Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 06 mai 2020

Les anglo-sionistes lancent une PSYOP stratégique contre la Chine

Wasp1.jpg

Les anglo-sionistes

lancent une PSYOP stratégique

contre la Chine

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

 
Peut-être que la rengaine «C’est la faute des Russes» est devenue obsolète. Ou peut-être que les dirigeants de l’Empire ont finalement compris que la Chine était encore plus dangereuse que la Russie. Mais mon intuition personnelle est simplement que les anglo-sionistes paniquent d’avoir perdu la face « tous azimuts » avec leur gestion catastrophique – médicalement et, plus encore, politiquement – de cette crise socio-économique provoquée par la pandémie, et qu’ils pointent maintenant le doigt vers à peu près tout le monde – et même entre eux.

La Russie a joué un rôle crucial ici, car c’est dans leur guerre de communication contre elle que les dirigeants de l’Empire ont inventé ce que j’appelle maintenant les «normes de preuve Skripal», signifiant «très probable». Ce dernier principe étant subrepticement accepté par tous les Européens au nom de la «solidarité» – avec qui exactement est rarement spécifié, parfois « atlantique » – il était, dirons-nous, «naïvement raisonnable» de penser qu’il fonctionnerait à nouveau cette fois-ci. Encore une fois, personnellement, je n’en suis pas du tout sûr. Beaucoup de choses ont changé au cours des deux dernières années : non seulement les Européens ont finalement découvert à quel point le conte de fées de Skripal était complètement stupide et incroyable, mais le niveau de dégoût, et même de haine envers Trump et les États-Unis a fortement augmenté.

PuckCoverIfYouDontIShallLOC-56a040a63df78cafdaa0afe1.jpg

De plus, la Chine a beaucoup plus à offrir à l’Europe que les États-désUnis en désintégration – alors pourquoi se ranger du côté des perdants ? Dernier point, mais certainement pas le moindre, les Européens découvriront – et certains l’ont déjà fait, que les États-Unis se soucient comme d’une guigne, non seulement des Européens ordinaires, mais même de leurs classes dirigeantes [cf le brigandage des masques contre le virus, NdT]. Aparté Une étude rapide de l'histoire montre que lorsque les élites exploiteuses se portent bien, elles se soutiennent toutes loyalement, mais lorsque les choses commencent à partir en vrille, elles se retournent immédiatement les unes contre les autres. Le meilleur exemple récent de ce phénomène est le schisme des élites dirigeantes américanistes qui, depuis l'élection de Trump, se sont immédiatement retournées les unes contre les autres et se battent désormais violemment comme des "araignées dans une boîte" (pour utiliser une expression russe).

2994557_orig.jpg

En fait, cette constatation est si vraie qu'elle peut même être utilisé comme outil de diagnostic très fiable : lorsque vos ennemis sont tous unis, c'est qu'ils sont probablement confiants dans leur victoire, mais dès qu'ils se retournent les uns contre les autres, vous comprenez que les choses sont très mauvaises pour eux [Théorie de la "Discorde chez l'ennemie", chère à De Gaulle, NdT]. De même, nous voyons maintenant comment les Européens du Sud se mettent vraiment en colère contre leurs «alliés de l'UE» au Nord - Macron semble s'aligner derrière Trump même s'il utilise un langage diplomatique plus prudent. Enfin, la façon dont la CIA a sa politique étrangère, le Pentagone une autre et Foggy Bottom [Affaires étrangères] la sienne - même si elle se limite aux sanctions et à la stigmatisation - vous dit à peu près tout ce que vous devez savoir pour voir à quel point en est arrivée la crise systémique de l'Empire.

Bien qu’il ne reste que très peu de gens vraiment intelligents au sein du gouvernement américain, il y en a encore beaucoup «dans les strates élevées» et il ne leur a pas fallu longtemps pour découvrir que cette pandémie était une occasion en or pour coller tous leurs propres échecs et erreurs sur le dos de la Chine. Les arguments ? Vraiment facile :
 

88927-101519-egg-fu.jpg

LA TERREUR JAUNE DANS TOUTE SA GLOIRE

1 – La propagande anti-chinoise a une longue histoire aux États-Unis et il était vraiment facile de la rallumer.

2 – La plupart des Américains ont une réaction complètement irrationnelle au mot «communiste», il est donc très facile, pour tout organe de propagande américain de mentionner le PCC, de «mentir» dans la même phrase, et de paraître crédible, indépendamment de ce que dit la phrase – comme, par exemple, une preuve factuelle.

3 – La ploutocratie américaine est terrifiée par la puissance économique et industrielle chinoise, d’où la diffamation d’entreprises comme Huawei ou DJI qui sont déclarées menaçantes pour la sécurité nationale des États-Unis. Blâmez tout sur les Chinois et les oligarques américains vont adorer !

4 – La Chine et la Russie sont dans une relation plus profonde qu’une alliance. J’appelle cela une «symbiose» tandis que les Chinois parlent d’un «Partenariat stratégique global de coordination pour la nouvelle ère» et les Russes d’une «alliance cruciale». Les termes n’ont pas vraiment d’importance ici, ce qui compte, c’est que la Russie et la Chine sont au coude à coude contre l’Empire, c’est ce qu’ils veulent dire par «coordination», et que les tentatives américaines – certes peu nombreuses et maladroites – pour briser cette alliance ont totalement échoué.

wasp--1888.gif

5 – Comme pour toute nouvelle pandémie, il a fallu du temps à la Chine pour comprendre la nature de ce qui se passait et il était extrêmement facile d’accuser celle-ci d’obscurcissement délibéré – tout en gardant à l’esprit le fait que la Chine a informé le monde dès le 31 décembre, ce qui est évidemment omis, tout comme la présence d’une délégation multinationale de l’OMS pour enquêter sur cette question. En réalité, on pourrait aussi bien accuser la Chine d’être trop ouverte en permettant à diverses estimations et hypothèses de circuler avant même que le gouvernement chinois n’ait établi tous les faits. C’est un cas parfaitement insoluble de double contrainte : condamné si vous le faites et condamné si vous ne le faites pas.

6 – La culture politique américaine est telle que 99,99% des Américains américains croiront littéralement tout mensonge, aussi stupide soit-il, concernant le reste du monde [comme ils disent si joliment !, NdT], que d’accepter toute vérité désagréable sur leur pays. Faire d’un autre pouvoir un bouc émissaire, en particulier un pouvoir communiste, provoque une réaction instinctive d’approbation de la part d’une grande majorité des Américains.

7 – Lorsque l’OMS n’a clairement pas marché dans la propagande américaine [contre la Chine], ce fut une bonne occasion pour Trump de supprimer son financement. Non seulement les États-Unis devaient déjà des millions de dollars à l’OMS, de $50 à $200 millions, selon la personne à qui vous le demandez, mais le prétexte facile pour ne pas payer était de l’accuser d’être pro-chinois. Il est évident que Trump ne voit aucune utilité à l’ONU, à part en tant que punching ball, et c’était une occasion parfaite pour s’entraîner une fois de plus.

8 – Comme pour tout événement effrayant, un véritable tsunami de rumeurs complètement non fondées, et carrément stupides, a commencé à se déverser dès qu’il a été clair qu’il s’agissait d’un événement majeur. Tout ce que la machine de propagande américaine avait à faire était de parler sérieusement de certaines de ces rumeurs, en faisant croire que les médias ne faisaient que «rapporter» plutôt qu’inventer des histoires.

9 – La Chine est également une menace majeure pour les intérêts américains en Asie, et cette pandémie a fourni à ces derniers une occasion parfaite pour présenter des rapports venant de Taïwan comme des rapports venant de Chine – c’est une vieille astuce. Quant au gouvernement taïwanais, il était plus qu’heureux de l’aubaine d’avoir un autre prétexte pour haïr la Chine, rien de nouveau ici non plus.

10 – Enfin, les économistes américains n’ont pas mis longtemps à comprendre que cette pandémie aurait un effet dévastateur sur la «meilleure économie de l’histoire de la galaxie», si bien que le fait de rejeter la faute sur la Chine est le moyen idéal pour Trump et ses maîtres néocons de dévier toute accusation lancée contre eux.

chineseexclusionACTcb30-021_puck_1898_Oct37907.jpg

Les récits qui ont ensuite été inventés sont vraiment magnifiques. Voici quelques-uns de mes favoris :
Le FBI dit que des États étrangers ont piraté des centres de recherche américains à la recherche de percées dans l’étude de la COVID-19. Bien que cet article pointe du doigt l’Iran, pas la Russie ou la Chine, il donne très bien le ton de «on nous attaque». Remarquez le pluriel dans «États étrangers».
Les États-Unis lancent une «enquête à grande échelle» sur le laboratoire de Wuhan.
Une étude a-t-elle prouvé que le coronavirus était une création humaine, comme le prétend un lauréat français du prix Nobel de médecine ? Excellent coup joué, il donne du pouvoir à l’argument en citant une célébrité, peu importe qu’il y ait beaucoup plus de voix crédibles disant que cette théorie est une baliverne. [Cf l’interview du Pr Montagnier sur Cnews encadré par la fine-fleur des « journalistes » atlantistes, NdSF]


Il y en a beaucoup plus, je suis sûr que vous les avez vus aussi.

Finalement, et inévitablement, cette PSYOP stratégique a fait monter les enchères et FOXnews – évidemment – a diffusé ce véritable chef-d’œuvre : «Sen. Hawley : Que les victimes du coronavirus poursuivent le Parti communiste chinois ». Vraiment, c’est génial. «J’ai perdu mon emploi, que les camarades chinois diaboliques me remboursent» est une mélodie agréable pour les oreilles de la majorité des Américains.

À l’heure actuelle, la plupart des déclarations américaines ne sont que de simples mensonges, mais comme la Chine, avec le temps, publiera finalement des données corrigées plus précises, ces statistiques mises à jour seront immédiatement interprétées comme la preuve qu’initialement les Chinois mentaient délibérément, et non pas comme le résultat des Chinois eux-mêmes obtenant progressivement une meilleure image de ce qui s’est réellement passé. Encore une fois, c’est le cas typique de double contrainte où vous êtes toujours coupable.

TIM200217v1_China.Cover_.jpg

Je dois mentionner qu’il y a une autre raison qui pourrait contribuer à la décision des États-Unis de rejeter la faute sur la Chine : on ne sait toujours pas d’où vient ce virus, mais une possibilité est qu’il soit originaire des États-Unis et a été amené en Chine par les Américains – que ce soit délibérément ou non n’est pas la question ici. Quant aux rapports qui prétendent que les États-Unis dissimulent délibérément l’ampleur réelle de la catastrophe aux États-Unis, ils sont ignorés.

En outre, il est maintenant douloureusement évident que les politiciens américains ont très mal apprécié la situation en commençant à dire que c’était un problème chinois ou que ce n’était « pas pire que la grippe saisonnière », ou les deux. Ce n’est que le dernier exemple de ce que j’appelle le «messianisme narcissique américain», conduisant les dirigeants à croire en leur propre propagande, pour finir par découvrir que la réalité existe toujours, et qu’elle est radicalement différente des illusions de la plupart des Américains.

Maintenant, tous ces politiciens américains – les Republicrates autant que les Démoblicains – doivent courir dans tous les sens en cherchant à planquer collectivement leurs culs. Quelle meilleure façon d’y parvenir que de rejeter la faute sur la Chine ?

Comme je l’ai dit plus haut, c’est intelligent, mais absolument pas très intelligent.


Les États-Unis sont déjà coincés dans une guerre impossible à gagner contre la Russie – comme je le rappelle toujours à tout le monde, cette guerre est à 80% communication, 15% économique et seulement 5% militaire. Ouvrir un «deuxième front» à grande échelle est logique en termes d’opportunité politique à court terme, en particulier pendant une année électorale, mais à long terme, il est voué à un désastreux échec. En fait, s’il y a quelque chose que l’histoire nous enseigne, c’est que l’ouverture d’un second front lorsque vous ne pouvez même pas gérer le premier est suicidaire. Mais qui se soucie de l’histoire, en particulier aux «États-Unis d’Amnésiques» ? Et puis, quand vous êtes en même temps exceptionnel et totalement supérieur, pourquoi voudriez-vous vous soucier de l’histoire des peuples et des nations «déplorables» ici où là ? Appelez-les simplement «fosses à purin» et agitez votre drapeau – de fabrication chinoise. C’est ce qui suffit pour «paraître présidentiel» de nos jours …

Indépendamment de tout ce qui a été dit ci-dessus, l’élan de cette campagne sinophobe est trop important pour être inversé ou arrêté. Et puisque la plupart de la classe politique américaine la soutient, cela continuera probablement même après l’élection présidentielle américaine, en supposant qu’elle ait lieu.

Pourtant, tout cela pose une question : que s’est-il vraiment passé ? Quelle est la vérité ?

La vérité est que personne ne sait vraiment. Il faudra probablement des années pour obtenir l’image complète et, plus encore, les bons chiffres. Quels chiffres corrects ? Eh bien, tous : porteurs, résistants, groupes d’âge, comorbidité, caractéristiques exactes du virus et de ses diverses mutations, efficacité des différents tests, quel médicament antiviral pourrait aider, ses effets secondaires, rôle du vaccin BCG pour aider le corps à combattre le virus, etc.

1101121022_600.jpg

Pour l’instant, je ne pense pas que quiconque le sache vraiment, même le pourcentage de porteurs asymptomatiques change d’ordre de grandeur en fonction de l’informateur. Bien sûr, certaines suppositions sont plus proches de la vérité que d’autres, par définition, mais il est encore très difficile de déterminer lesquelles.

Il est important de garder à l’esprit maintenant que la plupart de ce que nous voyons a très peu de rapports avec une enquête scientifique. Ce que nous voyons, c’est une tentative d’utiliser cette pandémie à des fins politiques, financières et géostratégiques.

Et s’il vous plaît, ne pensez pas que ce n’est que Trump ! N’oubliez pas ce que Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants US, disait en février !

C’était près de deux mois après que la Chine avait averti l’OMS qu’une crise majeure se préparait !

Mais Pelosi, tout comme Trump, ne pense qu’au pouvoir, à l’argent et à l’influence, pas à la sécurité des «déplorables» que les Démocrates détestent tant, comme les Républicains aussi bien sûr, mais ils ne le disent tout simplement pas aussi ouvertement que Hillary.

Quant à mesurer le respect de Trump pour ses semblables, surtout les femmes, souvenez-vous simplement de son conseil : il suffit de «les attraper par la chatte».

Ensuite, il y a un autre risque très réel : alors que la situation empire de plus en plus aux États-Unis et, en particulier, pour la réélection de Trump, il pourrait bien décider de faire ce que beaucoup de politiciens font dans une telle situation : déclencher une grande guerre. Avant la pandémie, les États-Unis n’avaient clairement pas les cojones pour déclencher une guerre contre l’Iran, mais maintenant que la pandémie paralyse l’économie mondiale et que tous les côtés abjects du système capitaliste transnational deviennent évidents, je ne mettrais pas Trump à l’abri de l’idée de commencer une guerre contre l’Iran juste pour dévier les nombreuses accusations portées contre lui. L‘Idiot en chef a maintenant ordonné aux forces de l’US Navy, au large des côtes de l’Iran, de – sans blaguer – « abattre et détruire » toute vedette iranienne armée qui « harcèlerait » l’US Navy.

Apparemment, il ne comprend toujours pas que si un navire de l’US Navy exécutait un tel ordre, il se retrouverait immédiatement face à un essaim de missiles anti-navires iraniens. De toute évidence, son narcissisme messianique et sa mégalomanie enragée ne permettent tout simplement pas à Trump de comprendre que les Iraniens existent pour de vrai, qu’ils sont sérieux, et que, contrairement aux États-Unis, ils ont soigneusement étudié les conséquences de toute guerre contre les États-Unis et bien qu’ils ne provoqueront jamais délibérément une telle guerre, ils la combattront si nécessaire, avec une énergie infiniment plus forte que les États-Unis. Aparté Comme un politicien américain typique agitant le drapeau, Trump pense probablement que si tout va mal pour eux, les États-Unis pourront atomiser l'Iran et l'emporter. Il a raison sur le premier point, mais complètement tort sur le second. Si des armes nucléaires sont utilisées contre l'Iran, alors il y aura une guerre totale et longue pour expulser les États-Unis et l'entité sioniste du Moyen-Orient. Mais c'est un sujet pour un autre jour.

Les politiciens américains me rappellent une personne vivant dans une cabane dans l’Arctique qui décide de la brûler pour se chauffer : bien sûr, cette stratégie fonctionnera pendant un petit moment, mais seulement au prix d’une catastrophe beaucoup plus importante. C’est ce que presque tous les politiciens américains ont fait avec cette pandémie, et c’est pourquoi ils n’accepteront jamais aucune responsabilité pour quoi que ce soit.

Covered_ass.jpgDécouvrez ce petit âne mignon sur la droite.

Ne ferait-il pas une mascotte et un symbole parfait pour les deux partis politiques américains et pour les nombreux politiciens américains qui ne pensent qu’à se couvrir ?

Il y a encore une chose que je voudrais mentionner ici : il y a beaucoup de gens qui aiment bien noter toutes les fois où quelqu’un a prédit que cette pandémie se produirait. Ils prennent ces avertissements comme preuve d’un complot. La vérité est que la communauté scientifique et même le grand public, du moins ceux qui lisent encore des livres, savaient parfaitement que ce n’était qu’une question de temps avant qu’une telle pandémie ne se produise, car notre société rendait un tel événement inéluctable. Un seul exemple :
 
La prochaine épidémie : nouvelles maladies émergentes dans un monde déséquilibré

51W2kHMNNUL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgEn 1995, la journaliste américaine Laurie Garrett a publié un excellent livre intitulé «The Coming Plague: Newly Emerging Diseases in a World Out of Balance» dans lequel elle a expliqué pourquoi et même comment une pandémie mondiale émergerait naturellement en raison de la nature même de notre société moderne. Je recommande fortement ce livre en dépit du fait qu’il a maintenant un quart de siècle : il est très bien écrit, facile à lire et il est très convaincant en disant que de telles pandémies étaient inévitables, et sans besoin de faire appel aux théories non confirmées de la guerre biologique.

L’histoire montrera que nous tous, notre planète entière, n’avons pas pris cela, et bien d’autres avertissements, au sérieux.

Demandez-vous ce qui est plus facile pour un politicien : accepter que tout notre ordre socio-politique est insoutenable et carrément dangereux – ou «déséquilibré» pour utiliser l’expression de Garrett, ou rejeter la faute sur les cocos chinois et leur programme «secret» de guerre biologique » ?

Je pense que la réponse va de soi.

The Saker

Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone

vendredi, 01 mai 2020

Contre-discours américain - Infodémie et guerre de l’information

arton199876.jpg

Contre-discours américain

Infodémie et guerre de l’information
 
par François-Bernard Huyghe
 
Ex: http://www.huyghe.fr

En France on instaure le Ministère de la Vérité ; aux USA, les agences gouvernementales et les think tanks lancent une opération contre la « désinformation chinoise

D’après la directrice du Global Engagement Center, dépendant du Département d’État, Lea Gabrielle (récemment venue de Fox News) : “le Kremlin poursuit ses tentatives de propager la désinformation, mettant en danger la santé mondiale en sapant les efforts des gouvernements, des agences et organisations de santé chargées de diffuser des informations précises sur le virus, comme l'Organisation mondiale de la santé.” (déclaration). Elle ajoute : ” En Chine, au cours de la crise, nous avons surveillé quelques pistes des narratifs. L’un est la désinformation malveillante destinée à blâmer faussement les États-Unis, accusés d’être à l'origine du coronavirus et le second, l'effort de la Chine pour transformer la crise en un événément mettant en évidence la suprématie du Parti communiste chinois dans la gestion de la crise sanitaire .”.

lea-gabrielle.jpg

Lea Gabrielle

Bref, les suspects habituels (accessoirement aussi l’Iran) profiteraient de la pandémie pour déstabiliser les États-Unis. On reconnaît un classique du counter-narrative (récit destinés à décrédibiliser celui de l’adversaire) ou de la contre-influence : nous disons la vérité, nos adversaires font une propagande internationale mensongère et subversive, nous les démasquons.

Pour comprendre (et sans remonter à la Guerre froide et à l’US Information Agency de 1953), un petit retour en arrière.

Le GEC est un héritage d’Obama : crée en 2011 le Center for Strategic Counterterrroism Communications pour coordonner l’action de déradicalisation ou de prévention de l’extrémisme violent (euphémisme poue jihadisme). Il est censé s’adresser à des publics étrangers (l’État n’ayant en principe pas le droit d’influencer politiquement des citoyens américains ni de collecter leus données personnelles).

En 2016, le CSCC devient le Global Engagement Center toujours dépendant du département d’’État. Sa mission reste de décourager les jeunes a priori musulmans de s’engager dans le djihad, de monter des partenariats avec des ONG ou des écoles, des leaders religieux, etc. Le GEC est censé aussi faire de l’analyse de données de l’étranger (façon sans doute pudique de dire celles collectées par la NSA ou le renseignement en général) pour mieux comprendre la propagande djihadiste et proposer un contre-discours. Il s’agit contre-influence surtout sur les réseaux sociaux, en somme.

Surprise : à la fin 2016, juste avant de quitter la Maison blanche, Obama, dans la foulée de la loi Portman-Murphy, rajoute aux compétence du GEC, la lutte contre la propagande ou les interférences étrangères (Corée, Chine, Russie). Histoire d’ennuyer Trump par un cadeau empoisonné. Dans une ambiance où l’on accuse le piratage et les « fakes » russes d’avoir altéré l’élection, tout le monde comprend qu’il s’agira surtout de faire de la contre-propagande anti-russe (vertueusement baptisée « fact-based narrative »).

5d219b82341b44b9b83ca9eb914719c8-660x330.jpg

À Washington les médias, les think tanks et les agences gouvernementales sont de plus ne plus préoccupées de l’influence russe et chinoise (et dans une moindre mesure iranienne après quelques campagnes en ligne). Elles dénoncent une propagande « classique » (avec des médias comme Russia Today), plus du hacking pur (vol de données, sabotage) venant d’internautes de l’est, plus des interférences dans le Brexit et l’élection de Trump (via des réseaux d’influence et mouvements amis), plus des manipulations via les réseaux sociaux (théories complotistes, fake news, images truquées, propos extrémistes anti-système, discours dits de haine). Bref une guerre de l’information tous azimuts où Poutine coche toutes les cases

Washington théorise même une supposée ère de la post-vérité, où les masses (celles qui votent Brexit ou Trump, en tout cas) deviendraient indifférentes aux faits et n’écouteraient que leurs passions. Et seraient vulnérables à l’action des réseaux d’influence russe « en guerre avec la réalité », et bientôt chinois avec la pandémie.

L’idée constante est que les puissances hostiles cherchent, non seulement à décrédibiliser les gouvernements libéraux et à soutenir leurs adversaires illibéraux, mais aussi à saboter toute confiance dans l’information et la démocratie en général (quitte à adresser des messages contradictoires à des partis opposés). Ainsi, on soupçonnera Moscou, en début de campagne, de soutenir à la fois Trump et Sanders pour créer un maximum de chaos, de façon presque nihiliste. Et maintenant, c’est l’action subversive de la Chine qui fait peur.

Si les gens ne votent pas bien, c’est parce que Moscou répand de fausses nouvelles et manipule des réseaux (une thèse de la puissance persuasive du mensonge que même MacCarthy n’osait pas soutenir de façon aussi primaire dans les années 50). Si l’opinion internationale (en Italie, par exemple) croit que la Chine a été efficace, et pas l’UE ou les États-Unis, c’est parce qu’il y a eu manipulation. C.Q.F.D.

D’après la loi, le GEC doit avancer des « fact-based narratives that support United States allies and interests », i.e. être« véridique » et pro-U.S.A. (ce qui est présumé nécessairement compatible)< On sait bien qu’en matière d’influence, ce que je dis est la vérité, ce que dit l’autre est de la désinformation. Ce que je pense est réaliste, ce qu’il pense est de l’idéologie, etc.

D’où le prétention d’opposer un discours « scientifique ». Mais est-il si facile d’opposer des faits scientifiques à l’infodémie ? Surtout s’il est questions de probabilités, de causes difficiles à reconstituer, des anticipations...

Le discours scientifique en question

a) évolue très rapidement voire se contredit sur l’origine, la gravité, les solutions, les facteurs aggravant de la pandémie (y compris par des déclarations successives et contradictoires de l’O.M.S. pourtant à la pointe de la lutte contre l’infodémie.

b) les experts se contredisent sur des sujets comme la chloroquine ou le code génétique du virus. Et pas les moindres (Raoult, Montagnier).

Il y a quelques semaines dire que le virus provenait du laboratoire P4 de Wuhan vous faisait apparaître comme un complotiste extrémiste Aujourd’hui, si vous proclamez que le Cov-19 a peut-être fuité du laboratoire pourtant hyper-sécurisé et qu’il n’est peut-être pas initialement véhiculé par les chauve-souris ou les pangolins, vous n’êtes plus considéré comme un fou ou un agent d’influence de l’étranger.

Quel-est-ce-laboratoire-de-Wuhan-d-ou-pourrait-etre-parti-le-coronavirus.jpg

Le laboratoire P4 à Wuhan

Ceci vaut pour l’OMS une organisation soumise à des informations changeantes et contradictoires mais qui a lancé une campagne contre la désinformation sanitaire. Par ailleurs l’OMS est elle-même soupçonnée d’être sous influence chinoise et de filtrer très diplomatiquement certaines informations qui pourraient gêner Pékin.

Les grands du Net et les plateformes ont réagi.

YouTube s’engage à supprimer les vidéos qui accusent le déploiement de la 5G d’avoir provoqué l’épidémie de coronavirus p.e;Suite à l’incendie de plusieurs antennes 5G au Royaume-Uni, Google, maison mère de YouTube, met en place de nouvelles mesures contre les fake news qui s’ajoutent à une longue liste. Suivant The Verge, Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft, Reddit, Twitter et YouTube déclarent lutter contre les fakes (théories douteuses, remèdes imaginaires, coupables inventés, faits inventés).

Cela confirme une tendance lourde : la panique des élites (thèmes obsessifs : faux, complotisme et discours de haine) incite les GAFAM, - moitié par conviction, moitié pour soigner leur image - à suveiller les contenus douteux, soit pour les retirer et supprimer les faux comptes, soit pour les signaler comme faux et manipulatoires. On a ainsi délégué à des acteurs techniques un pouvoir considérable du point de vue des libertés publiques : dire ce qui atteindra notre cerveau ou pas.

Parmi les nombreuses controverses, la question de l’origine du virus est cruciale. Les sources chinoises ont évoqué l’hypothèse d'une contamination initiale par des militaires américains lors d’une compétition sportive. Globalement, la ligne de défense chinoise est : le virus est d’origine naturelle, pas forcément chinoise, en tout cas, il n’a pas fuité de notre laboratoire de Wu Han. Ainsi, l’ambassade de Chine - et c’est nouveau - fait du « debunking » en dénonçant toute les fakes et légences (forcément sinophobes) sur le virus. Effet de miroir ou réponse du berger à la bergère : pour Pékin, les désinformateurs sont occidentaux.

Il y a une cohérence du « narratif » chinois : ce pays, après de toutes petites confusions au début, a dit la vérité, agi efficacement, bien plus efficacement que les Occidentaux, apporté son aide à des pays par la « Route sanitaire de la Soie » et en somme le modèle chinois serait excellent, universel et exportable.

9-experti-china-ajutoare-italia-750x430.jpg

Antenne médicale chinoise en Italie

C’est donc une guerre de l’information où chacun traite l’autre de falsificateur et le rend responsable, sinon du déclenchement, du moins de la propagation de l’épidémie. Avec comme point d’horizon le lendemain de la crise (le « jour d’après ») : qui gagnera l’hégémonie géopolitique et fera triompher son soft power.

L’ambassadeur de Chine a été convoqué par notre ministre des Affaires étrangères qui s’inquiète de cette volonté des représentations diplomatiques chinoises d’intervenir dans le débat à travers les médias et réseaux sociaux étrangers. Abonnez vous, par exemple, au compte Twitter de l’ambassade de Chine et vous constaterez un activisme (et très nouveau) pour contre la désinformation anti-chinoise et soncontre-discours structuré.

De fait, l'influence chinoise passe par

⁃ sa diplomatie et sa communication publique

⁃ ses médias internationaux

⁃ des réseaux et relais dont sa présence dans les organisations internationales

⁃ ses actions spectaculaires comme l’aide médicale à l’étranger et la fourniture de matériel

⁃ une sinosphère en ligne (que l'on commence à comparer aux trolls russes).

Au final, difficile de distinguer une « opinion » d’un message ou élément de langage d’État. Si l’on peut présumer qu’un diplomate reprend la version officielle de son pays, sur les réseaux sociaux, on peut seulement présumer que telle communauté en ligne est dirigée secrètement par un gouvernement ou encouragée.

La méthode américaine - discréditer toute critique comme action concertée et finalisée - rapelle un vieux sophisme ad consequentiam : si ce que vous dites était vrai, les conséquences seraient mauvaises, donc c’est faux).

Est-ce suffisant ? Il va falloir changer de cible principale et comprendre les règles d’un jeu d’influence qui commence à peine.

mercredi, 29 avril 2020

Review: Agitprop in America

755007-7.jpg

Review: Agitprop in America

“Agitprop has been the method for destroying America’s culture and rebuilding it as Cultural Marxism.”
      John Harmon McElroy, Agitprop in America

agitprop-456x705.jpgAgitprop in America
John Harmon McElroy

Arktos, 2020 

“You can live with the loss of certainty, but not of belief.” So begins John Harmon McElroy’s recently-published Agitprop in America, an almost 400-page book on America’s increasing distance from former beliefs, wholesale adoption of new ones, and the methods by which this transformation was brought about. A cultural historian, McElroy is a professor emeritus of the University of Arizona and was a Fulbright scholar at universities in Spain and Brazil. I suspect Agitprop in America is an exercise in catharsis for the author. During the course of the volume McElroy is clearly, to borrow Melville’s famous words, “driving off the spleen,” by which I mean that he is dispensing with many years of excess feelings of irritation, built up over a career in decaying academia. In Agitprop in America, McElroy takes aim at a succession of modern academia’s sacred cows, with chapters covering Marxist history and propaganda techniques, “social justice” activism, mandatory diversity, political correctness, free speech, snowflake culture, government spending, and the dominance of Cultural Marxism in the American education system. One of the book’s more unique features is a 107-page lexicon of 234 terms (from Ableism to Xenophobia) explaining the invention and employment of language as a method of cultural transformation via agitprop. The book is written in a terse, urgent style reminiscent of Hillaire Belloc, and McElroy comes across confident, bullish, and confrontational, all of which contributes character to what is one of the more original and interesting books I’ve read thus far in 2020.

My first impression of Agitprop in America was that it was a kind of throwback to older anti-Communist texts. I mean this in neither a strictly positive nor strictly negative sense, but an understanding and appreciation of the overall intellectual trajectory of the book will demand that this is acknowledged. In the absence of biographical details, I would estimate McElroy to be in his 80s. He comes across as a thoroughly committed Christian and capitalist, and the book itself is dedicated to “Cuba’s Escambray guerrillas who died fighting Fidel Castro’s Marxist tyranny in the 1960s.” As such, the psychology of the book is underpinned by tensions and memories that are either unknown or significantly faded among younger generations, such as McCarthyism, the Bay of Pigs incident, and the Cuban Missile Crisis. That being said, the book is still incredibly contemporary and relevant. This is in large part due to McElroy’s keen ear for contemporary society and politics, as well as the evolving lexicon of Cultural Marxism, which enables him to discuss “woke” culture with the same accuracy and vigor as “class struggle.” I also think that, in an age where it’s becoming commonplace among Rightist millennials to dismiss “Boomers” and throw themselves headlong into a “NazBol” Third Positionism that in some respects rehabilitates or repurposes aspects of Marxism and even the Frankfurt School, it’s beneficial to listen to those with decades of experience in the culture wars. Although I don’t agree with everything McElroy has to say, he is one such individual and he has produced a very useful text.

