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dimanche, 30 août 2020

Effondrement occidental : l’Allemagne tentée par l’axe Moscou-Pékin ?

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Effondrement occidental : l’Allemagne tentée par l’axe Moscou-Pékin ?

Le chaos post-Covid dans lequel se débat l’empire occidental capitaliste pourrait bien rebattre les cartes des alliances géopolitiques plus vite qu’il n’y paraît. « L’Alliance eurasienne définitive est plus proche que vous ne le pensez », écrit le journaliste Pepe Escobar dans un récent billet.

Rappelons que l’Eurasie désigne conjointement l’Europe et l’Asie en tant que continent unique. Comme nous l’explique le Grand jeu à longueur de ses chroniques reprises sur le yetiblog, l’alliance Moscou-Pékin est déjà factuelle à l’heure qui l’est. Ces deux puissances ont bien compris qu’une véritable puissance se mesurait à deux critères :

  • son autonomie économique-énergétique-technologique (souveraineté)
  • une alliance intelligente avec le ou les puissances qui peuvent lui permettre de se procurer ce dont elle manque encore.

Il est une autre chose que ces deux puissances émergentes ont aussi très bien assimilé : on ne peut plus compter sur une vieille puissance décatie comme l’est l’Amérique de Trump (ou de Biden). Pepe Escobar citant Poutine :

« Négocier avec l’équipe Trump, c’est comme jouer aux échecs avec un pigeon : un oiseau dément qui marche sur l’échiquier, chie sans discernement, renverse des pièces, déclare la victoire, puis s’enfuit. »

Le pragmatisme allemand dans l’océan des dérives psychopatheuses occidentales

À la différence de leurs homologues déments du bloc occidental. Poutine et Xi Ping ont ceci de commun qu’ils sont de vrais chefs d’État pragmatiques et intelligents, pas les chargés de mission demeurés et inopérants de quelques mafias financières occultes en pleine désintégration (suivez mon regard du côté de l’Élysée).

Un seul pays occidental échappe au carnage psychopatheux qui frappe le bloc occidental : l’Allemagne. C’est le fameux pragmatisme allemand qui a permis à ce pays de se tirer de l’épisode pandémique de coronavirus bien mieux que ses voisins européens. C’est le pragmatisme allemand qui a fait de Berlin la puissance dominante de l’assemblage hétéroclite qu’est l’Union européenne. Et soyez persuadés que Frau Merkel a pris depuis longtemps la mesure de la déliquescence de ses homologues washingtoniens quels qu’ils soient ou quels qu’ils pourraient être après la présidentielle US du 3 novembre.

Lorsqu’il parle d’« alliance eurasienne » – qui devrait inclure l’ensemble de la partie occidentale du continent européen – Pepe Escobar évoque naturellement surtout une jonction Berlin-Moscou-Pékin, les autre pays membres de l’UE étant partie négligeable, sinon ridicule.

Le lobbying de Moscou et de Pékin auprès de Berlin

Il va de soi que l’Allemagne a encore de nombreux intérêts à défendre au sein du bloc occidental, ses exportations d’automobiles vers les États-Unis par exemple. Mais l’effondrement économique de l’Occident, les désordres monétaires qui finiront par s’ensuivre avec un euro trop fort pénalisant les exportations allemandes, le constat enfin que l’axe Pékin-Moscou est en train de prendre l’ascendant militaire sur l’empire US, y compris dans sa chasse-gardée maritime, font grandement réfléchir la chancellerie allemande. Se couper de l’approvisionnement en gaz et pétrole russes, risquer de subir une fermeture du détroit d’Ormuz suite aux agressions permanentes du Deep State US contre l’Iran serait suicidaire pour l’Allemagne.

Si l’axe Moscou-Pékin est déjà une réalité, écrit Pepe Escobar, le rapprochement Berlin-Pékin est déjà largement avancé. Et le chaînon manquant, mais pas si lointain, pragmatisme oblige, est le lien Berlin-Moscou. La conclusion imminente du Nord-Stream II, le lobbying malin de Moscou pour séduire Frau Merkel et surtout les séquelles économiques inouïes de l’épidémie de Covid sur le capitalisme occidental, pourraient bien précipiter ce jeu de bascule fatal pour Washington.

=> Lire : Definitive Eurasian Alliance Is Closer Than You Think par Pepe Escobar sur Zero Hedge.

samedi, 29 août 2020

Sur l'explosion de Beyrouth

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Sur l'explosion de Beyrouth

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il convient de revenir sur les deux explosions catastrophiques successives s'étant produites dans le port de Beyrouth au Liban le 4 août 2020, ayant provoqué diverses manifestations de foule, puis la démission du gouvernement le 11 août

Peu après ces explosions, de nombreuses hypothèses ont été présentées concernant leurs causes : accident, attentat provenant de l'opposition interne, du terrorisme islamique présent dans toute la région, de la CIA américaine, de la Turquie, voire de l'Iran. Ce fut finalement l'hypothèse d'une explosion accidentelle des 2700 tonnes de nitrate d'ammonium entreposés dans le port depuis 6 ans qui a été retenue par les gouvernements occidentaux. Elle aurait été provoquée par un incendie étant survenu par hasard dans un magasin de feux d'artifices voisin.

Pourtant, l'hypothèse de l'accident paraît invraisemblable. Pourquoi cet incendie serait-il survenu accidentellement ce jour-là alors que rien de suspect n'avait été observé les années ni même les jours précédents, que ce soit dans l'entrepôt ou le magasin de feux d'artifices. Par contre, depuis quelques mois, de nombreuses explosions résultant d'attentats ont été observées dans toute la région.

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Concernant le Liban, celui-ci est désormais écartelé entre son alliance officielle avec l'Otan et le projet chinois de Nouvelles Routes de la Soie, New Silk Road. Celui-ci intéresse de plus en plus de nombreux intérêts puissants en Iraq, Iran et d'autres Etats arabes. Le Liban, qui avait été qualifiée de « Pearl on the New Silk Road » doit y jouer un rôle important en offrant un débouché sur la mer à l'un de ses embranchements. Ni les Américains, ni les Britanniques, ni Israël ne voient cela d'un bon œil.

Par ailleurs, le 17 juin 2020, l'ambassadeur de Chine au Liban avait proposé de financer un chemin de fer moderne entre les villes libanaises côtières et Tripoli la capitale de la Libye. La Chine avait précédemment envisagé la construction de 3 centrales électriques de 700 MW chacune au Liban et la modernisation du port.

Tout ceci était manifestement trop pour les Occidentaux et plus  particulièrement pour les Etats-Unis. Il fallait réagir

 

Definitive Eurasian Alliance Is Closer Than You Think

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Definitive Eurasian Alliance Is Closer Than You Think

Ex: https://www.unz.com

We have seen how China is meticulously planning all its crucial geopolitical and geoeconomic moves all the way to 2030 and beyond.

What you are about to read next comes from a series of private, multilateral discussions among intel analysts, and may helpfully design the contours of the Big Picture.

In China, it’s clear the path ahead points to boosting internal demand, and shifting monetary policy towards the creation of credit to consolidate the building of world-class domestic industries.

In parallel, there’s a serious debate in Moscow that Russia should proceed along the same path. As an analyst puts it, “Russia should not import anything but technologies it needs until it can create them themselves and export only the oil and gas that is required to pay for imports that should be severely restricted. China still needs natural resources, which makes Russia and China unique allies. A nation should be as self-sufficient as possible.”

That happens to mirror the exact CCP strategy, as delineated by President Xi in his July 31 Central Committee meeting.

And that also goes right against a hefty neoliberal wing in the CCP – collaborationists? – who would dream of a party conversion into Western-style social democracy, on top of it subservient to the interests of Western capital.

Comparing China’s economic velocity now with the US is like comparing a Maserati Gran Turismo Sport (with a V8 Ferrari engine) with a Toyota Camry. China, proportionately, holds a larger reservoir of very well educated young generations; an accelerated rural-urban migration; increased poverty eradication; more savings; a cultural sense of deferred gratification; more – Confucianist – social discipline; and infinitely more respect for the rationally educated mind. The process of China increasingly trading with itself will be more than enough to keep the necessary sustainable development momentum going.

The hypersonic factor

Meanwhile, on the geopolitical front, the consensus in Moscow – from the Kremlin to the Foreign Ministry – is that the Trump administration is not “agreement-capable”, a diplomatic euphemism that refers to a de facto bunch of liars; and it’s also not “legal-capable”, an euphemism applied, for instance, to lobbying for snapback sanctions when Trump has already ditched the JCPOA.

President Putin has already said in the recent past that negotiating with Team Trump is like playing chess with a pigeon: the demented bird walks all over the chessboard, shits indiscriminately, knocks over pieces, declares victory, then runs away.

In contrast, serious lobbying at the highest levels of the Russian government is invested in consolidating the definitive Eurasian alliance, uniting Germany, Russia and China.

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But that would only apply to Germany after Merkel. According to a US analyst, “the only thing holding back Germany is that they can expect to lose their car exports to the US and more, but I tell them that can happen right away because of the dollar-euro exchange rate, with the euro becoming more expensive.”

On the nuclear front, and reaching way beyond the current Belarus drama – as in there will be no Maidan in Minsk – Moscow has made it very clear, in no uncertain terms, that any missile attack from NATO will be interpreted as a nuclear attack.

The Russian defensive missile system – including the already tested S-500s, and soon the already designed S-600s – arguably may be 99% effective. That means Russia would still have to absorb some punishment. And this is why Russia has built an extensive network of nuclear bomb shelters in big cities to protect at least 40 million people.

Russian analysts interpret China’s defensive approach along the same lines. Beijing will want to develop – if they have not already done so – a defensive shield, and still retain the ability to strike back against a US attack with nuclear missiles.

The best Russian analysts, such as Andrei Martyanov, know that the three top weapons of a putative next war will be offensive and defensive missiles and submarines combined with cyber warfare capabilities.

The key weapon today – and the Chinese understand it very clearly – is nuclear submarines. Russians are observing how China is building their submarine fleet – carrying hypersonic missiles – faster than the US. Surface fleets are obsolete. A wolf pack of Chinese submarines can easily knock out a carrier task force. Those 11 US carrier task forces are in fact worthless.

So in the – horrifying – event of the seas becoming un-sailable in a war, with the US, Russia and China blocking all commercial traffic, that’s the key strategic reason pushing China to obtain as much of its natural resources overland from Russia.

Even if pipelines are bombed they can be fixed in no time. Thus the supreme importance for China of Power of Siberia – as well as the dizzying array of Gazprom projects.

The Hormuz factor

A closely guarded secret in Moscow is that right after German sanctions imposed in relation to Ukraine, a major global energy operator approached Russia with an offer to divert to China no less than 7 million barrels a day of oil plus natural gas. Whatever happens, the stunning proposal is still sitting on the table of Shmal Gannadiy, a top oil/gas advisor to President Putin.

In the event that would ever happen, it would secure for China all the natural resources they need from Russia. Under this hypothesis, the Russian rationale would be to bypass German sanctions by switching its oil exports to China, which from a Russian point of view is more advanced in consumer technology than Germany.

Of course this all changed with the imminent conclusion of Nord Stream 2 – despite Team Trump taking no prisoners to sanction everyone in sight.

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Backdoor intel discussions made it very clear to German industrialists that if Germany would ever lose its Russian source of oil and natural gas, coupled with the Strait of Hormuz shut down by Iran in the event of an American attack, the German economy might simply collapse.

There have been serious cross-country intel discussions about the possibility of a US-sponsored October Surprise involving a false flag to be blamed on Iran. Team Trump’s “maximum pressure” on Iran has absolutely nothing to do with the JCPOA. What matters is that even indirectly, the Russia-China strategic partnership has made it very clear that Tehran will be protected as a strategic asset – and as a key node of Eurasia integration.

Cross-intel considerations center on a scenario assuming a – quite unlikely – collapse of the government in Tehran. The first thing Washington would do in this case is to pull the switch of the SWIFT clearing system. The target would be to crush the Russian economy. That’s why Russia and China are actively increasing the merger of the Russian Mir and the Chinese CHIPS payment systems, as well as bypassing the US dollar in bilateral trade.

It has already been gamed in Beijing that were that scenario ever to take place, China might lose its two key allies in one move, and then have to face Washington alone, still on a stage of not being able to assure for itself all the necessary natural resources. That would be a real existential threat. And that explains the rationale behind the increasing interconnection of the Russia-China strategic partnership plus the $400 billion, 25-year-long China-Iran deal.

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Bismarck is back

Another possible secret deal already discussed at the highest intel levels is the possibility of a Bismarckian Reinsurance Treaty to be established between Germany and Russia. The inevitable consequence would be a de facto Berlin-Moscow-Beijing alliance spanning the Belt and Road Initiative (BRI), alongside the creation of a new – digital? – Eurasian currency for the whole Eurasian alliance, including important yet peripheral actors such as France and Italy.

Well, Beijing-Moscow is already on. Berlin-Beijing is a work in progress. The missing link is Berlin-Moscow.

That would represent not only the ultimate nightmare for Mackinder-drenched Anglo-American elites, but in fact the definitive passing of the geopolitical torch from maritime empires back to the Eurasian heartland.

It’s not a fiction anymore. It’s on the table.

Adding to it, let’s do some little time traveling and go back to the year 1348.

The Mongols of the Golden Horde are in Crimea, laying siege to Kaffa – a trading port in the Black Sea controlled by the Genoese.

Suddenly, the Mongol army is consumed by bubonic plague.

They start catapulting contaminated corpses over the walls of the Crimean city.

So imagine what happened when ships started sailing again from Kaffa to Genoa.

They transported the plague to Italy.

By 1360, the Black Death was literally all over the place – from Lisbon to Novgorod, from Sicily to Norway. As much as 60% of Europe’s population may have been killed – over 100 million people.

A case can be made that the Renaissance, because of the plague, was delayed by a whole century.

Covid-19 is of course far from a medieval plague. But it’s fair to ask.

What Renaissance could it be possibly delaying?

Well, it might well be actually advancing the Renaissance of Eurasia. It’s happening just as the Hegemon, the former “end of history”, is internally imploding, “distracted from distraction by distraction”, to quote T.S. Eliot. Behind the fog, in prime shadowplay pastures, the vital moves to reorganize the Eurasian land mass are already on.

(Republished from Asia Times by permission of author or representative)

vendredi, 28 août 2020

La « nouvelle guerre des mondes » selon Michel Geoffroy

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La « nouvelle guerre des mondes » selon Michel Geoffroy

 
Le coronavirus a révélé l’extraordinaire dépendance industrielle de l’Europe vis-à-vis de Pékin. L’émergence de nouvelles puissances comme la Chine, la Russie et l’Inde marque-t-elle le déclin de l’Occident ? Ce monde multipolaire en transformation est-il le théâtre de la « quatrième guerre mondiale » ? C’est la thèse de Michel Geoffroy, ancien haut-fonctionnaire, essayiste et auteur de « La nouvelle guerre des mondes » aux Editions Via Romana. Sputnik l’a interrogé.
 
 
Plus d'infos sur : https://sptnkne.ws/DwEd
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Biélorussie – L’OTAN reconnaît que sa révolution de couleur a échoué

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Biélorussie – L’OTAN reconnaît que sa révolution de couleur a échoué

Par https://lesakerfrancophone.fr & Moon of Alabama

Le 15 août, nous avons expliqué pourquoi la révolution de couleur en Biélorussie échouerait. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko avait proposé au président russe Vladimir Poutine de mettre enfin en œuvre l’État de l’Union, longtemps retardé, qui unira la Biélorussie à la Russie. En échange, il voulait le soutien total de la Russie pour mettre fin à la révolution de couleur menée par les États-Unis et l’Otan contre lui. Poutine a accepté l’accord.

En conséquence :

Loukachenko et sa police ne seront pas suspendus à un lampadaire. La Russie s'occupera 
du problème et l'État de l'Union sera enfin établi. Cela ne veut pas dire que la tentative de révolution de couleur est terminée.
Les États-Unis et leur laquais polonais ne vont pas simplement faire leurs bagages et partir.
Mais avec le plein soutien de la Russie assuré, Loukachenko peut prendre les mesures
nécessaires pour mettre fin aux émeutes.

Et c’est ce qu’il a fait. Loukachenko a continué à autoriser les manifestations, mais lorsque dimanche les manifestants ont reçu l’ordre de prendre d’assaut le palais présidentiel, ils ont vu une réponse théâtrale mais forte :

La chaîne Nexta Telagram dirigée par les Polonais - qui est le principal média utilisé 
par l'Empire pour renverser Loukachenko - a initialement appelé à une manifestation
pacifique, mais à la fin de la journée, un appel a été lancé pour tenter de reprendre
le bâtiment. Lorsque les émeutiers - à ce stade, nous avons affaire à une tentative illégale
et violente de renverser l'État - donc je n'appelle pas ces personnes des manifestants -
sont arrivés au bâtiment, ils ont été confrontés à un véritable «mur» de flics anti-émeute
entièrement équipés : ce spectacle, vraiment effrayant,a suffi à arrêter les émeutiers
qui sont restés un moment sur place, puis ont dû partir. Deuxièmement, Loukachenko a fait quelque chose d'assez étrange, mais qui est
parfaitement logique dans le contexte biélorusse : il s'est habillé avec un équipement
de combat complet, a attrapé un fusil d'assaut AKSU-74, a habillé son fils (15 ans!)
également avec un équipement de combat complet (casque inclus) et a survolé Minsk,
puis a atterri dans le bâtiment présidentiel. Ils se sont ensuite dirigés vers les policiers
anti-émeute, où Loukachenko les a chaleureusement remerciés, ce qui a abouti à ce que
les forces de police au complet lui fassent une ovation. Pour la plupart d'entre nous,
ce comportement peut sembler plutôt bizarre, voire carrément ridicule. Mais dans le
contexte de la crise biélorusse, qui est une crise principalement combattue dans le
domaine de l'information, cela est parfaitement logique.

Les manifestants, que la police avait précédemment identifiés comme « des enfants riches de la ville, les enfants de parents riches qui en ont assez de la vie bien nourrie », n’avaient pas les cojones pour attaquer une police bien armée et motivée.

