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mercredi, 03 mars 2021

L'Amérique est de retour : Biden bombarde comme Trump

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L'Amérique est de retour : Biden bombarde comme Trump

par Alberto Negri & Tommaso Di Francesco

Source : Il Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it

Biden, personnage emblématique de certains des échecs internationaux des démocrates pendant les années Obama, accueille le pape en Irak en bombardant les milices chiites en Syrie. Un voyage au cours duquel le Pape Bergoglio devrait rencontrer le grand ayatollah Sistani qui, en 2014, a donné sa bénédiction aux milices chiites pour mener la lutte contre les coupeurs de têtes de l’Etat islamique.

Bien sûr, le monde est étrange. L'"espoir démocratique", le catholique Joe Biden, exactement comme Donald Trump, court aux armes et bombarde la Syrie, à la veille de la visite du pape en Irak le 5 mars. Un voyage au cours duquel le pape François devrait également rencontrer la plus haute autorité religieuse irakienne, le grand ayatollah Ali Sistani, qui en 2014 avait donné sa bénédiction aux milices chiites pour mener la lutte contre les coupeurs de têtes de l’Etat islamique, milices qui ont joué un rôle essentiel dans la libération de Mossoul, ville martyre musulmane et chrétienne que le pape devrait visiter dans quelques jours dans le cadre de sa mission en Irak.

Aujourd'hui, les raids américains risquent de nous démontrer voire de nous avertir urbi et orbi que le climat ne doit pas être exactement celui de la paix dans la région. Le monde est en effet étrange : l'ordre du jour ne devrait pas inscrire la guerre dans sa convocation mais plutôt l'urgence sanitaire vu le Covid 19. Et puis Biden n'a pas encore pris conscience du désastre de la démocratie américaine assaillie par des "terroristes internes" - comme il les a appelés - qui ont fait des ravages au Congrès. Le voilà qui commence déjà à se décharger de la crise interne en "exportant" la démocratie par les armes.

Cette fois, Biden frappe un peu au hasard, même s'il a tué plus de vingt personnes appartenant aux milices pro-chiites, celles qui ont soutenu Assad et le gouvernement irakien dans les opérations militaires qui ont conduit à la défaite du califat, qui est toujours dangereusement en action aux frontières entre la Syrie et l'Irak. L'année dernière, c'est Trump qui a frappé au Moyen-Orient en tuant le général iranien Qassem Soleimani à Bagdad, maintenant c'est Biden : mais on pouvait s'y attendre de la part d'un président qui, en 2003, a voté pour l'attaque de Bush Jr. contre l'Irak .

Biden est un type contradictoire. D'un côté, il souhaite reprendre les négociations avec Téhéran sur l'accord nucléaire de 2015 voulu par Obama et annulé par Trump en 2018, mais dans le même temps, il bombarde les alliés de l'Iran coupables, selon les Américains, de frapper leur base militaire en Irak et l'aéroport d'Erbil au Kurdistan irakien. Bien sûr, tout se passe sans la moindre preuve. Mais cela aussi fait partie de la "double norme" imposée au Moyen-Orient : les Américains et les Israéliens n'ont rien à prouver, ce qu'ils font est toujours juste.

C'est une bonne chose que Biden se soit présenté aux Européens comme le champion du multilatéralisme et des droits de l'homme en s'attaquant à la Russie et à la Chine : avec ces prémisses, il devrait au moins tuer par le truchement d’un drone le prince saoudien Mohammed bin Salman puisque, selon la CIA, celui-ci est derrière le meurtre du journaliste Khashoggi. Et pendant que nous attendons - mais cela va-t-il vraiment arriver ? - le rapport de la CIA qui le prouve, il y a des nouvelles d'un appel téléphonique "d'adoucissement" de Biden au roi Salman, pendant la nuit, sur les crimes de son fils et héritier.

Le Pacte d'Abraham entre Israël et les monarchies du Golfe, auquel le nouveau président, tout comme Trump avant lui, tient tant, pèse sur les bonnes intentions de Biden. Et on ne peut pas cacher le fait que Biden est l'une des figures emblématiques de certains des échecs internationaux des démocrates pendant les années où Obama, Hillary Clinton et Kerry ("M. Climat") tenaient les rênes du pouvoir aux Etats-Unis, alors qu'il était un vice-président connu surtout pour ses gaffes.

La preuve vivante de ces échecs est son propre homme fort, le général Lloyd J. Austin, l'actuel chef du Pentagone qui s'est dit hier confiant "que nous avons bien fait de frapper les milices chiites" qui, elles, nient toute implication dans les frappes en Irak. Devant le Sénat en 2015, le général Austin, alors commandant du CENTCOM, le commandement militaire du Moyen-Orient, a admis avoir dépensé 500 millions de dollars pour former et armer seulement quelques dizaines de miliciens syriens sur les 15.000 prévus pour combattre l’Etat islamique, qui, lui, s'est approprié toutes ces précieuses armes américaines.

Austin a également témoigné que le plan dit Timber Sycamore, géré par la CIA et doté d'un milliard de dollars, visant à évincer Assad du pouvoir, avait été lancé en Jordanie, puis décimé par les bombardements russes et annulé à la mi-2017.

Le général Austin a soulevé l'irritation et l'hilarité des Américains en découvrant une série d'échecs épouvantables dignes d'une république bananière. Mais il n'y a pas de quoi rire quand on pense à toutes les catastrophes que les États-Unis ont provoquées dans la région. Par exemple, la décision de retirer le contingent américain d'Irak : après avoir détruit un pays par des bombardements et par l'invasion de 2003 pour renverser Saddam Hussein - provoquant la fuite de millions d'êtres humains. Rappelons que cette invasion s’est déclenchée sur base de mensonges propagandistes concernant les armes de destruction massive de l'Irak. Washington a abandonné ce pauvre pays à son sort, sachant pertinemment qu'il n'avait pas les moyens de se débrouiller seul. Austin a suivi la politique d'Obama et de Clinton.

En 2014, l'Irak est submergé par la montée du califat qui, après avoir occupé Mossoul, la deuxième ville du pays, s'apprête à prendre également Bagdad : l'armée irakienne est en plein désarroi et c'est le général iranien Qassem Soleimani, avec des milices chiites, qui sauve la capitale. Et Soleimani a été tué par un drone américain à Bagdad. Pire encore : ce qui s'est passé en Syrie après le soulèvement de 2011 contre Assad. La guerre civile s'est rapidement transformée en guerre par procuration et les États-Unis, dirigés alors de facto par Hillary Clinton, ont donné le feu vert à Erdogan et aux monarchies du Golfe, dont le Qatar, pour soutenir les rebelles et les djihadistes qui étaient censés faire tomber le régime.

On sait comment cela s'est passé : les djihadistes ont envahi la Syrie puis ont inspiré plusieurs attentats à travers l'Europe mais Assad est toujours en place avec le soutien de l'Iran et surtout de la Russie de Poutine, entrée en guerre le 30 septembre 2015 en bombardant les régions de Homs et Hama. Quelques heures auparavant, Obama avait marqué son accord pour que Poutine agisse en Syrie en le rencontrant en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York.

Dans cette histoire tissée de ratés, Biden a joué un rôle, même s'il ne fut pas le premier dans le spectacle: aujourd'hui, en Syrie, il joue à la fois le rôle du canardeur tout en accueillant le pape en claironnant un bruyant "bienvenue au Moyen-Orient".

mardi, 02 mars 2021

L’Europe, les GAFAM et l’impuissance régulatoire

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L’Europe, les GAFAM et l’impuissance régulatoire

par Charles Thibout
Ex: https://chronik.fr
  • Ce texte est issu de l’audition de Charles Thibout sur « la régulation européenne du numérique », dans le cadre de la réunion des commissions des affaires européennes de l’Assemblée nationale et du Bundestag (12 février 2021).

L’Europe continue de briller par son absence parmi les puissances publiques et privées nées de la troisième révolution technologique. A défaut, elle tente de renouer avec l’une fonctions modernes de la puissance publique : la régulation. Les deux règlements dévoilés par la Commission européenne – le DSA (Digital Services Act) et le DMA (Digital Market Act) sont précisément censés réguler le marché du numérique et limiter les abus des grandes entreprises de la tech. Ces textes annoncent-ils l’avènement d’une Union européenne érigée en puissance régulatrice du numérique ?

L’Europe, c’est-à-dire ici les institutions de l’UE et ses États membres, est prise dans un faisceau d’injonctions contradictoires, dès qu’il est question des grandes entreprises transnationales du numérique, en particulier d’origine américaine (GAFAM) et chinoise (BATHX). Pourtant, les déclarations des dirigeants européens sont à l’unisson (ou presque) : ces entreprises brideraient la croissance endogène de l’UE et entameraient sa « souveraineté », du moins son indépendance.

La souveraineté numérique via la régulation numérique

Pour remédier à cette situation, un mot clef, « magique », est martelé : la régulation, soit l’encadrement par des instruments normatifs plus ou moins contraignants d’un marché considéré comme défaillant. Ainsi, la Commission européenne, via le Digital Market Act (DMA) et le Digital Services Act (DSA), a affiché sa volonté de contrer la puissance de ces entreprises en s’attaquant à leur position dominante (on retrouve là le souci quasi-idiosyncrasique de la concurrence libre et non faussée chère à la « machine bruxelloise »). Au-delà du marché, la Commission s’intéresse aussi à l’espace public que représentent ces plateformes, qui, avouons-le, ont joué un rôle majeur dans la démocratisation de l’information et de l’accès à l’information, en dépit de tous les problèmes réels et préoccupants qu’elles ont soulevés par ailleurs.

Les mesures envisagées par la Commission sont-elles utiles, nécessaires, voire efficaces ? D’abord, reconnaissons qu’elles sont ambitieuses et tranchent avec certaines attitudes passées. Ambitieuses quand on songe aux obligations d’interopérabilité des plateformes et à la portabilité des données des utilisateurs, notamment des professionnels, qui sont inscrites en l’état dans le DMA. Tout cela éveille l’intérêt. Il n’est pas certain, en revanche, que cela règle le problème du déficit d’innovation des entreprises européennes et des faibles performances technologiques du continent. L’on peut également douter que les procédures de contrôle et de sanction, prévues dans les deux textes, soient un jour menées à terme, en raison des difficultés techniques et géopolitiques qui ne manqueront pas de se poser.

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Quant au DSA, il est globalement plus raisonnable et mieux équilibré que certaines aventures législatives que nous avons connues par le passé – et que certaines majorités nationales continuent de promouvoir avec exaltation. Songeons particulièrement au fait que l’article 14 sur les mécanismes de notification et d’action ne mentionne pas de délais de traitement précis des signalements : c’est un choix heureux de la part de la Commission. Autrement, vu le nombre de notifications adressées à la firme et le peu de temps pour les traiter, l’on s’acheminerait inéluctablement vers des procédures de censure a priori par la plateforme, ce qui poserait un grave problème pour la liberté d’expression et pour la démocratie.

Pour la liberté d’expression, puisque l’on contraindrait ces entreprises à exercer de facto un pouvoir censorial, qui plus est absolument arbitraire et sans doute démesuré, en ceci qu’elles n’auraient d’autre choix que de retirer un contenu signalé comme « illicite » – voire suspendre le compte d’un utilisateur –, et ce, tout simplement par manque de temps pour se conformer à la législation. Heureusement, ce délai n’est pas mentionné. Cela ne signifie pas, pour autant, que tout risque de ce type est écarté car, malgré tout, l’on octroie ainsi à ces plateformes un pouvoir traditionnellement dévolu à l’autorité judiciaire, qui est, rappelons-le, le gardien des libertés individuelles et, partant, l’un des piliers de la démocratie. Or, cette privatisation et cette dénationalisation de la justice et du pouvoir de censure sont tout ce sur quoi repose l’édifice juridique du DSA : par conséquent, il apparaît nécessaire de réfléchir attentivement aux transformations que cela impliquerait pour nos institutions.

De façon apparemment paradoxale, les États membres voient aussi s’accroître leur capacité d’empiéter sur les droits fondamentaux de leurs citoyens en consacrant leur pouvoir de surveillance. L’article 7 du DSA affirme, certes, que les « fournisseurs de services intermédiaires ne sont soumis à aucune obligation générale de surveiller les informations qu’ils transmettent ou stockent, ou de rechercher activement des faits ou des circonstances révélant des activités illicites ». Cependant, comme le note fort justement Marc Rees pour NextINpact, tout dépendra de l’interprétation qui est faite par les autorités nationales de l’expression « surveillance généralisée ». D’autant que le considérant 28 précise avec une clarté toute technocratique que l’interdiction de surveillance généralisée « ne concerne pas les obligations de surveillance applicables à un cas spécifique et, notamment, cela ne fait pas obstacle aux injonctions des autorités nationales émises conformément à la législation nationale ». L’UE demeure bien une organisation intergouvernementale ; les gouvernants savent imposer leurs conditions lorsque leurs intérêts sont en jeu.

Un enjeu géopolitique pour les Etats-Unis

Plus globalement et de façon quelque peu contre-intuitive, l’ambition de ces textes paraît excessive. Ils semblent s’affranchir tout à fait d’un élément de contexte pourtant central : la pression exercée par la puissance américaine sur le processus décisionnel européen – en témoigne l’épisode pathétique de la crise transatlantique autour du déploiement des équipements 5G de Huawei. En d’autres termes, il est peu probable que Washington accueille d’un œil bienveillant ces dispositions qui, au moins dans le principe, reviennent à entamer son développement économique, sa supériorité technoscientifique et sa capacité de projection sur le reste du monde ; bref, les principes cardinaux de sa puissance.

Les grandes entreprises technologiques américaines représentent un levier de pouvoir incontournable pour l’État fédéral, qui pourrait répliquer brutalement à toute tentative de leur barrer la route. Dans le même temps, l’essor général, et en particulier technologique de la Chine, ainsi que les stratégies parfois contradictoires des entreprises américaines avec les intérêts de leur État de tutelle, ouvrent une fenêtre d’opportunité historique pour les Européens pour parvenir au rééquilibrage de leurs relations avec les États-Unis et, peut-être, au recouvrement de leur autonomie.

Occident/Russie : déconnexion totale

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Occident/Russie : déconnexion totale

par Alain RODIER

Ex: https://cf2r.org

Les néoconservateurs américains, suivis par leurs homologues européens, ont gagné. Il semble que les liens entre l’Union européenne et la Russie sont désormais bien coupés. Il reste bien le projet North Stream II, qui doit approvisionner l’Allemagne en gaz russe, mais nul doute que les lobbies vont tenter de le torpiller en imposant des sanctions aux entreprises qui y participent. Résultat, l’Allemagne risque de finir par être dépendante des énergies ayant reçu le blanc-seing des écologistes radicaux. En résumé, fourniture d’électricité par les centrales au charbon, appel au gaz de schiste américain et à divers apports extérieurs dont le nucléaire français.

L’inflexion de la politique étrangère américaine

Il convient de constater que la nouvelle administration en place à la Maison-Blanche applique la maxime : « America is back ! ». En attendant de s’attaquer au « dur » de sa politique étrangère – les relations avec la Chine et l’Iran -, Joe Biden a en tout cas trouvé là un slogan censé rompre avec son prédécesseur et indiquer la marche à suivre pour les prochaines années. Il convient que les États-Unis soient à nouveau « prêts à diriger le monde, pas à s’en éloigner, prêts à affronter nos adversaires, pas à rejeter nos alliés, et prêts à défendre nos valeurs. ».

Le programme est le suivant : le retour à l’ordre international tel que les États-Unis l’ont défini au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. À la doctrine du désengagement de guerres au faible rapport coût/efficacité voulue par Donald Trump, Biden propose une ancienne doxa modifiée à l’aune des « valeurs » progressistes dont il s’est fait le champion lors de sa campagne : le monde se porte mieux quand l’Amérique en assume la direction. Plus néoconservateur, on ne fait pas ! En premier lieu, il a pris le contre-pied de l’alliance passée par son prédécesseur avec l’Arabie saoudite emmenée par le prince Mohammed Ben Salman. La décision la plus spectaculaire a été le gel des livraisons d’armes à Riyad, engagé dans une longue guerre contre les insurgés houthis au Yémen. Il s’agit de « faire en sorte que les ventes d’armes par les États-Unis répondent à nos objectifs stratégiques » a souligné un porte-parole du département d’Etat, tout en qualifiant cette mesure de « routine administrative typique de la plupart des transitions. » le nouveau président a toutefois réaffirmé, le 26 janvier dernier, l’engagement de Washington « à aider notre partenaire, l’Arabie saoudite, à se défendre contre les attaques sur son territoire. » C’est que derrière l’effet d’annonce, le montage diplomatique bâti par Trump autour de la reconnaissance d’Israël et incluant désormais les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan, mérite probablement d’être prolongé. D’autant plus que les Russes sont embuscade en mer Rouge, région éminemment stratégique où ils font les yeux doux au Soudan afin de trouver un point d’appui pour leur flotte.

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Joe Biden a également décidé de prendre le contre-pied de son prédécesseur concernant l’OTAN et, en particulier concernant la présence militaire américaine en Allemagne. Trump, qui avait de mauvaises relations avec la chancelière Angela Merkel, avait annoncé en 2020 vouloir diminuer d’environ 9 000 hommes ce contingent qui compte près de 35 000 militaires. Cette décision avait été présentée comme une sanction envers Berlin – mais aussi indirectement à l’encontre des autres pays membres de l’OTAN – accusé de ne pas mettre assez la main à la poche.

Le retour de l’« ennemi » russe

Surtout, Joe Biden semble décidé à remettre les pendules à l’heure avec la Russie suspectée d’ingérences multiples, lors des élections américaines et dans bien d’autres pays. Ce n’est pas le retour à la Guerre froide mais cela y ressemble furieusement avec une nuance que ne soulignent généralement pas les experts : le Kremlin ne veut plus envahir l’Europe pour la convertir au marxisme-léninisme. Pour Washington, le temps des « indulgences » est fini. Lors de son premier appel à Vladimir Poutine, Biden n’a pas hésité à aborder les sujets qui fâchent : le sort de l’opposant Alexeï Navalny et de ses partisans, le piratage d’institutions fédérales américaines, les récompenses offertes aux talibans afghans tueurs de soldats américains – selon des informations dont une partie est, au moins sujette à caution. Il y est même allé d’un avertissement à peine voilé : « J’ai clairement dit au président Poutine, d’une façon très différente de mon prédécesseur, que le temps où les Etats-Unis se soumettaient face aux actes agressifs de la Russie, l’ingérence dans nos élections, les piratages informatiques, l’empoisonnement de ses citoyens, est révolu. Nous n’hésiterons pas à en augmenter le coût pour la Russie et à défendre nos intérêts vitaux et notre peuple ». Ce discours est à l’évidence à usage interne car il n’a aucune chance d’être entendu puisque, pour les responsables russes, l’agresseur, c’est Washington.

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Les médias pro-Biden – en particulier européens – ont applaudi, insistant beaucoup sur le soutien apporté aux « démocrates » russes. Vladimir Poutine a, comme d’habitude, gardé son calme, préférant se féliciter d’un accord ouvrant possiblement l’extension pour cinq ans du dernier traité de réduction des arsenaux nucléaires (New START), mais rien n’est encore signé : « Prenons d’abord connaissance de ce que les Américains proposent et nous ferons ensuite un commentaire » a tempéré, le porte-parole du président russe. Il sait qu’en dépit de l’enthousiasme quasi unanime affiché lors de la victoire de Biden, nombre d’Européens ne sont pas encore totalement soumis à Washington.

Plus grave encore, il semble, selon Moscou, que les néoconservateurs ont décidé d’exploiter l’affaire Navalny dans l’ambiance explosive crée par la pandémie de la Covid-19. Ces derniers espèrent, en jetant des milliers de manifestants dans la rue – chiffres pour le moment invérifiables -, provoquer une situation de chaos en Russie, dans le but de renverser le pouvoir en place qui ne leur convient pas car il n’est pas « aux ordres ». Cette manière de procéder est loin d’être nouvelle pour les États-Unis qui prennent toujours garde d’intervenir par proxiesinterposés.

La Russie est ainsi redevenue, que l’on le veuille ou non, l’« ennemi conventionnel » suite aux mesures prises par Washington.

Selon Arnaud Dubien, fin connaisseur de la Russie, « 2014 avait marqué la fin des illusions sur la convergence entre la Russie et l’Occident, processus généralement compris comme l’adoption par Moscou du modèle et des règles du jeu édictées à Bruxelles et Washington ». Autant dire un asservissement aux règles édictées par ces entités. Il est compréhensible que les Russes, de culture orthodoxe et encore imprégnés d’un héritage marxiste, aient été réticents à adhérer aux systèmes de pensée occidentaux jugés décadents et pervers.

Alors que doit répondre Moscou ? Toujours selon A. Dubien « ce qui s’est passé à l’occasion de la visite de Josep Borrell au début février à Moscou indique que la Russie n’est pas demandeuse de dialogue politique, en tout cas pas selon l’agenda et les modalités voulues par Bruxelles. Le Kremlin se sent fort, laissera venir et avisera ».

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En résumé sur le plan politique, économique, culturel, etc. la Russie n’attend plus rien de l’Union européenne, considérée comme étant en train de se saborder, à tous points de vue. Peu à peu, ce qui était acheté en Europe est fourni localement ou, à défaut, importé d’autres pays, comme la Chine. Il ne pas se faire d’illusions, les agriculteurs européens en général et français en particulier ne vendront plus rien en Russie dans les années à venir.

Sur le plan militaire, les jeux de « gros bras » se poursuivent, l’OTAN et la Russie continuant à se tester mais sans intention de conquête de part et d’autre. La Pologne et les Etats baltes ont beau agiter la menace représentée par l’Ours russe – qui certes a récupéré la Crimée jugée comme vitale par le Kremlin -, la Russie ne va pas envahir ces pays. Par contre, il n’est pas exclu que Moscou agisse comme le fait Washington, en procédé à des « révolutions de couleur », en y organisant des troubles via des tiers (ONG, sympathisants) afin de maintenir les pouvoirs politiques locaux dans l’incertitude voire l’inquiétude.

Le Grand Nord, nouvel enjeu ?

Sans évoquer sur les opportunités économiques – en partie liées au réchauffement climatique – que beaucoup citent, jusqu’à présent, le Grand Nord était le terrain de jeu quasiment exclusif des bombardiers stratégiques russes.

Mais les forces américaines ont récemment montré leur intérêt pour cette région qui ne peut plus être considérée comme une « zone tampon » pour les États-Unis. En 2020, pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide, l’US Navy a envoyé quatre navires (USS Donald Cook, Porter, Roosevelt et USNS Supply) en mer de Barents, point de départ des sous-marins russes opérant dans l’espace océanique appelée GIUK (Groenland/Iceland/United Kingdom), d’une importance capitale pour les liaisons maritimes entre l’Europe et l’Amérique du Nord.

De son côté, l’US Air Force a mené plusieurs exercices dans la région, notamment en y dépêchant des bombardiers B-1 Lancer (qui n’ont plus de capacité nucléaire) qui ont survolé la Norvège et la Suède. En 2021, l’armée de l’air américaine a l’intention de déployer quatre de ces appareils en Norvège. Ils seront stationnés sur la base aérienne d’Ørland. Cette mission devrait officiellement améliorer l’interopérabilité avec les alliés et les partenaires de Washington en Europe et habituer les forces aux opérations dans le Grand Nord. « La disponibilité opérationnelle et notre capacité à soutenir nos alliés et nos partenaires et à réagir rapidement sont essentielles au succès », a déclaré le général Jeff Harrigian, commandant des forces aériennes américaines en Europe et en Afrique. « Nous apprécions le partenariat durable que nous avons avec la Norvège et attendons avec impatience les opportunités futures pour renforcer notre défense collective », a-t-il ajouté.

*

Force est de constater que la rupture Occident/Russie est consommée. Elle était prévisible. Il y a déjà longtemps que Moscou a retiré ses observateurs de l’OTAN. Le divorce est également acté avec l’Union européenne, suite au récent voyage de Josep Borell à Moscou et au les prochaines sanctions prévisibles suite à l’affaire Navalny.

samedi, 27 février 2021

Biden veut détacher les États-Unis des terres rares de Chine

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Biden veut détacher les États-Unis des terres rares de Chine

Paolo Mauri

Ex : https://it.insideover.com

Hier, le président américain Joseph Biden a signé un décret concernant la "chaîne d'approvisionnement" des biens essentiels et critiques pour la sécurité du pays.

La déclaration officielle de la Maison Blanche indique que "ces dernières années, les familles, les travailleurs et les entreprises américaines ont de plus en plus souffert de pénuries de produits essentiels, des médicaments aux aliments en passant par les puces électroniques. L'année dernière, la pénurie d'équipements de protection individuelle (EPI) pour les travailleurs de la santé de première ligne au début de la pandémie de Covid-19 était inacceptable. La récente pénurie de puces à semi-conducteurs pour l'industrie automobile a entraîné des ralentissements dans les usines de fabrication, ce qui montre à quel point cette pénurie peut nuire aux travailleurs américains".

Il est souligné que les États-Unis doivent veiller à ce que les pénuries de produits manufacturés, les perturbations commerciales, les catastrophes naturelles et les actions potentielles des concurrents et des adversaires étrangers ne rendent plus jamais les États-Unis vulnérables.

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Le décret de la Maison Blanche lance un examen complet de la chaîne d'approvisionnement des biens américains essentiels et charge les ministères et agences fédérales d'identifier les moyens de la protéger contre un large éventail de risques et de vulnérabilités. La mise en place d'un ensemble de chaînes d'approvisionnement résistantes ne protégera pas seulement le pays contre les pénuries de produits essentiels, elle facilitera également les investissements nécessaires pour maintenir l'avantage concurrentiel des États-Unis et renforcer la sécurité nationale.

L'ordonnance fixe un délai de 100 jours pour effectuer un examen immédiat dans les agences fédérales afin d'identifier les vulnérabilités de quatre produits clés.

