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dimanche, 08 décembre 2013

Les "Bonnets Rouges" sur "prorussia.tv"

 

 

Les "Bonnets Rouges" sur "prorussia.tv"
 
Durée : 1h 19min 5sec -  Ex : Voix de la Russie (http://www.prorussia.tv )



Bienvenue pour cette nouvelle édition du journal télévisé de La Voix de la Russie. Ce rendez-vous hebdomadaire en français vous présente les actualités russes, françaises et internationales sous l’angle de la réinformation. Contrairement à une vision tronquée et manichéenne de l’information délivrée par le mainstream médiatique français, nous nous efforcerons de vous faire percevoir que la vérité n’est jamais toute entière du même côté…

Au sommaire de cette édition du 2 décembre 2013, une émission spéciale consacrée à la manifestation des Bonnets Rouges à Carhaix, le 30 novembre 2013. Les 5 équipes de ProRussia.tv ont donné la parole, sans censure, aux militants bretons qui ont bien voulu la prendre :
 

 

• Christian Troadec — Maire et conseiller général de Carhaix (DVG - Régionaliste breton) 
• Lucien Le Harzig — Commerçant à la retraite - Carhaix
• Thierry Jolivet — Porte-parole de «Bretagne Réunie»
• Marc Lefur — Député UMP de la 3e circonscription des Côtes d'Armor
• Yves Le Quéré — Maire de Calanhel (Côtes d'Armor
• Yannig Baron — Président de l’association «Breizh Impacte»
• Claude Rault — Collectif des transporteurs routiers bretons
• Alain Malardé — Président de l’association «Marins du Monde»
 
et des militants bretons anonymes, arrtisan à la retraite, ouvrier, syndicaliste, agriculteur, artiste, responsable du milieu associatif, salarié, patron d’entreprise.

Vous pourrez également retrouver en intégralité les interventions des dirigeants des Bonnets Rouges, sur la chaîne Le journal par chapitres.
• Christian Troadec
• Marie-Noëlle Déniel
• Jean-Marc Déniel
• Eric Berder
• Pierre Joncourt
• Olivier Le Bras

Réunis à Carhaix en centre Bretagne, pour leur seconde manifestation, le mouvement de contestation des « Bonnets rouges » a visiblement réussi son pari : réunir plus de monde qu’à Quimper le 2 novembre dernier, et cela malgré les tentatives de divisions des centrales syndicales, de représentants politiques ou les commentaires d’experts médiatiques.


En effet, l’ordre social établi et stérilisant la France depuis des dizaines d’années, est mis à mal par un mouvement populaire et enraciné qui met en évidence le manque total de légitimité de ces centrales syndicales non-représentatives, politisées et simples relais de transmissions des mots d’ordre parisiens.


De même, ce mouvement des Bonnets Rouges agace et inquiète des formations politiques, car elles n’arrivent pas à le récupérer, et ne parviennent pas à saisir cette âme bretonne, qui transgresse toutes les lignes de fractures que sont les divisions politiques droite-gauche, salariés-patrons, fonctionnaires-commerçants, actifs-retraités… bref, tout ce qui permet d’ordinaire au pouvoir en place de se maintenir, en jouant sur des divisions stériles du pays réel, afin de maintenir en place un pouvoir légal incompétent, contestable et contesté.


Les experts médiatiques s’y perdent, incapables de cacher la réalité de ce mouvement, malgré les ordres reçus des rédactions parisiennes de minorer et de caricaturer ce drôle de peuple qui a décidé de ne plus subir, mais de « vivre, décider et travailler en Bretagne ».


Car c’est bien résolument placé sous les couleurs Bretonnes, que plus de 35 000 personnes, selon les organisateurs, se sont réunies pour dénoncer un pouvoir centralisateur et uniformisateur parisien, complètement déconnecté des aspirations et des réalités locales. La rédaction de Prorussia.tv a décidé d’y consacrer ce journal et voici les différents témoignages recueillis par nos 5 équipes présentes pour l’occasion. Selon notre formule, sur des images de foule qui vous donneront l’ampleur de la mobilisation, sans guerre de chiffre, nous avons laissé s’exprimer ce peuple breton rassemblé sous les bonnets rouges et les Gwen Ah-Du.
 
Partageant comme de nombreux français le sentiment d’être méprisés mais aussi abandonnés par un pouvoir politique qui semble une fois de plus demeurer sourd et distant, ce sont des salariés, artisans, entrepreneurs, artistes mais aussi des personnes de tous les horizons qui sont venus en famille clamer encore plus fortement leurs revendications mais aussi leur attachement à leur identité régionale. Le mouvement des Bonnets Rouges est certes Breton mais il témoigne d’un mal profond qui touche toutes les régions françaises. Celui de populations qui réclament de redevenir maîtresses de leur présent comme de leur destin, et de pouvoir offrir à leurs enfants le projet de vivre, de travailler mais surtout de décider au pays, sans se voir imposer des mesures par un pouvoir jugé anti-démocratique et spoliateur. Car en effet, on ne gouverne plus à Paris, on ne fait qu’administrer les décisions prises à Bruxelles par un comité restreint de personnalités non-élues.


Devant l’impuissance, la trahison, diront les plus déterminés, des politiciens, des syndicalistes, des journalistes, le cri de colère des Bonnets Rouges en Bretagne, exprime la volonté de tout un peuple de redevenir maître de son destin et de sa terre. Face au mondialisme et au cosmopolitisme, ils veulent rester « eux mêmes »…

Les mémoires de Jean-Claude Valla

" Jean-Claude Val­la (1944-2010) res­te­ra, de­vant l’his­toire, comme l’une des fi­gures les plus im­por­tantes et les plus at­ta­c­hantes de la Nou­velle Droite, à laquelle son par­cours per­son­nel et son œuvre ne sau­raient tou­te­fois être ré­duits.

Mi­li­tant na­tio­na­liste dans les an­nées 1960, il fut dans la dé­c­en­nie sui­vante le chef de file in­con­tes­té du GRECE et le prin­ci­pal ani­ma­teur, avec Alain de Be­noist, d’un com­bat mé­t­a­po­li­tique qu’il de­vait il­lus­t­rer en lançant la re­vue Élé­me­nts en 1973 et en di­ri­geant les ré­dac­tions d’heb­do­ma­daires aus­si pres­ti­gieux que Le Fi­ga­ro Ma­ga­zine ou Ma­ga­zine Heb­do. Me­neur d’hommes qui sa­vait al­lier la dé­l­i­ca­tesse à la fer­me­té, Jean-Claude Val­la était un grand jour­na­liste, dou­b­lé d’un his­to­rien non con­for­miste et sc­ru­pu­leux.

Ses mé­moires, dont sa dis­pa­ri­tion pré­m­a­tu­rée in­ter­rom­pit mal­heu­reu­se­ment la ré­dac­tion, res­ti­tuent plei­ne­ment sa per­son­na­li­té lu­mi­neuse. Pour être in­com­p­lets, ils n’en cons­ti­tuent pas moins une ma­g­ni­fique leçon de con­vic­tion et de cou­rage, deux ver­tus que les jeunes Eu­ro­péens ne sau­raient trop aujourd’hui cul­ti­ver.


Pour les his­to­riens des idées po­li­tiques, ces En­ga­ge­ments pour la ci­vi­li­sa­tion eu­ro­péenne se­ront do­ré­na­vant in­con­tour­nables. “

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Le plaidoyer pour la diversité d’Hervé Juvin

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Identité, influence, puissance : face à la mondialisation, le plaidoyer pour la diversité d’Hervé Juvin

 
Entretien
 
Ex: http://fortune.fdesouche.com



Dans l’entretien qu’il a accordé à Bruno Racouchot, directeur de Comes Communication, Hervé Juvin invite à penser le monde de l’après-mondialisation, du retour des singularités, des identités et des déterminations politiques. L’Europe et spécialement la France ont tous les atouts pour relever le défi. En particulier sur le registre du soft power et de l’influence. A condition toutefois de ne pas céder à la facilité, qui nous conduirait à renoncer à notre place dans le monde.

Bruno Racouchot (Directeur Comes Communication) : Dans votre dernier ouvrage, on voit que le processus de mondialisation exerce son pouvoir d’une part brutalement via les normes, la finance et le droit ; et d’autre part plus subrepticement via une pensée unique qui ne tolère pas la diversité des identités et des valeurs. Nous sommes donc bien là confrontés à un système de domination combinant hard et soft powers ?

Hervé Juvin : Permettez-moi de commencer par une anecdote historique rapportée par Alain Peyrefitte, qui tenait les minutes du conseil des ministres du général de Gaulle. Lorsqu’il organise son gouvernement, le général de Gaulle confie à Jean Foyer la charge de Garde des Sceaux. Il lui donne expressément la mission de respecter l’ordre suivant dans la hiérarchie des préoccupations : l’État d’abord, puis le droit. L’État et la nation ont primauté sur les formes et la conformité du juridique. Or, nous vivons aujourd’hui exactement l’inverse.

L’État apparaît comme le moyen de la mise en conformité du peuple et de la nation au regard de normes et de règles venues d’ailleurs. A la source de ce dysfonctionnement, il y a Bruxelles bien sûr, mais surtout Washington.

Car beaucoup de mesures qui entrent en application en Europe viennent directement de tel ou tel think tank, ONG ou relais d’influence américain. Ce qui dénote au passage un vide de la pensée et de l’analyse inquiétant sur le Vieux continent.

Si l’on fait ainsi l’histoire des mots comme “gouvernance”, “conformité juridique”, “création de valeur”, on observe qu’ils sont d’importation nord-américaine récente. On voit aussi que les “droits de l’homme” ne sont plus une proclamation généreuse, à caractère général sans conséquence légale concrète. Dans les faits, ils sont aujourd’hui devenus une arme politique et géopolitique de premier plan, qui peut être utilisée pour saper l’unité interne de n’importe quel pays et n’importe quel peuple.

Peu d’historiens et d’analystes politiques se sont essayés à décortiquer ce processus. A l’exception notoire de Marcel Gauchet qui publie en 1980, dans la revue Le Débat, un article de fond intitulé très clairement ” Les droits de l’homme ne sont pas une politique “, où il souligne notamment que “la conquête et l’élargissement des droits de chacun n’ont cessé d’alimenter l’aliénation de tous”. Marcel Gauchet persévère et signe en 2000, toujours dans les colonnes de la revue Le Débat , un autre article intitulé “Quand les droits de l’homme deviennent une politique”. Il n’apporte pas la réponse, mais je crois qu’en filigrane, nous pourrions deviner que ce soit une catastrophe !

En réalité, le système unique, c’est le rêve que tous les humains soient les mêmes partout dans le monde, sans que leur origine, leur sexe, leur croyance, leur langue, leur communauté politique puissent leur donner une identité. Ce qui justifie la remarque de René Girard, qui explique qu’à force de tolérer toutes les différences, on finit par n’en plus respecter aucune.

Je crains ainsi que sous couvert de l’éloge indiscriminé des différences individuelles, on soit en train de faire disparaître à grande échelle et très rapidement toutes les différences réelles, lesquelles sont par nature et donc nécessairement collectives.

Ces différences politiques, religieuses, de mœurs, de droit… sont ainsi visées directement par le rouleau compresseur de la mondialisation et son corollaire, à savoir la conformité aux droits individuels.

 

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BR : Pour ce qui est de combattre ce soft power de la pensée unique à l’échelle mondiale, quelles stratégies de contre-influence imaginer et sur quel socle les faire reposer ?

HJ : Il nous faut ouvrir les yeux et travailler. Nous devons nous mettre d’urgence aux outils et à la logique du soft power. Je suis frappé du fait qu’en Chine, aux États-Unis, en Russie et dans bien d’autres pays émergents, on travaille sérieusement cette question. Un exemple : la floraison de think tanks et d’ONG anglo-américaines a permis que de nouveaux concepts soient acceptés comme vérités d’Évangile, en France, en Europe ou ailleurs, à notre plus grande défaveur. C’est la construction de dispositifs intellectuels, d’outils de diffusion et de promotion, qui favorise cette puissance discrète.

De même, le repérage de jeunes talents ou de personnages ayant une audience fait partie du jeu. Voyez comment certains diplomates américains travaillent avec les minorités visibles des banlieues françaises. Ces jeunes sont assez vite conviés à venir à Washington pour participer à des travaux, et entrent ainsi dans une spirale d’influence. Il y a donc travail à plusieurs niveaux : organisation, déploiement de moyens, recherche d’incitations productives, puis montée en puissance et synergie. Chinois, Russes, Américains, Israéliens… ont tous une conscience aiguë que les distinctions entre public et privé s’effacent quand l’intérêt national est en jeu. Encore plus quand il s’agit d’un enjeu de survie.

Le libre-échange, l’égalité entre les peuples, et autres thèmes en vogue sont en fait des doctrines à vocation d’exportation, de la part d’entités politiques qui se conçoivent comme des puissances en lutte. Or dans cette lutte, tous les outils – commerciaux, juridiques, intellectuels, militaires, etc. – doivent être employés au service de l’intérêt national.

Prenez l’exemple des sociétés les plus créatives, les plus échevelées et innovantes, comme le sont les sociétés américaines de la sphère internet : elles travaillent main dans la main avec les agences de renseignement des États-Unis ! Nous sommes là aux antipodes de notre praxis politique actuelle, bien française, qui veut qu’il y ait une frontière bien marquée entre sphère publique et sphère privée. Nous ne parlons malheureusement pas en France en termes d’intérêt national. On s’interdit de travailler main dans la main entre public et privé alors que l’intérêt national l’exigerait. A cet égard, les dogmes de la Commission de Bruxelles – par exemple en matière de concurrence – nous font énormément de mal et surtout nous bloquent dans l’expression de notre puissance.

BR : Le concept d’identité se trouve au cœur de la démarche développée depuis quinze ans par Comes Communication. Selon vous, la mise en valeur de son identité par une entreprise ne constitue-t-elle pas un puissant facteur différenciant, donc un avantage concurrentiel ? En ce sens, l’identité, qui permet d’affirmer sa spécificité et son authenticité, ne s’impose-t-elle pas comme un facteur de performance, générant de la création de valeur, pour les entreprises comme pour d’ailleurs toute organisation ?

HJ : En matière d’identité, ce qui a fait durant des siècles l’autorité et l’écoute du discours français, c’est d’abord son autonomie, faisant de nous un pays non-aligné pas vraiment comme les autres. Notre parole n’était pas celle d’une superpuissance, mais celle d’une puissance phare en matière d’intelligence et de liberté. Si l’on devait refaire aujourd’hui une conférence de Bandung [NDLR : conférence des non-alignés en 1955], la France y aurait pleinement sa place, aux côtés de ceux qui entendent conserver leur identité et leurs singularités. Là réside sans doute le grand champ géopolitique de demain.

De même, ce qui vaut pour la sphère politique vaut aussi pour les sociétés privées. Depuis une trentaine d’années, ces dernières développent des stratégies essentiellement guidées par des critères financiers. Or les stratégies ainsi définies s’arrêtent à la surface des choses. Parce qu’à mon sens, les entreprises qui seront gagnantes sur le long terme seront celles qui auront su développer, en interne comme en externe, une identité propre, autrement dit une singularité les distinguant de leurs concurrents et de leur environnement.

Cette identité assure leur pérennité dans le temps car elle est transmissible. On observe d’ailleurs que la définition de cette identité d’entreprise est fréquemment liée à la personnalité d’un dirigeant, qui marque souvent plus par l’implicite que par l’explicite.

L’identité n’est ni une succession de powerpoints, ni une logique de ratios. L’identité ne se laisse jamais mettre en équation ni cerner par les chiffres. Une entreprise qui se réduit à des chiffres se réduit assez vite à rien. Si elle veut agir dans la durée, et favoriser la création de valeur ajoutée, la résilience, la capacité de mobilisation des équipes, l’entreprise doit s’efforcer de jouer sur son identité bien plus que sur le socle fallacieux des chiffres.

BR : Sur le plan géostratégique et géoéconomique, le recours aux liens identitaires constitue à vos yeux un moyen idoine pour enrayer la montée en puissance à l’échelle planétaire de l’individu-déraciné-et-consommateur que prône la mondialisation. Le rôle-clé de l’identité, son action, son rôle s’appliquent-ils de la même façon aux individus, aux peuples, aux États ? Comment l’identité s’intègre-t-elle dans les rapports de force économiques, politiques, sociaux, culturels… ?

HJ : Si l’on se place dans une perspective historique, il apparaît que l’identité est clé dans tous les processus de résilience ainsi que dans la performance stratégique. On a usé et abusé de la formule de Sénèque, selon laquelle il n’est pas de vent favorable à celui qui ne sait où aller. Je serais tenté de dire qu’il n’y a pas de vent favorable non plus pour celui qui non seulement ne sait pas qui il est, mais en outre, ignore qui l’accompagne sur le bateau.

La capacité à affirmer une identité va de plus en plus s’imposer comme un élément-clé dans les années à venir.

L’idée américaine selon laquelle on doit fermer les yeux sur les questions de sexe, de religion, de culture, d’appartenance à une communauté, aboutit à nier même la notion même de singularité des hommes et des organisations. Or, ce sont justement ces singularités ne se réduisant pas à une valeur monétaire qui vont compter dans les années à venir.

Les entreprises qui se laisseront prendre au piège de l’indifférenciation et de la mondialisation, passeront à côté de cette question-clé de l’identité. L’entreprise sans usine, qui externalise tout, qui sous-traite au point de perdre la maîtrise de ses métiers de base, se trouve en fait réduite à rien, dépassée et dévorée. Prenons l’exemple d’une chaîne de supermarchés : ce sont d’abord des épiciers, avec l’alliance subtile de leurs défauts et leurs qualités, qui in fine produit leur identité. Ce ne sont pas des comptables ou des financiers qui en sont les artisans. Nous avons donc bien là affaire à des logiques intimes, clairement différentes.

978207.gifBR : Vous écrivez dans votre dernier livre : “La décomposition des nations européennes procède de la censure, de la grande fatigue devant l’histoire et de leur soumission par en haut aux institutions internationales, par en bas aux communautés et minorités revendicatrices.” Comment les peuples peuvent-ils espérer agir pour renouer avec cette énergie vitale et cette confiance en eux qui leur permettront d’affronter les défis à venir ?

HJ : Nous sortons d’une période de prospérité dont nous n’avons pas eu clairement conscience. En France et en Europe, l’immense majorité de la population vit bien. Au regard de l’histoire de l’humanité, je dirai même que ce constat constitue une exception : pacification des territoires, niveau de vie, santé, etc. nous avons prospéré durant ces dernières décennies sur un mode extrêmement privilégié.

Le retour au réel risque d’être quelque peu brutal. Nous allons devoir nous confronter de nouveau aux dures réalités géopolitiques.Le facteur déclenchant sera probablement l’explosion de la classe moyenne. La lucidité politique va s’imposer rapidement à nous.

En outre, l’idée béate dans laquelle se complaît l’Europe, selon laquelle tous les problèmes de ressources sont liés aux marchés et aux prix, va trouver de fait ses limites. Nous allons très vite basculer sur des logiques de survie, n’ayant plus rien à voir avec une approche rationnelle. Et probablement assister demain, avec la question de l’eau, des terres rares ou des terres arables, à des défis semblables à ceux du pétrole hier. Le pétrole est un objet géopolitique, bien avant d’être l’objet du marché. Par la force des choses, nous allons donc être ramenés aux réalités des enjeux géopolitiques. Et notre survie va exiger que soit dès lors prioritairement prise en compte la notion d’intérêt national.

Ne nous leurrons pas : la question de notre survie politique se trouve bel et bien posée. Est-ce que quelque chose qui s’appellera encore la France existera en 2050 ? L’Union européenne existera-t-elle en 2020 ? Pour ma part, ce qui m’inquiète, c’est que nos élites et nos dirigeants ne me paraissent pas formés pour faire face à ces défis. Ces gens ont toujours œuvré dans un monde de continuité. La question était : va-t-on faire +3% ou + 5 % de croissance ?… Oui, nous entrons dans un monde avec des perspectives radicalement différentes. Ce qui veut dire que notre mindset, notre disposition d’esprit, notre logiciel de pensée, et donc toutes nos approches stratégiques, doivent être revus de fond en comble.

C’est là, me semble-t-il, le vrai défi d’actualité pour la pensée française. À savoir la capacité à penser le monde de l’après-mondialisation, du retour des singularités, des identités et des déterminations politiques. Je crois que nous avons tous les atouts pour cela. À condition toutefois de ne pas céder à la paresse ou à la facilité intellectuelle, qui nous conduisent à renoncer et à perdre notre place dans le monde. Ne nous y trompons pas : au-delà des rodomontades et des stupidités de notre politique étrangère – qui jouent assez peu, en fait, sur le long terme – c’est la capacité de la France à être un émetteur d’idées, un diffuseur de pensée, avec une réelle autorité et une authentique aptitude créatrice, qui compte. Mais prenons garde à ce que ces atouts ne soient pas en train de s’épuiser…

Comes Communication

'Israël en Saudi Arabië ontwikkelen super-Stuxnet virus tegen Iran'

'Israël en Saudi Arabië ontwikkelen super-Stuxnet virus tegen Iran'

Iraanse official: Obama heeft ons tot nieuwe strategische partner gemaakt

Ex: http://xandernieuws.punt.nl


De Iraanse kerncentrale in Bushehr was 3 jaar geleden één van de doelen van het Amerikaans-Israëlische Stuxnet virus.

Volgens het Iraanse persbureau Fars werken de inlichtingendiensten van Israël en Saudi Arabië samen aan een nieuwe, nog schadelijkere variant van het Stuxnet computervirus, dat in 2010 grote delen van het Iraanse nucleaire programma wist te ontregelen. Een Iraanse official wist te melden dat president Obama deze keer niet meedoet met de cyberoorlog, omdat hij van koers is veranderd en besloten heeft om Iran tot zijn nieuwe strategische partner in het Midden Oosten te maken.

Algemeen wordt aangenomen dat het originele Stuxnet-virus ruim 3 jaar geleden werd ontwikkeld door Israël en de VS. Als recente berichten kloppen, zou dit virus nog altijd de ronde doen en zowel een Russische kerncentrale als het Internationale Ruimtestation hebben bereikt.

In drie jaar tijd zijn de machtsverhoudingen op de wereld flink verschoven. Wie had ooit kunnen denken dat de Verenigde Staten, dat net als Israël jarenlang dreigde met militair ingrijpen, een radicale ommezwaai zou maken, en dat de inlichtingendiensten van Israël en Saudi Arabië zouden gaan samenwerken.

Saudi"s zien deal met Iran als 'westers verraad'

Dat is althans wat Fars beweert. Prins Bandar bin Sultan, hoofd van de Saudische inlichtingendienst, en Tamir Pardo, leider van de Israëlische Mossad, zouden op 24 november -kort na het tekenen van de interim overeenkomst met Iran- samen met hun beste cyberoorlogspecialisten in Wenen bij elkaar zijn gekomen om een virus te ontwerpen, dat erger is dan Stuxnet en dat de software van het Iraanse nucleaire programma moet gaan vernietigen.

Het project werd in gang gezet nadat de 5+1 machten hun handtekening onder het voorlopige akkoord met Iran zetten, dat door de Israëliërs een 'historische fout' en door de Saudiërs zelfs 'Westers verraad' werd genoemd.

Publiek geheime ontmoetingen

Dezelfde Iraanse bron 'onthulde' dat prins Bandar en Tamir Pardo elkaar meerdere malen hebben ontmoet in de Jordaanse havenstad Aqaba. Toen dit een publiek geheim werd, zou de Saudische kroonprins Salman bin Abdulaziz prins Bandar hebben gewaarschuwd dat de nauwe samenwerking met de Mossad het koninklijke huis toch zorgen baarde.

De bron wist ook te melden dat prins Bandar in het geheim naar Israël reisde, precies op het moment dat de Franse president Francois Hollande op 17 en 18 november op bezoek was in de Joodse staat. Bandar zou samen met de Israëliërs en Fransen hebben overlegd over hoe het Iraanse nucleaire programma alsnog een halt toe kan worden geroepen.

Diplomatiek schaakspel

Om diplomatiek tegenwicht te bieden, stuurde Iran minister van Buitenlandse Zaken Javad Zarif naar enkele Arabische Golfstaten, maar niet naar Saudi Arabië. Door prins Bandars samenwerking met de Mossad te benadrukken, hoopt men in Teheran de interne machtsstrijd over de troonsopvolging in Riyad verder aan te wakkeren. De Iraanse mullahs maken zich namelijk grote zorgen over de samenwerking van het land met Israël.

De 'onthulling' van deze samenwerking moet tegelijkertijd de interne oppositie in Teheran overtuigen hun verzet tegen de deal met de 5+1 machten op te geven. Iran zou, bijvoorbeeld als het weigert de afspraken met het Westen na te komen, anders alsnog alleen tegenover Israël en Saudi Arabië kan komen te staan.

Israëlische defensiespecialisten merken op dat de onthullingen wel door de Russische media, maar niet door de Westerse werden overgenomen. Dit zou kunnen duiden op een nauwe samenwerking tussen de Iraanse en Russische inlichtingendiensten.

 

Xander

(1) DEBKA

Thomas Manns Protest gegen den Zivilisationsliteraten

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Thomas Manns Protest gegen den Zivilisationsliteraten

Als Thomas Mann seine „Betrachtungen eines Unpolitischen“ schrieb, war er noch streng deutschnational und kriegsbejahend gesinnt. Das sollte sich bald ändern: Schon kurze Zeit später distanzierte sich Mann von seinem schriftstellerischen Beitrag zum Ersten Weltkrieg und avancierte zum Vernunftrepublikaner, der die Weimarer Republik publizistisch gegen ihre Feinde von rechts und links verteidigte. Manns frühe Betrachtungen sind allerdings nicht einfach als dumpfe Kriegspropaganda abzustempeln, sondern stellen große Literatur dar, die darüber hinaus immer noch wichtige Einsichten politischer und kultureller Art zu vermitteln in der Lage ist. Mit Blick auf seinen Bruder Heinrich –damals pazifistisch eingestellt und ein eifernder Gegner des heraufziehenden Krieges – entwarf Mann die Figur des Zivilisationsliteraten, der gegen sein eigenes Land als intellektueller Agent der Westmächte publizistisch zu agitieren begann. Natürlich ist diese Figur stereotypisch überzeichnet; wir dürfen aber davon ausgehen, dass dieser Typus damals zuhauf Repräsentanten fand – und bis heute findet. Thomas Mann verketzert das Zivilisationsliteratentum jedoch nicht als „Verräterei“ und schiebt sie auf die Feindseite ab, sondern fragt nach den tieferen Ursachen dieses Phänomens.

Dabei stellt er fest, dass die innere geistige Einheitlichkeit und Geschlossenheit, wie sie bei allen europäischen Nationen gerade in Kriegszeiten besonders entwickelt ist, für Deutschland nicht so einfach in Anschlag zu bringen ist: Deutschland sei keine Nation in diesem Sinne, denn es habe eine andere Bildungsgeschichte und einen anderen Menschlichkeitsbegriff. Die geistigen Gegensätze seien so stark ausgeprägt, dass sie ein nationales Band nur schwerlich umfassen und vereinigen könne. Das liege vor allem daran, dass diese Gegensätze weniger nationaler als europäischer Art sind, die ihre Spannungen auf deutschem Boden und in deutscher Seele entladen: „In Deutschlands Seele werden die geistigen Gegensätze Europas ausgetragen, — im mütterlichen und im kämpferischen Sinne ›ausgetragen‹. Dies ist seine eigentliche nationale Bestimmung. Nicht physisch mehr — dies weiß es neuerdings zu verhindern —, aber geistig ist Deutschland immer noch das Schlachtfeld Europas.“ Infolge von Deutschlands Mittellage in Europa gerät es nicht nur in eine geopolitische Bedrohungssituation, sondern wird zum seelischen Kampfplatz für europäische Gegensätze. Das bedeutet nicht nur, als eine permanente Arena eines Kulturkampfes zu dienen, sondern auch eine geistig-kulturelle Gemengelage, die künstlerischer Schaffenskraft eine produktive Anarchie von singulärer Qualität ermöglicht. Der Preis dafür fällt hoch aus: es ist die Zersplitterung der deutschen Seele, die wie der ehemalige Flickenteppich deutscher Lande zerrissen und unversöhnlich fragmentiert daliegt. Es entsteht eine Geistesspaltung, die nicht nur die Seele der Nation durchfährt, sondern auch die Seele jedes einzelnen Deutschen, sein Kopf und sein Herz. Deutschtum – das ist nach Mann also keineswegs ein festgefügtes Wesen, eine fertige Festung, die lediglich nach außen verteidigt werden müsste, nein: Deutschtum ist durch und durch problematisch, es ist selbst ein Problem, eine unbeantwortete Frage. Welche Gefahr bestünde nun für Deutschland, falls es den Weltkrieg verlöre und dem Westen einverleibt würde? Wäre das nicht ein nachhaltiger Beitrag für den Frieden in Europa? Nicht zufällig berufen sich die gegenwärtigen EU-Propagandisten, wenn sie ihre Vision in Frage gestellt sehen oder weitere Forderungen und Maßnahmen durchsetzen wollen, auf diese ideologische Legitimationsformel. „Westintegration“, „westliche Wertgemeinschaft“, „der Frieden in Europa“ – ob mit Krieg oder ohne, es sind bis heute die unhinterfragbaren Grundaxiome, die das Fundament bundesrepublikanischen Selbstverständnisses abgeben sollen. Die deutsche Eigenart kommt hingegen überhaupt nicht mehr vor, nicht mal mehr an zweiter Stelle. Was sagt nun Thomas Mann zu Deutschlands nationaler Neutralisation? „Wessen Bestreben es wäre, aus Deutschland einfach eine bürgerliche Demokratie im römisch-westlichen Sinn und Geiste zu machen, der würde ihm sein Bestes und Schwerstes, seine Problematik nehmen wollen, in der seine Nationalität ganz eigentlich besteht; der würde es langweilig, klar, dumm und undeutsch machen wollen und also ein Anti-Nationalist sein, der darauf bestünde, daß Deutschland eine Nation in fremdem Sinne und Geiste würde . . .“ Bei „bürgerlicher Demokratie im römisch-westlichen Sinne“ dürfen wir nicht primär an eine Staatsform denken, sondern es ist eine ganz andere politische Kultur gemeint, die heute nicht wesentlich anders aussieht als damals; man könnte sie „Weltbürgertum“ oder „Weltzivilisation“ nennen, eine imperialistische Bestrebung, die darauf abzielt, das globale Dorf zu begründen, das multikulturelle Traumparadies oder den ewigen herrschaftsfreien Diskurs im Maßstab der Weltkommunikation. Totale Menschheit, totale Toleranz, totaler Fortschritt. Wenn Deutschland darin aufgehen würde, würde es aufhören, Problem zu sein bzw. überhaupt zu sein. Um zu verstehen, warum Mann diese Option, die heute wahrscheinlicher als je erscheint, so perhorresziert, müssen wir die Rolle klarer herausstellen, die unser Land laut ihm in seiner Geschichte gegen den Westen einnahm. Helmut Plessner sprach abfällig von der „verspäteten Nation“ und bescheinigte Deutschland einen zivilisatorischen Rückstand gegenüber Frankreich und England. Mann perspektiviert denselben Sachverhalt andersherum und dreht ihn ins Positive: Deutschland sei immer das protestierende Reich gegen den „römischen Westen“ gewesen. Es machte bei dessen universalistischen Heilsphantasien nicht mit und scherte ostentativ aus. Es erwies sich dadurch als das protestantische Land im wahrsten Sinne des Wortes.

Was tut der Zivilisationsliterat? Nun, er protestiert gegen den Protest und „fordert den innigen Anschluß Deutschlands an das Zivilisationsimperium“. Er bekennt sich nicht nur dazu, er kämpft tatsächlich auf der Gegenseite. Er ist inneres Ausland. Und trotzdem: Mann hütet sich, ihn als Vaterlandsverräter oder „undeutsch“ zu denunzieren:  „Der Begriff ›deutsch‹ ist ein Abgrund, bodenlos, und mit seiner Negation, der Entscheidung ›undeutsch‹, muß man äußerst vorsichtig umgehen, um nicht zu Fall und Schaden dabei zu kommen.“ Da der Begriff „deutsch“ ohnehin abgründig ist und eigentlich bereits eine Negation darstellt, ist die Negation dieser Negation eine schwierige Angelegenheit. Anders gesagt: Wenn Deutschtum wesentlich Negativität bedeutet, schließt es auch seine eigenen Negationen in sein positives Wesen mit ein, so dass den Zivilisationsliteraten auch ein gewisser Patriotismus nicht abzusprechen ist. Nur: „Ihr Patriotismus bekundet sich dergestalt, daß sie die Vorbedingung der Größe, oder, wenn nicht der Größe, so doch des Glückes und der Schönheit ihres Landes nicht in seiner störenden und Haß erregenden »Besonderheit«, sondern, um es zu wiederholen, in seiner bedingungslosen Vereinigung mit der Welt der Zivilisation, der Literatur, der herzerhebend und menschenwürdig rhetorischen Demokratie erblicken, — welche Welt durch die Unterwerfung Deutschlands in der Tat komplett würde: ihr Reich wäre vollendet und umfassend, es gäbe keine Opposition mehr gegen sie.“ Der Triumph des Westens wäre das globale Universalreich der Kommunikation, die offene Gesellschaft ohne ihre Feinde, oder negativer gesprochen: der totale Konformismus einer gleichförmigen ‚One World’ ohne Opposition und Protest, zu denen gerade Deutschland nach Thomas Mann die geistig-kulturelle Potenz besessen hätte. Vielleicht steht dessen Ausfall nicht zuletzt mit der sukzessiven Annäherung an diesen scheinbar alternativlosen Weltzustand in kausalem Zusammenhang.

