Le premier roman de Thomas Clavel plonge le lecteur dans un récit inquiétant qui s’inscrit dans le genre dystopique si certains faits d’actualité ne corroboreraient pas la préfiguration d’un effrayante avenir immédiat.
« Bo-bo » parisien, brillant khâgneux, normalien sorti de la rue d’Ulm, agrégé en lettres, Maxence Baudry se délecte de la littérature française des XIXe et XXe siècles. Sa thèse « brillamment soutenue (p. 13) » porte sur L’impossible silence de Maurice Blanchot. Écrivain qui se défiait de la notoriété et réprouvait les modes médiatiques, Maurice Blanchot (1907 – 2003) signa en 1961 la pétition des intellectuels de gauche contre la guerre d’Algérie. Tenant une ligne ultra-gauchiste, il vomissait le camp d’en-face d’où il provînt naguère. Avant la Seconde Guerre mondiale, le jeune Blanchot rédigeait en effet des articles au vitriol dans différentes publications de la « Jeune Droite ». Aux côtés de Jean de Fabrègues et de Thierry Maulnier, il signait dans Combat et L’Insurgé. Leur teneur se caractérisait par leur virulence…
Ne répondez jamais au téléphone !
Maxence Baudry « depuis quatre ans […] enseignait la littérature à Paris 3 (p. 12) ». Il mène une vie paisible jusqu’au jour où, démarché de façon honteuse par une télévendeuse impudente, il se voit forcer de prendre « un abonnement d’un an à notre pack découverte, exceptionnellement à quarante-neuf euros par mois pendant les trois premiers mois pris au tarif habituel et préférentiel de quatre-vingt-dix-neuf euros par mensualité (p. 15) ». Furieux, il compare l’attitude de cette professionnelle à celle des Roms qui écument les stations de métro de la Capitale.
Maxence Baudry ne sait pas qu’il vient de tomber dans la délinquance verbale. Convoqué au commissariat, il est mis en examen pour « oppressisme dans l’exercice de fonctions enseignantes, romophobie caractérisée et diffusion de contenu idéologique à caractère xénophobe sur les réseaux sociaux (p. 41) ». Le policier a écouté la conversation téléphonique enregistrée et découvert qu’en corrigeant une copie, le prévenu avait osé mettre un quatre sur vingt à une « afro-étudiante », accompagnée du commentaire suprématiste suivant : « Copie insuffisante, travail minimal; il faudra approfondir certaines notions d’histoire littéraire manifestement jamais rencontrées (p. 40). » Horreur de la bonne conscience cosmopolite ! Baudry aggrave encore en cas. Sur son blogue personnel dédié à la littérature, il a commenté un roman de Renaud Camus, véritable pestiféré de la République décadente des Lettres.
Maxence Baudry doit se rendre « le lundi suivant à treize heures, à la quatrième chambre correctionnelle du Palais de Justice (p. 57) » parce que « lorsqu’un individu est inculpé pour délit verbal, l’audience est enregistrée dans des délais exceptionnels (p. 47) ». Cette rapidité revient à « la loi d’Application du Vivre Ensemble (p. 42) » qui est « une loi d’exception (p. 47) ». « Cette loi révolutionnaire avait la particularité de réprimer plus sévèrement les mots que les actes. Une mauvaise parole sur la voie publique enregistrée avec un téléphone portable; un tweet ou une publication Facebook dont on avait conservé la trace grâce à une capture d’écran; un article partagé sur un blog; une conversation privée filmée à l’insu d’un locuteur imprudent : tout cela coûtait désormais plus cher qu’une agression physique (p. 43). » Une modification légale la complète en permettant des indemnisations versées par le condamné « à titre de préjudice subi ou bien de récompense civique (p. 45) ». Il s’agit « d’inciter les citoyens à adopter une conduite moralement responsable (et hautement lucrative) de délation systématique (pp. 45 – 46) ».