Outre la production de principes actifs pharmaceutiques, dont 70 % ont été transférés à l'étranger, et les semi-conducteurs, qui ont été négligés par les investissements ayant entraîné la perte du leadership manufacturier américain, les deux secteurs les plus intéressants sur le plan géopolitique que l'administration entend mettre en œuvre sont les batteries de grande capacité (utilisées dans les véhicules électriques) et les terres rares, désignées comme "minéraux critiques" car elles constituent "une partie essentielle des produits de défense, de haute technologie et autres". Ces ressources minérales particulières - ainsi que le lithium, le cobalt et les métaux du groupe du platine (Pgm) - sont en fait nécessaires pour construire des éoliennes, des panneaux solaires et des batteries pour le stockage de l'électricité nécessaire aux véhicules électriques et le stockage de l'énergie alimentant le réseau. Les terres rares en particulier sont des éléments essentiels pour la défense, car elles sont utilisées, par exemple, dans les composants des radars de nouvelle génération, dans les systèmes de guidage et dans l'avionique des avions de chasse de dernière génération.

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Actuellement, malgré le fait que les États-Unis disposent d'importantes réserves minérales, la Chine est le premier pays dans la production et le traitement de ces éléments. Il est en effet bien connu que Pékin, outre qu'elle possède l'un des plus grands gisements de ces minéraux, fournit 97% du total mondial de cette ressource, dans la mesure où la Chine est capable aujourd’hui de retraiter le minéral brut, le transformant en matière exploitable, ce qui lui confère pratiquement un monopole ; elle est suivie, en ce domaine, à très grande distance, par les États-Unis.

On comprend donc aisément quelles pourraient être les conséquences de cette domination sur le plan stratégique : la Chine pourrait décider, comme elle l'a déjà laissé entendre en mai 2019, de réduire la production ou l'exportation de ces minéraux vers les États-Unis, ce qui deviendrait une arme fondamentale, dans l’arsenal chinois, pour une guerre hybride menée contre Washington ou serait simplement une carte avec laquelle, les Chinois pourraient faire chanter les États-Unis et leur politique d’opposition systématique à l'expansion chinoise.

Un autre facteur est le changement de cap "vert" de la nouvelle administration. Le président Biden a inscrit à son ordre du jour la relance de l'économie verte, et cette domination chinoise sur les terres rares pourrait très facilement l'entraver. A la Maison Blanche, ils ont donc réalisé que les plans du nouveau président pour un secteur énergétique zéro carbone d'ici quinze ans, se heurtent à la faiblesse des entreprises américaines dans le domaine de l'approvisionnement en minerais et dans la chaîne de transformation. En fait, les États-Unis importent actuellement 100 % de la vingtaine de minéraux clés, nécessaires à l'énergie verte, et sont presque aussi dépendants des importations de ces minéraux particuliers.

L'ordonnance prévoit également un examen plus approfondi, sur une année, d'un ensemble plus large de chaînes d'approvisionnement qui couvrira des secteurs clés tels que la base industrielle de la défense, la santé publique, les technologies de l'information et de la communication, les secteurs des transports et de l'énergie ainsi que la chaîne d'approvisionnement agroalimentaire.

Toutefois, cette activité ne sera pas limitée à une courte période de temps. La révision des chaînes d'approvisionnement, action qui identifie simultanément, outre les risques et les lacunes, les nouvelles orientations et les politiques spécifiques de mise en œuvre, durera tout au long du mandat présidentiel de quatre ans dans un travail constant d'interaction entre les ministères, les agences fédérales et l'exécutif qui impliquera également le monde de l'industrie, les universités et les organisations non gouvernementales.

Le président Biden a donc lancé une nouvelle politique pour mettre fin à la dépendance américaine vis-à-vis de la Chine, non seulement en vue de relancer l'économie nationale et de soutenir sa vision "verte", mais surtout pour une raison stratégique : en effet, il n'est pas possible de contrer l'expansionnisme économique, commercial et militaire de la Chine tout en dépendant d’elle, dans des secteurs clés tels ceux de l'industrie de haute technologie, intimement liés à la Défense. Il s'agit donc d'un plan de sécurité nationale qui libérera Washington des liens commerciaux qu'elle entretient avec Pékin, mais qui pourrait avoir des conséquences néfastes en ce qui concerne "l'exportation de la démocratie". Les ressources minérales, les gisements, ne sont pas mobiles, et il n'y a que deux façons de s'en emparer : resserrer les liens avec les nations qui possèdent de grands gisements, ou intervenir manu militari pour pouvoir contrôler la production. Quelque chose qui se passe aujourd'hui en République démocratique du Congo, où, ce n'est pas un hasard, des hommes du groupe russe Wagner sont présents, et quelque chose qui s'est déjà produit en Afghanistan, un pays qui, avec la Bolivie, le Chili, l'Australie, les États-Unis et la Chine, possède les plus grandes réserves de lithium au monde.

Premier raid de l'ère Biden : frapper les milices en Syrie

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Premier raid de l'ère Biden : frapper les milices en Syrie

Lorenzo Vita

Ex : https://it.insideover.com

L'ère de Joe Biden à la Maison Blanche commence au niveau international avec un premier raid en Syrie. Comme l'a confirmé le Pentagone, le président américain a ordonné un raid de bombardement contre des sites qui, selon les renseignements américains, sont utilisés par des miliciens pro-iraniens dans la partie orientale du pays. "Ces raids ont été autorisés en réponse aux récentes attaques contre le personnel américain et de la coalition en Irak et aux menaces continues contre ce personnel", a déclaré le porte-parole de la Défense John Kirby, qui a précisé que l'attaque avait été spécifiquement menée "sur ordre du président", visant des sites "utilisés par divers groupes militants soutenus par l'Iran, dont le Kaitaib Hezbollah et le Kaitaib Sayyid al-Shuhada". Pour Kirby, le raid "envoie un message sans équivoque qui annonce que le président Biden agira dorénavant pour protéger le personnel de la coalition liée aux Etats-Unis. Dans le même temps, nous avons agi de manière délibérée en visant à calmer la situation tant en Syrie orientale qu'en Irak".

La décision de Biden intervient à un moment très délicat dans l'équilibre des forces au Moyen-Orient. Une escalade contre les forces américaines en Irak a commencé le 15 février et a conduit à plusieurs attaques contre les troupes américaines. L’avertissement est destiné aux forces pro-iraniennes présentes en Irak, qui a toujours constitué un véritable talon d'Achille pour la stratégie américaine au Moyen-Orient. Le pays qui a été envahi par les Américains en 2003 est devenu ces dernières années l'un des principaux partenaires de l'adversaire stratégique de Washington dans la région, Téhéran. Et il ne faut pas oublier que c'est précisément en Irak que le prédécesseur de Biden s'est manifesté. Donald Trump, en effet, avait ordonné le raid qui a tué le général iranien Qasem Soleimani. Une démarche que Bagdad avait évidemment condamnée, étant donné que le territoire sous autorité irakienne est devenu un champ de bataille entre deux puissances extérieures.

Cette fois, c'est la Syrie qui a été touchée. Et cela indique déjà une stratégie précise de la Maison Blanche. Pour le Pentagone, frapper la Syrie en ce moment signifie frapper un territoire avec une autorité qu'ils ne reconnaissent pas et qu'ils ont tenté de renverser. Une situation très différente de celle de l'Irak, où les États-Unis veulent éviter que le pays ne se retourne contre les forces étrangères présentes sur place et où il existe un gouvernement que l'Amérique reconnaît comme interlocuteur. Le fait que le raid ait eu lieu en Syrie mais en réponse aux attaques en Irak, indique qu'ils ne veulent pas créer de problèmes pour le gouvernement irakien.

Photo-prise-25-novembre-2011-devant-ancienne-ambassade-americaine-Teheran-montrant-defile-milice-Bassidj-force-paramilitaire-Republique-islamique_0_1399_923.jpg

L'attaque confirme également un autre problème pour l'administration américaine. La présence de milices pro-iraniennes en Syrie et en Irak est un nœud gordien qui est loin d’avoir été tranché. Les généraux américains ont longtemps demandé à la Maison Blanche, sous Trump, d'éviter un retrait des troupes de Syrie, précisément pour exclure la possibilité que les forces liées à Téhéran reprennent pied dans la région. Trump, même s’il était récalcitrant, a néanmoins accepté, en fin de compte, les exigences du Pentagone (et d'Israël) et a évité un retrait rapide des forces américaines. Pour la Défense américaine, il y avait également le risque d'un renforcement de la présence russe (Moscou a condamné l'attaque en parlant d'"une action illégitime qui doit être catégoriquement condamnée"). Ce retrait ne s'est jamais concrétisé, se transformant en un fantôme qui erre depuis de nombreux mois dans les couloirs du Pentagone et de la Maison Blanche et niant la racine de l'une des promesses de l’ex-président républicain : la fin des "guerres sans fin".

Le très récent raid américain n'indique en aucun cas un retour en force de l'Amérique en Syrie. Le bombardement a été très limité et dans une zone qui a longtemps été dans le collimateur des forces américaines au Moyen-Orient. Mais le facteur "négociation" ne doit pas non plus être oublié. Les Etats-Unis négocient avec l'Iran pour revenir à l'accord sur le programme nucléaire : mais pour cela, ils doivent montrer leurs muscles. Comme le rapporte le Corriere della Sera, Barack Obama avait l'habitude de dire : "vous négociez avec votre fusil derrière la porte". Trump l'a fait en se retirant de l'accord, en tuant Soleimani et en envoyant des bombardiers et des navires stratégiques dans le Golfe Persique. Biden a changé la donne : il a choisi de limiter les accords avec les monarchies arabes pour montrer clairement qu'il ne s'alignait pas sur la politique de Trump, en gelant les F-35 aux Émirats et les armes aux Saoudiens qui se sont attaqué au Yémen. Mais en même temps, il voulait envoyer un signal directement à l'Iran en frappant des milices à la frontière entre l'Irak et la Syrie. Tactiques différentes, stratégie différente, mais avec une cible commune : l'Iran.

mardi, 23 février 2021

Extraterritorialité du droit américain: que doit faire l’Europe?

par Christopher Coonen, Secrétaire général de Geopragma

Ex: https://geopragma.fr

Alors que l’administration Biden s’installe au pouvoir aux Etats-Unis, un sujet stratégique revient au centre des relations transatlantiques : l’extraterritorialité du droit américain et de fait, son illégitimité. 

Ironiquement, cette histoire commence en 1977, lorsque le Congrès vote la loi du Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) pour combattre et sanctionner les pratiques frauduleuses de certaines sociétés américaines dans l’attribution de marchés ou contrats internationaux. Depuis, cette loi a évolué pour définir des standards internationaux en conférant aux USA la possibilité de définir des normes applicables à des personnes, physiques ou morales, non américaines, sur leur propre territoire. Cette pratique a été enrichie au fil du temps par les lois Helms-Burton et D’Amato-Kennedy ou encore l’International Traffic in Arms Regulations (ITAR).

Celles-ci permettent aux autorités américaines, notamment le Department of Justice (DOJ) et la Securities and Exchange Commission (SEC), de sanctionner des entreprises ayant commis, véritablement ou non, des faits de corruption internationale pouvant se rattacher au pouvoir juridictionnel des Etats-Unis. Le lien peut être une cotation de l’entreprise sur les places boursières new-yorkaises du NYSE ou du NASDAQ, le transit d’emails ou de données via des serveurs situés aux USA, ou même un simple paiement en dollars direct ou même par effet de change subreptice au cours d’un transfert de fonds. 

Chacun mesure bien aujourd’hui que l’extraterritorialité est un outil juridique mais surtout géopolitique, diplomatique et économique sans commune mesure, dont seuls les Américains sont détenteurs jusqu’à présent, en l’utilisant à des fins purement hégémoniques et d’interdiction d’accès à certains marchés, l’imposition de l’extraterritorialité du droit américain jouant ici le rôle d’un redoutable avantage concurrentiel. Car ils possèdent aussi une arme redoutable au travers du dollar : à l’échelle planétaire, la moitié des échanges commerciaux se font en USD, 85% du change de devises inclue le dollar, 75% des billets de 100 dollars en circulation le sont hors des Etats-Unis, et le dollar représente toujours 60% des réserves de devises des banques centrales ; à noter que l’euro se positionne fortement en deuxième place avec 20% de ces réserves (source : FMI).  

Les Etats-Unis décident unilatéralement et en toute impunité d’interdire aux autres Etats ou personnes, quels qu’ils soient de commercer avec un Etat tiers, comme c’est le cas avec l’Iran aujourd’hui et comme ce fut le cas pour Cuba en 1996. Avec potentiellement de lourdes amendes et l’exclusion du marché américain à la clé. Ces lois ont permis aux Etats-Unis de sanctionner abusivement plusieurs entreprises européennes : Siemens, Technip, Alstom, Daimler, ou encore BNP Paribas et son amende record de 8,9 milliards de dollars en 2015. En 2018, Sanofi a été contrainte de régler une amende de plus de 20 millions de dollars au titre du FCPA. Dernière affaire en date, Airbus a été sommé de payer une amende de 3,6 milliards de dollars en 2020.

Ces mesures prises par les Etats-Unis sont évidemment contestables au regard du droit international parce qu’elles étendent la juridiction de leurs lois à tout autre pays. C’est en fait de l’abus de position dominante, l’importance du marché américain permettant à Washington de faire du chantage politico-économique. Pour revenir à l’exemple iranien, les sanctions affectent directement la souveraineté de tous les Etats tiers. Y compris des entités supranationales comme l’Union européenne, contraintes de respecter des sanctions qu’elles n’ont pas décidées et qui sont le plus souvent contraires à leurs intérêts. Le retrait capitalistique et opérationnel de Total des champs gaziers de South-Pars au profit des Chinois en est le plus parfait exemple.

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A cet effet et en réaction à la réimposition des sanctions américaines sur l’Iran, l’Union européenne a lancé un mécanisme de paiement par compensation dit “INSTEX”. Ce montage financier isolerait tout lien avec le système monétaire américain, de manière à n’exposer aucune transaction aux sanctions américaines. En théorie, il pourrait à terme permettre aux entreprises européennes de poursuivre librement des échanges commerciaux avec l’Iran. Cependant, en pratique, il semble aujourd’hui sans grande portée, n’ayant été utilisé que très rarement et pour des opérations de troc. Afin de préserver leur rôle dans le commerce international, les entreprises européennes ont jusqu’à maintenant préféré se conformer aux sanctions américaines. Et elles redoutent aussi un désintérêt des investisseurs américains ou étrangers qui peuvent constituer une part importante de leur actionnariat.

Par contraste, les lois européennes n’opèrent des blocages visant des sociétés américaines que dans le cadre d’opérations de fusions ou d’acquisitions qui ont une influence directe sur le marché européen et sur la concurrence européenne. Ce fut le cas en 2001 entre General Electric et Honeywell. Lorsque des décisions sont rendues, elles le sont au même titre qu’à l’encontre des entreprises européennes, sans traitement différencié. Et elles ne prévoient pas de sanctions. L’effet en est donc limité, proportionné et conforme au droit international.

Sur ce sujet aussi, l’Europe doit arrêter de se laisser faire, cesser d’être la vassale des Etats-Unis et opérer un grand sursaut. Elle a plusieurs options pour le faire.

Elle peut mettre en place un arsenal juridique équivalent – un OFAC européen – qui sanctionnerait les personnes morales ou physiques américaines, et protègerait les sociétés et personnes physiques européennes d’amendes ou de sanctions extraterritoriales d’outre-Atlantique. 

Elle doit utiliser pleinement le RGPD qui protège les données de personnes morales ou physiques européennes en déjouant ainsi l’extraterritorialité des lois US, et contrecarrer les lois « Cloud Act I et II » adoptées par le Congrès qui permettent l’accès aux données des utilisateurs européens via des sociétés américaines, notamment dans le secteur numérique. Compte tenu des parts de marché écrasantes des GAFAM, et de l’importance croissante des données visées par les lois américaines, ceci est nécessaire et frappé au coin du bon sens.

Enfin, l’Europe et les groupes européens doivent mettre la pression dans le cadre de leurs échanges commerciaux en exigeant le règlement des contrats en euros et non plus en dollars.

Ce n’est donc plus une question de « pouvoir faire », mais de volonté et d’urgence, bref de « devoir faire ». L’Europe doit s’armer et démontrer sa souveraineté, en prenant notamment au pied de la lettre l’intention déclarée du 46ème président des Etats-Unis de renouer avec une politique étrangère multilatérale et équilibrée avec ses alliés transatlantiques. Si ce ne sont pas là que des déclarations d’intentions lénifiantes, alors nous pouvons légitimement invoquer la réciprocité comme première marque de respect.  

 

Les sectes de l’Occident

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Les sectes de l’Occident

Par Claudio Mutti

Ex : https://www.eurasia-rivista.com

Les sectes et les États-Unis

Alors que, dans le passé, le terme ‘’secte’’ désignait surtout un groupe de personnes qui, suivant une certaine école de pensée, adoptaient une position de séparation ou de conflit par rapport à l'orthodoxie religieuse. Depuis plusieurs décennies, le même terme est utilisé pour désigner un groupe qui a grandi autour d'une personnalité charismatique et se caractérise par une attitude qui présente des traits caractéristiques, tels que "la certitude de posséder la vérité et de constituer la seule sphère de salut, le prosélytisme agressif, l'anxiété eschatologique, la dépendance poussée jusqu'à la morbidité à l'égard d'un leader ou d'un gourou, etc"[1].

i-nuovi-culti.jpgC'est ce qu'écrit un initié, le fondateur du CESNUR (‘’Centre d'étude des nouvelles religions’’), qui, en présentant son panorama des sectes chrétiennes, souligne la relation étroite existant entre le phénomène du sectarisme chrétien et la réalité quotidiennes aux États-Unis. La plupart des groupes qui se présentent sous le nom de "sectes" ou de "nouveaux mouvements religieux" - observe le sociologue - sont nés aux États-Unis : c'est le cas des Témoins de Jéhovah, des Mormons, de la Science chrétienne, de la Scientologie. Pour d'autres mouvements divers d'origine orientale ou européenne, l'expansion commence généralement par le transfert d'un leader aux États-Unis, une translatio à laquelle on attribue souvent une signification symbolique"[2]. 2] A titre d'exemple, Introvigne rappelle que le premier transfert d'une secte vers la "terre promise" américaine a eu lieu en 1774, lorsque Mother Ann Lee (1736-1784), chef du groupe des Shakers, a débarqué à New York ; Il mentionne ensuite l'arrivée plus récente aux États-Unis de certains "maîtres spirituels" célèbres, dont le fondateur du mouvement Hare Krishna, Bhaktivedanta Swami Prabhupada (1896-1977), le révérend Moon (1920-2012) et le gourou "orange" Bhagwan Shree Rajneesh (1931-1990). Si l'on voulait, on pourrait rappeler d'autres cas exemplaires, comme celui du controversé "shaykh" du prince Charles d'Angleterre, Nazim al-Haqqani al-Qubrusi (1922-2014)[3], qui, après avoir prophétisé une attaque russe contre la Turquie qui aurait été le début de la "plus grande guerre avant le Dernier Jour"[4], a inauguré en 1991, par une visite à Disneyland[5], une série de voyages aux États-Unis ; ou comme celle de son successeur Hisham Kabbani (1945 - ), qui, après avoir créé un Ordre soufi d'Amérique, a obtenu la reconnaissance officielle de sa fonction lors d'une série de rencontres avec George Bush, Bill Clinton et Hillary Clinton.

L'extraordinaire familiarité des Etats-Unis d'Amérique avec la réalité multiforme de l'univers sectaire ne peut que rappeler un fait emblématique : l'entité politique qui a vu le jour sur le sol nord-américain a, pour origine, l'action d'une secte, la secte puritaine[6].

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Les "Pilgrim Fathers", qui ont navigué en septembre 1620 sur le Mayflower depuis la baie de Plymouth et ont débarqué deux mois plus tard à Cape Cod, ont fondé une colonie anglaise sur la côte du Massachusetts, la deuxième plus grande du Nouveau Monde après Jamestown, fondée en Virginie en 1607. Engagés dans la recherche de la plus haute conformité individuelle et collective aux préceptes de l'Ancien Testament, les Puritains se croyaient les nouveaux protagonistes de l'Exode biblique: ils avaient abandonné l'Egypte pharaonique, c'est-à-dire l'Europe dépravée et idolâtre, et avaient débarqué dans la nouvelle Terre promise[7]. Animés par une véritable haine théologique envers l'Europe, quatre cents colons, presque tous puritains congrégationalistes, embarquent en mars 1630 sur cinq navires quittant Londres pour la Nouvelle-Angleterre. Parmi eux se trouvait le théologien John Winthrop (1588-1649), premier gouverneur de la colonie de la baie du Massachusetts, auteur du sermon dans lequel les colons étaient exhortés à construire en Nouvelle-Angleterre une Cité gouvernée selon la loi divine : "Nous devons considérer," dit Winthrop, "que nous serons comme une Cité sur une colline (a City upon a Hill), les yeux du monde seront sur nous ; de sorte que si nous nous comportons faussement envers notre Seigneur dans cette œuvre que nous avons entreprise, et que nous lui faisons retirer le secours qu'il nous donne maintenant, nous serons la risée du monde entier (...)"[8].

Ce concept a été développé comme suit par le pasteur Peter Bulkeley (1583-1659) : "Nous sommes comme une Cité sur une colline (...) parce que nous prétendons être un peuple qui a fait une alliance avec Dieu" [9]. Et sur la notion biblique de "l'alliance perpétuelle" stipulée entre Dieu et le "peuple élu" a été fondée la doctrine impérialiste, clairement résumée en ces termes : "Puisque Dieu nous a favorisés, nous avons le droit de soumettre les autres nations à notre volonté" [10]. En bref, "l'Israël de la Nouvelle-Angleterre"[11], selon le ministre et théologien John Cotton (1585-1652), aurait dû adopter systématiquement l'hébreu comme langue officielle ; la Divine Providence lui avait confié la mission de convertir les autres peuples à son mode de vie. Cette doctrine a ensuite été formulée par le journaliste et diplomate John L. O'Sullivan (1813-1895), qui l'a résumée par le mot-clé de "Destin Manifeste" lorsqu'il a affirmé que les États-Unis avaient reçu de Dieu lui-même le mandat de s'étendre dans toute l’Amérique du Nord. "Et de telles prétentions, écrit-il dans un article paru le 27 décembre 1845 dans le New York Morning News, sont, au nom du droit dérivé de notre destin manifeste, d'étendre et de posséder tout le continent que la Providence nous a donné pour le développement de la grande expérience de liberté et d'autonomie fédérale qui nous a été confiée". Ce sera le président Wilson qui étendra les revendications de l'Amérique au monde entier, lorsqu'à la fin d'un conflit qu'il comprend comme "la bataille apocalyptique d'Armaggedon, l'affrontement final entre les forces du Bien et les forces du Mal" [12], il invente l'expression "Nouvel ordre mondial" et réitère le dogme selon lequel les États-Unis, "phare du monde" [13], sont "un nouvel Israël, une nation choisie, destinée de façon messianique par la Providence à apporter la loi et l'ordre dans le monde" [14].

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Le "Grand Réveil" et les "enfants de la Lumière"

Grâce aux sermons enflammés d'un autre pasteur, Jonathan Edwards (1703-1758), le thème de l'alliance avec Dieu conclue par le nouvel Israël américain avait déclenché entre les années 1830 et 1840 le "Grand Réveil" une vague de fanatisme millénariste avait déferlé du Connecticut sur la Nouvelle-Angleterre, "avec des foules en extase qui écoutaient les sermons des pasteurs itinérants, des femmes en pleurs et en cris qui se tordaient dans l'expérience purificatrice de la 'conversion'"[15]. Au siècle suivant, également en raison de l'arrivée de nouvelles vagues migratoires, les sectes les plus extravagantes prolifèrent, toutes d'inspiration biblique: ‘’Réarmement moral’’, Science chrétienne, Nouvelle Harmonie, les Phalanges intégrales, l'Armée du Salut etc. etc. [16] ; néanmoins le puritanisme ne disparaît pas, mais prend la forme d'une religiosité sécularisée et démocratique.

Quant au thème du "Grand Réveil", il connaît actuellement une nouvelle vie, étant réapparu comme la force d'idées "anti-mondialistes" opposée au projet de la ‘’Grande Restitution’’. Une telle conception a trouvé un terrain fertile dans la faction des trumpistes [17], dont les dirigeants ne comprennent pas seulement des personnalités appartenant aux confessions protestantes les plus disparates [18], comme Donald Trump lui-même, ancien presbytérien et maintenant "chrétien non confessionnel" [19], mais aussi des personnalités juives, comme Jared Kushner et sa femme Ivanka Trump, et catholiques, comme le célèbre agitateur populiste Steve Bannon [20] et l'archevêque catholique Carlo Maria Viganò, ancien nonce apostolique aux États-Unis. Dans une interview accordée le 1er janvier 2021, l'agitateur a demandé à l'archevêque : "Que peuvent faire concrètement les enfants de la Lumière du Grand Réveil pour saper l'alliance impie [du soi-disant "État profond"] avec ce régime communiste [chinois] brutal ? (...) C'est une bataille de notre époque entre les enfants de la Lumière et les enfants des Ténèbres (...)"[21].

