dimanche, 22 février 2009
A. Moeller van den Bruck: Konservatismus hat die Ewigkeit für sich
Arthur Moeller van den Bruck: Konservatismus hat die Ewigkeit für sich
Er sagt sich, daß unser Leben nicht ausreicht, um die Dinge zu schaffen, die sich der Geist, der Wille, die Entschlußkraft eines Menschen vornimmt. Er sieht, daß wir als Menschen, die in eine bestimmte Zeit geboren werden, immer nur fortsetzen, was andere begonnen haben, und daß wiederum dort, wo wir abbrechen, andere abermals aufnehmen. Er sieht den einzelnen Menschen vergehen, aber das Ganze seiner Verhältnisse bestehen. Er sieht lange Geschlechterfolgen im überlieferten Dienste eines einzigen Gedankens. Und er sieht Nationen am Bau ihrer Geschichte.
So gibt der konservative Mensch sich eine Rechenschaft über alles, was flüchtig ist, hinfällig und ohne Bestand, aber auch über das, was erhaltend ist, und wert, erhalten zu werden. Er erkennt die vermittelnde Macht, die Vergangenes an Künftiges weitergibt. Er erkennt mitten im Seienden das Bleibende. Er erkennt das Ueberdauernde.
Und er stellt seine große und räumliche Sehweise über den kleinen und zeitlichen Gesichtspunkt.
aus: Moeller van den Bruck: Das dritte Reich. 1923.
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L'Amérique et le progrès
SYNERGIES EUROPÉENNES - ORIENTATIONS (Bruxelles) - juillet 1988
L'Amérique et le progrès
Margarita MATHIOPOULOS, Amerika: Das Experiment des Fortschritts. Ein Vergleich des politischen Denkens in den USA und Europa, Ferdinand Schöningh, Paderborn, 1987, 408 S., DM 58.
L'auteur, jeune femme de trente ans de souche grecque, avait défrayé la chronique au début de 1987. Elle avait été nommée porte-paroles de la SPD par Willy Brandt, sans être membre du parti et en passe de se marier avec un jeune cadre de la CDU. Sous la pression du parti, elle avait dû renoncer au poste que lui avait confié Brandt. Quelques mois plus tard, elle publiait son livre sur l'Amérique qui dispose des qualités pour devenir un classique du libéralisme occidental contemporain, un peu comparable au travail de Walter Lippmann (La Cité libre, 1946). Margarita Mathiopoulos ne s'interroge pas directement sur la notion et le fonctionnement de la démocratie mais aborde une autre question-clé, avec une bonne clarté d'exposé: l'idée de progrès dans la tradition politique amé-ricaine. Procédant par généalogie —ce qui constitue un gage de pédagogie— elle commence par explorer l'idée de progrès dans la philosophie européenne, de-puis l'Antiquité jusqu'à l'époque dite "moderne", où divers linéaments se téléscopent: notions antiques de progrès et de déclin, idéologèmes eschatologiques judéo-chrétiens et rationalisme progressiste. Au XXème siècle, on assiste, explique Margarita Mathiopoulos, à une totalisation (Totalisierung) du progrès chez les nazis et les communistes, dans le sens où ces régimes ont voulu réaliser tout de suite les projets et les aspirations eschatologiques hérités du judéo-christianisme et/ou de l'hédonisme hellénistique. L'échec, la marginalisation ou la stagnation des solutions "totales" font que seule demeure en course la version américaine de l'idéologie du progrès. Cette version se base sur une conception providentialiste de l'histoire ("City upon a Hill"), parfois renforcée par une vision et une praxis utilitaristes/hédonistes ("the pursuit of happiness"). Dans l'euphorie, le progressisme prend parfois des dimensions héroïques, romantiques, sociales-darwinistes ("Survival of the fittest"), à peine égratignées par le pessimisme conservateur d'un Santayana, des frères Brooks et d'Henry Adams. L'idée d'un progrès inéluctable a fini par devenir la pierre angulaire de l'idéologie nationale américaine, ce qui s'avère nécessaire pour maintenir la cohésion d'un pays peuplé d'immigrants venus chercher le bon-heur. Si elle n'existe pas sous le signe du progrès, la société américaine n'a plus de justification. L'identité nationale américaine, c'est la foi dans le progrès, démontre Margarita Mathiopoulos. Identité qui se mue, en politique extérieure, en un messianisme conquérant auquel notre auteur n'adresse aucune critique.
(Robert STEUCKERS).
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samedi, 21 février 2009
Simone Weil, la filosofia che si fa vita
Simone Weil, la filosofia che si fa vita
Dal Secolo d'Italia di martedì 3 febbraio 2009
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mardi, 17 février 2009
Les sortilèges du capitalisme et le réenchantement du monde
Les sortilèges du capitalisme et le réenchantement du monde
Trouvé sur: http://www.polemia.com/
Dans le monde moderne, « tout fonctionne et le fonctionnement entraîne toujours un nouveau fonctionnement, et la technique arrache toujours davantage l’homme à la terre (*). » écrit Heidegger (« Essais et conférences, la question de la technique »). Le principe de l’arraisonnement du monde s’autoalimente en dispositifs toujours plus techniques.
Kant avait déjà noté que la raison arraisonne. Dans le monde moderne la pensée se trouve coupée en deux, la pensée méditante, de plus en plus réduite, et la pensée instrumentale, de plus en plus envahissante. En d’autres termes, les arts mécaniques supplantent les arts libéraux. Au rationalisme qui calcule, met en coupe réglée le monde, il serait tentant d’opposer l’irrationalisme. Mais ce n’est pas ce dernier qui remédie aux maux du premier. Le problème est moins celui de la prédominance des arts mécaniques sur les arts libéraux que de leur disjonction. Le turbocapitalisme et sa logique financière relèvent plus de la magie que de la raison. C’est du coté du monde arraisonné par la technique marchandisante que se situent les sortilèges, et cela dans un processus qui a été bien été mis en lumière par Philippe Pignarre et Isabelle Stengers dans « La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement » (La Découverte, 2005).
C’est pourquoi le dépassement du capitalisme ne peut se faire que dans et par le même mouvement que celui de dépassement de l’imaginaire de la marchandise, comme l’ont montré Ludovic Duhem et Eric Verdure (« Faillite du capitalisme et réenchantement du monde, L’Harmattan », 2006). En conséquence tant de l’épuisement des ressources naturelles que, plus encore, de l’impératif de ménager les ressources humaines, Il va peut-être s’agir (« peut-être » car l’histoire est ouverte) de revenir au sens ancien du mot économie, à savoir économiser, comme le montre Bernard Perret (« Le capitalisme est-il durable ? », Carnets nord, 2008).
C’est encore Heidegger qui écrivait dans « Introduction à la métaphysique » (1935) : « Cette Europe qui, dans un incurable aveuglement, se trouve toujours sur le point de se poignarder elle-même, est prise aujourd'hui dans un étau entre la Russie d'une part et l'Amérique de l'autre. La Russie et l'Amérique sont toutes deux, au point de vue métaphysique, la même chose; la même frénésie sinistre de la technique déchaînée, et de l'organisation sans racines de l'homme normalisé.[ souligné par nous] » La disparition de la Russie soviétique comme régime économique et social rend cette réalité du déchainement sans âme de la technique asservie au profit plus nue encore. Il va falloir trouver la voie d’une réconciliation entre la raison et les techniques, hors de la toute puissance de l’argent, du court-termisme, du bougisme et de l’impératif de rentabilité immédiate. Il nous faut retrouver les deux qualités qu’Aristote (« Ethique à Nicomaque ») attribuait aux non-esclaves, les facultés de délibérer et de choisir (« to bouleutikon », la « boulè » est l’unité de base de la démocratie athénienne, c’est l’assemblée qui délibère, assemblée instituée par Solon et Clisthène), et la faculté de prévoir, l’horizon de ce que l’on souhaite (« proairesis ») – les deux étant liées, comme on le comprendra aisément, l’avenir étant fait de prévisions sur des conditions qui nous échappent en partie et d’actes qui modifient l’avenir et ses conditions mêmes.
L’historien des techniques Alain Gras relève la multiplicité des voies techniques possibles et le caractère très contestable de la notion de progrès au sens linéaire du terme. Il explique : « Ma position première est donc anti-évolutionniste y compris sur le plan de la science et de la technique ». C’est peut-être par là qu’il faut commencer.
Pierre Le Vigan
Février 2009
Correspondance Polémia
07/02/09(*) la terre ne s’entend pas au simple sens de l’éloignement du mode de vie rural bien sûr. Il s’agit de quitter le « sol » sur lequel se déploie le propre de l’homme. En ce sens ce n’est pas forcément le cosmonaute qui s’arrache plus à la terre que l’usager de clubs de vacances au bout du monde par exemple.
Pierre Le Vigan
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Leibnis, Herder, la tradition romantique
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1985
Notions philosophiques de base.
La leçon de Leibniz; les monades:
Prédécesseur de Leibniz, Christian Thomasius (1655-1728), fondateur de l'Université de Halle, développe un système éthique/philosophique, selon lequel nos croyances doivent être sanctionnées à partir de notre seule intériorité et non à partir d'une autorité extérieure. L'individu, dans ce système fondé par Thomasius, doit être capable (et donc s'efforcer) de suivre sa propre lumière, sa propre "raison". De cette vision de la nature et de l'agir humains, découle automatiquement un relativisme, donc une acception des différences qui constituent la trame du monde, une acception inconditionnelle du pluriel, de la diversité. Pour Thomasius, son système et ses retombées, comme tout autre espèce de savoir, doit déboucher sur des applications pratiques in vita civilis . Cette figure de l'histoire des idées philosophiques, dont la personne constitue le lien entre la Renaissance et les Lumières, nous lègue ici des principes clairs, une éthique de l'action: la diversité est telle et l'on ne saurait la contourner. De ce fait, nos jugements doivent se laisser diriger par une approche relativiste, non mutilante et non réductionniste du monde et des hommes. Ce relativisme doit déboucher ensuite sur un agir respectueux de ces différences qui font le monde. Indubitablement, notre volonté de donner un autre visage à l'Europe, s'inspire de cette démarche vieille de presque trois siècles. Dans notre optique, les Lumières ne constituent nullement un programme rigide, un catéchisme stérélisateur, une religion sèche de la Raison (comme avaient voulu l'instaurer les Jacobins français) mais bien plutôt l'attention au monde, le respect des créations spontanées de l'esprit et de l'histoire, la sagesse du jardinier qui harmonise, dans ses parterres, les fleurs les plus diverses... Mais cette attention doit être couplée à une vigilance, une milice spirituelle qui veille à ce que les mutilateurs de toutes obédiences, les réductionnistes de tous acabits ne viennent troubler cette splendide harmonie du monde.
Avec Leibniz, les intuitions de Thomasius, les prolégomènes que ce fondateur de l'Université de Halle a posés, s'affineront. L'orientation rationaliste de sa pensée ne l'a nullement empêché de jeter les bases de la grande synthèse organiciste que furent le Sturm und Drang et le Romantisme. Le rationalsime cartésien et spinozien descendent, chez Leibniz, au niveau des monades. Celles-ci sont chacune différente: il n'y en a pas deux d'identiques. Et chacune de ces monades acquiert continuellement un "état" nouveau. Leibniz découvre ainsi un devenir constant, un développement incessant de forces et d'énergies intérieures, une continuité ininterrompue. L'état présent d'une monade est le résultat d'un état antérieur et, par suite, tout état présent est gros de son avenir. L'univers de Leibniz, contrairement à celui de Descartes, n'est plus une somme de parties, mais un tout qui déploie ses divers aspects . Le concert international, pour nous, est également une globalité politique qui déploie, sous l'impulsion d'agirs humains, des perspectives, des possibles divers. Cette variété infinie constitue une richesse et notre humanisme veillera à ce que cette richesse ne s'épuise pas. C'est là que s'inscrit la liberté: dans la capacité de déployer collectivement un possible original, d'inscrire dans l'histoire une geste unique à côté d'autres gestes uniques. In vita civilis , pour reprendre l'expression latine de Thomasius, cette vision implique l'organisation fédéraliste des grands ensembles civilisationnels (chaque monade peut ainsi assumer son devenir sans contraintes extérieures) et le dialogue fraternel entre les diverses civilisations du globe. Dialogue d'attention et non de prosélytisme mutilant...
Herder: des monades aux peuples
Herder va dépasser Leibniz. De l'œuvre de ce dernier, Herder avait retenu l'énergie interne des monades, génératrice de devenirs spécifiques. Mais, pour Leibniz, chaque monade, activée de l'intérieur, n'avait aucune "fenêtre" extérieure, aucune ouverture sur le monde. Leibniz dépassait certes l'atomisme qui voyait des particules sans énergie intérieure, mais ne concevait pas encore des monades en interaction les unes avec les autres. Cet isolement des monades disparaît chez Herder. Dans sa vision philosophique, chaque unité (un individu ou un peuple) entre en interaction avec d'autres unités. Toute individualité singulière ou collective, loin d'être renfermée sur elle-même, dérive la conscience intérieure qu'elle possède d'elle-même de l'extérieur, c'est-à-dire du contact d'avec le monde qui l'entoure. Si ce monde était absent, cette conscience ne pourrait jamais s'éveiller. Herder nous propose ainsi une image du monde où les diverses parties constituantes sont toutes activement liées les unes aux autres au sein d'un réseau dynamique de réciprocité. Cela signifie qu'aucune individualité ne peut, dans l'univers, ni exister indépendemment du contexte de ses inter-relations ni être comprise comme en dehors de celles-ci. En restant au niveau de développement conceptuel de Leibniz, on risquait de concevoir le concert international comme un ensemble de nations repliées sur elles-mêmes et jalouses de leurs petites particularités. On risquait l'albanisation ou, pire, l'incompréhension réciproque. On risquait d'asseoir une image du monde justifiant les nationalismes ou les particularismes d'exclusion, les réflexes identitaires de rejet. Et, donc, les bellicismes stériles... Avec Herder, ce risque s'évanouit, dans le sens où la diversité est production hétérogène et incessante d'un fond de monde, rationnellement indéfinissable. Les éléments divers ont pour tâche de mettre en exergue le maximum de possibles, de "colorier" sans relâche le monde, d'échapper sans cesse à la grisaille de l'uniformité. Le respect des identités postule la solidarité et la réciprocité. En termes politiques actualisés, nous dirions que la défense des identités régionales, nationales, culturelles, civilisationnelles, etc. exige comme indispensable corollaire la solidarité inter-régionale, internationale, inter-culturelle, inter-civilisationnelle, etc.
L'objectif d'une Europe alternative serait donc de valoriser les peuples avec les productions littéraires, culturelles et politiques qu'ils forgent et de lutter contre l'arasement des spécificités qu'entament automatiquement les systèmes niveleurs, en tout temps et en tout lieu, quelle que soient d'ailleurs leurs orgines et leurs référentiels philosophiques ou idéologiques.
La tradition romantique
Le système philosophique de Herder constitue indubitablement une réaction à l'encontre d'un certain despotisme éclairé, qui ne se donnait plus pour objet, comme dans le chef d'un Frédéric II, de défendre un pays en tant que havre de liberté religieuse par tous les moyens militaires modernes, mais un despotisme éclairé, transformé par l'érosion du temps en fonctionnarisme uniformisant, en praxis de mise au pas des libertés locales. Ce despotisme, perçu sous l'angle d'une praxis générale et définitive et non plus comme praxis postulée par l'Ernstfall permanent que vit une société contestataire (la Prusse de Frédéric était le havre des Huguenots et des Protestants de Salzbourg, de bon nombre de "non conformists" britanniques et d'Israëlites, de piétistes) menacée par ses voisines conservatrices, renforce l'autocratie au lieu de l'assouplir et la justifie, en dernière instance, au nom du progrès ou de la raison, se donnant, dans la foulée, l'aura d'un "humanisme". La vision organique de Herder génère, elle, un humanisme radicalement autre. Le peuple, la population, le paysannat, chez Herder, n'est pas le "cheptel" taillable et corvéable à merci d'une machine étatique, d'un appareil de pouvoir, qui justifie son fonctionnement par référence à la raison mécaniste. L'humanisme herdérien ne nie pas la vie intérieure, le devenir créatif, de cette population, de ce peuple. La substance populaire n'est pas déterminée, dans cette optique, par des ukases venus d'en-haut, promulgués par le pouvoir de l'autocrate ou d'une oligarchie détachée du gros de la population, mais se justifie d'en-bas, c'est-à-dire au départ des phénomènes de créativité littéraire ou scientifique, économique ou religieux que suscite la collectivité, le peuple. En un mot: c'est le Travail global du peuple qui justifie, doit ou devrait justifier, son existence politique ainsi que le mode de fonctionnement qui régirait cette même existence politique.
La tradition romantique procède donc d'un recentrement ontologique, écrit le grand spécialiste français du romantisme allemand, Georges Gusdorf. Ce recentrement, Thomasius l'avait déjà tenté, en réfutant toute détermination venue de l'extérieur. Le message démocratique et identitaire du romantisme postule ipso facto un système de représentation impliquant, comme en Suisse, le référendum, la participation directe des citoyens à la défense de la Cité, l'autonomie locale (cantonale, en l'occurrence) et la neutralité armée. Ces pratiques politiques et administratives éliminent les despotismes autocratiques, oligarchiques et partitocratiques, tout en tarissant à la source les vélléités impérialistes, les visées hégémoniques et les chimères conquérantes. En outre, le recentrement ontologique romantique, in vita civilis et à l'âge de l'économisme, signifie une protection du travail local, national (au sens de confédéral) contre les manipulations et les fluctuations des marchés extérieurs. La tradition romantique nous lègue un réflexe d'auto-défense serein et harmonieux qu'oublient, nient et boycottent les idéologies missionnaires et prosélytes qui régentent le monde d'aujourd'hui et colonisent les médias, dans l'espoir d'uniformiser le monde sous prétexte de l'humaniser selon les critères de l'humanisme mécanique. La soif d'alternative passe inmanquablement par un nouveau choix d'humanisme qui, à l'absence de sens observable à notre époque de désenchantement post-moderne (c'est-à-dire postérieur aux séductions actives de l'humanisme mécaniste), reconférera au monde une surabondance de sens. Au niveau des individus comme au niveau des individualités collectives que sont les peuples, l'existence n'a de sens que si elle permet le déploiement d'une spécificité ou, mieux, une participation active, concrète et tangible à la geste humaine totale.
Robert Steuckers.
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dimanche, 15 février 2009
De la théologie politique américaine
Nikolaj-Klaus von Kreitor:
De la théologie politique américaine
«C’est un paradoxe flagrant de l’histoire de voir comment un nationalisme précis (et particulièrement puissant) se déclare non seulement “prophétique” mais aussi universel, tout en se matérialisant dans de nombreux actes d’expension ou d’interventionnisme».
Anders Stephenson*
L’éminent juriste allemand Carl Schmitt a caractérisé l’idéologie de l’expansionnisme et de l’impérialisme américains comme une théologie politique, qui est en même temps totalitaire, dogmatique et pseudo universaliste, et qui s'ingénie à faire l'équation —avec le zèle et la ferveur d’un Torquemada— entre l’intérêt international particulier des Etats-Unis et l’intérêt du genre humain.
Hans Morgenthau remarque que l’universalisme est une idéologie qui répond aux besoins de l’impérialisme et de l’expansionnisme. L’expansionnisme est sans cesse en opposition avec l’ordre international dominant et le statu quo existant. L’expansionnisme doit prouver que le statu quo qu’il cherche à vaincre mérite d’être vaincu et que la légitimité morale qui, dans l’esprit de beaucoup, est attachée aux choses telles qu'elles sont, sera finalement obligée de céder face à un principe de plus grande moralité, tout en faisant appel à une nouvelle distribution de pouvoir (1). «Jusqu’à présent, vu que les idéologies typiques de l’impérialisme utilisent des concepts de droit, elles ne peuvent faire référence de manière correcte au droit international positif, c’est-à-dire au droit international tel qu’il existe aujourd’hui. Dans le domaine du droit, c’est la doctrine du droit naturel, c’est-à-dire du droit comme il devrait être [et non pas tel qu'il est, ndt], qui répond aux besoins idéologiques de l’impérialisme… Lorsque la politique impérialiste expansionniste n’est pas dirigée contre un statu quo en particulier, fruit d’une guerre perdue, mais tend à s'accroître à l'appel d'un vide de pouvoir qui invite à la conquête, elle avance tout un arsenal d’idéologies morales / moralisantes qui ont évidemment pour corollaire de remplacer le simple appel à un “droit naturel juste” contre “un droit positif injuste” par le devoir, inévitable, de conquérir le pays récalcitrant (2).
La doctrine de la “destinée manifeste”
L’objectif principal de l’idéologie impérialiste est de faire l'équation entre les aspirations politiques d’une nation précise, d'une part, et les lois morales qui gouvernent l’univers, d'autre part; nous avons là une idéologie spécifiquement anglo-saxonne pour habiller les aspirations particulières et les actions impérialistes d'un objectif moral, qui correspondrait aux lois de l’univers. Cette idéologie a d'abord été typiquement britannique, mais elle a été perfectionnée et absoluisé par les Etats-Unis. «Le fait que savoir que les nations soient soumises à la loi morale est une chose, mais prétendre savoir avec assurance ce qui est bon et mauvais dans les relations entre les nations, est d’un autre ressort. Il y a un monde de différence entre la croyance que toutes les nations sont sous le couvert du jugement de Dieu, impénétrable au genre humain, et la conviction blasphématrice que Dieu est toujours de son côté et que ce que cette puissance alliée à Dieu veut pour elle-même ne peut pas connaître l'échec, parce que cette volonté est aussi celle de Dieu» (3).
L'exemple d'école d’un tel blasphème se retrouve dans l’assertion du Président McKinley qui affirmait que l’annexion des Philippines (et la série de massacres de civils qui s'ensuivit) était un signe de la providence divine. Cette conquête et ces massacres avaient été entrepris après que le président ait reçu un signe de la Providence. L’Amiral Dewey revendiquait le fait que la conquête des Philippines était un gage d’approbation divine. «Je devrais dire que la main de Dieu y était pour quelque chose» (4).
Les arguments avancés pour justifier la conquête des Philippines se concentraient sur des thèmes religieux. «Ces thèmes s'exprimaient par les mots devoir et destinée. Selon le premier terme, refuser l’annexion des Philippines aurait signifié omettre d'accomplir une obligation divine et solennelle. Selon le second terme, l’annexion des Philippines en particulier et l’expansion en général étaient inévitables et irrésistibles» (5); dans cette optique, l’expansionnisme impérial américain était une “destinée manifeste” sous le signe de la Providence.
Une doctrine calviniste
La doctrine calviniste devient ainsi une arme idéologique pour la guerre d’agression et l’expansionnisme. «Les victoires rapides gagnées par les forces américaines ont renforcé les positions psychologiques des impérialistes. L’impression de commettre un acte répréhensible ne se renforce que si l’action contestable est suivie de revers. Inversement, la mauvaise conscience diminue ipso facto si le projet est exécuté avec brio. L'échec s'interprète comme une punition de la Providence; mais la réussite, telle que la décrit le schéma calviniste, se perçoit comme le signe extérieur d’un état de grâce intérieur… Le «devoir», disait le Président McKinley, «détermine la destinée». Tandis que le devoir signifie que nous avons une obligation morale, la destinée signifie que nous allons certainement remplir cette obligation, que la capacité à le faire nous est inhérente. Notre histoire a toujours été une histoire ininterrompue d'expansion; notre pays était toujours parvenu autrefois à s'étendre, ainsi il était certain qu'il réussirait de la même façon dans le futur. La force d’expansion est un héritage national et “racial”, un besoin intérieur, irrésistible et profond… La Providence a été vraiment indulgente envers nous en nous procurant des réussites si fructueuses que nous commettrions un péché si nous n’acceptions pas les responsabilités que l’on nous a demandé d’assumer» (6).
L’impérialisme américain a développé une puissante théologie de l'élection. L’idée américaine d'élection historique ou providentielle, inhérente à la doctrine de la Destinée Manifeste, a fait en sorte que Dieu et la géopolitique fusionnent en un tout parfaitement instrumentalisable; la doctrine procure ainsi la «légitimité» à la conquête et l’expansionnisme.
Un charabia moraliste et religieux
Le charabia moral et religieux de la doctrine de la Destinée Manifeste, tellement américain dans son sens primitif profond, est facile à évacuer car elle n'est qu'un bric-à-brac idéologique. Malgré sa nature de bric-à-brac, cet abominable bricolage est devenu l'assise de la théologie politique et de la politique étrangère américaines. L’expansionnisme impérialiste se voyait élevé au rang d’obligation positive, au rang de devoir. Plus l’expansionnisme était impitoyable, plus on le justifiait par une approbation divine. La volonté des impérialistes américains était d’égaler la volonté de Dieu. L’impérialisme est devenu «une vertu dérivée de l’appel de Dieu». Rester en deçà équivalait à «rejeter la guidance divine». Le Sénateur Albert J. Beveridge déclara un jour que «Dieu n’a pas passé son temps pour rien durant un millier d’années à préparer les peuples anglophones pour qu'ils ne se livrent à rien d'autre qu'une vaine et ridicule auto-contemplation et auto-admiration. Non! Il a fait de nous les maîtres-organisateurs du monde pour établir des systèmes ordonnés là où régnait le chaos. Il a fait de nous des virtuoses de la bonne gouvernance pour que nous puissions, le cas échéant, gérer la politique chez les peuples sauvages et les peuples séniles» (7).
Pris dans la spirale du destin
Le thème de la destinée était un corollaire du thème du devoir. A maintes reprises, on a déclaré que l’expansion était le résultat d’une «tendance cosmique», que «c’était le destin», que c’était «la logique inexorable des événements», etc. La doctrine qui affirme que l’expansion est inévitable a bien sûr été longtemps familière aux Américains; nous savons ô combien la Destinée Manifeste a été invoquée au cours du 19ième siècle. Albert Weinberg souligne, toutefois, que cette expression prend un nouveau sens dans les années 90. Auparavant, destinée signifiait, dans son sens premier, que l’expansion américaine, quand on le voulait, pouvait être contrecarrée par d'autres qui pouvaient se mettre en travers de notre chemin. Au cours des années 90, le sens de cette notion de “Destinée Manifeste” a légèrement évolué; elle finit pas vouloir signifier que “les Américains ne pouvaient pas, par leur propre volonté, refuser cette expansion”, car ils étaient pris, qu'ils le veuillent ou non, dans la spirale du destin. Nous faisions montre d'une certaine réticence. Ce n’était pas tout à fait ce que nous voulions faire; c’était ce que nous devions faire. Notre politique agressive se voyait implicitement définie comme obligatoire, comme le fruit, non pas de nos propres envies, mais d’un besoin objectif (ou de la volonté de Dieu) (8). La destinée a toujours eu une destination, et la destination correspondait à l’expansionnisme géopolitique; ainsi la source de l’impérialisme américain était le désir de Dieu donné aux élus pour destinée.
La mythologie politique de la Doctrine de Monroe
Kenneth M. Coleman définit le corollaire politique (et géopolitique) de la doctrine de la Destinée Manifeste, soit la doctrine Monroe, comme une mythologie politique : «Une mythologie politique a émergé parmi les Nord-Américains pour justifier la réalité de leur hégémonie dans les Amériques. La doctrine Monroe constitue un exemple quasi paradigmatique de la création d'un mythe politique accompagnant la création de l’empire américain. Il apparaissait nécessaire, à l'époque, de trouver une sorte de véhicule rhétorique par lequel on puisse suggérer non pas une intention expansionniste, mais une auto-abnégation… Dès ses débuts, la doctrine Monroe a été un artifice rhétorique conçu pour réconcilier les valeurs affirmées, c'est-à-dire celles qui évoquent le désintéressement et l'abnégation des Américains, avec leurs intentions expansionnistes réelles qui visent à réaliser leurs intérêts stratégiques et économiques majeurs. Ainsi la première caractéristique dans la définition d'une mythologie politique est son actualité… L’hégémonie, tout comme l’Empire, postule la création d’une mythologie légitimante… Dans le cas d'un Empire, la mythologie doit faire raisonner les Américains comme suit : «Nous vous dirigeons parce qu’il est dans votre intérêt que ce soit nous qui le fassions»… Dans le cas d'une hégémonie, la mythologie doit générer la croyance que les relations existantes sont bénéfiques aux partenaires et que ceux qui ne les perçoivent pas comme telles sont malavisés ou intrinsèquement mauvais...» (9).
Le message normatif de la Doctrine de Monroe
La mythologie politique, qui sous-tend les diverses formes d'hégémonie, se distingue des autres mythologies, dans le sens où elle nie l’existence de la domination politique et économique. Elle est similaire à la mythologie de l’impérialisme parce qu'elle affirme que les relations existantes sont justes, appropriées, inévitables, ou défendables de manière sur le plan des normes… La doctrine Monroe renferme un message normatif… qui dit que les causes actuelles, défendues par l'Amérique, sont justes, moralement défendables, et en accord avec les plus grands principes d’un ordre politique supérieur à d’autres ordres politiques (10) et que l’impérialisme américain sert un but moral plus élevé, celui de la Destinée Manifeste laquelle a été préalablement fixée par Dieu lui-même. Kenneth M. Coleman cite Salvador de Madariaga qui décrit la nature de la doctrine Monroe selon les termes suivants: «Je sais seulement deux choses à propos de la doctrine Monroe: l’une est qu’aucun Américain que j’ai rencontré ne sait ce que c’est; l’autre est qu’aucun Américain que j’ai rencontré ne consentirait à ce que l'on tergiverse à son propos… J’en conclus que la doctrine Monroe n’est pas une doctrine mais un dogme… pas un seul dogme, mais bien deux, à savoir: le dogme de l’infaillibilité du Président américain et le dogme de l’immaculée conception de la politique étrangère américaine» (11).
Les intérêts des Etats-Unis sont les intérêts de l'humanité toute entière
Croire que les Américains sont un peuple choisi par Dieu, pour amorcer une expansion sans fin, était inhérent tant à la doctrine de la Destinée Manifeste qu'à la doctrine de Monroe. «Le terme qui a servi à prendre ce sens de moral, du moins sur le plan de l’expansion géographique, est celui de “Destinée Manifeste”; il révèle la certitude calviniste avérée : Dieu révélera au monde ceux qui assureront Sa grâce et les rendra prospères». Si les Etats-Unis représentent la Terre Promise du Peuple Choisi, alors « il est absolument impossible de concevoir une situation dans laquelle les intérêts du genre humain ne sont pas tout à fait identiques à ceux des Etats-Unis. En faisant montre d'une telle présomption, l’opposition à la Destinée Manifeste (des Etats-Unis) n’était pas une simple opposition politique —elle ne représentait pas une quelconque différence d’opinion et se posait plutôt comme une hérésie, en révolte contre les gens choisis par Dieu lui-même… Si les autorités des Etats-Unis —les autorités choisies par les gens favorisés par Dieu lui-même— étaient en faveur d'une politique donnée, alors critiquer la justice ou la moralité de cette politique s'avérait moralement impossible» (12).
Dans cette optique, il faut se souvenir de la conclusion de Werner Sombart qui disait que «le calvinisme est la victoire du judaïsme sur la chrétienté» et que «l’Amérique est la quintessence du judaïsme». L’immoralité politique de la doctrine de la “Destinée Manifeste”, l’expansionnisme géopolitique, sous la forme d'une conquête de territoires, telle que la revendique la doctrine de Monroe, et l’impérialisme économique, tel qu'il se manifeste sous la forme de la politique des “portes ouvertes” (Open Doors Policy), deux options qui ont été fusionnées par la suite sous la dénomination de “wilsonisme” (Doctrine de Wilson), sont en fait des traductions simplistes et malveillantes de la vieille immoralité talmudique, repérable dans l'histoire.
Carl Schmitt a souligné que la transformation de la doctrine de Monroe, à partir d’un Grossraum ("grand espace") concret, en un principe universel, c’est-à-dire la “théologisation” d’un impérialisme américain spécifique et particulier, en une doctrine mondialiste universelle, qui doit inéluctablement déboucher sur une puissance-monde unique et absolument dominante, une “Capital Power”, laquelle “servirait” les intérêts du genre humain. Cette transformation d'un impérialisme particulier en un mondialisme sans alternative est aussi le commencement de la “théologisation” des objectifs politiques étrangers américains (13). Ce processus de “théologisation” a débuté au cours de la présidence de Théodore Roosevelt, mais le Président Woodrow Wilson fut le premier à élever la doctrine de Monroe au rang d'un principe mondial, à véritablement “mondialiser” une doctrine qui, auparavant, était censée se limiter au seul hémisphère occidental, panaméricain. Dans la moralité calviniste, talmudique et axée sur la Prédestination de Woodrow Wilson, l'idée-projet de la domination mondiale de l'Amérique devient la substance même de son plaidoyer pour une doctrine de Monroe à appliquer au monde entier.
L'immoralité foncière de Wilson le “moraliste”
Un cas à mentionner : le slogan américain de la «Destinée Manifeste» a servi à accroître l'aire d'application de la doctrine de Monroe par le biais du principe de l'autodétermination des peuples qu’a utilisé le Président Wilson lors de la Conférence de Paix de Paris (Versailles), pour accroître de fait —et subtilement— les sphères d'influence anglo-saxonne et pour créer un Cordon Sanitaire autour de l’Allemagne et de la Russie Soviétique en Europe, un Cordon Sanitaire composé d’Etats tampons. Évidemment, le Président Wilson, dans son empressement à faire valoir en Europe le droit à l’autodétermination, n’a jamais dénoncé la doctrine de Monroe qui incarnait, à son époque, dans l'hémisphère américain, la négation absolue de ce droit qu’il proclamait au bénéfice des petits peuples des anciens môles impériaux d'Europe centrale et orientale. En fait, ce qu’il a voulu dire en parlant du droit à l'autodétermination était clairement démontré en 1914 déjà, lorsque l’Amérique, renversant le gouvernement élu au Mexique, a bombardé la ville mexicaine de Vera Cruz, tuant ainsi des centaines de civils. Après le bombardement qui, par la suite, a conduit à la chute du gouvernement mexicain et à l’installation d’un fantoche à la solde des Etats-Unis, le Président Wilson, en mettant l’accent sur la soi-disant identité entre la politique américaine et la justice universelle, a convaincu le monde que «les Etats-Unis ont renversé le pouvoir mexicain pour rendre service à l'humanité» (14) (sic!). Le Président Wilson croyait sincèrement au rôle providentiel, désigné par Dieu, des Etats-Unis pour diriger le monde.
Aujourd’hui, si l’on regarde la situation de la Yougoslavie, on peut constater qu’une fois encore le principe pseudo-universel du droit à l’autodétermination a été utilisé comme un moyen idéologique pour renverser un statu quo existant, via un règlement frontalier en Europe, alors que les frontières européennes avaient été définitivement reconnues et acceptées comme telles par les Accords d’Helsinki. De même, ce fameux droit à l'autodétermination, inventé jadis par Wilson, a servi à légitimer les atrocités musulmanes lors de la guerre en Bosnie d’abord, puis celles, innommables, des bandes armées islamistes, terroristes et mafieuses des Albanais du Kosovo; en fait, ces bandes d'irréguliers musulmans sont l’équivalent européen des “Contras” du Nicaragua, armés, entraînés et subsidiés par les Etats-Unis. L'Europe est désormais traitée de la même manière que les anciennes républiques latino-américaines.[ndt : Pire, dans le cas de la Bosnie et du Kosovo, les dirigeants des principales puissances européennes ont applaudi et participé à ces horreurs, en posant, via les relais médiatiques, les assassins bosniaques et albanais comme des héros de la liberté ou des défenseurs des droits de l'homme].
