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mardi, 14 octobre 2014

Recension de « France, les années décisives » de Laurent Ozon

Recension de « France, les années décisives » de Laurent Ozon

Lu avec grand intérêt le livre d’entretien1 que vient de publier Laurent Ozon. Le titre : « France, les années décisives ». Court (100 pages), et incisif.


J’ai relevé en particulier les points forts suivants :

- A la différence de trop d’analystes contemporains, Ozon a parfaitement conscience du fait que le paradigme dans lequel nous sommes amenés à situer les faits aujourd’hui peut évoluer très soudainement dans un avenir relativement proche. Cette question du paradigme est au point de départ de son approche, ce qui rend son propos intéressant non seulement par son contenu, mais aussi par la méthode qu’il illustre.
- Exposé précis permettant au lecteur de bonne foi de bien comprendre que les acteurs ne sont pas nécessairement régis par leur essence, mais aussi, en partie au moins, par leur place dans un système. D’où, par exemple, une vision pondérée de la question particulière posée par l’emprise des réseaux pro-Israël et les modalités de fonctionnement des oligarchies au sens large.
- Surtout, l’ouvrage est tourné vers la recherche des solutions. C’est appréciable, à un moment où l’essentiel de la littérature dissidente française est hélas encore centré sur la simple critique du système en place.

Dans ce domaine, je relève que la proposition tactique d’Ozon, le localisme, est assez proche de celle que j’avais formulée il y a quelques années dans « De la souveraineté ». Il y a toutefois une nuance : là où j’identifiais la création d’une contre-société distincte comme un préalable à la constitution des structures souhaitables, Ozon préfère évoquer un « nous » qui s’organiserait autour de ces structures, sans jamais dire clairement si ce « nous » renvoie au peuple d’une manière générale, ou à une fraction de celui-ci. Sa proposition tactique est donc plus ouverte que la mienne, en ce sens qu’elle peut être insérée dans plusieurs stratégies politiques. A posteriori, ce pragmatisme me paraît constructif.

Proximité également dans l’évaluation des scénarios d’effondrement du système global existant. Ozon ne croit pas à l’écroulement à court terme pour des raisons énergétiques, et s’attend à une dégradation lente sur le modèle de la crise terminale du Bas-Empire romain. Toutefois, je serais peut-être, à titre personnel, moins catégorique que lui quand il s’agit d’évacuer l’hypothèse de Piero San Giorgio. Certes, le scénario d’une crise des combustibles liquides entraînant l’écroulement de la structure globale à l’horizon 2020 n’est pas le plus probable. Mais il faut sans doute garder en tête sa possibilité, eu égard à la grande vulnérabilité du schéma d’ensemble.

Proximité enfin sur les questions géopolitiques. Nécessité pour la France de trouver des alliances, logiquement dans une Europe reliée à la Russie, si elle entend sortir de l’emprise exercée par les USA et leurs relais. La France seule n’est pas un remède aux maux de la seule France, là-dessus nous sommes bien d’accord. Seul bémol : je pense que l’évolution récente de l’Allemagne donne, sur ce point précis, raison à Pierre Hillard, qui juge les milieux atlantistes pour l’instant prépondérants Outre-Rhin. En ce sens, la confrontation entre les deux pensées, celle de Pierre Hillard et celle de Laurent Ozon, est intéressante : elle définit une dialectique.

Quant à la critique sans concessions que Laurent Ozon fait des positions récentes d’Aymeric Chauprade, elle me paraît tout à fait justifiée. J’ai relevé en particulier l’argument relatif aux dynamiques démographiques en cours d’une part en Afrique du Nord, d’autre part en Afrique subsaharienne. Il est évident que la « préférence chrétienne » en matière d’immigration est une idée dangereuse au moment où le réservoir de flux migratoires de loin le plus important est situé au sud du Sahara, dans une Afrique occidentale et centrale où l’islam n’est pas majoritaire.

Je n’ai relevé que deux points dans l’exposé qui mériteraient sans doute de plus grands développements : la question de l’euro et la remigration.

Sur l’euro, la position de Laurent Ozon tend vers la formule « monnaie commune mais pas unique », l’idée étant qu’en supprimant l’euro comme monnaie unique, on redonne de la souplesse à la politique monétaire à l’échelle nationale, voire locale, tandis qu’en conservant l’euro comme monnaie commune, on préserve un instrument de définition d’un grand espace géopolitique européen. Cette position est intéressante, mais elle occulte pour l’instant une question connexe décisive : quid de la dette ? L’inconvénient de conserver l’euro comme monnaie commune est qu’en le faisant perdurer, on risque de s’interdire de libeller les dettes en monnaies nationales.

Sur la remigration, je retrouve un peu chez Laurent Ozon le reflet inversé du discours monolithique des partisans de l’assimilation des populations allogènes. Dans les deux cas, ces populations sont appréhendées comme des blocs supposés homogènes dans leur substance, ce qui se discute, et même dans leur dynamique, ce qui est manifestement faux. Je crois, quant à moi, qu’il faut admettre qu’une partie de ces populations a vocation à être assimilée dans l’ensemble français, tandis qu’une autre partie devra retourner dans l’aire civilisationnelle d’où elle est venue. Ici, l’acceptation préalable d’une assimilation partielle constituerait sans doute un atout pour l’argumentaire en faveur de la remigration. En particulier, elle ouvrirait une piste de travail qui, si elle a été balisée aussi tôt que possible, en amont des évènements qui risquent de se produire, sera beaucoup plus facile à suivre le moment venu.

Au final, « France, les années décisives » est un livre très utile. Sa lecture fera avancer le lecteur dans sa réflexion, qu’il soit d’accord avec l’auteur, ou pas.

Michel Drac
05 octobre 2014


Quatrième de couverture :

« De toutes parts, les convergences catastrophiques se rapprochent de notre pays. La colonisation de peuplement explose, la violence physique et sociale s’aggrave, la pauvreté augmente, nos valeurs de civilisation les plus fondamentales sont attaquées, les ressources diminuent, la nature est surexploitée, bref, nous le sentons tous, notre société s’effondre lentement.

La planche à billets tourne pour maintenir encore quelques temps un système économique et social à bout de souffle financé par la dette. Cette société engendrera bientôt des souffrances à grande échelle et de forte intensité, en particulier à cause de l’échec inévitable du multiculturalisme et de l’invraisemblable politique migratoire, qui bouleverse les populations de la France et de toute l’Europe occidentale.

Nos compatriotes commencent à se tourner les uns vers les autres pour se protéger, se lier, se regrouper, se préparer. La vision d’un monde uni dans la paix, l’intelligence et le progrès matériel, par le jeu de la libre-concurrence, se dissipe. À sa place, reviennent s’imposer, lentement, inexorablement, les vieilles lois du vivant depuis que le monde est monde : Territoires, Ressources, Reproduction. Nous y voilà, à nouveau, finalement.

Cet ouvrage est l’occasion de revenir sur cette période curieuse, la nôtre, faite d’accélérations vertigineuses et de régressions foudroyantes. Dans cette simultanéité, il y a la démonstration évidente que nous vivons déjà, sans vraiment le mesurer, au milieu des ruines et dans le chantier des mondes à naître. C’est le moment d’y voir clair, car la France entre dans ses années décisives. »

1« France, les années décisives », Editions BIOS, ISBN 979-10-94233-00-9, 15 euros.
Vous pouvez le commander ici ou.


Voici des extraits du discours prononcé par Laurent Ozon lors du rassemblement fondateur du Mouvement pour la Remigration le 21 septembre 2014 à Paris.

"Derrière les islamobsessionnels, islamophiles ou islamophobes, il y a des intérêts puissants, qui ne sont pas les nôtres et qui veulent nous réduire au silence. Finissons-en avec l'islamocentrisme qui divise, car l'immigration est le vrai problème." -Laurent Ozon

Retrouvez également l'émission que Méridien Zéro a consacré à la réunion de fondation du Mouvement pour la Remigration. Elle se compose d'extraits de l'intervention de Laurent Ozon ainsi que d'interviews rapides de participants au meeting, connus et moins connus : François Sainz, gérant des éditions Le Retour aux sources, Messieurs K. et PGL, Vincent Vauclin de la Dissidence française, Jean Bon du Cercle Non Conforme ou encore Christophe et Fred, militants du MAS. Cliquez sur l'image ci-dessous pour écouter.

 

lundi, 13 octobre 2014

La Belgique a un nouveau premier ministre...

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La Belgique a un nouveau premier ministre...

Route de l'arctique, route de la soie et euroBRICS

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Route de l'arctique, route de la soie et euroBRICS

par Jean Paul Baquiast
 
Dans un excellent article que vient de publier Agoravox , Romaric Thomas, un jeune politologue qu'à notre grande honte nous ne connaissions pas assez, « L'arctique, une question de sécurité nationale pour la Russie », expose les nombreuses raisons pour lesquelles la Russie s'intéresse à l'arctique. Ceci est connu, mais mérite d'être clairement résumé, comme le fait cet auteur.

La Russie ne s'intéresse pas seulement à l'arctique et au pôle dans la perspective de développer les ressources considérables et très diverses que le réchauffement climatique offrira à ses territoires du Nord comme aux eaux territoriales adjacentes. Elle s'y intéresse aussi au regard des futures liaisons régulières (bientôt sans brise-glaces en été) que la « Route maritimes du Nord » lui permettra d'assurer avec l'Asie et notamment la Chine.

Enfin, en matière de défense, comme le pôle nord et les 5 pays par entourant la zone, Russie, Etats-Unis (par l'Alaska) le Canada la Norvège et le Danemark se sont vu reconnaître par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, une souveraineté sur les 200 milles marins prolongeant leurs côtes, la Russie a tout intérêt, non seulement à défendre sa propre zone économique exclusive, mais à démontrer que celle-ci, au vu d'études récentes sur la prolongation vers le pôle du plateau continental russe, serait beaucoup plus étendue que jusqu'ici admis.

Or, les Etats-Unis et le Canada voient ceci d'un très mauvais oeil. Ils feront tout leur possible, y compris par des moyens militaires, pour empêcher la Russie d'étendre ainsi son influence. C'est ainsi que l'Amérique développe de plus en plus de moyens militaires, navals, balistiques et anti-balistiques, pour menacer la Russie dans les régions polaires et sub-polaires. Celle-ci ne peut pas ne pas s'en inquiéter, et préparer des contre-mesures.

Nous avions pour notre part rappelé que dans la perspective d'une éventuelle alliance stratégique entre l'Europe et la Russie (non à exclure à terme, malgré les apparences), les pays européens, France et Allemagne notamment, auraient le plus grand intérêt à s'entendre avec la Russie pour la mise en valeur des ressources de l'océan arctique – sans exclure des moyens conjoints pour protéger des milieux naturels très fragiles. Il semble que le gouvernement russe actuel verrait avec faveur cette perspective. Les Etats-Unis s'y opposeraient par tous les moyens. Or ils disposent encore de nombreux arguments frappants pour ce faire.

La Chine

Dans un non moins bon texte dont le saker.fr vient de publier la traduction, l'essayiste Pepe Escobar vient parallèlement de rappeler en quoi pourrait consister le projet de route de la soie proposé par la Chine. Il s'agirait de deux ensembles de liaisons maritimes, terrestres, électroniques (voir notre article référencé ci-dessous) reliant la Chine avec l'Europe, en mettant en relation sur cette route les différents pays géographiquement traversés ou voisins.

Il est évident que ces pays verront initialement avec méfiance un tel projet, qui mettrait leurs économies déjà fragiles en concurrence directe avec le milliard de producteurs chinois ne se satisfaisant plus d'étendre leur influence aux économies européennes et africaines qu'ils ont déjà pénétrées. Mais la Chine, et pourquoi pas ne pas retenir cette vue optimiste, fait valoir que les avantages seraient dans les deux sens, les pays terminaux et les pays traversés pouvant eux aussi profiter des échanges réciproques facilités par ces deux routes de la soie.

Pépé Escobar va plus loin. Comme l'indique le titre de son article, il voit s'esquisser pour les années (ou décennies à venir) un véritable nouvel axe de puissance, associant non seulement la Chine et la Russie, mais l'Allemagne. Celle-ci, une des premières nations industrielles et un peu à l'étroit dans le cadre européen, pourrait vraiment s'affirmer comme une authentique puissance politique mondiale, à l'instar de la Russie, la Chine mais aussi les Etats-Unis. Les cendres de Bismark et de Adolf Hitler, où qu'elles soient, devraient ainsi en tressaillir d'aise. Pepe Escobar ne l'écrit pas clairement mais il le laisse entendre. Pour lui, les autres nations européennes, dont la France, n'auraient pas leur mot à dire et rien à faire dans cette perspective, vu leur insignifiance économique et leur soumission transatlantique à Washington.

EuroBRICS

Nous pensons que les deux articles présentés ici oublient un point essentiel, au moins aux yeux de ceux qui comme nous ici défendent le concept d'EuroBRICS. Il s'agit de la coopération stratégique pouvant s'établir, dans le cadre d'une telle alliance, entre les pays européens, dotés de nombreuses ressources notamment scientifiques et technologiques, et ceux du BRICS, sans exclure évidemment l'Inde.

D'ores et déjà, ces pays européens, dont évidemment la France, devraient s'efforcer de ne pas se faire exclure des grands projets du BRICS et de l'OCS, désormais décidés. Il s'agira non seulement de mettre en place un nouveau Fonds monétaire, une nouvelle banque mondiale, une monnaie harmonisée voire commune entre ces pays, mais de lancer de grands programmes de développement et de lutte contre les destructions de l'environnement. De tels programmes, en cas de succès, intéresseront, rappelons le, approximativement les 3/5 de la population mondiale. L'avenir de l'Europe, comme nous l'avons souvent rappelé, reposera sur sa volonté de participer à un tel ensemble, même si cette démarche impose de résoudre un grand nombre de difficultés politiques et économiques.

Dans l'immédiat, la plus grande des difficultés sera pour l'Europe d'échapper à l'emprise que les Etats-unis ont sur elle depuis la dernière guerre mondiale, et qu'ils cherchent à rendre définitive par les traités de libre-échange transatlantique et transpacifique. Mais on peut espérer que les difficultés s'accumulant pour une Union européenne trop soumise à Washington, des intérêts européens plus réalistes, et pas seulement allemands, réussiront dans un avenir pas trop lointain à se faire entendre.

Références

L'arctique, une question de « sécurité nationale » pour la Russie, de Romaric Thomas, 07/10/2014
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-arctique-une-question-de-157729

La future Route de la soie envisagée par la Chine,  de Jean Paul Baquiast 10/05/2014 http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1329&r_id=

Alliance Pékin-Moscou-Berlin. Extirper Washington de l'Eurasie? de Pepe Escobar, 09/10/2014
http://www.vineyardsaker.fr/2014/10/09/loeil-itinerant-alliance-beijing-moscou-berlin-chine-russie-peuvent-extirper-washington-leurasie/

BRICS + SCO: un défi à la domination américaine? de Jean Paul Baquiast 11/08/2014
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1448&r_id=

Wikipedia. Revendications territoriales en Arctique http://fr.wikipedia.org/wiki/Revendications_territoriales_en_Arctique

Le conflit Euro-Russe vu comme le résultat d’un chevauchement entre deux unions économiques

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Le conflit Euro-Russe vu comme le résultat d’un chevauchement entre deux unions économiques : leçons à tirer pour un monde multipolaire naissant

Ex: http://www.leap2020.net

Le projet Euro-BRICS croit fermement au fait que l’émergence d’un monde multipolaire est une tendance forte qu’il faut accueillir et encadrer plutôt que craindre et endiguer. En effet, LEAP base son travail sur une méthode de prospective originale – l’Anticipation Politique[1]- qui se donne pour mission de contribuer à détecter les tendances irrésistibles, d’identifier les chemins porteurs d’avenir parmi ces tendances et de définir les stratégies d’adaptation permettant aux entités de trouver leur voie vers ces avenirs positifs. L’un de nos prédicats est que tenter de contenir les tendances lourdes aboutir à la violence, qu’elle soit économique sociale ou militaire.

LEAP, et que le projet Euro-Brics, considère la crise Ukrainienne comme un événement briseur de tendance lourde, perturbant l’émergence pacifique et organisée d’un monde multipolaire, et entraînant brusquement l’Europe et la planète vers une polarisation conflictuelle entre Ouest et Est, entre anciens leaders mondiaux et puissances émergentes, et à terme entre Etats-Unis et Chine.

C’est pour cette raison que le LEAP et le projet Euro-BRICS tentent de comprendre les dynamiques à l’?uvre derrière cette crise. Ainsi, une première discussion en ligne a eu lieu en Mai, réunissant les universitaires du réseau Euro-BRICS et donnant lieu à deux résultats :

  • la publication d’une déclaration conjointe visant à promouvoir les idées 1/ d’un partage de responsabilités de la crise entre l’Europe et la Russie, 2/ comme condition préalable à la reprise de négociations constructives entre  Européens et  Russes, et entre pro-Européens et pro-russes en Ukraine, 3/ en utilisant le cadre Euro-BRICS comme facilitateur diplomatique (cf  les trois propositions stratégiques de notre déclaration conjointe)
  • la compréhension du conflit Euro-Russe sur l’Ukraine comme résultat d’un chevauchement entre deux unions économiques, et la nécessité d’analyser plus en détail cette caractéristique de la crise Ukrainienne.

La crise Ukrainienne est née d’une gestion catastrophique des négociations d’accords de  libre-échange entre l’Ukraine et la Russie d’une part, et entre l’Ukraine et l’Europe d’autre part. La double-offre simultanée s’est transformée en une prise de décision impossible pour l’Ukraine, et cela pour deux raisons :

  • Le marché proposé par l’Europe était exclusif : si l’Ukraine signait avec l’Europe, elle n’était plus autorisée à signer avec la Russie[2]
  • En novembre 2013, l’Europe rejetait la proposition de l’Ukraine de procéder à des négociations trilatérales (Ukraine, Europe, Russie) dans le but de rendre les deux offres compatibles et bénéfiques à toutes les parties en jeu[3].

Ce comportement de la part de l’Europe met en exergue un trait caractéristique de cette crise : il s’agit d’un conflit territorial entre deux voisins. D’un côté, l’Union Européenne, une zone de libre-échange engagée dans un processus critiquable d’extension sans fin[4]. De l’autre côté, le projet Union Economique Eurasiatique de la Russie, entrant subitement en compétition avec le précédent.

D’autant plus que l’offre russe est devenue un vrai compétiteur comme en témoignent les pays candidats qui ont finalement préféré le deal Russe au deal Européen. En effet, au cours des mois précédant l’éruption de la crise Ukrainienne, d’autres pays auxquels avaient été proposés les deux marchés, ont choisi l’option russe, au plus grand désarroi de l’Europe : l’Arménie en particulier[5], mais aussi la Biélorussie en plein milieu de la crise Ukrainienne[6].

Le fait est que l’Union  Economique Eurasiatique de la Russie est construite sur la base, non seulement de l’ex-URSS, mais aussi de la Communauté des Etats Indépendants librement co-créée après l’effondrement de l’Union Soviétique. La tentative de l’Europe de détourner l’Ukraine, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Géorgie et la Moldavie de cette évolution constitue inévitablement une source de conflit dans lesquels les droits de trois parties au moins sont remis en question :

  • Le droit des Européens à l’auto-détermination en ce qui concerne les limites de leur union est ignoré (il a été régulièrement demandé par une grande partie des acteurs civils et politiques  que tout nouvel élargissement soit soumis à un référendum)
  • Le droit des Ukrainiens à rester unis et indépendants dans le cadre de partenariats équilibrés et synergiques entre ses deux voisins (étant donnée la double nature de l’Ukraine, l’accord exclusif vers lequel l’Europe poussait l’Ukraine ne pouvait aboutir qu’à la division ou à la guerre civile)
  • Le droit des Russes à créer les conditions de leur sécurité et de leur prospérité par l’intégration à-l’européenne de leur voisinage géographique, historique et culturel.

Il ne s’agit bien sûr pas d’être naïf. Il est légitime que le développement d’une union économique centrée sur la Russe suscite quelques inquiétudes du côté de ses voisins frontaliers – que ce soit l’Europe ou la Chine d’ailleurs. Mais le droit de la Russie à s’organiser suivant ces logiques doit être affirmé pour permettre à cette évolution d’être encadrée par des négociations constructives afin d’obtenir une configuration mutuellement bénéfique et porteuse de paix.

Le monde multipolaire est constitué de telles régions  et le défi consiste à admettre le droit de ces régions à exister et à construire les outils de leur pérennité, mais aussi la nécessaire invention du cadre global susceptible de garantir la coexistence pacifique de ces régions. De grandes questions se posent : Comment définir les limites de chaque région ? Ces limites devraient-elles prendre en compte les zones « tampons » (comme l’Ukraine aurait dû le rester), dans quels cas et pourquoi ? Comment organiser les relations pacifiques trans-régionales ? Les accords de libre-échange ne devraient-ils pas être réservés aux relations économiques intra-régionales ? A quoi peuvent servir les organisations de l’ancien système international  (par exemple l’OMC qui a réellement besoin de reconsidérer les principes du système économique mondial du 21ème siècle[7] ) ?…

La crise Ukrainienne, si elle n’est pas correctement résolue, est de bien mauvais augure pour l’avenir des interactions entre unions régionales. Qu’en sera-t-il du chevauchement potentiel entre Mercosur et ALENA ? ALENA et Union Européenne ? etc… Le monde se dirige-t-il aveuglement vers une situation de type pré-1ère guerre mondiale ? Ou l’Europe et la Russie, accompagnées des acteurs principaux du monde multipolaire émergent – les BRICS, peuvent-elles tirer parti  de leur expérience historique douloureuse et commune afin d’éviter un nouveau scénario tragique ?

Il est dommage que la fondatrice de la méthode d’intégration régionale, l’Europe, n’ait pas  été capable d’anticiper, ou au moins de gérer de façon rationnelle, cette inévitable confrontation. Aujourd’hui, il appartient à l’Europe et aux BRICS de réfléchir ensemble aux principes et aux outils pouvant engendrer un monde multipolaire harmonieusement articulé, respectant le droit de chaque région à son union économique (et politique). Les BRICS, de leur côté, peuvent évidemment travailler sur ces  thèmes, mais tant qu’au moins la moitié du monde occidental (Europe) sera en désaccord avec les nouveaux principes et règles qu’ils mettront en place, les tensions augmenteront entre les anciennes et les nouvelles puissances mondiales.

Voilà  quelques unes des questions dont nous souhaitons débattre au cours de notre prochaine réunion Euro-BRICS en ligne.

 
Notes

[1]
                  Le concept d’Anticipation Politique a été inventé par Franck Biancheri, notre très regretté directeur des études, élaboré gdans le cadre d’un partenariat avec la Sorbonne en 2009, formalisé par Marie-Hélène Caillol dans son Manuel d’Anticipation Politique, pour être désormais enseigné par la  FEFAP

[2]
                 « De nombreux décideurs estiment que l’UE doit redoubler d’efforts pour coopérer avec la Russie dans la région au lieu de proposer aux pays du Partenariat oriental des accords commerciaux mutuellement exclusifs qui créent un sentiment de rivalité entre Bruxelles et Moscou ». Source : Council on Foreign Relations, 14/03/2014

[3]
                  « Le 21 novembre 2013,… un décret du gouvernement ukrainien a suspendu les préparations à la signature de l’accord d’association; à la place, il proposait de créer un comité commercial tripartite entre l’Ukraine, l’UE et le Russie qui résoudrait les questions commerciales entre les différentes parties. Le Premier Ministre Mykola Azarov a publié ce décret pour “garantir la sécurité nationale de l’Ukraine” et en tenant compte des possible ramifications commerciales avec la Russie (et d’autres pays de la CEI) si l’accord était signé au Sommet de Vilnius des 28-29 novembre… L’UE a rejeté les négociations trilatérales et a demandé à Yanoukovitch de s’engager à signer l’Accord d’Association, ce qu’il a alors refusé ». Source : Ukraine-European Union Association Agreement, Wikipedia

[4]
                   L’élargissement aux pays d’Europe orientale dans la foulée de la chute du Mur de Berlin était légitime mais a été mené trop vite et trop loin. Il a nuit à la fois au processus d’intégration politique de l’UE (révélé par l’extrème faiblesse de l’Europe dans la gestion des conséquences de la crise actuelle) et à la bonne intégration des pays d’Europe orientale (révélé par les taux de participation affligeants de ces pays aux dernières élections euopéennes). Suite à l’extension accélérée aux pays de l’ex-URSS dans les années 90, la perspective d’un élargissement déraisonnable (vers l’Ukraine et la Turquie en particulier) a contribué au rejet par les français et les néerlandais du Traité constitutionnel en 2005. Le message a été entendu à l’époque et tout processus d’élargissement stoppé… Mais seulement pour quelques temps : en effet, les accords de libre-écxhange négociés avec l’Ukraine et autres, par une Europe qui se résume finalement elle-même à une zone de libre-échange, correspondent en fait à de l’élargissement caché.

[5]
                  Source : EUObserver, 04/09/2013

[6]
                  Source : Wall Street Journal, 29/05/2014… dans lequel le traitement de l’information est particulièrement révélateur.

[7]
                   Surtout depuis que l’Inde a mis son veto à l’Accord sur la facilitation des échanges mondiaux, ce qui a mis fin au processus de globalisation tel que nous le connaissions. Source : The Guardian, 22/08/2014

 

 

BRICS 2009-2014 : Cinq ans d’occasions perdues pour l’Europe…

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BRICS 2009-2014 : Cinq ans d’occasions perdues pour l’Europe…

Ex: http://www.leap2020.net

Lorsque les BRIC ont lancé leur club en 2009[1], leur objectif était simple : constituer un groupe suffisamment puissant pour initier une dynamique de réforme des institutions de la gouvernance mondiale dans le sens de leur adaptation aux nouvelles réalités du monde multipolaire dont ils étaient les principaux représentants : faire concorder poids de vote et participation financière au FMI[2] et à la Banque Mondiale, intégrer les contraintes des nouvelles puissances dans la « philosophie » de l’OMC[3], associer le dollar à un panier de monnaies des économies significatives de la planète en vue de la création d’une nouvelle monnaie internationale d’échange plus solide et représentative[4]

Ces pistes de réflexion ne remettaient pas fondamentalement en question le système « américain » précédent. Elles actaient de sa préexistence et proposaient de le compléter pour le rendre viable par rapport aux caractéristiques du monde du XXI° siècle. Le projet des BRICS aurait dû être compris comme une cure de jouvence du système antérieur[5].

Cinq ans plus tard, les BRICS  sont dans un constat d’échec sur leurs propositions collaboratives : en dépit de son président brésilien l’OMC n’a pas réussi à « civiliser » le processus de globalisation largement en cause dans les déséquilibres socio-économiques mondiaux[6] (la décision de l’Inde de ne pas ratifier l’accord de Bali, emblématique de la vision classique OMC du libre-échangisme globalisé, menace d’ailleurs gravement l’institution dans son ensemble) ; la paralysie politique empêche le Congrès américain de voter la remise en question du poids de vote US au FMI [7]; une réforme du système monétaire internationale dépendant des Etats-Unis s’avère impossible[8]

Mais ce n’est pas tout. Les Etats-Unis se sont éloignés des institutions internationales qu’elles n’étaient plus en mesure de contrôler aussi bien qu’avant et ont mis en place un système « international » vu comme l’extension de leur fonctionnement national à la planète entière, notamment : négociation de zones de libre-échange à leurs conditions en lieu et place de leur contribution à un effort de globalisation qui avait cessé d’être à leur seul profit, application de leurs logiques de sanctions au monde entier et pénalisation selon le droit US de tous contrevenants (ex : l’amende de la BNP pour n’en citer qu’un), etc…

Dans le même mouvement, les relations entre les Etats-Unis et les BRICS ont tourné vinaigre : Europe et Etats-Unis poursuivent dans la violence leur grignotage territorial sur la sphère d’influence russe avec les conséquences que l’on sait et notamment la constitution d’un axe russo-chinois puissamment structurant pour les BRICS, Obama met en place une politique de « containment » de la Chine en guise de « pivot »asiatique[9], l’Inde décide de s’éloigner diplomatiquement des Etats-Unis[10], etc…

Dans un tel contexte de recul des puissances du passé devant l’avenir, les BRICS n’ont pas d’autre choix que de créer ex-nihilo leur propre système dont les institutions bancaires et monétaires lancées la semaine dernière à Fortaleza (BR) constituent les premières expressions concrètes[11].

Libre aux occidentaux de voir ces entreprises comme des attaques ciblées contre eux. La réalité est désormais la suivante : les occidentaux avaient la possibilité d’accueillir les BRICS dans leur club qu’ils avaient ainsi l’occasion d’adapter aux nouvelles réalités économico-géopolitiques ; ils restaient ainsi des acteurs influents du monde de demain. Désormais un autre système se met en place, celui des BRICS, le seul des deux à être promis à un avenir au XXI° siècle (structures légères, fonctionnement moderne en réseau, caractérisé par la multipolarité, l’équité[12] et le respect de la diversité, etc…).

Mais les occidentaux ne sont pas au nombre des fondateurs.

Le choix qu’il leur reste est donc le suivant : la confrontation croissante qui entraine le monde vers une bi-polarisation, comme on le voit clairement actuellement (bloc occidental contre reste du monde); ou bien l’intégration à ce nouveau système, mais aux conditions des BRICS bien sûr désormais.

L’occident a déjà perdu la belle occasion qui lui a été donnée en 2009 de participer constructivement à l’organisation du monde du XXI° siècle. Il y aura d’autres occasions mais le rôle imparti aux puissances du passé ira en diminuant, c’est une certitude.

C’est pourquoi nous répétons une fois de plus[13] que, à défaut de sauver un Occident suicidaire, l’Europe aurait vraiment un intérêt vital à se lancer dans un rapprochement stratégique profond avec les BRICS. Les Ministères des Affaires étrangères doivent se doter de départements BRICS, les chefs d’état européens de conseillers BRICS, les centres de recherche européens ouvrir des sections Euro-BRICS, etc…

Et surtout, surtout, les états européens doivent programmer un sommet Euro-BRICS en marge du prochain sommet BRICS qui se tiendra en juillet 2015 en Russie. Un sommet UNASUR-BRICS[14] s’est tenu en marge du dernier sommet BRICS en Amérique du Sud. Ne soyons pas les dindons de la farce : tout[15] impose qu’un sommet Euro-BRICS se tienne en marge du prochain sommet BRICS  en Russie (ou en Finlande) ! Et un tel sommet ne dépend que de nous.

Il reste encore au moins six mois pour agir… C’est beaucoup sur le plan logistique mais est-ce suffisant pour une décision politique ?

 
Notes

[1] Premier Sommet des BRIC, 16 juin 20009 à Iekaterinbourg (Russie). Source : Wikipedia

[2] Source : The Economist, 06/06/2011

[3] Par exemple : The BRICS Post, 04/12/2013

[4] Source : ZeroHedge, 13/10/2013

[6] La globalisation « sauvage » a en effet permis l’apparition de giga-acteurs économiques hors de tout contrôle, le découplage entre salariés et consommateurs,… Si la globalisation est une tendance de fond, sa sauvagerie peut et doit faire l’objet d’un travail politique concerté au niveau mondial.

[7] Source : East Asia Forum, 29/01/2014

[8] En 2009, la Chine en particulier avait exprimé son souhait de participer à la création d’une nouvelle monnaie de réserve. Quatre ans plus tard, dans l’un de nos séminaires Euro-BRICS à Moscou, un représentant de la PBOC nous expliquait que si cette piste était toujours la plus souhaitable pour la Chine, l’impossibilité d’en maîtriser le déroulement les obligeait à suivre un plan B ne dépendant que d’eux, à savoir la signature des accords swap en Yuan en vue de l’internationalisation de leur monnaie comme point d’appui pour un nouveau système monétaire. Il nous expliquait également que l’Euro aurait pu jouer ce rôle s’il avait été libéré de la zone dollar dont, loin d’être une alternative, il constitue de facto le dernier pilier…

[9] Source : Global Times, 25/11/2013

[10] Source : The Telegraph, 10/01/2014

[11] Source : Deutsche Welle, 16/07/2014

[12] Droit de vote à parité en dépit des différents montants de contribution à la Nouvelle Banque de développement, pour ne citer qu’un exemple.

[13] Je fais ici référence notamment à la Lettre Ouverte que nous avons publiée en 2009 dans les pages de la version internationale du Financial Times appelant, quelques semaines avant les Chinois, à repenser le système monétaire international… Ainsi qu’à nos différents appels en faveur de la tenue d’un Sommet Euro-BRICS à l’horizon 2015.

[14] Source : Buenos Aires Herald, 16/07/2014

[15] Crise ukrainienne, reconstruction des relations de voisinage, réflexion sur l’interaction entre unions économiques régionales, reprise de contact avec les vraies dynamiques économiques mondiales, impératif de transition,…

 

dimanche, 12 octobre 2014

ISIS - De steun van de Europese Unie

Herman Van Rompuy met Recep Tayyip Erdogan - 2

 

Europees president Herman Van Rompuy (CD&V) en de Turkse president Recep Tayyip Erdogan, twee van de financiers van ISIS en Jabhat al Nusra. Het toont hun totale minachting voor de mens.

 

ISIS - De steun van de Europese Unie

WILLY VAN DAMME’S WEBLOG

Ex: http://mediawerkgroepsyrie.wordpress.com

Wie tegenwoordig onze kranten openslaat leest tonnen verhalen over de terecht als erg bloedig en zeer gruwelijk voorgestelde terreur van de Islamistische Staat van Irak en al Sham (ISIS), alias ISIL, Al Qaeda in Irak en IS.

 

Gans de westerse wereld is in rep en roer en de VRT stuurde haar twee ‘experts’ Rudi Vranckx en Jens Franssen zelfs naar Syrië en Irak om er verslag te doen van de ‘dappere’ strijd van de Koerden en het Iraakse leger tegen dat ‘monster’, de tot leven gekomen nachtmerrie voor de EU en de VS.

 

Op dit ogenblik vliegen onze gevechtsvliegtuigen zelfs boven Irak en die van de VS ook over Syrië om er ISIS aan te vallen. Daarbij hebben onze westerse regeringen en media het ook over de grote inkomsten die ISIS haalt uit de verkoop van olie uit het door haar veroverde gebied.

 

Men schat bij westerse regeringen dat die opbrengst dagelijks tussen de 2 tot 5 miljoen dollar zou bedragen. Op jaarbasis dus ergens tussen de 730 en de 1.825 miljoen dollar (578 tot 1.445 miljoen euro).