51ZJtgt8CnL._SX336_BO1,204,203,200_.jpgLa formule du conflit entre les enfants de la Lumière et les enfants des Ténèbres, que Steve Bannon tire d'une lettre envoyée par Monseigneur Viganò au Président Trump le 12 juin 2020, est un élément eschatologique qui a été injecté dans l'imagerie trumpiste ; mais sa première apparition dans la mythologie politique américaine remonte à 1944, lorsque le théologien réformé Reinhold Niebuhr (1892-1971) a publié un pamphlet à succès intitulé Les enfants de la lumière et les enfants des ténèbres, sur l'affrontement guerrier en cours entre la démocratie américaine et ses ennemis européens. La formule, que Niebuhr a tirée de la description des Adeptes de la Rose-Croix faite par le philosophe franc-maçon Karl von Eckartshausen (1752-1803)[22] ou directement de certains passages bibliques (Ancien Testament[23] et Nouveau Testament[24]), a été confirmée par le texte d'un manuscrit umranique que l'Université hébraïque de Jérusalem a acquis en 1947. C'est la Règle de la guerre ou Guerre des fils de la Lumière contre les fils des Ténèbres, une apocalypse juive dans laquelle "les membres de la secte (...) constituent (...) les forces du bien par excellence. Contre eux se battront les "fils des ténèbres", une catégorie qui comprend à la fois les païens (...) et (...) la grande masse des Israélites qui n'ont pas adhéré à la secte"[25]. Avant Niebuhr, le thème récemment repris par Viganò et Bannon avait été un leitmotiv publicitaire de la Theosophical Society [26] (fondée en 1875 à New York) et du magicien britannique Aleister Crowley [27] (1875-1947), qui s'était installé à New York à la veille de la Première Guerre mondiale.

"Enfants de la Lumière" semble donc être la nouvelle désignation de ceux qui, dans les années 1890, ont été identifiés par la célèbre organisation fondamentaliste Christian Identity comme "les seuls, authentiques, littéralement les vrais enfants de Dieu". La déclaration doctrinale de l'organisation proclamait : " Nous croyons que les États-Unis sont le lieu qui a été prophétisé (Sam. II 7:10 ; Ésa. II:12 ; Ézéch. 36:24) où les chrétiens de toutes les tribus d'Israël se rassembleront (...) L'Amérique du Nord est le désert où Dieu a apporté les graines dispersées d'Israël (...) où le désert fleurit comme la rose " [28].

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Fondamentalement, les motifs apocalyptiques "judéo-chrétiens" ravivés aux États-Unis par Steve Bannon (et en Europe par certains idéologues du "souverainisme") s'inscrivent dans la vieille tendance fondamentaliste relancée dans les années 1980 par la vague conservatrice qui a installé Ronald Reagan à la présidence des États-Unis d'Amérique. C'est une tendance qui traverse toutes les administrations américaines des quatre-vingts dernières années et qui a pour père le pasteur évangélique Bill Graham (1918-2018), chef de l'Eglise baptiste du Sud (14 millions de fidèles). Célèbre pour son action évangélique au niveau international et pour avoir exercé "sa charge pastorale auprès des différents locataires qui se sont succédé à la Maison Blanche, d'Eisenhower à Bill Clinton" [29], le pasteur Graham "a mêlé une théologie fondamentaliste à des choix politiques conservateurs : on pense à l'approche anticommuniste virulente de certains de ses sermons radiophoniques, à sa défense publique du sénateur Mc Carthy pendant les années de la "chasse aux sorcières" et à son soutien à la guerre au Vietnam" [30].

Dans la plupart des cas, en fait, la doctrine morale des sectes protestantes a fourni les justifications appropriées pour les actions étrangères et les guerres d'agression menées par la superpuissance américaine. "Lorsque la nouvelle pratique du néocolonialisme a été définie, [les missionnaires protestants] ont été envoyés, et sont toujours envoyés avec le ‘’Corps de la Paix’’, dans des pays désignés pour les mêmes objectifs. Ils doivent être considérés comme des agents du gouvernement américain, engagés dans la propagande et l'espionnage. Les missions protestantes à l'étranger sont donc financées soit par des groupes économiques privés ayant des intérêts dans le pays néocolonial donné (...) soit par le gouvernement américain directement, soit par une combinaison des deux"[31].

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Mais des scénarios apocalyptiques sont également évoqués dans les milieux non protestants. La conviction de la fin des temps, répandue dans la vaste zone du fondamentalisme protestant américain, converge avec les attentes messianiques cultivées dans les milieux juifs. À cet égard, on peut citer comme exemple une secte d'origine hassidique : celle des Lubavitchers. "La secte Chabad Lubavitch", écrit un juif américain, "a quitté la Russie pour New York en 1940, dirigée par le rabbin Yosef Yitzhok Schneersohn, auquel a succédé son gendre, le rabbin Menachem Mendel Schneerson. Beaucoup de disciples des Lubavitch en sont venus à croire que Schneerson était le messie que les prophéties juives avaient prédit. Les vrais croyants l'appelaient le roi Moshiach. Il est mort en 1994 à l'âge de 92 ans"[32]. En 1991, Rebbe Schneerson avait dit à ses disciples : "J'ai fait tout ce que je pouvais pour amener le Messie, maintenant je vous transmets cette mission ; faites tout ce que vous pouvez pour l'amener ! Il a ensuite lancé une campagne médiatique pour annoncer le début de l'ère messianique ; parmi les nombreuses annonces, une page entière a été publiée dans le New York Times, invitant les gens à se préparer à l'arrivée imminente du Messie. La secte des Lubavitcher est particulièrement influente aux États-Unis, où elle compte également des adeptes dans les milieux politiques. En 1983, le Congrès et le Président des États-Unis ont décerné au rabbin Menachem Mendel Schneerson le National Honor Roll et ont décrété que le jour de sa naissance, le 11e Nisan du calendrier juif, soit proclamé "Journée de l'éducation et du partage". Le 2 novembre 1994 (date anniversaire de la Déclaration Balfour), les deux chambres des États-Unis ont approuvé à l'unanimité l'attribution posthume de la médaille d'or du Congrès américain à Rebbe Schneerson, en reconnaissance de l'éminent rabbin pour ses "contributions extraordinaires à l'éducation mondiale, à la morale et à ses importantes actions caritatives". Lors de la cérémonie de remise de la médaille, le président Bill Clinton a déclaré : "L'éminence de feu le Rabbin en tant que dirigeant moral de notre nation a été reconnue par tous les présidents depuis Richard Nixon"[33].

L'actuel président Joe R. Biden peut se targuer d'une longue familiarité avec la secte des Lubavitcher. Dès 2008, David Margules, président de Chabad Lubavitch du Delaware, a exprimé l'enthousiasme de sa communauté pour les positions pro-sionistes de Biden : "Il a acquis la réputation d'être un fervent défenseur d'Israël"[34]. Six ans plus tard, alors qu'il participait en tant que vice-président à l'allumage de la Menorah nationale et qu'il vantait la centralité des valeurs juives dans la vie américaine ("l'héritage juif, la culture juive, les valeurs juives sont une partie si essentielle de ce que nous sommes"), Biden se référait explicitement à l'enseignement de Rebbe Schneerson et exprimait son souhait d'une nouvelle augmentation du pouvoir de la secte : "Puissiez-vous tous croître de force en force"[35].

NOTES

[1] Massimo Introvigne, Le sètte cristiane. Dai Testimoni di Geova al Reverendo Moon, Mondadori, Milano 1990, p. 8.

[2] Massimo Introvigne, op. cit., p. 19.

[3] Contre lui, le Conseil Spirituel Musulman du Daghestan diffuse un document qui l’accuse « d’avoir diffusé force corruption sur la terre et d’avoir fait mésusage du nom de l’Islam parmi ceux qui ne savent pas grand chose de l’Islam, en se travestissant en érudit pour dissimuler aux gens sa véritable identité ».

[4] Nazim al-Haqqani, Pure Hearts, Zero Publications, London 1998, p. 40. Cit. in: Rhiannon Conner, From Amuq to Glastonbury: Situating the apocalypticism of Shaykh Nazim and the Naqshbandi-Haqqaniya, University of Exeter, 2015, p. 121.

[5] https://youtu.be/fxfMhf4S0DQ (Youtube, 13 ottobre 2013).

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[6] Sur l’influence du puritanisme sur la formation des Etats-Unis, voir surtout S. Bercovitch, The Puritan Origins of the American Self, Yale University Press, New Haven 1975. Si veda anche: G.T. Amos, Defending the Declaration. How the Bible Influenced the Writing of the Declaration of Independence, Wolgemut & Hyatt 1990; A.J. Reck, The Declaration of Independance as an “Expression of the American Mind”, in “Revue Internationale de Philosophie”, XXXI, 1977, 3-4, pp. 401-437; W. Cullen Dennis, Puritanism as the Basis for American Conservatism, in “Modern Age”, autunno 1974, pp. 404-413.

[7] « L’Amérique est donc née d’une aventure à caractère religieux, biblique plus exactement. Et, dès le départ, le mythe de la Terre Promise, propagée par toute une série de sectes, s’yest révélé sous forme immanente. Il a pris la forme d’une religiosité sociale (Giorgio Locchi – Alain de Benoist, Il male americano, Settimo Sigillo, Roma 2015, p. 27).

[8] R.C. Winthrop, Life and Letters of J. Winthrop, 2 voll., Boston 1864-1967, vol. I, p. 57; cit. in T. Bonazzi, Il sacro esperimento, Il Mulino, Bologna 1970, p. 38.

[9] Peter Bulkeley, The Gospel-Covenant or the Covenant of Grace opened, Londra 1651, p. 431, cit. in T. Bonazzi, op. cit., p. 23.

[10] William Culden Dennis, Puritanism as the Basis for American Conservatism, “Modern Age”, autunno 1974.

[11] Sacvan Bercovitch, America puritana, Editori Riuniti, Roma 1992, p. 45.

[12] Emilio Gentile, Le religioni della politica. Fra democrazia e totalitarismi, Laterza, Roma-Bari 2001, p. 39.

[13] Anders Stephanson, Destino manifesto. L’espansionismo americano e l’Impero del Bene, Feltrinelli, Milano 2004, p. 154.

[14] Anders Stephanson, op. cit., p. 150.

[15] Romolo Gobbi, America contro Europa. L’antieuropeismo degli americani dalle origini ai giorni nostri, M&B, Milano 2002, p. 48.

[16] Cfr. John Humphrey Noyes, Strange Cults and Utopias of 19th Century America, Dover Publ., New York 1966.

[17] Non seulement parmi les adeptes américains du trumpisme mais aussi danslesmilieux philo-trumpistes de l’Internationale ‘’souverainiste’’. Le thème du ’’Grand Réveil’’, en fait, occupe une position centrale dans la mystique apocalyptique d’Alexandre Douguine, lequel affirme: “Our fight is no more against America. (…) There are only two parties in the world: globalist party of Great Reset and anti-globalist party of Great Awakening. And nothing in the middle. Between them there is abyss. It wants to be filled with oceans of blood. The blood of Ashley Babbitt is the first drop. (…) Trumpism is much more important than Trump himself. Trump has the merit to start the process. Now we need go further.” (A. Dugin, Great Awakening: The future starts now, www.geopolitica.ru).

[18] ‘’Les Eglises protestantes américaines peuvent se regrouper en une cinquantaine de courants : les Adventistes, les Baptistes, les Luthériens, les Méthodistes, les Pentecôtistes, les Presbytériens, les Réformés, etc. Ensuite, à leur tour, la majorité de ces confessions se subdivise en une quantité de sous-groupes, en pratique, cela équivaut à un grand nombre de congrégations indépendantes sur tous plans qui se reconnaissent cependant sous le dénominateur commun du courant auquel elles appartiennent. Par exemple, l’Eglise pentecôtiste américaine comprend les dénominations indépendantes suivantes : Apostolic Faith, Assemblies of God, Bible Church of Christ, Bible Way Church of Our Lord Jesus Christ World Wide, Church of God, Church of God Profecy, Congregational Holiness Church, General Council Christian Churches of North America, International Church of the Fourasquare Gospel, Open Bible Standard Churches, Pentecostal Assemblies of the World, Pentecostal Church of God, United Pentecostal Church International, Pentecostal Free-Will Baptist Church. Des subdivisions analogues existent pour toutes les autres églises protestantes américaines, portant le nombre de congragations indépendantes à environ 140. Cela ne vaut que pour les dénominations majeures: mais il faut aussi tenir compte des ministres du culte indépendants, ne comprenant qu’une seule paroisse. A tout cela, il convient d’ajouter toutes les sectes qui ne sont pas protestantes au sens traditionnel et historique du terme, et qui, à ce titre, ne sont pas reconnues par les autres (…) Lesplus importantes sont les Mormons, les Témoins de Jéhovah, la Worldwide Church of God et l’Armée du Salut » (John Kleeves, Un paese pericoloso. Breve storia non romanzata degli Stati Uniti d’America, SEB, Cusano Milanino 1999, pp. 245-246).

[19] Déclaration faite par lui en octobre 2020dans le cadre d’un entretien à Religion News Service.

[20] C. Mutti, L’Internazionale sovranista a difesa della “civiltà giudeo-cristiana”, “Eurasia” 3/2019, pp. 131-138; Idem, Sovranisti a sovranità limitata, in: AA. VV., Inganno Bannon, Cinabro Edizioni, Roma 2019, pp. 83-102.

[21] Entretien accordé à “War Room”, retranscrit le 4 janvier 2021 sur www.lifesitenews.com

[22] Karl von Eckartshausen, Aufschlüsse über Magie, München 1790.

[23] Sapienza 18, 4.

[24] Luca 16, 8; Giov. 12, 36 e 3, 19-21; Efesini 5, 7-9.

[25] J. Alberto Soggin, I manoscritti del Mar Morto, Newton Compton, Roma 1978, pp. 49-50.

[26] Cfr. Katherine Tingley and Her Pupils, The Mysteries of the Heart Doctrine, The Theosophical Publ. Company, Point Loma, California, 1902, pp. 118, 171, 272, 307.

[27] “(…) all the mysteries of nature are preserved in this school for the children of light” (“The Equinox. The Review of Scientific Illuminism”, a. V, vol. I, n. 1, marzo 1909, p. 7). “And my kingdom is for the children of light who trample under foot the garment of shame, and rend from their loins the sackcloth of modesty” (Ibid. p. 194). “Children of Light, Fellows of the Holy Ghost, perfect pure, Companions of the Sangreal, illustrious Knights of the Sacrosanct Order of Kadosch (…)” (Samuel Weiser, The Secret Rituals of the O.T.O. Edited and Introduced by Francis King, New York, 1973, p. 212). “There is no royal road to illumination; that which I say in Light is true to the children of Light; to them of darkness is a confusion and a snare” (Aleister Crowley, KONX OM PAX. Essays in Light, Celephaïs Press Ulthar – Sarkomand – Inquanok, Leeds 2004, p. x).

[28] Paolo Naso, Il libro e la spada, Claudiana, Torino 2000, p. 187.

[29] Paolo Naso, op. cit., p. 166.

[30] Paolo Naso, op. cit., p. 169.

[31] John Kleeves, op. cit., p. 249.

[32] Rick Alan Ross, Le sette dentro e fuori. Come le persone vi entrano e vi [sic] possono uscire, Anteo Edizioni, Cavriago 2015, pp. 311-312.

[33] “The late Rebbe’s eminence as a moral leader for our country was recognized by every president since Richard Nixon”. https://elirab.me/tag/rebbe/

[34] Dvora Lakein, Delaware Jewish Community on Senator Joe Biden, http://www4.lubavitch.com, 8 settembre 2008.

[35] When Joe Biden quoted the Rebbe, anash.org, 8 novembre 2020.

 

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dimanche, 21 février 2021

Quatre dames au Capitole

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Quatre dames au Capitole

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

À côté de la victoire trafiquée et usurpée de « Papy Gâteux » Biden, les élections du 3 novembre 2020 ont été marquées par la perte de treize sièges à la Chambre des représentants détenus par les démocrates à l’avantage des républicains. Le Parti républicain a connu à cette occasion une hausse des suffrages en sa faveur de 2,9 %. Parmi les 435 représentants élus pour la 117e législature, focalisons-nous sur quatre femmes, trois républicaines et une démocrate.

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Alexandra Ocasio-Cortez.

Élue pour la première fois en 2018 dans le 14e district congressionnel (circonscription législative) de l’État fédéré de New York, Alexandra Ocasio-Cortez (ou AOC) fut à 29 ans la plus jeune membre de l’histoire du Congrès. Réélue pour un nouveau mandat malgré la progression notable de son adversaire républicain (de 19 202 à 46 877 suffrages), AOC milite chez les Socialistes démocrates d’Amérique et appartient au Congressional Progressive Caucus, la tendance la plus à gauche des démocrates. Soutien public du sénateur socialiste indépendant du Vermont Bernie Sanders pendant les deux dernières primaires, elle fut en pointe contre l’administration Trump. Favorable aux minorités raciales et sexuelles, cette Latina de 31 ans soutient un Green New Deal écolo-féministe, inclusif et multiculturaliste. Elle a publiquement regretté d’être dans le même parti que Joe Biden. Sera-t-elle pour autant une vigie attentive du pacifisme inhérent à la gauche étatsunienne ? Pas sûr qu’elle qui a révélé en 2018 avoir parmi ses aïeux un juif sépharade originaire d’Espagne, rejette le bellicisme « démocratique » déjà pratiqué par Bush père, Clinton, Bush fils et Obama.

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Liz Cheney.

Bien que représentante républicaine du Wyoming, Elizabeth « Liz » Cheney peut se retrouver en phase avec la diplomatie va-t’en-guerre du nouveau président. La fille aînée de Richard « Dick » Cheney, le vice-président le plus puissant de l’histoire des États-Unis sous George W. Bush (2001 – 2009), appartient au camp des « faucons néo-conservateurs » du GOP. Sa détestation pathologique de la Russie n’a d’équivalent que son soutien inconditionnel pour le seul État nucléaire du Proche-Orient. Opposée au mariage gay, elle s’est brouillée avec sa sœur cadette Mary, lesbienne notoire. Réélue avec 68,7 %, elle inaugure son troisième mandat consécutif en votant avec neuf autres renégats républicains la seconde mise en accusation pour destituer Donald Trump. Si 145 de ses pairs républicains (contre 60) ont finalement maintenu son rang de n° 3 du groupe, l’appareil républicain du Wyoming désavoue son vote et envisage de lui lancer aux primaires de 2022 un candidat pro-Trump…

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Lauren Boebert.

Inscrite chez les démocrates jusqu’en 2007, Lauren Boebert devient à 34 ans la représentante du 3e district du Colorado. Cette chrétienne évangélique écarte aux primaires le républicain sortant Scott Tipton avec 54,6 % avant de l’emporter face à la démocrate Diane Mitsch Bush (51,27 %). S’affichant en alternative conservatrice à Alexandra Ocasio-Cortez, Lauren Boebert a rallié le Freedom Caucus, la faction la plus à droite de la Chambre, ainsi que le Second Amendment Caucus, le groupe parlementaire qui défend le port d’arme. Vivant à Rifle la bien nommée (rifle signifiant « fusil » en anglais), elle tient depuis 2013 un restaurant, le Shooter Grill, dont les serveuses peu vêtues portent à la hanche une arme chargée. Hostile aux restrictions sanitaires, la future représentante brave les autorités locales en gardant son restaurant ouvert. Son refus de se soumettre aux injonctions du politiquement correct électrise aussi bien ses sympathisants que ses adversaires.

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Marjorie Taylor Greene.

Cependant, Lauren Boebert n’est pas la cible prioritaire de l’Establishment politico-médiatique. Ce dernier préfère attaquer Marjorie Taylor Greene. Élue à 46 ans du 14e district de Géorgie, l’une des circonscriptions les plus conservatrices du pays, cette républicaine du Freedom Caucus ne cesse d’être insultée par une presse aux ordres qui la traite de « complotiste » proche de QAnon. Son traitement systématique défavorable relève de la misogynie, de la blondophobie et de la haine anti-blanche. Bête noire des démocrates et des républicains les plus falots, elle vient de perdre sa place aux commissions du budget, de l’éducation et du travail. Ses détracteurs lui reprochent ses positions pro-vie et ses doutes sur certains évènements ou faits-divers récents. Elle qualifie les antifas de « terroristes intérieurs »; elle s’en prend aux officines financées par George Soros et ose critiquer les séditieux de Black Lives Matter. Forte des 74,7 % obtenus contre le candidat démocrate et de ses 40,3 % dès le premier tour de la primaire, Marjorie Taylor Greene a enfin cosigné l’acte d’accusation pour la destitution de… Joe Biden. Les gauchistes manœuvrent dans les couloirs du Congrès afin que les deux tiers de la Chambre des représentants votent son exclusion. Elle a déjà contre elle une dizaine de républicains dont – surprise ! – l’ineffable Liz Cheney. Le chef des républicains au Sénat, le cacochyme sénateur du Kentucky, Mitch Mc Connell, l’a aussi dans le collimateur.

Avec un personnel politicien centriste et belliciste aussi nul à l’instar de Liz Cheney, les États-Unis sont bien mal en point. Fort heureusement, dans une perspective clausewitzienne de montée aux extrêmes, gageons qu’Alexandra Ocasio-Cortez, Lauren Boebert et Marjorie Taylor Greene resteront fidèles à leurs électorats respectifs et porteront jusqu’à l’incandescence la guerre culturelle en cours.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 202, mise en ligne sur TVLibertés, le 16 février 2021.

18:45 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 17 février 2021

L’obsession des États-Unis pour leurs narratives vont les faire entrer en collision avec la réalité

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L’obsession des États-Unis pour leurs narratives vont les faire entrer en collision avec la réalité

Ex: Moon of Alabama

Le cirque qu’a été cette mise en scène de « l’impeachment de Trump » se termine et la réalité peut maintenant reprendre sa place :

Maintenant que le procès pour la destitution de son prédécesseur est terminé, le 
président Biden va rapidement faire pression pour faire adopter son plan d'aide
aux victimes du coronavirus, d'un montant de 1 900 milliards de dollars, avant
de passer à un programme encore plus important au Congrès qui comprend les
infrastructures, l'immigration, la réforme de la justice pénale, le changement
climatique et les soins de santé. Après le spectacle qu’a été ce conflit constitutionnel, le nouveau président
"occupe maintenant le devant de la scène d'une manière que les premières
semaines n'ont pas permis"
, a déclaré Jennifer Palmieri, qui a été directrice
de la communication de l'ancien président Barack Obama. Selon elle, la fin
du procès signifie que "2021 peut enfin commencer".

« Attendez ! » crie l’industrie médiatique. Cela ne correspond pas à notre scénario. Le côté « gauche » des médias est là pour accuser Trump chaque minute qui passe et le côté « droit » est là pour condamner constamment la « gauche » pour s’en prendre à Trump. Au cours des cinq dernières années, ce système a produit des taux d’audience record pour tout le monde.

Wolf Blitzer @wolfblitzer - 16:11 UTC - Feb 15, 2021

Le procès Trump est terminé, mais les enquêtes locales, étatiques et fédérales 
se poursuivent. Il pourrait y avoir une commission de type 11 septembre. Les
organisations de presse continuent d'enquêter. Et @realBobWoodward travaille
à un livre sur les derniers jours de Trump. En résumé : nous allons en apprendre
beaucoup plus.

« Je vous ai entendu », répond Nancy Pelosi. Et quel meilleur moyen de cacher que Biden poursuivra les mêmes politiques que Trump (mais saupoudrées de quelques charlataneries LBGTQWERTY) plutôt que de prolonger le cirque narratif :

Le Congrès va créer une commission indépendante pour enquêter sur l'attaque du 
Capitole le 6 janvier, y compris sur les faits "relatifs à l'interférence avec
le transfert pacifique du pouvoir"
, a annoncé lundi la présidente du Parlement

californien, Nancy Pelosi. ... Les appels se sont multipliés en faveur d'une enquête bipartite et indépendante
sur les manquements de l'administration et des forces de l'ordre qui ont conduit
à la première violation du Capitole depuis deux siècles, en particulier après
que le Sénat ait acquitté l'ancien président Donald J. Trump dans son procès
de destitution pour incitation aux émeutes. Pour certains législateurs, une
telle commission offre la dernière grande occasion de tenir M. Trump pour
responsable.

Oui Nancy, enquêtons sur cette question et sur d’autres du même genre : Pourquoi la demande du chef de la police du Capitole  du renfort d’une garde nationale a-t-elle été refusée avant l’émeute ? demandent les républicains à Nancy Pelosi.

Garder un œil sur Trump est bien sûr le meilleur moyen de garantir que les Républicains continueront à s’en tenir à son récit et qu’il reviendra :

Bien que les primaires de 2024 soient encore loin, qui sait ce qui se passera 
avec Trump dans trois mois, et encore plus dans trois ans ? - il est actuellement
en train d'écraser tout rival potentiel. 53 % des Républicains ont déclaré qu'ils
voteraient pour Trump si la primaire avait lieu aujourd'hui. Tous les autres espoirs Républicains sont dans le bas de l'échelle, à part Mike

Pence, qui a obtenu 12 % des voix. Marco Rubio, Tom Cotton, Mitt Romney, Kristi
Noem, Larry Hogan, Josh Hawley, Ted Cruz, Tim Scott et Rick Scott ont tous des
intentions de vote en dessous de 5 %. Seuls Donald Trump Jr. et Nikki Haley ont
obtenu 6 %.

Une enquête plus approfondie sur l’invasion du Capitole lors du Mardi Gras contribuera également à faire adopter de nouvelles lois sur le « terrorisme intérieur ». On sait déjà vers qui elles seront dirigées :

Thomas B. Harvey @tbh4justice 17:56 UTC - 15 février 2021  

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Le FBI arrête un manifestant BLM, affirmant que ses messages sur les médias 
sociaux montrent qu'il est "sur la voie de la radicalisation". Un juge a
déterminé qu'il est dangereux à cause de ces posts et a ordonné sa détention
sans caution. C'est vers cela que nous nous dirigeons si nous acceptons cette
histoire de terrorisme intérieur : Le FBI a mis en garde contre les attaques d'extrême droite. Ses agents arrêtent
un ex-soldat de gauche.