Quand l'Allemagne hitlérienne reprenait à son compte les concepts forgés par Wilson
Ironie historique : l’Allemagne nazie avait emprunté, en son temps, de nombreux concepts idéologiques venus d'Amérique. Ainsi, l’Allemagne nazie fondait ses requêtes pour réviser le statu quo du Traité de Versailles, d'abord sur le principe d’égalité que le Traité de Versailles avait violé. Les juristes allemands ont pris conscience que le droit international en place n’était rien d’autre que l’universalisation de l’hégémonie anglo-saxonne, et, partant, la “théologisation” de l’intérêt national américain en particulier. Ces juristes allemands se sont donc mis à parler d’un nouveau droit international qui servirait l’intérêt national allemand, comme le droit en place servait les intérêts nationaux américains. Ce nouveau droit, favorable aux intérêts allemands, utiliserait également le concept d'un “nouvel ordre mondial juste” destiné à justifier l’expansionnisme germanique et à préparer le renversement du statu quo international, qui s'était établi après la guerre de 14-18.
Les principes de bases de la théologie politique américaine peuvent se résumer comme suit:
◊ a) L’intérêt national des Etats-Unis s'universalise dans le but de devenir l’intérêt universel du genre humain ou de la communauté internationale. Par conséquent, l’expansionnisme impérialiste américain est alors vu comme un avancement de la race humaine, une promotion de la démocratie, luttant contre le totalitarisme, etc. Les intérêts américains, le droit international, et la moralité internationale deviennent équivalents. Ce qui sert les intérêts américains est posé, avec une incroyable effronterie, comme des actes visant ou poursuivant les desseins de la morale et du droit, dans tous les cas de figure (15).
Délégitimer les intérêts nationaux des autres pays
b) Par conséquent, l’universalisation de l’intérêt national américain, sa légitimation transnationale —une façade allant au-delà de toutes les légitimités concrètes— conduit à délégitimer les intérêts nationaux des autres pays. A travers la doctrine de Monroe, les pays latino-américains se voyaient refuser l'expression de leurs intérêts nationaux, du moins ceux qui différaient de ou s'opposaient à l’intérêt national américain. Quoi qu'il en soit, une analyse historique objective montre clairement que l’intérêt national authentique des pays latino-américains s'opposent, en règle générale et par nécessité, à l’intérêt national des Etats-Unis. L’effet de la doctrine de Monroe était que les pays latino-américains cessent d’exister politiquement, en devenant des protectorats et des nations captives au sens propre du terme.
c) Avec le Pacte Briand-Kellog, les Etats-Unis amorcèrent l'étape suivante dans la globalisation de leur théologie politique. Les guerres menées au départ d’intérêts nationaux différents de ceux des Etats-Unis se voyaient étiquetées comme des “guerres d'agression”, tandis que les guerres agressives menées par les Etats-Unis étaient considérées comme des “guerres justes”. Les réserves émises par les Etats-Unis quant au Pacte de Kellog revêtent une importance particulière : les Etats-Unis se réservent le droit d’être seuls juges de ce qui constitue une guerre d’agression. La doctrine américaine de reconnaissance et de non-reconnaissance des Etats est également significative : les Etats-Unis se réservent le droit d’être les seuls juges pour décider quel Etat doit être reconnu ou non et quels sont les motifs qui les amènent à reconnaître un Etat ou non. Ces motifs équivalent à l’intérêt national des Etats-Unis. Pour voir à quels dangers et quelle absurdité grotesque, cette équivalence peut mener s'observe dans l’exemple historique de la non-reconnaissance par les Etats-Unis de la Chine après 1949, alors qu'ils reconnaissaient le régime fantoche de Tchang Kai Tchek, qu'ils avaient installé et qu'ils contribuaient à maintenir. Les Etats-Unis ont utilisé leur doctrine de non-reconnaissance, bloquant l’admission de la Chine aux Nations Unies, dans le but précis de saboter les Nations Unies et aussi pour s’assurer, par cet artifice, deux sièges au Conseil de Sécurité des Nations Unies, la Chine de Tchang Kai Tchek leur étant dévotement inféodée.
d) L’utilisation idéologique du concept de guerre —et les principes de reconnaissance et de non-reconnaissance— mène également à la déshumanisation médiatique des adversaires de l'Amérique : l'ennemi n'est plus un ennemi qui défend à égalité ses intérêts nationaux, mais un paria international.
e) La conséquence finale du développement de la théologie politique américaine est l’identification du droit international —le Droit des Nations— avec le système de l’impérialisme américain. La source de ce droit international n'étant, dans un tel contexte de "nouvel ordre mondial", plus rien d'autre que la volonté géopolitique et stratégique des Etats-Unis. Un tel "droit international" (?) n’est vraiment plus le Droit des Nations, au sens classique et habituel du terme, mais bien le droit du pays le plus fort, l’incarnation de l’hégémonie et de l’expansionnisme américains. L’intérêt national des Etats-Unis reçoit un statut d'universalité dans le "nouvel ordre mondial" et passe pour représenter l’intérêt de la communauté internationale. En outre, les Etats-Unis eux-mêmes deviennent un sujet omnipotent et transnational, s'universalisent, sans cesser d'être eux-mêmes et rien qu'eux-mêmes, représentant sans médiation la communauté mondiale tout entière.
Les autres Etats n'existent plus que comme entités non politiques
La théologie politique américaine est incompatible en soi, non seulement avec le principe de l’égalité des Etats et avec celui de leur souveraineté individuelle, mais aussi avec toute organisation qui se prétend être une organisation internationale réelle comme les Nations Unies. Dans le "nouvel ordre mondial", les Etats ne peuvent exister que comme entités non-politiques; les prérogatives de toute instance politique et territoriale concrète et réelle, telle que nous les trouvons énumérées et définies dans et par la terminologie de Carl Schmitt, sont réservées uniquement aux Etats-Unis, de même que le droit y afférent, de les exercer. Et une organisation internationale ne peut exister que si elle n'est plus rien d'autre qu'un équivalent fonctionnel de l'Organisation des Etats Américains (OAS), c’est-à-dire qu'une telle organisation internationale ne peut plus être autre chose qu'une façade multilatérale pour légitimer le désir hégémonique américain. L’historien britannique Edward Hallet Carr remarque, dans son livre, The Twenty Years' Crisis - 1919-1939, publié à l’origine en 1939, que, juste un peu avant l’entrée des Etats-Unis dans la première guerre mondiale, dans un discours au Sénat sur les objectifs de la guerre, le Président Wilson expliquait que les Etats-Unis, jadis, avaient été «fondés pour le bien de l’humanité» (16) (sic!). Wilson affirmait catégoriquement: «Ce sont des principes américains, ce sont des politiques américaines… Ce sont les principes du genre humain et ils doivent prédominer» (17). Carr souligne que «les déclarations de ce personnage viennent essentiellement d’hommes d’Etat anglo-saxons et d'écrivains. Il est vrai, ajoute Carr, que lorsqu’un national-socialiste important certifiait que «tout ce qui est profitable au peuple allemand est juste, tout ce qui fait du mal au peuple allemand est mauvais», il proposait quasiment la même équation entre l’intérêt national et le droit universel, équation qui avait déjà été établie par Wilson pour les pays de langue anglaise».
Les deux explications de Carr
Carr a donné deux explications alternatives à ce processus d'universalisation de l’intérêt national particulier. La première explication se retrouve fréquemment dans la littérature politique des pays continentaux : elle avance que les peuples de langue anglaise sont de vieux maîtres dans l’art de concevoir leurs intérêts nationaux égoïstes comme l'expression pure et simple du bien général, et que ce genre d’hypocrisie est une particularité spéciale et caractéristique de la façon de penser des Anglo-Saxons. La seconde explication était plus sociologique : les théories sur la moralité sociale sont toujours le produit d’un groupe dominant, qui s’identifie d'emblée à la communauté prise dans son ensemble et qui possède des moyens que ne possèdent pas les groupes ou individus subordonnés pour imposer leur point de vue sur la vie dans la communauté. Les théories de la moralité internationale sont, pour les mêmes raisons et en vertu du même processus, le produit des nations hégémoniques et/ou des groupes de nations dominantes. Durant les cent dernières années, et plus particulièrement depuis 1918, les nations de langue anglaise ont formé le groupe dominant dans le monde; les théories actuelles de la moralité internationale ont été choisies par eux pour perpétuer leur suprématie et se sont généralement d'abord exprimées dans l’idiome qui leur est propre (18).
Le vocabulaire de l'émancipation
Autre aspect important de la théologie politique : la pratique de mythifier et d'idéaliser l’expansionnisme américain pour en faire une moralité internationale universelle. Quelles sont les caractéristiques de la mythologie universaliste? C’est de transformer la signification de la réalité politique classique (ndt : aristotélicienne et nationale-étatique) pour n'en faire qu'une illusion chimérique, de facture répressive, et, en conséquence, de neutraliser et de délégitimer le langage politico-étatique (national) ou tout acte de résistance contre l'universalisme américain. En d’autres termes, la mythologie politique de facture universaliste consiste toujours à confisquer le réel, à l'éliminer et l'évacuer. Dans ce contexte, le langage articulé de l'ère étatique nationale, ou les actes de résistance, affirmés par ceux qui refusent cette logique universaliste, offrent peu de résistance, car leur contenu se voit neutralisé par la théologie politique universaliste. Pour paraphraser Roland Barthes (19), la théologie politique est expansive; elle s’invente elle-même sans cesse. Elle tient compte de tout; de tous les aspects des relations internationales, de la diplomatie, du droit international. Les pays opprimés ne sont rien : ils ne produisent qu'un langage, le cas échéant, celui de leur émancipation, or cette émancipation a déjà été délégitimée à l'avance. L’oppresseur, en l'occurrence les Etats-Unis, sont tout, leur langage politico-théologique a été élevé au rang de dogme. En d’autres termes, dans le cadre de la théologie politique, les Etats-Unis ont le droit exclusif de produire le méta-langage qui vise à pérenniser l’hégémonie américaine. La théologie politique, en tant que mythe, nie le caractère empirique de la réalité politique; ainsi la résistance à cette théologie hégémonique doit viser à recréer et à émanciper la réalité empirique.
Un méta-langage qui accepte pour argent comptant les slogans de la propagande
Durant la marche en avant de l’expansionnisme américain, déjà tout entière contenue dans la doctrine de Monroe et dans ses nombreuses extensions, en particulier durant la Guerre Froide avec sa justification idéologique, on pouvait lire dans des documents tels le NSC-68, qu'une destruction et une idéologisation du langage politique devaient s'accomplir et l'ont été. L’histoire de la Guerre Froide a débouché sur le fait que les Américains anglophones sont tombés dans le jargon propagandiste de l'ancienne idéologie et pratique panaméricaines, avec sa propension à accepter pour argent comptant les slogans, les simplifications, les mensonges et les clichés pompeux tels que le "totalitarisme", la "défense de la démocratie", le "péril rouge", etc.
L’expansionnisme américain et les machinations coloniales d’une Amérique perfide ont précisément inclus de force des sémantèmes nouveaux dans le langage, des sémantèmes dont Washington avait besoin pour exprimer ou camoufler vaille que vaille sa sauvagerie, déguisée en universalisme au service du genre humain; l'objectif préventif est de délégitimer toute résistance potentielle et légitimer à l'avance la conquête et l’hégémonie. Les Etats-Unis ont imposé une subversion planétaire du langage et c'est sur la base de cette gigantesque falsification que l’Amérique contemporaine a été éduquée.
Un gigantesque mur de mythes
Pour paraphraser George Steiner, les dirigeants de l’Amérique construisent entre l’esprit américain et la réalité empirique un gigantesque "mur de mythes". Au fur et à mesure, les mots ont perdu leur sens originel et ont acquis les contenus sémantiques propres de la théologie politique universaliste, manipulée par Washington. Le langage est devenu une falsification générale, à tel point qu'il n’est plus capable de saisir ou d’exprimer la vérité. Les mots sont devenus des instruments de mensonge et de désinformation, des convoyeurs de fausseté, servant à bétonner l’hégémonie. «Le langage n’était pas seulement infecté par ces colossales bêtises, il était sommé d'imposer les innombrables mensonges [de la propagande]» (20), d’endoctriner et de persuader les Américains que les nombreux actes visant à mettre des nations entières hors jeu, ainsi que le droit international, que les agressions militaires et les crimes de guerre en Corée, au Vietnam et, plus récemment, au Panama et en Irak, ont servi la cause des grands principes "humanitaires". La subversion du langage par la théologie politique américaine fait en sorte que la vérité empirique ne puisse plus être dite, et érige un mur de silence et de mensonge, qui a pour résultat inattendu l’effondrement de la langue anglaise, héritée de l'histoire, au profit du jargon panaméricain, pure fabrication récente. Et lorsque la langue « a été piquée de mensonges, seule la vérité la plus crue peut la purifier» (21).
Des torrents de parlottes moralisantes
Il est un phénomène américain très étrange que l’on ne retrouve pas en Europe : un Homme de Dieu —d’ordinaire un prêtre— qui s’avère charlatan. Eh bien, dans l’arène politique, après la fin de la première guerre mondiale, le Président Wilson était un de ces "Hommes de Dieu" qui voilait l’expansionnisme américain par des torrents de parlottes moralisantes. Pour Wilson, les Etats-Unis détenaient un rôle, que leur avait dévolu la Providence, celui de diriger le monde. Le wilsonisme était l’origine et la personnification du totalitarisme américain universaliste. A présent, dans l’après-Guerre Froide et l’après-Yalta, nous avons affaire à un nouveau Wilson, un petit Wilson, soit le Président Clinton, qui, à son tour, réveille le torrent de parlottes moralisantes de son prédécesseur; lui aussi se pose comme "Homme de Dieu", et a pris sa place dans la course à l’expansionnisme universaliste, de facture néo-wilsonienne, en utilisant la même vieille notion de Destinée Manifeste et la même théologie politique, cette fois sous les oripeaux du "nouvel ordre mondial". Mais une fois de plus, les concepts de la théologie politique universaliste américaine se dévoilent pour ce qu'ils sont : l’opium de la communauté internationale.
Nikolaj-Klaus von KREITOR.
(http://mid.diplomat.ru/wwwb/main/messages/1220.html... ; trad. fr. : LA).
notes :
*Anders Stephenson Manifest Destiny. American expansion and the Empire of Right (Hill and Wang, New-York, 1995).
(1) Hans J. Morgenthau, Politics Among Nations (Alfred A. Knopf, New-York, 1948) p. 64.
(2) Hans J. Morgenthau, Politics Among Nations, ibid., p. 65.
(3) Hans J. Morgenthau, Politics Among Nations, aux éditions Stanley Hoffman; Contemporary Theory in International Relations (Prentice Hall, Inc, Englewood Cliffs, 1960) p. 61.
(4) Louis A. Coolidge, An Old Fashioned Senator: Orville H. Platt (New-York, 1910) p. 302.
(5) Richard Hofstadter, The Paranoid Style in American Politics (The University of Chicago Press, Chicago, 1965) p. 174.
(6) Richard Hofstadter, ibid. pp. 175, 176, 177.
(7) Claude G. Bowers, Beveridge and the Progressive Era (New-York, 1932)
p. 121.
(8) Richard Hofstadter, ibid. p. 177.
(9) Kenneth M. Coleman, The Political Mythology of the Monroe Doctrine:Reflection on the Social Psychology of Domination, pp. 99, 100, 110
(10) M. Coleman, ibid. pp. 97, 103.
(11) M. Coleman, ibid. p. 102. Coleman quotes after Salvado de Madariaga Latin America Between the Eagle and th eBear (Praeger, New-York, 1962) p. 74
(12) Coleman, ibid. pp. 105, 109.
(13) Carl Schmitt, Grossraum gegen Universalismus in Position und Begriffe im Kampf mit Weimar-Genf-Versailles 1923-1939 (Duncker & Humblot, Berlin, 1988) pp. 295-303.
(14) Edward Hallet Carr, The Twenty Year’s Crisis 1919-1939 (Harper Torchbooks, New-York, 1964) p. 78; aussi R.S. Baker Public Papers of Woodrow Wilson: The New Democracy.
(15) Voir sur ce sujet: Kenneth W. Thompson, Toynbee and the Theory of International Poitics, aux editions Hoffman, Contemporary Theory in International Relations, ibid., p. 97.
(16) Editions R. S. Baker, Public Papers of Woodrow Wilson: The New Democracy pp. 318-319.
(17) Edward Hallet Carr, The Twenty Year Crisis, ibid. p. 79; aussi Toynbee, Survey of International Affairs, 1936, p. 319.
(18) Edward Hallet Carr, ibid., pp. 79, 80.
(19) Roland Barthes, Mythologies (Hill and Wang, New-York, 1987) pp. 131, 148, 149.
(20) Georg Steiner, A Reader, (Oxford University Press, New-York, 1984), p. 212.
(21) Georg Steiner, ibid. p. 219.
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samedi, 14 février 2009
Wat maakt een leger onoverwinnelijk?
Wat maakt een leger 'onoverwinnelijk'?
Algemeen wordt aangenomen dat het leger van de Verenigde Staten van Amerika het sterkste leger ter wereld is. De VS is “de” leidende macht inzake de ontwikkeling en toepassing van de nieuwste en modernste bewapening, tactieken en opleiding. Toch slaagt het sterkste leger ter wereld er niet in om een “boeren”-leger als dat van de Taliban in Afghanistan te verslaan. Integendeel zelfs, de Taliban is na al die jaren er enkel nog sterker uit gekomen. Toch beschikt de Taliban naar schatting over gevoelig minder troepen dan de coalitiestrijdkrachten die toch meer dan superieur bewapend zijn. Hoe is het mogelijk dat het meest technologische leger van de wereld hier niet kan zegevieren?
00:25 Publié dans Militaria | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : armées, théorie politique, défense, stratégie, sociologie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 12 février 2009
De demoligarchie
De demoligarchie
Geplaatst door yvespernet op 7 februari 2009
Opmerking
Eergisteren had ik geen bericht geplaatst en het kan goed zijn dat er op 8 februari 2009 er ook geen zal zijn. Daarom dit langere bericht om te compenseren. Uiteraard is dit geen diepgaande analyserende tekst en kunnen er nog fouten in staan (zowel spellingsfouten als inhoudelijke). Ook is ze niet volledig aangezien ik bv de rol van dingen als godsdienst in het behoud van het systeem niet noem. Dit misschien in een latere tekst.
Constructieve kritiek is dan ook altijd meer dan welkom.
De demoligarchie
Over het ontstaan van de democratie zijn ondertussen al halve bibliotheken volgeschreven. Sommige beweringen, vooral uit Amerikaanse hoek, hebben vaak een emotionele kijk op de geschiedenis. En dan zeker wanneer het neerkomt op het ontstaan van de democratie. Zo heb ik het genoegen gehad om in een documentaire van History Channel te mogen vernemen dat Sparta een geboorteplek was van de democratische en vrije samenleving. Heel het bestaan van de helotenklasse, de pseudo-eugenetische keuring van kinderen, het barakkenbestaan, etc… wordt compleet genegeerd. Laten we dan ook met wat minder emotie naar het ontstaan van de democratie kijken.
De democratie is in mijn ogen, maar wie ben ik natuurlijk, een staatsvorm die zijn wortels heeft in de nood aan een legitimatie van private belangen door de brede bevolking. Het is vanuit dat standpunt om het huidige systeem geen democratie, maar een demoligarchie te noemen. Wanneer de brede bevolking zich keert tegen de private belangen van een persoon of een groep kunnen die immers verloren gaan. Om direct te gaan roepen en tieren dat dit slecht is en dat zulke systemen in het verleden kwaadaardig waren, is echter ook te ver gaan. We mogen nooit dingen als het cultureel en historisch kader vergeten. Waarom werden er vroeger geen vraagtekens gesteld bij het nastreven van de belangen van oligarchen? Heel simpel, omdat mensen niets anders gewoon waren en omdat de democratie van toen net een verbetering was tegenover het systeem ervoor.
Voorbeelden van oligarchische belangen vinden we genoeg in de klassieke republieken. De Romeinse republiek waarbij de macht in handen was van enkele machtige families en waarbij private economische belangen werden nagestreefd vanuit de Senaat. Of “recenter” denken we maar aan het kolonialisme waarbij de staat moest ingrijpen om private belangen in Afrika na te streven. Vanuit dat opzicht is het duidelijk dat de economische onderbouw de politieke bovenbouw bepaalt. Dit is in het verleden zo geweest, het is in het heden ook zo en zal dat ook in de toekomst zo zijn. Ook de stabiliserende factor van de staat is nooit verdwenen geweest. Zo was het beschermen van handelaren in de Romeinse republiek (met als achterliggend doel het beschermen van handelsbelangen) een zaak van nationaal belang voor simpele redenen. Private belangen gingen verloren, er werd verlies gemaakt en dus werd dit voorgesteld als een nationaal belang om zo de massa te mobiliseren. Als men immers ronduit ging zeggen dat een familie verlies begon te maken en dat daardoor oorlog moest worden gevoerd, met alle gevolgen van dien (platgebrande akkers, doden, plunderingen, etc…), zou het niet lang duren of de verantwoordelijken zouden worden afgezet.
Maar ook de huidige verzogings- en subsidiestaat dient momenteel als stabiliserende factor. De staat koopt hiermee sociale onrust af. Als West-Europeaan krijgen wij vele sociale voorzieningen, die ik trouwens niet in twijfel trek, maar ik wens de achterliggende redenering van sommige politici te geven, die ervoor zorgen dat de meerderheid zwijgt. Op hetzelfde moment zorgt de staat ervoor dat de belangen van een kleine economische elite worden gediend aangezien die belangen nauw verweven zijn met de staat. Het gebruik van gemeenschapsgeld om banken te redden, die o.a. door dwaze avonturen in problemen zijn geraakt en dreigen de halve economie mee te sleuren. Ook vele huidige oorlogen moet men zien als conflicten tussen economische elites. Het conflict in Noord-Kivu kan men bv bekijken als het eeuwige geweld in Afrika, of men kan het ook eens economische bekijken. De Congolese staat had besloten om een Chinees bedrijf te grondstoffen te laten ontginnen i.p.v. bedrijven met Rwandese verbindingen. Handig toch dat direct daarna een Rwandees-gezinde krijgsheer opstaat in die regio en die gebieden inpalmt. Nkunda werd echter wat hebberig met zijn dreigement om heel Kongo over te nemen en hij zit nu in een Rwandese cel. Of laten we gewoon maar kijken naar de miljoenenwinst die bedrijven als Blackwater, die recent zijn buitengesmeten, in Irak hebben gemaakt.
Verzet tegen de demoligarchie?
Men zou denken dat de massa zich zou verzetten tegen dit nastreven van belangen. Specifiek doel ik daarmee op de werkende massa; de arbeiders en bedienden. Het probleem is echter dat hun belangenorganisaties (ABVV, ACV en ACLVB, al blijf ik heel het principe van een liberale vakbond enorm raar vinden) mee deel uit maken van deze demoligarchie. Ze klagen wel over de uitwassen van het systeem en zullen ageren tegen enkel gevolgen ervan, maar op geen enkel moment zullen zij de oorzaken aanpakken. Het beleid van de vakbonden tegenover vreemdelingen en migratie is er bv één dat neerkomt op dweilen met de kraan open. Op geen enkel moment durven zij te stellen dat de meeste vreemdelingen naar hier worden gehaald door werkgevers om prijzen te drukken en om in een economische slavernij gestoken te worden. Dat hun cultuur hier voor conflicten zorgt, zorgt er op zich dan weer voor dat de brede massa te verdeeld zal zijn om zich tegen de hogere klasses af te zetten. Door het open-armen-beleid dat sommige vakbondsmensen menen uit te dragen, werken zij echter volop de heersende klasse in de hand.
Maar is dit niet bewust? Vakbondsleiders zullen strijdvaardig zijn als militanten, zodra zij echter de top bereiken is het al een gans ander verhaal. Antoon Roossens, die we niet direct kunnen verdenken van zeer rechtse sympathiëen, stelde het reeds in 1981: “[...] zij (de vakbonden) voert die strijd strikt binnen het kader van de wetten van de kapitalistische economie en van de burgerlijke staat, die geen van beide in vraag worden gesteld. [...] De organisaties die spreken en handelen in naam van de arbeidersklasse, streven niet op een bewuste, systematische en coherente wijze naar de verovering van de politieke macht. [...] Zij beperken hun streven tot die objectieven die haalbaar zijn binnen het bestaande economische en politieke bestel. Niet alleen ondergaan zij de hegemonie van de heersende klasse, zij streven er zelfs niet naar deze te betwisten of in vraag te stellen.” (uit “De Vlaamse Kwestie; ‘pamflet’ over een onbegrepen probleem“, uitgegeven bij Kritak in 1981, p.73).
Radikaal-links probeert soms wel eens, maar zit al snel vast in hun typische gefocus op het Vlaams Belang en daaraan gekoppeld beginnen ze ook al te vaak over migratie. Ook gaan zij uit van een idealistische wereldbeeld waarbij dé arbeider bestaat en culturele verschillen er amper toe doen. Zij pleiten wel voor multicultuur, maar weigeren op die manier ook de eigenheid van elke cultuur te erkennen. Zolang de linkerkant niet stopt met “antifascistisch” en “progressief” als belangrijkste punten uit te dragen, zullen zij op geen enkel moment een alternatief kunnen bieden. Zij stellen immers slechts zelden het systeem an sich in vraag en verkiezen platte retoriek, over zaken die slechts gevolgen zijn van een systeem, boven kritiek op en actie tegen het systeem zelf. Het zal dus van de rechterkant moeten komen, en om exact te zijn van de volksnationalistische solidaristische kant.
Uitgangspunten van een rechtse kritiek
De volksnationalistische solidaristen zijn uiteraard geen marxisten en nog minder zijn we liberalen. We worden door socialisten graag als rechts beschouwd, de liberalen noemen ons dan weer links. Laten we het dan maar houden op het radikale centrum, al gebruik ik hierboven voor het gemak even de term rechts. Als we in opstand wensen te komen tegen het systeem, dienen we eerst dit systeem te analyseren vanuit een paar standpunten;
- het huidige systeem dient om een kleine economische elite aan de macht te houden;
- de taalgrens is in de Brusselse salons ook een sociale taalgrens;
- de kapitalistische samenleving beschouwt identiteit als een manipuleerbaar en verkoopbaar iets;
- de gemiddelde mens wenst enkele steunpunten van stabiliteit in zijn of haar leven, wij moeten dan ook zorgen voor een maatschappelijke stabiliteit. De huidige economie is echter een achtbaan die enorme hoogtes kent, maar ook zorgt voor enorme duiken;
- waar volkeren elkaar raken en gedwongen worden om samen te leven in een staat waar ze zich cultureel en historisch niet meer kunnen verbinden, ontstaan conflicten. Daarom is het nodig om staatsgrenzen en volksgrenzen te doen samenvallen.
Willen wij dus werkelijk iets veranderen, dienen wij een beweging te zijn die niet enkel vecht tegen de gevolgen van het systeem, maar ook tegen de kern ervan. Het ontbinden van de Belgische staat, het buitensmijten van de Belgische kapitalistische elite zonder die gewoon in te ruilen voor een “Vlaamse”, het omvormen van de economie naar een vraageconomie i.p.v. een aanbod economie met als doel het afbouwen van de overproductiementaliteit van bedrijven, het zijn maar enkele dingen die dienen te gebeuren. Het is dus tijd voor een nieuw soort beleid, een Vlaams, sociaal en nationaal beleid. En er is meer dan ooit nood aan een beweging om de politici die het moeten waarmaken te controleren en waar nodig actie te voeren om onze eisen door te drukken.
We moeten ons immers hoeden om België niet in te ruilen voor een mini-België dat toevallig de naam Vlaanderen zou dragen.
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vendredi, 06 février 2009
Big Business as a Supporter of Anti-Racism
Big Business as a supporter of anti-racism
Noam Chomsky
This is one of the most insightful passages on the issue of race. How ironic that a left-anarchist is far more honest about the question than self-styled "conservatives" in this country.
It also sheds light on the fact of why establishment conservatives are "anti-racists" who say that "race doesn't matter." To the plutocracy, a human being is not a creature with a mind, a culture, or any kind of identity, but simply a unit of production and consumption. Therefore race naturally "doesn't matter" to those who think in strictly economic terms.
Because of that, Multinational corporations are usually amongst the biggest supporters of anti-racism you will find anywhere. Its important to understand the link between late capitalism and antiracism, how we went from being producer to consumer societies. Late capitalism is a grossly inefficient economic system. It produces far more junk than anyone can possible consume. So it sets out in search of new markets. In fact, the advertising industry is constantly creating new markets from scratch, simply by creating needs where they previously did not exist before. And this is another one of the big reasons there is so much emphasis on 'diversity' and 'tolerance' these days. Business likes to create all sorts of fetishes and lifestyles in order to create new markets. Also, the vast majority of potential consumers in this world are non-Europeans. Western markets are typically highly saturated as well. Businesses are targeting and appealing to this demographic.
Incidentally, this is what unites the capitalist and the marxist mindset. Far from being polar opposites, both rely on the same simplistic model of "economic man" divorced for culture and history. As such, both capitalism and Communism are united not so much by being inhumane, but by being inhuman.
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Question: Professor Chomsky, one issue where I've noticed that activists get kind of a good press in the United States -- and it seems out of sync with what we usually see -- is coverage of people protesting South African apartheid (official system of racial segregation and white supremacy, the legal basis for which was largely repealed in 1990-91). I'm wondering if you have any ideas why coverage of that might be a bit more positive.
"I think you're right: anti-apartheid movements in the United States do get a pretty good press -- so when some mayor or something demonstrates against South Africa, there's usually kind of a favorable report on it. And I think the main reason is that Western corporations themselves are basically anti-apartheid by this point, so that's going to tend to be reflected in the media coverage.
See, South Africa had been going through an internal economic transformation, from a society based on extractive industry to one based on industrial production -- and that transformation has changed the nature of international interests in South Africa. As long as South Africa was primarily a society whose wealth was based on extracting diamonds, gold, uranium and so on, what you needed were large numbers of slaves, basically -- people who would go down into the mines and work for a couple years, then die and be replaced by others. So you needed an illiterate, subdued population of workers, with families getting just enough income to produce more slaves, but not much more than that -- then either you sent them down in to the minds, or you turned them into mercenaries in the army and so on to help them control others. That was traditional South Africa. But as South Africa changes to an industrial society, those needs also are beginning to change: now you don't need slaves primarily, what you need is a docile, partially educated workforce.
Something similar happened in the United States during our industrial revolution, actually. Mass public education was introduced in the United States in the nineteenth century as a way of training the largely rural workforce here for industry -- in fact, the general population in the United States largely was opposed to public education, because it meant taking kids off the farms where they belonged and where they worked with their families, and forcing them into this setting in whcih they were basically trained to become industrial workers. That was a part of the whole transformation of American society in the nineteenth century, and that transformation is now taking place for the black population in South Africa -- which means for about 85 percent of the people there. So the white South African elites, and international investors generally, now need a workforce that is trained for industry, not just slaves for the mines. And that means they need people who can follow instructions, and read diagrams, and be managers and foremen, things like that -- so slavery is just not the right system for the country anymore, they need to move towards something more like what we have in the United States. And it's pretty much for that reason that the West has become anti-apartheid, and that the media will therefore tend to give anti-apartheid movements a decent press.
I mean, usually political demonstrations get very negative reporting in the United States, not matter what they're for, because they show that people can do things, that they don't just have to be passive and isolated -- and you're not supposed to have that lesson, you're supposed to think that you're powerless and can't do anything. So any kind of public protest typically won't be covered here, except maybe locally, and usually it will get very negative reporting; when it's protest agaisnt the policies of a favored U.S. ally, it always will. But in the case of South Africa, the reporting is quite supportive: so if people go into corporate shareholder meetings and make a fuss about disinvestment [withdrawing investments from South Africa to pressure its government], generally they'll get a favorable press these days.
Of course, its not that what they're doing is wrong -- what they're doing is right. But they should understand that the reason they're getting a reasonably favorable press right now is that, by this point, business regards them as its troops -- corporate executives don't really want apartheid in South Africa anymore. It's like the reason that business was willing to support the Civil Rights Movement in the United States. American business had no use for Southern apartheid, in fact it was bad for business.
See, capitalism is not fundamentally racist -- it can exploit racism for its purposes, but racism isn't built into it. Capitalism basically wants people to be interchangable cogs, and differences among them, such as on the basis of race, usually are not functional. I mean, they may be functional for a period, like if you want a super exploited workforce or something, but those situations are kind of anomalous. Over the long term, you can expect capitalism to be anti-racist -- just because its anti-human. And race is in fact a human characterstic -- there's no reason why it should be a negative characteristic, but it is a human characteristic. So therefore identifications based on race interfere with the basic ideal that people should be available just as consumers and producers, interchangable cogs who will purchase all the junk that's produced -- that's their ultimate function, and any other properties they might have are kind of irrelevent, and usually a nuisance."
[Noam Chomsky, Understanding Power: The Indispensable Chomsky (New York: The New York Press, 2002), pp.88-89]
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mardi, 03 février 2009
Jean Thiriart: prophète et militant
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1993
Jean THIRIART: Prophète et militant
Dott. Carlo TARRACCIANO
«J'écris pour une espèce d'hommes qui n'existe pas encore, pour les Seigneurs de la Terre...»
(F. Nietzsche, La Volonté de puissance).
La disparition soudaine de Jean Thiriart a été pour nous comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, pour nous, militants européens qui, au cours de plusieurs décennies successives, ont appris à apprécier ce penseur de l'action, surtout depuis son retour à la politique active, après bon nombre d'années d'«exil intérieur» où il a médité et reformulé ses positions antérieures.
A plus forte raison, sa mort nous a surpris, nous, ses amis italiens qui l'avions connu personnellement lors de son voyage à Moscou en août 1992, où nous formions de concert une délégation ouest-européenne auprès des personnalités les plus représentatives du Front du Salut National. Ce front, grâce aux travaux de l'infatigable Alexandre DOUGUINE, animateur mystique et géopolitique de la revue Dyenn (Le Jour), a appris à connaître et à estimer bon nombre d'aspects de la pensée de Thiriart et les a diffusés dans les pays de l'ex-URSS et en Europe orientale.
Personnellement, j'ai l'intention, dans les lignes qui suivent, d'honorer la mémoire de Jean Thiriart en soulignant l'importance que sa pensée a eue et a toujours dans notre pays, l'Italie, dès les années 60 et 70 et dans le domaine de la géopolitique. En Italie, sa réputation repose essentiellement sur son livre, le seul qui ait véritablement donné une cohérence organique à sa pensée dans le domaine de la politique internationale: Un Empire de 400 millions d'hommes, l'Europe, édité par Giovanni Volpe en 1965, il y a près de trente ans.
Trois années seulement venaient de se passer depuis la fin de l'expérience française en Algérie. Cet événement dramatique fut la dernière grande mobilisation politique de la droite nationaliste, non seulement en terre de France, mais dans d'autres pays d'Europe, y compris en Italie. Les raisons profondes de la tragédie algérienne n'ont pas été comprises par les militants anti-gaullistes qui luttaient pour l'Algérie française. Ils n'ont pas compris quels étaient les enjeux géopolitiques de l'affaire et que les puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale entendaient redistribuer les cartes à leur avantage, surtout les Etats-Unis.
Combien de ces militants de l'Algérie française ont-ils compris, à cette époque-là, quel était l'ENNEMI PRINCIPAL de la France et de l'Europe? Combien de ces hommes ont-ils compris intuitivement que, sur le plan historique, la perte de l'Algérie, précédée de la perte de l'Indochine, tout comme l'effondrement de tout le système vétéro-colonial européen, étaient des conséquences directes de la défaite militaire européenne de 1945? Ce fut en effet non seulement une défaite de l'Allemagne et de l'Italie, mais aussi de l'EUROPE ENTIERE, Grande-Bretagne et France comprises. Pas une seule colonie de l'ancien système colonial qui ne soit devenue à son tour sujette d'une forme nouvelle, plus moderne et plus subtile, d'impérialisme néo-colonialiste.