9781583228982.jpgThe book opens with the contention that “since the 1960s Marxists and their sympathizers in America have been using agitprop (an integration of intense agitation and propaganda invented by Lenin) to destroy America’s culture and build Cultural Marxism. To do this, agitprop has changed American speech and manipulated cultural values and beliefs.”  American history has been rewritten “to make it into a Marxian tale of unmitigated oppression.” American contemporary society has been reinterpreted as the story of “one biologically defined ruling class (straight White males) “victimizing” all other biologically defined classes.” These Marxist dogmas “are causing the destruction of America’s exceptional culture.”

Part I of the book consists of a brief sketch of the historical context of agitprop in America. McElroy does a very capable job of following political correctness from its Soviet and Maoist origins, through the campus agitations of the 1960s, to the “woke” culture warriors of today. Early in the chapter he indulges in some of the “antifa are the real fascists” fluff that one unfortunately expects from older anti-Communists, and he makes one positive reference to the tainted writings of the Jewish neoconservative academic Richard Pipes. But these are brief divergences from an otherwise steady and interesting invective against the corruption of language and the introduction of politically correct culture in the United States. McElroy is at his best when he focuses on the methodology of Culture Marxism, writing:

Instead of overturning the U.S government by force and taking comprehensive control of the United States all at once, the Counter Culture/Political Correctness Movement has been engaged for the last fifty years in gradually but relentlessly transforming the United States from within little by little, by co-opting its institutions and destroying existing cultural beliefs slowly and methodically, and replacing them with the dogmas of Marxism. (8)

In our current age of declining optimism and rising nihilism, I found McElroy’s persistent belief in American exceptionalism to be somewhat heartening. Although the America of today has thickened and bubbled into a globalist empire, it was indeed founded, as McElroy reminds us “on belief in man’s unalienable birthright to life, liberty, the pursuit of happiness, and government by consent of the governed.” The author is both saddened and angered to see the promise of the “American Dream” come under sustained attack from both internal and external enemies, and while we can make the argument for a more critical or nuanced interrogation of such concepts as the “American Dream” (Tom Sunic’s excellent Homo Americanus is probably unsurpassed in this area), it’s difficult to argue that something special and precious hasn’t been lost in America since the 1950s. Where Sunic and McElroy might agree, with radically different implications, is in their assessment of the nature of American culture through history. Both assert the European origins of American culture, and both assert that it later became essentially non-European. For McElroy, this transition (c. 1800–1950) represents a triumph, with America defining itself against “the aristocratic cultures of Europe based on belief in ruling classes constituted by “noble” and “royal” blood.” For Sunic, the drift away from European culture resulted in hostility to European traditions, and an obsession with “rights” and individualistic consumerism, that has dogged America for over a century and has contributed heavily to its current cultural malaise. Both scholars would find agreement again in the fact America post-1950 has been in the throes of a cultural catastrophe in which Marxism has been pivotal.

The latter section of the first chapter concerns Marxist dogma from Soviet times to the present. McElroy is quite right to point out that historically Marxists argued that deviation from their worldview could represent a “symptom of mental derangement requiring treatment in a psychiatric clinic,” and he places this alongside commentary on how today’s dissidents are presented as “enemies of humanity.” In each case, agitprop develops an environment in which dissent is viewed and portrayed as “a kind of irrational, anti-science behavior.” The key to the success of Cultural Marxist agitprop is its “intrinsic deceptiveness.” McElroy writes,

Political correctness represents itself as a champion of fundamental American values. That brazen pretense, that Marxism is identical to American liberalism and progressivism, is why the Counter Culture/Political Correctness movement has had so much success in the United States. (22)

Drawing on Saul Alinsky’s infamous Rules for Radicals, McElroy explains how Cultural Marxists provoke their opponents into reacting (e.g. threatening to take down historical monuments, ordering “gay cakes”) and then denounce them as irrational “reactionaries.” Another tactic is to create problems, or interpret problems, in such a manner that permits the proposal of Marxist “solutions.” I thought that an analysis of Alinsky’s works might provoke a deeper reading from McElroy, who writes that Alinsky was “an atheist.” In fact, Alinsky was an agnostic who, when asked specifically about religion, would always reply that he was Jewish. This error is indicative of a broader blind spot in the text — the ethnic component of anti-American activism. This blind spot manifests more subtly throughout the lexicon of Cultural Marxist terms that comprises the middle of the book. Quite frankly, when one actually looks at the individuals who have coined or popularized many of these genuinely novel agitprop terms (e.g. ‘homophobia’ by George Weinberg, ‘deconstructionism’ by Jacques Derrida, ‘racism’ by Magnus Hirschfeld and Leon Trotsky, ‘transgender’ by Magnus Hirschfeld and later Harry Benjamin, ‘sex work” and ‘sex worker’ by Carol Leigh, ‘cultural pluralism’ by Horace Kallen), they emerge almost exclusively as Jews. It’s a simple and unavoidable fact that Jews have been at the forefront of changing “ways of seeing” by first changing “ways of describing.” I agree with McElroy that we shouldn’t call anti-American agitators “liberals,” and that “Leftists” also leaves a lot unsaid. McElroy, however, proposes “PC Marxists,” which I feel doesn’t get any closer to the mark.

1 y8SaHLIN0xjjmm-l3kECZw@2x.jpeg

The question presenting itself is: Does this blind spot hinder the usefulness of the text? I don’t think so. Agitprop in America can be read by the well-informed, such as readers of this website, who can fill in certain blanks (as I have above) from their own extensive reading and derive a great deal of knowledge and pleasure from the book. McElroy opines that the two greatest identifying attitudinal markers of “PC Marxism” are hypocrisy and paranoia. He writes that they vigorously enforce “separation of church and state,” and fully embrace “crony capitalism.” Rather than being genuine Americans, they merely “go about in the guise” of the everyday man, while looking down on those who dissent from their thinking in the belief they’re “stupid.” They “relentlessly insist on social justice.” Who does this sound like? And, so you see, specifics of nomenclature aside, the book lends itself to an open and usable reading.

The second chapter of the book contains some interesting autobiographical material on McElroy’s early academic career. In 1966, the same year our own Kevin MacDonald graduated from the University of Wisconsin-Madison, McElroy, a newly minted PhD, arrived at the college. McElroy writes, “Without knowing it, I was going to one of the two epicenters of the Counter Culture movement in the Midwest, the other being the University of Michigan.” McElroy became especially fascinated with the chants of student protestors, seeing in their uniformity certain indications of “planning for a nationwide campaign of agitation and propaganda against U.S. military involvement in Vietnam and against America’s cultural beliefs.” The chapter proceeds with a discussion of the mindset and tactics of this early agitprop campaign, with McElroy commenting:

Normal minds of course find it difficult to believe in a “culture war” that has gone on for half a century and that aims to transform the world’s oldest, most successful republic into a center for Cultural Marxism. Because the project is so audacious, it has taken many middle-class Americans a long time to believe such a movement exists; and many middle-class Americans apparently still refuse to believe a systematic assault is underway on American culture and has been going on in America for fifty years. But whether you believe it or not, a culture war is in progress in America, as evidenced by the fact that many Americans now prefer the dogmas of Marxism to the beliefs of American culture.

The second part of the book consists of the above-mentioned 107-page lexicon of 234 terms explaining the invention and employment of language as a method of cultural transformation via agitprop. The lexicon itself is preceded by two brief explanatory chapters on “Politically Correct Language as a Means of Revolution,” and “Terms Related to and Used by the Counter Culture/Political Correctness Movement.” The first of these chapters is very heavily focused on McElroy’s belief that we should once more refer to Blacks as “Negroes” or “Negro Americans.” For McElroy, the term “African-American” is an “agitprop substitute” designed to make Whites and Blacks constantly aware “that most Negro Americans have remote ancestors brought to America from Africa in chains as slaves.” The author spends several pages thrashing out this issue, which left me quite unsure that this particular issue would be the metaphorical hill I’d personally choose to die on. McElroy comes from a generation in which the term “Negro” probably retained a semblance of tradition and even charm about it, whereas it’s now fallen so completely out of use that a resurrection of the term could only be perceived by all sides as something negative. Again, I actually do sympathize with the central thrust of McElroy’s meaning here. I’m just not convinced I’d base my war on agitprop so strongly in this particular issue.

My misgivings on this point carried through somewhat to the lexicon itself, which is overwhelmingly good but contains some dubious entries. McElroy must first be commended for compiling such an extension list of terms, which is, as far as I’m aware, the only ‘Rightist” lexicon of Cultural Marxist agitprop in existence. Each term comes with commentary, with some only a few sentences in length and others a few pages. A few examples should suffice in order to give a flavor of the style:

Ableism
A faux bias cooked up by PC agitprop, ableism is an alleged prejudice against a person with a disability as, for instance, refusing to hire someone with a stutter or substandard comprehension of spoken English as an office receptionist. Not hiring a person with a patently disqualifying deficiency constitutes the prejudice of “ableism,” according to PC Marxists. See entry on “Sizeism.”

Person of Size
Someone who is extremely obese is a “person of size” in PC talk. The euphemism was invented as part of agitprop’s insistence on the need for sensitive, inoffensive diction.

Relationship
The expression “having a relationship” means in PC parlance having sex with the same partner for a significant length of time without getting married. To a PC Marxist, “having a relationship” is preferable to having a marriage because it forestalls family formation.

Right-Wing Extremism
“Right-wing extremism” is one of the labels PC Marxists use to criticize their opponents, whom they regard as “extreme” because they put the interests of their nation above the revolutionary dogmas of global Marxism.

Sexual Orientation
This is the PC euphemism for homosexuality. The euphemism was coined to avoid the use of the words “homosexual” and “homosexuality.” The phrase “sexual orientation” allows persons who are politically correct to praise and promote homosexual behavior without having to use the terms “homosexual” or “homosexuality,” which are loaded with a historical burden of moral disapproval. The term “sexual orientation,” however, has a scientific ring to it implying that homosexuality is merely one of various “orientations” toward sexual activity, so that no one should object to it. Homosexual practices ought to be considered as any other erotic activity. This is the argument agitprop in America is making in its revolutionary assault.

Propaganda-about-Syria.png

With over 230 terms covered, many of them very current in contemporary internet culture, McElroy is to be applauded for his effort in both compiling the list and keeping his finger on the agitprop pulse. The few dubious entries emerge from McElroy’s apparently fundamentalist Christian beliefs, which lead him to a few scathing remarks on evolution, the Big Bang theory, etc. This is McElroy’s book, and it’s his right to wax lyrical on some matters that are clearly close to his heart. I’m certainly not disparaging his approach, but I do think that this might alienate readers who are of a more scientific and less spiritual mindset. That being said, he has produced a great piece of work in this lexicon.

The third section of the book is probably my favorite, and McElroy demonstrates the best of his reading and understanding here. The section consists of commentaries/chapters covering “seven related revolutionary concepts that PC agitprop has imposed on America.” These are “Biological Class Consciousness,” “Social Justice,” “Mandatory Diversity,” a politics of double standards, mass indoctrination on “sensitivity,” censorship and the policing of speech, and the promotion of a sterile and self-obsessed atheism. Of these, the first is one of the best, with McElroy remarking:

Now, after five decades of relentless Marxist agitation and propaganda promoting biological class consciousness in America, courses on U.S. history and Western civilization have dwindled and all but disappeared at American colleges and universities while courses on biological class consciousness have proliferated. Everywhere today in U.S. institutions of higher education, one finds courses and degree programs in Women’s Studies, African-American Studies, Mexican-American Studies, and LGBT studies. And as college and university faculties have become more uniform in their Political Correctness, the courses on U.S. history and Western civilization which remain in the curriculum are almost invariably taught from the point of view of Marxian class struggle, which is to say from the standpoint that straight “Euro-American” males (SEAMs) comprise a ruling class which has “victimized” women, negro Americans, Hispanics, Asian-Americans, homosexuals, and other biologically defined classes. College students today are being taught to hate SEAMs as a class for the “victimisation” they have allegedly inflicted on all other biological classes in America.(180)

McElroy is equally on point when it comes to “social justice,” suggesting that the term really refers to “the idea of preferential treatment for members of allegedly oppressed classes. It is justice dispensed according to class history … “Social justice” is political justice. It expresses political favoritism that will advance the revolution.” The author is also good on the subject of “Mandatory Diversity,” pointing out just how incentivized this has become in our culture and economy:

A reputation for being “diverse” is something institutions throughout America today are eager to acquire. Being “diverse” has become a political, economic, and academic requirement, a much-coveted accolade, a shibboleth attesting to one’s Political Correctness. (220)

On “sensitivity” agitprop, McElroy observes that “the real purpose of the sensitivity game is intimidation.” Enforced “soft language” for protected groups creates an atmosphere in which deviation into normal speech can be chastized as hateful, unfair, and bigoted. The wider the sensitivity net (e.g. embracing the fat, the ugly, etc.) then the more successful will be the broader cultural strategy. It is an offensive built on “not offending.” The same themes are evident in censorship and the policing of speech.

ppquiet.jpgThe final section of the book consists of five short chapters on differing subjects. The first is a commentary on “The Failure of Marxism in the USSR and Successes of PC Marxism in America” which combines an interesting historical overview with a quite strident attack on the Obama years. The next chapter is a brief but lucid essay on how agitprop and PC Marxism has influenced U.S. government spending. The third, and shortest chapter in this section is an attempted rebuttal of the idea that America has become an imperialist nation. I tend to disagree with McElroy somewhat here, not because I believe America has an empire in the conventional sense, but because I believe it’s self-evident that elements of the U.S. government, most notably the neocons, have increasingly steered the country into a foreign interventionist position built around the idea of sustaining global finance capitalism and the state of Israel. Since McElroy’s musings on this topic are limited to a few pages, I was, however, spared any lasting distaste.

—The book then nears its end with a very good chapter on “PC Marxist Dominance in U.S. Public Schools,” before closing with a very pro-Trump chapter on “The Significance of the 2016 Presidential Election.” I was ambivalent about this last chapter because it lacks the nuanced and qualified approach to Trump’s 2016 win that is surely now, in light of a succession of policy failures and absences, much-deserved. Part of me wishes I could share McElroy’s optimism, and I laud any man of his advanced age for avoiding the temptation of observing it all with jaded distance. But I cannot, having considered all available evidence and precedence, share his persistent belief in the MAGA phenomenon.

Final Reflection on Agitprop in America

John Harmon McElroy’s work of catharsis is a worthy addition to the Arktos library, and offers an original and multifaceted new approach to the subject of America’s undeniable and ongoing decay. At almost 400 pages of commentaries on numerous subjects, including a large lexicon of Cultural Marxist terms, the book certainly represents value for money and will consume many hours of study. Of course, it doesn’t have “all the answers,” something it has in common with the vast majority of political texts on the market, but it does approach a normally pessimistic subject with intellectual vigor, aggression, confidence, and even optimism. It’s a book worthy of being “balanced out” by the later reading of another text like Sunic’s Homo Americanus, and I think readers can gain much from such an exercise. Readers could also benefit by conducting some of their own research into the origins of certain agitprop terms. McElroy includes several blank pages at the end of his book for “notes,” which could be put to use in this manner. As hinted at earlier in this review, I guarantee that readers will find some predictable but useful information in the process.

unguided-e1491872360175.jpg

mardi, 28 avril 2020

L'alt-right è un movimento realmente transnazionale?

95108458_728674951235489_2963302420903362560_o.jpg

Matteo Luca Andriola:
L'alt-right è un movimento realmente transnazionale?

Un mio amico mi ha segnalato questo libro, 'The International Alt-Right: Fascism for the 21st Century?' (2020), di Patrik Hermansson, Simon Murdoch, Joe Mulhall, David Lawrence, ricercatori del gruppo di difesa antirazzista HOPE not hate. Di solito non si giudica un libro dalla copertina, ma una breve scorsa su Internet mi ha confermato che della storiografia anglosassone non bisogna fidarsi. Perché? Sul sito della casa editrice viene indicato

«L'alt-right è un movimento realmente transnazionale e questo libro è unico nel proporre una prospettiva veramente internazionale, delineando l'influenza delle idee e dei movimenti europei, nonché lo sviluppo e l'atteggiamento dell'alt-right verso paesi diversi come il Giappone, India e Russia. Esamina gli affluenti ideologici che si sono coagulati per formare l'alt-right, come la supremazia bianca, la blogsfera neo-reazionaria, la Nuova Destra Europea [la galassia intellettuale che fa capo al GRECE di Alain de Benoist, o in Europa intellettuali come Robert Steuckers, la Quarta Teoria Politica eurasiatista di Alexandr Dugin, ecc. che per la politologia americana è un tutt'uno, nda], la manoshere ["uomosfera", cioè l'attivismo neomascolino] anti-femminista, il movimento libertario, e la cultura dell'odio digitale esemplificata da meme offensivi e trolling. Gli autori esplorano le opinioni dell'alt-right su genere, sessualità e mascolinità, antisemitismo e Olocausto, razza e QI, globalizzazione e cultura, nonché il suo uso della violenza. L'alt-right è un movimento di estrema destra completamente moderno che utilizza tecnologie all'avanguardia e questo libro rivela come usano criptovalute, crittografia, hacking, "meme warfare", social media e il dark web.»[1]

Insomma, senza aver letto il volume, ho capito dove vuole andare a parare il team di autori, tutti infarciti di cultura libdem post-strutturalista americana. In sintesi, questa "alt-right" internazionale, spesso indentificata con la figura di Steve Bannon, è o no una forma di fascismo del XXI secolo?

A naso, senza aver letto un solo rigo del libro ma limitandomi al riassunto che ricorda molto la sintassi del collettivo WuMing, dico di no. Nel fascismo storico ad esempio, vi è l'uscita dall'ordine economico liberale col corporativismo, che è anche un modello di rappresentanza organica della società per categorie sociali. E' figlio, checché ne dicano i tradizionalisti, della Modernità e dello Stato-Moderno. Non a caso, secondo lo storico Emilio Gentile, il fascismo fu una via italiana al totalitarismo, «un fenomeno politico moderno, nazionalista e rivoluzionario, antiliberale e antimarxista, organizzato in un partito milizia, con una concezione totalitaria della politica e dello Stato, con un’ideologia attivistica e antiteoretica, a fondamento mitico, virilista e antiedonistica, sacralizzata come religione laica, che afferma il primato assoluto della nazione, intesa come comunità organica etnicamente omogenea, gerarchicamente organizzata in uno Stato corporativo, con una vocazione bellicosa alla politica di grandezza, di potenza e di conquista, mirante alla creazione di nuovo ordine e di una nuova civiltà»[1]

cms_visual_1200856.jpg_1562931148000_300x435.jpgE' un fenomeno irripetibile, inquadrabile in tutto e per tutto nel XX secolo e figlio della palingenesi collettiva della prima guerra mondiale, che forgiò una generazione in quella che Benito Mussolini definirà come “trincerocrazia”, mito fondativo di una nuova gioventù che tornava a casa dopo quattro anni di trincea. Il fascismo mussoliniano è figlio della Grande Guerra, l’evento che ha mutato per sempre la storia, l’Europa e il mondo, e senza la quale non avremmo avuto né il nazionalsocialismo in Germania né la Rivoluzione d'Ottobre in Russia. E' nel suo mezzo, e qui aveva ragione Ernst Nolte, che scoppia la “europäische Bürgerkrieg” (1917 - 1945) fra due diverse concezioni del mondo, fra quella materialista storica incarnata nel marxismo-leninismo a quella romantica, idealista e volontarista incarnata dai fascismi. E' quel carnaio a creare l'idea che sarebbe nata un’aristocrazia guerriera venuta fuori direttamente dalla gerarchia della trincea, la trincerocrazia, cioè

«l'aristocrazia della trincea. È l'aristocrazia di domani. È l'aristocrazia in funzione. Viene dal profondo. I suoi «quarti di nobiltà» hanno un bel colore di sangue. Nel suo blasone ci può essere dipinto un «cavallo di Frisia», una fossa di trincea, una bomba a mano.»[3]

Francamente, nell'uso di «meme offensivi e trolling» in uso nel mondo anglosassone o da parte degli utenti simpatizzanti di Donald J. Trump non vedo alcuna weltanschauung eroica e soprattutto postliberale. L'alt-right è, invece, organica alla mentalità anglosassone alla pari di altri fenomeni come i teo-con (ricordiamo McCain, la Pallin e il Tea Party?), che sono l'estrema destra del liberalismo. Ne più e ne meno. Una mera governance autoritaria dei rapporti di classe.

Non dimentichiamo che la storiografia e la politologia anglosassone ha coniato il concetto astruso di “islamofascismo”. Secondo il New Oxford American Dictionary, consiste in «un controverso termine che equipara movimenti islamici con i movimenti fascisti europei dell’inizio del Xx secolo». Utilizzato soprattutto dai neoconservatori come «un vuoto termine di propaganda», nato ai tempi dell’amministrazione Bush[4]. Un concetto simile lo espresse James Gregor, professore di Storia contemporanea all’Università di Berkley, il quale, intervistato per il periodico di destra “Lo Stato” alla fine degli anni Novanta in occasione della nuova edizione del suo libro Il Fascismo. Interpretazione e giudizi, sostenne addirittura che il fascismo non era più da considerarsi un fenomeno europeo, ma che esso sarebbe sorto dall’Est, dall’Asia e dal mondo arabo, identificandolo nei governi antioccidentali e in tutti quei movimenti antiamericani:

«Questo sentimento [nazionalista, n. d. a.] si trova in molte nazioni in via di sviluppo, che non desiderano diventare come gli Stati Uniti, paese che disprezzano pesantemente. Basta pensare all’Iraq, che non vuole certo diventare una società consumistica, bensì ambisce ad esprimersi come nazione. Lo stesso meccanismo si può applicare alla Libia di Gheddafi… Non sto dicendo che Gheddafi e Saddam siano fascisti, ma solo che alcune premesse sono comuni. Il mondo è oggi diviso in paesi sviluppati e potenti – anzi, prepotenti – e altri paesi possono diventare delle “cleptocrazie”, come la maggior parte dei paesi africani, o sviluppare una forma di fascismo: leader carismatici, partito unico, mobilitazione di massa.»

Gennady_Zyuganov_2018-11-19.jpg

Accennando allo sviluppo di un nuovo patriottismo nei Paesi dell’Est, presente in forze fra loro diverse, dal Partito Comunista della Federazione Russa di Gennadij A. Zjuganov fino a movimenti nazional-patriottici neozaristi – che dal 2000 vediamo svilupparsi anche in seno a Russia unita, il partito di governo del presidente Vladimir Putin – Gregor prosegue:

Ho scritto recentemente un libro sul marxismo-leninismo, e ho indicato alcune somiglianze con il fascismo, che sembra oggi diffondersi nell’ex Urss dopo il crollo dell’Impero sovietico. Quando si ha a che fare oggi con i Russi, si nota che la loro prima preoccupazione è la restaurazione della grandezza della Russia. È esattamente lo stesso spirito che animava i primi fascisti, a cui non bastava la “Italietta”, perché aspiravano ad un ruolo di grande potenza mondiale. I russi oggi hanno paura di ammettere che il marxismo-leninismo ha fallito nello scopo di rendere potente la nazione sovietica, e sono disposti a prendere un’altra strada.[5]

Indicativa la didascalia al centro dell’articolo: per lo storico nel XXI secolo questa nuova forma di fascismo «Farà proseliti in Asia, Russia compresa! Anche Castro, Saddam e Gheddafi sono discepoli (maldestri) di Mussolini». Se è comprensibile la fascinazione di una certa destra radicale e di certi ambienti nazional-populisti di destra per la figura di Vladimir Putin, l’inserimento di Fidel Castro nel novero dei “discepoli
(maldestri) di Mussolini”, è sintomo dell’esistenza di inesattezze e approssimazione tutta anglosassone che tendono ad avvallare la tesi liberale – nata con Hanna Arendt – sulla compatibilità fra nazionalsocialismo e socialismo reale e la relativa “reductio ad hitlerum” di socialisti senz’altro non inquadrabili nell’alveo fascista! Afferriamo inoltre – se uno storico come Gregor è arrivato a includere Saddam, Gheddafi e pure il comunista Castro nel calderone dei “fascismi” – perché oggi, per certi libdem progressisti, l’alt-right è fascismo!

richard-b-spencer.jpgDiverso il discorso della Nouvelle Droite o la Quarta Teoria Politica di Aleksandr Dugin, che è una riattualizzazione della konservative Revolution, che non punta alla creazione di uno stato totalitario (a differenza del fascismo, che è figlio della modernità) ma piuttosto organico, federale e continentale, pescando dal pre-moderno, dall'arcaismo, dal tradizionalismo, dai valori iperborei, dalle identità ancestrali che il cosiddetto "mondialismo", figlio della post-modernità, sta cancellando. L'alt-right invece è strettamente legata alla mentalità liberale e ai modelli di produzione capitalistici. Insomma, certi storici americani è meglio che studino altro!

[1] https://www.routledge.com/…/Hermansson…/p/book/9781138363...
[2] E. Gentile, Fascismo. Storia e interpretazione, Laterza, 2002, pp. IX, X.
[3] B. Mussolini, articolo pubblicato su Il Popolo d’Italia il 15 dicembre del 1917.
[4] J. Sobran, Words in Wartime, in http://sobran.com/columns/2004/041111.shtml, 11 novembre 2004.
[5] Il fascismo tornerà. Ma dalla Cina, intervista a James Gregor, in “Lo Stato”, 6 gennaio 1998, p. 17

samedi, 25 avril 2020

Effondrement du cours du pétrole de schiste américain et puissance des Etats-Unis

puits-petrole-1024x536.jpg

Effondrement du cours du pétrole de schiste américain et puissance des Etats-Unis

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La journée du 20 avril a été désastreuse pour les prix du pétrole de schiste extrait aux Etats-Unis.

Le WTI ou West Texas Intermediate, également connu sous le nom de Texas Light Sweet, est un type de pétrole brut utilisé comme standard dans la fixation du prix du brut et comme matière première pour les contrats à terme sur le pétrole auprès du New York Mercantile Exchange

Or les cours du WTI devant être livré en mai se sont effondrés, en devenant négatifs pour la première fois, clôturant à New York à -37,63 dollars, soit une chute de 300%. Le 21 avril, le pétrole dit Brent de la Mer du Nord, servant de référence pour les deux-tiers de la production mondiale hors Etats-Unis, est tombé sous la barre des 20 dollars, dans un marché extrêmement volatil.

La cause principale de cette situation est la baisse mondiale de la consommation de pétrole due à la crise du coronavirus et la saturation des réserves stratégiques mises en place précédemment par les grands Etats, notamment les Etats-Unis.

On note cependant, au 22 avril, une légère reprise.

Ceci aura-t-il des conséquences sur les rapports de force entre les Etats-Unis et la Russie ?

Il ne semble pas. La Russie de son côté enregistre des pertes considérables dues à la baisse internationale des cours du pétrole et du gaz, qui représentent l'essentiel de ses exportations. De plus, la Russie ne dispose pas des centaines ou milliards de dollars représentant l'activité des Grands de l'Internet américains ou GAFAS en ce temps de passage généralisé à une économie numérique permettant d'éviter les risques de contagion au coronavirus. Certes, les GAFAS gardent pour leurs actionnaires une grande partie de ces bénéfices. Mais d'une façon générale, elles contribuent au maintien de la puissance américaine.

Face à l'épidémie, il semble que les hospitalisations et les décès aux Etats-Unis, très nombreux aux origines, soient en train de régresser, malgré le fait que les secteurs hospitalier et médical américains soient guidés par la loi du profit, au contraire de ce qui se fait en Russie et en Europe. De plus les victimes de l'épidémie se comptent surtout parmi les populations latino-américaine récemment immigrés, ce qui n'influence guère le niveau économique général.

Enfin les Etats-Unis conservent une avance considérable dans le domaine spatial. Ceci contribuera à leur puissance dans les prochaines décennies.

vendredi, 24 avril 2020

L’affaire Airbus et les réponses européennes à l’extraterritorialité du droit américain

1000x-1.jpg

L’affaire Airbus et les réponses européennes à l’extraterritorialité du droit américain

Auteur : Florent Rabottin
Ex: http://www.zejournal.mobi
 

Les multiples condamnations des sociétés européennes par les tribunaux américains ont marqué les esprits. La France en fut une cible privilégiée avec des amendes représentant ces dernières années plus de 20 milliards d’euros. En 2017, une utilisation encore plus agressive de la législation américaine permettant à General Electric de prendre le contrôle d’Alstom Énergie s’est matérialisée par l’organisation d’une campagne d’intimidation, l’incarcération d’un cadre dirigeant (Frédéric Pierucci[i]) et des menaces personnelles contre les dirigeants français du groupe. Comment se fait-il que les États-Unis puissent sanctionner nos entreprises ? Comment répondre à ses intrusions juridiques et économiques ?

La moralité comme prétexte à la défense des intérêts économiques

La genèse de l’extraterritorialité du droit américain commença par le scandale du Watergate qui met au jour un système de corruption de hauts fonctionnaires étrangers par des entreprises américaines. En réaction, le Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) fut promulgué le 19 décembre 1977 afin de lutter contre la corruption d’agents publics à l’étranger. Les multinationales américaines s’émeuvent alors d’une législation qui ne leur permettent plus d’agir à armes égales face à leurs concurrents étrangers, ceux-ci pouvant continuer à utiliser la corruption afin d’obtenir des marchés. Débute alors un long travail d’influence juridique des autorités et des multinationales américaines pour imposer ces nouvelles dispositions le plus largement possible. Dans cet objectif, une étape majeure est franchie avec l’adoption par l’OCDE, le 17 décembre 1997, de la Convention de lutte contre la corruption d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales qui « transpose » le FCPA aux pays représentant la grande majorité de l’économie mondiale[ii]. La justice américaine obtient alors toute légitimité pour lancer des enquêtes à l’encontre de sociétés quelle estime être en infraction de sa législation.

piege-americain-pierucci-affaire-alstom-fcpa-corruption-1024x597.png

Deux ans plus tard et les attentats du 11 septembre 2011, un nouveau front s’ouvre contre le terrorisme et ses sources financières liées à la corruption, source d’argent sale susceptible de soutenir des projets d’attaques islamistes[iii]. Sous ce prétexte, le Patriot Act donne aux services de renseignement américains la capacité quasi illimitée de collecter des informations[iv]. Après la chute de l’URSS, les services de renseignements se concentrent ainsi sur une nouvelle cible : les communications commerciales. L’Administration américaine dispose désormais des moyens nécessaires à l’espionnage industriel à grande échelle afin de capter des secrets d’affaires et de constituer des dossiers pour corruption en fonction des intérêts des États-Unis. On s’aperçoit alors que « les propos « vertueux », les bonnes intentions affichées traduisent moins le souci d’éradiquer réellement les pratiques corruptrices, que la propension à jeter le discrédit sur des concurrents afin d’ouvrir de nouveaux marchés aux intérêts américains[v]». L’extraterritorialité du droit américain est désormais pleinement opérationnelle.

Un mécanisme juridique étendu, soutenu par un système étatique organisé

En vertu du principe de souveraineté, chaque État légifère librement, les lois étant régies par le principe de territorialité. Cela signifie que les textes régulièrement adoptés s’appliquent sur son territoire, à l’intérieur de ses frontières. Par exception, l’administration américaine applique sa propre norme juridique, adoptée par ses représentants nationaux, à un acteur économique étranger au-delà de ses frontières. La notion d’extraterritorialité du droit américain va même plus loin[vi], consistant en « une grande variété de lois et mécanismes juridiques conférant aux autorités américaines la capacité de soumettre des entreprises étrangères à leurs standards […] de capter leur savoir-faire, d’entraver les efforts de développement des concurrents […] contrôler ou surveiller des sociétés étrangères gênantes ou convoitées […]. ». De cette manière, les États-Unis s’attribuent une compétence judiciaire universelle grâce à l’application extensive de critères de rattachement territoriaux, souvent très ténus, tels que l’usage du dollar, d’un serveur de messagerie numérique américain, d’un composant électronique, voire d’un photocopieur ou d’un smartphone de fabrication américaine[vii].

