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lundi, 16 février 2009

Protectionnisme ou "Déglobalisation"?

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Protectionnisme ou « Déglobalisation » ?

Trouvé sur: http://www.polemia.com 

Que deviennent donc les grandes résolutions prises par le G20 réuni à Washington, le 15 novembre dernier, où les dirigeants des vingt principales puissances mondiales s’étaient engagés à s’abstenir « d’élever de nouvelles barrières aux investissements et au commerce des biens et des services » ? Ayant repris tous en chœur le mot d’ordre du moment, « Le protectionnisme : voilà l’ennemi » (1), où en sont-ils aujourd’hui ?

Au sein de l’Union européenne, la solidarité et la concertation résistent mal à l’ampleur des difficultés économiques que l’on ne mesurait pas dans les premières semaines de la crise et on s’achemine doucement mais sûrement vers le « chacun pour soi : « Chaque Etat est tenté d’agir en fonction de ses spécificités nationales », relève le commissaire chargé des affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia.

Sur le plan mondial, on constate le même repli sur soi.

Les Etats-Unis – A tout seigneur tout honneur – envisagent, par exemple, de réexaminer une disposition d'un vaste plan de relance économique protégeant les sidérurgistes nationaux contre les importations d'acier étranger. L'article, perdu dans un projet de près de 650 pages, interdit l'achat de fer ou d'acier étranger pour les projets d'infrastructures que financerait le plan. Par ailleurs, la nouvelle administration Obama s’interroge sur l’opportunité d’une nationalisation des banques.

En Chine, on a déjà assisté, durant les deux dernières années, à plusieurs conflits entre partenaires étrangers et chinois, comme ce fut le cas entre Danone et Wahaha. Récemment, c’est Alstom Transport qui a perdu le marché de la ligne à grande vitesse Pékin-Shanghaï au bénéfice exclusif de fournisseurs chinois. Il en est de même pour les télécommunications ou Coca-Cola ; ce dernier voit suspendre sa négociation engagée avec Huiyan Juice pour le rachat de la firme chinoise. Question : « La Chine va-t-elle favoriser ses champions nationaux en période de crise ? »

Alors, à l’épreuve de la crise, le libre-échange et la globalisation seraient-ils sur la sellette ? De Davos, où régnait un désarroi général, nous vient peut-être une réponse transmise par Frédéric Lemaître, rédacteur en chef du « Monde » (03/02/09) : « La mondialisation est devenue un handicap pour la reprise, et donc la croissance. » Est-ce un hasard si la presse anglo-saxonne parle déjà de « déglobalisation » ? Qu’en est-il ?
Polémia

 Le dilemme de la « déglobalisation »

Le terme est utilisé par Sean O’Grady dans « The Independent » de ce 31 janvier 2009 : « Deglobalisation: What is it ? And why Britain should be scared » (De quoi s’agit-il ? Et pourquoi la Grande-Bretagne devrait-elle avoir peur ?). Le terme désigne évidemment le mouvement inverse de la globalisation, actuellement en cours pour des raisons de protection, de prudence, de protection devant la violence de la crise. Cette situation peut être caractérisée également par la montée du protectionnisme. Mais l’emploi du mot, forgé pour l’occasion, de  « déglobalisation » implique de considérer ce renouveau de protectionnisme comme une mesure qui n’est pas seulement d’occasion, ni de simple réflexe, mais qui suggère un mouvement de mise en cause de la structure et de la philosophie de l’économie du monde, la crise elle-même suggérant cette attitude. Les Britanniques sont particulièrement concernés, et également préoccupés tant leur économie est fondamentalement orientée dans le sens de cette philosophie ainsi mise en péril, au niveau de sa structure même, dans tous les domaines de la vie  nationale.

« La Cité de Londres est un exemple flagrant de main-d’œuvre étrangère et de capitaux circulant librement et, jusqu’à récemment, elle était capable de générer une immense richesse. Mais d’autres services financiers et d’affaires, depuis l’assurance jusqu’à l’expertise, dépendent aussi de ces flux internationaux circulant librement.

« La quasi-totalité de notre fourniture en électricité et de nos services des eaux appartient à des entités allemandes, françaises ou à d’autres d’essence étrangère, un grand nombre de nos banques de la High Street sont entre les mains du groupe espagnol Santander et nos principaux constructeurs automobiles sont japonais, allemands, indiens et américains – et ils exportent 80 pour cent de leur production. Même la poste appartiendra pour moitié aux Hollandais. Il y a aussi Heathrow, un centre de transit international. Le tourisme et les industries créatrices, qui sont le secret de notre prospérité, sont les uns et les autres des affaires mondiales. Regardez aussi les maçons polonais et lituaniens, les arracheurs de pommes de terre, les chauffeurs de taxi nigériens et les infirmières sud-africaines, tous ont fourni un net profit à l’économie britannique. Leur contribution à la baisse du coût de la vie et au maintien de la Sécurité sociale est à peine remarquée et encore moins louée. Sans parler de l’apparition du poulet tikka masala devenu notre plat national. »

Si l’on en revient au protectionnisme, qui est le signe le plus apparent, le plus spectaculaire de la « déglobalisation », il faut savoir qu’il a d’ores et déjà une dimension politique et qu’il interfère d’ores et déjà sur les relations entre l’Europe et les USA de Barack Obama. A cause de cela, on commence déjà à s’interroger sur la réalité de cette énième « lune de miel » entre l’Europe et les USA (…), annoncée bruyamment avec le nouveau président, une grosse semaine après que ce président eut pris ses fonctions. La crise brouille toutes les cartes, et à son rythme, qui est étourdissant.

Les Britanniques, les plus proches des USA, les « cousins » anglo-saxons, sont à nouveau sur le front, cette fois dans l’attaque contre les USA, sur le point précis de la réintroduction d’une forme de « Buy American Act » dans la loi sur le plan de relance (ou stimulus plan) en train d’être discuté à Washington. Le « Business Secretary » (nous laissons le titre dans sa langue originale tant la  traduction en « ministre des Affaires » rend un son étrange) du gouvernement Brown, Lord Peter Mandelson, lance de Davos une critique violente contre Washington et les USA, rapportée par le « Times » de ce même 31 janvier.

« Se livrant à une attaque cinglante contre le plan, Lord Mandelson a déclaré que les projets nationaux consistant dans certains pays à inciter les consommateurs à acheter des produits fabriqués chez eux risquaient sérieusement de déclencher des affrontements dus au commerce protectionniste. “Je comprends pourquoi les gens désirent faire leur propre choix. C’est pourquoi, si on commence ces campagnes “Achetez américain”, ou “Achetez ceci”, ou “Achetez cela”, on court le risque que cela se traduise en de réels obstacles au commerce, ce qui est la dernière chose dont nous avons besoin en économie mondiale”, a-t-il ajouté. » (…)

« Lord Mandelson a condamné ce qu’il a qualifié de démarches protectionnistes naissantes engagées par certains gouvernements au sein de l’Union européenne des 27 nations. “Nous avons créé le marché unique pour soutenir une croissance économique et non pas pour commencer à s’en prendre les uns aux autres.” Toutefois, à Davos, lors d’un important déjeuner des chefs d’entreprise britanniques, il a souligné que la tendance était évidente, non pas seulement en Europe mais dans le monde entier : “Le commerce mondial s’engage cette année vers la régression pour la première fois depuis 1982. Je pense qu’il y a un risque réel que les gouvernements et les affaires voient dans le protectionnisme le remède nécessaire dans ces conditions-là mais pour ce qui concerne la guérison c’est aussi un poison”, a-t-il ajouté. “C’est la leçon que nous devons tirer des années 1930 – des erreurs que nous ne  devons pas réitérer au XXIe siècle”. »

« Lord Mandelson conforte l’avertissement déjà formulé par Gordon Brown au sujet de ce qu’il a appelé le “mercantilisme financier” – une nouvelle tendance des banques à retirer des marchés étrangers des milliards pour les injecter dans leurs bases nationales. »

Il est vrai qu’à Bruxelles, dans les différents milieux européens, la question de la renaissance du protectionnisme est désormais centrale. « A la Commission européenne, nous dit une source européenne, la perception de la crise continue à être étrangement cloisonnée, tant est grande la lourdeur de cette bureaucratie et développée son irresponsabilité politique. Mais la question du protectionnisme est celle par laquelle la grandeur de la crise est en train de pénétrer les esprits. Il y a une crainte immense, presque de la panique, de constater tous les signes de résurgence du protectionnisme, d’abord, bien sûr, aux USA… »

Cette préoccupation a un écho officiel, tel que le rapporte le « EUObserver » le 30 janvier, et cette préoccupation concerne effectivement l’attitude US, le « plan de stimulation » :

« L’Union européenne attend avec beaucoup d’attention de voir si une clause « Achetez américain », relative à l’acier, figurera dans la version finale du Plan de relance américain qui va être signée par Barack Obama, redoutant qu’elle n’affecte les exportations européennes. La clause, obligeant les entrepreneurs à utiliser uniquement de l’acier produit aux Etats-Unis pour leurs programmes de développement financés par le plan de relance de 825 milliards de dollars (630 milliards d’euros) proposé, est incluse dans une version qui a été approuvée par la Chambre des représentants le mercredi 28 janvier. Le Sénat débat du projet de loi en ce moment.

« Lors d’un point de presse de jeudi, le porte-parole, Peter Powel, a déclaré que le commissaire au commerce, Catherine Ashton, suivait de près l’évolution de la situation. “Nous sommes en train d’examiner la situation. … Avant d’avoir un texte définitif … il serait prématuré de prendre position”, a-t-il déclaré. “Mais la seule chose dont nous pouvons être absolument certains, c’est que si un projet de loi est voté qui interdirait la vente ou l’achat de marchandises européennes sur le territoire américain, nous ne resterons pas là à ne rien faire et nous n’en tiendrons aucun compte”, a-t-il pousuivi. »

« Selon la proposition actuelle, l’acier étranger ne pourra être utilisé pour les projets d’infrastructure financés par le plan de relance que dans le cas où le chef du département fédéral décide que l’emploi du seul acier américain augmenterait les coûts de plus de 25%. »

Enfin, et pour compléter notre choix de références, le site « WSWS.org » publiait hier une analyse générale de la situation du domaine, selon  l’appréciation d’une montée générale du « nationalisme économique ». Comme toujours sur ce site, l’analyse bien informée, exposée d’une façon  didactique, comporte également, au niveau du jugement général, les engagements idéologiques qui, dans de telles situations, se rapprochent de l’enfermement du jugement. Il s’agit de condamner aussi bien cette sorte de « nationalisme », évidemment interprété comme une action des classes dominantes nationales, que la structure de libre-échange mise en cause, qui renvoie à la globalisation hyper-capitalistique. Contentons-nous du passage sur l’évolution de la situation US qui est, en l’occurrence, le point central de la question.

La nouvelle administration Obama a encouragé la marée montante du protectionnisme avec les commentaires, la semaine dernière, du secrétaire au Trésor, Tim Geithner, qui accusait la Chine de jouer avec ses devises pour développer ses exportations. Traiter Pékin de « manipulateur de monnaie » permettrait à la Maison Blanche de faire appel contre la Chine à une large gamme de taxes douanières dissuasives et autres pénalités économiques selon la législation commerciale américaine. »

Les démocrates de la Chambre des représentants sont allés plu loin en incluant mercredi une clause « Achetez américain » dans le plan d’ensemble de relance d’Obama et de ses 825 milliards de dollars approuvé mercredi. La clause, qui exige que les projets d’infrastructure financés par le paquet  n’utilisent que du fer et de l’acier fabriqués aux Etats-Unis, a provoqué des protestations de la part des sidérurgistes européens. Le sénateur démocrate Byron Dorgan propose une plus large mesure visant à exclure le plus grand nombre de produits manufacturés fabriqués à l’étranger au moment où le plan parviendra au sénat (2). »

« De telles mesures menacent de provoquer une escalade de représailles et une guerre du commerce à grande échelle. Dans la revue américaine “Foreign Policy”, un commentateur mettait en garde contre le fait que le “langage explicitement protectionniste” exprimé dans le plan serait “certainement ressenti  comme un mauvais signe par le reste du monde”. Le monde peut traiter avec une Inde ou une Indonésie protectionnistes. Les échanges commerciaux rencontreront  beaucoup plus de problèmes si les Etats-Unis se mettent à renoncer à leur rôle traditionnel de leadership.” »

Les deux mots pour le dire

Il y a un faux affrontement intéressant de mots par ailleurs presque synonymes. S’agit-il de « protectionnisme » ou s’agit-il de « déglobalisation »? C’est une question qui mérite qu’on s’y arrête pour ce qu’elle recouvre – c’est même, en l’occurrence, la seule question qui vaille qu’on s’y arrête.

En général, le procès du protectionnisme est vite fait, d’autant qu’on retrouve dans le rôle du procureur aussi bien les hyper-libéraux à-la-Mandelson que les internationalistes trotskystes. Tout juste se demanderait-on si les jugements ne sont pas de circonstance ; le Royaume-Uni (où se recrutent ces chevaliers du libre-échangisme) ne se priva jamais d’être protectionniste, y compris avec un « grand marché » étendu au Commonwealth, lorsqu’il avait quelque chose à « protéger » ; aujourd’hui, on connaît sa situation… Par conséquent, on réservera une certaine méfiance vis-à-vis des sorties antiprotectionnistes de Mandelson et de Brown – dont, par ailleurs, l’intégrisme capitaliste n’est pas en cause, et pour le plus convaincant des propos (pour rappel, Brown, et non Blair, est désigné parmi les 25 coupables de la crise actuelle par le « Guardian »).

On notera également qu’on ferait bien de relire quelques classiques, pour rappeler, comme l’avait déterminé l’historien Lucien Romier en 1925 (« Qui sera le maître, Europe ou Amérique? »), que le protectionnisme n’est pas un concept qui s’expédie par quelques vitupérations. Romier distinguait le protectionnisme autarcique, établi par une nation pour développer d’une façon jugée en général déloyale sa puissance et prospérer sans interférences, ses caractéristiques la faisant se suffire à elle-même. L’exemple historique est celui des USA durant le « Gilded Age » (1865 jusqu’à la fin du XIXe siècle), époque paradoxalement du capitalisme le plus sauvage de l’histoire  économique, des grandes fortunes, d’un développement industriel tonitruant faisant accéder les USA au rang de grande puissance au début du XXe siècle. L’autre protectionnisme est le « protectionnisme défensif », établi pour protéger l’économie et la nation affaiblies pour telle ou telle cause (crise, défaite militaire, etc.), parce que l’urgence ne laisse souvent guère de choix. C’est le cas aujourd’hui, et c’est un cas bien plus difficile à trancher qu’il n’y paraît, dans les circonstances actuelles. Le problème est en effet que le protectionnisme est vigoureusement condamné au nom de la survivance – ne parlons pas de « renaissance » – d’un système dont il est avéré par ailleurs qu’il a provoqué la crise où nous nous trouvons, par conséquent cause indirecte mais avérée de cette poussée protectionniste…

C’est à ce point où nous passons à la problématique des « deux mots ». S’agit-il aujourd’hui de « protectionnisme » ou de « déglobalisation » ? « Les deux, mon colonel », répond l’expert, finaud. Ce n’est pas faux, on l’a vu, et c’est un dilemme, qui se reflète d’ailleurs dans l’embarras de certains critiques du protectionnisme qui admettent par ailleurs « comprendre » le mouvement de déglobalisation. C’est le cas lorsque Pascal Lamy, qui dirige l’OMC, dit à Davos : « Il est naturel qu’il y ait dans une telle crise une grande demande de protection. Mais cela ne signifie pas qu’il devrait y avoir du protectionnisme » (« It is natural in such a crisis that there is a big call for protection. But that does not mean there should be protectionism »). Traduisons, mais traduisons vraiment, en fonction de la tournure un peu alambiquée, c’est-à-dire gênée aux entournures, des deux phrases : « Un peu de protection c’est naturel, le protectionnisme ce n’est pas bien. ». On se demande qui fera la différence entre « protection » et « protectionnisme », à part le « isme » qui  permet aux éditoriaux du « Financial Times » de paraître vertueux.

Il est vrai que la globalisation est ce mouvement déstructurant, prédateur des identités et des souverainetés, qui a très largement contribué à massacrer les particularismes économiques, les équilibres des nations et des régions, l’équilibre universel de l’environnement ; qui a très largement contribué à massacrer les cultures (dans les deux sens, après tout), les sociétés, etc. ; et ainsi de suite. De ce point de vue, qui est fondamental pour définir la crise, la déglobalisation, dans tous les cas, un peu ou pas mal de déglobalisation, se justifie sinon s’impose, notamment pour lutter contre la crise. Mais la globalisation ne « marche » qu’appuyée sur le libre-échange avec le moins de restriction possible, et pas de restriction si possible, et, par conséquent, le protectionnisme est son grand ennemi ; dito, le  protectionnisme, c’est par conséquent aussi la déglobalisation, – et le tout, si l’on accepte aussi que le protectionnisme est effectivement une menace d’aggravation de la crise, forme un dilemme entre deux appréciations et deux politiques éventuelles, entre lesquelles il est bien difficile de trancher puisqu'il se pourrait bien qu'elles soient semblables.

Au reste, personne ne tranchera. Les directions politiques sont aujourd’hui trop faibles, trop pressées par des menaces terribles, dont celle de troubles politiques devant la catastrophe sociale, pour pouvoir réagir comme il convient aux consignes du système. Le protectionnisme, dans cette atmosphère générale de déglobalisation, est quelque chose dont on voit mal comment il pourra ne pas se  développer, d’une façon ou l’autre, notamment sous le nom de déglobalisation. Les USA mènent la charge, eux qui sont spécialisés dans le domaine de la tromperie à cet égard, grands donneurs de leçons et dénonciateurs du protectionnisme, et mainteneur du protectionnisme chez eux par des moyens variés ; mais, cette fois, bien peu préoccupés du qu’en-dira-t-on, ne dissimulant pas leurs intentions, parce que la maison brûle. Dira-t-on (les puristes de la logique) qu’ils se tirent une balle dans le pied, eux qui ont lancé la globalisation, faux-nez pour l’américanisation ? Qui a dit que la cohérence intellectuelle était la caractéristique du monde civilisé dans les heures que nous  traversons, alors que ce ne fut même pas le cas lorsque tout allait bien ?

Encore une fois, la grande force des choses parlera pour nos élites, empêtrées dans leurs belles idées ornées de fortes pensées conformistes, leurs vanités diverses et leur inclination à prendre leurs intérêts pour le bien public. Nous dépendons d’une mécanique historique qui, elle, ne dépend pas de nous. Il est possible que cette mécanique, qui en a plus qu’assez de nos balourdises, ait choisi la déglobalisation, quitte à passer pour protectionniste.

Le dilemme de la « déglobalisation »

Faits et commentaires
31/01/09
www.dedefensa.org

Correspondance Polémia
05/02/09
(Trad. des citations de presse par RS pour Polémia)

Notes de la rédaction :

(1)   Voir http://www.polemia.com/article.php?id=1817

(2)   Selon une dépêche de l’AFP du 05/02/09 : « Le Sénat américain a assoupli une clause controversée “Buy American” (Achetez américain) du plan de relance économique, un plan dont l'adoption est par ailleurs retardée par l'opposition républicaine alors qu'il est attendu impatiemment par le reste du monde.

Les sénateurs ont voté à main levée pour changer la formulation du texte et stipuler que le plan de relance devra être conforme aux lois et traités commerciaux existants, c'est-à-dire les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). »

Correspondance Polémia

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La guerre oubliée de l'Amérique contre les banques centrales

La guerre oubliée de l’Amérique contre les banques centrales

Par Mike Hewitt, traduit par Régis Mex pour Mecanopolis / http://www.mecanopolis.org


« Laissez moi décider et contrôler la régulation de la masse monétaire d’une nation, et je me fiche de ce qui fait les lois. »

Mayer Amschel Rothschild, fondateur de la dynastie de banquiers du même nom

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Beaucoup de personnalités notables américaines telles que Benjamin Franklin, Thomas Jefferson, et Andrew Jackson se sont élevés contre le système des banques centrales utilisé à travers l’Europe et l’ont combattu.

Un billet issu d’une banque centrale, connu sous le nom de Billet de la Réserve Fédérale, est monnaie courante. Ces billets sont donnés au gouvernement en échange d’intérêts que ce même gouvernement devra rembourser sur la somme empruntée. La première chose qu’il advient généralement est que, pour rembourser ces mêmes intérêts, l’emprunteur demande davantage de créances, ce qui crée un cercle vicieux qui se termine finalement par la destruction totale de la valeur monétaire et la banqueroute de la nation. L’histoire se répète à de nombreuses reprises.

Ceci amène la question de savoir pourquoi un système si pervers existerait ? La raison est que pendant la procédure d’arrangement, qui peut durer des siècles, les banquiers centraux qui créent la monnaie amassent d’impressionnantes fortunes sur la large somme des intérêts collectés. Ce principe est, en essence, un transfert des biens de la majorité à une élite de quelques-uns. Les chefs de gouvernements préfèrent un tel système parce qu’il ne nécessite pas de budgets pour être équilibré. Il est bien plus politiquement pratique d’emprunter, pour ensuite taxer directement les citoyens.

Les effets d’une dévalorisation de la monnaie courante et de l’accumulation de la dette ne sont pas flagrantes, et d’après les mots attribués à Vladimir Lénine par John Maynard Keynes :

“Par un processus contenu d’inflation, les gouvernements peuvent confisquer, secrètement et de manière inobservée, une importante part des biens de leurs citoyens… Il n’y a pas de plus subtil, de plus sûrs moyens de détourner les bases existantes d’une société que la débauche de la stabilité monétaire. Le processus engage toutes les forces cachées des lois économiques du côté de la destruction, et le fait d’une manière que pas un homme sur un million n’est capable de diagnostiquer.” (John Maynard Keynes)

A travers l’histoire des États-Unis, il y a eu une bataille entre les banques centrales et leurs intérêts sur l’emprunt et ceux qui s’y sont opposés. Les États-Unis sont nés du résultat direct de ce combat. Lire la suite de La guerre oubliée de l’Amérique  contre les banques centrales

Par Mike Hewitt, Financial Sense University, traduit de l’anglais par Régis Mex pour Mecanopolis

 

mardi, 10 février 2009

Bankencrisis is ook crisis van de Belgische instellingen

Bankencrisis is ook crisis van de belgische instellingen

Ex: http://www.n-sa.be/
De financiële crisis die reeds enkele maanden aanhoudt is de laatste dagen weer in een stroomversnelling geraakt. Ook nu weer mag de Staat opdraven als redder omdat te ver doorgedreven liberaliseringen de banken op de rand van de afgrond hebben gebracht (en Kaupthing, Fortis,…zelfs in de afgrond). De Vlaamse regering schoot KBC te hulp, meteen het startschot voor een tweede ronde van grandioze verspilling van belastinggeld aan het grootkapitaal. In ongeveer drie maanden tijd hebben de politieke waterdragers van het grootkapitaal het gepresteerd zo maar eventjes 25 miljard euro, (zijnde 1000 miljard oude Belgische franken!!) in de private banken te stoppen. Er wordt overigens niet aan getwijfeld dat de banken in de nabije toekomst opnieuw bij de staat zullen aankloppen. De gevolgen van de financieel-economische crisis die ze zelf hebben veroorzaakt moeten ze nog incasseren.  

