péguy), Péguy était par contre proche de Barrès.

Anticlérical mais chrétien – il trouve la foi en 1908 -, extrêmement patriote (jusqu’à un antigermanisme détestable mais naïf), Péguy était aussi philosémite (à une époque où le sionisme n’existait pas), ainsi grand admirateur de Bernard Lazare. Les amis juifs ne manquèrent pas à Péguy, tels le fidèle Eddy Marix. Sans parler de « Blanche », son dernier amour. Loin d’être attiré par les extrêmes, Péguy est à partir de 1900, en politique, très modéré. Il voue ainsi un grand respect à Waldeck-Rousseau, homme de gauche modéré, voire « opportuniste » au sens du moment, qui mit un terme  aux affres de l’affaire Dreyfus.

Après avoir ouvert une librairie, vite en faillite, Péguy crée les Cahiers de la Quinzaine, qui n’auront jamais assez d’abonnés pour être rentables (on parle de 1400 abonnés, mais des historiens tels Henri Guillemin indiquent qu’il n’en a jamais eu 1200). Abandonnant le socialisme devenu parlementaire, il s’attache à prôner une République idéale, indépendante des partis et de l’argent, patriote, sociale, apportant à tous l’éducation, la dignité dans le travail et la fraternité. C’est dire que Péguy n’a jamais complètement renié ses idéaux de jeunesse. « Une révolution n’est rien, si elle n’engage pas une nouvelle vie, si elle n’est entière, totale, globale, absolue… » Péguy devient l’homme de toutes les traditions, « des fleurs de lis mais aussi du bonnet phrygien (avec cocarde) ». « Un Michelet dégagé des vapeurs idéologiques », remarque Maurice Reclus. Une fidélité à la République comme continuité de toute notre histoire. C’est ce qu’il résuma par la fameuse formule : « La République c’est notre royaume de France ».

Ami de Jacques Maritain, de Lucien Herr, de Pierre Marcel-Lévy, de Georges Sorel (qui ne crut jamais à sa conversion catholique), de Léon Blum, avec qui il se fâcha, de Marcel Baudouin dont il épousa la sœur et à qui il vouait une affection fraternelle jusqu’à utiliser le pseudonyme de Pierre Baudouin, sous le nom duquel il publia sa première Jeanne d’Arc, Péguy était en relation avec les plus brillants mais aussi souvent les plus profonds des intellectuels de l’époque. De même qu’il échouera à l’agrégation de philosophie, il ne termina jamais sa thèse sur « l’histoire dans la philosophie au XIXe siècle », ni sa thèse complémentaire qui portait sur le beau sujet « Ce que j’ai acquis d’expérience dans les arts et métiers de la typographie ». Ce qu’il cherchait n’était pas de paraître, c’était de tracer un sillon bien précis : l’éloge des vertus d’une ancienne France, celle des travailleurs, des artisans, des terriens. « C’est toujours le même système en France, on fait beaucoup pour les indigents, tout pour les riches, rien pour les pauvres », écrivait-il dans une lettre du 11 mars 1914.

Souvent au bord de la dépression, Péguy ne se ménageait guère. « Le suicide est pour moi une tentation dont je me défends avec un succès sans cesse décroissant », écrivait-il à un de ses amis. Il ne cherchait pas le confort pour lui-même : ni le confort moral ni le confort intellectuel. « Il y avait en ce révolutionnaire du révolté, écrivait son ami Maurice Reclus, et, ces jours-là, je ne pouvais m’empêcher de voir en Péguy une manière de Vallès – en beaucoup plus noble, évidemment, en beaucoup moins déclamateur et revendicateur, un Vallès sans bassesse, sans haine et sans envie, mais un Vallès tout de même. » Péguy prétendait être un auteur gai, et s’il n’était pas comique ni léger, il était quelque peu facétieux. Oui, cet homme avait la pudeur de la gaieté. Il ne cherchait jamais à être étincelant, mais il étincelait.

Ce que récuse Péguy, et là, il n’est pas modéré, c’est le modernisme. Le danger qu’il annonce, c’est « la peur de ne pas paraître assez avancé ». C’est pourquoi sa critique de l’obsession moderniste est souvent associée au regret des temps passés, alors qu’elle témoigne pour un autre avenir possible. « Mais comment ne pas regretter la sagesse d’avant, comment ne pas donner un dernier souvenir à cette innocence que nous ne reverrons plus. […] On ne parle aujourd’hui que de l’égalité. Et nous vivons dans la plus monstrueuse inégalité économique que l’on n’ait jamais vue dans l’histoire du monde. On vivait alors. On avait des enfants. Ils n’avaient aucunement cette impression que nous avons d’être au bagne. Ils n’avaient pas comme nous cette impression d’un étranglement économique, d’un collier de fer qui tient à la gorge et qui se serre tous les jours d’un cran. » (L’Argent). Deux semaines avant d’être tué, le 5 septembre 1914, Péguy était au front à la tête d’une compagnie. Il écrivait : « nous sommes sans nouvelles du monde depuis quatre jours. Nous vivons dans une sorte de grande paix. »

Pierre Le Vigan

Bibliographie:

Arnaud Teyssier, Charles Péguy, une humanité française, Perrin, 2008.

Romain Rolland, Péguy, Albin Michel, deux volumes, 1945.

Maurice Reclus, Le Péguy que j’ai connu, Hachette, 1951.

Bernard Guyon, Péguy, Hatier, 1960.

Charles Péguy, L’Argent (1913), réédité par les éditions des Équateurs.

Paru dans Flash, n° 67 du 2 juin 2011.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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mardi, 16 août 2011

Hoe ontstaan revoluties?

Hoe ontstaan revoluties?

Peter LOGGHE

Ex: Nieuwsbrief Deltastichting - Nr. 50 - Augustus 2011


Hoe revoluties ontstaan, is een vraag die men zich al heel lang stelt. De actualiteit van de zogenaamde Arabische Lente in 2011 heeft ondertussen geleerd dat er geen antwoorden bestaan, die het fenomeen op zich volledig verklaren. Maar het Franse tijdschrift, La Nouvelle Revue d’Histoire, fraai uitgegevendoor Dominique Venner en één van de beste van zijn soort, heeft het nodig gevonden om hieraan een dossier te wijden. Een dossier dat net op tijd komt, want net rond deze periode werd ook het hoofdwerk van José Ortega y Gasset , La Rebelion De Las Masas (vertaal in het Nederlands als De Opstand der Horden, verschenen bij Nijgh & Van Ditmar met ISBN-nummer 9789023655671) opnieuw in het Frans uitgegeven.
 
Auteur Jean Michel Baldassari vraagt zich af op welke manier men het belang van een boek kan afmeten en geeft hierop als antwoord: “Als men het boek lang na de publicatie nog kan herlezen, zonder de indruk te hebben dat men verraden werd of bij de neus genomen”.  De Opstand der Horden, dat in 1929 in Spanje werd gepubliceerd, voldoet volkomen aan deze stelregel en – wat meer is – geeft daarenboven eeninteressante inkijk in het wezen en het ontstaan van revoluties. Een boek dat velen irriteert, want hetgaat helemaal in tegen de lineaire conceptie van de geschiedenis, die de vooruitgang van de mensheid afmeet aan de doorbraak van de democratie.

Voor deze Spaanse filosoof is democratie geen doel op zichzelf, maar slechts een middel van emancipatie, dat de beschaving ter beschikking stelt van het individu, zodat hij uit zijn apathie kanbreken. Europa kende op dat moment een beschaving waarbij de macht en de leiding van de maatschappij werd uitgeoefend door aldan niet verlichte minderheden. Maar tussen 1800 en 1914 groeide debevolking in Europa van 180 naar 460 miljoen mensen. Daarmee deed demassa haar intrede in het publieke leven. Samen hiermee ontwikkelde het De opstand der hordenonderwijs zichenorm en zorgden democratische rechten ervoor dat een ongekende situatie ontstond. Voor de eerste keer in de geschiedenis “oefenden individuen, die onverschillig stonden tegenover verleden en toekomst, die geen bijzondere ambitie of passie hadden, het recht uit om het lot van de wereld in een bepaalde richting te sturen” (Jean Michel Baldassari, pag. 35).

Beschouwde Ortega y Gasset de democratie dan niet als een vooruitgang? Natuurlijk wel, al waarschuwde hij er wel voor dat deze vooruitgang zich evengoed tegen zichzelf kon keren en in eennieuw barbarendom kon omslaan als de elites, anders gezegd diegenen die de zware verantwoordelijkheid op zich wilden nemen om de maatschappij te leiden, zich volledig zouden laten leiden door de blinde eisen van diegenen die hij met “massa’s” omschreef.

José Ortega y Gasset zal vooral de geschiedenis ingaan als de scherpe analyticus van het verschijnsel ‘massamens’.  Dit fenomeen is eigenlijk een agglomeraat van individuen zonder welomschreven groep of bijzonder talent, maar die zich soeverein opstellen, omdat men hen heeft laten geloven dat zij dat zijn.  “Want de gemiddelde mens heeft geleerd dat alle mensen wettelijk gezien gelijk zijn”, aldus de filosoof.  Verwaand in die mate dat hij elk hiërarchie als een agressie tegen zichzelf aanvoelt. Onverschillig tegenover de mogelijke plichten, kent hij maar al te goed zijn rechten.
 
Onvermijdelijk komen dan die andere groten in beeld: Alexis de Toqueville en Hannah Arendt. Want naar het voorbeeld van de Toqueville, die ongerust was over de gevolgen van de democratie, en ORTEGA Y GASSETHannah Arendt, die in haar De oorsprong van het totalitarisme het spiritueel ontworteld individu beschrijft datzeer gevoelig is voor collectivistische avonturen, zo vreest ook Ortega y Gasset de irrationele kracht van massa. Hij stond dus eerder afkerig van het Italië van Mussolini, maar was bovenal een anticommunist.
 
Was hij een reactionair? Helemaal niet, hij observeerde gewoon wat hij zag. Maarin tegenstelling tot Oswald Spengler die de fatale ondergang van het Westen voorspelde, dacht de Spanjaard niet dat Europa ‘gedoemd’ was tot een onomkeerbare decadentie. De Europese naties, aldus Ortega y Gasset, bevonden zich natuurlijk wel in een neerwaartse spiraal, maar als ze zich maar verenigden in iets nieuw, kon er zeker een nieuwe wereldmacht groeien. Was hij het eens met liberale denkers in die tijd om te stellen dat geschiedenis niet op voorhand geschreven was en dat mensen hun eigen lot perfect in eigen handen konden nemen, dan was hij in zoverre niet meer akkoord met diezelfde liberalen en stelde zich dus eerder als een conservatief op, dat hij als voorwaarde hieraan verbond dat vrijheid betekende dat diegenen die geroepen waren om te “leiden”, dit dan ook moesten kunnen zonder aan allerlei zware democratische regels te zijn gebonden.

José Ortega y Gasset stond positief tegenover een humanistische en tezelfdertijd elitaire beschaving, maar zou heel weinig voeling hebben gehad met “wat de beschaving vandaag heeft voortgebracht, een libertaire maatschappij, puur op consumptie gericht”.
 
Enkele historici belichtten verder in dit nummer 55 de Franse revolutie van 1789, de val van de burgerkoning Louis-Philippe, het belang van het jaar 1848 voor de opstanden over gans Europa, en de revolutie van 1917 in Rusland. Tenslotte belicht Dominique Venner in een bijdrage “Wanneer de revolutie een religie wordt” de gelijkenissen tussen de twee totalitaire ideologieën van de 20ste eeuw, het fascisme en het communisme. In deze beide collectivistische stromingen merkt de auteur – terecht naar mijn inschatting – een honger naar nieuwe religiositeit, en gaat hij op zoek wat er van het geloof van de fiere zeloten is overgebleven.

Een nummerén een tijdschrift dat we alleen maar kunnen aanbevelen:


La Nouvelle Revue d’Histoire.
Avenue des Ternes, 88
F-75017 Paris (Frankrijk)

Webstek
  
(Peter Logghe)

Tomislav Sunic on the European New Right

Tomislav Sunic on the European New Right

lundi, 15 août 2011

Londres dans la tempête anthropotechnique

britain-riot.jpg

Londres dans la tempête anthropotechnique

par Jean-Paul BAQUIAST

Ex: http://www.polemia.com/ 

Pourquoi employer, pour désigner les émeutes qui se produisent en ce moment dans certains quartiers londoniens, un terme apparemment obscur, celui de tempête anthropotechnique, plutôt que parler de simples émeutes des banlieues, semblables à celles s'étant produites en France il y a quelques années?

Pourquoi, plus banalement encore, ne pas parler de simples scènes de pillage, comme l'on en voit partout dans le monde? Parce que s'il s'agit d'un phénomène sans doute classique, la révolte de minorités non assimilées par le système de pouvoirs dominants et par conséquent marginalisées, il prend des formes nouvelles, l'émergence de modèles de destruction de l'ordre social en place particulièrement visibles et exemplaires. Ces modèles sont « virtuels », sous la forme d'images et de commentaires se réverbérant en écho. Mais ils naissent d'actions concrètes sur le terrain et donnent à ces actions une force d'exemple quasiment illimitée. De nouveaux acteurs jusque là passifs sont incités à prendre des initiatives. Les troubles semblent alors se générer et se répandre spontanément, sur le mode viral.

Inévitablement les sociétés attaquées génèrent des réactions de défense dont les modèles se répandent à leur tour à travers les réseaux. Ces réactions, constructives ou destructrices selon le point de vue des observateurs politiques, sont d'abord classiques, sur le mode de la répression policière traditionnelle. Mais devant l'échec de cette forme de défense, les pouvoirs inventent des solutions reposant le plus souvent sur le contrôle des activités à travers les outils technologiques fournis par les réseaux et l'intelligence artificielle. Ces solutions paraissent émerger elles-aussi spontanément. Ceci tient en partie à la capacité d'adaptation rapide des technologies utilisées et des humains faisant appel à elles. Il est aujourd'hui difficile de prévoir le type de société qui résultera des affrontements à prévoir entre les forces agonistes et antagonistes en présence. D'où l'intérêt d'essayer de rafraichir en permanence les outils d'analyse.

Le facteur technologique

Le premier facteur à prendre en compte est la puissance du facteur technologique aujourd'hui en action, que nous venons de résumer rapidement. La capacité des réseaux sociaux et des images virtuelles à fédérer les oppositions a été découverte à l'occasion des révoltes arabes. Aujourd'hui, il semble que le pouvoir de Bachar El Hassad, malgré ses centaines de chars, sera obligé à la longue de s'incliner devant la mobilisation en profondeur provoquée par la diffusion des images, aussi rares et réprimées que soient celles-ci. Le pouvoir chinois est lui-aussi dans l'expectative face à la naissance d'oppositions de ce type.

Ce facteur technologique est désormais bien connu. Il comporte le volet des médias, la télévision et internet, qui propagent dans le monde entier des symboles d'une grande puissance contagieuse, servant pour beaucoup de spectateurs d'exemples à suivre. La mémétique a décrit ce mode de propagation, les acteurs se copiant les uns les autres tout en diversifiant par mutation la nature de leurs initiatives. Il faut actualiser les modèles mémétiques déjà anciens pour tenir compte de la puissance des nouveaux modes de production et de diffusion des contenus propres aux sociétés urbaines. On voit se généraliser des outils de communication instantanée entre individus et petits groupes qui les rendent en cas de confrontation plus mobiles et réactifs que les forces de l'ordre n'employant que des moyens traditionnels de communication. Il s'agit pourrait-on dire alors de superorganismes en reconstitution permanente.

Un point méritera d'être précisé. La généralisation de la société en réseau a depuis les origines favorisé l'apparition apparemment spontanée et quasiment irrépressible d'agents internes de destruction d'autant plus efficaces qu'ils s'attaquent spontanément aux systèmes complexes, comme si la complexité les stimulaient. Il s'agit des virus informatiques et en associations avec eux, des humains, pirates ou hackers. Beaucoup semblent motivés, non pour des raisons politiques ou économiques, mais par le désir très puissant de se montrer supérieurs, fut-ce anonymement, aux barrières qui leur sont opposées. Dans notre terminologie, il s'agit typiquement d'agents de type anthropotechniques, associant des technologies de type proliférant et des humains (anthropos) tourmentés par un besoin de sortir de la norme. Cela peut prendre une forme ludique mais aussi déboucher sur des actions qui seront qualifiées de criminelles.

Or dans le cas des émeutes urbaines, on voit systématiquement apparaître des groupes dits de casseurs qui ne se bornent pas à piller mais, semble-t-il, à détruire pour détruire. On a parlé de jeu ou de sport. Médiatisés sur les réseaux, de tels comportements se répandent et se diversifient sur le mode mémétique viral. On peut s'interroger sur les raisons de leur succès reproductif, déploré par les responsables de l'ordre. S'agit-il d'une propension séculaire des sociétés organisées à générer des comportements destructifs externes de la part de ceux que cette organisation rejette? Faut-il alors intensifier les mesures répressives classiques? S'agit-il au contraire de formes d'auto-destruction internes qui seront de plus en plus nombreuses et agressives au fur et à mesure que les sociétés en réseau se complexifieront? Quels rapports entretiendront ces auto-destructions avec les actions de contestation plus pacifiques s'exprimant à travers des manifestations médiatisées, sur le mode des campements de la place Tahrir au Caire. Ces dernières en souffriront-elles ou en tireront-elles profit? Des analyses systémiques semblent s'imposer, si l'on ne veut pas s'enfermer dans la vieille dialectique du « surveiller et punir » illustrée par Michel Foucault.

Le facteur anthropologique

En état de co-activation avec ce facteur technologique se trouve le facteur que nous nommons ici anthropologique. Il faut pas à cet égard se cacher derrière les non-dits bien pensants, qui ne trompent plus personne aujourd'hui. Les insurgés des banlieues européennes conjuguent le refus de l'exploitation propre à tous prolétariats ou minorités exploitées ou rejetées par le secteur productif avec des composantes ethniques. La Grande Bretagne, pour ce qui la concerne, dans la suite d'une histoire coloniale et industrielle dont les hauts-faits inspirent encore l'imagination des classes dirigeantes, a cru pouvoir faire venir sur son territoire, pratiquement sans contraintes, les représentants de populations et de religions qui se livraient chez elles à des conflits incessants. Elle espérait apparemment pouvoir les réconcilier autour des bonnes moeurs de la gentry, tout en continuant à exploiter leur force de travail sans offrir de perspective d'emplois sérieux et de promotion. Des aides à l'assimilation avaient été mises en place sous les gouvernements travaillistes, mais elles viennent d'être supprimées.

Il n'y a rien d'étonnant à ce que, la crise économique et politique actuelle aidant, ce soit dans le pot-pourri de nationalités provenant principalement de l'ancien Empire, que se recrutent - fussent-ils naturalisés depuis plusieurs générations, les individus les plus activistes. Certes, les affrontements de la décenie précédente opposants protestants et catholiques en Irlande avaient rappelé que les Européens peuvent à tout moment prendre les armes les uns contre les autres, comme ils l'ont fait tout au long du 20e siècle. Reste qu'aujourd'hui les images des combats de rue véhiculent l'image détestable de conflits ethniques, même si comme d'habitude les premières victimes des destructions sont des famlles fraichement immigrées. Il peut s'agir d'une véritable dynamite. Parler comme le fait aujourd'hui le gouvernement Cameron de comportements relevant du banditisme classique ne suffit donc pas à prendre la mesure anthropologique du problème.

En France ou dans les autres pays européens, il paraît évident que des facteurs voisins sont à l'oeuvre qui nourriront si rien n'est fait des révoltes également destructrices. Mais pour le moment il nous semble que le maillon faible face à de telles révoltes risque bien d'être le Royaume Uni. Pourquoi? La société britannique, bien qu'indéniablement profondément démocratique en termes politiques, est aussi profondément inégalitaire en termes sociaux. De plus elle a depuis des décennies perdu la capacité de faire appel au secteur public et à de véritables mesures économiques où l'Etat et les organisations syndicales pourraient faire un contrepoids aux oligarchies financières. C'est ainsi que la majorité libérale conservatrice a embouché sans aucunes précautions les trompettes du FMI et de Wall Street en démantelant la police, les universités et les services sociaux, entre autres barrages possibles aux revendications de la rue. S'est ajoutée à cela la corruption profonde générée par le système médiatique, où même l'austère Scotland Yard a perdu sa respectabilité.

Face aux mouvements de rue, le gouvernement se trouve un peu dans la situation de Bachar El Assad: devoir durcir encore la répression ou démissionner. Certains parlent de faire appel à l'armée. Cela fera peut-être taire un moment les manifestants. Mais ne fera qu'aggraver les difficultés à terme. Il faudrait pensons-nous proposer aux minorités ethniques en réseau des perspectives à plus long terme qui réinséreraient les manifestants les plus désireux de s'intégrer au sein d'autres réseaux offrant des perspectives d'activités technologiques motivantes. C'est la question évoquée dans notre éditorial du 27 juillet, « L'avenir de la Grèce est aussi le nôtre ». Mais cette perspective supposerait un véritable changement de système politique et économique. Rien ne prouve pour le moment que la peur générée par les émeutes fasse progresser, en Grande Bretagne comme ailleurs en Europe, la prise au sérieux du besoin d'un tel changement.

Jean-Paul Baquiast
Europe solidaire
09/08/2011  

Correspondance Polémia – 12/08/2011

dimanche, 14 août 2011

Zinoviev's Homo Sovieticus: Communism as Social Entropy

Zinoviev’s “Homo Sovieticus”: Communism as Social Entropy

Tomislav Sunic

Ex: http://freespeechproject.com/

 

Alexandre_Zinoviev_2002.jpgStudents and observers of communism consistently encounter the same paradox: On the one hand they attempt to predict the future of communism, yet on the other they must regularly face up to a system that appears unusually static. At Academic gatherings and seminars, and in scholarly treatises, one often hears and reads that communist systems are marred by economic troubles, power sclerosis, ethnic upheavals, and that it is only a matter of time before communism disintegrates. Numerous authors and observers assert that communist systems are maintained in power by the highly secretive nomenklatura, which consists of party potentates who are intensely disliked by the entire civil society. In addition, a growing number of authors argue that with the so-called economic linkages to Western economies, communist systems will eventually sway into the orbit of liberal democracies, or change their legal structure to the point where ideological differences between liberalism and communism will become almost negligible.

The foregoing analyses and predictions about communism are flatly refuted by Alexander Zinoviev, a Russian sociologist, logician, and satirist, whose analyses of communist systems have gained remarkable popularity among European conservatives in the last several years.

According to Zinoviev, it is impossible to study communist systems without rigorous employment of appropriate methodology, training in logic, and a construction of an entirely new conceptual approach. Zinoviev contends that Western observers of communism are seriously mistaken in using social analyses and a conceptual framework appropriate for studying social phenomena in the West, but inappropriate for the analysis of communist systems. He writes:

A camel cannot exist if one places upon it the criteria of a hippopotamus. The opinion of those in the West who consider the Soviet society unstable, and who hope for its soon disintegration from within (aside that they take their desires for realities), is in part due to the fact that they place upon the phenomenon of Soviet society criteria of Western societies, which are alien to the Soviet society.

Zinoviev’s main thesis is that an average citizen living in a communist system -- whom he labels homo sovieticus -- behaves and responds to social stimuli in a similar manner to the way his Western counterpart responds to stimuli of his own social landscape. In practice this means that in communist systems the immense majority of citizens behave, live, and act in accordance with the logic of social entropy laid out by the dominating Marxist ideology. Contrary to widespread liberal beliefs, social entropy in communism is by no means a sign of the system’s terminal illness; in fact it is a positive sign that the system has developed to a social level that permits its citizenry to better cope with the elementary threats, such as wars, economic chaos, famines, or large-scale cataclysms. In short, communism is a system whose social devolution has enabled the masses of communist citizens to develop defensive mechanisms of political self-protection and indefinite biological survival. Using an example that recalls Charles Darwin and Konrad Lorenz, Zinoviev notes that less-developed species often adapt to their habitat better than species with more intricate biological and behavioral capacities. On the evolutionary tree, writes Zinoviev, rats and bugs appear more fragile than, for example, monkeys or dinosaurs, yet in terms of biological survivability, bugs and rats have demonstrated and astounding degree of adaptability to an endlessly changing and threatening environment. The fundamental mistake of liberal observers of communism is to equate political efficiency with political stability. There are political stability. There are political systems that are efficient, but are at the same time politically unstable; and conversely, there are systems which resilient to external threats. To illustrate the stability of communist systems, Zinoviev writes:

A social system whose organization is dominated by entropic principles possesses a high level od stability. Communist society is indeed such a type of association of millions of people in a common whole in which more secure survival, for a more comfortable course of life, and for a favorable position of success.

Zinoviev notes that to “believe in communism” by no means implies only the adherence to the ruling communist elite of the unquestionable acceptance of the communist credo. The belief in communism presupposes first and foremost a peculiar mental attitude whose historical realization has been made possible as a result of primordial egalitarian impulses congenial to all human beings. Throughout man’s biocultural evolution, egalitarian impulses have been held in check by cultural endeavors and civilizational constraints, yet with the advent of mass democracies, resistance to these impulses has become much more difficult. Here is how Zinoviev sees communism:

Civilization is effort; communality is taking the line if least resistance. Communism is the unruly conduct of nature’s elemental forces; civilization sets them rational bounds.

It is for this reason that it is the greatest mistake to think that communism deceives the masses or uses force on them. As the flower and crowning glory of communality, communism represents a type of society which is nearest and dearest to the masses no matter how dreadful the potential consequences for them might be.

zinoviev1978.jpgZinoviev refutes the widespread belief that communist power is vested only among party officials, or the so-called nomenklatura. As dismal as the reality of communism is, the system must be understood as a way of life shared by millions of government official, workers, and countless ordinary people scattered in their basic working units, whose chief function is to operate as protective pillars of the society. Crucial to the stability of the communist system is the blending of the party and the people into one whole, and as Zinoviev observes, “the Soviet saying the party and the people are one and the same, is not just a propagandistic password.” The Communist Party is only the repository of an ideology whose purpose is not only to further the objectives of the party members, but primarily to serve as the operating philosophical principle governing social conduct. Zinoviev remarks that Catholicism in the earlier centuries not only served the Pope and clergy; it also provided a pattern of social behavior countless individuals irrespective of their personal feelings toward Christian dogma. Contrary to the assumption of liberal theorists, in communist societies the cleavage between the people and the party is almost nonexistent since rank-and-file party members are recruited from all walks of life and not just from one specific social stratum. To speculate therefore about a hypothetical line that divides the rulers from the ruled, writes Zinoviev in his usual paradoxical tone, is like comparing how “a disemboweled and carved out animal, destined for gastronomic purposes, differs from its original biological whole.”

Admittedly, continues Zinoviev, per capita income is three to four times lower than in capitalist democracies, and as the daily drudgery and bleakness of communist life indicates, life under communism falls well short of the promised paradise. Yet, does this necessarily indicate that the overall quality in a communist society is inferior to that in Western countries? If one considers that an average worker in a communist system puts in three to four hours to his work (for which he usually never gets reprimanded, let alone fears losing his job), then his earnings make the equivalent of the earnings of a worker in a capitalist democracy. Stated in Marxist terminology, a worker in a communist system is not economically exploited but instead “takes the liberty” of allocating to himself the full surplus value of his labor which the state is unable to allocate to him. Hence this popular joke, so firmly entrenched in communist countries, which vividly explains the longevity of the communist way of life: “Nobody can pay me less than as little as I can work.”

Zinoviev dismisses the liberal reductionist perception of economics, which is based on the premise that the validity or efficiency of a country is best revieled by it high economic output or workers’ standard of living. In describing the economics of the Soviet Union, he observes that “the economy in the Soviet Union continues to thrive, regardless of the smart analyses and prognoses of the Western experts, and is in fact in the process of becoming stronger.” The endless liberal speculations about the future of communism, as well as the frequent evaluations about whether capitalist y resulted in patent failures. The more communism changes the more in fact it remains the same. Yet, despite its visible shortcomings, the communist ideal will likely continue to flourish precisely because it successfully projects the popular demand for security and predictability. By contrast, the fundamental weakness of liberal systems is that they have introduced the principles of security and predictability only theoretically and legally, but for reasons of economic efficiency, have so far been unable to put them into practice. For Claude Polin, a French author whose analyses of communist totalitarianism closely parallel Zinoviev’s views, the very economic inefficiency of communism paradoxically, “provides much more chances to [sic] success for a much larger number of individuals than a system founded on competition and reward of talents.” Communism, in short, liberates each individual from all social effort and responsibility, and its internal stasis only reinforces its awesome political stability.

TERROR AS THE METAPHOR
For Zinoviev, communist terror essentially operates according to the laws of dispersed communalism; that is, though the decentralization of power into the myriad of workers’ collectives. As the fundamental linchpins of communism, these collectives carry out not only coercive but also remunerative measures on behalf of and against their members. Upon joining a collective, each person becomes a transparent being who is closely scrutinized by his coworkers, yet at the same time enjoys absolute protection in cases of professional mistakes, absenteeism, shoddy work, and so forth. In such a system it is not only impossible but also counterproductive to contemplate a coup or a riot because the power of collectives is so pervasive that any attempted dissent is likely to hurt the dissenter more than his collective. Seen on the systemic level, Communist terror, therefore, does not emanate from one central source, but from a multitude of centers from the bottom to the top of society, whose foundations, in additions to myriad of collectives, are made up of “basic units,” brigades, or pioneer organizations. If perchance an individual or a group of people succeeds in destroying one center of power, new centers of power will automatically emerge. In this sense, the notion of “democratic centralism,” derided by many liberal observers as just another verbal gimmick of the communist meta-language, signifies a genuine example of egalitarian democracy -- a democracy in which power derives not from the party but from the people. Zinoviev notes:

Even if you wipe out half the population, the first thing that will be restored in the remaining half will be the system of power and administration. There, power is not organized to serve the population: the population is organized as a material required for the functioning of power.

Consequently, it does not appear likely that communism can ever be “improved,” at least not as Westerners understand improvement, because moral, political, and economic corruption of communism is literally spread throughout all pores of the society, and is in fact encouraged by the party elite on a day-to-day basis. The corruption among workers that takes the form of absenteeism, moonlighting, and low output goes hand in hand with corruption and licentiousness of party elite, so that the corruption of the one justifies and legitimatizes the corruption of the others. That communism is a system of collective irresponsibility is indeed not just an empty saying.

IN THE LAND OF THE “WOODEN LANGUAGE”
The corruption of language in communist societies is a phenomenon that until recently has not been sufficiently explored. According to an elaborate communist meta-language that Marxist dialecticians have skillfully developed over the last hundred years, dissidents and political opponents do not fall into the category of “martyrs,” or “freedom fighters” -- terms usually applied to them by Western well-wishers, yet terms are meaningless in the communist vernacular. Not only for the party elite, but for the overwhelming majority of people, dissidents are primarily traitors of democracy, occasionally branded as “fascist agents” or proverbial “CIA spies.” In any case, as Zinoviev indicates, the number of dissidents is constantly dwindling, while the number of their detractors is growing to astounding proportions. Moreover, the process of expatriation of dissidents is basically just one additional effort to dispose of undesirable elements, and thereby secure a total social consensus.

for the masses of citizens, long accustomed to a system circumventing al political “taboo themes,” the very utterance of the word dissident creates the feeling of insecurity and unpredictability. Consequently, before dissidents turn into targets of official ostracism and legal prosecution, most people, including their family members, will often go to great lengths to disavow them. Moreover, given the omnipotent and transparent character of collectives and distorted semantics, potential dissidents cannot have a lasting impact of society. After all, who wants to be associated with somebody who in the popular jargon is a nuisance to social peace and who threatens the already precarious socioeconomic situation of a system that has only recently emerged from the long darkness of terror? Of course, in order to appear democratic the communist media will often encourage spurious criticism of the domestic bureaucracy, economic shortages, or rampant mismanagement, but any serious attempt to question the tenets of economic determinism and the Marxist vulgate will quickly be met with repression. In a society premised on social and psychological transparency, only when things get out of hand, that is, when collectives are no longer capable of bringing a dissident to “his senses,” -- which at any rate is nowadays a relatively rare occurrence -- the police step in. Hence, the phenomenon of citizens’ self-surveillance, so typical of all communist societies, largely explains the stability of the system.

In conclusion, the complexity of the communist enigma remains awesome, despite some valid insights by sovietologists and other related scholars. In fact, one reason why the study of communist society is still embryonic may be ascribed to the constant proliferation of sovietologists, experts, and observers, who seldom shared a unanimous view of the communist phenomenon. Their true expertise, it appears, is not the analysis of the Soviet Union, but rather how to refute each other’s expertise on the Soviet Union. The merit of Zinoviev’s implacable logic is that the abundance of false diagnoses and prognoses of communism results in part from liberal’s own unwillingness to combat social entropy and egalitarian obsession on their own soil and within their own ranks. If liberal systems are truly interested in containing communism, they must first reexamine their own egalitarian premises and protocommunist appetites.

What causes communism? Why does communism still appear so attractive (albeit in constantly new derivatives) despite its obvious empirical bankruptcy? Why cannot purportedly democratic liberalism come to terms with its ideological opponents despite visible economic advantages? Probably on should first examine the dynamics of all egalitarian and economic beliefs and doctrines, including those of liberalism, before one starts criticizing the gulags and psychiatric hospitals.

Zinoviev rejects the notion that the Soviet of total political consolidation that can now freely permit all kinds of liberal experiments. After all, what threatens communism?

Regardless of what the future holds for communist societies, one must agree with Zinoviev that the much-vaunted affluence of the West is not necessarily a sign of Western stability. The constant reference to affluence as the sole criterion for judging political systems does not often seem persuasive. The received wisdom among (American) conservatives is that the United States must outgun or out spend the Soviet Union to convince the Soviets that capitalism is a superior system. Conservatives and others believe that with this show of affluence, Soviet leaders will gradually come to the conclusion that their systems is obsolete. Yet in the process of competition, liberal democracies may ignore other problems. If one settles for the platitude that the Soviet society is economically bankrupt, then one must also acknowledge that the United States is the world’s largest debtor and that another crash on Wall Street may well lead to the further appeal of various socialistic and pseudosocialist beliefs. Liberal society, despite its material advantages, constantly depends on its “self-evident” economic miracles. Such a society, particularly when it seeks peace at any price, may some day realize that there is also an impossibly high price to pay in order to preserve it.

[The World and I   (Washington Times Co.), June, 1989]

Mr. Sunic, a former US professor and a former Croat diplomat, holds a Ph.D. in political science. He is the author of several books. He currently resides in Europe.

http://doctorsunic.netfirms.com

Vers la tyrannie?

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Vers la tyrannie ?

 
Avec en toile de fond un effondrement systémique global de la zone transatlantique (le "sauvetage" de la Grèce et le déplafonnement de la dette US n'étant que des pis-aller temporaires), l'élite dirigeante semble prête pour une véritable fuite en avant.

Difficile de dire quels visages prendront ces délires oligarchiques, mais on peut supposer que les "corporate globalists" et leurs laquais vont faire preuve d'une inventivité à toute épreuve.

Premier élément passé totalement inaperçu dans l'euphorie de l'accord Obama-Chambre des Représentants (1) la mise en place d'un Super-Congrès aux États-Unis. De quoi s'agit-il ?

L'activiste larouchiste Debra Freeman l'explique dans un communiqué publié le 1er août :

" Le Super-congrès est un comité de 12 représentants, composé de six démocrates et six républicains, qui auront le pouvoir, l’autorité et la responsabilité de décider, entre la mi et la fin novembre, de coupes supplémentaires de 1,5 mille milliards de dollars. Ces coupes seront ensuite présentées au vote de l’ensemble du Congrès. Cependant, lorsqu’il sera saisi des recommandations de ce groupe de douze, le Congrès n’aura pas le droit d’y apporter le moindre amendement ni même d’entreprendre un « filibuster », procédure d’obstruction parlementaire qui permet de retarder le plus possible, ou même bloquer l’adoption d’une loi. Les élus ne pourront se prononcer sur ce projet que par oui ou par non, et même s’ils votent non, c’est-à-dire contre le projet de loi, des coupes automatiques de l’ordre de 1,500 milliards de dollars auront lieu. Elles seront divisées également entre les dépenses de la défense, et celles des programmes sociaux, sans que plus aucune discussion ne puisse avoir lieu sur le sujet".

Si les mots ont encore un sens, cela s'appelle un coup d’État (anti)constitutionnel.

Oslo

Plus terrible encore : le massacre norvégien. Comme on pouvait le redouter dès les premières heures, cette tragédie exhale de très fortes odeurs de Gladio "scandinave" et de réseau stay-behind nouvelle mouture.

On évoque de plus en plus dans les milieux du renseignement la présence d'un deuxième tireur sur l'île d'Utoeya, ainsi que des "exercices" anti-terroristes qui se déroulaient dans le quartier d'Oslo où ont eu lieu les explosions (même scénario qu'à Londres le 7 juillet 2005 et aux Etats-Unis le 11 septembre 2001).

Des spécialistes mettent également en avant le rôle du SIMAS : une structure mise en place par l'US Intelligence et qui a recruté chez des policiers retraités, des anciens militaires etc.

Opération fausse bannière, dites-vous?

Restrictions des libertés

Il est à craindre qu'après le très mal nommé Patriot Act (concocté par John Ashcroft et le "délicieux" Michael Chertoff) et les iniques lois Perben, les gouvernements occidentaux pour plaire à leurs "employeurs", se lancent dans une nouvelle frénésie législative et liberticide qui mettra un peu plus en cause l'habeas corpus, les droits de la défense et les principes élémentaires de l'Etat de Droit.

Des affaires aussi rocambolesques et grotesques que celles de Tarnac risquent de se multiplier. Mais les prochaines fois, on peut supposer que ce n'est pas l'ultra-gauche qui sera visée mais plutôt les milieux de la droite radicale. Des officines barbouzardes cherchent déjà leur proie et promettent des coups de filet dans les jours ou les semaines à venir. On peut imaginer que le sémillant "frérot" Alain Bauer est déjà en embuscade pour offrir à la mediasphère les explications toutes faites dont il a le secret et dont il avait déjà gratifié la population française lors du scandale Julien Coupat-Yldune Lévy.

Les poulets anti-terroristes trouveront très opportunément des caches d'armes, des plans, des maquettes, des écrits subversifs etc.

Malheureusement on ne connait que trop bien ce genre de montage minable mais qui fonctionne toujours auprès d'un public crédule et totalement lobotomisé.

Port d'armes

Cette stratégie de la tension et ces restrictions des libertés s'accompagneront très probablement d'une guerre aux armes à feu notamment aux Etats-Unis.

Les tentatives multiples de ces derniers mois de mettre à mal le deuxième amendement (Rahm Emanuel, nouveau maire de Chicago, est très en pointe dans ce "combat"), font redouter aux patriotes, aux constitutionnalistes, aux libertariens et aux conservateurs américains une opération faux-drapeau de grande envergure qui mettrait en scène un tireur fou provoquant une fusillade dans une école, un jardin d'enfants ou tout autre lieu public.

Un événement tragique qui remettrait en cause ce droit fondamental et permettrait à l'oligarchie d'obtenir l'appui d'une population américaine traumatisée.

Il faut bien comprendre que les Américains n'ont pas le même regard que les Français sur le port d'armes.

Pour les Français le monopole de la violence légale et légitime est entre les mains des forces coercitives de l'Etat. Les Français ont accepté que leur sécurité soit assurée par la police et la gendarmerie. Pas d'auto-défense en France.(2)

Aux Etats-Unis la logique est différente. Le port d'armes n'est pas seulement envisagé comme une façon de mettre hors d'état de nuire un voyou ou un agresseur mais il est aussi le plus sûr et l'ultime moyen de se prémunir de la tyrannie du gouvernement.(3)

When governments fear the people, there is liberty. When the people fear the government, there is tyranny. The strongest reason for the people to retain the right to keep and bear arms is, as a last resort, to protect themselves against tyranny in government.” — Thomas Jefferson

Le même Jefferson d'ajouter :

"Aucun homme libre ne devrait être désarmé, les lois qui interdisent le port d’armes désarment seulement ceux qui ne sont pas enclins ni déterminés à commettre des crimes. De telles lois rendent les choses pires pour ceux qui sont assaillis et meilleurs pour les assaillants; elles servent plutôt à encourager les homicides que de les prévenir, parce qu’un homme désarmé peut être attaqué avec une plus grande certitude qu’un homme armé".

James Madison de son côté déclarait : "Pour préserver la liberté, il est essentiel que toute la population entière possède des armes en tout temps".

George Washington, lui, nommait sa collection d'armes privées "les dents de la liberté du peuple".

Les partisans du deuxième amendement ont-ils raison de se méfier d'un coup fourré de l’État fédéral?

Absolument. La presse américaine, y compris dominante, a révélé un scandale dont l'ATF (Alcohol, Tobacco, Firearms and explosives) est partie prenante. L'ATF aurait fourni des armes à des cartels mexicains.

Or, ces gangs de la drogue viennent régler une partie de leur "désaccord" sur le sol américain. Un carnage n'est donc pas impensable.
Depuis quelques jours, on voit déjà sortir du bois tous les opposants au deuxième amendement pour réclamer un contrôle plus drastique et une législation plus dure sur les armes à feu.

Il faut également rappeler l'affaire de la milice Hutaree. Cette milice avait menacé de déclarer la guerre à l'Etat fédéral et de commettre des attentats contre la police du Michigan. Après vérification, on découvrit que la milice Hutaree était infiltrée par le FBI et avait été transformée en simple "joujou" du Homeland Security...

Maurice Gendre

( 1 ) A l'heure où ces lignes sont écrites (lundi 1er août), on attend encore que le Sénat se prononce.

( 2 ) A la vue des troubles à l'ordre public permanents à Marseille et Sevran pour ne citer que ces deux exemples parmi des dizaines d'autres, on peut être désormais persuadé que "le monopole de la violence physique légitime" entre les mains de l’État n'est plus qu'un songe.
Les Français devant faire face à une réglementation sur les armes extrêmement restrictives (décrets du 6 mai 1995 et de décembre 1998), ils ne leur restent plus que trois solutions :
- assurer leur propre défense et ils termineront comme Papy Galinier (embastillé)
- ne rien faire et ils seront à la merci de la voyoucratie et n'auront plus qu'à prier d'être épargnés par la vindicte de la racaille
- s'organiser clandestinement et ils finiront également dans les geôles républicaines traités comme de vulgaires comploteurs qui souhaitent renverser la démocratie et l'Etat de Droit.
Heureuses perspectives, n'est-il pas ? Max Weber aurait de quoi philosopher...

( 3 ) La tyrannie n'est plus une simple crainte. Le congressman Brad Sherman avait raconté comment on l'avait menacé de déclencher la loi martiale si lui et certains de ses collègues ne votaient pas le plan de renflouement Paulson.