En méditant les événements de Suez (1956) et d'Algérie, les «nationaux-révolutionnaires», comme ils s'appelaient eux-mêmes, finirent par formuler diverses considérations et analyses sur les conséquences de ces deux affaires tragiques, considérations et analyses qui les différenciaient toujours davantage des «droites classiques» de notre après-guerre, animées par un anti-communisme viscéral et par le slogan de la défense de l'Occident, blanc et chrétien, contre l'assaut conjugué du communisme soviétique et des mouvements de libération nationaux des peuples de couleur du tiers monde. En un certain sens, le choc culturel et politique de l'Algérie peut être comparée à ce que fut, pour la gauche, l'ensemble des événements d'Indochine, avant et après 1975.
La vieille vision de la politique internationale était parfaitement intégrée à la stratégie mondiale, économique et géopolitique de la thalassocratie américaine qui, avec la guerre froide, avait réussi à recycler les diverses droites européennes, les fascistes comme les post-fascistes (ou du moins prétendues telles), en fonction de son projet géostratégique de domination mondiale. Le tout pour en arriver aujourd'hui au «Nouvel Ordre mondial», déjà partiellement avorté et qui semble être la caricature inversée et satanique de l'«Ordre Nouveau» eurocentré de mouture hitlérienne.
La Nouvelle Droite française, pour ne donner qu'un exemple, a commencé son cheminement au moment des événements d'Algérie pour entamer une longue marche de révision politique et idéologique, qui a abouti au voyage récent d'Alain de Benoist à Moscou, étape obligatoire pour tous les opposants révolutionnaires d'Europe au système mondialiste. La démarche a donc été faite par de Benoist, en dépit de ses rechutes et de ses reniements ultérieurs, appuyés par quelques-uns de ses plus minables affidés, lesquels n'ont évidemment pas encore compris pleinement la portée réelle de ces rencontres entre Européens de l'Ouest et Russes au niveau planétaire et préfèrent se perdre dans de stériles querelles de basse-cour, qui n'ont d'autres motivations que personnelles, relèvent de petites haines et de petits hargnes idiosyncratiques. Dans ce domaine comme tant d'autres, Thiriart avait déjà donné l'exemple, en opposant aux différences naturelles existant entre les hommes et les écoles de pensée l'intérêt suprême de la lutte contre l'impérialisme américain et le sionisme.
Pour revenir à l'Italie, nous devons nous rappeler la situation qui régnait en cette lointaine année 1965, quand a paru l'œuvre de Thiriart: les forces national-révolutionnaires, encore intégrées au Mouvement Social Italien (MSI), étaient alors victimes d'un PROVINCIALISME vétéro-fasciste, provincialisme cyniquement utilisé par les hiérarques politiques du MSI, complètement asservis à la stratégie des Etats-Unis et de l'OTAN (une ligne politique qui sera par la suite suivie avec fidélité, même au cours de la brève parenthèse de la gestion «rautiste», soi-disant inspirée des thèses national-révolutionnaires de Pino Rauti, gestion qui a appuyé l'intervention des troupes italiennes en Irak, aux côtés de l'US Army).
Les chefs de cette droite collaborationniste utilisaient les groupes révolutionnaires de la base, composés essentiellement de très jeunes gens, pour créer des assises militantes destinées, en ultime instance, à ramasser les voix nécessaires à envoyer au parlement des députés «entristes», devant servir d'appui aux gouvernements réactionnaires de centre-droit. Et tout cela, bien sûr, non dans l'intérêt de l'Italie ou de l'Europe, mais seulement dans celui de la puissance occupante, les Etats-Unis. Et une fois de plus, nous avons affaire à un petit nationalisme centralisateur et chauvin, utilisé au profit d'intérêts étrangers et cosmopolites!
C'était aussi le temps où l'extrême-droite était encore capable de mobiliser sur les places d'Italie des milliers de jeunes qui réclamaient que Trente et Trieste soient et restent italiennes, ou pour commémorer chaque année les événements de Hongrie de 1956! Mai 68 était encore loin, semblait s'annoncer à des années-lumière de distance! La droite italienne, dans ses prospections, ne voyait pas que cette «révolution» s'annonçait. Dans un tel contexte humain et politique, vétéro-nationaliste, provincial et, en pratique, philo-américain (qui débouchera ensuite dans la farce pseudo-golpiste de 1970, qui aura pour conséquence, au cours de toute la décennie, les tristement célèbres «années de plomb», avec leur cortège de crimes d'Etat), l'œuvre de Jean Thiriart fit pour un grand nombre de nationalistes l'effet d'une bombe; un choc électrique salutaire qui mit l'extrémisme nationaliste botté face à des problématiques qui, certes, n'étaient pas neuves, mais avaient été oubliées ou étaient tombées en désuétude. Aujourd'hui, nous ne pouvons donc pas ne pas tenir compte des effets politiques pratiques qui découlèrent de la pensée de Thiriart, même si ces effets, dans un premier temps, ont été fort modestes. Disons qu'à partir de la publication du livre de Thiriart, la thématique européenne est devenue petit à petit le patrimoine idéal de toute une sphère qui, dans les années suivantes, développera les thématiques anti-mondialistes actuelles.
Sans exégération, nous pouvons affirmer que c'est vers cette époque que se sont développés les thèmes de l'Europe-Nation, d'une lutte anti-impérialiste qui ne soit pas de «gauche», de l'alliance géostratégique avec les révolutionnaires du tiers monde. L'adoption de ce thème est d'autant plus étonnante et significative quand on sait que l'aventure de Jeune Europe a commencé par une lutte contre le FLN algérien. Thiriart avait, sur ce plan, changé complètement de camp, sans pour autant changer substantiellement de vision du monde, lui qui, quelques décennies auparavant, avait quitté les rangs de l'extrême-gauche belge pour adhérer à la collaboration avec le III° Reich germanique, sans pour autant perdre de vue le facteur URSS. Ces acrobaties politico-idéologiques lui ont valu les accusations d'«agent double», toujours aux ordres de Moscou!
En Italie, la section italienne de Jeune Europe (Giovane Europa) est rapidement mise sur pied. Malgré l'origine politique de la plupart des militants, Giovane Europa n'avait aucune filiation directe avec Giovane Italia, l'organisation étudiante du MSI (copiée à son tour de la Giovine Italia de Mazzini au 19° siècle); au contraire, Giovane Europa en était pratiquement l'antithèse, l'alternative contraire. Si bien qu'une fois l'expérience militante de «Giovane Europa» terminée, la plupart de ses militants se sont retrouvés dans le Movimento Politico Ordine Nuovo (MPON), opposé à la ligne politique prônant l'insertion parlementaire, comme le voulaient les partisans de Pino Rauti, retournés dans les rangs du MSI d'Almirante.
Si l'on tient compte du rôle UNIQUE qu'a joué la pensée de Julius Evola sur les plans culturel et idéologique en Italie, on ne doit pas oublier non plus que Jean Thiriart a impulsé, pour sa part, une tentative unique de rénovation des forces nationales dans ces années-là et dans les années qui allaient venir. Même un Giorgio Freda a reconnu lui-même ses dettes, sur le plan des idées, envers le penseur et le militant belge.
Autre aspect particulier et très important du livre Un Empire de 400 millions d'hommes, l'Europe, c'est d'avoir anticipé, de plusieurs décennies, une thématique fondamentale, revenue récemment dans le débat, notamment en Russie, grâce aux initiatives d'Alexandre Douguine et de la revue Dyenn, et en Italie, grâce aux revues ORION et AURORA: la GEOPOLITIQUE.
La première phrase du livre de Thiriart, dans la version italienne, est dédiée justement à cette science essentielle qui a pour objets les peuples et leurs gouvernements, science qui avait dû subir, dans notre après-guerre, un très long ostracisme, sous prétexte d'avoir été l'instrument de l'expansion nazie! Accusation pour le moins incongrue quand on sait qu'à Yalta les vainqueurs se sont partagés les dépouilles de l'Europe et du reste du monde sur base de considérations proprement géopolitiques et géostratégiques. Thiriart en était parfaitement conscient, en écrivant son premier chapitre, significativement intitulé «De Brest à Bucarest. Effaçons Yalta»: «Dans le contexte de la géo-politique et d'une civilisation commune, ainsi qu'il sera démontré plus loin, l'Europe unitaire et communautaire s'étend de Brest à Bucarest». En écrivant cette phrase, Thiriart posait des limites géographiques et idéales à son Europe, mais bientôt, ils dépassera ces limites, pour arriver à une conception unitaire du grand espace géopolitique qu'est l'EURASIE.
Une fois de plus, Thiriart a démontré qu'il était un anticipateur lucide de thèmes politiques qui ne mûrissent que très lentement chez ses lecteurs, du moins certains d'entre eux...
Mais il n'y a pas que cela!
Conjointement au grand idéal de l'Europe-Nation et à la redécouverte de la géopolitique, le lecteur est obligé de jeter un regard neuf sur les grands espaces de la planète. Ce fut un autre mérite de Thiriart d'avoir dépasser le traumatisme européen de l'ère de la décolonisation et d'avoir recherché, pour le nationalisme européen, une alliance stratégique mondiale avec les gouvernements du tiers monde, non asservis aux impérialismes, en particulier dans la zone arabe et islamique, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Il est vrai que ceux qui découvrent la géopolitique, ne peuvent plus faire autrement que de voir les événements du monde sous une lumière nouvelle, prospective.
Et c'est dans un tel contexte, par exemple, qu'il faut comprendre les nombreux voyages de Thiriart en Egypte, en Roumanie, etc., de même que ses rencontres avec Chou en Lai et Ceaucescu ou avec les leaders palestiniens. Partout où il était possible de le faire, Thiriart cherchait à tisser un réseau d'informations et d'alliances planétaires dans une perspective anti-impérialiste. Par ailleurs, notons tout de même que la révolution cubaine, avec son originalité, exerçait de son côté sa propre influence.
Avec son style synthétique, presque télégraphique, Thiriart lui-même avait tracé dans ses textes les lignes essentielles de la politique extérieure de la future Europe unie:
«Les lignes directives de l'Europe unitaire:
avec l'Afrique: symbiose
avec l'Amérique latine: alliance
avec le monde arabe: amitié
avec les Etats-Unis: rapports basés sur l'égalité».
Mise à part l'utopie qu'était son espoir en des rapports égaux avec les Etats-Unis, on notera que sa vision géopolitique était parfaitement claire: il voulait de grands blocs continentaux et était très éloigné de toute vision étriquée d'une petite Europe «occidentale et atlantique» qui, comme celle d'aujourd'hui, n'est plus que l'appendice oriental de la thalassocratie yankee, ayant pour barycentre l'Océan Atlantique, réduit à la fonction de «lac intérieur» des Etats-Unis.
Bien sûr, aujourd'hui, après l'aventure politique de Thiriart, certaines de ces options géopolitiques, dans le milieu «national», pourraient sembler évidentes, voire banales, pour les uns, simplistes et intégrables pour d'autres. Mais mis à part le fait que tout cela n'est guère clair pour l'ensemble des «nationaux» (il suffit de penser à certaines résurgences racistes/biologistes et anti-islamiques d'un pseudo-néo-nazisme, utilisées et instrumentalisées par la propagande américaine et sioniste dans un but anti-européen), nous ne nous lasserons pas de répéter qu'il y a trente ans, cette option purement géopolitique de Thiriart, vierge de toutes connotations racistes, était très originale et courageuse, dans un monde bipolaire, opposant en apparence deux blocs idéologiques et militaires antagonistes, dans une perspective de conflictualité «horizontale» entre Est et Ouest et sous la menace de l'anéantissement nucléaire réciproque, surtout pour les «alliés» des deux puissances majeures en Europe.
Nous pouvons affirmer aujourd'hui que si bon nombre d'entre nous, en Italie, en sont arrivés progressivement à dépasser cette fausse vision dichotomique de la conflictualité planétaire, et cela bien avant l'effondrement de l'URSS et du bloc soviétique, c'est dû en bonne partie à la fascination qu'ont exercée les thèses que propageait Thiriart à l'époque, à ses intuitions géniales.
Effectivement, on peut parler de «génialité», en politique comme dans tous les autres domaines du savoir humain, quand on PRE-VOIT et que l'on EX-POSE (du latin exponere, poser en dehors, mettre en exergue ou en évidence) des faits ou des événements qui sont encore occultés, méconnus, peu clairs pour les autres et qui ne se dégagent de leur phase occulte que graduellement pour n'advenir au monde en pleine lumière que dans un futur plus ou moins lointain.
Sur ce chapitre, nous voulons simplement rappeler les assertions de Thiriart relatives à la dimension géopolitique du futur Etat européen, consignées dans le chapitre (10, §1) intitulé «Les dimensions de l'Etat européen. L'Europe de Brest à Vladivostock» (pp. 28 à 31 de l'éd. franç.): «L'Europe jouit d'une grande maturité historique, elle connaît désormais la vanité des croisades et des guerres de conquêtes vers l'Est. Après Charles XII, Bonaparte et Hitler, nous avons pu mesurer les risques de pareilles entreprises et leur prix. Si l'URSS veut conserver la Sibérie, elle doit faire la paix avec l'Europe — avec l'Europe de Brest à Bucarest, je le répète. L'URSS n'a pas et aura de moins en moins la force de conserver à la fois Varsovie et Budapest d'une part, Tchita et Khabarovsk d'autre part. Elle devra choisir ou risquer de tout perdre» (les caractères italiques sont dans le texte).
Plus loin: «Notre politique diffère de celle du général De Gaulle parce qu'il a commis ou commet trois erreurs:
- faire passer la frontière de l'Europe à Marseille et non à Alger;
- faire passer la frontière du bloc URSS/Europe sur l'Oural et non en Sibérie;
- enfin, vouloir traiter avec Moscou avant la libération de Bucarest» (p. 31).
A la lecture de ces deux brefs extraits, on ne peut plus dire que Jean Thiriart manquait de perspicacité et de prévoyance! Or ces phrases ont été écrites, répétons-le, à une époque où les militants sincèrement européistes, même les plus audacieux, parvenaient tout juste à concevoir une unité européenne de Brest à Bucarest, c'est-à-dire une Europe limitée à la plate-forme péninsulaire occidentale de l'Eurasie; pour Thiriart, elle ne représentait déjà plus qu'une étape, un tremplin de lancement, pour un projet plus vaste, celui de l'unité impériale continentale. Qu'on ne nous parle plus, dès lors, des droites nationalistes, y compris celles d'aujourd'hui, qui ne font que répéter à l'infini leur provincialisme, sous l'oeil bienveillant de leur patron américain.
Il y a trente ans déjà, Thiriart allait plus loin: il dénonçait toute l'absurdité géopolitique du projet gaulliste (De Gaulle étant un autre responsable direct de la défaite de l'Europe, au nom du chauvinisme vétéro-nationaliste de l'Hexagone) d'une Europe s'étendant de l'Atlantique à l'Oural, faisant sienne, du même coup, cette vision continentale absurde, propre aux petits professeurs de géographie, qui trace sur le papier des cartes une frontière imaginaire à hauteur des Monts Ourals, qui n'ont jamais arrêté personne, ni les Huns ni les Mongols ni les Russes.
L'Europe se défend sur les fleuves Amour et Oussouri; l'Eurasie, c'est-à-dire l'Europe plus la Russie, a un destin clairement dessiné par l'histoire et la géopolitique en Orient, en Sibérie, dans le Far East de la culture européenne, et ce destin l'oppose au West de la civilisation américaine du Bible and Business. Quant à l'histoire des rencontres et des confrontations entre les peuples, ce n'est rien d'autre que de la GEOPOLITIQUE EN ACTE, tout comme la géopolitique n'est rien d'autre que le destin historique des peuples, des nations, des ethnies et des empires, voire des religions, en PUISSANCE. En passant, nous devons ajouter que la conception de Jean Thiriart, pour autant qu'elle ait été encore liée aux modèles «nationalistes» influencés par la France révolutionnaire, était finalement plus «impériale» qu'impérialiste. Il a toujours refusé, jusqu'à la fin, l'hégémonie définitive d'un peuple sur tous les autres.
L'Eurasie de demain ne sera pas plus russe qu'elle ne sera mongole, turque, française ou germanique: car quand tous ces peuples ont voulu exercer seuls leur hégémonie, ils ont échoué. Echecs qui devraient nous avoir servi d'enseignement.
Qui pouvait, il y a trente ans, prévoir avec autant de précision la faiblesse intrinsèque de ce colosse militaro-industriel qu'était l'URSS, qui semblait à l'époque lancée à la conquête de toujours plus de nouveaux espaces, sur tous les continents, en âpre compétition avec les Etats-Unis qu'elle allait bientôt dépasser?
Avec le temps, finalement, tout cela s'est révélé un gigantesque bluff, un mirage historique probablement fabriqué de toutes pièces par les forces mondialistes de l'Occident pour maintenir les peuples dans la servitude, avec, à la clef, un chantage constant à la terreur. Tout cela pour manipuler les peuples et les nations de la Terre au bénéfice de l'intérêt stratégique suprême, unique, posé comme seul «vrai»: celui de la superpuissance planétaire que sont les Etats-Unis, base territoriale armée du projet mondialiste. En fin de compte, pour parler le langage de la géopolitique, c'est la «politique de l'anaconda» qui a prévalu, comme la définissait hier, avec les mêmes mots, le géopoliticien allemand Haushofer, et la définissent aujourd'hui les géopoliticiens russes, à la tête desquels officie le Colonel Morozov; les Américains et les mondialistes cherchent toujours à éloigner le pivot territorial de l'Eurasie de ses débouchés potentiels sur les mers chaudes, avant de grignoter petit à petit le territoire de la «tellurocratie» soviétique. Le point de départ de cette stratégie de grignotement: l'Afghanistan.
Jean Thiriart avait déjà mis en lumière, dans son livre de 1965, les raisons brutes et crues qui animaient la politique internationale. Ce n'est pas un hasard, d'ailleurs, que l'un de ses modèles était Machiavel, auteur du Prince.
Certes, nous diront les pessimistes, si le Thiriart analyste de la politique a su anticiper et prévoir, le Thiriart militant, organisateur et chef politique du premier modèle d'organisation transnationale européiste, a failli. Soit parce que la situation internationale d'alors n'était pas encore suffisamment mûre (ou pourrie), comme nous le constatons aujourd'hui, soit parce qu'il n'y a pas eu de «sanctuaire» de départ, comme Thiriart l'avait jugé indispensable. En effet, il a manqué à Jeune Europe un territoire libre, un Etat complètement étranger aux conditionnements imposés par les superpuissances, qui aurait pu servir de base, de refuge, de source d'approvisionnement pour les militants européens du futur. Un peu comme le fut le Piémont pour l'Italie.
Toutes les rencontres de Thiriart au niveau international visaient cet objectif. Toutes ont échoué. Réaliste, Thiriart a renoncé à l'engagement politique, au lieu de reprendre son discours et d'attendre que l'occasion se représente, et même une meilleure occasion, celle d'avoir un grand pays auquel il aurait pu proposer sa stratégie: la Russie. Le destin de ce citoyen belge de naissance mais Européen de vocation a été étrange: il a toujours été «hors du temps», surpris par les événements. Il les a toujours prévus mais a toujours été dépassé par eux.
Sa conception de la géopolitique eurasienne, sa vision qui désigne GLOBALEMENT les Etats-Unis comme l'ennemi OBJECTIF absolu, pourraient être perçues comme les indices d'un «visionarisme» illuminé, freiné seulement par un esprit rationnel cartésien, et rationalisé en ultime instance.
Son matérialisme historique et biologique, son nationalisme européen centralisateur et totalisant, sa fermeture à l'endroit de thématiques écologiques et animalistes, ses positions personnelles face aux spécificités ethno-culturelles, son hostilité de principe à tout pathos religieux, son ignorance de toute dimension métapolitique, son admiration pour le jacobinisme de la Révolution française, pierre d'achoppement pour bon nombre d'anti-mondialistes francophones: tout cela constituait des limites à sa pensée et des résidus de conceptions vétéro-matérialistes, progressistes et darwiniennes, de plus en plus éloignées des choix culturels, religieux et politiques contemporains, chez les hommes et les peuples engagés, dans toute l'Eurasie et dans le monde entier, dans la lutte contre le mondialisme. Les idées «rationalistes», que Thiriart faisait siennes, au contraire, ont été l'humus culturel et politique sur lequel le mondialisme a germé au cours des siècles passés. Ces aspects de la pensée de Thiriart ont révélé leurs limites, pendant les derniers mois de son existence, notamment lors des colloques et conversations de Moscou en août 1992. Son développement intellectuel semblait s'être définitivement arrêté à l'époque de l'historicisme linéaire et progressiste, avec sa mythologie d'un «avenir radieux pour l'humanité».
Une telle vision rationaliste ne lui permettait pas de comprendre des phénomènes aussi importants que le réveil islamique ou le nouveau «mysticisme» eurasiste russe, ainsi que leur projections politiques d'une teneur hautement révolutionnaire et anti-mondialiste. Et ne parlons même pas de l'impact des visions traditionalistes d'un Evola ou d'un Guénon. Thiriart véhiculait donc cet handicap «culturel», ce qui ne nous a pas empêché de nous retrouver à Moscou en août 1992, où nous avons cueilli au vol ses innombrables intuitions politiques.
Quelques-unes de ces intuitions ont fait qu'il s'est retrouvé aux côtés de jeunes militants européens pour aller rencontrer les protagonistes de l'avant-garde «eurasiste» du Front du Salut National russe, rassemblés autour de la revue Dyenn et du mouvement du même nom. Nous avons découvert, ainsi, dans la capitale de l'ex-empire soviétique qu'il avait été parfaitement reconnu comme un penseur d'avant-garde par les Russes. Les enseignements géopolitiques de Thiriart ont germé en Russie, c'est indubitable, alors qu'en Occident ils ont toujours été méconnus voire méprisés. Thiriart a eu un impact lointain, dans les immensités glacées de la Russie-Sibérie, dans le cœur du Vieux Monde, près du pivot central de la tellurocratie eurasiatique.
Est-ce une ironie de l'histoire des doctrines politiques, qui surgit au moment de leur actualisation pratique ou est-ce la ennième confirmation de cet adage antique, «nul n'est prophète en son pays»? Le long «exil intérieur» de Thiriart semblait donc terminé, il s'était retiré de la politique active pour toujours et avait surmonté ce retrait qui, au départ, avait été une grosse déception. Il nous inondait de documents écrits, de comptes rendus d'interventions orales. Le flot ne semblait jamais devoir s'arrêter! Comme s'il cherchait à rattraper le temps qu'il avait perdu dans un silence dédaigneux.
Mu par un enthousiasme juvénile, parfois excessif et agaçant, Thiriart se remettait à donner des leçons d'histoire et de géopolitique, de sciences exactes et de politologie, de droit et toutes autres disciplines imaginables, aux généraux et aux journalistes, aux parlementaires et aux écrivains, aux politiciens de l'ex-URSS et aux militants islamiques de la CEI, et aussi, bien sûr, à nous, les Italiens présents qui avions, en même temps que lui, connu des changements d'opinion, en apparence inattendus. Et tout cela s'est passé dans la Russie d'aujourd'hui, où tout est désormais possible et rien n'est certain (et qui pourra être, qui sait, la Russie d'hier, quand cet article paraîtra); nous avons en effet affaire à une Russie suspendue entre un passé glorieux et un futur ténébreux, mais grosse de potentialités inimaginables. C'est là-bas que Jean Thiriart a retrouvé une nouvelle jeunesse.
Dans une ville de Moscou qui survit au jour le jour entre l'apathie et la fébrilité, semblant attendre «quelque chose» dont on ne connaît encore ni le nom ni le visage; une ville où tout se passe, où tout peut se passer comme dans une dimension spéciale, entre ciel et terre. De la terre russe tout et le contraire de tout peut jaillir: le salut et l'extrême perdition, la renaissance ou la fin, une nouvelle puissance ou la désintégration totale d'un peuple qui fut impérial et est devenue, aujourd'hui, une plèbe misérable. Enfin, c'est là, et là seulement, que se joue le destin de tous les peuples européens et, en définitive, de la planète Terre. L'alternative est bien claire: ou nous aurons un nouvel empire eurasiatique qui nous guidera dans la lutte de libération de TOUS les peuples du globe ou nous assisterons au triomphe du mondialisme et de l'hégémonisme américain pour tout le prochain millénaire. C'est là-bas que l'écrivain et homme politique Jean Thiriart avait retrouvé l'ESPOIR de pouvoir mettre en pratique ses intuitions du passé, cette fois à une échelle bien plus vaste.
Dans cette terre de Russie, d'où peut surgir le messie armé des peuples d'Eurasie, nouvel avatar d'un cycle de civilisation ou Antéchrist des prophéties johanniques, nous aurons un espace pour toutes les alchimies et les expériences politiques, inconcevables si on les regarde avec des yeux d'Occidental. La Russie actuelle est un immense laboratoire, une terre politiquement vierge que l'on pourra féconder de greffons venus de loin, une terre vierge où la LIBERTE et la PUISSANCE vont se chercher pour s'accoupler et tenter de nouvelles synthèses: «Le chemin de la liberté passe par celui de la puissance», soulignait Thiriart dans son livre fondamental, «Il ne faudrait donc pas l'oublier, ou il faudrait l'apprendre à ceux qui l'ignorent. La liberté des faibles est un mythe vertuiste, une ingénuité à utilisation démagogique ou électorale. Les faibles n'ont jamais été libres et ne le seront jamais. Seule existe la liberté des forts. Celui qui veut être libre, doit se vouloir puissant. Celui qui veut être libre doit être capable d'arrêter d'autres libertés, car la liberté est envahissante et a tendance à empiéter sur celle des voisins faibles». Ou encore: «Il est criminel du point de vue de l'éducation politique de tolérer que les masses puissent être intoxiquées par des mensonges affaiblissants comme ceux qui consistent à “déclarer la paix” à ses voisins en s'imaginant ainsi pouvoir conserver sa liberté. Chacune de nos libertés a été acquise à la suite de combats répétés et sanglants et chacune d'entre elles ne sera maintenue que si nous pouvons faire étalage d'une force susceptible de décourager ceux qui voudraient nous en priver. Plus que d'autres, nous aimons certaines libertés et rejetons de nombreuses contraintes. Mais nous savons combien sont perpétuellement menacées ces libertés. Que ce soit en tant qu'individu, que ce soit en tant que nation, nous connaissons la source de la liberté et c'est la puissance. Si nous voulons conserver la première, nous devons cultiver la seconde. Elles sont inséparables» (p. 301-302).
Voilà une page qui, à elle seule, pourrait assurer à son auteur un poste dans une faculté d'histoire des sciences politiques. Quand tout semblait à nouveau possible et quand le jeu des grandes stratégies politiques revenait à l'avant-plan, sur un échiquier grand comme le monde, quand Thiriart venait à peine d'entrevoir la possibilité de donner vie à sa grande idée d'Unité, voilà qu'a surgi le dernier coup du destin: la mort.
En dépit de son inéluctabilité, elle est un événement qui nous surprend toujours, qui nous laisse avec un sentiment de regret et d'incomplétude. Dans le cas de Thiriart, le fait de la mort fait vagabonder l'esprit et nous imaginons tout ce que cet homme d'élite aurait encore pu nous apporter dans nos combats, tout ce qu'il aurait encore pu apprendre à ceux qui partagent notre cause, ne fût-ce que dans de simples échanges d'opinions, ne fût-ce qu'en formulant des propositions en matières culturelle et politique.
Enfin, il nous appartient de souligner la complétude de l'œuvre de Thiriart. Plus que tout autre, il avait complètement systématisé sa pensée politique, tout en restant toujours pleinement cohérent avec ses propres prémisses et en demeurant fidèle au style qu'il avait donné à sa vie.
Lui, moins que tout autre, on ne pourra pas lui faire dire post mortem autre chose qu'il n'ait réellement dite, ni adapter ses textes et ses thèses aux exigences politiques du moment. Il reste le fait, indubitable, que sans Jean Thiriart, nous n'aurions pas été ce que nous sommes devenus. En effet, nous sommes tous ses héritiers sur le plan des idées, que nous l'ayions connu personnellement ou que nous ne l'ayions connu qu'au travers de ses écrits. Nous avons tous été, à un moment ou à un autre de notre vie politique ou de notre quête idéologique, les débiteurs de ses analyses et de ses intuitions fulgurantes. Aujourd'hui, nous nous sentons tous un peu orphelins.
En cet instant, nous voulons nous rappeler d'un écrivain politique, d'un homme qui était tout simplement passionné, impétueux, d'une vitalité débordante, le visage toujours illuminé d'un sourire jeune et l'âme agitée par une passion dévorante, la même que celle qui brûle en nous, sans vaciller, sans la moindre incertitude ou le moindre fléchissement.
Le cas Jean Thiriart? C'est l'incarnation vivante, vitale, d'un homme d'élite qui porte son regard vers le lointain, qui voit de haut, au-delà des contingences du présent, où les masses restent prisonnières. J'ai voulu tracer le portrait d'un PROPHETE MILITANT.
Carlo TERRACCIANO.
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dimanche, 25 janvier 2009
Hommage au Professeur B. Willms (1931-1991) / Entre Hobbes et Hegel
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1991
Hommage au Professeur Bernard Willms
(7.7.1931-27.2.1991)
Entre Hobbes et Hegel
par le Dr. Thor von WALDSTEIN
A Bochum vient de mourir le Fichte de notre époque, le Professeur Bernard Willms.
«C'est parce que vous mentez sur ce qui est, qu'en vous ne naît pas la soif de connaître ce qui adviendra» (Friedrich NIETZSCHE).
Lorsqu'une Nation dominée par des puissances étrangères n'a pas encore définitivement renoncé à s'auto-déterminer, elle doit impérativement travailler à une chose en priorité: reconnaître son propre état des lieux. Dans l'Allemagne vaincue d'après 1945, c'est surtout un tel bilan, clair, net, précis, qui a manqué. Privés de souveraineté, privés de la possibilité de décider pour eux-mêmes, les Allemands ont honoré des valeurs, certes importantes, comme la «démocratie», les «droits de l'Homme», la «paix», la «stabilité». Valeurs qui, sans référence à la Nation et sans souveraineté, demeuraient de tristes coquilles linguistiques vides, exportées d'Outre-Atlantique et n'ayant plus qu'une seule fonction: jeter un voile pudique sur l'impuissance impolitique des Allemands. Mais, comme lors de la Guerre des Paysans du XVIième siècle, lors des combats pour la libération du territoire en 1813-1814, lors du Vormärz de 1848, à la fin de l'ère wilhelminienne et sous Weimar, l'Allemagne a eu des penseurs brillants et courageux; pendant l'éclipse de Bonn aussi: des hommes qui ont su désigner les profiteurs de notre misère nationale. Plus la démission de la politique allemande s'institutionalisait, plus la domination étrangère, donnée factuelle éminemment concrète, se dissimulait derrière le rideau de fumée des «valeurs occidentales», plus les régisseurs de la dogmatique politique ambiante, solidement installée, réagissaient avec fiel et aigreur contre les hommes courageux et civiques qui dégageaient la réalité de la cangue médiatique, où on l'avait enserrée, et montraient clairement aux Allemands dans quelle situation ils vivaient.
Parmi ces hommes: Bernard Willms.
En écrivant cette phrase, «L'homme existe politiquement ou n'existe pas», dans son remarquable article intitulé «Antaios oder die Lage der Philosophie ist die Lage der Nation» (= Antaios ou la situation de la philosophie est la situation de la Nation), Willms, en 1982, réveillait brusquement la philosophie universitaire fonctionnarisée de son sommeil théorique et réclamait un ancrage (Verortung) de la philosophie dans le concept de Nation. Willms relançait ainsi dans le débat une thématique que les détenteurs de chaires universitaires, en Allemagne de l'Ouest, avaient enfouie pendant quarante ans sous un tas de scories dogmatiques occidentales, prétextant que toute philosophie allemande après Auschwitz avait cessé d'exister. Au cours du renouveau national des années 80, Bernard Willms est devenue une figure-clef de la nouvelle renaissance allemande, un homme qui «éloigne de soi ce qui est vermoulu, lâche et tiède» (Stefan George) et mange le «pain dur de la vérité philosophique» (Willms).
Celui qui étudie la biographie de ce philosophe allemand constatera que son évolution, qui le conduira à devenir un nouveau Fichte dans un pays divisé, n'a pas été dictée par les nécessités.
Né en 1931 à Mönchengladbach dans un milieu catholique, Willms a étudié la philosophie à Cologne et à Münster, après avoir été pendant quelque temps libraire. Il rédige un mémoire à Münster en 1964, dont Joachim Ritter est le promoteur. Titre de ce travail: Die totale Freiheit. Fichtes politische Philosophie (= La liberté totale. Philosophie politique de Fichte). Pendant la seconde moitié des années 60, lorsque l'Ecole de Francfort transformait l'Université allemande en un second-mind-shop, Willms était l'assistant du célèbre sociologue conservateur Helmut Schelsky. A cette époque-là, Willms visite également, de temps en temps, les Séminaires d'Ebrach, où Ernst Forsthoff attire les esprits indépendants et les soutient. En 1970, Willms est appelé à l'Université de la Ruhr à Bochum, où il acquiert une chaire de professeur de sciences politiques avec comme thématiques centrales, la théorie politique et l'histoire des idées. Marqué profondément par Hegel —Willms s'est un jour décrit comme «hégélien jusqu'à la moëlle»— il avait abordé et approfondit, depuis son passage chez Schelsky, la philosophie de l'Anglais Thomas Hobbes. En 1970, Willms fait paraître Die Antwort des Leviathans. Thomas Hobbes' politische Theorie (= La réponse du Léviathan. La théorie politique de Thomas Hobbes). En 1980, il complète ses études sur Hobbes en publiant Der Weg des Leviathan. Die Hobbes-Forschung von 1968 bis 1978 (= La voie du Léviathan. Les recherches sur Hobbes de 1968 à 1978). En 1987, enfin, il résume ses vingt années de réflexions sur le vieux penseur de Malmesbury dans Das Reich des Leviathan (= Le Règne du Léviathan). Pendant ces deux dernières décennies, Willms est devenu l'un des meilleurs connaisseurs de la pensée de Hobbes; il était devenu membre du Conseil Honoraire de la International Hobbes Association à New York et ne cessait de prononcer sur Hobbes quantité de conférences dans les cercles académiques en Allemagne et ailleurs.
Tout en assurant ses positions, en devenant profond connaisseur d'une matière spéciale, Willms n'a jamais perdu le sens de la globalité des faits politiques: son souci majeur était de penser conjointement et la philosophie et la politique et de placer ce souci au centre de tous ses travaux. De nombreux livres en témoignent: Die politischen Ideen von Hobbes bis Ho Tschi Minh (= Les idées politiques de Hobbes à Ho Chi Minh, 1971); Entspannung und friedliche Koexistenz (= Détente et coexistence pacifique, 1974); Selbstbehauptung und Anerkennung (= Auto-affirmation et reconnaissance, 1977), Einführung in die Staatslehre (= Introduction à la doctrine de l'Etat, 1979) et Politische Koexistenz (= Coexistence politique, 1982).
