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dimanche, 01 août 2021

De Covadonga à la nation espagnole : l'hispanité selon une interprétation spenglerienne

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Recension :

De Covadonga a la nación española. La hispanidad en clave spengleriana (De Covadonga à la nation espagnole. L'hispanité selon une interprétation spenglerienne), de Carlos X Blanco

De Covadonga à la nation espagnole: l'hispanité selon une interprétation spenglerienne

Ex: https://www.hiperbolajanus.com/2021/07/de-covadonga-la-nacion-espanola-la.html?m=1

9788494959646-fr.jpgL'ouvrage que nous allons recenser, De covadonga a la nación española, de Carlos X Blanco, possède déjà un titre suffisamment suggestif qui invite à la lecture et suscite un grand intérêt, surtout quand on lit le sous-titre qui l'accompagne, "La hispanidad en clave spengleriana"; dans l'introduction Robert Steuckers commence déjà à exposer certaines des idées qui seront développées tout au long du livre. Dès le départ, une dualité décisive s'instaure dans la configuration toujours actuelle que l'Espagne acquerra au fil des siècles, une empreinte indélébile qui a conditionné le développement de la plus ancienne nation d'Europe occidentale, cette dualité apparaît clairement, avec l'existence de deux pôles ou deux âmes, de deux visions du monde opposées et conflictuelles : d'une part, celle représentée par les peuples du nord-ouest de la péninsule, pionniers et artisans des premières étapes de la Reconquête depuis le Royaume des Asturies, marquée par la présence d'un important élément celto-germanique, également romanisé mais sans le poids décadent et crépusculaire des civilisations précédentes, et d'autre part, les peuples hispano-romains du Levant et du sud de la péninsule, qui sont tombés sous la domination arabe et ont pris forme sous un modèle de civilisation différent, marqué par l'influence de civilisations disparues ou tombées en déclin, comme les civilisations romaine, byzantine ou arabe. C'est précisément cette antithèse qui forme la colonne vertébrale du livre, dans lequel l'auteur, Carlos X Blanco, utilise les théories et les interprétations du célèbre philosophe allemand de l'histoire Oswald Spengler et de son œuvre monumentale Le déclin de l'Occident. 

Cependant, cet essai ne reste pas une simple analyse des contraires qui ont marqué l'histoire espagnole, mais nous fournit, au fil des pages, un schéma d'idées assez précis pour délimiter l'histoire de l'Espagne depuis ses débuts jusqu'à nos jours en fonction des catégories de la pensée spenglerienne. Il nous avertit également que nous devons comprendre les approches du philosophe et historien allemand dans leur contexte, avec toute sa terminologie et ses méthodes d'interprétation, tout en tenant compte des limites et des erreurs qu'il a pu commettre dans son travail tout au long de sa carrière intellectuelle. Il convient également de noter comment, dans la dernière partie du livre, il est fait référence à José Ortega y Gasset, que notre auteur décrit comme "le Spengler hispanique" pour sa vision plus élaborée des problèmes et des solutions possibles au problème espagnol et pour "sa compréhension du fait national". 

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Revenons à l'antithèse entre ces deux modèles de civilisation qui s'enracinent dans l'Espagne de l'Antiquité tardive et du haut Moyen Âge, dans une sorte de dualité qui, à la lumière de la pensée spenglerienne, permet de distinguer parfaitement les concepts antagonistes de "culture" (Kultur) et de "civilisation" (Zivilisation) si caractéristique de son approche. La culture représente l'état d'apogée vital, des grandes conquêtes et des réalisations historiques qui déterminent un type humain audacieux et particulièrement doué, qui deviendra l'archétype de la culture faustienne, qui dans le cas hispanique se reflète dans le nord-ouest de la péninsule, dans les territoires inclus dans le royaume asturien, et qui représente la tendance qui sera hégémonique dans le reste de l'orbe européen sous le christianisme faustien et où la présence de l'élément germanique sera fondamentale.

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La base fondatrice du royaume asturien était constituée d'Asturiens, de Cantabres et de Goths appartenant à la petite noblesse qui avaient fui l'avancée musulmane, se réfugiant dans les montagnes du nord. De cette union des peuples, de cette ethnogenèse, pour reprendre la terminologie de l'auteur, est né un nouveau peuple, une nouvelle culture au sens spenglerien. C'est un peuple avide de conquête, avec une conscience claire et sûre de la nécessité de chasser l'envahisseur maure et infidèle de la péninsule et d'être le porteur de l'Imperium. C'est par le début du processus de la Reconquête que se crée la nation espagnole, dont le point de départ est les Asturies, qui trouvera plus tard une continuité dans les actions de la Castille.

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En ce qui concerne l'hégémonie castillane, l'auteur cultive un certain préjugé à son égard, car elle représenterait un "concept métis et douteusement chrétien" qui a vécu son multiculturalisme de manière traumatique, avec pour conséquence les expulsions de Juifs et de Maures, l'Inquisition et l'intolérance. Tout cela était dû, selon notre auteur, au manque d'homogénéité sur le plan ethnique et religieux en raison d'un problème d'identité. En revanche, le Nord-Ouest représentait une société plus homogène sur le plan ethnique et religieux, avec son empreinte celto-germanique, beaucoup plus comparable au reste de l'Europe. En ce sens, peut-être devrions-nous nous tourner vers certains essais qui, depuis des années, ont contribué, avec une sorte de révisionnisme, à dissiper certains clichés et préjugés qui obscurcissaient l'histoire de l'Espagne dans ses siècles d'or, comme Elvira Roca Barea ou Iván Vélez, pour citer les plus importants. 

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Un autre des aspects déterminants signalés par rapport au Nord-Ouest est l'absence de villes, un environnement à prédominance rurale, dominé par la vie paysanne et villageoise libre, dans ce qui constitue l'axe principal du développement de la culture spenglerienne, et qui s'enracine et prospère sur le territoire, s'intégrant au paysage, se constituant ainsi comme une unité vivante assimilable à l'élément végétal, un conglomérat de peuples producteurs-conquérants. C'est le contraste évident avec l'homme antique et méditerranéen, l'homme du sud qui vit dans la ville, un produit de la civilisation, lorsque la culture perd son souffle vital et finit par se scléroser. Les habitants de ces villes sont les héritiers d'une civilisation qui fut en plein déclin, vieillie, produit de la pseudo-morphose romaine. Ils sont le sous-produit dégradé d'un modèle capitaliste urbain, esclavagiste, qui asservit et détruit les campagnes. Une nouvelle antithèse naît précisément de l'opposition entre la campagne et la ville, et elle est représentée par deux types d'âme différents : l'âme magique, typique de l'homme méditerranéen romain tardif, et l'âme faustienne des peuples du Nord-Ouest, ce qui explique en grande partie les attitudes différentes des uns et des autres face à l'invasion musulmane de 711.

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Le nouveau peuple né dans les montagnes cantabriques, avec son élément celto-germanique, montre les éléments vivants d'une culture faustienne, totalement indo-européenne dans sa formulation, avec le besoin de hiérarchies militaires dans une phase de vie très différente de l'hispano-romaine méridionale, et qui n'a rien à voir avec un quelconque élément de nature quichottesque, avec tout romantisme qui est explicitement rejeté par Spengler lui-même, comme cela se produira peut-être plus tard sous l'Empire, avec l'illusion de gouverner selon les postulats de la politique en ignorant les autres variables économico-matérielles, car ce qui compte dans l'histoire, ce sont les faits, matérialisés par les entreprises politiques dans leur ensemble. Dans ce cas, les rois asturiens ont effectivement assumé le passé mythique du royaume gothique déchu afin de prendre conscience de leur mission de propriétaires légitimes des terres usurpées par l'envahisseur sarrasin. Et la noblesse qui a émergé de ces terres était la quintessence de la classe villageoise que Spengler désigne comme la base fondamentale de toute culture faustienne. En même temps, comme toute culture faustienne, elle était fondée sur le principe dynastique et du sang, protégé dans le temps, l'aire de domination de tout principe aristocratique propre à la classe primordiale de la noblesse. 

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Mais le discours de Carlos X Blanco ne se limite pas aux débuts de la Reconquête, il comprend également un examen de l'histoire de l'Espagne dans son ensemble, comme nous l'avons noté dans les premières lignes de notre compte rendu. Le XVIIIe siècle, avec les Lumières et les grands changements et transformations politiques qui ont annoncé l'avènement de la modernité, surtout depuis la Révolution française, nous a présenté une Europe vieillissante, malade et en décomposition. Dans le cas de l'Espagne, à laquelle Spengler n'attache pas trop d'importance dans ses idées, bien qu'il reconnaisse qu'elle a fait partie d'une culture faustienne sous la figure du soldat et du conquérant, mais il croit qu'elle est passée. 

Avec la révolution industrielle, les archétypes du prolétaire et du bourgeois sont venus remplacer les précédents marqués par l'héritage et la lignée dans le monde agricole. Dès lors, le processus de dégénérescence est marqué par le triomphe de l'individualisme, du libéralisme, du démocratisme et par le triomphe de la ville sur la campagne. Avec tous ces éléments est venu l'avènement du matérialisme extrême, le triomphe de l'abstrait sur le concret, le pouvoir des grandes masses, de l'ochlocratie et le discours du marxisme, à l'égard duquel Spengler s'est livré à des préjugés idéologiques contre le prolétaire, en opposition ouverte, selon Spengler, au paysan, une populace envieuse et un détritus de la ville.

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Le début de la modernité, après 1789, est aussi la fin des nations, le début du jacobinisme centralisateur et la dénaturalisation des peuples dont les membres deviennent des citoyens, totalement inorganisés et atomisés. Et il est important de noter ici la différence entre peuple et nation, si souvent confondue à notre époque moderne, et qui dans le second cas correspond au légalisme et au vernis du constitutionnalisme, alors que le premier est une unité naturelle au-dessus des classes et des formalismes bourgeois. Cette dérive vers le bas s'accentue avec le temps jusqu'à atteindre le capitalisme d'entreprise d'aujourd'hui, avec une Europe géopolitiquement inopérante et devenue politiquement inexistante après la Seconde Guerre mondiale.

Après la guerre froide, l'Europe et ses démocraties libérales, qui ne sont rien d'autre que des ploutocraties, tournent le dos à leur histoire et tentent de se couvrir de ce vernis légaliste à travers des constitutions, des lois et la doctrine des soi-disant "droits de l'homme", et voilà la distinction spenglerienne entre les "vérités" (doctrines, idées, etc.) et les faits déterminés par la factualité même de l'histoire. C'est le monde des bourgeois, dont le socialiste fait également partie comme l'un de ses sous-produits les plus marquants, ennemis des peuples et des nations, ennemis des "classes primordiales" pointées par Spengler (la noblesse et le sacerdoce). Mais ce qui est fondamental dans ce monde décadent et artificiel, c'est le pouvoir de la technologie conçue comme un instrument de domination de la nature et de soumission de l'homme, l'outil fondamental du rationalisme qui imprègne toute la science. Aujourd'hui, nous le voyons plus que jamais à travers le pouvoir de la technologie sur nos vies et dans la formation d'un marché mondial ou dans l'avancée même du transhumanisme et, par conséquent, de la déshumanisation. 

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Dans le cas particulier de l'Espagne, qui obéit au contexte fondamental de l'essai, la modernité met en évidence l'existence d'un État failli, qui n'est pas à la hauteur des autres puissances européennes comme le Royaume-Uni ou la France. Nous sommes géopolitiquement inconséquents, d'un emplacement présenté comme un pont ou une charnière entre l'Europe et l'Afrique, historiquement soumis à des influences afro-sémitiques, étant les parents pauvres de l'Union européenne dans une adhésion qui, comme le souligne à juste titre l'auteur, a été une fatalité pour l'Espagne et sa souveraineté économique en démantelant les principaux secteurs stratégiques, le secteur agricole, et en nous laissant au secteur des services et au tourisme, ce qui offre peu d'opportunités d'emploi pour nos jeunes et le développement de notre potentiel en tant que nation. C'est une Espagne qui a renoncé à l'autosuffisance productive, un pays soumis à la corruption politique, à la mafia syndicale, à un patronat tyrannique et au parasitisme social, dont aucun secteur n'est capable d'exercer un rôle de leadership moral face à une telle catastrophe. 

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L'Espagne a également un autre problème, à savoir sa propre configuration territoriale et l'idée même de nation ou de patrie, ainsi que la manière dont elle est conçue. Tous ces problèmes sont devenus plus évidents que jamais avec l'actuel régime de 1978, sous un système libéral qui ignore complètement les particularités des différents peuples dont l'Espagne est née, car, comme le souligne à juste titre notre auteur, les territoires ont une mémoire et sont imprégnés d'histoire. Mais pour réunir à nouveau tous les peuples hispaniques, il est nécessaire de dépasser aussi bien le centralisme libéral d'origine jacobine et bourbonienne, celui du "centralisme madrilène", que celui du sécessionnisme périphérique et provincial, afin de promouvoir un changement qui doit venir du nord-ouest de la péninsule, des territoires qui ont été le point de départ de la Reconquête et qui représentent le principal foyer de l'européanité. L'Espagne autonome s'est déjà révélée non viable économiquement, historiquement et culturellement, et a également entravé le processus d'intégration entre la population et le territoire. Carlos Blanco est allé jusqu'à proposer son propre modèle d'organisation/division territoriale basé sur les territoires du Nord-Ouest (Galice, Asturies, León et Cantabrie), les deux Castillas fusionnées en une seule, et d'autres unités fédérées comme Aragon et Valence, ainsi que des unités intermédiaires au niveau local et foral. Ce serait un modèle très proche dans son idée de celui du traditionalisme hispanique, loin des caprices d'oligarchies libérales corrompues étrangères à notre histoire. Un modèle décentralisé, animé par la richesse et la pluralité des territoires qui composent ce que l'on appelait autrefois Las Españas. 

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Conformément au postulat de la pensée spenglerienne, dans la nécessité d'approfondir les aspects culturels et vitaux dans le développement de chaque âme collective et particulière, chaque peuple doit être jugé par les faits historiques et les réalisations auxquelles il a participé, dans ses aptitudes spécifiques. Particulièrement intéressant est l'appel que notre auteur fait à Ortega y Gasset, qui, comme Spengler, se positionne dans des positions anti-libérales et anti-socialistes, en ce qui concerne l'Espagne et ses problèmes de "vertébration".

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Pour Ortega, l'important était la nation au-dessus de tout pragmatisme juridique, et l'essentiel, comme le souligne à juste titre Spengler dans son œuvre, est la configuration ethnique des peuples qui habitent ses différents territoires face à toute imposition provenant du centralisme bourgeois et du modèle radial bourbonien. Il est intéressant de voir comment il est fait appel aux éléments de l'Espagne traditionnelle, aux corps intermédiaires, à toutes ces formes d'organisation sociale avec leurs propres conditionnements socio-juridiques, comme la Commune et la Famille, de caractère pré-étatique. La raison historique devient l'outil fondamental pour assembler les institutions, la société et les pouvoirs publics en un tout parfaitement organique. Par conséquent, il faut avant tout considérer la constitution historique, l'existence de formes coutumières dérivées de cette expérience historique. L'histoire ne doit donc pas être considérée comme un élément mort, un objet à collecter comme l'a fait la science historique positiviste, mais comme un élément vivant dont l'homme est porteur dans le présent, d'où la nécessité de tenir compte des expériences passées de chaque peuple dans l'organisation et le fonctionnement de chaque communauté nationale et organique. 

En guise de conclusion, nous pouvons dire que ce livre nous invite à une profonde réflexion sur l'Espagne d'aujourd'hui à la lumière de la pensée spenglerienne, et qu'il cherche à trouver les moyens d'inverser le cours de la décadence et de la dégénérescence qui nous conduisent vers une mort certaine en tant que civilisation en état de putréfaction à tous les niveaux, ou du moins qu'il s'agit d'un diagnostic très précis de notre situation actuelle et du monde moderne dans lequel nous nous trouvons. En résumé, ce travail nous permet de comprendre les dimensions du problème auquel nous sommes confrontés à partir de paramètres interprétatifs politiquement incorrects, avec un penseur fortement stigmatisé, mais non moins précis dans sa méthodologie et son analyse interprétative.

Pour commander l'ouvrage: https://editorialeas.com/producto/de-covadonga-la-nacion-espanola-la-hispanidad-en-clave-spengleriana/

La revue de presse de CD - 01 août 2021

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La revue de presse de CD

01 août 2021

AFRIQUE

Civils et religieux chrétiens victimes du conflit du Tigré en Éthiopie

Le 4 mars 2021, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Michelle Bachelet, appelait à une enquête indépendante sur de possibles « crimes de guerre et des crimes contre l’humanité » commis en Éthiopie dans l’État régional du Tigré, où plus de 90% de la population est chrétienne, essentiellement orthodoxe. Ces crimes sont commis dans le contexte de la guerre civile qui a éclaté en Éthiopie en novembre 2020, entre les Forces de Défense Nationale Éthiopienne (ENDF) et les Forces de Défense du Tigré (TDF). Dans une étude publiée par l’Institut des Affaires étrangères et du Commerce extérieur de Budapest, Philippe Pellet, de l’Institut de Recherche Religion et Société de Budapest, analyse les causes et les conséquences de cette guerre civile.

Conflits

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AMERIQUE DU SUD

Amérique latine : la Révolution n’est jamais morte

En Amérique latine, les mythes révolutionnaires sont éternels. Mythe de la Révolution, mythe de la théologie du peuple et aujourd’hui de l’indigénisme. L’histoire semble patiner sans cesse et rester bloquée dans les années 1970.

Conflits

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ASIE

Le conflit entre l’Indonésie et la Papouasie occidentale ou comment un pays colonisé est devenu colonisateur

La mort dans une embuscade, le 25 avril dernier, d’un brigadier général indonésien en charge du renseignement militaire dans le cadre de la lutte contre le mouvement séparatiste de libération de la Papouasie occidentale constitue un pas de plus dans l’escalade de ce conflit lancinant qui empoisonne la vie du pays depuis l’indépendance proclamée par Sukarno en août 1945, après trois siècles et demi de colonisation néerlandaise.

The Conversation

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ETATS-UNIS

Internet Année Zéro : la naissance des monstres numériques

Internet Année Zéro (Divergences 2021) est le dernier essai de Jonathan Bourguignon, spécialiste des origines du capitalisme numérique américain. Il y retrace l’avènement de la société de surveillance contemporaine à travers une galeries de portraits (Peter Thiel, Elon Musk) et le récit des chemins de traverse entre la contreculture américaine des années 60-70 et la cyberculture de la Silicon Valley. Fait notable pour un ouvrage de ce genre, une partie conséquente du livre est réservée à l’émergence du numérique chinois, permettant au lecteur de découvrir l’autre empire informatique actuel, celui des BATX et de la « grande muraille numérique », filtrant les influences extérieures. Les lignes suivantes sont extraites de son ouvrage.

Le Vent Se Lève

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FRANCE

Système Macron : se débarrasser du virus

La gestion de la pandémie Covid 19 présente des caractéristiques très particulières dans notre pays. Qu’on le veuille ou non, le refus de la vaccination y est massif, comme le sont les mesures incitatives pour une bonne part inapplicables, et incontestablement pour beaucoup liberticides adoptées par le Parlement français. Il y a aussi l’adoption dans l’urgence sans débat digne de ce nom et dans la passivité des organes de contrôle du pouvoir exécutif, ainsi qu’une absence criante d’information crédible acceptable par le plus grand nombre. Ces gens mentent tout le temps.

Vu du Droit

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Les risques de l’avènement de nouvelles formes numériques de surveillance sanitaire

Si la période exceptionnelle peut justifier certaines atteintes aux libertés et des outils inédits, il faut rappeler les risques de l’effet « cliquet », bien connu en matière sécuritaire, qui interdit tout retour en arrière.

Contrepoints

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Des ravages de la domination gauchiste en salle des profs

On parle trop peu de Robert Redeker, à tous points de vue. Parce que son travail de philosophe est remarquable : son dernier opus, « Les Sentinelles d’humanité », est un chef-d’œuvre d’intelligence et de profondeur. Le lire, c’est semer en nous des graines pour « quitter cette vie en créatures plus hautes que nous n’y étions entrés » – il y a du Soljenitsyne chez Redeker. Mais aussi parce qu’il a été un lanceur d’alerte d’un grand courage, en a payé le prix fort, et que nous n’avons tiré aucune leçon de son histoire. Si nous l’avions fait, Samuel Paty serait encore en vie et Mila n’aurait pas dû être déscolarisée, prisonnière dans son propre pays.

Causeur

https://www.causeur.fr/robert-redeker-a-samuel-paty-islam...

GEOPOLITIQUE

Conflit frontalier sino-indien : la faute à la colonisation britannique ?

Inde et Chine ne cessent de s’attaquer le long de leur frontière commune. Des escarmouches qui comptent déjà plusieurs dizaines de morts. Le dernier livre de Kyle Gardner, The Frontier Complex : Geopolitics and the Making of the India-China Border, 1846-1962 tente de comprendre les causes de ce conflit et ce qu’il pourrait advenir de cette région.

Conflits

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La sécurité des données est une question de sécurité nationale

Avec la sanction spectaculaire infligée à la plateforme de transport par taxi Didi Chuxing immédiatement après son introduction en bourse, le gouvernement chinois a ouvert un nouveau front dans sa répression réglementaire des sociétés Internet : celui de la sécurité des données. Les vagues précédentes de cette répression se sont concentrées sur la réglementation financière et antitrust, faisant passer le message que les sociétés Internet ne bénéficieraient plus d’une réglementation légère mais devraient respecter les mêmes normes que toutes les autres entreprises.

Conflits

https://www.revueconflits.com/donnees-securite-etat-entre...

L'Iran contraint de torpiller la construction turco-britannico-israélienne dans le Caucase du Sud

Les Iraniens voient actuellement se profiler des menaces concrètes pour leurs intérêts nationaux. Le désir de la Turquie de placer trois pays de la région sous son contrôle est lourd de conséquences pour l'Iran. Cette manoeuvre turque est fortement déguisée en "coopération", mais les Iraniens savent comment les choses se passeront à l'avenir. Ils se préparent à leur tour à affronter différents scénarios potentiels. Dans le même temps, l'Iran souhaite établir de bonnes relations avec tous les pays de la Transcaucasie, y compris l'Azerbaïdjan et la Géorgie. Mais étant donné que pendant toutes ces années, l'Azerbaïdjan a mené une politique de double jeu vis-à-vis de l'Iran, étant sous l'influence indéniable d'Israël, de la Turquie et du Royaume-Uni, il est stratégiquement important pour les Iraniens d'avoir de bonnes et étroites relations avec l'Arménie.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/07/23/l...

Guerre du Haut-Karabagh : quels enseignements pour la France ?

La guerre du Haut-Karabagh, qui a opposé l’Azerbaïdjan à la république d’Artsakh soutenue par l’Arménie, a défrayé la chronique mondiale du 27 septembre 2020 à la signature du cessez-le-feu sous patronage de la Russie le 10 novembre de la même année. Résurgence d’un conflit territorial ancien, les hostilités ont pris la forme d’une guerre interétatique, symétrique, comme on n’en avait pas vu depuis longtemps. A la fois classique du point de vue de ses enjeux et des parties en conflit et contemporain sur le plan des moyens employés et des équipements, ce conflit apparaît comme un laboratoire de la guerre de haute intensité.

Conflits

https://www.revueconflits.com/haut-karabagh-enseignements...

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Le Pakistan, cœur des rivalités stratégiques et bombe à retardement ?

Au lendemain de sa séparation avec l’Inde, en 1947, le Pakistan devint l’un des postes les plus avancés de la guerre froide, « a front country » comme Le Pentagone le qualifiait alors. Ligne de fracture, lieu d’affrontement idéologique privilégié entre les puissances du « Grand Jeu », le Pakistan n’a trouvé aucun bénéfice à la fin de l’affrontement entre Soviétiques et Américains. Au contraire, il s’est enfoncé chaque année un peu plus dans les dissensions internes et les rivalités ethniques, bien que sa situation géographique continue à le placer aux avant-postes des convoitises entre puissances rivales.

The Conversation

https://theconversation.com/le-pakistan-coeur-des-rivalites-strategiques-et-bombe-a-retardement-163747?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2028%20juillet%202021%20-%202016019809&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2028%20juillet%202021%20-%202016019809+CID_1efab67daa2fcf7df284a91eab05736b&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Le%20Pakistan%20cur%20des%20rivalits%20stratgiques%20et%20bombe%20%20retardement

SANTE

Le retour du masque obligatoire en extérieur

La science est devenue pour certain un argument parmi tant d’autres comme la sécurité ou la santé pour imposer aux Français une société de surveillance.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/07/25/402173-le-retour-...

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UNION EUROPEENNE

La CEDH, grande instance idéologique européenne, veut imposer le mariage homosexuel en Russie

La CEDH continue sa lutte idéologique, qui est bien sa première raison d'être, et vient de condamner la Russie pour ne pas garantir d'union juridique pour les couples de même sexe. La violation de l'article 8 concernant la vie privée et familiale se fonderait sur l'absence de droit pour l'Etat d'invoquer la désapprobation majoritaire de la société et son obligation de trouver un moyen légal de mettre en oeuvre les droits de minorités - contre la majorité, évidemment lorsque cela concerne les cultes du monde postmoderne, au nombre desquels se trouve l'obligation inconditionnelle de révérer les LGBT. C'est ça la liberté, c'est ça la démocratie : la dictature des minorités, quand elles entrent dans le "bon" cadre idéologique, afin de détruire les sociétés. La Russie s'y oppose

Russiepolitics

https://russiepolitics.blogspot.com/2021/07/la-cedh-grand...

vendredi, 30 juillet 2021

De l'Afrique à l'Ukraine, la géopolitique allemande de l'hydrogène

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De l'Afrique à l'Ukraine, la géopolitique allemande de l'hydrogène

Andrea Muratore

Ex: https://it.insideover.com/energia/

Dans la nouvelle géopolitique de l'énergie entre l'Europe et ses marchés environnants, l'Allemagne est un acteur de plus en plus important. Cela se confirme non seulement par le fait qu'Angela Merkel, à quelques semaines de la fin de son mandat de chancelière, a atteint l'objectif: faire accepter par les États-Unis la construction du tronçon terminal du gazoduc Nord Stream 2. Mais elle confirme également la profonde attention que la politique et le monde des affaires allemands portent à une nouvelle frontière dans le monde de l'énergie et à l'une des innovations les plus importantes qui peuvent permettre cette transition, l'hydrogène.

L'hydrogène n'est pas encore devenu un atout "révolutionnaire" sur les marchés mondiaux de l'énergie, mais il peut servir d'outil pour alimenter les systèmes industriels et de production de manière à garantir, à long terme, une contribution à la décarbonisation, à l'amélioration de l'efficacité de la consommation dans l'industrie et du secteur privé, ainsi qu'un moteur pour des secteurs tels que la mobilité durable qui sont tout sauf insignifiants.

L'Allemagne, première économie et puissance industrielle d'Europe, nation la plus peuplée de l'Union européenne, pays qui a choisi de sortir du nucléaire après l'accident de Fukushima, puissance technologique et d'innovation, peut et doit jouer le jeu de la transition sur les fronts de la protection de l'environnement et du développement économique. Et, comme dans toute question énergétique, les affaires et la géopolitique se rejoignent dans le tableau général du jeu qu'implique l'hydrogène. Il ne pourrait en être autrement dans un monde tel que celui de l'hydrogène, où de nouveaux marchés et de nouvelles chaînes d'approvisionnement s'ajoutent progressivement au fil du temps. Et où de nouveaux paradigmes doivent encore être établis.

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Dans cette optique, Berlin poursuit une stratégie basée sur des cercles concentriques. Le premier axe est interne. Il vise avant tout à construire une chaîne d'approvisionnement intégrée en hydrogène, en commençant par les machines d'électrolyse et en terminant par la construction d'usines capables d'alimenter la transition énergétique dans l'industrie sidérurgique, l'industrie manufacturière et les transports. À cette fin, le gouvernement a mis en place un plan de 9 milliards d'euros et garanti environ 3,3 milliards d'euros dans son Fonds de relance, dans le but de poursuivre la décarbonisation substantielle de l'industrie lourde, qui fait fonctionner le secteur manufacturier du pays.

Dans un deuxième temps, nous passons à l'expansion sur les marchés internationaux. La Kfw, la Banque fédérale allemande de dépôt et de prêt, et le gouvernement entendent promouvoir l'intégration systémique avec des partenaires internationaux et encourager les entreprises allemandes à jeter les bases d'une coopération croissante avec de nouveaux partenaires qui sont essentiels pour l'énergie de demain. À cet égard, sur les 9 milliards alloués dans la stratégie nationale pour l'hydrogène, 2 milliards seront consacrés à des partenariats d'approvisionnement internationaux afin d'accélérer la course vers l'objectif de la décarbonisation. Outre la production nationale, que Berlin souhaite porter à 5.000 MW d'ici à 2030 et à 10.000 MW d'ici à 2040, l'Allemagne veut la combiner avec un système délocalisé dans les pays du Golfe et en Afrique du Nord, en utilisant l'énergie solaire pour alimenter les usines de production.

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Ce n'est pas une coïncidence si les pays d'Afrique font l'objet d'une attention particulière, car ils peuvent offrir un espace pour les technologies allemandes et élargir la perspective d'inclusion de l'industrie nationale dans une zone où les terres disponibles pour générer de nouvelles productions et de nouvelles usines ne manquent pas. En Afrique de l'Ouest, note Italia Oggi, "15 pays réunis dans l'association économique Ecowas sont indiqués dans une étude du ministère fédéral des sciences ("H2-Atlas Afrique") comme la zone idéale pour produire de l'hydrogène vert et l'importer ensuite en Allemagne".

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Enfin, il y a un aspect géopolitique au positionnement de l'Allemagne dans les réseaux qui animeront le marché de demain, l'ère de la transition. Le positionnement africain signale la volonté de l'Allemagne de s'implanter dans une partie prometteuse du monde, en superposant sa présence sur l'influence traditionnelle, mais déclinante, de la France, et s'inscrit dans un projet géo-économique ramifié qui a son point de chute le plus intéressant en Europe de l'Est, en Ukraine plus précisément. Berlin a récemment "conclu un accord de coopération avec l'Ukraine dans le domaine des énergies renouvelables, qui comprend dix projets pilotes, dont certains démarreront l'année prochaine" et qui représente le contrepoids offert à Kiev (et à Washington) pour faire passer l'achèvement du gazoduc russo-allemand.

L'Allemagne poursuit sa stratégie de renforcement géostratégique et géoéconomique en façonnant une transition tous azimuts : de nouveaux paradigmes technologiques et énergétiques favorisent la construction de nouvelles chaînes de valeur transnationales et de nouvelles alliances potentielles. Celles-ci se superposent à celles qui existent déjà, comme si le mix énergétique d'un pays était aussi un véritable mix géopolitique.

L'Allemagne a compris que la transition sera une perspective à moyen et long terme et qu'il sera nécessaire de s'adapter afin d'être prêt, en tant que pays-système, pour une longue période de coexistence entre les sources traditionnelles et les sources renouvelables. Le gaz et l'hydrogène sont, de ce point de vue, des compléments parfaits pour les retombées en termes d'investissements dans les infrastructures, de développements technologiques et de perspectives de marché. Et ils renforcent la position du pays en Europe et au-delà.

