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dimanche, 14 juin 2015

Les trois menaces mortelles contre la civilisation européenne

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Les trois menaces mortelles contre la civilisation européenne

La première menace est démographique et migratoire et elle a l’Afrique comme visage principal et notre dénatalité comme toile de fond. La seconde menace est l’islam, comme au VIIe siècle mais pis encore. La troisième menace, cause des deux premières,  provient de l’oligarchie polico-médiatique qui infecte l’esprit public et paralyse toute résistance. 

La démographie est la seule science humaine exacte. La vigueur démographique d’un peuple conditionne ses capacités de prospérité et d’immigration hors de son territoire. La faiblesse démographique d’un peuple provoque une immigration de peuplement chez lui, ainsi que son déclin global de puissance, de rayonnement et de prospérité. Et à terme, sa disparition.

Le risque majeur qui pèse sur l’Europe ne provient pas d’une soumission aux Etats-Unis, dont on peut toujours se libérer, mais de la conjonction de deux facteurs : une pression migratoire gigantesque en provenance majoritaire d’Afrique (Afrique du Nord et Afrique noire) corrélée à une dénatalité et à un vieillissement démographique considérables de l’Europe. Et, avec en prime, l’islamisation des sociétés européennes, conduite à marche forcée.

La bombe démographique africaine

L’Afrique dans son ensemble comptait  200 millions d’habitants en 1950 ; le milliard a été dépassé en 2010 et l’on va vers 2 milliards en 2050 et 4 milliards en 2100. Il y a quatre siècles, l’Afrique représentait 17% de la population mondiale et seulement 7% en 1900, à cause de l’expansion démographique de l’Europe et de l’Asie et de sa stagnation. Puis, à cause de la colonisation (de ”civilisation ” et non pas de peuplement) par les Européens, l’Afrique a connu une irrésistible poussée démographique, du fait de la baisse considérable de sa mortalité infantile et juvénile provoquée par l’hygiène, la médecine et l’amélioration alimentaire dues à la colonisation. Ce point est soigneusement caché par l’idéologie dominante repentante qui fustige le ”colonialisme”. C’est cet affreux colonialisme qui a donc permis à l’Afrique toute entière de décoller démographiquement – ce qui provoque la menace migratoire actuelle. Et, après les indépendances (années 60), l’Afrique a continué à bénéficier massivement d’assistances médicales et alimentaires de la part des pays occidentaux. Ce qui a permis la continuation de son boom démographique.

En 2014, l’Afrique représentait 16% de la population mondiale (1,138 milliards d’habitants sur 7,243 milliards) en augmentation constante. L’indice de fécondité, le nombre moyen d’enfants nés par femme, y est de 4,7, le taux le plus fort au monde. La moyenne mondiale est de 2,5. En Europe, il est inférieur à 1,5, le seuil de simple renouvellement des générations étant de 2,1. Le continent africain contient non seulement la population la plus prolifique, mais la plus jeune de la planète : 41% ont  moins de 15 ans et l’âge médian est de 20 ans. Donc la natalité est exponentielle, en progression géométrique ; l’Ouganda et le Niger sont les pays les plus jeunes du monde : 49% de moins de 15 ans.

Mais l’espérance de vie est aussi la plus faible au monde : 57 ans contre 69 ans de moyenne mondiale. Cela n’obère pas la reproduction et garantit l’absence de vieillards à charge. En 1960, deux villes d’Afrique seulement dépassaient le million d’habitants, 25 en 2004, 57 aujourd’hui ! C’est dire  l’ampleur choc démographique. L’Afrique est donc une bombe démographique, plus exactement un énorme réservoir percé qui commence à se déverser sur l’Europe. Sans que cette dernière ne fasse rien.

Dépopulation,  vieillissement  et invasion migratoire de l’Europe

En Europe, la situation est exactement l’inverse : dénatalité et vieillissement. En incluant la Russie mais pas la Turquie, l’Europe comptait 742 millions d’habitants en 2013, dont 505,7 millions dans l’Union européenne – immigrés extra-européens compris. La très faible croissance démographique de l’Europe n’est due qu’à l’immigration et à la natalité supérieure des immigrés, mais le nombre d’Européens de souche ne cesse de diminuer. L’Europe représente 10,3% de la population mondiale, contre 25% en 1900, date de l’apogée absolue de l’Europe dans tous les domaines sur le reste du monde. Cette suprématie fut cassée par les deux guerres mondiales. En 1960, l’Europe représentait encore 20% de la population mondiale, mais la chute de la natalité débuta dans les années 70, en même temps que le démarrage des flux migratoires en provenance d’Afrique et d’Orient. La table était mise.

La moyenne d’âge est aujourd’hui de 38 ans en Europe et sera – si rien ne change– de 52, 3 ans en 2050 ( étude de la Brookings Institution). Le taux de fécondité s’est effondré en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1). En France, il est de 2, le plus fort d’Europe, mais uniquement grâce à la natalité immigrée, notre pays étant celui qui héberge et reçoit le plus d’allogènes. En Grande-Bretagne, le taux de fécondité est de 1,94, second au classement, tout simplement parce que ce pays ”bénéficie” de la natalité immigrée, juste derrière la France.

En Allemagne, le taux de fécondité s’est affaissé à 1,38 enfants par femme ; les projections indiquent que l’Allemagne, pays le plus peuplé d’Europe (81,8 millions d’habitants), en vieillissement continu, ne comptera plus en 2050 que 75 millions d’habitants, dont une proportion croissante d’extra-Européens. L’Italie connaît une situation préoccupante : c’est là où l’infécondité et le vieillissement sont les plus forts.  C’est en Ligurie (Nord-Ouest) que le rapport population âgée/population jeune est le plus fort au monde, et Gênes est la ville qui se dépeuple le plus parmi les métropoles européennes : la mortalité – par vieillesse –y est de 13,7 pour 1000, contre une natalité de 7,7 pour 1000. 

Parlons de la Russie. La Fédération a connu son pic de population à 148, 689 millions d’habitants en 1990 et a baissé à 143 millions en 2005, la Banque mondiale estimant  qu’en 2050, le pays ne compterait plus que 111 millions d’habitants (– 22%). Situation catastrophique. L’explication : un indice de fécondité très faible et une surmortalité chez les hommes de la population active. Mais, surprise : en 2012, la Russie a connu un accroissement net de sa population pour la première fois depuis 1992, et pas du tout à cause de l’immigration. Grâce à qui ? À M. Poutine et à sa politique nataliste.   

Risque de déclassement et de paupérisation économiques

Mais, s’il se poursuit, ce déclin démographique de l’Europe sera synonyme de déclassement économique, de paupérisation, de perte d’influence et de puissance. En 2005, la population active européenne représentait 11,9% de la population active mondiale. Si rien ne change démographiquement, elle ne sera  plus que de 6,4% en en 2050. C’est le recul et le déficit de dynamisme économiques assurés. Le rapport actifs/ retraités, qui approche les 1/1 aujourd’hui ne sera plus, selon le FMI, que de O,54/1 en 2050, soit deux retraités pour un actif. Équation insoluble.

Selon l’OCDE, 39% seulement des Européens de 55-65 ans travaillent, encore moins en France. Le nombre et la proportion des Européens qui produisent ne cesse de baisser, par rapport au reste du monde. D’après le démographe et économiste William H. Frey, la production économique de l’Europe devrait radicalement diminuer dans les 40 ans à venir. En 2010, la tranche d’âge des  55–64 ans dépassait déjà celle des  15–24 ans. Selon un rapport du Comité de politique économique de l’Union européenne, la population active de l’UE diminuera de 48 millions de personnes (–16%) et la population âgée inactive et à charge augmentera de 58 millions (+77%) d’ici 2050. Explosif.      

En 2030, la population active de l’UE sera de 14% inférieure au niveau de 2002. Il est trop tard pour corriger, même en cas de reprise démographique miraculeuse dans les prochaines années. Les économistes crétins disent que cela va au moins faire refluer le chômage : non, cela va augmenter le nombre de pauvres, du fait de la diminution de l’activité productrice (PIB). En effet, en 2030, la capacité de consommation des Européens (revenu disponible) sera de 7% inférieure à celle d’aujourd’hui, à cause du vieillissement. Pour répondre à ce défi économique, les institutions européennes et internationales, comme les milieux politiques européens, en appellent à l’immigration. Nous verrons plus bas que cette solution est un remède pire que le mal.

Extension du domaine de l’islam

En 2007, le Zentralinstitut Islam Archiv Deutschland estimait à 16 millions le nombre de musulmans dans l’UE (7% de la population) donc 5,5 millions en France, 3,5 millions en Allemagne, 1,5 en Grande Bretagne et un million en Italie comme aux Pays-Bas. Du fait des flux migratoires incontrôlés et en accélération depuis cette date, composés en grande majorité de musulmans qui, en outre, ont une natalité bien supérieure à celle des Européens, ces chiffres doivent être multipliés au moins par deux ; d’autant plus que le nombre de musulmans est systématiquement sous-estimé par les autorités qui truquent les statistiques pour ne pas donner raison aux partis ”populistes” honnis. Le nombre de musulmans dans l’Union européenne dépasse très probablement les 30 millions – environ 15% de la population– et l’islam est la seconde religion après le christianisme. Le premier progresse très rapidement, le second décline.

De plus, les musulmans, en accroissement constant, ont une structure démographique nettement plus jeune et prolifique. Et il ne s’agit pas d’un islam tiède, ”sociologique”, mais de plus en plus radical, conquérant, offensif. Le risque d’attentats djihadistes, en hausse continue et qui vont évidemment se multiplier, sans que cela n’incite le moins du monde les gouvernements européens décérébrés à stopper les flux migratoires invasifs, n’est pas pourtant le plus grave. Le plus grave, c’est l’islamisation à grande vitesse des pays européens, la France en premier lieu, ce qui constitue une modification inouïe du soubassement ethno-culturel de l’Europe, surgie avec une rapidité prodigieuse en à peine deux générations et qui continue irrésistiblement dans l’indifférence des oligarchies.

Ce bouleversement est beaucoup plus inquiétant que la foudroyante conquête arabo-musulmane des VIIe et VIIIe siècle, du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’une partie de l’Europe méditerranéenne,  essentiellement militaire. Car, à l’époque, les Européens avaient de la vigueur et une capacité démographique, qui a permis de limiter puis de repousser l’invasion. Aujourd’hui, il s’agit de la pire des invasions : apparemment pacifique, par le bas, reposant sur le déversement démographique migratoire.

Mais elle n’est pas si pacifique que cela. Bien que les masses de migrants clandestins, jamais contrés ni expulsés, aient d’abord des motivations économiques ou le désir de fuir l’enfer de leur propre pays (pour l’importer chez nous), ils sont instrumentalisés par des djihadistes qui n’ont qu’un seul objectif : la conquête de l’Europe et sa colonisation par l’islam, réponse cinglante au colonialisme européen  des XIXe et XXe siècle.

Les plus lucides sont, comme bien souvent, les Arabes eux-mêmes. Mashala S. Agoub Saïd, ministre du Pétrole du gouvernement non reconnu de Tripoli (Libye) déclarait au Figaro (02/06/2015), à propos des foules de migrants clandestins  qui traversent la Méditerranée : «  le trafic est entretenu par les islamistes qui font venir les migrants de toute l’Afrique et du Moyen Orient.[…] Daech enrôle les jeunes, leur enseigne le maniement des armes, en échange de quoi l’État islamique promet à leur famille de faciliter leur passage de la Méditerranée pour entrer en Europe. » Il y a donc bel et bien une volonté d’invasion de l’Europe, parfaitement corrélée au djihad mené en Syrie et en Irak, et au recrutement de musulmans d’Europe. Le but est de porter la guerre ici même. En s’appuyant sur des masses de manœuvre toujours plus nombreuses installées en UE.

La possibilité du djihad en Europe

Il faut s’attendre, si rien ne change, à ce que, au cours de ce siècle, une partie de l’Europe occidentale ressemble à ce qu’est le Moyen Orient aujourd’hui : le chaos, une mosaïque ethnique instable et ingérable, le ”domaine de la guerre” (Dar-al-Suhr) voulu par l’islam, sur fond de disparition (de fonte, comme un glacier) de la civilisation européenne ; et bien entendu, de paupérisation économique généralisée.

Un signe avant-coureur de la future et possible soumission des Européens à l’islam et de leur déculturation (infiniment plus grave que l’”américanisation culturelle”) est le nombre croissants de convertis. Exactement comme dans les Balkans du temps de la domination des Ottomans : la conversion à l’islam relève du ”syndrome de Stockholm”, d’un désir de soumission et de protection. Selon l’Ined et l’Insee (chiffres, comme toujours, sous-estimés) il y aurait déjà en France entre 110.000 et 150.000 converti(e)s au rythme de 4.000 par an. 

Le converti fait allégeance à ses nouveaux maîtres et, pour prouver son ardeur de néophyte, se montre le plus fanatique. Presque 20% des recrutés pour l’équipée barbare de l’État islamique (Daech) sont, en Europe, des convertis. Ils sont issus des classes moyennes d’ancienne culture chrétienne– jamais juive. On remarque exactement le même symptôme – de nature schizophrène et masochiste– que dans les années 60 et 70 où les gauchistes trotskystes ou staliniens provenaient de la petite bourgeoisie. Il faut ajouter que les jeunes filles autochtones qui se convertissent à l’islam, dans les banlieues, le font par peur, pour ne plus être harcelées. Summum de l’aliénation.

Un sondage de l’institut britannique ICM Research de juillet 2014 fait froid dans le dos. Il révèle que l’État islamique (Daech), dont la barbarie atteint des sommets, serait soutenu par 15% des Français (habitants de la France, pour être plus précis) et 27% chez les 18-24 ans ! Qu’enseignent ces chiffres ? D’abord qu’une majorité des musulmans présents en France ne sont pas du tout des ”modérés” mais approuvent le djihad violent. Ensuite que 27% des ”jeunes” approuvent Daech ; ce qui donne une idée de l’énorme proportion démographique des jeunes immigrés musulmans en France dans les classes d’âge récentes, peut-être supérieure déjà à 30%. Enfin, comme le note Ivan Rioufol (Le Figaro, 05/06/2015) à propos de ce « stupéfiant sondage », il est possible que l’ « islamo-gauchisme » de jeunes Européens de souche, convertis ou pas, expliquent ces proportions, mais, à mon avis, pas entièrement.

Bien entendu, pour casser le thermomètre, l’oligarchie politico-médiatique a enterré ce sondage, photographie très ennuyeuse de la réalité, ou répète qu’il est bidon. On se rassure et l’on ment – et l’on se ment – comme on peut. Nous sommes assis sur un tonneau de poudre. L’”assimilation” et l’”intégration” ne sont plus que des contes de fées. L’incendie est aux portes.

Seule solution : la forteresse Europe. 

La troisième menace qui plombe les Européens vient d’eux mêmes, de leur anémie, plus exactement celle de leurs dirigeants et intellocrates qui, fait inouï dans l’histoire, organisent ou laissent faire depuis des décennies, l’arrivée massive de populations étrangères (n’ayant plus rien à voir avec de la ”main d’œuvre”) souvent mieux traitées par l’État que les natifs.  L’idéologie de l’amour inconditionnel de l’ ”Autre”, préféré au ”proche”, cette xénophilie, gouverne ce comportement suicidaire et provient d’une version dévoyée de la charité chrétienne.

La mauvaise conscience, la repentance, la haine de soi (ethnomasochisme) se conjuguent avec des sophismes idéologiques dont les concepts matraqués sont, en novlangue : ouverture, diversité, chance-pour-la-France.  vivre–ensemble, etc. Bien que le peuple de souche n’y croie pas, l’artillerie lourde de l’idéologie dominante paralyse tout le monde. D’autant plus que, comme le démontre un dossier de Valeurs Actuelles (04–10/06/2015), la liberté d’expression sur les sujets de l’immigration et de l’islam est de plus en plus réprimée. Exprimer son opinion devient risqué, donc on se tait, le courage n’étant pas une vertu très partagée. Partout, les musulmans et autres minorités – qui demain n’en seront plus – obtiennent des privilèges et des exemptions illégales ; partout ils intimident ou menacent et l’État recule.

Donc, pour l’instant, la solution de l’arrêt définitif des flux migratoire, celle du reflux migratoire, de l’expulsion des clandestins, de la contention et de la restriction de l’islamisation n’est pas envisagée par les dirigeants, bien que souhaitée par les populations autochtones. Ce qui en dit long sur notre ”démocratie”. Mais l’histoire est parfois imprévisible…

Compenser le déclin des populations actives européennes par une immigration accrue (solution de l’ONU et de l’UE) est une aberration économique. Le Japon et la Chine l’ont compris. La raison majeure est que les populations immigrées ont un niveau professionnel très bas. La majorité vient pour être assistée, pour profiter, pour vivre au crochet des Européens, pour s’insérer dans une économie parallèle, bas de gamme voire délinquante. Il n’y a aucun gisement économique de valeur chez les migrants, qui coûtent plus qu’ils ne produisent et rapportent, sans parler du poids énorme de la criminalité, à la fois financier et sociologique. Les exceptions confirment la règle. 

Le choix de l’aide massive au développement pour l’Afrique, qui stopperait l’immigration (thèse de J-L. Borloo), est absurde et s’apparente à un néo-colonialisme qui n’a jamais fonctionné. Pour une raison très simple : on aura beau investir des milliards en Afrique et au Moyen-Orient, ça n’empêchera jamais les guerres endémiques, l’incurie globale de ces populations à se gouverner, leurs ploutocraties de voleurs et de tyrans à prospérer et leurs populations à rêver d’Europe et à fuir. C’est atavique. Et les rêves idiots, américains et européens, de conversion à la ”démocratie” de ces peuples s’écrasent contre le mur du réel.

La seule solution est donc la loi du chacun chez soi, ce qui supposerait un abandon (révolutionnaire) de l’idéologie des Droits de l’homme qui est devenue folle. Cela nécessiterait l’arrêt de la pompe aspirante des assistances et aides multiples. Tout migrant qui entre en Europe (soit en mode ”boat people”, soit par avion avec un visa) ne devrait bénéficier d’aucun droit, d’aucune aide, aucune subvention ; il serait immédiatement expulsé, s’il est illégal, comme cela se pratique dans 90% des pays du monde membres de l’ONU. Ces mesures sont beaucoup plus efficaces que la protection physique des frontières. Sans cette pompe aspirante de l’Eldorado européen, il n’y aurait aucun boat people en Méditerranée ni de faux touristes qui restent après expiration de leur visas ou de pseudo réfugiés qui demeurent après le rejet de leur demande d’asile.

Argument idiot de la vulgate du politiquement correct : mais l’Europe va s’enfermer dans les bunkers de frontières ! Oui. Mieux valent les frontières fermées que le chaos des frontières ouvertes. La prospérité, la puissance, l’identité, le rayonnement n’ont jamais dans l’histoire été produits par des nations et des peuples ouverts à tous les vents. De plus, politiciens et intellectuels assurent que la cohabitation ethnique se passe parfaitement bien, ce qui est vrai dans les beaux quartiers où ils résident (et encore…) et où les allogènes sont très peu nombreux, mais totalement faux dans le reste du pays. Le mensonge, le travestissement de la réalité ont toujours été la marque des majordomes des systèmes totalitaire : ”tout va bien, Madame la Marquise”.   

Le Tribunal de l’Histoire ne fait pas de cadeau aux peuples qui démissionnent et surtout pas à ceux qui laissent une oligarchie suivre une politique radicalement contraire à leurs souhaits, méprisant la vraie démocratie. Le principe de responsabilité vaut pour les nations autant que pour les individus. On ne subit que ce à quoi l’on a consenti. Face à ces menaces, pour de simples raisons mathématiques et démographiques, il faut prendre conscience qu’il est encore temps mais pour peu de temps encore. Il faut se réveiller, se lever, se défendre. Après, ce sera plié. Le rideau tombera.

vendredi, 05 juin 2015

L'obligation de penser le monde qui vient et d'enterrer celui qui passe...

