Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 25 juin 2023

La revue de presse de CD- 25 juin 2023

19774298772f249c929104b9e2b4da18.jpg

La revue de presse de CD

25 juin 2023

Revue de presse garantie sans aucune intervention d’intelligence artificielle

LA CITATION DE LA SEMAINE

« Car il n’est rien qui puisse me satisfaire ;

La nouveauté, sur terre, est si tôt défraîchie ;

Je me sens aspiré sans cesse vers le haut, plus détaché,

Proche de plus en plus de la splendeur solaire. »

Yukio Mishima. Poème Icare in Le soleil et l’acier, 1968. Gallimard, coll. Du monde entier, 1973, éditions Gallimard, coll. Folio, 1993.

EN VEDETTE

Après avoir accédé au pouvoir avant 40 ans, ces Young Global Leaders sont plus impopulaires que jamais

Au Canada comme en France, en Nouvelle-Zélande comme en Belgique ou encore en Irlande, les Premiers ministres ou Présidents ont un point commun : une baisse de popularité auprès de l'électorat. Mais ces dirigeants partagent un autre point commun. Ce sont tous des « alumnis » des Young Global Leaders (YGL), issus du programme chapeauté par le Forum Économique Mondial (WEF), qui vise à sélectionner les dirigeants de premier plan de demain. Si certains sont toujours au pouvoir comme Justin Trudeau, Emmanuel Macron, ou encore Alexander De Croo, d’autres ont déjà cédé leur poste, comme Jacinda Ardern, parfois pour essayer de revenir aux affaires, comme c’est le cas de Leo Varadkar en Irlande. Cinq « alumnis » à l’épreuve d’une popularité en baisse, une opposition conservatrice en hausse et des mesures rejetées ou décriées : est-ce là une simple coïncidence, l'essoufflement d’une génération de YGL ou un vrai rejet généralisé des idées de Davos ?  Créé en 2004 par Klaus Schwab, président du Forum Économique Mondial (WEF), le programme des Young Global Leaders, dont il est « très fier », « infiltre » les gouvernements à travers le monde et choisit les dirigeants de demain. L’une des « réussites » de ce programme, selon le chef du WEF, est d’avoir justement « infiltré » le cabinet du Premier ministre canadien, Justin Trudeau. « Je sais que la moitié de son cabinet, voire plus de la moitié, sont en fait des Young Global Leaders », déclarait-il en 2017.

francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/politique-monde/apres-avoir-acc...

4K4W7BLE75AVFL3P4C3NEGPFCI.jpg

AFRIQUE

Yaoundé prévient Paris que son « ambassadeur LGBT » n’est pas le bienvenu

« La position du gouvernement camerounais sur les définitions de genre, de l’orientation et de l’identité sexuelle est claire et dénuée de tout débat », écrit Yaoundé dans un courrier officiel. Une fin de non-recevoir sans équivoque à la volonté de Paris de venir faire sa propagande en envoyant son « ambassadeur pour la défense des droits LGBT » Jean-Marc Berthon (photo). « La Chine vient avec des projets d’infrastructures, l’Inde avec des projets agricoles, la Russie avec des projets sécuritaires. Tout ce que propose la France, c’est la promotion de l’homosexualité », constate un politologue camerounais…Vive la diplomatie « à la française » !

jeune-nation.com/

https://jeune-nation.com/actualite/actu-france/yaounde-pr...

AFRIQUE DU SUD

Afrique du Sud : déjà presque 100 attaques de fermiers blancs depuis le début de l’année

Les chiffres sont vertigineux : au moins 77 attaques de fermes ont été recensées entre janvier et mars de cette année en Afrique du Sud. Ces attaques ont donné lieu à 9 meurtres, toutes les personnes assassinées étaient blanches ! On ne connaît pas les statistiques pour avril mais la première semaine de juin a été terrible avec un total de huit meurtres en huit jours ! Face à cette recrudescence d’attaques clairement racistes anti-blanches (les fermiers blancs sont majoritaires en Afrique du Sud), les organisations blanches accusent le gouvernement ANC de rester totalement muet. Pourtant, le plan de sécurité rural lancé il y a quatre ans par le ministère de l’intérieur, sur pression des organisations de fermiers blancs, devait résoudre le problème. Mais quatre ans après, force est de constater que ce plan est peu ou mal appliqué. « L’excuse du gouvernement à maintes reprises est qu’il n’y a pas assez d’argent pour acheter les équipements nécessaires à l’application du plan », a déclaré Pieter Groenewald, leader du Front de la Liberté FF+, un parti à dominante afrikaner. De surcroît, les criminels ont peu de chance d’être arrêtés en Afrique du Sud. Avec un taux de poursuites pénales de 18 %, c’est 82 % des criminels qui passent à travers les mailles du filet. Et Pieter Groenewald de dénoncer l’incompétence des autorités : « Il en va de même pour les pillards de ferme. Il y a un côté intrépide chez les criminels car ils savent qu’ils peuvent s’éloigner d’une scène de crime sans encombre. Et, s’ils sont pris, la punition ne sera pas bien sévère dans nombres de cas. »

breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2023/06/21/221595/afrique-du-...

ASIE

Le projet « Grande Eurasie » : construire des ponts et briser les barrières

Si vous comptez sur les nombreux nouveaux centres de pouvoir de l’Asie pour se concurrencer et s’affronter, oubliez-ça. Le Grand Partenariat eurasien est destiné à les intégrer tous – depuis l’OCS, l’UEEA et les BRICS jusqu’aux nouvelles monnaies émergentes – afin de remplacer « l’ordre fondé sur des règles ». Le 4 juillet, lors d’un sommet à New Delhi, l’Iran deviendra enfin membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Ce sera l’une des principales décisions du sommet, qui se tiendra par vidéoconférence, de même que la signature d’un mémorandum sur la voie à suivre par la Biélorussie pour devenir également un État membre. Parallèlement, le vice-Premier ministre russe Alexei Overchuk a confirmé que l’Iran et l’Union économique eurasiatique (UEEA) dirigée par la Russie devraient signer un accord de libre-échange (ALE) d’ici la fin de 2023 qui élargira un accord provisoire qui réduit déjà les droits de douane sur des centaines de catégories de marchandises. La Russie et l’Iran, deux pôles clés de l’intégration de l’Eurasie, se rapprochent de plus en plus sur le plan géoéconomique depuis le tsunami de sanctions occidentales qui a suivi l’opération militaire spéciale (OMS) menée par la Russie en Ukraine en février 2022. L’UEEA – tout comme l’OCS et les BRICS – a le vent en poupe : Des accords de libre-échange devraient être conclus, à moyen et long terme, avec l’Égypte, l’Inde, l’Indonésie et les Émirats arabes unis.

reseauinternational.net

https://reseauinternational.net/le-projet-grande-eurasie-...

COMPLOTISME (C’est-celui-qui-dit-qui-est !)

Quinze raisons pour lesquelles les médias ne font pas de journalisme

Pourquoi l’industrie médiatique fonctionne-t-elle comme une énorme machine de propagande au service des 1 % ? Tous les matins, les journalistes ne reçoivent pas des coups de fil des puissants de ce monde pour s’entendre dicter ce qu’ils doivent raconter au public. C’est le fonctionnement même de cette industrie qui explique la manière dont les médias nous racontent ce qui se passe dans le monde. Un fonctionnement qu’Herman et Chomsky avaient brillamment décortiqué dans Fabriquer un consentement. Dans leur sillage, Caitlin Johnstone apporte ici une excellente pierre à l’édifice de l’analyse critique des médias.

investigaction.net/fr/

https://www.investigaction.net/fr/quinze-raisons-pour-les...

f13fd13ca24a76c45b59568d92967cf9.jpg

37cca7a35253636200b93bdbc63f511f.jpg

Pourquoi la propagande fonctionne-t-elle si bien ?

Il est indéniable que la civilisation occidentale est saturée de propagande à usage domestique visant à manipuler la façon dont le public pense, agit, travaille, achète et vote. Des employés des médias ont témoigné du fait qu’ils subissent une pression constante pour diffuser des récits favorables au statu quo politique de l’empire américain. Les gestionnaires de l’empire ont publiquement reconnu qu’ils avaient tout intérêt à manipuler la pensée publique. L’observation à l’œil nu de la manière dont les médias soutiennent systématiquement toutes les guerres américaines, se rallient à l’objectif de politique étrangère américain du jour et font preuve d’un parti pris écrasant contre les gouvernements ciblés par l’empire, montre clairement que c’est ce qui se passe si l’on fait preuve d’un minimum d’esprit critique. Nier que ces manipulations à grande échelle ont un effet sur vous est aussi absurde que de nier que la publicité – une industrie de près de mille milliards de dollars – a un effet sur vous. Il s’agit simplement d’un fait gênant : même si nous aimons nous considérer comme des agents souverains libres de penser et à l’abri de toute influence extérieure, l’esprit humain est tout à fait piratable. Les manipulateurs le savent, et la science de la propagande moderne, qui progresse depuis plus d’un siècle, le comprend avec une lucidité aiguë.

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/pourquoi-la-propagande-fonc...

DÉCONSTRUCTION / SCHIZOPHRÉNIE / DÉBILITÉ

Mondialistes, islamistes et wokistes unis pour détruire le blanc hétéro patriote

Les évènements de ces derniers jours confirment qu’un tournant s’est opéré, et qu’une chasse à l’homme « blanc, hétérosexuel et patriote » est aujourd’hui lancée. Cela peut sembler étonnant, mais une alliance objective et indiscutable s’est réalisée sous nos yeux, qui allie des gens absolument différents : les mondialistes, dans leur version « européiste », les islamistes et l’extrême gauche dont l’identité politique est le wokisme. On se demandera peut-être : comment des gens aussi différents peuvent-ils être alliés ? La réponse se trouve dans une formule : « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». C’est ainsi que nous assistons au mariage de la carpe et du lapin.

synthesenationale.hautetfort.com

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2023/06/2...

DÉSINFORMATION / MÉDIAS / CORRUPTION / CENSURES

Le nouveau « bureau de gestion de l’influence et des perceptions » du Pentagone

Ken Klippenstein, journaliste d’investigation à The Intercept, a révélé comment le Pentagone a très discrètement lancé en mars une nouvelle division interne, baptisée « Bureau de gestion de l’influence et de la perception ». Son existence n’est pas strictement secrète, bien qu’il n’y ait eu aucune annonce officielle de son lancement, et encore moins d’explication de la part des responsables du ministère de la défense quant à sa raison d’être ou à son mode de fonctionnement. Son budget reste également un mystère, mais il s’élèverait à plusieurs millions d’euros. Des documents financiers du Pentagone datant de 2022 offrent une description laconique et largement impénétrable de l’IPMO [Influence and Perceptions Management Office]. Le Bureau, est-il dit, « servira de conseiller principal » au sous-secrétaire à la défense pour le renseignement et la sécurité, Ronald S. Moultrie, sur « les questions stratégiques et opérationnelles de gestion de l’influence et de la perception (révéler et dissimuler) ».

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/le-nouveau-bureau-de-gestio...

unadmnamed.jpg

Le Monde condamné : « Les fact-checkeurs ont été fact-checkés » décryptage de l'avocat de France-Soir, Me Arnaud Dimeglio

Me Arnaud Dimeglio (photo), avocat au barreau de Montpellier et de Paris, a défendu le site d’information généraliste France-Soir dans le cadre du procès face au journal Le Monde. (Voir : Le Monde condamné : dire que France-Soir est un « blog » et diffuserait de « fausses informations » constitue un acte de concurrence déloyale par dénigrement. Me Dimeglio s'exprime sur cette décision de justice : « France-Soir est reconnu comme un service de presse en ligne qui bénéficie d’un certificat d’information politique et générale. Donc, il y avait un décalage total entre la qualité professionnelle du service de presse en ligne de France-Soir et une information contraire diffusée par le journal Le Monde, [qui le décrivait comme] un 'simple blog' qui diffuserait de 'fausses informations'. […] La justice a statué que l’on ne peut pas dire que France-Soir diffuse de fausses informations. […] C’était une campagne de dénigrement, à un moment donné on dit stop, ça suffit. »

francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/videos-les-debriefings/dimeglio...

Le secret de la prodigieuse capacité de travail de Mohamed Sifaoui : une méthode particulière

Mohamed Sifaoui revendique une énorme capacité de travail. Mais il ne révèle pas son secret : sa méthode ! « Ceux qui ont travaillé avec moi vont bien comprendre ce que je vais dire : j’ai une capacité de travail bien supérieure à la normale, (…) », répond Mohamed Sifaoui au sénateur Claude Raynal, président de la commission des finances, lors de son audition jeudi dernier devant la commission d’enquête sénatoriale sur le Fonds Marianne. L’élu vient de demander au journaliste comment il a pu honorer le contrat à plein temps, signé avec l’association USEPPM (Union des sociétés d’éducation physique et de préparation au service militaire) dans le cadre du Fonds Marianne, et dans le même temps, assurer une mission rémunérée de consultant pour le CIPDR (Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation). Une capacité exceptionnelle décidément, puisque La Lettre A vient de dévoiler, dans un article signé par Alexandre Berteau et Maël Jourdan, que Mohamed Sifaoui a, durant la même période, signé aussi une dizaine de piges pour le Journal du Dimanche, comme « spécialiste de Beauvau ». Mais au-delà de la capacité de travail, cette prolificité trouve peut-être son explication dans la méthode de travail. On ne soulignera jamais assez l’importance de la méthode…

francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/le-secret-de-...

L’imminente extradition de Julian Assange et la mort du journalisme

Les options juridiques de Julian Assange sont presque épuisées. Il pourrait être extradé vers les États-Unis dans les prochains jours. S’il est condamné, dévoiler les rouages du pouvoir deviendra un crime pour tout le monde. La semaine dernière, le juge de la Haute Cour Jonathan Swift a rejeté deux demandes des avocats de Julian Assange visant à faire appel de son extradition. Auparavant, ce juge avait travaillé comme avocat pour diverses agences gouvernementales et avait déclaré que ses clients préférés étaient les « agences de sécurité et de renseignement ». L’ordre d’extradition a été signé en juin dernier par la ministre de l’Intérieur, Priti Patel. L’équipe juridique de Julian Assange a déposé une dernière demande d’appel, la dernière option disponible devant les tribunaux britanniques. Si elle est acceptée, l’affaire pourrait faire l’objet d’une audience publique devant deux nouveaux juges de la Haute Cour. En cas de rejet, Assange pourrait être immédiatement extradé vers les États-Unis, où il sera jugé dans la foulée pour 18 chefs d’accusation de violation de la loi sur l’espionnage (Espionage Act). Ces chefs d’accusation pourraient lui valoir une peine de 175 ans d’emprisonnement. Si l’appel est rejeté, la seule possibilité de bloquer l’extradition pourrait venir de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). La branche parlementaire du Conseil de l’Europe qui a créé la CEDH, ainsi que son commissaire aux droits de l’homme, s’oppose à la « détention, à l’extradition et aux poursuites » de Julian Assange parce qu’elles représentent « un précédent dangereux pour les journalistes ». Si la CEDH se prononce contre l’extradition d’Assange, le gouvernement britannique serait tenu de se conformer à cette décision. Mais on ne sait pas s’il le fera ou s’il extradera Assange avant qu’un appel de la Cour européenne puisse être entendu.

investigaction.net/fr

https://www.investigaction.net/fr/limminente-extradition-...

ÉCOLOGIE (même si, parfois, il n’y a pas que des zozos !)

Les soulèvements délétères

L’hubris humain consiste à croire que l’Homme, une chiure de mouche dans l’histoire de la terre, est responsable du « changement climatique » et qu’il peut maîtriser ce qui évolue à une échelle qui n’est pas la sienne. Le climat change, il l’a toujours fait. Dans une démocratie en temps de paix, user de la violence organisée pour obtenir la réalisation d’objectifs politiques est du terrorisme. Nous n’allons pas revenir sur les exploits, selon le bon mot de Philippe Muray, de ces « mutins de Panurge » des Soulèvements de la terre. Enfants de bourgeois urbains aussi névrosés que leurs parents, ces grands résistants combattent en arrachant des laitues ou en saccageant une cimenterie - ce qui n’est pas vraiment bon pour l’environnement. Avec de nombreux exemples de ce dérèglement psychique écolo.

eclaireur.substack.com

https://eclaireur.substack.com/p/edito-les-soulevements-d...

Contre les négationnistes de la réalité physique

C’est le retour de l’été, donc aussi celui de la chaleur estivale, donc aussi celui de la propagande de guerre anti-anthropique (« l’homme, ce vilain parasite réchauffant qui ose produire et exhaler du gaz carbonique »), toujours plus débridée en cette période de l’année. L’occasion d’anticiper un peu les discours alarmistes de routine en caisse de résonnance idéologique implacable – jusqu’au retour de la fraîcheur saisonnière post-estivale d’ici quelques mois –, en revenant une énième fois sur quelques fondamentaux clés d’une compréhension non-climatiste de la physique de système dynamique géo-atmosphérique. Lorsque l’on prend la peine de déchiffrer l’interminable jargon des fastidieuses publications régulièrement préconisées par les défenseurs du climatisme institutionnel, on s’aperçoit en effet que la physique sous-jacente se ramène presque exclusivement au problème de l’équilibre énergétique entre rayonnements solaires entrants et rayonnements thermiques sortants. Les esprits plus subtils gagnés au climatisme feront ressortir d’autres facteurs associés au paradigme radiatif de l’« effet de serre » (quoique l’effet de serre en tant que tel ne soit pas un mécanisme radiatif), en soulignant qu’il faut par ailleurs tenir compte, en plus du rayonnement thermique sortant, de l’absorption atmosphérique par les gaz à effet de serre (à commencer par le redouté CO2), de la réflexion de la lumière solaire par les nuages et les aérosols, de l’albédo de surface… Certes, mais peut-on vraiment faire reposer tout le système climatique de la Terre sur l’équation de l’équilibre énergétique réchauffiste issue de la physique des transferts radiatifs et thermiques, et faire abstraction de la configuration thermodynamique générale de l’atmosphère, vraie charnière de la physique multifactorielle de notre écosystème fluidique géo-atmosphérique et de ses variables climatiques ? Nous ne le pensons pas ; et c’est la contestation de fond qui motive en premier lieu cet article.

plumenclume.com

https://plumenclume.com/2023/06/19/contre-les-negationnis...