Doch lassen wir Mann diese schwammige Ideologie noch weiter konkretisieren, damit hinter ihrer zuckrigen Fassade zugleich auch ihre Peitsche sichtbar wird. Er nennt den Zivilisationsliteraten einen Pleonasmus. Was bedeutet das? Letztendlich, dass die Zivilisation, die der Zivilisationsliterat propagiert, eben nichts anderes als Literatur ist! Das heißt keine realpolitisch mögliche Wirklichkeit, sondern eine utopische Fiktion, die bestenfalls in Träumen oder Romanen ihren angemessenen Platz hat. Ihre Demokratie ist pure Rhetorik. Mann entlarvt sie als Kopfgeburt der französischen Revolution, als deren zeitgenössische Vollstecker sich die Zivilisationsliteraten verstehen: „Frankreich ist sein Land, die Revolution seine große Zeit, es ging ihm gut damals, als er noch ›Philosoph‹ hieß und in der Tat die neue Philosophie, nämlich die der Humanität, Freiheit, Vernunft vermittelte, verbreitete, politisch zubereitete…“ Der Zivilisationsliterat –ein „Element des nationalen Schicksals“ – erweist sich deshalb als so gefährlich, weil er den Monopolanspruch und die Definitionshoheit über solche Begriffe wie Menschheit und Brüderlichkeit errungen hat, obwohl wer Menschheit sagt, auch betrügen könnte oder Brüderlichkeit und Blutgerüste nahe beieinanderliegen könnten. Das sieht man diesen abstrakten Begriffen allerdings nicht an, sondern höchstens ihren historischen Verwirklichungsversuchen und zwar erst dann, wenn es schon zu spät ist. Um historische Durststrecken zu überbrücken und Aktivierungsenergie für die vernünftige Menschheitsrepublik zu sammeln, identifiziert sich der Zivilisationsliterat gerne mit dem Lauf der Geschichte selbst, die er als Fortschritt im Bewusstsein der Freiheit denkt:  „Das Bewußtsein, den ›Fortschritt‹ für sich zu haben, zeitigt offenbar eine sittliche Sicherheit und Selbstgewißheit, die der Verhärtung nahekommt und schließlich das Gemeine zu adeln glaubt, einfach dadurch, daß sie sich seiner bedient.“ Wer für den Fortschritt ist, dem ist alles erlaubt und darf jedes Mittel recht und billig sein. Wer diesen hingegen in Frage stellt, den trifft das Gemeine mit voller Breitseite.

Mann weigert sich jedoch hartnäckig, den Zivilisationsliteraten dasjenige Schicksal zuzumuten, das er seinen Feinden aufbürden will, sie nämlich zur persona non grata außerhalb von Recht und Menschheit zu deklarieren und für verbale und physische Barbarenschelte freizugeben: „Undeutsch? Aus allen meinen Kräften wehre ich mich dagegen, ihn undeutsch zu nennen, und werde nicht aufhören, mich dagegen zu wehren, solange die Kräfte mir nicht versagen. Man kann höchst deutsch sein und dabei höchst antideutsch. Das Deutsche ist ein Abgrund, halten wir fest daran.“ Im Zivilisationsliteraten schaut „Der Deutsche“ in seinen eigenen Abgrund: „Selbstekel und Einfremdung, kosmopolitische Hingebung und Selbstentäußerung“, die auch Teil deutschen Wesens sind, seines tief gespaltenen Wesens. Aber nicht nur das. Wenn er genauer hinsieht, würde er ebenso das Antlitz eines fremden Nationalismus erkennen, und zwar nationalfranzösischer Art: „Er ist einer der besten französischen Patrioten. Der Glaube trägt ihn und verleiht seinem Stile zuweilen ein herrliches Tremolo, einen bewunderungswürdigen Schwung: der Glaube an die Ruhmes- und Missionsidee seines — des französischen — Volkes und daß es ein für allemal zum Lehrer der Menschheit berufen sei, berufen, ihr ›die Gerechtigkeit‹ zu bringen, nachdem es ihr ›die Freiheit‹ gebracht hat (welche aber aus England stammt). Er denkt nicht nur in französischer Syntax und Grammatik, er denkt in französischen Begriffen, französischen Antithesen, französischen Konflikten, französischen Affären und Skandalen. Der Krieg, in dem wir stehen, erscheint ihm, völlig entente-korrekt, als ein Kampf zwischen ›Macht und Geist‹ — das ist seine oberste Antithese! —, zwischen dem ›Säbel‹ und dem Gedanken, der Lüge und der Wahrheit, der Roheit und dem Recht. (Ich brauche nicht hinzuzufügen, auf welcher Seite nach seiner Ansicht sich Säbel, Roheit und Lüge, auf welcher sich die antithetisch entsprechenden Ideale befinden.)“ Diese manichäische Logik, obwohl sie bei weitem nicht mehr so martialisch daherkommt, dauert bis heute fort, nur mit dauernd veränderter Rollenbesetzung: Zivilisation gegen Barbarei, die Guten gegen das Reich des Bösen, der Aufstand der Anständigen usw. Wer so redet, führt eine Feindbestimmung durch und meldet politische Hegemonieansprüche unter einem moralischen Denkmäntelchen an. Wer will schließlich nicht gerne mit den Heeren des Geistes und der Zivilisation marschieren? Widersprechende müssen verrückt, dumm oder krank sein. Aber wieso überhaupt noch marschieren? Ist der Zivilisationsliterat nicht notwendig Pazifist, weil er den Geist verkörpert? Ganz im Gegenteil, urteilt Mann: „Es verhält sich so, daß der Zivilisationsliterat den Krieg nicht mißbilligt, wenn dieser im Dienste der Zivilisation unternommen wird. […] Wie könnte denn auch der Schüler der Revolution — um nicht zu sagen: ihr Epigone — das Vergießen von Blut um der guten Sache, um der Wahrheit, des Geistes willen grundsätzlich verurteilen? »Entschlossene Menschenliebe« — das Wort gehört dem Zivilisationsliteraten - entschlossene Menschenliebe ist nicht blutscheu;“ Entschlossene Menschenliebe heiligt also das Mittel des Krieges, der zunehmend Kreuzzugscharakter gewinnt, insofern er ja im Zeichen von Menschheit, Zivilisation und Gerechtigkeit steht. Die Gegner sind damit per definitionem die Menschenhasser und Barbaren, deren Anliegen jede Legitimität abgesprochen wird. Wir haben es hier mit der pervertierten Renaissance des gerechten Krieges zu tun, der in dem Maße, wie er mit Sendungsbewusstsein und Missionseifer aufgeladen ist, seine Feinde entmenschlicht. Das Ziel des Zivilisationsliteraten lässt sich mit keinen geringeren Vokabeln umschreiben als mit „Erlösung“ oder „Befreiung“, die der römische Westen in pädagogischer Oberlehrermanier seinem frechen Ziehsohn Deutschland beibringen will: „»Deutschland wird sich schicken müssen«, sagte er damals, und seine Augen glommen. Deutschland wird endlich artig sein müssen, sagte er, und es wird dann glücklich sein wie ein Kind, das nach Schlägen schrie und, wenn es welche bekommen hat, dankbar ist, daß man seinen Trotz gebrochen, ihm über seine Hemmungen hinweggeholfen, es erlöst, es befreit hat. Wir erlösen und befreien Deutschland, indem wir es schlagen, es auf die Knie werfen, seine böse Renitenz, ihm selbst zur Wohltat, brechen und es zwingen, Vernunft anzunehmen und ein ehrenwertes Mitglied der demokratischen Staatengesellschaft zu werden.“ Wie würde die Welt wohl aussehen, wenn sich das westliche Zivilisationsimperium global durchgesetzt und die Renitenz seiner Feinde nachhaltig eliminiert hätte – eine Weltsituation, die heute nicht mehr als allzu weit hergeholt erscheint, nachdem Deutschland als Bastion des Protestes nach zwei Weltkriegen endgültig unter die Fittiche der westlichen Wertegemeinschaft genommen und in eine der Vorzeigekolonien der Weltzivilisation verwandelt wurde? Thomas Mann formulierte diese Option noch vorsichtig im Konjunktiv, weil die letzten Entscheidungen noch nicht gefallen waren: „Gesetzt, das wäre geschehen, die Entente ihrerseits hätte rasch und glänzend gesiegt, die Welt wäre vom deutschen ›Alpdruck‹, dem deutschen ›Protest‹ befreit worden, das Imperium der Zivilisation hätte sich vollendet, oppositionslos übermütig geworden: das Ergebnis wäre ein Europa gewesen, — nun, ein wenig drollig, ein wenig platt-human, trivial-verderbt, feminin-elegant, ein Europa, schon etwas allzu ›menschlich‹, etwas preßbanditenhaft und großmäulig-demokratisch, ein Europa der Tango- und Two-Step-Gesittung, ein Geschäfts- und Lusteuropa à la Edward the Seventh, ein Monte-Carlo-Europa, literarisch wie eine Pariser Kokotte.“ Die Neutralisierung Deutschlands beträfe das kulturelle Gepräge Gesamteuropas: Der ganze Kontinent durchliefe eine Entwicklung, in deren Zuge er zu einem „Geschäfts- und Lusteuropa“ degenerierte, das – obwohl im Zeichen von „human freedom und peace“ – tatsächlich die eigene geistg-kulturelle Prostitution zelebrierte. Sind wir heute noch so weit davon entfernt? Auch Mann gab schon zu, dass es eine Entwicklung sei, „die ich für notwendig, da heißt: für unvermeidlich halte“, ein „Fortschritt, – der mir, nicht selten wenigstens, als unaufhaltsam und schicksalsergeben erscheint und den an meinem bescheidenen Teile zu fördern mein eigenes Schicksal ist“. Der ‚Protest’ gegen den ‚Fortschritt’ sieht aussichtslos aus: „Der Fortschritt hat alles für sich. Nur scheinbar ist er die Opposition. Der erhaltene Gegenwille ist es, der in Wahrheit immer und überall die Opposition bildet, der sich in der Verteidigung befindet, und zwar in einer, wie er genau weiß, aussichtslosen Verteidigung.“

Trotzdem sollte die Verteidigung versucht, wenigstens der Nonkonformismus mit dem Zivilisationsliteratentum praktiziert werden. Es ist wichtig an dieser Stelle nochmals zu betonen, dass die Zivilisationsliteraten keine bestimmte politische Gruppierung darstellen, auf die man despektierlich mit dem Finger zeigen könnte – davor hatte Mann ja schon 1918 scharf gewarnt. Der Zivilisationsliterat steht weder rechts noch links, weder oben noch unten in der Gesellschaft, sondern er ist ein Symbol, das damals wie heute nicht nur die süße Versuchung der nationalen Selbstentkernung Deutschlands anzeigt – moderner: „Deutschland schafft sich ab“- sondern zugleich auch immer für eine Grundmöglichkeit deutschen Daseins steht, die seinem abgründigen Wesen entspringt. Die andere Grundmöglichkeit deutschen Daseins ist als Gegengewicht ebenso notwendig und kann mit Mann „konservative Opposition“ oder „ästhetische Revolte“ genannt werden. Die Proponenten dieses Flügels haben sich immer wieder die Frage zu stellen, die Thomas Mann am Ende des Kapitels zu seinem Zivilisationsliteraten rhetorisch gestellt hat:  „Es handelt sich um die Politisierung, Literarisierung, Intellektualisierung, Radikalisierung Deutschlands, es gilt seine ›Vermenschlichung‹ im lateinisch-politischen Sinne und seine Enthumanisierung im deutschen . . . es gilt, um das Lieblingswort, den Kriegs- und Jubelruf des Zivilisationsliteraten zu brauchen, die Demokratisierung Deutschlands, oder, um alles zusammenzufassen und auf den Generalnenner zu bringen: es gilt seine Entdeutschung . . . Und an all diesem Unfug sollte ich teilhaben?“ Um die wirklich eigene Form von Demokratie und politischer Kultur wieder zu gewinnen, um in das eigene Wesen wieder einzukehren, bedarf es vor allem eines: Mut zum Protest.

Literatur:

Thomas Mann: Betrachtungen eines Unpolitischen.

IL “NIET” DELL’UCRAINA ALL’UE: MITI E REALTÀ

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IL “NIET” DELL’UCRAINA ALL’UE: MITI E REALTÀ

Giuseppe Cappelluti

Ex: http://www.eurasia-rivista.org

Il 21 novembre 2013 il Primo Ministro ucraino Nikolaj (in ucraino Mykola) Azarov ha annunciato che il suo Paese non intende più firmare l’Accordo di Associazione con l’Unione Europea e che intende invece rilanciare le proprie relazioni commerciali con la Russia, l’Unione Doganale Eurasiatica e i Paesi della CSI[i] [1]. Nello stesso giorno, in una seduta parlamentare condita da forti polemiche e scambi di accuse, il voto contrario dei comunisti e del Partito delle Regioni attualmente al governo ha impedito il trasferimento a Berlino per cure mediche dell’ex Primo Ministro Julia Tymošenko, che l’Unione Europea aveva posto come una delle maggiori precondizioni per la stipula dell’accordo che avrebbe portato alla liberalizzazione degli scambi commerciali tra UE e Ucraina, salvo che per i prodotti agricoli[ii] [2].

Si tratta, probabilmente, dell’atto finale di una commedia che perdura ormai da diversi anni, e la cui conclusione ha lasciato sorpresi in molti. Dopo la guerra commerciale tra Ucraina e Russia dello scorso agosto e l’approvazione da parte del governo di alcuni dei provvedimenti in termini di giustizia, sistema elettorale e riforme economiche richiesti dall’Unione, la prospettiva che il Vertice di Vilnius previsto per il prossimo 29 novembre si sarebbe concluso con la sottoscrizione dell’Accordo di Associazione tra Unione Europea e Ucraina non era più così lontana. A metà ottobre, poi, il futuro europeo dell’Ucraina pareva ormai vicino quando il Presidente Viktor Janukovič annunciò la possibilità di concedere alla Tymošenko la possibilità di recarsi all’estero per cure mediche[iii] [3]. Ma così non è stato, e anzi gli ultimi giorni prima della decisione finale hanno visto un raffreddamento dei rapporti euro-ucraini e una parallela intensificazione dei contatti tra Janukovič e Putin. Un epilogo quasi preannunciato, malgrado tutto, e che non ha mancato di suscitare polemiche.

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Dall’Occidente, come si può facilmente immaginare, sono arrivate forti critiche nei confronti di Janukovič e della Russia. L’Alto Commissario per la Politica Estera Catherine Ashton ha dichiarato che “la decisione è un fallimento non solo per l’UE, ma anche per il popolo ucraino” e il Ministro degli Esteri svedese Carl Bildt, uno dei protagonisti delle trattative tra l’UE e l’Ucraina per l’Accordo di Associazione, ha accusato la Bankova di essersi chinata alle “brutali pressioni” del Cremlino. Più contenuta la reazione del Ministro degli Esteri tedesco Guido Westerwelle, il quale ha affermato che “l’Ucraina ha il diritto di scegliere quale percorso seguire”[iv] [4]. Anche la stampa occidentale è schierata in gran parte contro Janukovič e Putin. Deutsche Welle, ad esempio, titola “Le minacce russe bloccano l’accordo commerciale euro-ucraino”[v] [5], e il titolo del New York Times è sulla stessa lunghezza d’onda[vi] [6]. Non pochi, poi, hanno accusato Janukovič di aver sacrificato la prospettiva europea sull’altare dei propri interessi personali mantenendo in carcere una sua pericolosa rivale. Putin, dal canto suo, ha rispedito al mittente le accuse di minacce denunciando un “ricatto” dell’Europa nei confronti dell’Ucraina[vii] [7].

Si tratta, però, di posizioni che non focalizzano il problema, oltre a denotare una palese faziosità antirussa. La Tymošenko, infatti, è solamente la punta dell’iceberg, e se Azarov alla fine ha scelto di gettare la spugna i motivi sono soprattutto di natura economica. L’Ucraina, pur avendo un notevole potenziale agricolo e industriale, è stata notevolmente colpita dalla fine del sistema sovietico e dalla rottura dei legami tra le Repubbliche dell’URSS, ma il Paese, a differenza delle Repubbliche Baltiche, è stato incapace di sostituirli con qualcosa di nuovo. Allo stesso tempo, però, non ha potuto né voluto mantenere forti legami economici con la Russia e i Paesi della CSI come ha fatto la vicina Bielorussia. Questo limbo è dovuto in gran parte alle forti divisioni tra la popolazione ucraina: l’Ovest è culturalmente legato all’Europa, le regioni orientali e meridionali guardano verso la Russia e sono di religione ortodossa, mentre una porzione non marginale degli abitanti del Paese, pur ricordando i Russi sotto molti aspetti e parlando russo più che ucraino, guarda con favore alla prospettiva di entrare nell’Unione Europea e agli apparenti benefici che comporta quest’adesione, mentre vede la Russia in una luce tutt’altro che positiva. Tutto ciò ha limitato in maniera non indifferente lo sviluppo del Paese, condannato a oscillare tra Occidente e Russia ma senza diventare parte integrante dell’uno o dell’altra.

Negli anni Duemila l’Ucraina ha goduto di un buon andamento economico, ma la crisi del 2008 ha colpito il Paese molto duramente. Gli anni successivi hanno visto una leggera ripresa, ma il Paese continua ad essere uno dei più poveri d’Europa. La Naftogaz, la società nazionale degli idrocarburi nonché la maggiore azienda del Paese, è fortemente indebitata con Gazprom, anche a causa di quei contratti sfavorevoli al Paese sottoscritti nel 2009 dalla Tymošenko quando era ancora Primo Ministro[viii] [8]. Nel 2011 la prospettiva di una fusione tra Naftogaz e Gazprom in cambio di sconti sul gas è stata rigettata dal governo ucraino[ix] [9], mentre il passaggio al colosso russo della gestione  della rete di gasdotti, ma non della proprietà, è al momento bloccato in quanto tale passo richiederebbe l’approvazione di una riforma costituzionale[x] [10]. Il problema, però, resta: Kiev paga a Mosca prezzi esosi per il suo gas (400 dollari ogni 1000 metri cubi), e a fine ottobre Gazprom ha richiesto alla controparte ucraina un pagamento di ben 882 milioni di dollari per le forniture di gas di agosto, portando così il debito della compagnia a 1,4 miliardi[xi] [11].

I contratti firmati nel 2009 hanno valenza decennale, e la Russia si è mostrata disposta a una loro revisione solo in cambio dell’adesione dell’Ucraina all’Unione Doganale. Lo sconto proposto da Mosca consentirebbe a Kiev di risparmiare circa 8 miliardi l’anno[xii] [12], ma malgrado tutto il Paese non sembra intenzionato a compiere un passo che implicherebbe dire addio alla prospettiva europea. Il Paese, anzi, ha avviato da circa due anni una strategia per la riduzione della dipendenza dal gas russo, basata soprattutto sulla diversificazione degli approvvigionamenti e sullo sfruttamento delle riserve di gas non convenzionale (il cosiddetto “gas da argille” o shale gas)[xiii] [13]. Si tratta, però, di una mossa tardiva, che probabilmente non darà i risultati sperati, e in ogni caso la strategia di diversificazione degli approvvigionamenti portata avanti da Kiev è di gran lunga in ritardo nei confronti di quella delle vie di trasporto che la Russia porta avanti da più di quindici anni e che, con la futura entrata in funzione del gasdotto South Stream, potrà dirsi a pieno regime. E’alquanto probabile, quindi, che la Russia uscirà vittoriosa da questa “guerra”.

L’intreccio tra gas e politica è un altro grande problema dell’Ucraina odierna. La possibilità di offrire gas a prezzi politici è infatti un importante cavallo di battaglia per i politici ucraini, specie a ridosso degli appuntamenti elettorali, ma i vari governi hanno sempre osteggiato la possibilità di accettare una soluzione affine a quella bielorussa, che recentemente ha venduto alla Gazprom la società che gestisce la rete di metanodotti del Paese. Il risultato è che l’Ucraina, pur acquistando il gas a prezzi piuttosto alti, lo vende ai suoi cittadini a prezzi convenzionati, con conseguenze che si possono facilmente immaginare. Nel 2011 l’Ucraina ha dovuto chiedere un prestito di 15 miliardi di dollari al Fondo Monetario Internazionale, ma l’organizzazione pose come precondizione l’abolizione dei sussidi sul gas, e il rifiuto di Kiev segnò il fallimento dell’accordo[xiv] [14]. Un’analoga richiesta di prestito presentata all’FMI due anni dopo si è anch’essa risolta con un fallimento, e questo solo il giorno prima del gran rifiuto di Azarov[xv] [15]. Il fallimento delle trattative tra l’Ucraina e l’FMI ha avuto senza dubbio un ruolo cruciale nell’allontanare Kiev da Bruxelles e nel riavvicinarla a Mosca. Un riorientamento che ha già iniziato a dare i propri frutti: il 24 novembre, infatti, il Cremlino ha annunciato la propria disponibilità a una revisione dei termini dei contratti sul gas con l’Ucraina[xvi] [16].

Accanto alle questioni del gas e dei debiti, va ricordata quella della bilancia commerciale del Paese. Per la Russia un eventuale ingresso dell’Ucraina nell’Unione Doganale rappresenterebbe senza dubbio un grande successo geopolitico e morale, ma dal punto di vista economico i benefici sono più limitati, sebbene consentirebbe al mercato eurasiatico una maggiore autosufficienza e lo renderebbe più attraente agli occhi di esportatori e investitori stranieri. Ben maggiori sono invece i vantaggi per l’Ucraina: secondo alcune stime, infatti, gli sconti sul gas, l’abolizione delle misure protettive e delle barriere tecniche e la rimozione delle tasse sulle esportazioni garantirebbe al Paese esteuropeo guadagni pari a 11-12 miliardi annui[xvii] [17]. Ben diverso, invece, è il discorso nei riguardi dell’Accordo di Associazione con l’UE. L’industria ucraina, malgrado il suo potenziale, non è competitiva con quella dei Paesi europei, e si prevede che un’eventuale stipula dell’accordo provocherebbe un peggioramento del 5% della bilancia commerciale del Paese[xviii] [18]. L’impatto sarebbe particolarmente pesante nelle regioni orientali, polmone industriale del Paese nonché roccaforte elettorale di Janukovič, e agli inizi di novembre Azarov ha dichiarato che il Paese necessiterebbe di 150-160 miliardi di euro per allineare agli standard europei l’industria ucraina[xix] [19]. Ma l’UE non risulta particolarmente propensa ad aiutare Kiev: alla richiesta di quest’ultima di un prestito di 8 miliardi di dollari, infatti, Bruxelles ha risposto offrendone uno di 1 miliardo di euro (ossia circa 1,3 miliardi di dollari), e peraltro ha posto come condizione l’approvazione di tagli potenzialmente destabilizzanti per il Paese[xx] [20].

Nell’UE l’Ucraina sarebbe una seconda Grecia, mentre il suo habitat naturale sembra essere un’Eurasia dove il suo potere sarebbe secondo solo a quello di Mosca. Un Ucraino occidentale o particolarmente “patriottico” può dire che “l’Ucraina non è la Russia”, e ciò è sostanzialmente vero se si parla, ad esempio, di Leopoli o della Transcarpazia; ma, allo stesso modo, non è la Lettonia, e non ha la stessa propensione ai sacrifici che ha dimostrato Riga nel cammino che l’ha portata all’adozione dell’euro. Nella prima metà di ottobre Azarov ha dichiarato che “nulla vieta all’Ucraina di sottoscrivere l’Accordo di Associazione con l’UE e, nel contempo, creare un’area di libero scambio con l’Unione Doganale”[xxi] [21], ma quest’idea, all’apparenza la migliore soluzione per il Paese, non è fattibile per il tipo di rapporti che si sono venuti a creare tra Russia e Ucraina. I due Paesi, infatti, hanno frontiere sostanzialmente aperte, e l’abolizione dei dazi tra UE ed Ucraina provocherebbe, almeno secondo il Cremlino, un’invasione di prodotti europei a prezzi non gravati dai dazi sui mercati dell’Unione Doganale, rendendo così necessaria l’introduzione di misure protettive nei confronti di Kiev[xxii] [22]. Le perdite dovute alle sanzioni, a detta di Janukovič, si aggirerebbero attorno ai 15 miliardi di dollari, e ciò, per il Paese, sarebbe un’autentica pugnalata[xxiii] [23]. Il fatto che l’accordo di libero scambio con l’UE escluda i prodotti agricoli, che per l’Ucraina sono una delle maggiori merci di esportazione, non è propriamente di secondaria importanza.

La svolta del 21 novembre, che alcuni in Ucraina hanno già ribattezzato “il giovedì nero”, è senza dubbio una sconfitta non solo per l’Unione Europea, ma per l’intero Occidente, che malgrado l’impegno degli Stati Uniti si rivela più debole della Russia nello spazio ex-sovietico. Per la Russia, invece, si sta per chiudere un autunno denso di successi: la mediazione di Putin per prevenire l’intervento americano in Siria, la svolta eurasista dell’Armenia, le elezioni in Georgia e il miglioramento della posizione della Russia in una serie di indicatori economici. Ma la virata di Kiev verso l’Eurasia è tutt’altro che priva di risvolti positivi per l’Europa. La Russia forte e imperialista tanto osteggiata da politici europei e attivisti dei diritti umani, infatti, per l’Europa è di gran lunga meno pericolosa di una Russia debole. La Russia moderna, infatti, non è l’Unione Sovietica, e a differenza di quest’ultima non ha e né può avere ambizioni universaliste. L’assenza del ruolo dell’ideologia comunista obbliga il Paese a promuovere i propri interessi nel mondo non in quanto portabandiera della rivoluzione mondiale, ma in quanto Russia, e ciò riduce di molto il suo raggio d’azione impedendole di intervenire qualora non siano in gioco i propri interessi diretti o quelli di una nutrita schiera di cittadini russi o di Russi etnici. Allo stesso modo l’Unione Doganale, ispirata ai principi del libero mercato, non propone un ritorno al passato. Ma molte delle sfide che oggi la Russia si trova ad affrontare sono comuni all’Occidente: il fondamentalismo islamico, il traffico internazionale di stupefacenti, la stabilità di regioni potenzialmente a rischio come l’Asia Centrale. Per l’Europa, quindi, è di fatto più utile un’Ucraina filorussa che non un’Ucraina nell’UE: la prima contribuirebbe in maniera sostanziale al miglioramento della sicurezza e della situazione economica dell’Eurasia, la seconda si trasformerebbe inevitabilmente in una nuova Grecia. Ma, per vedere l’Ucraina fare domanda di ammissione nell’Unione Doganale (o, in alternativa, intraprendere seriamente il cammino dell’eurointegrazione), dovremo probabilmente attendere il 2015. L’anno delle prossime elezioni presidenziali.


[viii] [38] I contratti del 2009 sono stati la causa della condanna della Tymošenko a 7 anni di carcere per abuso di potere.

[xii] [45] R. Dragneva e K. Wolczuk, Russia, the Eurasian Customs Union and the EU: Cooperation, Stagnation or Rivalry?, Chatham House, Londra, 2012, p. 11.

TWO STUDIES ON NEO-EURASIANISM

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TWO STUDIES ON NEO-EURASIANISM

by Martin A. Schwarz

Ex: http://www.eurasia-rivista.org

Marlene Laruelle: Russian Eurasianism: An Ideology of Empire. Washington, D.C.: Woodrow Wilson Press/Johns Hopkins University Press, 2008, 288 p.

Alexander Höllwerth: Das sakrale eurasische Imperium des Aleksandr Dugin. Eine Diskursanalyse zum postsowjetischen Rechtsextremismus. Soviet and Post-Soviet Politics and Society, Vol. 59. Stuttgart: Ibidem Verlag 2007. 735 p.

Different strands of Russian Eurasianism (Laruelle, part 1)

Marlene Laruelle, a young but prolific French-American scholar, who has already published books about the classic Eurasianism and about its precursor in the 19th century, has now written “Russian Eurasianism. An ideology of Empire”, one of the first comprehensive academic studies of Neo-Eurasianism, or at least in the West. In difference to other works of this kind, the author sticks to her principles of impartiality, which does not mean that she does not present her own theories about history and function of Eurasianism as an “ideology of Empire”, but, in her own words “this book analyzes Neo-Eurasianism without judging it, for two reasons. First, I do not think one may, either methodologically or ethically, judge and analyze at the same time. Knowledge is a prerequisite of argument, but the former must precede the latter. Second, as Pierre-André Taguieff has remarked, ‘There is no need to put words into an author’s mouth or demonize him in order to critically examine theses that one believes must be opposed.’” (Laruelle, p. 13)
 
russian-eurasianism--an-ideology-of-empire.jpgAfter a brief introduction in which she points to the relevance of the subject, her different approach (as mentioned), and the specific weight of the personalities she choose for presentation, the first chapter is devoted to the original Eurasianism from 1920-1930. This is a rather brief outline, as she has already written a book on the subject (L’Idéologie eurasiste russe ou comment penser l’empire, Paris 1999) , and brings not many new or original informations about a movement, which was the “conservative revolution” á la Russe, borrowing from Fascism and Bolshevism, but denouncing their short-comings and “Western” features. Two things though seem to be central for Laruelle’s understanding of the Eurasianists: the notion of a “geographic identity” for Russians, instead of the Western self-understanding of a “historic” and therefore progressive understanding of the identity of nations (which of course was transferred as “historical materialism” to Russia, and also was promoted by liberals and – inverted – by nostalgic monarchists). Therefore the geographic orientation of Eurasianism lies at the core of the movement, but was paradoxically developed in the Western exile: “The Eurasianist doctrine must be grasped in its fundamentally provocative character. It was born of the malaise of young nationalists who were reluctant to integrate into the host culture and who refused to resign themselves to the thought that links with homeland were definitely broken. Their rejection of Europe can only be understood if we remember that it was elaborated in the West by those Russians who, culturally speaking, were the most Europeanized.” (p. 25) While it is undeniable true, that Eurasianism as self-affirmation could only become self-knowledge in the encounter and subsequently (at least partial) rejection of Western ideologies, Laruelle shows a tendency to psychologize the phenomenon: “(Eurasianism) attempts to theorize what is above all an experience and a feeling: the experience of young men in exile who feel humiliated by the defeat of the Whites and try to understand the reality of the motherland and stay in touch with it.” (p. 47)
 
Another paradox or ambiguity can be found in the Eurasianist re-evaluation of the Far Eastern part of Russian history and culture, the Mongolic and Islamic one. „(…) before Eurasianism in the 1920s, no Russian intellectual movement displayed a real openness to the Turko-Mongol world. Asia was only ever highlighted under the aspects of Aryanism; it was a mere detour to reinforced claims of Europeaness.“ (p. 4) While this heritage was now used by the Eurasianists as an argument for the distinction of Russia not only to Western Europe but also to Pan-Slavism, the religions and cultures of Buddhism and Islam as such were denigrated in favor of a militant Orthodox Christianity. As the final parts of this book are dedicated to the relation between (neo-)Eurasianism and Islam, this question has not to be answered at this point.
 
After this brief, not very differentiated presentation of the original Eurasianists, Laruelle looks more in detail in the thinking of the three most influential neo-Eurasianists. These are, in her words “the theories of ethnogenesis elaborated by the Orientalist Lev N. Gumilëv (1912-92); the fascistic geopolitics of the fashionable theorist Aleksandr Dugin (1962-); the philosopher Aleksandr Panarin’s (1940-2003) defense of a multipolar world.” (p. 2)
 
Lev Gumilëv, the missing link – or rather: not missing link – between “old” and “new” Eurasianism enjoys nearly universal popularity in Russia. His theories of Ethnogenesis are generally excepted and taught in schools and universities, often without reference to the Eurasianist Weltanschauung, although they are deeply connected with their organic understanding of peoples and societies. While Gumilëv shares with the Eurasianists the idea that the individual draws the meaning from the totality, Gumilëv’s theory of ethnos is definitively on the more biologistic and deterministic side of possible variations of this idea. One that, as I must say, does not fit well with the ideas of an supra-natural origin of culture, which is the normal religious concept, and also especially stressed by the representatives of integral traditionalism (René Guénon, Julius Evola, and others), whose ideas were introduced to neo-Eurasianism by Aleksandr Dugin and Geidar Dzhemal. As Laruelle writes, “he [Gumilëv] takes up the original Eurasianists’ organicism and radicalizes it, using numerous biological or even genetic metaphors with far-reaching political implications”, although “he does not, strictly speaking, develop a political theory; and […| he cannot be considered a partisan of conservative revolution.” (p. 82) Instead he stressed (as must remembered: in the time of Soviet stagnation of the Brezhnev era) very social conservative norms: endogamy, family life, respect for the elderly, the nation, and rejection of any challenge to the powers that be, all necessary for the survival of the ethnos. Laruelle considers him – understandably – “the least intellectually relevant and the least original (Neo-)Eurasianist.” (p. 82) As Gumilëv was neither in touch with Western intellectuals nor in tune with Soviet science , “his thought, the product of intellectual solitude, was fundamentally autistic” (p. 82), This result, if true, is by the way in striking contradiction to his notion of the supremacy of the collective ethnos as a sovereign whole, and also a total contrast to the very mercurial and alert ideologue of Neo-Eurasianism, Aleksandr Dugin, well-known in the West and very present in Russian media.
 