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L'obligation de penser le monde qui vient et d'enterrer celui qui passe...

par Julien Rochedy

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue stimulant de Julien Rochedy, cueilli sur son site, Rochedy.fr et consacré aux rôles des intellectuels et des politiques dans une période d'interrègne... Ancien responsable du Front national de la jeunesse, il a publié deux essais, Le marteau - Déclaration de guerre à la décadence moderne (Praelego, 2010) et L'Union européenne contre l'Europe (Perspectives libres, 2014).

Que l'on s'arrête un temps sur la politique française : on n'y trouvera que de la com. Les choses qui encore se font, se font, à la limite, à l'échelon local – à l'échelon, dirons-nous, communautaire. Pour le reste, c'est à dire au niveau national, il n'y a qu'une stricte application des élans de l'époque, laquelle obéit à une décomposition progressive de tous les acquis des siècles. Le Parti Socialiste au pouvoir, à la suite de l'UMP, détricote les fondamentaux de la France que nos grands-parents et parents ont connu : éducation, symboles, fonction publique, identité, autorité, culture, centralisation, etc. Cette politique effective de déconstruction semble être la seule possible au pouvoir, comme si elle obéissait à des impératifs qui appartiendraient à un déterminisme historique obligatoire d'intermède entre deux siècles. Quand à ceux qui briguent le pouvoir national, les Républicains et les Frontistes, leur rhétorique consiste à vouloir, justement, restaurer. Les uns et les autres veulent « restaurer l'autorité de l'Etat », « appliquer la laïcité telle qu'elle fut pensée en 1905 », « retrouver notre souveraineté nationale », « revenir à l'assimilation », quand il ne s'agit pas de « retrouver notre monnaie nationale » etc. Or, la politique des « re » est pure tautologie d'une nostalgie qui trouve, bien sûr, ses clients et ses électeurs en démocratie. Mais en fin de compte, il ne s'agit que de « com », car s'il peut être pratique de s'adresser à la foule des inquiets qui abondent toujours en périodes historiques  intermédiaires, et de s'adresser à eux à travers une redondance d'appels au passé, il n'en demeure pas moins qu'aucune politique pérenne ne peut se fonder exclusivement sur des « re ». Les exemples historiques – de Sylla, qui voulut refaire la Rome républicaine et aristocratique, à De Gaulle, qui voulut restaurer la France – montrent toujours que ces intentions ne peuvent être que passagères, et que les civilisations, comme les nations et comme les siècles, obéissent toujours à la maxime d'Héraclite : on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Or, l'Histoire est le fleuve par excellence.

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Résumons :

1 – Nous vivons une période historique intermédiaire qui bientôt va finir, raison pour laquelle la déconstruction des fondamentaux de la France (déconstruction qui, en vérité, a déjà commencé il y a 1 ou 2 siècles) s'accélère particulièrement en ce moment.

2 – Nous entrons progressivement dans un nouveau siècle, avec ses propres conditions, temporalités, impératifs et nécessités.

3 – Les hommes politiques au pouvoir ne font qu'accompagner, consciemment ou non, cette décomposition du temps passé. Quant à ceux qui n'y sont pas, ils ne font qu'appeler à sa restauration qui jamais ne viendra, ou, au mieux, que pour un temps très court, comme les derniers soubresauts d'un mourant.

4 – Les intellectuels actuels n'ont comme seul objet de pensée la destruction du monde qu'ils connaissaient. C'est pourquoi le monde de l'intelligence passe tout entier « à droite », parce qu'il s’aperçoit du carnage et du changement mais se contente, comme les politiques, de le pleurer.

5 – La nécessité pour les intellectuels et les politiques d'aujourd'hui est plutôt de penser le monde de demain pour y projeter des volontés. Finis les « re » : il faut vouloir dans les nouvelles conditions possibles qui se mettent en place petit à petit.

J'imagine que tout ceci est très dur à avaler, car cela fait fi de nos affects et de notre tendresse pour un monde qu'il y a peu nous touchions encore. Pourtant, si l'on veut échapper au règne de la com et/ou de l'impuissance politique, il nous faudra faire le deuil d'un certain nombre de choses pour penser les meilleurs solutions afin d'en préserver d'autres.

J'ajoute qu'il ne s'agit pas là d'un fatalisme pessimiste ; au contraire : plutôt que de perdre son temps dans des combats perdus, une envie impérieuse d'affronter le monde qui vient.

Julien Rochedy (Rochedy.fr, 1er juin 2015)

mardi, 26 mai 2015

De l'histoire (R. Millet)

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De l’histoire

par Richard Millet

Ex: http://richardmillet.wix.com

Le vacarme qu’on entend à propos de la réforme du collège fait oublier qu’il ne dépend pas de son application que les élèves soient moins instruits : il y a longtemps qu’ils ne savent plus grand-chose, que ce savoir obéit au principe d’incertitude et de flottement qui caractérise l’enseignement public, dans son ensemble, et particulièrement un de ses produits que sont les écrivains postlittéraires, dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont aucun sentiment de leur langue ni de l’histoire de France. Ceux qui braillent contre la réforme oublient trop volontiers qu’ils ont accepté, voire promu les précédentes, qui n’étaient pas moins désastreuses.

       Dans ces réformes, la langue a été sacrifiée sur l’autel de la bienveillance psychologique qui a aboli la tolérance zéro en matière d’orthographe. « Vous ne savez pas écrire ? Supprimons la correction orthographique, et exprimez-vous librement… » prônent les Lyssenko de la recherche pédagogique.

            Comment est-il, en effet, possible d’inculquer rien de solide et de vertical à de jeunes esprits dépourvus d’armature syntaxique, et par ailleurs soumis, ces esprits, à l’intense propagande du Bien ? Pourquoi enseigner le latin, le grec, alors qu’on n’enseigne plus qu’un état laxiste (« tolérant ») du français qui a dès lors la valeur d’une dent branlante dans une bouche impropre à mastiquer ?

            Il en va de même pour l’histoire. Pourquoi s’indigner de ce que la Propaganda Staffel du Conseil national des programmes veuille en finir avec le « roman national », décrété « réactionnaire » (lisez : incompatible avec les musulmans), en un pays qui n’a plus rien d’une nation ? Il y a belle lurette que ce roman-là n’est plus qu’un objet de dépit historique, et le peuple français en proie à une schizophrénie post-républicaine qui tente de faire coexister une population qui ne cessera jamais d’immigrer en elle-même et des indigènes dépossédés de soi par ceux qui prônent un « vivre ensemble » à valeur d’apartheid communautariste.

            La schizophrénie est le nom clinique du grand déni qui ronge la gauche française, et une manière de gouverner cap au pire, comme le montre le voyage du chef de l’Etat  dans les Caraïbes : un grand moment de political correctness, donc d’insignifiance politique, dont la rencontre d’une heure avec Fidel Castro a été le clou. Il semble que ce voyage n’ait eu d’autre but que la rencontre entre un mort-vivant vêtu d’un infâme survêtement et d’un président au teint vermeil, qui a cherché son quart d’heure de gloire historique, oubliant ce qu’a été le régime castriste, les mises à mort, la chasse aux intellectuels, aux homosexuels, aux déviants… La vice-présidente Royal a beau clamer que Castro est « un mythe », que « c’est plus fort que la politique », et le locataire de l’Elysée qu’il voulait « avoir ce moment d’histoire », comme un petit garçon qui joue avec le pistolet de son père, arguant, en un solécisme tout à fait digne de l’école selon Mme Belkacem, que « Quel que soit ce qu’il a fait, il est dans l’histoire » (sic), cette visite au caudillo de La Havane permet de comprendre pourquoi le roman national est impossible : la laideur de Hollande l’interdit, son inculture aussi, et bien sûr la révélation de son goût pour les dictateurs, ceux de gauche, évidemment, qui lui permet de passer une heure avec Castro tout en travaillant à chasser Assad du pouvoir et de faire la leçon à Poutine.

            Le moment d’histoire de Hollande n’est qu’une manière d’entériner la sortie de l’histoire, rendant donc inutile l’enseignement de cette matière. 

samedi, 23 mai 2015

Postmodernité et non hypermodernité: réflexion sur les origines de la catastrophe

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Postmodernité et non hypermodernité: réflexion sur les origines de la catastrophe

par Philippe DELBAUVRE

Si la France est en effet dirigée par qui – un singulier pluriel – l’on sait depuis des décennies, ce n’est que suite aux desiderata du peuple qui utilise, comme on sait, le suffrage universel.

 

Et que l’on ne vienne pas m’affirmer que les jeunes d’aujourd’hui seraient pourris jusqu’à la moelle, contrairement à leurs aînés. Ce sont leurs parents et grands-parents qui abandonnèrent volontairement et l’Indochine et l’Algérie. Non pas qu’ils fussent favorables à l’Indochine indépendante ou à l’Algérie algérienne. c’est encore plus grave : ils s’en foutaient… Après la phase austère de la reconstruction suite à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils purent consommer et c’était là l’essentiel à leurs yeux. En ce sens, il y eut dès cette époque ce que l’on peut appeler une pré-postmodernité.

 

Cette dernière s’était annoncée voilà bien longtemps de par ses lointaines origines. Rappelons que ce que l’on appelle l’anti-humanisme n’est nullement une opposition totale à l’homme mais le fait de considérer qu’il existe des valeurs – elles peuvent être diverses – qui lui sont supérieures. L’anti-humanisme consiste prosaïquement à ne pas mettre l’homme au centre. L’humanisme lui, comme mouvement historique majeur, naît approximativement dans le cadre de la Renaissance.

 

S’il est de nombreux ouvrages intitulés Histoire de la philosophie, il en est un paru aux éditions Folio, en six tomes. Bien évidemment, un chapitre y est consacré à la Renaissance dont la rédaction fut confié à un spécialiste de cette période historique. Le constat final – effectué donc par un spécialiste – est des plus noirs. La Renaissance est, contrairement à ce que pensent la majeure partie des Français, nullement une lueur dans l’obscurité. Que l’on songe par exemple aux « penseurs » de cette époque qui se préoccupaient beaucoup d’alchimie (pouvoir transformer le plomb en or, fait important déjà) et d’astrologie (que d’horoscopes de marabouts et de medium aujourd’hui).

 

Vouant aux gémonies la pensée médiévale, ils en revinrent au monde antique – ce n’est pas nécessairement négatif – se contentant de bêtement le répliquer, comme si ce monde du passé lointain n’avait pas de dynamique. Même erreur lorsqu’il s’agit de fustiger le Moyen Âge, postulé comme uniformément noir, alors même que lui aussi disposa de sa propre dynamique en matière de pensée et que, socialement, bien des paysans vivaient au XIIIe siècle très convenablement, ce que la plupart des Français ignorent.

 

Si l’on peut critiquer une société au motif que durant au moins un millénaire, elle fut intellectuellement religieuse, on ne peut tirer un trait sur un millénaire d’existence et d’ailleurs – encore une fois – de progrès substantiel : même si l’on est païen, on est bien obligé – objectivement – que dans l’histoire de France, le catholicisme est fait plus que majeur, consubstantiel à l’essence française.

 

Les anciens furent ceux qui apportèrent un intérêt majeur au Passé. Chacun comprend très bien qu’aujourd’hui le terme dispose d’une acception souvent négative : « le passé est ce qui est dépassé », nonobstant l’investissement de dizaines de générations qui œuvrèrent, eux, dans la discrétion. À ces Anciens donc, tout naturellement vinrent s’opposer ceux que l’on appela les Modernes, soucieux de l’avenir. Démarche quelque peu ridicule sachant que de l’avenir, les Anciens se préoccupaient aussi. Aberration, si le Passé – surtout avec les moyens d’accès au savoir d’aujourd’hui – est connaissable, l’avenir ne l’est que peu. À moins de disposer (Renaissance ?) d’une boule de cristal…

 

Je conteste avec la plus grande vigueur le terme d’hypermodernité. Le choix du mot implique que la période que nous vivons est une extrapolation de la modernité, c’est-à-dire d’un point de vue temporel, du culte de l’Avenir. Or, c’est totalement faux. D’où ma préférence pour le terme de postmodernité. Après le Passé puis l’Avenir, vint et perdure le culte du Présent dont on sait pourtant qu’il n’existe physiquement pas : à peine l’évoque t-on qu’il fait déjà partie du Passé.

 

Ce culte du Présent suinte au quotidien de tous les murs de la société contemporaine. Je demande au Lecteur de faire l’effort de trouver des exemples qui ne manquent nullement. Ainsi – c’est un exemple – des candidats à la présidentielle qui ne se préoccupent que des cinq années à venir alors que naguère on s’inscrivaient dans une perspective de très long terme.

 

Même si on n’est nullement obligé de célébrer le général de Gaulle – loin s’en faut – force est de constater qu’il avait pour projet de politique constitutionnel de doter la France d’une république forte – et ce fut le cas pour la Cinquième – qu’il voulait substituer à des régimes républicains malingres. Il eut le mérite de s’inscrire, même si sa démarche en fait en quelque sorte un Moderne, dans la longue durée.

 

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Qui ignore de nos jours, les crédits à la consommation, qui visent à satisfaire des pulsions d’achat donc immédiates (le Présent) alors même que l’on n’en a pas la nécessité immédiate ?

 

Qui méconnaît que désormais on ne se marie pas qu’une fois dans sa vie là où naguère dans un couple, Passé et Présent conjugués signifiaient promesse du Futur ?

 

Qui ignore le fait zapping concernant la télévision, phénomène que l’on peut étendre à l’ensemble de la société contemporaine , si l’on veut bien donner la peine d’y réfléchir ?

 

La postmodernité n’est donc pas continuité ou extrapolation de la modernité mais constitue bien une rupture. Rien à cela de surprenant à cela. Le penchant naturel de l’homme le pousse à revenir à sa naturelle animalité qui le mène naturellement donc au Présent. La conquête des sommets, dont l’appartenance au genre humain qui n’est pas naturelle, est l’un des aspects, n’est que le fait d’une infime minorité : on ne naît pas homme, on le devient. Et c’est des plus difficiles, y compris pour cette minorité qui emprunte ce chemin.

 

C’est en cela qu’il existe une paradoxale ressemblance entre catholicisme et communisme. Dans les deux cas – relire par exemple Saint Augustin et notamment ses Confessions – l’éducation est célébrée. A contrario, le monde contemporain célèbre l’hypertrophie d’un Moi, simplement préoccupé de lui-même. C’est une dérive toute logique, donc une extrapolation naturelle, de l’humanisme philosophique. Si chaque homme devient la finalité, presque tout lui est permis. On ne s’étonnera donc pas du mariage homosexuel sur lequel on a tellement glosé. Pas plus que de la transexualité ou de la pédophilie.

 

L’idée de tolérance, tant célébrée de nos jours, est elle aussi un mythe. Elle n’est le plus souvent, chez nos contemporains, qu’un synonyme d’indifférence. On tolère dès lors où « on s’en fout ». En revanche, dès lors où le Moi hypertrophié se voit contrarié, même pour les plus nobles raisons, l’intolérance et l’agressivité se font immédiatement jour.

 

Combattre les innombrables dérives du monde contemporain sans en revenir à leur source, c’est arracher la mauvaise herbe, laissant la racine en place qui, fatalement, repoussera.

 

Ce moi hypertrophié que favorise, et fatalement finit par subir (que l’on songe aux multiples catastrophes ambiantes), la majorité de nos contemporains était donc prévisible. Et la descente aux enfers se poursuit. Fatalement, au fait républicain, ne pouvait que se substituer la démocratie libérale. Au bien commun, l’intérêt général. Et à ce dernier, le chacun pour soi et Dieu pour personne.

 

Philippe Delbauvre

 

• D’abord mis en ligne sur Vox N.-R., le 8 mars 2015.

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jeudi, 07 mai 2015

Se la politica si riduce ad una “Torre di Babele”…

Prendiamola alla lontana, ma non più di tanto. Ricordate la narrazione biblica sulla punizione divina dei costruttori della Torre di Babele ? Fu la superbia degli uomini – secondo la Tradizione – a condannarli, per volontà divina, alla confusione dei linguaggi e allo scompiglio.

La politica italiana non sembra essere immune da questa maledizione. A destra e a sinistra. Al Nord e al Sud. Le vicende della Lega, spaccatasi, nella sua roccaforte veneta, tra i fans di Tosi e quelli di Salvini; lo stato confusionale in cui versa il Pd ligure, uscito massacrato dalle “primarie” ed ora costretto a fare i conti con il dissenso interno dei “civattiani”, contrari alla candidata renziana Raffaella Paita; lo scontro tra “fittiani” e “berlusconiani”, nella Puglia del dopo Vendola, la dicono lunga sulla babelica confusione dei linguaggi nella politica italiana.

Addio appartenenze, identità, idealità. A dettare la linea sono le rispettive ambizioni. A fare da traino più che i programmi gli interni rapporti di forza. Tutto sembra essersi ridotto ad un’indistinta mucillagine, nella quale a restare invischiati sono soprattutto i cittadini-elettori, a dir poco frastornati in questa girandola di distinguo, di spaccature, di fughe, senza che poi, al fondo, appaiano ben chiare le ragioni e le rispettive distinzioni politiche tra quanti, fino ieri, si ritrovavano sotto il medesimo tetto di partito ed oggi sembrano invece impegnati a favorire l’avversario “esterno”.

La logica, a trovarne una, pare quella del derby strapaesano, dove la politica conta veramente poco e ad emergere sono le rispettive appartenenze “di contrada” ed il peggiore familismo, in grado di soffocare le ragioni del gruppo.

Senza, per questo, apparire nostalgici del vecchio monolitismo ideologico, un minimo di “linea”, se c’è, all’interno, dei rispettivi partiti, una condivisione di valori e di programmi, andrebbe tenuta. Non è solo una questione formale. Essa riguarda (dovrebbe riguardare) i processi di selezione interni, il rispetto di chiare regole di comportamento, il rapporto tra eletti e struttura-partito.

Al fondo dovrebbe esserci – e qui torniamo al discorso su Babele – un’omogeneità di linguaggio, espressione, a monte, di una chiara distinzione di valori, laddove invece, oggi, tutto appare indistinto, confuso e lontano dagli interessi reali della gente.

Tra tante discussioni sterili da qui bisognerebbe ripartire per cercare di ricucire non tanto gli sfilacciati brandelli dei partiti politici quanto il senso vero e profondo della Politica, recuperandone la dimensione culturale e spirituale, insieme al senso del nostro sistema democratico, su ciò che significa realmente partecipazione, su come ritrovare un destino comune e condiviso.

Anche per evitare – come ormai accade di elezione in elezione – di “stupirsi” ipocritamente, ma il giorno dopo, per l’astensionismo e per la lontananza dei cittadini dalle istituzioni rappresentative. Visti certi spettacoli indecorosi le ragioni per allargare questa lontananza ci sono tutte.

mercredi, 06 mai 2015

Pour une contre-révolution européenne

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Pour une contre-révolution européenne
 
L'immigration massive a, au moins, eu cette vertu qu'elle nous mit devant notre propre vide existentiel. Si ces populations allogènes ne s'intégreront jamais à notre civilisation, elles nous obligèrent à nous regarder.
 
Professeur de Lettres
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr

La philosophe Simone Weil, morte en 1943, en rappelant l’impérieux besoin d’enracinement, combattu de toutes leurs armes par tous les pouvoirs qui se sont succédé depuis l’avènement de ce que les historiens appellent la « période contemporaine », considérait comme nécessaire la suppression des partis, perçus comme des factions, des parasites prospérant sur un grand corps vivant. Les organisations politiciennes sont, en effet, des prismes par lesquels la réalité est déviée, déformée, trafiquée, pour servir à des causes qui n’ont rien à voir avec l’intérêt de la communauté. C’est là le résultat néfaste d’une « table rase » révolutionnaire, qui a arraché le peuple à ses racines millénaires, pour le faire entrer, volens nolens, dans la modernité individualiste, utilitariste, et amnésique. Encore au milieu du XIXe siècle, la plupart des Français parlaient encore leur langue régionale, avant d’user du français. Depuis, l’École républicaine, la presse, puis la télévision, enfin le « nomadisme », ont éradiqué les restes d’identités liées aux patries charnelles.