Doj.png

Deux agences sont chargées de faire respecter ces lois : le DoJ (Department of Justice) et la SEC (Security exchange commission). Ces procédures sont initiées et alimentées par les services de renseignement de la CIA (Central Intelligence Agency) à la NSA (National Security Agency) en passant par le FBI (Federal Bureau of Investigation) et ses agents placés dans les ambassades. L’information est alors remontée en utilisant si besoin des sources rémunérées, voire des organisations non gouvernementales[viii]. Ces informations sont traitées par divers organismes : le DoJ, le Trésor (Departement of Treasure), la SEC (Security exchange commission), la Réserve fédérale et l’OFAC (Office of Foreign Assets Control), qui surveille l’application des sanctions internationales américaines. À cela peut s’ajouter l’action de procureurs locaux, voire d’États, comme celui de New York, qui sont régulièrement partie prenante dans les procédures contre les grands groupes étrangers. Les procédures d’investigations américaines étant généralement assurées par des cabinets d’avocats et d’audit anglo-saxons fortement rémunérés par les groupes européens pour rassembler les preuves de leur culpabilité[ix]. Les sanctions résultant de ces négociations ne sont pas juridiques mais permettent d’annuler une procédure qui pourrait se poursuivre devant des tribunaux américains. Le DoJ joue ainsi sur la « peur » du juge en cas de procédure judiciaire qui serait plus longue et surtout plus coûteuse en cas de condamnation. Cette appréhension empêche les entreprises accusées de se prévaloir des lois de blocage, qui leur permettent de ne pas communiquer à des autorités étrangères des documents stratégiques pouvant porter atteinte à la souveraineté ou aux intérêts économiques essentiels de leur pays d’origine.

Des initiatives de riposte juridique européennes

Après des années de victimisation, plusieurs textes ont été promulgués afin de tenter de reprendre les prérogatives de sanction des entreprises européennes, principalement par la création d’un parquet européen[x]. Censé être opérationnel à partir de novembre 2020, cette instance indépendante avec des compétences judiciaires propres, aura pour mission de diriger des enquêtes et mener des poursuites pénales contre la fraude aux intérêts financiers de l’UE. Il pourra engager des poursuites directement au niveau national des États membres concernant des infractions portant atteinte au budget de l’UE, telles que la fraude, la fraude transfrontière à la TVA, la corruption ou le blanchiment de capitaux. Le Parquet européen travaillera en coopération avec l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF), Eurojust, Europol et les parquets nationaux.

afa_logo.jpg

Certains États membres ont également agit tel que la France avec l’entrée en vigueur le 1er juin 2017 de la loi sur la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique[xi], qui a pour objectif de s’appliquer « en toutes circonstances » pour venir sanctionner tout délit de corruption commis à l’étranger par une personne physique ou morale française ou par une personne résidant habituellement ou exerçant tout ou partie de son activité économique sur le territoire français. Ces mesures sont contrôlées par l’Agence française anticorruption. Elle a introduit également, sous l’égide du Parquet national financier (PNF), la Convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) dans le droit pénal français. Inspirée par le modèle américain du deferred prosecution agreement, elle s’adresse aux personnes morales mises en cause pour corruption, trafic d’influence, blanchiment, blanchiment aggravé et blanchiment de fraude fiscale en leur permettant de négocier une amende sans aller en procès ou sans plaider coupable. La logique est comparable au Royaume-Uni avec le United Kingdom Bribery Act (UKBA) et la création du Serious Fraud Office, équivalent du DoJ américain.

Ainsi, les réactions de certains pays européens face à l’ingérence américaine ont été globalement de copier le système de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent, d’abord par la « transposition » de la législation FCPA dans le périmètre OCDE, puis par la création d’équivalents des organismes administratifs américains au niveau européen et national. La procédure est également calquée avec la volonté de privilégier fortement les transactions (deals of justice). On a pu l’observer avec la condamnation d’UBS par tribunal correctionnel de Paris avec une amende d’un montant de 3,7 milliards d’euros tel que requis par le PNF, alors que l’amende proposée dans le cadre de la CJIP préalable, proche d’un milliard d’euros, soit plus de trois fois moins que la peine prononcée par la juridiction, démontre la volonté des autorités françaises d’inciter les entreprises à conclure des accords transactionnels.

Ces différentes initiatives ont le mérite de poser les jalons d’une concurrence de l’extraterritorialité du droit américain dans la lutte contre la corruption. Imparfait, ce cadre juridique commence pourtant à porter ses fruits et les premières sanctions sont tombées récemment.

La nouvelle concurrence juridique européenne dans condamnation tripartite d’Airbus

On a observé plusieurs groupes européens opter pour l’utilisation des mécanismes transactionnels comme le motoriste britannique Rolls-Royce, qui a été condamné début 2017 à verser une amende de 763 millions d’euros aux autorités judiciaires britanniques, américaines et brésiliennes afin de solder une affaire de corruption à l’étranger après avoir lui-même dénoncé les faits au SFO fin 2012 ; ou bien HSBC ou la Société Générale avec le recours à la CJIP en France.

1549257918482.jpg

Le dernier cas en date fut celui d’Airbus, trouvant un accord de principe avec le PNF, le SFO et le DoJ pour payer une amende de 3,6 milliards d’euros. Soupçonné à plusieurs reprises de corruption, l’entreprise a identifié des pratiques commerciales illégales dans le cadre de contrats internationaux et s’est dénoncée elle-même auprès des autorités dans une optique de pleine coopération. L’entreprise a utilisé les dispositions des législations britannique (UK Bribery Act) et française (loi Sapin II) pour éviter le risque d’une condamnation pénale et de se voir interdire l’accès aux marchés publics dans le monde, signifiant de facto son arrêt de mort.

Le SFO et le PNF ont été saisis en 2016. L’année suivante, c’était au tour du DoJ d’ouvrir à son tour une enquête. Airbus concluant ses contrats en dollars, la menace d’une condamnation pénale américaine pouvait s’avérer dévastatrice pour l’avionneur. Parallèlement, la justice américaine soupçonnait Airbus de n’avoir pas obtenu les autorisations nécessaires pour exporter des armements contenant des composants américains (International Traffic in Arms Regulations). Le paiement de l’amende a ainsi été réparti entre le SFO, le DoJ et le PNF, 2,1 milliards d’euros revenant au Trésor public français. L’affaire Airbus démontre que l’application des dispositions anticorruption françaises et britanniques peuvent entraver les sanctions américaines, les États-Unis n’ayant plus le monopole des sanctions dans ce domaine. Les amendes infligées peuvent alors, au moins en partie, revenir aux États européens.

Des recommandations extra juridique pour éviter des sanctions extraterritoriales

 La pression américaine nous oblige, en réaction, à sanctionner nos entreprises et essayer de rapatrier une part la plus importante possible de l’amende, de faire en sorte que les informations récoltées soient sous contrôle national et éviter que les données fuitent vers d’autres puissances étrangères, que les acteurs du développement du dossier restent européens (recours à des cabinets d’avocats nationaux et non pas anglo-saxons) et essayer de démontrer que l’Europe est elle aussi disposée à lutter efficacement contre la corruption et dissuader les américains de le faire à notre place, comme essaie de le démontrer le groupe Thalès aujourd’hui.

 Souvent trop concentrées sur leurs cœurs de métier et la satisfaction de leurs clients, les entreprises ne pensent que trop peu à considérer la réalité de la guerre économique mondialisée. Il est donc impératif de sensibiliser au maximum les chefs d’entreprises et leurs salariés à ces questions. La prise de conscience des sociétés européennes doit passer par davantage de protection de leur patrimoine informationnel et de leurs communications (messageries cryptées et anonymisées) et mettre en place des systèmes d’intelligence stratégique pour surveiller, analyser et contrer les pratiques concurrentielles déloyales[xii].

Ces initiatives doivent être couplées par une remontée d’information des services achats et des ressources humaines des entreprises pour prévenir les éventuelles transactions pouvant être assimilées à des pots de vin[xiii]. Il est également nécessaire, dans la mesure du possible, d’éviter d’avoir recourt à tout élément pouvant servir de critère de rattachement (utilisation du dollar…etc.) permettant aux juridictions américaines d’être compétente en cas de potentielle violation de leur législation. Ces procédures doivent être intégrée à un cadre de mise en conformité renforcé des pratiques de l’entreprise. En France, la loi Sapin II a permis d’orienter les entreprises dans leurs démarches de mise en conformité de leurs pratiques et les efforts se poursuivent en ce sens.

Les entreprises européennes, malgré leur sensibilisation, voient de nouveaux fronts s’ouvrir encore avec l’entrée en vigueur de textes supplémentaires à portée extraterritoriale renforçant davantage l’arsenal juridique américain. De nouvelles formes d’extraterritorialité du droit seront également à prévoir avec l’expansion de la Chine avec les Nouvelles Routes de la Soie, dont les projets de développement de leurs partenaires sont régis par des contrats de droit chinois. Le droit islamique est également un vecteur de puissance et se diffuse à travers le monde[xiv]. L’inde et la Russie réfléchissent à leur tour à la création de lois extraterritoriales[xv]. A l’Europe et à la France de rester vigilant et ne pas se renforcer d’un côté pour se faire mieux déborder de l’autre.

Notes:

[i] Pierre Pierucci et Matthieu Aron, Le piège américain, édition JC Lattès, janvier 2019

41FvgTqjVjL.jpg[ii] Emmanuel Breen, FCPA. La France face au droit américain de la lutte anti-corruption, coll. « Pratique des affaires », Joly éditions, 2017

[iii] Ali Laïdi, Le droit, nouvelle arme de guerre économique, édition Actes Sud – Questions de société, février 2009, pp 51 – 52

[iv] Jean-Baptiste Noé, L’extraterritorialité, une arme de guerre, Conflits – La guerre du droit, n° 23, sept. – oct. 2019, p. 17

[v] Jean-François Tacheau, Stratégies d’expansion du nouvel empire global, L’Âge d’homme, 2001, p. 19

[vi] Régis Bismuth, Pour une appréhension nuancée de l’extraterritorialité du droit américain – quelques réflexions autour des procédures et sanctions visant Alstom et BNP Paribas, Annuaire français de droit international, LXI, CNRS Éditions, Paris, 2015

[vii] Hervé Juvin, Historique de l’extraterritorialité, Conflits – La guerre du droit, n° 23, sept. – oct. 2019, pp. 14 – 16

[viii] Ali Haïdi, Le droit, nouvelle arme de guerre économique, édition Actes Sud – Questions de société, février 2009, pp 232 – 240

[ix] Nicolas Lerègle, Le selfish law : in my law we trust… Vous de même ! Conflits – La guerre du droit, n° 23, sept – oct 2019, pp. 12 – 13

[x] Règlement (UE) 2017/1939 du 12 octobre 2017 mettant en œuvre une coopération renforcée concernant la création du Parquet européen

[xi] Loi n°2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dite loi « Sapin II »

[xii] Jean-Baptiste Noé, Les entreprises doivent se former à la guerre économique, Conflits – La guerre du droit, n° 23, sept. – oct. 2019, p. 41

[xiii] Véronique Chapuis Thuault, Christian Harbulot, Frédéric Pierucci, William Feugère et Blandine Cordier-Palasse, Conférence « Extra-territorialité : une nouvelle arme de guerre économique ? », École de guerre économique, 19 février 2020

[xiv] Olivier Hanne, Le droit islamique comme vecteur de puissance, Conflits – La guerre du droit, n° 23, sept – oct 2019, pp. 56 – 58

[xv] Loïk Le Floch Prigent, Ardavan Amir-Aslani, Ali Laïdi et Olivier de Maison Rouge, Table ronde : le droit, arme de puissance économique ?, Cercle Droit & Liberté, 12 février 2020


- Source : Infoguerre

mardi, 14 avril 2020

Saul Alinsky mentor luciférien de Hillary Clinton Barack Obama et tant d’autres

Saul_Alinsky_AP6704250114.jpg

Saul Alinsky mentor luciférien de Hillary Clinton Barack Obama et tant d’autres

par Michael C. Behrent (2008)

Ex: https://www.geopolintel.fr

L’article qui vous est proposé aujourd’hui est peut être le plus important qu’il nous soit possible de lire pour comprendre l’organisation stratégique de nos sociétés planétaires.
Les cycles de crises et les mouvements sociaux que nous observons depuis nos naissances nous plongent dans l’incompréhension des inversions de valeurs au travers des lois qui sont votées au parlement de chaque gouvernement dans le monde.


La pandémie de Coronavirus est à ce jour révélatrice de l’architecture de nos « démocraties ». Le professeur Raoult initiateur du traitement à la chloroquine a été conspué de tous bords, alors qu’il est peut être le sauveur attendu, celui qui s’oppose au "système. Il n’est pas rétribué par le lobbying des laboratoires et propose une vision de soin qui s’oppose à la méthode CRISPR Cas 9, le bistouri de l’adn, possible vecteur de création d’arme bactériologique dans les laboratoires P4 et par l’ancienne société Monsanto (associée à Bill GAtes), aujourd’hui Bayer, pour transformer le vivant et perpétuer cette chaine de la dette alimentaire en s’octroyant le monopole des semences.


Si l’on réfléchi, la pénurie de masques est tout aussi incompréhensible et rendu possible par le mensonge d’Etat. Ces masques ne sont pas indispensables pour notre système médical selon la porte parole de l’Elysée alors qu’ils furent la solution dans les pays comme Taiwan et la Corée du sud avec un nombre de morts infime. Tout est inversé il n’y a pas de logique sauf envers ce que l’on appelle le « système ».
Ce système est parfois exposé dans des informations qualifiées de « complotistes » ou de « Fake news » par le « système » médiatique, qui fabrique l’opinion publique.

 

alinsky-dedicated-rules-to-lucifer.jpg

Le livre de chevet de nos dirigeants s’appelle « psychologie des foules » de Gustave Le Bon paru en 1895. Ce livre parle de L’homme et les sociétés, dans le domaine des sciences humaines et sociales. L’étude de l’homme passe de l’anthropologie a la psychologie et Le Bon fait ainsi paraître en un mouvement (presque) continu, Lois psychologiques de l’évolution des peuples (1894), Psychologie des foules (1895), Psychologie du socialisme (1898), Psychologie de l’éducation (1902), La psychologie politique et la défense sociale (1910), Les opinions et les croyances (1911) et La Révolution française et la psychologie des révolutions (1912).


Quand à la domination que nous subissons et qui est exposée dans chaque gouvernement de ce monde à quelques exceptions, le mentor celui qui influence le gendarme de la planète c’est Saul Alinsky.


Personne n’a entendu parler de celui qui est le grand architecte de la révolution des valeurs inversées. Adorateur d’Al Capone et créateurs des Chicago Boys comme Clinton Obama et pour la France Dominique Strauss-Kahn.


C’est lui qui a crée le concept de la « gauche » américaine. A lui seul il explique pourquoi nous avons un système communiste pour le peuple et un système capitaliste pour l’élite. Et pour en revenir aux inversions de valeurs, le maître de Saul Alinsky s’appelle LUCIFER a qui il dédit son livre « Rules for Radicals. » qui démontre que pour intégrer les hautes sphères des dirigeants il faut en passer par l’initiation de sociétés secrètes qui ont été combattue par le président assassiné John Fitzgerald Kennedy.

« Et laissez-moi vous dire quelque chose sur Saul Alinsky », poursuit Carson. « Il a écrit un livre intitulé Rules for Radicals. Il reconnaît Lucifer, le radical originel qui a gagné son propre royaume. Pensez-y maintenant. »
Ben Carson

Alinsky a été interrogé sur la reconnaissance de Lucifer dans son interview de mars 1972 avec le magazine Playboy vers la fin de sa vie, un chant du cygne que tous les adorateurs d’Alinsky connaissent. Voici l’échange, qui a eu lieu à la toute fin de l’interview :
Playboy : Ayant accepté votre propre mortalité, croyez-vous en une vie après la mort ?
Saul Alinsky : Il me semble parfois que la question que les gens devraient se poser n’est pas « Y a-t-il une vie après la mort » mais "Y a-t-il une vie après la naissance ? Je ne sais pas s’il y a quelque chose après cela ou non. Je n’ai pas vu les preuves d’une manière ou d’une autre et je pense que personne d’autre ne l’a vu non plus. Mais je sais que l’obsession de l’homme pour la question vient de son refus obstiné de faire face à sa propre mortalité. Disons que s’il y a une vie après la mort, et que j’ai mon mot à dire à ce sujet, je choisirai sans réserve d’aller en enfer.

Playboy : Pourquoi ?

Alinsy : L’enfer serait le paradis pour moi. Toute ma vie, j’ai été avec les pauvres. Ici, si vous êtes un pauvre, vous êtes à court d’argent. Si vous êtes un pauvre en enfer, vous êtes à court de vertu. Une fois en enfer, je commencerai à organiser les démunis là-bas.

dxwc_-rxqac-1f0.jpg

Saul Alinsky, la campagne présidentielle et l’histoire de la gauche américaine

Situé au croisement de la tradition du « self-made man » et de l’autogestion à l’américaine, Saul Alinsky est la figure de proue d’un mouvement qui a profondément marqué l’histoire du progressisme aux États-Unis. Michael C. Behrent dresse ici le portrait du père fondateur du community organizing, dont l’histoire a inspiré aussi bien Hillary Clinton que Barack Obama.

Les primaires démocrates viennent de se terminer aux États-Unis. Elles ont permis à l’opinion publique de mesurer la distance qui sépare les deux candidats, distance qui a tant mobilisé – au risque de la diviser – la gauche américaine. Mais au moment où cet affrontement-là cède la place à celui qui opposera Obama à McCain, revenons sur un héritage intellectuel et politique que les deux candidats démocrates partagent : l’enseignement de Saul Alinsky.

Si Alinsky est quasiment inconnu en France, c’est parce qu’il fut un militant et un penseur résolument américain – dans ses croyances, ses références et ses méthodes. Aux États-Unis, il est généralement reconnu comme le père fondateur du community organizing, terme que l’on pourrait traduire de manière approximative par « animation de quartier », mais dont le sens est à la fois plus politique et plus radical : il se réfère aux activités par lesquelles un animateur aide les habitants d’un quartier défavorisé à faire valoir leurs droits, que ce soit en exigeant de l’administration des HLM de mettre les logements sociaux aux normes sanitaires en vigueur, ou en demandant aux banques implantées dans le quartier d’offrir des taux d’intérêts plus raisonnables.

Né lui-même dans un ghetto de Chicago en 1909, Alinsky est issu d’une famille juive originaire de la Russie. Après des études à l’université de Chicago, il s’intéresse à la criminologie et obtient une bourse lui permettant de suivre de près la vie des gangs urbains : il développera ainsi une grande estime pour celui d’Al Capone, qu’il considère comme un vaste service public informel. Mais surtout, à partir de 1938, il trouve sa vocation lorsqu’il décide d’« organiser » le quartier Back of the Yards, le fameux ghetto dont les conditions de vie atroces ont été portées au grand jour par le roman d’Upton Sinclair, La Jungle (1905). C’est là qu’Alinksy mettra pour la première fois en œuvre des méthodes dont il fera plus tard un système. Son idée fondamentale : pour s’attaquer aux problèmes sociaux, il faut bâtir des « organisations populaires » (« People’s Organizations ») permettant aux populations de se mobiliser. Ces méthodes s’avéreront fructueuses aussi lorsqu’il organisa - toujours à Chicago - aux débuts des années soixante « The Woodlawn Organization » (TWO), du nom d’un quartier noir menacé par les efforts dits de « rénovation urbaine » de l’université de Chicago. Il fonda aussi l’Industrial Areas Foundation (IAF), une association où de nombreux futurs organizers (« animateurs de quartier ») apprendront la « méthode Alinsky » pour l’appliquer un peu partout dans le pays.

La « méthode Alinsky »

Bien qu’il fût avant tout un homme d’action, Alinsky tenta, dans plusieurs textes, d’expliquer les principes qui guident sa démarche. Son radicalisme puise ses racines dans l’histoire américaine – une histoire traversée avant tout par l’idée de la démocratie, qui a animé les penseurs radicaux américains depuis toujours, des révolutionnaires de Boston en 1776 jusqu’aux fondateurs du mouvement syndical, en passant par les jeffersoniens et les militants œuvrant pour l’abolition de l’esclavage. Citons-en trois principes qui constituent, pour lui, autant de tabous à lever :

51C7fTNjkAL._AC_SY400_.jpg1) Le pouvoir. Alinsky est loin d’épouser une vision irénique de la démocratie. Le principe primordial de l’organizer est celui du pouvoir. Le pouvoir, soutient-il, est « l’essence même, la dynamo de la vie » (dans certains textes, il ira jusqu’à citer Nietzsche)
. « Aucun individu, aucune organisation ne peut négocier sans le pouvoir d’imposer la négociation ». Ou encore : « Vouloir agir sur la base de la bonne foi plutôt que du pouvoir, c’est de tenter quelque chose dont le monde n’a pas encore fait l’expérience—n’oubliez pas que pour être efficace, même la bonne foi doit être mobilisée en tant qu’élément de pouvoir ». Malheureusement, poursuit-il, la culture moderne tend à faire de « pouvoir » un gros mot ; dès qu’on l’évoque, « c’est comme si on ouvrait les portes de l’enfer. »

Surmontant ce moralisme gênant, l’organizer identifie le pouvoir dont une communauté dispose, pour ensuite lui montrer le plaisir à l’éprouver – pour ensuite, enfin, le manier à ses propres fins.

2) L’intérêt propre. Si le pouvoir est le but de l’organizer, son point d’appui est l’intérêt propre (self-interest), un autre terme considéré souvent comme tabou. Pour organiser une communauté, il doit faire appel à ses intérêts (et les convaincre qu’il n’y a pas de honte à agir sur cette base) tout en identifiant ceux des personnes qui y ont font obstacle. « Douter de la force de l’intérêt particulier, qui pénètre tous les domaines de la politique, insistera Alinsky, c’est refuser de voir l’homme tel qu’il est, de le voir seulement comme on souhaiterait qu’il soit ».

3) Le conflit. Mais puisque celui qui essaie de faire valoir son intérêt particulier se heurte souvent aux intérêts de quelqu’un d’autre, l’organizer doit accepter le conflit non seulement comme inéluctable, mais même comme désirable – car rien ne mobilise autant que l’antagonisme. Sa tâche doit être « de mettre du sel dans les plaies des gens de la communauté ; d’attiser les hostilités latentes de beaucoup, jusqu’au point où ils les expriment ouvertement ; de fournir un canal dans lequel ils puissent verser leurs frustrations passées… ».
Loin d’être un mal nécessaire, le conflit est « le noyau essentiel d’une société libre et ouverte ». Si la démocratie était un morceau de musique, selon Alinsky, « son thème majeur serait l’harmonie de la dissonance ».

Ces principes ne font que traduire, dans un langage théorique, les tactiques utilisées par Alinsky et ses disciples à Chicago et ailleurs. Puisque l’organizer cherche avant tout à faire prendre conscience aux laissés-pour-compte de leur propre pouvoir, sa première tâche, lorsqu’il arrive dans une communauté, est de repérer ceux qui sont susceptibles de la mobiliser, en faisant appel aux « leaders locaux ». Alinsky travaillait ainsi beaucoup aussi avec les églises, qui constituent souvent la colonne vertébrale des quartiers défavorisés aux Etats-Unis, et entretenait notamment d’excellentes relations avec l’Eglise catholique (dans une lettre à Jacques Maritain, Alinsky ira jusqu’à dire, avec son sens d’humour habituel, qu’il est le deuxième juif le plus influent dans l’histoire du christianisme...).

L’organizer doit, d’autre part, écouter patiemment les habitants pour pouvoir identifier leurs problèmes. Une fois une tâche identifiée, plusieurs méthodes peuvent s’imposer. Pour faire bouger une administration, les habitants peuvent rassembler des informations gênantes et menacer de les distribuer à la presse, ou inviter un responsable municipal à une réunion de quartier pour lui faire part de leur grief. Mais ils peuvent également opter pour des méthodes plus rudes. Pour dénoncer l’insuffisance de l’administration, par exemple, ils peuvent faire pression sur la municipalité en organisant une grève d’impôts, ou encore débarquer en masse dans les bureaux d’un fonctionnaire, refusant de partir avant que celui-ci ne leur accorde, sur-le-champ, la réunion tant de fois reportée (de préférence, sous le regard des caméras de télévision locale). Ou encore : faire un sit-in dans les locaux d’une banque fréquentée par un propriétaire malhonnête ou dans ceux d’une compagnie d’assurances qui pénalise les quartiers défavorisés ; déposer des sacs d’ordures devant une agence de santé dont on estime qu’elle ne remplit pas ses obligations ; manifester devant la maison du propriétaire des taudis de banlieue ; ou encore, se coucher devant les bulldozers lorsque la municipalité se lance dans la rénovation urbaine sans l’approbation des personnes concernées...

La « méthode Alinsky » exerça une influence considérable sur le militantisme et les formes de contestation sociale aux Etats-Unis, tant par son propre travail (notamment à travers l’Industrial Areas Foundation et la Woodlawn Organization) que par les « organizers » qu’il a formés et les associations qui ont suivi son exemple. Parmi ceux passés par son école figure en particulier César Chávez, le militant pour les droits civiques et le fondateur des United Farm Workers, le syndicat qui a organisé la célèbre « grève des raisins » en Californie en 1965.

Cependant, Alinsky a toujours été un personnage controversé dans l’histoire du mouvement social américain - réputation, d’ailleurs, qu’il entretenait lui-même avec enthousiasme. Certains le considéraient comme trop radical et trop diviseur, tandis que d’autres — surtout le mouvement étudiant des années soixante — étaient gênés par son réformisme et son apathie idéologique. De son côté, il ne cachait pas son mépris pour des organisations comme Students for a Democratic Society (SDS) ou le Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) : de Jerry Rubin et Abbie Hoffman, les leaders des « Yippies » (Youth International Party). Il disait qu’ils n’étaient « pas fichus d’organiser un déjeuner, encore moins une révolution ».


Rules_for_Radicals.pngSurtout, Alinsky reconnaissait que les valeurs dénoncées par cette jeunesse en colère étaient justement celles auxquelles les pauvres pour lesquels il a milité aspiraient : en 1967, il remarquera : « Les gosses du SDS me disent : ‘Alinsky, tu sais ce que tu fais ? Tu organises les pauvres au nom de valeurs décadentes, ruinées, bourgeoises, et matérialistes.’ Et je me trouve en train de répondre : ‘Vous savez ce qu’ils veulent, les pauvres, dans ce pays ? Ils veulent une part plus grande dans ces valeurs décadentes, ruinées, bourgeoises ».

Les associations d’inspiration alinskienne travaillaient en collaboration avec les pouvoirs publics voire les chefs d’entreprise (Marshall Field III, le millionnaire de Chicago, siégea par exemple dans le conseil de direction de l’IAF) plutôt que s’engager dans une lutte « gauchiste ». Son héritage, partagé entre ses tactiques de dissident et des instincts foncièrement réformiste, est donc complexe.

Alinsky, Clinton et la critique du welfare

A l’automne 1968, alors que l’Amérique ne s’est pas encore remise des assassinats de Marin Luther King et de Robert Kennedy, et qu’elle a encore en tête les images des émeutes qui ont éclatées lors de la convention démocrate de Chicago, portant ainsi au grand jour l’opposition à la guerre au Vietnam, une étudiante de Wellesley College, âgée de vingt-deux ans, férue de politique et de justice sociale, décide de consacrer son mémoire de fin d’études à Saul Alinksy. Elle s’appelle encore Hillary Rodham. Dans son mémoire, qu’elle intitule (en citant T. S. Eliot) There is only the fight : an analysis of the Alinsky model, la future candidate à l’investiture démocrate médite la pensée et la carrière d’Alinsky – et, en passant, égrène quelques brins de sa propre vision politique, à l’époque encore en gestation. Au moins laisse-t-elle entrevoir ses préoccupations.

Alinsky la fascine autant par sa soif insatiable de la justice que par sa critique acerbe de la morale chrétienne version middle class, dans laquelle la jeune Hillary a baigné pendant son enfance et qui fait peu de place aux notions comme le pouvoir, le conflit et l’intérêt particulier. D’autre part, Alinsky est à la fois radical et réformiste. Elle remarque que ce qu’il professe « ne sonne pas très ‘radical.’ Ses paroles sont les mêmes que l’on entend dans nos écoles, chez nos parents et leurs amis, chez nos pairs ». Mais elle souligne : « La différence, c’est qu’Alinsky y croit vraiment ».


La possibilité de fonder une contestation sur des principes globalement reconnus est sans doute attirant pour une jeune femme tentée par les grandes luttes des sixties, mais qui choisit de rester dans le « système ». Enfin, Hillary porte un intérêt manifeste pour la place centrale qu’Alinsky accorde à la notion de « communauté ». Le problème qui hante sa pensée est celle « de la quête d’une communauté viable ».

En particulier, il nous oblige à penser ce que signifie une « communauté » à l’âge de l’industrialisation et de la société de masse – si, dans ce contexte, une communauté peut encore exister. Alinsky, qu’Hillary rencontre en complétant son mémoire, est impressionné par la jeune étudiante : il lui propose de venir travailler pour son association. Elle refusera, décidant plutôt de poursuivre des études de droit à Yale (où elle fera la connaissance d’un certain Bill Clinton…).

hillary-alinsky.jpg

Alinsky n’aura-t-il été qu’un intérêt passager d’une jeune étudiante passionnée par la politique ? Peut-être. On peut néanmoins considérer la carrière d’Hillary Clinton à la lumière de cet engouement estudiantin pour le community organizer. Son intérêt pour la notion de communauté et les valeurs de solidarité qu’elle véhicule se retrouveront, par exemple, dans son militantisme en faveur des droits de l’enfant et de l’assurance sociale. D’autre part, le pragmatisme d’Alinksy, ainsi que son allergie aux idéologies, rejoignent curieusement les valeurs de la « troisième voie » clintonienne. Clinton remarque ainsi dans son mémoire qu’Alinsky s’intéresse à l’idée d’appliquer ses méthodes à la classe moyenne américaine qui, elle aussi, éprouve un sentiment d’impuissance (powerlessness) devant « ces guerres que l’on suit sur les écrans de télévision ».

Mobilier la classe moyenne – n’est-ce pas ce que tentent les époux Clinton dans les années 1990, lorsqu’ils repartent à la conquête des couches sociales que leur parti semble avoir abandonné ? D’autre part, tout en militant pour les plus pauvres, Alinsky ne cache pas sa suspicion à l’égard de l’Etat-providence, surtout à l’égard de la « guerre contre la pauvreté » menée par le Président Lyndon Johnson dans les années 1960, qu’il qualifiera de « pornographie politique ». Alinsky se vantait de n’avoir jamais rien fait pour les pauvres, comme voulaient le faire les bureaucrates bien-pensants de Washington : il n’a fait que travailler avec eux, les aidant à chercher eux-mêmes des solutions à leurs problèmes.

C1 Alinsky.jpgSitué au croisement de la tradition du « self-made man » et d’une sorte d’autogestion à l’américaine, Alinsky insiste toujours sur la nécessité des pauvres de pourvoir à leurs intérêts, mêmes « bourgeois » et « décadents », et nourrit un profond mépris pour les « libéraux » (au sens américain du terme, donc la gauche) qui, en prétendant connaître les intérêts profonds des couches sociales démunies, ne font que les infantiliser. Mais de là à rejoindre les critiques libérales (au sens européen) de l’Etat-providence ? Rappelons qu’en 1996, le président Clinton, appuyé par les Républicains, adopta la loi sur la « responsabilité personnelle » (Personal Responsibility and Work Opportunity Reconciliation Act, PRWORA), qui supprima de nombreuses allocations destinées aux plus démunis (en particulier celles destinées aux enfants), en les remplaçant, au niveau des Etats fédérés, par une politique dite de « workfare », qui lie le droit aux prestations sociales à l’obligation de travailler (même dans des conditions indignes). Clinton annonça à cette occasion que « l’ère du big government » est terminé aux Etats-Unis. En dépit de son engagement profond pour les pauvres, Alinsky et sa méthode ne constituent-ils pas, par le biais de leur critique des aides gouvernementales au nom du savoir-faire spontané de la communauté, la voie détournée vers le « workfare » ?