Before devoting space to Dugin, Laruelle discusses Aleksandr Panarin, whom she clearly favors. She calls him intellectually superior to Dugin and Gumilëv, or to be exact: she writes that “many”, but unnamed “Russian scholars” (p. 86) did consider him to be. Be this at it may, Panarin was in the Yeltsin era a promoter of “people’s capitalism” (p. 87) and in the Putin era an advocate of “the restoration of both Orthodox spirituality and Stalinist statehood.” (p. 88) Maybe he could be considered as flexible or opportunist as Dugin? Nevertheless he presented a “civilized Eurasianism”, “civilized” here being the indicator of “the exact opposite to Dugin’s variety.” (p. 88) Nevertheless Panarin became a member of the Central Council of Dugin’s Eurasian Party in 2002, and planned to write a foreword to a book by Dugin, but as Laruelle writes, “death put an end to this unlikely cooperation.” (p. 89) Panarin’s work was marked by the search for a third way, “between the West’s egalitarian universalism and the ethnic particularism of the non-European world.” (p. 93) Panarin’s model for an Eurasian Empire in his words, as quoted by Laruelle: “The principle of cultural pluralism, as well as attention and tolerance for different ethnocultural experiences are combined with a monist political authority that tolerates no opposition.” (p. 97) One of the intriguing but also problematic ideas of Panarin was the need for a combination of the Eurasian religions into something, what he calls the “Great Tradition” (p. 98), especially a fusion between Orthodox Christianity and Islam. In his quoted words: “We need a new, powerful world-saving idea that would ensure a consensus between Orthodox and Muslim culture for the benefit of a common higher goal.” (p. 99) Later he seemed to have abandoned this attempt in favor of an Orthodox supremacism and a renewed pan-Slavism, according to Laruelle in reaction to the NATO bombardment of Serbia. (p. 100)
 
The chapter on Aleksandr Dugin in titled “Aleksandr Dugin: A Russian Version of the European Radical Right?“ and was published before as a study by the Woodrow Wilson Institute in Washington, DC. While the title indicates the direction and the somewhat limited approach to the multi-faceted Dugin, it can be said that this attempt to analyze the influences of the New Right and the „Traditionalist school“ on Dugin’s theories is of much superior quality than the ramblings of the ubiquous Andreas Umland and his school of Dugin bashing. Like the New Right in Western Europe Dugin has attempted to adopt the teachings of Carl Schmitt, Karl Haushofer, Ernst Niekisch and Moeller van den Bruck, the so-called “Conservative Revolution” in Germany’s Weimar period, to the present situation of Russia, which largely means the attempted forced Westernization through Globalization and the counter-measures of the re-establishment of state power. This “conservative revolution” intellectual heritage is accompanied by two more currents, the New Right or rather: Nouvelle Droite, and the „integral Tradition“, both not so much of German but French and Italian origins, although the thinking of Alain de Benoist not only has a strong „Conservative Revolutionary“ foundation, but was also influenced by Armin Mohler, the personal link between Ernst Jünger and Carl Schmitt, and Alain de Benoist. Additionally and largely unrelated to Benoist was the Belgian European activist Jean Thirirat, whose model of an „European nation“ has preformed Dugin’s „Eurasian nation“ as much as the French Nouvelle Droite’s think tank GRECE and their meta-political approach did for the somehow fluctuating style of Dugin’s intellectual enterprises. Therefore Laruelle is not mislead, when she writes: “Dugin distinguishes himself from other figures in the Russian nationalist movements precisely through his militant Europeanism, his exaltation of the Western Middle Ages, and his admiration for Germany. All these ideological features contrast strongly with the ethnocentrism of his competitors.“ (p. 128)
 
Even more on the point is her acknowledgment of the influence of René Guénon and Julius Evola, and their minor intellectual allies and successors, on Dugin. She calls „Traditionalism“ the „foundation of Dugin’s thoughts“. While it can correctly be said, that the notion of a primordial Tradition as the common origin of all the religious-cultural traditions of Eurasia, can not be found in the writings of the „founding fathers“ of Eurasianism and was directly alien to some of their ideas – the rambling against the „Roman-Germanic civilization“ - , nevertheless Dugin could find only here the organic and integral solution to some of the most urgent problems of Russia’s Eurasian (com)position between Orthodoxy, Islam, Buddhism and other more minor elements: the transcendent – esoteric - unity of the exoteric different heirs of one primordial Tradition. Which is why – in our not Laruelle’s view – and without considering possible personal idiosyncrasy and political opportunism, his brand of neo-Eurasianism must be considered superior to those of his „competitors“, take for example the ill-fated attempt of Panarin’s Islam/Orthodoxy „melting pot“. Dugin’s claim of post-Guénonism because of his attempt to „Russify“ Guénon and to criticize the lack of references to Orthodox Christianity (p. 123), should be seen rather as a complementary effort. Similar is his attempt to reconcile Evolian „paganism“ (p. 123), or rather Aryanism, with Russian Christianity, with its strong national element. And not only of theoretically value is the distinction between Traditional Islam – as represented in the Sufi traditions and in Shiite Iran – and the Western-allied Wahhabite branch. In this context Laruelle makes reference to the important symposium “Islamic Threat or Threat against Islam?” (p. 118) which intended to establish a Russian-Muslim strategic partnership.

A „discourse analysis“ of Aleksandr Dugin (Höllwerth)

Alexander Höllwerth’s doctor thesis in Salzburg (Austria) on the „sacred Eurasian empire of Alexander Dugin“ impresses by it sheer quantity of more than 700 pages. The reader expects to gain access to fundamental texts of Russian neo-Eurasianism, otherwise only available in Russian. This expectation is fulfilled only partially because the author does give way to much space to his own objections, considerations and assumptions. A part called „contextualisations“, which brings nothing new, but gives an oversight of the historical Eurasianist movement, follows the book’s methodological reflections (reaching from Foucault’s discourse notion to Buruma’s occidentalism model).
 
Höllwerth then summarizes the literature from Stephen Shenfield („Russian Fascism“) to Andreas Umland (who is the editor of this volume and wrote its preface) on the biography of Aleksandr Dugin. He gives his estimation of the relationship between the subject of the book and the current Russian regime. Höllwerth states that Dugin is one of the few prominent intellectuals in Russia whom it is allowed to criticize the Kremlin without being banned from public discourse into the small niches of opposition media (which are rather the domain of Dugin’s enemies, the Western orientated liberals). Dugin has written in 2005 that the “acting of Putin can be evaluated as an artificially masked continuation of the pro-American, liberal, pro-oligarch strategy of Yeltsin, as a camouflage of the decline of Russia and its geopolitical spheres of influence.” (Höllwerth, p. 182) But this harsh assessment was followed by a phase of “reconciliation”. One could consider this as an evaluation of differing politics by a principled intellectual, the changes being on the side of the Kremlin and not on the side of the commentator. Höllwerth tends to mystify this point of view, but with the help of Dugin himself or rather his edition of Jean Parvulesco’s book “Putin and the Eurasian Empire” which differentiates between “Putin-1”, the real Putin, and “Putin-2”, the metaphysical Putin, the “mysterious builder of the Great Eurasian Empire of the End” (p. 184), the agent or tool of the great Eurasian conspiracy, a vulgarized or at least popularized variation of the initiation as described by René Guénon, but assuming in the sketch of Parvulesco rather counter-initiative features.
 
But what is the real and not “metaphysical” influence of Aleksandr Dugin, according to Höllwerth? “The attempt to estimate the ‘real political influence’ of Dugin is confronted with the difficulty to separate the plane of staging from the plane of factuality. This difficulty, with which the external scholar is confronted, seems to be part of a conscious strategy: the meaning of Dugin’s staging does, metaphorically put, not be to let the viewer look behind the scenery of the staging, but to focus his attention on the staging itself. (…) ‘Behind the scenery’ activities in connection with the Dugin phenomenon (secret services, political string-pullers, etc.) can not be excluded, are even probable, but should not lead to ambitious speculations based on few evidences.” (p. 194 f.) By the way, a sensationalist piece of work, based on such “ambitious speculations based on few evidences” was published by the same publishing house, which did not dare to include it in their scientific series and did flank it with cautious remarks. (Vladimir Ivanov: Alexander Dugin und die rechtsextremen Netzwerke. Fakten und Hypothesen zu den internationalen Verflechtungen der russischen Neuen Rechten. Stuttgart: Ibidem Verlag, 2007) And of course also with a preface by the inevitable Andreas Umland. A work to be put on the same shelve with Jean Parvulesco’s political fiction, but one has to admit that it has better entertainment value than Höllwerth’s rather sour work.
 
With page 197 starts the real discourse-theoretical body of the book, being also the real achievement of Höllwerth: „Dugin’s construction of world and reality“. Which is itself parted into three: Space, Order, Time, or also: Geopolitics, State, and History. But through these 500 pages goes one leitmotif: Höllwerth tries to reduce the complexity of Dugin’s system of synthesis and distinction to simple dualisms; we and the other, Eurasia (=Russia) against the West, Empire against democracy, etc., which are in return recognized as redundant repetitions of one and only mantra of power. After Dugin’s philosophy and policy has passed through Höllwerth’s mechanism of discourse analysis we arrive at exactly the same result, a more temporizing genius like Andreas Umland did achieve with one piece of paper and only two quotes of Dugin out of context: the exposure of a dangerous enemy of freedom and democracy. Vade retro, Dugin! But with Höllwerth’s help the Western reader can uplift himself by dining from a broad protruding self-affirmation of Western values with a more than saturating scientific apparatus.
 
The most compelling aspect of Höllwerth’s de- and reconstruction of Dugin’s discourse is its stringent structure. Also the obvious inclusion of the most important Western and Eastern authors must be noted. The confrontation with the matadors of Western liberalism (Jürgen Habermas, Sir Karl Popper, Bassam Tibi, Jean-François Lyotard) could be seen as helpful. But the extensive reproduced arguments of Dugin’s counter-parts are put on the same level of discourse with Dugin, even where Höllwerth notes the metaphysical character of Dugin’s traditionalists argument. The resulting impossibility of a dialogue between equals is construed by Höllwerth as a deficit of Dugin’s discourse.
 
Another example of Höllwerth’s inadequate approach: Höllwerth did indeed – and this is rather remark- and laudable - read the French metaphysician René Guénon. But only to point out the deviations of Dugin from the Guénon traditionalist “standard”, which is rather pointless, because Höllwerth himself has already classified Dugin correctly as Russian Evolianist (p. 355 ff.) and most of Höllwerth’s arguments seemingly advocating Guénon could also been directed against Julius Evola, and on this subject a large intra-traditionalist discussion could be cited. More than once Höllwerth argues that Dugin postulates a metaphysical dichotomy of East and West, while Guénon did stress the common original unity and only accepted a difference East-West since the decline of the West beginning with the modern era. But the West is the Occident, the sphere of sunset, by definition, and essential before the temporal decline began. So Dugin and Guénon are both correct, if they are read correctly!
 
Not unrelated is another important objection, which may indeed be problematic if true. This is the dependency of Dugin not only from Western authors in general, but also in his understanding of Eastern, meaning mainly Russian-Orthodox authors. Höllwerth tries to argue this in detail in some examples (for example: p. 664 ff.), this unfortunately cannot be assessed by me, due to my lack of knowledge of the Russian sources. But one thing is clear, this argument of Western influence can cut in two directions. Höllwerth points out that in one of Dugin’s best known texts “The metaphysics of national-bolshevism” Dugin does refer to Sir Karl Popper’s view of Platon, (p. 320 ff.) but everything the ideologue of the “open society” does characterize negatively is affirmed by Dugin, therefore he arrives at the holistic, total state of the philosophical rulers and the caste of watchers, this not through an adequate study of Platon, but as the reverse of an one-sided caricature made by Popper. If we see the Western history of philosophy not as a footnote to Platon, as was famously said, but as the decline from Platon to Popper, which really was the case, we can still see a partial truth in Höllwerth’s criticism of Western dependency by Dugin, but we have also to recast it into a much greater blame against the West, not to have remained true to its origin.
 
The adherence of Dugin to a kind – and which kind - of nationalism or a nation-transcending form of Eurasianism would be another question which would need a deeper consideration than Höllwerth provides. The question of nation can in the East not be separated from the confession. From the point of view of metaphysics and tradition (in the sense of René Guénon) most of the values attributed to the Russian nation should be rather connected with the Russian-Orthodox church. The formulation of the “angels of peoples” by the great Russian philosophers and theologians are thought from the premise of the identity nation=religion and correct for all authentic traditions but certainly not for nations in the modern Western sense, where Evola’s and Guénon’s critique of nationalism is totally applicable. Höllwerth’s attempt to find a contradiction between Dugin and the different strands of thought which convene in his own – traditionalist, conservative revolutionary, Orthodox and Russian – can therefore not be followed so easy.
 
Russia’s Eurasian mission, which lies in the simple fact to be Eurasia in the excellent sense (there is a incomplete Eurasia possible without China or India or Western Europe, but without Russia it makes to sense to speak from Eurasia), is not necessarily a chauvinism of thinking of itself as the hub of the world, but a fact of geopolitics, which can be confirmed by a look at the world map. If the space called Russia would be not be populated by Russians, there would be another people populating this space, and it would have to adopt to the stated property of large space, and would become exactly “Russian” in this way. Thus it becomes clear, why Höllwerth can quote Dugin’s definition of the being (Wesen) of the Russians as space (extension) (p. 401). All this is to keep in mind, when Höllwerth agitates himself on Dugin’s corresponding affirmation, that Russia is the whole (of Eurasia).


The difference between land (Eurasia) and sea (Anglo-America), coincident with rise and decline, Orient and Occident (in the afore mentioned sense of temporal difference by same origin in the metaphysical North, p. 212 ff.) would demand another thorough study. Höllwerth makes a lot out of the seemingly different use of the term “Nomos of the earth” (Nomos der Erde) by Carl Schmitt and Aleksandr Dugin. While Schmitt did mean the search for a new principle of international law for the whole globe, Dugin exclusively uses the phrase as synonym with “Nomos of the land” as contrasted with “Nomos of the sea” (p. 249). This dichotomy of laws according to the different Nomos is not the only problem of mediation, the intra-Eurasian and therefore more urgent is the juristic mediation of the different tradition, when according to Dugin the law is not universal but traditional (for each tradition) (p. 475 ff.). The “integral traditionalism” is exactly the only possible foundation to preserve the differences of the traditions while acknowledging their common and in this sense universal origin (the primordial Tradition). The “universalism” of traditionalism allows to stress the discerned internally and the common ground externally. Especially Hindu tradition and Islam have traditionally absolutely no problems in recognizing the other traditions as varieties of the one Tradition. (But Dugin may not evaluate these two as much as would be desirable, especially in their function of beginning and closing the cycle of mankind.) Finally it becomes absurd when Höllwerth in his “discourse analysis” regards the universalism of all traditions as structurally equivalent to the arrogant “universalism” of Western liberalism. On the one hand, favored by Dugin, the land-bound traditions take all part in the whole of Tradition (analogue to the classic model of idea by Platon), on the other hand, the Western universalism, championed by Höllwerth, is nothing more than a particular, very late development deviation from one specific tradition, the rejection of Western Christianity in its own boundary, and its violent expansion on the way of the world’s seas, postulating itself as the only valuable, and this exactly because it is anti-traditional (“enlightened”)!
 
Coping with Dugin’s philosophical and geopolitical notion of sacredness, Höllwerth seems to misled by a point of view, which he seems to have adopted from Mircea Eliade, a founder of the modern science of comparative religion (p. 209, p. 529 f.). A partial truth, the difference of profane and sacred, is been used as absolute segregation. There exist sacred places (and times), and on this the sacred geography (and sacred history) is founded, whose importance for Dugin’s geopolitics Höllwerth does carve out – much to his credit, as this level of argument is overlooked to often as pure rhetoric. But are there also in a strict sense profane things? “Come in, here do dwell Gods, too”, Heraclitus did say. Or, speaking with Guénon: there exists no profane thing, but only a profane point of view. Dugin seems to look at all questions also – certainly not only – in a metaphysical perspective, and in general he is able to explain why a certain political action is seen as necessary in this metaphysical perspective by him. This opens here the possibility of misuse through the sacralization of the profane, as on the other hand the profanization of the sacred in the West. The Western man is the one who takes the utilitarism as the measure for all things. The pure action – of which Julius Evola speaks - , which principle of not-clinging to the fruits of action has been affirmed by Dugin, the exact opposite of utilitarism, can only be seen as measure for the validity of Dugin’s decisions. To say, that he may not always be in the right in his metaphysical decisions is a different thing than saying he is guided by profane utility, as the sacred point of view does not make a saint. Höllwerth´s grasp of this problems is flawed because of his attempt to arrange the perceived oppositions into mirrored congruencies, instead of acknowledgment their structurally inequality, which would lead to the necessarily conclusion of the metaphysical superiority of the Eurasian tradition over its Western descent and rival.

Eurasianism and Islam (Laruelle, continuation)

In the last two chapters of her book Marlene Laruelle gives attention to the Muslim Eurasianists, first between the Muslim minorities of the Russian federation and then outside. This topic, though well-known by specialists, did not grasp the attention of a broader public as much as for example Dugin’s role in relation to the Kremlin. Therefore Laruelle’s retelling of the sometime short-lived organizational and personal development is very helpful, but can obviously not been retold in this review. In general there are two kinds of involvement of the Muslim minorities, one in specific Islamic Eurasianist parties, and the other the involvement of Islamic representatives in the general Eurasianist movement. There are two rival organizations representing the Muslim citizens of the Russian Federation, who were headed by two personal rivals, Mufti Talgat Tadzhuddin, who died shortly ago, and Mufti Ravil Gainutdin. The first was a member of Dugin’s party, close to the Kremlin, and a friend of the Russian patriarch Alexis II (p. 156), who coincidentally also died shortly ago. Gainutdin on the other hand keeps more distant to the Orthodox Church and the Kremlin (p. 158), and supports one of the more important Eurasianists rival of Aleksandr Dugin, Abdul-Vakhed V. Niizaov and his Eurasianist Party of Russia. (p. 161) The author summarizes the differences of the Muftis, which also reflect the differences of Dugin and Niizaov: “Tadzhuddin and Gainutdin embody two poles of traditional Russian Eurasianism: on the one hand, Russian nationalism and Orthodox messianism; and on the other hand, a more secular patriotism, which combines great-power ambitions with an acknowledgment of Russia’s multiethnic and multireligious character. Thus Eurasianism has become one of the crystallization points between the various Islamic representative bodies (…)” (p. 161 f.) Alongside these two mainstream bodies of Islam in Russia, there exist many smaller groups. One deserves special mention, the Islamic Commitee of Russia, lead by a former ally of Aleksandr Dugin, who broke with him on several issues, Geidar Dzhemal. The philosopher Dzhemal is an Azeri Shiite (Shiism being the dominant branch of Islam in Azerbaijan), with a close relation to the Islamic Republic of Iran, what separates Dzhemal from the other mentioned Muslim representatives. Strangely this fact is not mentioned by Laruelle. What she stresses, is the importance Dzhemal gives to Islam for securing Russia’s future: “Dzhemal […] states: ‘Russia’s only chance to avoid geopolitical disappearance is to become a Islamic state.’ Thus the movement remained on the borderline of Eurasianism, because it talked of conversion rather than cultural symbiosis ” (p. 147) Dugin’s apparently strong opposition to any conversions on the other hand is self-contradictory given his heavy reliance of his “Traditionalist” foundation on the teaching of René Guénon, also known as Sheikh Abd al-Wâhid Yahya. But it cannot neglected that the Orthodox-Islamic tension in the Eurasianist movement is as much ethnic as religious. The Turkic people can claim to represent “Eurasia” even more than Russians do. “In this view, the Russian people are European and party alien to Eurasia, as opposed to the Turkic people, who are considered to better illustrate the great meeting between Europe and Asia. Russia is no longer understood as a great power but as the most backward part of Europe, by contrast with the dynamism of the Far East and China.” (p. 169) A certain ambiguity in this question goes back to the classic Eurasianist movement of the Twenties of the last century, as Laruelle earlier in a different context has already stated: “Eurasianism’s place within the Russian nationalist spectrum has remained paradoxical due to the fact that it can be interpreted in either a ‘Russocentric’ or a ‘Turkocentric’ way. However, the paradox is not simply in the eye of the outside beholder; it has also divided the Neo-Eurasianists, who have accused each other of advocating the supremacy of one people over another.” (p. 5)
 
Naturally there is no question on which side the Eurasianist interpretation leans in the cases of Turkish Eurasianism outside of Russia, which is the final topic of this manifold book. In Kazakhstan one can state a “Eurasianism in Power” (p. 171), but a pragmatic Eurasianism this is, without any of the eschatological or traditionalist features of Dugin’s world-view. But Kazhakh Eurasianism as a whole is a multifaceted movement: “’Eurasianist’ Kazakh nationalism has several embodiments: a literary tradition introduced by Olzhas Suleimenov; a highly pragmatic variety used by the presidential administration; and a type of Eurasianist rhetoric that merely masks a much more traditional view of the nation and its right to exist, and mentions Russia only in the negative.” (p. 172) Suleimenov being a friend and ally of Lev Gumilëv (p. 175) and an apologist of “multiethnicity, tolerance, and diversity”, as characteristics of Eurasia. (p. 175) Also present in this intellectual Eurasianism seems to be a religious syncretism, “embracing all the religions that have ever (co)existed in the steppe. For example, the Kazakh Eurasianists make a great deal of archaeological traces of Nestorian Christianity, Zoroastrianism, Buddhism, and Shamanism, trying to go beyond the classic Orthodox-Islamic dualism.” (p. 176) President Nazarbaev proposed a “Union of Eurasian States” already in 1994 (p. 177) and embodies a mainly “economically based Eurasianism, whose integrationists ideas are popular among those who have suffered from the breakdown of links between the former Soviet republics.” (p. 177) But Nazarbaev is nothing less than an ideology-free technocrat, he has written even a book “In the stream of history”, in which he claims the Aryan and sedentary origin of Kazakhstan, predating the Mongol nomadic arrival. (p. 186) Additionally, the country’s Muslim character of the country is stressed, and Nazarbaev is proud of the global Islamic relevance Muslim scholars of Kazhakh origin like Al-Farabi and Al-Buruni.
 
Finally the only example of Eurasianism beyond the border of the former Soviet Union, studied by Laruelle, is the case of Turkey. Here the Eurasianist claim of the Turkish people goes along with the implication, “that Russia and Turkey are no longer competing for the mythical territory of Inner Asia – which both Eurasianists and pan-Turkists claim as their people’s ancestral homeland – but are Eurasian allies.” (p. 171) Laruelle starts by postulating common ideological roots of Eurasianism and Turkism, the “official Turkish state discourse on the nation’s identity” (p. 193), in romanticism and “Pan-“Ideologies (p. 188), but this seems to be rather a feature of Pan-Slavism than of Eurasianism with its re-evaluation of the non-Russian strands of the Empire. A similar development in the development from Turkism to Avrasyanism seems to be lacking. Rather it can be seen as a turning the back to the West, to which Mustafa Kemal, the so-called Atatürk (Father of the Turks), wanted to direct the aspirations of the Turks. The author states the original competition between the Turkish Avrasyian tendency and the Russian Eurasianist movements, similar to the natural antagonistic relation of nationalisms. But the interesting developments are the recently “attempts (…) to turn the two ‘Eurasias’ into allies rather than competitors” and parallel “a Dugin-style ideologization of the term in response to American adcendancy.” (p. 198) The few pages Laruelle dedicates to these developments are rather brief, and she has in the mean time published a more extensive study (Russo-Turkish Rapprochement through the Idea of Eurasia: Alexander Dugin’s Networks in Turkey, Jamestown Foundation, Occasional Paper, 2008), which itself has been overtaken by the dismantling of large parts of these „networks“ through the Ergenekon affair, but which is definitively outside the scope of this review.
 
The different manifestations of Eurasianism in this book leave the author and the reader with the question of the unity of Eurasianists idea. Laruelle states that Eurasianism is “a classic example of a flexible ideology. This explains its success, its diversity, and its breadth of coverage.” (p. 221) Without arguing about sheer words the author cannot be followed in her strict subsumption of Eurasianism under the term nationalism. At least a more nuanced view of nation in a more traditional sense, common to both Orthodox and Islamic thinking, in difference to the Western concept of nation-state (as I discussed in the part on Höllwerth) would have to be considerated instead of stating that the Eurasianists “concept of ‘civilization’ is only a euphemism for ‘nation’ and ‘empire.’” (p. 221).

 


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samedi, 07 décembre 2013

L’ARRIÈRE-PAYS ROUMAIN DE JEAN PARVULESCO

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L’ARRIÈRE-PAYS ROUMAIN DE JEAN PARVULESCO

par Claudio Mutti

Ex: http://www.eurasia-rivista.orginv

 

Le texte suivant reproduit l’intervention du directeur d’”Eurasia” au colloque sur Jean Parvulesco qui a eu lieu à Paris le 23 novembre 2012.

Ma première rencontre avec le nom de Jean Parvulesco date du 1974, quand j’étais l’objet d’attention des mêmes juges italiens qui, dans le cadre d’une enquête politique, s’intéressaient aussi à ce mystérieux roumain lequel appelait à être prêt pour le Endkampf (un mot très suspect aux yeux des chasseurs de sorcières, qui, dans leur orthographe, devenait endekampf) (1).

Selon les enquêteurs, le Roumain aurait voulu réaliser, avec deux des accusés, un accord fondé sur deux points: “a) adhésion à la politique de lutte internationale contre le bipolarisme russo-américain dans la perspective de la ‘Grande Europe’, de l’Atlantique aux Ourals; b) contacts avec les forces du gaullisme et du neutralisme eurasien qui se proposaient cette ligne internationaliste” (2).

Trois ans après, en 1977, je lus dans le bulletin “Correspondance Européenne”, dirigé par Yves Bataille, un longue article intitulé L’URSS et la ligne géopolitique, qui semblait confirmer les bruits diffusés par quelques “dissidents” soviétiques au sujet de l’existence d’une mouvance pro-eurasienne agissant plus ou moins clandestinement de l’intérieur de l’Armée Rouge.

J’ai publié la traduction de cet article dans le premier numéro (janvier-avril 1978) d’une petite revue italienne qui s’appelait “Domani”.

L’auteur en était Jean Parvulesco, qui résumait dans la façon suivante les thèses fondamentales de certains milieux russes présentés comme “les groupes géopolitiques de l’Armée Rouge”, thèses exprimées dans une série de documents semi-clandestins arrivés en sa possession.

1. Le “Grand Continent” eurasiatique est un et indivisible, “de l’Atlantique au Pacifique”.

2. La politique européenne de la Russie soviétique ne saurait donc être qu’une politique d’unité continentale, solidaire avec une Europe intégrée autour de la France et de l’Allemagne.

3. L’unité du Grand Continent eurasiatique doit être poursuivie, aussi, à travers la mise en place d’une structure de relations économiques et politiques avec l’Afrique, le Monde Arabe, le Japon, l’Indonésie.

4. L’ennemi fondamental de l’unité géopolitique eurasiatique reste les Etats-Unis.

5. La mission historique de la Russie n’est pas terminée, elle ne fait que commencer.

Selon un “mince livret” cité dans l’article de Parvulesco, le jour de la mort de Staline trois saints staretz étaient partis à pied de Kiev, en assumant, chacun d’eux, la responsabilité apostolique du renouveau final de l’Orthodoxie dans une aire culturelle du Continent. Des trois staretz, Élie prit la Russie, Alexandre la “Grande Sibérie” e Jean l’Europe.

Ce dernier, Frère Jean, bien que poursuivi pendant des années par la Securitate roumaine, aurait produit par sa seule présence sur place le “changement intérieur” du régime communiste de Bucarest.

Pour soutenir cette affirmation, Parvulesco évoque le témoignage du roman Incognito de Petru Dumitriu, paru en 1962 chez les Éditions du Seuil.

480.jpgPetru Dumitriu (1924-2002) a été un romancier roumain, dont le chef-d’oeuvre, Cronica de familie, a été également publié en France par Seuil, en 1959. En 1960, voyageant en Allemagne de l’Est, il passa clandestinement à Berlin Ouest et demanda asile politique aux autorités françaises, qui le lui refusèrent; il l’obtint en Allemagne Fédérale. Ensuite il vécut à Frankfurt et à Metz, où il mourut en 2002.

Le Frère Jean qui figure dans Incognito de Petru Dumitriu est vraisemblablement l’alter ego littéraire du moine russe Ivan Koulyguine (1885- ?), représentant d’un filon hésychaste remontant au grand staretz ukrainien Païssius Vélitchkovsky (1722-1794), qui vécut au XVIIIe siècle au monastère de Neamtz en Moldavie et ensuite à Optina Poustyne.

En novembre 1943 le Père Ivan Koulyguine s’était enfui de l’Union Soviétique avec le métropolite de Rostov et avait trouvé refuge dans le monastère Cernica, près de Bucarest. Appelé en Roumanie Ioan Străinul, c’est à dire Jean l’Étranger, le Père Ivan devint le guide spirituel du Buisson Ardent (“Rugul Aprins”), un groupe d’intellectuels roumains qui se proposait de ranimer la tradition hésychaste.

Ivan Koulyguine fut arrêté par les Soviétiques en octobre 1946; poursuivi en justice et condamné en janvier 1947 à dix ans de travaux forcés, il fut transféré en URSS, où l’on perdit sa trace.

Jean Parvulesco n’est pas le seul à parler d’un “changement intérieur” produit en Roumanie par l’action de Frère Jean, c’est à dire du Père Ivan.

Aussi Alexandru Paleologu, qui a été ambassadeur de la Roumanie à Paris, a écrit qu’après la libération des survivants du groupe du Buisson Ardent, qui eu lieu grâce à l’amnistie voulue par Gheorghiu-Dej, “les nouvelles générations, les jeunes assoiffés de Dieu, (…) devinrent, en quelque sorte, les témoins au deuxième degré d’un mouvement chrétien qui a su jouer un rôle encore plus important qu’on aurait pu le croire et qui, à la vérité, s’avérait être de ‘longue haleine’ et d’une influence profonde” (3).

Ensuite, j’ai trouvé l’état civil de Jean Parvulesco dans une fiche de la Securitate roumaine rédigée dans les années ’50, que je vais traduire:

“Jean Pîrvulescu, fils de Ioan et de Maria, né le 29 septembre 1929 à Piteşti, dernier domicile à Craiova, str. Dezrobirii n. 25. En 1948 il a disparu de son domicile et il a passé frauduleusement la frontière; en 1950 il a écrit de Paris, France, à ses proches en RPR. En 1956 on a signalé que, avec l’espion Ieronim Ispas, il était sur le point de venir en Roumanie sous couverture du rapatriement, en mission d’espionnage. Dans le cas où il est identifié, il doit être arrêté” (4).

Piteşti, la ville natale de Jean Parvulesco, se trouve au bord de l’Argeş, une rivière qui constitue le scénario d’une fameuse légende roumaine: la légende de Maître Manole, constructeur de ce monastère de Curtea de Argeş qui fut commissionné par Negru Voda, duquel la mère de Jean Parvulesco serait une descendante.

Piteşti est située très près de la région historique de l’Olténie, dont Craiova est la capitale. Dans cette même région se trouve la localité de Maglavit, où, depuis le 31 mai 1935, un berger illetré du nom de Petrache Lupu (1908-1994) était le destinataire des communications d’une entité qu’il appellait Moşul, c’est à dire “le Vieux”, et qui était considérée comme une sorte de théophanie. “À Maglavit et dans les alentours – rapporte la presse de l’époque – prévaut un état d’esprit complètement nouveau. Les gens ont accueili les exhortations de Petrache Lupu à chercher de s’imposer un type de vie différent” (5).

L’écho que ces événements ont en Roumanie (on parle de la “psychose de Maglavit”) conduit Emil Cioran à changer d’avis sur le scepticisme du peuple roumain et à placer ses espoirs en un prochain grand phénomène spirituel et politique. “On ne peut pas dire – écrit Cioran – ce qu’il sera; mais on peut dire que, s’il ne naît pas, nous sommes un pays condamné” (6).

valsan.JPGMihai Vâlsan (1911-1974) reçoit du voyant de Maglavit une sorte de “bénédiction” (binecuvântare); et, comme les messages du “Vieux” semblent annoncer aux Roumains que leur terre deviendra le siège d’un centre spirituel comme l’avait déjà été la Dacie dans l’antiquité, Vâlsan pense que tout cela a affaire avec le Roi du Monde. On connaît le développement de cette histoire.

Ce qui peut nous intéresser ici, c’est la position de Parvulesco face à ces deux Roumains d’expression française – Cioran et Vâlsan.

Pour ce qui est de Cioran, Parvulesco a dit dans un entretien avec Michel d’Urance paru dans “Éléments”: “Je porte encore en moi le deuil atroce que j’avais ressenti devant l’effroyable auto-mutilation que Cioran avait infligée à son génie profond, à son inspiration la plus intime, afin qu’il puisse se faire relativement admettre au banquet des noces démocratico-marxistes d’après la guerre – qui battait alors son plein. Le nihilisme de Cioran, aussi loin qu’il pût aller, n’avait jamais représenté un choix doctrinal, n’ayant en aucun cas constitué que le signe exacerbé d’un constat de désastre face à l’effondrement en cours de la civilisation européenne tout près de sa fin” (7).

Quant à Michel Vâlsan, Jean Parvulesco a dû voir en lui, dans quelque façon, l’intermédiaire secret entre l’enseignement de René Guénon et le Général De Gaulle.

Dans La spirale prophétique il se demande: “Quels sont (…) les rapports encore présents et les rapports à venir entre l’oeuvre de René Guénon et celle de Michel Vâlsan? Y a-t-il eu, y a-t-il, de l’une ou l’autre, la continuation d’un même ministère, exclusivement, ou bien l’oeuvre de Michel Vâlsan apparaît-elle, ou commencerait-elle à apparaître comme la proposition, comme le fruit ardente d’une spécification déjà differenciée?” (La spirale prophétique, p. 75). En tout cas, Parvulesco était convaincu de “l’existence d’une convergence voilée mais très profonde entre l’enseignement de René Guénon et les dimensions confidentielles, voire occultes, de l’action historique et transhistorique entreprise par Charles de Gaulle (…)” (8).

Si nous devions ajouter foi aux dires de Jean Robin, Michel Vâlsan aurait joué un rôle occulte auprès de “ce grand guénonien que fut le général de Gaulle” (9), rangé par Vâlsan lui-même – toujours selon Jean Robin – parmi les “préfigurations du Mahdi” (10) qui se sont manifestées au XXe siècle. Rapportant une information qu’il déclare avoir recueillie auprès de “certains disciples de Michel Vâlsan” (11), Jean Robin fait allusion à une correspondance épistolaire entre Vâlsan et le Général, ainsi qu’à une “mystérieuse initiation” que le premier aurait transmise au second dans les jardins de l’Élysée; il ajoute que Vâlsan était en mesure d’annoncer à l’avance à ses disciples les décisions de Charles de Gaulle y compris les moins prévisibles.

Cependant, Michel Vâlsan ne figure pas dans la liste des écrivains qui, selon ce que Parvulesco dit dans l’entretien paru dans “Éléments”, “ont le plus compté pour [lui], qui ont souterrainement nourri [son] oeuvre”. Il s’agit d’une liste de trente-six auteurs, parmi lesquels il y a Virgile et Dante, Rabelais et Pound, Gobineau et Saint-Yves d’Alveydre; on y trouve aussi Haushofer, Hamsun, Drieu La Rochelle, Céline, Guénon, Corbin, Heidegger.

vasile.jpgLe seul compatriote que Parvulesco ait cité dans cette liste est “Basile Lovinesco”, c’est à dire ce Vasile Lovinescu (1905-1984) qui nous a donné l’exégèse hermétique de la légende de Maître Manole.

D’ailleurs, lorsque dans La spirale prophétique nous lisons la phrase sur les “remanences carpathiques de l’ancien culte du dieu Zamolxis” (12), c’est bien Vasile Lovinescu qui nous vient à l’esprit, avec son essai sur la “Dacie hyperboréenne”, écrit sous le pseudonyme de “Géticus” et originellement paru en français dans plusieurs livraisons de la revue “Études Traditionnelles” en 1936-1937.

Pour ce qui est de Mircea Eliade, dans l’entretien avec Michel d’Urance Jean Parvulesco dit que, selon une information qu’il avait reçu à la rédaction d’”Etudes”, Jean Daniélou aurait demandé à Eliade, sur instance du pontife Pie XII, de s’engager dans un travail intellectuel ayant pour but d’exposer une nouvelle vision de l’histoire des religions, pour combattre dans les milieux universitaires l’hégémonie culturelle du marxisme et de ses dérivés. L’engagement d’Eliade dans cette entreprise, observe Parvulesco dans l’entretien citée plus haut, “ne lui a plus permis de tellement s’occuper de littérature, alors que ses romans roumains d’avant la guerre, ainsi que ses nouvelles plus récentes, n’avaient pas cessé d’administrer  la preuve éclatante de son extraordinaire vocation de romancier”.

Parvulesco nous dit que deux nouvelles d’Eliade, Minuit à Serampore et Le secret du Docteur Honigberger (respectivement parues en Roumanie en 1939 et en France chez Stock en 1956 et 1980), recèlent une conception tantrique occulte et interdite envisageant la suspension et le changement du cours et de la substance même de l’histoire (13).

