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jeudi, 12 septembre 2024

Le Petroyuan au lieu du pétrodollar: l'Arabie saoudite est prête

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Le Petroyuan au lieu du pétrodollar: l'Arabie saoudite est prête

Source: https://kitalararasi.org/dunya/petrodolar-yerine-petroyuan-suudi-arabistan-istekli/

Le ministre saoudien de l'industrie et des ressources minérales, Bandar El Khorayef, a déclaré que son pays était ouvert à l'utilisation du yuan pour le paiement du pétrole brut.

Selon un rapport du South China Morning Post, M. Khorayef a déclaré lors d'une interview à Hong Kong le 7 septembre: « Nous pensons que l'Arabie saoudite fera ce qui est dans son intérêt. Je pense que nous sommes ouverts aux nouvelles idées et nous essayons de ne pas mélanger la politique et le commerce ».

Le défi au dollar

L'article indique que l'utilisation du yuan dans le paiement du pétrole brut est un défi pour le dollar américain: « L'utilisation du dollar américain dans le commerce du pétrole, connu sous le nom de pétrodollars, est un pilier important du statut de monnaie de réserve mondiale du dollar. Cela signifie que le « pétroyuan » a le potentiel de saper l'un des piliers du statut de monnaie de réserve du dollar.

Le yuan est de plus en plus utilisé dans le commerce international. L'opération militaire spéciale de la Russie contre l'Ukraine en février 2022 a poussé Moscou hors du système du dollar américain. L'utilisation du yuan entre la Chine et la Russie a donc augmenté.

L'Arabie saoudite est un autre exemple. L'article rappelle qu'en novembre 2023, la Chine a signé un accord d'échange de devises de trois ans avec l'Arabie saoudite, d'une valeur de 50 milliards de yuans (7,1 milliards d'US$).

Actuellement, l'Arabie saoudite est la deuxième source d'importation de pétrole brut de la Chine. La Chine a acheté 86 millions de tonnes en 2023. La Russie occupe la première place avec 107 millions de tonnes.

L'article mentionne également le rapport de Standard & Poor's (S&P) du mois d'août. « L'approfondissement des relations économiques entre la Chine et l'Arabie saoudite augmentera l'utilisation du yuan dans les achats de pétrole », écrit l'agence de notation internationale S&P dans son rapport. « Toutefois, il faudra du temps pour que ces transactions deviennent rentables », ajoute-t-elle.

Les désirs de Riyad et de la Chine se chevauchent

Les échanges croissants entre l'Arabie saoudite et la Chine ne concernent pas uniquement le pétrole. L'article décrit comme suit les aspirations communes de Riyad et de la Chine :

«Riyad souhaite diversifier son économie et devenir un centre industriel au Moyen-Orient dans le cadre de son initiative Vision 2030. Les entreprises chinoises sont désireuses d'explorer d'autres marchés à mesure que les initiatives d'endiguement menées par les États-Unis prennent de l'ampleur. Ces phénomènes complémentaires renforcent les liens entre les deux pays».

Outre le pétrole, le ministre saoudien a indiqué qu'il s'attendait à davantage d'investissements chinois dans les métaux, les produits pharmaceutiques, les villes intelligentes, la robotique et les énergies renouvelables.

L'Autorité générale de l'aviation civile d'Arabie saoudite a également signé un protocole d'accord avec China Commercial Aircraft Corporation en mai pour « localiser l'industrie aéronautique et développer la chaîne d'approvisionnement locale ».

jeudi, 20 juin 2024

La mort du pétrodollar est un héritage de Joe Biden

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La mort du pétrodollar est un héritage de Joe Biden

Par M. K. Bhadrakumar

Source: https://jornalpurosangue.net/2024/06/15/a-morte-do-petrodolar-e-um-legado-de-biden/

L'État profond aurait dû être en alerte, il y a cinq ans, lorsque le candidat Joe Biden a annoncé que, s'il était élu président, il serait déterminé à faire en sorte que les dirigeants saoudiens "paient le prix et deviennent, en fait, les parias qu'ils sont".

Joe Biden a été direct, au point d'être brutal à l'égard de la famille royale saoudienne, affirmant qu'il y avait "très peu de valeur de rédemption sociale dans le gouvernement actuel de l'Arabie saoudite" sous la direction du roi Salman.

Mais au lieu de cela, l'État profond était ravi que Biden soit l'homme idéal pour succéder à Donald Trump et inverser la pratique de l'ère Trump consistant à tolérer les violations des droits de l'homme en Arabie saoudite afin de préserver les emplois dans l'industrie de guerre américaine.

Biden savait probablement déjà ce que les services de renseignement américains avaient conclu au sujet du rôle de Mohammed bin Salman, prince héritier saoudien et dirigeant de facto du pays, dans le meurtre du journaliste dissident Jamal Khashoggi, qu'il était un "atout stratégique" de la CIA pour mener la prochaine succession saoudienne et le changement de régime qui s'ensuivrait à une fin heureuse. La décapitation de Khashoggi a mis en péril la stratégie de Washington visant à installer un dirigeant souple à Riyad.

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Aujourd'hui, tout cela appartient à l'histoire. Mais contrairement aux Bourbons, la royauté saoudienne n'oublie ni ne pardonne jamais. Ils ont aussi une patience infinie et leur propre conception du temps et de l'espace. Et dimanche dernier, le 9 juin, elle a frappé.

Dans un style royal grandiose, Riyad a tout simplement laissé expirer l'accord de 50 ans sur les pétrodollars conclu entre les États-Unis et l'Arabie saoudite.

Pour rappel, le terme "pétrodollar" fait référence au rôle central du dollar américain en tant que monnaie utilisée pour les transactions de pétrole brut sur le marché mondial, conformément à l'accord entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, qui remonte à 1974, peu après que les États-Unis ont quitté l'étalon-or.

Dans l'histoire de la finance mondiale, peu d'accords ont apporté autant d'avantages à l'économie américaine que le pacte du pétrodollar. En substance, il était stipulé que l'Arabie saoudite fixerait le prix de ses exportations de pétrole exclusivement en dollars américains et investirait ses excédents de recettes pétrolières dans des bons du Trésor américain - et qu'en retour, les États-Unis fourniraient un soutien militaire et une protection au royaume.

Grâce à cet accord "gagnant-gagnant", les États-Unis obtenaient une source stable de pétrole et un marché captif pour leur dette, tandis que l'Arabie saoudite assurait sa sécurité économique et générale. En retour, le fait de libeller le pétrole en dollars a renforcé le statut du dollar en tant que "monnaie de réserve" mondiale.

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Depuis lors, la demande mondiale de dollars pour acheter du pétrole a contribué à maintenir la force de la monnaie, non seulement en rendant les importations relativement bon marché pour les consommateurs américains, mais, en termes systémiques, l'afflux de capitaux étrangers dans les bons du Trésor américain a maintenu des taux d'intérêt bas et un marché obligataire robuste.

Il suffit de dire que l'expiration de l'accord "pétrole contre sécurité" entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, signé en 1974, a des implications considérables. Au niveau le plus évident, elle met en évidence l'évolution de la dynamique du pouvoir sur le marché pétrolier, avec l'émergence de sources d'énergie alternatives (par exemple, les énergies renouvelables et le gaz naturel) et de nouveaux pays producteurs de pétrole (par exemple, le Brésil et le Canada) qui remettent en cause la domination traditionnelle de l'Asie de l'Ouest. En apparence seulement.

En fait, l'expiration du pétrodollar pourrait affaiblir le dollar américain et, par extension, les marchés financiers américains. Si le pétrole était coté dans une devise autre que le dollar, cela pourrait entraîner une baisse de la demande mondiale de dollars, ce qui, par la suite, pourrait entraîner une hausse de l'inflation, des taux d'intérêt et un affaiblissement du marché obligataire aux États-Unis.

Il suffit de dire qu'à l'avenir, nous pouvons nous attendre à un changement significatif dans la dynamique du pouvoir mondial avec l'influence croissante des économies émergentes, l'évolution du paysage énergétique et un changement tectonique dans l'ordre financier mondial qui entre dans une ère "post-américaine". En définitive, la domination du dollar américain n'est plus garantie.

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Il ne fait aucun doute que l'Arabie saoudite a prévu une feuille de route. Quatre jours avant l'expiration de l'accord pétrole contre sécurité, Reuters a rapporté que l'Arabie saoudite avait rejoint un test transnational de monnaie numérique de banque centrale contrôlé par la Chine, "dans ce qui pourrait être une nouvelle étape vers une diminution du commerce mondial du pétrole en dollars américains".

L'annonce a été faite le 4 juin par la Banque des règlements internationaux (BRI), une institution financière internationale basée en Suisse qui relie les différentes banques centrales du monde. Cela signifie que la banque centrale saoudienne est devenue un "participant à part entière" du projet mBridge, une collaboration lancée en 2021 entre les banques centrales de Chine, de Hong Kong, de Thaïlande et des Émirats arabes unis.

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Le communiqué de la BRI note que mBridge a atteint le stade de "produit minimum viable", c'est-à-dire qu'il est prêt à dépasser la phase de prototype. Par ailleurs, 135 pays et unions monétaires, représentant 98% du PIB mondial, étudient actuellement la possibilité de créer des monnaies numériques de banque centrale (CBDC).

L'entrée de l'Arabie saoudite, une économie majeure du G20 et le plus grand exportateur de pétrole au monde, signale une augmentation du règlement des matières premières sur une plateforme autre que le dollar dans un scénario à court terme, avec une nouvelle technologie à l'appui. Il est intéressant de noter que les transactions mBridge peuvent utiliser le code dans lequel l'e-yuan chinois a été créé !

L'objectif est de moderniser les paiements grâce à de nouvelles fonctionnalités et d'offrir une alternative à l'argent liquide, qui semble de toute façon en voie de disparition. La Chine a piloté le projet mBridge et réalise le plus grand projet pilote national de CBDC au monde, qui touche aujourd'hui 260 millions de personnes et couvre 200 scénarios, du commerce électronique aux paiements de relance du gouvernement.

En fait, d'autres grandes économies émergentes, dont l'Inde, le Brésil et la Russie, prévoient également de lancer des monnaies numériques au cours des deux prochaines années, tandis que la Banque centrale européenne a commencé à travailler sur un projet pilote d'euro numérique en prévision d'un lancement possible en 2028.

Ajoutez à cela le plan stratégique de la Russie visant à créer un nouveau système de paiement des BRICS, sans passer par le dollar. La bourse de Moscou a annoncé mercredi qu'elle cesserait d'échanger des dollars et des euros à partir du jeudi 13 juin.

Ainsi, l'expiration de l'accord entre les États-Unis et l'Arabie saoudite le week-end dernier est emblématique d'une remise en question en cascade de la prééminence du dollar en tant que "monnaie de réserve" par différents secteurs. En particulier, la liberté illimitée dont jouissaient les États-Unis pour imprimer des dollars à volonté et vivre bien au-dessus de leurs moyens, imposant l'hégémonie mondiale des États-Unis, touche à sa fin.

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Les élites américaines craignent de plus en plus que la belle vie ne touche à sa fin, car le poids écrasant de la dette fait sombrer l'économie américaine. Dans une interview accordée hier à CNBC, Janet Yellen, secrétaire au Trésor, a averti que les taux d'intérêt élevés alourdissaient également le fardeau de la gestion de la dette massive des États-Unis, qui s'élève à 34.700 milliards de dollars.

Bien sûr, il n'existe pas encore d'alternative claire au dollar américain en tant que principale monnaie de réserve mondiale, mais il est évident que les tensions commerciales mondiales et le recours accru aux tarifs douaniers ou aux sanctions pourraient saper son rôle tôt ou tard, alors que les investisseurs étrangers s'inquiètent de plus en plus de la viabilité de la dette publique américaine.

FitchRatings a noté hier que "les importants déficits primaires et les coûts plus élevés du service des intérêts continueront d'alourdir le fardeau de la dette souveraine américaine après les élections de novembre, quel que soit le vainqueur".

Bref, ce qui semblait jusqu'alors être une rivalité géopolitique autour de l'expansion de l'OTAN et de Taïwan - ou de la définition des normes commerciales/technologiques dans la quatrième révolution industrielle - prend une dimension existentielle pour Washington, puisque c'est l'avenir du dollar qui est en jeu. De nombreux indices témoignent des actions coordonnées de Moscou et de Pékin pour accélérer le processus de "dédollarisation".

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D'une part, la Russie met tout en œuvre pour présenter au monde un système de paiement sans dollar pour régler le commerce international lors du prochain sommet des BRICS en octobre, tandis que, d'autre part, la Chine se débarrasse systématiquement de ses bons du Trésor américain, ce qui lui donnera plus de liberté en cas de turbulences.

mardi, 18 juin 2024

Le lien entre le dollar et le pétrole est-il sur le point de se dissoudre ?

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Le lien entre le dollar et le pétrole est-il sur le point de se dissoudre?

par Giacomo Gabellini

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/28313-giacomo-gabellini-il-legame-tra-dollaro-e-petrolio-e-destinato-a-sciogliersi.html

En 2019, Pékin et Caracas ont jeté les bases de l'exportation du pétrole vénézuélien à prix réduit vers la Chine en échange de yuan-renminbi, car il fait l'objet de sanctions américaines. Quelques mois plus tôt, le gouvernement bolivarien avait inclus le rouble dans le panier des monnaies acceptables dans le pays et engagé des négociations avec la Russie visant à réglementer le commerce bilatéral en roubles et en petro, la monnaie numérique créée par les autorités vénézuéliennes.

En janvier 2021, le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi et son homologue iranien Javad Zarif ont signé un accord engageant Pékin à investir 400 milliards de dollars dans l'économie perse au cours des vingt-cinq prochaines années, en échange d'importantes livraisons de pétrole à un prix subventionné. Une grande partie des livraisons de pétrole brut, ainsi que les exportations non pétrolières, ont été payées en yuan-renminbi, comme l'a déclaré plus tard le ministre iranien de l'économie Ehsan Khandouzi. L'accord prévoit d'orienter les flux de capitaux chinois principalement vers les secteurs cruciaux des transports, du crédit, des télécommunications et des soins de santé, mais aussi d'approfondir nettement la coopération militaire, qui sera étendue aux domaines sensibles de la recherche et du renseignement.

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Les implications stratégiques relatives n'ont pas échappé au New York Times, qui n'a pas manqué de souligner que "l'accord pourrait saper les efforts des États-Unis pour maintenir l'Iran dans un état d'isolement international et renforcer l'influence de la Chine au Moyen-Orient". D'autre part, parce que le partenariat stratégique global sino-iranien n'est pas un épisode isolé, mais une composante essentielle de la "diplomatie des partenariats" développée par Pékin avec la chaîne d'accords bilatéraux conclus avec divers pays du Proche-Orient et du golfe Persique, grâce à laquelle la Chine entend se tailler une place stratégique dans une zone géographique où l'influence des États-Unis est forte.

On l'a vu en décembre 2022, lorsque Xi Jinping a effectué une visite d'État dans plusieurs pays du Moyen-Orient dans le cadre du sommet Chine-Conseil de coopération du Golfe (CCG). Alors que la tournée diplomatique battait son plein, le dirigeant chinois a ouvertement déclaré que : "Au cours des trois à cinq prochaines années, la Chine travaillera de concert avec les pays du CCG pour créer un nouveau paradigme de coopération énergétique multidimensionnelle, dans le cadre duquel la République populaire de Chine continuera d'importer de grandes quantités de pétrole à long terme des membres du CCG et s'engagera à acheter des volumes plus importants de GNL. Le renforcement de notre coopération concernera l'ensemble de la chaîne énergétique, des services d'ingénierie au stockage, du transport au raffinage. La plateforme de la bourse du pétrole et du gaz naturel de Shanghai deviendra la référence pour la régulation du commerce du pétrole et du gaz en yuan-renminbi".

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Les rencontres entre le dirigeant de Pékin et ses homologues du CCG sont passées relativement inaperçues, malgré la portée potentiellement révolutionnaire de leur contenu. D'abord, parce qu'elles ont ouvertement préparé le terrain à l'annulation de l'accord signé le 14 février 1945 (quatre jours seulement après la conclusion de la conférence de Jalta), à bord du croiseur USS Quincy naviguant dans le Grand Lac Amer du canal de Suez, entre Franklin D. Roosevelt et le roi Abdulaziz. Roosevelt et le roi Abdulaziz 'Ibn' al-Saud qui donnait aux compagnies énergétiques américaines gravitant autour de l'orbite de la Standard Oil - qui contrôlait déjà tous les puits du Venezuela - des droits exclusifs d'exploitation des ressources pétrolières saoudiennes en échange d'une protection militaire du royaume et d'un soutien politique à la famille al-Saud de la part des États-Unis.

William Engdahl écrit : "Roosevelt a vécu assez longtemps pour assurer aux Rockefeller un avantage inestimable : des droits exclusifs sur l'ensemble du pétrole saoudien pour leurs partenaires d'Aramco. Cette décision allait fortement conditionner la politique étrangère des États-Unis pour les décennies à venir [...]. La décision d'intégrer officiellement les richesses pétrolières saoudiennes dans le spectre des intérêts nationaux américains semble d'autant plus étonnante que le pays était autosuffisant sur le plan énergétique dans les années 1940. Lorsque le plus grand gisement de pétrole du monde a été découvert sur le site saoudien de Ghawar en 1948, les États-Unis ont pu consolider leur suprématie pétrolière et l'exercer pour contrôler l'économie mondiale. En effet, le pétrole devenait la ressource énergétique essentielle à la croissance économique, et les compagnies énergétiques américaines détenues par Rockefeller allaient ainsi renforcer leur emprise sur le nouvel "ordre d'après-guerre".

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En juin 1974, à la suite du choc pétrolier déclenché par la guerre du Kippour, Richard Nixon a imposé au roi Faysal une modification de l'accord initial, liant les garanties de défense américaines à un engagement saoudien de commercialiser son pétrole exclusivement en dollars américains et de blanchir une partie substantielle des recettes dans des investissements en armes et en bons du Trésor.