Historisch gezien wordt de Kredietbank en haar aanhangsels als zowat de financiële ruggengraat aanzien van de Vlaamse welvaart en industriële ontwikkeling in de 2de helft van de 20ste eeuw. Wat Fortis / Generale Bank was voor belgië, is KBC voor velen, zeker in de brede Vlaamse Beweging, voor Vlaanderen. Reeds voor de oorlog wist de Kredietbank, als voorloper van KBC en opvolger van de ‘Algemeene Bankvereeniging’, een Nederlandstalige burgerij en de voor Vlaanderen typische kleine en middelgrote ondernemingen aan te spreken die zich bij de grote Franstalige banken niet zo thuis voelden. De Kredietbank heeft zo een vorm van cultureel nationalisme weten te gebruiken om er economisch beter van te worden. Deze omkering, waarbij nationalisme instrument voor de kapitalistische economie wordt, sluit nochtans niet uit dat degene die het gebruikt er toch ook in gelooft zoals de Antwerpse voorzitter van de Kredietbank, Fernand Collin, dat destijds bewees. Maar, niet alleen behoorde die Vlaamsgezinde elite in de omgeving van de Kredietbank logischerwijs nooit tot het nationalistische kamp die financieel en economisch gewin zouden opofferen voor één of andere ‘Vlaamse idee’, vandaag de dag is die nationale binding compleet verwaterd of verdwenen. Vlaanderen als begrip en het nationalisme er rond was vooral welkom als het iets kon opleveren. KBC heeft vooral nog steeds het imago een echte Vlaamse bank te zijn. Een imago, maar ook niets meer dan dat…

 

De crisis toont nog maar eens aan dat we over een eigen sterke Vlaamse volksstaat moeten beschikken die het bankwezen naar zich toe trekt en het monopolie over de geldcreatie bezit. Binnen de belgische structuur zitten we opgescheept met ondermeer Waalse politici die niet enkel knecht zijn van het grootkapitaal maar ook geen verantwoording hoeven af te leggen tegenover het Vlaamse volk. Ondermeer PS-politica Onckelinckx verklaarde dan ook niet meteen geneigd te zijn de federale overheid als reddingsboei te laten optreden voor die “Vlaamse” KBC, een bank die zoals eerder gezegd een Vlaams imago heeft. Toen verzekeraar Ethias in de problemen raakte, betaalden de Vlamingen via de federale staatskas evenwel gul mee om deze oogappel van de Waalse PS te redden. Het spaargeld van de gewone Vlaming kan hen vierkant gestolen worden, zij dienen immers enkel hun Waalse bevolking rustig en goed gezind te houden. Enkele maanden na de Fortis-affaire blijkt duidelijk dat de belgische Staat ofwel in de onmogelijkheid, ofwel in de manifeste onwil verkeert om als Staat de Vlaamse burgers en bedrijven te beschermen tegen de kwalijke gevolgen van liberaliseringen op de financiële markten.

Uit een zeer recent rapport van het VN-Bureau voor Drugs en Misdaad blijkt dat interbancaire kredieten betaald werden met geld uit de drugshandel en ander misdaadgeld. Nog voor de overheden met geld over de brug kwamen, werd in de tweede helft van 2008 de vraag naar liquiditeit van het banksysteem in Europa al in belangrijke mate ingelost door drugsgeld dat als enige grootschalige kapitaal direct beschikbaar was. Georganiseerde misdaad en liberaal-kapitalisme zijn onlosmakelijk met elkaar verbonden. De vraag moet gesteld worden of er in het najaar van 2008 grote hoeveelheden misdaadgeld naar Fortis zijn gevloeid.

 

De bankencrisis legde bovendien de totale mislukking van de belgische staat, haar instellingen en haar politieke klasse bloot. De crisis was de spreekwoordelijke druppel voor de regering Leterme. Na maandenlang geklungel en pure onkunde volgde nu het ontslag. Partijpolitieke spelletjes, vooral tussen de Waalse PS en de MR, alsook diverse domme uitspraken en tussenkomsten van individuele politici zijn dagelijkse kost. Schoolvoorbeeld is de Waalse liberaal Reynders, die als gangmaker mag aanzien worden achter de uitverkoop van de grootste bank van dit land aan de Fransen van BNP Paribas. Met een domme uitspraak over nieuwe kapitaalinjecties kelderde hij bovendien nog eens de beurskoers van KBC. De man presteerde het ook nog eens te pleiten voor de oprichting van een openbare “bad bank”, een slechte bank die alle “slechte” kredieten van de private banken zou overnemen zodat de financiële instellingen niet continu onder de dreiging leven om het slachtoffer te zijn van speculatie op de financiële markten. De dreiging en risico’s zouden dan afgewenteld worden op de belastingbetaler terwijl de aandeelhouders op hun beide oren kunnen slapen. Zo’n “bad bank” is een permanent zwaard van Damocles boven de overheidsfinanciën.

 

Eind 2008 kwam de federale regering al KBC ter hulp maar pas nadat de typisch belgische wafelijzerpolitiek werd bovengehaald. KBC met haar Vlaams imago kon enkel geld krijgen van de overheid indien ook steun werd verleend aan Sonaca, telg uit de Waalse vliegtuigindustrie. De nieuwe eerste minister Van Rompuy blinkt samen zijn “nieuwe” regering al evenmin uit in veel daadkracht. De federale politiek zit in een complete impasse op het moment dat de Staat als enige instelling de facto orde op zaken zou moeten stellen. In de voorbije maanden is er niet één politicus in belgië opgestaan die krachtdadig het roer in handen neemt, integendeel. Men lijkt zich in de regeringen en parlementen niet bewust van de situatie, men doet de ene domme publieke uitspraak na het andere dwaze voorstel, men speelt naar hartelust partijpolitieke spelletjes. Op geen enkel moment is er werk gemaakt van een duidelijk en globaal plan ter bestrijding van de crisis, men loopt de feiten achterna en pleegt wat oplapwerk. Fortis werd korte tijd genationaliseerd en daarna verpatst aan de Fransen, bij Dexia verkreeg de overheid aandelen in ruil voor staatssteun, bij KBC gaat het over achtergestelde leningen van zeer lange duur. Men pakt bank per bank aan, telkens op andere wijze en zonder fundamentele oplossingen.

 

En dit alles is nog het minste! Het ergste van de ganse situatie is dat de regeringen in feite zijn overgegaan tot pure diefstal van belastinggeld op zeer grote schaal. Het zijn dus niet enkel politieke klungelaars, het zijn gewoon criminelen. Zo heeft bijvoorbeeld de Vlaamse overheid van bendeleider Peeters reeds 2 miljard euro in KBC gestopt en houdt het nog eens 1,5 miljard klaar. Vlaanderen was net schuldenvrij, en moet nu opnieuw gaan lenen. Maar de overheid –zowel de Vlaamse als de federale- krijgt niets van macht, controle of zelfs inspraak in ruil voor die inbreng van belastingsgeld! Er verandert dus niets aan de bestaande aandeelhoudersstructuur in KBC, kortom de staat redt een private onderneming van de ondergang en geeft dus een cadeaucheque aan de aandeelhouders die gespaard worden, zonder dat die laatsten zelf een financiële inbreng doen ter redding van hun bank. Voor wie nog enigszins geloofde dat het parlement als hoeksteen van de liberaal-democratie hier enige zeggingsschap in heeft of had is er aan voor de moeite: zonder enige discussie of parlementaire afspraken zijn de bendes van Leterme / Van Rompuy en van Peeters met belastingsgeld overgegaan tot depannage van private banken. In maart 2008 bedroeg de beurswaarde van de drie grote banken Fortis, KBC en Dexia gezamenlijk nog bijna 81 miljard euro. De overheid verkwanselde blindelings nog eens 22,4 miljard euro aan deze drie (naast 1,5 miljard voor Ethias). Uiteindelijk hebben Fortis, Dexia en KBC in januari 2009 nog een gezamenlijke beurswaarde van iets meer dan 9 miljard euro! In nauwelijks 4 maanden tijd hebben de politieke plutocraten een belangrijk deel van het sanerings- en besparingswerk in de overheidsfinanciën van de afgelopen 15 à 20 jaar ongedaan gemaakt!

 

Aan Vlaams-nationale zijde is het ondertussen armoede troef inzake antwoorden en voorstellen betreffende deze crisis. Buiten wat oppervlakkig geklaag over de –uiteraard schandalige- uitverkoop van Fortis aan de Fransen van BNP Parisbas is er weinig te beleven. Sommigen stelden samen met Luc Van der Kelen van Het Laatste Nieuws al tevreden vast dat Vlaanderen dankzij de KBC-crisis en het “snelle optreden” van de bende rond minister-president Peeters bewezen heeft belgië niet meer nodig te hebben! Dat het in werkelijkheid om het zuiverste bewijs gaat dat dit officiële Vlaanderen de facto een belgië in het klein is, daar ging men gemakshalve aan voorbij! Indien men aan Vlaams-nationale zijde écht “Vlaams geld in Vlaamse handen” wil, dan is het hoog tijd om de neoliberale dogma’s van vrije marktwerking voorgoed achterwege te laten! N-SA herhaalt dat de enige oplossing ligt in een verregaande vernieuwing van het banksysteem waarbij ook definitief gebroken wordt met de renteslavernij, woeker en speculatie. Wij wensen geen “bad bank”, wij willen geen zoveelste schijnnationalisering, om een Fortis Morgana door de storm te loodsen. De doorgevoerde schijnnationalisaties hier en elders in Europa laten de bankiers gewoon aan het roer, om het schip nadien weer cadeau te doen aan nieuwe speculanten. Het is niet meer dan logisch dat een Staat die kapitaal in de banken inbrengt, er ook zelf het beheer van overneemt. Ons pleidooi voor het nationaliseren van de banken wordt ten andere ondersteund door de pleidooien voor –weliswaar tijdelijke- nationalisaties vanwege diverse economen (de Leuvense prof Paul de Grauwe, Nobelprijswinnaar Paul Krugman in de NYTimes, Prof. Willem Buiter,…).

Een openbaar statuut kan in elk geval een waarborg bieden tegen wild speculerende bankiers en tegen riskante operaties met onze spaargelden en pensioenen. Een openbaar statuut maakt stringente regels mogelijk. Geen mandaten in private raden van beheer voor de bestuurders. Geen cumul. Afgebakende bezoldiging voor de bankleiding, zonder gouden parachutes. Een controlecomité met vertegenwoordigers van corporaties, sociale organisaties en klanten, en met vetorecht in strategische beslissingen. Oprichting van een Corporatie voor het Bankwezen ter vervanging van de Commissie voor Bank- en Financiewezen (CBFW), en die de financiële stromen tussen de banken en spaarkassen in kaart brengt. Oprichting van een Vlaamse openbare Volksbank met goedkopere dienstverlening. Een openbare Vlaamse volksbank is ook een waarborg om de opbrengsten ervan terug in de gemeenschap te investeren: in sociale woningbouw, energiebesparing, de zorgsector, duurzame economie. Bovendien moet deze Vlaamse Volksbank opnieuw de bevoorrechte schuldeiser van de staat en de gemeenten worden. Vandaag eisen privébanken hoge interesten op de overheidsschulden. Het is natuurlijk gemakkelijker die schuld te heronderhandelen met een overheidsbank.

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vendredi, 06 février 2009

La Russie et la Chine font entendre leur voix à Davos

LA RUSSIE ET LA CHINE FONT ENTENDRE LEUR VOIX A DAVOS


Chine-Russie


« Réformes structurelles, plan de relance, programmes sociaux, la Chine s’est attaquée aux symptômes de la crise comme à ses racines profondes, assure-t-il. Mais ce long catalogue administré par Wen Jiabao devant les 2500 participants du WEF est aussi une leçon au monde en crise, et au monde qui a généré la crise. Pour lui, celle-ci doit son origine à des "politiques macroéconomiques non appropriées" suivies par des pays consommant trop et n’épargnant pas assez, par des pays n’ayant pas assuré une bonne surveillance de leurs marchés financiers, par des pays dont les agences de notation n’ont pas fait leur travail. Suivez le doigt levé de Wen Jiabao: c’est évidemment aux Etats-Unis que revient la responsabilité du chaos. Alors que la Chine, par sa politique "active et responsable", contribuera à la "croissance et à la stabilité du monde".


Quelques heures plus tard, en ouverture cette fois officielle du Forum, le premier ministre russe Vladimir Poutine a, sur les origines de la crise, fait une analyse quelque peu différente. "On a tendance à concentrer les critiques sur les Etats-Unis, je ne le ferai pas" a-t-il dit. Et pour cause, puisque la Chine et les Etats-Unis forment, selon lui, le couple responsable du déséquilibre, avec d’un côté celui "qui imprime l’argent nécessaire à financer sa consommation excessive" et de l’autre celui qui "fabrique des produits bon marché et encaisse les devises".


Tout oppose l’impassibilité de Wen Jiabao à la tension de Vladimir Poutine, le discours structuré du premier et celui plus décousu du second. Ils en appellent à "la modération", signe éloquent du risque de la voir s’effacer devant l’ampleur des pressions. L’un et l’autre proposent leur catalogue de solutions, qui passent sans surprise par un renforcement de la régulation et de la surveillance du système financier mondial, de nouvelles plateformes de coopération internationale et une redistribution des pouvoirs au profit des économies émergentes. (...)


Wen Jiabao et Vladimir Poutine se répondent encore avec deux proverbes. "C’est en tombant de l’arbre qu’on apprend à marcher" a dit le Chinois. "On se renforce en marchant" a dit le Russe. La crise est donc facteur d’opportunités, aussi. Mais si chacun s’accorde à demander un monde d’après-crise plus respectueux de l’écologie et des nouveaux pouvoirs, nul n’en dessine précisément les contours. Vladimir Poutine propose au surplus un système de sécurité énergétique mondial "entre tous les acteurs de la chaîne" afin d’établir une base normative et juridique qui permettrait d’éviter les crises récemment traversées, et de stabiliser les prix. "Ce serait une création aussi importante que la Communauté du charbon et de l’acier", précurseur de la Communauté européenne. Il exige enfin une moindre dépendance vis-à-vis du dollar et un meilleur contrôle des critères d’émission de la principale monnaie de réserve. »



Le Temps, 29 janvier 2009

samedi, 31 janvier 2009

La mondialisation et le rôle de l'Etat

La mondialisation et le rôle de l'Etat

http://polemia.com

La mondialisation de l’économie réelle pour les entreprises va continuer et s’amplifier selon deux axes majeurs : la recherche de nouveaux marchés et l’optimisation globale de la chaîne de valeur sur les plans des coûts et de l’efficacité des processus :

Il est vital pour les entreprises occidentales de trouver de nouveaux débouchés afin d’amortir leurs frais fixes de plus en plus importants, et de compenser le manque à gagner sur leur marché intérieur. La Chine et l’Inde font partie des premières destinations recherchées, et plus généralement les BRICs (Brésil, Russe, Inde, Chine). Pour servir ces nouveaux marchés, les entreprises construisent des usines locales (pour bénéficier de coûts de revient compétitifs, mais aussi sous la pression des gouvernements nationaux), mais aussi des centres de R&D nécessaires pour concevoir des produits adaptés aux marchés locaux (il faut être dans l’écosystème local pour être capable de concevoir des offres pertinentes). Mais le risque est grand que les centres de R&D et les usines implantées dans ces nouvelles régions ne servent pas uniquement ces nouveaux marchés, mais aussi les marchés traditionnels européens et américains. L’ exemple récent de la Logan montre qu’un produit destiné aux BRICs peut aussi trouver des débouchés en Europe (l’homogénéisation des goûts et de la culture des consommateurs facilitent ces transferts).
Plus généralement les entreprises globales utilisent aujourd’hui leurs ressources, usines, centres de R&D et centres de support de manière globale. Un produit peut être conçu et géré aux Etats-Unis, développé dans des Centres de R&D en Asie et en Europe, fabriqué en Chine et dans les pays de l’Est, commercialisé en Europe, aux Etats-Unis et en Asie au travers de structures marketing et commerciales locales, et supporté grâce à un centre d’appel situé en Inde. Cette logique de fragmentation de la chaîne de valeur résulte d’une optimisation poussée entre pénétration de nouveaux marchés, maîtrise des coûts et augmentation de l’efficacité des processus. L’entreprise globale sera de plus en plus « anationale » car elle est uniquement motivée par son intérêt économique bien compris. On peut aujourd’hui clairement dire que les intérêts de l’entreprise mondialisée ne coïncident plus naturellement avec ceux de la Nation (du moins en termes de localisation de valeur ajoutée et de création d’emploi).

Il est important de bien comprendre que nous ne sommes plus en train de parler de délocalisations, mais de marchés structurellement mondialisés qui appellent donc des réponses optimisées sur un plan mondial de la part des entreprises. La question pour l’Etat est donc la suivante: comment rendre la création d’emplois et la localisation de valeur ajoutée en France compatibles avec cette optimisation globale des ressources dont ont besoin les entreprises pour se globaliser aujourd’hui ? Quels avantages comparatifs offrir aux entreprises pour qu’elles aient intérêt à localiser une part significative de leur chaîne de valeur en France ? Car au-delà des contraintes de marché, nous sommes aussi directement en compétition avec des Nations équivalentes à la nôtre en terme de coût du travail !

La réponse est ouverte ; car du fait des technologies de l’information et de la communication, les ressources qui travaillent pour un pays n’ont pas nécessairement besoin d’être localisées dans ce pays. Les moyens de communication qui jouent en faveur des BRICs et des pays « low cost » peuvent donc aussi jouer en notre faveur, et nous devons en chercher d’autres qui pourront compenser notre relatif désavantage en coût salarial (mais peut-être pas en coût du travail si l’on inclut la productivité et la compétence des ressources françaises).

Mais au-delà, le développement d’une attitude nationale face à l‘emploi de la part de nos grands dirigeants d’entreprise est un impératif ! Nous reviendrons sur ce problème du panurgisme qui fait souvent préférer la solution à la mode ou préférée par les analystes financiers à celle qui offrirait le meilleur rendement pour l’entreprise. Un certain nombre de non localisations d’activités en France ne sont pas justifiées économiquement. Des études économiques réalisées par de grands Cabinets de consultants en stratégie l’ont récemment mis en évidence.

Les problèmes de la Finance contribuent à redonner leur place légitime à l’industrie et aux services non financiers, mais en premier lieu à l’industrie. Les pays qui vont le plus souffrir de cette crise sont ceux qui avaient une hypertrophie de leur secteur financier (cas emblématique de l’Islande, mais aussi des Etats Unis et du Royaume-Uni). La France avec ses écoles d’ingénieur de haut niveau, sa Recherche fondamentale et appliquée, ses champions nationaux et son appétence naturelle pour les sciences devrait en bénéficier à condition que les réformes structurelles nécessaires soient conduites à leur terme (enseignement et université, flexibilité du marché de l’emploi, rôle et mission de l’Etat dans l’économie nationale, notamment). L’industrie va de nouveau être au cœur de la réflexion économique des Etats-Nations dans les années à venir.

Le système financier mondial va être assaini et une nouvelle gouvernance financière européenne et mondiale va se mettre en place. Cette reprise en main va se traduire de plusieurs manières :

– De meilleurs ratios prudentiels, plus adaptés au nouveau contexte économique, et permettant d’identifier les risques qui ont contribué à la catastrophe actuelle

– Une réforme des agences de notation. L’efficacité de leurs méthodes d’évaluation et la qualité de l’information produite doivent être renforcées. Mais il fait aussi définitivement régler la question de leurs conflits d’intérêt potentiels avec leurs clients (ces agences notent les entreprises, mais ces mêmes entreprises sont aussi leurs clients directs !)

– La modification de certaines règles comptables qui se révèlent mortifères dans des périodes de crise boursière (telle la valorisation des actifs au prix de marché)

– Une meilleure information sur les résultats des banques et des institutions financières

– De nouvelles règles sur les produits financiers dérivés basés sur des montages spéculatifs à hauts risques (avec a minima une information obligatoire sur le contenu précis de ces produits)

– Une gouvernance mondiale renforcée avec les Banques Centrales et le FMI notamment. Cependant deux conceptions assez différentes semblent s’opposer :

– Les Etats-Unis  ne sont pas favorables à une gouvernance mondiale et donc partagée avec l’Europe. Ils souhaitent réformer leur gouvernance interne  sous forme de « bonnes pratiques », mais sans entraver le marché
– Alors que l’Europe pousse cette gouvernance mondiale et souhaite mettre en œuvre de nouvelles règles de régulation. Mais pour être efficace la gouvernance devra nécessairement être mondiale puisque le système financier est mondial
– De manière plus générale, de nouvelles règles permettant d’empêcher les effets systémiques entraînant la propagation invisible des risques. Il faut notamment mieux contrôler, voire éviter les opérations spéculatives financées avec un fort niveau d’endettement
– Enfin, et pour un certain temps, une nationalisation de fait d’une partie des banques qui devrait simplifier leur contrôle par les Etats-Nations.

La faillite morale de la « finance spéculative », découplée de l’économie réelle, est une opportunité historique pour  mettre de l’ordre dans un système qui avait dérapé, mais qui a d’une certaine manière profité à tout le monde (l’immobilier aux Etats-Unis, les gains en bourse pour tous). Certaines crises sont inhérentes au capitalisme : les travaux de Carlotta-Perez sur les cycles économiques de l’innovation l’ont montré. Mais il serait intelligent de faire l’économie des crises purement spéculatives (immobilier, produits financiers spéculatifs).

Mais cette reprise en main du système financier ne change en rien les fondamentaux et les mauvais cotés du « capitalisme financier ». La recherche de la rentabilité pour l’actionnaire au détriment de l’intérêt à moyen terme de l’entreprise ne sera pas réglée par ces réformes. Le fameux ratio de rentabilité du capital pour l’actionnaire de 15 % (10 à 12 % pour l’augmentation du cours de l’action et 3 % de dividendes versés) reste mortifère, car en décalage avec la rentabilité d’exploitation structurelle des entreprises, avec deux conséquences :

– Une rémunération trop importante du capital aux dépens du travail, mais aussi des investissements
– Et des bulles spéculatives qui finissent par exploser, quand tout le monde se rend enfin compte que le roi est nu !

Il va y avoir un retour de l’Etat, de manière conjoncturelle, mais également plus en profondeur, avec un rôle renouvelé dans les économies occidentales :

La crise a eu le mérite de rappeler l’importance de l’Etat et de certaines Institutions internationales (FMI, Banque Mondiale, Europe). Tous les acteurs économiques ont senti passer le vent du boulet, et chacun sait la gravité de la situation et ses conséquences si les principaux Etats n’avaient pas été présents
Une certaine conception ultra-libérale de l’économie est fortement remise en cause et va probablement être mise en minorité, en Europe tout au moins, mais probablement pas dans le monde anglo-saxon. Elle avait connu sa pleine notoriété avec les « Chicago Boys » et Milton Friedman, ainsi que Von Hayek. Les pays anglo-saxons l’avaient promue comme instrument efficace de leur suprématie économique, suivant la stratégie bien connue du « kicking away the ladder ». Elle avait aussi inspiré l’Union Européenne, et bien sur les Etats-Unis. On avait alors oublié le rôle qu’ont joué les Etat-Nations dans le développement des économies nationales, la France, mais aussi le Royaume Unis et les Etats-Unis
On avait aussi oublié qu’un marché dynamique, fortement compétitif et bien irrigué en information n’est pas la seule condition de création de richesse. On peut dire que l’écosystème économique ne se réduit pas au marché, mais qu’il est beaucoup plus complexe dans nos économies :
– Le rôle des Institutions (formelles et informelles) est également important (Douglass North)
– Dans certains cas une certaine dose de protection est indispensable pour permettre le développement de certains secteurs économiques ou de l’innovation
– Seul l’Etat (ou l’Europe) est à même de financer certains chantiers d’infrastructure  majeurs ou les phases initiales du développement de nouvelles technologies très intensives en R&D et en capital
Cette compréhension de l’écosystème économique et de ses leviers de performance (au delà du marché) est un des verrous intellectuels essentiels qu’il faut faire sauter. Dans nos économies complexes, le marché n’est pas le seul facteur structurant du fonctionnement de l’économie, et dans certains cas, le « tout marché » ou le « trop marché » est simplement inefficace
Accessoirement la philosophie libérale naïve de l’Europe ainsi que son fantasme d’affaiblir (supprimer ?) les Etat-Nations pourront aussi être affaiblis

Ce retour de l’Etat ne se fera pas selon les anciennes formules (Plan, protection de secteurs structurellement condamnés, gestion directe d’entreprise avec un tropisme social contre-productif). Ce ne sera pas le retour du capitalisme d’Etat des années 60, mais plutôt :

– Une politique d’investissements ciblés et stratégiques : un Etat entrepreneur et investisseur, plutôt que protectionniste et dirigiste (le redressement d’Alstom plutôt que l’assistanat à perte de la sidérurgie française). Il est à noter que le recours au soutien à la consommation se révèle inutile voire contreproductif dans une économie mondialisée comme la nôtre

– Le soutien d’une politique industrielle nationale :
– avec notamment le levier important que représentent les pôles de compétence
– et le rôle de l’Etat actionnaire stratégique (Fonds Stratégique d’Investissement français) comme protecteur des industries stratégiques et des champions nationaux en difficulté temporaire
– et aussi des politiques ciblées et discrètes de protection d’entreprises ou de secteurs ciblés (comme savent le faire discrètement mais efficacement les Etats-Unis)

– Un meilleur équilibre entre  l’Etat et le marché, ou le Politique et le marché. Les opinions politiques européennes y sont très favorables, les Politiques doivent saisir cette opportunité

Le retour des Etats-Nations et un rééquilibrage par rapport à l’Europe :
– Les Etats-Nations doivent bénéficier de plus d’autonomie, car  les politiques économiques doivent être plus ciblées en fonction des la situation de chaque Etat (dette, déficit, structure de l’industrie, capacité d’innovation, situation sociale)
– Les éléments économiques du Pacte de Stabilité et la doctrine européenne sur les aides de l’Etat doit être complètement revus, sans toutefois remettre en cause l’objectif à moyen terme d’assainissement des finances plubliques
– L’affaiblissement de facto de l’Europe car ses deux crédos majeurs, le libéralisme intégral et l’affaiblissement des Etats-Nations  vont exactement à contre courant des besoins vitaux de l’économie

L’intelligence économique va devenir un des leviers importants de la politique industrielle

Ce retour possible de l’Etat-Nation et la perte de confiance dans le « tout libéral » sont une opportunité pour la Droite. Elle peut permettre de repenser une économie au service du Politique avec une nouvelle synthèse entre économie globalisée et intérêt national, une troisième voie entre le « tout marché » et « l’économie sociale de marché molle », qui n’est que le cache-sexe de l’Etat Providence. Henri Guaino l’a d’ailleurs fort bien exprimé : « la capitalisme financier a perverti la capitalisme et détruit le système de valeurs qui depuis toujours lui donne sa vitalité et sa puissance créatrice. L’enjeu aujourd’hui c’est de revenir aux sources éthiques du vrai capitalisme, celui de l’entrepreneur, de la récompense de l’effort et du mérite, de la responsabilité ».

