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vendredi, 22 avril 2022

Le débat Macron-Le Pen et la France sans vision

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Le débat Macron-Le Pen et la France sans vision

Le président s'est imposé grâce à son bagage technico-économique tandis que le "nouveau" leader patriotique vise l'électorat frontalier

par Gennaro Malgieri

Source: https://www.barbadillo.it/104085-il-dibattito-macron-le-per-e-la-francia-senza-visione/

Le débat télévisé Macron-Le Pen

Le dernier débat de la campagne électorale a montré qu'aucun des candidats n'a la stature des anciens présidents. Comme l'écrit Le Figaro, s'il est vrai que chaque camp a trouvé ses raisons, il est également vrai que Macron et Le Pen ont donné l'impression que "leur" France manque de vision politique et est donc incapable de jouer un rôle de premier plan sur la scène européenne.

Les deux prétendants ont trouvé des moyens et des mots pour être satisfaits du débat qu'ils ont animé. Tant Emmanuel Macron que Marine Le Pen ont couvert les domaines qui leur sont les plus favorables: l'économie, la finance et le développement pour le premier; l'identité française, l'Europe des nations, la controverse sur le quinquennat pour la seconde. Ni l'un ni l'autre n'a fait chavirer le cœur des Français. Les rabâchages et les vieux gags politiques n'ont pas fait rire les téléspectateurs, dont beaucoup ont dit s'ennuyer.

Justifiés par une situation interne et externe difficile, sur laquelle ni Macron ni Le Pen n'ont porté de coups décisifs, s'en tenant plus ou moins aux généralités, ils ont donné lieu à un affrontement sans âme. Dans lequel le pragmatisme du président est apparu grâce à son bagage technico-économique et à sa solide expérience gouvernementale. La "nouvelle" Le Pen, pour tenter de séduire l'électorat frontiste, s'est présentée comme rassurante, calme, pacifiante et a jeté aux orties les thèmes classiques de la droite française pour ne pas paraître excessivement répétitive. Bref, la leader du Rassemblement national a offert une image d'elle-même bien éloignée du cliché habituel qui l'a jusqu'ici "diabolisée": une modérée pour qui - c'est du moins ce que nous avons compris - l'euro et l'islam ne sont plus les principaux "dangers" qu'elle craignait il y a cinq ans.

Dans les derniers jours de la campagne électorale, il faudra voir quel effet aura le nouveau look politique de Le Pen, tandis qu'en face, on trinque presque déjà à la victoire car, objectivement, malgré les nombreuses erreurs qu'il a commises, Macron semble avoir, plus par le rôle qu'il a joué que par les intentions qu'il a exprimées, une plus grande maîtrise de ce qu'attendent les Français, c'est-à-dire une action sur les impôts, la sécurité, plus en rapport avec les préoccupations des citoyens qu'avec une Europe que lui et ses autres collègues sont incapables de gouverner.

Mme Le Pen a frappé son meilleur coup lorsqu'elle a déclaré, non sans l'approbation des téléspectateurs, du moins selon les opinions exprimées immédiatement après le débat, qu'elle voulait être "le président de la vie quotidienne, de la vraie vie", suscitant une réponse furieuse de M. Macron qui a déclaré "nous sommes tous dans la vraie vie". Mais ce n'est pas le cas, car la plupart des Français le perçoivent encore comme "le président des riches", la figure de proue de l'establishment, le candidat de l'élite. Mais cela ne suffit pas si, comme le montre un sondage Ipsos publié par Le Monde, 29% des 45% de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, voteront pour Macron, tandis que les 16% restants convergeront vers Le Pen.

En bref, l'absence du Front républicain a été remplacée par la gauche afin de construire une barrière contre la montée de la candidate de droite : maigre consolation pour Mélenchon et les écologistes qui apportent à Macron en dot tout ce pour quoi la gauche l'a contesté, et en particulier une bonne partie de cette bourgeoisie conformiste déterminée à ne jamais changer au prix de devenir l'agneau sacrificiel des politiques sociales du président sortant.

Avoir "inventé" les gilets jaunes malgré lui, avoir humilié la France profonde avec ses politiques sociales, ne pas avoir tendu la main aux classes les plus modestes pour résoudre leurs problèmes, avoir utilisé la rhétorique écologique comme un attrape-votes, fait de Macron un heureux élu pour le préjugé anti-système (et même pas tant que ça) que Le Pen a continué, bien que comme "modérée", à poursuivre dans cette campagne électorale.

S'il est vrai qu'il existe un écart de dix points entre les deux, comme l'affirme Le Monde, qui rapporte toujours les données d'un sondage Ipsos, cela signifie que la France ne veut pas changer. Et les "candidats à la présidence" qui l'ont compris ne dépassent pas leurs frontières et ne tentent pas de rassembler tout ce qui est à leur portée. Macron parviendra probablement à l'emporter avec l'apport décisif de la gauche, ce qui le rend faible devant son propre électorat; Marine Le Pen perdra pour la deuxième fois pour le simple fait qu'en cinq ans elle n'a pas su construire une droite à la hauteur de ses ambitions, favorisant la naissance de Reconquête de l'antagoniste Éric Zemmour. La droite française n'a jamais été aussi divisée. Et cela est incroyable si l'on considère l'effondrement du parti inspiré de De Gaulle, évoqué par Le Pen, qui, avec les deux formations, ou du moins une partie d'entre elles, aurait pu changer le sort de la compétition.

Le dernier débat de la campagne électorale a montré qu'aucun des concurrents n'a la stature des anciens présidents (sauf Hollande, bien sûr). Comme l'écrit Le Figaro ce matin, s'il est vrai que chaque camp a trouvé ses raisons, il est également vrai que Macron et Le Pen ont donné l'impression que "leur" France manque de vision politique et est donc incapable de jouer un rôle de premier plan sur la scène européenne.

On s'attend à ce que Macron gagne, mais l'enjeu ne sera pas uniquement le sien. Il y aura un peu moins de la moitié de la France qui le regardera avec suspicion et, comme par le passé, ne l'aimera pas. Il deviendra président parce que ses adversaires n'ont pas été capables de le défier sur son terrain et d'appeler les Français à reprendre ce que la haute finance, le "système", leur a pris. En commençant par la fierté et une certaine idée de la grandeur qu'aucun président avant le vieux garçon d'Amiens n'avait jamais abandonnée.

@barbadilloit
Gennaro Malgieri

Au bord de la rupture? L'effondrement du dollar et des alliés des États-Unis

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Au bord de la rupture? L'effondrement du dollar et des alliés des États-Unis

par Luciano Lago

Source: https://www.ideeazione.com/sullorlo-della-rottura-il-crollo-del-dollaro-e-gli-alleati-degli-usa/

Le partenariat transatlantique continue de vaciller ouvertement: les alliés se chamaillent sur l'instabilité du dollar et les sanctions contre la Russie. Selon le représentant du département du Trésor américain, Wally Adeyemo, un autre problème des initiateurs des sanctions contre la Russie a été l'incapacité de parvenir à un compromis sur la question des restrictions économiques contre la Fédération de Russie. La guerre des sanctions lancée contre l'économie russe est devenue une véritable pomme de discorde entre les alliés autrefois solides: les pays de l'Occident collectif, l'UE en particulier.

Elle atteint le point où l'absence de consensus peut même conduire à la désunion du système économique mondial, dont ces pays sont les principaux acteurs. De telles prédictions sont ouvertement exprimées par certains alliés européens des États-Unis qui, dans le cadre d'une politique étrangère dépendant de l'hégémonie mondiale des États-Unis, sont contraints de suivre l'agenda fixé par Washington au détriment de leurs propres intérêts.

Le secrétaire adjoint au Trésor américain, Wally Adeyemo, a souligné à juste titre que de nombreux partenaires étrangers reprochent aux États-Unis le fait que la nouvelle réalité économique (vraisemblablement dure) pour la Russie ne fera que devenir une incitation à la formation d'un nouveau système économique.

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Un politicien d'un avis similaire n'est pas d'accord et tente toujours de promouvoir l'idée que Washington démontre ainsi une fois de plus au monde entier l'importance et l'exceptionnalité de la structure économique mondiale actuelle dans laquelle il joue un rôle dominant. L'Occident, a-t-il dit, montre à la Russie et à tous les autres pays combien il est coûteux de s'isoler de ce système financier.

À Washington, on craint également l'effondrement du dollar en raison des sanctions anti-russes et le renforcement potentiel de la Fédération de Russie et de son lien avec la Chine. En outre, la position de pays tels que l'Inde et l'Arabie saoudite, qui indiquent qu'ils effectuent leurs paiements dans des devises autres que le dollar, constitue un facteur de risque pour la stabilité du système financier dominé par les États-Unis.

Selon Adeyemo, la devise américaine conserve son statut, mais tout peut facilement changer en raison de l'imprévisibilité de la situation géopolitique.

L'impact de la coopération énergétique stratégique entre les États-Unis et l'Union européenne

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L'impact de la coopération énergétique stratégique entre les États-Unis et l'Union européenne

par Giulio Chinappi, Ding Yifan & Shi Junqi

Source: https://www.ideeazione.com/limpatto-della-cooperazione-strategica-usa-ue-sullenergia/

Ding Yifan et Shi Junqi, chercheurs à l'Institut Taihe de Pékin, ont publié un article analysant la dépendance énergétique de l'Europe et, en particulier, la coopération énergétique entre les États-Unis et l'UE à la lumière des récents événements en Ukraine. Vous trouverez ci-dessous une traduction de l'article.

Introduction

Lors du voyage du président américain Joe Biden en Europe, les États-Unis et la Commission européenne ont conclu un accord pour mener une coopération stratégique en matière d'énergie visant à atteindre l'indépendance vis-à-vis des combustibles fossiles russes, et un groupe de travail conjoint sur la sécurité énergétique a été créé pour définir les paramètres de la coopération. La coopération stratégique actuelle entre les États-Unis et l'Union européenne dans le domaine de l'énergie est encore entravée par des facteurs tels que l'inertie du commerce du gaz naturel, la capacité américaine de produire du gaz naturel liquéfié (GNL) et les différences au sein des États membres de l'UE. Cependant, la volonté politique affichée par les États-Unis et la Commission européenne a déstabilisé la coopération énergétique entre l'UE et la Russie et a créé des implications de grande envergure pour les stratégies énergétiques, industrielles et monétaires de l'UE.

L'UE pourrait devenir dépendante de l'énergie américaine

Après la fin de la guerre froide, l'UE a pris l'initiative d'entamer une coopération énergétique avec la Russie. Derrière cette démarche se cachait une politique rationnelle en matière d'énergie et de sécurité: l'UE était déjà le plus grand importateur d'énergie de la Russie et celle-ci ne menaçait donc pas la sécurité de l'UE. En conséquence, les éventuelles menaces de sécurité provenant de l'Est ont été davantage atténuées et l'UE a pu allouer d'importantes dépenses financières, autrement utilisées pour la défense nationale, à la poursuite du développement économique.

Contrairement aux importations en provenance du Moyen-Orient, les importations d'énergie russe offraient à la fois des coûts inférieurs et une meilleure stabilité de l'approvisionnement, ce qui a renforcé la compétitivité internationale de l'économie européenne. En d'autres termes, la coopération énergétique entre l'UE et la Russie a contribué à jeter les bases de l'autonomie stratégique de l'UE. Malgré la pression américaine, l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel a fait avancer le projet de gazoduc Nord Stream 2 afin d'augmenter l'approvisionnement stable en gaz naturel directement depuis la Russie et de contourner la Pologne et l'Ukraine, toutes deux sensibles à l'influence américaine.

Non seulement les États-Unis ont désapprouvé la mise en œuvre de l'autonomie stratégique par l'UE, mais ils ont activement cherché des occasions de perturber la coopération énergétique UE-Russie. Ces dernières années, les États-Unis ont vendu du pétrole et du gaz de schiste à l'UE sous le couvert du "renforcement de la sécurité énergétique européenne", occultant ainsi leur véritable agenda qui consiste à forcer l'énergie russe à quitter le marché européen.

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Actuellement, l'énergie russe détient une part de marché plus importante que l'énergie américaine sur le marché de l'UE. En 2021, l'UE avait importé 155 milliards de mètres cubes de gaz naturel de Russie, dont 140 milliards de mètres cubes de gaz naturel par gazoduc et 15 milliards de mètres cubes de GNL, soit 45 % de ses importations totales de gaz naturel. Bien que le volume total des exportations américaines de GNL vers l'UE ait atteint un nouveau record au cours de la même période, avec un total de 22 milliards de m3, cela ne représentait que 6 % des importations totales de gaz naturel de l'UE.

Cependant, le 25 mars 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président américain, Joe Biden, ont publié une déclaration commune sur la sécurité énergétique européenne, qui a démontré la volonté politique de la Commission européenne de déplacer sa dépendance énergétique de la Russie vers les États-Unis.

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Le nouvel accord énergétique entre les États-Unis et l'Union européenne verra les États-Unis s'engager à garantir des volumes supplémentaires de gaz naturel liquéfié (GNL) pour le marché européen d'au moins 15 milliards de mètres cubes en 2022, avec d'autres augmentations prévues au fil du temps. Ainsi, les États-Unis ont pratiquement déclaré qu'ils remplaceraient toutes les commandes de GNL russe auprès de l'UE, qui s'élevaient également à 15 milliards de m3 de GNL en 2021. En effet, un haut fonctionnaire du gouvernement américain a déclaré publiquement que le pacte énergétique entre les États-Unis et l'UE "visait à rendre l'UE indépendante du GNL russe dans un délai très court".

Outre les accords susmentionnés, la Commission européenne a indiqué qu'elle travaillerait avec les États membres de l'UE pour garantir une demande stable de GNL américain supplémentaire d'environ 50 milliards de mètres cubes par an jusqu'en 2030 au moins. Dans le plan REPowerEU dévoilé le 8 mars, la Commission européenne a proposé que l'UE importe chaque année 50 milliards de mètres cubes supplémentaires de GNL en provenance du Qatar, des États-Unis, d'Égypte, d'Afrique occidentale et d'ailleurs. Selon la déclaration commune, la Commission européenne semble avoir attribué l'intégralité du "quota" d'importations supplémentaires de GNL aux États-Unis. Si le plan ci-dessus est mis en œuvre et que l'UE parvient à réduire sa demande de gaz naturel de 100 milliards de m3 d'ici 2030, le GNL américain pourrait représenter environ 30 % des importations totales de gaz naturel de l'UE à ce moment-là.

Les deux parties ont également confirmé leur détermination commune à mettre fin à la dépendance de l'UE vis-à-vis des combustibles fossiles russes d'ici 2027. Cela a interrompu la stratégie de longue date de l'UE visant à atteindre l'"indépendance énergétique" grâce à la coopération énergétique entre l'UE et la Russie au cours des trois dernières décennies et a considérablement augmenté la susceptibilité de l'UE à être "manipulée" par les États-Unis dans les domaines de l'énergie et de la finance.

La compétitivité des industries européennes pourrait diminuer

Ces dernières années, et surtout après l'apparition de la pandémie covidienne, les États-Unis et l'UE ont pris conscience de l'importance de la réindustrialisation. Bien qu'ils restent de fidèles partenaires d'alliance, les États-Unis et l'UE sont désormais engagés dans le jeu à somme nulle de la concurrence pour attirer les entreprises industrielles sur leurs marchés intérieurs respectifs. Les États-Unis se sont transformés en exportateurs d'énergie et éclipsent l'UE en termes de puissance financière. Toutefois, l'ampleur de l'évidement de la chaîne industrielle américaine est bien plus grave que celle de l'UE. C'est pourquoi l'accès à un approvisionnement énergétique stable et abordable est devenu un domaine clé pour les deux parties qui s'affrontent dans le processus de réindustrialisation.

En tant qu'importateur d'énergie, l'UE est dans une position relativement désavantageuse. Le graphique ci-dessus montre qu'après la déclaration États-Unis-UE de juillet 2018, lorsque le GNL américain est entré pour la première fois sur le marché européen, le prix moyen du gaz naturel exporté par Gazprom vers l'Europe était relativement élevé. En 2019, l'Espagne, la France et les Pays-Bas, positionnés le long de la côte atlantique, sont devenus les trois premiers acheteurs de GNL américain au sein de l'UE, position qu'ils conservent aujourd'hui (NB : les Pays-Bas ont acheté plus que la France en 2021).

Au milieu de l'année 2021, l'UE a commencé à promouvoir le paquet Fit-for-55 et le mécanisme d'ajustement à la frontière du carbone (CBAM), dans le but d'appliquer le gaz naturel importé par la Russie à bas prix à partir de 2020 comme un "antidouleur" industriel pendant sa transition vers une économie verte. Depuis sa transition, l'UE a imposé d'énormes tarifs carbone aux pays exportateurs d'énergie, ce qui a contraint le prix moyen du GNL de Gazprom à dépasser celui du GNL américain exporté vers l'Espagne, les Pays-Bas et la France. En tant que tel, le passage de la Commission européenne au GNL américain a une certaine justification économique mais ne compense pas le risque significatif d'une dépendance accrue à l'énergie américaine.

Plus important encore, une fois que les États-Unis et l'Europe auront établi une relation stable entre l'offre et la demande de GNL, l'économie de l'UE sera très probablement confrontée à la situation difficile de coûts de production plus élevés et d'une compétitivité industrielle plus faible que celle des États-Unis. Après tout, le prix moyen du gaz naturel sur le marché industriel intérieur américain est bien inférieur à celui du GNL exporté des États-Unis vers l'Espagne, les Pays-Bas et la France. Contrairement au gazoduc russe, qui a déjà bénéficié de l'investissement initial dans l'infrastructure, les importations de GNL par l'UE impliquent des frais de transport maritime et des coûts de construction et d'exploitation des terminaux GNL. Depuis le déclenchement du conflit entre la Russie et l'Ukraine, le coût de la construction du terminal GNL de Brunsbuttel en Allemagne est passé à plus d'un milliard d'euros, dépassant de loin les 450 millions d'euros précédemment estimés.

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En outre, le prix de l'énergie a entraîné une baisse de la compétitivité industrielle de l'UE, et les risques de sécurité posés par le conflit entre la Russie et l'Ukraine ont augmenté la probabilité que l'industrie des pays en développement gravite vers les États-Unis plutôt que vers l'UE. Cela ne désavantagera pas seulement l'UE dans la compétition pour la réindustrialisation avec les États-Unis, mais aura un impact considérable sur l'économie de l'UE. La combinaison de l'affaiblissement de la réindustrialisation de l'UE, des hausses de taux d'intérêt plus élevées que prévu par la Réserve fédérale américaine et de la fuite des capitaux de l'UE causée par le conflit entre la Russie et l'Ukraine pourrait encore affaiblir l'effet stimulant des investissements dans l'économie européenne. Ainsi, l'impact de l'inflation élevée dans la zone euro, qui a atteint 7,5 % en mars 2022, indique que les États membres de l'UE risquent de répéter les erreurs commises par d'autres pays développés au début du siècle dernier et de tomber dans la stagflation où l'intervention du gouvernement ne parvient pas à inverser la contraction économique.

La domination du dollar sur l'euro pourrait encore se consolider

Depuis son introduction, l'euro a contesté la domination du dollar. Le mode de règlement des transactions sur les marchandises, que ce soit en dollars ou en euros, affecte directement la proportion et le statut de la monnaie dans le système de paiement international. Étant donné que les échanges entre l'UE et la Russie peuvent être réglés en euros, la coopération énergétique entre l'UE et la Russie a non seulement accru l'utilisation de l'euro dans la communauté internationale, mais a également réduit les réserves en dollars des États membres de l'UE pour les achats d'énergie. Récemment, le chancelier allemand Olaf Scholz a réaffirmé que l'Allemagne refuse d'acheter du gaz naturel à la Russie en roubles, soulignant que la plupart des contrats d'approvisionnement en gaz naturel allemand prévoient un paiement en euros, une petite partie seulement étant libellée en dollars.

À la suite du conflit russo-ukrainien, l'Allemagne a non seulement suspendu le processus de certification du projet germano-russe Nord Stream 2, mais a également décidé de construire un nouveau terminal GNL à Brunsbuttel d'une capacité de 8 milliards de mètres cubes par an, destiné à soutenir la nouvelle demande énorme d'importations de GNL en provenance de pays autres que la Russie. Si la déclaration commune des États-Unis et de la Commission européenne du 25 mars est mise en œuvre, les deux parties pourraient avoir des commandes supplémentaires de GNL allant jusqu'à 15 milliards de mètres cubes en 2022, pouvant atteindre 50 milliards de mètres cubes par an jusqu'en 2030 au moins. Ces commandes de GNL seront très probablement réglées en dollars plutôt qu'en euros, ce qui aura un impact majeur sur le statut international de l'euro.

Publié sur World Politcs Blog

jeudi, 21 avril 2022

Le brouillard de la guerre et le changement de paradigme mondial

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Le brouillard de la guerre et le changement de paradigme mondial

Fabio Reis Vianna*

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/tribuna-libre/37413-la-niebla-de-la-guerra-y-el-cambio-de-paradigma-global

La maxime du penseur brésilien José Luís Fiori selon laquelle "l'expansionnisme et la guerre sont deux parties essentielles de la machine à produire du pouvoir et de la richesse dans le système interétatique" n'a peut-être jamais été aussi pertinente et semble se confirmer dans le moment historique exact auquel nous assistons.

Les événements extraordinaires résultant de l'intervention russe en Ukraine, qui a débuté le 24 février, laissent des traces indélébiles et confirment certaines des perceptions que nous avons déjà mentionnées dans d'autres de nos articles.

L'ordre international dirigé par l'Occident est clairement remis en question dans sa hiérarchie de pouvoir, et la guerre en Ukraine est un symptôme clair de ce défi.

Ce qui est vraiment frappant, cependant, c'est la perception que cette guerre pointe vers quelque chose de beaucoup plus grand qu'il n'y paraît à première vue, car il ne s'agirait pas d'une guerre régionale, mais d'une guerre aux proportions mondiales: une guerre hégémonique.

Le changement de paradigme représenté par l'intervention de la Russie en Ukraine consolide ainsi la voie d'un nouveau système international plus fragmenté, dans lequel la puissance occidentale est affaiblie. Dans ce scénario, les plaques tectoniques du système international se déplacent lentement face au monde nouveau et sans précédent qui s'ouvre.

Par conséquent, qu'on le veuille ou non, les élites de pays comme le Brésil, si inféodées à la stratégie de sécurité américaine, sont poussées vers une solution consensuelle en direction de l'expérience eurasienne par le biais des BRICS. Ainsi, les militaires brésiliens, si réactionnaires et obéissants à Washington, sont confrontés à un nouveau monde, apparemment déjà compris par la tradition diplomatique de l'"Itamaraty"(palais du ministère des affaires étrangères au Brésil - photo, ci-dessous), et même par le puissant lobby brésilien de l'agrobusiness.

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Le palais d'Itamaraty à Brasilia, oeuvre de l'architecte Oscar Niedermeyer.

A l'inverse, l'aveuglement des élites européennes provoque la stupeur en alimentant un jeu qui plonge l'Europe dans ce qu'elle a toujours été: la grande arène de la compétition militaire interétatique depuis 500 ans.

Par conséquent, en tenant compte de cette terrible prémisse, l'armistice qui a rendu possible la création de l'Union européenne, ainsi que la monnaie commune, n'aurait été qu'un simple interrègne de paix, jusqu'à la prochaine guerre.

Reprenant sa place tragique dans le système international classique, l'Europe est à nouveau la scène du vieux théâtre de la mort, et la maxime selon laquelle "la paix est presque toujours une trêve qui dure le temps imposé par la contrainte expansive des vainqueurs et le besoin de vengeance des perdants" n'a jamais été aussi appropriée.

Dans ce contexte, l'humiliation allemande suite au veto américain à l'encontre du gazoduc Nord Stream 2 est paradigmatique. Le 7 février, en pleine Maison Blanche, et avant même l'intervention russe en Ukraine, Joe Biden désavoue publiquement le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz, en déclarant catégoriquement que le gazoduc Nord Stream 2 sera arrêté.

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Cela pourrait être considéré comme le déclencheur de l'intervention russe et l'ouverture de la boîte de Pandore pour le nouveau monde qui s'ouvre. En plus de représenter, en termes symboliques, l'humiliation de l'Allemagne en tant que pays souverain, il consolide le "coup d'État" définitif dans le projet d'intégration européenne.

Le président ukrainien Vladimir Zelensky étant une sorte de porte-parole d'un scénario écrit à Washington - ou, qui sait, à Hollywood - les attaques répétées contre les dirigeants européens qui ont travaillé si dur pour normaliser les relations russo-européennes, comme la récente attaque contre l'ancienne chancelière Angela Merkel, indiquent que les instruments de la guerre de quatrième génération, déjà utilisés par les États-Unis dans d'autres régions de la planète, s'intensifient au sein de l'alliance occidentale.

Non seulement le maintien, mais l'approfondissement de la reproduction et de l'expansion continues et illimitées de l'empire militaire américain est une réalité qui est devenue encore plus claire après l'entrée du premier char russe sur le territoire ukrainien, quitte à déstabiliser, voire à détruire des alliés fidèles et de longue date.

En ce sens, le vieux postulat soutenu par de nombreux spécialistes de l'école "réaliste" des relations internationales, ainsi que par les grands penseurs du Système mondial, selon lequel la concentration du pouvoir mondial dans un seul État serait une condition essentielle à une paix mondiale durable, tombe à l'eau.

Le "Paradoxe de l'hyperpuissance" est confirmé comme une gifle au visage de l'énorme consensus théorique développé depuis le milieu des années 1970.

En d'autres termes, depuis la première minute du bombardement américain de l'Irak en 1991, qui a précédé les 48 interventions militaires des années 1990, et les 24 interventions des deux premières décennies du XXIe siècle, qui ont à leur tour abouti à 100.000 bombardements dans le monde - le système international est plongé dans un sinistre processus de guerre permanente, ou infinie, qui contredit l'utopie kantienne de la paix perpétuelle reflétée dans l'idée de stabilité hégémonique.

Ainsi, c'était une erreur de considérer que la puissance mondiale unipolaire qui a émergé avec la victoire de la guerre froide pouvait exercer son hégémonie au nom de la paix et de la stabilité mondiale, assumant ainsi un leadership responsable et au nom de la grande gouvernance.

Au lieu de cela, ce à quoi nous avons assisté au cours des 30 dernières années, c'est à l'escalade de la concurrence interétatique, les autres États réagissant au processus insensé et sans conséquence d'expansion du pouvoir de l'empire militaire américain.

En conséquence, nous sommes confrontés à un monde qui semblait n'appartenir qu'aux livres d'histoire ; où les intérêts nationaux des grandes puissances reviennent avec la force que, finalement, ils n'ont jamais cessé d'avoir, mais qui est seulement restée en sommeil.

Cette nouvelle (ancienne) géopolitique des nations laisse donc sa marque la plus nette avec ce que la Russie impose dans son intervention en Ukraine: la remise en cause du primat selon lequel seuls les Occidentaux ont la légitimité d'imposer leur volonté par la guerre.

C'est la nouveauté qui ébranle les structures du système international.

Face à cette guerre imminente aux proportions mondiales, résultant de la défiance russe et de l'intensification de la course aux armements - avec le retour alarmant de l'Allemagne et du Japon dans le jeu - nous nous dirigeons inexorablement vers une aggravation du chaos systémique interétatique, ainsi que vers l'escalade du conflit social systémique, notamment en Europe.

Comme à d'autres moments de l'histoire du système mondial, l'Europe est à nouveau le centre névralgique de la lutte mondiale pour le pouvoir. Et comme dans d'autres moments tragiques de l'histoire, le comportement des dirigeants européens est une fois de plus irrationnel; au milieu d'un jeu à somme négative. Les Européens sont largement perdants.

* LL.B., étudiant en master de relations internationales à l'Université d'Évora (Portugal), écrivain et analyste géopolitique.

mercredi, 20 avril 2022

Pourquoi le Français va réélire Macron à hauteur de 60% (écrit avec Edouard Drumont)

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Pourquoi le Français va réélire Macron à hauteur de 60% (écrit avec Edouard Drumont)

Nicolas Bonnal

On va citer son testament à Edouard Drumont. Notre journaliste-penseur, maître de Bernanos, honni par nos flics de la pensée, ne se fait plus d’illusion sur ses compatriotes petit-bourgeois et laïcards apprivoisés à l’orée des années 1890; il observe que l’électorat parisien déjà adore réélire de banals conseillers municipaux ripoux:

« …Les Parisiens ont réélu la plupart des conseillers municipaux convaincus d'avoir trempé dans ces malpropretés. Ils les ont réélus très librement, avec des urnes très surveillées par des représentants de tous les partis,  par des gens de comités experts dans toutes les roueries électorales et qu'on ne met pas facilement dedans. »

Et de chercher une explication: l’ataraxie. Mieux même, la prostration.

« Tout vient se briser contre une indifférence absolue, contre une sorte d'ataraxie, d'impassibilité générale, qui n'est point l'ataraxie stoïque dont parle Proudhon, mais plutôt une inertie maladive, une prostration sur laquelle rien n'agit. »

Le cœur ne bouge plus trop :

« Les physiologistes connaissent bien ces phases passagères où le cœur est inexcitable. L'organe où l'humanité puise sa flamme a soudain des moments de repos, d'hébétude, de torpeur après lesquels il reprend son fonctionnement… A l'heure actuelle, malheureusement, ce n'est plus par saccades, c'est toujours que le cœur ne répond plus  aux excitants. Et comme ce bourdon, qui rythme nos artères, nos expansions et nos violences, dépend lui-même du cerveau, c'est toujours au cerveau qu'il faut chercher la cause des défaillances et des sommeils. »

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Et Drumont de s’interroger :

« Comment s'étonner alors que la lassitude saisisse ces entendements secoués, non plus la saine lassitude du travail, où se puisent des forces nouvelles, mais la dépression atonique où l’on a l’illusion de la vigueur ? »

Le monde moderne est là et son absence de réaction (sauf pour aller se vacciner ou pester contre le fascisme ou la Russie – toujours par conformisme et conditionnement):

« La Mort gagne le monde par l’insensibilité, par l’anesthésie. Cette anesthésie sociale, que l’on appelle l’ataraxie, envahit les masses, comme sa sœur envahit les êtres. Elle débute d'ici, de là, par plaques qui se rejoignent et couvrent bientôt le corps tout entier. Certaines régions intermédiaires jouissent d'une fausse excitation que l’on retrouve avant tous les désastres. Celui qu'attend la congestion bâtit des projets bienheureux. »

Le temps est à l’optimisme paresseux:

«Nous autres, au bord du gouffre, nous affirmons le Progrès indéfini, une ère joyeuse et libre. Au fond, nous ne croyons même pas à Demain, et nous nous en occupons très peu.»