Au cours des années 80, Bernard Willms fonde une école de pensée néo-idéaliste, en opérant un recours à la nation. Cette école désigne l'ennemi principal: le libéralisme qui discute et n'agit pas. En 1982, paraît son ouvrage principal, Die Deutsche Nation. Theorie. Lage. Zukunft (= La nation allemande. Théorie. Situation. Avenir) ainsi qu'un autre petit ouvrage important, Identität und Widerstand (= Identité et résistance). Entre 1986 et 1988, Willms édite en trois volumes un Handbuch zur deutschen Nation (= Manuel pour la nation allemande), trois recueils contenant les textes scientifiques de base pour amorcer un renouveau national. En 1988, avec Paul Kleinewefers, il publie Erneuerung aus der Mitte. Prag. Wien. Berlin. Diesseits von Ost und West (= Renouveau au départ du centre. Prague. Vienne. Berlin. De ce côté-ci de l'Est et de l'Ouest), ouvrage qui esquisse une nouvelle approche géopolitique du fait centre-européen (la Mitteleuropa), qui a prévu, en quelque sorte, les événements de 1989. Dans son dernier article, intitulé Postmoderne und Politik (= Postmodernité et politique, 1989), Willms relie ses références puisées chez Carl Schmitt et chez Arnold Gehlen à la critique française contemporaine de la modernité (Foucault, Lyotard, Derrida, Baudrillard, etc.). Sa démonstration suit la trajectoire suivante: la négation de la modernité doit se muer en principe cardinal des nations libres.
Si Bernard Willms a bien haï quelque chose dans sa vie, c'est le libéralisme, qu'il concevait comme l'idéologie qui fait disparaître le politique: «Le libéralisme par essence est hostile aux institutions; sur le plan politique, il n'a jamais existé qu'à l'état parasitaire. Il se déploie à l'intérieur même des ordres politiques que d'autres forces ont forgés. Le libéralisme est une attitude qui vit par la maximisation constante de ces exigences et qui ne veut de la liberté que ce qui est agréable». La phrase qu'a prononcée Willms avant la réunification à propos du libéralisme réel ouest-allemand n'a rien perdu de sa pertinence, après l'effondrement du mur. Jugeons-en: «La République Fédérale n'a des amis qu'à une condition: qu'elle reste ce qu'elle est».
Ceux qui, comme Willms, s'attaquent aux «penseurs débiles du libéralisme» et stigmatisent la «misère de notre classe politique», ne se font pas que des amis. Déjà au début des années 70, quelques énergumènes avaient accroché des banderoles sur les murs de l'Université de Bochum, avec ces mots: «Willms dehors!». Quand, pendant les années 80, les débats inter-universitaires ont tourné au vinaigre, d'autres drôles ont surnommé Willms «le Sanglant», démontrant, en commettant cette ahurissante et ridicule sottise, combien ils étaient libéraux, eux, les défenseurs du libéralisme, face à un homme qui, somme toute, ne faisait que sortir des sentiers battus de l'idéologie imposée par les médias et appelait les choses par leur nom. La remarque d'Arno Klönne, qui disait que Willms était le principal philosophe du néo-nationalisme, et le mot du Spiegel, qui le désignait comme «le fasciste le plus intelligent d'Allemagne», sont, face à l'ineptie de ses contradicteurs les plus hystériques, de véritables compliments et prouvent ex negativo que ses travaux de Post-Hegelien serviront de fil d'Ariane pour une nouvelle génération d'Allemands qui pourront enfin penser l'Allemagne dans des catégories philosophiques allemandes, sans rêver aux pompes et aux œuvres d'Adolf Hitler.
Bernard Willms était un philosophe qui prenait au sérieux le mot de Cicéron, vivere est cogitare, vivre, c'est penser. Avec sa mort, la nation perd la meilleure de ses têtes philosophiques des années d'avant le 9 novembre 1989, jour de la chute du Mur. Ernst Jünger nous a enseigné que la tâche de tout auteur est de fonder une patrie spirituelle. Chose rare, Bernard Willms est l'un de ceux qui ont réussi une telle œuvre d'art. Dans un interview, en 1985, il avait répondu: «On écrit des livres dans l'espoir qu'ils seront lus et compris par les hommes qui doivent les lire et les comprendre». Une jeune génération, formée par son école néo-idéaliste, a donc désormais la mission de témoigner de l'idéal national de Willms, d'utiliser ses livres et ses idées comme des armes pour construire, à Berlin et non plus à Bonn, une Allemagne nouvelle, au-delà des gesticulations stériles des bonzes qui la gouvernent aujourd'hui.
A Münster en Westphalie, ses disciples l'ont porté en terre sous les premiers rayons d'un pâle soleil de mars. Sur son cercueil, ils avaient fixé une plaque en cuivre, reproduisant la page de titre qui figurait sur la première édition du Léviathan, écrit par le Sage de Malmesbury. Bernard Willms avait l'habitude, au cours des années 80, de prononcer une phrase, imitée de Caton, à la suite de chacune de ses nombreuses conférences: ceterum censeo Germaniam esse restituendam (je crois que l'Allemagne doit être restituée). C'est le message et la mission qu'il nous laisse. Soyons-en digne.
Dr. Thor von WALDSTEIN,
14 mars 1991.
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mardi, 20 janvier 2009
Iberoamérica como gran espacio politico
Iberoamérica como gran espacio político por Alberto Buela ¿Cómo consolidar un gran espacio indoibérico si su creación supone, de facto, un recorte a los poderes ya constituidos en el mundo?. Esta es la pregunta que vamos a intentar responder aquí. | |
El tema de este artículo se apoya en una intuición no desarrollada para Iberoamérica del iusfilósofo Carl Schmitt enunciada así: “Contra el universalismo de la hegemonía mundial angloamericana afirmamos la idea de una tierra repartida en grandes espacios continentales” [1] Ríos de tinta se han volcado sobre este tema apasionante pues desde los albores mismos de la independencia americana se vienen esgrimiendo razones en su favor y en su contra. Así, y más allá de las banderías políticas, sean de izquierda o derechas, están aquellos que opinan que ésta es una posibilidad a construir y otros que sostienen su imposibilidad efectiva. Jorge Luís Borges era uno de estos últimos. Pero hay algo en que todos coinciden: en afirmar la existencia del hecho bruto de que Iberoamérica está allí. Que es un gran espacio geográfico de 21 millones de km2, mientras que China e India juntas suman 12,9 millones de km2, en tanto que Europa a gatas roza los 10 millones de km2. Que si comparamos la relativa pequeñez de Nicaragua con sus 130,000km2 y sus 5,5 millones de habitantes con Bangladesh, con 144.000 km2, que tiene 150 millones de personas y que además observamos que Nicaragua posee dos lagos de agua dulce de 8.000 y 1.000 km2 o peor aún si lo hacemos entre el Amazonas y la estéril meseta tibetana, vemos que tanto poblacional como geopolíticamente las ventajas son enormes a favor del gran espacio iberoamericano. En kilómetros cuadrados Brasil solo contiene a casi toda Europa, Italia entra completa dentro de la provincia de Buenos Aires en Argentina, que posee además otras veintitrés provincias más. Brasil es el quinto país en el mundo en extensión y Argentina el octavo espacio geográfico. Las comparaciones son inconmesurables en ciertos casos como el hecho de que Suramérica posee 50.000 km de vías navegables con sus tres grandes cuentas: el Orinoco, el Amazonas y el Plata que a su vez están interconectadas de modo tal que un barcaza de 1.200 toneladas navega cómodamente desde el puerto de Buenos Aires hasta el Guayra en Venezuela pasando por los ríos de La Plata, Paraná, Paraguay, Guaporé, Mamoré, Madeira, Amazonas, Negro, Casiquiare y Orinoco. Europa occidental con todo el poderío que ella representa posee solo 22.000 km de vías navegables de los que 16.000 km transcurren entre Francia y Alemania por el que transita el 40% de su transporte. Cabe realizar acá una primera distinción, europeos o americanos, nos está permitido hablar de todo y sobre todo en la medida en que los temas no afecten el poder del one World, del “mundo uno”. El filósofo neomarxista Slavoj Zicek lo afirma sobre sus correligionarios: hoy los marxistas hablan y escriben limitados a los problemas culturales nunca sobre el poder. Sobre Iberoamérica como ecúmene cultural se publican a diario cientos de miles de artículos y ensayos, pero sobre Iberoamérica como posible creación de un poder autónomo a los establecidos, casi nada. Y lo poco que se publica, en general, viene tergiversado. La misión y el mayor logro de España en el concierto de la historia de las naciones que han compuesto y componen este mundo en que vivimos ha sido el descubrimiento, conquista y colonización de América, así como su gran fracaso, por obra de sus enemigos históricos, ha sido el no haber podido plasmar en una realidad política la unidad del continente. Estas últimas cumbres de presidentes iberoamericanos que se vienen sucediendo son más un hecho cultural, y por eso tolerado por el mundo anglosajón, que un hecho político de consolidación y construcción de poder real y efectivo. Por una cuestión ideológica es que, nosotros nos inscribimos dentro de la corriente denominada “realismo político”, nos vamos a limitar a Suramérica, pues tanto México como toda Centroamérica, a excepción de Cuba, están enfeudados lisa y llanamente con los Estados Unidos en su política continental y mundial. Primera Parte El tercer milenio comienza en América del Sur con las relaciones de poder totalmente trastocadas. Estados nacionales que perdieron todo su poder. Dirigentes políticos, sociales, culturales y religiosos sin un sentido de pertenencia ni de preferencia por sí mismos ni por los suyos. Modelo económico de exclusión de las amplias mayorías nacionales. Con una población que oscila en los 380 millones, donde el 40% está constituido por pobres, muy pobres y pobrísimos. Sólo el 10%, alrededor de 38 millones, tiene capacidad adquisitiva holgada. La cuestión es saber hasta cuándo la realidad de Suramérica puede soportar la agudización de las contradicciones de un sistema político sin ninguna representatividad ni legitimidad, manejado por las oligarquías partidarias a gusto e piacere. ¿ Hasta cuándo un modelo económico para hambrear pueblos puede tener vigencia?.¿ Hasta dónde soportarán nuestros pueblos tamaña injusticia?. Todas estas cuestiones y muchas otras no tienen respuesta mientras no se cree o recree un poder nacional autónomo y soberano que decida hacer lo contrario de lo que se viene haciendo. Desde el punto de vista de la estrategia internacional tiene Suramérica que proponer una distinta de la que se nos viene imponiendo. Vayamos al grano. Antigua Estrategia Descubierta América por Colón pasaron los españoles a conquistar y colonizar Suramérica siguiendo una doble estrategia: a) la estrategia andina de dominación que estaban utilizando los incas. Los peninsulares se montaron sobre los grandes caminos que iban y venían del Cuzco. No trazaron nuevas rutas sino que se apoyaron y utilizaron las creadas por el Inca. Este es un dato no menor a tener en cuenta, pues el español no crea una estrategia de dominio sino que se monta en una ya establecida como era la del Inca para el control de las otras etnias. b) la estrategia fluvial y marítima de dominación. Utilizaron los grandes ríos Paraná, del Plata, Paraguay, Uruguay, Orinoco, Amazonas y las costas atlánticas. Esta es la estrategia adoptada, fundamentalmente, por portugueses y jesuitas en la colonización y conquista de los grandes espacios boscosos y costeros. Son estas dos antiguas estrategias las que sirven como antecedente primero a lo que hoy denominamos Pacto Andino y Mercosur. Desde el punto de vista historiográfico merecerían un estudio detenido, pero no es este el lugar para hacerlo. Estrategia Reciente La histórica estrategia de América del Sur se manejó desde la época de la Independencia a través de líneas de tensión. Líneas de tensión que buscaban tanto para Brasil como para Argentina el uso directo de los dos océanos. Argentina lo tuvo pues desde 1816 a 1825 fue bioceánica, pero merced a la gestión del primer presidente argentino Rivadavia, al servicio de Inglaterra y al accionar del general Alvear, pro inglés por nacimiento y educación, ante Bolivar, perdió ese estado. Lograr el carácter de bi-oceánicos, al estilo de los Estados Unidos, o su impedimento, ha sido la meta de estas líneas de tensión. Así Brasil tiene dos líneas madres, una hacia Santiago y otra hacia Bogotá. Argentina una hacia Lima y de allí a Caracas, con lo que interfiere las líneas brasileras. Por su parte Chile con su línea madre a Quito y de allí a San José cruza en su desarrollo las de Brasil y Argentina.
Uruguay y Paraguay no cuentan porque, desde siempre, medran entre las desavenencias argentino-brasileñas. Es evidente que su actitud no es ni loable ni moralmente aceptable, pero es sabido que la relación política no es entre buenos y malos sino entre amigos vs. enemigos. Bolivia luego de la Guerra del Pacífico es un Estado enclaustrado que depende para su salida al mar de Argentina (vía Bermejo) y Perú (puerto de Ilo). Es “un Estado imposible” en palabras de Juan Bautista Alberdi ya en 1852, subsidiado por Argentina. Perú tiene un vínculo privilegiado con Argentina desde el fondo de su historia (es el General San Martín quien lucha por su indenpendencia) pero su peso relativo en la región es muy poco. Con Ecuador sucede, mutatis mutandi, lo mismo pero su vinculación es con Chile. En cuanto a Colombia que sí es bi-oceánica, desde el asesinato de líder popular Eliécier Gaitán en 1948, está partida en dos: los liberales y conservadores por un lado, que han ejercido desde entonces el poder y las fuerzas populares desplazadas absolutamente del mismo. Con la guerrilla marxista-Farc- más antigua del continente, es un Estado-Nación que como Saturno se come a sus propios hijos. Posee el récord de asesinatos políticos y de los otros. Esta carencia de seguridad así como la existencia de una base territorial de la narcoguerrilla fuera del control del Estado- el presidente Pastrana se retiró de ese espacio- vienen a justificar la teoría de los Estados fracasados (failed states) que sostiene la Comisión Hart-Rudman de Seguridad nacional de USA para convalidar una intervención armada en la región. Sigue Venezuela, al que lograron transformar en el más ajeno de los países suramericanos a Suramérica tanto por su cuantiosa producción petrolera que lo enfeudó a los Estados Unidos su máximo comprador como por su clase política- socialdemócrata o socialcristiana-que respondió durante casi medio siglo más a los dictados de las internacionales partidarias que a los requerimientos de su propio pueblo. Ha sido el ejemplo más claro de totalitarismo partidocrático. Esta clase ignoró por completo que “Venezuela, es como un engranaje, un engranaje geopolítico entre el Caribe la Amazonia y los Andes y tiene una excepcional ventaja geopolítica. En la fachada caribeña Venezuela, limita por el norte no como nos enseñaron a nosotros cuando éramos niños con el Mar Caribe, no. Venezuela limita por el norte con República Dominicana, Venezuela limita por el norte con Estados Unidos ahí está el Estado libre asociado de Puerto Rico. Venezuela, limita por el norte con los países bajos el Reino de los países bajos, Venezuela limita por el Caribe con Francia, los llamados territorio de ultramar, lo cual nos da una configuración geopolítica sumamente interesante además de todos estos países. Venezuela pertenece a esa gran cuenca del Amazona, siete millones de kilómetros cuadrados -me refiero a toda la Cuenca- con la que nos interconectamos no sólo con la selva, sino con los grandes ríos. El Orinoco se une con el Amazona por ejemplo en una gigantesca arterial vial, es como la arteria del Continente Suramericano, una de las riquezas más grandes que tiene el planeta, en cuanto a recursos de vías, biodiversidad y reservas para la vida humana” (Hugo Chávez, Visión estratégica de Venezuela, conferencia en la Escuela Diplomática, Madrid, 16/5/02). Paraguay y Uruguay medran entre Brasil y Argentina según convenga a sus intereses. Como este planteo se inscribe, siguiendo a Schmitt y Freund, dentro del realismo político, Chile no es tenido en cuenta en este análisis pues sucede simplemente que desde siempre la república del Arauco se aisló, tratando de desvincular sus destinos a los de Suramérica y no existe, a nuestros ojos, ninguna razón por la que vaya a cambiar su histórica y secular posición. Quedan finalmente los escándalos morales y políticos que ofenden los mínimos sentimientos de dignidad como lo son la existencia de factorías europeas, formalmente declaradas repúblicas independientes como son los casos de Surinam- bastardo Estado-nación creado por la civilizada Holanda. Guyana, (Venezuela reclama tres cuartos de su territorio) dependencia inglesa poblada por 800 mil parias traídos por Inglaterra desde todos los rincones del mundo (hindúes, chinos, mongoles, africanos). Babel lingüística que hace incomprensible los más elementales trueques y tratos cotidianos. República cooperativa gobernada por una atroz dictadura desde la época de su simulada independencia en 1966. Finalmente, la colonia y presidio de Francia, Guayana, como último resabio de un colonialismo europeo que no quiere morir. Estas tres bazofias políticas, Surinam, Guyana y Guayana, no participaron ni participarán jamás de la historia político-social de la América del Sur –se piensan caribeñas- hasta tanto no dejen de ser una simple proyección europea para arrojar allí el detritus que les molesta a holandeses, ingleses y franceses. Su participación está condicionada a la opción por América, que aún no han realizado de motu proprio. Segunda Parte Nueva Estrategia El nuevo planteo que nosotros proponemos es la denominada “teoría del rombo” que consiste en el reemplazo parcial de las viejas líneas de tensión estratégica continental. Y busca una mayor encarnadura y realismo político, habida cuenta de la opción ya hecha por el gobierno mejicano por el ALCA y la efectiva subordinación de todos los gobiernos de América Central y el Caribe (salvo el cubano) al poder norteamericano. La exigencia de un realismo político descarnado, nos obliga a descartar por universalista y abstracto el “latinoamericanismo” emotivo, cordialista y grato a nuestros oídos, pero ineficaz a la hora de plantear una estrategia común para los pueblos indoibéricos. Hablar hoy de Latinoamérica, además de ser un error conceptual y una categoría espuria para determinarnos en lo que no-somos (lo crea Francia, y lo adopta USA, el marxismo y la Iglesia), es un sin sentido geopolítico porque es inviable y no plausible. Es un engaño porque es pensar sobre una categoría sin arraigo, sin encarnadura, sin realidad. Es un universalismo más como lo es el de “humanidad”, que no tiene manos ni pies al decir de Kierkegaard. O como afirmaba Proudhon: Cada vez que escucho “humanidad” se que quieren engañar. Esta exigencia de realidad a partir de la cual debemos plantear la Nueva Estrategia Suramericana (NES) no es óbice para dejar de lado la participación los otros pueblos americanos todos, pero claro está, ello se dará en mayor medida en que esos mismos pueblos logren modificar la política de entrega y subordinación de sus actuales gobiernos. Sobre el antecedente más ilustre de la NES es dable mencionar el de Juan Perón quien en una conferencia de carácter reservado en la Escuela Nacional de Guerra durante noviembre de 1953 sostuvo: “tenemos que quebrar la estrategia del arco que va de Río a Santiago y crear una nueva para América del Sur”. Y proponía a renglón seguido la creación de un área de unión aduanera y libre comercio entre Argentina, Brasil y Chile denominada ABC. Parece ser que no gustó a los poderosos de entonces pues Getulio Vargas terminó en el suicidio (1954), Ibáñez del Campo en el ostracismo interno y Perón, dos años después, en el exilio. Para que una acción política sea eficaz deben converger tres elementos: hombres, medios y acontecimientos. Los hombres los tenemos, son los pueblos enteros hambreados de la región y los cientos de dirigentes desplazados del ejercicio del poder por los profesionales de la política. Los medios también, claro está, que son otros que los mass media, son las paredes de todas nuestras ciudades y los muros de nuestras fábricas cerradas. Y en cuanto a los acontecimientos algunos nos son propicios y otros no. En Venezuela Hugo Chávez está en el ejercicio del poder luego de 40 años de dictadura democrática de los socialdemócratas y socialcristianos. En Brasil funciona el Foro de Porto Alegre que conmovió al one world de Davos y todos los intereses que ello representa y Lula posee una cierta autonomía respecto de USA. En Argentina el inconveniente mayor está en su cancillería que ve toda integración suramericana como una sumisión a la estrategia brasileña y en cuanto al Perú, su gobierno actual, el segundo de Alan García no tiene ninguna vocación de integración subcontinental. Vistos los pro y los contra, la teoría del rombo por la figura que forma la unión de los vértices en Buenos Aires- Lima – Caracas- Brasilia como constitutivo de la nueva estrategia suramericana es lo que proponemos en este trabajo.
Ello permitiría la creación de un Gran Espacio con características de bi-oceánico, con salida tanto al Atlántico como al Pacífico. Con una masa poblacional con peso específico y de carácter homogéneo –lengua y convicciones similares-. Un gran espacio geoestratégico y geoeconómico con materias primas (minerales, hidrocarburos, gas, granos y carnes, flora y fauna) de primera importancia. Así, por ejemplo en minerales se encuentran el oro, cobre, cinc, manganeso, el 90% de las reservas conocidas de niobio del mundo, el 96% de las reservas de titanio y tungsteno, este último indispensable para la construcción de naves espaciales y misiles atómicos. Este Gran Espacio cuenta con la ventaja de no ser una creación ex nihilo, dado que se realiza sobre el antecedente del Mercosur creación que tiene ya diez años de vigencia efectiva (Tratado de Asunción 1991). A lo que se le suma la experiencia del Pacto Andino. Y que al mismo tiempo se apoya en los ideales de Patria Grande de Bolivar y San Martín. El Hinterland suramericano Esta Isla Continental que es Suramérica tiene casi 18 millones de kilómetros cuadrados con una población que sobrepasa los 374 millones de habitantes cuya mayor parte vive en la franja costera que la bordea y donde se ubican las ciudades más importantes a excepción de la reciente Brasilia. “El Hinterland, afirmaba hace ya un cuarto de siglo el venezolano José Curiel Rodriguez, es una gran área del planeta que comprende las cuencas de los ríos Amazonas, Orinoco y del Plata. Es una vez y media la superficie continental de los Estados Unidos.” [2] Este enorme territorio encerrado en este rombo imperfecto que expresa geométricamente nuestra teoría se encuentra prácticamente despoblado y genera las ambiciones de dominio de las potencias hegemónicas a través de teorías tales como la de “soberanía limitada” o acciones concretas como la compra de grandes territorios por sociedades estatales extranjeras. Con justa razón ha observado el politólogo Adolfo Koutoudjian que “Si comparamos con Asia o Africa, lo llamativo de este sub-continente es el enorme vacío central. Es la gran asignatura pendiente de la geopolítica suramericana. Seguimos siendo un continente poblado en sus costas que aún está avanzando hacia su interior. Esta situación implica un gran desafío geopolítico y económico para las posibilidades de realización y desarrollo de las patrias suramericanas. “El Dorado” aún puede estar en el interior continental” [3]Entre los megadatos que nos ofrece este corazón suramericano es que genera el 30% del total de agua dulce del mundo, poseyendo además el segundo acuífero del orbe (el acuífero guaraní) y recursos hidroeléctricos incalculables. Encierra la tercera parte de las reservas mundiales de bosques latifoliados. Pero sobretodo es dable destacar la inteconexión fluvial de Suramérica que en el siglo XVI utilizaron los conquistadores españoles y que luego de cinco siglos permanece prácticamente en las mismas condiciones. La vinculación hidrovial entre las tres cuencas: Orinoco, Amazona y del Plata permite la navegación desde Buenos Aires hasta Caracas y de este a oeste se presentan al menos tres conexiones interoceánicas. Así el sistema Orinoco-Meta permite la interconexión bioceánica entre el Puerto Buenaventura(Colombia) con Puerto Ordaz(Venezuela) con 1866 kms. de vía fluvial y 779 de carretera. El sistema Amazonas – Putumayo que une el puerto Belem do Pará(Brasil) con el de San Lorenzo(Ecuador) con 4535 kms. de vía fluvial, 230 de carretera y 549 de ferrocarril. La alternativa Amazonas-Marañón que vincula los puertos de Belem do Pará con el de Chiclayo en el Perú con 4.796 kms. de vía fluvial y 700 kms. de carretera. Además tenemos la salida al Atlántico de Bolivia desde su capital, La Paz, a través del Beni, Madeira, Amazonas. Sin olvidar la conexión con la red peruana a través del istmo de Fitzcarrald (3 kms.). En cuanto a la navegación norte-sur o viceversa, se realiza, como explicamos más arriba, a través del sistema Orinoco, Casiquiare, Negro, Amazonas, Madeira, Mamoré, Guaporé, Paraguay, Paraná y del Plata. Es de destacar que la conexión Paraguay-Guaporé se realiza por sus respectivos tributarios los ríos Aguapé y Alegre y, atravesando la Laguna Rebeca y el riacho Barbados. Todo esto fue bellamente relatado por los hermanos Georgescu en su libro de viajes Los ríos de la integración suramericana (Caracas, 1984). Lo que permite afirmar que el tráfico fluvial entre Venezuela, Colombia, Perú, Ecuador, Bolivia, Brasil, Paraguay, Uruguay y Argentina, nueve de los diez países suramericanos, es una realidad al alcance de la mano que con un mínimo esfuerzo de los Estados involucrados se pondría en movimiento inmediatamente.
El transporte fluvial consume tres veces menos combustible que el ferrocarril y siete veces menos que el automotor por tonelada y por kilómetro, al par que reduce ostensiblemente la contaminación ambiental. Comparando los tres tipos de transportes se realiza una economía de potencia de nueve y tres veces respectivamente. Una barcaza fluvial carga 1200 toneladas, un tren 40 por vagón y un camión sólo 30, lo que significa una clara economía de esfuerzos tanto en la carga y descarga como en el número de viajes. Así, esta hidrored, barata y segura permitirá la conformación de un espacio autocentrado en economía, ampliando el Mercosur y el Pacto Andino, con lo que su recurrencia a los mercados exógenos pierde el carácter de obligatorio como sucede hoy día, pues puede llegar al autoabastecimiento sin dificultades mayúsculas. La participación argentina en ese corazón de la tierra, según hemos propuesto, se debe realizar a través del eje Salta-Santa Cruz de la Sierra, porque la estrategia del Estado brasileño nos veta e impide nuestro acceso fluvial a través del Paraná-Paraguay-Guaporé. Además de contar con la renuente y esquiva participación del Paraguay, Estado meramente comercial.Puerto Suárez (Bolivia) y Corumbá(Brasil) dos ciudades separadas por el río Paraguay están a distancias equivalentes de La Paz, Brasilia, Sao Paulo, Asunción y Salta(Argentina), que forman entre ellas un rectángulo casi perfecto. Cada gran espacio tiene su centro geopolítico, así Puerto Suárez-Corumbá lo es para Suramérica como la isla de Malta lo es para el Mediterráneo. Mapa del Sector
Nosotros defendemos y proponemos como el más beneficioso para América del Sur este corredor bioceánico mixto(marítimo, fluvial, ferro-vial) que tiene como gozne Corumbá-Puerto Suárez. En donde Argentina puede integrarse en forma expedita tanto desde Corrientes-Resistencia(acceso siempre impedido por Brasil) como de Salta. El aporte de la Comunidad Económica Europea a Bolivia en la construcción del vínculo entre Puerto Suárez y Santa Cruz de la Sierra, nos está indicando una inteligencia sobre este asunto de vital importancia geoestratégica para nuestra región. Porque la ciudad importante en el corazón de América del Sur es ésta. Se ve claro el movimiento, los europeos, que no son tontos, están pivoteando sobre Santa Cruz, la ciudad fundada por Ñuflo de Chávez que tenía como lugarteniente a Juan de Garay, futuro fundador de Buenos Aires en 1580. Retoman una estrategia de 400 años, con la diferencia que ahora se puede salir, con cargas de gran peso, directamente a Europa desde Santa Cruz, por ferrocarril hasta Trinidad sobre el río Beni y de allí derecho en barco por el Madeira- Amazonas al Atlántico. Está en nosotros, los americanos del sur, captarlo y redimensionarlo con un sentido propio y para beneficio nuestro. La construcción de un gran espacio autocentrado como son los 18 millones de kilómetros cuadrados suramericanos no es un chiste ni una idea baladí, es la construcción de un poder, y eso siempre despierta los celos y resistencias de aquellos que hoy lo poseen. No tenemos ningún reparo, y forma parte de las relaciones bilaterales entre dos Estados, en que nuestras provincias limítrofes con Chile saquen por allí todas sus mercaderías, pero que no se disfracen dichas salidas, con la bandera de la integración suramericana. Por favor, que no se amañen falsas razones para que Argentina a su costo tenga que mantener 1.200 km. de rutas (Bs.As.-Mendoza) para que transiten alegremente los camiones de Brasil y Chile, que no aportan ningún beneficio ni al Estado nacional ni a la comunidad argentina, ni a la integración. La Confederación Suramericana va más allá de las buenas relaciones bilaterales entre Estados, pasa, más bien, por la integración de los grandes vértices de poder continental como lo son Buenos Aires, Brasilia, Caracas, que hoy tienen líderes políticos afines, y en menor medida Lima. Si nos desviamos del fortalecimiento de los ejes marcados por este rombo imaginario, creando artificiales e interesados corredores bioceánicos lo que vamos a lograr es, más bien, la desintegración de Suramérica. El espacio autocentrado El carácter de autocentrado de este gran espacio está garantizado tanto por las producciones básicas como por la complementación tecnológica que, de hecho, realizan los países involucrados en el mismo. Así Argentina se ha destacado desde siempre en la producción de carnes, granos (la cosecha 2006-2007 llegó a la friolera de 100 millones de toneladas) y en las últimas décadas en el aprovechamiento nuclear de la energía (centrales atómicas, tecnología misilística). Brasil en la tecnología armamentista, subacuática, en medicamentos e informática así como en la producción de alimentos elaborados. Perú en industria pesquera. Bolivia en su industria minera. Ecuador en la tecnología farmaceutica indiana en medicina no-alopática. Venezuela con su capacidad petrolera y derivados. Paraguay y su capacidad horticultora y florifrutícola. La existencia cierta de una capacidad productiva y tecnológica complementaria de todos nuestros países de la América del Sur le garantiza la autonomía y rompe la dependencia respecto de los otros mercados mundiales. Y lo trágico, y lo risible, es que esta capacidad está, que existe, o al menos existió. Y si bien fue desmantelada por los poderes exógenos para un mayor y mejor dominio sobre nosotros, es de fácil restauración. No hay que crear ex nihilo sino sólo reparar y recuperar. Dado que Iberoamérica posee todos los elementos necesarios para desarrollar sus propias empresas transnacionales con capacidad para enfrentar a las del primer mundo, el sociólogo Heinz Dieterich Stefan, el principal colaborador de Noam Chomsky para Iberoamérica, afirma “El complejo biotecnológico-farmacéutico-medico de Cuba es, hoy día, en todos sus aspectos, comparable a una de las grandes transnacionales de Occidente. Si se uniera en una o dos grandes holdings con la respectiva industria brasileña y argentina, podría ocupar exitosamente una parte considerable del surplus mundial en este segmento de mercado que alcanza los trescientos mil millones de dólares. La empresa aeronáutica brasileña Embraer, a su vez, tiene todo el potencial para compartir en partes iguales con Airbus y Boeing el mercado mundial de la aviación y, más temprano que tarde, de la industria espacial, aprovechándose al Ecuador como el lugar geográfico de mayor ventaja comparativa para el lanzamiento de cohetes al espacio. Varias líneas aéreas latinoamericanas podrían fusionarse y garantizar no sólo un mercado natural para la industria aeroespacial criolla, sino que competiría en condiciones iguales con los europeos y estadounidenses. Las gigantescas exportaciones de materia prima -petróleo, minerales, granos, madera, etc.- garantizarían, por otra parte, varias grandes industrias navales en el subcontinente. En el sector energético se ofrece un Complejo suramericano, creado a través de la unión entre PdVSA de Venezuela, Petrobras de Brasil y la reestatizada YPF de Argentina. La física nuclear argentina y la brasileña mantienen todavía, pese a los sabotajes de los gobiernos neoliberales, un alto nivel de competencia y podrían ser el germen de un Complejo suramericano capaz de competir con las transnacionales Westinghouse y Siemens en energía nuclear. Y así, ad infinitum. [4] El Rombo El eje Lima-Caracas es fundamental para la estrategia particular del Brasil pues pone coto a la injerencia internacional sobre la Amazonia. Intervención que se ve venir bajo excusas como el Plan Colombia para combatir al narcoterrorismo por parte de las tropas norteamericanas, tarea que Colombia no puede realizar sola. Es sabido que también desde centros europeos de poder, sobretodo los estados nórdicos, han propuesto considerar la Amazonia de soberanía limitada por parte del Brasil, con el argumento de que proteger la flora y fauna del pulmón del mundo. Sobre este punto es clara la ambición de los Estados Unidos quien a través de su ex candidato Al Gore como de su actual presidente Bush, dijo por boca de este último: Propongo que los países que tienen deuda con los Estados Unidos cambien esas deudas por sus florestas tropicales, lo que fue completado por el primero: Al contrario de lo que los brasileños piensan, la Amazonia no es de ellos sino de todos nosotros. Cabe hacer notar acá que esta línea de tensión cuenta con un antecedente ilustre: el de San Martín, quien persiguiendo por el gran río a los españoles libertó la región de Maymas (Amazonia peruana). El historiador peruano Víctor Andrés Belaúnde nos recuerda al respecto: “Nos dice un documento español de la época que San Martín al liberar Maymas se propuso comunicarse con Europa a través del Amazonas. Este ideal del padre de la Patria y de su gran ministro Unanue, tenía que marcar el rumbo a la política peruana.” [5]En cuanto al eje Caracas-Brasilia le permitiría a Hugo Chávez consolidarse en el poder, porque contrapesaría la marcada influencia cubana en su gobierno, que por reacción en contrario genera naturalmente golpistas, alentados y financiados por los centros de poder mundial que ven en esta influencia peligrar sus intereses más inmediatos. Tanto Brasil como Argentina están obligados a un doble esfuerzo de persuasión y de aspiración con respecto a Venezuela y Perú. De persuasión respecto de la adopción de esta estrategia del Rombo en cuanto a los beneficios que redundaría y de aspiración como el mecanismo natural de movimiento político de toda la región. Finalmente cabe recordar dos argumentos de autoridad: 1) que el eje Brasilia-Buenos Aires fue descripto por el pensador peruano Francisco García Calderón hace ya casi un siglo, cuando sostuvo proféticamente: “El ochenta por ciento del comercio sudamericano corresponde al Brasil y la Argentina reunidos. Situados frente al Atlántico, el océano civilizador, son para el Nuevo Mundo los canales necesarios de la cultura occidental”. [6] [7] ¡Qué interesante observación!. De Castro se puede decir que conculca las libertades individuales, que se perpetúa en el poder, que está viejo y divaga un poco, pero lo que no nos está permitido es pensar que tiene una estrategia pro norteamericana. Si algo representa y va a representar en la historia, es la postura independiente y autónoma respecto del imperialismo norteamericano, cosa que ha hecho desde 1959. Ahora bien, si un hombre resistió durante, hasta ahora, 47años, en el poder y a pesar de los bloqueos, las invasiones y las bases en su territorio, no cayó; esto nos está diciendo que este hombre sabe de estrategia, no es un improvisado ni un aprendiz. Este argumento de autoridad que estamos esgrimiendo, muestra dos cosas: que esta nueva estrategia suramericana que proponemos es la correcta, aun cuando nuestra cancillerías no la adopten y, segundo: que en los grandes líderes mundiales, también prima el planteo estratégico sobre el planteo ideológico. La autoexclusión de Cuba por parte de Castro es una prueba de ello. La consolidación de este eje es de vital importancia en la construcción de un gran espacio suramericano de lo contrario perderemos definitivamente la posibilidad de ser y existir en forma libre y soberana en el mundo. Ello lo afirma categóricamente el pensador brasileño Helio Jaguaribe en un reciente reportaje: “ Si no logramos la consolidación del Mercosur y si no logramos constituir un área de libre comercio en Suramérica mediante un pacto apropiado entre nosotros y el Pacto Andino, estamos condenados a ser absorbidos por alguien en el 2005. En el momento que se constituye ALCA perdemos soberanía, pasamos a ser dependientes de fuerzas externas a la nuestra” [8]Conclusión A la potencia mundial talasocrática- aquel imperio cuyo poder radica en el dominio de los mares- que busca absorber nuestra región al ALCA – Tratado de libre comercio desde Alaska a Tierra del Fuego- enunciado por G.Busch(padre) en el parlamento de Estados Unidos en 1991 y enmarcado en el proyecto de one world- esta Nueva Estrategia Suramericana(NES) propone la creación de un “puente con la Unión Europea ” y en particular con las naciones que nos son afines tanto por lazos culturales – España, Portugal, Italia, Francia- cuanto por las inmensas inversiones que realizaron en nuestra región. Inversiones que los atan firmemente a los destinos de Suramérica, aunque más no sea en defensa de sus intereses empresariales. La estrategia de la región no debe agotarse en este “puente con Europa” sino que debe proyectarse hacia la Antártida para poder discutir con poder en el siglo XXI sobre ese continente internacionalizado por el Tratado Antártico. Adjuntamos a la presente meditación nuestro trabajo sobre la Antártica Suramericana como un complemento de la misma. Esta estrategia debe continuarse hacia las naciones del África atlántica – Camerún, Guinea Ecuatorial, Angola y su proyección a Mozambique, con las que compartimos similares cosmovisiones. Ello permitiría hacer del Atlántico Sur una especie de Mare Nostrum , como observara sagazmente el ilustre pensador portugués Antonio Sardina (1887-1925), al modo como lo fue el Mediterráneo para los europeos meridionales en la antigüedad. Sobretodo se debe trabajar sobre el Atlántico, habida cuenta que como muy bien afirma el General Heriberto Auel “en el siglo XXI el Pacífico será el océano político, así China, el antiguo Imperio del Centro que tradicionalmente no ha salido de sus fronteras, navega hoy con una Fuerza de Tareas las costas americanas del Pacífico ” [9] . De modo tal que la ocasión nos es propicia para fijar una estrategia sobre el Atlántico, que ha perdido interés para la potencia talasocrática mundial. Aun con marcadas diferencias respecto de nuestra propuesta, también el General brasileño Carlos de Meira Mattos, destacado especialista en temas geopolíticos también propone una estrategia Atlántica. Plantear esta NES desde el movimiento obrero organizado argentino, que es el marco de mi pertenencia política y desde donde lo hago, disidente con el orden neoliberal de aplicación en la hora actual y su modelo político económico de exclusión de las grandes mayorías nacionales y populares en la participación de las decisiones que afectan los destinos de nuestros pueblos, es un signo más del cambio epocal a que estamos asistiendo. Así como nuestros políticos han perdido toda credibilidad y prestigio debido a que las oligarquías partidarias usufructúan del poder para beneficio propio. Los candidatos son siempre los mismos y no tan solo los padres sino los hijos, nietos, sobrinos y parientes. De la misma manera nuestras cancillerías no están en condiciones de fijar ninguna política exterior habida cuenta que a partir de la tesis del “no-conflicto” del canciller de Alfonsín y de “la de las relaciones carnales con USA” del canciller de Menem, nuestro país quedó sometido “ a ser el de abajo” en las relaciones internacionales. Ante estas dos gravísimas abdicaciones proponemos esta Nueva Estrategia Suramericana (NES). ·- ·-· -······-· Alberto Buela Notas: 1) La CGT disidente, el Centro de Estudios Peruanos, sindicalistas del Frente Bolivariano de Trabajadores de Venezuela y de la CGTB de Brasil reunidos en Buenos Aires en la sede del sindicato de mecánicos los días 29 y 30 de marzo de 2001 a propósito del Primer Encuentro del Pensamiento Estratégico de la Patria Grande sostuvieron y propusieron esta teoría que luego presentaron en el II Foro Social Mundial de Porto Alegre como una alternativa concreta al modelo neoliberal en el plano de la política internacional suramericana. Siendo conscientes que la gran cuestión es, como sostiene el filósofo peruano Alberto Wagner de Reyna: “¿Puede el espíritu contrapesar el mercado?. Sabemos, al menos, que hay acciones y rentas morales que no juegan en la Bolsa. Es menester demostrar que los pueblos son valores superiores a los “valores” cotizados en Bolsa. Los pueblos llegan a su felicidad por la afirmación de sus propios valores” [10] 2) La población estimada de Suramérica a mediados de 2008 se distribuye aproximadamente así: Brasil: 188 millones Colombia: 42 Argentina: 39 Venezuela: 27,5 Perú: 27 Chile: 16 Ecuador: 14 Bolivia: 10 Paraguay: 7 Uruguay: 3,5 Total 374 millones 3) En cuanto a la distorsión geográfica de los mapas mundiales en uso es dable señalar que el científico alemán Arno Peters ha sido recientemente el primero en denunciar la falsedad del mapa mundi desarrollado por el cartógrafo Mercator (Gerhard Kremer) en 1569 y que desde entonces ha sido de uso universal. Así puede verse el paradigma eurocentrista de Mercator en el siguiente mapa en donde Suramérica con 17,8 mill.de km2, aparece más pequeña que Europa con tan solo 9,7mill.de km2.