Cependant, le coup mortel fut donné par ce véritable génocide culturel que fut, après la guerre, l’exode rural. La « modernisation » accélérée du pays acheva de transformer la France en canton du monde. Le mondialisme pouvait y pondre ses œufs, sans gêne, comme un coucou. Le gaullisme ne fut qu’un vain sursaut, avant le saut. Les Français, « américanisés » à outrance, se ruèrent sur les gadgets et les mirages du nouvel ordre libéral global. Un nouveau communautarisme, comme le préconise Julien Rochedy, et comme l’excellent dernier numéro de la revue Éléments l’analyse, est sans doute la dernière solution, avant la disparition totale.

L’immigration massive a, au moins, eu cette vertu qu’elle nous mit devant notre propre vide existentiel. Si ces populations allogènes ne s’intégreront jamais à notre civilisation, elles nous obligèrent à nous regarder. Ne soyons pas stupides : le prétendu « Français de souche » n’est plus qu’un singe de ses maîtres anglo-saxons. Comme disaient les marxistes, sa « praxis », nonobstant ses incantations « nationales », le place de plain-pied dans l’univers postmoderne du « dernier homme », mû par des stimuli narcissiques, des simulacres empoisonnés, et des besoins grotesques.

La « contre-révolution » est aussi une révolution. Tenter de sortir du puits est quasi désespéré, mais invoquer les mânes des ancêtres, comme au Tibet on fait tourner les moulins à prière, est vide de sens, si la métamorphose de l’ectoplasme actuel en être de chair et de sang ne s’effectue pas jusque dans les tripes, jusque dans son cœur, jusque dans ses habitudes les plus intimes. Le reste n’est que littérature.

mardi, 21 avril 2015

De la pureté à la purée…

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De la pureté à la purée…

par Claude BOURRINET

Ainsi nos Anciens du Sénat ont-ils eu la sagesse de ne pas sanctionner les clients des prostituées. On en est tout chaviré : il resterait un lopin de bon sens dans notre pays ! On en avait perdu l’habitude.

 

Notre nation, pourtant, se veut cartésienne. Elle n’a pas attendu Voltaire pour faire usage de la raison. Du reste, les « Lumières » aveuglent souvent. Qui lit la littérature de cette époque, rencontre inévitablement une dose mortelle de moralisme et de mauvaise foi. De moraline, dirait-on. Au fond, n’a-t-on pas guillotiné la Reine en l’accusant d’être lesbienne, et n’a-t-on pas excommunié l’aristocratie parce qu’elle avait commis l’outrage d’être libertine ? À la suite de quoi, nos censeurs, une fois abreuvés de sang impur, se sont empressé, sous le Directoire et l’Empire, de forniquer orgiaquement, d’une chair, il faut le dire, beaucoup plus triste que celle qui avait égayé les tableaux de Fragonard et de Boucher.

 

Notre période est, assurément, celle de Tartufe, personnage, comme on le sait, bien vivant, qui se mêle de tout. D’un côté, on interdit d’interdire, la censure est perçue comme un péché capital, on prône une sexualité tous azimuts, pour tous les goûts, et les désirs sont des ordres, surtout s’ils sont commercialisables. D’un autre, on accumule les lois liberticides, répressives, tracassières, qui vont chercher nos vices jusque dans les chiottes. Malheur à l’homme qui pisse debout, ou à la mère qui flanque une baffe à son marmot ! Le bras vengeur de la Justice ne manque pas de s’abattre sur eux !

 

Qu’on ne s’y trompe pas : comme dans l’Éducation nationale, ou les relations entre hommes et femmes, ce qui taraude, torture, gêne, c’est la réalité. Cette dernière présente le redoutable inconvénient d’être incontournable, comme la nature, qui revient, comme on le sait, toujours au galop. Le mariage pour tous, la procréation médicalement assistée au service des homosexuels, c’est une manière de la nier. Elle est comme ces microbes, qu’aux U.S.A., on nettoie à coups de Javel puritaine. On veut une vitrine « clean », mais on trouve, dans l’arrière-cour, les tripatouillages les plus infâmes, les affaires et la pornographie, les travailleurs de l’argent et ceux du sexe.

 

La vertu du catholicisme était, par la confession, d’avoir le sens de l’homme. Qui veut faire l’ange fait la bête. Qui veut la pureté morale s’embourbe dans la purée idéologique. La sagesse est de faire la part du feu. La morale, c’est d’abord d’apprendre à bien penser, écrivait Pascal. Et non de verser dans la bouillie du cœur.

 

Claude Bourrinet

 

• D’abord mis en ligne sur Synthèse nationale, le 2 avril 2015.

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A quoi sert la liberté d’expression?

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A quoi sert la liberté d’expression?

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste

Dans les commentaires sur l'un de mes derniers articles, "SilvanaC" rappelait cette déclaration : "La liberté consiste à choisir soi-même ses chaînes." Elle est du moraliste belge Romain Guilleaumes et s'inscrit dans une "logique" nietzschéenne. Que sont-elles ces chaînes?

Ce sont essentiellement celles du langage. Nous ne choisissons pas notre langage, car nous sommes immergés en lui dès notre naissance. Comme le dit Noam Chomsky, un enfant n'apprend pas sa langue, comme s'il existait indépendamment d'elle et, ensuite, consciemment, rationnellement, décidait de l'adopter. Même pour l'adulte,  il n'y a pas d'abord une pensée individuelle et, ensuite, la décision d'utiliser tels ou tels mots pour exprimer cette pensée. Nous n'avons jamais vu une pensée personnelle se promener toute nue qu' habillerions de mots pour la faire circuler parmi nos semblables. Nous n'avons pas une pensée qui serait la nôtre, puis une traduction de cette pensée dans un langage. S'il n'y a guère de pensée personnelle dans les mots que j'entends, qui me parle ? Où est-il, celui qui use de la liberté d'expression ? Et moi, quand JE parle, en usai-je de cette liberté ? La liberté d'expression est censée ouvrir la porte à une position personnelle,  mais s'il n'y a personne derrière les mots,  elle ne sert peut-être pas à grand-chose.

Devant un enfant qui a commencé à parler, nous voyons un être qui joue avec les mots et non un JE qui s'exprime. Derrière ses mots, il n'est pas vraiment là. En jargon psychanalytique, l'enfant n'est pas encore un sujet. Ah oui, diront certains, mais devant un adulte qui parle, il y a LUI,  derrière ses mots ! Rien n'est moins sûr. Alors, demandera-t-on, qui réprime-t-on, lorsque la liberté d'expression est réprimée ? Ou encore, si nous sommes prisonniers du langage, que signifie la liberté d'expression?

Sommes-nous vraiment prisonniers du langage comme le pensait ce philosophe désespéré qu'était Ludwig Wittgenstein ? Pas tout à fait, car au-delà des mots, il y a toujours du réel. Insaisissable, certes,  mais pas complètement insaisissable. Seulement, pour saisir quelque chose, il faut un effort et non un brassage de mots. Dès que cet effort est accompli, nous sentons une présence dans le discours, en même temps que nous est dévoilé un peu du réel. Il n’y a pas de réalité sans un sujet qui la désigne.

Dans les nombreux cafés philosophiques où je suis intervenu,  j'aimais demander à mes auditeurs s'ils étaient certains que c'était moi qui parlais. N'était-ce pas plutôt tout ce que j'avais reçu depuis l'enfance,  les écoles que j'avais fréquentées, les livres que j'avais lus ? Ces questions suscitaient un malaise bien compréhensible. Si celui qui parle n'est pas celui qui parle, que se passe-t-il ? Moi, qui parle, où suis-je quand je parle ?

Derrière cette question s'en profile une autre, encore plus grave. Si ce n'est pas moi qui parle quand je parle, ai-je encore une place ici-bas ? Parler me donnait l'espoir d'être entendu, d'être accueilli par les autres. Mais si je ne suis pas dans ce que je dis, si mon moi reste évanescent, comment les autres pourraient-ils m'accueillir ? Comment pourraient-ils me faire une place parmi eux ? Ne pas avoir de place parmi ses semblables est terrible. On se sent alors rejeté, marginal, exclu, parce que nous ne sommes pas parvenus à nous rendre présents dans nos propos.

Il est d'autant plus difficile de répondre à ces questions que nous vivons dans une culture scientifique. Un homme de science qui dirait, "la loi de la chute des corps est vraie parce que JE vous le dis" serait immédiatement rejeté dans les ténèbres extérieures. Dans les congrès scientifiques, un homme n'est reconnu que s'il n'est pas dans ce qu'il dit, que s’il n’est pas là. Étrange culture scientifique où je ne suis "reconnu" que si je ne dis plus JE. C'est très curieux. En tant qu'homme de science, je dois renoncer à être un sujet existant parmi d'autres sujets. Bref, dans une culture scientifique, il faut tuer le moi. Cela ferait plaisir à Blaise Pascal pour qui le moi était haïssable. L’ennui est que s’il n’y a plus de sujet pour dire le réel, celui-ci s’évanouit.

Qu'il faille renoncer à son narcissisme pour être entendu, on l'admettra volontiers. Rien n'est plus insupportable qu'une subjectivité qui s'étale dans ses boursouflures. Mais comment admettre qu'il faille tuer le moi pour être entendu ? Cela ôterait tout sens à la liberté d'expression. Dans une culture où il s'agirait de tuer son moi, dans une culture où il faudrait être systématiquement objectif, systématiquement du côté de l'objet, jamais celui du sujet, la liberté d'expression n'aurait aucun sens. On peut se réjouir de l'avènement d'une culture scientifique, mais il faut savoir que si elle devenait absolument prédominante, il ne viendrait à personne l'idée de défendre la liberté d'expression.

Même sans culture scientifique, la présence du JE dans ce qui est dit  reste très problématique. Il y aura toujours des paroles qui sembleront ne venir de personne,  des paroles spectrales, pourrait-on dire. Qui d'entre nous n'a jamais entendu un perroquet répétant mécaniquement des propos sur la croissance, la paix, l'ouverture ou le repli ? On pourrait même dire que la liberté d'expression fait proliférer les perroquets qui disent tout et son contraire, par exemple le directeur romand d'Avenir suisse, Tibère Adler, qui parle d'étendre les droits populaires tout en en les limitant.

La liberté d'expression n'a de sens qu'articulée sur la pensée d'un sujet et non d'un perroquet. Malheureusement, on ne peut pas demander à ceux qui prennent la parole de souffler dans un ballon pour savoir s'ils sont des perroquets. Et l'on ne ferait pas diminuer leur nombre en supprimant la liberté d'expression. Tout ce qu'on peut souhaiter est que cette liberté soit moins comprise comme un droit que comme une invitation à penser par soi-même.

Jan Marejko, 9 avril 2015

mercredi, 01 avril 2015

Angelina Jolie, « icône du courage » ou victime de charcutiers ?

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Angelina Jolie, « icône du courage » ou victime de charcutiers ?
 
Ecrivain, musicienne, plasticienne
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Dans la saison 1, Angelina Jolie s’était fait changer les seins. Pour démarrer la saison 2, la star s’est débarrassée de ses ovaires et de ses trompes de Fallope. Et pour la saison 3, quoi de neuf ?

C’était en 2013. La planète, émue, rendait un hommage appuyé à Madame Brad Pitt. C’est que l’actrice, atteinte d’un gène prédisposant au cancer, s’était fait enlever les deux seins, ce qui, disait-on, constituait « un message d’espoir pour les femmes ».

Bref, amputée de ses deux seins, « Angelina Jolie est un modèle à suivre », nous a-t-on dit en 2013. Et la directrice de l’ARC, fondation pour la recherche contre le cancer, de déclarer alors sur RTL : « Toutes les femmes qui ont un risque de cancer devraient se faire retirer les seins, et la Sécurité sociale devrait prendre ces opérations en charge au titre de la prévention. » Rebelote samedi dernier où la même dame, sur Europe 1 cette fois, a déclaré : « Angelina Jolie est un merveilleux exemple pour la prévention et le dépistage », c’est « une icône du courage » et toutes les femmes… etc. Bis repetita.

Je lisais récemment le dossier sur le cancer d’un éminent docteur qui court le monde entre recherches et conférences. Il y parlait « des mutations défavorables qui touchent en particulier les gènes BRCA1 et et BRCA2 », lesquels « sont devenus célèbres grâce à l’actrice Angelina Jolie qui leur doit l’amputation préventive de ses deux seins ». L’une des chercheuses de l’institut Curie précise bien que « le risque de cancer de l’ovaire cumulé à l’âge de 70 ans pour une femme porteuse de BRCA1 est de l’ordre de 40 % et de 20 % pour celles porteuses de BRCA2, contre 1,5 % pour la population générale ».

Résumons-nous : 40 % ou 20 % de risques de développer un cancer à 70 ans. Ce qui offre également 60 % ou 80 % de chances de ne pas en développer, mais à l’évidence cela paraît nettement moins intéressant abordé sous cet angle. Question, donc, primordiale : faut-il, comme on le recommande tous azimuts, conseiller aux femmes de telles mutilations préventives ?

Je ne suis pas médecin mais je commence à me méfier de la généralisation des « dépistages-ablations » intrusifs, sans doute bientôt pratiqués dès le berceau et même in utero, cela au nom du principe de précaution. Dépistages qui trouvent à chacun ou presque des embryons de maladies encore virtuelles pour celui qui pourrait un jour en être atteint, mais bien réelles pour celui qui encaisse des actes médicaux (en l’espèce, des actes chirurgicaux) et lourdes de conséquences pour celui qu’on charcute préventivement. On a connu cela dans le passé, où l’on retirait utérus et ovaires à des gamines de 15 ans et lobotomisait hardiment les récalcitrants dans les hôpitaux psychiatriques.

Le monsieur cité plus haut – un iconoclaste, assurément – dit que « les porteurs de ces mutations (BRCA1 et BRCA2) ne font pas seulement plus de cancers du sein, mais aussi des ovaires, de la prostate, du pancréas, des mélanomes, des leucémies… » Si bien qu’il considère « l’ablation des seins d’Angelina Jolie et des autres femmes dans son cas pour le moins contestable puisque ces mutations prédisposent à bien d’autres cancers ». Et de conclure : « Pourquoi ne lui a-t-on pas alors retiré aussi la vulve, le col utérin, les ovaires, le foie, le pancréas, les globules blancs, la peau et le cerveau ? Voilà, de mon point de vue, un exemple d’abus techno-réductionniste non éthique qui devrait être beaucoup mieux cadré. »

Au fait, un dernier conseil pour notre jolie Angelina. Qu’elle se méfie : avec ses deux implants mammaires, elle pourrait bien avoir récolté un lymphome anaplasique à grandes cellules. Autrement dit… une cochonnerie de cancer ! Totalement artificiel, celui-là.

 

mardi, 31 mars 2015

L’effet « fed-up »

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L’effet « fed-up »

Anne Lauwaert
Ecrivain belge

Ex: http://www.lesobservateurs.ch 

Je vais l’appeler “effet fed up” parce que l’expression “fed up” est celle qui exprime le mieux cette sensation.

“Raz ‘l bol” c’est encore supportable : vous prenez un bol de quelque chose, il est plein à raz bord, on ne sait plus rien y ajouter.....  "Marre”: en avoir marre ou soupé c’est pas très fort: on en a assez, mais ça s’arrête là. En avoir “plein l’cul” c’est franchement vulgaire et puis c’est encore autre chose, etc....

Etre “fed up” signifie littéralement être bourré, gavé, arriver au point où quand on a assez mangé on avale encore de la nourriture et que, fatalement, il s’en suit une envie de vomir, surtout si ce sont les autres qui continuent à vous pousser de la nourriture dans l’œsophage et vous obligent à avaler, c.-à-d. qu’on vous gave comme on le fait avec les oies…

Quand subit-on l’effet fed up? Voici un exemple :

Quand j’avais 16 ans, en 1962, j’avais un ami qui en avait 32. Notre amitié consistait dans le plaisir de parler de nos dessins ou des toiles que nous peignions et des poésies que nous aimions. Cet ami était homosexuel. Je lui avais dis que je le savais et cela resta notre secret. Cet homme vivait très difficilement son homosexualité car elle n’était pas acceptée, ni par sa famille, ni par “les autres”, car à l’époque, l’homosexualité c’était mal. Par exemple, pour téléphoner à son compagnon, il devait aller au téléphone public dans le bistrot où on se moquait de lui.

Grands dieux du ciel! Quelle catastrophe quand mon père vint à savoir que sa fille “parlait” à un pédéraste, tantouse, tapette, inverti, jeannette, lopette, enculeur, cocotte, chochotte, etc… Je n’avais jamais entendu tant de vulgarité de la part de mon père et ça à l’encontre de mon ami! Si mon père était capable de cette agressivité, on peut imaginer ce que mon ami devait supporter. Bref interdiction de revoir ce sale type… Comme la directrice de mon pensionnat avait confiance en moi, elle me permit de suivre la saison au théâtre national. J’ai donc vu du Brecht, Pirandello, Tennesy Williams et autres Oscar Wilde en compagnie de mon ami assis à ma gauche et de son ami assis à ma droite. Après la représentation ils m’accompagnaient à l’arrêt du tram. Ils ont fini par partir à l’étranger.

L’homosexualité n’a jamais été un problème pour moi jusqu’à ce qu’on commence à ne plus parler que de ça: les coming out à la télé, le mariage pour tous (au lieu de supprimer le mariage pour tous et de le remplacer par le contrat de convivence personnalisé pour tous) l’exhibitionnisme limite grivois à la Ruquier, on ne parle plus que de ça, on ne voit plus que ça et on en a assez.

L’excès, le fed up, produit la nausée et la tristesse de voir comment les homosexuels, dans cette ridiculisation, ont perdu leur dignité. Oui, les homosexuels ont droit à un contrat de convivence, mais non, cela n’est pas un “mariage”. Oui, des enfants abandonnées sont mieux au sein d’un couple homosexuel que sur les quais d’une gare en Inde, mais non, “avoir des enfants” ce n’est pas un “droit”.

Et oui, les procréations assistées et inséminations artificielles sont des jeux d’apprentis sorciers dont on ne connait pas les conséquences à longue échéance.

Fedupotolia_42099286_XS.jpgEt oui, les homosexuels ont droit au respect et non, les gay-prides n’inspirent pas le respect. Bref, le mieux est l’ennemi du bien, trop c’est trop, et quand on en a assez, quand on en est gavé, on en a la nausée et on éprouve l’effet fed up… qui entraine l’hostilité… qui finit par nourrir cette homophobie qu’on prétend combattre.

Le même effet fed up se fait sentir avec la lutte contre le racisme.

J’ai travaillé comme physiothérapeute dans un hôpital “populaire” à Bruxelles. Mes collègues me laissaient les “étrangers” car je connaissais plusieurs langues et avais été habituée aux “allochtones” depuis mon enfance au Congo.