Pour les États-Unis, il s'agissait de la véritable quadrature du cercle ; en rattachant le marché mondial du pétrole au dollar, l'accord redonnait à la monnaie américaine sa dimension mondiale, mise en péril par la répudiation par Nixon des accords de Bretton Woods - impliquant le découplage du dollar par rapport à l'or - le 15 août 1971. Il en est résulté une augmentation frénétique de la demande internationale de dollars, stimulée par la réévaluation drastique du pétrole (environ 400 %) pendant la guerre du Kippour, qui a renforcé la monnaie américaine et augmenté le pouvoir d'achat des salaires nationaux par rapport aux importations. L'autre effet, tout aussi important, a été la canalisation des capitaux étrangers vers le marché obligataire américain, ce qui a permis à la Réserve fédérale de maintenir les taux d'intérêt à un niveau relativement bas.

Au fil des décennies, la dépendance des États-Unis à l'égard du pétrole du Moyen-Orient a progressivement diminué, jusqu'à être radicalement réduite lorsque les gisements de schiste sont devenus pleinement opérationnels. Simultanément, la Chine est devenue le plus grand importateur de pétrole au monde, s'imposant comme le principal partenaire commercial de l'Arabie saoudite en 2021, avec des échanges bilatéraux s'élevant à plus de 81 milliards d'USD. L'année suivante, le royaume est devenu le premier fournisseur de pétrole brut de la Chine, avec 1,76 million de barils par jour. Les exportations saoudiennes vers les États-Unis, en revanche, se sont arrêtées à 435.000 barils par jour. D'autre part, l'essor des sources d'énergie alternatives, telles que les énergies renouvelables et le gaz naturel, a réduit la dépendance mondiale à l'égard du pétrole, et l'émergence de nouveaux pays producteurs de pétrole - tels que le Brésil, le Canada et les États-Unis eux-mêmes - a réduit la position hégémonique traditionnellement occupée par le Moyen-Orient.

Le 9 juin dernier, d'ailleurs, l'accord conclu entre Nixon et Faysal cinquante ans plus tôt a officiellement expiré et la famille régnante d'Arabie saoudite a annoncé que son renouvellement ne faisait pas partie des plans. De manière significative, on peut lire sur le site du Nasdaq une analyse sur le sujet qui souligne que "l'expiration de l'accord sur les pétrodollars représente un changement significatif dans la dynamique du pouvoir mondial. Elle met en évidence l'influence croissante des économies émergentes et l'évolution du paysage énergétique. Bien que les implications de ce changement ne se soient pas encore manifestées, les investisseurs devraient au moins être conscients que, dans l'ensemble, l'ordre financier mondial entre dans une nouvelle ère. La domination du dollar américain n'est plus garantie".

samedi, 11 novembre 2023

La dérive de Porro. Les prêts en yuans sont de la vassalité, les prêts en dollars sont bons et justes

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La dérive de Porro. Les prêts en yuans sont de la vassalité, les prêts en dollars sont bons et justes

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/la-deriva-di-porro-i-prestiti-in-yuan-sono-vassallaggio-quelli-in-dollari-sono-buoni-e-giusti/

La dérive de Nicola Porro, libertarien italien et directeur adjoint de Il Giornale, ne connaît plus d'obstacles. Et tandis qu'il s'emploie à expliquer que l'urgence humanitaire est représentée par quelques écrits sur les murs et non par le massacre de plus de 4000 enfants à Gaza, son site héberge un article fondamental de Leopoldo Gasbarro, qui s'emploie à démontrer que la méchante Chine est en train d'acheter l'Argentine et le Pakistan. Dans le cas de Buenos Aires, par exemple, en prêtant de l'argent aux Argentins pour payer les dettes au Fonds monétaire international contrôlé par les États-Unis.

Mais cela ne suffit pas. Gasbarro le porriste, souverainiste en puissance de confession crosettiste, s'indigne parce que le paiement n'a pas été effectué en dollars mais en yuans. Une preuve évidente de "vassalité", selon les amis de Porro. Ceux-ci considèrent évidemment le dollar comme la monnaie nationale de l'Argentine, puisqu'un paiement dans la monnaie de Washington ne serait pas de la vassalité. Ou, peut-être, auraient-ils préféré la défaillance de Buenos Aires, pour permettre aux maîtres américains d'intervenir directement dans la politique argentine. Après tout, pour les Yankees, l'Amérique latine est leur arrière-cour, ils doivent donc pouvoir faire ce qu'ils veulent.

Mais Gasbarro va plus loin. Car l'arrière-cour ne doit s'appliquer qu'à Washington. Ce n'est pas comme si Pékin pouvait faire la même chose pour le Pakistan voisin. En continuant à prêter de l'argent avec lequel Islamabad rembourse l'habituel Fonds monétaire international. En bref, les dettes doivent être contractées exclusivement auprès d'institutions contrôlées par les États-Unis. À des taux plus élevés et avec des contrôles obsessionnels non pas sur les aspects financiers mais sur les aspects politiques et culturels. Après tout, les atlantistes sont les bons, y compris les banquiers et les usuriers. Tous les autres sont mauvais et doivent se conformer.

13:43 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dollar, yuan, argentine, chine, pakistan, actualité, économie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 09 avril 2023

De la dédollarisation à la yuanisation et à la monnaie des BRICS : la multipolarité des monnaies

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De la dédollarisation à la yuanisation et à la monnaie des BRICS : la multipolarité des monnaies

Par Alfredo Jalife Rahme

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/de-la-desdolarizacion-a...

La dédollarisation est irréversible. Seuls sa vitesse et son calendrier posent question, alors que l'anglosphère prétend la faire traîner en longueur, tandis que le Sud s'est lancé vertigineusement dans l'adoption de la yuanisation et de la monnaie des BRICS.

Cyrus Janssen explique que "la Chine va vite ! Après avoir négocié le plus grand accord de paix au Moyen-Orient, elle accueille maintenant l'Arabie saoudite (AS) dans son alliance commerciale. Cette annonce a été faite quelques instants après que la Chine a conclu sa première transaction de GNL en renminbi avec les Émirats arabes unis (EAU). Les temps changent !" (https://bit.ly/3nzSala ).

Watcher.guru affirme que "AS a un partenariat commercial avec la Chine, la Russie, l'Inde, le Pakistan et quatre pays d'Asie centrale (http://bit.ly/42YbQzu )".

L'ambassade de Russie au Kenya a publié que "la Russie et l'Inde cherchent à briser le monopole du dollar et à dominer le marché eurasien. Un forum organisé à New Delhi a mis l'accent sur les principaux liens commerciaux à la veille du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (https://bit.ly/40SqAOi )".

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Le président kenyan William Ruto a encouragé ses concitoyens à se séparer de leurs dollars (https://bit.ly/3lVTm1M ). Le Kenya a souffert d'une pénurie de dollars en raison de la dévaluation de sa monnaie, le shilling, qui a engendré une forte inflation, tandis que la Bolivie subit également les ravages d'une sécheresse de dollars en raison des importations d'hydrocarbures qu'elle paie avec des billets verts. C'est peut-être l'occasion pour la Bolivie de se débarrasser des chaînes de la dollarisation et d'adopter le yuan et/ou la roupie indienne et/ou la monnaie des Brics.

Bloomberg rapporte que "l'Inde proposera sa monnaie comme alternative pour commercer avec les pays confrontés à des pénuries de dollars (http://bit.ly/40OSsTF )".

Sharmine Narwani affirme : "TREMENDOUS : it's the most important global development in years. Si les pays de l'ANASE abandonnent le dollar pour leurs monnaies locales, le dollar est mort" (https://bit.ly/3K0TUvh ).

@runews commente que "les BRICS, l'AS, la Biélorussie et l'Iran développent une nouvelle monnaie" (https://bit.ly/3nEaSbc ).

Les 10 pays de l'ANASE (Asie du Sud-Est) discutent de l'abandon du dollar et de l'euro dans leurs échanges commerciaux et leur principale puissance géoéconomique, l'Indonésie (17ème au classement mondial du PIB), invite ses partenaires régionaux à ne plus utiliser les cartes de crédit Visa et MasterCard "pour éviter les répercussions des sanctions occidentales à l'encontre de la Russie" (http://bit.ly/3ZtAvsB ).

The Cradle affirme que "les pays du BRICS travaillent fondamentalement sur une nouvelle monnaie : la monnaie officielle russe". (https://bit.ly/3Km0rCi )

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L'analyste cité David Goldman affirme que "le désordre bancaire américain annonce la fin du système de réserve du dollar" car "la crise bancaire n'est pas un problème de qualité du crédit, mais découle de la tâche désormais impossible de financer la dette extérieure américaine qui ne cesse de croître" (http://bit.ly/3zG9SXb ).

Le Global Times chinois prévoit que "la dédollarisation est inévitable à mesure que l'utilisation d'autres monnaies s'accélère", comme cela vient d'être le cas avec l'accord conclu entre la Chine et le Brésil pour commercer dans leurs propres monnaies lorsque leurs échanges bilatéraux dépassent 150 milliards de dollars (http://bit.ly/3nCVP1J ).

Même la France a participé à un accord triangulé avec les Émirats arabes unis pour l'achat de gaz naturel liquéfié (GNL) avec la Chine en yuans (http://bit.ly/40LFiXo ).

Gillian Tett du Financial Times appelle à "se préparer à un monde multipolaire de monnaies" alors que "le dollar américain domine toujours les marchés de la dette, mais certaines données de niche suggèrent que les choses pourraient être en train de se retourner" (http://bit.ly/42UMKS0 ).

Par ailleurs, il y a 14 ans, j'affirmais que "le monde tend vers la multipolarité et la régionalisation des monnaies" (http://bit.ly/3ZyPx0n ). J'ai également proposé la monnaie des Brics (http://bit.ly/3zjVWlo ), qui est aujourd'hui sur le point d'être réalisée pour remplacer le dollar (http://bit.ly/3KonBry ). "CQFD.

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samedi, 04 février 2023

Vers une tripolarité géofinancière : pétrodollar, pétroyuan et rouble-or - Le "rouble-or" dans l'espace géo-économique et géo-financier de la Russie

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Vers une tripolarité géofinancière : pétrodollar, pétroyuan et rouble-or

Par Alfredo Jalife Rahme

Source : https://noticiasholisticas.com.ar/hacia-la-tripolaridad-geofinanciera-petrodolar-petroyuan-y-rublo-oro-por-alfredo-jalife-rahme/

Le portail Zero Hedge qualifie l'essai de Zoltan Pozsar de "chef-d'œuvre" de la géofinance (https://bit.ly/3ZLrpsK). Alastair Crooke - ancien espion du MI6 britannique et ancien conseiller de Javier Solana, ancien chancelier de l'UE - le cite avec révérence (https://bit.ly/3WaQGtj), tout comme l'illustre géopoliticien brésilien Pepe Escobar (https://bit.ly/3GDLCbe). Auparavant, Bloomberg, très proche du Parti démocrate, avait donné libre cours au concept paradigmatique de Pozsar, à savoir la montée du pétroyuan et le déclin du pétrodollar (https://bloom.bg/3IMZGlb). Pozsar a été étiqueté comme le "gourou du Repo (repurchase agreement)": l'emprunt à court terme pour les marchands d'avoirs gouvernementaux (https://bit.ly/2ryeifX), qui opéraient à la méga-stratégique Réserve fédérale de New York, par le biais de son hiératique shadow banking (https://bit.ly/3ka4Z3X). Pour faciliter les choses à notre niveau juridique, Pozsar est un solide poids lourd qui pourrait être, selon la dynamique des événements, le Keynes du XXIème siècle sur le nouvel ordre géofinancier qui se disputera entre le pétrodollar, en déclin, et le petroyuan, en irrésistible ascension.

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Aujourd'hui, Pozsar (photo) est le maître à penser monétariste du Credit Suisse, où il présente ses deux points fondamentaux: 1) "l'encombrement des matières premières" qui signifie une "ré-hypothèque", et 2) le chaînon manquant de l'imminent "Bretton Woods 3": le petroyuan. Bien qu'il ne le cite que tangentiellement, Pozsar - qui est le meilleur pour définir la fracture bipolaire entre le pétrodollar et le pétroyuan - a manqué un autre lien: le "rouble-or".

Selon Pozsar, traduit par Zero Hedge, "Poutine pourrait déchaîner l'enfer sur le système financier occidental en exigeant qu'au lieu des dollars, les exportateurs de pétrole russes soient payés en or, arrimant effectivement le pétrole à l'or et lançant le pétro-or". Ce serait plutôt le "rouble-or" ! Pour l'instant, la Chine a secrètement commencé à acheter des centaines de tonnes d'or physique (https://bit.ly/3CLLWUb). Mon très humble avis est que la "guerre des matières premières" fait d'ores et déjà rage.

Au cours de l'année 2022, le génie financier hongrois Pozsar a soutenu avec insistance qu'"à une époque où le monde passe de l'unipolarité à la multipolarité, les actions des chefs d'État sont bien plus importantes que celles des gouverneurs des banques centrales". A juste titre, Pozsar attribue une importance énorme à "l'expansion des BRICS", au détriment du G7. Pozar fait l'éloge de la visite du mandarin Xi Jinping en Arabie saoudite et de son accord avec les six pétromonarchies du Conseil de coopération du Golfe - ce que, en toute humilité, nous considérons ici en temps voulu comme le Zeitgeist du 21ème siècle (https://bit.ly/3iE9Jyg).

Le Britannique Crooke, à mon avis l'un des meilleurs géopoliticiens du monde, après avoir magistralement abordé les deux objectifs stratégiques irréconciliables des États-Unis, à savoir la balkanisation de la Russie et le maintien de l'hégémonie du dollar (https://bit.ly/3H52KIa), commente que "l'axe Chine-Russie attise les flammes d'une insurrection structurelle contre l'Occident dans la plupart du "reste du monde". Ses flammes visent à "faire bouillir lentement la grenouille (https://bit.ly/3QDoii9)". Crooke affirme qu'à partir de la doctrine Wolfowitz de 1992 (https://bit.ly/3ZtP6Wl), les États-Unis s'étaient déjà préparés à une guerre contre la Russie en Ukraine. Aujourd'hui, le général américain James Bierman explique sans ambages au Financial Times que les États-Unis "préparent le théâtre d'une éventuelle guerre avec la Chine (https://on.ft.com/3GFkIQe)".

Aujourd'hui, la Chine et la Russie ont établi une relation stratégique avec l'OPEP+, l'Iran et le Venezuela. Il s'avère que la Russie, l'Iran et le Venezuela représentent 40 % des réserves prouvées de pétrole et "chacun d'entre eux vend son pétrole à la Chine en renmimbi". Ce qui est pertinent, c'est que, selon M. Crooke, "la Russie, la Chine et les planificateurs des BRICS (sic) se sont également appliqués à monter leur propre théâtre".

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Le "rouble-or" dans l'espace géo-économique et géo-financier de la Russie

Par Alfredo Jalife Rahme

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/el-rublo-oro-en-el-espacio-geoeconomico-y-geofinanciero-de-rusia-por-alfredo-jalife-rahme/

Dans mon précédent article : "Vers la tripolarité géo-financière : pétrodollar, pétroyuan et rouble-or (https://bit.ly/3Wr4pw7)", j'ai détecté la dynamique de création du "rouble-or" dans l'espace géo-économique/géo-financier de la Russie, sans avoir lu l'article fondateur (https://bit.ly/3iX2L7Q) du célèbre économiste russe Sergey Glazyev (SG - photo), aujourd'hui en charge de la Commission économique eurasienne.

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On fait grand cas du fait que SG a été l'un des grands stratèges qui ont protégé la Russie des sanctions des États-Unis, de l'OTAN et de l'Union européenne (UE) qui ont eu un effet boomerang sur l'UE et les États-Unis avec une inflation sévère, au bord de la récession. Même le magazine de la monarchie mondialiste britannique The Economist admet que "le système économique de la Russie est en meilleure forme que prévu : la neuvième économie mondiale a fait beaucoup mieux que prévu (https://econ.st/3HjG9aS)".

À propos, dans un article remarquable, le géopoliticien brésilien Pepe Escobar s'est penché sur l'essai de SG et a prédit que les cinq monnaies des BRICS, soutenues par l'or, "remplaceront le dollar américain (https://bit.ly/3Wn7Js8)".

Selon SG, "l'or peut être un instrument unique dans la lutte contre les sanctions occidentales, compte tenu des prix des principales matières premières internationales (pétrole et gaz, aliments et engrais, métaux et minéraux solides)". La parenté conceptuelle de SG avec le gourou de la finance Zoltan Pozsar, aujourd'hui stratège au Credit Suisse, est frappante.

L'or ne fait pas cavalier seul. Il va de pair avec l'argent (dont les premiers producteurs mondiaux sont le Mexique et le Pérou).

SG rappelle le lobbying des banquiers Rothschild au 19ème siècle en faveur de l'"étalon-or" qui "leur a donné (à eux et à la Grande-Bretagne) l'occasion, par le biais de prêts d'or, de subordonner l'Europe continentale au système financier britannique". SG explique ensuite les phases de "rouble-or 1" et "rouble-or 2" alors que "les conditions sont maintenant réunies" pour "rouble-or 3".

Il cite des analystes de la banque danoise Saxo Bank qui prévoient que d'ici 2023, le prix de l'or atteindra 3000 dollars l'once. Incidemment, la Chine et l'Inde (dont la banque centrale est le plus grand acheteur d'or au monde ; https://bit.ly/3j00Dfp) ont récemment effectué des achats massifs d'or physique.

Une phrase unique de SG pour les villageois vassaux de la défunte mondialisation financière néolibérale: "les importantes réserves d'or permettent au pays de mener une politique financière souveraine et de minimiser la dépendance à l'égard des créanciers extérieurs". (Sur combien de réserves d'or ou d'argent la Banque "autonome" du Mexique, qui constitue en réalité "un État dans l'État" selon le modèle néolibéral mondialiste dépassé, pourra-t-elle compter) ?

SG affirme qu'"en démonétisant leur richesse réelle, les États-Unis ont perdu toute compétence et tout intérêt pour la production et le traitement de ressources stratégiques" telles que l'or et l'uranium. Il commente l'éternel point selon lequel "l'Occident ne dira jamais combien de réserves il détient dans les coffres de ses banques centrales" et affirme qu'"il n'y aura jamais d'audit à Fort Knox", où les États-Unis sont censés conserver leurs réserves d'or et d'argent alors que l'ancien député texan Ron Paul, père de l'actuel sénateur républicain Rand, réclame un audit de ses coffres depuis 12 ans (https://cnb.cx/3QUwQBA).