La vitrine du lobby de l’OTAN Atlantic Council a également reconnu ce fait et le déplore :

Les manifestants sont généralement très gentils, polis et pacifiques. Beaucoup sont de 
jeunes Biélorusses de la classe moyenne qui travaillent dans l'industrie informatique
du pays, en plein essor, et qui viennent à des rassemblements vêtus d'ensembles hipster
moulants. Contrairement aux événements de Kiev en 2013-14, il n'y a pas de militants casseurs
dans les manifestations. En effet, cette révolution est si douce que parfois elle semble
vraiment endormie. Pour le meilleur ou pour le pire, il y a une absence évidente de jeunes
hommes rudes et vaillants capables de mettre les libéraux mal à l'aise ou de diriger la
résistance si, et quand, l'État autoritaire décide de déployer la force.

Sans des SS nazis comme ceux que les États-Unis ont utilisés lors des émeutes de Maidan en Ukraine en 2014, il n’y a aucune chance de renverser Loukachenko. Avec de telles troupes, le combat se terminerait par un massacre et Loukachenko serait toujours le vainqueur. L’auteur conclut à juste titre :

La résistance du régime de Loukachenko se renforce de jour en jour. Alors que la Russie 
semble maintenant se tenir fermement derrière Loukachenko, des rassemblements
photogéniques et des actions de grève sporadiques ne suffiront pas à provoquer un
changement historique.

C’est fini. Les «grèves sporadiques» n’ont jamais été de véritables actions revendicatives. Quelques journalistes de la télévision d’État biélorusse ont fait une grève. Ils ont été licenciés sans cérémonie et remplacés par des journalistes russes. Quelques centaines de travailleurs du MTZ Minsk Tractor Works ont fait un petit cortège. Mais MTZ compte 17 000 employés et les 16 500, ou plus, qui n’ont pas participé savent très bien pourquoi ils ont toujours leur emploi aujourd’hui. En cas de chute de Loukachenko, il est fort probable que leur entreprise publique soit vendue pour quelques centimes et immédiatement remise «à la bonne taille», ce qui signifie que la plupart d’entre eux seraient sans travail. Au cours des trente dernières années, ils ont vu cela se produire dans tous les pays voisins de la Biélorussie. Ils n’ont aucune envie d’en faire l’expérience eux-mêmes.

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Lundi, le chef du cortège de grévistes de MTZ, un certain Sergei Dylevsky, a été arrêté alors qu’il faisait de l’agitation pour de nouvelles grèves. Dylevsky est membre du Conseil de coordination autoproclamé de l’opposition qui exige des négociations sur la présidence. D’autres membres du conseil ont été appelés pour être interrogés par des enquêteurs de l’État sur une affaire pénale instruite contre le Conseil de coordination.

Pendant ce temps, la candidate de l’opposition, plutôt malheureuse, Sviatlana Tsikhanouskaya, qui a faussement prétendu avoir remporté les élections, est en Lituanie. Elle est censée être professeur d’anglais mais a des difficultés à lire le texte anglais pendant sa supplique (vidéo) pour un soutien «occidental». Elle a déjà rencontré divers politiciens « occidentaux », dont le secrétaire général du parti de l’Union chrétienne-démocrate allemande de la chancelière Angela Merkel, Peter Zeimiag et le secrétaire d’État adjoint américain Stephen Biegun.

Aucun des deux ne pourra l’aider.

Avec le soutien de la Russie, la stabilité militaire, politique et économique de la Biélorussie est pour l’instant garantie. Loukachenko sera à un moment donné évincé, mais ce sera à un moment et d’une manière qui conviennent à la Russie et non pas parce que certains malheureux hipsters informaticiens, financés par la National Endowment for Democracy, tentent de mettre en scène une révolution.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pou le Saker Francophone

Une alliance militaire Inde-Vietnam contre l’alliance sino-pakistanaise?

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Une alliance militaire Inde-Vietnam contre l’alliance sino-pakistanaise?

Observateur-Continental

Les actions chinoises en mer de Chine méridionale ont rapproché Hanoï  et New Delhi dans un partenariat d’experts comparable à l’alliance Pékin-Islamabad. «L’Inde cherche à faire à la Chine ce que la Chine a fait à l’Inde: c’est-à-dire le confinement et l’encerclement», déclare un analyste. 

Observateur Continental reprend un point principal du South China Morning Post du 27 août soulignant  l’alliance militaire Inde-Vietnam contre la Chine.

Lorsque la marine chinoise a effectué des exercices presque simultanément dans quatre régions maritimes cette semaine, beaucoup ont été impressionnés par la démonstration de force, mais peu ont remis en question le public visé. Les experts étaient presque unanimes à considérer les exercices  dans la mer de Chine méridionale, la mer de Chine orientale, le nord de la mer Jaune et le golfe de Bohai, comme la réponse de Pékin à ce qu’il considère comme une belligérance accrue des Etats-Unis. Washington a récemment envoyé des porte-avions en mer de Chine méridionale, fait passer un destroyer dans le détroit de Taïwan, fait voler des avions de reconnaissance et des bombardiers B-1B au-dessus de la région et s’est rangé du côté des pays d’Asie du Sud-Est dans leurs différends territoriaux avec la Chine. 

Comme l’a dit Josef Gregory Mahoney, professeur de politique à l’université normale de Chine orientale de Shanghai: «La Chine est confrontée à un risque croissant que le président Donald Trump déclenche un incident dans la mer de Chine méridionale, impliquant peut-être Taïwan». Les exercices de la Chine ont envoyé en réponse  un message clair, alors que la Chine ne veut pas de guerre avec les  Etats-Unis. Si une guerre arrive, elle est prête et capable de se battre  et sur plusieurs fronts si nécessaire. 

Mais si le public visé était peut-être celui de Washington, la démonstration de force a également eu un effet sur les nations beaucoup plus proches de chez elles, explique le South China Morning Post. En particulier, selon les analystes, cela a encouragé le développement d’un partenariat militaire entre le Vietnam et l’Inde, un partenariat que de nombreux experts considèrent comme visant à contrer la Chine de la même manière que l’alliance sino-pakistanaise est considérée comme contrant l’Inde. 

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Le Vietnam a été irrité par les images satellite montrant que la Chine a récemment déployé au moins un bombardier porteur de missiles H-6J sur l’île Woody, l’une des îles des Paracels contestées dans la mer de Chine méridionale. Ces images ont incité le ministère vietnamien des Affaires étrangères à avertir la semaine dernière que la présence des bombardiers sur l’île – connue sous le nom de Yongxing en Chine et de Phu Lam au Vietnam – violait non seulement la souveraineté vietnamienne mais «mettait en péril la paix» dans la région. On pense que les images étaient en bonne place à l’ordre du jour lorsque l’ambassadeur du Vietnam Pham Sanh Chau a rencontré vendredi dernier le secrétaire aux Affaires étrangères indien Harsh Vardhan Shringla pour l’informer de l’escalade des tensions dans la mer de Chine méridionale. Ils auraient également participé mardi à des discussions lors d’une réunion virtuelle entre le ministre indien des Affaires extérieures, Subrahmanyam Jaishankar, et son homologue vietnamien Pham Binh Minh.

Carlyle Thayer, professeur émérite de l’université de Nouvelle-Galles du Sud à l’Australian Defence Force Academy, a déclaré que ce n’était pas la première fois que la Chine déployait des bombardiers sur les  îles Paracels.  Elle y avait envoyé plusieurs bombardiers à longue portée H-6K en 2018. Cependant, l’ouverture du Vietnam à propos de la réunion de l’ambassadeur était significative. «Etant donné que [cette fois] le Vietnam a rendu public sa position envers l’Inde, il est probable que le Vietnam s’engage dans un exercice diplomatique pour dénoncer les actions de la Chine dans le but d’obtenir un soutien politique», a déclaré Thayer. En tendant la main à l’Inde, le Vietnam a présenté non seulement un partenariat stratégique global entre les deux pays, mais a également montré son soutien continu à la liberté de navigation et de survol de l’Inde dans la mer de Chine méridionale, a déclaré le professeur de relations internationales Huynh Tam Sang de l’université des affaires sociales de l’université nationale du Vietnam à Ho Chi Minh Ville. «L’Inde et le Vietnam se trouvent maintenant à une convergence géostratégique. Les deux parties s’opposent à ce que la Chine traite la mer de Chine méridionale comme son arrière-cour et ont intérêt à préserver la paix et la stabilité dans les eaux contestées», a déclaré Huynh. «Tout comme Islamabad et Pékin coordonnent et soutiennent étroitement leurs actions militaires contre l’Inde, New Delhi et Hanoï ont maintenant commencé à s’informer et à se soutenir mutuellement vis-à-vis de Pékin. «Tout comme le Pakistan favorise une forte présence navale chinoise dans l’océan Indien, le Vietnam favorise une présence navale indienne dans la mer de Chine méridionale», a déclaré Mohan Malik, chercheur du NESA Center for Strategic Studies (un centre régional du département américain de la Défense).

Le Vietnam continuerait ainsi de renforcer ses liens avec l’Inde pour répondre aux préoccupations communes concernant l’assertivité croissante de la Chine dans l’Indo-Pacifique, a déclaré Derek Grossman, analyste principal de la défense à la Rand Corporation, un groupe de réflexion de Washington. «Cela impliquera probablement le partage d’informations, la formation militaire et peut-être l’achat d’armes», a déclaré Grossman, ajoutant que «les armées des deux pays étaient très complémentaires car elles dépendaient toutes deux en grande partie de l’équipement soviétique ou russe».

 Olivier Renault

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n’engagent que la responsabilité des auteurs

Observateur-Continental

mercredi, 26 août 2020

La Syrie, l'Iran et les sanctions américaines: débat entre Kris Roman, Adnan Azzam, Emmanuel Leroy, Dmitry Babich & Ruben Rosiers

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ВРЕМЯ ГОВОРИТЬ

La Syrie, l'Iran et les sanctions américaines: débat entre Kris Roman, Adnan Azzam, Emmanuel Leroy, Dmitry Babich & Ruben Rosiers

 
 
ВРЕМЯ ГОВОРИТЬ! - TIME TO SPEAK!
Talk show in different languages
Ток-шоу на разных языках.
 
Conference skype 16.05.2020 : "La Syrie, l'Iran et les sanctions américaines"
 
Emission en français avec
Kris Roman - Belgique/Russie Moderateur/chef de programme
Adnan Azzam - Syrie écrivain, president du movement international pour la souveraineté du peuple “Souria al alam”
Dmitry Babich - Russie journaliste RIA Novosti
Emmanuel Leroy - France président de l'association "sauvez les enfants du Donbass"
Ruben Rosiers - Belgique spécialiste des affaires syriennes
 
 
Concept/Montage : Kris Roman
Musique/composition : Kris Roman
Enregistrement Skype : 16.05.2020
© ВРЕМЯ ГОВОРИТЬ/Kris Roman

Débat sur le Liban avec Kris Roman, Adnan Azzam & Dmitry Babich

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Время Говорить :

Débat sur le Liban avec Kris Roman, Adnan Azzam & Dmitry Babich

(en français)

 
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Conference skype 16.05.2020 :
"Le Liban"
Emission en français avec
Kris Roman - Belgique/Russie Moderateur/chef de programme
Adnan Azzam - Syrie écrivain, president du movement international pour la souveraineté du peuple “Souria al alam”
Dmitry Babich - Russie journaliste RIA Novosti
 
 
Concept/Montage : Kris Roman
Musique/composition : Kris Roman
Enregistrement Skype : 13.08.2020
© ВРЕМЯ ГОВОРИТЬ/Kris Roman

samedi, 22 août 2020

Le gazoduc Nord Stream 2 et les sanctions des Etats-Unis

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Le gazoduc Nord Stream 2 et les sanctions des Etats-Unis

par Jochen Scholz*

Ex: https://www.zeit-fragen.ch

Dès le début de la construction du gazoduc Nord Stream, les Etats-Unis ont rendu clair qu’ils empêcheraient coûte que coûte la construction d’un deuxième gazoduc menant de la Russie en Allemagne en passant sous la mer. On a d’abord essayé d’influencer par voie diplomatique ou par les médias les membres de la Commission Européenne et du Parlement Européen sous l’emprise aux intérêts des Etats-Unis ainsi que les pays membres de l’Union Européenne qui répandent la chimère d’une Russie menaçante depuis des années. Maintenant, le congrès et le gouvernement américains commencent à serrer les vis. Toujours est-il qu’il faut tolérer cette ingérence dans la souveraineté (des pays respectifs).

De quoi s’agit-il? A la base de l’article 232 du «Countering America’s Adversaries Through Santions Act» (https://congress.gov/bill/115th-congress/house-bill/3364/...les Etats-Unis ont décidé d’imposer des sanctions aux entreprises et aux personnes qui construisent le gazoduc ou sont associées à ce projet. Ces sanctions représentent une violation sans équivoque du droit international parce qu’on applique la loi nationale d’un pays dans un contexte extraterritorial. Comme l’exemple de l’Iran le montre, ce comportement n’a rien de particulier. Les Etats-Unis l’ont souvent appliqué ces dernières années. Mais les sanctions appliquées sont seulement efficaces à cause du rôle du dollar dans le système financier mondial. A vrai dire, il s’agit du chantage.

Certes, le gouvernement allemand a officiellement interdit toute ingérence en ce qui concerne ses activités économiques, mais cela ne dissuadera pas les Etats-Unis d’empêcher l’achèvement du gazoduc Nord Stream 2. Un criminel se trouvant l’arme à la main devant sa victime ne sera pas dissuadé non plus de son attaque par la seule discussion. Ce n’est rien d’autre que le droit international créé par la Charte des Nations Unies après l’an 1945 qui est mis en jeu. Il semble de plus en plus être remplacé par le droit du plus fort qui ne cesse de se propager depuis la fin de l’Union Soviétique.

Donc, quel conseil donner au gouvernement allemand? Il faut surtout éviter de rendre la pareille, c’est-à-dire de menacer les Etats-Unis de sanctions. Ceci accélérait l’érosion du droit international dont le gouvernement allemand se plaint. La Charte des Nations Unies montre le chemin. Jusqu´à la fin de l’année 2020 l’Allemagne sera membre non permanent du Conseil de sécurité et le présidera jusqu’à la fin juillet. Je lui conseille de prendre l’initiative pour appliquer l’article 96 de la Charte:

«Article 96

a. L’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité peut demander à la Cour internationale de Justice un avis consultatif sur toute question juridique.

b. Tous autres organes de l’Organisation et institutions spécialisées qui peuvent, à un moment quelconque, recevoir de l’Assemblée générale une autorisation à cet effet ont également le droit de demander à la Cour des avis consultatifs sur des questions juridiques qui se poseraient dans le cadre de leur activité.

(https://www.un.org/fr/sections/un-charter/chapter-xiv/ind...)

Au lieu d’être pour l’instant uniquement discuté en Europe et aux Etats-Unis1, le problème sera ainsi un sujet plus connu, voire mondialement connu, même au cas où les Etats-Unis y opposeraient leur véto au Conseil de sécurité ce qui est probable.

La raison principale de l’opposition des élites se trouvant au pouvoir indépendamment de la présidence états-unienne est de nature géopolitique. Car la collaboration de l’Allemagne et de la Russie dans le domaine de l’énergie représente sans aucun doute un élément constitutif d’un espace économique eurasien en train de naître qui entraînera par conséquent une nouvelle architecture de sécurité. Ceci dit, la lutte anglo-américaine pour contrôler «l´île-monde» qui dure depuis des décennies aurait été vaine. Car d’après Halford Mackinder la domination de l’île-monde est la condition préalable à la domination du monde entier.2 D’autres raisons comme par exemple la vente du gaz de fracturation sous forme liquide à l’UE sont moins importantes et représentent plutôt un sujet de la campagne électorale du président Trump. Le gazoduc par contre est très important pour la Russie en ce qui concerne sa géopolitique et sa structure économique.

Il serait donc à souhaiter que la Russie en tant que membre permanent du Conseil de sécurité réfléchisse à appliquer le paragraphe/article 96 de la charte.•


1Y inclus la Russie
 https://www.lettre.de/beitrag/mccoy-alfred-w_herzland-und-weltinsel https://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_du_Heartland


*Jochen Scholz, ancien lieutenant-colonel de l’armée allemande (Bundeswehr) a travaillé pendant plusieurs années à l’OTAN à Bruxelles. Pendant la guerre contre la Yougoslavie, il faisait partie du ministère fédéral de la défense où il apprit que les discours officiels des hommes politiques sur la violation des droits de l’homme par les Serbes ne correspondaient pas à ce qu’en rapportaient les experts sur place. En 1999, il quitta le Parti social-démocrate allemand SPD à cause de ces mensonges.

La Turquie, victime d'un complot international ou fauteur de troubles?

jeudi, 20 août 2020

Tim Marshall’s Prisoners of Geography

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Tim Marshall’s Prisoners of Geography

Tim Marshall
Prisoners of Geography: Ten Maps That Tell You Everything You Need to Know About Global Politics
London: Elliot and Thompson (2015)

The physical realities that underpin national and international politics are too often disregarded in both writing about history and in contemporary reporting of world affairs. Geography is clearly a fundamental part of the “why” as well as the “what.”

prisonersgeo-200x300.pngEver since I was a small child, roughly from age three or four, I remember staring transfixed at any map I could get my hands on. Atlases, globes, wall charts, everything to satisfy my voracious appetite for map-reading. It’s important to not confuse the map for the territory, but a map is a story of the territory, for those who know how to read it. I would scan maps for hours on end, learning to the best of my ability the various geographical features, the names of countries, cities, and capitals. Much of it I still remember even at my embarrassingly advanced age. So, it should come as no surprise to anyone that I was positively giddy when I heard that a book about maps that explain the world exists. And indeed, Prisoners of Geography: Ten Maps That Explain Everything About The World [1] claims that such maps exist.

The premise of the book is remarkably solid — you could even call it self-evident: the foreign policy and geopolitical decisions made by world leaders are constrained by geography, that nations, states, and leaders are in many ways prisoners of geography. For example, no matter the political system or leadership structure, a leader of Russia has an interest in exerting influence over Poland [2] due to the geography of the European Plain, which is narrowest in Poland — therefore, control of Poland means control of the land gateway between Western Europe and Russia. A Chinese leader, irrespective of political system or leadership structure, has an interest in controlling Tibet, given that all of China’s major and life-giving rivers spring from the Tibetan plateau. And an American state, regardless of political system or leadership structure, must control the port of New Orleans and its gates to the outside world – Florida, Cuba, and the Caribbean. Only then can the world oceans communicate with the vast inland of the North American continent through the many navigable waterways of the Mississippi-Missouri watershed. And of course, dreams of a politically united Europe remain just that: dreams. Unlike North America, a map of European watersheds [3]reveals a patchwork of medium and small riverbeds, with the notable exceptions of the Danube, Dniepr, Don, and Volga.