Arno Peters – Cartografía - año 1998
4) La Teoría del rombo de la primera parte de este trabajo se enriquece con la Teoría del rectángulo y se completa con esta tercera meditación sobre la Antártida suramericana, que nace por una aguda sugerencia del hidrógrafo y marino Cachaza Iramont quien en carta personal del 30-9-04 nos dice: “Sugiero que el rombo en su lado sur-occidental no sea un límite sino una frontera flexible y permeable a los intereses nacionales que nos permita ejecutar el sueño de ocupar efectivamente todos nuestros territorios que abarcan también la Antártida y los maritimos”. La Antártida Suramericana La Antártida es el continente situado en el interior del círculo polar antártico con un territorio cubierto de hielos de aproximadamente 14 millones de kilómetros cuadrados. Está separada de los otros continentes por las siguientes distancias: de Suramérica 1.000 km.; de África, 3.600 km.; de Australia, 2.250 km. Para la descripción geográfica de la Antártida se utiliza, por convención, la teoría de los cuadrantes según la cual se divide el continente en Oriental y Occidental, tomando como punto de referencia los meridianos de Greenwich, el de los 90° este y el de los 90° oeste. La Antártida Oriental está compuesta por los cuadrantes australiano y africano y la Occidental por los suramericano y pacífico. Cada cuadrante lleva el nombre del océano o continente que enfrenta, así, de los 0° a los 90° oeste se conoce como cuadrante suramericano [11] , de los 90° a los 180°oeste se denomina Pacífico. Africano desde 0° a 90° este y Australiano de 90° a 180°este. El cuadrante suramericano se caracteriza por comprender la península Antártica y gran cantidad de islas, las más conocidas por el gran público son las Orcadas, Georgias, Sandwich y Shetland del Sur. Están también las islas Biscoe, la Belgrano, y la más grande del Continente: la Alejandro I. En el límite del nuestro cuadrante con el del Pacífico se encuentra la isla Pedro I. Mapa de los cuadrantes
Reclamaciones territoriales Las pretensiones de posesión sobre las tierras antárticas datan del siglo XIX y principios del XX. Sólo en el cuadrante suramericano existen grandes problemas por la superposición de pretensiones, en el resto la cuestión está mucho más clara y definida. Así, el cuadrante africano está todo pretendido por Noruega pero en forma longitudinal, el australiano por Australia y Nueva Zelanda, existe, como es natural por su carácter de ex potencia colonialista, una superposición francesa. En tanto, que el cuadrante Pacífico, salvo un pequeño sector por Nueva Zelanda, no está reclamado por nadie. El que si tiene problemas de reclamaciones territoriales es el cuadrante suramericano en donde se superponen las pretensiones de Chile sobre parte del sector pretendido por Argentina y las pretensiones de Gran Bretaña que abarcan todo el sector argentino y casi toda la reclamación chilena. El sector chileno va desde los 90° oeste, límite del cuadrante suramericano hasta los 53° oeste. Gran Bretaña va de los 80° oeste hasta los 20° oeste, mientras que Argentina reclama el sector que va desde los 74° oeste hasta los 25° oeste. Mapa de reclamaciones territoriales Es obvio, y manifiesto a todas luces, que Argentina está en mejores condiciones que Chile y Gran Bretaña para hacer valores sus pretensiones antárticas. Su masa continental es la que está más cerca. Geológicamente existe una continuidad del continente en la península antártica. Sus posesiones son más antiguas, ya que desde 1904, con el establecimiento de un observatorio metereológico y magnético en las islas Orcadas del Sur, ocupa en forma permanente, pública y pacífica los territorios antárticos que reclama para sí. Pero el éxito de los reclamos de reconocimiento territorial entre los Estados-nación soberanos que componen el derecho público internacional no se logra sólo con buenas razones e intenciones, sino sobre todo a través del poder persuasivo que se pueda acumular en la defensa del reclamo. Tratado Antártico Ya en junio de 1822 empezó a emplearse el adjetivo "panamericano", cuando se discute la posibilidad de celebrar en Washington (EEUU) una conferencia de Estados Americanos. En 1823, en presidente Monroe da a conocer al mundo su doctrina sintetizada en el dogma “América para los americanos” que desde entonces siempre se entendió y aplicó políticamente como “América para los norteamericanos”. El panamericanismo pretende la aglutinación de América y la unificación política y cultural del continente, con arreglo a las normas e instituciones del pueblo norteamericano. Con dicho fin, se han seguido los sistemas del "big stik"(política del garrote) y de la ayuda económica y técnica (Alianza para el Progreso- de ellos), y se ha pasado del terreno puramente especulativo al terreno institucional, mediante la creación y perfeccionamiento de la Organización de los Estados Americanos con la firma de la Carta de Bogotá en abril de 1948. En el marco de esta idea fuerza los Estados Unidos imponen el Tratado Antártico que se firma el 1 de diciembre de 1959. De la misma manera que una década antes impuso el Tratado Interamericano de Asistencia Recíproca(TIAR) o Tratado de Río de Janeiro(1947) y treinta años después, en 1978, alentó y creó la Organización del Tratado de cooperación amazónica(OTCA). Y en nuestros días busca imponer por todos los medios el Area de libre comercio de las Américas (ALCA). Si con el TIAR no intervino en Malvinas cuando fuimos invadidos por una potencia europea como Inglaterra, lo que buscó fue penetrar toda la inteligencia bélico-militar de América del Sur el día después de la Gran Guerra. Y con la OEA colonizó todas nuestra cancillerías y nuestras políticas exteriores; con la creación de la OTCA busca penetrar en el Amazonas declarándolo de “soberanía limitada por parte de Brasil”. Y termina con el ALCA en la construcción de un gran supermercado de Alaska a Tierra del Fuego. Luego de la firma del Tratado Antártico el status jurídico del territorio antártico quedó reducido en forma similar al de los fondos de los mares o al del espacio extraterrestre; es decir, de uso común a toda la humanidad y no se reconocen soberanías nacionales sobre él. El territorio queda reservado para usos pacíficos y, por ende, desmilitarizado. Dos son los grupos de países que firmaron el tratado: a) los reclamantes de sector: Argentina, Chile, Gran Bretaña, Noruega, Australia, Nueva Zelanda y Francia y b) los no reclamantes: Estados Unidos, Unión Soviética, Japón, Bélgica y Sudáfrica. Se sumaron como adherentes a partir del año 1961: Brasil, Polonia, Checoeslovaquia, Dinamarca, Holanda, Rumania, Alemania. En la actualidad se han sumando al Tratado 28 países. Como una muestra y mueca más, de esta historia política contemporánea de la que los países suramericanos no formamos parte y si lo hacemos es a título de convidados de piedra, paradojalmente el secretario ejecutivo del Tratado es un holandés, Jan Huber y la 18a reunión consultiva del Tratado Antártico, se realizó muy cerca del Ártico, en Estocolmo en 2005. Nueva estrategia Antártica: Hacia una Antártida Suramericana Es sabido que, lo que es de todos no es de nadie, o lo que es peor aún, aquello que se declara pertenecer a todos, termina siendo de los más poderosos. Al eliminar, de facto, el Tratado Antártico la soberanía nacional de los Estado-nación sobre el territorio antártico, lo que ha logrado es multiplicar los asentamientos y las bases de los Estados poderosos sobre los sectores reclamados por los Estados débiles, en este caso Argentina y Chile. Si esto continua manejándose en estos términos, y todo indica que así será, terminará la Antártida siendo explotada por empresas multinacionales asentadas en el G8. Como hasta ahora, incluso en últimas publicaciones [12] se viene hablando de “Antártida Sudamericana” para referirse al cuadrante suramericano de la Antártida y no a la proyección política de nuestro territorio sobre el continente blanco, nosotros proponemos una estrategia suramericana sobre la Antártida para así poder constituir políticamente una Antártida suramericana. Existen razones geológicas, políticas, históricas y culturales a favor y en contra de los distintos reclamos, que luego de casi un siglo de disputas estériles de los suramericanos sobre los territorios antárticos no logramos casi nada, y menos aún, el reconocimiento de los otros, que es el principio de existencia en el orden internacional. Así, los Estados existen porque son reconocidos como tales por los otros Estados, de ahí que el reconocimiento sea en algunos casos expeditivo como el apurón de Gran Bretaña en reconocer nuestros estados suramericanos en detrimento de España o lento como el Vaticano en reconocer al Estado de Israel, sabiendo que en ese acto perdía Jerusalén. Por lo tanto nuestra propuesta consiste en afirmar la soberanía de Suramérica como un todo sobre el sector de la Antártida. Y esto se logra en nuestra opinión, de forma clara y distinta, por la proyección de los puntos extremos- geográficos, externos y evidentes- del continente suramericano y las islas que le pertenecen. Así, más allá de algunos grados más o grados menos que pierdan o ganen nuestros respectivos países, desde las islas Sandwich del Sur(Argentina) a los 25° oeste, pasando por Joao Pessoa, en Brasil a los 45° oeste, y Punta Pariñas en Perú a los 81,5° oeste, hasta la Isla de Pascua(Chile) a los 110°oeste pasando en línea por la isla Pedro I, este gran sector que coincide prácticamente con el cuadrante suramericano, debe ser reclamado y defendido a través de una política continental conjunta. Mapa de la Antártida Suramericana
Nuestros diez estados suramericanos se implicarían así en una política antártica común que recupere para el subcontinente el manejo soberano de su sector en la Antártida, porque sus territorios no son res nullius (de nadie) sino que deben estar bajo la soberanía de nuestros países. Y allí si, y solo allí, podrán ser considerados con provecho para nuestros respectivos pueblos como territorios res communis(de uso común). En este manejo común de la Antártida suramericana mucho tendrán que ver y trabajar las respectivas direcciones nacionales del Antártico y la Reunión de administradores de programas antárticos latinoamericanos (RAPAL) que desde 1990 se reúne todos los años y congrega a Brasil, Uruguay, Chile, Perú, Ecuador y Argentina. Y trabajar a dos puntas: a) en la realización de expediciones y establecimiento de bases comunes en la Antártida suramericana y b) en la educación del sentimiento de pertenencia común a la Patria Grande. Sabemos de la resistencia y renuencia chilena a cualquier proyecto de integración suramericana, por eso el esfuerzo argentino como nación más privilegiada debe ser doble. Afirmarnos en lo que somos, para ayudar a los chilenos a liberarse de esa rémora atávica de la geofagia como alimento. Ir más allá de la teoría de los límites estatales, por otra parte siempre móviles para la intelligensia chilena, supone mostrar los beneficios que otorga una única y común Antártida suramericana. Porque como dijera ese gran pensador que fue Joaquín Edwards Bello en su bellísimo libro Nacionalismo Continental(1926) “la primera razón de nuestra debilidad(la suramericana)es la manía de aislamiento, defecto fatal, iniciador de la pequeñez general”. Y también hay que decirlo aunque resulte impolítico, la construcción de una Antártida suramericana tiene al enemigo histórico del subcontinente iberoamericano, Gran Bretaña, ocupando de facto casi todo el sector y las islas aledañas como las Malvinas. En este sentido hay que recordar la enseñanza de ese patriota criollo que fuera Indalecio Gómez, quien siempre se negó a que Inglaterra fuera árbitro en nuestras disputas limítrofes dado que ella es usurpadora de parte de nuestra soberanía nacional y mal puede ser juez y parte al mismo tiempo. Reiteramos entonces, la construcción de una Antártida suramericana supone una acción conjunta de los pueblos de la América del Sur, apoyada en un sentimiento común de pertenencia de esa porción de patria irredenta, para lo cual necesita realizar una economía de fuerzas para ser aplicadas en el momento justo a fin de disuadir a aquellos que por astucia y por la fuerza pretenden usurpárnosla.
[1] Schmitt, C.: La lucha por los grandes espacios y la ilusión norteamericana(1942)
[2] Curiel Rodriguez, José: Pensando en Venezuela, Ed.Cultural Venezolana, Caracas, 1978, p.23 [3] Koutoudjian, Adolfo: Geopolítica sudamericana, en revista “Octubre Sudamericano”, Bs.As. N° 0, dic.2000.- [4] Dieterich, Heinz: Necesidad de las empresas transnacionales latinoamericanas, Bs.As. agosto de 2002, publicación de internet, p.3 [5] Belaúnde, Víctor A.: Peruanidad, Lima, 1983, p.354 [6] < García Calderón: Francisco: La creación de un continente, Biblioteca de Ayacucho, Caracas, 1978, p. 305 [7] Diario La Nación de Buenos Aires, 27/5/03 p.6 [8] Jaguaribe, Helio: Reportaje en revista “Línea”, Buenos Aires, octubre 2000 [9] Auel, Heriberto: El océano político, Academia argentina de asuntos Internacionales, Buenos Aires, 2001, p.8 [10] Wagner de Reyna, Alberto: Crisis de la aldea global, Ed.del Copista, Córdoba(Arg.), 2000 [11]Decimos suramericano y no sudamericano como comúnmente se denomina, porque este último término es un galicismo que nos dejó la colonización cultural francesa. Nuestra lengua es el castellano y en ella debemos correctamente expresarnos y expresar la toponimia. Al respecto conviene recordar que el eximio poeta Leopoldo Marechal decía: No olvides que todo nombre indica un destino. [12] Fue el geógrafo chileno Luis Riso Patrón quien en un opúsculo de 1907 titulado La Antártida Sudamericanael primero que utilizó el término. En esa línea se han publicado infinidad de títulos similares, el último del que tenemos noticias es el de Eugenio Genest Antártida Sudamericana, Buenos Aires, 2001. |
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mardi, 13 janvier 2009
Remembering Johann Herder
Remembering Johann Herder
M. Raphael Johnson
Surprisingly, very few of those who call themselves ethnic-nationalist know anything of its history and development. Johann Herder, writing in the early 19th century, is largely considered the major founder of nationalist theory in western Europe. A pro-Slavic German, Herder laid out a vision of the cultural order where the globe was made of innumerable ethnic groups, united by culture and language, each with its own purpose and “genius.” These were all to be self-governing, as the state was to have a minimal role, leaving actual governance to local institutions and tradition. Of all the nationalist theorists of history, Herder is likely the most widely read today, and is even given a modicum of respect within academic intellectual history and political science.
Ethno-nationalism, in spite of the myths pouring out of the academic presses, is a rejection of the gnostic-Enlightenment view of man, morality and epistemology. Unless one understands this negative connection, one cannot understand the moral and historical and moral basis of nationalism and the ethno-community. Therefore, it is absolutely central that the work of Johann Herder be dealt with, for, in many respects, the revolt against Enlightenment "liberalism" and "practical" conservatism comes from him rather than from Burke, whose theoretical prowess has been overestimated in many respects.
Herder's critique of the Enlightenment rests on one major proposition: that the study of man is radically different from the study of nature. In other words, the object with which any specific community or civilization provides the "social scientist" with does not bear the same marks as an object as in the natural sciences. The sciences themselves impose an ideological and a priori grid upon nature, the quantitative measures to which science reduces all visible phenomena. To treat man as an object of science is to standardize him, to standardize him is to reject all that is human about him, to reduce him to a mechanical being, a being easily manipulated from outside; the esoteria of the social sciences. In other words, this sort of standardization is to reduce civilization -- for Herder the ethno-nation -- to a set of material causes and effects which ensures that only the most formal and formalizable aspects of the people under study will be understood. Even here, though, precisely because that which is formal (or formalizable) is removed from the rest, that then is misunderstood. Peoples are distorted if they are a priori standardized in a quantitative formula. This is the central proposition of Herder's social theory, and, importantly, the starting point for the countercritique of Enlightenment mythology.
Herder, as nearly all anti-Enlightenment thinkers, rejected the intellectually vapid notion of a "social contract." If such contracting individuals were to exist to enter into some contractual obligations, then the contract would have already been settled. In other words, the civilizational apparatus that would allow a scholar to even conceive of a "contract" is already in existence as the contracting parties are coming together. "Social contract" theory is an intellectually dishonest slight of hand: its primary purpose is to reject all aspects of history, civilization and nationhood in order to rebuild the society on the demands of the contracting parties. These, as always, mean the wealthy and powerful who demand the institutionalization of their own interests and call them "universal human rights."
Communities derive primarily from the fact that men are born radically helpless and dependent, not free and equal. Only the existence of the community ensures that human beings exist at all. Therefore, all arts and sciences derive from this natural, communal union, and exist as a product of the communal mind, rather than specifically the minds of great men. In other words, that the man of genius, undoubtedly a reality in human history, should be demystified in that his genius has been nurtured by the community around him. The books he has read, lectures attended, apprenticeships, language, education, in short, everything necessary to develop the talents of genius are communally created, not individually created. Therefore, the proper study of human society is not the "great man" but rather the community, the nation, the ethnos. This is the proper unit of history, and it is it that works through the great men, economic institutions, armies and books that a historian might study. Genius exists, as do classes or great ideas, but they do not come into existence in isolation.
What Herder and his followers revolted against is the mechanization of nature and human societies, the dominance of methodology over mankind and the idea that various nations and cultures are commensurate with the newest conceptual apparatus of modern science. On the contrary, Herder believed that nations and cultures were basically incommensurable, and that, in order to understand any one, they needed to be understood from the point of view of how they understood themselves. Modern historical theorizing generally judges historical societies to the extent they have manifested the much more contemporary ideas of liberalism and secularism. Of course, such a method is not history, but a crude ideological polemic that passes for erudition in American universities. A nation is not "successful" if it is wealthy, if indeed, wealth is not a mark of success. American historians will prattle on about the wealth, freedom or repression in a certain historical culture, without bothering to inquire whether or not such things were considered important, or if the average person considered liberal ideas of jurisprudence to be wise or not. Herder fought this trend in his own day, and the battle seems still to be lost.
The basic epistemological idea here is that, in order to understand anything, the conceptualization of the data (always incomplete) must come a posteriori. Objects can only be understood within and through the group mind of the ethno-community. Contemporary scientific methods take an a priori notion of conceptualization such as "rational choice" theory or a class- or "gender"-based analysis, for example, and impose it upon any society or group whatever. In political science, so it is regularly claimed, any data set whatsoever can easily be quantified and placed within a regression model. The connection between the real, concrete data and its quantification and analysis is rarely questioned. Everything is standardized and everything follows the same crass laws of cause and effect, even man.
For Herder and so many others, what must come first is first-hand, lived experience with the data, with a concrete sense of what an object is, as defined by the specific community under question. Rejecting qualities as "accidents" or "residuals" is an epistemological error, for it rejects what is a part of the object under study, part of what makes it unique and thus worth studying in the first place. In other words, for Herder, any object needs to be understood in the sense of its value or lack of it within the culture which it is found. Epistemology is intensely social, and to divorce it from social life and the development of national consciousness (and therefore language) is to divorce knowledge from reality. Reality, for the analytic philosopher, is a set of concepts expressed in words, not actual objects; and actual objects, to be thus, are always a product of culture, traditions or traditional norms. Objects only become so in the nexus of national and cultural tradition, or they are not objects at all.
For the Enlightenment, the notion of "progress" has been an allegedly continuous move from "myth" to "fact;" myth is the sensuous and concrete aestheticization of nature and mankind into something socially recognizable and intelligible. Progress has its esoteric side of being the "demystification" or "unmasking" of such concrete realities into the abstractions of modern scientific and moral ideology. For Herder, this is a regress. Modern scientific methodology has eliminated the concrete object in favor of a sterile concept. The older idea of myth was not falsehood in any sense, but is a key to the heart and mind of a specific people and civilization. To aestheticize nature is to imprint the "general will" upon it, to provide it with cultural reality by integrating it into the vortex of the nation. The nation, then, seeks to unify all things to itself: nature, technics and economics. These are provided with the imprint of the historical memory of a people. Nothing is strange, everything becomes recognizable.
While it might be true that technics derives from a certain conceptualization of matter, it does no follow that the mythos, or the aestheticization of matter is therefore "backward" or "false." The notion of myth, however conceived, is a means whereby objects of nature and art are brought into the cultural gestalt of the community, the nation. To render objects as mere concepts is to destroy them; it is, in a magical and occult sense, to recreate them in the image of man. In turn, they are taken out of the realm of experience and exist solely in the realm of ideas to then be renamed and reconceptualized by those with the power to perform such magic community-wide. It is a dangerous form of alienation that removes the individual from the realm of the concrete, the realm of reality, or real consequences and the real personal identity, into the realm of ideas, of the realm of images that can easily be transformed by the wishes of those who control the vocabulary and projection of images in modern life. Myth therefore, is not falsity, but it is something integrative and gives nature the stamp of nationhood, or the identity of the collective self.
More importantly for mankind, what is important is a view towards what the various communities and nations deem important or worthy in life. The "idea of order" that animates the community carved out of what ordinarily would be chaos is what needs to be analyzed, not, on the other hand, that strictly modern sense of placing a stylized pattern of "rational choice," "utility maximization," structural-functionalism, psychoanalysis, or whatever and placing it over every and any people. Such modern methods are not based on "science," but on a set of axiomatic assumptions that cannot be proven, namely, that stripping away the cultural "accretions" of a people leads to their "essence," their "demystification." The proposition: "all peoples function according to strict rational choice and utility maximization models," is a completely nonscientific statement. It is an non-provable assumption, made more dangerous that it must be taken on faith, a priori, and merely applied. One then assumes that the product of such analysis actually reflects the "real world" of things.
The vapidity and coldness of analytic methods do, in fact, communicate true cultural life: they are not the universal truths of the faculty lounge dreamers, but rather that of the emptiness of modern western life, where "tradition" and "culture" are largely non-existent, completely administered by the handful of families that control the flow of images and the resultant stimulus. Analytic philosophy, indeed, far from being the search for the universal inherent in the text under study, is nothing more than a brutalization of the texts of western philosophy, the imposition of the mindlessness of Anglo-American liberalism and nihilism upon texts the authors of which could never understand.
For Herder, and for ethno-nationalism in general, one approaches an artifact of a culture, of a nation, precisely as that. Something that reflects, not the specific idiosyncrasies of the artist, craftsman or writer, but of a whole people. Any artifact contains within itself the soul of an ethno-nation and a civilization, of the folk. it reflects years of development long before the object ever came into existence, and a set of influences so nuanced, and going back so far into history that it radically resists any form of quantification, or even of understanding except in the most pedestrian of senses.
In other words, objects of a culture are "organic." That word is used over and over again, and only in the rarest of papers it it ever defined. The best and most meaningful use of the word is that the whole is manifest in the part. That is, each object manifests the whole in which it has been created. Because each man, no matter how much an "individualist" he might delude himself into thinking he is, is the product of time, culture (or lack of it), language and national and communal history that defines the fears and hopes of society at large. Because of the intrinsic connection between human development and one's immersion into a national tradition and self-identification, it follows that the acts of such an individual are, in fact, acts of the nation, of the people.
The notion of "organic," (or, "integral," for that matter) then, refers to the fact that it is not proper to split off the disciplines from one another: morality is dependent upon an understanding of history, philosophy on culture, culture on language, etc. Each is necessary to reinforce the other, and any specific text of a culture, therefore, contains all of them, to one extent or another, however ultimately distorted. To remove moral views from historical development or epistemology or language is to completely distort the actual historical process of these things coming into existence and taking hold over a people.
Hence every nationality must be considered solely in its place with everything that it is and has; deliberate isolation, rejection of individual phases and customs will not result in history. To gather such collections one steps into a charnel-house, into a lumber room and wardrobe of the nationalities, but not into the living creature, into that great garden in which the nationalities grow like plants and of which they are a part; in which everything -- air, earth, water, sun, light, even the caterpillar which crawls upon the plants an the worm which destroys them -- belong to it. (xviii 248)
For Herder, as for nationalism properly understood, nationalities are not states, nor do they need them. States are the creation of men, the ruling classes; nations, on the other hand, are creations of nature, creatures of the dependence and weakness of the individual alone against the elements. Herder writes in a celebrated passage:
Millions of people on the globe live without states....Father and mother, man and wife, child and brother, friend and man -- these are natural relationships through which we become happy; what the state can give us is an artificial contrivance; unfortunately it can also deprive us of something far more essential -- rob us of ourselves. (xiii 341)
One of the most significant difficulties in the American literature on nationalism is the extent to which the state is confused with the nation. However, it is understandable, for the dominance of analytic methods in the social sciences has extreme difficulty dealing with the unquantifiable and complex set of nuances and subtle folkways that are actually the stuff of nationality. The state, with its conveniently arranged bureaucratic offices, numbers of soldiers and massive budgets, is a far more amenable object of study. Unsurprisingly, the nation became synonymous with the development of the state administration. The development of nationalist thinking under Herder was completely lost as the social sciences found the state far more amendable to their careers and intellects.
One of the central aspects of Herder's vision for the development of counterrevolutionary thinking is just this distinction between culture and law, between the ethnos and the state. If culture is strong and vibrant, passed down from the church and family unit, then the arm of the state is unnecessary. The Russian Old Believers, Serbia under Dushan or the feudal West are examples of "states" whose constitution consisted of autonomous communities where the state was very weak or non-existent except in the realm of foreign policy and general taxation. Under the medieval royal systems, each community was self-governing under only those laws necessary to the proper functioning of each autonomous institution. The culture, found in the Church and its myriad manifestations, maintained the identity and order of each community, each with its own specific mission and sense of self. As later as nineteenth century Russia, the rural commune was self governing, and the state's presence in rural life was nearly non-existent. The liberalism of Alexander II and his serf emancipation served one purpose: to allow the state to enter into the formerly self-governing sphere of commune-landlord relations and impose a more centralized regime. In other words, either in the Germano-Latin, Polish, Serbian or Russian cultural milieu in the middle ages, the state's power was not conceived of in a liberal and centralized fashion of an "administration," but the nation -- the ethno-cultural community -- was given free reign to rule and maintain order.
Very much like the Russian Slavophiles of the 1840's, Herder did reject the "consent" theory of government. Custom, tradition and nationality are not things that one consents to: they are the conditions for one to consent to anything. When one, in a purely theoretical way, "consents" to become a citizen of a certain polity, one already must have a rather well developed sense of moral life, culture and self in order to make such a decision. The idea of liberal "consent" is a fraud, for no one has ever consented to be ruled by a certain ruling class, but the idea of 'consent" is intrinsically connected to the lie of "contract theory."
If custom and national tradition has its place, providing the natural and organic sources of authority that one comes to understand from one's birth, then the state or any external authority become unnecessary. The medieval state was a distant entity, an object of veneration because of its function as the protector of the real, that is, the protector of the church and tradition. A monarch or great general is an object of veneration, a bureaucrat is not. The extent to which the state becomes a set of neatly organized bureaucratic offices, distanced and often contemptuous of the communal locality, it ceases to be representative. The modern notion of "representation" is just another of the contemporary frauds that masquerade as "political theory" in the halls of academia. The extent to which the state is consolidated, centralized and self-interested (defined as the bureaucratic regime developing its own corporate interests), it automatically becomes non-representative. This has nothing to do with campaigns or elections, for the bureaucracy in every "advanced" western society, along with the courts, economic centers and mass media, hold real cultural and therefore social power. The destruction of communal cultural unity is always to the benefit of the bureaucratic regime and its demand for neat organization, conceptualization and standardization. Herder writes:
The most natural state is one naturally with one national character. This it retains for ages and this is most naturally formed when it is the object of its native genius for a nationality is as much a plant with nature as a family, only with more branches. nothing appears so indirectly opposite to the end of government as the unnatural enlargement of states, the wild mixing of all kinds of people and nationalities under one scepter....Glued together indeed they may be into a fragile machine, termed a machine of state, but it will be destitute of inner life and mutual sympathy of the parts. (xiii 384)
This may well be termed, as well as the political vision the work as attempted to put forth, a vision of ethno-national anarchism. That is, the lack of state power means the proportionate growth of a local patriotism, a local ethno-traditionalism and a local cultural nationalism that provides for the loyalty of healthy citizens far more than the recruiting sergeant or revenue director. Bureaucracy cannot be separated from a epistemological methodology that demands all data be standardized, conceptualized and subject to the same testing. An epistemology that refuses to see the uniqueness of objects, but rather, for the sake of communicability and neatness of presentation, reduces all objects of whatever kind to their definitional "essences," becomes whatever the powerful in any society want them to be. Herder refused to make the common distinctions between reason and imagination, or sensate experience and culture, all were intimately bound together. One cannot remove the feeling of romance from reason, for it is precisely these feeling that provides for the continued interest in the world. The spirit of loyalty and ethnic tradition is what maintains loyalty, not mathematical equations. One has never done statistical analyses to figure out whether or not one loves his family or native village. These relations are immediate, and they are immediate because it is these that make conceptual mediation (i.e. reason) possible in the first place. Post-modernism is easily predicted when the cultural bases of reason (making reason contingent rather than culture) disappear. When this happens, reason takes a back seat to the "will to power." Without ethno-nationalism, reason dies.
The nature of this tradition, if one is forced to"conceptualize" it, is language. For Herder, language was the primary ingredient in nationality. Words represent the "common symbolism" of memory, the basic structure of which is traditional praxis. It is not surprising that Herder believed words to be ideas, and ideas, words. There is no such thing as an abstract thought that then finds a linguistic outer coating, called a "word." All thought is done through language and therefore, language precedes conceptualization. If language precedes conceptualization, and language is the "concretization" of historical memory or tradition, then reason, a certain structure of thought, is based ultimately on tradition. The basic philosophical distinction between self, idea, word and world is for Herder completely false. Each of these is to be found in the others and is intimated and suggested by the others. Tradition, self, ideas and language are basically one and the same concept; complex to be sure, but related in such a way as to make their arbitrary analytic separation impossible or unintelligible.
The self is not sui generis -- to put this more simply -- but rather the product of the cultural milieu in which it was created: the language, customs, hopes, memories and fears which nurture the self from infancy into adulthood. Only when the culture breaks down through alien peoples and ideas (including the state) does this connection become severed, and the most horrid of situations, alienation, becomes a social reality, leading to social pathology and ultimately, social death.
Man is shaped by his association with others. This association is governed, indeed made possible at all, though similarity -- language, concepts, morality and historical experience. When this memory become clouded -- as in the present day -- though outside intervention of self-interested self-deception then the basic nature of the association is destroyed. The abstractions of liberalism or neo-conservatism cannot rescue it, but are the very products of this decay.
For Herder, nations are formed by various variables, which are primarily climate, basic physical environment, relations with others (or lack of them) and heredity. They develop slowly, but have as their primary goal the binding of strangers into a unity. For Herder, nations in the modern sense are the most holistic form of community: small enough to maintain a basic linguistic and cultural commonality, but large enough to be self defending and economically secure. Obviously the Greek city state was extremely vulnerable, as the large empires were bereft of any ordering principle, as they were made of myriad religions, ethnic groups and languages. For Herder, the very subject of history is the development, thriving and demise of these various nations. Or, put differently, history is the story of how specific peoples controlled and directed the potentially infinite human impulses. Without harmonization, the human will will seek its own pleasure an domination. Culture and historical memory serve to direct the will into a unity of form and function, initiating the man into a world of order in a chaotic and fallen nature.