Il nous dit encore que tous les grands romans roumains écrits par Eliade avant la guerre “instruisent pathétiquement le procès de cette génération [c'est à dire la "nouvelle génération" roumaine entre les deux guerres mondiales, génération, il dit,] de hauts mystiques sacrifiés dans un dessein très occultement providentiel, et qui eurent à subir, en quelque sort, l’épreuve de l’immolation sanglante jusqu’à l’avoir eux-mêmes inexorablement attirée sur eux” (14).

Parmi les romans éliadiens d’avant-guerre, c’est surtout Le retour du Paradis (Întoarcerea din rai) qui a touché Parvulesco, et cela à cause d’une citation poétique insérée dans ce texte. Il écrit: “C’est en lisant, adolescent encore, Le retour du Paradis de Mircea Eliade que j’avais en effet pris conscience des pouvoirs suprahumains contenus dans un hymne orphique de Dan Botta, qui s’y trouvait cité (sans doute très à dessein, je ne le sais plus). Quarante ans après, des fragments de l’hymne orphique de Dan Botta viennent me hanter encore. (…) Ce fut à l’instant même de la première lecture de l’hymne orphique de Dan Botta que Chidher le Vert est venu se saisir de moi, porté par le sommet d’une immense vague de lumière verte, supracosmique, lumière fondamentale (…) de la Voie Deltaïque, qui concerne l’humanité dans les cycles de son devenir impérial occulte d’avant et d’après le cycle actuel, Voie Deltaïque régie, dans les abîmes, par la divine Una, la jeune femme verte, la vierge supracosmique dont le nom et la figure irradiante se perpétuent irrationnellement dans les remanences carpathiques de l’ancien culte du dieu Zamolxis” (15).

Le roumain Dan Botta (1907-1958), poète, dramaturge, essayiste, philologue, traducteur de Sophocle, Euripide, Shakespeare, Villon et Poe, appartenait à la “nouvelle génération” et adhéra au mouvement légionnaire; il fut membre du comité de direction de l’Encyclopédie Roumaine et fonda en 1941 la revue “Dacia”.

Comme poète, il débuta en 1931 avec un volume de vers intitulé Eulalii et préfacé par Ion Barbu (1895-1961), dans lequel se trouve la plus célèbre de ses créations poétiques, Cantilena, écrite dans les formes et les rythmes d’une poésie populaire. Or, l’”hymne orphique de Dan Botta” est justement Cantilena et le passage cité par Eliade qui a hanté longuement Jean Parvulesco est le suivant:

Pe vântiri ascult

Orficul tumult 

(…) 

Oh, mă cheamă-ntruna

Palida nebuna 

Fata verde Una, 

Şi-n mine se strânge 

Piatra ei de sânge…

Parvulesco nous en donne une belle traduction, un peu libre, faite vraisemblablement par lui même:

exposé sur les hauts vents

un orphique tumulte j’entends

quand elle dresse soudain sa lyre,

la fille verte de mon délire

Una, et qu’en moi se tend

la pierre rouge de son sang.

Dans le même chapître du Retour du Paradis où sont cités les vers de Cantilena, quelques personnages du roman d’Eliade essayent de comprendre pourquoi la femme aimée par le protagoniste, Anicet, porte le nom de Una; l’un d’eux pense à la Junon des Etrusques, qui s’appellait Uni, tandis qu’un autre pense au Dialogue entre Monos et Una de Edgar Poe. Mais on n’arrive pas à une explication conclusive.

En 1960, vingt-six ans après la publication du Retour du Paradis, Mircea Eliade est revenu sur les vers de Cantilena, écrivant dans une revue de l’émigration roumaine: “Pour Dan Botta, le monde devenait réel quand il commençait à révéler ses structures profondes; c’est à dire, quand l’oeuil de l’esprit commence à saisir, derrière les apparences, les images éternelles, les figures mythiques. Tu pénétrais dans le mystère d’une nuit d’été quand tu arrivais à te la révéler comme dans ces vers de Cantilena: ‘Pe vântiri ascult – Orficul tumult – Când şi ardică struna – Fata verde, Una, – Duce-i-aş cununa…‘ Alors le cosmos entier dévoilait ses significations profondes, car le vent, la lune étaient la chiffre de mythes et drames anciens, qui faisaient déjà partie de l’histoire spirituelle de l’homme. Plus exactement: de l’homme balcanique, entendant par ce terme ethno-géographique toute l’Europe de l’est (…) Dan Botta avait un faible pour ce territoire (…) Dans une certaine façon c’était une géographie sacrée, parce que sur ces plaines et ces montagnes les hommes avaient rencontré Apollon et Dionysos, Orphée et Zamolxis” (16).

Zamolxis la Genghis-Han.jpgLa relation entre la suprême divinité des Daces et l’activité de Eliade a été soulignée par Jean Parvulesco, qui, à propos des “remanences carpathiques de l’ancien culte du dieu Zamolxis”, écrit: “D’ailleurs, juste avant la dernière guerre, Mircea Eliade n’avait-il pas commencé l’édition d’une collection de cahiers de l’histoire des religions intitulée, précisément, Zamolxis ?” (17).

Pour revenir à la “fille verte Una”, il faut citer un autre passage de La spirale prophétique, qui est le suivant: “Je rappelle que, dans certains groupements spirituels des plus spéciaux et actuellement des plus retirés, c’est le 7 juillet [rappellez cette date] que des rassemblements se font, à l’abri du plus parfait secret, pour célébrer la ‘déesse verte’ Una, l”infiniment absente, l’infiniment lointaine, l’infiniment silencieuse mais qui, bientôt, ne le sera plus’ ” (18).

Dans “la fille verte Una” (fata verde Una) évoquée par Dan Botta, Eugène Ionesco y a vu une épiphanie de Diane rattachable à la mythologie légionnaire, probablement parce que la couleur verte était la couleur symbolique de la Garde de Fer.

Mais il faut dire, aussi, qu’en Dacie on a trouvé des nombreuses inscriptions dédiées à Diane (Diana regina, vera et bona, mellifica), avec laquelle a été identifiée une divinité traco-gétique.

Il faut ajouter que le nom latin de Diana a produit en roumain le mot zână, qui signifie “fée”, tandis que Sancta Diana a donné origine à la forme plurielle Sânziene. Le Sânziene sont fêtées dans la nuit du 24 juin, une fête solsticiale qui coïncide avec la nativité de Saint Jean le Baptiste. C’est précisement cette nuit la “nuit d’été” que Eliade – dans le passage que je viens de vous lire – a mis en relation avec les vers de Cantilena qui hantaient Jean Parvulesco.

Je rappelle aussi que Noaptea sânzienelor, “La nuit des fées”, est le titre d’un roman de Mircea Eliade (publié en 1955 chez Gallimard avec le titre de Forêt interdite), où le protagoniste, Ştefan Viziru, se trouve emprisonné avec les légionnaires à Miercurea Ciuc, exactement comme le fut Mircea Eliade.

Or, Jean Parvulesco a écrit un texte mystique qui s’appelle Diane devant les Portes de Memphis, imprimé exactement le 7 juillet 1985 et présenté comme une liturgie de Diane.

Qui est donc cette Diane célébrée par Jean Parvulesco? D’après ce qu’il dit, on la peut l’identifier avec la mystérieuse “femme couverte de soleil, la lune sous ses pieds et couronnée dedouze étoiles” (19) qui se tient, dit Parvulesco, au centre de la future civilisation impériale eurasiatique.

Ici il faut donc souligner une autre convergence essentielle entre Mircea Eliade et Jean Parvulesco. C’est leur commune reconnaissance du destin unitaire du Continent eurasien. Dans ses entretiens avec Claude-Henri Rocquet, Eliade déclarait avoir découvert qu’en Europe “les racines sont bien plus profondes que nous l’avions cru (…) Et ces racines nous révèlent l’unité fondamentale non seulement de l’Europe, mais aussi de tout l’ékoumène qui s’étend du Portugal à la Chine et de la Scandinavie à Ceylan” (20).

Presque simultanément, Jean Parvulesco s’engageait dans les voies de l’avènement de la nouvelle Europe grande-continentale, de l’ « Empire Eurasiatique de la Fin ».

1. Fiasconaro e Alessandrini accusano. La requisitoria su la strage di Piazza Fontana e le bombe del ’69, Marsilio, Padova 1974, p. 231.

2. Fiasconaro e Alessandrini accusano, cit., p. 142.

3. André Paléologue, Le renouveau spirituel du “Buisson Ardent”, “Connaissance des Religions”, avril 1990, p. 132.

4. Mihai Pelin, Culisele spionajului românesc. D.I.E. [Direcţia de Informaţii Externe] 1955-1980, Editura Evenimentul Românesc, Bucarest 1997, p. 42.

5. H. Sanielevici, Rasa lui Petrache Lupu din Maglavit, “Realitatea Ilustrată”, IXe année, n. 447, 14 août 1935.

6. E. Cioran, Maglavitul şi cealalta Românie, “Vremea”, VIIIe année, n. 408, 6 octobre 1935, p. 3.

7. Jean Parvulesco: “Une conscience d’au-delà de l’histoire”. Propos recueillis par Michel d’Urance, “Éléments”, 126, Automne 2007, pp. 54-57.

8. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, Guy Trédaniel, Paris 1986, p. 76.

9. Jean Robin, René Guénon. La dernière chance de l’Occident, Guy Trédaniel, Paris 1983, p. 9.

10. Jean Robin, Les Sociétés secrètes au rendez-vous de l’Apocalypse, Guy Trédaniel, Paris 1985, p. 211.

11. Jean Robin, Les Sociétés secrètes au rendez-vous de l’Apocalypse, cit., p. 335.

12. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, cit., p. 325.

13. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, pp. 255-256.

14. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, pp. 324-325.

15. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, p. 325.

16. Mircea Eliade, Fragment pentru Dan Botta, “Prodromos”, 7, juillet 1967, p. 21.

17. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, pp. 325-326.

18. Jean Parvulesco, La spirale prophétique, pp. 328.

19. Jean Parvulesco: “Une conscience d’au-delà de l’histoire”. Propos recueillis par Michel d’Urance, cit., p. 53.

20. Mircea Eliade, L’épreuve du labyrinthe. Entretiens avec Claude-Henri Rocquet, Pierre Belfond, Paris 1978, p. 70.

La Thaïlande tournera-t-elle la page de la démocratie « à l’occidentale » ?

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La Thaïlande tournera-t-elle la page de la démocratie «à l’occidentale»?

Eric Miné

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

La Thaïlande tournera-t-elle la page de la démocratie « à l’occidentale » ? C’est la question qui se pose au regard des récents développements de l’épreuve de force engagée depuis plusieurs semaines déjà dans le royaume par l’ancien vice-premier ministre Suthep Thaugsuban et ses alliés – les « jaunes » – contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, sœur du milliardaire en exil Thaksin, déposé lui-même par un coup d’État militaire en 2006. La radicalisation des dernières heures, qui ont vu les opposants prendre le contrôle à Bangkok de plusieurs ministères et de la télévision publique, ainsi que les premiers morts et les heurts violents qui ont eu lieu entre les affidés de la famille Shinawatra – les « rouges » – et les étudiants de l’université Ramkhamhaeng qui n’ont dû leur salut qu’à l’intervention de l’armée, pourraient bien faire basculer celle-ci en faveur d’un mouvement qui tourne à l’insurrection générale. La porte serait dès lors ouverte à une modification substantielle du régime. Là est le véritable enjeu.

Du complexe gouvernemental de Changwathana qu’occupent les chefs de la rébellion réunis sous la bannière du « Comité du Peuple pour la démocratie absolue thaïlandaise sous la monarchie constitutionnelle », Suthep Thaugsuban, avec le soutien du principal parti d’opposition parlementaire, a en effet clairement indiqué son objectif. Constatant que les élections étaient de plus en plus biaisées par les pratiques corruptives d’un capitalisme international sans scrupules abusant de populations naïves – les Shinawatra en étant l’avatar local –, il entend suspendre la démocratie électorale au profit d’institutions plus représentatives de la nation, reprenant en cela pour partie les revendications insatisfaites des ultra-royalistes du Pad qui avaient bloqué en 2010 les aéroports de la capitale et provoqué la chute d’un précédent gouvernement pro-Thaksin. Si ceux-ci voulaient alors tempérer le pouvoir des députés issus du vote par l’instauration à la chambre de corps désignés pérennes – aristocratique, militaire et religieux –, il semble que Suthep inclinerait davantage vers une expression plus corporatiste des volontés du peuple, mais dégagée tout autant d’une contrainte des urnes jugée aujourd’hui sous ces cieux fauteuse de troubles.

Si l’on en juge par l’élan général et l’enthousiasme suscité, nonobstant les médias occidentaux qui ne voudraient voir dans ces événements que la répétition d’une crise sociale récurrente qui verrait s’opposer des « élites citadines gravitant autour du palais » à des « masses rurales défavorisées du nord-est », il s’agit bien là d’une révolte populaire visant à sauver les intérêts vitaux et les valeurs fondatrices d’un pays qui a su jusque là s’accommoder de la mondialisation tout en préservant ses traditions et ses règles. Ce qui est condamné là-bas, c’est précisément notre modèle démocratique prétendument universel, mais de fait idéologique, daté et occidental.

Si l’entreprise de Suthep Thaugsuban devait être couronnée de succès, elle pourrait ainsi donner des idées à d’autres qui souffrent tout autant ailleurs d’un système n’engendrant plus qu’une représentation collective erronée des peuples pour mieux les soumettre à ses dérives financières, consuméristes et totalitaires.

La portée de ce qui se joue aujourd’hui à Bangkok va donc bien au-delà des frontières d’un royaume tropical prisé des touristes pour ses cocotiers et son sourire.

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Eerste topbankiers naar veilige locaties gevlucht

Eerste topbankiers naar veilige locaties gevlucht*

'Instorting binnen 1 tot 2 jaar'


Bankenprotest in Ierland. Feitelijk hebben de banksters wel degelijk een 'place to hide', als het hen te heet onder de voeten wordt.

Volgens 'V', de 'Guerilla Econoom' die we het afgelopen jaar al vaker hebben aangehaald, zijn de eerste topbankiers inmiddels naar veiligere oorden gevlucht, vanwaar ze hun zaken regelen. Dat betekent niet dat de 'grote crash' al morgen of volgende week komt. Het betekent wel dat de wereldsituatie veel onstabieler is dan u doorgaans te horen krijgt. 'V' denkt daarom dat het nog hooguit 1 tot 2 jaar duurt, voordat de gevreesde instorting een feit zal zijn.

'V', die ooit als topanalist bij één van de grootste Britse banken werkte en zich baseert op zijn contacten in die wereld, opereert Jamie Dimon, president van megabank JPMorgan, inmiddels vanaf één van zijn privé eilanden, en is ook zijn gezin voorbereid om daarheen te vluchten. Michael Corbat, CEO van Citigroup, is druk doende dezelfde weg te bewandelen. Lloyd Blankfein, topman van het notoire Goldman Sachs, zit op dit moment in zijn verblijf ergens in de staat New York, maar zal zeer spoedig het land verlaten.

Meer dan 1000 topbankiers stopten er al mee

Sinds 2011 hebben meer dan 1000 topbankiers en -managers plotseling ontslag genomen. Volgens V wisten zij dat het einde eraan komt, en wilden daarom tijdig hun schaapjes op het droge krijgen. Ondertussen wordt het gewone volk onwetende gehouden, onder andere met behulp van valse cijfers en statistieken, waaruit zou blijken dat het weer de goede kant opgaat.

Het tegendeel is echter waar, zegt V. De Russell 2000 Index (de kleinere en middelgrote beursgenoteerde bedrijven) is 30% overgewaardeerd, de DOW Jones index (Wall Street) zelfs 67%, en de technologie index NASDAQ 50%. 'Toch hebben de idioten 'op straat' en de kopstukken op tv het over de terugkeer van goede tijden. Maar hoe kan de markt zó hoog staan, terwijl alle belangrijke economische indicatoren een voortdurende krimp laten zien?'

Negatieve rente signaal van naderend einde

De echte economie heeft zich dan ook definitief losgemaakt van de financiële (schijn)wereld van de beurzen. Hoge aandelenkoersen zeggen hoegenaamd niets meer over de werkelijke financieel-economische situatie, die vele malen ernstiger is dan wordt voorgesteld.

Eén van de duidelijke tekenen hiervan is het -ook in het vorige artikel genoemde- plan om kosten te gaan berekenen voor positieve banksaldo's. De gewone man zal dan geld moeten betalen om zijn geld op de bank te 'mogen' laten staan. Dit betekent volgens V dat het einde van het systeem nabij is.

Ratten verlaten het zinkende schip

'Degenen in de machtselite verlaten als de spreekwoordelijke ratten het zinkende schip. Ik ben er rotsvast van overtuigd dat -onvoorziene gebeurtenissen daargelaten- we misschien nog een tot twee jaar hebben voordat de stekker uit de terminaal zieke patiënt genaamd Amerika wordt getrokken.' En zodra dat gebeurt, gaat de rest van de wereld -in meer of mindere mate, al naar gelang landen zich verbonden hebben met de Amerikaanse economie en dollar- mee. (1)

In minder in het oog springende landen is te zien hoe penibel de situatie reeds is. In Panama, een opkomende economie, is het voor Amerikanen al een maand uiterst moeilijk om geld op te nemen bij pinautomaten van verschillende banken. (2)

'Financieel verkracht' tijdens economische systeemcrisis

Twee weken geleden maakte V duidelijk dat de problemen beslist niet beperkt zullen blijven tot de VS. 'Ongeacht waar u leeft en wat uw bank is, u staat op het punt om op een zeer systematische en methodische wijze financieel verkracht te worden.'

Dit gaat veel verder dan de stapsgewijze afbraak van onze koopkracht door het creëren van enorme hoeveelheden nieuw geld. 'Het gaat veel dieper,' legde hij uit. 'De centrale banken verzamelen wereldwijd al uw persoonlijke informatie, zodat ze u aan hun controle kunnen onderwerpen.' Dit is in zijn ogen de opmaat naar een 'al lang geleden geplande wereldwijde economische systeemcrisis.' (3)

Xander

* Quotes voorlopig niet tussen aanhalingstekens, omdat dit een vervelende storing in het beheer geeft.

(1) Steve Quayle
(2) Steve Quayle
(3) Northeast Intelligence Network

Zie ook o.a.:
21-11: 'Valutaoorlog losgebarsten; Koopkracht burgers zal worden vernietigd'
18-11: Centrale banken overwegen spaarders rente te laten betalen in cashloos systeem
23-10: Trends Institute: Wereldwijde totale instorting in 2014
28-09: Ook oud-FED topman Greenspan waarschuwt voor nieuwe, nog grotere crash
20-09: Machtigste bank ter wereld kondigt financiële crash aan
01-09: Pentagon bereidt zich voor op 'grootschalige economische instorting'

The Monroe Doctrine is History, But the Empire is Attacking Everywhere

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The Monroe Doctrine is History, But the Empire is Attacking Everywhere

Nil NIKANDROV - Ex: http://www.strategic-culture.org
 

U.S. Secretary of State John Kerry has announced the end of «the era of the Monroe Doctrine». On November 18 he gave a keynote speech on partnership with Latin America at the headquarters of the Organization of American States in Washington. For almost 200 years U.S. policy in the Western Hemisphere has been based on the doctrine named after the fifth president of the U.S., James Monroe, which declares that the countries of Latin America should not be seen by European powers as objects of colonization… 

«America for the Americans» - the United States used this slogan to mask the imperialist essence of the doctrine, which was used in the Cold War years to counter «Soviet expansion».  The Monroe Doctrine has been used to justify the suppression of revolutions in Guatemala and Chile, the physical elimination of popular leaders, and military operations against guerillas in Cuba, Nicaragua and other countries… 

The key point of Kerry's speech was the assertion that in today's historical conditions, the U.S. views the states south of the Rio Grande as «equal partners» which must «promote and protect...democracy,» «sharing responsibilities [and] cooperating on security issues». It is difficult to interpret these wordings clearly. On the one hand, Washington seems to be stating that it will not resort to armed intervention in the region to defend its «vital interests». On the other hand, the statements about «sharing responsibilities» and «cooperating on security issues» sound quite equivocal. Cooperating with whom, exactly? Against whom? And on what terms?

However, against whom the «cooperation on security issues» is to be directed follows from the speech itself. Kerry assailed Venezuela and Cuba with criticism. In his opinion, «democratic institutions are weakened» in Venezuela. Most likely Washington is irritated by the fact that the National Assembly voted to give President Nicolas Maduro special powers which he has already begun to use to stop the economic war on Venezuela (speculation, hoarding consumer goods and food, and undermining the purchasing power of the national currency, the bolivar). Venezuelans approve the measures being taken by President Maduro. The authority of the Bolivarian leadership has grown noticeably. In Cuba the head of the State Department is dissatisfied with the pace of the democratic process. Kerry stated that the U.S. hopes these processes will gain speed, that «the Cuban Government embraces a broader political reform agenda that will enable its people to freely determine their own future». And the U.S. would very much like the process of democratization in Cuba to take on a landslide-like character, similar to the process which destroyed the USSR. 

The U.S. has shelved the Monroe Doctrine, but it has not given up pressuring Latin American countries or conducting complex operations to destabilize them. Targeted propaganda attacks are carried out against undesirable leaders. Streams of slander pour down on Bolivian President Evo Morales, first and foremost because of his government’s «insufficient efforts» in fighting against illegal coca plantations and drug trafficking. And this when Bolivian intelligence agencies are battling fiercely with drug cartels financed, as a rule, though banks controlled by U.S. businessmen and the Drug Enforcement Administration (DEA). Morales gives as good as he gets, confident that the best defense is a good offence. He has more than once advocated handing over Barack Obama to a «tribunal of the peoples» to be tried for «crimes against humanity». His accusations were loudest of all in his address at the 68th session of the UN General Assembly. The Bolivian president claims that in order to maintain its dominant position in the world, the U.S. makes use of the most criminal of methods, extensively organizing conspiracies and assassination attempts. Morales has reduced contacts with representatives of the U.S. to a minimum, preferring to conduct business with China, Western European countries, Russia and Belarus. The president of Bolivia has threatened, «If we need to, we will close the U.S. embassy altogether». 

Washington has never ceased its hostile activities against Ecuador. After the CIA's failed attempt to get rid of President Rafael Correa using agents in the Ecuadorian police, the U.S. embassy is sparing no efforts to «reform» him. Adam Namm, the American ambassador in Quito, criticized President Rafael Correa for cultivating closer relations with Iran and Belarus. The response was immediate: «I am not surprised at his [Namm's] pronouncements, because the diplomat is new at these issues. Ecuador will not ask permission from anyone to maintain sovereign relations with whatever countries it wishes. It is enough to note how many countries where absolutely no elections are held at all have privileged relations with the United States. Absolute monarchies! So that's enough! We are not anyone's colony. While I am the president of this country, there will be no neocolonialism!»  Correa's harsh comments on Obama's pronouncements about the «exceptionalism of the American people», who are supposedly concerned with protecting the interests of «all humanity», are also conspicuous. The Ecuadorian president compared these claims with the «Nazi policy» of the Third Reich. 

In October Correa visited Russia, where he discussed, among other things, armaments cooperation issues and shipments of Russian armaments to Ecuador, in particular air defense systems, as well as an additional shipment of Mi-171E transport helicopters. Russia is interested in implementing several large oil and gas projects in Ecuador. The Ecuadorians are discussing prospects of intensifying military cooperation with China; recruiting Chinese specialists for the construction of an oil refinery (Refineria del Pacifico), to be completed in 2017, has also been proposed. Even now there are 60 Chinese companies working in Ecuador in the mining industry and road infrastructure construction. All of this is causing great concern in Washington, which is why the spying activities of American intelligence agencies have intensified in Ecuador. According to the site Contrainjerencia.com, in 2012-2013 the number of CIA personnel at the Ecuadorian station doubled. Agents with experience in subversive operations in Latin America are being sent to Ecuador: U. Mozdierz, M. Haeger, D. Robb, H. Bronke Fulton, D. Hernandez, N. Weber, A. Saunders, D. Sims, C. Buzzard, М. Kendrick and others. 

The problems which Washington is now having with Brazil and Argentina due to the scandalous revelations regarding the wiretapping of these countries' presidents, Dilma Rousseff and Cristina Fernandez de Kirchner, have yet to be resolved satisfactorily. The Americans have still not really apologized for the total espionage in these countries. And the espionage not only has not stopped, it has become more subtle, forcing national intelligence agencies to develop joint measures to combat the operations of the CIA, the NSA and U.S. military intelligence. At the same time, steps are being taken to create a system for fighting electronic espionage within the framework of the Union of South American Nations (UNASUR). In Mexico and the countries of Central America and the Caribbean Basin, American intelligence run things with almost no interference, unless you count Cuba and Nicaragua, whose counterintelligence agencies occasionally strike painful blows against the CIA's agent network.

Today the most important task for U.S. military and intelligence agencies is maintaining control of Honduras, which is often called the «unsinkable aircraft carrier of the U.S.» in Central America. There are already U.S. military bases located on the territory of Honduras, but the Pentagon is planning to build new air and naval bases. Washington's cynical interference in the election campaign which just took place in Honduras is yet another signal from the Obama administration to Latin America: we will protect our interests at any cost; no other outcome is acceptable to us. 

The «U.S.'s man» in the elections in Honduras is Juan Orlando Hernandez, the candidate from the conservative National Party. For over three years he headed the National Congress and contributed greatly to the consolidation of political forces hostile to ex-president Manuel Zelaya and his wife Xiomara Castro. It is she who was his main competitor in the elections as the candidate for the center-left Liberty and Refoundation Party (LIBRE). Hernandez supported the 2009 military coup d’état which led to the overthrow of Zelaya, maintains close ties with the military, and facilitated the expansion of the «security» functions of military personnel, including in fighting drug trafficking. 

For the U.S. embassy, not allowing Xiomara Castro to come to power is a matter of principle. Upcoming events will show how it will be resolved. In a radio interview with Radio Globo, Manuel Zelaya stated, «Xiomara has won the fight for the post of president of the republic. They [the Supreme Electoral Court of Honduras] are stealing the victory from Xiomara Castro. The Court's count does not stand up to statistical analysis. We do not acknowledge this result; we reject it». 

Lisa Kubiske, the U.S. ambassador in Honduras, actively interfered in the election process in order to guarantee victory for Hernandez. In essence, it is she who is Xiomara Castro's main rival. Whether the U.S. embassy will be able to ensure that Hernandez comes to power will be seen in the near future. But there is already information in the international media that in the process of counting the votes, he is leading by a wide margin.

The Faustian Soul & Western Uniqueness

The Faustian Soul & Western Uniqueness

 

By Domitius Corbulo

Ex: http://www.counter-currents.com/

51gUU36cL2L._SY445_.jpgIf I had to choose one word to explain why the West has been the most creative civilization it would be “Faustian.” My choice of this word hinges on the realization that the West has been following a unique cultural path since ancient times in the course of which it has exhibited far higher levels of achievement in all the intellectual, artistic, and heroic spheres of life.

The current academic consensus is that the West diverged from the Rest only with the onset of mechanized industry, use of inorganic sources of energy, and application of Newtonian science to industry. This consensus holds for both multiculturalist and Eurocentric historians. David Landes, Kenneth Pomeranz, Bin Wong, Joel Mokyr, Jack Goldstone, E.L. Jones, and Peer Vries all single out the Industrial Revolution of 1750/1830 as the point during which the “great divergence” occurred. It matters little how far back in time they trace this Revolution, or how much weight they assign to preceding developments such as the Scientific Revolution or the gains from the colonization of the Americas, their emphasis is on the “divergence” generated by the arrival of the steam engine.

Charles Murray’s Human Accomplishment:Pursuit of Excellence in the Arts and Sciences, 800 BC to 1950, informs us that ninety-seven percent of accomplishment in the sciences occurred in Europe and North America from 800 BC to 1950. It also informs us that, in the arts, Europe alone produced a far higher number of “significant figures” than the rest of the world combined. In music, “the lack of a tradition of named composers in non-Western civilization means that the Western total of 522 significant figures has no real competition at all” (Human Accomplishment, 259).

But Murray’s statistical analysis can only take us so far. He pays no attention to accomplishments in warfare, exploration, and heroic leadership. His definition of accomplishment includes only peaceful individuals carrying scientific experiments and creating artistic works. I think Europeans were exceptional also in their expansionist and exploratory behaviors. Both their “civilized” and “uncivilized” were inseparably connected to their peculiarly agonistic ethos of aristocratic individualism. The great men of Europe were all artists driven by an intensively felt desire for unmatched deeds. The “great ideas” – Archimedes’ “Give me a place to stand and with a lever I will move the whole world,” – Hume’s “love of literary fame, my ruling passion” – were associated with aristocratic traits, disputatiousness and defiant temperaments – no less than Cortez’s immense ambition for honour and glory, “to die worthily than to live dishonoured.”

Spengler has provided us with the best word to overcome the current naïve separation between a cultured/peaceable West and an uncivilized/antagonistic West with his image of a strikingly vibrant culture driven by a type of Faustian personality overflowing with expansive, disruptive, and imaginative impulses manifested in all the spheres of life.

Spengler believed that the “prime-symbol” of the Faustian soul was its “tendency towards the infinite,” and that this tendency found its “purest expression” in modern mathematics. The “infinite continuum,” the exponential logarithm and “its dissociation from all connexion with magnitude” and transference to a “transcendent relational world” were some of the words he used to describe Western mathematics. But Spengler also wrote of the “bodiless music” of the Western composer, “in which harmony and polyphony bring him to images of utter ‘beyondness’ that transcend all possibilities of visual definition”, and, before the modern era, of the Gothic “form-feeling” of “pure, imperceptible, unlimited space” (Decline of the West, trans. Charles Francis Atkinson, vol.1, Form and Actuality [Alfred Knopf, [1923] 1988: 53-90, 183-216).

Mathematicians no less than musicians were “artist-men” and these artists were exemplars of the “emancipation” of the Western soul from magnitude, from “servitude” to measureable lines and planes, from the “near and corporeal.” Spengler believed that this soul-type was first visible in medieval Europe, starting with Romanesque art, but particularly in the “spaciousness of Gothic cathedrals,” “the heroes of the Grail and Arthurian and Siegfried sagas, ever roaming in the infinite, and the Crusades,” including “the Hohenstaufen in Sicily, the Hansa in the Baltic, the Teutonic Knights in the Slavonic East, [and later] the Spaniards in America, [and] the Portuguese in the East Indies (Decline of the West, 183-216).

I will leave aside my disagreements with Spengler’s image of classical Greece and Rome as cultures that conceived things in terms of proportion and balance in recurring patterns, except to agree with Nietzsche that classical Greeks were singularly agonal, driven by a Promethean aristocratic ethos.

This soul was palpable in all the Western spheres of life – painting, politics, architecture, science, literature, poetry, exploration, warfare, and philosophy. There was something Faustian about all the great men of Europe, in real life or fiction: Hamlet, Richard III, Gauss, Newton, Nicolas Cusanus, Don Quixote, Goethe’s Werther, Gregory VII, Michelangelo, Paracelsus, Dante, Descartes, Don Juan, Bach, Wagner’s Parsifal, Haydn, Leibniz’s Monads, Giordano Bruno, Frederick the Great, Rembrandt, Ibsen’s Hedda Gabler. “The Faustian soul – whose being consists in the overcoming of presence, whose feeling is loneliness and whose yearning is infinity – puts its need of solitude, distance, and abstraction into all its actualities, into its public life, its spiritual and its artistic form-worlds alike” (Decline of the West, 386).

Christianity, too, became a thoroughly Faustian moral ethic. “It was not Christianity that transformed Faustian man, but Faustian man who transformed Christianity — and he not only made it a new religion but also gave it a new moral direction”: will-to-power in ethics (Decline of the West, 344). This “Faustian-Christian morale” produced “Christians of the great style — Innocent III, Loyola and Savonarola, Pascal and St. Theresa […] the great Saxon, Franconian and Hohenstaufen emperors . . . giant-men like Henry the Lion and Gregory VII . . . the men of the Renaissance, of the struggle of the two Roses, of the Huguenot Wars, the Spanish Conquistadores, the Prussian electors and kings, Napoleon, Bismarck, Rhodes” (Decline of the West, 348-49).

Spengler captured better than anyone else (though Hegel was a great anticipator) the West’s main protagonist: not a calmed, disinterested, rationalistic personality, but a highly energetic, restless, fateful being, unwilling to be limited by boundaries, determined to break through the unknown, supersede the norm and achieve mastery. Some other words and phrases Spengler used to describe the traits and aims of this soul were: “unrestrained,” “strong-willed,” “far-ranging,” “active, fighting, progressing,” “overcoming of resistances,” “against what is near, tangible and easy,” “the fierceness and joy of tension” (Decline of the West, 308-337).

The seemingly amorphous, immeasurable, and infinite concept of a Faustian soul is far better to explain Western uniqueness than the measurable but rather confined IQ concept. There is clearly a general link between IQ and cultural achievement. But IQ experts, J. Philippe Rushton and Richard Lynn, have yet to offer a sound explanation why Europeans achieved far more culturally than the East Asians with their higher average IQ. Rushton highlights Chinese priority in a number of technologies before the modern era. He points to the Chinese use of printing by the 9th century, “600 years before Europe saw Gutenberg’s first Bible.” He says the Chinese were using “flame throwers, guns, and cannons” by the 13th century, “about 100 years before Europe.” They were using the magnetic compass in the 1st century, “not found in European records until 1190.” “In 1422, seventy years before Columbus’s three small ships crossed the Atlantic, the Chinese reached the east coast of Africa,” with a fleet of 65 ships superior in size and technique.

Sounding like a multicultural revisionist, Rushton adds: “With their gunpowder weapons, navigation, accurate maps and magnetic compasses, the Chinese could easily have gone around the tip of Africa and ‘discovered’ Europe!” (Race, Evolution, and Behavior, 2nd Abridged Version, Charles Darwin Research Institute, 2000).

Even more, Rushton views the last five centuries of European superiority as a temporary deviation that is now being superseded by not only Japan but China, Taiwan, Singapore, and South Korea. Lynn has the same opinion. But they have not offered an answer as to why Europeans were responsible for almost every single advance and invention in modern times. East Asian creativity, they say, was kept under a lid by cultural norms and institutions that are now breaking down. But there are multiple problems with Rushton’s claims, staring with his very one-sided association of creativity with science and technology, and his exaggerations about Chinese technology prior to 1500. After the Sung era (960-1279), the Chinese ceased to be inventive, whereas it was the medieval Europeans who went on to make continuous improvements on the Chinese inventions Rushton mentions, and then added their own: spectacles, mechanical clocks, navigational techniques, gauges, micrometres, water mills, fine wheel cutters, and more. The Chinese possessed large junks but did not discover a single new nautical mile. The ancient Greeks were far more advanced in the theoretical sciences, geometry, deductive reasoning, not to mention their arts and humanities. The Romans were just as inventive technologically, progenitors of great military strategists and conquerors, and true innovators in jurisprudence. Chinese education is still backward, dogmatic, and this is why they send their students to the West. Europeans invented each and every discipline taught in our universities. Virtually every great philosopher, poet, painter, novelist, explorer in history is European.