Jean-Claude Bernardon
Consultant international
25/11/08
© Polémia
11/01/09

 

Jean-Claude Bernardon

samedi, 24 janvier 2009

Plaidoyer pour un protectionnisme européen!

Sortons de la crise ! Plaidoyer pour un protectionnisme européen.
Par Karl Hauffen

Depuis le mois d’août 2007 la crise financière n’en finit pas de faire des ravages jusqu’à se transmettre désormais à l’économie réelle et menacer la planète d’une grave dépression. On reste toutefois surpris de voir que parmi nos élites aucune analyse des causes profondes à l’origine de la crise n’ait été ni produite, ni même entamée. Certes, afin d’éviter la déflagration totale du système, des solutions ont été apportées dans la précipitation - consistant d’ailleurs essentiellement à émettre des chèques en bois - mais aucune d’entre elles ne se révèle en mesure de corriger durablement le grand chaos désormais installer au cœur de l’économie monde, un chaos qui ne cesse de s’amplifier et de se propager. Refusant de reconnaitre les apories du modèle dont elle tire sa richesse, l’hyperclasse mondiale en a perdu tout simplement le contrôle. Son pouvoir consiste donc désormais à faire croire, coût d’annonce médiatique après coût d’annonce médiatique, qu’elle est en mesure de relancer l’économie grâce à des milliers de milliards virtuels cachés dans son chapeau et dont elle ne dispose pas dans la réalité.

La mondialisation première responsable de la crise
Sur la base des travaux de nombreux économistes reconnus, il apparait pourtant évident que cette crise est d’abord et avant tout une faillite de la mondialisation économique et financière imposée aux populations par une petite élite mondiale depuis la fin des années 80. En ayant libéralisé les échanges mondiaux de biens et de capitaux, en ayant fait sauter tous les verrous douaniers et étatiques visant à réguler les flux marchands, la mondialisation s’est révélée sous les traits d’un système libre-échangiste planétaire dénué d’écluses et entièrement livré au principe des vases communicants : les emploies industrielles partaient des pays développés vers les pays émergents à faibles coûts salariaux acculant ainsi les ménages des mêmes pays développés à s’endetter pour acheter les biens qu’ils ne produisaient désormais plus. Lorsque le 15 septembre 2008 la banque Lehman Brother se déclara officiellement en faillite, c’est toute cette machinerie de redistribution des rôles entre pays émergents et pays développés qui venait d’atteindre la masse critique au-delà de laquelle le système mondialiste entrait dans une réaction en chaîne de fission nucléaire.

Une crise de l’endettement provoquée par une déflation salariale sans précédent.
Qu’on le veuille ou non, la crise financière actuelle est donc d’abord une crise de l’endettement. En effet, fidèles aux logiques dictées par la mondialisation, les pays émergents ont opté pour des politiques de prédation en pratiquant un dumping social et écologique à l’échelle planétaire. Cette concurrence a provoqué en Europe et aux Etats-Unis un effet de déflation salariale, les menaces de délocalisation systématiquement brandies obligeant les salariés à accepter une dégradation de leurs conditions salariales et sociales afin de conserver leurs emplois. Le recours à l’immigration permit également d’étendre les effets de cette déflation salariale à des secteurs économique non délocalisables comme le bâtiment, l’hôtellerie ou la restauration. Pour compenser les effets de cette redoutable concurrence internationale, les pays développés n’avaient d’autres choix que de mettre en œuvre des stratégies par déficit. Ainsi devant la stagnation de leurs revenus, les ménages ont été conduits à accroitre leur taux d’endettement pour maintenir leur capacité de consommation. Un surendettement rendu possible grâce à une libération financière qui tolérait la création de produits bancaires toxiques permettant de sortir du bilan des banques des crédits de plus en plus pourris et insolvables. Certains pays plus dirigistes optèrent également pour un endettement public, certes plus propre en apparence mais qui revient finalement au même et s’avère en prime bien plus difficile à reformer. Ni vu, ni connu, l’appauvrissement structurel des économies occidentales disparaissait ainsi par magie des tableaux statistiques et comptables. L’engrenage infernal de la crise des subprimes pouvait alors pleinement dérouler sa logique folle jusqu’à que les déséquilibres monétaires internationaux deviennent intenables.

Avant tout, briser la spirale de la déflation
A la lumière de ce constat, on éprouve donc bien de la peine à croire que les mesures prises par Sarkozy suffiront à contenir la grande déconfiture économique que tout le monde annonce pour l’Europe. Ni les plans de relance annoncés par le gouvernement, ni les aides financières abyssales garanties au secteur bancaire ne sauront compenser le déséquilibre structurel de l’économie-monde. Sortir de la crise implique en priorité de briser la spirale infernale de la déflation salariale. Comment envisager sérieusement une hausse des salaires et une relocalisation des activités industrielles sans d’abord mettre en place un système d’écluses douanières ? Car rappelons-le une fois encore : la crise actuelle est avant tout le résultat de déséquilibres provoqués par une mondialisation libérale mettant en concurrence des espaces de développement par trop hétérogènes. Ces profonds déséquilibres ne pourront être résolus sans d’abord procéder à un découplage partiel et raisonné entre les grandes régions économiques de la planète. L’avènement d’un ordre monétaire stable nécessite un encadrement du commerce international incompatible avec un libre-échange débridé. Un développement social et économique planétaire en bon ordre implique donc de revoir complètement l’organisation mondiale de l’économie.

Reconstituer des zones d’échange régionales homogènes
Nous savons maintenant qu’aucun équilibre monétaire international ne pourra être viable sans un minimum d’équilibre des balances commerciales. La crise actuelle vient de nous enseigner que cet équilibre ne saurait être obtenu par le simple jeu du marché. Des règles claires doivent donc être définies et appliquées afin de réguler les échanges internationaux en pénalisant et les stratégies par déficit et les stratégies misant sur le dumping social ou écologique. Le projet mondialiste de libre-échange planétaire faisant fi des frontières, des peuples et des nations apparait pour ce qu’il est et a toujours été : une pure folie. Pour sortir de la crise, de grandes zones régionales de libre-échange, regroupant des pays aux structures économiques à peu près homogènes, devront être constituées. Les échanges entre ces grandes zones devront être régulés par des politiques protectionnistes souples et transparentes assises sur de solides accords bilatéraux. Toutefois, il serait complètement illusoire de vouloir mener cette politique sans déléguer aux pouvoirs nationaux une part de la régulation. Le souhait de Jacques Attali de voir confier l’économie-monde à une gouvernance mondiale stratosphérique (élue par qui et représentant qui ?) est tout simplement irréaliste, dangereux et proprement anti-démocratique. Nous pensons au contraire que seule une coordination interétatique laissant une marge de manœuvre confortable aux échelons nationaux sera à même de garantir des résultats vraiment satisfaisants et durables. Car nous savons mieux que quiconque que seuls les pouvoirs nationaux peuvent correctement connaitre et défendre les intérêts de leurs peuples.

Un protectionnisme pro-européen à l’encontre des intérêts étatsuniens
En Europe, l’Union européenne se voit toute désignée pour jouer cette mission de coordination interétatique. A elle donc de consolider une zone d’échange régionale protégée et d’en fixer les modalités d’interaction avec les autres zones économiques ou grands Etats du monde. Il lui revient aussi clairement la mission de contribuer à la redéfinition des règles mondiales de contrôle des flux de capitaux et de fixation des taux de change. Difficile toutefois d’envisager l’esquisse de ces solutions salutaires sans se heurter au refus catégorique des Etats-Unis. C’est aussi pourquoi il nous semble nécessaire de rappeler que si les Européens veulent vraiment s’en sortir, ils devront forcément accepter l’idée d’une friction, voire d’une opposition, avec Washington. Dans cette partie de bras de fer, l’Europe devra se rapprocher de la Russie (allié géostratégique naturel) de manière à peser de tout son poids pour imposer aux USA une vision moins univoque de l’économie monde. On reste cependant consterné d’observer qu’au moment même où l’Europe trouve enfin une opportunité historique de s’affirmer, ses Etats membres agissent isolément dans la plus grande confusion cédant à un égoïsme contre-productif qui confine à l’incompétence. Même consternation encore lorsque nous constatons que Sarkozy a précisément choisi cette phase historique pour conduire à contretemps la France sur une politique d’alignement atlantiste qui va à l’encontre de tous nos intérêts économiques et stratégiques. Les oligarques européens et bruxellois, trop compromis avec l’hyperclasse mondialiste et n’ayant pas pris toute la mesure des bouleversements en cours, se révèlent incapables ni d’imaginer, ni de préparer le monde d’après la crise. Alors que la crise gronde de plus en plus fort et annonce une ère nouvelle en gestation, il est grand temps que l’Europe reprenne la pleine souveraineté de son destin et rompe avec le dictat des barons de Wall-Street. Il est grand temps également que les Européens renversent une classe dirigeante qui a complètement failli et s’avère incapable d’aller contre les intérêts de l’hyperclasse capitaliste mondiale.

 


 

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vendredi, 23 janvier 2009

Autopsie de la crise financière

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AUTOPSIE DE LA CRISE FINANCIÈRE


« Le spéculateur, la crise financière qui secoue l’économie mondiale n’est que l’aboutissement logique d’une évolution qui s’est accélérée. Par son développement même, le capitalisme a atteint des limites qu’il est incapable de dépasser et ne survit que par des subterfuges à la crise de ses trois piliers : l’accumulation du capital, la consommation, le travail.


Du fait des gains croissants de productivité et de la baisse de contenu en travail des produits, la production n’est plus capable de valoriser l’ensemble des capitaux accumulés, une partie croissante de ceux-ci conservant la forme de capital financier. Une industrie financière s’est constituée qui ne cesse d’affiner l’art de faire de l’argent en n’achetant et ne vendant rien d’autres que diverses formes d’argent. C’est cette industrie que nous voyons s’écrouler. Cette impossibilité croissante de valoriser le capital est accentuée par la baisse du pouvoir d’achat dans tous les pays ayant adopté le dogme néolibéral. Le recours à l’endettement massif, dont les subprimes ne sont que le dernier épisode, a servi à masquer cette évidence en poussant des millions de travailleurs à consommer des richesses qu’ils n’avaient pas encore créées. C’est cette course à l’endettement qui vient de s’enrayer. Elle devrait logiquement être suivie par un effondrement de la consommation. Cet effondrement de la consommation sera lui-même accentué par la disparition du travail-emploi-marchandise. Ce n’est pas seulement le plein emploi, c’est l’emploi lui-même que le post-fordisme a entrepris de supprimer. Derrière des taux de chômage flatteurs et très souvent manipulés, cette destruction est visible dans la réalité des chiffres de la durée du travail qui traduit une dégradation très profonde de la qualité des derniers emplois créés. (...)


Par cette évolution, en détruisant ses moteurs, le capitalisme travaille à sa propre extinction et fait naître des possibilités sans précédent de passer à une économie affranchie de la domination du capital sur le mode de vie, les besoins et la manière de les satisfaire. C’est cette domination qui demeure l’obstacle insurmontable à la limitation de la production et de la consommation. Elle conduit à ce que nous ne produisons rien de ce que nous consommons et ne consommons rien de ce que nous produisons. Tous nos désirs et nos besoins sont des besoins et des désirs de marchandises, donc des besoins d’argent. L’idée du suffisant – l’idée d’une limite au-delà de laquelle nous produirions ou achèterions trop, c’est-à-dire plus qu’il ne nous en faut – n’appartient pas à l’économie ni à l’imagination économique. Elle peut par contre appartenir à l’imagination citoyenne. »



TTO, "Crise Financière ou Agonie du Capitalisme ?", Agoravox, 30 septembre 2008

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mardi, 20 janvier 2009

Spunti di riflessione sulla crisi economica

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http://www.rinascita.info/

 

Spunti di riflessione sulla crisi economica

  

Mercoledì 14 Gennaio 2009 – 17:50 – Vittoriano Peyrani

  
 



Per risolvere la crisi economica in atto i nostri politici suggeriscono di aumentare i consumi, rimedio pericoloso per l’ecosistema e per il senso morale poiché suggerisce di comprare e discaricare oggetti con maggiore frequenza. Questo, poi, in un sistema globalizzato rischia di far aumentare le importazioni di prodotti finiti da altre nazioni che, sfruttando oltre ogni limite la loro manodopera, possono permettersi una concorrenza sleale. Diversamente, cioè comprando prodotti italiani, si aumenterebbe comunque l’importazione di materie prime generando ugualmente più forti passivi di bilancio con conseguente pericoloso esborso di interessi passivi sul debito. In ultima analisi si avvantaggerebbe solo il sistema bancario.
Gli economisti, invece, suggeriscono di fare investimenti per aumentare la produttività rischiando di far sprecare risorse in quanto la recessione generale mette in forse la possibilità di vendita sia all’interno che all’estero. […]

Si deve evitare di perpetuare il potere delle banche internazionali che si basa su di un grave sfruttamento del lavoro e dei consumatori.

L’economia classica è funzionale al potere parassitario degli attuali signori del denaro e non può portare soluzioni positive ai problemi perché ha già fallito con disastri ancora non del tutto calcolabili.


Economisti e politici, con una modestia che purtroppo non hanno mai dimostrato, studino con attenzione come si fece in Italia ad attenuare la crisi economica del 1929, anche allora iniziata negli Stati Uniti.


L’Italia era stata oggetto di sanzioni gravissime da parte degli stati aderenti alla Società delle Nazioni, angloamericani e francesi in primis. Era stata costretta a ricorrere ad una autarchia dispendiosa e di complessa realizzazione.
Certo allora eravamo governati da un dittatore che in realtà tale non era potendo solo legiferare, come anche ora spesso avviene, per decreti. Questi dovevano essere poi approvati dai due rami del parlamento, Camera della Corporazioni che rappresentava il mondo del lavoro, della cultura e delle arti, e Senato del Regno, di nomina regia e quindi non controllabile dal cosiddetto dittatore. Comunque il sistema era basato su di un consenso popolare di gran lunga superiore a quello dei governi attuali che sono oggetto di grande dissenso e critiche perché non prendono in nessuna considerazione i bisogni delle famiglie.


Il successo fu dovuto alla scelta di leggi e di uomini.
Vediamo che cosa dovrebbero recepire gli studiosi dall’esame del passato per trovare le cause e i rimedi ai guasti di oggi:

1) Innanzitutto lo studio del passato dimostra che un sistema globalizzato non è utile al miglioramento della condizione dei popoli ma è solo un meccanismo favorevole all’accentramento del dominio politico planetario da parte della finanza. Se mai, invece, la globalizzazione porta in sé i germi di mali incontrollabili, come inflazione, stagflazione, deflazione.
il libero mercato non è che una formula ipocrita per favorire i gruppi commerciali più forti e non certo per aumentare il benessere e la libertà di tutti.


In un sistema caratterizzato dal gigantismo e dalla liberalizzazione dei monopoli statali, la concorrenza non può verificarsi per gli incroci di possesso di azioni fra gruppi che dovrebbero confrontarsi sfidandosi con l’abbassamento dei prezzi, ma che non lo fanno perché avvantaggerebbero un’azienda e ne danneggerebbero un’altra, sempre di loro proprietà.


In conclusione gli incentivi alla produzione ed al consumo possono avere effetti solo in mercati circoscritti e che si possano proteggere con sistemi doganali efficaci, cosa che viene demonizzata in ogni modo dal pensiero unico democratico.
Nelle recenti riunioni del “G8” e del “G20” si è stabilito che i rimedi devono essere uguali e concordati in tutto il pianeta ma si attende quanto proporrà il neopresidente Obama non appena sarà integrato nelle sue funzioni. In sostanza si aspetta il verbo del presidente del paese che ha generato la crisi, che ha tutte le intenzioni di farla pagare agli altri, che continuerà sulla strada del liberismo che ha creato questa devastazione per i risparmiatori di tutto il mondo. Egli ha condotto la campagna elettorale (come del resto pure il suo avversario Mac Cain) con i soldi dei banchieri che ora controllano il suo operare.

 
Si parla di una nuova Bretton Wood per mantenere, attraverso una moneta unica di riferimento a livello planetario, ancora il dollaro, il potere finanziario nelle mani di coloro che da queste devastazioni hanno sicuramente ottenuto arricchimenti ancora più veloci. Gli Stati Uniti, attraverso gli enti finanziari in loro potere, come Banca dei Regolamenti Internazionali, Banca Mondiale, Fondo Monetario Internazionale ed altri ancora, cercano con le buone come aperture di credito. sorvolando sui conseguenti interessi, o con le cattive (guerre, ritorsioni economiche, sanzioni, minacce) di evitare decisioni autonome degli altri paesi mentre stanno strangolandoli e appropriandosi delle loro ricchezze più rapidamente che mai. Sanno benissimo che la prima nazione che si sgancerà dal sistema monetario internazionale ne avrà grandi vantaggi ma sfuggirà alla loro presa.


Studiando la storia si dovrebbe notare che l’Italia, in un breve ventennio, nonostante una crisi economica internazionale di gran lunga superiore a quella che fino ad ora si sta presentando e nonostante una chiusura autarchica imposta dal resto del mondo con le sanzioni, ebbe momenti di una certa prosperità: si studino quali provvedimenti furono presi e li si adattino ai nostri tempi.


E più ancora si studi la Germania Nazionalsocialista che dal 1933 al 1939, cioè in soli sei anni, in un sistema economicamente chiuso, cioè senza sfruttare colonie o mercati altrui, trovò lavoro per quattordici milioni di disoccupati e portò alle famiglie un benessere prima sconosciuto.


Non si vuole studiare quali interventi legislativi e quali modalità di scelte di uomini si attuarono e non si vuole applicare oggi quanto vi era di positivo, con le opportune modifiche imposte dai tempi. Questo implicherebbe, infatti, una drastica riduzione del libero mercato, cioè a dire della libera speculazione, che i signori del denaro non vogliono accettare.
Concludendo la rovina attuale è generata dai seguenti fattori.


La globalizzazione che ha tolto ogni freno alla esagerata cupidigia delle banche e delle multinazionali del commercio. Basti un esempio: il petrolio è salito da 30 a 150 dollari al barile non per la tanto decantata legge della domanda e dell’offerta (non è mai mancato o scarseggiato) e non per aumenti dei costi di produzione ma solo per lo spostamento dell’attenzione e degli investimenti dalle borse, in crisi, al mercato delle materie prime da parte di chi non voleva diminuire i propri usuali enormi guadagni. Tali operazioni sono state pagate dagli automobilisti, oltre cha da tutto il sistema economico, con un tremendo aumento dei prezzi. Questa è una delle concause della attuale crisi.


Le liberalizzazioni. Le aziende nazionalizzate talvolta funzionavano egregiamente come le Poste Italiane, le Ferrovie dello Stato, E.N.I., E.N.E.L, A.G.I.P., S.A.I.P.E.M. e molte altre. Alcune invece avevano un forte passivo. La colpa gravissima della burocrazia politico-amministrativa statale, è che, invece di sistemarle le ha fatte andare peggio per poi svenderle al capitale nazionale o straniero. Non si può ignorare l’evidente corredo di conflitti di interessi e tangenti date a quei politici che hanno deciso l’operazione e che precedentemente erano stati consulenti delle grandi banche acquirenti (sic!).


Il signoraggio della moneta concesso a banche private crea un artificioso debito pubblico perché i governi, invece di stampare in proprio moneta in biglietti di stato, si indebitano con le banche che creano denaro dal nulla (biglietti di banca), senza alcuna copertura o garanzia aurea o in beni immobiliari e lo imprestano agli stati contro interesse. Gli stupidi pensano che se battesse moneta lo stato creerebbe, esagerando nell’emissione, una grave inflazione ed hanno più fiducia nelle banche private. Santa ingenuità! I risultati delle sovranità monetaria ceduta ai privati si vedono nella crisi spaventosa che incombe su di noi tutti. I privati hanno come scopo unico del loro agire il guadagno e siccome non vi è alcun controllo popolare, democratico o di enti appositi, superano ogni limite immaginabile di ingordigia.


Il disordine, l’incapacità, di una classe dirigente inetta, corrotta e meschina non controllata in nessun modo da governo o da enti costituiti al proposito.


Il sistema politico che crea irresponsabilità dei vertici e della gerarchia esponendola al ricatto ed alla corruzione di un sistema finanziario strapotente ed incontrollato che vive sull’equivoco di un potere che salirebbe dal basso, con le elezioni. Il potere invece, da qualche secolo, discende dai poteri forti finanziari internazionali. Prova ne sia che tutti indistintamente i nostri politici della maggioranza ma anche dell’opposizione, si recano negli Stati Uniti, evidentemente per la conferma della investitura nelle loro funzioni. Questo sistema crea poi un’inversione dei valori veramente immorale; si pensi solo al fatto che un qualsiasi maneggione di una cooperativa di prestazioni d’opera può in pratica scegliere chi mandare a lavorare e chi no mentre al datore di lavoro, che paga le tasse, supera la rete di disposizioni paralizzanti, crea lavoro, investe e rischia il proprio denaro, la legge non da questa possibilità! […]


Gli economisti ed i politici, già declassati nella stima generale per non aver previsto questa crisi e per non saper quali provvedimenti prendere per superarla, devono snebbiarsi il cervello dai pregiudizi indotti da un pressione fortissima a favore della globalizzazione: è stata questa a portare la rovina e la porterà sempre più in futuro. Che si debba abbandonare il sistema economico attuale lo prova il fatto che, dopo che gli Stati Uniti hanno immesso in circolazione 700 e più miliardi di dollari, creando le premesse per una grave svalutazione della moneta e quindi della retribuzione del lavoro, l’Europa ed il Giappone sono state costrette a fare altrettanto perché diversamente ci sarebbero state ripercussioni negative sull’equilibrio dell’import-export. […]

Per evitare la iattura dell’abbassamento del nostro tenore di vita senza nemmeno vantaggio per i paesi emergenti ma solo per le multinazionali commerciali, dunque, la soluzione è quella di dimenticare, almeno parzialmente e provvisoriamente, il libero mercato selvaggio. I paesi emergenti devono, in altre parole, consumare la loro superproduzione all’interno, considerato anche che le loro popolazioni hanno bassissimi consumi e sfruttano i loro concittadini creando un danno a loro ed a noi.

E poi, chi andrà a raccontare ai disoccupati che il libero mercato è indispensabile al miglioramento generale dell’economia quando oggi appare evidente che esso serve solo allo sfrenato arricchimento della compagnie commerciali? Il libero scambio dei prodotti è solo funzionale ai poteri forti internazionali che non vogliono mollare la presa per quanto riguarda il loro dominio sul pianeta attraverso il denaro. Studiando il passato si deve ricordare che una cosa sono i sistemi politici, discutibili finché si vuole, altro sono i risultati economici ottenuti con la socializzazione delle imprese e la compartecipazione dei lavoratori agli utili. In questo modo i lavoratori sono innalzati a sentirsi parte attiva e responsabile di un progetto generale con risultati socio-economici inimmaginabili dagli economisti di maniera. L’ideologia liberista ha già dato rovinosa prova della sua applicazione. Occorre un cambiamento radicale.