Bienvenue à l’ère du capitalisme de surveillance, où chaque diatribe que vous aurez publiée et qui ne correspond pas au récit officiel peut (et sera) utilisée contre vous :

Cela représente clairement une toute autre ampleur de "contrôle" - et lorsqu'il 
est allié aux techniques anti-insurrectionnelles occidentales de détournement
du récit "terroriste", mises au point pendant la "Grande Guerre contre le
terrorisme"
- il constitue un outil formidable pour freiner la dissidence,

tant au niveau national qu'international. Mais il présente cependant une faiblesse fondamentale. Tout simplement, parce qu’à cause du fait d'être si investi, si immergé, dans
une "réalité" particulière, les "vérités" des autres ne sont plus - ne peuvent
plus - être entendues. Elles ne peuvent plus fièrement se distinguer au-dessus

de la morne plaine du discours consensuel. Elles ne peuvent plus pénétrer dans
la coquille durcie de la bulle narrative dominante, ni prétendre à l'attention
d'élites si investies dans la gestion de leur propre version de la réalité. La "faiblesse fondamentale" ? Les élites en viennent à croire leurs propres récits
- oubliant que ce récit a été conçu comme une illusion, parmi d'autres, créée pour
capter l'imagination au sein de leur société (et non celle des autres). .... Les exemples sont légion, mais la perception de l'administration Biden selon

laquelle le temps a été gelé - à partir du moment où Obama a quitté ses fonctions
- et en quelque sorte dégelé le 20 janvier, juste à temps pour que Biden reprenne
tout à cette époque antérieure (comme si ce temps intermédiaire n’existait pas),
constitue un exemple de croyance en son propre mème. La stupéfaction - et la colère -
de l'UE, qui a été décrite comme "un partenaire peu fiable" par Lavrov à Moscou,
est un exemple de plus de l'éloignement des élites du monde réel et de leur captivité
dans leur propre perception. L'expression "l'Amérique est de retour" pour diriger et "fixer les règles du jeu"
pour le reste du monde peut être destinée à faire rayonner la force des États-Unis,
mais elle suggère plutôt une faible compréhension des réalités auxquelles les
États-Unis sont confrontés : Les relations de l'Amérique avec l'Europe et l'Asie

étaient de plus en plus distantes bien avant l'entrée de Biden à la Maison Blanche
- mais aussi avant le mandat (volontairement perturbateur) de Trump. Pourquoi alors les États-Unis sont-ils si systématiquement dans le déni à ce sujet ?

Les États-Unis – ou du moins leurs « élites » – ont besoin de se réveiller, de sortir de leur monde narratif et de revenir à la réalité.

L’alternative est une collision violente avec les réalités que d’autres, nationaux ou étrangers, perçoivent.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

10:26 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 13 février 2021

L'Iran, Biden sur les traces de Trump, pas d'Obama

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L'Iran, Biden sur les traces de Trump, pas d'Obama

par Alberto Negri

Sources : Il Manifesto et https://www.ariannaeditrice.it

Dans une interview télévisée, le nouveau président confirme les mesures restrictives contre Téhéran, voulues par Trump. Elles demeureront donc. Après tout, Biden a été un ardent exportateur de "démocratie" pour qui la République islamique reste le sacrifice à offrir aux Saoudiens et aux Israéliens.

Aux prises avec l'Iran, et aussi avec la Chine et la Russie (le dossier le plus épineux des affaires étrangères), Biden confirme l'ordre du jour de Trump et prend même un peu de recul par rapport à Obama. Sa recette est la suivante : d'abord, l'habituel double standard du pacte d'Abraham, hérité du tycoon malgré sa seconde mise en accusation. Nous verrons très bientôt le suite.

Dans l’échange qui a eu lieu avec le Guide suprême Khamenei, qui a demandé la levée, au moins partielle, des sanctions avant de négocier sur le nucléaire, le nouveau président américain n'a pas hésité : il a choisi de dire "non" et durement.

La médiation européenne avancée par l'omniprésent Macron semble hésitante et encore à venir. Hésitante parce que la France, qui dans ses investissements a écarté le Qatar, sponsor des Frères musulmans, au profit des Saoudiens, était la puissance européenne qui en 2015, précisément à cause de ses affaires en cours avec Riyad, a soulevé les plus grandes objections à l'accord américain avec l'Iran : il suffit de demander à Mogherini et à Zarif des informations sur les négociations qui se tinrent à l'époque.

La substance est toujours la même : les Européens vendent des armes à Israël, aux Emirats, aux Saoudiens, au Qatar, à l'Egypte et à la Turquie, et non à l'Iran des ayatollahs. Ils sont donc des membres non déclarés mais super actifs du Pacte d'Abraham et de l'"OTAN arabe" avec les États-Unis, Israël, les Émirats, Bahreïn, le Soudan et le Maroc.

Sans oublier qu'Israël vient de rejoindre le CentCom (Commandement central) avec les Arabes, c’est-à-dire le commandement militaire américain au Moyen-Orient. Avec son inclusion dans le CentCom et le déploiement d'Iron Dome sur des bases américaines, Israël devient une autorité déléguée que Washington utilisera pour gérer la région, même à distance.

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C'est pourquoi le sénateur Renzi, à qui l'on attribue des ambitions car il vise le poste de secrétaire général de l'OTAN, clame que Mohammed bin Salman est comme Laurent le Magnifique, le prince héritier d'une nouvelle renaissance dans les sables de la péninsule arabique, où, toutefois, les journalistes sont littéralement taillés en pièces et les opposants pourrissent en prison.

Nous aimerions savoir, un jour, ce que Draghi en pense. Mais nous le soupçonnons déjà : avec l'élection de Biden, la "fenêtre américaine" s'est ouverte en novembre et le bulldozer Renzi, à commencer par l'attentat contre la délégation de services aux mains de Conte, a ouvert la voie au "sauveur de l'euro", très estimé par l'establishment américain où il a été l'élève de Stanley Fisher, ancien député de la Fed et ancien directeur de la Banque centrale d'Israël.

Les Iraniens ne peuvent pas mordre à l'hameçon que constituent les propos doucereux de Biden qui se distancie de la guerre saoudienne et émiratie au Yémen et retire les Houthis de la liste noire des groupes terroristes. A Téhéran, ils se penchent sur le fond et lors de la prochaine élection présidentielle, si les choses restent en l'état, on peut imaginer que l'aile la plus dure de la République islamique pourrait prendre le dessus sur des modérés comme le président sortant Hassan Rohani.

L'année dernière, les Américains et les Israéliens ont éliminé un de leurs généraux, Qassem Soleimani, et un éminent scientifique comme Mohsen Fakrizadeh. Les États-Unis et l'État juif n'ont jamais cessé de bombarder les Pasdaran iraniens en Syrie et sont prêts à brouiller encore les eaux libanaises déjà passablement boueuses pour porter quelques coupssupplémentaires aux alliés du Hezbollah pro-iranien qu'ils voudraient expulser du Levant et du Moyen-Orient.

Sans compter que les États-Unis, dans la panoplie de leurs sanctions et par l'embargo pétrolier sur Téhéran, continuent à maintenir des dizaines de milliards de dollars gelés sur les comptes étrangers de l'Iran, au point d'empêcher la République islamique de négocier récemment un approvisionnement en vaccins anti-Covid avec la Corée du Sud.

Mais les Etats-Unis, insiste M. Biden, sont une démocratie et l'Iran n’en est pas une, donc ils peuvent punir qui ils veulent, comme ils veulent. Un argument un peu brutal, car la façade démocratique brillante des États-Unis a certainement été ternie par l'assaut contre le vénérable bâtiment du Congrès.

Mais Biden est un exportateur convaincu de la démocratie américaine, ce n'est pas pour rien qu'il a voté en 2003 en faveur de l'attaque contre l'Irak et qu'il s'est maintenant lancé dans d’agressives diatribes contre la Russie de Poutine sous prétexte de l'affaire Navalny.

Biden est un peu moins virulent contre la Chine car avec Xi Jinping, qu'il connaît bien, il est convaincu de s'entendre alors que les banques d'investissement de Wall Street, qui l'ont soutenu dans la campagne électorale, débarquent en force à Pékin. Bref, chacun a ses propres banquiers, qui ont très souvent travaillé pour le même maître.

Il est dommage que le visage démocratique de Biden, si impétueux avec l'Iran des ayatollahs, disparaisse lorsqu'il s'agit d'examiner les relations avec les satrapes du Golfe, les monarchies absolues et les ennemis des droits de l'homme, ou les dictateurs comme Al Sissi qui reçoit l'aide militaire américaine et peut faire ce qu'il veut sans la moindre objection de Washington.

Le gel temporaire des fournitures militaires américaines à Riyad vise en fait non pas tant à montrer que les États-Unis ont l'intention de s'entendre avec Téhéran qu'à convaincre les Saoudiens d'accélérer la reconnaissance d'Israël et, par suite logique, d'adhérer au Pacte d'Abraham. Puis la boucle sera bouclée avec la célébration du sanguinaire Laurent le Magnifique, Prince des sables.

 

vendredi, 05 février 2021

Le risque d’ingérence des médias sociaux américains dans le fonctionnement des démocraties européennes

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Le risque d’ingérence des médias sociaux américains dans le fonctionnement des démocraties européennes

Par Pascale Mascheroni, consultante

Ex: https://www.epge.fr

On parle beaucoup de l’ingérence russe ou chinoise dans le fonctionnement des démocraties occidentales mais il n’en est pas de même pour l’ingérence d’un pays occidental dans un autre pays occidental. Les stratégies d’influence sont désormais tous azimuts et les péripéties qui ont marqué la récente élection présidentielle américaine doivent nous mettre en alerte rouge.

La déficience analytique des défenseurs de la démocratie

Le 17 Novembre 2020, se tenait l’audition intitulée « Breaking the News : Censure, Suppression, and the 2020 Election » devant la commission d’enquête du Sénat américain.

Cette dernière portant sur l’importance et le pouvoir des réseaux sociaux durant les dernières élections américaines où étaient entendus les CEO de Twitter et de Facebook.

Cette audition interviendra 6 mois après la signature du décret présidentiel par le président Trump intitulée « Preventing Censorship Online ». Ce décret demande au FCC (« Federal Communication Commission ») de déterminer si de nouvelles réglementations peuvent être imposées au regard des actions d’éditions des géants de la tech actuellement sous la protection de la section 230.

Cet évènement peu couvert par les médias soulève de nombreuses questions :

  • La remise en question de la liberté d’expression sur Internet,
  • La censure dans le pays de la liberté d’expression (« free speech ») par une poignée de dirigeants non élus,
  • L’ingérence dans le politique et dans le système démocratique,
  • L’impact des réseaux sociaux non régulés.

Comprendre les enjeux de cette audition nécessite d’avoir les bonnes grilles de lecture.

En effet, ces enjeux s’inscrivent au-delà du conflit ouvert entre les médias sociaux et Donald Trump et ses partisans. Les deux camps politiques, conservateurs et libéraux, sont autant concernés par le fonctionnement des médias sociaux comme plateforme d’échanges.

Leur objectif est le même, les motivations diffèrent.

Les élections américaines de 2020, les médias sociaux dans la communication politique et la section 230

En 2020, avaient lieu les élections présidentielles en vue d’élire au scrutin indirect le 46e président des Etats-Unis. Donald Trump, alors président en activité et représentant du parti républicain, brigue un second mandat face à Joe Biden, candidat du parti démocrate.

La pandémie de COVID 19 jouera un rôle majeur dans les élections. En limitant la possibilité de rassemblement, le vote par correspondance en masse est favorisé. Ce constat amènera le président Donald Trump à dénoncer le risque massif de fraude via la plateforme Twitter, son principal outil de communication.

Depuis le début des années 2010, les médias sociaux sont incontournables dans la communication politique. Autant utilisés par les acteurs politiques que par les électeurs. Parmi ces médias sociaux, qui sont avant tout des sociétés privées, certains sont devenus de véritables entreprises de communication atteignant un public très large (Facebook, Twitter).

La perte d’intérêt et de confiance des électeurs pour les médias traditionnels explique la normalisation croissante des médias sociaux. Leur recours permettant une communication plus directe entre acteurs politiques et électeurs.

Cette liberté de communication, d’expression dans le contenu est avant tout possible grâce une petite partie du « Communication Decency Act » de 1996 :  la section 230. Celle-ci accorde une immunité aux entreprises de médias sociaux comme Facebook, Twitter, Wikipédia, Reddit, etc. en les exonèrant de toutes poursuites judicaires quant au contenu de leur site. Cela permet aux plateformes de fonctionner et de s’épanouir sans avoir nécessairement besoin de modérer le contenu.

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La polémique : son origine, ses acteurs, les enjeux

A l’origine de la polémique, deux tweets de Donald Trump en mai 2020.

Un premier tweet concernant la possible fraude électorale facilitée par le vote par correspondance, sur lequel sera étiqueté un avertissement avec la mention « trompeur » invitant le lecteur à « vérifier les faits ».

Un second tweet indiquant que « « quand les pillages commencent, les tirs commencent », dans le cadre des manifestations suite à la mort de George Floyd le 25 mai 2020.

Dans la foulée, le décret présidentiel « Preventing Online Censorship » sera signé le 28 mai 2020 sur la prévention de la censure sur internet, visant spécifiquement les médias sociaux en réponse à leurs actions (modification, suppression de contenus).

En dépit de profonds désaccords, les deux camps, démocrates et républicains, se rejoignent sur un point : la nécessité de réglementer la gestion du contenu des plateformes type Facebook, Twitter, Reddit, Youtube, etc.

Quand la gauche politique réclame une politique plus agressive pour diminuer la propagation de la désinformation, la droite conservatrice accuse les médias sociaux de censure.

La désinformation fait principalement référence aux accusations de fraude massive lancées par Donald Trump et ses partisans.

Par censure, Donald Trump et ses partisans font référence :

  • au parti-pris politique des médias sociaux dans leur politique de modération des contenus,
  • à la décision de Twitter de dissimuler et bloquer des informations du New Post concernant l’implication d’Hunter Biden, fils de l’actuel président, en Ukraine et en Chine,
  • la suppression des groupes engagés auprès de Donald Trump (« Stop the Steal ») et de leur contenus sur Facebook, Twitter et Youtube,
  • la suppression de commentaires, ou les ajouts d’avertissements sur les commentaires, incluant ceux du président Donald Trump alors en activité.

D’où la nécessité de voir modifier la section 230 du « Communication Decency Act ».

Les contradictions des acteurs

Sous couvert de vouloir respecter le principe de liberté d’expression sur internet, Facebook et Twitter se positionnent en éditeur en modifiant, commentant et supprimant les contenus de leur site.

La contradiction réside dans le fait, que ces actions semblent ne cibler qu’un pan de ces utilisateurs à savoir Donald Trump et ses partisans les plus engagés. Il est difficile de ne pas voir de parti pris politique d’autant plus de la part de sociétés issues de la Silicon Valley « extrêmement orientées » à gauche (en référence à a la citation en 2018 de Mark Zuckerberg concernant Facebook et les entreprises technologiques).

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Une autre contradiction réside dans le traitement des utilisateurs. Avant Donald Trump aucun autre utilisateur n’avait fait l’objet d’étiquettes d’avertissements. Dans un laps de temps très proche, après la mise à l’écart de l’hypothèse de collusion de la Russie, le représentant Adam Schiff continuait de partager ses accusations, sans intervention de la part de Twitter. Autre cas plus surprenant au vu du contexte, celui du responsable de l’intégrité du site faisant état de ses préférences politiques dans ses propres tweets.

L’audition devant la commission d’enquête des sénateurs américains et la réponse de Facebook et Twitter face à leur à contradiction

Lors de l’audition du 17 Novembre 2020, les CEO de Twitter et de Facebook, respectivement Jack Dorsey et Mark Zuckerberg seront entendus par de nombreux sénateurs, dont le sénateur Republicain Ted Cruz.

Parmi l’avalanche de critiques, la décision de blocage par Twitter de l’exposition par le New York Post des affaires d’Hunter Biden pendant 2 semaines. Twitter se justifiera en mettant en avant sa politique concernant le matériel hacké, bien que le New York ait bien indiqué que les informations provenaient d’un ordinateur portable abandonné appartenant à l’origine à Hunter Biden.

Jack Dorsey finira par admettre qu’après réflexion, l’action de blocage était une erreur et qu’elle fut corrigée dans les 24 heures. Dans les faits, Twitter avait refusé de réactiver le compte du New York Post sauf si les tweets en question étaient supprimés. Après 2 semaines d’impasse, le compte sera réactivé.

A l’issue de cette audition, et depuis la fin des élections 2020, la section 230 n’a pas été modifié.

Conclusion

Ces enjeux vont au-delà du conflit médias sociaux/ Donald Trump et ses partisans, du territoire américain.

Par la couverture mondiale de ces géants de la tech et l’absence de régulation, il semble nécessaire d’anticiper ce cas de figure pour les prochaines élections dans d’autres pays, et notamment en France pour les élections présidentielles de 2022.

Faut-il attendre la modification d’une loi américaine à la portée mondiale ou s’en affranchir en définissant une réglementation limitant la possibilité d’ingérence dans les évènements démocratiques ?

lundi, 01 février 2021

Joe Biden et l’avenir du Moyen-Orient

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Joe Biden et l’avenir du Moyen-Orient

Par Daniele Perra

Ex : https://www.lintellettualedissidente.it

Plusieurs médias ont décrit le début de l'ère Biden comme le retour de l'Amérique sur la scène internationale. En réalité, la prétendue discontinuité géopolitique entre les deux administrations (sauf exceptions stratégiques spécifiques) ne semble être qu'une construction journalistique.

Le début de l'ère Biden a été marqué par un certain nombre de mesures de politique étrangère en hypothétique contradiction avec les derniers coups de gueule de l'administration Trump. Ces mesures concernaient en particulier la région du Proche et du Moyen-Orient. Une région sur laquelle s'est construite, au moins au cours des vingt dernières années, la perception globale des États-Unis comme une puissance "impérialiste" ou comme un "exportateur de démocratie et de liberté" qui défend l'"Occident" et ses "valeurs" contre la barbarie orientale.

Le prétendu isolationnisme de l'administration Trump entrecoupait des démonstrations extrêmes de force (l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani, le lancement de la "Mère de toutes les bombes" en Afghanistan) avec des actions diplomatiques unilatérales (la sortie de l'accord nucléaire iranien et l'imposition de nouvelles sanctions contre Téhéran et Damas, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l'État d'Israël et de la souveraineté israélienne sur le Golan occupé),y ajoutant des déclarations à la dérive plus propagandiste que realpolitisch sur le retrait progressif des États-Unis de la région. Ce prétendu isolationnisme a sans doute jeté la confusion dans les médias "occidentaux" qui continuent à construire leur système de communication sur les apparences et sur une étude des sources plutôt pauvre. Depuis 2016, je soutiens que l'administration Trump ne ferait rien d'autre que de montrer le vrai visage de l'Amérique jusqu'alors caché par le voile humanitaire du double mandat démocrate de Barack Obama. Cependant, si précisément les peuples du Proche et du Moyen-Orient ont pu regarder cette réalité en face (l'imposition de sanctions à la Syrie par le Caesar Act, par exemple, a fait plus de morts que le terrorisme), en "Occident", également grâce à une information complice, on a préféré, d'une part, soutenir la thèse isolationniste et, d'autre part, critiquer les aspects aussi grotesques qu'essentiellement inoffensifs de l'administration Trump, qui appartient désormais au passé.

Biden à Bagdad

Maintenant, dans ce contexte, nous n'entrerons pas dans le détail du mouvement des troupes nord-américaines entre la Syrie et l'Irak ou de l'entrée des navires de guerre dans la mer de Chine méridionale. Ces opérations se déroulent dans le silence des médias occidentaux depuis plusieurs années. C'est pourquoi, sur cette base, quelques jours après l'entrée en fonction de la nouvelle administration, il n'est en aucun cas possible de tracer des lignes de discontinuité avec le passé. Il suffit de dire que dans l'instant qui a suivi l'annonce du retrait de Syrie par Donald J. Trump, plusieurs colonnes de véhicules blindés américains sont entrées dans ce pays du Levant via l'Irak pour "sécuriser" les puits de pétrole. En fait, le retrait susmentionné n'a jamais eu lieu et, selon toute probabilité, la nouvelle administration ne fera que renforcer les positions nord-américaines sur la rive orientale de l'Euphrate pour empêcher également toute reconstruction éventuelle du pays par l'exploitation de ses ressources.

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On pensait qu'il y avait une ligne de discontinuité avec l'ère Trump dans la relance du programme d'aide à la Palestine coupé par le précédent locataire de la Maison Blanche. À cet égard, le discours devient, du moins en théorie, plus complexe. Yara Hawari, chercheuse au centre de recherche palestinien Al-Shabaka, a expliqué qu'il est pour le moins optimiste d'espérer un changement de la politique nord-américaine à l'égard de la question israélo-palestinienne. La position extrémiste de l'administration Trump, une fois de plus, ne serait rien d'autre que la position américaine traditionnelle sans les fioritures de l'hypocrisie humanitaire. En fait, les deux principaux camps politiques nord-américains n'ont jamais manqué d'apporter un soutien inconditionnel à Israël. Joe Biden lui-même, en son temps, a eu l'occasion de souligner que l'aide américaine à Israël était le meilleur investissement pour la politique étrangère de Washington et que s'il n'y avait pas d'État juif, les États-Unis auraient dû en créer un pour garantir leurs propres intérêts dans la région. Le vice-président Kamala Harris et le nouveau secrétaire d'État, le "faucon" Antony Blinken, sont plus ou moins du même avis. Ce dernier, déjà partisan convaincu de l'agression contre la Syrie sous l'ère Obama, a également garanti que l'administration Biden suivrait les traces de ses prédécesseurs, tant en ce qui concerne la volonté de maintenir l'ambassade américaine à Jérusalem (un autre choix imaginé même sous l'ère Clinton et concrétisé par Trump) que les accords dits "Abrahamiques". Ceux-ci sont en effet fondamentaux pour la stratégie géopolitique américaine de construction de blocs d'interposition entre l'Est (Russie, Iran et Chine notamment) et l'Europe, qui comprend également l'Initiative des trois mers dans la partie orientale du Vieux continent.

Par conséquent, le "retour aux affaires" entre Washington et les institutions palestiniennes (entre autres choses largement corrompues et corruptibles lorsqu'elles ne sont pas directement otages des monarchies du Golfe) ne peut être considéré comme essentiellement positif. Si, d'une part, elle peut apporter un soulagement à au moins une minorité de la population palestinienne, d'autre part, elle continuera à fonctionner sur le mode de l'échange entre l'argent et de nouvelles concessions politiques unilatérales visant toujours à favoriser les revendications sionistes au détriment des revendications palestiniennes. Un discours similaire peut facilement être appliqué à l'accord nucléaire avec l'Iran. Les théoriciens des relations internationales comme le "réaliste" John Mearsheimer ont réitéré la nécessité pour les États-Unis de tenter un hypothétique retour à l'accord ou, du moins, une nouvelle approche de Téhéran. Il va sans dire que, dans ce cas également, les concessions économiques garanties à l'Iran par l'accord ont été étudiées à la fois pour empêcher le développement de la capacité de dissuasion nucléaire et antimissile de Téhéran, et pour garantir une pénétration occidentale dans le pays qui aurait pu permettre (au moins, à long terme) une déconstruction depuis l'intérieur de la République islamique. Il n'est pas surprenant que, déjà avant la signature de cet accord, un centre de recherche stratégique israélien ait produit un plan de déstabilisation interne de l'Iran, exploitant les minorités ethniques et religieuses : en d'autres termes, une sorte de plan Yinon appliqué à la République islamique, avec le titre emblématique "Comment faire mal à l'Iran sans frappes aériennes".

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Les renseignements selon Joe Biden

Maintenant, outre le fait que les termes de l'accord n'ont déjà pas été respectés dans les dernières périodes de l'administration Obama, il sera important de comprendre comment Joseph Biden peut tenter un rapprochement avec l'Iran. Pour la stratégie américaine, cela serait fondamental en premier lieu pour pouvoir se concentrer sur les principaux ennemis : la Russie (l'accélération soudaine du cirque d'information atlantiste sur l'affaire Navalny est en ce sens emblématique) et la Chine avec ses projets de coopération eurasienne qui doivent être constamment sabotés. Et, deuxièmement, garantir une plus grande concentration des forces de renseignement également sur la dynamique interne aux Etats-Unis mêmes, dynamique devenue plutôt turbulente. Cette tentative de rapprochement ne peut donc être que progressive. Toutefois, un signe important dans ce sens a déjà été lancé avec la réduction partielle du régime de sanctions imposé dans les derniers jours de la présidence Trump aux forces yéménites d'Ansarullah (proches de Téhéran) et avec la promesse d'interrompre le soutien logistique à l'agression saoudienne contre le Yémen lui-même et de réduire la vente d'armes aux monarchies du Golfe (un autre héritage des précédentes administrations Obama et Trump). Il faut dire qu'il est difficile (et à juste titre) pour l'Iran, quelle que soit la pression exercée, d'accepter sans garanties réelles de suppression complète du régime de sanctions à son encontre un accord avec un homologue qui s'est avéré largement peu fiable. Par conséquent, il ne serait pas du tout surprenant que des opérations de guerre hybride contre la République islamique soient également menées de manière constante par la nouvelle administration, bien que de manière moins ouverte et moins ouvertement propagandiste que dans le cas de Trump.

Face à une situation intérieure plutôt instable, de nombreux théoriciens et stratèges nord-américains ont souligné la nécessité d'une reconstruction interne à travers le seul ciment idéologique de la société américaine : l'idée exceptionnaliste de "destin manifeste", de supériorité morale par rapport aux autres nations du globe. Cependant, pour raviver ce sentiment, il faut un ennemi (ou la création d'un ennemi). Cet ennemi est et reste (comme pour l'administration Trump) la Chine : la seule puissance réellement capable de représenter une menace et une alternative au système mondial décadent de l'Amérique du Nord. En fait, même parmi les démocrates, le parti de ceux qui ont commencé à considérer la Russie comme un "allié" stratégique potentiel dans une perspective anti-chinoise se développe, si Poutine et son entourage devaient quitter la scène à court terme, laissant la place à une "cinquième colonne" occidentale assez importante composée d'oligarques et de politiciens de diverses orientations libérales (une solution qui reste peu probable à court terme).