Je comprends les fortes pressions géopolitiques et géofinancières des États-Unis et du Canada au sein du T-MEC asymétrique, notamment dans le domaine technologique du chapitre 19 (https://bit.ly/3XzPm4Q), alors que le président nationaliste Lopez Obrador (LO), souverainiste à part entière, s'est battu pour le chapitre 8 (la souveraineté des hydrocarbures ; https://bit.ly/3QVTGsl). Aujourd'hui, LO devrait envisager la création du "peso argent mexicain" et la mise en place d'un ministère des Mines, maintenant que le boom des matières premières est de retour, qui existe déjà dans les puissances minières d'Amérique du Sud: Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Équateur, Pérou et Venezuela.

C'est le Zeitgeist de la créativité géo-financière !

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samedi, 21 janvier 2023

La démondialisation avec la bipolarité géo-financière: un système basé sur le dollar et un autre sur le yuan

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La démondialisation avec la bipolarité géo-financière: un système basé sur le dollar et un autre sur le yuan

L'ère du post-néolibéralisme : la démondialisation avec le régionalisme

Par Alfredo Jalife Rahme

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/desglobalizacion-con-bi...

Dans l'Olympe de l'Anglosphère, ils commencent à digérer l'inévitable démondialisation et ses régionalismes (https://bit.ly/3QukIqA). Dans cette veine, la lucide Rana Foroohar, chroniqueuse au Financial Times, étaye avec réalisme le panorama "post-néolibéral" lorsque "toutes les économies sont locales", dans son essai pour l'influente revue Foreign Affairs (https://fam.ag/3CCNyiO), qui constitue la synthèse de son récent livre Homecoming : The Path to Prosperity in a Post-Global World (https://amzn.to/3vQXW2I).

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La partie la plus frappante de son essai est sa prédiction d'une bipolarité géo-financière: "un système basé sur le dollar américain et un autre sur le yuan". Ce n'est pas une mince affaire, étant donné la disparition du système de Bretton Woods de 1944, qui imposait un dollaro-centrisme hégémonique, dans lequel le véritable vainqueur de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS, a négligé cet important domaine, ce qui a conduit au règne financiariste de l'Anglosphère pendant 79 ans.

Foroohar suggère que "l'invasion de l'Ukraine par la Russie aura des conséquences durables sur les devises et les marchés des capitaux". Elle cite l'essai de Nicholas Mulder intitulé The Collateral Damage of a Long Economic War (https://fam.ag/3GTUZ7J).

Elle commente que "la Chine et les États-Unis vont se faire de plus en plus concurrence dans le domaine de la finance, en utilisant les devises, les flux de capitaux et le commerce comme des armes l'un contre l'autre", alors que les décideurs américains "devraient sérieusement envisager les implications de cette concurrence étendue", qui "affectera la valeur des actifs, les retraites et les politiques".

Sous la rubrique "marchés des capitaux", de "nouvelles alliances" et de "nouvelles stratégies de croissance" seront "créées" car "les marchés deviennent plus sensibles à la géopolitique". Dans sa rubrique "monde post-néolibéral", elle affirme que "la démondialisation s'accompagnera d'un certain nombre de tendances inflationnistes (même si la technologie continuera à être déflationniste)". Pour l'instant, le gaz russe bon marché s'est épuisé alors que les récentes politiques de la Réserve fédérale américaine "mettent un frein à l'argent facile, faisant augmenter les prix des biens et des services".

Elle formule une critique sarcastique du néolibéralisme: "Il était naïf de s'attendre à ce que des pays aux économies politiques très différentes respectent un régime commercial unique" alors que les "Américains ont utilisé des modèles économiques dépassés pour tenter de donner un sens à leur monde en mutation rapide", ce qui n'a même pas fonctionné au "sommet de la manie néolibérale dans les années 1990". Beaucoup moins aujourd'hui, dans le nouvel écosystème géopolitique !

Elle fustige la "pensée économique conventionnelle", car "la déréglementation, la financiarisation et l'hypermondialisation" ne sont pas "inévitables". Il faut maintenant "embrasser l'avènement de la régionalisation et de la localisation et travailler à créer des opportunités économiques productives pour tous les segments de la main-d'œuvre" qui "mettent l'accent sur la production et l'investissement plutôt que sur la finance basée sur la dette". Elle ajoute que "les personnes doivent être considérées comme des actifs, et non comme des passifs sur les feuilles comptables". La pensée du Français Thomas Piketty résonne, tirée de son livre phare Le capital au XXIe siècle (https://amzn.to/3Qrx6rz).

En effet, Foroohar démontre que "les politiques néolibérales ont créé d'immenses inégalités au sein des pays et ont parfois conduit à des flux de capitaux déstabilisants entre eux", faisant en sorte que "l'économie mondiale se détache dangereusement des politiques nationales".

Elle célèbre ensuite l'historien économique austro-hongrois Karl Polanyi, qui dès 1944 - la même année que Bretton Woods - "soutenait que le marché libre était un mythe totalement utopique". Aujourd'hui, il y a "un consensus parmi les chercheurs sur le fait que des facteurs géographiquement spécifiques tels que la qualité de la santé publique, de l'éducation et de l'eau propre ont des implications économiques importantes". Aujourd'hui, la "politique" est de retour, ce qui est intrinsèquement local et aura un fort impact sur l'économie.

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jeudi, 23 juin 2022

L'Amérique en déclin, la Chine et la menace d'une guerre économique

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L'Amérique en déclin, la Chine et la menace d'une guerre économique

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/06/21/taantuva-amerikka-kiina-ja-taloussodan-uhka/

La revue américain Foreign Policy affirme que les décideurs chinois sont de plus en plus convaincus que les États-Unis vont mettre en œuvre une stratégie d'isolement de la Chine à grande échelle. Les responsables, les universitaires et les médias chinois parlent de plus en plus d'autonomie et de préparation.

Fang Xinghai, vice-président de la Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières, a proposé d'accélérer l'internationalisation du yuan pour mieux préparer le désengagement économique des États-Unis.

Un universitaire basé à Shanghai a déclaré que "les dividendes de la paix sont terminés" et qu'"il est temps pour la Chine de se préparer à un désengagement complet". Même des voix plus modérées ont reconnu les profonds changements dans les relations entre les États-Unis et la Chine et ont exhorté la Chine à "se préparer au pire mais à rechercher le meilleur".

Alors qu'en guise de représailles, l'armée chinoise est encore renforcée, le pays resserre également deux ficelles économiques. Elle redouble sa stratégie d'autosuffisance déjà existante et assure la résistance de la Chine aux sanctions, tout en renforçant ses capacités géo-économiques offensives par le biais des chaînes d'approvisionnement et des voies maritimes commerciales internationales.

Le Parti communiste chinois a fait de "l'indépendance et de l'autonomie" un élément clé de sa résolution historique de 2021. Les récentes sanctions sévères de l'Occident contre la Russie ont rappelé aux dirigeants chinois la nécessité de renforcer leur indépendance économique.

Le 25 février, alors que la Russie lançait son opération militaire en Ukraine, un éditorial du Quotidien du Peuple affirmait que "l'indépendance et la confiance en soi permettront à la cause du Parti et du peuple de continuer à avancer de victoire en victoire". Les décideurs politiques s'efforcent de préparer l'économie chinoise à supporter le lourd coup économique d'une sécession forcée.

Ces préoccupations ne sont pas nouvelles. Depuis la crise financière asiatique de la fin des années 1990, les décideurs chinois ont préconisé une réforme du système financier mondial et ont cherché à se prémunir contre l'hégémonie du dollar américain.

En 1999, le gouverneur de la Banque populaire de Chine de l'époque, Dai Xianglong, a déclaré que le système financier mondial actuel "doit être réformé" car "le rôle des monnaies nationales de quelques pays en tant que monnaies de réserve internationales a été une source majeure d'instabilité".

Si les hostilités entre les superpuissances éclatent réellement, l'empire occidental étendra sa politique de sanctions à Pékin, comme il l'a fait avec Moscou. Quelles options de réponse la Chine aurait-elle dans cette situation ?

Jusqu'à présent, dans les guerres commerciales et technologiques lancées par les États-Unis ces dernières années, les Chinois ont essentiellement été sur la défensive. Pourraient-ils passer à l'offensive ?

Dans les scénarios les plus radicaux, Pékin pourrait renoncer à ses réserves de dollars, exiger le paiement en monnaie chinoise de ses exportations de biens vers l'Occident, voire cesser complètement d'exporter.

Par exemple, si une confrontation militaire sur le statut de Taïwan déclenchait une guerre économique, Pékin pourrait utiliser deux contre-mesures offensives : perturber les chaînes d'approvisionnement mondiales et restreindre l'accès des étrangers aux ports commerciaux contrôlés par Pékin.

La perturbation délibérée des chaînes d'approvisionnement pourrait prendre au moins deux formes : la mise en œuvre d'un cadre réglementaire anti-sanctions pour restreindre l'accès aux marchés chinois et l'imposition de contrôles à l'exportation de matériaux critiques.

Le gouvernement chinois pourrait obliger les entreprises étrangères à choisir entre les marchés chinois ou occidentaux et pénaliser la coopération avec les acteurs étrangers considérés comme menaçant les entreprises et les intérêts nationaux chinois.

La revue Foreign Policy suggère que les décideurs chinois ont une vision claire de la manière dont la position dominante de la Chine dans les chaînes d'approvisionnement mondiales pourrait être stratégiquement exploitée contre les restrictions étrangères, si nécessaire, pour protéger les besoins nationaux de la Chine.

En réponse aux sanctions occidentales et à la guerre hybride, la Chine pourrait également restreindre les exportations vers l'Occident d'électronique grand public et d'éléments de terres rares nécessaires à la fabrication d'armes américaines avancées telles que l'avion de chasse F-35. Entre 2014 et 2017, la Chine a fourni 80 % des terres rares dont les États-Unis ont besoin.

La position de la Chine en tant que première puissance maritime commerciale offre également à Pékin un moyen de pression en cas d'escalade de la guerre économique. Les acquisitions de ports chinois donnent à la Chine un plus grand contrôle sur les flux maritimes mondiaux, ce qui pourrait limiter la capacité des étrangers à sécuriser les chaînes d'approvisionnement.

En 2019, la Chine avait investi dans plus de 100 projets portuaires. Trois opérateurs portuaires chinois - COSCO Shipping Ports, China Merchants Port Holdings et Qingdao Port International - avaient déjà des participations dans 16 ports européens en 2018.

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COSCO possède 100% du terminal portuaire du Pirée en Grèce, 85,5% du terminal portuaire de Zeebrugge en Belgique, 51% du terminal à conteneurs de Noatumi en Espagne et des participations minoritaires dans plusieurs autres ports européens. La manière dont la Chine pourrait réellement contrôler les ports étrangers au milieu d'un conflit est une autre question.

Toutes ces stratégies comportent leurs propres risques d'escalade. Même si l'administration Biden cherche à défier et à concurrencer la Chine, il serait sage de résister à la tentation de diaboliser Pékin, de l'opposer à propos de Taïwan ou de sous-estimer le potentiel de la Chine à défier la position mondiale et la puissance en dollars des États-Unis.

La priorité stratégique de la Chine pour le moment semble être d'éviter de faire quoi que ce soit qui puisse interrompre le processus de déclin des États-Unis. La Chine est également restée à l'écart du conflit ukrainien. Elle ferait probablement bien de se contenter d'observer l'affaiblissement de la domination géo-économique des États-Unis.

Le leadership américain ne semble plus du tout attrayant pour de nombreux pays. Si Washington ne peut pas faire preuve de compassion envers les pays qui ont besoin d'aide au développement et qui ont réclamé une meilleure représentation dans le système actuel, les puissances non européennes et non anglo-saxonnes seront heureuses d'écouter ce que la Chine a à offrir.

L'implication croissante de la Chine en Asie occidentale (le "Moyen-Orient" en termes occidentaux) en est un exemple. La Chine a réussi à conclure un accord de partenariat stratégique global avec l'Iran et l'Arabie saoudite, étendant ainsi l'influence de Pékin et lui apportant de nouveaux avantages économiques.

L'Irak est également devenu un lien important pour le projet "Belt and Road" et les investissements de la Chine. Alors que les États-Unis pilonnent Bagdad à coups de bombardiers, la Chine a récemment accepté de construire un millier d'écoles dans la région. C'est un bon coup de pouce pour l'image de la Chine par rapport aux machinations de l'Occident.

Une action constructive est plus attrayante pour les partenaires que l'intimidation et le chantage économico-militaire américains. Toutefois, le succès de la Chine peut provoquer un retour de bâton de l'OTAN et de l'Occident, et le régime de Pékin sera abattu par les mêmes moyens que la Russie. La Chine réussira-t-elle à éviter les pièges américains ?

mardi, 14 juin 2022

La guerre économique de l'Occident entre le défaut de paiement de la dette russe et la lutte contre le yuan numérique

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La guerre économique de l'Occident entre le défaut de paiement de la dette russe et la lutte contre le yuan numérique

par Domenico Moro

Source : resistenze & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-guerra-economica-dell-occidente-tra-default-del-debito-russo-e-contrasto-allo-yuan-digitale

Ce n'est pas seulement une guerre par des moyens militaires qui se poursuit, par le truchement de l'Ukraine, entre l'Occident et la Russie. La guerre économique, non moins importante, se poursuit elle aussi. Ces derniers jours, des événements importants impliquant non seulement la Russie mais aussi la Chine ont eu lieu. Après tout, la confrontation, sur le plan économique, oppose principalement les États-Unis et la Chine, qui, en plus d'être l'allié stratégique de la Russie, est le plus grand concurrent des États-Unis pour l'hégémonie économique mondiale.

Le premier de ces nouveaux événements est le lancement du sixième train de sanctions de l'UE contre la Russie, qui comprend, entre autres, deux mesures fondamentales : l'exclusion de la plus importante institution bancaire russe, la Sberbank, du circuit Swift, ce qui rendra problématique le paiement à l'étranger des produits russes, et, surtout, l'embargo sur le pétrole russe. Apparemment, après un mois d'impasse, c'est un succès pour le front occidental contre la Russie, qui a réussi à se recomposer malgré l'opposition de la Hongrie à l'embargo. Les sanctions pétrolières sont toutefois soumises à des limites : l'arrêt des importations dans l'UE n'aura lieu qu'à partir du début de l'année prochaine et ne concernera que le pétrole brut importé par voie maritime, tandis que le pétrole brut importé via l'oléoduc Druzhba sera exclu de l'embargo. Cela permettra à la Hongrie, à la Slovaquie et à la République tchèque, pays enclavés, de continuer à s'approvisionner en pétrole brut jusqu'à une date qui reste à déterminer.

Mais les sanctions, qui font grimper les coûts de production dans les pays européens, auront un effet limité sur la Russie. En fait, les sanctions augmentent le prix international du baril de pétrole, ce qui permet à la Russie de réaliser des revenus plus élevés même en cas de réduction des volumes d'exportation. Lorsque la Commission européenne a promulgué le sixième train de sanctions, l'augmentation du prix du baril de pétrole s'est accélérée pour atteindre plus de 125 US$ par baril de Brent. Après tout, le pétrole a augmenté de 75 % en six mois.

Selon Bloomberg, l'embargo pétrolier ne coûterait que 10 milliards d'US$ sur un total de 270 milliards d'US$ que le gouvernement russe attend de l'exportation de produits énergétiques. Mais il n'y a aucune garantie qu'une telle perte de revenus sera effective : la Russie peut compenser les exportations perdues vers l'UE en les réorientant vers d'autres pays. En effet, le délai de mise en œuvre de l'embargo facilite non seulement la recherche de nouveaux fournisseurs par les importateurs européens. La Russie peut donc chercher d'autres débouchés pour ses exportations. En particulier, les exportations russes de pétrole brut se dirigent vers la Chine, l'Inde et d'autres pays, qui ont acheté plus de pétrole brut que d'habitude ces derniers mois. Ce n'est pas un hasard si en mai, les exportations russes de pétrole et de produits pétroliers ont atteint leur plus haut niveau depuis octobre 2019, soit 5,09 millions de barils par jour.

Le deuxième de ces nouveaux événements concerne l'éventuel défaut technique de la dette russe, en raison de l'incapacité de la Russie à payer les intérêts en dollars. L'Europe a également ajouté à la liste des personnes et organisations sanctionnées le National Settlement Depository, qui est une institution financière non bancaire russe et un dépositaire central de titres, par l'intermédiaire duquel Moscou avait décidé de payer les intérêts de la dette publique en dollars. En outre, le 25 mai, les États-Unis ont laissé expirer sans la renouveler la licence qui autorisait jusqu'à présent les investisseurs américains - malgré les sanctions interdisant les transactions financières - à recevoir de Moscou des paiements d'intérêts, de dividendes ou de coupons sur des obligations détenues par la banque centrale russe, le Fonds d'investissement souverain ou le ministère des Finances.

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Il s'agit d'une perte d'image majeure pour la Russie qui, en ne payant pas les intérêts de sa dette publique, se mettrait en défaut de paiement pour la première fois depuis 1917, lorsque les révolutionnaires bolcheviques ont décidé de ne pas payer les dettes contractées par l'État tsariste. En réalité, cette fois-ci, l'État russe a l'argent et la volonté de rembourser la dette, mais en fait, l'UE et les États-Unis l'en empêchent en essayant de forcer l'État russe à la faillite. En pratique, il s'agit d'un "défaut artificiel", comme l'ont souligné les autorités russes.

Le troisième événement à prendre en compte est la proposition récemment soumise au Congrès américain par trois sénateurs républicains, Tom Cotton, Marco Rubio et Mike Braun, visant à interdire aux grands magasins d'applications - à commencer par Google et Apple - d'héberger des applications permettant d'effectuer des paiements par le biais du yuan numérique chinois. La motivation apparente est liée à la sécurité nationale, puisque les rédacteurs du projet de loi craignent que le système de paiement numérique permette à Pékin d'espionner les citoyens américains. La véritable raison, cependant, est autre : on craint que la monnaie numérique chinoise ne réduise le rôle mondial du dollar américain.