Thomas Clavel ne fait qu’extrapoler des cas déjà prévus dans les différentes lois liberticides hexagonales, voire occidentales. Des militants identitaires du local lillois, La Citadelle, sont poursuivis pour des propos enregistrés en caméra caché par un stipendié d’AJ+, le médiat jeune de la chaîne de télévision Al Jazeera. L’auteur aurait cependant pu développer le contexte politique en imaginant que l’acceptation de cette loi « liberticidissime » revienne à la présidente de la République Christian Taubira, à son Premier ministre Najat Vallaud-Belkacem, à la ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Clémentine Autain, au ministère de la Guerre (contre les Blancs), Assa Traoré, et au ministre de l’Intérieur, de l’Accueil inconditionnel des réfugié.e.s – migrant.e.s – exilé.e.s et de la Lutte impitoyable contre toutes les haines Cédric Herrou, Alice Coffin s’installant pour sa part au ministère de l’Éducation transnationale.
Un vivre ensemble obligatoire
Au tribunal, face aux parties civiles, à l’accusation publique et à un auditoire hostiles, Maxence Baudry se défend seul. Il a appris que les honoraires des avocats « avaient explosé, les nouveaux dossiers de crimes de parole étant presque toujours perdus par la partie défendresse (p. 57) ». Dans sa plaidoirie, le prévenu commet l’erreur de se justifier. Il est forcément « condamné à une peine de deux ans de détention avec mandat de dépôt et au versement d’une indemnisation de quatre mille euros au bénéfice de la plaignante Noema Korokossi pour préjudice moral (p. 70) ». Le jugement est « irrévocable, les voies de recours étant impossibles en cas de viol de la loi AVE (p. 71) ».
Plutôt que de se justifier, Maxence Baudry aurait dû se lancer dans une défense de rupture théorisée par l’avocat Jacques Vergès. Ainsi aurait-il nié la légitimité juridique de cette monstruosité et contesté la légalité même du tribunal. Contributeur à Causeur et à Boulevard Voltaire, Thomas Clavel reste un libéral conservateur individualiste et légaliste. Or, face à une telle ignominie décrite dans cette fiction, l’affrontement physique s’impose. Puisqu’il est plus gravement sanctionné dans ce monde affreux de dire que de faire, les victimes de la loi AVE ne devraient-elles pas agir en jusqu’au-boutistes assumés ?
Outre l’erreur de plaider sa bonne foi devant des juges politisés, Maxence Baudry en commet une autre, antérieure, celle de se rendre à la convocation du commissariat du Ve arrondissement. Il aurait dû suivre pour la circonstance les étrangers délinquants sans-papiers qui n’y répondent jamais. Mais la convocation devient bientôt une perte de temps. L’Arménien Vahé, scénariste de son état, rechigne à adapter Le Nom de la Rose d’Umberto Ecco en remplaçant la jeune paysanne amante du novice franciscain par une Africaine tétraplégique promue héroïne principale de la série… Exagération narrative ? Que nenni ! L’Agence spatiale européenne envisage de recruter pour ses prochaines missions des candidats handicapés. On peut dès lors proposer que les déficients visuels (ou les sans-permis) conduisent les bus et les tramways de la RATP.