Un jour, dans mon programme je trouve “un nègre”… Ce type se lève, il est grand, fort beau, il s’exprime dans un hollandais châtié, il est raffiné, exquis,  éblouissant… il est danseur classique et s’est foulé une cheville… en plus il homosexuel. Nous allons devenir amis et je vais lui servir de guide touristique pendant son court séjour à Bruxelles ce qui va me donner l’occasion de rencontrer le bête racisme primaire à l’égard d’une blanche accompagnée d’un nègre… à tel point qu’en croisant des messieurs en costard qui manifestement sortaient du bureau, l’un d’eux me dit carrément “encore un couple qui est mal assorti”…

S’ils avaient vu mon ami dans Casse Noisette, ils l’auraient applaudi… Je n’ai jamais eu de problèmes avec mes condisciples juives, ni avec mes patients marocains,  amis pakistanais, collègues congolaises, mais j’ai un terrible fed up envers les antiracistes qui s’attaquent aux “têtes de nègres” ou aux albums de Tintin. Idem envers ceux pour qui les morts ne sont pas morts mais absents ou disparus et les femmes de ménage ne sont plus des femmes de ménage mais des opératrices de surface… et là, la liste est très longue…

Etant donné que j’ai expérimenté le séjour d’un Pakistanais à mon domicile et que j’ai pu constater l’incapacité à s’adapter réciproque, de lui à nous et de nous à lui (comme je l’ai décrit dans mon livre "Des raisins trop verts" ) j’ai de plus en plus de fed up envers tous ceux qui veulent nous imposer de plus en plus de “réfugiés” dont on ne saura quoi faire, qui vont être de plus en plus déçus et vont devenir de plus en plus rancuniers et hostiles à notre égard.  Ce n’est pas eux qui auront tort, mais ceux qui les ont trompés en leur  laissant croire qu’ils allaient trouver un paradis chez nous… Et alors qu’est ce qu’on va faire?

fedupps13hz.jpgIdem à l’égard de l’islam. Dans les années 50 nous habitions au Congo où il y avait une communauté sénégalaise musulmane qui était fort respectée car c’étaient des personnes “sérieuses”. Pendant mes séjours au Pakistan dans les années 90 j’ai rencontré des musulmans aussi pieux que nos catholiques,  normalement pieux et pas exhibitionnistes pour un sou. J’ai été séduite par les Pakistanais parce que c’étaient des personnes sérieuses, respectueuses, de confiance, à tel point que j’y ai voyagé seule en toute sérénité. Fatalement je me suis intéressée à l’islam et ai même entrepris d’apprendre l’arabe. Mais, quand on a commencé à ne plus parler que de foulards, burqas, mosquées, halal, ramadan, égorgements en place publique et prières de rues, piscines, lisez le rapport  Obin  et Denécé .....

Quand on a vu sur toutes les télés des imams sirupeux et des politiciens du genre Juppé qui, sans avoir lu le coran, déclarent  l’islam compatible avec la république… l’effet fed up se fait sentir. Effet fed up suivi d’hostilité non pas envers les musulmans, mais envers ces opportunistes qui exploitent l’islam et les musulmans sans se soucier des conséquences à long terme pour les musulmans mais aussi pour nous.

Mais il y a fed up vraiment partout: les folies dans l’enseignement, les théories du genre,  l’obligation de rouler avec les phares allumés même en plein soleil, les démarcheurs qui vous téléphonent à 22h pour vous vendre de l’huile d’olive… et j’en passe et des meilleures…on ne sait plus quoi inventer pour emmerder le monde.

Bon, moi je suis une vieille dame pacifique et devenue modérée à force de raboter mes angles contre les réalités, mais que va-t-il se passer le jour où le fed up général aura contaminé des excités du genre hooligans ou casseurs?

Pour le moment on vote Front National, mais quel est le stade suivant?

Anne Lauwaert

 

mercredi, 25 mars 2015

Le jour où la France se réveillera…

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Le jour où la France se réveillera…
 
Les Français, dans ce mouvement de libération européenne initié par le peuple russe, ont-ils encore la volonté, la lucidité et le courage d’y trouver une place ?
 
Écrivain, journaliste
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

Les révolutions sont un leurre ; il suffit de constater que « les fauteuils ont simplement changé de derrières », disait Giono. Car les révolutions, de toutes les couleurs, sont des utopies, négations des réalités et du bon sens, issues des raisonnements d’idéologues dogmatiques, qui finissent immanquablement dans un bain de sang. C’est la Révolution française qui a inspiré nombre de celles qui lui ont succédé dans le monde, la plus importante étant la révolution russe. La chape de plomb sous laquelle le peuple russe a vécu pendant 77 ans (une vie d’homme) a explosé en 1991, comme le couvercle d’une Cocotte-Minute sous la pression spirituelle d’un peuple qui n’avait rien renié de ses attachements profonds à son sol, à son Dieu, à son Histoire, à sa culture, à ses traditions et à la mémoire de ses ancêtres. Le président Poutine, si critiqué par la bien-pensance occidentale, ne fait que (bien) gérer le réveil de son peuple ; en témoigne sa cote de popularité supérieure à 80 % – à comparer avec celle de notre président français.

L’esprit des Lumières, qui a inspiré la Révolution française, me semble tout entier être inscrit dans ces phrases de Montesquieu : « Aujourd’hui, nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du monde. Ce qu’on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières. » Ce renversement des valeurs n’aura pas échappé à nos gouvernants « démocrates » et « républicains » pour réaliser combien il était facile de manipuler une masse d’individus plutôt que de diriger un peuple fier de ses origines, de sa terre et de ses traditions. Ce concept « lumineux » aura conduit à la mondialisation (consistant à concentrer les moyens de production pour en diminuer les coûts) qui n’aura, elle-même, abouti qu’à créer, à force de délocalisations pour sans cesse trouver une main-d’œuvre moins chère, un conglomérat de nouveaux esclaves se donnant à bas coût pour survivre. Le mondialisme, l’idéologie de la mondialisation, a pu ainsi instaurer le règne de la quantité et de l’uniformité, trouvant (inconsciemment ?) dans le « terrorisme » (concept vague qui dispense de désigner l’ennemi) un allié objectif pour détruire à bon compte les dernières résistances liées au monde de la tradition.

Les Français, dans ce mouvement de libération européenne initié par le peuple russe, ont-ils encore la volonté, la lucidité et le courage d’y trouver une place ? Sont-ils encore en mesure de revenir à des comportements de bon sens qui incluent de retrouver leur fierté, leur dignité, l’amour de leur terre, de leurs pères, de leurs frères ? De se remettre à l’œuvre pour redresser leur pays si profondément saccagé par des décennies de mensonges, de folies, de cupidité, de mépris, de veulerie ? Certains frémissements récents pourraient laisser penser que tout n’est pas perdu et que, un jour peut-être plus proche que nous le pensons, la France se réveillera.

Le visage d'Eric Zemmour

par Julien Rochedy

Ex: http://www.rochedy.fr

Il faut regarder le visage d’Eric Zemmour de ces derniers jours pour comprendre que quelque chose s’est passé. Que quelque chose est passé. Sur lui, et aussi, par lui. Je me rappelle son visage lors de ses premières années en tant que star médiatique : Zemmour parvenait, en toutes circonstances, à conserver son air bon enfant, ses yeux rieurs et complices, y compris avec d’infâmes invités à qui il venait juste d’assener deux ou trois vérités. Zemmour, c’était le gentil mec, le sympathique, le seul qui pouvait faire rimer réactionnaire avec débonnaire, celui qui n’était pas d’accord avec la guimauve de la pensée télévisuelle, mais qui terminait toujours en riant, comme si, au final, tout cela n’était pas si grave. On a beaucoup glosé sur la judéité de Zemmour qui seule, semblait-il, le protégeait dans l’espace médiatique, compte tenu de tout ce qu’il pouvait y dire. On a beaucoup entendu que si Zemmour avait été un catholique blond aux yeux bleus d’un mètre quatre vingt, il eut été catalogué comme "nazi" et aussitôt exclu du PAF. Je crois que l’essentiel n’était pas là ; sa longévité, il la tenait plutôt de son côté accommodant, de son air bienveillant : il la tenait de son visage souriant.

N’importe quel personnage issu de son école de pensée (gaullo-bonapartiste, en somme : patriote), en face d’un BHL ou d’un Edwy Plenel, à l’écoute des mensonges des uns ou des naïvetés des autres, eut fini par sévèrement froncer les sourcils, par hausser la ton, par croiser les bras ou au contraire les déplier pour atteindre le nez de ceux d’en face. Pas Zemmour. Depuis 2003 qu’on le voit à la télévision jusqu’à aujourd’hui, jamais il ne fut grave, ou très rarement. On obtient tout avec une arme à la main disait Al Capone ; à la télévision, on obtient tout avec un sourire plaisant. Zemmour s’est battu des années contre la pensée moderne avec la meilleure des armes modernes, une arme féminine qui plus est : la gentillesse.

Grâce à elle, il est passé par toutes les mailles du filet, on l’a gardé, on l’a fait intervenir, on ne l’a pas vu venir, et au final, il les a tous battus. La société a changé, la gauche morale s’est écroulée – quelque chose s’est passé – Zemmour a triomphé chez les téléspectateurs. Et c’est alors que quelque chose s’est aussi passé sur le visage d’Eric Zemmour. Je le regarde depuis plus d’une semaine, tandis qu’il écume les plateaux télé pour la promotion de son livre Le suicide Français. Son visage s’est durci subitement, il ne sourit plus, ou moins, et il affronte avec une gravité nouvelle les attaques de tous les prêtres médiatiques qui sentent bien que c’est encore par aménité que Zemmour a parlé de suicide plutôt que de meurtre, sans quoi ils eussent tous été sur le banc des accusés. Le visage d’Eric Zemmour s’est transformé. Il parle désormais sans légèreté de la mort de ce qu’il aime passionnément, la France, son pays, son enfance, et ses rêves de maréchaux napoléoniens éclaboussant de gloire la grande nation. Il sait que tout cela est mort et n’a plus envie de le dire en riant pour faire plaisir aux Ruquier ou aux Domenach. Il parle désormais d’autorité, car il sait que les Français – je veux dire : ceux qu’il reste – sont avec lui et partagent, sinon ses vues, au moins son désarroi. Zemmour n’a plus à jouer désormais, il est devenu grave, plus sombre, plus solennel ; médiatiquement, il n’a plus de visage bon enfant ; c’est un homme maintenant. D’une certaine manière, ce visage est l’heuristique de l’époque dans laquelle nous sommes entrés, car le temps de la dérision est passé, révolu par la réalité dure et violente ; le tragique reprend peu à peu ses droits sur l’Histoire et le temps des hommes revient.

Zemmour, sans conteste, en est un.  

lundi, 23 mars 2015

Correction et incorrection: ces modèles qui nous tuent

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Correction et incorrection: ces modèles qui nous tuent

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste

Ex: http://www.lesobservateurs.ch 

Une affiche à Genève, ces jours-ci, dénonce le racisme en grosses lettres. Même moi qui n'ai jamais été raciste, je courbe un peu la tête en passant devant elle. Suis-je bien sûr de ne pas être raciste ? Ne faudrait-il pas que je m'examine ou me fasse examiner ? Peut-être subsiste-t-il, au fond de mon âme un racisme dont je n'ai pas encore conscience. Et alors, je devrais me faire purifier par des antiracistes patentés.

Encore moins suis-je antisémite, mon meilleur ami d'adolescence ayant été un Juif qui m'a permis de sortir des tristes tunnels d'une culture déconstruite. Mais allez savoir...

Même chose avec le féminisme. Jamais il ne m'est venu à l'esprit que les femmes sont inférieures. Mais n'y aurait-il pas, dans mes entrailles ou dans ma tête, un mépris latent pour les femmes ? Un mépris dont les commissaires politiques du féminisme pourraient me faire prendre conscience avec des batteries de tests ou l'imagerie médicale de mon cerveau ![1]

Même chose enfin avec les homosexuels. A quinze ans,  en Afrique, j'ai fait un long voyage avec un homme dont on m'avait dit qu'il aimait les hommes. Cela ne m'intéressait pas et nous avons passé ensemble d'excellentes vacances durant lesquelles il s'est montré d'une parfaite correction. Pourtant, à quinze ans, je n'avais pas triste mine.

On s'exclamera que je suis un type bien, inconscient des masses de mauvais bougres qui circulent parmi nous. Je ne suis pas du tout certain d'être un type bien, mais passons. Qu'il y ait des salauds ou des machos parmi nous, comment le nier ? L'essentiel est ailleurs. Il est dans tous les modèles de comportement qui se déversent sur nous jour après jour par la publicité, de pieux discours, parfois de graves remontrances. Il n'y a pas que le racisme, l'homophobie ou le machisme, car ces modèles sont légion. Modèles de comportement comme je viens de dire, mais aussi modèles de santé, modèles de renommée, d'efficacité, de beauté, et j'en passe. A partir du moment où j’adopte un modèle, comme celui qui nous engageait, il y a quelques années, de dire bonjour avant de s’adresser à quelqu’un, ce n’est plus moi qui dis bonjour, mais une chose formatée, non plus un être de chair, non plus un être mortel et donc, pourquoi pas, … un être immortel.

Loin de m'être tenu à l'écart de tous ces modèles, j'en ai absorbé plusieurs. Je faisais du jogging, de la natation, du vélo. Chaque jour je me félicitais d'être un type sportif. Ou bien je portais un beau costume-cravate, me félicitant d'être un homme distingué. Parfois je ne me gargarisais à l'idée que j'étais un type important, interviewé par les médias, écrivant de brillants articles dans journaux et revues. Je n'étais pas raciste, machiste ou homophobe, mais, dans le fond, réalisai-je un jour, je me comportais exactement comme ceux qui adoptent tel ou tel modèle. Certains se gargarisent à l'idée qu'ils sont antiracistes, donc des types bien. Pour d'autres, le bon comportement c'est de faire du jogging, de connaître par cœur les Évangiles ou d'arrêter de fumer.

L'essentiel, c'est que ces modèles de comportement entrent en nous pour nous dépouiller de nous-mêmes. Nous en venons à nous considérer comme perpétuellement inadéquats au modèle que nous avons avalé sans même nous en rendre compte. Chaque jour nous nous nous voyons incorrects et, chaque jour,  nous nous efforçons de devenir corrects. Nous ne sommes pas encore des hommes, mais nous allons le devenir. Pour employer une formulation du psychanalyste argentin Miguel Benasayag, les modèles qui s'accumulent dans nos âmes, nous font sentir que nous ne sommes pas "viables".[2]  Nous sommes à peine humains et nous avons un long travail à faire pour le devenir,  pour devenir des hommes nouveaux.

Par définition,  l'homme n'est pas viable. Il est fantasque, déloyal, méchant, inattendu, bref, incorrect. Être humain, ce n'est pas travailler à le devenir, mais accepter l'infini d'incohérences qui nous habite, sans toutefois se complaire dans ces incohérences. C'est viser le bien, sans se blâmer d'être mauvais. Personne n'est pur mais en suivant un modèle, nous croyons le devenir d’un coup. Comme nous n'y arrivons pas, nous nous blâmons, nous-mêmes et les autres, de ne pas l'être. Mais il y a des purs, ceux qui suivent les modèles des droits de l'homme, de la tolérance universelle, de la santé parfaite.[3]  Où sont-ils ? Difficile à dire. Et il y a les impurs, plus faciles à repérer et qu'on peut dénoncer, voire éliminer comme au bon vieux temps des purges communistes. Comme personne ne peut parfaitement suivre un modèle, nous en venons à suspecter nos proches et nous-mêmes d'être impurs, de ne pas être viables, à la limite de ne pas être humains. Sommes-nous tous des monstres?

Pas difficile de voir ce qui pourrait se passer. Harcelés par des modèles de comportement, suspectant que finalement personne ne peut suivre ces modèles, nous sommes tentés de basculer de l'autre côté. Par exemple de recommencer à fumer. A quoi bon tenter de suivre un modèle de santé parfaite puisqu'on ne peut pas y arriver ? Mais ça, ce n'est pas grave, sinon pour les primes d'assurance. Il y a beaucoup plus grave, à savoir qu’effondrés de culpabilité par la récitation ininterrompue des catéchismes du bien, la tentation de basculer dans le mal devient forte.

On peut souhaiter que ce basculement ne se produise pas. On peut même souhaiter voir disparaître les catéchismes du bien. Mais ce sont des vœux pieux. Il suffit, pour s'en rendre compte, de lire un passage des Évangiles où il est question d'un pharisien qui se rengorge d'être un bon croyant avec prières et jeûne.[4] Il est très satisfait de suivre parfaitement une loi qui lui donne, justement, un beau modèle de comportement religieux. Dans ce modèle, il s'est dissous, il a cessé d'être une personne unique, mortelle et responsable. Nous aussi,  modernes, risquons de nous dissoudre dans divers modèles de comportement. Ce n'est pas seulement une menace extérieure. Chacun d'entre nous est habité par une étrange aspiration à ne plus exister pour échapper à la mort, et les modèles sont là, souriants, comme le vieux serpent, qui nous proposait de satisfaire cette aspiration.

Jan Marejko, 16 mars 2015

[1] Le 21 janvier 2013, nous avons dû nous frotter les yeux en apprenant, par la presse locale genevoise, que « les racistes peuvent être démasqués par un simple scanner cérébral ». Canular ? Pas du tout, c’était un neuropsychologue de l’Université de Genève, Tobias Brosch.

[2] « Les sociétés modernes imposent leur modèle d'homme acceptable et sur lequel la réalité, toujours débordante, doit se régler. ... L'homme tel qu'il est n'intéresse personne.... Or, nous devrions accepter notre être non viable... ». Miguel  Benasayag et  Angélique del Rey, Éloge du conflit, Editions la découverte, Paris 2007.

[3] Santé parfaite ou totalitaire, comme disent Roland Gori et Marie-José del Volgo dans La santé totalitaire, Essai sur la médicalisation de l’existence, Paris, Denoël, 2005.

[4] Évangile selon Luc, chapitre 18, versets 9 à 14

mercredi, 25 février 2015

Quand une civilisation perd ses raisons d’exister

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Quand une civilisation perd ses raisons d’exister
 
Aujourd’hui, en Occident, existe-t-il un seul État visionnaire capable de proposer à son peuple un projet d’avenir ?
 
Consultante en gestion de PME
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

« Quand une civilisation perd ses raisons d’exister, d’avoir des enfants, de leur transmettre ses convictions et sa culture, elle peut s’écrouler comme un arbre mort. »

Cette belle phrase de Jean-Claude Barreau, historien, faisant référence à la chute de la civilisation romaine, ne peut, par les temps qui courent, que nous interpeller.

Une civilisation perdure si elle a les qualités suivantes :

Le goût de l’avenir et l’envie d’y engager sa postérité : c’est l’optimisme. Si la civilisation dans laquelle nous vivons ne nous donne pas l’espoir que demain sera plus beau qu’aujourd‘hui, que nos enfants connaîtront un monde meilleur que le nôtre, à quoi bon préserver notre culture, puisqu’elle nous a amenés à cela ? Jouissons du présent avant qu’il ne soit trop tard, et ne mettons plus d’enfants au monde. Matérialisme, hyperconsommation et affaiblissement de la natalité – tout se tient.

La force vitale : aller de l’avant suppose de la force, de l’énergie ; pour accéder à demain, il nous faut travailler, car il faudra toujours boire et manger, satisfaire quelques besoins plus ou moins élémentaires. Si, en nous, cette énergie fait défaut, si le travail est considéré comme une aliénation, et non comme une libération, alors nous stagnons. Le travail, par les contraintes qu’il nous impose, nous incite à trouver les solutions qui vont l’alléger. En ce sens, il est une libération. Et puis, pas de force sans une direction : la direction doit être donnée et maintenue par une organisation fiable. C’est le rôle de l’État. L’État doit, pour cela, être visionnaire, légitime et honnête.

Le désir de globalisation : une civilisation qui croit en elle et qui veut durer, évoluer, souhaite élargir sa sphère de rayonnement. La conquête est la tendance naturelle de celui qui croit être dans le vrai. Le désir du bien de l’autre est légitime. Mais aucune conquête ne peut être acceptable car celui qui la subit ne choisit pas et jamais on ne peut aliéner la liberté. Seul l’exemple peut fonctionner. Une civilisation durable et prospère est une civilisation exemplaire.