 

Voldoende om veel messen te kopen nodig voor hun dagelijks onthoofdingen. En dus begon het westen met het bombarderen van de raffinaderijen en andere olie-installaties die onder controle van ISIS vallen.

 

Opmerkelijk is dat men in de media, o.a. rebellenvriend Jorn De Cock in De Standaard, als steeds blijft stellen dat die olie o.a. door de regering in Damascus wordt aangekocht. Wat vooreerst nergens bewezen is en ook wordt ontkend door zowel ISIS als de regering in Damascus. Maar voor wat laster gaat men in onze media natuurlijk nooit achteruit, zeker als het over een vijand van de VS gaat.

 

Dat men daarbij vergeet Turkije als de grote koper van die olie aan te duiden wekt natuurlijk geen verrassing. Maar evenzeer vergeet men in de media de toch wel heel merkwaardige rol van de Europese Unie in deze zaak.

 

Toen de officieel met Al Qaeda verbonden Jabhat al Nusra en deels samen met andere Syrische salafistengroepen op 5 maart 2013 de provinciale hoofdstad Rakka veroverden – vermoedelijk door het omkopen van een aantal lokale militaire bevelhebbers – kreeg al Nusra ook een groot deel van de oliebronnen in die provincie in handen.

 

En zie wat deed de Europese Unie. Reeds de volgende maand, op 23 april,  besloot de Europese Ministerraad voor Buitenlandse Zaken van de 28 lidstaten het voorheen voor Syrië ingestelde handelsembargo specifiek alleen voor olieproducten op te heffen.

 

Deze ministerraad voor buitenlandse zaken is een erg omslachtig orgaan, eerst moet men alle 28 ministers bereid vinden om over dit onderwerp samen te komen en moet er ook een consensus zijn onder die 28 leden.

 

Ligt één lidstaat in die ministerraad dwars dan is het noppes, komt er geen besluit. En ook de Europese Commissie met Catherine Ashton, verantwoordelijke in de EU voor Buitenlandse Zaken, en Herman van Rompuy, Europees president, hebben hier een grote vinger in de pap.

 

***

 

 

 

 
 
Het van 17 mei 2013 daterende interview met Russia Today over die Europese beslissing om financiële steun aan ISIS en al Qaeda mogelijk te maken. Het toont ten volle de waanzin, het totaal gebrek aan respect voor de mensenrechten en de domheid van onze Europese politici.

 

***

 

Op 23 april 2013 besloot de EU dus officieel dat men al Nusra en daardoor ook al Qaeda mocht financieren. Men sprak in dat raadsbesluit uiteraard niet over al Qaeda en Jabhat al Nusra maar dat was wel de enige te trekken conclusie.

 

Een andere is onmogelijk. Ook de relatieve snelheid waarmee men optrad valt op. Assad en dus Syrië wurgde men financieel en economisch, al Qaeda in Syrië daarentegen kreeg eventueel zelfs geld. En volgens de EU-ambassadeur in Irak zou er inderdaad olie van ISIS in de EU geraken.

 

Nu vormden Jabhat al Nusra en ISIS sinds de komst van ISIS naar Syrië in de late herfst van 2012 tot in februari 2014 een geheel, een onder leiding van al Qaeda werkend front. De terreur in Rakka toen al Nusra het overnam was in essentie niet anders dan wat men er nu meemaakt. Het enige verschil is dat de kranten het nu beschrijven. Voorheen was er de omerta.

 

De EU heeft met andere woorden op 23 april 2013 besloten om ISIS financieel te steunen. De naam ISIS zal in Rakka trouwens al begin mei 2013 in de gespecialiseerde media verschijnen, dus een goeie week na het Europees besluit. Een besluit dat nooit werd ingetrokken en voor zover geweten daarom ook nog steeds rechtsgeldig lijkt.

 

Het is dus niet Assad, zoals De Standaard durfde te schrijven, maar de EU die als haantje de voorste zo snel mogelijk ISIS en al Qaeda financieel wou steunen. Het hoeft natuurlijk niet te verwonderen dat voor zover geweten niemand in het Europees Parlement, de Europese lidstaten en de media hier toen of nadien enige opmerking over maakte. Netjes onder tafel vegen, dat was en is het beleid.

 

Drie jaar lang hebben onze pennenlikkers allerlei salafistische strijders in Syrië volop gesteund. Hun gruwel werd tot eind vorig jaar grotendeels door de vingers gekeken waarbij men opriep om ook zoveel mogelijk militaire steun vanuit het westen aan deze frisse te geven. Nu worden deze journalisten door diezelfde ‘vrijheidsstrijders’ gebruikt als afpersingsmiddel voor westerse regeringen en hun geliefden. Betalen die niet dan rolt hun hoofd. Stank voor dank heet dat. Hier journalist James Foley vlak voor zijn onthoofding. Wie weet leverden de Britten ooit wel de hierbij gebruikte messen.

 

Willy Van Damme.

 

Met dank aan de uitstekende satirische Dendermondse internetkrant De Klaptand die in een hilarisch stuk mijn interviews met Russia Today te voorschijn haalde met daarbij ook mijn interview op Tv-zender Russia Today over die befaamde Europese beslissing om ISIS te steunen. Het trok opnieuw mijn aandacht op dit belangrijke aspect van de zaak.

 

Op de VRT moet je met dat soort zaken niet afkomen. Russia Today is volgens onze massamedia nu eenmaal een propagandazender, de VRT met coryfeeën als Rudy Vranckx niet. Wie eens kennis wil maken met de Klaptand en hun ‘beruchte’ correspondent Willy Van Damned, geniet, lach en zie: http://www.deklaptand.be/video-alliantie-de-klaptand-en-russia-today-een-feit/

 

Bron: Willy Van Damme’s Weblog.

samedi, 11 octobre 2014

Le traité de libre-échange transatlantique TTIP s’enlise

Le traité de libre-échange transatlantique TTIP s’enlise

Ex: http://fortune.fdesouche.com

A partir de lundi 29 septembre, des centaines d’experts de la Commission européenne et de l’administration américaine devraient s’enfermer pour une semaine entière dans des bureaux près de Washington, afin de plancher sur le traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Europe, le désormais fameux TTIP. Pour ce septième « round » d’une négociation qui a démarré à l’été 2013 et qui est de plus en plus contestée et sérieusement menacée d’enlisement.

Quels sont les enjeux ?

Le TTIP a l’ambition d’annuler les barrières douanières à l’exportation entre les Etats-Unis et l’Union européenne, mais aussi de faire sauter tous les freins non tarifaires pour les services et l’industrie, c’est-à-dire de faire s’entendre les deux parties sur un alignement de leurs réglementations dans l’alimentation, l’environnement, l’agriculture, etc. Bruxelles assure que l’économie européenne pourrait en tirer près d’un demi-point de croissance de son produit intérieur brut (PIB) en plus par an.

Mais la société civile européenne, notamment très mobilisée en Allemagne, s’inquiète d’un risque de nivellement par le bas des normes environnementales, sociales, etc., du Vieux Continent.

Aux Etats-Unis, ce traité commercial suscite aussi beaucoup de réserves : certains s’inquiètent par exemple d’une baisse des réglementations actuellement en cours à Wall Street, ou d’une trop grande ouverture des marchés publics américains.

Que faut-il attendre de la semaine qui s’ouvre ?

« Il ne va quasiment rien se passer pendant cette semaine de discussions aux Etats-Unis, assure toutefois une source bruxelloise. Les spécialistes vont se contenter – mais c’est un travail énorme ! – de comparer les procédures, pour tel et tel secteur de l’industrie et des services. On n’ira pas au-delà, les discussions sont gelées. »

Côté américain, le traité n’est plus vraiment à l’agenda d’un gouvernement concentré sur l’enjeu des élections de mi-mandat, en novembre.

En Europe, la Commission, qui a reçu un mandat des Etats membres pour négocier, est sur le point d’être renouvelée, avec l’arrivée, prévue début novembre, d’une équipe emmenée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.

Le commissaire chargé du dossier « TTIP », le Belge Karel de Gucht, s’apprête à céder son fauteuil (d’ici à novembre), à la Suédoise Cécilia Malmström. « Pas question, tant que cette dernière n’est pas en poste, de prendre des décisions engageantes pour les mois qui viennent », décrypte une source européenne.

Mme Malmström a pour l’instant fait preuve de beaucoup de prudence sur le dossier. Elle doit être auditionnée par le Parlement européen, lundi 29 septembre.

Quels sont les points de blocage ?

Mme Malmström, si elle est confirmée à son poste à l’issue de cet examen devant les eurodéputés, et si elle souhaite relancer la « machine » à négocier côté européen, devra rassurer, à court terme, les Etats membres et les eurodéputés sur au moins deux points.

Il y a d’abord l’abcès de crispation autour du mandat de négociation du TTIP, aujourd’hui secret. En clair : quels biens et services sont vraiment concernés par l’accord ? Les « anti-TTIP » du Vieux Continent réclament depuis des mois qu’il soit publié. La Commission européenne a fini par demander aux Etats membres d’accepter – c’est en effet à eux de prendre la décision. Et ce d’autant plus qu’un tas de versions du mandat ont déjà fuité sur Internet.

« Mais certains, comme les Britanniques, sont très réticents. Ils ont peur de créer un précédent, pour d’autres négociations. Et les Américains ne veulent pas en entendre parler », précise une source européenne.

Le Français Matthias Fekl, tout nouveau secrétaire d’Etat au commerce extérieur français, s’est récemment prononcé pour, comme les Italiens quelques semaines plus tôt. « J’espère qu’on aura un accord entre les 28 Etats membres en octobre », avance une source bruxelloise.

Le dispositif des tribunaux d’arbitrage, réclamé par les Américains dans le traité, est aussi l’autre très gros point bloquant en Europe. Il s’agit d’instances indépendantes vers lesquelles les entreprises pourraient se retourner si elles estiment qu’un pays menace leurs investissements. Pour leurs détracteurs, ces tribunaux d’arbitrage donnent le pouvoir aux multinationales au détriment des Etats.

Pour tenter de calmer les esprits, la Commission a lancé une consultation publique au printemps à laquelle auraient répondu plus de 150 000 personnes, un record. Mais elle n’a toujours pas fait de compte rendu. Les eurodéputés l’espèrent pour le mois de novembre.

Le Monde

LA RUSSIA PONTE TRA EUROPA E ASIA

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“RUSSIAN EURASIATISM”

LA RUSSIA PONTE TRA EUROPA E ASIA

Luca Siniscalco

Ex: http://news.russia.it

Una analisi del nostro collaboratore Luca Siniscalco del complesso fenomeno culturale dell'Eurasiatismo, una delle correnti che ha attraversato la storia recente della Russia superando le barriere crono-ideologiche poste dal 1917 e dal 1989 

Per comprendere la Russia contemporanea è necessario affrontare le componenti principali del dibattito culturale, politico e ideologico che attraversa il Paese, senza trascurare le correnti minoritarie sotto un profilo esclusivamente elettorale. E questo non soltanto in virtù di una consapevolezza critica del dato  delle urne, ma soprattutto considerando le potenzialità di influenza effettiva che alcuni circoli intellettuali possono esercitare sugli organismi governativi

 Lo mostra efficacemente un saggio di Marlène Laruelle, Russian Eurasianism: an ideology of empire, pubblicato per i tipi della Woodrow Wilson Center Press, “emanazione” editoriale del Woodrow Wilson International Center for Scholars, prestigioso centro di ricerca statunitense. Il testo, scritto fra il 2005 e il 2006, non è pubblicato in lingua italiana, tuttavia Laruelle viene citata nel volume di recente pubblicazione Eurasia. Vladimir Putin e la Grande Politica (Controcorrente, Napoli 2014) come una delle principali studiose dell'Eurasiatismo.

Il valore del saggio conferma l'indicazione di De Benoist: si tratta indubbiamente di uno degli studi più approfonditi sull'argomento. Laruelle ricostruisce con precisione scientifica un percorso ideologico lungo, stratificato e proteiforme, avvalendosi di una lettura puntuale delle fonti originali e insieme delineando un'ermeneutica del fenomeno, che viene inserito in uno studio di storia delle idee. Russian Eurasianism diviene quindi un utile strumento di demistificazione intellettuale, in quanto chiarisce il nucleo ideologico, il contesto culturale e le diverse – talvolta persino antitetiche – evoluzioni di un concetto, quello di Eurasia, spesso abusato o mal compreso dalla pubblicistica estera. L'autrice cerca di offrire un punto di vista critico ma il più possibile oggettivo, rilevando nell'Eurasiatismo contraddizioni e pericoli teorici, senza tuttavia esprimere preferenze politiche o giudizi morali. Il parere critico di Laruelle traspare inevitabilmente tra le righe del testo, il cui merito maggiore è tuttavia a nostro avviso riposto nella presentazione di una preziosissima e ingente quantità di dati perlopiù obliati al lettore non russo, nonché di un'ottima sintesi del pensiero e delle opere dei principali teorici eurasiatisti.

Il saggio prende le mosse da una descrizione delle radici del pensiero eurasiatista, di cui una versione ante litteram è parzialmente rappresentata dalla corrente slavofila, per passare a considerare l'Eurasiatismo degli anni '20/'30 del secolo scorso. Peculiarità teorica essenziale del movimento è la visione della Russia come centro di un vasto spazio politico e culturale, un ponte fra l'Europa e l'Asia proiettato come comunità di destino verso l'Est, la cui stimata superiorità è fondata su un terzomondismo avant la lettre. La speculazione eurasiatista, sorta in un contesto di esilio durante il periodo bolscevico e di fede nella natura di “grande potenza” (derzhava) della Russia, risulta in palese contrasto rispetto alla profonda influenza della speculazione occidentale –  nelle espressioni del Neoplatonismo, del Romanticismo tedesco, della Naturphilosophie, della filosofia della storia hegeliana, della Rivoluzione Conservatrice, della filosofia politica moderna, insieme pragmatica e utopista – esercitata sul loro stesso pensiero. Tale aporia risulta paradossalmente l'elemento più interessante del primo Eurasiatismo, la cui indubbia levatura culturale pone questo movimento nel novero delle avanguardie intellettuali dell'epoca. Savitsky, Trubetzkoy, Jakobson e Vernadsky sono solo alcuni dei principali esponenti di un movimento vitale, attivo con numerose pubblicazioni, indirizzato verso la creazione di un'ideologia totale, capace di abbracciare geografia, economia, etnografia, linguistica, filosofia, storia, religione e studi orientali. Ambiguità verso il regime comunista dell'Urrs, “culturalismo” quale unione mistica fra territorio e cultura, attenzione per il mondo slavo e turanico, culto del nomadismo e dell'Impero Mongolo di Gengis Khan, adesione al cristianesimo ortodosso, tensione fra idealismo e realismo: queste le principali caratteristiche di un movimento articolato e plurale, pertanto destinato a sfaldarsi di fronte alla radicalizzazione dello scontro politico degli anni '30.

Il saggio prosegue presentando la figura e il pensiero di Lev Gumilëv, studioso di etnologia celeberrimo nella Russia contemporanea, prossimo all'Eurasiatismo più per l'interesse nutrito verso la storiografia delle steppe che per una integrale adesione ideologica al movimento. I testi principali di Gumilëv, pubblicati negli anni '70 ed ispirati a un radicale determinismo etnico, in sintonia con il meccanicismo sovietico, costituiscono la cerniera – peraltro dubbia e controversa – fra il primo Eurasiatismo e la sua rinascita negli anni '90, in seguito al crollo dell'Urss.

Marlène Laruelle dedica quindi due capitoli del proprio saggio ai principali teorici contemporanei del Neoeurasiatismo: Aleksandr Panarin – ingiustamente sconosciuto in Europa, e a cui ci ripromettiamo di dare spazio in un successivo articolo – e Aleksandr Dugin, che, successivamente alla morte di Panarin, è diventato il leader senza rivali del movimento. Laruelle ricostruisce attentamente la speculazione dei due teorici, non limitandosi soltanto al pensiero strettamente geopolitico, bensì approfondendo la loro Weltanschauung con riferimenti puntuali alla totalità delle loro pubblicazioni. Un grande merito, questo, se si considera che in Italia Dugin è notissimo per i suoi interventi in ambito geopolitico, ma è pressoché sconosciuto quale studioso di filosofia ed esoterismo, campi nei quali ha svolto riflessioni di grande interesse, soprattutto, a nostro avviso, per quanto concerne il tentativo di superare la modernità conciliando tradizionalismo e postmodernismo.

Chiudono il volume due sezioni dedicate all'Eurasiatismo non russo, specialmente in relazione alla tradizione islamica e alle esperienze politiche governative – in Kazakhistan – e movimentistiche – in Turchia. Il rapporto contrastato fra Islam, Ortodossia e governo diventa centrale nel dispiegarsi dell'Eurasiatismo contemporaneo.

Dalla genealogia del concetto si passa quindi all'attualità di un'idea capace di influenzare radicalmente la cultura di massa e l'immaginario russi, al di là dell'effettiva adesione all'Eurasiatismo quale movimento: un segno concreto che l'unipolarismo, prim'ancora che politicamente, ha fallito culturalmente. Le civiltà rinascono, la ricerca spirituale si staglia innanzi all'annuncio della morte di Dio e il “culturalismo” emerge fra i rami secchi dell'internazionalismo marxista e del mondialismo capitalista: in Russia si prospetta così un nazionalismo nuovo, pluralista, comunitarista e organicista, “illuminato” per dirla con Dugin. L'ideologia eurasiatista non coincide con le politiche di governo, più moderate su multi punti e molto attive nel contesto europeo, ma costituisce un'utopia – talora molto profonda, talora più ingenua – adeguata a offrire un orizzonte “altro”, aperto a contaminazioni teoriche e spirituali che arricchiscono l'edificazione dell'autocoscienza russa.

 

Luca Siniscalco

vendredi, 10 octobre 2014

Strasbourg en rouge et blanc pour l’« Alsatian Pride »

Strasbourg en rouge et blanc pour l’« Alsatian Pride »

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Le 10 octobre 2014
 
Strasbourg sera ce samedi en rouge et blanc, les couleurs d’une Alsace qui entend descendre dans la rue pour affirmer sa volonté de ne pas être absorbée par la Lorraine et la Champagne-Ardenne.
 
 

Strasbourg sera ce samedi en rouge et blanc, les couleurs d’une Alsace qui entend descendre dans la rue pour affirmer sa volonté de ne pas être absorbée par la Lorraine et la Champagne-Ardenne. La manifestation alsacienne aura-t-elle le même succès que celle de Nantes pour la réunification de la Bretagne ? Le président du conseil régional d’Alsace y croit en tout cas, n’hésitant pas à proposer un tarif – TER exceptionnel à 5 € – pour permettre à tous les Alsaciens qui le souhaitent de se joindre à ce mouvement de protestation.

L’opposition socialiste – l’Alsace est de droite depuis toujours – crie bien évidemment au loup et dénonce « l’utilisation indue de fonds publics pour financer une manifestation partisane ». C’est oublier un peu vite qu’une vente flash de 12.000 billets Lyon-Paris à 5 euros a eu lieu l’année dernière par la SNCF, cinq jours avant la manifestation pro-mariage pour tous. Et cette offre était bel et bien disponible 5 jours avant la manif des partisans du « mariage » homosexuel et valable uniquement, comme par hasard, jusqu’au 27 janvier 2013, date de la manifestation des partisans du projet de loi. Sur le Net, la SNCF encourageait ses « amis lyonnais » à profiter de cette « opportunité incroyable » en envisageant une « petite séance shopping dans le Marais », le « quartier gay-friendly de la capitale »,  comme l’avait relevé alors fort opportunément Valeurs actuelles.

Malgré son maire gay-friendly, l’offre alsacienne n’est pas aussi alléchante, mais la manifestation de samedi sera le point d’orgue d’une campagne de sensibilisation de l’Alsatian Pride, la « fierté alsacienne » que mène depuis quelques mois un tout jeune parti régionaliste Unser Land (Notre pays) qui a remis au goût du jour les couleurs alsaciennes Rot un Wiss (rouge et blanc). De nombreux jeunes – et c’est encourageant – ont rejoint les rangs d’Unser Land et n’hésitent pas, à l’image des activistes de Greenpeace, à se lancer dans des démonstrations spectaculaires, drapeau Rot un Wiss en tête. Ces jeunes militants ne sont pas effarouchés par la notion d’autonomisme et n’hésitent pas à l’expliquer aux badauds qui les encouragent dans leurs actions d’éclat. « N’ayez pas peur, même soyez fiers de votre histoire. Nous devons à ceux qui nous ont précédés, qui se sont battus pour préserver notre droit local, notre culture, notre langue, d’être ce que nous sommes ».

Unser Land milite enfin pour que le drapeau alsacien retrouve droit de cité. « Un vrai drapeau, reconnu, comme celui des Corses, des Bretons ou des Basques. Qui a sa place sur le fronton de nos mairies, entre le drapeau national et le drapeau européen […] Mir welle bliewe, wàs mir sin ! Nous ne voulons pas disparaître dans un mariage forcé contre-nature. Nous voulons rester ce que nous sommes et nous le faisons savoir. »

Contre toute forme de dissolution ou « d’incorporation forcée » de l’Alsace dans des ensembles interrégionaux artificiels : ils seront nombreux à le faire savoir samedi à Strasbourg, où l’on pourra se rendre compte, comme disait la grand-mère de l’un de mes amis, que mine de rien « les Alsaciens sont tous français, dommage que les Français ne soient pas tous alsaciens, on ne serait pas dans la m… »

jeudi, 09 octobre 2014

La dédollarisation. L'euro va-t-il entrer dans le jeu?

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La dédollarisation. L'euro va-t-il entrer dans le jeu?

par Jean-Paul Baquiast
 
Nous avons plusieurs fois souligné que les projets de dédollarisation envisagés au sein des pays du Brics ne prendrait tout leur sens que si les pays de l'eurogroupe, c'est-à-dire les pays utilisateurs de l'euro, s'y joignaient. Ainsi pourrait s'édifier la première phase d'un euroBrics dont la constitution, au sens strict, changerait la face du monde. La domination du dollar, sous-tendant celle des Etats-Unis, pourrait commencer à perdre de son influence.


Or selon un article de Blomberg, groupe financier américain spécialisé dans les services aux professionnels des marchés financiers et dans l'information économique et financière, l'euro devrait rejoindre prochainement le groupe des monnaies directement échangeables en yuan ( monnaie chinoise) à Shanghai, après les dollars américain, australien et new-zélandais, la livre et le yen. Le yuan est la 7e monnaie en importance utilisée pour les échanges financiers internationaux. L'arrivée de l'euro marquera un grand pas dans l'internationalisation du yuan, en diminuant sensiblement les coûts de transaction. L'euro et le yuan devraient en bénéficier conjointement, ainsi que leurs échanges avec le reste du monde.

En quoi, dira-t-on, s'agira-t-il, d'un nouveau pas dans la dédollarisation? Simplement parce que les opérateurs ayant recours à l'euro-yuan dans leurs échanges, par exemple pour les ventes d'Airbus en Chine, n'utiliseront plus le dollar. Echapperaient-ils ainsi aux fluctuations de cette monnaie, découlant en partie des stratégies politiques ou économiques de Washington? Certes, dans la mesure où le yuan a une parité quasi-fixe avec le dollar, on ne voit pas en quoi le fait de libeller les transactions commerciales en yuan changera quoi que ce soit sur l' exposition des opérateurs aux fluctuations du dollar. Mais l'effet médiatique consistant à remplacer le dollar par le yuan ou l'euro sera considérable. Quoiqu'il en soit, nous n'avons pas ce jour à notre niveau confirmation par une autorité européenne de l'exactitude des propos de Blomberg. Il serait douteux cependant qu'il s'agisse d'un simple bruit destiné à provoquer des mouvements spéculatifs sur les cours. Affaire à suivre donc.

Selon Blomberg, les relations commerciales entre la Chine et les pays européens ont cru de 12% l'année dernière, jusqu'à atteindre $404 milliards pour les 8 premiers mois de 2014, chiffre à comparer aux $354 millions pour les échanges américano-européens dans la même période. Les sociétés françaises et allemandes tiennent la tête des opérateurs utilisant le yuan.

Les accords euro-yuan ne marqueront pas une dédollarisation complète des échanges entre l'Europe, la Chine et plus largement l'Asie, mais il s'agira d'un début prometteur. On comprend dans cette perspective pourquoi les Etats-Unis font de telles pressions sur l'Europe pour lui faire accepter un Traité de libre-échange transatlantique. Dans le cadre de ce traité, les entreprises européennes pourraient s'engager – librement, of course – à n'utiliser que le dollar, comme le fit à ses dépends la BNP.

* Voir Blomberg news, daté du 29 septembre Yuan to Start Direct Trading With Euro as China Pushes Usage
http://www.bloomberg.com/news/2014-09-29/yuan-euro-direct-trading-begins-tomorrow-as-china-promotes-usage.html

* Voir aussi une confirmation par l'agence russe RIA. Elle y voit un renforcement du poids de la Chine en Europe.
http://fr.ria.ru/discussion/20141002/202592940.html

 

mercredi, 08 octobre 2014

Robert Steuckers:De quelques questions géopolitiques inhabituelles

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Robert Steuckers:

De quelques questions géopolitiques inhabituelles

 

Entretien accordé à J. P. Zúquete, dans le cadre d’un mémoire universitaire

 

Acceptez-vous l’étiquette de “nouvelle droite”?

 

Personne dans la “nouvelle droite” ou en marge de celle-ci n’a jamais accepté l’étiquette, inventée par les journalistes dénonciateurs du Nouvel Observateur de Paris en 1979. Seul peut-être Jean-Claude Valla, aujourd’hui décédé, a-t-il profité de ce label pour ancrer son équipe dans le paysage journalistique français, à une époque où elle investissait le Figaro Magazine. Dans le cadre de ce nouvel hebdomadaire à succès, dirigé par Louis Pauwels, cette étiquette pouvait séduire. Aujourd’hui, il convient de dire tranquillement qu’elle n’est plus de mise, qu’elle est une sorte de vocable-reliquat, de joujou idéologique pour faire mousser les dinosaures d’une gauche hystérique et groupusculaire, généralement utilisée par les services pour perpétrer des “coups tordus”. L’évolution ultérieure de quasi tous les animateurs du “Groupe de Recherche et d’Etudes pour la Civilisation Européenne” (ou GRECE) et, même, du “Club de l’Horloge” (qui en était distinct à partir de la fin des années 70), a amené leurs réflexions bien au-delà de l’ensemble circonscrit des droites françaises, sans pour autant nier certaines bases théoriques qui sont soit conservatrices au sens le plus général du terme, soit nationalistes-révolutionnaires, au sens proudhonien du terme ou au sens du non-conformisme des années 30. Alain de Benoist, qui aime qu’on écrive de lui qu’il est une “figure de proue” de ce mouvement dont il récuse pourtant l’étiquette, ne peut plus, aujourd’hui, être considéré comme appartenant au champ des droites françaises, vu qu’il s’est très nettement démarqué de l’actuelle idéologie dominante, le néo-libéralisme, flanqué de son cortège d’idéologèmes boiteux et de nuisances idéologiques que l’on appelle le “politiquement correct”.

 

Les animateurs de la “nouvelle droite” (selon l’étiquette forgée par le Nouvel Observateur) n’ont donc pas adopté les schèmes du néo-libéralisme, toutes variantes confondues, et n’ont jamais embrayé sur la vague néo-atlantiste que l’on observe en France depuis l’arrivée de Mitterrand au pouvoir en 1981, vague qui s’est renforcée et a submergé les ultimes redoutes du gaullisme de tierce voie. En critiquant le néo-libéralisme, comme nouvelle idéologie nuisible et posée par ses thuriféraires comme universaliste, et en refusant la logique atlantiste, ces animateurs dits “néo-droitistes” ont forcément emprunté des formes critiques auparavant ancrées à gauche de l’échiquier idéologique français et abandonné l’anti-gaullisme des vieilles droites françaises pour opter en faveur d’une sorte de néo-gaullisme, hostile aux politiques suggérées par l’hegemon américain depuis Carter et Reagan. La critique du néo-libéralisme (toutefois assez insuffisante au sein de l’actuelle “post-nouvelle-droite” quant au nombre de textes fondateurs) et le rejet de l’atlantisme des post-gaullistes et des socialistes font que les avatars actuels de la “nouvelle droite” —fustigée par les journalistes du Nouvel Observateur en 1979— sont l’expression d’une fusion originale d’éléments auparavant (et apparemment) hétérogènes. Par rapport à ce qu’elle a pu être éventuellement dans sa préhistoire (années 60 et première moitié des années 70) ou à ce qu’elle était quand une partie de ses animateurs investissait avec Jean-Claude Valla le Figaro Magazine de Louis Pauwels, le mouvement pluriel (à têtes multiples) que l’on appelle toujours par convention et par paresse intellectuelle la “nouvelle droite” constitue aujourd’hui une synthèse nouvelle, qui opère des convergences, mais toujours partiellement, avec des mouvements issus de milieux complètement différents, ancrés ailleurs avant 1979 ou nés de circonstances nouvelles, propre aux années 90 du 20ème siècle ou aux quinze premières années du 21ème.

 

Reste aussi à signaler que les rangs de la génération fondatrice se sont éclaircis, par la force des choses, et que les réflexes politiques et les sentiments de ces anciens ne sont plus nécessairement partagés par des générations nouvelles (moins nombreuses toutefois) qui, sociologiquement parlant, ont eu d’autres jeux, d’autres distractions, vécu au sein d’un système scolaire différent (et surtout déliquescent), se sont plongées dans l’univers de l’informatique puis du multimédia, n’ont plus que de vagues souvenirs des réalités si pesantes, si déterminantes, d’avant 1989 (guerre d’Algérie, décolonisation, Rideau de Fer, bloc soviétique, etc.).

 

J’appartiens évidemment à une fournée tardive qui s’est forgé dès la prime adolescence une vision du monde alternative, disons, à partir de l’année 1970, où j’avais quatorze ans. La période de maturation première et confuse s’est déroulée jusqu’en 1974, année où j’achève mes secondaires et où je rentre à l’université. Dès 1974, ma vision philosophique et politique se précise grâce à des amis comme Bernard Garcet, Frédéric Beerens, Alain Derriks, etc. Ces citoyens belges ne sont évidemment pas marqués par les événements d’Algérie, comme leurs contemporains français, et ne raisonnent jamais selon les clivages habituels du monde politique français, en dépit de la très forte influence de la presse et des médias français sur la partie francophone de la Belgique (j’étais le seul qui lisait en néerlandais et en allemand, vu que j’étudiais les langues). Garcet s’intéressait surtout à l’école italienne (Mosca, Pareto), Beerens aux sciences de la vie (Konrad Lorenz, Robert Ardrey), Derriks, journaliste de formation, aux idéologies politiques, à l’actualité la plus brûlante. C’est dans nos échanges hebdomadaires, ou au cours de voyages, où nous commentions nos lectures et l’actualité, que mes options personnelles se sont consolidées entre 1974 et 1980, années où, justement, la géopolitique revient à l’avant-plan, surtout parce que depuis le coup de Kissinger, qui parvient en 1972 à s’allier à la Chine maoïste, on s’aperçoit, d’abord timidement, que les critères géopolitiques pèsent plus lourd que les positions idéologiques. Derriks et moi potasserons —suite à un article de la revue évolienne et “traditionaliste-révolutionnaire” Totalité, animée par Georges Gondinet, Philippe Baillet et Daniel Cologne— le travail du général italien Guido Giannettini (Dientre la Granda Muraglie) qui fut quasiment le premier à préconiser un renversement d’alliance pour l’Europe: si les Etats-Unis, sous l’impulsion de Kissinger et de Nixon, s’alliaient à la Chine pour faire pression sur l’Union Soviétique et pour se maintenir par la même occasion en Europe occidentale, il fallait, sans adopter nécessairement le système économique communiste, s’allier à Moscou pour fédérer les peuples de souche européenne dans la partie septentrionale de l’Eurasie. Jean Parvulesco et Jean Thiriart emboîteront le pas. Par ailleurs, Alexander Yanov, un dissident libéral soviétique exilé en Californie, hostile au néo-slavisme officiel en plein développement dans l’URSS d’alors, démontrait que la néoslavophilie du régime et de la dissidence enracinée s’opposait à un occidentalisme russe présent dans la dissidence (Sakarov) et dans le PCUS au pouvoir. Notre position face à cette première définition par le libéral-occidentaliste Yanov de la “Russian New Right” (1): soutenir la néo-slavophilie dans le régime et dans la dissidence, chez Valentin Raspoutine, primé en URSS, et chez Soljénitsyne, exilé dans le Vermont. Position implicitement partagée par de Benoist (qui recense l’ouvrage de Yanov dans les colonnes du Figaro Magazine) et par l’observateur du monde slave dans la presse non conformiste allemande de l’époque, Wolfgang Strauss, ancien déporté du Goulag de Vorkhuta, qui n’a cessé de plaider pour une alliance de tous les slavophiles.

 

Les travaux géopolitiques de Jean Thiriart ont-ils influencé vos thèses sur l’Europe?

 

robert steuckers, entretien, géopolitique, politique internationale, nouvelle droite, synergies européennes, jean thiriart, ayméric chauprade, front national, eurasisme, eurasie, brics, Jean Thiriart n’a pas, à proprement parlé, rédigé de travaux spécifiquement géopolitiques. Dans les années 60, à l’apogée de son engagement politique sur la petite scène belge (assurément trop étroite pour lui!), il a cependant montré qu’il avait du flair en la matière. Dans l’espace de plus en plus réduit de ceux qui déploraient la défaite européenne (et non pas seulement allemande) de 1945, Thiriart, qui avait horreur des nostalgies qu’il considérait comme des anachronismes incapacitants, voulait réconcilier les volontés, de gauche comme de droite, rejetées dans les marges de nos mondes politiques au moment où se déployait la société de consommation, celle “du frigidaire et du Coca-Cola de Tokyo à San Francisco”. On peut évidemment affirmer que Thiriart opte pour cette position —celle de réconcilier les volontés apparemment hétérogènes sur le plan idéologique— afin d’adopter un discours de “libération continentale”, de dégager l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est de la bipolarité instaurée à Yalta en 1945, parce qu’il est lucide et rationnel et sent bien que cette césure au beau milieu du continent entraîne, sur le long terme, la déchéance de notre espace civilisationnel. De fait, Thiriart vouait aux gémonies les irrationalismes politiques, ce qu’il appelait les “romantismes incapacitants”, les délires du “zoo politique” et du “racisme des sexuellement impuissants” relevant, selon lui, psychanalyste amateur à ses heures, de la psycho-pathologie et non de la “politique politique”, selon l’expression de Julien Freund, autre pourfendeur des “impolitismes”. Thiriart ne mâchait jamais ses mots, il avait la parole dure, il nous engueulait copieusement et c’est surtout pour cela que je me souviens de lui avec grande tendresse, notamment en circulant dans le quartier que nous habitions tous deux et où je le vois encore promener son chien noir ou embarquer dans son mobile-home, monté sur 4X4 Toyota. Cependant —et nous ne le devinions que vaguement— Thiriart était tributaire d’un contexte idéologique d’avant-guerre, aujourd’hui exploré pour la première fois scientifiquement, et de manière exhaustive.