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jeudi, 15 janvier 2009

La révolution protectionniste selon Emmanuel Todd

 

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La révolution protectionniste selon Emmanuel Todd

http://www.europemaxima.com/

dimanche 2 novembre 2008, par Pierre Le Vigan

Pour bien comprendre les réflexions de Pierre Le Vigan, il est important au préalable de lire l’entretien qu’Emmanuel Todd accorde à Élisabeth Lévy pour l’hebdomadaire Le Point, n° 1 884, du 23 octobre 2008. Historien des structures familiales, auteur en 1976 de La chute finale sur l’effondrement prochain de l’U.R.S.S. (après avoir largement puisé dans les travaux de Jules Monnerot sans d’ailleurs le citer), il a publié en 1998 L’illusion économique, en 2002 Après l’empire et maintenant Après la démocratie, tous chez Gallimard. Hostile au libre-échange et ayant préfacé la réédition en 1998 Système national d’économie politique de Friedrich List, Emmanuel Todd a ouvert en 2004 à la demande de Dominique de Villepin la Conférence sur l’emploi et les salaires par un plaidoyer en faveur du protectionnisme. En 2005, et adversaire de Maastricht appelle à voter « oui » (avec réticence toutefois) au Traité constitutionnel européen - La rédaction


Les propos de Emmanuel Todd sont généralement intéressants même si on ne les partage pas tous. Le protectionnisme européen est bien sûr la condition de l’emploi et de la cohésion sociale. Il est aussi parfaitement exact que les élites qui ont choisi le libre échangisme mondial jouent contre la démocratie et détruisent les conditions de son effectivité.

Par contre, la notion de « pogrom antirépublicain » avancée par Finkielkraut à propos des émeutes en banlieues est-elle si inadaptée que semble le penser Emmanuel Todd ? La formule est forte, mais la réalité était brutale. Comment appeler l’acte de gens qui brûlent des écoles, des gymnases mais qui essaient de piller les magasins de vêtements, et non de les brûler ? Des gens qui ont certes peu d’argent mais adorent ses symboles ? Et qui détruisent ce que la République met à leur disposition ? Todd écrit : « Lorsqu’une bande mêlée, de toutes les couleurs, caillasse la police, c’est que l’assimilation fonctionne ». Cela laisse perplexe. Il ne suffit pas d’énoncer des propos paradoxaux pour qu’ils soient justes. Quand des Russes émigrés après 1917 allaient à l’embauche aux usines Renault, cela prouverait que l’assimilation ne marchait pas alors que quand une famille vit aujourd’hui des aides sociales et que ses enfants brûlent les écoles, cela prouverait que cette assimilation fonctionne ?

Ensuite, le libre échange et les délocalisations sont-elles les seules causes de la situation et du malaise de nombre de jeunes de banlieues ? Bien sûr, le fait que l’emploi ne soit pas aussi abondant que dans les années soixante ne favorise pas l’intégration. Mais ces jeunes cherchent-ils vraiment du travail ? Sont-ils prêts à se lever tôt ? Ont-ils vraiment acquis un savoir-faire qui rend apte à l’emploi ? Pour nombre d’entre eux, la réponse est bien sûr : non.

Quand au déclin culturel que Todd conteste, il suffit pour en être convaincu de comparer l’orthographe de nos grands-parents qui quittaient l’école à onze ou quatorze ans à celle des jeunes qui peuvent y rester jusqu’à dix-huit ans, sans rien y faire pour beaucoup, et on comprendra qu’il y a vraiment déclin culturel. On peut aussi écouter les conversations au pied d’une barre H.L.M. pour avoir son opinion. La vérité que E. Todd ne veut pas voir c’est que l’immigration de masse est un désastre humain et culturel. Pour les accueillis et pour les accueillants.

Finissons sur un point d’accord : « La narcissisation des comportements, l’implosion centripète des individus et des groupes vont tellement loin que le mythe national instrumentalisé par le couple Sarkozy / Guaino n’embraye sur aucune réalité. De ce point de vue, le peuple ne vaut pas mieux que l’élite. Et l’Europe ne va pas mieux que la France. Le sens du collectif se dérobe. » Mais on peut en tirer diverses conclusions. E. Todd appelle à « l’adoption d’un protectionnisme coopératif, mis en œuvre au niveau d’un collectif supranational, délivré de tout mythe fondateur ethnique ou étatique ». Sans mythe fondateur, il ne reste que l’économie, et le protectionnisme nécessaire n’est pas suffisant. Il faut un mythe englobant l’économie. L’Europe doit être ce mythe, celui d’une Grande Patrie englobant les Patries nationales et régionales, un mythe animé par le souffle d’un Peuple-source (1), comme écrit le philosophe Philippe Forget, un Peuple bâtisseur d’histoire.

Pierre Le Vigan

Note

1 : Philippe Forget, « Culte de la “ diversité ” et dépècement du peuple souverain », mis en ligne par L’Esprit européen, http://www.esprit-europeen.fr/agora_enjeux_france_europe-3#forget_diversite.

 

mercredi, 14 janvier 2009

Terre & Peuple n°38: Capitalisme, non merci! - Pour une troisième voie identitaire!

Terre et Peuple Magazine

n°38

Hiver 2008

 

 

Sommaire - TP Mag n°38

TERRE ET PEUPLE MAGAZINE - Terre et Peuple Magazine n°38 - Hiver 2008
Samedi, 18 Octobre 2008 01:59

Éditorial de Pierre Vial :

Pour une Troisième Voie identitaire

En Bref
- Nouvelles d'ici et d'ailleurs

Identité
- La ligue des Peuples d'Europe

Origines
- Nos racines généalogiques

Nos traditions
- Les fourneaux d'Epona

Indo Européens
- Les Faussaires de l'Histoire

XIII° table Ronde de Terre et Peuple
- Le combat Culturel, pour quoi faire ?

Culture
Patrimoine
- Prora, une mémoire Allemande
- Le mur Slave de Jaromarsburg

- Notes de lectures

DOSSIER - Capitalisme ? Non Merci !  Pour une Troisième Voie

Editorial - TP Mag n°38

TERRE ET PEUPLE MAGAZINE - Terre et Peuple Magazine n°38 - Hiver 2008
Samedi, 18 Octobre 2008 00:00
Pour une Troisième Voie identitaire

Face à la crise qui ébranle si fortement le système capitaliste (jusqu’où ? L’avenir le dira…) il est indispensable d’apporter une réponse alternative. Une réponse qui ne peut être que révolutionnaire. On ne se refait pas…Frileux s’abstenir.

Comme le rappelle l’entretien que nous publions dans notre dossier « Capitalisme ? Non merci ! », le concept de Troisième Voie a été très formateur pour toute une génération de militants (et militantes !) dans les années 1980. Il est nécessaire de le revivifier aujourd’hui car il est au cœur de notre combat idéologique – et plus que jamais nécessaire au vu de la situation présente.

Certains esprits chagrins vont critiquer ce choix. D’abord parce que critiquer les autres, tous les autres, est leur passe-temps favori, d’autant plus qu’en retour ils ne proposent rien, incapables qu’ils sont d’avoir une pensée positive. Ensuite, au mauvais prétexte qu’une Troisième Voie n’est plus de saison puisque la Troisième Voie des années 1980 se définissait tout à la fois contre l’impérialisme américain et contre l’impérialisme soviétique. Or celui-ci a disparu… Certes. Mais c’est confondre, volontairement ou involontairement, système soviétique et marxisme. Or celui-ci est toujours vivant, bien vivant, trop vivant puisqu’il imbibe, sans le dire (c’est le b-a ba de la subversion), tous les pouvoirs en place. Bien sûr, se dire marxiste n’est plus autant à la mode que dans le passé. Mais le marxisme n’en exerce pas moins, sous une forme souvent banalisée, son contrôle sur le pouvoir culturel, lequel (merci Gramsci !) conditionne la conscience de nos contemporains – si bien que, fin du fin, beaucoup d’acteurs de la vie publique font du marxisme sans le savoir, en dignes successeurs de Monsieur Jourdain.

Sur le plan politique, une ligne Troisième Voie permet de dénoncer droite et gauche comme les deux faces de la même (fausse) monnaie (exemple criant : le mondialisme libéral et l’altermondialisme gauchiste ont en commun d’affirmer la nécessité d’un mondialisme). Une Troisième Voie est une nécessité absolue pour sortir du jeu de tricheurs, utilisant des fausses cartes, qu’est le Système en place.

Les turpitudes des socialistes ont l’avantage d’étaler sur la place publique une vérité accablante pour les cœurs sincères qui croient encore au socialisme : le Parti qui parle en leur nom accepte le système capitaliste sous prétexte qu’on pourrait le réformer, l’aménager, le rendre supportable. Cela s’appelle la sociale-démocratie. C’est à dire le frère jumeau du capitalisme libéral. Comme en a fait l’aveu publiquement Delanoë, qui est d’après Le Nouvel Observateur (22 mai 2008) « le candidat préféré des électeurs de gauche pour la prochaine présidentielle ». Et qui annonce tranquillement : « La gauche que je défends est par essence libérale (…) Je suis donc libéral et socialiste ». Si les mots ont encore un sens, cela apparaît comme le mariage de la carpe et du lapin. Mais ce mariage n’a pas empêché Martine Aubry, qui veut nous la jouer « plus pure et plus dure socialiste que moi, tu meurs », d’accepter dans son escarcelle les voix de Delanoë pour venir à bout, bien difficilement d’ailleurs, de Ségolène Royal, en battant le rappel de tous les dinosaures du PS.

La déclaration de Delanoë, présentée dans les media comme une grande nouveauté et une belle audace, n’est en fait nouvelle et audacieuse en rien. Elle correspond en effet parfaitement à un jeu de dupes qui remonte au XIXe siècle, lorsque les radicaux-socialistes de la IIIe République firent en sorte de neutraliser, en acceptant le jeu constitutionnel et électoral, les ardeurs révolutionnaires des vrais socialistes français, héritiers de Proudhon et de Blanqui, marqués par le beau rêve de la Commune de Paris. Ces hommes et ces femmes (honneur à Louise Michel !) que les bourgeois versaillais traitaient dédaigneusement de « Communards », incarnaient une tradition politique qui, comme l’a rappelé Alain de Benoist dans son bel édito du n° 126 d’Eléments (automne 2007), « impliquait à la fois le refus de l’exploitation du travail, de l’égoïsme prédateur et du nihilisme jouisseur, en même temps qu’un certain conservatisme moral, le sens de l’honneur et de la parole donné, le goût de la loyauté, de l’entraide et de la solidarité ». Une telle conception, forgée dans les luttes contre la bourgeoisie louis-philipparde et héritière du compagnonnage,  transcendait le clivage artificiel gauche-droite, conçu pour couper les peuples en deux – pour le plus grand profit des usuriers cosmopolites. Un tel idéal a survécu au fil du temps avec l’aventure boulangiste, avec Maurice Barrès candidat aux élections de 1898 à Nancy sous l’étiquette « nationaliste-socialiste », avec le Cercle Proudhon fondé en 1911 sous l’influence de Sorel et du premier Maurras (« une des premières tentatives d’union des forces révolutionnaires de droite et de gauche en vue d’un syndicalisme à la fois socialiste et nationaliste », Dictionnaire de la politique française, 1967), avec ces « non-conformistes des années 30 » (Mounier, Maulnier, Rougemont et tant d’autres) bien étudiés par Jean-Louis Loubet del Bayle, avec les néo-socialistes de Déat, Marquet, Montagnon et Renaudel, avec le PPF de Doriot. Au-delà de leur diversité, ces hommes, ces mouvements étaient en quête d’une Troisième Voie, comme l’étaient, entre 1919 et 1945, Jose-Antonio, Ramiro Ledesma Ramos et Onesimo Redondo en Espagne, Degrelle et Henri de Man en Belgique, le premier fascisme (et le retour aux sources avec la République Sociale) en Italie, les courants nationaux-révolutionnaires et volkisch, à l’intérieur et à l’extérieur de la NSDAP, en Allemagne, et tant d’autres courants comparables dans la plupart des pays européens.

Après 1945 – et pour ne parler que de la France – François Perroux, le « gaullisme de gauche », le groupe « Patrie et Progrès », les courants Algérie Française au sein de la SFIO et du Parti Radical (Jean-André Faucher et ses amis), Maurice Bardèche et son Défense de l’Occident, Jeune Nation puis Europe-Action et, bien sûr, Troisième Voie, ont représenté peu ou prou, chacun à leur façon et dans des registres évidemment très différents, la volonté d’une ligne anticapitaliste et antimarxiste.

Aujourd’hui, face au marxisme rampant (travesti en droitsdelhommisme larmoyant) et au libéralisme sûr de lui et dominateur, s’impose la nécessité d’une Troisième Voie clairement affirmée. Elle doit reposer sur la nécessaire primauté d’un pouvoir politique exerçant sa légitime souveraineté sur l’outil économique, pour imposer la justice sociale. Elle doit reposer aussi sur la notion d’identité : dans la mesure où marxisme et libéralisme s’accordent sur le primat de l’économique et la nécessité d’un mondialisme tueur de peuples, niveleur et destructeur des appartenances organiques, ethniques, c’est l’affirmation des patries charnelles enracinées et du droit du sang qui fonde la légitimité d’une référence « Troisième Voie ».

Il faut le dire à ceux qui croient sincèrement au socialisme : le seul socialisme authentique est celui qui affirme la primauté des droits de la communauté sur les droits de l’individu et qui rappelle à celui-ci la nécessité des devoirs envers sa communauté. C’est en cela qu’il n’est pas compatible avec le libéralisme, lequel est indissociable de l’individualisme, source d’un égoïsme narcissique. Or les seules communautés légitimes sont les communautés organiques, populaires, qui reposent sur l’identité ethnique.

C’est pourquoi la Troisième Voie que nous voulons est celle d’un socialisme fidèle à ses origines, un socialisme identitaire, solidariste et fédéraliste, qui mettra en application la nécessaire justice sociale en éradiquant l’exploitation capitaliste mondialiste, sûre d’elle et dominatrice, cause véritable de l’invasion de notre terre par des populations victimes du Système et qui devront, pour retrouver une vie équilibrée et satisfaisante, retourner sur leurs terres d’origine. Ce qui permettra, alors, de passer avec elles des accords bilatéraux destinés à permettre à tous les peuples d’affirmer avec force, face au mondialisme niveleur, dans un monde multipolaire, leur droit à l’identité ethnique.



Pierre VIAL
 

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mardi, 13 janvier 2009

Los supermercados y la crisis alimentario mundial

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Los supermercados y la crisis alimentaria mundial (extracto)

La crisis alimentaria ha dejado sin comida a miles de personas en todo el mundo, el Banco Mundial añade cien millones de hambrientos más fruto de la crisis actual…

Esther Vivas * (Adital 04.12.08)
El “tsunami” del hambre no tiene nada de natural, sino que es resultado de las políticas neoliberales impuestas durante décadas por las instituciones internacionales. Hoy, el problema no es la falta de alimentos sino la imposibilidad para acceder a ellos debido a sus altos precios.

Esta crisis alimentaria deja tras sí a una larga lista de perdedores y de ganadores. Entre los más afectados, se encuentran mujeres, niños y niñas,… En definitiva, aquellos que engrosan las filas de los oprimidos del sistema capitalista. Entre los ganadores, encontramos a las multinacionales de la industria agroalimentaria que controlan de origen a fin la cadena de producción, transformación y comercialización de los alimentos. De este modo, mientras la situación de crisis azota, principalmente, a los países del sur global, las multinacionales del sector ven multiplicar sus ganancias.

Monopolios

La cadena agroalimentaria está controlada en cada uno de sus tramos (semillas, fertilizantes, transformación, distribución, etc.) por multinacionales que consiguen grandes beneficios gracias a un modelo agroindustrial liberalizado y desregularizado. Un sistema que cuenta con el apoyo explícito de las élites políticas y de las instituciones internacionales que anteponen los beneficios de estas empresas a las necesidades alimenticias de las personas y el respeto al medio ambiente.

La gran distribución, al igual que otros sectores, cuenta con una alta concentración empresarial. En Europa, entre los años 1987 y 2005, la cuota de mercado de las diez mayores multinacionales de la distribución significaba un 45% del total y se pronosticaba que ésta podría llegar a un 75% en los próximos 10-15 años. En países como Suecia, tres cadenas de supermercados controlan alrededor del 95,1% de la cuota de mercado; y en países como Dinamarca, Bélgica, España, Francia, Holanda, Gran Bretaña y Argentina, unas pocas empresas dominan entre el 60% y el 45% del total. Las megafusiones son la dinámica habitual en el sector. De este modo, las grandes corporaciones, con su matriz en los países occidentales, absorben a cadenas más pequeñas en todo el planeta asegurándose su expansión a nivel internacional y, especialmente, en los países del sur global.

Este monopolio y concentración permite un fuerte control a la hora de determinar lo qué consumimos, a qué precio lo compramos, de quién procede, cómo ha sido elaborado, con qué productos, etc. En el año 2006, la segunda empresa más grande del mundo por volumen de ventas fue Wal-Mart y en el listado de las cincuenta mayores empresas mundiales se encontraban también, por orden de facturación, Carrefour, Tesco, Kroger, Royal Ahold y Costco. Nuestra alimentación depende cada día más de los intereses de estas grandes cadenas de venta al detalle y su poder se evidencia con toda crudeza en una situación de crisis.

De hecho, en abril del 2008 y frente a la situación de crisis alimentaria mundial, las dos mayores cadenas de supermercados de Estados Unidos, Sam’s Club (propiedad de Wal-Mart) y Costco (de venta a mayoristas), apostaron por racionar la venta de arroz en sus establecimientos aludiendo a una posible restricción en el suministro de este cereal. En Sam’s Club, se limitó la venta de tres variedades de arroz (basmati, jasmine y grano largo) así como la compra de sacos de arroz de nueve o más quilos a un total de cuatro por cliente; en Costco se restringió la venta de harina y de arroz frente al aumento de la demanda. En Gran Bretaña, Tilda (la principal importadora de arroz basmati a nivel mundial) también estableció restricciones a la venta de arroz en algunos establecimientos al por mayor. Con esta medida se puso en evidencia la capacidad de las grandes cadenas de distribución de incidir en la compra y venta de determinados productos, limitar su distribución e influir en la fijación de sus precios. Un hecho que ni siquiera se había producido en Estados Unidos tras la II Guerra Mundial, cuando sí se restringió el acopio de petróleo, neumáticos y bombillas, pero no de alimentos.

Cambio de hábitos

Otra dinámica que se ha puesto de relieve frente a la situación de crisis alimentaria ha sido el cambio de hábitos a la hora de hacer la compra. Ante la necesidad, por parte de los clientes, de abrocharse el cinturón y buscar aquellos establecimientos con precios más baratos, las cadenas de descuento han sido las que han salido ganando. En Italia, Gran Bretaña, España, Portugal y Francia, estos supermercados han visto aumentar sus ventas entre un 13% y un 9% el primer trimestre del 2008 respecto al año anterior.

Otro indicador del cambio de tendencia es el aumento de las ventas de marcas blancas que ya suponen, según datos del primer trimestre del 2008, en Gran Bretaña un 43,7% del volumen total de ventas, en el España un 32,8%, en Alemania un 31,6% y en Portugal y Francia alrededor del 30%. Cuando son, precisamente, las marcas blancas las que dan un mayor beneficio a las grandes cadenas de distribución y permiten una mayor fidelización de sus clientes.

Pero más allá del papel que la gran distribución pueda jugar en una situación de crisis (con restricciones a la venta de algunos de sus productos; cambios en los hábitos de compra, etc.), este modelo de distribución ejerce a nivel estructural un fuerte control e impacto negativo en los distintos actores que participan en la cadena de distribución de alimentos: campesinos/as, proveedores, consumidores/as, trabajadores/as, etc. De hecho, la aparición de los supermercados, hipermercados, cadenas de descuento, autoservicios…, en el transcurso del siglo XX, ha contribuido a la mercantilización del qué, el cómo y el dónde compramos supeditando la alimentación, la agricultura y el consumo a la lógica del capital y del mercado
*Coautora del libro Supermercados, no gracias (Icaria editorial, 2007)
Autor: Esther Vivas- Fecha: 2009-01-06

lundi, 12 janvier 2009

Revue "Entropia": trop d'utilité?

Revue Entropia : Trop d’utilité ?

Tandis que s’étrécit le champ des possibles en partage, le trop excède en tout : trop d’injustices, trop d’insignifiances, trop de violences, de crises écologiques et de désastres sociaux…
Cette situation ne serait-elle pas en relation paradoxale avec l’importance démesurée accordée à l’utilité ? L’utilitarisme est une doctrine - née en 1827 - selon laquelle l’utile est le principe de toutes les valeurs, dans le domaine de la connaissance comme dans celui de l’action.

Cette peste moderne a conduit l’espèce humaine au bord du gouffre. Confondant le nécessaire et l’utile, elle ampute l’être humain des registres de la gratuité, de l’inutilité et de la sensibilité de la pensée qui sont pourtant les signes universels de sa singularité plurivoque. Elle mutile tous les rapports sociaux en les soumettant aux diktats de la marchandise. On peut avancer que, par nombre de ses aspects, l’idée de décroissance est née d’un sursaut de rébellion contre cet égarement.

Depuis sa création, en 1981, le MAUSS - Mouvement Anti-utilitariste dans les Sciences Sociales - a exploré le terrain d’un anti-économisme effectif. Sans renier cette filiation parmi d’autres, l’objection de croissance a choisi de radicaliser l’analyse et de bouleverser l’offre théorique et politique face à une crise anthropologique sans précédent.

La discussion de famille engagée entre ces deux mouvements d’idées se devait de devenir publique. Serait-ce, là, une autre façon d’oser ranimer le vieux débat entre réforme et révolution ?

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samedi, 27 décembre 2008

Vilfreedo Pareto and Political Irrationality

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Vilfredo Pareto and Political Irrationality

Tomislav Sunic

Few political thinkers have stirred so much controversy as Franco-Italian sociologist and economist Vilfredo Pareto (1848-1923). In the beginning of the twentieth century, Pareto exerted a considerable influence on European conservative thinkers, although his popularity rapidly declined after the Second World War. The Italian Fascists who used and abused Pareto's intellectual legacy were probably the main cause of his subsequent fall into oblivion. 

Pareto's political sociology is in any case irreconcilable with the modern egalitarian outlook. In fact, Pareto was one to its most severe critics. Yet his focus extends beyond a mere attack on modernity; his work is a meticulous scrutiny of the energy and driving forces that underlie political ideas and beliefs. From his study, he concludes that irrespective of their apparent utility or validity, ideas and beliefs often dissimulate morbid behavior. Some of Pareto's students went to so far as to draw a parallel between him and Freud, noting that while Freud attempted to uncover pathological behavior among seemingly normal individuals, Pareto tried to unmask irrational social conduct that lay camouflaged in respectable ideologies and political beliefs. 

In general, Pareto argues that governments try to preserve their institutional framework and internal harmony by a posteriori justification of the behavior of their ruling elite--a procedure that stands in sharp contrast to the original objectives of government. This means that governments must "sanitize" violent and sometimes criminal behavior by adopting such self-rationalizing labels as "democracy," "democratic necessity," and "struggle for peace," to name but a few. It would be wrong, however, to assume that improper behavior is exclusively the result of governmental conspiracy or of corrupted politicians bent on fooling the people. Politicians and even ordinary people tend to perceive a social phenomenon as if it were reflected in a convex mirror. They assess its value only after having first deformed its objective reality. Thus, some social phenomena, such as riots, coups, or terrorist acts, are viewed through the prism of personal convictions, and result in opinions based on the relative strength or weakness of these convictions. Pareto argues that it is a serious error to assume that because his subjects or constituents feel cheated or oppressed, a leader of an oppressive regime is necessarily a liar or a crook. More than likely, such a leader is a victim of self-delusions, the attributes of which he considers "scientifically" and accurately based, and which he benevolently wishes to share with his subjects. To illustrate the power of self-delusion, Pareto points to the example of socialist intellectuals. He observes that "many people are not socialists because they have been persuaded by reasoning. Quite to the contrary, these people acquiesce to such reasoning because they are (already) socialists." 
       

Modern Ideologies and Neuroses 

In his essay on Pareto, Guillaume Faye, one of the founders of the European "New Right," notes that liberals and socialists are scandalized by Pareto's comparison of modern ideologies to neuroses: to latent manifestation of unreal effects, though these ideologies--socialism and liberalism--claim to present rational and "scientific" findings. In Freud's theory, psychic complexes manifest themselves in obsessional ideas: namely, neuroses, and paranoias. In Pareto's theory, by contrast, psychic impulses--which are called residues--manifest themselves in ideological derivatives. Rhetoric about historical necessity, self-evident truths, or economic and historical determinism are the mere derivatives that express residual psychic drives and forces such as the persistence of groups once formed and the instinct for combination. 