Ulcéré, Vahé répond vertement à son producteur. Il n’obéit à aucune convocation policière. La police l’arrête chez lui. Et s’il avait immédiatement riposté en faisant feu sur eux derrière sa porte ? Aurait-il été jugé pour l’acte ou pour le propos initial à moins que la peine capitale soit rétablie pour ce cas spécifique ? La différence de traitement est d’ailleurs notable entre les prisonniers de droit commun et les « pénitents » coupables de crimes textuels et perçus comme des « malades psychiatriques ». Dans cette dystopie, l’État anarcho-tyrannique fait qu’« en quelques mois seulement, la moitié de la population carcérale d’Île-de-France avait été remplacée. Par voie de conséquence, les taux de délinquance et de criminalité avaient explosé dans certains départements. Mais les rédactions des principales chaînes d’information en continu avaient reçu l’ordre de détruire tous les fichiers vidéo en leur possession qui témoignaient des récentes atteintes aux biens et à la personne (p. 167) ».
Rééducation mentale forcée
Dans la maison d’arrêt de Villepinte, qui ressemble plus à un pénitencier étatsunien, la privatisation en moins, où Maxime Baudry se retrouve détenu, les « pénitents » portent un uniforme couleur sépia distinctif. Sur le modèle des camps du Viet Minh qui endoctrinaient les prisonniers français avec la complicité de l’infâme crapule Georges Boudarel qui ne fut jamais inquiété par les instances universitaires, les détenus subissent chaque mardi une séance obligatoire et délirante de vivre ensemble. On pense ici aux méthodes anglo-saxonnes de rééducation collective imposées aux Sudistes à la fin de la Guerre de Sécession en 1865, aux Afrikaners après la Guerre des Boers en 1901 et au peuple allemand entre 1945 et 1949. Dans ce dernier cas, il en a quand même résulté un chef-d’œuvre d’Ernst von Salomon, Le Questionnaire (1951). Le pédagogue responsable de ce prêchi-prêcha hebdomadaire abjecte ne mériterait-il pas une sévère correction surtout si la violence sur la personne est plus acceptable que la virulence des propos ? Quant au « mitard », le politiquement correct exige de l’appeler « salle de lecture (p. 141)». C’est « une pièce sans fenêtre, ni bibliothèque, avec un petit lit et un WC. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, une enceinte encastrée dans le mur diffusait (à un niveau d’intensité sonore déterminé à l’avance mais que le directeur pouvait modifier à sa guise depuis l’extérieur) les enregistrements de livres audios appartenant à la collection Jeunesse et Diversité du fonds documentaire de l’Éducation nationale (p. 141) ». Pourquoi ne pas la saccager ? Pourquoi les « pénitents » qui sont des dissidents – prisonniers politiques – détenus d’opinion ne se mutinent-ils pas ? Ils appartiennent à une France polie, convenable et bien-élevée. À tort ! Ils gagneraient à agir en hooligans, en pittbulls, en nouveaux Vandales politiques. Contre l’anarcho-tyrannie étatique, c’est une France réfractaire, rebelle et insurgée qui devrait répliquer coup pour coup.