Ne pouvant cependant pas se permettre un affrontement militaire direct avec la Chine, il reste à comprendre quelle solution sera adoptée pour contenir et éviter la projection géopolitique de cette dernière. L'une des caractéristiques fondamentales du projet d'infrastructure de la nouvelle route de la soie est le corridor sino-pakistanais. Les relations entre les États-Unis et le Pakistan se sont rapidement détériorées ces dernières années, également en raison d'un engagement américain notable dans le renforcement technologique et militaire de l'Inde, déjà considérée à l'époque d'Obama comme un "partenaire majeur en matière de défense". Joseph Biden, alors qu'en 2007 il était encore candidat aux primaires du parti démocrate, a déclaré que le Pakistan est l'État le plus dangereux du monde. Toujours à la lumière de la tentative de détente avec l'Iran, il ne serait pas du tout surprenant qu'une guerre sur commande soit préparée précisément dans une région qui reste la jonction cruciale entre les axes Nord-Sud et Ouest-Est du continent eurasiatique.

dimanche, 31 janvier 2021

De fratsen van Trump en de hysterie die ze veroorzaken

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De fratsen van Trump en de hysterie die ze veroorzaken
 
Francis Van den Eynde
Ex: Nieuwsbrief Knooppunt Delta, nr. 155, januari 2021
 
Dat Trump zichzelf in de laatste weken van zijn mandaat overtroffen heeft, hoeft, denk ik, geen betoog. Wie dacht dat hij met zijn “bijzonder merkwaardige” benadering van het covid-probleem al een Olympisch goud had gehaald in het rijden van een brokkenparcours, zal nu wel tot de conclusie zijn gekomen dat hij er ondertussen in geslaagd is het toen gehaalde eigen record te breken. Niemand zou het hem kwalijk genomen hebben indien hij na 3 november de overwinning van Biden had erkend, maar tegelijkertijd had beklemtoond dat dit niet betekende dat hij die verkiezingen had verloren, vermits hij meer stemmen dan de vorige keer had gehaald en dit ondanks de hetze die de meeste media jarenlang tegen zijn beleid hadden gevoerd. De publieke opinie zou dit zeker op prijs hebben gesteld en hij zou zich hiermee ongetwijfeld in een gunstige startpositie voor de volgende stembusslag hebben gemanoeuvreerd. In de plaats daarvan is hij als een slechte verliezer overgekomen door over alle daken te gaan schreeuwen dat er bij de presidentsverkiezingen massaal fraude was gepleegd ten voordele van de Democraten. Iets wat hij met geen enkel bewijs kon staven en wat bovendien, behalve dan bij zijn trouwste en fanatiekste achterban, totaal ongeloofwaardig klonk. Hij ging nog meer in de fout toen hij in een vrij agressieve terminologie een oproep deed om tegen die zogenaamde vervalsing van de uitslagen te betogen. Last but tot not least: hij wachtte bijzonder lang om tussenbeide te komen toen de demonstratie waartoe hij had opgeroepen, in geweld ging ontaarden. En dat voor een zittende president, geef toe “ il faut le faire”…

Het hoge aantal kiezers die ook deze keer voor Trump heeft gestemd en de zeer talrijke betogers die gevolg hebben gegeven aan zijn oproep om hem in Washington komen steunen (sommigen onder hen hadden hier zelfs een zeer verre reis voor over, de vrouw die door de ordediensten dood geschoten werd, kwam uit Sacramento in Californië, een stad op ongeveer 5000 kilometer van het Capitool) tonen voldoende aan dat vele Amerikanen zich helemaal niet kunnen terugvinden in de links liberale ideologie die sinds jaren hun maatschappelijk leven overheerst. Een alerte politieke leider zou hun misnoegdheid en de politieke energie die ze doet ontstaan, kanaliseren rond meer ernstige thema’s dan een ongeloofwaardig verhaal  omtrent  gemanipuleerde verkiezingsuitslagen. Trump heeft zoiets blijkbaar nooit overwogen. Hij hield het bij een reflex van slecht humeur, vergelijkbaar met dat van een verwend nest waarvan het meest geliefde stuk speelgoed werd afgenomen.

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Maar indien het allesbehalve fatsoenlijk is om te betogen tegen een zogenaamde vervalsing van  verkiezingsresultaten, wat dan te denken van mensen die tegen een verkiezingsuitslag demonstreren, niet omdat ze er de legitimiteit van zouden betwisten maar doodgewoon omdat die niet is wat ze verhoopt hadden? Dat is nochtans wat de aanhangers van Hillary Clinton gedaan hebben toen deze laatste bij de verkiezingen van vier jaar geleden voor Trump de duimen had moeten leggen. De slogan“ Not my president” was over gans het land te horen. Ook in Washington op de dag van Trump’s  ambtsaanvaarding  Zou het kunnen dat de Amerikaanse Democraten op 6 januari van dit jaar op een broek getrakteerd werden die uit hetzelfde laken was gesneden? Het oude Vlaamse spreekwoord “ Wie wind zaait, zal storm oogsten” heeft blijkbaar nog niets aan waarde ingeboet.

Het mag trouwens gezegd worden dat de Amerikanen die toen betoogden omdat de uitslag van de verkiezingen hen niet aanstond, hiervoor de mosterd in het oude continent waren komen zoeken, onder meer in Vlaanderen. Op het einde van de jaren 80 en in het begin van de jaren 90 waren  betogingen tegen de uitslag van alle verkiezingen die voor het Vlaams Blok gunstig waren uitgevallen bij ons schering en inslag. Trouwens ook betogingen tegen de installatie van de gemeenteraden waarin voor de eerste keer mandatarissen van die partij zetelden. Dit ging vaak met geweld gepaard. Op de dag dat ondergetekende voor de eerste keer zijn eed in de Gentse gemeenteraad aflegde, werd aan het stadhuis een agent geraakt door een molotovcocktail die door een linkse betoger werd gegooid. Ik heb tot hiertoe geen enkele weldenkende horen beweren dat die demonstraties van toen aanslagen op de democratie waren. Integendeel, er werd – begrijpe wie kan – in naam van de democratie tegen normale en onbetwiste verkiezingsuitslagen geprotesteerd.  En wat de media uit die tijd betreft, zij rapporteerden in het beste geval over de incidenten  maar vonden het niet nodig ze te becommentariëren, laat staan ze te veroordelen.

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Wat een verschil met nu. De kranten staan al dagen vol over wat zich op 6 januari in de Amerikaanse hoofdstad heeft voorgedaan en over de nasleep ervan, televisie en radio op kop! De belangstelling voor wat zich in Washington afspeelt overtreft deze voor de pandemie, ook al veroorzaakt die nog dagelijks tientallen doden. Het is bijna alsof België de 51ste staat van de VS is geworden. Er wordt zelfs flink over een en ander in de Kamer gedebatteerd. Overdrijvingen worden hierbij meestal niet geschuwd . Zo wordt deze zwaar uit de hand gelopen demonstratie steevast een ‘coup’ genoemd. Zij die dit steeds weer herhalen, weten blijkbaar niet hoe het er bij een echte staatsgreep aan toe gaat. Daarvoor is wat meer nodig dan een via de sociale media verspreide oproep om te betogen. Een echte putsch vergt een degelijke organisatie en moet dus op voorhand goed gepland worden. Dan gaan op een afgesproken datum gewapende troepen (militairen of milities) al dan niet gesteund door een volksopstand, strategisch belangrijke plekken en instellingen bezetten – een presidentieel paleis, ministeries, kazernes, luchthavens, radio, TV etc. Dit zorgt ervoor dat het bewind niet meer bij machte is om efficiënt te reageren en dus gemakkelijk kan uitgeschakeld worden. Op televisiebeelden was duidelijk te zien dat de betogers die er In Washington in geslaagd waren het Capitool binnen te dringen, daarna niet wisten wat ze er moesten doen en dan maar doelloos rondliepen.

Men is bovendien ook vergeten dat er zich bij ons ook al vergelijkbare feiten hebben voorgedaan. In 1920  slaagden de toen nog zeer jonge oudstrijders van de Eerste Wereldoorlog die voor een beter pensioen betoogden, erin om door de cordon van de Rijkswacht te breken en het parlement te bezetten. De Gentse professor Grints die hier in de kranten aan herinnerde, vermeldde wel zeer uitdrukkelijk dat het toen in Brussel om een democratische betoging ging in tegenstelling met de poging tot “fascistische coup”  die zich in Washington had voorgedaan (sic). Een interessante suggestie voor een quizvraag “Zoek het verschil”, zou ik zeggen. Hij vergat ook te vermelden dat de aanwezige parlementsleden de benen namen, behalve die van de Vlaams-nationale Frontpartij. Die waren zelf oudstrijders…

Men is blijkbaar ook al vergeten dat de beruchte wallingant José Happart er ooit in geslaagd is om een jonge stier door het parlement te jagen. De man maakte later carrière als bijzonder populair Waals politicus. Hebt u iemand ooit horen beweren dat hij met zijn rund het parlement had ontwijd en de democratie had ondermijnd?

Het ergste is echter dat de Vivaldictatuur de incidenten die zich in de States hebben voorgedaan aangrijpt om een aantal maatregelen te treffen om de controle op de sociale media te verscherpen, om met andere woorden de vrije meningsuiting nog meer aan banden te leggen. Met zijn oproep tot protest tegen de verkiezingsresultaten in Amerika wordt Trump dus ongewild een bondgenoot van De Croo. Wie had dat verwacht?
 
Francis Van den Eynde

vendredi, 29 janvier 2021

USA: Avec Biden l'Empire est de Retour

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Cafe Noir N.07

USA: Avec Biden l'Empire est de Retour

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde. Émission du Vendredi 22 Janvier 2021 (enregistrée le 27/01/2021) avec Pierre Le Vigan & Gilbert Dawed.
 
– L'effacement du Politique (Pierre Le Vigan) https://bit.ly/2KTav9X
– Avez-Vous Compris les Philosophes ? Vol. IV (Pierre Le Vigan) https://bit.ly/3cc5dS9
 

08:02 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : joe biden, états-unis, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 28 janvier 2021

Les enjeux du ressentiment identitaire américain

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Les enjeux du ressentiment identitaire américain

par Jure Georges Vujic

Ex:

Retour sur les conséquences de la défaite de Donald Trump ainsi que sur les événements du Capitole

Le mandat présidentiel de Donald Trump, marqué par les tentatives continuelles de déstabilisation menée par l’État profond et les médias de l’establishment, marque la fracture profonde entre le peuple et les élites. Cette volonté opiniâtre de destituer et de « châtier » tel un bouc émissaire le président sortant ne peut que révéler un déni de réalité schizophrène et flagrant. Les appels au lynchage politique, le langage méprisant des médias à l’égard des militants pro-Trump, les initiatives de destitution, la censure des réseaux sociaux et les appels à l’ostracisme social et économique des grandes corporations à l’égard des collaborateurs de Trump, reflètent non seulement la farce démocratique et l’hystérie haineuse de l’establishment américain, mais aussi le repli obstiné sur une grille de lecture manichéenne désuète des derniers événements, laquelle ne rend pas compte d’un vaste mouvement de fond et de mutations dans la société américaine, dont l’élection de Trump en 2016 ne serait qu’un des symptômes. Une chose est sûre, après Trump il restera le « trumpisme », comme catalyseur de toutes ces mutations sociologiques, économiques, démographiques et culturelles. En effet, le trumpisme, qui, même s’il s’agit d’un style politique – un refus des intermédiaires et des compromis, une rhétorique très simple et directe, un refus des idéologies –, est la caisse de résonance des vastes tendances de fond de la société américaine et notamment de la communauté blanche. Donald Trump joue sur les craintes et frustrations de la majorité blanche, socialement déclassée, voire marginalisée par les crises successives, économiques et financières, et les politiques pro-immigrationnistes. Ce même ressentiment populaire d’une grande majorité d’Américains, qui s’estime trompée par les derniers résultats électoraux, qui a quasiment explosé lors des événements du Capitole, constitue à l’avenir un vaste réservoir de radicalité politique, surtout si l’on obstine à attiser ce ressentiment comme est en train de le faire l’oligarchie médiatico-politique. Persister dans ce délire de persécution sur fond de maccarthysme de gauche, et ignorer les ressorts émotionnels de ce ressentiment isolera davantage le futur gouvernement démocrate, qui souffrira d’une forte illégitimité populaire.

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L’évolution de la société

L’envahissement du Capitole par des manifestants pro-Trump bariolés, loin de représenter un coup d’État bien planifié, a eu le mérite de mettre au premier plan le ressentiment agressif et décidé d’une grande frange de la population américaine, celle des WASP déclassés et paupérisés. Ce sont les classes sociales fauchées par la crise financière de 2008, le lumpenprolétariat blanc stigmatisé et méprisé par les élites de la côte ouest, de New York et de la Silicon Valley, les chômeurs de la « vieille » économie (agriculture, bâtiment, industrie, commerce), les Blancs des banlieues et des mobile homes.

Alors que la catégorie socio-identitaire des WASPS dans les années soixante correspondait à l’élite blanche privilégiée, aujourd’hui ce vocable à connotation négative pour désigner les Blancs de l’Amérique profonde, correspond plus aux catégories les plus pauvres de la population américaine blanche, et forme la majeure partie de l’électorat de Trump. Cette « norme » socio-économique américaine, selon laquelle les WASPS constituaient le sommet de l’élite américaine, est bien révolue, et nul ne soutiendrait sérieusement aujourd’hui que les Américains d’origine irlandaise ou italienne et les Afro-Américains sont moins bien intégrés en vertu de la discrimination positive et la politique des quotas que les WASP.

Mutations démographiques

Sur le plan démographique, d’ici 2050, les minorités hispaniques, asiatiques et noires constitueront 54 % d’une population qui aura atteint 439 millions d’habitants. Les Blancs ne constitueront plus la majorité de la population des États-Unis à l’horizon 2042. Ce renversement démographique génère déjà des processus de communautarisation et de ghettoïsations ethniques. En dépit du discours dominant multiracialiste, le modèle américain de la « discrimination positive » est en passe d’imploser, alors que les Américains sont inquiets de la diversification ethnique des États-Unis, où le nombre d’Hispaniques est en pleine croissance. Selon une enquête pilote d’American National Election Study réalisée en janvier 2016, le repli identitaire est en vogue et la majorité des électeurs WASP donnent de l’importance à leur « identité blanche » ou considèrent que les discriminations contre les Blancs s’accentuent.

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Recomposition politique

Même si le parti démocrate et Joe Biden annoncent qu’ils s’attacheront à assurer la réconciliation nationale et à rétablir l’équilibre des pouvoirs sur l’ancien modèle bipartisan, cette grille de lecture semble en déphasage complet avec l’érosion et la fragmentation internes des deux principaux partis américains et la nouvelle recomposition des forces politiques en cours. En effet, du côté du parti démocrate, l’aile gauche plus radicale est accusée par les modérés, après l’échec à la Chambre des représentants et au Sénat, de faire cavalier seul. En effet on reproche à Alexandria Ocasio-Cortez d’avoir un discours identitaire et radical qui compromet une majorité de l’électorat démocrate. D’autre part, la gauche radicale américaine s’est positionnée aux primaires démocrates avec Bernie Sanders et Elizabeth Warren qui se réfèrent à une tradition populiste de gauche américaine. Ce courant politique s’appuie sur un nouvel activisme sur les réseaux sociaux et sur des mouvements radicaux de gauche adeptes de la cancel culture et d’une course à la pureté idéologique définie comme « woke ».

Au sein du second grand parti américain, le parti républicain, le fameux GOP (Grand Old Party), Donald Trump a accentué une division déjà existante au sein même de son parti en proie à des luttes intestines. L’un des plus loyaux soutiens du président, Mitch McConnell, chef du groupe républicain au Sénat, est lui aussi en rupture avec Donald Trump. L’aile néo-conservatrice des “faucons”, interventionnistes et néo-impérialistes, regroupée au sein du projet Lincoln, a œuvré pour faire échouer la réélection de Trump en alliance avec le parti démocrate en raison de sa volonté isolationniste, alors que le trumpisme, lui, s’appuie sur ce qu’on appelait le courant « paléoconservateur » dans les années 1990, qui combine populisme, nationalisme, et « fierté blanche ». Trump a habilement utilisé ce discours politique «  identitaire » (identity politics) à son profit pour mobiliser la communauté blanche, et notamment les plus modestes. D’autre part, à droite, il faudra aussi compter sur la mouvance suprémaciste de l’alt-right, le courant libertarien et l’électorat du Tea Party.

Jure Georges Vujic

Source : Correspondance Polémia

09:08 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, crise américaine | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 26 janvier 2021

L'ère Biden : les Etats-Unis et leurs fractures internes

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L'ère Biden : les Etats-Unis et leurs fractures internes

Par Enric Ravello Barber

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Il y a des situations qui sont hautement symboliques. La cérémonie d'investiture de Joe Biden en tant que 46ème président des États-Unis a été entourée de mesures de sécurité sans précédent. Pour la première fois dans l'histoire, près de 30.000 agents ont été déployés pour assurer la sécurité. Le symptôme est clair et évident : le pays est divisé en deux moitiés de plus en plus éloignées l’une de l’autre et avec des secteurs internes de plus en plus radicalisés.

Ne disons pas que ce déploiement de sécurité n'était dû qu'à l'attaque du Congrès par les partisans de Trump, la raison est quelque chose de beaucoup plus profond. Les États-Unis sont plongés dans une violence permanente, physique et dialectique, depuis des mois. Rappelez-vous les épisodes de violence des BLM et d'Antifa, qui ont causé plusieurs morts, et rappelez-vous aussi des phrases comme celle d'Hilary Clinton qui a qualifié les électeurs de Trump de "white trash", ou qui a déclaré que "les États-Unis ont condamné Trump", méprisant de façon non représentative les 75 millions d'Américains qui ont voté pour lui, soit plus de 47% de la population, ou ce qui est la même chose, la moitié du pays, ou des phrases comme celle du journaliste John Carlin qui dans La Vanguardia a dit : "La défaite de Trump est un soulagement pour l'ensemble du monde de la pensée", insultant et qualifiant la moitié de la population des États-Unis de "non-penseurs" ou d’"analphabètes". Tout cela, ainsi que les indices (non pas des certitudes mais des indications) de fraude électorale, plus le meurtre incroyable et injustifiable de la patriote Ashli Babbit par la police, ont créé un climat de tension politique maximale, qui, je le crains, va s'accroître pendant le mandat de M. Biden.

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Pour continuer avec le symbolisme, il faut rappeler que la personne choisie pour chanter l'hymne américain lors de la cérémonie d'inauguration était la chanteuse connue sous le nom de Lady Gaga, un exemple de vulgarité, de mauvais goût et de décadence, un autre signe de ce qui nous attend pendant le mandat de Biden.

Les premiers mots de Biden le jour de son investiture ont été "nous devons mettre fin à cette guerre incivile", ce qui signifie la reconnaissance de cette fracture interne des États-Unis de sa part, chose que nous ne pensons pas qu'il puisse résoudre et encore moins dans un nouveau contexte politique pour ces quatre années où il n'y aura pas de contrepoids politique ou institutionnel ; Pour la première fois depuis 70 ans, le parti démocrate obtient ce qu'on appelle le "trio gagnant" c'est-à-dire la présidence du gouvernement, la majorité au Congrès (Chambre des représentants) et la majorité au Sénat, ce qui va faire que le tandem Biden-Kamala va imposer son programme politique sous forme de montagnes russes, et on a déjà vu ce qu'il pense de la moitié du pays qu'ils vont gouverner, c'est un danger qui va faire augmenter les fractures internes. Une situation institutionnelle qui aura des conséquences négatives.

Un pays divisé

La fracture politique

Les résultats des élections présidentielles aux États-Unis ont donné 51 % des voix au vainqueur, Joe Biden, et 47,2 % à Donald Trump, le candidat "battu" a obtenu plus de 72 millions de voix, soit plus de soutien que presque tous les précédents présidents élus. La différence de voix signale une scission en plein milieu d'un pays, précisément entre un parti démocrate qui n'a jamais été aussi loin à gauche et un parti républicain qui n'a jamais été aussi loin à droite. Loin de la prétention d'Hillary Clinton, les Américains sont loin d'avoir "enterré" le trumpisme,

Fracture interne du Parti démocrate

Le président Biden et la vice-présidente Harris représentent chacun les deux sensibilités internes qui cohabitent au sein du Parti démocrate. Le premier, un homme de l'équipe d'Obama, plus modéré et centriste, une sorte de social-démocrate en termes européens ; Harris représente l'aile gauche du parti qui avait soutenu le sénateur Sanders comme candidat à l'investiture et qui a maintenant été rejointe par le soi-disant SQUAD, les femmes parlementaires de l'aile gauche du parti, dirigé par la députée portoricaine Alexandra Ocasio-Cortez et dont Ilhan Omar, la première députée musulmane aux États-Unis, est membre. Rappelons que Harris, qui serait présidente si Biden meurt pendant ces quatre années, a un père jamaïcain et une mère originaire d'Inde. Kamala se formera dans l'environnement politique auquel sa mère appartenait, celui des groupes noirs radicaux des années 60-70 : les Black Panthers et le Black Power, les organisations politiques violentes des suprémacistes noirs.

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Le jour même de l'assaut contre le Capitole, le parti démocrate a engrangé une victoire clé en remportant les deux sénateurs pour l'État de Géorgie, alors que tous les sondages précédents prédisaient que l'un irait à eux et l'autre aux républicains, ces deux candidats démocrates élus représentent également chacune de ces deux factions internes. La tête de liste, l'Afro-Américain Raphael Warnock, représente l'aile gauche, l' agenda millénien et est ouvertement pro-palestinien, le numéro 2, le médecin judéo-américain Jon Ossoff, est le représentant du secteur centriste. Ajoutons que le puissant lobby juif, y compris pour l'instant George Soros, du parti démocrate soutient ce e centre-gauche dirigé par Biden, et est représenté de façon frappante dans la composition de la nouvelle administration américaine.

Biden va essayer par tous les moyens de combiner ces deux sensibilités internes en forgeant des équilibres, peut-être y réussira-t-il, le centre-gauche a toujours été plus "discipliné" dans ces questions internes, bien que, pour cela, il doive prendre des rendez-vous comme celui récent avec Anita Dunn, qui a été démise de ses fonctions de conseillère en communication de la Maison Blanche par Obama lui-même, lorsque ses déclarations sur le dictateur communiste criminel, Mao Tse toung, que Dunn avait décrit comme "l'un de ses philosophes préférés", ont été rendues publiques : elle revient maintenant faire partie de la nouvelle administration dirigée par Joe Biden. Et un troisième facteur semi-intérieur auquel Biden devra faire face est celui du BLM et d'Antifa, créés pour servir la cause démocrate mais qui commencent maintenant à qualifier Biden de "modéré" et à réclamer une "vengeance" contre les républicains. Le lendemain de son investiture, des militants de ces groupes ont attaqué le siège du parti démocrate à Seattle, ce qui pourrait être un avertissement.

Fracture au sein du parti républicain

Au sein du Parti républicain, la fracture n'est pas des moindres. Trump a été dès le début un outsider mal reçu par la structure traditionnelle du parti, qui n'a pas soutenu sa nomination interne, et une fois qu'il a été nommé, il n'a pas été soutenu pendant la campagne électorale, l'absence des précédents présidents républicains dans leurs manifestations (Bush père et fils) a été notoire, a également été flagrante à la fin de son mandat, où non seulement de nombreux dirigeants républicains se sont dissociés et se sont opposés à la stratégie de Trump, mais même plusieurs membres républicains du Congrès ont voté pour sa "destitution". Trump, d'une certaine manière, est un autre reflet d'un courant sociologique qui s’était déjà manifesté avec Sarah Pallin, le Tea Party, et qui fait dériver son idéologie des principes du Mayflower et des "pères fondateurs des Etats-Unis", auquel on pourrait ajouter Pat Buchanan - notons qu'il est catholique et donc pas WASP mais spécifiquement White Conservative - et David Duke lui-même, qui - rappelons-le - était membre du Congrès pour la Louisiane et candidat au poste de gouverneur de cet État pour le parti républicain, obtenant 40% des voix, soit près de 60% des voix de la population blanche.

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Pat Buchanan.

Depuis les années 1970, le parti démocrate a abandonné l'électeur du Midwest : blanc, travailleur qualifié, fermier ou petit propriétaire terrien, religieux et amoureux de son pays, de plus en plus radicalisé et prêt à soutenir des options patriotiques puisque beaucoup d'entre eux sont devenus une classe sociale dangereusement précarisée en raison de la crise économique et de la négligence de l'administration centrale, qui subventionne les minorités et oublie les pauvres et les déclassés de la majorité blanche.

Dans ce contexte politique interne, il existe plusieurs options :

  • Que l'appareil de parti traditionnel prenne à nouveau le contrôle du parti, alors la question est la suivante : Trump et ses semblables accepteront-ils d'être relégués au second plan, et une autre question encore plus importante, les électeurs qui ont soutenu Trump, le feront-ils à un parti républicain centriste et modéré ?
  • Si les deux réponses aux questions ci-dessus sont négatives - ce qui est le plus logique - alors Trump fonderait un troisième parti et la question immédiate serait de savoir si les électeurs blancs de plus en plus "radicalisés" du Midwest et du Sud reconnaîtraient Trump comme leur chef ? Parce qu'il y a déjà de nombreuses milices patriotiques qui l'accusent d'être "faible et traître". Et le Trumpisme lui-même a des contradictions internes, rappelons par exemple que sa fille Ivanka, mariée, veut être l'héritière politique de son père et, si c'est le cas, nous doutons fort qu'elle soit acceptée comme référence par ceux qui ont jusqu'à présent soutenu son père.
  • Nous pourrions alors nous pencher sur le cas d'un tiers, qui pourrait même ne pas être dominé par Trump ou le trumpisme, et qui serait une réalité politiquement intéressante, et à laquelle nous prêterions une attention particulière sur ce blog, si elle devait se produire. Certains analystes soulignent que ce parti chercherait un leader plus dur que Trump, et qu'en raison de la démographie des États-Unis et de la distance croissante entre l'administration centrale et les États du centre et du sud, il n'aspirerait plus à être le moteur d'un renouveau national de "Make America Great Again", pour défendre progressivement l'idée d'une possible scission dans les États où ils sont majoritaires sur le plan démographique et politique.