L'Iran se présente judicieusement comme canal pour le commerce russo-pakistanais

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L'Iran se présente judicieusement comme canal pour le commerce russo-pakistanais

par Andrew Korybko

La proposition faite le 16 juillet par le consul général iranien au Pakistan, selon laquelle son pays pourrait servir d'intermédiaire pour le commerce russo-pakistanais, est d'une extrême importance stratégique car elle témoigne d'une conscience aiguë du rôle de la République islamique dans l'environnement géo-économique en rapide évolution de l'Eurasie.

L'environnement géo-économique de l'Eurasie évolue rapidement à la lumière de plusieurs événements interconnectés survenus au cours de l'année écoulée. L'accord conclu en février pour la construction d'une voie ferrée trilatérale entre le Pakistan, l'Afghanistan et l'Ouzbékistan (PAKAFUZ) a remis en question la viabilité stratégique de la branche orientale du corridor de transport Nord-Sud (E-NSTC), qui relie le port iranien de Chabahar, contrôlé par l'Inde, à l'Afghanistan et aux républiques d'Asie centrale (RCA). Kaboul a enfoncé un nouveau clou dans le cercueil de ce projet le mois dernier, lors de la réunion trilatérale virtuelle des ministres des affaires étrangères, aux côtés des plus hauts diplomates de Pékin et d'Islamabad, en s'engageant à s'appuyer sur le projet phare de l'initiative "Belt & Road Initiative" (BRI), à savoir le corridor économique Chine-Pakistan (CPEC). Bien que la Russie reste officiellement intéressée par le NSTC, le ministre des affaires étrangères Sergey Lavrov a approuvé avec enthousiasme la connectivité entre l'Asie centrale et l'Asie du Sud lors d'une conférence d'actualité dans la capitale ouzbèke de Tachkent à la mi-juillet, ce qui peut être interprété comme l'approbation par Moscou de PAKAFUZ et la volonté d'utiliser ce projet pour atteindre l'Asie du Sud.

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En l'état actuel des choses, l'Iran ne peut pas compter sur le NSTC autant qu'il l'avait initialement prévu. Cette initiative facilitera probablement encore un peu le commerce russo-indien, comme prévu, mais loin de ce que les observateurs les plus optimistes avaient espéré. La consolation stratégique de la République islamique est que la plate-forme d'intégration à six nations proposée par l'Azerbaïdjan deviendra probablement sa nouvelle priorité et reliera ainsi plus étroitement l'Iran à la Russie et aux quatre autres membres de cette plate-forme. Malgré cela, Téhéran préférerait toujours devenir un acteur économique transrégional en Eurasie, vision qu'il entend faire progresser grâce à l'accord de partenariat stratégique de 25 ans conclu en mars avec la Chine. J'ai écrit à l'époque que cette évolution qui change la donne pourrait être mise à profit pour faciliter le commerce russo-pakistanais grâce à l'expansion occidentale du CPEC vers la République islamique (W-CPEC+), où il se déroulerait alors essentiellement parallèlement au tracé initial du NSTC. Certains critiques étaient sceptiques quant à cette vision ambitieuse, mais mon point de vue vient d'être confirmé par le consul général d'Iran au Pakistan.

L'Express Tribune a rapporté que M. Mohammad Reza Nazeri a déclaré le 16 juillet, alors qu'il s'exprimait lors de la première session de la réunion de facilitation des affaires entre le Pakistan et l'Iran, que l'Iran est un bénéficiaire du CPEC et peut faciliter le commerce du Pakistan avec l'Asie centrale et la Russie. Cette déclaration suggère très clairement qu'il a une conscience aiguë du rôle de la République islamique dans l'environnement géo-économique en rapide évolution de l'Eurasie. L'E-NSTC ayant été rendu largement superflu par le PAKAFUZ, ce qui a également réduit la viabilité stratégique de sa fonction principale de facilitation du commerce russo-indien, il est logique que l'Iran se positionne comme un canal pour le commerce russo-pakistanais afin de racheter l'importance transrégionale de ce projet pour relier l'Europe orientale à l'Asie du Sud. Il peut également servir de solution de rechange temporaire au commerce transafghan entre les deux pays, tant que la situation dans ce pays enclavé reste violente et instable. En d'autres termes, l'Iran se rend enfin compte de l'importance de la connectivité russo-pakistanaise de nos jours et souhaite donc jouer un rôle important pour la faciliter.

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Guidé par cette approche flexible de l'environnement géoéconomique en rapide évolution de l'Eurasie, l'Iran peut, de manière réaliste, conserver son importance géoéconomique transrégionale, même si la fonction initiale de connectivité russo-indienne de la NSTC a été réduite en raison des récents développements liés à PAKAFUZ et du réalignement général de New Delhi sur l'Occident (notamment par son respect du régime de sanctions unilatérales anti-iraniennes des États-Unis). L'afflux attendu de capitaux chinois et les projets de connectivité dont ils pourraient être responsables à la suite de leur accord de partenariat stratégique de 25 ans pourraient considérablement renforcer l'attrait de la connectivité transrégionale de l'Iran, notamment en ce qui concerne la facilitation du commerce russo-pakistanais. L'extension du W-CPEC+ à la Russie via l'Iran et l'Azerbaïdjan améliorerait également la viabilité du concept de l'Anneau d'or pour l'assemblage d'un nouveau réseau multipolaire dans le cœur de l'Eurasie, ce qui servirait les intérêts stratégiques de tous les pays concernés.

Andrew Korybko
Analyste politique américain

Source: http://oneworld.press/?module=articles&action=view&id=2133

L'approbation par la Russie de la connectivité entre l'Asie centrale et l'Asie du Sud fait progresser la multipolarité

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L'approbation par la Russie de la connectivité entre l'Asie centrale et l'Asie du Sud fait progresser la multipolarité

par Andrew Korybko

Le soutien enthousiaste du ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, à la connectivité entre l'Asie centrale et l'Asie du Sud montre que la Russie est sur le point d'achever le "Grand partenariat eurasiatique" qu'il a toujours envisagé pour souder le supercontinent.

La mise en place du "Grand partenariat eurasiatique" (GPE) est l'un des principaux objectifs de la grande stratégie russe. Elle envisage de relier le supercontinent par des projets d'infrastructure et des accords commerciaux afin d'accélérer l'émergence d'un ordre mondial multipolaire. Cet objectif final complète celui de la Chine, qui vise à établir une communauté de destin commun pour l'humanité, ce qui renforcera la stabilité stratégique en faisant de tous les pays - y compris les pays aujourd'hui encore rivaux - des parties prenantes de la réussite de chacun. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov, a approuvé avec enthousiasme la connectivité entre l'Asie centrale et l'Asie du Sud lors de la conférence qui s'est tenue la semaine dernière dans la capitale ouzbèke de Tachkent, un moment crucial pour le GEP puisqu'il s'agit de la dernière pièce de ce puzzle géo-économique.

Certains des propos tenus par ce diplomate de haut niveau mondial lors de son discours d'ouverture méritent d'être soulignés :

"La nature représentative de cet événement est une preuve éclatante qu'il y a demande croissante d'un programme d'unification en Eurasie et dans le reste du monde... Nous abordons la question de la connectivité entre l'Asie centrale et l'Asie du Sud principalement à travers le prisme des processus d'intégration qui ont acquis un grand dynamisme dans toute la région eurasienne. La Russie a toujours été favorable à la formation du Grand Partenariat Eurasien, un processus d'intégration qui sera à l'oeuvre dans tout l'espace allant de l'océan Atlantique au Pacifique, un ensemble géographique qui soit libre au maximum de toute entrave inutile pour permettre la circulation des biens, des capitaux, de la main-d'œuvre et des services et ouvert, sans exception, à tous les pays de notre continent commun, l'Eurasie, et aux unions intégrantes qui y ont déjà été créées, notamment l'Union économique eurasienne (UEEA), l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est.

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L'intensification et l'élargissement de cette collaboration en vue d'une ample intégration dans le cadre de l'Union économique eurasienne constituent une partie incontournable du processus d'émergence du grand partenariat eurasien... Dans ce vaste contexte, la connectivité accrue entre l'Asie centrale et l'Asie du Sud ouvre de nouvelles perspectives pour le développement des processus commerciaux, économiques et d'investissement sur le continent eurasien. Tout d'abord, cela implique une expansion des voies de transport, en particulier des chemins de fer, entre les deux régions. Cela deviendrait un élément important dans la création d'un espace logistique homogène et uni qui relierait les ports du sud de l'Iran et de l'Inde aux villes du nord de la Russie et des pays de l'UE. Russian Railways, conjointement avec ses partenaires, est prêt à participer à la réalisation d'études de faisabilité pour les projets concernés.

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Nous avons accepté avec intérêt la proposition du Président de la République d'Ouzbékistan, Shavkat Mirziyoyev, d'aligner le Transsibérien et le corridor Europe-Chine occidentale sur de nouveaux projets régionaux. Nous sommes prêts à discuter de cette initiative en détail. L'idée d'aligner l'infrastructure énergétique de l'Asie centrale et de l'Asie du Sud est très prometteuse. L'EAEU travaille à la création d'un marché unifié de l'énergie électrique. Ce processus pourrait être synchronisé avec des projets d'approvisionnement en énergie en Asie centrale et du Sud... Dans le même temps, la poursuite du développement de liens mutuellement bénéfiques entre les États d'Asie centrale et du Sud et leurs voisins dans les domaines de l'investissement, des infrastructures, de l'humanitaire et autres contribuera à promouvoir les processus d'unification en Eurasie, ainsi que dans un contexte politique plus large. La Russie souhaite promouvoir ce programme constructif. Je suis convaincu que les résultats de cette conférence y contribueront également."

Comme on peut le constater, faire progresser la connectivité russo-sud-asiatique via l'Asie centrale est désormais une priorité pour Moscou. 

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Il existait jusqu'à présent deux moyens indirects par lesquels la grande puissance eurasienne cherchait à atteindre cette région géostratégique du supercontinent. Le plus connu est le couloir de transport Nord-Sud (NSTC) qui traverse l'Azerbaïdjan, l'Iran et la mer d'Oman jusqu'en Inde, tandis que le plus récent, qui date de 2019, est le couloir maritime Vladivostok-Chennai (VCMC) qui traverse la mer du Japon, la mer de Chine orientale, la mer de Chine méridionale, le détroit de Malacca, la mer d'Andaman et le golfe du Bengale. Ce que la Russie tente enfin de faire, c'est de rationaliser la connectivité transrégionale à travers l'Asie centrale et l'Afghanistan après le retrait, exactement comme je l'ai proposé dans mon document d'orientation de l'année dernière publié par le prestigieux Conseil russe des affaires internationales (RIAC).

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Intitulé "Le rôle du Pakistan dans le Grand Partenariat Eurasien de la Russie", je faisais valoir que si l'Asie du Sud est la dernière pièce régionale du GEP de la Russie, il s'ensuit naturellement que l'amélioration des relations russo-pakistanaises est véritablement la clé de l'achèvement de cette grande vision stratégique, car il est grand temps que ces deux anciens rivaux commencent à explorer un partenariat stratégique en raison de leurs intérêts communs en matière de sécurité en Afghanistan et de connectivité régionale pour relier l'Asie centrale et l'Asie du Sud. En outre, la vision du président Poutine d'un corridor Arctique-Sibérie-Océan Indien, qu'il a dévoilée pour la première fois lors de son discours à la réunion annuelle du Valdai Club en octobre 2019, complète parfaitement la vision du Pakistan d'étendre le corridor économique Chine-Pakistan vers le nord (N-CPEC+).

Certains développements récents ont ajouté une substance significative à ces visions complémentaires. Le premier est l'accord conclu en février entre le Pakistan, l'Afghanistan et l'Ouzbékistan en vue de créer un chemin de fer trilatéral entre eux (PAKAFUZ). Un mois plus tard, l'Ouzbékistan a annoncé la conférence sur la connectivité transrégionale qu'il a finalement accueillie la semaine dernière. Cette annonce a été suivie peu après par le dévoilement par le Pakistan de sa nouvelle grande stratégie géo-économique. Le ministre des affaires étrangères, M. Lavrov, s'est ensuite rendu au Pakistan pour la première fois en neuf ans, début avril, mois au cours duquel les États-Unis ont annoncé leur intention de se retirer complètement d'Afghanistan. Enfin, lors de la réunion virtuelle du mois dernier entre les plus hauts diplomates chinois, pakistanais et afghans, Kaboul s'est engagé à s'appuyer sur Gwadar, le port terminal du CPEC.

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Il est peu probable que la Russie ait été surprise par l'une ou l'autre de ces évolutions rapides, ce qui explique qu'elle ait pu s'y adapter avec autant de souplesse, comme on l'a vu la semaine dernière. Après tout, mon document d'orientation du RIAC de juin 2020 proposait le modèle de connectivité transafghane par lequel l'intégration de l'Asie centrale et de l'Asie du Sud pourrait se poursuivre (désormais décrit comme PAKAFUZ au lieu de N-CPEC+), ce qui ferait progresser l'intégration russo-pakistanaise et compléterait ainsi le GEP. Le ministre des Affaires étrangères, M. Lavrov, est le président du conseil d'administration du RIAC. Il est donc tout à fait possible qu'il ait étudié mon travail au cours de l'année écoulée et qu'il ait intégré certaines de mes propositions dans la formulation des politiques de son pays.

Indépendamment de la manière dont la Russie peut réaliser que ses grands objectifs stratégiques en Eurasie ne peuvent être atteints qu'en renforçant la connectivité avec le Pakistan via l'Afghanistan, le point le plus saillant est qu'elle est finalement parvenue à cette conclusion et qu'elle s'efforce aujourd'hui activement de faire progresser les modalités associées. Il s'agit non seulement de la coopération en matière d'infrastructures, mais aussi de la coordination politique du processus de paix en Afghanistan, afin de stabiliser cet État de transit irremplaçable et d'améliorer ainsi la viabilité de sa vision du GEP orientée vers l'Asie du Sud. Des changements géo-économiques majeurs se préparent actuellement dans le cœur de l'Eurasie, et leurs résultats façonneront directement l'avenir de l'ordre mondial multipolaire émergent.

Par Andrew Korybko
Analyste politique américain

Source: http://oneworld.press/?module=articles&action=view&id=2127

jeudi, 29 juillet 2021

Fit for 55. Le Green Deal européen et l’effondrement industriel de l’Europe

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Fit for 55. Le Green Deal européen et l’effondrement industriel de l’Europe

Par William Engdahl

Source New Eastern Outlook

L’une des rares déclarations honnêtes de Bill Gates a été sa remarque, faite début 2021, disant que si vous pensez que les mesures dues à la Covid sont mauvaises, attendez de voir les mesures prises contre le réchauffement climatique. L’Union européenne est en train d’imposer, du haut vers le bas, les mesures les plus draconiennes à ce jour, qui détruiront effectivement l’industrie moderne dans les 27 États de l’Union européenne. Sous de jolis noms tels que « Fit for 55 » et European Green Deal, des technocrates non élus finalisent à Bruxelles des mesures qui provoqueront le pire chômage industriel et le pire effondrement économique depuis la crise des années 30. Des industries telles que l’automobile ou le transport, la production d’électricité et l’acier sont sur la sellette, tout cela pour une hypothèse non prouvée appelée réchauffement climatique d’origine humaine.

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Alors que la plupart des citoyens de l’UE étaient distraits par les restrictions sans fin mises en place à cause d’une pandémie de type grippal appelée covid19, les technocrates de la Commission européenne à Bruxelles préparaient un programme de désintégration planifiée de l’économie industrielle de l’UE. L’aspect pratique d’un groupe supranational non élu, planqué à Bruxelles ou Strasbourg, est qu’il n’a pas de comptes à rendre à de véritables électeurs. Ils y a même un nom pour cela : Le déficit démocratique. Si les mesures sur le point d’être finalisées par la Commission européenne, sous la direction de la présidente allemande Ursula von der Leyen et du vice-président chargé du réchauffement climatique, le technocrate néerlandais Frans Timmermans, sont adoptées, voici un aperçu de ce qui se passera.

« Fit for 55 »

Le 14 juillet, la Commission européenne a présenté son programme écologique nommé « Fit for 55 ». Bien que le titre ressemble à une publicité pour une salle de sport réservée aux cinquantenaires, il s’agit du programme de désindustrialisation le plus draconien et le plus destructeur jamais imposé en dehors d’une guerre.

Fit for 55 est le cadre central des nouvelles lois et règles établies par Bruxelles pour réduire considérablement les émissions de CO2, en utilisant des systèmes tels que les taxes sur le carbone, les plafonds d’émission et les systèmes de plafonnement et d’échange.

En avril 2021, la Commission européenne annonçait un nouvel objectif européen en matière de climat : D’ici 2030 les émissions doivent être réduites de 55 % par rapport à 1990, contre 40 % précédemment. D’où le joli nom de « Fit for 55 ». Mais l’industrie et la main-d’œuvre des États membres de l’UE seront tout sauf en forme si ce plan est mis en œuvre. En clair, il s’agit d’un fascisme technocratique imposé sans débat public à quelque 455 millions de citoyens européens.

C’est la première fois au monde qu’un groupe de pays, l’UE, impose officiellement un programme visant à imposer un absurde « zéro » CO2 d’ici 2050 et une réduction de 55 % du CO2 d’ici 2030. Le tsar du Green Deal de l’UE, le commissaire Frans Timmermans, a déclaré en mai : « Nous allons renforcer le système d’échange de quotas d’émission de l’UE, actualiser la directive sur la taxation de l’énergie et proposer de nouvelles normes de CO2 pour les voitures, de nouvelles normes d’efficacité énergétique pour les bâtiments, de nouveaux objectifs pour les énergies renouvelables et de nouvelles façons de soutenir les carburants propres et les infrastructures pour des transports propres. » En réalité, cela va détruire l’industrie des transports, de l’acier, du ciment ainsi que de la production d’électricité à partir de charbon et de gaz.

Voici les principaux secteurs concernés par de ce sinistre Fit For 55.

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Voitures et camions

L’un des principaux objectifs du « Green Deal » de l’UE sera de mettre en place des mesures qui obligeront les véhicules à moteur à combustion interne – voitures et camions à essence ou diesel – à respecter des limites d’émissions de CO2 tellement punitives qu’ils seront contraints de ne plus rouler d’ici 2030, si ce n’est plus tôt. Le plan modifiera l’objectif actuel d’une réduction de 37,5 % des émissions de CO2 des véhicules d’ici à 2030 pour le remplacer par un objectif de zéro émission d’ici à 2035, selon la rumeur.

Le 7 juillet, une coalition de syndicats, d’entreprises du secteur des transports et de fournisseurs, dont la Confédération européenne des syndicats et l’Association des constructeurs européens d’automobiles, a adressé un appel urgent au tsar de l’écologie, Frans Timmermans. Ils y déclarent : « …nous voulons voir la transformation industrielle et l’innovation en Europe, plutôt que la désindustrialisation et les perturbations sociales. » La lettre souligne que l’UE n’a aucun plan pour une soi-disant « transition juste » pour l’industrie automobile européenne, y compris aucune nouvelle formation de compétences pour les travailleurs débauchés : « Actuellement, il n’existe pas de cadre de ce type pour les 16 millions de travailleurs de notre écosystème de mobilité, et notamment le secteur automobile européen qui est un moteur de l’emploi industriel. »

Il ne s’agit pas d’un problème mineur, car la transition des voitures et camions à moteur à combustion interne vers les véhicules électriques va entraîner une perturbation sans précédent des chaînes de fournisseurs automobiles actuelles. La lettre souligne qu’à l’échelle de l’UE, le secteur automobile compte 8,5 % de tous les emplois manufacturiers européens et a produit en 2019 près de 10 % du PIB rien que pour l’Allemagne, ainsi que 40 % des dépenses de recherche et développement du pays. L’UE représente aujourd’hui plus de 50 % des exportations mondiales de produits automobiles. Ils soulignent que la transition vers les véhicules zéro CO2 entraînera la perte d’au moins 2,4 millions d’emplois qualifiés et bien rémunérés dans l’UE. Des régions entières seront déprimées. La lettre souligne que Bruxelles n’a même pas encore dressé la carte des conséquences du Green Deal pour le secteur automobile.

En avril, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, indiquait que le projet « Fit for 55 » pourrait étendre le système draconien d’échange de quotas d’émission de carbone (QEC) au-delà des centrales électriques ou de l’industrie pour couvrir le transport routier et le bâtiment dans le cadre d’un ajout « pollueur-payeur ». Le lien avec le QEC imposera automatiquement des pénalités financières aux conducteurs ou aux propriétaires, au-delà des taxes actuelles sur le carbone, malgré un impact très limité de quelque 3 % sur les émissions. Cette mesure, qui s’ajoute au renforcement des normes d’émission des voitures, portera un coup fatal aux consommateurs et à l’industrie. Lorsque le gouvernement français a imposé une telle taxe carbone en 2018, cela a déclenché les manifestations nationales des Gilets jaunes et a obligé Paris à la retirer.

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Acier

Le plan drastique de l’UE contient de nouvelles dispositions qui entraîneront des changements radicaux pour les industries européennes de l’acier et du ciment, grandes consommatrices d’énergie. L’acier est la deuxième plus grande industrie au monde après le pétrole et le gaz. Actuellement, l’UE est le deuxième plus grand producteur d’acier au monde après la Chine. Sa production s’élève à plus de 177 millions de tonnes d’acier par an, soit 11 % de la production mondiale. Le plan Timmermans introduira de nouvelles mesures qui pénaliseront ostensiblement les importations d’acier en provenance de producteurs « sales », mais qui, aussi, rendront l’acier européen moins compétitif au niveau mondial. Des fuites du plan de l’UE indiquent qu’il prévoit de supprimer les permis de polluer actuellement gratuits du QEC pour les industries à forte intensité énergétique telles que l’acier ou le ciment. Cela portera un coup dévastateur à ces deux industries essentielles. Ils l’appellent le mécanisme d’ajustement carbone. Comme le souligne le Center for European Policy Network, les exportateurs d’acier de l’UE « ne recevront aucune compensation pour la suppression de l’allocation gratuite. En conséquence, ils subiront des désavantages concurrentiels considérables par rapport à leurs concurrents des pays tiers. »

Taxes carbone pour le charbon

Le nouvel objectif écologique de 55 % de l’UE pour 2030 implique une élimination quasi-complète du charbon d’ici à 2030 dans l’ensemble de l’UE. L’Allemagne, qui est de loin le plus gros consommateur d’électricité au charbon de l’UE, sera touchée. Le gouvernement allemand, dont l’électricité est déjà la plus chère au monde en raison de la transition, par Merkel, vers une énergie solaire et éolienne peu fiable et la fermeture de la dernière centrale nucléaire en 2022, vient d’abandonner son projet d’élimination progressive du charbon d’ici 2038. Elle abandonnera le charbon bien plus tôt, mais pour des raisons politiques évidentes en cette année électorale, elle n’a pas révélé sa nouvelle date « zéro charbon ».

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L’absurdité de croire que l’UE, en particulier l’Allemagne, sera capable d’atteindre le zéro charbon d’ici 2030, en ne remplaçant même pas par du gaz naturel, mais plutôt par du solaire et de l’éolien peu fiables, est déjà évidente. Le 1er janvier 2021, dans le cadre du mandat du gouvernement sur la réduction de l’énergie charbon, 11 centrales électriques au charbon d’une capacité totale de 4,7 GW ont été fermées. Cet arrêt n’a duré que huit jours, car plusieurs des centrales au charbon ont dû être reconnectées au réseau pour éviter les pannes dues à une période prolongée de vents faibles. Les centrales au charbon fermées ont reçu l’ordre de fonctionner en mode réserve, aux frais des consommateurs. La commission gouvernementale de Berlin qui a rédigé le plan d’élimination progressive du charbon ne comprenait aucun représentant de l’industrie de l’électricité ni aucun expert en réseaux électriques.

Avec ce nouveau plan destructeur Fit for 55 de la Commission européenne, le cœur de l’industrie européenne, l’Allemagne, est préprogrammé non seulement pour un chômage industriel sévère dans les secteurs de l’acier, du ciment et de l’automobile. Elle est également préprogrammée pour des pannes d’électricité comme celle qui a dévasté le Texas au début de l’année 2021 lorsque les éoliennes ont gelé. En 2022, en Allemagne, comme nous l’avons indiqué, la dernière centrale nucléaire ainsi que d’autres centrales au charbon seront fermées, ce qui entraînera la perte d’encore 3 % de l’électricité. En outre, 6 000 éoliennes seront également arrêtées en raison de leur âge, soit une réduction totale de 7 %. Pourtant, l’ajout prévu de nouvelles éoliennes et de nouveaux panneaux solaires est loin de remplacer cette baisse, de sorte que d’ici 2022, l’Allemagne pourrait connaître un déficit de capacité de production de 10 à 15 %.

Grand Reset et Green Deal de l’UE

Ce qui est difficile à comprendre pour les citoyens ordinaires et sains d’esprit, c’est qu’il s’agit d’un plan technocratique délibéré pour entraîner la désintégration de l’économie, sous l’excuse frauduleuse d’un risque de réchauffement climatique non prouvé qui prétend – sur la base de modèles informatiques douteux qui ignorent l’influence de notre soleil sur les cycles climatiques de la Terre – que nous verrons une catastrophe d’ici 2030 si le monde ne réduit pas les émissions de CO2, pourtant inoffensives et essentielles à la vie.

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Le Forum économique mondial de Davos, toujours actif, joue également un rôle important dans l’élaboration de ce « Green Deal » élaboré par la Commission européenne, dans le cadre de son Grand Reset. En janvier 2020, le Forum économique mondial, lors de sa réunion annuelle à Davos, réunissait des dirigeants de l’industrie et du monde des affaires avec le vice-président exécutif, Frans Timmermans, pour étudier comment catalyser le Green Deal européen. Ce qui a été annoncé le 14 juillet par Bruxelles en est le résultat. Le Forum Economique Mondial soutient le Groupe d’Action des PDG pour le Green Deal Européen afin que les grandes entreprises soutiennent le plan dystopique de Bruxelles.

William Engdahl

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

mercredi, 28 juillet 2021

La vaccination obligatoire comme "référendum d'initiative oligarchique"

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La vaccination obligatoire comme "référendum d'initiative oligarchique"

par Frédéric Andreu

Du point de vue du spectacle de la marchandise, la campagne de vaccination anti-covid imposée par Macron apparaît comme une sorte de "référendum d'initiative oligarchique". Il s’impose au lendemain d‘ élections régionales à fort taux d'abstention comme un troisième tour imposé par la contrainte. La minorité qui s’y refuse refuse symboliquement la liquidité du libéralisme et sort de la loi néolibérale commune ; elle ne peut sortir vainqueur de son bras de fer avec le pouvoir que par une remise en cause radicale du système...

Ne croyons pas que la campagne de vaccination forcée qui cristallise aujourd'hui l'opposition à Macron d’une partie de la population soit une bévue de plus du gouvernement Macron. Pour envisager cette question sanitaire - transformée de fait en question politique - prenons de la hauteur, celle que permet la métaphore sociale. Dans la Société du spectacle, tout peut se transformer en métaphore ou métonymie de la cybernétique de capital, une mobylette qui roule en ville, une entrée de métro, une éolienne au bord de la mer, devient "hiéroglyphe" du capital. La vaccination obligatoire dit elle aussi quelque chose de notre séquence politique, mais quoi ?

Pour tenter de répondre à ce questionnement, il nous faut tout d'abord comprendre que le savant mélange d'idéologie libérale, de mépris de classe et d'incompétence qui caractérise notre Young Leader Président bien aimé, devait fatalement trouver son paroxysme avant la fin de son quinquennat. Ce quinquennat fusée restera dans l'Histoire comme celui du déchaînement technocratique de la phase terminale du capital. Allié à la pègre marseillaise d’un Castaner, Macron restera le manager de la casse sociale et de la répression policière contre le peuple.

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Mais au-delà des incarnations temporaires du temps court de l'actualité médiatique, il y a les phases longues du processus. Le processus immanent à l'argent, apparemment inoffensif, produit des Formes-Capital qui ne sont pas directement visibles en tant que choses mais se rendent néanmoins visibles partout en tant que processus. Par exemple, le téléphone portable entré dans le corps social est métaphore du spectacle, tout comme le jogger décathlon emballé dans sa tenue nylon. Quant à la pandémie Covid, elle est à la fois objet, processus et propagande d'Etat. J'avance l'hypothèse que la campagne de vaccination obligatoire est, sous couvert d'urgence sanitaire, un équivalent symbolique d'un référendum pour ou contre la société liquide. Après le vote d'adhésion, le vote électronique, voici l'avènement du vote par injection génique.

Pour les manifestants de rue, accepter la vaccination n'a qu'un rapport très lointain avec la question sanitaire. La vaccination est un "oui" à Macron ; la refuser, ce n'est pas refuser le principe du vaccin ni nier la réalité du virus, c'est dire "non" à Macron. Voici ce que le peuple veut dire en s’opposant  au pass sanitaire.

Guy Debord a identifié les ressorts de la "société du spectacle" mais sans imaginer qu'un virus et une vaccination - sortie tous deux d'éprouvettes de laboratoire - puissent métaphoriser de manière paroxysmique le "grand spectacle". Nous pouvons cependant avancer que le capital, après avoir dissout les corps intermédiaires, les frontières, les valeurs et les saveurs, se retrouve dans une situation paroxysmique où il lui faut un referendum d'initiative oligarchique pour continuer à s'admirer dans sa toute puissance narcissique.

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Tout est donc devenu spectacle, le Pole Emploi qui ne sert a rien dans l'ère du chômage de masse, la vaccination qui est loin d'avoir prouver son efficacité, mais tout sert a faire spectacle, tout sert le pouvoir a faire diversion des vraies questions et des vraies luttes. Il est normal que cette onction soit basée sur la peur et la contrainte puisque tel est le capital, à la fois pernicieux, factice et autoritaire. Il faut bien voir que le capital, "comme inversion concrète de la vie, est le mouvement autonome du non vivant" (Guy Debord). Il transforme donc la ville en hôpital, l'amour en pornographie, l’individu en zombi qu'il faut  "maintenir en vie" par le vaccin. C'est pourquoi le vaccin fait partie du spectacle et pas seulement le vaccin covid. En fait, en me remémorant plusieurs séances de vaccination de l'élève que j'étais au collège de Lyon, variole, rubéole, tétanos, j'ai pris conscience que l'éducation du citoyen-monde est aussi basée sur le principe de l'injection. Les spécialistes vous le diront : l'injection vaccinale est aussi, du point de vue psycho-somatique, une information, c'est-à-dire une injonction génique.

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La logique de la vaccination touche bien d'autres domaines de notre vie castrée de producteur-consommateurs. Elle est propre à la phase cybernétique du capital. C'est toute l'idéologie des années 90 qui est entrée dans ma génération sous forme de vaccination secondée de piqures de rappels. Mes collègues et moi avons été vaccinés contre le racisme à un rythme constant et répété. Je me souviens que les adolescents de mon temps se demandaient comment ne pas être suspectés de "racisme". La parade la plus répondue alors était de se marier avec une noire, une chinoise, plutôt qu'une blanche. On s'est alors dit qu'une société métissée était la plus grande assurance contre la suspicion de racisme sans comprendre qu'elle était avant tout la société rêvée par la capital. L'antiracisme était devenue une sorte de vaccination laïque et obligatoire : l'équipe de "France" de football assurait le spectacle de cette domination idéologique.   