For Pareto, no belief system or ideology is fully immune to the power of residues, although in due time each belief system or ideology must undergo the process of demythologization. The ultimate result is the decline of a belief or an ideology as well as the decline of the elite that has put it into practice. 
        
Like many European conservatives before the war, Pareto repudiated the modern liberal, socialist myth that history showed an inevitable progression leading to social peace and prosperity. Along with his German contemporary Oswald Spengler, Pareto believed that no matter how sophisticated the appearance of some belief or ideology, it would almost certainly decay, given time. Not surprisingly, Pareto's attempts to denounce the illusion of progress and to disclose the nature of socialism and liberalism prompted many contemporary theorists to distance themselves from his thought. 
        
Pareto argues that political ideologies seldom attract because of their empirical or scientific character--although, of course, every ideology claims those qualities--but because of their enormous sentimental power over the populace. For example, an obscure religion from Galilee mobilized masses of people who were willing to die, willing to be tortured. In the Age of Reason, the prevailing "religion" was rationalism and the belief in boundless human progress. Then came Marx with scientific socialism, followed by modern liberals and their "self-evident religion of human rights and equality." According to Pareto, underlying residues are likely to materialize in different ideological forms or derivatives, depending on each historical epoch. Since people need to transcend reality and make frequent excursions into the spheres of the unreal and the imaginary, it is natural that they embrace religious and ideological justifications, however intellectually indefensible these devices may appear to a later generation. In analyzing this phenomenon, Pareto takes the example of Marxist "true believers" and notes: "This is a current mental framework of some educated and intelligent Marxists with regard to the theory of value. From the logical point of view they are wrong; from the practical point of view and utility to their cause, they are probably right." Unfortunately, continues Pareto, these true believers who clamor for social change know only what to destroy and how to destroy it; they are full of illusions as to what they have to replace it with: "And if they could imagine it, a large number among them would be struck with horror and amazement." 
        
Ideology and History 
        

The residues of each ideology are so powerful that they can completely obscure reason and the sense of reality; in addition, they are not likely to disappear even when they assume a different "cover" in a seemingly more respectable myth or ideology. For Pareto this is a disturbing historical process to which there is no end in sight: 
        

"Essentially, social physiology and social pathology are still in their infancy. If we wish to compare them to human physiology and pathology, it is not to Hippocrates that we have to reach but far beyond him. Governments behave like ignorant physicians who randomly pick drugs in a pharmacy and administer them to patients." 
        
So what remains out of this much vaunted modern belief in progress, asks Pareto? Almost nothing, given that history continues to be a perpetual and cosmic eternal return, with victims and victors, heroes and henchmen alternating their roles, bewailing and bemoaning their fate when they are in positions of weakness, abusing the weaker when they are in positions of strength. For Pareto, the only language people understand is that of force. And with his usual sarcasm, he adds: "There are some people who imagine that they can disarm their enemy by complacent flattery. They are wrong. The world has always belonged to the stronger and will belong to them for many years to come. Men only respect those who make themselves respected. Whoever becomes a lamb will find a wolf to eat him." 
        
Nations, empires, and states never die from foreign conquest, says Pareto, but from suicide. When a nation, class, party, or state becomes averse to bitter struggle--which seems to be the case with modern liberal societies--then a more powerful counterpart surfaces and attracts the following of the people, irrespective of the utility or validity of the new political ideology or theology: 
        
"A sign which almost always accompanies the decadence of an aristocracy is the invasion of humanitarian sentiments and delicate "sob-stuff" which renders it incapable of defending its position. We must not confuse violence and force. Violence usually accompanies weakness. We can observe individuals and classes, who, having lost the force to maintain themselves in power, become more and more odious by resorting to indiscriminate violence. A strong man strikes only when it is absolutely necessary--and then nothing stops him. Trajan was strong but not violent; Caligula was violent but not strong." 
        
Armed with the dreams of justice, equality, and freedom, what weapons do liberal democracies have today at their disposal against the downtrodden populations of the world? The sense of morbid culpability, which paralyzed a number of conservative politicians with regard to those deprived and downtrodden, remains a scant solace against tomorrow's conquerors. For, had Africans and Asians had the Gatling gun, had they been at the same technological level as Europeans, what kind of a destiny would they have reserved for their victims? Indeed, this is something that Pareto likes speculating about. True, neither the Moors nor Turks thought of conquering Europe with the Koran alone; they understood well the importance of the sword: 
        
"Each people which is horrified by blood to the point of not knowing how to defend itself, sooner or later will become a prey of some bellicose people. There is probably not a single foot of land on earth that has not been conquered by the sword, or where people occupying this land have not maintained themselves by force. If Negroes were stronger than Europeans, it would be Negroes dividing Europe and not Europeans Africa. The alleged "right" which the people have arrogated themselves with the titles "civilized"--in order to conquer other peoples whom they got accustomed to calling "non-civilized"--is absolutely ridiculous, or rather this right is nothing but force. As long as Europeans remain stronger than Chinese, they will impose upon them their will, but if Chinese became stronger than Europeans, those roles would be reversed."


        
Power Politics 
        
For Pareto, might comes first, right a distant second; therefore all those who assume that their passionate pleas for justice and brotherhood will be heeded by those who were previously enslaved are gravely mistaken. In general, new victors teach their former masters that signs of weakness result in proportionally increased punishment. The lack of resolve in the hour of decision becomes the willingness to surrender oneself to the anticipated generosity of new victors. It is desirable for society to save itself from such degenerate citizens before it is sacrificed to their cowardice. Should, however, the old elite be ousted and a new "humanitarian" elite come to power, the cherished ideals of justice and equality will again appear as distant and unattainable goals. Possibly, argues Pareto, such a new elite will be worse and more oppressive than the former one, all the more so as the new "world improvers" will not hesitate to make use of ingenious rhetoric to justify their oppression. Peace may thus become a word for war, democracy for totalitarianism, and humanity for bestiality. The distorted "wooden language" of communist elites indicates how correct Pareto was in predicting the baffling stability of contemporary communist systems. 
        
Unfortunately, from Pareto's perspective, it is hard to deal with such hypocrisy. What underlies it, after all, is not a faulty intellectual or moral judgment, but an inflexible psychic need. Even so, Pareto strongly challenged the quasi-religious postulates of egalitarian humanism and democracy--in which he saw not only utopias but also errors and lies of vested interest. Applied to the ideology of "human rights," Pareto's analysis of political beliefs can shed more light on which ideology is a "derivative," or justification of a residual pseudo-humanitarian complex. In addition, his analysis may also provide more insight into how to define human rights and the main architects behind these definitions. 
        
It must be noted, however, that although Pareto discerns in every political belief an irrational source, he never disputes their importance as indispensable unifying and mobilizing factors in each society. For example, when he affirms the absurdity of a doctrine, he does not suggest that the doctrine or ideology is necessarily harmful to society; in fact, it may be beneficial. By contrast, when he speaks of a doctrine's utility he does not mean that it is necessarily a truthful reflection of human behavior. On the matters of value, however, Pareto remains silent; for him, reasoned arguments about good and evil are no longer tenable. 
        
Pareto's methodology is often portrayed as belonging to the tradition of intellectual polytheism. With Hobbes, Machiavelli, Spengler, and Carl Schmitt, Pareto denies the reality of a unique and absolute truth. He sees the world containing many truths and a plurality of values, with each being truthful within the confines of a given historical epoch and a specific people. Furthermore, Pareto's relativism concerning the meaning of political truth is also relevant in reexamining those beliefs and political sentiments claiming to be nondoctrinal. It is worth nothing that Pareto denies the modern ideologies of socialism and liberalism any form of objectivity. Instead, he considers them both as having derived from psychic needs, which they both disguise. 
        
The New Class 
        
 For his attempts to demystify modern political beliefs, it should not come as a surprise that Pareto's theory of nonlogical actions and pathological residues continues to embarrass many modern political theorists; consequently his books are not easily accessible. Certainly with regard to communist countries, this is more demonstrably the case, for Pareto was the first to predict the rise of the "new class"--a class much more oppressive than traditional ruling elites. But noncommunist intellectuals also have difficulties coming to grips with Pareto. Thus, in a recent edition of Pareto's essays, Ronald Fletcher writes that he was told by market researchers of British publishers that Pareto is "not on the reading list," and is "not taught" in current courses on sociological theory in the universities. Similar responses from publishers are quite predictable in view of the fact that Pareto's analyses smack of cynicism and amorality--an unforgivable blasphemy for many modern scholars. 
        
Nevertheless, despite the probity of his analysis, Pareto's work demands caution. Historian Zev Sternhell, in his remarkable book La droite revolutionnaire, observes that political ideas, like political deeds, can never be innocent, and that sophisticated political ideas often justify a sophisticated political crime. In the late 1920s, during a period of great moral and economic stress that profoundly shook the European intelligentsia, Pareto's theories provided a rationale for fascist suppression of political opponents. It is understandable, then, why Pareto was welcomed by the disillusioned conservative intelligentsia, who were disgusted, on the one hand, by Bolshevik violence, and on the other, by liberal democratic materialism. During the subsequent war, profane application of Pareto's theories contributed to the intellectual chaos and violence whose results continue to be seen. 
        
More broadly speaking, however, one must admit that on many counts Pareto was correct. From history, he knew that not a single nation had obtained legitimacy by solely preaching peace and love, that even the American Bill of Rights and the antipodean spread of modern democracy necessitated initial repression of the many--unknowns who were either not deemed ripe for democracy, or worse, who were not deemed people at all (those who, as Koestler once wrote, "perished with a shrug of eternity"). For Pareto the future remains in Pandora's box and violence will likely continue to be man's destiny. 
       

The Vengeance of Democratic Sciences 
        
Pareto's books still command respect sixty-five years after his death. If the Left had possessed such an intellectual giant, he never would have slipped so easily into oblivion. Yet Pareto's range of influence includes such names as Gustave Le Bon, Robert Michels, Joseph Schumpeter, and Rayond Aron. But unfortunately, as long as Pareto's name is shrouded in silence, his contribution to political science and sociology will not be properly acknowledged. Fletcher writes that the postwar scholarly resurgence of such schools of thought as "system analysis," "behavioralism," "reformulations," and "new paradigms," did not include Pareto's because it was considered undemocratic. The result, of course, is subtle intellectual annihilation of Pareto's staggering erudition--an erudition that spans from linguistics to economics, from the knowledge of Hellenic literature to modern sexology. 
        
But Pareto's analyses of the power of residues are useful for examining the fickleness of such intellectual coteries. And his studies of intellectual mimicry illustrate the pathology of those who for a long time espoused "scientific" socialism only to awaken to the siren sound of "self-evident" neoconservativism--those who, as some French writer recently noted, descended with impunity from the "pinnacle of Mao into the Rotary Club." Given the dubious and often amoral history of the twentieth-century intelligentsia, Pareto's study of political pathology remains, as always, apt. 

Tomislave Sunic, a Croatian political theorist, has contributed a long essay to Yugoslavia: The Failure of Democratic Communism (New York, 1988).

[The World and I (New York), April, 1988]

 

 

 

 

mercredi, 24 décembre 2008

Le système financier n'est pas réformable

LE SYSTÈME FINANCIER N’EST PAS RÉFORMABLE


sauvetage financier

 

« Ainsi donc tout était possible. Une intervention financière massive de l’Etat. L’oubli des contraintes du pacte de stabilité européen. Une capitulation des banques centrales devant l’urgence d’une relance. La mise à l’index des paradis fiscaux. Tout était possible car il fallait sauver les banques.


Pendant trente ans, la moindre idée d’une altération quelconque des fondements de l’ordre libéral afin, par exemple, d’améliorer les conditions d’existence de la majorité de la population s’était pourtant heurtée au même type de réponse : tout ceci est bien archaïque ; la mondialisation est notre loi ; les caisses sont vides ; les marchés n’accepteront pas ; savez-vous que le mur de Berlin est tombé ? Et pendant trente ans, la "réforme" s’est faite, mais dans l’autre sens. Celui d’une révolution conservatrice qui livra à la finance des tranches toujours plus épaisses et plus juteuses du bien commun, comme ces services publics privatisés et métamorphosés en machines à cash "créant de la valeur" pour l’actionnaire. Celui d’une libéralisation des échanges qui attaqua les salaires et la protection sociale, contraignant des dizaines de millions de personnes à s’endetter pour préserver leur pouvoir d’achat, à "investir" (en Bourse, dans des assurances) pour garantir leur éducation, parer à la maladie, préparer leur retraite. La déflation salariale et l’érosion des protections sociales ont donc enfanté puis conforté la démesure financière ; créer le risque a encouragé à se garantir contre lui. La bulle spéculative s’est très vite emparée du logement, qu’elle transforma en placement. Sans cesse, elle fut regonflée par l’hélium idéologique de la pensée de marché. Et les mentalités changèrent, plus individualistes, plus calculatrices, moins solidaires. Le krach de 2008 n’est donc pas d’abord technique, amendable par des palliatifs tels que la "moralisation" ou la fin des abus. C’est tout un système qui est à terre.


Autour de lui déjà s’affairent ceux qui espèrent le relever, le replâtrer, le ripoliner, afin que demain il inflige à la société quelque nouveau tour pendable. Les médecins qui miment l’indignation devant les (in)conséquences du libéralisme sont ceux-là mêmes qui lui fournirent tous les aphrodisiaques — budgétaires, réglementaires, fiscaux, idéologiques — grâce auxquels il s’est dépensé sans compter. Ils devraient se juger disqualifiés. Mais ils savent que toute une armée politique et médiatique va s’employer à les blanchir. Ainsi, MM. Gordon Brown, l’ancien ministre des finances britannique dont la première mesure fut d’accorder son "indépendance" à la Banque d’Angleterre, José Manuel Barroso, qui préside une Commission européenne obsédée par la concurrence, Nicolas Sarkozy, artisan du "bouclier fiscal", du travail le dimanche, de la privatisation de La Poste : ces trois-là s’emploient, paraît-il, à "refonder le capitalisme"... (...)


Alors qui proposera la mise en cause du cœur du système, le libre-échange ? Utopique ? Aujourd’hui tout est possible quand il s’agit des banques... »



Serge Halimi, "Penser l’Impensable", Le Monde Diplomatique, novembre 2008

00:35 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : finances, économie, crise, usure, usurocratie, banques, politique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 19 décembre 2008

?El fin de la Europa liberal?

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¿El fin de la Europa liberal?

Un dato que ha tenido gran relevancia para explicar la evolución de la Europa Social es la evolución del desempleo en el promedio de la Unión Europea de los Quince (UE-15), el grupo de países con mayor nivel de desarrollo económico de la Unión Europea. Históricamente el desempleo en los países que más tarde serán los países miembros de la UE-15, había sido más bajo que el nivel de desempleo de EE.UU. Ello fue cierto desde la Segunda Guerra Mundial hasta los años ochenta. A partir de entonces, sin embargo, el desempleo en el promedio de la UE-15 ha sido mayor, no menor que EE.UU. Ha sido una constante desde entonces que el porcentaje de la población activa en paro ha sido mayor en la UE-15 que en EE.UU.

Los economistas liberales (que gozan de grandes cajas de resonancia en los medios de información y persuasión en España) han atribuido este hecho a la mayor desregulación de los mercados de trabajo y menor protección social existentes en EE.UU. que en la UE-15. De ahí sus propuestas que para disminuir el desempleo en la UE-15 debiera copiarse las supuestamente exitosas políticas públicas de EE.UU. y desregular los mercados de trabajo europeos y disminuir la protección social en este continente. Estas posturas liberales se han generalizado en Europa y se han convertido en dogmas y como tales se han reproducido a base de fe, y con escasa evidencia científica que las apoyen. Este dogma de fe se ha promovido también en este lado del Atlántico por la Comisión Europea y por el Banco Central Europeo, que han reproducido el consenso de Bruselas, y en EE.UU. por el Fondo Monetario Internacional y por el gobierno federal de EE.UU., que han reproducido el consenso de Washington. El informe del Fondo Monetario Internacional sobre España reproduce, frase por frase, tal dogma.

Los datos, sin embargo, no apoyan el dogma. En realidad, en los países que constituirían a partir de 1980 la Unión Europea, la regulación de los mercados laborales y el nivel de protección social en el periodo 1950-1980 eran más elevados que durante el periodo 1980-2000, el periodo en que el desempleo fue mucho mayor en tales países. Una característica de este último periodo en aquellos países ha sido precisamente el aumento de la desregulación de sus mercados de trabajo y un descenso de su protección social. Fue más fácil despedir a un trabajador (un indicador de desregulación del mercado de trabajo) en los países de la UE.15 durante el periodo 1980-2000 que durante el periodo 1950-1980, siendo el nivel de precariedad mayor en el segundo que en el primer periodo. Y el grado de cobertura del seguro de desempleo, del seguro de enfermedad y del seguro de accidente laboral es menor en el periodo 1980-2000 que en el periodo 1950-1980, siendo la tasa de crecimiento del gasto público per capita en protección social menor en el segundo que en el primer periodo (ver Navarro, V. “Cómo está evolucionando la situación social de la Unión Europea”, en Borrell, J. Europa en la Encrucijada. 2008). Según las tesis liberales, el desempleo tendría que haber disminuido en la UE en la medida que los mercados laborales se han ido desregulando y la protección social ha ido disminuyendo. Pues no ha ocurrido así. Antes al contrario, el desempleo ha aumentado, coincidiendo con la institucionalización de aquellas políticas liberales en las agencias y organismos de la UE, lo cual ocurrió precisamente durante el periodo 1980-2000. En realidad, el desempleo tiene poco que ver con el mercado de trabajo y con el nivel de protección social. En la propia UE, los países nórdicos de tradición socialdemócrata tenían mercados de trabajo altamente regulados y con elevada protección social, y así y todo, tenían un desempleo menor incluso que el de EE.UU.

La causa de que la UE-15 tenga mayor desempleo que EE.UU. durante el periodo liberal 1980-2000 no ha sido por lo tanto ni la menor regulación del mercado de trabajo, ni la menor protección social existentes en EE.UU. La causa, ignorada por los economistas liberales, es que el gobierno federal durante la totalidad del periodo 1950-2000 ha sido mucho más keynesiano que el gobierno de la UE-15 durante el periodo 1980-2000. Soy consciente que esta frase entra en conflicto con la visión muy extendida en círculos económicos y políticos europeos (incluyendo los españoles) que asumen que el gobierno federal de EE.UU. es el gobierno liberal por antonomasia, caracterizándose por su escaso desarrollo y escasa intervención en el espacio económico de aquel país. Y como prueba de ello se suele referir al hecho de que el gasto público como porcentaje del PIB de EE.UU. es más bajo que el de la mayoría de países de la UE-15 (36% del PIB comparado con el promedio de la UE-15, 43%, España es sólo un 38%). Pero tal dato es un indicador muy insuficiente del intervencionismo del sector público en aquel país. El gasto público incluye el gasto público social (compuesto por las transferencias públicas y gastos en los servicios públicos del estado del bienestar) y el gasto público no social (en el que hay los servicios y transferencias a las empresas así como el desarrollo de las infraestructuras públicas del país y la administración del estado). El primero se llama gasto social (que incluye la protección social y la educación), y el segundo es lo que se llama en la literatura anglosajona el core, el gasto esencial del Estado, que incluye como elemento fundamental los servicios y transferencias a la economía, es decir, a las entidades y agencias económicas, así como el desarrollo y mantenimiento de la infraestructura federal del país. Pues bien, el primero, el gasto público social, es muy bajo en EE.UU., más bajo que en la mayoría de países de la UE-15, y ello como consecuencia de la debilidad del movimiento obrero y ausencia de un partido laborista o social demócrata que defendiese sus intereses. Tales intereses se reflejan predominantemente a través de las izquierdas en el Partido Demócrata, sin que tal partido, sin embargo, pueda definirse como socialdemócrata.

El estado central o core sin embargo es mucho mayor en EE.UU. que en todos los países de la UE-15. Representan el 7,1% del PIB en EE.UU., comparado con un 6,7% en Suecia y un 5,7% en España. Y dentro de este core, el gasto militar representa casi el 50% de tal gasto público, jugando un papel clave en el desarrollo industrial del país, constituyendo la política industrial más avanzada existente en la OECD. Es más, dentro del gasto público social, un porcentaje elevado es en la investigación médica (que incluye los famosos Institutos Nacionales de Salud del gobierno federal, que son los institutos de investigación sanitaria más importantes de EE.UU. y del mundo) que ha sido un elemento clave para el desarrollo de la industria biotecnológica de aquel país, de las más avanzadas del mundo.

Referirse al estado de EE.UU. como un estado liberal no intervencionista es desconocer la realidad de aquel país. Aquel estado es de los más intervencionistas existentes en la OECD. Y lo ha sido así desde el establecimiento del New Deal por el Presidente Franklin D. Roosevelt. La respuesta a todas las crisis económicas por parte del gobierno federal de EE.UU. ha sido un aumento considerable de este core gasto público. Sólo unos pocos ejemplos. El New Deal invirtió el equivalente al 56% del PIB, la Segunda Guerra Mundial, el 129% del PIB, la crisis financiera del 2008, el32% del PIB, y así un largo etcétera. Tales medidas entre otras, convierten las políticas públicas de aquel estado en profundamente keynesianas. Complementando este incremento del gasto público, existe la política del Banco Central de EE.UU., el Federal Reserve Board, que tiene como objetivo no sólo el control de la inflación, sino también la creación de empleo a partir del estímulo del crecimiento económico. De ahí que la bajada del precio del dinero junto con el crecimiento del gasto público hayan sido las políticas keynesianas tradicionales que el estado de EE.UU. ha seguido desde el establecimiento del New Deal. La propuesta de Obama es aumentar el gasto público (unos 700.000 millones de dólares) en no sólo el core del gasto sino también en el gasto público social (en construcción de escuelas y centros sanitarios y en establecer un sistema electrónico sanitario) junto con la bajada de intereses es típicamente keynesiana y también típicamente estadounidense. Es muy importante y urgente que se cambie esta percepción del estado de EE.UU. como un estado liberal, pues ha sido este propio estado el que ha ido promoviendo a través del Fondo Monetario Internacional y del Banco Mundial durante los últimos treinta años, unas políticas liberales que nunca se han aplicado a su propio país. Tal como reconoció John Williamson, uno de los gurus del consenso liberal de Washington (que cristalizaba la doctrina liberal que Washington promovía a nivel internacional) “EE.UU. no practica en su casa lo que promueve fuera de ella”. No podría haberse dicho mejor.

El consenso de Bruselas ha sido tan negativo como el consenso de Washington.

El problema es que el consenso liberal de Bruselas ha hecho lo que ha dicho, al revés del consenso de Washington. Las políticas liberales en la Unión Europea se han institucionalizado primordialmente a través del Pacto de Estabilidad y a través del Banco Central Europeo. El primero ha significado un obstáculo a las políticas expansivas del gasto público, al no permitir a los estados a endeudarse por encima de un 3% del PIB. Tanto por su cantidad (3% del PIB), como por su nula sensibilidad hacia los diferentes tipos de déficit (agrupando indiscriminadamente el gasto en inversiones con el gasto corriente), el Pacto de Estabilidad es una medida anti-keynesiana, de tipo neoliberal, que ha sido responsable del elevado desempleo en la UE. La otra política liberal ha sido el comportamiento del Banco Central Europeo, que ha mantenido unos intereses excesivamente altos (más altos históricamente que los del Federal Reserve Board estadounidense), consecuencia de priorizar el control de la inflación, a costa de una mayor destrucción de empleo. No es un objetivo prioritario del Banco Central Europeo el crear empleo a partir del estímulo de la economía. Esta política dificulta, cuando no imposibilita, el crecimiento de la demanda, base de las políticas keynesianas. El consenso de Bruselas, que se basa en la aplicación de las políticas neoliberales desarrolladas en las instituciones europeas cuyos pilares son el Pacto de Estabilidad y las políticas monetarias del Banco Central Europeo, son los responsables del enorme desempleo en la UE y el bien documentado deterioro de la situación social de la UE. Esta es la realidad ignorada, cuando no desconocida, por el pensamiento neoliberal que se ha reproducido, no sólo en los círculos conservadores, cristiano demócratas y liberales, sino también socialistas y laboristas europeos.