On rappellera aussi les tragédies de Waco et Ruby Ridge pour se convaincre que l'Etat fédéral peut traiter les citoyens américains de la plus ignoble des manières. C'est pour cela que des organisations telles que les Oath keepers (Les gardiens du serment fondé par Stewart Rhodes, un ancien proche de Ron Paul) ou les Gun owners of America (adeptes de l'open carry en référence au vieux principe "A right unexercised is a right lost"), se préparent à faire face à des troubles civils graves fomentés par le gouvernement fédéral et à une suspension des libertés constitutionnelles en cas d'écroulement.

samedi, 13 août 2011

Towards a New World Order: Carl Schmitt's "The LandAppropriation of a New World"

 

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Towards a New World Order: Carl Schmitt's "The Land Appropriation of a New World"

Gary Ulmen

Ex: http://freespeechproject.com/

 

The end of the Cold War and of the bipolar division of the world has posed again the question of a viable international law grounded in a new world order. This question was already urgent before WWI, given the decline of the ius publicum Europaeum at the end of the 19th century. It resurfaced again after WWII with the defeat of the Third Reich. If the 20th century is defined politically as the period beginning with the "Great War" in 1914 and ending with the collapse of the Soviet empire in 1989, it may be seen as a long interval during which the question of a new world order was suspended primarily because of the confrontation and resulting stalemate between Wilsonianism and Leninism. Far from defining that period, as claimed by the last defenders of Left ideology now reconstituted as "anti-fascism," and despite their devastating impact at the time, within such a context fascism and Nazism end up automatically redimensioned primarily as epiphenomenal reactions of no lasting historical significance. In retrospect, they appear more and more as violent geopolitical answers to Wilsonianism's (and, to a lesser extent, Leninism's) failure to establish a new world order.

Both the League of Nations and the United Nations have sought to reconstitute international law and the nomos of the earth, but neither succeeded. What has passed for international law throughout the 20th century has been largely a transitory semblance rather than a true system of universally accepted rules governing international behavior. The geopolitical paralysis resulting from the unresolved conflict between the two superpowers created a balance of terror that provided the functional equivalent of a stable world order. But this state of affairs merely postponed coming to terms with the consequences of the collapse of the ius publicum Europaeum and the need to constitute a new world order. What is most significant about the end of the Cold War is not so much that it brought about a premature closure of the 20th century or a return to the geopolitical predicament obtaining before WWI, but that it has signaled the end of the modern age--evident in the eclipse of the nation state, the search for new political forms, the explosion of new types of conflicts, and radical changes in the nature of war. Given this state of affairs, today it may be easier to develop a new world order than at any time since the end of the last century.

At the beginning of the 20th century, Ernest Nys wrote that the discovery of the New World was historically unprecedented since it not only added an immense area to what Europeans thought the world was but unified the whole globe.(n1) It also resulted in the European equilibrium of land and sea that made possible the ius publicum Europaeum and a viable world order. In his "Introduction" to The Nomos of the Earth, Carl Schmitt observes that another event of this kind, such as the discovery of some new inhabitable planet able to trigger the creation of a new world order, is highly unlikely, which is why thinking "must once again be directed to the elemental orders of concrete terrestrial existence."(n2) Despite all the spatial exploration and the popular obsession with extra-terrestrial life, today there is no event in sight comparable to the discovery of a New World. Moreover, the end of the Cold War has paved the way for the further expansion of capitalism, economic globalization, and massive advances in communication technologies. Yet the imagination of those most concerned with these developments has failed so far to find any new alternatives to the prevailing thinking of the past decades.



Beyond the Cold War


The two most prominent recent attempts to prefigure a new world order adequate to contemporary political realities have been made by Francis Fukuyama and Samuel P. Huntington.(n3) Fukuyama thinks the West has not only won the Cold War but also brought about the end of history, while Huntington retreats to a kind of "bunker mentality" in view of an alleged decline of the West.(n4) While the one suffers from excessive optimism and the other from excessive pessimism, both fail primarily because they do not deal with the "elemental orders of concrete terrestrial existence" and troth remain trapped in an updated version of Wilsonianism assuming liberal democracy to be the highest achievement of Western culture. While Fukuyama wants to universalize liberal democracy in the global marketplace, If Huntington identifies liberalism with Western civilization. But Huntington is somewhat more realistic than Fukuyama. He not only acknowledges the impossibility of universalizing liberalism but exposes its particularistic nature. Thus he opts for a defense of Western civilization within an international helium omnium contra omnes. In the process, however, he invents an "American national identity" and extrapolates from the decline of liberal democracy to the decline of the West.

Fukuyama's thesis is derived from Alexandre Kojeve's Heideggerian reading of Hegel and supports the dubious notion that the last stage in human history will be a universal and homogeneous state of affairs satisfying all human needs. This prospect is predicated on the arbitrary assumption of the primacy of thymos--the desire for recognition--which both Kojeve and Fukuyama regard as the most fundamental human longing. Ultimately, according to Fukuyama, "Kojeve's claim that we are at the end of history . . . stands or falls on the strength of the assertion that the recognition provided by the contemporary liberal democratic state adequately satisfies the human desire for recognition."(n5) Fukuyama's own claim thus stands or falls on his assumption that at the end of history "there are no serious ideological competitors to liberal democracy."(n6) This conclusion is based on a whole series of highly dubious ideological assumptions, such as that "the logic of modern natural science would seem to dictate a universal evolution in the direction of capitalism"(n7) and that the desire for recognition "is the missing link between liberal economics and liberal politics."(n8)

According to Fukuyama, the 20th century has turned everyone into "historical pessimists."(n9) To reverse this state of affairs, he challenges "the pessimistic view of international relations . . . that goes variously under the titles 'realism,' realpolitik, or 'power politics'."(n10) He is apparently unaware of the difference between a pessimistic view of human nature, on which political realism is based, and a pessimistic view of international relations, never held by political realists such as Niccolo Machiavelli or Hans Morgenthau--two thinkers Fukuyama "analyzes" in order to "understand the impact of spreading democracy on international politics." As a "prescriptive doctrine," he finds the realist perspective on international relations still relevant. As a "descriptive model," however, it leaves much to be desired because: "There was no 'objective' national interest that provided a common thread to the behavior of states in different times and places, but a plurality of national interests defined by the principle of legitimacy in play and the individuals who interpreted it." This betrays a misunderstanding of political realism or, more plausibly, a deliberate attempt to misrepresent it in order to appear original. Although he draws different and even antithetical conclusions, Fukuyama's claim is not inconsistent with political realism.(n11)

Following this ploy, Fukuyama reiterates his main argument that: "Peace will arise instead out of the specific nature of democratic legitimacy, and its ability to satisfy the human longings for recognition."(n12) He is apparently unaware of the distinction between legality and legitimacy, and of the tendency within liberal democracies for legality to become its own mode of legitimation.(n13) Even in countries in which legality remains determined independently by a democratic legislative body, there is no reason to believe it will be concerned primarily or at all with satisfying any "human longing for recognition"; rather, it will pursue whatever goals the predominant culture deems desirable. Consequently, it does not necessarily follow that, were democratic legitimacy to become universalized with the end of the Cold War, international conflict would also end and history along with it. Even Fukuyama admits that: "For the foreseeable future, the world will be divided between a post-historical part, and a part that is still stuck in history. Within the post-historical part, the chief axis of interaction between states would be economic, and the old rules of power politics would have decreasing relevance."(n14)

This is nothing more than the reconfiguration of a standard liberal argument in a new metaphysical guise: the old historical world determined by politics will be displaced by the new post-historical world determined by economics. Schmitt rejected this argument in the 1920s: according to liberals, the "concept of the state should be determined by political means, the concept of society (in essence nonpolitical) by economic means," but this distinction is prejudiced by the liberal aversion to politics understood as a domain of domination and corruption resulting in the privileging of economics understood as "reciprocity of production and consumption, therefore mutuality, equality, justice, and freedom, and finally, nothing less than the spiritual union of fellowship, brotherhood, and justice."(n15) In effect, Fukuyama is simply recycling traditional liberal efforts to eliminate the political(n16)--a maneuver essential for his thesis of the arrival of "the end of history" with the end of the Cold War. Accordingly: "The United States and other liberal democracies will have to come to grips with the fact that, with the collapse of the communist world, the world in which they live is less and less the old one of geopolitics, and that the rules and methods of the historical world are not appropriate to life in the post-historical one. For the latter, the major issues will be economic."(n17) Responding to Walter Rathenau's claim in the 1920s that the destiny then was not politics but economics, Schmitt said "what has occurred is that economics has become political and thereby the destiny."(n18)

For Fukuyama, the old historical world is none other than the European world: "Imperialism and war were historically the product of aristocratic societies. If liberal democracy abolished the class distinction between masters and slaves by making the slaves their own masters, then it too should eventually abolish imperialism."(n19) This inference is based on a faulty analogy between social and international relations. Not surprisingly, Fukuyama really believes that "international law is merely domestic law writ large."(n20) Compounded with an uncritical belief in the theory of progress and teleological history, this leads him to generalize his own and Kojeve's questionable interpretation of the master-slave dialectic (understood as the logic of all social relations) to include international relations: "If the advent of the universal and homogeneous state means the establishment of rational recognition on the level of individuals living within one society, and the abolition of the relationship of lordship and bondage between them, then the spread of that type of state throughout the international system of states should imply the end of relationships of lordship and bondage between nations as well--i.e., the end of imperialism, and with it, a decrease in the likelihood of wars based on imperialism."(n21) Even if a "universal and homogeneous state" were possible today, in an age when all nation-states are becoming ethnically, racially, linguistically and culturally heterogeneous, it is unclear why domestic and international relations should be isomorphic. Rather, the opposite may very well be the case: increasing domestic heterogeneity is matched by an increasingly heterogeneous international scene where "the other" is not regarded as an equal but as "a paper tiger," "the Great Satan," "religious fanatics," etc.

At any rate, imperialism for Fukuyama is not a particular historical phenomenon which came about because of the discovery of the New World at the beginning of the age of exploration by the European powers. Rather, it is seen as the result of some metaphysical ahistorical "struggle for recognition among states."(n22) It "arises directly out of the aristocratic master's desire to be recognized as superior--his megalothymia."(n23) Ergo: "The persistence of imperialism and war after the great bourgeois revolutions of the eighteenth and nineteenth centuries is therefore due not only to the survival of an atavistic warrior ethos, but also to the fact that the master's megalothymia was incompletely sublimated into economic activity."(n24) Thus the formal market relation between buyer and seller, both reduced to the level of the hyper-rational and calculating homo oeconomicus, comes to displace the master-slave dialectic whereby, miraculously, the interaction between these economic abstractions generates as much recognition as anyone would want, rendering conflict obsolete and putting an end to history.

In terms of Fukuyama's own formulation, the real end of history, as he understands it, is not even close. In his scenario, since there are still a lot of unresolved conflicts between the historical and the post-historical worlds, there will be a whole series of "world order" problems and "many post-historical countries will formulate an abstract interest in preventing the spread of certain technologies to the historical world, on the grounds that world will be most prone to conflict and violence."(n25) Although the failure of the League of Nations and the UN has led to the general discrediting of "Kantian internationalism and international law," in the final analysis, despite his Heideggerian Hegelianism, Fukuyama does not find the answer to the end of history in Hegel, Nietzsche or even Kojeve,(n26) but rather in Kant, who argued that the gains realized when man moved from the state of nature to civilization were largely nullified by wars between nations. According to Fukuyama, what has not been understood is that "the actual incarnations of the Kantian idea have been seriously flawed from the start by not following Kant's own precepts," by which he means that states based on republican principles are less likely than despotisms to accept the costs of war and that an international federation is only viable if it is based on liberal principles.

Although Huntington has a much better grasp of international relations than Fukuyama, his decline of the West scenario is equally unconvincing. The central theme of his book is that "culture and cultural identities, which at the broadest level are civilization identities, are shaping the patterns of cohesion, disintegration, and conflict in the post-Cold War world."(n27) But whereas Fukuyama couches his thesis in terms of a universal desire for recognition, Huntington couches his thesis in terms of a global search for identity: "Peoples and nations are attempting to answer the most basic question humans can face: Who are we?"(n28) The result is a "multipolar and multi-civilizational" world within which the West should abandon its presumed universalism and defend its own particular identity: "In the clash of civilizations, Europe and America will hang together or hang separately. In the greater clash, the global 'real clash,' between Civilization and barbarism, the worlds great civilizations . . . will also hang together or hang separately. In the emerging era, clashes of civilizations are the greatest threat to world peace, and an international order based on civilizations is the surest safeguard against world war."(n29)

In Huntington's new world, "societies sharing civilizational affinities cooperate with each other."(n30) Leaving aside his cavalier blurring of the differences between cultures, civilizations and societies, what does Huntington regard as the essence of Western particularism? Here he is ambiguous: he first mentions Christianity, then some secular residues of Christianity, but when he adds up the civilizational core of the West it turns out to be none other than liberalism. As Stephen Holmes points out, it is "the same old ideology, plucked inexplicably from the waste-bin of history that once united the West against Soviet Communism."(n31) But Huntington also claims that the West had a distinct identity long before it was modern (since he insists that modernization is distinct from Westernization, so that non-Western societies can modernize without Westernizing, thus retaining their civilizational distinctiveness). In this case, however, the West cannot really be identified with liberalism, nor can its heritage be equated sic et nunc with "American national identity." While liberalism may very well be declining, this need not translate into a decline of the West as such. Similarly, if "American national identity" is threatened by "multiculturalism,"(n32) it need not signal the arrival of barbarians at the gates but may only mark another stage in the statist involution of liberalism. Huntington's fears of a decline of the West at a time when it is actually at the acme of its power and vigor is the result of the unwarranted identification of Western civilization with liberalism and what he understands by "American national identity." Today liberalism has degenerated into an opportunistic statist program of "a small but influential number of intellectuals and publicists," and "American national identity" into a fiction invented as part of a failed project after the War between the States to reconfigure the American federation into a nation-state.(n33)

According to Huntington? the assumption of the universality of Western culture is: false, because others civilizations have other ideals and norms; immoral, because "imperialism is the logical result of universalism"; and dangerous, because it could lead to major civilizational wars.(n34) His equation of universalism and imperialism, however, misses the point of both it misunderstands the philosophical foundations of Western culture and the historical roots of Western imperialism. Other civilizations do have their own ideals and norms, but only Western civilization has an outlook broad enough to embrace all other cultures, which explains why it can readily sponsor and accommodate even confused and counterproductive projects such as "multiculturalism." Of course, Europeans set forth on their journeys of discovery and conquest not only in order to bring Christianity and "civilization" to the world but also to plunder whatever riches they could find. But whatever the reasons, Europeans were the ones who opened the world to global consciousness and what Schmitt called "awakened occidental rationalism."

Until recently, largely because of American cultural hegemony and technological supremacy, the goal of the rest of the world has been "Westernization," which has come to be regarded as synonymous with modernization. In Huntington's "realist" view, however: "A universal civilization requires universal power. Roman power created a near universal civilization within the limited confines of the Classical world. Western power in the form of European colonialism in the nineteenth century and American hegemony in the twentieth century extended Western culture throughout much of the contemporary world. European colonialism is over; American hegemony is receding."(n35) The real question is whether continued American world hegemony is primarily a function of the persistence of colonialism. Despite his emphasis on culture and civilization, Huntington does not appreciate the importance of cultural hegemony.? Had he not restricted the Western tradition to late 20th century liberalism, he may have appreciated the extent to which the rest of the world is becoming increasingly more, rather than less dependent on the US--in communication technologies, financial matters and even aesthetic forms. Today the Internet is potentially a more formidable agency of cultural domination and control than was the British Navy at the peak of the Empire. Here McNeill is right: Huntington's gloomy perception of the decline of the West may merely mistake growing pains for death throes.

If Huntington's salon Spenglerianism were not bad enough, he also adopts a kind of simplistic Schmittianism (without ever mentioning Schmitt). Complementing his "birds of a feather flock together" concept of civilizations --with "core states" assuming a dominant position in relation to "fault line" states--he pictures an "us versus them" type of friend/enemy relations based on ethnic and religious identities. But Schmitt's friend/enemy antithesis is concerned with relations between political groups: first and foremost, states. Accordingly, any organized group that can distinguish between friends and enemies in an existential sense becomes thereby political. Unlike Huntington (or Kojeve, who also explicitly drew geopolitical lines primarily along religious lines(n36), Schmitt did not think in terms of ethnic or religious categories but rather territorial and geopolitical concepts. For Schmitt, the state was the greatest achievement of Western civilization because, as the main agency of secularization, it ended the religious civil wars of the Middle Ages by limiting war to a conflict between states.(n37) In view of the decline of the state, Schmitt analyzed political realities and provided a prognosis of possible future territorial aggregations and new types of political forms.

Huntington finds the "realist" school of international affairs "a highly useful starting point," but then proceeds to criticize a straw man version of it, according to which "all states perceive their interests in the same way and act in the same way." Against it, not only power but also "values, culture, and institutions pervasively influence how states define their interests.... In the post-Cold War world, states increasingly define their interests in civilizational terms."(n38) Had Huntington paid more careful attention to hans Morgenthau, George Kennan or other reputable political realists, he would have concluded that their concept of power is not as limited as his caricature of it. In particular, had he read Schmitt more closely he would not have claimed that nation-states "are and will remain the most important actors in world affairs"(n39)--at a time when economic globalization has severely eroded their former sovereignty and they are practically everywhere threatened with internal disintegration and new geopolitical organizations. At any rate, political realism has been concerned primarily with the behavior of states because they were the main subjects of political life for the past three centuries.(n40) If and when they are displaced by other political forms, political realism then shifts its focus accordingly.

Huntington attempts to think beyond the Cold War. But since he cannot think beyond the nation-state, he cannot conceive of new political forms. When he writes that cultural commonality "legitimates the leadership and order-imposing role of the core state for both member states and for the external powers and institutions,"(n41) he seems to have in mind something akin to the concept of GroBraum.(n42) But Schmitt's model was the American Monroe Doctrine excluding European meddling in the Western Hemisphere. At that time (and well into the 20th century), the US was not a nation-state in the European sense, although it assumed some of these trappings thereafter. Thus it generally followed George Washington's policy--because of the "detached and distant situation" of the US, it should avoid entangling alliances with foreign (primarily European) powers. The Monroe Doctrine simply expanded on the reality and advantages of this situation. Schmitt rightly saw the global line of the Western Hemisphere drawn by the Monroe Doctrine as the first major challenge to the international law of the ius publicum Europaeum.

Given the current understanding of national sovereignty, it is difficult to see what Huntington means by "core state." Despite the title of his book, he has no concept of international law or of world order. Not only does he abandon hope for global regulations governing the behavior of states and civilizations, but he reverts to a kind of anthropological primitivism: "Civilizations are the ultimate human tribes, and the clash of civilizations is tribal conflict on a global scale."(n43) All he can suggest for avoiding major inter-civilizational wars is the "abstention rule" (core states abstain from conflicts in other civilizations), and the "mediation rule" (core states negotiate with each other to halt fault line wars).(n44) Huntington's vision is thus surprisingly conformist--it merely cautions the US from becoming embroiled in the Realpolitik of countries belonging to other civilizational blocs while defending a contrived liberal notion of"Western" civilization.

Anti-Colonialism and Appropriation
The anti-colonialism of both Fukuyama and Huntington is consistent with the predominant 20th century ideology directed primarily against Europe. Anti-colonialism is more historically significant than either anti-fascism and anti-communism. As Schmitt pointed out in 1962: "Both in theory and practice, anti-colonialism has an ideological objective. Above all, it is propaganda--more specifically, anti-European propaganda. Most of the history of propaganda consists of propaganda campaigns which, unfortunately, began as internal European squabbles. First there was France's and England's anti-Spanish propaganda--the leyenda negra of the 15th and 16th centuries. Then this propaganda became generalized during the 18th century. Finally, in the historical view of Arnold Toynbee, a UN consultant, the whole of Europe is indicted as a world aggressor."(n45) Thus it is not surprising that the 500th anniversary of the "discovery" of America was greeted with more condemnation than celebration.(n46)

Anti-colonialism is primarily anti-European propaganda because it unduly castigates the European powers for having sponsored colonialism.(n47) Given that there was no international law forbidding the appropriation of the newly discovered lands--in fact, European international and ecclesiastical law made it legal and established rules for doing so--the moral and legal basis for this judgment is unclear. On closer analysis, however, it turns out to be none other than the West's own universalistic pretenses. Only by ontologizing their particular Western humanist morality--various versions of secularized Christianity--as universally valid for all times and all places can Western intellectuals indict colonialism after the fact as an international "crime." Worse yet, this indictment eventually turns into a wholesale condemnation of Western culture (branded as "Eurocentrism") from an abstract, deterritorialized and deracinated humanist perspective hypostatized to the level of a universally binding absolute morality. Thus the original impulse to vindicate the particularity and otherness of the victims of colonialism turns full circle by subsuming all within a foreign Western frame-work, thereby obliterating the otherness of the original victims. The ideology of anti-colonialism is thus not only anti-European propaganda but an invention of Europeans themselves, although it has been appropriated wholesale and politically customized by the rest of the world.

As for world order, this propaganda has even more fundamental roots: "The odium of colonialism, which today confronts all Europeans, is the odium of appropriation,"(n48) since now everything understood as nomos is allegedly concerned only with distribution and production, even though appropriation remains one of its fundamental, if not the most fundamental, attributes. As Schmitt notes: "World history is a history of progress in the means and methods of appropriation: from land appropriations of nomadic and agricultural-feudal times, to sea appropriations of the 16th and 17th centuries, to the industrial appropriations of the industrial-technical age and its distinction between developed and undeveloped areas, to the present day appropriations of air and space."(n49) More to the point, however, is that "until now, things have somehow been appropriated, distributed and produced. Prior to every legal, economic and social order, prior to every legal, economic or social theory, there is the simple question: Where and how was it appropriated? Where and how was it divided? Where and how was it produced ? But the sequence of these processes is the major problem. It has often changed in accordance with how appropriation, distribution and production are emphasized and evaluated practically and morally in human consciousness. The sequence and evaluation follow changes in historical situations and general world history, methods of production and manufacture--even the image human beings have of themselves, of their world and of their historical situation."(n50) Thus the odium of appropriation exemplified by the rise of anti-colonialism is symptomatic of a changed world situation and changed attitudes. But this state of affairs should not prevent our understanding of what occurred in the past or what is occurring in the present.

In order to dispel the "fog of this anti-European ideology," Schmitt recalls that "everything that can be called international law has for centuries been European international law. . . [and that] all the classical concepts of existing international law are those of European international law, the ius publicum Europaeum. In particular, these are the concepts of war and peace. as well as two fundamental conceptual distinctions: first, the distinction between war and peace, i.e., the exclusion of an in-between situation of neither war nor peace so characteristic of the Cold War; and second, the conceptual distinction between enemy and criminal, i.e. exclusion of the discrimination and criminalization of the opponent so characteristic of revolutionary war--a war closely tied to the Cold War."(n51) But Schmitt was more concerned with the "spatial" aspect of the phenomenon: "What remains of the classical ideas of international law has its roots in a purely Eurocentric spatial order. Anti-colonialism is a phenomenon related to its destruction.... Aside from ... the criminalization of European nations, it has not generated one single idea about a new order. Still rooted, if only negatively, in a spatial idea, it cannot positively propose even the beginning of a new spatial order."(n52)

Having discovered the world as a globe, Europeans also developed the Law of Nations. Hugo Grotius is usually credited with establishing this new discipline with his De lure belli ac pacts (Paris: 1625), since he was the first to deal with the subject as a whole (although various European scholars had dealt at length with themes such as the justice of war, the right of plunder, the treatment of captives, etc.). Nys writes: ". . . from the I 1th to the 1 2th century the genius of Europe developed an association of republics, principalities and kingdoms, which was the beginning of the society of nations. Undoubtedly, some elements of it had been borrowed from Greek and Roman antiquity, from Byzantine institutions, from the Arabo-Berber sultanates on the coast of Africa and from the Moorish kingdoms of Spain. But at the time new sentiments developed, longing for political liberty. The members of this association were united by religious bonds; they had the same faith; they were not widely separated by speech and, at any rate, they had access to Latin, the language of the Church; they admitted a certain equality or at least none of them claimed the right to dominate and rule over the others. A formula came into use to describe this state of affairs: respublica a Christiana, res Christina."(n53)

Steeped in Roman law, 1 3th and 1 4th century jurists opposed any "Law of Nations" recognizing political distinctions between different peoples. In the Roman system, different peoples were only "parts of the Roman Empire." Thus, in a wider sense, ius gentium extended to all civilized peoples and included both public and private law. In a narrower sense, however, it also dealt with the rules governing relations between Romans and foreigners. Understood in this narrower sense, ius gentium promoted the constitution of distinct peoples and consequently kingdoms, intercourse and conflicts between different political communities, and ultimately wars. For this reason, those who still believed in the viability of the Holy Roman Empire thought that this interpretation of ius gentium led to disintegration. This is why the Law of Nations--European public law and international law--did not become a distinct "science" until the Middle Ages.

Spanish theologians first articulated the theoretical and practical problems of ius gentium understood as the Law of Nations. Chief among them was Francisco de Vitoria, whose Relectiones theologicae on the Indians and the right of a "just war" have become classics.(n54) In his lectures, Vitoria invokes the Law of Nations--the ius gentium. At the beginning of the third section of his account of the Spaniards' relations with the aborigines in the New World, he treats them as one people among others, and therefore subject to ius gentium: "The Spaniards have a right to travel into the lands in question and to sojourn there, provided they do no harm to the natives, and the natives may not prevent them. Proof of this may in the first place be derived from the law of nations (ius gentium), which either is natural law or is derived from natural law."(n55) That he understands peoples in the sense of "nations" becomes even more clear when he speaks about gentes nationes. He distinguishes between the political community--the respublica--and the private individual. The latter may defend his person and his property, but he may not avenge wrongs or retake goods after the passage of time. This is the respublica's prerogative--it alone has authority to defend itself and its members. Here Vitoria identifies the prince's authority with that of the state: "The prince is the issue of the election made by the respublica.... The state, properly so called, is a perfect community, that is to say, a community which forms a whole in itself, which, in other words, is not a part of another community, but which possesses its own laws, its own council, its own magistrates."(n56)

Clearly, what developed in Europe from antiquity to the respublica Christiana, from the origin of the sovereign state and ius publicum Europaeum to the Enlightenment and beyond, was as unique and significant as the discovery of the "New World." Yet, given today's predominant ideology, European culture has almost become the truth that dare not speak its name. Not only is Columbus demonized, but the whole Age of Discovery and all of European (Western) culture is dismissed as "imperialistic," "racist?" "sexist," etc. The Nomos of the Earth is a much needed antidote to this anti-European propaganda, which is only a symptom of the crisis of European identity and consciousness.(n57) All the major themes of Schmitt's book are either implicit or explicit in "The Land Appropriation of a New World": the origin and significance of the European and Eurocentric epoch of world history; the discovery of the New World and the American challenge to the European order; the search for a new nomos of the earth; the critique of the discriminatory concept of war; the critique of universalism and the danger of total relativism.

The Conquest of America and the Concept of a "Just War"


In the 20th century, the ideology of anti-colonialism was articulated most prominently by Woodrow Wilson and Vladimir Lenin, signaling the end of European domination in world history. Now, after the collapse of the Soviet Union and the end of communism, some American intellectuals have turned this anti-European propaganda against the US, seemingly unaware that their critique is possible only within the orbit of the European culture they otherwise castigate and dismiss. To attack European culture is tantamount to attacking American culture as well, since the latter is but a special case of the former, which is precisely why it has been able to accept and absorb peoples and influences not only from the Western hemisphere but from all over the world. American universalism is but an extension of that same Christian universalism which for centuries has defined European identity. As Schmitt emphasized, the European equilibrium of the ius publicum Europaeum presupposed a seemingly homogeneous Christian Europe, which lasted well into the 19th century. The American project has always been a fundamentally heterogeneous undertaking and Americans have always come from the most diverse ethnic, racial, religious and linguistic backgrounds. But if there had not been some homogeneous culture to unity this diversity, there would have been no distinct American culture which, unfortunately, today many educated Europeans and Americans no longer understand and therefore have come to despise.

A paradigmatic example of this general anti-European syndrome is Tzvetan Todorov's The Conquest of America. In an effort to vindicate the particularity of "the other," the author ends up castigating West European culture as a whole by deploying a secularized version of Christian universalism. Openly acknowledging the moralistic objectives and "mythological" character of his account,(n58) Todorov develops a "politically correct" postmodern interpretation of the Spanish conquista not to understand its historical significance but to show how it has shaped today's Western imperialist identity--one allegedly still unable to come to terms with "the other" and therefore inherently racist, ethnocentric, etc. The book closes with a discussion of "Las Casas' Prophesy" concerning the wrath that "God will vent" not only upon Spain but all of Western Europe because of its "impious, criminal and ignominious deeds perpetrated so unjustly, tyrannically and barbarously."(n59)

Todorov overlooks not only the generally religious framework of Las Casas' prophesy, but also the idiosyncratically Western concept of justice the Dominican bishop deployed. Having ontologized a humanism derived from the Western axiological patrimony, he does not realize the extent to which his postmodernism has already reduced "the other" to "the same," precisely in his effort to vindicate its particularity.(n60) Worse yet, inhibited by his "politically correct" moralism, he not only provides a ridiculous, if academically fashionable, explanation for the Spaniards' success,(n61) but he manages to subvert his own arguments with the very evidence he adduces to support them. He claims that the "present" is more important to him than the past, but in defining genocide he makes no reference whatsoever to either the Armenians or the Holocaust as reference points. Consequently, his claim that "the sixteenth century perpetuated the greatest genocide in human history"(n62) remains not only unsubstantiated but falsified. By his own account, most of the victims died of diseases and other indirect causes: "The Spaniards did not undertake a direct extermination of these millions of Indians, nor could they have done so." The main causes were three, and "the Spaniards responsibility is inversely proportional to the number of victims deriving from each of them: 1. By direct murder, during wars or outside them: a high number, nonetheless relatively small; direct responsibility. 2. By consequence of bad treatment: a high number; a (barely) less direct responsibility. 3. By diseases, by `microbe shock': the majority of the population; an indirect and diffused responsibility."(n63)

Todorov does acknowledge that Columbus was motivated by the "universal victory of Christianity" and that it was Columbus' medieval mentality that led him "to discover America and inaugurate the modern era."(n64) His greatest infraction, however, was that he conquered land rather than people, i.e., he was more interested in nature than in the Indians, which he is treated as "the other", "Columbus summary perception of the Indians [is] a mixture of authoritarianism and condescension . . . In Columus' hermeneutics human beings have no particular place."(n65) Had Todorov set aside his abstract moralizing, he may have realized that the conquest of the New World was primarily a land appropriation. It is not surprising, therefore, that the conquerors thought they were bringing "civilization" to those they conquered--something probably also true of the Mongols who invaded and colonized China, Russia and a few other which, by contrast, had higher than thier own.

The ideological slant of The Conquest of America is by no means unusual. Long before, Schmitt noted that non-European peoples who have undertaken conquest, land appropriations, etc. were not being tarred with the same brush as Europeans.(n66) Unlike Todorov's moralistic tirade, The Nomos of the Earth is dressed to historians and jurists. In no ways does Schmitt excuse the atrocities committed by the Spanish, but rather explains how they were possible in the given circumstances. "The Land Appropriation of a New World" begins with a discussion of the lines drawn by the European powers to divide the world. In this connection, Schmitt discusses the meaning of "beyond the line," which meant beyondn the reach of European law: " At this`line' Europe ended and `New World' began. At any rate, European law -- `European public law' -- ended. Consequently, so did the bracketing of war achieved by the former European international law, meaning the struggle for land appropriations knew no bounds. Beyond the line was an `overseas' zone in which, for want of any legal limits to war, only, the law of the stronger applied."n(67) For Todorov, it is a much simpler explanation: "Far from central government, far from royal law, all prohibitions give way, the social link, already loosened, snaps, revealing not a primitive nature, the beast sleeping in each of us, but a modern being? one with a great future in fact, restrained by no morality and inflicting death because and when he pleases."(n68) The Spaniards are simply racist, ethno-centric, ruthless exploiters, etc., i.e., modern -- they already exhibited traits Todorov claims are characteristic of Western identity.

Of particular interest here are Todorov's comments on Vitoria and the concept of a "just war," since most of Schmitt's chapter is devoted to these subjects. By his own admission, Todorov mixes (in fact, confuses) medieval and modern categories. This is particularly true in the case of Vitoria. Todorov observes that: "Vitoria demolishes the contemporary justifications of the wars waged in America, but nonetheless conceives that `just wars' are possible."(n69) More to the point: "We are accustomed to seeing Vitoria as a defender of the Indians; but if we question, not the subject's intentions, hut the impact of his discourses, it is clear that . . . under the cover of an international law based on reciprocity, he in reality supplies a legal basis to the wars of colonization which had hitherto had none (none which, in any case, might withstand serious consideration)."(n70) But there was no "international law based on reciprocity." Here Todorov is simply transposing modern categories to medieval matters for his own ideological purposes.

Unlike Todorov, Schmitt places the problem in perspective: "For 400 years, from the 16th to the 20th century, the structure of European international law was determined by a fundamental course of events the conquest of the New World. Then, as later, there were numerous positions taken with respect to the justice or injustice of the conquista. Nevertheless, the fundamental problem the justification of European land appropriations as a whole -- was seldom addressed in any systematic way outside moral and legal questions. In fact, only one monograph deals with this problem systematically and confronts it squarely in terms of international law.... It is the famous relectiones of Francisco de Vitoria."(n71) Vitoria rejected the contrary opinions of other theologians and treated Christians and non-Christians alike. He did not even accept discovery, which was the recognized basis of legal title from the 1 6th to the 1 8th century, as legitimate. More to the point, he considered global lines beyond which the distinction between justice and injustice was suspended not only a sin but an appalling crime. However: "Vitoria's view of the conquista was ultimately altogether positive. Most significant for him was the fait accompli of Christianization. . . . The positive conclusion is reached only by means of general concepts and with the aid of objective arguments in support of a just war.... If barbarians opposed the right of free passage and free missions, of liberum commercium and free propaganda, then they would violate the existing rights of the Spanish according to ius gentium; if the peaceful treaties of the Spanish were of no avail, then they had grounds for a just war."(n72)

The papal missionary mandate was the legal foundation of the conquista. This was not only the pope's position but also that of the Catholic rulers of Spain. Vitoria's arguments were entirely consistent with the spatial order and the international law of the respublica Christiana. One cannot apply modern categories to a medieval context without distorting both: "In the Middle Ages, a just war could he a just war of aggression. Clearly, the formal structure of the two concepts of justice are completely different. As far as the substance of medieval justice is concerned, however, it should be remembered that Vitoria's doctrine of a just war is argued on the basis of a missionary mandate issued by a potestas spiritualis that was not only institutionally stable but intellectually self-evident. The right of liberum commercium as well as the ius peregrinandi are to facilitate the work of Christian missions and the execution of the papal missionary mandate.... Here we are interested only in the justification of land appropriation--a question Vitoria reduced to the general problem of a just war. All significant questions of an order based on international law ultimately meet in the concept of a just war."(n73)

 

 

The Question of a New Nomos of the Earth


Following chapters on "The Land Appropriation of a New World" and "The Ius Publicum Europaeum," Schmitt concludes his book with a chapter titled "The Question of a New Nomos of the Earth, which is concerned primarily with the transformation of the concept of war. Clearly, this problem was uppermost in Schmitt's mind following Germany's total defeat in WWII and the final destruction of the European system of states. But he had already devoted a treatise to the development of a discriminatory concept of war following WWI,(n74) and in 1945 he wrote a legal opinion on the criminality of aggressive war.(n75) Despite whatever self-serving motives he may have had in writing these works,(n76) they are consistent with the historical and juridical structure of international law during the respublica Christiana, the ius publicum Europaeum, and what remains of international law today.

This progression can be put into perspective by following Schmitt's discussion of Vitoria's legacy: "Vitoria was in no sense one of the `forerunners of modern lawyers dealing with constitutional questions.'. . . Abstracted entirely from spatial viewpoints, Vitoria's ahistorical method generalizes many European historical concepts specific to the ius gentium of the Middle Ages (such as yolk prince and war) and thereby strips them of their historical particularity."(n77) In this context, Schmitt mentions the works of Ernest Nys, which paved the way for the popularization of Vitoria's ideas after WWI but who, because of his belief in humanitarian progress, also contributed to the criminalization of aggressive war. This was also true of James Brown Scott, the leading American expert on international law, who blatantly instrumentalized Vitoria's doctrines concerning free trade (liberum commercium, the freedom of propaganda, and a just war) to justify American economic imperialism. Schmitt sums up Sctott's argument as follows: "War should cease to be simply a legally recognized matter or only one of legal indifference; rather, it should again become a just war in which the aggressor as such is declared a felon in the full criminal sense of the word. The former right to neutrality, grounded in the international law of the ius publicum Europaeum and based on the equivalence of just and unjust war, should also and accordingly be eliminated."(n78)

Here then is the crux of the matter. Vitoria's thinking is based on the international law obtaining during the Christian Middle Ages rather than on the international law between states established with the ius publicum Europaeum. Moreover, as Schmitt points out, Vitoria was not a jurist but a theologian: "Based on relations between states, post-medieval international law from the 1 6th to the 20th century sought to repress the iusta causa. The formal reference point for the determination of a just war was no longer the authority of the Church in international law but rather the equal sovereignty of states. Instead of iusta causa, the order of international law between states was based on iustus hostis; any war between states, between equal sovereigns, was legitimate. On the basis of this juridical formalization, a rationalization and humanization--a bracketing--of war was achieved for 200 years." The turn to "the modern age in the history of international law was accomplished by a dual division of two lines of thought that were inseparable in the Middle Ages -- the definitive separation of moral-theological from juridical-political arguments and the equally important separation of the question of iusta causa, grounded in moral arguments and natural law," from the juridical question of iustus hostis, distinguished from the criminal, i.e., from object of punitive action."(n79)

With the end of the ius publicum Europaeum, the concept of war changed once again: moralistic (rather than theologically-based) arguments became confused with political arguments, and the iusta causa displaced the just enemy (iustus hostis). Accordingly, war became a crime and the aggressor a criminal, which means that the current distinction between just and unjust war lacks any relation to Vitoria and does not even attempt to determine the iusta causa.(n80) According to Schmitt: "If today some formulas of the doctrine of a just war rooted in the concrete order of the medieval respublica Christiana are utilized in modern and global formulas, this does not signify a return to, but rather a fundamental transformation of concepts of enemy, war, concrete order and justice presupposed in medieval doctrine."(n81) This transformation is crucial to any consideration of a new nomos of the earth because these concepts must be rooted in a concrete order. Lacking such an order or nomos, these free-floating concepts do not constitute institutional standards but have only the value of ideological slogans.

Unimpressed with the duration of the Cold War and its mixture of neither war nor peace, Schmitt speculated on the possibility of the eventual development of what he called GroBetaraume(n82) -- larger spatial entities, similar to but not synonymous with federations or blocs --displacing states and constituting a new nomos.(n83) Since his death in 1985 and the subsequent collapse of communism, the likelihood of his diagnosis and prognosis has increased. While the international situation remains confused and leading intellectuals such as Fukuyama and Huntington, unable to think behind predominant liberal democratic categories, can only recycle new versions of the old Wilsonianism, Schmitt's vision of a world of GroBetaraume as a new geopolitical configuration may well be in the process of being realized.

vendredi, 12 août 2011

Carl Schmitt's Decisionism

Carl Schmitt's Decisionism

Paul Hirst

Ex: http://freespeechproject.com/

 

politik.gifSince 1945 Western nations have witnessed a dramatic reduction in the variety of positions in political theory and jurisprudence. Political argument has been virtually reduced to contests within liberal-democratic theory. Even radicals now take representative democracy as their unquestioned point of departure. There are, of course, some benefits following from this restriction of political debate. Fascist, Nazi and Stalinist political ideologies are now beyond the pale. But the hegemony of liberal-democratic political agreement tends to obscure the fact that we are thinking in terms which were already obsolete at the end of the nineteenth century.

Nazism and Stalinism frightened Western politicians into a strict adherence to liberal democracy. Political discussion remains excessively rigid, even though the liberal-democratic view of politics is grossly at odds with our political condition. Conservative theorists like Hayek try to re-create idealized political conditions of the mid nineteenth century. In so doing, they lend themselves to some of the most unsavoury interests of the late twentieth century - those determined to exploit the present undemocratic political condition. Social-democratic theorists also avoid the central question of how to ensure public accountability of big government. Many radicals see liberal democracy as a means to reform, rather than as what needs to be reformed. They attempt to extend governmental action, without devising new means of controlling governmental agencies. New Right thinkers have reinforced the situation by pitting classical liberalism against democracy, individual rights against an interventionist state. There are no challenges to representative democracy, only attempts to restrict its functions. The democratic state continues to be seen as a sovereign public power able to assure public peace.

The terms of debate have not always been so restricted. In the first three decades of this century, liberal-democratic theory and the notion of popular sovereignty through representative government were widely challenged by many groups. Much of this challenge, of course, was demagogic rhetoric presented on behalf of absurd doctrines of social reorganization. The anti-liberal criticism of Sorel, Maurras or Mussolini may be occassionally intriguing, but their alternatives are poisonous and fortunately, no longer have a place in contemporary political discussion. The same can be said of much of the ultra-leftist and communist political theory of this period.

Other arguments are dismissed only at a cost. The one I will consider here - Carl Schmitt's 'decisionism' - challenges the liberal-democratic theory of sovereignty in a way that throws considerable light on contemporary political conditions. His political theory before the Nazi seizure of power shared some assumptions with fascist political doctrine and he did attempt to become the 'crown jurist' of the new Nazi state. Nevertheless, Schmitt's work asks hard questions and points to aspects of political life too uncomfortable to ignore. Because his thinking about concrete political situations is not governed by any dogmatic political alternative, it exhibits a peculiar objectivity.

Schmitt's situational judgement stems from his view of politics or, more correctly, from his view of the political as 'friend-enemy' relations, which explains how he could change suddenly from contempt for Hitler to endorsing Nazism. If it is nihilistic to lack substantial ethical standards beyond politics, then Schmitt is a nihilist. In this, however, he is in the company of many modern political thinkers. What led him to collaborate with the Nazis from March 1933 to December 1936 was not, however, ethical nihilism, but above all concern with order. Along with many German conservatives, Schmitt saw the choice as either Hitler or chaos. As it turned out, he saved his life but lost his reputation. He lived in disrepute in the later years of the Third Reich, and died in ignominy in the Federal Republic. But political thought should not be evaluated on the basis of the authors' personal political judgements. Thus the value of Schmitt's work is not diminished by the choices he made.

Schmitt's main targets are the liberal-constitutional theory of the state and the parliamentarist conception of politics. In the former, the state is subordinated to law; it becomes the executor of purposes determined by a representative legislative assembly. In the latter, politics is dominated by 'discussion,' by the free deliberation of representatives in the assembly. Schmitt considers nineteenth-century liberal democracy anti-political and rendered impotent by a rule-bound legalism, a rationalistic concept of political debate, and the desire that individual citizens enjoy a legally guaranteed 'private' sphere protected from the state. The political is none of these things. Its essence is struggle.

In The Concept of the Political Schmitt argues that the differentia specifica of the political, which separates it from other spheres of life, such as religion or economics, is friend-enemy relations. The political comes into being when groups are placed in a relation of emnity, where each comes to perceive the other as an irreconcilable adversary to be fought and, if possible, defeated. Such relations exhibit an existential logic which overrides the motives which may have brought groups to this point. Each group now faces an opponent, and must take account of that fact: 'Every religious, moral, economic, ethical, or other antithesis transforms itself into a political one if it is sufficiently strong to group human beings effectively according to friends and enemy.' The political consists not in war or armed conflict as such, but precisely in the relation of emnity: not competition but confrontation. It is bound by no law: it is prior to no law.