La principale leçon que les Clinton retiendront d’Alinsky est cependant sa vision du pouvoir. L’analyse qu’ils font de l’expérience des années 1960, de l’ère Nixon et du scandale de Watergate, mais aussi du déclin du Parti démocrate à l’époque de Reagan, est précisément celle d’Alinsky : la noblesse des principes ne vaut strictement rien sans le pouvoir. Alinsky s’en prend à ceux qu’il appelle les « liberals » (et qu’il oppose aux « radicals »), c’est-à-dire ceux pour qui tous les moyens ne peuvent pas être justifiés par la noblesse du but. Railleur, Alinsky cite La Rochefoucauld : « Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui ».


Lorsque les Clinton se défendent contre ceux qui leur reprochent de vouloir accaparer le pouvoir à tout prix, on peut imaginer que ce proverbe est leur réplique secrète. Dans son mémoire, Hillary Clinton note avec intérêt que selon Alinsky, contrairement à l’idée reçue, rien n’est plus facile en politique que d’être moral : « Il y a deux voies qui mènent à tout : la voie basse et la voie haute. La voie haute est la plus facile. Il suffit à parler des principes et de se montrer angélique à l’égard des choses que l’on ne pratique point. La voie basse est plus la rude. C’est la tâche de faire ressortir une conduite morale de son intérêt personnel ».

Cela aurait pu être la devise de la campagne menée par Hillary Clinton contre Obama : il ne suffit pas d’inspirer les auditeurs par des belles phrases et par son éloquence ; la politique est l’art des résultats ; s’il faut être méchant et déshonnête pour faire un peu de bien, s’il faut être un peu démagogue pour mobiliser la rage des démunis, soit.

Alinsky dans le parcours d’Obama

Le paradoxe, pourtant, c’est que celui que Clinton accuse d’être trop idéaliste est passé par la même école qu’elle. En 1985, Barack Obama, ayant tout juste reçu son diplôme de Columbia, désirant participer au changement social dans le même esprit que les luttes pour les droits civiques des années 1960, mais ne sachant trop comment, répond à une publicité publiée dans le New York Times par le Calumet Community Religious Conference (CCRC). Cette association, qui cherche à faire des églises dans le South Side de Chicago, le célèbre ghetto noir, des forces militantes, est animée par plusieurs disciples d’Alinksy (Mike Kruglik, Gregory Galluzzo et Gerald Kellman) qui veulent recruter des jeunes noirs pour gagner la confiance d’une communauté qui les regarde (ils sont blancs et pour la plupart juifs) avec méfiance.

Agé tout juste de vingt-quatre ans, Obama arrive dans le South Side. Aussitôt, il reçoit son baptême du feu d’organizer, aidant une communauté à obtenir un bureau de placement pour les chômeurs, ou encore portant son soutien aux efforts des résidents d’un HLM pour obtenir le désamiantage de leurs logements.

Obama consacre presque deux cents pages à cet épisode dans ses mémoires, Dreams from my father. Certes, comme l’observe le journaliste Ryan Lizza, « il n’y aucune discussion de la théorie qui sous-tendait son travail et qui guida ses maîtres. Alinsky est la couche absente de ce récit ».


s-l300.jpgMais Obama évoque le pouvoir de séduction qu’exerça sur lui le langage alinskien au cours de sa formation comme organizer : « L’action, le pouvoir, l’intérêt particulier. J’aimais ces concepts. Ils témoignaient d’un certain réalisme, d’un refus temporel pour le sentiment ; la politique, et non la religion ».

A son tour, Obama enseignera à d’autres la méthode que la CCRC lui a apprise.

Toutefois, même si son nom n’est jamais mentionné, les mémoires d’Obama contiennent une critique implicite d’Alinsky – partielle, sans doute, et pourtant claire. D’abord, Obama, dans le South Side, suggère qu’il arrive parfois aux organizers de surestimer l’importance de l’intérêt particulier – ou, du moins, qu’ils le conçoivent de manière trop étroite. Les motivations des résidents du South Side qu’il mobilisa dépassaient le simple intérêt matériel ; ils étaient aussi animés par un intérêt spirituel, ou plutôt un désir de sens, une capacité d’offrir un récit significatif de leur identité. Il apprend que « l’intérêt particulier que j’étais sensé chercher s’étendait bien au-delà des problèmes immédiats, qu’au delà des banalités, des biographies sommaires, et des idées reçues, les gens portent dans leur for intérieur une explication essentielle d’eux-mêmes. Des histoires pleines de terreur et de merveilles, clouées d’événements qui les hantent ou les inspirent encore. Des histoires sacrées ».

Ce qui commence, pour Alinsky, en politique, finit chez Obama en mystique.

La méthode d’Alinsky est mise en question par Obama à un autre niveau encore. Alinsky, nous l’avons vu, assume sans regret le fait que la politique entraîne le conflit, et que la stigmatisation de l’autre peut être une puissante force de mobilisation. Mais quel sens cette idée peut-elle avoir pour une communauté qui vit quotidiennement la conséquence d’une telle stigmatisation - en l’occurrence, la communauté noire américaine ? Une réaction tout à fait logique, qu’Obama rencontre au South Side, est le nationalisme noir, qui assume la stigmatisation, mais en la projetant sur les blancs. Obama développera plus tard un certain respect pour cette attitude, surtout lorsqu’il se rendra compte à quel point les Noirs ont intégré le racisme dont ils sont victimes. La haine des Blancs constitue, pour les Noirs, un « contre-récit enfouit profondément à l’intérieur de chacun, au centre duquel se trouvent des Blancs : certains cruels, d’autres ignorants, parfois un seul visage, parfois l’image anonyme d’un système qui prétend contrôler nos vies. J’étais forcé de me demander si les liens de communauté pouvait être restauré sans un exorcisme collectif de la figure spectrale qui hantait les rêves noirs ».

Mais surtout, il finira par conclure que la haine, même justifiée, est sans issue. Il acceptera, en quelque sorte, la psychologie d’Alinsky, mais pas sa politique.

Ce qu’enseigne, en fin de compte, l’école d’Alinsky, est un mélange de romantisme et de rudesse, d’une soif pour la justice atteinte par des moyens impitoyables. Hillary Clinton semble y avoir puisé pour formuler sa vision non-idéologique du progrès social, tout en tenant fortement compte de sa leçon sur la centralité du pouvoir et de sa conquête, nécessaires à toute politique digne de son nom. Barack Obama, en appliquant la méthode d’Alinsky à Chicago, cherche à donner aux impuissants une preuve de leur propre puissance—tout en critiquant l’intérêt conçu en dehors de toute visée spirituelle, en même temps qu’il se méfie des conséquences de la stigmatisation d’autrui dans la poursuite du pouvoir.

Mais que se passe-t-il lorsque les enfants d’Alinsky passent à la politique politicienne ? Citons le maître : « Le moi de l’organizer est plus fort et plus monumental que le moi du leader. Le leader est poussé par un désir pour le pouvoir, tandis que l’organizer est poussé par un désir de créer. L’organizer essaie dans un sens profond d’atteindre le plus haut niveau qu’un homme puisse atteindre—créer, être ‘grand créateur,’ jouer à être Dieu ».

Aux supporters d’Obama et d’Hillary de reconnaître leur candidat dans cette phrase…

Michael C. Behrent , le 10 juin 2008

samedi, 11 avril 2020

Gold ein sicherer Hafen in Krisenzeiten? Der große Goldraub der US-Regierung von 1933

960x0.jpg

Torsten Groß:

Gold ein sicherer Hafen in Krisenzeiten?

Der große Goldraub der US-Regierung von 1933

Ex: https://kopp-report.de

Vor 87 Jahren, am 5. April 1933, unterzeichnete der damalige US-Präsident Franklin D. Roosevelt die Executive Order (EO) 6102. Mit dieser Anordnung wurde der Besitz von Goldmünzen, Goldbarren und Goldzertifikaten durch Personen, Gesellschaften, Vereinigungen und Firmen auf dem Gebiet der Vereinigten Staaten ab dem 1. Mai 1933 verboten. Alles Gold in privater Hand musste innerhalb von 14 Tagen bei staatlichen Annahmestellen abgegeben werden, die dafür einen amtlich festgelegten Preis von 20,67 Dollar je Feinunze (31,1 Gramm) bezahlten. Von der Verfügung ausgenommen blieb Gold, das in Industrie, Kunst oder Handwerk Verwendung fand. Außerdem gab es eine Freigrenze für Goldmünzen und Goldzertifikate in Höhe von 100 Dollar, was inflationsbereinigt einem Gegenwartswert von rund 1.970 US-Dollar entspricht. Die Freigrenze hatte zur Folge, dass der größte Teil der amerikanischen Bevölkerung nicht von dem Verbot betroffen war und es deshalb kaum öffentlichen Widerstand gegen die Präsidentenverfügung gab.

51OyWwvJLqL.jpgWer gegen die Verordnung verstieß und sein Gold trotz Verpflichtung nicht an den Staat verkaufte, musste mit einer Geldstrafe von bis zu 10.000 US-Dollar (nach heutigem Wert rund 200.000 Dollar) bzw. einer Haftstrafe rechnen, die in schweren Fällen zehn Jahre betragen konnte. Gold im Wert von über Einhundert Dollar (beim festgelegten Ankaufspreis von 20,67 Dollar also etwa 5 Unzen), welches die Polizei bei Durchsuchungen sicherstellte, wurde entschädigungslos beschlagnahmt.

Trotz der hohen Strafandrohung gab es allerdings nur selten Razzien in Privathäusern, um illegale Goldbestände aufzuspüren, zumal es dafür eines richterlichen Beschlusses bedurfte. Die Polizei konzentrierte sich stattdessen auf Tresore und Schließfächer in Banken, die nur im Beisein eines Beamten der Bundessteuerbehörde geöffnet werden durften. War hier privates Gold gelagert, das über die Freimenge hinausging, wurde das Edelmetall konfisziert und die Besitzer juristisch zur Verantwortung gezogen.

Die EO 6102 diente nicht wie gemeinhin angenommen dem Zweck, privaten Goldbesitz einzuschränken, sondern sollte den Goldbestand der amerikanischen Notenbank aufstocken.

Die sah sich mit dem Problem konfrontiert, die Geldmenge erhöhen zu müssen, um die Folgen der durch den Börsencrash vom Oktober 1929 ausgelösten Weltwirtschaftskrise zu bekämpfen, deren Volumen aber an den Goldbestand geknüpft war. Der Federal Reserve Act sah vor, dass alle ausgegebenen Banknoten zu 40 Prozent mit Gold besichert sein mussten (Goldstandard). Um in der Rezession handlungsfähig zu bleiben, ohne diese Vorgabe zu verletzen und damit eine Inflation heraufzubeschwören, wurden private Goldbesitzer von der Regierung praktisch beraubt, um der Zentralbank die erforderlichen Goldreserven zur Verfügung stellen zu können. Die EO 6102 läutete zugleich den Anfang vom Ende des Goldstandards in den USA ein.

Bereits wenige Wochen vor Inkrafttreten der präsidialen Verordnung hatte die Regierung den Banken untersagt, Gold ins Ausland zu exportieren oder Privatleuten zu den damals geltenden Marktpreisen abzukaufen. Am 31. Januar 1934 hob die Regierung den staatlichen Abnahmepreis für Gold auf 35,00 US-Dollar je Feinunze an. Diese Erhöhung diente weniger dem Zweck, Besitzer kleinerer Goldmengen zu motivieren, ihren Bestand an den Staat zu veräußern. Viel wichtiger war, dass durch die Maßnahme der Goldwert in der Bilanz der Fed über Nacht um 69 Prozent stieg und so der Spielraum, neues Geld zu drucken, um die wirtschaftliche Depression zu bekämpfen, entsprechend erweitert wurde.

513xzjfI9GL._SX318_BO1,204,203,200_.jpgEs war US-Präsident Richard Nixon, der dem Goldstandard knapp 40 Jahre später endgültig den Garaus machte. Am 15. August 1971 hob Nixon die Goldbindung des US-Dollar und damit den Goldstandard auf. Hintergrund war der rasant wachsende Welthandel, der den teilweise goldgedeckten Dollar als Ankerwährung überforderte, aber auch die hohen Kosten des Vietnamkrieges, der die Vereinigten Staaten auch finanziell stark belastete. Nixon versprach seinen Landsleuten, dass der Dollar nach dem Ende des Goldstandards seinen Wert behalten werde. Das hingegen erwies sich als falsch. Nach dem amtlichen Verbraucherindex hat der US-Dollar seit 1971 mehr als 80 Prozent seiner Kaufkraft eingebüßt. Das spiegelt sich auch im Goldpreis wieder, der von 35 Dollar auf aktuell 1.650 Dollar anstieg, ein Zuwachs um mehr als 4.600 Prozent!

Dieser kleine historische Abriss sollte deutlich gemacht haben, dass der Goldstandard, den einige Ökonomen als Königsweg für die Neuordnung unseres auf Schulden gebauten Finanzwesens propagieren, keineswegs gleichbedeutend mit dem Paradies auf Erden für alle privaten Goldbesitzer sein dürfte. Wenn der Staat in Krisenzeiten wie beispielsweise der aktuellen Virus-Epidemie unerwartet viel Geld benötigte, würden die Verantwortlichen sehr schnell wieder auf die Idee verfallen, privates Gold zu enteignen, um ihre finanziellen Spielräume zu erweitern. Doch auch ohne Goldstandard dürfen Edelmetallbesitzer nicht der Illusion erliegen, dass sie im Falle eines Systemcrashs, den Experten wie Max Otte und Markus Krall schon in absehbarer Zeit erwarten, ungeschoren davonkommen werden.

Es muss deshalb nicht die beste Idee sein, seine Reichtümer dem Schließfach einer Bank anzuvertrauen. Auch das kann man aus den Erfahrungen der frühen dreißiger Jahre des vorigen Jahrhunderts lernen.

Bestellinformationen:

» Christenson/Müller: Gold 10.000 Dollar?, 142 Seiten, 16,99 Euro 7,99 Euro – hier bestellen!

» Eberhard und Eike Hamer: Der große Crash-Ratgeber, 269 Seiten, 22,99 Euro – hier bestellen!

Donnerstag, 09.04.2020

00:06 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : or, histoire, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 10 avril 2020

La crise du Covid-19, victoire des “démocratures”?

Article de Caroline Galactéros* paru dans Marianne le 06/04/2020

Nous devons profiter de la crise pour tirer des enseignements et cesser de nous tromper de priorité. L’important en effet, n’était pas de laisser se tenir le premier tour des municipales ou des matchs de foot avant de commencer à restreindre les activités de nos concitoyens, ni de laisser fonctionner les aéroports sans contrôle systématique des entrants et isolement, ni surtout de garder ouvertes nos frontières pour faire croire au bon peuple que tout était sous contrôle. L’important, le premier devoir de l’Etat, c’est la protection et la défense de sa population. Il faut sauver la vie des Français et leur donner des consignes claires et simples pour évincer en eux, dans l’urgence, cet ultra-individualisme qui n’a pas seulement fait le lit du communautarisme mais aussi celui d’une vulnérabilité collective ancrée dans le fait de se croire autorisé à tout et sans devoir de rien.

LES ETATS GAGNANTS DE LA CRISE

Quoi qu’il en soit, pour le regard à la fois global et scrutateur du géopolitologue, ce drame est, il faut bien l’avouer, l’occasion d’une observation sans pareille. Car le Coronavirus va rebattre les cartes de la puissance en Europe et dans le reste du monde. Le premier réflexe, celui du bien-pensant occidental qui bat sa coulpe, est de rattacher cette pandémie à un “signe du Ciel” devant opportunément enclencher un gigantesque processus d’autorégulation, de remise à plat d’une planète partie en vrille et en train de s’étouffer de sa propre démence productiviste. Un processus vertueux donc, qui irait vers une réforme de l’économie et de la finance mondiales et vers un assagissement salutaire d’une globalisation en surchauffe. Après ce drame, les dirigeants du monde vont enfin réfléchir et réformer la gouvernance mondiale vers plus de sens et de solidarité. C’est beau mais très improbable.

Les grands gagnants seront donc les régimes qui auront osé guider, sans simagrées guerrières, leurs peuples et les associer à une prise de conscience de leur devoir individuel pour un salut collectif.

En revanche, la pandémie signe le grand retour d’un malthusianisme de la puissance et de l’influence. Seuls les plus résistants et adaptables des Etats s’en sortiront. Et le jackpot ira à ceux qui oseront non pas juste revenir au statu quo ante, et repartir dans leur roue comme des hamsters bourrés d’amphétamines, mais prendre l’initiative d’une réforme globale de l’entropie mondiale dans le sens d’une meilleure coopération internationale et d’une pratique du dialogue respectueux entre adversaires (et déjà entre partenaires…). Les autres, ceux qui vont “jouer perso’ en croyant jouer gagnant, seront discrédités moralement et politiquement. Mais jouer collectif signifie voir clair et décider vite pour sauver sa propre peau avant de secourir les autres. Comme dans un avion en dépressurisation : avant d’aider votre voisin, vous devez mettre votre propre masque ! …L’ironie est donc que ce sont les Etats qui ont réagi le plus vite et fermement, par des mesures coercitives de surveillance, pour protéger leurs propres concitoyens, qui ont pu le plus rapidement exercer leur solidarité envers les autres et donc remporter la mise en matière d’influence et de magistère politique comme de reprise de l’économie : Taiwan, Hong Kong, Singapour, le Japon, la Corée du Sud, la Chine, la Russie etc…. Les grands gagnants seront donc les régimes qui auront osé guider, sans simagrées guerrières, leurs peuples et les associer à une prise de conscience de leur devoir individuel pour un salut collectif, les contraindre pour les protéger.

7800208987_des-soldats-sud-coreens-desinfectant-avec-du-spray-afin-de-lutter-contre-le-coronavirus.jpg

On a vertement critiqué la Chine pour ses méthodes drastiques et autoritaires mais, comme pour la Russie, force est de constater que c’est la fermeture quasi-immédiate des frontières, le confinement total de régions entières, la pratique massive du test, le triage et le traitement différencié et sans états d’âme de catégories de populations à risques, le traçage de leurs déplacements pendant et après la réouverture qui a permis à un pays d’un milliard et demi d’habitants d’avoir…quelques milliers de morts seulement, moins déjà que l’Espagne ou l’Italie et sans doute bien moins que les Etats-Unis dans quelques semaines. Quant à la Russie, elle a été prompte à fermer sa très longue frontière chinoise, à mettre les voyageurs en observation longue et elle prend désormais des mesures strictes mais très différenciées selon les catégories de population pour limiter l’épidémie. Elle ne parle pas de “guerre” mais fait comprendre que l’heure et grave et que du comportement de chacun dépend la survie de tous. Elle annonce aussi des sanctions lourdes aux contrevenants. Fake news ! Ces dictateurs antédiluviens nous mentent me rétorquera-t-on ! Leurs chiffres sont faux ! Peut-être un peu. L’OMS pense le contraire. Et l’on ne peut, à l’heure des réseaux sociaux, cacher impunément des tombereaux de morts. Ce qui est certain, c’est que les citoyens chinois et russes obéissent à leurs autorités, de gré et au besoin de force. On ne leur demande pas leur avis, on ne les ménage pas, on leur explique simplement les enjeux pour eux-mêmes et pour la survie collective de leur nation. On leur donne des consignes cohérentes. La France est le pays des droits de l’homme, la Chine celui des devoirs de l’homme. Et la Russie en a vu d’autres…

LA BASCULE DU LEADERSHIP

L’ironie du sort pour des élites européennes qui ont passé leur temps depuis 3 ans à critiquer Donald Trump, vient du fait que c’est de ce président américain honni et méprisé que l’Europe entière attend aujourd’hui son salut économique et financier. Pour l’instant l’Amérique souffre, mais elle met le prix pour s’en sortir au plus tôt. Et elle s’en sortira. Toutefois, c’est géopolitiquement que le pire est à venir pour Washington. C’est la bascule globale du leadership mondial vers l’Asie au profit du “contre monde” chinois qui se trouve accélérée par la pandémie. Car l’attitude de Pékin comme de Moscou a su démontrer un réflexe de solidarité envers le reste du monde et notamment envers les pays européens dont eux-mêmes comme l’Amérique ont été parfaitement incapables. Surtout, au-delà d’une capacité de rebond économique et industriel remarquable, Russie et Chine démontrent une absence totale d’approche idéologique de la crise et se paient le luxe d’exprimer, par leur soutien concret à ceux qui ont compris et agi avec retard, une empathie multilatérale ignorante des avanies subies et aux antipodes de notre comportement infantile. Tandis que nous faisons la preuve de notre incapacité mentale à prendre la mesure des enjeux (à l’instar des migrations ou du terrorisme) et de notre absence de solidarité intra-européenne, les “démocratures” que nous diabolisons à l’envi s’en sortent mieux que nous car elles osent contrôler les foules. Puis elles se paient le luxe de venir à notre secours. Elles envoient, comme Cuba ou le Venezuela, des médecins et des respirateurs en Italie, et Pékin va pour nous fabriquer un milliard de masques.

C’est aussi une triste heure de vérité pour l’Europe.

Bref, humiliation suprême, après le Moyen-Orient, après l’Afrique, sous les yeux du monde entier, Pékin et Moscou nous font de nouveau la leçon. Une leçon d’humanité qui démonétise complètement nos postures ridicules sur les dictateurs et les démocrates, les grands méchants et les bienveillants. Ils font ce qu’on n’a pas su faire : se concentrer sur la menace existentielle elle-même, la traiter sans égard pour les droits individuels de leurs citoyens mais assurer grâce à ces mesures “liberticides” leur salut collectif et leur remise au travail, donnant magistralement raison à la pensée chinoise qui voit dans toute situation le potentiel d’une inversion des équilibres. Nous y sommes. C’est la rançon de notre naïveté, de notre cupidité, de notre égoïsme et de notre oubli des devoirs premiers de l’Etat envers la nation. A force de nous soucier de notre souveraineté comme d’une guigne, elle se venge.

TASS_39089611-1681x1200.jpg

C’est aussi une triste heure de vérité pour l’Europe. Même une tragédie humaine concrète, vécue par ses membres fondateurs principaux, n’aura déclenché aucun geste, aucune générosité. Le récent sommet européen vient de démontrer l’inanité de la solidarité européenne en cas de péril commun. Les plus forts, donc les plus riches, n’ont pas la hauteur de vue pour valoriser leur position de force en donnant aux plus faibles. Un peu comme chez les individus en somme. On écrase l’autre affaibli au lieu de lui sortir la tête hors de l’eau. On lui fait la leçon au lieu de lui tendre la main. On déboule en réunion sur le budget européen avec une pomme et un livre, comme le Premier ministre néerlandais, pour montrer qu’on a tout son temps et qu’on ne négociera rien. Au-delà de l’inélégance, quelle indignité ! Il y a un très fort paradoxe : les Etats européens qui refusent aujourd’hui, au nom de l’orthodoxie budgétaire, d’aider leurs partenaires, font un mauvais calcul stratégique et géopolitique. S’ils montraient leur humanité, ils gagneraient plus encore que ceux auxquels ils porteraient secours. On me dira que je prêche pour la paroisse des cigales et que je ne comprends pas la juste austérité des fourmis laborieuses. Non, je cherche à raisonner stratégiquement, du point de vue de l’intérêt européen. Or, en diplomatie comme en amour, le premier pas n’est possible qu’au plus fort, et c’est un pas forcément gagnant pour lui car “stratégique” en termes d’influence et de crédit moral et politique. Ce sont ces pas là qui font avancer l’ensemble. Encore faut-il en être humainement capable. Le Général de Gaulle sut tendre la main à l’Allemagne anéantie, puis à la Chine, à l’Espagne et à d’autres. Cette grandeur d’âme qui est la marque d’un esprit visionnaire n’est plus. Il faut d’urgence réinventer le gaullisme en Europe. Invoquer les mânes du Général ou celles du Tigre ne suffira pas.

L’Europe peut exploser.

L’Europe est donc en train de “tomber en miettes” comme l’annonce tristement le président italien. Elle peut exploser. Elle n’est même pas “en voie de déclassement stratégique” car finalement elle n’a jamais été véritablement “classée” puisqu’elle a toujours été sous la coupe américaine via l’OTAN et que, mis à part Paris durant quelques décennies, tout le monde a trouvé ce marché de dupes formidable. Peut-être finalement ne méritons-nous pas mieux que la servitude puisqu’au-delà des mots creux, nous sommes incapables entre nous d’exprimer une compassion concrète, une charité envers nos propres Etats membres. Nous faisons la morale au monde entier, mais nous sommes une aporie éthique, rien d’autre qu’une machinerie commerciale et monétaire qui ne sait que parler budget et dette et réduit ses 700 millions de citoyens à des unités de coûts et de recettes. Une Europe de comptables, où les fourmis l’ont clairement emporté sur les cigales. Notre président peut bien chanter. Berlin va le faire danser. Bientôt, l’Allemagne déçue depuis trois ans au moins par notre incapacité à tenir il est vrai nos promesses, prendra uniquement de la machine européenne ce que celle-ci peut encore lui donner tout en poursuivant une politique de puissance et d’influence personnelle en agrégeant autour d’elle son satellite batave et ceux du nord et de l’est.

LES ETATS-UNIS ET L’EUROPE DOIVENT FAIRE PREUVE D’HUMANITÉ

Petitesse d’esprit, indigence éthique : ces défauts de structure de l’édifice communautaire font rêver d’un Occident enfin décillé, remettant les compteurs de la solidarité internationale à zéro, décidant de lever enfin les arsenaux iniques de sanctions contre la Russie ou l’Iran. Ce serait le moment ou jamais. Pour satisfaire notre instinct de vengeance, notre vision punitive du monde, notre volonté d’écrasement des autres ou notre simple grégarisme, nous laissons en effet, dans un contexte sanitaire dramatique, un peuple déjà très affaibli et cette situation va entrainer probablement des milliers de morts. Pourquoi ? Juste pour le punir de ne pas déposer ses dirigeants qui résistent au plan américain de dépeçage de la Perse. C’est d’un cynisme parfaitement insupportable. Où est la conscience de la globalité des menaces pesant sur l’humanité ? L’indifférence totale des politiciens occidentaux pour les parties du monde qui ne les concernent pas et ne serviront pas leur réélection parait à l’heure de la pandémie plus abjecte encore que d’ordinaire. Souhaitons que la récente annonce d’une aide européenne à l’Iran via le mécanisme Instex jusque-là mort-né de contournement des sanctions extraterritoriales américaines auxquelles nous nous soumettons servilement depuis bientôt 2 ans contre toute raison, soit le premier pas d’une rupture nette d’attitude et d’état d’esprit de notre part. Notre cynisme et notre indifférence sinon nous perdront. Le coronavirus est un révélateur d’humanité et d’inhumanité. Il faut retrouver le sens de la Vie dans nos existences, cette Vie commune en humanité que masquent nos prédations et nos luttes incessantes pour la primauté. Les USA comme les puissances européennes ont une occasion inespérée de faire vraiment preuve d’humanité et de préoccupation pour l’homme. La bascule du monde sinon va s’accélérer à notre détriment

instex.jpg

Ce virus a eu le mérite de révéler des réflexes de survie collectives des peuples et des nations que l’on jugera égoïstes mais qui traduisent la verdeur d’une vertu cardinale : l’esprit de souveraineté. Certains ont enfin réalisé que le fait de se prendre en mains, de revenir aux fondamentaux politiques et sécuritaires c’est à dire à la protection de nos populations, cet égoïsme sacré et salutaire était la seule approche qui permette d’abord de survivre avant d’espérer éventuellement construire un chemin collectif avec d’autres survivants. On ne battit pas sur un champ de ruines ou de morts. Il n’y aura jamais pour l’Europe, en aucun domaine, de salut à attendre du suivisme, du grégarisme ou des déclarations hors sol d’un Commission de Bruxelles qui préfère que l’on meure par millions pour rester fidèles à des principes abscons d’ouverture de l’espace européen plutôt de survivre en reprenant le contrôle de ce qui se passe sur nos territoires nationaux.

C’est la vassalisation mentale et l’esprit de renoncement qui sont si enkystés dans nos rouages institutionnels collectifs.

Le problème en somme, qui vient de se manifester magistralement, est toujours le même : c’est la vassalisation mentale et l’esprit de renoncement qui sont si enkystés dans nos rouages institutionnels collectifs et parfois même nationaux que nous sommes les ventriloques d’un discours qui nous condamne à l’impuissance. Exactement comme en matière de défense, quand nous persistons à faire semblant de croire en la garantie atomique ou même conventionnelle américaine alors que l’on sait tous depuis plus d’un demi-siècle, qu’elle est théorique (l’Europe servant essentiellement de profondeur stratégique aux Etats-Unis). Cette “Foi du charbonnier” des Européens en des utopies-pièges (pacifisme, fatalité heureuse de la fin des Etats et des frontières, universalisme béat, refus des traditions, culte du présent, progrès conçu comme l’arasement du passé, dogmatisme moralisateur, etc… …) que l’on nous survend depuis 70 ans pour tuer la puissance européenne en prétendant la construire, a une fois encore joué contre nous.

Or, nul n’a jamais construit sur le renoncement à ce que l’on est profondément. On construit sur des partages équitables, sur des compromis respectueux, sur la lucidité qui refuse l’égalitarisme fumeux et n’aboutit, comme le communautarisme chez nous, qu’à la dictature des “petits” sur les “grands” au prétexte qu’ils doivent par principe être traités à l’identique. Mais il n’y a pas d’identique en Europe ! Les Etats-membres ne sont pas des clones ! il y a en revanche des racines historiques et religieuses communes et comme par hasard celles-là, on les nie on les oublie ! Pour le reste, il n’y a qu’une diversité culturelle économique, sociale gigantesque et d’ailleurs fertile. Mais il y a aussi une histoire commune des membres fondateurs, des membres qui ont joué franc jeu et d’autres qui poussaient d’autres agendas…

Les Américains sont pragmatiques mais pas stratèges.

Cette crise doit enfin nous conduire à redéployer massivement des moyens vers la préparation collective des situations d’urgence. Il faut reprendre en main notre souveraineté notamment sanitaire et industrielle. L’état de sidération économique du monde développé observé à cette occasion ouvre des boulevards aux hackers de tous poils et à la guerre dans le cyberspace. Il y aura d’autres corona et un jour l’un d’entre eux tout spécialement destiné à notre déstabilisation mettre à l’épreuve nos politiciens du temps court et de l’expédient conjoncturel. L’épidémie peut rebondir, en Chine comme ailleurs, et nul ne devrait se risquer à fanfaronner. Pékin semble en train de battre de vitesse l’Amérique (et plus encore l’Europe qui est le terrain de jeu sacrificiel de leur duel), qui entre tout juste dans la pandémie et va comme l’Europe, subir une contrecoup économique lourd, en faisant repartir sur les chapeaux de roues son économie pour voler au secours du monde et le soigner… Mais une autre “guerre fait rage”, là aussi pleine d’ironie qu’il faut suivre avec grande attention : celle des grands producteurs de pétrole (dont la Chine est la cible commerciale ultime).

trump-2.jpg

Donald Trump est désormais contraint d’aller à Canossa et d’implorer Moscou et Ryad de réduire leur production pour enrayer la chute vertigineuse du prix du baril et ne pas noyer définitivement son industrie du schiste dans une marée noire saoudo-russe. L’OPEP l’emporte. Russes et Saoudiens sont d’accord pour lui faire rabattre sa superbe et l’aider un peu, en échange d’un allègement des sanctions contre Moscou et d’un arrêt du soutien au cousin rival de MBS à Ryad que certains à Washington verraient bien lui succéder depuis le dépeçage de Kashoggi qui a fait désordre. Vladimir Poutine doit savourer sa vengeance mais réfléchira sans doute avant de tendre la main à Washington. L’Amérique lui en saura-t-elle gré durablement ? Rien n’est moins sûr. La nouvelle guerre froide et l’anti-russisme pavlovien reprendront de plus belle dès que Washington se relèvera. Les Américains sont pragmatiques mais pas stratèges. Ils ne sont malheureusement pas près de comprendre qu’ils auraient tout à gagner à faire basculer Moscou dans le camp occidental. Cette erreur stratégique dure depuis 30 ans et il est bien tard maintenant. Les Russes n’en veulent plus et les Européens sont incapables de comprendre qu’ils en font les frais.