 

robert steuckers, entretien, géopolitique, politique internationale, nouvelle droite, synergies européennes, jean thiriart, ayméric chauprade, front national, eurasisme, eurasie, brics, En effet, il existait un “européisme” belge avant 1940, qui avait pris son envol au lendemain de la première guerre mondiale. Docteur en histoire à l’Université catholique de Louvain, Geneviève Duchenne a systématiquement cartographié ces “esquisses d’une Europe nouvelle” (2), où les adversaires de toute réédition de la Grande Guerre évoquaient les possibilités de transcender les inimitiés létales qui avait fait déchoir l’Europe face, notamment, aux Etats-Unis montants ou face, déjà, à une URSS qui se targuait de forger un modèle de société indépassable, annonçant au forceps “la fin heureuse de l’histoire”. Parmi ces mouvements européistes, ou paneuropéens (Coudenhove-Kalergi), il y eut le “Bloc d’Action européenne”, qui a émergé dans les milieux d’une gauche très non conformiste, sympathique et anarchisante, “Le Rouge et le Noir”, où officiait Pierre Fontaine qui, après 1945, évoluera vers une “droite” représentée par l’hebdomadaire Europe magazine (première mouture); ensuite, ce “Bloc d’Action”, qui a oeuvré de 1931 à 1933, fut suivi d’un “Front européen” (1932-1933), animé par des diamantaires juifs d’Anvers et par des Flamands francophones, plutôt catholiques, actifs dans la biscuiterie, se réclamant de l’idéologie briandiste, fustigée par les nationalistes d’Action française. De 1932 à 1940, se crée l’”Union Jeune Europe” (UJE), dont l’inspiration initiale sera “helvétisante” —on veut une Europe démocratique selon le modèle suisse—, comme l’attestent ses premiers bulletins Agir puis Jeune Europe. L’UJE plaide pour un recentrage continental européen, jugé plus efficace que la fédération universelle qu’entendait incarner la SdN. Le mouvement cherchera, sous la bannière du briandisme, à parfaire une réconciliation belgo-allemande, à purger les discours politiques de toutes les scories de germanophobie, en vigueur depuis le viol de la neutralité belge en août 1914. Il finira germanophile au nom d’un pacifisme intereuropéen. Il est difficile de dire, aujourd’hui, quels sont les ingrédients de ces discours briandistes et paneuropéens, plus ou moins germanophiles, qui ont influencé le jeune Thiriart entre, disons, 1937 et 1940. Il est toutefois évident que les strates pensantes de la société belge d’avant-guerre, à gauche comme à droite de l’échiquier politique, optent pour une carte européiste, qui pourra éventuellement déboucher sur une forme ou une autre de collaboration pendant la seconde guerre mondiale. Après 1945, les factions non collaboratrices reprendront les aspects les plus “démocratiques” de ce briando-européisme et l’appliqueront au processus de construction européenne, comme le démontre l’historienne flamande Els Witte (VUB) (3), qui constate aussi, par ailleurs, que les historiens qui ont plaidé pour ces formes “démocratiques” (néo-briandistes, sociales-démocrates et maritainistes/démocrates-chrétiennes), entendaient se débarrasser de “tout finalisme belgiciste”, c’est-à-dire de tout finalisme “petit-nationaliste”, comme le dira Thiriart, en fustigeant les éléments nationalistes et “belgicistes” de droite, présents dans son propre mouvement “Jeune Europe” au début des années 60.

 

Je ne pense pas que l’on puisse encore penser l’originalité marginale du mouvement “Jeune Europe” de Thiriart sans prendre en compte le contexte fort vaste de l’européisme belge de l’entre-deux-guerres, cartographié par Geneviève Duchenne. En résumé, pour Thiriart, avatar tardif et résilient de cet européisme d’avant 1940, il faut faire l’Europe en réconciliant les Européens, en créant les conditions pour qu’ils ne se fassent plus la guerre, et mettre un terme à toutes les formes non impériales de petit nationalisme diviseur. Vers 1968-69, Thiriart constate, avec grande amertume, que ce projet européiste, qu’il a cultivé, en lisant Pareto, Freund, Machiavel, Hobbes, etc., ne peut pas se concrétiser au départ d’une petite structure militante, en marge du monde politique officiel, parce que de telles structures n’attirent que des marginaux, des délirants ou des frustrés (“Je ne veux plus voir tous ces tocards...”, me dira-t-il à bord de son voilier, un jour très froid de printemps, au large de Nieuport). Il abandonne la politique et ne reviendra sur scène qu’à la fin de l’année 1981, où, comme Giannettini et Parvulesco, il opte pour un projet “euro-soviétique”, affirmant par la même occasion que l’Europe ne peut se libérer du joug américain —de plus en plus pesant au fur et à mesure que l’URSS déclinait— qu’en regroupant ses forces contestatrices du statu quo autour d’une structure comparable au PCUS et à un avatar réactualisé du “Komintern”. Thiriart, bien qu’assez libéral sur le plan économico-social, opte pour une logique néo-totalitaire, pour un communisme rénové et mâtiné de nietzschéisme. Quand s’effondre l’Union Soviétique et que la Russie tombe dans la déchéance eltsinienne, il fait connaissance avec Alexandre Douguine, lui rend visite à Moscou et espère que les forces patriotiques et néo-communistes russes vont renverser Eltsine, transformer la nouvelle Russie en un “Piémont” capable d’unir l’Europe et l’Eurasie sous l’égide d’une idéologie néo-communiste nietzschéanisée (Thiriart lisait le seul exégète soviétique de Nietzsche, un certain Odouev). Deux mois après être revenu de sa tournée moscovite, dont il était très heureux, Thiriart meurt d’un malaise cardiaque dans son chalet ardennais, en novembre 1992.

 

J’ai été tributaire de l’européisme de Thiriart parce que j’avais découvert un exemplaire de son ouvrage 400 millions d’Européens chez un bouquiniste, plusieurs années avant de le rencontrer personnellement dans son magasin d’optique, avenue Louise à Bruxelles. Nous avons échangé de nombreuses impressions, par lettres et de vive voix, entre 1981 et sa mort, en novembre 1992.

 

Croyez-vous possible un front commun eurasiatique contre le “nouvel ordre mondial” américain?

 

Ce front commun existe déjà, dans le chef du Groupe dit de Shanghaï et dans le BRICS, qui s’étend à l’Amérique latine, avec le Brésil et, partiellement, l’Argentine, et à l’Afrique avec la République sud-africaine. Ce groupe vise la “dé-dollarisation”, qui ne prendra pas effet tout de suite mais érodera lentement la domination de la monnaie américaine dans le domaine des échanges commerciaux internationaux. Ensuite, le centre de la masse continentale eurasiatique sera unifié par le réseau des gazoducs et oléoducs qui amèneront les hydrocarbures vers l’Ouest, c’est-à-dire la Russie (et éventuellement l’Europe si elle s’abstient de maintenir les sanctions exigées par les Etats-Unis), et vers l’Est, c’est-à-dire la Chine et l’Inde. Ce réseau est dans l’espace-noyau eurasien, celui qui était à l’abri des canons des “dreadnoughts” britanniques, et qui ne peut être conquis au départ du “rimland” littoral, seulement bouleversé par des guerres de basse intensité, menée par des fondamentalistes fous. Par ailleurs, la Chine a déjà, fin des années 90, exigé que l’interprétation des “droits de l’homme” par le Président américain Carter et ses successeurs soit contre-balancée par des éléments éthiques issus d’autres civilisations que l’occidentale, notamment des éléments bouddhistes, taoïstes et confucéens, et que ces “droits de l’homme” ne puissent jamais plus servir de prétexte pour s’immiscer dans les affaires intérieures d’un pays ou y générer du désordre. Le front uni eurasiatique, s’il veut exister un jour comme facteur incontournable sur l’échiquier planétaire, doit donc agir sur trois fronts: celui de la dé-dollarisation, celui de l’aménagement du réseau des oléoducs et gazoducs sur la masse continentale eurasiatique, celui du principe sino-confucéen de la non-immixtion, assorti d’une diversification éthique et philosophique de l’interprétation des “droits de l’homme”.

 

Quelles sont les différences pour vous entre Eurosibérie et Eurasie?

 

Le terme d’Eurosibérie a été forgé dans les milieux “post-néo-droitistes” par Guillaume Faye, sans doute la figure historique de la dite “nouvelle droite” qui était la plus proche, par la pensée, de Jean Thiriart: même intérêt pour les questions géopolitiques, même aversion pour les fanatismes religieux, même engouement pour la pensée politique pure (Hobbes, Machiavel, Pareto, Freund, Schmitt, etc.). Historiquement, le concept d’Eurosibérie nous vient de Youri Semionov (Juri Semjonow), un Russe blanc de l’entre-deux-guerres, qui deviendra professeur de géographie à Stockholm en Suède. Dans son Sibirien – Schatzkammer des Ostens, dont la dernière version allemande date de 1975, Semionov démontre que l’Europe a perdu, avec la guerre de 1914 et la révolution bolchevique qui s’ensuivit, ses principales réserves de minerais et de matières premières, dont elle bénéficiait entre la Sainte-Alliance de 1815 et la première guerre mondiale. Semionov pariait, comme Faye et Thiriart, pour une rentabilisation de la Sibérie par le truchement d’un nouveau Transsibérien, le BAM, réactualisation des projets de Witte dans la première décennie du 20ème siècle. Le concept d’Eurosibérie est avant tout un projet économique et technique, comme le souligne Semionov. Thiriart a dû glaner des éléments de la démonstration de Semionov via des travaux analogues d’Anton Zischka, un auteur allemand qu’il appréciait grandement et qui était beaucoup plus lu en traduction française ou néerlandaise en Belgique qu’en France.

 

Le concept d’Eurasie vient tout droit de la littérature russe: avant 1914, la Russie se voulait européenne et craignait, par la voix de bon nombre de ses écrivains, l’“enchinoisement” des âmes, soit l’endormissement des énergies vitales propres à la civilisation grecque et européenne au bénéfice d’une massification prêtée, par les idées de l’époque, à la civilisation chinoise, alors en plein déclin. Avec la révolution bolchevique, certains intellectuels soviétisés adoptent des positions eurasistes, en se réclamant des Scythes, peuple cavalier et nomade, des steppes d’Ukraine au Kazakhstan et au plateau iranien, puis d’une idéologie russo-touranienne, rêvant d’une fusion nouvelle des peuples turco-mongols et slaves, capable de balayer un Occident vermoulu. L’eurasisme actuel s’inspire de cette vision fusionniste et quelque peu apocalyptique. Il existe aussi un eurasisme impérial, qui prend forme concrètement dès les conquêtes par les armées d’un Tsar moderne, Alexandre II, qui s’empare, au grand dam des Britanniques de tous les sultanats centre-asiatiques jusqu’aux frontières de la Perse et de l’Afghanistan, menaçant potentiellement les Indes sous souveraineté anglaise. Ici l’eurasisme est l’expression d’un hégémonisme russe sur l’Europe (ou sur la partie d’Europe dévolue à la Russie) et sur l’Asie centrale, coeur du continent, avec projection possible vers le sous-continent indien.

 

Dans un débat amical, qui a eu lieu en Flandre, Pavel Toulaev et Guillaume Faye ont confronté leurs idées quant à l’Eurosibérie et l’Eurorussie. Toulaev estimait, à juste titre —et Faye l’a reconnu— que la Sibérie n’était pas un sujet de l’histoire, ne l’avait jamais été. Le sujet de l’histoire dans l’espace eurasien et eurosibérien a été la Russie, d’Ivan le Terrible à Poutine. C’est la raison pour laquelle on parle davantage d’Eurorussie dans nos régions que d’eurasisme.

 

Finalement, croyez-vous que le Front National français devient russophile?

 

robert steuckers, entretien, géopolitique, politique internationale, nouvelle droite, synergies européennes, jean thiriart, ayméric chauprade, front national, eurasisme, eurasie, brics, Ma réponse ne sera pas très utile, d’abord parce que je ne suis pas français même si j’utilise le plus souvent la langue française. Je n’ai guère d’affinités, comme la plupart de mes compatriotes, avec la pensée politique française, très éloignée de nos modes d’action et de nos préoccupations idéologiques et politiques. Sur l’Europe et sur la Russie, les Français ont toujours eu dans l’histoire des visions totalement différentes des nôtres. On nous enseignait que le modèle indépassable pour l’Europe était la vision lotharingienne de Charles dit le Téméraire (nous devions dire: “Charles ou Karle le Hardi”, le terme “téméraire” étant jugé injurieux et de fabrication française), la Grande Alliance forgée par l’Empereur Maximilien I entre l’héritage des Bourguignons et des Habsbourgs et celui de la Castille-Aragon par le mariage de son fils Philippe et de la princesse Jeanne, l’Empire universel de Charles-Quint, toutes formes politiques respectables que d’affreux personnages, disaient nos instituteurs, comme Louis XI (“l’Universelle Aragne”) ou le félon François I avaient délibérément saboté en s’alliant aux Ottomans. Je vous passe les descriptions très négatives que l’on nous donnait de Louis XIV, des sans-culottes et des jacobins ou encore de Napoléon III. Ce dernier a notamment participé à la première guerre, fomentée par les Britanniques, contre la Russie tsariste, la Guerre de Crimée, une fois de plus avec le concours des Ottomans, tandis que la Belgique, à l’époque, était plutôt pro-russe, à l’instar de Bismarck. Le communisme a connu des succès retentissants en France, en s’alliant avec le vieux fonds criminel jacobin, tandis qu’en Belgique le communisme a toujours été très marginal, n’a pas connu des figures avides de sang comme en URSS ou en France.

 

Je ne peux pas me représenter ce que ressentirait un adepte du nouveau FN de Marine Le Pen face à la Russie actuelle. Je pense que l’électorat français de base —du FN ou de tout autre parti— ne sait guère ce que représente la Russie sur le plan géopolitique. Il est donc inutile pour un parti, quel qu’il soit, de faire de la géopolitique, pro-russe ou anti-russe, pro-américaine ou anti-américaine, pro-arabe ou anti-arabe, pro-israélienne ou anti-israélienne, etc. Ce n’est pas sa tâche et, s’il en fait sa tâche, il finira par commettre des bêtises, comme le constatait d’ailleurs une figure tragique de la première moitié du 20ème siècle, l’officier, diplomate et explorateur allemand von Niedermeyer, face aux interventions insuffisantes et ineptes des partis politiques de la République de Weimar en matières de politique étrangère. Les interventions des sociaux-démocrates pour contrer les politiques de coopération avec la jeune URSS étaient l’objet des colères de von Niedermeyer. Le personnel politique de base est généralement trop inculte pour aborder raisonnablement ces questions.

 

Ceci dit, le FN, qu’on le veuille ou non, que l’on l’accepte ou que l’on ne l’accepte pas, remplit deux vides dans la politique française: il a recueilli énormément de voix communistes, celles d’un populisme de gauche, russophile parce qu’anciennement soviétophile, et, par voie de conséquence, des sentiments favorables à la Russie, dont son arithmétique électorale prospective doit dorénavant tenir compte; ensuite, deuxième vide, dû aux politiques successives de l’atlantiste Sarközy et du social-démocrate filandreux Hollande; tous deux ont effacé de l’horizon politique français les dernières traces du gaullisme non-aligné et, en vertu de ce non-alignement, hostile à toute prépondérance de l’hegemon américain. Le FN recueille donc, actuellement (provisoirement? définitivement?), en son sein, les résidus de russophilie communiste et les résidus du gaullisme assassiné une bonne fois pour toutes par Sarközy.

 

Les orientations apparemment pro-russes du nouveau FN de Marine Le Pen sont également un résultat de la fameuse affaire Chauprade. Le professeur Ayméric Chauprade, qui enseignait il y a quelques brèves années à l’école de guerre de Paris, développait une vision nationale-française et para-gaullienne dans des ouvrages de référence absolument incontournables pour tous ceux qui s’intéressent à la géopolitique comme science et comme pratique. Pour Chauprade, la France avait sur la scène internationale et en vertu de son droit de veto à l’ONU une mission anti-impériale à parfaire, en se distanciant autant que possible des projets imposés par Washington. Bref, Chauprade était une sorte de maurassien moderne, gaullien en sus. Position intéressante sauf qu’elle était justifiée par une revalorisation scandaleuse de la figure de François I, ennemi de Charles-Quint, position absolument inacceptable pour vous, Espagnol, et pour moi, Impérial. Son précis de géopolitique est toutefois indispensable pour son interprétation originale et gaullienne des stratégies anglo-saxonnes dérivées de la géopolitique de Sir Halford John Mackinder et de ses disciples. Encore plus intéressant a été le livre de Chauprade sur le choc des civilisations, où ne transparaissait heureusement plus cette apologie indécente du stato-nationalisme avant la lettre de François I (le “petit-nationalisme” fustigé par Thiriart!). Inutile de vous dire que ces deux ouvrages trônent en bonne place dans ma bibliothèque, à côté de ceux d’autres géopolitologues français: ceux de l’homme de gauche Yves Lacoste et ceux du directeur des collections “Major” des “Presses Universitaires de France”, Pascal Gauchon, qui vient de fonder la revue “Conflits” ainsi que ceux du très regretté Hervé Couteau-Bégarie, prématurément décédé. Sarközy a commis l’indicible infâmie de casser la carrière de Chauprade à l’école de guerre, sous prétexte que ce géopolitologue hors pair ne développait pas des thèses atlantistes, pareilles sans doute à celles, fumeuses et hystériques, de l’insupportable sycophante Bernard-Henry Lévy, dont les délires ont conduit à l’anéantissement de la Libye et à l’horrible guerre civile et fratricide qui n’est pas encore terminée là-bas.

 

robert steuckers, entretien, géopolitique, politique internationale, nouvelle droite, synergies européennes, jean thiriart, ayméric chauprade, front national, eurasisme, eurasie, brics, A mon très grand étonnement, Chauprade, n’a pas fait front commun avec Gauchon, par exemple, en prenant la plume pour fustiger l’abandon de toutes les positions gaulliennes par les affaires étrangères françaises, en organisant des colloques avec des sceptiques de gauche comme Jacques Julliard ou Jacques Sapir. Au lieu de tout cela, au lieu de toutes ces bonnes actions potentielles, il a adhéré au FN, ce qui n’est pas une bonne idée pour défendre sur le long terme ses positions sans risquer les entraves politiciennes que peut subir, tout d’un coup et le cas échéant, tout intellectuel pointu et pertinent qui s’embarque dans une aventure politique. Car la politique, en toute période triviale de l’histoire comme la nôtre, est un espace irrationnel, flou, imprécis, soumis à toutes les variations possibles et imaginables. Celles-ci, d’ailleurs, ne se sont pas fait attendre: hostile à la géopolitique de l’hegemon américain dans ses excellents ouvrages de référence, Chauprade, par compromis politicien, aligne ses positions de militant FN néophyte sur la nouvelle politique d’Obama face à l’EIIL, alors que ce sont les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et le Qatar qui sont responsables de l’émergence de ce djihadisme virulent et du chaos indescriptible qu’il a provoqué en Syrie, au détriment du régime baathiste et en Irak au détriment de la majorité chiite et de la minorité kurde (dans une moindre mesure). Une position vraiment non alignée, gaullienne, aurait été de dire: “nous refusons de participer au nettoyage du Levant et de l’Irak, réclamé par Obama —les Américains et leurs alliés pétro-monarchistes y ont créé le chaos et les Européens doivent maintenant payer pour réparer les dégâts!— car notre seule politique est de vouloir le retour au statu quo ante dans la région, car ce statu quo ante évitait la présence belligène d’éléments fondamentalistes incontrôlables et créait la paix civile par l’imposition d’un système militaro-politique moderne et syncrétique, seul apte à gérer les diversités et divergences effervescentes de cette zone-clef de la géostratégie internationale; de plus, le prix à payer pour ce travail de nettoyage est trop élevé pour une Europe encore fragilisée par la crise de l’automne 2008: cet argent doit servir exclusivement à nos infrastructures hospitalières, à nos écoles, à nos départements de recherche et développement, au sauvetage de notre sécurité sociale”. Chauprade vient d’ailleurs d’être mis sur la sellette dans les colonnes du mensuel Le Causeur (octobre 2014), où on l’appelle à justifier ses positions actuelles, parfois contradictoires par rapport à ses écrits scientifiques antérieurs.

 

Seules les visites de Chauprade à Moscou, où il plaide en faveur de la politique familiale du Président Poutine, permettent de conclure à une néo-russophilie non communiste au sein du FN, puisque, désormais, le géopolitologue, chassé de sa chaire par Sarközy, en fait partie. Ce soutien à la politique familiale n’est pas exclusivement géopolitique: la France profonde —avec le mouvement “Manif’ pour tous”, téléguidé entre autres par “Civitas”— entend défendre la famille contre les politiques socialistes et sociétalistes (comme on se plait à le souligner maintenant par le biais de ce néologisme) du gouvernement de François Hollande au point que même l’électorat catholique de la France profonde préfère la politique familiale du président russe, en dépit d’une indécrottable russophobie occidentale, qui marquait aussi la France non communiste, et que dénonce avec brio l’éditeur Slobodan Despot, installé sur les rives du Lac Léman.

 

(Forest-Flotzenberg, octobre 2014).

 

Notes:

(1)   Alexander Yanov, Alexander YANOV, “The Russian New Right – Right-Wing Ideologies in the Contemporary USSR”, Institute of International Studies, University of California, Berkley, 1978.

(2)   Geneviève DUCHENNE, Esquisses d’une Europe nouvelle – L’européisme dans la Belgique de l’entre-deux-guerres (1919-1939), P.I.E. Peter Lang, Bruxelles, 2008.

(3)   Els WITTE, Voor vrede, democratie, wereldburgerschap en Europa – Belgische historici en de naoorlogse politiek-ideologische projecten (1944-1956), Uitgeverij Pelckmans, Antwerpen, 2009.

 

L'Europe pharisienne contre les droits des citoyens

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L'Europe pharisienne contre les droits des citoyens

par Yvan Blot

Ex: http://www.zentropaville.tumblr.com

L’oligarchie politique et administrative qui contrôle les institutions européennes à l’heure actuelle, au sens large, (Union européenne mais aussi Conseil de l’Europe et ses prolongements) est animée d’une idéologie typiquement pharisienne.


oligarchie-246x300.jpgLe mot pharisien vient du terme hébreu « péroushim » qui signifie « séparés ». Les pharisiens sont séparés ou veulent se séparer de ceux qui leur semblent « impurs ». En politique actuellement, sont considérés comme « impurs » les « populistes », les « nationalistes » les « identitaires » mais d’une façon générale tous ceux qui sont suspectés défendre leurs intérêts nationaux en menaçant les « droits de l’homme ».

Quand les « droits de l’homme » se retournent contre les libertés

Dans ce sens, les « droits de l’homme » ne sont plus les « libertés fondamentales », ce qu’ils étaient à l’origine et qui se traduisaient politiquement dans des droits concrets accordés aux citoyens. Dans une optique égalitaire considérant les hommes comme des matières premières interchangeables, les « droits de l’homme » deviennent une arme politique et juridique pour empêcher les nations de sauvegarder leur identité propre et les libertés qui y sont liés. Les droits de l’homme dans cet esprit finissent par se retourner contre les libertés.

Les pharisiens politiques sont toujours prêts à jouer les procureurs. Le Conseil de l’Europe notamment s’est donné le ridicule de créer il y a quelques années une commission d’enquête contre le Liechtenstein soupçonné de menacer les « droits de l’homme » parce qu’une réforme constitutionnelle approuvée par référendum populaire renforçait les pouvoirs du Prince (tout en créant une possibilité de le renverser par référendum d’initiative populaire, ce qui est interdit aux citoyens dans les pays « républicains ».

Autre exemple, l’affaire « Lautsi » par laquelle la Cour européenne des droits de l’homme interdit à l’Italie la présence de crucifix dans les classes des écoles publiques. Vingt états européens se sont insurgés contre cette décision de novembre 2009. Le gouvernement lituanien a mis en parallèle cet arrêt avec la persécution religieuse qu’elle a subie sous le régime soviétique où les symboles religieux étaient strictement interdit dans la sphère publique. Il est révélateur que la plupart des anciens pays de l’Est qui ont subi la dictature communiste font partie de la liste des pays qui soutiennent l’Italie aujourd’hui contre le plan de sécularisation forcée des écoles qui inspire la Cour européenne dite des droits de l’homme.Mgr Hilarion du patriarcat orthodoxe de Moscou déclare de façon pertinente : le sécularisme qui prospère aujourd’hui en Europe est lui aussi une pseudo-religion qui a ses dogmes, ses normes, son culte et sa symbolique. A l’instar du communisme russe du XXème siècle, il prétend au monopole et ne supporte aucune concurrence » (1)

La dérive égalitariste et discriminatoire

Evidemment les pharisiens européens donnent des leçons sans regarder leurs propres turpitudes, à savoir le fameux « déficit démocratique » des institutions européennes, Union européenne, conseil de l’Europe et Cour européenne des droits de l’homme confondus.

Tous ces organismes sont de types caricaturalement oligarchiques et violent dans leur manière de se structurer et de fonctionner la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen française de 1789.

Cette déclaration qui fait des droits de l’homme des libertés fondamentales dans son article deux n’a rien à voir avec la dérive égalitariste anti- discriminatoire actuelle qui a pour but de faire des citoyens des sujets passifs interchangeables, matière première du système techno économique dirigé par des managers, lesquels n’ont rien à voir avec les propriétaires de la théorie économique libérale autrichienne.

Son article 16 déclare sans la moindre ambigüité : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. » C’est exactement le cas de l’Union européenne actuelle où le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif sont totalement confondus.

La confusion des pouvoirs dans l’Union européenne

Ainsi, c’est la Commission, organe exécutif qui a le monopole, nous disons bien, le monopole de l’initiative des lois. Non seulement l’initiative des lois ne revient pas au parlement européen ou aux parlements nationaux, totalement démunis, mais encore les citoyens en sont totalement exclus à la différence de ce qui se passe en Suisse, démocratie modèle qui devient la tête de Turc des oligarques de Bruxelles.

De plus, le Conseil des ministres et le parlement européen peuvent édicter des lois en codécision : le terme même viole de plein fouet l’article 16 de la déclaration de 1789. Pour les rédacteurs de cette déclaration, l’Union européenne n’aurait pas de constitution assurant la liberté des citoyens faute de séparation des pouvoirs.

Les juges de la Cour européenne des droits de l’homme sont nommés sur des listes de trois noms présentés par chaque exécutif de chaque Etat puis élu par l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe : procédure oligarchique de confusion des pouvoirs qui viole aussi l’article 16 de la déclaration de 1789. Cette oligarchie judiciaire est irresponsable devant le peuple faute de procédure de « rappel » telle qu’elle existe aux Etats-Unis pour les juges de cours suprêmes de beaucoup d’Etats fédérés (2)

Liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression : des droits bafoués

Huit autres articles de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (qui fait partie de nos textes constitutionnels) sont bafoués d’une manière ou d’une autre par les institutions européennes telles qu’elles sont, c’est-à-dire fort peu démocratique.

L’article 2 dispose : « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression ». On notera que les notions d’égalité, d’égalitarisme et de lutte contre les discriminations n’ont pas leur place ici et que ces notions doivent être subordonnées aux droits de l’homme listés de façon limitative à l’article 2. Par exemple, l’égalitarisme ne saurait passer avant la liberté ou le droit de propriété ne saurait être vidé de sa substance au nom de la « lutte contre la discrimination ». L’égalitarisme contenu dans l’interprétation récente des droits de l’homme est en fait la matrice d’un nouveau totalitarisme qui se retourne contre les libertés fondamentales.

La souveraineté de la Nation et des citoyens : d’autres droits bafoués

L’article 3 dispose : « le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation ». Ce principe est bafoué ouvertement par l’idéologie anti nationale qui domine dans les institutions européennes.

L’article 5 dispose : « la loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société ». En quoi des crucifix dans les écoles italiennes sont ils « nuisibles à la société » ? En quoi le renforcement du pouvoir du prince du Liechtenstein sous le contrôle de la démocratie directe est-il nuisible à la société ? En quoi l’interdiction des minarets en Suisse serait-elle « nuisible à la société » ? On voit ici à quel point le Conseil de l’Europe et sa Cour satellite cherchent à acquérir des pouvoirs qui vont bien au-delà des pouvoirs tolérés par la déclaration de 1789.

L’article 6 est bafoué, non seulement par les institutions européennes par la plupart des institutions des Etats membres du Conseil de l’Europe, à l’exception de la Suisse, du Liechtenstein, de l’Italie et de l’Allemagne au niveau de ses Etats fédérés, les Länder.
Il dispose en effet : « la loi est l’expression de la volonté générale. TOUS les citoyens ont droit de concourir PERSONNELLEMENT ou par leurs représentants, à sa formation ». Cet article affirme que la démocratie directe et la démocratie parlementaire doivent se compléter. Or la plupart des Etats européens n’ont toujours pas la démocratie directe qui permet aux citoyens d’être à l’initiative des lois (par pétition) et de pouvoir décider de celles-ci (par référendum). Le Traité de Lisbonne ne tolère que la pétition pour les citoyens de l’Union européenne. Résultat : il est fréquent que des lois sont adoptées pour faire plaisir à des lobbies divers sans égard pour la « volonté générale ». La population n’a alors plus confiance dans les institutions existantes : l’absence de démocratie véritable menace la démocratie elle-même. En France, environ 40% des citoyens ont confiance dans le parlement alors qu’il est élu par le peuple (mais celui-ci ne peut choisir que des candidats choisis par les états majors des partis politiques : là encore oligarchie et non démocratie !) A titre de comparaison le système de santé ou l’armée ont en France un taux de confiance de 90% (mais 38% pour les medias contrôlés par les oligarques et 18% de confiance seulement pour les partis politiques) (3)

L’article 10 de la déclaration de 1789 dispose : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ». En quoi les crucifix dans les écoles italiennes troublent-ils l’ordre public ? Cet article est violé par les institutions européennes lorsqu’elles cherchent à effacer du paysage européen les manifestations du christianisme.

La libre communication des pensées malmenée

L’article 11 dispose : « la libre communication des pensées et des opinions est un droit des plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans des cas déterminés par la loi ». Cet article est surtout violé par le droit interne de beaucoup de pays européens mais cela ne semble pas gêner le Conseil de l’Europe et son satellite judiciaire. Le prix Nobel d’économie Milton Friedman, juif américain libertarien s’insurgeait à juste titre contre la loi Gayssot française (inspirée par un communiste) qui sous prétexte d’antiracisme limite la liberté d’expression et créée des catégories de citoyens privilégiés alors que la loi doit être la même pour tous. Plus récemment le tribunal constitutionnel fédéral allemand a annulé un jugement de la Cour d’Appel de Munich qui interdisait pour cinq ans une publication « d’extrême droite » : le tribunal suprême jugeait que le qualificatif d’extrême droite appartient à la polémique politique courante (comme extrême gauche d’ailleurs) et n’est pas un critère juridique d’interdiction de publication dans un Etat de droit défendant la liberté d’expression. Cela montre qu’il y a débat sur ce point désormais dans certains Etats d’Europe.

C’est un mécanisme oligarchique qui décide de l’impôt

L’article 14 de la déclaration de 1789 est totalement bafoué : « TOUS les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette et la durée. Seuls les Etats à démocratie directe comme la Suisse, le Liechtenstein ou les 27 états fédérés américains (sur 50) respectent cet article. En général l’impôt est décidé par un mécanisme totalement oligarchique : même le pouvoir des « représentants (députés) est purement formel : c’est l’administration d’Etat qui décide des impôts comme dans l’ancienne Union soviétique.

Enfin l’article 15 n’est guère appliqué en réalité : « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ». On a en général organisé l’irresponsabilité à tous les niveaux, administratifs et parlementaires, ce qui explique la gabegie, les déficits, l’endettement monstrueux de la plupart des Etats européens (sauf la Suisse bien entendu, décidément fort gênante).

On a déjà parlé de l’article 16 qui exige la séparation des pouvoirs législatifs, exécutifs et judicaires.

Cette revue montre que l’Europe ne porte pas tous les péchés. Les Etats membres aussi ne respectent guère les véritables droits de l’homme et du citoyen de la déclaration de 1789. Après tout, ces états oligarchiques ont créé une Europe à leur image, ce qui est bien logique mais en aggravant les défauts au détriment des droits des citoyens.

Retrouver les libertés par la démocratie directe

Pour sortir de cette dérive menaçante pour nos libertés que les connaisseurs de l’ancienne dictature communiste comme le président tchèque Vaclav Klaus savent mieux identifier que les Occidentaux inexpérimentés donc inconscients, il faut de toute urgence réformer les constitutions des pays européens pour y introduire la démocratie directe. Il faut revoir les traités fondant l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des droits de l’homme pour démocratiser ces institutions. Cela n’aura servi à rien de faire tomber le rideau de fer si par une dérive lente, hypocrite mais inexorable, les libertés des européens et de leurs nations sont grignotées par un pouvoir irresponsable. Une nouvelle forme de dictature menacerait ainsi l’Europe au moment même où elle a pu se libérer de l’oppression rustique du communisme. Nos Etats, à la différence des anciens pays de l’Est, respectent encore certaines libertés traditionnelles mais leur processus de décision, de moins en moins démocratiques et de plus en plus favorables à des pouvoirs irresponsables rendent à bon droit inquiets pour notre avenir. Nous risquons de devenir, non pas de libres citoyens, mais des matières premières interchangeables à la merci des managers du public comme du privé.