En realidad, los guardianes de la ortodoxia liberal han sido personas socialistas o propuestas por partidos socialistas. El Sr. Pedro Solbes, que había sido Ministro de Economía del gobierno socialista español (responsable del mayor recorte de gasto público que haya habido en la España democrática durante el periodo 1993-1995, cuando el gasto público social por habitante descendió en términos absolutos pasando de 3.039 euros estandarizados en 1993 a 2.931 euros estandarizados en 1995, mientras que el promedio de la UE-15 pasó de 4.677 a 4.989 durante el mismo periodo) fue el comisario europeo de Asuntos Económicos y Monetarios en la UE-15, máximo guardián de la ortodoxia liberal responsable del cumplimiento del Pacto de Estabilidad. Y le ha sucedido el Sr. Almunia, también socialista que, incluso ahora, en un momento de crisis profunda, insiste en la necesidad de que se respete el Pacto de Estabilidad, permitiendo una mínima flexibilización. Ambos han sido también defensores de las políticas monetarias del Banco Central Europeo. El Sr. Solbes, Ministro de Economía del Gobierno Socialista (después de abandonar la Comisión Europea), ha sido uno de los economistas más resistentes a aumentar el gasto público en España, habiendo declarado en una entrevista a El País que la medida de la cual estaba más orgulloso era precisamente el de no haber aumentado el gasto público, y ello en el país que tiene el gasto público más bajo de la UE-15. E incluso hoy, en medio de una enorme crisis, el Sr. Solbes ha presentado gran resistencia a aumentar el déficit del estado para permitir un mayor crecimiento del gasto público que facilitara un mayor estímulo de la economía. Tal resistencia ha sido responsable de que la respuesta del gobierno Zapatero a la crisis haya sido tan tardía y tan moderada. Compárense los 550.000 millones de dólares del gobierno Obama en inversión pública destinada a crear empleo en nuevas inversiones públicas con los 15.000 millones de euros del gobierno Zapatero para el mismo fin, y ello en un país que tiene una tasa de desempleo de casi el doble que EE.UU. La cifra equivalente para España de lo que Obama propone, serían alrededor de 100.000 millones de euros. En realidad, ningún país europeo ha propuesto tal cifra para crear empleo a través del gasto público. De ahí que es probable que EE.UU. mantenga un desempleo menor que la UE-15, lo cual será explicado, una vez más, por los economistas neoliberales como consecuencia de la mayor desregulación del mercado de trabajo y menor protección social en EE.UU. que en la UE.

Dos últimas observaciones. Una es que no parece haber consciencia entre sectores socialistas europeos (incluyendo los españoles) del grado de institucionalización de las políticas liberales en la UE Es sorprendente que en el programa a las elecciones europeas del Partido Socialista Europeo, no se proponga un cambio en el ordenamiento institucional de la UE en aquellos elementos, como el Pacto de Estabilidad y el Banco Central Europeo, que sostienen el neoliberalismo en la UE. No se puede decir que se está a favor del reforzamiento de la Europa Social –tal como el programa indica- y a la vez dejar sin modificar aquellas instituciones.

Y la segunda observación es que en España hemos tenido unas enormes discusiones sobre la distribución de la tarta nacional entre las CC.AAs. Dirigentes políticos de todas las sensibilidades políticas (incluyendo barones socialistas) han sacado pecho en defensa de su CC.AA., y en cambio ha habido un silencio ensordecedor (también por parte de barones socialistas) sobre el problema mayor que es el hecho de que el tamaño de la tarta sea excesivamente bajo. Y ello como consecuencia, en parte, de la ortodoxia liberal encuadrada en las instituciones de la Unión Europea. ¿Hasta cuando continuará este silencio que rige todavía hoy la UE? Sería también urgente que hubiera más voces dentro del socialismo europeo (incluyendo el español) y del sindicalismo europeo (incluyendo el español), criticas de la orientación neoliberal de las instituciones económicas y monetarias europeas.

Rebelion.org

Vicenç Navarro es Catedrático de Políticas Públicas. Universidad Pompeu Fabra

samedi, 22 novembre 2008

Le monde après l'élection d'Obama selon Niall Ferguson

 

 

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Le monde après l’élection d’Obama, selon l’historien britannique Niall Ferguson


Niall Ferguson, célèbre pour ses thèses sur les origines de la première guerre mondiale, professeur à Harvard, a accordé, début novembre 2008, un long entretien à l’hebdomadaire allemand « Der Spiegel » (n°46/2008), où il énonce ses hypothèses quant à l’avenir immédiat de la planète, après l’élection du premier président des Etats-Unis d’origine africaine.


En voici quelques extraits significatifs :


Q. : La foi en la capacité d’auto-guérison du marché est-elle morte ?


NF : Oui. Mais il a fallu un véritable Armageddon avant que les Républicains ne l’aient compris. Il a fallu une guerre mondiale sans combats, une situation d’urgence. Aujourd’hui, nous réagissons comme lors de la première guerre mondiale : avec des moratoires, avec la mise hors circuit des transactions boursières, avec du nouvel argent. C’est fascinant… (…). Mais nous sommes tous coupables : qui n’a pas, en Grande-Bretagne ou en Amérique, réclamé un crédit pour une maison, évaluée beaucoup trop chère, ou une auto ? …Toutes ces bulles se ressemblent mais, force est de le constater, le monde de la finance est comme immunisé contre les leçons de sa propre histoire.


Q. : Pourquoi ?


NF : La plupart des gestionnaires de haut niveau quittent les systèmes d’enseignement en étant bien trop peu armés pour prendre les décisions qu’il faudrait au moment voulu. Ils apprennent l’économie comme si elle était une discipline mathématique. Ils ne savent rien de ce qui s’est passé auparavant, même au début de leur carrière. Beaucoup de ceux qui travaillent aujourd’hui à Wall Street ne savent même pas ce qui s’est passé en l’an 2000, au moment du « boom » d’internet.


Q. : Le système éduque donc ses gestionnaires à être totalement irresponsables ?


NF : Et à être complètement naïfs. Les années 2001 à 2007, ces gens les ont considérées comme des années parfaites, des années-modèles que rien n’allait pouvoir ébranler ou contrarier. Il est évidemment séduisant de considérer sa propre expérience comme une composante inamovible de la théorie et de l’histoire de la finance.


Q. : Est-ce un hasard si l’effondrement a commencé aux Etats-Unis ?


NF : Il aurait pu commencer n’importe où. Le système était une pyramide reposant sur son sommet, une pyramide de garanties, de nantissements, de dérivés, de gages, de crédits, qui s’appuyait sur une pointe fragile constituée d’hypothèques. Si l’effondrement avait commencé ailleurs, les conséquences n’auraient pas été aussi dramatiques. Mais la pyramide devait se casser la figure : c’était une crise du monde occidental et c’est devenu une crise globale.


(…)


Q. : En Allemagne, on craint que le Président Obama nous réclamera plus de soldats pour l’Afghanistan. Mais, par ailleurs, on espère que sa politique reposera davantage sur le multilatéralisme…


NF : Cette crainte et cet espoir sont tous deux fondés. Obama se concentrera davantage sur l’Afghanistan et tentera, simultanément, de retirer des troupes américaines et d’obtenir, pour les remplacer, des soldats venus de partout (…).


Q. : Quelles pourraient être les conséquences de la crise ?


NF : New York pourrait devenir ce que Venise est devenue.


Q. : Soit le musée de ce que la ville a été ?


NF : Peut-être mais il faudra attendre 100 ou 200 ans. De plus en plus de choses se passeront en Asie ; Londres sera, géographiquement parlant, dans une meilleure position. Et Shanghai prendra une importance cardinale. Ou Hong Kong.


Q. : La vie est tout de même injuste…


NF : L’argent n’a jamais été une chose juste.


Q. : L’Europe n’est-elle pas mieux armée pour les temps de crise ? Plus moderne ?


NF : Sans doute mais l’Europe sera cruellement touchée par la crise. En Grande-Bretagne, en Suisse, en Belgique, en Allemagne, le secteur de la finance fait un pourcentage plus élevé du PIB qu’en Amérique, c’est pourquoi l’ampleur de la crise sera plus importante en Europe. Quant à la Russie, l’Iran et le Venezuela, ils vont être surpris par la chute des prix du pétrole.


Q. : Les Etats-Unis pourraient dès lors sortir vainqueurs de la crise actuelle, dont ils sont eux-mêmes l’origine ?


NF : Absolument. Prononcer des discours funéraires est prématuré. Tout dépendra des réactions chinoises. Par des interventions volontaires et techniques, les Chinois ont veillé à ce que la stabilité des cours de change demeure et ont ainsi protégé le dollar. Parce qu’ils possèdent d’énormes masses de dollars et exportent des produits finis, qui sont facturés en dollars, ils poursuivront cette politique. La Chine et les Etats-Unis sont liés, aussi liés que je le suis moi-même à mon épouse…


Q. : Et la femme…


NF : …dépense ce qu’économise et gagne le mari. C’est un sage équilibre. Cela restera ainsi.


Q. : Qui a-t-il de sage dans cette situation ?


NF : Il en a toujours été ainsi : l’une économie compensait les faiblesses de l’autre, et ce n’est pas une mauvaise chose. Les Etats-Unis ne peuvent pas se permettre de payer pour cette crise tant qu’ils peuvent obtenir de Pékin un argent favorable, qui ne leur revient pas plus cher que 4% d’intérêts. Quant à la Chine, elle a besoin d’exporter vers les Etats-Unis, pour pouvoir poursuivre sa croissance. Nous assistons à l’avènement de la Chinamérique…


Q. : …c’est le nom que vous donnez au tandem économique sino-américain dans votre dernier livre (Niall Ferguson, « The Ascent of Money – A Financial History of the World », Penguin Press, New York, 2008)…


NF : … en effet, et ce n’est pas une chimère, mais un tandem qui fonctionne. Des trois grands (Chine, Russie, Amérique), seuls deux peuvent former une coalition et ni la Chine ni les Etats-Unis n’ont de raisons de préférer la Russie comme partenaire.


Q. : Oui, mais en fin de compte, le déficit américain ne peut pas être considéré comme une bonne chose…


NF : Bah, les choses vont vite retrouver un certain équilibre. Cependant, si les Etats-Unis avaient un budget équilibré, ce serait un choc terrible pour le système global. Personne ne peut sérieusement vouloir un tel ébranlement. Si les Américains commençaient à épargner comme le font les Chinois, nous serions plongés dans une gigantesque dépression !


Q. : C’était l’un des principaux avertissements d’Obama : « Nous empruntons de l’argent aux Chinois et, avec cet argent, nous achetons du pétrole en Arabie Saoudite ». Il disait vouloir mettre fin à ce jeu lors de sa campagne électorale.


NF : Sans doute quelques conseillers en politique étrangère vont-ils bien vite lui expliquer de ne pas toucher aux rapports actuels entre la Chine et les Etats-Unis…


Q. : La phrase qu’il a prononcée contient tout de même un bon fond de vérité…


NF : Exact mais c’est une simplification. Les Américains veulent acheter à bas prix. Et les Chinois produisent à bas prix. Qui voudrait faire basculer un tel système ? Même dans une économie globale, il restera des déséquilibres : le rythme de développement n’est pas le même partout et le système existe pour transférer gains et épargnes d’un lieu à l’autre. Cela me paraît plus sensé que l’autarcie financière des années 50, où il n’y avait pas de transactions internationales.


Q. : Voilà qui paraît incroyable : finalement, vous estimez que tout va bien ?


NF : Non, mais le thème qui me préoccupe n’est pas le déficit américain ou la dépendance des Etats-Unis à l’endroit de la Chine. Simplement, la Chine a quelque peu pris conscience de ses atouts. Les Etats-Unis, eux, ont le caquet un peu rabaissé, mais la Chine est loin d’être un rival des Etats-Unis sur les plans militaire et économique. Mon thème central, c’est la dépendance par rapport au pétrole. C’est une thématique d’ordre technologique et non pas financière.


Q. : Alors, les hommes politiques responsables…


NF : ….emprunteraient de l’argent aux Chinois et l’investiraient dans les technologies propres, génératrices d’énergie éolienne, solaire, etc. ; ce serait là une stratégie rationnelle. Ce fut une folie d’avoir été emprunter de l’argent en Chine pour aller le brûler dans des spéculations immobilières.


Q. : Donc, pour vous, emprunter ne constitue aucun problème ?


NF : Ce ne fut jamais un problème. Les emprunts sont le fondement de l’économie. Le problème ne réside donc pas dans le fait d’emprunter, mais dans celui d’investir. Si vous n’investissez pas et que vous ne faites que consommer, alors vous vous ruinez.


Q. : Les relations euro-américaines vont-elles changer ?


NF : Oui, mais d’une façon autre que l’imaginent bon nombre d’Européens. Les Démocrates et les Républicains, sur le plan de la politique extérieure, ne se distinguent pas vraiment les uns des autres et, en cette matière, il existe une continuité bien réelle, qu’on n’imagine pas immédiatement. Obama sera-t-il le contraire diamétral de Bush ? Non. Car les intérêts nationaux des Etats-Unis resteront les mêmes.


(…)


Q. : Sur le plan économique, que pourra réellement faire le nouveau président des Etats-Unis ?


NF : Obama a répondu à un sentiment général qui veut le changement mais un changement qui n’en pas un véritablement, seul, ici, le sentiment du changement a révélé toute son importance. Cette crise est une crise de confiance et de conscience : les Américains ont le sentiment qu’il leur faut un président qui apporte de l’innovation.


Q. : Bon. Mais que peut faire Obama ?


NF : Il pourra prononcer un magnifique discours d’intronisation.


Q. : Et c’est tout ?


NF : Prononcer d’autres formidables discours.


Q. : Et rien de plus ?


NF : Non. Parce que de tous les présidents américains, il est celui qui, de mémoire d’homme, a la marge de manœuvre la plus réduite. Obama composera un gouvernement au-dessus des partis et nous allons bientôt vivre les premiers 100 jours les plus prudents qui aient jamais été, un peu comme au début de la carrière de Bill Clinton. Obama sera prudent jusqu’à devenir ennuyeux. Et c’est en cela que résidera sa grande force.


Q. : Et alors ? Où se trouve le problème ?


NF : Chez Hank Paulson.


Q. : Et ce ministre des finances de l’équipe Bush jr., qu’a-t-il à voir avec Obama ?


NF : Vu le grand plan « Bailout » qu’il a mis en oeuvre, Paulson a déjà dépensé tout l’argent qu’Obama entendait utiliser pour sa réforme du système de santé et pour son projet de diminuer les impôts. L’argent est parti, envolé !


(propos recueillis par le journaliste Klaus Brinkbäumer, adaptation française : Robert Steuckers).


 

mercredi, 19 novembre 2008

Ricardo Petrella contre la "théologie universelle capitaliste"

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Riccardo Petrella contre la “Théologie Universelle capitaliste”

 

 

Synergies Européennes - Ecole des cadres - Wallonie / Liège/Namur - novembre 2008

 

Riccardo Petrella est un économiste et un politologue qui a enseigné à l’UCL (“Université Catholique de Louvain”). Il s’inscrit à l’évidence dans une tradition qui fusionne l’humanisme (au sens plutôt chrétien du terme), le personnalisme (vocable qui n’est plus guère usité) et le solidarisme (autre tradition que l’on dissimule aujourd’hui derrière d’autres vocables). Mais cette tradition, il la met au goûtdu jour et ainsi l’édulcore et l’anesthésie, processus de reniement qui affecte les mouvances politiques chrétiennes et démocrates-chrétiennes en Belgique depuis de longues décennies déjà.

 

Dans son dernier ouvrage, Petrella plaide, comme l’indique clairement le titre, pour l’avènement d’une “nouvelle narration”, d’un nouveau récit mobilisateur d’énergies citoyennes, appelé à se substituer à la narration néo-libérale, qui a le vent en poupe depuis le début des années 80 du 20ème siècle. Le terme “narration” nous rappelle ici une partie très substantielle de l’oeuvre de Jean-François Lyotard, qui, il y a déjà quelques décennies, avait annoncé la fin des “grands récits” idéologiques de la modernité et l’avènement d’une “postmodernité”, où ces grands récits n’éveilleraient plus aucune passion et passeraient enfin pour ce qu’ils sont, dans le fond: des bricolages intellectuels inconsistants. De fait, sous les coups de la dissidence soviétique, et d’Alexandre Soljénitsyne en particulier, l’encadrement idéologique et politique le plus résolument “moderniste” et “progressiste” en ses théories, qu’était le communisme à la soviétique, en dépit du “technological gap” pourtant patent qui l’affaiblissait et l’handicapait, s’est effrité avant de voler en poussière avec la perestroïka et la glasnost promises par Gorbatchev au moment de son accession au pouvoir.

 

Mais cette “modernité” à l’enseigne du marxisme et du communisme, tous deux dérivés d’une matrice linéaire hégélienne, ne cèdera pas sa place à l’émitettement et aux petits récits furtifs dont rêvaient les postmodernistes les plus audacieux, auxquels Lyotard n’a pas vraiment emboîté le pas. Une “narration”, et non pas des myriades de narrations, va remplacer le récit “hégélo-marxiste”; une narration aussi lourde, sinon plus lourde, parce que moins “froide” (Papaioannou) et plus “colorée” en apparence, va oblitérer la pensée sociale, économique et politique de l’Occident atlantiste et “américano-centré” d’abord, avant de passer rapidement aux pays d’Europe centrale et orientale et dans de vastes sphères de la société russe elle-même, à peine débarrassée du communisme. Petrella nomme cette “nouvelle narration” dominante la “narration de la Théologie universelle capitaliste”.

 

Indubitablement, cette nouvelle narration dominante partage, avec la narration progressiste hégélo-marxiste, avec la modernité libérale issue de la révolution française, avec les thèses de von Laue et de Fukuyama aux Etats-Unis, un même messianisme laïque et intransigeant, prêt à recourir aux pratiques de l’extermination pour faire triompher ses lubies. Cette “Théologie” repose 1) sur une foi dans la technologie qui, pense-t-elle, résoudra tous les problèmes de l’humanité, y compris les problèmes les plus ontologiques de l’être humain en tant qu’être vivant; 2) sur une confiance aveugle dans les “vertus” du capitalisme qui, avec l’appareillage technologique permettant vitesse et abolition de la durée, permettra très vite d’agir sur le temps et sur l’espace, de les modifier, de les abolir comme les contraintes premières imposées de facto à toute action humaine (c’est-à-dire à toute action de la technocratie, de l’usure et du capitalisme); 3) sur la conviction qu’il n’y a pas d’alternative à ce système, que toutes les alternatives qui ont tenté, avec les nationalismes, fascismes, populismes ou communismes, de freiner cette expansion frénétique, ont échoué. Tous ceux qui tenteraient de nouvelles expériences ne feraient que reproduire une facette ou une autre, sinon l’ensemble, des exigences des idéologies anciennes, jugées aujourd’hui condamnables en bloc.

 

Pour Petrella, les tenants de cette “narration”, de cette “théologie universelle capitaliste” avancent principalement la théorie de la complexité croissante des systèmes et la théorie du chaos. La complexité est devenue telle, prétendent-ils, qu’aucune intervention humaine (politique) volontariste ne pourrait en venir à bout. Le volontarisme politique est donc d’emblée posé comme inutile voire comme criminel, avant même qu’il n’y ait faits. D’emblée, le soupçon de réanimer le fascisme ou le paléo-communisme pèse sur le militant syndical, ouvrier ou politique, qui entend lutter contre le système ou une fraction de celui-ci. La théorie du chaos, elle, justifie les flux désordonnés qui bouleversent chaque jour les agencements d’hier, considérés déjà comme obsolètes avant même de s’être complètement déployés et ancrés dans le réel social. Au beau milieu d’un tel “mouvement brownien” de compositions éphémères et de décompositions permanentes, la notion de “hard law”, de loi écrite, de constitution stable, de durée juridique, cède le pas à la notion de “soft law”, de “régulation légère”, “ad hoc”, “locale” (non pas dans le sens où cette dimension “locale” s’inscrirait dans une longue durée particulière mais ne serait que pur expédient sans valeur à plus grande échelle, et, a fortiori, sans aucune valeur universelle). Cette distinction qu’opère Petrella entre “hard law” et “soft law” est cardinale, très importante à assimiler et à vulgariser pour tous les constataires de la “Théologie universelle capitaliste”.

 

Ne redécouvre-t-on pas, ici, dans ces arguments de Petrella, ceux-là mêmes que Carl Schmitt annonçait dans son “Glossarium”: fluidité totale, comparable à l’eau des océans sur lesquels règnent les thalassocraties? Le “soft law” des expédients temporaires, sans durée, n’est-elle pas cette pratique juridique qui devient forcément inéluctable si l’hegemon planétaire est thalassocratique? La prédominance du “soft law” n’avait-elle pas été annoncée dans ce “Glossarium” de Schmitt, qui disait qu’à l’avenir, sous la domination des Etats-Unis, nous n’allions plus écrire que des “log books”, des livres de bord narrant les aléas fortuits et éphémères de la course maritime, de la mobilité incessante du navire sur les flots, sans appui tellurique? Petrella écrit: “Le temps, l’espace sont atomisés, virtualisés, éclatés, réduits aux seules variables de coût et de profits” (p. 14). Vocabulaire différent de Schmitt mais même esprit. Ici, nous sommes sur la même longueur d’onde que Petrella. 

 

A la “théologie universelle capitaliste”, Petrella entend opposer une “autre narration”, une “narration différente”, dont les pilers seraient: 1) le principe de la vie; 2) le principe d’humanité; 3) le principe de vivre ensemble; 4) le principe des “biens communs”; 5) le principe de démocratie; 6) le principe de responsabilité, reposant sur les principes de précaution, de réversibilité et de prévention; 7) le principe de l’utopie.

 

A ces sept principes, énoncés à l’évidence pour plaire à un spectre politicien alliant, en Belgique romane, la frange la plus dynamique du parti “écolo” (avec Javaux et Nollet), de la frange si possible la moins délirante du CdH de Joëlle Milquet et de socialistes non véreux revenus dégoûtés de la géhenne des scandales répétés, causés par leurs mandataires carolorégiens et autres. Pour battre le rappel de cette hypothétique phalange de brics et de brocs, Petrella est contraint d’adopter les tics langagiers les plus usuels de cet aréopage politicien qui, esprit du temps oblige, a été frotté à satiété à toutes les mièvreries plus ou moins politisées du discours diffus de mai 68, du festivisme dénoncé en France par le regretté Philippe Muray, plutôt, on s’en doute bien, un soixante-huitardisme dans sa version “para-hippy” que dans sa version “katangaise”.

 

Les sept points de Petrella souffrent de cette terrible tare contemporaine qu’est ce soixante-huitardisme festiviste. Reprenons-les mais traduisons-les, quand c’est possible, en un langage réaliste, mixte de conservatisme révolutionnaire, de sorélisme, de schmittisme, d’aristotélisme et de personnalisme (façon “Citadelle” d’Antoine de Saint-Exupéry).

 

1.

Le principe de “Vie” est cardinal, nous en convenons, et Petrella a raison, mille fois raison, de le mettre en tête de liste car il nous ramène, bien entendu, à l’oeuvre de Hans Jonas, disciple de Martin Heidegger. La Vie, pour Jonas, est cette donnée totale, incommensurable, sur laquelle nous ne pouvons pas agir de manière blessante et intrusive, mécanique et métallique, au risque de susciter des irréversibilités dangereuses pour l’avenir du genre humain, des races humaines. Ces irréversibilités proviennent majoritairement des entorses technomorphes (cf. Hans Albert, Ernst Topitsch) perpétrées contre le facteur temps/durée, enfoui dans la biologie même des êtres vivants, végétaux, animaux et humains, dans leurs codes génétiques, dans leur ADN. Vouloir dévorer des énergies fossiles qui ont mis des millions voire des milliards d’années à se constituer risque de laisser une humanité trop nombreuse sans ressources déjà à moyen terme. De même, vouloir aligner l’ensemble de la population mondiale sur les rythmes “en temps réel” des sociétés industrielles et post-industrielles avancées  —ce qui est désormais possible avec les technologies nouvelles—  va soumettre toute cette population, les faibles en tête mais pas seulement les faibles, à un stress perpétuel (cf. les travaux de Nicole Aubert en France) pour le seul bénéfice du profit économique qui ne connaît d’autres logiques qu’amplifiantes, dévorantes et accélérantes. Au stress professionnel vont s’ajouter des loisirs électroniques divers, dévorateurs de temps de repos et de sommeil dès le plus jeune âge: le fragile équilibre ontologique de l’homme, être et de nature et de culture (A. Gehlen, K. Lorenz), prendra un coup mortel, dont on perçoit déjà les premiers effets. Mais dans le petit univers politicien étriqué et somme toute fort médiocre, auquel Petrella cherche à s’adresser, quels cris d’orfraie n’entend-on pas dès que l’on ose parler de “biopolitique” (c’est-à-dire d’une politique qui tienne compte des structures basiques de l’ontologie humaine)? Petrella a certes raison d’évoquer en tête de sa liste ce principe jonassien de “Vie”, mais il s’avance sur un terrain miné par l’idéologie dominante, celle d’hier comme celle d’aujourd’hui, qui considèrent toutes deux que les ressorts ontologiques de l’être humain sont autant de freins à la logique de la production et/ou du profit.