*Caroline Galactéros, Présidente de Geopragma

mardi, 07 avril 2020

Les États-Unis et la Chine sont-ils piégés dans une guerre hybride ?

2020-03-19_11h32_38.png

Les États-Unis et la Chine sont-ils piégés dans une guerre hybride ?

par Pepe Escobar

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

Les retombées de la pandémie du Covid-19 mettent les États-Unis et la Chine sur des trajectoires de collision

Parmi les innombrables effets géopolitiques bouleversants du coronavirus, l’un d’eux est déjà évident. La Chine s’est repositionnée. Pour la première fois depuis le début des réformes de Deng Xiaoping en 1978, Pékin considère ouvertement les États-Unis comme une menace, comme l’a déclaré il y a un mois le ministre des Affaires étrangères Wang Yi lors de la Conférence de Munich sur la sécurité pendant le pic de la lutte contre le coronavirus.

Pékin façonne avec soin, et progressivement, le récit selon lequel, dès le début de l’attaque du coronavirus, les dirigeants savaient que c’était une attaque de guerre hybride. La terminologie de Xi est un indice majeur. Il a dit, pour le compte rendu, que c’était la guerre. Et, en contre-attaque, une «guerre populaire» devait être lancée.

De plus, il a décrit le virus comme un démon ou un diable. Xi est confucianiste. Contrairement à certains autres penseurs chinois anciens, Confucius répugnait à discuter des forces surnaturelles et du jugement dans l’au-delà. Cependant, dans un contexte culturel chinois, diable signifie «diables blancs» ou «diables étrangers» : guailo en mandarin, gweilo en cantonais. C’était Xi délivrant une puissante déclaration codée. 
 
Note d'un lecteur du Saker Francophone : Pepe Escobar commet ici une erreur sémantique majeure lorsqu'il extrapole l'utilisation faite par Xi Jinping du mot "devil" pour définir le coronavirus, et nommer, à couvert, d'hypothétiques responsables américains (hypothèse par ailleurs tout à fait plausible). Le terme péjoratif pour nommer un "étranger" en cantonais est effectivement "gweilo" ("diable d'étranger"), mais en aucun cas "guailo" (qui devrait en plus s'écrire "lao"), terme qui n'existe pas en mandarin. Le terme employé dans toute la Chine hors de la province du Guangdong, où se trouvent Canton et Hong kong, est "laowai", mot au contraire respectueux qui veut dire "l'étranger" (venu de l'extérieur). Xi Jinping ne parle pas le cantonais, la langue officielle de la Chine est le mandarin, et aucun président de la république de Chine, fut-il cantonais, ne se hasarderait à prononcer un discours officiel dans un dialecte régional. Laurent Schiaparelli

5844562.jpg

La délégation américaine aux Jeux militaires de Wuhan, 2019

Lorsque Zhao Lijian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a exprimé dans un tweet incandescent la possibilité que «ce pourrait être l’armée américaine qui a apporté l’épidémie à Wuhan» – la première diatribe à ce sujet provenant d’un haut fonctionnaire -, Pékin envoyait ainsi un ballon d’essai signalant que les gants étaient enfin retirés. Zhao Lijian a établi un lien direct avec les Jeux militaires de Wuhan en octobre 2019, qui comprenaient une délégation de 300 athlètes militaires américains.

Il a directement cité le directeur américain des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies – Centers for Disease Control and Prevention ou CDC –, Robert Redfield, qui, interrogé la semaine dernière sur la découverte à titre posthume de décès par coronavirus aux États-Unis, a répondu que «certains cas ont été diagnostiqués de cette manière aux États-Unis aujourd’hui».

La conclusion explosive de Zhao est que le Covid-19 était déjà actif aux États-Unis avant d’être identifié à Wuhan – en raison de l’incapacité désormais pleinement documentée des États-Unis de tester et de vérifier les différences par rapport à la grippe.

Ajoutant tout cela au fait que les variantes du génome des coronavirus en Iran et en Italie ont été séquencées et qu’il a été révélé qu’elles n’appartiennent pas à la variété qui a infecté Wuhan, les médias chinois posent maintenant ouvertement des questions en établissant un lien entre la fermeture en août de l’année dernière du laboratoire d’armes biologiques «dangereux» à Fort Detrick, les Jeux militaires, et l’épidémie de Wuhan. Certaines de ces questions ont été posées – sans réponse – aux États-Unis eux-mêmes.

21PRtjKRXPQybj4WUXScWv5QPLninWRxfbcWNsx7SenD7FqMQzDCXWPkiudsc8kVjwhRUk2QH2PdhydFWCibGuwPZGdVT8kAwrzN21z6jiaihc8NRNG15spCCc97UT2rfKYf6mvMDFN9hygJDX3JeKQ.png

Des questions supplémentaires persistent sur l’opacité de Event 201 à New York le 18 octobre 2019 : une simulation de pandémie mondiale causée par un virus mortel – qui se trouvait être un coronavirus. Cette merveilleuse coïncidence s’est produite un mois avant le déclenchement de l’épidémie à Wuhan.

Event 201 a été parrainé par la Fondation Bill & Melinda Gates, le Forum économique mondial (WEF), la CIA, Bloomberg, la Fondation John Hopkins et l’ONU. Les Jeux militaires mondiaux se sont ouverts à Wuhan exactement le même jour.

Quelle que soit son origine, qui n’est pas encore établie de manière concluante, alors que Trump tweete sur le «virus chinois», Covid-19 pose déjà des questions extrêmement sérieuses sur la biopolitique – où est Michel Foucault quand on a besoin de lui ? Et la bio-terreur.

L’hypothèse de travail du coronavirus en tant que bio-arme très puissante, mais ne provoquant pas l’Armageddon, le désigne comme le véhicule parfait pour un contrôle social généralisé – à l’échelle mondiale.

Cuba devient une puissance biotechnologique

Tout comme un Xi, entièrement masqué, visitant la ligne de front de Wuhan la semaine dernière a été une démonstration médiatique à toute la planète que la Chine, avec d’immenses sacrifices, gagne la «guerre du peuple» contre le Covid-19, la Russie, dans un mouvement vis-à-vis de Riyad qui serait certainement apprécié par Sun Tzu, a provoqué une chute radicale du prix du baril de pétrole, aidant, à toutes fins utiles, à relancer l’inévitable reprise de l’économie chinoise. Voilà comment fonctionne un partenariat stratégique.

La disposition de l’échiquier change à une vitesse vertigineuse. Une fois que Pékin a identifié le coronavirus comme une attaque par arme biologique, la «guerre du peuple» a été lancée avec toute la puissance de l’État. Méthodiquement. Sur la base de «quoi qu’il en coûte». Nous entrons maintenant dans une nouvelle étape, qui sera utilisée par Pékin pour réviser considérablement son interaction avec l’Occident, et dans des cadres très différents en ce qui concerne les États-Unis et l’UE.

La puissance douce est primordiale. Pékin a envoyé un vol d’Air China en Italie, transportant 2 300 grands cartons remplis de masques portant l’inscription «Nous sommes des vagues de la même mer, des feuilles du même arbre, des fleurs du même jardin». La Chine a également envoyé un lourd colis humanitaire à l’Iran, à bord de huit vols assurés par Mahan Air – une compagnie aérienne soumise à des sanctions illégales et unilatérales de l’administration Trump.

FOREIGN202003121513000071450827088.jpg

Le président serbe Aleksandar Vucic n’aurait pas pu être plus explicite : «Le seul pays qui peut nous aider est la Chine. À ce jour, vous avez tous compris que la solidarité européenne n’existe pas. C’était un conte de fées sur le papier. »

Soumis à des sanctions sévères et diabolisé depuis toujours, Cuba est encore en mesure de réaliser des percées – même en biotechnologie. L’anti-viral Heberon – ou Interféron Alpha 2b – un thérapeutique, pas un vaccin, a été utilisé avec grand succès dans le traitement du coronavirus. Une coentreprise en Chine produit une version à inhaler, et au moins 15 pays sont déjà intéressés à importer le produit thérapeutique.

Comparez maintenant tout cela avec l’administration Trump offrant 1 milliard de dollars pour braconner des scientifiques allemands travaillant dans la société de biotechnologie Curevac, basée en Thuringe, sur un vaccin expérimental contre le Covid-19, pour l’utiliser comme vaccin « uniquement pour les États-Unis ».

Psy-op d’ingénierie sociale ?

Sandro Mezzadra, co-auteur avec Brett Neilson du livre fondateur The Politics of Operations : Excavating Contemporary Capitalism, essaie déjà de conceptualiser notre attitude actuelle en termes de lutte contre Covid-19.

91ikPfipsfL.jpg

Nous sommes confrontés à un choix entre un volet malthusien – inspiré du darwinisme social – «dirigé par l’axe Johnson-Trump-Bolsonaro» [et Macron ? oublié ? NdT] d’une part, et de l’autre, un volet proposant la «requalification de la santé publique en tant qu’outil fondamental» incarné par la Chine, la Corée du Sud et l’Italie. Il y a des leçons majeures à tirer de la Corée du Sud, de Taïwan et de Singapour.

L’alternative forte, note Mezzadra, se situe entre une «sélection naturelle de la population», avec des milliers de morts, et «la défense de la société» en employant «des degrés variables d’autoritarisme et de contrôle social». Il est facile d’imaginer qui bénéficiera de cette reconstruction sociale, un remix, au XXIe siècle, du Masque de la Mort Rouge de Poe.

Au milieu de tant de pessimisme, comptez sur l’Italie pour nous offrir des nuances de lumière de style Tiepolo. L’Italie a choisi l’option Wuhan, avec des conséquences extrêmement graves pour son économie déjà fragile. Les Italiens en quarantaine ont remarquablement réagi en chantant sur leurs balcons : un véritable acte de révolte métaphysique.

Même les milliers de milliards de dollars, tombant du ciel par un acte de miséricorde divine de la Fed, n’ont pu guérir du Covid-19. Les «dirigeants» du G-7 ont dû recourir à une vidéoconférence pour réaliser à quel point ils étaient ignorants – alors même que la lutte de la Chine contre le coronavirus donnait à l’Occident une longueur d’avance de plusieurs semaines [pour se préparer].

Le Dr Zhang Wenhong, basé à Shanghai, l’un des meilleurs experts chinois en matière de maladies infectieuses, dont les analyses ont été pertinentes jusqu’à présent, affirme maintenant que la Chine est sortie des jours les plus sombres de la «guerre populaire» contre le Covid-19. Mais il ne pense pas que ce sera fini d’ici l’été. Maintenant extrapolez au monde occidental ce qu’il dit pour la Chine.

Ce n’est même pas encore le printemps, et nous savons déjà qu’il faut un virus pour briser sans pitié la Déesse du Marché. Vendredi dernier, Goldman Sachs a déclaré à pas moins de 1.500 sociétés qu’il n’y avait pas de risque systémique. C’était faux.

Des sources bancaires new-yorkaises m’ont dit la vérité : le risque systémique est devenu beaucoup plus grave en 2020 qu’en 1979, 1987 ou 2008 en raison du danger extrêmement accru de l’effondrement du marché des dérivés de 1,5 quadrillion de dollars (1,5×10^24).

Comme le disent les sources, l’histoire n’avait jamais rien vu de tel que l’intervention de la Fed via son élimination, peu comprise, des réserves obligatoires des banques commerciales, déclenchant une expansion potentiellement illimitée du crédit pour éviter une implosion du marché des produits financiers dérivés résultant d’un effondrement total des matières premières et des marchés boursiers à travers le monde.

Ces banquiers pensaient que cela fonctionnerait, mais comme nous le savons maintenant, tout ce bruit et cette fureur ne signifiaient rien. Le fantôme d’une implosion des produits dérivés – en l’occurrence non causée par la possibilité précédente de la fermeture du détroit d’Ormuz – demeure.

covidmasque.jpg

Nous commençons à peine à comprendre les conséquences du Covid-19 pour l’avenir du turbo-capitalisme néolibéral. Ce qui est certain, c’est que toute l’économie mondiale a été arrêtée par un disjoncteur insidieux, littéralement invisible. Ce n’est peut-être qu’une «coïncidence». Ou cela peut faire partie, comme certains le soutiennent hardiment, d’une possible psy-op massive créant l’environnement géopolitique et l’ingénierie sociale parfaite pour une domination tous azimuts.

De plus, avec un travail harassant le long du chemin, et d’immenses sacrifices humains et économiques, avec ou sans redémarrage du système mondial, une question plus urgente demeure : les élites impériales globalisées choisiront-elles toujours de continuer leur guerre hybride totale contre la Chine pour la domination tous azimuts ?

Pepe Escobar

Traduit par jj, relu par Marcel pour le Saker Francophone

vendredi, 03 avril 2020

Manoeuvres stratégiques derrière la crise du Coronavirus

1585725049.jpeg

Manoeuvres stratégiques derrière la crise du Coronavirus

 
 
Auteur : Manlio Dinucci 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Tandis que la crise du Coronavirus paralyse des sociétés entières, de puissantes forces sont à l’oeuvre pour tirer l’avantage maximal de la situation. Le 27 mars l’OTAN sous commandement USA s’est élargie de 29 à 30 membres, en englobant la Macédoine du Nord. Le jour suivant -alors que se poursuivait l’exercice USA “Défenseur de l’Europe 2020”, avec moins de soldats mais plus de bombardiers nucléaires- a commencé en Écosse l’exercice aéronaval OTAN Joint Warrior avec des forces US, britanniques, allemandes et autres, qui durera jusqu’au 10 avril y compris avec des opérations terrestres. 

En attendant, les pays européens de l’OTAN sont avertis par Washington que, malgré les pertes économiques provoquées par le Coronavirus, ils doivent continuer à augmenter leurs budgets militaires pour “conserver la capacité de se défendre”, évidemment de l’”agression russe”.

À la Conférence de Munich, le 15 février, le secrétaire d’état Mike Pompeo a annoncé que les États-Unis ont sollicité les alliés à débourser 400 milliards de dollars de plus pour augmenter la dépense militaire de l’OTAN, qui dépasse déjà amplement les 1.000 milliards annuels. L’Italie doit ainsi augmenter sa propre défense militaire, qui se monte déjà à plus de 26 milliards d’euros annuels, c’est-à-dire plus que le Parlement n’a autorisé à débourser ponctuellement pour l’urgence Coronavirus (25 milliards).  

L’OTAN gagne ainsi du terrain dans une Europe largement paralysée par le virus, où les USA, aujourd’hui plus que jamais, peuvent faire ce qu’ils veulent. À la Conférence de Munich Mike Pompeo a violemment attaqué non seulement la Russie mais aussi la Chine, en l’accusant d’utiliser Huawei et d’autres compagnies comme “cheval de Troie de l’intelligence”, c’est-à-dire comme outils d’espionnage. Ce faisant les États-Unis accroissent leur pression sur les pays européens pour qu’ils rompent aussi les accords économiques avec Russie et Chine et renforcent les sanctions contre la Russie.

Que devrait faire l’Italie, si elle avait un gouvernement qui veuille défendre nos réels intérêts nationaux ? 

Elle devrait avant tout refuser d’augmenter notre dépense militaire, artificiellement gonflée avec la fake news de l’”agression russe”, et la soumettre à une révision radicale pour réduire le gaspillage d’argent public dans des systèmes d’arme comme le chasseur USA F-35. Elle devrait immédiatement supprimer les sanctions contre la Russie, en développant au maximum l’échange avec elle. Elle devrait adhérer à la requête -présentée le 26 mars à l’ONU par la Chine, la Russie, l’Iran, la Syrie, le Venezuela, le Nicaragua, Cuba et la Corée du Nord- que les Nations Unies fassent pression sur Washington pour abolir toutes les sanctions, particulièrement nocives au moment où les pays qui les subissent sont touchés par le Coronavirus. De l’abolition des sanctions contre l’Iran dériveraient aussi des avantages économiques pour l’Italie, dont les échanges avec ce pays ont été pratiquement bloqués par les sanctions USA. Ces mesures et d’autres donneraient de l’oxygène surtout aux petites et moyennes entreprises étouffées par la fermeture forcée, rendraient disponibles des fonds à destiner pour l’urgence, en faveur surtout des couches les moins défavorisées, sans pour cela s’endetter.

Le plus grand risque est celui de sortir de la crise en ayant au cou le noeud coulant d’une dette extérieure qui pourrait réduire l’Italie aux conditions de la Grèce. Plus puissantes que les forces militaires, et qui ont aussi en main les leviers décisionnels du complexe militaro-industriel, sont les forces de la grande finance internationale, qui sont en train d’utiliser le Coronavirus pour une offensive à l’échelle mondiale avec les armes les plus sophistiquées de la spéculation. Ce sont elles qui peuvent porter à la ruine des millions de petits épargnants, et qui peuvent utiliser la dette pour s’approprier des secteurs économiques entiers. 

Dans cette situation décisif est l’exercice de la souveraineté nationale, pas celle de la réthorique politique mais celle, réelle, qui, garantit notre Constitution, appartient au peuple.

Traduction par Marie-Ange Patrizio

samedi, 28 mars 2020

La division de l’Occident une chance pour l’Europe puissance

Article de Caroline Galactéros* publié dans Courrier de Russie le 25/03/2020

Avec le Coronavirus, le monde traverse une crise inédite dont les conséquences politiques, économiques et sociales sont encore imprévisibles, tant sur le plan intérieur, pour chaque État, que dans les relations internationales. Nul doute que cette épidémie historique redessine la carte politique de la planète, les zones d’influence pouvant, par exemple, esquisser, demain, une géographie macabre où les gagnants seront ceux qui, démontrant leur cohésion et leur efficacité, auront su le mieux résister à la maladie. 

Le Courrier de Russie a donc décidé de lancer un débat vif, sans détours, en ouvrant ses pages à des personnalités de tous bords – russes et françaises notamment ‒ connues pour la qualité de leurs analyses géopolitiques et la force de leur engagement.  


L’Europe existe-elle en dehors de sa fonction économique ? Mérite-t-elle d’être défendue comme un ensemble cohérent ? Peut-elle, doit-elle produire de la puissance et de l’influence, devenir un acteur stratégique à part entière sur la scène du monde, faisant jeu égal avec les autres puissances majeures qui, aujourd’hui, la tiennent ouvertement pour quantité stratégique négligeable ? Ou bien la diversité des perceptions, des ambitions et des calculs des États membres et son pacifisme hors sol, plombé d’idéalisme moralisateur, rendent-ils à jamais cette ambition utopique ? Peut-elle seulement avoir une évaluation propre de ses risques sécuritaires et de défense, ou ne sera-t-elle toujours qu’un appendice de l’OTAN que, pour ne pas trop humilier, on nomme pompeusement « le pilier européen de l’Alliance » ?

Toutes ces questions vitales restent sans réponse à ce jour. Nous sommes toujours des enfants gâtés qui ne veulent pas grandir, des « Tanguy » indécrottables refusant de quitter le nid d’une vassalité qui pourtant nous met en danger. Si nous continuons à nier l’évidence ‒ le découplage grandissant entre nos intérêts économiques, sécuritaires et stratégiques, et ceux de Washington, la claire nécessité de comprendre notre avenir comme eurasien, ce qui suppose de nous rapprocher de Moscou, donc de régler la question ukrainienne ‒, nous sommes promis à l’engloutissement stratégique définitif et nos succès économiques ne nous protégeront pas longtemps d’un dépècement sino-américain qui a déjà commencé… Nous adorons manifestement être humiliés, chaque gifle nous fait du bien. Notre pleutrerie est telle qu’elle donne raison à ceux qui en profitent. Ils ont tout à gagner à nous faire rendre gorge au nom de nos grands principes, qui nous tuent, et de notre renoncement stupide au seul promoteur possible de survie : la souveraineté.

La crise du Coronavirus en donne une fois encore une belle illustration. Pour ne pas paraître discriminants et manquer de solidarité, ou renoncer à l’ouverture généreuse du bel espace européen, nous avons perdu de précieuses semaines à hésiter sur les mesures de confinement territorial. Finalement, chaque pays agit pour lui-même dans une éloquente cacophonie. Donald Trump a beau jeu de nous le reprocher désormais. Bref, nous mélangeons tout et avons complètement perdu la mesure de la gravité des questions sécuritaires européennes au sens le plus large.

Retrouvez l’intégralité de l’article sur le site “Courrier de Russie” en cliquant sur le lien ci-dessous.

https://www.lecourrierderussie.com/opinions/2020/03/coronavirus-et-geopolitique-la-division-de-loccident-une-chance-pour-leurope-puissance/

*Caroline Galactéros, Présidente de Geopragma

jeudi, 26 mars 2020

Aïkido stratégique – Poutine ouvre les portes de l’enfer devant les États-Unis

5-29-740x431@2x.jpg

Aïkido stratégique – Poutine ouvre les portes de l’enfer devant les États-Unis


Par Tom Luongo

Source Strategic Culture

Je suis un grand joueur de jeux de société. Je ne suis pas trop pour les classiques comme les échecs ou le go, préférant les plus modernes. Mais, quoi qu’il en soit, en tant que personne qui apprécie le délicat équilibre entre stratégie et tactique, je dois dire que la maîtrise des horloges par le président russe Vladimir Poutine m’impressionne.

Car s’il y a jamais eu un moment où Poutine et la Russie pouvaient infliger un maximum de souffrance aux États-Unis via leur talon d’Achille, les marchés financiers et leur soif inextinguible de dette, c’est ce mois-ci, juste au moment où le coronavirus atteignait ses côtes.

Comme je l’ai dit, je suis un grand joueur de jeu de société et j’aime particulièrement les jeux où il y a un équilibre délicat entre la puissance des joueurs, qui doit être maintenue pendant que ce n’est pas leur tour. Les attaques doivent être contrecarrées, mais juste assez pour empêcher la personne d’avancer, et pas au point où vous ne pourriez plus vous défendre lors du tour du joueur suivant.

Tout cela au bénéfice de la survie du jeu jusqu’à ce que vous trouviez le moment idéal pour percer et remporter la victoire. Après avoir regardé Poutine jouer à ce jeu au cours des huit dernières années, je crois fermement qu’il n’y a personne, en position de pouvoir aujourd’hui, qui le comprenne mieux que lui.

Et je crois que cette décision de briser l’OPEP+ et ensuite de regarder Mohammed bin Salman briser l’OPEP était le grand mouvement de renversement du style judo de Poutine. Et ce faisant, en moins d’une semaine, il a complètement paralysé le système financier américain.

Le vendredi 6 mars, la Russie a dit niet à l’OPEP […pour une réduction de la production de pétrole pour maintenir les cours]. Le mercredi 11, la Réserve fédérale avait déjà doublé ses interventions quotidiennes sur le marché des REPO, le refinancement des banques au jour le jour, pour maintenir la liquidité bancaire à un niveau suffisant, car les banques ne voulaient plus prendre en pension les bons du Trésor US qui affichaient des taux d’intérêt trop élevés.

Le 12 à midi, la Fed a annoncé 1 500 milliards de dollars de nouvelles facilités de REPO, y compris des contrats à trois mois. À un moment donné pendant la négociation ce jour-là, l’ensemble du marché du Trésor américain s’est tari. Personne n’a fait d’offre pour les actifs financiers les plus liquides et recherchés au monde.

Pourquoi ? Les prix étaient si élevés que personne n’en voulait.

Non seulement nous avons eu une expansion massive des interventions sur le marché REPO par la Fed, mais en plus pour une durée plus longue. C’est un signe clair que le problème est presque sans issue. Les opérations sur le marché  REPO de plus de trois jours sont dans ce contexte une rareté.

BN-PN477_TRUMPF_P_20160823170237.jpg

La Fed qui a besoin d’ajouter 1 500 milliards de dollars en pensions sur trois mois signifie clairement qu’elle envisage le prochain problème à la fin du trimestre, et même au-delà.

Cela signifie, en bref, que les marchés financiers mondiaux sont complètement paralysés.

Et pire que ça…. L’intervention de la Fed n’a pas marché.

Les actions ont continué à fléchir, l’or et d’autres actifs refuges ont été durement touchés par une inversion des flux de capitaux à partir des États-Unis. Dans la foulée immédiate de la décision de Poutine, le dollar a été chahuté alors que les investisseurs européens et japonais, qui avaient empilé les actions US comme refuge, ont liquidé leurs positions et ramené le capital à la maison.

Cela a duré quelques jours avant que Christine Lagarde n’organise son show, à la foire de la Banque centrale européenne, pour dire à tout le monde qu’elle n’avait pas de réponses autres que d’augmenter les achats d’actifs et de continuer à faire ce qui a échoué dans le passé.

Cela a déclenché la phase suivante de la crise, où le dollar commence à se renforcer. Et c’est là que nous en sommes maintenant.

Et Poutine comprend qu’un monde inondé de dettes est un monde qui ne peut plus se payer la devise nécessaire pour rembourser la dette, libellée dans cette devise, dont le coût est en forte augmentation.

Cela exerce une pression supplémentaire sur les rivaux géopolitiques de la Russie en les obligeant à se concentrer sur leurs préoccupations nationales plutôt que sur celles de l’étranger.

Pendant des années, Poutine a supplié l’Occident de mettre fin à sa folle belligérance au Moyen-Orient et en Asie. Il a fait valoir avec éloquence aux Nations Unies et dans des interviews que le moment unipolaire était révolu et que les États-Unis ne peuvent maintenir leur statut de seule superpuissance mondiale si longtemps. La dette finirait par saper sa force qui, au bon moment, se révélerait bien plus faible qu’elle ne le croyait.

Cela ne convient pas au président Trump, qui croit à l’exceptionnalisme américain. Il se battra pour sa version de « America First » jusqu’au bout, en utilisant toutes les armes à sa disposition. Le problème avec cette attitude de «ne jamais reculer» est que cela le rend très prévisible.

banfracking.jpeg

L’utilisation par Trump de sanctions contre l’Europe pour arrêter le gazoduc Nord Stream 2 était stupide et à courte vue. Il s’est ainsi assuré que la Russie serait impitoyable dans sa réponse, et ne retarderait son projet que de quelques mois.

Trump était facile à contrer sur ce coup là. Signer un accord avec l’Ukraine, désespérément à court d’argent, pour faire transiter le pétrole, et rediriger le navire poseur de tuyaux vers la Baltique pour terminer le pipeline Nord Stream 2.

Et avec les prix du gaz naturel en Europe, déjà dans les chaussettes à cause d’une offre excédentaire et d’un hiver doux, il n’y a finalement pas beaucoup de temps ou d’argent perdu. Mieux vaut faire baisser le prix mondial du pétrole bien en dessous des coûts de production aux États-Unis, ce qui garantit que le précieux Gaz Naturel Liquéfié de Trump reste hors du marché européen, alors que le mythe de l’autosuffisance énergétique des États-Unis disparaît dans les cendres des produits financiers dérivés […de la dette astronomique accumulée pour financer la fracturation de l’huile de schiste non rentable.]

Maintenant, Trump fait face à un effondrement du marché bien au-delà de sa capacité à y répondre, et même à le sonder. Alors que la Russie est dans la position unique de réduire les coûts du pétrole pour un grand nombre de personnes, tout en surmontant le choc du système globalisé grâce à ses économies.

Parce que l’argent se déplace là où se trouvent les meilleurs rendements, les prix élevés du pétrole et du gaz étouffent le développement des autres industries. La baisse du prix du pétrole, non seulement dégonfle toutes les bulles financières gonflées par les États-Unis, mais elle dégonfle également une partie de la puissance de l’industrie pétrolière du pays. Cela donne à Poutine la possibilité de continuer à diriger l’économie russe selon des axes moins ciblés que l’énergie. Le pétrole et le gaz bon marché signifient une baisse du retour sur investissement dans les projets énergétiques, ce qui, à son tour, permet au capital disponible de se déployer dans d’autres domaines de l’économie.

Poutine vient de dire au monde qu’il n’exploite pas les ressources pétrolières et gazières de son pays comme une vache à lait, mais plutôt comme un élément important d’une stratégie économique différente pour le développement de la Russie.

C’est comme regarder quelqu’un jouer la première mi-temps d’un jeu avec une stratégie, et passer ensuite à une autre à mi-parcours, profitant de la négligence de son adversaire.

Cela se voit rarement, mais quand ça marche, les résultats peuvent être spectaculaires. Jeu, set, et match, Poutine.

Tom Luongo

Traduit par jj, relu par Kira pour le Saker Francophone

samedi, 21 mars 2020

Confusion and Vacillation in the West

899r.jpg
 

Confusion and Vacillation in the West

Ex: https://journal-neo.org

The coronavirus epidemic and plummeting oil prices have yet again highlighted the fact that the West is in the midst of a systemic crisis, the effects of which can be seen in many different areas.

A great deal of political analysists in the West are raising the alarm to warn people about the chaos that is unfolding in Western governing institutions. The United States and Great Britain are often cited as examples of this deteriorating situation, where “the slavish loyalty of nonentities is valued over competency, experience and decency.” In an article on this topic published in the Arabnews, British journalist Baria Alamuddin writes that “[…] the world’s oldest democratic systems appear to have entered an age of senility, where established practices and safeguards are ignored or maliciously sabotaged at the behest of political and personal agendas.”

This is also being facilitated by the spread of lawlessness around the world, compounded by “[…] the neutering of international law and conflict resolution institutions.”

In the media, different forms of analysis are leading to the same conclusion, which is that Europe is losing its “international weight.” Yet, the EU is having to respond to an increasing number of challenges and faces a growing number of problems. Neither Germany nor France received an invitation to the summit Russia and Turkey held on Idlib. The Europeans are not able to cope with the threat of jihadists moving into Libya, the Sahel, the Sahara and West Africa, and there are new hotbeds of tension springing up in the Eastern Mediterranean.

At the same time, it is also worth noting what Al Jazeera’s senior political analyst Marwan Bishara had to say, who stressed that the outcome of the upcoming US presidential election will be determined by three factors: racism, religious fanaticism and inequality (“Trump is leading a coalition of angry right-wing, white Protestants which caters to corporate America”).

Former German Foreign Minister Joschka Fischer recently noted that Trump winning a second term would “pose an existential threat to the very idea of ‘the West’.” Fischer sharply criticizes the new EU leaders for essentially ignoring the fundamental changes that are taking place in the world, who he says are “spending their time squabbling over agriculture subsidies.” Yet, the key question is: “whether NATO could survive a second Trump term.”

It is worth noting a recent outlook report published by the Egyptian Center for Strategic Studies on how the world situation could develop, which highlighted that the actions being taken by the Turkish President and Ankara’s relations with Moscow “raise the question of whether this country will remain in the NATO military command.”

These conclusions echo the predictions of Cairo’s political analysts. For instance, Director of the Al-Ahram Center for Political and Strategic Studies Dr. Abdel Monem Said Aly stressed that “in many ways, the West is falling apart due to political and ethnic differences”: The EU is a prime example.

In 1970, Asia (including Japan) generated 19% of the world’s GDP, while the West had a 56% share. Now Asia’s share of global GDP is 43%, and the West contributes 37%.

The prevailing confusion and vacillation among American international scholars is symptomatic of this shift. The latest State Department report (March-April 2020) contains varying assessments of the current state of global affairs and of the role the United States should play. Thus, Stephen Wertheim argues that US should abandon its quest for world dominance. In an article titled “The Price of Primacy: Why America Shouldn’t Dominate the World”, Wertheim writes that Washington’s global ambitions are threatening American values. Thomas Wright’s article expresses a completely opposing view: “The Folly of Retrenchment: Why America Can’t Withdraw From the World.”

Graham Allison’s article “The New Spheres of Influence: Sharing the Globe With Other Great Powers” argues that the spheres of global influence need to be redefined.

The world is facing new threats and challenges, and it is clear that the American and European political analysts have yet to discover the formula for dealing with these problems. Moreover, the actions that many Western countries are taking only serve to exacerbate what is already an alarming situation.