Il s'agit d'un grave danger pour l'économie américaine, car ce n'est que grâce à la disponibilité de la monnaie commerciale et de réserve mondiale que les États-Unis peuvent soutenir leur économie, en finançant leur double dette, commerciale et publique. En outre, le système de yuan numérique peut constituer une alternative au système Swift par lequel transitent les transactions internationales en dollars. Cela éliminerait également la possibilité d'imposer des sanctions aux opposants politiques, étant donné qu'un grand nombre de ces sanctions reposent sur l'exclusion des organisations financières russes et autres du système de messagerie Swift. Quoi qu'il en soit, le yuan numérique est dangereux pour le dollar, car il peut devenir une monnaie de référence en dehors de la Chine, en commençant par les pays qui rejoignent le projet de la Route de la soie, puis en s'insérant dans les systèmes de paiement occidentaux comme alternative à Swift.

La Chine est à l'avant-garde de l'utilisation de la monnaie numérique et accumule une avance considérable sur les États-Unis et l'UE, puisque le dollar et l'euro numériques sont encore au stade de projet. Pour avoir l'euro numérique, en supposant qu'il soit adopté, il faudra encore 4 à 5 ans. Le même temps sera également nécessaire pour disposer du dollar numérique, dont l'adoption est encore remise en question par la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, qui est toujours divisée entre partisans et opposants à cette initiative.

La guerre en Ukraine pourrait toutefois accélérer le lancement du dollar numérique, car elle accentue la nécessité de poursuivre la guerre des devises, élément central du conflit économique contre la Russie et, à terme, la Chine. Récemment, la vice-présidente de la Réserve fédérale Lael Brainard a déclaré lors d'une audition au Congrès que le lancement d'une "CBDC [monnaie numérique de la banque centrale, ndlr] peut contribuer à assurer le rôle dominant du dollar" afin que "les personnes du monde entier qui utilisent le dollar puissent continuer à le faire pour les transactions dans le système financier numérique".

Ces faits montrent clairement que la guerre économique entre l'Occident, d'une part, et la Russie et la Chine, d'autre part, s'intensifie et se joue en grande partie autour du rôle mondial du dollar. Le maintien du dollar comme monnaie mondiale est à la fois un moyen et une fin de la guerre militaire et économique en tant qu'élément essentiel de l'hégémonie mondiale des États-Unis. La poursuite de la guerre, visant à affaiblir la Russie et, par conséquent, la Chine, autorise le maintien de la primauté politique et militaire qui permet aux États-Unis de maintenir le dollar comme monnaie mondiale.

Note :

[i] Alessandro Graziani, "Yuan numérique, les États-Unis opposent leur veto à l'utilisation de Google et Apple Pay", Il sole24ore, 3 juin 2022.

lundi, 11 avril 2022

La Chine et la Russie, une menace pour la suprématie financière américaine

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La Chine et la Russie, une menace pour la suprématie financière américaine

par Sherish Khan

Source: https://www.ideeazione.com/cina-e-russia-una-minaccia-per-la-supremazia-finanziaria-americana/

Le système financier mondial est actuellement sous pression sous différents angles. La structure du commerce mondial est compliquée. L'une des principales raisons est que les intérêts des États-Unis et de l'Europe ont été gravement endommagés. En termes de commerce, la Chine a dépassé ces deux régions du monde. Les Chinois en sont convaincus et sont par ailleurs habitués à la production de masse. La Chine dans son ensemble est également appelée "l'usine du monde". La capacité à concurrencer la Chine dans le processus de production n'est actuellement pas possible pour les États-Unis et l'Europe. L'une des principales raisons est que la Chine a fait des efforts systématiques pour se procurer des matières premières dans différentes régions du globe ; elle importe de grandes quantités de matières premières d'Afrique, d'Asie et d'autres régions. Ce processus a renforcé non seulement son statut économique, mais aussi son statut politique et social. Les États-Unis sont actuellement préoccupés par la manière de maintenir leur domination sur la politique et l'économie mondiales, notamment dans le domaine de la finance. La Chine et la Russie deviennent une menace pour la suprématie financière des États-Unis.

La Russie a tiré la plus retentissante sonnette d'alarme pour le système financier mondial contrôlé par l'Occident. Les États-Unis et l'Europe ont tenté de renforcer leur position en imposant des sanctions économiques à la Russie en riposte à une intervention militaire russe en Ukraine. La Russie a été exclue du système de paiement international Swift. Dans ce système, tous les paiements sont effectués en dollars et en euros. Les États-Unis ont déclaré que la Russie ne pouvait plus mener ses affaires financières en dollars. L'exclusion de Swift signifie qu'aucune entreprise russe ne peut percevoir de quelqu'un un paiement quelconque en dollars ou payer quelqu'un en dollars. Dans ce cas, quelle option a la Russie ? Que peut-elle faire pour briser le monopole du dollar ? La Russie est un exportateur majeur. Ses exportations comprennent l'aluminium, le palladium, le nickel et d'autres métaux, le pétrole brut, le gaz, les diamants, le charbon et de nombreuses autres matières premières importantes. La part de la Russie dans le commerce mondial est d'environ 22%. Un pays dont le statut commercial est aussi important ne peut être facilement négligé. Maintenant, la Chine parle de conclure des accords pétroliers avec la Russie en roubles. D'autre part, l'Arabie saoudite, dans certains cas, semble être jalouse d'une configuration comme Swift, et si la Russie commençait à faire tout son commerce en roubles ? La position mondiale du dollar serait affaiblie. Si la Russie réussit, d'autres pays devront également commercer dans leur propre monnaie. Les plus grands exportateurs de pétrole brut sont l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Que se passerait-il s'ils décidaient de vendre leur pétrole dans leur propre monnaie ?

Tout comme la Chine a accepté de commercer avec la Russie en roubles et en yuans. Si deux ou trois autres pays agissent de la sorte, il sera très dangereux pour le dollar de monter. Au moment de l'invasion russe de l'Ukraine, le monde entier avait l'impression qu'un nouveau bloc était sur le point d'émerger, qui serait anti-occidental et donnerait du fil à retordre à l'Occident. Le monde musulman, y compris le Pakistan, est très important à cet égard, car c'est sur la base de nos décisions que les caractéristiques de ce bloc deviendront claires. Il importe peu que l'Inde ne soit pas d'accord. Beaucoup de choses changeront si la plupart des pays du monde musulman se rangent du côté de la Chine et de la Russie. Dans ce cas, les États-Unis ne seront pas en mesure de maintenir leur position dans la politique et l'économie mondiales. La véritable préoccupation pour les États-Unis et l'Europe est que la Russie et la Chine détiennent toutes deux une part importante du commerce mondial. En tant que plus grand moteur manufacturier du monde, la Chine et, à côté d'elle, la Russie se démarquent des États-Unis et de l'Europe.

La question clé est maintenant de savoir ce que veulent les États-Unis et l'Europe. Sont-ils prêts à faire des concessions au reste du monde ? Le monde occidental est-il prêt à impliquer d'autres puissances émergentes dans la politique et l'économie mondiales ? La tête de cet Occident global n'a pas l'air d'y penser. L'attitude des superpuissances à chaque époque est la même que celle des États-Unis et de l'Union européenne. Tous deux ne sont pas prêts à reculer. Les États-Unis ne sont pas favorables à l'idée de céder la place à la Chine et à la Russie ; cela ne signifie pas que leur puissance est intacte, même s'il y a eu un déclin de la puissance, ils ne veulent pas donner l'impression qu'ils s'affaiblissent. Si la Chine et la Russie devaient mettre de côté le système de paiement international actuel et développer un système alternatif pour elles-mêmes, la supériorité financière des États-Unis et de l'Europe serait gravement affectée. Si les États arabes ou du Golfe sont également intéressés par l'adoption de ce système alternatif, beaucoup de choses seront inversées. La Russie parle depuis longtemps de rétablir le système de troc, c'est-à-dire de remplacer les marchandises par des produits de base. Si un tel système est introduit, la position décisive du dollar sera gravement compromise.

 

mardi, 29 mars 2022

Après le pétrodollar, le pétrorouble ?

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Après le pétrodollar, le pétrorouble?

par Fabrizio Pezzani 

Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/dopo-il-petrodollaro-il-petrorublo

La terrible et pénible guerre sur le terrain est flanquée d'une guerre financière qui a commencé par des sanctions et l'utilisation du système Swift pour geler la finance russe, qui répond maintenant par une demande d'obtenir des paiements en roubles pour son énergie, son gaz et son pétrole, soit un milliard de dollars par jour. Le "rouble pétrolier" se range-t-il aux côtés du pétrodollar dans la guerre des devises ?

Afin de comprendre la signification de cette opération, qui visait à soutenir le rouble, mais aussi à soutenir de manière incisive un processus de dédollarisation avec la Chine, il est utile de rappeler la naissance du pétrodollar et du système Swift.

Le pétrodollar a été créé en 1973, en même temps que le Swift, pour soutenir le dollar, dont l'émission a été détachée de l'étalon-or en 1971, créant ainsi un système infini de production monétaire, basé sur le dollar et constamment exposé à des turbulences inflationnistes.

Le système en vigueur jusqu'alors était l'étalon de change-or, qui liait l'émission de la monnaie papier à la détention d'une certaine quantité d'or (36 dollars par once d'or) définie dans les accords de Bretton Wood de 1944 pour éviter, justement, les turbulences monétaires. Jusqu'en 1971, le système a assuré la stabilité monétaire dans les échanges internationaux, le dollar valait 630/4 lires, l'inflation était faible, 4%, tout comme la dette par rapport au PIB, 33%. Mais la guerre du Vietnam et les troubles internes ont contraint les États-Unis à imprimer de la monnaie papier sans disposer de l'or nécessaire au maintien de l'équilibre. En 1971, Nixon a donc déclaré unilatéralement la fin de ce système, déclenchant la révolution financière qui allait tous nous frapper comme un tsunami.

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L'effet immédiat a été d'augmenter l'inflation en raison du volume de papier-monnaie imprimé sans aucun actif sous-jacent, de sorte que pour ne pas finir comme l'Allemagne de Weimar en 1923, écrasée par l'inflation, il était nécessaire de créer fictivement une demande croissante de dollars imprimés sans aucun actif sous-jacent. Les Arabes ont été persuadés de n'être payés pour leur pétrole qu'en dollars en échange de la protection américaine, ce qui a conduit à la création du pétrodollar, scellé par le système Swift qui lie le système de change international au dollar. Le dollar est devenu la monnaie de référence mondiale et les autres devises ont été contraintes de se déprécier et d'accepter un rôle accessoire.

L'évolution des systèmes économiques a modifié les conditions qui permettaient au dollar d'être utilisé presque exclusivement dans les transactions financières avec, mais dans une moindre mesure, l'euro. Les développements géopolitiques ont renforcé d'autres économies, en premier lieu la Chine, qui ont progressivement partagé un projet de dédollarisation afin de pouvoir utiliser leurs monnaies de manière alternative. Les accords, qui sont aujourd'hui sur la table, concernent l'échange de pétrole en monnaie locale entre l'Iran, les États arabes et la Chine, qui pourrait payer ses fournitures en yuan, ainsi que l'Inde et la Russie, qui peuvent régler leurs échanges dans leur propre monnaie. Il convient de noter, comme cela a déjà été écrit dans ces colonnes, que la Chine et la Russie courent après l'or afin de donner à leurs devises un support en or, et la Chine a déjà émis des contrats à terme liés à l'or. La Chine et la Russie ont déjà réduit leurs échanges en dollars de 90 % à 40 %.

L'introduction d'un système de paiement lié à des monnaies autres que le dollar réduit la demande de cette monnaie et risque de déclencher un processus inflationniste, comme nous pouvons le constater aujourd'hui, ainsi qu'une éventuelle dévaluation de celle-ci : une once d'or vaut plus de 2000 dollars. De cette manière, les États-Unis courent le risque de voir la demande de dollars diminuer face à une offre illimitée de dollars, et il est clair que si le processus de dédollarisation se poursuit, le dollar devra compter avec sa faiblesse croissante en raison de la logique qui sous-tend l'équilibre entre l'offre et la demande de monnaie.

Comme Carl von Clausevitz l'a affirmé, la politique devient une guerre dramatique sur le terrain et une guerre monétaire sur les marchés financiers ; les deux guerres se déroulent sur le même plan, créant un désordre non seulement dans les principes de protection des personnes avec la guerre sur le terrain mais aussi avec le déséquilibre des économies mondiales. 

mercredi, 03 avril 2019

De la guerre des devises à la guerre militaire

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De la guerre des devises à la guerre militaire

par Eberhard Hamer, professeur ès sciences économiques

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le système financier mondial est dominé par un syndicat: le Conseil de stabilité financière (CSF) réunit, sous la supervision de la Banque fédérale de réserve (FED), les grandes banques atlantiques,1 elles-mêmes contrôlées par sept familles.2 «Les géants pétroliers Exxon Mobil, Royal Dutch Shell, BP et Chevron y sont également étroitement liés. Les sept familles disposent des majorités actionnaires dans pratiquement la totalité des 500 premières entreprises.»3


«La méthodologie de la domination financière mondiale est en fait assez simple: l’Amérique importe beaucoup plus de biens qu’elle n’exporte, de sorte que les dollars (fraîchement imprimés) sortent des Etats-Unis pour atterrir dans les banques centrales des autres pays. Les Etats-Unis refusant de payer leurs dettes en or, les banques centrales sont obligées d’investir des dollars en obligations et autres instruments financiers. Il en résulte un système d’endettement mondial, dominé par les Etats-Unis, qui fait prospérer l’économie américaine au détriment des autres».4


Suite à la prolifération effrénée du dollar et à la bulle d’endettement grandissante qui en résulte (32 billions de dollars), le dollar représente un risque financier toujours plus accentué. La bulle éclaterait si le monde refusait d’accepter le dollar. C’est en effet la régence du dollar qui permet au syndicat financier mondial de dépenser de l’argent à mauvais escient. Cette hégémonie du dollar est maintenue par la présence mondiale des armées américaines. Ainsi, la quasi-totalité des pays du monde se retrouvent assujettis par endettement envers le Syndicat financier américain, la plupart d’eux sont contraints à tolérer sur leur territoire, des troupes d’occupation ou des bases américaines qui assurent leur servitude pour dettes (Ramstein en Allemagne, Camp Bondsteel au Kosovo et autres).
Cependant, à maintes reprises, des pays individuels ont tenté de sortir de l’assujettissement par endettement imposé par l’empire du dollar afin d’engager leurs ressources en faveur du bien-être national plutôt que pour le syndicat financier mondial. Pour contrecarrer de tels efforts, l’empire mène en permanence des guerres économiques et financières sous diverses formes:

  • Les agences de notation du syndicat financier monopolisent l’évaluation de la solvabilité des Etats. Un pays mal noté doit payer des taux d’intérêt plus élevés sur les prêts.
  • Les blocus financiers, par exemple contre le Venezuela ou l’Iran, empêchent toute transaction financière avec les pays concernés, les excluant ainsi pratiquement du système monétaire mondial afin de le rendre insolvable.
  • Les sanctions économiques bloquent les importations ou exportations du pays visé.
  • Les accords sur les prix (dépression artificielle des prix à l’importation) réduisent la solvabilité des Etats rétifs jusqu’à ce qu’ils abandonnent.
  • Les actions judiciaires contre les concurrents des banques ou entreprises anglo-saxonnes visent à réduire leur compétitivité (actions américaines en justice contre VW (23 milliards de dollars) ou la Deutsche Bank (12 milliards de dollars).
  • En même temps, un système d’espionnage américain opérant à l’échelle mondiale garantit que tous les systèmes numériques dans le monde soient contrôlés, évalués, écrémés au profit des Etats-Unis et soumis au régiment numérique américain.
  • Une idéologie de la globalisation lutte pour les «quatre libertés» (libre circulation du capital, des produits, des services et des travailleurs) afin de briser les structures nationales, les systèmes sociaux et les démocraties, tout cela en faveur de l’empire du dollar.

La domination mondiale du dollar est assurée militairement. «Le cartel bancaire envoie l’armée américaine, qui dévore plus de la moitié de l’ensemble des budgets militaires du monde entier, partout où elle voit ses intérêts menacés.»5 Partout où l’hégémonie du dollar américain est remise en cause, les moyens de guerre financière ou économique mentionnés ci-dessus s’emploient dans le but de rétablir la soumission. Mais si les pays ou les gouvernements se montrent têtus, s’ils ne veulent plus vendre leurs matières premières pour des dollars ou même ne plus accepter le dollar lui-même, le syndicat financier exige l’intervention de l’armée américaine:

  • En novembre 2000, Saddam Hussein refusa d’accepter le dollar en échange du pétrole irakien; il accepta néanmoins l’euro, ce qui fit dévaluer le dollar.
  • En 2003, l’Irak fut attaqué parce qu’il rejetait la dictature du dollar. Ainsi la menace pour le dollar fut éliminée.
  • De même, le dirigeant libyen Kadhafi tenta de ne plus utiliser le dollar dans son commerce pétrolier. Aussitôt son régime fut exposé à des soulèvements et à une intervention militaire contre lui. Après l’assassinat de Kadhafi et la destruction de son système, la Libye fut réintégrée dans l’empire du dollar.
  • La Russie, elle non plus, n’était plus dispose à accepter l’avantage du dollar américain par rapport aux autres devises. Elle a mis en place son propre système de paiement (PRO100) qui se trouvait en dehors de la portée du cartel bancaire international. Poutine a, en outre, privé le cartel pétrolier de se servir des réserves russes de pétrole et de gaz. Depuis lors, Poutine et la Russie se trouvent être les principaux ennemis de l’empire du dollar. Ils se font donc encercler militairement et sont combattus par tous les moyens dans une guerre financière et commerciale.
  • Depuis plus de cinq ans, l’Iran est la cible des attaques monétaires, commerciales et juridiques du syndicat américain, car le pays se montrait décidé à vendre son pétrole non seulement en échange de dollars, mais également de toutes les autres devises. Des sanctions brutales à l’encontre de tous les potentiels acheteurs et partenaires commerciaux ont abouti à son exclusion totale du système financier mondial ainsi que de l’économie mondiale. Comme cet Etat ne fléchit toujours pas, la menace d’une action militaire est de plus en plus imminente.
  • La Chine se démarque aussi du dollar en se dotant d’un système monétaire concurrent (Banque asiatique de développement) qui ne tolère plus la domination du dollar et évolue donc, de plus en plus, en Etat ennemi du Syndicat financier atlantique.