Il faut dire que les vedettes médiatiques de l'époque arboraient toutes fièrement la main jaune de SOS RACISME, la valeureuse association fondée par Julien Dray et Marek Alter. Alain Finkielkraut a été un des présidents de l'association avant de se reconvertir en chantre barrésien du principe de la frontière et de l'identité. Seul Bernard-Henri Levi poursuit sans relâche cette croisade de chaque instant et sans doute doit-on le louer pour sa persévérance à toute épreuve. On notera au passage la forte marque communautaire de ses professionnels de l'antiracisme ; Harlem Désir et Dieudonné étant les deux exceptions qui la confirme.

La vaccination covid, tout comme les autres injonctions du spectacle de la marchandise sont autant de métaphores de la cybernétique du capital en phase terminale. Phase à la fois terminale et supérieure de la domination du capital puisqu'il entre désormais dans nos cellules biologiques. Chaque individu au génome modifié par le vaccin ou par le métissage idéologique devient un produit validé par le capital. Dire non au vaccin obligatoire, c'est comme dire non à la préférence étrangère et à la logique de planification du capital en phase terminale. Aussi, les effrontés qui manifestent contre ces décisions autoritaires montrent qu'il est encore un peuple debout ; il montre que la planification néolibérale - qu’elle soit sanitaire, économique ou artistique -  n'est pas l'horizon indépassable de la vie en société. Il fait retentir du fond de l'histoire de France le mot de Cambrone à la face du planificateur Macron.

fredericandreu@yahoo.fr 

dimanche, 25 juillet 2021

La revue de presse de CD - 25 juillet 2021

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La revue de presse de CD

25 juillet 2021

AFRIQUE

Présence russe en Afrique : « Il y a eu un réinvestissement assez progressif dès la fin des années 90 »

La Russie est de plus en plus présente en Afrique à travers une diplomatie officielle mais également via des acteurs privés comme Evgueni Prigojine, considéré comme le dirigeant de la milice Wagner ainsi que de différentes entreprises spécialistes de la désinformation en ligne. Dans une étude qui vient de paraître, Maxime Audinet, chercheur à l’IRSEM (Institut de recherche stratégique de l’école militaire) et auteur d’une thèse sur l’influence russe à l’université de Nanterre, analyse cette influence Russe en Afrique, en Centrafrique et au Sahel notamment.

RFI

https://www.rfi.fr/fr/podcasts/invit%C3%A9-afrique/202107...

CHINE

La Chine est-elle en train de faire ce que les États-Unis ne parviennent pas à faire, en freinant les Big Tech ?

L’industrie technologique chinoise a été l’une des plus dynamiques au monde ces dernières années. Des centaines de start-up chinoises s’apprêtent désormais à suivre les traces de mastodontes comme Alibaba, Tencent et Didi en introduisant leurs actions en bourse. Mais le Parti communiste chinois (PCC) a récemment avorté certains de ces plans sous prétexte de sécurité nationale. Après Alibaba et une série d’autres entreprises, le service alternatif de taxis Didi (493 millions d’utilisateurs et 15 millions de chauffeurs) est désormais visé par le régime. La Chine est-elle prête à abattre sa poule aux œufs d’or ?

Business AM

https://fr.businessam.be/la-chine-est-elle-en-train-de-fa...

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DESINFORMATION

Derrière Pegasus ou le mode d’emploi d’un logiciel espion

L’affaire Pegasus fait grand bruit car on y retrouve, pêle-mêle, des journalistes, des chefs d’entreprise, des opposants politiques et autres figures de la vie publique.

Retour sur la technique derrière ce logiciel. Quand est né Pegasus ? Comment l’utilise-t-on ? Pourquoi a-t-il pris une telle ampleur ?

The Conversation

https://theconversation.com/derriere-pegasus-ou-le-mode-d...

ETATS-UNIS

Les États-Unis mettent hors service une société israélienne de logiciels d’espionnage

Qui a la capacité de dresser une liste de 50 000 numéros de téléphone dont au moins 1 000 ont été espionnés avec le logiciel de NSO ? Qui peut faire « fuiter » une telle liste à ONG et s’assurer que de nombreux médias « occidentaux » s’en emparent ? Qui a intérêt à faire fermer NSO ou du moins à rendre ses activités plus difficiles ? La concurrence, je dirais. Et le seul véritable concurrent dans ce domaine est l’Agence nationale de sécurité [la NSA, NdT] étatsunienne. Autant de bonnes questions que la presse mainstream ne s’est pas posée…

Le Saker francophone

https://lesakerfrancophone.fr/les-etats-unis-mettent-hors...

FRANCE

Pass sanitaire : une société flippée et fliquée

En acceptant de conditionner les libertés fondamentales à une condition de santé, la France a mis le doigt dans un engrenage infini.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/07/17/401704-pass-sanit...

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Que raconte le raid judiciaire contre Éric Dupond Moretti ?

L’épisode judiciaire mettant en cause Éric Dupond Moretti Garde des Sceaux ministre de la Justice en exercice, qui vient de se dérouler est très intéressant. Au-delà du battage médiatique et des récupérations politiciennes cyniques ou ignorantes qui n’ont pas manqué, force est de constater qu’il exprime la totalité du problème institutionnel auquel notre pays est confronté.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/07/que-raconte-le-raid-jud...

Feu vert à la surveillance de masse

Profitant de l’émotion suscitée par les attentats de Paris, et sans remédier aux défaillances qu’ils ont révélées, le gouvernement français entend faire adopter une loi sur le renseignement qui permettrait une surveillance généralisée des communications. Le Sénat a étudié début juin ce texte qui alarme tous les défenseurs des droits humains et du respect à la vie privée.

Le Monde diplomatique

https://www.monde-diplomatique.fr/2015/06/TREGUER/53056#f...

GEOPOLITIQUE

La Géopolitique des Terres rares 

Depuis la fin des années 1990, la Chine est devenue le premier producteur mondial de terres rares au détriment des pays occidentaux qui ont perdu au fil des ans leur capacité de production et leur savoir-faire industriel et technologique. C’est donc devenu aussi un enjeu de souveraineté nationale. Face à cette autre tenaille sino-américaine, que peut faire l’Europe ?

Geopragma

https://geopragma.fr/la-geopolitique-des-terres-rares/

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ISRAEL

Le Hamas, gros souci pour Israël

La trêve signée le 21 mai entre Israël et le Hamas, après onze jours d’affrontement (240 Palestiniens et 12 Israéliens tués), est précaire. Tout le monde le sait. Elle permet à chacun de refaire ses forces. Une nouvelle confrontation sera inévitable. Tout le monde le sait. Entre eux, les militaires israéliens disent qu’il faut régulièrement « tondre le gazon » à Gaza, parce que les « mauvaises herbes » repoussent toujours. Pour le Hamas – cette « mauvaise herbe » –, affronter Tsahal à intervalles réguliers lui permet de conforter sa stature de « seul résistant » à Israël, de rallier les Palestiniens à sa bannière et de satisfaire ses sponsors (notamment le Qatar et l’Iran).

Conflits

https://www.revueconflits.com/hamas-israel-terrorisme-fre...

TURQUIE

Turquie, que reste-t-il de l’influente confrérie Gülen ?

Cinq ans jour pour jour après le coup d’État manqué contre le président Recep Tayyip Erdogan, la traque des partisans de Fethullah Gülen se poursuit en Turquie, comme en dehors du pays. Une chasse aux sorcières qui a affaibli l’influente confrérie, sans l’éradiquer totalement.

La Croix

https://www.la-croix.com/Monde/Turquie-reste-linfluente-c...

UNION EUROPEENNE

L’euro, catastrophe moderne et tragédie antique

S’il est difficile de critiquer la monnaie unique sur le Vieux continent, on trouve pléthore d’ouvrages sur le sujet dans le monde anglo-américain, souvent rédigés par des économistes mainstream ou orthodoxes. C’est le cas d’Ashoka Mody, professeur d’économie à l’Université de Princeton, ancien représentant-en-chef du FMI dans le cadre du « renflouement » irlandais en 2009 par la Troïka, qui publie EuroTragedy: A Drama in Nine Acts.

Le Vent de Lève

https://lvsl.fr/leuro-catastrophe-moderne-et-tragedie-ant...

Le nouvel ordre mondial aurait-il recruté son Robespierre?

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Le nouvel ordre mondial aurait-il recruté son Robespierre?

Notes sur le rôle d'Emmanuel Macron dans la séquence politique de notre temps.

par Frédéric Andreu

On laisse entendre que le président Macron aurait accumulé une somme de bévues dans l'exercice du pouvoir telle qu'il ne puisse pas se représenter en 2022. Les dernières saillies médiatiques du young leader président, alliage d'idéologie, d'incompétence et d'arrogance de classe, prêchent de manière caricaturale vers sa sortie avant même la fin de son présent mandat.

I : Astralité du système versus Théorie du complot.

Évidence en trompe-l'œil, car la réélection de Macron n'est pas la question que se pose l'oligarchie. Celle-ci agit par étapes subversives et non par complot. Un agent du nouvel ordre mondial peut être contraint de jouer la carte de la nation ou au contraire de jouer le tout pour le tout mondialiste quitte à être remplacé par un autre fusil politique à un coup. C'est cette dernière voie stratégique que le président semble avoir prise.
Cependant, face à la comtemporanéïté du Nouvel Ordre mondial (N.O.M.), de ses agencements visibles, il faut garder à l'esprit que le système de domination mondiale, bien réel, ressemble moins à un complot ourdi qu'au reflet de sa propre astralité. Celle du système de l'argent. Guy Debord définit le concept de la cybernétique automate du capital. Ce dernier ne peut pas se repérer dans le court terme médiatique du temps mais se révèle grâce de la longue temporalité historique. Ce sont les longues courbes historiques qui peuvent rendre visible le pouvoir métamorphosant et subversif de la marchandise. Il faut premièrement se tenir éloigné des théories complotistes simplistes désignant une oligarchie qui contrôlerait le monde ou, du moins, comprendre que ces groupes oligarchiques qui contrôlent les multinationales et les banques ne sont elles-mêmes que les métastases de l'"astralité" financière.

Il est des forces d'une tout autre nature aux manettes de l'Histoire que celle d'une petite clique oligarchique cagoulée genre les Cigares du Pharaon de Hergé. "Il existe un Etat visible, un Etat profond, mais aussi un Etat invisible" ajoute Francis Cousin. La cybernétique du capitalisme, dans sa phase terminale génère une esthétique du mal et secrète aussi les phénotypes des derniers temps. La société de 2021 est déjà largement métamorphosée par rapport à celle des années 90. Une génération soumise à l'Éducation (anti-)nationale, à l'antiracisme et au métissage laïc et obligatoire, a déjà tourné la page de la "patrie", des valeurs et des saveurs.

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Les chefs d'État eux-mêmes reflètent cet imaginaire cybernétique. Il est amusant de voir que le fétichisme de la marchandise a engendré aux États-Unis un octogénaire sénile, à peine capable de tenir debout, alors qu'en France, un quadra à la fois tyrannique et incompétent règne sans partage.

Les théories complotistes sont à la fois anxiogènes et rassurantes, elles donnent une explication simpliste qui empêche de penser. En revanche, prendre en compte l'astralité de l'argent, son emprise sur notre imaginaire collectif, nécessite un recul épistémologique et une temporalité longue. Cette prise de conscience décalée permet de comprendre comment le système avance dans nos consciences étape après étape. On comprend aussi beaucoup mieux pourquoi l'opposition que Macron peut engendrer est elle-même un reflet de l'immanence dialectique du capital.

Tout le monde pressent en effet que Marine Le Pen élue ne remettrait rien en cause du système de domination, ayant renoncé à toute radicalité et à toute «incarnation» crédible. Pour gouverner la cinquième puissance économique du monde, encore faudrait-il que Marine le Pen soit capable de gouverner son parti politique. Or, en plus d'avoir provoqué la banqueroute du FN, elle aura accumulé toutes les bourdes, manqué tous les rendez-vous politiques que l'actualité lui présentait sur un plateau d'argent.

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Silence du RN face aux PMA GPA, aucune réaction frontale face au Pass liberticide de juillet 2021. Au lieu de reprendre le flambeau légué par son père, Marine Le Pen agit par anti-anti front national. Elle a validé l'idée que pour arriver au pouvoir, elle devait éteindre le caractère incendiaire et anti-système du parti dont elle a hérité. Elle ne comprend pas que le patriotisme est une énergie, une foi, pas une algorithme électoraliste de conquête du pouvoir. Victoire du système, elle a transformé le patriotisme de l' "espèce amoureuse" en une sorte de national-gouvernance. On a beaucoup de peine à suivre le brillant Alain De Benoist dans son analyse concernant Marine Le Pen. Il faudrait selon lui ne pas risquer une dilusion du vote contre Marine, mais à quoi bon élire une candidate qui pourrait nous faire regretter Macron ?   

Le système électoraliste a peu de chance de faire vaciller le pouvoir usurpateur en France, à moins d'un retournement populaire radical, hors sphère politicienne. Le logos explosif de la France, son fond bonapartiste, le caractère rebelle des Français peut rentre possible une réaction populaire, d'où l'idée de métisser suffisamment le peuple par le double levier de l'affaiblissement de la famille et de l'ouverture des frontières, afin de le dissoudre.

II : Macron et l'"empirisme désorganisateur" :

A l'horizon 2050, la société "française" sera en effet suffisamment métissée pour ne plus représenter de danger pour le pouvoir. Un bétail infantilisé et soumis naîtra du ventre de Macron. Seul le mariage de la base populaire insurrectionnelle et des forces de l'ordre, voire de l'armée, pourrait freiner ce processus mortifère et ébranler le pouvoir mondialiste en France. Il se pourrait aussi que Mélenchon libère le Jacques Doriot qui est en lui des menottes de l'antiracisme. Il sait, comme n'importe quel étudiant de première année d'Histoire, qu'il ne fait que retarder son heure historique en révélant publiquement ce qu'il pense et ce qu'il est.

Mais la capacité du système à torpiller de l'intérieur les contre-révolutions, à fomenter de fausses alternatives qui ne mettront pas en cause la feuille de route de l'oligarchie, tient du prodige. Une fois de plus, comprenons que le système avance par étapes chaotiques et non par complot ourdi. Il avance en bloquant l'Histoire par de fausses alternances politiciennes et de promesses non tenues. C'est l'effet du «fameux cercle de raison» décrété par le divin Alain Minc dans les années 90, consensus à l'intérieur duquel aucune idée ne serait être audible autre que le ronron droit-de-l'hommiste et les petits arrangements entre partis politiques.

De ce point de vue, Macron, en dépit de ses bévues, ou même grâce à la sidération qu'elles engendrent dans l'option, est d'une redoutable efficacité. L'important est qu'il applique objectivement le plan de dissolution des frontières (nationales, familiales et même individuelles) imposées par le mondialisme.

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Bref, tel est le retournement de paradigme qu'il est nécessaire d'effectuer afin de comprendre comment et pourquoi un trader insignifiant issu de la haute finance, n'ayant assumé aucun mandat électoral de sa vie, est parvenu à remporter la magistrature suprême de la cinquième économie mondiale ; comment ce dernier se maintient au pouvoir, au terme d'élections régionales bâclées, avec 3,5 % effectif de son camp. Même si le passage en force de la loi Macron parvient à attirer a lui la suspicion de tout un peuple, rien ne dit qu'il ne sera pas réélu en 2022. En fait, la cage de fer néo-libérale, lorsqu'elle est enguirlandée de promesses et d'une musiquette de foire monarchiste, développe un pouvoir d'attraction envers la masse. Les gens se disent : mieux vaut le plan néo-libéral de soumission au FMI, la vaccination obligatoire que l'aventure lepeniste. Bref, mieux vaut la démocrature macronienne que le risque d'une remise en cause du système.

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Macron n'est d'ailleurs pas qu'un simple exécutant sans profondeur, il est porteur d'une certaine profondeur historique, et sait habiter le paraître du paraitre du principe monarchique. Il sait habiter comme un acteur de théâtre qu'il est, le scène dorées du pouvoir. Il sait faire des génuflexions médiatiques devant le pape tout en favorisant l'avortement de masse. Il n'a pas peur du ridicule, d'où la morgue et l'arrogance qu'il parvient à faire passer pour de l'autorité.

Alors ministre de l'Économie, ne déclarait-il pas : "Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du Roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort" avouait-il tout en gouvernant, une fois élu, à contre-courant de tout «empirisme organisateur». On pourrait même affirmer - sans surenchère rhétorique - que Macron gouverne par «empirisme désorganisateur». Il y a le plan, l'idéologie, mais aussi l'action quotidienne qu'il convient de rendre la plus antinationale possible.

Nombreux sont ceux qui ressentent la casse sociale engendrée par Macron, cet «homme dangereux» (Dupont-Aygnan), ce "fou" (Phillipot), mais mesurons-nous la casse engendrée dans l'âme collective de la nation ? Le désert psychologique qu'engendre la casse sociale et le confinement ?

Le refus idéologique de rétablir des frontières à deux reprises (au début de la pandémie en 2019, puis en juin 2021 alors que le soi-disant "variant Delta" entrait en France), a obligé à instaurer une frontière de toile : la masque. Depuis, séquence cafouillage à répétition : masques proscrits dans les transports, puis rendus obligatoires, principe du "Pass Sanitaire" rejeté puis rendu obligatoire, l'incompétence du gouvernement masque les ajustements de l'agenda mondialiste. Le déroulement des faits dépasse Macron lui-même puisque, une fois encore, il est immanent à l'argent lui-même.

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Le gauleiter de la province France n'a d'ailleurs pas besoin d'être informé de ce qui se trame dans l'État major de l' «État profond». Les flux de la marchandise généralisés n'ont rien à voir avec un soi-disant "complot", mais plutôt à la "Forme-Capital". Le Libéralisme est l'astre noir en orbite autour de notre sphère sociale, c'est cet astre qui crée notre imaginaire collectif. Réélu ou non en 2022, Macron aura de toute façon fait avancer "le plan", et c'est là l'essentiel.

Macron surpassera-t-il le pantin Sarkozy qui, en détruisant le verrou libyen de l'Afrique, en bradant une part importante de la réserve d'or français, en déclarant que le métissage n'était pas "un choix, mais un devoir" ? Le plan doit être appliqué "avec des mesures coercitives s'il le faut" déclarait-il en 2008 devant un public sidéré de l'école polytechnique de Palaiseau. Bref, Sarkozy a manifesté une transparence et une énergie sans égale pour faire avancer la cause. Mais Emmanuel Macron est en de bonnes voies pour accéder au sommet du podium.

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En effet, le gouvernement Macron aura fait passer des lois généticiennes que H.G. Wells n'aurait même pas imaginé dans ses romans de Science Fiction. Désormais, les embryons humains pourront être manipulés ; ils pourront même être croisés à des gènes issus d'animaux, les fameuses "chimères" manipulées en laboratoire. L'avortement légal est pour sa part passé à 9 mois de grossesse ; PMA, GPA, derrière l'amateurisme apparent de l'apprenti sorcier Macron, il y a les rouages du système. Dans un entretien radiophonique, Aude de Kerros posait une de ces réflexions philosophiques dont elle a le secret : peut-on être dissidents dans l'ère du Libéralisme ?

Être dissident du Libéralisme commence par ne pas avoir peur de dire, écrire et publier ce que l'on pense. Mais vivre en illibéral est devenu aussi facile que de ne pas glisser sur un toboggan lubrifié par le savon du politiquement correct. Toute une série de détergents, allant de l'antiracisme au racisme anti- blanc, aura préparé la pente.
Ma génération aura été particulièrement immunisée par toute une série de vaccins. Je me souviens qu'après les séances d'antiracisme de l'éducation nationale on se regardait les yeux dans les yeux en se demandant comment ne pas être suspecté de racisme. Beaucoup ont résolu ce complexe en se mariant avec une chinoise ou une noire.
Il existe d'autres moyens pour limiter la soumission au libéralisme castrateur et tyrannique. La réappropriation de notre Histoire nationale en est une. Il s'agit de désigner les mensonges et non-dits de l'Histoire qui métastasent la république.

III : le pantin Macron dans les scénarios déjà joués de  l'Histoire : 

Afin de donner une voilure historique à ses notes, voyons comment la séquence idéologique exacerbée que nous avons la disgrâce de vivre peut être comparé à d'autres époques. Par ses excès, 2020-2021 ressemble étrangement à la séquence 1793-94 de la décennie révolutionnaire. Ses deux dates marquent l'instauration d'un régime hors-sol, totalitaire, qui ira jusqu'à l'instauration du culte de l'Être suprême. Robespierre, idiot utile de la classe bourgeoise, incorruptible personnellement, resta jusqu'à la fin certain de son bon droit. Il instaura le culte de l'Etre suprême tout comme Macron instaure, par des mesures liberticides, le culte de l'Être à la fois libéral et coercitif. L'augmentation hystérique de l'immigration vise un temps messianique où la lutte des classes sera remplacé, comme le dit Francis Cousin, par la lutte des races. L'immigrationnisme ne vise à rien d'autre que l'effacement de la société traditionnelle, l'annihilation de ses immunités culturelles et l'éradication de ses particularismes. Il s'agit d'un double crime, le premier contre la nation et le second contre les immigrés eux-mêmes.

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Macron et Robespierre vivent les mêmes intensités historiques. D'ailleurs, les deux hommes se ressemblent, chétif de corps, impavides, piètres orateurs, mais convaincus de leur bon droit et se sentant investis d'une sorte de messianisme politique. La dimension religieuse est en effet présente chez Macron, messie de l'Union européenne. La séquence que nous traversons en France n'est pas sans rappeler l'instauration du Salut public. Les élites de l'époque avaient soit été exécutées, soit réduits à l'exil. L'annihilation de la Noblesse rendit possible 10 ans de rivalité entre divers factions républicaines. Ce sont ces 10 ans de guerre civile que l'on nomme dans les livres d'Histoire la "Révolution française", dont la révolution euromondialiste que nous vivons aujourd'hui est la poursuite historique.

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Les deux périodes historiques ne sont pas sans point commun. La pandémie covidiste et la crise économique créent des conditions qui justifient elles aussi des "lois d'exception". En 93, la peur de l'invasion de la France par les armées contre-révolutionnaires correspond, aujourd'hui, à la peur covidiste.

On me rétorquera que les deux épisodes historiques ne sont pas comparables ; on aurait tort : les événements diffèrent, mais l'idéologie des révolutionnaires de 1789 est la même que celle de 2021. Ce sont deux messianismes révolutionnaires, le premier vise la destruction des provinces au nom de la nation ; le second la destruction des nations sur l'autel de l'euromondialisme.

Dans les deux cas, il s'agit de la guerre que livre le pays légal contre le pays réel, l'homme abstrait contre l'homme enraciné. Alors que la France était menacée par la première coalition, le gouvernement de Salut public proclama des lois d'exception. La tentative de fuite du roi, son arrestation à Varennes, donnèrent prétexte à l'assassinat du roi. La suppression de tous les verrous qui freinent l'exploitation bourgeoise et étatique, déchaîne alors les forces d'exploitation et engendre la nuit sociale du XIXe Siècle. La "liberté" scandée par les révolutionnaires est devenue synonyme d'abolition des corporations, loi Le Chapelier en tête.

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Après avoir détruit les ordres organiques d'Ancien Régime, Robespierre fut renversé. Il avait servi la cause et devait être renversé, car jugé pas assez corrompu par la caste bourgeoise au pouvoir. Quelques jours avant sa destitution, sachant que son heure avait sonné, malade et exténué physiquement, il prononça un superbe discours devant l'assemblée. Au lieu de fuir à l'étranger, il prononça ce discours sachant qu'il serait le dernier. Quelques heures plus tard, la mâchoire défoncée, il avance devant l'échafaud, un cri d'effroi retentit lorsque le bourreau lui arrache le bandage qui maintenait son menton.
Je ne souhaite pas que l'idéologue Macron subisse le même sort car la prise de conscience d'avoir été l'idiot utile du système, pourrait lui prodiguer des remords bien plus acides encore. Il deviendra insupportable de vivre avec un tel poids sur la conscience.

Il comprendra alors pourquoi les intérêts de la classe dominante qui l'a mis au pouvoir préfèrent les modérés et les corrompus. Tel fut le cas des gouvernements qui succédèrent à Robespierre. Le Directoire, puis le Consulat aux mains de la Bourgeoisie industrielle et de la banque d'affaire, savaient que le meilleur moyen d'assurer ses prébendes était de se débarrasser de Robespierre et de faire élire un Bonaparte.
Aujourd'hui, Macron doit satisfaire les prébendes de l'hyperbourgeoisie mondiale, patrons de grandes chaînes de supermarchés, trusts internationaux et grands groupes pharmaceutiques, mais le zèle qu'il manifeste pour accélérer les réformes n'est peut-être pas du goût de tous les oligarques. Il convient de mettre une certaine dose de nation et de patriotisme dans la solution pour la rendre plus comestible.

Il s'agit donc de "déconstuire l'Histoire de France" mais tout en jouant sur la fibre patriotique. Il s'agit d'affirmer que "Napoleon est une part d'entre nous", tout en remplaçant le peuple de France.

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On en vient à se poser la question du soft power de la révolution. A la fin de l'Ancien Régime, l'Angleterre parvint à répandre l'idéologie libérale en Europe, soft power de l'époque visant le hard power de la machine industrielle. L'historien Olivier Blanc a montré dans un livre admirable, Les hommes de Londres, la teneur de l'entrisme britannique pendant la Révolution française. Les agitateurs qui ont financé les "Black Blocks" de l'époque étaient payés par l'Angleterre. Le but était de torpiller la France de l'intérieur.

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Une fois sans rivale sur les mers du monde, la couronne anglaise eut les mains libres pour organiser le servage libéral universel, quitte à abolir l'esclavage, afin de se draper dans les habits blancs de la vertu, tout en s'octroyant l'exclusivité des taxes douanières.
Imagine-t-on que pour en finir avec l'hégémonie française, le Royaume-Uni finança ces groupes contre le royauté française puis toutes les guerres contre Napoléon à hauteur d'une somme équivalente à sept fois la masse monétaire mondiale ? C'est dire l'enjeu que représentait la mise à mort de la France dans la domination du monde. Il en vint ensuite de même avec la Russie qui devint, après la France, le rival principal du Royaume-Uni.

Ce parallèle historique, sans doute incomplet, nous montre cependant qu'une nouvelle idéologie est toujours couplée avec une nouvelle classe d'intérêt. Partout, le dispositif avance masqué d'idées de liberté. Les régimes subversifs que nous avons connus depuis la Révolution sont tous marqués par la propension au dualisme, entre le peuple et l'aristocratie sous Robespierre, entre les communistes et les non-communistes après-guerre, les winners et les losers du libéralisme anglo-saxon, les vaccinés et les non-vaccinés de la pandémie de l'ère globale. C'est l'absence d'autorité monarchiste qui rend caduque toute espèce d'empirisme organisateur. Sans cette autorité, la société organique explose et en temps de crise, le chef d'État se transforme alors en apprenti dictateur. Macron en est l'illustration parfaite.

L'Histoire montre qu'une idéologie qui cherche à calquer le principe monarchique sans en être finit toujours en diarrhée tyrannique. Le désordre qu'il engendre rend le retour à l'ordre militaire. N'oublions pas que c'est le directoire qui mit au pouvoir Bonaparte, au départ un simple général opportuniste. Après la remise à l'ordre, un pouvoir plus consensuel apparaît. Louis XVIII succède à Napoléon déclaré "hors-la-loi" par ceux qui l'avaient mis au pouvoir quelques années plus tôt... On comprend que l'oligarchie n'a pas besoin de roi ou de pouvoir légitime. Il a besoin d'idéologue convaincu pour faire le travail de sape nécessaire à la pagaille puis de retour à l'ordre.

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On notera au passage que le retour de De Gaulle se termine aussi par un désaveu ; son successeur, Pompidou, représente un peu l'équivalent de Louis XVIII, personnage poussif et consensuel. Cette séquence politique débute là encore par un entrisme idéologique dans les consciences, le communisme.

Nous vivons aujourd'hui un autre cycle dominé, lui, par l'idéologie mondialiste et l'illimitation du capital. La crise systémique qu'elle engendre entraînera-t-elle un retour à l'ordre militaire ? Puis le retour à un pouvoir plus apaisé ? Les années 2021 et 2022 ne se gêneront pas pour s'imposer comme réponse radicale.

Frédéric Andreu

contact : fredericandreu@yahoo.fr

vendredi, 23 juillet 2021

L'Iran contraint de torpiller la construction turco-britannico-israélienne dans le Caucase du Sud

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L'Iran contraint de torpiller la construction turco-britannico-israélienne dans le Caucase du Sud

Ismail Shabanov

Ex: https://www.geopolitica.ru/article/iran-vynuzhden-torpedirovat-turecko-britansko-izrailskuyu-konstrukciyu-na-yuzhnom-kavkaze

Les Iraniens voient actuellement se profiler des menaces concrètes pour leurs intérêts nationaux. Le désir de la Turquie de placer trois pays de la région sous son contrôle est lourd de conséquences pour l'Iran. Cette manoeuvre turque est fortement déguisée en "coopération", mais les Iraniens savent comment les choses se passeront à l'avenir. Ils se préparent à leur tour à affronter différents scénarios potentiels. Dans le même temps, l'Iran souhaite établir de bonnes relations avec tous les pays de la Transcaucasie, y compris l'Azerbaïdjan et la Géorgie. Mais étant donné que pendant toutes ces années, l'Azerbaïdjan a mené une politique de double jeu vis-à-vis de l'Iran, étant sous l'influence indéniable d'Israël, de la Turquie et du Royaume-Uni, il est stratégiquement important pour les Iraniens d'avoir de bonnes et étroites relations avec l'Arménie. Et si la Turquie, ainsi que l'Azerbaïdjan, sont déjà impatients de pénétrer dans des zones stratégiques de l'État arménien, l'Iran a tout intérêt à prendre de l'avance. L'Iran est l'État qui peut changer l'équilibre dans la région. Le rôle de l'Arménie dans ce domaine pourrait ne pas être négligeable.

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Les huit dernières années du gouvernement d'Hassan Rouhani ont laissé l'Iran avec des pertes de position importantes dans le Caucase du Sud. Les Iraniens, sous la direction du nouveau président Ibrahim Raisi, sont certains de rectifier la situation.

La République d'Arménie est un pays où il n'y a pas de sentiment anti-iranien, et où il n'a pas été imposé, comme en Azerbaïdjan. Alors qu'en Azerbaïdjan, ce sentiment, hostile à Téhéran, se situait au niveau d'une politique d'État quelque peu tenue secrète; en Arménie, sous tous les chefs d'État, les relations avec l'Iran ont été entretenues avec soin. Les forces politiques arméniennes, tant pro-occidentales que pro-russes, ont une attitude plus que positive envers l'Iran. Chacun en Arménie comprend l'importance stratégique de relations amicales avec l'Iran. En Azerbaïdjan, c'est le contraire. L'Azerbaïdjan ne sera jamais autorisé à se rapprocher de l'Iran au point que les Iraniens puissent influencer la politique intérieure du pays. La nature même de l'Azerbaïdjan actuel est exactement la même. En fait, cette république a été créée pour consolider un projet anti-iranien. 

C'est donc, à notre avis, cette orientation vitale vers l'Iran que l'Arménie devra protéger de tout torpillage. Et cette direction ne manquera pas d'être mise sous pression, étant donné qu'elle est l'une des artères les plus importantes soutenant le statut d'État et la souveraineté de l'Arménie. L'Occident collectif a simplement besoin de créer un front anti-iranien monolithique dans le Caucase du Sud. Toutefois, il faut comprendre que l'intérêt de l'Iran pour la survie et le renforcement de l'Arménie est conditionné par des questions de sécurité stratégique.