For Schmitt: 'The concept of the state presupposes the concept of the political.' States arise as a means of continuing, organizing and channeling political struggle. It is political struggle which gives rise to political order. Any entity involved in friend-enemy relations is by definition political, whatever its origin or the origin of the differences leading to emnity: 'A religious community which wages wars against members of others religious communities or engages in other wars is already more than a religious community; it is a political entity.' The political condition arises from the struggle of groups; internal order is imposed to pursue external conflict. To view the state as the settled and orderly administration of a territory, concerned with the organization of its affairs according to law, is to see only the stabilized results of conflict. It is also to ignore the fact that the state stands in a relation of emnity to other states, that it holds its territory by means of armed force and that, on this basis of a monopoly of force, it can make claims to be the lawful government of that territory. The peaceful, legalistic, liberal bourgeoisie is sitting on a volcano and ignoring the fact. Their world depends on a relative stabilization of conflict within the state, and on the state's ability to keep at bay other potentially hostile states.

For Hobbes, the political state arises from a contract to submit to a sovereign who will put an end to the war of all against all which must otherwise prevail in a state of nature - an exchange of obediance for protection. Schmitt starts where Hobbes leaves off - with the natural condition between organized and competing groups or states. No amount of discussion, compromise or exhortation can settle issues between enemies. There can be no genuine agreement, because in the end there is nothing to agree about. Dominated as it is by the friend-enemy alternative, the political requires not discussion but decision. No amount of reflection can change an issue which is so existentially primitive that it precludes it. Speeches and motions in assemblies should not be contraposed to blood and iron but with the moral force of the decision, because vacillating parliamentarians can also cause considerable bloodshed.

In Schmitt's view, parliamentarism and liberalism existed in a particular historical epoch between the 'absolute' state of the seventeenth century and the 'total state' of the twentieth century. Parliamentary discussion and a liberal 'private sphere' presupposed the depoliticization of a large area of social, economic and cultural life. The state provided a legally codified order within which social customs, economic competition, religious beliefs, and so on, could be pursued without becoming 'political.' 'Politics' as such ceases to be exclusively the atter of the state when 'state and society penetrate each other.' The modern 'total state' breaks down the depoliticization on which such a narrow view of politics could rest:

 

Heretofore ostensibly neutral domains - religion, culture, education, the economy - then cease to be neutral. . . Against such neutralizations and depoliticizations of important domains appears the total state, which potentially embraces every domain. This results in the identity of the state and society. In such a state. . . everything is at least potentially political, and in referring to the state it is no longer possible to assert for it a specifically political characteristic.

 



Democracy and liberalism are fundamentally antagonistic. Democracy does away with the depoliticizations characteristic of rule by a narrow bourgeois stratum insulated from popular demands. Mass politics means a broadening of the agenda to include the affairs of all society - everything is potentially political. Mass politics also threatens existing forms of legal order. The politicization of all domains increases pressure on the state by multiplying the competing interests demanding action; at the same time, the function of the liberal legal framework - the regulating of the 'private sphere' - become inadequate. Once all social affairs become political, the existing constitutional framework threatens the social order: politics becomes a contest of organized parties seeking to prevail rather than to acheive reconciliation. The result is a state bound by law to allow every party an 'equal chance' for power: a weak state threatened with dissolution.

Schmitt may be an authoritarian conservative. But his diagnosis of the defects of parliamentarism and liberalism is an objective analysis rather than a mere restatement of value preferences. His concept of 'sovereignty' is challenging because it forces us to think very carefully about the conjuring trick which is 'law.' Liberalism tries to make the state subject to law. Laws are lawful if properly enacted according to set procedures; hence the 'rule of law.' In much liberal-democratic constitutional doctrine the legislature is held to be 'sovereign': it derives its law-making power from the will of the people expressed through their 'representatives.' Liberalism relies on a constituting political moment in order that the 'sovereignty' implied in democratic legislatures be unable to modify at will not only specific laws but also law-making processes. It is therefore threatened by a condition of politics which converts the 'rule of law' into a merely formal doctrine. If this 'rule of law' is simply the people's will expressed through their representatives, then it has no determinate content and the state is no longer substantially bound by law in its actions.

Classical liberalism implies a highly conservative version of the rule of law and a sovereignty limited by a constitutive political act beyond the reach of normal politics. Democracy threatens the parliamentary-constitutional regime with a boundless sovereign power claimed in the name of the 'people.' This reveals that all legal orders have an 'outside'; they rest on a political condition which is prior to and not bound by the law. A constitution can survive only if the constituting political act is upheld by some political power. The 'people' exist only in the claims of that tiny minority (their 'representatives') which functions as a 'majority' in the legislative assembly. 'Sovereignty' is thus not a matter of formal constitutional doctrine or essentially hypocritical references to the 'people'; it is a matter of determining which particular agency has the capacity - outside of law - to impose an order which, because it is political, can become legal.

Schmitt's analysis cuts through three hundred years of political theory and public law doctrine to define sovereignty in a way that renders irrelevant the endless debates about principles of political organization or the formal constitutional powers of different bodies.

 

From a practical or theoretical perspective, it really does not matter whether an abstract scheme advanced to define sovereignty (namely, that sovereignty is the highest power, not a derived power) is acceptable. About an abstract concept there will be no argument. . . What is argued about is the concrete application, and that means who decides in a situation of conflict what constitutes the public interest or interest of the state, public safety and order, le salut public, and so on. The exception, which is not codified in the existing legal order, can at best be characterized as a case of extreme peril, a danger to the existence of the state, or the like, but it cannot be circumscribed factually and made to conform to a preformed law.

 



Brutally put: ' Sovereign is he who decides on the exception.' The sovereign is a definite agency capable of making a decision, not a legitimating category (the 'people') or a purely formal definition (plentitude of power, etc.). Sovereignty is outside the law, since the actions of the sovereign in the state of exception cannot be bound by laws since laws presuppose a normal situation. To claim that this is anti-legal is to ignore the fact that all laws have an outside, that they exist because of a substantiated claim on the part of some agency to be the dominant source of binding rules within a territory. The sovereign determines the possibility of the 'rule of law' by deciding on the exception: 'For a legal order to make sense, a normal situation must exist, and he is sovereign who definitely decides whether this normal situation actually exists.'

Schmitt's concept of the exception is neither nihilistic nor anarchistic, it is concerned with the preservation of the state and the defence of legitimately constituted government and the stable institutions of society. He argues that ' the exception is different from anarchy and chaos.' It is an attempt to restore order in a political sense. While the state of exception can know no norms, the actions of the sovereign within the state must be governed by what is prudent to restore order. Barbaric excess and pure arbitrary power are not Schmitt's objecty. power is limited by a prudent concern for the social order; in the exception, 'order in the juristic sense still prevails, even if it is not of the ordinary kind.' Schmitt may be a relativist with regard to ultimate values in politics. But he is certainly a conservative concerned with defending a political framework in which the 'concrete orders' of society can be preserved, which distinguishes his thinking from both fascism and Nazism in their subordination of all social institutions to such idealized entities as the Leader and the People. For Schmitt, the exception is never the rule, as it is with fascism and Nazism. If he persists in demonstrating how law depends on politics, the norm on the exception, stability on struggle, he points up the contrary illusions of fascism and Nazism. In fact, Schmitt's work can be used as a critique of both. The ruthless logic in his analsysis of the political, the nature of soveriegnty, and the exception demonstrates the irrationality of fascism and Nazism. The exception cannot be made the rule in the 'total state' without reducing society to such a disorder through the political actions of the mass party that the very survival of the state is threatened. The Nazi state sought war as the highest goal in politics, but conducted its affairs in such a chaotic way that its war-making capacity was undermined and its war aims became fatally overextended. Schmitt's friend-enemy thesis is concerned with avoiding the danger that the logic of the political will reach its conclusion in unlimited war.

Schmitt modernizes the absolutist doctrines of Bodin and Hobbes. His jurisprudence restores - in the exception rather than the norm - the sovereign as uncommanded commander. For Hobbes, lawas are orders given by those with authority - authoritas non veritas facit legem. Confronted with complex systems of procedural limitation in public law and with the formalization of law into a system, laws become far more complex than orders. Modern legal positivism could point to a normal liberal-parliamentary legal order which did and still does appear to contradict Hobbes. Even in the somewhat modernized form of John Austin, the Hobbesian view of sovereignty is rejected on all sides. Schmitt shared neither the simplistic view of Hobbes that this implies, nor the indifference of modern legal positivism to the political foundation of law. He founded his jurisprudence neither on the normal workings of the legal order nor on the formal niceties of constitutional doctrine, but on a condition quite alien to them. 'Normalcy' rests not on legal or constitutional conditions but on a certain balance of political forces, a certain capacity of the state to impose order by force should the need arise. This is especially true of liberal-parliamentary regimes, whose public law requires stablization of political conflicts and considerable police and war powers even to begin to have the slightest chance of functioning at all. Law cannot itself form a completely rational and lawful system; the analysis of the state must make reference to those agencies which have the capacity to decide on the state of exception and not merely a formal plentitude of power.

In Political Theology Schmitt claims that the concepts of the modern theory of the state are secularized theological concepts. This is obvious in the case of the concept of sovereignty, wherein the omnipotent lawgiver is a mundane version of an all-powerful God. He argues that liberalism and parliamentarism correspond to deist views of God's action through constant and general natural laws. His own view is a form of fundamentalism in which the exception plays the same role in relation to the state as the miracles of Jesus do in confirming the Gospel. The exception reveals the legally unlimited capacity of whoever is sovereign within the state. In conventional, liberal-democratic doctrine the people are sovereign; their will is expressed through representatives. Schmitt argues that modern democracy is a form of populism in that the people are mobilized by propaganda and organized interests. Such a democracy bases legitimacy on the people's will. Thus parliament exists on the sufferance of political parties, propaganda agencies and organized interest which compete for popular 'consent.' When parliamentary forms and the rule of 'law' become inadequate to the political situation, they will be dispensed with in the name of the people: 'No other constitutional institution can withstand the sole criterion of the people's will, however it is expressed.'

Schmitt thus accepts the logic of Weber's view of plebiscitarian democracy and the rise of bureaucratic mass parties, which utterly destroy the old parliamentary notables. He uses the nineteenth-century conservatives Juan Donoso Cortes to set the essential dilemma in Political Theology: either a boundless democracy of plebiscitarian populism which will carry us wherever it will (i.e. to Marxist or fascist domination) or a dictatorship. Schmitt advocates a very specific form of dictatorship in a state of exception - a "commissarial' dictatorship, which acts to restore social stability, to preserve the concrete orders of society and restore the constitution. The dictator has a constitutional office. He acts in the name of the constitution, but takes such measures as are necessary to preserve order. these measures are not bound by law; they are extralegal.

Schmitt's doctrine thus involves a paradox. For all its stress on friend-enemy relations, on decisive political action, its core, its aim, is the maintenance of stability and order. It is founded on a political non-law, but not in the interest of lawlessness. Schmitt insists that the constitution must be capable of meeting the challenge of the exception, and of allowing those measures necessary to preserve order. He is anti-liberal because he claims that liberalism cannot cope with the reality of the political; it can only insist on a legal formalism which is useless in the exceptional case. He argues that only those parties which are bound to uphold the constitution should be allowed an 'equal chance' to struggle for power. Parties which threaten the existing order and use constitutional means to challenge the constitution should be subject to rigorous control.

Schmitt's relentless attack on 'discussion' makes most democrats and radicals extremely hostile to his views. He is a determined critic of the Enlightenment. Habermas's 'ideal speech situation', in which we communicate without distortion to discover a common 'emancipatory interest', would appear to Schmitt as a trivial philosophical restatement of Guizot's view that in representative government, ' through discussion the powers-that-be are obliged to seek truth in common." Schmitt is probably right. Enemies have nothing to discuss and we can never attain a situation in which the friend-enemy distinction is abolished. Liberalism does tend to ignore the exception and the more resolute forms of political struggle.

jeudi, 11 août 2011

Carl Schmitt: The Conservative Revolutionary Habitus and the Aesthetics of Horror

Carl Schmitt: The Conservative Revolutionary Habitus and the Aesthetics of Horror

Richard Wolin

Ex: http://freespeechproject.com/

 

"Carl Schmitt's polemical discussion of political Romanticism conceals the aestheticizing oscillations of his own political thought. In this respect, too, a kinship of spirit with the fascist intelligentsia reveals itself."
—Jürgen Habermas, "The Horrors of Autonomy: Carl Schmitt in English"

"The pinnacle of great politics is the moment in which the enemy comes into view in concrete clarity as the enemy."
—Carl Schmitt, The Concept of the Political (1927)

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Only months after Hitler's accession to power, the eminently citable political philosopher and jurist Carl Schmitt, in the ominously titled work, Staat, Bewegung, Volk, delivered one of his better known dicta. On January 30, 1933, observes Schmitt, "one can say that 'Hegel died.'" In the vast literature on Schmitt's role in the National Socialist conquest of power, one can find many glosses on this one remark, which indeed speaks volumes. But let us at the outset be sure to catch Schmitt's meaning, for Schmitt quickly reminds us what he does not intend by this pronouncement: he does not mean to impugn the hallowed tradition of German étatistme, that is, of German "philosophies of state," among which Schmitt would like to number his own contributions to the annals of political thought. Instead, it is Hegel qua philosopher of the "bureaucratic class" or Beamtenstaat that has been definitely surpassed with Hitler's triumph. For "bureaucracy" (cf. Max Weber's characterization of "legal-bureaucratic domination") is, according to its essence, a bourgeois form of rule. As such, this class of civil servants—which Hegel in the Rechtsphilosophie deems the "universal class"—represents an impermissable drag on the sovereignty of executive authority. For Schmitt, its characteristic mode of functioning, which is based on rules and procedures that are fixed, preestablished, calculable, qualifies it as the very embodiment of bourgeois normalcy—a form of life that Schmitt strove to destroy and transcend in virtually everything he thought and wrote during the 1920s, for the very essence of the bureaucratic conduct of business is reverence for the norm, a standpoint that could not exist in great tension with the doctrines of Carl Schmitt himself, whom we know to be a philosopher of the state of emergency—of the Auhsnamhezustand (literally, the "state of exception"). Thus, in the eyes of Schmitt, Hegel had set an ignominious precedent by according this putative universal class a position of preeminence in his political thought, insofar as the primacy of the bureaucracy tends to diminish or supplant the perogative of sovereign authority.

But behind the critique of Hegel and the provocative claim that Hitler's rise coincides with Hegel's metaphorical death (a claim, that while true, should have offered, pace Schmitt, little cause for celebration) lies a further indictment, for in the remarks cited, Hegel is simultaneously perceived as an advocate of the Rechtsstaat, of "constitutionalism" and "rule of law." Therefore, in the history of German political thought, the doctrines of this very German philosopher prove to be something of a Trojan horse: they represent a primary avenue via which alien bourgeois forms of political life have infiltrated healthy and autochthonous German traditions, one of whose distinguishing features is an rejection of "constitutionalism" and all it implies. The political thought of Hegel thus represents a threat—and now we encounter another one of Schmitt's key terms from the 1920s—to German homogeneity.

Schmitt's poignant observations concerning the relationship between Hegel and Hitler expresses the idea that one tradition in German cultural life—the tradition of German idealism—has come to an end and a new set of principles—based in effect on the category of völkish homogeneity (and all it implies for Germany's political future)—has arisen to take its place. Or, to express the same thought in other terms: a tradition based on the concept of Vernuft or "reason" has given way to a political system whose new raison d'être was the principle of authoritarian decision—whose consummate embodiment was the Führerprinzep, one of the ideological cornerstones of the post-Hegelian state. To be sure, Schmitt's insight remains a source of fascination owing to its uncanny prescience: in a statement of a few words, he manages to express the quintessence of some 100 years of German historical development. At the same time, this remark also remains worthy insofar as it serves as a prism through which the vagaries of Schmitt's own intellectual biography come into unique focues: it represents an unambiguous declaration of his satiety of Germany's prior experiments with constitutional government and of his longing for a total- or Führerstaat in which the ambivalences of the parliamentary system would be abolished once and for all. Above all, however, it suggest how readily Schmitt personally made the transition from intellectual antagonist of Weimar democracy to whole-hearted supporter of National Socialist revolution. Herein lies what one may refer to as the paradox of Carl Schmitt: a man who, in the words of Hannah Arendt, was a "convinced Nazi," yet "whose very ingenious theories about the end of democracy and legal government still make arresting reading."

The focal point of our inquiry will be the distinctive intellectual "habitus" (Bourdieu) that facilitated Schmitt's alacritous transformation from respected Weimar jurist and academician to "crown jurist of the Third Reich." To understand the intellectual basis of Schmitt's political views, one must appreciate his elective affinities with that generation of so-called conservative revolutionary thinkers whose worldview was so decisive in turning the tide of public opinion against the fledgling Weimar republic. As the political theorist Kurt Sontheimer has noted: "It is hardly a matter of controversy today that certain ideological predispositions in German thought generally, but particularly in the intellectual climate of the Weimar Republic, induced a large number of German electors under the Weimar Republic to consider the National Socialist movement as less problematic than it turned out to be." And even though the nationalsocialists and the conservative revolutionaries failed to see eye to eye on many points, their respective plans for a new Germany were sufficiently close that a comparison between them is able to "throw light on the intellectual atmosphere in which, when National Socialism arose, it could seem to be a more or less presentable doctrine." Hence "National Socialism . . . derived considerable profit from thinkers like Oswald Spengler, Arthur Moeller van den Bruck, and Ernst Jünger," despite their later parting of the ways. One could without much exaggeration label this intellectual movement protofascistic, insofar as its general ideological effect consisted in providing a type of ideological-spiritual preparation for the National Socialist triumph.

 

Schmitt himself was never an active member of the conservative revolutionary movement, whose best known representatives—Spengler, Jünger, and van den Bruck—have been named by Sontheimer (though one might add Hans Zehrer and Othmar Spann). It would be fair to say that the major differences between Schmitt and his like-minded, influential group of right-wing intellectuals concerned a matter of form rather than substance: unlike Schmitt, most of whose writings appeared in scholarly and professional journals, the conservative revolutionaries were, to a man, nonacademics who made names for themselves as Publizisten—that is, as political writers in that same kaleidoscope and febrile world of Weimar Offentlichkeit that was the object of so much scorn in their work. But Schmitt's status as a fellow traveler in relation to the movement's main journals (such as Zehrer's influential Die Tat, activities, and circles notwithstanding, his profound intellectual affinities with this group of convinced antirepublicans are impossible to deny. In fact, in the secondary literature, it has become more common than not simply to include him as a bona fide member of the group.

The intellectual habitus shared by Schmitt and the conservative revolutionaries is in no small measure of Nietzschean derivation. Both subscribed to the immoderate verdict registered by Nietzsche on the totality of inherited Western values: those values were essentially nihilistic. Liberalism, democracy, utlitarianism, individualism, and Enlightenment rationalism were the characteristic belief structures of the decadent capitalist West; they were manifestations of a superficial Zivilisation, which failed to measure up to the sublimity of German Kultur. In opposition to a bourgeois society viewed as being in an advanced state of decomposition, Schmitt and the conservative revolutionaries counterposed the Nietzschean rites of "active nihilism." In Nietzsche's view, whatever is falling should be given a final push. Thus one of the patented conceptual oppositions proper to the conservative revolutionary habitus was that between the "hero" (or "soldier") and the "bourgeois." Whereas the hero thrives on risk, danger, and uncertainity, the life of bourgeois is devoted to petty calculations of utility and security. This conceptual opposition would occupy center stage in what was perhaps the most influential conservative revolutionary publication of the entire Weimar period, Ernst Jünger's 1932 work, Der Arbeiter (the worker), where it assumes the form of a contrast between "the worker-soldier" and "the bourgeois." If one turns, for example, to what is arguably Schmitt's major work of the 1920s, The Concept of the Political (1927), where the famous "friend-enemy" distinction is codified as the raison d'être of politics, it is difficult to ignore the profound conservative revolutionary resonances of Schmitt's argument. Indeed, it would seem that such resonances permeate, Schmitt's attempt to justify politics primarily in martial terms; that is, in light of the ultimate instance of (or to use Schmitt's own terminology) Ernstfall of battle (Kampf) or war.

Once the conservative revolutionary dimension of Schmitt's thought is brought to light, it will become clear that the continuities in his pre- and post-1933 political philosophy and stronger than the discontinuities. Yet Schmitt's own path of development from arch foe of Weimar democracy to "convinced Nazi" (Arendt) is mediated by a successive series of intellectual transformations that attest to his growing political radicalisation during the 1920s and early 1930s. He follows a route that is both predictable and sui generis: predictable insomuch as it was a route traveled by an entire generation of like-minded German conservative and nationalist intellectuals during the interwar period; sui generis, insofar as there remains an irreducible originality and perspicacity to the various Zeitdiagnosen proffered by Schmitt during the 1920s, in comparison with the at times hackneyed and familar formulations of his conservative revolutionary contemporaries.

The oxymoronic designation "conservative revolutionary" is meant to distinguish the radical turn taken during the interwar period by right-of-center German intellectuals from the stance of their "traditional conservative" counterparts, who longed for a restoration of the imagined glories of earlier German Reichs and generally stressed the desirability of a return to premodern forms of social order (e.g., Tönnies Gemeinschaft) based on aristocratic considerations of rank and privilege. As opposed to the traditional conservatives, the conservative revolutionaries (and this is true of Jünger, van den Bruck, and Schmitt), in their reflections of the German defeat in the Great War, concluded that if Germany were to be successful in the next major European conflagaration, premodern or traditional solutions would not suffice. Instead, what was necessary was "modernization," yet a form of modernization that was at the same time compatible with the (albeit mythologized) traditional German values of heroism, "will" (as opposed to "reason"), Kultur, and hierarchy. In sum, what was desired was a modern community. As Jeffrey Herf has stressed in his informative book on the subject, when one searches for the ideological origins of National Socialism, it is not so much Germany's rejection of modernity that is at issue as its selective embrace of modernity. Thus
National Socialist's triumph, far from being characterized by a disdain of modernity simpliciter, was marked simultaneously by an assimilation of technical modernity and a repudiation of Western political modernity: of the values of political liberalism as they emerge from the democratic revolutions of the eighteenth century. This describes the essence of the German "third way" or Sonderweg: Germany's special path to modernity that is neither Western in the sense of England and France nor Eastern in the sense of Russia or pan-slavism.

Schmitt began his in the 1910s as a traditonal conservative, namely, as a Catholic philosopher of state. As such, his early writings revolved around a version of political authoritarianism in which the idea of a strong state was defended at all costs against the threat of liberal encroachments. In his most significant work of the decade, The Value of the State and the Significance of the Individual (1914), the balance between the two central concepts, state and individual, is struck one-sidely in favour of the former term. For Schmitt, the state, in executing its law-promulgating perogatives, cannot countenance any opposition. The uncompromising, antiliberal conclusion he draws from this observation is that "no individual can have full autonomy within the state." Or, as Schmitt unambiguously expresses a similar thought elsewhere in the same work: "the individual" is merely "a means to the essence, the state is what is important." Thus, although Schmitt displayed little inclination for the brand of jingoistic nationalism so prevalent among his German academic mandarin brethern during the war years, as Joseph Bendersky has observed, "it was precisely on the point of authoritarianism vs. liberal individualism that the views of many Catholics [such as Schmitt] and those of non-Catholic conservatives coincided."

But like other German conservatives, it was Schmitt's antipathy to liberal democratic forms of government, coupled with the political turmoil of the Weimar republic, that facilitated his transformation from a traditional conservative to a conservative revolutionary. To be sure, a full account of the intricacies of Schmitt's conservative revolutionary "conversion" would necessitate a year by year account of his political thought during the Weimar period, during which Schmitt's intellectual output was nothing if prolific, (he published virtually a book a year). Instead, for the sake of concision and the sake of fidelity to the leitmotif of the "conservative revolutionary habitus," I have elected to concentrate on three key aspects of Schmitt's intellectual transformation during this period: first, his sympathies with the vitalist (lebensphilosophisch) critique of modern rationalism; second, his philosophy of history during these years; and third, his protofascistic of the conservative revolutionary doctrine of the "total state." All three aspects, moreover, are integrally interrelated.

II.


The vitalist critique of Enlightenment rationalism is of Nietzschean provenance. In opposition to the traditional philosophical image of "man" qua animal rationalis, Nietzsche counterposes his vision of "life [as] will to power." In the course of this "transvaluation of all values," the heretofore marginalized forces of life, will, affect, and passion should reclaim the position of primacy they once enjoyed before the triumph of "Socratism." It is in precisely this spirit that Nietzsche recommends that in the future, we philosophize with our affects instead of with concepts, for in the culture of European nihilism that has triumphed with the Enlightenment, "the essence of life, its will to power, is ignored," argues Nietzsche; "one overlooks the essential priority of the spontaneous, aggressive, expansive, form-giving forces that give new interpretations and directions."

It would be difficult to overestimate the power and influence this Nietzschean critique exerted over an entire generation of antidemocratic German intellectuals during the 1920s. The anticivilizational ethos that pervades Spengler's Decline of the West—the defence of "blood and tradition" against the much lamented forces of societal rationalisation—would be unthinkable without that dimension of vitalistic Kulturkritik to which Nietzsche's work gave consummate expression. Nor would it seem that the doctrines of Klages, Geist als Widersacher der Seele (Intellect as the Antagonist of the Soul; 1929-31), would have captured the mood of the times as well as they did had it not been for the irrevocable precedent set by Nietzsche's work, for the central opposition between "life" and "intellect," as articulated by Klages and so many other German "anti-intellectual intellectuals" during the interwar period, represents an unmistakably Nietzschean inheritance.

While the conservative revolutionary components of Schmitt's worldview have been frequently noted, the paramount role played by the "philosophy of life"—above all, by the concept of cultural criticism proper to Lebensphilosophie—on his political thought has escaped the attention of most critics. However, a full understanding of Schmitt's status as a radical conservative intellectual is inseparable from an appreciation of an hitherto neglected aspect of his work.

In point of fact, determinate influences of "philosophy of life"—a movement that would feed directly into the Existenzphilosophie craze of the 1920s (Heidegger, Jaspers, and others)—are really discernable in Schmitt's pre-Weimar writings. Thus, in one of his first published works, Law and Judgment (1912), Schmitt is concerned with demonstrating the impossibility of understanding the legal order in exclusively rationalist terms, that is, as a self-sufficient, complete system of legal norms after the fashion of legal positivism. It is on this basis that Schmitt argues in a particular case, a correct decision cannot be reached solely via a process of deducation or generalisation from existing legal precedents or norms. Instead, he contends, there is always a moment of irreducible particularity to each case that defies subsumption under general principles. It is precisely this aspect of legal judgment that Schmitt finds most interesting and significant. He goes on to coin a phrase for this "extralegal" dimension that proves an inescapable aspect of all legal decision making proper: the moment of "concrete indifference," the dimension of adjudication that transcends the previously established legal norm. In essence, the moment of "concrete indifference" represents for Schmitt a type of vital substrate, an element of "pure life," that forever stands opposed to the formalism of laws as such. Thus at the heart of bourgeois society—its legal system—one finds an element of existential particularity that defies the coherence of rationalist syllogizing or formal reason.

The foregoing account of concrete indifference is a matter of more than passing or academic interest insofar as it proves a crucial harbinger of Schmitt's later decisionistic theory of sovereignty, for its its devaluation of existing legal norms as a basis for judicial decision making, the category of concrete indifference points towards the imperative nature of judicial decision itself as a self-sufficient and irreducible basis of adjudication. The vitalist dimension of Schmitt's early philosophy of law betrays itself in his thoroughgoing denigration of legal normativism—for norms are a product of arid intellectualism (Intelligenz) and, as such, hostile to life (lebensfeindlick)—and the concomitant belief that the decision alone is capable of bridging the gap between the abstractness of law and the fullness of life.

The inchoate vitalist sympathies of Schmitt's early work become full blown in his writings of the 1920s. Here, the key text is Political Theology (1922), in which Schmitt formulates his decisionist theory of politics, or, as he remarks in the work's often cited first sentance: "Sovereign is he who decides the state of exception [Ausnahmezustand]."

It would be tempting to claim from this initial, terse yet lapidry definition of sovereignty, one may deduce the totality of Schmitt's mature political thought, for it contains what we know to the be the two keywords of his political philosophy during these years: decision and the exception. Both in Schmitt's lexicon are far from value-neutral or merely descriptive concepts. Instead, they are both accorded unambiguously positive value in the economy of his thought. Thus one of the hallmarks of Schmitt's political philosophy during the Weimar years will be a privileging of Ausnahmezustand, or state of exception, vis-à-vis political normalcy.

It is my claim that Schmitt's celebration of the state of exception over conditions of political normalcy—which he essentially equates with legal positivism and "parliamentarianism"—has its basis in the vitalist critique of Enlightenment rationalism. In his initial justification of the Ausnahmezustand in Political Theology, Schmitt leaves no doubt concerning the historical pedigree of such concepts. Thus following the well-known definition of sovereignty cited earlier, he immediantly underscores its status as a "borderline concept"—a Grenzbegriff, a concept "pertaining to the outermost sphere." It is precisely this fascination with extreme or "boundry situations" (Grenzsituationen—K. Jaspers—those unique moments of existential peril that become a proving ground of individual "authenticity"—that characterizes Lebensphilosophie's sweeping critique of bourgeois "everydayness." Hence in the Grenzsituationen, Dasein glimpses transcendence and is thereby transformed from possible to real Existenz." In parallel fashion, Schmitt, by according primacy to the "state of exception" as opposed to political normalcy, tries to invest the emergency situation with a higher, existential significance and meaning.

According to the inner logic of this conceptual scheme, the "state of exception" becomes the basis for a politics of authenticity. In contrast to conditions of political normalcy, which represent the unexalted reign of the "average, the "medicore," and the "everyday," the state of exception proves capable of reincorporating a dimension of heroism and greatness that is sorely lacking in routinized, bourgeois conduct of political life.

Consequently, the superiority of the state as the ultimate, decisionistic arbiter over the emergency situation is a matter that, in Schmitt's eyes, need not be argued for, for according to Schmitt, "every rationalist interpretation falsifies the immediacy of life." Instead, in his view, the state represents a fundamental, irrefragable, existential verity, as does the category of "life" in Nietzsche's philosophy, or, as Schmitt remarks with a characteristic pith in Political Theology, "The existence of the state is undoubted proof of its superiority over the validity of the legal norm." Thus "the decision [on the state of exception] becomes instantly independent of argumentative substantiation and receives autonomous value."

But as Franz Neumann observes in Behemoth, given the lack of coherence of National Socialist ideology, the rationales provided for totalitarian practice were often couched specifically in vitalist or existential terms. In Neumann's words,

 

[Given the incoherence of National Socialist ideology], what is left as justification for the [Grossdeutsche] Reich? Not racism, not the idea of the Holy Roman Empire, and certainly not some democratic nonsense like popular sovereignty or self-determination. Only the Reich itself remains. It is its own justification. The philosophical roots of the argument are to be found in the existential philosophy of Heidegger. Transferred to the realm of politics, exisentialism argues that power and might are true: power is a sufficient theoretical basis for more power.

 


[Excerpts from The Seduction of Unreason: The Intellectual Romance with Fascism from Nietzsche to Postmodernism (2004).]

Keith Preston: Understanding Carl Schmitt

 

Keith Preston: Understanding Carl Schmitt

mercredi, 10 août 2011

Le fédéralisme et la coopération permettent de mieux maitriser la crise

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Le fédéralisme et la coopération permettent de mieux maîtriser la crise

«Nous sommes reliés par le droit et la loi, nous sommes nous-mêmes l’Etat.» (Pestalozzi)

par Tobias Salander

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch/

 

Tandis que la machine économique chinoise tourne à plein régime, que les Etats BRICS commencent à se défendre contre l’arrogance occidentale et à se redresser, la question se pose pour les Occidentaux de savoir comment se réorganiser dans cette grande crise. L’humanité dispose de modèles qui ont fait leurs preuves non seulement en Europe, mais en Amérique latine et en Afrique, voire dans le monde entier. Le principe de coopération et la structure fédérale de l’Etat permettent de réaliser l’égalité et de préserver la dignité humaine. L’étude approfondie de ces modèles serait sans doute un antidote valable à l’invasion de mauvaises nouvelles apportées par les médias où des notions comme «prochaine faillite d’Etat», «débat à propos du plafond de l’endettement», «troubles sociaux», «violences», «tests de résistance», «monnaies qui dégringolent» font les gros titres.
Ne vaudrait-il pas mieux, en particulier dans une période de crise comme celle que nous traversons, qui est loin d’être terminée et menace même d’empirer, que les citoyens responsables se mettent ensemble et agissent démocratiquement en partant de la base, au lieu d’avoir des structures de commandement qui s’imposent d’en haut. Ne serait-il pas préférable d’avoir des citoyens aguerris au système de milice qui voient où passe l’argent destiné aux infrastructures, à la sécurité, à la protection sociale et qui envisagent le général à partir du particulier, et non l’inverse,  plutôt que des groupes d’«experts» et de «commissaires» soumis à l’autorité et sujets à la corruption?
Si l’on jette un coup d’œil sur l’actualité et surtout sur l’histoire, on se rend compte que sur tous les continents et à toutes les époques, les sociétés fondées sur le fédéralisme et la participation des citoyens correspondent mieux à la dignité de l’homme et, en particulier, résistent mieux aux crises que les grandes structures centralistes.

La question est ancienne: Comment vivre en paix, dans la sécurité et la dignité? L’Antiquité a connu les deux modèles de Sparte et d’Athènes. Là la dictature d’une clique élitaire qui assurait la sécurité avec ses escadrons de la mort, ici la première tentative de répartir les pouvoirs sur un assez grand nombre de personnes. Le Moyen Age et le début des temps modernes ont été témoins, en Europe, au milieu des excès du pouvoir, de l’avidité et de la folie de l’oppression, de tentatives d’organiser la vie autrement, au sein de communautés où les individus coopéraient dans la dignité et l’égalité. Plus que jamais, nous avons besoin aujourd’hui de réfléchir à des concepts de coopération éprouvés et prometteurs à un moment où non seulement la Grèce mais toute une série d’autres pays, dont les Etats-Unis, sont au bord de la faillite. Après des années de mauvaise gestion, où l’on croyait que l’avenir était assuré lorsqu’on arrivait à caser un membre de sa famille dans l’administration; après des années où l’on a succombé à la séduction de l’argent facile de la haute finance, comme en Grèce; après des années de guerres contraires au droit international et coûtant des milliers de milliards; après des années de vie à crédit – crédit reposant sur le dollar, monnaie imposée par les Etats-Unis – passées dans l’insouciance et aux dépens des peuples du reste du monde; après des années de mégalomanie, d’excès, d’arrogance et de rêves occidentaux de domination mondiale, c’est le réveil cruel: dégradation de la note de certains pays par les agences de notation (institutions contestables en soi), menaces d’insolvabilité, manque de moyens financiers pour la protection sociale, les infrastructures, l’éducation, etc. Les responsables de la faillite ne sont pas seulement les banques, les économies nationales et des pays tout entiers, mais également un principe, une théorie erronée de la vie sociale, donc de la nature de l’homme, la théorie de l’«homo œconomicus» qui réduit l’individu à une créature égoïste, dominée par ses intérêts.

Le fédéralisme, modèle d’équilibre et de paix

Le concept opposé à celui de l’homo œconomicus, celui de coopération a existé dans toute l’Europe, voire dans le monde entier, comme l’ont montré les travaux d’Elinor Ostrom. L’exemple de la Suisse va nous montrer combien la collaboration peut être profitable. Les associations des communautés de vallées (Talschaften) de la Suisse centrale et peu à peu, celles des villes organisées en corporations et en guildes du Plateau suisse ont réussi assez tôt à transposer leur structure dans celle de l’Etat. Ce qui avait commencé dans la maîtrise de la vie de tous les jours et de la survie – entraide lors de catastrophes naturelles, sécurité de la production alimentaire, etc. – imprégnait la conception de l’Etat suisse et n’a cessé de le faire depuis lors. Mentionnons au passage qu’en vieux haut-allemand, le mot ginöz[o] (qui a donné Genosse et Genossenschaft, désignait «celui qui garde le bétail sur le même pâturage»). Selon les principes d’entraide, d’autogestion et de responsabilité individuelle, la vie n’était pas conçue comme un rapport entre des sujets et des maîtres mais entre des copropriétaires/cogestionnaires égaux en droits. L’association des cantons et des villes suisses n’avait pas pour but de les fondre dans des unités plus importantes mais au contraire de protéger ensemble efficacement les libertés et les particularités de chaque communauté. Le principe de cette structure, le fédéralisme, consiste, pour citer l’historien Wolfgang von Wartburg, en ceci: «Chaque tâche de la vie de la communauté doit dans la mesure du possible, être assumée par ceux qui sont les plus directement impliqués: Ce que la commune peut assumer elle-même doit lui être laissé. Il en va de même pour le canton. La Confédération, unité supérieure, doit n’assumer que les missions dont les plus petites unités ne peuvent pas se charger, comme la politique étrangère ou les chemins de fer. Les éléments constitutifs de la Confédération, jusqu’aux communes, agissent donc dans le cadre de leurs compétences selon leurs propres lois et leur propre responsabilité. […] Ce n’est pas une organisation centrale, bien qu’elle soit devenue dans une certaine mesure nécessaire, qui fait la véritable unité de la Suisse, mais la volonté commune de vivre en paix et de collaborer entre confédérés. La condition est par conséquent le maintien de l’indépendance des membres, la reconnaissance des droits de chaque petite communauté, voire de chaque confédéré, à la pleine responsabilité dans toutes les questions qui ne doivent pas nécessairement être confiées à une instance centrale.» (Geschichte der Schweiz, München, 1951, p. 243–244)
Cette conception fédéraliste recèle aussi un modèle de paix et d’équilibre. Voici ce qu’écrit von Wartburg à ce sujet: «Cet esprit fédéraliste […] triompha de la méfiance entre les villes et les campagnes, il mit les petits cantons sur le même pied que les grands, il permit de vaincre les conflits religieux et les querelles internes. Il imposa la modération aux vainqueurs des six guerres civiles que la Suisse a vécues, ce qui les empêcha d’abuser de leur force. Jamais on ne porta atteinte à l’existence ou aux particularités des vaincus. Les conditions de la paix ne dépendirent pas de l’importance du succès dû aux armes mais de principes juridiques compatibles avec l’esprit des traités. La victoire lors de guerres civiles était pour ainsi dire acceptée comme un jugement de Dieu qui devait choisir entre deux conceptions différentes du droit.» (von Wartburg, p 244)

Sens profond des responsabilités et de l’intérêt général

Si l’on veut considérer de plus près l’importance du fédéralisme pour la maîtrise de la crise actuelle, il vaut la peine de se replonger dans une époque pas si lointaine, celle de la Seconde Guerre mondiale et de la reconstruction de l’après-guerre. Il est apparu de manière exemplaire que les petits Etats de structure fédéraliste, avec leurs décisions décentralisées, agissaient et réagissaient aux situations imprévues de manière beaucoup plus adéquate. On trouve des exemples de ce phénomène chez le grand spécialiste de l’autonomie communale, l’historien Adolf ­Gasser:
«Notre centralisation, même en temps de guerre, n’est pas comparable à celle des Etats voisins en temps de paix. Le professeur F.T. Wahlen, auteur bien connu du plan d’extension des cultures [le Plan Wahlen avait pour objectif d’assurer la sécurité alimentaire de la population suisse pendant la Seconde Guerre mondiale lorsque le pays, encerclé par les nazis et les Alliés, ne pouvait importer que peu de marchandises, ts.], soulignait naguère, non sans justesse, la différence entre des tâches prescrites directement par la Confédération ou le canton aux entreprises intéressées, et celles qui sont dévolues par la commune elle-même; dans ce dernier cas, ce sont les autorités locales, jouissant de la confiance de la population, qui ordonnent, dirigent et surveillent la besogne. Dans le cadre restreint de la commune, les conditions et les possibilités de travail de chaque producteur sont bien connues et la tâche confiée à chaque entreprise s’accomplit sous le contrôle de l’opinion publique. En faisant appel au concours et à la responsabilité des communes, on facilite l’accomplissement des tâches imposées. De son côté, M. Arnold Muggli, chef du Service du rationnement, est arrivé aux mêmes constatations. Un jour, à ce qu’il rapporte, le chef d’une délégation étrangère lui avouait que, dans son pays, on n’aurait pas pu organiser un système de rationnement aussi décentralisé parce que les organes chargés de son application dans les communes ne seraient pas du tout préparés à un travail aussi compliqué. A ce propos, M. Muggli fait cette réflexion: ‹Nous devons notre succès avant tout à ce vif sentiment de solidarité et de responsabilité dont sait faire preuve la population de toutes nos communes.›» (Adolphe Gasser. Démocratie et fédéralisme: Confédération, Canton, Commune. In: La démocratie suisse 1848–1948. Morat 1948, p. 135/136.)

«Nous sommes nous-mêmes l’Etat.» (Pestalozzi)

Ces exemples historiques montrent que la pratique, vieille de plusieurs siècles, de la participation citoyenne a fait ses preuves précisément à une époque de très graves crises. C’est ici que l’on a pu constater ce que le grand représentant des Lumières et réformateur social qu’était Johann Heinrich Pestalozzi a dit un jour: «Nous sommes reliés par le droit et la loi, nous sommes nous-mêmes l’Etat.» Etre soi-même l’Etat ne signifie rien d’autre que les citoyens à part entière doivent agir avec d’autres citoyens dans un esprit d’égalité et se reposer de nouveau davantage sur leurs propres forces, au sein de la communauté, plutôt que de se laisser réduire à la conception mécaniste de l’homo œconomicus qui ne correspond pas à la nature de l’homme. Gasser a formulé cette idée de la manière suivante: «C’est cette confiance dans la volonté libre de la communauté qui a créé notre démocratie moderne et la maintient bien vivante. Elle nous donne la certitude que notre Suisse est capable d’établir un heureux et fructueux équilibre entre l’individualisme et le collectivisme dans le domaine économique, comme elle l’a déjà réalisé dans le domaine politique. Partout et toujours, notre Etat démocratique, à base communautaire et fédéraliste, devra s’efforcer de garder fidèlement ses caractères fondamentaux; son avenir en dépend.» (Gasser, p. 137).