But aside from the great insights with regard to geography, Tim Marshall’s erstwhile effort gives us a case study of what mistakes smart and insightful people make when they are blinded to certain realities of the world. Indeed, how can the author — a British journalist and international correspondent in good standing — do something as crass as noticing the biological realities of nation and race?

A good example of the inner contradictions within the book itself resulting from race-blindness, and more importantly, blindness to racial conflict, arise when comparing and contrasting chapter 3 (which deals with the United States) and chapter 7 (which deals with India and Pakistan).

Marshall rightfully criticizes Pakistan as having no internal cohesive mechanism outside of Islam and opposition to India given that Pakistan consists of several squabbling ethnic groups. It’s dominated by and resentful of a Punjabi majority, and Marshall predicts a turbulent future for it. But he also gleefully predicts that the United States will keep on going, even as it wanes in power, completely ignoring the problem posed by the emergence of ethnic groups resentful of America’s historic people who are now on the way to becoming a minority. The crux of the argument for America’s continued wealth and power is predicated on the assumption that the port of New Orleans, connecting the Mississippi watershed to the Gulf of Mexico and the Florida peninsula — the gateway between the Gulf and the sea — will remain in American hands. But it is precisely these lands in America that are facing intense replacement migration. A majority Hispanic Florida might choose to leverage its geographic position, possibly in concert with Cuba and other Caribbean nations, and dictate terms to America’s inland, whose navigable rivers are meaningless without access to the high seas. Marshall describes the absolute necessity of the Mexican-American war and the importance of pushing the potentially hostile Mexican state far away from the port of New Orleans, but fails to see the danger that a majority-Hispanic Texas, or even Louisiana, could have on that same port. If the loyalty of the Pakistani Pashtuns to the regime in Islamabad cannot be counted on, can American Hispanics, especially Mexicans, be counted on to be loyal to the regime in Washington?

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Nowhere are the epicycles explaining away racial and ethnic differences more obvious than in the section on South America. The wealth of Chile, Argentina, Uruguay, and the Brazilian states of Rio Grande do Sul and Santa Catarina is due to the Rio de la Plata and the natural harbor of Buenos Aires, and in no way due to the white majority in South America’s Southern Cone. Or could it be that European settlers had the foresight to settle these productive regions? Hmm. Either way, a good deal of rationalization could be done away with if only the element of race were to be taken into account. Sadly, what could be an excellent exploration of African geography in chapter 5 descends into similar epicycles.

What can we, as Dissident Rightists and white nationalists, garner from this book? First of all, let’s look at the situation in America. Whites on the North American continent have leveraged the interconnectedness of its waterways to great effect and wealth, but, as mentioned before, the economic utility of the Mississippi-Missouri watershed depends on control of the gates of New Orleans and Florida. Many people assume that the Midwest, possibly the Pacific Northwest, and parts of inland Canada could become a homeland for whites on the North American continent. However, without control of New Orleans and Florida, or at the very least parts of the East Coast, such a country would have no means of entering the Atlantic and coordinating with Europe — preventing the cross-Atlantic cooperation that we have hitherto had for better or worse. Absent the Rio Grande, there are precious few natural barriers between the proposed Midwestern-Pacific Northwestern white homeland and Mexico — opening up the state to hostile invasion and infiltration. All of these factors will dictate the extent and borders of the proposed new homeland. It is important to remember that the USA and Canada took the shapes they took due to geographic expedience and constraints.

Second, we must look to Europe and her defenses. I’ve already written extensively about the possibility of a European alliance to defend the continent’s borders [5]. Geography works to our advantage here — Europe is easily defensible from the south and south-east, and extra layers of defense can be added by exerting influence on the Mediterranean’s south and Eastern shores. [6] The Atlantic to the West seems to be an unlikely route of attack, as does the Arctic to the north (although, as chapter 10 points out, the Arctic is now very much in play as icebreaker technology advances and the polar ice cap recedes). This leaves the East and our old friends of Velikaya Rus, whose loyalty to a potential alliance of European nations and potential imperial ambitions on Europe are something we have yet to determine. Poland will once again take center stage in world history, as it is there that the European plain is narrowest.

Thinking about maps and geography is good for its own sake, too. Obviously, it is fun, but more importantly, we who would be thinkers and rulers must of necessity take into account the facts on the ground; including the literal ground, the climate, the populations, the tides and ebbs and flows of rivers, the mountains, the woods, the deserts, and the seas. The land speaks.

But maps and lands do not tell the whole story. History and the future are tales not only of geography, but also of biology. Tim Marshall is fond of pointing out that geography is destiny, that nations and leaders are prisoners of geography. Our movement’s most emblematic maxim is that demographics are destiny. But a view of one without the other is incomplete. Just as a man needs two eyes to see properly, to perceive depth and nuance, so too does a geopolitical thinker need both geography and biology.

In any case, I warmly recommend everyone imbibe this excellent tome. Unfortunate though his blind spots may be, Marshall has much to teach us.

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Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2020/08/prisoners-of-geography/

URLs in this post:

[1] Prisoners of Geography: Ten Maps That Explain Everything About The World: https://www.goodreads.com/book/show/25135194-prisoners-of-geography

[2] exerting influence over Poland: https://www.counter-currents.com/2019/09/barbarians-from-the-east/

[3] map of European watersheds : https://www.thegeographeronline.net/uploads/2/6/6/2/26629356/3622986_orig.jpg

[4] here.: https://www.counter-currents.com/the-world-in-flames-order/

[5] European alliance to defend the continent’s borders: https://www.counter-currents.com/2020/04/good-fences-make-good-neighbors/

[6] exerting influence on the Mediterranean’s south and Eastern shores.: https://www.counter-currents.com/2020/04/mare-nostrum/

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mercredi, 19 août 2020

Pourquoi Poutine s'intéresse-t-il désormais à la Biélorussie ?

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Pourquoi Poutine s'intéresse-t-il désormais à la Biélorussie ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Contrairement à ce que nous pensions et avions écrit dans un article du 12/08, intitulé La Biélorussie, la « dernière dictature d'Europe » Vladimir Poutine semble désormais prêt à soutenir, y compris militairement, le président biélorusse Alexandre Loukachenko au cas d'une intervention des Occidentaux.

Ceux-ci pourraient être tentés, comme le demande actuellement la Pologne, d'appuyer les manifestations incessantes de citoyens biélorusses protestant contre la réélection de Loukachenko qu'ils considèrent comme le résultat de fraudes électorales massives de la part du pouvoir. Notons en passant que des manifestations similaires en soutien de Loukachenko se produisent ailleurs.

L'appui occidental pourrait se traduire par des interventions militaires provenant des Etats de l'Otan proches de la Biélorussie, Pologne et Etats Baltes notamment. Nul n'ignore que les Etats-Unis en profiteraient pour rétablir leur influence dans cette région, influence actuellement très en recul.

Ceci justifie le fait que Vladimir Poutine, qui paraissait jusqu'à présent se désintéresser de l'avenir politique de Loukachenko, semble désormais prêt à le soutenir, y compris là encore militairement. Mais ceci serait au prix de l'acceptation par Minsk d'une entrée dans la Fédération de Russie, c'est-à-dire d'une perte d'autonomie politique au profit de Moscou. Il semble désormais que Louchachenko pourrait s'y résigner.

Dans l'immédiat, Moscou vient d'annoncer le déploiement de missiles tactiques à courte portée Iskander-M, à capacités tant conventionnelles que nucléaires, sur les frontières de la Biélorussie, prêts à intervenir en cas d'invasion de l'OTAN. Les militaires russes ont même laissé dire que pourraient s'y joindre, si nécessaire, des missiles hypersoniques. L'emploi de missiles air-sol Kinjai portés par des Mig 31 et pouvant atteindre Mach 10, avec une portée de 2 000 km portée, est notamment envisagé.

Il ne s'agit encore que de simples menaces . Mais elles permettent d'ores et déjà à Vladimir Poutine de démontrer l'intérêt stratégique de tels missiles face aux armes conventionnelles de l'US Air Force. La leçon ne sera pas perdue par le Pentagone, qui cherche actuellement l'accord du Congrès pour faire réaliser ses propres missiles. Mais ceux-ci auront toujours un retard technologique face aux missiles russes.

dimanche, 16 août 2020

Communisme revisité : ces nouveaux penseurs dont s’inspire Xi Jinping pour diriger la Chine d’une main de fer

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Communisme revisité : ces nouveaux penseurs dont s’inspire Xi Jinping pour diriger la Chine d’une main de fer

Ex: https://www.atlantico.fr

 
 

Atlantico.fr : Quelles sont les influences philosophiques dont semble s'inspirer Xi Jinping, notamment dans sa gestion de la crise de Honk Kong ?

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Barthélémy Courmont : Les influences du régime chinois depuis quelques années, et notamment après l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, semblent converger vers la reconnaissance des multiples facettes de la pensée chinoise. On pense aux travaux influents de Yan Xuetong sur le neoconfucianisme, ou encore au Tianxia 2.0 de Zhao Tingyang, entre autres. Ces penseurs brillants et reconnus ont en commun de mobiliser les fondements de la civilisation intellectuelle chinoise pour inscrire le régime dans la continuité de cette histoire pluri-millénaire et, à l’heure où la Chine revient au centre du monde après un siècle-et-demi de mise à l’écart (qualifiés à tort ou à raison « d’humiliations »), de légitimer le pouvoir. C’est une véritable rupture avec la révolution culturelle et le maoïsme, qui privilégiaient la mise au pilori des anciennes pensées et avaient pour ambition de créer une société nouvelle et « pure ». Cette ligne idéologique très prononcée, et qui mena la Chine au désastre, a donc laissé place à une approche pragmatique et inclusive de tout ce qui a fait la Chine, y-compris le nationalisme du Kuomintang. C’est pour cette raison qu’il est erroné de considérer que le régime actuel est profondément marqué idéologiquement, sa force étant précisément de ne pas être prisonnier d’une doctrine trop rigide.

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Il est en revanche indiscutable, et les événements de Hong Kong le confirment, que l’affirmation de puissance chinoise s’accompagne d’une certaine manière de penser les institutions chinoises. Et sur ce point, l’obsession de la stabilité et de la légitimité (inspirée du mandat céleste de la Chine impériale) est au cœur des préoccupations des dirigeants actuels, avec en conséquence une très grande méfiance pour les mouvements démocratiques, qualifiés de déstabilisants, voire chaotiques, et la justification d’un régime fort, au nom de l’ordre et de la stabilité. On trouve ainsi des influences diverses, chinoises mais aussi étrangères, y-compris chez des théoriciens très marqués comme le nazi Carl Schmitt, qui mettait en avant les « vertus » d’un système étatique fort face aux risques de chaos des démocraties. En clair, les influences politiques de a Chine contemporaine ne sont pas libérales, le libéralisme politique étant même suspecté d’être instrumentalisé par des puissances étrangères. 

Concernant le sort de Hong Kong, ces influences diverses expliquent le durcissement des mesures chinoises, tout autant que la mise en avant d’un « complot » étranger, pour ne pas dire occidental, qui ferait de Hong Kong une épine dans le pied de Pékin. Cette approche converge avec l’idée selon laquelle, pour les dirigeants chinois, Hong Kong appartient à la Chine depuis 1997, et que Pékin a donc toute autorité pour faire évoluer le système politique selon son bon vouloir. Il est à ce titre important de rappeler que toute critique de la répression à Hong Kong est qualifiée par Pékin d’ingérence dans ses affaires intérieures.

Ces influences sont-elles surprenantes ?

Non, pour plusieurs raisons. D’abord parce que derrière le vernis des discours convenus, la Chine n’est plus communiste (dans sa version maoïste, et même marxiste-leniniste) depuis quarante ans. Ce qui ne veut pas dire qu’elle est libérale (pourquoi le binarisme hérité de la Guerre froide doit-il nécessairement opposer les deux, sans alternative?). Les dirigeants chinois continuent d’honorer Mao Zedong dans le seul but de maintenir la stabilité du régime et d’éviter le sort de l’URSS, mais à continuer de croire que la Chine est communiste, les puissances occidentales s’enfoncent dans une voie sans issue. La Chine est autoritaire et ne s’en cache pas. Elle n’hésite plus d’ailleurs à comparer les vertus de son autoritarisme (stabilité et ordre, toujours) aux vices de la démocratie qu’elle juge incapable de répondre aux attentes des populations. Il y a lieu de s’en inquiéter, mais c’est en tout cas le vrai défi chinois, le communisme étant réservé à ceux qui restent englués dans une logique de guerre froide d’un autre âge.

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Ensuite, tout connaisseur de l’histoire de la Chine comprend l’obsession de la stabilité, compte-tenu des innombrables révoltes que ce pays a connues. Dès lors, une pensée politique ne peut être influente auprès des dirigeants chinois que si elle met en avant la stabilité, et donc prône un régime fort.

Enfin, le mandat de Xi Jinping coïncide avec une affirmation de puissance (la Chine est devenue deuxième puissance économique mondiale en 2010, soit peu avant l’arrivée au pouvoir de Xi) et, dans le même temps, une faillite des Etats-Unis sûr la scène internationale. Contrairement à ses deux prédécesseurs, Xi a des ambitions qu’il ne cache pas, avec une feuille de route dont l’objectif est le statut de première puissance mondiale (pas uniquement économique) en 2049. Dans ce contexte, une pensée à la fois nationaliste et mettant en avant la récupération des territoires perdus bénéficie d’une grande influence.

Au regard de ces influences philosophiques, que peut-on deviner des intentions politiques du président chinois pour l'avenir ?

Il faut bien avoir en tête, et c’est trop rarement le cas quand on cherche à comprendre la Chine, que cohabitent plusieurs courants de pensée, et que leurs influences sont plus ou moins importantes selon les équipes au pouvoir et le contexte politique (et géopolitique). Dès lors, et compte-tenu des conséquences de la crise sanitaire, tant économiques et sociales que politiques voire identitaires et sécuritaires, les intellectuels les plus influents pourraient être concurrencés par d’autres courants de pensée. Il n’y a pas d’idéologie figée au sommet du pouvoir en Chine, tout dépendra surtout des succès ou des échecs du pouvoir actuel.

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Concernant Xi Jinping, il est indéniable que le président chinois est plus « fort » que ses prédécesseurs et qu'il rassemble de nombreux pouvoirs. Mais il peut aussi être contesté selon ses résultats. Ses ambitions de recomposer l’espace chinois sont sans doute les plus inquiétantes, notamment en ce qui concerne Taïwan. Hong Kong pourrait n’être  qu'une étape, sorte de test pour mesurer les réactions aux ambitions de la Chine.

lundi, 10 août 2020

China: Zwischen Neuer Weltordnung und Neuer Seidenstraße

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China: Zwischen

Neuer Weltordnung

und Neuer Seidenstraße

 

von Alexander Markovics

Kaum ein Land fasziniert und polarisiert westliche Beobachter heute so sehr wie China. In den Augen des Westens ist China eine totalitäre kommunistische Diktatur, dass durch seine mustergültige kapitalistische Wirtschaft nun dazu in der Lage ist, autoritäre Regierungen auf der ganzen Welt zu unterstützen. Gleichzeitig ist der Westen aber von ihm wirtschaftlich und nun auch zunehmend technologisch abhängig, Stichwort 5G. Doch wie kam es dazu, dass dieses Land, dass nach dem Zweiten Weltkrieg der ärmste Staat der Welt war heute eine Wirtschaftsmacht sondergleichen werden konnte? Und wie gefährlich ist Peking wirklich? Droht Europa die „Gelbe Gefahr“ wie uns neokonservative Propagandisten in Bezug auf den Coronavirus und angebliche Weltmachtsambitionen glaube machen wollen?

Nach dem Ende des Zweiten Weltkriegs in Asien und den Wirren des Bürgerkriegs zwischen Nationalisten und Kommunisten gelang es dem Land unter der Führung der Kommunistischen Partei Mao Zedongs, im Rahmen des von ihm propagierten Marxismus mit sinischen Charakteristiken, zur Atomwaffen besitzenden und blockfreien Macht aufzusteigen. Außenpolitisch orientierte sich China in dieser Periode an den Prinzipien des Antiimperialismus und schaffte es nicht nur dem Westen in Korea Paroli zu bieten, was zur bis heute andauernden Teilung des Landes führte, sondern auch zur Unterstützung zahlreicher kommunistischer Aufstandsbewegungen gegen die europäische Kolonialherrschaft in Afrika, was China bis heute großes politisches Renomee auf dem schwarzen Kontinent verschafft hat.

Die Idee einer blockfreien Bewegung, die sowohl vom Westen als auch vom sowjetkommunistischen Osten unabhängig sein sollte, verschafften dem kommunistischen China sogar in Europa eine gewisse Strahlkraft, wo nicht nur die Teile der radikalen Linken und Albanien sich an Peking zu orientieren begannen, sondern auch Proponenten eines genuin europäischen Sozialismus wie Jean Thiriart, die chinesische Unterstützung für den Aufbau einer europäischen Befreiungsarmee im Kampf gegen die USA suchten. Doch beseelt vom Wunsch China in Redkordtempo zu industrialisieren (Großer Sprung nach Vorne) und eine Verbürgerlichung und Erstarrung des Kommunismus im eigenen Land zu verhindern (Kulturrevolution) brachte Mao das Land an den Rand eines neuen Bürgerkriegs, verschlimmerte oder bescherte ihm (je nach Perspektive) eine katastrophale Hungersnot und sorgte für einen kulturellen Genozid an Chinas jahrtausendealter Kultur.

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Auch die Sowjetunion beäugte diese Ereignisse kritisch und entzog China sogar die zugesagte Hilfe beim Aufbau eines eigenen Atomprogrammes. Das daraus hervorgehende Chinesisch-sowjetische Zerwürfnis führte zu einem innerkommunistischen Kalten Krieg, der auch von Einkreisungsängsten Chinas hinsichtlich der UdSSR und einer Kritik am aus pekinger Sicht zu laschen Kurs Moskaus gegen den Westen getrieben war, der schließlich den USA zu gute kam. Nach Maos Tod kam es zu einer Revolte des pragmatisch orientierten Parteiflügels gegen die Thronfolger Maos. Aus dieser ging der dem konservativen Flügel der chinesischen KP angehördende Deng Xiaoping siegreich hervor und schaffte es das Land nach den Schrecken der Kulturrevolution wieder in die Normalität überzuführen und das chinesische Wirtschaftswunder, welches China heute zur zweitgrößten Wirtschaftsmacht der Welt machte, einzuleiten. Dazu schuf Deng zahlreiche Sonderwirtschaftszonen im Land, wo Formen der Marktwirtschaft abseits der kommunistischen Zentralplanung getestet werden sollten.