880970887.jpgWe need an explanation for this incredible discrepancy. But what exactly is the Faustian soul? How do we connect it to Europe’s creativity? To what original source or starting place did Spengler attribute this yearning for infinity? He directed attention to the barbarian peoples of northern Europe. In Man and Technics, he wrote of how the Nordic climate forged a character filled with vitality, “an intellect sharpened to the most extreme degree, with the cold fervour of an irrepressible passion for struggling, daring, driving forward.” The Nordic character was a human biological being to be sure, but one animated with the spirit of a “proud beast of prey,” like that of an “eagle, lion, [or] tiger.” For this Nordic individual, “the concerns of life, the deed, became more important than mere physical existence.” He wants to climb high, soar upward and reach ever higher levels of existential intensity. Adaptation and reproduction are not enough (Man and Technics: A Contribution to a Philosophy of Life, Greenwood Press, 1976: 19-41).

But why a Faustian soul is attributed only to Europeans? Are their “primary emotions” really different from that of ordinary humans? A good way to start answering this question is to compare the idea of a Faustian soul with Immanuel Kant’s observations on the “unsocial sociability” of human beings. In his essay, “Idea for a Universal History from a Cosmopolitan Point of View,” Kant seemed somewhat puzzled but nevertheless attuned to the way progress in history had been driven by the fiercer, self-centred side of human nature. Looking at the wide span of history, he concluded that without the vain desire for honour, property, and status humans would have never developed beyond a primitive Arcadian existence of self-sufficiency and mutual love: “all human talents would remain hidden forever in a dormant state, and men, as good-natured as the sheep they tended, would scarcely render their existence more valuable than that of their animals. . . . [T]he end for which they were created, their rational nature, would be an unfulfilled void.”

There can no development of the human faculties, no high culture, without conflict, antagonism, and pride. It is these asocial traits, “vainglory,” “lust for power,” “avarice,” which awaken the dormant talents of humans and “drive them to new exertions of their forces and thus to the manifold development of their capacities.” Nature in her wisdom, “not the hand of an evil spirit,” created “the unsocial sociability of humans.”

But Kant never asked, in this context, why Europeans were responsible, in his own estimation, for most of the moral and rational progression in history. In another publication, Anthropology from a Pragmatic Point of View (1798), Kant did observe major differences in the psychological and moral character of races as exhibited in different places on earth. He ranked races accordingly, with Europeans at the top in “natural traits.” Still, Kant never connected his anthropology with his principle of asocial qualities.

Did “Nature” foster these asocial qualities evenly among the cultures of the world? While these “vices” – as we have learned today from evolutionary psychology — are genetically-based traits that evolved in response to long periods of adaptive selective pressures associated with the maximization of human survival, there is no reason to assume that the form and degree of these traits evolved evenly or equally among all the human races and cultures. It is my view that the asocial qualities of Europeans were different, more intense, acuter, strident, individuated.

I believe that this variation should be traced back to the aristocratic culture of Indo-Europeans. Indo-Europeans were a pastoral people from the Pontic-Caspian steppes who initiated the most mobile way of life in prehistoric times starting with the riding of horses and the invention of wheeled vehicles in the fourth millennium BC, together with the efficient exploitation of the “secondary products” of domestic animals (dairy products, textiles, harnessing of animals), large-scale herding, and the invention of chariots in the second millennium. By the end of the second millennium, even though Indo-Europeans invaded both Eastern and Western lands, only the Occident had been “Indo-Europeanized.”

Indo-Europeans were uniquely ruled by a class of free aristocrats grouped into war-bands. These bands were constituted associations of men operating independently from tribal or kinship ties, initiated by any powerful individual on the merits of his martial abilities. The relation between the chief and his followers was personal and contractual: the followers would volunteer to be bound to the leader by oaths of loyalty wherein they would promise to assist him while the leader would promise to reward them from successful raids. The most important value of Indo-European aristocrats was the pursuit of individual glory as members of their warbands and as judged by their peers. The Iliad, Beowulf, The Song of Roland, including such Irish, Icelandic and Germanic sagas as Lebor na hUidre, Njals Saga, Gisla Saga Sursonnar, The Nibelungenlied recount the heroic deeds and fame of aristocrats — these are the earliest voices from the dawn of Western civilization. Within this heroic ‘life-world’ the unsocial traits of humans took on a sharper, keener, individuated expression.

What about other central Asian peoples from the steppes such as the Mongols and Turks who produced a similar heroic literature? There are a number of substantial differences. First, the Indo-European epic and heroic tradition precedes any other tradition by some thousands of years, not just the Homeric and the Sanskrit epics but, as we now know with some certainty from such major books as M. L. West’s Indo-European Poetry and Myth, and Calvert Watkins’s How to Kill a Dragon: Aspects of IE Poetics (1995), going back to a prehistoric oral tradition. Second, IE poetry exhibits a keener grasp and rendition of the fundamentally tragic character of life, an aristocratic confidence in the face of destiny, the inevitability of human hardship and hubris, without bitterness, but with a deep joy. Third, IE epics show both collective and individual inspiration, unlike non-IE epics which show characters functioning only as collective representations of their communities. This is why in some IE sagas there is a clear author’s stance, unlike the anonymous non-IE sages; the individuality, the rights of authorship, the poet’s awareness of himself as creator, is acknowledged in many ancient and medieval European sagas.

But how do we connect the barbaric asocial traits of prehistoric Indo-European warriors to the superlative cultural achievements of Greeks and later civilized Europeans? Another German thinker, Nietzsche, provides us with the best insights to explain how the untamed agonistic ethos of Indo-Europeans was translated into civilized creativity. I am thinking of the fascinating idea, expressed in his early essay “Homer on Competition,” that civilized culture or convention (nomos) was not imposed on nature but was a sublimated continuation of the strife that was already inherent to nature (physis).The nature of existence is based on conflict and this conflict unfolded itself in human institutions and governments. Humans are not naturally harmonious and rational as Socrates had insisted; the nature of humanity is strife. Nietzsche argued against the separation of man/culture from nature: the cultural creations of humanity are expressions or aspects of nature itself.

But nature and culture are not identical; the artistic creations of humans, their norms and institutions, constitute a rechanneling of the destructive striving of nature into creative acts, which give form and aesthetic beauty to the otherwise barbaric character of natural strife. While culture is an extension of nature, it is also a form by which human beings conceal their cruel reality, and the absurdity and the destructiveness of their nature. This is what Nietzsche meant by the “dual character” of nature; humans restrain or sublimate their drives to create cultural artefacts as a way of coping with the meaningless destruction associated with striving.

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Nietzsche, in another early publication, The Birth of Tragedy, referred to this duality of human existence, nomos and physis, as the “Apollonian and Dionysian duality.” The Dionysian symbolized the excessive and intoxicating strife which characterized human life in early tribal societies, whereas the Apollonian symbolized the restraint and rechanneling of conflict possible in state-organized societies. In the case of Greek society, during pre-Homeric times, Nietzsche envisioned a world in which there were no or few limits to the Dionysian impulses, a time of “lust, deception, age and death.” The Homeric and classical (Apollonian) inhabitants of city-states brought these primordial drives under “measure” and self-control. The emblematic meaning of the god Apollo was “nothing in excess.” Apollo was a provider of soundness of mind, a guardian against a complete descent into a state of chaos and wantonness. He was a redirector of the willful and hubristic yearnings of individuals into organized forms of warfare and higher levels of art and philosophy.

For Nietzsche, Greek civilization was not produced by a naturally harmonious character, or a fully moderated and pacified city-state. One of the major mix-ups all interpreters of the rise of the West fall into is to assume that Western achievements were about the overcoming and suppression of our Dionysian impulses. But Nietzsche is right: Greeks achieved their “civility” by rechanneling the destructive feuding and blood lust of their Dionysian past and placing their strife under certain rules, norms and laws. The limitless and chaotic character of strife as it existed in the state of nature was “civilized” when Greeks came together within a larger political horizon, but it was not repressed. Their warfare took on the character of an organized contest within certain limits and conventions. The civilized aristocrat was the one who, in exercising sovereignty over his powerful longings (for sex, booze, revenge, and any other kind of intoxicant) learned self-command and, thereby, the capacity to use his reason to build up his political power and rule those “barbarians” who lacked this self-discipline. The Greeks created their admirable culture while remaining at ease with their superlative will to strife.

To complete Nietzsche’s insights we need to add the historically based argument that the Greeks viewed the nature of existence as strife because of their background in an Indo-European state of nature where strife was the overriding ethos. There are strong reasons to believe that Nietzsche’s concept of strife is an expression of his own Western background and his study of the Western agonistic mode of thinking that began with the Greeks. One may agree that strife is in the “nature of being” as such, but it is worth noting that, for Nietzsche, not all cultures have handled nature’s strife in the same way and not all cultures have been equally proficient in the sublimated production of creative individuals or geniuses. Nietzsche thus wrote of two basic human responses to the horror of endless strife: the un-Hellenic tendency to renounce life in this world as “not worth living,” leading to a religious call to seek a life in the beyond or the after-world, or the Greek tragic tendency, which acknowledged this strife, “terrible as it was, and regarded it as justified.” The cultures that came to terms with this strife, he believed, were more proficient in the completion of nature’s ends and in the production of creative individuals willing to act in this world. He saw Heraclitus’ celebration of war as the father and king of the whole universe as a uniquely Greek affirmation of nature as strife. It was this affirmation which led him to say that “only a Greek was capable of finding such an idea to be the fundament of a cosmology.”

The Greek-speaking aristocrats had to learn to come together within a political community that would allow them to find some common ground and thus move away from the state of nature with its endless feuding and battling for individual glory. There would emerge in the 8th century BC a new type of political organization, the city-state. The greatness of Homeric and Classical Greece involved putting Apollonian limits around the indispensable but excessive and brutal Dionysian impulses of barbaric pre-Homeric Greeks. Ionian literature was far from the berserkers of the pre-Homeric world, but it was just as intensively competitive. The search for the truth was a free-for-all with each philosopher competing for intellectual prestige in a polemical tone that sought to discredit the theories of others while promoting one’s own. There were no Possessors of the Way in aristocratic Greece; no Chinese Sages decorously deferential to their superiors and expecting appropriate deference from their inferiors.

This agonistic ethos was ingrained in the Olympic Games, in the perpetual warring of the city-states, in the pursuit of a political career and in the competition among orators for the admiration of the citizens, and in the Athenian theatre festivals where a great many poets would take part in Dionysian competitions. It was evident in the sophistic-Socratic ethos of dialogic argument and the pursuit of knowledge by comparing and criticizing individual speeches, evaluating contradictory claims, competitive persuasion and refutation. In Descartes’s rejection of all prior knowledge and assertion of his autonomous intellect, “I think, therefore I am”, the transcendent mind, the self-determining ego, separated from any unity with nature and tradition. Spengler saw this ego expressing itself everywhere: in “the Viking infinity wistfulness” and their colonizing activities through the North Sea, the Atlantic, and the Black Sea; in the Portuguese and Spaniards who “were possessed by the adventured-craving for uncharted distances and for everything unknown and dangerous; in “the emigration to America,” “the Californian gold-rush,” “the passion of our Civilization for swift transit, the conquest of the air, the exploration of the Polar regions and the climbing of almost impossible mountain peaks” — “dramas of uncontrollable longings for freedom, solitude, immense independence, and of giantlike contempt for all limitations.”

“These dramas are Faustian and only Faustian. No other culture, not even the Chinese, knows them” (Decline of the West, 335-37).

 

 


 

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

 

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L’anti racisme ça ne marche plus

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L’anti racisme ça ne marche plus
 
Quand plus rien ne marche, rien ne marche

Raoul Fougax
Ex: http://metamag.fr
Devant le micro d’un journaliste, un manifestant de la «  marche contre le racisme » au bord des larmes déclare «  je ne comprends pas qu’on soit si peu ». Effectivement, malgré la présence de quelques représentants  de la diversité, il y avait peu de monde.

Le bide de la marche anti raciste est en fait un événement. Ca ne marche plus. La réduction du discours politique à la dénonciation du racisme, c’est bien sûr le niveau zéro de l’analyse politique et tout le monde a fini par s’en rendre compte. Ce qui est nouveau, personnellement je pensais que la mayonnaise pourrait prendre encore une fois grâce au matraquage «  Taubira ». Même le journal Le Monde qui en a fait son fonds de commerce depuis des années et des années, le reconnait. « La gauche anti raciste loupe la marche ». « Si la gauche n'avait plus que l'antiracisme pour l'extirper de son sommeil doctrinal, il ne lui resterait vraiment pas grand-chose. C'est pourtant ce que laisse penser l'intervention de Manuel Valls au  meeting républicain organisé par le Parti socialiste, à Paris, mercredi 27 novembre.: Ceux qui ont insulté Christiane Taubira, s'est enthousiasmé le ministre de l'intérieur, ont fait la démonstration que la gauche pouvait enfin se réveiller, que la gauche était capable d'indignation »

Trente ans après la Marche contre le racisme et pour l'égalité, ce repère se révèle être le lieu de la plus grande confusion, voire d'un certain obscurantisme. Bien sûr, cet état de fait ne date pas d'hier. Quelques années seulement après la fameuse marche, le politologue Pierre-André Taguieff lançait déjà cet avertissement aux antiracistes : » si vous ne voulez pas nourrir la bête immonde que vous prétendez chasser, vous devez ouvrir les yeux sur son nouveau visage ; car le racisme n'invoque plus la biologie pour délirer sur l'inégalité entre les hommes, il fait désormais l'éloge de la différence culturelle et proclame l'incompatibilité des mœurs ; là où le raciste old school opposait des surhommes à des sous-hommes, le raciste new age distingue des assimilables et des non-assimilables. Avec l'apparition d'un racisme différentialiste et culturel, nous sommes entrés dans une zone d'ambiguïté ».
 
La célébration quasi officielle de la marche d’il y a trente ans par des anti- racistes obsolètes, c’est faite donc dans l’indifférence générale de l’opinion malgré une médiatisation indécente. Confirmation de ce désintérêt avec le bide du film de circonstance malgré un cirage de pompes médiatiques hors du commun. Le film « La Marche », hallucinante propagande antiraciste faisait un bide royal dans les 20 salles parisiennes où il était présenté : 552 entrées. Il n’est même pas sûr que Drucker lui-même y soit allé.

Le gauchisme lui-même est en panne. La nouvelle manif de Mélenchon n’a pas été ridicule, mais en dessous de ses espérances. Quand aux écologistes, ils n’ont rien  trouvé de mieux que d’ élire « mal » une créature de Duflot, ancienne excitée d’act-up  gauchiste pur jus et écolo d’ opportunité. Emmanuelle Cosse, militante de l'association Act-Up en 1992, en deviendra en 1999 la première présidente hétérosexuelle et séronégative. Elle quittera Act-Up en 2001. En parallèle, l'ancienne étudiante en droit sera journaliste pour les magazines Têtu et Regards entre 2002 et 2010. C'est en 2009 qu'elle entre à Europe Écologie-Les Verts, le parti dont elle se sentait "le plus proche", dit-elle. Elle dirige aujourd’hui au nom d’un écolo-gauchisme le mouvement vert de la ministresse qui est une sorte d’épouvantail électoral. La prochaine fois, ils éliront une femen. Peut-être une de celles qui, dans un geste aussi noble qu’héroïque a uriné, même pas debout, sur un portrait du président ukrainien… au secours. On lui conseillera, en attendant, de mettre son urine militante dans un bocal et de la valoriser comme de l’art contemporain. Cela pourra lui rapporter gros, mais comme le prouvent des ventes récentes de grands artistes, un étron c’est encore mieux.

Aucun media n’a osé dire, parce qu’il s’agit de femmes et de gauchistes, que ce geste était un geste d’agitées hystériques, pour ne pas être grossier, dégradant la cause qu’elles veulent servir en exhibant ces corps dont elles sont folles. Mais a-t-on encore le droit de ne pas approuver ce qui est médiatiquement et politiquement correct même au niveau de la vessie…Comment ne pas voir que cet antiracisme et ce gauchisme révulse l’opinion. 

On est confondu aussi devant les propos quasiment admiratif d’une avocate au look engagé, devant sa cliente, une femme noire qui a tout de même tuée son enfant avec préméditation, en l’abandonnant sur une plage et en laissant la marée monter. Donc cette «  mère magnifique » selon son compagnon, n’était pas folle, mais consciente et intelligente. Elle sait tout de son geste  dont elle reconnait l’horreur avec lucidité. Peut-on dire cependant que c’est un monstre qui a perpétré un assassinat aussi lâche qu’ignoble et que si elle ne se trouve pas d’excuses, ceux, qui par idéologie lui en trouvent, sont inexcusables.

A quand une marche contre la désinformation idéologique. Là, il y aurait du monde.

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Anne Brassié: Lire sous les sapins

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vendredi, 06 décembre 2013

Svoboda: nieuwe lieveling van de westerse media?

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Svoboda: nieuwe lieveling van de westerse media?

Ex: http://www.solidarisme.be

Svoboda is een Oekraïnse nationalistische oppositiepartij die deel uitmaakt van de Europese Alliantie van Nationale Bewegingen, waarvan ook de British National Party, het Franse Front National en het Hongaarse Jobbik deel uitmaken.

Niks bijzonders, ware het niet dat de (West-)Europese partners van Svoboda bij de westerse massamedia als extreem-rechts geboekstaafd staan en dus als politieke paria's behandeld worden. Svoboda, dat dezer dagen prominent aanwezig is op antiregeringsbetogingen in Oekraïne, kan daarentegen op een (schijnbare) voorkeursbehandeling rekenen. Aanleiding voor die onlusten was de weigering van de pro-Russische president Viktor Janoekovitsj om een associatieovereenkomst met de Europese Unie te ondertekenen.

Is dat overigens geen eigenaardig déjà vu? Toen Viktor Joestsjenko, de pro-westerse presidentskandidaat en latere president van Oekraïne, in 2004 door 'neonazi's' en 'skinheads' (zoals dat heet) bleek te worden gesteund en zelfs een beroep op hen deed, namen diezelfde westerse media dat immers ook voor lief:

De Vries, C. (30 december 2004). Neonazi's en skinheads steunen Joestsjenko, De Morgen/De Volkskrant, p. 6

De westerse media en opiniemakers kennen weinig scrupules als het erom gaat nieuwe 'wingewesten', zoals nu Oekraïne, in te lijven bij de EU (en uiteindelijk ook de NAVO). Zo ook hadden twee bekende nationale veiligheidsadviseurs van de Verenigde Staten, Henry Kissinger en later Zbigniew Brzezinski, in de jaren '70 geen scrupules toen ze, om de USSR te verzwakken, de diplomatieke betrekkingen met maoïstisch China herstelden (en Taiwan opofferden). Nochtans was maoïstisch China een regime dat de 'conservatieve' (poststalinistische) USSR in wreedheid en collectivistische waanzin vele malen overtrof:

'KOESTER HET GEWELD'

Al van bij de aanvang laat Dikötter er geen twijfel over bestaan dat Mao geweld en terreur koestert om z’n doel te bereiken. Mao haalt daarvoor de mosterd bij z’n sponsor en leidsman, Sovjet- dictator Jozef Stalin. Dikötter legt minutieus uit hoe Mao het gemeenschapsgevoel in de dorpjes kapot maakt door per se ‘klassen’ in te voeren - zoals ‘landheren’ - die er eigenlijk niet zijn. Daardoor zet hij iedereen tegen iedereen op. Bovendien introduceert hij grootschalig georganiseerd geweld tegen ‘contrarevolutionairen’. Mao werkt net als Stalin met quota: minstens één op de duizend tegenstanders moet worden omgebracht. Op tal van plaatsen wordt dat door ijverige communisten opgedreven tot drie op duizend. In totaal gaat het om miljoenen mensen die vaak zonder enige reden de dood worden ingejaagd. Dat schept een sfeer van angst en terreur in heel China. De oorlog in Korea, waarin China meegezogen wordt doet daar een schep bovenop.

Bron: De tragiek van de bevrijding - Frank Dikötter (cobratv.be)

Diezelfde pro-Chinese politiek leidde er overigens ook toe dat de VS het uitermate wreedaardige regime van de Rode Khmer ('Democratisch Kampuchea') bleven erkennen, ook nadat het allang met Vietnamese (en Russische) steun in het grootste deel van Cambodja was verslagen.

Eenzelfde verdeel-en-heers- of machtsevenwichtpolitiek werd nadien in Centraal Azië voortgezet door Brzezinski, die werkzaam was onder Jimmy Carter, de VS-president die als eerste de 'mensenrechten' tot thema maakte (waaruit zich vanaf de jaren '90 dan weer het 'humanitaire' interventionisme zou ontwikkelen). Hij had onder meer het lumineuze idee om in Afghanistan een internationaal netwerk van moedjahedien (jihadisten) op te richten en te bewapenen, om zo het Rode Leger tot een uitputtingsoorlog te dwingen en de USSR (verder) te verzwakken. Zo is Al Qaeda (alias De Basis) ontstaan vanuit de tactische berekening (misrekening?) van Brzezinski en als covert operation van de CIA:

Sinds het einde van de Tweede Wereldoorlog en sinds dat bewuste akkoord met de Saoedi's [het Quincy-pact, n.v.d.r.] is de Amerikaanse politiek in het Midden-Oosten zeer stabiel geweest : petromeum was de drijfveer. De Amerikanen hadden uit de Tweede Wereldoorlog een zeer belangrijke les getrokken : om een machtspositie te bekleden in de wereld is de bevoorrading in grondstoffen en brandstof van kapitaal belang. En de controle over de grondstoffen in de landen van het Zuiden was met de Koude Oorlog bijzonder complex geworden. Vandaar dat de oorlog in Afghanistan zo'n belangrijk moment is geweest in de Amerikaanse geschiedenis. Het ging hier om een oorlog met het Rode Leger, waarmee de Amerikanen wraak wilden nemen voor hun nederlaag in Vietnam. Vanaf 1979 hebben de VS deze oorlog gevoerd met hulptroepen : de omkadering was Pakistaans, de financiering - met publieke en privé fondsen - was Amerikaans en Saoedisch. Op die manier werden de meest radicale islamistische milities - zoals de groep van Gulbuddin Hekmatyar - gevormd, getraind en gefinancierd. Na de nederlaag en de terugtrekking van het Rode Leger uit Afghanistan is dit apparaat van de Amerikaanse politiek in deze regio niet verdwenen. De islamistische netwerken bleven onverminderd gesteund door de Pakistaanse geheime diensten (de ISI of Inter Service Intelligence), de Amerikaanse CIA en tal van privé agentschappen. Je zou kunnen stellen dat de Amerikanen uit louter bureaucratische overwegingen deze netwerken in stand hebben gehouden.

Bron: "Islamitisch fundamentalisme is vooral islam-business" aldus Richard Labévière (Uitpers)

Berucht om zijn machtsevenwichtpolitiek (en imperalisme) kreeg het Britse Rijk als bijnaam 'het perfide Albion' van de Franse keizer Napoleon. Tot in de recente geschiedenis zijn de voorbeelden van Brits verraad dan ook legio. Laten we even terugkeren naar, alweer, Oost-Europa. De Polen, die altijd al sterke anti-Russische sentimenten gehad hebben (kijk maar naar Brzezinski, zelf van Poolse afkomst), zijn na de Tweede Wereldoorlog behoorlijk bedrogen door hun westerse 'geallieerden'. Churchill en Roosevelt gaven Stalin hun Poolse vaderland op een serveerblaadje cadeau (en al wie Stalin niet zinde erbij). De massamoord op 25 000 Poolse officieren, bevolen door Stalin en bedoeld om van de Polen een volk zonder elite te maken, werd op het Nürnberg-tribunaal ei zo na niét in de schoenen van de 'boze nazi's' geschoven. Stalins beulen mogen al van geluk spreken dat de slachting nooit werd berecht! Maar wacht even: was Polen niet de aanleiding voor heel de Tweede Wereldoorlog? En hebben Polen niet hun leven gegeven, in het bijzonder bij de slag om Monte Cassino, om hun vaderland terug te krijgen zoals het was? Stalin, die drie weken na Hitler zélf Polen was binnengevallen, mocht de door hem veroverde gebieden in Oost-Polen - in strijd met alle beloftes en charters! - behouden. De geallieerden hebben hem ook nooit de oorlog verklaard, zoals ze dat na de Duitse inval met Hitler deden...

Who Started WWII - Lecture by Victor Suvorov

De westerse media en opiniemakers doen niets anders dan dit spel van machtsevenwichten meespelen. Natuurlijk houden ze niet écht van Oekraïnse nationalisten, laat staan van primaire xenofobe boneheads (zoals die die in het oudere artikel hierboven werden opgevoerd). En natuurlijk houden ze ook niet écht van de islamistische 'haatbaarden' van Al Qaeda of Al Nusra in bijvoorbeeld Syrië. Het is dan ook niet slim om bijvoorbeeld over 'linkse' media te spreken en zich daarop blind te staren, zoals een nieuwskanaal dat zich ReAct (van reactionair?) noemt zo vaak doet. De houding van de media is 'dialectisch' net zoals de geopolitiek van het Westen en net zoals het liberalisme zelf: een spel van alles en zijn tegendeel. Van links én rechts dus, voor zover ze het stempel 'politiek-correct' hebben gekregen, d.w.z. de regels van het spel en de (onderliggende) waarden en denkbeelden van het liberalisme aanvaarden of gewoon (tijdelijk) bruikbaar zijn om een bepaald doel te bereiken (bijv. bepaalde jihadisten). De beste (geo)politieke 'strategen' zijn degenen die zich bewust zijn van het 'vloeibare' karakter van deze machtsstructuur en aldus (letterlijk en figuurlijk) een 'bewegingsoorlog' in plaats van een 'stellingenoorlog' kunnen voeren. Zodoende waren figuren als Kissinger of Brzezinski in staat om hun eigen (ideologische) tegenstanders in (tactische) medestanders te veranderen en hen als pionnen op een schaakbord vooruit te schuiven. Daarbij werden ze niet gehinderd door enige scrupules, in de veronderstelling dat ze die hebben natuurlijk...

Zbigniew Brzezinski to Jihadists: Your cause is right!

Hetzelfde perfide, 'anglofiele' en liberale Westen probeert de laatste jaren met alle mogelijke middelen (telegeleide 'burgerbewegingen', denktanks, lobby's, ngo's, massamedia enz.) onrust te stoken in de onderbuik en zelfs in het hart van Rusland. Het doel is daarbij vooral de onrust zélf, ook al hebben de liberale opiniemakers natuurlijk meer sympathie voor Femen (tegenwoordig gepatroneerd door de Oekraïnse 'filantroop' Vadim Rabinovitsj) en voor Pussy Riot dan voor etnische en religieuze separatisten, die evenzeer op tijd en stond vanuit het Westen werden en worden gesteund, en wel om het centrale gezag van Moskou te ondermijnen (bijv. American Committee for Peace in Chechnya). Als Russische nationalisten door Poetin vervolgd worden, krijgt dat echter véél minder weerklank. En toch, ook tijdens de betogingen tegen diens herverkiezing waren de zwart-geel-witte rijksvlaggen van de Russische (Slavische) nationalisten prominent in beeld. Ze hadden en hebben hun plaats in de 'bonte' oppositiecoalitie die zich toen rond voormalig schaakkampioen Gary Kasparov en vandaag vooral Alekseij Navalny geschaard heeft. Als etnische nationalisten hebben zij vooral een afkeer van het feit dat Rusland een Russische Federatie, m.a.w. een meervolkerenstaat is. Dat maakt hen op zijn minst tot een potentiële bondgenoot van de westerse strategen:

“To understand Russian nationalism, even racism, you need to realize that despite their political, cultural, and numerical dominance, many Russians see themselves a nation without a state,” Sean Guillory of the University of Pittsburgh's Center for Russian and Eastern European Studies wrote in The Nation.

Bron: The Kremlin Is Losing Control of the Nationalist Movement It Helped Create (The Atlantic, 8 november 2013)

De westerse geopolitiek bespeelt dus 'links' en 'rechts' om door het stoken van onrust 'pluralisme' (lees: verdeeldheid) ingang te doen vinden in relatief homogene samenlevingen, met relatief gesloten economieën en een relatief sterk centraal gezag. En dat pluralisme is uiteindelijk niets anders dan de voorbode van multiculturalisme en nationale desintegratie naar westers model. Het is een 'spel' van zaaien en oogsten. En de 'oogst' of, beter gezegd buit, die bestaat uit de onmetelijke bodemrijkdommen en staatseigendommen waar westerse bedrijven geen rechtstreekse toegang toe hebben. Op langere termijn hopen strategen als Brzezinski, die Anglo-Amerikaanse geopolitiek bedrijven naar het voorbeeld van Halford Mackinder, dat nergens in Eurazië een tegenmacht kan opstaan voor hun eigen neokoloniale, unipolaire wereldorde.

La voie ukrainienne

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La voie ukrainienne

http://www.dedefensa.org

Bien entendu, les “images” abondent, c’est-à-dire les illustrations des habituelles narrative en développement pour ce genre de situation. («A broad desire to change the way their country is run is driving Ukrainians to the streets.», nous disent, la plume mouillée, Jana Kobzova et Balazs Jarabik, dans EUObserver le 3 décembre 2013.) Il y a, dominant le tout, la narrative vertueuse et pleine d’espérance démocratique de la “Révolution Orange-II”, qui a l’avantage, pour nombre de plumitifs de la presse-Système, d’user de la technique du “copié-collé” avec leurs articles de 2003-2004 pour nous présenter d’excellentes analyses-Système de la situation ukrainienne de 2013. Cela, c’est pour le décor de carton-pâte et la facilité de la lecture.

Les protestations de l’opposition ont commencé après le refus du gouvernement ukrainien de signer l’accord de coopération avec l’UE. Le lien entre les deux était évident, dans la narrative de convenance, et il a été aussitôt imposé comme allant de soi. Pourtant, la phase de la protestation n’est peut-être si complètement liée avec la question de l’accord UE refusé. C’est une interprétation qui est assez courante, et par ailleurs assez évidente ; c’est celle de Poutine, comme celle du Polonais Mateusz Piskorski, député et directeur du European Centre of Geopolitical Analysis, qui juge que si l’opposition qui tient la rue venait au pouvoir, elle-même ne signerait pas l’accord avec l’UE («I guess that even the opposition, if it comes to power in the coming months, wouldn’t be ready to sign free trade agreement with Europe...»).

Nous dirions que la phase des protestations de rue doit être détachée de la phase des négociations avec l’UE et de la rupture, pour être considérée en elle-même comme une crise interne ukrainienne, renforcée par les diverses forces extérieures de déstabilisation (celle-là, certes, sur le modèle de la “Révolution Orange”, bien entendu, avec les usual suspects, ou pour faire plus net, les coupables habituels, tout l’appareil “sociétal” de subversion et de déstructuration du bloc BAO). Finalement, la situation interne ukrainienne joue le rôle central, avec une prodigieuse corruption, touchant tous les appareils politiques, celui du gouvernement comme celui de l’opposition, une gestion grossière des situations de crise (les violences de la police), une tension endémique entre les deux parties du pays, s’opposant selon des fractures religieuses, ethniques, culturelles, etc., entre “pro-russes” à l’Est et “anti-russes” à l’Ouest. Tous ces éléments sont archi-connus et admis, d’une façon beaucoup plus évidente qu’en 2003-2004, d’autant que la situation n’a fait qu’empirer à cet égard. Le soi-disant pro-russe et président ukrainien Viktor Ianoukovitch et son gouvernement ne sont guère plus appréciés des commentateurs russes que des commentateurs du bloc BAO, et en général pour des raisons sérieuses, dénuées de l’affectivité sociétale qui marque les écrits des seconds. (Fédor Loukianov, le 29 novembre : «Mais l'esprit de compétition va se dissiper et on ignore toujours quoi faire avec ce pays voisin et aussi proche. Après tout l’Ukraine n'a fait aucun choix en faveur de Moscou, elle l’a une nouvelle fois esquivé en espérant pouvoir continuer à mener par le bout du nez les uns [l’UE] et les autres [la Russie]...») On citera ici plus en détails quelques observations sur la situation en Ukraine.

• Quelques observations sans ambages de Poutine (Russia Today, le 3 décembre 2013) lors d’une visite en Arménie, assorties de l’affirmation officielle que la Russie se tient de toutes les façons complètement en dehors des actuels événements, selon le principe de la souveraineté.

«“As far as the events in Ukraine are concerned, to me they don’t look like a revolution, but rather like 'pogrom'. However strange this might seem, in my view it has little to do with Ukrainian-EU relations,” Putin said. [...] “What is happening now is a little false start due to certain circumstances… This all has been prepared for the presidential election. And that these were preparations, in my opinion, is an apparent fact for all objective observers,” Putin stressed.

»He has said that now the Ukrainian opposition is either not in control of the protests, or it may serve as a cover-up for extremist activities. The footage from Kiev clearly shows “how well-organized and trained militant groups operate,” the Russian President said. Nobody seems to be concerned with the actual details of the Ukrainian-EU agreement, Putin said. “They say that the Ukrainian people are being deprived of their dream. But if you look at the contents of the deal – then you’ll see that the dream may be good, but many may not live to see it,” he argued. Putin then explained that the deal offered to Ukraine by the EU has “very harsh conditions”.»

• L’analyste William Engdahl estime que les événements actuels en Ukraine son essentiellement la réalisation d’un programme du bloc BAO, avec les USA “manipulant“ l’UE, avec les habituels outils de subversion (thèse de la “Révolution Orange-II”). Il met aussi en évidence la responsabilité de la direction ukrainienne. (Russia Today, le 2 décembre 2013.)

«First of all I think it’s quite right about the economic damage with the special association with the European Union. This was a Washington agenda and has been for more than six years. The EU is simply acting as a proxy for Washington to essentially strip Ukraine from Russia and weaken and isolate Russia even more. So the geopolitical stakes are huge in this.

»The Ukrainian police made a colossal blunder, the same as Milosevic made back in Yugoslavia, and the same blunder that Bashar Assad made at the onset of the protests in Syria – and that is to react with state violence, because that is exactly what the opposition was hoping and praying for: that they would lose their cool and give a red flag for the protesters to come out on mass. And that’s precisely what has happened.»

• Enfin, on citera le Polonais Mateusz Piskorski, interviewé le 2 décembre 2013 par Russia Today. Ses réponses, qui reprennent les lignes générales déjà vues, donnent des détails intéressants sur la situation interne de l’Ukraine et sur les événemets.