In these circumstances, the whole world is looking to Russia and its stable foreign policy, which aims to strengthen adherence to the rules of international law, and it is gaining great respect and growing in popularity, especially given the importance President Vladimir Putin has placed on close international cooperation in order to seriously tackle the increasing number of global challenges.

Vladimir Mashin, Ph.D. in History and a political commentator, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.

mercredi, 11 mars 2020

Le Pentagone veut déployer des micro-réacteurs nucléaires sur ses bases à l’étranger

nucleaire-20200310.jpg

Le Pentagone veut déployer des micro-réacteurs nucléaires sur ses bases à l’étranger

09:52 Publié dans Actualité, Défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : états-unis, défense, armes nucléaires | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 09 mars 2020

The West is Falling Apart

Puños-USA-UE.jpg
 

The West is Falling Apart

While the US officials continue to claim that the US-Europe alliance is functioning as usual, the fact that the post-World War Two arrangement is falling apart is becoming evident with each passing day. This was pretty obvious at the latest Munich security conference. While this even has traditionally the current administration… For we know that this shift began a while ago, and it will continue even after this administration.”

France, very much like Germany, made a clearly dissenting note when its president said, while clearly countering Mike Pompeo’s assertions with regards to the ‘West’s victory’, that the US is actually doing “a rethink of its relationship with Europe”, adding further that the European continent must take ‘its destiny’ in its own hands.

The division rests significantly on how to handle China. Whereas the US policymakers have been reiterating warnings against allowing Chinese telecoms firm Huawei any role in 5G technology, countries like even Britain, otherwise considered to be the US’ closest ally, recently announced that it would allow Huawei to build parts of its 5G mobile network. The decision was taken despite the US officials spending months lobbying against it.

For instance, in the last week of January 2020, some US Congressmen wrote to the members of the British National Security Council to urge them to bar Huawei from playing a role in their next-generation telecom networks. Their letter clearly said that “The facts on Huawei are clear. We hope that your government will make the right decision and reject Huawei’s inclusion in its 5G infrastructure.” Earlier in the second week of January 2020, a US delegation presented the UK with ‘new evidence’ claiming to show security risks posed by using the Chinese firm. None of this has worked of course to wean Britain away from China.

Even in the Munich conference, it became evident that the EU leaders do not share the US idea of China as an enemy. Therefore, the US attempts at manging global issues through unilateral confrontation— be it with Russia and China or Iran and Venezuela — are increasingly failing to strike a chord with Europe, the majority of whom are averse to any form of confrontation, least of all with Beijing.  “We cannot be the United States’ ‘junior partner,” said Macron, citing recent failures in the West’s policy of defiance. German Foreign Minister Heiko Maas echoed the sentiment, warning that China and Russia were ascendant in a new world order where the United States is taking a more confrontational role.

For Europe, confronting China and Russia is increasingly pointless. For one thing, despite decades of confrontation and so-called ‘containment’, the US/West has not been able to really contain either of the two powers. On the other hand, it is the very failure of the policy of containment that is pushing the US towards even more confrontation. For Europe, Russia and China are increasingly becoming important centres of global decision making. “Decisions about the future of the Middle East are made in Astana or Sochi instead of in Geneva or New York,” said German Foreign Minister, referring to the capital of Kazakhstan, now known as Nur-Sultan, and the Black Sea resort of Sochi in Russia.

With the Munich conference thus ending on an even increasing divisions within the West, it is becoming increasingly possible that the US dominated world is dying and there is an increasing acceptance of Russia and China as countries that can be worked with and, in fact, looked towards for investment and new security arrangements—something that shows that the disintegration of the transatlantic alliance is not merely a result of the Trump administration’s policies; it is a result of the changing global geo-political dynamics.

More specifically, it is the inevitable rise of China and Russia that is making it extremely difficult for Europe to remain locked in the binary of East-West rivalry when the world has already become multipolar. Europe’s assertion of its “sovereignty” is only an expression of its own transformation from a US ally to one of the multiple ‘poles.’

Salman Rafi Sheikh, research-analyst of International Relations and Pakistan’s foreign and domestic affairs, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.

dimanche, 08 mars 2020

US Wages Biological War Against China

NEO-Coronaviridae-2-v.jpg
 

US Wages Biological War Against China

Ex: https://journal-neo.org

Shocking news just in from India is enough to make one’s blood run cold. A professor of Molecular Biology in New Delhi’s Jawaharlal Nehru University, Anand Ranganathan, and his colleagues published a preprint (which has not been peer-reviewed as yet) about their research on the novel coronavirus (2019-nCoV) from China.   They discovered a possible link between it and other similar known coronaviruses circulating in animals (such as bats and snakes), and found HIV virus-like insertions in 2019-nCoV.   No other well-studied coronaviruses have such a structure. Hence, their research hints at the possibility that the virus was designed and could be used to wage biological warfare. China’s National Health Commission has reported 31,161 confirmed cases of coronavirus. And on 7 February, there were 31,452 individuals infected with 2019-nCoV worldwide, and 638 had succumbed to the disease.

In light of these recent developments, it seems apt to remind our readers that a fierce, take-no-prisoners type of trade war is currently ongoing between the United States and China. And in the midst of this confrontation, as if by a wave of a magic wand, a coronavirus outbreak started in the PRC, which has already caused enormous damage to the Chinese economy and has considerably weakened Beijing’s bargaining position at the negotiating table.

Bloomberg reported that Chinese stocks plummeted when markets reopened and called these developments “the worst rout since 2015.” For ten days China’s and Hong Kong’s financial markets had been closed on account of the Lunar New Year holiday celebrations nation-wide. And the more than 8% fall in key stock indices has been linked to the coronavirus outbreak.  Share prices of telecommunication, technology and extractive companies are decreasing the most. Crude oil, iron ore and ferrous metal futures fell by 7%, 6.5 % and 6 % respectively. Copper, and crude and palm oil also sank by the maximum daily limit allowed on the Chinese markets.  Fang Rui, the Managing Director at Shanghai WuSheng Investment Management Partnership, said: “A lot of people in the market have not been through situations like today, and you can’t blame people for wanting cash when they feel like their health is at risk.”

Even before the coronavirus outbreak, many experts reported that, recently, Washington, in contravention of international law, was actively developing biological weapons in its numerous laboratories located in the United States as well as abroad. In November of last year, Secretary of the Security Council of Russia Nikolai Patrushev, who is well-versed on the topic, sounded the alarm about this and described key threats to security of many nations of the world. One section of his article addressed policies “aimed at the destruction of the unified humanitarian space” and at sowing division within the CIS (the Commonwealth of Independent States) and the CSTO (the Collective Security Treaty Organization), and also referred to the establishment of laboratories by the United States in CIS countries. “Of particular concern are the Pentagon’s activities aimed at creating biological laboratories across the globe, first of all in CIS countries, which study infectious diseases and can be used to develop biological weapons,” Nikolai Patrushev wrote. Later on, there were reports that more than 200 U.S. biological laboratories began operations worldwide. And some are situated in Azerbaijan, Armenia, Georgia, Kazakhstan, Moldova, Uzbekistan and Ukraine.

In his comments about the research conducted by the Indian scientists, Igor Nikulin, a former advisor to the United Nations commission on chemical and biological weapons, pointed out that China’s medical staff had started treating individuals infected with the novel coronavirus with HIV medicines with some success.  In his interview with newspaper Moskovskij Komsomolets, he said that 2019-nCoV was a weaponized version of the coronavirus, and that there was not a shred of doubt it had been designed for a specific purpose. As scientists are working on a vaccine against this novel virus, medical workers remind the public that the same means for treating the flu should be used to fight this disease.

Corona.png

The main question is who benefits from the fact that yet another epidemic has put a powerful nation such as China off its stride. If we recall the famous “highly likely” tactic unceremoniously used by UK’s former Prime Minister Theresa May to tie the supposed poisoning of Skripal family members to Russia, then the answer to the aforementioned question is obvious: “The outbreak caused by the novel coronavirus (2019-nCoV) that struck China is most likely beneficial to the United States.” And the worse the situation is for Beijing, the better it is for Washington, especially since the outlook for the epidemic looks bleak for now. For example, some experts claim that if the efforts to stop the spread of the virus fail, 250 million residents of China could succumb to the disease!

Notably, 2019-nCoV has even “got to” U.S. tech giant Apple since its production facilities are located just 500 km away from the “epicenter” of the coronavirus, the city of Wuhan. And now, according to the Nikkei Asian, production of popular iPhones could be halted. The Starbucks Corporation has also ended up in a difficult situation. On account of the quarantine, it was forced to close more than half of its 4,000 cafes operating in China (incidentally, the PRC is the second biggest market for the company after the United States).

Still, for some reason Americans do not seem like true victims of the outbreak, especially Apple Inc., after all, its leadership was advised by Donald Trump himself to move its productions facilities to the United States at the very beginning of the trade and economic stand-off between the USA and the PRC. One is even left with the impression that the U.S. President was seemingly able to see the future just as a clairvoyant might. However, a more likely explanation is that he must have simply decided to punish all the U.S. companies whose heads had chosen not to listen to his persistent “recommendations” to relocate their production facilities to the USA. And admittedly, both Apple and Starbucks got truly unlucky.

The same, however, cannot be said about the U.S. political establishment, which is making an enormous effort to bring the upstart, China, to its knees. And why should these attempts be purely economic in nature?  After all, anything goes in this type of conflict, and even if the United States chooses to use prohibited means of warfare or weapons, it is quite clear that no Americans will end up among the defendants for such crimes at the International Court of Justice.

We could remind our readers that this would not be the first time the United States used biological and chemical weapons. During the Vietnam War, the U.S. military spread about 72 million liters of herbicide Agent Orange (to remove foliage), including 44 million liters of this defoliant contaminated with 2,3,7,8-tetrachlorodibenzo-p-dioxin (TCDD) over South Vietnam. TCDD is a persistent organic pollutant that, on entering a human body with water or food, causes various diseases of the liver and blood, birth defects and problems during pregnancy. After American troops had used the herbicide, tens of thousands people died after the war. Altogether, approximately 4.8 million Vietnamese were affected by the spread of the chemical, including 3 million direct victims of the defoliant.

The current coronavirus outbreak and the media hype associated with it have already caused enormous damage not only to the economy of China but that of many other nations of the world.  Flights have been cancelled, production halted, logistics disrupted and fairs have lacked attendees. The epidemic in the PRC has forced more and more large companies to change their plans and improvise. The sudden decrease in air traffic to and from China and the rest of the world has not only reduced revenues of airlines and airports (affected by fewer passengers and flights) but also caused serious problems for companies from various spheres.  President of the World Bank Group David Malpass has said as much, and also alerted the public to the fact that the global economy was “poised to decelerate more than previously estimated” at least in the first half of 2020. He also reminded us that many Chinese goods were transported to destinations worldwide via passenger planes, which is why, at present, companies are forced to quickly adjust their logistics routes based on current conditions.

0f65e1238f42b0adbbb1b02d2e6c66de.png

Coronavirus is, for instance, more dangerous for Germany’s economy than for its people.  Some consequences of it are Lufthansa cancels all of its flights to the PRC, the German travel industry loses its Chinese clients and German companies halt production in China. Due to the outbreak, businesses start to sustain losses.  Mostly fairly well-off Chinese visitors go to Germany, and based on the total amount of money they spend on travel and stay in this country, citizens of the PRC take second place among other foreign nationals. According to German media sources, annually, the Chinese spend approximately 6 billion Euros on transport, accommodation, food and shopping in Germany.

Many tourist attractions in Germany will lack tourists from the PRC in the nearest future. Having pointed out the importance of visitors from China for Germany’s retail, travel and entertainment industries, Petra Hedorfer, the head of GNTB (the German National Tourism Board), expressed hope, in a special press release, that the situation would soon return to normal, and reminded the public that the peak season for Chinese tourists coming to Germany was summer. Hence, these sectors could potentially recoup their losses that will start to grow in the nearest future.

All of this prompted German newspaper Handelsblatt to conclude that Donald Trump was a destructive force, and that three years of his presidency were enough to undermine the current world order, and the trust in the World Trade Organization, NATO and the Paris Agreement. And now we can add waging biological warfare against intransigent rivals to this list – by hook or by crook as the saying goes.

Viktor Mikhin, corresponding member of the Russian Academy of Natural Sciencesexclusively for the online magazine “New Eastern Outlook.

La fin de l’occupation américaine fera de l’Afghanistan un allié de la Russie

a7f9729f66a5402eb875309fee494280_18.jpg

La fin de l’occupation américaine fera de l’Afghanistan un allié de la Russie

L’humain sera t-il un jour capable de vivre en paix ? Les USA vont-il tenir leur promesse?

***

Source Observateur-Continental

Les Etats-Unis se sont engagés à quitter l’Afghanistan d’ici le 1er mai 2021. C’est le terme central de l’accord signé par les autorités américaines avec les talibans, les véritables gouverneurs de la majeure partie de ce pays montagneux. Mais qu’arrivera-t-il après le retrait de l’Otan d’Afghanistan?

L’accord signé la semaine dernière dans la capitale du Qatar entre l’administration américaine et le gouvernement taliban peut être résumé à un seul point – les forces étrangères quitteront l’Afghanistan dans 14 mois. En effet, cela arrivera si les talibans n’attaquaient pas les occupants et les forces gouvernementales, et s’entendaient sur la gestion conjointe du pays avec les protégés des Américains.

Mais c’est néanmoins la reconnaissance par Washington de l’évidence –après presque vingt ans l’occupation de l’Afghanistan les Américains se retirent en transférant le pouvoir à ceux qui dirigeaient le pays avant leur invasion. En d’autres termes, les Etats-Unis ont perdu la guerre après avoir dépensé 2.000 milliards de dollars avec une rotation totale d’effectifs de plus de 700.000 soldats.

Il était inutile d’attendre vingt ans pour s’en convaincre que les talibans ne peuvent pas être battus – l’absence de perspectives des tentatives de créer à Kaboul un gouvernement fantoche était claire dès le départ. Les Américains sont parvenus à occuper l’Afghanistan, mais pas à contrôler le pays: les talibans ont simplement quitté Kaboul et les centres provinciaux au profit des protégés des forces américaines et de leur propre armée – aux représentants de l’Alliance du Nord, essentiellement des Tadjiks et des Ouzbeks, tout en conservant le contrôle de la majeure partie du pays. Les talibans n’étaient pas seulement un « pouvoir de la nuit » – pendant toutes ces années ils restaient le pouvoir réel au moins pour les Pachtounes, le peuple le plus nombreux de l’Afghanistan.

Les Américains se sont enlisés en Afghanistan ne pouvant ni partir ni rester. Les activités militaires contre les talibans sont insensés – les Afghans ne veulent pas combattre des Afghans, malgré tous les différends interethniques et intertribaux. Se racheter constamment contre les talibans? Mais la guérilla des talibans ne cesserait alors jamais. Les talibans contrôlent déjà la majorité du pays, alors que les Américains sont bloqués dans leurs bases et à Kaboul.

La signature en soi de l’accord à Doha paraissait symbolique – des deux côtés il a été signé par des Pachtounes. Non, la paix avec les talibans n’a pas été signée par le gouvernement afghan, qui n’est pas reconnu par les talibans. Simplement du côté des Etats-Unis l’accord sur le retrait des troupes a été signé par le représentant spécial pour l’Afghanistan Zalmay Khalilzad, un Pachtoune, tout comme le chef adjoint des talibans Abdul Ghani Baradar, qui a signé l’accord du côté du pouvoir de la nuit.

La paix est signée à présent. Sera-t-elle respectée, les Américains partiront-ils? Eu égard à toutes les complexités de la répartition des forces afghanes et aux divergences parmi les talibans, aux conditions que les talibans doivent se séparer et mettre les choses au clair avec Daech et Al-Qaïda (ce qui pourrait toujours être un prétexte pour faire échouer l’accord), la disposition en soi des Américains à se retirer ne fait aucun doute. Le président américain Donald Trump veut quitter l’Afghanistan non seulement parce qu’il avait promis de le faire, mais également parce qu’il n’y a rien à en tirer.

La signification stratégique de l’Afghanistan est immense – dans la partie contre la Chine et la Russie elle pourrait, avec le temps, offrir des possibilités uniques. Mais les Américains ne peuvent pas en profiter – le pouvoir de Kaboul est aux prises avec des querelles intestines, d’année en année les talibans deviennent plus forts.

Certes, les Etats-Unis voudraient partir en maintenant leur influence avec un pouvoir ami, des conseillers militaires, voire une grande base. Mais les talibans ne toléreront aucun soldat américain sur le territoire afghan, sinon la guerre éclatera de nouveau.

troupes-americaines-Afghanistan_1_1399_1052.jpg

Mais ne commencerait-elle pas quoi qu’il arrive après le départ des Américains? Il est évident que le chemin de la paix ne sera pas facile, et le nouveau pouvoir afghan devrait être dans un premier temps une coalition – c’est précisément ce qui fera l’objet des négociations qui commenceront dans une semaine entre Kaboul et les talibans. D’abord sur la libération des prisonniers, la trêve, puis un accord sur la gouvernance conjointe.

Les Pachtounes, les Tadjiks, les Ouzbeks, les Hazaras, les Turkmènes et les autres peuples du pays doivent s’entendre aussi bien en leur sein qu’entre eux – le pays aurait alors une chance de mener une vie pacifique. Certes, il serait merveilleux si les forces extérieures les laissaient tranquilles, mais, hélas, c’est impossible. Sachant qu’ils seront influencés non seulement par les Etats-Unis, mais également par le Pakistan, l’Iran, la Russie, la Chine, l’Arabie saoudite et d’autres forces intéressées. Dans tous les cas il faut aider les Afghans à trouver un terrain d’entente entre eux, et non les confronter.

Alors qu’un Afghanistan calme et paisible obtiendrait les garanties de sa sécurité de la part des voisins, ceux qui souhaitent la pacification réelle de ce pays, notamment la Russie et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). L’Afghanistan possède le statut d’observateur à l’OCS depuis 2012 – il ne peut pas devenir membre à part entière de l’organisation tant que des troupes de l’Otan demeurent sur le sol afghan. Après leur retrait et le renforcement du nouveau pouvoir, le pays pourra adhérer à l’OCS, qui entoure déjà l’Afghanistan de tous les côtés.

Observateur-Continental

dimanche, 01 mars 2020

"Le droit américain, facteur de déstabilisation au Moyen-Orient" par Me Ardavan Amir-Aslani

ardavan-amir-aslani.jpeg

"Le droit américain, facteur de déstabilisation au Moyen-Orient" par Me Ardavan Amir-Aslani

 
Intervention de Me Ardavan Amir-Aslani lors de la table ronde "Le droit, arme de puissance économique ?" organisée par le Cercle Droit & Liberté le 12 février 2020 à la Maison des Mines (75005 Paris).
 
Ardavan Amir-Aslani est avocat franco-iranien et fondateur du cabinet Cohen Amir-Aslani. Il dispose d’une forte expertise en matière de réflexion stratégique et de direction de contentieux à l’échelle internationale notamment pour faits de corruption d’agents publics. Il est Chevalier de la légion d'honneur et est également essayiste et spécialiste de la géopolitique du Moyen-Orient. Il est l’auteur de nombreux ouvrages portant sur les relations internationales et notamment « Faire des affaires avec l’Iran » aux éditions Eyrolles.
 

samedi, 29 février 2020

Les Etats-Unis et les traités internationaux ou «Pourquoi se gêner?»

par Gérard Chesnel*

Ex: https://geopragma.fr

Le 31 janvier dernier, la Maison Blanche a publié un communiqué annonçant que « le Président Donald Trump avait annulé la politique de l’administration Obama interdisant aux forces militaires américaines d’employer des mines antipersonnel en dehors de la péninsule coréenne », en utilisant un argument assez fallacieux : les restrictions imposées par l’administration Obama pouvaient occasionner un « désavantage sévère » pendant un conflit. Dans un deuxième paragraphe, comme pour s’excuser, le communiqué précise que ces mines seraient à durée de vie limitée et qu’on s’efforcerait de réduire les dommages involontaires causés aux populations civiles et aux forces alliées.

Cette décision entre en conflit frontal avec la Convention d’Ottawa sur l’interdiction de ce type d’armes. Elle n’a toutefois fait l’objet d’aucun commentaire à Berlin ou à Londres. La France, elle, a réagi par le truchement de la Commission Nationale pour l’élimination des mines antipersonnel, où le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères est représenté par un Ambassadeur. La CNEMA souligne qu’il s’agit d’un « grave recul sur un sujet qui fait le plus large consensus dans la communauté internationale, la Convention d’Ottawa ayant été ratifiée par 164 pays. Les Etats-Unis (qui ne l’avaient pas signée), la respectaient de fait et, en particulier depuis l’élection du Président Trump, avaient fortement augmenté leur contribution aux opérations de déminage dans le monde. Les Etats-Unis, dont les forces sont exposées comme les nôtres, en particulier au Moyen-Orient et au Sahel, à la prolifération des engins explosifs improvisés, ne devraient en aucun cas courir le risque d’affaiblir la lutte contre ces engins de mort, en justifiant leur utilisation quels que soient les précautions et les dispositifs imaginés pour protéger les populations civiles, qui inspirent les plus grands doutes ». Le communiqué de la CNEMA poursuit : « Cette décision est d’autant moins justifiée qu’un consensus s’est désormais établi dans la communauté militaire sur le peu d’intérêt militaire des mines antipersonnel, dont les dégâts pour les populations civiles sont sans commune mesure avec l’utilité opérationnelle ».

Alors pourquoi ? En fait, cette décision, même si elle vise au premier chef l’administration Obama, s’inscrit dans une longue tradition de non-engagement des Etats-Unis dans le moindre traité, la moindre convention qui pourrait limiter en quoi que ce soit leur liberté d’action. Cela remonte aux origines du pays. Dans son message d’adieu au Congrès en 1796, George Washington déclarait déjà : « Notre véritable politique doit être d’éviter des alliances permanentes avec quelque partie que ce soit du monde étranger ». Suivit peu après, en 1823, la fameuse « doctrine Monroe » et, près d’un siècle plus tard, le retentissant refus du Sénat de ratifier la convention créant la Société des Nations, dont pourtant le père était le président américain Woodrow Wilson.

donalt-trump-monde_0_730_587.jpg

Ce refus de s’engager touche tous les domaines, du plus important au plus modeste.

  • Dans le domaine stratégico-militaire, certes les Etats-Unis ont accepté de signer, en 1972, le traité SALT I sur la limitation des armements stratégiques, mais ils avaient affaire à un interlocuteur de même force qu’eux, l’URSS. Ils ont signé également en 1972 le traité ABM interdisant les missiles anti-missiles mais l’ont dénoncé 30 ans plus tard. Et le traité SALT II (1979), même s’il a été respecté par les deux parties, n’a jamais été ratifié par Washington. De même, le traité START I sur la réduction des armes stratégiques a bien été signé en 1991 (et ratifié seulement en 1994) mais START II (1993) n’a jamais été ratifié. Le traité New START, signé en 2010 par les Présidents Obama et Medvedev, arrive à son terme en 2021 et le Président Trump a déjà fait savoir qu’il ne serait pas reconduit. Quant au traité INF sur les armes nucléaires à portée intermédiaire, il a bien été signé en 1987 mais il vient d’être dénoncé par Washington en août dernier, au prétexte que Moscou aurait accru ces dernières années ses capacités de manière incompatible avec le traité. Enfin, rappelons que les Etats-Unis n’ont signé ni la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel (1997), ni la Convention d’Oslo sur l’interdiction des armes à sous-munitions (2008). C’est pourtant Washington qui, dans les années 1970, a déversé sur le Laos des quantités phénoménales de ces « bombelettes » qui tuent encore aujourd’hui, en temps de paix, plus d’enfants que pendant la guerre.
  • Dans le domaine économique, les Etats-Unis ont refusé de signer la Convention de Montego Bay sur le Droit de la Mer (1973) qui crée notamment une zone économique exclusive de 200 milles autour des îles et au large des continents. Cela leur permet de continuer à piller nos ressources halieutiques notamment dans l’océan Pacifique, mais aussi dans l’océan Indien (dont le quart sud est en principe inclus dans notre ZEE).
  • Que dire de l’OMC ? Les Etats-Unis certes y ont adhéré lors de sa création en 1995 mais l’administration Trump bloque depuis deux ans la nomination de juges au tribunal d’arbitrage, entraînant sa paralysie et menaçant l’existence même de l’organisation.
  • Dans le domaine social, l’OIT a fait la liste des conventions non ratifiées par les Etats-Unis : il y en a 66. Parmi celles-ci, la convention sur le travail des enfants n’a pas, elle non plus, trouvé grâce aux yeux de Washington.
  • Pour couronner le tout, le Président Trump a dénoncé dès son élection l’accord sur le climat atteint lors de la COP 21 à Paris en 2015.

Hyper-puissance confite dans son égocentrisme, les Etats-Unis usent et abusent de leur force et de leurs monopoles. En français, on appelle cela « abus de position dominante ». Pour un Américain moyen, peu habitué aux termes juridiques même les plus simples, cela se traduit par : « Pourquoi se gêner ? »

*Gérard Chesnel, trésorier de Geopragma

mercredi, 26 février 2020

Les routes de la soie, la mondialisation à la chinoise et les révolutions de l'espace

Silkroute-map.jpg

Les routes de la soie, la mondialisation à la chinoise et les révolutions de l'espace

Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be


TABLE DES MATIÈRES

- Chine et États-Unis. Préservation du "statu quo" ou inversion de prééminence

- Contestation chinoise du "statu quo" normatif américain

- Le bouleversement de perspective, la dominance continentale et  l'inversion des politiques

- Mouvements stratégiques de l'Occident et antinomies d’alliances en Eurasie

- Le "déclin d’Hégémon". Alternance hégémonique ou "révolution systémique"?

- ONE BELT, ONE ROAD, l'ordre apparent et la ruse. Sur les répercussions stratégiques et militaires de la nouvelle Route de la Soie

- La mondialisation à la chinoise, "un Cheval de Troye"?

- La prépondérance de la terre sur la mer et du mythe révolutionnaire sur le commandement des forces

- Sur les "révolutions de l'espace"

- Le rôle de l'Europe, l'inversion stratégique et Yalta 2

- Recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe

- Le paradigme de l'inversion stratégique de l'Occident

- Un bilan conceptuel

..........................................................................

Chine et États-Unis. Préservation du "statu quo" ou inversion de prééminence

La montée en puissance  de la Chine, depuis la fin de la guerre froide, en termes économiques, politiques, diplomatiques et militaires,fera de celle-ci, selon nombre d' observateurs ,le plus grand protagoniste de l'histoire mondiale.

Cette émergence est susceptible de produire une inversion du rapport de prééminence entre les États-Unis, puissance dominante établie et  premier empire global de l'histoire et la Chine," Empire du milieu" ou État-civilisationnel, vieux de trois mille cinq cents ans et fort d'un milliard-quatre cents millions d'hommes.

A ce sujet, Chalmers Johnson, spécialiste de l'Asie, a soutenu la thèse d'une antinomie conceptuelle  entre "expansion impériale" et "adaptation régionale" et il a précisé, quant à  la conception de l'ordre mondial: "qu'on l'appelle "consensus de Washington", "soft power", ou "nation indispensable", cela aboutit toujours à la nécessité de maintenir un ordre mondial, inspiré, financé,et dirigé par les États-Unis."

Les tentatives américaines pour établir une hégémonie sur la Chine tendent vers des futurs explosifs et sont, en tous cas, vouées à l'échec."

En effet il n'y a pas de place dans le monde pour deux empires.

Contestation chinoise du "statu quo" normatif américain

Or, dès à présent, la contestation chinoise du "statu-quo" normatif, imposé par les États-Unis après la fin de la guerre froide, a déjà pris corps avec le rejet de l'universalité des  valeurs occidentales et de  la première menace ressentie par Béijin, qui est la menace idéologique du "regime change" et donc le défi intérieur de libéralisation du pouvoir et du pluralisme  politique, identifiés à la démocratie occidentale. (ex.Hong Kong)

Quant à l'Europe, le destin de celle-ci se jouera en Eurasie, tant sur le plan diplomatique que militaire. Quant au  premier, dans la capacité de la diplomatie européenne de dissocier la Russie de la Chine, quant au deuxième, par le rôle accru du Pacifique et de l'Indo-pacifique dans l'échiquier stratégique global.

Puisque le modèle de la stratégie dominante des deux derniers siècles a été celui de Clausewitz, la puissance de la terre qu'est Chung Kuo' se prépare à une politique d'affrontement  par une logistique, qui peut adopter Clausewitz sur terre, en cas de guerre conventionnelle, Mahan, sur les deux Océans, Pacifique et Indo-Pacifique, et Sun Tzu dans l'hypothèse d'un double front de combat, terrestre et maritime .

Dans ce contexte la logistique du système One Belt, One Road  devient l'élément décisif de l'épreuve de force probable entre les puissances de la terre et les puissances de la mer, au Nord, au Sud et à l'Ouest du continent européen.

Au même temps , la "limite" du conflit, entre guerre d'alternance hégémonique et guerre d'alternative civilisationnelle, deviendra la variable des ambitions et du combat des  acteurs aux prises,

Le bouleversement de perspective, la dominance continentale et  l'inversion des politiques


Un rappel peut éclairer ce point non négligeable.

Si l'Europe et l' Asie appartiennent géographiquement à un même espace continental, l'Eurasie, un seul pays tache de les rapprocher par un immense réseau d'infrastructures routières, portuaires et numériques.

Ce pays est le Chung Kuo', l'héritier de l'Empire du milieu, dominant "tout ce qui est sous le ciel".

Puissance de la terre, la Chine, rivalisant avec la puissance de la mer, entend manœuvrer, en cas de conflit, par les lignes intérieures du continent, sans dépendre de la logique des flux et des reflux de la "société liquide".

7553.jpg

En Eurasie,marquée par la diversités des Etats et des institutions, la dominance continentale est passée de la Russie à la Chine et le resserrement des alliances prendra la forme d'une activation du réseau des routes de la soie,  modifiant le rapport des forces global.
 

En effet la guerre, selon Sun Tzu,  ne se gagne pas principalement à la guerre ou sur le terrain des combats, mais dans sa préparation.

Les risques  de conflit instaurent une politique ambivalente, de rivalité-partenariat et d'antagonisme.

Il s’agit d’une politique qui a pour enjeu le contrôle de l’Eurasie et de l’espace océanique indo-pacifique, articulant les deux stratégies complémentaires du Hearthland (1) et du Rimland.(2).

Les rivalités, qui secouent aujourd’hui l'Eurasie, ont forcé l’Est et l’Ouest à s’interroger sur un nouveau projet de sécurité en Europe, de stabilité stratégique et d’unité  de l’espace européen.

Mouvements stratégiques de l'Occident et antinomies d’alliances en Eurasie

Dans tout système international, le déclin de l’acteur hégémonique se signale par un resserrement des alliances militaires autour du leader.

Ainsi, dans la conjoncture actuelle, deux mouvements stratégiques rivaux s’esquissent au niveau planétaire :

– l’alliance sino-russe, assurant l’autonomie stratégique du Hearthland, en cas de conflit et promouvant, en temps de paix, la coopération intercontinentale en matière de grandes infrastructures, (projet OBOR -One Belt, One Road - avec la participation d’environ 70 pays)

– la stratégie du « containement» des puissances continentale, par les puissances maritimes du « Rimland » (Amérique, Japon, Australie, Inde, Europe etc.), comme ceinture péninsulaire extérieure à l’Eurasie.

Rappelons que les deux camps sont en rivalité déclarée et que  leurs buts stratégiques respectifs,ne sont pas de cerner des équilibres, fondés sur les concepts d’échanges et de coopération, mais de prévoir les ruptures stratégiques, sous la surface de la stabilisation apparente.

1000x-1.jpg

Ainsi la  fin de la bipolarité, avec l’effondrement de l’empire soviétique, a engendré une source de tensions, entre les efforts centrifuges mis en œuvre par les États de proximité, « les étrangers proches », visant à s’affranchir  du  centre impérial et la réaction contraire de Moscou, pour reprendre son autorité à la périphérie, par une série d’alliances enveloppantes. (OTSC, OCS)

A l’Ouest c'est l’Alliance atlantique, aujourd'hui en crise,  qui a vocation à opérer la soudure de l’intérêt géopolitique d'Hégémon, dans l' immense étendue continentale entre l’Amérique et la Russie

Le "déclin d’Hégémon". Alternance hégémonique ou "révolution systémique" ?