Dadurch wurde der Grundstein für Chinas Status als Exportnation und den technologischen Austausch mit dem Westen gelegt. Vor dem Hintergrund dieser geschichtlichen Entwicklung muss die derzeitige Führung der kommunistischen Volksrepublik unter Xi Jinping mitsamt ihrer geopolitischen Vorstöße gesehen werden. Obwohl sein Vater einer jener Parteikader war, die unter Maos Kulturrevolution in die Verbannung aufs Land geschickt wurden, ist es gerade Xi der die größte Machtfülle aller chinesischen Machthaber seit Mao besitzt. Als Präsident auf Lebenszeit ist ihm nicht nur die größte kommunistische Partei der Welt untergeordnet, sondern auch gleichzeitig die chinesische Volksbefreiungsarmee, die direkt auf die Partei, nicht etwa auf den Staat, vereidigt ist. Politisch sieht sich China selbst als „leninistische Marktwirtschaft“, die gewisse Aspekte des Kapitalismus unter Führung der kommunistischen Partei in ihre eigene Wirtschaft integriert. Was widersprüchlich klingen mag, widerspricht sich insofern nicht selbst, als das schon Marx den Kapitalismus als notwendige Voraussetzung für ein wahrhaft kommunistisches System erkannt hatte. Dies sieht man auch am Staatsapparat selbst, der von seinem Selbstbewusstsein her eindeutig kommunistisch ist und sich weiterhin zu Karl Marx und Lenin bekennt, dabei aber die Besonderheit des chinesischen Weges betont.

Kulturpolitisch versucht man sowohl Tradition und Moderne zu vereinen, was sich nicht nur in der Hinwendung zur konfuzianischen Philosophie, sondern etwa auch in einer Rehabilitierung der chinesischen Ahnenreligion, dem Shenismus, ausdrückt. Ein starker, staatlich geförderter Nationalismus hält das über eine Milliarde Einwohner zählende Land zusammen, was sich etwa auch darin ausdrückt, dass sich über 90% aller Chinesen zur Ethnie der Han bekennen. Geopolitisch verfolgt China mit der Neuen Seidenstraße ein in der Geschichte noch nie dagewesenes Infrastrukturprojekt. Das als „Ein Gürtel – eine Straße“ betitelte Projekt umfasst mehr als 60 Länder in Afrika, Asien und Europa. Der geplante Wirtschaftsgürtel folgt dabei dem Verlauf der antiken Seidenstraße, wohingegen die (maritime) Straße durch die Häfen Südostasiens, Indiens und Afrikas bis in die Levante und das Mittelmeer verläuft. Was insbesondere für Europa und Afrika nach einer großen Chance für engere wirtschaftliche Beziehungen mit China klingt, ist für die USA der reinste Alptraum.

Seit Admiral Halford Mackinder seine Herzlandtheorie Anfang des 20. Jahrhunderts dargelegt hatte, versuchen sie ein Zusammenwachsen der Eurasischen Halbinsel zu verhindern und genau das wird durch das chinesische Projekt letztlich erreicht. Denn China intensiviert im Zuge der seit 2013 laufenden Bemühungen um die Neue Seidenstraße nicht nur seine Beziehungen zu Russland und damit Eurasien, sondern sucht im Rahmen der Shanghaier Organisation für Zusammenarbeit den Farbrevolutionen der USA in Asien einen Riegel vorzuschieben und politische Lösungen auch mit dem Iran, Pakistan und dem Rivalen Indien zu finden. Dazu gehören auch Marinestützpunkte Chinas, wie am Horn von Afrika und ein Aufrüsten seiner Streitkräfte. Den intellektuellen Unterbau für dieses ganz Eurasien umfassende Integrationsprojekt liefert der aus Guangdong stammende und in Peking lehrende Philosoph Zhao Tingyang. In seinem 2005 auf chinesisch und 2020 in deutscher Übersetzung erschienenem Buch „Alles unter dem Himmel. Vergangenheit und Zukunft der Weltordnung“ legt Zhao die Grundlage eines Gegenuniversalismus, der ausgehend vom Konzept des tianxia (Alles unter einem Himmel), dem „Miteinander der zehntausend Völker unter einem Himmel“ der chinesischen Antike, das friedliche Zusammenleben und die Kooperation der Völker auf der Erde gewährleisten soll.

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Die Grundlage dabei bildet nicht wie im westlichen Liberalismus das Individuum, sondern die Sippe und das Volk. Dabei geht er nicht von der Bestimmung des Feindes als grundlegendem Merkmal des Politischen aus wie es vom Konservativen Revolutionär Carl Schmitt definiert wurde, sondern sieht der konfuzianischen Philosophie folgend die Kooperation zwischen den Menschen als das Wesen des Politischen an. Dabei kritisiert er den liberalen Kulturimperialismus und Demokratieexport des Westens scharf und fordert die USA dazu auf, es den verschiedenen Völkern selbst zu überlassen ihr politisches System zu wählen. Die gegenwärtige Außenpolitik sieht er als unzureichend an, da sie sich nur mit den aus seiner Sicht egoistischen Problemen der Nationalstaaten beschäftigen würde, dabei aber außerstande sei große Probleme wie etwa den Palästinakonflikt zu lösen.

Die gegenwärtige, von den USA geprägte Weltordnung sei in Wahrheit ein Chaos, daher fordert Zhao eine Weltpolitik, welche auf einer globalen Ebene dazu in der Lage ist Lösungen für politische Probleme, welche alle Völker betreffen, zu erarbeiten. Da die Globalisierung immer stärker die Defizite der internationalen Politik enthülle, tue neben der staatlichen und zwischenstaatlichen Politik eine Weltpolitik not, wobei er die Schaffung eines Weltstaates vehement ablehnt. Denn ohne Weltordnung drohe die Gefahr, so Zhao, dass Medien-, Finanz- und Hochtechnologiefirmen die Staaten Stück für Stück kidnappen würden, wodurch sich der Mensch selbst sein eigenes jüngstes Gericht schaffen würde. Angesichts dieser Ideen und der bisherigen Außenpolitik unter Xi Jinping braucht man vor dem neuen China keine Angst zu haben.

mardi, 30 juin 2020

Le chancre de Hong Kong

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Le chancre de Hong Kong

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Malgré la menace persistante du coronavirus, la République populaire de Chine renoue avec ses problèmes d’ordre politique, environnemental, économique et social. Outre le ralentissement perceptible de l’« atelier du monde », le retour d’une forte pollution urbaine et de vives tensions frontalières avec l’Inde, l’agitation recommence à Hong Kong.

Depuis son retour à la mère-patrie chinoise en 1997, la principale place financière d’Extrême-Orient fait preuve d’une indiscipline habituelle qu’amplifie une nouvelle révolution de couleur qui suit celle des « parapluies ». Il y a un an, il s’agissait de contester un projet de loi permettant les extraditions vers la Chine continentale. Il s’agit aussi maintenant de s’opposer depuis le mois dernier à un projet de loi de sécurité nationale contre les risques de sédition, de subversion et de sécession. Ce nouveau texte passe directement devant le parlement chinois sans se préoccuper du parlement local de Hong Kong.

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Les manifestants anti-Pékin à Hong Kong bénéficient du soutien officiel de Washington et de Londres. Donald Trump pourrait sanctionner la Chine si elle promulgue ces lois. Pour sa part, Boris Johnson se dit prêt à accorder la nationalité britannique aux résidents de Hong Kong, quitte à revenir sur une loi qui l’interdisait datant de Margaret Thatcher. Cette ingérence des Anglo-Saxons est inacceptable. Les Chinois se souviennent que Hong Kong devint une colonie britannique au lendemain de la Première Guerre de l’opium par l’odieux traité de Nankin de 1842. L’implantation anglaise résulte donc d’une intervention militaire coloniale destinée à encourager la consommation massive d’une drogue interdite dans l’Empire du Milieu. Le peuple chinois rumine encore ce viol territorial.

Partout où les Anglo-Saxons partent d’un territoire, ils le laissent appauvri et divisé : coupure artificielle de la péninsule coréenne en 1945, partage sanglant entre l’Inde et le Pakistan, tensions communautaires gréco-turques à Chypre, etc. On peut y rajouter l’existence d’un Canada multiculturaliste négateur de la spécificité identitaire canadienne-française.

La région autonome spéciale de Hong Kong dispose d’un statut particulier d’une durée de cinquante ans selon le principe officiel d’« un pays, deux systèmes ». Toutefois, les dirigeants chinois ont peu à peu compris que ce principe ne tient pas face à la mentalité anglo-saxonne qui prévaut toujours à Hong Kong. Par ses ambiguïtés consubstantielles, la langue anglaise ne véhiculerait-elle pas une perception du monde liquide, marchande et profondément corrosive ?

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Des droitards français chez qui le Mur de Berlin n’est jamais tombé dans leur tête soutiennent par anti-communisme désuet les revendications des agitateurs professionnels de Hong Kong sans s’apercevoir, ni comprendre que derrière elles s’avancent des prises de position humanitaristes, cosmopolites et gendéristes qu’ils combattent par ailleurs en Europe. Cette schizophrénie et ce manichéisme témoignent d’un grand aveuglement. Oui, la Chine populaire cumule un communisme persistant, un nationalisme renaissant et un ultra-libéralisme d’État. Détaché des contraintes propres aux ploutocraties ochlocratiques de l’Ouest crépusculaire, l’État chinois se fait stratège géopolitique. Il conçoit les « nouvelles routes de la soie » eurasiatiques. Au contraire du Bloc occidental atlantiste, Pékin sait respecter la souveraineté étatique de ses partenaires. La Chine ne dénonce jamais les violences policières aux États-Unis, ne critique pas les trente années de répression militaire britannique en Irlande du Nord, n’incite pas, à l’inverse des ambassades US, les banlieues de l’immigration allogène de l’Europe occidentale à se soulever.

L’effervescence stérile de Hong Kong contraste avec une autre région administrative spéciale devenue chinoise en 1999, Macao. Par l’ancienneté de la présence européenne dès 1557, l’ex-colonie portugaise devrait elle aussi être en pointe dans la contestation, ce qui n’est pas le cas. Comment expliquer cette différence, sinon par un état d’esprit tout autre ? Sortons du cadre universel et uniforme coutumier et acceptons le plurivers éclectique des puissances, des civilisations, des races, des États et des peuples. Le monde chinois ne correspond pas au « monde » occidental post-blanc, ni au monde russe et encore moins aux mondes africains ou arabe. L’éloignement relativise de fait la primauté de certaines valeurs plus que négligeables telles que l’idéologie des droits de l’homme.

Il est par conséquent risible de voir Londres en plein Brexit difficile, pris par un regain d’indépendantisme en Écosse, voire en Ulster, et Washington, plus que jamais capitale des États-Désunis d’Amérique, s’indigner des intentions légitimes de la Chine populaire. Le gouvernement central de Pékin devrait crever au plus vite l’abcès purulent de Hong Kong et y proclamer l’état d’urgence. L’armée de libération populaire mettrait enfin au pas une populace christianomorphe rétive à l’ordre grand-spatial han.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 178.

dimanche, 28 juin 2020

Libye : la victoire du sultan ?

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Libye : la victoire du sultan ?

Ex: https://institutdeslibertes.org
 

Bientôt 10 ans (2011) qu’a eu lieu l’intervention franco-anglaise en Libye, dont les conséquences néfastes se font encore sentir. Outre le chaos libyen, c’est l’ensemble de la zone sahélienne qui a été perturbée et qui est déstabilisée du fait de la propagation de la révolte touareg à cet espace. Un temps on a pensé que le général Haftar allait gagner la mise en prenant le pouvoir d’une Libye fracturée entre est et ouest, Cyrénaïque et Tripolitaine, dans laquelle se sont affrontés de multiples groupes djihadistes et notamment Al-Qaïda et l’État islamique. L’irruption de la Turquie est en train de changer la donne en fragilisant un espace méditerranéen qui est proche du nôtre et donc dans la zone directe de notre souveraineté. De façon fort classique, ce qui se passe en Libye nous rappelle les luttes méditerranéennes de l’époque moderne : empire ottoman, Angleterre, France, Égypte, un monde arabe fragilisé, mais central et Chypre, acteur clef dans cette partie.

Une Libye détruite et instable

Depuis la chute de Kadhafi en 2011, la Libye s’est fracturée et s’est installée dans une guerre d’enlisement conduite par les différentes tribus, soutenues plus ou moins ouvertement par les Occidentaux. Les accords de Skhirat (2015) signés sous l’égide de l’ONU n’ont pas permis la réconciliation ni empêché l’affrontement de deux camps, qui correspond à une fracture historique de la Libye : Tripoli d’un côté, Benghazi de l’autre. La Russie a officiellement soutenu le gouvernement de Benghazi à l’automne 2018 afin de disposer d’une tête de pont en Méditerranée. Pour Vladimir Poutine, c’était un coup plutôt réussi : soutien à Assad en Syrie et soutien à Haftar en Libye, donc opposition au gouvernement de Tripoli reconnu par l’ONU. Cela signait le retour de la Russie en Méditerranée. Mais si en Syrie la situation a tourné en faveur d’Assad, en Libye Haftar n’a jamais réussi à prendre le contrôle de l’ouest du pays. Ce n’est pas faute d’engagement de la part de la Russie, qui a envoyé des avions de chasse et des soldats de la société militaire privée Wagner. Au total, Moscou a envoyé près de 2 000 hommes en Libye (Wagner + des miliciens de Syrie).

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Certain de sa victoire, Haftar a dénoncé l’accord de Skhirat en avril 2019, lançant une vaste offensive contre Tripoli. Il a réussi à prendre une partie de la Tripolitaine et à contrôler les faubourgs de la ville, mais sans jamais pouvoir renverser le gouvernement ni asseoir sa domination. Le 21 décembre 2019, le parlement turc a ratifié un accord de soutien au gouvernement de Tripoli, s’opposant ainsi à Haftar et à ses alliés occidentaux, mais se plaçant du côté de l’ONU et de ses résolutions. Habile façon d’exercer sa puissance tout en restant derrière le bouclier du droit international. En dépit d’un soutien constant des Occidentaux et d’une aide militaire et financière, Haftar n’a jamais réussi à prendre Tripoli. L’offensive turque l’a chassé de terres qui n’étaient pas les siennes.

Le beau coup d’Ankara

L’intervention militaire d’Ankara qui a apporté son soutien au GNA (Gouvernement d’union nationale) a renversé la donne et a privé Haftar d’une victoire qui lui semblait acquise. Il y a un an, plus rien, sauf le temps, ne s’opposait à la prise de pouvoir du général Haftar qui contrôlant l’est de la Libye avançait vers Tripoli. Un temps qui lui fut fatal et qui a permis un renversement inattendu. Haftar est soutenu par l’Égypte, la France, l’Arabie Saoudite et la Russie. Moscou l’a reçu en visite officielle et a envoyé de nombreux soldats à ses côtés via une société militaire privée. Cette conjugaison des forces devait permettre la prise de Tripoli et le renversement de Fayez al-Sarraj, lié aux Frères musulmans.

Erdogan a pris sa revanche sur la Syrie où il a été doublé par les Russes. Il a soutenu al-Sarraj en lui fournissant des armes, des hommes (près de 7 000), des conseillers lui permettant de réaliser une contre-offensive audacieuse qui a fait perdre l’ensemble de ses conquêtes à Haftar. La défaite est telle que l’on voit mal comment il pourrait reprendre la main et comment il pourra justifier un nouveau soutien auprès de ses alliés. Désormais, c’est à Ankara que passe la résolution du conflit.

La réussite semble totale pour la Turquie. Elle double l’Égypte et s’érige en acteur principal en Afrique du Nord. Elle prend sa revanche sur sa déroute en Syrie en doublant les Russes. Elle s’installe sur la rive sud de la Méditerranée, repoussant les Français et les Anglais. Elle contrôle la zone maritime gazière autour de Chypre. En quelques mois, Ankara a engagé et gagné un bras de fer et s’est positionné comme un acteur majeur en Méditerranée. Jusqu’à présent, sa puissance était mineure et consistait à ouvrir ou fermer le robinet migratoire, exerçant de ce fait sa pression sur l’Europe. Désormais, elle a montré qu’elle était une vraie puissance militaire, capable de pensée et de stratégie, de projection de forces et de contrôle de la mer. Ce n’est plus une puissance mineure, tampon entre plusieurs mondes, mais une vraie et authentique puissance politique et militaire, qui a des ambitions et qui les exploite.

Le 4 juin dernier, le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj était reçu par le président Erdogan à Ankara, montrant ainsi aux yeux de tous les alliances et les connivences du jeu méditerranéen. Le contrôle de la Tripolitaine est désormais assuré, ce qui ne règle pas complètement la question libyenne et maintien la fracture territoriale et culturelle. Ankara réalise de plus un beau coup diplomatique puisque al-Sarrraj est le dirigeant officiel de la Libye, reconnu comme tel par l’ONU. La Turquie peut donc se prévaloir de faire respecter le droit international et de maintenir la légalité, contrairement à ceux qui soutiennent le général Haftar.

L’Europe dans l’embarras

L’Europe a provoqué une situation dont elle a perdu le contrôle. Lancée en 2011, pour les mêmes raisons que la guerre d’Irak de 2003, la Libye s’est révélée être un échec majeur. Kadhafi éliminé, c’est la route migratoire vers l’Europe qui s’est soudainement ouverte. Comme dans un Monopoly géopolitique, la Turquie contrôle désormais l’ensemble des routes migratoires : la route asiatique, qui passe par son pays, la route africaine, qui passe par la Libye. Il va devenir beaucoup plus aisé pour Ankara de faire pression sur l’Europe en utilisant le chantage migratoire et en menaçant d’ouvrir le robinet. Nous risquons de connaître une situation beaucoup plus tendue qu’en 2015, arrivant dans des pays désormais saturés. Qui du Sahel et de la bande touarègue ? Ankara va-t-elle intervenir également dans cet espace et déstabiliser une présence française déjà mal assurée ?