La fracture ethno-géographique

Il suffit de regarder la carte des résultats des élections présidentielles pour voir à quel point le pays est divisé en deux. Trump gagne dans tous les États centraux, tandis que Biden gagne dans les États littoraux du Pacifique et de l'Atlantique. Et si nous analysons les résultats de certains États dans ces deux régions, nous constatons que là où Trump gagne, il le fait avec une énorme différence (par exemple, l'Oklahoma et le Wyoming), tandis que là où Biden gagne, il le fait aussi avec un énorme avantage (par exemple, la Californie et New York). Les États dont les résultats ont été remis en question (Nevada, Michigan, Pennsylvanie, Géorgie) se trouvent précisément dans la zone de transition entre les deux zones.

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La géopolitique souligne qu'il existe deux réalités en contradiction permanente : une réalité maritime, de mentalité commerciale, de pouvoir thalassocratique et d'idéologie politique libérale-mercantiliste, et une autre réalité intérieure de mentalité traditionnelle, de travail avant le commerce, de mentalité protectionniste, continentaliste et conservatrice. Bien que la géopolitique ne soit pas une science exacte et encore moins lorsqu'elle prétend être déterministe, c'est une science auxiliaire qui aide à analyser la réalité et, dans ce cas, elle le fait effectivement.

Mais la fracture n'est pas seulement géopolitique mais aussi ethno-politique : les côtes sont avant tout des sociétés multiraciales et multiculturelles, où l'élite WASP est principalement d'origine anglaise et néerlandaise, avec une présence importante de blancs irlandais et italiens, et - comme nous le disons - dans un contexte fortement multiracial, alors que les États de l'intérieur sont majoritairement blancs (sauf pour certains dans le sud), et que cette population blanche est principalement d'origine allemande, ensuite nord-irlandaise (les soi-disant ‘’Écossais-Irlandais’’) et enfin (dans le nord), elle est descendante de colons scandinaves.

À la tendance à la séparation de la Californie, qui, si Trump avait gagné, se serait accentuée, et à la séparation naissante du Texas, s'ajoutera cette situation de rupture progressive de l'intérieur blanc. Beaucoup ont déjà fait remarquer que les États-Unis allaient se pencher sur cette situation interne, il y a plusieurs décennies, ce qui ne serait rien d'autre que la vérification que le creuset ne fonctionne pas même dans le pays qui l'a adopté comme moyen de se construire.

Quant aux autres questions qui caractériseront l'ère Biden, elles seront nombreuses et toucheront tous les aspects politiques, médiatiques, sociaux et économiques du pays, mais dans cet article nous voudrions en souligner trois.

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Rachel Levine.

Imposition de l'idéologie mondialiste sous tous ses aspects : la récente nomination de Rachel Levine, une transsexuelle, au poste de ministre de la santé montre l'implication de l'administration Biden dans ce que l'on a appelé "l'idéologie du genre" et qui n'est rien d'autre que la destruction de toute normalité dans les domaines de la sexualité et de la famille. La récente proposition du parti démocrate à la Chambre des représentants d'interdire l'utilisation de noms spécifiques au genre tels que : père/mère, fils/fille frère/sœur, oncle/tante est un autre signe malheureux de ce qui est à venir.

Portes ouvertes à l'immigration : M. Biden a promis un changement de la politique d'immigration, ce qui, nous le savons, signifie faciliter l'entrée de millions de nouveaux immigrants. Ces jours-ci, nous avons vu d'interminables colonnes de Centraméricains se diriger vers les États-Unis. Nous savons tous ce que signifie cette nouvelle immigration et l'impact social et économique qu'elle aura sur les États-Unis, où une fois de plus les grands perdants seront la classe ouvrière blanche, ce qu'Hilary appelle les "white trash", qui ne reçoivent jamais les avantages et les subventions que les "minorités raciales" reçoivent parce qu'elles sont blanches.

Pour sa part, Kamala Harris a déjà annoncé un plan visant à légaliser 11 millions d'immigrants illégaux d'ici 2028. D'ici 2028, en effet, le facteur déterminant sera constitué par ces immigrés clandestins régularisés par les démocrates qui, évidemment, voteront tous démocrate, également dans une situation où, dans 8 ans, les chiffres de la démographie euro-américaine auront régressé quantitativement. La conséquence de tout cela est la volonté claire des démocrates de gagner en 2024 - par la diabolisation de l'opposition - et de créer d'ici 2028 une situation démographique et politiquement irréversible pour les blancs, et en général pour toute option patriotique, grâce à l'augmentation numérique des immigrés légalisés et disposant ipso facto du droit de vote. C'est la démographie appliquée à la politique.

Economie : Trump a réactivé l'économie américaine et a fait baisser le chômage, ce que même ses plus grands ennemis ne contestent pas. La gestion de Trump était basée sur une politique tarifaire qui empêchait l'entrée des produits chinois à bas prix et les délocalisations d'entreprises, notamment vers le Mexique. Biden mettra fin à ces politiques, étant un ennemi des tarifs qu'il considère comme du "nationalisme", de sorte que le chômage et la désindustrialisation reviendront aux États-Unis. En outre, nous avons le fait que Biden a annoncé un stimulus fiscal de 1,9 trillion de dollars américains. La bourse a réagi avec un certain scepticisme au plan de Biden, car il pourrait entraîner une inflation rapide du pays. Comme l'a dit le prix Nobel Krugman, l'endettement est toujours possible, mais tant que l'argent est investi dans des projets économiquement rentables, tels que les infrastructures ou les énergies renouvelables, le problème, le soupçon est que Biden dépensera une partie importante de cet argent pour couvrir la dette des Etats sous contrôle démocrate en dettes et subventions aux minorités raciales et aux institutions de propagande du politiquement correct, ce qui plongerait les Etats-Unis dans un grave chaos.

Comme l'affirme le célèbre économiste Richard Wolff, Biden veut revenir à la "normalité" d'avant la crise, c'est-à-dire revenir à la normalité du capitalisme mondial.

Ce sont les questions clés auxquelles la nouvelle administration américaine est confrontée, et nous prévoyons quelques années difficiles, intenses et, pour reprendre le terme de Spengler, décisives. Dans un prochain article, nous analyserons la réalité internationale et son impact sur la politique mondiale qu'aura l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche.

Enric Ravello Barber.

Les prochaines magouilles démocrates

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Les prochaines magouilles démocrates

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Demain, 20 janvier, se déroulera à Washington l’investiture de Joe « Gâteux » Biden et la prestation de serment de sa colistière Kamala « Messaline » Harris. Le succès du coup d’État démocrate est incontestable. Les États-Unis d’Amérique s’apprêtent à vivre des heures bien sombres.

Disposant de la majorité à la Chambre des représentants et d’un avantage décisif au Sénat (Harris qui préside cette assemblée a une voix prépondérante en cas d’égalité), le binôme exécutif va pouvoir appliquer son programme mortifère et liberticide. Les médiats dominants d’occupation mentale, le Washington Post et CNN en tête, arrêteront par ailleurs de distiller leurs nombreuses et fausses révélations sur les dysfonctionnements internes de la Maison Blanche sous Donald Trump pour enjoliver la stature de Biden et, surtout, de Harris.

L’omnipotence de la mafia démocrate n’est toutefois pas complète. La Cour suprême reste à six sièges contre trois à majorité libérale-conservatrice. Elle risque d’entraver la marche forcée du Bureau ovale vers le « pire des pandémoniums ». La Constitution de 1787 ne précise pas son nombre de membres. À l’origine, la Cour suprême en comptait sept. En 1869, le législateur l’augmenta de deux nouveaux sièges. Avec le contrôle du Congrès, les démocrates peuvent maintenant créer entre trois à quatre nouveaux juges assesseurs nommés par Biden et approuvés, grâce à Harris, par le Sénat. Cette solution légale évite une procédure de destitution qui nécessite l’approbation d’une majorité qualifiée de sénateurs.

Désormais à majorité libérale-progressiste, la Cour suprême à treize membres limiterait la liberté d’expression, restreindrait le port d’arme, sanctuariserait l’avortement et l’homoconjugalité, permettrait la GPA et autoriserait l’immigration massive. Elle suspendrait ou abolirait la peine de mort tant dans les États qu’au niveau fédéral, sauf peut-être pour les supposés espions (Julian Assange par exemple), les soi-disant traîtres et les nationalistes blancs.

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Par ailleurs, la clique démocrate a déjà en tête les élections intermédiaires de 2022. Celles-ci sont historiquement défavorables au parti présidentiel en place. Outre une généralisation des techniques de fraude électorale dans les fiefs démocrates, il est crucial que le Sénat reste dans le « camp du Bien ». Pourquoi ne pas ajouter de nouvelles étoiles à la bannière US ? L’Alaska et Hawaï sont les quarante-neuvième et cinquantième États à rejoindre l’Union en 1959. Chaque État fédéré élit deux sénateurs à Washington. Afin de ne pas systématiser des tricheries électorales un peu trop voyantes, les démocrates redécouperaient volontiers la carte administrative des États-Unis.

Ainsi l’île antillaise de Puerto Rico, État libre associé aux États-Unis depuis 1952, deviendrait-elle le cinquante-et-unième membre de l’Union. Sa population hispanophone s’enthousiasmerait pour le projet économique et social démocrate, surtout si Alexandra Ocasio-Cortez dont la mère est originaire de l’île, se trouve valorisée. La ville de New-York (huit millions et demi d’habitants) pourrait devenir un nouvel État distinct de l’actuel État éponyme dont la capitale s’appelle Albany. Bastion démocrate, la « Grosse Pomme » verrait son maire devenir gouverneur. Le nouvel État pourrait s’étendre aux comtés orientaux de Nassau et de Suffolk.

Les démocrates prévoient d’aller encore plus loin. S’ils ne peuvent pas démembrer un Texas toujours républicain et conservateur, ils envisagent de scinder l’État le plus peuplé, la Californie, en trois, quatre ou cinq nouvelles portions fédérées. Enfin, à rebours des Pères fondateurs, le parti de l’Âne, magnifique symbole bien qu’injurieux pour le sympathique animal, souhaiterait élever l’actuel District fédéral de Columbia, soit Washington, en un autre État-membre. Fondé en 1790 et devenu l’année suivante capitale fédérale, le District, majoritairement peuplé d’Afro-Américains, constitue une belle réserve de voix pour les démocrates.

L’État de New-York City, ceux de Columbia et de Puerto Rico ainsi que trois à cinq entités post-californiennes enverraient au Capitole entre huit et seize nouveaux sénateurs la plupart démocrates. Un Sénat démocrate garantirait à l’« État profond » la pérennité d’une diplomatie belliciste, philovictimaire, libre-échangiste et pro-minorités raciales – sexuelles. Les gouverneurs, souvent démocrates, des États concernés accepteraient-ils cependant ce charcutage géopolitique interne ? Le Congrès voudrait-il perdre sa supervision lointaine sur le District de Columbia ? Tout dépendra de la ruse de Biden et de sa « Messaline ». On ne peut en tout cas que souhaiter le plus grand désordre intérieure possible chez cet ennemi civilisationnel.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 198, mise en ligne sur TVLibertés, le 19 janvier 2021.

lundi, 25 janvier 2021

La crise sociale américaine

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La crise sociale américaine

Par Ali Reza Jalali

Ex : https://www.eurasia-rivista.com

Depuis plusieurs années, de nombreux analystes parlent de la crise de la démocratie et du système politique américains, notamment depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump en 2016 ; ils nous exposent les contradictions de la société nord-américaine. "The Donald" était probablement la partie émergée d'un iceberg qui, sans son élection il y a quatre ans, ne se serait pas manifesté aussi rapidement ; Trump n'a fait qu'accélérer le cours des événements, rien de plus. En ce sens, la crise des prêts hypothécaires à risque entre 2007 et 2008 a été le début d'un cauchemar et la fin du "rêve américain" ; le mouvement "Occupy Wall-Street" en 2011 a été un nouvel élément de la dérive politique et sociale des États-Unis ; et la montée au pouvoir de Donald Trump ces dernières années a été la dernière étape en date pour confirmer la crise qui dure depuis au moins une quinzaine d'années.

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En d'autres termes, si le XXe siècle a été celui du "rêve américain", du "pays leader du monde libre", le nouveau siècle a représenté jusqu'à présent et représentera également à l'avenir l'ère de la réduction progressive du système américain du point de vue de la politique intérieure. À vrai dire, la crise américaine ne manque pas de matière à réflexion en ce qui concerne la politique étrangère et l'hégémonie américaine dans le monde. De l'ascension de la Chine comme première économie mondiale, un problème qui selon les dernières études et grâce à la crise Covid-19 se matérialisera encore plus tôt que prévu, à l'incapacité de résoudre les différends régionaux dans certains points chauds du monde comme le Moyen-Orient - où le rôle des puissances "alternatives" à l'hégémonie mondiale des États-Unis ne cesse de croître (pensez surtout au rôle fondamental de la Russie dans cette région, inconnu jusqu'il y a quelques années), le déclin de l'empire américain dans le monde est au centre de l'attention depuis un certain temps.

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Peu de gens, cependant, ont sérieusement discuté de la crise que traverse la société américaine sur le plan interne : la forte lacération sociale entre les riches et les pauvres, entre la haute bourgeoisie cosmopolite et la petite bourgeoisie et le prolétariat nationaliste, la réduction du rôle des partis au profit de nouvelles entités sociales et de dirigeants charismatiques, le contraste racial entre la composante WASP et "les autres", la crise industrielle qui a désertifié les villes et les zones économiquement développées sont autant de symptômes de la décadence impériale, même à l'intérieur des frontières nationales. On pourrait répondre que tous ces phénomènes ont existé dans le passé et ne sont pas des nouveautés absolues du XXIe siècle aux États-Unis. Ils le sont certainement : l'opposition entre le nord industriel (classe moyenne supérieure) et le sud agricole (classe moyenne inférieure) existe depuis l'époque d'Autant en emporte le vent, le KKK n'est pas une invention de Trump, la crise industrielle ne date pas d'il y a quelques années, les problèmes liés à l'immigration dans une nation fondée par des immigrés clandestins ont toujours existé. Après tout, la guerre d'indépendance n'était-elle pas une lutte entre les immigrants, les anciens et les nouveaux colons pour la domination de terres appartenant à des tiers (les Amérindiens) ?

Mais dans tout cela, il y a une vérité perturbatrice entièrement nouvelle concernant les années de l'administration Trump, à savoir une spécificité de notre époque qui ne se retrouve pas dans d'autres périodes de l'histoire américaine. Cet événement confirme sans équivoque la crise du système américain : l'agressivité sans précédent des mouvements d'"extrême droite" (une galaxie variée et hétérogène, allant des racistes purs et durs aux sectes évangéliques). Dans le passé, ces groupes étaient actifs au niveau local dans les bastions traditionnels de l'extrémisme ultra-conservateur, les régions du sud-est. Le KKK classique et ses ramifications ou imitations se "contentaient" d'attaquer les appareils d'État, les "communistes", les immigrants et les Noirs dans les landes reculées du Sud profond, loin des centres du pouvoir politique et économique dans le Nord riche, progressiste et opulent (New York et Washington). Même lorsque cela allait plus loin que cela, nous étions confrontés à des "fous" individuels qui, par des actions démonstratives importantes mais isolées, cherchaient à impressionner l'opinion publique (voir l'attentat d'Oklahoma City en 1995). Grâce à la montée de Trump et à sa dialectique "alternative" par rapport aux canons traditionnels de la politique américaine (Républicains contre Démocrates), les impulsions les plus sauvages de "l'extrême droite" ont explosé sans retenue. De plus, alors que dans le passé ces groupes étaient soutenus par une minorité de Sudistes, aujourd'hui une partie importante du prolétariat du Nord (majoritairement blanc, mais il y a aussi des exceptions) s'est alliée aux héritiers des Chevaliers Blancs et assimilés, créant ainsi un groupe important et actif dans tout le pays.

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Les événements de ces jours et l'attaque contre le cœur du système américain par les partisans de Trump montrent que la crise sociale et politique nord-américaine ne concerne pas seulement l'hégémonie mondiale de Washington. C'est une réalité interne au pays, de l'autre côté de l'océan ; il sera difficile pour Biden de faire taire les âmes agitées de ce mouvement de protestation qui, contrairement au mouvement américain classique, ne vient pas des bons salons (on sait que beaucoup de soixante-huitards avaient leurs "parents" ou "amis" au "Palais"), mais trouve ses racines dans le malaise historique de certaines classes sociales qui ont encore les blessures du passé sur elles et se sentent volées par ce qu'on appelle à tort ou à raison les "lobbies maçonniques" de New York et de Washington. La différence est que dans le passé, cette vision se limitait aux cercles les plus exaltés de quelques petites villes et villages du Tennessee et de l'Alabama, alors qu'aujourd'hui, la base sociale des partisans maximalistes du président sortant est beaucoup plus large et plus hétérogène, avec une remarquable capacité paramilitaire et la volonté de mener à bien leurs projets anti-système à tout prix.

Peut-être, avant de se concentrer sur les exercices militaires en mer de Chine, en mer Baltique et dans le golfe Persique, le centre du pouvoir politique américain (qui va bien au-delà de Trump ou de Biden) devrait-il sérieusement s'inquiéter de ce qui se passe à Washington en raison de l'alliance sui generis entre les restes de l'extrême droite américaine, le prolétariat blanc (et d'autres) et Donald Trump, l'ami ultra-capitaliste (ou l'ami présumé) des marginaux (peut-être un WASP).

 

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Investiture de Joe Biden, un show à l’américaine, rempli de symboles…

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Investiture de Joe Biden, un show à l’américaine, rempli de symboles…

Par Frédéric Andreu-Véricel

Une vice-présidente investie explicitement sur critère racial, une "lady gaga" déguisée en meringue venue pousser la chansonnette, une ado qui déclame un "poème" en hommage à la négritude ; un pasteur blanc, l'autre noir, un président Biden qui tient à peine debout, voici la pièce "Rainbow Society" qui s'est joué sur nos petits écrans.

Ce vendredi 22 janvier 2021, une chaîne concurrente diffusait un reportage sur les flamants roses de bien meilleur aloi. J'aurais bien voulu visionner ce reportage au lieu de devoir ingurgiter ce hamburger dégoulinant de ketchup "politically correct". Mais, voyez-vous, la politique française sonne de plus en plus comme une réplique - au sens sismique du terme - des éternuements politiques de l'Amérique.

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Pour un regard encore hanté par la loi naturelle, ce cérémonial ressemblerait plus à un casting d'une série américaine, la série B de la démocratie libérale (B comme "Biden") qu'à une investiture présidentielle.

Le metteur en scène brillait par son absence, et c'est bien normal car un film ne vous montre ni le metteur en scène, ni le producteur au cigare Havane, ni les transactions financières qui ont toujours lieu à huis-clos... tout ce que vous voyez, c'est la face émergée de l'Iceberg : le jeu des acteurs.

Telle est bien l'impression qui domine cette soirée de bien-pensance communielle : ceux qui détiennent les manettes du pouvoir ne sont pas médiatisés. Ceux qui détiennent les pouvoirs réels sont des oligarchies localisées, notamment, à New York, Riad et Tel Aviv, ces trois principaux centres névralgiques du Triangle des Bermudes de la géopolitique mondiale.

Ce vendredi 22 janvier, les oies du Capitole cacardaient leur hymne aux Droits de l'Homme Etranger, au communautarisme à base raciale, tout en sachant très bien que leurs gargarismes idéologiques, débrayés de toute organicité, n'effaceront jamais les fins de mois difficiles de millions d'Américains, ne freinera pas le décrochage de la classe moyenne, ni les tensions raciales au quotidien, faces cachées de l'American Dream.

Bref, la politique consiste désormais à substituer la dimension "cosmique" par une idéologie "cosmétique" peinte avec le rouleau de la société arc-en-ciel.

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Le président sorti (et non sortant) et sa belle épouse, brillaient par leur absence. Il n'y a donc pas eu de réelle passation de pouvoir mais plutôt une prise de pouvoir. Du jamais vu depuis 250 ans !

Au moment de l'investiture, Donald Trump jouait, parait-il, au golf dans son ranch de Floride survolé par les flamants roses...

Et puis, ce soir-là, un autre groupe brillait aussi par son absence : aucun indien Cherokee ! aucun Navajo, ni Iroquois ! Même plus récupérée comme symbole comme au temps des Westerns de mon enfance !

Simple oubli de casting ou augure prophétique ? Peut-être les deux à la fois, mon capitaine ! A quoi ressemblera le podium de l'investiture du président de l'Europe dans deux ou trois cents ans ? A quelle réserve seront réduits les "Natives Europeans", les derniers "blancs" d'Europe non encore métissés ?

L'Europe occidentale, et la France en particulier, sont en effet en voie de submersion démographique. Les vagues migratoires, provenant notamment de l'Afrique, submergent nos villes comme un tsunami, avec la complicité active des gouvernements de droite et de gauche qui se sont succédé.

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Au moment même où Biden devenait le maître fantoche du monde, les députés français votaient les pleins pouvoirs à Macron, l'agent de Biden en France. Un témoin direct de la scène, Nicolas Dupont-Aignan, adresse un tweet d'alerte dénonçant ce coup d'Etat sanitaire : https://mobile.twitter.com/dupontaignan/status/1325141827784216576?lang=en

Au-delà de l'anecdote, on peut se demander comment la France, la fille aînée de l'Eglise, s'est transformé en la "fille aînée de l'Amérique" ? 

Là encore, les symboles parlent souvent plus que de longs exposés historiques indigestes. Le Jazz, le Corned beef et la Révolution Française sont des produits d'importation. Tout le monde connaît la provenance des deux premiers produits de cette liste, beaucoup moins celle du troisième.

La Révolution dite "française" visait l'élimination du roi car celui-ci représentait une tradition, un principe, un verrou symbolique contre l'individualisme marchand. Il fallait briser ce verrou pour que s'ouvre la boite de Pandore de l'idéologie libérale. La société d'Ancien Régime n'était pas ouverte au logiciel libéral, il fallait faire sauter des verrous. Ce logiciel incluait le programme "Manifest destiny" ou "destin manifeste". Il paraît même que le drapeau tricolore serait inspiré du Stars and Strips, bleu, blanc et rouge.

Sauf pour les Français qui ne s'en rendent pas compte, la France représente à bien des égards le calque projeté des Etats-Unis en Europe.

Mon immersion au Royaume de Belgique m'a démontré qu'un Belge regarde un Français un peu comme un Canadien regarde, mutatis mutandis, un Etats-Unien ; il y voit un intrus prompt à donner des leçons, mal poli et dominateur.

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A l'inverse, un patriote français reconnaîtra dans les petites patries de Wallonie les éclats du "pays réel" disparu de la France : une bienveillance dans les rapports sociaux, une certaine manière de voir le monde, toute une manière d'être en voie de disparition dans l'Hexagone.

Le Français cultivé sait bien que - depuis la défaite de 1815 à Waterloo - sa nation joue pour ainsi dire les prolongations. L'ancre du navire France a quitté le champ des étoiles ; le pays mystique est mort avec Louis XVI ne laissant vivant que le "pays légal" ou contre-pays tout puissant, qui étouffe chaque jour davantage le "pays réel" à l'instar du lierre qui envahit l'arbre sain. J'ajoute que ces intellectuels brillants dont la France tire son orgueil sont le pendant de l'éclatement de la communauté organique. L'"individuo-universalisme", le nationalisme hors sol qui règne en France, secrète des intellectuels comme une maladie génère des dérèglements pathologiques.

Depuis 1789, la classe au pouvoir est foncièrement bourgeoise. Elle claironne son adhésion aux "valeurs-de-la-république" à qui veut encore l'entendre, dans un antifascisme de principe. Il est amusant de constater que cette classe antifasciste s'évertue à donner raison à Adolf Hitler. En effet, alors qu'il se confiait à son aide de camp Martin Bormann, ce chef d'Etat allemand de triste mémoire ne s'est-il pas écrié :

"Encore 200 ans de cette petite politique de bourgeois français et la frontière avec l'Afrique ce sera le Rhin".

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Si vous n'avez jamais pris le métro à Paris, faites-le ! Vous verrez que cette phrase résonnera dans vos oreilles comme une prophétie.

Biden et l' "Etat Profond" n'ont pas de soucis à se faire ; ils peuvent faire confiance aux "élites françaises" pour que se réalise la prophétie du Führer allemand.

Frédéric Andreu-Véricel

Contact : fredericandreu@yahoo.fr

dimanche, 24 janvier 2021

Trump: l'espoir d'une défaite programmée

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Trump: l'espoir d'une défaite programmée

par Franck Buleux

De ces quatre dernières années est née une nouvelle forme de populisme : le populisme comme expression du pouvoir plutôt qu’une simple force protestataire.

En effet, le président américain élu en 2016 Donald Trump a réussi à faire passer, souvent difficilement, un message à caractère populiste au cœur des États-Unis et sans doute au-delà (victoire de Bolsonaro au Brésil par exemple).

Certes, il vient de rater sa propre réélection. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Depuis 2016, il n’a été question que d’impeachment à l’américaine, de soupçons de manipulation des élections avec les Russes, de contacts souterrains avec l’Ukraine pour faire tomber Joe Biden… Et tout cela aurait échoué sans la crise sanitaire. Il est clair que la Covid-19 a été la cause principale de la courte et discutable défaite du leader charismatique yankee. Souvenez-vous, les milieux médicaux, relayés par les médias, ont annoncé la diffusion d’un vaccin, quelques jours seulement après la supposée victoire des Démocrates alors que l’administration Trump avait été à l’initiative de cette recherche rapide.