Y3MDQSUPN5DIXBYCQLP7NKJUGE.jpg

Chantier du TGV Lyon – Turin : le projet controversé décrypté

Deux fois plus grand que le tunnel sous la Manche : avec ses 57 kilomètres creusés sous les Alpes, le tunnel ferroviaire Lyon-Turin approcherait le coût faramineux de 26 milliards d’euros. Mais où trouver les financements en ces temps de crise ? Pourtant, le chantier a déjà commencé. “Pièces à conviction” met en lumière l’intense lobbying des géants du BTP et de certains élus locaux pour que ce projet titanesque aboutisse. C’est une zone ultra-surveillée aux pieds des Alpes. Pour « Pièces à conviction », Ghislaine Buffard a réussi à se rendre, après plusieurs passages à des check-points aux allures militaires, dans cet endroit hyper-sécurisé : le chantier du gigantesque tunnel Lyon-Turin. Grâce à 57 kilomètres de voies creusées sous le massif alpin pour les trains, le tunnel doit relier la France à l’Italie à grande vitesse. Une centaine de soldats sont déployés sur le site 24 heures sur 24 depuis que des opposants ont voulu investir l’endroit. En Italie, les opposants ont déclaré la guerre au chantier. Côté français, le consensus a prévalu pendant longtemps. Mais voilà, son coût estimé entre 26 et 30 milliards d’euros commence à faire polémique. Personne ne sait aujourd’hui où trouver les milliards du Lyon-Turin. Pourtant, même sans financement, les travaux ont déjà commencé. Combien la France va-t-elle payer pour ce projet faramineux ? La France, l’Italie et l’Union européenne vont se partager l’addition du tunnel : 40 % pour l’Europe, 35 % pour l’Italie et 25 % pour la France. Pourquoi un tel investissement ?...

breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2023/06/19/221540/chantier-du...

527125_document.jpg

Leur écologie et la nôtre : comment le capitalisme industriel instrumentalise l’écologie à son profit

Visionnaire, le philosophe André Gorz (photo) avait prévu, dans ce texte paru en 1974, la récupération de l’écologie par l’industrie, les groupes financiers — en un mot, le capitalisme. Évoquer l’écologie, c’est comme parler du suffrage universel et du repos du dimanche : dans un premier temps, tous les bourgeois et tous les partisans de l’ordre vous disent que vous voulez leur ruine, le triomphe de l’anarchie et de l’obscurantisme. Puis, dans un deuxième temps, quand la force des choses et la pression populaire deviennent irrésistibles, on vous accorde ce qu’on vous refusait hier et, fondamentalement, rien ne change. La prise en compte des exigences écologiques conserve beaucoup d’adversaires dans le patronat. Mais elle a déjà assez de partisans capitalistes pour que son acceptation par les puissances d’argent devienne une probabilité sérieuse. Alors mieux vaut, dès à présent, ne pas jouer à cache-cache : la lutte écologique n’est pas une fin en soi, c’est une étape. Elle peut créer des difficultés au capitalisme et l’obliger à changer ; mais quand, après avoir longtemps résisté par la force et la ruse, il cédera finalement parce que l’impasse écologique sera devenue inéluctable, il intégrera cette contrainte comme il a intégré toutes les autres. C’est pourquoi il faut d’emblée poser la question franchement : que voulons-nous ? Un capitalisme qui s’accommode des contraintes écologiques ou une révolution économique, sociale et culturelle qui abolit les contraintes du capitalisme et, par là même, instaure un nouveau rapport des hommes à la collectivité, à leur environnement et à la nature ? Réforme ou révolution ?

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/leur-ecologie-et-la-notre-comme...

ÉCONOMIE / ESCLAVAGISME

Immigration. 41 grandes entreprises dont Amazon s’engagent à embaucher plus de 13.000 « réfugiés » en Europe

« L’immigration n’enrichit que les patrons », énième épisode. S’il fallait une preuve supplémentaire que les associations pro-migrants sont les idiotes utiles de certaines grandes entreprises pas fâchées avec l’idée de revoir à la baisse salaires et acquis sociaux de leurs employés, la réunion qui s’est tenue à Paris lundi 19 juin a confirmé cet état de fait. Dans la capitale française, ce sont une quarantaine d’entreprises dont le géant américain du commerce en ligne Amazon ou encore les chaînes d’hôtel de luxe Hilton et Marriott qui se sont rendues à ce « mini-sommet » organisé à la veille de la « Journée mondiale des réfugiés ». Point commun de ces firmes, elles sont toutes parties de l’organisation Tent Partnership for Refugees. Cette ONG indique sur son site qu’elle regroupe « plus de 300 grandes entreprises engagées dans l’intégration des réfugiés » dont Starbucks, Adidas ou encore Unilever. Quant au rôle de l’organisation, celle-ci se propose de formuler une « nouvelle approche pour soutenir les réfugiés ». Tent Partnership for Refugees considère que « les entreprises ont un rôle essentiel à jouer pour aider les réfugiés – qui ont été contraints de fuir leur pays d’origine – à s’intégrer dans leur nouvelle communauté ». Aussi, l’ONG s’attache « à mobiliser les principales entreprises pour qu’elles mettent les réfugiés en contact avec le monde du travail par le biais de l’embauche, de la formation et du mentorat ».

breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2023/06/22/221648/paris-40-re...

ÉDUCATION

5 ans de l’ISSEP : Marion Maréchal livre les clés d’un succès. Interview

Alors qu’elle ouvrait ses portes en juin 2018, l’école de sciences politiques imaginée et cofondée par Marion Maréchal, l’ISSEP (Institut de sciences sociales, économiques et politiques), célébrait en grande pompe, ce vendredi, ses cinq années d’existence. Se voulant un « rempart face au wokisme » des grandes écoles parisiennes « devenues le repère du gauchisme universitaire », Sciences Po en tête, l’institut aura, lui, déjà réussi son pari après sa cinquième rentrée scolaire. Avec plus de 400 étudiants inscrits, une grande diversité d’enseignants et de formateurs rompus aux métiers de la communication, des affaires publiques, économiques, sociales et politiques, du journalisme mais aussi du savoir-être et du savoir-vivre, et une santé financière au beau fixe, l’institut s’est érigé comme le nouveau bastion de formation de « l’élite de demain ». Son nouveau directeur, Thibault Monnier, en a profité pour annoncer les projets de développement pour cette école à l’ambition plus large que les murs de ses locaux : ainsi, une filiale parisienne, d’autres à l’étranger, des cours en ligne via une application et de nouvelles formations sont déjà à l’étude. Aujourd’hui vice-présidente du mouvement Reconquête!, l’ancienne députée de Vaucluse Marion Maréchal reste au cœur de ce projet en tant que cofondatrice et marraine. Plus encore, il s’agit pour elle d’une « marche assumée » pour, demain, gagner électoralement le pouvoir. Rencontre avec Marion Maréchal qui nous livre les clés de ce succès.

bvoltaire.fr

https://www.bvoltaire.fr/interview-5-ans-de-lissep-marion...

ÉNERGIE / SCIENCES

On a marché sur la tête

Éditorial de Pierre Rimbert. La concurrence, répétaient experts et éditorialistes, comprimera les prix du gaz et de l’électricité : depuis quinze ans ils explosent en Europe. Elle garantira la continuité du service : en 2022, le gouvernement français programme des délestages et implore les particuliers d’écourter leur douche pour éviter l’effondrement du réseau. Elle affaiblira les cartels par la multiplication des contrats de gré à gré basés sur les prix en temps réel : l’Organisation des pays exportateurs de pétrole prospère et table sur l’épuisement prochain des gaz de schiste américains. Cette sainte concurrence brisera enfin la « rente » des opérateurs publics : Électricité de France (EDF) fut obligé de vendre à perte du courant à ses concurrents privés, lesquels empochèrent les bénéfices avant, pour certains, de se déclarer en faillite. Simultanément, TotalEnergies annonçait des profits records payés par le consommateur et subventionnés par le « bouclier énergétique », c’est-à-dire par le contribuable. Fruits d’un hasard malheureux ?

monde-diplomatique.fr

https://www.monde-diplomatique.fr/mav/189/RIMBERT/65800

carmen-ladron-de-guevara-esradio.jpg

ESPAGNE

« De nombreux Espagnols nient le terrorisme d’extrême gauche alors que 973 personnes ont été assassinées »

Carmen Ladrón de Guevara (photo) est titulaire d’un diplôme en droit et en gestion et administration des entreprises de l’Université autonome de Madrid, d’un master en analyse et prévention du terrorisme de l’Université Roi Juan Carlos de Madrid et d’un doctorat en droit de l’Université Complutense de Madrid. En 2010, elle a rejoint le département juridique de l’Association des victimes du terrorisme (AVT). Depuis 2017, elle combine son activité professionnelle avec l’enseignement dans diverses universités. Nous avons parlé de son dernier livre : Les victimes du terrorisme d’extrême gauche en Espagne : du drill au Grapo [1960-2006]. Des propos recueillis par notre confrère Álvaro Peñas (The European Conservative)

breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2023/06/24/221709/de-nombreux...

ÉTATS-UNIS

Biden fait sauter la mission diplomatique de Blinken en Chine

Joe la démence a encore fait des siennes. Moins de 24 heures après que le secrétaire d’État Blinken ait fait des courbettes aux Chinois en leur assurant que les États-Unis sont vraiment, vraiment, vraiment sincères dans leur soutien à la politique d’une seule Chine et qu’ils n’appellent pas à l’indépendance de Taïwan, Joe Biden a ouvert son clapet et a traité Xi Jinping de dictateur. Si cela a suscité les applaudissements des donateurs financiers américains, cela a détruit la crédibilité de Blinken auprès des Chinois et confirmé leurs pires soupçons quant aux intentions des États-Unis.

reseauinternational.net

https://reseauinternational.net/biden-fait-sauter-la-miss...

Les États-Unis admettent leur défaite dans la guerre contre la Russie et la Chine

Confrontée aux réalités de la vie, l’administration Biden a reconnu ces derniers jours sa défaite dans deux de ses jeux de politique étrangère les plus flagrants et les plus délirants. La contre-offensive ukrainienne a échoué. Son armée se fait massacrer sur le champ de bataille. La « contre-offensive » des brigades ukrainiennes « formées par l’OTAN » n’a fait aucun progrès réel sur aucun front. Le niveau élevé des pertes en hommes et en matériel fait qu’il est impossible que l’Ukraine reprenne un jour l’initiative. L’objectif des États-Unis était d’intégrer l’Ukraine dans l’OTAN. Ils auraient ainsi pu stationner des troupes américaines en Ukraine et mettre leurs armes à la portée de Moscou, de sorte que toute initiative russe indépendante aurait pu être contrée par une menace d’anéantissement imminent. Après plus de 20 ans de poursuite de cet objectif, les États-Unis ont jeté l’éponge.

reseauinternational.net

https://reseauinternational.net/les-etats-unis-admettent-...

Les « grands » médias salissent Robert F. Kennedy pour « Théories du complot »

L’ordinateur portable de Hunter Biden, la dissimulation d’OVNIs par le Pentagone, et la fuite du COVID depuis un laboratoire ont par le passé été qualifiées de « théories du complot ». Robert F. Kennedy, candidat à l’investiture démocrate pour les élections présidentielles étasuniennes de 2024, a fait une apparition sur Twitter Spaces dans une diffusion hébergée par Elon Musk, Tulsi Gabbard, et l’investisseur en capital risque David Sacks. Il s’est exprimé pendant deux heures sur toute une suite de sujets, parmi lesquels la guerre en Ukraine, les politiques énergétiques, le contrôle des armes à feu et les origines du SARS-CoV-2. Et Kennedy a déploré la prise en main du Parti démocrate par des entreprises, a dénoncé les instincts belliqueux du président Biden, a condamné la domination de la politique étrangère étasunienne par des néo-conservateurs, et a promu les énergies renouvelables. Pourtant, à en croire le New York Times et CNN, il s’est agi d’une orgie de théories du complot de droite. « Robert F. Kennedy Jr., rejeton de l’une des familles Démocrates les plus célèbres du pays », écrivent trois journalistes du New York Times, « s’est entièrement associé à un parterre de figures conservatrices qui promeuvent fiévreusement son défi risqué au président Biden… Lundi, il est apparu comme candidat bien plus à l’aise dans le fourmillement des candidatures du Parti républicain. »

lesakerfrancophone.fr/

https://lesakerfrancophone.fr/les-grands-medias-salissent...

Cartoon-of-Henry-Kissinger_Q320.jpg

L’héritage d’Henry Kissinger : bombardements secrets, espionnage illégal, soutien aux dictatures et massacres

À l’occasion du 100e anniversaire d’Henry Alfred Kissinger, paraît un dossier confidentiel concernant son héritage controversé. Les archives révèlent le rôle de Kissinger dans les campagnes secrètes de bombardement au Cambodge, l’espionnage domestique illégal, le soutien aux dictateurs et les guerres sales à l’étranger. Alors que Henry Alfred Kissinger (HAK) atteindra ses 100 ans le 27 mai, son centenaire donne lieu à une couverture mondiale de son héritage en tant qu’homme d’État de premier plan, maître diplomate et stratège de la realpolitik en matière de politique étrangère. « Personne en vie n’a plus d’expérience des affaires internationales », a récemment déclaré The Economist dans un hommage élogieux et prévisible à Kissinger. Au cours de son mandat de conseiller à la sécurité nationale et de secrétaire d’État (de janvier 1969 à janvier 1977), Kissinger a laissé une longue trace écrite de documents secrets consignant ses délibérations politiques, ses conversations et ses directives sur de nombreuses initiatives qui l’ont rendu célèbre, notamment la détente avec l’URSS, l’ouverture à la Chine et la diplomatie de la navette au Proche-Orient. Mais les archives historiques documentent également le côté sombre du mandat controversé de Kissinger : son rôle dans le renversement de la démocratie et la montée de la dictature au Chili ; son mépris des droits humains et son soutien à des guerres sales, voire génocidaires, à l’étranger ; les campagnes secrètes de bombardement en Asie du Sud-Est ; et son implication dans les abus criminels de l’administration Nixon, notamment les écoutes téléphoniques secrètes de ses propres collaborateurs les plus importants.

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/l-heritage-d-henry-kissinger-bo...

La guerre perpétuelle des États-Unis d’Amérique : six questions importantes

L’ancien président américain Jimmy Carter a déclaré en 2018 qu’en Amérique [États-Unis], il y a eu 226 ans de guerres depuis son indépendance qui a eu lieu il y a 242 ans ne laissant ainsi que 16 ans de paix. Depuis la Seconde Guerre mondiale, il y a eu 32 conflits militaires américains impliquant des dizaines de pays. Certains de ces conflits militaires durent depuis plus de vingt ans et d’autres se poursuivent encore. En d’autres termes, les États-Unis sont un pays de guerre perpétuelle. La guerre est une activité humaine terriblement destructrice. Des millions d’êtres humains ont été sacrifiés. Des dizaines de billions de dollars de logements, d’écoles, d’usines, d’hôpitaux et d’autres infrastructures ont été détruits dans les pays qui ont été la cible d’attaques militaires américaines. La guerre perpétuelle a détruit le fondement même de la liberté et de la démocratie ; il a empêché un développement économique sain et équitable du monde ; elle a conduit à la violation des droits de la personne ; elle a ruiné les valeurs traditionnelles de nombreux pays et, surtout, elle a causé des souffrances humaines durables. La guerre perpétuelle des États-Unis, qui se chiffre en milliards de dollars, a privé des millions d’Étasuniens de revenus décents, de logements adéquats, d’aliments nécessaires, de soins de santé indispensables, de sécurité dans la rue, d’infrastructures fiables, d’éducation essentielle et d’autres biens et services nécessaires à une vie décente.

mondialisation.ca

https://www.mondialisation.ca/la-guerre-perpetuelle-des-e...

maxresopsmdefault.jpg

FRANCE

L’obscénité politique et sexuelle au temps de Macron

Par Jean-Dominique Michel. Fonds Marianne, auditions devant le Sénat, agenda woke et hypersexualisation, attaques contre l’enfance : la France de Macron « dilatée comme jamais » ? Et encore, cette vidéo a été réalisée avant le cul sec d’une bouteille de bière par Macron dans le vestiaire des rugbymen toulousain et la « fête de la musique » à l’Élysée où Brizite, la « première dame », s’est déchaînée…

Le blog de Jean-Dominique Michel

https://odysee.com/@JeanDominiqueMichel:e/l'obsc%C3%A9nit...