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L’autre enjeu est énergétique. La Libye est le premier producteur africain de pétrole, devant le Nigéria et l’Algérie. Jusqu’à présent, les gisements étaient partagés entre Total et ENI. L’immixtion turque risque de changer la donne. L’enjeu majeur concerne le gaz de Méditerranée, au large de l’Égypte et de Chypre, un gisement dont les premières prospectives ont montré qu’il pouvait être l’un des plus importants au monde. L’accord conclu entre Erdogan et al-Sarraj prévoit que la Libye soutienne les prétentions turques à une extension de sa ZEE dans l’espace méditerranée. Les Européens vont pouvoir s’en vouloir de n’avoir jamais réellement cherché à régler la question chypriote, dont le nord est illégalement occupé par la Turquie depuis 1974. La Turquie, qui était depuis 1922 aux marges de l’Europe, se retrouve désormais en son cœur. Un siècle après la disparition de l’Empire ottoman, celui-ci ressurgit, sous une forme modernisée, mais non moins volontariste. C’est toute la pensée mentale européenne qu’il va falloir revoir : la notion d’intervention humanitaire (toujours un échec), le refus de la puissance, la minoration de la force militaire. Pendant longtemps ont a cru que la guerre opposerait des États à des tribus et qu’elle serait asymétrique. Voilà que ressurgit la guerre classique, celle qui oppose des États à des États, qui conduit à des combats en ville et à des contrôles de territoire. La vraie guerre en quelque sorte, intense, destructrice, qui nécessite une articulation entre stratégie et tactique. L’attaque de la frégate Courbet le 10 juin par un bateau de la marine turque illustre cet état de fait. Le contrôle de la mer est une nécessité, tout comme la préparation à la gestion de ce type d’agression. Le bateau français tentait d’intercepter un navire livrant des armes à Tripoli, probablement financé par la Turquie.

Reste à voir si Ankara pourra tenir longtemps sa position. La situation libyenne est très loin d’être réglée. Les beaux succès d’aujourd’hui ne signifient pas la victoire finale d’Ankara. Pour l’Europe, et surtout pour la France, cet affrontement est une chance : confronté au réel de l’affrontement, la direction militaire et politique va être contrainte de se renouveler et d’adapter son positionnement.

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

samedi, 27 juin 2020

L’Europe de la défiance

Par Hadrien Desuin*

Ex: https://geopragma.fr

La France multiplie les effets d’annonce en faveur de “l’Europe de la défense” sans pouvoir masquer sa dépendance à l’OTAN.

Quelques jours avant le sommet de Londres, les 3 et 4 décembre 2019, un entretien présidentiel publié dans l’hebdomadaire britannique The Economist met le feu aux poudres. En qualifiant l’OTAN d’organisation “en état de mort cérébrale“, Emmanuel Macron vole la vedette à Donald Trump, pourtant habitué à ce type de sortie fracassante. Son duel à fleuret moucheté avec le président turc et membre de l’OTAN, Erdogan, se poursuit en juin 2020, sur fond de guerre civile libyenne, lors de la venue à Paris du président tunisien, Kais Saied. Quelques jours plus tôt, la flotte turque a menacé une frégate française envoyée par l’OTAN au large des côtes libyennes. Washington n’a pas condamné la Turquie et l’OTAN a prudemment demandé une enquête, renvoyant dos à dos Turcs et Français. Ce camouflet illustre la marginalisation de la France dans l’alliance atlantique et justifie a posteriori ses doléances exprimées à Londres: une Europe de la défense indépendante de la tutelle américaine, moins complaisante vis-à-vis de la Turquie et moins obnubilée par la menace russe.Entre temps, Jens Stoltenberg, le secrétaire général norvégien de l’OTAN, est venu à l’Elysée demander des explications: « Nous avons besoin d’une structure de commandement forte et compétente, pas de diviser les ressources en deux ». Il serait selon lui « dénué de sens de permettre à l’OTAN et à l’Union européenne de rivaliser ». Nicole Bacharan, figure de la French-American Foundation, souvent critique du président Trump, sait mettre de l’eau dans son vin quand c’est nécessaire:  « Sur le fond Trump a raison, c’est irréaliste de penser qu’une armée européenne pourrait se passer des États-Unis ». Angela Merkel a certes tenté une synthèse: « il ne s’agit pas d’une armée contre l’OTAN, bien au contraire ! Cela peut être une armée qui complétera l’OTAN de façon très utile, sans remettre ce lien en cause »;  Vladimir Poutine est finalement le seul à voir dans une « une armée européenne : un processus positif pour le renforcement du monde multipolaire ».

La roue de secours de l’OTAN ?


En réalité, les malentendus entre l’OTAN et les projets d’armée européenne ou d’Europe de la Défense ne datent pas d’aujourd’hui. Après deux guerres mondiales Britanniques et Français sont traumatisés par l’engagement tardif des Américains contre l’Allemagne. Dès le 5 mars 1946, dans un discours resté fameux à Fulton, Winston Churchill s’alarme du “rideau de fer descendu à travers le continent, de Stettin dans la Baltique à Trieste sur l’Adriatique.” Suivront en 1947, la doctrine Truman et le plan Marshall mais aussi le traité franco-britannique de Dunkerque, signé le 4 mars, dans une ville ô combien symbolique. Un an plus tard, à Bruxelles, le traité bilatéral franco-britannique s’élargit au Benelux. Son article 5 prévoit une assistance mutuelle en cas d’agression extérieure. L’Europe de la défense ne va toutefois durer qu’un an. En 1949, avec le traité de Washington, les dispositions du traité de Bruxelles sont vidées de leurs substances et mis en sommeil. Washington, qui planifie une guerre imminente contre l’URSS, au vu de ce qui se passe au même moment en Corée, prend directement les commandes. Bien loin d’être concurrents, les deux projets militaires, OTAN et Europe de la défense apparaissent dès l’origine complémentaires dans la mesure où la dernière sert de palliatif ou de plan B, pour encourager ou suppléer une puissance américaine parfois hésitante. En 1954, lorsque Jean Monnet échoue de peu à fonder la CED (communauté européenne de Défense), l’Union de l’Europe occidentale (UEO) réactive le traité de Bruxelles et puis sombre à nouveau dans l’oubli.

35 ans plus tard, la guerre froide s’achève sur une victoire de l’OTAN par abandon des soviétiques. La paix européenne présuppose la réintégration de la Russie dans le concert européen mais la chose est impensable pour Washington. Les structures otaniennes diminuent leur empreinte au sol mais s’élargissent vers l’est. Les Européens, et singulièrement la France, tentent dans le même temps une relance de l’Union de l’Europe Occidentale, “troisième pilier du traité de Maastricht”.


Dans les faits, malgré l’implosion yougoslave et l’intervention tardive des Etats-Unis (accords de Dayton puis occupation du Kosovo), les nations européennes se sont empressées d’ “engranger les dividendes de la paix“. Formule prononcée par Laurent Fabius dès le 10 juin 1990 et symptomatique d’une vision économique du monde. La plupart des armées européennes se contentent des missions dites de Petersberg, du nom de la déclaration de l’UEO, faite à l’hôtel éponyme sur les hauteurs de Bonn en 1992. Missions “civilo-militaires” de formation, de coopération ou d’interposition dont les contours politiques s’avèrent assez flous. Il faut “gagner la paix” et non plus “faire la guerre”. Il y a une “division du travail entre les États-Unis, qui “faisaient le dîner”, et les Européens, qui “faisaient la vaisselle” ironise Robert Kagan dans un article dePolicy Review publié en 2002 et destiné à préparer l’opinion à la guerre en IrakArticle qui sera à l’origine de son ouvrage majeur, La puissance et la faiblesse. Pour Kagan, l’Europe s’apparente à Vénus, déesse de l’amour, tandis que Mars, dieu de la guerre, inspire l’Amérique. Autrement dit, l’armée américaine détruit l’ennemi et les Européens réparent les dégâts.


La PESD (Politique Européenne de Sécurité et de Défense), héritière de l’UEO n’a jamais pu se substituer à l’armée américaine en Europe. Dans les accords de “Berlin +”, la condition pour que l’UE bénéficie des moyens de l’OTAN est que celle-ci ne soit pas engagée. La mission judiciaire et policière EULEX Kosovo n’a, par exemple, pas d’accord de partenariat avec la KFOR. Cet accord est aujourd’hui verrouillé par la Turquie qui fait payer aux Européens, via l’OTAN, sa non adhésion à l’UE.

L’Europe de la Défense portée disparue


Certes la France et le Royaume-Uni tentent de conserver une capacité de projection et d’intervention “en premier” sur un théâtre d’opération. Ce sont les deux “nations-cadres” qui peuvent encore agir en autonomie ou diriger une coalition. Pour le reste, c’est le désarmement général: les crédits de défense dépassent péniblement les 1% du PIB. Le nombre de soldats et de régiments est divisé par deux ou trois en 30 ans. Dans son discours sur “l’État de l’Union” du 14 septembre 2016, le luxembourgeois Jean-Claude Juncker a dévoilé un projet de “corps européen de solidarité” où les jeunes pourront servir les autorités nationales et locales mais aussi les ONG et les entreprises… Avec le Brexit, certains ont cru qu’il n’y avait plus d’obstacle à une Europe de la Défense. C’est méconnaître le tropisme atlantiste des pays d’Europe centrale, du nord et même du sud. Même la France a très tôt réaffirmé son étroite collaboration militaire avec le Royaume-Uni à l’occasion du sommet de Sandhurst en janvier 2018 et lors de l’exercice naval Griffin strike en Ecosse en octobre 2019. En théorie, la France a pu apparaître comme la dernière nation, avec peut-être la Belgique et le Luxembourg, à croire encore à l’Europe de la Défense. Mais en 2009, la France est rentrée dans le giron de l’OTAN et le fond européen de défense qu’elle a péniblement obtenu d’Angela Merkel pourra d’ailleurs servir à l’achat d’équipement militaire non-européen, signe de la dépendance américaine de l’Europe de la défense.

Les administrations américaines successives appellent de leur côté les nations européennes de l’OTAN à stopper l’hémorragie budgétaire. 70% de la défense européenne est en effet assurée par les États-Unis et les états-majors de l’OTAN sont pléthoriques. On comprend que Donald Trump ait menacé de se retirer pour obtenir une meilleure répartition financière. Mais cette confortable réticence européenne peut s’expliquer. D’une pierre deux coups; cet effort européen permet à l’armée américaine de financer son propre réarmement. Et l’Europe, en première ligne, sert de tête de pont à la défense américaine. La mise en place en Europe du bouclier antimissile face à la Russie coûte par exemple très cher et c’est l’industrie américaine (Raytheon) qui en bénéficie en très grande partie. Une base navale en Espagne, un centre de commandement en Allemagne et deux bases de lancements en Pologne et en Bulgarie, sans compter le coût du système d’arme. Voilà pourquoi, l’achat de système de défense anti-missile russe S-400 par la Turquie a suscité plus de colère et de frayeur à Washington que les protestations françaises face à l’intervention militaire de Erdogan en Libye et en Syrie.

*Hadrien Desuin, chercheur associé à GEOPRAGMA

mercredi, 24 juin 2020

L'Union Européenne et la Chine, désormais alliés stratégiques ?

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L'Union Européenne et la Chine, désormais alliés stratégiques ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le 10e Dialogue Stratégique entre l'Union Européenne (UE) et la Chine, en date du 9 Juin 2020, préparant un prochain Sommet Européen (voir référence ci-dessous), marque la volonté de ces deux puissances de coopérer plus étroitement, à la suite de l'épidémie de Covid-19 mais aussi de l'effacement actuel des Etats-Unis.

Si cette volonté se précisait, elle pourrait annoncer un changement important dans l'équilibre politique du monde.

L'UE était représentée lors de cette rencontre par le vice-président Josep Borrell et la Chine par le ministre des affaires étrangères Wang Yi. La Grande-Bretagne n'y participait pas du fait de sa sortie récente de l'UE. L'objet du Dialogue était d'examiner les nouveaux domaines possibles de coopération résultant des effets dévastateurs de l'épidémie. Celle-ci paraît en effet des deux côtés en voie d'être maîtrisée, comme par ailleurs en Russie, malgré quelques résurgences toujours possibles. Au contraire, elle continue à s'étendre en Amérique.

La Chine dispose d'importantes réserves financières. Par ailleurs les entreprises occidentales, y compris en Europe, continuent à lui sous-traiter de nombreux domaines industriels qu'il sera impossible de rapatrier en Europe. Cependant, ses dirigeants considèrent qu'elle ne pourra jamais se passer de l'Europe. Celle-ci demeurera pour elle un partenaire essentiel. Il en est de même des Européens.

Les domaines de coopération dans une économie mondialisée post-Covid seront nombreux. On mentionnera en particulier les recherches scientifiques ainsi que les technologies nouvelles, y compris dans le domaine spatial. Le partage du travail avec la Chine sera bien plus fructueux que la compétition.

Dans ces différents domaines, les Etats-Unis resteront longtemps pour les deux parties un partenaire essentiel. Cependant récemment, lors de la crise du coronavirus notamment, Donald Trump avait décidé de renforcer les frontières et de ne pas participer aux efforts communs de lutte. Ainsi l'Italie au fort de la crise n'avait reçu aucune aide de Washington. Ce fut la Chine qui lui apporta une contribution non négligeable. 

De plus, son incapacité à lutter efficacement contre l'épidémie et ses effets sociétaux avait, comme l'on montré les sondages récents de l'Institut allemand Koerber et de l'Institut américain Pew, a conduit l'opinion européenne à considérer que la coopération avec l'Amérique ne devenait plus pour les Européens une priorité. Ceci ne date pas seulement de l'épidémie. Dès 2017 la volonté américaine de leur interdire toute coopération avec la Chine, notamment dans le domaine de la 5G, au prétexte que celle-ci favoriserait l'espionnage chinois et le détournement des compétences européennes, avait suscité un refus quasi général.

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Aussi bien, le président chinois Xi Jinping a eu sur les perspectives de coopération de nombreux échanges téléphoniques (épidémie oblige) avec Angela Merkel et Emmanuel Macron. Le 10e Dialogue Stratégique entre l'UE et la Chine a confirmé cette volonté réciproque de coopération, comme le montre la conférence de presse de Josep Borrel, référencée ci-dessous.

Josep Borrell y indique que la Chine dont le rôle international ne cessera de s'accroître sera pour l'Europe un partenaire incontournable, en dépit de leurs différences en matière politique ou dans le domaine des droits de l'homme. Il y reconnaît que la Chine n'a pas d'ambitions militaires susceptibles de l'opposer à l'Europe. Même s'il existe de nombreuses divergences d'intérêt, il n'y a pas de « rivalité » au sens propre. Dans l'optique de construire un monde multilatéral, objectif confirmé des deux parties, les dialogues constructifs continueront à s'imposer.

Référence:

EU-China Strategic Dialogue: Remarks by High Representative/Vice-President Josep Borrell at the press conference
9 Juin 2020

https://eeas.europa.eu/headquarters/headquarters-homepage...

 

Moyen-Orient, le grand enfumage sur les raisons du chaos depuis avant les accords Sykes-Picot

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Moyen-Orient, le grand enfumage sur les raisons du chaos depuis avant les accords Sykes-Picot

Par Bernard  Cornut *

Ex: http://www.france-irak-actualite.com

L'articulation historique et stratégique entre les questions de la Palestine et de Mésopotamie, et des couloirs d'export depuis la Mésopotamie (et le Golfe depuis l'émergence du gaz comme remplaçant du pétrole pour la génération électrique et le chauffage) vers la Méditerranée Est, c'est essentiel pour comprendre et faire comprendre l'histoire tragique du Moyen-Orient, y compris la tragédie entretenue depuis 2011 en Syrie, pays situé entre Iraq et Palestine. Cette analyse devrait aussi servir pour proposer, voire imposer, des solutions globales pour une paix juste et durable. 

Concernant le partage de l’Empire Ottoman entre les vainqueurs de la Guerre Européenne de 1914 devenue mondiale, il est important de relever des points d’histoire essentiels pour éclairer non seulement les faits et les traités d’après-guerre, mais aussi les intentions des Empires d’alors, avant l’été 1914 et avant la négociation entre les alliés français, britanniques et russes. Il s’agit aussi de mieux comprendre et répartir les responsabilités, et ainsi dégager les points clé pour sortir toute cette région du chaos.

Visées de l’Empire Britannique sur toute la Mésopotamie, ses pétroles et un couloir vers Haïfa. 

Les négociations Sykes-Picot aboutirent à des lettres signées le 16 mai 1916 à Londres par le ministre britannique Grey et l’ambassadeur français Cambon. Néanmoins des prétentions britanniques antérieures furent clairement établies par les travaux du De Bunsen Committee, comité interministériel de l’Empire Britannique sur ses buts de guerre dans la Turquie d’Asie. Entre le 12 avril et juin 1915, furent menées à Londres plusieurs réunions (secrètes alors)i où participa Mark Sykes, c’est à dire avant le mandat de négociations confiées à lui et à François Georges-Picot à l’automne 1915. Dès juin 1915, la Mésopotamie toute entière, de Bassora au piémont du Taurus, était un but de guerre britannique, incluant les 3 vilayets Bassora, Bagdad, Mossoul et en option une partie de la province (Mutasarriflik) du Zor, plus étendue que le mohafazat syrien de Deir Ez Zor aujourd’hui, et aussi un accès à un port méditerranéen, de préférence Haïfa ou Alexandrette. C’était justifié pour l’exploitation future du pétrole affleurant en de nombreux endroits, et suspecté abondant. Si les Anglais ont cédé à la demande des Français sur Mossoul dans l’accord de mai 1916, ils ont pris soin que Kirkouk soit inclus dans leur zone d’influence. Après l’amère reddition britannique à Kut le 29 avril 1916, le général Maude réorganisa les forces britanniques et indiennes. En décembre 1916, elles reprirent leur avancée vers Bagdad, occupée le 11 mars 1917, tout en dissuadant désormais leurs alliés russes descendus en Perse de les rejoindre à Bagdad, alors qu’il ne leur restait qu’une centaine de kmii

91Ryp510OfL.jpgEn 1905, Mark Sykes, alors jeune diplomate britannique à Constantinopleiii, a rédigé et transmis un rapport sur les sources affleurantes de pétrole entre Bitlis, Mossoul et Baghdad (Report on the Petroliferous Districts of Mesopotamia), à partir du travail d’un ingénieur allemand engagé par la Liste Civile du Sultan. L’attaché militaire anglais, lui, avait déjà été l’auteur d’un article publié en mai 1897 avec une carte des zones pétrolières en Mésopotamie, et en 1904 il avait pu récupérer une copie de la carte des zones pétrolières récemment dressée par un allemand employé du Syndicat ferroviaire anatolien. Cette prospection allemande était menée dans le cadre légal de la concession de la voie ferrée Konya Bagdad et au-delà vers Bassora, signée en 1902 entre une filiale ferroviaire de la Deutsche Bank et l’Empire Ottoman. Car cette concession allemande lui avait accordé un droit complet de prospection, exploitation et vente de produits miniers, pétrole inclus, sur une bande de 20 km de chaque côté du tracé prévu. L’ambassadeur britannique O’Connor transmit à Londres en soulignant « that many of the springs can be profitably worked before the completion of the Baghdad Railway by mean of pipelines to the sea». Dès 1905 plusieurs visées concurrentes se font jour, envers les ressources pétrolières de Mésopotamie et les voies de transfert. 