Nous sommes entourés de frivoles en effet:

« Les frivoles rient jusqu'à la mort; les esprits moins légers, ceux qui réfléchissent sur les spectacles que la vie déroule devant eux et qui s'irritent de ce qu'elle leur cache, ne peuvent se défendre de la tristesse qui se dégage de tout... Cor sapientium ubi tristitîa...»

On chasse le pessimisme (pas de grand remplacement, pas de gouvernance mondiale, pas de dictature sanitaire, pas de complots…):

« Les Français modernes n'ont rien de tout cela. Les troublantes théories de Schopenhauer comme les belles désespérances de Tolstoï, vastes et désolées comme des steppes, les laissent parfaitement indifférents. Intellectuellement, c'est trop fort pour eux, trop étendu d'horizon, trop intense de pensée; cela les  obligerait à trop de méditation ».

Et on se contente de peu intellectuellement et moralement et spirituellement :

« La conception que les Français contemporains ont de la vie n'a d'analogue dans aucun temps, elle est tout à fait particulière à notre époque. Notons tout d'abord que si la vie moderne s'est compliquée au point de vue des faux besoins et des raffinements du bien-être, elle s'est singulièrement simplifiée au point de vue moral; comme une espèce de Peau de chagrin, elle se rétrécit tous les jours sous ce rapport. »

Le monde moderne a créé son homme en France, pays de la Révolution (voyez nos textes sur Cochin) et du bourgeois (Taine) :

« Le régime moderne a créé, on peut le dire, un type d'être spécial que l'on serait tenté d'appeler le contribuable; car, en réalité, si on demandait à beaucoup d'hommes de ce temps pourquoi ils sont sur la terre, ils seraient bien embarrassés de répondre et finiraient  par vous dire:

— Ma foi, pour faire notre service militaire, pour acquitter nos contributions et pour payer notre terme ».

S’ensuit une belle comparaison animale :

« Les Français sont admirablement dressés à toute cette organisation fiscale; ils sont comme les méharis qui s'agenouillent pour qu'on puisse les charger plus facilement, ou comme les chevaux de renfort d'omnibus qui, leur besogne faite, vont tout seuls rejoindre leur place au bas de la montée et attendent là qu'on les attelle de nouveau… »

Sources :

Drumont, Testament, III, 1, p.171-172 (archive.org).

https://archive.org/details/letestamentduna01drumgoog

https://www.revuemethode.org/m101828.html

https://strategika.fr/2020/07/19/augustin-cochin-et-le-pi...

https://strategika.fr/2021/08/01/pass-sanitaire-biopoliti...

https://reseauinternational.net/terreur-republicaine-et-d...

 

mardi, 19 avril 2022

Unipolarité, bipolarité, multipolarité et la guerre d'Ukraine

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Unipolarité, bipolarité, multipolarité et la guerre d'Ukraine

Vers une multipolarité de plus en plus complexe: scénario pour l'avenir

Enric Ravello Barber

Source: https://www.enricravellobarber.eu/2022/04/unipolaridad-bipolaridad-multipolaridad.html#.Yl5zFNPP2Uk

Derrière la prétendue fin de l'histoire proclamée par le publiciste du Pentagone Francis Fukuyama, se cachait une aberration philosophique : sortir l'homme de son habitat, celui de l'Histoire, entendue comme son "faire-dans-le-monde", et ouvrir la porte au post-humanisme qui nous apparaît déjà aujourd'hui comme une réalité de fait. Cette entorse à l'histoire a signifié la mise en œuvre urbi et orbi de ce que les occupants successifs de la Maison Blanche, sans la moindre dissimulation, ont appelé le Nouvel Ordre Mondial - nous insistons sur le mot "Monde" - : c'est-à-dire l'unification du monde sous la direction des Etats-Unis, ou, en d'autres termes, un monde unipolaire, c'est-à-dire avec un seul centre de pouvoir : Washington.

Les erreurs stratégiques des administrations américaines successives, toujours sous inspiration néo-con unipolaire, ont donné à la Russie le temps nécessaire pour se reconstruire en tant que puissance militaire et la Chine a émergé comme une puissance mondiale de premier ordre, non seulement en tant que puissance militaire mais aussi en tant que puissance globale (économique, stratégique, industrielle, technologique et diplomatique).

La Chine est devenue le principal acteur de la deuxième vague de mondialisation. Ce n'était qu'une contradiction apparente pour une puissance communiste de prôner la réduction de tous les obstacles au commerce mondial, puisque la vente de ses produits manufacturés sur les marchés mondiaux était la principale cause de sa croissance en tant que puissance.

L'essor de la Chine annonce en quelque sorte la fin du rêve unipolaire des Etats-Unis et montre une nouvelle réalité bipolaire. Quelques décennies après la chute de l'URSS, le monde vit à nouveau la lutte pour l'hégémonie planétaire entre deux puissances: les États-Unis et la Chine.

La Russie, devenue le troisième acteur mondial, propose un pas en avant, une nouvelle correction au Nouvel Ordre Mondial de Washington: le monde multipolaire. La Russie constituerait un troisième pôle géopolitique, une situation qui se conjuguerait également avec l'émergence de puissances régionales qui fragmenteraient davantage le plan de domination mondiale de la Maison Blanche: la Turquie, l'Iran et l'Inde joueraient ce rôle.

Dans cette réalité, l'Europe, le non-sujet géopolitique par excellence, pourrait cependant jouer un rôle décisif - comme l'ont constaté certains de ses dirigeants. Dans ce contexte multipolaire, l'Europe devrait s'émanciper de sa soumission aux États-Unis et devenir un autre centre de pouvoir, capable d'agir sur la scène internationale selon ses propres dynamiques et intérêts, de plus en plus opposés et divergents de ceux de la métropole colonisatrice Stars and Stripes. Et pour cela, l'une des conditions nécessaires - de la culture à l'énergie - serait une synergie entre l'Europe et la Russie, qui renforcerait le rôle de ces deux réalités et, partant, remettrait en question et diminuerait celui des États-Unis.

Aujourd'hui, tous ces scénarios sont en jeu dans la guerre d'Ukraine. Les États-Unis, qui provoquent depuis des années des situations inacceptables pour Moscou, voient dans cette guerre la possibilité ultime de couper le rapprochement et la collaboration croissante entre la Russie et l'Allemagne - dont le gaz est l'un des éléments clés - et de détruire ainsi l'option de ce troisième pôle et la construction d'un monde multipolaire: son premier objectif est d'isoler Moscou de ses partenaires géopolitiques potentiels, le second est de détruire la Russie en tant que puissance et de réduire encore l'UE au statut de colonie. C'est pourquoi elle est aujourd'hui la principale intéressée à prolonger la guerre en Ukraine, afin que Washington regagne du terrain dans une logique unipolaire. La Chine joue une fois de plus son grand atout diplomatique, la patience, l'objectif est aussi un affaiblissement progressif de la Russie et son éloignement de l'Europe, une Russie faible et isolée dépendrait de plus en plus de sa relation avec Pékin, ce qui ferait de la Chine à nouveau la seule puissance disputant la domination du monde aux Etats-Unis (logique bipolaire). Une Russie renforcée, confortée dans son prestige diplomatique et militaire, renforcerait la logique multipolaire, une logique que certains dirigeants européens tentent de soutenir dans le peu de marge de manœuvre dont ils disposent ; le refus d'inclure le gaz et l'énergie dans les sanctions contre la Russie est la preuve de cette réalité.

En bref, l'issue finale de la guerre en Ukraine marquera le scénario mondial des prochaines décennies, et surtout pour les Européens. Deux options s'offrent à eux : soit la non-existence géopolitique et la soumission absolue à l'atlantisme américain, soit l'émancipation géopolitique et l'articulation en tant qu'acteur international dans une réalité multipolaire, et nous le répétons, cette dernière pour une synergie - et non une soumission - avec une Russie puissante et antagoniste à l'unipolarisme de Washington et au bipolarisme de Pékin.

lundi, 18 avril 2022

Pierre Le Vigan - Tout Sauf Macron: Quand les Castors du bas font barrage aux Castors du haut

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Café Noir N.42

Pierre Le Vigan - Tout Sauf Macron: Quand les Castors du bas font barrage aux Castors du haut

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde. Émission du vendredi 15 avril 2022 (enregistrée le 15/04/2022) avec Gilbert Dawed & Pierre Le Vigan.
 
Le sommaire et les liens des livres de Le Vigan ci-dessous.
 
SOMMAIRE
00:58 Quelles leçons peut on tirer du premier tour?
04:12 Pourquoi le succès relatif de Mélenchon ?
11:59 Y a-t-il un échec d'Éric Zemmour,
17:30 Parenthèse Jean Lasalle & NDA
18:41 Quel avenir pour le Rassemblement National ?
23:10 Faut-il glisser un bulletin de vote au second tour et pour qui? Errata: A
02:55 c'est bien entendu Danièle Obono ou Clementine Autain et pas Rokhaya Diallo.
 
 
 
LE NOUVEAU LIVRE DE PIERRE LE VIGAN
Éparpillé Façon Puzzle Macron contre le Peuple et les Libertés https://cerclearistote.com/fr/product...
 

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LES LIVRE DE PIERRE LE VIGAN CHEZ AVATAR ÉDITIONS
 
Inventaire de la Modernité, Avant Liquidation https://avatareditions.com/livre/inve...
 
Le Malaise est dans l’Homme https://avatareditions.com/livre/le-m...
 

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CHAINE AVATAR EDITIONS SUR ODYSEE https://odysee.com/@avatarmediaeditions
 

dimanche, 17 avril 2022

Le corridor de transport nord-sud (NSTC) est un projet d'intégration trans-civilisationnelle

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Le corridor de transport nord-sud (NSTC) est un projet d'intégration trans-civilisationnelle

Andrew Korybko

Source: https://katehon.com/en/article/north-south-transport-corridor-trans-civilizational-integration-project

Le NSTC représente la convergence physique des grands plans stratégiques de la Russie, axés sur le sud, qui visent à équilibrer les ancrages irano-pakistanais de son pivot de l'Oumma dans cette partie particulière du supercontinent avec le Néo-NAM qu'elle poursuit conjointement avec l'Inde. L'optique trans-civilisationnelle est extrêmement importante car elle montre que la prédiction du soi-disant "choc des civilisations" de Huntington n'était qu'un exemple de vœu pieux mal intentionné (si ce n'est une proposition politique provocante) et qu'elle a été incontestablement remise en question par la convergence des civilisations entre le christianisme oriental, l'islam et l'hindouisme incarnée par le NSTC.

L'émergence de l'ordre mondial multipolaire (ou "nouvel ordre mondial" comme l'appelle le président américain Joe Biden) a été accélérée par les conséquences induites par la réponse sans précédent et dûment planifiée depuis longtemps par l'Occident dirigé par les États-Unis dès qu'a commencé l'opération militaire spéciale en cours de la Russie en Ukraine, que l'Amérique a elle-même provoquée. L'une des tendances les plus importantes de cette transition systémique mondiale est la montée des civilisations en tant qu'acteurs internationaux, qui a été prédite en détail par l'universitaire russe Leonid Savin dans son livre de 2020 Ordo Pluriversalis : The End Of Pax Americana And The Rise Of Multipolarity que l'auteur a chroniqué ici peu après sa sortie. Le corridor de transport nord-sud (NSTC) entre la Russie, l'Azerbaïdjan, l'Iran et l'Inde - et qui peut aussi facilement s'étendre au Pakistan voisin pour renforcer le commerce bilatéral croissant avec la Russie - jouera un rôle irremplaçable à cet égard.

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Ce projet ambitieux relie la civilisation chrétienne orthodoxe orientale de la Russie aux civilisations musulmanes de l'Azerbaïdjan, de l'Iran et du Pakistan, ainsi qu'à la civilisation majoritairement hindoue de l'Inde. Étant donné que l'Inde, l'Iran et le Pakistan sont devenus plus importants que jamais pour la Russie en raison de leur neutralité de principe qui leur permet de lui servir de soupape de pression économique stratégique, il ne fait aucun doute que le NSTC, auquel les deux premiers pays participent et le troisième pourrait éventuellement le faire aussi, deviendra un projet phare multipolaire aux côtés du gazoduc Pakistan Stream (PSGP) et du PAKAFUZ. Ce que tous ces projets ont en commun, c'est qu'il s'agit de projets de connectivité Nord-Sud, ce qui prouve que la grande réorientation stratégique de la Russie vers le Sud après 2014 n'était pas purement axée sur la Chine comme beaucoup le pensaient, mais que Moscou a équilibré son "pivot vers l'Oumma" et sa vision "néo-NAMienne" avec l'Inde.

Cela ne veut pas dire que la Chine ne joue pas un rôle crucial dans la grande stratégie russe - en vérité, ces deux grandes puissances servent de double moteur à l'ordre mondial multipolaire émergent - mais simplement que le Kremlin a sagement cherché à éviter de manière préventive toute dépendance disproportionnée potentielle vis-à-vis de la République populaire par le biais de ces initiatives complémentaires axées sur le Sud. Le "pivot de l'Oumma" fait référence à la priorité qu'il accorde à des partenaires non traditionnels à majorité musulmane comme l'Iran et le Pakistan, tandis que le Neo-NAM est le plan officieux des relations russo-indiennes, par lequel ces deux pays cherchent conjointement à créer un troisième pôle d'influence dans la phase de transition bimultipolaire entre unipolarité et multipolarité. Le Pivot de l'Oumma et le Néo-NAM s'équilibrent l'un l'autre, ce qui équilibre à son tour la Chine dans cette grande stratégie kissingerienne post-moderne poursuivie par la Grande Puissance eurasienne.

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Le NSTC représente la convergence physique des plans stratégiques de la Russie axés sur le sud, qui visent à équilibrer les ancrages irano-pakistanais de son pivot de l'Oumma dans cette partie particulière du supercontinent avec le Néo-NAM qu'elle poursuit conjointement avec l'Inde. L'optique trans-civilisationnelle est extrêmement importante car elle montre que la prédiction du soi-disant "choc des civilisations" de Huntington n'était qu'un exemple de vœu pieux mal intentionné (si ce n'est une proposition politique provocante) et a été indiscutablement remise en question par la convergence des civilisations entre le christianisme oriental, l'islam et l'hindouisme incarnée par le NSTC. Cela constitue un exemple puissant pour la communauté internationale (qui, dans ce contexte, fait également référence à la société civile mondiale) à deux égards : premièrement, cela réfute l'"inévitabilité" du choc des civilisations ; et deuxièmement, cela montre que la Chine n'en a pas le monopole.

Pour développer ce dernier point, on a considéré jusqu'à présent que l'initiative Belt & Road (BRI) de la Chine était le seul moyen physique de rassembler diverses civilisations à travers l'objectif commun d'un commerce, d'un investissement et d'un développement socio-économique mutuellement bénéfiques, mais l'existence même du NSTC montre que la Russie et ses partenaires azerbaïdjanais, iraniens, indiens et peut-être même bientôt pakistanais peuvent tous s'unir pour poursuivre ce même objectif. En fait, la Chine a également un rôle crucial à jouer dans le NSTC puisque le pacte de partenariat stratégique conclu au printemps dernier avec l'Iran aurait vu la République populaire accepter d'investir plus de 400 milliards de dollars dans la République islamique au cours du prochain quart de siècle, ce qui se traduira probablement par des investissements impressionnants dans les infrastructures pour faciliter le NSTC à certains égards, notamment en termes de connectivité irano-pakistanaise du fait que ce dernier accueille le CPEC.

"La quête de souveraineté économique de la Russie n'est pas synonyme d'isolationnisme", contrairement à ce que certains observateurs occidentaux ont faussement prétendu, car personne ne peut nier la vision transcivilisationnelle et transcontinentale avancée par le NSTC dans lequel Moscou joue un rôle clé. "Le coup de judo géo-économique de Poutine vient de renverser les tables financières de l'Occident" après que le dirigeant russe a décrété que tous les contrats de gaz avec les pays nouvellement conçus comme inamicaux, tels que ceux de l'UE, doivent être payés en roubles, ce qui aura pour conséquence soit de soutenir le rouble s'ils s'y conforment, soit de risquer une crise économique totale en Occident s'ils refusent, les deux résultats étant bénéfiques à Moscou à leur manière. Dans le contexte de la présente analyse, ces derniers développements signifient que l'importance stratégique du NSTC va continuer à augmenter pour toutes ses parties prenantes, qui pourraient prospectivement s'étendre pour inclure également leurs autres partenaires du Sud.

La fin de la domination mondiale des États-Unis & Ce qui est en jeu

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La fin de la domination mondiale des États-Unis & Ce qui est en jeu

Karl Richter

Source: https://www.facebook.com/karl.richter.798

Depuis quelques heures, nous y voyons plus clair. Les pièces du puzzle s'assemblent pour nous former une image globale. Le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov a annoncé cet après-midi sur la chaîne de télévision russe "Russia 24", à la surprise générale, un autre objectif de guerre de la Russie en Ukraine, sans que les médias occidentaux n'en soufflent un mot : "Notre opération spéciale doit mettre fin à l'expansion inconsidérée, à la domination totale des Etats-Unis dans le monde, une domination qui s'accompagne de violations du droit international". (Source : https://m.ura.news/news/1052544901 )

Lavrov a cité les actions américaines au Kosovo et en Irak comme exemples de telles violations du droit international par les Etats-Unis.

Les cartes sont désormais sur la table et chacun sait désormais de quel côté il faudra se situer. Chacun doit assumer la responsabilité de ses choix et de leurs conséquences. Nous assistons actuellement à la poursuite de l’objectif poursuivi suite à la crise sanitaire : si quelqu'un se fait piquouzer, sans que l’on ait à demander le pourquoi, on en concluera que chacun décide lui-même et en assume également les conséquences. Je vous renvoie à mon post d'hier ("Ce qui est en jeu", cf. infra). Depuis cet après-midi, c'est officiel et plus personne ne peut se soustraire à la décision : soit on est du côté de l’instance criminelle mondiale qu'est l'Amérique, soit on ne l'est pas. Il n'est plus nécessaire d'en débattre.

***

Ce qui est en jeu

Ces dernières semaines, des militants bien intentionnés ne cessent de répéter que la guerre en Ukraine n'est pas la nôtre et que nous devrions plutôt nous occuper de l'Allemagne. Mais ce n'est pas suffisant.

En Ukraine, c'est l'avenir du monde qui est en jeu, indépendamment de la durée de la guerre et de la possibilité qu'elle se termine par une solution négociée qui ne ferait que retarder le conflit en soi. Mais les "masterminds", qu'ils s'appellent Alexandre Douguine ou Francis Fukuyama, sont tout à fait d'accord sur le fait que l'issue du conflit ukrainien sera déterminante pour l'orientation future de la situation mondiale. Soit l'Occident l'emporte, soit ce n'est pas le cas : la Russie, la Chine et l'Eurasie en formation auront alors acquis la maîtrise de la situation. Dans ce sens, l'issue de la guerre est très importante pour notre propre avenir. Comme l'Allemagne n'a actuellement ni les moyens ni même la volonté d'adopter une position neutre, elle participe inévitablement à la confrontation entre les blocs et en subira les conséquences, dans un sens ou dans l'autre. Face à cela, chacun devra d'une manière ou d'une autre se positionner et expliquer quelles sont les conséquences du jeu en acte qu'il préfère et quelles sont celles qu'il préfère épargner à notre pays.

Celui qui ne fait rien - de même que celui qui soutient l'Ukraine - soutient la poursuite de l'hégémonie américaine, des "valeurs dites occidentales", du pillage du monde par Big Money. Il soutient le fait que l'Allemagne reste une plaque tournante pour les guerres d'agression américaines dans le monde entier et devienne la cible d'éventuelles attaques militaires de toute partie adverse. Il soutient aussi le suicide économique de l'Europe qui a soutenu une politique énergétique délirante et des sanctions absurdes. Il soutient le programme satanique des élites occidentales, qui se résume à la destruction de la famille, à la destruction de notre santé et de notre intégrité physique, à l'effacement de l'identité personnelle (via le transhumanisme !).

En supposant que la Russie ne fasse PAS partie du Great Reset : la Russie, la Chine et l'Eurasie représentent au contraire la fin de la domination mondiale du dollar américain, l'avènement d'un véritable ordre mondial multipolaire, le respect des valeurs traditionnelles telles que la famille, la patrie et l'identité, et le rejet de toutes les formes de décadence libérale occidentale, qui est de facto une "culture de mort". Au printemps 2020, Poutine a déclaré que tant qu'il serait au pouvoir, il n'y aurait pas de "mariage homosexuel" en Russie - une déclaration parmi d'autres.

Oui, il y a des nuances de gris et des nuances intermédiaires : des pays comme la Russie et la Hongrie ont également mis en œuvre cette mise en scène mondiale que fut le « confinement sanitaire », parfois en adoptant des mesures drastiques ; la Chine l’a pratiqué de manière encore plus coercitive. La Chine en particulier, avec son système de crédit social et l'un des régimes sanitaires les plus rigides au monde, et, là, ce n'est pas nécessairement un modèle pour nous. Personne ne devrait non plus être naïf en ce qui concerne la Russie : personne ne s'attend à ce que la Russie nous "libère". Mais si elle poussait les Américains hors d'Europe, ce serait déjà un saut quantique pour notre partie du monde, dont les conséquences seraient difficilement prévisibles ; encore plus pour la répartition globale du pouvoir.

Au fond, c'est très simple. Les Américains ont encore du mal à accepter le fait qu'ils ne jouent plus dans la cour des grands. La Chine a remplacé les Etats-Unis en tant que championne du monde des exportations, le dollar perd du terrain à grande échelle (ce qui explique la course folle à la guerre de l'Occident, qui utilisent les malheureux Ukrainiens pour arriver à ses fins) ; l'Inde et l'Arabie saoudite sont en train de passer au paiement en roubles, et en Europe, Orbán fait ses premiers pas en ce sens. Et, enfin, la Russie et la Chine disposent d'armes hypersoniques, mais non les Américains. Ce qui signifie que les Américains sont en train de passer en deuxième division. Pour l'instant, ils ont encore du mal à l'accepter. Quelques coups sensibles, de nature militaire mais aussi monétaire, pourraient éventuellement leur faire comprendre qu'ils n'ont plus rien à faire en Europe. Biden ne sera pas assez fou pour risquer une guerre nucléaire à cause de l'Ukraine - ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'utilisation d'armes nucléaires tactiques en Europe.

L'Europe, l'UE, va passer à l'état de décomposition active dans les prochains mois, dans un an ou dans trois ans au maximum. Poutine n'a même pas encore commencé à fermer le robinet du gaz et tend toujours la main à l'Occident. L’eurocratie de Bruxelles est assez folle pour se tirer une balle dans le pied. L'Europe s'apprête à vivre un interrègne sanglant et agité : elle pourrait échanger un hégémon contre un autre, et le retour à sa propre force est loin d'être visible. Mais la catastrophe peut ouvrir de nouvelles voies qui ne sont pas encore perceptibles aujourd'hui. En attendant, il se peut que les valeurs de l'Europe - les vraies - soient mieux conservées à Moscou qu'à Bruxelles et à Washington.

La revue de presse de CD 17 avril 2022

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La revue de presse de CD

17 avril 2022

EN VEDETTE

Outil de travail, un annuaire de six clubs d’influence

N’en déplaise aux esprits simples il n’existe pas de « grand complot mondial » avec une salle obscure ornée de flambeaux, où de petits hommes gris (vous pouvez changer la couleur selon vos goûts) se réunissent à 7, 10 ou 12 pour décider du sort du monde. Mais il existe bien des cercles d’influence dont une partie au moins des activités sont publiques et les autres privées, dans des proportions variables. Un de nos lecteurs (que nous remercions) s’est livré à une compilation des membres de certains d’entre eux. Il obtient un tableau à près de 1200 entrées dont de nombreux journalistes, certains noms peuvent se retrouver plusieurs fois s’ils appartiennent à plusieurs cercles. Nous conseillons à nos lecteurs de télécharger cette base de données qui constitue un instrument de travail parmi d’autres. Notre lecteur s’est intéressé à six cercles d’influence dont au moins quatre sont dans l’orbite du soft power américain.

Ojim.fr

https://www.ojim.fr/outil-de-travail-un-annuaire-de-six-c...

CHINE

Entre influence et reconnaissance : la Chine dans l’Afghanistan des talibans

La Chine presse discrètement ses interlocuteurs talibans de veiller à ce que ses intérêts et ses investissements en Afghanistan fassent l’objet d’un soin particulier. Et surtout que le territoire afghan se garde d’accueillir à nouveau tout membre de la minorité musulmane chinoise ouïghoure du Xinjiang, hostile au gouvernement de Pékin. Quoique les autorités chinoises se gardent officiellement d’un tel projet, ce lobbying assumé par Pékin s’apparente de plus en plus à une entreprise réfléchie de reconnaissance internationale progressive de l’Émirat islamique d’Afghanistan.

Asialyst.com

https://asialyst.com/fr/2022/04/09/chine-afghanistan-tali...

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DÉSINFORMATION/CORRUPTION

Nils Melzer, rapporteur de l’ONU sur la torture : « Journalistes, l’affaire Assange vous concerne »

Nils Melzer (photo), rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, avait refusé de rendre visite à Julian Assange avant 2019. Il était totalement d’accord avec la version des médias, jusqu’à ce qu’il commence à y regarder de plus près, à lire les rapports et rende visite à Assange. Trois ans plus tard, il écrit The Trial of Julian Assange: A Story of Persecution (Le procès de Julian Assange: L’histoire d’une persécution), un appel urgent à tous les journalistes. « Ce qui arrive à Assange vous concerne tous ».

Lecridespeuples.fr

https://lecridespeuples.fr/2022/04/09/nils-melzer-rapport...

L’Affaire des caricatures publiées par l’ambassade de Russie en France

L’ambassadeur de Russie a été convoqué par Jean-Yves Le Drian après avoir publié deux caricatures sur son compte twitter. Retour sur les pratiques de la caricature et la liberté d’expression à géométrie variable.

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/laffaire-des-caricatures-pu...

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Le déclin de la presse papier en chiffres

Dans le cadre de la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias, où un certain nombre d’industriels (Niel, Arnault, Lagardère, Bolloré) ont été entendus, la Direction des médias et des industries culturelles (DGMIC) a publié le 7 avril 2022 son rapport sur l’évolution de la presse papier 2010/2019 et ils ne sont pas réjouissants.

ojim.fr

https://www.ojim.fr/le-declin-de-la-presse-papier-en-chif...

ÉCONOMIE

L’économie néolibérale nous rend complètement cinglés

L’économie néolibérale était censée apporter un ordre mondial utopique. Au lieu de cela, elle nous a condamnés à un stress psychologique handicapant et à un effondrement social. Comment pourrons-nous jamais nous en remettre ?

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/l-economie-neoliberale-nous-ren...

ÉNERGIES

L’Arabie saoudite dévoile ses ambitions dans l’hydrogène

Le Royaume saoudien a récemment débuté la construction de sa première unité de production d’hydrogène vert. Ce projet, qui porte le nom d’Hélios, développé par un consortium américano-saoudien, permet aux autorités saoudiennes de dévoiler leurs ambitions dans l’hydrogène, afin de devenir rapidement l’un des plus gros producteurs au monde. Cette volonté sert deux objectifs pour l’Arabie saoudite : rester un leader de premier plan sur la scène énergétique mondial et produire une énergie plus verte et décarbonée pour répondre aux enjeux climatiques. Toutefois, ce projet n’est pas le premier, l’Arabie saoudite étant déjà un exportateur d’hydrogène bleu.

Revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/larabie-saoudite-devoile-se...

FRANCE

Présidentielle : voter avec les classes populaires et battre Macron

Je ne pensais quand même pas devoir assister en rage, au nouveau déploiement du grand barnum destiné à animer l’entre deux tours de la présidentielle. « La grande quinzaine antifasciste à nouveau dans votre ville ! » Je me trompais, ils sont tous là, les petits marquis, les profiteurs, les obligés, les corrompus, les « artistes » subventionnés, les sportifs ingrats, les faux intellectuels, ceux qui veulent aller à la soupe, ceux qui veulent la garder, les comiques officiels, les journalistes sans morale, les fonctionnaires dévoyés, tous ceux qui portent leur « antifascisme » à la boutonnière, comme un signe extérieur de richesse. Toutes les tribunes leur sont ouvertes, car notre oligarchie devenue ploutocratie a ses méthodes : le rouleau compresseur de ses médias, les pressions et l’intimidation pour les récalcitrants, on ne veut voir qu’une tête et l’entendre clamer tout unimement : « no pasaran ! »

Vududroit.com

https://www.vududroit.com/2022/04/presidentielle-voter-av...

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Corse : les paradoxes d’une île nationaliste qui vote Le Pen/Zemmour

Comment expliquer que la Corse a placé Marine Le Pen en tête des suffrages ce dimanche soir (25,58%) tout en réservant un score élevé à Eric Zemmour (12,80%) alors même que les nationalistes sont désormais hégémoniques aux élections locales ?

Breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2022/04/13/184998/corse-les-p...

Emmanuel Macron, une comète dans la galaxie Soros ?

Quelle est la proximité idéologique entre le président de la République française, Emmanuel Macron et le milliardaire américain George Soros ? Si cette question mérite d’être posée, c’est parce que certains faits mis en lumière par l’Observatoire du journalisme en avril 2021 sont pour le moins troublants. D’un côté, un milliardaire qui ne cache pas sa stratégie d’influence libérale libertaire. De l’autre, un président de la République française qui partage de nombreuses convictions de George Soros et les met en application. Il nous a paru important de sortir de l’oubli deux articles de l’OJIM publiés l’année dernière, quelque peu remaniés, consacrés à cette question.

polemia.com

https://www.polemia.com/emmanuel-macron-une-comete-dans-l...