Il boit sa bière cul sec : ce qu’il manque encore à Macron pour devenir un vrai président de BDE

Bière sifflée à toute vitesse, jet-ski en vacances, sorties festives jusqu’à tard le soir… Emmanuel Macron n’est-il pas en train de devenir l’archétype du président de BDE (« Bureau des étudiants ») d'école de commerce ? Marianne liste ce qu’il manque encore au chef d’État pour y prétendre réellement.

marianne.net

https://www.marianne.net/politique/il-boit-sa-biere-cul-s...

Un choc de compétitivité pour la Ferme France ?

Le Sénat a adopté le 23 mai 2023 une proposition de loi « pour un choc de compétitivité en faveur de la ferme France » contenant des dispositions politiquement détonantes.

Quel sort lui réservera l’Assemblée nationale ? Des rapports, des rapports… On s’intéresse beaucoup à l’avenir de l’agriculture et, partant, de l’alimentation de la France au Sénat. En bref, à l’avenir de la France. Le 28 mai 2019, le sénateur Laurent Duplomb déposait un rapport d’information du groupe d’études « Agriculture et alimentation », sur « la place de l’agriculture française sur les marchés mondiaux ». Voici le début de la conclusion générale : « Depuis la fin des années 1990, tous les indicateurs de la puissance agricole française sont alarmants : stagnation de la production, réduction du nombre d’agriculteurs et de la surface agricole utile, perte massive de parts de marché au niveau mondial. Dernier avatar de ce préoccupant recul français sur les marchés agricoles mondiaux, l’excédent commercial agricole français a été divisé par deux en moins de cinq années. Une prise de conscience de cette concurrence accrue sur les marchés internationaux agricoles est urgente car à chaque nouvelle contrainte supplémentaire imposée aux seuls producteurs français succède une vague d’importations de produits étrangers… » L’ouvrage a été remis sur le métier. Cela a abouti à un nouveau rapport d’information, déposé le 28 septembre 2022 par les sénateurs Laurent Duplomb, Pierre Louault et Serge Mérillou, sur « la compétitivité de la ferme France »…

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2023/06/22/458528-un-choc-de...

1200x680_douanes_controle.jpg

Projet de loi douanes : le « very bad trip » des douaniers

Dans cette tribune, Alexandre Sabatou, ancien ingénieur attaché à la douane et député RN estime qu’en enjoignant, lors de leurs fouilles, les douaniers à justifier de « raisons plausibles de soupçonner la commission d’infraction », on les empêche de remplir leur mission.

causeur.fr

https://www.causeur.fr/projet-de-loi-douanes-le-very-bad-...

Annulation de l’agrément d’Anticor : Jean Castex faux naïf ?

La décision de la juridiction administrative est tombée, l’agrément de l’association Anticor a été annulé. Immédiatement et comme d’habitude incendie sur les réseaux où l’ignorance des faits et l’analphabétisme juridique s’en donne à cœur joie. Immédiat levée de boucliers de ceux qui y voient, la main du pouvoir pour se débarrasser d’un acteur judiciaire encombrant. Le fameux agrément dont on vient de la priver lui donner la possibilité d’intervenir dans les procédures pénales. Il faut rappeler ce qui a son importance qu’il s’agissait d’un renouvellement, le premier lui avait été accordé en 2015 par Christiane Taubira sur la demande pressante de François Hollande himself. Le renouvellement de 2021 avait suscité un drôle de feuilleton. C’est qu’Anticor, était très active dans les affaires Kholer et Dupond Moretti puisque c’était elle qui avait déclenché les hostilités. Éric Dupond Moretti poursuivi devant la Cour de Justice de la République (CJR) à l’initiative de l’association, ne pouvait pas intervenir pour des raisons évidentes de conflit d’intérêts. C’est donc Jean Castex qui s’y est collé, accordant le renouvellement après beaucoup de tergiversations. Alors avant d’aborder le fond qui concerne ce que dans le monde judiciaire on qualifie de « parquet privé au service du PS », on va tordre le cou à cette histoire de « rétroactivité » de la décision qui fait tant hurler.

vududroit.com

https://www.vududroit.com/2023/06/annulation-de-lagrement...

GAFAM / IA

Humanity 2.0. Le Vatican au cœur du mouvement transhumaniste. Humanité artificielle et Code transhumain- Compilation

Le symposium sur l’intelligence artificielle – ou IA – organisé par le Conseil pontifical pour la culture, en coopération avec l’ambassade d’Allemagne près le Saint-Siège, s’est ouvert à Rome jeudi 22. Le thème : « Le défi de l’intelligence artificielle pour la société humaine et l’idée de la personne humaine ». L’objectif de la réunion est de promouvoir une meilleure prise de conscience de l’impact culturel profond que l’IA est susceptible d’avoir sur la société humaine. Le symposium réunira six experts des domaines des neurosciences, de la philosophie, de la théologie catholique, du droit des droits de l’homme, de l’éthique et de l’électrotechnique. Des experts de l’Allen Institute for Brain Science, de l’Université Goethe, du Boston College et de Google discuteront des questions concernant l’IA : si elle peut reproduire la conscience ; l’IA et les défis philosophiques ; l’IA et la religion ; ce que cela signifierait par rapport à la doctrine catholique. Dans leur nouveau livre, The transHuman Code : How to Program Your Future, les co-auteurs Carlos Moreira et David Fergusson explorent la relation entre les humains et la technologie, introduisant un nouvel ensemble de valeurs qui placent les personnes au centre de cette dynamique délicate. Steelcase a récemment organisé la sortie de ce nouveau livre dans son WorkLife Center à New York. 360 a eu la chance de rencontrer Fergusson pour en savoir plus sur le code transHuman, comment les entreprises peuvent créer une approche technologique plus centrée sur l’humain et quelles entreprises ouvrent la voie. (Suite sur site https://www.vaticannews.va/en/vatican-city/news/2021-10/v... ).

lilianeheldkhawam.com

https://lilianeheldkhawam.com/2023/06/19/humanity-2-0-le-...

map_indo-pacifique_.jpg

GÉOPOLITIQUE

RCEP vs CP-TPP vs IPEF : une gigantesque partie de go dans l’Indopacifique

Une partie de go est en cours dans l’Indopacifique sur le plan économique, donc géopolitique. Les relations sont complexes entre le RCEP, l’IPEF et le CP-TPP1 (explications ci-dessous de ces incompréhensibles acronymes), mais on voit clairement les deux forces derrière. Bien qu’il soit encore trop tôt pour discerner le visage du futur gagnant, quelques signes pointent déjà dans une certaine direction. Le 2 juin est une date à marquer avec une pierre blanche, non en raison des vaguelettes provoquées par les dialogues (de sourd) dans l’Hôtel Shangri-La à Singapour, mais eu égard au réel démarrage, sans bruit, d’un gigantesque mouvement tectonique de convergence commerciale (donc, géopolitique) sans précédent dans l’Asie – Pacifique. À la suite de sa ratification intervenue le 3 avril 2023 et à partir du 2 juin, le RCEP est officiellement entré en vigueur pour les Philippines, le dernier membre à monter à bord. Ainsi, l’accord est effectif pour tous les signataires de ce partenariat historique. À côté du RCEP, nous avons deux autres accords : le TTP devenu le CP-TTP et le dernier-né l’IPEF. Une gigantesque partie de go se joue entre deux forces soutenant ces accords. Compte tenu de l’énorme impact potentiel, cela vaut la peine de les réexaminer.

revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/rcep-vs-cp-tpp-vs-ipef-une-...

IMMIGRATION

Les flux d’immigration selon l’Insee comparés à ceux du ministère de l’Intérieur

L’INSEE (Institut National de la Statistique et des Études économiques) a fait paraitre le 30 mars 2023 une étude sur les « immigrés et les descendants d’immigrés ». Il a consacré un des six chapitres thématiques de sa parution aux « flux d’immigration et trajectoires migratoires ». (n°2). La première fiche (n°2-1), particulièrement importante, est dédiée aux « flux migratoires en France et dans les pays européens » (p. 96). D’entrée, l’institut annonce que 385 000 personnes sont entrées en France en 2019. Notons que le titre se réfère aux flux migratoires et le texte, tout simplement, aux entrées en France ce qui pourrait introduire une confusion.

synthesenationale.hautetfort.com

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2023/06/1...

Pour imposer l’immigration dans nos campagnes, ils harcèlent judiciairement les opposants

Un communiqué de Riposte laïque et de Résistance républicaine : « C’est sans surprise que nous voyons se mettre en œuvre un véritable harcèlement judiciaire contre ceux qui ont osé s’opposer à ce que Macron a appelé, devant ses préfets, le 17 septembre dernier, ‘la transition démographique’ de nos campagnes, soit le Grand Remplacement des familles françaises traditionnelles par des migrants, souvent musulmans et africains. »

synthesenationale.hautetfort.com

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2023/06/2...

Massad.jpg

ISRAËL

L’antisémitisme, stade suprême du sionisme

Le président Biden a présenté sa stratégie pour lutter contre l’antisémitisme. Une stratégie qui assimile totalement la judéité au soutien d’Israël. Le professeur Joseph Massad (photo) explique comment Biden s’inscrit en droite lignée dans la propagande de l’État colonial sans tenir compte des nombreux juifs qui critiquent le sionisme. Ainsi, explique Massad, considérer que les crimes de l’apartheid israélien relèvent de réalisations « juives » n’est pas différent de les condamner comme des crimes « juifs ». La « stratégie » Biden ignore complètement les étudiants et enseignants juifs visés en raison de leurs critiques d’Israël. Il ne s’intéresse qu’à ceux qui « sentent qu’ils paient un coût social s’ils soutiennent l’existence d’Israël en tant qu’État juif » et jamais aux étudiants juifs « qui sentent qu’ils paient un coût social » pour s’opposer à ou critiquer l’existence d’Israël.

investigaction.net

https://www.investigaction.net/fr/lantisemitisme-stade-su...

ITALIE

Pressions américaines sur l'Italie : vers l'abandon de la Nouvelle Route de la Soie ?

Au nom de sa soumission aux États-Unis, le gouvernement italien pourrait renoncer à participer à la BRI, la Nouvelle route de la soie chinoise, au détriment de sa propre économie. Vous trouverez ci-dessous la traduction de l'article de Fabio Massimo Parenti pour le Global Times. Les médias étrangers et nationaux ont fait état du dilemme de l'Italie concernant le renouvellement de l'accord sur l'initiative Belt and Road (BRI, connue en italien sous le nom de Nouvelle route de la soie) proposée par la Chine, que le pays a signé en mars 2019. Comme le rapporte le Financial Times, l'accord quadriennal de participation à la BRI « contient une disposition inhabituelle de renouvellement automatique à son expiration en mars 2024, à moins que Rome ne notifie formellement à Pékin son intention de se retirer trois mois plus tôt ». Le Premier ministre italien Giorgia Meloni, soutenu par une coalition de droite au Parlement, a qualifié la décision de signer l'accord de « grosse erreur » lors de la dernière campagne électorale. Toutefois, son approche de la Chine a commencé à changer en décembre dernier, après sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping en marge du sommet du G20 à Bali.

geopolitika.ru/fr

https://www.geopolitika.ru/fr/article/pressions-americain...

ukraine-la-guerre-des-images.jpg

LECTURE

« Il faut rétablir la rationalité dans notre lecture des événements »

Jacques Baud : « Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, beaucoup nous rappellent que la vérité est la première victime de la guerre, mais très peu en tirent les conséquences. De fait, comme dans tous les conflits, chaque belligérant tente de mettre en évidence son point de vue et nous présente son propre éclairage des événements. C’est ce que l’on appelle la propagande. Or, les conflits ne peuvent être analysés selon une simple grille binaire ‘noir/blanc’ et la réalité des choses se situe toujours dans les nuances de gris. Qu’on le veuille ou non, la compréhension de cette réalité est incontournable pour trouver la solution au conflit. Elle implique un attachement aux faits, une grande discipline intellectuelle, la force de résister aux préjugés et l’intégrité pour atténuer les exagérations et omissions de part et d’autre. Certains ne partageront pas toutes les analyses de cet ouvrage. C’est normal et c’est mon cas. Mais là n’est pas la question. L’essentiel, ici, est moins le contenu que la démarche. Le mérite indiscutable de Michel Collon est d’apporter un autre éclairage sur les événements, en s’appuyant sur les faits qui ont été délibérément écartés par le narratif officiel. Il renoue ainsi avec une des valeurs fondamentales de la démocratie, que nos médias traditionnels ne pratiquent plus : s’informer, pour comprendre et juger. Car la paix ne se construit pas autour de ‘narratifs’, mais autour des faits ; et, en dépit d’une rhétorique qui s’est généralisée depuis quelques années, ce n’est pas parce que ces faits ne sont pas cités par nos médias qu’ils n’existent pas. »

Ukraine : La guerre des images. 50 exemples de désinformation, par Michel Collon. Investig’Action, 2023.

investigaction.net/fr

https://www.investigaction.net/fr/il-faut-retablir-la-rat...

1040-1792-thickbox.jpg

Histoire de l’Alsace-Lorraine

Ami du Breton Olier Mordrel, Hermann Bickler (1904-1984) fut une grande figure de l’autonomisme alsacien-lorrain. Au fil des années, sa pensée se hissera à un niveau plus vaste, à la notion générale de germanité. Dans sa préface qui offre d’excellents repères biographiques à travers les influences contemporaines à Bickler, Robert Steuckers rappelle à juste titre que cette Histoire de l’Alsace-Lorraine est la résultante des expériences militantes de l’auteur dans le combat alsacien-mosellan de l’entre-deux guerres. Cette histoire passionnante s’échelonne de l’Antiquité, en passant par le commencement de l’empire allemand et son apogée, sans oublier la guerre de Trente Ans ou encore la domination française jusqu’à la Révolution, pour finir sur la situation de l’Alsace-Lorraine durant et après la Première Guerre mondiale. Ce texte stimulant sur l’une de nos Patries charnelles induira le lecteur à relativiser la vision officielle de l’histoire.

Histoire de l'Alsace-Lorraine, par Hermann Bickler, préface de Robert Steuckers, Éditions du Lore, 156 pages, 23,00 €. Réédition 2023.

synthesenationale.hautetfort.com

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2023/06/2...

210.jpg

Désobéissance civile : Thoreau n’est pas la caution de l’écologie radicale mais l’horizon d’une écologie libérale

Alors que la dissolution du mouvement Les soulèvements de la Terre occupe le conseil des ministres du jour, Valérie Petit revient sur le concept de désobéissance civile, forgé par le philosophe Henri-David Thoreau. Mal compris et injustement confisqué par la gauche radicale, il appelle plutôt à l’éclosion d’une écologie libérale. « Lisez les meilleurs livres, de peur de les lire jamais ». Cet aphorisme de Henri-David Thoreau, philosophe et naturaliste américain du XIXe siècle pourrait s’appliquer à l’un de ses plus fameux textes posthumes, La désobéissance civile.

La désobéissance civile, par Henri-David Thoreau. Gallmeister, 2017.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2023/06/21/458535-desobeissance-civile-thoreau-nest-pas-la-caution-de-lecologie-radicale-mais-lhorizon-dune-ecologie-liberale?utm_source=Newsletter+Contrepoints&utm_campaign=411a0dac07-Newsletter_auto_Mailchimp&utm_medium=email&utm_term=0_865f2d37b0-411a0dac07-114773897&mc_cid=411a0dac07&mc_eid=e9e66aaefa

IMG-20230605-WA00421.jpeg

Nicolás Márquez : « Allende était un usurpateur du pouvoir qui a dû être déposé par la force parce qu’il était entouré de terroristes et d’agents étrangers »

Entretien avec Nicolás Márquez, essayiste et analyste politique. Il est diplômé de la faculté de droit de l’université nationale de Mar del Plata et de la faculté des sciences de la communication de l’université FASTA, ainsi que du Center for Hemispheric Defense Studies (National Defense University à Washington DC). Il a publié 12 livres, dont El libro negro de la nueva izquierda (écrit avec Agustín Laje) et La máquina de matar – Biografía definitiva del Che Guevara. Nous parlons de son dernier livre, La dictature communiste de Salvador Allende, avec des propos recueillis par notre confrère Álvaro Peñas (deliberatio.eu)

La dictature communiste de Salvador Allende, par Nicolas Márquez.

breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2023/06/22/221689/nicolas-mar...

MONDIALISME

George Soros désigne l'héritier de son empire financier

George Soros, le financier et philanthrope milliardaire qui utilise souvent sa fortune pour promouvoir des causes progressistes, transmet le contrôle de ses intérêts commerciaux à son fils « plus politique », Alexander. L'Américain d'origine hongroise en a fait l'annonce dans une interview publiée dimanche dans le Wall Street Journal. Soros, âgé de 92 ans, a déclaré que son fils Alexander, âgé de 37 ans, prendrait les rênes de sa fondation Open Society Foundation (OSF), ainsi que le reste de sa fortune, estimée à 25 milliards de dollars. M. Soros a également déclaré au sujet d'Alexander, qui a été élu président de l'OSF en décembre, en remplacement de son père, qu'il « méritait » ce nouveau poste. S'exprimant dans le même journal, Alexander Soros a déclaré qu'il avait l'intention de poursuivre l'héritage de son père en finançant des initiatives progressistes au-delà du droit de vote, du droit à l'avortement et de l'égalité entre les hommes et les femmes.

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/06/13/g...