Nature sociale de l’homme

Mais ceux qui prétendent que les approches fédéralistes et participatives sont spécifiques de l’Europe, voire uniquement des régions alpines, méconnaissent le fait que les principes d’entraide, d’autogestion et de responsabilité individuelle se rencontrent partout dans le monde parce qu’ils correspondent à la nature sociale de l’homme. Ainsi la grave crise en Argentine a été maîtrisée à partir de la base, grâce à la collaboration des hommes qui se sont organisés pour survivre lorsque l’Etat a dû se déclarer en faillite. Mais en Afrique également, les coopératives ont permis ici ou là aux habitants de subsister et les ont protégés notamment contre les conséquences tardives du colonialisme: Des gens se sont rassemblés, notamment pour créer des coopératives de vente de produits comme le poisson, le cacao et le café ou pour distribuer à leurs membres certains biens: logements, vivres, appareils ménagers, etc.
Le spécialiste des coopératives Helmut Faust résume la question de la manière suivante: «Depuis que les hommes peuplent la terre, ils ont formé des groupes ou des communautés quand il s’agissait de satisfaire des besoins économiques ou autres et que cela dépassait les forces des individus. L’ascension des hommes des ténèbres de l’état de nature à la lumière de la civilisation et de la culture n’a été possible que grâce à leur rassemblement et à l’évolution due à la collectivisation et à la division du travail.» (Helmut Faust, Geschichte der Genossenschaftsbewegung, Frankfurt, p. 17). Plus loin, Faust exprime l’idée que l’individu isolé, qui n’entretient aucune relation avec autrui, est certes pensable théoriquement mais ne se rencontre jamais dans l’histoire. L’idée d’association, de coopérative ne peut pas se limiter à un pays ou à un peuple. Il importe donc que les citoyens du monde entier échangent leurs idées sur leurs formes spécifiques de structures fédérales et associatives/coopératives pour le bien de tous et avant tout celui des générations futures qui devront gérer l’héritage des destructions politiques, sociales et économiques que nous avons causées.    •

Le principe fédéraliste prévaut aussi dans les cantons

Le principe fédéraliste est à la base non seulement des relations entre la Confédération et les cantons, mais encore des rapports entre le gouvernement cantonal et les communes. Au point de vue purement formel, ces dernières jouissent uniquement des droits que leur octroie la législation cantonale. Nulle part pourtant, on ne les a soumises à l’autorité des fonctionnaires cantonaux; au contraire, on leur a conservé et garanti une large autonomie. Aujourd’hui, nos communes sont encore des organismes pleins de vie. Du fait que le fédéralisme inspire de bas en haut toute notre organisation administrative, il est resté l’élément fondamental, des plus vigoureux, de notre Etat démocratique.

Source: Adolphe Gasser. Démocratie et fédéralisme: Confédération, Canton, Commune. In: La démocratie suisse 1848–1948. Morat 1948, p. 133.

Organiser l’administration suivant les nécessités de la condition humaine

Il n’était possible d’assurer la liberté individuelle, l’autonomie familiale et la sécurité des biens que dans le cadre de cet Etat en miniature qu’est la commune. On pouvait procéder à des échanges de vues à la «Landsgemeinde» ou à l’assemblée des bourgeois, au sein de la corporation agricole ou de la communauté villageoise; on organisait l’administration suivant les nécessités de la condition humaine. L’idée qui animait paysans et citadins, qui inspirait les communes des contrées alémaniques, romandes, grisonnes ou lombardes, c’était cette ferme volonté de vivre en hommes libres dans un Etat libre.

Source: Karl Meyer. Der Freiheitskampf der eidgenössischen Begründer, Frauenfeld 1942, cité selon
Adolphe Gasser, op.cit., p. 133

Pas de moyens coercitifs

En réalité, ce que nous appelons centralisation est tout différent de l’organisation centralisée et bureaucratique des grands Etats voisins. Les autorités de notre pays ne disposent pas des moyens coercitifs que l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Autriche ont toujours appliqués, même avec des constitutions libérales-démocratiques. On n’a jamais eu chez nous la hiérarchie administrative et ce fonctionnarisme, exécuteur aveugle des ordres de l’autorité supérieure.

Source: Adolphe Gasser. Démocratie et fédéralisme: Confédération, Canton, Commune. In: La démocratie suisse 1848–1948. Morat 1948, p. 134.

«Chef d’œuvre de la raison et de l’histoire»

L’Etat fédératif créé en 1848 a passé victorieusement par l’épreuve du temps, ne cessant de manifester sa force et sa vitalité. Deux principes opposés se trouvent à sa base et, se faisant constamment contrepoids, lui assurent un harmonieux équilibre politique: celui de la souveraineté cantonale qui, jadis, avait été le fondement même de la Confédération, et celui de l’unité nationale, qui devait donner à notre patrie plus de cohésion, plus d’énergie dans la défense de ses droits, en face d’Etats voisins toujours plus forts. Grâce à sa nouvelle organisation fédérative, la Suisse est devenue un chef-d’oeuvre politique que l’historien français, A. Aulard considérait comme le type parfait du pays moderne, caractérisé par l’unité dans la diversité et la diversité dans l’unité, comme le chef-d’oeuvre de la raison et de l’histoire.

Source: Adolphe Gasser. Démocratie et fédéralisme: Confédération, Canton, Commune. In: La démocratie suisse 1848–1948. Morat 1948, p. 132.

 

dimanche, 07 août 2011

La liberté, la démocratie, l'autonomie, mais non sans une défense forte

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La liberté, la démocratie, l’autonomie, mais non sans une défense forte

Envisager l’avenir avec une conscience historique fondée sur des faits –  correctif nécessaire à la falsification de l’histoire par le Rapport Bergier

par Tobias Salander

Ex:http://www.horizons-et-debats.ch/

A quelles conditions les citoyens suisses de 2011 peuvent-ils envoyer au monde le message selon lequel ils veulent conserver leur liberté, leur démocratie et leur autonomie et en même temps rester le peuple le plus pacifique mais le plus apte à se défendre? C’est à cette question, posée à temps dans une période de grave crise économique et financière aux répercussions encore imprévisibles en Occident, en particulier dans les zones dollar et euro, que répond une nouvelle étude sur l’histoire de la Suisse entre 1933 et 1945 due à la plume d’un économiste et ex-commandant de bataillon d’infanterie qui a travaillé pour la Banque mondiale, l’ONU, l’OCDE, divers gouvernements et commanditaires privés dans plus de 100 pays.
S’appuyant sur une quantité de publications scientifiques concernant la Seconde Guerre mondiale, Gotthard Frick, dans son livre intitulé «Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945» propose une vision nouvelle et complète de la manière dont la Suisse a affirmé son autonomie et ses valeurs pendant la Seconde Guerre mondiale. Il indique les leçons à en tirer pour l’avenir et apporte un correctif aux travaux de la Commission Bergier. Cet ouvrage peut être chaudement recommandé à tous les citoyens et en particulier aux professeurs d’histoire et à leurs élèves. Il nous offre une vision de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale qui, loin de tout dénigrement idéologique, rétablit les faits, vision que tous ceux qui les ont vécus ne pourront que confirmer.
Après les attaques des années 1990 contre la Suisse commandées par certains milieux financiers de la côte Est des Etats-Unis et livrées par une cinquième colonne de pseudo-artistes, de personnes «fatiguées de défendre la patrie» (Heimatmüde), de girouettes et de carriéristes vendus et vulnérables au chantage qui auraient voulu, au moyen d’une vaste manipulation psychologique, pousser le pays à intégrer le nouvel ordre mondial, Frick réussit, en évaluant clairement les événements historiques connus, à ressusciter la volonté du pays à affirmer son autonomie et ses valeurs et à aiguiser sa perception de l’avenir. Il ne s’agit pas pour lui uniquement d’apporter une contribution au débat sur l’avenir de l’Armée suisse. Si, à l’époque, il valait la peine de consentir d’importants sacrifices pour éviter la guerre au pays, il faudrait aujourd’hui également «engager des réflexions exhaustives et à long terme si nous voulons préparer notre pays à un avenir qui sera sans doute beaucoup plus difficile et exigeant et peut-être aussi beaucoup plus menaçant que ne le pensent aujourd’hui de nombreuses personnes». (p. 2 sqq.) Ce sont là des réflexions qui ne devraient pas être abordées sérieusement qu’à l’occasion des cérémonies du 1er-Août.

Ceux qui empêchent leurs concitoyens d’envisager le passé les privent d’une vision personnelle de l’avenir. Les interprétations tordues dont les idéologues de la Commission Bergier ont inondé le peuple – ils n’ont pas apporté de faits nouveaux mais uniquement des interprétations erronées de l’histoire – doivent maintenant être démontées patiemment pièce après pièce. Gotthard Frick a le grand mérite d’avoir accompli ce précieux travail d’assainissement. Son évocation de la volonté des Confédérés d’affirmer leur autonomie dans une situation difficile, c’est-à-dire entre 1933 et 1945, est si claire, si respectueuse des faits et toujours envisagée dans la perspective de l’époque actuelle qu’elle peut constituer pour la jeunesse un repère, un point d’ancrage à partir duquel elle pourra s’attaquer aux problèmes de l’heure en étant pleinement conscients de ce qu’ont réalisé nos ancêtres et de la spécificité de notre histoire, celle d’un peuple qui ne voulait pas se laisser asservir, qui aimait la liberté par-dessus tout et voulait prendre en main ses affaires, mais toujours en tenant compte de la situation, sensibles au sort du prochain au-delà des frontières, solidaires et apportant son aide en cas de nécessité. Frick nous offre un contrepoint bienvenu aux machinations déjà mentionnées et aux nouvelles machinations dont l’objectif facile à déceler est de faire entrer la Suisse dans l’UE et l’OTAN, à en faire par conséquent une vassale et un soutien occulte des intérêts des grandes puissances.

Chaque pays a une armée: la sienne ou une armée étrangère

Mettons l’accent sur certains aspects de la présentation de Frick qui sont importants pour notre époque: l’évocation concise des conquêtes d’Hitler et des plans des Alliés – que l’auteur ne présente pas dans l’ordre chronologique mais selon les motifs qui les sous-tendent et cela d’une manière éclairante – montre une chose qui doit paraître évidente aux personnes à l’esprit social et pacifiste: Dans un monde où il n’y a finalement, entre les Etats, jamais d’amitiés mais seulement des intérêts, il n’y a pas de place pour la liberté et la dignité quand les pays démocratiques n’envisagent ni ne préparent les situations de crise. Frick explique qu’on peut développer l’Etat providence, se déclarer neutre avec fierté et ne pas investir dans l’armement. Mais alors on ne doit pas s’étonner si la situation politique se modifie du jour au lendemain et si un pays autrefois ami vient remplir le vide ainsi créé. C’est ce qui s’est passé en 1940 avec le Danemark et la Norvège et ce serait de nouveau possible aujourd’hui. On pourrait dire que nous ne nous défendrons pas en cas d’attaque parce qu’il serait absurde de le faire contre une puissance plus forte. Quelles seraient les conséquences? L’occupant déporterait les hommes et les forcerait à travailler dans l’industrie d’armement pour remplacer les travailleurs et les paysans qui combattent dans l’armée de l’agresseur. Peut-être qu’on les contraindrait à se battre au sein de la machine de conquête, à tuer, ne serait-ce que pour ne pas être tués. Ces conséquences effroyables qu’ont subies les pacifistes belges, danois, norvégiens, français, etc. mais aussi ceux qui se sont bien défendus mais ont été vaincus, comme les Serbes, Frick les décrit fort bien et il détruit de manière salutaire l’illusion consistant à croire qu’on pourrait rester passif aujourd’hui, et que ce ne serait pas si terrible d’être asservi. Pour Frick, l’histoire dément cette attitude de manière douloureuse.

Des voix étrangères louaient la Suisse

S’appuyant sur une quantité de documents de généraux, d’hommes d’Etat et de journalistes, l’auteur montre que les efforts de défense de la Suisse, en particulier la création du Réduit national, étaient pris très au sérieux, et pas seulement en Allemagne. Grâce à ces déclarations d’éminents étrangers, il donne une image authentique de la Suisse de l’époque (cf. les encadrés). La Suisse n’y apparaît pas comme antisémite. Au contraire, dans l’opuscule «Welt-Dienst» de l’Erfurter Verlag – qui était financé par l’Etat – elle est décrite rageusement comme «le seul paradis d’Europe pour les juifs» (p. 15). Il n’y est pas question d’un prétendu défaitisme des Suisses mais de leur esprit combatif et de leur capacité à se défendre qui pourrait donner du fil à retordre à la Wehrmacht. C’est ce qu’écrivait le général des troupes de montagnes de la Wehrmacht Franz Böhme, qui se suicida pendant sa détention par les Alliés à Nuremberg, dans son étude relative à une éventuelle attaque contre la Suisse. Le Times de Londres soulignait qu’aucune armée au monde ne pouvait mobiliser ses troupes aussi rapidement que l’armée suisse et l’étude Tannenbaum de la Wehrmacht de 1940 confirme cette appréciation, bien qu’avec d’autres arrière-pensées.
Le «Kleines Orientierungsheft Schweiz» de l’état-major de l’armée de terre destiné aux troupes allemandes et datant du 1er septembre 1942 écrit à propos du système de milice suisse – que les idéologues de la Commission Bergier ont toujours dénigré: «Le système suisse de milice permet d’engager l’ensemble des soldats à un coût relativement modique. Il entretient l’esprit combatif très marqué depuis toujours dans le peuple suisse et permet la mise sur pied d’une armée qui, vu la petite taille du pays, est très forte, organisée de manière efficace et rapidement opérationnelle. Le soldat suisse se distingue par son amour de la patrie, sa résistance et son endurance.» (p. 55)

Le général Böhme est plein d’admiration pour le Réduit

Le général Böhme écrit à propos du Réduit – que les falsificateurs de l’histoire de la Commission Bergier considèrent comme un mythe: «La défense suisse du territoire dispose d’une armée de terre qui, notamment en raison de ses effectifs élevés représente un facteur extrêmement important. La prise du Réduit défendu par des troupes qui vont se battre avec acharnement représentera une tâche difficile.» (p. 57)
Cela semble étrange de voir vanter la valeur de nos ancêtres par un militaire de la Wehrmacht alors que grâce à des mensonges ordonnées par l’Etat, on voulait nous faire croire le contraire.
Frick montre parfaitement combien la préparation du retrait par le général Guisan du gros de l’Armée dans le Réduit était réfléchie et prévoyante. La faute capitale des généraux polonais, consistant à vouloir maintenir un front de 1500 kilomètres au lieu de s’appuyer sur les alliés naturels que sont les cours d’eau et de concentrer les forces armées, fut étudiée avec beaucoup d’attention par le général Guisan et son état-major. Ainsi, il fallut abandonner la ligne de défense de la Limmat établie à grands frais après la défaite française parce qu’elle était devenue inutile. Même si le flanc ouvert du Jura représenta pendant quelques semaines un danger considérable, il fut possible, grâce à un peu de chance, de mettre en place le Réduit sans que la Wehrmacht ne profite de la situation. La Suisse suivait aussi attentivement la lutte pour défendre les Alpes du Sud de la France où les troupes françaises résistèrent victorieusement aux forces de Mussolini et d’Hitler et elle pensait être sur la bonne voie avec son idée de forteresse alpine. Cela met dans un grand embarras les chefs de la guerre psychologique de la Commission Bergier avec leur dénigrement subjectif et fielleux de la conception du Réduit.

Les Alliés auraient pu raccourcir la guerre de plusieurs années

Frick réfute un autre argument incroyable, car sans aucun fondement, de notre cinquième colonne qui veut que la Suisse ait prolongé la guerre. Il constate en effet que les Alliés auraient pu réduire la durée de la guerre de plusieurs années en bombardant les installations allemandes de production de carburant. Les nazis savaient parfaitement que c’était leur talon d’Achille. Mais que s’est-il passé? Frick montre sans équivoque que les Alliés ont bombardé la population civile sans défense des villes protégée pourtant par le droit international. Ce fut un crime de guerre sans précédent au regard dudit droit et la plus grave erreur au point de vue stratégique. Ou ce «moral bombing», comme le qualifièrent Harris-la-Bombe et Churchill, n’était-il pas une erreur mais visait un autre objectif? Malheureusement, nous n’en saurons rien tant que les Alliés n’auront pas déclassifié les documents secrets de la Seconde Guerre mondiale. Il paraît qu’ils représentent plus de la moitié de la totalité des documents. Le fait que cela n’ait pas été fait après le délai habituel de quelques décennies est de mauvais augure.

La défense du pays aujourd’hui en 10 points

D’une part les mises au point de Frick nous permettent d’éclaircir nos idées et constituent un antidote à l’entreprise de démoralisation effectuée par la Commission Bergier et d’autre part son résumé en 10 points nous fournit des indications précieuses sur la manière dont nous pouvons tirer profit des leçons de l’histoire aujourd’hui dans une situation non moins explosive, si nous voulons garder la tête droite.

1.    Fidélité aux valeurs spirituelles

La condition la plus importante qui permet à un peuple d’affirmer son autonomie est la fidélité à ses valeurs spirituelles. Elles donnent au peuple la force morale de subsister dans les situations extrêmes. Ce sont en Suisse les valeurs suivantes, telles qu’elles sont confirmées par les sources étrangères de l’époque de la guerre et que seuls les idéologues de la Commission Bergier tournent en dérision: l’amour de la patrie, l’indépendance, la démocratie directe, le fédéralisme, le pacifisme associé aux capacités de défense, «c’est-à-dire la volonté, en cas d’agression, de défendre ces valeurs et l’intégrité territoriale du pays jusqu’à épuisement de toutes les ressources humaines et matérielles, sans se poser de questions sur les chances de succès.» (p. 116)
Le respect d’autrui et des convenances ainsi que le maintien de relations normales avec tous les Etats ont toujours fait partie de ces valeurs.

2. Cohésion politique vis-à-vis de l’extérieur

Une autre condition importante de l’affirmation de soi réside pour Frick dans la cohésion politique vis-à-vis de l’extérieur. L’auteur insiste sur le fait que contrairement à d’autres pays, les puissances étrangères n’ont pas réussi à instrumentaliser les partis gouvernementaux suisses pour qu’ils défendent leurs intérêts. Même pour le Parti socialiste, la défense du pays était devenue, certes tard, «l’alpha et l’oméga de la politique suisse» (Oprecht, président du Parti).

3.    Solidarité sociale

Il fallait également à l’intérieur une solidarité sociale. «Elle suppose une certaine mesure de la part de ceux qui détiennent le pouvoir économique et la conscience du fait que la force économique implique une responsabilité à l’égard de la société.» (p. 117) alors que les plus faibles renoncent aux luttes sociales. L’accord de paix entre employés et employeurs de l’industrie mécanique, de même que les allocations pour perte de gain et le rationnement alimentaire garantissaient que personne ne tomberait dans la misère en raison de son engagement pour la défense du pays.

4.    Une armée crédible capable de se défendre

Le 4e point de Frick est la capacité de défense et la mise sur pied d’une armée crédible. L’attaque de la Suisse doit apparaître trop chère à tout agresseur potentiel et s’il se risque quand même à attaquer, il doit s’attendre à des combats long et acharnés. Cependant cela présuppose de bons équipements, une instruction rigoureuse préparant à la guerre, de la discipline et une grande indépendance des chefs et des soldats. Si l’on néglige la capacité de se défendre, il devient difficile de la rétablir en peu de temps. (Précision importante face au concept de «montée en puissance» d’Armée XXI!)
L’histoire apporte un démenti à ceux qui croient que l’on est épargné si l’on renonce à se défendre. Les conséquences en sont les prises d’otages, le recrutement de travailleurs forcés ou l’incorporation des hommes dans l’armée de l’occupant pour servir de chair à canon. «Il n’y a qu’une solution, qui est d’ailleurs parfaitement morale: défendre la paix mais posséder une armée forte prête à se battre uniquement en cas d’attaque, mais alors avec une détermination inflexible.» (p. 119)

5.    Les Etats n’ont que des intérêts

Pour Frick, citant un Premier ministre anglais de jadis, les Etats n’ont ni amis ni ennemis, mais uniquement des intérêts: «Les petits pays surtout devraient se souvenir de cette maxime. Toutes les parties aux conflits n’agissent finalement qu’en fonction de leurs intérêts. Les sentiments d’amitié, l’identité des valeurs, la démocratie, les droits de l’homme n’ont joué aucun rôle quand il s’agissait de prendre des décisions.» (p. 119) A titre d’exemple, l’auteur mentionne notamment le fait que la Grande-Bretagne, entre 1939 et 1940, a étranglé économiquement la Suisse de manière impitoyable. Le ministre britannique des Affaires étrangères assura à l’envoyé de la Suisse que «la Grande-Bretagne éprouvait certes une grande sympathie pour la Suisse démocratique mais qu’elle menait un combat vital et qu’elle devait sauvegarder ses intérêts. Après la capitulation de la France, ce même gouvernement déclara qu’il était dans l’intérêt des Alliés que la Suisse maintienne sa capacité de défense et son indépendance le plus longtemps possible et qu’elle demeure un centre d’informations au cœur de l’Europe dominée par l’Allemagne. C’est pourquoi on ne devait pas exercer sur elle de trop grandes pressions économiques.» (p. 120)

6.    La neutralité implique nécessairement la capacité de se défendre

La neutralité ne protège ni des amis ni des ennemis et le pays a donc absolument besoin d’une armée crédible pour se protéger. «L’Allemagne a attaqué de nombreux pays neutres, même ceux qui, à son initiative, avaient conclu peu avant des pactes de non-agression. Mais les Alliés ont agi de même lorsque cela correspondait à leurs intérêts». (p. 121)
Pour que la neutralité soit crédible, il faut la défendre contre toutes les parties, sans égard pour les sympathies ou les antipathies. C’est dans ce contexte que Frick place la rencontre entre le général Guisan et le général SS Schellenberg. Le général a assuré le haut commandant allemand que la Suisse était déterminée à combattre tous ceux qui violeraient l’intégrité territoriale de la Suisse, également les Alliés: «Il s’agissait d’empêcher l’Allemagne d’attaquer la Suisse par précaution parce qu’elle pouvait douter de la volonté de la Suisse de résister de toutes ses forces à un passage des Alliés à travers son territoire.» (p. 122)

7.    Pas d’adhésion à des alliances

Pour Frick, il n’est jamais dans l’intérêt d’un petit pays d’adhérer à une alliance car les pays plus puissants ne font que défendre leurs intérêts même dans les alliances et utilisent les alliés plus faibles comme de la chair à canon.»

8.    Capacité de défense et de souffrance d’un peuple

Ce point concerne la capacité de défense et de souffrance des peuples qui veulent garder leur indépendance. Frick rend hommage aux Britanniques après la capitulation de la France, aux juifs affamés du ghetto de Varsovie luttant contre les SS, à l’armée de la Résistance polonaise et également à l’Union soviétique qui a compté le plus grand nombre de victimes des Allemands. En ce qui concerne la Suisse, Frick soulève la question suivante: «Nous autres Suisses jouissons aujourd’hui d’une prospérité sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Peut-on attendre d’une telle société qu’elle comprenne quelle volonté de se battre et quels préparatifs matériels sont nécessaires pour persuader un agresseur potentiel que le rapport bénéfice-coût d’une attaque est négatif et qu’elle ne vaut pas la peine d’être tentée? Et pouvons-nous nous représenter la capacité de défense et de souffrance qu’il faudrait manifester si l’agresseur ne se laissait pas dissuader et que le peuple devait résister avec son armée dans une guerre?» (p. 124 sqq.)
Et il enfonce le clou: «Quelle proximité avec la terrible réalité d’une guerre, quels risques notre peuple protégé, gâté, démocratique et attaché aux droits de l’homme permet-il à son armée au cours de la formation des soldats? Quels moyens est-il disposé à lui accorder qui la rendent suffisamment forte pour tenir une guerre future, avec ses souffrances inimaginables, le plus éloignée possible du peuple ou, dans le pire des cas, pour combattre longtemps? Car notre victoire serait de résister longtemps et non pas d’aller défiler dans la capitale du pays agresseur.» (Frick, p. 125)

9.    Réflexion à long terme

Frick invite à engager une réflexion à long terme malgré la tendance de la politique quotidienne à se limiter au court terme. On ne peut pas mettre sur pied une armée en peu de temps: «En tout cas, il faut beaucoup de temps pour créer une tradition de capacité à se défendre. Or toutes les puissances ont reconnu cette capacité à la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour Machiavel déjà, au XVe siècle, elle expliquait que les Suisses étaient le peuple le plus libre d’Europe.» (p. 125 sqq.)

10.    Les décisions de politique intérieure sont toujours des signaux envoyés à l’extérieur

Pour Frick, nous devrions être conscients «que toutes les décisions que nous prenons ne sont pas uniquement de nature intérieure. Nous envoyons par là des signaux au monde qui les reçoit et les interprète.» (p. 126) Jusqu’en 1939, la plupart des démocraties européennes ont envoyé à Hitler le signal qu’elles étaient démoralisées et qu’elles n’étaient pas prêtes à se battre pour défendre leurs valeurs. La Grande-Bretagne et la France ont leur part de responsabilité dans la Seconde Guerre mondiale parce qu’à Munich, elles ne se sont pas opposées de manière catégorique à Hitler: «En capitulant, ces deux puissances ont également désavoué la population de Berlin qui, 3 jours avant Munich, avait manifesté avec détermination contre la guerre.» (p. 126) En revanche, la Suisse fit savoir sans ambiguïté qu’elle était décidée à se battre. Le chef d’état-major allemand Halder notait au printemps 1940 dans son journal de guerre qu’une attaque de la France à travers une Suisse sans défense aurait été une éventualité séduisante. Mais il dut exclure cette option car la Suisse n’était pas sans défense.

Se préparer au pire

Dans sa conclusion, Frick écrit qu’une attaque contre la Suisse ou une guerre en Europe semble aujourd’hui inimaginable à beaucoup de personnes, de même qu’après la Première Guerre mondiale, personne ne s’attendait à une nouvelle guerre mondiale. Il est dans la nature de l’homme «de considérer une longue période de paix et, de manière générale, une situation en général bonne et agréable quasiment comme un don de Dieu qui va durer indéfiniment et de refouler les éventualités effrayantes.» (p. 127) Malheureusement, bien que l’on aimerait donner raison aux optimistes, l’histoire montre que «les comportements et les décisions irrationnels, souvent associés aux instincts humains les plus vils, déterminent toujours et partout la politique et l’action militaire.» (p. 127) Comme l’homo sapiens sapiens n’a pas changé récemment, on ne peut exclure ni une guerre en Europe ni une attaque contre la Suisse, même pas au cours des prochaines années. Que ceux qui trouvent cette idée trop bizarre méditent les dernières phrases de Frick: «Qu’arriverait-il si, par exemple, le monde ou seulement l’Europe sombrait, à cause des dettes accumulées, dans une grave crise monétaire et économique, et même s’effondrait, et si les nombreuses et anciennes tensions ethniques et territoriales se déchaînaient?» (p. 128) Sommes-nous aujourd’hui, à l’été 2011, éloignés de ce scénario? La «malice des temps» invoquée par nos pères fondateurs n’est-elle pas éternelle, à notre grand regret?
Combien d’années se sont écoulées entre la prise du pouvoir par Hitler et la remilitarisation de la Rhénanie, l’écrasement de la Tchécoslovaquie et l’invasion de l’Autriche et le début de la Seconde Guerre mondiale? Trois, cinq et six ans ! C’est pourquoi Frick conclut qu’il est indispensable «que la Suisse se prépare au pire tout en espérant qu’il n’arrivera pas». (p. 128) Il y a là un espoir mais aussi un appel auquel tout contemporain vigilant et amoureux de la liberté ne peut qu’acquiescer.    •

Bibliographie
Gotthard Frick. Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945. Eine neue, umfassende Sicht auf die Selbstbehauptung der Schweiz im Zweiten Weltkrieg und die daraus für die Zukunft zu ziehenden Lehren. Eigenverlag Gotthard Frick, CH-4103 Bottmingen, Februar 2011,
ISBN 978-3-033-02948-4.

S’emparer du Réduit: une tâche difficile

 

«La défense suisse du territoire dispose d’une armée de terre qui, notamment en raison de ses effectifs élevés, représente un facteur extrêmement important. La prise du Réduit défendu par des troupes qui vont se battre avec acharnement représentera une tâche difficile.»

Franz Böhme, général des troupes allemandes de montagne, dans un plan d’attaque de la Suisse élaboré à l’intention de la SS à l’été 1943 (in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 57)

 

La Suisse représente un problème ardu

«Un dixième de la population suisse est sous les drapeaux, c’est plus que dans tous les autres pays du monde. Elle est prête à se battre pour défendre son style de vie. […] Les Hollandais seront une proie facile pour les Allemands car leur armée est misérable. La Suisse représentera un problème ardu et je doute que les Allemands vont se risquer à le résoudre.»

(William L. Shirer, journaliste américain, peu après le début de la guerre
(in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz
1933–1945, p. 54)

 

L’amour de la patrie des Suisses est extrêmement profond

«Le désir de se battre des soldats suisses est élevé et doit être placé sur le même plan que celui des Finlandais. Un peuple qui a de bons gymnastes a toujours en de bons soldats. L’amour de la patrie des Suisses est extrêmement profond.»

Franz Böhme, général des troupes allemandes de montagne, dans un plan d’attaque de la Suisse élaboré à l’intention de la SS à l’été 1943 (in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 57)

 

Ce qui serait arrivé à une Suisse occupée

L’exemple de la Grèce

«La Grèce resta occupée pendant trois ans par les troupes de l’Axe. Elle fut systématiquement pillée et dut livrer au vainqueur non seulement une grande partie de son équipement industriel et de ses véhicules et machines agricoles mais également, pendant tout le temps de l’occupation, une grande partie de ses vivres. Dès le premier hiver, cela provoqua une famine catastrophique à laquelle succombèrent quelque 100 000 Grecs et 80% des nouveau-nés. […] Les Grecs menant bientôt une guerre de partisans féroce, les troupes allemandes se vengèrent souvent, comme ailleurs, en fusillant la totalité de la population – hommes, femmes, enfants – de villages situés à proximité des attaques de la guérilla ou en exécutant des otages civils.»

(Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 92 sqq.)

L’exemple de la Yougoslavie

«Ici aussi, les Allemands prirent la population civile en otage. Pour chaque Allemand tué par les partisans, on fusillait 100 otages, pour chaque blessé, 50 otages. L’auteur de l’étude de 1943 sur l’attaque éventuelle de la Suisse, le général des troupes de montagne Franz Böhme, fut, en 1941, pendant deux mois et demi, général en chef doté des pleins pouvoirs en Serbie. Pendant cette seule période, 30 000 otages furent exécutés. Jugé au Tribunal militaire international de Nuremberg, il échappa à la condamnation, le 27 mai 1947, en se suicidant.»

(Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 91)

Problèmes d’un petit Etat neutre hier et aujourd’hui

Il n’y a pas de paix sans capacité de défense

«Notre capacité de défense vieille de plusieurs siècles a toujours été la sœur jumelle de notre amour de la paix et devrait le rester à l’avenir, quoi qu’il nous réserve.» (Frick, p. 3)

Quand on ne s’attend pas à une grande guerre, on néglige l’Armée

La Suisse est un des rares pays à s’être rendu compte assez tôt du danger représenté par l’Allemagne. Elle commença à se préparer au pire. En 1934, elle commença par la protection aérienne (aujourd’hui protection civile). Le 24 février 1935, le peuple approuva le projet de défense qui ouvrait la voie à un programme d’armement extraordinaire […] Le 21 septembre 1936, la Confédération émit un emprunt de défense nationale qui rencontra un vif succès. La durée de l’école de recrues fut allongée et l’instruction améliorée. On acheta du matériel de guerre, dont des avions de combat, et l’on développa les fortifications. Mais les lacunes importantes ne purent pas être comblées jusqu’au début de la guerre. On avait pendant trop longtemps négligé l’Armée en raison de l’idée, répandue dans le peuple, qu’une autre grande guerre était impossible.» (Frick, p. 12)

Cohésion entre la gauche et la droite

Ce n’est qu’en 1938, peu avant le début de la guerre, que le président du Parti socialiste Oprecht déclara: «La défense du pays est l’alpha et l’oméga de la politique suisse. Ce changement d’attitude se produisit certes beaucoup trop tard pour préparer l’Armée à la future guerre, mais il créa, à propos de cette question décisive de politique intérieure, une cohésion entre la gauche et la droite.» (Frick, p. 13)

Renforcer les valeurs suisses

«Le Schaffhousois Oscar Frey, le conseiller national Gottlieb Duttweiler (fondateur de Migros) et le professeur Karl Meyer, firent, depuis l’été 1940, des conférences dans tout le pays au cours desquelles ils insistaient sur la nécessité et la possibilité de la résistance. Inspiré par cela, le général Guisan institua, en mai 1941, la section Armée et Foyer dont l’objectif était de renforcer les valeurs suisses dans l’Armée et la population civile et de lutter contre le défaitisme et le découragement. C’était nécessaire car au vu de l’occupation rapide de la Yougoslavie puis de la Grèce par l’Allemagne, la Suisse doutait de nouveau de ses capacités de résistance. Ces deux opérations de la Suisse, qu’Hitler n’avait pas prévues d’emblée, apportèrent un répit supplémentaire.» (Frick, p. 14)

Crise de la lutte pour la survie économique

«Avec le début de la guerre commença pour la Suisse la crise de la lutte pour la survie. Il s’agissait d’assurer l’approvisionnement en denrées alimentaires, en carburants, en combustibles, en matières premières et en produits semi-finis, de poursuivre le réarmement, de continuer à faire du commerce avec le monde et de sauvegarder les emplois. Un chômage important aurait fait le jeu de l’extrême-droite. La Suisse introduisit le rationnement et l’économie de guerre, mit en place un programme d’extension des cultures et s’assura, en créant la «protection des militaires» (aujourd’hui «régime des allocations pour perte de gain»), pour que les familles des soldats mobilisés ne tombent pas dans la misère.» (Frick, p. 19)

Brutalité extrême des Alliés

«Bien que le droit international de la neutralité autorise expressément aux pays neutres le commerce avec les parties au conflit, chacun voulait que la Suisse mette fin à son commerce avec l’ennemi et ne livre à ce dernier ni biens stratégiques ni armes. L’extrême brutalité et le manque de compréhension des Alliés, en particulier des Etats-Unis, pour la situation exceptionnelle et difficile de la Suisse ne se différenciait en rien de celle des Allemands. Le conseiller fédéral Stampfli déclarait en 1944: Nous n’avons jamais été plus mal traités par les Allemands que nous le sommes maintenant par les Alliés. Ils étaient insensibles à la sympathie, à la démocratie, à l’Etat de droit et à des valeurs similaires.» (Frick, p. 19 sqq.)

C’est l’Armée suisse qui a mobilisé le plus rapidement

«Aucune armée au monde ne peut mobiliser ses troupes aussi rapidement que l’Armée suisse. C’est ce qu’écrivait le 11 novembre 1938 le Lord-maire de Londres dans le Times après une visite en Suisse. Il recommandait au Royaume-Uni d’adopter le système suisse. L’étude stratégique Tannenbaum de l’état-major allemand datant de 1940 estimait qu’une partie des troupes de frontières serait prêtes au combat au bout de 5 heures, les brigades de frontières et de montagne et les brigades légères dans les 24 heures, les divisions et les grands états-majors, c’est-à-dire la totalité de l’Armée en 48 heures. (A titre de comparaison, le chef d’état-major allemand Halder estimait, le 27 mars 1940, que la mobilisation de 20 divisions italiennes en vue d’opérations aux côtés de l’Allemagne prendrait deux semaines. A cela il fallait ajouter le temps de déplacement vers les lieux de combat.» (Frick, p. 53 sqq.)

Le mythe tenace d’une supériorité de la Wehrmacht

«Le mythe d’une supériorité militaire prétendument écrasante en 1939/1940 de l’Allemagne nazie est tenace. Il sert aujourd’hui encore de justification aux pays d’Europe de l’Ouest – y compris à la France – qui, démoralisés, ont pour la plupart capitulé sans véritable résistance.» (Frick, p. 74)

On n’épargne pas ceux qui se soumettent

«Il existe aussi des gens prêts à se soumettre dans le but d’avoir au moins la vie sauve. Comme le montrent la Seconde Guerre mondiale et tous les conflits ultérieurs, ces individus succombent eux-mêmes à la folie guerrière, non seule­ment en tant que victimes civiles de bombardements ou d’attaques de missiles ou d’artillerie, mais parce que des forces d’occupation sans scrupules les anéantissent pour des raisons politiques, racistes ou autres. Ou encore on les exécute en tant qu’otages pour venger des soldats ou des citoyens tués par des résistants. En effet, il y a dans chaque peuple des hommes qui préfèrent combattre plutôt que d’être asservis. En d’autres termes, renoncer à se défendre ne permet pas d’épargner la population d’un pays. Il n’y a qu’une solution, qui est d’ailleurs par­sfaitement morale: défendre la paix mais posséder une armée forte prête à se battre uniquement en cas d’attaque, mais alors avec une détermination inflexible.» (Frick, p. 119)

jeudi, 04 août 2011

Julien Freund et la dynamique des conflits

Julien Freund et la dynamique des conflits.jpg
 
Julien Freund et la dynamique des conflits
 
Caractéristiques :

Auteur :
DELANNOI GIL/HINTERM
Editeur : BERG INTERNATIONAL EDITIONS
Paru en : mars 2011
Présentation : 499 g - 15 cm * 23 cm
Collection : BERG INTERNATIO Code barre :9782917191361ISBN :
2917191368
 
Résumé
 
 
Julien Freund (1921-1993), auteur d’une oeuvre abondante au rayonnement international, s’est fait connaître par sa thèse de philosophie, préparée sous la direction de Raymond Aron et intitulée L’Essence du politique (1965). Il y tient le conflit pour l’une des données fondamentales de la vie sociale et politique. Comme pour d’autres universitaires très influents de leur vivant, la mort de Julien Freund a ouvert une période où la réception de son oeuvre est restée en suspens. C est à l’université de Strasbourg, qu’il avait suivie en tant qu’étudiant lorsqu’elle s’était repliée à Clermont Ferrand au début de la Seconde Guerre mondiale, qu’un premier colloque a été consacré à son oeuvre les 11 et 12 mars 2010. Ce colloque, résolument transversal, a réuni des philosophes, sociologues, politistes, anthropologues, juristes, linguistes, autour de la manière dont Julien Freund a renouvelé les recherches sur le conflit dans les sciences sociales contemporaines. Le présent ouvrage est le prolongement de ces perspectives croisées et de cette réflexion commune.
À partir de ses connaissances et de ses réflexions sur l’histoire, Julien Freund s’est beaucoup interrogé sur l’instabilité des sociétés contemporaines et notamment sur les multiples conflits qui les traversent et les opposent, donnant lieu à d’incessantes résurgences. Cette permanence des risques délétères que comportent les conflits le conduit à s’intéresser à toutes les ressources permettant de les stabiliser, de les désamorcer et d’en tirer parti. Cela le conduit à réaffirmer l’importance du politique et de sa vocation à assurer la sauvegarde collective. En même temps, Freund élabore une conception d’ensemble des processus conflictuels envisagés comme un continuum. À la suite de Georg Simmel, il relève les conditions propices à l’actualisation des potentialités socialisatrices des conflits et précise selon quelles modalités les conflits peuvent être source de transformations et de structurations sociales.
Les contributions ici réunies se proposent de montrer la fécondité de l’approche de Julien Freund pour analyser et comprendre les dynamiques conflictuelles contemporaines.
 

mardi, 02 août 2011

Le terrorisme d'Etat est l'arme de guerre centrale du gouvernement du spectacle mondial...

Dans la crise généralisée de la pourriture marchande, le terrorisme d’État est l’arme de guerre centrale du gouvernement du spectacle mondial…

par Gustave LEFRANÇAIS

« Au fil du temps, la production spectaculaire en série des assassinats d’État qui dévoilent les faux comparses et masquent les vrais commanditaires; Kennedy, Aldo Moro, Sadate, Olaf Palme, Pierre Bérégovoy, Yann Piat, François de Grossouvre, Rabin, Rafic Hariri … a clairement prouvé que l’État était devenu le centre indistinct des espaces maffieux à mesure que la Mafia devenait, elle, l’espace central des États… »

L’Internationale, Critique de la société de l’indistinction, Éditions Révolution sociale, 2007.

 

Partout où règne le spectacle de la crise de l’économie politique, les seules forces terroristes véritablement organisées sont celles qui veulent le renforcement paranoïaque du spectacle de l’économie politique de la crise.

 

Les États ne combattent pas le terrorisme puisqu’ils en sont eux-mêmes le centre de manœuvre, de duplicité et de diffusion internationale. Ce sont eux qui le sécrètent et le font prospérer. De plus en plus et clairement tous les États, grands ou petits, commanditent, infiltrent, manipulent et utilisent les fractions, groupes et nébuleuses terroristes partout dans le monde pour défendre ou faire valoir leurs  intérêts dans la faillite généralisée de la société de l’argent. Ce phénomène constitue un pur produit du spectacle de l’économie pourrissante, une des manifestations les plus criantes de l’inhumanité pathologique de l’ordre du profit. Mais le plus grand des terroristes c’est évidemment  le gouvernement du spectacle planétaire qui profite ainsi d’un sentiment mondialiste d’insécurité, de peur et d’impuissance permanentes suscitées par ses propres actes de manipulation dans les populations pour se présenter comme le seul rempart possible contre la montée des attentats qu’il organise lui-même sous faux drapeau, à la fois pour le partage commercial des marchés et la soumission mentale des hommes.

 

Sven Olof Joachim Palme était un homme politique socialiste suédois qui fut de 1968 à sa mort, dirigeant du Parti social-démocrate du travail suédois. Il fut à deux reprises chef du gouvernement. Il mena toujours une politique de refus d’alignement sur les menées impérialistes de l’ordre américain notamment pendant la guerre du Vietnam et il s’opposa fermement durant la crise dite des euromissiles au déploiement des Pershing. Ami personnel d’Arafat, lui-même probablement mort empoisonné par des mains très cabalistiques, il défendit toujours la population palestinienne contre l’horreur du colonialisme israélien. L’enquête officielle concernant sa disparition conclut évidemment à la piste de l’assassin solitaire et déséquilibré. Ainsi, Olof  Palme est  mort  mystérieusement assassiné le 28 février 1986 après qu’une piste kurde oblique qui remontait à Tel-Aviv n’ait jamais été exploitée qu’à l’envers. Depuis, la Norvège qui a toujours refusé d’entrer dans l’Euroland soumis à Washington a continuellement  résisté à l’anathémisation du Hamas et a même demandé une enquête internationale sur l’abordage par Israël de la flottille turque humanitaire qui se rendait à Gaza tout en refusant qu’aient lieu dans ses eaux territoriales des exercices de sous-marins israéliens, construits par l’Allemagne.

 

Dans ces conditions, l’attentat d’Oslo et la tuerie de l’île d’Utoeya, qui ont coûté la vie à au moins 77 personnes viennent clairement dire que l’opposition norvégienne au projet de bouclier anti-missiles yankee et à la volonté d’OTANISER toujours plus le vieux continent est de moins en moins admise par l’ordre mondial de la marchandise. Méticuleusement préparé dans un tissu spectacliste d’extravagances, d’aberrations et de loufoqueries toutes plus fantastiques les unes que les autres par un franc-maçon illuminé et télépiloté, cette attaque sanglante dans le pays d’Europe le plus pro-palestinien vient là soudainement nous rappeler que dans le monde de la marchandise où toute réalité est systématiquement renversée, le vrai n’apparaît jamais que sous la forme du faux.