Lors de la campagne électorale, Hillary Clinton avait promis «de commencer la guerre contre la Russie en Ukraine et en Syrie d’ici le mois de mars», mais elle s’est ensuite corrigée, en disant qu’on n’y parviendrait pas avant mai 2018. Par bonheur, elle n’a pas été élue.

Le dos contre le mur, l’Amérique est pourtant toujours sous double pression:

  • L’effet de la pression effrénée sur le dollar a conduit à une quantité de dettes uniques dans l’histoire des Etats-Unis (32 billions de dollars) qui peuvent s’effondrer à tout moment si d’autres pays importants n’acceptent plus le dollar, si les banques du système financier tombent en faillites ou si les pays surendettés deviennent insolvables. L’empire du dollar a jusqu’à présent tenté de corriger ces dangers avec des prêts à intérêt zéro, ce qui devient de plus en plus difficile à maintenir. La dévaluation d’une monnaie de référence (dollar) en hausse incontrôlée est finalement certaine. La confiance diminue. Le syndicat financier prépare donc déjà l’interdiction des espèces et le remplacement de l’argent-monnaie par de l’argent numérique.
  • L’empire du dollar ne peut être soutenu qu’avec un boom constant. Cela présuppose une exploitation élevée de la capacité de l’économie. Cependant, l’économie américaine produit pour 70% des armes, de sorte que l’économie américaine n’est florissante que lorsque l’industrie de l’armement est en plein essor. Celle-ci ne peut se développer que si elle peut vendre ses produits, c’est-à-dire s’il y a suffisamment de guerres dans le monde. La production américaine d’équipements militaires dépasse les 600 milliards d’euros, soit dix fois plus que celle de la Russie et plus de la moitié de la production mondiale d’équipements militaires. Le président américain exige des pays satellites d’acheter davantage d’armement (en provenance des USA), et il vend sans vergogne des armements à des dictatures (Arabie saoudite).
  • Après le réarmement de l’OTAN et de l’Ukraine et après la fin de la guerre en Syrie, l’industrie américaine de la défense a besoin d’un nouveau coup de pouce pour relancer l’économie aux Etats-Unis au moyen d’une nouvelle guerre.

La politique américaine prétend toujours que la Russie, la Chine, l’Iran ou d’autres pays sont belliqueux et dangereux. Comme le montrent les dépenses militaires et les actes d’agression (sanctions, châtiments, etc.) des Etats-Unis dans le monde entier, ce sont avant tout les USA qui sont belliqueux et prêts à la guerre. A plusieurs reprises, ils ont mis en avant le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et des hommes politiques des pays satellites (Heiko Maas, Ursula von der Leyen) pour diaboliser la Russie et exprimer des menaces de guerre.
Comme avant la Première Guerre mondiale, nous sommes donc dans une situation, où un petit événement pourrait déclencher un nouvel incendie mondial. Les dictatures et les empires ont toujours utilisé la guerre comme dernier recours quand ils ne savaient plus que faire. Si l’économie américaine s’effondre en raison d’un manque de demande d’armes ou de l’éclatement de la bulle d’endettement de l’empire du dollar, l’hégémonie du syndicat financier mondial et de la puissance mondiale des Etats-Unis devraient disparaître. Ainsi on arriverait à un point, où les politiciens ne savent plus quoi faire et ils pourraient éventuellement avoir recours au dernier ressort.
Aux Etats-Unis, des voix s’élèvent déjà pour dire que la guerre contre l’Iran doit commencer cet été. Les préparatifs sont terminés.
Il n’est donc guère compréhensible que le monde ne prenne pas conscience du danger de guerre, que les marches pour la paix n’exigent pas la paix dans tous les pays comme par le passé et que les médias dirigés par le syndicat financier (par exemple la presse Springer) puissent s’attaquer à la Russie et à l’Iran, sans aucune opposition, au lieu d’exiger la paix. Nous avons besoin d’une «révolte de tous les amoureux de la paix» pour faire prendre conscience du danger de la guerre et de l’exigence de paix pour tous les peuples. Si nous restons inactifs et que nous ne la dénonçons pas à temps, la politique irresponsable des Etats-Unis et de l’OTAN pourrait nous replonger dans l’impasse de la guerre contre notre volonté.
Non seulement il est grand temps de mettre en garde contre cela, mais nous devons le faire à voix haute.    •

(Traduction Horizons et débats)

1     JP Morgen Chase, City Group, Wells Fargo, Deutsche Bank, BNP, Barclays
2     Goldman Sachs, Rockefeller, Lehmann, Rothschild, Warburg, Lazard et Seifs
3     Orzechowski, Peter. Durch globales Chaos in die Neue Weltordnung, Rottenburg 2016
4     ibid, p. 61
5     ibid, p. 62

jeudi, 04 octobre 2018

Le yuan chinois se renforce en tant que monnaie de réserve malgré la guerre commerciale alors que le dollar américain s’affaiblit

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Le yuan chinois se renforce en tant que monnaie de réserve malgré la guerre commerciale alors que le dollar américain s’affaiblit

Ex: http://www.zejournal.mobi 

Le yuan chinois a renforcé sa position parmi les devises de réserve mondiales, atteignant 1,84% au deuxième trimestre de l’année, selon le Fonds monétaire international.

Les banques centrales détenaient 193,4 milliards de yuans au deuxième trimestre de cette année, révèle un rapport du FMI. La part mondiale du renminbi a augmenté malgré les tensions commerciales sino-américaines, et la monnaie a consolidé sa sixième place parmi toutes les devises.

La part de 1,84 % est encore modeste par rapport à d’autres monnaies mondiales comme le dollar américain, l’euro et le yen japonais. La part des réserves en dollars américains a diminué à 62,25 % au deuxième trimestre pour atteindre son niveau le plus bas depuis 2013.

« Certaines banques centrales considèrent que l’incertitude découlant de la guerre commerciale n’est que temporaire et restent optimistes quant aux perspectives à long terme de la Chine », a déclaré au South China Morning Post Chris Leung, économiste de la DBS Bank pour la Chine et Hong Kong. « Ils augmentent peut-être leurs avoirs en yuans parce que la devise a tellement chuté, ce qui en fait un investissement bon marché ».

Le dollar américain s’est raffermi de plus de 10 % par rapport au yuan depuis avril. Toutefois, la dépréciation du yuan pourrait être considérée comme un signe que la banque centrale chinoise accepte une monnaie plus faible. Contrairement au dollar ou à l’euro, le yuan ne flotte pas librement contre les autres devises. Au lieu de cela, la banque centrale chinoise fixe une fourchette de négociation quotidienne.

Le président américain Donald Trump a critiqué à plusieurs reprises Pékin pour avoir affaibli sa monnaie à un moment où le dollar américain gagnait du terrain. « Notre monnaie est en hausse. Je dois vous dire que cela nous désavantage », a dit M. Trump en juillet.

Photo: Un drapeau chinois géant décoré de piments rouges ornant une façade d’un bâtiment © China Stringer Network / Reuters

Traduction Avic – Réseau International

Lire aussi: Le SWIFT va parler chinois pour ne pas «perdre un marché au grand potentiel de croissance» (Sputnik)


- Source : RT (Russie)

dimanche, 07 janvier 2018

Le dollar en voie - enfin - d'être détrôné par le Yuan

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Le dollar en voie - enfin - d'être détrôné par le Yuan

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Un article de la chaine financière américaine CNBC publié le 24 octobre dernier annonçait " China has grand ambitions to dethrone the dollar. It may make a powerful move this year "

https://www.cnbc.com/2017/10/24/petro-yuan-china-wants-to...

Cela n'a pas tardé. Le 2 janvier 2018, la Banque Centrale du Pakistan annonçait que les échanges du pays avec la Chine allait désormais être libellés en yuan et non plus en dollars. “Comprehensive policy related measures to ensure that imports, exports and financing transactions can be denominated in CNY (Chinese Yuan).”

Compte-tenu de l'importance non négligeable des échanges sino-pakistanais, cela ne pourra pas laisser indifférents un grand nombre de pays d'Asie centrale ou d'Asie du sud-est qui échangent beaucoup avec la Chine. La Russie de son côté risque d'abandonner enfin pour son compte le monopole du dollar dans ses échanges.

Rappelons plus concrètement qu'il y a quelques jours le gouverneur de la Banque Centrale chinoise a rencontré le ministre des finances saoudien afin de discuter de la date à laquelle le Royaume acceptera de voir la Chine payer en yuan ses importants achats de pétrole.Voir à nouveau CNBC https://www.cnbc.com/2017/10/11/china-will-compel-saudi-a...  Rappelons aussi que précédemment le Vénézuéla avait prévenu que ses exportations en gaz et pétrole devraient être payées en yuan.

Le coup frappé contre les Etats-Unis par la décision du Pakistan devrait être considérable. Pour Wall Street et Washington, la perte par le dollar de son statut de monnaie de réserve internationale, même si elle n'est pas complète, entrainera une explosion de la dette américaine, de l'inflation et l'impossibilité de financer à crédit, notamment, les importantes dépenses militaires prévues par Donald Trump. Celui-ci devra renoncer à son grand projet « America first ».

La Chine aura obtenu ce succès stratégique sans tirer un coup de fusil contre les Américains.

mardi, 31 octobre 2017

Bientôt le pétro-yuan-rouble

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Bientôt le pétro-yuan-rouble

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il est certain désormais que le petro-dollar se trouvera bientôt concurrencé sur le marché des changes par une nouvelle monnaie internationale, associant le yuan chinois et le rouble russe elle-même adossée aux cours du pétrole et de l'or. Nous l'avons nommé ici le pétro-yuan-rouble, pour plus de compréhension, mais elle disposera certainement bientôt d'un nom plus commode à utiliser.

 On s'étonnera de voir prendre le prix du pétrole, très volatile ces dernières années, en référence à une monnaie internationale visant à constituer une réserve pour les investisseurs et les épargnants. Mais la Russie, gros exportatrice de pétrole, et la Chine, grosse consommatrice, peuvent raisonnablement faire espérer qu'elles s'entendront pour stabiliser dans des limites du raisonnable le cours du pétrole. Ajoutons que le pétrole n'est pas seul en cause, mais aussi le gaz. D'importants gazoducs permettront ainsi d'alimenter la Chine en gaz russe.

Le pétro-yuan était jusqu'ici un projet soutenu principalement par la Chine, souhaitant échapper à sa dépendance au Roi-Dollar. L'on pouvait se demander si les intérêts économiques russes, pétroliers et autres, accepteraient de remplacer cette dépendance par une dépendance à l'égard du yuan, c'est-à-dire de la Chine. Ceci désormais parait chose faite.

Selon un article de Bryan MacDonald, journaliste irlandais basé en Russie et très bien informé 1), Vladimir Poutine se serait enfin décidé à cette conversion. Il le ferait d'abord pour échapper aux « sanctions » imposées par Washington aux pays commerçant en dollars avec la Russie. Il le ferait aussi, après de nombreuses hésitations, pour affaiblir l'économie de ses « partenaires » américains.

Mais pour que la mesure soit efficace, il faudrait que d'autres pays producteurs se rallient à la nouvelle monnaie. C'est déjà le cas concernant le Vénézuela dont le président Maduro avait annoncé il y a quelques semaines qu'il vendrait son pétrole en pétro-yuan. Ce pourrait bientôt être le cas de l'Iran, grosse productrice, et le l'Indonésie. D'autres petit pays pourraient faire de même. Mais le plan prendrait toute sa portée si l'Arabie saoudite acceptait, au moins pour ses ventes en Chine et dans les pays du Brics, la nouvelle unité de compte. La récente visite du roi Salman à Moscou peut faire penser que ceci pourrait se produire.

Tous ceux qui veulent de par le monde lutter contre le réchauffement climatique pourront s'inquiéter. La rentabilité des investissements en énergie verte, déjà difficile à assurer, ne sera-t-elle pas reportée de quelques dizaines d'années. N'en sera-t-il pas de même de l'énergie nucléaire. On leur répondra qu'ils ne devraient avoir aucune inquiétude. Le besoin en énergie non fossile est si grand que la demande ne diminuera pas. La Chine, en particulier, victime d'une pollution croissante venant de l'utilisation du pétrole, réservera ce dernier à des industries situées loin des villes et des campagnes.

1)  Référence

Voir RT :  Putin's revenge may see petro-yuan replace petrodollar

https://www.rt.com/op-edge/408006-china-oil-petro-yuan-ru...

Note au 29/19

Il n'est pas impossible que la Chine et la Russie mettent en place une petro-virtual currency en bitcoins destinée à combattre également le pétro-dollar. 

Je trouve cependant que l'auteur ne précise pas assez comment un petrobitcoins pourrait fonctionner par accord entr la Chine et la Russie, ni comment il sera possible d'éviter les fraudes qui se produiront nécessairement sur ce sujet sensible.

Voir https://oilprice.com/Energy/Energy-General/The-Petrodollars-Biggest-Challengers.html

mercredi, 20 septembre 2017

Recul prévisible du dollar face au yuan (chinois)

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Recul prévisible du dollar face au yuan (chinois)

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nicolas Maduro, président du Vénézuela, dont beaucoup prévoyait la chute du fait d'un soulèvement des classes supérieures vénézuéliennes armées par la CIA, voire d'une intervention militaire américaine, comme Trump l'avait laissé entendre, est toujours debout. Bien plus, il vient de passer à l'offensive contre le roi-dollar.
 
C'est en effet dans cette monnaie que sont cotées les ventes de pétrole et gaz vénézueliennes. Celles-ci avaient perdu beaucoup d'importance du fait de la baisse internationale du baril. Le brent était coté cet été aux environs de 50 dollars le baril soit moins de la moitié de ce qu'il valait dans ses heures glorieuses. Il paraît devoir remonter ces dernières semaines, mais le mouvement s'il se fait sera lent. Une grande partie des ressources du pays repose sur les exportations de pétrole. Ceci veut dire que des manipulations américaines intentionnelles du cours du dollar pouvaient fragiliser considérablement le gouvernement. Or elles étaient à craindre dans le cadre des sanctions décidées par Washington contre le régime.

Pour éviter ce risque, Maduro avait annoncé qu'il n'accepterait plus les paiements en dollars. L'euro avait été un moment envisagé, mais Caracas craignait que, vu la dépendance politique de Bruxelles à l'égard de Washington, les Européens appliquent eux-aussi des sanctions via l'euro. Aussi le 13 septembre dernier, le vice-président vénézuélien Tareck El Aissami avait annoncé que le pays exigerait des partenaires économiques du pays que les opérateurs utilisent un panier de devises excluant le dollar.

Le 15 septembre, le ministre du pétrole vénézuélien avait indiqué qu'en fait les cours des produits pétroliers seraient calculés en yuan. Il a par ailleurs annoncé que celui-ci s'établissait à 306,26 yuan le baril (306,26 petro-yuan), en hausse de 1,8 % par rapport à ceux de la semaine précédente.

Il faut rappeler que, lors de la dernière réunion du Brics, les membres avaient confirmé leur ambition de mettre en place une monnaie de change commune reposant principalement sur le yuan et le rouble. Ce projet avait paru encore un peu vague. On peut penser que, la Russie jouant un rôle important dans la survie du régime vénézuélien, les trois pays se mettront d'accord pour rechercher une unité de change incluant le petro-yuan. Vu que les réserves pétrolières vénézueliennes seraient les plus importantes du monde, le petro-dollar et par conséquent le dollar, verraient leur domination mondiale quelque peu ébranlée.

NB. Nous reviendrons prochainement sur la campagne mondiale de dédollarisation lancée par le Brics. Elle dépasse largement le cas du Vénézuela.

samedi, 05 mars 2016

La Chine en action: vers la chute du dollar

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La Chine en action: vers la chute du dollar

Auran Derien, enseignant

Ex: http://metamag.fr

Pour un monde dé-dollarisé

Depuis le début de 2016, la Banque Centrale de Chine a mis en fonctionnement un système interbancaire de ventes et d’achats d’or. Deux institutions, filiales de la Banque Centrale, se partagent les responsabilités.

Le marché interne de l’or est sous la responsabilité de la Shanghai Gold Exchange (SGE) ; le marché interbancaire est administré par le China Foreign Exchange Trading System (CFETS). Si on sait que la Chine est le principal pays détenteur d’or dans le monde, la quantité exacte n’en est pas connue, de sorte que les nouvelles institutions vont améliorer la liquidité interbancaire de l’or tout en favorisant la création de nouveaux marchés pour le métal.

Jusqu’alors, les banques chinoises ne pouvaient négocier de l’or entre elles. Chacune avait seulement la possibilité d’acheter du métal au Shanghai Gold Exchange, institution monopolistique par laquelle passaient toutes les demandes. Désormais, dix banques vont intervenir sur deux niveaux. Quatre banques, associées au groupe Australia and New Zealand Banking group (ANZ) feront fonctionner le marché primaire. Six autres banques participeront à un marché secondaire. Il est toujours interdit d’exporter de l’or mais en même temps la Banque Centrale en achète en moyenne 20 tonnes chaque mois depuis 2015.

Fin de la confiance dans le dollar

De telles manœuvres renforcent l’analyse selon laquelle les gens civilisés de par le monde se lassent des transactions liées au dollar. Depuis 2014, les contrats entre la Chine et la Russie ont éliminé l’usage du dollar. Les Chinois ont réduit leurs énormes réserves de cette monnaie en achetant, à travers le monde, des actifs de toutes sortes. Ils se paient l’Europe, notamment les entreprises utilisant une technologie qui les intéresse, tant en France qu’en Allemagne.

De plus, en France ils cherchent à installer une tête de pont à partir de laquelle déverser leurs produits sur toute l’Europe, bénéficiant d’une part des mêmes avantages que les multinationales (pas d’impôts, etc.), d’autre part en utilisant le label “made in France” sur l’essentiel de leur production importée qu’ils revendraient dans le monde comme si elle était locale. La City de Londres, depuis octobre 2014, coopère avec la Chine pour émettre des obligations libellées en Renminbi, et de nouvelles institutions bancaires, telles la Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures (AIIB) vont permettre à divers pays de s’éloigner peu à peu des voyous de la Banque Mondiale.