Le secrétaire général de l’ONU propose un « Global Digital Compact » pour imposer des lois interdisant la « haine » en ligne

Antonio Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a proposé un « Global Digital Compact » (GDC) pour faire adopter par les pays membres des lois interdisant « la haine et les mensonges » sur internet. « La prolifération de la haine et des mensonges dans l’espace numérique provoque des dégâts au niveau mondial. Cette menace mondiale, claire et présente, demande une action globale claire et coordonnée. Nous n’avons pas une minute à perdre, » écrit-il dans un tweet annonçant ce projet. Le résumé politique de l’ONU, publié le 12 juin, appelle à remettre le contrôle de l’Internet aux institutions internationales, dans le cadre de l’Agenda 2030 de l’ONU. Guterres fait également référence à un autre résumé de l’ONU, « Information and Integrity on Digital Platforms » (IIDP), dont il affirme qu’il va servir comme guide pour coordonner les efforts mondiaux contre « la haine ». L’IIDP lance l’alerte sur ce qui est dénommé la « face sombre de l’écosystème numérique », qui pourrait permettre “la propagation rapide de mensonges et de haine, provoquant de véritables dégâts à une échelle mondiale. Guterres affirme que l’Internet fait l’objet d’utilisations détournées pour réfuter la science et propager de fausses informations et la haine à des milliards de personnes, et fait référence de manière voilée aux personnes sceptiques envers les vaccins et aux mouvements populistes croissants.

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/le-secretaire-general-de-lo...

OTAN

L'OTAN se heurte à la résistance inattendue des grandes multinationales

L’interventionnisme armé a été souvent interprété – avec une certaine justesse – comme le garant du succès des grandes entreprises américaines. L’option militaire a permis d’enfoncer les portes de nouveaux marchés ou de protéger jalousement l’accès à des ressources essentielles comme le pétrole. Le journaliste du New York Times, Thomas Friedman, l’a dit de manière explicite en 1999, à l’époque du libéralisme triomphant : la « main invisible » du marché ne pourra jamais opérer sans une poigne de fer : McDonalds ne peut pas prospérer sans les chasseurs F-15 de McDonnell Douglas. Alors que l’aigle américain livre une guerre de procuration en Ukraine face à la Russie, et qu’il entend isoler la Chine, une nouvelle ligne de résistance se forme. Si la révolte de grands patrons européens, acculés par l’inflation des coûts due aux sanctions contre la Russie, se fait entendre, il est remarquable de constater l’opposition qui monte de grandes multinationales américaines, souligne Thomas Fazi pour Unherd (voir l’article en lien). Les chefs d’États européens jouent jusqu’à présent parfaitement leurs rôles de vassaux soumis à Washington. Si Emmanuel Macron et quelques autres émettent de temps en temps des grognements discrets, l’Union Européenne fait office d’antichambre de la diplomatie américaine sous le patronage d’Ursula von der Leyen. À tel point que le magazine Politico l’a appelée « la Présidente américaine de l’Europe »

laselectiondujour.com

https://www.laselectiondujour.com/lotan-se-heurte-a-la-re...

yQfDkjpA_400x400.jpg

QUÉBEC

Le Québec doit affirmer sa propre culture

Le Québec tente toujours de jouer une partition autonome au sein du Canada. Mais face aux défis culturels de son époque, cette autonomie semble de plus en plus difficile à maintenir. Entretien avec Philippe Lorange pour décrypter les tensions politiques et les combats culturels du Québec. Entretien Philippe Lorange (photo), candidat à la maîtrise en sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM). Ses recherches portent sur la conscience nationale de la jeunesse québécoise. Il intervient régulièrement dans les médias et les revues sur le mouvement indépendantiste et le nationalisme québécois. Il collabore également à QUB Radio.

revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/le-quebec-doit-affirmer-sa-...

220-chassat-couv-fr-w-387x590.jpg

RÉFLEXIONS

Une étude de la Fondapol dénonce l’argument de la « complexité » dans le débat public, « prétexte à l’inaction et à la déresponsabilisation »

Dans cette nouvelle étude de la Fondapol intitulée « Complexité. Critique d’une idéologie contemporaine », la philosophe Sophie Chassat, membre du Conseil de surveillance, réfléchit et cible le paradigme de la complexité, omniprésent dans les discours, qui altère nos capacités de décision et d’action Ce paradigme de la complexité a envahi l’ensemble de nos représentations du réel. Aucune situation n’échappe plus à ce présupposé : « c’est complexe ». Des clés pour éviter cette incapacité à réfléchir et à avancer.

fdesouche.com

https://www.fdesouche.com/2023/06/16/une-etude-de-la-fond...

Panthéon : le dernier secret de Missak Manouchian

Les Manouchian vont faire leur entrée au Panthéon. L'hommage aux étrangers de la Résistance ayant combattu pour la France est bien tardif. Entre 1941 et 1944, les groupes Francs tireurs et partisans main d'œuvre immigrée (FTP MOI) ont participé à la lutte armée contre l'occupant nazi. Mais en novembre 1943, 200 membres de ces réseaux de résistance, formés de Juifs communistes originaires de Pologne, de Roumanie ou d'Arménie, sont arrêtés. Le 21 février 1944, après un procès expéditif, 23 seront fusillés. Des exécutions qui donneront l'idée aux Nazis de placarder partout celle que l'histoire surnommera « L'Affiche rouge ». Une affiche qui motivera la résistance bien plus qu'elle ne la découragera. Une affiche qu'Aragon et Ferré immortaliseront également. Tant d'années après, ce qui reste du Parti Communiste devrait se réjouir de voir enfin Mélinée Manouchian et son mari Missak faire ainsi leur entrée au Panthéon. Pourtant, il n'est pas sûr qu'il soit si heureux de cette double panthéonisation…

laselectiondujour.com

https://www.laselectiondujour.com/pantheon-le-dernier-sec...

RUSSIE

Poutine vient de révéler la stratégie de la Russie pour mettre fin au conflit ukrainien

La situation sur le terrain est favorable à Moscou, mais une escalade de la part de l’Occident pourrait pousser le Kremlin à l’extrême. Vendredi 16 juin, lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, le président Vladimir Poutine a de nouveau été interrogé sur la stratégie nucléaire de la Russie. Récemment, Moscou a commencé à déployer des armes nucléaires en Biélorussie. Dans le même temps, un débat public s’est ouvert au niveau national sur la possibilité d’une première utilisation d’armes nucléaires contre l’OTAN dans le cadre de la guerre par procuration qui se déroule actuellement en Ukraine. La réponse de Poutine n’a apporté aucune surprise. En résumé, les armes nucléaires restent dans la boîte à outils de la stratégie de Moscou, et il existe une doctrine qui stipule les conditions de leur utilisation. Si l’existence de l’État russe est menacée, elles seront utilisées. Toutefois, il n’est pas nécessaire de recourir à de tels instruments pour le moment. Alors que les États-Unis et l’Europe occidentale s’attendent à ce que la Russie subisse une défaite stratégique dans le conflit – l’objectif déclaré du Pentagone – Poutine ne croit pas que les choses évoluent dans cette direction. La contre-offensive ukrainienne, tant attendue et tant annoncée, s’essouffle jusqu’à présent, entraînant de lourdes pertes pour Kiev. L’armée russe, pour sa part, a appris de ses erreurs passées et tient bon.

reseauinternational.net

https://reseauinternational.net/poutine-vient-de-reveler-...

211216114857-20211216-opinion-putin-chess.jpg

Poutine et ce qui compte vraiment sur l’échiquier

Par Pepe Escobar. Il est fascinant de voir comment les correspondants de guerre russes jouent désormais un rôle similaire à celui des anciens commissaires politiques de l’URSS. La rencontre du président Poutine avec un groupe de correspondants de guerre russes et de blogueurs de Telegram – notamment Filatov, Poddubny, Pegov de War Gonzo, Podolyaka, Gazdiev de RT – a été un exercice extraordinaire de liberté de la presse. Il y avait parmi eux des journalistes sérieusement indépendants qui peuvent être très critiques sur la façon dont le Kremlin et le ministère de la Défense (MoD) mènent ce qui peut être défini alternativement comme une opération militaire spéciale (OMS) ; une opération de contre-terrorisme (OCT) ; ou une « presque guerre » (selon certains cercles d’affaires influents à Moscou). Il est fascinant de voir comment ces journalistes patriotes/indépendants jouent désormais un rôle similaire à celui des anciens commissaires politiques de l’URSS, tous profondément engagés, à leur manière, à guider la société russe vers l’assèchement du marais, lentement mais sûrement. Il est clair que Poutine non seulement comprend leur rôle, mais que parfois, « à la manière d’un choc dans le système », le système qu’il préside met effectivement en œuvre les suggestions des journalistes. En tant que correspondant étranger travaillant dans le monde entier depuis près de 40 ans, j’ai été très impressionné par la façon dont les journalistes russes peuvent jouir d’un degré de liberté inimaginable sous la plupart des latitudes de l’Occident collectif. La transcription de la réunion par le Kremlin montre que Poutine n’est pas du tout enclin à tourner autour du pot.

reseauinternational.net/

https://reseauinternational.net/poutine-et-ce-qui-compte-...

Des projets pour l’éclatement de la Russie

L’effondrement de l’empire russe est prédit et anticipé à Kiev. Kyrylo Budanov, le chef des services de renseignement, a ainsi dessiné une carte des nouveaux États qui seraient créés. Anticipation ou géopolitique fiction ?

revueconflits.com/

https://www.revueconflits.com/des-projets-pour-leclatemen...

SANTÉ

L'institut de virologie de Wuhan et l'origine du covid-19 : de nouvelles pièces à conviction ?

Est-ce qu’on a enfin retrouvé le « patient zéro » dont l’identité aiderait à résoudre l’énigme des origines du SARS-CoV2 ? Le 13 juin, les noms ont été publiés de 3 scientifiques à l’institut de virologie de Wuhan (IVW) qui auraient été parmi les premières personnes infectées par le covid-19. 3 jours plus tôt, un article du Sunday Times par Jonathan Calvert et George Arbuthnott a affirmé que des scientifiques à l’IVW s'étaient livrés à des expériences sur des coronavirus peu avant le début de la pandémie du Covid-19, et que des recherches à Wuhan avaient été menées en collaboration avec l’Armée populaire de libération (APL), dont l'intérêt pour les armes biologiques est connu.

laselectiondujour.com

https://www.laselectiondujour.com/linstitut-de-virologie-...

UKRAINE

Pourquoi du matériel de l’OTAN est abandonné intact en pagaille sur le champ de bataille

Chaque reflux de marée découvre des blindés de toutes sortes échoués sur le champ de bataille, on ne parle pas des coques calcinées comme après un accident de la route frontal, le spectacle offert est plutôt celui de véhicules en warning garés sur le bord de la route, attendant la dépanneuse, ses occupants piteusement retranchés derrière la barrière de sécurité, essayant de ne pas avoir l’air trop c* dans leurs gilets fluo qui les signalent à l’attention de tous, les yeux rivés sur leur écran de portable pour tenter d’échapper aux regards ironiquement compatissants des automobilistes qui les dépassent sous la pluie battante ou en plein cagnard. Les Russes viennent par exemple de trouver un AMX10 RC parfaitement intact, son fameux trop faible blindage n’est pas en cause, il a encore son « R » et son « C », c’est-à-dire ses roues et son canon, un détail cependant nous met sur la piste et nous permet de comprendre pourquoi ses occupants ont préféré retraiter à pied alors que leur engin est censé pouvoir rouler à 110 km/h : le manuel de bord contenant le mode d’emploi du véhicule est là sur le siège, abandonné ouvert à une page quelconque. Pas à une page quelconque en fait, à la page du voyant qui s’est allumé sur le tableau de bord et qui a mis le véhicule en arrêt de sécurité. Le problème le voilà : les capteurs et les consoles de diagnostic dont à l’instar de nos voitures les blindés de l’OTAN sont autant truffés que bardés. Un obus explose à 100 mètres, un éclat vient sevrer un câble, et pouf, un voyant s’allume et le véhicule s’immobilise, impossible de le faire repartir tant qu’on n’aura pas effacé le défaut. Il n’y a plus qu’à attendre le véhicule de remorquage, mais il ne viendra jamais, l’OTAN n’a pas pensé à en envoyer, s’il en vient un, il sera russe, et eux, avec le manuel de dépannage, ils sauront refaire partir l’engin.

reseauinternational.net

https://reseauinternational.net/elementor-326060/

UNION EUROPÉENNE

Vulnérabilité du système politique de l'UE

La première vulnérabilité est que l'UE n'est pas un système politique complètement unifié. Au contraire, elle est composée de 27 États membres indépendants, chacun ayant ses propres intérêts et priorités. Cela peut conduire à un blocage du processus décisionnel et à un affaiblissement de l'influence de l'UE sur la scène internationale. L'idée d'une politique étrangère européenne commune a été évoquée pour la première fois en 1987 elle a ensuite été confirmée par le traité de Maastricht de 1993 puis élargie par le traité d'Amsterdam de 1997. Les objectifs de la politique étrangère commune ont été définis plus précisément dans le traité de Lisbonne de 2009.

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/06/14/v...

Ces groupes hétéroclites à l'Assemblée nationale française

23818580lpw-23819288-article-jpg_9138799_1250x625.jpg

Ces groupes hétéroclites à l’Assemblée nationale française

par Georges FELTIN-TRACOL

Le 20 mars 2023, à neuf voix près, la motion de censure déposée contre la réforme calamiteuse des retraites échoue à renverser le gouvernement. Son initiative dans le cadre de l’article 49 – 3 de la Constitution revient à Charles de Courson, député depuis 1993 de la 5e circonscription de la Marne et figure éminente du groupe LIOT au Palais-Bourbon.

capture-decran-2022-09-15-a-08.30.42.png

LIOT signifie « Liberté, Indépendants, Outre-mer et Territoires ». Député de la 1re circonscription de la Marne, Bertrand Pancher préside une vingtaine d’élus qui forme un ensemble composite. Aujourd’hui en pointe contre Élisabeth Borne, il y a moins d’un an ce même groupe faisait figure d’allié éventuel pour la Macronie et passait pour un groupe centriste, sinon central. Il réunit en effet des élus de centre-droit, issus de l’UDI (Union des démocrates et indépendants), des Centristes de l’ancien ministre et actuel président du conseil régional de Normandie, Hervé Morin, des élus de centre-gauche dont les deux représentants de l’Ariège qui sont des socialistes dissidents anti-NUPES, des élus ultra-marins venus de Saint-Pierre-et-Miquelon, de La Réunion et de Mayotte, et des parlementaires de sensibilité régionaliste tels le Breton Paul Molac affranchi très tôt du macronisme. Il faut par ailleurs savoir que de nombreux membres de ce groupe original se rattachent de manière administrative à Régions et Peuples solidaires, la confédération des formations régionalistes – autonomistes de gauche comme le Parti occitan, l’Union démocratique bretonne ou les Alsaciens d’Unser Land. Il est en revanche hors de question qu’il s’ouvre à Nicolas Dupont-Aignan, à Emmanuelle Ménard et à la Vendéenne ancienne villériste Véronique Besse qui restent chez les non-inscrits.

jean-lassalle-programme-recherche-creation-62455e4284afb467106606.jpeg

LIOT actualise la vieille tradition du groupe technique qui agrège des sensibilités différentes au sein de l’Assemblée nationale. Entre 2018 et 2022, son prédécesseur immédiat s’appelle « Liberté et Territoires » (LT). Ce groupe voit son nombre d’adhérents varier au gré des années de 15 à 19. On y trouve par exemple Jean Lassalle (photo), député de la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques et ancien proche de François Bayrou. Le groupe LT ne fait pas de vague sous la majorité macroniste. En rupture de ban avec le macronisme triomphant, Martine Wonner (photo, ci-dessous), députée de la 4e circonscription du Bas-Rhin, mène un combat si virulent contre la tyrannie vaccinale qu’elle en est bannie.

martine-wonner-deputee-(la-republique-en-marche)-de-la-4-e-circonscription-du-bas-rhin-photo-dna-jean-christophe-dorn-1588250703.jpg

LIOT et LT ont un lointain ancêtre avec le groupe « République et Liberté » entre 1993 et 1997. Jean Royer, maire de Tours, député de la 1re  circonscription d’Indre-et-Loire et candidat présidentielle en 1974 au nom du combat précurseur contre la pornographie et la « libération sexuelle », dirige vingt-trois députés au profil politique fort dissemblable : le centriste Jean-Louis Borloo, les chevènementistes Jean-Pierre Michel, Georges Sarre et Jean-Pierre Chevènement lui-même, des socialistes dissidents, l’ancien ministre giscardo-mitterrandien Jean-Pierre Soisson, la délicieuse Christiane Taubira ou l’ineffable Bernard Tapie.

Ces groupes singuliers font partie du folklore du Palais-Bourbon. Leur seule existence serait impossible au Parlement européen de Bruxelles – Strasbourg en raison de leur hétérogénéité politique. En 1999, un Groupe technique des indépendants apparaît sous l’impulsion des euro-députés du FN, du Vlaams Blok, du Parti radical transnational italien et du Lombard Padanien Umberto Bossi. La Commission des affaires constitutionnelles du Parlement européen estime alors que les participants de ce groupe n’ont aucune affinité politique et décrète sa dissolution. Le Tribunal de première instance des Communautés européennes fondé par l’Acte unique de 1986 confirme cette honteuse dissolution. Cette décision scandaleuse n’empêche guère les trotskystes Arlette Laguiller et Alain Krivine de siéger au sein de la Gauche unitaire européenne – Gauche verte nordique aux côtés des communistes pro-soviétiques…

FwAAo6AXsAEOA7D.jpg

imagj58es.jpg

Si on remonte dans l’histoire des groupes parlementaires sous la Ve République, on remarque la présence lors de la première législature (1958 – 1962) de deux groupes atypiques. La « Formation administrative des non-inscrits » (FANI) réunissait des centristes, des radicaux et les derniers élus de l’UDSR (Union démocratique et socialiste de la Résistance) dirigée un temps par un certain… François Mitterrand. Cet ensemble se transformera ensuite en un groupe centriste plus ou moins enclin à coopérer avec les gaullistes et les républicains indépendants.