There can be no doubt that the notion of the cultural community, that is, nationality, for Herder was the primary method of actual and real representation. For him, the nation was the collective consciousness of the people who composed it. In a certain sense, the Rousseauian notion of a general will makes a bit of sense. Now, Rousseau cannot be the ground for nationalism of the Herderian stripe, but there is a sense in which that the idea of a selfless will, dedicated to the common good, can meet in time through historical memory and customary fears and hopes, all expressed a common language that embodies these. This idea of cultural unity is a manifestation of the general will, and is a far more interesting use of the phrase than that "insane Socrates." Herder made a careful distinction between the people, that is, the true representatives of the nation, the folk, and the "rabble," or the frenzied mobs of alienated and acultural "societies" (such as in the modern era) that have only their anger and bitterness to unite them. That there is an "idea" of order that the imagination can partly grasp for Herder is central to their being a nation or a national character at all.
"Progress," one of the phony buzzwords of Enlightenment mythology, is also something that comes to make sense only in a national context. The idea of order that makes sense out of an association, and is developed by it, is what produces the various goals and strivings of a people. Therefore "progress" as an ethical notion can only begin there. The constant uses of the terms "backward" or "progressive" are non-universal, and can only be utilized in the context of the communal structures of a specific nation. What is valued and respected by the community is the extent to which something is progressive or not. To the extent that policy moves towards what is valued versus something else is the proper use of the terms "backward." A "progressive" society, therefore, is one that continually improves its manifestation of its idea of order, or that "general will" that truly represents the historical memory of a people. A "regressive" society is one that moves away from it. "Injustice" comes to be the introduction of policy that rejects the communal consciousness of a people, and therefore, the people's inherent sense of propriety.
Johann Herder is at present, a threat to the modern world and its academic establishment. He is a living refutation of their ideas of progress and conceptual uniformity. He is a danger for he has the potential to unite the anarchists of the "left" with the ethno-nationalist of the "right" against the demands of Enlightenment, empirico-capitalism, in both its vapid liberal and conservative forms. His battle was primarily against the notion of cosmopolitanism, or the idea that man's faculties are sui generis, and therefore owing no loyalty to any specific community. Such a person is barely human, living accordingly only to his desires and impulses: he is inherently sociopathic. The proof of Herder's ideas here is evident in the present day. Herder writes, mocking the pretensions of the modern cosmopolitan spirit:
All national characters, thank God, have become extinct; we all love one another ,or, rather no one feels the need of loving anyone else. We all associate with one another, all are completely equal -- cultured, polite, very happy; we have, it is true no fatherland, no one for whom we live; but we are philanthropists and citizens of the world. most of the rulers already speak French, and soon we all shall do so. And then -- bliss! The golden era is dawning again when all the world has one tongue and one language; there shall be one flock and one shepherd! (v, 550)
Therefore, Herder is forgotten, but is is equally clear that the building upon the ruins of the plastic liberal/conservative divide will need his services once more.
[The Idyllic, August 9, 2003]
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jeudi, 08 janvier 2009
Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline par J. Morand
Trouvé sur: http://ettuttiquanti.blogspot.com/
Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline par J. Morand
Extrait de Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline de Jacqueline Morand, 1972 :
Le paradoxe. Céline engagé volontaire des deux guerres.
« Ce pacifiste forcené, qui dénonçait si violemment la guerre, la déliant d'un mépris gigantesque, qui allait jusqu'à faire l'apologie de la lâcheté et de la roublardise dans son premier roman et se déclarait en 1938 « objecteur de conscience 700 pour 100 » fut un volontaire des deux guerres, médaillé militaire en 1914, cité à l’Ordre de l'armée, mutilé 75 %. Là réside le paradoxe, la réelle contradiction entre l'œuvre de Céline et sa vie. Un patriotisme d'Epinal ne cessa jamais au fond de l'habiter. Cette première guerre mondiale qu'il jugeait monstrueuse, absurde, et haïssable, il était fier de l'avoir faite avec bravoure, fier des blessures reçues au service de son pays, versant dans ces « sentiments » dont il disait devoir se méfier.
Les dernières pages de Mort à crédit présentent l'engagement à l’armée du jeune L.F. Destouches comme la révolte d'un adolescent qui pense échapper ainsi à l'emprise devenue pesante de sa famille. De fait Céline s'engagea volontairement en 1912 pour une durée de 3 ans. Il put choisir sa garnison, Rambouillet, 12è régiment de cuirassiers. Il avait 18 ans. Maréchal des logis sur le front des Flandres, il fut en novembre 1914 volontaire pour une mission dangereuse à Poekapelle en Flandre occidentale dont il se tira avec bravoure. Grièvement blessé au bras et à la tête, considéré comme invalide à 75%, il fut cité à l’ordre du jour de l’armée et reçut la Médaille militaire. Cet acte héroïque lui valut d’être représenté en couverture de L’Illustré national (10). La gravure montre le jeune Destouches galopant à cheval sous le feu nourri de l’ennemi. La légende inscrite au bas de la gravure explique :
« Le maréchal des logis Destouches, du 12è régiment de cui¬rassiers, a reçu la médaille militaire pour s'être offert spontané¬ment (alors qu'il était en liaison entre un régiment d'infanterie et sa brigade) pour porter, sous un feu violent, un ordre que les agents de liaison d'infanterie hésitaient à transmettre. Après avoir porté cet ordre, il fut malheureusement grièvement blessé au retour de sa mission. »
Ces blessures expliquent qu'il fût affecté, début 1915, à Londres, comme attaché au bureau des passeports, ce qui lui occasionna des rencontres étranges, celle de Mata-Hari entre autres. Il fut, en 1916, envoyé au Cameroun, réformé temporairement et retourna à Londres, versé dans les services de l'Armement. Il obtint en 1917 son deuxième baccalauréat à Bordeaux, fit des tournées de conférences en Bretagne pour la Fondation Rockfeller, en vue de la propagande anti-tuberculeuse, et commença en 1918 ses études de médecine à Rennes. En 1939, Céline, âgé de 45 ans, reprend volontairement du service dans l'armée. Il devient médecin de la marine de guerre (3è classe) et embarque à bord du Shella, un paquebot de la compagnie « Paquet ». Lors d'un trajet Casablanca-Marseille, le bateau est touché par une torpille allemande au large de Gibraltar ; il entre ensuite en collision avec un patrouilleur anglais, le Kingston Cornelian et les deux navires font naufrage. Renfloué, le Shella est coulé par les Allemands en regagnant Marseille.
Où irai-je ? s'interroge Céline dans une lettre envoyée de Gibraltar le 9 jan¬vier 1940 à un de ses amis.
Ah ! le destin se montre féroce en ces jours courants. J'espère que vu ma vaillance et ma discipline, on me découvrira une nouvelle planque où je finirai bien par gagner la timbale des bonnes vies bien mouvementées.
Et de poursuivre avec amertume :
De toi à moi, jamais je ne me suis tant ennuyé. La belle époque tu vois c'était le XVIIIè. On y faisait facilement une vie par semaine. De nos jours dits rapides, on guerroye en limace.
A son retour en France, Céline remplace le médecin mobilisé du dispensaire de Sartrouville. Il accompagne sur les routes de l'exode jusqu'à La Rochelle une ambulance d'enfants qu'il ramènera à Sartrouville en octobre (11). Durant l'occupation, il vit à Paris, rue Girardon et travaille au dispensaire de Bezons. Il quittera Paris pour l'Allemagne, en juillet 1944.
Il y a donc désaccord entre les idées pacifistes de Céline qui logiquement aurait dû le conduire à l'objection de conscience et les réflexes qui le poussèrent à s'engager volontairement une fois la guerre déclarée. Cette contradiction correspond chez lui à l'oppo¬sition entre un antimilitarisme ardent et un patriotisme à la Déroulède, et dans cet affrontement entre l'antimilitarisme qui chez lui tient plutôt de l'idée, et le patriotisme qui relève surtout du sentiment, c'est ce dernier qui l'emporta. Il est à noter aussi que les deux guerres l'ont très différemment marqué : la guerre de 1914 l'a poussé ainsi qu'un grand nombre d'intellectuels de sa génération à un pacifisme véhément. La guerre de 1940 l'a laissé plus indifférent, détachement que procure l'âge, lassitude que crée l'habitude. Le pacifisme de Céline reste étroitement lié à la guerre de 1914, aux corps à corps des poilus, et aux champs couverts de jeunes cadavres en uniformes bleu horizon.
Mais le refus forcené du romancier du Voyage atteint à l'intemporalité et à l'universalité. Il semble inspirer le pacifisme intransigeant de certains mouvements de jeunes des années 1970, en réplique à l'optimisme quelque peu pervers de « la paix par la terreur » ? Au-delà de la soif de fraternité entre les hommes, au-delà des bons sentiments, face à la menace atomique et à la banalisation de la guerre, l'impulsion angoissée de Bardamu s'arroge le droit d'envahir nos sociétés contemporaines. »
Notes
10. Voir, L'Illustré national, Histoire anecdotique de la guerre européenne, novembre 1914.
11. Durant quinze jours, Céline sera médecin à l'hôpital de La Rochelle. On lui proposa alors d'embarquer à bord d'un bateau en par¬tance pour l'Angleterre. Il refusa, ne voulant pas abandonner son ambulance.
A lire:
>>> Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline par J. Morand (1)
>>> Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline par J. Morand (2)
>>> Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline par J. Morand (3)
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mercredi, 07 janvier 2009
Démocratie à la russe: pouvoir et contre-pouvoir en Russie
trouvé sur: http://polemia.com
« Démocratie à la russe : pouvoir et contre-pouvoir en Russie »
Par Jean-Robert Raviot
« Démocratie à la russe » est un ouvrage passionnant. Jean-Robert Raviot, maître de conférences à Nanterre et à Sciences-Po, y procède à un froid décryptage de la vie politique russe. Avant de nous livrer à une comparaison décapante avec la « démocratie à l’européenne », livrons-nous à quelques explications :
En moins de vingt ans la Russie est passée du « parlementarisme balbutiant de la fin de l’empire » à la « démocratie présidentialiste post-soviétique » (1) et les Russes sont rapidement devenus des adeptes de l’ « athéisme démocratique » (2), sceptiques sur les élites qui les représentent.
Le nombre des partis siégeant au Parlement n’a cessé de se réduire : dix dans la chambre élue le 12 décembre 1993 ; quatre seulement dans la Douma d’Etat élue le 2 décembre 2007.
Le vote « de conviction » ou « d’élimination » qui marquait les scrutins du début des années 1990 a cédé la place à un vote « clientéliste » et d’ « allégeance » (3), un « vote d’allégeance » qui s’est porté, en 2007, à 70% sur Russie Unie, la grande force centrale, « centriste », qui a émergé, puis s’est imposée, comme force dominante en renvoyant sur les marges extrêmes les libéraux et les communistes.
Pour Russie Unie, « la démocratie est au service de la souveraineté nationale et de la puissance » (4) ; la démocratie vise moins à « être représentative que constructive ».
C’est ainsi que la Russie est devenue avec Russie Unie un pays à parti dominant. Cette situation était déjà connue auparavant dans d’autres pays réputés démocratiques tels que le Japon, avec le Parti libéral-démocrate depuis 1945, Taiwan, avec le Kouo-Min-Tang de 1950 à 1991, le Mexique, avec le Parti révolutionnaire institutionnel de 1930 à 2003, et la Suède, avec le Parti social démocrate de 1932 à 1976.
Bien sûr, la tentation est grande dans les médias occidentaux de condamner l’évolution de la Russie dont la vie politique s’éloignerait à leurs yeux de l’idéal type de la démocratie. Jean-Robert Raviot ne cède pas à ce confort intellectuel facile. Bien au contraire, il se plaît à souligner – horresco referens – les points de convergence entre la démocratie post-soviétique et la post-démocratie européenne :
– l’inégalité d’accès aux grands médias ;
– la vie politique qui se transforme en feuilleton télévisé à épisodes ;
– le débat politique simplifié à l’extrême et n’ayant qu’une incidente réduite sur la délibération ;
– le changement des modes de scrutin ;
– la lutte contre l’ « extrémisme » pour mobiliser ses partisans et déconsidérer son opposition : certes, en Russie ce sont les « libéraux » qui jouent le rôle d’ « extrémistes » dévolu en Occident aux « nationaux », mais la mécanique de manipulation de l’opinion est la même ;
– la dictature du politiquement correct même si le politiquement correct n’est pas le même à l’est et à l’ouest : c’est le patriotisme en Russie (Russie Unie se définit comme « le parti de la réussite, du redressement national ») ; c’est le mondialisme et l’antiracisme en Occident (où l’on veut construire « une humanité hors sol et hors histoire », selon Marcel Gauchet) ;
– des procédures électives qui dans les faits visent moins à permettre au peuple de choisir ses dirigeants qu’à assurer une légitimité à l’élite au pouvoir.
A rebours du « démocratiquement correct », Jean-Robert Raviot estime finalement que loin « d’accuser un quelconque retard la Russie post-soviétique est au contraire en avance sur son temps » (5). Et d’enfoncer ainsi le clou : « Le vernis de la modernité démocratique triomphante craque et les innombrables faux-semblants politiques de l’Occident apparaissent en pleine lumière. Aux Etats-Unis, le césarisme et le népotisme, qui constituent depuis toujours la part d’ombre du système politique, se manifestent avec une évidence sans pareille. Le « phénomène bureaucratique » se déploie avec un systématisme presque caricatural dans la « construction européenne ». Les préceptes du « politiquement correct » ont partout pris les apparences d’une nouvelle religion civile officielle. Les clientélismes de toute nature semblent constituer les vrais arcanes de la décision politique. La connivence des fortunes privées et des pouvoirs publics semble devenir la règle et la possession d’un patrimoine important est la clef du succès d’un nombre croissant d’entreprises de conquête du pouvoir politique. Enfin, l’impératif de sécurité est invoqué à l’appui de dispositions généralement plébiscitées qui substituent progressivement un état d’exception permanent à l’ordre constitutionnel. A l’heure où les recettes de la « gouvernance » se substituent à l’art du gouvernement des hommes, « la démocratie occidentale redescend du piédestal sur lequel l’histoire de l’après-1945 l’avait placée dans une comparaison, forcément avantageuse, avec les totalitarismes national-socialiste et communiste (6) ».
Les Occidentaux jugent sévèrement la démocratie à la russe au regard de l’idéal démocratique. Mais la démocratie à la russe renvoie en miroir à l’Occident la vision de sa propre réalité, toujours plus éloignée des grands principes censés la fonder.
Et pourtant l’Occident continue à s’ériger en donneur de leçons alors même qu’il est plus que douteux que les chefs politiques occidentaux bénéficient auprès de leur peuple d’une estime et d’une popularité réelles aussi flatteuses que celles dont bénéficient Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev !
Guillaume Bénec’h
Polémia
08/12/08
(1 « Démocratie à la Russe », p. 5.
(2) Op. cit., p. 8.
(3) Op. cit., p. 48.
(4) Site Internet de Russie Unie, cité dans « Démocratie à la russe », p. 10.
(5) Op. cit., p. 118.
(6) Ibid.Jean-Robert Raviot, « La Démocratie à la russe », Ellipses, avril 2008, 160 p., 17,10 euros.
Guillaume Bénech
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lundi, 05 janvier 2009
Entrevue avec Domenico Fisichella sur la notion de totalitarisme
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1987
Entrevue avec Domenico Fisichella sur la notion de totalitarisme
par Giovanni SEMPLICE
Il a cinquante-deux ans et les porte bien. C'est un savant qui jouit d'un prestige international et ses travaux sont publiés à Oxford, à l'Université de Californie, à la Sorbonne, au Centre d'Etudes constitutionnelles de Madrid. Son nom: Domenico Fisichella, professeur ordinaire de Science de la Politique auprès de la Faculté des Sciences Politiques de l'Université "La Sapienza" à Rome. Il enseigne aussi à l'Université Libre Internationale des Etudes Sociales (LUISS). Pour le grand public, il est connu comme étant l'éditorialiste du quotidien La Nazione de Florence, auquel il a collaboré d'avril 1971 à mars 1977, et comme chroniqueur à Il Tempo de Rome.
Son livre le plus récent, Totalitarismo. Un regime del nostro tempo (La Nuova Italia Scientifica, Ro-me, 1987) constitue une vaste recherche, toute emprein-te de lucidité. L'analyse théorique y est enrichie d'une énorme érudition historique et l'auteur réussit un tour de force: préciser avec minutie un concept central pour la compréhension de l'un des phéno-mè-nes politiques protestataires des plus inquiétants qu'ait jamais connu l'histoire.
C'est de cet ouvrage fondamental que nous nous sommes entretenu avec Domenico Fisichella dans le bureau de sa belle maison de Parioli.
Ma première question concerne directement la loca-li-sation historique du phénomène to-ta-litaire. Pourquoi celui-ci s'inscrit-il dans notre temps? Qu'est-ce qui le distingue des autres formes autocratiques que l'hu-manité a connues jusqu'ici?
Ma réponse renvoie aux caractères propres du XXème siècle. Nous avons une société massifiée, mar-quée par la disparition des distinctions de classe traditionnelles, nous constatons l'émergence de ni-veaux significatifs dans le développement technolo-gique, nous observons des crises de légitimité dans de nombreux pays ainsi que des soubresauts dus à la transformation radicale soit des processus politiques soit des processus socio-économiques ou socio-culturels: sur un tel terrain peut s'alimenter le grand et terrible projet des mouvements totalitaires, qui est de créer l'homme nouveau et l'ordre nouveau. Ces fac-teurs, combinés les uns aux autres, ne se sont jamais rencontrés conjointement dans aucune réalité anté-rieure. Le totalitarisme est donc bien fils de notre temps parce qu'il exprime, dans ses formes et dans son contenu, lesquels sont dramatiquement exas-pérés, distordus, désordonnés et dépourvus de toute espèce de discrimination, l'anxiété des hommes face à l'innovation et à la transformation du monde dans lequel nous vivons.
Placé sous cet angle, quelle est la différence entre un régime totalitaire et un régime autoritaire?
Les différences sont multiples. Je me limiterai à en si-gnaler deux. Pour commencer, tous les régimes totalitaires sont à parti unique, tandis que nous con-nais-sons des régimes autoritaires sans partis, à un seul parti ou à plusieurs partis (dans ce dernier cas, toutefois, dans un contexte non compétitif). Ceci dit, tandis que dans les régimes autoritaires monoparti-tes, l'Etat demeure ou tend à demeurer dans une po-si-tion supérieure et primordiale par rapport au parti, comme dans le cas de l'Espagne franquiste voire dans celui de l'Italie fasciste; dans les régimes tota-li-taires, au contraire, le parti prévaut par rapport à l'E-tat et évide ce dernier de sa signification générale pour s'en appro-prier au nom de l'idée que représente le parti et celui-ci devient ainsi le noyau où germe la société nouvelle: ce processus vaut pour les cas du bolchévisme soviétique, du communisme chinois, du national-socialisme allemand. Et nous pouvons pas-ser à la seconde différence. C'est, en gros, celle du rapport entre régime et société, entre régime et culture. L'autoritarisme montre une compatibilité avec les divers niveaux significatifs du pluralisme so-cial (dans la double dimension économique et culturelle) et les respecte en règle générale. Mais il nie le pluralisme politique. Le totalitarisme, en re-van-che, est intimement anti-pluraliste à tous les ni-veaux et se doit, en conséquence, de détruire toutes les articulations et toutes les autonomies de la vieille société afin de bâtir l'ordre nouveau.
Quand on prend acte de ce schéma, quelle plausibilité acquiert la thèse qui décrit le national-socialisme comme un mouvement et un système de pouvoir bourgeois, comme le produit et la "longue main" des intérêts du capitalisme et de ses exigences en matières de marché et d'hégémonie civile?
A mon avis, de telles interprétations sont désormais am-plement réfutées, vu que nous connaissons l'is-sue tragique du nazisme. Le parti nazi, loin d'être une projection de la bourgeoisie, de ses valeurs et de ses intérêts, en est profondément éloigné. Tout com-me sont très distinctes l'orientation globale du con-servatisme et l'orientation globale du national-socia-lisme. Sans aucun doute, dans la phase d'érosion de la République de Weimar, quand les nazis partirent à la conquête du pouvoir, il y a eu de nombreuses col-lu-sions entre les milieux conservateurs et les mi-lieux nazis, toutes dues, il faut le dire, à une mé-com-pré-hension de la nature véritable du mouvement hitlé-rien. Toutefois, tandis que la polémique conserva-trice dirigée contre la République de Weimar et son système démocratique tendait plutôt à instaurer un ré-gime autoritaire "qualitatif", l'action des natio-naux-socialistes s'efforçait de construire un régime to-talitaire "quantitatif", basé sur les masses. Il est vrai que parfois le capitalisme bourgeois peut, pour as-surer la sauvegarde de ses intérêts économiques, recourir à un instrument politique de type autoritaire, mais penser que ce capitalisme puisse aspirer à un régime totalitaire est une contradiction dans les ter-mes, surtout parce que le totalitarisme, précisément, vise à établir une économie non économique, c'est-à-dire une économie totalement subordonnée à la po-litique, alors que le bourgeoisisme se montre jaloux de préserver sa conquête: l'autonomie de la dimen-sion éco-no-mique.
Le thème central des deux cents solides pa-ges de Totalitarismo. Un regime del nostro tempo met en exergue un trait distinctif du type politique totalitaire: la révolution permanente. Le totalitarisme est, en deux mots, un régime de révolution, d'une révolution qui ne s'arrête pas. Comment alors ce régime de révolution est-il compatible, lui qui postule une fracture dans le flux de l'his-toire, avec l'idée de permanence, qui sous-tend toujours, de quelque mode que ce soit, le principe de continuité?
Votre observation est subtile. L'apparente con-tradic-tion s'estompe si nous parvenons à percevoir la ré-vo-lution comme un processus et l'histoire comme une succession de déstabilisations induites, et ce, dans une optique de mouvement, de lutte continue. L'idée de "lutte continue", en fait, est proprement to-talitaire. Dès que le pouvoir est conquis, le mouve-ment poursuit la révolution, en l'appliquant cette fois du haut et en déstabilisant la société par une succes-sion d'"ondes" subversives. Cela peut paraître paradoxal, mais le désordre est le trait le plus spécifique du totalitarisme, qui "attend" l'avènement d'un or-dre nouveau qui n'arrive jamais.
(Interview extrait de la revue Intervento n°82-83, août-octobre 1987; traduction franç.: R. Steuckers; adresse: Intervento, c/o Gruppo Editoriale Ciarra-pi-co, Piazza Monte Grappa 4, I-00195 Roma; abon-nement pour 6 numéros: 40.000 Lire).
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samedi, 03 janvier 2009
La faute à Rousseau...
SYNERGIES EUROPÉENNES - VOULOIR (Bruxelles) - JANVIER 1986
La faute à Rousseau...
L'occident vit aujourd'hui, qu'il le veuille ou non, autour des grandes questions lancées au XVIIIème siècle par le philosophe genèvois Jean Jacques Rousseau. Le génie de cet homme réside non seulement dans la variété des thèmes de sa réflexions (de l'histoire au droit constitutionnel, en passant par l'art et la psychologie des cultures) mais aussi et surtout dans la nombreuse postérité que nous pouvons encore observer de nos jours, de la gauche socialiste à la droite libérale. Au fond, personne ne peut faire sérieusement l'impasse sur les grandes valeurs idéologiques du rousseauisme. Pour ou contre, mais jamais indifférent...
L'ouvrage de Jacques JULLIARD, historien, éditorialiste au Nouvel Observateur et directeur à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, tombe à pic à une période où le retour des valeurs libérales et les prédictions répétées d'une "fin des idéologies" semblent converger vers une normalisation terrifiante des cerveaux européens. La nombreuse et souvente divergente descendance des lecteurs de ROUSSEAU retient pourtant que la part du politique et des valeurs qui organisent la cité ne sont ni neutres ni scientifiques mais idéologiques et arbitraires. Ce que ces thuriféraires ou ses critiques ont fort bien reconnus.
Le discours rousseauiste charrie en effet un certain nombre de valeurs aussi fondamentales dans les débats politiques du XIXème et du XXème siècle que l'idéologie du contrat social, la notion de souveraineté du peuple, l'omnicompétence du politique et le rôle actif et volontariste de l'Etat dans la vie des nations...
Toutes ces valeurs furent à la source d'idéologies très contradictoires les unes par rapport aux autres. JULLIARD analyse chacune d'entre elles avec précision et objectivité. Du jacobinisme au libéralisme bourgeois de BASTIAT et Benjamin CONSTANT, du socialisme étatique et terroriste de BLANQUI au socialisme mutuelliste des Proudhoniens de la fin du XIXème siècle, de nombreux courants de pensée se sont plus ou moins explicitement référés à l'oeuvre de Jean-Jacques ROUSSEAU. JULLIARD intègre même dans cette postérité une partie non négligeable de la pensée traditionaliste et contre-révolutionnaire de LAMENNAIS à BONALD. Il est intéressant de noter que, quelque soit par ailleurs les critiques féroces de ce dernier à l'égard de ROUSSEAU, considéré par les monarchistes comme le père spirituel de la Révolution de 1789, il y a chez eux deux attitudes marquées par un intérêt certain pour le discours de l'auteur du Contrat Social. D'ailleurs cette attitude ambigüe s'appuie aussi pour une bonne part sur l'aspect protéiforme de la pensée du citoyen genèvois. Ces contradictions dans le discours rousseauiste furent d'ailleurs parfaitement intégrées dans sa pensée, toute mouvante et évolutive. En fait, ROUSSEAU fut en permanence soucieux de tenir un compte exact des réalités historiques et géographiques propres à chaque peuple pris en soi. Si MONTESQUIEU tenait pour déterminant dans le mode d'organisation politique d'un peuple le critère du climat, ROUSSEAU fut le premier à conceptualiser avec intelligence le critère démographique. Ne croyant pas un instant à l'obligation, pour un mode d'organisation politique, de se ranger dans une des trois catégories fondamentales définies par ARISTOTE, il tenait un compte aussi rigoureux que précis des déterminants (relatifs) de la géographie, du nombre des citoyens installés sur le territoire national et des traditions locales propres à cette communauté étudiée. Les projets de constitution pour la Corse et la Pologne reflètent ce souci.
La fécondité de la pensée rousseauiste, trop souvent schématisée par ses pseudo-partisans républicains et ses adversaires réactionnaires (l'école contre-révolutionnaire du XIXème sicèle et les intellectuels maurrassiens du XXème), explique aussi pour une part l'influence de cette pensée dans la genèse idéologique du jacobinisme.
Parce que le jacobinisme constitue l'essence même de la révolution politique de 1789, on ne peut pas faire l'impasse de ses racines idéologiques. L'Occident moderne est un avatar monstrueux du jacobinisme, issu lui-même pour une part de l'esprit du classicisme français. Le discours rousseauiste, en particulier sa référence constante à la notion de volonté générale et à la souveraineté populaire qui en est le corollaire, a inspiré la création de ce modèle typique du régime moderne.
Pourtant, on ne peut attribuer la totale paternité de ce modèle à Jean-Jacques ROUSSEAU. La notion de communauté populaire que le jacobinisme a extrait des principes rousseauistes pouvait évoluer dans des directions fort contradictoires. 1° Une évolution totalitaire, où le peuple apparaît comme une collection arithmétique d'individus doués de raison. Le jacobinisme, appuyé sur une conception rationnelle et atomisante du citoyen, où la volonté générale ne tolère aucune forme d'association entre ces derniers. L'Etat face à l'individu-citoyen. 2° Une évolution démocratiqu, notamment sous sa forme bourgeoise, où la souveraineté du peuple est déléguée à une minorité représentative. Il s'agit du modèle de démocratie représentative que les jacobins (à l'exception de la constitution de 1793 jamais appliquée) favorisèrent tout au long du XIXème siècle. Enfin, 3° la démocratie dite directe, considérée par les mêmes jacobins comme anormale et historiquement condamnée. Autant de conceptions qui sont toutes issues de la matrice rousseauiste. Le jacobin, magnifiquement décrit par l'historien Hippolyte TAINE dans ses Origines de la France contemporaine, crée alors le suffrage censitaire, interdit toute association professionnelle, combat comme obscuran- tistes les cultures provinciales. Tous ces actes ayant pour finalité la création d'un "homme nouveau", d'un homme sans racines, formé selon la pédagogie idéologique de l'école républicaine; en somme, l'homme de la modernité...
Jacques JULLIARD a su avec beaucoup de clarté et de références nous décrire cette descendance de Jean-Jacques ROUSSEAU. Nous pouvons pourtant regretter une conclusion peu explicite. La problématique de la représentation est très légèrement abordée. Evoquer les blocages face aux formes traditionnelles de la représentation (parlementaire, syndicale, etc.) ne résout en rien la question. Il manque un discours global et cohérent sur les structures nécessaires et historiques d'une nouvelle démocratie, une démocratie organique qui prendrait en compte et la dimension communautaire nationale et la dimension intra-communautaire. Le livre de JULLIARD peut nous aider à y réfléchir.
Ange SAMPIERU.
Jacques JULLIARD, La faute à Rousseau, Seuil, Paris, 1985, 85 FF.
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jeudi, 01 janvier 2009
Réflexion sur le destin et l'actualité de l'Europe
Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES / TROISIÈME VOIE (Paris) / Mai 1985
Robert STEUCKERS:
Réflexion sur le destin et l'actualité de l'Europe
Discours prononcé à la Mutualité à Paris en mai 1985
Les années 80 sont marquées par l'agitation pacifiste en Allemagne Fédérale, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Scandinavie et en Belgique. Lors de leur congrès de la Pentecôte, il y a trois jours, les Verts ont réclamé une nouvelle fois le départ des troupes américaines et le retrait de la RFA de l'OTAN.
Parallèlement à cette version de "gauche", à cette version contestatrice et iréniste de l'hostilité à l'OTAN et aux Etats-Unis, s'est développée, en Allemagne Fédérale, une véritable renaissance de l'historiographie nationale. La "nation" est réelle-ment redevenue une valeur politique Outre-Rhin et un objet de discussions politiques incessantes. De l'extrême-gauche à l'extrême-droite de l'échiquier politique parlementaire ou extra-parlementaire, des voix se sont élevées pour réclamer le non-alignement de l'Allemagne et la réunification. En France, de ce glissement de terrain idéologique, on n'enregistre pratique-ment pas d'écho dans les médias. Et pour cause, ce phénomène souterrain, cette maturation sourde ne correspond à aucun des schémas dans lesquels les idéologies dominantes veulent enfermer l'Allemagne.
Aux Pays-Bas, mêmes défilés de masse, mêmes pétitions, même hostilité aux fusées étrangères. En Angleterre, l'amé-ricanolâtrie pathologique de Madame Thatcher —et en prononçant son nom, on a envie de cracher la même hargne que le chanteur anar Renaud— provoque le bradage de l'industrie militaire britannique au profit des Etats-Unis. En Belgique, le scéna-rio est identique: le gouvernement conservateur rejette un projet national de blindé transporteur de troupes au profit de surplus obsolètes de l'US Army!! Alors que le chômage concerne 15% de la population active et qu'aucune amélioration de cette situation n'est prévue... De part et d'autre de la Mer du Nord, atlantiste rime de plus en plus avec "anti-national" et "anti-social"...
Jouer la carte américaine, c'est clair désormais, c'est faire un mauvais pari. C'est renoncer à l'indépendance comme en Alle-magne ou aux Pays-Bas; c'est renoncer à l'autonomie militaire comme en Grande-Bretagne ou en Belgique. Les Allemands sont ceux qui, en Europe, ont le plus réfléchi à la question. Quatre modèles d'organisation militaire alternatifs existent dans la réalité et non dans les rêves fumeux des pacifistes, pour qui la chose militaire doit être purement et simplement abrogée. Quatre modèles peuvent servir à amorcer une réflexion, une réflexion qui doit nous conduire à élaborer un système de défense européen efficace et indépendant.
Il y a le modèle suisse, le modèle yougoslave, le modèle suédois et le modèle autrichien. La Suisse -on s'en moque parfois- est pourtant le seul pays qui s'est donné un système militaire réellement démocratique, c'est-à-dire organique et populaire. Quand je parle de démocratie, je ne parle pas de partitocratie ni de truquages électoraux. La Yougoslavie a calqué son système militaire sur le mode de mobilisation des partisans enracinés dans leurs villages. La Suède a su créer sa propre industrie mili-taire et sa propre industrie informatique: SAAB pour les avions, Volvo et Scania pour le charroi, Chars "S", missiles "Carl Gustav" et missiles air-sol, etc. L'Autriche nous a légué un théoricien hors ligne: le Général Spannocchi.
En Suisse, les citoyens disposent chez eux de leurs uniformes de combat et de leurs armes et munitions. Le reste, armes anti-chars, munitions supplémentaires, charroi, etc; est entreposé aux maisons municipales ou aux commissariats. Ce système permet une mobilisation immédiate de 600.000 hommes. La Suède s'est dotée d'une industrie militaire et aéronautique auto-nome, qui ne demande, au fond, qu'à devenir l'arsenal du non-alignement eu-ropéen. Les officiers d'Etat-Major yougo- slaves ont procédé à une étude systèmatique des guerres et guerillas de partisans pour construire une armée populaire nombreuse, immédiatement mobilisable comme en Suisse et prête à affronter n'importe quel envahisseur, d'où qu'il vienne. L'Autriche, "protégée" par un "Traîté d'Etat" cosigné par les quatre puissances occupantes en 1955, ne s'est pas dotée d'une armée et d'une industrie militaire aussi puissantes que dans les autres pays neutres. Néanmoins, l'Autriche construit en autarcie ses armes légères, ses munitions et son charroi et privilégie ses achats militaires en Suisse, en Suède et en France, trois pays qui n'appartiennent ni à l'OTAN ni au Pacte de Varsovie. Mais l'Autriche, rappelons-le, a donné à l'Europe un doctrinaire mili-taire remarquable, le Général Emil SPANNOCCHI.
Entre les blocs existe donc un "cordon sanitaire" de pays qui adoptent, sur le plan militaire, des principes de "troisième voie", c'est-à-dire une logique de la non-inféodation diplomatique. Bien sûr, la Suède, l'Autriche et la Suisse appartiennent toutes trois à la sphère "capitaliste", à la sphère dominée par la logique libérale. Mais les sociales-démocraties autrichiennes et suédoises assurent une large redistribution et, en Suède surtout, les gouvernements sociaux-démocrates, contrairement à bon nombre de leurs camarades bavards d'Europe Occidentale, ont pratiqué une politique d'investissements nationaux dans les domaines les plus divers: création d'une usine nationale de chaussures pour enrayer la concurrence venue du Tiers-Monde, création d'industries de pointe en informatique et en bio-technologie, maintien d'une relative autarcie alimentaire (en Au-triche également), etc. La sociale-démocratie suédoise est bien souvent dénigrée par les néo-libéraux qui mettent en exergue sa lourde fiscalité mais prennent bien soin d'occulter le résultat: une indépendance nationale accrue.
Qu'il n'y ait pas d'équivoque: notre défense partielle et limitée de la sociale-démocratie suédoise n'implique nullement une va-lorisation quelconque des "sociales-démocraties" corrompues, inefficaces, oligarchiques, népotistes, partisanes, préban-dières et, pire reproche, atlantistes de Grande-Bretagne, de Belgique, de France, d'Espagne et d'Italie.
Il y a donc un "cordon sanitaire" non-aligné au centre le l'Europe, du Cercle polaire à la frontière grecque, avec un énorme trou au milieu: le territoire de la RFA. Bons géographes, les observateurs politiques ouest-allemands revendiquent le rem-blaiement de cette trouée, c'est-à-dire l'élargissement du statut de l'Autriche à leur pays. Ainsi, le cordon serait soudé et les blocs ne seraient plus face à face. Le danger d'une conflagration, d'une apocalypse guerrière au centre du continent diminue-rait. Pour ceux qui ont le souci de l'avenir de l'Europe, cette perspective est à envisager avec le maximum de sérieux. Mais, halte aux utopistes, aux pacifistes peureux qui voudraient un neutralisme à la hippy, un neutralisme de la rose contre les baïonnettes, copié des manifestations de Washington contre la guerre du Vietnam. Halte à ceux qui voudrait, par niaiserie, faire de ce cordon un ventre mou, un espace démilitarisé. Cet espace doit obéir à la logique militaire helvétique, celle du "hérisson" aux piquants acérés, celle de l'oursin aux piquants vénéneux. Cet espace doit obéir aux principes de la logique de l'économie nationale et non aux chimères idéologiques du libéralisme, à une logique économique impliquant des investisse-ments industriels innovateurs et rentables.