Que restera-t-il de Trump ?

Compte tenu de son âge et de la modération de nombreux dirigeants Républicains, il apparaît difficile de mettre en place une nouvelle candidature en 2024. Les Républicains « modérés » préféreront une figure plus « crédible » ; plus consensuelle (c’est-à-dire des personnalités sans charisme et atones comme John Mc Cain ou Mitt Romney, tous deux battus par Obama en 2008 et 2012). Face à la représentante des minorités (jusqu’à quand ?) Kamala Harris, il ne s’agira pas de présenter un candidat susceptible d’empêcher « la marche de l’histoire », celle qui doit consacrer la défaite de candidats trop « blancs ».

En l’absence de nouvelle candidature de Donald Trump, une nécessaire refonte de la partitocratie américaine s’impose. Si Trump devait disparaître, nul n’en doute, le trumpisme lui survivrait. Les émeutes de Washington lors de la validation des représentants de Biden par le Congrès le prouvent clairement : seul un mouvement populaire peut créer ce type de manifestation. Il s’agissait plus d’une réaction de désespoir que d’un refus de la démocratie.

L’échec de Fillon en 2017 dès le premier tour et celui de Marine Le Pen deux semaines plus tard n’ont suscité aucune tristesse populaire. Chacun a zappé de chaîne en chaîne pour entendre la même chose avant de s’éclipser dans ses occupations dominicales et de sombrer dans les bras de Morphée.

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Seule une force populaire, même vaincue, est susceptible de se projeter vers une future et accessible victoire.

Le Parti républicain américain ne peut se satisfaire de représentants dont les candidatures ne sont plus que des candidatures de témoignages face à la Californie, Eden du numérique et à l’Est « intellectuel » du pays. Le cœur des États-Unis n’est pas représenté, les rivages océaniques (Pacifique comme Atlantique) l’emportent, par leur force médiatique incontestable, sur les territoires oubliés du centre du pays. Après l’espoir du « Tea Party », qui n’est jamais parvenu à se soustraire du parti « rouge » (celui représenté par un éléphant), il est largement temps que l’aile droite du parti de Reagan prenne ses distances et son indépendance. Le bipartisme américain n’est pas une obligation, rien n’empêche l’émergence d’une « troisième force » qui deviendrait un nouveau pilier institutionnel. En 1992, le candidat de droite Ross Perot inscrira un score de 20 % permettant (malheureusement) la première élection de Clinton avec un peu plus de 40 % face au sortant républicain, Bush (le père). C’est un « challenge » que doit relever Trump, non en qualité de futur candidat, mais d’énergie visant à créer des conditions favorables à cette émergence. Trump se doit de montrer le chemin de la fondation d’un néo-parti républicain.

Mais au-delà de la lointaine Amérique, le trumpisme peut aussi avoir son expression politique en Europe : une droite décomplexée (avec une liberté d’expression et d’opinion retrouvées, mais pas celle de Charlie…) qui imposerait une ligne permettant de rassembler les défenseurs d’une nation forte et traditionnelle. Ce défi-là repose sur les droites européennes.

J’ai lu, ici et là, que les manifestants pro-Trump au Capitole rappelaient, à nos journalistes, la première version des Gilets jaunes, ceux qui démarrèrent la lutte contre l’abus de fiscalité en novembre 2018. Sans doute. Mais cette envie populiste doit se retrouver, dans la rue comme dans les urnes. Pour ce, une seule condition s’avère nécessaire : la légitimation du combat, c’est-à-dire faire en sorte que le combat mené est le bon plutôt que de s’approprier les thèmes de l’adversaire.

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La maladie infantile et pérenne de la droite est de comprendre les idées de gauche, voire de les appliquer à la place de la gauche. Démarrons cette décennie avec ce rêve américain, celui de la naissance de mouvements populistes, représentant à la fois la défense de l’identité nationale et la dénonciation de l’abus fiscal imposé par l’État profond.

En France s’installe l’idée d’un Macron « de droite » qui, par sa posture, ne nécessiterait pas la présence de candidat pertinent à sa droite. Seule, éventuellement, Marine Le Pen pourrait limiter la large victoire du président au second tour.

La défaite programmée de Donald Trump doit être un révélateur, un déclencheur de la possibilité d’une opposition vigoureuse, virulente et sans concession. Il n’y a pas encore, à ma connaissance, de vaccin contre cette option.

vendredi, 22 janvier 2021

Le défi géostratégique de l'Arctique

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Le défi géostratégique de l'Arctique

par Daniele Perra

Ex : https://osservatorioglobalizzazione.it

Le grand juriste allemand Carl Schmitt a dit que l'histoire des peuples est toujours une histoire d'appropriation de la terre. La conquête/acquisition de nouveaux espaces a toujours une influence décisive sur la position géopolitique des États. En effet, une acquisition de terres implique toujours le risque de déstabiliser un statut hégémonique précis ou un ordre établi. Sur une surface terrestre presque entièrement occupée par l'homme, il existe encore deux zones de compétition entre les grandes puissances : la région arctique et l'espace extérieur entourant le globe. Dans cet article, nous aborderons la première.

La proposition du président américain Donald J. Trump d'acheter le Groenland, et l'annulation subséquente de la réunion de Copenhague avec les dirigeants politiques danois une fois l'offre refusée, ont fait sensation en 2019.

Cependant, ce qui semblait être une déclaration impromptue d'un "président peu orthodoxe" avait en fait des raisons géopolitiques très spécifiques. Et afin de mieux comprendre ces motivations, il sera utile d'examiner en détail les déclarations de Mark T. Esper (secrétaire d'État à la défense) au Royal United Services Institute de Londres et le rapport du ministère américain de la défense sur la stratégie arctique au Congrès de juin 2019.

Les déclarations d'Esper sont particulièrement éloquentes. En effet, le secrétaire à la défense a mentionné à plusieurs reprises la menace que l'agressivité russe et la puissance économique chinoise feraient peser sur la sécurité et l'ordre mondial actuels.

"La concurrence entre les grandes puissances" - a déclaré M. Esper au public londonien - "est la principale préoccupation pour la sécurité nationale des États-Unis". Les États-Unis, selon l'ancien étudiant de West Point, s'occupent déjà de cette question, mais il devient nécessaire que les "nations aimant la liberté" reconnaissent cette menace et jouent leur rôle pour assurer la sécurité du monde.

En outre, la Chine et la Russie feraient peser des menaces spécifiques sur la "prospérité américaine" : des menaces qui pourraient s'aggraver à l'avenir si elles ne sont pas traitées rapidement.

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En conclusion, M. Esper, en pleine conformité avec la ligne de conduite de Trump, a suggéré que les alliés des États-Unis, et en particulier les États membres de l'OTAN, augmentent leurs dépenses militaires.

Les déclarations du secrétaire à la Défense font parfaitement écho à la substance du rapport susmentionné, remis au Congrès et consacré à la stratégie arctique, rapport qui mentionne explicitement le comportement "malveillant et coercitif" de la Russie et de la Chine, une "approche holistique" de la protection des intérêts nationaux américains dans la région arctique et la croissance de l'influence de Washington dans la région. Ce rapport, à son tour, fait écho à la stratégie de sécurité nationale de 2017 dans laquelle un accent particulier est mis sur "la protection du mode de vie américain" et, une fois de plus, sur "la promotion de la prospérité américaine, à préserver même par la force".

En outre, le rapport présenté au Congrès en juin fait écho presque intégralement au document de stratégie pour l'Arctique de 2013, publié sous l'administration Obama, prouvant, s'il en était besoin, qu'indépendamment des aspects extérieurs, des spectacles politiques de M. Trump, il existe une ligne de continuité substantielle entre les deux présidences.

À cet égard, il est également indéniable que les États-Unis avaient déjà commencé à ignorer l'accord nucléaire iranien bien avant l'élection de Trump.

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J'ai souvent soutenu que le trumpisme n'est rien d'autre qu'une tentative (plus ou moins) désespérée de sauver la "mondialisation américaine", et que la devise électorale "Make America Great Again" a simplement entraîné une nouvelle course aux armements et la militarisation plus ou moins forcée des régions soumises à la concurrence stratégique entre les grandes puissances.

Le regain d'intérêt pour l'Arctique s'inscrit dans ce contexte. Limiter ou empêcher l'expansion sino-russe dans la région signifie avant tout éviter l'une de ces "acquisitions de nouveaux espaces" qui pourraient mettre en crise l'hégémonie mondiale nord-américaine.

La valeur de l'Arctique

Situé à l'intersection de 3 plateaux continentaux, avec 14 millions de kilomètres carrés, 13% des réserves mondiales de pétrole et 30% des réserves de gaz encore à exploiter, l'Arctique est une zone d'une énorme valeur géostratégique. L'exploitation d'une telle richesse, également en termes de routes commerciales et militaires, aurait pour conséquence soit la conservation inchangée de l'hégémonie nord-américaine, soit son dépassement définitif si Washington devait perdre le défi lancé à ses concurrents.

Il n'est donc pas surprenant que le rapport susmentionné au Congrès sur la stratégie arctique mentionne clairement l'objectif de "limiter la capacité de la Chine et de la Russie à exploiter la région comme un corridor de concurrence stratégique, visant à limiter la projection mondiale de la puissance américaine".

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En fait, l'ouverture de la route arctique, en évitant le canal de Suez, réduirait de dix jours la durée du voyage de l'Asie vers l'Europe et compromettrait sérieusement le contrôle américain sur les flux énergétiques. En outre, en ce qui concerne les objectifs géostratégiques sino-russes, la route arctique serait plus sûre et plus stable que les couloirs terrestres de l'initiative "Belt and Road", qui sont susceptibles de passer par des zones de turbulences, à forte présence de groupes terroristes largement alimentés et exploités par les services de renseignement des forces hostiles à l'évolution de l'ordre mondial dans un sens multipolaire.

En effet, la route arctique joue un rôle majeur dans le projet Belt and Road. La Chine, qui est un observateur permanent au Conseil de l'Arctique, a déjà investi pas mal de ressources dans la région. Et l'intérêt de l'Amérique du Nord à acheter le Groenland fait partie du plan visant à contrer l'expansion économique chinoise dans la région. Cette expansion suit les lignes tracées par la vision chinoise de la coopération maritime dans le cadre de l'initiative "Belt and Road", où l'esprit du projet d'infrastructure chinois est interprété en termes de "coopération, ouverture, inclusion, apprentissage et bénéfice mutuel". Dans cette déclaration de 2017, la relation entre l'homme et les océans est interprétée comme une exploitation des routes maritimes visant à réaliser un développement commun.

La valeur stratégique du Groenland

Le Groenland est au cœur du défi pour l'Arctique car on estime que son sous-sol abrite la sixième plus grande réserve de terres rares au monde : un élément clé dans la construction d'équipements technologiques et militaires. En outre, il existe d'autres ressources clés (or, uranium, diamants, pétrole). À cet égard, un projet visant à extraire ces ressources est déjà cogéré par une société chinoise : la Shenghe Resources Holding LTD.

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Les terres rares sont le principal facteur d'attractivité pour les États-Unis. Grâce à elles, la Chine (qui contrôle entre 85% et 95% de leur production mondiale) est en train de gagner la guerre commerciale contre les Etats-Unis. Ce n'est pas un hasard si elles sont l'un des rares produits chinois que les États-Unis ont exclus des droits de douane et des restrictions.

Prendre possession du Groenland et commencer l'exploitation définitive de cette immense ressource dans son sous-sol permettrait sans aucun doute aux États-Unis de réduire leur dépendance vis-à-vis des terres rares de la Chine et d'obtenir un contrôle total sur les deux extrémités arctiques du continent nord-américain : l'Alaska à l'ouest et l'île dite "verte" à l'est.

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Il va sans dire que dès 1860, avant même l'achat de l'Alaska à la Russie, William H. Seward (futur secrétaire d'État d'Abraham Lincoln) avait prédit que l'Arctique deviendrait l'avant-poste septentrional des États-Unis.

Comme mentionné au début de cet article, la proposition des trumpistes, comme celle avancée par l'administration Truman à la fin de la Seconde Guerre mondiale, a rencontré une réponse négative. Cependant, la sujétion presque totale de la classe politique de l'île envers Washington est bien connue. Et on ne peut exclure la possibilité que Washington profite de cette influence pour empêcher une expansion chinoise excessive dans le protectorat danois.

Le défi dans le Grand Nord entre la Chine et les États-Unis

Mais le Groenland n'est pas le seul souci des États-Unis. Outre la mise en service de sept brise-glaces, la Chine a également montré un intérêt considérable pour la construction du tunnel sous-marin Helsinki-Tallin, qui permettrait à la Chine de compléter un réseau d'infrastructures couvrant l'ensemble du continent eurasiatique.

Paradoxalement, dans cette course à l'Arctique, les États-Unis se sont retrouvés avec un lourd retard technologique par rapport à leurs principaux concurrents. La Russie, en effet, outre la création d'un Strategic Interforce Command pour l'Arctique dès 2014, dispose de la plus grande flotte pour la navigation en eaux froides (39 brise-glaces dont 6 à propulsion nucléaire) et vient d'achever la construction de la première centrale atomique flottante. Cette centrale, après un voyage de 5000 km le long de l'Arctique russe, a été rapidement placée à Pevek, à l'extrême nord-est, où elle fournira de l'énergie aux usines industrielles et minières de la région.

En outre, si les "prévisions géologiques" devaient être confirmées par les faits, l'exploitation du plateau arctique occidental de la Russie donnerait à Moscou une projection de puissance énergétique encore plus élevée que celle des États-Unis. Il n'est donc pas surprenant que la Russie ait également installé des batteries de missiles S-400 sur les péninsules de Kola et du Kamtchatka pour assurer la défense de la région.

Il est clair que les États-Unis vont une fois de plus répondre à ce double défi géostratégique et technologique en militarisant la région arctique et en faisant porter les coûts sur les épaules de leurs alliés. Et il est tout aussi clair que la course à l'Arctique peut être interprétée comme un nouveau chapitre de la lutte entre les puissances terrestres et maritimes qui a caractérisé l'histoire des peuples depuis l'antiquité. Cependant, au moins à cette occasion, la puissance thalassocratique nord-américaine semble être réellement obligée de se défendre.

 

L'administration Biden : ses projets pour le Groenland et le gazoduc Nord Stream 2

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L'administration Biden : ses projets pour le Groenland et le gazoduc Nord Stream 2

par Giuseppe Gagliano

Ex : https://www.startmag.it

Comment Biden va-t-il agir à la fois sur la question de l'Arctique (l'intérêt américain pour le Groenland) et sur celle, non moins complexe, du Nord Stream 2. Des différences vraiment pertinentes par rapport à Trump ? L'analyse de Giuseppe Gagliano.

Au-delà de la rhétorique évidente - et prévisible - liée à l'investiture du nouveau président américain Biden, considéré comme le nouveau messie par l'intelligentsia des gauches européennes, il est légitime de se demander comment le nouvel occupant de la Maison Blanche va évoluer par rapport à la fois à la question de l'Arctique (que nous avons abordée à plusieurs reprises dans ces pages) et à celle non moins complexe du Nord Stream 2.

Commençons par la première question et les positions prises jusqu'à présent par l'administration Trump.

À la mi-2019, le président américain Donald Trump et Mike Pompeo devaient se rendre au Danemark pour discuter de questions principalement liées aux investissements militaires et commerciaux américains au Groenland et à la présence croissante des États-Unis, de la Russie et de la Chine dans la région.

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La base américaine de Thulé au Groenland.

Les États-Unis ont l'intention d'acheter le Groenland et de concrétiser ainsi leur revendication sur cette région et ses ressources. Le Danemark a rejeté toute proposition de vente du Groenland et le gouvernement américain a annulé toutes les réunions prévues. La visite de Pompeo au Groenland a été annulée après que la Chine ait fait des efforts pour investir dans une série d'aéroports et une base militaire abandonnée sur l'île. L'objectif des États-Unis est de contrer l'influence de Pékin, qui a proposé en 2018 d'établir une "route de la soie polaire". L'objectif est d’empêcher les Chinois de prendre pied sur l'île en leur réservant toutefois la possibilité de faire de lourds investissements pour militariser le Groenland.

Outre la coopération économique entre la Chine et la Russie dans l'Arctique, Mike Pompeo a déclaré que le Pentagone avait averti que la Chine pourrait utiliser sa présence civile en matière de recherche dans l'Arctique pour renforcer sa présence militaire, notamment en déployant des sous-marins dans la région comme moyen de dissuasion contre les attaques nucléaires. "Nous devons examiner attentivement ces activités et garder à l'esprit l'expérience des autres nations. Le comportement agressif de la Chine dans d'autres régions influencera la manière dont elle traitera l'Arctique". Ces commentaires sur les éventuelles capacités militaires stratégiques de la Chine dans l'Arctique soulèvent légitimement la question des plans américains pour le Groenland.

Malgré le différend diplomatique de l'année dernière, l'administration Trump semble avoir fait marche arrière par rapport à son projet d'achat du Groenland. Le 22 juillet 2020, Mike Pompeo et Jeppe Kofod ont organisé une conférence commune à Copenhague. L'actuel ministre des affaires étrangères a déclaré que les États-Unis sont "l'allié le plus proche" du Danemark et qu'ils travaillent ensemble pour assurer une "société internationale fondée sur des règles". Par conséquent, tous les pays que les États-Unis considéreraient comme des adversaires se présentent comme des menaces pour l'économie mondiale (comme la Chine) ou comme nuisibles à l'environnement, comme le montre la tentative de régulation du trafic maritime dans l'Arctique par des navires battant pavillon russe. Pompeo a souligné : "Je suis venu ici parce que le Danemark est un partenaire solide. Il ne s'agit pas seulement de nous unir contre la Chine qui sape et menace notre sécurité nationale". Pompeo et Kofod se sont mis d'accord sur un front commun contre la Chine au Groenland et les États-Unis ont promis que le Groenland serait financièrement récompensé pour la présence, là-bas, de la base aérienne américaine de Thulé. Le secrétaire d'État américain a déclaré que le Danemark se verrait offrir de nouveaux liens commerciaux plus solides en échange de l'opposition aux investissements chinois et russes sur leur territoire.

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L'intention des États-Unis d'accroître leur influence dans les régions de l'Atlantique Nord et de l'Arctique par des moyens financiers a été clairement exprimée par Pompeo. Une approche économique de soft power est utilisée par les États-Unis pour assurer le contrôle du Groenland et des îles Féroé. Entre-temps, l'influence américaine sur le Groenland s'accroît déjà depuis qu'elle a ouvert un consulat sur l'île en juin avec l'approbation du gouvernement danois, fournissant une aide de 12,1 millions de dollars en avril.

Outre les facteurs économiques, il y a aussi un aspect stratégico-militaire puisque l'ambassadrice américaine au Danemark, Carla Sands, s'est rendue dans les îles Féroé pour demander la possibilité d'ouvrir un consulat diplomatique et de permettre à la marine américaine d'utiliser ses ports pour des opérations dans l'Arctique.

Un tel accord permettrait aux États-Unis de créer un corridor d'importance militaire s'étendant du Groenland, de l'Islande et des îles Féroé à la Norvège, qui pourrait servir d'outil géopolitique puissant contre les activités chinoises et russes dans la région.

Lors de sa visite au Danemark, Pompeo avait également réussi à organiser une rencontre avec Anders Fogh Rasmussen à l'ambassade des États-Unis à Copenhague. Rasmussen est membre du parti politique libéral "Venstre". Il dirige actuellement sa propre société de conseil politique appelée "Rasmussen Global" et est conseiller principal à la banque américaine Citigroup. Il est important de noter que Rasmussen est un fervent défenseur de l'hégémonie américaine dans le monde et qu'il a été personnellement responsable de la participation du Danemark à la guerre en Irak en 2003.

Après leur rencontre, M. Rasmussen a révélé que le sujet de son entretien avec Pompeo portait sur la manière d'empêcher "des régimes autocratiques comme la Russie et la Chine" d'investir au Groenland et dans les îles Féroé. Rasmussen a conseillé à Pompeo que "si nous voulons empêcher les nombreux investissements chinois au Groenland et dans les îles Féroé, nous avons besoin d'une plus grande participation américaine en termes d'argent. [...] C'est pourquoi j'ai proposé d'aider à soutenir les investissements américains au Groenland et dans les îles Féroé".

L'implication est claire : les États-Unis utilisent également des groupes de pression locaux pour faire avancer leur programme dans les régions de l'Atlantique Nord et de l'Arctique. La prochaine étape est la poursuite de la militarisation de la région, qui pourrait devenir, avec le temps, un futur champ de bataille entre les États-Unis, la Chine et la Russie.

Il semble que les États-Unis, en établissant des consulats au Groenland et dans les îles Féroé, tentent d'influencer directement les acteurs locaux de la région, notamment par des incitations financières telles qu'une subvention de 11 millions d'euros.

Le fait que des acteurs politiques appellent à la sécession du Groenland et des îles Féroé, qui abandonneraient ainsi leurs liens anciens avec le Danemark, est certainement quelque chose que Washington utilisera à son avantage.

Si le Danemark exprime son refus, les États-Unis pourraient commencer à soutenir activement ces mouvements sécessionnistes afin de "diviser pour régner". Les États-Unis n'hésiteront pas à recourir à de telles actions s'ils estiment que leur propre hégémonie est ainsi préservée au détriment de la Chine et de la Russie. Nous doutons que la nouvelle administration américaine modifie ce choix, d'autant plus que la Chine et la Russie sont et restent les principaux antagonistes des États-Unis.

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Passons maintenant à la question complexe du Nord Stream.

Bien que le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, ait espéré pouvoir résoudre la question des sanctions mises en place par Trump, la coopération sino-allemande a été consolidée avec la signature d'un nouvel accord sur les investissements réciproques, accord signé avec la Chine pendant la présidence allemande du Conseil européen. Cet accord a été lu comme une posture offensive anti-américaine par Washington.

Ce n'est pas une coïncidence si Antony Blinken, le nouveau secrétaire d'État, a clairement indiqué que non seulement l'Amérique n'a pas l'intention de permettre l'achèvement du Nord Stream 2, mais que la Chine reste le principal adversaire. Ces menaces discrètes ne rappellent-elles pas les positions de Mike Pompeo ?

En dernière analyse - au-delà des discours tonitruants et creux de la gauche italienne en faveur de la nomination de Biden - nous sommes persuadés - comme l'ont fait valoir Arduino Paniccia et Alberto Negri - que les lignes de force mises en place par l'administration Trump ne différeront pas en substance de celles qui seront appliquées par la nouvelle administration américaine. Si une différence devait apparaître, nous pensons qu'elle se situerait uniquement au niveau des accents et non au niveau de la substance des choix de politique étrangère.

Seung-Hui Cho était un assassin mentalement contrôlé

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Seung-Hui Cho était un assassin mentalement contrôlé

Paul Joseph Watson
Prison Planet

http://www.prisonplanet.com/articles/april2007/190407mindcontrolled.htm 
Jeudi 19 avril 2007

Seung-Hui Cho était un assassin mentalement contrôlé, qu’on croie qu’il était sous l’influence de partis extérieurs ou pas, le fait est que le lavage de cerveau culturel de jeux vidéos violents et de drogues psychotropes a directement contribué, comme toujours dans ce genre ce cas, au carnage de Virginia Tech le lundi matin.

Les confisqueurs d’armes exploitent déjà la tragédie pour désarmer les futurs étudiants et leur enlever une occasion de pouvoir se défendre contre les tueurs fous, mais le cirque médiatique est complètement silencieux lorsqu’il s’agit de blâmer le cocktail mortel de drogues faussant l’esprit et de tuez-les-au-hasard sanglants.

En-dehors de l’évidente culpabilité des facteurs que nous voyons dans chaque tuerie de masse – jeux vidéos et « antidépresseurs » –, de nombreux signaux d’alarme concernant les événements de lundi commencent à suggérer que Cho était davantage qu’un cinglé au cœur brisé avec un motif personnel.

imagesshc.jpgCharles Mesloh, professeur de criminologie à Florida Gulf Coast University,  a dit sur NBC 2 News qu’il était choqué que Cho ait pu tuer 32 personnes avec deux armes de poing sans entraînement spécialisé. Mesloh a  immédiatement supposé que Cho avait dû utiliser un fusil de chasse ou un fusil d’assaut.

« Je suis abasourdi par le nombre de gens qu’il a réussi à tuer avec ces armes », a dit Mesloh, « la seule chose que je peux imaginer c’est qu’il s’est approché d’eux et les a simplement exécutés ».

Mesloh a dit que le tueur se comportait comme un professionnel entraîné, « Il a eu un taux de mort de 60% avec les armes de poings – c’est incroyable étant donné que les 9 mm en question ne tuent pas les gens instantanément », a dit Mesloh, affirmant que les armes que Cho utilisait étaient conçues pour canarder les boîtes de conserve », pas pour exécuter des êtres humains.

Cho n’était certainement pas un empoté, dans l’intervalle de deux heures entre les premiers tirs et le grand déchaînement qui eut lieu plus tard dans la matinée, temps pendant lequel l’Université négligea complètement d’avertir les étudiants bien que disposant des haut-parleurs placés dans tout le campus, Cho eut le temps de filmer une vidéo de confession, de la transférer dans son ordinateur, de l’enregistrer sur un DVD, d’en faire un paquet, d’aller au bureau de poste, de poster le paquet, et de revenir à sa chambre à coucher pour récupérer ses armes et ensuite de revenir à l’extrémité opposée du campus pour reprendre sa joyeuse tuerie. La rapidité presque inconcevable des actions de Cho devient plus suspecte lorsqu’on se rappelle des reportages initiaux qui parlaient de deux tireurs.

Même si on exclut que Cho ait pu recevoir une formation spécialisée en armes à feu, le contrôle mental culturel de jeux vidéos violents et de drogues psychotropes modifiant l’esprit était lui-même un cocktail de lavage de cerveau qui a directement contribué au carnage, comme presque toujours dans ce genre de cas.