 

2.

Le principe d’humanité est le deuxième principe avancé par Petrella. Le grand mot est lâché, sans doute pour faire titiller positivement les oreilles de nos concitoyens égarés dans le troupeau hétéroclite du CdH. En effet, Petrella retombe ici dans les mêmes travers que la “théologie universelle capitaliste” que son livre dénonce. Celle-ci raisonne également en terme d’ “humanité”. Il est possible qu’un jour, dans quelques milliers de siècles lointains, l’humanité formera un tout homogène, complètement fusionné, à condition, bien sûr, qu’il y aura simultanément harmonisation et homogénéisation des climats et des données géologiques sur la planète: que les Groenlandais pourront cultiver des bananes sur leurs pergélisols d’antan et que les Congolais pourront skier pendant leurs nouveaux hivers équatoriaux sur les pentes du Kasaï. Il n’y a pas d’humanité, et il n’y en a jamais eu, disait déjà Joseph de Maistre, tout simplement parce que la Terre est composée de zones climatiques et géologiques si différentes les unes des autres que les hommes, qui y sont confrontés, donnent à chaque fois des réponses différentes, générant modes de vie et traditions différentes (notre option différentialiste). De ces réponses différentes naissent, par ethnogénèse, les peuples et les cultures, tantôt au départ d’éléments homogènes tantôt au départ d’éléments hétérogènes (cf. les travaux d’Arnold Toynbee et de Felipe Fernandez-Armesto). L’heure viendra sans nul doute pour l’humanité, telle que l’entend Petrella, mais il faudra encore attendre quelques milliards d’années, voire davantage, des milliards d’années de bouleversements climatiques et géologiques, à moins que le soleil ne vienne bientôt à Davos, en costume trois pièces, pour signer un contrat avec la Trilatérale ou le Groupe Bilderberg, promettant, sous peine de devoir payer force astreintes, de darder ses rayons de manière égale sur tous les points du globe et pour recueillir, dans la foulée, les applaudissements des altermondialistes. En attendant, pour arracher nos concitoyens aux griffes des tenants de la “théologie universelle capitaliste”, nous devons agir “hic et nunc”, dans les limites de notre temps et de notre espace, parce qu’il n’y a pas moyen de faire autrement.

 

3.

Le principe du “vivre ensemble”, soit du “Mit-Sein” heideggerien, repose, pour Petrella, sur l’axiome que l’être humain est un “être social”. Vérité incontournable. Incontestable. Qui entend effectivement ruiner la méthodologie individualiste de Hayek et des néo-libéraux, figures emblématiques et fondatrices de cette “théologie universelle capitaliste”, dénoncée par Petrella. C’est clair: Petrella veut renouer, à juste titre, avec la notion aristotélicienne de “zoon politikon”. Nous sommes, une fois de plus ici, sur la même longueur d’onde que lui. Or ce troisième principe est pourtant en totale contradiction avec le deuxième principe d’humanité: Petrella aurait-il oublié que la “Polis”, qu’il définit pourtant très clairement (p. 16), est l’organisation de la Cité, toujours limitée par définition dans l’espace, et même si cet espace, comme jadis l’ager romanus est appelé à s’étendre, il ne pourra jamais s’étendre à toute la  Terre. En évoquant la “communauté mondiale” dans l’exposé de ce troisième principe, il semble toutefois conscient, et un peu gêné, de sa propre contradiction, posée pour tenter de donner un programme à un aréopage de politiciens incapables de parfaire quoi que ce soit.

 

4.

Le principe de “bien commun” est lié à celui de la communauté, organisée et de ce fait limitée dans le temps et dans l’espace, puisqu’il n’existe (pas encore?) de communauté planétaire où le député aïnou siègerait chaque jour, immédiatement dès qu’un problème surgirait, à côté de ses collègues de Patagonie, d’Ukraine subcarpathique, du département de la Lozère, du Shaba, de Cyrénaïque, etc pour régler le problème du travail saisonnier des cueilleurs de cerises en Hesbaye. Petrella parle de “biens communs” à l’humanité, telles l’énergie ou la santé; il existe déjà des organisations transétatiques qui s’occupent de ces problèmes globaux comme l’OMS, Helios, etc.; l’Union postale internationale s’occupe de la diffusion du courrier; ces organisations sont ponctuelles, ont des objectifs bien circonscrits mais non politiques et n’ont pas vocation à s’occuper de tout et de rien, uniquement pour le plaisir purement cérébral et abstrait de se gober d’internationalisme. Il suffit dès lors de militer pour doter toutes les organisations internationales relevant du secteur non marchand d’armes juridiques de nature “hard law” pour lutter contre l’envahissement du “soft law” des sphères économiques et usurières qui visent, bien sûr, l’indécision, l’imprécision, les manoeuvres dilatoires pour empêcher tout ancrage du droit dans la durée.

 

5.

Le principe de “démocratie”, chez Petrella, participe du même flou que celui d’humanité. Quelques remarques nous viennent immédiatement à l’esprit: c’est au nom de la démocratie, où plutôt d’un démocratisme militant à la Eleanor Roosevelt qui est évidemment caricature mutilante de toute véritable démocratie, que la “théologie universelle capitaliste” s’est imposée à la Terre entière, depuis le lancement médiatique du néo-libéralisme par Margret Thatcher d’abord, par Ronald Reagan ensuite. Cette théologie est théologie parce qu’elle dérive du puritanisme anglo-saxon des 17ème et 18ème siècles: le succès économique, dans cette variante extrême du protestantisme, est un indice d’élection divine, même s’il s’est opéré aux dépens d’acteurs plus faibles ou simplement locaux sur le marché (cf. les travaux de Max Weber, Werner Sombart, Ralph Barton Perry et Christopher Hill). Par un processus de laïcisation, propre au 18ème siècle, ce corpus, d’abord religieux et sectaire, agressif et intolérant, prend toutes les allures d’un discours posé et mondain, pour se muer en un libéralisme constitutionaliste à l’américaine, notamment dans la période de la Guerre d’Indépendance, entre 1776 et 1781. A Bruxelles, à l’époque, un observateur avisé de l’engouement américaniste des années 80 du 18ème, le chanoine François-Xavier de Feller, directeur du “Journal historique et littéraire”, a eu les mots justes: “les très insipides rêves américains”; la démocratie est une belle idée et une belle pratique mais si et seulement si elle assure une véritable représentation. La nécessité d’une véritable représentation implique, bien entendu, de réunir dans les assemblées des personnes représentatives des forces motrices réelles d’une société: le suffrage universel est une bonne chose mais le suffrage universel pur et simple, force est de le constater, conduit à un déficit de représentation réelle. La constitution du Brabant, avant le cataclysme de la révolution française et de l’invasion jacobine, faisait siéger les abbés des grandes abbayes, représentant savoir et tradition, les nobles en nombre limité (à condition qu’ils représentent réellement quelque chose et deux quartiers suffisaient!) et le tiers-état solidement représenté, chez nous, par les métiers des villes: tous ces représentants représentaient réellement le tissu social et économique du Brabant de l’époque.

 

Aujourd’hui, il apparaît clair que les qualités de “pur” et de “simple” du suffrage universel doivent être  corrigées par le retour à un vote capacitaire (dont il s’agit de définir les limites), à un vote du père pour chacun de ses fils mineurs et de la mère pour chacune de ses filles mineures (sur le lieu où s’exerce le droit de garde en cas de divorce; le parent détenant le droit de garde votant pour ses enfants, indépendemment de leur sexe), à l’exclusion de tout vote censitaire (celui qui scandalisait à juste titre et avait amené les vrais socialistes de l’époque héroïque à réclamer le suffrage universel). A ce  suffrage universel capacitaire et parental, pour assurer la représentation populaire totale (enfants et talents compris), doit s’ajouter, au Sénat, la représentation directe des grands ordres professionnels du pays (médecine, pharmacie, architecture, etc.), comme De Gaulle l’avait d’ailleurs suggéré à la fin de sa carrière politique. Il faut aussi bien comprendre que certains délits ou crimes devront exclure du droit de vote, définitivement ou pour un temps limité, de même que toute collusion active ou simplement familiale, avec les secteurs mafieux qui prolifèrent et s’épanouissent justement depuis l’avènement de la “théologie universelle capitaliste” (cf. Jean-François Gayraud, “Le monde des mafias – Géopolitique du crime organisé”, Paris, Odile Jacob, 2005). On pourrait même faire un pas de plus et limiter le droit de vote pour tous ceux qui travaillent au sein des grandes sociétés marchandes, du secteur bancaire et autres secteurs tertiaires de nature parasitaire et dont les factures peuvent être qualifiées de “léonines” et de “captatrices de rentes”, afin d’obtenir, in fine, une représentation exclusive des secteurs actifs et créatifs, tablant sur la valeur personnelle du cadre ou du travailleur, seule garante d’un humanisme exemplaire pour tous les peuples composant l’humanité. Faute d’une redéfinition fondamentale, le principe de démocratie, sous le talon d’acier de la théologie universelle capitaliste (ThUC), reste creux. Et pire, a servi, et sert toujours, les tenants de la ThUC à asseoir leurs pouvoirs. La démocratie s’est hélas muée en partitocratie, en une polyarchie arbitraire, rétive à tout changement, incapable de décisions fortes et ouvertes à toutes les manoeuvres corruptrices (cf. l’oeuvre d’Ostrogovski et l’étude de Robert Steuckers sur les ressorts de la partitocratie: http://be.altermedia.info/culture/des-effets-pervers-de-la-partitocratie_6714.html; pour la Belgique actuelle, cf. les travaux du Sénateur Destexhe et du Prof. Eraly).

 

6.

Le principe de responsabilité, selon Petrella, nous ramène une fois de plus à Hans Jonas, dont, manifestement, il s’inspire. Que le lecteur se réfère à l’étude de Robert Steuckers: www.e-litterature.net/publier/spip/article4.php3?cel=&repert=litterature&titre=steucker2&num=414&id_auteur.... Petrella et nous sommes ici sur la même longueur d’onde.

 

7.

Le principe de l’utopie, chez Petrella, est, à notre sens, une concession parfaitement inutile aux résidus de la mentalité “hippy”, au “festivisme” (selon Muray), que l’on retrouve chez les quinquagénaires infantilisés des partis auxquels il souhaite apporter une batterie de principes programmatiques. L’utopie, au sens premier que lui conférait Thomas More, était effectivement un modèle de Cité idéale, destiné à inspirer ceux qui, au début du 16ème siècle, entendaient sortir de l’imbroglio apporté par la fin du moyen âge, par la mutation d’échelle qui s’était opérée avec la découverte de l’Amérique, par la redécouverte du patrimoine antique, par la menace ottomane, par les mutations dans le domaine militaire, et, plus particulièrement en Angleterre, par les effets de la Guerre des Deux Roses et des révoltes paysannes de Wat Tyler. Aujourd’hui, la veine utopique, lancée par More, est épuisée: les Cités du Soleil que les uns ou les autres avaient promises ont débouché sur l’enfer, les guerres civiles, les éradications, donnant naissance à la veine “dystopique”, intellectuellement bien plus féconde, de Zamiatine à Orwell, de Huxley à Cioran et à Zinoviev, pour ne pas citer un ouvrage récent, émanation plus actuelle de cette veine: “Globalia” de Jean-Christophe Rufin. Cette fécondité de la veine dystopique nous interdit de revenir à l’utopie, du moins dans le sens où l’entend Petrella.

 

Des sept principes de Petrella, nous en retenons donc quatre: la Vie, le vivre ensemble (“Mit-Sein”), le(s) bien(s) commun(s), la responsabilité; nous remplacerions le principe de démocratie par celui de représentation; et nous abandonnerions volontiers aux stratèges de cafés de commerce les “principes” d’humanité et d’utopie.

 

Le livre de Petrella recèle quelques autres points appelés à devenir programmatiques, y compris pour nous-mêmes: 1) soustraire l’enseignement et l’éducation aux logiques du capital; 2) soustraire l’Etat à l’emprise des marchands; 3) opérer le désarmement financier de l’économie actuelle. Les autres propositions de Petrella s’inscrivent trop dans le discours irréaliste des gauches molles et d’une certaine tradition de socialisme utopique, déjà dénoncé par Marx et Engels. Nous avons là un prêchi-prêcha pour naïfs démocrates-chrétiens, pour hippies recyclés dans la mouvance écologiste ou pour militants altermondialistes des “beaux quartiers” (notre petit clin d’oeil à Aragon...), imaginant révolutionner la planète en ratiocinant sur la notion de réseau, chère à Hardt et Negri. Ces cénacles servent la narration dominante, donnent l’illusion de la démocratie et de la contestation mais n’ont aucun effet concret, vu qu’ils éludent l’impérieuse nécessité d’une armée populaire et citoyenne (l’exemple suisse chez Machiavel), d’un esprit de défense, d’un raisonnement géopolitique bien étayé, d’une mémoire historique profonde, d’une autarcie alimentaire aussi vaste que possible, d’une industrie autonome, etc., tous instruments chargés d’assurer la liberté du citoyen, du “zoon politkon” au sein de sa “Polis”. Ce refus des réalités et impératifs politiques classiques rapproche Petrella d’un Alain de Benoist, Pape démonétisé de la “nouvelle droite”, qui radote, lui aussi, et à qui mieux mieux, sur la formidable parousie qui adviendra grâce, pense-t-il, aux réseaux à la Hardt-Negri, innervés par la pensée culpabilisante (pour l’Europe seule évidemment) de son nouveau grand immense copain, le fièvreux pamphlétaire suisse Jean Ziegler, qui faisait matraquer, il y a une trentaine d’années, les amis d’antan de de Benoist, histoire de démontrer sa tolérance. Le monde crève du néo-libéralisme et les divas d’une intelligentsia faisandée copinent en dépit des gueguerres passées et se roucoulent aux oreilles une belle phraséologie jargonnante et irréaliste. Triste involution! Pénible mélasse de concepts ramollis et boiteux!

 

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Nous retenons donc de Petrella les trois points “programmatisables”, énoncées ci-dessus:

 

1.

Soustraire l’enseignement et l’éducation aux logiques du capital.

L’enseignement et l’éducation participent d’une logique de la transmission, logique lente, logique de la décantation graduelle d’un savoir pratique, mythique et symbolique dans le cerveau des générations  nouvelles. Le capitalisme, et à fortiori sa variante turbo-capitaliste, participe d’une logique frénétique, accumulatrice de profits qui considère toute pondération pragmatique, tout résidu mythique ou symbolique comme des freins ou des obstacles à son déploiement incessant et ubiquitaire. Cette frénésie ne peut générer aucune pédagogie, au contraire, elle les ruine toutes, les traditionnelles comme les expérimentales. Il faut donc revenir à un enseignement classique, d’où serait banni toute logique économiciste et où les élèves et étudiants recevraient pour consigne de mépriser le marchand, le banquier, l’usurier, comme le préconisait le poète Ezra Pound. L’enseignement sert à donner aux sociétés des médecins, des horticulteurs, des juristes, des artistes, des agronomes, des historiens, des linguistes, des théologiens, des philosophes, des artisans, de bons ouvriers, des bouchers, des architectes, des boulangers, des soldats, tous dépositaires de savoirs ou d’arts immuables, qui ne peuvent en aucun cas subir l’assaut permanent de la fébrilité dissolvante du profit, sous peine de plonger la société dans les affres d’artifices sans racines, donc sans la possibilité de se ressourcer. Petrella plaide pour une réhabilitation de l’université traditionnelle et pour arrêter définitivement les déviances perverses, observables dès les débuts de l’ère néo-libérale, qui veulent aligner les universités sur les logiques d’entreprise, alors que les deux univers sont diamètralement différents: l’entreprise a le droit de se développer, de déployer ses  dynamismes à la condition expresse que la société dans son ensemble en tire profit et que les logiques et rythmes de l’entreprise ne débordent pas dans les domaines les plus nécessaires dont les rythmes sont forcément lents et où le sens du recul est une vertu cardinale. L’université classique est une institution à rythme lent et doit le rester. En effet, comment peut-on prendre acte du patrimoine des peuples, s’immerger dans les langues d’autrui, traduire avec toute la précision voulue les oeuvres d’une culture autre dans tous les domaines, même ceux apparemment les plus éloignés de la pure philologie? Peut-on pratiquer une médecine (non industrialisée) sans connaissances précises sur l’histoire de la médecine, en Europe et ailleurs? Peut-on maintenir une langue correcte, claire, dans une ambiance de fébrilité permanente? Ne constate-t-on pas que l’effondrement de la maîtrise de la langue maternelle, partout dans le monde, est surtout perceptible depuis l’envahissement de l’université par les logiques de l’économie, de la finance et du commerce? Qui a eu pour corollaire la quasi disparition du latin et du grec, au profit de savoirs éphémères, limités et soi-disant pratiques, qui ne laissent aucune empreinte durable sur les individus, ce qui les livre irrémédiablement aux séductions toujours changeantes du “présentisme” médiatique contemporain.

 

2.

Soustraire l’Etat à l’emprise des marchands.

L’Etat, ou ce qui en tient lieu avant l’acception moderne du terme, soit les “res publicae” romaines, a pour première mission de garantir les continuités, les legs, traditions et autres héritages, d’assurer l’avenir en gérant ressources naturelles et revenus divers avec parcimonie, équlibre et sens de l’avenir. L’Etat viable repose tout à la fois sur des logiques lentes, comme l’enseignement et l’éducation, et sur la  capacité à réagir avec promptitude et fulgurance, si les legs, qu’il est censé gérer et protéger, sont menacés mortellement par un ennemi absolu. La caste marchande, elle, veut réduire en miettes ces héritages, briser les continuités balisantes, maximiser les profits et dès lors induire une frénésie incessante qui dissout tout, non seulement l’Etat et l’essence du politique mais aussi les ressorts ontologiques de l’homme, l’être social comme l’individu. Les armées de psychothérapeutes et les tonnes de calmants vendus en pharmacie n’enrayeront pas le processus. La vie humaine organisée et policée, soit la vie politique du “zoon politikon”, est impossible sur le long terme si le matériel humain est atteint en son ontologie profonde (cf.: les avertissements, au seuil des années 70, du Prix Nobel Konrad Lorenz, relayé par ses disciples Irenäus Eibl-Eibesfeldt, Rupert Riedl et Franz Wuketits).

 

3.

Opérer le désarmement financier de l’économie actuelle.

Bon programme! Mais par quels moyens le mettre en oeuvre? Par des discours plaintifs et morigénants dans les assemblées fédérales, régionales, subrégionales, communales, etc.? Petrella semble oublier la double leçon de Soljénitsyne et Zinoviev: “Si le communisme disait ‘Ta gueule et au trou!’, l’occidentisme, lui, nous dit: ‘Cause toujours, tu m’intéresses!’”. Le communisme, société du spectacle tapageur, avait des méthodes rudimentaires, brutales. Le capitalisme occidentiste, société du spectacle diffus, a les moyens de se payer une opposition marginalisée, de se fabriquer éventuellement quelques terroristes à la Baader-Meinhoff pour renforcer le consensus et de noyer toute pensée pertinente et critique dans un flot de variétés, de faits divers et de fausses informations. Alors quoi? Revenir à la formule mussolinienne: escouades de combat, levées dans les rangs du peuple excédé et armées de flacons d’huile de ricin? Dont les effets seraient ponctués par quelques solides raclées administrées avec un manganello de rude caoutchouc ou avec une canne de Camelot du Roy? Le régime a trouvé de quoi parer à ce genre de débordements populaires et estudiantins. Il faut se rendre à l’évidence: ou bien nous attendons que la bulle pète, que le système croule, ou bien, par une mystérieuse opération du Saint Esprit, nous prenons, tous autant que nous sommes, conscience, comme Saint Paul sur le chemin de Damas, que nous avons fait fausse route et que les structures nées d’un capitalisme dévoyé sont intrinsèquement perverses et que ceux qui les font fonctionner sont des malfaiteurs, captateurs de rentes et spoliateurs du peuple: plus de droit de vote à quiconque a été employé, fût-ce comme subalterne d’entre les subalternes, par une agence bancaire ou assimilable, confiscation de leur patrimoine immobilier (les banques n’ont pas à faire dans l’immobilier), réduction de leurs salaires et pensions de 25 à 33% au profit des secteurs non marchands de la société, appelés à réparer les dégâts du turbo-capitalisme frénétique. Tel serait le désarmement réel d’une caste parasitaire à laquelle il n’aurait jamais fallu laissé la bride sur le cou. Et les gauches régimistes, démissionnaires, félones, qui n’ont pas organisé la résistance, de peur de paraître “ringardes” face aux prophètes tonitruants des “reaganomics” et du néo-libéralisme?  Petrella doit-il vraiment tenter de leur apporter des arguments, un programme clé sur porte et un “nouveau récit” en prime? Ce serait tourner en rond. Le boa de “Tintin au Congo” qui se bouffe lui-même en avalant d’abord sa propre queue.

 

Conclusions et pistes nouvelles

 

“Notre société est malade du temps”, explique dans ses ouvrages la sociologue et psychologue française Nicole Aubert (in: “Le culte de l’urgence – La société malade du temps”,  Flammarion, 2003). Le temps, dont aucun homme n’est maître, est la “denrée” que la modernité a voulu conquérir, soumettre, dévorer. La finalité est d’envahir les longues durées constructives, d’éradiquer en chaque individu les périodes de recul, de réflexion, de travail lent, de créativité propre à long terme, au profit de l’instant, du “temps réel” des ordinateurs, des portables et d’internet, du bénéfice ou de la satisfaction immédiats. Les dégâts anthropologiques sont patents comme l’attestent les fébrilités pathologiques contemporaines (compulsivité généralisée, fièvre des achats, frénésie du travail des “workaholics”, cyberdépendance, acharnement à faire du sport au-delà  du raisonnable, passion du jeu et de la spéculation boursière, sexualités compulsives et toujours insatisfaites). Les dépressions se multiplient, la consommation de calmants augmente, comme si les patients cherchaient à nouveau à ralentir le temps, mais deux domaines, signale Nicole Aubert, souffrent particulièrement de cette compulsivité généralisée et de son corollaire de dépressions: a) la famille, qui éclate, se morcelle, se recompose vaille que vaille, ne remplit en tout cas plus son rôle de pôle équilibrant, où l’enfant peut construire sa personnalité en toute quiétude; b) la quête spirituelle, l’anamnèse nécessaire à l’équilibre de l’homme à tous les moments de sa vie (“A la recherche du temps perdu” de Proust), est brocardée comme passéiste ou “ringarde” voire “fascistoïde” parce qu’identitaire, donc fondatrice et “consolidatrice” de la personne (voir aussi “L’Homme pressé” et “Bouddha vivant” de Paul Morand et “Scènes de la vie future” de Georges Duhamel).

 

Nicole Aubert plaide, avec le Prof. Christophe Roux-Dufort (réf. supra), pour un retour au temps cyclique, mieux adapté à l’homme, à ses structures ontologiques profondes. Et c’est là que nous retombons sur la notion de “récit”, issue de la philosophie de Jean-François Lyotard: faut-il remplacer le récit occidental linéaire dans sa version libérale-capitaliste par un récit tout aussi occidental et linéaire qui serait humaniste-utopique (et “rousseauiste” au mauvais sens du terme), alors qu’en général, libéralisme, capitalisme, (faux) humanisme et utopisme ont toujours fait bon ménage et procèdent finalement de la même matrice eudémoniste du 18ème siècle? (cf. “The Enlightement” de Peter Gay, la précieuse anthologie “Interpretazioni dell’illuminismo” d’Antonio Santucci et l’incontournable “Die Aufklärung” de Panayotis Kondylis).