Sansjpbre.jpg

Le second groupe de soixante-six membres s’intitulait « Unité de la République ». Il rassemblait la majorité des députés d’Algérie et du Sahara. « Unité de la République » ne cachait pas ses sentiments favorables à l’Algérie française si bien qu’y siégeait le député de la 14e circonscription de la Seine, l’avocat Jean-Baptiste Biaggi (caricature). Plus tard soutien en 1965 de Jean-Louis Tixier-Vignancour, puis de Jean-Marie Le Pen, Maître Biaggi n’en n’était pas moins médaillé de la Résistance et titulaire de la Légion d’honneur dont il fut élevé au rang de commandeur en 2009. Il va de soi que « Unité de la République » disparut dans les semaines de la proclamation de l’indépendance de l’Algérie en 1962.

Sous les IIIe et IVe Républiques, FANI, « Unité de la République », « République et Liberté », LT et LIOT auraient été des groupes charnières dans la constitution de majorités parlementaires. La logique présidentielle de la Ve République les relègue en périphérie. Cela ne dispense pas Bernard Pancher de rêver de monter une liste LIOT aux élections européennes de 2024 sous la conduite de Jean Lassalle. Ce serait une nouvelle manière de montrer que les oppositions parlementaires restent dans une hostilité contrôlée très loin des radicalités nécessaires.  

GF-T.

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 79, mise en ligne le 20 juin 2023 sur Radio Méridien Zéro.

samedi, 24 juin 2023

Le grand hospice occidental: le "déclin de l'Occident" selon Eduard Limonov

4a65f8bc048e5769d5020a27c166ee68.jpg

Le grand hospice occidental: le "déclin de l'Occident" selon Eduard Limonov

Giovanni Sessa

Source: https://www.paginefilosofali.it/grande-ospizio-occidentale-il-tramonto-delloccidente-secondo-eduard-limonov-giovanni-sessa/

Depuis des décennies, la scène littéraire, en Italie, connaît le succès d'auteurs et de textes en phase avec l'"intellectuellement correct". Rares sont les écrivains et les penseurs qui ont réussi à s'imposer avec des œuvres clairement dissidentes par rapport à la culture dominante. Cette fois-ci, nous pensons qu'Edouard Limonov y parviendra avec un livre publié par Bietti, Grande ospizio occidentale, édité par Andrea Lombardi (pp. 233, 21,00 euros). Il s'agit de pages qui, tant du point de vue littéraire que du point de vue du contenu, dégagent une grande puissance. La prose de Limonov est caustique, elle s'en prend aux idoles du présent post-moderne, mais elle est aussi captivante, capable d'engager le lecteur. Le volume se lit d'une traite. Mais qui était Limonov, mort d'un cancer en 2020, au milieu des restrictions causées par la pandémie de Cov id-19 ? Le journaliste parisien Alain de Benoist le précise dans l'introduction: "Poète et voyou, vagabond et majordome, milicien pro-serbe pendant la guerre de Bosnie [...] opposant dans l'âme, fou de littérature, amateur de femmes et de bagarres, opposant puis partisan de Poutine" (p. 11).

51nCN+BRNdL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

e1522652fc5b3d775e7647994b29fe76.jpg

Limonov, après l'effondrement de l'URSS, a fondé le Parti national-bolchevique avec Douguine (les destins des deux hommes prendront plus tard des chemins différents). Né en Russie, mais ayant longtemps vécu en Ukraine, l'écrivain connaissait parfaitement la réalité du monde occidental, ayant séjourné assez longuement à New York et, à partir du début des années 1980, à Paris. La biographie fictive que lui a consacrée Emmanuel Carrère, publiée en Italie par Adelphi, l'a fait connaître il y a quelques années. L'édition italienne du Grand hospice occidental est une traduction de l'édition française de 2016. En réalité, le volume a été écrit par Limonov entre 1988 et 1989. La thèse centrale est illustrée par le titre. Vivre dans les sociétés occidentales (notons que pour Limonov, la Russie et la Chine font également partie de leur groupe), c'est comme séjourner dans une maison de retraite. L'Occident est une maison pour les personnes âgées "malades", réduites à un état pré-comateux par le capitalisme cognitif (pour l'auteur, la France de la fin des années 1980 est un paradigme exemplaire), qui ont perdu depuis longtemps l'élan faustien, l'énergie vitale qui leur permettait de se présenter au monde comme des créateurs de civilisation : "Un hospice géré par les autorités publiques (appelées ici "administrateurs") et peuplé de patients vivant sous sédatifs" (p. 13). Tout est sénescent, privé de vie réelle.

limonov-5.jpg

LIMONKA.jpg

Limonov s'éloigne des pages de 1984 d'Orwell, un ouvrage lu non pas comme une prophétie politique, mais comme un simple enregistrement et une description de la violence explicite que les totalitarismes du 20ème siècle ont utilisée pour opprimer ou éliminer les minorités dissidentes. Au contraire, le pouvoir exercé par les "administrateurs" de l'Hospice a un côté doux : il passe par le contrôle psychologique-imaginal des masses, et est encore plus envahissant et dangereux que le pouvoir totalitaire du passé. En effet, "aujourd'hui [...] la télévision contrôle la population. Mais elle le fait à travers ce qu'elle montre, pas en l'observant" (p. 23). La violence douce repose sur l'exploitation des faiblesses des asservis qui sont poussés à considérer comme seul horizon existentiel possible la réalisation du bien-être matériel comme une fin en soi. Les masses contemporaines sont amenées à penser la pauvreté comme quelque chose de honteux, elles sont terrifiées par la crise économique, projetée comme imminente, et le chômage qui en découle. L'habitant de l'Hospice : "Assommé par le jonglage des blaireaux, au rythme des statistiques, [...] immergé dans le bourdonnement d'une musique pop de plus en plus vulgaire [...] l'habitant [...] des villes industrialisées prospères fait une course accélérée de la naissance à la retraite" (p. 28). Cette humanité bornée est terrifiée par la liberté, les choix individuels et divergents, l'esprit critique. En effet, le principal précepte en vigueur à l'Hospice identifie l'"Agité", sujet extrêmement dangereux, à marginaliser et à isoler.

Afin d'endormir les masses et de les forcer à embrasser inextricablement la simple réalité matérielle du monde, on leur rappelle souvent le résultat que la pensée de l'"Agité" a eu et pourrait avoir. En ce sens, les images d'Auschwitz ou du Goulag jouent un rôle "éducatif" et sédatif, ou celles qui proviennent de l'extérieur de l'hospice, du tiers-monde où les gens meurent de faim, sont utilisées à cette fin. Le patient modèle est celui qui adhère pleinement à la "vie assurée" que l'hospice dispense généreusement. Parmi les "Agités", les plus dangereux sont ceux qui, dans un monde qui a en fait oublié le sens de la virilité et du risque, du gâchis, se remettent à regarder le Héros comme la figure de référence d'un avenir possible. Leurs ambitions sont étouffées dans l'œuf: c'est le fait du révisionnisme historique, qui met en œuvre l'habituelle reductio ad Hitlerum contre les "Agités" émergents. Un nouveau modèle anthropologique se trouve, au contraire, dans la Victime. Dans l'hospice, le "dernier homme" nietzschéen vit à l'aise, sa vie est faite de "demi-passions du jour et de demi-passions de la nuit". Un homme qui a oublié le sens du destin.

14306115.jpg

Ses seules préoccupations sont la recherche du plaisir, de plus en plus dégradé, et la prospérité, pour laquelle il s'est livré à la dévastation de la nature. Il vit une éternelle adolescence ludique : "Portant des couleurs puériles et criardes, comme s'il était un clown, l'homo hospitius transforme son existence en roman-photo" (p. 153). Une photo-histoire mise sous protection par les pourcentages, par la société numérisée, par ceux qui créent l'information qui est ensuite propagée au Peuple, une sorte de divinité intouchable seulement en paroles, mais en fait violée chaque jour dans sa dignité. Un dogme prévaut sur tous : "Ne jamais, au grand jamais, troubler la paix du monde télévisuel, miroir de l'harmonie immaculée de l'Hospice" (p. 171). La musique pop devenue incontournable contribue à détourner les jeunes : "de leur tâche ancestrale, un instinct purement biologique qui les pousse à arracher le pouvoir aux vieux" (p. 179), tout comme la sexualité "libre" qui : " enlève de l'énergie à une [...] pulsion intrinsèquement plus forte, l'instinct de domination " (p. 188).

Limonov estime que pour sortir de la stagnation dans laquelle se trouve l'hospice, il est nécessaire de rouvrir les portes à la vie, aux passions, à la douleur, à la nature. Retrouver le sens et la signification de se dépenser pour soi et pour la communauté. Heureux donc le monde capable d'honorer les Héros !

Le "greenfare state" remplace l'Etat-Providence et affame les citoyens

JFU3UU6PY2BAHI7GM3FLH52CH4.jpg

Le "greenfare state" remplace l'Etat-Providence et affame les citoyens

par Claudio Conti & Guido Salerno Aletta

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/25763-claudio-conti-guido-salerno-aletta-il-greenfare-state-sostituisce-il-welfare-e-affama-i-popoli.html

Quand on entend dire que "la dette publique est trop élevée" et qu'il faut donc "réduire les dépenses publiques", il est certain qu'un transfert massif de richesses en provenance des poches des plus pauvres (salariés, retraités, jeunes chômeurs) vers celles des plus riches est en train de se préparer.

Le gouvernement Meloni n'est pas différent de ses prédécesseurs en cela, il ajoute simplement une touche supplémentaire de connerie, accompagnée d'un bruit sourd de matraques.

Mais la stratégie économique est la même dans tout l'Occident néolibéral - autrement dit la zone euro-atlantique - depuis près de deux décennies. Les politiques budgétaires des États doivent être marquées par la plus grande austérité possible.

Ce qui signifie en fait : des dépenses inutiles, voire nuisibles, pour maintenir un certain niveau de bien-être, aidant ainsi à la fois la partie faible de la population et la production pour le marché intérieur.

Le "plus grand bien-être" de la population se manifeste en fait par une plus grande consommation au niveau du "caddie" et d'autres biens qui sont de toute façon nécessaires à la vie socialement établie (machines à laver, réfrigérateurs, voitures, meubles, etc.). Bref, une partie du monde de l'entreprise y gagne aussi...

Mais cette austérité est à sens unique. C'est Mario Draghi qui, il y a quelques années, a théorisé une différence radicale entre la "mauvaise dette" (celle qui est destinée aux dépenses sociales) et la "bonne dette" (plus indéterminée, selon lui).

Et en effet, si l'on regarde les conséquences des politiques d'austérité sur les budgets publics, même sous la férule de "commissaires" comme Monti et Draghi, on constate que la dette publique n'a cessé d'augmenter, malgré des coupes sombres dans les soins de santé, les écoles, les retraites et l'aide sociale en général.

1200x630c50.jpg

61FC5trsPJL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

Un éditorial fulminant du toujours acerbe Guido Salerno Aletta, paru cette fois sur TeleBorsa, capture avec une précision chirurgicale les deux politiques opposées qui ont caractérisé l'ensemble de la "zone euro-atlantique" depuis la "grande crise" de 2007-208: "alors que la politique budgétaire a été particulièrement sévère, avec le Fiscal Compact imposant un équilibre structurel, la politique monétaire a été particulièrement accommodante avec des taux zéro et des injections continues de liquidités.

Le mécanisme se répète lorsque l'objectif stratégique devient le financement et le développement de la soi-disant "transition écologique", pour laquelle les entreprises ne sont pas prêtes à investir un seul centime de leurs bénéfices. Et ne parlons pas de l'augmentation obligatoire des dépenses militaires, exigée par l'OTAN et gérée par l'Union européenne, qui pèse évidemment entièrement sur les dépenses publiques (et donc sur la dette).

Bien sûr, pour éviter que les comptes publics n'explosent, ces injections substantielles de "bonne dette" (n'est-ce pas, Draghi ?) devront être compensées par des coupes sombres dans la "mauvaise dette", selon l'équation bien connue.

"Il ne s'agit plus de financer par le déficit l'État-providence, les dépenses sociales en matière de santé, d'éducation, de logement, d'aide sociale : c'est autant d'argent retiré du marché. C'était autant de chiffre d'affaires en moins pour les particuliers, autant de bénéfices en moins pour l'État."

Aujourd'hui, au contraire, il s'agit de financer une soi-disant "quatrième révolution industrielle" : le risque est grand, et il est bon que les États y mettent aussi de l'argent, en s'endettant. De toute façon, si les choses tournent mal, ils pourront toujours augmenter les impôts ou mettre en place un beau patrimoine". Ce qui change, en somme, ce n'est pas le montant des dépenses publiques (qui, au contraire, augmente plutôt qu'il ne diminue), mais la raison et l'objectif pour lesquels l'État dépense.

C'est pour cela qu'il y a tant de silence malgré l'augmentation de la dette publique: cela arrange ceux qui veulent profiter de la transition énergétique et écologique pour entrer sur le marché et faire de l'argent".

Et quoi de plus prometteur, pour les capitaux privés, qu'une "révolution industrielle" financée par l'État, dans laquelle les "particuliers" se voient confier la "lourde tâche" d'engranger des profits tendanciellement infinis sans prendre le moindre risque ?

Bonne lecture.

P.s. Il est absolument certain qu'il faut agir dès hier pour changer radicalement le modèle de développement afin de le rendre "compatible" avec la survie de l'humanité sur cette planète. Et il est donc absolument certain qu'il faudra beaucoup d'investissements pour réaliser ce changement, révolutionnaire par son ampleur et sa logique.

Mais si le bâton de commandement reste entre les mains des "entrepreneurs", l'issue décrite ici est la seule possible : inutile pour l'humanité et la planète, dramatique pour les figures sociales les plus faibles, juteuse pour le profit privé.

* * * * *

1200grplx675.jpg

Mais l'État providence convient au marché

Guido Salerno Aletta - Agenzia Teleborsa

L'histoire, c'est faire et défaire.

En 2012, à peine la tempête sur la zone euro passée, deux stratégies de politique économique totalement opposées ont été adoptées: alors que la stratégie budgétaire était particulièrement sévère, avec le Fiscal Compact imposant un équilibre structurel, la stratégie monétaire était particulièrement accommodante, avec des taux zéro et des injections continues de liquidités.

La raison en est la suivante: la politique monétaire devait corriger les effets négatifs de la politique budgétaire, qui affectait également les prix, provoquant leur chute. Si les prix baissent, tout s'arrête: ceux qui produisent se retrouvent à vendre à des prix inférieurs à ceux auxquels ils ont acheté les matières premières.

La crise qui a frappé la zone euro a été provoquée par une série de faillites systémiques: l'Irlande, la Grèce, le Portugal et l'Espagne ont vu leurs comptes extérieurs s'effondrer en raison d'une exposition excessive aux dettes bancaires et publiques.

L'Italie, quant à elle, avait une dette publique élevée, une balance commerciale passive et une position financière extérieure nette très endettée.

L'assainissement des budgets publics, accompagné d'une politique monétaire accommodante, a été interrompu par la pandémie de 1920-21, lorsque les États ont assumé des dépenses très élevées pour contrer les effets récessifs du blocus économique.

Un autre facteur extrêmement perturbant est la poussée inflationniste qui débute au printemps 21: la reprise de l'économie, compte tenu de la fin des restrictions imposées par les gouvernements pour limiter la contagion, s'accompagne d'une hausse vertigineuse des prix.

Les producteurs de matières premières et les spéculateurs sur les marchés internationaux attendaient la bonne occasion pour revenir sur le devant de la scène.

Un autre facteur est encore plus important: le défi de la transition énergétique, qui s'impose comme la seule condition de survie de la vie sur la planète, impose des investissements colossaux aux entreprises et des dépenses tout aussi énormes et irrécupérables aux citoyens et aux familles.

C'est pour faire face à ce défi que le rôle des États est redevenu central: tout a commencé avec la "taxe carbone", avec l'institution de taxes spécifiques sur la production et la consommation considérées comme négatives du point de vue environnemental, visant à les dés-inciter et à financer des investissements et des achats de biens compatibles avec les objectifs environnementaux.

Il existe donc une corrélation directe entre les politiques environnementales et les budgets publics: dans tous les cas, lorsqu'il serait trop complexe et impopulaire d'imposer des taxes environnementales, par exemple en augmentant le prix de l'essence ou du diesel, des interdictions à terme sont créées: à partir de 2035, par exemple, l'Union européenne a déjà prévu que les voitures à moteur à combustion interne ne pourront plus être vendues. Cela permet de forcer la transition vers la voiture électrique en offrant immédiatement des incitations fiscales à leur achat.

Toute la transition repose sur des politiques publiques contraignantes d'une part et sur des budgets publics qui agissent comme une pompe: pour les marchés, mais uniquement à ces fins, les déficits et les dettes publiques ne font plus peur.

Il ne s'agit plus du financement du déficit de l'Etat-providence, des dépenses sociales en matière de santé, d'éducation, de logement, d'aide sociale: c'est autant d'argent soustrait au marché. C'était autant de chiffre d'affaires en moins pour les particuliers, autant de profits en moins pour l'Etat.