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GAFAM

Guerre en Ukraine : Chris Hedges censuré par YouTube

« Je n’ai reçu aucune question ni avis de la part de YouTube. J’ai tout simplement disparu. Dans les systèmes totalitaires, on existe, puis on n’existe plus. Je suppose que cela a été fait au nom de la censure à l’encontre de la propagande russe, bien que j’aie du mal à voir comment une étude détaillée de « Ulysses » ou des biographies de Susan Sontag et de J. Robert Oppenheimer peuvent avoir un quelconque rapport avec Vladimir Poutine aux yeux des censeurs les plus obtus de la Silicon Valley.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/guerre-en-ukraine-chris-hedges-...

GÉOPOLITIQUE

Iran, le conflit ukrainien bouscule la donne. Entretien avec Thomas Flichy de La Neuville

Comprendre la guerre en Ukraine sans prendre en compte l’Iran serait occulter une partie du problème. Il se pourrait bien que les États-Unis changent en effet de stratégie vis-à-vis de la République islamique dans le but de freiner les exportations gazières russes. Dans cette soudaine recomposition géopolitique, le Professeur Thomas Flichy de La Neuville analyse dans quelle mesure le conflit ukrainien pourrait profiter à une nouvelle et inattendue émergence iranienne.

Revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/iran-le-conflit-ukrainien-b...

Ukraine : le manichéisme contre le réalisme géopolitique

Dans les années 1930, a-t-on négocié avec Hitler ? Si la réponse la plus évidente, la moins simpliste et donc par définition la moins séduisante sera l’affirmative pour ceux qui se souviennent des funestes accords de Munich, la pique adressée cette semaine par le Premier ministre polonais Mateuz Morawiecki à un président français qui ne s’est pas privé de répondre avec une saillie qui n’honore pas sa fonction montre l’incroyable manichéisme dans lequel se noie désormais la géopolitique mondiale relativement au conflit russo-ukrainien. Un manichéisme totalement contraire à l’esprit même des relations internationales.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/04/11/425180-ukraine-le...

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LECTURE

Titre :

Le crépuscule du monde, de Werner Herzog. Séguier, 2022.

51g2svCJI6L._SX195_.jpgPrésentation :

« Soudain, trouant le silence, une voix me demanda : ‘’Si vous ne souhaitez pas voir l’empereur, qui d’autre pourriez-vous avoir envie de rencontrer au Japon ?’’ » A cette question, Werner Herzog répondit sans hésiter : ‘’Onoda’’. Le nom, à lui seul, à l’apparence d’une énigme. En 1945, lorsque le Japon capitule, Hiroo Onod est un soldat de l’armée impériale à qui l’on a confié la défense d’une petite île des Philippines. Ignorant la défaire de son pays, retranché dans la jungle, il continuera pendant près de trente ans une guerre imaginaire où les véritables ennemis sont moins les troupes américaines qu’une nature hostile… et ses propres démons. »

Auteur :

Werner Herzog est l’un des tous derniers grands metteurs en scène vivant. Créateur d’une œuvre cinématographique immense et sans égal – Aguirre, la colère de Dieu, Fitzcarraldo, L’énigme de Kaspar Hauser, Nosferatu, fantôme de la nuit, Grizzly Man - , mélange fascinant de fiction et de documentaire, il est aussi auteur de deux livres passionnants, un récit, Sur le chemin des glaces (POL, 1988) et un entretien, Manuel de survie (Capricci, 2008)).

Extraits :

« - Vous êtes ici le seul homme à avoir été entraîné à la guerre secrète et aux

tactiques de guérilla.

  • Affirmatif, major.
  • Voici l’ordre, dit Taniguchi. Dès que nos troupes auront quitté Lubang, vous aurez pour mission de continuer à occuper cette île jusqu’au retour de l’armée impériale. Vous défendrez ce territoire selon les principes de la guérilla, quoi qu’il en coûte. Toutes les décisions, vous le prendrez seul. Vous ne serez aux ordres de personnes. Vous êtes livré à vous-même. A compter de maintenant, il n’existe plus de règles. C’est vous qui décidez des règles.

Onoda reste de marbre.

  • Oui major, affirmatif.
  • - A l’exception d’une seule règle, précise Tanigucchi. Il ne vous est pas permis de porter la main sur votre propre personne. Si vous deviez être fait prisonnier, vous vous chargerez plutôt de livrer à l’ennemi toute une série d’informations erronées. »

« La guerre de Onoda n’a aucune importance pour le cosmos, le destin des peuples, le déroulement du conflit. La guerre de Onoda est composée à partir de l’union d’un néant imaginaire et d’un rêve, mais la guerre de Onoda, conçue à partir de rien, est un événement transcendant, un de ceux qui sont extorqués à éternité. »

«  A compter de maintenant et pour deux – ou quelques instants – Onoda est une partie de la jungle en mouvement. Lorsque, une fois, il réalise qu’il ne va pas pouvoir éviter une petite troupe de soldats de l’armée philippine en train d’avancer, il s’enfouit à la dernière minute sous une couche de feuillages. Dans sa précipitation, un retardataire de la troupe lui marche sur la main sans le remarquer. »

RÉFLEXION

Les jeunes, la consommation, la mondialisation : une question d'identité

Il est très difficile de prévoir comment les jeunes vont réagir à leur crise d'identité. Comment vont-ils s'orienter ? Préféreront-ils s'abandonner au vide existentiel des temps modernes ou feront-ils de la question de l'identité le pilier de leur rédemption ?

Euro-synergies.hautefort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/04/08/l...

SANTÉ/MENSONGES/LIBERTÉ

Investigations et Expertises

Je vous mets à disposition ici les résultats de mes investigations et expertises, des liens sur les documents source des essais cliniques : Vous y trouverez mon « Evaluation des pratiques méthodologiques mises en œuvre dans les essais Pfizer dans le développement de son vaccin ARN-messager contre la COVID-19 en regard des Bonnes Pratiques Cliniques » Ce rapport met en évidence les multiples biais méthodologiques invalidant les résultats de l’essai clinique de phase 3 ayant donné lieu à l’utilisation du vaccin Comirnaty ® en vie réelle.
Mes conclusions expliquent notre réalité d’aujourd’hui :
– efficacité médiocre du vaccin,
– durée de la protection de 4 mois
– effets secondaires graves nombreux et inquiétants.

Le Blog de Christine-Cotton

https://christine-cotton.1ere-page.fr/

La Doxa du Covid : récit clinique d’une manipulation

Cet essai de Laurent Mucchielli est clair, net et précis : critique et clinique ! Pas de fioritures : du concret, des faits, rien que du concret. À chaque page, trois ou quatre notes de bas de page qui viennent prouver le dire du chercheur, via un panoramique assez impressionnant de ce qui s’est publié depuis une dizaine d’années en général, et ces deux dernières en particulier, dans les journaux scientifiques et ceux de sociologie sur la santé publique.

francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/la-doxa-du-co...

samedi, 16 avril 2022

La crise ukrainienne à travers les yeux du monde arabe

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La crise ukrainienne à travers les yeux du monde arabe

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/04/15/ukrainan-kriisi-arabimaailman-silmin/

En Finlande et dans d'autres pays de l'UE, les événements en Ukraine sont suivis de près par les journalistes des médias grand public et les émissions d'information. La couverture officielle de YLE (la radio-télévision publique en Finlande) est d'un ton monocorde et recycle principalement la propagande produite par l'Occident et le régime ukrainien.

En Asie de l'Ouest (le "Moyen-Orient" en termes occidentaux), l'opération spéciale de la Russie est également très présente dans les médias sociaux de la région. Les analystes locaux surveillent également la façon dont l'Internet réagit à ces événements et leurs implications dans différents domaines de la vie et de la politique.

Cependant, le mélange de préférences et d'opinions politiques et idéologiques est différent de celui de l'Occident. Les accusations critiquant les événements en Ukraine sont davantage dirigées contre les États-Unis et leurs alliés que contre la Russie.

"Il y a plusieurs raisons à ce ton", explique le chercheur Yuri Zinin. "L'une des plus importantes est que la perception de la réalité actuelle par les gens est influencée par leurs souvenirs de la domination passée de l'Occident sur la région arabe. Les communautés locales en ont fait l'amère expérience, ce qui, d'une manière ou d'une autre, alimente des blessures qui n'ont jamais guéri."

L'"anti-occidentalisme" qui s'est accumulé au fil des décennies prend un nouveau sens. C'est pourquoi "beaucoup dans le monde arabe n'acceptent pas la rhétorique américaine sur le droit international et la souveraineté des États à la lumière des événements en Ukraine", suggère Zinin. Les violations de la souveraineté et des droits nationaux en Palestine, en Irak et en Libye sont souvent citées comme point de comparaison.

Le régime actuel de Kiev a également tenté de rejoindre l'Occident dirigé par les États-Unis. Même le vocabulaire du régime ukrainien est "emprunté aux ennemis de la Russie". Les personnes qui suivent le conflit dans le monde arabe se demandent donc "si les nationalistes ukrainiens combattent la Russie pour se défendre ou s'ils se précipitent simplement au secours des États-Unis et de l'OTAN".

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Dans les médias sociaux du monde arabe, les événements en Ukraine et les réactions de l'Occident sont également comparés aux conflits dans leur propre région, qui n'ont pas reçu la même réponse internationale, et les Occidentaux ne sont pas aussi réceptifs aux victimes de conflits plus éloignés, voire pas du tout.

"La vaste campagne médiatique menée par l'Occident en faveur du gouvernement de Kiev suscite des doutes chez les Arabes quant à sa base morale", déclare Zinin. "Les documents et les reportages télévisés qui poussent la souffrance des Ukrainiens afin de susciter la sympathie du public sont si agressifs qu'ils créent l'effet et la réaction exactement opposés parmi les utilisateurs des médias sociaux."

Selon les utilisateurs des médias sociaux, les médias mondiaux et le cyberespace font beaucoup de bruit autour de la guerre en Ukraine, mais ce qui se passe réellement est bien plus réduit au silence et dissimulé. La compréhension des internautes est largement colorée par la production des désinformateurs et falsificateurs ukrainiens et occidentaux.

Le site arabe Misbar, qui depuis 2019 s'est spécialisé dans la recherche et la dénonciation de faux fichiers dans les communautés en ligne, a été actif à cet égard. Ces dernières semaines, elle a enquêté et découvert un certain nombre de cas de ce type en Ukraine, sur la base de sources documentaires vérifiées.

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Il s'agit notamment d'images publiées de maisons incendiées par l'armée russe dans la ville de Sumy, au nord-est de l'Ukraine. Selon Misbar, ce ne sont rien d'autre que des photos de presse prises le 2 février 2020 après un incendie dans la ville d'Irshava, dans la région de Taka-Karpattia, en Ukraine occidentale.

Un autre exemple est une vidéo de prétendues attaques ukrainiennes sur des véhicules blindés russes à Kiev. Là encore, il s'agissait d'un faux : il s'agissait d'images de manifestants ukrainiens lançant des cocktails Molotov sur les troupes ukrainiennes lors de manifestations en 2014.

La publication émiratie fait référence au président ukrainien qui, avec le soutien de l'équipe occidentale, a gonflé le nombre de victimes civiles de l'opération russe. Il a également été établi que de nombreuses photographies citées comme preuves de "crimes de guerre" sont des montages, c'est-à-dire des prises de vue successives d'une même situation. Le journal algérien Le Jeune Indépendant a qualifié le massacre de Boutcha de "nouveau mensonge des atlantistes pour dénigrer la Russie".

Le monde arabe exprime ainsi "sa méfiance à l'égard du système international, qui a contribué à la crise dans la région et s'est précipité au secours de l'Ukraine, tout en ignorant les choses négatives qui se sont produites ou se produisent encore dans de nombreux pays arabes".

Selon le journal saoudien Okaz, les Arabes et leurs élites culturelles penchent vers la Russie sur la question ukrainienne. Toutefois, j'estimerais personnellement que leur attitude est également une indication de la réussite du Kremlin dans l'établissement de relations avec ses partenaires arabes au cours de la dernière décennie.

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Moscou entretient des relations particulièrement étroites avec les EAU et les deux pays coopèrent dans le cadre de jeux à l'étranger en Afrique et en Asie occidentale. Dans le même temps, les relations entre les Émirats et d'autres pays de la région et les États-Unis ont été tendues par les récents changements de politique sous Biden et l'administration précédente.

Les pays arabes considèrent la détérioration de leurs relations avec l'Occident comme une tendance plutôt que comme une série de décisions et d'événements individuels. La Russie est considérée comme un partenaire plus durable et plus fiable à long terme que les États-Unis.

"L'opération de la Russie en Ukraine est un cas particulier", déclare un écrivain arabe. Il est devenu "l'étincelle tant attendue qui contribuera au processus de sortie de l'ère d'incertitude ou de volatilité politique que le monde a connue toutes ces années".

L'ère américaine s'est caractérisée par "un Occident collectif poursuivant des politiques hégémoniques, pillant les biens nationaux et écrasant la volonté des nations par ses sanctions, et d'autres pôles qui ont peu à peu construit leurs économies et leurs institutions pour prendre leur place dans l'équilibre international des forces en fonction de leur potentiel croissant".

Cependant, ces nouveaux pôles géopolitiques se sont heurtés à chaque fois à la détermination de l'Occident à maintenir le statu quo et à conserver son propre ordre comme seul centre de pouvoir dans le monde, au lieu d'un système plus pluraliste et équitable.

"Le fait que les relations se soient maintenant envenimées et soient devenues plus turbulentes dans d'autres parties du monde que la seule Ukraine est un signe de changements imminents pour corriger les dysfonctionnements du système dans lequel le monde a vécu ces dernières décennies", prédit Zinin.

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France. La somme ne fait pas le total

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France. La somme ne fait pas le total

par Roberto Pecchioli

Source: https://www.ideeazione.com/francia-la-somma-non-fa-il-totale/

Le premier tour des élections présidentielles françaises évoque un vers du comique italien Totò (1898-1967) : c'est la somme qui fait le total. Dans ce cas, par la négative ; la somme ne fait pas le total, car une fois de plus, une anomalie des démocraties libérales autoproclamées s'est manifestée : la majorité des citoyens a voté contre le système, mais le système a gagné. Le 24 avril, cette vérité sera confirmée par le second tour entre Emmanuel Macron, le président en exercice, jeune gentleman de l'écurie Rothschild prêté à la politique, et Marine Le Pen, son adversaire, décrite comme une représentante de l'extrême droite.

Le schéma est le même que lors des élections précédentes et le résultat sera le même, même s'il est certain que la différence de voix entre l'homme de l'oligarchie et la femme de l'opposition sera beaucoup plus faible qu'en 2017, lorsque le schéma classique de la politique - pas seulement française - a fonctionné à la perfection, à savoir la conventio ad excludendum, le cordon sanitaire contre Le Pen, qui avait déjà été testé jadis contre son père Jean Marie.

Un coup d'œil aux chiffres : Macron a obtenu un peu plus de 27%, Le Pen plus de 23%, dépassant le troisième venu, Jean Luc Mélenchon, champion de la gauche sociale, d'environ un demi-million de voix. La défaite des partis politiques qui ont dominé la scène transalpine pendant des décennies a été dévastatrice : un humiliant 4,7 % pour la représentante de la droite modérée, Valérie Pecresse, et même 1,7 % pour Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris. Les résultats des écologistes et du candidat communiste, fidèle allié des socialistes, ont été très modestes. En revanche, le résultat du candidat rural conservateur, Jean Lassalle, est flatteur, avec un score peu impressionnant de 3 % des voix. Les 7 % recueillis par le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour, un juif d'origine maghrébine, qui a mobilisé un nombre considérable de jeunes et imposé plusieurs thèmes de campagne, sont contradictoires.

Les deux candidats ultra-communistes ont fait chou blanc, avec un résidu de 2% pour le souverainiste Dupont Aignan, le seul à s'être rangé du côté de Marine Le Pen au second tour il y a cinq ans. Le taux d'abstention a été intéressant, atteignant 28% - un record - auquel il faut ajouter un nombre ostensible de citoyens non inscrits sur les listes électorales, une mesure préventive que la France partage avec les Etats-Unis.

Un Français sur trois n'a pas voté, et bien plus de 50% (Le Pen, Mélenchon, Lassalle, Dupont Aignan, l'ultra-gauche, certains partisans de Zemmour et les communistes "officiels") sont allés aux forces anti-establishment. Cependant, ceux-ci perdront, car la somme ne fait pas le total, c'est-à-dire qu'il est impensable que les opposants à Macron et à l'establishment convergent massivement vers la candidature de Le Pen. Au contraire, le réflexe conditionné de barrer la route à l'extrême droite a déterminé - alors que le dépouillement est encore en cours - le déploiement unanime des communistes, des socialistes, des écologistes et de la droite modérée et étourdie en faveur de Macron. Le soutien attendu de l'ancien président Sarkozy à son successeur est également arrivé.

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De manière cryptique, Mélenchon a exhorté les gens à ne pas voter pour Marine Le Pen, mais a évité de prendre le parti de Macron. Il semble que beaucoup ne l'écouteront pas: un tiers de ses électeurs serait prêt à voter pour Le Pen. Quoi qu'il en soit, la victoire de Macron ne fait aucun doute, même si l'écart ne sera pas énorme. Le système de pouvoir gagnera malgré le fait qu'il soit manifestement minoritaire parmi les citoyens. Un scénario similaire à celui de l'Italie, ressemblant de plus en plus à celui de l'Espagne et de l'Allemagne. Les anciennes "grandes" familles politiques du vingtième siècle qui se partageaient le pouvoir en faisant semblant de se le disputer (socialistes, popularistes démocrates-chrétiens, libéraux) ont de moins en moins d'audience dans l'opinion publique, mais elles parviennent à maintenir leur emprise sur la société parce que leurs adversaires sont politiquement incompatibles, querelleurs, en proie à des conflits passés et à des idiosyncrasies rédhibitoires. Diviser pour mieux régner, la plus ancienne leçon de pouvoir.

L'addition ne fait pas le compte et des millions de personnes, en France, en Italie et partout ailleurs, se réfugient dans l'abstention, dans l'indifférence rancunière, dans la radicalisation verbeuse. Pensons, en clé italienne, à l'immense déception de la grillina, qui a rassemblé en 2018 un électeur sur trois et a été instantanément apprivoisée et cooptée dans les mécanismes du pouvoir. Le sort de la Ligue, devenue l'alliée du gouvernement Draghi, le vice-roi des puissances fortes dont le métier est de liquider ce qui reste de la souveraineté, de l'économie et de la nation, n'est pas différent.

Les réactions italiennes au résultat des élections sont significatives : seul Salvini est favorable à Le Pen, tandis que Berlusconi fait l'éloge du "libéral et modéré" Macron et que Giorgia Meloni se déclare neutre, attendant le parti de Zemmour et la minorité gaulliste anti-Macron. Un intellectuel conservateur, Marco Gervasoni, souhaite la victoire de Macron parce qu'il est de droite.  Regardons les choses en face : il a raison. L'ancien fonctionnaire de Rothschild et ancien ministre socialiste est le produit d'une intuition de Giovanni Agnelli : la meilleure droite est le centre-gauche. Le droit de l'argent et la gauche de la morale se rencontrent au centre pour les affaires, comme l'a écrit un intellectuel socialiste, Jean-Claude Michéa. Macron est le croisement parfait entre la riche gauche "progressiste" - caviar, dit-on en France - et la vraie droite - libérale, atlantiste, mercatiste.

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Il est désormais inconvenant de considérer Marine Le Pen comme "d'extrême droite". Elle est la favorite des ouvriers français et des classes populaires: son programme social est tout sauf libéral, et ses mots d'ordre très clairs sur l'immigration et la culture de l'effacement sont moins radicaux que ceux de Zemmour, dont la base électorale est constituée des classes moyennes supérieures. Le schéma déjà vécu en Amérique se répète: Trump représente les valeurs morales traditionnelles et les grands secteurs territoriaux et sociaux des perdants de la mondialisation; les Démocrates représentent les classes supérieures urbaines et le radicalisme sur les questions éthiques et sociales.

Le 10 avril 2022, la France a montré que le schéma gauche-droite ne signifie presque plus rien. Elle est utilisée par le pouvoir en place pour se maintenir en place tout en diabolisant l'adversaire, en exerçant un chantage et en ralliant à lui les milieux et les classes dont les intérêts divergent des politiques concrètes mises en œuvre par les groupes dirigeants, qu'ils soient de centre-gauche ou de centre-droit. Le système de parti unique l'emporte en raison de l'incapacité persistante à trouver un terrain d'entente pour une vaste opposition à la fois politique, sociale, éthique et fondée sur des valeurs.

Le schéma est évident pour toute personne qui observe la réalité sans œillères: pas de droite/gauche, mais du haut/bas, centre/périphérie, exclus/gratifiés, villes/campagnes et banlieues, gagnants/perdants de la mondialisation, mondialistes/souverainistes et identitaires. En ce sens, les électeurs de Macron seront principalement des fonctionnaires, des professions libérales, des travailleurs de haut niveau dans les nouvelles technologies, des employés des secteurs économiques "forts" et des grandes villes. Le reste de la société est déjà son ennemi, comme le montre la révolte des gilets jaunes, les vagues de grèves et de manifestations populaires, l'opposition farouche à l'augmentation de l'âge de la retraite.

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Chaque nuit, la France est secouée par des émeutes, tandis que dans au moins sept ou huit cents quartiers (les banlieues), la police n'entre plus, soustraite de fait à l'autorité de la fière République. La nuit des élections a vu la dévastation de plusieurs villes, démontrant comment le modèle jacobin d'assimilation de grandes masses non-européennes a échoué de manière retentissante, tout comme les tentatives d'intégration. La France est aujourd'hui ce que l'Italie sera très bientôt.

La géopolitique joue un rôle important. La France aime se considérer comme une grande puissance sans en être une, mais elle conserve un certain degré d'indépendance internationale. Macron n'a pas épousé sans critique la ligne américaine sur le conflit ukrainien et a besoin d'accords avec l'avancée de l'axe russo-chinois en Afrique, où les intérêts français dans les pays dont la monnaie est encore le franc colonial émis par Paris sont énormes. Marine Le Pen interprète un sentiment répandu en promettant, en cas de victoire, de sortir le pays du commandement intégré de l'OTAN, une position gaulliste.

Cependant, la question à se poser est autre: la chef du Rassemblement national peut-elle vraiment devenir président ? La réponse est non. L'Europe, le système atlantique, l'oligarchie non élue de l'Occident peut tolérer - avec un agacement croissant - la petite faction hongroise, supporter l'anomalie polonaise dans une clé anti-russe, mais elle ne peut accepter une France désalignée, souverainiste et protagoniste de politiques migratoires, financières et sociales qui ne sont pas conformes à ses intérêts d'oligarchie. Une victoire de Le Pen plongerait probablement la France dans un climat insurrectionnel dont le feu serait attisé par les puissances financières, économiques et militaires mondialistes.

Cela signifie que la France, même fière, est un pays à souveraineté limitée et que la démocratie - c'est-à-dire la participation et la décision du peuple sur son propre destin - n'est qu'un vain mot. Cela fonctionne tant que celui qui leur plaît gagne, cela devient de l'extrémisme, du populisme et tout court du fascisme ou du communisme si un peuple décide d'une manière qui diffère de la volonté de ceux qui dominent le monde et contrôlent la presse, l'économie, la culture, la finance et la politique. Sous Macron, le fonds géant Black Rock a pénétré en France avec un succès retentissant, tout comme un géant du conseil, McKinsey.

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Déjà soupçonné d'avoir piloté la campagne présidentielle de 2017 en fonction des intérêts américains, le groupe a remporté des contrats d'une valeur de 2,3 milliards d'euros pour travailler sur des questions allant de la réforme des retraites à la numérisation. Malgré la force et la qualité traditionnelles des cadres supérieurs français, Macron a privatisé les grands choix, qui plus est à une société étrangère. Mc Kinsey est également accusé de ne pas avoir payé un centime d'impôt en France: c'est probable, car les sociétés de services - déterritorialisées comme les Gafam - parviennent à échapper à l'impôt partout, avec un réseau de sociétés, de facturation carrousel et de bureaux fictifs dans les paradis fiscaux. Selon le politologue français Thierry Meyssan, "le groupe McKinsey a réalisé un véritable exploit en élisant à la présidence un homme politique inexpérimenté afin de détruire la société française".

McKinsey et le Boston Consulting Group sont devenus les conseillers du gouvernement en matière de politique de défense, de climat et de migration, ainsi que dans le développement de stratégies épidémiques. Il y en aurait assez pour évincer le président, qui est également soupçonné d'évasion fiscale pendant les périodes où il a travaillé comme intermédiaire d'affaires de haut niveau. Des rumeurs, des soupçons, peut-être, qui s'abattraient pourtant comme des rochers sur le candidat Macron s'il n'était pas l'élu du système. En 2017, un scandale a été monté contre son adversaire le plus accrédité, le gaulliste François Fillon, qui n'a abouti à rien, l'accusation d'avoir employé sa femme comme eurodéputée avec un salaire de commis. La route était pavée pour l'enfant prodige.

Croyons-nous encore à la volonté du peuple, à la régularité matérielle des élections, à la possibilité réelle que les demandes du peuple l'emportent, quelles qu'elles soient ?  Si l'alternative n'est pas au goût des échelons supérieurs, ils organisent une campagne de diabolisation. Cela a fonctionné pendant des années, cela fonctionnera également au second tour entre Macron et Le Pen. Une fois encore, la somme ne s'additionnera pas. Mais c'est peut-être la dernière fois : bientôt la vague, d'où qu'elle vienne, qui l'incarne, ne pourra plus l'arrêter. Ou ils suspendront les délais inutiles, les procédures fatiguées de "leur" démocratie. En Italie, ils l'ont déjà fait.

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Journaloperies

par Georges FELTIN-TRACOL

La guerre en Ukraine charrie comme tous les conflits son flot inévitable de fausses informations et de propagande tant du côté de l’agresseur russe que de l’agressé ukrainien. Dans ces circonstances tragiques, le système médiatique occidental d’occupation mentale n’hésite pas à tordre la réalité ou à créer des faits imaginaires afin d’émouvoir les masses crédules. La découverte de charniers dans la banlieue de Kyïv devrait inciter ce petit monde médiatique à la plus grande prudence. A-t-il déjà oublié l’affaire des couveuses de Koweït-Ville débranchées en 1990 par des soldats irakiens ? Cette information traumatisante se révéla un mensonge fomenté dans le cadre d’une intense guerre psychologique contre l’Irak. Et que penser du précédent de Timișoara en Roumanie ? L’exposition médiatique de nombreux cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants provoqua la chute de Nicolae Ceaușescu à Noël 1989. On apprit plus tard que les dépouilles sortaient des morgues locales. La manipulation macabre revenait au KGB gorbatchévien ainsi qu’aux agents pro-soviétiques de la Securitate.

La présente narration journalistique ne respecte aucune déontologie. Les officines occidentales de désinformation le démontrent tous les jours. Le constatant en direct, le gouvernement militaire malien vient de suspendre la diffusion sur son territoire de France 24 et de RFI (Radio France Internationale) accusées de soutenir des allégations fausses. Cette décision légitime scandalise le gouvernement hexagonal et les journalistes du sérail qui, en revanche, se félicitent du bannissement dans toute l’Union dite européenne des réseaux de RT et de Sputnik dès le 1er mars 2022.

La Commission de Bruxelles a pour l’occasion outrepassé ses droits et violé l’accord audio-visuel signé avec l’autorité française compétente en excluant ces deux entreprises médiatiques. Malgré une audience plus que limitée, Sputnik et RT France travailleraient l’opinion publique au même titre que CNN, France 24, Radio Free Europe - Radio Liberty ou la BBC World Service. Cette censure extra-légale n’offusque pas les habituels dévots de la liberté d’expression à sens unique.

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Véritable expert de l’enfumage élevé au rang d’œuvre d’art, le quotidien Le Monde s’associe avec d’autres organes de presse occidentaux afin de révéler l’ensemble des biens détenus en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie par Vladimir Poutine, son entourage et les oligarques russes. Il est en revanche étrange qu’aucun journaliste du Système ne se penche sur le patrimoine modeste d’Emmanuel Macron. Le « super-banquier » élyséen ne serait-il qu’un smicard contrarié ? Ce manque de curiosité surprend. Les grands groupes de presse pourraient aussi se saisir de l’incroyable « McKinseygate » s’ils n’étaient pas la propriété de ploutocrates liés aux commandes publiques. Il y a cinq ans, l’emploi fictif de Pénélope Fillon et les costumes de son mari suscitaient la mobilisation totale des journalistes et l’intervention rapide du Parquet national financier (PNF). Pour le « McKinseygate », le PNF vient à peine d’ouvrir une enquête préliminaire. Ne voudrait-il pas nuire à la réélection du candidat – président ? Peut-on encore croire à l’indépendance de la justice et des magistrats ?

Très en pointe en 2017 contre François Fillon, Le Canard Enchaîné s’écarte de ce scandale. Le palmipède imprimé préfère harceler Marine Le Pen, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon plutôt que dénoncer le pillage organisé  méthodique de l’État par la caste mondialiste auquel il appartient.

Obsédés par l’extrême droite, les « Laurel et Hardy » guère comiques d’un quotidien gaucho-bancaire et la jeune inquisitrice d’un titre vespéral habitué aux articles spécieux quasi-psychotiques, vivent paradoxalement de la persistance de la supposée « bête immonde ». Sans elle, ils pointeraient à Pôle Emploi… Avec une rare mauvaise foi, ils pratiquent volontiers l’amalgame. Un tragique fait-divers, à savoir le meurtre de l’ancien joueur de rugby argentin, Federico Martín Aramburú, dans la nuit du 18 au 19 mars dernier dans le centre de Paris, permet à la meute journalistique de donner l’identité des personnes suspectées, de publier leur visage et d’insister sur leur militantisme passé au GUD (Groupe Union Défense) comme si la sanglante altercation avait eu une connotation politique. Pourquoi les officines de presse ne procèdent-elles pas de même pour les trafiquants de drogue, les délinquants du quotidien et les violeurs ? C’est à se demander si un militant identitaire urinant dans un jardin public à 2 h du matin ne commettrait pas un crime contre l’humanité...