Certes, des embastillés suivent Maxence Baudry. Il leur apprend à résister au bourrage de crâne en réenchantant la syntaxe et le vocabulaire, en retrouvant l’étymologie, l’orthographe et la grammaire, en se réappropriant la sémantique. Bientôt, les détenus les plus déterminés constituent un contre-atelier informel de réaction linguistique sans que cela ne débouche sur un véritable réseau clandestin de résistance à l’intérieur de la maison d’arrêt. Thomas Clavel ignore peut-être que de telles structures sont possibles et qu’elles ont existé à diverses périodes contemporaines. Les détenus appartiennent à la France bien élevée, respectueuse des lois.
En dépit d’une fin assez conformiste, c’est un honorable roman qui annonce (un peu trop tardivement ?) des temps difficiles. Il esquisse un début de commencement de réaction vitale à la seule échelle individuelle. Oui, seule une minorité agissante et engagée saura évincer les autres minorités organisées. N’oublions jamais, l’exemple récent des « Gilets Jaunes » en fait foi, que l’histoire n’est pas populiste, mais aristocratique.
Georges Feltin-Tracol
• Thomas Clavel, Un traître mot, Éditions La Nouvelle Librairie, coll. « La peau sur la table », 2020, 230 p., 14,90 €.



Vigny qui est jeune officier comprend aussi que les militaires seront toujours un peu ringards, un peu en retard : « …la vie ou du caractère militaire, qui, l’un et l’autre, je ne saurais trop le redire, sont en retard sur l’esprit général et la marche de la Nation, et sont, par conséquent, toujours empreints d’une certaine puérilité. »



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Au demeurant, la croyance, comme l'opinion, sont affaires subjectives, souvent superficielles et étroites. On se demande pourquoi les hommes sont si attachés à leurs croyances: ils aiment l'étroitesse, ils s'y croient à l'abri, - grave illusion. Ils croient pour n'avoir pas à éprouver. La citerne croupissante leur semble préférable à la source vive... Et moins ils éprouvent et plus ils veulent faire croire, imposer leurs croyances qui ne reposent alors que sur leur incommensurable vanité. 
Le vaste enlaidissement de tout ne doit pas nous dissimuler que la beauté demeure, et l'enlaidissement même, dans sa planification, dans sa volonté, témoigne de la souveraineté de la beauté qui sera humiliée, recouverte, insultée mais jamais défaite. Le brin d'herbe perce le goudron.
Anna Calosso:
Anna Calosso: 



Le spécialiste russe de l'islam Ruslan Silatev a un jour qualifié la littérature religieuse turque circulant en Russie de "propagande du panturquisme" et l'a qualifiée de provocation pour les musulmans de notre pays. Dans quelle mesure son affirmation correspond-elle à la réalité ?




Il est périlleux pour un comédien de lire Céline. Le risque est d’en faire trop, de souligner les effets, bref de surcharger. Voilà un écueil qu’évite sans conteste Denis Podalydès. Après nous avoir donné une lecture intégrale de Voyage au bout de la nuit ¹, il nous gratifie, cette fois, de celle de Mort à crédit, sous la forme de deux disques compacts (format mp3). Autant le dire d’emblée : il ne fait pas l’unanimité auprès des céliniens si l’on en juge par les avis propagés sur les réseaux sociaux de l’Internet. Les uns goûtent peu sa lecture jugée monocorde même si elle est motivée par le souci de ne pas verser dans l’expressionnisme facile et vulgaire de certains interprètes. Les autres, la trouvent très fine, à l’opposé des lectures outrées qui abondent. En atteste ce commentaire : « Pas le plus musical, pas le plus jazzy, mais une véritable fragilité qui révèle de très belles nuances dans le texte… J’ai longtemps préféré Luchini pour son interprétation très “dansante” ; celle de Podalydès me paraît aujourd’hui tellement plus subtile, moins caricaturale. » À propos de sa lecture de Voyage, l’écrivain Thomas Compère-Morel estime qu’il a trouvé « la respiration parfaite de l’écriture célinienne pour nous en restituer la force brute ». Le critique littéraire Grégoire Leménager renchérit : « Loin de la gouaille de Michel Simon comme des éruptions jubilatoires de Luchini, ce sociétaire de la Comédie-Française lit Céline comme il lirait du La Bruyère. Soudain très grand siècle, avec une sobriété qui confine à la pureté, le saisissant bavardage de Bardamu y devient ce qu’il est aussi : un immense texte classique, qui oppose la beauté d’une langue à la trivialité du monde. » Il faut dire que Podalydès a l’intelligence de s’adapter au canal de diffusion : il ne s’adresse pas ici au public d’une salle de théâtre mais à une seule personne écoutant le texte dans l’intimité.






Les génies se reconnaissent souvent par leur pluralité, leur côté insaisissable, leur décalage par rapport à leur temps et au "polythéisme des valeurs". Céline fut à la fois un écrivain de génie, un lanceur d'alertes, et comme Apollinaire en son temps, un visionnaire. Il a notamment annoncé le déclin français, le crépuscule occidental, ainsi que la montée en puissance de la Chine. Il n'est pas exagéré de dire que nous serons tous un jour ou l'autre "céliniens", conscients ou non de cet héritage. Dès le Voyage, Céline annonce avoir renouvelé la littérature pour deux cent ans. Les génies se reconnaissent aussi par les phénomènes de cristallisations mimétiques qu'ils entraînent, malgré eux, après coup. On songe que Céline le reprouvé, le proscrit des commémorations, reste l'un des écrivains français le plus lu dans le monde. Il est l'objet d'un journal bimensuel publié depuis les années 80 regroupant tous les articles et publications à son sujet. Quel autre auteur peut en dire autant ?