Aujourd'hui, au contraire, il s'agit de financer une soi-disant "quatrième révolution industrielle": le risque est grand, et il est bon que les États y mettent aussi de l'argent, en s'endettant. De toute façon, si les choses tournent mal, ils peuvent toujours augmenter les impôts ou mettre en place un beau patrimoine.

C'est pour cela qu'il y a tant de silence malgré l'augmentation de la dette publique : cela arrange ceux qui veulent profiter de la transition énergétique et écologique pour entrer sur le marché et faire de l'argent.

Mais les risques financiers, les vrais, doivent être supportés par les États : il faut sauver l'Humanité.

L'humanité doit être sauvée. Ou pas ?

vendredi, 23 juin 2023

Human Ecology Fund, la mission de lavage de cerveau de la CIA

62b0c7e37fce8c7e712a65c55f9f349f.jpg

Human Ecology Fund, la mission de lavage de cerveau de la CIA

Emanuel Pietrobon

Source: https://it.insideover.com/schede/storia/human-ecology-fund-missione-lavaggio-del-cervello.html

La pandémie de Covid et la guerre en Ukraine ont définitivement ouvert la voie aux guerres cognitives, un art de la guerre appelé à perdurer en raison de la concomitance de certains facteurs globaux, sociaux et technologiques.

Dans les guerres cognitives, tout est ou peut être une arme: d'un canal Telegram à un groupe Facebook. Et la cible est unique: l'esprit. Ou plutôt, la domination de l'esprit. La science-fiction devient réalité: neuro-armes, technologie menticide, "candidats mandchous" (ndt: "programmés pour des attentats meurtriers"). Déstabilisation de sociétés entières par le biais d'influenceurs, de plateformes sociales, de blogs, d'armées de trolls et de messageries instantanées.

Les origines des guerres cognitives remontent à une époque précise, la guerre froide, dont il faut parler et sur laquelle il faut revenir pour les comprendre. Car les techniques, tactiques et connaissances des neuro-stratèges d'aujourd'hui ne sont que le fruit d'événements d'hier, comme le projet MKULTRA, les expériences de Montréal, les études de Kurt Plötner, Sidney Gottlieb, William Sargant et Donald Cameron, et les enquêtes du Human Ecology Fund.

734a0298f50b6903dc95138922986787.jpg

Le contexte historique

On ne peut comprendre la logique du Human Ecology Fund, une enquête sur le fonctionnement de l'esprit humain financée par la Central Intelligence Agency, sans reconstituer le contexte historique.

Nous sommes dans les années 1960, la confrontation avec l'Union soviétique a atteint son paroxysme et les Etats-Unis, en proie à la peur des rouges, craignent la propagande invisible de l'ennemi et sont persuadés qu'il y a des cinquièmes colonnes partout: du Pentagone à Hollywood. La société était en ébullition, l'explosion prochaine des mouvements contre-culturels était dans l'air, et dans les salles de contrôle, on discutait de la manière de transformer le défi du changement social en cours en une opportunité.

C'est dans le contexte des tensions interraciales, des maxi-manifestations pacifistes et des violences politiques des turbulentes années 1960 que la Maison Blanche a délégué à Langley le soin de trouver une solution à l'infiltration de la propagande soviétique aux Etats-Unis. Une solution que les psycho-guerriers de la CIA ont tenté de trouver dans le domaine émergent des études cognitives.

4f2ff1953849d7cdf4086bc5657fad19.jpg

L'écologie humaine ou l'ingénierie sociale

De ce "Fonds pour l'écologie humaine", l'un des programmes les plus secrets de la CIA connus à ce jour, on sait encore peu de choses. Dates, noms, chiffres, beaucoup de choses sont restées mystérieuses. Ce qui a, bien sûr, contribué à alimenter les théories du complot.

fx1.jpg

Le HEF aurait été fondé en 1955, sous le nom de Society for the Investigation of Human Ecology, au sein du département de psychiatrie de l'université de Cornell. Le neurologue Harold Wolff (photo) dirigeait cette entité, officiellement axée sur l'étude des techniques d'interrogatoire persuasives.

En 1957, après seulement deux ans, Wolff est démis de ses fonctions et remplacé par James Monroe, un militaire rompu à la guerre psychologique, et Carl Rogers, l'un des plus éminents psychologues de l'époque. Langley, en particulier, était intéressé par une application militaire des théories de Rogers sur la thérapie non directive.

Il aurait été possible de pousser les gens à agir contre leur volonté, par exemple en révélant des secrets sans s'en rendre compte et sans qu'il soit nécessaire de procéder à des interrogatoires musclés. Les psycho-guerriers de la HEF en étaient convaincus. Et la CIA lisait leurs rapports périodiques avec optimisme, d'où la décision d'élargir les collaborateurs du HEF - de l'Office of Naval Research au Geeschickter Fund for Medical Research - et d'étendre le champ des recherches - de la simple psychologie à l'utilisation de stupéfiants et de psychédéliques, dont le diéthylamide de l'acide lysergique (LSD).

Les résultats

À un moment donné, au plus fort de la recherche, le destin du HEF se confond avec le tristement célèbre Allen Memorial Institute de l'université McGill, théâtre des expériences concomitantes de lavage de cerveau menées à Montréal dans le cadre d'un autre projet de la CIA sur l'esprit: MKULTRA. Avec des résultats respectables.

Dans les laboratoires du HEF, qui coïncident souvent avec les cellules des institutions psychiatriques, les théories sur l'ingénierie sociale et la manipulation mentale ont été testées, poussées à l'extrême et dépassées. Des patients catatoniques ramenés à la normale. Des patients sains réduits à la catatonie. Expériences sur le bombardement psychologique, la résistance au stress, la guidance psychique, la modification du comportement. Tout cela au nom de la lutte contre le communisme.

22abdea3707d1b743573cb5f9de73857.jpg

Malgré les succès vantés par les neurologues et les psychologues de la HEF, la CIA ordonnera l'arrêt des travaux en 1965. Peut-être pour les fondre dans la marmite du MKULTRA. Ou peut-être pour poursuivre ses recherches dans le plus grand secret, sous le couvert de la fin des opérations.

Donnez-nous encore une minute de votre temps !

Si vous avez aimé l'article que vous venez de lire, posez-vous la question suivante : si je ne l'avais pas lu ici, l'aurais-je lu ailleurs ? S'il n'y avait pas InsideOver, combien de guerres oubliées par les médias le resteraient ? Combien de réflexions sur le monde qui vous entoure ne pourriez-vous pas faire ? Nous travaillons tous les jours pour vous offrir des reportages de qualité et des articles de fond totalement gratuits. Mais le journalisme que nous pratiquons est loin d'être "bon marché". Si vous pensez que cela vaut la peine de nous encourager et de nous soutenir, faites-le maintenant.

21:04 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, états-unis, cia, mkultra, human ecology fund | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La contre-attaque de l'Ukraine et les ballets solsticiaux de l'OTAN en Finlande

imago0256822531h-scaled.jpg

La contre-attaque de l'Ukraine et les ballets solsticiaux de l'OTAN en Finlande

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2023/06/22/ukrainan-vastahyokkays-ja-nato-suomen-juhannustanssit/

La guerre par procuration entre l'OTAN et l'Occident en Ukraine commence déjà à être perdue pour le monde des atlantistes, comme l'indique notre journal en précisant que "la contre-offensive ukrainienne ne progresse pas comme on l'espérait". Les choses ont atteint un point culminant où l'élite transatlantique devra bientôt procéder à une intervention militaire directe, ou abandonner le régime actuel de Kiev qui a échoué.

Dans ce dernier cas, la machine médiatique occidentale se mettra en mode de correction des dommages, expliquera les choses de la meilleure façon possible et fera le travail de façonnage de l'opinion publique comme elle l'a fait dans le passé. La ferveur politique sera remplacée par une médiation en coulisses. Il se peut que l'on parlera et que l'on écrira à propos de Zelenski et du régime ukrainien sur un ton plus direct que ce n'est le cas jusqu'à présent.

Bien entendu, les Occidentaux ne demanderont pas aux Finlandais l'autorisation de procéder à une telle correction qui, si elle se concrétise, suscitera un vif ressentiment chez les russophobes les plus fanatiques. Ils pourront se consoler en se disant que "nous sommes au moins devenus membres de l'OTAN".

Les exigences de la Russie comprennent la fin de la présence militaire de l'Occident dans la région, la démilitarisation de l'Ukraine et la mise en place d'un gouvernement neutre pour administrer l'État fantoche potentiel si et quand les Russes décideront de ne pas restituer l'ensemble de la région à la Fédération de Russie.

La "dénazification" de l'Ukraine ne sera probablement pas un succès complet, bien que la plupart des radicaux nationalistes aient probablement déjà fini comme chair à canon ou prisonniers des Russes. Le radicalisme qui subsiste, couvant dans des groupes dissidents, donnera plus tard lieu à des actes de terrorisme, ce qui conviendra à l'avènement d'une nouvelle opération Gladio dans l'Occident aux mains de l'OTAN. Une fois de plus, l'extrême droite sert la cause de l'establishment anglo-juif.

86natoexf0x394.jpg

Cependant, le conflit ukrainien ne s'est pas déroulé exactement selon les plans de ses architectes néoconservateurs. Il a renforcé la Russie, qui a fait des erreurs de calcul au départ et qui, malgré la politique de sanctions, ne s'est pas effondrée. Au contraire, le régime de Poutine a gagné en adhésion en dehors de l'Occident, qui ne voit pas d'un bon œil ce changement et le dissimule sous un prétentieux jargon sur les "valeurs".

Si le projet ukrainien échoue, les États-Unis tenteront-ils encore de démontrer leur puissance militaire face à une autre puissance nucléaire ? Et que font les "Anglo-Saxons", qui ont torpillé les pourparlers de paix de l'année dernière ? Aurons-nous une réponse à ces questions avant la fin de l'été ?

Par prudence, Zelenski, qui joue au président, a déjà annoncé que la Russie prévoyait de frapper la centrale nucléaire de Zaporizhia, qu'il contrôle, de sorte qu'apparemment, une telle attaque désespérée sous faux drapeau est au moins envisagée par le binôme OTAN-Occident.

Compte tenu de la situation actuelle, nombreux sont ceux qui pourraient penser que l'attitude belliqueuse à l'égard de la Russie se poursuivra à l'infini. Il convient toutefois de rappeler la rapidité avec laquelle les excès et les dérives de l'époque de la "pandémie" ont été balayés sous le tapis. Ceux qui croient aux reportages des médias grand public renonceront à brandir le drapeau ukrainien, tout comme ils ont abandonné leurs masques de l'ère coronaviresque.

Je pense qu'au lieu d'une guerre majeure, nous pourrions tôt ou tard être confrontés à une série de renversements relevant de la Realpolitik. Les États-Unis et les grands pays de l'euro normaliseront leurs relations avec la Russie une fois que la poussière de la guerre sera retombée et que le temps aura passé. Cela convient également au Kremlin, dont l'administration est plus technocratique qu'idéaliste.

Les élites des différents pays ne se "détestent" pas vraiment, même si elles sont parfois en désaccord. Dans une guerre hybride pour le pouvoir et la richesse, tous les moyens sont permis. Le jeu du pouvoir politique est facilité par le fait que même les personnes occupant des postes importants sont tôt ou tard remplacées et que les nouveaux dirigeants peuvent prendre leurs distances par rapport aux décisions de leurs prédécesseurs.

Les États-Unis considèrent qu'ils ont atteint leur objectif minimal, même si les rêves des pires faucons de guerre ne se sont pas réalisés. Washington et Londres ont pu mettre la Russie à l'épreuve et, ce faisant, paralyser l'économie et l'industrie de l'Union européenne. La guerre a également été bénéfique pour les affaires, comme l'a révélé un employé de la société de gestion d'actifs BlackRock. Mais il est probable qu'une nouvelle atmosphère de guerre froide perdure.

Ce qu'il adviendra de la Finlande dans un tel scénario est une autre question. Le dénigrement se poursuit sur les fils de commentaires des médias sociaux. Sur le plan intérieur et en matière de politique étrangère, nous poursuivons notre vie instable en tant que périphérie en déclin de l'"Occident global", qui, en devenant partie intégrante de la machine de guerre occidentale, a renoncé à son pouvoir unique d'agir en tant que médiateur dans l'arène politique mondiale.

Le nouveau gouvernement dirigé par la coalition conservatrice poursuivra l'ère de l'"occidentalisation" et, conformément à une proposition antérieure de notre "police de patronage", "s'attaquera à l'influence hybride de la Russie" en criminalisant la dissidence critique de l'Occident, que sera accusée de "diffusion d'informations erronées".

À ce stade, chacun pourra se demander ce qu'il est advenu de la liberté de parole et d'expression, et si la Finlande, désormais intégrée à l'Occident, n'est plus une démocratie nordique paisible, ou si c'est un État aux tendances autoritaires, un État non civilisé sous l'hégémonie anglo-américaine qui, comme l'Ukraine, sera sacrifié sur l'autel de la géopolitique si cela s'avère nécessaire.

Conférence sur l'Ukraine à Londres

19ukrconf20x810.jpg

Conférence sur l'Ukraine à Londres

Source: https://katehon.com/ru/article/konferenciya-po-ukraine-v-londone

Les tentatives d'appropriation permanente des actifs russes rendront tout compromis pour la partie russe aussi peu rentable que possible et virtuellement impossible.

Les 21 et 22 juin, une conférence internationale sur le redressement de l'Ukraine (Ukraine Recovery Conference ou URC 2023) s'est tenue à Londres. L'événement était organisé par l'Ukraine et le Royaume-Uni. Les principaux objectifs déclarés étaient d'attirer les investissements dans l'économie ukrainienne et de mener des réformes en temps de guerre et après la fin du conflit avec la Russie. L'ordre du jour comprenait également l'égalité des sexes, les "énergies vertes" et d'autres questions urgentes.

Cette conférence n'est pas la première du genre. Début juillet 2022, le premier événement sur la "restauration de l'Ukraine" s'est tenu à Lugano (Suisse). En octobre 2022, une conférence similaire s'est tenue à Berlin.  Et l'Italie a organisé son propre forum à la fin du mois d'avril.

Vendre le pays

Les analystes considèrent les conférences sur la reconstruction de l'Ukraine comme une division des sphères d'influence dans ce pays entre les puissances étrangères, principalement européennes. Chacune tente d'imposer son agenda et ses préférences à Kiev et à ses partenaires sous le prétexte de la reconstruction économique du pays. L'Ukraine dispose de suffisamment de ressources technologiques et de richesses naturelles qui pourraient intéresser les acteurs étrangers. Profitant de la dépendance totale de Kiev à l'égard des armes occidentales et de la réticence des autorités ukrainiennes à désamorcer le conflit, les pays occidentaux peuvent facilement faire chanter les autorités de Kiev.

L'État de droit, la lutte contre la corruption et la promotion des réformes ont été déclarés priorités clés lors de la conférence de Londres. Traduit du langage de la démagogie libérale au langage de la Realpolitik, cela signifie renforcer la gouvernance externe et redistribuer les biens des propriétaires ukrainiens "corrompus" à des propriétaires étrangers. Telle est la signification du programme de "patronage" des investisseurs étrangers sur les différentes régions du pays, présenté précédemment par Volodymyr Zelenski.

Interception de l'influence

Un autre aspect de la "conférence sur la reconstruction de l'Ukraine" est l'interception de l'influence politique sur le pays, qui est devenue un instrument de pression sur la Russie. Alors qu'en Allemagne et surtout en France, des appels prudents ont été lancés en faveur d'une désescalade et d'un gel temporaire du conflit (naturellement dans l'attente d'une certaine forme de succès pour Kiev, sur une vague de victoire), Londres et Varsovie ont parié sur une escalade du conflit.

La conférence de Londres a pour but d'affirmer le rôle prépondérant de la Grande-Bretagne dans la gestion de l'Ukraine. Cependant, d'autres acteurs européens sont également intéressés par le maintien et l'expansion de leur influence. Ils participent donc activement à la conférence et sont contraints de rivaliser avec la rhétorique pro-ukrainienne.

Pour Kiev, la participation massive des pays occidentaux est une preuve du soutien de l'Occident. Toutefois, ce soutien n'est pas gratuit et prend surtout la forme de prêts. Par exemple, le Royaume-Uni a annoncé une aide qui ne comprend que 240 millions de livres (305 millions de dollars) d'aide économique directe et 3 milliards de dollars de garanties de prêts de la Banque mondiale. L'Union européenne a présenté un programme ambitieux de 50 milliards d'euros (environ 55 milliards de dollars) pour la période 2024-2027. Quelque 17 milliards d'euros seront accordés sous forme de subventions et le reste sous forme de prêts. Les États-Unis ont annoncé une aide économique supplémentaire de 1,3 milliard de dollars. Il convient de garder à l'esprit que tout l'argent, s'il est effectivement alloué, ira à des entreprises occidentales si elles acceptent de participer à la "reconstruction" de l'Ukraine. Les prêts sont destinés à "stimuler" la participation des capitaux occidentaux à ce processus.

La question des avoirs russes

Le Royaume-Uni a manifesté à la veille de la conférence son intention de modifier sa propre législation concernant les sanctions anti-russes, en les liant au paiement par Moscou de "compensations" à Kiev. En outre, à Londres et à Washington, des experts du groupe de réflexion atlantique CEPA ont laissé entendre que les entreprises privées occidentales n'investiraient pas dans la reconstruction de l'Ukraine si cette reconstruction n'était pas payée par les réserves d'or et de devises russes gelées (bien entendu, les paiements doivent aller à ces mêmes entreprises).