Une doctrine de dialogue inter-européen avait été élaborée au Ministère belge des affaires étrangères dans les années soixante. C'était la "Doctrine HARMEL", brillant projet aujourd'hui abandonné au profit du suivisme atlantiste le plus ser-vile, le plus lâche, le plus abject. La Doctrine HARMEL, qu'est-ce que c'est que ça? C'est une doctrine qui préconisait le dia-logue entre partenaires subalternes de l'OTAN et partenaires subalternes du Pacte de Varsovie, de façon à diminuer sciemment le poids des super-gros au sein des deux pactes et à créer, petit à petit, une "EUROPE TOTALE". A ce propos, on a parlé de "gaullisme élargi". Cette doctrine européiste, courageuse, qui a fait enrager les Américains, le Général ouest-allemand KIESSLING en est un chaleureux partisan. Vous vous souvenez, amis et camarades, du Général Günther KIESSLING? Non, sans doute. Eh bien, c'était ce Général allemand en poste au QG du SHAPE à Mons-Casteau, qui a volé dehors en 1984, sous prétexte d'homosexualité. Le scandale orchestré par les médias, focalisé sur le sensationnel de la "pénétration" du sous-off chauffeur par le Général quatre étoiles, a tout simplement occulté la raison politique de ce limogeage. La raison politique, c'était que le Big Brother américain ne voulait plus entendre parler de rapprochement inter-européen, de diplomatie indépen-dante, de "voie européenne".
Notre projet est donc clair et précis: renouer avec la vision d'Harmel d'une EUROPE TOTALE, collaborer avec les neutres, re-trouver l'indépendantisme gaulliste, rejeter l'éparpillement tous azimuts des capitaux que postule le libéralisme mondia-liste, construire une défense autonome, bâtir une industrie de pointe sans capitaux américains.
Comment y parvenir? Par étapes. La France est, depuis l'application des principes de Richelieu, une nation homogène, ca-pable de vivre en semi-autarcie. Il n'en est pas de même pour le reste de l'Europe. Et la CEE, avec son cirque parlementaire strasbourgeois, ses interminables palabres qui visent l'harmonisation du pas-harmonisable, ne résoudra pas la question eu-ropéenne et freinera au contraire l'avènement de l'EUROPE TOTALE. D'autres regroupements devront s'opérer: un ensemble scandinave, un ensemble britannique, un ensemble hispanique, un ensemble français, un ensemble balkanique et un en-semble centre-européen, couplant les zones industrielles de la Wallonie et de la Ruhr aux greniers à blé polonais. Dans cha-cun de ces ensembles, l'organisation des armées devra obéir aux principes militaires élaborés par BROSSOLET, AFHELDT et LöSER, c'est-à-dire la défense par maillages des territoires.
Postulat incontournable de cette réorganisation de l'Europe: la réunification allemande. En effet, nous ne voulons pas d'une Europe qui juxtapose faiblesses et forces. Une Europe avec une France et une Russie fortes et une Allemagne faible est im-pensable. Une Europe avec une Russie et une Allemagne fortes et une France faible est également impensable. N'est pensable qu'une Europe avec une France, une Allemagne et une Russie fortes. Pourquoi? Parce que la stratégie des thalassocraties a tou-jours été de s'allier avec la puissance la plus faible contre la puissance la plus forte, de façon à éliminer cette dernière. L'Angleterre a pratiqué cette stratégie contre Napoléon et contre Guillaume II. ROOSEVELT l'a pratiqué contre HITLER, en at-tendant que STALINE soit suffisamment aux abois. Il ne faut donc pas laisser subsister de nations faibles en Europe, pour que celles-ci ne tombent pas sous la tutelle de la thalassocratie d'Outre-Atlantique. Et pour rassurer mon camarade WALKER ici présent, j'ajouterai qu'il faut, dans ce Concert de demain, une Grande-Bretagne forte, qui n'aura pas bradé ses industries mi-litaires, grâce au zèle atlantiste de Madame THATCHER et de Lord BRITTAN.
Pilier central du continent, l'Allemagne réunifiée et incluse dans un "marché commun" semi-autarcique et auto-centré, cessera d'être un foyer de discorde entre Européens et perdra le rôle abominable qu'on veut lui faire jouer, celui de champ de bataille nucléaire potentiel. Une bataille entre les blocs qui se déroulerait au centre de notre continent aura pour résultat d'irradier à jamais le cœur de l'Europe et de stériliser irrémédiablement notre civilisation.
Devant ces projets de rendre l'Europe autonome, de dépasser l'occidentalisme de la CEE et d'envisager un dialogue avec les Est-européens, vous autres Français, vous vous posez certainement la grande question de LENINE: QUE FAIRE? Eh oui, que faire? Que faire, en effet, quand on se sent un peu étranger, un peu en dehors de ses spéculations suèdoises ou allemandes, au-trichiennes ou polonaises, hongroises ou belges? Quand, de cet immense débat, les médias ne transmettent que quelques bribes informelles, détachées de leur contexte, tronquées ou détournées de leur sens réel, avec une stupéfiante malhonnêteté?
En entendant ce plaidoyer neutraliste centre-européen, balkanique ou scandinave, les Français demeureront sans doute scep-tiques et estimeront être hors du coup. Pourtant, entre le désengagement de 1966, voulu par De GAULLE, et ce neutralisme des sociales-démocraties et des cercles conservateurs-nationaux, il y a une analogie évidente. Entre la vieille politique sué-doise d'indépendance et d'autarcie et l'esprit de Richelieu et de Colbert, il y a une filiation historique certaine. L'Académie Royale suédoise est calquée sur l'Académie Française, héritage de l'alliance entre Richelieu et Gustav Adolf au XVIIème siècle. La tradition nationale française et la tradition nationale suédoise (qui a pris en ce siècle une coloration sociale-démo-crate sans en altérer l'esprit colbertiste et la philosophie inspirée de Bodin), ces deux traditions nationales dérivent de la clarté conceptuelle du XVIIème, le siècle que MAURRAS admirait car il n'était pas infecté des miasmes du moralisme.
Cet esprit national a permis aux deux pays de se forger chacun un complexe militaro-industriel et celui de la France, à l'Ouest, est le deuxième en importance après celui des Etats-Unis. Et avec ces deux complexes, le français et le suédois, notre Europe tient les instruments pour construire et affirmer sa "troisième voie". Les avions Dassault et Saab, conjointement aux produc-tions de Fokker aux Pays-Bas et de MBB en RFA, sont à même d'équiper les aviations européennes et les Airbus pour-raient parfaitement remplacer les flottes de Boeings des compagnies aériennes européennes. La force de frappe française est un élément d'indépendance que vous connaissez tous et sur lequel je ne reviendrai pas. La France, la RFA et la Suède ont conçu des blindés sur roues ou chenillés remarquables. Bref, aucune arme n'est négligé dans les forges européennes et toutes pour-raient très aisément se passer du matériel américain, finalement moins fiable. On se souvient en RFA des fameux F-104 de Lockheed qui s'écrasaient allègrement à une cadence inégalée; Merci Oncle Sam pour les pilotes "alliés" qui ont péri à cause de la piètre qualité technique de tes avions....
Mais pour qu'une collaboration européenne d'une telle ampleur s'effectue et se réalise, il faut sauter au-dessus du mirage occi-dentaliste. Car il s'avère INDISPENSABLE d'extirper de notre vocabulaire et de notre mental cette notion d'Occident. Hur-lons-le une fois pour toutes: il n'y a pas d'Occident. Il y a une Europe et deux Amériques. Dans le dernier numéro de la revue française de géopolitique, Hérodote , dirigée par Yves LACOSTE, le philosophe Robert FOSSAERT écrit: "L'Occident? On cherchait un continent ou deux et l'on ne trouve, au premier abord, qu'une manifestation banale d'incontinence idéo-logique, une évidence du discours social commun ". Hélas, devant les rudes réalités du devenir, des changements, des mutations, des nécessités, les "incontinences idéologiques" ne valent généralement pas tripette.
L'Occident n'est plus l'Europe et l'Europe n'a pas intérêt à rester l'Occident. La France doit de ce fait cesser de se percevoir comme "occidentale" et doit s'affirmer "européenne". Le "front" n'est plus à l'Est ni au Nord; il est à l'Ouest, il est sur le tracé de feu le Mur de l'Atlantique. Se défendre, pour la France européenne de demain, c'est donc se donner une Marine super-puis-sante, se donner l'instrument nécessaire pour se mesurer à la thalassocratie qui nous fait face. Se défendre contre la triple me-nace culturelle, économique et militaire qui nous vient de Disneyland, de la Silicon Valley et de la Force d'Intervention Ra-pide (RDF), c'est truffer l'océan de nos sous-ma-rins nucléaires. Et dans ce déploiement, c'est la France qui a plus d'une lon-gueur d'avance sur les autres Européens. Autant exploiter cet atout. L'Amiral de "gauche" Antoine SANGUINETTI ne nous contredira pas.
Outre la flotte et les sous-marins, la France doit reprendre ses projets de construction d'aéroglisseurs militaires et de navires à effet de surface (NES). Les côtes aquitaines, charentaises, vendéennes, bretonnes et normandes de la forteresse Europe doi-vent être protégées par une "cavalerie marine" d'aéroglisseurs et de NES, bardés de missiles. Français et Britanniques avaient abandonné ces projets fascinants, la construction de ces armes du XXIème siècle. Et voilà que, depuis janvier dernier, les in-génieurs américains font un petit tour d'Europe pour vendre leurs productions...
La figure du combattant français de demain sera sans doute ce missiliste d'un NES, avatar moderne du fusilier-marin et de l'artilleur de la "Royale". Autre vocation de la France: entretenir ses liens avec les peuples de son ancien Empire colonial. Il faut d'ailleurs que la France continue à monter la garde à Dakar et maintienne une présence dans l'Océan Indien, en symbiose avec la volonté de non-alignement qui se manifeste dans cette zone géographique. Non-alignement entretenu, impulsé par la Fédération Indienne.
Et Moscou, dans ce scénario? L'URSS acceptera-t-elle la réunification allemande? Veut-elle d'une Europe forte? Est-elle com-plice avec les Etats-Unis, poursuit-elle le rêve duopolistique de Yalta? La soviétologie occidentale reste indécise, fumeuse et incohérente, elle ne perce pas les mystères du Kremlin. Alain de BENOIST et l'équipe rédactionnelle d'Eléments soulignent à juste titre que les kremlinologues occidentaux sont parfaitement incapables de déduire la moindre conclusion valable de leurs observations. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas Washington qui doit nous dicter l'attitude à prendre à l'égard de Moscou. Si Wa-shington nous enjoint d'être sage avec Papa Gorbat, nous aurions tendance à jouer les sales mômes et à clamer que Papa Gor-bat, il nous pompe l'air. Si Washington tonitrue que Papa Gorbat est le Grand Méchant Loup, nous aurions tendance à dire qu'il n'est pas si méchant que cela, qu'il est sur la voie du gâtisme, qu'il a des problèmes de sous, que son économie bat de l'aile, etc.
Mais il y a deux choses que nous voulons signifier à Papa Gorbat: qu'il rentabilise sa Sibérie et qu'il s'occupe de ses voisins chinois. Et surtout, qu'il n'a rien perdu chez nous et que nous n'avons nulle envie de rééditer les tentatives de Charles XII de Suède, de Napoléon et de Hitler. Il y a aussi une promesse d'un illustrissime prédécesseur de GORBATCHEV, le camarade STALINE, que nous aimerions remémorer à Moscou. La promesse de réunifier l'Allemagne dans la neutralité. Des milliers de camarades allemands s'en souviennent de cette promesse, qui aurait fait de STALINE un vainqueur magnanime, un Européen à part entière. Tant qu'il ne sera pas répondu clairement à cette question, nous ne pourrons pas agir en anti-américains consé-quents, nous ne pourrons pas construire notre économie auto-centrée, nous ne pourrons pas monter notre défense autonome et protéger la façade occidentale de la Russie, dernier Empire. Nous serons toujours condamnés à armer nos divisions contre une éventuelle velléité belliqueuse de Moscou. La clef de l'Europe future, de la seule Europe future viable, de la seule Europe future qui perpétuera notre destin, se trouve, qu'on le veuille ou non, à Moscou. A Moscou et à Bonn, ajoute Harald RüD-DENKLAU. A Moscou car c'est aux Soviétiques qu'il appartient de réitérer leur offre de 1952 et de 1955 et de rompre avec les momies para-post-staliniennes qui inondent encore quelques médias de leurs pitreries, au détriment de Moscou. A la poubelle de l'histoire donc, les mauvais propagandistes de la Russie, les pires amis du Kremlin. C'est aussi à Bonn que se trouve la clef de l'Europe du XXIème siècle, à Bonn que siègent ceux qui devront décider de poursuivre ou non l'alignement pro-occidental, pro-américain d'ADENAUER. C'est à Bonn qu'il faudra décider si l'axe germano-américain, dénoncé ici à Paris par Charles SAINT-PROT (comme il y a quelques années par le CERES de CHEVENEMENT), vaut la peine d'être maintenu.
Voici donc, chers amis et camarades, chers partisans de la "Troisième Voie", quelques refléxions grandes-européennes. Uto-pie tout cela, rétorqueront les esprits chagrinés de libéralisme, les adorateurs de paragraphes, les branchés de l'américanolâtrie... C'était aussi utopie et belles paroles quand FICHTE prononçait ses discours dans les caves de Berlin... Quoi qu'il en soit, demain, ce sera la nécessité, la nécessité la plus cruelle, la nécessité de la misère et du chomâge, la néces-sité de la faim, qui nous imposera cette Europe que j'ai esquissée ici. Muß es sein? Es muß sein. Cela doit-il advenir? Cela adviendra.
Nous aurons alors l'honneur d'avoir toujours récusé les chimères, les abstractions, les irréalismes. Nous aurons l'honneur d'avoir été les pionniers. Nous aurons l'honneur d'avoir transgressé toutes les séductions. Nous aurons l'honneur d'avoir été d'inlassables combattants.
Robert Steuckers,
mai 1985.
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R.I.P. Samuel Huntington
R.I.P. Samuel Huntington
Gevonden op: http://yvespernet.wordpress.info
Op 24 december 2008 is Samuel Huntington overleden, autheur van o.a. het zeer bekende “Clash of Civilizations”. De man heeft bakken kritiek gekregen van de zogenaamde “hybridisation”-aanhangers (de mensen die geloven dat globalisme zal zorgen voor een beter verstaan van culturen en het opnemen van elementen uit andere culturen, zonder dat daarbij de eigen cultuur schade lijdt, cfr. Jan Nederveen Pieterse), maar na 11 september groeide zijn aanhang enorm.
Persoonlijk heb ik de man zijn visies leren kennen van zijn “Clash of Civilizations”, trouwens ook het eerste politieke werk dat ik kocht. Ik zat toen ergens in het vijfde middelbaar en kan gerust zeggen dat een deel van mijn politiek “bewustzijn” mede door dat boek is ontstaan. Of toch alvast de fascinatie om zoveel mogelijk te weten komen over de processen die ons dagelijks bestaan op een globale schaal bepalen. Niet dat Huntington altijd gelijk heeft gekregen in zijn voorspellingen, maar op vele vlakken had de man wel degelijk een punt.
Samuel Huntington (New York City, 18 april 1927 – Martha’s Vineyard, 24 december 2008); rust in vrede. Hieronder een korte bibliografie (los van Wikipedia geplukt)
- The Soldier and the State: The Theory and Politics of Civil-Military Relations (1957),
- The Common Defense: Strategic Programs in National Politics (1961),
- Political Order in Changing Societies (1968),
- The Crisis of Democracy: On the Governability of Democracies (1976),
- American Politics: The Promise of Disharmony (1981),
- The Third Wave: Democratization in the Late Twentieth Century (1991),
- The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order (1996),
- Who Are We? The Challenges to America’s National Identity (2004)
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dimanche, 21 décembre 2008
Breve glossario delnociano
BREVE GLOSSARIO DELNOCIANO
http://patriaeliberta.myblog.it
Breve glossario delnociano: conservazione, reazione e tradizione
Mi permetto di sottoporvi una breve nota terminologica a chiarimento ed esposizione dei concetti di conservazione, reazione e tradizione, tratta da A. Del Noce, I caratteri generali del pensiero politico contemporaneo, vol. I. Lezioni sul marxismo (Giuffrè, Milano 1972). Secondo il filosofo torinese questi concetti vanno assolutamente mantenuti distinti.
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jeudi, 18 décembre 2008
Nationalisme, concert européen impérial, nouvelle droite et renouveau catholique
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1994
Nationalisme, concert européen impérial , nouvelle droite et renouveau catholique
Entretien avec Robeert STEUCKERS - Propos recueillis par Xavier Cheneseau
Animateur des revues «Vouloir» et «Orientations» (qui ont pris peu à peu la place d'«Eléments» dans le public de la «Nouvelle Droite», pouvez-vous nous dire comment vous percevez le retour des nationalismes en Europe?
Le terme «nationalisme» recouvre une quantité d’aspirations politiques, parfois divergentes. Alors, je commencerai par mettre les choses au point: pour moi, le «nationalisme», en tant qu’idéologie et pratique politiques, dérive tout naturellement du mot «nation»; au sens étymologique, c’est-à-dire au sens premier, le mot «nation» contient la même racine que «naître» (du latin «nascere»/«nasci», «natus»). La nation est donc la grande famille dans laquelle je nais, et aussi le sol où cette grande famille s’est épanouie. La nation est donc le peuple et le pays au sens charnel du terme. Toute autre définition de la nation est pour moi abusive, tronquée ou extrapolée. Donc fausse. Comme l’Europe est faite de multiples nations, voisines les unes des autres, le philosophe, l’historien ou le militant qui pensent en termes de nationalité déploient automatiquement une pensée qui accepte la variété, la diversité, la multiplicité, la pluralité et s’en réjouissent. Il veut un monde fait d’une infinité de coloris et non un monde de grisaille, comme nous en connaissons dans les banlieues de nos grandes villes. Cette définition de la nation postule que je dois admettre que l’autre veuille gérer son destin local à sa manière. Mais cette multiplicité est difficile à gérer à l’échelle de notre continent, surtout à l’heure où de vieux peuples réclament une structure étatique propre et une voix dans le concert européen. De cette revendication peut jaillir un nouveau désordre, si toutes ces entités politiques, les vieilles comme les nouvelles, se ferment sur elles-mêmes et se refont la guerre au nom de querelles anciennes. Mais si l’on se place directement au niveau européen, au niveau de notre civilisation, et que nous acceptons que cette civilisation s’exprime par une grande variété de modes et de façons, on s’efforcera automatiquement d’élaborer un droit des gens capable de gérer cette diversité sans heurts. Et ce droit des gens s’inspirera des techniques impériales (propres au Saint-Empire médiéval), des modalités fédéralistes de gestion de l’Etat (Suisse, RFA) et acceptera les clauses de la CSCE quant à la protection des minorités linguistiques. En effet, le retour des nationalismes n’est pas tant un retour à l’Etat fermé qu’une volonté de se débarrasser des centralismes trop contraignants et des modes de gestion propres au communisme marxiste-léniniste et au technocratisme libéral occidental. Aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies de communication, le centralisme rigide d’autrefois n’est plus de mise. L’homme du 21ième siècle devra faire face à cette triple nécessité: nécessité géopolitique de concevoir l’unité de l’Europe, nécessité éthique de respecter les diversités productrices de richesses et nécessité pratique de mettre les appareils politiques au diapason des nouvelles techniques de communications.
Ces nationalismes peuvent-ils déboucher sur l'émergence d'un Empire européen?
Il me semble qu’il est encore trop tôt pour parler d’«Empire européen». D’abord parce que la logique impériale, qui est fédérale, et fonctionne selon le principe de subsidiarité, n’est pas également répartie en Europe. Il subsiste des zones rétives à cette logique de pacification intérieure du continent. Je crois qu’il faut d’abord travailler au sein d’une structure qui existe et qui est la CSCE (qui regroupe tous les pays européens, Russie comprise, plus les Etats-Unis et le Canada). L’idéal, ce serait que la CSCE évolue vers un concert civilisationnel européen et euro-centré, que les Etats-Unis et le Canada s’en retirent pour concentrer leurs efforts sur l’ALENA (Association de Libre-Echange Nord-Américaine). Les Etats d’Amérique du Nord (USA, Canada et Mexique) auront une longueur d’avance: tous trois sont effectivement gérés par un système fédéral. Ce qui facilite les choses. La CEE, c’est-à-dire l’Europe de Maastricht est insuffisante. La fermer sur elle-même est une erreur géopolitique et une injustice sociale à l’égard des pays de l’Est. De plus, sur le plan stratégique et militaire, cette CEE n’est pas viable. La seule entité géostratégiquement viable à très long terme, c’est l’union stratégique des pays européens et asiatiques de la CSCE, reposant sur une interprétation du droit des gens qui accepte les différences culturelles, les gère et les cultive. L’erreur de la CEE a été de vouloir uniformiser l’économie avant d’arriver à un accord inter-européen sur les principes de droit (droit des gens et droit constitutionnel). Le travail de la CEE a été de déconstruire les barrières douanières en tous domaines. Il est évident que c’était peut-être nécessaire dans certaines grosses industries (le charbon et l’acier, d’où la CECA) mais nullement en agriculture. Résultat, nous avons partout en Europe des zones périphériques déshéritées, incapables de sortir de la mélasse puiqu’elles ne peuvent plus recourir à la technique des barrières douanières pour protéger l’emploi chez elles. De surcroît, globalement, l’Europe n’est pas indépendante sur le plan alimentaire, ce qui la met à la merci des puissances exportatrices de céréales (les Etats-Unis). La CSCE est intéressante parce qu’elle repose prioritairement sur le droit et non sur l’économie. Et ce droit règle notamment des problèmes de minorités, qui sont des entités collectives porteuses de culture. Si un «Empire européen» doit advenir —mais je préfère parler d’un concert européen intégré— il reposera sur la généralisation d’un droit constitutionnel de type fédéral, sur la défense de toutes les minorités linguistiques et culturelles et sur l’effort concret de parvenir à l’indépendance alimentaire.
Longtemps la «Nouvelle Droite» s'est présentée comme païenne, comment voyez-vous le renouveau du catholicisme en Europe et dans le monde?
Je tiens beaucoup à préciser que le paganisme, pour moi, dès le départ, n’a jamais été la volonté de forger un comportement religieux nouveau, mais essentiellement une défense des humanités gréco-latines et l’étude des racines culturelles de tous les autres grands goupes ethniques européens. Ces «humanités» nous dévoilaient une conception du droit et de l’Etat (des «res publicae», des choses publiques: notons le pluriel!) qui pourrait parfaitement nous inspirer encore aujourd’hui. Je rappelle aux zélotes d’une religion caricaturale et sulpicienne que les notions de droit, propres aux Romains, aux Grecs et aux Germains, sont plus anciennes que la religion chrétienne et que ce sont eux qui forment véritablement l’armature de la civilisation européenne. Bien sûr, j’ai toujours reproché aux cercles de la Nouvelle Droite de ne jamais avoir exploré cette veine-là et d’avoir voulu rétablir un culte païen, en ne tenant pas compte du fait que l’Europe pré-chrétienne était animée par une religion de la Cité, c’est-à-dire une religion éminemment politique et non prioritairement esthétique, morale ou éthique. En voulant théoriser une «éthique païenne» ou recréer ex nihilo une «esthétique païenne», avant de rétablir le droit romain ou germanique dans sa plénitude et dans son sens initial, les vedettes les plus bruyantes de la «Nouvelle Droite» ont fait du christianisme inversé, ont tout simplement joué, comme des adolescents irrévérencieux, à renverser les tabous de leur éducation catholique. C’était stupide et peu constructif. Quant au renouveau catholique, je suis sceptique. Evidemment, plusieurs revues italiennes, plus ou moins proche du Vatican (Il Sabato, 30 Giorni), publient des textes de grande valeur, qui renouent avec les grands principes généraux de la politique romaine et abandonnent les chimères de Vatican II ou de mai 68. Par ailleurs, la dépravation morale contemporaine, due aux excès de matérialisme socialiste ou capitaliste, rend attirantes la religion en général et l’idée de communauté fraternelle en particulier. Mais, je ne suis pas prêt à parier pour un catholicisme qui voudrait réduire à néant les acquis du protestantisme ou le caractère sublime de l’orthodoxie gréco-byzantine et russe ou reprendre une croisade contre l’Islam ou dénaturer le vieux fond gréco-celto-romano-germano-slave. Chez les catholiques, il faut retenir, à mon sens, mais en laïcisant ces intuitions et en les ramenant à leur matrice juridique romaine:
1) L’idée d’un œkumène européen, animé par une nouvelle synthèse spirituelle (ce qu’avait voulu réaliser le Tsar Alexandre Ier après la parenthèse napoléonienne).
2) La notion de forme politique basée sur la famille (mais non plus la famille nucléaire actuelle ou évangélique, mais la “gens” au sens romain ou la “Sippe” au sens germanique). Carl Schmitt est le penseur qui a théorisé la notion de «forme politique catholique (au sens d’universel)». Il faut le relire.
2) Reprendre, en les laïcisant, les linéaments du catholicisme social, tant dans sa variante corporatiste que dans sa variante sociologique (Othmar Spann).
3) En France, s’inspirer des études de Stéphane Rials et de Chantal Millon-Delsol, pour y généraliser un droit inspiré par la subsidiarité.
Le renouveau catholique ne saurait être, pour mes camarades et moi-même, le triste guignol intégriste avec ses monstrations esthétiques et ses vaines recherches d’une vérité éthique; ce qui fait urgence, c'est bien le retour à une forme romaine du politique, valable pour toute l’Europe. Un véritable renouveau catholique devrait abandonner la fibre religieuse évangélique, renoncer à toute forme de bigoterie, sphères où désormais les pires simagrées psycho-pathologiques sont possibles, où ont sévi les pires vecteurs de l’anti-politisme, pour redevenir purement et pleinement religiosité politique. Il ne faut retenir du message catholique que ce qui a amélioré et perfectionné le vieux fond politico-juridique romain (au sens pré-impérial, républicain, du terme). Méditons en ce sens Caton l’Ancien.
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mercredi, 17 décembre 2008
P. Kondylis and the obsoleteness of conservatism
Panajotis Kondylis and the obsoleteness of conservatism
Paul Gottfried
Panajotis Kondylis (1943-), a Greek scholar who lives in Heidelberg and writes in German, may be, unbeknownst to himself, one of the great conservative thinkers of our age. Describing Kondylis as a conservative might leave him and his readers puzzled. His five-hundred page work Conservatism (1986) examines "the historical content and decline" of its subject. For Kondylis, conservatism had already declined in the last century as a major political force. It was the ideal of an essentially medieval hierarchical society defended by landed aristocrats and their intellectual followers. What Americans have usually presented as conservative values, Kondylis explains, belongs to a "bourgeois world of thought." Indeed the historical constructions of American traditionalists have been at most attempts to "exalt an older conceptual legacy and a long dead way of life against the newest developments in the direction of a consumerist mass democracy."[1] Kondylis cites Russell Kirk and the Southern Agrarians as examples of this tendency to conjure up an ideal organic past in a society that has always been nearer to mass democracy than it has to European traditionalism.
Kondylis identifies himself with Marxism, broadly understood. In a recent essay, "Marxism, Communism, and the History of the Twentieth Century," Kondylis offers this revealing opinion: "The planetary social project of Communism failed not because of moral or economic inferiority but because the national power of Russia encountered the superior national power of the United States." Furthermore, "Never before has the Marxist view of history been as true and current as it is now in the initial phase of a planetary history," particularly in determining social relations and the "ideological" forms that they take.[2] In my German correspondence with him, Kondylis makes the point that, unlike me, "he stands far closer to Marx than to [the German legal thinker] Carl Schmitt."[3] His detailed analysis of social class and of ideological consciousness as reflected in culture point back to Marx and to the twentieth-century Marxist interpreter of intellectual history, George Lukacs. Kondylis underlines these connections whenever he can.
His transparent dislike for the United States and its current devotion to "human rights" may offend some American patriots. He reduces the American faith in democracy and in universal rights to an instrument of national power. In a caustic piece for the Frankfurter Rundschau (August 18, 1996), "Human Rights: Conceptual Confusion and Political Instrumentalization," he notes that the United States speaks of human rights in the context of international affairs, not as a replacement for its own national laws that still distinguish between citizens and non-citizens: "No state can grant all of humanity the same rights--e.g., rights of settlement and voting--without ceasing to exist." For the American government, "human rights are a political tool within a planetary context whose density requires the use of universalist ideologies; within this framework, however, great nations continue to determine the binding interpretation of those same constructs."[4] Kondylis dislikes not only Americans for what he perceives as political hypocrisy but for their consumerist mentality. He has editorialized against the corrupting effect of American hedonism, which he thinks is now infecting Europeans.
Kondylis's brief against the United States occasionally descends into superficial generalization. "Human rights" ideology is by no means accepted by all Americans; and contrary to what Kondylis asserts, "human rights" ideologues are willing to blur the distinction between the rights of citizens and of noncitizens. Recent judicial decisions that bear on the "rights" of illegal aliens have interpreted the Fourteenth Amendment as establishing universally binding human rights. Meanwhile, advocates of a human rights-based foreign policy, like the editorial boards of the New York Times and Wall Street Journal, have been equally zealous in upholding an expansionist immigration policy. Conversely, American nationalists on the Old Right have been both isolationists and critics of "human rights."[5] As for the assurance given that "economic inferiority" had nothing to do with the disintegration of the Soviet empire, this particular statement is never demonstrated. Kondylis goes on to speak of the "superior national power of the United States," which may be another way of referring to the working economy of the U.S., as opposed to the fatally paralyzed one of the former Soviet Union.[6]
Despite Kondylis's Marxist self-labeling and distaste for the United States, one can find in him an identifiable man of the Right. But the Right to which Kondylis belongs is not the European counterpart of the American Right-Center, made up of pro-business supporters of a democratic welfare state and of a consumer economy. Like the intellectual movement called the European New Right, which often quotes him, Kondylis stresses the merits of traditional community, which he believes to be threatened by American mass democracy and American economic expansion. Unfortunately, antiAmericanism has become instinctive for many on the European Right.[7] I say "unfortunately" not because this sentiment is never justified. I think it often is, given the human rights and globalist triumphalism of American state department spokesmen and journalists and the moral pollution produced by our entertainment industry. But anti-Americanism gets in the way of understanding our current political context. Much of what the European New Right blames on the American people are recent developments, such as crusades for human rights with an often changing content; while what is perceived as quintessentially American is equally characteristic of other Western societies. Here a sense of historical change may be necessary. For example, Southern planters and the Northeastern merchant class of the midnineteenth century were far removed from late twentieth-century mass democracy. They were in fact as far removed from it as the world of Palmerston and Disraeli was from the social democratic and multicultural England which I visited last year.
Note that the Marxism that Kondylis expounds is highly selective and without the egalitarian and "utopian" aspects of the original product. Kondylis praises Marx and some Marxists for looking behind ideologies for the social and/or political interests which they incarnate. Like Marx, he considers "ideology" to be "false," a shared body of social and cultural attitudes which distorts historical reality, willfully or unwittingly. Kondylis mocks ethicists for packaging as "human rights" the interests of empires or the political ambitions of particular intellectuals. For Kondylis, such ethicizing conceals a will to power or the force of an expanding consumer economy. But Kondylis rarely seizes on the terms "ideologeme" or "false consciousness" when he analyzes the restorationist thought of the early and mid-nineteenth century. Although a sound argument can be made that Joseph de Maistre, Friedrich Stahl, and Le Comte de Bonald were defending a dying European order against a rising bourgeois society, Kondylis discusses such counter revolutionaries with profound respect. Not all of the foredoomed battles in his work or in his view of world history are traced to "false consciousness," and it may be observed that the closer he gets to the modern era of "mass democracy," planetary politics, and a consumerist culture the more Kondylis talks about dishonest ideologues.
This selectiveness may be partly the result of ingrained attitudes. Though a visceral anti-American fond of Marxist terminology, Kondylis has no use for mass democracy and its cultural and economic accompaniments. Sprung from an illustrious Greek family that produced both statesmen and military officers, he remains proud of his own antecedents. As he explained, with self-deprecation in a letter to me, unlike other Kondylises who accomplished much, "all he has managed to do is write long books in German." His books, by the way, are not only long but recondite, written in exceedingly dense prose and marked by tortuous explications.
This stylistic difficulty and his questionable generalizations about Americans to the contrary notwithstanding, Kondylis reveals two strengths that American conservatives would do well to imitate. One, he contextualizes ideas, without reducing them to mere epiphenomena of other historical forces. Kondylis grasps the necessary relation between cultural and moral ideals and the social and political configurations in which they develop. He demonstrates the disintegration of a conservative vision, one based on fixed orders with corresponding duties and privileges, in a society then undergoing critical changes, namely urbanization and the Industrial Revolution. Those who wished to represent an already superannuated conservative vision lost their social base and were forced to modify their public stance to include bourgeois ideals.
In this modified conservative view that emerged in the second half of the nineteenth century, defenders of medieval hierarchy and civil order made common cause against revolt from below. They and bourgeois liberals opposed democratic revolutionaries and socialist reformers. In this alliance, however, the truly conservative vision of order became increasingly vestigial.[8] The major lines of division were thereafter between "bourgeois modernity" and "mass democratic postmodernity," a topic minutely discussed in Kondylis's book The Decline of the Bourgeois Form of Thought and Life (1991).[9] Social visions remain competitive, Kondylis reminds his reader, for only as long as they are tied to a dominant or powerful class. Once that class is overwhelmed by political or material changes, its ideas inevitably fall out of favor. Though Kondylis points out the historical precondition for the predominance of what he as well as Richard Weaver calls a "vision of order," he does not relativize all such visions. From his descriptions it is clear that Kondylis favors the restorationist thought of the early nineteenth century over the liberal bourgeois Denkformen that replaced it. Despite his attempted detachment in surveying the end of mass democracy, Kondylis despises the disorder and boundless self-indulgence which he associates with the postmodern age.
He presents mass democracy as a total way of life that develops in a favorable political and economic climate. He does not use the term simply to express contempt for what he dislikes. Nor does he try to reduce mass democracy to a side effect of some material transformation, for example, by treating it as a byproduct of industrial growth or of the shifting of population toward cities. Kondylis does note certain political and economic preconditions for the rise of mass democracy, most particularly universal suffrage, material abundance, and the identification of self-government with public administration. But he also stresses its cultural and intellectual presuppositions. Among those that preoccupy him are the avant-garde artistic movements of the early twentieth century and the kind of experimental theater that began shortly thereafter. Unlike the Marxist Lukacs, who viewed such movements as sources of bourgeois amusement, Kondylis interprets them as the beginnings of a cultural war. Artists and playwrights collaborated in bringing down the bourgeois liberal world. For they despised precisely what it exalted, social constraint, rationally comprehensible art, and a coherent view of life and civic responsibility.
In their place Western society received a highly subjective, self-expressive, and ideologically inflammatory culture. Once this became wed to material hedonism, the erosion of identity, and a fixation on total equality, Kondylis maintains, a mass democratic world view established itself.[10] Kondylis points to the cultural components of this world view as omens of postmodernism. Rather than identifying this phenomenon exclusively with the most recent assaults on fixed or received meanings, Kondylis argues that postmodernism has been extensive with the entire mass democratic age.[11] The relativization of meaning is only the latest strategy for advancing social equality and for evacuating nondemocratic opinions associated with an elitist past.