Rédacteur des lettres à la mère de Baudelaire ("Cette maladresse maternelle me fait t'aimer davantage") et auteur du livre Baudelaire. Les années profondes, Schneider écrit qu'’’en ces temps d'insignifiance où l'on ne croit plus ni à Dieu ni au Diable, ni au bien ni au mal, ces Fleurs du mal, ce livre d'une vie condamnée en justice, mélange impur de sublime et de satanique, se sont effacées." C'est le bicentenaire de la naissance de Baudelaire et l'édition, qu'il voulait "définitive" mais n'a pas réussi à faire publier, est rééditée. "Baudelaire a vomi le progressisme et l'égalitarisme triomphants de notre monde postmoderne, et il est difficile d'entendre son dégoût et sa haine (de lui-même avant tout) sans frémir devant une telle prescience".
Et même si nous ne trouvions pas dans les vers du poète un hymne à quelque méfait idéologique, Baudelaire serait fustigé pour sa haine mesquine de la démocratie: "Nous avons tous l'esprit républicain dans les veines, comme la variole dans les os. Nous sommes démocratisés et syphilisés". Un réactionnaire baudelairien, donc. "Oui, vive la révolution!" écrit-il encore. "Toujours ! Mais je ne suis pas dupe! Je dis: vive la Révolution! Comme je le dirais: vive la destruction ! Vive l'expiation ! Vive la punition ! Vive la mort !".





Au-delà de la mort, la fidélité de Bernard Morlino à Emmanuel Berl (1892-1976) est admirable. Ses nombreuses conversations rue de Montpensier, où Berl habita pendant 40 ans, furent son université. Outre une biographie, il poussa cette fidélité jusqu’à récolter à la Bibliothèque Nationale les articles de Berl pour en faire un recueil qui fut édité par Bernard de Fallois. Aujourd’hui, il est à l’origine de la réédition de Prise de sang, initialement paru en 1946, dans lequel Berl s’interroge sur la place des juifs en France, lui qui s’était toujours considéré français avant d’être juif. Curieux personnage qu’Emmanuel Berl. Appartenant à la même génération que Céline, il devint, comme lui, un pacifiste viscéral après avoir connu l’horreur de la Grande Guerre. Raison pour laquelle il soutint les accords de Munich. « J’ai été munichois. Il est étrange qu’en écrivant cette phrase, j’éprouve presque la sensation de faire un aveu ; l’immense majorité des Français fut non seulement résignée à Munich, mais exaltée par lui. » Au début de l’année 1939, ce pacifisme l’amena à accuser un certain Bollack, directeur d’une importante agence de presse, de corrompre des journalistes français pour qu’ils incitassent à la guerre contre l’Allemagne, accusation qui s’avéra fondée. Cela ne l’empêcha pas d’être l’un de ceux qui dénoncèrent très tôt le caractère militariste et antisémite du national-socialisme.




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Par-delà le rôle moteur de l’armée, Mishima Yukio défend le rétablissement de la pleine souveraineté de Tokyo. Or, il sait que son pays sorti des ruines de l’après-guerre est une colonie de l’Occident anglo-saxon. « Le soi-disant contrôle par le pouvoir civil des militaires anglais et américains est uniquement un contrôle financier (p. 25). » Il dénonce que l’île méridionale d’Okinawa soit encore sous la tutelle de Washington. Il ignore que les États-Unis la rétrocéderont au Japon en 1972. Il s’offusque que le Japon signe le traité de non-prolifération nucléaire et renonce ainsi à la détention d’une force de frappe atomique. Clairvoyant, il prévient que la soumission du Jieitai aux vainqueurs de 1945 en fera, « comme les gauchistes l’ont remarqué, une force mercenaire de l’Amérique pour toujours (p. 27) ». 
Le couple inégal ralentit le pas. Il était seul devant la forêt aux portes fermées pour eux. Je dis "inégal" car l'un d'entre eux, le plus jeune, savait des choses que le plus vieux ignorait totalement. La preuve de cet aveuglement, de ce rejet obstiné de l'invisible, ce sont ces appareils de mesure qu'il portait en permanence sur lui et qui lui donnait une allure de scaphandrier. À la campagne, ces appareils miniaturisés, micro-ordinateur, caméra avec pluviomètre intégré, entre autres prothèses, étaient le pendant de ces panneaux de circulation et autres passages piétons du monde urbain sans lesquels il ne pouvait vivre. 