 

Il est bien entendu facile d’appliquer ici le principe Cui prodest ? dans un univers où tous les intérêts agissants de la tyrannie démocratique de la marchandise sont de plus en plus visibles et à mesure que la cinématographie terroriste s’épuise à tenter de les cacher. Depuis le grand mensonge du 11 septembre et toutes ses suites madrilènes et londoniennes, tout le monde – à condition de réfléchir par delà le despotisme du marché démocratique du fallacieux – peut enfin savoir que le terrorisme désormais règne en fait comme le modèle de toutes les entreprises étatiques les plus avancées.

 

 

Gustave Lefrançais
pour le collectif L’Internationale, juillet 2011

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=2126

samedi, 23 juillet 2011

Carl Schmitt: Total Enemy, Total State & Total War

Total Enemy, Total State, & Total War

Carl SCHMITT

Ex: http://www.counter-currents.com/

 Translated by Simona Draghici

Editor’s Note:

The following translation from Carl Schmitt appears online for the first time in commemoration of Schmitt’s birth on July 11, 1888. The translation originally appeared in Carl Schmitt, Four Essays, 1931–1938, ed. and trans. Simona Draghici (Washington, D.C.: Plutarch Press, 1999).

I

cs.jpgIn a certain sense, there have been total wars at all times; a theory of the total war, however, presumably dates only from the time of Clausewitz who would talk of “abstract” and “absolute” wars.”[1] Later on, under the impact of the experiences of the last Great War, the formula of total war has acquired a specific meaning and a particular effectiveness. Since 1920, it has become the prevailing catchword. It was first brought out in sharp relief in the French literature, in book titles like La guerre totale. Afterwards, between 1926 and 1928, it found its way into the language of the proceedings of the disarmament committee at Geneva. In concepts such as “war potential” (potentiel de guerre), “moral disarmament” (désarmement moral) and “total disarmament” (désarmement total). The fascist doctrine of the “total state” came to it by way of the state; the association yielded the conceptual pair: total state, total war. In Germany, the publication of the Concept of the Political has since 1927 expanded the pair of totalities to a set of three: total enemy, total war, total state. Ernst Jünger’s book of 1930 Total Mobilization made the formula part of the general consciousness. Nonetheless, it was only Ludendorff’s 1936 booklet entitled Der Totale Krieg (The Total War) that lent it an irresistible force and caused its dissemination beyond all bounds.

The formula is omnipresent; it forces into view a truth whose horrors the general consciousness would rather shun. Such formulas, however, are always in danger of becoming widespread nationally and internationally and of being degraded to summary slogans, to mere gramophone records of the publicity mill. Hence some clarifications may be appropriate.

(a) A war may be total in the sense of summoning up one’s strength to the limit, and of the commitment of everything to the last reserves.[2] It may also be called total in the sense of the unsparing use of war means of annihilation. When the well-known English author J. F. C. Fuller writes in a recent article, entitled “The First of the League Wars, Its Lessons and Omens,” that the Italian campaign in Abyssinia was a modern total war, he only refers to the use of efficacious weapons (airplanes and gas), whereas looked at from another vantage point, Abyssinia in fact was not capable of waging a modern total war nor did Italy use its reserves to the limit, reach the highest intensity, and lead to an oil blockade or to the closing of the Suez Canal, because of the pressure exerted through the sanctions imposed by the League of Nations.

(b) A war may be total either on both sides or on one side only. It may also be deliberately limited, rationed and measured out, because of the geographical situation, the war technique in use, and also the predominant political principles of both sides. The typical 18th-century war, the so-called “cabinet war,” was essentially and deliberately a partial war. It rested on the clear segregation of the soldiers participating in the war from the non-participant inhabitants and non-combatants. Nevertheless, the Seven Years War of Frederick the Great was relatively total, on Prussia’s side, when compared with the other powers’ mobilization of forces. A situation, typical of Germany, showed itself readily in that case: the adversity of geographical conditions and the foreign coalitions compelled a German state to mobilize its forces to a higher degree than its more affluent and fortunate bigger neighbors.[3]

(c) The character of the war may change during the belligerent showdown. The will to fight may grow limp or it may intensify, as it happened in the 1914–1918 world war, when the war trend on the German side towards the mobilization of all the economic and industrial reserves soon forced the English side to introduce general conscription.

(d) Finally, some other methods of confrontation and trial of strength, which are not total, always develop within the totality of war. Thus for a time, everyone seeks to avoid a total war which naturally carries a total risk. In this way, after the world war, there were the so-called military reprisals (the 1923 Corfu Conflict, Japan-China in 1932), followed by the attempts at non-military, economic sanctions, according to Article 16 of the Covenant of the League of Nations (against Italy, autumn 1935), and finally, certain methods of power testing on foreign soil (Spain 1936–1937) emerged in a way that could be correctly interpreted only in close connection with the total character of modern warfare. They are intermediate and transitional forms between open war and true peace; they derive their meaning from the fact that total war looms large in the background as a possibility, and an understandable caution recommends itself in the delineation of the conflictual spaces. Likewise, it is only from this point of view that they can be grasped by the science of international law.

II

The core of the matter lies in warfare. From the nature of the total war one may grasp the character and the whole aspect of state totality; from the special character of the decisive weapons one may deduce the peculiar character and aspect of the totality of war. But it is the total enemy that gives the total war its meaning.[4]

The different services and types of warfare, land warfare, sea warfare, air warfare, they each experience the totality of war in a particular way. A corresponding world of notions and ideas piles on each of these types of warfare. The traditional notions of “levée en masse” (levy), “nation armée” (nation in arms), and “Volk in Waffen” (the people in arms) belong to land warfare.[5] Out of these notions emerged the continental doctrine of total war, essentially as a doctrine of land warfare, and that thanks mainly to Clausewitz. Sea warfare, on the other hand, has its own strategic and tactical methods and criteria; moreover, until recently, it has been first and foremost a war against the opponent’s trade and economy, whence a war against non-combatants, an economic war, which by its laws of blockade, contraband, and prizes, drew neutral trade into the hostilities, as well. Air warfare has not so far built up a similar fully-fledged and independent system of its own. There is no doctrine of air warfare yet that would correspond to the world of notions and concepts accumulated with regard to land and sea warfare. Nonetheless, as a consequence of air warfare, the overall configuration sways in the main towards a three-dimensional total war.

The “if” of a total war is beyond any doubt today. The “how” may vary. The totality is perceptible from opposite vantage points. Hence the standard type of guide and leader in a total war is necessarily different. It would be too simple an equation to accept that the soldier will step into the centre of this totality as the prevailing type in a total war to the same extent as in other kinds of wars previously.[6] If, as it has been said, total mobilization abolishes the separation of the soldier from the civilian, it may very well happen that the soldier changes into a civilian as the civilian changes into a soldier, or both may change into something new, a third alternative. In reality, it all depends on the general character of the war. A real war of religion turns the soldiers into the tools of priests or preachers. A total war that is waged on behalf of the economy becomes the tool of economic power groups. There are other forms in which the soldier himself is the typical model and the ascending expression of the character of the people. Geographical conditions, racial and social peculiarities of all kinds, are factors that determine the type of warfare waged by great nations. Even today it is unlikely that a nation could engage in all the three kinds of warfare to a degree equal to the three-dimensional total war. It is probable that the centre of gravity in the deployment of forces will always rest with one or the other of the three kinds of warfare and the doctrine of total war will draw on it.[7]

Until now the history of the European peoples has been dominated by the contrast of the English sea warfare with the Continental land warfare. It is not a matter of “traders and heroes” or that sort of thing, but rather the recognition that any of the various kinds of warfare may become total, and out of its own characteristics generate a special world of notions and ideals as its own doctrine and also relevant to international and constitutional law, particularly in the assessment of the soldier’s worth and of his position in the general body of the people. It would be a mistake to regard the English sea warfare of the last three centuries in the light of the total land warfare of Clausewitz’s theory, essentially as mere trade and economic but not total warfare, and to misinterpret it as unconnected with and markedly different from totality. It is the English sea warfare that generated the kernel of a total world view.[8]

The English sea warfare is total in its capacity for total enmity. It knows how to mobilize religious, ideological, spiritual, and moral forces as only few of the great wars in world history have done. The English sea warfare against Spain was a world-wide combat of the Germanic and Romance peoples, between Protestantism and Catholicism, Calvinism and Jesuitism, and there are few instances of such outbursts of enmity as intense and final as Cromwell’s against the Spaniards. The English war against Napoleon likewise changed from a sea war into a “crusade.” In the war against Germany between 1914 and 1918, the world-wide English propaganda knew how to whip up enormous moral and spiritual energies in the name of civilization and humanity, of democracy and freedom, against the Prussian-German “militarism.” The English mind had also proved its ability to interpret the industrial-technical upsurge of the 19th century in the terms of the English worldview. Herbert Spencer drew an extremely effective picture of history that was disseminated all over the world, in countless works of popularization, the propagandistic force of which proved its worth in the 1914–1918 World War. It was the philosophy of mankind’s progress, presented as an evolution from feudalism to trade and industry, from the political to the economic, from soldiers to industrialists, from war to peace. It portrayed the soldier essentially as Prussian-German, eo ipso “feudal reactionary,” a “medieval” figure standing in the way of progress and peace. Moreover, out of its specificity, the English sea warfare evolved a full, self-contained system of international law. It asserted itself and its own concepts held on their own against the corresponding concepts of Continental international law throughout the 19th century. There is an Anglo-Saxon concept of enemy, which in essence rejects the differentiation between combatants and non-combatants, and an Anglo-Saxon conception of war that incorporates the so-called economic war. In short, the fundamental concepts and norms of this English international law are total as such and certainly indicative of an ideology in itself total.

Finally, the English constitutional regulations turned the subordination of the soldiers to the civilians into an ideological principle and imposed it upon the Continent during the liberal 19th century. By those standards, civilization lies in the rule of the bourgeois, civilian ideal which is essentially unsoldierly. Accordingly, the constitution is always but a civil-bourgeois system in which, as Clemenceau put it, the soldier’s only raison d’être is to defend the civilian bourgeois society, while basically he is subject to civilian command. The Prussian soldier state carried on a century-long political struggle on the home front against this bourgeois constitutional ideal. It succumbed to it in the Autumn of 1918. The history of Prussian Germany’s home politics from 1848 to 1918 was a ceaseless conflict between the army and parliament, an uninterrupted battle which the government had to fight with the parliament over the structure of the army, and the army budget necessary to make ready for an unavoidable war, that were determined not by the necessities of foreign policy but rather by compromises regarding internal policy. The dictate of Versailles, which stipulated the army’s organization and its equipment to the smallest detail, in an agreement of foreign policy, was preceded by half a century of periodical agreements of internal policy between the Prussian-German soldier state and its internal policy opponents, in which all the details of the organization and the equipment of the army had been decided by the internal policy. The conflict between bourgeois society and the Prussian soldier state led to an unnatural isolation of the War Office from the power of command and to many other separations, consistently rooted in the opposition between a bourgeois constitutional ideal imported from England either directly or through France and Belgium, on the one hand, and the older constitutional ideal of the German soldiery, on the other.[9]

Today Germany has surmounted that division and achieved a close integration of its soldier force.[10] Indeed, attempts will not fail to be made to describe it as militarism, in the manner of earlier propaganda methods, and to hold Germany guilty of the advent of total war. Such questions of guilt too belong to the totality of the ideological wrangles. Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes (spiritual combat is as brutal as the battles of men). Nonetheless, before nations stagger into a total war once more, one must raise the question whether a total enmity truly exists among the European nations nowadays. War and enmity belong to the history of nations. But the worst misfortune only occurs wherever the enmity is generated by the war itself, as in the 1914–1918 war, and not as it would be right and sensible, namely that an older, unswayed enmity, true and total to the Day of Judgment, should led to a total war.

Translator’s Notes

Originally published in Völkerbund und Völkerrecht, vol. 4, 1937, this essay was reproduced in Posirionen und Begriffe im Kampf mit Weimar-Gent-Versailles, 1929–1939, (Hamburg, 1940), pp. 235–239.

1. General Carl von Clausewitz (1780–1831) is best known for his book Vom Kriege, never finished and published posthumously, which incidentally has been translated into English under the title On War. There are numerous versions available in print.

2. Carl Schmitt’s own political principles of “will” and “energy,” components of his qualitative concept of total state, derive from this characteristic feature of “total war”: collective determination to assume a cause considered worthwhile and unreserved commitment to its fulfillment. As a generalized rallying around and enthusiasm for a cause and a particular course of action, it is a frequent phenomenon of social psychology, yet its usually ephemeral character makes it unfit as a durable basis of any social structure. I remember the enthusiasm with which in 1982, to a man, the Argentines, for instance, rallied to the idea of going to war to free the Maldives and hurried to put it into practice, and the accompanying hatred which grew against the British. The enthusiasm cooled off quickly, but not the hatred, which lingered on. To perpetuate the enthusiasm, a plethora of other factors have to be brought in, of which, in the case of Germany at the beginning of the ’thirties, Carl Schmitt actually had not a clue.

3. The “lesson” is in keeping with the Hitlerite Frederician cult and legitimating tradition and does not claim to be historically accurate. Although a digression that seems out of place, it has a certain significance for the time it was made. In the autumn of 1936, Hitler circulated a memorandum revealing his expansionist intentions. Then in 1937, the organization of the nation to serve those intentions began, a process which coincided with the rise of the SS state. In November of the same year the German media were ordered to keep silent about the preparations for a “total war.” Bearing all that in mind, Schmitt’s short digression reads more as a warning of danger than a point of military strategy.

4 . What is interesting here is his insistence on the existential essence of the phenomenon, which is consonant with his earlier definition of the political and at the same time renders the distinction between the professional soldier and the civilian meaningless. Moreover, total enmity with its implicit elimination of the adversary excludes any prospect of a peace treaty, as the war is to go on until one of the belligerents is annihilated.

5. Das Volk in Waffen (The Nation in Arms) happens to be the title of a work on total war by Colmar von der Goltz (1843–1916), published in 1883, and which is an important stepping stone in the reflection on modern warfare that led to Ludendorff’s book.

6. At the beginning of February 1938, Adolf Hitler became commander in chief of the German armed forces, appointing General Keitel his assistant at the head of the High Command of the Armed Forces, as the War Ministry was dissolved.

7. Eventually only the Soviet Union came closest to Carl Schmitt’s expectations, while the United States waged a fully-fledged three-dimensional war, dictated by its geographical position and sustained by its vast economic and technical resources most of which remained outside the battle zone.

8. For a broader treatment of the subject-matter see Carl Schmitt’s Land und Meer, which as Land and Sea is available in an English translation (Washington, D.C.: Plutarch Press, 1997).

9. The conflict between the civil society and the military in Germany was the subject-matter of a longer essay by Carl Schmitt, published in Hamburg in 1934 under the title Staatsgefüge und Zusammenbruch des Zweites Reiches. Der Sieg des Burgers über den Soldaten (The State Structure and the Collapse of the Second Reich. The Burghers’ Victory Over the Soldiers).

 

10. Röhm, the ideological soldier, had been eliminated in 1934, at the same time as the political soldiers, the Generals von Schleicher and von Bredow. Furthermore, as already mentioned in note 6 above, the War Ministry ceased to exist at the beginning of 1938, while the Commander in Chief, Field Marshal Werner von Blomberg was removed from his post for having compromised himself by marrying a “lady with a past,” and his prospective successor, General von Fritsch was forced to resign on a trumped-up Charge of homosexuality. At the same time, sixteen other generals were retired and forty-four were transferred. Göring who had been very active in carrying out this “integration” got for it only the title of field marshal, as Hitler kept for himself the supreme military command.

 


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vendredi, 15 juillet 2011

Géopolitique du Léviathan


Géopolitique du Léviathan

Nur Meer und Erde haben hier Gewicht

 (Seules la mer et la terre pèsent ici)

 Goethe

Plus que de la géopolitique, cet article relève de la thalassopolitique, néologisme créé par le professeur Julien Freund « pour remettre en cause certaines conceptions de la géopolitique, qui privilégient les phénomènes telluriques par rapport aux phénomènes maritimes ».

« L’histoire mondiale est l’histoire de la lutte des puissances maritimes contre les puissances continentales et des puissances continentales contre les puissances maritimes » (1) a écrit Carl Schmitt dans Terre et Mer.

Dès le Moyen-Age, les cabbalistes interprétaient l’histoire du monde comme un combat entre la puissante baleine, le Léviathan, et le non moins puissant Behemoth, animal terrien imaginé sous les traits d’un éléphant ou d’un taureau (2). Le Behemoth essaie de déchirer le Léviathan avec ses défenses, ses cornes ou ses dents, tandis que le Léviathan, de son côté, s’efforce de boucher avec ses nageoires la gueule et le nez du terrien pour l’affamer ou l’étouffer. Allégorie mythologique qui n’est pas sans rappeler le blocus d’une puissance terrestre par une puissance maritime.

Le Sea Power de l’amiral Mahan

A la charnière des XIXème et XXème siècles, l’Américain Alfred T. Mahan dans The Influence of Sea Power upon History (1890), l’Allemand Friedrich Ratzler dans Das Meer als quelle der Volkergrösse (1900) et le Britannique Halford John Mackinder dans Britain and the British Seas (1902), accordent une importance primordiale à la mer comme source de puissance des nations.

Amiral, historien et professeur à l’US Naval Academy, Alfred T. Mahan (1840-1914) est le plus célèbre géopoliticien de la mer, son œuvre comportant vingt livres et 137 articles. Partant de l’étude de l’Histoire européenne aux XVIIème et XVIIIèmes siècles, il cherche à démontrer comment la puissance maritime (Sea Power) s’est révélée déterminante pour la croissance et la prospérité des nations. Pour lui, la mer peut agir contre la terre, alors que l’inverse n’est pas vrai et, à la longue, la mer finit toujours par l’emporter dans sa lutte contre la terre. Mahan est profondément persuadé que la maîtrise des mers assure la domination des terres, ce qu’il résume par la formule « l’Empire de la mer est sans nul doute l’Empire du monde » (3). En affirmant ainsi la supériorité intrinsèque des empires maritimes, il offre une justification théorique à l’impérialisme, ce grand mouvement expansionniste des années 1880-1914.

Dans The problem of Asia, paru en 1900, Mahan applique à l’Asie son paradigme géopolitique, insistant sur la nécessité d’une coalition des puissances maritimes pour contenir la progression vers la haute mer de la grande puissance terrestre de l’époque, la Russie. En effet, il souligne que sa position centrale confère un grand avantage stratégique à l’Empire russe, car il peut s’étendre dans tous les sens et ses lignes intérieures ne peuvent être coupées. Par contre, et là réside sa principale faiblesse, ses accès à la mer sont limités, Mahan ne voyant que trois axes d’expansion possibles : en Europe, pour contourner le verrou des détroits turcs, en direction du Golfe persique et sur la Mer de Chine. C’est pourquoi l’amiral préconise un endiguement de la tellurocratie russe passant par la création d’un vaste front des puissances maritimes, des thalassocraties, qui engloberait les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Japon, les Américains s’imposant comme les chefs de file de cette nouvelle sainte Alliance.

Halford John Mackinder

S’inspirant de l’amiral Mahan, l’universitaire britannique Halford John Mackinder (1861-1947) estime, lui aussi, que la réalité géopolitique fondamentale est l’opposition entre puissances continentales et puissance maritimes. Une idée fondamentale traverse toute son œuvre : la confrontation permanente entre la Terre du Milieu ou Heartland, c’est-à-dire la steppe centre-asiatique, et l’Ile du Monde ou World Island, la masse continentale Asie-Afrique-Europe.

En 1887, Mackinder prononce, devant le public de la Royal Geographical Society, une allocution qui marque son entrée tonitruante sur la scène géopolitique, déclarant notamment « il y a aujourd’hui deux types de conquérants : les loups de terre et les loups de mer ». Derrière cette phrase allégorique et quelque peu énigmatique se tient l’arrière-plan concret de la rivalité anglo-russe en Asie centrale. En fait, Mackinder est obsédé par le salut de l’Empire britannique face à la montée de l’Allemagne et la Russie. Dès 1902, dans Britain and the British seas, il constate le déclin de la Grande-Bretagne et en conclut que cette dernière doit « partager le fardeau » avec les Etats-Unis, qui prendront tôt ou tard sa relève.

C’est dans sa célèbre communication de 1904, « The geographical pivot of history » (Le pivot géographique de l’histoire), qu’il formule sa théorie géopolitique. On peut la résumer en deux points principaux :

1°) la Russie occupe la zone pivot inaccessible à la puissance maritime, à partir de laquelle elle peut entreprendre de conquérir et contrôler la masse continentale eurasienne,

2°) en face, la puissance maritime, à partir de ses bastions (Grande-Bretagne, Etats-Unis, Afrique du Sud, Australie et Japon) inaccessibles à la puissance terrestre, encercle cette dernière et lui interdit d’accéder librement à la haute mer.

Etudiant l’époque « pré-colombienne », Mackinder oppose les Slaves, installés dans les forêts, aux peuples de cavaliers nomades présents sur les espaces non-boisés. Cette steppe asiatique, quasi déserte, est la Terre du Milieu (Heartland), entourée de deux croissants fortement peuplés : le croissant intérieur (inner crescent), regroupant l’Inde, la Chine, le Japon et l’Europe, qui jouxte territorialement la Terre du Milieu, et le croissant extérieur (outer crescent), constitué de diverses îles. Le croissant intérieur est soumis régulièrement à la poussée des nomades cavaliers venus des steppes de la Terre du Milieu.

Tout change à l’ère « colombienne », qui voit l’affrontement de deux mobilités, celle de l’Angleterre qui amorce la conquête des mers, et celle de la Russie qui avance progressivement en Sibérie. Pour l’universitaire, cette double expansion européenne, maritime et continentale, trouve son explication dans l’opposition entre Rome et la Grèce. En effet, il affirme que le Germain a été civilisé et christianisé par le Romain, le Slave par le Grec, et qu’alors que le Romano-germain a conquis les océans, le Greco-Slave s’est emparé à cheval de la steppe. Mackinder fait de la séparation entre Empires d’Orient et d’Occident, en 395, aggravée lors du Grand Schisme entre Byzance et Rome, en 1054, le point nodal de cette opposition. Il souligne qu’après la prise de Constantinople par les Turcs, Moscou s’est proclamée nouveau centre de l’Orthodoxie (la troisième Rome). Au XXème siècle, cet antagonisme religieux débouchera, selon lui, sur un antagonisme idéologique, entre le communisme et le capitalisme : la Russie, héritière de la communauté villageoise paysanne slave, le Mir, optera pour le communisme, l’Occident, dont la pratique religieuse privilégie le salut individuel, pour le capitalisme…

Cette opposition Terre/Mer risque de basculer en faveur de la terre et de la Russie. Mackinder remarque que si le Royaume-Uni a pu envoyer une armée de 500 000 hommes en Afrique-du-Sud lors de la guerre des Boers, performance saluée par tous les partisans de la puissance maritime, au même moment, la Russie avait, elle, réussi un exploit encore plus exceptionnel en entretenant un nombre équivalent de soldats en Extrême-Orient, à des milliers de kilomètres de Moscou, grâce au train transsibérien. Avec le chemin de fer, la puissance terrestre est désormais capable de déployer ses forces aussi vite que la puissance océanique. Obnubilé par cette révolution des transports terrestres, qui permettra à la Russie de développer un espace industrialisé autonome et fermé au commerce des thalassocraties, Mackinder prédit la fin de l’âge « colombien » et conclut à la supériorité de la puissance tellurique, résumant sa pensée dans un aphorisme saisissant : « Qui tient l’Europe continentale contrôle le Heartland. Qui tient le Heartland contrôle la World Island ». Effectivement, toute autonomisation économique de l’espace centre-asiatique conduit automatiquement à une réorganisation du flux des échanges, le croissant interne ayant alors intérêt à développer ses relations commerciales avec le centre, la Terre du Milieu, au détriment des thalassocraties anglo-saxonnes. Quelques années plus tard, en 1928, l’annonce par Staline de la mise en œuvre du 1er plan quinquennal confortera le penseur britannique, qui ne manquera pas de souligner que depuis la Révolution d’Octobre les soviétiques ont construit plus de 70.000 kms de voies ferrées.

Au lendemain de la Première guerre mondiale, Mackinder publie Democratic Ideals and Reality, un ouvrage concis et dense dans lequel il rappelle l’importance de la masse continentale russe, que les thalassocraties ne peuvent ni contrôler depuis la mer ni envahir complètement. Concrètement, il faut selon lui impérativement séparer l’Allemagne de la Russie par un « cordon sanitaire », afin d’empêcher l’unité du continent eurasiatique. Politique prophylactique suivie par Lord Curzon, qui nomme l’universitaire Haut commissaire britannique en « Russie du Sud », où une mission militaire assiste les partisans blancs de Dénikine, et obtient que ces ceux-ci reconnaissent de facto la nouvelle république d’Ukraine… Pour rendre impossible l’unification de l’Eurasie, Mackinder n’aura de cesse de préconiser la balkanisation de l’Europe orientale, l’amputation de la Russie de son glacis baltique et ukrainien, le « containment » des forces russes en Asie afin qu’elles ne puissent menacer la Perse ou l’Inde.

Le Kontinentalblock de Karl Haushofer

C’est en Allemagne, et sous l’influence décisive de Karl Haushofer (1869-1946), que géopoliticiens, diplomates et théoriciens nationaux-révolutionnaires et nationaux-bolcheviques (les frères Jünger, Ernst Niekisch, Karl-Otto Paetel) s’opposeront avec le plus de force aux prétentions thalassocratiques.

Officier d’artillerie bavarois et professeur à l’Académie de guerre, Karl Haushofer, envoyé au Japon en 1906 pour y réorganiser l’armée impériale, prend conscience lors de son voyage de retour vers l’Allemagne, effectué avec le Transsibérien, de l’immensité continentale de l’Eurasie russe. Après la Première Guerre Mondiale, il obtient un doctorat et devient professeur de géographie à Munich, où il se lie avec Rudolf Hess. Fondateur, en 1924, de la célèbre Zeitschrift für Geopolitik (Revue de Géopolitique), Haushofer est l’héritier direct des travaux de son compatriote Ratzel et du Suédois Kjeller. Ecartons d’abord la légende noire d’un Haushofer partisan acharné de l’hitlérisme et de sa géopolitique comme entreprise justificatrice des conquêtes territoriales du IIIème Reich, légende dont le professeur Jean Klein trouve la source dans les « efforts déployés par la propagande américaine » (4). Cette diabolisation n’étonnera que ceux qui méconnaissent l’orientation anti-thalassocratique de la géopolitique haushoférienne…

Soucieux de dépasser les petits nationalismes, Haushofer prône dès 1931, dans Geopolitik der Pan-Ideen (Géopolitique des idées continentales), la constitution de vastes espaces continentaux, seuls capables de dépasser la faiblesse territoriale et économique des Etats classiques. Une première étape pourrait passer par les rassemblements sub-continentaux théorisés en 1912 par le géographe E. Banse, qui préconisait 12 grandes aires civilisationnelles : l’Europe, la Grande Sibérie (Russie incluse), l’Australie, l’Orient, l’Inde, l’Asie Orientale, la « Nigritie », la Mongolie (avec la Chine, l’Indochine et l’Indonésie), la Grande Californie, les Terres Andines, l’Amérique (Amérique du Nord atlantique) et l’Amazonie.

Sa pensée, radicalement continentaliste et hostile aux thalassocraties, se précise lorsqu’il publie, en 1941, Der Kontinentalblock-Mitteleuropa-Eurasien-Japan (Le bloc continental-Europe-Europe centrale-Eurasie-Japon). Rédigé après le pacte-germano soviétique, cet ouvrage se prononce pour une alliance germano-italo-soviéto-nippone qui réorganiserait radicalement la masse continentale eurasienne. Il souligne que la crainte permanente des Anglo-saxons est de voir se constituer un axe Berlin-Moscou-Tokyo, qui échapperait totalement à l’emprise des thalassocraties marchandes. Celles-ci, écrit-il, pratiquent la politique de l’Anaconda, qui consiste à enserrer progressivement leurs proies et à les étouffer lentement. Or l’Eurasie, si elle parvient à s’unir, s’avèrera une proie trop grosse pour l’anaconda anglo-américain, échappant ainsi, grâce à sa masse gigantesque, à tout blocus.

Cette idée d’alliance tripartite a d’abord germé dans des esprits japonais et russes. Lors de la guerre russo-japonaise de 1905, quand Britanniques et Nippons se coalisaient contre les Russes, une partie des dirigeants japonais, dont l’ambassadeur à Londres Hayashi, le comte Gato, le prince Ito et le premier ministre Katsura souhaitaient une entente germano-russo-japonaise contre la mainmise anglaise sur le trafic maritime mondial. Visionnaire, le comte Gato préconisait alors une troïka, où le cheval central, le plus fort, aurait été la Russie, flanquée de deux chevaux légers, plus nerveux, l’Allemagne et le Japon. En Russie, l’idée eurasienne, sera incarnée, quelques années plus tard, par le ministre Witte, génial créateur du Transsibérien et partisan dès 1915 d’une paix séparée avec le Kaiser.

Inutile de préciser qu’Haushofer désapprouvera les guerres de conquête à l’Est entreprises par Hitler, qui allaient à l’encontre de son projet historique de constitution d’un bloc continental eurasiatique.

La stratégie de l’anaconda, de Spykman à Brzezinski

L’idée fondamentale, posée par Mahan et Mackinder, d’interdire à la Russie l’accès à la haute mer, sera reformulée par Nicholas John Spykman (1893-1943), qui insistera sur l’impérieuse nécessité de contrôler l’anneau maritime ou Rimland, cette zone littorale bordant la Terre du Milieu et qui court de la Norvège à la Corée : « Qui maîtrise l’anneau maritime tient l’Eurasie, qui tient l’Eurasie maîtrise la destinée du monde » (5).

Interprétant cette maxime dès le déclenchement de la Guerre froide, les Etats-Unis tenteront alors, par une politique de « containment » de l’URSS, de contrôler le rimland au moyen d’un réseau de pactes régionaux : OTAN en Europe, Pacte de Bagdad puis Organisation du traité central du Moyen-Orient, OTASE et ANZUS en Extrême-Orient.

Avec l’effondrement du bloc soviétique, l’on aurait pu s’attendre à un redéploiement stratégique des USA, et à une rupture avec la vulgate mackindérienne. Il n’en a rien été. A tel point qu’aujourd’hui encore, le conseiller (officieux) de politique étrangère le plus écouté du nouveau président américain Obama, se révèle être un disciple zélé de Mackinder. Il s’agit de Zbigniew Brzezinski, ami de David Rockefeller, avec qui il cofonda la Commission Trilatérale en 1973, et conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter de 1977 à 1980. Son œuvre théorique majeure, Le Grand Echiquier, parut en 1997, au moment des guerres de Yougoslavie entreprises en grande partie à son initiative, sous l’égide du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Madeleine Albright. L’analyse stratégique de Zbigniew Brzezinski reprend cyniquement la doxa géopolitique anglo-saxonne : l’Eurasie, qui regroupe la moitié de la population de la planète, constitue le centre spatial du pouvoir mondial. La clef pour contrôler l’Eurasie est l’Asie centrale. La clef pour contrôler l’Asie centrale est l’Ouzbékistan. Pour ce russophobe d’origine polonaise, l’objectif du Grand Jeu américain doit être de lutter contre l’alliance Chine-Russie. Considérant que la principale menace vient de la Russie, il préconise son encerclement (l’anaconda, toujours l’anaconda) par l’implantation de bases militaires, ou à défaut de régimes amis, dans les ex- républiques soviétiques (Ukraine incluse), insistant en particulier sur la nécessaire instrumentalisation des islamistes. Paradoxalement, c’est au nom de la lutte contre ces mêmes islamistes que les forces américaines se déploieront en Ouzbékistan après le 11 septembre 2001… Machiavel, pas mort !

Edouard Rix, Terre & Peuple magazine, solstice d’hiver 2010, n° 46, pp. 39-41.

Notes

(1) C. Schmitt, Terre et Mer, Le Labyrinthe, Paris, 1985, p. 23.

(2) Les noms de Léviathan et de Behemoth sont empruntés au Livre de Job (chap. 40 et 41).

(3) A.T. Mahan, The problem of Asia an its effect upon international policies,, Sampson Low-Marston, London, 1900, p.63.

(4) Jean Klein, Karl Haushofer, De la géopolitique, Fayard, Paris, 1986.

(5) N. Spykman, The geography of the peace, Harcourt-Brace, New-York, 1944, p. 43.

 

History and Biology

History & Biology

By Revilo Oliver

Ex: http://www.counter-currents.com/

American Opinion, December 1963 (part 4 of 4 of History and the Historians)

teinture-cheveux-grossesse.jpgHistory is the record of what men do. Scientific discoveries and technological applications of them are often events of historical importance, but do not affect our understanding of the historical process since they shed no light on the behavior of men in civilized societies.

For example, the recent use of atomic fission to produce a more powerful explosive has no significance for a philosophy of history. Like the many changes in the technology of war that have occurred throughout history, this one will call for changes in tactics and strategy, alters to some extent the balance of power in the world, and may well occasion the fall and extinction of a world power so fat-headed that it does not understand the importance of technological superiority in warfare. But all this is merely history repeating itself. It is true that the improved weapons set bands of addle-pated neurotics throughout the country shrieking as wildly as a tribe of banshees out on a week-end spree; but that is merely another instance of the rather puzzling phenomenon of mass hysteria. It is also true that Communist agents have been scurrying about the country to brandish the phrase “nuclear holocaust” as a kind of up-to-date Jack-o’-Lantern to scare children. But while it is the historian’s task to understand the International Conspiracy in the light of such partial precedents as are available, the new weapon will not help him in that. He will merely marvel that a large part of our population is not only ignorant of history in general, but evidently has not read even the Old Testament, from which it would have learned that atomic bombs, as instruments of extermination, are much less efficient that a tribe of Israelites armed with the simplest weapons (see Joshua vi. 20 et passim).

As an exception to the general rule, however, our century has brought one new area of knowledge in the natural sciences that must profoundly affect our understanding of history both past and present–that is as relevant to the rise and fall of the Mitanni and the Hittites as it is to our future. Distressingly enough, the new science of genetics raises for the historian many more questions than it answers, but it discloses the existence of a force that must be taken into account in any philosophy of history.

Multiplex Man

Civilized human beings have long been puzzled by the mysterious diversity of human beings. It is possible, indeed, that mystery was part of the process by which some people were able to rise from barbarism to civilization. The perception requires mental powers that are by no means universal. The aborigines of Australia, for example, who are probably the lowest from of human life still extant, have a consciousness so dim and rudimentary that they multiplied on that continent for fifty thousand years without ever suspecting that sexual intercourse had anything to do with reproduction. Most savages, to be sure, are somewhat above that level, but no tribe appears to have been aware of its own diversity, let alone capable of thinking about it.

Human beings capable of reflective thought, however, must have begun early to marvel, as we still do, at the great differences obvious among the offspring of one man by one woman. Of two brothers, one may be tall and the other short; one stolid and the other alert; one seemingly born with a talent for mathematics and the other with a love of music.

Many were the theories that men excogitated to explain so strange a phenomenon. One of the principal grounds for the once widespread and persistent belief in astrology was the possibility of explaining the differences between two brothers by noting that, although engendered by the same parents, they were conceived and born under different configurations of the planets. In the Seventeenth Century, indeed, Campanella, whose plan for a Welfare State is the source of many of our modern “Liberal” crotchets and crazes, devised a whole system of eugenics to be enforced by bureaucrats who would see to it that human beings were engendered only at moments fixed by expert astrologers.

Again, the doctrine of metempsychosis, once almost universally held over a wide belt of the earth from India to Scandinavia, seemed to be confirmed by the same observations; for the differences between brothers were understandable, if their bodies were animated by souls that had had far different experiences in earlier incarnations.

There were also some theoretical explanations, such as the one that you may remember having read in the stately verse of Lucretius, that were sound bases for scientific inquiry, but they were not followed up. Until the last third of the Nineteenth Century, men learned nothing of the basic laws of heredity. Darwin’s knowledge of the subject was no better than Aristotle’s, and Galton’s enthusiasm for eugenics was no more firmly founded than was Plato’s. It remained for a humble and too modest priest, Father Johann Gregor Mendel, to make one of the most important scientific discoveries ever made by man.

Father Mendel’s Versuche über Pflanzen hybriden was published in 1886, but the famous professors in the great universities could not take a mere priest seriously–certainly not a priest so impudent as to contradict Darwin–and so they went on for decades pawing over problems that father Mendel had made obsolete as the epicycles of Ptolemaic astronomy. He was simply ignored and forgotten until 1900, when three distinguished biologists discovered independently and almost simultaneously some of the laws that he had ascertained and formulated.

It required some time for systematic study of genetics to get under way, and research has been greatly impeded by two catastrophic World Wars and by the obscurantism of Communists and “Liberal intellectuals.”

In Russia and other territories controlled by the Conspiracy, Marx’s idiotic mumbo-jumbo is official doctrine and the study of genetics is therefore prohibited. There are, however, some indications that research may be going on secretly, and it is even possible that, so far as human genetics are concerned, the knowledge thus obtained may exceed our own; for the Soviet, though usually inept in scientific work, has facilities for experiments that civilized men cannot perform. In the mid-1930′s, for example, there were reports that experiment stations in Asiatic Russia had pens of human women whom the research workers were trying to breed with male apes in the hope of producing a species better adapted to life under Socialism than human beings. It was reported a few years ago that the Soviet is now trying to create subhuman mutations by exposing their human breeding stock to various forms of irradiation. One cannot exclude the possibility that the monsters who conduct such experiments may incidentally find some significant data.

In the United States, the situation differs somewhat from that in Russia. Geneticists are permitted to continue their studies in peace so long as they communicate only with one another and do not disclose to the public facts of which the American boobs must be kept ignorant. Since it requires rare courage to provoke a nest of “Liberal intellectuals” or rattlesnakes, the taboo thus imposed is generally observed.

Grim Genetics

Despite the restraints placed on scientific investigation, and despite the awesome complexity of genetic factors in so complicated a creature as man, it is now virtually certain that all of the physiological structure of human beings, including such details as color of eyes, acuity of vision, stature, susceptibility to specific diseases, and formation of the brain are genetically determined beyond possibility of modification or alteration except by physical injury or chemical damage. Some of the processes involved have been well ascertained; others remain unknown. No one knows, for example, why the introduction of minute quantities of fluorine into drinking water will prevent development of the brain in some children and so roughly double the number of mongolian idiots born in a given area.

It is far more difficult to investigate intellectual capacities, since these must involve a large number of distinct elements, no one of which can be physically observed; but all of the evidence thus far available indicates that intelligence is as completely and unalterable determined by genetic inheritance as physical traits.

Moral qualities are even more elusive than intellectual capacity. There is evidence which makes it seem extremely probable that criminal instincts, at least, are inherited, but beyond this we can only speculate by drawing an analogy between moral and intellectual potentialities.

Many persons find the conclusions thus suggested unpleasant, just as all of us, I am sure, would be much happier if the earth were the immobile center of the universe and the heavens revolved about it. But although vast areas in the new science of genetics remain unexplored, and although the complexity of many problems is such that we cannot hope to know in our lifetime many of the things that we most urgently need to know, the principles of heredity have been determined with a fairly high degree of scientific probability. They are, furthermore, in accord with what common sense has always told us and also with the rational perception of our place in the universe that underlies religion.

We can blind children, but we cannot give them sight. We can stunt their minds in “progressive” schools, but we cannot give them an intelligence they did not inherit at birth. It is likely that we can make criminals of them by putting them (like the somewhat improbable Oliver Twist) in Fagin’s gang or its equivalent, but we cannot induce a moral sense in one who was born without it. We have always known that it is easy for man to destroy what he can never create.

One Certainty

The Mendelian laws and hence the finding that human beings, physically and intellectually, at least, are absolutely limited to the potentialities they have inherited — which may be impaired by external action but cannot be increased — are the accepted basis of all serious biological study today. From the standpoint of scientific opinion, to deny heredity is about equivalent to insisting that the earth is flat or that tadpoles spring from the hair of horses.

The point is worth noting, for even if you choose to reject the findings of genetics, that science will enable you to demonstrate one very important truth.

Our “liberal intellectuals,” who have done all in their power to deride, defile, and destroy all religion, are now sidling about us with hypocritical whimpers that the facts of genetics ain’t “Christian.” This argument does work with those whose religion is based on the strange faith that God wouldn’t have dared to create a universe without consulting their wishes. But if you inquire of the “intellectual,” as though you did not know, concerning scientific evidence in these matters, the chances are that he will assure you, with a very straight face, that he is, as always, the Voice of Science. Thus you will know that he still is what he has always been: a sneak and a liar.

The Warp of Culture

Given the facts that all men are born unequal; that the inequality, apparent even among children of the same parents, increases with differences in genetic strains; that civilization, by the very fact of social organization and the variety of human activity thus made possible, accentuates such differences; and that the continuity of a culture depends on a more or less instinctive acceptance of the common values of that culture — given those facts, it becomes clear that historians who try to account for the rise and fall of civilizations by describing political, economic, philosophic, and religious changes without reference to genetic changes in the population are simply excluding what must have been a very important factor, however little we may be able to measure it in the past or the present.

Whatever should be true of statutory and often ephemeral enactments in human jurisprudence, it is undoubtedly true of all the laws of nature that ignorance of the law excuses no-one from the consequences of violating it. And it may be unjust, as it is certainly exasperating, that we must often act with only a partial and inaccurate knowledge of such laws. But that is a condition of life. Societies are like individuals in that they must make decisions as best they can on the basis of such information as is available to them. You may have stock in a corporation whose future you may find it very difficult to estimate, but you must decide either (a) to sell, or (b) to buy more, or (c) to hold what you have. What you cannot do is nothing.

The scope of genetic forces in the continuity of a civilization, and, more particularly, of Western civilization, and, especially, of that civilization in the United States was illustrated by one of the most brilliant of American writers, Dr. Lothrop Stoddard, in The Revolt Against Civilization (Scribner’s, New York, 1922). The book was out of print for many years, for our “liberal intellectuals” promptly decided that the subject was one that American boobs should not be permitted to think about, and accordingly shovelled their malodorous muck on both book and author, in the hope of burying both forever. Copies of it disappeared from many libraries, and the book became hard to find on the secondhand market (I obtained my copy from a dealer in Italy).

I commend The Revolt Against Civilization, not as a revelation of ultimate truth, but as a cogent and illuminating discussion of some very grim problems that we must face, if we intend to have a future. The book, you must remember, was written when problems in genetics seemed much simpler than they do now in the light of later research, and when Americans felt a confidence and an optimism that we of a later generation can scarcely reconstruct in imagination. Some parts of the book will seem quaint and old-fashioned. Dr. Stoddard assumes, for example, that the graduates of Harvard are a group intellectually and morally above the average: That probably was true when he was an undergraduate and when he took his doctorate; he did not foresee what loathesome and reptilian creatures would slither out of Harvard to infest the Dismal Swamp in Washington. And when he urged complete toleration of Communist talk (as distinct from violence), he was thinking of soap-box oratory in Bug-House Square and the shrill chatter of parlor-pinks over their teacups; he did not foresee penetration and capture of schools, churches, newspapers, and political organizations by criminals who disseminate Communist propaganda perfunctorily disguised as “progressive education,” “social gospel,” and “economic democracy.”