Le 16 février 2022, le journal télévisé de France 2, dans le cadre de « L’Œil du 20 heures », diffusait un reportage tourné en caméra caché aux dépens d’Academia Christiana que surveilleraient les services de renseignement. Pour quelle raison maligne ? Les six minutes malhonnêtes chargent une sympathique et efficace association catholique identitaire culturelle et métapolitique. Le reportage proteste qu’une école hors contrat réservée aux garçons en Normandie accueillit les premières universités d’été d’Academia Christiana. Les résultats exceptionnels aux examens nationaux écrasent les établissements publics des environs en dépit de leurs soins pédagogiques palliatifs avancés. Il s’indigne par ailleurs qu’un médecin généraliste ne prescrive pas aux adolescentes la pilule contraceptive dont le rejet dans les eaux affecte les écosystèmes et les organismes vivants. Plutôt qu’accuser ce médecin, n’aurait-il pas dû cibler la pornographie qui assaille en permanence une jeunesse lobotomisée par l’« enseignement de l’ignorance » ?

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Le président d’Academia Christiana, Victor Aubert (photo), a dès le lendemain réagi aux attaques de ce reportage excrémentiel. Grâce aux réseaux sociaux, il a su contourner le refus inacceptable de France 2 de lui donner un droit de réponse. Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que les « flics de l’information triturée » versent dans la « journaloperie » ordinaire. Sans tomber dans la paranoïa, restons vigilants, tenons notre langue et montrons tout notre mépris aux mercenaires du mensonge médiatique éprouvé. 

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 28, mise en ligne le 13 avril 2022 sur Radio Méridien Zéro.

vendredi, 15 avril 2022

Les barres de combustible à l'uranium - le monopole énergétique caché de la Russie

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Les barres de combustible à l'uranium - le monopole énergétique caché de la Russie

Auteur : U.K.

Source: https://zurzeit.at/index.php/uranbrennstaebe-russlands-verdecktes-energiemonopol/

Même si l'Autriche n'a jamais eu de centrale nucléaire en service et que l'Allemagne prévoit de fermer ses trois dernières centrales nucléaires à la fin de l'année, l'électricité nucléaire produite par des centrales de conception russe est une source d'énergie indispensable pour 100 millions de personnes dans les pays de l'Est de l'UE.

Dans les pays de l'ancien bloc de l'Est, mais aussi en Finlande, les réacteurs nucléaires à eau pressurisée de la série VVER, développés à l'époque soviétique, fournissent environ 40% de l'énergie électrique dont ces pays ont besoin. Mais ailleurs aussi, comme en Chine, en Turquie, en Inde, en Iran et bientôt au Bangladesh, les réacteurs VVER russes produisent de l'énergie électrique pour la charge de base.

Mais contrairement à une centrale à charbon conventionnelle, qui ne se soucie pas de savoir si le combustible est pelleté dans la chaudière depuis la Pologne, la Russie ou l'Australie, les réacteurs nucléaires nécessitent des barres de combustible à l'uranium adaptées dans les moindres détails à chaque type de réacteur. Ces barres de combustible sont des composants mécaniques de précision dans lesquels des pastilles céramiques d'uranium légèrement enrichi sont placées dans des réseaux de barres de zirconium, avec des tolérances de l'ordre du centième de millimètre.

La production doit respecter des règles réglementaires très strictes, notamment pour s'assurer que le matériau fissile ne puisse pas être réutilisé ultérieurement à des fins militaires. En général, le processus d'obtention d'une licence internationale pour un fabricant de barres de combustible dure environ cinq ans, et peu de pays dans le monde disposent de l'infrastructure et de la technologie nécessaires.

C'est ainsi que les réacteurs VVER actuellement en service, d'une puissance de 440 à 1.200 mégawatts, ne peuvent fonctionner qu'avec des barres de combustible fabriquées par TVEL, filiale de Rosatom, dans ses usines d'Elektrostal près de Moscou et de Novossibirsk. Certes, le groupe américain Westinghouse fabrique désormais des barres de combustible compatibles, qui sont également utilisées dans certaines centrales VVER en Ukraine. Mais même au sein d'une gamme de modèles, les barres de combustible ne peuvent pas être échangées à volonté, et les répliques américaines sont beaucoup plus chères que les originales de Rosatom.

Il n'y a donc pas d'alternative pour les exploitants de centrales en Europe de l'Est s'ils ne veulent pas rester dans l'obscurité. Même les politiciens responsables l'ont reconnu et n'ont pas encore inscrit la technologie nucléaire russe sur la liste des interdictions.

D'ailleurs, le renchérissement général des matières premières énergétiques n'épargne pas le minerai d'uranium brut : le prix du minerai d'uranium au Chicago Mercantile Exchange a triplé au cours des deux dernières années pour atteindre actuellement 63,5 dollars par livre américaine (environ 0,45 kg), après avoir oscillé entre 20 et 25 dollars pendant une décennie. La moitié de cette hausse s'est produite au cours des quelques semaines qui ont suivi la fin du conflit ukrainien.

18:23 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : énergie, uranium, russie, europe, affaires européennes | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La voie verte vers la Troisième Guerre mondiale

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La voie verte vers la Troisième Guerre mondiale

Par Willy Wimmer

Source: https://www.world-economy.eu/nachrichten/detail/der-gruen...

Les cartes sont sur la table. Les États-Unis veulent une prise de contrôle hostile de la Russie. La Russie ne veut pas être poussée hors d'Europe et veut vivre dans des frontières sûres. Nous, Européens, sommes confrontés à la question de savoir si nous allons survivre à cette lutte ? Un regard en arrière apparaît utile. Il montre clairement où a été donné le coup d'envoi de l'évolution actuelle, d'une guerre au milieu de nous. C'était assez inattendu lorsqu'il y a presque un an, le nouveau président américain Biden a parlé du président russe Poutine comme d'un "tueur". Jusqu'à cette interview, le monde pensait que la Chine et l'Occident étaient sur le point de s'affronter par armes interposées à propos de Taïwan, des Ouïghours ou de quoi que ce soit d'autre. Avec l'interview évoquant le "tueur", les choses ont basculé. Il y a quelques semaines, Klaus von Dohnanyi a donné l'impression, lors d'un débat sur ZDF-Illner, que l'OTAN avait pris la décision unanime, au niveau des chefs d'État et de gouvernement, le 14 juin 2021, de faire entrer l'Ukraine dans l'OTAN. Tout le monde savait en quoi consistait la décision de l'OTAN de Bucarest en 2008, à l'instigation de la France et de l'Allemagne, sur cette question: l'Ukraine ne devait pas devenir la pierre angulaire d'une nouvelle confrontation entre l'Occident et Moscou. Au lieu de cela, une nouvelle architecture de sécurité devait être créée en Europe.

Les Américains s'en moquaient. Ils s'en sont tenus à leur ligne politique, mise en œuvre depuis 1917, qui consiste à façonner le continent européen selon leurs idées. Pour ce faire, l'Allemagne a tout d'abord été mise en coupe réglée par la Première Guerre mondiale et Versailles. Ce qu'il en restait a été instrumentalisé contre l'Union soviétique par Adolf Hitler, à tel point que jusqu'à la réunification allemande en 1990, les dommages de guerre résultant de la Seconde Guerre mondiale n'avaient pas été réparés en Union soviétique. L'année dernière, lors de la visite à Moscou de la sous-secrétaire d'État américaine, Mme Nuland, au début du mois d'octobre 2021, la Russie actuelle était encore soucieuse de son autonomie et de sa sécurité. Pour les États-Unis, il s'agissait et il s'agit toujours du plus grand échec supposé de la politique depuis 1917. Il fallait y remédier, tout comme la coopération économique fructueuse entre la Russie actuelle et l'Allemagne actuelle, malgré deux guerres mondiales.

Certes, le début de la guerre en Ukraine, avec l'attaque massive des forces ukrainiennes contre les "régions mentionnées dans les accords de Minsk", celles de Lougansk et de Donetsk, remonte déjà à des semaines terribles et meurtrières, le 17 février 2022. Mais avec les sanctions imposées à l'initiative des États-Unis, il ne reste presque plus rien de la coopération économique fructueuse entre la Russie et l'UE, dont la France et l'Allemagne, comme premier objectif de guerre dans la lutte contre la Russie. Le reste fait l'objet d'une campagne d'intimidation telle que nous, Allemands, l'avions vécue pour la première fois dans le feu roulant de la propagande franco-britannique contre l'empereur Guillaume II. Depuis l'inclusion frauduleuse des "quatorze points" de Wilson dans le traité d'armistice de novembre 1918, une phrase détermine cette forme de politique : c'est la parole non tenue qui prévaut. C'est comme l'élargissement à l'Est de l'OTAN.

Avec l'attaque ukrainienne contre Lougansk et Donetsk, il était clair pour tout le monde qu'il s'agissait de mettre en œuvre la ligne Zelensky pour la reconquête de Donetsk, de Lougansk et de la Crimée. Cela devait rendre caduques les dispositions du traité de l'OTAN selon lesquelles aucun État ne doit être admis dans l'OTAN s'il a des problèmes de frontières avec d'autres et donc des questions frontalières non résolues. Quelques jours après le 17 février 2022, les forces armées russes ont envahi l'Ukraine, 23 ans après la guerre d'agression de l'OTAN contre la Yougoslavie, que le département d'État américain avait classée au regard du droit international et de l'histoire lors de la conférence de Bratislava au printemps 2000. La réaction occidentale à l'invasion russe a reflété toute l'étendue de la politique occidentale vis-à-vis ou en rapport avec le rôle assigné à l'Ukraine.

Le peuple ukrainien doit voir son pays réduit en miettes pour des raisons géostratégiques, pour voir les aspects cités au début décidés du côté américain et russe. L'Europe de l'UE, mise au pas à l'instigation notamment des "Verts" politiques européens, veut que la décision soit prise sur le champ de bataille, comme le manifeste la Commission européenne. Aucune trace d'efforts de paix, on est devenu bien trop partisan pour cela. Il règne dans l'Europe de l'UE une atmosphère qui ne recule devant aucune diabolisation. Des armes sont livrées les yeux fermés, et il ne dépend plus de nous de savoir si nous avons franchi le seuil de la troisième guerre mondiale. Ce ne sont pas les godillots mais les talons aiguilles qui, cette fois-ci, martèlent sur le pavé le chemin de la perdition. 

L'opinion de l'auteur/interlocuteur peut différer de celle de la rédaction. Loi fondamentale Article 5, paragraphes 1 et 3 (1) "Chacun a le droit d'exprimer et de diffuser librement son opinion par la parole, l'écrit et l'image et de s'informer sans entrave à partir de sources généralement accessibles. La liberté de la presse et la liberté d'information par la radio et le cinéma sont garanties. Il n'y a pas de censure".

jeudi, 14 avril 2022

La guerre en Ukraine, la myopie eurocentrique et le reste du monde

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La guerre en Ukraine, la myopie eurocentrique et le reste du monde. "Quelque chose" ne colle pas...

par Clement Ultimo

Source: https://www.destra.it/home/la-guerra-ducraina-la-miopia-delleurocentrismo-e-il-resto-del-mondo-qualcosa-non-torna/

La guerre en Ukraine est-elle un problème mondial ou européen ? Une question apparemment superflue, étant donné que les implications de la crise actuelle se font sentir à l'échelle planétaire, mais peut-être moins superflue qu'il n'y paraît à première vue, surtout si vous lisez des opinions et des considérations provenant de sources non euro-occidentales.

Si la guerre russo-ukrainienne est présentée aux opinions publiques européennes et occidentales comme un conflit total entre des visions opposées du monde et de l'histoire (une réédition actualisée et corrigée de l'affrontement entre le "monde libre" et le "monde socialiste" auquel les médias se sont généreusement prêtés avec une voix presque unanime), donc comme un conflit qui, pour sa portée "idéologique" - la démocratie contre l'autoritarisme - ne peut être confiné à une zone géographique spécifique, l'appréciation que le reste du monde porte sur l'affaire est tout autre.

La question des sanctions a clairement montré comment l'unanimité dans la marginalisation de la Russie dans le domaine économique n'est vraie que si l'on se réfère aux pays européens et à ceux du bloc atlantique (USA, évidemment, Australie, Japon, Corée du Sud). Plus de la moitié du monde n'adopte aucune mesure pour bloquer les échanges économiques avec la Russie, et parmi les nations qui refusent les sanctions, on trouve non seulement des pays marginaux - en termes de poids politique et économique, évidemment - mais aussi les économies émergentes des BRICS. Et s'il est trop facile pour la Chine d'expliquer son non-alignement sur les souhaits de Washington, il est plus complexe de le faire pour la "plus grande démocratie du monde", comme s'appelle avec emphase l'Inde, ou pour le Brésil ou l'Afrique du Sud.

Sont-ils tous des "États voyous", amis du "fou" Poutine ? De toute évidence, non. La guerre en Ukraine peut donc être présentée non pas comme un affrontement mondial, mais plutôt comme la nécessité de trouver "des solutions européennes à des problèmes européens", comme le souligne l'universitaire kenyane Martha Bakwesegha-Osula dans son article pour le magazine allemand Internationale Politik und Gesellschaft.

Une thèse développée et relancée dans les pages de la revue italienne de géopolitique Limes par Hu Chunchun, selon qui: "D'une part, l'Europe se dresse comme un phare de la civilisation moderne ; d'autre part, elle a à plusieurs reprises amené l'humanité au bord de la ruine et de la destruction. La culture européenne moderne semble donc posséder les traits d'un Janus à deux visages: un visage hideux de barbarie, masqué par une façade sacrée de valeurs et d'idées absolues. Dans l'histoire européenne, il est rare que nous acceptions les critiques non européennes de notre propre sens inébranlable du messianisme universel. En tant qu'universitaire qui, bien qu'enraciné dans la culture chinoise, a toujours admiré la grande entreprise de civilisation européenne, permettez-moi de lancer un appel à l'Europe. Le conflit actuel ne concerne pas la liberté contre la répression et la tyrannie; il s'agit de la perpétuation d'une logique historique intrinsèque à l'Europe moderne. Il est temps pour les citoyens européens de mettre un terme à ce jeu insensé à somme nulle, qui est perçu avec angoisse et horreur par les cultures hors d'Europe. Après un siècle de catastrophes, le Vieux Continent n'a pas le droit de forcer le monde entier à choisir une fois de plus entre la guerre et la paix, entre la destruction et la survie".

En bref, le moment est peut-être vraiment venu pour l'Europe d'essayer de regarder la réalité historique avec des yeux différents. Non seulement parce que la "fin de l'histoire" hypothéquée par Fukuyama n'était qu'une confortable illusion dans laquelle les sociétés européennes - sénescentes et incapables de projection extra-domestique - se sont bercées depuis des décennies, mais surtout parce que, aujourd'hui plus que jamais, une vision strictement occidentalo-centrée (l'eurocentrisme est un fantôme depuis au moins 80 ans) est irréaliste et trompeuse. Elle est donc un signe avant-coureur de problèmes.

lundi, 11 avril 2022

La Chine et la Russie, une menace pour la suprématie financière américaine

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La Chine et la Russie, une menace pour la suprématie financière américaine

par Sherish Khan

Source: https://www.ideeazione.com/cina-e-russia-una-minaccia-per-la-supremazia-finanziaria-americana/

Le système financier mondial est actuellement sous pression sous différents angles. La structure du commerce mondial est compliquée. L'une des principales raisons est que les intérêts des États-Unis et de l'Europe ont été gravement endommagés. En termes de commerce, la Chine a dépassé ces deux régions du monde. Les Chinois en sont convaincus et sont par ailleurs habitués à la production de masse. La Chine dans son ensemble est également appelée "l'usine du monde". La capacité à concurrencer la Chine dans le processus de production n'est actuellement pas possible pour les États-Unis et l'Europe. L'une des principales raisons est que la Chine a fait des efforts systématiques pour se procurer des matières premières dans différentes régions du globe ; elle importe de grandes quantités de matières premières d'Afrique, d'Asie et d'autres régions. Ce processus a renforcé non seulement son statut économique, mais aussi son statut politique et social. Les États-Unis sont actuellement préoccupés par la manière de maintenir leur domination sur la politique et l'économie mondiales, notamment dans le domaine de la finance. La Chine et la Russie deviennent une menace pour la suprématie financière des États-Unis.

La Russie a tiré la plus retentissante sonnette d'alarme pour le système financier mondial contrôlé par l'Occident. Les États-Unis et l'Europe ont tenté de renforcer leur position en imposant des sanctions économiques à la Russie en riposte à une intervention militaire russe en Ukraine. La Russie a été exclue du système de paiement international Swift. Dans ce système, tous les paiements sont effectués en dollars et en euros. Les États-Unis ont déclaré que la Russie ne pouvait plus mener ses affaires financières en dollars. L'exclusion de Swift signifie qu'aucune entreprise russe ne peut percevoir de quelqu'un un paiement quelconque en dollars ou payer quelqu'un en dollars. Dans ce cas, quelle option a la Russie ? Que peut-elle faire pour briser le monopole du dollar ? La Russie est un exportateur majeur. Ses exportations comprennent l'aluminium, le palladium, le nickel et d'autres métaux, le pétrole brut, le gaz, les diamants, le charbon et de nombreuses autres matières premières importantes. La part de la Russie dans le commerce mondial est d'environ 22%. Un pays dont le statut commercial est aussi important ne peut être facilement négligé. Maintenant, la Chine parle de conclure des accords pétroliers avec la Russie en roubles. D'autre part, l'Arabie saoudite, dans certains cas, semble être jalouse d'une configuration comme Swift, et si la Russie commençait à faire tout son commerce en roubles ? La position mondiale du dollar serait affaiblie. Si la Russie réussit, d'autres pays devront également commercer dans leur propre monnaie. Les plus grands exportateurs de pétrole brut sont l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Que se passerait-il s'ils décidaient de vendre leur pétrole dans leur propre monnaie ?

Tout comme la Chine a accepté de commercer avec la Russie en roubles et en yuans. Si deux ou trois autres pays agissent de la sorte, il sera très dangereux pour le dollar de monter. Au moment de l'invasion russe de l'Ukraine, le monde entier avait l'impression qu'un nouveau bloc était sur le point d'émerger, qui serait anti-occidental et donnerait du fil à retordre à l'Occident. Le monde musulman, y compris le Pakistan, est très important à cet égard, car c'est sur la base de nos décisions que les caractéristiques de ce bloc deviendront claires. Il importe peu que l'Inde ne soit pas d'accord. Beaucoup de choses changeront si la plupart des pays du monde musulman se rangent du côté de la Chine et de la Russie. Dans ce cas, les États-Unis ne seront pas en mesure de maintenir leur position dans la politique et l'économie mondiales. La véritable préoccupation pour les États-Unis et l'Europe est que la Russie et la Chine détiennent toutes deux une part importante du commerce mondial. En tant que plus grand moteur manufacturier du monde, la Chine et, à côté d'elle, la Russie se démarquent des États-Unis et de l'Europe.

La question clé est maintenant de savoir ce que veulent les États-Unis et l'Europe. Sont-ils prêts à faire des concessions au reste du monde ? Le monde occidental est-il prêt à impliquer d'autres puissances émergentes dans la politique et l'économie mondiales ? La tête de cet Occident global n'a pas l'air d'y penser. L'attitude des superpuissances à chaque époque est la même que celle des États-Unis et de l'Union européenne. Tous deux ne sont pas prêts à reculer. Les États-Unis ne sont pas favorables à l'idée de céder la place à la Chine et à la Russie ; cela ne signifie pas que leur puissance est intacte, même s'il y a eu un déclin de la puissance, ils ne veulent pas donner l'impression qu'ils s'affaiblissent. Si la Chine et la Russie devaient mettre de côté le système de paiement international actuel et développer un système alternatif pour elles-mêmes, la supériorité financière des États-Unis et de l'Europe serait gravement affectée. Si les États arabes ou du Golfe sont également intéressés par l'adoption de ce système alternatif, beaucoup de choses seront inversées. La Russie parle depuis longtemps de rétablir le système de troc, c'est-à-dire de remplacer les marchandises par des produits de base. Si un tel système est introduit, la position décisive du dollar sera gravement compromise.

 

L'auto-sabotage de l'Union européenne en 8 points

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L'auto-sabotage de l'Union européenne en 8 points

Source: https://jornalpurosangue.com/2022/03/13/a-autossabotagem-da-uniao-europeia-em-8-pontos/

De GPOShorts

Ce court article examine les perspectives immédiates de l'Europe en huit points, à la lumière de l'opération spéciale de la Russie en Ukraine.

1) Tout événement majeur provoque des spasmes dans le monde entier ; les événements actuels en Europe provoquent des ravages sur tous les marchés mondiaux. Sans surprise, c'est en Europe que les conséquences de l'action du Kremlin se font le plus sentir et ce, pour une multitude de raisons. Confrontée à la flambée des prix du carburant, à un tsunami d'immigrants et à un nouveau rideau de fer, l'Europe est au cœur des plus grandes transformations depuis 70 ans. Malgré toute la sympathie que l'on peut avoir à première vue, un regard sur l'histoire récente nous aide à comprendre comment les événements mondiaux ont amené la situation là où elle est aujourd'hui.

2) Autant le conflit qui balaie actuellement ce qui était il y a quelques décennies la puissance industrielle et agricole du sud de l'Union soviétique est le résultat de la malfaisance des États-Unis et de l'Ukraine, autant il est aussi en partie la faute de l'Europe occidentale. Un coup d'État mené par les États-Unis et huit années de guerre ont été largement ignorés par les gouvernements européens et leurs peuples, étant perçus comme "la guerre des autres", mais cela signifiait simplement que, pour l'essentiel, les États-Unis, Bruxelles et les autres centres politiques fermaient les yeux sur un problème croissant à leurs frontières. Le fait que les faits connus aient été ignorés au profit des relations avec Washington s'est avéré être une très mauvaise décision géopolitique, mais malgré toutes les preuves, les dirigeants européens ont continué non seulement à soutenir aveuglément huit années de "fausse paix", mais aussi à supprimer toute voix qui remettait en question leur soutien continu non seulement à un gouvernement fantoche, mais aussi à tout ce qu'il représente.

3) Cet article ne porte pas sur le contrôle de la politique européenne par Washington, mais on ne peut ignorer le fait que les Européens restent absolument à l'écoute des États-Unis, à leur détriment absolu. En 2002, des centaines de millions d'Européens ont subi un bouleversement majeur lorsque l'Union européenne a mis en place l'euro à la place des monnaies nationales, mais 20 ans plus tard, au lieu d'utiliser l'euro, le bloc européen négocie toujours en dollars. Cette situation n'ayant pas été assez mauvaise, elle permet encore à la Maison Blanche et à l'OTAN de dicter la politique étrangère de toute nation qui finit par irriter Washington, ce qui a culminé avec la guerre qui ravage actuellement l'Ukraine. Alors qu'aux États-Unis, les répercussions de la guerre poussent les automobilistes américains à se plaindre des prix de l'essence, en Europe, elles représentent un véritable tsunami, les prix des carburants augmentant aussi vite que le nombre d'immigrants. Il est connu que beaucoup de ceux qui ont conduit l'Europe sur cette voie ont des affiliations étroites avec "l'establishment" du continent, mais les questions quant à savoir où cette voie mènera sont actuellement sans réponse. Cette absence de réponses entraîne toutefois une nouvelle vague de questions très urgentes, des questions auxquelles l'Europe occidentale doit répondre le plus rapidement possible.

4) Pendant près d'une décennie, l'Europe occidentale a soutenu les États-Unis dans leurs efforts pour tenir tête aux Russes, mais contrairement à l'affirmation de John McCain selon laquelle la Russie n'est que la "station-service d'un pays", une rupture soudaine des relations Ouest-Est s'avère être un véritable casse-tête pour les Occidentaux à bien des égards. Nous savons tous à quel point la Fédération de Russie joue un rôle important sur le marché mondial de l'énergie, mais comme elle est aussi (et surtout) un grand exportateur agricole, les prix d'un certain nombre de produits alimentaires importants vont également monter en flèche dans les mois à venir. En soi, ce n'est pas un problème si grave, car les nations occidentales sont capables d'adapter leurs propres industries agricoles pour compenser, du moins en partie, le déficit. Ce qui est grave, en revanche, c'est que la Russie est également un acteur clé du marché mondial des engrais. Même si l'Occident devait restructurer son secteur agricole, il a toujours besoin de matières premières, en l'occurrence des engrais, pour le faire et les prix élevés des engrais aggravent considérablement une situation déjà assez mauvaise. Cerise sur le gâteau, avec la pénurie mondiale, la Russie pourra toujours vendre ce qu'elle peut produire, mais à des prix beaucoup plus élevés. Washington voit peut-être la Russie comme la station-service du monde, mais les dirigeants européens sauront-ils calmer l'ire de leurs consommateurs face à l'explosion des prix et au début d'une période de stagflation ?

5) Comme nous l'avons examiné précédemment, la situation des matières premières devient beaucoup plus aiguë d'un côté de l'Atlantique que de l'autre, mais malgré cela, les figures de proue de Bruxelles veulent restreindre davantage leurs échanges avec la Russie. Outre le carburant, les denrées alimentaires et les engrais, la Russie est également un acteur majeur dans le domaine des minéraux. Le fer, le nickel et le titane sont plus importants en tant que matières premières pour l'Occident qu'en tant qu'exportations pour la Russie, mais l'UE a tout fait pour rendre de plus en plus difficile l'accès aux biens requis par ses industries nationales. Bien que les économies européennes soient différentes, la fabrication de produits finis de qualité est importante dans plusieurs États membres de l'UE et les pénuries de matériaux pourraient à terme entraîner la disparition de nombreuses entreprises. La raison pour laquelle Bruxelles voudrait se tirer une balle dans le pied est une question sans réponse, mais il est certain que cette démarche fait le bonheur de nombreuses personnes à Washington.

6) Il ne fait aucun doute que les mesures actuelles appliquées contre la Russie affectent l'Europe beaucoup plus profondément que les États-Unis, ce qui est reconnu depuis longtemps par les experts en affaires mondiales. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis représentaient plus de la moitié des exportations mondiales, mais au cours des huit dernières décennies, la Chine et l'Europe ont érodé l'avantage antérieur de Washington, la "ceinture d'acier" des États-Unis ayant rouillé, obligeant l'Oncle Sam à compter sur d'autres pays pour fournir une grande partie de ce qui est consommé dans le pays. La rivalité entre Washington et Pékin n'est pas examinée ici, mais la situation actuelle, si elle ne favorise pas Washington, a certainement un effet très négatif sur l'Europe, ce n'est pas la première fois que les États-Unis tentent de prendre le dessus en repoussant les autres. Pour toutes les affaires entre Washington et Bruxelles, et entre l'Est et l'Ouest, il y a néanmoins un assez gros éléphant - soit un problème délibérément ignoré en dépit de sa lourde évidence-  dans la pièce qui ne fera que grossir en raison des circonstances actuelles.

7) Alors que les Occidentaux se plaignent de la Russie en Ukraine, la véritable douleur économique est encore à venir. Sauf, bien sûr, en Chine, où des contrats à long terme entre Moscou et Pékin permettront de minimiser les pics de courant. Les relations entre Moscou et Pékin ayant atteint un sommet historique, le commerce entre les deux se poursuivra sans entrave. Les contrats précédemment conclus sur toute une série de matières premières sont toujours en vigueur, mais si la Chine a besoin de plus, elle sera certainement gratifiée. Le gouvernement chinois payant les prix convenus pour tout cela, la Chine se trouve désormais dans une position très avantageuse par rapport au commerce mondial, les économies liées au marché occidental voyant leurs prix s'envoler. Avec cette alliance qui se renforce d'année en année, l'amitié mutuelle signifie à son tour un avenir mutuellement assuré, et dans le climat actuel, à des prix qui n'ont jamais été aussi compétitifs. N'oubliez jamais que si cela favorise l'Est d'une manière jamais vue auparavant, cette situation est absolument un produit de la politique occidentale.

8) Malgré toutes les jérémiades des Occidentaux, le conflit en Ukraine et ses conséquences dans le monde entier ont été créés par ce même Occident. Une décennie à essayer de mettre le plus grand pays d'Europe hors jeu en faveur des intérêts américains aboutit à une situation de plus en plus désagréable pour le monde occidental. Avec la coupure de tous les approvisionnements en carburant vers l'Europe, Bruxelles fait face au canon d'un pistolet économique avec son propre doigt sur la gâchette. Si la situation devait encore se détériorer, la Russie pourrait bien fermer le Nord Stream 1, ce qui aggraverait encore une situation déjà désespérée. Malgré toute l'ampleur des mesures prises contre Moscou, la Russie a prouvé qu'elle avait un éventail tout aussi large d'exportations à proposer sur le marché international. Le fait que le jeu de Washington nuit à l'Europe autant qu'à la Russie n'est pas passé inaperçu pour certains, mais tant que les consommateurs européens ne s'en rendront pas compte, il faudra s'attendre à peu de changements. En attendant, le soleil de l'Est semble effectivement se raffermir dans le ciel, les économies chinoise et russe se réjouissant des conditions imposées par Washington. Il est fort probable qu'à l'avenir, l'Europe se rende enfin compte qu'elle a été manipulée pour se saboter elle-même.

L'empire américain s'autodétruit

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L'empire américain s'autodétruit

Par Michael Hudson

Source: https://jornalpurosangue.com/2022/03/09/o-imperio-americano-autodestroi-se/

Les empires suivent souvent le cours d'une tragédie grecque, provoquant précisément le sort qu'ils cherchaient à éviter. C'est certainement le cas de l'Empire américain, qui se démantèle en un mouvement qui n'est pas très lent.

L'hypothèse de base des prévisions économiques et diplomatiques est que chaque pays agira dans son propre intérêt. Un tel raisonnement n'est pas utile dans le monde d'aujourd'hui. Les observateurs de tout le spectre politique utilisent des expressions comme "se tirer une balle dans le pied" pour décrire la confrontation diplomatique des États-Unis avec la Russie et ses alliés. Mais personne ne pensait que l'empire américain s'autodétruirait aussi rapidement.

Pendant plus d'une génération, les plus éminents diplomates américains ont mis en garde contre ce qu'ils considéraient comme la menace extérieure ultime : une alliance entre la Russie et la Chine dominant l'Eurasie. Les sanctions économiques et la confrontation militaire de l'Amérique ont rapproché ces deux pays et poussent d'autres pays dans leur orbite eurasienne émergente.