La question qui émerge du débat en cours  est de savoir si la "stabilité hégémonique" (R.Gilpin), qui a été assurée pendant soixante-dix ans par l’Amérique, est en train de disparaître, entraînant le déclin de l'Empire et de la civilisation occidentale, ou si nous sommes confrontés à une alternance hégémonique et à un monde post-impérial dans le cadre toutefois, d'un système planétaire

L’interrogation connexe peut être formulée de manière plus abrupte et intempestive : "Quelle forme prendra-t-elle, cette transition ?"

La forme, déjà connue, d’une série de conflits en chaîne, selon le modèle de Raymond Aron, calqué sur le XXe siècle, ou bien, la forme d’un changement d’ensemble de la civilisation, de l’idée de société et de la figure de l’homme, selon le modèle des "révolutions systémiques", de Stausz-Hupé, embrassant l’univers des relations ,socio-politiques du monde occidental et couvrant les grandes aires de civilisations connues?

ONE BELT, ONE ROAD, l'ordre apparent et la ruse.                                                                                                                                                

Sur les répercussions stratégiques et militaires de la nouvelle  Route de la Soie

Pour mieux inscrire dans la géographie eurasienne, l’ambiguïté de la relation de rivalité-partenariat existante entre l'Empire du milieu et le reste du monde,sous la forme redoutable  d'une politique de coopération multilatérale, Xi Jinping a promus, en 2013 à Astana, la construction d'un ensemble de liaisons maritimes et de voies ferroviaires rappelant les anciennes "voies de la soie",dans le but de rapprocher la Chine, l'Afrique et l'Europe, en traversant les pays d'Asie centrale

La mondialisation à la chinoise. Un "Cheval de Troie"?

Dans la perspective d'un ordre  global et à la recherche de formes d' équilibre et de stabilité à caractère planétaire, la Chine, poursuivant une quête d’indépendance stratégique et d'autosuffisance énergétique étend sa présence et sa projection de puissance vers le Sud-Est du Pacifique, l’Océan Indien, le Golfe et l'Afrique, afin de contrer les goulots d’étranglement de Malacca et échapper aux conditionnements extérieures maritimes, sous contrôle américain.

china-sheffield-trojan-horse.jpg

Elle procède par les lignes internes, par la mise en place d'un corridor économique et par une route énergétique Chine-Pakistan-Golfe Persique, reliant le Port de Gwaidar, au pivot stratégique de Xinjiang.

Beijing adopte la gestion géopolitique des théâtres extérieures et resserre ses liens continentaux avec la Russie. L'influence chinoise est concrétisée par la construction d'une gigantesque "Route de la Soie", reliant le nord de la Chine à l'Europe, via le Tadjikistan, le Kazakhstan et le Turkménistan.

Rien de semblable,depuis l'époque pré-impériale (VIIème siècle avant J.C.), lorsque commença la construction de la Grande Muraille, achevée par Quin (en 221 avant J.C.), après avoir conquis un à un l'ensemble des Royaumes combattants et avoir unifié ainsi  la Chine.

La similitude n'est pas pour dérouter, car l'idée d'unifier l'Eurasie n'est pas lointaine de l'esprit de Xi-Jinping.

Or Obor rassemble à un véritable "Cheval de Troie" de l'âge moderne, destiné à faire basculer l'Histoire du côté de l'Orient Chinois.

Cette entreprise colossale pourrait avoir  pour principe un précepte de Maître Sun Tzu: dans la guerre,"trompe l'ennemi sur tes intentions!" .

Ainsi, en  détournant l'attention des  ennemis de  la conquête de l'Eurasie,le plan de bataille du nouveau Qin Shi Huang consisterait à vaincre sans combattre, "sans ensanglanter la lame!".

La transition d'un système international  à l'autre ne peut comporter une dissertation sur la morale, ni sur la licéité de la guerre, juste ou inique, car la guerre est une réalité primordiale et il faut l'accepter comme un ensemble de confrontations , préparées de longue haleine.

La recherche de l'avantages par la ruse, ou par l'ordre apparent, ne peut cacher que nous combattons hors limites,et que  l'apparence de l'ordre , comme l'apparence du chaos est une conséquence de la force montante, dont dispose aujourd'hui l'Empire du milieu.

Obor, le nom des nouvelles routes de la soie, ne peut être autre chose que l'apparence de l'ordre, face au désordre  de l'Otan, dénoncé par Macron, à l'extrémité occidentale de l'Eurasie.

Un grand dessein non -militaire, destiné à faire capituler l'Occident

Avec Obor, la Chine entend manoeuvrer,à l'intérieur des terres, rivalisant dans tous les domaines, y compris les plus sophistiqués ( les numériques), avec la puissance thalassocratique dominante dans l'Océan Pacifique et indo-pacifique.

Or ce projet de modernisation et de mondialisation, présente l’entreprise de la Chine comme  pacifique, une "Initiative" et pas comme une "grande stratégie", pour éloigner toute allusion à la guerre.

En revanche cet immense vecteur d'hommes et de biens, constitue un incomparable outil de gains stratégiques et logistiques pour la mobilité des théâtres  et le transfert des forces.

Le transfert des forces du front de l"Est au front de l'Ouest par l'Allemagne, pendant la première et deuxième guerre mondiale a été rendu possible par un réseau ferroviaire moderne, à l'époque, et d'une redoutable efficacité militaire.

En Eurasie les fronts sont multiples et il n'y a plus une seule ligne de front, à alimenter en permanence, d'où la valeur accrue du transport multimodal

La prépondérance de la terre sur la mer et du mythe révolutionnaire sur le commandement des forces

Ainsi,en départageant les deux grandes  stratégies de Chung Kuo', terrestre et  maritime, Obor exprime la prépondérance décisionnelle, en cas de crise, de l'armée populaire sur le groupe dirigent, sur le comité centrale du parti et son  primat stratégique sur les  hauts commandements  des armées de terre, de mer et du ciel  , car elle influence  la liaison du peuple et des élites et rappelle l'épopée mythique de la "longue marche".

trainch.jpg

En forte expansion par tonnage annuel ,la marine chinoise aura pour but le"dénis d'accès" des puissances de la mer vers le littoral et, plus loin vers le coeur des terres, le Hearthland de Halford MacKinder, pivot de l'Histoire, car l'empire du milieu, n'a pas vocation à passer d'une existence terrestre à une existence maritime et veut maintenir sur une base continentale la suprématie de Chung -Kuo'.

En réalité, "le jeu politique qui concerne les mers est déterminé par les États terriens." (Julien Freund, in "Terre et Mer" Carl.Schmitt, postface)

Par son tracé, en volutes de dragons, la nouvelle route de la soie  concrétise la géopolitique des partenariats que dessinent les sept corridors de ce grand " boa constrictor" et, par conséquent, la désignation des théâtres et les formes de combats coordonnés dans les trois continents, l'Asie, l'Afrique et l'Europe, afin qu'ils soient  soudés par un réseau de couloirs routiers et maritimes, serrés par une seule main.

Pour atteindre la victoire un État doit avoir la possibilité d'occuper tout ou partie du territoire ennemi et seul la Chine est à la hauteur de cet exploit.

Sur les "révolutions de l'espace"

L'initiative chinoise est elle en train  de susciter une nouvelle révolution de l'espace, comparable, pour ses répercussions, à celles qui l'ont précédées?

Après l'âge de la mondialisation(1980-2019),menée par la logique de l'échange,ainsi que  par l'idéologie des droits de l'homme et d'un monde sans frontières, la Chine inaugure-t-elle une nouvelle phase historique, celle de la "continentalisation" du monde autour de l'Eurasie et d'une autre stabilisation  du pouvoir et  de l'économie?

L"élargissement des horizons du monde, provoqués par l'effondrement du système soviétique, a provoqué une mutation culturelle profonde et donné à l'Asie centrale  une vision "déterritorialisée" de l'univers socio-politique, aux possibilités illimités.

Avec les nouvelles routes de la soie, une autre conception de l'espace s'affirme, par laquelle la terre éclipse la mer et la contourne.

C'est un tournant, dans lequel l'humanité se déplace et un autre rapport s'instaure, plus autonome,  dans la relation entre villes et campagnes du monde, marquant la dépendance de certaines régions d'un moteur plus souple de planification, sous forme de partenariat, de projets de co-développement et d'autres maillage d'affaires

Ce ne sont plus "les écumeurs des mers" (pirates, corsaires, boucaniers et flibustiers), à la recherche d'aventures individuelles et lucratives, mais de vagues de terriens , en quête d'une autre stabilisation et existence sociétale.

La nouvelle dimension  de l'espace exige une autre organisation des terres, à l'échelle planétaire, et cette réorganisation sera naturellement belliqueuse.

Or, si la mer avait rendu possible le rêve de l'Amiral Mahan, d'une unification  des peuples de la mer (Grande Bretagne et États-Unis en 1904), et si les Hollandais à la fin du XVIème siècle,devinrent les "transporteurs" des autres pays d'Europe, par les perfectionnements apportés à un nouveau type de navire, pourvu de vergues, de quoi seront ils porteurs les chinois, si non d'un autre type de transports et de parcours terrestres irradiants.

Pourra-t-on encore faire la distinction entre étrangers et locaux, lorsque des dizaines de millions d'hommes , embarqués sur les rails, feront de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe, un univers sinisé et une "République de Confucius", par une  prise de terre, massive, pacifique et commerçante ?

Au rétrécissement de l'espace européen, fera suite une conscience globale plus éveillée. qui donnera naissance à une nouvelle race, métissée, biologiquement et politiquement, où se confondront blancs, mongols et noirs, gardes rouges fanatiques, ultra-démocrates honkongais, hommes des triades, geishas européennes et arabo-musulmanes, progressistes  trans-gendres, trafiquants  violents et militaires aguerris, pour se disputer le butin de la croissance et le droit à une parole plus libre?

Le rôle de l'Europe, l'inversion stratégique et Yalta 2

Xi-Jinping veut reprendre l'hégémonie géopolitique du monde sur la base de la puissance terrestre et de la vieille tradition des Empires,par la voie des partenariats et non des alliances, qui seules permettent la constitution de blocs homogènes.

Or, le caractère terrestre a pris en Chine une signification culturelle et historique, à laquelle  les autres pays ne peuvent pas prétendre,celle de se percevoir au mileu du monde et de devoir régner "sur tout ce qui est sous le ciel".

Rien de semblable depuis l'Empire de Rome, lorsque les voies impériales et consulaires conduisaient toutes à Rome, "Caput Mundi" et règne du pouvoir  et de la loi.

La maîtrise de la logistique impressionnante d'Obor, dont la clé appartient à la Chine, s'imposera aux forces combattantes et dictera les formes de l'affrontement de demain, autrement dit , les conditions de la paix et de la guerre entre"Orient et Occident".

6051_one_belt_one_road.jpg

Quel sera-t-il, dans ce cas, unique dans l'histoire, le rôle de l'Europe, en ce choc de continents et de civilisations?

Dans une période de mutations profondes et globales, quel espace d'autonomie et de manœuvre, culturel et civilisationnel restera-t-il à l'Europe, par rapport à la puissance extérieure dominante, au sein d'une Eurasie sinisée et d'un Rimland américanisé?

La liberté d'action de l'Europe ne pourra  se définir que par une inversion stratégique à l'Est, autrement dit, par le passage de l'isolement continental de la Russie à celui de la Chine.

C'est pourquoi ce résultat ne peut être obtenu par l'Otan, qui demeure une alliance défensive euro-atlantique, visant la Russe. dans un contexte global d'affrontement.

Si Obor représente la logique d'une ouverture atlantique de la Chine, atteignant  l'Europe, en réponse à la stratégie adverse d'isolement , l'esquisse géopolitique de Macron, concernant les blocages de l'Otan et la reprise du dialogue avec la Russie, laisse présager une ouverture euro-russe du Hearthland et une manœuvre diplomatique de désarticulation du partenariat chino-russe.

A terme, un" Yalta 2 ", influant sur le système international du XXIème siècle, sous espèce d'une "Doctrine Monroe" de l'Eurasie, comme zone d'influence européenne, entre l'Europe,la Russie et la Chine, aura pour but de maintenir le pluralisme étatique et non seulement démocratique en Asie centrale, afin qu'il ne se constitue pas un bloc hostile aux intérêts européens.

Ce plan déterminera aussi  la liberté des Océans Pacifique et Indo-Pacifique et libérera l'accès à  l"extrême Orient, de la part de  l'Australie et du Cône sud des Amériques.

Une nouvelle alliance euro-russe, en défense des intérêts des "grands espaces" schmittiens, sur les frontières de l'ancienne Union Soviétique, replacera l'affrontement hégémonique au cœur de l'Asie centrale,de manière à ne pas être pensé encore sur le modèle la guerre froide à l'Est du continent.

Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine au plan géopolitique, a eu pour but de jouer un rôle d’équilibrage et de contre-poids, au cœur de la masse continentale eurasienne et de repartir les zones d'influence entre les deux puissances dominantes, dans le cadre de la multipolarité.

Cette double poussée, virtuellement antinomique, est corrélée à l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), qui fait fonction de stabilisateur régional

Recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe

La stratégie de la future (et encore hypothétique armée européenne) devrait adopter une politique de recomposition civilisationnelle de l'espace euro-russe ( de Lisbonne à Vladivostock) et passer de la tentative de roll-back et d'isolement de la Russie ( par l'Otan), à une doctrine inversée du Hearthland, en isolant  la Chine qui représente la menace majeure pour la puissance thalassocratique extérieure.

header.png

Celle-ci, comme Athènes dans les guerres du Péloponnèse,  ne pourra gagner au même temps et conjointement la Russie et la Chine, provoquant à l'Ouest l'effondrement définitif de  l'Europe et l'écroulement de la civilisation Occidentale.

La mort d'Athènes et de Rome ne grandiront point l'image créatrice et chaotique de l'Amérique post-impériale, comme héritière du berceau culturel de l'Occident.

Le paradigme de l'inversion stratégique de l'Occident

Le repositionnement des ambitions du triangle États-Unis, Russie et Chine, rééquilibrant la multipolarité actuelle, aurait pour but de rendre limité le règlement d'un conflit éventuel entre les États-Unis et la Chine, évitant une guerre discriminatoire , élargie à l'ensemble de la planète. 


L'affrontement à prévoir aurait alors pour limite l'alternance entre "peer competitors" ou candidats à l'hégémonie et non la structure générale du système international

Il laisserait  subsister les vieilles nations, leurs peuples et leurs mémoires,  dans une position subalterne,  donnant lieu à des métissages inconnus de liberté et de la soumission, au lieu de précipiter le dilemme d'une opposition existentielle entre l'Orient et l'Occident.

Cette limite aurait pour signification essentielle ,la préservation d'un"statu quo" civilisationnel entre les deux hémisphères,  évitant, entre-autre, une invasion des peuplades désordonnées  de l' hémisphère Sud vers  le Nord  de la planète, où une  seule civilisation, continentale et blanche, a promu les grandes découvertes et a fait évoluer le genre humain.

Un bilan conceptuel


Au moment où le Royaume Unis, avec le Brexit, embrasse à nouveau son insularité  et se tourne vers le grand large, les pays du continent voient réapparaître les figures protectrices des États-Nations (souverainisme  et populisme).  Dans ce cadre, l'Europe  considère qu'une conversion du continent à la mer et au libre-échange intégral, est impossible. Ses citoyens gardent la fidélité à leur habitat, essentiellement terrien et prétendent  le préserver et l'améliorer (campagnes écologiques)

En effet l'arcanum des réflexes européens est constitué par la terre et par l'ordre de l’État, le Léviathan.continental.

L'Europe ne garde pas le réflexe côtière de ses anciennes républiques maritimes (Gênes ou Venise), mais l"attachement des paysans, désormais périphériques, à leur terroir et à leur système de vie (Gilets Jaunes).

Dans ce contexte, dans lequel l'état de nature hobbesien ne peut être arbitré que par la violence et par le spectre du conflit, la conception thalassocratique de la guerre, visant le libre commerce, repose sur l'ubiquité du danger, désigné  par la puissance maritime, par le biais d'une alliance  océanique illimitée, l'Otan

C'est dans ce contexte que l'intervention de Macron sur la "mort cérébrale" de l'Alliance Atlantique, éclaire sur la conscience globale de la nouvelle conjoncture historique.

Face à la discorde sur la désignation de l'ennemi, il prend le parti de la terre (Russie) contre la mer (bloc thalassocratique) et sutout contre l'interventionnisme "illimité"et universel de la puissance de la mer (hégémon).

L'Iran, la Chine et la Corée du Nord n'obéissent pas aux figures obsidionales du"Mal", contre lesquelles une violence totale est justifiée et légitime, mais à des figures de "justi hostes", disposant des mêmes droits et des mêmes raisons de faire appel  à la guerre et contre lesquelles une violence illimitée est injustifiée.

En effet le "juste ennemi" est celui que l'on ne peut identifier à la figure du Mal , au nom d'un exclusivisme ou d'une intransigeance morales et dont on peut comprendre l'hostilité et les objectifs politiques, puisque demain il sera peut être un allié.

Puisque l'Eurasie occupe l'espace  historique de l'Allemagne et de la Russie réunies,  la lutte entre la puissance de la mer et la puissance de la terre prend la forme actuelle d'un affrontement entre l'atlantisme de certains pays européens et l'eurasisme de certains courants de pensée russes.

Ainsi, compte tenu de la double impossibilité, d'une domination mondiale unipolaire  et d'un État de l'humanité pacifié, qui suppose une neutralisation et une dépolitisation totale du monde, l'évolution planétaire va dans la direction d'un pluralisme des grands espaces (C.Schmitt), autrement dit, vers des sphères d'influence et des zones culturelles homogènes (Yalta 2), dont la cartographie  obéit , en large partie aux oppositions binaires de la terre et de la mer.

L'échec de la tentative d'instaurer un unipolarisme dominant et la montée en puissance des anciens empires  historiques comme, l'Inde, l'Iran, la Russie et la Chine, justifie la démarche de Macron vers  un nouveau pluralisme du monde autour d'une mère civilisationnelle commune à la Russie et l'Europe, l'Occident romain - orthodoxe.

Le caractère identitaire et irrévocable de cette distinction est au fond la reconnaissance d'une faille profonde entre l'Orient Russe et le grand Orient Chinois, dont les voies de la soie constituent les tentacules puissantes d'un dragon, tiré de son histoire et doué d'un feu existentiel et spirituel  trente cinq fois séculaire.

BRUXELLES le 23 Décembre 2019

lundi, 17 février 2020

André Siegfried et le collectivisme américain

AS-p.jpg

André Siegfried et le collectivisme américain

Par Nicolas Bonnal

 

Ex: https://leblogalupus.com

Une culture organisée autour de la consommation de masse encourage le narcissisme — qui désigne la tendance à voir le monde comme un miroir, et plus précisément comme une projection des peurs et des désirs intimes d’une personne — non pas parce qu’elle rend possessif et capricieux, mais parce qu’elle rend faible et dépendant. Elle mine la confiance que les individus ont en leur capacité à comprendre et modeler le monde, et à pourvoir à leurs propres besoins. Le consommateur a le sentiment qu’il vit dans un monde qui défie la compréhension et le contrôle pratiques, un monde de bureaucratie géante, «saturé d’informations» et constitué de systèmes technologiques complexes et réticulaires susceptibles de s’effondrer subitement, comme lors de la coupure d’électricité géante qui a plongé le Nord-Est des États-Unis dans l’obscurité en 1965 ou lors de la fuite de radiations de Three Mile Island en 1979.

— Christopher Lasch, The Minimal Self (trad. SD).

Rien ne ressemble plus un américain qu’un autre américain, rien ne ressemble plus à un homme moderne qu’un autre homme moderne. On supprime sexes, nations et cultures pour bien le démontrer ; pas besoin d’être un esprit traditionnel pour s’en rendre compte.

Journaliste, essayiste et connaisseur des sociétés anglo-saxonnes, André Siegfried, qui fut repris par Julius Evola, avait la dent dure. Il y a déjà un siècle il écrivait sur ce conformisme des modernes :

« De là une tendance grandissante à réduire toutes les vertus à celle, primordiale, de la conformité. »

Important, l’américain n’est pas une victime (c’est ce que ne comprennent pas les antisystèmes, en France comme ailleurs) : il est un volontaire, un enthousiaste, comme dit Céline. Siegfried :

« Ce ne sont pas les dirigeants qui imposent cette manière de voir, ni même le gouvernement, c’est le grand public lui-même. Dans les universités, la majorité des étudiants sollicitent l’enseignement d’une vérité toute faite, ils demandent aux maîtres moins une culture qu’un instrument de succès. »

AS-ame.jpgPhilippe Grasset a comparé l’américanisme au germanisme. Siegfried rappelait :

« La même crainte instinctive que ressentait la France devant le système germanique, à la veille de la guerre, elle l’éprouve maintenant à l’égard de certaines méthodes américaines, symbolisées dans l’usine Ford. Elle sait bien que, si ce système triomphe, la productivité du monde subira un accroissement formidable, que tout ce qui demeure entre nos mains, latent, noué et matériellement stérile, s’épanouira en réalisations de richesse, mais elle hésite à payer le prix. »

A cette époque (années vingt donc), Duhamel publie ses justes Regards sur le monde moderne ; Céline décrit la rue newyorkaise ou les usines Ford dans les inoubliables pages du Voyage, Hermann Hesse narre sa révolte intérieure dans le Loup des steppes. Siegfried ajoute sur cette massification, ce fordisme des esprits :

« Une transformation sociale d’immense portée résulte en effet de cette structure, qui incline toutes les énergies vers un même but. L’être humain, devenu moyen plus que but, accepte ce rôle de rouage dans l’immense machine, sans penser un instant qu’il puisse en être diminué. La religion, enrôlée dans l’entreprise, exalte à ses yeux le rendement comme une mystique de la vie et du progrès. »

Tocqueville nous disait qu’il ne nous resterait que la famille dans sa Démocratie. Pas même, selon notre essayiste :

« Mais, prise entre l’individu atrophié et la société trop puissamment organisée, la famille se trouve diminuée : aux yeux des chercheurs de rendement social, elle apparaît presque comme un barrage qui arrête le courant. Si l’Église catholique la défend à ce titre, comme une forteresse de résistance et de sécession, la société dans son ensemble ne compte plus sur elle pour l’éducation de la nation : c’est à l’école publique, aux Églises, aux dix mille associations de morale, d’éducation, de réforme, c’est à la presse et presque à la publicité qu’elle demande plutôt d’éduquer les masses. »

Le monde est un drive-in où l’on subit la même programmation, cinématographique, radiophonique ou télévisuelle. Tex Avery s’en rendit très bien compte, lui le dernier esprit libre américain avec Henry Miller.  

Siegfried conclut donc sur cette abdication et ce collectivisme :

« Par-là, en l’absence de ces institutions intermédiaires, dont la collaboration sociale se tempère d’autonomie, le milieu américain tend à prendre l’aspect d’un collectivisme de fait, voulu des élites et allègrement accepté de la masse, qui subrepticement mine la liberté de l’homme et canalise si étroitement son action que, sans en souffrir et sans même le savoir, il confirme lui-même son abdication. »

Le pire est la jeunesse moderne qui est d’autant plus massifiée qu’elle se croit (ou est décrétée) rebelle :

« De cette discipline sociale c’est surtout l’élite étrangère, mal assimilée, qui paraît souffrir. Il se trouve aussi des Américains d’âge mûr pour protester contre elle. Mais la jeunesse, elle, ne laisse apparaître aucune protestation, aucune réaction contre la tyrannie collective : elle l’accepte manifestement comme allant de soi, elle n’a pas la mentalité individualiste ; bref, le régime lui convient. »

Il y a même un vertige à abandonner son individualité :

« Du reste, le profit qu’elle en retire est si grand, la sécurité qu’elle y trouve si parfaite, le vertige de la collaboration qu’elle apporte à quelque chose de plus grand qu’elle-même est si enivrant que, dans cet abandon où il entre du mysticisme, le reste échappe à sa pensée ou à son regret. Nous continuerons cependant de nous demander si, dans cette atmosphère, l’individu peut survivre. »

9782070259120.jpgEt comme Ortega Y Gasset à cette même et lucide époque, Siegfried dénonce le péril collectiviste américain et il pressent ce que l’européen va perdre :

« Dans son enthousiasme à parfaire une incomparable réussite matérielle, l’Amérique ne risque-t-elle pas d’éteindre cette flamme de liberté individuelle que l’Europe, enfantine peut-être dans son rendement économique, avait cru être un des trésors essentiels de l’humanité civilisée ? »

Il en fait même le procès de cette civilisation :

« Ainsi, au moment où les États-Unis connaissent un état de prospérité tel que jamais le monde n’en avait vu de semblable, l’observateur impartial éprouve un doute : cette maîtrise inouïe des biens de la terre conduit-elle en fin de compte à une civilisation plus haute ? Initiatrice des formes modernes de la grande production industrielle, l’Europe s’arrête, effrayée, en percevant les conséquences extrêmes que, logiquement, sa pratique entraîne. »

Il faut rappeler que l’Europe d’alors n’avait pas tout perdu :

« Si certains Européens, qui veulent rajeunir industriellement leur vieux continent, ont pris les États-Unis pour modèle, il en est d’autres qui hésitent et regrettent leur passé, comme plus raffiné et meilleur. Vue du nouveau monde, quand ils y vont, l’Europe, sous une perspective nouvelle, leur apparaît autre qu’ils ne pensaient, autre aussi que les reproches des penseurs orientaux ne la leur avaient dépeinte. À la lumière du contraste américain ils s’aperçoivent que, dans sa hiérarchie des valeurs, la poursuite matérielle n’avait pas tout absorbé, qu’elle réservait encore une grande place, dans ses vénérations, à la pensée libre et sans profit, à la recherche des joies de l’esprit, payée souvent du renoncement à la fortune ou au confort. »

Depuis l’Europe a craqué, et le reste du monde…

NICOLAS BONNAL

Sources :

  • André Siegfried – Les Etats-Unis d’aujourd’hui, dernières pages (classiques.uqac.ca)

dimanche, 16 février 2020

Hegemon américain: le chant des sirènes

static.politico.com.jpg

Hegemon américain: le chant des sirènes

 
 
par Pepe Escobar
Ex: http://www.zejournal.mobi

Une grande partie de l’Occident libéral considère l’interprétation américaine de la civilisation comme une sorte de loi immuable de la nature. Mais, et si cette interprétation était au bord d’une rupture irréparable ?

Michael Vlahos a exposé que les États-Unis ne sont pas un simple État-nation mais un « leader de système » (un "hegemon") – « une puissance civilisationnelle comme Rome, Byzance et l’Empire ottoman ». Et, faut-il ajouter, la Chine – qu’il n’a pas mentionnée. Un leader de système est « un cadre identitaire universaliste lié à un État. Cette position est utile car les États-Unis possèdent clairement ce cadre identitaire aujourd’hui ».

414CnrU9NyL._SX313_BO1,204,203,200_.jpgDans un essai virulent, Alastair Crooke, notre indéfectible allié issu du renseignement, approfondit la manière dont cette « vision civilisationnelle » a été « déployée avec force à travers le monde » comme une expression inévitable de la Destinée manifeste [1] des Américains : non seulement politiquement – avec tout l’attirail de l’individualisme et du néo-libéralisme occidentaux, mais aussi en combinaison avec « les valeurs du judéo-christianisme ». [2]

Crooke note également à quel point l’élite du pays croit dur comme fer que sa victoire dans la Guerre froide a « affirmé de façon spectaculaire » la supériorité de la vision civilisationnelle américaine.

Eh bien, la tragédie post-moderne – du point de vue des élites américaines – est que cela pourrait bientôt ne plus être le cas. La sordide guerre civile qui fait rage à Washington depuis trois ans – avec le monde entier comme spectateurs stupéfaits – a encore accéléré le malaise.

Souvenons-nous de la Pax Mongolica

Il est inquiétant de constater que la Pax Americana est peut-être condamnée à une existence historique plus courte que la Pax Mongolica – créée après que Gengis Khan, le chef d’une nation nomade, eut entrepris de conquérir le monde.

Genghis a d’abord investi dans une offensive commerciale pour s’emparer des Routes de la Soie, écrasant les Kara-Kitais du Turkestan oriental, conquérant le Khorezm islamique et annexant Boukhara, Samarcande, la Bactriane, le Khorassan et l’Afghanistan. Les Mongols ont atteint la périphérie de Vienne en 1241 et l’Adriatique un an plus tard.

Cette superpuissance de l’époque s’étendait du Pacifique à l’Adriatique. Il est difficile de s’imaginer le choc pour la Chrétienté occidentale. Le pape Grégoire X n’avait qu’une seule idée, qui étaient ces conquérants du monde et pouvaient-ils être christianisés ?

Parallèlement, seule une victoire des Mamelouks égyptiens en Galilée, en 1260, a sauvé l’Islam d’une annexion à la Pax Mongolica.

main-qimg-c7a9cee9512ebec84d9e5e37656c9de4.jpg

La Pax Mongolica – une puissance unique, organisée, efficace et tolérante – a coïncidé historiquement avec l’âge d’or des Routes de la soie. [3] Kubilai Khan – le maître de Marco Polo – voulait être plus chinois que les Chinois. Il voulait prouver que les conquérants nomades, devenus sédentaires, pouvaient apprendre les règles de l’administration, du commerce, de la littérature et même de la navigation.

Pourtant, à la mort de Kubilai Khan, l’empire s’est fragmenté en khanats rivaux. L’Islam en a tiré profit. Tout a changé. Un siècle plus tard, les Mongols de Chine, de Perse, de Russie et d’Asie centrale n’avaient déjà plus rien à voir avec leurs ancêtres cavaliers.

Un saut dans le jeune XXIe siècle montre que l’initiative, historiquement, se trouve à nouveau du côté de la Chine, à travers le Heartland et le Rimland. Les entreprises qui changent le monde et les règles du jeu ne sont plus originaires d’Occident, comme ce fut le cas du XVIe siècle à la fin du XXe siècle.

Malgré tous les vœux pieux pour que le coronavirus fasse dérailler le « siècle chinois », qui sera en fait le siècle eurasiatique, et au milieu du tsunami myope de la diabolisation des nouvelles Routes de la soie, il est toujours facile d’oublier que la mise en œuvre d’une myriade de projets chinois n’a même pas encore commencé.

C’est en 2021 que tous ces corridors et axes de développement continental devraient s’accélérer à travers l’Asie du Sud-Est, l’océan Indien, l’Asie centrale, l’Asie du Sud-Ouest, la Russie et l’Europe, parallèlement à la Route maritime de la soie, qui prépare un véritable collier de perles eurasiennes, de Dalian [en Chine, NdT] jusqu’au Pirée en passant par Trieste, Venise, Gênes, Hambourg et Rotterdam.

Pour la première fois depuis deux millénaires, la Chine est en mesure de combiner le dynamisme de l’expansion politique et économique à la fois sur le plan continental et maritime, ce que l’État n’avait pas connu depuis le court périple expéditionnaire mené par l’amiral Zheng He dans l’océan Indien, au début du XVe siècle. L’Eurasie, dans un passé récent, vivait sous le joug colonial occidental et soviétique. Aujourd’hui, elle passe à la multipolarité – dans une série de permutations complexes et évolutives emmenées par la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie, l’Inde, le Pakistan et le Kazakhstan.

Aucun des acteurs ne se fait d’illusions sur les obsessions du « leader du système » : empêcher l’Eurasie de s’unir sous une seule puissance – ou une coalition telle que le partenariat stratégique Russie-Chine ; veiller à ce que l’Europe reste sous l’hégémonie des États-Unis ; empêcher l’Asie du Sud-Ouest – le « Grand Moyen-Orient », si vous préférez – d’être liée aux puissances eurasiennes ; et empêcher par tous les moyens la Russie-Chine d’avoir un accès facile aux voies maritimes et aux corridors commerciaux.