Dès avant 1914 fut créée à Londres la société Turkish Petroleum Companyiv autour du financier Cassel, de Callouste Gulbenkian qui avait longtemps travaillé à Bakou et écrit un long article sur le pétrole pour la Revue des Deux Mondes de mai 1891, et de quelques proches des Jeunes Turcs mis dans la combine, la Deutsche Bank étant réduite à une part minoritaire. Cette TPC demanda début 1914 une large concession dans l’Empire Ottoman et s’arrangea pour qu’elle fût autorisée en juin 1914 par le Grand Vizir. Néanmoins cette concession de la TPC ne fut pas ratifiée par le Parlement Ottoman avant la guerre, ce qui la fit contester ensuite par la Turquie, tandis que les Britanniques l’annulèrent pendant la guerre pour éteindre tous les droits allemands, vu la présence de la Deutsche Bank dans l’actionnariat. 

Un signe révélateur de la forte détermination des intentions britanniques est que le 23 mai 1914 la London Petroleum Review titra « The Oil Deposits of Mesopotamia, a second Baku in the making ». Trente ans avant, un tiers du pétrole mondial sortait de Bakou. Cet article annonciateur parut donc plusieurs semaines avant l’attentat de Sarajevo et la crise de juillet 14, cinq mois avant l’entrée en guerre de l’Empire Ottoman aux côtés de l’Empire allemand qui lui avait proposé une alliance signée secrètement le 2 août 1914. Néanmoins ensuite, de début août à fin octobre 1914v, alors que la guerre européenne faisait rage, le gouvernement Jeunes Turcs se garda de provoquer la Russie en Mer Noire, contrairement aux souhaits de l’Allemagne. Et surtout il avait proposé, secrètement aussi, à la Russie, à la France et à l’Angleterre de rester neutre, et même à l’Angleterre d’être son allié, quitte à renier l’alliance avec l’Allemagne si l’Angleterre acceptait. En vain ! Pas de réponse positive de Londres. Car pour l’Empire Britannique de l’été 1914, sous l’influence notamment de Churchill et de l’amiral Fischer qui savaient l’importance stratégique du pétrole pour la puissante Navy, atout majeur de la Couronne, l’Empire Ottoman devait être vaincu et démantelé, les bons morceaux devant être récupérés, et surtout pas laissés à d’autres. 

Peu après l’arrivée de Bassora d’une force expéditionnaire navale anglo-indienne le 21 novembre 1914, puis à Qurna le 9 décembre, l’hebdomadaire illustré Le Miroirvi publia une photo sépia de Bassora avec cette légende « Bassora définitivement occupée par les Anglais », terme qui reflète l’intention prédéterminée de l’Empire Britannique. 

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En sus de leur présence dans l’Iraq placé sous mandat, les forces armées britanniques occupèrent jusqu’au printemps 1926 deux petites provinces de la République de Turquie, Sirnak et Siirt, afin d’obliger Atatürk à accepter le rattachement du vilayet de Mossoul à l’Iraq. Et non pas à la Turquie, comme Mustafa Kemal l’avait prévu dans son Pacte National proclamé en 1919 au moment de la reprise coordonnée des combats contre les occupants européens, Britanniques, Français en Cilicie, Grecs ayant débarqué sur la côte égéenne à l‘incitation des Britanniques. Pour proposer un tracé de frontière entre la République de Turquie et l’Iraq sous mandat britannique, un comité de la SDN se réunit à Bruxelles fin octobre 1924, et le tracé retenu s’appela dès lors la ligne de Bruxellesvii ! Atatürk la refusa : les cartes de Turquie d’alors n’incluent aucun trait de frontière à l’est de Tell Abyad, bourg et gare sur la frontière séparant la Turquie de la Syrie sous mandat français qui comprenait alors encore le sandjak d’Alexandrette. Après une brève reprise de combats en 1926 dans ces lointaines provinces turques, Atatürk céda et un traité fut signé à Ankara. Cette frontière nord de l’Iraq ne fut stabilisée qu’au début des années 1930. 

Les autres Empires européens avaient aussi des visées sur les bons morceaux de l’Empire Ottoman, dès avant la crise de juillet 1914 et leur guerre européenne.

Visées de l’Empire russe sur Constantinople, les Détroits et les plaines irrigables de Mésopotamie. 

Les Russes et l’Eglise Orthodoxe lorgnaient sur Constantinople. Le traité de Berlin avait permis à la Russie tsariste d’occuper 3 provinces orientales de l’Empire ottoman, Kars, Ardahan et Artvin. L’armée tsariste avait en février 1914 préparé un plan secret interarmées d’attaque amphibie pour conquérir Constantinople et les Détroits, plan validé par le Tsar Nicolas II en avril 1914viii, donc avant la crise européenne de l’été 14. Le ministre russe de l’Agriculture lorgnait sur le potentiel des deux grands fleuves Euphrate et Tigre pour l’irrigation et la production agricole. Après le début de la Guerre, les Britanniques dirent aux Russes « Constantinople est pour vous » afin de les inciter à aider l’offensive des alliés aux Dardanelles du printemps 1915, qui a lamentablement échoué au prix de dizaines de milliers de morts de chaque côté.

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Les premiers accords Sykes-Picot prévoyaient, avant la révolution bolchevique, d'attribuer les zones en jaune à l'Empire russe.

Les visées de l’Empire allemand sur la Mésopotamie, ses ressources et jusqu’au Golfe. 

L’Empire Allemand lui aussi avait des visées sur la Mésopotamie et quelques bons ports ottomans. Guillaume II avait beaucoup investi dans la connaissance de la région où il avait voyagé, notamment en 1898. Vers la fin des guerres balkaniques, recevant un rapport de ses services sur des mouvements de troupes tsaristes aux frontières ottomanes, le Kaiser y écrivit en marge le 30 avril 1913 : ce sont « des préparations au partage de la Turquie, qui est apparemment plus proche qu’on pensait. ... Veillons bien à ce qu’il ne se passe pas sans nous. Je prendrai la Mésopotamie, Alexandrette et Mersin »ix. Depuis 20 ans, le Kaiser disposait d’une carte précise de Syrie et de Mésopotamiex que son conseiller arabophone, Dr Max von Oppenheim, a fait dresser et imprimer en 1893. La visée impériale sur une ressource clé et de bons ports profonds pour la protéger et l’exporter s’accompagnait d’une coopération en archéologie et en formations techniques et militaire.

Un Empire français plus soucieux de cuivre, coton et soie et des écoles chrétiennes que du pétrole. 

En France, au tournant du siècle le quai d’Orsay avait été souvent alerté sur l’intérêt des pétroles de Mésopotamie par des lettres d’un français turcophone de Toulouse qui s’était installé à Constantinople comme précepteur des enfants du Sultanxi, et suivait de près les prospections et publicationsxii sur ces sujets. Quand les négociations des alliés sur leurs buts de guerre commencèrent, les dirigeants français étaient conscients des visées britanniques sur les pétroles de Mésopotamie puisque le président du Conseil Aristide Briand précisa dans sa lettre d’instructions à Picot, datée du 2 novembre 1915xiii « Il serait également souhaitable que les régions minières de Kerkouk pussent être englobées dans notre domaine, mais il est à craindre que, sur ce point, les Anglais se refusent à entrer dans nos vues. » 

Tout cela pour insister sur le fait établi qu’avant même le début des négociations formelles d’après l’été 2015, l’Empire Britannique était décidé à contrôler toute la Mésopotamie, à cause du pétrole surtout, et à empêcher que tout autre puissance, allemande, russe ou française, ne s’en empare.

Le contrôle des robinets du pétrole pas cher, clé majeure de l’histoire du Moyen-Orient. 

L’histoire économique de la région fut explorée par quelques historiens français mais surtout des auteurs anglo-saxons de culture anti-impérialiste, turcs et arabes, qui ont pu décrypter les intérêts des Etats et des puissances industrielles et commerciales en ce début du 20ième siècle. C’était alors l’émergence des moteurs Diesel, en nombre et en puissance croissante (60 Cv par MAN en 1897, 700 Cv pour des sous-marins en 1907) et dès 1910-1912 commença la conversion des deux plus imposantes marines de guerre, britannique et allemande, à la chauffe au fuel au lieu du charbon. La nationalisation de l’Iraq Petroleum Company par le régime baathiste irakien survint le 1er juin 1972, survenant après un bras de fer entre l’IPC et Bagdad au printemps 1972, et quelques mois après un traité d’amitié et de coopération avec l’URSS en 1971. Cette nationalisation réussie influença de façon essentielle toute la suite des évènements au Moyen-Orient, car le pétrole de Mésopotamie était connu désormais comme le moins cher à produire au monde, et sans doute le plus abondant, car la Mésopotamie est une plaine encore en subsidence, comme me dit un jour de 1972 le grand géologue français Louis Dubertret. 

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La Mésopotamie était connue pour ses affleurements de bitume, cités dans la Bible, exploités au temps d’Hammourabi, mentionnés sur des tablettes sumériennes. Et surtout cartographiés à la fin du 19ème siècle par les services de l’Empire Ottoman et des géologues européens. D’ailleurs le Sultan Abdül Hamid ne se priva pas d’acquérir pour l’Etat, et aussi sur sa caisse personnelle, des terrains repérés comme pétrolifères, ce qui permit à l’un de ses héritiers xivde plaider la spoliation par les Britanniques avec de nombreux avocats de divers pays, mais en vain pendant plus de 50 ans.

Contrôles de la Mésopotamie et de la Palestine, deux objectifs liés dès 1900. 

Pourquoi insister sur cet éclairage ? Je suis convaincu depuis au moins 25 ans, par mes lectures diversifiées et par mon expérience de tout le Moyen-Orient depuis 48 ans, que la question de la Palestine, et surtout les soutiens précoces (disons de 1897 à 1925) et durables à l'entreprise sioniste s'expliquent essentiellement par la volonté d’un certain contrôle de la Mésopotamie et de couloirs pour exporter ses pétroles, notamment jusqu’à un bon port de l’est méditerranéen. Cette volonté est apparue dans les milieux pétroliers, financiers et stratégiques à partir des années 1890-1900. Puis elle s'est renforcée à partir des émeutes et des incendies à Bakou en 1905xv, provoquant la chute de cette production russe auparavant dominée par les Frères Nobel et aussi Rothschild qui avait installé une raffinerie près de Trieste et développé un circuit de transport du brut par une voie ferrée reliant Bakou à Batoum puis en bateau via la Mer Noire et les détroits, donc sans passer par les plaine russes et la Baltique pouvant geler. 

Theodor_Herzl.jpgEn 1901 Théodore Herzl s’était vu refuser par le Sultan la concession coloniale juive en Palestine qu’il réclamait en proposant le rachat de l’écrasante dette ottomane et un crédit de 81 ans. Après avoir obtenu au printemps 1902 d’énormes crédits de 3 grandes banques européennes, Crédit Lyonnais, Dresdner Bank, Lloyds, Herzl retourna à Constantinople et là écrivit en français le 25 juillet 1902 une longue lettre au Sultanxvi, incluant : « Par contre le gouvernement Impérial accorderait une charte ou concession de colonisation juive en Mésopotamie – comme Votre Majesté Impériale avait daigné m’offrir en février dernier- en ajoutant le territoire de Haïfa et ses environs en Palestine... » 

L’implication des intérêts américains au Moyen-Orient pendant et après la Grande Guerre. 

La guerre européenne déclenchée à l’été 1914 s’étendit à l’Orient dès l’automne, puis devint mondiale quand les Etats-Unis s’en mêlèrent. L’énorme dette de guerre britannique était gérée par des banques américaines, principalement JP MORGAN. Juste avant la guerre et à l’automne 1914, Lloyd George, chancelier de l’Echiquier à Londres, craignait que la livre Sterling s’effondre, notamment à cause des assurances maritimes garanties par le Trésor. Il avait sollicité les conseils de Lord Rothschild : En quoi puis-je vous aider ? Je le lui dis. Il entreprit de le faire immédiatementxvii. En 1916, dans l’entourage sioniste (Brandeis, Colonel House...) et financier du président américain Woodrow Wilson, des négociations s’amorcèrent pour le partage des dépouilles, et la garantie de la dette britannique, au cas où l’Amérique viendrait au secours des Britanniques et de leurs alliés. Depuis quelques années le mouvement sioniste américain fournissait des pièces d’or aux services britanniques du Bureau Arabe du Caire afin de financer un réseau de renseignement. Ce réseau d’informateurs, dit Nili, fut développé et géré par Aaron Aaronsohnxviii, à l’origine agronome talentueux résidant près de Haïfa, vite soutenu par le mouvement sioniste américain. Quand Aaron partit au Caire pour aider le Bureau Arabe à interpréter, le réseau fut animé par sa sœur jusqu’à son arrestation et suicide. En 1915-16, ce réseau renseignait sur les positions des troupes ottomanes en grande Syrie et tout au long de la voie ferrée du Hijaz, et notamment sur la localisation et l’état des puits, car l’eau était requise en quantité pour les locomotives à vapeur qui formaient l’essentiel des  moyens logistiques de l’armée ottomane. Pour sa campagne de réélection à l’automne 1916, le slogan populiste de Wilson fut « America Out of the War ». Réélu, Woodrow Wilson fit entrer l’Amérique en guerre en avril 1917. Le 2 novembre 1917, Lord Balfour signa sa fameuse lettre à Lord Rothschild pour affirmer un soutien britannique au projet de « foyer national juif » en Palestine... Plus tard, en février 1922, Churchill écrivit à Curzon alors chef du Foreign Office « Je suis arrivé en toute indépendance à la conclusion que tant que les Américains seront exclus d’une participation au pétrole de l’Iraq, nous ne verrons pas la fin de nos problèmes au Moyen-Orient »xix. Churchill se résolut alors à faire entrer un consortium de 4 sociétés pétrolières américaines dans le tour de table de l’Iraq Petroleum Company en gestation, qui produisit ensuite près de Kirkouk, construisit un oléoduc jusqu’à Haïfa et là une raffinerie. L’IPC dura jusqu’en 1972... 

Pour moi le messianisme sioniste et l'exploitation de sentiments et mythes historico-religieux judaïques ne furent et ne restent qu'une façade, un enfumage, un moyen pour assurer l'adhésion des masses dans les pays occidentaux. 

Il est temps que le débat soit ouvert sur cette question de fonds, notamment à l’occasion des élections présidentielles en France. Seule une politique cohérente sur les affaires étrangères, énergétiques et environnementales, qui soit réaliste, juste, déterminée et ferme, aux niveaux français, européen et de l’ONU, peut ramener la paix et un développement sain dans tout le Moyen- Orient en assurant aussi l’atténuation du risque climatique et environnemental global. 

*Ingénieur en génie rural, énergie et environnement, auteur ** en géopolitique et histoire, suite à ses terrains dans presque tout le Moyen-Orient depuis 1968, dont 14 ans de résidence professionnelle en 6 pays de l'ex Empire ottoman (Libye, Liban, Syrie, Iraq, Egypte, Turquie).

** Auteur de Ben Laden ou Kyoto? Orienter l'Occident plutôt qu'occire l'Orient. L'Harmattan, Paris, 2003

Texte révisé les 18 et 21/01/2017 pour publication par le CVPR-PO  

Quelques notes bibliographiques multilingues:

i Voir ch.7 in: RUTLEDGE, Ian Enemy on the Euphrates. The Battle for Iraq 1914-1921 SAQI, London, 2014, 477p., bibliog., index.

ii Voir ch. 7 The Russians in Persia et ch.9 1917 The Tsarist Empire at its zenith p.222, in McMEEKIN Sean The Russian origins of the first world war. Harvard Univ. Press, 2013; 323p. Bibliog. Index.

iii Voir ch. 1 Indications of Oil, in RUTLEDGE 2014.

iv Détails par ex. in KENT, Marian Moguls and Mandarins. Oil, Imperialism and the Middle East in British Foreign Policy, 1900-1940. Frank Cass London 1993, 192. Bibliog. Index

v Voir ALSAKAL, Mustafa, The Ottoman Road to War in 1914: The Ottoman Empire and the First World War. Cambridge: Cambridge University Press, 2008. 226p.

vi Magazine Le Miroir, collection personnelle de l’auteur.

vii Détails in HOOPER, Charles A. L’Iraq et la Société des Nations. Paris : Pédone, 1927, 112p.

viii McMEEKIN 2013 Op.cit.

ix Voir in AKSAKAL 2008 Op. Cit.

x Collection personnelle de l’auteur. Feuille Ouest de cette carte trouvée et acquise à Ankara.

xi Voir BAREILLES, Roland Le crépuscule ottoman 1875-1933 Un Français chez le dernier grand sultan. Toulouse : Editions Privat, 2002. 366p. Bibliog. Index. Annexes

xii L’ouvrage le plus détaillé sur le pétrole dans l’espace ottoman est en turc : EDIGER, Volkan Ş Osmanlı’da neft ve petrol. Ankara : METU 2005, 472p. Bibliog. Index, Illustrations. Cet auteur géologue, historien, économiste fut conseiller pour l’énergie de 3 présidents turcs Demirel, Sezer, Gül.

xiii Citée in extenso p 90-94 in : HOKAYEM, BOUMALHAB ATALLAH, CHARAF Documents diplomatiques français relatifs à l’histoire du Liban et de la Syrie à l’époque du mandat : 1914-1946. Tome 1 Le démantèlement de l’Empire Ottoman et les préludes du mandat : 1914-1919. Beyrouth Les Editions Universitaires du Liban, Paris L’Harmattan, 2003, 809p.Index. Carte des accords Sykes-Picot.

xiv SAMI, Mahmud E. The Quest for Sultan AbdülHamid’s oil assets. His heirs’legal battle for their rights. Istanbul: The ISIS press. 2006. 174p. Appendices.

xv Voir par ex. YERGIN, Daniel Les hommes du pétrole. Les fondateurs 1859-1945.Paris : Stock 1991 tome 1, 563p.

xvi Lette reproduite en fac-simile in ENGIN Vahdettin Pazarlık. Istanbul : Yeditepe 2010. 213. Bibliog. Index, Annexes (ouvrage en turc d’historien turc francophone).

xvii p.121-122 in LLOYD GEORGE, David Mémoires de guerre t1. Paris : Fayard 1934, Trad. Charles Bonnefon.

xviii Voir GOLDSTONE, Patricia Aaaronsohn’s Maps The untold story of the man who might have created peace in the Middle East. Orlando: 2007, Harcourt Inc. 344p. Bibliog. Index. Le musée Aaronsohn installé dans les 2 maisons de sa famille au village de Zikhron Yaacov au sud de Haïfa est instructif.

xix Cité en anglais p. 119 in MEJCHER, Helmut Imperial quest for oil: Iraq 1910-1928; London: Ithaca Press, 1976, 199p. Bibliog. Index. 