Yvan Blot

Notes :

  1. Voir l’article de Grégor Puppinck sur l’affaire Lautsi dans La Nouvelle Revue Universelle n°22 de 2010
  2. Le rappel (recall) est une procédure de démocratie directe américaine qui permet à une pétition de citoyens de déclencher un référendum pour démettre un juge d’une Cour Suprême. Ce procédé a pour but d’éviter la confiscation du pouvoir souverain par une oligarchie judiciaire irresponsable.
  3. Voir les travaux notamment de Pierre Bréchon et Jean-François Tchernia in La France à travers ses valeurs 2010

Sortir l’Europe de l’impolitique

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Sortir l’Europe de l’impolitique

par Georges FELTIN-TRACOL

Impolitique est un adjectif de la langue soutenue qui se rapporte à un manque d’habilité dans une situation où des intérêts sont en jeu. Dans un nouvel essai, L’effacement du politique, Pierre Le Vigan ne l’utilise pas et, pourtant, l’actuelle politogenèse (pseudo-)européenne ou « construction euro-atlantiste » à vocation mondialiste et d’ambition oligarchique correspond parfaitement à cette définition. Pis, elle la dépasse en excluant le politique de son champ d’horizon. L’auteur constate en effet que « notre continent est sans existence politique, sans volonté, sans défense. Un embryon de gouvernement européen existe, mais en fait, ce sont des équipes de technocrates. Le pouvoir européen n’a pas de légitimité démocratique. Il n’a pas non plus acquis une légitimité par son efficacité. Il a beaucoup réglementé mais n’a guère construit (pp. 21 – 22) ». A contrario, «  tout vrai projet politique repose sur la vision d’une singularité de civilisation. C’est pourquoi il est absurde de dire que seule la politique extérieure compte. Extérieure à quoi ? De quel intérieur est-elle l’envers ? C’est toujours la question à se poser. Politique intérieure et politique extérieure sont toujours profondément liées (p. 121) ». Mieux encore, « il n’y a pas de politique sans identités collectives (p. 27) ».

La phobie du politique qu’il discerne dans les discours et les actes officiels de la bureaucratie euro-atlantiste provient en droite ligne du refus d’affirmer l’identité propre de l’Europe. « L’Europe actuelle se veut d’abord universaliste. Sa seule identité serait d’être le réceptacle des identités des autres. On y célèbre tout ce qui n’est pas nôtre (p. 22). » Il faut reconnaître, à sa décharge, que « l’Europe a eu comme destin l’Occident, qui a fini par nier l’Europe elle-même. C’est-à-dire que l’Europe a eu comme destin la démesure, l’hubris. […]L’occidentalisation du monde est devenue la déseuropéanisation de l’Europe. L’Europe n’a pas vocation à offrir un modèle au monde (p. 159) ».

Mais comment définir alors l’identité européenne ? « La géographie donne des indications (Bornéo, non, ce n’est décidément pas l’Europe) mais pas de réponses indiscutables à la question des frontières. C’est le politique qui doit trancher (p. 61). » Il examine ensuite d’autres critères comme le fait ethnique. Sur ce point, Pierre Le Vigan dénie l’ancestralité indo-européenne et rejette la thèse du foyer boréen originel circumpolaire qu’il trouve absurde. Il passe ensuite l’Europe au crible de la religion, puis des valeurs sans, finalement, les estimer déterminantes. Aucune définition ne lui convient parfaitement. En fait, l’auteur récuse toute idée essentialiste de l’Europe. Si une délimitation floue demeure concernant les frontières orientales de l’Europe, l’identité fondamentale européenne repose sur un riche patrimoine spirituel commun et une anthropologie évidente d’ordre bio-culturel partagée entre des peuples issus du même terreau auxquels se rattachèrent d’autres peuples européanisés (Finnois, Estoniens, Lapons, Hongrois, Gagaouzes, etc.). Si son présent est certes marqué par l’impuissance et l’affliction mémorielle, son avenir peut être riche en espoir ou… en désespérance.

Cette désespérance semble prendre le pas sur toutes les tentatives, vénielles et partielles, de renaissance continentale. Du fait de la sécularisation, « le pouvoir politique va s’obliger à ne croire en rien d’ultime. Il va se restreindre à une croyance évidente et minimale : que les hommes veulent la liberté et le bonheur. L’État va donc devenir l’État garant des droits de l’homme (p. 43) ». Désormais, « le processus démocratique consiste en une production sans fin de nouveaux droits de l’homme (p. 90) » si bien que « c’est l’homme qui déclare ses propres droits (p. 87) ». Cette lourde tendance fait que « notre société n’est plus régulée que par le Droit et par le Marché (p. 156) » d’autant que « la pensée libérale est du côté du commerce, et des puissances maritimes. Elle privilégie la morale et l’économie par rapport au politique et à l’État (p. 80) ». La conséquence la plus visible est, à part l’hypertrophie du secteur médiatique au point qu’il phagocyte le minable petit personnel politicien, l’exagération du «  pouvoir judiciaire [qui] est une façon de ne pas faire de la politique ou plutôt de la laisser faire par les juges, car il ne suffit pas de nier le politique pour le dissoudre (p. 136) ». Parallèlement, la neutralisation du politique bouleverse la fonction même de l’État. « L’État est fort pour assurer un certain nombre de missions. S’il ne le fait pas, il perd sa légitimité (p. 132). » À croire qu’on arrive au terme d’un cycle     historique !

« Au Moyen Âge, les Européens avaient le choix entre trois formes politiques : la Cité, l’Empire, l’Église. La Cité était trop petite, l’Empire trop grand, l’Église trop universelle. Ils ont choisi une forme nouvelle : la nation (p. 136). » Aujourd’hui, le concept de nation apparaît comme une coquille vide, voire comme le serviteur zélé du mondialisme. L’exemple le plus flagrant de ce détournement n’est pas les États-Unis d’Amérique, cette aire peuplé par des strates successives d’immigration, mais la France pervertie par les sottes idées d’une république mortifère. « Les intellectuels de la pensée dominante pensent, non seulement que tout le monde peut devenir français, mais que tout le monde doit souhaiter le devenir, devenir citoyen du “ pays des droits de l’homme ” donc de la seule patrie qui n’est pas une patrie. Ils ont pour le coup raison puisque, être français au sens actuel du terme, cela veut dire : être membre de “ la patrie de la sortie de toutes les patries ”. C’est le comble de l’hypermodernité (ou archimodernité), et par là même c’est le comble de l’humanité. Pourquoi ? Parce que c’est là le stade suprême du dessaisissement de soi, de la rupture avec tous les attachements. C’est la victoire du présentisme intégral (pp. 99 – 100). »

Pierre Le Vigan concède volontiers que « l’Europe actuelle apparaît […] une prison des peuples, une négation de la souveraineté populaire (p. 160) ». En revanche, il assure que « l’Europe actuelle n’est pas fédérale, c’est là l’équivoque qu’il convient de dissiper. Elle est faussement fédérale (p. 162) ». Par cette mise au point, il exprime son attachement à la vocation d’une d’Europe à la fois unie et diverses, d’une Europe politique, véritable garante des procédures démocratiques authentiques. C’est pour l’heure une gageure, « mais qu’entendent les élites par démocratie ? Moins le gouvernement du peuple par lui-même (les élites globalisées ne comprennent tout simplement pas ce que veut dire la notion de “ peuple ”) que le respect de procédures, et des droits individuels : la démocratie, c’est les droits de l’homme. La démocratie selon les élites devient donc un processus de déliaison par rapport au politique : c’est plus de droits de l’homme et moins de droits des citoyens (pp. 58 – 59) » à un moment crucial où « nous vivons une stasis : à la fois une guerre civile interne, moléculaire, et une dissolution de l’intérieur (p. 23) ».

Au terme de son raisonnement de philosophie politique, il considère que la réponse idoine aux défis du XXIe siècle s’appelle l’Empire. Il ne s’agit pas pour lui de relever les vieux slogans totalitaires du XXe. À la suite du philosophe Philippe Lacoue-Labarthe qui appréhendait le national-socialisme hitlérien comme un humanisme, Pierre Le Vigan, Pierre Le Vigan pense que « le nazisme était essentiellement un vitalisme (p. 124) » et qu’il « était, à sa façon, un progressisme (p. 125) ».

Pourquoi donc l’Empire ? Peut-être parce qu’il « est porteur d’un sacré et d’un universel (p. 51) ». Universel et non universaliste, cela a son importance. Le retour du politique passerait-il nécessairement par un compromis post-moderne entre le holisme d’antan et l’individualisme présent ? Pierre Le Vigan le suppose, lui qui voit en Jean-Jacques Rousseau, le seul penseur apte à dépasser cet antagonisme (cette aporie ?) : « Être libre peut pourtant vouloir dire être libre de s’engager, voire libre d’aliéner sa liberté apparente pour une liberté intérieure plus profonde. Mais la modernité refuse cette forme de liberté. La modernité voit l’engagé convaincu comme un aliéné. Il ne faut que des engagements de circonstances et surtout, des engagements qui n’engagent à rien (p. 94). »

Nul doute que L’effacement du politique de Pierre Le Vigan est un essai qui fera date, au-delà des querelles désuètes et déplacées entre un européisme aveugle et un souverainisme réductionniste.

Georges Feltin-Tracol

• Pierre Le Vigan, L’effacement du politique. La philosophie politique et la genèse de l’impuissance de l’Europe, préface d’Éric Maulin, La Barque d’or (12, rue Léon-Blum, 94600 Choisy-le-Roi), 2014, 163 p., 15 € + 4 € de port.


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mardi, 07 octobre 2014

TTIP – Réflexions concernant l’étreinte transatlantique

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TTIP – Réflexions concernant l’étreinte transatlantique

par Heinrich Wohlmeyer, docteur en droit et ingénieur agronome, Autriche

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Afin de nous rendre majeurs, Immanuel Kant nous a appris, à nous autres Européens, le Sapere Aude! Ose savoir!


Le 14 juillet 2014, a commencé une nouvelle ronde de négociations (la sixième) sur un accord économique complet entre l’UE et les Etats-Unis qui, dans ses dimensions connues jusqu’alors est un accord concernant toute la société. Vu les quelques détails venus à notre connaissance, il nous semble important d’élargir notre champ visuel. En toute brièveté, nous allons relever quelques points cardinaux, d’autant que le texte actuel n’est toujours pas à disposition.


Il relève du bon sens, qu’avant de conclure une affaire, il faut soigneusement analyser son partenaire – notamment en ce qui concerne sa situation, ses intérêts, ses activités précédentes et actuelles ainsi que ses principes en matière de politique sociale et de géopolitique (en anglais: sa «philosophie»)
Cette première réflexion doit éveiller notre méfiance:


Les Etats-Unis, en réalité, sont en faillite et tiennent la tête hors de l’eau seulement grâce à leur planche à billets. Pour chaque dollar que l’Etat dépense, il doit emprunter 50 cents. (Dans mon ouvrage «Empörung in Europa – Wege aus der Krise» [Indignation en Europe – des voies pour sortir de la crise], je montre des solutions). On va continuer ainsi jusqu’à ce que le dollar ne soit plus accepté comme monnaie mondiale de référence. Cette position pourtant est en voie d’effritement dramatique et ne peut plus être contenue par des «sanctions» économiques et militaires. Beaucoup d’Etats se mettent à commercer dans leurs monnaies nationales respectives (par exemple la Chine, le Japon, l’Inde, l’Iran, la Russie et ces derniers temps, même les vassaux fidèles que sont l’Allemagne et la Corée du Sud). Il faut y ajouter que le système FMI–Banque mondiale (BM), assurant jusqu’à présent l’hégémonie financière des Etats-Unis (minorité de blocage des Etats-Unis), est de plus en plus contourné. Les Etats d’Amérique latine et les pays asiatiques ont commencé d’établir leurs propres banques de développement et des fonds à l’image du FMI.


La situation qui s’ensuit est désespérée. La dette souveraine non remboursable s’élève à 17 billions de dollars américains (des trillions américains, c’est-à-dire 17 millions de millions!) et la course aux armements à caractère planétaire n’est plus à financer. Les Etats-Unis ont trois possibilités de s’en sortir: une guerre générant des débiteurs, une dévaluation radicale du dollar américain (en réalité une fraude mondiale) ou un redémarrage par le moyen d’un accord mondial sur la monnaie de référence selon le modèle de l’International Clearing Union [Union monétaire internationale], que J. M. Keynes avait déjà proposée en 1944, mais qui avait été refusée par les Etats-Unis en tant que puissance financière hégémonique. Ce redémarrage équilibré devrait être lié à un effacement mondial de la dette.
A brève échéance, les Etats-Unis peuvent se maintenir à flot par le pillage de la riche Europe (voir la crise financière induite par les Etats-Unis et l’endettement de l’Europe en faveur des élites financières américaines) et par la fomentation de conflits armés.


 Vues sur cette arrière-fond, les négociations sur le TTIP [«Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement»] nous mettent en garde: avant d’accepter l’étreinte d’un partenaire en faillite et ayant besoin de guerres, il faudrait exiger d’abord un renouvellement interne de l’architecture financière des Etats-Unis et du système financier mondial. Si l’on veut sauver un ami de la noyade, il faut que celui-ci accepte la stratégie de sauvetage ou sinon les deux vont se noyer dans une étreinte mortelle. Actuellement, les Etats-Unis se comportent comme un toxicomane violent, niant sa toxicomanie et l’UE comme la souris devant le serpent. Ce qu’il faut, c’est un dialogue d’égal à égal afin de pouvoir agir dans une optique d’avenir.


Dans une deuxième réflexion, il nous faut analyser les intérêts principaux des Etats-Unis:
L’économie américaine dépend, en grande partie, des secteurs militaire et pétrolier. On a investi massivement dans ces secteurs et on les défend. Les finances, les médias et l’agriculture représentent trois autres secteurs-clés. Dans tous ces secteurs là, on tente d’établir des conditions rapportant du profit et consolidant les intérêts, au détriment des Européens. S’y ajoute l’intérêt compréhensible d’acheter en Europe des valeurs réelles avec des dollars papiers (durablement sans valeur) et d’assurer ce patrimoine malhonnête. Ce dernier nous amène au sujet de la «protection des investissements». Celle-ci est prévue d’être réglée à l’aide de l’ISDS (Investor-State-Dispute-Settlement).


En ajoutant la troisième réflexion à ce qui vient d’être dit, c’est-à-dire l’analyse des activités précédentes et la position sociale et géopolitique fondamentale du pays, le tout devient encore plus explosif. Dans la période de l’après-guerre, les Etats-Unis ont constamment agi en dominateur et imposé unilatéralement leurs intérêts. Pour illustrer cela, je vais citer Stuart Eizenstat, conseiller juridique américain pour les négociations sur le TTIP et ancien ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’UE (1993–1996), interviewé sur les différentes normes de qualité, surtout pour l’alimentation. Il a répondu: «Ce qui est acceptable pour les citoyens américains doit également être accepté par les Européens. Un message clair et net … La mise en œuvre de l’application du droit états-unien sous forme de l’imposition forcée de la loi FACTA (Foreign Account Compliance Act), selon laquelle les banques européennes doivent déclarer les mouvements sur les comptes des citoyens américains. Les «sanctions» récentes face aux banques européennes et autres entreprises sans base juridique devraient mener à la réflexion si l’on veut vraiment donner son accord à d’autres accords proposant des voies «légales» pour des procédés semblables.


Quiconque connaît de la vie économique pratique, l’«American type of agreement» sera encore plus prudent. Pendant que, selon la culture du droit européen, les règles principales sont codifiées (en droit civil et commercial) et que les traités ne règlent que les données particulières, les traités américains établissent un ordre juridique particulier avec beaucoup de pièges remplissant une grande quantité de pages. C’est pourquoi aux Etats-Unis et en travaillant avec des entreprises américaines les frais des consultations juridiques et l’insécurité juridique en cas de différends sont extrêmement élevés. On estime que les frais de transactions juridiques aux Etats-Unis s’élèvent à environ 10% du PIB.


Les différences sont particulièrement importantes dans l’évaluation des risques et dans l’attribution de la charge de la preuve. Les Européens agissent selon le principe de précaution (omission dans un danger potentiel), la jurisprudence américaine cependant demande la «scientific evidence», c’est-à-dire un «dommage scientifiquement prouvé». Dans une de mes conférences, j’ai utilisé l’exemple fictif d’un médecin qui, supposant des dommages physiques suite à l’usage du Contergan, déconseille ce médicament. On l’aurait jugé à payer des dédommagements aussi longtemps que les dommages n’auraient pas été prouvé statistiquement de manière significative – donc énormément de souffrances humaines. Il en va de même avec la charge de la preuve: l’endommagé, souvent financièrement plus faible, doit prouver les dommages, et ce n’est pas à l’auteur potentiel présumé du dommage à prouver l’innocuité. C’est surtout valable pour les produits chimiques utilisés dans les ménages.


Dans le domaine de la politique sociale, des «philosophies» totalement contraires se heurtent: pendant que l’Europe a développé et réalisé le modèle de l’état social solidaire, celui-ci est majoritairement bloqué, aux Etats-Unis parce que les riches se dérobent systématiquement à toute contribution pour le bien commun. Cela mène à des impôts et des coûts de travail réduits. Le résultat en est une compétition des places économiques abaissant considérablement les normes sociales.


Dans le secteur de la géopolitique, dans laquelle nous serions encore plus étroitement impliqués, le rêve américain de la puissance mondiale dans la tradition de l’Empire britannique est toujours en vigueur. On essaie de l’assurer par le colonialisme financier et par des activités militaires. La peur d’un espace économique commun des Européens de l’Ouest avec les Russes avec leurs grandes réserves de matières premières y joue un rôle important. L’actuelle crise initiée en Ukraine, dans laquelle l’Europe est impliquée, trouve là son explication.


L’avenir pourtant, doit être un monde solidaire où les Etats-Unis et l’Europe sont des partenaires recherchés et où ils sont prêts à aider les autres.

 

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Devant cet arrière-fond, la genèse du projet TTIP nous apprend les faits suivants:
En 1941 déjà, le futur secrétaire d’Etat J. F. Dulles écrivit qu’il fallait, après la guerre, organiser l’Europe de façon centraliste, et la former en grand marché d’espoir américain. Cette proposition ne fut pas réalisée, notamment suite à l’opposition de Charles de Gaulle.


En 1973 déjà, la Commission Trilatérale, composée surtout de représentants issus de la haute finance, proposa des mesures uniformes de régulation des marchés. En 2007, on créa le TEC (Transatlantic Economic Council) dont la tâche principale était «d’harmoniser les régulations des marchés». Dans le cadre du TEC, en 2011, on installa un «High Level Working Group on Jobs and Growth» (postes de travail et croissance), intitulé HWLG (remarquez le titre embellissant), dont le rapport final fut divulgué en février 2013. Ce rapport sera suivi par un High Level Regulatory Cooperation Forum. Il est révélateur que la Commission européenne n’était pas capable et ne l’est toujours pas d’informer le Corporate Europe Observatory, s’occupant du lobbying au sein de l’UE, de la composition de la HLWG. Il en est de même pour les résultats détaillés («La multitude de documents empêche une information adéquate»). Le rapport final représente en réalité la directive-cadre sans aucune légitimité démocratique (Road Map) pour de futurs pourparlers. Il parle d’énormes avantages d’«un marché intégré transatlantique». On a l’intention de le réaliser par l’abaissement des barrières douanières et la compatibilité des codes juridiques (enhancing compatibility of regulatory regimes). Il est prévu que suite «au renforcement du partenariat stratégique particulièrement étroit entre les Etats-Unis et l’UE» et grâce à l’ampleur du marché (50% du BIP mondial) les règles de jeu correspondantes seront reprises au niveau mondial. Le rapport est plein d’informations positives donnant de l’espoir, mais peu d’informations certaines. Malgré et à cause de l’attribution, de 400 000 postes de travail et l’éloge de l’avenir de la robotique (Wealth Daily und Word Future Society) aux Etats-Unis et en Europe, à une augmentation de 0,5% du PIB dans l’UE, il y aura une augmentation du chômage parce que normalement, l’effet de rationalisation dû aux investissements est plus important que l’effet de l’élargissement des capacités.


Il faut y ajouter que, selon le pronostic du Center of Economic Policy Research, cette croissance est attendue pour la période s’étendant jusqu’en 2027, ce qui représente un taux annuel de 0,034%. Mais face à un taux de chômage de plus de 26 millions en UE, cette lueur d’espoir n’apportera pas de solution au problème en faisant du «business as usual». Il faut plutôt un changement fondamental de toute la politique. L’ancien économiste de la Banque mondiale H. Daly a démontré les dangers du libre-échange en 1994 déjà (Spektrum der Wissenschaft, Januar 1994) au cas où il supprime les solutions locales, adaptées et innovantes au niveau de la société. La prédominance économique planifiée des Etats-Unis sur l’Europe détruirait le modèle social européen – tout comme l’adepte des Etats-Unis, Mario Draghi, actuellement président de la Banque centrale européenne, l’a déjà annoncé. Les énormes écarts de salaires aux Etats-Unis et le fait que presque 15% de la population sont actuellement nourris à l’aide de bons de nourriture (food stamps – Supplemental Nutrition Assistance Program) soulignent cette crainte. Les syndicats européens et américains se sont donc prononcés fermement contre le TTIP parce qu’il entérinerait la dynamique actuelle.


Le ministère autrichien pour la recherche, la science et l’économie, BMWFW, se montre dans ses rapports publiés encore plus euphorique que le HLWG et les études commandées par celle-ci. Selon une étude commandée par le BMWFW, on attend, comme résultat du TTIP, les résultats suivants: PIB +1,7%, salaires +1%, emploi +0,5%, assurances +3,7%, textiles et vêtements +3,7%, automobile +12,4%. Il est difficile de comprendre comment on arrive à ces estimations positives qui, naturellement, amènent des prises de position favorables pour le TTIP.


Les lignes directrices divulguées récemment (17 juin 2013) par le Conseil de l’UE concernant les pourparlers s’orientent largement au rapport du High Level Working Group. A première vue, les 18 pages paraissent acceptables. En regardant de près pourtant, des passages comme «le niveau le plus haut de libéralisation … incluant tous les secteurs de modes de prestation» et «transfert illimité de capitaux et de paiements par les investisseurs», «libéralisation complète des payements en cours et de la circulation des capitaux» et «création d’institutions trans­atlantiques pour la coopération régulatrice» font preuve – en dépit des belles paroles – d’un «turbo-capitalisme» sans freins sociaux ou écologiques, de l’abandon de la tradition européenne des services publics et de la réduction de la souveraineté populaire au profit d’intérêts institutionnalisés des grands groupes internationaux.


Il faut y ajouter le point crucial du SIDS (State-Investor-Dispute-Settlement, mécanisme d’arbitrage privé entre les investisseurs et les Etats). Selon le European Parliament/Legislative Observatory 2012/0163 (COD), le Parlement européen a renvoyé le projet à la commission de commerce le 23 mai 2013. Ce projet admet, dans l’essentiel, le SIDS, exige davantage d’informations et contient, à mon avis, un passage étonnant: pour ouvrir une procédure de litige, initiée par la Commission européenne, il faut verser des règlements anticipés pour la procédure d’arbitrage (advance payment of arbitration costs). Cela est en réalité un moyen de dissuasion pour empêcher toute action devant un tribunal d’arbitrage. Cela fait partie de la tradition ploutocratique de la jurisprudence américaine, importée ainsi en Europe.


La manière actuellement prévue, telle qu’elle est connue, de concevoir les tribunaux d’arbitrage, ressemble fortement à une juridiction d’exception pour les intérêts des multinationales au détriment de la communauté.


Vu le fait qu’il y a actuellement au niveau mondial déjà des plaintes d’arbitrage pour une somme de 14 milliards de dollars et que selon les passages connus du texte du TTIP, les multinationales pourront intenter une action en dommages-intérêts contre des lois indésirables (limitant les gains) et des décisions juridiques d’instances nationales pour leur manque à gagner, il serait temps que mêmes nos amis américanophiles s’éveillent.


Le cas Nafta «Elli Lilly & Co. contre le Canada» illustre le danger: dans le cadre de l’Accord commercial de l’Amérique du Nord (NAFTA) conclu avec les Etats-Unis, ce groupe pharmaceutique intente une action en dommages-intérêts contre l’Etat du Canada s’élevant à 500 millions de dollar parce que l’Office des brevets canadien, suite à ses normes plus sévères, avait refusé les brevets pour deux médicaments psychopharmacologique. Il s’agit de médicaments vantés contre la perte d’attention en cas d’hyperactivité et contre la schizophrénie.

 

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Le fait que le Parlement européen anesthésié avec sa majorité conservatrice, ait juste avant les élections européennes, accepté le règlement de la responsabilité financière lors de différends entre investisseurs et Etats pour ne pas freiner les négociations sur le TTIP est assez significatif. Que cela se soit passé malgré une consultation en ligne en cours – vraisemblablement installée comme tranquillisant – devrait étonner chaque démocrate. Un tel procédé signifie tout simplement se moquer des citoyens consultés.


Le procédé général semble être préparé pour créer le fait accompli dans le petit cercle des «stakeholder» afin de pouvoir expliquer aux députés qu’on ne peut pas refuser le système de règlementation négocié sans causer de graves dommages et des désaccords politiques dangereux en Outre-Atlantique. Le public et même les fonctionnaires désignés dans le cadre de la Constitution locale sont exclus des informations. Le représentant allemand du Bundesrat (chambre basse), Hans Jürgen Blinn, s’est plaint de ne pas être informé au sujet des négociations et que jusqu’alors, il n’avait encore jamais rencontré un tel procédé. Le négociateur en chef de l’UE, l’Espagnol Ignatio Garcia Bercero, a avoué à Vienne, que seulement les cabinets d’avocats mandatés avaient accès aux résultats intermédiaires, puisque «une certaine mesure de confidentialité» était nécessaire. Les cabinets d’avocats sont cependant les hommes de main des «Stakeholder». Le libre-échange est donc négocié de façon arbitraire.


Outre la tactique de contourner les Traités de Lisbonne («Constitution de l’UE») et les Constitutions nationales à l’aide de traités internationaux (le MES en est un exemple classique), il faut mentionner dans le cas actuel une autre tactique du fait accompli: sans être remarqué par le public, on a négocié l’accord CETA [«Accord économique et commercial global» entre l’UE et le Canada, ndt.], en voie de ratification, avec le Canada. Il est, en partie, le modèle pour le TTIP. Si le CETA est accepté, on va argumenter qu’on ne peut pas refuser aux Etats-Unis ce qu’on a déjà admis au Canada.


Depuis que les activités des services de renseignements états-uniens (NSA) ont été révélées, on sait que les documents de négociation de l’UE sont dans leur totalité en mains des partenaires américains. C’est pourquoi on doit constater que la cachotterie persistante de la Commission et de l’équipe de négociateurs ne peut être dirigée que contre les personnes du propre camp auxquelles on ne veut pas dévoiler la réalité. Il est significatif que dans un texte d’information actuel du BMWFW autrichien, se trouve la phrase suivante: «Dans le cadre de la procédure de ratification, les textes de l’Accord seront aussi divulgués au public.» Donc un autre fait accompli …


Si l’on voulait faire pression, dans l’intérêt du bien commun, sur le partenaire avec lequel on négocie, il faudrait procéder de façon inverse: «Chers amis! Dans notre Europe démocratique, nous avons l’obligation d’informer de manière détaillée la population et notamment les députés sur les progrès des négociations. Si nous publions ces règlements, vous pourrez oublier cet accord, car nous n’obtiendrons jamais l’accord des Parlements». Je ne parle pas ici en théoricien mais parce qu’à l’époque, j’ai moi-même procédé avec succès de cette manière lors des négociations pour le GATT [Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, ndt.].


Il est évident que la Commission européenne complaisante est parfaitement consciente du danger d’un refus ou d’une correction par les Parlements nationaux, car l’annonce faite par l’ancien commissaire du commerce, Karel de Gucht, qu’il allait intenter une action devant la Cour de justice pour savoir si les Parlements nationaux devaient avoir droit au chapitre.


Pour terminer, je voudrais mentionner les tentatives réitérées d’apaisement qui sont les suivantes: on prétend que dans les lignes directives et dans l’accord futur le droit de règlement autonome (right to regulate) et la clause de travail (labour clause) sont contenus et qu’ils permettent des normes individuelles de protection des travailleurs, des consommateurs et des citoyens (santé, sécurité, environnement). La vérité est la suivante: si dans un espace de libre-échange, des biens, ayant été admis dans un pays membre, sont mis en circulation, alors ils ont accès à tous les marchés. Les fournisseurs de marchandises fabriquées selon des normes écologiques et sociales plus élevées et ayant suite à cela des prix plus élevé seront confronté à une sous-enchère et disparaîtront du marché. Il y aura une compétitivité vers le bas (race to the bottom), pour laquelle le niveau de protection sera adapté au niveau le plus bas.


Quelles en sont les conséquences?


Suite à ce qui a été dit ci-dessus, il n’a y qu’une seule chose à faire: retour à la case départ démocratiquement légitimée! Ce qui a été mijoté au niveau des multinationales n’est pas forcément conforme au bien-être de la société toute entière.


Avant tout, il faudrait exiger du partenaire (et il est grand temps) qu’il fasse ses devoirs envers le bien-être commun, parce qu’autrement, il n’est pas le bon partenaire. Celui qui se met au lit avec un partenaire étant en réalité moribond ne guérit pas, il sera infecté. Si les Etats-Unis ne réforment pas leur système financier et en parallèle leur système social dans le sens du bien-être commun, alors nous courons le risque qu’ils exportent sans cesse leurs problèmes vers l’Europe dans le cadre d’un «Partenariat économique total».


Néanmoins, il faut aussi se poser la question de savoir pourquoi l’OMC est continuellement contournée par des accords bilatéraux. Ce système de réglementation, auquel tous les Etats ont accès (qui a également un urgent besoin de réformes) suffirait pour atteindre les objectifs indiqués et il aurait l’avantage que tous les Etats du monde pourraient profiter des résultats souhaités.    •
(Traduction Horizons et débats)

 

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dimanche, 05 octobre 2014

Russlands Agrarsanktionen kosten EU weitere 165 Millionen

Russlands Agrarsanktionen kosten EU weitere 165 Millionen

Ex: http://www.unzensuriert.at

Obst und Gemüse wird mit 165 Millionen Euro gestützt.
Foto: Arnaud 25 / Wikimedia (PD)

Ein neues EU-Hilfsprogramm für den Agrarsektor wurde nun im Gesamtumfang von 165 Millionen Euro gestartet. Grundlage sind die Russland-Sanktionen, die als Retourkutsche für die Sanktionspolitik der EU gegen Moskau eingeleitet worden sind. Ein ursprüngliches EU-Hilfsprogramm im Ausmaß von 125 Millionen wurde wegen des begründeten Verdachts des Subventionsbetrugs durch Brüssel gestoppt. Nun sollen die Millionen aus den EU-Töpfen den Ruin der west- und südeuropäischen Landwirte stoppen.

Vor allem die Produzenten von Äpfeln und Birnen, Zitrusfrüchten, Karotten, Gurken, Paprika, Tomaten, Kiwis, Pflaumen und Tafeltrauben sind durch den Einfuhrstopp Moskaus schwer betroffen. Allein die oberösterreichischen Gemüsebauern mussten bisher 600 Tonnen Kraut einackern, das sie wegen der Russland-Sanktionen nicht absetzen konnten.

EU-Fleisch- und Viehwirtschaft ebenfalls schwer betroffen

Die Gemüse- und ObstproduzentensindabernureinTeil des betroffenenLandwirtschaftssektors, der durch die SanktionspolitikBrüsselszumHandkusskommt. Daneben sind auch die Fleisch- und Viehwirtschaftsowie die LebensmittelindustrieWesteuropasschwer in Mitleidenschaftgezogen.

Hält der Konflikt um die Ukraine weiter an, dann werden auch hier mehrere hundert Millionen Euro an Subventionen notwendig sein, um die Landwirtschaftsbetriebe vor dem Ruin zu retten. 

Vrijhandelsverdrag: EU schakelt macht nationale parlementen uit

Vrijhandelsverdrag: EU schakelt macht nationale parlementen uit

Ex: http://xandernieuws.punt.nl

Nationale recht zal wijken voor recht op Europees niveau

ECB krijgt onbeperkte zeggenschap over financiering nationale staten

Sluizen herverdeling welvaart Eurozone worden geopend’

Het Europees Gerechtshof in Luxemburg krijgt stap voor stap steeds meer macht, ten koste van de nationale lidstaten.

De CETA en TTIP vrijhandelsverdragen met respectievelijk Canada en de Verenigde Staten worden door de Europese Unie geheel buiten de invloed en inspraak van de nationale parlementen om afgesloten. Critici zeggen dat dit met een ‘goede’ reden gebeurt, namelijk dat de verdragen enkel de banken en multinationals ten goede komen, en juist nadelig zijn voor de gewone man (2). De Duitse grondwetrechter Christoph Degenhart verwacht dat de trend waarin de EU-lidstaten stap voor stap hun macht verliezen ten gunste van Brussel, zich de komende jaren verder zal doorzetten.

 

Degenhart is één van de Duitse aanklagers tegen het Europese Stabilisatie Mechanisme (ESM), waar de nationale parlementen eveneens geen enkele zeggenschap over hebben, maar wel verplicht zijn om miljarden aan bij te dragen.

Nationaal recht wijkt voor Europees recht

Ook bij de vrijhandelsverdragen met Noord Amerika ‘worden de medewerkingsrechten van de nationale parlementen uitgehold. Dat is grondwettelijk weliswaar zeer bedenkelijk, maar een tendens die we met het oog op het Gemeenschapsrecht van de EU (EuGH) kunnen vaststellen.’

De grondwetrechter vreest dat het nationale recht ‘steeds vaker moet wijken voor het recht op Europees niveau’. Het probleem met het EuGH is dat ‘het recht op een dermate wijze wordt geïnterpreteerd en geschapen, dat het ten bate komt van de integratie... In deze structuur kunnen politiek en recht nauwelijks worden gescheiden. De verdieping van de integratie in de EU is een doel van de jurisdictie van het EuGH en heeft in dit opzicht ook een politieke opdracht.’

Onbegrensde financiering failliete staten

Degenhart gaat ervan uit dat ECB-president Mario Draghi in oktober met behulp van het EuGH het omstreden OMT-programma erdoor zal drukken. Hiermee kan de ECB onbegrensd de staatsobligaties van feitelijk failliete EU-landen zoals Frankrijk en Italië opkopen.