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Pour approfondir le thème du renforcement des relations entre l'Arménie et l'Iran, que nous avons déjà abordé, il convient également de noter l'intérêt qu'a l'Iran à tendre la main à la Géorgie par l'intermédiaire de l'Arménie. Personne n'a jamais annulé l'intérêt que cultive l'Iran pour l'accès à la mer Noire. Et naturellement, l'Iran construira ce corridor à travers le territoire de l'Arménie. Et il ne s'agit pas seulement de savoir quelle route est la moins chère, mais l'Iran est naturellement intéressé par cette route qui passe par l'Arménie, car c'est, pour lui, une route alternative.

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La voie ferrée nord-sud qui traverse la région de Talysh en Iran et en Azerbaïdjan aura sa propre utilité. Certaines forces en coulisse ont tenté de torpiller cette voie, en essayant d'entraver par tous les moyens le rapprochement des échanges entre la Russie et l'Iran. En outre, la question se pose de savoir pourquoi se rendre en Iran en faisant un détour par toute la zone frontalière entre l'Azerbaïdjan et l'Iran, en passant par l'Arménie et le Nakhitchevan Julfa, s'il existe une voie ferrée menant directement à Astara en Iran ? En outre, on ne sait toujours pas comment et quand la question du corridor traversant l'Arménie vers la Turquie sera résolue.

Quant à la sortie vers la Géorgie via l'Arménie, il s'agit déjà d'une autre route, qui ne dépend ni de la Turquie ni de l'Azerbaïdjan. Le renforcement des liens avec l'Iran est également nécessaire pour que la Géorgie puisse équilibrer l'influence turque à long terme. La branche iranienne via l'Arménie et la Géorgie vers la mer Noire et plus loin vers l'Europe peut également devenir un débouché alternatif vers la Russie, et en particulier vers le Caucase du Nord.

L'Arménie, pour sa part, est extrêmement intéressée par ces constructions régionales, lorsqu'elle devient un pays clé alternatif pour l'Iran (et pas seulement) pour atteindre l'Europe et la Russie. Une route reliant la mer Noire au golfe Persique et à l'océan Indien serait d'une grande importance pour l'Iran, l'Arménie et la Géorgie. 

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Le principal problème de l'Arménie est sa position géographique. Elle n'a donc pas d'accès à la mer, ce qui réduit considérablement son statut d'acteur et ses possibilités commerciales et économiques. L'accès de l'Iran à la mer Noire via la Géorgie contribuerait à accroître le chiffre d'affaires commercial de l'Arménie, en diversifiant sa dépendance éventuelle à l'égard des marchandises turques. L'Arménie doit donc disposer des infrastructures appropriées pour le transit des marchandises.

En raison de l'histoire et de la géographie, l'Iran est actuellement entouré de pays où le facteur britannique est fort - Turquie, Azerbaïdjan, Kazakhstan et Pakistan. La précédente administration iranienne a activement flirté avec les Britanniques, sapant ainsi la ligne conservatrice et trahissant les idéaux de la révolution islamique en échangeant la souveraineté du pays contre des primes personnelles.

La question du "brûlage" de la ligne britannique est une priorité pour les conservateurs iraniens, pour le nouveau gouvernement. La Turquie ayant toujours fait office de bélier pour les élites britanniques, la pression sur les intérêts iraniens dans la région a donc été exercée par son intermédiaire. Dans ce cas, nous faisons référence au projet du "Grand Turan", par lequel non seulement l'Iran, mais aussi la Russie sont marginalisés en tant qu'acteur régional.

Il convient de noter que l'affaiblissement des réseaux régionaux britanniques résultera principalement de la rupture de la construction du panturquisme directement sur le territoire iranien et de la punition de toutes les personnes qui ont travaillé directement pour la Grande-Bretagne au sein du système iranien. Cela entraînera une pression de l'extérieur, notamment selon des critères ethniques, mais elle sera de courte durée. Selon les experts iraniens, le système énergétique iranien a besoin d'un nettoyage total et d'une remise à zéro, ce qui devrait se produire sous la nouvelle administration d'Ibrahim Raisi.

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La mer Caspienne joue également un rôle important pour l'Iran, tant en termes de sécurité que d'économie - il s'agit d'une liaison maritime directe, principalement vers la Russie. C'est pourquoi les cinq États riverains de la mer Caspienne ont signé la convention sur le statut de la mer Caspienne, afin d'empêcher les acteurs extérieurs de pénétrer dans ces eaux. Ankara poussant activement ses intérêts vers l'est, en Asie centrale, la question de la sécurité se pose à nouveau. 

Il ne faut pas oublier que la Turquie est membre de l'OTAN et que l'apparition de toute unité militaire turque dans les zones côtières de la Caspienne menace directement la sécurité de la Russie et de l'Iran. La Turquie tente actuellement de négocier avec le Turkménistan, par l'intermédiaire de l'Azerbaïdjan, la construction d'un gazoduc sur le lit de la mer Caspienne, qui pourrait transiter par l'Azerbaïdjan jusqu'en Turquie, ce qui renforcerait le statut de plaque tournante énergétique de la Turquie (Turkish Stream, TAP, TANAP).

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En cas d'accord, la partie turque pourrait soulever la question de la protection du champ ou de la sécurité elle-même pendant la construction de l'oléoduc, ou commencer à mener des exercices conjoints avec le MES azerbaïdjanais sur la protection des mêmes plateformes pétrolières en cas d'attaques terroristes, ce qui implique de pratiquer des efforts conjoints.

Pour l'Iran, il y a aussi le problème du facteur israélien dans les pays voisins ou régionaux. De plus, la situation montre que les Israéliens travaillent de concert avec les Britanniques. Par exemple, Israël achète beaucoup aux Kazakhs, jusqu'à 25 % des importations totales en 2009 (un chiffre qui ne cesse de circuler dans les narrations et les informations israéliennes), et est le cinquième partenaire commercial du Kazakhstan; le commerce entre les pays se développe activement. Même le scandale des armes, lorsque le Kazakhstan s'est vu vendre de grandes quantités d'armes de qualité inférieure et défectueuses, n'a pas compliqué les relations.

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Israël entretient une relation particulière avec l'Azerbaïdjan, voisin du Kazakhstan de l'autre côté de la mer Caspienne. Outre 40% des importations de pétrole azéri, Israël vend aussi activement ses armes à Bakou, notamment ces mêmes drones (autour desquels un scandale a également éclaté, mais il n'a pas été médiatisé par les médias azéris). Mais Israël, tout d'abord, mise sur l'Azerbaïdjan, et en parle ouvertement, pour en faire une plateforme anti-iranienne. Le panturquisme, en tant que projet anti-russe et anti-iranien, est absolument en phase avec les intérêts d'Israël dans la région. En outre, Israël renforce sa position dans les pays du Turan - Turquie, Azerbaïdjan et Kazakhstan, qui pourraient à l'avenir constituer un itinéraire pour le projet de la Grande route de la soie. Israël disposait autrefois d'une base de drones en Azerbaïdjan pour recueillir des informations sur le territoire iranien. 

Israël tente donc de faire d'une pierre deux coups : seller la route commerciale, qui pourrait devenir très lucrative à long terme, et pénétrer dans le ventre de l'Iran en affaiblissant la position de son périmètre.

Les États-Unis ont toujours été le principal soutien d'Israël, assurant sa sécurité financière et militaire. Cependant, un fossé s'est récemment creusé entre les élites juives américaines et Israël lui-même en raison d'idéologies et de visions différentes des projets dans la région du Moyen-Orient. La scission était déjà évidente sous le président américain Barack Obama, lorsque l'idée de mettre un terme au projet israélien a commencé à apparaître dans les cercles d'experts, alors que les cercles juifs libéraux américains tentaient d'attirer l'Iran pour le détruire de l'intérieur. Les manifestations qui ont eu lieu en Iran en 2009 ont coïncidé avec l'élection de Barack Obama à la présidence. Dès lors, une promotion active des valeurs libérales en Iran a commencé à ce moment-là, ce qui a finalement conduit à la victoire du réformateur Hassan Rouhani en 2013.

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Le système et la société iraniens ont subi d'importants changements au cours des deux mandats du président, mais la société iranienne a conservé sa foi dans les idéaux de la révolution islamique. Quelle ironie ! Après le départ des démocrates (libéraux) des postes de direction, le républicain Donald Trump est arrivé au pouvoir et s'est opposé aux réformateurs iraniens. Aujourd'hui, la situation a changé, avec l'arrivée des conservateurs au pouvoir en Iran et le retour des démocrates au pouvoir aux États-Unis, qui se concentrent toujours sur le démantèlement d'Israël.

La situation est telle que les États-Unis desserrent indirectement les mains de l'Iran sur la question d'Israël. De plus, Washington a déjà ouvertement déclaré qu'il n'aiderait pas Israël en cas de guerre. Sans soutien extérieur, le projet (et c'est précisément le projet !) d'Israël sera arrêté ; ce n'est qu'une question de temps.

Le démantèlement du soutien à Israël ne signifie pas la destruction physique, mais simplement la désintégration de l'État en tant que système, avec toutes ses conséquences. Mais il y aura inévitablement un exode de la population vers l'étranger en cas de menace critique, lorsque l'État sera incapable de remplir un certain nombre de ses fonctions.

Naturellement, la question se pose: où déménager ? Les élites juives ont toujours existé sous la forme d'élites en réseau (la diaspora), mais les personnes qui ne veulent pas la fermeture du projet Israël souhaitent aujourd'hui le transférer sur un autre territoire.

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Et il y a un tel territoire. Depuis un certain temps, les "têtes parlantes" - experts, analystes, etc. - développent et promeuvent activement l'idée d'une proximité ethnique entre les peuples azerbaïdjanais et juif par le biais des Khazar-Türk nomades, qui se sont convertis au judaïsme (il est intéressant de noter qu'à une époque, Israël a également développé activement l'idée de liens ethniques avec les Tchétchènes), affirmant que les peuples frères liés par des traditions séculaires, les Azerbaïdjanais et le multiculturalisme sont identiques, et ainsi de suite, dans le cadre d'une propagande visant à donner une image positive d'Israël et de ses intérêts dans la région. Il convient de rappeler que ces communautés, parmi lesquelles se trouvent des descendants des Kohen et des Lévites, sont considérées comme de véritables Juifs. Ils n'existent pas en Azerbaïdjan.

Si vous regardez la prétendue carte de la Khazaria, le territoire de l'Azerbaïdjan n'en occupe qu'une petite partie, la majeure partie du Kaganat couvrait le Caucase du Nord, la région de la Volga, la Crimée, une partie de l'Ukraine, une partie du Kazakhstan. Pourquoi l'Azerbaïdjan ?

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Parce que l'Azerbaïdjan se trouve au carrefour des routes, qu'il est le point clé des projets de la route Nord-Sud et de la Grande route de la soie, qu'il a accès à la mer Caspienne, qu'il a des frontières avec l'Iran et la Russie, qu'il bénéficie des meilleures conditions climatiques et qu'il est l'État le plus fort du Caucase du Sud.

Mais même si le projet "Khazaria" peut fonctionner malgré l'opposition de la Russie et de l'Iran, pour une réinstallation complète des Israéliens, même en quelques vagues, des conditions préalables sont nécessaires, notamment le désir de la plupart des Azerbaïdjanais de participer à un tel projet. Et cela est impossible sans créer de l'instabilité et briser les structures étatiques du pays. Pour ce faire, il faudrait créer en Azerbaïdjan une situation proche de la défragmentation ou de la fédéralisation, ce qui nécessiterait l'implication de forces radicales extérieures au pays.

Un tel projet est difficile à mettre en œuvre, mais très efficace du point de vue des élites juives à la sortie, ce qui leur permettra de contrôler les flux financiers et commerciaux dans un climat agréable.

Compte tenu de tout ce qui précède, et après avoir sondé l'humeur des politiciens et des experts iraniens, on peut conclure que l'Iran, sous le nouveau gouvernement, remodèlera sa politique dans la région et que les coûts passeront au second plan. C'est une question de sécurité stratégique. Et toute connivence est porteuse de plus grandes pertes. Un équilibre doit être rétabli dans le Caucase du Sud, et il est indéniable qu'il est rompu. L'Iran est simplement contraint de renforcer sa position en Arménie et en Géorgie, ainsi que de rétablir sa position en Azerbaïdjan, et il est probable qu'il agisse ainsi comme un destructeur de la construction turco-britannico-israélienne. Et il est probable que la Russie soutienne cette politique iranienne afin de rééquilibrer le pouvoir dans la région, ou qu'elle reste simplement à l'écart. Sous le nouveau président iranien, les relations bilatérales devraient s'intensifier rapidement. On en voit déjà certains signes, notamment le soutien russe à l'Iran sur la scène internationale. 

La Russie et l’Allemagne gagnent la partie au sujet du Nord Stream 2

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La Russie et l’Allemagne gagnent la partie au sujet du Nord Stream 2

Par Moon of Alabama & https://lesakerfrancophone.fr/la-russie-et-lallemagne-gagnent-la-partie-au-sujet-du-nord-stream-2

La guerre de sanctions que les États-Unis ont menée contre l’Allemagne et la Russie au sujet du gazoduc Nord Stream 2 s’est terminée par la défaite totale des États-Unis.

La tentative américaine de bloquer ce gazoduc s’inscrivait dans le cadre de la campagne anti-russe massive menée au cours des cinq dernières années. Mais elle était fondée sur une fausse hypothèse. Le gazoduc n’est pas tant à l’avantage de la Russie, il est par contre important pour l’Allemagne, comme je l’ai décrit dans un précédent article :

Ce n'est pas la Russie qui a besoin du gazoduc. Elle peut gagner autant en vendant 
son gaz à la Chine qu'en le vendant à l'Europe. ...

C'est l'Allemagne, la puissance économique de l'UE, qui a besoin du gazoduc et

du gaz qui y circule. En raison de la politique énergétique malavisée de la
chancelière Merkel - elle a mis fin à l'énergie nucléaire en Allemagne après
qu'un tsunami au Japon a détruit trois réacteurs mal placés - l'Allemagne a un
besoin urgent de gaz pour éviter que les prix déjà élevés de son électricité
n'augmentent encore. Le fait que le nouveau gazoduc contourne les anciens qui passent par l'Ukraine
profite également à l'Allemagne, et non à la Russie. L'infrastructure des
gazoducs en Ukraine est ancienne et en voie de délabrement. L'Ukraine n'a pas
d'argent pour la renouveler. Politiquement, elle est sous l'influence des États-Unis.
Elle pourrait utiliser son contrôle sur le flux d'énergie vers l'UE pour faire du
chantage. (Elle a déjà essayé une fois.) Le nouveau gazoduc, posé au fond de la
mer Baltique, ne nécessite aucun paiement pour traverser les terres ukrainiennes
et est à l'abri de toute influence malveillante potentielle.

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Peut-être que la chancelière Merkel, lors de sa récente visite à Washington DC, a finalement réussi à expliquer cela à l’administration Biden. Mais il est plus probable qu’elle ait simplement dit aux États-Unis d’aller se faire voir. Quoi qu’il en soit, le résultat est là. Comme le rapporte aujourd’hui le Wall Street Journal :

Les États-Unis et l'Allemagne ont conclu un accord permettant l'achèvement du 
gazoduc Nord Stream 2, selon des responsables des deux pays. Dans le cadre de cet accord en quatre points, l'Allemagne et les États-Unis
investiront 50 millions de dollars dans des infrastructures ukrainiennes de
technologie verte, dans les énergies renouvelables et les industries connexes.
L'Allemagne soutiendra également les discussions sur l'énergie dans le cadre
de l'Initiative des trois mers, un forum diplomatique réunissant l'Europe centrale.
[Volontée polonaise, NdSF] Berlin et Washington s'efforceront également de faire en sorte que l'Ukraine
continue de percevoir les quelque 3 milliards de dollars de droits de transit
annuels que la Russie verse dans le cadre de l'accord actuel avec Kiev, qui
dure jusqu'en 2024. Les responsables n'ont pas expliqué comment s'assurer que
la Russie continue à effectuer ces paiements. Les États-Unis conserveraient également la prérogative de lever des sanctions
futures sur les gazoducs, dans le cas d'actions considérées comme représentant
une coercition énergétique de la part de la Russie, ont déclaré des responsables
à Washington.

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L’Allemagne va donc dépenser de la menue monnaie pour racheter, avec les États-Unis, quelques entreprises ukrainiennes actives dans le domaine de l’énergie solaire ou éolienne. Elle « soutiendra » certaines discussions non pertinentes en payant peut-être le café. Elle promet également d’essayer quelque chose qu’elle n’a aucune chance de réussir.

Tout cela n’est que de la poudre aux yeux. Les États-Unis ont vraiment abandonné, sans rien recevoir en échange pour eux-mêmes ou pour leur régime client en Ukraine.

Le lobby ukrainien au Congrès sera très mécontent de cet accord. L’administration Biden espère éviter un tollé à ce sujet. Hier, Politico a rapporté que l’administration Biden avait préventivement demandé à l’Ukraine de ne plus parler de cette affaire :

Au milieu de négociations tendues avec Berlin au sujet d'un gazoduc controversé 
reliant la Russie à l'Allemagne, l'administration Biden demande à un pays ami de
taire son opposition véhémente. Et l'Ukraine n'est pas contente. Les responsables américains ont fait savoir qu'ils avaient renoncé à stopper le
projet, connu sous le nom de gazoduc Nord Stream 2, et qu'ils s'efforcent désormais
de limiter les dégâts en concluant un grand accord avec l'Allemagne. Dans le même temps, les responsables de l'administration ont discrètement exhorté
leurs homologues ukrainiens à ne pas critiquer le futur accord avec l'Allemagne
concernant le gazoduc, selon quatre personnes ayant eu connaissance de ces conversations. Les responsables américains ont indiqué que le fait de s'opposer publiquement à l'accord
à venir pourrait nuire aux relations bilatérales entre Washington et Kiev, ont précisé

ces sources. Les responsables ont également exhorté les Ukrainiens à ne pas discuter
des plans potentiels des États-Unis et de l'Allemagne avec le Congrès.

Si Trump avait passé un tel accord, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, aurait demandé un autre impeachment.

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Le président ukrainien Zelensky est furieux de cet accord et de s’être fait dire de se taire. Mais il ne peut guère faire autrement que d’accepter le prix de consolation que l’administration Biden lui a proposé :

La pression exercée par les responsables américains sur les responsables ukrainiens 
pour qu'ils ne critiquent pas l'accord final conclu par les Américains et les Allemands,
quel qu'il soit, se heurtera à une résistance importante. Une source proche du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déclaré que la position
de Kiev est que les sanctions américaines pourraient encore empêcher l'achèvement
du projet, si seulement l'administration Biden avait la volonté de les utiliser aux
stades de la construction et de la certification. Cette personne a déclaré que Kiev
reste farouchement opposée au projet. Entre-temps, l'administration Biden a donné à M. Zelensky une date pour une
réunion à la Maison Blanche avec le président, plus tard cet été, selon un haut
fonctionnaire de l'administration.

Nord Stream 2 est prêt à 96 %. Les essais commenceront en août ou septembre et, dès la fin de l’année, il devrait livrer du gaz à l’Europe occidentale.

Les discussions sur la construction d’un Nord Stream 3 devraient bientôt commencer.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

La guerre culturelle en Europe : l’intention libérale devient illibérale

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La guerre culturelle en Europe: l’intention libérale devient illibérale

Le point évident sur lequel Bruxelles ferme les yeux est qu’il n’existe aucun mandat populaire pour annuler la culture européenne établie de longue date.

Par Alastair Crooke

Source: Strategic Culture & https://lesakerfrancophone.fr/la-guerre-culturelle-en-europe-lintention-liberale-devient-illiberale

Quos Deus vult perdere prius dementat – un dicton datant d’environ 450 avant Jésus-Christ dit : « Ceux que les dieux veulent détruire … ils les rendent d’abord fous ». Ces mots résument en quelque sorte la manière dont les premiers Grecs, d’Homère aux grands tragédiens, concevaient la relation entre « les dieux » (ici les forces psychiques invisibles qui nous façonnent) et la sphère humaine au sens large.

Cette phrase exprime également une certaine vérité, dans la mesure où elle suggère que les hommes puissants deviennent souvent responsables de leur propre chute – dans la mesure où ils embrassent une certaine « folie », celle d’être aveugle à l’évidence. (Le viol de Lucrèce de Shakespeare explique précisément comment un homme puissant peut faire s’écrouler « le ciel et l’enfer » sur sa propre tête).

Il s’agit ici de suggérer que le péché d’hubris – si profondément ancré dans l’ensemble de l’entreprise humaniste séculaire et illustré par l’UE – a conduit de nombreux leaders culturels et politiques européens influents à devenir « fous » dans le sens où ils sont aveugles aux conséquences évidentes de leurs actions.

Tout d’abord, ils ont conduit de nombreux Européens au bord de la folie en essayant de s’appuyer sur la « guerre » contre le Covid pour imposer un ethos de soumission de temps de guerre à un commandement centralisé de la « guerre ». En tant que stratégie, elle aurait pu être quelque peu convaincante, si ce n’était l’incompétence totale avec laquelle le « commandement » de l’UE a géré la campagne de distribution des vaccins, et le caprice avec lequel les confinements ont été imposés, levés puis réimposés arbitrairement.

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Le fait que tout cela faisait partie intégrante d’un « projet pilote » secret pour une ingénierie sociale et économique plus large (un reset) de la sphère publique a été révélé, premièrement, par le fait que le commandement de l’UE a « fétichisé » de manière si évidente ses « révolutions » verte et LGBTQI.

Et, deuxièmement, lorsque Christine Lagarde a placé cette semaine l’« urgence » climatique au centre même de la politique de la BCE. Désormais, les achats d’obligations de la BCE seront dirigés vers les seuls actifs éligibles, c’est-à-dire vers les obligations vertes conformes aux objectifs ESG de l’UE. L’assouplissement quantitatif des obligations d’entreprises s’est révélé être un mécanisme de contrôle extrêmement efficace pour les banques centrales, en limitant l’accès aux capitaux pour les « mauvais acteurs ».

Ambrose Evans-Pritchard note qu’aujourd’hui encore, le « commandement » de l’UE ne semble pas être en mesure de se ressaisir:

L’Europe a encore une fois mal évalué les contours, les temporalités et les politiques de la pandémie. De vastes pans du continent connaîtront une quatrième vague incontestable d’ici la fin du mois, avant qu’ils ne soient suffisamment vaccinés pour en ignorer les conséquences médicales. Ce sera difficile à expliquer. Les cas de Covid en Catalogne dépassent actuellement les niveaux britanniques par habitant, et le taux de reproduction R est supérieur à 2,0. Le Portugal suit la trajectoire du Royaume-Uni avec seulement un léger retard, tandis que le ministre français de la santé, Olivier Veran, affirme que son pays pourrait être submergé d’ici fin juillet.

Pourtant, les frontières intérieures de l’Europe restent largement ouvertes. L’impératif de sauver la saison touristique de cette année a paralysé les dirigeants politiques.

Nous assistons à un nouvel étalage des pathologies dysfonctionnelles de l’UE. L’Europe a sous les yeux le laboratoire du variant Delta ultra-contagieux en Angleterre depuis des semaines ; mais le système collectif de l’UE n’a pas su en tirer de leçon. Cette erreur répète ce qui s’est passé plus tôt dans l’année lorsque les politiciens ont minimisé les dangers évidents du variant Alpha du Kent, alors que le déploiement des vaccins de l’UE venait à peine de commencer… Le risque est de voir une quatrième vague longue et désordonnée se prolonger jusqu’en septembre, contaminant la rentrée française.

[Stratégiquement] Je pense que la pandémie a fondamentalement changé l’attitude de l’opinion publique allemande envers l’UE. Elle l’a fait à un moment délicat où l’Allemagne a également été poussée à effectuer d’importants transferts fiscaux par le biais du Fonds de relance de 800 milliards d’euros, initialement présenté comme un plan de secours Covid, mais en réalité un fonds de patronage pour une Commission européenne aux ambitions insatiables.

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Ce qui est clair, c’est que la Grande Réouverture de l’économie européenne et de l’été est en difficulté. Selon Jacob Nell, de Morgan Stanley, l’impact sur le PIB pourrait être de 1,5 % pour l’Italie, de 1,7 % pour le Portugal, de 2,3 % pour la Grèce et de 2,5 % pour l’Espagne dans un « scénario sévère ».

Cela ne constitue peut-être pas la fin du monde en soi, mais cela représente néanmoins un nouveau choc asymétrique pour des électorats déjà malmenés et fatigués par le confinement. De manière plus pertinente, cette situation va exacerber les lignes de clivage existantes, notamment par le biais de la « guerre du choix » de l’Europe : son adhésion à une révolution culturelle totale.

Avec sa culture de la démocratie de type woke, LGBTQI, des révolutions des droits de l’homme et de l’urgence climatique, l’UE s’est gratuitement aliénée la Russie et la Chine (dont elle a besoin pour sauver son économie) et a choisi de lancer une guerre culturelle interne contre la Hongrie et divers autres États de l’UE en raison de leur réticence à approuver la culture woke, mais plus particulièrement de leur rejet du projet de société ouverte de l’UE qui utilise l’immigration pour diluer l’homogénéité ethnique.

Selon Politico (UE), « les libéraux veulent en faire une épreuve de force dans la lutte contre la discrimination à l’égard des personnes homosexuelles en Hongrie. Ils vont lancer un appel pour que des conséquences réelles soient formalisées : « Le Conseil doit déclencher l’article 7 contre ce gouvernement hongrois » » .

Malheureusement, l’escalade des querelles culturelles risque de dominer la politique européenne, comme c’est le cas aux États-Unis. Les fractures ne resteront pas entre les États, comme la guerre de l’UE contre Orbán, mais seront à l’intérieur des États, ainsi qu’entre eux.

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Frank Luntz (photo), militant de longue date du parti républicain, cite les profondes divisions dans l’attitude des électeurs au Royaume-Uni comme preuve de la contagion venant des États-Unis. Bien que la politique britannique soit aujourd’hui conditionnée par le Brexit, il est peu probable que les électorats européens, en particulier dans les pays de l’Est culturellement plus conservateurs, échappent à un processus similaire de fracturation.

Le point de Luntz ici est que la Grande-Bretagne est de plus en plus divisée selon des lignes « woke » contre « non-woke », plutôt que par les tensions sociales et culturelles traditionnelles, comme entre le nord et le sud, les villes et les zones rurales, et même les hommes et les femmes.

Dans son étude, qui a été rapportée pour la première fois dans le Times, sous le titre « La guerre culturelle est la plus grande source de divisions parmi les votants », environ 81% des électeurs conservateurs étaient d’accord avec l’idée que le Royaume-Uni était une nation reflétant l’égalité et la liberté, tandis que 19% seulement déclaraient que la nation était « institutionnellement raciste et discriminatoire ». En revanche, parmi les partisans travaillistes, seuls 52 % considèrent le Royaume-Uni comme un bastion de la liberté, tandis que 48 % déclarent que le pays souffre de racisme systémique.

Interrogées spécifiquement sur la culture de l’annulation, 40 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles pensaient que ce phénomène social servait de « police de la pensée et de la parole », tandis que 25 % l’ont soutenue, affirmant que ceux qui tiennent des propos sexistes ou racistes devraient « en subir les conséquences ».

Selon Luntz, ces résultats constituent un « drapeau rouge » évident : « Lorsque vous avez décidé que votre pays est institutionnellement raciste et discriminatoire, vous ne revenez normalement pas en arrière », prédisant que le gouffre divisant les électeurs ne ferait que se creuser avec le temps. Selon lui, il est probable que d’ici six mois à un an, les « dégâts » causés par des opinions aussi radicalement différentes sur ce que représente le Royaume-Uni conduiront au même vaste bouleversement social que celui qui se produit déjà aux États-Unis.

« Le problème avec le woke[nisme] et avec la culture de l’annulation, c’est qu’on n’en a jamais fini. Le conflit et les divisions ne finissent jamais », a déclaré Luntz. « Ce n’est pas ce que veut la population du Royaume-Uni – mais cela arrive quand même ».

Le point très évident sur lequel Bruxelles, pleine d’hubris, ferme les yeux est qu’il n’y a pas de mandat populaire ou d’enthousiasme pour annuler la culture européenne établie de longue date. Même aux États-Unis, la moitié de la population la rejette, et pourrait se montrer prête à la combattre – peut-être littéralement.

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Cela signifie que les classes dirigeantes de Bruxelles « deviennent folles » – dans le sens où elles sont aveugles aux conséquences évidentes de ce qu’elles font. L’Europe a déjà connu une « guerre » de la culture de l’annulation, lorsque les envahisseurs Francs de Rome, imprégnés de l’exceptionnalisme de l’Ancien Testament, sont entrés en guerre contre tout ce qui était « païen », c’est-à-dire tout ce qui n’était pas aligné sur la nouvelle doctrine chrétienne.

Ce qu’il faut retenir, c’est que lorsque le christianisme a été imposé dans le « monde » romain (en 323 après J.-C.), les chrétiens étaient une minorité, opposée à une ancienne métaphysique, à d’anciennes façons d’être, qui existaient depuis des milliers d’années. Il a fallu quatre siècles d’oppression totale – comme le fait de brûler vifs des dissidents pour éclairer l’arène du Colisée – pour expurger l’ancienne compréhension. Malgré cela, l’ancienne compréhension n’a jamais été définitivement détruite. Elle est devenue « souterraine » et elle existe toujours.

La bibliothèque d’Alexandrie, qui contenait les seuls textes de l’ancienne théosophie, a été brûlée sur ordre de l’évêque chrétien. Sa gardienne philosophe, la belle Hypatie, a été écorchée vive par la foule ; dans tout l’Empire, des livres païens ont été « dénoncés », condamnés et brûlés ; des professeurs ont été « radiés » et leur enseignement dénoncé ; des temples et des biens « païens » ont été expropriés ; des croix chrétiennes ont été gravées sur des statues grecques.

Sous Justinien (527 à 565), la tolérance à toute religion autre que le christianisme prend fin. Le dernier temple égyptien – dédié à la déesse Isis, sur une île du sud de l’Égypte – est fermé en 526. La légendaire Académie de Platon – qui comptait pas moins de 900 ans d’enseignement à son actif – a été fermée à Athènes en 529.

Pour être clair, alors que l’adoption des valeurs chrétiennes était en hausse au cours de ces premiers siècles, sa facette opposée – le christianisme (en tant qu’autorité illibérale et en tant que projet de pouvoir) – est devenue l’outil politique utilisé pour fusionner la papauté avec l’Empire, et l’outil avec lequel établir le féodalisme.

De nombreux libéraux européens contemporains sont clairement bien intentionnés dans leur désir de parvenir à la justice sociale. C’est un objectif admirable. Mais en fin de compte, lorsqu’on se lance dans une guerre culturelle sans mandat populaire, ce qui commence comme « libéral » finit comme illibéral. C’est la nature de la guerre culturelle. En fin de compte, la lutte culturelle devient une « couverture » utilitaire, qui cache un projet politique.

Les classes dirigeantes de l’UE sont-elles vraiment aveugles à ces conséquences, ou se réjouissent-elles secrètement de l’illibéralisme inhérent à la guerre, comme l’outil qui leur permettra de fonder leur empire européen centralisé – tout comme les Francs ont utilisé l’autoritarisme de l’Ancien Testament pour fonder la dynastie carolingienne ?