Le MI6 pourrait devenir le mandataire de la CIA pour empêcher l’Europe de se rapprocher de la Russie

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Le MI6 pourrait devenir le mandataire de la CIA pour empêcher l’Europe de se rapprocher de la Russie

Par Andrew Korybko

Source Oriental Review via OneWorld

Traduction française: https://lesakerfrancophone.fr

Le rôle obscur du MI6 [le service d’espionnage britannique, NdT] dans quatre scandales d’infox liés à la Russie au cours des dernières années suggère fortement qu’il est en train d’être instrumentalisé pour devenir le mandataire de la CIA pour empêcher l’Europe de se rapprocher de la Russie une fois que le Nord Stream II sera achevé.

La « nouvelle détente » UE-Russie qui se profile

L’achèvement imminent du gazoduc Nord Stream II entre la Russie et le de facto leader allemand de l’UE est l’un des développements géopolitiques les plus importants du continent aujourd’hui, ce qui conduit à des spéculations crédibles selon lesquelles le bloc entrera inévitablement dans une « Nouvelle Détente » [en français, NdT] avec Moscou avec ou sans le soutien de Washington quelque temps après la fin du projet. Si Trump remporte sa réélection, les États-Unis pourraient très bien « approuver » ce scénario, compte tenu de ses relations récemment revigorées avec le président Poutine, mais même dans ce cas, son « État profond » (bureaucratie militaire, diplomatique et de renseignement permanentes) pourrait encore essayer de déjouer ses plans de rétablissement de la paix. Si Biden gagne, cependant, il est presque certain que les États-Unis feront tout ce qu’ils peuvent pour saper le rapprochement de l’Europe avec la Russie. Quoi qu’il en soit, l’« État profond » est toujours enclin à conserver une influence directe ou indirecte sur les affaires européennes afin d’influencer ce processus au mieux de ses capacités.

La saga Skripal

C’est là que réside la pertinence des relations de la CIA avec le MI6, ce dernier ayant joué un rôle occulte de plus en plus actif dans quatre scandales distincts d’infox liés à la Russie ces dernières années. Ces relations méritent d’être analysées un peu plus en profondeur afin de mieux comprendre l’une des manières les plus probables par lesquelles l’« État profond » américain pourrait tenter de saper les relations UE-Russie, que M. Trump soit ou non réélu. Il convient de rappeler au lecteur la saga Skripal d’il y a plusieurs années, où la Russie était accusée par l’Occident, sans preuve, d’avoir orchestré un complot élaboré pour empoisonner un de ses anciens espions. Cet incident a jeté un nuage noir sur les relations de la Russie avec l’Occident et est largement considéré par ceux qui ne font pas partie des principaux médias comme une opération de renseignement sous faux drapeau visant à ruiner la « Nouvelle Détente » souhaitée par Trump avec le président Poutine par la fabrication d’un incident très médiatisé qu’il lui était impossible d’ignorer et auquel il ne pouvait pas répondre.

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Allégations concernant une base d’espionnage russe dans les Alpes françaises

Ce n’est pas une coïncidence si cette provocation s’est produite au Royaume-Uni puisque le MI6 et la CIA travaillent en étroite collaboration, et que ces deux agences se sont également associées pour inventer la théorie de la conspiration russe qui a depuis été officiellement démystifiée par le gouvernement américain. Néanmoins, ces acteurs de l’« État profond » alliés n’ont pas cessé d’essayer de ruiner les relations entre l’Occident et la Russie, d’où la raison pour laquelle ils ont concocté une autre théorie de conspiration à la fin de l’année dernière, alléguant que des espions russes opéraient à partir d’une base secrète dans les Alpes françaises. La France a été prise pour cible cette fois-ci à la fois parce qu’elle est l’un des leaders du continent mais aussi en raison de son rôle dans le processus de paix de Minsk pour l’Ukraine, déchirée par la guerre civile. Les présidents Macron et Poutine entretiennent également d’excellentes relations entre eux et le dirigeant russe s’est même rendu en France l’été dernier pour montrer à quel point leurs deux pays étaient proches à l’époque précédant le scandale qui a été inventé quelques mois plus tard.

Une provocation à Prague

Mais celle-ci a également échoué, bien qu’une fois de plus, elle se soit avérée ne pas être la dernière d’une série apparemment interminable de tentatives de la CIA et du MI6 pour saper les relations entre la Russie occidentale. La plus récente a eu lieu à Prague après qu’il ait été allégué, sans la moindre preuve, qu’un espion russe était entré dans ce pays d’Europe centrale et s’apprêtait à empoisonner quelques responsables politiques pour se venger de leur décision de démolir un monument de l’époque soviétique datant de la Seconde Guerre mondiale. L’auteur a analysé cet aspect de leur guerre d’information commune contre la Russie dans son article de l’époque sur le scandale de l’assassin russe de la République tchèque, « The Czech Republic’s Russian Assassin Scandal Reeks Of The Skripal Conspiracy« , qui reliait les points stratégiques et expliquait comment cela représentait la dernière phase d’un schéma de provocations de longue date destiné à ruiner les relations de Moscou avec divers pays européens. Il est intéressant de noter que Prague n’était pas non plus un endroit choisi au hasard, tout comme le Royaume-Uni ne l’était pas lorsqu’il s’agissait des Skripals.

La diversion COVID-19

La capitale de la République tchèque est censée être la base des opérations de la CIA et du MI6 en Europe centrale. Elle aurait donc pu servir de lieu approprié pour une nouvelle provocation de l’infoguerre sous faux drapeau contre la Russie, sur le modèle de l’incident de Skripal. Hélas, cette accusation armée contre la Russie n’a pas été reprise comme les autres parce que la pandémie mondiale COVID-19 a distrait la population mondiale, mais il est prévu qu’une prochaine tentative sera faite soit dans ce pays soit ailleurs dans le même but de tenter de ruiner les relations de la Russie avec l’Occident. Quoi qu’il en soit, ce qu’il est important de souligner en ce moment, c’est le rôle du MI6 dans tout cela en tant que « partenaire junior » des États-Unis, qui est plus important que jamais aujourd’hui compte tenu de ce qui a été mentionné au début de cette analyse sur la façon dont l’achèvement imminent du Nord Stream II conduira probablement à un rapprochement entre la Russie et l’UE avec ou sans « l’approbation » des États-Unis (indépendamment du fait que Trump gagne ou non sa réélection).

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Les soupçons européens sur l’Amérique

Bien que le Royaume-Uni ne soit plus un membre officiel de l’UE, il entretient toujours des relations très étroites avec le bloc, notamment en termes de partenariats « d’État profond » avec le MI6. Le rôle de la nation insulaire dans chacun des infox sur la Russie mentionnés précédemment suggère fortement qu’elle est préparée à devenir le mandataire de la CIA pour arrêter l’évolution de [l’attitude] de l’Europe vers la Russie  après l’achèvement du Nord Stream II. Le continent est devenu méfiant à l’égard des intentions américaines à son égard depuis l’élection de Trump, qui a vu le Président menacer de mener une guerre commerciale contre les « alliés » transatlantiques de son pays et mettre une pression immense sur les membres de l’OTAN pour qu’ils paient davantage pour leur propre défense. Cela a choqué de nombreux Européens et les a amenés à envisager sérieusement la perspective d’un rapprochement indépendant avec la Russie afin de parvenir à un meilleur « équilibre » entre les deux grandes puissances. Bien que certains pays de l’UE, comme la Pologne, soient opposés à un tel scénario, ils pourraient avoir du mal à le contrebalancer, car ils n’ont ni le pouvoir ni l’influence nécessaires pour le faire.

La CIA « cheval de Troie » dans l’UE

Les États-Unis tentent d’exploiter l’« initiative des trois mers » menée par la Pologne en Europe centrale afin de creuser un fossé entre l’Europe occidentale et la Russie et de faire en sorte que l’Amérique puisse continuer à diviser et à gouverner le continent, mais leur « État profond » complote secrètement avec les Britanniques à cette fin également, nonobstant la fabrication d’autres fausses conspirations contre la Russie, comme celles qui ont été décrites précédemment dans cette analyse. Les Européens ne font peut-être plus autant confiance aux Américains de nos jours qu’auparavant, mais ils font toujours confiance aux Britanniques et sont désireux de maintenir d’excellentes relations avec son « État profond » afin de réduire l’impact pratique du Brexit. Cela fait du MI6 le « cheval de Troie » parfait de la CIA pour saper de l’intérieur l’« État profond » de l’UE, étant donné le respect et la confiance dont cette agence de renseignement britannique jouit toujours sur le continent. Le Royaume-Uni s’efforce également de conserver et même d’étendre son influence en Europe malgré le Brexit, d’où la raison pour laquelle il travaille main dans la main avec les États-Unis de cette manière en faisant monter les enchères contre la Russie.

Encourager un faux drapeau britannique

À l’avenir, les Européens devraient rester en alerte pour toute provocation de l’info-guerre des faux drapeaux contre la Russie, comme l’ont fait plusieurs autres provocations très médiatisées qui ont été examinées dans cette analyse. Il se pourrait que la CIA adopte une approche encore plus discrète lors de la prochaine analyse afin de « tirer les ficelles à distance » en faisant en sorte que le MI6 joue un rôle plus visible en semant le trouble. Cette astucieuse ruse pourrait rendre le prochain récit plus crédible aux yeux des Européens, car ils seraient moins susceptibles de soupçonner qu’il pourrait s’agir d’un énième complot américain maladroit et voué à l’échec.

Dans ce cas, il est important que les « États profonds » des nations européennes et les publics qu’ils représentent « officiellement » se préparent à ce scénario et traitent le MI6 avec la plus grande suspicion s’il joue un rôle quelconque dans ce qui pourrait bientôt arriver. Un moment potentiellement historique pourrait bientôt approcher où le Nord Stream II conduirait à un rapprochement entre l’UE et la Russie qui changerait la donne, c’est pourquoi les mois à venir pourraient être la « parfaite » mais peut-être aussi la dernière occasion pour la CIA de saper ce scénario par l’intermédiaire de son mandataire MI6.

Andrew Korybko

Traduit par Michel, relu par Kira pour Le Saker Francophone

mardi, 23 juin 2020

Soyons révolutionnaires et conservateurs - Thomas Ferrier sur TVL

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Soyons révolutionnaires et conservateurs

Thomas Ferrier sur TVL

 
Historien et dirigeant du Parti des Européens, Thomas Ferrier est une "voix à part" qui, inlassablement, prône l'organisation de la nationalité européenne, la constitutionnalisation du caractère européen de l'Europe. Thomas Ferrier martèle sa démarche et son programme en annonçant la marginalisation des partis eurosceptiques en Europe. Voix dissidente, voix discordante, l'historien revendique une Europe indépendante mais profondément remodelée et au service des peuples !
 
Retrouvez-nous sur : https://www.tvlibertes.com/
 

lundi, 22 juin 2020

Le Japon commence à s'émanciper de la tutelle américaine

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Le Japon commence à s'émanciper de la tutelle américaine

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Tokyo vient de faire connaître qu'il renonçait désormais au déploiement de plate-formes terrestres Aegis (Aegis ashore) sur les îles japonaises.

Le Système de Combat Aegis, sous se double forme, embarquée sur des navires militaires ou installée à terre, est un système d'armes naval américain comportant des radars de veille et de poursuite et des plate-formes permettant le lancement de missiles anti-missiles et anti-navires. Il est présenté comme défensif, mais nul n'ignore que ces missiles peuvent être utilisés comme des armes offensives.

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Aegis ou ASMS Advanced Surface Missile System a été mis en service officiellement en 1969 et constamment perfectionné depuis. Des stations terrestres Aegis Ashore ont été imposées à ses « alliés » notamment en Pologne et en Roumanie à partir de 2015. L'Otan sous la pression américaine, a décidé en 2015 d'en faire un élément essentiel de son système de défense anti-missiles. Il s'agit bien entendu de se défendre contre d'éventuels missiles russes.

Des navires de guerre américain équipés de plate-formes Aegis patrouillent régulièrement en Mer du Nord et dans l'Atlantique Nord. Par ailleurs différents pays disposent de destroyers comportant des Aegis embarqués, dont le Japon, la Corée du Sud, la Norvège, l'Australie et l'Espagne. En 2017, le Japon envisageait d'acquérir des Aegis Ashore équipés de SM-3 Block IIA  pour un coût unitaire estimé à environ 80 milliards de  yen, soit 620 millions d'euros. C'est ce à quoi il vient de renoncer .

Ceci sera inévitablement considéré à Washington comme un recul important de l' « american dominance » dans le Pacifique Occidental. Pékin n'a pas encore officiellement réagi mais cette disparition d'une menace redoutable à ses frontières sera certainement vu comme un succès important. De la part de Tokyo, il s'agit d'un geste significatif montrant que le Japon n'a plus besoin des Etats-Unis pour assurer sa défense.

La raison présentée par le Japon est que la mise en place de plate-formes terrestres représentent des travaux et un coût que Tokyo ne s'estime pas désormais en mesure de supporter vu notamment les dépenses que lui impose l'actuelle épidémie de coronavirus. Mais on peut penser que le déploiement et l'utilisation de plates-formes requièrent la présence permanente de nombreux militaires américains qui seraient considérés à Pékin et Moscou comme un nouvel aspect de la soumission du Japon aux Etats-Unis.

Or désormais le Japon souhaite normaliser ses relations avec la Chine et la Russie, de façon notamment à développer des actions de coopération commerciales et plus généralement économiques. Pour cela, il ne veut plus être considéré comme un bras armé des Etats Unis en mer du Japon et dans le Pacifique.

Note :

Un des membres de notre comité de rédaction écrit:

Aux raisons évoquées ici de s'éloigner des Etats-Unis s'en ajoute une autre. Le Japon souhaite désormais faire abroger l'article 9 de sa constitution, imposé par les Américains après la défaite. Cet article voté le 3 novembre 1946, sous l'occupation américaine, et entré en vigueur le 3 mai 1947, postule que le Japon renonce à la guerre et notamment à se doter d'armements importants. En conséquence, il ne peut toujours pas disposer d'armements nucléaires, alors que tous ses voisins en sont dotés, officiellement ou pas. C'est également le cas d'Israël, régulièrement évoqué à Tokyo. On peut penser qu'à terme, le Japon se dotera de sa propre constitution.

dimanche, 21 juin 2020

La cause des tensions entre la Chine et l’Inde

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La cause des tensions entre la Chine et l’Inde

 
 
Auteur : Zamir Awan 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Hua Chunying, a déclaré : Un « consensus positif » sur la résolution de la dernière question frontalière a été obtenu à la suite d’une « communication efficace » par les canaux diplomatiques et militaires. New Delhi a déclaré que les deux pays avaient convenu de « résoudre pacifiquement » la flambée de violence à la frontière après une réunion de haut niveau entre les commandants de l’armée. Le Premier ministre indien Narendra Modi et le leader chinois Xi Jinping avaient cherché à apaiser les tensions lors des sommets de ces deux dernières années lorsqu’ils ont convenu de renforcer les communications frontalières entre leurs armées.

Les tensions entre les deux puissances régionales s’exacerbent assez régulièrement à propos de leur frontière de 3 500 kilomètres, qui n’a jamais été correctement délimitée. Des milliers de soldats des deux voisins dotés de l’arme nucléaire ont été impliqués dans le dernier affrontement depuis mai dans la région indienne du Ladakh, à la frontière du Tibet – avant que des signes ne montrent ces derniers jours qu’une résolution était en vue.

La question s’est posée récemment lorsque l’Inde a renforcé unilatéralement sa position dans le territoire contesté du Ladakh, que l’Inde a inclus dans son territoire d’union le 5 août 2019. En revanche, il s’agissait d’un territoire contesté reconnu, et les deux pays avaient une revendication sur la région. L’Inde s’est introduite illégalement et a construit des installations de défense de l’autre côté de la frontière, en territoire chinois, dans la région de la vallée de Galwan, ne laissant aux troupes frontalières chinoises d’autre choix que de prendre les mesures nécessaires en réponse. L’Inde veut construire une base aérienne dans le territoire contesté. Il convient de mentionner que, dans le cadre d’un accord de défense, entre les États-Unis et l’Inde, les deux pays peuvent avoir accès aux bases militaires de l’autre et ont le droit de les utiliser en cas de situation de guerre. L’utilisation par les Américains de la base aérienne du Ladakh contre la Chine constitue une menace directe pour celle-ci. C’était la préoccupation immédiate de la partie chinoise et elle n’avait pas la possibilité d’arrêter les travaux de construction sur le territoire contesté.

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En Inde, l’accent a été mis sur la route Durbuk- Shyok-Daulet Beg Oldi (DSBDBO) le long du fleuve Galwan – qui est plus ou moins parallèle à la LAC (Line of Actual Control) et améliore l’accès de l’Inde à la route Karakoram – comme point de départ possible de la dernière flambée entre la Chine et l’Inde. L’Inde a l’intention de couper la liaison terrestre entre la Chine et le Pakistan pour nuire au CPEC (Corridor économique Chine-Pakistan). C’est pourquoi l’Inde a fortifié son infrastructure à proximité du Khunjrab-Pass, reliant la Chine et le Pakistan.