Het Duitse Grondwettelijke Hof in Karlsruhe heeft geoordeeld dat dit OMT-programma niet met de grondwet verenigbaar is, omdat op deze wijze tientallen of desnoods honderden miljarden euro’s Duits –en dus ook Nederlands- belastinggeld zonder tussenkomst van het parlement kunnen worden gebruikt om andere landen overeind te houden.

Door het EuGH wordt ‘de monetaire staatsfinanciering geldend recht’, waardoor de ECB de macht krijgt om ‘in te grijpen in de financiering van staten, zonder dat de nationale staten in de EU hier iets tegen kunnen ondernemen. Tot op zekere hoogte is dat nu al het geval, omdat de diverse geldpolitieke maatregelen van Draghi uiteindelijk op een staatsfinanciering uitlopen.’

‘Sluizen herverdeling welvaart gaan open’

Als het OMT-programma erdoor komt, dan ‘worden de sluizen van de herverdeling (van de welvaart) in de Eurozone geopend. Dit zal ten koste van de belastingbetaler gebeuren, en er zal zich een soort Europese financiële gelijkstelling ontwikkelen.’

Kortom: de volgende stap naar het grote einddoel van de globalisten in Brussel en hun vazallen in Den Haag en andere hoofdsteden, een Verenigde Staten van Europa, komt er onverbiddelijk aan.

 

Xander

(1) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(2) Deutsche Wirtschafts Nachrichten

Zie ook o.a.:

11-09: Grote investeringsbanken verwachten dramatische euro-crash
01-09: ..; ‘Europese superstaat in 2016’ (/ Op zijn laatst in 2016 een euro-staatsschuldencrisis, waarna de ECB de EU-landen tot een financiële en politieke unie zal
25-08: Frankrijk op rand instorting;
16-08: Amerikaanse topeconoom Armstrong ziet instorting democratie VS en EU (/ ‘Brussel vastbesloten om ieder democratisch proces te verwijderen’)
16-06: EU-Commissaris Andor: Eurozone integreert of stort in (/ ‘EU in huidge vorm niet levensvatbaar’)
11-06: Duitse CDU erkent dat eurozone op kosten van spaarders wordt gered (/ Regeringen en centrale banken laten burgers staatsschulden betalen en laten banken vrijuit gaan)
10-06: Duitse EU-parlementariër bevestigt plannen voor wereldregering
06-06: Banken: Maatregel ECB verraadt hoe slecht het met de eurozone gaat
04-06: Crisis verergert: 123 miljoen mensen in EU onder armoedegrens (/ ‘Einde Europese welvaart en beschaving binnen 10 jaar in zicht’
30-05: Front Natonal eist veto EU-toetreding Turkije en einde vrijhandelsverdrag
25-05: Onderzoeksjournalist: Netwerk Europese elite maakt einde aan democratie
18-05: ‘Spaarders in EU worden na verkiezingen gedwongen eurozone te redden’ (/ Overeind houden eurozone gaat iedere Nederlander omgerekend minstens € 12.000 kosten)
13-04: Onderzoeksjournalist: EU-elite stuurt bewust aan op humanitaire catastrofe (/ ‘Hoge schulden en reddingsfondsen lang van tevoren gepland om controle ove rlanden over te nemen’)
13-02: Bevestigd: EU-Commissie wil beslag leggen op spaargeld en pensioenen
01-01: Verenigde Staten van Europa al in 1948 in Duitse grondwet opgenomen

samedi, 04 octobre 2014

Presseschau - Oktober 2014

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Presseschau
Oktober 2014
 
Anbei wieder einige Links. Bei Interesse einfach mal anklicken...
 
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AUßENPOLITISCHES
 
Der taumelnde Westen
In den Siebzigerjahren trug Osama bin Laden noch eine Schlaghose und einen türkisen Niki. Heute ist antiwestlich das neue Cool.
 
Trigema-Chef Grupp: Schluss mit der Hetze gegen Putin
Wolfgang Grupp bürstet mal wieder kräftig gegen den Strich: Die Hauptschuld an der seit Monaten andauernden Ukraine-Krise gibt der Burladinger Trigema-Chef nicht den Russen, sondern den USA.
 
(Zur Anti-Russland-Politik und den deutschen Waffenlieferungen ins Ausland)
Ging Gauck zu weit? Der Präsident und Deutschlands Rolle
 
Alexander Dugin
Russischer Philosoph fordert „Marsch auf Kiew“
 
Rußland will Krieg?
von Thomas Bargatzky
 
Felix Dscherzynski
Russische Eingreiftruppen erhalten stalinistischen Namen
 
Ukrainer stürzen größtes Lenin-Denkmal des Landes
 
Bravo! Ungarn hält zu Russland!
Von Jürgen Elsässer
 
Strom weg: Drittgrößte Stadt Serbiens wegen Schuldenbergs im Dunkeln
 
Jugendkongress in Fréjus
Front National buhlt um Nachwuchs
Über den Einfluss junger Rechtspopulisten in Frankreich
 
Schottland wird ein Zeichen setzen
 
Schottland stimmt mit "No, thanks"
Die schottische Unabhängigkeitsbewegung hat das Referendum über die Loslösung von Großbritannien verloren. Die Wähler votierten mehrheitlich mit "Nein" – obwohl in Glasgow eindeutig "Yes" vorne lag.
 
Alle 32 Wahlbezirke So hat Schottland entschieden
Wo haben die Gegner der Unabhängigkeit ihre größten Erfolge gefeiert, wo konnten die Unionisten punkten? Ein Überblick über sämtliche 32 Stimmbezirke - und alle Ergebnisse.
 
Schotten stimmen gegen Unabhängigkeit
 
Fünf Jahre nach Entführung
Im Jemen vermisste Familie aus Sachsen ist tot
 
Unruheprovinz Xinjiang: China verurteilt Regimegegner Tohti zu lebenslanger Haft
 
Kim Jong-un offenbar krank
Nordkoreas „Marschall“ ist abgetaucht
 
INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK
 
Vor dem Abschwung
Das letzte große Hurra der hochmütigen Deutschen
Die Konjunktur im Aufschwung, die Bürger in Weltmeisterlaune: Hochmütig blickt Deutschland auf andere Wirtschaftsnationen herab und will Vorbild sein. Dabei hat der eigene Abstieg längst begonnen.
 
Globalisierung
Aktionärsstruktur von DAX-Unternehmen
In der Vergangenheit war für Deutschland die Kontrolle von Unternehmen durch Mehrheitsaktionäre oder mehrere Großaktionäre typisch. Die Aktionärsstruktur zeigt heute ein gänzlich anderes Bild.
 
Hypo Real Estate verspielte Steuergelder
 
Hanno Beck über Folgen der Geldschwemme
"Die Blase wird platzen, die Preise werden erodieren"
 
Die AfD, der Osten und der liberale Flügel
 
Noch keine Volkspartei
Kommentar: AfD zählt sich zu den Etablierten
 
„Braune Suppe“
AfD geht gegen SPD-Generalsekretärin vor
 
Wegen Auftritt bei AfD
SPD fordert Sarrazin zum Parteiaustritt auf
 
(Wegen verleumderischer E-Mail an Spiegel…)
AfD-Politiker Hein schlägt Mandat aus
 
Mecklenburg-Vorpommern
AfD-Landeschef verteidigt Zustimmung zu NPD-Antrag
 
AfD entlarvt das System Merkel
 
"Hemmungslos demagogisch": Schäuble fordert härtere Auseinandersetzung mit AfD
 
Zentralrat der Juden ist besorgt über die AfD
 
Die AfD – auf dem Weg zur wirklichen Alternative?
 
Christopher Lauer verläßt Piratenpartei
 
Duisburgs CDU nimmt "christliche Verantwortung" aus Satzung
 
Europa-Union
Preisverleihung in Berlin
… und dann kam Broder
 
Einbrecher in Deutschland werden immer dreister
Die Zahl der Einbrüche in Deutschland steigt wieder, dabei sinkt gleichzeitig die Aufklärungsquote.
 
Berlin-Tiergarten
Denkmal für „Euthanasie“-Opfer eingeweiht
 
AfD fordert würdiges Mahnmal für 13. Februar auf dem Dresdner Altmarkt
 
(1. Weltkrieg)
Gab es in Löwen 1914 doch belgische Franktireure?
"Friendly Fire" als Folge von Freischärlerbeschuss: Weltkriegsexperte Ulrich Keller stellt einen mehr als 50 Jahre alten Konsens über eines der bekanntesten Massaker des Ersten Weltkrieges infrage.
 
Darf eine Straße heute noch nach Hindenburg heißen?
Schon seit Jahren wird in Darmstadt darüber gestritten, ob die Hindenburgstraße weiter so heißen oder umbenannt werden soll. Andere hessische Städte haben ähnliche Fälle schon entschieden.
 
Hindenburgstrasse in Darmstadt umbenennen - jetzt!
 
(VfB Stuttgart – Slogan mit politisch korrekter Aufregung)
„Furchtlos und trew“
 
Antirassistisch unterfütterte Museumspädagogik
Ausstellung im Historischen Museum zeigt einseitiges Geschichtsbild
 
LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE
 
AfD
Diskussion um rechte Mitglieder
Rechte Vergangenheit holt AfD-Abgeordneten ein
 
Nach der Landtagswahl in Sachsen
AfD gibt erstes Amt zurück
Die AfD sollte den Alterspräsidenten im sächsischen Landtag stellen: Detlev Spangenberg. Der aber war in rechten Gruppen aktiv.
 
Verfassungsschutz warnt vor Gewalt gegen AfD-Mitglieder
 
AfD vermutet Hackerangriff hinter neonazistischen Tweets
 
Hessen-CDU will an NPD-Verbotsverfahren festhalten
 
Berlin
Ende im Internet verkündet
Antifa macht Schluss– aus Mangel an Aktivisten
 
„Kein Unrechtsstaat“
Heftige Kritik an Gysi-Äußerungen zur DDR
 
Gysis Persilschein
von Michael Paulwitz
 
Honecker-Verherrlichung
Friedrichstadtpalast lädt Sängerin aus
 
Themenwoche Toleranz
Hip-Hopper Jan Delay wird ARD-Maskottchen
 
"Grüne" machen Propaganda gegen "rechtspopulistische Kackscheiße"
 
Syburg
„Deutschland verrecke“ auf Mahnmal gesprüht
 
Protokoll: zwischentag in Bonn
 
300 bei Openair-Messe “zwischentag” in Bonn
 
POL-BN: Spontandemonstration in Bonner Südstadt
 
(WDR-"Monitor" zum "Zwischentag")
Schaffe, schaffe, Häusler-Bauer
 
(Linke Proteste gegen Preisverleihung an Stefan Scheil)
Schweinfurter Eifer
 
(Oliver Höfinghoff)
Prügelvorwürfe: Piraten-Abgeordneter verliert Immunität
 
Polizei-Kessel war rechtens
Juristischer Kraftakt um Blockupy
 
EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT
 
Schule mit Courage
 
Politische Korrektheit
Schwedisches Fernsehen streicht „Neger“ aus Pippi Langstrumpf
 
“Schwarz-Grün hat in der Integration schwere Fehler gemacht”
Wolfgang Hübner im FAZ-Interview
 
Björn Höcke bei Maybrit Illner – eine Kurzanalyse
 
Kommentar
Günther Jauch und der Imam
von Fabian Schmidt-Ahmad
 
Rotherham-Skandal: Polizeichef tritt zurück
 
(Migrant Offshore Aid Station - Der erste Schritt in den offiziellen Übersee-Transfer von Flüchtlingen)
Leben retten auf eigene Kosten
 
(Ebenso zur MOAS)
Humanitäre Vorbilder
Regina und Christopher Catrambone aus Malta helfen Migranten in Seenot – mit Drohnen, Schiffen und eigenem Geld.
 
Linkspartei fordert Aufenthaltsrecht für „Opfer rechter Gewalt“
 
Haushaltssperre
Flüchtlinge treiben Berliner Bezirk in die Pleite
 
Haushaltssperre wegen teurer Flüchtlingspolitik
Kreuzberg zu pleite für Klopapier
 
Berlin-Kreuzberg
Asylbewerber in besetzter Schule bewaffnen sich
 
(Kommentar zur Gewalt gegen Asylbewerber in Burbach)
Brennpunkt Asylbewerberheim
von Michael Paulwitz
 
Niedersachsen
Mieter müssen Asylbewerbern weichen
 
Für Flüchtlinge und U3-Betreuung
Dietzenbach pocht auf volle Kostenerstattung
 
(Christine Lüders klagt…)
Ablehnung von Sinti und Roma in allen Schichten
Die Politik muss nach Ansicht der Leiterin der Antidiskriminierungsstelle des Bundes mehr gegen die Stigmatisierung von Sinti und Roma tun. «Die Menschen wissen nichts über Sinti und Roma, die Bilder sind von der Straße geprägt», sagte Christine Lüders im ZDF-"Morgenmagazin"
 
(Auch hier klagt sie…)
Lüders beklagt Frauenmangel
Christine Lüders spricht sich für mehr Frauen in den Führungsetagen öffentlicher Unternehmen aus. Die Antidiskriminierungsbeauftragte findet, der Staat mache sich andererseits unglaubwürdig.
 
Der Taschendiebstahl boomt
 
(Antidiskrimnierungsstelle)
Lüders als Sprachrohr
 
Nicht von Meinungsfreiheit gedeckt
Presserat rügt islamkritischen Artikel der „Bild“-Zeitung
 
Nach islamkritischem Kommentar
Nicolaus Fest verläßt die „Bild am Sonntag“
 
Umbau in Horn: Außen noch Kirche, innen schon Moschee
Der Umzug der muslimischen Al-Nour-Gemeinde in die Kapernaumkirche in Hamburg-Horn löste gespaltene Reaktionen aus. Nun ist der Umbau des Gotteshauses fast abgeschlossen. Ein Ortstermin.
 
Offenbach
Islamisches Gräberfeld
Mehr Pflege für Allahs Kinder
 
(wohl eher stellt man sich erneut als Opfer dar…)
Bundesweiter Aktionstag
Muslime setzen Zeichen gegen IS-Terror
 
Zum Aktionstag der Muslime in Deutschland am 19. September
Hintergrundinformationen zu einem Ablenkungsmanöver
 
Halt, Scharia-Polizei!
 
„Scharia-Polizisten“ nun auch in Bonn und Köln
 
Trotz Vorstrafen
Berliner Polizei bildet ehemaligen Intensivstraftäter aus
 
Nordrhein-Westfalen
Jeder vierte Häftling ist Ausländer
 
„Steh auf – nie wieder Judenhaß!“
Staatsdemo im Paralleluniversum
 
Verdacht der Piraterie
Polizei nimmt Asylbewerber aus Somalia fest
 
Mord an Dominik Brunner: Schläger vorzeitig aus Haft entlassen
 
München
Peruanerin erfindet fremdenfeindlichen Übergriff
 
(Kurden)
Clan-Schießerei in Lüneburg: „Ehrverletzungen müssen gerächt werden“
 
83-Jährige stirbt im Celler AKH: Angehörige bedrohen Personal
 
Celle: Kurden wüten in Krankenhaus
 
Wolfsburg
Drogenstreit eskaliert
Toter bei Massenschlägerei vor Asylbewerberheim
 
(Hundehalter Oman A…)
Wut auf Polizisten in Rüsselsheim!
Internet-Aufstand wegen erschossener Kampfhunde
 
(Türkisch-Irakisches Milieu…)
Verletzte schweigen
Disco in Offenbach von Bande gestürmt?
 
Ausländerkriminalität
Vergewaltiger waren Asylbewerber
 
Ausländer dominieren Organisierte Kriminalität in Deutschland
 
(…Kollegen des Mannes aussagten, er habe versucht sie zum Islam zu bekehren.)
US-Bundesstaat Oklahoma
Mann soll Kollegin geköpft haben
 
Gewalt in Südtirol: Wenn Rom versagt, muß Bozen übernehmen
 
KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES
 
(Deprimierend im Vergleich zum gegenwärtigen Zustand)
Video
Eine Reise in das Deutsche Kaiserreich ( 1871 - 1918 )
 
Versagen mit System
Kommentar zu öffentlichen Großprojekten
 
Wiens Kulturerbe retten! Initiative gegen Abrisse
 
33 Initiativen demonstrieren gegen die “Stadtzerstörung” in Wien
 
(Video zu Abrissen)
Gentrifizierung
Servus München!
 
Immobilienwirtschaft und Denkmalpflege
Schweizer Abrisskommando
 
Unterstützerinitiative für den Wiederaufbau der Garnisonkirche Potsdam
 
Energetische Sanierung
Stoppt den Dämmwahn!
Deutschland wird mit Styroporplatten verpackt. Das ist ökologisch zweifelhaft, absurd teuer, die Häuser gehen schneller kaputt. Und es drohen noch weitere Risiken.
 
Das Milliardengeschäft der Dämmstoffindustrie
Mächtige Lobby, gigantische PR-Maschinerie: Wärmedämmung ist ein Milliardenmarkt. Doch bei deutschen Experten wächst die Styropor-Skepsis. Sie fürchten Brände, Schäden – und ein großes Minusgeschäft.
 
Mietervertreibung für das Klima – Eine weitere Folge der Energiewende
 
Ökomanifest von rechts
von Philip Stein
 
Leichte Sprache, seichte Sprache
 
Feminismus
Die Escort-Begleiterinnen der AfD
Mit der AfD kehrt der Anti-Feminismus zurück auf das politische Parkett. Und das in einer Zeit, in der sich Frauen so uneins sind wie selten. Ein Kommentar.
 
Gender-Debatte
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15 Jahre lang lebte unser Reporter in Amerika. Jetzt kehrt er nach Deutschland zurück und findet tatsächlich Gefallen an einem Land, das er nicht mehr wiedererkennt. Versuch einer Heimkehr.
 
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Früher haben Studenten noch protestiert, beschweren sich die Alten. Unsere Autorin wehrt sich: Wir müssen unseren Professor nicht mehr anbrüllen, um gehört zu werden! Ein Kommentar von Muriel Reichl
 
Xavier Naidoo – ein Rechter?
 
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Die Computer sind uns auf den Fersen. Unsere Arbeit wird sich radikal ändern. Es geht uns allen an den Kragen: Und das ist gut so Von Gunter Dueck
 
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An Jeremy Rifkins Buch „Die Null-Grenzkosten-Gesellschaft“ kommt auch die Bundesregierung nicht vorbei. Bei Maybrit Illner zeigt Kanzleramtschef Altmaier im Gespräch mit dem Autor, wie drängend das Thema und wie ideenlos die Politik ist.
 
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Japans heiliger Berg Fuji mit Fäkalien verschmutzt   

La France peut gagner la bataille contre ses «saboteurs»

La France peut gagner la bataille contre ses «saboteurs»

Auteur : Eric Le Boucher
 

Eric Le Boucher publie en cette rentrée Les saboteurs, Quand les politiques bloquent une France qui veut avancer (Plon). En voici quelques extraits.

Il existe un génie français. Non qu’il n’y ait d’autres peuples admirables sur la Terre, mais le nôtre a, bien chevillés ensemble, une intuition de l’universel et un sens terrien, une tête et des pieds. Les Français ressentent l’injustice et ils savent cultiver leur jardin. Au XXIe siècle, ce sont là deux avantages inouïs. Son éthique collective et son autonomie individuelle mettent la France en concordance avec le siècle qui vient. Contrairement à ce qu’ils pensent et à ce que l’on ne cesse de leur répéter, les Français ont un bel avenir, ils sont doués pour l’époque. Inventifs, débrouillards et autonomes, ils peuvent individuellement trouver leur place ; exigeants, ils peuvent ensemble redevenir un modèle de société équilibrée.

Encore faut-il le leur dire et les y conduire.

Il existe aussi un mauvais génie français: la politique. L’histoire a forgé un pays où tout procède de la politique, tout en dépend, tout y revient. La société civile y est asservie. Et malheureux Français! Leur classe politique est dans un état de décomposition avancée. Au bout de trente ans d’aveuglement, de manque de courage et d’inaction, les responsables ont mis la France dans une impasse totale: économique, sociale, institutionnelle, culturelle et désormais psychologique.

[Il est temps] d’inverser le regard sur la France et sur le monde. Le moment est le bon. Bon parce que les Français ont envie de retrouver des motifs d’espoir. Bon parce que la crise financière débouche sur une nouvelle phase de la mondialisation qui devrait –en tout cas, qui pourrait– être beaucoup plus favorable. La France a souffert dans ses gènes depuis trente ans, mais elle arrive devant un horizon nouveau où, pour peu qu’elle reprenne goût à l’avenir, il lui sera permis d’épouser son temps.

Les périls sont immenses, il faut les mesurer avec lucidité. Les technologies d’abord forcent à une mise en mouvement permanente. Il ne s’agit plus de faire une «réforme», de passer de A à B, mais d’en faire tout le temps, de les engager, de les amender, de les modifier sans plus de cesse, de réformer les réformes. Le monde a «dérivé» mais au sens des mathématiques qui «dérivent» les fonctions, qui transforment la position en vitesse, la vitesse en accélération. Rien ne sera plus jamais «stable», comme après guerre. La planète restera en course, toujours mouvante, toujours fragile. Economiquement, nous passons d’un univers «keynésien», autour de l’équilibre, à un univers «schumpétérien» de destructions et créations permanentes à la façon décrite par l’économiste Joseph Schumpeter. Il faut se mettre en mouvement pour des adaptations continues, les plus rapides gagneront tout.

[Il faut entrer] dans l’âme de la France afin d’y découvrir que le mal-être peut être surmonté dès lors que les responsables politiques cesseront de nous enfermer dans le passé. Dans le monde et ses périls, où tout change, tout peut changer. Au sein de cette nouvelle mondialisation, la France peut retrouver un rôle humaniste qui lui ressemble, une ambition qui la vivifie et une thérapie à sa névrose. Elle devra en passer par une première étape, l’Europe, l’échelle à laquelle le nouveau modèle fera la démonstration de l’exemplarité de ses «valeurs».

[...]

Depuis trente ans, gauche et droite ont saboté la France en reculant devant les adaptations et les réformes. Ils ont maintenu le «modèle français» à coups d’impôts et de déficit. François Mitterrand s’est fait réélire en 1988 sur un programme «ni-ni», ni privatisation ni nationalisation, autrement dit, ni libéralisme ni socialisme, la France depuis n’a plus avancé. Son successeur Jacques Chirac, après l’échec des tentatives d’Alain Juppé de réformer les régimes spéciaux de retraite en 1995, n’a plus jamais voulu toucher à rien. Surtout à rien! Un de ses ministres de la Justice qui proposait une nouvelle organisation m’a raconté les coups de fil du Président:

«Tu me fais ch... avec tes réformes. Arrête tout de suite! Et viens boire une bière.»

Nicolas Sarkozy a promis la rupture avec cet immobiliste «ni-ni» français, mais l’indétermination était au fond de lui. Entre étatisme et libéralisme, il allait de l’un à l’autre. De la sorte impréparé, courageux mais versatile, il n’a pas su faire. La crise, certes, ne l’a pas aidé. François Hollande, encore plus impréparé, est contraint par les événements à engager une politique d’économies budgétaires et une politique de l'offfre  favorable aux entreprises, qui est à l’opposé du «socialisme de la relance par la demande» tel que l’envisage une majorité de ses amis. Il doit composer dans un nouveau ni-ni.

 [...]

La politique française n’est plus que la gestion des échéances électorales doublée d’une furieuse guerre des ego. Qu’importe l’impréparation, qu’importe les mille rapports sur le déclin français et les solutions proposées, qu’importe les voyages à l’étranger pour apprendre et comparer, la classe politique française a une autre stratégie beaucoup plus payante : attendre que le parti au pouvoir, lui aussi impréparé et médiocre, tombe. L’alternance est une bénédiction: on arrive au pouvoir en faisant des promesses de père Noël, on rate, l’élection vous balaie, mais on retrouve un siège dans l’opposition, on rentre au chaud dans sa région et on attend tranquillement l’échec inévitable des successeurs. Tournez manège! [...] Dans un pays d’essence aussi politique, la perte de crédit de la classe dirigeante est inédite et alarmante. Quand, d’un côté, les Français attendent tout de l’Etat et que, de l’autre, ils en regardent les responsables avec dégoût, la France est en grand danger.

[...]

«Il y a quarante ans, tous les Français ?pouvaient citer les noms de dix hommes d’Etat, de droite ou de gauche. Ce n’est plus le cas aujourd’hui», commente Valéry Giscard d’Estaing pour qui «la classe politique s’est recroquevillée». La compétence en telle ou telle matière ministérielle n’importe pas, comptent seulement la carrière faite au sein du parti et le poids acquis dans les «courants» et les écuries internes.

Les cabinets ministériels de l’actuel gouvernement sont une caricature de la dérive. Ils sont remplis de jeunes issus d’associations étudiantes devenus attachés parlementaires ou permanents du PS. Hier, la France était dirigée par les énarques, aujourd’hui par ceux qui ont raté l’ENA. La vie politique s’inspire au pire de la vie syndicale: ceux qui n’arrivent pas à percer dans l’Administration par leur talent prennent leur carte du PS pour, l’alternance venue, accéder aux cabinets ministériels ou à la députation et commander enfin. Un «tour extérieur» d’une épouvantable espèce.

«Les médias ne sont pas étrangers à la pire forme que prend la politique, analyse Jürgen Habermas. D’un côté, les dirigeants politiques ne résistent guère à la douce contrainte de médias les invitant à se mettre eux-mêmes en scène, fût-ce sans la moindre originalité. De l’autre, les programmateurs des médias sont eux-mêmes pris au piège de cet emballement qu’ils suscitent et qui s’empare de la moindre occasion.»

Médias et politiques ont en commun l’intérêt de la superficialité, ils ont partie liée dans la course à l’immédiateté. Cette intime promiscuité explique pourquoi les deux sont associés dans l’opprobre et le discrédit, les uns enfonçant les autres et vice versa.

Que la classe politique française soit, comme toutes les autres dans tous les pays, dépassée par les problèmes globaux et que l’éclatement des solidarités d’hier lui pose de redoutables problèmes de décision sont une réalité. La difficulté du «métier» est devenue grande. Mais au moins les autres essaient, tentent courageusement des réformes. En France, le fatalisme domine. Les politiques constatent leur impuissance et ils se réfugient derrière les électeurs pour partager leur peur de l’avenir. Ils ne savent que proposer un retour en arrière, une France «protégée», «démondialisée». Toujours ce goût pour les lignes Maginot.

On arrive ici au cœur de l’accusation de «sabotage». La classe politique française s’est intellectuellement renfermée, elle ignore le monde des idées. [...] Des centaines de rapports décrivent le monde et disent sérieusement quoi faire. Jean Pisani-Ferry a remis en juin 2014 un très réfléchi rapport: «Quelle France dans dix ans?» au président de la République. Comme les précédents, Michel Camdessus (2004), Michel Pébereau (2006) ou Jacques Attali (2008), il sera sans suite ou presque, des réformes au tiers de ce qu’il faudrait. Mais le commanditaire ne tarit pas d’éloges, lance des «chantiers d’approfondissement», d’autres études, d’autres rapports... L’organisme que préside Pisani-Ferry s’appelle «France Stratégie», il se veut un nouveau Commissariat au Plan supprimé dans les années 1980. France Stratégie nommée par antithèse, la France n’a plus de stratégie. La politique gère au pied levé, avec pour seule boussole l’élection qui vient.

Il existe encore en France des intellectuels qui essaient de penser. Quelques think tanks, dotés de maigres moyens, font de sérieuses propositions. Les sciences sociales accouchent d’un nombre impressionnant de livres. Economistes, sociologues, historiens travaillent avec une ouverture internationale et produisent des analyses nouvelles et riches, en traitant par analyses statistiques le nombre immense de données sociales désormais disponibles. Les meilleurs obtiennent une réputation à l’étranger, comme le prouvent le succès aux Etats-Unis des thèses de Thomas Piketty sur les inégalités ou l’écoute qu’obtient Esther Duflo sur la pauvreté auprès de Barack Obama, mais aussi partout sur la planète, sauf en France.

[...]

Il est temps de se «retourner» et de se porter en avant. L’âme française n’est pas si contraire au monde, l’avenir n’est pas si horrible. La France n’est pas condamnée au renoncement à elle-même, elle peut tout à l’inverse se rétablir sur ses principes et les porter haut, en Europe et dans le monde. Elle peut être regardée non plus comme l’homme malade de l’Europe mais, à nouveau, le coq et le renard réunis, comme un modèle de créativité, d’équilibre et d’humanisme.

Ce qu’il faut faire, concrètement, est connu depuis longtemps, écrit dans des dizaines d’excellents rapports, compilé dans les réussites étrangères. La voie est tracée. Elle est radicale, elle impose de changer nos façons d’approcher les problèmes, d’adopter un pragmatisme résolu, de remplacer un modèle stable pour un modèle mobile, de combattre la défiance et de rénover la solidarité, de mettre au pilon les montagnes de règlements, de lois fiscales et sociales pour libérer, en grand, les capacités des créateurs, des ingénieurs, des scientifiques, de refaire l’école, de réhabiliter le risque et l’argent du succès, de donner des «capabilités» à chacun, de ne plus assister mais rendre autonome.

La condition est de trouver les dirigeants qui oseront «se tourner» vers l’avenir, ne plus promettre vainement de nous en «protéger» mais de nous y préparer. Il suffit des peureux qui ne se maintiennent qu’en encourageant nos peurs. Trouver les hommes et les femmes capables de chasser les chimères pour éclairer positivement le monde qui vient et redonner aux Français ce qui leur manque: une tranquille confiance et un ferme élan. Qu’ils aient –revenons au bon génie français– dans la tête une vision et des pieds solides.

[...]

L’autre condition concerne les citoyens eux-mêmes. Nos responsables sont ignorants du monde, médiocres dans leurs idées, lâches dans leurs comportements, mais les Français les élisent. Par excès d’espoir ou de désespoir? Par désintérêt pour le sort collectif? A l’heure du renard, d’une prise en main de la société civile par elle-même, à chacun de montrer son intelligence et sa débrouillardise d’une part, mais aussi, d’autre part, sa civilité et son implication. Aux Français d’être moins égoïstement renfermés sur eux-mêmes. On ne peut rétablir la solidarité nationale, européenne et mondiale sans donner de la générosité.


- Source : Eric Le Boucher

mardi, 30 septembre 2014

L’Europe espionnée par la NSA

Robert Steuckers

L’Europe espionnée par la NSA

 

Conférence prononcée au “Cercle Proudhon”, Genève, 10 avril 2014

 

snow97827.jpgLa réalité dans laquelle nous vivons aujourd’hui est une réalité entièrement sous surveillance, sous l’oeil d’un “panopticon” satellitaire et électronique. Tous les citoyens de l’américanosphère sinon du monde entier sont surveillés étroitement dans leurs activités “sensibles” ou dans leurs faits et gestes quotidiens. L’Etat a certes le droit, le cas échéant, de surveiller des individus qu’il juge dangereux mais là n’est pas vraiment le problème pour nos polities développées d’Europe. Le problème le plus grave, c’est la surveillance permanente et étroite que subissent nos entreprises de pointe, nos ingénieurs les plus performants, dans l’Union Européenne, pour ne même pas mentionner nos institutions diplomatiques et militaires. L’installation du système global de surveillance ne concerne donc pas le terrorisme —là n’est que le prétexte— mais bel et bien les fleurons de nos industries et les laboratoires de recherche de nos entreprises de haute technologie, d’électronique, d’avionique ou de bio-chimie. Le “telescreen” réel d’aujourd’hui ne surveille donc pas en priorité des citoyens rétifs susceptibles de devenir un jour de dangereux subversifs ou des révolutionnaires violents, comme l’imaginait encore Orwell à la fin des années 40 du 20ème siècle. Via Facebook, Twitter ou autres procédés de même nature, le “telescreen” actuel surveille certes la vie privée de tous les citoyens du globe mais cette surveillance se rapproche davantage du Palais des rêves d’Ismaïl Kadaré que du 1984 d’Orwell.

 

L’Europe a fait mine de s’étonner des révélations d’Edward Snowden en juin 2013. Pourtant, ce n’est jamais que le troisième avertissement qui lui a été lancé depuis 1997, les précédents n’ayant pas été suivis d’effets, de réactions salutaires et légitimes. D’abord, il y a eu, en cette année 1997, la révélation de l’existence du réseau ECHELON et, consécutivement, le fameux “Rapport de Duncan Campbell”, journaliste d’investigation écossais, qui a été établi après la demande d’enquête des instances européennes. Le réseau ECHELON avait suscité l’inquiétude il y a seize ans: depuis lors l’amnésie et l’inertie ont fait oublier aux grandes entreprises de pointe et aux masses de citoyens qu’ils étaient étroitement espionnés dans leurs activités quotidiennes. Ensuite, les révélations “Wikileaks” de Julian Assange révélaient naguère ce que l’hegemon pense réellement de ses vassaux et du reste du monde. L’affaire Snowden est donc le troisième avertissement lancé à l’Europe: la NSA, principal service secret américain, déploie un système d’espionnage baptisé “Prism” avec la complicité très active du GCHQ britannique. Les révélations de Snowden ne sont ni plus ni moins “révélatrices” que celles que nous dévoilait naguère l’existence du réseau ECHELON: simplement les techniques avaient considérablement évolué et l’internet s’était généralisé depuis 1997 jusqu’à équiper le commun des mortels, des milliards de quidams apparemment sans importance. Les écoutes sont perpétrées avec davantage de sophistication: Angela Merkel l’a appris à ses dépens.

 

Le réseau ECHELON

 

Revenons à l’année 1997, quand le parlement européen apprend l’existence du réseau ECHELON et manifeste son inquiétude. Il mande le STOA (Bureau d’Evaluation des options techniques et scientifiques) pour que celui-ci établisse un rapport sur l’ampleur de cet espionnage anglo-saxon et sur les effets pratiques de cette surveillance ubiquitaire. Les instances européennes veulent tout connaître de ses effets sur les droits civiques et sur l’industrie européenne. Plus tard, l’IC 2000 (“Interception Capabilities 2000”) dresse le bilan de l’espionnage commis par les satellites commerciaux qui interceptent les communications privées et commerciales. En effet, l’essentiel de cet espionnage s’effectue à des fins commerciales et non politiques et militaires au sens strict de ces termes. Les satellites ne sont pas les seuls en cause, le rapport vise aussi les câbles sous-marins, notamment en Méditerranée. Le résultat de l’enquête montre que les firmes françaises Alcatel et Thomson CSF ont été surveillées étroitement afin de leur rafler certains marchés extra-européens.