Alastair Crooke

Traduit par Zineb, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

mercredi, 21 juillet 2021

La moralinocratie de l’UE super-wokeniste : il est temps de prendre la guerre culturelle européenne au sérieux

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La moralinocratie de l’UE super-wokeniste : il est temps de prendre la guerre culturelle européenne au sérieux

Le monde globaliste, pour les quelques personnes qui aspirent à s’enrichir, est considéré comme une véritable corne d’abondance de satisfactions matérielles innombrables.

Par Alastair Crooke

Source: https://lesakerfrancophone.fr/ & Strategic Culture

À la fin du mois dernier, l’UE s’est effondrée dans une crise de nerfs affectiviste. Cela s’est produit lorsque Charles Michel, président du Conseil, a décidé d’inscrire au sommet un débat sur les LGBTQI et les valeurs de l’UE, en réaction à une lettre inquiète signée par 17 pays-membres. Le Premier ministre néerlandais Rutte a profité de ce moment pour «monter au nucléaire» (comme il l’avait promis auparavant), en déclarant avant le sommet : «Mon objectif est de mettre la Hongrie à genoux sur cette question». Et, lors du sommet lui-même, Rutte a menacé la Hongrie : ce pays doit «abroger» sa «loi anti-gay» (prétendument anti-gay) et « respecter les droits de l’homme fondamentaux ; ces exigences ne sont pas négociables, la Hongrie les accepte ou elle doit partir [de l’UE]. »

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Rutte a néanmoins reconnu : «Je ne peux pas les pousser dehors».  Il a simplement affirmé que la (prétendue) loi “anti-gay” d’Orbán «contredit gravement les valeurs que défend l’Europe», et a insisté sur le fait qu’elles n’étaient pas à débattre. Si l’UE n’agit pas maintenant, elle cessera d’être une union de valeurs et deviendra un simple bloc commercial, a insisté Rutte. Le débat a ensuite pris une tournure très personnelle et émotionnelle :

«Nous nous connaissons depuis huit ans, mais cela me blesse», a déclaré Xavier Bettel à Orbán dans la salle du sommet. Le Premier ministre luxembourgeois est marié à un homme et a été l’un des initiateurs de la lettre de protestation des 17 États. «Je ne suis pas devenu gay. Je le suis. Ce n’est pas un choix… Ma mère me déteste pour cela. Ce [projet de loi hongrois] est très mauvais. C’est stigmatisant», a-t-il déclaré, selon des responsables. «Je vous respecte, mais c’est une ligne rouge. Il s’agit de droits fondamentaux, du droit d’être différent».

Eh bien, voilà : la guerre culturelle, et sa compagne, – la guerre contre le “populisme”, – gronde, attisée désormais par un vent de tempête. Comme en Amérique, elle aura de profondes conséquences, et donnera lieu à de vives tensions internes.

Le début de cette “guerre” remonte aux années 1990, lorsque la Hongrie et la Pologne «ont mené l’Europe de l’Est dans la thérapie de choc économique, en poussant les réformes du marché au-delà de ce que leurs conseillers occidentaux exigeaient. Mais sur le plan culturel, les droites polonaise et hongroise ont choisi une voie plus conservatrice». En particulier, plutôt que d’ouvrir les frontières de son pays pour compenser le déclin démographique, Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, a considéré la famille traditionnelle comme la voie royale pour stimuler la croissance nationale. Depuis 2010, qui a marqué le début du rôle d’Orbán en tant que Premier ministre, le nombre de mariages chez les Hongrois a augmenté de 89,5% ; et le taux de fécondité est en hausse.

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Ces deux États continuent néanmoins de se considérer comme profondément européens même s’ils se sont éloignés de la promotion par l’UE du cosmopolitisme comme finalité culturelle primordiale, à réaliser par l’ouverture des frontières et le mélange volontaire d’un grand nombre de peuples différents qui en découle.

Orbán est loin d’être le seul à adopter une position traditionaliste. À Rome, par exemple, le Vatican a pris l’initiative inhabituelle d’entreprendre une démarche diplomatique auprès du gouvernement italien concernant un projet de loi. Cette loi, connue sous le nom de “projet de loi Zan” (du nom du législateur militant pour l’homosexualité Alessandro Zan), a été approuvée l’année dernière par la Chambre basse du Parlement italien et fait depuis l’objet d’un débat acharné au Sénat. Le projet de loi qualifie explicitement la violence à l’encontre des personnes LGBTQI de crime de haine, l’assimilant à une attaque raciale ou antisémite, et prévoit des sanctions sévères en cas d’infraction. Le leader de la Ligue (le parti), Salvini, a déclaré que cette loi punirait ceux «qui pensent qu’une maman est une maman et qu’un papa est un papa». De nombreux Italiens ordinaires seraient d’accord.

Même les parents des élites progressistes sont inquiets, – comme en témoigne la démarche du Vatican, – car ils voient la communauté progressiste de méritocratie qu’ils imaginaient se métamorphoser en une sorte de « moralinocratie » super-wokeniste. Et ce n’est peut-être qu’une question de temps avant que les tests académiques ne soient abolis au nom de la lutte contre le racisme. «Alors comment diable êtes-vous supposé faire entrer votre fille à Oxford, si elle est blanche ? Payer un chirurgien wokeniste (à moins que l’assurance sociale couvre cette intervention) pour procéder à l’ablation de ses seins à l’âge de seize ans, – voilà la nouvelle ‘cool-attitude’». Abigail Shrier en parle dans son nouveau livre Irreversible Damage: The Transgender Craze Seducing Our Daughters. De nombreux parents sont au bord de la crise de nerfs.

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Et, comme en Amérique, les parents n’apprécient pas non plus que l’on enseigne à leurs enfants la Théorie critique de la race (TCR). Cette dernière est issue d’une école de pensée d’intellectuels marxistes de l’après-révolution russe désappointés du fait que la révolution communiste n’avait pas balayé l’Europe, comme Marx l’avait prédit. Cette “théorie de la race” révisionniste a actualisé Marx en transformant la lutte des classes en une lutte entre «ceux qui ont le pouvoir dans la société et ceux qui ne l’ont pas».

Les deux variantes marxistes s’appuient pourtant sur le même dualisme perturbateur de l’oppresseur contre l’opprimé, pour provoquer le conflit entre les couches de la société. Et c’est bien le cas : on apprend à une jeune génération en rupture et en désaccord avec ses parents, à considérer ceux-ci comme des racistes congénitaux.

La semaine dernière, l’UE a déclaré la guerre à ces angoisses parentales. Elle a pris le parti de la TCR et a brandi la cause des LGBTQI.

C. J. Hopkins, que Matt Taibbi a un jour décrit comme une version post-soviétique d’un écrivain самиздат (c’est-à-dire un écrivain si perspicace que, tôt ou tard, tant l’écrivain que ses lecteurs seront conduits en prison ! – ce qui, soit dit en passant, est un compliment de la part de Taibbi), a cherché à expliquer ce qui est en train de se passer.

Yves Smith, qui écrit sur le remarquable blog économique Naked Capitalism, développe la prophétie de Hopkins. Il écrit :

Alors que je commence à expliquer le travail de Hopkins à mes amis et voisins progressistes (encore) bien éduqués [à New York], je suis surpris, encore et encore, qu’ils soient sereinement inconscients de ce qui me semble si évident : la montée de la censure aux États-Unis – la censure des libéraux-progressistes ! … “Écoutez”, [écrit Hopkins en 2017, la première année de la présidence de Trump] “Je crois savoir ce que vous pensez. Mais ce n’est pas que les progressistes ne se soucient pas réellement des valeurs libérales-progressistes fondamentales, comme la liberté de la presse et de parole, – et tout le reste. C’est simplement qu’ils ont désespérément besoin que les démocrates reprennent la Chambre des représentants et le Sénat l’année prochaine, afin de pouvoir s’atteler à la mise en accusation de Trump…” “Le but de toute cette propagande [en particulier concernant le piratage russe] est de délégitimer Donald Trump”, “et de réaffirmer de manière prophylactique le monopole des classes dirigeantes néolibérales sur le pouvoir, la ‘réalité’ et la ‘vérité’.

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En pratique, le récit “la Russie a volé l’élection de Trump” a fait d’une pierre deux coups : l’un était contre Trump, l’autre contre Poutine. Pourquoi ? Eh bien, dans le capitalisme oligarchique, l’immense richesse de ce dernier est à la fois l’enclume et le marteau, sur lesquels sont forgés les récits occidentaux de la “réalité” politique. Ils “martèlent” chaque “réalité” successive. Ce n’est pas le cas en Russie et en Chine. Le pouvoir des dirigeants politiques l’emporte sur les machinations oligarchiques (ils vont à l’essentiel). Il n’en a pas toujours été ainsi. Sous Eltsine, les oligarques cosmopolites ont été à deux doigts de kidnapper littéralement la Russie, mais Poutine est entré en scène et à tout gâché. Les oligarques sont toujours tenus à distance.

Le thème principal de Hopkins est cependant la guerre contre le populisme (le sujet qui a tant absorbé les euro-élites lors de leur sommet du Conseil). Il pose la question suivante: Comment, et pourquoi, le capitalisme mondial incontrôlé a-t-il abouti à cette guerre contre le populisme ? «Le problème c’est [répond-il] … eh bien, le problème … c’est les gens.»

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Hopkins écrit, dans The Last Days of the Trumpian Reich :

Ce ne sont pas les gens riches et puissants comme eux [qui sont le problème], ni les gens dont ils ont besoin pour continuer à travailler, à consommer et à servir les intérêts de leurs prêts, mais … vous voyez, ce sont tous ces autres gens. Les gens de la classe ouvrière non éduqués, non-wokenistes. Des gens qui portent des armes et sont fanatiquement religieux. Les racistes, les théoriciens de la conspiration. Les déplorables. Les populistes, pour tout dire.

Des gens dont ils n’ont plus besoin. Ces gens ont été un problème récemment. Non seulement ils sont un frein au système, mais ils ont activement interféré avec lui, en votant pour le Brexit, en élisant Donald Trump, en refusant d’abandonner leurs valeurs traditionnelles et leurs idées dépassées (par exemple, la souveraineté nationale, la liberté d’expression et la biologie des mammifères), en refusant de se rallier à l’idéologie capitaliste mondiale , – ils sont vraiment une épouvantable plaie.

Yves Smith encore :

 Le paragraphe [ci-dessus] éclaire le travail de Thomas Frank et est éclairé par celui-ci, qui a si brillamment montré – surtout dans son chef-d’œuvre, “Listen : Liberal” – comment, depuis l’élection de notre premier président néolibéral en 1992 (qui était, de manière significative, l’année suivant l’effondrement de l’URSS), les démocrates se sont réinventés comme le parti de la classe libérale-progressiste, créative, professionnelle et gestionnaire : le parti de la méritocratie institutionnalisée, le parti, par-dessus tout, des gagnants. Alors, oui, comme une évidence, on a appris aux démocrates à être ouvertement hostiles aux “déplorables” de la classe ouvrière, comme Hillary Clinton les a officiellement nommés, à les considérer comme “une épouvantable plaie”, comme l’écrit Hopkins.

Et les déplorables sont vraiment un frein au système capitaliste mondial. (La plupart d’entre eux veulent des soins de santé gratuits, a-t-on jamais vu ça !) Beaucoup d’entre eux ont voté pour le socialiste Bernie Sanders, et, bien pire, bien pire, un plus grand nombre d’entre eux ont voté pour le “dictateur fasciste suprématiste blanc-nationaliste Nazi-Hitler » (comme l’a dit Glenn Greenwald !), c’est-à-dire Trump. Ils sont vraiment, – le fond du problème ici – des Losers avec un grand “L”.

Les progressistes, les bienpensants (comme les a appelés Thomas Frank), – les “gagnants”, donc,  – qui lisent le New York Times et le Washington Post, écoutent NPR et regardent MSNBC et CNN, qui sont allés dans de bonnes universités et ont obtenu toutes sortes de titres professionnels, sont certainement assez bien informés pour savoir que l’avenir est tout entier dans le capitalisme mondial. Et ils savent que, s’ils respectent les règles, le capitalisme mondial a une place pour eux. En outre, ils savent (ou pourraient facilement le comprendre) que le capitalisme mondial n’a pas de place pour les perdants de la vie. C’est juste de la merde puante, n’est-ce pas ?

Ainsi, lorsque la Reset, – le “Nouveau Normal” – a été dévoilé à Davos, des millions de personnes vivaient déjà une réalité dans laquelle les faits ne comptaient plus du tout, où des choses qui ne se sont jamais produites officiellement, – se sont produites. Et d’autres choses qui se sont manifestement produites ne se sont jamais produites ; pas officiellement dans tous les cas, c’est-à-dire qu’il s’agissait de théories du complot “d’extrême droite”, de “fake news”, de désinformation ou de ce qu’on veut du genre, même si les gens savaient que ce n’était pas le cas.

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Comment le Davos propose-t-il alors de faire passer l’humanité dans le “Nouveau Normal” ? Eh bien, peut-être que le Davos veut aller dans la direction opposée à la pureté épistémologique ? C’est-à-dire qu’il cherche à générer un grand nombre de réalités contradictoires, pas seulement des idéologies contradictoires mais de véritables réalités mutuellement exclusives, qui ne pourraient pas exister simultanément… ce qui pourrait quand même faire assez peur aux gens. Cela pourrait devenir la “page blanche” mentale sur laquelle pourraient être écrites les réalités délibérément fluides du genre cosmopolite et des identités auto-définies.

L’Élite oligarchique cherche maintenant à “dévaloriser” toutes les valeurs nationales restantes, à briser la cohésion nationale, – parce que son objectif logique n’est pas de créer une nouvelle idéologie (il n’en a pas besoin). Il s’agit plutôt d’imposer un ordre mercantiliste mondial unique, en commençant par la monétisation de toutes les “choses” possibles, puis leur “capitalisation” en nouveaux “actifs” financiers.

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Bien sûr, même le Reset a besoin de son récit. Il s’agit alors, – n’importe quel récit de l’establishment fait l’affaire (voyez ce “Reality Check de la BBC), – de mettre une ligne Maginot, une frontière idéologique défensive, entre “la vérité” telle que définie par les classes dirigeantes, et n’importe quelle autre contredisant leur récit.

Les “classes dirigeantes” accréditées (telle celle de Bruxelles) savent que leur succès est en grande partie rendu possible par leur enthousiasme pour les récits officiels. Leur espoir collectif est que le récit correct leur offre un espace sûr et durable. D’un côté de la ligne Maginot se trouve donc la société “normale”, l’emploi bien rémunéré, l’avancement professionnel et tous les autres avantages considérables de la coopération avec les classes dirigeantes. De l’autre côté, c’est la pauvreté, l’anxiété, la stigmatisation sociale et professionnelle, et diverses autres formes de souffrance et de discrimination.

De quel côté du mur voulez-vous être ? Chaque jour, d’innombrables façons, chacun d’entre nous se voit poser cette question et doit y répondre. Conformez-vous, et il y a une place pour vous à l’intérieur. Refusez, et … eh bien, bonne chance de l’autre côté.

Alors, à quoi ressemblera la “Conquête d’Absolument Tout” de l’oligarchie mondiale ? Un monde de consommateurs atomisés, dépouillés de leurs droits et de toute allégeance à la famille, au clan, à la nation, à la religion ou même à une appréciation culturelle significative.

Peu importe, un monde globaliste, pour les quelques personnes qui aspirent à y devenir immensément riches, est toujours considéré comme une véritable corne d’abondance d’innombrables satisfactions matérielles. Un tapis volant qu’ils seraient bien stupides d’abandonner. Et pourtant l’inquiétude monte, même chez les milliardaires. Le monde s’oriente vers de nouvelles directions bien incertaines. Jeter son dévolu sur les “Maîtres de l’Univers” pourrait finalement s’avérer n’avoir été qu’une chimère éphémère.

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Pour “le plus grand nombre”, bien entendu, le Reset technologique et robotique proclamé par les gens de Davos sera un lieu d’esclavage glorifié, vécu dans des déserts d’isolement social. Dans la mesure où certains parmi le grand nombre ont vu ce qu’un Reset technologique leur réserve, ils n’aiment pas ça. On y hume à plein nez le totalitarisme, le féodalisme technologique, – et ils ont commencé à s’y opposer. Ils sont alors … “populistes”. C’est-à-dire qu’ils deviennent un énorme problème pour leurs maîtres. Il n’est pas étonnant que le sommet du Conseil de l’UE ait été si houleux et si désemparé.

Alastair Crooke

Traduit par Dedefensa, relu par Zineb

mardi, 20 juillet 2021

Giorgio Agamben: Carte verte

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Carte verte

par Giorgio Agamben

Dans un texte précédent, nous avons mise en exergue la discrimination injuste frappant une classe de citoyens exclus de la vie sociale normale suite à l'introduction de ce soi-disant "laissez-passer vert". Cette discrimination est une conséquence nécessaire et calculée, mais n'est pas l'objectif principal de l'introduction du laissez-passer vert, qui vise non pas les citoyens qui seront exclus, mais l'ensemble de la population. L'objectif des gouvernements à travers ce passeport sanitaire est, en fait, un contrôle méticuleux et inconditionnel de tout mouvement des citoyens, semblable au passeport interne que chacun devait avoir sur soi pour se déplacer d'une ville à l'autre sous le régime soviétique.

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Dans le cas qui nous préoccupe aujourd'hui, cependant, le contrôle est encore plus absolu, car il concerne tout mouvement du citoyen, qui devra montrer son laissez-passer vert à chaque fois qu'il se déplace, même pour aller au cinéma, assister à un concert ou s'asseoir à la table d'un restaurant. Paradoxalement, le citoyen non enregistré sera plus libre que celui qui dispose d'un laissez-passer vert, et ce devrait être la masse même des citoyens détenteurs de cette carte sanitaire qui devrait protester et se rebeller, car désormais ils seront comptés, surveillés et contrôlés dans une mesure sans précédent, même dans les régimes les plus totalitaires.

Il est important de noter que la Chine a annoncé qu'elle maintiendrait ses systèmes de suivi et de surveillance même après la fin de la pandémie. Comme cela devrait être évident pour tous, avec le passeport vert, ce n'est pas la santé mais le contrôle de la population qui est en jeu, et tôt ou tard, même le public qui a sa carte aura l'occasion de s'en rendre compte à ses dépens.

Source:

https://www.ariannaeditrice.it/articoli/tessera-verde

lundi, 19 juillet 2021

Xavier Naidoo et le Nouvel Ordre Mondial

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Xavier Naidoo et le Nouvel Ordre Mondial

par Joakim Andersen

Un établissement politique, marqué par une intransigeance idéologique, est durement touché lorsque l'un des artistes les plus acclamés du pays se retourne contre divers éléments de son idéologie hégémonique. Un facteur difficile à contrôler lorsque l'artiste en question a également des origines raciales particulières, une circonstance atténuante lorsqu'il s'agit de théories du complot ayant des liens limités avec l'opposition partisane et un soutien populaire limité. Dans ce cas, l'établissement doit-il donner un exemple potentiellement risqué et placer l'ensemble de l'œuvre de l'artiste dans le "dépotoir de la mémoire" au sens orwellien du terme, ou doit-il tenter de séparer musique et politique, avant et après ? Un tel dilemme a tourmenté l'establishment allemand à propos de la métamorphose de Xavier Naidoo, qui est passé du statut de musicien chrétien populaire à celui de contestataire de nombreux tabous.

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Naidoo est un métis d'origine indienne et européenne, et sa foi chrétienne inspire plusieurs de ses chansons. Il connaît également un grand succès dans les domaines de la soul, du R&B et du hip-hop, six de ses albums ayant atteint la première place des hit-parades allemands. La musique de Naidoo a une touche personnelle indéniable, avec une quête récurrente de transcendance, comme dans Alles kann besser werden et Welt. Au cours de sa carrière, il a souvent collaboré avec des artistes "afro-allemands" moins connus et les a soutenus de diverses manières, la race n'étant manifestement pas un facteur pertinent pour le chanteur qui a aussi fait de la musique avec RZA et Kool Savas.

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Kool Savas et RZA.

Mais malgré cela, il n'est plus reconnu aujourd'hui comme une réussite de la politique d'intégration, comme on pourrait pourtant s'y attendre. Pendant des années, Naidoo a défié latéralement et ouvertement les limites de ce qui peut être dit, les privilèges associés à la couleur de la peau et au succès lui donnant un peu plus de latitude que d'autres en Allemagne. Pendant une décennie, il a décrit l'Allemagne comme un pays occupé par les États-Unis. C'est un point de vue qu'il partage avec les Reichsbürgern, les "Citoyens du Reich", pour lesquels il a prononcé un discours en 2014 (ndt: les "Reichsbürger" estiment que seules sont légitimes les institutions du 2ème Empire allemand).

Naidoo est difficile à situer politiquement ; l'élément central semble être un fondamentalisme chrétien libertaire et littéraliste. Ce qui en soi n'est pas acceptable lorsque c'est Friday For Future, la famille Rothschild et la politique migratoire allemande plutôt que les "nazis" qu'il considère comme des menaces pour la liberté et le christianisme. En 2012, bien avant "Q" et autres, dans Wo sind sie jetzt, il décrivait avec le rappeur germano-turc Kool Savas une élite mondiale avec des éléments de "Okkulte Rituale" (de "rituels occultes"), etc. Naidoo et Savas ont été accusés d'homophobie et d'incitation à la haine à cause de la chanson.

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Au lendemain des migrations de 2015 et de la "Wilkommenkultur" établie (la "culture de l'accueil"), Naidoo a de nouveau vivement réagi. Des clips vidéo ont été divulgués dans lesquels il chantait, entre autres, que bien qu'il aime tout le monde, il ne pouvait s'empêcher de réagir "wenn fast jeden Tag ein Mord geschieht, bei dem Gastgeber ein Leben stiehlt", "quand presque tous les jours un meurtre a lieu, l'invité volant une vie à l'hôte". Cela n'a rien à voir avec une quelconque haine des musulmans ; au contraire, Naidoo s'est opposé aux guerres contre les musulmans en Syrie et ailleurs. Mais il est clair qu'il lie la migration au Nouvel Ordre Mondial.

Dans le contexte de la gestion de la corona, des restrictions et des vaccins, l'engagement politique de Xavier est entré dans une nouvelle phase. Pour le meilleur ou pour le pire, on pourrait être tenté d'ajouter. Il collabore notamment sur le titre de la compilation Ich mach' da nicht mit avec des rappeurs allemands moins connus sous le nom collectif Rapbellions. Le message est étonnamment explicite, presque une déclaration de guerre. Le SCEP déclare entre autres qu'il est temps de "prendre les armes et d'écraser l'État profond", Der Typ qui "oublie les moutons, il est temps de réveiller les lions". Un intérêt plus ou moins sincère pour les théories de la conspiration, les illuminati, etc. se retrouve dans la sphère du hip-hop, exprimé par Vinnie Paz et DJ Muggs, entre autres. Parfois comme un fond fascinant pour les paroles, parfois pour être beaucoup plus littéral. Pour la plupart, cependant, cette tendance reste politiquement non pertinente. Ce n'est pas le cas de Naidoo. Il s'est récemment rapproché de la droite nationaliste en Allemagne et a réévalué certaines positions de la jeunesse. En 2020, il a décrit les politiciens comme des traîtres et les médias comme une "Lügenpresse" (une "presse mensongère") dans Marionnet.

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Xavier n'est pas la seule célébrité allemande à avoir effectué un parcours similaire. Le célèbre chef végétalien Attila Hildmann, également connu sous le nom de la "star végétalienne", est l'un d'entre eux. D'origine turque mais adopté par des parents allemands, il était autrefois présenté comme un exemple célèbre d'intégration réussie ; depuis qu'il a pris position pour le nationalisme allemand et "contre l'immigration de masse, les élites juives et la politique de Corona", entre autres, ces éloges se sont quelque peu estompés. Hildmann se trouve actuellement en Turquie pour échapper à diverses poursuites engagées par la "justice" allemande. Moins dramatiquement, la chanteuse Nena remet en question la politique officielle de gestion de la pandémie Corona.

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Attila Hildmann et Nena.

Dans l'ensemble, il s'agit d'un phénomène contemporain complexe mais intéressant. Naidoo est passé du statut d'artiste célèbre, parfois "antiraciste", à une déclaration de guerre totale à l'establishment allemand. L'efficacité de cette démarche reste à voir, d'une part parce qu'il est désormais privé de ses canaux de communication qui les rapprochaient de la population, d'autre part parce qu'il se concentre sur des questions sans grand impact populaire. Ce dernier point est intéressant en soi, car il semble que les musiciens qui s'engagent politiquement aient tendance à le faire sous des formes spécifiques, indépendamment de leur position politique. On pourrait parler d'un "populisme mythifié" dans le cas de Naidoo, de la même manière que de nombreux musiciens des années 1960 ont embrassé une idéologie de gauche mythifiée plutôt que "scientifique". Il est difficile de déterminer dans quelle mesure cela est lié à la surreprésentation d'un type de personnalité païenne ou musicale ; quoi qu'il en soit, Naidoo est profondément chrétien et croit vivre les derniers jours. On peut interpréter cela littéralement et voir les mondialistes comme des satanistes conscients, on peut aussi y voir une description mythique d'une réalité factuelle. On peut le comparer à la façon dont les maoïstes du Sendero Luminoso utilisaient le pishtaco du folklore local, une créature démoniaque qui vole la graisse humaine, pour décrire les impérialistes et leurs complices locaux. Des exploiteurs en chair et en os au sens figuré aux exploiteurs au sens propre. Le langage mythique n'est pas nécessairement de droite ou de gauche, mais il semble plaire davantage à certains types de personnalité qu'à d'autres.

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Le langage mythique semble également être plus répandu dans certaines phases historiques que dans d'autres. Lorsque la classe ouvrière anglaise, dans sa jeunesse, s'est ralliée à des figures comme le "Général Ludd" et le "Capitaine Swing", c'était un premier pas sur la voie de formes d'organisation plus efficaces. Les mouvements Rapbellion et Q peuvent être considérés de ce point de vue, comme des prototypes. Ce sont des personnes qui, plus tôt que d'autres, ont reconnu les signes des temps, notamment le remplacement de l'information et de la communication par la dictée des élites. Et que la liberté et la sécurité sont rapidement réduites. La réponse à cette question est une distinction ami-ennemi très nette, si ultra-politique qu'elle déborde facilement sur l'apolitique. La perspective mythique et religieuse peut également signifier une explication incomplète de ce qui se passe, parfois une perspective temporelle dangereuse. Quoi qu'il en soit, la parenté avec d'autres populismes est claire, que l'on considère qu'ils sont nuisibles, honteux ou potentiellement fructueux, que l'on voit dans ces phénomènes des prototypes populistes ou des problèmes de démarrage. Le fait que l'un des musiciens allemands les plus en vue se retourne contre l'ordre établi doit être considéré comme un signe que nous vivons une époque passionnante et dramatique.

Source : https://motpol.nu/oskorei/2021/07/14/xavier-naidoo-och-nwo/

 

dimanche, 18 juillet 2021

La revue de presse de CD - 18 juillet 2021

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La revue de presse de CD

18 juillet 2021

DESINFORMATION

L’IA pourrait aussi servir à créer de la désinformation scientifique

L’intelligence peut aussi devenir un vrai danger en matière de désinformation dans le domaine scientifique. Des chercheurs américains ont ainsi constaté qu’il est possible de générer de fausses nouvelles en ayant recours au générateur de texte de type GPT-2 de la société OpenAI. Cette découverte est assez effrayante et ils citent l’exemple de la fourniture de conseils médicaux erronés à des médecins qui mettraient la vie de leurs patients en jeu.

Presse citron

https://www.presse-citron.net/lia-pourrait-aussi-servir-a...

Covid-19 - Berceau du variant Delta, qu'est l'Inde devenue ?

Les médias nous présentent le variant Delta comme une inquiétante menace pour la France et pour l’Europe. On s’intéressera ici au destin de ce variant Delta là où il est apparu : en Inde.

Mediapart blog

https://blogs.mediapart.fr/enzo-lolo/blog/060721/covid-19...

Jean Castex confirme la création d'une agence de lutte contre les manipulations de l'information

Le Premier ministre a confirmé mardi le lancement en septembre de cette agence qui doit permettre de lutter contre la "menace informationnelle et des ingérences étrangères dans le débat public". Baptisée "Viginum", ses effectifs vont croître pour atteindre 50 agents en janvier 2022

France Inter

https://www.franceinter.fr/politique/jean-castex-confirme...

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EDUCATION

Michel Onfray : "On avance à grand pas vers une fabrication d'illettrés"

VIDEO. Xavier Niel, magnat des télécoms, de la presse, et fondateur de l'"Ecole 42", a récemment signé un partenariat avec l'Éducation nationale). L'objectif : enseigner la "pensée algorithmique" aux enfants de CM1, CM2, et de 6ème... Le codage plutôt que les fondamentaux, la machine plutôt que le livre, la robotisation plutôt que l'élévation ? La Macronie, grande horlogère de la "fabrique des crétins" ?

Front populaire

https://frontpopulaire.fr/o/Content/co572630/michel-onfra...

ETATS-UNIS

Le confinement a détruit les classes populaires aux États-Unis

Les restrictions liées à la crise sanitaire ont engendré de graves inégalités économiques entre les foyers modestes et les classes aisées.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/07/11/401287-le-confine...

FRANCE

Les élections professionnelles, autre visage de la société abstentionniste

On a généralement ignoré l’anomie – soit le déclin des formes de régulation et des valeurs collectives – qui frappe la société française. Les élections professionnelles en apportent une illustration.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/07/10/401293-les-electi...

La guerre de tous contre tous

La fracture vaccinale qui s’installe sera une de plus (une de trop) pour la société française qui ne sait déjà plus « vivrensemble »…

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/07/12/401392-la-guerre-...

Les non-vaccinés seront des citoyens de seconde zone

Emmanuel Macron vient de franchir la ligne rouge en désignant ouvertement de potentiels coupables d’une quatrième vague de covid.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/07/13/401477-les-non-va...

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GEOPOLITIQUE

Drogue : l’autre fléau qui mine la Syrie

L’éclatement du conflit syrien en 2012 bouleversa l’équilibre des trafics, en modifiant tant les opportunités que les contraintes pour les trafiquants. De fait, ce que l’on peut appeler à première vue des « économies de guerre » au sens défini par Jenny H. Peterson, à savoir des « systèmes dans lesquels les incitations économiques motivent les acteurs à inciter et à participer à la violence politique, ou qui facilitent le conflit en cours en fournissant un moyen de financer la lutte violente » ont vu le jour, notamment au sein des groupes armés opposés à Damas. Pour répondre aux besoins de liquidité, taxes, kidnapping, trafics des ressources disponibles et autres extorsions devinrent monnaie courante. Dans la même lignée, le trafic de stupéfiants prend peu à peu de l’importance, et notamment le Captagon, facile à synthétiser et très prisé notamment dans le Golfe. La Syrie devient alors en un temps record le centre névralgique de la production de Captagon dans le monde.

Geopragma

https://geopragma.fr/drogue-lautre-fleau-qui-mine-la-syrie/

Sergej Lavrov sur l'Occident : "Son ère est terminée"

Si les Américains pensent, après le sommet Biden-Poutine à Genève, qu'ils ont neutralisé la Russie et peuvent maintenant se consacrer à contenir la Chine afin de préserver leur hégémonie mondiale, ils se trompent. Moscou continuera à agir de concert avec les puissances révisionnistes pour accélérer la transition de l'ordre hégémonique occidental en déclin vers un ordre international multipolaire.

Euro synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/07/09/s...