La puissance économique et financière américaine était censée éviter ce destin eurasien. Pendant le demi-siècle qui a suivi l'abandon de l'étalon-or par les États-Unis en 1971, les banques centrales du monde entier ont fonctionné selon l'étalon-dollar, en détenant leurs réserves monétaires internationales sous forme de bons du Trésor américain, de dépôts bancaires américains et d'actions et d'obligations américaines. Le standard des bons du Trésor qui en a résulté a permis à l'Amérique de financer ses dépenses militaires à l'étranger et la prise de contrôle d'autres pays simplement en créant des billets à ordre (IOU) libellés en dollars. Les déficits de la balance des paiements des États-Unis finissent dans les banques centrales des pays ayant des excédents de paiement comme réserves, tandis que les débiteurs du Sud ont besoin de dollars pour payer leurs partenaires et effectuer leur commerce extérieur.

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Michael Hudson.

Ce privilège monétaire - le seigneuriage [NT] du dollar - a permis à la diplomatie américaine d'imposer des politiques néolibérales au reste du monde sans avoir à utiliser beaucoup de force militaire propre, sauf pour capturer le pétrole du Proche-Orient.

La récente escalade des sanctions américaines qui empêchent l'Europe, l'Asie et d'autres pays de commercer et d'investir avec la Russie, l'Iran et la Chine a imposé d'énormes coûts d'opportunité - le coût des occasions perdues - aux alliés des États-Unis. Et la récente confiscation de l'or et des réserves étrangères du Venezuela, de l'Afghanistan et maintenant de la Russie [1] [NT], ainsi que la capture sélective des comptes bancaires de riches étrangers (dans l'espoir de gagner leurs cœurs et leurs esprits, attirés par l'espoir du retour de leurs comptes séquestrés), a mis fin à l'idée que les avoirs en dollars - ou maintenant aussi les avoirs en livres sterling et en euros des satellites de l'OTAN en dollars - sont un refuge d'investissement sûr lorsque les conditions économiques mondiales deviennent instables.

Je suis donc quelque peu dégoûté d'observer la vitesse à laquelle ce système financé centré sur les États-Unis s'est déprécié en quelques années seulement. Le thème de base de mon livre Super Impérialisme était la façon dont, au cours des cinquante dernières années, l'étalon des bons du Trésor américain a canalisé l'épargne étrangère vers les marchés financiers et les banques américaines, donnant libre cours à la diplomatie du dollar. Je pensais que la "dédollarisation" serait menée par la Chine et la Russie qui prendraient le contrôle de leurs économies pour éviter le type de polarisation financière qui impose l'austérité aux États-Unis [2]. Mais les responsables américains obligent la Russie, la Chine et d'autres nations à se déverrouiller de l'orbite américaine pour se rendre à l'évidence et surmonter toute hésitation qu'ils avaient à "dédollariser".

J'avais espéré que la fin de l'économie impériale dollarisée se produirait grâce à l'effondrement d'autres pays. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé. Les diplomates américains ont eux-mêmes choisi de mettre fin à la dollarisation internationale, tout en aidant la Russie à construire ses propres moyens de production agricoles et industriels autosuffisants. Ce processus de fracturation mondiale est en effet en cours depuis quelques années, à commencer par les sanctions qui empêchent les alliés de l'OTAN et autres satellites économiques de l'Amérique de commercer avec la Russie. Pour la Russie, ces sanctions ont eu le même effet que celui qu'auraient eu des tarifs protectionnistes.

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La Russie est restée trop fascinée par l'idéologie néolibérale du marché libre pour prendre des mesures visant à protéger sa propre agriculture et son industrie. Les États-Unis ont apporté l'aide nécessaire en imposant à la Russie l'autosuffisance intérieure. Lorsque les États baltes ont obéi aux sanctions américaines et ont perdu le marché russe pour leurs fromages et autres produits agricoles, la Russie a rapidement créé sa propre industrie fromagère et laitière - tout en devenant le premier exportateur mondial de céréales.

La Russie découvre (ou est sur le point de découvrir) qu'elle n'a pas besoin de dollars américains pour soutenir le taux de change du rouble. Sa banque centrale peut créer les roubles nécessaires pour payer les salaires nationaux et financer la formation de capital. Les confiscations par les États-Unis de leurs réserves en dollars et en euros pourraient finalement amener la Russie à mettre fin à son adhésion à la philosophie monétaire néolibérale, Sergei Glaziev plaidant depuis longtemps en faveur de la "Théorie monétaire moderne" (MMT).

La même dynamique de réduction des cibles ostensibles des États-Unis s'est produite avec les sanctions américaines contre les principaux multimillionnaires russes. La thérapie de choc néolibérale et les privatisations des années 1990 n'ont laissé aux kleptocrates russes qu'un seul moyen de s'approprier les actifs qu'ils avaient arrachés au domaine public. Il s'agissait d'incorporer leurs acquisitions et de vendre leurs actions à Londres et à New York. L'épargne intérieure avait été décimée et les conseillers américains ont persuadé la banque centrale russe de ne pas créer sa propre monnaie en roubles.

Le résultat est que les actifs pétroliers, gaziers et minéraux nationaux de la Russie n'ont pas été utilisés pour financer une rationalisation de l'industrie et du logement russes. Au lieu d'être investis dans la création de nouveaux moyens de protection de la population russe, les revenus de la privatisation ont été dilapidés dans de nouvelles acquisitions d'actifs nouveaux-riche, d'immobilier de luxe en territoire britannique, de yachts et d'autres actifs de la fuite mondiale des capitaux. Mais l'effet des sanctions qui ont pris en otage les avoirs en dollars, en livres sterling et en euros des multimillionnaires russes a été de faire de la City de Londres un endroit trop risqué pour eux de détenir leurs actifs - et pour les riches de toute autre nation potentiellement soumise aux sanctions américaines. En imposant des sanctions aux Russes les plus riches et les plus proches de Poutine, les responsables américains espéraient les inciter à s'opposer à leur rupture avec l'Occident et ainsi servir efficacement d'agents d'influence de l'OTAN. Mais pour les multimillionnaires russes, leur propre pays commence à paraître plus sûr.

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Pendant de nombreuses décennies, la Réserve fédérale américaine et le Trésor ont lutté contre [la possibilité que] l'or retrouve son rôle dans les réserves internationales. Mais comment l'Inde et l'Arabie saoudite considéreront-elles leurs avoirs en dollars lorsque Biden et Blinken tenteront de les forcer à suivre l'"ordre fondé sur des règles" des États-Unis plutôt que leur propre intérêt national ? Les récents diktats américains ne leur laissent guère d'autre choix que de commencer à protéger leur propre autonomie politique en convertissant leurs avoirs en dollars et en euros en or, un actif libre de la responsabilité politique d'être pris en otage par des exigences américaines de plus en plus coûteuses et perturbatrices.

La diplomatie américaine a frotté le nez de l'Europe dans sa servilité abjecte, en disant à ses gouvernements d'obliger leurs entreprises à se débarrasser de leurs actifs pour quelques centimes de dollars après le blocage des réserves étrangères de la Russie et la chute du taux de change du rouble. Blackstone, Goldman Sachs et d'autres investisseurs américains se sont empressés d'acheter ce dont Shell Oil et d'autres sociétés étrangères se débarrassaient.

Personne ne pensait que l'ordre mondial d'après-guerre 1945-2020 céderait aussi rapidement. Un véritable nouvel ordre économique international est en train d'émerger, même si la forme qu'il prendra n'est pas encore claire. Mais les confrontations résultant de la "montée de l'ours" avec l'agression US/OTAN contre la Russie ont dépassé le niveau de la masse critique. Il ne s'agit plus seulement de l'Ukraine. Celle-ci n'est que le déclencheur, un catalyseur pour éloigner une grande partie du monde de l'orbite USA/OTAN.

La prochaine confrontation pourrait venir de l'intérieur même de l'Europe, alors que les politiciens nationalistes cherchent à mener une rupture avec le super-impérialisme américain qui agit à l'encontre des intérêts de ses propres alliés européens et autres, afin de les maintenir dans la dépendance du commerce et des investissements basés aux Etats-Unis. Le prix de leur obéissance continue est d'imposer une inflation des coûts à leur industrie tout en subordonnant leur politique électorale démocratique aux proconsuls américains de l'OTAN.

Ces conséquences ne peuvent pas vraiment être considérées comme "involontaires". De nombreux observateurs ont indiqué exactement ce qui allait se passer - à commencer par le président Poutine et le ministre des Affaires étrangères Lavrov lorsqu'il a expliqué quelle serait leur réponse si l'OTAN insistait pour les coincer tout en attaquant les Russophones de l'Est de l'Ukraine et en déplaçant des armes lourdes vers la frontière occidentale de la Russie. Les conséquences étaient prévues. Les néoconservateurs qui contrôlent la politique étrangère américaine s'en fichaient tout simplement. Reconnaître les préoccupations des Russes était considéré comme du Putinverstehen (compréhension de Poutine) comme on dit en Allemagne.

Les responsables européens n'étaient pas mal à l'aise pour parler au monde de leurs inquiétudes quant au fait que Donald Trump était fou et déstabilisait les bénéficiaires de la diplomatie internationale. Mais ils semblent avoir été pris de court par la résurgence de la haine viscérale de la Russie par l'administration Biden via le secrétaire d'État Blinken et Victoria Nuland-Kagan. La façon de s'exprimer et les manières de Trump ont peut-être été vulgaires et incongrues, mais la bande des néocons américains a des obsessions bien plus menaçantes risquant de déclencher une confrontation mondiale. L'enjeu pour eux était de savoir de quelle réalité ils sortiraient victorieux : la "réalité" qu'ils pensaient pouvoir fabriquer, ou la réalité économique hors du contrôle des États-Unis.

Ce que les pays étrangers n'ont pas fait de leur propre chef pour remplacer le FMI, la Banque mondiale et les autres bras forts de la diplomatie américaine, les politiciens américains les obligent maintenant à le faire. Au lieu que les pays d'Europe, du Proche-Orient et du Sud s'éloignent en calculant leurs propres intérêts économiques à long terme, c'est l'Amérique qui les repousse, tout comme elle l'a fait avec la Russie et la Chine. De plus en plus d'hommes politiques cherchent à obtenir le soutien des électeurs en leur demandant si leurs pays seraient mieux servis par de nouveaux accords monétaires pour remplacer le commerce, les investissements et même le service de la dette étrangère en dollars.

L'effondrement des prix de l'énergie et des denrées alimentaires frappe particulièrement les pays du Sud, ce qui coïncide avec leurs propres problèmes de Covid-19 et l'imminence du service de la dette dollarisée qui arrive à échéance. Quelque chose doit céder. Pendant combien de temps ces pays vont-ils imposer l'austérité pour rembourser les détenteurs d'obligations étrangers ?

Comment les économies américaine et européenne vont-elles faire face à leurs sanctions contre les importations de gaz et de pétrole russes, de cobalt, d'aluminium, de palladium et d'autres matériaux de base. Les diplomates américains ont dressé une liste de matières premières dont leur économie a désespérément besoin et qui sont donc exemptées des sanctions commerciales imposées. Cela fournit-il à M. Poutine une liste utile de points de pression américains à utiliser pour remodeler la diplomatie mondiale et aider les pays européens et autres à se libérer du rideau de fer que l'Amérique a imposé afin d'enfermer ses satellites dans la dépendance des fournitures américaines à prix élevé ?

L'inflation de Biden

Mais la rupture définitive avec l'aventurisme de l'OTAN doit venir de l'intérieur même des États-Unis. À l'approche des élections du Congrès de cette année, les politiciens trouveront un terrain fertile pour montrer aux électeurs américains que l'inflation des prix entraînée par l'essence et l'énergie est un sous-produit politique du blocage des exportations de pétrole et de gaz par l'administration Biden (mauvaise nouvelle pour les propriétaires de gros SUV gourmands en essence !). Le gaz est nécessaire non seulement pour le chauffage et la production d'électricité, mais aussi pour la production d'engrais, dont il y a déjà une pénurie mondiale. Cette situation est exacerbée par le blocus des exportations de céréales russes et ukrainiennes vers les États-Unis et l'Europe, qui provoque déjà une hausse des prix alimentaires.

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Il y a déjà une déconnexion frappante entre la vision de la réalité du secteur financier et celle promue par les grands médias de l'OTAN. Les marchés financiers européens ont plongé à l'ouverture le lundi 7 mars, tandis que le pétrole Brent a atteint 130 dollars le baril. Le journal télévisé "Today" de la BBC a présenté ce matin le député conservateur Alan Duncan, un négociant en pétrole, qui a averti que le quasi-doublement des prix des contrats à terme sur le gaz naturel menaçait de mettre en faillite les entreprises engagées à fournir du gaz à l'Europe aux anciens tarifs. Mais revenons aux nouvelles militaires des "Deux minutes de haine". La BBC a continué à applaudir les courageux combattants ukrainiens et les politiciens de l'OTAN ont demandé un plus grand soutien militaire. À New York, l'indice Dow Jones a plongé de 650 points et l'or est passé à plus de 2000 dollars l'once - ce qui reflète l'opinion du secteur financier sur la façon dont la partie américaine est susceptible de se dérouler. Les prix du nickel ont encore augmenté - de 40 pour cent.

Tenter de forcer la Russie à répondre militairement et à faire mauvaise figure aux yeux du reste du monde s'avère être un coup monté visant simplement à garantir que l'Europe contribue davantage à l'OTAN, achète plus de matériel militaire aux États-Unis et s'enferme davantage dans une dépendance commerciale et monétaire vis-à-vis des États-Unis. L'instabilité ainsi provoquée a pour effet de faire passer les États-Unis pour aussi menaçants que l'OTAN/l'Occident prétend que la Russie l'est.

Source : Portal Resist Info.

Références :

[1] L'or de la Libye a également disparu après le renversement de Mouammar Kadhafi par l'OTAN en 2011.

[2] Voir plus récemment Radhika Desai et Michael Hudson (2021), "Beyond Dollar Creditocracy : A Geopolitical Economy", Valdai Club Paper No. 116. Moscou : Valdai Club, 7 juillet, repris dans Real World Economic Review (97), https://rwer.wordpress.com/2021/09/23.

[NT]

[1] Seignorage : Bénéfice résultant du différentiel entre le coût de production de la monnaie et sa valeur nominale.

[2] Hudson aurait pu ajouter le vol des propres réserves d'or de la Banque centrale d'Ukraine.

Peu de nouveautés dans les élections françaises : deux fronts sans terrain d'entente

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Peu de nouveautés dans les élections françaises: deux fronts sans terrain d'entente

Ernesto Milà

Source : http://info-krisis.blogspot.com/2022/04/pocas-novedades-en-las-elecciones.html

Le résultat était, plus ou moins, couru d'avance, comme le montraient les sondages. Marine Le Pen est arrivée en deuxième position, comme prévu, malgré son retour de dernière minute, tandis qu'Emmanuel Macron a remporté la victoire qui précédera celle qu'il obtiendra au second tour dans quatorze jours. En bref, nous sommes confrontés au même schéma qu'il y a cinq ans, il n'est donc pas inutile de faire quelques remarques sur ce qui a changé.

1. L'odieuse comparaison entre les deux premiers tours de 2017 et de 2022

Il y a cinq ans, un candidat fabriqué par le capital marketing et médiatique, a remporté le premier tour avec 8.657.326 voix, contre la candidate du Front national de l'époque, avec 7.679.493 voix. Moins d'un million de voix séparaient les deux candidats, sur un électorat de 47.581.118 personnes. Aujourd'hui, cinq ans plus tard, Macron a obtenu 9.560.545 voix et Marine Le Pen 8.109.857 voix. La différence est de près d'un million et demi de voix en faveur du premier, sur un électorat de 48.803.175 voix. Cela signifie que Macron est en hausse de 10,4%, tandis que Marine Le Pen est en hausse de 5,6%. Apparemment, c'est Macron qui a gagné le plus de voix et de pourcentage... mais cela s'explique facilement par son activisme "humanitaire" et "pacifiste" orchestré pendant les semaines précédant les élections (et qui faisait partie de sa campagne électorale) en relation avec le conflit ukrainien et grâce à l'exercice du pouvoir, avec sa présence conséquente dans les médias. La défaite de Marine Le Pen n'est donc pas totale, d'autant que son électorat naturel a été brisé par la présence d'un autre candidat "à sa droite", Éric Zemmour, qui obtient 2.442.624 voix. Il est légitime de penser que les deux candidatures, si elles avaient fusionné en une seule, auraient dépassé celle de Macron d'un million de voix. Une victoire à la Pyrrhus, donc, pour le "Sanchez français", l'homme chargé par le Forum économique mondial de mettre en œuvre l'Agenda 2030 en France.

2. L'EFFONDREMENT DU CENTRE-DROIT

Une autre note importante est la disparition pratique du centre-droit français, représenté par Les Républicains, anciennement l'Union pour un mouvement populaire, qui incarnait les valeurs de l'ancien gaullisme. En 2017, son candidat, François Fillon, avait remporté 20 % des voix, se plaçant à un point seulement du Front national: 7.213.797 voix. Cependant, au premier tour en 2022, sa candidate, Valérie Pécresse, a à peine réussi à recueillir 1.658.386 voix, soit 4,79 %, une chute de plus de cinq millions et demi de voix. Avec ces résultats, Les Républicains peuvent se considérer comme amortis: l'ancienne droite, l'équivalent de la "petite droite" espagnole du PP, est devenue résiduelle. Une chose dont les nouveaux propriétaires du PP devraient prendre note.

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3. LE SOCIALISME ABSENT

Il fut un temps où le "parti frère" du PSOE était le Parti socialiste français, dont il a même copié, en 1977, l'emblème: le poing fermé avec la rose. Qui plus est, cette fraternité existait depuis l'époque où le PSF était la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Aujourd'hui, nous aurions tort de continuer à penser que la défaite du socialisme français est aussi la défaite du PSOE. Anne Hidalgo, maire de Paris et candidate du PS, a obtenu de justesse 1,7%. Jusqu'en 1973, il faut le rappeler, elle avait la nationalité espagnole. Cependant, le "partenaire" politique de Pedro Sánchez n'est pas le PS français, mais Macron et sa formation hétéroclite dans laquelle on retrouve tous les traits de l'"idéologie douce" et le même objectif : la mise en œuvre et l'application, au nom du Forum économique mondial, de l'Agenda 2030.

4. L'ABSTENTION, OUI, MAIS SANS TROP D'ÉTATS D'ÂME

Dans les heures précédant le vote, on disait que 40% de la population était abstentionniste et les "experts" et analystes parlaient de la "désaffection" de la population française envers la politique. C'est absolument vrai, sauf qu'à la dernière minute, au moment des élections, les électeurs choisissent de voter (s'ils n'ont rien de mieux à faire) pour le candidat qui, selon eux, leur profitera le plus. Habituellement, ces électeurs de dernière minute, qui ne se soucient pas du sort du pays ni de savoir qui tient les rênes du pouvoir, sont ceux qui reçoivent quelque part une subvention, sans se soucier le moins du monde de l'augmentation de la dette publique ou de la nécessité d'augmenter les charges fiscales pour d'autres groupes sociaux. Ils veulent garder les choses telles qu'elles sont. Et ce sont ces secteurs qui, à la dernière minute, ont boosté la candidature de Macron. Après tout, le taux d'abstention entre 2017 et 2022 n'a augmenté que de 3 points, ce qui laisse un taux de participation de 74,82 %, alors qu'il était de 77,77 % en 2017. Il est significatif que, par rapport aux élections de 2012, le taux de participation de 2017 était déjà en baisse de 1,7 % et que, lors des élections de cette année-là, le nombre d'électeurs avait également diminué de 4,3 % par rapport aux élections de 2007. Le nombre de bulletins nuls exprime également le mécontentement de l'électorat : ce sont des votes de protestation déguisés. Plus d'un million au premier tour en 2022 : presque le double du nombre de voix obtenues par le PSF. Mais le système peut parfaitement digérer tous ces pourcentages. Ce serait différent s'ils approchaient de la barre des 50%, mais il reste encore 25 points à parcourir avant cette déconnexion fatidique entre politique et citoyenneté et, même si les tendances actuelles de l'abstention croissante et du vote protestataire nul se confirmaient, il pourrait s'écouler des décennies avant que la fracture totale entre électorat et citoyenneté ne soit évidente.

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5. MARINE LE PEN : AVEC DES AMIS SUR SA DROITE?

La candidature d'Éric Zemmour a pu sembler impréparée et irréfléchie. En fait, ses positions ne sont que légèrement plus radicales que celles de Marine Le Pen. Zemmour n'est en aucun cas un radical d'extrême droite classique: en fait, il est d'origine juive et algérienne, fréquente la synagogue, parle le yiddish et, plus qu'un "politicien", c'est un intellectuel anti-immigrationniste et un nationaliste français conventionnel, frappé par d'innombrables procès pour "diffamation", "haine raciale", etc... La différence avec Marine Le Pen est qu'elle a plus d'expérience politique et connaît beaucoup mieux les tenants et aboutissants des campagnes électorales. Si la candidature de Zemmour n'était pas apparue, Marine Le Pen serait vraisemblablement arrivée en tête au premier tour. Zemmour a obtenu 7% des voix, un chiffre non négligeable qui rappelle les pourcentages que Jean-Marie Le Pen a commencé à obtenir dans la première moitié des années 1980. Il n'y a pas de place pour deux formations anti-immigration et anti-agenda-2030. Cela semble clair, mais il va être très difficile de faire converger les deux options compte tenu de ceux qui les soutiennent. Le plus surprenant, cependant, est que les essais écrits par Zemmour (Le Suicide français, Destin français, La France n'a pas dit son dernier mot) sont sans aucun doute partagés par Marine Le Pen. Sa candidature a été soutenue par certains de ceux qui faisaient autrefois partie du Front national, dont Hervé Ryssen, considéré comme un "antisémite". Sa candidature, et son parti qui porte le nom significatif de Reconquête, une référence aux huit siècles de lutte contre l'Islam dans la péninsule ibérique, a reçu le soutien de groupes conservateurs et d'anciens dirigeants du mouvement des "gilets jaunes" et, surtout, de l'ancien Mouvement national républicain qui s'était séparé du Front national en 1998, et avait été dirigé par Bruno Mégret. Philippe de Villiers, autre membre historique de la droite française, lui a apporté son soutien, ainsi qu'un groupe d'élus du parti de Marine Le Pen, passé à Reconquête. Au début de l'année, le parti comptait 85.000 membres cotisants réguliers, ce qui en faisait le deuxième parti de France en termes d'effectifs. De manière significative, des personnes proches du milieu "négationniste" dans la lignée de Robert Faurisson et des "identitaires" issus de groupes activistes ont également soutenu la candidature de Zemmour. Bien que les résultats de Zemmour soient inférieurs aux prévisions des sondages (qui lui donnaient jusqu'à 15% des voix), le fait est qu'il est arrivé en quatrième position, ce qui semble garantir sa survie. Le temps nous dira si l'ex-FN et Reconquête renforceront leurs liens ou s'il y aura une guerre d'usure (comme cela s'est produit entre le FN et le MNR, entre Jean-Marie Le Pen et Mégret, jusqu'à la disparition de ce dernier). Un pas en faveur de la convergence semble avoir été franchi par Zemmour qui appelle à voter pour Marine Le Pen au second tour.

6. LA GAUCHE PERDUE DANS SON LABYRINTHE

Au-delà de la candidature du PSF, la fragmentation de la gauche française est surprenante, produit de sa perte de repères et de ses contradictions internes. Le Parti communiste de France, Europe Écologie - Les Verts, la Primaire populaire, Lutte ouvrière, le Nouveau parti anticapitaliste et la France insoumise sont les candidats de gauche qui se présentent à ces élections. De tout ce magma d'acronymes, seule la France Insoumise a obtenu un résultat que l'on peut qualifier de grand succès : la France Insoumise de Jean Luc Mélenchon. Ce dernier est un ancien membre du Parti socialiste, qui s'est scindé au début du 21e siècle, dont le grand-père était d'ailleurs originaire de Murcie. Mélenchon a profité de la désintégration de la gauche après la crise économique de 2008, en en rassemblant différents fragments avec un programme commun dont le principal attrait était le populisme de gauche, l'altermondialisme, l'environnementalisme, l'euroscepticisme et l'antimondialisation... Son objectif était de reconquérir les secteurs sociaux "de gauche", en particulier les travailleurs, qui avaient transféré leur vote vers le Front national depuis les années 1990. Il n'a pas réussi, mais il a réussi à éclipser à la fois le Parti communiste et le Parti socialiste et à attirer les votes de certains secteurs de l'extrême gauche. Par rapport à 2017, Mélenchon a attiré 7,7% d'électeurs en plus, se situant à 21,95%, pratiquement deux points derrière Marine Le Pen. Il serait difficile d'essayer de trouver une traduction des opinions de La France Insoumise en Espagne. La ressemblance la plus proche serait un secteur de Podemos, mais sa présence dans le gouvernement de Sánchez rend impossible l'existence d'un "populisme de gauche" altermondialiste. Le reste des candidats de gauche ont obtenu de mauvais résultats : 2,3% pour le Parti communiste, 0,6% pour Lutte Ouvrière, 0,8% pour le Nouveau parti anticapitaliste, 3,2% pour Résistons (une des factions du mouvement des gilets jaunes), tandis que les Verts ont obtenu 4,6%. La somme des résultats des différentes options de gauche représente plus d'un tiers de l'électorat. Mais il serait très difficile de penser qu'un magma aussi disjoint, contradictoire, sans points de vue unitaires et sans grands leaders charismatiques, puisse converger vers une candidature unitaire. La gauche française est, aujourd'hui, quelque chose comme Podemos : un magma dans lequel il y a tout et son contraire, centré autour de diverses figures de peu d'importance politique, avec des obsessions et des réminiscences du passé qui n'ont pas été dépassées, impossible à transformer en une option unitaire.

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7. CONCLUSION : VERS LE DEUXIÈME TOUR

Quelques minutes après que les résultats du premier tour aient été connus, tous les partis politiques ont déjà exprimé pour qui ils recommanderont de voter au second tour. Comme on pouvait s'y attendre, Marine Le Pen sera soutenue par Reconquête et les voix que Zemmour peut apporter, ce qui la portera à la barre des 30% (lors des élections précédentes, elle a atteint 33%) et elle recueillera probablement aussi quelques voix supplémentaires, de sorte qu'elle restera plus ou moins sur les mêmes positions. Tous les autres partis (y compris la gauche) ont décidé de donner leurs voix à Macron. La comédie électorale a donc à peine besoin de quinze jours pour se terminer, mais nous savons déjà quelle sera la fin. Marine Le Pen n'a pas atteint son objectif : arriver en tête au premier tour. Nous verrons si elle atteint maintenant son deuxième objectif : dépasser les votes et le pourcentage qu'elle a obtenus en 2017. La possibilité d'un renouveau en France est donc très lointaine et difficile : tant que les circonstances actuelles perdureront, le trio de la droite (Le Pen), du centre (Macron) et de la gauche (Mélenchon) sera sûrement le trio candidat qui obtiendra le plus de voix (même si les têtes de liste changent), mais le problème sera toujours que deux de ces trois candidats (le centre et la gauche) finiront toujours par pactiser pour vaincre la "droite populiste". Or, la contradiction réside dans le fait que la gauche montante est, du moins en théorie, antimondialisation, alors que le centre n'est qu'une marionnette contrôlée par le Forum économique mondial. Cependant, le programme de la gauche est, à bien des égards, exactement le même que celui de l'Agenda 2030, de sorte que l'"alternative de gauche" n'est rien de plus que de la poudre aux yeux.

En réalité, les élections françaises ne servent qu'à confirmer une chose : il n'y a que deux options politiques en Europe : soit vous êtes pour l'Agenda 2030, soit vous êtes contre. Et ici, il n'y a pas de juste milieu : il n'y a pas de place pour dire "eh bien, je suis contre la mondialisation, mais en faveur de l'immigration", "je suis contre le néo-capitalisme, mais je suis en faveur de la lutte contre le changement climatique", "je suis en faveur de l'égalité, mais contre les théories du genre". Car c'est là le grand problème: l'Agenda 2030 présente un ensemble cohérent de mesures orientées dans une seule direction, la narcose des masses, l'homogénéisation des masses, la dissimulation des véritables adversaires au profit de problèmes secondaires, la défense de la démocratie, mais sous la tutelle des grandes entreprises et de l'élite financière. Et, face à cela, il n'y a pas de juste milieu : soit nous acceptons ce destin, soit nous le rejetons en bloc. Et si cet agenda est rejeté, on est encore loin d'une synthèse capable de s'attaquer aux problèmes divers et variés (et même sans intérêt) posés par cet Agenda 2030. En fait, il faudra peut-être plus de temps pour dénoncer ses superfluités gendéristes que pour construire un programme alternatif complet.

En France, pour l'instant, un tel programme n'existe pas, et du "trio" des aspirants au pouvoir, il y a toujours un "tiers exclu". Ces élections l'ont montré et dans une quinzaine de jours, cela sera confirmé.

dimanche, 10 avril 2022

De la crise sanitaire au conflit en Ukraine et à la frénésie pour l'OTAN

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De la crise sanitaire au conflit en Ukraine et à la frénésie pour l'OTAN

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/04/08/koronakriisista-ukrainan-konfliktiin-ja-nato-kiihkoon/

Pour de nombreux observateurs, les événements en Ukraine offrent un soulagement après les années stressantes de la crise sanitaire. Désormais, l'ennemi invisible, potentiellement tapi derrière chaque toux et chaque éternuement, a été remplacé par un conflit militaire qui peut être regardé comme un divertissement violent et palpitant.

Comme le dit Johan Eddebo, "nous disposons désormais d'un jeu moral plus accessible et plus varié, dans lequel nous pouvons canaliser nos émotions dans une rage contre l'image de l'ennemi ou nous identifier de manière moralisatrice à la victime actuelle".

La quasi-totalité des ONG humanitaires font actuellement leur marketing principalement sur la base du sort des Ukrainiens, qui est sans doute réel, mais qui reste en deçà des crises du Yémen ou de l'Afghanistan, par exemple, dont les commanditaires ne sont pas punis ou soumis à des sanctions.