 

L’hegemon indépassable doit le rester

 

Le premier rapport du STOA évoque la possibilité d’intercepter les courriels, les conversations téléphoniques, les fax (télécopies par procédé xérographique). Il constate que les cibles sont certes les messages militaires et les communications diplomatiques (ruinant du même coup toute indépendance et toute autonomie politiques chez les nations européennes, grandes comme petites). L’espionnage systématique pratiqué par les Etats-Unis et les autres puissances anglo-saxonnes (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande et Grande-Bretagne) est un avatar direct de la fameuse doctrine Clinton pour laquelle les opinions publiques et les espaces médiatiques des alliés et vassaux ne sont pas mieux considérés que ceux de leurs homologues relevant de l’ennemi ou d’anciens ennemis: tous sont à égalité des “alien audiences” qu’il s’agit de maintenir dans un état d’infériorité économico-technologique. L’hegemon américain —s’insiprant, à l’époque où est énoncée la doctrine Clinton, de la pensée du Nippo-Américain Francis Fukuyama— se donne pour objectif d’organiser le “monde de la fin de l’histoire”. Pour y parvenir et pérenniser la domination américaine, il ne faut plus laisser émerger aucune suprise, aucune nouveauté. Washington se pose donc comme l’hegemon indépassable: il l’est, il doit le rester.

 

Le gouvernement profond de la planète

 

Menwith-hill-radome.jpgLes rapports successifs du STOA et d’IC 2000 révèlent donc au monde l’accord secret UKUSA (United Kingdom + United States of America). Celui-ci date cependant de 1947, tout en étant la prolongation de la fameuse Charte de l’Atlantique signée par Churchill et Roosevelt en 1941. Chronologiquement, l’accord secret UKUSA précède donc la guerre froide et se forge avant le fameux coup de Prague qui fait basculer, en 1948, la Tchécoslovaquie dans le camp communiste; celui-ci acquiert ainsi l’espace hautement stratégique qu’est le “quadrilatère bohémien” qui avait procuré tant d’atouts à Hitler suite aux accords de Munich de 1938. Il précède aussi l’existence de l’Etat d’Israël (né également en 1948). Aux deux puissances fondatrices, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, se joignent la Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande puis, progressivement, en tant que “cercle extérieur”, la Norvège, le Danemark, l’Allemagne (en tant que pays occupé et non entièrement souverain) et la Turquie. Le GCHQ britannique surveille l’Afrique et l’Europe (jusqu’à l’Oural), le Canada surveille, quant à lui, la zone arctique. Le personnel qui travaille au service de ce système d’espionnage est soumis à une discipline de fer et doit garder pendant toute sa vie les secrets qu’il a appris pendant ses années de service. Ces membres du personnel sont endoctrinés et ré-endoctrinés (si la perspective change, si, à l’instar du scénario imaginé par Orwell dans son 1984, l’ennemi n’est plus, tout d’un coup, l’Eurasia mais devient, en un tourne-main, l’Eastasia...). En 1995, aucun gouvernement n’a reconnu publiquement l’existence du réseau UKUSA. Rien n’a transparu. Nous pouvons donc parler du “gouvernement profond” de la planète,  qui n’a jamais fondamentalement connu d’échecs, juste quelques petits ressacs, bien vite rattrapés....

 

Jusqu’en 1989-1991, la politique officielle était d’endiguer l’Union Soviétique, le bloc communiste. Après l’effondrement définitif de ce bloc soviétique et la dissolution de ses franges stratégiques, le réseau justifie son existence en prétextant la lutte contre le terrorisme ou le narco-trafic. Cette nouvelle “mission” est donc officiellement dirigée contre, il faut le rappeler, des golems fabriqués par la CIA elle-même dans le but de mener un “low intensity warfare” (une belligérance de basse intensité), à l’instar des talibans afghans ou des islamistes tchétchènes, ou générés pour financer des guerres en contournant les contrôles parlementaires, comme l’a été le trafic de drogues au départ du “triangle d’or” en Asie du Sud-Est. L’existence réelle, bien médiatisée, de ces deux fléaux que sont le terrorisme et le narco-trafic, postule que l’hegemon et ses alliés proches doivent sans cesse “élargir la surveillance”, une surveillance élargie qui ne visera évidemment plus les seuls narco-trafic et terrorisme, pour autant que leur surveillance ait même été imaginée autrement que pour faire pure diversion. En 1992, quand l’URSS a cessé d’exister et que la Russie résiduaire entre dans une phase de déliquescence sous Eltsine, le directeur de la NSA, William Studeman prononce son discours d’adieu. On peut y lire les phrases suivantes: 1) “Les demandes pour un accès global accru se multiplient”; et 2) “La partie commerciale de cet accès global est une des deux jambes sur laquelle la NSA devra s’appuyer”. L’espionnage, d’ECHELON à Prism, n’est donc plus seulement militaire mais aussi civil. Ce sont d’ailleurs des civils qui dirigent les bases de Mennwith Hill (Grande-Bretagne), de Bad Aibling (Allemagne) et de Yakima (Etat de Washington, Etats-Unis).

 

Le phénomène n’est toutefois pas nouveau. Déjà, il y a 80 ou 90 ans, l’ILC (“International Leased Carrier”) collectait toutes les informations arrivant des Etats-Unis en Grande-Bretagne et partant de Grande-Bretagne vers les Etats-Unis. En 1960, les puissances anglo-saxonnes ne peuvent pas (encore) contrôler les câbles terrestres mais bien les ondes radiophoniques de haute fréquence par lesquelles passent les messages militaires et les communications diplomatiques. Elles contrôlent aussi les câbles subaquatiques assurant les communications téléphoniques entre les continents. En 1967, les Etats-Unis lancent les premiers satellites de communication. En 1971, c’est au tour du programme Intelsat d’être lancé, procédé permettant la transmission des communications téléphoniques, du télex, de la télégraphie, de la télévision, des données informatiques et des télécopies. En l’an 2000, dix-neuf satellites du programme Intelsat sont à l’oeuvre dans l’espace circumterrestre: ils relèvent de la cinquième à la huitième générations de satellites.

 

De 1945 à nos jours, le programme codé “Shamrock” assure le travail en tandem de la NSA et des principales entreprises de télécommunications (RCA, ITT; Western Union). Le 8 août 1975, le Lieutenant-Général Lew Allen, directeur de la NSA, reconnait que son service intercepte systématiquement les communications internationales, les appels téléphoniques et tous les messages câblés. Cet aveu est retranscrit intégralement dans le rapport de Duncan Campbell qui, en plus, nous explicite tous les aspects techniques de ce gigantesque pompage de données.

 

GCHQ.jpg

 

Ordinateur dictionnaire

 

Nous sommes à l’heure de la captation des données circulant sur l’internet. On a cru, dans l’euphorie qui annonçait le lancement de cette technique “conviviale” (“user’s friendly”), qu’on allait échapper au contrôle total, qu’on allait communiquer à l’abri des regards indiscrets. Mais tous les instruments de pompage étaient déjà présents, dès leur commercialisation à grande échelle. L’“ordinateur dictionnaire” du GCQH britannique trie systématiquement les données avec la complicité d’ingénieurs de la British Telecom. Cet instrument a été sans cesse affiné et constitue désormais la plus grande banque de données du monde. Si l’objectif de ce contrôle avait une destination purement militaire ou s’il servait réellement à combattre le terrorisme ou le narco-trafic, personne ne pourrait avancer des arguments moraux sérieux pour critiquer l’ampleur de cette surveillance. Mais, on le sait, les drogues ou les terroristes ne sont que des prétextes. Le but réel, comme l’atteste le rapport de Duncan Campbell, est l’espionnage commercial qui, lui, a un impact direct sur notre vie réelle, notre vie quotidienne. Ce but véritable ne date pas de la découverte d’ECHELON ou de la doctrine Clinton, c’est-à-dire des années 90 du 20ème siècle. L’espionnage est commercial dès les années 60, et date même d’avant si l’on veut bien admettre que le but réel de la guerre menée par les Etats-Unis contre l’Allemagne n’était nullement la lutte contre l’idéologie nationale-socialiste ou contre le totalitarisme hitlérien ou était dictée par la nécessité de sauver et de libérer des personnes exclues ou persécutées par les politiques nazies, mais bien plus prosaïquement la conquête des brevets scientifiques allemands raflés au titre de butin de guerre (course aux brevets à laquelle Français et Soviétiques ont également participé). Gérard Burke, ponte de la NSA, déclare en 1970: “Dorénavant l’espionnage commercial devra être considéré comme une fonction de la sécurité nationale, jouissant d’une priorité équivalente à l’espionnage diplomatique, militaire et technologique”. Ce nouvel aveu d’un haut fonctionnaire de la NSA montre que les actions de son service secret n’ont plus seulement un impact sur la sphère étatique, sur les fonctions régaliennes d’un Etat allié ou ennemi, mais sur toutes les sociétés civiles, entraînant à moyen ou long terme la dislocation des polities, des espaces politiques et civils, autres que ceux de l’hegemon, quels qu’ils soient.

 

Nouvelle cible: les affaires économiques

 

Dans cette optique, celle d’une “commercialisation” des intentions hostiles concoctées par les Etats-Unis à l’endroit des autres puissances de la planète, il faut retenir une date-clef, celle du 5 mai 1977. Ce jour-là, la NSA, la CIA et le Département du Commerce fusionnent leurs efforts au sein d’un organisme nouveau, l’OIL ou “Office of Intelligence Liaison” (= “Bureau de liaison des renseignements”), dont la base principale est logée dans les bâtiments du “Département du Commerce” américain. Le but est d’informer et de soutenir les intérêts commerciaux et économiques des Etats-Unis. En avril 1992, le but à annoncer aux employés de la NSA ou de l’OIL n’est évidemment plus de lutter contre le bloc soviétique, alors en pleine déliquescence “eltsiniste”. L’Amiral William O. Studeman, de la NSA, désigne les nouvelles cibles: ce sont tout bonnement les “affaires économiques des alliés des Etats-Unis”, plus précisément leurs groupes industriels. La notion d’“allié” n’existe désormais plus: les Etats-Unis sont en guerre avec le monde entier, et il faut désormais être d’une naïveté époustouflante pour croire à l’“alliance” et à la “protection” des Etats-Unis et à l’utilité de l’OTAN. Aux “affaires économiques des alliés”, visées par l’espionnage des services américains, s’ajoutent des cibles nouvelles: les “BEM” ou “Big Emerging Markets”, les “gros marchés émergents”, tels la Chine, le Brésil ou l’Indonésie. Le but est d’obtenir des “renseignements compétitifs”, comme les définit la nouvelle terminologie, soit les offres formulées par les grandes entreprises de pointe européennes ou autres, les ébauches d’innovations technologiques intéressantes.

 

Balladur à Riyad

 

En 1993, Clinton opte “pour un soutien agressif aux acheteurs américains dans les compétitions mondiales, là où leur victoire est dans l’intérêt national”. Ce “soutien agressif” passe par un “aplanissement du terrain”, consistant à collecter des informations commerciales, industrielles et technologiques qui, pompées, pourraient servir à des entreprises américaines homologues. Quels sont dès lors les effets premiers de cette doctrine Clinton énoncée en 1993? Ils ne se font pas attendre: en janvier 1994, le ministre français Balladur se rend à Riyad, en Arabie Saoudite, pour signer un contrat général englobant la vente d’armes françaises et d’Airbus à la pétromonarchie, pour un montant de 6 milliards de dollars. Il revient les mains vides: un satellite américain a préalablement tout pompé en rapport avec les tractations. Et la presse américaine, pour enjoliver cette vilénie, argue de pots-de-vin payés à des Saoudiens et accuse la France et l’Europe de “concurrence déloyale”. Boeing rafle le marché. Et a forcément donné des pots-de-vin aux mêmes Saoudiens... mais personne en Europe n’a pu pomper les communications entre la firme aéronautique américaine et les bénéficiaires arabes de ces largesses indues. Ce contexte franco-saoudien illustre bien la situation nouvelle issue de l’application de la doctrine Clinton: les Etats-Unis ne veulent pas d’une industrie aéronautique européenne. Déjà en 1945, l’Allemagne avait dû renoncer à produire des avions; elle ne doit pas revenir subrepticement sur le marché aéronautique mondial par le biais d’une coopération aéronautique intereuropéenne, où elle est partie prenante. En 1975, lors du marché du siècle pour équiper de nouveaux chasseurs les petites puissances du Bénélux et de la Scandinavie, les Américains emportent le morceau en imposant leurs F-16, réduisant à néant tous les espoirs de Dassault et de Saab de franchir, grâce au pactole récolté, le cap des nouveaux défis en avionique.

 

En 1994 toujours, le Brésil s’adresse à Thomson CSF pour mettre au point le “Programme Sivam”, qui devra surveiller la forêt amazonienne. L’enjeu est de 1,4 milliards de dollars. Le même scénario est mis en oeuvre: les Français sont accusés de payer des pots-de-vin donc de commettre une concurrence déloyale. La firme américaine Raytheon rafle le contrat; elle fournit par ailleurs la NSA. Dans son rapport sur ECHELON, sur la surveillance électronique planétaire, Duncan Campbell dresse la liste, pp. 98-99, des entreprises européennes flouées et vaincues entre 1994 et 1997, pour un total de 18 milliards de dollars. Une analyse de la situation, sur base des principes énoncés par Carl Schmitt sous la République de Weimar, tracerait le parallèle entre cette pratique de pompage et la piraterie anglaise dans la Manche au 14ème siècle où un “maître des nefs”, le Comtois Jean de Vienne, a tenté d’y mettre fin (cf. “Les Maîtres des Nefs” de Catherine Hentic). Au 16ème siècle, la Reine d’Angleterre Elisabeth I annoblit les pirates de la Manche et de la Mer du Nord pour vaincre la Grande Armada: l’historiographie espagnole les a nommés “los perros de la Reina” (= “les chiens de la Reine”). Aujourd’hui, on pourrait tout aussi bien parler de “los hackers de la Reina”. Le principe est le même: rafler sans créer ou créer uniquement en tirant bénéfice de ce que l’on a raflé. Depuis la rédaction du rapport de Campbell, rien ne s’est passé, l’Europe n’a eu aucun réaction vigoureuse et salutaire; elle est entrée dans un lent déclin économique, celui qui accentue encore les misères des “Trente Piteuses”, advenues à la fin des “Trente Glorieuses”.

 

Julian Assange et Wikileaks

 

assange-on-time-co.jpgIl y a ensuite l’affaire dite “Wikileaks”, médiatisée surtout à partir d’octobre 2010 quand d’importants organes de presse comme Le Monde, Der Spiegel, The Guardian, le New York Times et El Pais publient des extrtaits des télégrammes, dépêches et rapports d’ambassades américaines pompés par le lanceur d’alerte Julian Assange. Celui-ci divulguait des documents confidentiels depuis 2006. Il disposerait de 250.000 télégrammes diplomatiques américains rédigés entre mars 2004 et mars 2010. Obama a tenté d’allumer des contre-feux pour éviter le scandale, en vain (du moins provisoirement, les Européens ont la mémoire si courte...). Les révélations dues au hacker Assange portent essentiellement sur le travail des ambassades américaines et dévoilent la vision sans fard que jettent les Etats-Unis sur leurs propres “alliés”. Bornons-nous à glaner quelques perles qui concernent la France. Sarkozy est “très bien” parce qu’il “possède une expérience relativement limitée des affaires étrangères”, parce qu’il “est instinctivement pro-américain et pro-israélien”; par ailleurs, il aurait “une position ferme à l’égard de l’Iran” et “accepterait le principe d’un front uni contre la Russie”; “son réseau de relations personnelles” serait “moindre avec les leaders africains que celui de Chirac”; “il ménagera moins la Russie et la Chine au nom de la Realpolitik que Chirac”. Ces deux dernières caractéristiques prêtées à l’ex-président français indiquent clairement un espoir américain de voir disparaître définitivement la politique gaullienne. C’est au fond l’objectif des Américains depuis Roosevelt, en dépit de l’alliance officielle entre gaullistes et Anglo-Saxons... Continuons à éplucher les rapports qui ont Sarkozy pour objet: celui-ci sera un bon président de France car “il acceptera des mesures sortant du cadre des Nations Unies”. Cette remarque montre que les Etats-Unis abandonnent le projet mondialiste et “nations-uniste” de Roosevelt car il ne va plus nécessairement dans le sens voulu par Washington. Il s’agit aussi d’un rejet des critères usuels de la diplomatie et la fin non seulement des stratégies gaulliennes, mais de tout espoir de voir se forger et se consolider un “Axe Paris-Berlin-Moscou”. Sarkozy devra toutefois “accepter la Turquie dans l’Union Européenne”. Son absence de “réalpolitisme” à l’endroit de la Russie et de la Chine permettra à terme “un front uni occidental au conseil de sécurité de l’ONU” (sinon il n’y aurait pas de majorité). Sarkozy “rompt avec les politiques traditionnelles de la France” et “sera un multiplicateur de force pour les intérêts américains en politique étrangère”.

 

DSK, Ségolène Royal et le pôle aéronautique franco-brésilien

 

Dominique Strauss-Kahn est largement évoqué dans les documents de “Wikileaks”. Des oreilles attentives, au service de l’ambassade des Etats-Unis, ont consigné ses paroles dans un rapport: pour le futur scandaleux priapique de Manhattan, “Segolène Royal”, au moment des présidentielles françaises de 2007, “ne survivra pas face à Sarkozy”. Mieux, en dépit de l’appartenance de DSK au parti socialiste français, celui-ci déclare à ses interlocuteurs au service des Américains: “La popularité de Segolène Royal est une ‘hallucination collective’”. Coup de canif dans le dos de sa camarade... Cynisme effrayant face aux croyances du bon peuple socialiste de toutes les Gaules... Quant à Hollande, “il est”, selon DSK, “bon tacticien mais médiocre stratège”. Bis. Cependant le dossier “Wikileaks” à propos de Sarkozy contient quelques notes discordantes: il y a d’abord les transactions aéronautiques avec le Brésil, où “Paris tente de vendre le Rafale”, concurrent du F/A-18 américain et du Gripen suédois. Ces rapports discordants reprochent à Sarkozy de faire de la “France le partenaire idéal pour les Etats qui ne veulent pas dépendre de la technologie américaine”. C’est évidemment qualifiable, à terme, de “crime contre l’humanité”... Le but de la politique américaine est ici, à l’évidence, d’éviter toute émergence d’un vaste complexe militaro-industriel dans l’hémisphère sud, grâce à une collaboration euro-brésilienne. Le pôle franco-brésilien, envisagé à Paris sous le quinquennat de Sarkozy, doit donc être torpillé dans les plus brefs délais. Ce torpillage est une application de la vieille “Doctrine de Monroe”: aucune présence ni politique ni économique ni technologique de l’Europe dans l’hémisphère occidental n’est tolérable. Nouer des relations commerciales normales avec un pays latino-américain est considéré à Washington comme une “agression”. La politique aéronautique et militaro-industrielle franco-brésilienne, poursuivie selon les règles gaulliennes en dépit du réalignement de la France sur l’OTAN, est-elle l’une des raisons de l’abandon puis de la chute de Sarkozy, coupable d’avoir gardé quand même quelques miettes de l’“alter-diplomatie” gaullienne? Les historiens de notre époque y répondront dans une ou deux décennies.

 

Wikileaks et les banlieues de l’Hexagone

 

Les dossiers de Wikileaks révèlent aussi le spectre d’une instrumentalisation potentielle des banlieues françaises par les stratégistes américains: si la France branle dans le manche, renoue avec ses traditions diplomatiques et géopolitiques gaulliennes, persiste à commercer avec les Brésiliens ou d’autres Ibéro-Américains, les “services” de l’Oncle Sam mettront le feu aux banlieues de Lille à Marseille en passant par Paris et Lyon. Le scénario imaginé par Guillaume Faye d’un embrasement général des quartiers immigrés, où la République s’avèrerait incapable de juguler les débordements par manque de moyens et d’effectifs, est bel et bien retenu dans les officines stratégiques des Etats-Unis. Les textes de Wikileaks, révélés par un numéro spécial du Monde (et non pas par une officine nationaliste ou identitaire) dévoilent les liens systématiques qu’entretient l’ambassade des Etats-Unis avec les populations arabo-musulmanes en France. On constate, à la lecture de ces documents, que les Etats-Unis, en s’appuyant sur les réseaux associatifs de ces communautés allochtones, visent “à créer les conditions d’une ‘démocratie participative’, prélude à une intégration totale”. Les Etats-Unis doivent y travailler, favoriser et accélérer le processus “parce que l’établissement français se montre réticent face aux problèmes des immigrés”. On y lit aussi cette phrase: “Nous poussons la France à une meilleure mise en oeuvre des valeurs démocratiques qu’elle dit épouser”. L’ambassade des Etats-Unis regrette aussi qu’en France, il subsiste “trop d’inégalités” (ah bon...? Au pays de l’égalitarisme maniaque et forcené...?). Un rédacteur anonyme estime quant à lui que “la laïcité est une vache sacré” (ce qui est exact mais sa définition de la “laïcité” ne doit pas être exactement la nôtre, qui est inspirée d’Erasme et des “letrados” espagnols du début du 16ème siècle, et non pas des pèlerins du Mayflower ou des sans-culottes). Dans une autre dépêche, le rédacteur anonyme promet “un soutien aux activistes médiatiques et politiques”, afin de “faciliter les échanges interreligieux” (voilà pourquoi la “laïcité” est une “vache sacrée”...) et de “soutenir les leaders communautaires modérés” (tiens, tiens...). L’intermédiaire de cette politique a sans nul doute été le “très démocratique” émirat du Qatar... On le voit: tout retard dans la politique d’une “intégration totale” pourrait donner lieu au déclenchement d’une mini-apocalypse dans les banlieues avec pillages de belles boutiques dans les centres urbains plus bourgeois. Or tout observateur un tant soit peu avisé des méthodes de propagande, d’agitprop, de “révolutions colorées” ou de guerres indirectes sait qu’il y a toujours moyen de “faire imaginer”, par des dizaines de milliers d’échaudés sans jugeote, un “retard” d’intégration, médiatiquement posé comme scandaleux, anti-démocratique, xénophobe ou “raciste” pour mettre le feu aux poudres. Le panmixisme idéologique des bêtas “républicains”, laïcards ou maritainistes, pétris de bonnes intentions, s’avère une arme, non pas au service d’une intégration qui renforcerait la nation selon la définition volontariste qu’en donnait Renan, mais au service d’une puissance étrangère, bien décidée à réduire cette nation à l’insignifiance sur l’échiquier international et dans le domaine des industries et des technologies de pointe.

 

L’affaire Snowden

 

Passons à l’affaire Snowden, qui éclate en juin 2013, quand le “lanceur d’alerte” publie ses premières révélations. Qui est cet homme? L’un des 29.000 employés civils de la NSA (qui compte également 11.000 collaborateurs militaires). Sa biographie était jusqu’alors inodore et incolore. On savait qu’il avait été un adolescent plutôt renfermé et un élève assez médiocre. Il avait cependant développé, pendant ses heures de loisir, des talents pour le piratage informatique qu’il qualifiait de “sanction contre l’incompétence des fabricants”. Sur le plan politique, Snowden s’est toujours montré un défenseur sourcilleux des libertés démocratiques et s’est opposé au “Patriotic Act” de Bush qui jugulait certaines d’entre elles. Sa manière à lui d’être rebelle, dans ses jeunes années, était de se déclarer “bouddhiste” et fasciné par le Japon. Il avait voulu s’engager à l’armée qui l’a refusé. En 2006, il s’est mis à travailler pour la CIA à Genève. Pourquoi cette ville suisse? Parce qu’elle abrite d’importants centres de décision pour le commerce international, qu’elle est un centre de télécommunication, qu’on y fixe les normes industrielles et qu’elle est une plaque tournante pour toutes les décisions qui concernent l’énergie nucléaire. Il constate, en tant qu’adepte naïf des libertés démocratiques et qu’admirateur des qualités éthiques du bouddhisme, que, pour les services américains, tous les moyens sont bons: comme, par exemple, saoûler un banquier suisse pour qu’il soit arrêté au volant en état de franche ébriété et qu’on puisse le faire chanter. En 2009, Snowden tente pour la première fois d’accéder à des documents auxquels il n’avait normalement pas accès. En 2008, il soutient la candidature d’Obama car celui-ci promet de mettre un terme à la surveillance généralisée découlant du “Patriotic Act”. Mais, par ailleurs, il n’aime pas la volonté des démocrates de supprimer le droit de posséder et de porter des armes ni leur projet de mettre sur pied un système public de retraite. Comme beaucoup d’Américains, son coeur penche vers certaines positions démocrates comme, simultanément, vers certaines options républicaines. Finalement, pour trancher, il devient un partisan de Ron Paul, défenseur, à ses yeux, des libertés constitutionnelles.

 

 

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Entre 2008 et 2012, il sera progressivement très déçu d’Obama qui, en fin de compte, poursuit la politique anti-démocratique de ses prédécesseurs républicains. En 2009, Snowden part travailler pour Dell à Tokyo. Il vient d’être formé aux techniques offensives de la cyberguerre. Il a appris à pénétrer un système sans laisser de traces. Il est devenu un “cyberstratégiste” au service des “services”. En langage actuel, cela s’appelle un “hacker”, soit un pirate moderne au service d’une civilisation particulière qui doit son envol à l’annoblissement des pirates de la Manche et de la Mer du Nord par la Reine d’Angleterre Elisabeth I. Snowden travaillait chez Booz Allen Hamilton à Hawaï quand il a déserté et commencé son odyssée de “lanceur d’alerte”, de “whistleblower”, série de tribulations qui le conduiront à son actuel exil moscovite. Pour donner un impact international à son travail de dénonciation des méthodes de la NSA, il choisit de rechercher l’appui de Glenn Greenwald et de la journaliste Laura Poitras, animatrice principale de la “Freedom of the Press Foundation”, qui s’était donnée pour spécialité de dénoncer le faux humanitarisme de la propagande américaine, notamment en révélant les atrocités de la prison irakienne d’Abou Ghraïb et l’inconduite des soldats américains, membres des troupes d’occupation en Mésopotamie. Snowden, Poitras et Greenwald vont mettre au point la divulgation des documents, en sécurisant leurs communications grâce à des normes de sécurité et de cryptage que le journaliste français Antoine Lefébure décrit en détail dans le livre fouillé qu’il consacre à l’affaire (cf. bibliographie).

 

L’UE fait montre de servilité

 

Rétrospectivement, on peut dire que, malgré l’impact que cet espionnage généralisé a de facto sur l’Europe asservie, aucune réaction n’a eu lieu; de même, aucun rejet de la tutelle américaine ni aucune modification du comportement servile d’une eurocratie qui n’est qu’atlantiste alors que, pour survivre, même à court terme, elle ne devrait plus l’être. Déjà, après le rapport pourtant révélateur de Duncan Campbell en 1997-98, l’eurocatie, maîtresse de l’Europe asservie, n’avait pas réagi. Elle s’était empressée d’oublier qu’elle était totalement sous surveillance pour vaquer à son train-train impolitique, pour se complaire dans l’insouciance de la cigale de la fable. Avec l’affaire Snowden, on a eu l’été dernier, peut-être jusqu’en octobre 2013, quelques réactions timides, notamment quand les Allemands ont appris que le portable personnel de la Chancelière Merkel était systématiquement pompé. Mais il ne faudra pas s’attendre à plus. L’affaire ECHELON, les révélations de Wikileaks par Julian Assange et l’affaire Snowden sont les preuves d’une soumission totale, d’une paralysie totale, d’une incapacité à réagir: les ambassades européennes aux Etats-Unis et dans les autres pays anglo-saxons qui participent au réseau ECHELON, les instances de Bruxelles et de Strasbourg sont sous étroite surveillance. Aucun secret diplomatique, aucune liberté d’action ne sont possibles. L’Europe ne répond pas, comme elle le devrait, par une sortie fracassante hors de l’américanosphère, au contraire, elle fait montre de servilité, au nom d’une alliance devenue sans objet et des vieilles lunes de la seconde guerre mondiale, ce qui n’empêche nullement les Etats-Unis de considérer, en pratique, que l’Europe (et surtout l’Allemagne qui en est la seule incarnation sérieuse, tout simplement parce que son territoire constitue le centre névralgique du sous-continent), est considérée comme un ensemble de pays “suspects”, de nations ennemies qu’il convient de surveiller pour qu’elles n’aient plus aucune initiative autonome. La seconde guerre mondiale est terminée mais le centre du continent européen, l’Allemagne, demeure un allié de “troisième zone”, un Etat toujours considéré comme “ennemi des Nations Unies”, comme le constate avec grande amertume Willy Wimmer, haut fonctionnaire fédéral affilié à la CDU d’Angela Merkel, dans un article publié sur le site suisse, www.horizons-et-debats.ch .

 

Le vague projet de Viviane Reding

 

redi07_D.jpgViviane Reding, commissaire européenne à la justice, annonce la mise en place d’une “législation solide” pour protéger les données individuelles et les communications entre entreprises de pointe, selon le modèle officiel américain (qui est une illusion, tous les citoyens américains étant étroitement surveillés, non pas directement par des instances étatiques mais par des entreprises privées qui refilent leurs données à la NSA contre monnaie sonnante et trébuchante et passe-droits divers). Le projet de Reding s’avèrera pure gesticulation car, il faut bien le constater, il n’y a aucune cohésion entre les Européens: la Grande-Bretagne, est juge et partie, et n’a pas intérêt à interrompre sa “special relationship” avec Washinton, pour les beaux yeux des Français ou des Allemands, des Espagnols ou des Italiens, tous ex-ennemis à titres divers. La “Nouvelle Europe” (Pologne et Pays Baltes), chantée par les néo-conservateurs de l’entourage des présidents Bush, père et fils, cherche surtout à s’allier aux Américains au nom d’une russophobie anachronique. La Grande-Bretagne avance comme argument majeur pour saboter toute cohésion continentale que “cette affaire ne peut être traitée au niveau européen”. Cette position britannique, exprimée de manière tranchée, a immédiatement provoqué la débandade et aussi, notamment, la reculade de François Hollande. Il n’y aura pas de demande d’explication commune! L’Europe est donc bel et bien incapable de défendre ses citoyens et surtout ses entreprises de pointe. On le savait depuis l’affaire ECHELON et le rapport de Duncan Campbell. Les révélations de Wikileaks et de Snowden n’y changeront rien. L’inféodation à Washington est un dogme intangible pour les eurocrates, l’Europe et la construction européenne (au meilleur sens du terme) dussent-elles en pâtir, en être ruinées.

 

Ingratitude à l’égard de Snowden

 

Antoine Lefébure nous rappelle, dans son enquête, que, dès 2005, le Président Bush junior nomme Clayland Boyden Gray ambassadeur des Etats-Unis auprès des instances européennes. Cet homme, avait constaté une enquête minutieuse du Spiegel de Hambourg, est un lobbyiste du secteur pétrolier et de l’industrie automobile américaine. Il est clair que sa nomination à ce poste-clef vise non pas l’établissement de relations diplomatiques normales mais bien plutôt la systématisation de l’espionnage américain en Europe et le sabotage de toutes les mesures visant à réduire la pollution et donc la consommation de pétrole en tant que carburant pour les automobiles. Plus tard, la France, qui, cette fois, avait protesté moins vigoureusement que l’Allemagne, constate que ses institutions sont également truffées d’instruments d’espionnage, que leurs disques durs sont régulièrement copiés par une structure annexe, le SCS (“Special Connection Service”), fusion de certains services de la CIA et d’autres de la NSA. Les Etats-Unis se méfient en effet de toutes velléités de politique étrangère autonome que pourrait mener Paris et s’intéressent de très près aux marchés militaires, au nucléaire et au commerce international, tous domaines où la politique gaullienne avait toujours cherché, depuis les années soixante, une voie originale, non inféodée aux directives atlantistes. L’Europe fait donc montre d’ingratitude à l’endroit de Snowden en ne lui accordant pas l’asile politique, en le considérant comme persona non grata. On a alors eu le scandale de juillet 2013: sous pression américaine, l’Espagne, le Portugal et la France interdisent le survol de leur territoire à l’avion du Président bolivien parce que ces trois Etats, inféodés à l’atlantisme, croient que Snowden se cache dans l’appareil pour aller demander ensuite l’asile politique au pays enclavé du centre du continent sud-américain. L’Autriche, neutre, non membre de l’OTAN, ne cède pas à la pression, mais l’avion ne peut dépasser Vienne. La réaction des pays ibéro-américains a été plus musclée que celle des pigeons européens: la Bolivie, l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Vénézuela rappellent leurs ambassadeurs à Paris pour consultation. La servilité de l’Europe, et celle de François Hollande, suscitent le mépris des pays émergents d’un continent avec lequel l’Europe pourrait entretenir les meilleures relations, au bénéfice de tous.

 

Une surveillance serrée des ingénieurs allemands

 

L’Allemagne est un pays qui, à cause de son passé et de l’issue de la seconde guerre mondiale, se trouve en état d’inféodation totale, depuis la naissance du fameux réseau Gehlen, du nom d’un général national-socialiste ayant eu de hautes responsabilités dans les services de renseignement du Troisième Reich. En 1946, Gehlen est rayé de la liste des criminels de guerre, en échange de ses dossiers qu’exploiteront dorénavant les services secrets américains. Depuis, l’Allemagne ne cesse d’adopter un profil bas, de tolérer une base du réseau ECHELON sur son territoire en Bavière et aussi, nous le verrons, d’autres centres d’écoute sur son territoire, en Rhénanie notamment. Quand éclate l’affaire Snowden, le ministre Pofalla dit “ne pas être au courant”! Il minimise l’affaire. Il faudra attendre fin octobre 2013 pour que Berlin hausse le ton: on a appris, en effet, dans la capitale allemande, que la Chancelière Angela Merkel était étroitement surveillée depuis 2002. En effet, les documents dévoilés par Snowden contiennent une liste de chefs d’Etat pour lesquels il faut dresser en permanence un “profil complet”. Merkel figure sur la liste. Cependant, toute la population allemande, y compris les “non suspects” de subversion anti-américaine, est surveillée selon le “Fisa Amendments Act” de 2008, au même titre que les ressortissants de Chine, du Yémen, du Brésil, du Soudan, du Guatemala, de Bosnie et de Russie. Dans son n°14/2014 le Spiegel divulgue des révélations complémentaires: le GCHQ britannique, chargé de surveiller l’Europe et donc l’Allemagne, espionne surtout les ingénieurs allemands via une station de relais satellitaire au sol, installée à Hürth près de Cologne ou via CETEL, qui surveille tout particulièrement les ingénieurs qui travaillent avec l’Afrique ou le Moyen Orient ou encore via IABG qui se concentre principalement sur les dossiers du Transrapid (l’aérotrain allemand), sur Airbus, sur le programme des fusées Ariane et sur tous les contrats liant des ingénieurs non militaires à la Bundeswehr. Toutes les plaintes sont restées sans suite: le tribunal constitutionnel de Karlsruhe, si prompt à faire alpaguer quelques déments et psychopathes paléo-communistes ou néo-nazilloneurs qui relèvent davantage des facultés de médecine psychiatrique que des tribunaux, hésite à dénoncer les violations de la sphère privée de citoyens honorables, au-dessus de tout soupçon, perpétrées par les Britanniques et les Américains à l’encontre d’honnêtes citoyens allemands pratiquant le noble métier d’ingénieur. Le risque serait trop grand, paraît-il, car cela “compliquerait les relations transatlantiques”. Ben voyons...!