UNION EUROPEENNE

L'Union européenne se plie aux exigences des États-Unis et suspend son projet de taxe numérique

Washington a obtenu ce qu'il voulait. Bruxelles a accepté lundi 12 juillet de geler son projet de taxe numérique européenne, très critiqué par les États-Unis, pour ne pas compromettre l'accord historique sur la fiscalité des multinationales qui devrait aboutir en octobre. Des négociations sur un big bang fiscal qui doit mettre fin aux paradis fiscaux et conduire les plus grandes entreprises, y compris celles du numérique, à payer une part d'impôt plus équitable, sont en cours à l'OCDE. Elles ont reçu samedi le soutien politique des pays du G20.

Business Insider

https://www.businessinsider.fr/lunion-europeenne-se-plie-...

vendredi, 16 juillet 2021

Élections parlementaires bulgares, juillet 2021

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Élections parlementaires bulgares, juillet 2021

par Enric Ravello Barber

Les résultats des élections législatives bulgares d'avril dernier ont été tels qu'il était impossible de former un gouvernement comme nous l'avions annoncé (1).

Le 11 juillet, les Bulgares se sont à nouveau rendus aux urnes pour voter sur la composition de leur parlement national. Si, en avril, le candidat Slavi Trifonov (ITN - "Il y a un tel peuple") avait été le dauphin surprise avec 16,1%, il est maintenant devenu le vainqueur des élections, passant à 24,1%, laissant en deuxième position celui qui est toujours président par intérim et fut le vainqueur en avril, le conservateur Boiko Borissov (GERB), qui passe de 33,7% en avril à 23,5%.

Trifonov est un chanteur et célèbre présentateur de télévision, anticorruption et négationniste du COVID-19, qui a basé sa campagne sur l'attaque de la corruption structurelle du parti conservateur au pouvoir.  Pour cette raison, toute possibilité de gouvernement de coalition entre son parti ITN et le parti conservateur GERB était exclue. Une autre option, mathématiquement possible mais politiquement irréalisable, aurait été une coalition entre l'ITN et le Parti socialiste, qui a atteint 15 % en avril et se situe maintenant à 13,4 %. La troisième option mathématiquement possible, une coalition entre conservateurs et socialistes, avait également peu de chances de se concrétiser. Les analystes évoquent déjà la possibilité d'une troisième élection.

Dans le camp nationaliste, la division des candidatures a provoqué le départ du parlement des formations nationalistes présentes depuis 2017.  L'existence de quatre candidatures a fragmenté le vote et aucune d'entre elles n'avait atteint en avril les 4% requis pour entrer au Parlement. La même situation s'est répétée en juillet. Les quatre candidatures patriotiques ont obtenu 8,41 % des voix, mais aucune d'entre elles n'a réussi à franchir la barre des 4 %.

Patriotes bulgares (candidat formé par : VMRO - Mouvement national bulgare, Front national, Front pour la santé de la Bulgarie et de la Volva) : 3,16 %.

Renaissance : 2,97 %.                            

Été bulgare : 1,81 %.          

Ataka : 0,47 %.

Espérons que si une troisième chance se présente, les nationalistes sauront trouver la formule pour être présents au Parlement de Sofia.   

Source: https://www.enricravellobarber.eu/2021/04/elecciones-legistaltivas-en-bulgaria.html#.YPANPn7tb

jeudi, 15 juillet 2021

La technocrature jette le masque

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La technocrature jette le masque

Vers un esprit sain dans un corps sain

par Pièces et main d’œuvre

Ex: https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1520

On se croyait seuls depuis lundi soir, dans le silence de l’été, comme tant d’autres sans doute, « abasourdis », « sidérés » par la « brutalité » du coup de force sanitaire du Chef d’En Marche, champion de la classe technocratique. Des messages de désarroi nous parvenaient de gens « pris par surprise », contraints d’annuler des événements, des réunions, des voyages, des vacances, contraints de subir des injections sous peine d’exclusion sociale, fichés, dénoncés à la vindicte officielle – celles de l’État et des forces qui le soutiennent, CSP +++ et Bac +++, de droite et de gauche « en même temps », bourgeois technocrates du Figaro et technocrates bourgeois du Monde. En attendant quoi ? D’être harcelés à domicile par les brigades sanitaires ? On se croyait seuls en voyant ce million de récalcitrants céder à la contrainte, souvent la rage au cœur, et se précipiter sur les sites de vaccination, à peine terminé le discours du Médecin-Président, afin d’éviter les représailles.

Mais aujourd’hui nous ne sommes plus seuls. Partout dans le pays, à Annecy, Toulon, Perpignan, Grenoble, Chambéry, Paris, Toulouse, Montpellier, Lyon, Marseille, Rouen, Nantes, Caen, Bastia, Avignon, Saint-Etienne, Lille, Bordeaux, La Rochelle, Douarnenez, Avignon, des manifestations spontanées, sans partis ni syndicats, ont scandé « Liberté ! ». A Grenoble comme ailleurs, les 200 manifestants repoussés par les forces de l’ordre de la place où avait lieu le défilé militaire, ont ainsi célébré dignement le sens de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790.

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En annonçant l’obligation du « pass sanitaire » aux plus de 12 ans pour visiter les lieux culturels, les cafés-restaurants, les hôpitaux, les centres commerciaux et pour se déplacer en train ou en car, Emmanuel Macron relègue la France dans le cercle des pays qui font des droits fondamentaux la rançon de leur incompétence butée : Israël, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et le Pakistan sont les seuls à imposer un passeport sanitaire pour l’accès à certains lieux.

Le président français prévient déjà que « nous devrons sans doute nous poser la question de la vaccination obligatoire pour tous les Français », c’est-à-dire rejoindre le Tadjikistan, le Turkménistan et le Vatican. Ce n’est pas du Tintin, c’est notre futur proche.

Et ailleurs ? La cour constitutionnelle espagnole a retoqué l’obligation vaccinale en Galice, en raison de la « limitation des droits fondamentaux » que celle-ci impliquait. Angela Merkel a été catégorique : « Nous n’avons pas l’intention de suivre la voie que la France vient de proposer ». Le Conseil d’Europe a voté le 27 janvier 2021 une résolution - non contraignante juridiquement - préconisant de « s’assurer que les citoyens et citoyennes sont informés que la vaccination n’est PAS obligatoire et que personne ne subit de pressions politiques, sociales ou autres pour se faire vacciner, s’il ou elle ne souhaite pas le faire personnellement (voir ici). »

Gouverner, c’est mentir. Macron, fin avril 2021 : « Le pass sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différencie les Français. Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis (cf ici). »

La technocratie n’a pas plus de parole que de principes. La fin (l’efficacité et la puissance) justifie les moyens (la machination du monde et des hommes).
La méthode (« une incitation maximale », selon Gabriel Attal, la voix de son maître) rappelle, entre mille précédents, la suppression des cabines téléphoniques plaçant les réfractaires au téléphone portable devant un fait accompli intenable. Nulle loi ne vous oblige à acheter un portable, naturellement. On ne vous oblige pas, mais vous êtes obligés.

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Depuis un an et demi, les barrières tombent. État d’urgence sanitaire ; gouvernement par décrets sur décisions à huis-clos du « conseil de défense sanitaire » ; atteintes à la législation nationale (autorisation de pose d’antennes-relais hors cadre règlementaire) et européenne (dérogation à certaines règles sur les essais cliniques et sur l’usage d’OGM pour les vaccins) ; atteinte au secret médical, création de fichiers de malades (SI-Dep), de cas contact (Contact Covid), de vaccinés (SI Vaccin Covid), intégrant des données personnelles de santé sans l’autorisation des personnes ; traque numérique via TousAntiCovid ; site « anti fake news » du gouvernement recommandant les médias officiels, sans oublier le déferlement des techniques manipulatoires du nudge, telle cette « autorisation de déplacement dérogatoire » assortie d’amendes.

Le mépris du peuple et de la démocratie est tel qu’entre mars 2020 et mars 2021, le Conseil d’État, saisi par des citoyens, des associations, des organisations professionnelles, a suspendu 51 mesures du gouvernement ou de collectivités locales. Interdiction de manifester, usage de drones par la police, de caméras thermiques dans les écoles, obligation de port du masque partout, interdiction de sorties des résidents d’Ehpad : si on les avait oubliées, ces décisions que le Conseil d’État a suspendues « pour préserver des libertés auxquelles il était porté une atteinte excessive » rappellent la pente sur laquelle la technocratie nous entraîne, dans sa volonté de tout contrôler, tout centraliser, tout asservir au primat de l’efficacité et de sa puissance.

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Nul ne sait aujourd’hui comment le Conseil d’État jugera le projet de loi destiné à imposer la vaccination, sous le masque d’un « pass sanitaire » triant les bons et les mauvais citoyens. La Cnil elle-même, chambre d’enregistrement des atteintes aux libertés, s’émeut d’un risque « d’accoutumance » à ce tri. De fait, l’injonction à l’injection fonctionne. Entre les lamenti des représentants des cafés-restaurants et du monde de la culture, craignant pour leur chiffre d’affaires et les complications pratiques, plus d’un million de Français ont cédé en quelques heures. Les vacances, comme prévu, quitte à se plier à la contrainte. Qu’accepteront-ils la prochaine fois ?

Nous ne sommes pas contre la vaccination. Nous avons reçu notre lot d’injections depuis notre enfance et dans nos voyages. Et sans doute, la plupart des récalcitrants ne seraient pas opposés à la vaccination si l’industrie pharmaceutique et l’État qui la soutient n’avaient multiplié depuis des décennies ce qu’ils nomment des « scandales sanitaires », et qui sont en fait des crimes industriels (sang contaminé, Mediator, thalidomide, etc).

Nous sommes contre la contrainte, comme ce quadragénaire vacciné, qui refuse de présenter son « passeport » pour bénéficier d’un droit légitime. Ou comme cette patronne de bistrot, qui se fera vacciner « à contrecœur » mais pour qui « il est humainement impossible de refuser de servir un client, quel qu’il soit ». Que vaudra son humanité quand elle risquera 45 000 € d’amende et de la prison ferme ?

Les statisticiens et les organisateurs nous abreuvent de ratio « bénéfice/risque », quand nous, les humains, sentons que le recours à la vaccination relève d’un équilibre entre intimité et responsabilité, entre choix des modes de soin et solidarité collective, impliquant un rapport personnel à la maladie, à la mort et au vivant, et un regard critique sur la technoscience et l’industrie. Chacun doit y penser par lui-même et dans la confrontation des idées. La santé publique n’est pas le domaine réservé des biocrates.

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Ainsi devrait-on discuter les causes des « maladies de civilisation » - de la civilisation industrielle - qui tuent infiniment plus que le coronavirus. Le Covid-19 a tué en France, à ce jour, 0,17 % de la population (111 000 personnes). Chaque année, le cancer tue 0,23 % des Français (plus de 150 000). L’État n’interdit ni les pesticides, ni les productions cancérigènes de l’industrie chimique et du nucléaire, ni les industries polluant l’air ; leurs industriels ne risquent ni la prison ni des amendes colossales. Il est plus facile de s’en prendre à des patrons de cafés ou de cinémas. La technocratie, dans sa folie de toute-puissance, détruit en même temps la nature et la liberté.

« Fuyez la manie ancienne des gouvernements de vouloir trop gouverner ; [...] en un mot, rendez à la liberté individuelle tout ce qui n’appartient pas naturellement à l’autorité publique, et vous aurez laissé d’autant moins de prise à l’ambition et à l’arbitraire » (Robespierre, le 10 mai 1793).

Quand la voix de la Terreur elle-même nous met en garde contre l’ambition et l’arbitraire, nous avons quelques raisons de l’entendre. Nous savons que cette « crise sanitaire » constitue un exercice pour la technocratie dirigeante : toutes les contraintes instituées ne disparaîtront pas, elles seront aggravées avec chaque nouvelle crise (climatique, écologique, sociale, etc), de façon à lui fournir un confort de pilotage maximal.

Nous en appelons à tous pour maintenir nos engagements, nos réunions, notre vie civique, sociale, culturelle, de façon paisible et déterminée. Nous ne devons pas perdre ce que nos aïeux ont gagné en 1789.
Refusons le chantage et l’intimidation.
Renforçons notre immunité individuelle et collective, luttons contre le virus de la contrainte.

Pièces et main d’œuvre
Grenopolis, 14 juillet 2021

Lire aussi :

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mercredi, 14 juillet 2021

L'Europe à l'approche des temps troublés

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Irnerio SEMINATORE

Tout converge, dans les analyses et les réflexions actuelles, pour indiquer que nous sommes entrés dans une période de temps troubles et à la veille de chocs de haute intensité qui concerneront les acteurs moyens ou mineurs des sous-systèmes régionaux; en ce qui concerne l'Europe, les relations Nord-Sud, les rapports Est-Ouest, ainsi que la Méditerranée élargie (MEMA).

Déclarations, prises de positions, dispositifs diplomatiques et intellectuels, exercices militaires et précédents historiques, tout est mise en œuvre en vue d'un retournement de situation, à savoir une conjoncture de mouvement et de risque, qui présuppose l'hypothèse d' un engagement conflictuel étendu.

Le signe le plus inquiétant de cette montée des tensions est le démenti des dangers, le besoin de détournement des mots qui désignent la dégradation de l'environnement socio-stratégique, la confluence de tendances lourdes, le potentiel de désordre et d'incertitudes et la différente perception des risques et des menaces, impliquant une redéfinition du concept de "sécurité globale".

Les termes qui cachent cette situation et qui sont destinés à tracer les limites du tolérable dans les relations de compétition et d'affrontement possible, sont représentés par la notion de "ligne rouge".

Subtile redéfinition du vocabulaire, cette "ligne", trahit la difficulté de se retenir dans l'usage de la force militaire et l'impossibilité de la remplacer par des options substitutives.

Les intentions hostiles, la violence potentielle et la menace de sanctions, ou, pour finir, la réprobation morale se limitent pour l'heure, à la dénonciation politique et médiatique.

Nous en connaissons le vocabulaire et ses figures emblématiques, rivalité ou hostilité, ennemi ou compétiteur, partenaire ou adversaire.

Quant au régimes politiques et aux formes de gouvernement, démocratie ou autocratie.

Au sujet des régimes historiques, civilisations ou empires.

En ce qui concerne l'Europe, la condition de fragmentation politique et d'acteur subordonné, doué d'une volonté non partagée d'indépendance politique et d'autonomie stratégique.

Aux jeux du monde, l'Europe porte dans son DNA une culture du refus des enjeux conflictuels et son rôle actuel et ardus consiste à passer d'une puissance désarmée et civile à un puissance d'affrontement et de confrontation.

Cela suppose une sorte de désenchantement et d'éveil stratégique, un changement des paradigmes intellectuels et une adaptation du projet initial aux enjeux et à la logique de compétition et de survie.

Telle à un météorite dans l'espace de la galaxie systémique, l'Union Européenne est aujourd'hui sans pilote et sans direction et perce l'éther raréfié de la politique mondiale entre le réel et le virtuel.

Or, l'espace de la "pensée unique" suggère que cette course hors du temps soit celle d'un "modèle de gouvernance", qui traduit un effet de la mondialisation, en quête d'histoire.

Un "modèle" qui nécessite d'un ordre et d'une décision, capable de préserver une stabilité minimale sans plonger dans le chaos et en donnant l'illusion d'être encore dans un devenir signifiant.

Or, ce qui marque symboliquement la fin d'un cycle de régulation européenne et internationale, est l'émergence d'un système multipolaire en déséquilibre et spécifiquement d'une transversalité compétitive à long terme, comme frein et tampon à la montée paroxystique de le conflictualité.

Les États continentaux européens, depuis 1945, ont intégré, pour survivre, l'idée d'équilibre et de coalition et renoncé à celle d'empire, de supériorité nationale et de peuple-maître, sauf la Grande Bretagne, qui rêve de revenir à l'idée de Commonwelth.

Ils se sont subordonnés à l'idée de fédération ou de confédération et leurs systèmes des partis ont prêté allégeance aux deux vainqueurs, russes et américains, sous la forme idéologique du communisme et du libéralisme (ou encore de démocratie).

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Aujourd'hui la corruption de l'idée de liberté, devenue individualiste et convertie en relativisme absolu (idéologie LGBT, transgendre, écolo, Woke etc.) et la disparition de grands courants idéaux, affaiblissent l'ordre interne et l'ordre international.

Au sein de l'Union européenne, la politique de dissociation nationale (Espagne) et d'intégration (ou subordination) impériale (Otan), qui aurait dû être garantie par une tendance unitariste des institutions européennes, n'a pas préservé les équilibres internationaux face au pari lancé par le Royaume Uni (Brexit).

Ainsi des scénarios de "gouvernance" se sont imposés sous la traduction du concept aseptisé de "policy" (société civile internationale, à fondement transactionnel et coopératif), plutôt que sous celle de gouvernement des équilibres et des rapports de force, relevants du "politics" et de l’État, à base compétitive et conflictuelle et dans une perspective géopolitique, continentale et systémique.

L'universalisme démocratique abstrait et celui de droits humains ont été utilisés pour dissoudre les vieilles identités séculaires dans un globalisme apatride et encourager les flux indiscriminés de migrations, négatrices des civilisations et des cultures nationales.

L'affaiblissement des passions nationales a justifié, à gauche des échiquiers politiques nationaux,des pratiques multi-culturalistes de rabaissement du geist national.

Ces incompréhensions, d'ordre historique, n'ont pas interdit la sortie de la Grande Bretagne de l'Union Européenne, qui a dû revoir ses modèles de "gouvernance".

Voici ces mêmes "modèles", formulés il y a six ans, à la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne et aujourd'hui à nouveau sur le tapis, en raison de leur remise en cause par le gouvernement britannique (aux jeux de l'UE).

Bruxelles, le 11 Juillet 2021

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Source: http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2016/d-cembre/le-brexit-la-r-forme-de-lunion-et-la-multipolarit

Le "Brexit", la réforme de l'Union et la multipolarité

Modèles de gouvernance, interactions stratégiques et logique de risque

Irnerio Seminatore

Table des matières

Le Brexit et ses options. Une approche formelle

La réforme de l'Union et les trois types de gouvernance

La dimension Nord-Sud

Les trois modèles d’exécutif européen. Équilibres et fonctions

Sur la logique du risque

Rupture ou adaptation?

Adaptation

Rupture

Abstract

La sortie de la Grand Bretagne est examinée à partir des répercussions sur les nouveaux modèles de gouvernance de l'Union:

- celui d'un exécutif "Hard", ou d'un duopole imparfait (Fr+D)

- celui d'un exécutif "Soft", ou d'un unipolarisme souple (D)

- celui d'un exécutif "Flexible", ou d'un modèle multipolaire (Fr, D, It, Pl, Es)

On y passe en revue les caractéristiques structurelles et dynamiques (équilibre et fonctions) et on y dégage les jeux stratégiques de ces différentes conjectures. Ceci dans le cadre interne (par un questionnement sur la "rupture institutionnelle", ou sur "l'adaptation"), et dans le cadre international, en fonction des choix des acteurs, concernant la redistribution du pouvoir au sein d'une "Balance" planétaire de type multipolaire.

Le Brexit et ses options. Une approche formelle

La sortie de la Grande Bretagne de l’Union Européenne, comme acteur national essentiel, engendrera une série de répercussions, à caractère systémique :

- sur les nouveaux modèles de gouvernance de l'UE

- sur l'interaction stratégique entre acteurs majeurs de la scène mondiale

- sur la logique du risque politique, militaire et financier de l'ensemble occidental.

Ces répercussions peuvent conduire également à un séisme géopolitique prolongé : la dislocation du sous-système régional européen, car le retrait d'un acteur essentiel engendre instabilité et conflit.

En effet la défection d'un acteur étatique ne peut être compensée par un sous-système social, la "société civile", qui n'est pas inspirée par l'intérêt individuel d'un acteur national

a) La sortie de l'Union fait reprendre au Royaume-Uni son rôle traditionnel de balancier dans les affaires du continent, comme arbitre de ses équilibres politiques et militaires et comme garant de son ancrage dans le camp euro-atlantique.

En puissance océanique et nucléaire, la Grande Bretagne renforce également sa liberté d'action sur la scène européenne, à travers l'OTAN (balance régionale), et sur la scène mondiale, par le biais du Commonwealth (balance planétaire) et favorise indirectement une distribution du pouvoir plus large et plus souple, qui augmente les incertitudes et pousse à l'établissement de nouvelles règles du jeu dans le domaine économique et financier.

Ainsi une conduite diplomatico-stratégique plus résolue et plus aventureuse vis-à-vis de la Russie aura pour effet de transformer la compétition existante en rivalité et le partenariat intergouvernemental, établi avec l'Union, en hostilité, voire en confrontation eurasienne et continentale.

b) l'UE, qui s'est révélée incapable de conserver sa cohésion interne, comme création hybride et identité cosmopolite, prend conscience, dans une conjoncture de fortes tensions internationales, de l’impossibilité pour une structure administrative de créer les conditions d'une unité politique et d'un leadership partagé.

De surcroît, elle est dans l'obligation de choisir entre un partenariat atlantique et un rôle planétaire d'acteur incomplet : la première option la place dans une position subordonnée vis-à-vis de la stratégie globale des États-Unis via l'OTAN, la deuxième dans une condition solitaire par rapport à une ré-configuration de son projet initial. Il s'agit là de la quête d'un espace de manœuvre plus autonome et plus indépendant, à obtenir par des ententes bi- ou multilatérales, avec une ou plusieurs puissances extérieures, eurasienne (Russie, Turquie, Moyen Orient,Chine)) ou extra-européennes (États-Unis).

Le but de la réforme de l'Union serait de reprendre son rôle de puissance d'équilibre dans le système global, lui empêchant de dériver vers un vide géopolitique entre l'Est et l'Ouest et d'interdire la constitution d'alliances défavorables à ses intérêts dans un monde multipolaire à forte compétition stratégique.

Par ailleurs un sous-système politique sans leadership ne peut se maintenir, car il est soumis à des forces centrifuges aboutissant à la désagrégation de l'ensemble.

La réforme de l'Union et les trois types de gouvernance

Dans cette situation, trois types de gouvernance européenne sont hypothisables pour l’émergence d'un exécutif central, adapté à cette nouvelle phase de la vie internationale:

- un exécutif "hard", fondé sur un duopole imparfait, asymétrique et nécessairement élastique, autrement dit sur un centre de pouvoir d'impulsion et d'action à deux membres, dont un soit organisateur et directeur et l'autre légitimant.

Cet exécutif, aux ressources et capacités différentes, disposerait de protection dissuasive indépendante et de jeux d'influence coordonnés et repartis régionalement (Fr+D).

- un exécutif "soft", représenté par un unipolarisme souple, à prédominance allemande, mais soumis à une logique de compromis constant qui affecterait toute initiative d’envergure et toute projection extérieure.

- un exécutif "pentapolaire" ou " flexible", au pouvoir décisionnel faible ou affaibli par les variables de coalitions internes diversifiées (Fr, D, It, Pl, Es).

Du point de vue de la légitimité politique, la première figure d’exécutif serait oligarchique, la deuxième autocratique et la troisième polyarchique.

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Dans les trois hypothèses, le régime démocratique serait sur le déclin et inadapté, car la différence entre les régimes politiques semble appartenir pour certains aux conjontures ordinaires et pas aux conjonctures chaotiques.

Au sein de l'ambiance extérieure et du système international, en sa configuration planétaire et multipolaire, ces trois expressions du pouvoir européen auraient à choisir entre une vision restreinte ou élargie du système mondial, en fonction des alignements de demain ou d'une guerre générale probable :

- une vision restreinte, fondée sur la "triade stratégique" États-Unis, Russie et Chine, sur des loyautés rigides et sur un système d’alignement des intérêts, compétitif et hiérarchique.

- une vision élargie, appuyée sur des blocs régionaux, autorisant une liberté de manœuvre plus large, bien que conditionnée par des "limites" ou par des "combinaisons variables".

Il s'agirait dans ce cas d'un type d'association ambiguë, mi-coopératif, mi-conflictuel.

Les limites de ce type d'association seraient constituées par un mix d’intérêts géopolitiques globaux et de valeurs ou principes nationaux ou universels.

Si l'on prend en considération les grandes orientations de la politique mondiale et l'on tient compte de l’évolution probable du monde, l’exécutif européen aurait a trancher sur des options à large spectre entre interventionnisme, attentisme ou isolationnisme, aux différentes issues et espoirs du gain. Par ailleurs, à l'ère de la balistique et de l’atome, le recours aux alliés pour rétablir des équilibres compromis, appartient à l'époque ante-nucléaire et n'exige nullement la défaite des forces armées de l'adversaire.

La dimension Nord-Sud

Cependant, l'engagement européen fera ses épreuves obligées dans la dimension Nord-Sud, autrement dit dans une relation de jonction et de crise entre deux sous-systèmes régionaux (Europe-Méditerranée-Golfe), une relation de crise identitaire, fusionnelle ou d'endiguement, avec l'Islam et les puissances islamiques. Cette dimension est à considérer considérer comme un système sociétal et politique antagoniste et alternatif.

Cet engagement ne pourrait être assumé individuellement, mais seulement sous forme collective ou d'alliance, après avoir établi les critères de stabilité atteignables au niveau régional.

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En effet, la préservation de l’équilibre de forces dans hémisphère Nord, entre puissances majeures de la planète demeure un préalable à tout engagement. Ce dernier aurait pour but de distinguer dans l'Islam ses trois expressions conjointes:

- d'une religion politique universaliste

- d'une structure étatique supra-nationale et multi-ethnique (Califat)

- d'un ordre international, visant le "déséquilibre permanent", comme mouvement fidéiste et conquérant *.

La ré-assurance de sécurité, pour le cas d'affrontements prévisibles et destinée à intervenir dans des crises prolongées ou des conflits ouverts, internes ou extérieures, exige un choix de système d'ordre civilisationnel.

*Ce "déséquilibre" procéderait par étapes successives ou par vagues, allant du royaume de "Al Islam" (la station de la paix ou de l’équilibre), à celle de "Al Harbi" (posture du déséquilibre et de la guerre), par un moyen de transformation et d'affrontement, selon le principe d'un ordre supérieur et seul légitime, le Djihad, incompatible, par son essence universaliste, avec le principe d'ordre inter-étatique d'empreinte westphalienne, fondé sur le respect de la souveraineté et la non-ingérence.

Les trois modèles d’exécutif européen.

Équilibres et fonctions

En revenant à la figure de l’exécutif européen "hard" ou "bipolaire souple", ce type de pouvoir est fondé sur la distinction entre les deux fonctions, de légitimation (FR) et d'organisation hiérarchique et capacitaire (D).

Les mutations internes de structure politique y seraient limitées et l’intégration hiérarchique comporterait une extension fonctionnelle aux ressources, sans exclure des formes d’adhésion ou de coopération complémentaires et ultérieures et sans faire disparaître les nations et les pouvoirs indépendants. Il s'agirait dans ce cas d'un type d’exécutif supranational à caractère confédéral, qui se situe, comme sous-système régional, entre le système international de l’équilibre des XIX eme et XX ème siècles, constitué par des acteurs nationaux essentiels et le système international universel d'aujourd'hui de type multilatéral (Nations Unis), issu de l’idéalisme wilsonnien après le collapse du concert européen des entre-deux guerres mais incapable d'assurer un ordre régional quelconque.

Les marges d'initiative et de manœuvre de ce type d’exécutif seraient plus importantes des autres figures d'organisation politique, car leur fonction historique consisterait à préserver l’indépendance et la souveraineté de l'ensemble continental en crise:

- en européanisant l'OTAN

- en réintégrant la Russie dans l'architecture européenne de sécurité

- en jouant à un équilibre des forces, à caractère multipolaire et tout premièrement eurasiatique, pour éviter ou limiter les conflits systémiques ou globaux, induits par l'acteur hégémonique extérieur (USA) et visant à éliminer son rival (Russie).

L'unité allemande issue de la chute du Mur de Berlin et de l’évolution conjointe du système international et de l'Union Européenne, suggère davantage ce type de formule comme remodelage souhaitable du pouvoir en Europe.

L’exécutif "soft" correspondrait en Europe à une forme d'unipolarisme imparfait, à prédominance allemande et comporterait une latence d'oppositions internes inexprimées mai réelles.

En effet, la "limite" de ce type d’exécutif serait constituée par la préoccupation des membres de la confédération européenne des États, de faire barrage à un exécutif fort par une coalition ou une opposition de bloc, diversifiée et variable. Cette opposition se manifesterait à l'occasion de tout effort ou de toute tentative allemande d'assumer une position prépondérante de type permanent ou structuré. Elle pourrait conduire à la désagrégation de l'unité et à redessiner le pouvoir régional, remettant en cause les relations entre sous-systèmes régionaux extérieurs, par une politique d'alignement divergente ou déviante (Eurasie, Moyen Orient, Chine et Amériques).

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L’exécutif "flexible" ou "pentapolaire" (D, Fr, It, Pl, Es) correspond à une forme démocratique ou égalitariste du pouvoir et des relations de puissance à souveraineté multiples, par leur nature hiérarchique. Ainsi il serait paralysant, trop faible ou intempestif vis-à-vis des menaces, en raison du partage inégal des risques et des intérêts contradictoires de ses membres et ressemblerait plutôt au Saint Empire Romain Germanique remis à l'ordre du jour par l'histoire. Il manquerait des capacités de conception et de vision communes et ferait apparaître des clivages importants dans la définition des relations indépendantes et dans l'action de rééquilibrage avec la Russie, ainsi que dans la reconstitution d'un équilibre eurasien acceptable. Il favoriserait ainsi, dans les moments cruciaux, la discorde intergouvernementale et l’intrusion d'Hégémon.

Face au joueur russe, qui maîtrise l'ensemble de pièces sur l’échiquier de négociations aussi bien économiques et commerciales, que géopolitiques et stratégiques et qui demeure soucieux de défendre ses intérêts nationaux, privilégiant les rapports de forces et n’hésitant pas à adopter des positions dures dans les relations internationales, ce type d’exécutif serait constamment en panne d'initiatives et incapable de calculs stratégiques à long terme.

L'influence de discordances idéologiques des partenaires européens et les divisions entre l'Est et l'Ouest, apparues à propos de migrants et de préoccupations ethniques et religieuses dans la lutte au terrorisme international, approfondiraient les disparités existantes. Les uns considéreraient l'immigration et les stratégie d'accueil comme inconcevables et déstabilisantes et les autres comme compatibles et démographiquement souhaitables.

On rajoutera une divergence sécuritaire majeure quant à la "dimension septentrionale" de l’Union Européenne et au "roll-back" de l'OTAN, régulièrement dénoncé par la Russie.

L'espace baltique, la crise ukrainienne, les provocations du "regime change", les menaces balistiques des BAM, les prépositionnements militaires couvrant les frontières russes de la Lituanie à la Géorgie jusqu'au Caucase, rajouteraient de l’intrusion et du risque.

En témoigne la publication du nouveau "Livre Blanc" sur la sécurité de la République Fédérale d'Allemagne, qui traite désormais Moscou d'"adversaire", plutôt que de "partenaire" et considère que la Russie "se détourne de l'Europe, renforce la compétition stratégique et intensifie son activité militaire près des frontières avec l'Union Européenne". Selon ce document, pour l'Allemagne qui doit faire face à dix menaces conjointes, "la Russie continuera de présenter dans un proche avenir, un défi pour notre continent". Ainsi et pour conclure, un exécutif flexible, dépourvu de leadership institutionnalisé et soumis à des jeux de coalition internes variables, représente l'instrument le moins approprié pour traiter les relations internes de l'UE et pour trouver des solutions à la sécurité du continent, dans le système international multipolaire porté à l'extension des antagonismes, y compris nucléaires à tout le système, de manière uniforme.