De nombreux Finlandais participent également à cette nouvelle opération psychologique, au moins en ajoutant un petit drapeau ukrainien bleu et jaune sur leurs profils de médias sociaux. Ils expriment ainsi leur identité, leur appartenance à un groupe et leur dévotion à certains récits, symboles et autorités.

Cela apporte un changement par rapport à l'anxiété et aux contraintes de l'ère covidienne. Les détracteurs "pervers", et même certains des critiques de la politique sanitaire, qui avaient auparavant présenté leur série de vaccinations, se déchaînent maintenant par réflexe contre Poutine sur les médias sociaux. Il n'y a pas besoin de débat rationnel et la fervente "semaine de la haine" orwellienne dure depuis plus d'un mois maintenant.

Que se passe-t-il ensuite ? Je pense qu'à un moment donné, la "fatigue de la compassion" prendra le dessus et que les gens recommenceront à se concentrer sur leurs propres problèmes. Nous l'observons déjà en France, par exemple, où, à l'approche des élections présidentielles, les préoccupations se concentrent sur leurs propres moyens de subsistance, la hausse des prix et d'autres défis plus domestiques.

En Finlande, les gens applaudissent toujours les performances de Zelensky. Le gouvernement, sous la direction du président et avec le soutien de l'opposition bidon, fait un bond en avant en matière de politique de sécurité à bord du navire de guerre de l'OTAN. Cela n'est pas non plus particulièrement surprenant, puisque des mouvements pervers ont déjà été effectués dans la politique finlandaise auparavant, par exemple lorsque le pays passait à l'euro.

Que faut-il attendre de la menace de l'OTAN, alors que même un fonctionnaire devenu membre du Parlement appelle publiquement à "écraser militairement" la Russie ? L'élite finlandaise délirante aura le temps de rendre tout le pays malheureux, même si le monde va dans l'autre sens. À l'avenir, les relations avec l'Est seront à nouveau plus importantes que le transatlantisme.

Même la Chine sait que la Finlande envisage de rejoindre l'OTAN. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a déclaré lors d'une conférence de presse que la position de la Chine sur l'expansion vers l'est de l'OTAN est très claire. L'OTAN est un produit de la guerre froide qui aurait dû appartenir au passé depuis longtemps. "Nous conseillons aux pays concernés d'être prudents dans le développement de leurs relations avec l'OTAN", a déclaré M. Zhao.

La revue de presse de CD - 10 avril 2022

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La revue de presse de CD

10 avril 2022

EN VEDETTE

L'influence et la fonction du nazisme en Ukraine — Entretien avec Xavier Moreau

La « dénazification » de l'Ukraine n'est-elle qu'un prétexte avancé pour justifier l'invasion russe, ou répond-elle à une menace concrète ? Les arguments de la Russie expliqués par Xavier Moreau, analyste, auteur et directeur de Strapol, qui répond avec Slobodan Despot, directeur de Antipresse.

Youtube.com

https://www.youtube.com/watch?v=-8CMJV5OMgo

DÉSINFORMATION/CORRUPTION

Quand Libération se fait le relais des services secrets britanniques via Bellingcat

La première victime d’une guerre c’est la vérité. Nous avons publié une vidéo sur les 10 principes de la propagande de guerre. La lecture de quelques articles de Libération en illustre les points 5, L’ennemi commet des atrocités, et 6, L’ennemi utilise des armes non autorisées. Des articles directement inspirés (ou simplement recopiés) par Bellingcat, un site dit d’investigation… créature du soft power des services britanniques.

Ojim.fr

https://www.ojim.fr/quand-liberation-se-fait-le-relais-de...  

Ukraine – Le massacre de Boutcha, un Timisoara à l’ukrainienne

Le 3 avril 2022, les autorités ukrainiennes et les Occidentaux ont accusé la Russie d’avoir commis un massacre sur des civils de Boutcha, une localité située en périphérie de Kiev. Mais plusieurs incohérences indiquent que le massacre de Boutcha est un épisode digne de l’affaire des charniers de Timisoara (un cas d’école de désinformation). Pour comprendre ce qui s’est réellement passé, il faut reprendre la chronologie des événements.

donbass-insider.com

https://www.donbass-insider.com/fr/2022/04/04/ukraine-le-...  

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ÉCONOMIE

« Les sanctions financières contre la Russie ne sont pas sans risque pour l’Occident »

Cinq semaines après le début de l’invasion russe en Ukraine, les sanctions économiques occidentales n’ont eu, malgré leur ampleur, qu’un effet relatif sur le conflit, analyse le géographe David Teurtrie. Ce spécialiste de la géopolitique de l’Eurasie post-soviétique, auteur de Russie : le retour de la puissance (Armand Colin, 2021), explique comment l’interdépendance russo-européenne, notamment en matière énergétique, offre des marges de manœuvre au Kremlin.

Alternatives-economiques.fr

https://www.alternatives-economiques.fr/sanctions-financi...  

ÉTATS-UNIS

Disney woke : Dingo tente un putsch au royaume enchanté de Mickey

Bob Chapek, PDG de Disney qui tient un grand parc à Orlando dans l’État de Floride, avait été mis sous pression par la petite minorité LGBT très militante alors que le projet de loi sur « la protection des droits parentaux à l’école » votée par le Sénat de son État était discuté. Prudent, il avait mis en avant que l’entreprise aux grandes oreilles n’avait pas vocation à s’engager en politique. Mais – erreur fatale – il avait aussi assuré ses interlocuteurs de sa sympathie et de son soutien. Depuis que la loi est votée, la pression sur la direction de Disney s’est accentuée. Chapek et ses adjoints ont alors mis un genou à terre, annonçant que Disney allait arrêter tout investissement en Floride tant que cette législation « haineuse » ne serait pas retirée.

Laselectiondujour.com

https://www.laselectiondujour.com/index.php?143477&ls...

FRANCE

Emmanuel Macron, idiot utile de l’islamisme ou complice direct ?

En totale conformité avec l’idéologie mondialiste qui tient une bonne partie du monde occidental, ainsi qu’avec la politique de l’Union européenne, et très certainement aussi par calcul électoraliste au vu du poids de l’immigration d’origine musulmane, une ligne directrice de la politique d’Emmanuel Macron a été de déblayer juridiquement au maximum le terrain pour rendre impossible la maîtrise de l’immigration, pour laisser le champ libre au communautarisme musulman, et pour la criminalisation de la critique de l’islam. Autrement dit, pour interdire tout ce qui serait susceptible d’être réellement efficace dans la lutte contre l’islamisme.

Polemia.com

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GAFAM

Elon Musk est désormais le premier actionnaire de Twitter

À ce jour, le milliardaire détient 9,2% des actions de Twitter, l'équivalent de 2,6 milliards d'euros. La confirmation de cette transaction, qui faisait l'objet de rumeurs la semaine dernière, a fait grimper en flèche l'action du réseau social. Depuis quelques jours, le milliardaire semblait vouloir mettre en place une stratégie de contestation de la politique actuelle de la direction de Twitter. Le 25 mars 2022, Musk lançait un sondage sur Twitter et questionnait ses abonnés sur le respect de la liberté d'expression sur la plateforme. Il écrivait ceci : « la liberté d’expression est essentielle au fonctionnement de la démocratie. Croyez-vous que Twitter adhère rigoureusement à ce principe ? ». Le « non » l’a emporté à plus de 70 % et c'est à partir de ce constat qu'Elon Musk a soumis l'idée de développer son propre réseau social.

Siecledigital.fr

https://siecledigital.fr/2022/04/05/le-pdg-de-tesla-et-de...

GÉOPOLITIQUE

Vers la multipolarité

Le démembrement de la Yougoslavie par l'OTAN et la création du Kosovo en 1999 ont démontré la faiblesse du droit international et des Nations Unies, car les grandes puissances pouvaient s'en tirer dans le cadre d'un ordre international essentiellement anarchique où la puissance a toujours raison. Ce fut une expérience humiliante pour la Fédération de Russie, car il n'y a pas eu de résolution du Conseil de sécurité approuvant une action suite à une accusation de génocide inventée de toutes pièces. Une Russie relativement faible pourrait constater que l'Alliance occidentale dirigée par les États-Unis la traite davantage comme un pays vaincu que comme un égal qui respecte ses intérêts et reconnaît son statut de grande puissance.

Euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/04/06/v...

Que nous apprend la guerre en Ukraine ? Que la déconstruction de « l’ordre du monde » s’accélère !

La guerre en Ukraine témoigne de l’accélération de la déconstruction du monde. À l’affrontement ancien entre les Etats-Unis et la Russie, s’ajoutent une guerre économique et une guerre de l’énergie. De nouveaux acteurs montent en force, comme la Chine, l’Iran et la Turquie.

Revueconflits.om

https://www.revueconflits.com/que-nous-apprend-la-guerre-...

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La Stratégie du Heartland russe à l'Est : un aperçu des objectifs et des priorités

Déplaçons-nous vers l'est. Nous voyons ici l'Inde comme un "grand espace" à part entière, qui, à l'époque du Grand Jeu, était la principale tête de pont de la domination britannique en Asie. À cette époque, la nécessité de maintenir le contrôle de l'Inde et d'empêcher d'autres puissances, notamment l'Empire russe, d'empiéter sur le contrôle britannique de la région était essentielle pour la "civilisation de la mer". Une réflexion pénétrante d’Alexandre Douguine.

euro-synergies.hautetfort.com

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HONGRIE

Nouveau succès écrasant de Viktor Orbán en Hongrie : pourquoi un tel résultat ?

Dimanche 3 avril se tenaient des élections législatives en Hongrie. Pour la quatrième fois d’affilée, la formation politique de Viktor Orbán remporte une majorité des deux tiers au Parlement. Afin de comprendre ce triomphe inattendu, remettons brièvement le scrutin de dimanche en perspective.

Polemia.com

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LECTURE

Références :

« Céline à hue et à dia », de Marc Laudelout. La Nouvelle Librairie, collection « Du côté de Céline » dirigée par Émeric Cian-Grangé. Paris 2021. 19

Présentation :

Il fallait bien au moins 406 pages pour essayer de cerner le plus grand écrivain français du XXe siècle. Entre haines recuites et admirations-fascinations béates, un kaléidoscope de cet écrivain qui dépasse tous les clivages littéraires et idéologiques, qui a traversé une sacrée « chasse à courre » comme il le disait lui-même, qui a révolutionné la langue française et commis quelques chefs-d’œuvre éternels. A travers 70 portraits, critiques et réflexion écrits d’une plume synthétique issue d’une pensée toute en retenue et d’une connaissance du sujet exceptionnelle, un ouvrage qui se déguste par petites bouchées gourmandes et qui constitue une excellente introduction à l’œuvre géniale de LF Céline.

Auteur :

Marc Laudelout dissèque, savoure et vante l’œuvre de Céline depuis plus de 40 ans. Il dispense chaque mois à ses abonnés du Bulletin célinien – 41e année et n° 449 au moment où j’écris ! - leur dose indispensable de célinophilie essentielle à leur équilibre. Avec toujours autant d’allant, d’intelligence et de sage analyse. Exceptionnel. Depuis le 1er juillet 2021, il fait partie des fondateurs de la Société des lecteurs de Céline (lecteursdeceline@gmail.com).

Extraits :

« … Au moins est-il lucide : ‘’Je sais que, avec cet article, j’aurai encore les aimables céliniens contre moi’’. Et pour cause : dès qu’il traite de Céline, Patrick Lefebvre, alias Charles Dantzig, n’écrit que des bêtises. Il avait déjà comparé la verve de l’écrivain à celle d’un chauffeur de taxi parigot. C’était recopier bêtement Malraux qui, dans un entretien, proféra jadis cette énormité. Dantzig voit en Céline un écrivain populiste. On se croirait revenu au Lagarde et Michard de ma jeunesse. De la même manière, il se laisse abuser par les fameux trois points qu’il prend, figurez-vous, pour de banals points de suspension. Avant d’écrire de telles inepties, le sieur Dantzig eût été avisé de lire les commentaires de célinistes patentés. Il aurait appris que les trois points constituent plutôt un silence ou un point d’orgue laissant se perpétuer les ondes. Nulle aposiopèse, nulle ellipse mais quelque chose de spécifique à l’écriture célinienne. »

Au sujet de l’ouvrage Céline, la race, le Juif (Fayard, 2017) co-écrit par Annick Duraffour et Pierre-André Taguieff : « Duraffour, elle, a une vision simpliste et manichéenne d’une œuvre dont elle ne perçoit ni l’aspect allégorique ni la profondeur. En revanche elle blâme l’absence d’une intention ou d’une position démocratique. Mais est-ce cela qu’on demande à un écrivain ? »

« La question de la réédition des pamphlets est (en partie) réglé puisqu’on dispose de l’édition critique sortie au Québec en 2012. Le paradoxe étant que, pour une question de copyright, cette édition est à la fois interdite à la vente en France et louée par l’exécuteur testamentaire qui était même disposer à la republier chez Gallimard. Différentes associations ont fait capoter le projet. Il est navrant que Philipe Roussin, céliniste de renom, se soit associé à cette censure. Sa péroraison consista à affirmer qu’il est superflu que ce corpus soit accessible. Ce spécialiste trouve donc parfaitement normal qu’il soit commenté dans des ouvrages de toutes sortes et en même temps qu’il demeure inaccessible au plus grand nombre. Il n’est pas le seul à côtoyer l’absurde. Sur une radio communautaire, un chroniqueur a eu cette phrase mémorable : ‘’Il ne faut pas interdire les pamphlets, mais il ne faut pas les publier non plus.’’ »

SANTÉ/MENSONGES/LIBERTÉ

"On se décale du réel en préservant notre système de croyances à tout prix" : Jean-Dominique Michel

Au cours de cet entretien essentiel, qui s'apparente à une discussion, sont abordés des sujets divers et variés tels que l'éthique dans le domaine de la santé, les lois sur l'expérimentation médicale, le consentement libre et éclairé, l'histoire de la médecine et ses scandales médicaux. Jean-Dominique Michel s'intéressera aussi aux clivages créés par l'information, aux fake news de la presse, à la "propagande totalitaire"... Mais aussi et surtout au comportement humain, à ses causes et à ses conséquences sociétales.

Francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/videos-lentretien-essentiel/jea...

UKRAINE

La situation militaire en Ukraine

Par Jacques Baud. Pendant des années, du Mali à l’Afghanistan, j’ai travaillé pour la paix et ai risqué ma vie pour elle. Il ne s’agit donc pas de justifier la guerre, mais de comprendre ce qui nous y a conduit. Je constate que les « experts » qui se relaient sur les plateaux de télévision analysent la situation à partir d’informations douteuses, le plus souvent des hypothèses érigées en faits, et dès lors on ne parvient plus à comprendre ce qui se passe. C’est comme ça que l’on crée des paniques. Le problème n’est pas tant de savoir qui a raison dans ce conflit, mais de s’interroger sur la manière dont nos dirigeants prennent leurs décisions.

Cf2r.org

https://cf2r.org/documentation/la-situation-militaire-en-...

UNION EUROPÉENNE

Des données révèlent le financement massif par le Qatar d’organisations islamistes radicales en Europe sous forme d’aide humanitaire

la Commission européenne avoue ne pas avoir mené d’étude spécifique sur le sujet)

Fdesouche.com

https://www.fdesouche.com/2022/04/05/eidcharityfiles-des-...

L’accroissement de puissance de l’Allemagne doit demeurer sous haute surveillance

Tandis que l'Allemagne profite de l'Union européenne pour prospérer économiquement, la France la protège au prix d'un coût exorbitant. Dans un monde plus que jamais multipolaire, où la résurgence de géants à l’ambition de nouveau assumée, remet au gout du jour le concept oublié de puissance, les relations avec nos voisins, notamment l'Allemagne, doivent être vécues à la lumière de nos intérêts et du point de vue de la confrontation parce qu'il n'y a pas de paix entre des puissances inégales.

Ege.fr

https://www.ege.fr/infoguerre/laccroissement-de-puissance...

samedi, 09 avril 2022

La guerre américaine en Ukraine est en réalité une guerre contre l'Allemagne

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La guerre américaine en Ukraine est en réalité une guerre contre l'Allemagne

Valentin Katasonov

Source: http://geoestrategia.es/index.php/noticias/politica/37335-la-guerra-estadounidense-en-ucrania-es-en-realidad-una-guerra-contra-alemania

Il est connu que toute sanction économique s'accompagne d'un effet boomerang (conséquences négatives pour l'État à l'origine des sanctions). La force de l'impact d'un boomerang varie fortement d'un pays à l'autre. L'effet boomerang est beaucoup plus fort pour l'Europe que pour les États-Unis. Et au sein de l'UE, la propagation des effets négatifs est également très importante.

Les sanctions de 2014 ("pour la Crimée") ont varié considérablement quant à la force de l'effet boomerang. Une étude de Matthieu Crozet et Julian Hinz a tenté de calculer les pertes subies par l'Occident du fait de la réduction des exportations de marchandises vers la Russie jusqu'à la mi-2015. Les pertes se sont élevées à 60,2 milliards de dollars et seulement 17,8 % de ces pertes étaient dues à l'introduction de contre-sanctions par Moscou. Les 82,2 pour cent restants sont des pertes que l'on peut qualifier de "tir dans le pied". 76,7 % de ces pertes (plus de 46 milliards de dollars) ont été subies par les pays de l'UE. Et seulement 23,3% correspondaient au reste des pays occidentaux (USA, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Suède, Suisse, etc.).

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Au sein de l'UE, le résultat négatif de la première vague de sanctions est également très différent. L'étude "Les leçons des sanctions de l'UE contre la Russie en 2014-2015" fournit des estimations des dommages subis par les différents États membres de l'UE jusqu'à la mi-2015. Voici la liste des pays ayant subi les plus grosses pertes (en millions d'euros) : Allemagne - 2 566 ; Italie - 668 ; France - 612 ; Pays-Bas - 591 ; Pologne - 521. Si l'on prend des indicateurs relatifs, il s'avère que pour l'Allemagne (première économie de l'UE), ils sont trois fois plus sensibles que pour la France et l'Italie.

Aujourd'hui, dans le contexte d'une nouvelle guerre de sanctions contre la Russie, nous voyons une image similaire. Début mars, le Kiel Institute for World Economics (Allemagne) et l'Institut autrichien de recherche économique (WIFO) ont préparé un rapport opportun sur les conséquences économiques des sanctions prévues par l'Occident. Selon ce document, les pertes pour les économies de tous les pays initiant des sanctions sont estimées à 0,17 % du PIB total. L'Allemagne et l'Autriche subiront des pertes de 0,4 et 0,3 pour cent du PIB annuel respectivement, tandis que les États-Unis ne subiront que des pertes de 0,04 pour cent. Parmi les alliés, la Lituanie (2,5 pour cent dans le scénario simulé), la Lettonie (2,0 pour cent) et l'Estonie (2,0 pour cent) subiront la plupart des pertes.

Les médias occidentaux affirment que les coûts de la guerre de sanctions contre la Russie sont inévitables, mais pour obtenir la victoire dans cette guerre, il faut résister, ce qui démontrerait l'unité de l'Occident. Cependant, il n'y a pas d'unité. On le voit clairement dans l'exemple des achats de gaz naturel à la Russie. On sait que les fournitures russes à l'UE en 2021 représentaient 45 % des importations de gaz naturel et 40 % de la consommation. Il s'agit d'une moyenne. Pour des pays comme la Bulgarie, la République tchèque, la Lettonie, l'Autriche, la Roumanie et la Slovénie, la dépendance vis-à-vis de la Russie pour les importations de gaz se situe entre 75 et 100 %. Dépendance supérieure à la moyenne de l'UE vis-à-vis de la Russie pour les importations de gaz naturel et de l'Allemagne à hauteur de 49 %. L'Italie en est à 46%.

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Le tableau est également mitigé en ce qui concerne la dépendance à l'égard des importations de pétrole en provenance de Russie. À la fin de 2020, la Russie représentait 24,9 % des importations d'or noir de l'UE. Les pays suivants ont la plus forte dépendance vis-à-vis des importations de pétrole russe (%) : Slovaquie - 78,4 ; Lituanie - 68,8 ; Pologne - 67,5 ; Finlande - 66,8 ; Hongrie - 44,6. Significativement plus élevé que la moyenne de l'UE, l'indicateur de dépendance dans ces autres pays (%) : Roumanie - 32. 8 ; Estonie - 32,0 ; Allemagne - 29,7 ; République tchèque - 29,1 ; Grèce - 26,3. Et la dépendance à l'égard des importations de pétrole russe est nettement inférieure à la moyenne de la deuxième plus grande économie de l'UE : la France (13,3 %), de la troisième économie : l'Italie (12,5 %), des Pays-Bas (21,0 %). Au Royaume-Uni, la Russie ne représentait que 12,2 % des importations de pétrole. Vous pouvez imaginer que les positions de la Hongrie ou de la Finlande sur les restrictions ou les interdictions d'importation d'or noir en provenance de Russie peuvent être très différentes des positions des Pays-Bas ou de la France. Et ils ne coïncident pas vraiment.

Il existe de grandes différences entre les 27 pays de l'UE en termes de dépendance aux importations d'engrais, de céréales, de métaux et d'autres biens. D'où les grandes différences politiques dans l'évaluation par les dirigeants de ces pays de l'opportunité des sanctions de l'UE contre la Russie.

Les États-Unis ne sont pas un participant, mais un initiateur et un organisateur de la guerre des sanctions. Le commerce extérieur entre les États-Unis et la Russie n'a jamais été excellent. L'année dernière, les États-Unis ne représentaient que 4,4 % du chiffre d'affaires du commerce extérieur de la Russie. L'Union européenne a représenté 35,9 %. Même si Washington mettait à zéro ses échanges avec Moscou, cette dernière ne ressentirait pas grand-chose. Mais réduire à zéro le commerce de l'UE avec la Russie pourrait porter un coup tangible et même écrasant. Ainsi, la guerre des sanctions contre la Russie ressemble à ceci : Washington planifie une guerre, introduit de nouvelles sanctions "infernales" contre Moscou, et l'exécution est confiée à Bruxelles, qui transmet les ordres de Washington aux 27 États membres de l'UE.

Toutefois, plus Washington fait pression sur Bruxelles, plus la structure de l'UE se fissure.

Trois camps ont été clairement identifiés en Europe. La première comprend la Hongrie, la Serbie (un pays non membre de l'UE) et plusieurs autres États. Ils indiquent clairement que pour eux, les intérêts nationaux sont au-dessus des intérêts de l'Occident collectif. L'autre camp est représenté par les États baltes et la Pologne. Ils se caractérisent par un fanatisme russophobe. Le troisième camp est représenté par l'Allemagne et la France. Ils essaient de manœuvrer et de se mettre progressivement d'accord sur quelques points avec Moscou. Berlin et Paris comprennent tous deux que si l'UE ne s'effondre pas à la suite de la guerre des sanctions, ce sont eux qui devront payer les dégâts de l'effet boomerang.

Cependant, certains experts prédisent qu'il n'y a aucune chance de sauver l'UE. L'opportunisme de Bruxelles, Berlin et Paris, succombant à la pression de Washington, pourrait aboutir à l'effondrement de l'UE.

Il existe également des lignes de fracture au sein des États membres. Ceci est particulièrement évident dans l'exemple de l'Allemagne. L'équipe du chancelier Olaf Scholz fait tout son possible pour mettre en œuvre les idées de sanctions de Washington. Et des millions d'Allemands protestent contre les sanctions. Les entreprises allemandes protestent également. Le 10 mars, l'Association allemande des petites et moyennes entreprises a exprimé ses craintes que l'apparition de la hausse des prix de l'énergie n'entraîne des faillites massives d'entreprises. Le directeur général de l'association, Markus Jerger, a déclaré : "L'association fédérale des petites et moyennes entreprises craint les faillites d'entreprises et les pertes d'emplois dues aux prix élevés de l'énergie. Les prix de l'énergie sont devenus un problème existentiel pour de nombreux entrepreneurs".

Le fardeau disproportionné de la guerre des sanctions, qui pèse sur l'Europe, est largement évoqué dans les médias. Cependant, la plupart des auteurs décrivent cela comme un coût inévitable dans toute guerre. "Dites, la guerre est la guerre, ce n'est pas le moment de se déguiser, Sue".

Mais certains experts soupçonnent que la Russie n'est pas la seule cible de la guerre de sanctions américaine. A en juger par les pertes que subit l'Europe, il s'avère qu'elle n'est pas considérée comme un allié par Washington, mais bien plutôt comme une cible. C'est l'avis de Yakov Kedmi, qui a déclaré le 30 mars : "Je suis intéressé de voir ce qui se passe en Europe en ce moment. Rappelez-vous comment s'appelait l'Union européenne à l'origine ? C'est ça, la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Où sont le charbon et l'acier maintenant ? Les Européens eux-mêmes oublient ce sur quoi cette union était fondée. Maintenant, l'Europe risque de manquer de charbon et d'acier. Qui applaudit à cela ? Les États-Unis. Il n'y a pas de moyen plus efficace pour affaiblir et mettre à genoux l'industrie européenne que des sanctions contre la Russie. Et les Européens ont obéi. Seule l'industrie américaine en profitera... Les Américains gagnent deux fois : ils vendront leurs ressources énergétiques à l'Europe à des prix exorbitants, rendant son industrie non rentable, et en parallèle, ils développeront leur propre industrie. C'est très simple".

Ce regard, certes nouveau, sur la guerre des sanctions peut être exprimé comme suit : Les États-Unis, après avoir déclenché une guerre, veulent faire d'une pierre deux coups. Non seulement la Russie, mais aussi l'Europe. De plus, Washington a de bien meilleures chances de tuer le deuxième lièvre.

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Et voici un regard sur ce qui se passe par le célèbre économiste américain Michael Hudson. À son avis, ceux qui ont planifié la guerre des sanctions à Washington ne sont pas du tout des imbéciles. Ils ont sérieusement compris que les sanctions ne feraient pas tomber Moscou. Mais l'Europe, elle, est facile à "soumettre". "Abaisser", se débarrasser d'un concurrent dans l'Ancien Monde et prendre sa place. Michael Hudson sur les opérations militaires en Ukraine: "C'est une guerre pour enfermer nos alliés afin qu'ils ne puissent pas commercer avec la Russie. Ils ne peuvent pas acheter de pétrole russe. Ils doivent compter sur le pétrole américain, pour lequel ils devront payer trois à quatre fois plus cher. Ils devront dépendre du gaz naturel liquéfié américain pour les engrais. S'ils n'achètent pas de gaz américain pour les engrais, et si nous ne leur permettons pas d'en acheter en Russie, ils ne pourront pas fertiliser la terre, et sans engrais, les rendements seront réduits de 50 %...".

Et le principal concurrent de l'Amérique, selon Hudson, est l'Allemagne. Si l'Allemagne est "déclassée", le reste de l'Europe s'effondrera tout seul. Hudson conclut: "La guerre américaine en Ukraine est en réalité une guerre contre l'Allemagne... L'Allemagne et l'Europe sont les ennemis. La guerre américaine en Ukraine est en réalité une guerre contre l'Allemagne, et les États-Unis l'ont fait savoir clairement".

vendredi, 08 avril 2022

Le retour de la guerre en Europe et l'art de gouverner

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Le retour de la guerre en Europe et l'art de gouverner

Irnerio Seminatore

Source: https://www.ieri.be/

51bumhRkIKL._SX327_BO1,204,203,200_.jpgDans un pamphlet-fiction au titre anticipateur 2017. Guerre avec la Russie. Un cri d'alarme de la haute hiérarchie militaire, le Général Richard Shirreff, ancien Commandant Suprême des forces alliées en Europe (DSACEUR) à l'Otan (2011-2014), a soutenu la thèse que la Russie est devenue l'adversaire stratégique de l'Occident et qu'elle prépare un affrontement frontal avec l'Otan et un plan d'invasion des pays baltes. Le but de cette invasion serait de rétablir une zone d'influence entre la "défense collective" de l'Alliance et les frontières de la fédération russe.Les raisons de tensions ne manquent pas avec ces Etats-charnières entre l'Est et l'Ouest, (jusqu'à 40% de la population russophone a un statut discriminatoire de "non citoyens"). C'était en 2017.

Depuis 2014, une rupture est intervenue entre la Russie et l'Ukraine, ainsi qu'entre la Russie et l'Union européenne, à propos de la révolution de couleur dite de "Maïdan", tenue par Moscou comme un coup d'Etat, et du retour de la Crimée à la Russie, considérée par les Occidentaux comme une annexion. Cette rupture est également à l'origine de la naissance des deux républiques auto-proclamées du Donbass (Donetz et Lougansk), aujourd'hui, reconnues unilatéralement par la Russie comme républiques indépendantes. On peut affirmer que le retour de la guerre en Europe a pour origine la rupture de l'unité territoriale de l'Ukraine, rendant impossible l'exercice de la pleine souveraineté de Kiev, le revirement pro-occidental du gouvernement du pays, dont la demande d'adhésion à l'Otan menace les intérêts de sécurité de Moscou et le non respect des accords de Minsk, dont les garants sont, avec la Russie, Paris et Berlin, le fameux format Normandie. Le livre-fiction du Général Britannique R. Shirreff est il un pure vision de l'esprit? La "surprise stratégique" d'une invasion armée venant de l'Est n'a-t-elle pas été prévue par anticipation par l'Ouest? Les signaux contradictoires venant de Washington et de Bruxelles sur la non-intervention occidentale directe en Ukraine, n'ont pas arrêtée une planification longue, méticuleuse et calculée, au cours des négociations diplomatiques, nécessairement ambigües, de Biden, Scholz et Macron avec Poutine, à soumettre à Xi Jinping, lors des jeux olympiques. Le but de l'ambigüité et du double jeu entre Poutine et le Président Macron ou le Chancelier Scholz ont été conformes aux règles classiques du réalisme politique, oubliées par les Européens. Il s'agissait de décrédibiliser la détermination des Etas-Unis d'intervenir en Ukraine ou de défendre, de manière plus large l'Europe, en minant en même temps l'unité de façade de l'Otan. Ainsi, suite au refus des garanties de sécurité occidentales à Moscou, l'invasion militaire de l'Ukraine a été tranchée.