Aujourd’hui, en Occident, croyons-nous encore que le monde de demain, celui que nous laissons à nos enfants, sera meilleur ? Le fabuleux essor des technologies et la société d’hyperconsommation qui en résulte, les perspectives ouvertes par le vaste champ d’investigation dans les domaines du transhumanisme et de la manipulation du genre humain, loin de nous émerveiller, créent en nous un sentiment de néant. L’être artificiel, dégenré, désacralisé, l’enterrera-t-on ? Lui offrira-t-on une sépulture ?

Aujourd’hui, en Occident, existe-t-il un seul État visionnaire capable de proposer à son peuple un projet d’avenir ?

Enfin, culpabilisés par nos anciens désirs de conquête, nous avons peu à peu détruit les vieilles valeurs qui avaient eu le tort de nous rendre fiers. Complexés et agnostiques, pouvons-nous nous prétendre exemplaires ?

mercredi, 11 février 2015

De la guerre du Golfe au gros souk planétaire

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De la guerre du Golfe au gros souk planétaire
 
On assiste bien à l’émergence d’un monde islamo-occidental.
 
Ecrivain
Ex: http://www.bvoltaire.com

Il y a quinze ans, tout le monde prophétisait un choc des civilisations. Nous avions d’un côté le gentil Occident moderne et démocrate, de l’autre la barbarie musulmane. Les camps étaient bien définis, nous étions tous contents.

Nous oubliions seulement qu’Obama serait élu juste après l’autre ; que le pouvoir saoudien ne cesserait d’affirmer sa loi sur un Occident post-chrétien et post-nucléaire – pourvu qu’il récupérât sa dîme en dollars ; que le clan des Ben Laden avait été le seul à pouvoir quitter le sol américain le soir de l’attentat ; que les composants de cette tribu bien américanisée et descendante de Ladinos d’Espagne construiraient les nouveaux centres de pèlerinage de La Mecque en massacrant le patrimoine traditionnel ; que toute base (Al-Qaïda en arabe) américaine accélère non pas le choc mais l’osmose tératologique dont nous allons parler.

Modèle à suivre ? Principautés pirates comme les îles Caïmans des Caraïbes, paradis fiscaux recyclés dans un monde endetté, ces états élitistes incarnent au contraire le nec plus ultra de la mondialisation. Ils sont la fine fleur de la racaille émiettée des poussières d’Empire britannique. Leur civilisation repose comme la nôtre sur le centre commercial. Ces entités post-musulmanes façonnées par les souks anglais ignorent la terre, consacrant l’oasis marchande cernée de désert. Elles encensent les caravanes, nous les lignes commerciales. Elles n’aiment pas les armées nationales, elles aiment les mercenaires humanitaires. Elles ouvrent des musées d’art islamique, et leurs mosquées sont vides : c’est la civilisation des voleurs de Bagdad.

La population « farcesque » des États du Golfe annonce aussi notre triste avenir. Celle des Émirats a été multipliée par cent en cinquante ans. Il y a moins de 20 % de Qataris au Qatar. On trouve les cadres expatriés des multinationales qui aiment vivre sur ces hideuses tours et les pauvres boys venus en fraude des Philippines, et les esclaves du sous-continent. Ils représentent 80 % de la population, ces misérables venus des Indes, du Pakistan, qui n’ont aucun droit, et ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés par leur patron. Ce modèle social et racial de Slumdog Millionaire est à l’image du modèle victorien de retour : malheur au pauvre ! C’est du Dickens à la sauce kebab.

On assiste donc bien à l’émergence d’un monde islamo-occidental que renforce l’appétit de terreur des médias, de tous leurs financiers. Les terroristes ou EGM (êtres médiatiquement générés) renforcent à propos la cohérence de cette parodie de civilisation ; s’il y a choc des civilisations, c’est – comme au Moyen Âge – sur le dos du monde orthodoxe : voyez la Grèce et la Russie, voyez les coptes en Égypte. Le nomadisme islamo-occidental a détruit, en un siècle, le Moyen-Orient chrétien et ce Moyen-Orient musulman qui, justement, n’était pas islamique. Nous ne préserverons que le pire de chaque civilisation.

Le désert croît ; malheur à qui recèle des déserts !

mardi, 27 janvier 2015

Culture and “engagement”: French and English perspectives

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Culture and “engagement”: French and English perspectives

by Adrian Davies

Ex: http://www.traditionalbritain.org

Adrian Davies critiques artistic and cultural involvement on the Right in England and France.

 

A talk by Adrian Davies to the Traditional Britain Group on 18th October 2014

This morning I shall talk to you about differing perspectives upon the involvement of artists and writers in politics in France and England. Why France and England? Partly because it is necessary to keep this talk in some bounds, partly because I know a little more about the relationship between high culture and low politics in France than in Germany or Italy or Spain, and will stick to what I know, often a prudent course.

The concept of “engagement”

Jean-Paul Sartre is at first blush an odd choice to cite at a rightist meeting, but on further consideration, he is a strange hero for the left. After 1940, he did not merely accommodate himself to prevailing circumstances, which might be unheroic, but very human, rather he appears thoroughly to have enjoyed himself: “We were never so free as under the occupation.” Not a sentiment that would have endeared him to post-war bien pensant opinion.

But I am not here to discuss Sartre’s life, his works, his politics or even his philosophy in general, interesting though all those subjects might be, but only his idea of engagement, which I shall loosely but not I think inaccurately translate as commitment.

Engagement as a philosophy suggests that the exponents of high culture, whether in literature, music or the visual arts should by no means think themselves above and hold themselves aloof from politics.

This is not an universally accepted view. Théophile Gautier, famous for advocating l’art pour l’art, art for art’s sake, vividly expressed the contrary view in the preface to his story Mademoiselle de Maupin: «Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien, tout ce qui est utile est laid.» “Only that which has no practical purpose can be truly beautiful. Whatever is useful is [also] ugly”.

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Les Néréides de Théophile Gautier

But while I greatly admire Gautier as a literary figure, he was exaggerating, perhaps for effect, perhaps in reaction to the romantic movement, which had been much preoccupied with political questions.

The romantics were caught up in the nationalist movement that transformed European politics in the nineteenth century, moving away from earlier dynastic and denominational models of the state to the ideal of the nation state, about which I have to say that I am less enthusiastic now than once I was. The reasons why would involve a digression that I must resist with a thirty minute slot, though as we mark the centenary of the horrors of 1914, they are not so difficult to guess, and I shall touch upon them briefly when I speak about one of the great French literary exponents of engagement in the early part of the 20th century, Maurice Barrès.

The arch-romantic, Victor Hugo, certainly demonstrated how different French thought is from Anglo-Saxon liberalism, which has for too long placed the liberty of the individual above the common good, in the immortal words of the hero of Les Misérables, Enjolras: citoyen, ma mère, c’est la république! “Citizen, the state is my mother”.

I do not think that Randians would applaud this sentiment, but then I sometimes think that for the English classical liberal, Ezra Pound’s reproach to the business class in the closing lines of the famous 38th Canto “faire passer ses affaires avant celles de la nation” “putting your own interests before those of the nation” appears to be not blameworthy, but a natural right.

The Parnassians returned to classical models in reaction to romanticism, but in this respect their classicism scarcely reflects the ancient world, where Virgil and Horace were fulsome in their praise of Augustus’ vision of Rome, echoing a time long before them, when Simonides, who was not a Spartan, launched the cult of things Lacadaeomian with his epitaph upon the Spartan dead at Thermopylae.

Indeed, they themselves were the exponents of an ideology of a kind:

«Le culte du travail est l’un des éléments fondamentaux du parnasse. Il est souvent comparé au sculpteur ou au laboureur qui doit transformer une matière difficile, le langage, en beau par et grâce à un patient travail.

«Chez Lemerre, on observe la vignette d’un paysan avec inscrit au-dessus : «Fac et Spera », ce qui signifie : « agis et espère ». Cela témoigne de la volonté d’atteindre la perfection, en remettant vingt fois sur le métier son ouvrage, atteindre la perfection grâce à un patient et long travail.»

“The cult of work is an essential element of what it means to be a Parnassian writer. The writer is often compared with the sculptor or craftsman, who has to transform a difficult raw material, language into something beautiful by patient work.

“Lemerre made a vignette of a peasant inscribed fac et spera, which means, ‘act and hope’. It bears witness to the will to attain perfection by essaying the work in hand twenty times over so as to attain perfection by a long, patient effort.”

We are much indebted to the heretical Italian Communist Gramsci for the valuable idea of hegemony and the mastery of discourse in the world of ideas.

Gramsci may have been a hideously ugly, grotesquely misshapen dwarf, but when he expired in one of Mussolini’s insalubrious gaols, the world lost an original thinker, who, rather ironically, would most certainly have suffered a similar or worse fate in the Gulag, had he succeeded in fleeing to the Soviet Union.

For all its supposed love of non-conformity, the world of high culture is no less susceptible to fashion and to hegemonistic discourse than low politics.

By way of example, I well recall seeing the marvellous retrospective on Jean-Léon Gérome at the Getty Centre in Los Angeles 2010 - as the cataloguist frankly admitted, a far more gifted painter than most of the impressionists but long neglected because his extreme neo-classicism in both style and subject matter did not conform to the vogue for the impressionists that had become received thinking in the art world by the end of the 19th century.

Naturally this tendency is redoubled when art serves a political cause outside the narrow parameters of permitted debate under totalitarian liberalism, which is not a contradiction in terms, but a correct description of the soft tyranny under which we live.

A very vivid example that I remember was the astonishing exhibition called Art and power: Europe under the dictators at the Hayward Gallery so long ago, I shudder to realise (tempus fugit!) as 1995. Much of the art then on display has merit, but it is not generally shown, because it served ideologies that differ from bourgeois liberalism, and is condemned on that account, regardless of its intrinsic merit, which of course involves a tacit denial of the concept of intrinsic merit.

Nor is it only Fascist or National Socialist art that has disappeared down the memory hole, or at least been veiled from public view except on special occasions, such as the Hayward exhibition.

The official art of the Soviet Union is not viewed with favour in the West to-day, because it followed the representative tradition, which has been derided by self-styled cognoscenti since the days of the Impressionists, as I have noted.

Yet Socialist Realism in art and literature had many merits. Even Joseph Stalin was not wrong about everything. Modern western commentators generally assume not only that Stalin was wrong to interfere with artistic freedom by compelling Shostakovich to recant his atonalist tendencies and return to a more classical style of composition, and more fundamentally that Stalin’s criticisms of the score of Lady Macbeth of the Mtsensk District (1934) betray a lack of taste on the Vozhd’s part. Yet Stalin had watched the opera with careful attention, and his criticisms of the music are not lightly to be dismissed.

For myself, whatever Stalin’s terrible crimes, amongst the very worst of all times, still I am with the Vozhd on that question, and generally approve of the conservative tendencies in art, literature and music that were increasingly manifest under his rule.

More damaging even than the liberal hegemony of aesthetics is the liberal hegemony of discourse that would, if it only could, altogether exclude from the literary canon the great writers of the twentieth century in support of the lying fable that artists, writers and intellectuals are predominantly if not exclusively of the left.

barr281028232.pngThis lie is manifestly not sustainable for French literature, where engagement in politics was as common on the right as on the left. The names of Maurice Barrès and Charles Maurras will certainly live for so long as there is a French nation. Both attained the highest levels of literary aesthetic, though neither is nor should be immune from criticism. Maurice Barrès’s desire to see his native Lorraine returned to France led him to impassioned public support of the bloodshed of the First World War that won him the terrible sobriquet of le rossignol des carnages (the nightingale of carnage), and was not an advert for nationalism, while Maurras wished to see an end to the Republic, but failed to provide decisive leadership at a crucial moment in February 1934, when the conjunction of political circumstances was favourable to his wishes, so demonstrating that he was not the man of destiny that his followers thought him.

I need say no more about the literature of collaboration than to observe that some of the greatest writers of the time were committed collaborators. Some, such as Brasillach, who was executed, and Drieu La Rochelle, who succumbed to depression and committed suicide, paid for their engagement with their lives, others, such as Céline, whose extremism embarrassed even the Germans, were capriciously amnestied and continued with their writing after the Second World War, quite unrepentant.

But it would be a mistake to think that writers and artists of the right were not to be found in England and the English speaking world.

Wyndham Lewis

Of Canadian and American parentage, Wyndham Lewis studied art in Paris in the early years of the 20th century. He was one of the leaders of the so-called Vorticist movement in art, and served with honour in the First World War as an artillery officer, seeing action in the third battle of Ypres and amongst his Canadian compatriots on the Vimy ridge. He was made an official war artist and stayed in the front line to sketch out what would become his canvasses.

Happily he survived the war less traumatised than many, and combined painting with writing in the interwar years.

It is certainly remarkable that just as Wyndham Lewis reached the peak of his creativity and success as a portraitist, he also became a force to be reckoned with in literature, notably with his satirical novel, The Apes of God, mocking the Bloomsbury Set to which he had at first been attracted, but with which he had eventually broken.

There was a strong, even strident political theme in his writing. He vehemently opposed the left wing orthodoxy that already dominated intellectual circles in the 1930s. Probably his best novel, The Revenge for Love (1937) set in the period leading up to the Spanish Civil War, expressed utter loathing for the Communists in Spain and profound contempt for their British and fellow-travellers, while his painting the Surrender of Barcelona celebrates the nationalist victory, not a politically correct theme at all.

He thought little of post-war Britain, his last major work entitled Rotting Hill "the capital of a dying empire." That was 1952. What he would think of the degenerate stew of modern London passes even my imagining.

Roy Campbell

roycampbell.jpgWhile undoubtedly the Republican side in the Spanish Civil War attracted more writers and artists than did the cause of national Spain, there were some notable supporters of the Francoist cause. Unsurprisingly Ezra Pound was parti pris on the right side. Pound merits a whole talk of his own and I will not attempt the hopeless task of precising his life and work in the time available to me this afternoon. I will however mention Roy Campbell.

Campbell, a South African poet and sometime friend of Laurie Lee of Cider with Rosie fame. Campbell, a Catholic convert, was one of the few literary figures strongly engaged on the Nationalist side. Methuen published his long poem, the Flowering Rifle, the author’s foreword to which would certainly not be published by any main stream publisher to-day, so much less free is the England of 2014 than the England of 1939.

“Humanitarianism invariably sides where there is most room for sentimental self-indulgence in the filth or famine of others. It sides automatically with the Dog against the Man, the Jew against the Christian, the black against the white, the servant against the master, the criminal against the judge. It is a form of moral perversion due to overdomestication, protestantism (sic) gone bad”.

Just in case you have not got the picture, the foreword concludes ¡Viva Franco! ¡Arriba España!

Interestingly, Laurie Lee was visiting Campbell in Toledo when the war in Spain broke out. Lee, shocked by the poverty of the Andalusian peasantry, fought in the International Brigades, but Campbell, horrified by the Communist massacres of the clergy of Toledo, made propaganda for Franco. In such ways do the same events affect even friends differently.

Campbell was a staunch anti-Nazi, who went on to fight in the British Army in the Second World War, but still could not work his passage back into literary London afterwards. “It made no difference that one fought as willingly against Fascism as one had done against Bolshevism previously” he complained. “Even if you killed ten times as many Fascists as you had previously killed Bolsheviks in self-defence, you still remained a Fascist”.

Given the tone of the foreword to the Flowering Rifle, it is surprising that he thought that he might be forgiven in the post-1945 climate.

Henry Williamson

lettres,lettres françaises,lettres anglaises,littérature,littérature française,littérature anglaiseHenry Williamson was another author who was deeply politically engaged in the most controversial way, but whose reputation has been somewhat sanitised by excessive focus on his nature writing, especially his great success, Tarka the Otter, rather than his deeply political and semi-autobiographical cycle of novels A Chronicle of Ancient Sunlight. It tells the story of his South London boyhood, his experiences at the front in the First World War veteran, and his progressive evolution into that apparent contradiction in terms, a pacifiist and a fascist, and his complex relationship with Sir Oswald Mosley, an idealised version of whom appears as Sir Hereward Birkin, the leader of the Imperial Socialist Party, based on the British Union of Fascists.

Williamson is a curious example of a green fascist, but he was not the first: that distinction surely belongs to William Henry Hudson, born in Argentina of British stock, who went on to become the most significant English language writer on South America, the first to espouse green issues, almost a century before Silent Spring.

Hudson was also an unrepentant apologist for the proto-fascist and archetype of the charismatic caudillo, General Rosas, who ruled Argentina with an iron hand for nineteen years, and is, with his twentieth century equivalent, General Peron, still dear to the hearts of the common people of that far away land, unlike most of their rulers.

But the story of the proto-green and the great caudillo is too long and too interesting to tell in the short time remaining, so I will tell it another day.

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lundi, 26 janvier 2015

Tradition and Evolution

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Tradition and Evolution

by William Deller

Ex: http://www.traditionalbritain.org

William Deller evaluates the role of Tradition in contemporary Britain and the cultural forces opposing a traditional society

The principles of Tradition and Evolution may seem to be opposed: Evolution is about change whereas Tradition seems to be about changelessness. However Evolution is not about change for the sake of change, purposeless change or change at any price. Evolution is an over-arching principle in life; it is purposeful change, the means by which nature improves itself.

Darwin explained how evolution worked for animals through the process of small changes, which enabled animals to respond better to their environment whether through avoiding predators, attracting mates or finding a better supply of food. The more successful animals had offspring who possessed the characteristics of their parents. This is the process of continual improvement sometimes described as “survival of the fittest”, the evolutionary process which is essentially pragmatic, irresistible and implacable. It is a process of trial and error in which success means survival and failure means extinction. It is such a process which has led to homo sapiens, and civilisation as we know it.

The evolutionary process described by Darwin applied to animals who were subject to their environment and responded to that environment. Humans, at the peak of the evolutionary chain, and with immense ingenuity, have developed the god-like ability to create their own environment and develop human society. This has its dangers, bringing the possibility of creating an environment that distorts the evolutionary process, so that the human response to the artificially created environment becomes a negative one which leads humanity in a downward direction.

A current example is the effect of the benefit system, which has been implemented with the wholly good intention to help those in need. Some people may find that the terms of the benefit system make it more attractive to be unemployed than to contribute to society. This is an undesirable evolutionary development. Another example is the behaviour of bank employees who are motivated by the prospect of huge financial gains, and exploit their position to effectively gamble with other peoples’ assets, creating financial mayhem in the process. These are both examples of the corruption of the evolutionary scenario.

However the process of evolution – trial and error - operates constantly so giving an opportunity to reverse changes that are demonstrably retrograde. This explains the continuing development of human society from barbarism to the relatively advanced state of civilisation that operates in much of the world today.

So where does tradition come into the equation? Because humans have the god-like ability to create their own environment (and thus the direction of their evolution), they need some guiding principle to ensure that they do not allow their environment to disintegrate into anarchy. This guiding principle is tradition, which appears in different guises, one being religion. Tradition is not the enemy of evolution, but tries to ensure that humanity is not drawn into false promises of ‘progress’. Tradition distinguishes between ‘right’ and ‘wrong’ and complements evolution.

Religion provides a rule book that enables us to navigate our way through life. Of course religion is also subject to evolutionary forces as demonstrated in the Reformation, but there are some aspects of life on which tradition, religion and evolution agree, and powerfully object to those decisions made by our leaders which are likely to have a negative effect on the way society develops.

The turbulent history of Britain demonstrates the interplay of tradition and evolution in the progress from a feudal agricultural economy to the sophisticated society we know now, through milestones such as the signing of Magna Carta, the execution of King Charles I, and the abolition of the slave trade along the way. Our society develops, rather clumsily, through a process of trial and error: some things work, some things don’t, and the things that don’t work are, in the due course of time, changed. Change of the things that don’t work is dependant on a recognition that something is wrong. At the present time there are two major areas where our leaders have taken decisions which, I believe, are leading Britain in the wrong direction: membership of the European Union, and same-sex marriage.