Le message de l’Iran

Pendant ce temps, un soupçon s’installe : le plan de l’Iran, en écho à la guerre du Donbass de 2014, pourrait consister à aspirer les néocons américains dans un chaudron à la russe, [4] au cas où leur obsession du changement de régime deviendrait encore plus hystérique.

Il existe une possibilité sérieuse pour que, sous pression maximale, Téhéran abandonne définitivement le JCPOA ainsi que le TNP (Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires), invitant ainsi ouvertement une attaque américaine.

En l’état actuel des choses, Téhéran a envoyé deux messages très clairs. La précision de l’attaque de missiles sur la base américaine d’Ayn Al-Asad en Irak, en réponse à l’assassinat ciblé du général de division Qassem Soleimani, signifie qu’aucune base du vaste réseau militaire américain n’est désormais invulnérable.

BACN Battlefield Airborne Communications Node.jpg

Et le brouillard des dénis de non-déni qui entoure la destruction du Battlefield Airborne Communications Node de la CIA (BACN) – essentiellement un nid à espions volant – à Ghazni, en Afghanistan, est également porteur d’un message.

La star de la CIA Mike d’Andrea, connu sous les noms « Ayatollah Mike », le « Croque-mort », le « Prince noir », ou tout ce qui précède à la fois, peut ou non avoir fait partie des victimes. Indépendamment du fait qu’aucune source du gouvernement américain ne confirmera ou ne niera jamais que l’Ayatollah Mike soit mort ou vivant, ou même qu’il existe, le message reste le même : vos soldats et vos espions sont également vulnérables.

Depuis Pearl Harbor, aucune nation n’avait osé prendre de haut le leader du système de façon aussi flagrante que l’a fait l’Iran en Irak. Vlahos a mentionné une chose que j’ai pu constater par moi-même en 2003, à savoir que « les jeunes soldats américains qualifiaient les Irakiens ‘d’Indiens’, comme si la Mésopotamie était le Far West ». La Mésopotamie est l’un des principaux berceaux de la civilisation telle que nous la connaissons. Eh bien, en fin de compte, les 2 000 milliards de dollars dépensés pour bombarder l’Irak en vue d’y apporter la démocratie n’ont pas joué en faveur de la vision civilisationnelle du « leader du système ».

Les sirènes et la dolce vita

Ajoutons maintenant de l’esthétique à notre politique « civilisationnelle ». Chaque fois que je visite Venise – qui est en elle-même un reflet vivant de la fragilité des empires et du déclin de l’Occident – je choisis certaines étapes des Cantos, le chef-d’œuvre d’Ezra Pound.

En décembre dernier, après de nombreuses années, je suis retourné à l’église Santa Maria dei Miracoli, également connue sous le nom de « La boîte à bijoux », qui joue un rôle de premier plan dans les Cantos. En arrivant, j’ai dit à la signora gardienne que j’étais venu pour voir « Les sirènes ». Avec un sourire complice, elle a éclairé mon chemin le long de la nef jusqu’à l’escalier central. Et elles étaient là, sculptées sur des piliers des deux côtés d’un balcon : « des colonnes de cristal, des acanthes, des sirènes sur les chapiteaux », comme on peut le lire dans le Canto 20.

monumento_funebre_al_doge_andrea_vendramin_02.jpgCes sirènes ont été sculptées par Tullio et Antonio Lombardo, fils de Pietro Lombardo, maîtres vénitiens de la fin du XVe et du début du XVIe siècle – « et Tullio Romano a sculpté les sirènes, comme le dit l’ancienne gardienne : de sorte que depuis lors, personne n’a pu en sculpter d’autres pour la boîte à bijoux, Santa Maria dei Miracoli », comme on peut le lire dans le Canto 76.

Pound s’est trompé sur les noms des créateurs des sirènes, mais là n’est pas la question. La question est la façon dont Pound voyait les sirènes comme l’incarnation d’une culture forte – « la perception de tout un âge, d’une accumulation de savoirs et d’une séquence de causes, est entrée dans un assemblage de détails dont il serait impossible de parler en termes de portée », comme l’écrit Pound dans Guide to Kulchur.

Autant que ses chefs-d’œuvre chéris de Giovanni Bellini et Piero della Francesca, Pound a bien compris que ces sirènes étaient l’antithèse de l’usura – « l’art » de prêter de l’argent à des taux d’intérêt exorbitants, qui non seulement prive une culture du meilleur de l’art, comme le décrit Pound, mais qui est aussi l’un des piliers de la financiarisation et de la marchandisation totales de la vie elle-même, un processus que Pound avait brillamment prévu lorsqu’il a écrit dans Hugh Selwyn Mauberley que, « toutes les choses sont en perpétuel changement, a dit le Sage Héraclite ; mais une vulgarité bon marché régnera tout au long de nos jours.” [5]

aff_dolce_vita-1.jpgLa dolce vita aura 60 ans en 2020. Tout comme les sirènes de Pound, le tour de force aujourd’hui légendaire de Fellini à Rome est comme un palimpseste en celluloïd noir et blanc d’une époque révolue, la naissance des Swingin’ Sixties. Marcello (Marcello Mastroianni) et Maddalena (Anouk Aimée), impossiblement cool et chic, apparaissent comme la dernière femme et le dernier homme avant le déluge de « vulgarité bon marché ». À la fin, Fellini nous montre Marcello désespéré par la laideur et, oui, la vulgarité qui s’immiscent dans son magnifique mini-univers – l’esquisse de la culture trash fabriquée et vendue par le ‘leader du système’ qui allait rapidement nous engloutir tous.

Pound était un non-conformiste américain humain, trop humain, au génie classique débridé. Le ‘leader du système’ l’a mal interprété, l’a traité en traître, l’a mis en cage à Pise et l’a envoyé dans un hôpital psychiatrique aux États-Unis. Je me demande encore s’il a pu voir et apprécier La dolce vita dans les années 1960, avant de mourir à Venise en 1972. Après tout, il y avait un petit cinéma à quelques pas de la maison de la rue Querini, où il vivait avec Olga Rudge.

« Marcello ! » Nous sommes encore hantés par le chant de sirène d’Anita Ekberg, debout dans la Fontana di Trevi. Aujourd’hui, toujours otages de la vision civilisationnelle du ‘leader du système’ en déliquescence, nous réussissons à peine à jeter, comme l’a mémorablement écrit TS Eliot, « un demi-regard en arrière, par-dessus notre épaule, vers la terreur primitive ».

Traduction et introduction Entelekheia

Note de la traduction:

[1] Sur la « Destinée manifeste », doctrine fondatrice des USA, voir l’article : Aux origines de l’exceptionnalisme des USA : la « Destinée manifeste »

[2] « les valeurs du judéo-christianisme » : en fait, les valeurs protestantes. Voir à ce sujet Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1904-1905), en libre téléchargement ici. 

[3] L’entreprise commerciale historique des « Routes de la soie » (IIe siècle av.J.C. – XIVe siècle après J.C.) s’appelait encore récemment la Route de la soie, au singulier. Mais sa réouverture par Xi Jinping a fait émerger un problème : le public la voyait comme une route unique, de Chine jusqu’au cœur de l’Europe, et non comme ce qu’elle était en réalité, un réseau dense de routes, de relais, de carrefours et de pistes caravanières étendues à partir de Chine sur toute l’Asie centrale, l’Europe centrale et le Moyen-Orient. De sorte que le pluriel a été adopté pour mieux la définir.

[4] Le chaudron à la russe est une tactique militaire qui consiste à prendre l’adversaire en tenaille, puis à l’encercler. Elle a été notamment illustrée par la bataille de Debaltsevo, dans le Donbass ukrainien en 2015, où les armées des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk avaient piégé des centaines de soldats de l’armée de Porochenko dans un chaudron de ce type.

[5] Selon le pré-socratique Héraclite (fin du VIe siècle av. J.-C.), rien n’était immuable, toutes choses étant soumises à des changements continuels. Pour Pound donc, dans le monde à venir qu’il prévoyait au début du XXe siècle, seule la vulgarité bon marché allait être immuable.

mardi, 11 février 2020

Le message de Pompeo aux Irakiens : Si vous nous virez, on vous enterrera vivants

pompeo-.jpg

Le message de Pompeo aux Irakiens : Si vous nous virez, on vous enterrera vivants

 
 
par Mike Whitney 
Ex: http://www.zejournal.mobi

L'administration Trump menace de détruire l'économie irakienne en détenant une source essentielle de revenus qui est sous le contrôle de la Réserve fédérale US. Cette menace vient en réponse à la décision unanime du Parlement irakien de mettre fin à l'occupation militaire par Washington, qui dure depuis 17 ans.

Le peuple irakien et ses représentants au parlement sont révoltés par le récent assassinat du plus respecté des généraux iraniens, Qassem Soleimani, qui a été sauvagement pulvérisé par un missile Hellfire sur ordre direct de Donald Trump. Le Premier ministre irakien, Adel Abdul-Mahdi, et les députés qui le soutiennent, estiment que les USA ont violé de manière flagrante la souveraineté de l'Irak en tuant un dignitaire en visite sans obtenir au préalable l'aval du gouvernement. C'est pourquoi le Parlement et le Premier ministre ont demandé à l'administration de respecter la volonté du peuple irakien et de retirer toutes les troupes usaméricaines du pays.

En réponse à la demande du parlement, le président Trump a menacé d'imposer des sanctions économiques draconiennes à l'Irak, le Département d'État publiant dans le même temps une déclaration provocatrice, rejetant catégoriquement les demandes de l'Irak et refusant même d’en discuter. Voici un extrait de cette déclaration :

« L'Amérique est une « force pour le bien » au Moyen-Orient. Nos forces militaires présentes en Irak vont poursuivre leur lutte contre Daech et, comme l'a dit le secrétaire d'État, nous sommes résolus à protéger les Américains, les Irakiens et nos partenaires de la coalition... À l'heure actuelle, toute délégation envoyée en Irak aurait pour rôle de discuter de la meilleure façon de réaffirmer notre partenariat stratégique - pas de discuter du retrait de nos troupes, mais du déploiement juste et approprié de nos forces au Moyen-Orient. …. Il est néanmoins nécessaire qu’une conversation s’engage entre nos gouvernements, non seulement sur les questions de sécurité, mais aussi sur notre partenariat financier, économique et diplomatique. Nous voulons être l’ami et le partenaire d’un Irak souverain, prospère et stable ».

Il serait intéressant de savoir si le « président fantôme » Mike Pompeo a rédigé le communiqué lui-même ou s'il a été assisté par les autres conseillers néoconservateurs du Département d'État. Quoi qu'il en soit, cette directive laconique ne laisse planer aucun doute sur le fait que l'Irak reste la propriété exclusive du gouvernement des USA, qui ne permettra pas que qui que ce soit conteste sa poigne de fer. Quelle que soit la définition qu’on en donne, l'Irak reste une colonie usaméricaine, c'est-à-dire « un pays qui est sous le contrôle politique total ou partiel d'un autre pays et qui est occupé (militairement) par ce pays ».

L’impérieuse réponse de Pompeo montre que, malgré un absurde battage dans les médias occidentaux, l'Irak n'est ni indépendant ni souverain.

Un examen plus attentif du communiqué du Département d'État laisse entrevoir la manière dont Pompeo entend maintenir l'Irak sous la coupe de Washington. Lorsqu'il dit : « Il faut discuter ... de notre partenariat financier, économique et diplomatique », il semble vouloir dire : « Nous n'avons pas l'intention de lancer une nouvelle opération contre-insurrectionnelle coûteuse en Irak. Simplement, nous allons retenir le produit des revenus pétroliers de l'Irak, ce qui mènera le gouvernement à la faillite et plongera le pays dans une nouvelle phase de conflits sectaires ».

Cette nouvelle stratégie, qui revient à du chantage, est étoffée dans plusieurs articles récents qui n'ont suscité que peu d’attention dans les médias. Selon le Wall Street Journal:

"Le Département d'État a prévenu que les USA pourraient fermer l'accès de l'Irak au compte de la banque centrale du pays détenu à la Banque de la Réserve fédérale de New York, une mesure qui pourrait constituer un coup dur pour une économie irakienne déjà chancelante, selon certains responsables....

L'avertissement concernant le compte de la banque centrale irakienne a été transmis par téléphone au Premier ministre irakien mercredi... La Banque de la Réserve fédérale de New York, qui peut geler les comptes en vertu de la loi américaine sur les sanctions ... a déclaré ne pas faire de commentaires sur les titulaires de comptes spécifiques.

« La Réserve fédérale des USA a la mainmise sur l'ensemble de l'économie [irakienne] », a déclaré Shwan Taha, président de la banque d'investissement irakienne Rabee Securities... ("U.S. Warns Iraq It Risks Losing Access to Key Bank Account if Troops Told to Leave", Wall Street Journal)

C'est ainsi que l'administration Trump fait des affaires. Après avoir envahi l'Irak sous de faux prétextes, tué un million de personnes et réduit de vastes étendues du pays à un désert inhabitable, les USA mènent actuellement une politique de « terre brûlée » financière visant à forcer l'Irak à se conformer à leurs diktats. On voit mal comment le Département d'État peut qualifier ce comportement de « force pour le bien », mais c’est peut-être une forme d’humour. En tout cas, le danger pour la fragile économie irakienne est bien réel, comme le montre cet article de l'Agence France-Presse (AFP). En voici un extrait:

« Les responsables irakiens craignent un "effondrement" économique si Washington met à exécution ses menaces de sanctions, notamment en bloquant l'accès à un compte aux USA où Bagdad dépose ses revenus du pétrole, qui alimentent 90% du budget national... »

Le Bureau du Premier ministre a reçu par téléphone cette menace : « Si les troupes américaines sont expulsées, « nous » - les USA - bloquerons votre compte à la Banque fédérale de réserve de New York ». Le compte de la Banque centrale d'Irak auprès de la Fed a été créé en 2003 à la suite de l’invasion usaméricaine qui a renversé l’ex-dictateur Sadam Hussein… En vertu de la résolution 1483 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui levait les cruelles sanctions globales et l'embargo pétrolier imposés à l'Irak après l'invasion du Koweït par Saddam, tous les revenus des ventes de pétrole irakien seraient versés sur ce compte.

rtx75rbf.jpg

L'Irak est le deuxième producteur de brut de l'OPEP, et plus de 90 % du budget de l'État, qui a atteint 112 milliards de dollars en 2019, provient des revenus pétroliers... À ce jour, les revenus sont versés quotidiennement en dollars sur le compte de la Fed, le solde s'élevant maintenant à environ 35 milliards de dollars, ont déclaré des responsables irakiens à l'AFP... Chaque mois environ, l'Irak transfère de ce compte de 1 à 2 milliards de dollars en espèces pour des transactions officielles et commerciales.

« Nous sommes un pays producteur de pétrole. Ces comptes sont en dollars. En couper l'accès signifie fermer totalement le robinet », a déclaré le premier fonctionnaire irakien... Le second a déclaré que cela signifierait que le gouvernement ne pourrait pas assurer les dépenses quotidiennes ou payer les salaires et que la monnaie irakienne baisserait fortement. « Cela signifierait l'effondrement de l'Irak, a déclaré ce fonctionnaire ». (“Iraq warns of ‘collapse’ if Trump blocks oil money”, Daily Sabah)

Cet article est essentiel pour comprendre la politique usaméricaine en Irak, alors prenons une minute pour le résumer :

1- La richesse de l'Irak est entre les mains de la Fed
Depuis les premiers jours de l'invasion (2003), la Réserve fédérale retient les revenus des recettes pétrolières de l'Irak. Cet argent n'a jamais été directement sous le contrôle du peuple irakien ou de ses représentants élus.

2-Les revenus du pétrole irakien ne bénéficient pas au peuple irakien
L'Irak est actuellement le deuxième producteur de brut de l'OPEP, et plus de 90 % du budget de l'État, qui a atteint 112 milliards de dollars en 2019, provient des revenus du pétrole. Bien que cela semble être une somme importante, il faut noter que les contrats pétroliers de l'Irak ont été établis sous la férule des USA, ce qui signifie que le pétrole irakien n'est pas assez payé, et que les revenus ne sont pas répartis équitablement entre les Irakiens.

3- La Fed est un acteur politique profondément impliqué dans la mise en œuvre de la politique étrangère us-américaine
La Réserve fédérale est un acteur politique qui joue un rôle essentiel dans la diffusion du néolibéralisme. La Fed travaille avec des agents du gouvernement pour empêcher des pays comme l'Irak de contrôler leurs propres richesses ou d'exercer leur propre souveraineté.

4- Le gouvernement irakien reste soumis à l'étreinte mortelle de Washington
L'Irak a actuellement 35 milliards de dollars sur un compte de la Fed dont il ne peut pas disposer, auquel il n'a pas accès et qui ne peut être utilisé pour améliorer la vie du peuple irakien. Au lieu de cela, le gouvernement irakien doit attendre que ses maîtres yankees libèrent l'argent au compte-gouttes ,comme bon leur semble. Maintenant que le Parlement irakien a mis l'Oncle Sam en colère en exigeant que ses troupes quittent le pays, Washington menace de « fermer le robinet », ouvrant ainsi la voie à un effondrement économique suivi de troubles sociaux généralisés.

5-L'Irak doit vendre son pétrole en dollars US
Le pétrole irakien est uniquement libellé en dollars US, ce qui renforce le système pétrodollar, lequel recycle les revenus en dette usaméricaine. Cela contribue à son tour à maintenir la domination du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale, qui est un outil politique utilisé par Washington pour imposer son propre modèle de développement aux pays étrangers.

Ce bref rappel montre que la politique des USA en Irak est un racket éhonté qui ne sert que les intérêts de Washington et de son allié israélien. Il faut toutefois rajouter un item à cette liste : c'est l’incapacité de la politique usaméricaine à aborder le problème des infrastructures détruites ou négligées du pays, de son chômage massif persistant, de la pollution généralisée de son eau potable ou de la pauvreté extrême et désespérante qui frappe une grande partie de la population. (23% de la population irakienne vit en dessous du seuil de pauvreté alors que « plus de la moitié de la population urbaine vit dans des taudis »).

L'électricité n'est disponible qu’environ 8 heures par jour, alors que les températures estivales dépassent souvent les 38 degrés Celsius. 20 % des ménages irakiens boivent une eau dont la qualité est peu sûre, tandis que 65 % doivent utiliser les réseaux publics comme principale source d'eau potable.
Le chômage s'élève à 23% (selon le FMI) alors que le chômage des jeunes atteint 40% (toujours selon le FMI).

Ainsi, alors que les géants du pétrole continuent à engranger des profits florissants sur l'extraction record de pétrole, des millions d'Irakiens vivent au jour le jour dans un environnement de plus en plus précaire et misérable.

Les médias font généralement porter le chapeau au gouvernement pour les problèmes de l'Irak (« mauvaise gestion, inefficacité bureaucratique et corruption »), mais la véritable source des problèmes est l'invasion usaméricaine. Avant l'invasion, l'Irak était un pays relativement sûr et modérément prospère. Aujourd'hui, c'est un État « failli », brisé et dysfonctionnel, qui demeure impuissant, coincé sous la botte de Washington. Il est peu probable que cela change sous l'administration actuelle, qui a déjà exprimé son intention de prolonger l'occupation à perpétuité.

La guerre en Irak est la plus grande catastrophe de notre temps. À part une poignée de Likoudniks [membres du Likoud, parti dominant de la droite israélienne] fanatiques et de compagnies pétrolières géantes, personne n'en a tiré le moindre bénéfice. Une civilisation vieille de 5 000 ans a été sadiquement anéantie sous les bombes pour que Washington et son allié, Israël, puissent redessiner la carte du Moyen-Orient et imposer leur hégémonie sur une région du monde hautement stratégique.

L'auteur, Nir Rosen, a résumé les choses ainsi dans une interview accordée à Democracy Now il y a dix ans :

« Nous avons détruit l'Irak, et nous avons détruit toute la région, et il faut que les US-Américains le sachent ».

Traduit par Jacques Boutard Tlaxcala

jeudi, 06 février 2020

On The Decline In US Strategic Thinking And The Creation Of False Stereotypes

US+Flag.jpg

On The Decline In US Strategic Thinking And The Creation Of False Stereotypes

Ex: https://www.geopolitica.ru

In early January 2020, the RAND Corporation published its latest research report on Russia entitled “Russia’s Hostile Measures. Combating Russian Gray Zone Aggression Against NATO in the Contact, Blunt, and Surge Layers of Competition”.

The report is made up of four chapters: 1. Russian hostile measures in every context; 2. The evolution and limits of Russian hostile measures; 3. Gray zone cases and actions during high-order war; and 4. Deterring, preventing, and countering hostile measures. There are also two appendices: 1) An evolutionary history of Russia’s hostile measures; and 2) Detailed case studies of Russia’s use of hostile measures.

By the headings alone, it is possible to gauge the kind of psychological effect that the authors of the monograph wanted it to have. They clearly wanted to say that Russia as a political entity is aggressive – it has been that way throughout history and it will continue to be so in the future – and it is therefore vital to prevent such aggression in a variety of ways.

It is also stated that the report was sponsored by the US Army as part of the project “Russia, European Security, and ‘Measures Short of War’” and that the research and analysis was conducted between 2015 and 2019. The purpose of the project was “to provide recommendations to inform the options that the Army presents to the National Command Authorities to leverage, improve upon, and develop new capabilities and address the threat of Russian aggression in the form of measures short of war.” In addition, the report was reviewed by the US Department of Defense between January and August 2019, and the RAND Corporation conducted seminars in European NATO member countries as part of the project. Notably, one of the first events was held in February 2016 at Cambridge University, which has become a kind of hub for visiting experts from other countries.

From a scientific perspective, the report’s authors adhere to the classical American school – Kremlinologist George Kennan and his concepts are mentioned, as is Jack Snyder, who coined the term “strategic culture” on the basis of nuclear deterrence. The sources referred to in the footnotes are also mostly American, with the exception of a few translated texts by Russian authors (both patriots and liberal pro-Westerners) and official government bodies. But, on the whole, the report is of rather poor scientific value.

Two interrelated topics are discussed in the first chapter that, over the last five years, the West’s military and political communities have steadfastly associated with Russia – the grey zone and hybrid warfare. It is clear that these phrases are being used intentionally, as is the term “measures”, since Western centres are trying to use the terminological baggage of the Soviet past alongside their own modern concepts, especially when it refers to military or security agencies (the term “active measures” was used by the USSR’s KGB from the 1970s onwards). It is noted that NATO officially began to use the term “hybrid warfare” with regard to Russia following the events in Crimea in 2014.

Examples given of active measures during the Cold War include: assassination (the murder of Stepan Bandera); destabilisation (training Central and South American insurgents with Cuba in the 1980s); disinformation (spreading rumours through the German media that the US developed AIDS as a biological weapon; disseminating information about CIA sabotage efforts); proxy wars (Vietnam, Angola); and sabotage (creating panic in Yugoslavia in 1949).

Although America’s involvement in such techniques was more sophisticated and widespread (from establishing death squads in Latin America and supporting the Mujahideen in Afghanistan by way of Pakistan to the Voice of America radio programmes and governing remotely during riots in Hungary and Czechoslovakia) and certain facts about the work of Soviet intelligence agencies are well known, the examples cited of measures taken by the USSR are not backed up by authoritative sources.

Russias-hostile-measures.jpg

Russia’s hostile measures in Europe

Other methods for influencing the report’s target audience are noticeable, and these have been used before to create a negative image of Russia. These include a comparison with the actions of terrorist organisations: “the shock and awe generated by the blitzkrieg-like success of Russia in Crimea and the Islamic State in Iraq generated considerable analytic excitement. A few early accounts suggested that Russia had invented a new way of war” (p. 6).

According to the authors, the West had already clearly decided what to call Russia’s actions in 2016. With that in mind:

“– Gray zone hostilities are nothing new, particularly for Russia.

– Russia will continue to apply these tactics, but its goals and means are limited.

– Deterring, preventing, or countering so-called gray zone behavior is difficult” (p. 7).

The report also states that many articles on the subject written in 2014 and 2015 contained overly exaggerated value judgements, but, in 2017, analyses of the grey zone and hybrid warfare shifted towards a balanced and objective view of Russian power.

This should also be queried, because a relatively large number of reports and papers on similar topics have been published since 2017. Even the US national defence and security strategies had a blatantly distorted view of both Russia and other countries.

The only thing one can possibly agree with is the coining of the new term “hybrid un-war”, which emerged from debates in recent years. It’s true that Russia is employing certain countermeasures, from modernising its armed forces to imposing counter sanctions, but many of these are in response to provocative actions by the West or are linked to planned reforms. Evidently, the authors understand that it will be difficult to make unfounded accusations, so they are covering themselves in advance by choosing a more suitable word. Against the general backdrop, however, the reference to an “un-war” seems rather vague.

It should be noted that the first appendix contains a list of academic literature on Soviet and Russian foreign policy that supposedly backs up the authors’ opinions on the methods of political warfare being carried out by Russia (and the USSR before it). Among the most important sources are declassified CIA reports and assessments, along with similar files from the US National Security Archive that were posted online by staff at George Washington University. Needless to say, the objectivity of documents like these is rather specific.

The section on the institutionalisation and nature of Russian hostile measures is interesting. The authors point out that Russia has an existential fear of NATO and the West as a whole because it has been threatened by external invasion for centuries. The timeline begins in the 13th century with the Mongol invasion that ended with the destruction of Moscow, and it finishes with Germany’s invasion of the USSR and the deaths of 20 million Russians. Interestingly, the 20th century also includes the North Russia intervention by the US and its allies. Such selectivity is surprising, as if there had been no aggression from the Teutonic Order or other wars prior to the 13th century. The 18th century is excluded from the list entirely, yet it was a pivotal era for the Russian state (the Great Northern War, the wars with the Persian and Ottoman empires, the Russo-Swedish War and so on), when numerous external challenges had to be met.

But the report then mentions NATO’s expansion to the East and America’s use of soft-power methods, including the organisation of colour revolutions in the post-Soviet space, where there were Russian client governments. Although it says in justification that NATO never threatened Russia, it emphasises that NATO’s physical infrastructure and military capabilities forced Moscow to include it on its list of national security threats.

In addition to this, the RAND experts point out Russia’s worry over internal revolt. The report once again provides a selective timeline that includes the Decembrist revolt, colour revolutions in the post-Soviet space, and even the war in Syria, which is described as “a long-standing Russian client state” (p. 15).

It then goes on to paraphrase Dmitri Trenin, director of the Carnegie Moscow Centre, who said that the Kremlin fears US intervention and the Russian General Staff fears NATO intervention. It therefore follows that “[t]he perception of a threat influences behavior, even if the perceived threat is overblown or nonexistent. Whether or not one believes that worry, or even paranoia, is the primary driver behind current Russian actions in the gray zone and its preparations for high-order war, this essential element of Russian culture demands an objective and thoughtful accounting” (p. 16).

Following this is a description of the security apparatus that carries out hostile measures. A line is drawn between the NKVD, KGB and FSB, and these are also joined by the SVR, for some reason. The armed forces are considered separately, with a focus on the GRU and special forces. And that’s it. There is no mention of the police, the public prosecutor’s office and the investigative committee or even the FSO. It is even a bit strange not to see “Russian hackers” and private military companies, which are a regular feature of such reports. It is also noted that current actions are nothing other than a “continuity of the Brezhnev Doctrine” (p. 21), which only exists in the imaginations of Western experts. The authors themselves acknowledge further on that this is how speeches by Brezhnev and Gromyko, quoted in Pravda in 1968, were interpreted by Western observers.

On the next page, it claims that neo-nationalism is an ideological tool for Russian foreign policy! And there is another rather interesting passage further on, when the authors of the report confuse former Russian Foreign Minister Igor Ivanov with former Russian Defence Minister Sergey Ivanov. Although they mention Igor Ivanov’s name in the context of grand strategy, foreign policy and neo-nationalism in Russia, they then refer to “Ivanov’s own 2003 military doctrine and reform plan” (p. 23). And this is given as confirmation of the aggressive neo-nationalist strategy that, according to the authors, is associated with Igor Ivanov! If the authors had been more attentive, they would have discovered that, at that time, Igor Ivanov was serving as the head of the foreign ministry, while the defence minister was Sergey Ivanov. Especially as they make reference to an article by a Western author, who, in 2004, analysed the Russian defence ministry’s reform and uses the right name (Matthew Bouldin, “The Ivanov Doctrine and Military Reform: Reasserting Stability in Russia,” Journal of Slavic Military Studies, Vol. 17, No. 4, 2004). It seems that, when compiling the report, they simply copied an additional footnote to lend extra weight, but it was the wrong one.

It goes without saying that such a large number of errors undermines the entire content of the report. And this raises a logical question: what was the authors’ intention? To earn their money by throwing a bunch of quotes together or to try and understand the issues that exist in relations between Russia and the West?

Judging by the number of mistakes and biased assessments, it was most probably the former. There are also traces of a clear strategic intent, however.

This can be seen in the description of the grey zone where Russia is actively operating, because the case studies provided as examples of Russia’s activities in the grey zone are its bilateral relations with Moldova (1990–2016), Georgia (2003–2012), Estonia (2006–2007), Ukraine (2014–2016), and Turkey (2015–2016). According to the authors, then, the grey zone is independent sovereign states, including NATO members! And virtually all of them, with the exception of Turkey, are former post-Soviet countries that are in the sphere of Russia’s natural interests.

As for the methods that Russia allegedly employs, these are all heaped together in a big pile: economic embargoes, which have been imposed by Moscow for various reasons (the ban on wine imports from Moldova and Georgia, for example), support of certain political parties, compatriot policies, and diplomatic statements and sanctions (in relation to Turkey, for example, when a Russian plane was shot down over Syria).

Eventually, the report states: “Our five cases may not stand alone as empirical evidence, but they are broadly exemplary of historical trends. […] Russia applies hostile measures successfully but typically fails to leverage tactical success for long-term strategic gain” (p. 49).

From this, the report concludes that:

“1. Russia consistently reacts with hostile measures when it perceives threats.

  1. Both opportunism and reactionism drive Russian behavior.
  2. Russian leaders often issue a public warning before employing hostile measures.
  3. Short- and long-term measures are applied in mutually supporting combination.
  4. Diplomatic, information, military, and economic means are used collectively.
  5. Russia emphasizes information, economic, and diplomatic measures, in that order.
  6. All arms of the government are used to apply hostile measures, often in concert.”

In their description of Russia’s actions, the RAND experts even go so far as to include resistance to the Wehrmacht in occupied Soviet territories during the Second World War, including the partisan underground, as an example of “Soviet hostile measures”, when “Soviet agents aggressively undermined the German economic program […] in the western occupied zone”! (p. 53). The report then goes on to say: “By the time the Soviets shifted to the counteroffensive, they had generated a massive, multilayered hostile-measures apparatus tailored to complement conventional military operations” (p. 53) and “[f]ull-scale sabotage, propaganda, and intelligence operations continued apace throughout the war” (p. 54). Immediately after this ludicrous statement is a paragraph on the actions of the KGB and GRU against insurgents in Afghanistan. This is then followed by an attempt to predict what Russia will do in the future.

So, from the report we can draw the following conclusions. First, it is unclear why the “hostile measures” described in the report include fairly standard practices from international experience that are also used in the West as democratic norms. Second, the report contains a number of distorted facts, errors, incorrect assessments and conclusions that undoubtedly undermine its content. Third, such specific content with attempts to manipulate history is clearly intended to further tarnish Russia’s image, since it will be quoted by other researchers and academics in the future, including by way of mutual citation to reinforce credibility. Fourth, if the US command and NATO are going to perceive this mix of speculation, phobias and value judgements as basic knowledge, then it really could lead to a further escalation, although the hostile measures will be employed by the US and NATO. Fifth, the report clearly adheres to the methodology of the liberal interventionist school, which is somewhat strange for a study that claims to be a guide to action for the military, since the US military usually adheres to the school of political realism, in accordance with which the interests of other states must be respected. And since Russia’s sphere of interests is included in the grey zone, this suggests attempts to deny Russia its geopolitical interests.

Source: OrientalReview