Cependant, la Chine reste beaucoup plus préoccupée par la nouvelle section de 80 kilomètres de Dharchula à Lipulekh (la porte de Kailash-Mansarovar, un site de pèlerinage hindou au Tibet), achevée le 17 avril et inaugurée le 8 mai par le ministre indien de la défense Rajnath Singh. Cela a peut-être conduit Pékin à revoir la situation aux frontières entre la Chine et l’Inde.

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Selon l’évaluation chinoise, l’activité de construction de l’Inde dans les zones contestées avec le Népal a affecté la sécurité de la frontière chinoise au Tibet. En construisant le tronçon de 80 km (76 km ont été achevés récemment, et les 4 derniers kilomètres de la route menant au col de Lipulekh devraient être terminés d’ici la fin de l’année), l’Inde a déplacé sa frontière avec la Chine, obtenant un accès direct à la route en béton du comté de Purang au Tibet. Elle a ainsi modifié le statu quo dans la région. La Chine dispose déjà de routes de défense de la frontière dans le comté de Purang, à la frontière centrale, et dans le comté de Cona, à la frontière sud avec l’Inde, et un aéroport chinois à Purang devrait être achevé en 2021. Malgré son état de préparation de son côté de la frontière, la Chine craint que l’Inde ne dispose encore d’une grande marge de manœuvre, utilisant l’avantage géographique du Népal pour contester la position dominante de la Chine dans la région.

En fait, l’Inde a des différends avec tous ses voisins comme la Chine, le Népal, le Pakistan, le Bangladesh, le Myanmar, la Srilanka et les Maldives. La théorie expansionniste indienne de la « grande Inde » est la cause de réels problèmes. Dans le passé, l’Inde a occupé certains de ses États souverains indépendants voisins comme le Sikkim, le Nagaland, le Jammu & Cachemire, Hyderabad, Juna Garh, etc. L’Inde a un passé d’agression et de coercition contre ses petits voisins. L’Inde a un passé d’agression et de coercition contre ses petits voisins. Mais elle pourrait être confrontée à des difficultés avec la Chine. La leçon apprise lors de la guerre de 1962, les Indiens ne devraient pas avoir à développer une inimitié avec la Chine.

Historiquement, les conflits frontaliers existent depuis 1947, lorsque l’Inde a obtenu son indépendance de la domination britannique. C’était l’époque de la révolution chinoise, lorsqu’un gouvernement faible, corrompu et naïf du Parti nationaliste (Guo Ming Dang) était au pouvoir à Pékin, et que le Parti communiste chinois, dirigé par le président Mao, était trop engagé dans la lutte pour le pouvoir. Le gouvernement chinois de l’époque n’était ni fort, ni stable, ni visionnaire et luttait pour sa propre survie. Ils étaient moins préoccupés par leurs frontières internationales, alors qu’ils se concentraient sur leur emprise sur la ville de Pékin uniquement, en tant que symbole de leur gouvernement. La démarcation de la frontière par les Britanniques était injuste et unilatérale. Des territoires chinois ont été marqués pour être contrôlés par l’Inde et vis-à-vis de celle-ci. La République populaire de Chine a été créée en 1949. Depuis lors, la Chine réclamait une frontière rationnelle, mais l’Inde refusait et tardait à résoudre les différends frontaliers.

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Il convient de comprendre l’importance du Tibet, qui est une région d’Asie de l’Est couvrant le plateau tibétain sur environ 2,5 millions de km², avec une altitude moyenne de 4000 à 5000 mètres au-dessus de la mer. C’est la principale source d’eau pour la Chine, l’Inde, le Pakistan, le Népal, le Myanmar, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam. Plusieurs grands fleuves prennent leur source sur le plateau tibétain. Il s’agit notamment du Yangtsé, du fleuve Jaune, du fleuve Indus, du Mékong, du Gange, du Salween et du Yarlung Tsangpo (fleuve Brahmapoutre). Ceux qui gouvernent le Tibet, contrôlent l’eau. Le Grand Canyon du Yarlung Tsangpo, qui longe le fleuve Yarlung Tsangpo, est l’un des canyons les plus profonds et les plus longs du monde. Le Tibet est l’une des plus anciennes civilisations, avec sa culture et ses traditions uniques. L’Inde a parrainé le gouvernement tibétain en exil dirigé par le Dalaï Lama, basé à New Delhi, ce qui est une cause permanente de tension entre la Chine et l’Inde. Des documents classifiés de la CIA ont révélé que la CIA a aidé l’Inde à mettre en place le gouvernement tibétain en exil et a utilisé les fonds qu’elle lui a versés jusqu’à présent.

Depuis presque deux décennies, les relations croissantes entre les États-Unis et l’Inde n’ont pas non plus été considérées en faveur de la Chine. Les États-Unis soutenaient l’Inde politiquement et diplomatiquement pour qu’elle rejoigne le Conseil de sécurité des Nations unies, le NSG et d’autres plateformes internationales pour contrer la Chine. Les États-Unis ont généreusement accordé une assistance économique et militaire à l’Inde, afin de renforcer l’Inde pour contenir la Chine. La coopération entre les États-Unis et l’Inde dans les domaines de l’éducation, de la science et de la technologie, de la haute technologie et des technologies de pointe, notamment en matière de défense, soulève de nombreuses questions. L’Inde est devenue un « partenaire majeur en matière de défense » avec les États-Unis. L’Inde est un membre actif du Traité Indo-Pacifique avec le Japon, l’Australie et les Etats-Unis. L’Inde s’oppose ouvertement à l’initiative « Nouvelle route de la soie » (BRI), qui est incluse dans la Constitution chinoise et qui est une méga initiative du gouvernement chinois. Le Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), qui est un projet phare de la BRI, Inde, est engagé dans le sabotage et l’endommagement de celui-ci. L’Inde s’oppose à la Chine sur tous les sujets dans les plateformes internationales. L’inclinaison excessive de l’Inde vers les États-Unis est également alarmante pour la Chine. L’Inde est devenue le plus grand bénéficiaire de l’aide américaine après l’État d’Israël. Les États-Unis n’offriront pas un « déjeuner gratuit » à l’Inde, mais chargeront plutôt l’Inde de « contrer la Chine », « contenir la Chine » et « résister à l’ascension de la Chine ».

La géopolitique actuelle, en particulier la rivalité entre les États-Unis et la Chine, pourrait alimenter la tension sino-indienne. Il est possible que les États-Unis utilisent cette région comme un champ de bataille contre la Chine. Des astrologues prédisent également une guerre dans cette région. La région est plutôt instable et mène en danger de conflits. Il ne s’agira peut-être pas d’une simple guerre entre la Chine et l’Inde, mais elle pourrait englober toute la région et les puissances mondiales, y compris la Russie et les États-Unis. Elle pourrait même s’étendre à l’océan Indien et à l’océan Pacifique. Ce ne sera pas une simple guerre conventionnelle, mais une guerre de haute technologie, incluant la cyber-guerre, la guerre électronique, la technologie spatiale et l’intelligence artificielle. Toutes les armes mortelles seront utilisées, en particulier la Chine, l’Inde et le Pakistan, qui sont tous des États nucléaires et possèdent suffisamment d’armes pour s’autodétruire complètement. Les extrémistes ont détourné le gouvernement indien et s’orientent visiblement vers une rivalité avec tous ses voisins.

Il convient de mentionner que la Chine compte 1,4 milliard d’habitants, l’Inde 1,3 milliard, le Pakistan 220 millions, le Bangladesh 165 millions, et que la population totale de cette région représente presque la moitié de la population du monde entier. Toute mésaventure peut menacer la moitié du monde. La communauté internationale peut en prendre sérieusement note et intervenir pour éviter toute catastrophe. Nous devons réfléchir, non pas une ou deux fois, mais plusieurs fois !

Traduction:  Aube Digitale

samedi, 20 juin 2020

La nation européenne face à la question kurde

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La nation européenne face à la question kurde

Ex: http://imperiumeuropa.hautetfort.com   

Le général De Gaulle aimait à dire « les États n’ont pas d’amis ; ils n’ont que des intérêts ». Cette formule vaut également pour la nation européenne. L'offensive lancée l'année dernière par le président turc Recep Tayyip Erdogan contre les positions kurdes dans le nord de la Syrie a donné lieu en Europe à des prises de position tranchées de la part de nombreux intellectuels, politiques et experts. Deux sentiments dominaient. La condamnation de la Turquie et la dénonciation de l'attitude de Donald Trump. Pourtant, c'est un autre ressenti qui aurait dû inquiéter les Européens. Plutôt que de passer leur temps à critiquer le locataire de la Maison Blanche qui, rappelons-le, a été élu sur un programme isolationniste en politique étrangère et avec la promesse de retirer les GI's des différents conflits dans lesquels ils étaient engagés, nos pétitionnaires enflammés auraient mieux fait de se demander pourquoi les Européens assistaient en spectateurs au massacre des Kurdes. Pourquoi une telle impuissance ? Pourquoi une telle lâcheté ? Car l'abandon des Kurdes de Syrie par l'Europe s'apparente à une forfaiture non pas tant sur un plan moral que sur le terrain de la défense de ses intérêts stratégiques.

À la suite de la défaite de l'État islamique, une occasion historique a été manquée. Une alliance de revers contre Ankara aurait pu, aurait dû, être proposée aux Kurdes par les Européens. Après tout, Erdogan est notre ennemi commun. Si cela semble aller de soi pour les Kurdes cela est tout aussi vrai pour l'Europe. Le dirigeant islamiste ne cesse d'exercer à son encontre un triple chantage. Le premier concerne l'instrumentalisation politique et religieuse des minorités turques vivant dans les différents pays européens en exigeant d'elles qu'elles refusent toute forme d'assimilation. Le deuxième chantage s'exerce directement contre un pays membre de l'UE, en l'occurence Chypre, en occupant illégalement la partie nord de son territoire, en violant régulièrement son espace aérien et maritime, en refusant de reconnaître son gouvernement légitime et en menaçant de s'en prendre à ses ressources gazières au large de ses côtes. Enfin, le dernier chantage, et pas le moindre, consiste à menacer continuellement le Vieux continent d'un afflux de millions de migrants en ouvrant largement ses frontières si les Européens n'acceptent pas de fermer les yeux sur tous les caprices du Sultan d'Ankara. Et ce en dépit des milliards accordés par Bruxelles à Ankara selon les clauses d'un accord sur la question migratoire. C'est d'ailleurs ce dernier chantage que l'éradicateur du Bosphore a immédiatement agité dès que les Européens ont osé formuler une timide condamnation de son agression militaire. Cette énième menace n'a malheureusement provoqué à l'époque aucune réaction digne de ce nom de la part des puissances européennes.

En partant du principe que les ennemis de mes ennemis sont mes amis, la nation européenne a intérêt à alimenter la résistance kurde. Cela peut passer par un soutien financier, militaire et/ou diplomatique. Puisque le satrape d'Anatolie aime manier le chantage quel meilleur retour à l'envoyeur que de le menacer d'une reconnaissance diplomatique d'un État kurde assorti d'une aide logistique militaire ? Déjà en 1920 les articles 62 à 64 du Traité de Sèvres prévoyaient la création d'un « territoire autonome des Kurdes » englobant le sud-est de l'Anatolie. Pour cela, la nation européenne doit réunir trois conditions : s'unir, sortir de l'OTAN, s'allier avec la Russie. Si les Européens ont joué la mauvaise carte en Syrie, ce n'est pas le cas du Kremlin. Son soutien à Damas lui a permis d'atteindre trois objectifs : sauver ses bases militaires dans la région, renforcer son influence au Moyen-Orient et... compléter sa stratégie d'encerclement de la Turquie. Vladimir Poutine à la différence de ses homologues européens a conservé une mémoire longue de l'histoire. L'objectif  de la Russie dans la région reste identique à ce qu'il a toujours été dans son histoire : libérer Constantinople et les terres orthodoxes occupées par les Turcs (jadis les Ottomans) permettant ainsi d'avoir un libre accès à la Méditerranée. La reconquête de la Crimée, son soutien indéfectible à l'Arménie et son implantation militaire en Syrie sont les pièces d'une même stratégie. La carte kurde pourrait très bien la compléter dans la mesure où elle n'est pas soupçonnable de dérive islamiste et qu'elle s'accommode du maintien au pouvoir de l'autocrate de Damas. Reste à la nation européenne de comprendre enfin où se trouve son intérêt dans la région.

D.B.

vendredi, 19 juin 2020

Sans unification, l'Europe sera le théâtre du conflit opposant les Etats-Unis à la Chine

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Sans unification, l'Europe sera le théâtre du conflit opposant les Etats-Unis à la Chine

Ex: http://imperiumeuropa.hautetfort.com   

Parmi les nombreuses raisons qui sont avancées pour justifier l'unification politique de l'Europe, que celles-ci soient données par les européistes mondialistes ou par les identitaires européens, il y en a une qui n'est jamais évoquée. L'unification politique de notre continent est nécessaire, car elle est indispensable à notre survie pour empêcher que notre continent ne devienne le théâtre de l'affrontement entre la Chine et les Etats-Unis. Durant la période entre 1945 et 1991, année de l'effondrement de l'URSS, l'Europe a vécu une période bénie des Dieux. Notre continent était divisé entre les deux principales puissances de l'époque. Elles concentraient sur notre sol une grande partie de leurs forces armées et de leurs moyens de destruction. Mais l'équilibre de la terreur empêchait paradoxalement tout affrontement direct entre les deux. Washington et ses alliés tout comme Moscou et les siens savaient qu'une guerre en Europe équivaudrait à une destruction mutuelle. Cette situation a été à l'origine de la période de paix qui a prévalu en Europe durant des décennies. C'est tellement vrai, qu'il faudra attendre la chute du mur de Berlin en 1989 pour que le Vieux continent connaisse à nouveau les affres d'un conflit militaire avec l'éclatement de la Yougoslavie en 1991. La conscience qu'un affrontement direct en Europe provoquerait leur destruction mutuelle a conduit ces puissances à s'opposer indirectement sur les théâtres périphériques (Asie, Afrique, Moyen-Orient, Amérique latine). La situation aujourd'hui me semble comparable. Sauf que le cœur de l'affrontement ne se situe plus en Europe mais en Asie. Et pour les Européens, malheureusement, cela va tout changer.

La Chine et les Etats-Unis veulent tous les deux la suprématie planétaire. La plus grande partie de leurs forces sont concentrées en Asie. Du côté américain, cette situation a été validée lors de la double présidence de Barack Obama avec la décision de transférer vers la zone Asie-Pacifique la majeure partie de la flotte américaine. Mais comme au siècle dernier, les deux puissances savent pertinemment qu'un affrontement direct en Asie et dans le Pacifique engendrerait leur destruction mutuelle. C'est donc sur les théâtres périphériques que ces deux puissances s'affrontent déjà, de manière indirecte, via des nations, des rébellions, des mouvements terroristes ou des consortiums économiques. Et cette fois, malheureusement, l'Europe est devenu l'un des enjeux de cette bataille. Les stratèges américains, conscients de l'impossibilité d'une guerre traditionnelle face à la Chine du fait de l'arme atomique, misent leurs espoirs sur une répétition de la Guerre Froide. Ils veulent entraîner la Chine dans une guerre économique, commerciale, numérique et technologique qu'elle ne serait pas en mesure, selon eux, de gagner afin de provoquer comme jadis en URSS l'essoufflement puis l'effondrement du régime. La guerre sur les tarifs douaniers lancée par Donald Trump ou ses attaques contre l'un des fleurons de la technologie chinoise, l'entreprise Huawei, pour le contrôle planétaire de la 5 G, sont les signes précurseurs de cette stratégie. Et on peut même se demander, certains m'accuseront ici de complotisme, si les pannes électriques majeures au Vénézuela et plus récemment en Uruguay, économie florissante à la différence de sa voisine bolivarienne, ainsi qu'en Argentine, n'entrent pas dans la préparation de ces nouvelles formes de guerre qui opposeront les deux géants.

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En Europe, la Chine avance ces pions. Bien aidée par l'hostilité des néo-conservateurs américains qui voient toujours en Moscou une puissance rivale. Les Etats-Unis n'ont jamais voulu d'une Russie indépendante, forte et européenne. Leur hantise que cela puisse déboucher sur l'émergence d'une Europe continentale unie, qui passe nécessairement par un axe Paris-Berlin-Moscou, et qui se placerait automatiquement en rivale des Etats-Unis a toujours était au cœur des préoccupations de la géopolitique anglo-saxonne. Il suffit de se rappeler de ce que les Américains ont tenté de faire de ce pays sous la présidence du pantin Boris Eltsine pour comprendre de quelle Russie ils se satisferaient. Le malheur pour les Européens et que cette politique pousse Moscou dans les bras de la Chine ce qui entraîne déjà des répercussions dramatiques pour notre continent. Les tensions et les guerres aux confins des frontières russes ou dans ses traditionnelles zones d'influence se multiplient. On le voit déjà en Ukraine mais attendez-vous à ce que cela tangue en Transnistrie, en Moldavie, dans les Balkans, dans le Caucase, en mer Baltique et peut-être autour de l'enclave de Kaliningrad dans le pire des cas. On le voit déjà dans les pressions exercées par Washington sur l'Allemagne et différents pays européens pour empêcher la réalisation du projet de gazoduc Nord Stream 2 qui doit alimenter l’Europe en énergie russe bon marché au détriment du gaz de schiste américain. Une déstabilisation de la dictature Biélorusse peut également s'inscrire dans ce schéma d'affrontement indirect entre la Chine et les Etats-Unis. L'Europe ne manque pas de terrain de jeu.

À cela s'ajoute le fait que le projet chinois de nouvelles routes de la soie n'épargne pas l'Europe. Ses tentatives de prendre le contrôle d'une partie de l'économie grecque, n'oublions pas qu'elle a acheté le port d'Athènes, ses investissements de plus en plus nombreux dans les Balkans, notamment en Albanie, ou ses récentes propositions économique alléchantes aux différents gouvernements italiens, entrent bien entendu dans ses plans de domination économique. Mais ces initiatives prouvent surtout que l'Europe devient pour la puissance chinoise un théâtre d'affrontement dans le cadre de sa rivalité avec la puissance américaine pour la suprématie mondiale. Et cela n'augure rien de bon pour les Européens. Si nous ne voulons pas subir ce que les nations africaines, asiatiques ou sud-américaines ont subi durant la Première Guerre Froide, les Européens doivent mettre immédiatement un terme à leurs divisions, tendre la main à Moscou et sortir de l'OTAN. Seule une Europe puissante et unie, rassemblant la Russie, pourra nous éviter le destin funeste que Chinois et Américains nous réservent au travers de leur affrontement.

D.B.