Russia Today : «Ukraine is a divided country, with the West ardently supporting European integration and the East historically more pro-Russian. Do you think the opposition intends to have some kind of dialogue with the easterners?»

Mateusz Piskorski : «I guess, first and foremost, all the protests that we can now see in the central squares and streets of Kiev are protests that have been raised or supported by some external factors and actors of the Ukrainian political scene. First, we see a huge professionalism of those who have organized the protests, because before the protests we heard about the activities of several embassies and NGOs financed and supported by different foreign countries. So we see this kind of pressure exerted by the external forces for the Ukrainian government to think once again about which geopolitical and geo-economic choice would be right and better for Ukraine. We can, of course, see the protests organized by the other side, by the Ukrainian Communist Party, by some members of the Party of Regions, which are in the eastern and southern towns of Ukraine. Unfortunately, in Europe and the United States we only see what is happening now in Kiev, but we cannot see the reaction of the other parts of Ukraine.» [...]

Russia Today : «Should the opposition succeed in overthrowing the government in Ukraine? Do you think the EU want to associate with such a turbulent nation as Ukraine?»

Mateusz Piskorski : «I think for the moment being any kind of association and signing a deeper and more comprehensive fair trade agreement between the EU and Ukraine would be a kind of economic suicide for Ukrainian side. If we look at the things which have happened during the last few months, I mean during the economic conflict between Russia and Ukraine, it was a clear proof that Ukraine’s economy is very closely connected to Russia. These are the ties that have remained from the Soviet times; we perfectly know that Ukraine is a part of the post-soviet economic area which is now integrating into the Eurasian bloc. We can tell only that the EU is not capable of compensating all the financial losses that Ukraine would encounter in case of closer cooperation with the EU. I guess that even the opposition, if it comes to power in the coming months, wouldn’t be ready to sign free trade agreement with Europe if it studies the possible results of such an agreement, as well as of the association agreement. This pro-European rhetoric aims at causing internal crisis and early elections, perhaps next year.»

D’une façon générale, on trouve dans ces diverses déclarations la confirmation des différents éléments déjà mentionnés : l’aspect catastrophique pour l’Ukraine de l’accord avec l’UE, la situation de corruption générale de la classe politique, l’absence d’habileté des réactions des autorités, l’intervention sans doute très importante d’éléments extérieurs de désordre et de déstabilisation. Certains détails, certaines précisions sont discutables. Il y a, notamment pour notre compte, l’analyse d’Engdahl faisant de l’UE un outil d’un “agenda” US : notre analyse est bien que l’UE agit dans ce cas sans nécessité d’impulsion ou d’“ordre” washingtonien, mais de son propre chef, selon l’impulsion-Système affectant tous les acteurs du bloc BAO dans la course à l’expansion et à la puissance quantitative. Bien entendu, les différents groupes et réseaux de déstabilisation US suivent, comme ils n’ont jamais cessé de faire en soutenant tout ce qui a un ferment de déstabilisation. Le but de déstabiliser les voisins de la Russie sinon la Russie elle-même est également évident, mais comme un comportement quasiment mécanique, se nourrissant de lui-même depuis la chute de l’URSS et surtout depuis 9/11. Il n’y a là-dedans rien de nouveau ni rien d’absolument efficace...

Le plus extrême de cette situation, d’un point de vue institutionnel, serait la chute de Ianoukovitch et l’arrivée au pouvoir de l’opposition. On se trouverait alors devant une nouvelle phase de la même séquence, aboutissant au délitement du nouveau gouvernement dans la corruption et le reste. Le seul facteur qui pourrait interrompre cette espèce d’évolution “en boucle” comme l’on dirait de l’inventeur du mouvement perpétuel serait une rupture opposant les deux parties du pays, la pro-russe et l’antirusse. Dans ce cas, le processus de déstabilisation-déstructuration de l’Ukraine passerait au stade du processus de déstabilisation-dissolution, toujours selon un cheminement classique des événements dans la crise générale qui nous affecte. On se trouverait alors devant des perspectives inconnues, les acteurs extérieurs étant cette fois directement concernés, mais des perspectives inconnues toujours marquées par les contraintes et les pesanteurs autant de l’Ukraine elle-même que de la domination du facteur de la communication.

Le principal enseignement se trouve plutôt dans le constat de la tendance au désordre de la situation considérée objectivement, et le constat de la tendance à accentuer le désordre de la part des acteurs du bloc BAO qui sont les principaux représentants du Système. On dira : rien de nouveau là-dedans, notamment par rapport au temps de la “Révolution Orange-I”, et alors pourquoi ne pas parler effectivement d’une “Révolution Orange-II” en reprenant les logiques et les accusations qui accompagnèrent l’événement ? Simplement parce qu’il s’est écoulée une quasi-décennie entre les deux événements, et si les composants ukrainiens (situation interne et interventionnisme déstabilisant) n’ont pas changé, par contre les situations internes du bloc BAO ont complètement basculé dans la crise ouverte. Dans ce sens, la poursuite des mêmes tactiques de déstabilisation et de déstructuration change complètement de sens et pourrait conduire, au niveau des relations internationales, avec le chaudron ukrainien toujours actif et conduit à une nouvelle phase paroxystique, à des situations de tension renouvelée ou accentuée, induisant alors par conséquence d’enchaînement indirect un désordre encore plus accentué où tous les acteurs seraient concernés.

C’est-à-dire qu’on ne peut revenir à la situation de la “Révolution Orange-I” où il semblait qu’une Russie encore affaiblie était assiégée par les acteurs occidentaux (non encore constitués en bloc BAO), semblant alors encore triomphants malgré les premiers revers (évolution de la situation en Irak). Aujourd’hui, la crise interne du bloc BAO, c’est-à-dire la crise du Système, et même la crise d’effondrement du Système, tout cela est partout présent et produit constamment des effets et des interférences aux conséquences insaisissables et souvent catastrophiques. Par conséquent, et à terme assez court, si le désordre en Ukraine se poursuit et débouche sur une nième déstabilisation du pays, la Russie en sera affectée, mais également le bloc BAO d’une façon ou d’une autre. En langage express des experts-Système, il s’agit d’une situation lose-lose classique, comme on en voit partout, avec la diffusion du désordre nihiliste caractérisant les effets des politiques en cours. A ce point du raisonnement, on irait même jusqu’à observer, malgré la proximité du nouveau foyer de désordre, que la Russie serait la première à réagir d’une façon constructive, si elle s'appuie comme elle a coutume de faire sur sa politique principielle de fermeté, contre le désordre anarchique des “valeurs” du bloc BAO. Et, certes, dans le cas contraire, si la situation en Ukraine s’apaise, ce ne sera que temporaire vu l’état intérieur du pays et surtout de sa direction, et le mécanisme de déstabilisation-déstructuration se manifesterait à une prochaine occasion.

Tout cela témoigne non pas d’affrontements ordonnés assortis d’“agendas” cohérents, notamment de type géopolitique, mais bien du tourbillon de désordre de l’ère psychopolitique. Chercher un vainqueur dans une telle occurrence n’a pas de sens, tout comme la situation elle-même. (Les résultats obtenus finalement, quelques années plus tard, par les diverses “révolutions de couleur” de la période 2003-2005, pourtant parties de bases infiniment mieux maîtrisées, sont éloquents à cet égard : accentuation du désordre partout où ces événements eurent lieu, renforcement de la Russie autour de sa politique principielle, qui en fait l’acteur le plus sûr mais tout de même sans capacité de vaincre ce désordre [voir le 2 décembre 2013].) Bien évidemment, si l’on s’arrête aux événements du jour, aux vociférations de foules plus ou moins malheureuses et plus ou moins manipulées à la fois, aux slogans du bloc BAO et à la narrative de ses commentateurs, on peut toujours s’exclamer devant la puissance du Système et à nouveau proclamer son invincibilité. Pour notre cas, nous verrons dans tout cela, selon notre analyse classique, la manifestation évidente de sa surpuissance se transformant instantanément en effets d’autodestruction.

Ukraine : le coup d’état bruxellois

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Ukraine : le coup d’état bruxellois
 
La démocratie totalitaire en action

Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr

Il y a eu en Ukraine une révolution orange. On sait que c’était un leurre. Il s’agissait d’une opération préparée par les Usa et leurs alliés pour renverser un régime pro-russe au nom de la démocratie libérale alignée sur les intérêts économiques de l’occident. Le mouvement présenté comme spontané avait été préparé avec une formidable logistique mise en place par des mouvements humanitaires financés par les américains et dans un but de subversion démocratique.


Le résultat immédiat de la Révolution orange fut l'annulation par la Cour suprême du scrutin et l'organisation d'un nouveau vote le 26 décembre 2004 qui voit la victoire de Viktor Iouchtchenko avec 52 % des voix contre 44 % pour son rival Viktor Ianoukovytch. Sa présidence est cependant entachée de crises politiques multiples avec les gouvernements successifs. D'un point de vue géopolitique, la Révolution orange marque un rapprochement de l'Ukraine avec l'OTAN et avec l'Union européenne. Pro-européen convaincu, mais accusé de russophobie dans un pays très divisé entre l'est russophone et l'ouest plus pro-occidental, Iouchtchenko battra très vite des records d'impopularité. Il ne parviendra pas à gérer les problèmes de la crise économique mondiale de 2008-2010 dans un pays qui en est fortement affecté. La révolution orange était considérée comme close par la victoire du pro-russe Viktor Ianoukovitch à l'élection présidentielle ukrainienne de 2010. Quant à Iouchtchenko, il recueillera seulement 5,45 % des voix. Comme quoi !


Ce qui se passe aujourd’hui est peut être une deuxième révolution orange. En tout cas les manifestants contestent une décision d’un gouvernement légalement élu. C’est le refus de la signature d’un accord avec l’Europe de Bruxelles et un nouveau rapprochement avec Moscou qui est à l’ origine de ces manifestations qui veulent renverser le pouvoir, ce qui, n’en déplaise à Washington, est tout de même la définition d’une révolution.


Tout cela bien sûr est préparé pour stopper le retour en force de la Russie sur la scène internationale et rendre en fait à Poutine la monnaie de sa pièce de Damas. Ces manifestations sont devenues « incontrôlables » et leurs instigateurs utilisent des « méthodes illégales » pour renverser le pouvoir, s'est indigné dans la journée le premier ministre ukrainien, Mykola Azarov. « Ce qui se passe présente tous les signes d'un coup d'Etat. C'est une chose très sérieuse. Nous faisons preuve de patience, mais nous voulons que nos partenaires ne pensent pas que tout leur est permis », a-t-il ajouté. 


« Nous ne considérons certainement pas des manifestations pacifiques comme des coups d'Etat », a déclaré le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney. Emboîtant le pas aux diplomates de Bruxelles, le président français François Hollande et le premier ministre polonais Donald Tusk avaient condamné plus tôt « les violences ».


Les médias soutiennent la révolution et ont même trouvé une figure emblématique. Ce n’est plus une blonde ukrainienne mais une brute de boxeur qui serait également- pourquoi pas – un intellectuel  raffiné. Le chef du parti libéral Oudar est donc l'opposant le plus en vue. Cet ancien boxeur – il a été champion du monde dans la catégorie poids lourds – est entré en politique il y a quelques années pour rapidement s'imposer comme l'une des étoiles montantes de l'échiquier politique ukrainien. Malgré un physique impressionnant (2,02 m pour 110 kg) et sa forte médiatisation, son manque de charisme lui est reproché, tandis que sa légitimité politique reste à construire.


Candidat malheureux à la mairie de Kiev en 2006, le seul mandat qu'il a exercé est celui de député, depuis 2012. Ces derniers jours cependant, devant la foule de manifestants, ses discours étaient les plus applaudis et son nom fréquemment scandé. Klitschko, qui a fait de la lutte contre la corruption sa principale bataille, est respecté dans le pays pour avoir bâti honnêtement sa fortune, par ses victoires sportives, et non par des affaires frauduleuses.Voila la boxe devenu subitement  à nouveau pour les journalistes «  un noble art » et un sport éthique….adieu Rocky.


Reste à savoir si le judoka Poutine laissera ses alliés ukrainiens être mis Ko par un boxeur aux gants préparés par Bruxelles et Washington.

Empêcher le déclin de l'Europe

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Il faut changer l’économie

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr
Karen Hudes confirme les analyses et réflexions des hommes d’honneur sur le totalitarisme économique. En poste à la Banque Mondiale, elle a été remerciée après avoir observé des malversations diverses. Mme Hudes explique tranquillement qu’une mafia a mis la main sur le système financier mondial. Par le jeu des participations, ce gang contrôle les ressources de la planète et surtout les medias pour qu’ils pratiquent la stratégie du champignon. Cette stratégie du champignon, selon un expert de la Banque Mondiale, consiste à “pourrir les gens et à les laisser dans l’obscurité”. 

Plus profondément, les informations certifiées de Mme.Hudes aident à comprendre la nature particulière de l’infamie occidentale ; il en résulte l’impossibilité de trouver des comparaisons pertinentes avec d’autres époques, malgré les efforts déployés par le comparatiste David Engels (Le déclin. La crise de l’Union Européenne et la chute de la République Romaine. Ed.du Toucan, 2013, 380p., 20€).

Le Déclin: une approche insuffisante.

 
David Engels sélectionne 12 thèmes, de la tolérance à la solidarité, en passant par l’épanouissement personnel, la religion, l’Etat de droit, la paix, etc. Il les met en parallèle, compare la perception actuelle avec la situation de la fin de la République romaine, les cent ans qui précédèrent l’Empire, soit entre 133 et 27 a.J.C. Très régulièrement, l’auteur nous intéresse car les connaissances ainsi mises à notre portée relativisent quelques-uns des problèmes contemporains. L’écrasement des sectateurs de Gracchus, les guerres civiles, les satires de Juvénal, la tolérance qui conduit à ne plus résister aux manigances, le déclin irréversible de la démocratie, les pays les plus dangereux pour la paix, la surveillance idéologique, tout est occasion de confrontations entre passé et présent. 

Pourtant, les 12 chapitres n’éclairent pas vraiment la spécificité du présent, car il n’est pas sûr que le concept de déclin soit adapté à la situation, ni la structure de l’occident apte à une comparaison ancestrale. La décadence est visible, non le déclin, et la nouvelle structure de terreur décrite par Karen n’existait pas à Rome. 

Une Décadence mortelle.

 
Julien Freund (La décadence, Sirey, 1984 ) enseignait que la décadence désignait trois types de phénomènes : la disparition totale d’un peuple et d’une civilisation ; la chute d’une civilisation qui transmet des éléments aux civilisations suivantes ; la transformation interne d’une civilisation qui abandonne certains de ses traits. Le déclin de la République romaine s’apparente à ce dernier phénomène : après la République vint l’Empire. Mais l’Europe est immergée dans le premier cas de figure : elle a des ennemis fanatiques, les brutes globalitaires qui organisent méthodiquement et systématiquement l’assassinat des européens, le génocide de la population autochtone, la paupérisation de tous. La globalisation sous la férule de la super classe mondiale, c’est l’inhumanité. A cela, jamais la République romaine n’a été confrontrée.

Le soviet suprême de la finance 

 
Karen Hudes explique bien que le soviet suprême de la finance existe, légalement, sous la forme de la Banque des Réglements Internationaux ; de manière plus discrète, à travers le groupe de banksters “centré autour de la Réserve fédérale américaine privée”. Les rares travaux portant sur le système économique totalitaire occidental prouvent l’existence d’une quarantaine d’entités qui contrôlent l’ensemble. Les organisations publiques, FMI, Banque Mondiale, Banques centrales etc. sont au service de ce gang privé, noyau de la supra société globalitaire observée par feu Alexandre Zinoviev. Ce pouvoir est illégitime et criminel et l’inhumanité, lorsqu’elle est pratiquée au plus haut niveau, devient intouchable. C’est la situation actuelle. Aucun pays n’est suffisamment indépendant et puissant pour s’y opposer. L’âge de la haine, de l’esclavage et du néant a commencé au cours de cette génération 68 où pourtant Guy Debord avait annoncé que la décadence était au service de l’empire de la servitude, raison pour laquelle les prédicateurs médiatiques l’appelaient progrès. Il est impossible de trouver un équivalent dans la République romaine tardive. 

Quelle voie suivre ?

Dans une phase historique de décadence, sans antécédent pouvant guider l’action, il serait utopique et artificiel de vouloir revenir à l'ordre antérieur et de remettre sur leur trône de vieux caciques. Chacun doit agir dans la cohérence, en opérant des choix précis. Il faut tenter de vivre de nouvelles expériences, de créer de nouvelles formes d'expression, de rechercher de nouvelles solidarités. La prolifération de nouveaux mages démagogues est normale car les esprits simples ont besoin d’un fonds de religiosité, d’une boussole primitive dans une aire où toute orientation a disparu. La voie à suivre est de se chercher une forme de responsabilité spécifique. Se métamorphoser pour garder son Être propre est la seule orientation noble face à ceux qui, sur ordre du gang globalitaire, détruisent l’humain par le pillage, la haine et le mensonge. 

Indikatoren von Degeneration in Deutschland

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Indikatoren von Degeneration in Deutschland

Der Begriff der “Degeneration” bezeichnet in der Medizin physiologische Rückbildungs- und Verfallsabläufe, in deren Rahmen ein Körper oder ein Organ an Funktion verliert. Solche Prozesse sind in Deutschland auch auf gesellschaftlicher Ebene zu beobachten. Zahlreiche Beobachtungen legen nahe, daß sich die Qualität der Bevölkerung stabil negativ verändert. Der Verfall Deutschlands und der Deutschen ist in großen Teilen meßbar.

Hier sollen nur ausgewählte Beispiele erwähnt werden:

  • Demographie: Seit mehreren Generationen ist jede Generationen von Deutschen ungefähr ein Drittel kleiner als die vorherige. Besonders niedrig ist die durchschnittliche Kinderzahl bei den parteiübergreifend als gesellschaftspolitisches Ideal dargestellten berufstätigen Akademikerinnen.
  • Dysgenische Bevölkerungsentwicklung: Unterschichtsangehörige haben im Durchschnitt mehr Kinder als Akademiker oder andere potentielle Leistungs- und Kulturträger. Es findet somit eine biologische Negativauslese statt, die möglicherweise den Rückgang des durchschnittlichen Intelligenzquotienten in Deutschland erklärt.
  • Analphabetismus: Die Zahl der Analphabeten in Deutschland ist von zwei bis vier Millionen Analphabeten in den vergangenen Jahrzehnten auf zuletzt rund siebeneinhalb Millionen angestiegen.
  • Körperliche Degeneration: Die körperliche Leistungsfähigkeit von Kindern und Jugendliche ist im Vergleich zu den Vorgängergenerationen zuletzt deutlich zurückgegangen. Auch die Bundeswehr beobachtet einen Rückgang der körperlichen Leistungsfähigkeit von Rekruten.
  • Allgemeiner Rückgang der Leistungsfähigkeit: Teile des Öffentlichen Dienstes beobachteten, daß die Leistungsfähigkeit von Bewerbern auf fast allen Gebieten deutlich zurückgegangen sei. Aus Testergebnissen gehe hervor, daß Bewerber gegenwärtig im Durchschnitt schlechtere sprachliche Fähigkeiten, geringere körperliche Leistungsfähigkeit, schlechtere Gesundheit und schlechtere Arbeitsethik aufwiesen als in der Vergangenheit. Unternehmen beobachten bei Auszubildenden einen Rückgang u.a. sprachlicher und mathematischer Fähigkeiten.
  • Auflösung von Bindungen: Die Scheidungsquote in Deutschland hat sich in den vergangenen Jahrzehnten verfünffacht und stagniert seit 2005 auf hohem Niveau.
  • Sprachverfall: Die Rechtschreibfähig- und sprachliche Ausdrucksfähigkeit von Schülern in Deutschland gehe zurück. Junge Lehrer seien in vielen Fällen selbst nicht mehr in der Lage, diese zu vermitteln, weil ihnen die entsprechenden Kenntnisse fehlen. In Großstädten bildet sich eine primitivere Form des Deutschen heraus. Diese als “Kiezdeutsch” bezeichnete Verfallsform des Deutschen ist u.a. durch einen stark reduzierten Wortschatz, reduzierte Grammatik und eine Schwerpunktsetzung der Ausdrucksmöglichkeiten auf Beleidigungen gekennzeichnet.
  • Abbau von Standards: Sowohl Unternehmen als auch Öffentlicher Dienst senken Anforderungen an Bewerber auch aufgrund des verbreiteten Rückgangs der Leistungsfähigkeit von Bewerbern ab. Anforderungen zum Bestehen des Abiturs sind in den vergangenen Jahren stetig reduziert worden (siehe hier und hier).

Meßbare Indikatoren für Degeneration haben eine starke naturwissenschaftliche Komponente, während Degeneration auf anderen Gebieten weniger objektiv meßbar ist. Der Verweis auf meßbare Indikatoren wird häufig als “biologistisch” oder als Ausdruck eines unbegründeten konservativen Kulturpessimismus abgetan, ohne daß die auf meßbare Erscheinungen gegründete Hypothese des Verfalls jedoch widerlegt wird. Wo die Entwicklungen zur Kenntnis genommen werden, erklärt man sie zudem oft zu wertneutralem “Wandel”.

Teile dieses “Wandels” sind jedoch mit einem dauerhaften Substanzverlust des Gemeinwesens verbunden. Während soziokultureller Verfall potentiell innerhalb weniger Generationen umkehrbar wäre, sind vor allem demographische Fehlentwicklungen zum Teil kaum noch korrigierbar. Die Fehler einer Generation übertragen sich dabei vor allem bei biologischen Verfallserscheinungen auf alle nachfolgenden Generationen, solange diese nicht Maßnahmen ergreifen, die nicht nur mit Härten verbunden sind, sondern durch ihre gegenwärtige kulturelle Tabuisierung zusätzlich erschwert werden. Künftige Generationen von Deutschen werden auf diese Weise durch das unverantwortliche Handeln dieser und der vorangegangenen Generation gleich mehrfach belastet.

Ein verantwortlich handelnder Staat würde zumindest Indikatoren bestimmen, die seinen Zustand und den Zustand der Substanz, auf die er sich stützt, vollständig beschreiben. Gegenwärtig findet dies fast nur im Bereich der Volkswirtschaft statt. Ein jährlicher Bericht, der auch andere Indikatoren mißt und über lange Zeiträume vergleicht um auf dieser Grundlage Maßnahmen vorzubereiten, wäre eine Aufgabe, die von nichtstaatlicher Seite künftig zu leisten wäre.

Dollar survival behind US-China tensions

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Dollar survival behind US-China tensions
 
By Finian Cunningham
 
Ex: http://www.presstv.ir
The escalation of military tensions between Washington and Beijing in the East China Sea is superficially over China’s unilateral declaration of an air defense zone. But the real reason for Washington’s ire is the recent Chinese announcement that it is planning to reduce its holdings of the US dollar.


That move to offload some of its 3.5 trillion in US dollar reserves combined with China’s increasing global trade in oil based on national currencies presents a mortal threat to the American petrodollar and the entire American economy.

This threat to US viability - already teetering on bankruptcy, record debt and social meltdown - would explain why Washington has responded with such belligerence to China setting up an Air Defense Identification Zone (ADIZ) last week extending some 400 miles from its coast into the East China Sea.

Beijing said the zone was aimed at halting intrusive military maneuvers by US spy planes over its territory. The US has been conducting military flights over Chinese territory for decades without giving Beijing the slightest notification.

Back in April 2001, a Chinese fighter pilot was killed when his aircraft collided with a US spy plane. The American crew survived, but the incident sparked a diplomatic furor, with Beijing saying that it illustrated Washington’s unlawful and systematic violation of Chinese sovereignty.

Within days of China’s announcement of its new ADIZ last week, the US sent two B52 bombers into the air space without giving the notification of flight paths required by Beijing.

American allies Japan and South Korea also sent military aircraft in defiance of China. Washington dismissed the Chinese declared zone and asserted that the area was international air space.

A second intrusion of China’s claimed air territory involved US surveillance planes and up to 10 Japanese American-made F-15 fighter jets. On that occasion, Beijing has responded more forcefully by scrambling SU-30 and J-10 warplanes, which tailed the offending foreign aircraft.

Many analysts see the latest tensions as part of the ongoing dispute between China and Japan over the islands known, respectively, as the Diaoyu and Senkaku, located in the East China Sea. Both countries claim ownership. The islands are uninhabited but the surrounding sea is a rich fishing ground and the seabed is believed to contain huge reserves of oil and gas.

By claiming the skies over the islands, China appears to be adding to its territorial rights to the contested islands.

In a provocative warning to Beijing, American defense secretary Chuck Hagel this week reiterated that the decades-old US-Japan military pact covers any infringement by China of Japan’s claim on the Diaoyu/Senkaku Islands.

It is hard to justify Washington and Tokyo’s stance on the issue. The islands are much nearer to China’s mainland (250 miles) compared with Japan’s (600 miles). China claims that the islands were part of its territory for centuries until Japan annexed them in 1895 during its imperialist expansion, which eventually led to an all-out invasion and war of aggression on China.

Also, as Beijing points out, the US and its postwar Japanese ally both have declared their own air defense zones. It is indeed inconceivable that Chinese spy planes and bombers could encroach unannounced on the US West Coast without the Pentagon ordering fierce retaliation.

Furthermore, maps show that the American-backed air defense zone extending from Japan’s southern territory is way beyond any reasonable halfway limit between China and Japan. This American-backed arbitrary imposition on Chinese territorial sovereignty is thus seen as an arrogant convention, set up and maintained by Washington for decades.

The US and its controlled news media are absurdly presenting Beijing’s newly declared air defense zone as China “flexing its muscles and stoking tensions.” And Washington is claiming that it is nobly defending its Japanese and South Korea allies from Chinese expansionism.

However, it is the background move by China to ditch the US dollar that is most likely the real cause for Washington’s militarism towards Beijing. The apparent row over the air and sea territory, which China has sound rights to, is but the pretext for the US to mobilize its military and in effect threaten China with aggression.

In recent years, China has been incrementally moving away from US financial hegemony. This hegemony is predicated on the US dollar being the world reserve currency and, by convention, the standard means of payment for international trade and in particular trade in oil. That arrangement is obsolete given the bankrupt state of the US economy. But it allows the US to continue bingeing on credit.

China - the second biggest economy in the world and a top importer of oil - has or is seeking oil trading arrangements with its major suppliers, including Russia, Saudi Arabia, Iran and Venezuela, which will involve the exchange of national currencies. That development presents a grave threat to the petrodollar and its global reserve status.

The latest move by Beijing on November 20 giving notice that it intends to shift its risky foreign exchange holdings of US Treasury notes for a mixture of other currencies is a harbinger that the
American economy’s days are numbered, as Paul Craig Roberts noted last week.

This is of course China’s lawful right to do so, as are its territorial claims. But, in the imperialist, megalomaniac mindset of Washington, the “threat” to the US economy and indebted way of life is perceived as a tacit act of war. That is why Washington is reacting so furiously and desperately to China’s newly declared air corridor. It is a pretext for the US to clench an iron fist.

FC/HJL
 
Finian Cunningham (born 1963) has written extensively on international affairs, with articles published in several languages. He is a Master’s graduate in Agricultural Chemistry and worked as a scientific editor for the Royal Society of Chemistry, Cambridge, England, before pursuing a career in journalism. He is also a musician and songwriter. For nearly 20 years, he worked as an editor and writer in major news media organisations, including The Mirror, Irish Times and Independent. Originally from Belfast, Ireland, he is now located in East Africa as a freelance journalist, where he is writing a book on Bahrain and the Arab Spring, based on eyewitness experience working in the Persian Gulf as an editor of a business magazine and subsequently as a freelance news correspondent. The author was deported from Bahrain in June 2011 because of his critical journalism in which he highlighted systematic human rights violations by regime forces. He is now a columnist on international politics for Press TV and the Strategic Culture Foundation.

jeudi, 05 décembre 2013

G. Faye: Interview on D. Venner

Interview on Dominique Venner

By Guillaume Faye 

Translated by Greg Johnson

Spanish translation here [2]

Faye.jpgThomas Ferrier: Tuesday, May 21 at 2:40 p.m. on the very altar of the cathedral of Notre Dame de Paris, the historian Dominique Venner, author of Cœur Rebelle [Rebel Heart] (autobiography), an Ernst Jünger biography [3], Histoire et tradition des européennes: 30,000 ans d’identité [4]   [History  and traditions of Europeans: 30,000 years of identity], Le Siècle de 1914 [5] [The Century of 1914], Le choc de l’Histoire [6] [The Clash of History], etc. . . . and also editor of the journal Nouvelle revue d’Histoire [New Review of History], ended his days.

Guillaume Faye: The news came as a shock. Immediately the voluntary death of the Japanese nationalist, Mishima, came to mind. First of all, in immolating himself in Notre Dame, Venner intended to reappropriate the Christian sanctuary as pagan. To immolate oneself on a Christian altar as if it were a blood receptacle in the Capitoline or Delphic manner is a first in history. Venner wished to knock his contemporaries silly with this gesture. At first I thought, “What a pity!” Venner decided to conclude his life by his own will, to organize his “fall,” as screenwriters and playwrights say. Do not leave one’s death in the hands of fate, but of choice. Choose an end and give it meaning. The Roman ethics of Regulus in its dark splendor. Fiat mors tibi. Your death belongs to you; even the gods do not decide, for the heathen is a free man. The absolute opposite of the pagan is the follower of Islam, that is to say, of submission.

TF: What do you think the man, his work his ideas, and what you think is the best lesson to be learned?

Guillaume Faye: I wrote a long text on this issue as well as a funeral tribute [7] to Venner, “The death of a Roman,” that I sent to Roland Helie to post it on the Internet. I refer you to it. In 1970, Venner was the one who brought me into the identitarian milieu of the European resistance, to use an uncommon phrase. I will say no more. Regarding his work and ideas, it seems to me that he decided to approach things from a historical and indirect perspective rather than the polemical and politically straightforward strategy of his youth. Nevertheless, his final message is quite clear when read honestly: Venner rebelled against the destruction of the European ethnic identity. And he tried to resolve his own contradictions.

TF: Do you think that his gesture should be seen as an act of desperation or a political act? Or both?

Guillaume Faye: It is very difficult to get into the skin of a man who killed himself. There is necessarily a mix of inner motivations and exterior causes. Nevertheless, we can give a political meaning to his despair (the causes of which are complex). In this way Venner followed Mishima exactly. But it is shameless and despicable interpret–or worse, to sully–such an action, as did Femen. Suicide is a mystery. In the religions of salvation (for which suicide is sinful ) martyrdom replaces suicide. But that is another debate. In Islam, martyrdom, as a sacrifice that kills enemies (e.g., terrorist attacks) betrays a perverse mentality of paranoia linked to mental pathology.

TF: Do you think that it could really serve to “awaken consciences,” which he vowed in his last editorial [8] on his blog? Can it really have an impact and, as we say, “change things”? Do you really believe that it can lead to an overhaul of concrete policies like, for example, the immolation of Jan Palach [9] in 1968?

Guillaume Faye: That is possible. Since Neolithic times, sacrificial death has had a weighty meaning for practically every people. Even though our age is trying, in vain, to empty it of this dimension. Dominique Venner’s suicide in the choir of Notre Dame will be a landmark. It is not destined to be an “event” swallowed up by current events, like a defeat of a sports team. A myth will be created, in the form of an example, around this voluntary death. But it will take some time. Venner did not kill anyone but himself. He did not detonate a suicide vest. He interrupted his life and put his plunge into death in service of a message. He followed precisely in the footsteps of Yukio Mishima. Now, what I said is not a certainty. Everyone follows his path. Personally, I have never considered suicide as a means of sending a message. Simply because death interrupts the flow of the message. Unless you think you have said everything . . .

TF: Looking at everything that has happened (or rather not happened) since the beginning of the “national movement” in the broad sense, do you not share the conclusion stated by some, who display a certain wry cynicism—for example, a recent editorial by Philippe Randa echoing the conclusions of Nicholas Gauthier and Alain Soral—if not the nihilism that Nietzsche denounced? In other words, his suicide was forgotten by the media a week later. Now, more than four months later, did it really “do something”?

Guillaume Faye: Again, the commentaries of Randa, Gauthier, and Soral are beside the point, too tied to current events. The media does not matter. Venner’s voluntary death is a fact that transcends the media and which will be remembered. Today’s “national movement” is not a proper receptacle. Venner wished to give his tragic gesture a historic dimension, not create a fleeting media phenomenon. He was not addressing his friends, his family, or the “movement”—the so-called extreme Right. He was addressing his people, that is to say, Europeans, and his message focused primarily on the preservation of their ethnic identity which is currently threatened.

Source: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2013/11/15/temp-d015d0c6eeb0df3afcca5d0f4d350c44-5221909.html [10]

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2013/11/interview-on-dominique-venner/

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/11/venner_rosas.png

[2] here: http://www.counter-currents.com/2013/11/entrevista-sobre-dominique-venner/

[3] Ernst Jünger biography: http://www.counter-currents.com/2010/06/another-european-destiny/

[4] Histoire et tradition des européennes: 30,000 ans d’identité: http://www.counter-currents.com/2010/06/from-nihilism-to-tradition/

[5] Le Siècle de 1914: http://www.counter-currents.com/2010/06/foundations-of-the-twenty-first-century/

[6] Le choc de l’Histoire: http://www.counter-currents.com/2011/11/the-shock-of-history/

[7] funeral tribute: http://www.counter-currents.com/2013/06/tribute-to-dominique-venner/

[8] last editorial: http://www.counter-currents.com/2013/05/the-may-26-protests-and-heidegger/

[9] Jan Palach: https://en.wikipedia.org/wiki/Jan_Palach

[10] http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2013/11/15/temp-d015d0c6eeb0df3afcca5d0f4d350c44-5221909.html: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2013/11/15/temp-d015d0c6eeb0df3afcca5d0f4d350c44-5221909.html

La Garde nationale : institution du passé et projet d’avenir ?

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La Garde nationale : institution du passé et projet d’avenir ?

par Rémy VALAT

 

Le 20 mars 2012, le groupe Janus a fait paraître dans la revue Le Point une lettre ouverte appelant à la création d’une « garde nationale » aux missions citoyennes multiples : réserve de l’armée, auxiliaire des forces de l’ordre et partenaire des unités de Sécurité civile et des organisations humanitaires (1). Mais cette idée n’est pas neuve, elle figure notamment au programme du Front national, ou émane d’associations (Anciens des Missions extérieures), de personnalités politiques (Philippe de Villiers) ou de militants (Laurent Latruwe).