But the book remains timely. What were sins of omission in 1922, when we were, with feckless euphoria, repeating the blunders that destroyed past civilization, are now sins of commission, committed with deliberate and malicious calculation by the enemies whom we have given power over us. And we should especially perpend Dr. Stoddard’s distinction between the ignorant or overly-emotional persons who “blindly take Bolshevism’s false promises at their face value,” and the real Bolshevik, who “are mostly born and not made.” That dictum is as unimpeachable as the poeta nascitur, non fit, that it echoes.

The Optimistic Pessimist

Since Stoddard wrote, the horizons have darkened around us. A recent and stimulating book is Dr. Elmer Pendell’s The Next Civilization. The title may remind you of an article that Arthur Koestler published in the New York Times on November 7, 1943 — an article whose bleak pessimism startled all but the very few readers who were in a position to surmise, form the hints which Koestler was able to smuggle into the pages of the Times, that he, an ex-Communist, was able to estimate the extent to which the Communist Conspiracy had already taken control of the government of the United States. Koestler, stating flatly that we would soon be engulfed in a Dark Age of barbarism and indescribable horror, called for the establishment of monasteries that, like the monasteries of the early Middle Ages, would preserve some part of human culture as seed for a new Renaissance in some distant future. Dr. Pendell, although he does not entirely deny us hope for ourselves, is primarily concerned with preserving the better part of our genetic heritage as seed for a future civilization that may have the intelligence to avoid the follies by which we are decreeing our own doom.

Dr. Pendell very quickly reviews the historical theories of Brook Adams, Spengler, Toynbee, and others to show that they all disregard the fact that decline in a civilization is always accompanied by a change in the composition, and deterioration in the quality, of the population.

We know that such changes took place in every civilization of which we have record. The majority of Roman citizens in 100 A.D. were not related at all to the Roman citizens in 100 B.C. We know that the great Roman families died out from sheer failure to have enough children to reproduce themselves, and we have reason to believe that all classes of responsible Romans, regardless of social or economic position, followed the fashion of race suicide.

Since the Romans had the preposterous notion that any person of any race imported from any part of the world could be transformed into a Roman by some magic in the legal phrases by which he was made a Roman citizen, the children that the Romans did not have were replaced by a mass of very diverse origins. Some of the importations undoubtedly brought with them fresh vigor and talent; some were incapable of assimilating civilization at all and could only imitate its outer forms without understanding its meaning; and some, while by no mens inferior in intelligence and energy, had a temperament which, although eminently suited to some other civilization, was incompatible with the Roman. For some estimates of the deterioration of the population of the empire that the Romans founded, see the late Tenny Frank’s History of Rome (Holt, New York) and Martin P. Nilsson’s Imperial Rome (Schocken, New York).

When Dr. Stoddard wrote, we were merely behaving as thoughtlessly as the Romans: Carpe diem and let tomorrow take care of itself. But now, as Dr. Pendell hints and could have stated more emphatically, the power of government over us is being used, with a consistency and efficiency that must be intentional, to accelerate our deterioration and hasten our disappearance as a people by every means short of mass massacre that geneticists could suggest. To mention but one small example, many states now pick the pockets of their taxpayers to subsidize and promote the breeding of bastards, who, with only negligible exceptions, are the product of the lowest dregs of our population, the morally irresponsible and mentally feeble. An attorney informs me that in his state and others the rewards for such activity are so low that a female of this species has to produce about a dozen bastards before it can afford a Cadillac, and will have to go on producing to take care of the maintenance. Intensive breeding is therefore going on, and the legislation that was designed to stimulate it may therefore be said to be highly successful.

The United States is now engaged in an insane, but terribly effective, effort to destroy the American people and Western civilization by subsidizing, both at home and abroad, the breeding of the intellectually, physically, and morally unfit; while at the same time inhibiting, by taxation and in many other ways, the reproduction of the valuable parts of the population — those with the stamina and the will to bear the burden of high civilization. We, in our fatuity, but under the control of persons who must know that they are doing, are working to create a future in which our children, if we have any, will curse us for having given them birth.

When Dr. Pendell tells us what we must do, if we are to survive or even if we limit ourselves to the more modest hope that human civilization may survive on our planet, is to reverse the process — to encourage the reproduction of the superior stock and to check the multiplication of the inferior — he is unquestionably right. He may also be right when he urges that we must do more than desist from interfering with nature for the purpose of producing biological deterioration — that we must, instead, interfere with nature to ameliorate and improve our race. But here, I fear, Dr. Pendell, although he almost despairs of our civilization and looks to the next one, is yet too optimistic. There are two practical difficulties.

Our Coup d’Etat

Dr. Pendell proposes voluntary eugenic associations and “heredity corporations,” which, no doubt, would help a little, as he argues, but which, as he is aware, would not have much more effect than a few buckets of water thrown into the crater of Mauna Loa. At this late date, to accomplish much for ourselves or even for our putative successors, we must use at least the taxing power of government, if not its powers of physical coercion, to induce or compel the superior to have children and to prevent the inferior from proliferating. So here enters on the stage that most unlovely product of human evolution, the bureaucrat, whom we shall need to apply whatever rules we may devise. And –if you can stand a moment of sheer nightmare, dear reader — imagine, just for five seconds or so, what mankind would be like, if the power to decide who was or was not to have children fell into the hands of a Senator Fulbright, a Walt Rostow, and Adam Yarmolinsky, a Jack Kennedy, or a Jack The Ripper.

For that dilemma, of course, there is an obvious solution — but, so far as I can see, only one. You, my dear reader, Dr. Pendell, and I must form a triumvirate and seize absolute power over the United States. Unfortunately, I can’t at the moment think of a way of carrying out our coup d’etat, but let’s leave such details until later. Assume that we have that power, which we, certainly, are determined to use wisely and well. What shall we do with it?

Dr. Pendell is certainly right. We must breed for brain-power: We must see to it that the most intelligent men and women mate with one another and have many children. And we can identify the intelligent by testing their “I.Q.” and by their grades in honest college courses (as distinguished from the childish or fraudulent drivel that forms so large a part of the college curriculum today).

Let us not digress from the subject by questioning the relative validity of the various tests used to determine an “intelligence quotient.” And we shall ignore the exceptions which, as every teacher knows, sometimes make the most conscientious grading misleading. Father Mendel, to whom we owe the greatest discovery ever made in biology, failed to pass the examination for a teacher’s license in that field. A.E. Houseman, one of the greatest classical scholars in the world, failed to obtain even second-class honors at Oxford, and was given a mere “pass.” But such exceptions are rare. Let us assume that we can test intelligence infallibly. Is that enough?

It is always helpful to reduce generalizations to specific examples. Percy Bysshe Shelley was one of the great English poets; Albert Einstein, although fantastically over-advertised by yellow journalism, was a great mathematician. Both were brilliant men in more than one field of intellectual activity (Shelley is said to have exhibited a considerable talent for chemistry, among other things, and Einstein is said to have done well in courses on the Classics). Both, I am sure, would have placed themselves in the very highest bracket of any intelligence test, and (if so minded) could have been graduated summa cum laude from any college curriculum that you may advise. Both were, in their judgement of social and political problems, virtually morons. Merely a deficiency of practical common sense, you say? Yes, no doubt, but both acted on the basis of that deficiency and used their intellectual powers to exert a highly pernicious influence. One need not underestimate either the beauty of Shelley’s poems or the importance of the two theories of relativity to conclude that the world would be better off, had neither man existed.

But we must go farther than that. It is odd that most of the persons who urge us to foster “superior intellect” and “genius,” whether they recommend eugenics or educational subsidies or other means, simply ignore the phenomenon of the mattoid (see Lothrop Stoddard, op. cit., pp. 102-106, and the article by Max Nordau there cited).

A mattoid is a person possessed of a mentality that is, in the strict sense of the word, unbalanced. He is a Shelley or Einstein tilted just a few more degrees. He exhibits an extremely high talent, often amounting to genius, in one kind of mental activity, such as poetry or mathematics, while the other parts of his mind are depressed to the level of imbecility or insanity. Nordau, who was an acutely observant physician, noted that such unbalanced beings are usually, if not invariably, “full of organic feelings of dislike” and tend to generalize their subjective state of resentment against the civilized world into some cleverly devised pseudo-philosophic or pseudo-aesthetic system that will erode the very foundations of civilized society. Since civilized people necessarily set a high value on intellect, but are apt to venerate “genius” uncritically and without discrimination, the mattoid’s influence can be simply deadly. Nordau, indeed, saw in the activity of mattoids the principal reason why “people [as a whole] lose the power of moral indignation, and accustom themselves to despise it as something banal, unadvanced, and unintelligent.”

Nordau’s explanation may be satisfactory so far as it goes, but moral insanity is not by any means confined to minds that show an extraordinary disproportion among the faculties that can properly be called intellectual and can be measured by such things as intelligence tests, academic records, proficiency in a profession, and outstanding research. The two young degenerates, Loev and Leopold, whose crime shocked the nation some decades ago although the more revolting details could not be reported in the Press, were reputed to be not only among the most brilliant undergraduates ever enroled in the University of Chicago, but to be almost equally proficient in every branch of study. One could cite hundreds of comparable examples.

Most monsters that become notorious have to be highly intelligent to gain and retain power. Lenin and Trotsky must have had very active minds, and the latter, at least, according to persons who knew him, was able on occasion to pass as a cultivated man. Both probably had a very high “I.Q.” All reports from China indicate that Mao Tse-tung is not only extremely astute, but even learned in the Chinese culture that he is zealously extirpating. A few Communists or crypto-Communists who have been put in prominent positions may be mere stooges, but the directors of the Conspiracy and their responsible subordinates must be persons of phenomenally high intelligence.

It is clear that there is in the human species some biological strain of either atavism or degeneracy that manifests itself in a hatred of mankind and a list for evil for its own sake. It produced the Thugs in India and the Bolsheviks in Russia (cf. Louis Zoul, Thugs and Communists, Public Opinion, Long Island City). It appears in such distinguished persons as Giles de Rais, who was second only to the king of France, and in such vulgar specimens as Fritz Haarmann, a homosexual who attracted some attention in Germany in 1924, when it was discovered that for many years he had been disposing of his boy-friends, as soon as he became tired of them, by tearing their throats open with his teeth and then reducing them to sausage, which he sold in a delicatessen. And it animates the many crypto-Communist who hold positions of power or influence in the United States.

It is probable that this appalling viciousness is transmitted by the organic mechanisms of heredity, and although no geneticist would now even speculate about what genes or lack of genes produce such biped terrors, I think it quite likely that the science of genetics, if study and research are permitted to continue, may identify the factors involved eventually — say in two or three hundred years. I know that we most urgently and desperately need to know now. But it will do no good to kick geneticists: The most infinite complexity of human heredity makes it impossible to make such determinations more quickly by the normal techniques of research. (Of course, a brilliant discovery that would transcend those methods is always possible, but we can’t count on it.)

It is quite likely that at the present rate, as eugenicists predict, civilization is going to collapse from sheer lack of brains to carry it on. But it is now collapsing faster and harder from a super-abundance of brains of the wrong kind. Granting that we can test intelligence, we must remember that at or near the top of the list, by any test that we can devise, will be a flock of diabolically ingenious degenerates. And even if we could find a way to identify and eliminate the spawn of Satan, we should still have problems.

What causes genuine “liberal intellectuals”? Many are pure Pragmatists. They have no lust for evil for its own sake; they wouldn’t betray their country or their own parents for less than fifty dollars — and not for that, if they thought they could get more by bargaining. Others are superannuated children who want to go on playing with fairies and pixies, and are ready to kick and bite when disturbed at play; but they have the combination of lachrymose sentimentality and thoughtless cruelty that one so often finds in children before they become capable of the rational morality of adults. But all of our “liberal intellectuals” were graduated from a college of some sort, and many of them, I am sure, have a fairly high “intelligence quotient” by modern tests. I do not claim or suggest that they are the result of hereditary defects; I merely point out that we do not know and have no means of finding out. We can’t be sure of anything except that our society now has as many of those dubious luxuries as it can endure. And yet we are going to encourage them to raise the intellectual level.

Come to think of it, my friends, I guess we’d better postpone our coup d’etat for a couple of centuries.

The Shape of Things to Come

For a neat antithesis to Dr. Pendell’s book and, at the same time, a very significant application of genetics, I suggest Roderick Seidenberg’s Anatomy of the Future (University of North Carolina Press, Chapel Hill; 175 pages). Mr. Seidenberg — I call him that because I haven’t been able to find out whether or not it should be “Dr.” — told us what our future was going to be in an earlier book, Posthistoric Man (same publisher; 256 pages), which, according to the “liberal” reviewers, made him a gigantic “philosopher of history.” In the present volume, however, he has condescended to tell us again and in fewer pages — which may make this one the better bargain.

Mr. Seidenberg, according to Mr. Seidenberg, has surveyed with his eagle eye the whole course of human history and, what is more, the whole course of biological evolution since life first appeared on this planet. That is how he knows about the “ineluctable determinism” that is going to put us in our places.

The Prophet takes his departure from the now familiar phenomenon called the “population explosion” (see American Opinion, April 1960, pp. 33 f.). He says that an increase in the number of human beings automatically increases the “complexity” of society.

Of course, we have been hearing about this “complexity” for years. I am sure that you, poor harried reader, have reflected, every time that you leap into your automobile, how much simpler life would be, if you had to worry about the health of your horses, the condition of your stable, the quality of your oats and hay, the disposition and sobriety of your coachman, the efficiency of your ostlers, and the reliability of the scavengers whom you have hired to keep clean your mews. And I know that whenever you, in Chicago, pick up the telephone to call your aunt in Miami, you remark, with may a bitter oath, how much less complex everything would be, if all that you had to do was find and hire a reliable messenger who would ride express to her house and deliver your hand-written note in a month or so — if he was not waylaid on the road, and if his horse did not break a leg or cast a shoe, and if he did not decide to pause at some bowsing-ken en route for an invigorating touch of delirium tremens. Sure, life’s gettin’ awfully complicated these days; ain’t it a fact?

Well, as we all know, life’s getting complexer every minute ’cause there are more Chinese and Congolese and Sudanese than there were a minute ago; and that means, according to Mr. Seidenberg, that we have just got to become more and more organized by the minute. And the proof of this is that, if you want to resist the ever increasing organization and socialization of society, you have to join some organization, such — I interpolate, for I need not tell you that Mr. Seidenberg would never mention anything so horrid — such as The John Birch Society. The need to join organizations to resist the organization of society proves the point, for, as is obvious, if you in 1776 had wished to resist the rule of George III, you would not have needed to join the patriots of your colony. And if, in 490 B.C., you had wished to resist the Persian invasion of Europe, you would have had no need to join, or cooperate with, your fellow Athenians who marched to Marathon. In those days of greater individualism, you, as an individual, could have stood up alone on your hind legs and stuck out your tongue — and that, presumably, would have scared Darius and his armies right into the middle of the Hellespont. But alas, no more! So, you see, History proves that the day of the individual has passed forever, and the day of Organization has come.

You must not smile, for Mr. Seidenberg is in earnest, and even if he is a bit weak in knowledge of past and present, his projection of the future has seemed cogent not merely to “liberals,” but even to thoughtful readers.

Forward to Irkalla!

Mr. Seidenberg bases his argument on inferences that he draws with apparent logic from three indisputably correct statements about the contemporary world and from a widely accepted biological theory.

1) We have all observed that we are being more and more subjected to a Welfare State, which, with Fabian patience, takes away each year some part of our power to make decisions for ourselves regarding our own lives. It is perfectly obvious that if this process continues for a few more decades (as our masters’ power to take our money to bribe and bamboozle the masses may make inevitable), we shall have lost the right to decide anything at all, and shall have become mere human livestock managed by a ruthless and inhuman bureaucracy at the orders of an even more inhuman master.

2) Our Big Brains agree with Mr. Seidenberg in believing, or pretending to believe, that “the kernel of marxism…consists in elaborating…the social message of Christ.” They assure us, therefore, that it is simply unthinkable that Americans could ever be so wicked as to fight to survive. Thus we have got to be scared or beaten into One World of universal socialism in which, as Walt Rostow, Jack Kennedy, and others now gloatingly and openly tell us, not only our nation but our race must be liquidated and dissolved in a vast and mongrel mass of pullulating bipeds.

3) The number of human beings — anatomically human, at least — is undoubtedly increasing at an appalling rate. The United States is already overpopulated for optimum life, although no critical reduction in our standard of living would be necessary for the better part of a century, if our masters permitted us to remain an independent nation. But our increase is nothing compared to the terrible multiplication of the populations of Asia and Africa, caused, for the most part, by our export to those regions of our medical knowledge, medicines, food, and money. Although we Westerners might stave off a crisis for a few decades by working harder and ever harder to support our betters and to speed up the rate at which they are breeding, it is clear that we (unless we do something unthinkable) must soon be drowned in the flood that we, like the Sorcerer’s Apprentice, started but did not know how to stop. So, even if we did not have Master Jack and his accomplices or employers to arrange for our liquidation, the sheer multiplication of the human species would produce the same result anyway.

One has but to glance at a graph of the world’s population to see that it is rapidly approaching the point at which the vast human swarm can be kept alive, even on the level of barest animal subsistence, only by the most expert management of every square inch of earth’s arable surface plus expert harvest of the very oceans themselves. In that monstrous human swarm jammed together on our planet, like a swarm of bees hanging from a limb, there can be no privacy, no individuality, no slightest deviation from the routine that must be maintained just to keep alive the maximum number that can subsist at all.

Now the theory of biological evolution, as usually stated, provides that species must adapt themselves to the conditions of survival. Men, having bred themselves into a maximum swarm, become mere units of the species, and will obviously be most efficient when they perform every action of the routine by an automatic reflex. This means that thought and even consciousness will become not only unnecessary but intolerable impediments to the efficient functioning of the human animals. Obviously, the human minds must disappear in order to permit billions of human ants to make the globe an ant-hill in which they can all live in perfect socialism.

That is what “ineluctable determinism” makes ineluctable, but Mr. Seidenberg, who is as adroit in twisting words as any editor of the New York Times, shows you how nice that will be. The Revelations of Freud have shown that we are now just bundles of instincts. Mankind will necessarily evolve to the higher state of what Mr. Seidenberg calls “pure reason.” As he explains, “pure reason” is now found only among the forms of life that are biologically superior to us because better adapted to environment. The examples which he gives are “ants, bees, and termites,” whose “essentially unchanged survival during sixty million years testifies to the perfection of their adjustment…to the conditions of life.” We must strive to become like them — nay, the “ineluctable determinism” inherent in the “population explosion” and the need for a “more advanced society” will make us, willy nilly, just like ants and termites — intellectually and spiritually, that is, for Mr. Seidenberg does not seem to entertain a hope that human beings will ever be able to crawl about on six legs.

In this perfected socialist world there can be no change and hence no history: That is why the perfect man of the near future will be, in Seidenbergian terminology, “post-historic.” Everybody will be happy, because there will be no individuals — only organisms that are part of a species and have no separate consciousness. To see how attractive the inevitable future is, you have only to reflect, dear reader, how much happier you would be, if you were an ant or a cockroach in your basement. You could operate by what Mr. Seidenberg calls “pure reason.” You could not possibly be affected by religion, art, literature, philosophy, science, capitalism, racial discrimination, or any of the other horrid things that will have to be blotted out anyway in the interests of Equality and Social Justice. You could never have a thought to trouble you. You would have no consciousness; hence you would not know that you exist, and would have no organ that could feel pain when somebody steps on you. What more could you want?

If you are so reactionary as to prefer to be conscious, even at the cost of being unhappy from time to time, you may be amused by the similarity of Mr. Seidenberg’s vision of the future to the scene described in one of the oldest of the Babylonian tablets, on which the cuneiform characters represent an oddly sibilant and staccato language: a-na maat la tari kak-ka-rifi-ti-e ila istar marat ilu sin u-zu-un-sa is- kun, etc.

“To the land whence none return, the place of darkness, Ishtar, the daughter of Sin, her ear inclined.”Then inclined the daughter of Sin her ear to the house of darkness, the domain of Irkalla; to the prison from which he that enters comes not forth; to the road whose path does not return; …to the land where filth is their bread and their food is mud. The light they behold not; in unseeingness they dwell, and are clothed, like winged things, in a garment of scales…”

Of all of mankind’s nightmarish visions of a future existence, that Babylonian conception of the dead as crawling forever, like mindless insects, in a fetid and eternal night has always seemed to me the most gruesome.

Joy is not Around the Corner

Mr. Seidenberg’s ecstatic vision of the New Jerusalem has, I am sorry to say, imposed on a least two men of scientific eminence who should have known better. They permitted themselves to be confused by the theory of biological evolution. If man evolved, over a period of 500,000 years or more, from an ape (Australopithecus) that discovered that by picking up and wielding a long bone it could increase its efficiency in killing other apes, is it not possible that our species can go on evolving and become, in another 500,000 years or less, the perfectly adjusted biped termites that Mr. Seidenberg predicts? Heavens to Betsy, I’m not going to argue that point. Granted!

And isn’t the “population explosion” a fact? Sure it is, but don’t overlook one detail — the time factor. At the present rate, the globe, sometime between 2000 and 2005 A.D. — that is to say within forty years — will be infested by 5,000,000,000 anatomically human creatures, the maximum number for which food can be supplied by even the most intensive cultivation. And then, to keep the globe inhabitable at that bare subsistence level, it will be necessary to kill every year more people than now live in the whole United States — kill them with atomic bombs or clubs, as may be more convenient.

I shall not argue about what human beings could or could not become by biological evolution in half a million years: We all know, at least, that there is going to be no biological evolution in fifty years. And, if we stop a moment to think about it, we also know that the world is not going to have a population of five billion. Not ever.

The population of the world is going to be drastically reduced before the year 2000. [See Oliver's later revision of his prediction in his article "What Hath Man Wrought? [2]" -- Editor]

The reduction could come through natural causes. It is always possible — far more possible than you imagine, if you have not investigated the relevant areas of scientific knowledge — that next week or next year may bring the onset of a new pestilence that will have a proportional mortality as great as that of the epidemic in the time of the Antonines or the Black Plaque of the Middle Ages. Alternatively, the events described in John Christopher’s brilliant novel, No Blade of Grass, could become fact, instead of fiction, at any time. And there are at least three other ways, all scientifically possible, in which the world could be partly depopulated in short order by strictly natural forces beyond our control.

But if Nature does not act, men will. When things became a bit crowded in east Asia, for example, the Huns and, at a later time, the Mongols, swept a wide swath through the world as locusts sweep through a wheat field. And wherever they felt the inspiration, they were every bit as efficient as any quantity of hydrogen bombs you may care to imagine. In the natural course of human events, we shall see in the near future wars of extermination on scale and of an intensity that your mind will, at present, refuse to contemplate. The only question will be what peoples will be among the exterminated.

If the minority of the earth’s inhabitants that is capable of creating and continuing (as distinct from aping) a high civilization is exterminated (as it now seems resolved to be), or if for some reason wars of extermination fail to solve the problem, civilization will collapse from sheer lack of brains to keep it going, and the consequent reversion to global savagery will speedily take care of the excess in numbers. In a world of savages, not only would the intricate and hated technology of our civilization be abolished, but even the simplest arts might be forgotten. (Every anthropologist knows of tribes in Polynesia and Melanesia that forgot how to make canoes, although without them it became almost impossible to obtain the fish that they regard as the most delicious food, or how to make bows and arrows, although they needed them for more effective hunting and fighting.) A world of savages in 2100 probably would not have a population more numerous than the world had in 4000 B.C.

The ordinary course of nature and human events (separately or in combination) will, in one way or another, take care of the much-touted “population explosion,” and Mr. Seidenberg knows it. You have only to read him carefully to see that all his talk about history, biological evolution, and “ineluctable determinism” is strictly for the birds — or, at least, bird-brains.

Do-It-Yourself for Socialists

Like all internationalists, Mr. Seidenberg envisages a One World of universal socialism.

Every student of history and mankind (as distinct from the ignorant theorists who prefer to chirrup while hopping from cloud to cloud in Nephelococcygia) well knows what is needed for a successful and stable socialism. And our intelligent socialists know it, too. There are two essentials, viz.: (1) a mass of undifferentiated human livestock, sufficiently intelligent to be trained to perform routine and often complicated tasks, but too stupid to take thought for their own future; and (2) a small caste of highly intelligent planners, preferably of an entirely different race, who will direct the livestock and, with the aid of overseers who need be but little more intelligent than the overseen, make sure that the livestock work hard and breed properly and do not have unsocial thoughts. The owners must be so superior to the owned that the latter will not regard themselves as of the same species. The owners must be hedged about with a quasi-divinity, and their chief, therefore, must be represented as an incarnate god.

Mr. Seidenberg knows that and tells us so. Our blissful future, he says, is assured by the emergence of “administrators [whose] special talents place them above other men.” The most important of these special talents is enough intelligence to understand that “moral restraints and compassions [and] …the attitudes and values upon which they were based have become obsolete.” On the basis of such progressive thinking, “the relatively small elite of the organizers” will manipulate the “overwhelming social mass” and guide it toward its destiny, “the mute status of unconscious organisms.”

The Chosen Few will do this by promoting “the spiritual and psychological dehumanization of man” and “a vast organizational transmutation of life.” For this glorious purpose, various techniques are available; for example, as Mr. Seidenberg tells us, “there is, plainly, more than a nihilistic meaning in the challenging ambiguities of modern art.” And, in a masterfully managed society, “the gradually inculcated feeling of helplessness…will make the mass of humanity ever more malleable and dependent upon the complex functioning of society, with its ensuing regimentation under organized patterns of behavior.” But the Supermen will use, above all, “a scientific program of genetic control to assure the complete adjustment of the human mass to its destiny” and Reactionaries and other American swine, whose “anachronistic stance” and silly efforts to avoid “the mute status of unconscious organisms” show that they “belong essentially to the past.”

As for the Supermen, who form “the nucleus of an elite of administrative functionaries and organizers ruling over the vast mass of men,” you can bet your bottom dollar (so long as Master Jack permits you to have one) that that Master Race has no intention of becoming like the bipeds that it will supervise and selectively breed for more and better mindlessness until it has attained its “historic” goal, “the settling of the human race [as distinct from its owners] into an ecologic niche of permanent and static adjustment,” which, as Mr. Seidenberg says in a moment of candor, in simply “living death.” Obviously, when this goal has been achieved, human beings, deprived of mind and even consciousness, will differ from the Master Race as much as ants and bees now differ in intelligence from human beings. Glory be!

To any attentive reader of the book, it is clear that the author, under the guise of a transparently inconsistent prophecy about a distant future, is presenting a plan for a near future that is to be created, in spite of history, in spite of nature, and in spite of mankind, by the purposeful and concerted action of a small band of “elite” conspirators, comparable to, if not identical with, the directors of the International Communist Conspiracy.

To publish such a plan in a book sold to the general public seems a fantastic indiscretion, even when one allows for the breath-taking effrontery that our Internationalists are now showing in their confidence that Americans have already been so disarmed and entrapped in the “United Nations” that, for practical purposes, it’s all over except for the butchering. When I first read these books, therefore, I was inclined to believe that the author was trying to warn us.

The Veiled Prophet of Doylestown

My inquiries, necessarily hasty and perfunctory as I write this article to meet a deadline, have elicited almost no information about Mr. Seidenberg. I do not know what region on earth was blessed with his nativity, what academic institutions bestowed the benison of their degrees upon him, or even what may be his liaison with the University of North Carolina. He is said to be an architect, but he is not listed in the 1962 edition of the American Architects’ Directory. He is said to practice that art in Doylestown, Pennsylvania, but an informant in that town reports that he is not listed in the telephone directory as an architect, although there is listed under his name, without indication of profession or occupation, a telephone which did not answer, when called on successive days.

I do not have the facilities of the FBI, so all that I really know about Mr. Seidenberg, apart from his books, is that he surfaced momentarily on February 22, 1962, in the pages of the New York Times, to emit a yip for the abolition of the House Committee on Un-American Activities. (And if you wonder why anyone should now yip against a Committee that appears to have been virtually silenced by the concerted howling of our enemies after the release of Operation Abolition, I can only tell you that, according to persons who should know, the Committee has amassed in Executive Sessions testimony which, if published, would expose some of the most powerful anti-humans in Washington.)

Mrs. Sarah Watson Emery, in her excellent book, Blood on the Old Well (prospect House, Dallas, cf. American Opinion, October, 1963, pp. 67 ff.), reports that the elusive Seidenberg, in a conversation with her, “clearly implied that he wrote the books in order to bring about the ghastly future” that he “so confidently predicts.” If Mrs. Emery is right, Mr. Seidenberg’s books are inspirational literature for the Master Race of “administrators,” who are now taking over the whole world. They can own and operate the world forever in perfect Peace, if, by a scientific application of genetics, they reduce human beings to the status of mindless insects.

Is One World Feasible?

You, my patient reader, may be a member of the Radical Right and hence unenthusiastic about the happiness that is being planned for you. If so, I confess that I, whom a learned colleague recently described as a “filthy Fascist swine,” share your misgivings. But let us here consider the Seidenbergian ideal exclusively as a problem in genetics. Is it possible?

Probably not, by the hit-and-miss methods that the Conspiracy has thus far employed.

As Mr. Seidenberg carefully points out, “Russia [under Lenin, Stalin, and Khrushchev] and America [under Roosevelt, Eisenhower, and Kennedy] are basically akin by reason of the dominance of their organizational trends,” but — hélas! — even today “the collectivization of society is only in its incipient stages in Russia.” And the reason is obvious. Although Ulyanov (alias Lenin) and Bronstein (alias Trotsky) butchered millions of reactionary Russians who wanted to be individual human beings, and although Dzhugashvili (alias Stalin) butchered millions more, and although Saint Nick (formerly Khrushchev) shot, hacked to pieces, or starved seven million in the Ukraine alone when he as just a local manager for the Communist Conspiracy, the nasty Russians are still unregenerate. Although the world’s vermin have had absolute control of Russia for almost half a century and have certainly worked hard to exterminate every Russian who had in himself a spark of self-respect, human decency, or even the will to live, observers agree that the recent failure of crops would have precipitated a crisis and possibly even a revolt of blind desperation, if Master Jack had not ordered his American cattle to provide the wheat that Comrade Nick needed to keep his own restive cattle fairly quiet. And it is quite likely that if the Conspiracy were to lose control of the United States and so be forced to retreat somewhere in the world, the Russian people would revolt anyway. The most systematic butchery has not destroyed the genetic transmission of human instincts. And it is unlikely to do so for centuries, at least.

Americans are apt to be even more refractory, and I am sure that One Worlders, now that they think their final victory almost achieved, must be giving thought to the problem of what to do with them. (And I need not remind you that advanced minds are not troubled by “moral restraints” and the other “attitudes and values.”) The American kulaks were useful and even necessary to fight wars “to make the world safe for democracy” and to finance with “foreign aid” the Communist conquest of the world, but when that goal has been achieved, they are likely to be a real nuisance.

There are rumors, for example, that Master Jack is planning to send the U.S. Army — which, as purged by Yarmolinsky and his stooges, will presumably be a docile instrument for the abolition of the nation it was established to defend — to seal off one area of the country after another, drive the white swine from their homes, and search them to confiscate such firearms or other weapons as they may have in their possession. It may be necessary to beat a few hundred of the white pigs so that their squealing will teach the other livestock to obey their owner, but, according to the rumors, nothing more than that is contemplated. But even if the operation is successful, one can foresee endless trouble. Human instincts are more or less fixed by heredity.

It is no wonder, therefore, that Mr. Seidenberg foresees “long-range genetic manipulation designed not only to improve the human stock according to the social dictates of [the proprietors of] a collectivized humanity, but above all to eliminate, in one manner or another, any traces of anti-social deviation.”

Those are, doubtless, sound general principles, but what, specifically, is to be done with the Americans when the “United Nations” takes them over? One could, as Mr. Seidenberg delicately hints in one passage, just castrate all the males. (If this idea seems shocking to you, remember that that’s just your “anachronistic stance.”) Or one could adopt the policy which the Soviet, according to a report that was leaked “from U.N. official sources” and reported in the now defunct Northlander (September, 1958), uses in Lithuania, where all potentially troublesome males were rounded up and shipped to Siberia and then replaced in their own homes by public-spirited Mongolian males eager to improve the quality of the Lithuanian population. A Baluba or a Bakongo thus installed in every American home would not only effectively end “discrimination” and promote the “World Unity” desiderated by Internationalists, but would also — according to a “scientific” study made by a Professor Of Sociology in a tax-supported American university and reported both in his class-room lectures and in his broadcasts over a radio-station entirely owned by that university — fulfill the secret yearnings of all American womanhood.

This may seem a perfect solution (if you have a “One World” viewpoint), but it has, I fear, its drawbacks. Balubas and such are just fine for exterminating white men in Africa and creating chaos under direction from Washington and Moscow, but I suspect that anyone who tries to regiment them to do work is in for a powerful lot of trouble. After they have served their purpose, it will be necessary to exterminate them, too. And the Masters, after they have blotted out the civilization they hate, are going to need workers, not cannibals and other savages, if, in keeping with the Seidenbergian vision, they are to rule the world forever.

Now Americans and Europeans are excellent workers. What is needed, obviously, is not to destroy them but to convert them, as Mr. Seidenberg predicts, into true zombies, that is to say, creatures that have no will or personality of their own and therefore do whatever they are told. But that transformation, so far as I can learn from geneticists whom I have consulted, is genetically impossible by any process of selective breeding within any reasonable length of time — say a thousand years or less. This, I am sure, our author realizes, for after admitting that “the art of brainwashing and, even more so, the science of controlling society by pharmaceutical manipulation, are in their infancy,” he places his hope for the future in “the ever increasing techniques and the ever more refined arts of mental coercion.” Presumably, the human mind and will can be destroyed by drugs, or perhaps by an improved technique of lobotomy, to produce the kind of “mental health” requisite in the zombies who, like mindless insects, are to work to support the Master Race of the future. But this is not genetics, and the qualities thus induced in individuals cannot be transmitted genetically. The Masters, therefore, will be put to the trouble of operating on each generation of biped insects as it is produced — and, what is even worse, there is some reason to doubt that the zombies would or could reproduce themselves.

So, you see, the New Dispensation of which Internationalists dream is by no means assured, either historically or biologically. For that matter, it is even possible that enough Americans may object in time to frustrate the “determinism” that only their ignorance, apathy, or cowardice could make “ineluctable.” But I cannot speculate about that possibility here. I have sought only to show you, as dispassionately as possible, what kind of thoughts very advanced minds are thinking about you these days.

Source: http://www.revilo-oliver.com/news/1963/12/history-and-biology/ [3]


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[2] What Hath Man Wrought?: http://revilo-oliver.com/rpo/What_Hath_Man_Wrought.html

[3] http://www.revilo-oliver.com/news/1963/12/history-and-biology/: http://www.revilo-oliver.com/news/1963/12/history-and-biology/

jeudi, 14 juillet 2011

Sécurité nationale et sécurité sociétale

Sécurité nationale et sécurité sociétale

par Marc ROUSSET

previewins01.jpgÀ moins d’un an des élections présidentielles, le 7 juillet 2011, comme par hasard, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant vient subitement de réaliser qu’il serait « irresponsable » de ne pas s’attaquer au problème de l’immigration légale de 200 000 personnes par an, au-delà des  50 000 clandestins, soit en tout environ 250 000  personnes par an qui continuent à entrer chaque année en France. Cet apport de population  représente une agglomération lilloise nouvelle tous les trois ans peuplée presque exclusivement d’immigrés en provenance de l’Afrique, autrement dit une invasion légale, autorisée et suicidaire organisée par les inconscients qui nous gouvernent depuis trente ans et qui continue , ne l’oublions pas, avec le président  Sarkozy, malgré ses propos lénifiants, ses belles paroles et ses talents de prestidigitateur, à l’inverse d’un de Gaulle, pour ne pas  s’attaquer d’une façon efficace aux problèmes très réels de fond !

Claude Guéant vient en fait de redécouvrir le concept de « l’insécurité sociétale ». La sécurité nationale recouvre la protection de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité du territoire d’un État contre les attaques militaires et la domination politique d’un autre État. La sécurité sociétale telle que l’ont définie Ole Waevar et ses collaborateurs de l’École de Copenhague dans les années 1990 est « la capacité d’une société à perdurer dans ses caractéristiques essentielles lorsque son environnement change ou qu’elle est exposée à des menaces hypothétiques ou réelles ». Si la sécurité nationale concerne donc le maintien de la souveraineté, la « sécurité sociétale » concerne celui de l’identité, de la capacité des populations à conserver leur culture, leurs institutions et leur mode de vie. Dans le monde contemporain, la menace la plus importante pour la sécurité sociétale des nations provient de l’immigration.

Samuel P. Huntington remarque dans son ouvrage, Qui sommes- nous ? (Paris, Odile Jacob, 2004) que l’Amérique n’a jamais connu véritablement le modèle et concept du melting pot mis en avant par Hector St-John de Crèvecoeur  dans les années 1780 pour fabriquer une nouvelle race métissée d’hommes, le nouvel Américain qui serait « un mélange d’Anglais, d’Écossais, d’Irlandais, de Français, de Hollandais, d’Allemands et de Suédois ». L’Amérique aurait plutôt connu  le modèle de la « soupe de tomates ».

Selon Milton Gordon, le modèle de « la soupe de tomates » présuppose que « les immigrants et leurs descendants adoptent les modèles culturels communément admis de la culture anglo-saxonne » et qu’ils « s’adaptent à l’histoire culturelle de la partie anglo-américaine de la population ». Ce modèle tient pour acquis le caractère déterminant et pérenne de la culture des colons fondateurs. La métaphore culinaire correspondante est celle de « la soupe de tomates » que l’immigration agrémente de céleri, de croûtons, d’épices, de persil et d’autres ingrédients qui enrichissent et diversifient le goût, mais ils n’en sont pas moins intégrés dans un ensemble qui, fondamentalement, demeure de la soupe à la tomate (cf. Huntington, p. 132). C’est ce modèle qui décrit le plus fidèlement l’intégration des immigrants aux États-Unis jusque dans les années 1960.

Aujourd’hui, l’Amérique et l’Europe vivent le modèle d’une autre métaphore, celle de la « salade sociétale » (salad bowl), métaphore conçue par l’Américain Horace Kallen en 1915, qui est en fait l’image du pluralisme ethnique et culturel. Philippe Némo remarque que « le multiculturalisme est aussi absurde qu’un jeu auquel chacun prétendrait jouer avec ses propres règles ». En fait, salade sociétale = société multi-ethnique = société multiculturelle = délitement de la nation = décadence = déculturation = non-intégration des immigrés = à terme guerre civile avec intervention de l’armée ! C’est alors que l’insécurité sociétale, tout juste découverte par Monsieur Claude Guéant, devient un problème grave et tragique de sécurité nationale !

Marc Rousset


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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mardi, 12 juillet 2011

La droite et le socialisme

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La droite et le socialisme

par Pierre LE VIGAN

Il est d’usage de considérer la droite comme le contraire du socialisme. La droite serait anti-socialiste pour la simple raison qu’elle serait une anti-gauche, ce qui revient à dire que la gauche, ce serait, peu ou prou, d’une manière ou d’une autre, le socialisme. Paradoxal alors que le socialisme a longtemps excédé les catégories de droite et de gauche, avant l’affaire Dreyfus.

Or l’opposition au socialisme n’est pas constante dans l’histoire de la droite, de même que la gauche est fort loin de se définir principalement par l’adhésion à l’idée socialiste – aussi variée et polymorphe que puisse être cette idée. Les choses sont en effet plus compliquées. D’une part, les courants d’idées que sont le socialisme, le nationalisme, etc., ne se situent pas sur le même plan que les catégories de droite et de gauche. D’autre part, droite et gauche elles-mêmes ne sont pas les symétriques l’une de l’autre.

Un détour est ainsi nécessaire par la gauche pour comprendre la droite. Raymond Huard défend à propos de la gauche l’hypothèse suivante :  la question ne serait pas de savoir si la gauche est une ou plurielle (« les gauches »), mais serait plutôt de se demander si la gauche est une donnée permanente de la vie politique française ou si « elle se construit dans certaines conjonctures historiques alors qu’à d’autres moments, cette notion (de gauche) n’est pas opératoire pour décrire les forces politiques, ne correspond pas à une réalité objective, ni même à l’impression subjective des individus (1) ».

Cette hypothèse est convaincante. Elle consiste à voir en la gauche un rassemblement qui ne prend forme que dans des circonstances historiques précises – et rares. On peut estimer qu’une définition de la droite relèverait d’une définition non symétrique. À savoir qu’on pourrait toujours repérer la présence d’une droite dans l’histoire française des deux derniers siècles, et que celle-ci se définirait par le souhait de maintenir l’ordre établi.

Naturellement, cet ordre changeant régulièrement, la droite change aussi, c’est-à-dire qu’elle change pour que rien ne change. En ce sens, cette droite dite « conservatrice » est aussi, et surtout, une droite moderne; elle conserve ce qui est compatible avec les mutations de la modernité : c’est-à-dire, en dehors du pouvoir de l’argent, pas grand chose. Cette droite se définit toujours  par le refus du constructivisme. Cette droite est en ce sens naturellement anti-socialiste : parce que c’est une droite « libérale », c’est-à-dire tolérante envers les évolutions qui se font sans contrôle humain conscient, alors qu’une droite conservatrice (radicalement conservatrice) peut être constructiviste, dans la mesure où la volonté de conserver, de maintenir (certains équilibres, certaines mœurs, etc.) n’équivaut pas au « laisser-faire » (comme le montre l’exemple de l’écologie). D’où la possibilité – entrevue par la « Nouvelle Droite », autour de la revue Éléments, d’un conservatisme révolutionnaire, tendance qui peut amener cette droite (radicale, ou dite « extrême » par ses ennemis ou ceux qui tout simplement ne la comprennent pas) à considérer certaine variante de socialisme comme la plus apte à restaurer certains principes qui sont les siens, par exemple l’unité de la communauté du peuple, la souveraineté nationale, la justice au sein du peuple, etc. Si la droite classique, au pouvoir ou proche du pouvoir depuis deux siècles, est anti-socialiste, paradoxalement, c’est parce qu’elle vient de la gauche, d’une certaine gauche de 1789, celle qui se définit par un principe d’opposition aux structures communautaires et une volonté de « naturaliser » le social, cette gauche de 89 qui a historiquement évolué vers la droite pour laisser la place à d’autres gauches selon un processus de sinistrisme parfaitement élucidé par Albert Thibaudet (2).

Les rapports de la droite au socialisme sont donc évolutifs pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que le socialisme en France connaît des mutations idéologiques considérables, et que sous le nom de « socialistes » cœxistent parfois des conceptions totalement incompatibles, de la gauche « progressiste » à la « gauche réactionnaire » (3).

Ensuite parce que, si l’« on ne se pose qu’en s’opposant », la droite change en fonction de l’évolution de la gauche, et de la « seconde naissance » que connaît celle-ci, en 1848-49, quand la Montagne  (Ledru-Rollin, Schoelcher, et les démocrates socialistes) se rapproche des socialistes, et quand la gauche, comme l’a justement remarqué Maurice Agulhon, commence à s’identifier, non seulement à la Révolution de 89-93, à la République, et au suffrage universel, mais aussi à « l’espérance sociale ». Comme le signalait Karl Marx (Les luttes de classes en France) en 1849, l’union du parti des ouvriers, et celui de la petite bourgeoisie était considérée comme « le parti rouge ». D’où un lien entre socialisme modéré et radical-socialisme (4). En d’autres termes, le changement social et la République deviennent une espérance commune à partir du milieu du XIXe siècle.