Autant ce recueil de Max Jacob est « légitimement le plus connu », autant Jean Reverzy et son roman Le Passage sont imméritoirement écartés par la postérité littéraire. Il s’agit pourtant d’un auteur qui partage avec Céline son métier initial de médecin des pauvres et son évolution vers un pessimisme décrivant « le lent travail de la vie, cet effritement invisible et ininterrompu ». Un rapprochement est aussi esquissé entre Le Passage de Reverzy et L’Étranger de Camus : « la mer, les hommes simples, une réflexion sur la vie, cet étrange cadeau empoisonné par la mort » et un personnage final d’aumônier « dépeint comme un intrus ».
C’est encore Henri Cambon qui ravive le souvenir de Jean Rogissart (1894 – 1961). Certes, l’auteur de la saga des Mamert a fait encore récemment l’objet d’une étude universitaire (à Dijon, en 2014). Mais cette fresque familiale reste relativement méconnue alors qu’elle s’inscrit dans un majestueux courant littéraire français dont Georges Duhamel et Roger Martin du Gard sont d’illustres représentants.
On attribue à Jean-Baptiste Clément la création du Temps des Cerises, célèbre chanson qui aurait été inspirée par la Commune de Paris. Ce titre est aussi celui du deuxième volume du cycle romanesque de Jean Rogissart. Jean-Baptiste Clément est de passage dans la contrée mosane et y répand sa conception d’un « socialisme pur » grâce auquel « l’homme rompt ses chaînes millénaires et peut enfin croire en Dieu ». remarquons ici l’intéressant renversement de l’idée marxiste de la religion comme « opium du peuple », dont il faut se débarrasser pour mener à son terme le processus d’émancipation économique et sociale. Pour Rogissart, au contraire, il faut d’abord vaincre l’esclavage ouvrier qui pèse sur l’humanité comme une sorte de fatalité originelle, un obscur destin dont la volonté militante doit s’affranchir pour pouvoir accéder à la lumière de la Providence divine. Destin – Volonté – Providence : c’est l’une des « grandes triades » analysées par René Guénon.
Wie mijn boekbesprekingen volgt, zal zich misschien herinneren dat ik er eind augustus 2019 (het lijkt alweer een eeuwigheid geleden) een publiceerde over een ander werk van
Zo, om de clue te weten te komen, moet u het boekje al niet meer lezen, maar u zal allicht ook niet meer opkijken van het feit dat dit werk in de Sovjet-Unie niet mocht gepubliceerd worden (helaas dook het in het Westen ook pas op toen hij al overleden was, net zoals De Meester en Margarita trouwens). Een duidelijker kritiek op het idee van de maakbare mens is nauwelijks denkbaar. En daarmee vormt het boek eigenlijk net zo goed een aanklacht tegen het nationaal-socialisme of tegen volstrekt waanzinnige moderne vormen van utopieën genre de veelbesproken Great Reset. Je kan de mens wel uit het vuilnis halen, maar niet het vuilnis uit de mens. Je kan de mens proberen aan te passen aan je communistische, nationaal-socialistische, post-modernistische ideetjes, maar de mens zal altijd een mens blijven en zelfs als er geen externe factoren meespelen – iets waar mensen als Klaus Schwab vurig naar streven door de hele wereld mee te slepen in hun waanzin –, zal je utopie aan dat simpele feit ten onder gaan.