Au courant de la nouvelle "guerre froide", conséquente à l'hétérogénéité des systèmes politiques et des pôles de pouvoir et ouverte par le coup d'État de Maïdan et le retour de la Crimée à la Russie, la pratique des alliances dépend en large partie des ressources politiques et militaires et la diplomatie d'un « linkage horizontal », permettant de jouer aux crises croisées sur plusieurs théâtres de conflit, par une forte interaction stratégique. Une aggravation du climat politique international en résulterait de manière inévitable.

Simultanément, les systèmes balistiques et nucléaires mis en place, disposant de capacités qui vont de la dissuasion totale à la dissuasion minimale, dite du "faible au fort", compliqueraient la prévisibilité des initiatives adverses.

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Dans ce cadre, les crises peuvent-elles représenter une occasion pour tester une plus grande cohésion au sein des alliances sur lesquelles fait prise l’interventionnisme des puissances majeures ? L'expérience prouve que "la paix grâce à la crise" ne peut représenter une solution, tout comme un bond dans l'inconnu ne peut être une chance pour un alpiniste au bord du gouffre.

Dans le monde actuel et à l’échelle globale, la variante des "systèmes de blocs instables" est représentée par la prolifération nucléaire incomplète.

Ainsi, le passage d'une situation bipolaire à une configuration multipolaire de l'environnement stratégique implique que la permanence d'une confrontation périodique renforce la cohésion des alliances, rendant plus stables les formes d’équilibre existantes dans un système bipolaire. La multipolarité augmenterait les incertitudes et compliquerait les combinaisons possibles au sein des alliances établies.

Or, lorsque les menaces et les adversaires sont multiples, il est difficile d'atteindre une quelconque unité d'action entre les États d'une même coalition.

Dans le cas de l'Europe, la difficile recherche de cette unité à été l'objet du Sommet de l'OTAN à Varsovie.

À ce propos, la défection d'un quelconque État ("Brexit"), pourrait avoir une importance considérable sur l’équilibre des forces, qui serait soumis à la recherche de moyens de compensation (ex. relance économique ou réarmement).

Sur la logique du risque

En termes de "risque", le développement du jeu stratégique entre adversaires potentiels, dans le cadre d'une structure de compétition à deux pôles, ne serait plus le même dans le cadre d'un échiquier multipolaire.

Les craintes réciproques, découlant du calcul d'attaquer en premier son adversaire ou de ne pas l'attaquer, engendrerait une situation de "stress" qui pousse l'attaquant à préférer la guerre préemptive à une guerre lancée par l'adversaire.

Dans un duel à plusieurs joueurs pour la suprématie mondiale, l'exigence d'un exécutif européen fort et proactif devient un facteur décisif existentiel et un élément important de négociation ou d'amoindrissement du risque, compte tenu des deux menaces qui pèsent sur l'Europe, sub-étatique, terroriste et sociétale la première, inter-étatique, pluripolaire et géopolitique la deuxième.

L’hypothèse d'une "guerre hybride" qui est la forme combinée de cette menace binaire pesant sur les pays européens de l'Ouest, cette forme de conflit s'inscrirait comme un gant de velours dans l'état de décomposition des sociétés occidentales et d'une crise interne majeure affectant l’"être" national (ex. guerre civile), en complexifiant les ripostes de survie et les "purges" anti-terroristes, stabilisatrices de l'organisme social, tant au niveau infra que trans-étatique.

Ce type de conflit, de type fusionnel, hybridant la guerre conventionnelle, irrégulière et civile, puissamment actées par la cyberguerre et le terrorisme islamiste s’étendrait à la guerre psychologique, subversive et d'intelligence, préparée et suivie par une immense manipulation de masse. Une manipulation qui à déjà commencé, car elle vise à faire accepter à des populations rétives l'inacceptable, la perte de leur identité et la soumission à une subculture tribale hostile et historiquement incompatible.

Rupture ou adaptation?

Adaptation

L'Europe, après une succession ininterrompue de crises a-t-elle atteint un seuil de rupture, qui reste à consommer, marquée par des fortes tensions sociales et politiques et par une situation de violence latente, définie par certains, de pré-révolutionnaire ?

Quel type de liaison existe-t-il entre la crise économique et financière de 2008, la dette grecque irrésolue, le rejet de la mondialisation, le malaise social et l'absence de reprise économique, l’impraticabilité du multiculturalisme, l'incompatibilité de l'Islam en ses différentes solutions, l’impossible intégration des migrants et le déni de réalité de la part des classes dirigeantes ?

La guerre hybride ukrainienne de 2014, les attentats du terrorisme islamique en France de 2015 et 2016, la politique d'ouverture aux réfugiés d’août 2015 et les accords Erdogan-Merkel sur le contrôle des flux migratoires sont-ils des moments isolés et sans connexion entre eux ?

Peut-on expliquer le coup d’État contre Erdogan et le rapprochement Ankara-Moscou par la seule soumission à la politique américaine et la crise du régime démocratique, encourageant encore davantage la désaffection diffuse du projet européen ?

Faut-il oublier l’interventionnisme actif d'Hégémon et ses savants mélanges de desseins géopolitiques et d'encouragements au "regime change" ?

La nouvelle incompréhension Est-Ouest et le fossé permanent entre Nord et Sud ont fait atteindre un seuil de rupture et une situation de tension et de confrontation sociale et politique à la relation entre la "vieille" et la "nouvelle" Europe. Or, pour l'ensemble de ces phénomènes les gouvernements n'offrent ni de solutions ni de projets et l’Union n'a pas de Plan B pour l'avenir.

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L'acceptation de la tutelle américaine, l'inertie des classes dirigeantes du continent, intellectuellement épuisées par la lutte au communisme qui les avait laissé sans rêves, sans idées, sans vision et sans stratégie à long termes, se reflète par la prédominance des États-Unis et par une évaluation de leur propres impuissances, quant au diagnostic du paysage sécuritaire et stratégique dans le monde, en même temps que de leurs impératifs de survie.

L’Europe, qui avait renoncé à la guerre comme instrument de règlement des différends infra-européens, réintégra l'Allemagne dans le jeu de la politique continentale en réarmant celle-ci au sein de l'OTAN. Dans les années 1990 la réunification du "Mittel Lage" après la chute du Mur de Berlin, sonnant le glas des pays communistes de l'Est, puis de l'Union Soviétique, ne comporta pas l'intégration de la Russie, qui avait cessé d’être l'ennemi, dans le concert européen. Par myopie politique et par faute stratégique l'Europe appuya les "révolutions de couleurs", qui compromirent les relations politiques avec la fédération russe.

S'estimant un "pôle de stabilité" consolidé, l'Europe ne bâtit pas sur cet acquis une conception large de la paix et de la co-prosperité eurasienne avec Moscou, orientant l’évolution vers une multipolarité favorable à ses intérêts bien-compris et au développement de l’immense potentiel eurasien.

L'acceptation de la prédominance américaine ne put se traduire par une adaptation de la démilitarisation du continent autour d'objectifs planétaires à long termes, concentrant les pays européens sur d'autres éléments clés d'une stratégie globale de l'Europe, à la taille de ses responsabilités, de ses capacités et des besoins du monde.

Les aspects plus évidentes de sa sécurité ne furent pas conçus comme dissuasifs par rapport à des puissances virtuellement rivales ou hostiles. Elle ne développa pas également un pouvoir militaire indépendant, renforçant ses capacités conventionnelles, nucléaires, numériques et spatiales.

D'acteur de premier rang de la vie internationale qu'elle avait été tout au long de l'histoire pendant quatre siècles, l'Europe est devenue progressivement un objet insignifiant du jeu des puissances mondiales.

L’évolution de l'Europe et de l'UE pendant la guerre froide, insularisa le continent au sein de duopole de puissance russo-américain, au lieu de le transformer en troisième force, comme la conçurent les Pères de "l'Europe des Patries", en opposition aux fauteurs de intégrationnisme atlantique. L'adaptation de la reconstruction du continent pendant la longue période de la confrontation idéologique, allant de 1945 aux années 1990, fut une reddition peu contestée aux priorités américaines. Par rapport au premier conflit mondial, l’effondrement européen de la deuxième guerre se révéla plus profond que prévu, car il affecta l'esprit national commun des différents pays, le "Geist" européen, plus encore que les cultures nationales, c'est à dire la personnalité et la "volonté d'être" de toute une civilisation.

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Ce qui fut distinctif d'un long héritage, la symbolique de la grandeur et de la conquête, devint banalisé, rabaissé et anéanti.

Le temps est ainsi venu de revenir à l'analyse des grands enjeux de la politique mondiale et à l'amoralisme de la tradition réaliste dans le combat contre le fanatisme et l'immoralité de l'islamisme. Cette analyse n'exonère pas d'un bilan du projet européen, qui a échoué dans son but et dans sa promesse, consistant à résoudre l'antinomie théorique et factuelle entre l'Histoire violente et l'idéal pacifique, autrement dit entre le problème machiavelien des moyens légitimes et le problème kantien des finalités éthiques.

Rupture

Dans la redéfinition de son rôle dans l'ordre européen et mondial, qui ne manquera pas d'avoir des répercutions de grande portée sur le continent et sur la redistribution du pouvoir en Eurasie, les institutions européennes, actuelles ou reformées et les pays membres de demain pèseront dans la balance planétaire en fonction de choix dissonants.

Ces derniers peuvent être ainsi résumés :

- reformer en profondeur l’Union et continuer de s’aligner sur la politique américaine et sur une alliance atlantique européanisée.

- s'adapter au retour de la Russie, en l’intégrant dans une architecture de sécurité renégociée en termes de zones d'influence et de pôles de pouvoir bien identifiés.

- s'appuyer sur des politiques étrangères nationales concertées, en tenant compte des intérêts communs et individuels et de la considération que dans la plupart des cas la menace anti-force demeure la plus probable et la plus crédible.

- faire reposer la sécurité du continent sur une évaluation autonome de la réalité et sur un calcul, mis à jour périodiquement, de l’équilibre global, sans se contenter des ambiguïtés de la dissuasion et des assurances et des promesses d'Hégémon, en s'adaptant au déplacement de l'axe de gravité des tensions et du potentiel de conflit vers l'Asie Pacifique.

Cette attitude préservera la personnalité, l'identité et l'homogénéité culturelle et civilisationelle, élaborées par l'Europe au cours des millénaires.

L’évolution de ces transformations internes et internationales, nous dira si ce renouveau se fera par une rupture du "status quo" ou par une adaptation douloureuse de la paix civile et de la diplomatie, par le droit, la morale ou l'idée.

A un regard lucide de la situation actuelle et de la conjoncture globale, les politiques d'adaptation semblent avoir rendu leur âme et le concept et les forces de rupture avoir pris le dessus sur le code non écrit de la légalité et de la légitimité dans l'usage de la force, en imposant leurs ambitions, leurs buts et leur soif de changement.

Au XXIème siècle, le rêve d'un nouvel ordre mondial reprend cependant son souffle, sous les turbulences d'une perspective globale, menaçante et assombrie par le risque d'un recours à la violence paroxystique entre unités politiques en compétition permanente.

Bruxelles, le 11 Août 2016

Publié sur le site www.ieri.be le 16 décembre 2016

Demain la guerre civile, vraiment ?

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Demain la guerre civile, vraiment?

par Georges FELTIN-TRACOL

51jpRSNvcEL.jpgIl y a trente ans, en 1991, l’ancien policier Charles Pellegrini répondait aux interrogations de Serge Ferrand dans un ouvrage au titre inquiétant : Demain la guerre civile ? Le thème fait depuis florès tant en librairie que dans les débats audio-visuels et sur les réseaux sociaux numériques. Suite à la fameuse tribune des militaires mise en ligne sur Place d’armes et reprise par Valeurs actuelles, un sondage de l’Institut Harris montre que 45 % des Français estiment que nous allons vers une guerre civile. La France connaîtrait dans les prochaines décennies, dans les prochaines années, voire dans les prochains mois, de terribles déchirements internes. L’hypothèse la plus envisagée opposerait les Français d’origine européenne aux descendants des populations allogènes venues d’Afrique et d’Orient, souvent de foi mahométane, à l’instar des deux tomes du surfait Guérilla de Laurent Obertone. Le concept de guerre civile à venir est-il cependant crédible ?

Si la Guerre d’Algérie a conduit au début des années 1960 l’Hexagone au bord de la guerre civile, la dernière en date remonte à 1944 – 1945 avec la sanglante « Épuration ». Les commentateurs qui parient sur cette éventualité gardent en mémoire la longue guerre du Liban (1975 – 1990) et s’imaginent des scènes semblables au conflit syrien dans des paysages berrichons, marseillais ou bretons familiers. Ils se trompent !

Des événements comparables n’affecteraient pas l’Hexagone, car les tensions supposées pourraient être d’ordre moléculaire, c’est-à-dire de basse intensité. Certes, les heurts pourraient être violents, mais ils se limiteraient à des zones géographiques précises. En outre, la France n’est ni le Liban, ni la Syrie ou l’Irak. On voit mal en effet un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, détenteur de l’arme atomique, qui dispose de plusieurs centrales nucléaires et des centres de retraitement radio-actif, première puissance militaire de l’Union pseudo-européenne, plonger sans la moindre réaction dans un conflit intérieur. Sait-on par ailleurs que plus de soixante-dix chefs d’État et de gouvernement y possèdent une résidence secondaire ? Par exemple, le roi du Maroc séjourne longuement dans un château d’Île-de-France; la dynastie royale belge passe ses vacances sur l’île d’Oléron; la famille grand-ducale de Luxembourg est mitoyenne du fort présidentiel de Brégançon au bord de la Méditerranée.

Il est donc difficile de croire que le voisinage de la France, les institutions de l’Union dite européenne et l’Alliance Atlantique assisteraient au délitement socio-politique français. En cas d’effondrement des institutions républicaines et de vacance complète du pouvoir, l’OTAN et la Commission de Bruxelles interviendraient certainement dans le cadre d’une résolution onusienne avec l’intervention de forces armées restauratrices de l’« ordre » marchand – progressiste. Verrait-on alors l’entrée en fonction d’une AMGOT (gouvernement militaire américain des territoires occupés) nouvelle mouture prévue à la veille de l’invasion anglo-saxonne du 6 juin 1944 et jamais appliquée en raison de l’hostilité virulente du général De Gaulle et de la Résistance intérieure ?

En cas de guerre civile « perlée » ou totale, qui profiterait finalement de la situation anxiogène ? Gageons que le Bloc occidental atlantiste (BOA) serait ravi d’étouffer la voie spécifique française, de la contraindre à rentrer définitivement dans la nasse mondialiste et de lui retirer sa précieuse dissuasion nucléaire à l’avantage de Washington, de Bruxelles et de Berlin, deux fidèles larbins du Capitole, de Wall Street et d’Hollywood. Ce n’est pas anodin si depuis la présidence de Bill Clinton (1993 – 2001), l’ambassade étatsunienne installée à un jet de pierre de l’Élysée investit massivement dans les banlieues de l’immigration. Les officines yankees se retrouvent avec leurs concurrentes britanniques, turques, israéliennes, algériennes et marocaines.

Si un conflit identique aux tragédies survenues au Yémen ou en Afghanistan est assez improbable, une stratégie de la tension proche des « années de plomb » 1970 – 1980 en Italie ou de la « crise d’octobre » 1970 au Québec s’envisage réellement. Il est en tout cas évident que l’hyper-caste cosmopolite a décidé d’accélérer et d’amplifier le populicide programmé des Albo-Européens.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 222, mise en ligne sur TVLibertés, le 6 juillet 2021. Il s’agit de l’ultime « Chronique du Village planétaire » destinée à TVLibertés.

La place de l'Europe dans un monde multipolaire - éléments pour une pensée populiste révolutionnaire

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La place de l'Europe dans un monde multipolaire - éléments pour une pensée populiste révolutionnaire

Alexander Markovics

Ex: https://theradicaloutlook.com/europes-place-in-a-multipolar-world-elements-for-a-revolutionary-populist-thought/

Un avenir alternatif pour l'Europe

Le monde multipolaire émergent est une révolution géopolitique. Il ne marque pas seulement un changement de paradigme par rapport au court moment unipolaire établi par les États-Unis après 1991, mais aussi la fin de l'hégémonie occidentale. Le processus de multipolarité en cours est en faveur des différentes civilisations et contre le projet libéral de mondialisation. Alors que la mondialisation tente d'unifier le monde sous un seul système politique, une seule idéologie et une seule civilisation, la multipolarité proclame la diversité des différents systèmes politiques, des différentes idéologies et des différentes civilisations. 

La multipolarité et le moment populiste

La question se pose donc : Quelle est la place de l'Europe dans ce monde multipolaire ? La position actuelle de l'Europe est incrustée dans l'orbite des Etats-Unis. Après 70 ans d'atlantisme, l'Europe ne semble pas capable d'exprimer ses propres intérêts géopolitiques. Mais comme le disait Hölderlin : "Mais là où il y a danger, les puissances salvatrices grandissent elles aussi". Le moment populiste a donné naissance à des mouvements comme les Gilets jaunes et des partis contestataires dans toute l'Europe, qui ont déclaré la guerre aux élites libérales. Mais même les mouvements et partis populistes manquent d'une stratégie conséquente contre le mondialisme et le libéralisme. Les attaques des mondialistes sont dirigées contre le cœur de la civilisation européenne. Le christianisme et ses églises sont profanés, les peuples se dissolvent dans les "eaux glacées du calcul égoïste" (comme le disait Karl Marx), la famille est contestée en tant qu'instrument d'oppression, et aussi l'existence même des deux sexes est attaquée parce qu'ils représenteraient le patriarcat pour le gender mainstreaming, alors que le transhumanisme est même prêt à abolir l'humain lui-même pour, dit-on, libérer l'individu. Pour résumer ce danger, le libéralisme attaque sur plusieurs fronts. Mais les populistes ne décident de se battre que sur quelques-uns d'entre eux, notamment parce qu'ils ne comprennent pas l'importance de ces combats. Jusqu'à présent, ils n'ont remis en cause que certains aspects de l'hégémonie libérale et ne saisissent pas toute la panoplie subversive qu'ils forment tous ensemble. Ils appellent à la fin des migrations de masse mais ne remettent pas en question l'OTAN qui détruit la souveraineté des nations partout dans le monde. Ils gardent le silence sur le problème du capitalisme qui détruit leur propre culture et leur religion chrétienne, alors qu'ils crient "N'islamisez pas notre américanisation !".

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Les deux pères fondateurs de la pensée populiste révolutionnaire : Gramsci et Schmitt

Tous ces aspects de la guerre intellectuelle qui fait actuellement rage en Occident nous montrent la gravité apocalyptique du moment historique que nous vivons. Il est donc plus important que jamais de s'armer, de se blinder intellectuellement et de choisir d'être résolument à l'écart du pandémonium à l'oeuvre dans le monde occidental. Dans le cas de l'Europe, nous pouvons choisir entre les élites actuelles et leur vision perverse d'une fin de l'histoire ou la cause des peuples et la continuation de l'histoire. Ce qui manque actuellement aux populistes de toute l'Europe, c'est une théorie révolutionnaire. Mais où peuvent-ils la trouver ? Tout d'abord, nous devons regarder la période de l'entre-deux-guerres où nous trouvons, d'une part, l'intellectuel communiste Antonio Gramsci et, d'autre part, le révolutionnaire conservateur allemand Carl Schmitt. Dans la pensée de Gramsci, nous pouvons trouver sa théorie de l'hégémonie afin de mieux saisir le fonctionnement du régime libéral actuel. Si nous adoptons correctement les idées d'Antonio Gramsci, nous nous rendons compte que nous pouvons trouver l'idéologie libérale non seulement dans des phénomènes comme la migration de masse et la détérioration de la sécurité intérieure, ou l'économie capitaliste, mais aussi dans l'unipolarité géopolitique et surtout dans l'homogénéisation délétère de l'espace culturel. Par conséquent, une résistance contre l'hégémonie libérale sur l'Europe doit finir par s'avérer futile si elle n'est dirigée que contre un seul de ses aspects. Si le populisme n'est dirigé que contre un ou deux aspects de l'hégémonie, il doit nécessairement devenir un autre exemple de "modernisation défensive" et échouera finalement à long terme, comme l'a déclaré la théoricienne politique belge Chantal Mouffe. L'émergence du populisme signifie que le politique est revenu en Europe et que nous, Européens, pouvons choisir entre différents projets hégémoniques. Le libéralisme n'est qu'une possibilité - un populisme révolutionnaire orienté autour des principes de la Quatrième théorie politique, formulée en Russie par Alexandre Douguine, est l'autre possibilité. Ce sont les conditions intellectuelles préalables à une Europe souveraine dans un monde multipolaire. 

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Le land power (le puissance tellurique), le Katechon d'Europe et l'État-nation

Dans le domaine de la géopolitique, les populistes doivent redécouvrir l'opposition, théorisée par Carl Schmitt, entre la terre et la mer. Dans cette opposition, Schmitt démontre le lien entre la puissance maritime et les idées progressistes, alors qu'il met en évidence le lien entre la puissance terrestre et le conservatisme. Comme l'a formulé Alain de Benoist en se référant à Zygmunt Baumann, la puissance maritime tente de tout rendre liquide, elle "liquide" le capital et les migrants pour les laisser couler comme les eaux de la mer (ndt: cette "liquidité" de la pensée politique maritime anglo-saxonne, Carl Schmitt la formule dans son Glossarium, volume dense qu'il ne voulait pas publier de son vivant, volume qui n'a pas encore été traduit en une autre langue). Pour résister à la mondialisation, l'Europe doit devenir une "Europe katéchonique", selon l'expression de Carl Schmitt, un grand espace européen uni, afin de pouvoir s'opposer à l'Antéchrist. À bien des égards, cela signifie que l'Europe doit revenir à ses racines géopolitiques. Premièrement, elle doit reconnaître que l'État-nation, en tant que rejeton de la modernité, a) n'est plus en mesure d'exercer sa souveraineté et b) n'est pas un protecteur du peuple mais un agent des intérêts bourgeois. 

Le sujet de la pensée populiste : le peuple

Pour développer une pensée populiste révolutionnaire, il est nécessaire de mettre l'accent sur le sujet même du populisme, c'est-à-dire le peuple. Contrairement à la nation, le peuple n'est pas une communauté artificielle, mais un organisme né d'une histoire charnelle. Il n'est pas constitué d'individus isolés, mais de personnes qui trouvent leur place dans la communauté. Alors que les nations ne connaissent au-dessus d'elles qu'une humanité politiquement homogénéisée et trouvent leur aboutissement logique dans l'État mondial, les différents peuples sont autant de pensées de Dieu, comme le concluait Herder. Au-dessus des peuples, on ne trouve que les civilisations, composées de différents peuples partageant entre eux la même religion, la même histoire, l'espace commun. Chaque peuple pour lui-même est condamné à être liquidé par l'Occident, mais uni au sein d'une civilisation, il peut résister à la tempête. 

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La multipolarité et le "coeur du monde distribué"

Il est donc impératif qu'une civilisation européenne unie forme un empire commun au sens traditionaliste du terme afin de garantir la paix sur le plan intérieur et de défendre sa souveraineté face à l'assaut mondialiste. Par ailleurs, l'essor des civilisations russo-eurasienne, chinoise et irano-chiite a prouvé ce qu'Alexandre Douguine appelle le heartland distribué. Il n'y a pas qu'un seul cœur, comme l'envisageait Halford Mackinder, mais plusieurs. En tant qu'Européens, nous représentons l'un d'entre eux, notre cœur européen spécifique. Cela signifie que nous devons laisser derrière nous le "fardeau de l'homme blanc", le messianisme libéral des droits de l'homme, la (post-)modernité, le progrès et les Lumières. Nous devons faire face à la xénophobie. Ce n'est que lorsque nous abandonnerons notre arrogance et nos superstitions que nous pourrons prendre place parmi les civilisations égales et revenir à notre héritage chrétien traditionnel. Si les populistes en Europe tirent les leçons de ces événements, en laissant derrière eux les différences stériles entre la gauche et la droite, et formulent un programme révolutionnaire dirigé contre la mondialisation et le libéralisme dans toutes ses dimensions, ils peuvent gagner. La multipolarité dans sa dimension intellectuelle et géopolitique est la clé pour rendre à l'Europe son propre destin. Mais comme dans toute lutte de libération, les Européens eux-mêmes doivent faire le premier pas pour sortir de l'hégémonie occidentale. 

La fin du césarisme : réflexion et autocritique comme clés de la multipolarité européenne

Une théorie révolutionnaire permet non seulement aux populistes de toute l'Europe de différencier l'ami, l'ennemi et l'ennemi principal, mais aussi de créer une stratégie afin qu'ils puissent parvenir à libérer l'Europe du libéralisme. Une théorie sophistiquée permet également l'autocritique et met fin au césarisme irréfléchi au sein des mouvements et partis populistes. Les exemples tragiques de gouvernements populistes ayant échoué à cause du césarisme, comme en Italie et en Autriche, appartiendraient au passé. 

La multipolarité : Les civilisations unies contre le globalisme

Comme nous pouvons le voir, la multipolarité offre de grandes chances de lutter contre les forces de la mondialisation et de mettre fin à leur progression. Nous en avons été témoins sur les champs de bataille en Syrie, où la Russie et l'Iran ont empêché la chute du président Bachar-al Assad et la montée d'ISIS. Au Venezuela, la Russie et la Chine ont réussi à aider le président Maduro à résister à la déstabilisation et au changement de régime orchestrés par les États-Unis. Si nous voyons ce potentiel d'un front anti-impérialiste composé de différentes civilisations unies contre la mondialisation, il serait logique que l'Europe le rejoigne également à long terme. Il est donc impératif que l'Europe laisse derrière elle l'Occident et forme un pôle propre dans l'ordre mondial multipolaire à venir.

Alexander Markovic est un historien, expert en politique internationale et en géopolitique (Autriche).

Source - Alexander Markovics : La place de l'Europe dans un monde multipolaire - éléments pour une pensée populiste révolutionnaire (VIDEO)

mardi, 13 juillet 2021

La dictature de Macron comme à la parade

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La dictature de Macron comme à la parade

par Nicolas Bonnal

Voici où nous en sommes : vaccination avant incarcération et extermination (mais avec assentiment populaire). Et cela gagnera toute l’Europe. Voyez la Grèce, l’Allemagne ou la Belgique…

Macron établit sa dictature avec l’assentiment de la ploutocratie totalitaire : voyez mon livre de 2017, quand j’ai évoqué la fin des libertés. J’annonçais aussi de nouvelles résistances, mais de ce côté, au pays de Louis XIV, de Napoléon, de Napoléon III, de la Vendée, des Massacres de septembre, des guerres mondiales et coloniales, des droits du citoyen et du politiquement correct remixé Mai 68, on a été moins entreprenant que prévu – à part la protestation pétrolière et vite calmée (et encadrée) des gilets dits jaunes.

Tout cela je l’avais exposé dans mon universitaire pamphlet intitulé le Coq hérétique : la France n’était pas la terre de la liberté. Point. Les plus grands écrivains du dix-neuvième siècle l’avaient dit, et ils avaient fini par inspirer le dernier grand esprit français François Furet (Penser la révolution française). Jouvenel dans son Du pouvoir eut le courage de mettre les pendules à l’heure après 1945 quand il inventa la fastueuse expression « démocratie totalitaire » depuis rebaptisée « société ouverte ».

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De la même manière on assiste depuis quelques semaines à une disparition des antisystèmes ; le front se fracture et je l’avais dit aussi en me basant sur le film de Don Siegel L’invasion des profanateurs de sépulture. A la fin le héros (excellent Kevin McCarthy – sic) se retrouve seul face aux extraterrestres ou comme dirait Philippot aux rhinocéros. La fin-vaseline a été rajoutée sur ordre des studios, alors que Siegel (l’évadé d’Alcatraz…) voulait montrer une seule chose : nous devenions des légumes face à l’Etat et à la télé ; rappel, le héros résistant est médecin aussi, et c’est un beau clin d’œil. A la même époque on réalise aussi à Hollywood l’Homme qui rétrécit, qui rétrécit face à la science, face au médecin, face au chat, face à la femme libérée. Rien de neuf là aussi : lisez le livre VIII de Platon et le compte-rendu que j’en ai fait.

Les antisystèmes et les rebelles se volatilisent donc comme l’Eglise. Des gusses comme le Saker insultent, le vieux catho Castelnau ronchonne, Raoult rétropédale, le Tandonnet évoque une panique, les pépères comme Sannat résistent passivement, les Ménard et les Marianne veulent vacciner à tour de bras. En réalité ce n’est pas qu’il y avait fausse opposition ou opposition contrôlée, c’est qu’il n’y avait pas d’opposition du tout. Les types aboient, prennent leur coup de pied et partent la queue entre les pattes. C’est très bien expliqué dans Point Break.

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Tandonnet, ex-conseiller de Sarkozy et biographe de Tardieu (il faut le faire), ose écrire que le pouvoir panique. C’est comme si on disait que Louis-Napoléon Bonaparte paniquait le 2 décembre 1851 ou que Hitler tremblait de peur avant l’incendie du Reichstag. Il devrait lire Jouvenel ou Tocqueville au lieu de les citer ; le pouvoir ne fait que se renforcer. Il le fait car il a affaire à un peuple de semi-esclaves qui a cru se libérer en 1789 ou en 1870. On en revient à l’hallucination collective dont j’ai parlé maintes fois et qui dure en occident depuis la Renaissance et la machine à imprimer (Gutenberg, Faust, la planche à billets…).

La liberté occidentale est un mythe absolu : les gouvernements occidentaux sont toujours enragés, bolchéviques, oligarchiques, fascistes, ce qu’on voudra. Le populo continuera de se coucher, comme le remarquaient en leur temps Céline, Drumont et Bernanos.

Les bourreaux volontaires vont charger, et le troupeau s’incliner.

On conseillera aux résistants de se faire une raison avec leurs paquets. Ce n’est pas la Résistance qui a libéré la France, contrairement à l’énième mythe reçu.

Liens:

https://reseauinternational.net/celine-et-la-soumission-i...

https://reseauinternational.net/ecrabouillement-de-trump-...

https://reseauinternational.net/le-nouvel-ordre-mondial-e...

https://www.dedefensa.org/article/platon-nous-decrivait-i...

http://www.dedefensa.org/article/de-platon-a-cnn-lenchain...

dimanche, 11 juillet 2021

La revue de presse de CD - 11 juillet 2021

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La revue de presse de CD

11 juillet 2021

AFRIQUE

Afrique de l’Ouest. La violence (parfois) terroriste dans la « zone des trois frontières »

La cartographie de la violence dans la « zone des trois frontières » permet non seulement de comprendre le déplacement de celle-ci mais également de faire des prévisions pour l’avenir. La cartographie est ici essentielle pour matérialiser les phénomènes criminels.

Conflits

https://www.revueconflits.com/terrorisme-burkina-faso-her...

EDUCATION

Grandes écoles et climat : la fabrique du conformisme

Nos grandes écoles fabriquent-elles du conformisme ? La question n’est pas nouvelle, mais elle m’est apparue avec une singulière acuité la semaine dernière après avoir reçu soixante candidats en oral d’admission. À part quelques heureuses exceptions, j’ai été frappé de l’uniformité de leurs centres d’intérêt autour de la question climatique. Cette uniformité, soit qu’elle représente une simple façade pour les candidats, soit qu’elle soit sincère, pose un véritable risque économique et sociétal.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/07/07/401107-grandes-ec...