Enfin parce qu’il existe une droite non libérale dont le rapport au socialisme oscille entre le refus de toute eschatologie « progressiste » et néanmoins la sympathie pour l’esprit communautaire et organique dont le socialisme peut être porteur.

Dès Babeuf, des convergences entre un certain socialisme et les positions d’une certaine droite apparaissent. L’opposition entre les « ventres creux » et « le million doré » évoque l’opposition du « peuple » et des « Gros » (Pierre Birnbaum) généralement repérée comme un des thèmes de la droite radicale. Il y a aussi dans le communisme de Babeuf une composante libertaire et une passion du peuple réel contre les abstractions universalistes qui le conduisent à s’insurger contre ce qu’il appelle le « populicide » vendéen.

Si l’égalitarisme de Babeuf ne rencontre pas de sympathie à droite, son populisme et son esprit libertaire trouvent un écho dans la droite radicale. Mais c’est un autre socialisme qui prend forme tout au long du XIXe siècle. Il se réclame de la transparence et de la rationalité et Karl Marx en représente la figure centrale. À la « fausse science » libérale, il oppose la « vraie science » des rapports sociaux. « L’humanité est en dehors de l’économie politique, l’inhumanité est en elle », écrit Marx. Au pessimisme d’une certaine théocratie pour qui « l’homme est un diable », Marx oppose l’idée selon laquelle rien de ce qui est diabolique ne serait humain, le mal étant seulement concentré dans la phase bourgeoise de l’évolution humaine, propos symétrique et tout aussi absurde. Le mal ne serait qu’un produit de circonstance de l’économie bourgeoise, qui dépossède l’homme de lui-même, et lui enlève sa « mienneté » (Paul  Ricoeur).

Les critiques marxiennes mettront cinquante ans à avoir un écho à droite, avec la Jeune Droite de Thierry Maulnier et les spiritualistes des années Trente, qui ne se réduisent pas à la droite anti-conformiste, mais lui sont liés de maintes façons (5). Ce délai de réaction de la droite peut paraître long. Mais les critiques de Marx sont aussi longues à influer sur le socialisme français lui-même. En effet, l’idée socialiste en France, à partir de la IIe République, et malgré Proudhon dont les points de vue originaux font le « Rousseau du socialisme »,  se confond souvent avec un « maximalisme de la République » (Ernest Labrousse). Le socialisme est dans cette perspective la République « poussée jusqu’au bout », idée que l’on trouve très présente chez Jean Jaurès et jusqu’à, toute proportion gardée, Max Gallo dans les années 1980. Avec ce socialisme-là, ni la droite libérale, ni la droite radicale ne se reconnaisse d’affinités. Pour la première, la République, pour être acceptable, ne saurait être autre chose qu’un orléanisme sans roi. Pour la seconde, la République est une imposture sous sa forme libérale, qui ne cache que la domination de l’Argent-Roi.

À la fin du XIXe siècle apparaît un autre socialisme français qui éveille des sympathies à droite. C’est un socialisme peu républicain, ou du moins critique par rapport à la tradition républicaine inaugurée en 1792, un socialisme anti-autoritaire, anti-belliciste (qui se rappelle justement le rôle funeste de la Gironde dans l’embrasement de l’Europe en 1792), et « mutuelliste » et fédéraliste (on peut être fédéraliste tout en critiquant bien entendu le rôle belliciste objectif de la Gironde en 1792). C’est le socialisme de Proudhon qui influence, outre le mouvement ouvrier, l’essentiel de l’anarchisme en France. Ce socialisme est aussi en partie celui de la C.G.T. naissante (alors que la S.F.I.O. est plus marquée par le « maximalisme de la République »). L’éclosion de ce socialisme libertaire et anti-parlementaire est suivie avec intérêt par Maurras, pour qui la royauté doit être une fédération de « libres républiques », et pour qui le socialisme uni à la monarchie comme « un gant va à une belle main ».

Le socialisme est à ce moment pris dans les contradictions que l’aventure de Boulanger, puis l’affaire Dreyfus, avait mis en évidence. Première crise : le boulangisme. Certains socialistes, comme Paul Brousse et les « possibilistes de droite » se rangent résolument  dans le camp de la légalité parlementaire, tandis que d’autres, bien qu’anti-boulangistes, dénoncent aussi les « républicains bourgeois » dont « l’amour du lucre » est, disent-ils, la cause du boulangisme. Dans ce dernier camp se situe Jean Allemane, figure centrale du socialisme de l’époque, et les « possibilistes de gauche ». Proche de cette position est le Parti ouvrier français dont le mot d’ordre est : « Ni Ferry, ni Boulanger » (6). D’autres socialistes encore, comme Benoît Malon, comme les blanquistes (et c’est aussi la tentation de Lafargue), voient en Boulanger le moyen de renverser la République anti-ouvrière de Jules Ferry.

Deuxième moment de clivage : l’affaire Dreyfus. Elle divise à nouveau le socialisme, entre hommes de gauche privilégiant les « droits de l’homme », et anti-bourgeois intransigeants. Ceux-ci rencontrent des sympathies à droite, d’autant que la droite, même dans ses composantes radicales, est, avant la naissance de l’Action française, ralliée à la République (la Ligue de la Patrie française de Jules Lemaître, futur maurrassien, se donne alors pour objectif d’instaurer une « République de tous », qui soit protectrice des ouvriers, de même que François Duprat parlera vers 1970 d’instaurer l’« État du peuple tout entier »).

Aussi s’élaborent des rapprochements entre un socialisme de la base, principalement « un syndicalisme qui, entre 1906 et 1910, avait fait craindre la révolution à la société bourgeoise » (Michel Winock)  et une certaine droite radicale, autour de la jeune Action française. C’est notamment l’expérience, en 1911, du Cercle Proudhon (7).

Cette configuration favorable à un rapprochement entre opposants de droite et de gauche est de courte durée. Dès avant 1914, c’est le socialisme comme « républicanisme de gauche » qui devient dominant. Pour autant, le caractère agonal de certaines influences perdure. Dans les années Trente, des conceptions corporatistes comme celles de François Perroux et de  Maurice Bouvier-Ajam sont imprégnées de l’esprit du socialisme fédéraliste et « auto-gestionnaire » de Proudhon. Il en sera de même pour les thèmes des gaullistes (principalement les gaullistes dits « de gauche ») concernant la participation comme troisième voie. De même, la « dérive fasciste » (Philippe Burrin) d’une certaine classe politique de la fin des années Trente et de l’Occupation concerne tout autant des hommes politiques originaires de la gauche que de la droite. Il est même assuré que ceux qui viennent de la gauche furent ceux qui mirent dans l’adhésion à un socialisme national fascisant le plus de souci de « rigueur » doctrinale et surtout de continuité idéologique (voir en ce sens les Mémoires de Marcel Déat et ses écrits politiques d’avant et pendant l’Occupation, Mémoires politiques, Denoël, 1989).

La gauche aime en effet la rigueur intellectuelle, y compris quand elle devient le contraire de la rigueur humaine. C’est ce qui la mène à professer, parfois, plus qu’un césarisme en épaulettes, ce que Péguy appelait « un césarisme en veston ». Dans le même temps, un certain nombre d’hommes classés « à droite », de Charles Péguy à Alain de Benoist, considèrent que la misère est un obstacle au développement de la vie intérieure, et qu’il n’y a pas de communauté qui vaille sans que règne l’équité entre ses membres. De ce fait, si une certaine droite, de Leroy-Beaulieu au Club de l’Horloge professe depuis cent ans un anti-socialisme viscéral, une autre droite (radicale ou révolutionnaire) n’a cessé d’avoir de profondes convictions sociales. Droite moderne et droite contre-moderne n’ont cessé de s’opposer ici d’une manière plus profonde que l’opposition dite « droite – gauche ».

Pierre Le Vigan

Notes

1 : Raymond Huard, in La Pensée, n° 291, 1993.

2 : Albert Thibaudet, Les idées politiques de la France, 1932.

3 : cf. Marc Crapez, La gauche réactionnaire, Berg, 1996, et Naissance de la gauche, Michalon, 1998.

4 : cf. Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, n°1, « Le radicalisme », 1980.

5 : cf. Jean-Louis  Loubet del Bayle, Les non-conformistes des années Trente, Le Seuil, 1969, réédition en 1987.

6 : cf. Claude Mainfroy, « Sur le phénomène radical », in Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, op. cit.

7 : Les Cahiers du Cercle Proudhon furent réédités dans les années 1980 par ce qui était alors la Nouvelle Action française de Bertrand Renouvin, puis l’ont été par Avatar Éditions, « La culture sans barrières », Cahiers du Cercle Proudhon, 2007, introduction d’Alain de Benoist.

Le présent article, remanié pour Europe Maxima, est paru dans Arnaud Guyot-Jeannin (sous la direction de), Aux sources de la droite, L’Âge d’Homme, 2000.


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dimanche, 10 juillet 2011

La droite et le libéralisme

La droite et le libéralisme

par Pierre LE VIGAN

Maurras rappelle une réticence classique des droites vis-à-vis du libéralisme quand il énonce : « la liberté de qui ? la liberté de quoi ? c’est la question qui est posée depuis cent cinquante ans au libéralisme. Il n’a jamais pu y répondre » (Maurras, Dictionnaire politique et critique, 1938). Pour comprendre cette réticence, il faut remonter aux origines de la droite.

Août – septembre 1789 : à l’occasion du débat constitutionnel, les partisans du veto absolu (et non suspensif) du roi se situent à droite de l’assemblée. À gauche se placent les partisans d’un pouvoir royal faible. Dans le même temps, une partie des droites se prononce en faveur d’une constitution à l’anglaise fondée sur le bicaméralisme. De quoi s’agit-il ? Exactement de deux rapports très différents au libéralisme, et qui concernent dés l’origine les familles politiques qui se situent « à droite ». Être partisan d’un veto royal absolu signifie refuser l’autorité venue « d’en bas », c’est-à-dire du Parlement. C’est, d’emblée, défendre une conception transcendante du pouvoir, et considérer, avec Joseph de Maistre, qu’on ne peut « fonder l’État sur le décompte des volontés individuelles ». À l’inverse, être partisan du bicaméralisme signifie se méfier du peuple tout autant que du pouvoir. Tout en ayant comme point commun l’opposition à la toute-puissance de l’Assemblée constituante, ce sont là deux façons très différentes d’être « à droite ». Le paysage se complique plus encore en prenant en compte les arrière-pensées de chaque position.

Si le bicaméralisme est l’expression constitutionnelle assez claire d’un souci d’alliance ou de compromis entre la bourgeoisie montante et l’aristocratie déclinante, par contre, la revendication d’un pouvoir royal fort peut – et c’est une constante de l’histoire des familles politiques de droite – se faire en fonction de préoccupations non seulement différentes mais contradictoires : s’agit-il de donner au roi les moyens de liquider au profit de la bourgeoisie les pouvoirs nobiliaires qui s’incarnaient dans les anciens parlements, ou au contraire s’agit-il de pousser le roi à s’arc-bouter sur la défense de ces privilèges nobiliaires, ou bien encore de nouer une nouvelle alliance entre roi et  peuple contre la montée de la bourgeoisie ? De même, le bicaméralisme a pour préoccupation d’affaiblir le camp des « patriotes » (c’est-à-dire de la gauche), et rencontre donc des soutiens « à droite ». Pour autant, est-il « de droite » dans la mesure où il relève d’une  méfiance devant tout principe d’autorité ? En tant que moyen d’empêcher la toute-puissance de l’Assemblée constituante, ne relève-t-il pas indiscutablement du libéralisme, c’est-à-dire d’une attitude moderne qu’exècrent une grande partie des droites ?

Cette attitude moderne a ses racines, comme l’a bien vu Benjamin Constant, dans un sens différent de la liberté chez les Anciens et les Modernes. Le bonheur étant passé dans le domaine privé, et étant, sous cette forme, devenu « une idée neuve en Europe » (Saint-Just), la politique moderne consiste à ne pas tout attendre de l’action collective. La souveraineté doit ainsi être limitée, ce qui va plus loin que la simple séparation des pouvoirs. « Vous avez beau diviser les pouvoirs : si la somme totale du pouvoir est illimitée, les pouvoirs divisés n’ont qu’à former une coalition et le despotisme est sans remède » (Benjamin Constant). Tel est le principe de fond du libéralisme : la séparation tranchée des sphères privées et publiques. Conséquence : la crainte du pouvoir en soi. Car dans le même temps, la désacralisation du monde aboutit à ce que chacun estime – comme l’avait vu Tocqueville, avoir « un droit absolu sur lui-même », par déficit de sentiment de  participation à la totalité du monde. En sorte que la volonté souveraine ne peut sortir que de « l’union des volontés de tous ». La réunion des conditions d’une telle unanimité étant à l’évidence difficile, – ou dangereuse – le libéralisme y supplée en affirmant le caractère « naturel » – et par là indécidable – de toute une sphère de la vie sociale : la sphère économique, celle de la production et reproduction des conditions de la vie matérielle. Rien de moins.

Un tel point de vue par rapport à l’économie et aux rapports de travail dans la société n’est caractéristique que de l’une des droites – une droite qui n’est pas « née » à droite mais qui a évolué vers le freinage d’un mouvement qu’elle avait elle-même contribué à engendrer. C’est en quelque sorte la droite selon le « droit du sol » contre la droite selon le « droit du sang ». Relève de la première l’homme politique et historien François Guizot, valorisant la marche vers le libéralisme avant 1789, mais cherchant à l’arrêter à cette date. C’est la droite orléaniste. Les autres droites, celles qui le sont par principe – et parce qu’elles croient aux principes  – prônent l’intervention dans le domaine économique et social. « Quant à l’économie, on ne saurait trop souligner combien le développement d’une pensée sociale en France doit à la droite, remarque François Ewald. […] Il ne faut pas oublier que les premiers critiques de l’économie bourgeoise et des méfaits du capitalisme ont été des figures de droite (Villeneuve de Barjemont, Sismonde de Sismondi) (1). »

Cette critique des sociétés libérales par certaines droites n’est pas de circonstance. Elle s’effectue au nom d’une autre vision  de l’homme et de la société que celle des libéraux. « Il y a une sociologie de droite, précise encore François Ewald, peut-être occultée par la tradition durkheimienne, dont Frédéric Le Play est sans doute avec Gabriel de Tarde le représentant le plus intéressant ». La pensée anti-libérale de droite est, de fait, jalonnée par un certain nombre d’acteurs et de penseurs importants. Joseph de Maistre et Louis de Bonald voient dans l’irréligion, le libéralisme, la démocratie des produits de l’individualisme. Le catholique Bûchez (1796 – 1865), pour sa part,  défend les idées de l’association ouvrière par le biais du journal L’Atelier. Le Play, de son côté, critique « les faux dogmes de 1789 » : la perfection originelle de l’homme (qui devrait donc être restaurée), sa liberté systématique, l’aspiration à l’égalité comme droit perpétuel à la révolte. La Tour du Pin, disciple de Le Play, critique la séparation (le « partage ») du pouvoir, considérant que celui-ci doit s’incarner dans un prince, mais propose la limitation du pouvoir et la consultation de la société (civile) notamment par la représentation corporative : le refus du libéralisme n’équivaut pas à une adhésion automatique à l’autoritarisme.

Par contre, le refus d’une société réduite à des atomes individuels est une constante de la pensée de droite, de l’école contre-révolutionnaire aux divers traditionalismes. Maurras a défendu l’idée, dans ses Réflexions sur la révolution de 1789, que la loi Le Chapelier interdisant l’organisation des travailleurs était un des actes les plus néfastes de la Révolution. Il établit un lien entre celle-ci et le libéralisme pour, tous les deux, les condamner. « L’histoire des travailleurs au XIXe siècle, écrit Maurras, se caractérise par une ardente réaction du travailleur en tant que personne à l’encontre de son isolement en tant qu’« individu », isolement imposé par la Révolution et maintenu par le libéralisme (2). » Thierry Maulnier résumait de son côté l’opinion d’une Jeune Droite composante essentielle des « non-conformistes de années Trente » en écrivant : « Il devait être réservé à la société de structure libérale d’imposer à une catégorie d’individus un mode de dépendance qui tendait, non à les attacher à la société, mais à les en exclure (3) ».

L’Espagnol José Antonio Primo de Rivera formulait un point de vue largement répandu dans la droite française extra-parlementaire quand il évoquait, en 1933, la signification du libéralisme économique. « L’État libéral est venu nous offrir l’esclavage économique, en disant aux ouvriers : vous êtes libres de travailler; personne ne vous oblige à accepter telle ou telle condition. Puisque nous sommes les riches, nous vous offrons les conditions qui nous conviennent; en tant que citoyens libres, vous n’êtes pas obligés de les accepter; mais en tant que citoyens pauvres, si vous ne les acceptez pas, vous mourrez de faim, entourés, bien sûr, de la plus haute dignité libérale. »

Les critiques à l’égard du libéralisme énoncées par une partie des droites sont parallèles à celles énoncées d’un point de vue catholique par Louis Veuillot, puis par René de La Tour du Pin et Albert de Mun, promoteurs des Cercles catholiques d’ouvriers, qui furent confortés par l’encyclique Rerum Novarum (1891), mais dont les positions annonçaient avec cinquante ans d’avance celles de Divini Redemptoris (1937). C’est à ce moment que se met en forme, à droite (avec Thierry Maulnier, Jean-Pierre Maxence, Robert Francis, etc.), une critique du productivisme complémentaire de la critique du libéralisme. La Jeune Droite rejoignait sur ce point la critique d’auteurs plus inclassables (Drieu La Rochelle, Robert Aron, Arnaud Dandieu, …).

Si l’anti-productivisme, comme l’anti-économisme (celui par exemple de la « Nouvelle Droite » du dernier quart du XXe siècle) apparaissent par éclipse à droite, la condamnation du libéralisme est le noyau commun de la pensée de droite. Caractéristique dans sa banalité droitière même est le propos de Pierre Chateau-Jobert : « Le libéralisme, écrit-il, […] a pris la liberté pour seule règle. Mais pratiquement, c’est le plus fort, ou le moins scrupuleux, ou le plus riche, qui est le plus “ libre ”, puisqu’il a le plus de moyens (4) ». Droitiste d’une envergure plus considérable, Maurice Bardèche ira jusqu’à déclarer que, comme Jean-Paul Sartre, il « préfère la justice à la liberté ».

Cette conception de la liberté comme toujours subordonnée à d’autres impératifs explique que la droite soit à l’origine de nombreuses propositions sociales. En 1882, Mgr Freppel demande la création de retraites ouvrières. En 1886, Albert de Mun propose la limitation de la journée de travail à dix heures et, en 1891, demande la limitation du travail des femmes et des enfants. En 1895, le même de Mun demande que soit reconnue aux syndicats la possibilité de posséder de biens à usage collectif. En 1913, Jean Lerolle réclame l’instauration d’un salaire minimum pour les ouvrières à domicile (5).

Les projets de réorganisation des rapports sociaux de Vichy (la Charte du travail soutenue par nombre de syndicalistes) comportent  de même des aspects socialement protecteurs. Enfin, la difficulté de réaliser des transformations sociales qu’a montré l’expérience de gauche de 1981 à 1983 permet de réévaluer les projets de participation et de « troisième voie » du Général de Gaulle et de certains de ses soutiens venus de la droite radicale comme Jacques Debu-Bridel, d’ailleurs anciens du Faisceau de Georges Valois.

La critique du libéralisme par la droite – hormis le courant orléaniste -, concerne tout autant l’économie que le politique. Le parlementarisme, expression concrète du libéralisme politique selon la droite est, jusqu’à l’avènement de la Ve République, accusé de fragmenter l’expression de la souveraineté nationale, et de la soumettre aux groupes de pression. Pour Barrès, « le parlementarisme aboutit en fait à la constitution d’une oligarchie élective qui confisque la souveraineté de la nation ». D’où sa préférence pour le plébiscite comme « idée centrale constitutive » : « le plébiscite reconstitue cette souveraineté parce qu’il lui donne un mode d’expression simple, le seul dont elle puisse s’accompagner ».

De son côté, Déroulède précise : « Vouloir arracher la République au joug des parlementaires, ce n’est pas vouloir la renverser, c’est vouloir tout au contraire instaurer la démocratie véritable ». Péguy, pour sa part, dénonce en 1902 le parlementarisme comme une « maladie ». Trente années plus tard, André Tardieu (1876 – 1945), chef d’une droite modernisatrice de 1929 à 1936, créateur des assurances sociales, député de Belfort (ville se dotant souvent de députés originaux), auteur de La révolution à refaire voit dans le parlementarisme « l’ennemi de la France éternelle ». Dans un contexte singulièrement aggravé, et énonçant le point de vue de la « Révolution nationale », Charles-Emmanuel Dufourcq, dans Les redressements français (6) concentre aussi ses attaques contre le parlementarisme et l’autorité « venue d’en-bas » comme causes, tout au long de l’histoire de France, des affaiblissements dont le pays n’est sorti que par le recours à l’autorité indiscutée d’un roi, d’un Napoléon ou d’un Pétain. Il manifestait ainsi une remarquable continuité – ou une étonnante absence d’imagination selon le point de vue – avec les tendances théocratiques de la Contre-Révolution.

En revanche, plus marginaux sont les secteurs de la droite qui se sont sentis concernés par la critique du parlementarisme effectuée par le juriste Carré de Malberg, qui inspirera René Capitant et les rédacteurs de la Constitution de 1958.  Dès le XIXe siècle, aussi bien la droite dans ses composantes non-orléanistes que la gauche des démocrates et des socialistes – de Ledru-Rollin à Proudhon – sont en porte à faux par rapports aux mythes fondateurs de la modernité française. « L’objectif de 1789 […] consiste, indique Pierre Rosanvallon, à démocratiser, “ politiquement ”, le système politique, qui est d’essence absolutiste, et à libéraliser, “ sociologiquement ”, la structure sociale, qui est d’essence féodale (7) ».

La difficulté du processus tient dans sa simultanéité (et c’est la différence avec l’Angleterre). D’un côté, la gauche socialiste veut « républicaniser la propriété » (Jules Guesde), de l’autre, une certaine droite met en cause « les responsabilités des dynasties bourgeoises » (Emmanuel Beau de Loménie) et le libéralisme qui les a laissé prendre tant de place. Rien d’étonnant à ce que des convergences apparaissent parfois (le Cercle Proudhon avant 1914, les planistes et « non-conformistes des années Trente », le groupe Patrie et Progrès au début de la Ve République, …).

En effet, pour toute la période qui va du milieu du XIXe siècle à nos jours, la distinction proposée par René Rémond en 1954 entre trois droites, légitimiste, orléaniste, bonapartiste, apparaît peu adaptée. D’une part, l’appartenance du bonapartisme à la droite est très problématique : c’est un centrisme césarien. D’autre part, l’orléanisme est écartelé dès son origine entre conservatisme et libéralisme : conservatisme dont François Guizot est une figure centrale, qualifiée par Francis-Paul Benoît de « conservateur immobile, donc non libéral (8) », le libéralisme étant représenté, plus que par les économistes « classiques », par les saint-simoniens modernistes ralliés à Napoléon III.

À partir de 1870, le clivage qui s’établit, « à droite », oppose, plutôt que les trois droites de la typologie de René Rémond, une droite radicale (radicalement de droite, et non conjoncturellement radicalisée), voire une « droite révolutionnaire » (Zeev Sternhell) en gestation, et une droite libérale-conservatrice. L’organisation d’une « droite » libérale au plan économique, conservatrice au plan politique est en effet ce qui permet après le Second Empire le passage, sinon sans heurts, du moins sans révolutions de la France dans l’univers bourgeois et capitaliste. C’est à l’évidence à cette droite que pensait un jour François Mitterrand disant : « la droite n’a pas d’idées, elle n’a que des intérêts ». C’est la droite comme la désigne désormais le sens commun.

Entre la droite révolutionnaire (forme extrême de la droite radicale) et la droite libérale (qui n’est conservatrice que dans la mesure où un certain conservatisme, notamment moral, est le moyen de faire accepter le libéralisme), la vision de la politique est toute différente. Du point de vue libéral, dans la mesure où la souveraineté ne peut venir que du consensus, le champ de la « naturalité » économique et sociale doit être étendu le plus possible. À la suite des penseurs libéraux français comme Bastiat, Hayek affirme que « le contrôle conscient n’est possible que dans les domaines où il est vraiment possible de se mettre d’accord » (ils ne sont évidemment pas très nombreux).

Tout autre est l’attitude du radicalisme de droite (appelé souvent « extrême droite » avec de forts risques de contresens). Jean-François Sirinelli, coordinateur d’une Histoire des droites en France (9), remarque que « l’extrême droite aspire rien moins qu’à un état fusionnel de la politique ». Certes. En d’autres termes, elle aspire à retrouver – ou à inventer – un critère d’indiscutabilité du principe d’autorité, et du lien social lui-même. Conséquence : cette droite radicale tend à ne pas décliner son identité comme celle d’une droite, s’affirmant « ni de droite, ni de gauche » (Barrès, Valois, Bertrand de Jouvenel, Doriot, les hommes des Équipes d’Uriage, le Jean-Gilles Malliarakis des années 80, …), ou encore « simultanément de droite et de gauche » (la « Nouvelle Droite »).

La difficulté de caractériser la droite par des idées à amener certains analystes comme Alain-Gérard Slama à essayer de la définir par un tempérament. Celui-ci consisterait, selon Slama, dans la recherche du compromis. Cette hypothèse ne fait que souligner l’existence de deux droites, une droite libérale, et la droite radicale, que presque tout oppose. Si la première recherche effectivement les accommodements, la droite radicale se caractérise plutôt par la recherche d’un dépassement synthétique des contradictions du monde moderne. À divers égards, sous des formes et à des niveaux très différents, c’est ce qui rassemble Le Play, Péguy, Bernanos, Drieu la Rochelle, Charles de Gaulle. Dépassement des contradictions de la modernité : vaste programme que ces hommes – pas toujours « à droite », mais sans doute « de droite » – n’ont jamais envisagé de mettre en œuvre par des moyens par principe libéraux.

Pierre Le Vigan

Notes

1 : François Ewald, Le Magazine littéraire, « La droite. Idéologies et littérature », décembre 1992.

2 : cité dans Thomas Molnar, La Contre-Révolution, La Table Ronde, 1981.

3 : Thierry Maulnier, Au-delà du nationalisme, Gallimard, 1938, p. 153.

4 : Pierre Chateau-Jobert, Manifeste politique et social, Diffusion de la pensée française, 1973.

5 : Cf. Charles Berrias et Michel Toda, Enquête sur l’histoire, n° 6, 1992, p. 13.

6 : Charles-Emmanuel Dufourcq, Les redressements français, Lardanchet, 1943.

7 : François Furet, Jacques Julliard, Pierre Rosanvallon, La République du centre. La fin de l’exception française, Calmann-Lévy, 1988.

8 : Francis-Paul Benoît, Les idéologies politiques modernes. Le temps de Hegel, P.U.F., 1980, p. 314.

9 : cf. Histoire des droites en France, Gallimard, trois volumes, 1992.

Le présent article, remanié pour Europe Maxima, est paru dans Arnaud Guyot-Jeannin (sous la direction de), Aux sources de la droite, L’Âge d’Homme, 2000.


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Links van de arbeid, rechts van de moraal: manifest voor een alternatief nationalisme

Links van de arbeid, rechts van de moraal: manifest voor een alternatief nationalisme

Thierry Vanroy

Ex: http://watjezegtbenjezelf.wordpress.com/

dyn001_original_282_355_jpeg__2bbd80e3096f479d032d92af1e846011.jpgZoals beloofd zou ik een artikel schrijven over ‘mijn’ nationalisme. Flink wat denkwerk is hier overheen gegaan en de ambities zijn enigszins verlegd naar een persoonlijk manifest. Met excuses voor de lengte en op het risico af mijzelf onherroepelijk controversieel te maken, hoop ik hier desalniettemin een lans mee te breken. Geen betere plaats dan WJZBJZ voor een dergelijke tekst te lanceren, lijkt mij alleszins.

***

“But, if constructing the future and settling everything for all times are not our affair, it is all the more clear what we have to accomplish at present: I am referring to ruthless criticism of all that exists, ruthless both in the sense of not being afraid of the results it arrives at and in the sense of being just as little afraid of conflict with the powers that be.”

Karl Marx – Deutsch-Französische Jahrbücher, 1943

I. Het mondialisme

Laat ons het verhaal beginnen bij de alombekende links/rechts tegenstelling. Aan de rechterzijde vinden we twee groepen, ‘rechts’ van de moraliteit van waarden (traditioneel, integralistisch…) en ‘rechts’ van de immoraliteit van liberalisme (winst boven alles, asociaal, decadent…). Wat daar zo potsierlijk aan is, is dat zij een monsterverbond sluiten tegen ‘links’. En wat al even potsierlijk is, ‘links’ sluit exact hetzelfde monsterverbond tegen ‘rechts’. Potsierlijk, omdat het resultaat hoe dan ook de overwinning is voor het onderliggend verbond van financieel en supranationaal rechts (supranationale instellingen, dictatuur van het geld) en liberaal en supranationaal links (‘antifascisme’, ‘antiracisme’, dictatuur van de moraal). Dit verbond is een systeem, dat een agenda genaamd ‘mondialisme’ vervult. (Niet mondialisering overigens, dat is een materiële en immateriële uitwisseling als gevolg van technologische vooruitgang, het is niet mogelijk en zeker niet wenselijk daar tegenin te gaan.)

De enige manier om uit dit mondialisme te stappen, is door een nieuw systeem, een nationaal verbond van links van de arbeid en rechts van de waarden. Dit nationalisme (in de zin van niet-mondialisme), is dus gelanceerd vanuit een objectieve systeemanalyse, in tegenstelling tot de meer courante emotionele dwaalsporen. Men kan het ook patriottisme noemen, of gewoon revolutionair, maar dat is semantiek. Daarmee begrijpt men mondialisme nog niet, noch de concrete invulling van dat nationalisme (de maatschappijvisie). Daarom moet eerst de psychologie van het mondialisme duidelijk worden.

Wat volgt zijn enkele verklarende fundamenten, bewust essayistisch om een vermoeiende aaneenschakeling aan becijferde feiten en bevleugelde citaten te vermijden. Dit betekent echter niet dat de auteur een einzelgänger is die denkt het warme water uitgevonden te hebben, vanzelfsprekend kan hier de nodige ruchtbaarheid aan gegeven worden en vindt dit de nodige raakvlakken met de stromingen in de onderbuik van de maatschappij.

Schizofrenie van links

De schizofrenie van links is tweeledig. Ten eerste, een trotskistisch misprijzen van de autochtoon, anderzijds de immigrant hooguit stiefmoederlijk behandelen (racisme van links) omwille van diezelfde ideologie. Ten tweede, enerzijds ‘solidariteit’, anderzijds pro-immigratie, terwijl immigratie een antisolidair economisch fenomeen is. Belangrijk is dan ook een onderscheid te maken tussen immigratie en diversiteit, een nefaste verwarring vandaag de dag.

Immigratie bijt in de hand die hem voedt. Het door immigratie gecreëerde arbeiderssurplus en de welvaartstaat sluiten elkander uit. Dit niet omwille van een (nietbestaande) islamisering of gettoïsering, maar vanwege de eenvoudige logica dat immigratie een druk op de lonen en sociale zekerheid legt en de concurrentie op de arbeidsmarkt verhoogt. Dit is de agenda van economische immigratie (is er een andere vorm?) en dit raakt dus óók de ‘oude’ immigrant. Daarom dat diversiteit (komt later aan bod) hier los van staat.

Deze schizofrenie heeft van links de nuttige idioten van het mondialisme gemaakt. Zij verdelen de gemeenschappen, ook de allochtone, in dienst van sociale fragmentering. Zo zal je hen moslima’s zien recupereren via een reactionair feminisme in de naam van emancipatie, wat de uitgesloten moslims dan weer aanzet tot een al even reactionair machogedrag.

Stelling: Het antwoord van links strookt niet met de economische en maatschappelijke realiteit.

Het individu en de illusie van verdraagzamen tegen onverdraagzamen

Maken we twee veralgemeniseringen, je hebt enerzijds de burgerlijke wereldverbeteraar, een vriendelijk, verdraagzaam schepsel, maar een dat tegelijk zelfbevredigend is, met een onuitstaanbare pretentie. Anderzijds heb je diens alterego, die prat gaat op welk logo waar hangt en wat welk kleurtje draagt. Die zich openlijk – met wisselende subtiliteit – ergert aan k*tmarokkanen & theedoeken of (respectievelijk) blonde hoeren & haakneuzen. En zich zo de rol van ambassadeur der ‘Nederlandse identiteit’ of (respectievelijk) de ‘Marokkaanse/… identiteit’ aanmeet.

Hoewel twee individuen elkanders beste vriend kunnen zijn, zullen zij op communautaristisch (‘hokjes’) niveau elkaar verraden. Dat is de schizofrene situatie waar we toe aangezet worden. En men zal het niet snel van zichzelf willen toegeven, maar ondanks dat Henk en Fatima als werkcollega’s een goede synergie maken, behoren zij als individuen tot twee gemeenschappen (‘netwerken’) die tegenover elkander gepolariseerd worden, ook als Henk wereldverbeteraar is.

En daarmee wordt meteen aangetoond dat ‘tegen hokjesdenken zijn’, identiteit ontkennen en met ‘verdraagzaamheid’ te koop lopen mooie intenties zijn, maar het individu atomiseren en hem zo de kracht ontnemen te denken, te voelen en te reageren.

Stelling: De enige twee officieel erkende gemeenschappen, de natie en het individu, zijn tegelijk de enige die vandaag niet bestaan. De natie omdat het niet een verbond van nationale netwerken is, het individu omdat het zonder banden, zonder netwerk, geneutraliseerd is.

Communautarisme: infantilisering van de identiteit

Communautarisme (in de Franstalige zin, zie verder) is typerend voor de infantilisering van de massa, die via deze praktijken verder in het mondialisme geduwd wordt. Wij fragmenteren ons immers steeds verder in uitgekristalliseerde identiteiten op basis van symbolen en uiterlijkheden. Dit zijn oppervlakkigheden zonder diepgang, op basis van urbane/exotische/historische/… (schrappen wat niet past) folklore, verhuld onder het mom van (een beeld van) wereldburgerschap/traditie/uniek zijn… (opnieuw, schrappen wat niet past).

Het mondialisme heeft dit nodig. Identiteiten moeten oppervlakkig zijn, fragiel, en zeker niet integralistisch (lees: jezelf serieus nemen). En zo is er eigenlijk weinig verschil tussen de nostalgische impulsen van de identitair en de progressieve impulsen van de wereldburger. Zoals pornografische impulsen staan tegenover het geslacht voortzetten, zo staat couscous tegenover wereldburgers, zo staat varkensvlees tegenover identitairen.

Zo staat populisme tegenover (antimondialistisch) nationalisme.

Stelling: De oppervlakkige fragmentering van gemeenschappen leidt tot het inruilen van de wil door impulsieve verlangens, wat voornamelijk het consumentisme in de hand werkt. Geen enkel product van het mondialisme kan zo ingaan tegen haar schepper.

Antifascisme: indoctrinatie en chantage

Antifascisme zonder fascisten, dat op de spoken van de Tweede Wereldoorlog teert en in feite het monsterverbond tussen communisten (thans politiek geliquideerd en overgenomen door manisch trotskisme) en liberalen bestendigt. Reductio ad hitlerum, waarbij de gaskamers de plaats van Jezus Christus moeten innemen. Dat er een zekere bescherming mag zijn voor een groep die historisch onderdrukt is geweest, akkoord. Maar dat zij de Holocaust als voorwendsel misbruiken voor zelf een pertinent racistisch beleid te voeren, dat is het summum van perversie. En deze perversie is endemisch geworden, daar het ons chanteert tot een keuze te maken tussen mondialisme en Auschwitz. Een keuze die niet in vraag mag worden gesteld, maar evenwel geen steek houdt.

Stelling: Antifascisme is een instrument van de mondialistische indoctrinatie die, ondanks dat de economische feiten op tafel liggen, de electorale macht in handen van supranationale belangen gegijzeld houdt. Dit is de dictatuur van het kapitaal door valse moraliteit, dat de ware exploitatie en proletarisatie van de bevolking betekent in de 21ste eeuw.

Antiracisme: de diversiteitsleugen

Antiracisme zonder racisten en populisme zonder populus (volk), zij zwengelen de etno-religieuze spanningen aan door de maatschappelijke problemen te etniciseren. Blank tegen bruin, zelfs al zitten zij beiden onderaan de sociale ladder. Een antiracistische haat die tot racistische haat leidt, daar de ‘blanke’ zich onrecht aangedaan voelt en de ‘kleurling’ in de ‘blanke’ de eeuwige onderdrukker ziet. De strijd van de nationale arbeid tegen het mondiale kapitaal gaat in deze constructie verloren aan beide kanten.

Hieruit ontspringt dan ook een nieuwe vorm van racialisme, de mixologie. Dit is geen vermenging van het beste van twee werelden, dit is de vernietiging van alle culturele barrières door een geforceerde melting pot, opnieuw een product van het mondialisme. Dit is het echte kolonialisme, het mondialisme koloniseert iedereen. Wie nu overigens denkt dat men racist is door anti-antiracistisch te zijn, die heeft niet goed gelezen. Antiracisme is niet tegen racisme zijn, het is een autoritaire visie van wat racisme is en hoe we het zouden moeten bestrijden, ten koste van onszelf. Antiracisme is racistisch!

Ditzelfde antiracisme ligt ook aan de basis van het bovenvermelde communautarisme, het is de verantwoording voor een beleid waarin zichtbare ‘minderheden’ gepromoot worden (vrouwen, jongeren, holebi’s…), maar enkel om ze compatibel aan het mondialisme te maken. Is er immers een reden dat financiële en politieke steun uit moet gaan naar groepen die zich als ‘emanciperend’ neerzetten, terwijl zij overduidelijk niét als legitieme vertegenwoordigers kunnen worden beschouwd? Bijvoorbeeld, zijn de deelnemers aan de Gay Pride parades representatief voor de gewone, geïsoleerde holebi’s van middelbare leeftijd met vaak financiële en psychologische problemen omwille van hun geaardheid?

Stelling: Het antiracisme en het populisme creëren identiteiten compatibel aan het mondialisme, dienstnegers (van alle rassen en overtuigingen) om etnoreligieuze spanningen in tijden van crisis aan te zwengelen en zo te verbergen dat wij allemaal gelijk zijn in de miserie! Diversiteit is een constructie die valse identiteiten voortbrengt, opdat er een morele dwang ontstaat deze te erkennen en goed te keuren. Het is kortzichtig ons te laten misleiden in de naam van zowel verdraagzaamheid als onverdraagzaamheid, men moet de zaken kunnen zien zoals ze zijn.

Anti-islamisme

Uit het antiracisme is ook het anti-islamisme ontstaan. De politieke agenda van de islamofobie, het is een georchestreerde stigmatisering van moslims voor al onze sociale problemen aan te wijten. De legitieme sociale frustraties, die niets met religie te maken hebben, worden zo door de islamitische bliksemafleider ontladen. Tegelijk wordt de immigrant met de islam vereenzelvigd (en vice versa), daar standpunten tegen de islam gedoogd worden, maar niet zo tegen immigratie (opnieuw, aan de basis een economisch fenomeen). Islamofobie is de nieuwe politieke correctheid.

Stelling: Men zegt moslim, men denkt jood.

II. Nationalisme

Links van de arbeid, de sociale strijd, komt op dit moment niet overeen met het nationaal project. Rechts van de waarden, de moraal, evenmin. Het is echter een objectieve vaststelling dat de twee altijd samen zijn gegaan met nationale soevereiniteit. Dit is een historisch feit, de enige Internationale die ooit duurzaam heeft gewerkt, is die van het mondialisme.

Als er echter over nationalisme gesproken wordt, dan komen we in de eerste plaats zaken als ‘identiteit’, ‘cultuur’ en ‘geschiedenis’ tegen. En dan nog vooral het bekende adagium “nationalisme sluit uit”. De vraag is echter, wie sluit uit? Een makkelijk antwoord is dat nationalisme alleen kan bestaan door liefde voor de natie, niet door haat en wantrouwen vanuit de natie.

Maar toch moet ook hier een achterliggende psychologie opgehelderd worden, waarmee we abstractie maken van de natie in haar huidige (illusionaire) vorm.

Het bevrijden van het individu

Zonder in de eerste plaats de rol van het mondialisme te erkennen, blijven wij verdeeld en overheerst worden. Dan blijven wij trappen in de bovenbeschreven vallen, de valse debatten en uiteindelijk zullen wij allemaal vertrappeld worden onder de financiële voet van het mondialisme. Het geatomiseerde individu moet in de eerste plaats ontsnappen aan het mondialisme door te herbronnen in zijn banden, in netwerken die niet te integreren zijn in het mondialisme. Hij moet zijn authenticiteit terugvinden, want het zijn de authentieke netwerken die de natie kunnen (!) uitmaken. Door vrijwillig te verwortelen in de natie, aanvaardt men een zeker determinisme, namelijk dat er een collectief is, een idee waarbinnen de opeenvolgende generaties vorm geven aan de natie door het meedragen van de nationale totaliteit.

De natie is een levende traditie en een sociale organisatie. Geen atomisering in het mondialisme, geen romantische droom van een (polemische) volkscultuur, maar een interne differentiatie met nationale eenheid en continuïteit.

Het volk, het collectief dat de natie constitueert, zijn de productieve klassen (links) die zich met de natie identificeren (rechts), de synthese van links van de arbeid en rechts van de moraal. De nationalist is dan ook hij die in het aanzicht van het mondialisme de slagkracht terugvindt door herbronning. Door de bewuste verworteling van zijn authenticiteit met wat de totaliteit van de natie is, inclusief het verleden, kan hij zich als de legitieme (constant evoluerende) voortzetting van elke generatie beschouwen.

Trekken we dit door naar de politiek, dan is de voorwaarde om aan mondialisme te ontsnappen een sociale beweging, die vandaag enkel nationalistisch kan zijn. Een nationalisme, waarin elk aspect van de natie als vertakking moet worden gezien en beperkt door grenzen. Beperkt, om niet misleid te worden tot schatplichtig te zijn aan de fictie van een ‘humaan’ (bedrieglijk) mondialisme, aan het voorwendsel van een ‘christelijk’ (blank) Europa, aan de leugen van een ‘beschaafd’ (veramerikaniseerd) Westen. Zelfs al zitten hier louter goede bedoelingen achter, misleiding is altijd gebouwd geweest op goede bedoelingen.