Before Britain joined the EU it was a sovereign nation, whose democratically-elected Government ran the country. Britain had achieved this condition through many centuries of evolution, involving external warfare, internal rebellion and social upheaval, to realise a stable society which was envied by many throughout the world. A world-wide empire had evolved into the Commonwealth. The British example was followed by all those emerging nations who sought freedom, “self-determination” and democracy.

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When Britain first joined what was then called the European Economic Community in 1972 it seemed to represent a natural collaboration on economic matters between a small number of independent nations. It soon became apparent that the instigators of the EEC had other ideas. The EEC has been transmuted into the European Union, an ‘empire’ of 28 nations, governed by the ‘acquis communautaire’ which is a cumulative body of law of over 80,000 pages which cannot be changed. It has been estimated that some 80% of UK laws now originate in Brussels. The stranglehold which the EU has on British political life is intensified by the rulings of associated European Courts on such matters as equality and human rights. The British Government no longer governs Britain; it merely operates within the rules provided by the European Conglomerate. Is it any wonder that Britain has major problems, developed over decades, such as:

Unbalanced development across Britain of employment, housing, transport and much else.

Lack of an effective energy policy.

Lack of an effective policy to encourage industry.

Lack of an effective population policy.

Inability to control immigration.

Legal confusion such as the inability to deport criminal immigrants.

Failure of the education system to produce the workforce the country needs.

These problems are no surprise when the British Government no longer has the power or the incentive to deal with them. British membership of the EU has long been a contentious issue; however it is now evident that problems associated with that membership are increasing and will continue to increase. It is apparent that British membership of the EU is opposed to the traditions of Britain and to the evolutionary destiny of Britain; sooner or later Britain will have to exit.

A further example of the way that society - ignoring the teachings of tradition, evolution and religion - can be led down a blind alley, is same-sex marriage. It is curious that the tale of same-sex marriage is linked to the EU. There were no proposals for same-sex marriage in the Conservative election manifesto; it is opposed by much of the public; it was opposed by many Conservative MPs; it was strongly opposed by religious organisations. The legislation was introduced by the Government because gay-rights activists threatened to take the issue to European Courts, and raised the possibility of forcing the Government’s hand using European rulings on equality.

The legislation by the Government on same-sex marriage is opposed to tradition, religion and evolution. It is opposed to the evidence of evolution because heterosexuality is the means by which humanity has reproduced itself and civilisation has developed; to suggest that heterosexuality and homosexuality are equal is absurd. It is opposed to tradition because throughout history it is the union of one man and one woman, and their procreation of children, that has been enshrined in traditions around the world. It is opposed to religion because the tradition of union between one man and one woman has been formalised and made sacred by religions.

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In the eyes of many people, probably the large majority, the concept of marriage between one man and one woman was a rock-like tradition of our society, our civilisation; it provides a framework for raising and educating future citizens; it is the cornerstone of community and of society. The introduction of same-sex marriage destroys this solid foundation, replaces it with a nightmare world of undefined relationships and trivialises the vital function of parenthood. It seems that the people who originated this legislation have never watched the wild life TV programmes of David Attenborough in which the primary driving force (after survival) is the mating of male and female and the procreation of offspring.

It is curious that the apparent driving force for same-sex marriage has been the principle of total equality, whereas evolution is all about inequality! Evolution accepts that a species advances by recognising that some members of the species are better able to contribute to the common good than others. This is profoundly demonstrated in the modern world by the recognition given to football players, which is given not by decision of the powerful, but by the ordinary people who watch football! Thus the idea of total equality is anathema to the principle of evolution. We know quite well that there is an enormous variety in human qualities which is part of the richness of human life and explains the success of the human species. Yet our leaders seem to be unable to distinguish between the absolutely different characteristics of heterosexuals and homosexuals, and the different contributions they are able to make to society.

Another significant aspect of the drive for same-sex marriage has been the delight that some people find in trampling on tradition, which emphasises the need for the fordces of tradition and evolution to work together to challenge those who, knowingly or not, are leading society to nihilism. The issues of same-sex marriage and British membership of the EU are not simply topics for the debating chamber; they are matters which profoundly affect the evolutionary direction of the British nation. Sooner or later we must either choose, or be forced by circumstances, to abandon these current policies.

William Deller Author of NEW DEAL – How to Transform Britain December 2014

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mercredi, 21 janvier 2015

La légitimité politique post-hitlérienne

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La légitimité politique post-hitlérienne

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch 

On parle facilement d'un traumatisme sans toujours mesurer tout ce que cela implique, notamment une incapacité à intégrer aussi bien ce qui s'est passé que ce qui se passe. Pour s’amuser à sautiller dans le fouillis de la terminologie psychanalytique, on dira qu'un traumatisme rend un peu autiste. En tout cas, un traumatisé se coupe du monde pour se fixer obsessionnellement sur un ailleurs, un fantasme dirait Freud, en tout cas un autre monde, soit celui d'avant, soit celui d'après. La réalité a fait tellement mal qu'il n’est plus possible de la regarder en face. Il faut la remplacer par une réalité imaginaire. Il est vrai qu'on ne peut jamais regarder la réalité en face, ne serait-ce que parce qu'à chaque seconde, elle nous échappe. Mais oublions cette objection. Intuitivement nous sentons qu'il y a une énorme différence entre fuir la réalité pour se réfugier dans un monde de fantasmes et l'affronter.

Parler de traumatisme, aujourd'hui, c'est toujours parler d'un individu, jamais d'une ou plusieurs communautés, à une exception près. La Shoah a été traumatisante pour tous les Juifs. Or, c'est toute l'Europe qui a été traumatisée par les guerres et les camps.* Pas seulement avant et pendant le conflit 39-45, mais aussi après. On imagine les gens sautant de joie à l'arrivée des troupes américaines et recevant du chewing-gum comme du pain bénit. C'est plus ou moins vrai pour l'Europe occidentale. Mais à l'Est du Rhin, le cauchemar à encore duré des années : deux millions d'Allemands sont morts sur les routes des déplacements de population, tandis que Polonais et Ukrainiens se massacraient et que les camions de l'armée rouges déversaient soldats et commissaires politiques sur Budapest, Prague et des centaines de villages comme Nemmersdorf. Ces soldats et commissaires ne distribuaient pas du chewing-gum, mais la mort, précédée par la torture et, pour les femmes, le viol.

Mais même en Europe occidentale, le traumatisme d'une guerre qui a tourné au massacre a été si violent, profond, intolérable, qu'on peut le voir à l'œuvre partout encore aujourd'hui sous la forme d'une nouvelle légitimité politique que je propose donc d'appeler post-hitlérienne. Pourquoi ?

D'abord parce que la « réductio ad Hitlerum » est plus présente que jamais, soit par le biais de la « quenelle », soit par le biais d'accusations de fascisme qui renvoient au nazisme. Comme si la menace du nazisme était plus dangereuse que jamais ! Ensuite parce que, pour se reconstruire après le traumatisme d'une guerre totale, l'Europe a mis en place des politiques qui ont été et sont encore aux antipodes de ce que Hitler avait prôné. Au lieu d'une race supérieure, une vision qui met tous les peuples et toutes les civilisations sur le même plan. Au lieu d'une nation, de grandes unions qui, comme l'Union Européenne, coïncident potentiellement avec l'humanité. Au lieu d'hommes et de femmes prêts à se sacrifier pour leur pays ou, tout au moins, à œuvrer pour le bien commun, des individus qui, comme dit Tocqueville, tournent sans cesse autour d'eux-mêmes pour assurer leur sécurité et augmenter leur niveau de vie. Une croissance économique non pas pour la grandeur du pays mais pour que des millions puissent jouir de mieux en mieux, bref, le consumérisme.

A parler sans cesse de croissance, de niveau de vie, de bien-être,  l'Europe a été et est encore en déni. Autrement dit, nous apaisons encore aujourd'hui nos angoisses après ce qui s'est passé et nous nous persuadons que nous sommes engagés sur le chemin du "plus jamais ça". Exorcisme original puisqu'il s'effectue grâce aux encensoirs des économistes qui n'ont à la bouche que les mots de croissance, de PIB et qu’ils promettent de nouvelles jouissances. On n'exorcise plus avec encensoirs et prières, mais avec pourcentages et statistiques et parfois une affiche vantant les mérites des préservatifs pour se protéger du sida.

marej9782825129449FS.gifC'est surtout la croissance pour le bien-être de chacun et sur toute la planète qui retient l'attention. Les Trente glorieuses ont constitué l'un des piliers de la légitimité post-hitlérienne. Un gouvernement n'était et n'est encore légitime que s'il garantit à chacun une augmentation de son niveau de vie dans l'égalité. Même les Français qui, plus que d'autres, savent encore un tout petit peu ce que le mot de nation veut dire, ne jugent leur gouvernement que sur la base du PIB. S’il le fait croître il est jugé favorablement, s'il le fait diminuer, défavorablement. Le célèbre économiste Patrick Artus vient de publier un ouvrage au titre à la fois pathétique et révélateur, Pourquoi il faut partager les revenus. Pathétique, parce qu'on ne va pas faire ce partage à partir de telles injonctions.  Révélateur,  parce que les économistes sont devenus nos nouveaux prophètes. Sans partage des revenus, sans croissance,  sans diminution du chômage,  nous allons revenir aux années trente avec avènement d'un nouvel Hitler. Ce n'est plus le spectre du communisme qui hante l'Europe, mais celui du fascisme.

Par conséquent,  il s'agit de promouvoir un vivre-ensemble planétaire qui verra tous les peuples danser une grande sarabande démocratique. Tout se mélangera dans un pur bonheur d'exister, le rap avec Mozart, l'Afrique avec l'Europe, Conchita Wurst avec de vieux machos reconvertis ou pénitents.

En d'autres termes, le projet politique des gouvernants post-hitlériens se fonde sur l'élimination de toute discrimination entre peuples, entre hommes et femmes, entre parents et enfants, voire entre nous et les animaux. C'est compréhensible après les horreurs provoquées par les discriminations hystériques du IIIe Reich. Mais une telle politique n'est pas tenable, parce qu'elle contient en germe l'élimination de toute politique. A quoi bon des gouvernants si nous nous tenons tous par la main dans une grande sarabande planétaire ? Cette politique est d'ailleurs en train de s'effriter, ce qui provoque, comme il se doit, les cris d'orfraie ou des mises en garde. Attention, nous allons retomber dans des horreurs, nous disent les bien-pensants !

La politique de la grande farandole démocratique n'est pas non plus tenable pour une autre raison. Elle relève en effet davantage de l'incantation que du réalisme. Encore habités, sans très bien le savoir, par nos traumatismes, nous nous accrochons désespérément au projet d'une démocratie universelle pour nous convaincre que nous sommes en route pour un nouveau monde où, nourrie par le progrès économique, cette démocratie permettra à tout le monde de sourire à tout le monde. Tel est notre messianisme. Pas étonnant que les économistes soient devenus nos prophètes. C'est d'eux que nous attendons le salut pour entrer au paradis, sauf que la croissance, même démocratique, n'amène nulle part. Elle ne donne pas aux peuples un destin, mais un avenir programmé d'avance.

Vient alors la question rituelle : que proposez-vous ? Certainement pas un retour à une légitimité "fasciste". Il faudrait être fou, pervers ou malade pour souhaiter un retour au racisme, à l'antisémitisme, à l'homophobie. Mais cela ne signifie pas qu'il faille abolir toute discrimination. Si, par exemple, on supprime toute distinction entre l'excellence et la médiocrité, on détruit l'école. De même supprimer toute préférence nationale revient à détruire la nation. Les peuples n'aiment pas ça. Parfois, cela les fait même enrager et c'est alors qu'on peut craindre le pire.

S'acharner à promouvoir systématiquement ce que j'ai appelé une légitimité post-hitlérienne, fait donc courir le risque d'un retour du balancier. Ce seraient alors les plus acharnés ennemis du fascisme qui auraient préparé son retour.

Jan Marejko, 8 octobre 2014

* A ceux qui douteraient de la violence de ce traumatisme, je recommande la lecture de l'ouvrage de Keith Lowe, L’Europe Barbare 1945-1950, Paris : Perrin, 2013. Edition originale, 2012, Savage Continent, Europe in the Aftermath of World War II

dimanche, 18 janvier 2015

DJIHADISME: OÙ EST MARCEL GAUCHET?

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DJIHADISME: OÙ EST MARCEL GAUCHET?
 
Coralie Delaume*
Ex: http://metamag.fr
Note liminaire : oui, le titre de ce post est un peu étrange. Et alors ? On est vraiment plus à une bizarrerie près, ces jours-ci. 

Actualité apocalyptique oblige, tout le monde réfléchit intensément à la nature profonde du djihadisme et, plus largement, de l’islamisme radical. Des chercheurs,  dont les éclairages sont très bienvenus, sont convoqués dans les médias, comme Gilles Kepel, toujours passionnant, ou Olivier Roy. Marianne a republié une magnifique Lettre ouverte au monde musulman, du philosophe Abdennour Bidar, dont la lecture est un moment de pur bonheur. Étonnamment, les désormais célèbres « padadalgamistes », qui ont immédiatement bondi pour expliquer fissa que les attentats perpétrés contre Charlie Hedbo et contre l’Hypercasher n’avaient « rien à voir avec l’islam », ne pipent mot. On ignore pourquoi mais ils semblent avoir décidé que, quand bien même Allah et Mahomet n’auraient rien à voir là-dedans, il demeurait tout de même normal qu’on entende partout des spécialistes de ces choses-là. Va comprendre, Charles.

Des choses moins pertinentes,  plus confuses, se répandent également. Un argument utilisé plus que de raison pour tenter d’expliquer le djihadisme, semble tout particulièrement malvenu, qui consiste à assimiler le terrorisme islamiste au nazisme. Et l’on voit fleurir des expressions qui, certes, « sonnent bien », mais éclairent fort mal : « islamonazisme », « fascislamisme » voire « totalitarisme vert ». 

Elles éclairent mal pour trois raisons : 

1) parce la tendance actuelle à convoquer sans cesse le fascisme et le nazisme n’est pas une bonne chose. Elle conduit à nier ce que furent les spécificités de ces idéologies. On contribue ainsi « dé-comprendre » un phénomène du passé sans aider pour autant à mieux comprendre un phénomène du présent.

2) parce qu’on donne ainsi à penser que l’histoire se répète, qu’elle radote. Or ce n’est jamais le cas. Certes, tracer un signe d’égalité entre islamisme et nazisme est « tranquillisante » (si l’on peut dire…). En faisant cela, on s’offre le confort qu’autorise le fait de considérer qu’on a déjà à sa disposition toute la panoplie analytique nécessaire pour comprendre. On se dit : « allez hop, je ressors mon petit Hannah Arendt sur l’origine des totalitarismes et le tour est joué ». Pas de chance : ça ne marche pas.  

3) parce que si ça ne marche pas, c’est en partie pour la raison suivante. Marcel Gauchet a dit cette chose lumineuse : en leurs temps, les totalitarismes n’ont pu être ce qu’ils furent que parce qu’ils s’appuyèrent sur les masses.
 
Problème : nous vivons aujourd’hui à l’ère, précisément, de la démobilisation des masses et de l’atomisation des individus. Nous sommes donc loin de la situation qui a amené le totalitarisme. Nous sommes même dans une situation… inverse. Cela se voit, d’ailleurs, jusque dans le mode opératoire des terroristes : des individus seuls, à demi marginaux, ou de très petits groupes. Tout cela est très labile, très insaisissable, très peu charpenté idéologiquement (très faible connaissance de l’islam au final, corpus idéologique bricolé sur Internet, etc.). 

Il est donc dommage que l’on n’entende pas davantage Marcel Gauchet sur ces questions car il reste celui qui a théorisé, tout de même, le processus « sortie de la religion ». Evidemment, l’actualité immédiate semble lui donner absolument tort puisqu’on a l’impression d’assister à un retour en force du religieux [Oui, on sait. Malraux, « le XXI° siècle sera religieux ou ne sera pas », tout ça….]. Mais justement, rien n’est moins sûr ! Et c’est peut-être même le contraire. 

Peut-être pourrait-il le montrer, si toutefois un média voulait bien lui poser des questions dans ce genre-là : 

- le processus de « sortie de la religion » a conduit à l’effacement des croyances religieuses au profit de croyances politiques. A l’heure où l’on constate, notamment en Europe, une « dépolitisation » générale, le regain d’intérêt pour la religion, exprimé parfois de manière hystérique, signifie-t-il que le processus est en train de s’inverser ?  

- le recul de la religion au profit du politique consiste en un passage de l’hétéronomie (les hommes croient que les règles leur sont imposées du dehors/d’en haut) à l’autonomie (les hommes découvrent que ce sont eux qui édictent leurs propres règles). La multiplication des phénomènes de radicalisation individuelle ne montre-t-elle pas qu’on est arrivé à l’étape d’après  ? Ne sommes-nous pas en train de passer de l’autonomie à un genre d’anomie ?

- en Europe, l’effacement du religieux au profit du politique a engendré des maladies du politique (fascisme, nazisme, stalinisme). Le djihadisme, au moins dans sa version occidentale, n’est-il pas une maladie à la fois de la dépolitisation et de l’individualisme ?

-  dans ce cas, pourquoi existe-t-il aussi (et surtout d’ailleurs) hors du monde occidental ? 

- pour l’Europe, le processus de sortie de la religion semble s’être achevé à l’ère moderne. Admettons que le monde musulman soit justement en train d’opérer le sien, mais en pleine postmodernité, à l’heure où tout se déplace très vite (les informations, les images, les hommes). Quelles conséquences ? 

Ces questions, on peut se les poser. Mais le mieux, ce serait encore d’essayer d’obtenir des réponses. Alors, où est Marcel Gauchet ? Dans notre petit coeur [HUMOUR !], certes, mais est-ce bien suffisant ? Le débat est ouvert.

* animatrice du blog L'Arène nue 

Illustration en tête d'article : Les religions du monde, gravure du XVIIIe siècle.

mardi, 30 décembre 2014

Éloge du consumérisme de Noël

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Éloge du consumérisme de Noël: contre Natacha Polony

Les agapes de Noël  sont régulièrement  l’occasion de condamnations aussi vertueuses qu’hypocrites sur la débauche de consommation. Elles sont le prétexte à des considérations superficielles contre la ”société de consommation”, le ”libéralisme”, l’ ”argent”, le” capitalisme”, etc. Et cela, souvent au nom d’une vision aussi ignorante du fonctionnement de l’économie que de la ferveur religieuse.

À titre d’exemple, je cite ici deux textes, l’un de l’excellente Natacha Polony, (« Grande braderie de Noël » ), qui, une fois n’est pas coutume, n’est vraiment pas inspirée ; et l’autre, de la romancière Solange Bied-Charreton, ( « A-t-on perdu l’esprit de Noël ? » ) (1) qui s’indigne de la sécularisation de Noël par le consumérisme. Deux analyses aussi emblématiques l’une que l’autre d’un état d’esprit habile à manier les clichés les plus lourdement idéologiques et les plus déconnectés de la réalité. 

Critique des idées fausses 

Natacha Polony s’est fait un nom dans la défense, souvent talentueuse, des traditions, des enracinements, dans la dénonciation de l’effondrement de l’Éducation nationale ; mais aussi dans la défense de l’agriculture traditionnelle et familiale contre l’agriculture et l’élevage industriels (elle a raison) mais son romantisme terrien a quelque chose de fabriqué, de faux, d’urbain. Tout comme sa critique puritaine des festivités de Noël.