On peut donc déduire que les Chinois veulent garder une porte de sortie au cas très probable où les bulles gigantesques construites par la finance globalitaire se dégonfleraient plus ou moins rapidement. L’or serait une base de négociation monétaire face à l’incertitude qui suivrait la chute du dollar ou de l’Euro. Les titres publics américains sont déjà considérés comme sans valeur car Janet Yellen, qui parle au nom de la Réserve Fédérale américaine prétend que les taux d’intérêt seront maintenus ou augmentés alors que chacun constate le délabrement de l’économie américaine et de l’occident en général. Tout y est faux, mensonger ; ce spectacle incarne parfaitement la révélation monothéiste : le réel n’existe pas, seule la parole  doit s’imposer ici, les indices officiels trafiqués.

Dans une situation de déliquescence de l’économie occidentale et de perte de prestige des financiers transcendentaux, l’or retrouvera la fonction qu’il eut depuis l’origine du monde : être une référence, un soutien, une forme de richesse. La Chine, achetant de l’or, se sépare de dollars pourris tout en laissant se dévaluer sa monnaie car toutes les monnaies se dévaluent au temps de la création monétaire débridée imposée par la finance mondialiste. Mais le mécanisme est innovateur. Le prix de l’or est déterminé en yuans, il existe un commerce interbancaire pour le métal, de sorte que le yuan dispose d’une cotation “absolue” en or, indépendante de celle en dollar. Les changes flexibles demeurent puisqu’il n’est pas possible aujoud’hui de fixer des règles équitables pour le système monétaire international. Reste que le prix du yuan en or est un meilleur indice de la valeur du yuan que le cours du yuan en dollar.

Stimuler les exportations en changeant les flux

Cette nouvelle chinoiserie entre aussi en concurrence avec une institution dépendant des démons financiers de Londres. Le pouvoir financier a toujours voulu le monopole de l’émission de monnaie. La Chine offre une alternative : le prix de l’or en renmibi plutôt que celui fixé à Londres en dollars. Selon la logique de l’arbitrage, il pourrait en résulter assez rapidement un transfert des transactions vers la Chine qui, offrant un meilleur taux, inciterait la plupart des agents à vendre leur or contre yuans. L’expansion du yuan permettrait d’acheter plus de biens et services et donc, peu à peu, stimulerait le commerce extérieur chinois.

Le « goldman sachs » a testé sa capacité de nuisance le 16 février de cette année en attaquant le prix de l’or et en reprenant son discours éculé sur le manque d’avenir d’un métal que par ailleurs ils achètent systématiquement. Le système bancaire des « criminels en col blanc » promeut une escroquerie permanente, les certificats d’or (un bout de papier) aussi bons que l’or physique. Cette petite crapulerie touchera à sa fin si le système chinois fonctionne bien, permettant l’achat / vente d’or physique plutôt que les confettis papier de goldman sachs et cie.

La guerre monétaire fondée sur la création ex nihilo va-t-elle finalement favoriser la Chine dont la monnaie est désormais liée au cours de l’or que les démons de Londres ne seront plus les seuls à déterminer selon leurs intérêts ?

Chacun espère que la voie vers la dé-dollarisation du monde soit sans retour et que ceux qui ont créé cette arme de destruction massive cesseront peu à peu de nuire.

 

mardi, 08 décembre 2015

En sortant du dollar, la Russie franchit une autre étape majeure

En sortant du dollar, la Russie franchit une autre étape majeure

par F. William Engdahl
Ex: http://resistanceauthentique.wordpress.com
 

dollarpoutine645740.jpgDepuis quelques temps, la Chine et la Fédération de Russie ont compris comme d’autres nations que le rôle de principale monnaie de réserve mondiale du dollar est leur talon d’Achille économique. Tant que Washington et Wall Street contrôleront le dollar, et aussi longtemps que la majeure partie du commerce mondial sera réglée en dollars, les banques centrales comme celles de Russie et de Chine seront obligées de stocker des dollars sous la forme de dette « sûre » du Trésor US. En effet, cette réserve de devises protège les économies de la sorte de guerre des devises qu’a connue la Russie à la fin de 2014. À l’époque, Wall Street et le bien nommé Bureau de Renseignement sur la Finance et le Terrorisme du Trésor US, se sont délestés de leurs roubles lors d’un accord US-saoudien visant à faire s’effondrer les prix mondiaux du pétrole. Désormais, Russie et Chine se dirigent sans bruit vers la porte de sortie du dollar.

Le budget de l’État russe dépend fortement du bénéfice en dollars de l’exportation d’hydrocarbures. Paradoxalement, à cause du rôle du dollar, obligées d’acheter de la dette de son Trésor, les banques centrales de Chine, Russie, Brésil, et d’autres pays diamétralement opposés à la politique étrangère US, financent de facto les guerres que Washington mène contre eux.

Cette situation change silencieusement. En 2014, la Russie et la Chine ont signé deux énormes contrats de 30 ans sur le gaz russe pour la Chine. Ces contrats précisaient que l’échange se ferait en yuans et roubles russes, pas en dollars. C’était le début du processus de dé-dollarisation qui est en train de s’accélérer aujourd’hui.

Yuan dans les réserves russes

Le 27 novembre, la Banque centrale de Russie a annoncé pour la première fois avoir intégré le yuan chinois dans ses réserves officielles. Au 31 décembre 2014, les réserves officielles de la Banque centrale de Russie se composaient de 44% de dollars et de 42% d’euros avec un peu plus de 9% de livre sterling. La décision d’inclure le yuan dans les réserves officielles russes, développera son usage au détriment du dollar sur les marchés financiers russes.

Même si elle n’est pas encore totalement convertible en d’autres devises, le négoce de la monnaie yuan a démarré à la Bourse de Moscou en 2010. Depuis lors, le volume d’échanges yuan/rouble s’est énormément développé. En août 2015, les cambistes et les compagnies russes ont acheté pour le nombre record de 18 milliards de yuans, soit environ 3 milliards de dollars, une hausse de 400% par rapport à l’année précédente.

Le rouble d’or arrive

Mais les démarches russes et chinoises pour remplacer le dollar en tant que monnaie intermédiaire dans leur commerce commun, un commerce dont le volume s’est accru considérablement depuis les sanctions des USA et de l’UE en mars 2014, n’en reste pas là.

Pour la première fois depuis août 1971, moment où Washington a unilatéralement déchiré le Traité de Bretton Woods, l’or est sur le point de faire un retour spectaculaire sur la scène monétaire mondiale. À cette époque, conseillé par le délégué personnel de David Rockefeller au Trésor, Paul Volcker, Niixon a annoncé que Washington refuse d’honorer l’obligation de son accord de rachat des dollars détenus à l’étranger contre de l’or de la Banque centrale US.

Des rumeurs persistantes racontent depuis cette époque que les chambres fortes de Fort Knox sont en réalité vides de tout or, un fait qui, s’il était avéré, signifierait que le dollar est cuit en tant que monnaie de réserve.

Washington s’en tient inflexiblement à son histoire, sa Réserve fédérale couverait une réserve de 8133 tonnes d’or. Si c’était vrai, ça dépasserait de loin le deuxième, l’Allemagne, dont les avoirs d’or officiels sont enregistrés par le FMI à 3381 tonnes.

Un bizarre événement apparu en 2014, a nourri des doutes quant aux statistiques officielles sur l’or US. En 2012, le gouvernement allemand a demandé à la Réserve fédérale de renvoyer à la Bundesbank l’or gardé pour elle par la Fed. Choquant le monde, sous le prétexte fallacieux que la Réserve fédérale « n’avait pas la possibilité de différencier les lingots d’or allemands de l’or US … », la Fed a refusé de rendre l’or à l’Allemagne. Peut-être devons-nous croire que les vérificateurs des comptes de la Réserve d’or fédérale US ont été foutus à la porte avec les compressions budgétaires ?

En 2013, dans le scandale qui a suivi, les USA ont rapatrié cinq misérables tonnes de l’or allemand à Francfort, et ont fait savoir qu’il leur faudrait jusqu’à 2020 pour compléter le rapatriement des 300 tonnes demandées. La méfiance envers la banque centrale US grandissant, d’autres banques centrales européennes ont commencé à réclamer leur or à la Fed.

Dans cette dynamique, la banque centrale russe a considérablement agrandi ses réserves d’or officielles ces dernières années. Depuis, la cadence de la poussée d’hostilité de Washington s’est beaucoup accélérée. Depuis janvier 2013, la réserve d’or officielle de Russie a pris 129%, passant à 1352 tonnes le 30 septembre 2015. En 2000, au terme des dix années de pillage de la Fédération de Russie parrainé par les USA dans les sombres années Eltsine de la décennie 1990, la Russie avait 343 tonnes d’or dans ses réserves.

Les chambres fortes de la Banque centrale de Russie qui en 1991, au moment de la chute de l’Union Soviétique, contenaient officiellement quelque 2000 tonnes d’or, avaient été dévalisées au cours du mandat controversé du directeur de la Gosbank, Viktor Gerachtchenko, qui devant la Douma, s’est dit alarmé de ne pouvoir rendre compte du lieu précis où se trouvait l’or russe.

L’époque est certes différente aujourd’hui. En matière de tonnage annuel d’or extrait des mines, la Russie a de loin détrôné l’Afrique du Sud de la troisième place de plus grand pays producteur d’or du monde. La Chine est devenue le numéro un.

Les médias occidentaux ont fait grand cas du fait que depuis les sanctions financières manigancées par les USA, les réserves en dollars de la banque centrale russe ont nettement fondu. Ce qu’ils ne signalent pas, c’est que dans le même temps, la banque centrale de Russie a acheté de l’or, beaucoup d’or. Récemment, sous les sanctions, parallèlement à la chute de 50% du prix en dollars des hydrocarbures, les réserves totales en dollars de la Russie ont baissé de quelque 140 milliards de dollars par rapport à 2014, mais d’après ce qui est constaté, les avoirs d’or ont grossi depuis lors de 30%. La Russie stocke à présent autant d’onces d’or que de fonds négociés en bourse. Selonseekingalpha.com, rien qu’en juin, elle s’est renchérie de l’équivalent de 12% de la production mondiale annuelle d’or.

Le gouvernement russe a adopté la proposition très raisonnable de Sergueï Glaziev, économiste russe et conseiller de Poutine, à savoir que la Banque centrale de Russie achète chaque once d’or extraite des mines russes à un prix attrayant garanti en rouble, afin de gonfler les avoirs d’or de l’État. Cela évitera même à la Banque centrale de devoir acheter de l’or sur les marchés internationaux avec des dollars.

Puissance hégémonique en banqueroute

Au terme des années 1980, voyant aux USA la grave crise bancaire associée à leur déclin évident dans le rôle d’après-guerre de premier pays industriel du monde, au moment où les multinationales US s’externalisaient vers des pays à bas salaires, comme le Mexique et plus tard la Chine, les Européens ont commencé à envisager une nouvelle monnaie pour remplacer le dollar-réserve, et la création des États-Unis d’Europe afin de rivaliser avec l’hégémonie US. La réaction européenne consista à pondre le traité de Maastricht au moment de la réunification de l’Allemagne, au début des années 1990. Il en a résulté la Banque centrale européenne et plus tard l’euro, un édifice terriblement bancal du toit aux fondations. En 1992, grâce aux milliards du fond spéculatif new-yorkais de George Soros, un pari suspect contre la Banque d’Angleterre et la parité de la livre réussit à écarter le Royaume-Uni et la City de Londres de l’alternative au dollar envisagée par l’UE. Pour certains de ces mêmes fonds spéculatifs, en 2010, il y avait de quoi s’enrichir facilement à déchirer l’euro à l’endroit des coutures, en s’en prenant à son talon d’Achille, la Grèce, suivie par le Portugal, l’Irlande, l’Italie, l’Espagne. Depuis lors, l’UE, qui est aussi liée à Washington par l’intermédiaire des chaînes de l’OTAN, n’a guère présenté de menace pour l’hégémonie US.

Or, de plus en plus depuis 2010, tandis que Washington tentait d’imposer la domination totale du Pentagone sur le monde à l’aide des soi-disant printemps arabes truqués, visant à changer les régimes de la Tunisie à l’Égypte, en passant par la Libye et à présent de Syrie, avec de maigres résultats, la Chine et la Russie ont été poussées toutes deux dans les bras l’une de l’autre. Une alternative au dollar russo-chinoise, sous la forme d’un rouble et d’un yuan adossés tous deux à l’or, pourrait déclencher la sortie précipitée du dollar, et avec elle, une grave perte de la capacité des USA à dévoyer le rôle de réserve du dollar pour financer leurs guerres avec l’argent des autres peuples. Privilège colossal par rapport à l’état de guerre de l’hégémonie perdue des USA, cela pourrait juste donner de l’engouement envers un monde en paix.

  1. William Engdahl est consultant en risques stratégiques et conférencier. Titulaire d’un diplôme en politique de l’université de Princeton, il est auteur de best-sellers sur le pétrole et la géopolitique, en exclusivité pour le magazine en ligne « New Eastern Outlook ».

NEO, F. William Engdahl

Original : journal-neo.org/2015/12/05/russias-dollar-exit-takes-majo...
Traduction Petrus Lombard

source

lundi, 30 mars 2015

Russland setzt auf Währungsallianz mit China

Russland setzt auf Währungsallianz mit China

Ex: http://www.unzensuriert.at

 
Ein stabiler Wechselkurs von Dollar zu Yuan ist die Basis einer neuen Währungspolitik. Foto: Federal Reserve / Wikimedia (CC BY-SA 3.0)
 
Ein stabiler Wechselkurs von Dollar zu Yuan ist die Basis einer neuen Währungspolitik.
Foto: Federal Reserve / Wikimedia (CC BY-SA 3.0)

Einen weiteren Schritt in Richtung Abschaffung des US-Dollars als Weltwährung haben nun Moskau und Peking gestartet. Am vergangenen Dienstag gab Russland den Startschuss zum Handel sogenannter Yuan-Rubel-Futures. Mit diesen Futures-Kontrakten soll der Markt für das Währungspaar Chinesischer Yuan / Russischer Rubel im internationalen Wirtschaftskreislauf erschlossen werden. Basis ist der sprunghafte Umsatzanstieg des Handels an der Moskauer Börse in der chinesischen Yuan-Währung.

So explodierte der Handel um nicht weniger als 700 Prozent, d.h. auf 395 Milliarden Rubel, die in der chinesischen Währung gehandelt wurden. Und dies ging ausschließlich zu Lasten des US-Dollars. Wobei gleichzeitig der Wechselkurs zwischen US-Dollar und Yuan in den letzten Jahren sehr stabil war. Dies privilegiert den Yuan zusätzlich als eine der neuen Weltwährungen. 

Moskau: Währungssicherungselemente werden geschaffen

Laut Andrej Schemetow, dem Chef der Moskauer Börse, ist dies die Basis für die Etablierung einer vollständigen Palette von Yuan-Sicherungselementen beim internationalen Warenverkehr. Damit versucht mach die Spekulationsangriffe von Seiten der USA gegen den Rubel, die seit dem Ausbruch der Ukraine-Krise fortlaufend stattfinden, zu neutralisieren. Handelssanktionen und andere Instrumente des Westens gegen Moskau im Zuge des laufenden Wirtschaftskriegs verlieren so ihre Wirksamkeit.

samedi, 14 mars 2015

China en Rusland lanceren in herfst anti-dollar alliantie

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China en Rusland lanceren in herfst anti-dollar alliantie

Rusland blijft Amerikaanse staatsobligaties dumpen

Het Amerikaanse dollar imperium loop op zijn einde.

Inzet: Enorm reclamebord in Bangkok, waar de Bank of China adverteert met ‘RMB (renminbi): De Nieuwe Keus – De Wereld Munt.’

Het einde van het Amerikaanse dollar imperium is een grote stap dichterbij gekomen nu na Rusland ook China een alternatief lanceert voor het door Amerika gedomineerde wereldwijde SWIFT betalingssysteem. Rusland werd hiertoe gedwongen door de Westerse sancties in verband met de situatie in Oekraïne. China is er echter op uit om op termijn de dollar als wereld reservemunt van de troon te stoten, en adverteert daar zelfs openlijk mee (3). Als in september of oktober het Chinese alternatief van start gaat en een succes wordt, dan dreigt een spoedige instorting van de Verenigde Staten als supermacht.

De al jaren dreigende ontkoppeling van de opkomende BRICS-landen (Brazilië, Rusland, India, China,  Zuid Afrika) met de dollar wordt in het Westen nog altijd niet echt serieus genomen. Inmiddels blijkt dit proces al veel verder gevorderd te zijn dan ooit voor mogelijk werd gehouden.

Rusland lanceert alternatief en dumpt Amerikaanse staatsobligaties

Na uitgesloten te zijn van het internationale SWIFT betalingssysteem, een sanctie als gevolg van de –zoals onze lezers weten niet bestaande- Russische militaire acties in Oekraïne, lanceerde het Kremlin een alternatief waar meteen al 91 kredietinstellingen bij aangesloten werden. Tegelijkertijd dumpten de Russen een record hoeveelheid Amerikaanse schatkistpapieren, alleen al in december 2014 voor een bedrag van $ 22 miljard, maar liefst 20% van hun totaal (2).

Het Westen deed nogal lacherig over Ruslands alternatief voor SWIFT, want wat zou dat systeem voor zin hebben als andere landen er geen gebruik van zouden maken? Mocht dat onverhoopt wél gebeuren, dan zou de status van de dollar ernstig worden ondermijnd.

Chinezen lanceren in herfst CIPS

Nu blijkt dat het ‘onverwachte’ gevolg een Chinese navolging van de Russische stap is. Ook de Chinezen lanceren nu hun eigen internationale betalingssysteem: CIPS (China International Payment System), dat grensoverschrijdende transacties in yuan (renminbi) gaat regelen. Dit systeem zal mogelijk al in september of oktober actief worden.

De Westerse provocaties in Oekraïne hebben dus niet alleen Rusland, maar ook China er versneld toe aangezet stappen te ondernemen om de dollar los te laten. Eerder besloten Moskou en Peking al om een deel van hun onderlinge (olie)handel in de eigen valuta te gaan afrekenen.