Mass democracy, as interpreted by Kondylis, is also a global process. Moving from the West where it supplanted "an oligarchic and hierarchical bourgeois liberalism," it is now "merging with a planetary landscape," in which Marxism and Communism have become the preparatory phases in a mass democratic end of history.[12] Unlike the liberal age it ended or the Communism it surpassed in material productiveness, mass democratic society both proclaims and works toward providing material gratification. In a secularized and dehierarchical setting, it does what Marxist socialism promised but only occasionally could produce. Here Marx, according to Kondylis, offered a partially accurate prediction but grafted onto it a happy historical ending that is unlikely to come to pass. Marx "had clung to the idea of a normative-eschatological unification of world history" and "had explained this unitary character of a planetary event through social and economic factors while drawing appropriate political conclusions [from his assumptions]."But this unitary world history which Marx saw as tied to economic modernization is also intensifying the war against social cohesion, in the name of individual gratification and universal sameness. Kondylis observes the irony that the struggle against Communism, "fought not least of all for liberal ideals," has resulted in the victory of a postliberal society, one whose dissimilarity from the bourgeois age is greater than the distance that had separated Europe before the French Revolution from the Europe of the late nineteenth century. This exemplifies the ideological misrepresentation that Kondylis believes characterizes the promoters of mass democracy. They insist on a fictional continuity with the liberal past.[13]
Kondylis's contextualization of conservative, liberal, and mass democratic world views and his detailed analysis of mass democracy carries implications that he spells out for would-be conservatives. The term "conservative" is now being applied, he explains in an essay, "The Archaic Character of Political Concepts," to those who have nothing to do with an agrarian aristocratic society and less and less to do with a bourgeois liberal order. Kondylis finds it useless to define conservatives as "those who defend existing institutions, no matter what they happen to be."[14] He mocks journalists and academics who indiscriminately apply "conservative" to Chancellor Kohl or to Russian insurgents. They are accused of the same semantic opportunism as those who use "liberal" not to describe the "economic and constitutional conceptions of the European bourgeois but the right to abortion or an unlimited right to asylum."Least of all does Kondylis accept the Marxist practice, common during the Cold War, of designating the anti-Communist West as "conservative." Such a designation is unsuited for a "system which has revolutionized productive forces to an unprecedented extent and which places at the disposal of individuals material and mental possibilities that represent an astonishing and world-historical novum."[15]
Kondylis believes that a conservative politics in the sense that he understands that concept can no longer be fruitfully pursued. The socio-political context for this orientation was already disappearing by the late nineteenth century, and a similar fate overtook bourgeois liberalism, which gave way to mass democracy. Moreover, the mass democratic system that Kondylis analyzes embraces politics, the economy, ethical reasoning, and the arts. It permeates and shapes human relations and expectations, and, despite its war against most of the Western heritage, is now held to be the crowning achievement of Western democratic peoples. It also condemns and dissolves traditional gender, social, and ethnic distinctions, and, ethically and economically, prepares the way for a global society of uprooted and increasingly indistinguishable individuals. Whether or not one accepts Kondylis's view of the United States as the vital source of this mass democratic empire, what he describes in any case is too monolithic and popular to be effectively opposed by eighteenth- or nineteenth-century visionaries.
Inasmuch as Kondylis makes fun of political labels "with changing contents," it is hard to imagine that he would take seriously any conservatism anchored in mass democracy. While an ambitious politician or political journalist might find reasons to praise this state of affairs, their reasoning, he would conclude, has nothing to do with conservatism. Those who exalt "human rights" and call for open borders and global democracy may be taking positions that help their careers and make them part of a respectable opposition. But nothing substantive separates them from other boosters of mass democracy or links them to either classical conservatism or bourgeois liberalism. There is also no evidence that such "conservatism" slows down the dynamism of mass democracy. At most, "moderate" mass democrats may create procedural obstacles that prevent democratic change from moving more quickly; in other situations, however, they may accelerate that change by their devotion to multinational corporations and by their dislike for national and regional differences.
In contrast to the bogus, would-be conservatisms that Kondylis finds in the postmodern age, he does view the counterrevolutionary Right as a genuine alternative to mass democracy. But this Right offers not a "conservative" alternative to the present age but a force of resistance to radical change: "the distinguishing characteristic of the Right consists of its willingness to suspend political liberalism for the sake of protecting economic liberalism and private property against leftist assault. In this sense the Right belongs to liberalism, however much the 'enlightened' segment of the bourgeois might show embarrassment about this connection."[16] In one crucial respect this authoritarian Right does resemble the counterrevolutionary conservatism of the early nineteenth century: in its willingness to impose "provisional dictatorship" to prevent "the overthrow of existing institutions through a revolutionary sovereign dictatorship." The distinction between "commissarial" and "sovereign" dictatorship, one that suspends legality (as in the case of Peru) in order to restore it in peaceful conditions and one that supplants a constitutional order by force, is taken from the work of Carl Schmitt, a legal theorist who defended precisely the kind of authoritarian Right that Kondylis describes.[17] But such a Right, which may take over because of a Communist threat or because of the radicalization of mass democracy, can lurch out of hand. It may culminate in the sometimes irresponsible violence unleashed by a military coup or in the kind of substantive "national revolution" sought by idealistic Italian fascists. In either case the socio-economic upheaval wrought by these events or later reactions to them will far surpass whatever order is brought by provisional dictatorship.
In other cases, alluded to by Kondylis, the "authoritarian dominance of the Right" has "created the institutional framework for modernization and industrialization in a capitalist direction, to the exclusion of socialist experiments."[18] But these charges have sometimes led, as in the case of Spain, to the establishment of a mass democratic culture. Social democracy, a consumer society, "human rights" ideology and a disintegrating nuclear family have all followed once a welfare state and modern economy have been established. Pointing these problems out is not the same as deploring twentieth-century technology or exaggerating the benevolence of landed aristocrats or Victorian merchants. It is to state a causal connection between postmodernity in its social, political, and cultural forms and a progressive vanishing of inherited identities, civil society, as opposed to the state and economy, parental authority, and anything once understood to be "tradition." Kondylis believes that what has caused this situation is not the failure of public administrators to teach "values" or of manufacturers to promote "democratic capitalism." For him, the problems are systemic and lie in the fit between human appetites and changing institutional arrangements. They are also rooted in what Kondylis sees as the inevitability of struggle as the human condition. In the planetary age, people are fighting over resources but do so while appealing to the human rights slogans invented by intellectuals and the media.[19]
Kondylis claims to be pursuing value-free science and stresses the distinction by nineteenth-century social thinkers between descriptive statements and concepts formed out of observation and value-assertions. He insists that his scholarship does not contain expressions of normative morality and is openly contemptuous of political advocacy disguised as analytic thought. Yet the nonscientific aspect of his own judgments keeps intruding, seen in the obvious moral passion shown by Kondylis in scolding political utopians. Since 1991, when the "end of history" argument was first advanced by neoconservative publicist Francis Fukuyama, Kondylis has held forth against the notion that human history is ending with the fall of Communism. He has ridiculed the idea and the presumed intent behind it, that all or most of humanity is being drawn into a democratic capitalist orbit marked by peaceful trade and orderly change.
To this Kondylis has responded that history will likely go on, as has been the case until now, with struggles and ideological self-justifications. In a world of expanding population, limited resources, and rising materialist expectations, he finds no reason to think that human conflict is about to end. Moreover the terms "democracy," "capitalism," and "rights" have been made to mean whatever partisan politicians and intellectuals wish them to mean. All of these terms now have been given what Kondylis calls a "polemical" function: they are used to carry on a struggle against political and cultural enemies or obstacles. Here Kondylis may be entirely on the mark. As I myself found in doing research on a book dealing with the managerial state, "democracy," "liberalism," and "right" have lost any specific meaning in "Western democracies." What provides these terms with steady points of reference are their connection to postmodern societies and their sacral use by a particular elite. Public administrators, journalists, and other segments of the political class determine or alter the meaning of political doctrine. Even so, Kondylis, no less than those he argues against, is speaking "polemically." His attempts to refute global democrats are not disinterested scientific statements. They proceed from a moral stance composed of his tragic view of life and dislike for ideological manipulation. This view does not weaken Kondylis's arguments and in fact may enhance them, but it clearly does not represent the triumph of value-free science.
His interest in the cultural and geographic extensions of mass democracy has resulted in, among other projects, a book on planetary politics published in 1992. The argument of this work features prominently in Kondylis's critical remarks on another recent study of world politics, Samuel Huntington's provocative thesis on impending cultural wars presented in Foreign Affairs in 1993. Kondylis disagrees sharply with Huntington's view (which I happen to share), that future planetary conflicts will be fueled by the tensions among cultural-religious blocs. In opposition to this gloomy prediction, he offers another equally somber one, that mass democracy will create both spiritual stupor and a growing desire for material well-being. This will lead not to peace, but to devastating wars pursued for resources, without much regard for moral self-justification. The belligerents will simply trot out the already worn mass democratic tags about "equality" and "human rights."[20]
For all the pessimism of his work, Kondylis remains cheerful in his demeanor. He attributes this serene cheer to the kind of stoic apatheia which he cultivates. Already in his mid-fifties, he continues to live in austere solitude, dividing his time between two bachelor residences, in Heidelberg and in the Kifisia district of Athens. He has never held a full-time academic appointment, but has made do with a series of grants and the payment received for his political journalism. Despite the unfavorable comparison he draws between himself and better-known members of his family, Panajotis Kondylis may add further luster to an already distinguished name.
Notes
1. Panajotis Kondylis, Konservativismus: Geschichtlicher Gehalt und Untergang (Stuttgart, 1986), 51.
2. Panajotis Kondylis, "Marxismus, Kommunismus und die Geschichte des 20. Jahrhunderts" in Der Marxismus in seinem Zeitalter (Leipzig, 1994), 25, 33.
3. Letter from Kondylis dated February 14, 1997.
4. "Menschenrechte, begriffliche Verwirrung und politische Instrumentalisierung," Frankfurter Rundschau, August 18, 1996, 12.
5. Cf. George H. Nash, The Conservative Intellectual Movement in America since 1945, revised edition (Wilmington, Del., 1996), 329-41; and Paul Gottfried, The Conservative Movement, second edition (New York, 1993), 142-66.
6. Der Marxismus in seinem Zeitalter, 25 and 34.
7. For an expansive statement of this anti-American sentiment by Europe's most prominent New Right spokesman, see Alan de Benoist's Il etait une fois l'Amerique (Paris, 1984); and Thomas Molnar's "American Culture: A Possible Threat," The World and l (May 1987), 440-42.
8. See Konservativismus: Geschichtlicher Gehalt und Untergang, 387-447 and 507.
9. See Kondylis, Der Niedergang der burgerlichen Denk-und Lebensform: Die liberale Moderne und die massendemokratische Postmoderne (Weinheim, 1991), especially 169-88.
10. Ibid., 208-26.
11. Ibid., 238-67.
12. Der Marxismus in seinem Zeitalter, 15-16.
13. Der Marxismus in seinem Zeitalter, 18-19.
14. "Die Antiquiertheit der politischen Begriffe," Frankfurter Allegemeine Zeitung, October 5, 1991, 8.
15. Ibid., see also "Globalisierung, Politik, Verteilung," Tagesanzeiger, November 29, 1996, 8.
16. Konservativismus, 505.
17. References to Carl Schmitt abound in Kondylis's interview with the Deutsche Ze itschrift fur Philosophie 4 (1994), 683-94; and in his work.
18. Konservativismus, 504.
19. See Kondylis's feature pieces "Globale Mobilmachung" in Frankfurter Allemeine Zeitung, July 13, 1946, 7: "Bluhende Geistesgeschafte," ibid., December 28, 1995; "Was heisst schon westlich?," ibid., November 19, 1994; and Planetarische Politik nach dem Kalten Krieg (Berlin, 1992).
20. See "Globale Mobilmachung" in Frankfurter Allgemeine Zeitung, July 8, 1995, 7; and "Wege in die Ratlosigkeit," ibid., May 7, 1995. The latter article is particularly revealing of Kondylis's historical and moral outlook, inasmuch as it treats the "information revolution" dismissively and insists that the "logic of information will remain subordinate to interpersonal relations and ideological orientations."
[Modern Age; Fall97, Vol. 39 Issue 4, p403, 8p]
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vendredi, 12 décembre 2008
Massoneria e fascismo
Massoneria e Fascismo: totale incompatibilità
Da più parti, si è sempre sentito dire che nella Marcia su Roma ci mise lo zampino la Massoneria. Che il re, Badoglio e gran parte dello Stato Maggiore dell’esercito erano massoni; che persino fior di fascisti – da Acerbo a De Vecchi a Farinacci – erano iscritti alla loggia. E che illustri frammassoni, a cominciare dal Gran Maestro Domizio Torrigiani, intorno al Venti erano ferventi ammiratori di Mussolini. Che insomma il 28 ottobre 1922 andò come andò perché, in fondo, tra “fratelli” ci si intende e difatti al Duce, anziché l’arresto per sollevazione armata, arrivò la chiamata al Quirinale. Illusionismi per occultare la complessità del fenomeno fascista.
In materia, esistono due vulgate storiografiche: una, intesa a separare la Massoneria libertaria dal Fascismo oppressore, minimizzando le complicità iniziali ed enfatizzando la repressione del 1924-25 come segno di inconciliabilità; l’altra, invece, sottolinea le convergenze, gli intrecci, addirittura certe affinità ideologiche che sarebbero palesi tra i due movimenti storici, prima che il “Fascismo-Regime”, divenuto intollerante e totalitario, eliminasse la Massoneria come aveva eliminato ogni altro antagonista. Del primo come del secondo orientamento fanno parte per lo più autori massoni. A parte la storiografia sul Fascismo in generale, la pubblicistica specifica sui rapporti tra Fascismo e Massoneria è quasi regolarmente rappresentata da autori dichiaratamente massoni. Manca una controparte. Come per altri casi macroscopici, al tribunale della storia l’accusato suole essere giudicato dalla vittima. Non sfugge alla regola il recente libro di Fabio Venzi, Massoneria e Fascismo. Dall’intesa cordiale alla distruzione delle Logge: come nasce una “guerra di religione” (Castelvecchi). L’autore ci tiene infatti a informarci di essere detentore del sonante titolo di “Gran Maestro della Loggia Regolare d’Italia” (nientemeno, si precisa per i profani, che «unica Obbedienza italiana riconosciuta dalla Gran Loggia Unita d’Inghilterra») e di essere membro del Royal Order of Scotland. Non sapremmo informare i nostri lettori nel dettaglio circa la sostanza di così prestigiose appartenenze, ma, così a occhio, dovrebbe trattarsi di Massoneria di scuola britannica piuttosto che francese.
Quindi, stando alle diversità di genere, parliamo di quella Massoneria cosiddetta “impolitica”, cosmopolita, filantropica, strutturata sul club privato e l’associazionismo di gentiluomini, che divergerebbe storicamente dalla Massoneria francese, nata giacobina, politicamente impegnata, con forti venature di nazionalismo anche popolare. Diciamo questo perché è proprio Venzi a richiamare tale suddivisione e a ricordare che la Massoneria italiana era del secondo tipo, cioè francesizzante. Per questo, impigliata nelle maglie del gioco politico, a un certo punto, inevitabilmente, venne a contatto con l’astro emergente del Fascismo. Noi non entriamo nel merito delle ortodossie di setta, ma siamo parecchio inclini a pensare che la Massoneria britannica – che a suo tempo fece l’Impero coi metodi filantropici notoriamente in uso presso le compagnie negriere di Sua Maestà –, lungi dall’essere “apolitica”, sia stata e sia a tutt’oggi un perfetto strumento di potere, essendo anzi il fulcro della maniera liberale di intendere la politica. Come una faccenda tra “gentiluomini”, appunto, da gestire con finalità di interesse privato affatto estranee ai concetti stessi di nazione e di popolo. Ma ammantata dal lessico illuminista e dai suoi vuoti, generici principi universali.
È inutile ripercorrere la strada a tutti nota che questo tipo di Massoneria ha percorso trasferendosi ad esempio negli Stati Uniti, dove ha fondato città e associazioni, una moneta, addirittura uno Stato ex-novo, dotandoli tutti di aperte simbologie massoniche. Tanto che vediamo oggi il “patriottismo” americano coincidere alla perfezione con la politica mondiale di imperialismo cosmopolita, risoluta a far marciare la globalizzazione al ritmo dei vecchi ideali massonici di “fratellanza universale”. Massoneria “impolitica”, quella di “antico rito scozzese”? Dove? Quando? La collaudata pratica dei miliardari americani membri delle varie “obbedienze” di sostenere i governi nell’occupazione con la forza dei mercati mondiali e, contestualmente, di fare l’elemosina ai poveri attraverso le elargizioni delle fondazioni private, è ancora oggi la prevalente abitudine sociale del buon liberal-massone “illuminato”. Le multinazionali, controllate dal templarismo bancario, con una mano reggono la governance nella strategia di conquista planetaria delle risorse; con l’altra pilotano la vasta galassia delle ONG e delle Onlus a sfondo sociale… nulla è cambiato nella vincente ricetta massonica degli ultimi tre secoli: etnocidi e slogan umanitari. E partendo dal centro, dal governo, e non dal salotto di casa. Questo il messaggio filantropico del deismo massonico dichiaratamente aspirante – in storico accordo con altri millenarismi – al dominio mondiale.
Dice Venzi: Massoneria e Fascismo delle origini avevano un’ideologia equiparabile. Repubblicanesimo, anti-clericalismo, “religione laica della Patria”, promozione dell’ideale dell’uomo nuovo… e poi il fascio repubblicano, la comune memoria risorgimentale… Entrarono insomma in concorrenza due sistemi che avevano alla base richiami simili. E quando il Fascismo, passato nel frattempo a concezioni dittatoriali, si accorse della pericolosità dell’antagonista, decise di distruggerlo; di qui la “notte di San Bartolomeo” del 30 ottobre 1925, con gli squadristi che devastano le logge, il paio di morti che ci scapparono e la messa fuorilegge delle sette segrete nel mese seguente. La Massoneria, scrive Venzi, venne dal Fascismo considerata «come un potenziale “catalizzatore” delle coscienze degli italiani sulla base di quei valori tradizionali che essa rappresentava».
La Massoneria insomma, che grottescamente si impossessò delle simbologie della romanità repubblicana, scambiando Bruto per un illuminista, viene elevata a centro politico in grado di competere col Fascismo nella conquista del consenso di massa. Crediamo che sia una sopravvalutazione non da poco, quella di considerare la Massoneria un credibile avversario del Fascismo sul terreno della conquista del popolo. Il massone si occupa di potere, e più volentieri di potere occulto, non di popoli. Non è nella natura della Massoneria reggere uno Stato nazionale e popolare fondato sull’identità. Dove sono allora le “comuni origini” tra Fascismo e Massoneria di cui parla Venzi? Dice: i Fasci erano repubblicani, anti-ecclesiastici… fu poi il PNF che diventò monarchico, filo-Vaticano, rompendo la collaborazione… l’autore trascura di riflettere sulla controprova: durante la RSI – tornata per l’appunto al Fascismo delle origini – la Massoneria non venne trattata meglio di prima… venne anzi percepita come il cuore di una cospirazione mondiale risoluta a estirpare il nazionalismo europeo.
Il Fascismo delle origini e la Massoneria, comunque li si rigirino, sono due fenomeni imparagonabili. Il Fascismo fu un’ideologia del riscatto popolare, della mobilitazione di massa attorno ai simboli esclusivi dell’Italianità, una religione della Patria per nulla laica, ma sacrale, incentrata non sui diritti, ma sui doveri della convivenza. Non “due religioni laiche”, dunque, ma un progetto universalista da una parte e una religione politica popolare, una mistica della tradizione etnica dall’altra. E il “patriottismo” massonico poco ha a che vedere col radicale nazionalismo fascista. Questa estraneità di valori, per altro, l’ha sottolineata anche lo storico massone Aldo A. Mola, descrivendo come semplici «assonanze ideologiche epidermicamente affioranti» quello che Venzi invece considera prossimità ideologica.
Ma allora, come si spiega che il Fascismo ante-marcia era pieno di massoni? Prima di tutto col fatto che, ai tempi, chi non era filo-ecclesiastico, se voleva fare politica, prima o dopo capitava dalle parti della loggia. Era così da qualche secolo. In secondo luogo, è sempre stata tipica della Massoneria la pratica dell’infiltrazione. Stare ovunque, essere presenti su tutti i fronti. Per questo, come ricorda lo stesso Venzi, il Grande Oriente non aveva remora alcuna, ma era anzi molto interessato, a entrare nelle file fasciste: «La Massoneria non potrebbe essere se si astraesse dalla vita reale, e non si preoccupasse di penetrare dappertutto, non fosse che a titolo di osservazione e vigilanza», ebbe cura di precisare il “fratello” onorevole Terzaghi.
Come spiegato bene da Evola in memorabili pagine, la Massoneria ha una doppia faccia. Quella antica, tradizionale e “operativa”, connessa con le corporazioni di mestiere. E quella moderna, sovversiva, cosmopolita e “speculativa”, alto-borghese e fanaticamente illuminista. Questo rovesciamento, avvenuto a cavallo tra Seicento e Settecento, Evola lo definì un “mistero”. Si parla, né più né meno, dell’utero da cui è stata partorita la modernità, così come la sperimentiamo ogni giorno. Non è un problema da poco. È il grande enigma. Una vera “parola di passo” non ancora decrittata. Come sia avvenuto che quel grumo di universalismo deista, biblista, a volte – come ha scritto la storica Margaret C. Jacob – anche ebraizzante, sempre parlamentarista, con una sottocultura del segreto che riserva al solo potente la facoltà del “libero pensiero”… come sia avvenuto che dalla corporazione e dalla gilda medievali si fuoriuscito quel potere gigantesco nato un bel giorno – come ricordava Pound – con la fondazione della Banca d’Inghilterra nel 1694 e la creazione della prima loggia inglese nel 1717, questo resta, ancora oggi, una sorta di mysterium tremendum, attorno al quale invano si agita lo storico profano.
Il Fascismo europeo è stato debellato proprio nel nome degli ideali massonici di eguaglianza, fraternità e libertà (per i ricchi) e precisamente da una potenza, gli Stati Uniti, che veicola apertamente i programmi della Massoneria sin dalla sua carta costituzionale. Il Fascismo si sbarazzò della Massoneria perché questa è per struttura anti-nazionale e recisamente classista: da una parte la setta “illuminata” dei reggitori del mondo, dall’altra la plebe universale. Il sogno massonico di Hiram redento, prossimo costruttore di un mondo piallato dalla “fraternità” indifferenziata, è evidentemente l’opposto di un’ideologia dell’identità di popolo, della tradizione nazionale e dell’onore sociale. L’odierna Trilateral, espressione massonica del dominio globale del profitto privato, può contemplare con soddisfazione l’opera alchemica di annientamento di ogni diversità tra i popoli. Un lavoro iniziato nel Settecento e oggi in via di avanzata realizzazione.
Luca Leonello Rimbotti
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jeudi, 11 décembre 2008
Une biographie de Carl Schmitt
Une biographie de Carl Schmitt
Analyse: Paul NOACK, Carl Schmitt. Eine Biographie, Ullstein/Propyläen, Berlin, 1993, 360 p., ISBN 3-549-05260-X.
Si les exégèses de l'œuvre de Carl Schmitt sont fort nombreuses à travers le monde depuis quelques années, si les interprétations de sa notion de “décision” ou de sa “théologie politique” se succèdent à un rythme ahurissant, personne ne s'était encore attelé à écrire une biographie personnelle du prince des politologues européens. Paul Noack (*1925), germaniste, romaniste et historien, ancien rédacteur des rubriques politiques de la Frankfurter Allgemeine Zeitung et du Münchener Merkur, actuellement professeur d'université à Munich, vient de combler cette lacune, en suivant chronologiquement l'évolution de Schmitt, en révélant sa vie de famille, en évoquant ses souvenirs personnels, consignés dans des journaux, des lettres et des entretiens inédits, et en replaçant l'émergence des principaux concepts politologiques dans le vécu même, dans l'existentialité intime, de l'auteur. Noack sait qu'il est difficile de périodiser une existence, a fortiori quand elle s'étend presque sur tout un siècle, entrecoupé de guerres, de bouleversements, de violences et d'effondrements. Mais dès le départ, toutes les tranches de la première moitié de la longue vie de Schmitt sont marquées par des coupures: l'enfance (1888-1890) par l'arrachement à la patrie de ses ancêtres, l'Eifel mosellan profondément catholique, et l'exil en Sauerland; l'adolescence (1900-1907), elle, est imprégnée d'une éducation humaniste dans une ambiance cléricale édulcorée, qui a abandonné cette “totalité” mobilisatrice et exigeante, propre du catholicisme intransigeant; la jeunesse (1907-1918) de Schmitt baigne, quant à elle, dans une Grande Prusse dés-hégélianisée, de facture wilhelmienne, où l'engouement philosophique dominant va au néo-kantisme; le premier âge adulte (1919-1932) se déploie dans une germanité dé-prussianisée, où règne la démocratie parlementaire de Weimar contestée par les divers mouvements nationaux et par la gauche musclée.
Bref, cette périodisation claire, qu'a choisie Noack, indique que les bouleversements, les abandons, les relâchements se succèdent pour aboutir au chaos des dernières années de la République de Weimar et du grand “Crash” de 1929. Cette effervescence, de la Belle Epoque au Berlin glauque où s'épanouisent au grand jour toutes les perversités, est peut-être féconde sur le plan des ruptures, des idées, des modes, des variétés, des innovations artistiques, des audaces théâtrales: elle plaît assurément aux Romantiques de tous poils qui aiment les originalités et les transgressions. Mais Schmitt reproche aux Romantiques, ceux de la première vague comme leurs héritiers à son époque, de s'engouer temporairement pour telle ou telle beauté ou telle ou telle originalité: ils sont “occasionalistes”, “irresponsables”, incapables de développer, affirmer et approfondir des constantes politiques ou conceptuelles. Toute pensée fondée sur le goût ou le plaisir lui est étrangère: il lui faut de la clarté et de l'efficacité. Sa conviction est faite, il n'y changera jamais un iota: le “moi” n'est pas, ne peut pas être, un objet du penser. Celui qui hisse le “moi” au rang d'objet du penser, participe à la dissolution du monde réel. Ne sont réels et dignes de l'attention du penseur que les hommes qui s'imbriquent dans une histoire, s'en déclarent les héritiers et sont porteurs d'une attitude immuable, éternelle, qui incarnent des constances, sans lesquelles le monde et la cité tombent littéralement en quenouille.
Cette option, constate Noack, est le meilleur antidote contre le nihilisme et le désespoir. Pour y échapper, l'homme Schmitt entend ne pas être autre chose que lui-même et ses circonstances, notamment un Catholique impérial et rhénan, comme l'ont été ses ancêtres. C'est dans ces circonstances-là que Schmitt s'imbrique pour ne pas être emporté par le flot des modes de la Belle Epoque ou du Berlin décadant des années 20. La politique, dès lors, doit être servie par une philosophie du droit fondée sur des concepts durs, impassables, éprouvés par les siècles, comme l'ont été ceux de la théologie jadis. Les concepts politiques qu'il s'agit d'élaborer pour sortir de l'ornière doivent être résolument calqués sur ceux de la théologie, s'ils n'en sont pas des reflets résiduaires, inconscients ou non. Schmitt, au seuil de sa maturité, demeure quelque peu en marge de la “révolution conservatrice”, dont l'objectif majeur, dans le sillage de Moeller van den Bruck et des autres nationalistes de tradition prusso-protestante, était d'approfondir les fondements de l'“idéologie allemande”, née dans le sillage du romantisme et de la guerre de libération anti-napoléonienne. Cette “idéologie allemande” véhicule, aux yeux de Schmitt, trop de linéaments de ce romantisme et de cet occasionalisme qu'il abomine. Ses références seront dès lors romanes et non pas germaniques, plus exactement franco-espagnoles: Donoso Cortès, de Bonald, de Maistre. C'est dans leurs œuvres que l'on trouve les matériaux les plus solides pour critiquer et déconstruire la modernité, pour jeter bas les institutions boîteuses et délétères qu'elle a générées, reponsables des bouleversements et des arrachements que Schmitt a toujours ressenti dans son propre vécu, quasiment depuis sa naissance. Ces institutions libérales, insuffisantes selon Schmitt, sont défendues avec brio, à la même époque, par Hans Kelsen et son école positiviste. Schmitt juge ce libéral-positivisme d'une manière aussi pertinente que lapidaire: «Kelsen résout le problème du concept de souveraineté en le niant. La conclusion de ses déductions est la suivante: le concept de souveraineté doit être radicalement refoulé». S'il n'y a plus de souveraineté, il n'y a plus de souverain, c'est-à-dire plus de pouvoir personnalisé par des hommes charnellement imbriqués dans une continuité historique précise. par le truchement de ce positivisme froid, le pouvoir devient abstrait, incontrôlable, incontestable. Son épine dorsale n'est plus une forme héritée du passé, comme la forme catholique pour laquelle opte Schmitt. Sans épine dorsale, le pouvoir chavire dans l'“informalité”: il n'a plus de conteneur, il s'éparpille. Dans ce contexte, quelle est la volonté de Schmitt? Forger un nouveau conteneur, créer de nouvelles formes, restaurer ou re-susciter les formes anciennes qui ont brillé par leur rigueur et leur souplesse, par leur solidité et leur adaptabilité.
Quand paraît le “concept du politique” en 1927, il est aussitôt lu par un autre maître des formes et des attitudes, Ernst Jünger, tout aussi conscient que Schmitt de la liquéfaction des formes anciennes et de la nécessité d'en restaurer ou, mieux, d'en forger de nouvelles. Enthousiasmé, Ernst Jünger écrit une lettre à Schmitt le 14 octobre 1930, qui sera l'amorce d'une indéfectible amitié personnelle. Pour Jünger, l'homme des “orages d'acier” de 1914-1918, la démonstration de Schmitt dans le "concept du politique” est une “évidence immédiate” qui “rend toute prise de position superflue” et balaie “tous les bavardages creux qui emplissent l'Europe”. «Cher Professeur», ajoute Jünger, «vous avez réussi à découvrir une technique de guerre particulière: la mine qui explose sans bruit». «Pour ce qui me concerne, je me sens vraiment plus fort après avoir ingurgité ce repas substantiel». Les deux hommes étaient pourtant fort différents: d'une part le guerrier décoré de l'Ordre Pour le Mérite; de l'autre, un pur intellectuel qui n'avait jamais livré d'autres batailles que dans les livres. Jünger essaiera avec un indéniable succès d'introduire la clairvoyance de Schmitt dans les cercles néo-nationalistes, notamment les revues Die Tat, de Hans Zehrer et Erich Fried, et Deutsches Volkstum de Wilhelm Stapel. La participation des deux hommes aux activités littéraires, philosophiques et journalistiques de la “Konservative Revolution” n'efface par leurs différences: Armin Mohler, nous rappelle Paul Noack, écrit très justement qu'ils sont demeurés chacun dans leur propre monde, qu'ils ont continué à chasser chacun dans leur propre forêt. Césure qui s'est bien visibilisée à l'époque du national-socialisme: retrait hautain et aristocratique de l'ancien combattant, engagement sans résultat du jursite.
Mais, souligne Paul Noack, une grande figure de la gauche, en l'occurrence Walter Benjamin, écrivit aussi à Schmitt en 1930, quelques semaines après le “néo-nationaliste” Jünger, exactement le 9 décembre. Benjamin envoyait ses respects et son nouveau livre au juriste catholique et conservateur, admirateur de Mussolini! Il soulignait dans sa lettre des similitudes dans leur approche commune du phénomène du pouvoir. Cette approche est interdisciplinaire et c'est l'interdisciplinarité qui doit, aux yeux du Benjamin lecteur de Schmitt, transcender certains clivages et rapprocher les hommes de haute culture. Effectivement, l'interdisciplinarité permet seule de pratiquer un véritable “gramscisme”, non un “gramscisme de droite” ou un “gramscisme de gauche”, mais un gramscisme anti-établissement, anti-installations. Paul Noack écrit: «[Schmitt et Benjamin] sont tous deux adversaires de la pensée en compromis. Benjamin disait que tout compromis est corruption. Tous deux sont aussi adversaires du parlementarisme, du libéralisme politique et du système politique qui en procède. Tous deux pensent que ce n'est que dans l'état d'exception de l'esprit d'une époque se dévoile véritablement; tous deux manifestent une tendance pour l'absolu et la théologie». Et de citer Rumpf: «Benjamin et Schmitt se rencontrent dans leur rejet et leur mépris d'une bourgeoisie qui s'encroûte dans ce culte générateur du Moi». Ce rapport entre Schmitt et l'un des plus éminents représentants de la “Nouvelle Gauche”, voire de l'“Ecole de Francfort”, permet d'accréditer la thèse longtemps contestée d'Ellen Kennedy, spécialiste américaine de l'œuvre de Schmitt, qui a toujours affirmé que ce dernier a bel et bien influencé en profondeur cette fameuse “Ecole de Francfort” en dépit de ce que veulent bien avouer ses tristes légataires contemporains.
Avec l'avènement du national-socialisme, les positions vont se radicaliser. L'effondrement de la République de Weimar laisse un vide: Schmitt croit pouvoir instrumentaliser le nouveau régime, sans assises intellectuelles, s'en servir comme d'un Cheval de Troie pour introduire ses idées dans les hautes sphères de l'Etat. Ses anciennes accointances avec le Général von Schleicher, liquidé lors de la “nuit des longs couteaux” en juin 1934, la nationalité serbe de son épouse Duchka Todorovitch (les services secrets se méfiaient de tous les Serbes, accusés de fomenter des guerres depuis l'attentat de Sarajevo) et son catholicisme affiché (son “papisme” disaient les fonctionnaires du “Bureau Rosenberg”): autant de “tares” qui vont freiner son ascension et même précipiter sa chute. Schmitt laisse des textes compromettants, qui le marqueront comme autant de stigmates, mais échoue face à ses adversaires dans les rangs du nouveau parti au pouvoir. Pire, à cause de son zèle intempestif, il traîne parfois aussi une réputation de naïf ou, plus grave encore, d'opportuniste sans scrupule qui souhaite toujours et partout être le “Kronjurist”, le “juriste principal”. Plus tard, en 1972, dans un interview à la radio, Schmitt a avoué avoir agi sous l'impulsion d'un bon vieil adage français: «On s'engage et puis on voit». Paul Noack croit déceler dans cette attitude collaborante une certitude de type hégélien: Schmitt, l'homme des livres, l'homme de culture, était persuadé, est demeuré persuadé, qu'au bout du compte, l'esprit finit toujours par triompher de la médiocrité. Le national-socialisme, pour ce catholique de Prusse, pour ce catholique frotté à une idéologie d'Etat de facture hégélienne, était une de ces médiocrités propre de l'homme pécheur, de l'homme imparfait: elle devait forcément succomber devant la lumière divine de l'esprit. Erreur fatale et contradiction étonnante chez ce pessimiste qui n'a jamais cru en la bonté naturelle de l'homme, commente Noack (Robert Steuckers).
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mardi, 09 décembre 2008
Le krach du libéralisme
EN KIOSQUE CETTE SEMAINE
Un document à posséder pour argumenter lors des séminaires de l'école des cadres ! Bien sûr, cum grano salis, comme pour toutes les publications parisiennes qui véhiculent toujours des germes délétères de jacobinisme, l'idéologie de la terreur qui a justement généré le libéralisme !
En kiosque depuis quelques semaines, un très intéressant numéro du bimensuel Manière de Voir (numéro de décembre-janvier) consacré au krach du libéralisme.
08:02 Publié dans Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : libéralisme, crise, finances, usure, usurocratie, ploutocratie, théorie politique | | del.icio.us | | Digg | Facebook