Gevolgd door een hoofdstuk waarin het beest de operatiekamer ingelokt wordt en de chirurg er behalve wat worst ook een stukje filosofie tegenaan gooit als hij door zijn assistent gevraagd wordt hoe hij de hond heeft meegekregen: “Kwestie van aanhalen. Dat is de enige manier waarop je wat bereikt bij levende wezens. Met terreur kom je nergens, ongeacht het ontwikkelingspeil van een dier.” Waarna dat dier ook te weten komt dat hij dan wel nieuwe testikels heeft gekregen, maar ook ontmand is: “‘Pas op, jij, of ik maak je af! Weest u maar niet bang, hij bijt niet.’ ‘Bijt ik niet?’ vroeg de hond zich verbaasd af.” En waarin we kennis maken met het “huisbestuur”, de club van communistische zeloten die ervoor moeten zorgen dat Preobrazjenski datgene doet wat ook in
Soit, verder naar het volgende hoofdstuk. Daarin begint de langzame transformatie van hond tot mens (of van mens tot de nationaal-socialistische versie van Nietzsches Übermensch, of van koelak tot communist) en leert het beest dat het goed is geketend te zijn. Liever een dikke hond aan de ketting dan een magere wolf in het bos. “De volgende dag kreeg de hond een brede, glimmende halsband om. Toen hij zich in de spiegel bekeek, was hij het eerste moment knap uit zijn humeur. Met de staart tussen de poten trok hij zich in de badkamer terug, zich afvragend hoe hij het ding zou kunnen doorschuren tegen een kist of een hutkoffer. Maar algauw drong het tot hem door dat hij gewoon een idioot was. Zina nam hem aan de lijn mee uit wandelen door de Oboechovlaan. De hond liep erbij als een arrestant en brandde van schaamte. Maar eenmaal voorbij de Christuskerk op de Pretsjistenka was hij er al helemaal achter wat een halsband in dit leven betekent. Bezeten afgunst stond te lezen in de ogen van alle honden die hij tegen kwam en ter hoogte van het Dodenpad blafte een uit zijn krachten gegroeide straatkeffer hem uit voor ‘rijkeluisflikker’ en ‘zespoot’. Toen zij de tramrails overhuppelden keek een agent van milietsie tevreden en met respect naar de halsband (…) Zo’n halsband is net een aktentas, grapte de hond in gedachte en wiebelend met zijn achterwerk schreed hij op naar de bel-etage als een heer van stand.” Of, zoals het in het volgende hoofdstuk al heet: “Maak je zelf maar niets wijs, jij zoekt heus de vrijheid niet meer op, treurde de hond snuivend. Die ben je ontwend. Ik ben een voornaam hondedier, een intelligent wezen, ik heb een beter bestaan leren kennen. En wat is de vrijheid helemaal? Rook, een fictie, een drogbeeld, anders niet … Een koortsdroom van die rampzalige democraten …”
D’un coup le grand homme olympien se sent neurasthénique :









Bref, si je vous dis tout cela, c'est que pour ma part, je me sens "traditionaliste" depuis ma prime enfance, au point où je finis par voir des traditions un peu partout, y compris dans les mouvements célestes !
Sans rentrer dans les détails d'une savante démonstration étayée par Jean Haudry dans la "Religion cosmique des Indo-Européens", disons simplement que cette conception macrocosmique comme "image de la vérité" implique un microcosme tout comme une serrure implique l'existence d'une clé. Cette conception, de très haute antiquité, remonterait à un peuple ancestrale soumis à la longue nuit cosmique. Cette nuit cosmique telle qu'elle s'observe encore aujourd'hui dans la zone circumpolaire, prédispose les habitants de ces 

« Léopold Kohr est un peu comme René Girard. Son explication doit tout expliquer. Voici ce qu’il écrit au début de son ''effondrement des nations'' :