Rol yuan in wereldhandel groeit snel

In november 2014 haalde de Chinese munt de Canadese en Australische dollar in en kwam het in de top-5 van internationaal meeste gebruikte valuta terecht. Tot nu toe moeten grensoverschrijdende yuan-transacties via zogenaamde clearing banken worden afgehandeld, maar met het nieuwe CIPS is die tussenstap niet langer nodig.

Omdat China de VS als grootste economie ter wereld aan het inhalen is, zal met CIPS steeds meer internationale handel niet langer in dollars, maar in yuans worden afgerekend. In december vorig jaar steeg het aantal wereldwijde betalingen met de Chinese munt al met 20,3% ten opzichte van een jaar eerder.

Rusland en China ‘gedwongen’ door regering Obama

‘Gesteld kan worden dat als het inderdaad een briljante tactische zet van de regering Obama was om Rusland –en door geopolitieke verwantschap ook China- uit het door de VS gecontroleerde monetaire transactie mechanisme te zetten en daarmee de twee grootste uitdagers van de Amerikaanse wereldwijde dominantie in hun eigen –of gezamenlijke- betalingssysteem te dwingen - wel, gefeliciteerd dan: dat is gelukt,’ wordt op de onafhankelijke financieel-economische website Zero Hedge sarcastisch geconcludeerd. (1)

Xander

(1) Zero Hedge
(2) Zero Hedge
(3) Zero Hedge

dimanche, 08 février 2015

Les Etats-Unis, évincés d’Asie centrale?

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Les Etats-Unis, évincés d’Asie centrale?

Entretien avec le Dr. Johannes Hübner, député du Nationalrat autrichien, spécialiste des questions internationales. Sur l’Axe Moscou-Pékin. Sur la situation géopolitique en Asie orientale et en Asie centrale

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

Q. : Dans le sillage du sommet de la Coopération Economique pour l’Asie-Pacifique, on a assisté à un nouveau rapprochement entre la Russie et la Chine. Peut-on dorénavant parler d’un « Axe stratégique Moscou-Pékin » ?

JH : Cet axe stratégique existe déjà depuis cinq ou six ans au moins. Jusqu’ici, il se concrétisait principalement dans l’Organisation de Coopération de Shanghai. Dorénavant, en effet, on devra évoquer une pluralité de liens entre les deux géants eurasiens : sur ce chapitre, il faudra surtout souligner les deux accords importants sur l’énergie, celui qui a été conclu en mai et celui qui vient d’être signé en novembre 2014. Ces deux accords renforcent puissamment les liens entre les deux économies. Plusieurs indices semblent accréditer désormais la thèse que la Chine considère in fine qu’une coexistence harmonieuse avec les Etats-Unis n’est plus possible sur le long terme. Voilà pourquoi, elle mise aujourd’hui sur la Russie malgré les désavantages qu’il y a à chercher en ce moment même une alliance avec Moscou.

Q. : Et quels seraient ces désavantages ?

JH : Il faut aller les chercher dans le domaine économique : face à cette nouvelle alliance eurasienne, les Etats-Unis vont essayer de saboter de leur mieux les accords de libre-échange que la Chine a forgé avec les Etats de toute la région extrême-orientale, surtout avec la Corée du Sud et le Japon, et dans le cadre des accords ASEAN. Il faudra aussi s’attendre à ce que le langage médiatique se fasse plus rude à l’endroit de la Chine, ce qui signifie que l’on entendra à nouveau parler du Tibet, des droits de l’homme en Chine, de l’opposition qui s’agite à Hong Kong ou d’autres thématiques similaires.

Q. : A quelles mesures faudra-t-il encore s’attendre, car on ne peut tout de même pas partir du principe que les Etats-Unis vont baisser les bras et se borner à observer une situation contraire à leurs intérêts, où la Chine et la Russie coopèreront toujours davantage en les excluant de leur jeu ?

JH : Il y a déjà une chose que l’on peut observer depuis plus d’un an, c’est l’aggravation du conflit pour les groupes d’îles de la Mer de Chine du Sud. Officiellement, et pour la galerie, les Etats-Unis préconisent une politique de « désescalade ». Ils ne cessent d’affirmer qu’ils mettront tout en œuvre pour que les conflits trouvent une solution par le dialogue. Mais, en coulisses, ils chercheront à renforcer les Etats qui prendront des positions fermes et tranchées face à la Chine. Ils essaieront à coup sûr d’exercer toute leur influence sur les Philippines, où existe certes un ressentiment hostile aux Américains mais où l’on se méfie aussi des menées chinoises parce que la Chine est un puissant voisin et que les Philippines abritent une forte minorité chinoise. Avec le Vietnam, ce sera moins facile. En effet, malgré les manifestations brutales de nationalisme antichinois de ces derniers temps, où des magasins de citoyens vietnamiens d’origine chinoise ont été saccagés et incendiés, les gouvernements des deux pays restent communistes et sont donc plus proches qu’on ne pourrait bien l’imaginer. Chinois et Vietnamiens ne changeront vraisemblablement pas de politique.

chinaNavy_1551150c.jpgQ. : La Chine craint d’être encerclée par les Etats-Unis ; Washington cherche à installer un système antimissiles en Asie orientale, sous le prétexte du danger nord-coréen. Dans quelle mesure ces plans pourront-ils contribuer à envenimer le climat dans l’espace Asie-Pacifique ?

JH : Il faut d’abord attendre pour voir si ce système antimissiles se mettra vraiment en place. N’oublions pas que le fameux bouclier antimissiles, prévu, disait-on dans les milieux atlantistes, pour contrer les fusées iraniennes, n’a jamais vraiment été installé en Europe centrale et orientale. Le plus important aujourd’hui est, me semble-t-il, d’observer comment se développeront les futures relations sino-japonaises. On a pu assister à un certain dégel pendant le sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique mais cet apaisement circonstanciel ne me semble guère significatif ; on ne perçoit pas encore clairement de quel côté viendront les gestes d’apaisement : d’un Japon très influencé par les Etats-Unis qui a tendance, sous cette pression constante, à adopter des positions hostiles à l’égard de la Chine et à provoquer délibérément son voisin continental ? D’une Chine qui, pour des raisons de politique intérieure et parce que les sentiments antijaponais persistent, préfèrera jouer la carte antijaponaise car celle-ci est plus facilement « articulable » qu’un anti-américanisme frontal ? Adopter une politique délibérément anti-américaine est dangereuse pour la Chine, bien plus dangereuse que d’utiliser la vieille image de l’ennemi japonais, héritée de la deuxième guerre mondiale.

Q. : Dans les futurs échanges gaziers entre Russes et Chinois, que vous avez maintes fois évoqués, les factures seront établies en roubles ou en renminbi. Cette décision doit alarmer les Etats-Unis car ce choix est une attaque directe contre le dollar qui, jusqu’ici, était la devise mondiale adoptée pour les échanges internationaux…

JH : C’est le cas, effectivement. Russes et Chinois conçoivent bel et bien ce choix de devises nouvelles comme une déclaration de guerre au système économique mondial dominé jusqu’ici par les Américains. Nous devons toutefois attendre et voir si cette facturation en roubles ou en renminbi pourra ou non s’imposer sur le long terme. L’accord énergétique ne prévoit pas, expressis verbis, que les factures ne seront établies qu’en devises locales ; plus exactement, il est dit qu’elles pourront, le cas échéant, être établies en devises locales, si les tractations commerciales réciproques le permettent. La Chine avait déjà pratiqué la même politique avec d’autres partenaires commerciaux comme la Mongolie ou certains Etats d’Asie centrale. Elle tente donc bel et bien d’internationaliser le renminbi. Mais ses tentatives sont très prudentes car l’internationalisation du yuan exposerait celui-ci, et avec lui l’économie chinoise, aux spéculateurs internationaux.

Q. : Dans les années 90 du 20ème siècle, les nouvelles républiques indépendantes d’Asie centrale, dont certaines sont très riches en matières premières, ont attiré l’attention des stratégistes américains. Plus tard, la Russie et la Chine ont créé l’Organisation de Coopération de Shanghai. Le « Grand Jeu » en Asie central est-il terminé... ?

JH : Il semble en effet que les Américains soient hors jeu dans la région. Après le dernier changement de gouvernement au Kirghizistan et après que les Américains aient dû rendre la base de Manas, il n’y a plus de présence militaire ou policière américaine visible en cette zone. Les ONG sont, elles, toujours présentes, ce qui a donc pour corollaire une présence très forte des services secrets qui tenteront de détacher les gouvernements centre-asiatiques de l’alliance qui les lie à la Russie et qui essaieront aussi de les détourner de tous rapports commerciaux de grande envergure avec la Chine. Dans le cas du Kazakhstan, ils n’ont pas réussi, même si certaines tensions ont troublé cette année les rapports entre ce pays et la Russie. Le Kirghizistan semble s’acheminer de manière irréversible vers une adhésion à la Communauté Economique Eurasienne. Quant aux autres Etats d’Asie centrale, toutes les options sont ouvertes. L’Ouzbékistan poursuit sa politique indépendante. Le Turkménistan aussi et le Tadjikistan est, finalement, un Etat sans guère d’importance pour les nouvelles dynamiques à l’oeuvre.

Q. : Quelles potentialités recèlent les plans chinois de relier l’Extrême-Orient asiatique à l’Europe, via l’Asie centrale, par des lignes de chemin de fer à haute vitesse et à gros gabarit ?

JH : Ces plans pour une nouvelle route de la soie ont déjà bien progressé et reçoivent un soutien financier massif de la Chine. Il s’agit certes de la route de la soie terrestre par l’Asie centrale, que je viens d’évoquer, mais aussi de sa consoeur maritime qui doit passer par l’Asie du Sud-Est, par Singapour, pour aboutir en Inde et dans la région arabe. Il s’agit là d’une priorité centrale pour la Chine car elle doit impérativement assurer la sécurité de ses voies commerciales et de ses voies d’acheminement de matières premières. Elle doit aussi créer une zone neutre d’influence, libre de toute ingérence américaine, où les Etats-Unis ne pourront plus orchestrer des manœuvres antichinoises. Je ne dis pas une zone d’influence strictement chinoise car la Chine n’en aura pas les moyens.

Q. : Percevez-vous le danger de la formation de deux blocs avec, d’une part, les démocraties libérales, soit les Etats-Unis et les Etats membres de l’UE, et, d’autre part, une alliance d’Etats posés comme « autoritaires », comme le Chine, ou considérés comme des « démocraties non libérales » comme la Russie ?

JH : La formation de deux blocs, pareils à ceux que vous me décrivez, est effectivement en train de se faire et je pense aussi qu’une telle formation est souhaitée quelque part. Une telle division du monde va bien dans le sens des intérêts stratégiques américains car, d’un côté, ce nouveau clivage binaire justifie la perpétuation de l’OTAN ; d’un autre côté, il donne un prétexte parfait pour maintenir la présence de troupes américaines en Europe. Enfin, troisième raison qui me permet de conclure à l’hypothèse d’une nouvelle division du monde en deux blocs : celle-ci oblige les Européens à se soumettre sans restriction aux objectifs politiques des Américains.

(entretien paru dans « zur Zeit », n°47/2014, Vienne, http://www.zurzeit.at ).

mercredi, 31 décembre 2014

La Chine face au dollar

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La Chine face au dollar

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
A la mi-décembre, le président du Nicaragua Daniel Ortega et le milliardaire hong kongais Wang Jing, à la tête du Hong Kong Nicaragua Development Investment (HKND), créé à cette fin, ont inauguré un chantier qui devrait occuper 50.000 ouvriers d'ici à 2020 et coûter plus de 50 milliards de dollars. Il s'agit d'un canal à grand débit destiné à concurrencer celui de Panama.

Le projet, dont la gestion est confiée à HKND pour une centaine d'années, prévoit également la construction de deux ports, d'un aéroport, d'un complexe touristique, d'un oléoduc et d'une voie ferroviaire qui relierait elle aussi les deux océans...1)

Sans faire officiellement partie du Brics, le Nicaragua est en bons termes avec ses membres, notamment la Chine, le Venezuela, le Brésil et la Russie. La participation, directe ou indirecte (via Hong-Kong) de la Chine au financement est généralement considérée comme une première concrétisation des intentions affichées lors des derniers sommets de cet organisme visant à la mise en oeuvre de grands projets de développement et d'infrastructures communs. Cependant l'Etat vénézuélien annonce conserver une part majoritaire dans le financement du projet.

On peut s'interroger cependant sur les ressources dont l'Etat disposerait en propre pour ce faire. Clairement, la participation chinoise s'inscrit dans les nombreux programmes dans lesquels la Chine investit en Amérique centrale et latine. L'objectif est tout autant politique qu'économique. Il s'agit de disputer aux Etats-Unis le monopole qu'ils se sont assuré depuis deux siècles, en application de la doctrine de Monroe, dans cette partie du monde. Dans l'immédiat, Washington n'aura guère de moyens politiques pour réagir, sauf à provoquer un changement de régime à la suite d'un coup d'état qu'il aurait organisé.

Cependant le projet de canal suscite de nombreuses oppositions: d'abord parce que le tracé du canal passe par la plus grande réserve d'eau douce d'Amérique latine, le lac Cocibolca. Ensuite parce qu'il conduirait à déplacer près de 30.000 paysans et peuples locaux qui vivent sur les terres où il sera percé. Ces craintes pour l'environnement et la population sont parfaitement fondées. Mais elles sont relayées par divers ONG d'obédience américaine, ce qui leur enlève une part de crédibilité. Les entrepreneurs américains redoutent en effet l'arrivée de nombreuses entreprises chinoises dans une zone qu'ils considéraient jusque-là comme une chasse gardée. Le Nicaragua et la Chine n'ont aucune raison de continuer à leur concéder ce monopole.

Au delà de toutes considérations géopolitiques, les environnementalistes réalistes savent que de toutes façons, dans le monde actuel soumis à des compétitions plus vives que jamais entre pouvoirs politiques, économiques, financiers, ce canal se fera, quelles que soient les destructions imposées à la nature et aux population. Il s'agira d'une destruction de plus s'ajoutant à celles s'étendant sur toute la planète, en Amazonie, en Afrique, au Canada, dans les régions côtières maritimes censées recéler du pétrole. Les perspectives de désastres globaux en résultant ont été souvent évoquées, sur le climat, la biodiversité, les équilibres géologiques. Inutile d'en reprendre la liste ici. Mais on peut être quasi certain que ces perspectives se réaliseront d'ici 20 à 50 ans.

Les investissements chinois dans le monde.

Concernant la montée en puissance de la Chine, il faut bien voir que ce projet de canal ne sera qu'un petit élément s'ajoutant aux investissements en cours et prévus le long du vaste programme chinois dit de la Nouvelle Route de la Soie. Un article du journaliste brésilien Pepe Escobar vient d'en faire le résumé. Certes l'auteur est complètement engagé en soutien des efforts du BRICS à l'assaut des positions traditionnelles détenues par les Etats-Unis et leurs alliés européens. Mais on peut retenir les éléments fournis par l'article comme indicatifs d'une tendance incontestable. L'auteur y reprend l'argument chinois selon lequel les investissements de l'Empire du Milieu seront du type gagnant-gagnant, tant pour la Chine que pour les pays traversés. 2)

Encore faudrait-il que ces derniers aient les ressources nécessaires pour investir. Aujourd'hui, comme la Banque centrale européenne, sous une pression principalement américaine, refuse aux Etats de le faire, et comme les industriels européens se voit empêcher d'accompagner les investissements chinois et russes, du fait de bilans fortement déficitaires, la Nouvelle Route de la Soie risque de se transformer en une prise en main accrue des économies européennes par la concurrence chinoise. Les résultats en seraient désastreux pour ce qui reste d'autonomie de l'Europe, déjà enfermée dans le statut quasi-colonial imposé par Washington.

D'où viennent les capacités d'investissement de la Chine ?

La Chine détient près de 1 200 milliards de dollars de bons du Trésor américain. En effet, ces dernières années, grâce notamment à des salaires bas, elle a pu beaucoup exporter sur le marché international en dollars, alors que sa population achetait peu. Elle a donc accumulé des excédents commerciaux. Cette situation change un peu en ce moment, du fait d'une augmentation de la consommation intérieure et de la concurrence sur les marchés extérieurs de pays asiatiques à coûts salariaux encore plus bas. Mais elle reste une tendance forte de l'économie chinoise. Que faisait-elle ces dernières années de ses économies? Elle les prêtait massivement aux Etats-Unis en achetant des bons du trésor américain. Aujourd'hui ces réserves en dollars, tant qu'elles dureront, lui permettront de financer des investissements stratégiques dans le monde entier

Mais d'où viennent les capacités d'investissement des Etats-Unis?

Dans le même temps en effet que la Chine économisait, les Etats-Unis dépensaient largement au dessus de leurs revenus, dans le cadre notamment des opérations militaires et interventions extérieures. Pour couvrir ces dépenses, la Banque fédérale américaine (Fed) émettait sur le marché international des sommes largement supérieures, sous forme de bons du trésor (emprunts d'Etat). La Fed s'en est servi pour prêter des sommes considérables aux principales banques américaines, Morgan Stanley, City Group. Merril Lynch, Bank of America Corporation, etc. Les dettes de ces banques auprès de la Fed atteignent aujourd'hui plus de 10.000 milliards de dollars. Les banques disposent certes en contrepartie de milliards de dollars d'actif, mais insuffisamment pour couvrir leur dette auprès de la Fed en cas de nouvelle crise financière.

Ces actifs eux-mêmes ne sont évidemment pas sans valeur. Ils correspondent à des investissements financés dans l'économie réelle par les banques. Mais en cas de crise boursière, ils perdent une grande partie de leur valeur marchande. Les grandes banques se trouvent donc en situation de fragilité. Lors des crises précédentes, elles se sont tournées vers la Fed pour être secourues. La Fed a fait face à la demande en empruntant à l'extérieur, notamment en vendant des bons du trésor. Mais ceci n'a pas suffit pour rétablir les comptes extérieurs de l'Amérique, en ramenant la dette extérieure à des niveaux supportables. Bien que le dollar soit resté dominant sur les marchés financiers, du fait que les investisseurs internationaux manifestaient une grande confiance à l'égard de l'Amérique, il n'était pas possible d'espérer qu'en cas d'augmentation excessive de la dette il ne se dévalue pas, mettant en péril les banques mais aussi les préteurs extérieurs ayant acheté des bons du trésor américains.