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Le but de guerre

Le but de guerre ou, selon la terminologie russe de "l'opération spéciale de maintien de la paix", s'est précisée en plusieurs objectifs :

- le premier et principal est de décapiter politiquement l'Ukraine, lui ôtant son statut d'Etat souverain;

- parallèlement de provoquer le découplage de la sécurité européenne et atlantique;

- de s'assurer de l'effondrement de l'Otan, impuissante à garantir la sécurité collective;

- enfin de détruire les infrastructures militaires offensives, préjudiciables pour la sécurité et la défense russes.

L'arme nucléaire et l'escalade

En termes de possible recours tactique à l'arme nucléaire, dont l'emploi en premier fait partie intégrante de la pensée stratégique russe, son évocation par Poutine, rappelle  un scénario du pire et préfigure l'hypothèse d'une escalade, allant du conventionnel au nucléaire et du tactique au stratégique. Dans une hypothèse concrète, les gains territoriaux obtenus au plan conventionnel seraient protégée par le chantage et l'escalade nucléaires, ceux d'un tir anti-cité, auquel ne pourraient répondre ni les Européens ni les Américains.

Par ailleurs, l'isolationnisme bi-partisan des Etats-Unis,  à propos du déni d'envoi de soldats américains en défense de l'Ukraine, valide la conviction d'une "surprise stratégique" planifiée depuis longtemps et provoque le réveil tardif des Européens pour une indépendance politique  et une autonomie stratégique propres.

En termes de diplomatie et de consensus prévisible, la non intervention directe occidentale en Ukraine a été le fondement, pour Moscou, d'une longue négociation entre Américains et Russes , puis Russes et Européens, afin d'établir assurances et réassurances réciproques et d'aboutir parallèlement à une conception de l'invasion de l'Ukraine  sous la forme initiale d'un Blitzkrieg.

L'enjeu du conflit imminent était existentiel pour les deux parties, la Russie ne pouvant pas reculer devant sa sécurité et les Européens devant leurs conceptions de la démocratie. Le prix à payer pour le défi sécuritaire des Occidentaux, s'appelle finlandisation de l'Ukraine, autrement dit arrêt de l'élargissement de l'Otan. En effet "si l'Ukraine rejoignait l'Otan, cela signifierait avoir des missiles à 180 Km de Moscou" (Général Inzerilli, ancien chef des services secrets italiens). A ce propos l'Agence de presse Reuters a titré le 7 mars dernier, "La Russie s’arrêtera à l'instant, si l'Ukraine respecte ses conditions": « que l’Ukraine cesse toute action militaire, modifie sa constitution pour consacrer la neutralité, reconnaisse la Crimée comme territoire russe et reconnaisse les républiques séparatistes de Donetsk et Lougansk comme États indépendants».

"Pour le reste, l'Ukaine est un Etat indépendant et il vivra comme il veut, mais dans des conditions de neutralité (comme la Suisse, l'Autriche, la Suède..)

D'autre part la politique des sanctions, décidée par les États-Unis et par l'Union Européenne, comporte une pénalité évidente, non seulement pour l'économie et le peuple russes, mais pour l'économie et les peuples occidentaux. Politiquement, elle pousserait le président russe à chercher une alternative en Asie, accroissant sa dépendance vis-à-vis de la Chine. Ainsi, une guerre suscitée par l'unilatéralisme atlantiste des États-Unis aboutirait à un multipolarisme asymétrique Chine-Russie.

Un message spécial russe sur la "Sécurité égale et indivisible"

Dans le but de justifier ses arguments et, au courant d'une guerre de l'information qui  bat son plein, la diplomatie russe a adressé un message spécial aux pays occidentaux sur le thème de la "sécurité indivisible", car ce qui est visé par ce principe est la modification sournoise des rapports de force et de la balance mondiale du pouvoir, susceptibles de devenir menaçants pour la Russie, de l'extérieur et de l'intérieur.

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Sur le plan régional et dans un contexte mouvant et aléatoire l'aide en armements accordés par l'Union Européenne à l'Ukraine apparaît, à une analyse critique, comme une solidarité équivoque, car elle sert à jeter de l'huile sur le feu et à alimenter une résistance prolongée qui ne résout pas le problème de la sécurité égale sur l'ensemble du continent, mais reporte les causalités du conflit dans une perspective sans autre issue que le cumul et l'aggravation de la crise. La situation définissant la conception de la "sécurité égale", aux yeux de Moscou, a été le rappel de Lavrov, dans sa conférence de presse du 5 mars, selon laquelle "l'augmentation de la sécurité d'un pays, ne peut se faire au détriment d'un autre". Puis, à l'adresse des Occidentaux, par une personnalisation désenchantée du rappel: "Ils nous écoutent, mais ils ne nous entendent pas!".

Plus dur et moins diplomatique, Poutine, qui, au cours d'une conversation téléphonique avec Macron, du dimanche 6 mars, dispensa froidement: "Par la voie des négociations ou par celle de la guerre", les objectifs russes seront atteints.

La nature explicite de cette revendication est celle d'une politique de puissance, sûre d'elle-même. Le caractère implicite, un rappel des hiérarchies, des limites de la souveraineté et d' une complémentarité inclusive du "verbe" diplomatique et de l'action militaire (R. Aron). Ou encore, de la caractéristique capitale de tout système international, la mixité de coopération et de conflit.

Il faut en déduire le caractère limité de la souveraineté nationale de Kiev, asservie, pour pouvoir s'exercer, à la souveraineté dominante de Washington et en même temps niée, pour vouloir exister, par la souveraineté prépondérante de Moscou.

Personne, sur la scène internationale et surtout pas l'Union Européenne définit un projet d'ordre européen et mondial pour demain et donc les principes de la stabilité et de la sécurité du Heartland et de ses jonctions occidentales, car personne ne semble en mesure de définir les intentions et  buts réels de la Russie de Poutine, qui se sent entourée de pays hostiles, arborant les drapeaux de l'Otan.

De manière générale, pour revenir à la paix, il faut établir un équilibre entre les deux composantes de l'ordre international, puissance et légitimité qui constitue l'essence même de l'art de gouverner. Les calculs de pouvoir, sans dimension morale, transformeraient tout désaccord en épreuve de force" (H. Kissinger). La recherche de cet équilibre par une médiation (Israël, Turquie et Chine), ressemble parfaitement à la situation actuelle, car les Occidentaux remettent en cause la légitimité du pouvoir  autocratique de Poutine et ce dernier rejette toute intrusion ou atteinte, portée à la Russie par une forme d'unilatéralisme offensif (Irak, Libye, Syrie, Soudan... allocution du 8 mars 2022).

Or, arrêter un conflit ou reconstruire un système international, après une épreuve de force majeure, est le défi ultime de l'art de gouverner

Ainsi, évaluer la signification des tendances en cours, signifie, pour l'Europe réévaluer la notion d'équilibre des forces et réduire significativement la rhétorique des valeurs, que les Occidentaux ont cherché à promouvoir, avec ambiguïté, depuis la fin du colonialisme. Défaillants sur le premier point (logique de puissance), les Européens semblent l'être aussi sur le deuxième, car la rhétorique des valeurs se situe aux deux niveaux de l'ordre international, celui de la défense des principes universels, valables pour tous, et celui de la pluralité des histoires et des cultures régionales, ainsi que des diverses formes des régimes politiques. Une attitude différente ou opposée, marquerait une volonté d'assimilation forcée ou un diktat de légitimité, porteurs de conflits.


Bruxelles Le 9 mars 2022

 

jeudi, 07 avril 2022

Général de division Gerd Schultze-Rhonhof: Poutine est-il vraiment un criminel de guerre?

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Général de division Gerd Schultze-Rhonhof: Poutine est-il vraiment un criminel de guerre?

Source: https://wir-selbst.com/2022/04/03/generalmajor-gerd-schultze-rhonhof-ist-putin-wirklich-ein-kriegsverbrecher/?fbclid=IwAR1sVM9DpHGrFsPODXb6ME_E-FII4w2J0QJmUpc98it6MPGRzrPw09z4A-Y

Préface

Lorsque j'ai écrit mon premier essai sur le désastre ukrainien, je ne pensais pas que le président russe Poutine pousserait ses efforts pour maintenir l'OTAN à l'écart du seuil de la Russie jusqu'à déclencher la guerre contre l'Ukraine. Mais je ne voulais pas non plus croire que les États-Unis, et avec eux l'OTAN et le président Zelensky, joueraient au poker si haut et si longtemps qu'ils se retrouveraient ensemble face à un désastre.

Depuis environ trois ans, les médias allemands m'ont presque exclusivement présenté le désastre ukrainien d'un point de vue ukrainien. Je n'ai donc pas d'informations de première main sur les sentiments de la population russophone de l'est de l'Ukraine. Je ne connais pas non plus de reportages sur la guerre de séparation qui dure depuis huit ans dans la région du Donbass. La guerre menée par l'armée ukrainienne contre les séparatistes/combattants de la liberté y était-elle juste ou brutale? À quoi ressemblaient les villes détruites? Y avait-il une misère des réfugiés? Les nombreuses "émissions spéciales" et "points chauds" des chaînes de télévision allemandes sur la guerre en Ukraine ont davantage ressemblé à de la propagande ukrainienne qu'à des informations allemandes pour l'ancien soldat que je suis. Leur valeur informative était presque nulle. En revanche, leur valeur de motivation antirusse était élevée. Il m'est donc désormais difficile de ne pas porter un jugement russophobe.

L'élargissement de l'OTAN à l'Est, première partie

Je m'attarde longuement et en détail sur l'importance de l'élargissement de l'OTAN à l'Est, car il est au cœur du désastre actuel de l'Ukraine. Au début du problème, il y a eu l'heureux événement de la réunification allemande et la promesse du secrétaire d'État américain Baker, qui y était initialement liée, selon laquelle l'OTAN ne serait pas élargie à l'Est par la suite. Voici d'abord mon point de vue sur la question, puis les avis contradictoires.

Après des mois de négociations entre les puissances victorieuses et les deux États fédérés allemands sur le futur statut de l'Allemagne, la Russie a accordé à l'Allemagne réunifiée le droit de rester dans l'OTAN, ce qui est aujourd'hui incontestable et effectif. Et il a été assuré en contrepartie aux Russes que l'OTAN renonçait de son côté à son extension vers l'Est, ce qui est aujourd'hui contesté. Le souhait de l'Ukraine et des États-Unis d'intégrer l'Ukraine dans l'OTAN et de pousser ainsi l'OTAN jusqu'aux frontières de la Russie est maintenant devenu un motif et une cause de guerre.

Voici comment les choses se sont déroulées:

Le 31 janvier 1990, le ministre des Affaires étrangères Genscher a déclaré lors d'une conférence à l'Académie protestante de Tutzing: "Quoi qu'il arrive dans le Pacte de Varsovie, il n'y aura pas d'extension du territoire de l'OTAN vers l'Est, c'est-à-dire plus près des frontières de l'Union soviétique. ... L'Occident doit également tenir compte du fait que les changements en Europe de l'Est et le processus de réunification de l'Allemagne ne doivent pas conduire à une atteinte aux intérêts de sécurité soviétiques".

Le 8 février 1990, le secrétaire d'État américain Baker s'est engagé auprès du secrétaire général Gorbatchev à ce que "l'OTAN n'avance pas d'un pouce vers l'Est". Interrogé par Gorbatchev, il l'a confirmé une nouvelle fois. Baker a ensuite confirmé sa déclaration initiale à un journaliste, mais il est revenu sur son contenu. Il a déclaré : "Je n'avais pas convenu de cela avec la Maison Blanche ni avec le Conseil de sécurité nationale. Deux jours après mes déclarations à Gorbatchev sur l'élargissement de l'OTAN, les États-Unis ont changé de position. Les Russes le savaient".

L'engagement de Baker a néanmoins été confirmé le 17 mai 1990 par le secrétaire général allemand de l'OTAN, Wörner, qui - bien que n'étant manifestement pas autorisé à le faire - a également déclaré que l'OTAN renonçait à tout élargissement à l'Est.

Le 11 avril 1990, le ministre britannique des Affaires étrangères Hurd a promis à Gorbatchev, lors de sa visite d'État à Moscou, que la Grande-Bretagne ne ferait rien qui puisse nuire aux intérêts et à la dignité soviétiques.

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Lors d'une visite du ministre des Affaires étrangères Genscher à son homologue Baker, Genscher a accordé une interview à un journaliste de la première chaîne de télévision allemande. Debout à côté de Baker, il a déclaré au micro : "Nous sommes tombés d'accord sur le fait qu'il n'y a pas d'intention d'étendre la zone de défense de l'OTAN vers l'Est. ... Cela ne se réfère pas seulement à la RDA, mais cela s'applique de manière générale" (citation littérale). L'interview peut encore être visionnée aujourd'hui sur Youtube (Internet : "Genscher & Baker pas d'élargissement à l'Est de l'OTAN")

Jürgen_Chrobog,1995.jpgLe 6 mars 1991, Jürgen Chrobog (photo), alors chef du bureau ministériel de Genscher, a déclaré aux directeurs politiques des bureaux des affaires étrangères d'Angleterre, de France et des États-Unis, lors de réflexions sur la sécurité future des États d'Europe de l'Est : "Nous avons clairement (clear) indiqué lors des négociations 2+4 que nous n'étendrions pas l'OTAN au-delà de l'Elbe. Nous ne pouvons donc pas proposer à la Pologne et aux autres d'adhérer à l'OTAN".

Il y a eu en outre des déclarations dont l'absence de valeur a posteriori indigne les dirigeants russes actuels. Le 7 juin 1990, par exemple, les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN réunis à Turnberry, en Écosse, ont transmis le "message de Turnberry" aux dirigeants des pays du Pacte de Varsovie réunis à Moscou au même moment. Ce message disait : "Nous tendons une main amicale et coopérative à l'Union soviétique et à tous les autres Etats européens. ... La meilleure façon d'assurer une sécurité véritable et durable en Europe est la reconnaissance mutuelle et la compréhension des intérêts légitimes de tous les États en matière de sécurité". La reconnaissance et la compréhension des intérêts légitimes en matière de sécurité, les Russes se les sont naturellement appropriés et les ont pris pour argent comptant.

Trois ans plus tard encore, au printemps 1993, le président américain Clinton a confirmé dans un discours que le fait de ne pas élargir l'OTAN à l'Est correspondait également à son point de vue. L'automne 1997 a marqué un tournant dans cette politique américaine et de l'OTAN. La secrétaire d'État américaine Madeleine Albright, née en République tchèque, a alors suggéré et obtenu que la République tchèque, la Pologne et la Hongrie soient intégrées à l'OTAN en 1999.

Aujourd'hui, la déclaration initiale du secrétaire d'État américain Baker au secrétaire général soviétique Gorbatchev n'est pas reconnue comme contraignante, parce qu'elle n'a pas été formalisée par écrit et par contrat, et parce que Gorbatchev n'a pas insisté pour que cette condition soit incluse dans les traités au cours des négociations suivantes. La "non-opposition" est considérée comme une approbation silencieuse du point de vue diplomatique et du droit des États. Les historiens et les spécialistes du droit public ont toutefois des avis divergents sur la force contraignante des accords oraux.

J'en viens maintenant aux affirmations selon lesquelles l'accord Baker n'a jamais existé.

Teltschik, un ancien conseiller du chancelier Kohl, affirme depuis un certain temps qu'un tel engagement n'a jamais existé. Il a accompagné le chancelier Kohl dans tous ses entretiens et négociations et il n'a jamais été question d'un élargissement de l'OTAN vers l'Est. Teltschik n'est pas un témoin valable dans cette affaire. Il n'était que l'accompagnateur du chancelier Kohl et ne se réfère dans ses déclarations qu'aux entretiens de Kohl. Il n'était pas présent lors des accords et des assurances qui ont été décisifs dans cette affaire. Le chancelier Kohl a manifestement laissé le ministre des Affaires étrangères Genscher négocier toutes les questions relatives au maintien de l'appartenance de l'Allemagne unifiée à l'OTAN et à la présence de l'OTAN sur le territoire de l'ancienne RDA. De plus, Teltschik n'était pas présent lors de l'entretien Baker-Gorbatchev ni lors de la déclaration de Wörner. Il a également ajouté, lors d'une récente interview, qu'il n'était pas possible de parler d'un élargissement de l'OTAN vers l'Est lors des discussions sur la réunification allemande, car personne ne pouvait savoir à l'époque que l'Union soviétique et le Pacte de Varsovie se désintégreraient un jour et laisseraient la place à un élargissement de l'OTAN vers l'Est.

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Ces deux arguments de Teltschik sont désormais partagés par l'ancien secrétaire d'État aux Affaires étrangères Ischinger et l'ancien ministre fédéral des Finances Waigel. Tous deux étaient absents de la réunion Baker-Gorbatchev de février 1990. Teltschik, Ischinger et Waigel se trompent également tous les trois en affirmant qu'à partir de février 1990, et plus encore pendant les négociations 2+4 sur la réunification allemande à partir de mai 1990, personne ne pouvait savoir ou soupçonner que le Pacte de Varsovie et l'Union soviétique allaient se disloquer.

Lorsque le secrétaire d'État américain Baker a donné au secrétaire général Gorbatchev son engagement de "non-élargissement" le 8 février 1990, les républiques soviétiques de Lettonie et de Lituanie grondaient déjà depuis un an et deux. En Lituanie, il y avait le mouvement d'indépendance Sajüdis. Et lorsque le premier cycle de négociations 2+4 a débuté le 5 mai 1990, la Lituanie (le 11 mars 1990) et la Lettonie (le 4 mai 1990) venaient de déclarer leur indépendance et l'Estonie suivait trois jours plus tard (le 8 mai 1990). Les fissures et l'orientation croissante vers l'Ouest étaient également visibles au sein du Pacte de Varsovie. En Hongrie, le processus de réforme était en cours depuis 1987, en Roumanie, en Pologne et en Tchécoslovaquie depuis 1989. Même Maggie Thatcher parlait déjà à l'époque du "processus de réforme en Europe de l'Est". Si les trois hommes cités disent aujourd'hui que personne n'aurait pu voir ou deviner à l'époque que l'évolution en cours en Europe de l'Est créerait dans un avenir proche un espace pour un réaménagement des puissances et des alliances, je ne leur accorde aucun crédit.

Et maintenant, quelque chose de personnel. Le 26 septembre 1989, en tant que commandant de l'école des troupes blindées de Munster, j'ai eu l'honneur d'accueillir et de m'occuper de l'ambassadeur américain à Bonn, Vernon Walters. Nous avons eu une discussion approfondie sur la possibilité d'une réunification allemande et sur l'attitude de son président, George H. W. Bush, à cet égard. L'ambassadeur a répondu ouvertement à toutes mes questions - je l'espère - et a également expliqué l'attitude de son président. Après la réponse de Walters à ma dernière question, il y a eu une autre déclaration que je ne lui avais pas demandée. Il a dit : "La frontière orientale allemande se placera toujours derrière la frontière orientale polonaise". Il est évident qu'à ce moment-là, la Maison Blanche avait déjà réfléchi depuis longtemps aux développements possibles en Europe de l'Est. Pour bien évaluer à quel point Walters était probablement au courant des réflexions de son "maître", il faut savoir que Bush et Walters ont été auparavant chef et vice-chef de la CIA, ce qui se chevauchait dans le temps. Je n'accepte donc pas les objections de Teltschik, Ischinger et Waigel. En revanche, je prends au sérieux l'objection des responsables politiques allemands et américains selon laquelle les accords ne sont pas contraignants s'ils ne sont pas inscrits dans un contrat. C'est la réalité et il n'est pas possible de faire autrement.

Néanmoins, il ne faut pas oublier qu'il existe également une confiance et un respect de la confiance entre les peuples et les gouvernements. L'assurance orale donnée à plusieurs reprises par des responsables politiques américains, allemands et de l'OTAN que l'OTAN ne s'étendrait pas à l'Est et qu'ils ne tireraient pas d'avantages unilatéraux de la réunification allemande a créé une attente russe.

L'élargissement de l'OTAN vers l'Est, partie II

Un changement tout d'abord positif dans les relations OTAN-Russie s'est dessiné lorsque les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN se sont réunis le 7 juin 1990 à Turnberry en Écosse et que les dirigeants des pays du Pacte de Varsovie se sont réunis en même temps à Moscou. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN ont alors envoyé le "message de Turnberry" à Moscou, "ont tendu la main à l'entente" et ont garanti "la reconnaissance et la compréhension mutuelles des intérêts légitimes de tous les États en matière de sécurité". Les Russes se sont bien entendu référés à eux-mêmes en ce qui concerne les intérêts légitimes de sécurité et les Ukrainiens s'y réfèrent également aujourd'hui. Le "message de Turnberry" est aujourd'hui considéré comme la fin de la guerre froide.

Il a été suivi par la création du Conseil OTAN-Russie le 27 mai 1997 à Paris. Dans son acte fondateur, on trouve, outre de nombreux serments de paix et d'unité, des principes que les deux parties peuvent aujourd'hui interpréter à leur avantage. La protection des minorités et le droit à l'autodétermination des peuples y sont évoqués, ce que la Russie invoque aujourd'hui pour se justifier en ce qui concerne la Crimée, Lougansk et Donetsk. Le renoncement à la violence, l'intégrité territoriale et l'indépendance politique des États sont également cités comme des objectifs communs, auxquels l'Ukraine et l'OTAN se réfèrent aujourd'hui. Ce qui est décisif pour l'élargissement de l'OTAN vers l'Est, c'est le "droit naturel (inherent) des États à choisir eux-mêmes la voie (means) de leur propre sécurité", inscrit dans l'acte fondateur. L'OTAN et les anciens États non russes du Pacte de Varsovie ont vu dans cette formulation la concession du président russe Eltsine à l'élargissement de l'OTAN vers l'Est, bien que Eltsine ait ajouté dans son discours de clôture de la conférence de signature qu'il s'opposerait à un élargissement de l'OTAN vers l'Est. Le 12 mars 1999, la Pologne, la République tchèque et la Hongrie ont rejoint l'OTAN.

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Pour le reste, le Conseil OTAN-Russie n'a pas abouti à l'union tant annoncée. De mars à juin 1999, les troupes de l'OTAN ont attaqué la Yougoslavie contre la volonté de la Russie. A l'époque, la répartition des rôles était toutefois différente de celle qui prévaut aujourd'hui en Ukraine. L'OTAN se battait pour les droits des minorités et la sécession du Kosovo. Aujourd'hui, les Russes se battent pour les droits des minorités et la sécession de Lougansk et de Donetsk. Et depuis 2016, la Russie et les États-Unis se disputent le déploiement de missiles nucléaires de moyenne portée en Pologne et en Roumanie. Là encore, les Américains ont eu gain de cause et ne se sont pas souciés des intérêts de la Russie en matière de sécurité. L'acte fondateur sur lequel repose le Conseil OTAN-Russie n'est donc plus qu'un filet de sécurité fissuré. Lors de la dernière conférence du Conseil OTAN-Russie, le 12 janvier 2022 à Bruxelles, l'unité autrefois invoquée n'a suffi qu'à se présenter mutuellement les exigences maximales "non négociables".

Il est compréhensible que les dirigeants russes - d'abord Eltsine, puis Poutine - se soient sentis piégés et trompés. Sans compter que l'ex-Union soviétique a retiré ses troupes d'Europe centrale, tandis que les États-Unis ont continué à avancer leurs troupes vers l'Est. De plus, la Russie a accepté l'ancrage économique et politique à l'Ouest des membres européens du Pacte de Varsovie et de ses anciens États baltes. Même la réorientation économique de l'Ukraine vers l'UE a été acceptée par la Russie. En outre, il est stratégiquement judicieux de laisser des zones de séparation, c'est-à-dire des États tampons neutres, entre des systèmes, des États et des alliances d'États opposés. De plus, le chancelier Bismarck a souligné qu'une paix durable ne peut être obtenue que par la conciliation des intérêts et non par l'imposition de ses propres intérêts. Les politiciens américains, allemands et de l'OTAN ont enfreint ces principes raisonnables à plusieurs reprises après 1997, lorsque Poutine a précisé pour la première fois lors de la conférence sur la sécurité de Munich où une "ligne rouge" serait franchie pour les intérêts de sécurité russes, à savoir une extension supplémentaire de l'OTAN jusqu'aux frontières de la Russie. L'"Occident" a maintenant tenté de franchir cette ligne rouge. Il revendique le "droit d'être de son côté", se retrouve avec les Russes devant un tas de ruines et ne montre même pas, dans son autojustification, l'ombre d'une autocritique et l'aveu d'une part de responsabilité dans la naissance de cette guerre.

En Allemagne, il ne faut pas non plus oublier que notre réunification, il y a 32 ans, n'a été possible que grâce à l'accord de Gorbatchev. Et celui-ci a été obtenu en échange de l'engagement verbal du secrétaire d'État américain Baker : "L'OTAN n'avancera pas d'un pouce vers l'Est". Renoncer à l'élargissement de l'OTAN vers l'Est était donc une partie du prix à payer pour la réunification. Et ce prix n'a jamais été payé. N'oublions pas non plus que le secrétaire général allemand de l'OTAN, Wörner, et le ministre allemand des Affaires étrangères, Genscher, l'ont confirmé dans leurs discours et leurs interviews. Contrairement à d'autres membres de l'OTAN, nous, Allemands, sommes donc aussi les témoins de premier plan de cet engagement américain précoce.

Le rôle initial de Poutine

Dans un premier temps, Poutine a tenté un rapprochement avec l'"Occident" et s'est efforcé de relier la Fédération de Russie à l'UE et à l'OTAN. Il a proposé une zone de libre-échange entre l'UE et la Russie dans trois discours prononcés en Allemagne en 2001, 2007 et 2010, et a échoué. Et il a évoqué un rattachement de la Russie à l'OTAN lors de la visite d'adieu de Bill Clinton à Moscou en 2000. Là encore, sans écho positif. La fin des tentatives de rapprochement n'est intervenue qu'après le changement de la politique étrangère de l'"Occident". En 1997, toujours sous Clinton, la secrétaire d'État américaine Albright a imposé l'élargissement de l'OTAN à l'Est. En 2007, lors de la conférence de Munich sur la sécurité, Poutine a déclaré qu'une nouvelle extension de l'OTAN vers l'Est sur le territoire de l'ancienne Union soviétique constituerait le "franchissement d'une ligne rouge".

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L'Ukraine tente de se tourner vers l'Occident

L'Ukraine avait conclu un accord de libre-échange avec la Russie en novembre 2011 et négocié un accord d'association avec l'UE en 2012 et 2013. Elle avait tenté de s'ouvrir à un marché sans perdre l'autre. Le gouvernement ukrainien, sous la direction du Premier ministre Azarov, avait ainsi tenté de lier le rapprochement avec l'UE à l'adhésion à la zone de libre-échange de la Russie, ce que les Russes étaient prêts à négocier après une résistance initiale, mais que la Commission européenne a toujours refusé. L'UE a de facto tenté d'imposer un "droit de représentation exclusif" pour le futur commerce extérieur de l'Ukraine. Cela a fait échouer l'intention initiale de Ianoukovytch de faire de l'Ukraine un pont entre l'Est et l'Ouest sur le plan économique et politique.

Alors que les négociations avec l'UE entraient dans leur "phase chaude", le président ukrainien Ianoukovytch craignait de manière réaliste que l'économie ukrainienne, en s'adaptant à l'UE, ne soit pas en mesure de faire face à la pression de la concurrence sur le plan économique et technique, comme l'avait fait auparavant l'Allemagne de l'Est avec la RFA. Il a demandé à l'UE une aide à l'ajustement de 160 milliards d'euros, et l'UE a refusé.

Un deuxième obstacle était que l'Ukraine elle-même devait s'ouvrir aux importations occidentales, mais qu'elle n'avait droit qu'à des quotas d'exportation minimes. Si l'Ukraine perdait le marché russe, elle n'obtiendrait que 200.000 tonnes de quotas d'exportation vers l'UE pour ses 30 millions de tonnes de blé exportées chaque année. Cela représentait 0,7% du blé dont l'Ukraine dépendait pour ses exportations et ses revenus. Pour les produits carnés, ce chiffre était de 2% et pour les exportations d'acier, il était similaire. En conséquence, Ianoukovytch a gelé l'accord d'association pendant un an. Mais la pression de l'opinion publique ukrainienne en faveur d'un rattachement économique à l'Ouest et d'une adhésion ultérieure à l'UE était devenue si forte que Ianoukovytch n'a pas survécu à cette décision. Il a été destitué et le soulèvement dit de Maidan a eu lieu.

L'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt avait alors vivement condamné la tentative de la Commission européenne de "placer l'Ukraine devant le choix apparent de choisir entre l'Ouest et l'Est", la qualifiant de mégalomanie. En 2014, il avait déjà averti qu'un tel comportement pouvait conduire à une guerre.

L'occupation économique de l'Ukraine par les États-Unis

Les Etats-Unis ont proposé dès 2008 d'intégrer l'Ukraine à l'OTAN. Il s'agissait et il s'agit toujours d'intérêts économiques et militaires massifs et, en fin de compte, de la revendication hégémonique des Etats-Unis dans toute l'Europe. L'Ukraine possède d'abondantes ressources naturelles. C'est un marché d'exportation considérable. Avec son industrie aérospatiale, elle est un complément important de la même industrie en Russie et, avec la Crimée, elle possède une position stratégique maritime qui lui permet de dominer la mer Noire.

Dans le sillage des négociations de l'UE, les entreprises américaines et les représentants du gouvernement et de l'armée se sont empressés d'intervenir et de profiter de la faiblesse de l'Ukraine pour y "enfoncer des clous". En novembre 2013, la compagnie énergétique américaine Chevron a conclu un contrat de 50 ans pour le développement et l'extraction de gaz naturel par fracturation dans le nord-ouest de l'Ukraine. Exxon Mobil a négocié des gisements de gaz naturel sur la côte de la mer Noire.