 

Ce n’est pas un nouveau grand récit, mais de petits récits non universalisables et d’un retour aux calendriers, aux liturgies et aux rythmes réels (“Apocalypse” de D. H. Lawrence), dont notre société très malade, fourvoyée dans une impasse, a besoin. Bref d’un retour à la Tradition et aux Volksgeister. Ce ne sont pas seulement les guénoniens et les évoliens qui en parlent aujourd’hui: dans les aires linguistiques anglo-saxonne et néerlandaise, le succès d’un livre comme “Black Mass – Apocalyptic Religion and the Death of Utopia” le prouve. L’auteur, John Gray, démontre que notre “vision conventionnelle” de l’histoire et du progrès humain a fait fausse route, qu’elle a généré plus de maux et de catastrophes qu’elle a résolu de problèmes. Pour Gray, le sommet de l’arrogance “linéaire-progressiste” a été commis par l’équipe néo-conservatrice (et anciennement trotskiste, ce qui explique sa volonté enragée de tout bousculer et de faire table rase de tous les résidus du passé, y compris les plus vénérables) autour de Bush, avec son projet “PNAC” (“Project for a New American Century”), qui entendaient fermement jeter aux orties tous les principes de la “Realpolitik”, dont le dernier défenseur américain aurait été, prétend Gray, Henry Kissinger. Cet abandon de toute “Realpolitik” signale une volonté de se débarrasser définitivement de toutes les limites imposées par l’histoire et le politique (“das Politische” selon Carl Schmitt ou Julien Freund; les balises ôtées, rien ne doit plus arrêter le flux houleux à trois composantes de l’américanisme planétaire: 1) l’économisme débridé (dont le néo-libéralisme de la “théologie universelle”, dénoncée par Petrella, est l’idéologie la plus parachevée), 2) le moralisme hypocrite inauguré par Wilson pendant la première guerre mondiale et remis au goût du jour par les présidents successifs (la “Croisade” de Roosevelt, les “droits de l’homme” de Carter, les discours apocalyptiques de Reagan avec évocation de l’Armageddon et le néo-conservatisme belliciste du projet PNAC sous Bush Junior); et 3) les propagandes échevelées reposant sur des contre-vérités flagrantes ou des semi-vérités adroitement présentées qui ahurissent la planète entière au départ des officines et agences-mères basées aux Etats-Unis. Nous en sommes là. Et la défaite possible de l’équipe néo-conservatrice, à l’horizon de novembre 2008, n’y changera rien, en dépit des espoirs naïfs des gauches européennes ou des pays en voie de développement.

 

En évoquant la démocratie à sa façon et en revendiquant l’utopie de manière si stupide, Petrella sombre dans un travers que dénonçait déjà Platon: laisser la bride sur le cou au désir (au cheval noir et fou du char de l’âme) et pousser ainsi la République, la Cité, dans les affres de la tyrannie et de la catastrophe. Herbert Marcuse, au demeurant excellent exégète de Hegel dans sa jeunesse et lecteur attentif de Nietzsche, a parié, dans les années 60 du 20ème siècle “pour l’Eros contre la civilisation”; certes, Marcuse entendait dégager l’homme de l’unidimensionalité où l’enfermait une société devenue hyper-technicisée et restaurer ses capacités créatrices, au sens artistique et dyonisiaque de Nietzsche. L’Eros, qu’il définissait comme antidote à l’hypertechnicité contemporaine, n’est nullement l’hédonisme et l’eudémonisme vulgaires qui ont triomphé chez les interprètes paresseux de son oeuvre, insinués aujourd’hui dans tous les rouages de la Cité, après mai 68 et la “longue marche à travers les institutions” des nouvelles gauches (cf. H. Marcuse, “Zur Kritik des Hedonismus”, in: “Kultur und Gesellschaft I”, edition Suhrkamp, Frankfurt a. M., 1965-75). Les “festifs” dénoncés par Muray, surtout dans “Festivus festivus”, l’ouvrage sorti à peine quelques semaines avant sa mort inopinée, sont hédonistes et eudémonistes, donc “anti-politiques”, “impolitiques”, et donnent le ton dans le sillage du maire de Paris Delanoë. Les “festifs” sont les héritiers de ces pseudo-marcusiens qui n’ont pas compris Marcuse ni les autres théoriciens de l’Ecole de Francfort. Et c’est à ces “festifs”, en marge des partis socialistes, démocrates-chrétiens et écologistes que Petrella veut servir son plat, plein de bonnes intentions, voire de quelques intentions pertinentes, mais vilainement, atrocement, gâtées par les sauces frelatées du festivisme.

 

Ces “festifs” représentent l’immense majorité de cette humanité à l’âme dominée par le cheval noir et fou que ne maîtrise pas l’aurige (cf.: Janine Chanteur, “Platon, le désir et la Cité”, Sirey, 1980) et qui bascule dans tous les paradis artificiels possibles et imaginables, dont l’éventail est bien plus vaste qu’aux temps de Platon ou même de Marcuse. Non, Prof. Petrella, il ne faut pas promettre l’utopie mais l’agonalité, le retour à plus d’âpreté politique, à une intransigeance qui puise à Platon (sans platonisme) et Aristote, à Carl Schmitt et à Julien Freund. Il faut bannir de la Cité, non les poètes, mais les festifs et les escrocs, les tyrans esclaves de leurs désirs (dont les tenants de la “théologie universelle capitaliste” qui en sont un avatar contemporain). Dans ce cas, et dans ce cas seulement, nous pourrons réaliser les trois points de votre programme qui ont retenu notre attention.

 

Dimitri SEVERENS.

(Septembre 2008).

 

Références: Riccardo PETRELLA, “Pour une nouvelle narration du monde”, Montréal, Editions “écosociétés”, 2007, ISBN: 978-2-923165-36-3.

mardi, 04 novembre 2008

E. Todd: la plus grande escroquerie financière de tous les temps

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Emmanuel Todd:

“les Américains ont réalisé

la plus grande escroquerie financière

de l’histoire de l’humanité”

http://fr.altermedia.info


Spécial élections américaines

 

 

L’élection annoncée de Barack Obama sera interprétée comme une régénération de la démocratie américaine, affirme Emmanuel Todd dans un entretien publié sur le site Mecanopolis. Suffira-t-elle pourtant à opérer les ruptures espérées? Historien, démographe, auteur en 2002 d’un «essai sur la décomposition du système américain», Todd ne cache pas sa perplexité. Bien évidemment à l’instar de l’intelligentsia boboisante parisienne l’écrivain accueille avec enthousiasme l’accession d’un président noir à la Maison-Blanche, il craint cependant que l’événement ne s’inscrive dans un «processus de dislocation».

- Voilà six ans, vous dressiez le tableau d’un pays devenu «un facteur de désordre international». Une élection de Barack Obama pourrait-elle modifier ce constat?

- Elle donnera dans un premier temps l’image d’une Amérique qui rebondit. Avec Bush, on a eu le pire des présidents - une sorte de Rantanplan, qui fait la guerre, qui par sa maladresse accélère la destruction de l’empire américain. Avec Obama, resurgit le visage d’une Amérique optimiste et dynamique. Une Amérique civilisée, à la politique étrangère plus raisonnable, qui aspire à se retirer d’Irak, qui ne veut pas déclarer la guerre à l’Iran. Une Amérique qui pourrait néanmoins rester aussi anti-russe que la précédente, les démocrates ciblant la Russie comme le seul véritable adversaire stratégique des Etats-Unis.

Dans le climat actuel de débâcle, de déroute financière et morale, et compte-tenu de la responsabilité inouie de l’Amérique dans le désordre du monde, la victoire d’Obama va permettre aux pro-Américains des pays occidentaux de dire que l’Amérique est redevenue merveilleuse. Elle redonnera quelques années de vie supplémentaires à l’empire.

- L’accession d’un élu noir à la Maison-Blanche ne confirme-t-elle pas les mutations intervenues au sein de la société américaine?

- Il se produit des événements vraiment extraordinaires aux Etats-Unis. L’implosion du système financier et du mythe économique, d’un côté; l’implosion de la structuration raciale, de l’autre. On comprend dans ces conditions que les Américains vivent dans une sorte d’état d’apesanteur. Cela dit, si l’affaissement du sentiment racial est évidemment une bonne nouvelle, le racisme aura vraiment disparu le jour où les électeurs n’attendront rien de particulier d’un président noir. Obama est un homme politique américain. Son discours est truffé des habituelles références aux valeurs religieuses. Il est entouré des personnalités issues de l’establishment démocrate - ces mêmes démocrates qui ont, plus nombreux encore que les que les républicains, voté les subventions au système bancaire.

- L’élection de Barack Obama ne plaide-t-elle pas pour la vitalité de la démocratie américaine?

- Ce qui se passe est étrange, et paradoxal. Si l’on observe l’histoire des Etats-Unis, on constate en effet que le racisme n’est pas du tout un petit défaut de la démocratie blanche: il en est le fondement. Au départ, les colons anglais n’attachaient pas une grande importance à la valeur de l’égalité, que ce soit dans la famille ou ailleurs. Ce qui a permis alors d’assimiler des Européens d’origines très diverses, c’est la fixation de la différence sur les Indiens et les Noirs. Dans l’Amérique jacksonienne, le président était un héros des guerres contre les Indiens. Le racisme a été le moteur de l’émergence démocratique. Aujourd’hui, on assiste à l’avènement d’une ploutocratie irresponsable: la montée des inégalités constitue la dynamique fondamentale de la société américaine. L’Amérique cesse d’être démocratique au sens économique du terme. Le racisme y est en baisse, mais la démocratie est malade. Elle pourrit sous nos yeux. Dès lors, j’ai peur que l’on tombe très vite de haut. Une partie de l’oligarchie est derrière Obama. Il a du reste ramassé plus d’argent chez les riches que McCain. Son élection sera interprétée comme une regénération de la démocratie américaine. J’ai quant à moi le sentiment qu’elle fait plutôt partie d’un processus de dislocation.

- Les Etats-Unis comptent certaines des meilleures universités du monde. Ils attirent de partout les capitaux, les chercheurs, les entrepreneurs de la nouvelle économie. Ces atouts-là ne leur assurent-ils pas une place centrale dans la compétition internationale?

- Quelques universités sont en effet très bonnes. Mais la majorité d’entre elles est d’une médiocrité absolue. Sur le terrain de la production scientifique et technologique, les chiffres sont sans équivoque: l’Europe est redevenue le centre de gravité du monde. Ce sont les Européens qui savent construire les centrales nucléaires modernes, ou qui fabriquent des avions gros porteurs - même avec retard.
L’ouragan Katrina avait en 2005 constitué un premier moment de vérité. On a compris tout à coup que les Américains ne disposaient pas d’assez d’ingénieurs pour protéger les villes, ou les reconstruire. Je pense aussi que le conflit au Caucase a contribué au cours de l’été dernier à précipiter la crise financière. L’inexistence de l’Amérique a été perçue comme un moment d’atterrissage dans la réalité.

- Il reste pour l’industrie américaine des secteurs porteurs. L’informatique, la Silicon Valley…

- Si l’on songe à ce qu’étaient les Etats-Unis en 1945, il serait étonnant qu’il ne reste rien de leur puissance industrielle et technologique. Mais alors qu’ils étaient excédentaires dans tous les domaines, ils enregistrent aujourd’hui un déficit commercial de 800 milliards de dollars. La vitesse de régression est hallucinante, et elle n’épargnera pas l’informatique: l’Inde va bientôt porter l’estocade.

- Le projet économique du candidat démocrate peut-il contrecarrer la dépression qui menace?

- Il n’a pas de programme économique. Au début de sa campagne, il a bien proposé quelques mesures protectionnistes, mais le déficit commercial est tel que le protectionnisme entraînerait dans une première période une baisse dramatique du niveau de vie.
Obama se confond avec son image. Or les difficultés américaines vont bien au delà d’une image. Pour le moment, le dollar tient, car à l’extérieur, des institutions, des gens riches, des Etats veulent que les Etats-Unis restent au centre du monde. Mais la situation ne changera pas: elle devrait même se dégrader encore. La question est maintenant de savoir comment, avec la fin de la mécanique des subprimes, on va donner aux Américains les moyens financiers de continuer à vivre aux frais de la planète.

- Les Etats-Unis gardent une forte capacité d’influence sur les leaders d’opinion du monde occidental. Leur image est-elle en train de se troubler?

- L’Amérique, c’est une image. On ne peut en parler sans évoquer le cinéma, les scénarios de feuilletons télévisés, Hollywood. Il y a dans tout ce qui est américain un côté extraordinairement virtuel. Et voilà que par étape on voit émerger la réalité. Il sera en ce sens très intéressant de suivre l’évolution de l’opinion dans les oligarchies financières occidentales. Elles éprouvent un sentiment de solidarité avec l’Amérique. Mais elles viennent aussi de se faire plumer… Je n’aimerais pas être en ce moment un ploutocrate français de la sphère financière.

- La notion d’«hyperpuissance» a-t-elle un sens pour vous?

- Dans le domaine militaire, le monde est déjà multipolaire. L’incertitude tient aux illusions que les Américains entretiennent encore sur eux-mêmes. Ils sont un peu comme les Russes, au moment de l’effondrement du communisme. Lorsqu’ une puissance de cette nature possède encore une armée, elle n’est pas à l’abri de réactions irrationnelles.

Les Etats-Unis ont également perdu la place centrale qu’ils occupaient sur le terrain économique. Avec l’aventure des subprimes, ils ne viennent pas moins de réaliser la plus grande escroquerie financière de l’histoire de l’humanité. Autrement dit, ils ne sont plus dans ce domaine une hyperpuissance, mais compte-tenu de l’absence de régulation de l’économie mondiale, ils détiennent une «hypercapacité de nuisance».

Emmanuel Todd vient de signer chez Gallimard «Après la démocratie».

lundi, 03 novembre 2008

Contre les salaires abusifs des grands patrons

INITIATIVE POPULAIRE CONTRE LES SALAIRES ABUSIFS DES GRANDS PATRONS

ex: http://www.unitepopulaire.org


- « Lorsqu'il a déposé à la Chancellerie fédérale, en février dernier, son initiative populaire contre les rémunérations abusives des patrons, Thomas Minder se montrait confiant. Le texte, qui a récolté 118 583 signatures valables, sera toujours d'actualité dans deux ou trois ans, prédisait alors le petit entrepreneur de Schaffhouse : "Il y aura à coup sûr de nouveaux cas de rémunérations abusives dus au manque de pouvoir de contrôle des actionnaires".


Depuis l'annonce du plan d'action destiné à épauler UBS, les salaires et bonus très élevés se retrouvent à nouveau sous le feu de la critique, à droite comme à gauche. Et l'initiative contre les hauts salaires voit, du même coup, son intérêt politique augmenter. Le texte réclame une modification constitutionnelle. Celle-ci doit permettre à l'assemblée générale des actionnaires de voter chaque année sur la rémunération globale versée aux membres du conseil d'administration et à la direction générale. Pour cela, les entreprises éliraient un comité de rémunération indépendant, afin d'éviter les renvois d'ascenseur. L'initiative vise également à bannir les parachutes dorés, les gros montants payés à l'entrée en fonction et les primes en cas de vente de l'entreprise. (...)


Du côté des parlementaires, on se dit prêt à examiner de nouvelles "solutions équilibrées", note le sénateur radical Dick Marty, membre de la commission concernée. La droite, critique envers la révision du droit des actionnaires, pourrait ainsi mettre de l'eau dans son vin. "Toute une partie de la crédibilité du secteur bancaire a été entamée, poursuit Dick Marty. Même un pays très libéral comme l'Allemagne revoit sa pratique. Confronté à l'initiative, et vu la sensibilité des gens, il est juste de réfléchir à un éventuel contre-projet" conclut le Tessinois. De son côté, Thomas Minder, qui dirige la PME de cosmétique Trybol, se félicite du regain d'intérêt pour son initiative. Et répète la nécessité, à ses yeux, de mettre de l'ordre au plus vite "dans un système sévèrement malade". »



Le Temps, 22 octobre 2008

13:50 Publié dans Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : finances, crise, usurue, usurocratie, banques, économie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 15 octobre 2008

Neo-Liberale Nachtmerrie

Neo-Liberale Nachtmerrie: Antwoord van de Wakkere Markt-Nationalist

00:20 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : globalisation, néo-libéralisme, économie, banque, finance, crise | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 14 octobre 2008

Les "bienfaits" de la libre circulation

LES "BIENFAITS" DE LA LIBRE CIRCULATION


« Le grand marché qu’on nous prépare avec le "libre circulation" obligatoire et enthousiaste que même la gauche défend par soumission idéologique est une menace pour les travailleurs et indépendants de ce pays, particulièrement ceux qui subissent en périphérie le phénomène des frontaliers-pendulaires. Etrange, l’attitude des syndicats qui ne réclament que des mesures de protection bureaucratique. N’y a-t-il plus personne sur le pont pour défendre l’indigène, le natif comme on dit chez les anglophones? UNIA est-il encore un syndicat suisse ou déjà européen ? N’ose-t-il pas dénoncer le dumping salarial massif qui s’annonce, par restriction mentale ou idéologique?


Aujourd’hui il est politiquement correct de ne pas défendre ses intérêts et d’ouvrir tout grand les portes. Mais la diversité culturelle, l’"ouverture des esprits" attendue signifie en fait l’éclatement du lien social, la précarisation du travail, la disparition de la souveraineté politique, alimentaire, l’homogénéisation de la culture, la mutilation des langues, la mise en compétition forcenée des individus. Voulons-nous vraiment cela ?


Avec le non sonore référendaire des Irlandais au traité Européen de Lisbonne, on voit le peuple, lorsqu’il le peut, rejeter cette Europe stérilisée supranationale et gérée par la langue de papier bureaucratique. Il n’y a qu’en Suisse que la classe politique croit qu’il faut perdre, renoncer et passer par-dessus la volonté et les intérêts du pays, se faire racketter en souriant. Que l’on se peut passer de l’adhésion de l’opinion publique pour imposer une gouvernance élitaire, bureaucratique visant à la disparation du principe même de démocratie directe. »



Dominique Baettig, conseiller national, Delémont (JU), "Un Modèle qui a du Plomb dans l’Aile", septembre 2008

vendredi, 10 octobre 2008

Endettement américain, endettement français

Le grand secret : l’endettement des États-Unis comparé à l’endettement français

00:35 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : banque, finances, usure, usurocratie, économie, etats-unis, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 02 octobre 2008

Europäer sollen US-Wirtschaft retten

Europäer sollen US-Wirtschaft retten

Ex: http://www.deutsche-stimme.de

Das Ende der Investmentbanken in den USA ist eingeläutet: Die beiden verbliebenen Investmentbanken Goldman Sachs und Morgan Stanley wollen nun „normale“ Banken werden. Die amerikanische Notenbank hat in der Nacht zum Montag dem Begehren der beiden letzten der bis vor kurzen fünf großen Investmentbanken stattgegeben, zu Bank-Holdings zu werden. Das erleichtert es ihnen, durch die staatliche Federal Deposit Insurance Corporation versicherte Kundeneinlagen entgegenzunehmen. Bisher finanzierten sie sich hauptsächlich durch kurzfristige Mittelaufnahmen auf den Finanzmärkten, eine Geldquelle, die in den letzten Tagen zunehmend zu versiegen drohte. Die Vorteile dieser Statusänderung haben allerdings ihren Preis. Die beiden Finanzinstitute werden strengeren Eigenkapitalvorschriften unterliegen und außerdem einer erheblich strikteren regulatorischen Aufsicht unterstehen. Die Diskussion, wie Investmentbanken künftig zu beaufsichtigen sein werden, ist mit dieser Statusänderung praktisch über Nacht weitgehend gegenstandslos geworden.
Der Liberalkapitalismus und sein immer wieder gepriesenes Wirtschaftssystem pfeifen aus dem letzten Loch. Der amerikanische Staat greift nun mit Verstaatlichung von Banken und einem „Rettungsplan“ in Milliardenhöhe in den Markt ein. Mit dem weitreichendsten Eingriff in das Finanzsystem seit der großen Depression der 30iger Jahre versucht die US-amerikanische Regierung, den Zusammenbruch des Finanzmarktes zu stoppen.

Das Rettungspaket für die Wall Street wird täglich größer. Der Finanzminister der USA, Paulson, der zuvor als Chef der Investmentbank Goldman Sachs kräftig beim Spekulationsroulett mitgespielt hat, möchte nun gerne auch Europäer und Asiaten an den Kosten zur Rettung der US-Wirtschaft beteiligen. Erst hat die USA die Finanzkrise in die Welt exportiert, nun sollen europäische Steuerzahler den Schaden abfedern. Diese Forderungen sind eigentlich als schamlos zurückzuweisen.
Viele europäische Banken haben nämlich schon die fragwürdigen Kreditersatzpapiere gekauft und müssen nun den erheblichen Wertverlust tragen. Da sich aus Deutschland vor allem öffentlich-rechtliche Banken am Monopoly der Weltwirtschaft beteiligt haben, sind deutsche Steuerzahler nun ohnehin schon an den Kosten der Finanzkrise beteiligt. Das ist traurig genug und als Beitrag zur Finanzierung der Krise wirklich ausreichend.

Das amerikanische Schatzamt will nun aber „Rettungsanleihen“ im Wert von 700 Milliarden Dollar ausgeben. Diese Anleihen werden dann wohl wieder zu großen Teilen von Ausländern aufgekauft werden, die so schon seit Jahren den Lebensstil der Amerikaner auf Pump finanzieren. Deutschland wäre aber in Zeiten wie heute gut beraten, das Geld zusammenzuhalten und nicht wieder dem windigen „Großen Bruder“ in den Rachen zu schmeißen.

Die Weltwirtschaft ist nämlich durch die Krise in eine Rezession gestürzt, die die nächsten Jahre auch auf Deutschland durchschlagen wird. Die Steuerzahlungen der Unternehmen dürften auch in Deutschland in den Keller gehen, die Arbeitslosenzahlen hingegen wieder ansteigen. Angesichts dieser Aussichten ist es unverantwortlich, sich auf Kosten des deutschen Steuerzahlers als Retter der Wall Street aufzuspielen.

mardi, 19 août 2008

L'Union Soviétique et l'économie allemande dans l'entre-deux-guerres

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ORIENTATIONS (Bruxelles) - Juillet 1988

L'Union soviétique et l'économie allemande dans l'entre-deux-guerres

Recension: Rolf-Dieter MÜLLER, Das Tor zur Weltmacht.. Die Bedeutung der Sowjetunion für die deutsche Wirtschafts- und Rüstungspolitik zwischen den Weltkriegen,  Harald Boldt Verlag, Boppard am Rhein, 1984, 420 S., DM 54.

L'époque qui s'étend de la révolution russe d'octobre 1917 à la signature du pacte germano-soviétique entre Hitler et Staline est l'une des plus passionnantes et des plus riches de l'histoire contemporaine. Les relations germano-soviétiques tissées pendant ces vingt années ont été le plus souvent étudiées sous l'angle de la diplomatie ou alors les historiens ont cherché à cerner l'importance que revêtait l'accord d'août 1939 dans les stratégies personnelles de Hitler ou de Staline. Ont été dès lors négligés les aspects économiques et la politique d'armement. Le travail de Müller vise à combler cette lacune, en explorant méthodiquement les archives de l'époque et en tentant de cerner les constantes de la politique allemande envers la Russie, constantes où se mêlent étroitement les ambitions impériales et les intérêts économiques. Ces constantes se sont appliquées jusqu'au 22 juin 1941, date à laquelle les armées allemandes entrent en Russie. L'objectif de ce travail d'investigation minutieux, c'est aussi d'éclairer le présent sur les éventualités d'une future politique allemande à l'Est. Müller démontre ainsi que le tandem germano-russe a pris le pas sur les projets pan-européens élaborés à l'Ouest entre 1925 et 1932 et que l'Allemagne a gardé une stricte neutralité dans le conflit anglo-russe de 1927, attitude qui favorisait la Russie. Müller étudie ensuite les variations de la politique russe du régime national-socialiste, d'abord allié à la Pologne de Pilsudski et spéculant sur un démembrement de la Russie avec l'appui de l'Angleterre et du Japon, puis lié économiquement à la Russie, laquelle ne devient plus une zone d'exploitation potentielle mais un espace détenu par un allié tacite où l'on achète des matières premières. En 1941, c'est la première option qui reprend le dessus, mais sans l'alliance anglaise. Une somme capitale pour comprendre les mécanismes d'une politique qui a déterminé l'histoire européenne.

 

(Robert STEUCKERS).

 

 

 

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vendredi, 25 juillet 2008

Tolkien over financierders

Tolkien over financierders

 

“De ware vergelijking is: “democratie” = regering door wereldfinancierders… Het hoofdkenmerk van moderne regeringen is dat wij niet weten wie regeert, zowel de facto als de jure. Wij zien de politicus en niet zijn beschermheer; nog minder de beschermheer van de beschermheer of wat het belangrijkste van allemaal is: de bankier van de beschermheer. Getroond boven allen, op een manier zonder gelijke in heel het verleden, is de versluierde profeet van de financiën. Hij beheerst alle levende mensen door een soort van magie en levert orakels in een taal niet begrepen door de mensen”.

J.R.R. Tolkien,
Candour Magazine, 13 July 1956, p. 12