Enseignants et laïcité, le péril jeune 

Les enseignants, de moins en moins attachés à la laïcité ? Dans son étude « Les enseignants, la laïcité et la place des religions à l’école », l’Ifop fait le constat d’une mutation inquiétante chez les moins de 30 ans, de plus en plus attirés par un multiculturalisme à l’anglo-saxonne.

Front populaire

https://frontpopulaire.fr/o/Content/co571540/enseignants-...

ETATS-UNIS

Ingérence et droit international : l’exemple des États-Unis et de l’Ukraine 

En théorie, le droit international interdit de s’immiscer dans les affaires des autres. Mais comme l’illustre le cas des États-Unis et de l’Ukraine, certains États ont une conception toute singulière du principe de non-ingérence.

Front Populaire

https://frontpopulaire.fr/o/Content/co566675/ingerence-et...=

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FRANCE

Jean-Luc Mélenchon ou le « law fare » à géométrie variable

Jean-Luc Mélenchon est un critique acerbe de ce que l’on appelle le « Law fare » en Amérique latine. Ce terme désigne ce que les intellectuels latino-américains appellent la « guerre judiciaire du néolibéralisme en Amérique latine ». C’est ni plus ni moins que l’instrumentalisation de la justice, qu’elle soit pénale, civile, administrative ou financière afin de se débarrasser des politiques pourtant régulièrement élus, mais qui s’opposent à la mainmise des intérêts américains et financiers sur le sous-continent. Pour les remplacer par des politiciens plus accommodants.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/07/jean-luc-melenchon-ou-l...

Vaccination obligatoire contre le covid : la force pour masquer l’échec

Comme pour l’état d’urgence sanitaire, on envisage d’emblée de restreindre et supprimer des libertés par anticipation du risque, le tout avec l’approbation d’une majorité sidérée par la comm’ de l’exécutif.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/07/06/401081-vaccinatio...

Le sort actuel de Mila est une honte pour la France

La condamnation de onze harceleurs de la jeune femme ne suffira pas à lui assurer une vie acceptable, ni à nous racheter une dignité, à nous, les Français, qui permettons qu'elle reste emmurée dans notre indifférence.

Slate

http://www.slate.fr/story/212070/comment-proteger-mila-ad...

GEOPOLITIQUE

Nord Stream 2 : comment interpréter la fin des sanctions américaines ?

Le 19 mai 2021, pendant les préparatifs du sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden à Genève dans le cadre du G7, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken annonce que les États-Unis renoncent aux sanctions qu’ils avaient imposées au projet du gazoduc Nord Stream 2. Pourquoi ce revirement ?

The Conversation

https://theconversation.com/nord-stream-2-comment-interpr...

Brise de mer ou avis de tempête ?

Le 28 juin dernier a commencé un exercice d’envergure de l’OTAN impliquant 5000 hommes, 40 avions, 32 navires en provenance de 32 pays et des 6 continents. Baptisé Sea Breeze 2021, il a pour théâtre le nord ouest de la Mer Noire ainsi que trois régions ukrainiennes et doit se prolonger jusqu’au 10 juillet. Son objectif, d’après le commandant en chef de la flotte ukrainienne, est de relever le degré de sécurité dans la région de la Mer Noire, et faire en sorte que cette mer soit « une zone de stabilité et de paix et puisse être utilisée par des ressortissants de tous les continents ». Pour la seule année 2021, l’OTAN aura organisé 7 exercices militaires sur le territoire ukrainien et que l’incident impliquant un navire britannique au large de la Crimée le 23 juin a été très peu apprécié à Moscou.

Geopragma

https://geopragma.fr/brise-de-mer-ou-avis-de-tempete/

vendredi, 09 juillet 2021

Multilatéralisme américain et capitulation inconditionnelle de l'Europe

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Multilatéralisme américain et capitulation inconditionnelle de l'Europe

par Luigi Tedeschi

Source : https://www.ariannaeditrice.it/articoli/multilateralismo-americano-e-resa-europea-senza-condizioni

Le multilatéralisme américain ne débouchera pas sur un nouvel accord entre les deux côtés de l'Atlantique, mais se révélera une reddition inconditionnelle de l'Europe aux États-Unis.

Nouveau multilatéralisme et vieil impérialisme

L'Amérique est-elle de retour ? En réalité, sa présence en Europe, avec ses bases militaires et son leadership politique et culturel, n'a jamais faibli. Biden, avec le G7 et le sommet de l'OTAN à Bruxelles, a voulu redéfinir les relations avec les alliés en fonction des nouveaux équilibres politiques qui se dessinent après la crise de la pandémie. Le retour de l'engagement américain direct, qui constitue un tournant par rapport à la politique d'unilatéralisme de Trump, vise à recomposer le front européen dans le contexte d'un leadership américain renouvelé. La relance des relations atlantiques s'est donc faite dans un climat d'enthousiasme de la part des pays européens, déjà orphelins du protectorat américain en raison de la politique de désengagement de Trump vis-à-vis de l'OTAN.

L'UE a en effet été conçue comme un organe économique et monétaire supranational au sein d'une alliance atlantique, qui s'est étendue à l'Europe de l'Est après la fin de l'URSS. L'UE est une puissance économique qui a délégué sa sécurité à l'OTAN et est donc devenue une entité géopolitique subordonnée et homologuée à la puissance américaine.

Toutefois, l'enthousiasme des alliés européens a vite été déçu, car le tournant géopolitique de Biden, outre un multilatéralisme renouvelé de l'alliance atlantique, prévoit également une redéfinition du rôle de l'OTAN en fonction de l'endiguement de la Chine et de la Russie, ce qui impliquerait également les alliés européens. Biden, en effet, a préfiguré une coopération avec les puissances militaires européennes, qui impliquerait le transfert des flottes européennes vers le Pacifique, dans le but de contenir l'expansion économique, politique et militaire de la Chine.

La politique d'hostilité antagoniste de Biden envers la Chine et la Russie par rapport à Trump reste inchangée. Toutefois, la stratégie a changé, puisque Biden a inauguré une nouvelle politique multilatérale à l'égard des alliés européens, avec une implication directe relative de l'Europe dans la géopolitique américaine. Nous pourrions définir la politique de Biden par un slogan : nouveau multilatéralisme et vieil impérialisme.

Il ne s'agit pas d'une nouvelle guerre froide

En réalité, le multilatéralisme de Biden prend la forme d'une "ligue des démocraties" où le leadership américain s'oppose à la Russie et à la Chine en tant que puissances autoritaires. On peut donc se demander si cette opposition entre les puissances mondiales ne représente pas un renouveau de la "guerre froide", celle née de la bipolarité USA-URSS après la Seconde Guerre mondiale. Cette hypothèse ne semble pas crédible. En effet, après le déclin de l'unilatéralisme américain suite à l'effondrement de l'URSS, avec l'émergence de nouvelles puissances continentales comme la Russie, la Chine, l'Inde, l'Iran et l'Afrique du Sud, un nouveau multilatéralisme géopolitique a vu le jour, caractérisé par une interdépendance économique et financière mondiale et par des conflits et des alliances très précaires et diversifiés.

De plus, avec la guerre froide, un contraste a été établi entre l'Occident libéral et démocratique et les pays du socialisme réel, comme un affrontement entre deux systèmes politiques et idéologiques alternatifs. Aujourd'hui, dans la confrontation des Etats-Unis contre la Russie et la Chine, les motivations idéologiques apparaissent beaucoup plus floues, dans la mesure où le modèle néo-libéral s'est imposé, même si c'est avec des différences marquées, au niveau mondial. L'affrontement est donc essentiellement de nature géopolitique, marqué, s'il en est, par un cadre idéologique entièrement américain : démocraties contre autocraties.

La même rencontre entre Biden et Poutine, prélude à une politique américaine d'endiguement de la Russie beaucoup plus douce que celle envers la Chine. Lors du sommet Biden-Poutine, la volonté de réduire les dépenses d'armement, de conclure une trêve dans la cyberguerre et de s'entendre sur un engagement commun dans la lutte contre le terrorisme a émergé. Il en ressort clairement la volonté américaine d'adopter une politique moins hostile envers la Russie, afin d'éviter la formation d'un bloc unitaire Moscou-Pékin opposé à l'Occident.

L'Amérique est de retour

Il semble évident que la stratégie de Biden ne peut être conciliée avec les intérêts européens. La Russie, à l'exception des pays d'Europe orientale, ne représente pas une menace pour la France, l'Allemagne et l'Italie. Une opposition européenne claire et nette, alignée sur les États-Unis, n'est pas non plus envisageable en ce qui concerne la Chine. La menace chinoise se fait sentir en Europe en termes de sauvegarde des industries stratégiques, de pénétration commerciale et de protection des données sensibles, mais il est impensable que l'Europe se prive de la technologie chinoise, ou qu'elle fasse disparaître les relations d'import-export vers et depuis la Chine. La Grande-Bretagne post-Brexit elle-même, bien qu'alignée sur les stratégies américaines dans le Pacifique, n'a certainement pas l'intention de se priver de l'afflux de capitaux chinois à la Bourse de Londres.

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Mais surtout, cette extension de la présence de l'OTAN à la zone Pacifique, dans une fonction anti-chinoise, conduirait à une nouvelle implication européenne dans de nouveaux conflits potentiels suscités par les Américains. L'histoire récente aurait dû faire prendre conscience aux Européens que les guerres expansionnistes américaines en Irak, en Afghanistan (conclues par le récent retrait unilatéral des États-Unis), en Libye, en Syrie, en Ukraine, en plus de provoquer des dévastations et des massacres aveugles parmi la population et de nouveaux conflits irrémédiables dans diverses régions du monde, se sont toujours terminées par des défaites périodiques de l'Occident sur le plan géopolitique et ont augmenté de façon spectaculaire la propagation du terrorisme islamique, dont l'Europe a été la principale cible.

En outre, les investissements européens ont subi des pertes importantes en raison des sanctions imposées unilatéralement par les États-Unis à la Russie, à l'Iran et au Venezuela. A ce sujet, Massimo Fini s'exprime dans son article "Assez de suivre le maître américain" : "La leçon de l'Afghanistan ne nous a-t-elle pas suffi ? De toute évidence, non. Au G7, on n'a parlé que de multilatéralisme, d'une alliance étroite entre "les deux rives de l'Atlantique". Le "multilatéralisme" n'est rien d'autre que la confirmation de la soumission de l'Europe aux Etats-Unis. Une soumission dont l'OTAN a été un instrument essentiel pour maintenir l'Europe dans un état de minorité, militaire, politique, économique et finalement aussi culturelle".

En ce qui concerne le multilatéralisme américain, que Biden a annoncé au sommet de l'OTAN à Bruxelles avec le slogan "America is back", Lucio Caracciolo a voulu préciser dans "La Stampa" du 16/06/2021, qu'il serait erroné de le traduire pour les Italiens par "Mother America is back", car le sens de ce slogan serait : "Sur les choses qui comptent, nous décidons, vous les appliquez". Pour le reste, vous apprendrez à vous débrouiller seuls. Nous ne faisons pas de la chirurgie ordinaire, seulement de la chirurgie pour sauver des vies". Il existe une continuité sous-jacente entre les politiques de Biden et de Trump: celle de Biden est un "America first" par d'autres moyens.

En effet, les espoirs des vassaux européens quant à un engagement militaire américain renouvelé pour la sécurité de l'Europe ont été déçus.

Pour les États-Unis, la priorité stratégique est l'endiguement de la Chine, mais l'endiguement de la Russie est beaucoup moins important et, par conséquent, il n'est pas prévu de renforcer l'OTAN en Europe. Il faut également noter que l'engagement des pays européens pris sous Trump et jamais démenti par Biden, d'allouer 2% du PIB national aux dépenses militaires a été complètement ignoré. L'Europe n'a jamais été consciente du changement des stratégies américaines et n'a pas non plus considéré que dans la géopolitique mondiale actuelle, cette Europe, militairement et politiquement soumise aux USA, ne représente qu'une plateforme géostratégique américaine pour l'expansion de l'OTAN en Eurasie (un projet actuellement reporté). Ce rôle géopolitique subordonné de l'Europe a été confirmé par les propos de Draghi lors du sommet de l'OTAN à Bruxelles : "Une UE plus forte signifie une OTAN plus forte". L'Union européenne ne serait donc concevable que dans le cadre d'un dispositif atlantique avec un leadership américain.

Alberto Negri déclare à ce propos dans un article du "Manifesto" du 13/06/2021 intitulé "Le menu est seulement américain, l'Europe n'y est pas" : "Ce que l'Europe gagne dans cette "perspective" des relations avec la Russie et la Chine n'est pas du tout clair. Étant donné qu'entre autres choses, l'Alliance atlantique provient du retrait en Afghanistan qui n'a pas été sanctionné par les pays de l'OTAN mais par les négociations des Américains au Qatar avec les Talibans. Les Européens n'ont rien décidé, sauf le jour de la cérémonie de descente du drapeau. Cela signifie que les États-Unis, lorsqu'il y a quelque chose à établir, le font par eux-mêmes et le communiquent ensuite aux autres qui doivent engloutir leur menu, qu'ils le veuillent ou non".

Quelle contrepartie pour l'Europe ?

Dans le contexte de ce multilatéralisme américain renouvelé, qui impliquerait l'implication de l'Europe dans les stratégies globales américaines, il est légitime de s'interroger sur les contreparties que les Etats-Unis entendent payer à l'Europe en échange du partage des objectifs géopolitiques américains.

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En ce qui concerne la suppression souhaitable de la politique protectionniste promue par Trump, Biden a conclu un accord de trêve avec l'Europe concernant le différend Airbus - Boeing, tandis qu'en ce qui concerne la guerre des droits sur les importations d'acier et d'aluminium, la situation reste inchangée. De même, des divergences subsistent entre les États-Unis et l'UE au sujet des brevets sur les vaccins, que les Américains voudraient abolir et que les Européens (principalement l'Allemagne) voudraient maintenir.

En ce qui concerne l'opposition américaine à la construction du gazoduc Nord Stream 2 (qui, selon les Américains, rendrait l'Europe dépendante de la Russie en matière d'énergie), grâce auquel le gaz russe arriverait directement en Europe, les sanctions n'ont été suspendues que pour le moment, mais l'hostilité américaine reste inchangée. L'UE veut imposer des droits sur les produits à forte intensité de carbone, mais l'opposition américaine à cette volonté est bien connue.

Mais les désaccords les plus importants concernent les relations économiques entre l'Europe et la Chine. L'économie européenne est liée à la Chine dans les domaines de l'innovation technologique, des télécommunications, des technologies pour la révolution verte et des puces nécessaires aux produits à haute valeur ajoutée tels que la téléphonie et les voitures. Par conséquent, si les États-Unis poursuivent une stratégie visant à découpler l'Europe de la Chine et de la Russie, ils doivent proposer des alternatives crédibles.

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Toutefois, les États-Unis restent opposés à une intervention au nom de l'Europe dans la crise libyenne afin de contrer les visées expansionnistes d'Erdogan sur la Libye.

Ils devraient également promouvoir les plans d'investissement en Europe.

Cependant, lors du G7, seul un accord a été conclu pour le versement de 40.000 milliards de dollars aux pays les plus en retard. La manière dont cet argent sera collecté n'est toutefois pas claire, car les États américains et européens se sont engagés à utiliser leurs ressources pour la relance économique post-pandémie. M. Biden a également annoncé la possibilité de nouveaux accords commerciaux entre l'Europe et les États-Unis pour remplacer la route de la soie, mais pour l'instant, cela reste entièrement théorique. Ces accords pourraient être une nouvelle proposition du traité transatlantique déjà promu à l'époque d'Obama, qui prévoyait la suppression des barrières commerciales entre les États-Unis et l'Europe, avec l'abrogation relative des lois des États considérées comme incompatibles avec le libre marché, y compris les réglementations en matière de santé et de sécurité alimentaire. Au grand soulagement des Européens, ce traité n'a jamais vu le jour et il est toujours impensable de passer des accords avec les États-Unis qui permettraient l'importation en Europe de produits pharmaceutiques et agro-industriels ne répondant pas aux normes de santé et de sécurité alimentaire fixées par la réglementation européenne.

Les réactions européennes et le pro-américanisme de Draghi

Les réactions européennes à la stratégie de multilatéralisme de Biden ne se sont pas fait attendre.

Mme Merkel a exprimé son désaccord, déclarant que les États-Unis et l'Allemagne ont une perception différente du danger de la pénétration chinoise et de l'agressivité de la Russie.

Macron, tout en réitérant la loyauté de la France envers l'OTAN, a déclaré que la Chine n'est pas dans l'Atlantique et s'est donc déclaré opposé à une extension de la zone d'influence de l'OTAN dans le Pacifique.

En ce qui concerne l'Italie, Draghi a plutôt déclaré son assentiment à la politique d'opposition à la Chine suggérée par Biden. Cette prise de position pourrait donc entraîner des changements substantiels dans la politique étrangère italienne, ce qui conduirait à l'abrogation du mémorandum signé par l'Italie avec la Chine, concernant la route de la soie.

La position pro-américaine adoptée par Draghi, pourrait avoir pour but d'obtenir le soutien américain dans la crise libyenne, qui implique de manière décisive les intérêts italiens. La Russie et la Turquie, bien que dans des camps opposés, se sont installées en Libye, suite au désengagement américain en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Mais les États-Unis n'ont pas l'intention de s'engager pour contrer les visées expansionnistes turques en Méditerranée et l'UE ne veut pas et n'est pas en mesure de s'opposer aux visées néo-ottomanes d'Erdogan. Bien qu'il soit prévisible dans un avenir proche une escalade de la pénétration politique, militaire et religieuse de la Turquie en Europe, une Turquie qui pourrait s'élever au rôle de pays leader de l'Islam sunnite, comme l'était l'Empire ottoman.

La Turquie est cependant membre de l'OTAN, dont la position stratégique est essentielle dans la politique d'opposition américaine à la Russie. La construction du "canal d'Istanbul", une infrastructure de liaison entre la mer Noire et la mer de Marmara, a récemment été approuvée par le parlement turc.

Un canal parallèle au Bosphore pour l'accès à la mer Noire

Le transit par le Bosphore est régi par la Convention de Montreux de 1936. Ce traité garantit le libre transit des navires marchands par le Bosphore, mais celui des navires militaires des pays non riverains de la mer Noire est soumis à des restrictions. Il est stipulé que les navires de guerre des pays tiers ne doivent pas dépasser 15.000 tonnes individuellement et 45.000 tonnes en tant que flotte. En outre, ces navires de guerre ne peuvent pas être stationnés en mer Noire pendant plus de 21 jours.

Toutefois, le "canal d'Istanbul" ne serait pas soumis à ce traité.

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Erdogan pourrait donc autoriser le stationnement de la flotte de l'OTAN en mer Noire dans un but anti-russe. Erdogan pourrait alors accorder aux États-Unis l'accès à la mer Noire pour le bénéfice de l'OTAN en échange de l'assentiment américain à une politique turque hégémonique en Méditerranée.

Face à une telle perspective, il est tout à fait absurde d'espérer un soutien américain anti-turc en Libye en faveur de l'Italie.

Le multilatéralisme américain ne débouchera pas sur un nouvel accord entre les deux côtés de l'Atlantique, mais se révélera être une reddition inconditionnelle de l'Europe aux diktats des États-Unis.

L'Occident n'est pas un modèle de valeurs universelles

La confrontation entre les États-Unis et le bloc Russie-Chine revêt également une signification idéologique, en tant que défense des valeurs de l'Occident démocratique face à l'agressivité des autocraties russe et chinoise.

Tout d'abord, il convient de noter que l'Occident n'est pas un bloc unitaire et que le nouveau multilatéralisme de Biden ne fera qu'accroître les fractures au sein des États européens et entre eux. De plus, il existe un déséquilibre macroscopique entre la puissance américaine et ses alliés européens qui a pour conséquence que ce multilatéralisme n'existe que dans la mesure où les alliés se conforment aux diktats du leadership américain, sinon c'est l'unilatéralisme américain qui prévaudrait. Les dirigeants américains sont, par nature, hostiles à l'implication des intérêts des alliés dans la géopolitique américaine.

De plus, les Etats de l'Occident démocratique sont déchirés par des querelles internes irrémédiables (en premier lieu les Etats-Unis) qui pourraient à l'avenir affecter l'unité et la subsistance même de ces Etats.

Par conséquent, l'unité et la continuité de la politique étrangère des États de l'Occident sont devenues incertaines et problématiques. L'imposition du modèle néolibéral a progressivement privé les institutions politiques de leurs prérogatives premières, avec la dévolution dans l'UE de la souveraineté des États à des organes supranationaux technocratiques et oligarchiques non électifs. Les élites financières l'emportent sur les institutions, générant des inégalités sociales et des conflits incurables au sein des États et entre eux. La représentativité démocratique ainsi que la souveraineté populaire ont été perdues, la gouvernabilité des Etats est exercée par des majorités faibles et hétérogènes ou par des gouvernements d'union nationale: le modèle économique et politique de la démocratie libérale occidentale est en crise structurelle irréversible.

La décadence des institutions démocratiques a également provoqué la dissolution progressive des valeurs éthiques et culturelles de l'Occident.

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La démocratie ne peut exister dans une société dominée par des pouvoirs oligarchiques étrangers à la volonté du peuple. Au sujet de la dissolution des valeurs démocratiques de l'Occident, Andrea Zhok s'exprime ainsi dans un article intitulé "La défense de nos valeurs" :

"De quelles "valeurs occidentales" devrions-nous en fait parler ? La démocratie ? L'égalité ? La liberté de pensée ? Revendiquer les valeurs de la démocratie dans des pays où la moitié de la population ne va plus voter, où l'homogénéité indifférente du choix politique ne permet pas d'imaginer d'alternative, et où l'influence directe du capital privé sur la politique est effrontée, semble embarrassant. Revendiquer les valeurs d'égalité dans des pays où des dynasties héréditaires de super-riches passent à la télévision pour expliquer à la plèbe qu'elle doit affronter avec courage les défis du marché ressemble plus à un gag comique qu'à un véritable défi. Revendiquer les valeurs de la liberté de pensée dans des pays où les médias sont militairement occupés par les détenteurs du capital, agissant comme leur porte-parole, et où pour s'exprimer sans censure les gens se déplacent vers les médias sociaux russes (sic !), cela ressemble aussi plus à une blague qu'à un argument sérieux.

La vérité simple est que "nos valeurs", celles que nous serions tous courageusement appelés à défendre, sont en fait les valeurs déposées en banque par les principaux acteurs des pays occidentaux, une élite transnationale, domiciliée dans les paradis fiscaux, prête à mettre en pièces et à vendre au plus offrant n'importe quoi : histoire, culture, affections, dignité, territoires, personnes, santé. Et nous, les plébéiens dépossédés et les petits-bourgeois harassés, sommes préparés à un futur appel aux armes pour les défendre".

L'Occident ne constitue pas un modèle démocratique universel, ni un système crédible de valeurs éthiques. Chacun connaît les conséquences désastreuses de 20 ans d'exportation armée des droits de l'homme et des valeurs de la démocratie libérale occidentale contre les dits "Etats voyous", coupables de ne pas se soumettre à la domination américaine.

Au contraire, une dérive autoritaire de l'Occident est prévisible, comme le laisse présager la planification néolibérale mondiale du "Great Reset". En fait, l'objectif est d'établir en Occident une structure économique et politique autoritaire capable de s'opposer à l'efficacité et à la fonctionnalité du capitalisme autoritaire chinois, qui s'est révélé tellement plus efficace que l'Occident qu'il est en train de saper la primauté de la puissance américaine.

Le néolibéralisme de la quatrième révolution industrielle ne rendra pas démocratique l'Est de la Chine, mais il rendra totalitaire l'Ouest lui-même.

Sergej Lavrov sur l'Occident : "Son ère est terminée"

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Sergej Lavrov sur l'Occident : "Son ère est terminée"

par Rodolfo Casadei

Ex: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/sergej-lavrov-sull-occidente-finita-la-sua-era

Si les Américains pensent, après le sommet Biden-Poutine à Genève, qu'ils ont neutralisé la Russie et peuvent maintenant se consacrer à contenir la Chine afin de préserver leur hégémonie mondiale, ils se trompent. Moscou continuera à agir de concert avec les puissances révisionnistes pour accélérer la transition de l'ordre hégémonique occidental en déclin vers un ordre international multipolaire.

C'est la conclusion la plus importante en termes géopolitiques que l'on tire de la lecture de l'article du ministre russe des Affaires étrangères Sergej Lavrov intitulé "Le droit, les droits et les règles" paru sur le site de son ministère le 28 juin dernier.

Un long texte de près de 30 000 frappes qui repropose les positions traditionnelles de la Russie de Poutine en matière de relations internationales, mais aussi des soulignements relativement nouveaux et au moins une bourde de propagande qui en a fait sourire plus d'un : à un certain moment, Lavrov affirme, on ne sait pas sur la base de quelles informations, que "dans certains pays occidentaux, les élèves apprennent à l'école que Jésus-Christ était bisexuel".

Deux poids, deux mesures

Le fait que Biden ait utilisé le sommet de Genève pour jeter les bases d'une sorte de pacte de non-agression avec Moscou afin de pouvoir concentrer toutes les ressources stratégiques américaines dans le bras de fer avec Pékin, est apparu clairement lorsque lui et Poutine ont publié une déclaration commune axée sur la nécessité d'un "dialogue pour la stabilité stratégique" afin de "réduire le risque de conflits armés et la menace de guerre nucléaire", car "une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée".

M. Lavrov a clairement indiqué que la Russie considère l'attitude de l'Occident comme agressive et qu'elle ne se soumettra pas aux diktats des Américains et des Européens justifiés par les exigences de la "démocratie" et des "droits de l'homme", car l'Occident a l'intention d'imposer à tous ses règles, qui diffèrent de celles établies par les traités internationaux et l'ONU.

    "Ces réunions", a écrit M. Lavrov dans la première partie de son discours, en faisant référence au sommet du G7 en Cornouailles, au sommet de l'OTAN et à la réunion de M. Biden avec les dirigeants de l'UE, "ont été soigneusement préparées de manière à ne laisser aucun doute sur le fait que l'Occident voulait envoyer un message clair : "nous sommes unis comme jamais auparavant et nous ferons ce que nous pensons être juste dans les affaires internationales, en forçant les autres, en premier lieu la Russie et la Chine, à suivre notre exemple". Les documents adoptés lors des sommets de Cornouailles et de Bruxelles ont cimenté le concept d'un ordre mondial fondé sur des règles, par opposition aux principes universels du droit international qui ont pour source première la Charte des Nations unies".

Ce sera le leitmotiv de tout le discours de M. Lavrov : l'Occident promeut un multilatéralisme à son usage et à sa consommation, fondé sur des règles qu'il fixe lui-même de temps à autre, et rejette le multilatéralisme fondé sur la Charte des Nations unies et sur le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays. L'exemple classique du double standard occidental se répète : dans la crise du Kosovo, l'Occident applique le principe d'autodétermination de la population locale parce que cela lui convient, alors que dans le cas du référendum en Crimée, il le rejette parce qu'il ne répond pas à ses intérêts.

La Russie et la Chine dans une même phrase

Lorsque M. Lavrov veut souligner l'arrogance de l'Occident à l'égard des autres pays, il mentionne toujours la Russie et la Chine dans la même phrase :

    "Qualifiées de "puissances autoritaires", la Russie et la Chine ont été désignées comme les principaux obstacles à la mise en œuvre du programme décidé lors des sommets de juin."

    "L'Occident a réservé les termes les plus élevés au fonctionnement interne des pays "non démocratiques" et à ses efforts pour les remodeler afin qu'ils correspondent au cliché occidental. C'est pourquoi on exige que Moscou et Pékin, ainsi que d'autres, suivent les prescriptions occidentales en matière de droits de l'homme, de société civile, de traitement de l'opposition, de médias, de gouvernance et d'interaction entre les pouvoirs de l'État."

    "Les politiciens éclairés d'Europe et d'Amérique reconnaissent que cette politique extrémiste ne mène nulle part, et ils commencent à penser de manière pragmatique, en reconnaissant qu'il n'existe pas de civilisation unique dans le monde. Ils commencent à reconnaître que la Russie, la Chine et les autres puissances régionales ont des milliers d'années d'histoire, leurs propres traditions, leurs propres valeurs et leur propre mode de vie. Les tentatives visant à déterminer quelles valeurs sont meilleures et quelles valeurs sont pires n'ont aucun sens. L'Occident doit simplement reconnaître qu'il existe des façons de gouverner qui peuvent être différentes de l'approche occidentale, et accepter et respecter cela comme un fait."

Contre Macron, pour Orban

Malgré la référence aux politiciens européens éclairés, le texte de Lavrov est plein de ressentiment à l'égard de l'Union européenne, qu'il accuse d'être totalement alignée sur les intérêts de Washington et arrogante dans sa prétention à imposer son idée du multilatéralisme aux autres pays par la force des sanctions économiques contre les récalcitrants. La cible des critiques du ministre russe des Affaires étrangères sont notamment la France en la personne d'Emmanuel Macron, l'Allemagne, la Pologne et les pays baltes.

Alors qu'au moins deux clins d'œil sont réservés à Viktor Orban, qui n'est pas cité nommément. La première est lorsque Lavrov écrit qu'"il est significatif que le terme "démocratie autocratique" ait été évoqué, bien que timidement. Ce sont des considérations utiles, et les politiciens les plus réfléchis qui sont actuellement au pouvoir devraient les prendre en considération."

Dans un autre passage, il déclare : "Les tentatives des politiciens sensés de protéger la jeune génération de la propagande agressive des LGBT se heurtent aux protestations belliqueuses de l'Europe 'éclairée'".

La fin de l'Occident

Le texte prend parfois le ton de l'invective ou celui de la prophétie :

    "En étendant les sanctions et autres mesures coercitives illégitimes à l'encontre d'États souverains, l'Occident promeut un gouvernement totalitaire des affaires mondiales, adoptant une posture impériale et néocoloniale dans ses relations avec les pays tiers."

    "Pris dans son ensemble, historiquement, l'Occident a dominé le monde pendant 500 ans. Or, on assiste aujourd'hui à la fin de cette époque; l'Occident s'accroche au statut dont il jouissait en freinant artificiellement les processus objectifs qui déterminent l'émergence d'un monde polycentrique."

    "Les anciennes puissances coloniales cherchent à effacer cette mémoire en la remplaçant par des rituels conçus à la hâte, tels que l'agenouillement avant une compétition sportive, afin de détourner l'attention de leur responsabilité historique dans les crimes de l'ère coloniale."

    "Avec son attitude méprisante envers les autres membres de la communauté internationale, l'Occident se retrouve du mauvais côté de l'histoire."

Enfin, il annonce les intentions de la Russie à l'ONU :

    "Les efforts visant à apporter plus de démocratie dans les relations internationales et à affirmer un monde polycentrique comprennent une réforme du Conseil de sécurité de l'ONU qui renforcerait la présence des pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, et mettrait fin à l'anomalie de la surreprésentation de l'Occident dans le principal organe de l'ONU."

Le rameau d'olivier dans la dernière phrase de l'article contient une référence moqueuse à ce qui est considéré comme la prétention de l'Occident à dicter les règles :

    "Nous serons toujours ouverts à un dialogue honnête avec toute personne qui démontre une volonté de trouver un équilibre des intérêts mutuels, fermement ancré dans le droit international. Ce sont les règles auxquelles nous adhérons".