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Les liens commerciaux et familiaux américains avec l'Ukraine sont également intéressants. Le fils de l'ancien vice-président Joe Biden, Hunter Biden, ainsi que l'ancien chef de cabinet du secrétaire d'État américain de l'époque, Kerry Leter, et l'ancien directeur de campagne de Kerry Archer, sont devenus membres du conseil d'administration de la plus grande société gazière ukrainienne, Burisma, en mai 2014. Hunter Biden a reçu une rémunération fixe en dollars pour chaque millier de mètres cubes de gaz naturel passant par les tuyaux de Burisma. Selon un journal américain, cela représentait 50.000 dollars par mois dans les meilleurs moments. Il est évident que les intérêts économiques nationaux américains se sont combinés avec les intérêts patrimoniaux de la famille Biden. Il convient d'ajouter que Burisma détient les droits d'exploitation du gaz naturel dans la pointe nord de la région séparatiste de Donetsk.

La présentation du désastre ukrainien par les médias allemands manque malheureusement de fond. Lorsqu'en décembre 2013, les négociations d'association de l'Ukraine ont d'abord échoué, notamment en raison de la "prétention à la représentation unique" de l'UE, des risques impondérables menaçaient les investisseurs américains en Ukraine. Quatre semaines plus tard - le 1er février 2014 - le sujet a été mis en lumière lors d'une table ronde à la Conférence de Munich sur la sécurité entre Koschara, alors ministre ukrainien des Affaires étrangères, et Klitschko, membre de l'opposition.

Koschera a répondu à la demande de Klitschko d'orienter l'Ukraine vers l'Ouest en disant: "L'Ukraine ne doit pas être placée devant l'alternative Europe ou Russie". Les États-Unis ne voulaient manifestement pas vivre avec une telle attitude du gouvernement à Kiev. Ils ont tiré les ficelles peu de temps après pour opérer le changement de président de l'Etat de Ianoukovytch à Porochenko et le changement de Premier ministre d'Azarov à Iatseniouk. Sur une photo de presse prise lors de la conférence sur la sécurité de Munich, on peut voir ces changements symbolisés quatre semaines auparavant. On y voit le secrétaire d'État américain Kerry au centre et Porochenko et Iatseniouk à gauche et à droite. L'ancien ministre des Finances a également été remplacé. Il a été remplacé par Natalia Jaresko, une banquière d'investissement américaine, après une naturalisation éclair.

Même s'il manque des preuves au sens strict d'un "changement de régime" dirigé par les Américains, il convient de citer la remarque de Victoria Nuland, alors secrétaire d'État adjointe, qui a déclaré publiquement le 13 décembre 2013 que les États-Unis avaient dépensé plus de 5 milliards de dollars depuis 1991 pour la démocratisation, la prospérité et la sécurité de l'Ukraine. Quand on parle de "sécurité", on peut encore penser à l'armement et aux conseillers militaires. On peut se faire une idée de ce qu'il faut entendre par démocratisation en observant les efforts diplomatiques de Nuland (photo) pour arranger un gouvernement pro-américain à Kiev. En 2013, lors d'une conversation téléphonique interceptée avec l'ambassadeur américain à Kiev Geoffrey Pyatt, récemment entré en fonction, elle a discuté de l'éligibilité des politiciens de l'opposition pro-occidentale pour former un nouveau cabinet au sein du gouvernement ukrainien.

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La stratégie américaine d'extension de la domination politique et d'acquisition de ressources naturelles outre-mer comprend également la sécurisation des voies maritimes vers les gisements. En 1887, l'amiral Alfred Mahan, théoricien américain de la guerre navale, a marqué la pensée stratégique américaine jusqu'à aujourd'hui avec son livre "L'influence de la puissance maritime sur l'histoire". Il a écrit et enseigné que la maîtrise des mers faisait partie de la puissance mondiale. Celle-ci consisterait en une flotte supérieure à toutes les autres, en la maîtrise des routes maritimes et en la possession de positions stratégiques maritimes, c'est-à-dire de ports de guerre et de commerce dominants au bord des mers. Le conseiller américain à la sécurité George Friedman a rappelé cet aspect de la stratégie et de la tradition américaines dans un discours prononcé en février 2015 devant le Chicago Council of Global Affairs. Il a déclaré : "Les États-Unis ont un intérêt fondamental. Ils contrôlent tous les océans du monde ... Pour cette raison, nous pouvons envahir d'autres pays, mais ils ne peuvent pas le faire chez nous. ... Le maintien du contrôle des océans et de l'espace est la base de notre puissance".

Appliqué à l'Ukraine et plus particulièrement à la péninsule de Crimée, cela signifie, selon la pensée américaine et les craintes russes, qu'une Ukraine ouverte aux Etats-Unis par son adhésion à l'OTAN aurait établi la domination des Etats-Unis sur la mer Noire. La Russie aurait dû céder sa position stratégique maritime à l'US Navy en perdant son port de guerre en Crimée et, par conséquent, le contrôle de la route maritime vers le plus grand port commercial de Russie, Novorossiysk. Le port commercial ukrainien d'Odessa aurait également été sous contrôle américain. Si les allégations de Poutine sont exactes, les États-Unis ont déjà établi un commandement de la mer Noire pour l'US Navy à Ochakiv, à la pointe nord de la mer Noire, à 150 kilomètres à l'ouest de la Crimée.

De manière moins importante, mais qui mérite d'être mentionnée, les Américains envoient depuis des années des conseillers militaires et des mercenaires des sociétés militaires Greystone et Academy, ainsi que du matériel militaire en Ukraine. Et en janvier 2015 - pendant la période Porochenko - le commandant en chef des forces américaines en Europe, le lieutenant-général Ben Hodges, s'est rendu à Kiev et a rendu visite aux dirigeants des forces armées ukrainiennes et à leurs troupes, annonçant que les États-Unis enverraient désormais officiellement des conseillers militaires. Les États-Unis sont donc déjà présents militairement en Ukraine, même sans l'OTAN.

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La sécession de la Crimée de l'Ukraine

Dès 1991, lors de la sécession de l'Ukraine de l'Union soviétique, la population de Crimée s'était prononcée par référendum à 93% pour le maintien de l'Ukraine au sein de la Russie.

Dès que Ianoukovytch a été destitué et que Porochenko, orienté vers l'Occident, lui a succédé en juin 2014, celui-ci a de nouveau exigé après quelques jours l'association avec l'UE et l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. La sonnette d'alarme a alors retenti au Kremlin. Il était clair pour Poutine que l'UE, l'OTAN et les Américains s'installeraient un jour en Crimée et que la marine américaine prendrait le contrôle du port militaire russe de Sébastopol si cela devait arriver. Il a tiré le frein d'urgence et a annexé (selon la lecture occidentale) la péninsule de Crimée en mars 2014, avec sa population majoritairement russe. Du point de vue de la procédure, il s'agissait d'un rattachement à la volonté de la grande majorité de la population locale et il y avait des antécédents.

Le 23 février 2014, au lendemain de la destitution de Ianoukovytch, un gouvernement intérimaire avait promulgué une nouvelle loi linguistique faisant de l'ukrainien la seule langue d'État et interdisant le russe dans les écoles et les administrations. Jusqu'à présent, la population de Crimée, majoritairement russophone, était habituée à l'utilisation du russe comme deuxième langue officielle. Ainsi, deux semaines plus tard, le parlement local de Crimée a demandé et voté pour la première fois le rattachement de la Crimée à la Russie. Une autre semaine plus tard, la population de Crimée a voté à 97,5% lors d'un référendum déclaré illégal par l'UE et les États-Unis (avec 83% de participation) en faveur du rattachement à la Russie. (Les 97,5% proviennent d'un reportage suisse. Les médias allemands ont annoncé des chiffres plus bas, jusqu'à 93%). Il s'agit là des antécédents locaux de la soi-disant "annexion" de la Crimée par la Russie le 21 mars 2014.

La prise de contrôle de la Crimée a certes violé le droit international actuellement en vigueur, mais elle était conforme à un autre principe du droit international, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. En outre, l'annexion de la Crimée était, dans une certaine mesure, comparable à la défense des Etats-Unis contre l'occupation militaire soviétique de Cuba en 1962. Les États-Unis n'avaient pas non plus toléré d'"adversaire" à la porte de leur arrière-cour.

Et nous, Allemands, devrions nous rappeler qu'il y a 32 ans, les Allemands de l'État fédéré de la RDA ont eux aussi tourné le dos à leur gouvernement légitime et ont rejoint leur voisin, la RFA, d'une manière illégale selon le droit de la RDA. Ils l'ont fait - comme la population de Crimée - par le biais d'une décision parlementaire et d'une élection.

Peu après la prise de contrôle de la Crimée par la Russie, les deux oblasts de Lougansk et de Donetsk, majoritairement peuplés de Russes, ont également voulu se séparer de l'Ukraine. Ils ont déclaré leur indépendance, ce qui a entraîné la guerre civile qui dure depuis huit ans dans l'est de l'Ukraine.

Le manque de parole de l'Occident est le traumatisme des Russes

Depuis sa promesse initiale de ne pas étendre l'OTAN à l'Est, la Russie a assisté impuissante depuis 1999 à l'adhésion de 13 pays d'Europe de l'Est à l'OTAN et à l'installation de missiles américains en Pologne et en Roumanie en dépit des protestations russes. Pour l'Occident, il s'agissait d'une exportation de la démocratie et de la liberté, et pour la Russie, d'un manquement à la parole donnée qui a laissé un amer traumatisme. Hormis l'adhésion de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque à l'OTAN cinq mois avant la première prise de fonction de Poutine en tant que Premier ministre russe, tous les autres élargissements et déploiements ont eu lieu sous le mandat de Poutine. En ce qui concerne les déploiements de missiles américains, il s'y est opposé à plusieurs reprises et a indiqué à plusieurs reprises quand la Russie considérait que l'Occident franchissait une "ligne rouge". Plus tard également, après la prise de contrôle de la Crimée, la dernière fois en décembre 2021, Poutine a demandé à deux reprises au président américain Biden de renoncer durablement à l'intégration de l'Ukraine - directement à la porte de la Russie. Poutine a ainsi épuisé ce que l'on peut appeler la diplomatie.

Pendant 15 ans, l'Occident a appris à Poutine que les intérêts légitimes de la Russie en matière de sécurité ne pouvaient pas être protégés par la seule diplomatie. Ainsi, avec la prise de contrôle de la Crimée, il a commencé à briser le premier tabou selon la conception occidentale. Il a modifié une frontière d'État étrangère selon la volonté de la population concernée.

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Séparation des oblasts de Donetsk et de Lougansk

Quelques semaines après la sécession de la Crimée, la population majoritairement russe des deux oblasts les plus à l'est de l'Ukraine s'agite également. Les 7 et 28 avril 2014, l'oblast de Donetsk, avec 75% de russophones, puis l'oblast de Lougansk, avec 69% de russophones, se sont déclarés républiques populaires indépendantes. Lors d'un référendum en mai 2014, plus de 90 % des personnes interrogées dans les deux oblasts ont voté pour leur indépendance vis-à-vis de Kiev. Le gouvernement central ukrainien a alors ordonné l'entreprise baptisée "opération anti-terroriste" contre les "putschistes" et a fait marcher des troupes contre Donetsk et Lougansk. Depuis, une guerre sécessionniste locale y fait rage avec une ingérence russe peu claire.

Ce qui manque pour évaluer les actes de guerre de l'"opération antiterroriste", c'est une couverture par les médias occidentaux. Selon des rapports non vérifiables, l'opération a commencé par le déploiement d'environ 100.000 soldats des forces armées ukrainiennes régulières contre environ 30.000 séparatistes. Les forces gouvernementales disposaient d'avions équipés de bombes au phosphore et de bombes à sous-munitions, ce qui n'était pas le cas des séparatistes. 80 % des tués auraient été des combattants séparatistes.

L'élément déclencheur semble avoir été la politique du gouvernement de Kiev d'"ukrainisation culturelle" de sa population russe. Il existait à l'origine une loi linguistique qui faisait des langues minoritaires la deuxième langue officielle là où au moins 10 % de la population parlait une langue minoritaire. Mais en février 2014, le gouvernement central ukrainien a déclaré l'ukrainien comme seule langue d'État et officielle avec une nouvelle loi linguistique. Le russe a ainsi disparu des bureaux et des écoles dans 10 des 25 oblasts ukrainiens.

La Russie a soutenu les séparatistes russes dans les oblasts sécessionnistes, mais elle n'a pas attaqué l'intégrité territoriale de l'Ukraine elle-même. Pourtant, dès cette époque, en septembre 2014, Rasmussen, alors secrétaire général de l'OTAN, affirmait que "la Russie attaquait l'Ukraine". Au contraire, lors de deux conférences de Minsk en septembre 2014 et en février 2015 (avec la France et l'Allemagne), la Russie a tenté d'organiser un règlement fructueux pour Lougansk et Donetsk en tant qu'oblasts semi-autonomes au sein de l'Ukraine.

Les accords de Minsk

Le 12 février 2015, les accords de Minsk (Minsk II) ont été conclus entre l'Ukraine et la Russie, puissance protectrice des deux oblasts sécessionnistes, par l'intermédiaire de la France, de l'Allemagne et de l'OSCE. Cet accord prévoyait un cessez-le-feu, des élections anticipées et une loi sur un statut spécial pour Lougansk et Donetsk au sein de l'Ukraine. Le cessez-le-feu n'a toutefois pas duré plus de trois jours. Le gouvernement central ukrainien n'a alors pas organisé d'élections ni élaboré une loi sur le futur statut spécial des deux oblasts contestés. Au lieu de cela, le gouvernement de Kiev a promulgué en 2018 une "loi de réintégration" pour les deux oblasts, a interdit toute négociation avec eux et a continué à interdire l'utilisation de la langue maternelle russe dans les écoles. De facto, le gouvernement ukrainien a ainsi rompu les accords de Minsk II. La guerre civile dans l'est de l'Ukraine s'est donc poursuivie sans relâche. Poutine a vu la souffrance de la population dans la zone de guerre et la réticence ou l'incapacité du gouvernement de Kiev à respecter les accords de Minsk prévoyant l'autonomie partielle de Lougansk et de Donetsk, et il a observé - ce qui a sans doute pesé beaucoup plus lourd - les pressions constantes de Kiev pour être admis dans l'OTAN.

La reconnaissance par Poutine de l'indépendance de Lougansk et de Donetsk

Pour Poutine, l'Ukraine en tant que membre majeur de l'OTAN, et donc la présence américaine à la frontière russe, n'était et n'est toujours pas compatible avec les intérêts vitaux de la Russie en matière de sécurité. Il a donc ordonné un déploiement de menaces à la frontière avec l'Ukraine et a demandé à deux reprises au président américain Biden, en décembre 2021 et février 2022, de renoncer de manière permanente à l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN. Les deux ont refusé. Au lieu de cela, selon un rapport d'Anti-Spiegel, le 21 janvier 2022, l'OTAN a invité le gouvernement ukrainien à participer à l'élaboration du nouveau document stratégique "Agenda 2030 de l'OTAN". Si la nouvelle est exacte, il s'agissait d'une annonce très claire à Poutine que l'élargissement de l'OTAN vers l'est; donc à l'Ukraine, était prévu pour un avenir proche. Il n'est pas improbable que la nouvelle de l'agenda 2030 de l'OTAN soit exacte, étant donné que les ministres des affaires étrangères américain et ukrainien avaient déjà scellé un accord de coopération stratégique entre leurs deux pays peu de temps auparavant, le 10 novembre 2021. De plus, le 19 février 2022, le président ukrainien Zelensky a imprudemment déclaré dans son discours à la conférence de Munich sur la sécurité qu'il envisageait de faire à nouveau de l'Ukraine un État doté d'armes nucléaires. Pour les Russes, ce n'était pas seulement "jeter de l'huile sur le feu" dans une situation déjà surchauffée, c'était de la "dynamite avec mèche". Cela expliquerait les actions ultérieures de Poutine. Il a alors tiré le frein d'urgence pour la deuxième fois le 21 février 2022. Poutine a reconnu la souveraineté des oblasts séparés, sept ans après leur propre déclaration d'indépendance.

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Avec cette reconnaissance, Poutine a fait ce qui s'était passé 13 ans plus tôt au Kosovo. Là-bas, les pays occidentaux avaient également reconnu les nouvelles frontières et l'indépendance autoproclamée d'une entité serbe après des années de guerre civile ou de sécession et sans l'accord du Conseil de sécurité de l'ONU, modifiant ainsi l'existence territoriale de la Serbie. Dans le cas de l'indépendance du Kosovo, la Cour internationale de justice des Nations unies a déclaré le 22 juillet 2010 : "Le droit international général ne contient pas d'interdiction quelconque de déclarer l'indépendance".

"La guerre de Poutine"

Il ne faut pas voir dans cette phrase l'attribution d'une responsabilité exclusive dans la guerre en Ukraine. La question de la culpabilité est un tout autre sujet.

Après la reconnaissance de l'indépendance des deux "républiques populaires" sur le territoire ukrainien et le rejet de celle-ci par l'Ukraine, l'OTAN, les pays de l'UE et surtout les États-Unis, Poutine avait trois possibilités. La première option aurait été de ne rien faire et d'attendre. Ce faisant, il n'aurait résolu aucun problème. Il n'aurait fait que prolonger la guerre de sécession et n'aurait pas tenu sa promesse de protection de la population russe dans la région du Donbass. La deuxième option aurait été une occupation russe des deux oblasts sécessionnistes. Ce faisant, il n'aurait certes éteint qu'un feu de brousse à la périphérie de l'Ukraine, mais aurait ainsi provoqué l'incendie de forêt dans toute l'Ukraine. L'ouverture d'une guerre contre une partie seulement de l'Ukraine aurait en outre été immédiatement interprétée comme l'ouverture d'une guerre contre l'ensemble de l'État ukrainien et aurait entraîné de manière prévisible une guerre ultérieure contre une "coalition de volontaires". On ne peut pas reprocher à Poutine de ne pas avoir tenu compte de l'assurance donnée par Biden que l'Amérique n'interviendrait pas dans une guerre en Ukraine, après les nombreux manquements américains précédents. L'issue incertaine d'une guerre contre une "coalition de bonnes volontés" menée par les États-Unis n'aurait pas mis fin au risque d'une adhésion ultérieure de l'Ukraine à l'OTAN. La troisième possibilité était ce qu'il a fait. En attaquant l'Ukraine et en occupant brièvement Kiev, il s'est assuré de manière permanente que l'Ukraine ne devienne pas membre de l'OTAN et qu'aucun Américain ne soit stationné directement à la frontière russe à l'avenir.

Une quatrième possibilité avait déjà été perdue auparavant. Pendant 22 ans, Poutine a tenté en vain d'empêcher la présence de forces américaines directement à la frontière russe, par le biais de conférences, de négociations, de revendications, de la mention d'une "ligne rouge" et, plus récemment, juste avant et après le passage à la nouvelle année 2021-2022, lors de deux entretiens téléphoniques avec le président américain Biden.

Une guerre par procuration

La guerre en Ukraine est essentiellement un conflit entre les États-Unis et la Russie. D'un point de vue plus large, il s'agit de poser les jalons d'un "ordre de paix" bipolaire en Europe, avec une Russie à égalité avec les Etats-Unis, ou d'un ordre monopolistique avec l'Amérique en selle et la Russie comme cheval de bataille à côté. Le président américain avait déjà déclaré sans détour qu'il ne considérait plus la Russie que comme une puissance régionale, "préludant" ainsi au conflit en Ukraine. Obama a ainsi exprimé la prétention des États-Unis vis-à-vis de tous les autres États d'Europe.

D'un point de vue purement extérieur, ce conflit pour la suprématie en Europe se joue désormais en Ukraine. Cela se traduit par la volonté des Etats-Unis d'étendre leur zone d'influence et leur puissance militaire en direction de la Russie par le biais de l'OTAN, et par une mainmise économique rapide sur les ressources naturelles de l'Ukraine. Ce sont les États-Unis qui, bien qu'étant les plus éloignés de l'Europe, ont été les premiers à demander le rattachement de l'Ukraine - et de la Géorgie - à l'OTAN, à envoyer des conseillers militaires en Ukraine, à y livrer des armes et, avec les Néerlandais, à s'emparer dès que possible des gisements de pétrole et de gaz. Dans cette lutte d'influence politique, d'exploitation économique et de positionnement militaire, l'Ukraine n'est ici qu'un pion entre les deux grands concurrents. La concurrence entre les deux grandes puissances se traduit également par l'intransigeance des deux parties lorsqu'il s'agit du rôle futur de l'Ukraine.

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Les Etats-Unis et les pays de l'OTAN ne se considèrent pas comme une menace pour la Russie, mais objectivement, ils représentent néanmoins une menace pour tout Etat dirigé de manière autoritaire ou ayant des problèmes internes. Ainsi, les Américains et, dans leur sillage, les Britanniques, les Français, les Italiens et d'autres ont mené des "guerres de changement de régime" avec ou sans mandat de l'ONU contre la Grenade, la Serbie, l'Afghanistan, l'Irak, la Libye et la Syrie au cours des dernières décennies et se sont immiscés dans les guerres civiles et les troubles d'États étrangers sans avoir été eux-mêmes menacés.

L'ancien général américain et ancien commandant en chef des forces de l'OTAN en Europe (SACEUR) Wesley Clark a révélé dans une interview le 9 mars 2007 qu'il avait appris dès septembre 2001 au Pentagone qu'il y avait été décidé que des guerres de changement de système seraient menées dans sept États au cours des cinq prochaines années. Il a cité l'Irak, la Syrie, la Libye, le Liban, l'Iran, la Somalie et le Soudan. Comme nous le savons aujourd'hui, cette liste a été presque entièrement complétée. On peut appeler cela un "plan directeur". C'est en tout cas la manifestation de l'intention américaine d'étendre son emprise par la guerre. Toutes ces guerres ont été préparées par des troubles intérieurs qui, dans tous les États mentionnés, ont pu être rapidement déclenchés de l'extérieur par les différences ethniques, religieuses ou sociales et les groupes d'opposition locaux. Toutes ces guerres, qui devaient exporter la démocratie et les droits de l'homme, ont laissé derrière elles le chaos, des flots de réfugiés, des morts, des familles ruinées et des villes et villages détruits. Ainsi, en dehors du cercle des alliés des États-Unis, on craint qu'à l'occasion, les États-Unis n'interviennent de manière belliqueuse, selon leurs propres intérêts et critères, dans des États étrangers et dans les "changements de gouvernement" qui s'y produisent. Poutine a bien entendu enregistré ces changements de pouvoir. Il a vu qu'après le changement de gouvernement de 2014, l'Ukraine était sur le point de tomber entièrement dans la zone d'influence économique américaine et que si la Russie continuait à se développer, elle aurait également des troupes américaines, des missiles à moyenne portée et des bases navales à son seuil. Ainsi, la guerre actuelle en Ukraine est un conflit russo-américain, même si les États-Unis ne sont pas encore impliqués dans la guerre avec des armes.

L'UE y est - sans intention apparente - l'ouvrier qui construit la voie sur laquelle le train de l'OTAN se dirige ensuite vers l'Est, avec les États-Unis à l'avant de la locomotive.

La brutalité des guerres

Les guerres militaires sont toujours brutales. Le Code de la guerre terrestre de La Haye et les Conventions de Genève ont tenté d'endiguer les atrocités de la guerre. Ces deux textes prévoient notamment la protection des civils non armés et la protection des villes et villages non défendus contre les tirs et les bombardements. Même les civils qui s'arment et font face à un agresseur alors que leurs propres forces militaires ne sont pas encore déployées bénéficient des droits de protection qui ne sont normalement accordés qu'aux soldats. Or, ce n'était plus le cas dans cette guerre d'Ukraine, après 8 ans de guerre dans le Donbass.

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Celui qui, en tant que chef d'État, appelle sa population civile à fabriquer des cocktails Molotov et à se procurer des fusils, accepte à bon compte que les règles de protection de la population ne s'appliquent plus. Ordonner à ses militaires de fortifier et de défendre les villes, c'est accepter de manière calculée que ces villes soient l'objet de combats, de tirs et de bombardements. Celui qui montre avec une fierté évidente devant les caméras de télévision comment de jeunes volontaires reçoivent une formation militaire dans un bâtiment scolaire ne doit pas se plaindre à la télévision, à grand renfort de médias, de la brutalité de l'adversaire lorsqu'il fait tirer sur de tels bâtiments. L'alternative est de déclarer les villes "villes ouvertes" et de les épargner des bombes et des obus, et de mener la guerre dans des "batailles de terrain".

Pour mettre fin à une guerre avant sa défaite, il faut encore pouvoir négocier. Et les négociations ne peuvent être ouvertes que sans conditions préalables. L'expérience montre que plus une guerre se prolonge, plus les conditions imposées par la partie belligérante, jusque-là supérieure, se durcissent.

Poutine est-il un criminel de guerre ?

Poutine s'est actuellement attiré les foudres et les moqueries du monde entier. Les politiciens et les journalistes rivalisent d'invectives, qui contiennent toutes des accusations ou mettent en doute sa responsabilité. Poutine n'est ni inconscient ni mégalomane, il n'est pas fou et ne souffre pas d'une obsession de grande puissance. Même M. Gysi l'a accusé de mener une guerre d'agression criminelle, ce qui fait également de lui un "criminel". Le président Poutine ne pourrait être qualifié de criminel que si les nombreux dirigeants occidentaux qui ont ouvert des guerres évitables au cours des 30 dernières années étaient également qualifiés de criminels et de meurtriers de masse. La différence entre eux et Poutine réside dans la perception qui nous a été transmise à l'époque par les discours des hommes politiques et les reportages des médias. Il s'agissait d'opérations de police ou d'interventions humanitaires. On disait qu'il s'agissait de renverser des régimes injustes, de sauver des régions des armes de destruction massive qui s'y trouvaient, de protéger des minorités, de préserver les droits de l'homme ou le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Les étiquettes chatoyantes "Pour la démocratie et les droits de l'homme" nous ont souvent masqué la vue.

Poutine est maintenant accusé de toute la misère qu'il a déclenchée en ouvrant la guerre. On passe sous silence ses 22 années d'efforts infructueux, d'abord pour se rapprocher de l'Occident, puis ses supplications, puis ses demandes de ne pas pousser l'élargissement de l'OTAN à l'Est jusqu'à son paroxysme, puis ses "lignes rouges". Mais le "narratif" des politiques et des médias ne commence qu'avec la Crimée et le déploiement de menaces. Comme l'UE, l'OTAN et les États-Unis n'ont manifestement pas pris Poutine au sérieux auparavant et ont tout simplement nié le besoin de sécurité de la Russie, et comme Zelenski, les dirigeants de l'OTAN et les Américains ont joué trop gros à la fin, Poutine n'avait le choix qu'entre l'affirmation de la Russie ou la soumission à la revendication hégémonique des Américains. C'était en réalité le choix entre la soumission ou la guerre, le choix entre la peste et le choléra. Il a alors fait un choix malheureux.

Par ailleurs, il reste que parmi les responsables de la guerre en Ukraine figurent ceux qui n'ont pas tenu la "promesse de non-élargissement de l'OTAN vers l'Est" et qui n'ont pas respecté le droit des peuples à l'autodétermination pour les groupes ethniques de Russes expatriés en Crimée et dans l'est de l'Ukraine. Cela inclut le gouvernement ukrainien, qui a refusé le statut spécial pour Donetsk et Lougansk convenu à Minsk II, et tous ceux qui ont joué gros à la fin et ont attendu de voir comment Poutine réagirait dans son coin.

La réponse

Toute guerre est un crime contre ses victimes. Si l'on cherche les coupables et les criminels de guerre, il ne faut pas négliger ceux qui tirent les ficelles en coulisses. Le seul responsable n'est pas celui qui a d'abord demandé, puis exigé, puis menacé et enfin imposé par la force que l'on respecte ses intérêts légitimes en matière de sécurité. Les acteurs qui ont parlé de liberté de choix des alliances et de droits de l'homme, mais qui ont parlé de gaz naturel, de bases militaires et de parts de marché, sont également coupables et, en fin de compte, criminels de guerre.

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Qui est le Général de division à la retraite Gerd Schultze-Rhonhof?

Gerd Schultze-Rhonhof est né le 26 mai 1939 à Weimar. Après avoir fréquenté le lycée et obtenu son baccalauréat à Bonn, il s'est engagé dans les forces armées en 1959 et a été formé comme officier de chars. En 1964 et 1965, il a effectué un voyage d'étude de six mois en Namibie et en Afrique du Sud. Après trois années passées à la tête d'une compagnie de chars, il a suivi une formation pour servir àétat-major général. Il a ensuite été affecté comme officier d'état-major général au quartier général du groupe d'armées NORTHAG de l'OTAN, à la troupe, au ministère de la Défense et a commandé un bataillon de chars. Schultze-Rhonhof a ensuite lui-même formé pendant quatre ans de futurs officiers d'état-major général à l'Académie du commandement de la Bundeswehr, avant de devenir successivement commandant d'une brigade d'infanterie blindée, de l'École des troupes blindées, de la 3e et de la 1re division blindée et de la zone militaire Basse-Saxe/Brême. Parmi ses dernières missions, le major général Schultze-Rhonhof a dirigé le premier exercice "Partnership for Peace" de l'OTAN en Hongrie et a participé en tant qu'observateur à une manœuvre égypto-américaine dans le désert libyen.

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Schultze-Rhonhof a quitté la Bundeswehr en 1996, à sa demande, car il ne voulait pas partager la responsabilité des conséquences d'une réduction inappropriée de la durée du service militaire à 10 mois. Depuis, il a publié en 1997 le livre Wozu noch tapfer sein? , en 2003 le livre Der Krieg, der viele Väter hatte (= "1939, La guerre qui avait plusieurs pères") et en 2008 le livre Das tschechisch-deutsche Drama 1918-1939 (= "Le drame tchéco-allemand 1918-1939″) et d'autres contributions à des livres et à des journaux. En 2013, il a traduit en allemand le livre américain de l'auteur J.V. Denson A Centrury of War et l'a publié sous le titre Sie sagten Frieden und meinten Krieg.

Il a également donné de nombreuses conférences en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Turquie, en Italie et au Pérou. En 1996, Schultze Rhonhof a reçu le prix de la liberté de la fondation "Demokratie und Marktwirtschaft" à Munich et le prix du courage de la "Verband der privaten Wohnungswirtschaft" à Hanovre. En 2012, il a reçu le prix culturel de la Landsmannschaft pour le journalisme libre.

Gerd Schultze-Rhonhof est marié, a trois filles mariées et neuf petits-enfants. Il vit à Haldensleben, près de Magdebourg.