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Ce scénario catastrophe est celui qui menace tous les Etats, lorsqu'ils accumulent une dette excessive. Mais, du fait de la suprématie mondiale du pouvoir américain, celui-ci a pu jusqu'ici s'affranchir de cette obligation d'équilibre. La Fed a fait fonctionner la planche à billet, si l'on peut dire, dans le cadre des opérations dites de quantitative easing ou assouplissement quantitatif qui se sont succédées ces dernières années. Dans le cadre de cette politique, la Banque Centrale se met à acheter des bons du trésor (ce qui revient à prêter à l'État) ainsi que d'autres titres financiers . Elle met donc de l'argent en circulation dans l'économie . Ceci augmente les réserves du secteur bancaire, lui permettant en cas de crise et donc de manque de liquidités des banques, à accorder à nouveau des prêts. Lors de la crise dite des subprimes, les banques  n'avaient pas pu le faire par manque de réserve.

Et l'Europe ? Elle est ligotée.

Il s'agit d'un avantage exorbitant du droit commun dont les Etats-Unis se sont attribué le privilège du fait de leur position dominante. Ni la banque de Russie ni celle de Pékin ne peuvent le faire. Quant à la BCE, elle est autorisée depuis le 18 septembre à consentir des prêts aux banques de la zone euro, dans le cadre d'opérations dite « targeted long-term refinancing operations », ou TLTRO. Ceci devrait inciter les banques à augmenter leurs volumes de prêts aux entreprises., face à la crise de croissance affectant l'Europe. Les sommes considérées sont cependant faibles au regard de celles mentionnées plus haut, quelques centaines de milliards d'euros sur plusieurs années.

De plus et surtout, la BCE n'a pas été autorisée à prêter aux Etats, de peur que ceux-ci ne cherchent plus à réduire leur dette. Le but est louable, en ce qui concerne les dépenses de fonctionnement. Mais il est extrêmement paralysant dans le domaine des investissements productifs publics ou aidés par des fonds publics. Ni les entreprises ni les Etats ne peuvent ainsi procéder à des investissements de long terme productifs. Au plan international, seuls les Etats soutenus par leurs banques centrales peuvent le faire, en Chine, en Russie, mais également aux Etats-Unis.

Que vont faire les Etats-Unis face à la Chine ?

Revenons aux projets chinois visant à investir l'équivalent de trillions de dollars actuels tout au long de la Nouvelle Route de la soie, évoquée ci-dessus. Dans un premier temps, la Chine n'aura pas de difficultés à les financer, soit en vendant ses réserves en dollars, soit le cas échéant en créant des yuans dans le cadre de procédures d'assouplissement quantitatifs. La position progressivement dominante de la Chine, désormais considérée comme la première puissance économique du monde, lui permettra de faire accepter ces yuans au sein du Brics, comme aussi par les Etats européens. Quant au dollar, il perdra une partie de sa valeur et la Fed ne pourra pas continuer à créer aussi facilement du dollar dans le cadre d'assouplissement quantitatifs, car cette création diminuerait encore la valeur de sa monnaie. Ceci a fortiori si la Chine, comme elle aurait du le faire depuis longtemps, cessait d'acheter des bons du trésor américain.

Ces perspectives incitent de plus en plus d'experts à prévoir que, face à la Chine, l'Amérique sera obligée de renoncer à laisser le dollar fluctuer. Ce serait assez vite la fin du dollar-roi. Des prévisions plus pessimistes font valoir que ceci ne suffisant pas, l'Amérique sera conduite à généraliser encore davantage de politiques d'agression militaire. La Chine pourrait ainsi en être à son tour victime.

Notes

1) Cf http://www.pancanal.com/esp/plan/documentos/canal-de-nicaragua/canal-x-nicaragua.pdf

2) Pablo Escobar Go west young Han http://www.atimes.com/atimes/China/CHIN-01-171214.html
Traduction française http://www.vineyardsaker.fr/2014/12/23/loeil-itinerant-vers-louest-jeune-han/

lundi, 29 décembre 2014

Le yuan et la roupie soutiendront le rouble

Le yuan et la roupie soutiendront le rouble

Auteur : Konstantin Garibov
Ex: http://zejournal.mobi

Le gouvernement indien élabore un scénario du renoncement à l'utilisation du dollar et de l'euro dans les régements avec la Russie. Il est prévu d'utiliser très prochainement les roubles et les roupies dans les échanges commerciaux entre la Russie et l'Inde.

Les exportateurs indiens insistent sur cette solution. « Nous n'avons pas de temps pour une longue attente : la chute du rouble nuit aux exportations indiennes car les règlements se font en dollars ». C'est ce qu'a déclaré Adjai Sakhaï, directeur général de la Fédération des exportateurs indiens (FIEO). « Tous les règlements commerciaux peuvent être effectués en roupies », - affirme Adjai Sakhaï.

Les businessmen chinois proposent la même chose – de passer aux règlements en yuans. Andrei Ostrovski, expert de l'Institut de l'Extrême-Orient, croit que l'essentiel, ce n'est pas le rouble, mais la Russie.

« Les deux pays ont intérêt à développer les liens économiques et commerciaux avec elle. Il est de plus en plus difficile de le faire avec le dollar. Le cours du rouble a chuté. Alors, pour la Chine et pour l'Inde, les exportations deviennent problématiques. La Russie a intérêt à exporter, non à importer. Alors, l'Inde et la Chine ont du mal à poursuivre les exportations en Russie. Lorsque le cours du rouble baisse, il vaut mieux travailler avec la roupie et le yuan, puisque dans le cas des règlements en une autre monnaie, les exportateurs des produits en Russie subissent de grosses pertes. Cela amène à la majoration des prix de 10-15. »

Les propositions de renoncer aux dollars et euros dans les règlements avec la Russie ont été faites bien avant la chute du rouble. Les exportateurs indiens avaient des problèmes à cause de la baisse de demande de leurs produits aux Etats-Unis, de la récession industrielle au Japon et de la crise en Europe. Les exportateurs chinois connaissent, eux aussi, une baisse de demande sur les marchés étrangers. Alors, l'Inde et la Chine sont prêtes à soutenir le rouble, mais non sans intérêt pour elles-mêmes, croit Alexandre Salitski, l'expert de l'Institut IMEMO de l'Académie des Sciences de Russie.

« Ici, tout est assez simple. Les deux pays orientaux ont un intérêt à ce que leurs monnaies aient un statut international, régional. Les accords avec la Russie, y compris dans le cadre du BRICS, visent l'utilisation des monnaies nationales des trois pays dans les règlements entre les partenaires. A mesure que dans ces pays, certains secteurs de l'économie deviennent compétitifs à l'échelle globale, il est logique de passer à ce niveau dans les règlements. Seulement, ce n'est pas si simple et cela demande du temps. »

Le chef du Centre des études orientales de l'Académie diplomatique du MAE de Russie Andrei Volodine est certain que le renoncement au dollar dans les règlements est une tendance qui gagne du terrain.

Dans ce cas, le mécanisme est simple. Si les échanges commerciaux entre les économies émergeantes deviennent plus importants qu'avec les pays industrialisés, le dollar n'est plus nécessaire dans les règlements. Ce processus est lancé, il va croissant car plusieurs économies émergeantes souffrent à cause de l'utilisation de la monnaie américaine dans les règlements. Les accords de swap, c'est le premier moyen de passer aux règlements en monnaies nationales. L'Inde, la Chine, le Brésil commencent à les pratiquer.

Il y a un point important : malgré la chute du rouble, la Chine n'a pas demandé de corriger l'accod avec la Russie sur le swap yuan-rouble.

mercredi, 15 octobre 2014

Petroyuán chino contra dólar estadunidense

por Alfredo Jalife-Rahme

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

Mientras los estrategas chinos se preparan a la tercera guerra mundial (http://goo.gl/6k5lAh ) debido a las tensiones entre Estados Unidos (EU) y Rusia por el alma de Ucrania oriental, Tyler Durden, del portal Zero Hedge, (pro)clama el advenimiento de la era del petroyuán mediante el mensaje del  desembarco de un navío destructor de China en el puerto iraní en el estrecho de Ormuz (http://goo.gl/nfBSTe).

Durden traduce el poder militar en divisas, específicamente en la creciente desdolarización hoy inversamente proporcional a la yuanización: “el ascenso del petroyuán (…) circunscribe el dominio del dólar en la energía global, con ramificaciones potencialmente profundas para la posición estratégica de EU”.

Según Durden, por primera vez en la historia (¡supersic!), China atracó un navío destructor en Bandar Abbas, puerto del sur de Irán, justo del otro lado de los bastiones hasta ahora estadunidenses de Emiratos Árabes Unidos (EAU) y Bahrein (nota: base de la quinta flota de EU) en el estrecho de Ormuz.

Durden rememora que el año pasado un grupo naval ruso atracó en el mismo puerto en su retorno de una misión en el océano Pacífico.

La jugada estratégica de Irán es vista como parte de su objetivo en fomentar un equilibrio entre las armadas foráneas presentes en la zona cerca del estratégico estrecho de Ormuz donde se transporta la quinta parte del petróleo global.

En similitud al estrecho de Malaca (entre Indonesia, Malasia y Singapur), el estrecho de Ormuz es un punto de estrangulamiento (chokepoint) (http://goo.gl/YqI7Sr).

Hasta 2012, los mayores consumidores del petróleo global fueron: EU (21 por ciento), China (11 por ciento), Japón (5 por ciento), India (4 por ciento), Rusia (4 por ciento) y Arabia Saudita (3 por ciento). Interesante: tres países del BRICS juntos se sitúan por debajo de EU.

La llegada de la Armada china en el estrecho de Ormuz para combatir la piratería global – The Guardian acusó a Gran Bretaña de ser su teledirigente (http://goo.gl/DvrV69)–, también tiene en la mira el estrecho de Bab el-Mandeb (la Puerta de las Lágrimas), otro punto de estrangulamiento transversal desde Yemen hasta Somalia, en proceso de estratégicas protobalcanizaciones, donde es transportado 3.4 por ciento del petróleo global.

A mi juicio, el petróleo, con todo y el montaje hollywoodense del polémico fracking que convirtió mágicamente a EU en un productor autosuficiente, sigue siendo el detonador de todos los conflictos geopolíticos en el Gran Medio Oriente que incluyen la superchería de los yihadistas del califato islámico transfronterizo de Siria/Irak/Kurdistán, lo cual ha obligado a China a salir mas allá de sus océanos cercanos contra su costumbre histórica.

China ya no es la misma (http://goo.gl/azvGPJ) y el portal Russia Today coloca de relieve un blog editorial de The Economist que tilda al Grupo de Shanghái como laherramienta con que China rediseña el orden mundial a su estilo, lo cual es bastante inquietante desde el punto de vista de Occidente, con la aglomeración de adhesiones asiáticas en su seno como se manifestó en la reciente cumbre en Dusambé (Tayikistán) (http://goo.gl/kTK4L1).

La agencia Xinhua informó que el objetivo de la Armada china, con la conspicua presencia del destructor de misiles guiados Changchun, es la protección de la navegación en el golfo de Adén (http://goo.gl/V5C0rz). El periódico estatal iraní Kayhan señaló que los buques de guerra de China transportan a 650 marinos. Poco a poco los marinos chinos se irán aclimatando al calor del golfo Pérsico.

Durden aboga por la nueva convertibilidad financiero-energético-militar que tiende al fin de la hegemonía del dólar estadunidense.

La expansión del petroyuán en los países del golfo Pérsico no es novedosa: Durante varios años, China ha pagado parte de su importación petrolera de Irán con renminbi/yuan y “en 2012 los bancos centrales de China y de EAU establecieron swaps por 5 mil millones de dólares para la importación del petróleo de Abu Dabi con renminbi/yuan de China”.

Mucho más estremecedor es el acuerdo gasero entre China y Rusia por 400 mil millones de dólares que aparentemente sería realizado en renminbi/yuan, lo cual colisiona(ría) al petrodólar con el petroyuán.

Según Durden, los hacedores de la política de China aprecian las ventajas de la hegemonía del dólar –que algunos autores chinos colocan en casi 10 por ciento del PIB (global http://goo.gl/rTnw0t). Su objetivo no es sustituir al dólar por el renminbi/yuan, sino posicionar a la divisa china con el billete verde como una divisa de reserva y transacciones.

Si el mundo ya es multipolar en lo militar y lo geoeconómico, para no decir tripolar geoestratégico (EU, Rusia y China), todavía falta el último paso para asentar los reales del nuevo orden mundial en el superestratégico rubro financierista que controlan las plazas de Wall Street y la City en Londres.

La disminución de los costos en transacciones de divisas para los negocios chinos serían enormes con una traslación del dominio del dólar al yuan, pero lo que por razones estratégicas busca Pekín es aminorar el crecimiento de sus considerables reservas en dólares (más de 4 millones de millones de dólares).

La propensión de EU ha sido aislar a los países del sistema financiero estadunidense como un instrumento de su política exterior, lo cual expone la vulnerabilidad financiera del renminbi/yuan. Mitigar el apabullante dominio del dólar y del poder estadunidense significa para Chinacontener el excesivo unilateralismo de EU.

Durden juzga que EU es una potencia hegemónica en declive relativo, mientras China es la ascendente potencia prominente, por lo que, aun los mismos países árabes del golfo tan dependientes de Washington como su último garante en materia de seguridad, están obligados a mantener vínculos más estrechos con China como un imperativo protector estratégico”.

Para Rusia, sus relaciones deterioradas con EU la obligan a una mayor profunda cooperación con China, sin descontar la sobrerreacción todavía peligrosa de EU.

A mi juicio, uno de los graves defectos de los análisis que sobredimensionan demasiado el ascenso indiscutible del petroyuán –no se diga de la resurrección de Rusia en la etapa del zar Putin–, no toman en consideración el estruendosamente silencioso triunfo geopolítico de Obama y las petroleras anglosajonas al haber capturado, sin disparar una sola bala, los pletóricos yacimientos en el Golfo de México regalados por el humillante entreguismo del “México neoliberal itamita” de Peña/Videgaray/Aspe, que no solamente equivale al acuerdo gasero histórico entre China y Rusia, sino que, además, es susceptible de detener la caída libre del dólar.

Llama la atención que los connotados geoestrategas en el seno de los BRICS –no se diga en la Unión Europea y en el mundo islámico y/o árabe– todavía no perciban los alcances históricos de la captura gratuita de los hidrocarburos de México por Obama y las petroleras anglosajonas que cobija. Con los geoestrategas con que me ha tocado dialogar al respecto, horroriza su pasmosa incredulidad sobre el obsequio del siglo: la cesión de los hidrocarburos de México a la anglósfera. Quizá tengan razón: no es nada creíble.

www.alfredojalife.com

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jeudi, 09 octobre 2014

La dédollarisation. L'euro va-t-il entrer dans le jeu?

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La dédollarisation. L'euro va-t-il entrer dans le jeu?

par Jean-Paul Baquiast
 
Nous avons plusieurs fois souligné que les projets de dédollarisation envisagés au sein des pays du Brics ne prendrait tout leur sens que si les pays de l'eurogroupe, c'est-à-dire les pays utilisateurs de l'euro, s'y joignaient. Ainsi pourrait s'édifier la première phase d'un euroBrics dont la constitution, au sens strict, changerait la face du monde. La domination du dollar, sous-tendant celle des Etats-Unis, pourrait commencer à perdre de son influence.


Or selon un article de Blomberg, groupe financier américain spécialisé dans les services aux professionnels des marchés financiers et dans l'information économique et financière, l'euro devrait rejoindre prochainement le groupe des monnaies directement échangeables en yuan ( monnaie chinoise) à Shanghai, après les dollars américain, australien et new-zélandais, la livre et le yen. Le yuan est la 7e monnaie en importance utilisée pour les échanges financiers internationaux. L'arrivée de l'euro marquera un grand pas dans l'internationalisation du yuan, en diminuant sensiblement les coûts de transaction. L'euro et le yuan devraient en bénéficier conjointement, ainsi que leurs échanges avec le reste du monde.

En quoi, dira-t-on, s'agira-t-il, d'un nouveau pas dans la dédollarisation? Simplement parce que les opérateurs ayant recours à l'euro-yuan dans leurs échanges, par exemple pour les ventes d'Airbus en Chine, n'utiliseront plus le dollar. Echapperaient-ils ainsi aux fluctuations de cette monnaie, découlant en partie des stratégies politiques ou économiques de Washington? Certes, dans la mesure où le yuan a une parité quasi-fixe avec le dollar, on ne voit pas en quoi le fait de libeller les transactions commerciales en yuan changera quoi que ce soit sur l' exposition des opérateurs aux fluctuations du dollar. Mais l'effet médiatique consistant à remplacer le dollar par le yuan ou l'euro sera considérable. Quoiqu'il en soit, nous n'avons pas ce jour à notre niveau confirmation par une autorité européenne de l'exactitude des propos de Blomberg. Il serait douteux cependant qu'il s'agisse d'un simple bruit destiné à provoquer des mouvements spéculatifs sur les cours. Affaire à suivre donc.

Selon Blomberg, les relations commerciales entre la Chine et les pays européens ont cru de 12% l'année dernière, jusqu'à atteindre $404 milliards pour les 8 premiers mois de 2014, chiffre à comparer aux $354 millions pour les échanges américano-européens dans la même période. Les sociétés françaises et allemandes tiennent la tête des opérateurs utilisant le yuan.

Les accords euro-yuan ne marqueront pas une dédollarisation complète des échanges entre l'Europe, la Chine et plus largement l'Asie, mais il s'agira d'un début prometteur. On comprend dans cette perspective pourquoi les Etats-Unis font de telles pressions sur l'Europe pour lui faire accepter un Traité de libre-échange transatlantique. Dans le cadre de ce traité, les entreprises européennes pourraient s'engager – librement, of course – à n'utiliser que le dollar, comme le fit à ses dépends la BNP.

* Voir Blomberg news, daté du 29 septembre Yuan to Start Direct Trading With Euro as China Pushes Usage
http://www.bloomberg.com/news/2014-09-29/yuan-euro-direct-trading-begins-tomorrow-as-china-promotes-usage.html

* Voir aussi une confirmation par l'agence russe RIA. Elle y voit un renforcement du poids de la Chine en Europe.
http://fr.ria.ru/discussion/20141002/202592940.html