  « Ces fêtes de Noël qui sont devenues la mise en scène gargantuesque du règne de la consommation sur nos existences », écrit-elle. L’excès même de la formule l’affaiblit. Nous serions «gavés de biens ». Trop riches en somme, ramollis comme les Romains de la décadence ? Elle fustige avec hypocrisie un « libéralisme » qui serait pire que le communisme (alors que les libéraux n’ont pas voix au chapitre dans ce pays) et aussi « les ardeurs de l’enrichissement personnel », comme s’il s’agissait d’un péché. Alors que la France crève d’assistanat, de fuite des cerveaux et des entrepreneurs, de fiscalisme confiscatoire, de sous-travail, ces intellectuels inconscients se dressent contre le goût de l’enrichissement privé qui est le  moteur de la prospérité, de la créativité et du dynamisme d’une nation, comme l’a démontré Schumpeter. 

Elle estime, dans une formule pompeuse que « ce qui constitue le phénomène majeur de ce début du XXIe siècle est l’extension du marché à l’ensemble des domaines de l’expérience humaine ». Ah bon ? Dans une société française collectiviste et corporatiste où 57% du PIB échappe au marché pour se reporter sur les redistributions, l’assistanat, les aides et les dépenses publiques ? Où l’emploi marchand ne cesse de reculer au profit de l’emploi fonctionnarisé ou aidé qui frôle les 6 millions d’agents ? Natacha Polony, comme tous les intellectuels parisiens, formule de grands principes globalement fondés sur l’ignorance et l’idéologie. Dans un pays où le collectivisme, le réglementarisme et l’étatisation (même de la Santé) ne cessent de progresser, ce genre de formule laisse pantois.  C’est au contraire le rétrécissement du marché qui est la règle dans la société française. Et nos idéologues nous disent, désignant un chat : « observez ce chien ».

Fustigeant le « Divin Marché », elle vilipende la timide Loi Macron comme le symbole d’un libéralisme débridé, alors que c’est un pet de nonne : « le libéralisme de la loi Macron qui porte atteinte à l’indépendance de la France au nom d’une petite logique comptable qui va à l’encontre de l’idée même de République ». Elle fait allusion à la vente aux Chinois d’une partie du capital de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, sans comprendre une seconde que la cause de cette vente n’est pas le libéralisme mais… le socialisme fiscal : pour survivre, cette entreprise avait besoin d’apport en capital. Or, les investisseurs français, assommés de taxes et d’impôts, ne peuvent pas suivre. C’est le collectivisme socialiste qui pousse à brader le patrimoine national, pas le libéralisme qui, au contraire, permet la prospérité et les marges nettes des investisseurs nationaux ! Brader le patrimoine national, les ”bijoux de famille” au nom des besoins de financement et d’endettement ? C’est la conséquence perverse du socialisme. C’est lui qui aboutit à la cession patrimoniale par l’État et, paradoxalement, pas le capitalisme libéral !   

Natacha Polony, reprenant une sociologie de bazar soixante-huitarde déplore en ces termes fantasmés la ”marchandisation” de nos existences : « tout dans les actions des individus relève de la recherche  de rentabilité et de performance ». Hélas, c’est l’inverse ! « La vie individuelle, se lamente-t-elle, se gère comme un budget ». On est sidéré par la déconnection de tels clichés. Nous vivons, au contraire, en France, dans une société où l’idéal de performance, de responsabilité économique individuelle, d’entrepreneuriat, de récompense du mérite est abrogé au profit de l’assistanat et du corporatisme – notamment syndical. Comment Natacha Polony, qui est tout de même très intelligente, peut-elle se méprendre à ce point ? La réponse est claire : l’intellectualisme aveugle et abêtit parce qu’il remplace le bon sens et l’observation par l’idéologie paresseuse. D’origine marxiste, même à droite.

Mais revenons à nos moutons avec cette autre charge contre le consumérisme de Noël, issue de la romancière Solange Bied-Charreton (1) (« A-t-on perdu l’esprit de Noël ? »). Elle aussi se lance dans des considérations de sociologie de comptoir : « Noël est devenu cette grande fête de la matière, de la richesse et de la dépense » Comme si cela empêchait la spiritualité… Donc, vive la pauvreté, le dénuement, le dépouillement, comme idéaux sociaux ? Elle fustige, dans un anti-matérialisme convenu « l’envoûtement affiché pour le luxe, pour les plaisirs du ventre, cette compulsion consommatoire » ; en même temps, elle se moque, dégoûtée, de la débauche « de chocolats industriels, de mauvais champagne, de sapins abattus à la chaine (2), de fourrures synthétiques, de jouets et de bonbons ».  Elle, a sans doute les moyens de s’offrir du bon champagne et du chocolat de pâtissier… Bref, le petit peuple serait malvenu de faire des réveillons chaleureux et de s’offrir des cadeaux de Noël ; il ferait mieux de se recueillir et de se coucher tôt.

La romancière poursuit en se scandalisant de cette « profusion délétère », de la « féérie fétichiste de la marchandise », multipliant les formules de la langue de bois gauchisante : « l’histoire de l’Occident des deux derniers siècles est celle de l’avènement du capitalisme comme « fait social total » (Marcel Mauss). L’esprit du Noël capitaliste infuse l’idée selon laquelle le bonheur réside dans la consommation. Rite religieux d’une économie qui ne sait plus quoi faire de sa surproduction ». Âneries économiques ; nullités sociologiques hors-observations ; clichés snobs , généralisations, formules toutes faites, rhétorique qui remplace la réflexion. Relier cela au combat contre les crèches des laïcards (islamophiles par ailleurs) est stupide ; elle confond deux problèmes distincts. On croirait entendre un pasteur calviniste ou un curé janséniste du XVIIe siècle : « l’immortalité est un moindre mal, Dieu existe et châtie. Mais c’est un monde sans Dieu qui désormais entend diffuser cet ”esprit de Noël” ». Degré zéro de l’analyse. Dans un autre article  (« Un chant de Noël pour les vaches, pour la terre et pour les hommes ») (3) Natacha Polony réitère son aversion pour « la débauche d’achats et de l’orgie de nourriture ». Elle passera donc le réveillon de Noël à manger quelques dattes et des fèves arrosées d’eau minérale.

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Le puritanisme hypocrite

 Les clichés contre le marché, le consumérisme, l’argent, qui fédèrent toute la classe intellectuelle française de droite comme de gauche,  relèvent d’une puissante hypocrisie. Ils témoignent aussi d’une ignorance profonde du fonctionnement de notre société comme de l’histoire. Le spiritualisme et la ferveur religieuse populaire n’ont jamais été synonymes – sauf chez des minorités monacales ascétiques ou des sectes – d’austérité et de dépouillement, mais, bien au contraire, de profusion festive et conviviale. Prenons le christianisme : si le Christ a chassé les ”marchands du Temple”, c’est parce qu’ils commerçaient dans un lieu inapproprié, mais il n’a jamais condamné les débordantes Noces de Cana. Et que pensent nos nouveaux Cathares de la ville de Lourdes, dont toute la prospérité, commerçante, hôtelière, touristique, dépend du culte marial ? Est-ce une profanation ? Les sommes colossales dépensées par l’Église dans la Chapelle Sixtine ou les cathédrales sont-elles condamnables ?

La vision myope selon laquelle notre société est beaucoup plus mercantile et obsédée par l’argent que les sociétés traditionnelles est totalement fausse. Une preuve éclatante en est fournie par le fait incontournable que, de la plus haute Antiquité jusqu’à la Révolution, la noblesse ne se définissait pas seulement par les qualités militaires mais surtout par la richesse, condition de son acquisition. À Rome, les noblesses équestre et sénatoriale étaient strictement fondées sur la fortune financière et foncière, selon un barème précis. Et de l’Athènes de Périclès jusqu’à la France de Louis Philippe, le vote était censitaire, c’est-à-dire fondé sur la capacité fiscale. 

Dans les délires anti-consuméristes de Natacha Polony, on retrouve cette idée de frustrés que Noël n’est pas une fête, que tout ce qui est ”matériel” est mal. Comme si le recueillement était antinomique de la fête ; comme si la spiritualité était antinomique du principe de plaisir. Les marchés de Noël seraient ”impurs”, parce qu’ils inciteraient à la consommation et parce qu’ils seraient des ”marchés” ? On n’est pas très éloigné d’une dérive mentale puritaine partagée par les Talibans et autres djihadistes…   Beaucoup plus intelligente, et proche du réel, est la réflexion de l’écrivain Denis Tillinac (Noël envers et contre tout, in Valeurs Actuelles, 18/12/2014) qui associe étroitement la magie religieuse (culturelle et cultuelle à la fois) de la Nativité à la convivialité des agapes des cadeaux et du banquet familial du réveillon. 

On ressent un malaise devant ces plaintes sur la ”surconsommation” de Noël. Comment peut-on s’indigner que les commerces fassent du chiffre d’affaire à Noël alors que cela crée des emplois et fournit du travail ? Un éleveur de volailles du Gers ou un ostréiculteur charentais n’apprécieraient certainement pas des propos incitant à ne pas trop ”consommer” pour cette période de fin d’année. Un grand nombre de PME et de TPE – qui portent à bout de bras une économie plombée par le parasitisme fiscal de l’État Providence, font une partie indispensable de leur chiffre d’affaires à Noël – et au premier de l’An. C’est mal ?

Dans toutes ces critiques du matérialisme marchand, on repère évidemment une gigantesque hypocrisie puisqu’elles proviennent d’urbains nantis. Il faut avoir l’esprit hémiplégique, pour penser que le plaisir de consommer, de faire la fête, d’échanger des cadeaux au moment de Noël est contraire à la spiritualité et à la tradition de la Nativité. Fêter Noël sans agapes, c’est absurde. Ces lamentations sur la ”profanation” de Noël par la fête relève d’une incapacité à penser ensemble le sacré et le profane, à envisager une célébration familiale et cultuelle avec ces composants naturels que sont l’abondance et la dépense. Faut-il rejeter aussi les repas de noces ? Et la tradition des cadeaux baptismaux en or et en argent ? Le dépouillement et l’ascèse (dans plusieurs religions) relèvent d’un idéal monacal, d’une exception.

Le marché conçu comme péché

 Le grand paradoxe des sociétés marchandes et libérales, non étatistes, non collectivistes, c’est qu’elles sont moins individualistes, moins égoïstes et plus solidaires, plus organiques que les régimes de l’État Providence, « puissance tutélaire » selon Tocqueville, qui substitue aux solidarités familiales et autres l’assistanat public. Voilà une idée à creuser. La mentalité marxiste, qui imprègne sourdement nos élites, est d’ailleurs fondée sur un type d’économie anti-marchande qui reprend subrepticement l’idée du Capital de Marx : en revenir à une société de troc programmé, archaïque et pré-monétaire, mais aussi surplombée par un Big Brother redistributeur et égalisateur. C’est cette utopie qui a fourvoyé et foudroyé l’URSS et le monde communiste. Et dont la tentation est toujours vivante, infectieuse, dans l’État français. 

 Sociologiquement, – et économiquement – l’idée de dictature du marché et de la consommation ne correspond pas à ce qu’on observe dans la société française. Certes, oui, sur le plan quantitatif, on consomme plus qu’en 1900. Partout dans le monde. Mais – et c’est ce qui importe – la part de la consommation marchande et des revenus marchands dans la société française ne cesse, tendanciellement, de décliner, depuis 40 ans, au profit d’une part de la redistribution et d’autre part du salariat fonctionnarisé. En termes techniques, on assiste donc à une socialisation de la demande par assistanat et à une étatisation de l’offre. Avec, en corrélation, une augmentation du chômage et une stagnation à la baisse du niveau de vie.  Ce sont les faits, indépendants des discours idéologiques.

Bien sûr, comme me l’écrit l’économiste Marc Rousset, il ne s’agit pas de défendre ici « l’idolâtrie de l’hédonisme consumériste déraciné de provenance américaine », formule qui demanderait d’ailleurs une analyse critique, dans la mesure où le déracinement ethnique et l’hédonisme semblent plus présents sociologiquement en Europe de l’Ouest qu’aux USA… Le consumérisme matérialiste est partout présent, comme le goût des richesses, dans toutes les sociétés et civilisations depuis l’Antiquité. Il ne signifie absolument pas l’abolition des autres valeurs. Natacha Polony (avec tant d’autres intellectuels de la bourgeoisie urbaine) succombe à la vieille idéologie hypocrite du XVIIIe siècle du ”Bon sauvage”, reprise par les hippies californiens, les écolos anti-croissance, qui s’inspire d’ailleurs de très vieux idéaux religieux ascétiques (mal compris au demeurant), selon laquelle la consommation, la richesse, le marché, l’argent, la dépense, l’échange, la production matérielle, le commerce  sont méprisables, impurs pour tout dire.

 L’idée selon laquelle le bonheur n’est pas matériel, n’est pas lié à la richesse et à l’argent (même la santé dépend de l’argent) est biaisée et découle d’une réflexion de nantis. Cela relève du ”je hais les riches et la finance” de l’apparatchik privilégié qui occupe l’Élysée et qui touchera une retraite d’élu cumulard en or massif, et dont le patrimoine personnel est bien bétonné. L’idéal de la ”pauvreté salvatrice” est bien plus dévastatrice que celui de l’enrichissement  forcené.

 Ce qui est scandaleux, ce n’est pas que Noël et le Nouvel An donnent lieu à un pic de consommation, c’est que les bobos parisiens intellectuels – qui y participent largement – crachent dans la soupe. On ne peut pas à la fois réclamer l’augmentation du pouvoir d’achat, déplorer le chômage et la pauvreté et  s’indigner du consumérisme qui, qu’on le veuille ou non, fait tourner l’économie. De plus, déplorer que la jeunesse soit polluée par l’addiction aux smartphones est une position intéressante, mais il semble beaucoup plus grave et significatif qu’elle soit décérébrée et déracinée par une Éducation nationale qui n’apprend plus les fondamentaux (lire, écrire, compter) ni l’Histoire et l’identité nationales. Le mal ne vient donc pas du ”consumérisme”, du ”capitalisme”, du ”libéralisme”, mais d’une idéologie d’État – d’essence socialo-communiste– qui  déconstruit les consciences et corrompt les comportements.

De plus, il est complètement idiot de dire qu’une économie prospère de marché et de consumérisme est une idolâtrie du ”divin marché” et détruirait les autres valeurs.  Avec une sorte d’ascétisme chrétien fabriqué, Natacha Polony et tant d’autres, défendent donc des valeurs de pauvreté, d’indigence, de mépris du luxe ? Cette posture d’intellectuels anti consuméristes qui vont, comme tout le monde, faire leurs courses dans les supermarchés, prennent les lignes aériennes en classe affaire et les TGV en première classe, sont accrocs aux réseaux sociaux et aux achats en ligne, a quelque chose d’insincère, d’insupportable, d’insignifiant.

Opérons maintenant un retournement des préjugés. Une société fondée sur le gain, l’enrichissement, la consommation, la sphère privée du marché, la production concurrentielle développe des valeurs telles que : l’effort individuel, le travail, la créativité, l’épargne, la compétition, la responsabilité, la créativité. Une société fondée sur le collectivisme, le fiscalisme, la redistribution, l’assistanat (fausse solidarité), le fonctionnariat pléthorique, bref une société socialiste comme la nôtre, produit des contre-valeurs telles que : irresponsabilité, égoïsme, corporatisme, déracinement.

Nous ne vivons pas du tout dans une ”société marchande” mais dans une société objectivement collectiviste. Une société où l’honnête citoyen qui veut monter une entreprise individuelle est harcelé par des fonctionnaires qui travaillent quatre fois moins que lui et qui lui prélèvent 70% de ce qu’il gagne. Une société où des petits retraités du secteur privé relégués dans les zones périphériques sont abandonnés, au profit des privilégies du système ou des immigrés illégaux.

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Conclusion.

Plutôt que de protester contre le consumérisme de Noël, mieux vaudrait s’intéresser à l’islamisation galopante, aux offensives – tout à fait nouvelles– contre les crèches de Noël dans les Mairies, orchestrées par les réseaux de gauche. Au delà des crèches et du catholicisme est visée l’identité ancestrale du peuple français. 

Il y a quelque chose de malsain dans cette formule méprisante de Natacha Polony que je répète : « ces fêtes de Noël qui sont devenues la mise en scène gargantuesque du règne de la consommation sur nos existences ». Eh bien, oui. Noël, comme son prolongement du premier de l’An, qui sont en réalité la reprise syncrétique des anciennes fêtes païennes du solstice d’hiver, sont le règne gargantuesque de la fête, de la consommation, du plaisir, de la bonne chère, des cadeaux, du partage, de l’ivresse et des rires. Y voir le Mal relève d’un dérangement mental, d’une frustration, d’une conception inquiétante de la vie en société. Passeport pour le malheur.

D’ailleurs, le symbole de la crèche où l’enfant Jésus naît dans une pauvre étable, mis dans une mangeoire, dans le dénuement, associe l’arrivée des Rois mages porteurs de richesses et de luxe. Afin de sortir, précisément la Sainte Famille de son dénuement. Suivons Aristote, adepte du mésotès (ou ”juste milieu”) : de même que le courage est la juste voie entre la lâcheté et la témérité, de même, l’abondance est la juste voie entre la débauche et la pauvreté.   

Notes:

(1) In Le Figaro,  respectivement 13 et 16/12/2014.

(2) Erreur et ignorance : les sapins commerciaux de Noël ne proviennent nullement de l’abattage de zones forestières vierges mais d’élevages de pépiniéristes qui contribuent, au contraire, à la santé de la filière bois… et des forêts.

(3) Le Figaro, 20/12/2014.

lundi, 29 décembre 2014

L’identité contre les robots

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L’identité contre les robots

La technique, comme la science, ne pense pas.
 
par Claude Bourrinet
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La technique, comme la science, ne pense pas, nous apprend Heidegger. Encore que la bêtise ne soit pas en soi bête, comme nous verrons. Toujours est-il que Susan Schneider, professeur de philosophie de l’université du Connecticut, à la suite de plusieurs experts de la recherche astronomique, affirme que les extraterrestres sont assurément des robots, non des êtres biologiques. Le cerveau mou et peu fiable est, à terme, obsolète. Le "Brave New World" sera donc robotique. Cette prédiction se fonde sur le calcul de probabilité, lui-même induit par l’hypothèse que le progrès est le seul mode opératoire de la vie. En effet, de la cellule à l’homme, on s’oriente nécessairement vers une sophistication et un accès intégral à l’artifice, ce qui conduit à une métamorphose du biologique en synthétique.

On ne sait si Mme Schneider se réjouit de cette fatalité. Le mythe faustien, qui régit notre ère techno-scientiste, nous a appris que le désir d’immortalité et de jeunesse éternelle hante notre esprit. L’autre mythe de notre modernité, celui du progrès, dont on sait qu’il prit son essor dès la fin du XVIIe siècle, est, selon Baudelaire, une idée de paresseux. En tout cas, il nie toute liberté, et dénote un manque total d’imagination anthropologique.

Telle n’est pas la réaction du professeur Stephen Hawking, qui craint cette évolution : « Une fois que les hommes auraient développé l’intelligence artificielle, celle-ci décollerait seule, et se redéfinirait de plus en plus vite », avance-t-il. « Les humains, limités par une lente évolution biologique, ne pourraient pas rivaliser et seraient dépassés. » Georges Bernanos, déjà, dès 1947, nous avait mis en garde, dans sa fameuse France contre les robots , contre la déshumanisation inhérente au triomphe des machines. Mieux vaut être imparfait, limité, voire vicieux, que d’être conformé par l’excellence éradicatrice de la technique. La liberté absolue du mécanique est l’esclavage sans rémission du vivant. N’importe quelle bête est plus libre qu’un automate, même si elle dépend des nécessités de la nature. Mais les Cassandre ont de l’avenir !

Pourtant, Heidegger associe notre pensée à notre être, et singulièrement au langage, qui est ce qui est le plus proche de notre âme, le vivant en parole, le verbe qui fait un monde. Il faut un être qui dise ce monde pour qu’il existe. Le règne de la machine, c’est l’abolition du monde, du lieu où l’on devient soi-même.