 

L’intérêt porté sur cette question témoigne d’un désir de réformer les moyens de défense de notre pays. Il mérite aussi d’être examiné avec attention, car ce projet est porté par un parti politique susceptible (et il est bien partie pour) de remporter les prochaines élections présidentielles. Il ne s’agit pas de faire du neuf avec de l’ancien, mais au contraire d’innover. Si la Garde nationale, première version, a été dissoute en 1871, c’est parce que cette institution était intimement liée à une conception ancienne de la citoyenneté associant le droit de vote et de porter une arme : elle était intrinsèquement liée aux processus insurrectionnels et révolutionnaires. Aussitôt cette institution dissoute, la contestation sociale et les procédés du maintien de l’ordre vont peu à peu évoluer.

 

Cet « échec » ne doit pas remettre en question la pertinence de la résurgence d’une telle institution sous une forme moderne et dépolitisée. La nature même des conflits contemporains l’exigerait : la guerre ne connaît plus de limites, et le rôle des acteurs sociaux, économiques et politiques est aussi prépondérant que celui des forces de l’ordre et de l’armée. La Garde nationale serait une solution d’avenir pour assurer la défense et la cohésion sociale de notre pays. Historiquement, elle a été créée en 1789 et s’est éteinte sur les barricades de Paris en 1871 : elle est l’héritière des milices de l’Ancien Régime. Les hommes qui y étaient enrôlés ont rempli selon les périodes d’agents du maintien de l’ordre ou soldats de réserve de l’armée de ligne. C’est surtout la mission de sûreté intérieure et son impact dans la vie politique française qui intéresse en premier chef cet article, c’est pourquoi nous attardons à présent et brièvement sur sa compétence en matière de défense du territoire national.

 

Une force de réserve imparfaite, parce que mal préparée

à la réalité de la guerre

 

Quelques semaines avant le vote de la loi constitutive sur la Garde nationale (14 octobre 1791), les 11 et 13 juin précédents, alors que le roi Louis XVI est en fuite, une première conscription libre de 110 000 gardes nationaux de bonne volonté a été décrétée par l’Assemblée pour répondre à l’imminence d’un conflit avec les monarchies européennes. Cet appel, prémisse à la levée des bataillons de gardes nationaux volontaires de 1792, est l’acte fondateur du rôle militaire de l’institution. Ultérieurement, en 1809, les gardes nationales seront mobilisées pour contrer l’expédition britannique dans l’île hollandaise de Walcheren. Plus tard, en 1832, sera voté le principe des corps détachés pour le service de guerre, mais cette idée théorique n’aura aucune réalisation concrète.

 

L’armée s’appuie encore sur la conscription par tirage au sort et ce procédé unique ne sera pas remis en question jusqu’en 1868. C’est sous le Second Empire, en réponse au danger que représente la Prusse et ses alliés, que s’impose l’idée d’une armée auxiliaire. Se remémorant peut-être la défaite de son oncle face à la Prusse en 1813, Napoléon III reprend à son compte le principe de la Landwehr. Le 1er février 1868, la loi Niel crée une Garde nationale mobile. Celle-ci regroupait tous les citoyens ayant échappé au service militaire lors du tirage au sort et sa mission consisterait en la défense des villes fortifiées des frontières (mais aussi de l’intérieur) et de force de réserve. La Garde nationale mobile qui se battra avec héroïsme pendant l’« Année terrible », formera une armée auxiliaire aux côtés des gardes nationaux mobilisés (2) à compter du 14 octobre 1870. Dans la capitale, la Garde nationale mobile sera dissoute après l’armistice de janvier 1871 et bon nombre de gardes intégreront les bataillons sédentaires et se battront sur les barricades pour défendre la Commune.

 

Cette succession de mobilisations dictées par l’urgence, et en particulier la dernière (1870) démontre l’utilité d’un tel corps de troupes permanent et régulièrement entraîné : c’est par l’amalgame avec les unités de ligne que les volontaires nationaux se sont formés et aguerris, au point de devenir l’ossature des armées révolutionnaires puis napoléoniennes. L’échec relatif des levées de « moblots » en 1870 et 1871 s’explique par la carence de leur formation militaire, mais ces faiblesses se sont estompées pour les unités ayant eu une expérience du feu. La garde nationale fédérée, servant d’armée à la Commune, a été vaincue en raison de son manque d’entraînement et des dysfonctionnements internes (le refus d’un commandement unique, pouvoir excessifs des chefs de légions et une tendance à l’insubordination, etc.) : l’idéal politique s’est avéré insuffisant face à une armée de ligne, mieux entraînée et idéologiquement conditionnée. En un mot, le garde national raisonnait et actait comme un civil et le soldat comme un militaire.

 

La Garde nationale : une institution entre conservatisme et contestation révolutionnaire

 

Fille de la Révolution française, la Garde nationale disparaît avec la Commune de Paris. Son histoire est une succession d’implications dans les processus révolutionnaires, suivies de courtes étapes de transition, où l’outil insurrectionnel se mue progressivement en force publique active de maintien de l’ordre. Aussitôt la paix sociale acquise, elle opère ensuite, lorsqu’elle n’est pas dissoute, en qualité de force publique représentative et symbolique. Pendant ces périodes, les plus longues, elle est momentanément réactivée lorsque surgissent de nouveaux désordres intérieurs ou des périls extérieurs. Selon l’historien Louis Girard, deux tendances centrifuges animent la milice. Ces orientations opposées reposent sur l’acceptation ou la contestation de la loi. Force est de constater que la Garde nationale n’est radicalement impliquée dans le processus révolutionnaire que lorsque son recrutement se démocratise, s’élargit à tous les citoyens mâles en âge de porter une arme. C’est pourquoi, la limitation ou l’élargissement des engagements revêt une importance politique. Le flux du recrutement est matériellement réduit par le critère financier. La rémunération du garde réquisitionné facilite le recrutement populaire, voire d’individus nécessiteux. Les convulsions révolutionnaires de 1792 – 1793, de 1848 – 1851 et de 1870 – 1871, avalisent totalement cette assertion. La stabilité de la milice ne semble garantie que par le contrôle quantitatif et qualitatif des inscrits. La théorie du citoyen-propriétaire est rémanente de 1791 à 1870. La distinction entre les citoyens actifs et passifs se traduit au sein de la Garde nationale par le distinguo entre gardes nationaux en service ordinaire et gardes nationaux de réserve. Cette différenciation civique vise à éloigner du bulletin de vote et du maintien de l’ordre les classes perçues comme dangereuses. Même le décret de l’Assemblée législative du 30 juillet 1792 qui autorise l’admission des « citoyens passifs » dans la Garde nationale – décret préliminaire à celui du 11 août 1792 supprimant totalement la « citoyenneté passive » – est certes « inclusif » pour l’ensemble des citoyens mâles sédentaires de 21 à 60 ans, mais toujours « exclusif » pour les populations flottantes et le personnel ancillaire. Les conceptions de l’engagement civique dans la milice et du droit électoral se rejoignent par leur rejet des mêmes catégories sociales, d’âge et de sexe; mais s’opposent radicalement sur l’exclusion d’une partie des individus se considérant comme partie intégrante du corps social, sans pour autant appartenir aux groupes sociaux jugés « infamants ». Cette lutte devient le programme des Républicains jusqu’en 1848. Avec l’avènement du suffrage universel, l’accès du citoyen à la Garde nationale se généralise. Entre 1852 et 1870, l’empereur Napoléon III, ancien président de la Deuxième République, ne pourra plus porter atteinte à l’universalité de la citoyenneté. Il optera seulement pour une organisation sélective des bataillons. Tous les citoyens deviennent des gardes nationaux potentiels, seul le nombre des bataillons est sensiblement réduit. Ce mode de recrutement coïncide totalement avec l’esprit du régime. Napoléon III estime puiser la source de son pouvoir par l’acceptation de son peuple. Mais, son mode de gouvernement – autoritaire – n’est officiellement qu’un moyen mécanique de gestion de l’État. Seul le caractère exceptionnel de la crise politico-militaire de 1870 favorisera le retour d’une garde nationale républicaine et démocratique.

 

Du potentiel symbolique et légitimant du garde national au rôle politique des fédérations de gardes nationaux

 

Le garde national a, comme l’écrit Pierre Rosanvallon (dans son ouvrage Le sacre du Citoyen), « hâté l’avènement de l’individu citoyen ». Le garde national, devenu le citoyen-soldat, peut jouir de ses droits civiques en contrepartie de sa contribution à la défense de la Nation. Cette nouvelle équation, individu-citoyen, plutôt du citoyen en armes, est à l’origine du potentiel symbolique de l’institution qui représenterait la Nation tout entière : or, les critères d’exclusion d’une partie des résidents français et indigènes atteste de l’inexactitude de cette assertion. Cette transformation renforce le rôle politique de la milice initié lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Ce pacte entre l’Assemblée constituante et 14 000 gardes nationaux venus de tout le pays, servît grâce à la propagande officielle, d’acte fondateur de l’identité nationale. Les délégations des bataillons de province vinrent apporter au Champ de Mars, leur soutien au gouvernement révolutionnaire, le légitimant de leur potentiel militaire et politique. Toutefois, cette cérémonie masque une toute autre réalité : elle est un détournement des initiatives locales de fédérations de municipalités et de gardes nationales, qui sont l’expression d’un réflexe d’autodéfense consécutif à la « Grande Peur » et d’un désir d’affirmation d’une appartenance communautaire à l’échelon local. Cette méfiance est partiellement infondée puisque dans certains départements la Garde a été le vecteur du développement de l’idéal révolutionnaire, grâce à la crainte répressive qu’elle inspirait. Le mouvement des fédérations fût d’ailleurs précoce : la première eut lieu à l’Étoile près de Valence le 29 novembre 1789 et réunît 12 000 gardes du Vivarais et du Dauphiné. Les Constituants, après avoir constaté l’ampleur du mouvement, le fédère au bénéfice de la représentation nationale siégeant à Paris. En outre, cette cérémonie a également mis en évidence neuf années avant le coup d’État de Napoléon Bonaparte, la menace du césarisme (3) et souligne l’existence de deux légitimités : celle des représentants élus et celle du chef, ou du parti, appuyé par la communauté des citoyens de la Garde nationale. Deux légitimités, presque équivalentes en valeur représentative – en raison du caractère charismatique de l’élection selon l’expression de Max Weber. En 1815, 1830 et surtout en 1871, de nouvelles fédérations, certes d’une moindre ampleur, viendront valider, a posteriori, la légitimité des nouveaux gouvernements. Le phénomène fédératif, propre aux périodes révolutionnaires, est la manifestation du potentiel légitimant de la Garde nationale. Dans la capitale, lors des périodes de paix sociale, la Garde nationale a aussi une fonction de renforcement de la légitimité du Souverain. Cette propension a été particulièrement décrite pour la période de la Monarchie de Juillet (thèse de doctorat de Mathilde Larrere-Lopez) : pendant ce règne, les cérémonies parisiennes auxquelles participe la milice ont pour fonction de symboliser la cohésion du peuple autour du roi-citoyen Louis-Philippe, dont la légitimité est contestée (comme en témoigne les multiples tentatives d’attentats contre sa personne).

 

Surtout, l’héritage républicain et démocratique de la Révolution française a perduré au sein de la Garde nationale parisienne. La vie politique et délibérative a continué, même pendant les périodes des régimes autoritaires, la monarchie constitutionnelle et les deux empires. Les fonctions électives et délibératives légales internes à la Garde, principalement les conseils de famille, ainsi d’ailleurs que les réunions informelles et les tours de garde – favorisaient la circulation des opinions et servent d’appui à l’opposition républicaine, notamment sous la monarchie de Juillet, mais aussi très probablement entre 1789 et 1792. Organisme interne, le conseil de famille participe à cette vie. Ces structures, établies vraisemblablement depuis la Révolution, sont chargées de l’administration à l’échelon des compagnies. Traditionnellement présidés par le capitaine de la compagnie, ces conseils veillent au règlement des affaires courantes, au paiement de la solde et à la sanction des infractions légères. L’implication directe des gardes aux décisions du conseil fait de cette structure un lieu de sociabilité pouvant être politique. Parfois, les foyers d’opposition se regroupent au sein d’une compagnie, ou dans les batteries d’artillerie, réputées républicaines (1830-1831) (4). Ces structures sont les embryons permanents du modèle organisationnel des Gardes nationales démocratiques. Celles-ci ont leurs caractéristiques propres. Fruits de l’amoindrissement de l’étreinte du pouvoir central, elles ont une forte tendance à la décentralisation et, comme l’écrit Richard Cobb, au fédéralisme populaire et jacobin, et conduisent à la constitution d’un contre-pouvoir. Ce phénomène est récurrent pour les formations citoyennes du modèle que nous pourrions qualifier de « communal », c’est-à-dire celui des formations citoyennes formées lors des deux Communes de Paris. Le modèle communal de la Garde nationale est historiquement impliqué au processus de démocratisation et surtout de radicalisation prononcée de ces événements, ce qui donne, à l’échelle macro-historique, l’impression d’une ressemblance entre les armées révolutionnaires et la garde nationale parisienne de 1870-1871. Le modèle communal révèle l’ambiguïté de la Garde nationale de Paris. Le rôle unique de la capitale donne à cette formation de maintien de l’ordre territoriale une ambiguïté et un potentiel politique considérable : elle est la convergence du national et du parisien. Nous reviendrons sur cet aspect dans notre analyse. Enfin, soulignons qu’un recrutement populaire ne coïncide pas mécaniquement avec le processus révolutionnaire et insurrectionnel : le contre-exemple le plus significatif est celui des gardes nationaux mobiles de 1848. La Garde nationale mobile du ministère de l’Intérieur créée le 25 février 1848, était une unité de 25 000 baïonnettes, répartie en 24 bataillons. Ses hommes étaient jeunes (les volontaires avaient entre 16 et 30 ans) et soldés (1,50 F/jour). Ces jeunes gardes étaient, selon l’expression du préfet de police Caussidière, chargés « de faire de l’ordre avec le désordre ». Les mobiles recrutés parmi les hommes les plus pauvres de la capitale et majoritairement dans le monde ouvrier feront néanmoins le feu contre les insurgés de juin 1848. Le clivage reposait sur un antagonisme préexistant entre les jeunes provinciaux et les Parisiens. Moins payés tout en étant parfois mieux qualifiés et premières victimes du chômage, ils étaient fréquemment déconsidérés par les autres ouvriers ou artisans plus âgés et résidant à Paris depuis plusieurs années. Ce contre modèle souligne ici l’importance du réseau des sociabilités de quartier et de l’enracinement de la population insurgée, dans les révolutions parisiennes. L’appartenance aux classes populaires n’était donc pas l’unique facteur insurrectionnel.

 

L’histoire nous donne un enseignement : une garde nationale politisée et armée sans un contrôle étroit est un réel danger pour l’ordre public, même en période de crise majeure.

 

Quelques projets de création d’une milice citoyenne : entre recherche de cohésion sociale et efficacité opérationnelle en matière de défense et de sécurité civile

 

Le groupe Janus serait un groupe de réflexion informel de militaires et de chercheurs. Leur idée est la création d’une garde nationale, composée de cadres d’active et de réservistes. Cette Garde nationale interarmes de 75 000 hommes et femmes seraient subordonnée à ‘état-major des armées ayant autorité sur des « divisions territoriales » commandées par des officiers généraux issus des trois armées : les gardes nationaux bénéficieraient d’avantages sociaux (5) et de possibilités de formation, c’est-à-dire autant de moyens de lutte contre le chômage, la précarité et le désœuvrement. Sa finalité est avant tout sociale et vise « à répondre à la demande des jeunes Français volontaires pour des actions au profit de la collectivité, à valoriser ce volontariat, à compenser les pertes en effectifs des armées, à avoir une organisation et les forces effectives pour de nouvelles missions comme la protection civile (catastrophes naturelles, accident nucléaire, sauvetage en mer, etc.), les actions humanitaires de tous types, l’assistance aux forces de sécurité en cas d’événements importants et l’opération Vigipirate. Les gardes seraient, si nécessaires, armés. Éventuellement, cette force pourra être considérée comme un vivier de forces disponibles pour des opérations militaires ». Comme jadis, la Garde nationale aurait une base territoriale : elle serait organisée en divisions territoriales de 10 000 hommes pour le Nord-Est, le Sud-Est, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du pays (avec pour cas particuliers, la région parisienne 20 000 hommes et l’Outre-mer de 15 000 hommes). Le groupe Janus propose l’intégration de la brigade franco-allemande à cet ensemble. La Garde nationale n’empiéterait pas sur les compétences spécifiques des forces de l’ordre ou de la défense nationale, elle les renforcerait numériquement en cas de nécessité. L’engagement serait volontaire, d’une durée libre de 1 à 2 ans, à temps partiel, serait réquisitionnables une durée fixée à la discrétion des autorités (la durée d’une mission spécifique) et seraient rémunérées (avec possibilité de cumul avec les prestations sociales ou des indemnités de chômage).

 

L’association des Anciens des Missions Extérieures défend également l’idée de résurrection d’une garde nationale, et propose une réforme en profondeur, qui réorganiserait l’armée française sur un modèle amalgamant le modèle contemporain suisse et l’armée française d’Ancien Régime. Le président William Navarro précise que « chaque militaire ayant achevé son obligation de servir son pays se doit d’emporter à son domicile son équipement personnel » et que son « arme doit être remisée, soit à la caserne, soit au Commissariat, soit à la gendarmerie ». La durée du service serait de 260 jours (ou de 300 jours, si les recrues décident d’effectuer leur temps en une seule fois) et ouvert aux hommes déclarés aptes au service et âgés de 18 à 35 ans; les femmes seraient retenues sur le critère du volontariat. L’association insiste sur la formation permanente des gardes nationaux. Laurent Latruwe (6) propose un projet avec une dimension sociale : les volontaires, sélectionnés sur leurs aptitudes physiques et leurs motivations, bénéficieraient d’aides sociales ou des déductions d’impôts en contrepartie de leur service. Le projet est particulièrement intéressant, puisqu’il propose en sus d’unités de sécurité civile la constitution d’unités de gardes nationaux des trois armes avec des missions de défense stricto sensu (infanterie, infanterie mécanisée, un corps de défense sol-air au service de batteries lance-missiles, une flottille d’aviation tactique légère et des gardes frontières).

 

La Garde nationale française du XXIe siècle serait une institution citoyenne sous tutelle et dépolitisée

 

Toutes ces propositions vont dans le sens d’une Garde nationale française qui serait une institution citoyenne sous tutelle et dépolitisée.

 

Une institution citoyenne par son recrutement (participations aux scrutins électoraux, casier judiciaire vierge, un désir de servir sans être un assisté social, etc.), mais aussi et surtout dans les missions assignées à ces unités. Les gardes nationaux partageraient leur temps entre la vie civile et leur engagement citoyen. Ce recrutement donnerait une légitimité supérieure aux interventions des forces de l’ordre et de l’armée, en particulier en cas de trouble intérieur (émeutes dans les banlieues) ou de menace extérieure majeure (actions terroristes). Il paraît important d’assurer une formation régulière des volontaires, car les services qui leur seront demandés répondront à des besoins spécifiques. Leur action en matière de sécurité civile, en particulier, symboliserait un désir citoyen d’assistance mutuelle (que renforcerait, entre autre idée, l’instauration d’une épreuve de secourisme obligatoire pour l’obtention du baccalauréat).

 

Une institution sous tutelle des pouvoirs civils (et du préfet de police pour la région parisienne) : les gardes nationaux dépendraient d’un point de vue opérationnel des Zones de Défense et de Sécurité dont les compétences administratives recouvrent les domaines et ressorts administratifs qui seraient dévolues aux formations citoyennes.

 

Enfin et surtout, une institution dépolitisée : les gardes seraient assermentés, soumis aux droits et devoirs des militaires pendant la durée de leur service; l’appartenance à un parti politique (tous horizons confondus), à un groupement religieux radical ou à une association à l’origine de troubles publics pourrait être un critère d’exclusion du port de l’arme en cas de crise majeure.

 

La Garde nationale a de l’avenir, si les décideurs politiques en prenaient conscience en évitant les écueils du passé.

 

Rémy Valat

 

Notes

 

1 : Cf. sa mise en ligne sur le site du Point, Jean Guisnel, 20 mars 2012.

 

2 : La Garde nationale sédentaire mobilisée est créée le 29 septembre 1870. Son recrutement est élargi à tous les hommes de 21 à 40 ans, mariés ou veufs sans enfants. Ces hommes font partie de la nouvelle armée républicaine levée en masse contre les alliés allemands.

 

3 : La Fayette, commandant général des Gardes nationales de France a tenté de bénéficier du capital symbolique et politique de la milice dans la perspective de s’assurer le pouvoir personnel. Dans la réalité, les coups d’État ne furent jamais le fait de la Garde nationale, mais de l’armée (à l’exception de la tentative avortée du général Malet en 1812).

 

 

4 : Ces dernières seront d’ailleurs dissoutes sous le règne de Louis-Philippe et le Second Empire. Les canonniers et le canon, symbolisent pour les républicains radicaux, le pouvoir des sections du Paris révolutionnaire de 1792 – 1793.

 

5 : « Les gardes nationaux, non d’active, auront un statut de civils faisant des périodes entre 30 et 100 jours par an rémunérés au taux de leur grade. Ils pourront bénéficier de certains avantages fiscaux, de stages et d’emplois “ réservés ”, mais aussi de possibilités d’intégration rapide au sein des forces d’actives. Dans tous les cas, cette activité pourra être considérée comme un emploi même temporaire et sera un outil supplémentaire de lutte contre le chômage, des jeunes particulièrement. »

 

6 : Nous n’avons pas reproduit d’extraits du texte de Laurent Latruwe,« Projet de Garde nationale : l’élite de la France au service de la nation », soumis à une autorisation pour la reproduction ou la citation d’extraits. Le texte est logé à l’adresse suivante : http://uniondespatriotes.hautetfort.com/files/La_Garde_nationale.pdf

 


 

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Demain l’autodéfense

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Demain l’autodéfense

par Georges FELTIN-TRACOL

 

Bernard Wicht est un universitaire helvète qui enseigne la stratégie. Auteur de plusieurs ouvrages dont L’O.T.A.N. attaque en 1999 ou Une nouvelle Guerre de Trente Ans en 2011, cet esprit curieux a depuis longtemps élargi sa réflexion à l’histoire, au politique et à la philosophie. Il perçoit dans ces domaines de connaissance de fortes similitudes au point qu’il est légitime de le considérer comme le fondateur d’une nouvelle discipline, la philosophie stratégique.

 

Avec Europe Mad Max demain ?, il développe d’une manière magistrale un point de vue détonnant. Fin observateur de la course folle du monde contemporain, Bernard Wicht devine les fractures essentielles d’un monde à venir. Contre les thèses en vogue, il explique que la mondialisation et le néo-libéralisme n’ont pas ruiné l’État-nation, mais l’affaiblissent durablement.

 

Le travail de sape des fondements stato-nationaux revient en réalité aux dernières avancées d’une « révolution militaire » dont l’affirmation des guérillas, des mafias, des diasporas militairement organisées et des S.M.P. (sociétés militaires privées) réactualisent la figure de l’entrepreneur de guerre de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. Il y devine une revanche de l’Ordre des Templiers qui exerçait un pouvoir supranational déterritorialisé. Sa dissolution suite au « fameux procès du 22 mars 1312 apparaît […] comme un exemple caractéristique de transition et de mutation des formes d’organisation politique : l’effacement d’organisations militaires et financières souveraines, mais sans territoire, au profit de l’affirmation naissante de l’État territorial (p. huit) ». Ces moines-chevaliers s’opposaient aux ambitions centralisatrices du roi de France Philippe le Bel sans comprendre le phénomène de territorialisation politico-militaire. À la suite du sociologue Charles Tilly, Bernard Wicht estime que « c’est la logique des guerres modernes, à partir de la fin du XVe siècle, qui conduit à la création de l’appareil étatique moderne (p. 12) » parce que l’effort de guerre implique une mobilisation toujours croissante des ressources (généralisation de la fiscalité, centralisation administrative, essor de la colonisation et du commerce transocéanique). Les conflits deviennent conventionnels, ordonnés et limités entre puissances étatiques de même nature.

 

Guerres en mutation…

 

Le XXe siècle change toutefois la nature de ces guerres réglementées. La modification s’opère dès les guerres de la Révolution et de l’Empire (1792 – 1815), mais elle s’accélère à notre époque. Bernard Wicht en distingue trois grandes phases consécutives :

 

— La période militaire va de 1940 à 1945 et se caractérise par l’apport décisif de la guerre de partisans.

 

— La période politique s’étend des années 1945 à 1975 avec la prolifération des guerres révolutionnaires, soutenues et/ou financées par les deux Super-Grands ou leurs alliés.

 

— La période économique depuis 1980 connaît de profonds changements. Les organisations de partisans – parfois appelées « terroristes » comme l’I.R.A. ou l’O.L.P. – accèdent à l’indépendance financière et se dégagent de la tutelle de leurs premiers soutiens étatiques. Elles nouent une coopération fructueuse avec des milieux criminels et profitent de la mondialisation financière.

 

L’auteur signale aujourd’hui la « mutation ontologique et culturelle de l’art de la guerre (p. 33) ». Celle-ci doit composer avec les restrictions budgétaires, valorise désormais l’emploi de forces spéciales et promeut une sous-traitance tant officielle envers les S.M.P. qu’officieuse avec des unités paramilitaires. Ces bouleversements affectent le fondement régalien. Bernard Wicht assure que « la guerre fait l’État… ou toute autre organisation adaptée au conflit (p. 10) ». Or l’État – s’il veut perdurer au XXIe siècle – doit s’adapter à la « petite guerre », aux « conflits irréguliers », aux « guerres asymétriques » et à la « guérilla ».

 

Certes, « la guerre irrégulière est essentiellement le fait de combattants d’occasion et de groupes marginaux. Or ceux-ci répondent à un ordre qui leur est propre et qui ne correspond pas à celui des États (p. 14) ». Cela ne l’empêche pas d’être érigée en « mode de conflit de plus en plus utilisé, par les États d’abord, pour s’affirmer ensuite, de nos jours, comme la principale forme d’affrontement à travers le monde (p. 11) ». Cette forme spécifique de guerre correspond à l’esprit du temps, à ce « monde liquide » décrit par le philosophe Zygmunt Bauman. Voilà pourquoi « il faut constater que l’État moderne n’est pas en déclin mais beaucoup plus en recomposition (p. 46) ». La structure stato-nationale – ou manifestation moderne de l’État – a toutefois bien été contestée depuis une centaine d’années.

 

Plutôt que reprendre l’expression de l’historien Ernst Nolte sur une nouvelle « Guerre de Trente Ans », Bernard Wicht préfère qualifier le « siècle de 1914 » de « Longue Guerre (p. 29) » (1914 -1991) aux effets dévastateurs pour les peuples européens. Verdun, Auschwitz, Hiroshima et le Goulag ont disqualifié l’État en tant que vecteur de puissance, détruit la psyché des sociétés européennes, remis en cause le sentiment national de leurs populations et banni tout quelconque idéal viril incarné par le triptyque « force, honneur, courage » (p. 30). Le diagnostic est accablant. Pis, l’après-Seconde Guerre mondiale a inauguré une soi-disant « Communauté internationale », censée empêcher toute nouvelle guerre, entériné  l’intervention armée contre n’importe quel « État voyou », fondé une justice planétaire et conçu un droit d’ingérence, cette « méthode de prédation visant notamment à criminaliser l’ordre juridique d’un État ou son gouvernement, à instrumenter ses dissensions internes pour en prendre le contrôle et le dépecer (les Révolutions oranges en Europe orientale en sont une des illustrations) (p. 38) ». Son objectif est simple : « En tant qu’autorité supra-étatique, la communauté internationale va développer une nouvelle forme de légitimité (droits de l’homme, protection des minorités, multiculturalisme, démocratie par le marché) remettant en cause les anciennes légitimités nationales fondées, entre autres, sur l’intangibilité des frontières et l’intégrité du territoire et de la souveraineté nationale. Cette évolution va contribuer à l’affaiblissement de la souveraineté étatique et, paradoxalement, faciliter le développement de toutes les formes de conflits de basse intensité à l’intérieur des États (guérillas séparatistes, révoltes, insurrections, émeutes révolutionnaires) (pp. 38 – 39). » La constitution d’un mondialisme moral et juridique d’essence occidentale fut longtemps freinée par la Guerre froide et l’antagonisme Est – Ouest. Dans un essai destiné à faire date, La grande séparation, Hervé Juvin constate cette inquiétante évolution (involution ?). « L’État n’émane plus du corps national, il procède de l’ordre international et du système de l’argent (1). »

 

Privatisation des conflits

 

La fin du duopole soviético-étatsunien n’a pas rendu le monde plus sûr. Elle a au contraire favorisé l’éclatement de certaines entités stato-nationales assez artificielles (U.R.S.S., Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Soudan…) et l’amoindrissement même de la fonction étatique. Alors que « l’Europe se tiers-mondise, l’État s’y affaiblit de manière dramatique : elle entre dans ce que Braudel appelle “ la zone des désordres prolongés ” (p. 42) ». Le maintien d’une armée aux effectifs imposants devient caduc tandis que la guérilla qui « d’un simple mode de combat en marge des grandes opérations militaires, […] se transforme en une véritable doctrine de libération politique. Le paradigme bouge en profondeur : le centre de gravité des conflits passe du militaire au civil. Il ne s’agit plus d’anéantir l’armée adverse mais de perdre le contrôle de la population par n’importe quel moyen (pp. 22 – 23) ». N’oublions pas que les guerres africaines des années 1990 – 2000 virent l’apparition d’« une alternative non bureaucratique à l’État-nation (p. 23) » que l’auteur définit comme des « complexes politiques émergents (p. 23) ». Le chef de bande dispose d’une clientèle armée, se lie au crime organisé et à l’économie grise, voire noire, et peut acquérir une dimension transnationale s’il bénéficie du soutien financier, internautique et moral, de la diaspora. Dans des régions où l’État se révèle incapable de garantir l’ordre public, ce maintien est de facto dévolu aux S.M.P., guérillas et autres mafias qui « protègent » les populations civiles en les rançonnant. Dorénavant, la guerre n’est plus un acte politique, mais une manœuvre économique liée au marché privé de la défense. Cet indice révèle la « désétatisation » de la violence réputée légitime. « Aujourd’hui […] on peut se demander si on n’assiste pas à un processus similaire, en sens inverse cependant : des organisations sans territoire, mais dotées d’une réelle puissance financière et militaire, ne sont-elles pas en train de supplanter l’État-nation ou, tout au moins, de le concurrencer de manière décisive ? (p. 9). » Partie d’Afrique, cette tendance s’étend au monde occidental, en particulier au Vieux Continent avec ses zones périphériques de non-droit. « Des banlieues des métropoles occidentales aux montagnes d’Afghanistan, les différentes formes de groupes armés défient les forces régulières et les tiennent en échec (p. 34). »

 

Elle modifie en profondeur la stratégie jusque-là enseignée. « Avec l’impossibilité croissante de la guerre entre États, la guerre elle-même s’est transformée, laissant la place à ce qu’on appelle souvent le “ conflit de basse intensité ” (de l’émeute à la guérilla, au terrorisme et au nettoyage ethnique). Désormais par conséquent, l’ennemi extérieur commun ciment de l’unité nationale est remplacé par un “ ennemi intérieur ”, légitimant le redéploiement de la coercition (terroristes, mafias, bandes et gangs) : d’où l’expression utilisée par certains de nord-irlandisation de l’État moderne, c’est-à-dire la généralisation des lois d’exception, de la surveillance électronique et de la présence militaro-policière (p. 49). » Il est inévitable que, la fin des hostilités inter-étatiques dévaluant le rôle du conscrit et relançant celui du mercenaire, « la citoyenneté s’affaiblit, de même que la souveraineté populaire qui n’est plus considérée comme le socle de la légitimité étatique (p. 48) ». Bref, « le citoyen […] s’en retrouve réduit à sa simple fonction de contribuable (p. 64) ». Sa « démilitarisation » confirme la privatisation de l’épée et du bouclier et la dénationalisation des forces militaires. « L’armée est en charge de la sécurité de la nation, qui signifie à la fois défense de sa souveraineté et protection de son identité. […] mais que défendre, s’il est impossible de s’identifier ? (2). »

 

femme-self-defense.jpgPour l’auteur, la citoyenneté se trouve « liée à la res publica, c’est-à-dire la participation effective à la gestion des affaires communes (p. 63) ». Sa minimisation augmente la distance toujours plus grande des gouvernants vis-à-vis de leurs gouvernés. « Si le citoyen paie toujours ses impôts, l’élite politique au pouvoir censée le représenter a d’ores et déjà quitté le cadre national pour rejoindre l’espace global de l’hyper-classe mondiale (p. 63) » et ignore volontiers les préoccupations des citoyens dorénavant quiritaires. Soucieuse de préserver ses intérêts et son influence, l’oligarchie globalitaire d’essence ploutocratique et d’appui médiatique met en place sous couvert de « lutte contre le terrorisme et l’extrémisme » un dispositif policier totalitaire qui accélère la fin de la démocratie et « la dynamique de fusion des États/fission des sociétés (p. 41) ». Bernard Wicht et Hervé Juvin se rejoignent, surtout quand le second affirme que « l’État se séparer de la nation et ne connaît plus les peuples, il devient le colon de la ferme mondialisée (3) ». Hervé Juvin confirme aussi les analyses de Bernard Wicht à propos du rôle délétère du multiculturalisme. « La société multiculturelle appelle les forces armées à ouvrir le front intérieur, et les subordonne à un ordre supranational qui les convertit en mercenaires, qui ne se battent plus au nom d’un peuple, d’une nation, mais de contrats à respecter ou d’intérêts à défendre ! (4). »

 

En guerre contre la « société décente »

 

Cette prévenance sécuritaire de la part des nantis transcontinentaux engendre une effervescence polémogène marquée par des formes d’organisation militaire irrégulière désormais mises en concurrence avec les armées nationales « classiques ». En outre, la révolution numérique facilite ce totalitarisme 2.0, bouleverse la répartition géographique des richesses produites et perturbe le cadre stato-national. Ce dernier assiste, impuissant, à une dislocation par le bas du corps social-politique. En distinguant soigneusement le chaos du désordre, Bernard Wicht estime que « dans les sociétés actuelles, on peut […] dégager la chaîne causale suivante : complexité = fragilité; fragilité = instabilité; instabilité = imprévisibilité (p. 65) ». Cet éclatement risque de déboucher en Europe sur un désordre généralisé qui inciterait peut-être à retrouver l’essence de la citoyenneté, c’est-à-dire avoir des droits politiques et en corollaire le devoir de mourir pour sa patrie.