"Reconstruire l'Ukraine" signifie en fait, dans ce cas, en termes économiques, retirer les actifs russes au profit de l'Occident. La question est de savoir quelles considérations l'emporteront : le désir d'assimiler les actifs russes (quelque 300 milliards de dollars de réserves de la Banque centrale et 58 milliards de dollars détenus par des particuliers) - ou la crainte que la saisie de tant d'argent n'ébranle durablement la confiance dans le système financier occidental ?

L'aspect politique de l'"appropriation" des actifs russes par les gouvernements et les entreprises occidentaux sous le prétexte de "reconstruire l'Ukraine" est également important. Londres rend ainsi le régime de sanctions contre Moscou pratiquement perpétuel et réduit la motivation des dirigeants russes à mettre fin au conflit. Étant donné qu'un accord de paix ne garantirait pas la levée des sanctions, la Russie serait moins disposée à faire des compromis. D'autant plus s'il n'y a pas de possibilité, même virtuelle, de récupérer ses réserves d'or et de devises. Au contraire, les promesses de soutien, les compensations russes et le transfert des avoirs russes gelés inciteront Kiev à résister activement et à suivre la ligne de politique étrangère de Londres.

L'UE a déjà déclaré qu'elle ne disposait pas de mécanismes juridiques pour saisir les avoirs russes. Toutefois, lors d'une conférence à Londres, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a suivi la voie tracée par les Britanniques. Elle a déclaré que l'UE préparait un cadre juridique permettant d'utiliser les avoirs russes gelés pour "reconstruire l'Ukraine".

Conclusions géopolitiques

En organisant une conférence internationale sur la "reconstruction de l'Ukraine", à laquelle participent des acteurs économiques et politiques étrangers, la Grande-Bretagne tente de prendre le leadership et d'imposer son plan au reste de l'Europe. Il s'agit notamment de lier les sanctions anti-russes à la "restauration de l'Ukraine". Dans l'ensemble, cette approche est soutenue par les États-Unis, comme l'a indirectement confirmé la participation du secrétaire d'État américain Anthony Blinken à la conférence de Londres. La veille, aux États-Unis, un groupe de membres du Congrès et de sénateurs a annoncé un projet de loi similaire au projet britannique sur la possibilité de transférer des avoirs russes gelés pour "aider" l'Ukraine et de geler leur retour en Russie jusqu'à ce qu'une "compensation" soit versée à la partie ukrainienne.

Le pôle atlantiste s'efforce de prolonger les combats en promettant à Kiev un soutien et de l'argent volé à la Russie. En réalité, l'argent sera absorbé par l'Occident lui-même, l'Ukraine aura de nouvelles dettes et des pertes militaires, et le reste de l'économie sera repris par des "investisseurs" occidentaux.

Les tentatives d'appropriation permanente des actifs russes rendront tout compromis pour la partie russe aussi peu rentable que possible et pratiquement impossible. Cela signifie, entre autres, que la Russie ne sera pas en mesure, dans une perspective historique proche, de revenir à l'état des relations économiques et politiques qu'elle entretenait avec les pays occidentaux avant l'entrée en vigueur de l'accord de Schengen. La Russie n'a pas d'autre choix que de lutter jusqu'à la victoire et de construire l'autarcie, de dé-stratégiser la conscience et les relations matérielles.

Cinématographie: Un cours pour la souveraineté cinématographique

7cd0d6133b21258a80e83262333621bb-cropped.jpg

Cinématographie:

Un cours pour la souveraineté cinématographique

Mark Datnov

Source: https://www.geopolitika.ru/article/kurs-na-suverenizaciyu-kinematografa

Sur la proposition de Nikita Mikhalkov de créer un festival du film eurasien

Le 26 mai 2023, lors du Forum économique eurasien de Bichkek, Nikita Mikhalkov, président de "l'Union russe des directeurs de la photographie", a proposé de créer le Festival du film eurasien comme alternative aux festivals occidentaux similaires, tels que les Oscars, la Berlinale Leo, le Festival de Cannes, etc.

"Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un problème où les idées disparaissent, où l'art nous est présenté comme quelque chose qui n'est pas de l'art. La seule protection des valeurs morales et culturelles est la civilisation eurasienne. Il n'y en a pas d'autre. Le doux mot d'indépendance en est venu à signifier que rien ne dépend de nous. Dans le monde civilisé, l'immunité est perdue, la tolérance est lâcheté et incapacité à défendre ses intérêts. Nous devons sauver ce que nous avons de plus cher, en nous appuyant sur les traditions culturelles et morales qui nous unissent, nous protéger de tout ce qui pourrait conduire le monde au désastre".

Et, comme cela arrive souvent avec des propositions et des déclarations tout aussi radicales (et vous devez comprendre qu'étant donné les changements socioculturels actuels dans le contexte des récents événements en Ukraine, de telles propositions, si elles aboutissent, signifieront sinon un passage complet, du moins un passage virtuel du marché cinématographique occidental à un marché oriental similaire, avec toutes les difficultés et les conséquences que cela implique), la déclaration de Mikhalkov a été immédiatement suivie d'une multitude de réactions plus ou moins acerbes et sévères, qui, une fois de plus, se sont succédées à un rythme effréné.

Mais nous ne sommes pas là pour juger de l'éthique que recèle la proposition de Nikita Sergeyevich ou de la dureté des mots qu'il a choisis. Et notre but n'est certainement pas d'évaluer les commentaires des "accusateurs" de M. Mikhalkov. Notre tâche consiste à répondre à deux questions essentielles qu'il convient de poser dans le cadre de cette initiative, comme l'ont fait jadis Herzen et Tchernychevski.

MV5BNzVmZDk5YTMtODYxMi00ZGFlLWI4YjQtMGUwZTZhMWRkOWEwXkEyXkFqcGdeQXVyMTE5MjM5Njk3._V1_.jpg

La première question est la suivante: "Qui est responsable ?"

Bien sûr, des idées comme celles proposées par Mikhalkov pourraient être mises sur le compte d'une baisse de la qualité du marché du film en Russie. Dans le passé, le cinéma pouvait aisément rivaliser avec les films occidentaux et remporter des prix, mais maintenant qu'il n'en est plus question, les cinéastes sont prêts à tout pour créer l'illusion de la compétitivité. Et oui, bien sûr, il y a une baisse de la qualité du marché intérieur, et personne ne le cache (bien qu'il faille se rappeler qu'à l'époque soviétique, cela ne pouvait pas se produire à cause, curieusement, de la censure préalable, de sorte qu'il n'était pas possible de voir toute la gamme de contenus produits à l'époque soviétique). Cependant, on ne peut pas mettre cela sur le compte d'une concurrence accrue. De plus, si l'on suit de près l'histoire de ce même Oscar, on constate que même à l'époque soviétique, les films nationaux étaient loin d'être toujours inclus dans la liste des nominés pour les grands prix, et encore moins d'être gagnants, ce qui est compréhensible puisque, toutes choses égales par ailleurs, admettre que le bloc socialiste avait gagné quoi que ce soit revenait à porter atteinte à son propre prestige, ce qu'il s'efforçait d'éviter à l'excès. Et si la photo soviétique a gagné, c'est plutôt comme une exception à la règle, en dehors de la qualité évidemment exceptionnelle de la photo elle-même.

En d'autres termes, il n'est pas exact de parler d'une concurrence accrue dans l'ère post-soviétique ; d'ailleurs, dans un sens, les films nationaux ont eu plus d'occasions de figurer sur les listes de prix après la chute du bloc soviétique. Mais si la concurrence a diminué, qu'est-ce qui a changé radicalement, au point que les cinéastes nationaux envisagent sérieusement de changer de marché ?

s-l160nikm0.jpg

Pour répondre à cette question, il convient de rappeler qu'en Union soviétique comme en Fédération de Russie, il était très difficile d'entrer en contact avec des valeurs qui n'étaient pas inhérentes à notre culture et à notre mentalité. C'est un phénomène normal qui n'a rien de criminel - il suffit de se rappeler les nombreux scandales des studios occidentaux à la suite de l'interdiction de leurs productions en Chine ou d'une sorte de censure de celles qui étaient approuvées par le Parti pour être projetées. Et oui, le cinéma en tant que forme d'art peut traiter et a toujours traité de questions qui, pour un certain groupe de personnes, peuvent être taboues. Les relations non conventionnelles, les différences de frontières, les diverses déviations sociales et culturelles et les questions raciales n'ont pas été inventées hier, et la réflexion sur ces sujets a eu lieu dans le cinéma presque depuis sa création. Cependant, il est faux de penser que si ce genre de choses s'est produit auparavant, il se produit aujourd'hui dans la même mesure. Au contraire, la présence de ces questions dans les images du passé était plus susceptible d'être perçue de manière adéquate, car il y en avait peu, et, pour la plupart, elle était conditionnée avant tout par la tâche du cinéaste de montrer un phénomène particulier de notre vie. Mais le cinéma, malgré son statut d'art, n'a pas pu échapper à la surveillance du monde des affaires et de l'argent. Et là où les affaires et l'argent commencent, l'accent est invariablement mis sur le marché de masse. Le "point de non-retour" devrait être focalisé sur deux années, 1975 et 1977, lorsque deux films destinés exclusivement au grand public (Les Dents de la mer et La Guerre des étoiles) ont ouvert la voie à un véritable cinéma de masse. Mais même cela ne serait que la moitié du problème - après tout, les marchés de masse existaient et existent toujours dans le secteur du livre, du théâtre, de la musique et dans bien d'autres secteurs. Mais il ne faut pas oublier que le cinéma, en raison de sa gamme audiovisuelle, est capable d'influencer la conscience de masse bien plus que d'autres domaines artistiques, et que son coût d'obtention relativement faible lui ouvre l'accès à un public plus large.

Avec toutes ces données en main, le dernier point, et probablement le plus important, concerne les courants politiques qui se sont superposés au cinéma en tant que forme de divertissement de masse.

La troisième vague du féminisme qui a débuté en Occident dans les années 90, la cancel culture qui a émergé dans les mêmes années mais qui a commencé à se répandre activement dans les années 2010, avec BLM et "Me too" (en 2013 et en 2017 respectivement) - tous ces mouvements ont certainement des pensées et des idées sensées à la base, similaires aux idées des suffragettes qui se battaient dans les années 20 du vingtième siècle. Mais, sous l'influence de l'entreprise multipliée par l'ultimatisme, tous ces efforts sociaux ont pris une tournure extrême et produisent exactement l'effet inverse dans de nombreux pays. Et maintenant, au moment où nous écrivons ces lignes, nous nous trouvons dans une situation où la présence de tel ou tel "agenda" n'est pas seulement et pas tellement le désir du cinéaste d'éclairer un problème particulier, mais plutôt une "mode" et un désir de gagner des points politiques supplémentaires en s'adressant à une minorité opprimée. Et nous n'avons pas encore abordé les événements qui ont commencé en février 2002, lorsqu'une véritable "culture de l'abolition" a commencé à se mettre en place et que tout ce qui passait par là était perçu dans la mère patrie comme rien de moins que du sabotage et de la trahison.

548612.jpg

Et, parmi tous ces facteurs, le désir de réorienter la production cinématographique vers quelque chose de plus créatif au détriment des marchés dans des pays où des idéaux similaires sont prêchés est tout à fait raisonnable et a sa place. Comme les parents qui essaient de garder leurs enfants dans un cadre précis qui influencera les enfants et leur sera bénéfique plutôt que de les corrompre.

"Certains d'entre vous diront que la possibilité même d'exister dans des marchés aussi destructeurs est préjudiciable à notre cinéma, mais cela vaut-il vraiment la peine d'aller en Eurasie pour cela ? Et en général, y a-t-il quelqu'un avec qui coopérer et auprès de qui améliorer la qualité de son propre produit ? Et, aussi étrange que cela puisse paraître, la réponse sera positive.

Il convient tout d'abord de mentionner la liste des pays autour desquels le festival du film eurasien, proposé par Mikhalkov, sera construit. Parmi les principaux, il convient d'en citer trois: l'Inde, la Chine et la Turquie. Nous sommes surpris de découvrir que ces marchés ne sont pas aussi vides qu'il n'y paraît à première vue et que leur accès aux marchés occidentaux est déjà en cours. Par exemple, la Turquie est d'ores et déjà le deuxième exportateur mondial. Ensuite, la Turquie est désormais le deuxième exportateur de contenu sériel après les États-Unis, et ses produits sont activement diffusés depuis longtemps, y compris en Russie. Il est inutile de parler du marché chinois - il suffit de rappeler que pour passer la censure et recevoir un certificat de distribution, les studios occidentaux entrent de plus en plus souvent en contact avec le gouvernement local et créent et montent leurs films en fonction non seulement de leurs normes mais aussi des normes de la RPC, ce qui fait que les idées occidentales tombent dans le piège du business, et je préfère de plus en plus souvent non pas la première version, mais la seconde.

En ce sens, le marché indien peut sembler un exemple étrange, car il s'agit davantage d'une affaire nationale que d'une affaire d'exportation, malgré son taux gigantesque de production du contenu et de la diffusion. Cependant, là aussi, il convient de noter une évolution vers un public potentiel plus large. Et non, ces exemples ne signifient pas que seuls ces pays et la Russie participeront au festival du film si l'initiative de Mikhalkov se concrétise. Les pays de l'UEE (Union Economique Eurasienne), l'Iran, d'autres pays d'Asie et du Moyen-Orient, peut-être rejoints par des pays fidèles d'Amérique latine, tout cela, avec une approche et un équilibre appropriés, multiplié par la trajectoire générale de la pensée culturelle, peut délier les mains des cinéastes, leur évitant d'avoir à travailler uniquement pour des marchés qui pourraient ne pas leur rendre la pareille, mais en se concentrant encore plus sur l'amélioration de la qualité de leur produit et des idées qu'ils peuvent transmettre au public à travers eux.

Deuxième question - Que faire ?

Il faut bien comprendre que ce processus, s'il doit avoir lieu, ne sera pas simple. Tout d'abord en raison de la nécessité de respecter des normes élevées de production de contenu dans les pays décrits ci-dessus, ce qui, malheureusement, n'est pas si facile dans notre pays, mais il est possible d'y remédier, si vous le voulez. En outre, il faut comprendre que cette réorientation vers un monde culturel complètement différent ne se fera pas sans laisser de traces. Certains peuvent la percevoir comme un pas en arrière, comme un blocage des processus d'unification avec le monde culturel occidental, qui viennent à peine de commencer.

Et bien sûr, ce changement d'orientation aura un effet immédiat sur tout ce qui se passe dans le cinéma, en particulier dans la partie de celui-ci à laquelle l'argent public sera alloué.

Cela vaut-il la peine d'aborder le problème de manière aussi radicale ? La question est intéressante et la réponse n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît à première vue, même en dépit des arguments exposés ci-dessus. Ce qui est certain, c'est que si telle ou telle partie du monde refuse ouvertement et avec véhémence de vous accepter dans ses rangs, fait tout pour vous laisser isolé, la question d'un changement de cap se posera au moins. Reste à savoir comment la changer pour qu'elle fonctionne.

Notes:

1. https://forum.eaeunion.org/news/nikita-mikhalkov-predlozhil-sozdat-na-prostranstve-eaes-evraziyskuyu-kinoakademiyu/

2. www.forbes.ru/forbeslife/482824-tysaca-serij-lubvi-i-dramy-kak-tureckie-serialy-stanovatsa-vse-bolee-popularnymi

3. https://trends.rbc.ru/trends/social/62b4dbd19a794756552bd246

4. https://dtf.ru/cinema/13858-nacionalnaya-ideya-i-globalizaciya-kinematograf-kitaya

5. https://prc.today/istoriya-kinematografa-kitaya-kitae-istoriya-kinematografa/

jeudi, 22 juin 2023

Par respect de la neutralité helvétique: l'Union démocratique du centre boycotte le discours de Zelenski

NI_Keyvisual.jpg

Par respect de la neutralité helvétique: l'Union démocratique du centre boycotte le discours de Zelenski

Source: https://zuerst.de/2023/06/21/aus-gruenden-der-neutralitaet-schweizerische-volkspartei-boykottiert-selenskyj-rede/

Berne. Il n'y a pas qu'en Autriche que l'on s'oppose à la cour faite au président ukrainien Zelenski, célébrée dans la plupart des pays occidentaux, mais aussi en Suisse - Etat également neutre. Comme au Conseil national de Vienne, de nombreux députés du Parlement de Berne n'ont pas assisté au discours de Zelenski, retransmis par vidéo. L'Union démocratique du centre (UDC) - le plus grand parti - a boycotté l'intervention.

Comme en Autriche, le débat sur la neutralité, qui a fait ses preuves au fil des siècles, agite les esprits en Suisse depuis des mois. Ainsi, Berne interdit jusqu'à présent à l'Allemagne et à d'autres pays de transmettre à l'Ukraine des armements achetés en Suisse il y a des années. Ce sont surtout les députés verts et socialistes qui s'opposent à cette politique. Ils plaident pour une limitation de la neutralité.

Pour le parti national-conservateur UDC, cette attitude est totalement inacceptable. C'est pourquoi l'intervention de Zelenski au Parlement suisse a été controversée. Presque tous les députés de l'UDC se sont abstenus, car ils y voyaient une ingérence dans la politique suisse. Zelenski n'a pas répondu à cette question, du moins pas directement. Il a remercié pour tous les trains de sanctions contre la Russie, toutes les livraisons d'armes et le gel des avoirs des oligarques russes. "Ceux qui nous soutiennent protègent le monde de la guerre", a-t-il déclaré (mü).