 

Courageuse et lucide Finlande

 

Le seul pays européen à avoir réagi correctement, à ne pas avoir succombé à l’atlantisme généralisé, est la Finlande. Le gouvernement finnois, en effet, a décidé que “toute entreprise qui espionnerait les Finlandais” se verrait infliger des amendes carabinées, jusqu’à 25% du chiffre d’affaires, y compris si l’espionnage est organisé depuis un pays tiers. En outre, les lanceurs d’alerte, ne pourrait en aucun cas être expulsés ou extradés du pays. L’exemple finlandais, c’est un minimum: il devrait être généralisé à l’ensemble de l’UE. Toujours dans le numéro 14 de 2014 du Spiegel, Viviane Reding, répondant aux questions des journalistes de l’hebdomadaire, estime que les entreprises lésées devraient pouvoir bénéficier d’un droit de recours, que le principe de “Safe harbour” devrait être généralisé, que les amendes doivent être prévues (comme la France qui a infligé à Google une amende de 150.000 euro, soit 2% du chiffre d’affaire annuels de la firme). Elle souligne également les contradictions de l’Allemagne: Merkel veut un “plan européen” mais n’est pas suivie par ses fonctionnaires. Il faut également, disent la Chancelière et la Commissaire, élever considérablement le niveau de protection interne, mais, par ailleurs, l’Allemagne vend au secteur privé des données statistiques relatives à ses propres citoyens.

 

Les nouvelles superpuissances

 

Il reste à formuler quelques remarques, tirées d’une lecture du livre de Daniel Ichbiah, intitulé Les nouvelles superpuissances. Celles-ci, pour notre auteur, sont les entreprises telles Facebook, Wikipedia, Google, Twitter, etc. Facebook, par exemple, collecte des données émanant de tout un chacun et les conserve pour toujours, comme si elles devenaient, une fois affichées sur la grande toile, son exclusive propriété. Facebook coopère avec la NSA, si bien, écrit Ichbiah, que l’on peut parler de “réseaux cafteurs”. Mais il y a pire: la mémoire de l’humanité, potentiellement exhaustive depuis l’apparition de Facebook, demeurera-t-elle? Si Facebook, ou d’autres entreprises similaires, peuvent les conserver, elles pourraient tout aussi bien les effacer. Les supports, qu’on nous offre, sont tous périssables, les mémoires informatiques tout à la fois effaçables et réinscriptibles. Idem pour Wikipedia. Les données révélées par Wikipedia ne sont pas toujours exactes parfois mensongères ou carrément fausses, fruits de manipulations évidentes, mais il y a grande difficulté sinon impossibilité de faire aboutir des requêtes individuelles formulées devant tribunaux contre la teneur diffamatoire ou insultante de bon nombre d’informations divulguées sur la grande toile. Ces “nouvelles superpuissances” (selon la définition qu’en donne Ichbiah) sont au-dessus des lois, en Europe, parce qu’elles ne relèvent pas de lois européennes: Google, Facebook, Twitter sont des entreprises basées en Californie ou dans l’Etat de New York qui n’ont pas la même conception de la “privacy” que nous Européens.

 

La solution serait de ne pas utiliser Facebook ou Twitter ou de ne les utiliser qu’avec parcimonie. Quelques exemples de bon sens: supprimer tous les “amis” que l’on ne connaît pas personnellement; ne pas utiliser trop de produits Google; ne pas organiser sa vie autour des services Google; diversifier au maximum. Et surtout ne pas oublier que Google possède plus d’informations sur les citoyens américains que la NSA! Car l’avènement de ces “nouvelles superpuissances” équivaut à la négation totale des droits individuels, au nom, bien entendu, des “droits de l’homme”. On est en plein cauchemar orwellien: la propagande dit que nous bénéficions des “droits de l’homme” mais nos droits individuels (au jardin secret, à l’intimité), par l’effet des articifes mis en place par ces “nouvelles superpuissances”, sont totalement niés au nom d’une “transparence  cool”: nous ne sommes pas obligés, en effet, de dévoiler nos intimités sur la grande toile, mais l’exhibitionnisme humain est tel qu’hommes et femmes racontent tout, spontanément, au grand bonheur des flics et des censeurs. Il n’y a dès lors plus, à notre époque, de distinction entre sphère personnelle et sphère publique. En bref, la contre-utopie imaginée par l’écrivain albanais Ismaïl Kadaré dans son oeuvre Le palais des rêves, annonçant la venue d’un monde finalement problématique et dangereux, où règne la transparence totale, à cause précisément de la promptitude des sujets de l’empire décrit à confier la teneur de leurs rêves aux scribes désignés par le souverain. Nous y sommes.

 

Robert Steuckers.

(Forest-Flotzenberg, Fessevillers, Genève, mars-avril 2014; rédaction finale, septembre 2014).

 

BIBLIOGRAPHIE:

 

-          Duncan CAMPBELL, Surveillance électronique planétaire, Ed. Allia, Paris, 2001.

-          Daniel ICHBIAH, Les nouvelles superpuissances, Ed. First, Paris, 2013.

-          Joseph FOSCHEPOTH, “Die Alliierten Interessen sind längst in deutschem Recht verankert”, in: Hintergrund, Nr.4/2013 (propos recueillis par Sebastian Range).

-          Antoine LEFEBURE, L’affaire Snowden. Comment les Etats-Unis espionnent le monde, La Découverte, Paris, 2014.

-          Hans-Georg MAASSEN, “Von angeleinten Wachhunden”, in: Der Spiegel, Nr. 14/2014.

-          Yann MENS, “Guerres secrètes sur Internet”, in: Alternatives internationales, n°59, juin 2013.

-          Laura POITRAS, Marcel ROSENBACH & Holger STARK, “ ‘A’ wie Angela”, in: Der Spiegel, Nr. 14/2014.

-          Viviane REDING, “Ich werde hart bleiben”, in: Der Spiegel, Nr. 14/2014 (propos recuellis par Christoph Pauly & Christoph Schult).

-          Marcel ROSENBACH & Holger STARK, Der NSA-Komplex – Edward Snowden und der Weg in die totale Überwachung, Deutsche Verlags-Anstalt, München, 2014.

-          Matthias RUDE, “Partnerdienst – US-Geheimdienste in der BRD”, in: Hintergrund, Nr. 4/2014.

-          Peter Dale SCOTT, American War Machine. La machine de guerre américaine – La politique profonde, la CIA, la drogue, l’Afghanistan, Ed. Demi-Lune, Coll. Résistances, Plogastel Saint-Germain, 2012.

-          Andreas von WESTPHALEN, “Rechtlos: Whistleblower in Deutschland”, in: Hintergrund, Nr. 4/2013.

 

Dossiers et articles anonymes:

 

-          Le Monde hors série, Les rapports secrets du département d’Etat américain – Le meilleur de Wikileaks, s.d.

-          “Grenzenloser Informant”, in: Der Spiegel, Nr. 27/2013.

-          “Angriff aus Amerika”, in: Der Spiegel, Nr. 27/2013.

 

Will France and Germany challenge NATO?

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Will France and Germany challenge NATO?

 
In an interview with l’Humanite.fr, former French Foreign Minister Roland Dumas stressed that France had become the vanguard dog of NATO, criticizing the presidencies of Sarkozy and Hollande for selling out on French sovereignty. The statement came in response to NATO’s summit in Newport, Wales, September 4 – 5, 2014 and the decision to expand NATO’s ambitions in Ukraine. Dumas argues, NATO outlived its purpose and has become an instrument of aggression.
 
 
dumas97827491361030-2078693.jpgRoland Dumas, born in 1922, belongs to the last generation of great French Statesman who experienced the French – German war that prompted the creation of NATO. Can France and Germany overcome their grievances and lead a new, continental European diplomacy for peace and prosperity for Europe and beyond? The question is tabled by a German who belongs to the first generation of continental Europeans who have not experienced a major conflict on the continent; not yet. The article suggests problems and possible solutions for  a French – German initiated partnership for peace in Europe, the Middle East, Africa, and beyond. It is a bold proposal that necessarily has to deal with “red herrings” and  touch keystones which would have to be put in place by a new diplomacy of fellow travelers for peace.
 
The Middle East – Ukraine and NATO. Two Key Statements by Dumas.
 
Roland Dumas is not without controversy, which is exactly what one would expect from a senior statesman who has escaped the pressures of running for and holding office; who has more time to reflect and reason. In June 2013, Dumas floated a message in a bottle when he “outed” British interests behind the war in Syria, and now Iraq. Appearing on the French TV channel LPC, Dumas said: 
 
“I am going to tell you something. I was in England two years before the violence in Syria on other business. I met with top British officials, who confessed to me, that they were preparing something in Syria. … This was in Britain not in America. Britain was organizing an invasion of rebels into Syria. They even asked me, although I was no longer Minister of Foreign Affairs, if I would like to participate. Naturally, I refused, I said I am French, that does not interest me. … This operation goes way back. It was prepared, preconceived and planned… in the region it is important to know that this Syrian regime has a very anti-Israeli stance. … Consequently, everything that moves in the region…- and I have this from a former Israeli Prime Minister who told me ?we will try to get on with our neighbors but those who don?t agree with us will be destroyed. It is a type of politics, a view of history, why not after all. But one should  know about it”.
 
Dumas’ decision was bold, even though he stopped short of naming the names of those “British officials”. Dumas wasn’t any longer holding office at that time but he is, understandably, subject to the limitations which are implied in politics and diplomacy. What would be more important, anyway, would be to identify those “stakeholders” behind the approach.
 
On September 5, during NATO’s summit in Newport, Wales, Dumas prompted controversy again, when he described France as having become “the vanguard dog of NATO”.  Speaking with a journalist from the French l’Humanite.fr, Dumas commented on the summit that focused on the current Ukrainian regime’s plans to accede into the Alliance. Dumas shared his concerns about the direction of the current NATO policy and its impact on French diplomacy. Asked whether NATO still has a purpose, he replied:
 
“It may, for those who manage it! Historically, the Atlantic Alliance was a military alliance which had very limited geographical jurisdiction, the North Atlantic, and one goal: to end the war against Germany”. 
 
After a peace with Germany had been reached, Dumas noted, we decided to expand the scope to include the removal of the two covenants: the Atlantic Alliance and the Warsaw Pact. Dumas stressed that NATO instead had expanded and evolved into an instrument for warfare instead, saying:
 
“The Warsaw Pact has been dissolved but NATO, no …it has even expanded and reinforced. Just listen to Mr. Rasmussen, the secretary-general, to realize that NATO has become an instrument for warfare”.
 
The Essence of a European and Global Peace vs. NATO’s obsessive eastward Expansion
 
Dumas commented on NATO’s interventionism and stressed a continental European perspective when he warned against using a politico-military instrument that was created to end a war with Germany and with jurisdiction over the Atlantic, for something as important as the situation in Ukraine. Dumas recalled disarmament negotiations with his former Soviet counterpart who insisted that NATO would not arm any of the countries which had formerly been part of the Warsaw Pact. He stressed that
 
“This was the essence of peace. Everyone was in agreement… Well, the Americans do not heed. They transported weapons to the Baltic countries and Poland. Hence the controversy when Putin came to power”.
 
Dumas quoted Putin as noting that NATO hadn’t kept its word and noted that there really is no point in waving a red flag in front of the nose of the Russians which will scare them or cause them to stall. He stressed that Russia didn’t pose any threat to Europe, and that this was no way to treat a great power, which was, alongside the Americans, one of the victors of WWII. Dumas added that the balance that had been established has been broken but noted that those who opposed this NATO policy had been diminished to dwarfs. It is necessary at this point, to interject that today’s U.S. and NATO policy is dominated by grand policy architects like Obama administration adviser Zbigniev Brzezinski. “Z-Big” as Brzezinski loves to be referred to, is literally, and in the opinion of several professional psychologists “clinically obsessed” with encircling Russia, dividing Russia into six or more, smaller states, to then force Moscow into a U.S/U.K.-dominated hegemony. Reading Z-Big’s latest book “Strategic Vision” will put Dumas’ warning that “this is no way to treat a great power” , his concern about “waving red flags”, and his warning that NATO is not the appropriate instrument for solving as important a problem into an appropriate context.
 
The book is essential literature for anyone who has not fully comprehended this new scope of NATO’s policy and the fact that it aims at establishing a U.S./U.K. hegemony over continental Europe,  Eurasia and the Middle East. This necessarily implies that continental European powers, including France, Germany and Russia have to be subjugated by this U.S./U.K.-dominated hegemony. It also implies that geopolitical instruments will be applied to achieve the objective.
 
Note that “geopolitics” suggests: If you are the second-largest power, for example, play the first and the third-largest powers against each other to be become the “tertius gaudens”. The laughing third, who will laugh with unalloyed joy. For the U.S./U.K or Atlantic Axis, this implies playing China against Russia as much as this implies playing France and Germany against each other in NATO, the EU, and so forth. Transnational, non-state and deep-state-actors are of course both mitigating and adding complexity.
 
In terms of “Realpolitik” note: The U.S./U.K . as well as largely U.K.-aligned E.U.-actors are the primary powers behind the engineering of the crisis in Ukraine. Note that there is a massive amount of evidence that suggests that NATO’s Gladio networks have been let loose on/in Ukraine. Note that a substantially weakened, economically unfeasible, IMF indebted Ukraine is loaded upon the European Union in a Faustian Pact, using NATO as politico-military instrument. Meanwhile, U.K. Prime Minister David Cameron announces preparations for the U.K. to possibly leave the European Union. Cameron prepares the U.K. for its unalloyed joy while it continues to succeed at playing France, Germany and others in continental Europe, including Turkey, against each other.
 
On the point of the French re-entry into NATO as full member, Dumas noted that Chirac already wanted to re-enter NATO but he demanded compensations. “The Americans laughed at him” Dumas added, saying:
 
“Then Sarkozy followed suit, but this time without asking for compensation! As for Hollande, he has not challenged this decision, and to my dismay”.
 
Many key members of the French Socialist Party were dismayed about Hollande and not only about NATO, but also with regard to French Africa policy, for example with regard to the case of Ivory Coast and former Ivorian President Laurent Gbagbo. In part the dismay was shared by key German power-brokers in Germany’s Conservative, Socialist, and Liberal parties alike as well as by German EU politicians. Dumas notes that the French voice, today, has been totally obscured. He added:
 
“We follow American diplomacy while trying to give the illusion that we exist in the international arena. …. France became the vanguard dog of the Alliance at the risk at appearing as a war-faring nation. We have totally turned our backs on the ?traditional`position adopted soon after the war (WWII). Whenever I went to NATO, President Mitterrand told me …??Especially Dumas, remember we are not part of the integrated command. Understand: Do not obey all decisions that will be taken! (Not) Before the voice of France has been heard, and she was often heard”.
 
Asked whether he thought that France still could get out of NATO, Dumas stressed that he though “yes, it can”. However, he added two necessary preconditions which are; a French leader of unquestionable world authority of the caliber like a Charles De Gaulle; Circumstances that would make everyone understand the decision. We will return to these “circumstances”  and the question of “leadership” below.
 
Developing a French – German Perspective a Question of Sovereignty, Survival, Peace and Prosperity. 
 
Considering the current crisis in the Middle East and Ukraine, let us explore the hypothesis that the development of a French – German and a continental European perspective is a prerequisite for maintaining national sovereignty and for preventing a third European war of global reach. This perspective necessarily implies considerations about the Middle East and Africa. Any French or German will realize that both France and Germany will table non-issues, red herrings and issues, which are tied to decades, in fact centuries of distrust and disaster.
 
A brief Assessment of the Middle East: As Dumas stated, top-British officials approached him in 2009, years before the first protests in Libya and Syria, asking him whether he wanted to subvert Syria with “rebels”. We know now that the “project” to subvert a number of nations with the help of the Muslim Brotherhood, Al-Qaeda and similar brigades was launched in 2007. The key factors behind the decision were:
 
The discovery of the largest-known natural gas reserves in the Persian Gulf, shared by Qatar and Iran, in 2007 and new surveys which revealed that the Eastern Mediterranean gas fields contained about 70% more gas than had been previously known. The completion of a pipeline from Iran, via Iraq and Syria alone could have secured Europe’s gas requirements for 100 – 110 years. Between 50% – 70 % of Europe’s gas requirements could be covered by Iranian and Russian gas, if not more. This development would be unacceptable for Israel, considering the arguably increased Iranian influence with regard to the EU’s Middle East policy in general and Palestine in particular. The development would not only render large U.S. and British energy projects like the Nabucco project unprofitable or obsolete, it threatens declared ambitions to establish the U.S./U.K.-hegemony in Europe with all what that implies.
 
The development would also threaten the position of the U.S. dollar, weaken it, and ultimately accelerate its collapse. Needless to say that the U.S. will do anything it needs to prevent the collapse as long as possible. The problem is that it does so by usurping others instead of adjusting a flawd system. The E.U. has, arguably, been co-opted or forced into playing along by e.g. importing oil from “rebel-held territories” in Syria. The primary actors behind the “Balkanization” of Syria, however, are the U.S/U.K. via e.g. the Atlantic Council. The far-reaching implications, and how “Realpolitik” coincides with e.g. Brzezinski’s “Strategic Vision” becomes evident when one reads the words Atlantic Council President Frederick Kempe said prior to the Atlantic Council’s Energy Summit in Turkey, in November 2013:
 
“We view the current period as a turning point, just like 1918 and 1945. Turkey is in every way a central country, as a creator of regional stability. However much the USA and Turkey can work in unison, that is how effective they will be.”
 
One should not forget that reaching the 1918 and 1945 turning points requires the beginning of the wars in 1914 and 1939 first. Understandably, this form of political thinking does not render many possibilities for making the French or the German, the Czech, the Slovakian, and other’s opinions count. Earlier this year a person from the inner circle around the former Lebanese PM Saad Hariri, who was seriously concerned about the threat of a wider war, noted that the final decision to launch the attack on Iraq via ISIL/ISIS/IS fell on the sidelines of the Atlantic Council’s Energy Summit in Istanbul, November 22-23, 2013. The “sovereignty” of the people of France, Germany, and other continental European nations with regard to Iraq has, in other words, been reduced to the possibility to respond to policy that is being implemented by rogue networks who are embedded within both foreign governments, their own governments, the E.U. and NATO. Note that this statement is consistent with the words of Dumas, who noted that the French voice is not heard any more and that it has been reduced to a dwarf.
 
A brief Assessment of the Situation in Africa and French – German Differences in Opinion.
 
Dumas noted that Sarkozy went along with NATO and that Hollande, much to his and many French Socialists dismay, followed suit. French – German differences in opinion with regard to French Africa policy may indeed have been part of Sarkozy’s deliberations. In 2010 France was instrumental in ousting the Ivorian President Laurent Gbagbo. Gbagbo and the Libyan head of State Muammar Qaddafi were actively and successfully lobbying for the creation of a gold-backed, pan-African currency. The Sarkozy administration was also instrumental in the implementation of the “Arab Spring” in Libya in 2011. A compendium of articles which are a good starting point for further studies on French involvement is the book “The Illegal War on Libya”, edited by the former U.S. Congresswoman Cynthia McKinney. One can conclude that Sarkozy went along with Libya because he was a) given U.S./U.K cover for Ivory Coast, b) because France has Mediterranean ambitions which were compatible with ousting Qaddafi. What is interesting with regard to this discussion is the question “why” there are French – German differences in opinion, and why France, almost like a knee-jerk response felt that it “had to” get both Gbagbo and Qaddafi out of the equation.
 
French Africa Policy and French – German Differences in Opinion. Analyzing the situation from Ivory Coast over Libya to Syria and Iraq shows that France, in so many words, went along with a war on Syria and Iraq even though they could be potentially catastrophic for European energy-security. In exchange, France received the support of the U.S./U.K. in Ivory Coast and Libya. So far, the failed project in Syria caused the crisis in Ukraine. The following will demonstrate how a more functional French – African cooperation could have mitigated many of the risks which Europe currently faces. To understand why, it is necessary to understand French Africa policy, and the fact that it would not take much lobbying in Germany and at the European Council for them to go along with a radical and bold course change, – if only France dared.
 
France succeeded at maintaining virtually absolute control over the national economies of its former colonies in Africa when these colonies gained their “independence”. One touchy point in French – German discussions is that Charles De Gaulle, whom Dumas described as man with unquestionable world authority, literally copied the blueprint for usurpation that Germany used to usurp the economies of German occupied France and other German occupied nations during WWII.
 
The former French Africa colonies are Benin, Burkina Faso, Cameroon, Central African Republic, Chad, Equatorial Guinea, Ivory Coast, Gabon, Guinea-Bissau, Mali, Niger, the Republic of Congo, Senegal and Togo. Their money, the CFA Franc, is printed by the French National Bank in Chemalier, France.  The 15 former colonies, plus France formed the Monetary and Economic Union of West Africa (U.M.E.O.A.).
 
The Council of Presidents of the fifteen U.M.O.A. member states constitutes the highest authority of the union. Decisions of the Presidential Council are made unanimously. The Ministerial Council of the U.M.O.A. defines the monetary and credit policy of the union and it is responsible for the economic development of the region. According to the constitutions of all fifteen member states the creation of their currency, the regulation of its value, as well as the regulation of parities and modalities, is the exclusive privilege of the nation and its people and decisions about it are made by the parliament. That much to nominal independence. The placement of French commissars within the heart of the nations and the union’s banking system creates an obvious dichotomy between the nominal sovereignty of the union, its constituents, and the direct control of their national and regional economies by the former colonial power.
 
The region has three central banks. Three of the thirteen of the Directors of the B.E.A.C. are French and four of the eight Directors of the B.C.C. are French. The Board of Directors of the B.C.E.A.O. is constituted by sixteen Directors; two from each country plus two additional Directors from France who take part in the management of the bank under the same conditions and with the same privileges as the other Directors. The number and placement of the commissars gives them a Veto right at the board of each of the Central Banks. No decision can be made without their approval. France can enforce its policy by threatening to deadlock the economies unless decisions are made in compliance with French suggestions. The veto right also extends to the nomination of the Governor of the B.E.A.C.. The Governor is elected with the unanimous vote of the Board of Directors, on suggestion of the government of Gabon, and after the approval of the other member states as well as France. This Central Bank does not only have the privilege to create the currency. It also has the privilege to grant credit for the current accounts of the national treasuries at its discount rate. The Board of Directors is making the decisions about the temporalities and about the total amount that is granted for financing the economies of each of the member states.
 
Sixty-five percent of the U.M.E.O.A. members’ foreign currency reserves as well as all of their gold reserves have to be placed at the French National Bank at zero interest. In return, France guarantees the value of the CFA Franc, which it devalues at leisure. On 3 Mai 2010 the website of Jeune Afrique quotes the former French Minister of Finance and Commerce, now IMF Director Christine Lagarde: “The Bank of the States of Central Africa, for instance, places an almost 90 per cent of their reserves in the French National Bank”.  In an interview for Le Liberation in 1996 the late President of Gabon, Omar Bongo said:
 
“We are in the Franc Zone. Our operations accounts are managed by the French National Bank in Paris. Who profits from the interests that our money generates ? France.”
 
Large parts of the French national economy are literally based on this usurpation. French economists, generally agree that the French national economy would collapse without this “infusion” while many also are aware that the usurpation with the help of oppression is an extreme security gamble. France enforces its position with a destructive policy that has left the region shattered by coup d’etat, instability and war. To mention some; In January 1963 the President of Togo, the late Sylvanus Olympio was murdered three days before the issuing of a new currency. On 19. November 1968 the late President of Mali Modibo Keita was ousted in a coup and arrested. In 1977 Modibo Keita died in prison. Keita was poisoned. On 27. January 1996 the President of Mali was ousted in a military coup d?etat. On 15. March 2003 the late President of the Central African Republic Ange Felix Patasse was ousted by the “rebel leader” Francois Bozize. In 2010 the Ivorian President Laurent Gbagbo was ousted in a coup d’etat. Gbagbo was imprisoned at the ICC. The UN still has all ballot boxes which could prove whether the alleged election fraud had taken place or not, but the UN has so far failed to investigate appropriately. In all cases the monetary union and France have played a role.
 
The result  is that one of the richest and most productive region is hopelessly impoverished, indebted and lagging behind in even basic development indexes. Naturally, the development of a stable middle class which could give the region a lift is impossible. It goes without saying; the development of the region as potential trading partner for a European market, a market that could yield far greater economic and humanitarian potential than the one that one could achieve by oppression and usurpation is made impossible too. Hence France is keeping on “fixing” Africa problems to barely hang on to a Nazi method of usurpation.
 
The French – German differences in opinion about Africa, German Sovereignty, and distrust between France and Germany can be reduced to this.
 
France has a knee jerk reaction every time the European Council or German lobbyists challenge France to redirect its Africa policy. A German analyst and Africa expert once said to the author that France reminds him of a man who stands at an abyss. He is so transfixed by staring into that abyss that he cannot even conceive of the idea that he could turn around to look whether there is terra firma behind him. When German lobbyists approach France, they are often trying to calmly call on France and to reach out with a helping hand so France could take a step back and reassess its situation. One must add to this, that France and Germany share the fate of literally centuries of wars against each other. One should note that Germany was the aggressor in the last two wars. In fairness and to understand the dynamics, one must admit that there often was a tertium gaudens, a laughing third who could laugh with unalloyed joy, who played a role in French – German confrontations.
 
French policy makers will recall French President Mitterrand’s knee jerk situation and united British – French lobbying against the reunification of Germany. The result is that: Germany may be nominally “reunited” but that the 2+4 treaty is no peace treaty; That Germany still is classified as enemy state to the United Nations; That Germany still has no constitution and cannot adopt a constitution before it has a peace treaty; That its basic law has no territory on which it is valid; That Germany according to the analysis of qualified historians like Peter Feist still is subject to a “letter of submission to Washington” signed by former German Chancellor Willy Brand; That Brandt only signed because Washington threatened to sabotage the inner-German dialog; And that Germany, politically, economically, as well as militarily remains under the direct control of the Supreme Headquarters of the Allied Command Europe (SHAPE).
 
German governments and media attempt to suppress these facts for the simple reason that they are aware how “explosive” this information would become if a German government, a major opposition party, or the major German media ever would make “an issue” out of them. The consequences could be disastrous, if the people of Germany ever would realize how badly they have been deceived before there was established a secure way of turning this frustration into a positive development. Many analysts suggest that German governments, for their part, are in a similar situation to that of France.
 
They are standing at the abyss, fearing that the German populace discovers the deception. To compensate, German governments are pushing for a seat at the U.N. Security Council, trying to force the hands of those who still capture German sovereignty as enemy state to the U.N.. Germany’s problem is, that France so far only has whispered slight whispers which were insufficient to wake up Germany. Germany is waiting to see the hand of France, not pushing it into the abyss but to offer its hand for a partnership that aims at a new, continental European consensus for national sovereignty, peace and prosperity. Consequently, both the government of Hollande and the government of Merkel are staring into the abyss while a laughing third is about to unleash the terrors of yet another great war on the European continent.
 
Former French Foreign Minister Roland Dumas stressed that a French break with NATO would not only require a statesman at the helm but a situation that would allow others to understand why – France needs a good explanation if you will. The same could be said about Germany. It would require a situation that could help Germany’s partners to understand that keeping Germany as a “colony” in a Brzezinskian hegemony is unacceptable. Considering that both France and Germany still are, at least nominally, and to some degree functional democracies, the operand question is whether Hollande and Merkel would dare to exercise the sovereignty of the French and German people. Arguably, it is more a question of  - good management – than a question about “one glorious statesman”. Dumas, and others in France and Germany who are lobbying for greater sovereignty, and in particular Socialists should recognize that a great statesman can only be born out of a political moment, which can be created by intense campaigning from the base. So, would Hollande and Merkel live up to their challenges? The answer is that nobody, probably not even Hollande nor Merkel know. What is certain is, that the political moment is possible, because the potential for it exists within the continental European, especially in the French and German populations.
 
Indicators in favor of a Continental European Consensus for Sovereignty, Prosperity and Peace.
 
A 2014 survey in Germany shows that the majority of Germans is against the presence of NATO troops in eastern Europe. The survey, conducted by Deutschlandpoll, also suggested that 49 percent of Germans would rather see Germany take a position of a bridge between the East and the West. Only 45 percent of those who were polled considered Germany as a solidly anchored part of the West. It is noteworthy that this poll was conducted in the presence of a relentless, anti-Russian campaign in most, if not all German mainstream media.
 
In May 2014, Hollande and Merkel held a joint press conference in Berlin. The two statesmen called for a prompt and full investigation into the massacre in Odessa, where some 150 protesters who had sought refuge in a Trade Union House were murdered in cold blood. A detailed photo study of the massacre shows that the massacre was pre-meditated mass murder, involving Ukraine’s Pravy Sector which is known for its ties to NATO’s Gladio network. Besides that, Hollande and Merkel jointly criticized Kiev’s unbridled use of military force against Ukrainian citizens, stressing that any use of military force in Ukraine is allowed exclusively for the protection of human lives and infrastructure. The two added that even then, it must be used with proportionality. They urged Kiev to begin a dialog with the rebelling regions before elections and to cease armed hostilities.
 
In respectively June and July 2014, the governments of the Czech Republic and Slovakia stressed that they did not want to accept NATO troops in their countries and saw no need for any NATO bases in their countries either. The rejection came in response to direct “proposals” from U.S. President Barack Obama. The proposals came after Poland, in April, called on the U.S. to deploy additional troops to Poland. It is noteworthy that historical research documents that Poland played the role of provocateur against Germany up to WWII, in collusion with the government of the U.K., the laughing third.
 
In September 2014, after U.K. PM David Cameron outed the possibility that the UK may reconsider its EU-membership, a French survey showed that over 50 percent of the polled Frenchmen opted for “letting them leave” and do what they want. Understandably, only a minority in France and Germany would want to be helpful with regard to the U.K.’s dilemma about Scottish independence. There are literally hundreds of other, political, social, and economic indicators which suggest that there is a growing continental European consensus against the Atlantic Alliance and against bellicose Atlantic Axis-launched wars from Africa over Syria and Iraq to Ukraine. It would be beyond the scope of this article to analyze them all. The one that tells most is that it was negotiations without the presence of the U.S. and U.K. that led to a dialog and a ceasefire in Ukraine.
 
In conclusion, the voice of France with regard to NATO can be heard and a break with NATO is possible; A Germany that regains its sovereignty and assumes a role as bridge between the East and the West, which it already has geographically, culturally and economically is possible; A continental European consensus for peace in Africa, the Middle East and in Europe, opposed to an Atlantic Axis fire starter policy is possible and would lead to greater prosperity on a global scale. None of the above, however, would be possible as long as France and Germany perceive each others hands as threats, fearing to be plunged into the abyss. Who is the tertuim gaudens, who laughs with unalloyed joy? What would it take for a Hollande or for a Merkel to take one step back from the abyss? The answer is: I don’t know. Merkel probably doesn’t know it either, and neither does Hollande. What is certain, is that they probably have more support for a continental European peace and partnership with Russia from the people of France and Germany than they would dare to hope for. It is the question whether or not one lives up to the moment that makes the difference between a politician and a statesman, between war and peace.
 

Comment l'élite française a mal tourné

Comment l'élite française a mal tourné

Dire que c'est Maurice Thorez qui a créé l'ENA...

Ex: http://fortune.fdesouche.com

Le communiste stalinien Maurice Thorez a passé la deuxième guerre mondiale à Moscou, où il se faisait appeler Ivanov. A la Libération, il revint au pays et entra au gouvernement. Quand Charles de Gaulle quitta le pouvoir, en 1946, Maurice Thorez reprit l’un des projets chers au général : la création d’une école, l’École Nationale d’Administration (l’ENA), destinée à former les hauts technocrates de la nouvelle république. Il devait penser que cette caste était cette « avant-garde du prolétariat » dont Lénine parlait souvent.

L’ENA a depuis produit d’innombrables membres de l’élite politique et financière française, pour culminer avec le Président François Hollande. Critiquer l’élite en France relève de la guillotine, ce qui n’empêche pas de constater que les énarques et leurs amis sont actuellement au plus bas. En un an, les gouvernements de droite comme de gauche sont devenus l’objet d’un mépris inégalé. La France connaît un chômage record. Les scandales impliquant l’élite se succèdent (le dernier concerne l’ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac et son compte secret en Suisse). Quelque chose a terriblement mal tourné pour la caste de Maurice Thorez.


L’élite française se définit par ses capacités intellectuelles. Elle est principalement recrutée à travers deux écoles seulement, et très sélectives. L’ENA et l’École Polytechnique (que ses anciens élèves appellent simplement « l’X »). « Nulle part ailleurs au monde l’école que vous avez fréquentée détermine aussi profondément un parcours professionnel et la destinée d’une nation toute entière » écrit Peter Gumber dans son nouveau livre France’s Got Talent (« La France a du talent »). C’est la raison pour laquelle certains membres âgés de l’élite se présentent toujours comme « ancien élève de Polytechnique ».

80 diplômés seulement sortent de l’ENA chaque année, et 400 de Polytechnique. Ils obtiennent ensuite des postes très exigeants. « Ils travaillent dur. ll ne s’agit pas d’une élite qui ne pense qu’à s’amuser » souligne Pierre Forthomme, coach pour dirigeants qui compte parmi ses clients de nombreux membres de cette élite. Pendant des décennies, l’élite a fait le boulot que l’on attendait d’elle. De 1946 à 1973, la France a connu les « trente glorieuses », presque trente ans de prospérité économique.