Dès les premiers récits de la fusillade, nous avons prédit que le tueur était sous prozac, avait déjà été en soins psychiatriques et avait régulièrement joué à des jeux vidéos violents, et cela s’est précisément révélé être exact dans les trois cas.

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« Plusieurs jeunes Coréens qui connaissaient Cho Seung Hui depuis le lycée ont dit qu’il était un fan de jeux vidéos violents, en particulier d’un jeu nommé ‘Counterstrike’, un jeu online très populaire dans lequel les joueurs rejoignent des groupes terroristes ou contre-terroristes et tentent de tuer les autres en utilisant tous les types d’armes à feu », rapporte Newsmax en citant le Washington Post.

« En décembre 2005 – plus d’un an avant la tuerie de masse de lundi – un tribunal de district dans le comté de Montgomery, Va., a conclu que Cho présentait ‘un danger imminent pour lui-même ou les autres’. C’était le critère nécessaire pour un ordre de détention, afin que Cho, qui avait été accusé de harcèlement par deux filles camarades de classe, puisse être évalué par un docteur d’Etat et contraint de se soumettre à des consultations externes », rapporte ABC News, « mais bien que le tribunal ait identifié le futur tueur comme un risque, ils l’ont laissé partir ».

Les enquêteurs pensent que Cho Seung Hui, le tueur de Virginia Tech, avait pris des antidépresseurs à un moment quelconque avant la fusillade, d’après le Chicago Tribune.

Les tueurs de Columbine Eric Harris et Dylan Klebold, ainsi que Kip Kinkel, le tueur de l’Oregon âgé de 15 ans qui a tué ses parents et des camarades de classe, étaient tous sous drogues psychotropes. Les études scientifiques prouvant que le prozac encourage les tendances suicidaires chez les jeunes sont volumineuses et remontent à presque une décennie.

Jeff Weise, le tueur du lycée de Red Lake était sous prozac, « Unabomber » Ted Kaczinski, Michael McDermott, John Hinckley, Jr., Byran Uyesugi, Mark David Chapman et Charles Carl Roberts IV, le tueur de l’école Amish, étaient tous sous drogues psychotropes SSRI.

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Puisque ces drogues dangereuses prévalent dans presque tous les incidents de tueries de masse, pourquoi ne demande-t-on pas l’interdiction du prozac ? Pourquoi ce réflexe de toujours attaquer le Second Amendement donnant aux Américains le droit à l’autodéfense ? -  un droit qui fut exercé en janvier 2002 quand des étudiants ont maîtrisé un tireur dans une autre Université de Virginie avant qu’il ne puisse tuer plus de trois personnes – parce qu’ils avaient le droit de porter une arme sur le campus.

Pourquoi les raisons profondes qui poussent les jeunes à tuer sont-elles mises de côté alors que les fanatiques du contrôle demandent que les citoyens respectueux de la loi soient désarmés de la seule chose qui peut les protéger de tels déments ?

Les questions sur la séquence des événements de lundi à VA Tech, ainsi que le profil du tueur, soulèvent une suspicion croissante.

Nous avons reçu de nombreux appels et e-mails nous signalant le fait que VA Tech enlève les liens de son site web concernant leur relation avec la CIA. Des rapports de novembre 2005 confirment que la CIA était active dans des programmes de recrutement basés en-dehors de VA Tech. Plusieurs professeurs de VA Tech sont impliqués dans des programmes gouvernementaux liés à la NASA et d’autres agences.

Wikipedia a aussi retiré une bizarre photographie prise récemment, où Cho porte un uniforme des US Marines. 

De tels détails ne font qu’attiser le feu des accusations selon lesquelles Cho aurait pu être un « candidat mandchou », un assassin sous contrôle mental.

Le programme de la CIA pour créer des assassins sous contrôle mental qui pourraient être activés par des mots codes, MK ULTRA, n’est pas une théorie du complot, c’est un fait historique documenté par des dossiers gouvernementaux déclassifiés et des auditions du Sénat. Le président Bill Clinton lui-même a dû présenter ses excuses pour le programme avant de quitter son poste.

Au Sénat en 1977, le sénateur Ted Kennedy a dit : « Le directeur adjoint de la CIA a révélé que plus de trente universités et institutions étaient impliquées dans un programme de ‘tests et d’expérimentations étendues’ qui incluaient des tests secrets avec des drogues sur des citoyens non-volontaires ‘à tous les niveaux sociaux, haut et bas, Américains natifs et étrangers’ ».

51jSLc80u5L._SL350_.jpgUne victime de ces expériences fut Cathy O’Brien, qui immédiatement après la fusillade répéta les révélations dans son dernier livre, selon quoi Blacksburg en Virginie est un lieu central pour les programmes de contrôle mental qui sont encore en cours aujourd’hui.

Les programmes de contrôle mental peuvent être remontés jusqu’aux années 1950 et au Projet Bluebird, plus tard renommé Artichoke. Du blogger Kurt Nimmo :

« Bluebird fut approuvé par le directeur de la CIA le 20 avril 1950. En août 1951, le Projet fut renommé Artichoke. Bluebird et Artichoke incluaient une grande quantité de travaux sur la création de l’amnésie, de messages hypnotiques, et de candidats mandchous », écrit Colin A. Ross, MD. « Les documents Artichoke prouvent que des messages hypnotiques fonctionnaient effectivement dans des simulations dans la vie réelle conduites par la CIA au début des années 1950. Le degré dans lequel de tels individus furent utilisés dans des opérations réelles est encore classifié… Bluebird et Artichoke étaient administrés d’une manière compartimentée. Les détails des programmes étaient gardés secrets même vis-à-vis des autres personnels de la CIA… Les matériels Bluebird/  Artichoke établissent de manière concluante que des ‘candidats mandchous’ ont été créés et testés avec succès par les physiciens avec une évaluation Top Secret de la CIA… En plus d’être des messagers et des agents d’infiltration potentiels, les sujets pouvaient aussi servir de caméras hypnotiquement contrôlées. Ils pouvaient entrer dans une salle ou un bâtiment, mémoriser rapidement des documents, quitter le bâtiment, et ensuite être amnésique pour l’épisode entier. Le matériel mémorisé pouvait ensuite être récupéré par un manipulateur utilisant un code ou un signal précédemment implanté, sans que l’amnésie ne soit interrompue. L’hypnose n’était cependant pas la seule méthode de contrôle mental des docteurs pour la création d’amnésie contrôlée. Les drogues, les champs magnétiques, les ondes soniques, la privation de sommeil, le maintien en isolement, et beaucoup d’autres méthodes furent étudiées sous Bluebird et Artichoke. »

Sirhan_Sirhan.gifLes chercheurs s’intéressant aux assassinats par des supposés « dingues isolés » retombent toujours sur des indications faisant penser à des expériences de contrôle mental par la CIA. Le meilleur exemple est Sirhan Sirhan, l’assassin de Bobby Kennedy. Il s’avéra que Sirhan était dans un état de transe complète après avoir pressé la gâchette et qu’il ne pouvait même pas se souvenir d’avoir tiré sur Kennedy lorsqu’il fut interrogé sur l’incident quelques jours après. L’avocat de Sirhan, Lawrence Teeter, a présenté des indications concluantes selon lesquelles Sirhan était sous contrôle mental.

Quelle que soit la façon dont on le prenne, Seung-Hui Cho a été la victime d’un lavage de cerveau et d’un contrôle mental. Les vraies questions ne sont pas posées et le doigt de l’accusation est pointé dans la mauvaise direction, assurant qu’une autre tragédie comme le massacre de VA Tech est presque garantie.

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Publié sur www.Prisonplanet.com 

Reproduit sur www.gnosticliberationfront.com

Le massacre de V-Tech :
un ‘candidat mandchou’ en temps réel

News Commentary – 19 avril 2007

Reproduit à partir de THE TRUTH SEEKER :
http://www.thetruthseeker.co.uk/ 
Les étudiants témoins de l’Université de Virginia Tech insistent tous sur le comportement robotique et détaché du tueur, Seung-Hui Cho.

* il tuait avec un abandon inconscient
* ses victimes étaient prises au hasard
* il ne tuait pas en autodéfense

Ce type de comportement peut être considéré comme indicatif d’un contrôle mental, et/ou d’une modification comportementale importante par l’utilisation d’appareils mécaniques tels que des implants de micropuces d’ordinateur.

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Les faits :

Virginia Tech est situé à Blacksburg, VA.

Blacksburg, VA, abrite un laboratoire souterrain ultrasecret du gouvernement US (dans le flanc d’une montagne près de Blacksburg) qui développe en conjonction avec la DARPA des armes comme le programme de contrôle mental robotique humain.

Virginia Tech est spécialise dans :

* la biomécanique et la manipulation du tissu cellulaire
* la manipulation biomédicale
* la manipulation d’ADN 
* l’étude de l’impact des nouvelles technologies sur le comportement humain 
* possède des départements pour les traumatismes infantiles liés aux catastrophes qui rendent compte directement à Laura Bush
* travaille sur les maladies humaines, végétales et animales
* aide à faire progresser des sciences similaires aux semences végétales  de Monsanto, résistantes aux insectes et aux maladies.

Plus de détails sur Virginia Tech :

* possède sur le campus des experts en grippe aviaire H5N1
* est un partenaire actif de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency)
* travaille activement sur des projets de neuro-manipulations (contrôle mental)
* les étudiants de Virginia Tech sont fréquemment recrutés par la CIA

V-Tech a reçu et continue à recevoir des millions de financement de la  DARPA

La DARPA – la clé de ce qui est en train de dégrader l’âme de l’Amérique, et du monde.

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Liste des intérêts de la DARPA (500 millions de dollars dépensés depuis 2001) :

* technologie d’intelligence artificielle supérieure 
* robots de combat sous contrôle mental 
* avions sans pilote pouvant être dirigés seulement par la pensée
* systèmes de commande vocale à distance
* soldats de combat préprogrammés autonomes
* appareils avancés d’implantations de puce sur des humains 

La DARPA est la branche de recherche du Pentagone  

La DARPA en même temps que l’Université de Virginia Tech est fortement impliquée dans la nanoscience et la nanotechnologie avec un accent particulier placé sur le diagnostic du cerveau humain pour tester des  nanoparticules.

Les buts du massacre d’étudiants de V-Tech :

* application dans le monde réel de l’« arme parfaite »
* recueillir un appui pour le contrôle ou l’interdiction des armes
* créer des diversions
le même jour du débat pour stopper le financement de la guerre et le retrait des troupes (Congrès, DOD, Pentagone, WH)
Alberto Gonzales et les avocats de l’Etat ciblant le Procès d’espionnage de l’AIPAC

Etouffement/défense :

* livrer au public un seul pigeon et un seul dingue isolé

Groupes de soutien :
* principaux médias
* analyse psychiatrique d’un bouc émissaire par des experts
* traces évidentes de preuves fabriquées
* public naïf et ignorant

Notes :

* tous les nouveaux bâtiments sur le campus sont construits avec du calcaire local (le même que celui de la Grande Pyramide d’Egypte), une substance neutre avec un transfert de fréquence et une résonance stables

* Virginia Tech est l’une des trois seules universités publiques aux Etats-Unis à soutenir à la fois un style de vie militaire et non-militaire 

* la plupart des anciens étudiants de Virginia Tech sont ou ont été activement impliqués avec la NASA

* l’Université de Virginia Tech se vante de posséder un réseau de grille  informatique de haute-performance ; est connectée au National Lambda Rail, une centrale nationale de fibre optique reliant les laboratoires de recherche à des capacités de superordinateur, de stockage et de visualisation 

Vidéo : Le "Candidat mandchou" parle sans émotion de ses frères et sœurs (sa confrérie ?)

Résumé :
Virginia Tech réunit les meilleurs esprits du pays qui s’intéressent à la technologie, créant ainsi une réserve de candidats potentiels à partir de laquelle la DARPA, la CIA et d’autres agences gouvernementales peuvent  activement chercher des recrues pour leur « confrérie » – une campagne pour créer une « race » supérieure d’êtres mécaniquement manipulés, tout en réduisant simultanément les populations humaines et en asservissant les humains pour servir à leurs futurs maîtres robots.

Reproduit sur www.gnosticliberationfront.com 

dimanche, 17 janvier 2021

Arctique : Douche froide pour les ambitions - nucléaires - des Etats-Unis

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Arctique : Douche froide pour les ambitions - nucléaires - des Etats-Unis

Ex: https://zebrastationpolaire.over-blog.com

L'un des derniers foyers de tension allumés par l'administration Etasunienne sortante a été de développer des " stratégies pour l'Actique " avec en autres avatars la publication de doctrines pour l' Us Navy   [ pdf ] ,  l'USCG et même une doctrine pour le Département de la Sécurité Intérieure [ pdf ] . Ces doctrines ont pour ambition , on s'en doute un peu , de lutter contre l'influence de la Russie mais aussi désormais de la Chine dans cette région . L'un des objectifs affichés de cette stratégie est de contrer la montée en puissance de la " Route de la soie Polaire " " Polar Silk Road "  que j'ai évoqué ce blogue dans le cadre d'un article sur le concept d' Arcto-Pacifique .

Si l'ex-Sénatrice  Sarah PALIN pouvait " garder un oeil sur la Russie " de la fenêtre de sa maison dans l'Alsaka , le Secrétaire d'Etat sortant Mike POMPEO pouvait lui "voir les traces des bottes Russes" dans l'Arctique ! 

L'un des axes majeurs de cette stratégie de " containment " et même de " roll-back " de la Russie mais aussi de la Chine dans l'Arctique était de doter l' USCG de brise-glaces à propulsion nucléaire . C'était du moins la situation au courant de l'été 2020 . Ces brise-glaces devaient même être armés selon certain projets . Cette flotte de brise-glaces se devait aussi d'être un " couteau suisse " des intérêts Etasuniens dans l'Arctique puisqu'ils devaient être capables à la fois d'assurer la surveillance des pêches dans le détroit de Béring , d'aider à la pose de câbles sous-marins , d'assurer leur intégrité et de servir de plateformes à drones aériens et sous-marins .  Le déploiement de cette flotte de brise-glaces était prévue pour 2029 avec en plus la construction d'un port en eau profonde pour l'abriter .  Certains analystes Etasuniens comme Dan GOURE voient dans la construction de cette infrastructure la possibilité d'un " effet de levier " stratégique qui obligerait la Russie à divertir des ressources militaires d'autres théâtres d'opération pour contrer cette nouvelle menace . 

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Un coup de froid vient d'être donné à cette stratégie ambitieuse avec l'annonce faite par le commandant de l'USCG ,  l'amiral Karl Leo SCHULTZ le 13 janvier 2021 : L'USCG renonce à équiper sa flotte de brise-glaces à propulsion nucléaire . L'amiral Karl SCHULTZ a affirmé qu'il se concentrait sur la stratégie " Six - Trois - Un " . " Nous avons besoin de six brise-glaces . Parmi eux trois doivent être des brise-glaces lourds ou Polar Security Cutters comme nous les appellons . Et nous en avons besoin d'un tout de suite "  La construction du premier Polar Security Cutter aux chantiers VT Halter Marine est censée commencer cette année pour des essais à la mer en .... 

Pour effectuer le " tuilage " des capacités opérationnelles de l' USCG dans l'Arctique l'amiral SCHULZ a évoqué l'idée de louer des brise-glaces ( au Canada , à la Finlande , à la Norvège , ... Voir tableau ci-dessous ) mais à rejeté l'idée de renforcer - " briseglaciser " des navires garde-côtes existants !

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Ceux-ci ont d'ailleurs d'autres lièvres de mer à courir : Traquer les " narcos " au large du bouchon de Darien , traquer les pêcheurs Pékinois au large de l'île de Guam et même dans l'Atlantique-Sud . La premiére option quand à elle peut engendrer des limitations quand à la nature des missions , en particulier si elles ont un caractère sécuritaire , d'exercice de souveraineté de l'état en mer ou militaire et non plus seulement logistique ou scientifique . Le cas peut se compliquer encore lorsqu'il s'agit de données scientifiques destinées à un usage militaire comme ce fut le cas avec la mission de l' USCGC Healy au cours de l'été 2020 . L'USCG ne dispose que de deux brise-glaces de type " slush-breaker "™© , l'un d'entre eux , l' USCGC Healy est resté indiponible pendant des semaines suite à un incendie survenu en aout 2020 et l'autre , l' USCGC Polar Star , est agé de 44 ans ... 

Il est fort probable que pour la décennie qui s'ouvre la Russie restera la seule nation à disposer de brise-glaces à propulsion nucléaire ; capacité qu'elle partagera peut-être au cours ou à la fin de cette période  avec la Chine ?  

Pour comprendre l'utilité d'un brise-glace à propulsion nucléaire comme l'Arktika qui vient d'être lancé par la Russie au mois de septembre 2020 dans la maîtrise de l'Arctique il faut regarder la mésaventure survenue au navire de ravitaillement Russe Sparta III en décembre 2020-janvier 2021  

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Ce navire dont la mission est de ravitailler les bases militaires Russes de l'Arctique s'est retrouvé prisonnier des glaces le 13 décembre dernier dans l'embouchure du fleuve Iénissei au cours d'un trajet Dudinka -Arkhangelsk . Son capitaine avait très probablement refusé de se conformer à l'ordre d'interdiction de naviguer émis par l'administration de la Route Maritime Nord en raison des conditions de glace . Au bout de trois semaines ce porte-conteneurs chargé du ravitaillement des bases militaires Russes dans l'Arctique a été délivré par le brise-glace à propulsion nucléaire Vaygach envoyé par la compagnie Rosatomflot  Le Sparta III navigue désormais vers la mer de Barents escorté par le brise-glace Amiral Makarov .

On peut analyser - et même polémiquer sans raisons comme le fait la feuille de chou électronique Otanienne The Barents Observer - de diverses manières cette odyssée . Voici mon analyse : Une mission  logistique de ravitaillement de bases mlilitaires dans l'Arctique a été remplie grâce à au déploiement d'un brise glace à propulsion nucléaire même si elle a été annulée au départ en raison de conditions de banquise extrêmes !

Rédigé par DanielB

samedi, 16 janvier 2021

Que nous apprennent les vicissitudes américaines actuelles ?

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Ugo Boghetta

Que nous apprennent les vicissitudes américaines actuelles ?

Source : Il Paragone (https://www.ilparagone.it )

Les vicissitudes qu’éprouvent les Etats-Unis aujourd’hui nous démontrent qu'une démocratie de masse ne tient la route et n'a de sens que s'il y a égalité, s'il y a un État-providence qui protège ses citoyens au moins à un niveau décent. Ici aussi, l'inégalité et la fragmentation sociale peuvent, tôt ou tard, conduire à la violence. C'est pourquoi la deuxième république (italienne) et tout ce qu'elle a entraîné doit être jetée à la poubelle de l’histoire : individualisme de plus en plus exagéré, destruction progressive de l'État-providence, système électoral majoritaire, perte de la souveraineté monétaire et politique. Nous pouvons peut-être encore nous sauver. Mais nous avons besoin d'un changement radical !

Il suffit de regarder la tendance des bourses pour comprendre où bat le portefeuille de la turbo-finance par rapport à la crise américaine. Toutefois, cela ne doit pas conduire à des simplifications : les événements doivent être analysés à différents niveaux.

Certaines analyses et certains commentaires, même non conventionnels, ont le défaut de nous dire, péremptoirement et unilatéralement, ce qui se passe aux États-Unis et dans le domaine social. Nous ne croyons pas que le courant dominant ‘’fait semblant’’, mais en réaction, bon nombre de nos contemporains ont tendance à prendre toutes les critiques formulées contre l’idéologie et les praxis dominantes pour argent comptant, alimentant ainsi la vague des « contre-fausses nouvelles ». Le produit final est souvent une inutile cascade d’acclamations bipartisanes.

Les États-Unis sont nés et ont été envahis par des sectes religieuses en forte concurrence les unes avec les autres. Ils sont nés partisans d'un individualisme exaspéré et d'un anti-étatisme idéologique. Ils sont nés d'un génocide et ont vécu longtemps avec l'esclavage. Ils ont mené une guerre civile sanglante entre deux modèles économiques : le libéral-industrialiste au Nord, le conservateur-agricole au Sud, tandis que la question des esclaves n'était qu'un corollaire mineur. Un affrontement qui n'a jamais été complètement réconcilié. La violence a également été la réponse au mouvement ouvrier naissant du début des années 1900 jusqu'à l'utilisation de la mafia. Obervons ! La violence était la réponse aux mouvements de 68. La violence est un fait fondateur tant au niveau interne qu'externe. Comme nous le savons, la possession d'armes est très largement répandue et protégée par la Constitution. À son tour, l'articulation du système institutionnel et électoral est incroyablement compliquée.

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Les politiques libérales téléguidées par la sphère turbo-financière, mises en œuvre au cours de ces cinquante dernières années ont multiplié les divergences et la fragmentation. Des divergences et des fragmentations qui, aux États-Unis, naissent racialisées et deviennent immédiatement raciales. La question raciale, pour certains universitaires, est la cause de l'absence de l'État-providence : personne ne veut donner de l'argent aux communautés d'une autre couleur. Le tout amplifié par l'idéologie de l'individualisme et du "do it yourself". Mais en quelques décennies seulement, nous sommes passés de l'hédonisme reaganien au sinistre individualisme actuel, qui implose.

La crise du libéralisme globalisant en 2007-2008, et la montée de la Chine provoquée par la délocalisation des entreprises occidentales, ont ensuite empêché que les tensions internes ne soient évacuées. Et la mixture est devenue folle. Les élites se sont fortement divisées et le conflit social à la base s'est élargi et approfondi. Trump a donné une voix à une partie de la société fragmentée. Tout comme, du côté opposé, le mouvement Black Lives Matter est né, pour formuler les exigences d’une autre partie. Avec de l'extrémisme des deux côtés. Cela montre toutes les limites d'une démocratie qui est toujours partiale, à peine inclusive. Quel modèle !

Lors des derniers tours de scrutin, la seule alternative potentielle à tout cela est apparue : c’était Sanders. Mais l'unification des couches populaires n'est pas œuvre politique facile : elle est peut-être même impossible. Il est difficile de mettre en place un troisième pôle et de se désengager du parti démocrate, notamment en raison d'un système électoral majoritaire et diversifié, État par État.

Dans ces conditions, il est possible que la crise interne n'ait pas de solution et que cela ne fasse qu'accélérer le déclin des États-Unis dans le monde.

Trump a donc perdu. Et il a perdu non pas à cause de la fraude (après tout, il a gagné contre Clinton même s'il a pris 1,5 million de voix de moins) mais parce qu'il n'a pas dépassé ses propres « enclôturements » idéologiques, n’a pas opéré un changement de registre qui aurait été possible dès qu'il a été élu.

L'inégalité et la fragmentation sociale peuvent, tôt ou tard, conduire à la violence. La violence n'est pas toujours évitable. Elle est parfois souhaitable lorsque même la forme démocratique couvre des privilèges inacceptables. Mais toutes les violences ne sont pas les mêmes. Cela dépend de qui elle émane et de ce qui est pratiqué dans son exercice. Il faut distinguer les sujets sociaux des sectes comme les tenants de la suprématie blanche, par exemple. L'expérience américaine nous montre qu'une démocratie de masse ne tient et n'a de sens que s'il y a égalité, s'il y a un État social qui protège au moins à un niveau décent. Et que cela est possible si un peuple est substantiellement uni. C'est pourquoi toute immigration doit être préalablement évaluée avec soin. C'est une question de démocratie.

A y regarder de plus près, c'est la même erreur que celle commise par d'autres populistes, par exemple Salvini. Le même Salvini qui, au lieu d'essayer d'unifier le bloc social du gouvernement vert-jaune, visait à défendre son propre petit jardin : il a fini dans le fossé. C'est un problème récurrent d'un certain populisme qui est plus médiatique et "communicationniste" que social et politique.

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Ma conclusion est de dire qu’il est impérativement nécessaire d'annuler en Italie la « deuxième république » qui, du modèle américain, est une copie : pour l'idéologie libérale ; pour l'individualisme de plus en plus exaspéré ou pour le fait que chacun pense pouvoir être son propre entrepreneur. Beaucoup ont cru à cette fable : ils sont maintenant dans l'enfer des numéros de TVA ; la « deuxième république » est aussi une pâle copie du système américain parce qu’elle opte pour la destruction progressive de l'État-providence (école, santé, pensions, etc.) visant à la marchandisation de l'économie (avec pour objectif la marchandisation des droits et de l'assurance personnelle pour tout, y compris maintenant contre le COVID-19 ! ) ; copie aussi pour la fragmentation régionale, ou le fédéralisme en quelque sorte, que le COVID a coulé ; pour le système électoral diversement majoritaire qui a eu pour corollaire la transformation des partis idéologiques de masse en comités électoraux similaires les uns aux autres. Le tout aggravé par la perte de la souveraineté monétaire et politique.

Une deuxième république où la dichotomie droite/gauche a perdu son sens, non pas parce qu'il n'y a pas de différences idéologiques et pratiques, mais à cause de l'assujettissement des uns et des autres à la pensée unique. Au contraire, les polarisations sociales se sont étendues, radicalisées, mais ont aussi sombré dans la confusion. Et maintenant, la situation est très grave en raison du chevauchement de la crise de 2008 avec celle induite par le COVID. Comme, tôt ou tard, le COVID prendra fin, tous les problèmes remonteront à la surface en même temps, mais, pire, ils s'aggraveront à cause de la destruction des entreprises les plus faibles dont Draghi a déjà tracé les lignes. Nous avons donc besoin d'autres thèmes mobilisateurs, d'autres politiques qui identifient les chocs haut/bas, in/out, sinon nous demeurerons aveugles et muets. En fait, le risque est toujours celui de retomber dans la mélasse idéologique et politique du système libéral. Malheureusement, il n'existe pas de vaccin qui immunise contre ce danger. M5S docet.

La différence avec les États-Unis est que nous pouvons peut-être encore nous sauver nous-mêmes. Mais nous avons besoin d'un changement radical !