Ulysse, dans la merveilleuse épopée d’Homère, illustre de façon émouvante cette vérité : plutôt que de céder à la tentation d’immortalité proposée par Circé, il préfère son Ithaque, si pauvre que seules les chèvres y peuvent paître, mais qui est sa demeure, le lieu de sa naissance, là où résident son père, sa femme, son enfant, un monde riche d’humanité.

lundi, 08 décembre 2014

Contre les idéologies, le fanatisme et la bêtise: l’humanisme rabelaisien!

Contre les idéologies, le fanatisme et la bêtise: l’humanisme rabelaisien!
par Raphaël Debailiac
 
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Cette crise de civilisation où l’homme est menacé d’évaporation ou d’écrasement holiste, appelle une réponse : un immense éclat de rire.

Frases-Rabelais.jpgLes Femen ont une fois de plus cherché à faire parler d’elles lors de la venue du pape à Strasbourg. N’accordons pas plus de crédit qu’elles ne le méritent à ces jeunes femmes tristes qui posent les seins à l’air. Elles n’en sont pas moins représentatives de la religion postmoderne et de ses dogmes. Le christianisme avait donné sens au destin de l’homme par l’Incarnation. L’Esprit s’était fait chair et avait donné la clef du monde : l’amour. L’amour poussé à la folie, vainqueur même de la mort silencieuse qui éteint les regards et pétrifie les cœurs. L’amour qui espère une rencontre. La rencontre du prochain, bien sûr, qui partage nos misères, nos étroitesses et une petite étincelle d’âme. Celle aussi du Fils venu replacer l’homme au cœur de la Création.

Cet anthropocentrisme chrétien est battu en brèche. Au constat de la tragique absurdité du monde, le postmodernisme a choisi pour réponse l’exil. L’homme devrait s’écarter d’une nature impitoyable et s’arracher même à son humanité bornée. Il devrait choisir la désincarnation. Ange, trône ou puissance, il s’affranchirait de la pesanteur du corps sexué, se libèrerait de la conscience et ne s’arrêterait plus même à la résistance du réel. Ainsi nie-t-on l’existence des petites filles ramenées par le dogme du Genre à des projections sociales. Ainsi enlève-t-on contre monnaie sonnante et trébuchante à une femme pauvre le nourrisson qu’elle a porté en appelant cela GPA et non traite des enfants. Qui veut faire l’ange fait la bête…

gargantua-dore.jpgLes fidèles post-modernes font paradoxalement preuve d’une grande indulgence à l’égard de l’islam. Ils font le pari de son inanité intellectuelle et de sa pesanteur sociale. Allié commode pour fragiliser les piliers incarnés de l’Occident, son histoire et sa culture, l’islam semble trop faible pour résister durablement au post-modernisme et à son attrait prométhéen. S’il peut côtoyer la modernité technique et l’ère des masses, il est en revanche est incapable d’y apporter une réponse. C’est cependant oublier un peu vite la vigueur de ses « forces morales », l’expression est de Clausewitz, qui souvent décide de l’issue des conflits.

Cette crise de civilisation où l’homme est menacé d’évaporation ou d’écrasement holiste, appelle une réponse : un immense éclat de rire, du vin qui épaissit le sang, la viande rouge et les pâtés qui fortifient la chair et la compagnie de jolies femmes qui ne se prennent pas pour des hommes. Le remède est éprouvé, c’est la réponse intemporelle de l’humanisme rabelaisien aux idéologies, au fanatisme et à la bêtise.

L’humanisme prend l’homme dans sa totalité. En harmonie avec sa chair, il surmonte les peines du monde par le rire, l’effort, la haute culture et l’amour. Il ne fait pas ce qu’il veut mais, humblement, ce qu’il peut pour tâcher de devenir meilleur, les pieds solidement enracinés dans le monde et les yeux grand ouverts devant les étoiles qui font rêver. Il qui croit en l’homme, et peut-être en quelque chose de plus, quand passent et s’effacent les idéologies. Il embrasse déjà l’avenir.

mardi, 25 novembre 2014

Police du langage : les jurons bientôt interdits?

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Police du langage: les jurons bientôt interdits?
 
Les jeunes cons ne savent décidément plus quoi inventer pour se rendre intéressants
 
par Nicolas Gauthier
 
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Bon, c’est pas pour jouer aux vieux cons, mais les jeunes cons ne savent décidément plus quoi inventer pour se rendre intéressants. Ainsi, ce collectif Georgette Sand, dirigé par une certaine Ophélie Latil, sûrement très connue de sa famille et de son proche voisinage, qui entend en finir, à en croire Le Figaro , avec les « préjugés sexistes, homophobes et racistes ».

« On ne peut pas se passer des insultes, mais dans la plupart des sociétés, elles sont porteuses de stéréotypes. […] La déconstruction des préjugés “genrés” passe aussi par un véritable travail sur le langage », estime donc Ophélie Latil, persuadée que des injures telles que « pédé » ou « pute », toutes « liées à la sexualité des personnes », devraient donc disparaître du vocabulaire et des dictionnaires allant généralement avec.

Toujours dans le registre et à en croire le même quotidien, une certaine Dominique Lagorgette, « linguiste spécialisée dans le discours transgressif. […] L’idée est très bonne, car elle cherche à rendre sexy des insultes politiquement correctes. »

imagesPR.jpgFort bien et au feu les pompiers ! Car pétard de pétard, non d’un petit bonhomme, le juron a toujours fait partie de notre culture française. Certes, pour cause de blasphème, il était logique que « Mort de Dieu » devienne « Morbleu », que « Par le sang de Dieu » finisse en « Palsambleu » et que le bon roi Henri IV, sur les conseils de son confesseur, se soit converti à des « Jarnicoton » plutôt qu’à ses habituels jurons. Enfin, allô, quoi ? Et saperlipopette !

Il y a maintenant près de trente ans, mon défunt ami Pierre Gripari, dans son putain (oups) de bon livre qui n’était pas un bouquin de tarlouzes (re-oups), intitulé Patrouille du conte , prédisait déjà l’actuel bousin. Soit l’entreprise mortifère de réécriture de la langue et de notre patrimoine commun. Pierre était pédé comme pas deux (re-re-oups), mais fut aussi le premier à m’avoir félicité pour la naissance de mon fils aîné ; ce, sur le thème : « C’est pas en se faisant empapaouter par des Arabes dans des cabanes de chantiers qu’on va repeupler la France ! » Accessoirement, Pierre Gripari aurait bien ri de cette inepte polémique…

Alors, on dit quoi, maintenant ? Il faudrait poser la question à Laurent Baffie qui, sur le plateau de l’émission « C à vous », traite Frigide Barjot de « pute ». « Touche pas à ma pute ! », a assez logiquement tweeté Basile de Koch, son compagnon. Bref, plus ça va, moins ça va. Toujours dans le registre, la fessée parentale serait en passe de devenir premier fléau de France. Stop ! Pourtant, la fessée érotique a également ses adeptes. Demandez aux Anglais, tous des invertis testiculaires, (re-re-re-oups).

En attendant les jours heureux du goulag mou et fleuri de demain, ces quelques vers signés de Serge Gainsbourg et de Jacques Dutronc :

« Bougnoule, Niakoué, Raton, Youpin/Crouillat, Gringo, Rasta, Ricain/Polac, Yougo, Chinetoque, Pékin/
C’est l’hymne à l’amour/Moi l’ nœud. »

Bien le bonjour chez vous.

Lettre ouverte à Eric Zemmour

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Lettre ouverte à Eric Zemmour

par Peter Eisner

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Monsieur Eric Zemmour, je n'ai pas lu votre dernier livre, dont on a beaucoup parlé. En revanche je suis régulièrement votre débat avec Nicolas Domenach dans l'émission Ca se dispute de la chaîne i-télé. Ainsi ai-je pu me faire une idée de vos positions.

Bien qu'éloigné de la ligne souverainiste que vous affichez, point sur lequel je reviendrai en détail, je précise que ce n'est que très rarement que j'approuve les critiques, parfois virulentes, de votre contradicteur de l'émission citée, lequel se complait dans l'hypocrisie politiquement correcte, bourgeoise et mondialiste. De la même façon, j'ai trouvé lamentable l'avalanche de reproches qui vous ont été adressés et notamment inepte la critique que Christophe Barbier a fait de votre livre dans l'Express. Sur la plupart des points, je vous donne toujours raison. Aussi suis-je très heureux du succès de votre livre. Il est cependant un sujet sur lequel je ne vous suis pas.

Vous dites par exemple que les Français ne reconnaissent plus la France. Voilà qui est très bien vu. Mais est-ce bien la France qu'ils ne reconnaissent plus? Si vous allez en Pologne, voire à Ekaterinbourg en Sibérie, vous vous croirez en France, ou plutôt peut-être dans une France d'il y a quelques décennies. Ce que les Français ne reconnaissent plus dans leur environnement, c'est tout simplement celui d'un pays européen. Bien sûr, la plupart des pays européens ont un cachet qui leur est propre. C'est le cas de l'Angleterre notamment, et l'on comprend que les Anglais tiennent à leurs coutumes. Mais si vous allez en Alsace ou en Corse, vous ne vous sentirez pas en région parisienne non plus. Même à l'intérieur de la Lorraine, de Nancy à Sarrebourg par exemple, au bout d'une heure de route vous êtes dépaysé.

Vous dites également que vous aimez la musique classique, vous la trouvez supérieure au rap. Ce n'est pas moi qui vous contredirai. J'imagine que vous aimez Bach, Mozart, Beethoven, Schubert. Ils n'étaient pas Français, ce qui n'empêchait pas d'ailleurs Mozart de tenir une correspondance en langue française. Notre patrimoine culturel est européen, qu'il concerne la littérature, la philosophie, la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique … A la Renaissance, les artistes parcouraient l'Europe, comme les scientifiques. Descartes était-il français, quand il se trouvait chez lui en Hollande ?

Vous dites encore que la France n'est pas née de la révolution, qu'elle est bien plus ancienne. C'est vrai. Maintenant où la faire démarrer? Certains pensent à Vercingétorix. Mais la Gaule n'a jamais existé; elle n'a jamais été qu'une création romaine. Il y avait bien un pays celte, débordant très largement notre Hexagone. Avec les Latins, les Germains et quelques autres, on retrouve en gros la population de l'Europe occidentale et centrale. Or cette dernière était déjà presque instaurée en Etat au début la Rome impériale. C'est bien l'Europe qui est notre patrie d'origine. La France n'a jamais été qu'une Europe en réduction : un peuple au départ celte, une profonde imprégnation latine et une conquête par les Germains qui a donné au pays son nom.

Vous aimez la France de l'ancien régime, à l'époque où elle dominait intellectuellement l'Europe, et vous aimez celle de Napoleon, quand il accumulait les victoires et fondait le Code civil. Entre les deux, vous semblez voir la grande révolution, ses horreurs mises à part, comme initiatrice d'une forme de mondialisme. Quelques signes peuvent aller dans ce sens en effet, mais là n'est pas l'essentiel. Il faut retenir d'abord le retentissement, auprès des intellectuels de nos pays voisins, des idées révolutionnaires --- sans oublier dans cette affaire nos prédécesseurs américains. Il est bien dommage que Napoléon n'ait pas su se servir de cet avantage pour fonder une Europe non soumise, jusqu'à la Russie comprise. A l'époque de la révolution, on ne pensait pas vraiment à l'humanité dans son ensemble; plus tard les premiers internationalistes marxistes ne voyaient guère plus loin, non plus, que les Romains antiques. Quand on pensait pour la France, Europe en réduction, on pensait pour l'Europe et sa diaspora américaine.

Je conclus. Nous avons une patrie; c'est l'Europe. Qu'est-ce qui vous empêche de le reconnaître?

Peut-être pensez-vous tout simplement que cette idée européenne n'est pas réaliste, dans les circonstances d'aujourd'hui. Il est difficile de vous donner complètement tort. L'idée européenne ne progresse pas trop lentement; elle régresse. Mais pourquoi régresse-t-elle ? Vous ne semblez pas vous poser la question.

Vous voyez l'origine de tous nos maux dans l'Union européenne, cette construction technocratique. Vous avez raison d'en dire le plus grand mal. Elle réduit à une peau de chagrin la démocratie à l'intérieur de chacun des pays membres, au point que le choix de leurs dirigeants importe désormais bien peu. Elle sert de porte ouverte à la mondialisation. Elle place l'Europe sous la tutelle des Etats-Unis d'Amérique. Tout cela est exact.

Mais peut-être votre critique n'est-elle simplement pas assez sévère. Vous oubliez que c'est cette construction qui fait justement régresser l'Union Européenne. Vous semblez pourtant en avoir discerné la vraie nature. Ce n'est qu'une oligarchie, un club de dirigeants. N'avez-vous pas vu qu'ils sont tous mondialistes et europhobes, comme l'a très justement constaté un Elie Barnavi ? D'ailleurs votre contradicteur Nicolas Domenach, qui se déclare européen, l'est bien moins que vous-même. Et Christophe Barbier, lorsqu'il s'avance à citer une nation européenne, n'y met pas ce qu'il convient. Ce sont des hypocrites. Bref, comment n'avez-vous pas noté qu'avant tout autre chose l'Union européenne n'était pas européenne ?

Ensuite votre critique manque de discernement. L'Union européenne actuelle n'étant pas l'Europe, il ne faut pas dénoncer les idées européennes en même temps que le fonctionnement de la technostructure bruxelloise. Faisons une comparaison. Qui défendrait, dans la France d'avant la révolution, le système des fermiers généraux? Est-ce, pour autant, qu'il fallait détruire la France ? Certainement pas. Or nos commissaires bruxellois ne sont jamais que les fermiers généraux d'aujourd'hui, chargés qu'ils sont d'affermir les contraintes imposées aux Etats membres pour le compte d'un club de dirigeants, dits nationaux, tous coupés du peuple.

C'est à tort qu'on vous accuse de vous réjouir d'un déclin qui conforterait vos thèses. Mais vous n'avez pas vu non plus que du mal peut aussi surgir un bien? C'est l'ancien régime des fermiers généraux qui a convoqué des Etats généraux, lesquels ont pris pouvoir et commencé par abolir les privilèges. C'est notre assemblée européenne fantoche qui peut un jour prendre le pouvoir à des dirigeants corrompus. Et cela ne se fera peut-être pas dans la douceur.

En attendant, tout ce qui peut contribuer à réunir les Européens est bon à prendre. Croyez-vous qu'Allemands et Français aient besoin de systèmes sociaux vraiment différents ? La sécurité sociale a été installée par Bismarck bien avant d'exister chez nous. Certes, aujourd'hui, nous suivons des voies divergentes. Cependant notre plus grande différence tient dans notre taux d'allogénisation, lequel est bien supérieur qu'outre Rhin. Donc à ce qui fait qu'on ne reconnaît plus la France. Cette France qui ne peut pas marcher avec l'Allemagne est précisément celle qui vous déplaît.

Essayez donc d'y réfléchir. L'Europe, comme Nation, est un beau projet, comme l'unification allemande et italienne l'ont été . Si vous le portiez, vos ennemis seraient démasqués, désarmés.

Pierre EISNER (PSUNE/LBTF)

mercredi, 12 novembre 2014

The Fall of the Wall Almost Started WWIII

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Ex: http://www.lewrockwell.com

Twenty-five years ago this week,  the Soviet empire in Eastern Europe was collapsing. The Berlin Wall had been breached. The Communist East German government was literally swept away by the storm tide of history.

It was also the most dangerous moment the world had faced since the 1963 Cuban missile crisis. What would the Soviet leadership do?   Just graciously give way or use its huge Red Army and KGB to crush the uprisings?

Interestingly,  in a raw exposure of shameful historical enmity, Britain’s prime minister Margaret Thatcher and France’s president Francois Mitterand both called Soviet leader Mikhail Gorbachev to urge him not to allow German reunification. 

The Soviet Union’s reformist leader could have stopped the uprisings in East Germany, Hungary, and Czechoslovakia. The mighty Group of Soviet Forces Germany (GSFG) based in East Germany had 338,000 crack troops in 24 divisions, with 4,200 tanks, 8,000 armored vehicles, 3,800 guns and rocket launchers and 690 combat aircraft.

NATO planners had long believed that GFSG could punch through western defenses on the North German plain and storm Antwerp and Rotterdam by D+8.  Other Soviet corps in Czechoslovakia, Poland and Hungary would strike west.  Switzerland’s defense planners foresaw a massive Soviet thrust through their nation and into the Rhone Valley, outflanking NATO defenses to the north.

General Secretary Gorbachev could have quickly used the iron fist. But true to his humanistic philosophy and his innate decency, the Soviet leader ordered the GFSG to stand down, pack up, and return to the Soviet Union even though there were no barracks or apartments for the returning Soviet legions.

The opening of the East German wall and subsequent fall of its Communist government mixed Karl Marx with Groucho and Harpo Marx. In a comedy of errors, the bumbling East German government became paralyzed as mobs tried to storm the wall and get to West Germany. No high official wanted to give the order to shoot. The gates of the wall were opened by mistake.

In the USSR, resistance among hardline Communists, the military brass and the KGB was intense. Gorbachev would have been unable to sound the retreat without the support of Foreign Minister Eduard Shevardnadze.

He was a remarkable man: the tough former KGB boss of Georgia and Communist Party chief,  Shevardnadze seemed an improbable reformer. But he co-authored the liberating policy of glasnost and perestroika and forced its adoption by the unwilling Soviet hierarchy.

I twice interviewed Shevardnadze in Moscow: he was determined to sweep away the communist system and end the Cold War. We used to call him “Chevvy Eddy.” His quick wit and sardonic humor made him very likeable. I asked him if he might consider becoming president of an independent Georgia – which he later did until overthrown by the US-backed 2003 “rose revolution.”

Soon after the fall of the Berlin Wall, I walked through the just abandoned GFSG headquarters in Wünsdorf, near Berlin. It was a scene of utter desolation: broken windows, phones and plumbing ripped out of the walls, secret files blowing in the wind. The mighty Red Army had gone. As a veteran cold war warrior, I found it incredible that an empire could disappear so quickly. Just a few regiment of Soviet soldiers and tanks, I mused, could have stopped the East German uprising.

 

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In secret, Gorbachev and Shevardnadze agreed to a deal with US President George H.W. Bush and his senior strategy officials:  the Soviet Union would pull out of Eastern Europe and the Baltic. In exchange, the US vowed not to advance NATO into Eastern Europe or anywhere near Russia’s borders.

Equally important, Gorbachev refused to use force to keep the USSR together.

The Soviet leaders believed they had an ironclad deal. They did not.

The next three US administrations – Clinton, Bush II, and Obama – violated the original sphere of influence accord and began advancing US power east towards Russia’s borders. The most recent NATO foray was the overthrow of Ukraine’s pro-Russian government, a ham-handed act that nearly sparked World War III.

For imperial-minded Washington, the temptation to kick Russia while it was down and gobble up its former dominion was irresistible.   Gorbachev was mocked in western power circles – and by many angry Russians – as a foolish idealist: “the Soviet Jimmy Carter.”

Today, 25 years after the fall of the Soviet imperium, US promises have been revoked.  Washington appears determined to undermine the Russian Federation and further dismantle it. Washington sees Russia as a has-been, a minor power unworthy of respect or amity.

The Russians have actually be told to stop complaining because the Gorbachev-Bush deal was not put in writing, only oral. A naïve oversight by the Russians?

From retirement, Gorbachev bitterly watches all he strove for turn to ashes as his countrymen blame him for destroying the Soviet Union. Shevardnadze died in Georgia last July. The Cold Ware is back, to the joy of the triumphant Republicans in Washington.

Soon after the wall fell, I recall writing that unless the western allies and the Soviets came to a firm agreement of spheres of influence and a neutral zone in Middle Europe and the Baltic

that a dangerous series of clashes was inevitable. We are now there.