 

L’obsolescence du citoyen-soldat ne témoigne cependant pas de la fin de l’État. « Il faut considérer l’État avant tout comme une machine de guerre; c’est sa raison d’être fondamentale (p. 25). » En examinateur lucide, Hervé Juvin pense que « la dernière technique de l’individu, la plus achevée aussi, le dernier dispositif à faire de l’un à partir du divers et du même à partir des autres ne s’est nulle part plus affirmée qu’en Europe; c’est l’État du socialisme antinational, c’est-à-dire l’État de la société des individus. L’État est la garant des droits illimités des individus, et d’abord contre la nation (5) ». Or, par puritanisme pacifiste convenu, le terme de « guerre » s’éclipse du vocabulaire au profit de celui de « sécurité ». Il n’en demeure pas moins vrai que son effacement favorise le surgissement post-moderne de « trois archétypes militaro-guerriers […] : le terroriste et ses adversaires désignés, le combattant des forces spéciales et le contractor – le premier en tant que nouveau guerrier souverain du monde globalisé, le deuxième comme prétorien du nouveau pouvoir impérial, le troisième comme l’entrepreneur militaire issu du marché global (pp. 60 – 61) ». Bernard Wicht y ajoute le partisan « qui se bat pour une cause que l’État n’est plus en mesure de lui donner (p. 61) », l’ancien des forces spéciales, le « soldat (homme de main du crime organisé) (p. 61) » et, pas encore décantée, une « nébuleuse  citoyenne » pour qui l’auteur porte de grands espoirs. Terroristes, combattants des forces spéciales et contractors travaillent peu ou prou pour les mêmes patrons de l’oligarchie. Leur existence justifie les mesures d’exception permanentes (U.S. Patriot Act, lois sécuritaires français, etc.) qui transforment les sociétés développées en sociétés panoptiques de surveillance totale. L’auteur souligne que « c’est la fonction coercitive de l’État qui se réoriente : le passage d’un État militaro-territorial tourné vers la guerre externe à un État pénal-carcéral accentuant son rôle répressif à l’intérieur (p. 46) ». Désormais, « l’État postmoderne [est devenu] cet espace post-étatique livré à la foule et aux réseaux de tous ordres sous la surveillance de milliers de caméras (p. 88) ». Loin d’aller vers une « paix perpétuelle » planétaire, on s’achemine vers de nouvelles guerres infra-étatiques. « Le court XXe siècle [ouvre] la transition vers l’âge global compris comme un nouveau Moyen Âge en raison de sa multipolarité, du retour de l’empire et de la pluralité des allégeances caractérisant dorénavant les groupes humains (p. 32). »

 

La réflexion de Bernard Wicht s’inscrit dans ce contexte « sécuritariste » et intègre les apports de la Toile numérique, fondateurs d’une pensée réticulaire. « C’est en fonction de ce nouveau paradigme qu’il faut penser les espaces d’autonomie et les autres formes d’organisation correspondantes (Web 2.0 = gouvernement 2.0, citoyenneté 2.0, armée 2.0) (p. 54). » Il espère ainsi dans « la rencontre entre la liberté et une structure appropriée autorisant la prise de décision collective et autonome (p. 35) ».

 

Comment refonder la politique à l’heure de l’« Âge global » ? À partir du citoyen-soldat, clame Bernard Wicht, « à la fois pilier institutionnel et système d’arme (p. 69) », car « une armée peut se reconstituer la cité (p. 71) ». Il faut survivre aux désordres et de « chevaucher le tigre » – il tient à citer Julius Evola (6) -, quitte à se référer au culte antique de Mithra quand un jeune homme se devait de dompter et de vaincre un taureau furieux. « Chevaucher le tigre » signifie « être capable de traverser une période de trouble et d’anarchie dans laquelle les éléments échappent à tout contrôle (le galop furieux du taureau), d’encaisser et de durer plus longtemps (jusqu’à l’épuisement du taureau), pour renaître ensuite et reprendre l’initiative (tuer le taureau) (p. 73) ».

 

Recours au peuple en arme

 

La résistance s’impose contre l’État aux mains de la coterie oligarchique. Ce combat présente un enjeu vital, car il en va de la liberté des hommes responsables. Bernard Wicht remarque à ce sujet que « depuis la fin de la guerre froide, le mot liberté a subitement disparu du discours politique au profit du vocable sécurité (p. 85) ». «  Le glissement de paradigme – de la liberté à la sécurité – est passé relativement inaperçu, pourtant son impact est immense pour la conception de la citoyenneté : dès lors que l’État n’est plus le garant des libertés de chacun mais (au contraire) de la sécurité de tous, le citoyen en armes n’est plus considéré comme une protection contre la tyrannie mais comme un criminel en puissance, comme une menace potentielle, comme un “ sauvage ” qui risquerait de retrouver à l’état de nature (p. 86) », ce qui signifie que « nous aurions donc quitté un âge de liberté pour entrer dans une ère sécuritaire (p. 85) ». Or « la philosophie occidentale semble contenir toute une culture de la légitime défense formant le socle des libertés politiques (p. 88) ». Mieux, dans la Grèce antique, « c’est […] un principe institutionnel qui veut que les armes appartiennent à ceux qui détiennent le pouvoir – les citoyens (p. 77) ». En cas d’effondrement durable des sociétés compliquées, « il n’est pas étonnant par conséquent que l’armée apparaisse comme une cité de substitution pouvant remplacer ou, le cas échéant, pallier la vacance de la cité proprement dite (p. 78) ». En effet, en citoyen suisse responsable attaché à l’armée de milice et au port d’arme légalisé (la Suisse occupe le troisième rang mondial derrière les États-Unis et le Yémen avec quarante-six armes à feu pour cent habitants), « l’élément déterminant de ce processus de restauration de la cité est la discipline et l’esprit de corps qui donnent à l’armée sa cohésion, qui fait d’elle une fraternité d’hommes en armes. Ainsi réglée, l’armée peut occuper la fonction de colonne vertébrale et devenir le principe réorganisateur d’un système politique ayant perdu sa cohérence. Discipline et esprit de corps permettent en effet l’exercice d’un mode de vie réglé où le désordre n’a pas sa place. C’est l’illustration concrète de la dimension politique et du rôle structurant du compagnonnage et de la fidélité personnelle (p. 79) ». Il suit la démarche de Machiavel qui fait de la milice de citoyens le facteur restaurateur du civisme à la condition d’y inclure des paysans libres et armés (7). Prenons garde cependant à ne pas verser dans un idéalisme quelque inadéquat. Éric Werner estime qu’« on assimile volontiers le système suisse de milice au “ peuple en arme (8) », ce qui n’est plus le cas du fait d’une puissante démobilisation spirituelle et d’un alignement éloquent des forces helvétiques sur les normes de l’O.T.A.N. Si le citoyen suisse montre son attachement à l’armée de milice, c’est parce que ce système « offre à n’importe quel citoyen qui le souhaite, homme ou femme, de s’initier à l’utilisation d’une arme, et même, aujourd’hui encore, d’en détenir une à domicile. C’est un avantage non négligeable, surtout à notre époque. Mais cela n’a plus rien à voir avec le “ peuple en armes ” (9) ».

 

Ce réveil civique armé peut néanmoins arriver sous la forme – novatrice – de mouvements militarisés (ou paramilitaires) plus ou moins informels. « De nos jours, le capital guerrier se situe de plus en plus au sein des groupes armés. Ceux-ci sont devenus les nouvelles machines de guerre capables de combiner efficacement capital et contrainte et, donc, de concurrencer, voire de remplacer l’État moderne dans cette fonction. Pour reprendre une métaphore cinématographique, les groupes armés sont les Fight Club de notre époque – des sociétés d’hommes, des fraternités de guerriers (pp. 119 – 120). » Bernard Wicht envisage clairement l’imminence d’un nouveau Moyen Âge, reformulateur radical des règles stratégiques et d’un nouvel « art de la guerre » qui ne serait plus celui des conflits classiques, inter-étatiques, mais qui correspondrait plutôt à une « guerre civile moléculaire » suivant l’expression du philosophe allemand Hans Magnus Enzensberger. Les nouvelles conditions d’existence feront que dans cette ère néo-médiévale globalisée, « ceux qui survivent ne sont pas les plus forts, mais ceux qui s’adaptent (p. 105) ».

 

Les premières moutures de ces groupes armés existent dès à présent dans le monde. Dans les années 1990, le Mexique connut les zapatistes altermondialistes du sous-commandant Marcos au Chiapas. Aujourd’hui, ce pays est ravagé par une quasi-guerre civile du fait des affrontements entre bandes de narco-trafiquants et les forces fédérales. Dans des régions reculées, ce sont des groupes d’autodéfense villageoise qui « pratiquent […] la culture du secret (p. 94) ». La journaliste Emmanuelle Steels évoque « la prolifération des groupes d’autodéfense qui assurent, dans plusieurs régions, une mission sécuritaire à laquelle les autorités semblent avoir renoncé. Durant les dix premiers mois de la présidence d’Enrique Peña Nieto, la formation de ces milices civiles s’est étendue à dix des trente États mexicains (10) ». Le président de la Commission nationale des droits de l’homme, Raúl Plascencia justifie leur présence parce que « l’abandon de l’État oblige les citoyens à se protéger et à lutter contre une criminalité qui est parfois encouragée par les autorités (11) ». Ce qui se déroule au Mexique donne un avant-goût de ce que subira l’Europe dans les prochaines années… L’autodéfense populaire n’est pas propre au peuple mexicain. Jadis « Suisse du Proche-Orient », le Liban, victime de violentes tensions inter-communautaires, sécréta les Kataeb phalangistes chrétiens, puis le Hezbollah chiite pro-iranien. En période exceptionnelle, « les organisations naissent et se développent en réponse à la défaillance de l’État et à l’incapacité de celui-ci de garantir la sécurité des populations (p. 126) ».

 

Quelque peu provocateur, Bernard Wicht parle alors de « Swissbollah », « contraction de Swiss – et de Hezbollah en référence respectivement, à l’élan communal insufflé à l’Europe par les Confédérés au XVe siècle et aux succès remportés de nos jours par ce groupe armé (le parti de Dieu, la milice chiite du Liban Sud) (p. 122) ». Le Hezbollah ou les forces d’autodéfense villageoises au Mexique n’en sont pas les seuls exemples. Pour contrer l’augmentation exponentielle de la délinquance dans les zones rurales de l’Hexagone (vol d’essence du tracteur, du matériel agricole, des récoltes…), gendarmes et syndicats d’agriculteurs « entendent développer des communautés “ d’exploitants vigilants ” [… et] prônent la mise en place de “ communautés d’alerte ” qui seraient informées par S.M.S. ou par Internet lors d’une attaque ou de l’apparition d’une bande dans une région (12) ». L’économiste Nicolas Baverez observe pour sa part avec une inquiétude non dissimulée que l’insécurité « conduit les citoyens à s’organiser en milices ou en forces d’autodéfense pour répondre à la disparition de l’ordre public. Il n’y a plus de liberté où la sûreté des personnes et des biens n’est plus assurée. Ceci est tout particulièrement vrai dans les zones qui jouxtent les ghettos urbains et dans les zones rurales que le retrait et la démobilisation de forces de gendarmerie ont transformées en vide de sécurité (13) ». Ces diverses initiatives démontrent que « le salut vient des marges… (p. 112) », ce qui signifie un recours inévitable aux communautés locales.

 

L’équilibre civique de la terreur

 

Fort de ce constat, l’auteur considère que le « Swissbollah symbolise le mariage de la liberté et de l’autonomie (des Confédérés) avec les nouvelles formes d’organisation militaire et, par là, une voie possible de restauration de la cité et de l’action stratégique (p. 122) ». La révolution mentale est gigantesque puisque « la substance remplace l’instance (p. 106) ». Très clairement, « les organisations apparaissent donc comme des unités hybrides (à la fois politiques, militaires et entrepreneuriales), autonomes, articulées autour d’une culture (références, valeurs, comportements) et d’une organisation (objectifs communs) (pp. 129 – 130) ». Ainsi l’équilibre de la terreur, naguère intercontinental, est-il devenu infra-étatique… Ce qui redonne « à la légitime défense, sa signification première, c’est-à-dire le droit fondamental de l’individu de garantir sa vie, ses biens et sa propriété en cas de défaillance de l’État (p. 132) ». Mieux encore, « tant dans la perspective du nouveau Moyen Âge, de l’ère numérique que de celle du Moment machiavélien, il apparaît non seulement nécessaire (autonomie, redondance), mais également légitime (libération civique) de prévoir des S.M.P. à “ petit budget ” au service des citoyens (p. 144) ». Cela suppose la redécouverte de la notion fondamentale de la solidarité communautaire d’autant que « le citoyen-soldat 2.0 doit pouvoir travailler dans la marge d’erreur du système. Il doit être en mesure d’agir de manière autonome et en suppléance de l’État (p. 140) ». Le temps de l’État-nation omnipotent s’avère révolu.

 

Bernard Wicht conçoit un nouveau paradigme philosophico-stratégique pour lequel, citant Jacques Derrida, « l’avenir de la démocratie [… est] celui d’une société secrète (p. 89) ». Il importe de comprendre cette réflexion d’une manière subversive et anti-moderne. « Lorsque le philosophe voit dans la démocratie une sorte de conjuration (au sens étymologique), il se rattache en quelque sorte au schéma des contre-sociétés tel que par exemple le mouvement communal du Moyen Âge, c’est-à-dire des groupes d’individus qui, en raison de leurs intérêts communs, décident de s’associer pour gérer leurs propres affaires et faire valoir leur point de vue vis-à-vis du cadre hiérarchique de l’époque (le féodalisme) (p. 89). » Et l’auteur se réfère volontiers à Platon et à Machiavel. On a vu que le second a profondément stimulé sa démarche intellectuelle. Quant au premier, il en retient une approche exprimée dans La République, à savoir « la cohésion supérieure d’un groupe – les Gardiens – pour rétablir la stabilité de la cité (p. 75) ». Bernard Wicht souligne que « la réflexion platonicienne se place après la chute, après l’effondrement (p. 76) »; il s’en explique. « Les Gardiens se voient confier non pas la tâche de dominer, mais bien celle d’ordonnancer la République, de lui redonner son principe d’organisation. […] Les Gardiens représentent un véritable noyau dur autour duquel viennent s’arrimer les autres composantes du corps social et dont ils assurent la stabilité (p. 80). » Or, au XXe siècle, ces « Gardiens » prirent la forme du parti unique totalitaire qui n’a pas convenu aux virtualités propres des sociétés modernes. Le système monopartiste a échoué. Mais le pluralisme libéral moderne ne convient pas non plus à la volonté de survivre aux événements en cas de faillite civilisationnelle. Puisque Bernard Wicht a lu des ouvrages de Julius Evola, on peut penser que la version post-moderne et/ou néo-médiévale des Gardiens platoniciens serait l’équivalent de l’Ordre de la Couronne de Fer et de l’Ordenstaat (ou État monastique) chère au modèle politique prussien.

 

« L’État teutonique est, à maint égard, unique en son genre. Contrairement aux autres, qui résultent de l’existence préalable d’une nation, cet État est créé, sur une sorte de tabula rasa, par le seul effet d’une volonté. Son peuple, il le compose lui-même : de Baltes, de Slaves, surtout d’Allemands venus de toutes les régions de l’Empire et dont la prépondérance germanise l’ensemble. Cet État ne suit pas son peuple, il le précède; il n’en résulte pas, il l’engendre. C’est pourquoi Hegel reconnaîtra plus tard dans l’État prussien l’État pur, l’État en soi. Outre son peuple, il invente entièrement sa constitution et son administration; celles-ci ne dépendent pas des hasards d’une longue histoire, mais d’une volonté rationnelle s’exerçant librement. Elles se fondent sur la vaste expérience des chevaliers de l’Ordre, qui, ayant connu les royaumes de Terre sainte, les principautés italiennes, la République de Venise, les divers États d’Europe, où ils possèdent de nombreux biens, ont pu mûrir leur réflexion sur l’économie idéale d’un État. L’organisation de leur État est la première organisation étatique rationnelle de l’Europe moderne; l’ordre qu’ils y font régner, générateur de paix et fondement de leur richesse, est absolu. Établi par la guerre sur un pays pauvre, donc dur aux hommes, il impose des mœurs sévères. Dans son essence enfin, le pouvoir en Prusse se distingue de ceux qui règnent sur le reste de l’Europe. Organisation à la fois militaire et religieuse, l’Ordre Teutonique ignore toute distinction entre pouvoir politique, pouvoir militaire et pouvoir religieux.  Chef de la politique de son État, le grand maître est aussi celui de son armée et de son église (14). » Le fait teutonique, à moins que ce soit l’idée même d’Ordre hautement fertile, est peut-être une solution possible dans les prochaines décennies. On comprend mieux pourquoi Bernard Wicht écrit qu’« il y a fort à parier que les Templiers soient de retour (p. 32) ».

 

Stratégies pour un nouvel Âge médiéval

 

À la fois spirituel, mystique et politique, un tel « Ordre des Gardiens » garantirait sa protection bienveillante aux communautés locales qui lui feraient allégeance, car, dans le même temps qu’il esquisse la vision d’un Ordre souverain, Bernard Wicht entend valoriser l’autonomie qui « implique, autant que faire se peut, de ne pas dépendre de facteurs que nous ne contrôlons pas ou, autrement dit, de conserver l’emprise sur son environnement immédiat (p. 90) », cette autonomie étant bien sûr plus collective, voire communautaire, qu’individualisée. Après l’évocation de la situation mexicaine, il se réfère aux Acadiens qui contrent la domination marchande anglaise au XIXe siècle en développant une logique socio-économique de solidarité mutuelle. « Le mouvement coopératif va jouer pour les Acadiens le rôle d’un véritable projet de société […] à la fois fédérateur et identitaire (p. 93). » Cependant, les Acadiens ne disposèrent pas du monopole de la violence légitime. Or « capacité économique + système d’arme = liberté d’action (p. 96) ». Force est de constater que cette liberté d’action est souvent bridée dans les États occidentaux obsédés par un tout-sécuritaire affolant. Si, « aux États-Unis, le premier devoir d’un citoyen est de défendre sa propriété, sa famille et les siens contre toute attaque; et la détention d’armes est la condition nécessaire de l’exercice de ce devoir. Un citoyen américain n’existe que s’il est armé – s’il peut participer à la défense de sa liberté. […] En France […] le devoir de l’État est d’interdire aux citoyens de se défendre; la première consigne donnée aux forces de l’ordre, lors de toute émeute comme celles qui régulièrement enflamment les banlieues, n’est-elle pas de réprimer toute constitution de milice d’autodéfense ? Et les plus lourdes peines attendent, non pas les valeurs, mais ceux qui aurait tenté de protéger leurs biens ou leurs personnes ! (15) ».

 

Retrouver cette liberté d’action pratique suppose au préalable d’encourager la constitution de petites communautés locales, souvent agricoles ou agrariens aptes à utiliser des semences illégales, quitte à faire la nique aux firmes multinationales agro-alimentaires. Depuis quelques années, des militants identitaires restaurent de vieilles fermes abandonnées dans un espace rural profond isolé afin de préparer des zones d’autosuffisance à vocation survivaliste (16). Mais il demeure primordial d’investir aussi en milieu urbain. De futurs territoires autarciques doivent éclore en ville. Que des familles identitaires habitent la même rue, le même quartier afin que le jour venu ces habitats deviennent des zones libérées de la République hexagonale, soit des communautés reliées entre elles par Internet ou une sorte d’Intranet à l’échelle locale, régionale, nationale ou continentale (en attendant les pigeons voyageurs quand la Toile sera définitivement contrôlée par les sbires de l’hyper-classe). « Nous devons être capables de produire progressivement une contre-société, que j’appelle “ fractionnaire ” pour indiquer que c’est plus qu’une dissidence, quasiment une sécession a-territoriale. C’est la voie de l’avenir, celle qui rendra possible la construction d’un rapport de force (17). » De pareilles communautés existent déjà en Amérique du Nord avec les Amish, nonobstant leur technophobie et leur rejet respectable de la violence, ou en France avec les Frères darbystes de Plymouth présents de façon très discrète sur le plateau du Vivarais – Lignon entre Haute-Loire et Ardèche (18).

 

Les États occidentaux peuvent encore s’extraire du déclin s’ils s’appliquent un véritable volontarisme politique, s’opposent enfin au Nouvel Ordre mondialiste et redéfinissent la participation effective de leurs citoyens à l’effort permanent de défense. Bernard Wicht mentionne des théoriciens français de l’« armée du peuple » : Jean Jaurès, auteur de L’Armée nouvelle en 1910 ou le général Étienne de Vaincre la guerre (1984). Dès avril 1964, dans L’Esprit public, Jean Mabire anticipait une armée populaire du XXIe siècle. « À une armée de métier, hautement technique et rigoureusement intégrée, vouée par essence aux tâches de dissuasion et de rupture, s’ajouteraient des forces, d’active comme de réserve, spécialisées dans la guerre révolutionnaire : occupation de l’espace, protection ou ralliement des populations, défense en surface. Ces unités au rôle finalement aussi politique que militaire, seraient dans le droit fil de la vieille infanterie reine des batailles et maîtresse du terrain. […] Ces troupes bénéficieraient d’une grande puissance de feu et d’une mobilité extrême, notamment par la généralisation de l’héliportage qui demeure, avec la télévision, un des atouts essentiels de la conduite d’une guerre subversive. Cette infanterie d’un nouveau style serait recrutée par le service militaire, obligatoire et universel, de la jeunesse européenne. Un service actif extrêmement bref (six à neuf mois par exemple) serait précédé d’une préparation militaire sérieuse et suivi de périodes de réserves fréquentes d’une durée de deux à trois semaines. Le système actuellement en vigueur dans l’armée suisse mériterait d’être tout particulièrement étudié en ce domaine (19). » Sinon ce sera le temps du Rebelle, ce Partisan qui « sait pourquoi il se bat et connaît ses chances de succès (p. 109) ». Dans une perspective convergente quoique plus sociologique et donc moins politisée, le bouillonnement post-moderniste des nouvelles tribus fomente d’étonnantes agrégations communautaires novatrices dont certaines s’inscriront, une fois les confrontations remportées, dans le temps et l’espace.

 

La défense doit toujours se territorialiser afin de réaliser des aires de liberté. Toutefois, « dans cette recherche des nouveaux espaces de liberté, il importe également de prendre en compte l’avènement de la société de l’information. Celle-ci vient apporter sa dimension à cette évaluation en favorisant les petites structures, les formes d’organisation plates et “ sans tête ” (p. 92) ». Bernard Wicht n’hésite pas à se référer à la T.A.Z. de l’anarchiste étatsunien Hakim Bey. La T.A.Z. présente le grand désavantage de se vouloir éphémère. D’ailleurs, les activistes alter-mondialistes et « T.A.Z.istes », conscients de la nécessité de marquer le territoire et d’enraciner leurs luttes dans un lieu précis, parlent d’ailleurs maintenant de Z.A.D. (zone à défendre). Si une Z.A.D. a tenté de s’opposer au projet dément de l’« O.L. Land », une calamiteuse construction d’un stade de foot dans la banlieue lyonnaise, une autre s’incruste près de Nantes à Notre-Dame-des-Landes où devrait s’élever un effroyable aéroport. Malheureusement, outre un antifascisme rabique et fantasmatique, les « Zadistes » sont surtout des défenseurs d’une « ZoFuC » (zone à fumer le cannabis). Militant écologiste courageux et limite anarcho-royaliste (il arbore un Sacré-Cœur du Christ-Roi vert), Éric Pétetin explique que dans cette Z.A.D. bretonne, « ça fume pas mal : 90 % des jeunes sont un peu accros au pétard, c’est net. Ça prend un peu trop de place. C’est vrai que c’est agréable de fumer dans la nature avec des copains, mais quand on passe les deux tiers de sa journée à faire ça, c’est un peu dommage. En ce sens, le cannabis est un peu anti-révolutionnaire (20) ». Cette Z.A.D. ressemble plus à un dépotoir à ciel ouvert avec son campement crasseux qu’à un village vivant de dissidents. À l’encontre de ces « enfants perdus de la modernité tardive », les résistants européens parient plutôt sur les B.A.D. (bases autonomes durables), seul action concrète propice à la reconstitution d’une légitimité nouvelle autour de l’équation suivante : « citoyen + T.A.Z. + Légitime défense = Swissbollah (p. 137) », car l’objectif final est « la restauration de la cité, c’est-à-dire non plus la défense de l’État en termes d’instance (souveraineté, frontières, territoire) mais de substance (population, civilisation, valeur) (p. 137) ».

 

Europe Mad Max demain ? Retour à la défense citoyenne expose les défis de l’inévitable remilitarisation des peuples européens. Cet ouvrage est un maître-livre qui bouscule les convenances habituelles du prêt-à-penser. Plus que jamais au XXIe siècle, la guerre, qu’elle soit mondiale ou métalocale, sera accoucheuse d’histoire et de politique.

 

Georges Feltin-Tracol

 

Notes

 

1 : Hervé Juvin, La grande séparation. Pour une écologie des civilisations, Gallimard, coll. « Le débat », 2013, p. 292.

 

2 : Idem, pp. 281 – 282.

 

3 : Id., p. 268.

 

4 : Id., p. 282.

 

5 : Id., p. 179.

 

6 : Julius Evola, « Chevaucher le tigre », Guy Trédaniel – Éditions de la Maisnie, Paris, 1982.

 

7 : Il n’est pas anodin de savoir que le premier ouvrage de Bernard Wicht portait sur L’idée de milice et le modèle suisse dans la pensée de Machiavel, L’Âge d’Homme, Lausanne – Paris, 1995.

 

8 : Éric Werner, « La face cachée du modèle suisse », dans Éléments, n° 149, octobre – décembre 2013, p. 40.

 

9 : Idem, p. 41.

 

10 : Emmanuelle Steels, « Mexique : les milices populaires, dernier rempart contre les cartels », Libération, 7 octobre 2013.

 

11 : Idem.

 

12 : Christophe Cornevin, Le Figaro, 16 octobre 2013.

 

13 : Nicolas Baverez, « La grande jacquerie », Le Figaro, 21 octobre 2013.

 

14 : Pierre Béhar, Du Ier au IVe Reich. Permanence d’une nation, renaissance d’un État, Éditions Desjonquères, coll. « Le bon sens », Paris, 1990, pp. 87 – 88. Lire aussi Sylvain Gougenheim, Les chevaliers Teutoniques, Tallandier, Paris, 2007.

 

15 : Hervé Juvin, op. cit., pp. 78 – 79.

 

16 : Cf. Piero San Giorgio, Survivre à l’effondrement économique. Manuel pratique, Le retour aux sources, Paris, 2011; Rues barbares : survivre en ville (co-écrit avec Vol West), Le retour aux sources, La Fenderie (Aube), 2012.

 

17 : Michel Drac, Entretiens avec des hommes remarquables, réalisés par Le Cercle Curiosa, Alexipharmaque, coll. « Les Réflexives », Billère, 2012, p. 95.

 

18 : Les darbystes sont des protestants évangéliques apparus dans les années 1830, d’abord en Grande-Bretagne.

 

19 : Jean Mabire, « L’épée », dans La torche et le glaive. La politique, l’espérance et l’écrivain, Éditions Libres Opinions, Paris, 1994,  pp. 208 – 209.

 

20 : dans Charlie Hebdo, 21 août 2013.

 

• Bernard Wicht, Europe Mad Max demain ? Retour à la défense citoyenne, Favre, Lausanne (Suisse), 2013, 148 p., 14 €.

 


 

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Entrevista sobre Dominique Venner

Entrevista sobre Dominique Venner

por Guillaume Faye 

Traducido por Francisco Albanese

English version here [2]

20130523230525-dominique-venner2.jpgThomas Ferrier: Martes 21 de Mayo a las 2:40 p.m. en el mismísimo altar de la catedral de Notre Dame de París, el historiador Dominique Venner, autor de Cœur Rebelle [Corazón Rebelde] (autobiografía), una biografía de Ernst Jünger [3], Histoire et tradition des européennes: 30,000 ans d’identité [4] [Historia y tradición de los europeos: 30.000 años de identidad], Le Siècle de 1914 [5] [El Siglo de 1914], Le choc de l’Histoire [6] [El Choque de la Historia], etc. . . . y también editor de la revista Nouvelle revue d’Histoire [Nueva Revista de Historia], finalizó sus días.

Guillaume Faye: La noticia fue un shock. Instantáneamente, la muerte voluntaria del nacionalista japonés, Mishima, vino a la mente. Primero que todo, al inmolarse en Notre Dame, Venner intentó reapropiar el santuario cristiano a uno pagano. Inmolarse sobre un altar cristiano como si fuera un receptáculo de sangre en el modo capitolino o délfico es algo hecho por primera vez en la historia. Venner quería aturdir a sus contemporáneos con este gesto. Al principio pensé “¡qué lástima!”. Venner deseaba concluir su vida por su propia voluntad, para organizar su “caída”, tal como dirían los guionistas y escritores. No dejar la muerte en las manos del destino, sino de la elección. Elegir un final y darle un significado. La ética romana de Régulo en su oscuro esplendor. Fiat mors tibi. Tu muerte te pertenece; inclusive, los dioses no deciden, porque el pagano es un hombre libre. El opuesto absoluto del pagano es el seguidor del Islam, es decir, de la sumisión.

TF: ¿Qué opinas del hombre, su trabajo, sus ideas, y cuál crees que es la mejor lección para aprender?

Guillaume Faye: Escribí un largo texto sobre este tema como también un tributo fúnebre a Venner, “La muerte de un Romano”, que envié a Roland Helie para que lo subiera a internet. Me referiré a él. En 1970, Venner fue quien me introdujo en el círculo identitario de la resistencia europea, por usar una frase poco común. No diré más. Respecto a su trabajo e ideas, me parece que decidió aproximarse a las cosas desde una perspectiva histórica e indirecta, más que la estrategia polémica y políticamente directa de su juventud. Sin embargo, su mensaje final es bastante claro cuando se lee sinceramente: Venner se rebeló contra la destrucción de la identidad étnica europea. Y el trató de resolver sus propias contradicciones.

TF: ¿Piensas que su gesto debería ser visto como un acto de desesperación o un acto político, o ambos?

Guillaume Faye: Es muy difícil estar dentro del pellejo de un hombre que se suicida. Hay necesariamente una mezcla de motivaciones internas y causas externas. Sin embargo, podemos dar un significado político a su desesperanza (las causas de la cual son complejas). En esta forma, Venner siguió exactamente a Mishima. Pero es vergonzoso y despreciable interpretar –o peor, parodiar– tal acción, como lo hizo Femen. El suicidio es un misterio. En las religiones de la salvación (para las cuales el suicidio es pecaminoso), el martirio reemplaza al suicidio; pero eso es otro debate. En el Islam, el martirio, en la forma de un sacrificio que mata enemigos (e.g., los ataques terroristas), traiciona una mentalidad de paranoia perversa enlazada a una patología mental.

TF: ¿Crees que eso podría realmente servir para “despertar conciencias”, lo que formuló en la última editorial [7] de su blog? ¿Puede realmente tener impacto y, como decimos, “cambiar las cosas”? ¿Sinceramente, crees que puede conducir a una refundación política concreta como, por ejemplo, la inmolación de Jan Palach [8] en 1968?

Guillaume Faye: Es posible. Desde tiempos neolíticos, la muerte expiatoria ha tenido un denso significado para prácticamente cada pueblo, aunque esta época trata, en vano, de vaciarlo de esta dimensión. El suicidio de Dominique Venner en el coro de Notre Dame marcará un hito. No está destinado para ser un “evento” absorbido por los acontecimientos actuales, como la derrota de un equipo deportivo. Un mito será creado, en la forma de ejemplo, alrededor de esta muerte voluntaria, pero tomará algún tiempo. Venner no dañó a nadie más al suicidarse, no se explotó con un cinturón de dinamita. Interrumpió su vida, y sumergió su muerte al servicio de un mensaje. Siguió precisamente los pasos de Yukio Mishima. Ahora bien, lo que digo no es una certeza. Cada uno sigue su camino. Personalmente, nunca he considerado la idea del suicidio como un medio para transmitir un mensaje, simplemente porque la muerte interrumpe la entrega del mensaje. A menos de que pienses que lo has dicho todo…

TF: Mirando todo lo que ha ocurrido (o lo que no ha ocurrido) desde los inicios del “movimiento nacional” en el sentido más amplio, ¿no compartes la observación hecha por algunos, donde aparece cierto cinismo irónico—por ejemplo, una editorial reciente de Phillippe Randa haciendo eco de las conclusiones de Nicholas Gauthier y Alain Soral —por no mencionar el nihilismo que denunció Nietzsche? En otras palabras, su suicidio fue olvidado por los medios una semana más tarde. Ahora, más de cuatro meses después, ¿realmente “hizo algo”?

Guillaume Faye: Nuevamente, los comentarios de Randa, Gauthier y Soral están fuera de contexto, demasiado relacionados con el actualismo. Los medios de comunicación no son relevantes. La muerte voluntaria de Venner es un hecho que transciende a los medios y que serán recordados. La corriente del “movimiento nacional” no es un receptáculo apropiado. Venner buscó que su gesto trágico tuviera un aspecto histórico, no algo fugaz para los medios de comunicación. No estaba dirigido a sus amigos, ni su familia ni el “movimiento” — la tan llamada extrema derecha. Él se estaba dirigiendo a su pueblo, es decir, los Europeos, y su mensaje estaba enfocado en la preservación de su identidad étnica que actualmente está amenazada.

 


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[3] biografía de Ernst Jünger: http://www.counter-currents.com/2010/06/another-european-destiny/

[4] Histoire et tradition des européennes: 30,000 ans d’identité: http://www.counter-currents.com/2010/06/from-nihilism-to-tradition/

[5] Le Siècle de 1914: http://www.counter-currents.com/2010/06/foundations-of-the-twenty-first-century/

[6] Le choc de l’Histoire: http://www.counter-currents.com/2011/11/the-shock-of-history/

[7] última editorial: http://www.counter-currents.com/2013/05/the-may-26-protests-and-heidegger/

[8] Jan Palach: https://en.wikipedia.org/wiki/Jan_Palach

mercredi, 04 décembre 2013

Crise ou offensive du capital?

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Le 14 décembre 2013, le Cercle Non Conforme et Terre et Peuple organisent dans le Nord à partir de 18h30 une conférence ayant pour thème: Crise ou offensive du capital ?

Nos invités seront Roberto Fiorini, secrétaire général de Terre et Peuple, grand connaisseur des questions socio-économiques, et Xavier Eman, journaliste non-conforme et militant associatif.

Ils aborderont autant les aspects théoriques que pratiques de cette question.

A la suite de la conférence est organisé un repas chaud (entrée, plat, dessert, boisson).

Pour vous inscrire envoyez IMPÉRATIVEMENT un mail à reservation.cnc@gmail.com avec vos coordonnées pour signaler votre inscription, connaître l'adresse de paiement et obtenir le lieu.

 

 

 

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