En 1990, l’élite pouvait encore revendiquer de grandes réalisations. Elle avait inventé le premier prototype d’Internet (le Minitel), équipé le pays des trains les plus rapides d’Europe (le TGV), conçu en partenariat l’avion de transport le plus rapide au monde (le Concorde), poussé l’Allemagne à créer l’Euro (que l’élite française considérait comme le début de l’unité de l’Europe, et non la fin), imposé sa propre politique indépendante de défense, que beaucoup prenaient encore au sérieux et elle continuait à croire qu’elle parlait une langue internationale. Confier le pouvoir à de brillants cerveaux semblait bien fonctionner.

Depuis, les choses on terriblement mal tourné. Le sociologue Pierre Bourdieu, dans les années 60, avait commencé à mettre à jour les travers de l’élite. La classe dirigeante prétendait être une méritocratie ouverte aux esprits brillants de toutes origines, mais en réalité, elle était devenue une caste qui se reproduisait entre elle.

Il s’agit de la plus petite élite de n’importe quel grand pays. Elle vit dans quelques arrondissements chics de Paris. Ses enfants fréquentent les mêmes écoles, dès l’âge de 3 ans. Quand ils atteignent leurs 20 ans, les futurs dirigeants de la France se connaissent tous. Ils passent de « camarades d’école » à « copains de promo », expliquent les sociologues Monique Pinçon-Charlot et son mari Michel Pinçon.

Alors qu’un PDG et un romancier américains ne se rencontreront jamais, les élites françaises de la politique, des affaires et de la culture ont pratiquement fusionné. Ils se fréquentent lors de petits-déjeuners, de vernissages d’expositions et de dîners. Ils deviennent amis ou conjoints. Ils s’embauchent mutuellement, camouflent leurs transgressions mutuelles, écrivent des critiques dithyrambiques de leurs livres respectifs (comparez l’euphorie que déclenchent les livres de Bernard-Henri Levy en France et leur accueil à l’étranger).

« L’élite est l’unique classe sociale française qui fait preuve d’une solidarité de classe », dit Monique Pinçon-Charlot. Elle est liée par des secrets partagés : par exemple, de très nombreux membres de l’élite connaissaient les habitudes d’alcôve particulières de Dominique Strauss Kahn, mais ils étaient prêts à le laisser se présenter à la Présidentielle plutôt que d’en informer les manants qui vivent de l’autre côté du périphérique parisien. Pour paraphraser l’écrivain anglais EM Forster, ces personnes trahiraient plutôt leur pays qu’un ami. L’élite justifie ces services rendus par l’amitié. Mais en fait (comme le remarque le journaliste Serge Halimi, et d’autres), il s’agit de corruption.

Tout aussi dangereux : une si petite caste – issue des mêmes grandes écoles – souffre inévitablement de pensée unique. Et l’élite ne rencontre pas beaucoup de subalternes prêts à exprimer des avis contraires.

Pierre Forthomme explique : « Si vous êtes un haut dirigeant sorti d’une grande école en France, vous n’avez aucun feedback. Ils sont seuls ». Il ajoute : « Ils aimeraient entendre des critiques et travailler en équipe. Ils ne souhaitent pas être solitaires, mais le système les place à ces postes de pouvoir pour que nous puissions accuser l’élite de nos problèmes ».

La mondialisation a aussi fait des dégâts. L’élite française n’était pas formée pour réussir dans le monde. Elle était formée pour réussir dans le centre de Paris.

François Hollande, ancien élève de trois grandes écoles, découvre aujourd’hui le monde en tant que Président. Il a pour la première fois mis les pieds en Chine lors de sa visite d’Etat dans ce pays, le mois dernier. Aujourd’hui, beaucoup de Français réussissent à Londres, New York et dans la Silicon Valley mais ils ont tendance à échapper à l’élite française.

L’élite n’est pas prête à s’auto-dissoudre. Cependant, une menace encore pire plane : l’élection en 2017 du premier président véritablement anti-élite, la candidate de l’extrême-droite Marine Le Pen.

Financial Times (via Le nouvel Economiste)

L’Europe est en train de mourir, surtout ne faites rien

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L’Europe est en train de mourir, surtout ne faites rien

Tous les clignotants économiques montrent que la reprise s’est étouffée. La défiance qui préside désormais aux rapports franco-allemands, ajoutée au conservatisme de la Commission, laisse notre continent sans solution.

Il n’y a pas que l’organisation de l’État islamique qui entend détruire la civilisation européenne démocratique, laïque, infidèle. Il y a les responsables européens eux-mêmes qui laissent s’installer la stagnation et le chômage de masse. Leur immobilisme fait le lit du rejet.

L’appauvrissement et la déception conduisent au nationalisme, qui conduira à la disparition de l’idée d’une communauté européenne, laquelle laissera les États humanistes, séparés, petits, désarmés, proies faciles.

Tous les clignotants économiques montrent, avec clarté, que la reprise s’est étouffée. La croissance de la zone euro atteindra 0,8 % cette année et 1,1 % en 2015, selon l’OCDE, mais tous les indicateurs avancés laissent penser que c’est un scénario bien trop optimiste. L’Italie est retombée en récession, la France en stagnation et l’Allemagne, qui croyait s’en sortir de son côté, voit les freins se serrer.
Notre voisin, malgré les réformes Schröder, souffre gravement d’une population vieillissante, d’une productivité trop faible, d’infrastructures abîmées, d’un coût de l’énergie prohibitif, d’une spécialisation industrielle aujourd’hui favorable, face à ses concurrents européens, mais demain de plus en plus défavorable, face aux ambitions de la Chine dans les transports et la mécanique. La croissance « potentielle » de l’Allemagne, 0,4 %, est inférieure à celle de la France, 0,8 % (1).

Et rien ne se passe. L’Europe, cent ans après, replonge dans une stérile guerre de tranchées. Idéologique cette fois. La visite de Manuel Valls à Berlin a mis en lumière l’opposition des deux camps, celui de l’offre et celui de la demande. Les Allemands, leurs alliés et l’ancienne Commission de Bruxelles n’entendent rien que les « réformes structurelles ».

Ils veulent que tous les pays membres fassent du Schröder, coupent dans les dépenses et les coûts salariaux pour redonner de l’élan au secteur privé. En face, Français et Italiens, épaulés par les Américains, le FMI et tutti quanti, plaident que la conjoncture prime.

Ils s’appuient sur Keynes pour dire que les réformes structurelles ont des effets récessifs et que, bref, ce n’est pas le moment. La meilleure chose que Berlin et Bruxelles puissent faire est de « relancer », investir chez eux, dépenser, grossir les salaires et la consommation. La croissance européenne aura meilleur souffle, on pourra commencer les réformes.

Ce dialogue de sourds pousse chaque camp à faire le minimum et à accuser l’autre. La croissance, dans ces conditions, n’est pas près de repartir. La guerre de tranchées idéologique a mené à l’enlisement européen.

Les torts sont partagés. Les Français sont les premiers coupables pour avoir choisi, il y a quarante ans, un mode de croissance payé par la dette et pour rester réticents à remettre cette facilité politique et sociale en cause. Comme le dit cocassement Xavier Fontanet (2), jamais Keynes n’aurait recommandé de faire de la relance pendant quarante ans ! Et pourtant, si.

Depuis la crise du pétrole de 1973, la France se retranche derrière « la conjoncture trop faible » pour ne jamais engager ses réformes. Manuels Valls continue dans les traces de ses prédécesseurs, il laisse filer le déficit, confirmant nos voisins dans leur attentisme. Il y aurait en France des économies budgétaires et de vastes réformes « non récessives » à engager : subventions, formation permanente, libéralisations, horaires de travail, droit du travail (3).

La France est surtout coupable de ne pas avoir de « proposition offensive » pour une grande sortie par le haut de la crise actuelle. C’est à la France de bâtir un plan de reconstruction d’ensemble économique et politique.

L’Allemagne est coupable, depuis 2008, de toujours traîner les pieds, pour sauver la Grèce, pour sauver les banques, pour faire l’union bancaire, pour tout. Notre voisin voit tellement Keynes comme source d’inflation (avec Hitler au bout), qu’elle fait, à tort, obstacle à toute réflexion sur la « demande ». Conséquence : Mme Merkel finit par céder, mais mal et toujours trop tard.

Il serait temps d’écouter Mario Draghi : l’Europe souffre des deux, et d’une offre non compétitive et d’une demande atrophiée. Pourquoi le dialogue franco-allemand ne parvient-il pas à s’ouvrir sur cette base ? Parce que la défiance préside désormais aux rapports franco-allemands, durcis en blocs accumulés depuis le funeste traité de Nice, de l’époque Chirac-Jospin- Schröder. Il serait temps de voir le péril de la stagnation venir, de le crier et de retrouver une ambition qui combatte l’euroscepticisme avec des mesures concrètes (4).

Le troisième coupable est Bruxelles. La Commission s’est soumise aux ordres des gouvernements, qui, depuis Nice, la veulent sans pouvoir. Elle n’a rien proposé lors de la crise, elle a manqué d’idées et de force. La nouvelle équipe peut-elle surmonter les obstacles institutionnels et retrouver un élan ?

Il suffirait de se mettre dans les traces de Mario Draghi, qui innove et qui sait avancer sans que les Allemands le bloquent. Jean-Claude Junker parle d’un programme de 300 milliards d’investissement, mais les instruments se dérobent. La Banque européenne d’investissement, convoquée, répond qu’elle craint pour son triple A !

Mme Merkel n’affronte pas son opinion, tentée par l’isolationnisme, M. Hollande n’affronte pas son parti enfermé par l’obscurantisme, Bruxelles s’empêtre dans la médiocrité des petits pouvoirs de bureau, la BEI regarde sa note… L’Europe se meurt.

Notes :

(1) Patrick Artus, « Flash », 16 septembre, Natixis.

(2) « Pourquoi pas nous ? » Fayard.

(3) Agnès Bénassy-Quéré, « Les Échos », 24 septembre.

(4) « Pour une Communauté politique de l’euro », Groupe Eiffel Europe

Les Échos

(Merci à BA)

lundi, 29 septembre 2014

Why the Scots Chose To Wear Their Chains With Pride

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Why the Scots Chose To Wear Their Chains With Pride

by Seth Ferris

Ex: http://journal-neo.org

We live in an age of decolonisation, in which big empires have broken up and more and more independent states are coming on to the map. It might therefore seem surprising that Scotland has just voted against independence. In fact, it might just have done the opposite.

Unlike Wales and Ireland, Scotland was never actually conquered by the English. It was a fully independent state for many centuries, and usually allied with France against England. It had its own king and a variety of English it regarded as a separate language. Scots Gaelic, which is incomprehensible to English or Scots speakers, also flourished.

The English king often regarded himself as the feudal overlord of the Scottish king, but Scotland retained its independence even in conflict. Despite the great contributions made by many famous Scots to the United Kingdom, it is Robert the Bruce and William Wallace, who fought for Scottish independence from English domination, who remain its national heroes.

This situation changed in 1603, when King James I of Scotland also became King James I of England as he was next in line to the English throne. Logistics dictated that he and his successors were usually in London. A century later the Scottish Parliament abolished itself and the Act of Union created a common country called Great Britain. This became the United Kingdom in 1801, when the Irish Parliament also voted to abolish itself, Ireland having been effectively ruled by England since Norman times.

The United Kingdom went on to become the world’s greatest superpower. In consequence, many of the usual drivers of separatist sentiment weren’t there. There were no such things as national minorities amongst the British, just different sorts of British people. Everyone was entitled to some piece of the attractive pie, however small, provided they knew their place.

The Scots always played a big part in spreading British power across the globe, through making things and being part of government. Not until the 1970s did the Scottish National Party have a consistent presence in the UK parliament, and even then it held a small minority of Scottish seats, the same parties they have in England claiming all the others, on broader UK-wide platforms, as they do today.

So the referendum on Scotland was not about correcting historic injustices, as these do not engage most electors. It was about whether the Scots need to have an independent country to feel Scottish. It was also about how Scottish their own leaders are, and ultimately this has proved the downfall of the independence advocates.

Yes to Scotland but no to you

The Yes campaign was predictably led by the SNP, the Scottish Nationalist Party, and its longtime de facto leader Alex Salmond. Though a popular figure, Salmond is also controversial, and the one depends upon the other.

Although many political leaders have been expelled from their original party and founded a new one Salmond is one of the few who has been expelled from the one he now leads. When consistent SNP gains came to a shuddering halt in 1979, the party then split between the radical faction to the left of Labour and the romantically nationalist “Tartan Tories”, which succeeded in expelling Salmond and friends for being too leftist. Eventually he won his argument, but at a price.

The SNP is a moderate, mainstream political force but has one thing in common with the extreme and excluded nationalists found in every country. It takes it upon itself to define who is and who is not Scottish, what Scottish should and should not do and what Scottish people should and should not think. It isn’t said in as many words, but if you don’t agree with the SNP you are not a real Scot, in SNP thinking.

There are plenty of Scots around who don’t need the SNP to tell them what to do. They don’t think disagreeing with the SNP makes them any less Scottish, particularly when the person telling them they are has got to where he is by sidelining another faction within the same party. People who may like independence in principle don’t want an SNP independence, and this has affected the result of the referendum.

The devil we don’t want to know

One of the historic grievances which might compel Scots to demand independence is that the country has long been taken for granted by the English. Like Wales, it has been treated as a source of raw materials and labour, and somewhere people can go for their holidays. Local cultures and traditions are seen as something out of history, even though the Scots are much more cultured and better educated than the English, appreciating the importance of literature, for example.

However the Scots mourn the departure of the predominantly working-class culture created by English rule. It is a nation of engineers and skilled workers, whose shipbuilding industry once ruled the world and whose major settlements were largely built around mineral exploitation. That world has largely gone now, but the English, and particularly Mrs. Thatcher, are blamed for this.

The Scotland most electors relate to is the one of their forefathers, the one where everyone worked for the English. It wasn’t ideal, but it still gives them a distinct identity – more than anything the SNP were offering. Scottish politics remains dominated by how to return to the glory days of full employment, and these came under the United Kingdom, like it or not. Being independent for its own sake did not prove attractive enough for people who know they are different anyway, and aren’t any less different as part of the UK.

Scotland traditionally votes Labour, even when there are big Conservative majorities in the UK as a whole. A big reason for this is that the “establishment”, which might be considered Conservative, is England, and Scots are defining themselves in relation to the rest of the UK. If Scotland were independent, it would no longer be necessary for the voters to define themselves in terms of the English, and the SNP itself would also be affected by this. Vested interests were not going to let that happen, and the Yes campaign failed to address the consequences of the sea change in perceptions independence would have brought.

Too good to care

Of course Scotland now has its own parliament again, with significant powers and the right to set different tax levels to the rest of the UK, within certain limits. It has also done rather well out of this arrangement. It is widely acknowledged that public services are better in Scotland than in England, and some English people have moved there for this reason. Complaints about corruption in Holyrood, home of the Scottish parliament, are nothing like the expenses and child abuse scandals which have rocked the UK parliament, even though Scots sitting in Westminster have also been involved in these.

All this implies that the Scots are just as capable as the English of governing themselves, but that very comparison hurt the Yes campaign. It adds to the Scottish identity to be better than the English when they are supposed to be the same, or worse. If Scotland becomes independent it will no longer be relevant whether it does things better than in England, there will be no reason for comparison. Scots will have their own virtues but also their own problems, and only they will be responsible for them.

The Scots are not going to give up their bragging rights. Though presented as a “sense versus sentiment” argument, the No campaign was more appealing precisely to those who have a sentimental attachment to what they see as Scotland and Scottishness. Scots always want to score points over their big bad brother. There wouldn’t be the same point in being Scots if they had to treat the English as foreign friends instead of unhealthy domestic rivals, in their estimation.

Who owns what

If Scotland had voted yes, there would have been considerable debates over who owns what. Everything Scottish actually belongs to the United Kingdom, just as everything in England does. But Scots have always maintained that the British facilities they like, such as the oil deposits situated off the Scottish coast, are rightfully theirs, while those they don’t like, like the nuclear submarine bases and power plants, are English impositions, alien to Scottish culture.

British Prime Minister Cameron, whose name is Scottish and means “twisted nose”, has promised much more devolved power to Scotland and other parts of the UK in return for the No vote. It is highly likely that, if Westminster delivers on its promises, Scots will have far greater control over their resources than they would have done in an independent state. The view of a partner government or local authority, whose powers were granted it by the English, will have to be taken into account. The views of a national government imposed after the relevant agreements were made, which people in the rest of the UK had no say in creating, are not likely to be respected if things like defence establishments are being discussed.

The No vote might ironically deliver more of what the Yes supporters actually wanted, even though the legal framework being offered remains unacceptable to them. It might also deliver more power to communities and national groups throughout the UK, thus giving the Scots more bragging rights, and confirming their identity, more than actual independence, and having to pay for it, would have done. If so, the Yes campaign will claim victory too, in true British fashion, but with considerable justification.

Conclusion

Independence is about identity. The Scots know who they are in relation to the English, so they’ve chosen to remain who they know they are. What they would be without the English to blame was less clear, as the actual idea of independence and separateness is understood and accepted anyway, without the need for any vote on the subject.

The Scots have demonstrated their independence by flying in the face of world opinion. They have stated, for the first time in a generation, that being independent doesn’t have to mean actually running your own country. They haven’t done so by much, but they have, and all Scots will respect this result, thus again confirming that they don’t need to be told what Scots should do.

Less secure nations are continually demanding independence because that is the only way they feel they can be part of the family of nations. The Scots don’t have that feeling. Maybe this is the beginning of new models being worked out which suit more people. The only problem is that nobody outside Scotland will think of asking Scottish Yes campaigners to be part of that process, but that is the sort of price Scotland is prepared to pay.

Seth Ferris, investigative journalist and political scientist, expert on Middle Eastern affairs, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
First appeared: http://journal-neo.org/2014/09/25/why-the-scots-chose-to-wear-their-chains-with-pride/

La dégradation programmée des conditions d’enseignement

La dégradation programmée des conditions d’enseignement

Auteur : J.C. Barbolosi
 

En France, en 2014, les conditions d’enseignement (dans l’école publique) ont atteint un niveau désastreux, jamais égalé auparavant (dans des sens que nous allons préciser).

Quasiment tous les cycles sont touchés, de l’école maternelle à l’université ainsi que toutes les disciplines. Ce désastre s’orchestre de façon combinée, en allant des programmes inadaptés voire nuisibles à des examens totalement faussés en passant par des effectifs de classes toujours plus élevés et incompatibles avec la nature du public toujours de plus en plus hétérogène et de moins en moins impliqué. Seuls quelques établissements privilégiés (protégés ?) dans les centres des grandes villes sont épargnés…

Ce sabotage commence en général dès les plus jeunes âges avec, pour ne prendre qu’un seul exemple parmi bien d’autres, l’apprentissage de la lecture où l’on a vu (et vécu) l’abandon de plus en plus généralisé de la méthode syllabique au profit de la méthode globale. Pourtant, les acteurs sur le terrain (à l’opposé des pédagogues « de bureau ») ainsi que les neuropsychologues sont formels ; la méthode syllabique reste plus efficace que la globale : Mais l’institution continue de promouvoir la globale…

Certes, en matière de pédagogie, il n’y a jamais une unique méthode universelle qui conviendra à 100 % des individus ; chaque enseignant doit diversifier et adapter ses méthodes mais pour la lecture, on sent comme un entêtement qui va à l’encontre de l’intérêt général… Et ce n’est pas uniquement le cas de la lecture…
Voyons, discipline par discipline, ce qui se passe ensuite, dans l’enseignement secondaire, où les programmes sont sans cesse appauvris. Appauvrissement qui, d’ailleurs, se poursuit encore aujourd’hui avec la politique de la nouvelle ministre (cf. ici les programmes « allégés » de Belkacem)

Les disciplines les plus touchées

L’Histoire

Les spécialistes s’accordent à dire que, désormais, seule une petite partie de notre Histoire véritable est enseignée. Des pans entiers de notre passé sont cachés ou faussés. Des personnages comme Napoléon ou Louis XIV (et bien d’autres) disparaissent progressivement des programmes; par ailleurs, on insiste davantage sur certains faits historiques qui vont ainsi donner l’impression que l’occident œuvre toujours pour la paix dans le monde et on occulte tout ce que nous ne voulons pas entendre ou voir. Concernant les deux dernières grandes guerres mondiales, seuls des clichés sont enseignés mais jamais les causes réelles.
Exemple typique : les jeunes d’aujourd’hui savent-ils encore qui était vraiment le général De Gaulle et quel était son combat pour la souveraineté française ? Connaissent-ils sa réelle opposition à cette construction européenne financée par des fonds américains privés ?

Les Sciences

Elles se transforment, petit à petit, en un enseignement de la technologie et des machines. On manipule, on fait fonctionner tel ou tel logiciel. Mais les fondamentaux s’évanouissent. Certains chapitres de SVT (Sciences et vie de la Terre) se transforment en une vaste promotion du système de santé et des vaccins, d’autres enfoncent le clou sur le soi-disant réchauffement climatique en faisant culpabiliser chacun d’entre nous en nous assimilant à des pollueurs. En sciences physiques, les lois sont énoncées de façon autoritaire, sans être étayées.
Exemple typique : quel bachelier peut aujourd’hui expliquer ce qui provoque la force de gravitation ? Comment des masses distantes peuvent interagir pour s’attirer ?

Les sciences économiques et sociales

Tout comme l’histoire, cet enseignement est tronqué et seuls certains modèles économiques sont étudiés. Idem avec les modèles sociaux. Le modèle capitaliste est valorisé. On entretient le mythe que le droit de vote est le symbole de la démocratie et on assure à tout le monde que notre système est le meilleur même s’il n’est pas parfait. On valorise le modèle européen que l’on présente comme bénéfique à notre économie alors qu’il ne fait que bafouer nos droits, nous appauvrir, nous asservir et nous rendre dépendants sans que nous puissions être acteurs des décisions politiques.
Exemple typique : qui connait Thomas Sankara ? Cet homme a prouvé que d’autres modèles économiques sont viables. Malheureusement au prix de sa vie ; ces alternatives sociales sont combattues et encore moins enseignées.

Les Mathématiques

En analysant l’évolution des programmes sur ces dernières décennies, on constate que le raisonnement géométrique disparait. Il en va de même de l’arithmétique et d’une grande partie de l’algèbre et de l’analyse. La notion de démonstration est devenue obsolète. Des termes comme « appliquer » ou « mettre en œuvre » prennent progressivement sa place. Bref, on habitue l’élève à exécuter des tâches et plus rien n’est fait pour l’inciter à réfléchir sur les fondamentaux.
On voudrait des futurs citoyens exécutants plutôt que des citoyens savants ? Ça alors !

Notons qu’il y a également des disciplines qui pourraient se révéler bien utiles et qui ne sont quasiment plus du tout enseignées comme l’astronomie ou les sciences dites naturelles et qu’il y a aussi de nombreux savoirs-faire vitaux qui sont passés aux oubliettes comme : le bricolage, la culture, l’élevage, les méthodes naturelles de soins, la cuisine. Chacun comprendra facilement qu’étant donné que de grands lobbys se sont emparés de ces domaines (notamment agronomie et pharmacopée), il a été jugé préférable que le citoyen lambda soit le moins autonome possible dans ces compétences là…

Bref, on enseigne l’ignorance et on uniformise les individus. Il ne reste ensuite plus qu’aux médias d’achever cette opération de sabotage amorcée à l’école…

La gestion des établissement scolaires et le désengagement de l’état.

À terme il n’est pas improbable de vivre une privatisation de l’éducation. L’école deviendra alors la proie de certains lobbys, notamment le lobby informatique. D’ailleurs, cela a déjà commencé depuis un moment, voir la conférence de Nico Hirtt sur ce sujet (note de Benji: vidéo disponible sur le site source).

Par ailleurs, de nombreuses écoles fermeront leurs portes, notamment en milieu rural au profit de grands centres régionaux. On vit actuellement cette re-centralisation régionale avec les hôpitaux, demain ce sera le tour des établissement scolaires, notamment les lycées.
Par ailleurs, on dévalorise l’enseignement technologique et professionnel (alors que des demandes existent sur le marché du travail sur ces filières) et on scolarise à tout va dans l’enseignement général où, finalement, on ne fait que « brasser du vent ».

La formation des enseignants

Face à la massification de l’enseignement, il y a finalement de moins en moins de professeurs qualifiés dans le circuit. Des contractuels ou des vacataires viennent à la rescousse. De plus, le salaire des enseignants n’étant plus du tout attractif, les étudiants brillants qui pourraient avoir la fibre ou la vocation préfèrent finalement s’orienter vers d’autres carrières (et vu les conditions, ils ont bien raison !). L’ensemble des intervenants est finalement une sorte de masse formatée et conditionnée par le système et qui finalement enseigne sans se poser trop de questions. Ces enseignants sont souvent, inconsciemment, les premiers vecteurs d’une forme de propagande moderne intolérable.

Un baccalauréat truqué

C’est un secret de polichinelle : il y a un hiatus entre le niveau scolaire des élèves de terminale qui est devenu très faible et le niveau des épreuves du baccalauréat qui se doivent de présenter un minimum d’exigences pour rester politiquement crédibles. Bien sûr, toutes les consignes de bienveillance sont données aux jurys d’examens  pour assurer des taux de réussite toujours de plus en plus élevés afin que les ministres de l’éducation nationale successifs se félicitent d’un tel résultat (qu’ils ne manqueront pas d’attribuer à leurs actions…). Cette course effrénée aux taux de réussite toujours plus élevés a un effet pervers : les élèves comprennent très vite le mécanisme et sont de moins en moins stressés par les épreuves ; ils s’impliquent alors de moins en moins dans leurs révisions et s’y prennent, pour une grande majorité d’entre-eux, au dernier moment. À tort ou à raison ? À tort pour ceux qui envisagent des poursuites d’études ambitieuses car leurs lacunes finiront tôt ou tard par les pénaliser dans leur cursus ; à raison pour ceux qui envisagent des études courtes car, comme on l’a précisé plus haut, les contenus de l’enseignement général sont devenus tellement inadaptés qu’il est inutile de les bachoter outre mesure ; autant consacrer son temps à d’autres activités plus intéressantes et s’instruire par d’autres biais que l’école.
Bref, cet  examen ne représente plus rien et n’a qu’une valeur symbolique (et encore). C’en était tellement risible que, l’année dernière, l’institution a fait une mini marche arrière et on a vu notamment une épreuve de maths en série S un peu plus exigeante, « à l’ancienne »… On verra d’ici le mois de juin si cette tendance se confirme…

Le génocide des classes WIFI…

On marche maintenant sur la tête : dans de nombreux départements, le conseil général a doté les classes de sixièmes de tablettes interconnectées en WIFI. Placez une trentaine d’élèves de 11-12 ans, par ailleurs déjà tous équipés d’un téléphone gsm et d’une tablette WIFI dans une salle de 40 m² sur les murs de laquelle vont rebondir d’innombrables ondes pulsées nocives… N’y a-t-il pas là tous les éléments pour « griller » leur cerveau ?
Comment a-t-on pu en arriver à une telle hérésie ? C’est affligeant que les décisionnaires n’aient pas conscience de ces problèmes de santé qui se posent… Seraient-ils bêtes et ignorants à ce point ? Je ne le crois pas… Mais alors que cherchent-ils à provoquer avec de telles pseudo-innovations technologiques ?

Conclusion

Face à cette dégradation, on voit se développer une marchandisation de l’enseignement avec le développement d’enseignes privées (Acado***, cours Legen*** etc). C’est un marché juteux et bien des familles investissent beaucoup d’argent dans ces cours. C’est, bien sûr, encore et toujours un leurre puisque ces enseignes s’évertuent à suivre les programmes scolaires et on a vu que les connaissances fondamentales avaient disparues de ces programmes.


Alors que faire ?

Se débrouiller par soi-même !  Ne plus gaspiller ses sous ; pour cela, boycotter les grandes enseignes, la grande distribution, les grands réseaux, court-circuiter les intermédiaires. S’entraider entre amis, dans sa famille. Accéder à la connaissance via des lectures et via internet (en faisant le tri !) en fuyant les médias mainstream et la télévision ! Retrouver une hygiène de vie en privilégiant une alimentation simple, saine et naturelle (les additifs alimentaires affectent les facultés cognitives). Et concernant la scolarité, il est vrai qu’il est difficile d’y échapper (mais pas impossible) alors la suivre tout de même (sans la rejeter, ce serait contre-productif) mais en s’instruisant en parallèle via d’autres moyens et en développant son côté artiste (et artisan). Bref, se prendre en main et développer son autonomie !


- Source : JC Barbolosi

dimanche, 28 septembre 2014

Sanctionner la Russie, c'est sanctionner les contribuables occidentaux

Sanctionner la Russie

C’est aussi sanctionner les contribuables des pays occidentaux

Yvan BLOT*
Ex: http://metamag.fr

Il est bien connu que les gouvernants des pays qui se croient démocratiques aiment faire des largesses avec l’argent des autres. Le contribuable est rarement respecté par les politiciens. On le voit avec le mécanisme des sanctions économiques antirusses. Les sanctions ont pour but de coûter un certain prix à la Russie pour la punir d’une prétendue intervention en Ukraine. On n‘a d’ailleurs pas de preuves pour soutenir cette accusation. Le New York Times peu suspect d’être soumis à Poutine, titre en première page le 5 septembre : « invasion en Ukraine, c’est très difficile à dire ».

Si l’on fait monter les prix, on va réduire les achats et cela se retournera in fine contre les producteurs. De plus, les sanctions n’obéissent à aucune rationalité économique. L’Union européenne annonce qu’elle va augmenter son budget pour soutenir les producteurs européens de fruits et de légumes. Au lieu d’exporter en Russie, on va ponctionner les contribuables pour soutenir les revenus des producteurs : on est vraiment au royaume du père Ubu ! De même, si le président français ne livre pas le bateaux Mistral à la Russie, il faudra payer des indemnités et c’est le contribuable, et non personnellement monsieur Hollande, qui y sera de sa poche ! Or, déjà, le contribuable français est bien plus harassé que le contribuable français. Le niveau des prélèvements obligatoires est en France de plus de 50% contre 35% en Russie. Le chômage est bien plus élevé en France qu’en Russie (le double). La France ne peut pas se permettre de renforcer le gaspillage économique sous prétexte de « sanctions » contre un pays d’Europe qui s’appelle la Russie.

D’après l’économiste Herbert Spencer, l’évolution économique se caractérise par une intégration croissante, une interdépendance croissante des différentes économiques. Cette intégration est nécessitée par la différenciation et la spécialisation croissante liée au développement économique. La différenciation fait baisser les coûts et profite aux consommateurs. Elle élargit les marchés et profite aussi aux producteurs. La troisième loi de Spencer sur l’évolution économique est celle de l’ordre et de la précision croissants. Cela suppose des règles stables, ce qui est incompatible avec les sanctions arbitraires qui tombent du jour au lendemain. En démocratie et en état de droit, les sanctions sont infligées par des juges et non par des autorités politiques selon « leur bon plaisir ».
 

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Le prix Nobel, Hayek, s’insurgeait contre le « bricolage économique » des hommes politiques irresponsables. On ne joue pas avec les échanges économiques comme dans une cour de récréation : « tu es méchant et je ne te parle plus. Je t’exclue du groupe des copains » : voilà l’attitude assez désolante des beaucoup de responsables occidentaux face à la Russie. Devant ce spectacle, la plupart des chefs d’entreprises responsables d’Europe sont consternés.

On fait croire que les poids des sanctions économiques anti-russes pèsera sur les seuls Russes. C’est faux et c’est stupide pour n’importe quel étudiant débutant en sciences économiques. L’économie est fondée sur l’échange et toute atteinte à la liberté des échanges et à la libre formation des prix qui reflète la rareté des biens retombe sur l’ensemble des partenaires. Les sanctions vont donc peser sur les contribuables occidentaux. Une fois de plus, on fait de la morale avec l’argent des autres !

Quelle morale d’ailleurs ?

Les principes d’intangibilité des frontières et d’autodétermination des peuples sont largement contradictoires. Dans le cas de Mayotte, la population a voulu rester française et ne pas faire partie de la nouvelle république des Comores indépendante. Résultat : une salve de condamnation pour la France qui occupe militairement cette île des Comores ; L’assemblée générale de l’ONU a condamné la France pour viol de l’intégrité territoriale des Comores en 1973, 1974, 1976, 1977, 1979, 1980, 1981, 1982 et les années qui suivent ! Pas de sanctions !

A titre d’exemple, l’assemblée générale de l’ONU le 7 décembre 1984 affirme l’unité et l’intégrité territoriale des Comores composées des Iles d’Anjouan, Grande Comore, Mayotte et Mohéli. Elle réaffirme la souveraineté de la république fédérale islamique des Comores sur l’île de Mayotte. Elle prie le gouvernement français d’ouvrir des négociations avec le gouvernement comorien en vue de rendre rapidement effectif le retour de l’île de Mayotte dans l’ensemble comorien. Les habitants de Mayotte ont montré dans plusieurs référendums qu’ils voulaient rester français et ces référendums ont été considérés illégaux par l’ONU ; On voit la même chose en Crimée ! Par contre, la Russie a été sanctionnée pour avoir annexé la Crimée mais la France n’a pas eu de sanction pour Mayotte. On peut ajouter que l’UE est également coupable puisqu’elle considère depuis 2004 que Mayotte fait partie de ses territoires « ultrapériphériques » (sic).

Les Malouines et Gibraltar sont considérés aussi comme territoires à décoloniser et le Royaume Uni n’en a cure ! En 1967, le Royaume Uni a organisé un référendum où la majorité de la population a voulu rester anglaise. Le général Franco, pas spécialement démocrate a alors pris des sanctions et fait fermer la frontière (fermée jusqu’en 1985). Les dirigeants Obama, Merkel, Cameron, Hollande et de l’UE sans en être vraiment conscients ont repris les méthodes du général  Franco.

L’Allemagne de l’ouest de 1948 au 19 octobre 1990 a contesté la frontière Oder Neisse avec la Pologne (42 ans) et n’a jamais subi de sanctions pour cela.

Le droit international est donc élastique et soumis au « bon plaisir » des puissants. La morale politique est bien mal partie : mépris des contribuables, mépris des référendums où les citoyens s’autodéterminent, application de sanctions ou non selon la règle du bon plaisir, on est tombé bien bas et l’hypocrisie est reine !