Wat voor concrete vorm het toekomstig maatschappelijk project krijgt, dat is nu alleszins niet aan de orde. Een nationale identiteit moet uit de nationale netwerken ontstaan, vanwege identitaire pretentie (= geloven dat dit collectief vandaag nog zou bestaan) omgekeerd redeneren is inderdaad een nationalisme dat uitsluit. Het volk moet terug materialiseren en mobiliseren voor de verzoening tussen links van de arbeid en rechts van de moraal, daar volgt uiteindelijk vanzelf een eigenheid uit. Maar dit determinisme aanvaarden, betekent ook dat de deelnemers handelen in de geest van de totaliteit van de natie. Het is geen assimilatie, maar ook geen biologische oorlogsvoering tegen ‘de anderen’. Deze angstbeelden moeten juist overstegen worden.

Stelling: Nationalisme is het geatomiseerde individu via diens geneutraliseerde netwerken terug kracht geven, inclusief politieke slagkracht, door de integratie in het collectief, de natie. Politiek staat hier een nieuwe sociale en economische logica centraal, maar de eerste stap zal liggen in de verzoening met authentieke netwerken.

Het bevrijden van de allochtoon

Het is een spijtige zaak dat de massale immigratie ons met grote allochtone gemeenschappen (ook netwerken) heeft opgezadeld, waarbij we moeten erkennen dat er niet de wil, de mogelijkheid of zelfs maar de wenselijkheid bestaat om deze integraal op te nemen in een nationaal project. En hoewel diversiteit een illusie is en “aanpassen of opkrassen” een vernederende en polariserende stellingname, valt de bijzondere situatie niet te ontkennen. Een alternatieve aanpak dringt zich op.

Een begin zou zijn de multiculturele realiteit zoals deze nu is te erkennen, maar niet te aanvaarden. Maar al te vaak veinst men de verontwaardiging, alsof getto’s zoals Slotervaart en Borgerhout uit het niets ontstaan. Veel allochtone gemeenschappen hebben zich vrijwillig in wijken gesegregeerd, vanwege socio-economische achterstelling, maar ook om de eigenheid tegen het mondialisme te beschermen door hun eigen sociale controle op te kunnen leggen. Hoewel natuurlijk niet in zoveel woorden.

Of het voor hen werkt, dat is een andere zaak. Laten we de Marokkaanse moslimgemeenschap als voorbeeld nemen. Je had in de eerste plaats de oude generaties, maatschappelijk gemarginaliseerd in een derderangspositie, een ingesteldheid die zij op de huidige generaties hebben doorgegeven. De nieuwe generaties hebben het nu moeilijk met dit slachtoffercomplex, aangezwengeld door humanisme aan de ene kant en anti-islamitische provocaties aan de andere kant. Deze zijn bovendien op te splitsen in twee groepen. Zij die zich productief opgesteld hebben, naar school gaan en zelfs ondernemen. En die daarbij een uitweg voor dit complex in hun geloof zoeken. En dan zijn er diegenen die hier linea recta tegenover staan, die ofwel de Amerikaanse gettocultuur uitdragen, ofwel in het reactionaire salafisme duiken. Beiden ontstaan uit wraakgevoelens tegenover de onderdrukkende autochtoon, die thans nooit in hun leven onderdrukkend is geweest.

Een doorsnee autochtoon zal het niet graag erkennen (daar ofwel tegen links ofwel tegen rechts), maar de eerste groep behelst het concept van links van de arbeid en rechts van de moraal. Enerzijds beklimmen zij op eigen kracht de sociale ladder, anderzijds zijn zij aan Mei’68 ontsnapt en dus onaangepast aan het mondialisme. De tweede groep, vaak onterecht “moslimtuig” genoemd, zijn juist het product van het mondialisme. Het is de 16-jarige möchtegern-gangster met Tony Montana shirt en blingbling. Op zijn 26ste eindigt dit geval steevast als putjesschepper met een jong gezin ten laste omwille van een keer te veel onbeschermde seks. Wat heeft deze identiteit hem opgeleverd, behalve de designatie ‘k*tmarokkaan’ of ‘k*nkermoslim’, terwijl hij bezwaarlijk Marokkaans of islamitisch geleefd heeft? En er is een grote kans dat deze vervolgens nogmaals in de verkeerde kringen terecht komt.

Nu kunnen autochtonen oneindig lange discussies starten over de mogelijkheid een deel van die eerste groep allochtonen op te nemen in het nationale collectief. De discussie is echter relatief zinloos, gezien de huidige ‘nationale waarden’ (die men dan zou moeten onderschrijven), gepolitiseerd zijn. Beïnvloed door politieke correctheid, dan wel incorrectheid, ze zijn sowieso contraproductief voor een nationaal project, daar nooit authentiek. In de plaats van door de mensen zelf ingegeven, liggen hier supranationale invloeden aan de basis, economische (kapitalisme), maar ook ideologische (liberalisme).

Om nationaal herstel te laten primeren, zullen de netwerken hun kracht moeten terugvinden. Of hier dan ook nieuwe zuilen uit kunnen ontstaan, die oprecht meewerken aan nieuw nationaal project, bijvoorbeeld een nationale islam, is daarom niet aan de autochtoon (of niet-moslim) om te bewijzen. Zeker niet via de contraproductieve en denigrerende integratieprojecten van het mondialisme, dat enkel de verdere sociale fragmentering en de castratie van de allochtone netwerken tot doel heeft. Maar ook niet door elk beleid af te wijzen, zoals nu in Nederland, wat tot de neutralisering (humanisme) van hun identiteit zal leiden door buitenpolitieke invloeden. Het resultaat is in weze hetzelfde.

Hier ligt dan ook een compromisloze mentaliteit aan de basis: de weg vrijmaken voor het herstel van authentieke netwerken, welke dan ook, door ze te erkennen en te ondersteunen in hun eigenheid.

Er zijn genoeg bedenkingen bij te maken in welke mate netwerken compatibel zijn, maar dat het debat begint bij een intentieverklaring van allochtonen zelf, dat zou een correcte reactie zijn op de politiek van een Wilders, Dewinter… én de andere grote politieke partijen. Er zijn onder allochtonen (vooral moslims) immers meer collaborateurs dan fundamentalisten. Het wordt tijd dat men zich niet meer voor de kar laat spannen.

Alleszins verandert het antwoord niets aan de oplossing, ongeacht of men nu vrijwillig kiest mee te gaan in een antimondialistisch nationalisme of vrijwillig kiest bij een antimondialistische allochtone identiteit te blijven. En ongeacht welk percentage wat kiest. Als we niet willen verdrinken in de etnoculturele polarisering, moeten we de objectieve deneutralisering van het individu en de strijd tegen het mondialisme centraal stellen.

Willen allochtone gemeenschappen geen deel uitmaken van de natie, dat er dan een concessie gemaakt wordt. Dat deze op vrijwillige basis gemeenschapsautonomie mogen opnemen (de gemeenschappen zijn er al, een kwestie van erkennen dus) en dat zij niet meer misbruikt worden voor de agenda van het mondialisme. Dat er verder begrip voor deze keuze (deze eigenheid) is, zodat we de geconstrueerde tegenstellingen kunnen overstijgen. En dat de deur opengehouden wordt voor uiteindelijk een vrijwillige terugkeer in samenspraak met alle betrokkenen, inclusief de landen van herkomst, inclusief zij die vrijwillig blijven.

Daar zit tevens een belangrijke economische logica achter, maar dat zou de hier uitgeschreven visie van een vrijwillige ‘Choice of Civilizations’ in de plaats van een ‘Clash of Civilizations’ overschaduwen. De economische analyse moet niet de compromisloze steun aan het sociale herstel verhinderen.

Laten we de boodschap positief houden. Laten we de multiculturele realiteit erkennen, maar laten we haar incalculeren in het antimondialisme. Onder dwang assimileren (of deporteren) is een product van het mondialisme, pestwetten tegen de culturele beleving van de islam bijvoorbeeld, blokkeren elke weg die moslims mogelijk zelf willen nemen, maar hierdoor niet kunnen.

Daarom moeten wij er in de eerste plaats samen aan werken om de valse debatten en wederzijdse beschuldigingen van discriminatie, deportatie, Joodse getto’s en apartheid te overstijgen. Wij zijn samen onderdrukt, wij maken samen een vuist om te kunnen zijn zoals wij zelf willen zijn.

Stelling: De uiteenlopende integratie-experimenten zijn contraproductief. Zij verdiepen de fragmentering, zij werken het mondialisme in de hand en zij negeren de realiteit. Het vertrekpunt is niet aanpassen of opkrassen (de Clash of Civilizations), het is kiezen (de Choice of Civilizations). De opdracht is simpel: een overstijgende mentaliteit waarin de kracht door authenticiteit erkend wordt (rechts van de moraal) en waarin samen voor eenzelfde economische analyse geijverd kan worden (links van de arbeid).

Conclusie

Mondialisme is een ideologie, een seculiere religie die alles wil oplossen in een wereldorde, waarin slechts een concept van de mens getolereerd wordt en alles daartoe eenvormig moet assimileren onder de financiële orde van markten en consumentisme. Mondialisme wil niet alleen onze portefeuille, het wil onze ziel. De bovenbeschreven instrumenten van het mondialisme, zijn de dwaalsporen die wij moeten overstijgen. Door de verzoening van links van de arbeid en rechts van de moraal, wat enkel mogelijk is door nationalisme, wordt een politiek project aan dit verzet gegeven.

Maar daarvoor moet de atomisering tegengegaan worden, het herstel van de natie als collectief individu, als combinatie van nationale netwerken voor een alternatief op mondialisme. Daarvoor moeten de valse debatten dan ook overstegen worden. Dit kan enkel door een compromisloze mentaliteit met aan de basis een integrale systeemanalyse, die subjectieve sentimenten overstijgt om zo de valse debatten in te wisselen voor eensgezindheid en echt debat. Overstijgen wij dit niet, dan zijn wij uiteindelijk allemaal het slachtoffer.

Wat voor een toekomst willen wij? De totale onderwerping aan een mondialistische oligarchie, dat ons denken en handelen neutraliseert en ons gehele zijn onderwerpt aan het consumentisme en de dictatuur van het geld? Of de revolte van de onderworpenen, dewelke zich bevrijd hebben door en voor hun netwerken, om een vuist te maken tegen deze supranationale oligarchie?

Dat wij ons allemaal deze vragen beginnen stellen. En dat wij samen precedenten scheppen, zoals een debat rond de punten waar deze tekst een lans voor wil breken.

vendredi, 08 juillet 2011

Das Nationale

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Das Nationale

Vor bald drei Jahrzehnten erhielt ich von Querdenker Günther Nenning, nachdem ich ihm den von mir damals herausgegebenen “Nationalrevolutionär” sowie die von “Sache des Volkes” (München/Berlin) publizierte “Neue Zeit” zugesandt hatte, folgende Zeilen: “Lieber Herr, schon lang las ich nichts so Interessantes wie Ihre mir zugesandten Blätter! Reden wir einmal?”  Was dann auch geschah.                                                                                                                                                                                Günther Nenning war nicht der einzige Systemkritiker, der den nationalrevolutionären Ideen und Programmanstößen dieser Zeit einige Sympathien abgewinnen konnte. Auch von einigen systemkritischen Bundesdeutschen  wie Rudi Dutschke, denen die deutsche Nation noch ein Anliegen zu sein schien,  kamen zustimmende Kommentare.                        

In intellektueller und politischer Hinsicht war das Nationalvolutionäre wohl der einzige ernstzunehmende Versuch von “rechts” nicht nur die Hegemonie der 68er-Ideologie  zu gefährden, sondern auch gleich das System selbst. Wie sich später herausstellen sollte, waren ja die meisten Linken wie auch ihre reaktionäre rechte Gegnerschaft  die verläßlichsten Systemerhalter, und sind es bis heute geblieben.

Die damals propagierte Nationalrevolution ist vorerst Geschichte, die Nation aber ist geblieben und steht wie eh und je im Kreuzfeuer der gleichen Gegner. Und wie damals sind es wieder, eher denn bürgerliche Rechte, in einem nationalen Sinne denkende Linke  wie der ehemalige französische Minister J. P. Chévènement oder Venezuelas Chavez, die das Existenzrecht der Nation befürworten und sie auch verteidigen. In gewisser Weise zählt auch Gadaffi dazu.                                                                                                                         

Gehen auch die französische und die venezolanische Nation nicht wie die deutsche auf das Abstammungsprinzip zurück, so verbindet man selbstverständlich da wie dort mit dem Nationalgefühl die “Sehnsucht nach Heimat und Wurzeln”, wie es Günther Nenning genannt hätte. Heißt aber auch:  nationale Souveränität, nationale Identität und Kultur als Gegengewicht zur Globalisierung.

Die Nationalrevolutionäre der 70er und 80er Jahre des vorigen Jahrhunderts hatten keineswegs einen übersteigerten, gar rassistischen Nationalismus im Kopf, sondern ganz im Sinne Herders, die Wertschätzung der eigenen Kultur wie auch die der anderen Völker, nicht zuletzt, bei Ablehnung  totalitärer Systeme, eine Gesellschaftsordnung des eigenen nationalrevolutionären Weges, also jenseits von links und rechts.                                           

In ihrer Nation hatten besonders die Deutschen als “Volk aus Völkern” (F.W. Schelling) jenen Entfaltungsraum  gefunden, der ihnen jetzt  nach und nach entrissen werden soll. Zum Schaden nicht nur des deutschen Volkes.                                                                               

Wenn nun aber das Nationale aus berechtigten anthropologischen, historischen, philosophischen und anderen Gründen weiter  konstitutives Element eines Staates oder eines Volkes bleiben soll, dann wäre es an der Zeit, ihm wieder vermehrt Aufmerksamkeit zu schenken. Einen europäischen Nationalgeist hingegen wird es – vor allem nach der Abdankung des Christentums – so lange nicht geben, so lange wirtschaftliche Grundlagen die  einzigen Sinngeber bleiben..                                                                                                   

Schon Jean Monnet, den Schöpfer eines neuen Europa, dämmerte alsbald danach,: “Wäre das noch einmal zu machen, würde ich bei der Kultur beginnen” .Und die gibt es ohne das Nationale nicht.

jeudi, 02 juin 2011

Savigny: The Volksgeist & Law

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Savigny: The Volksgeist & Law

Andrew Hamilton

Ex: http://www.counter-currents.com/

Before they addressed themselves to the impractical task of changing men by changing laws, the justices might have pondered the words of Savigny, who wrote, ‘Law is no more made by lawyers than language by grammarians. Law is the natural moral product of a people . . . the persistent customs of a nation, springing organically from its past and present. Even statute law lives in the general consensus of the people.’” –Wilmot Robertson, The Dispossessed Majority (1981)

The concept of the Volksgeist, or “the spirit of the Volk,” was developed by German philosopher Johann Gottfried von Herder (1744–1803). The application of Herder’s theory to law was made by German jurist and legal historian Friedrich Karl von Savigny (1779–1861).

Herder’s Volksgeist is a manifestation of the people; it animates the nation. Every Volk is, as an empirical matter, different from every other Volk, each nationality characterized by its own unique spirit. Every people possesses its own cultural traits shaped by ancestral history and the experience of a specific physical environment, and mentally constructs its social life through language, law, literature, religion, the arts, customs, and folklore inherited from earlier generations. The Volk, in other words, is the family writ large.

Laws, too, must be adapted to the spirit of each nation, for rules applied to one nation are not valid for another. The only legitimate governments are those that develop naturally among particular nations and reflect, in their differences from other polities, the cultures of the people they govern.

Law is the unique creation of a race, a people, a Volk. Like language or values, it is the result of collective human action and reason over generations, not the result of human design. Language and law were never consciously invented at a specific moment in time. Rather, they represent slow accumulations, organic emanations of discrete peoples.

To cite but one example, European law and values and Jewish law and values are as different as night and day. In adopting torture, assassination, criminalization of free speech, thought, and association, genocide, and the abolition of formal restraints on tyranny, whites overnight lost half a millennium or more of slow, painful moral and legal progress.

Descendant of Landed Nobility

Savigny was the descendant of a distinguished Huguenot family from Lorraine, in France, which moved to Germany in 1730 to escape Catholic intolerance. The family derived its name from the Castle of Savigny in the valley of the Moselle River; its members retained their German allegiance upon the transfer of Lorraine to France.

Savigny was born in Frankfurt, the son of a Lutheran father and a Calvinist mother. Orphaned at thirteen, without parents or siblings, the boy was raised by his father’s best friend, a prominent German attorney and government official who, from the age of 15, plunged Savigny and his own son “into a terrible course [of education], comprising the science of law, natural law, international law, Roman law, and German law”—an experience Savigny’s chroniclers compare to John Stuart Mill’s über-rigorous schooling.

Graduating from the University of Marburg in 1800, Savigny took up teaching at the same institution. Among his students were the brothers Jacob and Wilhelm Grimm, the later philologists and mythologists famous for Grimm’s Fairy Tales. Savigny eventually secured a position for Jacob at the University of Berlin, and the two maintained a correspondence. Jacob Grimm dedicated his masterwork, Deutsche Grammatik, one of the most important works  of German philology ever written, to Savigny.

Savigny married into the famous Brentano family. One of his wife’s nephews, pacifist economist Ludwig Brentano, won the Nobel Peace Prize in 1927. Savigny’s brother-in-law was the writer Clemens Brentano, and his sister-in-law was Bettina von Arnim, correspondent of Goethe and wife of romantic poet and novelist Achim von Arnim. Through his in-laws Savigny came into close contact with the Heidelberg group of Romantic writers. Savigny’s son, Karl Friedrich von Savigny (1814–1875), was a prominent Prussian diplomat and politician.

In 1810 Savigny became Professor of Roman Law at Prussia’s newly-formed University of Berlin at the request of Wilhelm von Humboldt. There he helped found the institution, served as its first Rector, and organized the law faculty. He also taught the Crown Prince, subsequently King Frederick William IV of Prussia.

Savigny’s highly influential legal works include The Law of Possession (Das Recht des Besitzes) (1803), History of Roman Law in the Middle Ages (Geschichte des römischen Rechts im Mittelalter), 6 vols. (1815–1831), in which he traced the history of Roman law from the breakup of the empire until the beginning of the 12th century and showed how it lived on in local customs, towns, ecclesiastical doctrines, and school teachings until its reemergence in the Renaissance, System of Modern Roman Law (System des heutigen römischen Rechts), 8 vols. (1840–1849), an uncompleted work on the contemporary Roman law of Europe, Miscellaneous Writings (Vermischte Schriften), 5 vols. (1850), and The Law of Contracts (Das Obligationenrecht), 2 vols. (1851–53).

As Jewish law professor Milton R. Konvitz noted:

His massive work on Roman law in the Middle Ages became the source of subjects for countless historical monographs. His students, and their students in turn, dominated historical and legal scholarship and teaching for several generations, and he was universally acknowledged as one of the most influential thinkers and scholars of the nineteenth century.

Civil Law and Common Law

Historically, there has been a disjunction between the civil law systems of continental Europe and the common law systems characteristic of England and the English-settled countries.

Civil law is based upon Roman law, which was first codified in the Twelve Tables in 450 B.C. Codification was completed in 535 A.D. in the Corpus Juris Civilis, the culminating work of Roman legal scholarship.

After the fall of the Western Roman Empire, Roman law persisted as part of Germanic law, the customary law of the ancient Germans (codified in the 5th–9th centuries A.D.), and canon law, the law of the Roman Catholic Church courts. It also remained the law of the Eastern Roman Empire, centered in modern-day Turkey, until its collapse in 1453.

The revival of classical studies during the Renaissance led to the resurrection of Roman law, as the Corpus Juris Civilis became the model for most of the legal systems of continental Europe.

The civil law system of the continent was thus a mixture of Roman law and local customary law. As a committee of legal historians observed in 1914:

The story of Western Continental Law is made up, in the last analysis, of two great movements, racial and intellectual. One is the Germanic migrations, planting a solid growth of Germanic custom everywhere, from Danzig to Sicily, from London to Vienna. The other is the posthumous power of Roman law, forever resisting, struggling, and coalescing with the other.

The importance of Roman law, Savigny wrote, is that “by reason of its high state of cultivation” it serves as a pattern for modern jurists. The importance of the local or customary law is that “it is directly and popularly connected with us.” Examination of the historical modifications of the two systems demonstrates how both Roman law and local law varied under the stress of actual needs and the application of legal theory.

Eventually, a single European civil code may replace existing national codes, and Savigny figures in current discussions about this. Here, for example, is Belgian law professor, former Advocate General of the European Court of Justice in Luxembourg, and general editor of a series of casebooks on the Common law of Europe Walter van Gerven writing for the European Commission:

The opposition between von Savigny and Thibaut [see below], regarded as an opposition between law, seen as a product of history, and law, seen as a product of reason, is somehow reflected in the opposition nowadays between those who believe that cultural differences between Member States and legal mentalities are such that no codification at European level is possible, at least not for the time being, and those who believe that codification has to come about without further delay. (p. 9)

To help overcome this difficulty, it has been suggested by some that Savigny’s historical school of law should be reconstituted on a pan-European level. (E.g., Reinhard Zimmerman, “Savigny’s Vermächtnis, Rechtsgeschichte, Rechtsvergleichung und die Begdindung einer Europäischen Rechtswissenschaft” ["Savigny's Legacy, Legal History, Unification of Law and Preconditions for European Legal Sciences"], Juristische Blätter [1998], 273.)

As an aside, it is instructive to briefly touch upon the Pan-European method behind this endeavor as described by van Gerven:

Work that is already underway should be continued on an even larger scale with “the aim of finding a European common core of legal principles and rules” and starting with the modest task of “mark(ing) out areas of agreement and disagreement, to construct a European legal lingua franca that has concepts large enough to embrace legal institutions which are functionally comparable, to develop a truly common law literature and the beginnings of a European law school curriculum.” (p. 29)

The author continues: “That this is not an easy matter appears from the literature on [European] Community law which now flourishes abundantly in any one Member State, but unfortunately very often in a closed national, or one language, circuit without reference to literature published in other Member States or other languages.” (p. 29n)

This shows how even the largest European institutions, with ample access to multilingual personnel, extensive translations, and continuous cross-border contacts and cooperation are still stymied by deeply entrenched intra-European cultural differences—particularly linguistic balkanization.

The situation is comparable but far worse for white racialists with their meager resources, inability to communicate in multiple languages, and lack of international contacts. Indeed, when racialists try to establish even one-off personal connections they are often hounded mercilessly by Jewish organizations, communist street thugs, pliant politicians and journalists, and police agencies determined to strangle white unity in the cradle. Victims of such actions have included Francis Parker Yockey, George Lincoln Rockwell, William Pierce, Tom and John Metzger, David Irving, and many others.

Unfortunately, any new Pan-European laws promulgated by existing elites will be deeply inimical to white racial survival and fundamental human rights.

The Origin of Germany’s Codification Controversy

There have been many modern codifications of civil law principles, the most famous and influential of which is the Code Napoléon (1804) of France, which strongly shaped the civil law systems of continental Europe and Latin America.

Louisiana is the only US civil law state, its law based upon French and Spanish codes and ultimately Roman law as opposed to English common law. Similarly, in Canada, French Quebec is the only province that operates under a dual system, with civil matters being governed by continental-style civil law and criminal matters by common law. The legal system of white South Africa was based upon Roman-Dutch civil law, and Scotland is considered a mixed law system.

In addition to the Code Napoléon, the major modern civil codes in effect when the German codification controversy flared were the Prussian Landrecht (Allgemeines Landrecht für die Preussischen Staaten, 1794) and the Austrian General Civil Code (Allgemeines bürgerliches Gesetzbuch, or ABGB, 1811). Today national civil codes are prevalent almost everywhere in continental Europe.

The primary difference between common law and civil code systems is ideological.

Common law is based upon precedent and gradual change, balancing tradition and reason.

The codes generally reflect the radical, utopian hyper-rationalism of the French Revolution. The French sought to abolish all prior law and replace it with new, all-encompassing norms in codified form. History was deemed irrelevant to the formulation, interpretation, and application of the French code; law ought to originate abstractly in the human mind (pure reason). A frequently repeated maxim of the legal radicals was, “I know nothing of the civil law; I know only the Code Napoléon.”

Theoretically the codes, complete, coherent, and clear, reduced all law to written form. Since lawmaking power was lodged solely in the legislature, judges could not look outside of the code for guidance. Their duty was to mechanically apply the law as set forth in the code.

Under the Holy Roman Empire there had been more than 300 German states. Between 1806 and 1815, the conqueror Napoleon organized them into the Confederation of the Rhine. Following his defeat, the Congress of Vienna (1814–15) created the German Confederation, consisting of 39 states, the most powerful of which were Prussia and the Austrian Empire. Each German state had its own system of laws which changed as you crossed the border, greatly hampering economic and political coordination.

In 1814, A. F. J. Thibault, professor of Roman Law at the University of Heidelberg, a former student of Immanuel Kant’s at the University of Königsberg and, like Savigny, a German of French Huguenot descent, proposed a unified German civil code on the French model to remedy the chaos of existing law. He set forth his proposals in a pamphlet, About the Necessity of a Common Civil Law for Germany (Über die Nothwendigkeit eines allgemeinen bürgerlichen Rechts für Deutschland).

Interestingly, though desirous of enacting a uniform system of laws for the German states, Thibault opposed political unification. As part of his proposed rationalistic reconstruction, he favored discarding Roman law, “the work of a nation which was very unlike us, and from the period of the lowest decline of the same.”

Opposing a French-style code for Germany, Savigny characterized the rationalistic legal mentality as one of “infinite arrogance” and “shallow philosophy.” Law, he maintained, could not be abstractly originated by a handful of individuals at a specified moment in time, but is organically created by the people of a nation as an expression of its Volksgeist. It is a grave error to try to consciously construct an ideal, all-encompassing legal code, to which everyone is compelled to submit. He believed that intellectuals lacked the ability to construct humane, workable legal systems in such a manner.

The Volksgeist and Law

Savigny set forth his views in an epochal pamphlet, Vom Beruf unserer Zeit für Gesetzgebung und Rechtswissenschaft (1814, 2nd rev. ed. 1828) (Eng. trans., Frederick Charles von Savigny, Of the Vocation of Our Age for Legislation and Jurisprudence, Abraham Hayward trans. [London: Littlewood, 1831]) and in an introductory article to the Journal of Historical Jurisprudence (Zeitschrift für geschichtliche Rechtswissenschaft), which he co-founded. From 1815 to 1850 it served as the organ of the historical school of jurisprudence.

The German Romanticism of the early 19th century had a strong influence on Savigny’s philosophy of law. As John Henry Merryman notes:

Savigny and his followers—influenced by Kant, Hegel, and German Romanticism—opposed this [codification] effort . . . Proponents of what came to be known as the “historical school,” these scholars maintained that it would be wrong for Germany to attempt to devise a [French-style] civil code . . . In their view, the law of a people was a historically determined organic product of that people’s development, an expression of the Volksgeist. Consequently, a thorough study of the existing German law and of its historical development was a necessary prelude to codification. Since the Roman civil law as interpreted by the medieval Italian scholars had been formally received in Germany some centuries before, a thorough historical study of German law had to include Roman law and old Germanic law as well as more recent elements of the contemporary German legal system. Under the influence of Savigny and the historical school, many German scholars turned their energies to the intensive study of legal history.

. . . The result would be a reconstruction of the German legal system according to its inherent principles and features.

Savigny considered law to be an emanation of a people’s spiritual and historical experience. It “is first developed by custom and popular acceptance, next by judicial decisions—everywhere, therefore, by internal silently operating powers, not by the arbitrary will of the law-giver.” The essential prerequisite was a deep and far-reaching appreciation of the genius of a particular Volk; the prescriptive content of the law must accord with the Volksgeist.

For Savigny, German law was an expression of the Volksgeist of the German people. Law is only properly understood in the light of past and present history, and reflects the inner convictions of Volk psychology and shared moral values. The Volksgeist, constantly changing and evolving as the German people changed and evolved, drove the slow evolution of law over the course of history. Savigny believed that the Volk of every land had a similar effect on each nation’s law.

Legal institutions and values, like music, art, or language, are an indigenous expression of the culture. Savigny, like Herder, thought that there was “an organic connection of law with the being and character of the people. . . . Law grows with the growth, and strengthens with the strength of the people, and finally dies away as the nation loses its nationality.”

Again like Herder, the Volksgeist is best understood through careful examination of historical data. That is why Savigny is considered a pillar of the historical school of jurisprudence. Time and again he traced the natural history of law, its organic growth as a living thing, and indicated the processes by which it adjusted to the needs of successive generations.

Although law initially manifests through custom, as social activity and rules grow more complex a specialist body of lawyers emerges. The lawyers who formulate law for an advanced culture seve as the representatives of the Volksgeist. Combining historical knowledge of law with a conceptual, systematic understanding of how rules interrelate with one another and with the whole, jurists separate what still has validity from that which is lifeless “and only belongs to history,” arriving thereby at a “living customary law.”

Thanks in large part to Savigny’s immense influence on 19th century German law and legal scholarship, Germany proved more resistant to the influence of the French Revolution than any other civil law nation in Europe. The German jurist decisively won the codification debate, and a new German Civil Code did not emerge until 1900. When it did, its historical orientation was in marked contrast to the revolutionary and rationalistic character of the Code Napoléon. As Merryman explains:

The German Civil Code of 1896 [Bürgerliches Gesetzbuch or BGB, effective 1900] is the opposite of revolutionary. It was not intended to abolish prior law and substitute a new legal system; on the contrary, the idea was to codify those principles of German law that would emerge from careful historical study of the German legal system. Instead of trying to discover true principles of law from man’s nature, as the French did . . . the Germans sought to find fundamental principles of German law by scientific study of the data of German law: the existing German legal system in historical context.

The Volksgeist Abroad

No one who has studied the works of Nobel Prize-winning Austrian economist and philosopher Friedrich Hayek will fail to notice the parallels between his thought and Herder’s and Savigny’s. In the case of Herder to cite but one example, there are precise parallels concerning the belief in the evolution, as opposed to the conscious invention or construction, of human languages. Though Hayek did not articulate a racial or ethnic basis for his evolutionary theory, he may be profitably read as if he had by anyone who recognizes that racial universalism is incorrect and unworkable.

It is not apparent that Hayek ever read Herder, but he was familiar with Savigny. (It is too little appreciated that Hayek received a doctorate in law from the University of Vienna.) Savigny’s theories of law are in accord with Hayek’s belief that social phenomena such as language, law, the family, morality, the free market, etc., objectively are (and normatively ought to be) the “results of human action but not of human design.” To attempt conscious, rationalistic constructions in such areas of life is an error characteristic of the totalitarian mind.

Hayek traced the influence of Edmund Burke upon the German historical school, and, in the reverse direction, “In the social sciences it was through Savigny’s follower Sir Henry Maine that the evolutionary approach re-entered the English tradition.”

Indeed, the common law of the United Kingdom and the English-settled white countries was itself an unconscious expression of the Volksgeist principle. The conservative tendency of the common law stood in marked contrast to the revolutionary ideology from which the continental codes emerged.

James Coolidge Carter, a distinguished New York attorney and opponent of 19th-century American codification, was a legal theorist in the Savigny-Maine mold. He succinctly summarized the common law method as follows:

It is agreed that the true rule must somehow be found [note he says found, not made]. Judge and advocates, all together, engage in the search. Cases more or less nearly approaching the one in controversy are adduced. Analogies are referred to. The customs and habits of men are appealed to. Principles already settled as fundamental are invoked and run out to their consequences; and finally a rule is deduced which is declared to be the one which the existing law requires to be applied to the case.

Another textbook example of the Volksgeist principle in action is Scandinavia, whose legal development has been described as follows:

Legal attitudes and legislative practices among the Nordic peoples have been very similar, and highly democratic, since early times. These concepts remained largely uninfluenced by Roman law, which spread over most of the Continent. Rather, ancient tribal laws evolved pragmatically and were passed down through generations by word of mouth. When these laws were codified, starting about 1100, they were found to be common regarding principles, differing only with particular local conditions. (Norman E. Holly, “Legal and Legislative Co-operation in the Scandinavian States,” American Bar Association Journal, November 1963, p. 1089.)

Conclusion

In his civil law casebook (1994), John Henry Merryman asked (but did not answer) the question: “Does a nation have only one Volksgeist or do ethnically diverse nations have a Volksgeist for each cultural group?”

In multiracial ex-white nations, the dominant Volk, the Jews, freely express their Volksgeist through Jewish and general law, but other groups are limited by the will of the rulers. This is true even of currently favored groups like Muslims, with their Sharia law.

But oppressed whites no longer have a Volksgeist. Culture distortion simultaneously destroys both the collective life of the people and its law, which is supplanted by a rigid, racist legal positivism characteristic of contemporary totalitarian regimes.

But if we eventually regain our freedom and independence, Savigny’s Volksgeist should inform our reacquisition of law. The applicability to a racialist jurisprudence of a view of law as organically evolved over time out of the consciousness or spirit of a people is obvious.

Because biological race consists of a system of nested hierarchies, law may be adapted to any appropriate level of specificity or generality circumstances call for. At present, a higher level of racial generality than was characteristic of the old European nationalisms appears most suitable to the needs of what is ultimately likely to be a greatly diminished, ingathered population.

mardi, 31 mai 2011

Wertvollzug

 
CSjeuen.jpgWertvollzug
 
Ex: http://rezistant.blogspot.com/
 
Die Wertlehre feiert in der Erörterung der Frage des gerechten Krieges ihre eigentlichen Triumphe. Das liegt in der Natur der Sache. Jede Rücksicht auf den Gegner entfällt, ja sie wird zum Unwert, wenn der Kampf gegen diesen Gegner ein Kampf für die höchsten Werte ist. Der Unwert hat kein Recht gegenüber dem Wert, und für die Durchsetzung des höchsten Wertes ist kein Preis zu hoch. Hier gibt es dann infolgedessen nur noch Vernichter und Vernichtete. Alle Kategorien des klassischen Kriegsrechts des Jus Publicum Europaeum - gerechter Feind, gerechter Kriegsgrund, Verhältnismässigkeit der Mittel und das geordnete Vorgehen, der debitus modus - fallen dieser Wertlosigkeit hoffnungslos zum Opfer. Der Drang zur Wertdurchsetzung wird hier ein Zwang zum unmittelbaren Wertvollzug.

Carl Schmitt, Die Tyrannei der Werte, 1960.

samedi, 28 mai 2011

José Ortega y Gasset et le politique éminent

José Ortega y Gasset et le politique éminent

par Arnaud Giraud

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José Ortega y Gasset (1883-1955) vient juste après la « génération de 1898 » – Azor, Baroja, Benavente, Ruben Dario, Unamuno… -, tous ces jeunes écrivains rebelles qui aspirent à la renaissance de l’Espagne.

Il naît à Madrid dans une famille bourgeoise très impliquée dans la vie littéraire et artistique. Formé par les Jésuites, il perd la foi très tôt et suit un cursus universitaire qu’il double d’une carrière journalistique. Il rompt ses premières lances avec Miguel de Unamuno, en désaccord sur l’«essence de l’Espagne », la nature exacte du « casticisme », de l’âme espagnole. Ortega y Gasset s’ouvre à l’Europe en fréquentant les universités allemandes. Séduit dans un premier temps par le kantisme puis lecteur de Nietzche, il se rapproche des phénoménologues (Husserl) et, un peu plus tard de Heidegger, de six ans son cadet.

Ce qui nous retient ici est beaucoup moins son « ratiovitalisme » qu’il résume en un phrase : « Le vital est le concret, l’incomparable, l’unique… », moins sa métaphysique qui joue aux lisières de l’essentialisme et de l’existentialisme que son analyse spectrale du temps et de l’espace européens. Les huit volumes d’essais regroupés sous le titre « El Espectador » (Le Spectateur), les articles de la « Revista de Occidente » (1923-1936) mettent en scène la presque totalité des cultures européennes passées et présentes. Cette prolixité est servie par une érudition hors du commun, un style incisif et raffiné qui joue de l’allégorie, de la métaphore.

Théoricien et acteur de l’éducation qu’il veut soustraire à la férule cléricale, Ortega y Gasset fonde en 1913 la Ligue d’Education politique. Il s’agit d’armer la jeune génération en l’ouvrant à la modernité. La montée simultanée du communisme et du fascisme conduit Ortega y Gasset à écrire son essai le plus connu : « La Révolte des masses » (1930). C’est là une ample réflexion sur l’impact grandissant de la technique sur la « culture moderne ». Mais c’est aussi un appel aux Européens pour qu’ils relèvent le défi lancé par l’U.R.S.S. engagée dans un plan quinquennal « titanesque » pour bâtir une « énorme économie ». Avec cet avertissement :

« Si l’Europe, en attendant, persiste dans le vil régime végétatif de ces dernières années, les nerfs amollis par le manque de discipline, sans projet de vie nouvelle, comment pourrait-elle éviter l’effet de contamination d’une entreprise aussi imposante ? C’est ne pas connaître l’Européen que d’espérer qu’il puisse entendre sans s’enflammer cet appel d’un nouveau « faire » alors qu’il n’aura rien d’aussi « actif » à lui opposer. »

Engagé dans les débats qui déchirent l’éphémère république espagnole (1931-1936), Ortega y Gasset finit par s’en détacher. A titre privé, il penche pour les nationalistes puis préfère quitter l’Espagne. Il n’y revient qu’en 1945, suspect à la fois aux yeux de la dictature franquiste et de l’opposition républicaine.

La pensée politique d’Ortega y Gasset va à rebours des poncifs actuels. Trop vite définie comme libérale (après Tocqueville, avant Aron), elle repose sur une conception exigeante et même hautaine de l’Histoire :

« J’ai dit, et je le crois toujours, chaque jour avec une conviction plus énergique, que la société humaine est toujours aristocratique, bon gré, mal gré, par sa propre nature ».

Lorsqu’il ausculte l’«archétype du politique » et qu’il se penche aussi bien sur Mirabeau que sur César ou Napoléon, il est fortement conseillé aux âmes sensibles de s’écarter. Puisque, d’abord, il ne faut pas confondre l’archétype et l’idéal : « Les idéaux, ce sont les choses comme nous estimons qu’elles devraient être. Les archétypes, ce sont les choses selon leur inéluctable réalité. »

Modèle d’archétype de « politique éminent » : Mirabeau. Un mauvais sujet, certes, qui déborde d’excès et de désordres dans sa vie privée et sociale mais aussi un politique puissant et inspiré. Tout simplement parce qu’il se bat pour une politique nouvelle dont l’objectif est la monarchie constitutionnelle. En toute lucidité, parce que c’est le moins mauvais des choix. Ce « libéralisme démocratique », Mirabeau en voit « dans tout son développement futur  la futur nouvelle politique et il voit même au-delà : il voit ses limites, ses vices, sa dégénérescence et jusqu’aux moyens de la discréditer… »

Mirabeau est sans doute profondément immoral, vénal, mais le projet l’emporte sur l’homme. A Joseph-Marie Chénier (le cadet du poète guillotiné) qui proclame : « Il n’y a point de grand homme sans vertu », à Robespierre qui veut tout assujettir aux « principes immortels », Mirabeau oppose sa détermination qui ne s’embarrasse pas des moyens. Ortega y Gasset nous demande de ne pas scruter le grand homme avec le regard du valet de chambre qui en décompte les « petits vices » et toutes les « petites vertus » qui lui font défaut.

Antonio Machado, G. Marañón, José Ortega y Gasset, Ramón Pérez de Ayala

Le grand politique est tout, sauf pusillanime, il en est le contraire : C’est un « magnanime »… un homme qui a une mission créatrice : vivre et être, c’est, pour lui, faire de grandes choses, produire des œuvres de grand calibre. » Alors que « le pusillanime (…) n’a pas de mission ; vivre c’est pour lui simplement exister pour soi, se conserver soi-même, c’est aller parmi les choses qui se trouvent déjà là… »

Ortega y Gasset s’emploie à opposer le politique éminent au « petit gouvernant commun ». Le plus grand : César, paradigme du Politique, comparé à Marius, Pompée, Marc Antoine, « splendide série de fougueux animaux humains (auxquels) il manque à tous la petite flamme de Saint Elme que produit sur les cîmes la combustion de l’esprit. Aucune vision, aucune prévision chez eux. Ils sont d’énormes automates sous le poids du Destin. Le Destin ne tombe pas du dehors sur César, il est en lui, c’est lui qui le porte et qui est le Destin. »

Lorsqu’il  se penche sur l’Espagne et sur l’Europe de son temps composée de « peuples très vieux, et la vieillesse se caractérise par l’accumulation des organes morts, des matières cornées… », Ortega y Gasset ne cache pas son inquiétude. En 1927, il n’identifie pas de « politiques éminents », ni chez les successeurs de Lénine, ni le Mussolini qui pactise avec le vieil ordre social. Plus tard, au tournant du siècle, les grands tyrans lui inspirent une vive répugnance.

Pour lui, la marque du grand politique tient à sa disponibilité d’esprit lorsque, plongé en pleine tourmente, il peut encore distraire son esprit et l’ouvrir à d’autres champs de réflexion et de création. Marc Aurèle sur le limes composant ses réflexions morales, César écrivant un traité d’Analogie lorsqu’il traverse les Alpes pour conquérir la Gaule, Napoléon, en pleine retraite de Russie dictant à Caulaincourt le règlement de la Comédie française : « Quand un esprit jouit de son propre exercice et ajoute à l’allure obligée le saut luxueux – comme le muscle de l’adolescent qui complique la marche par le saut pour le pur plaisir de jouir de sa propre élasticité – ,c’est qu’il s’est complètement développé, qu’il est capable de tout comprendre. »

José Ortega y Gasset. Tabeau de Zuloaga

Lorsque Ortéga y Gasset publie, en 1930, « La Révolte des masses » il lui apparaît que les  politiques éminents se font plus rares et qu’ils cèdent la place à ceux qu’il appelle les « hommes vulgaires, les « hommes-masse » ou encore le « se?orito satisfait » qu’il dépeint ainsi :« Si l’on étudie la structure psychologique de ce nouveau type d’homme-masse (…) on y relèvera les caractéristiques suivantes : en premier lieu, l’impression originaire et radicale que la vie est facile, débordante, sans aucune tragique limitation ; de là, cette sensation de triomphe et de domination qu’éprouvera en lui chaque individu moyen, sensation qui, en second lieu, l’invitera à s’affirmer lui-même tel qu’il est, à proclamer que son patrimoine moral et intellectuel lui paraît satisfaisant et complet (…). Aussi – en dernier lieu – interviendra –t-il partout pour imposer son opinion médiocre, sans égards, sans atermoiements, sans formalités ni réserves… »

Sept ans plus tard, Ortega y Gasset préface la traduction française de « La Révolte des masses ». Il vit à l’écart de la guerre civile espagnole, n’ayant pu choisir entre la république et la junte de Burgos. Il réaffirme sa foi dans un « grand Etat national européen » mais déclare : « Les hommes d’esprit épais n’arrivent pas à concevoir une idée aussi déliée, aussi acrobatique, une idée où la pensée agile ne doit se poser sur l’affirmation de la pluralité que pour bondir sur la confirmation de l’unité, et vice versa. »

Faute d’agir, faute d’avoir vu un « politique éminent » surgir et s’imposer à l’Europe, Ortega y Gasset plaide pour un individualisme qui n’est en fait qu’une veille aristocratique, faite de « haute hygiène » et de « vie créatrice ». Une claustration factuelle non dénuée de grandeur mais qui ramenait le philosophe à sa position initiale de « spectateur ».

Armand Giraud pour Novopress France


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