Demandez ici un exemplaire de lecture gratuit du magazine d'information allemand ZUERST ! ou abonnez-vous ici dès aujourd'hui à la voix des intérêts allemands !

Suivez également ZUERST ! sur Telegram : https://t.me/s/deutschesnachrichtenmagazin

Gaz de schiste aux États-Unis: de la "révolution" à la bulle?

US-Shale-Gas-Reserves-Source-US-Energy-Information-Administration.jpg

Gaz de schiste aux États-Unis: de la "révolution" à la bulle?

par Giacomo Gabellini

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/25770-giacomo-gabellini-shale-gas-negli-usa-da-rivoluzione-a-bolla.html

Comme chacun sait, les États-Unis ont depuis longtemps dépassé l'Arabie saoudite pris la première place dans le classement des principaux pays exportateurs de pétrole. Il s'agit d'une réussite remarquable, mais en même temps prévisible, car l'ascension des États-Unis parmi les plus grands fournisseurs de pétrole brut au monde se poursuit depuis plusieurs années.

En particulier, depuis que l'administration Obama a donné le feu vert à l'extraction de pétrole dit "non conventionnel", rendue possible par le développement de méthodes d'extraction telles que l'hydrofracturation et le forage horizontal. Des techniques particulièrement innovantes, mais lourdes d'effets secondaires sur l'environnement puisqu'elles impliquent l'infiltration dans le sous-sol, et donc dans les aquifères qui le traversent, de quantités considérables de substances (on parle de plus de 200 litres d'un mélange contenant environ 600 agents chimiques pour chaque puits) qui sont à la base d'une pollution environnementale extrêmement importante et des nombreux phénomènes sismiques enregistrés dans les zones touchées par la fracturation hydraulique des schistes.

hughes_shale_stack.png

Le manque d'attention général sur la dangereuse corrélation entre l'extraction d'hydrocarbures non conventionnels et les tremblements de terre s'explique très probablement par l'impact considérable de la "révolution du schiste" sur le PIB américain; le journal "Economist" a pour sa part estimé que les plus de 20.000 nouvelles plates-formes construites à travers le pays avaient contribué à faire croître l'économie nationale de pas moins de 76,9 milliards de dollars US entre 2010 et 2014.

Au cours de ces années, de nombreux experts de l'industrie ont prédit que le pétrole de réservoirs étanches et le gaz de schiste extraits en Amérique du Nord feraient progressivement leur entrée sur le marché mondial, ainsi que d'autres formes spéciales de pétrole non conventionnel - notamment le pétrole de sables bitumineux de la Chine, le pétrole extra-lourd du Venezuela et le pétrole pré-salifère du Brésil - et de gaz naturel. L'épicentre de cette "révolution" est toutefois resté fermement ancré au cœur des États-Unis, qui ont pu produire 20,21 millions de barils de pétrole par jour en 2022 et 975 milliards de mètres cubes de gaz en 2021, et augmenter considérablement leurs parts de marché. Surtout, vers le "vieux continent", en raison de la dynamique déclenchée par le conflit russo-ukrainien, qui a entraîné - entre autres - la rupture du lien énergétique entre l'Union européenne et la Fédération de Russie.

Screen-Shot-2019-12-03-at-12.01.58-PM.png

Si l'impulsion initiale de la croissance de l'industrie du schiste a été donnée par l'administration Obama, le véritable tournant s'est toutefois produit sous l'administration Trump, qui, grâce au "travail extraordinaire" du secrétaire à l'énergie Rick Perry (photo), a réussi à démanteler l'architecture réglementaire qui régissait les activités des producteurs de pétrole non conventionnel de manière à non seulement accréditer les États-Unis en tant que grand exportateur d'hydrocarbures, mais aussi et surtout à greffer le programme de réindustrialisation du pays sur une base d'autosuffisance énergétique.

Les milliers de nouveaux gisements activés en Pennsylvanie, au Texas, au Kansas, en Oklahoma, dans le Dakota du Nord et au Colorado avec le soutien de Washington transformeraient définitivement les États-Unis en premier fournisseur mondial d'hydrocarbures. "Nous n'en sommes qu'aux quinze premières années d'un processus qui durera 150 ans", a déclaré Steve Müller, directeur de Southwestern Energy. L'objectif d'exploiter le potentiel de l'industrie des hydrocarbures non conventionnels a en effet eu un impact sur la définition de la ligne opérationnelle suivie par les Etats-Unis au cours des années précédentes, avec notamment les efforts répétés pour évincer du marché des pays producteurs de premier plan comme l'Irak, l'Iran et la Libye. Mais aussi à la tentative obstinée et infructueuse de marginaliser par des sanctions une nation énergétique de tout premier ordre comme la Russie, à la forte pression exercée sur l'Arabie saoudite pour qu'elle échange une réduction substantielle de sa production contre l'intensification de son soutien militaire et stratégique dans une perspective anti-iranienne, et au siège politico-technologique imposé au Venezuela dans le but de saper le potentiel de production du pays.

Les problèmes sont apparus lorsque, pour des raisons purement géopolitiques (limiter les revenus d'adversaires du calibre de la Russie et de l'Iran), les États-Unis ont décidé de s'associer à l'Arabie saoudite pour faire baisser le prix du pétrole. Pour les "frackers", conscients que l'exploitation des gisements d'hydrocarbures non conventionnels, qui ont tendance à s'épuiser très rapidement, nécessite un nombre de forages très élevé et donc des seuils de rentabilité assez importants, la situation commence à devenir très complexe.

Ryan Lance, PDG de Conoco-Phillips, a alors cherché à donner de solides assurances aux investisseurs, se déclarant convaincu que "le système a survécu avec un baril à 100 dollars et peut survivre avec un baril à 50-60 dollars. Et il y a encore de la place pour l'amélioration, en concurrence avec n'importe quel autre projet d'extraction dans le monde". Selon M. Lance, les progrès technologiques réalisés progressivement auraient permis d'abaisser le seuil de rentabilité du gaz de schiste de 25 % rien qu'en 2015, tandis que "dans les meilleures régions, vous pouvez obtenir un retour sur investissement de 10 %, même avec un pétrole à 40 dollars".

Les choses se sont avérées bien différentes. La forte réduction des marges bénéficiaires liées à la production de pétrole de réservoirs étanches et de gaz de schiste s'est avérée être un coup dur pour les petites et moyennes entreprises américaines qui avaient investi dans le secteur, et elle a également eu un impact significatif sur les performances boursières des géants du pétrole, qui ont été contraints à la fois de "tondre" leurs actionnaires et de renoncer à de nombreux investissements déjà réalisés.

Selon un rapport de "Bloomberg" d'août 2015, la dette accumulée par la moitié des entreprises impliquées dans la "révolution du schiste" incluses dans son indice atteignait 40% de leur valeur totale. Une autre analyse menée sur les bilans de 60 compagnies pétrolières cotées aux Etats-Unis certifiait que fin juin 2014, les dettes s'élevaient à 190,2 milliards de dollars, en hausse de 50 milliards de dollars depuis fin 2011. De 2010 à 2014, la masse de la dette a doublé, alors que les revenus n'ont augmenté que de 5,6%.

Il faut également souligner qu'une proportion non négligeable de ces entreprises consacre au moins 10 % de leur chiffre d'affaires au paiement des intérêts de la dette qui, dans la plupart des cas, a été classée par les grandes agences de notation dans la catégorie "junk", en raison des risques de défaut élevés et de l'incapacité de la grande majorité des entreprises du secteur à générer des bénéfices, comme l'a magistralement illustré Bethany McLean dans son ouvrage approfondi.

McLean_collage.jpg

Elle n'a pas manqué de souligner que l'effondrement généralisé et ruineux du secteur n'a été évité que grâce à l'offre surabondante de liquidités bon marché fournie par la politique monétaire hyper-accommodante de la Réserve fédérale. C'est en vertu de ce soutien financier fourni par la Banque centrale américaine que l'industrie du fracking a pu survivre à la période de prix très bas qui a duré de 2014 à 2015, et relancer la production à grande échelle grâce à des réductions progressives des coûts et à l'amélioration des rendements miniers.

2_70_l.jpg

En novembre 2015, cependant, le Houston Chronicle a révélé que pas moins de 37 entreprises américaines opérant dans le secteur des hydrocarbures non conventionnels avaient fait faillite entre les mois d'août et d'octobre précédents, avec une dette totale dépassant les 13 milliards de dollars. Les mois suivants ont connu la même tendance, en raison de la révision négative des prévisions de prix du pétrole de Goldman Sachs, de la hausse des taux d'intérêt de la Réserve fédérale et de l'entrée du pétrole iranien sur le marché suite à la levée des sanctions contre Téhéran, qui a fait chuter le prix du Brent et du West Texas Intermediate en dessous de 30 USD le baril, un niveau qui n'avait plus été atteint depuis 2003.

L'amaigrissement drastique - avec la fermeture de 80 % des sites d'extraction actifs cette année-là, accompagnée d'une longue série de faillites d'entreprises - a facilité un processus de concentration destiné à atténuer les problèmes financiers pesant sur l'ensemble du secteur, qui s'est également trouvé confronté au fil des ans à une forte baisse de production, structurelle et non conjoncturelle, selon le spécialiste David Messler, et largement préfigurée par le contenu des documents de 2009 publiés par le New York Times. Dans ces documents, certains experts et employés des grandes sociétés pétrolières identifiaient déjà la "révolution du schiste" comme une nouvelle gigantesque "chaîne de Ponzi". Parmi eux, l'Agence internationale de l'énergie, qui fait autorité en la matière, a prédit dans son World Energy Investment Outlook de 2014 un effondrement vertical de la production d'hydrocarbures non conventionnels aux États-Unis et l'éclatement de la bulle correspondante.

19:26 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : énergie, gaz de schiste, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

L'OTAN et les Etats-Unis veulent une guerre au Kosovo. Malgré les réticences de Bruxelles et de Tirana

kw25_de_bundeswehr_kosovo_bild.jpg

L'OTAN et les Etats-Unis veulent une guerre au Kosovo. Malgré les réticences de Bruxelles et de Tirana

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/nato-e-usa-insistono-per-una-guerra-in-kosovo-nonostante-la-frenata-di-bruxelles-e-tirana/

Nos grands amis, nos frères de l'OTAN, sont sur le point de provoquer une nouvelle guerre en Europe. Car la situation s'est encore détériorée au Kosovo où le régime en place continue de provoquer la minorité serbe malgré les protestations non seulement de Belgrade mais aussi de Tirana et même de l'Union européenne. Je me demande si les bellicistes italiens l'ont remarqué...

D'autre part, il était inévitable que la création d'un État lié à la mafia et protégé par les États-Unis (une relation déjà éprouvée à maintes reprises par les Américains, mais peut-être Lady Garbatella, alias Giorgia Meloni, ne le sait-elle pas) provoque des troubles continuels. Et crée les conditions d'une dangereuse instabilité au milieu de l'Europe. Grâce aux bombardements contre Belgrade d'abord - avec l'Italie en première ligne grâce à D'Alema - puis avec le soutien de la mafia, devenue libre d'opérer au Kosovo et de s'étendre au reste de l'Europe.

Kosovo_QA_hero.jpg

Et parce que la situation s'était un peu calmée après les affrontements des dernières semaines, le régime de Pristina a ordonné l'arrestation d'un Serbe du Kosovo. Et il a ignoré les invitations de l'Albanie à accorder une large autonomie aux Serbes, minoritaires dans le pays mais très majoritaires dans les régions du nord. Une solution similaire à celle du Tyrol du Sud, mais qui ne plaît pas au gouvernement de Pristina. Manifestement, les gangs ont d'autres intérêts. Tout comme l'OTAN.

Aujourd'hui, l'UE a pris peur et a bloqué (temporairement) le financement direct du Kosovo. Mais l'inquiétude grandit également en Serbie. Le gouvernement, ignorant le sentiment général de la population, a pris ses distances avec Moscou et les Serbes du Kosovo. En échange de promesses de Bruxelles de faciliter l'entrée de Belgrade dans l'Union. Mais un massacre des Serbes du Kosovo ne serait pas accepté par la population serbe. Et les accords avec Bruxelles seraient rompus, les relations avec Moscou rétablies, et un affrontement extrêmement risqué aurait lieu à quelques encablures de l'Adriatique. Bruxelles ne le veut pas, Tirana non plus. Mais les Etats-Unis et l'OTAN font tout pour qu'éclate une guerre ruineuse qui mettrait définitivement l'Europe à genoux. Sachant qu'ils peuvent compter sur quelques cinquièmes colonnes à proximité immédiate du lieu de l'affrontement.

Les entreprises françaises "stratégiques" passent, elles aussi, en des mains étrangères

Dr9IW2dWoAAuO2B.jpg

Les entreprises françaises "stratégiques" passent, elles aussi, en des mains étrangères

Peter W. Logghe

Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94

Qui se souvient de ce slogan du gouvernement flamand ? Garder les entreprises des secteurs d'importance stratégique entre les mains des Flamands. Ancrer dans le pays les entreprises stratégiquement importantes et sensibles. Le même débat a été soulevé en France, alors qu'il apparaît que, ces dernières années, de nombreuses entreprises, et non des moindres, sont passées aux mains d'intérêts étrangers.

Selon les chiffres que le journal Les Echos a pu glaner dans le dernier rapport du Trésor français sur le contrôle des investissements étrangers en France, 131 entreprises françaises des secteurs dits "stratégiquement sensibles" seraient concrètement passées dans des mains étrangères en 2022, sur un total de 325 dossiers soumis à approbation. Un sur trois a donc été accepté. Par secteurs stratégiquement sensibles, il faut entendre tout ce qui touche à la sécurité, ou aux intérêts stratégiques. "Les relations financières entre la France et l'étranger sont libres", précise le Trésor français. "A l'exception donc des secteurs limitativement énumérés, qui ont trait à la sécurité nationale ou à l'ordre public et aux activités essentielles aux intérêts du pays, car c'est là qu'intervient l'article L. 151-3 du code monétaire et financier, qui soumet les investissements étrangers à une autorisation préalable".

F35-composants-exxelia.jpg

Proxinvest et Exxelia

Les Echos mentionnent dans leur contribution la seule société française spécialisée dans les grands ensembles, Proxinvest (Glass Lewis). Cette société française leader dans l'intelligence économique a fini par passer entre les mains de Canadiens, notamment Sanard. Le spécialiste français de l'électricité verte Plüm est devenu britannique et fait partie d'Octopus Energy. La liste des acquéreurs est longue, avec en tête les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada. La Chine entre également sur le marché français. L'UE est également chargée de surveiller les acquisitions afin de défendre les intérêts européens si nécessaire, mais le fait-elle ? Sur les 1800 dossiers déposés en 2020, sept ont été rejetés (sept donc) par l'UE.

JRHVyperBack.png

Le Trésor français affirme que dans la moitié des cas, il a pu imposer le maintien du siège ou de l'emploi de l'entreprise en France. Bien entendu, tout le monde sait qu'un tel expédient n'est que temporaire ou fictif, car lorsque l'entreprise est détenue par des sociétés étrangères, les décisions finales sont également prises à l'étranger. On peut se demander s'il n'est pas urgent d'élargir la liste des secteurs d'importance stratégique. Après tout, de nombreux Français se souviennent de la vente, le 11 octobre 2022, de l'entreprise française Exxelia. Cette entreprise fabrique des composants du chasseur Rafale et a été rachetée par l'entreprise américaine HEICO.

Si la France, et par extension l'Europe, vend ses joyaux, même dans des secteurs stratégiquement importants, que lui restera-t-il ? Et quel rôle pourra-t-elle alors jouer politiquement et économiquement à l'échelle mondiale ?

 

La nouvelle Bible

20220219_dap326.jpg

La nouvelle Bible

Andrea Marcigliano

https://electomagazine.it/la-nuova-bibbia/

Yuval Noah Harari est considéré comme l'idéologue le plus écouté par Klaus Schwab. Celui du Forum de Davos, pour être précis. C'est-à-dire cet obscur ingénieur suisse qui, nul ne sait sur quels fondements, semble en fait capable de donner des ordres à tous les gouvernements occidentaux, de déterminer leurs politiques économiques, monétaires, environnementales. De décider de l'avenir des peuples et des nations.

Tout ce que l'on sait de lui, c'est qu'il porte des tenues assez... particulières au bord de la mer.

Sapiens-edition-2022.jpg

Harari est israélien. Et enseigne à Jérusalem. Mais, pour ses thèses, il est devenu une star mondiale. Des thèses qui tournent, depuis peu, autour de la Bible. Et de l'histoire universelle de l'homme, du singe à nos jours. Et au-delà. Parce qu'il s'est arrogé le droit d'écrire une histoire universelle. Ce que même Gordon Childe n'avait pas osé faire. Il l'a intitulée "Sapiens. Des animaux aux dieux. Une brève histoire de l'humanité". Et il l'a dédié à "son mari".

Qu'est-ce que cela a à voir avec quoi que ce soit ? Les gens diront... ne soyez pas homophobe...

Non, désolé, c'est vrai. Car c'est Harari qui tient à souligner, à chaque occasion, qu'il est un "historien gay". Et donc, le fait est important, voire fondamental selon lui, pour comprendre sa pensée.

Je parlais de la Bible. Pour Harari, tout y est faux. Un fatras de préjugés, de violences, de mensonges, de peurs... Je serais curieux de savoir ce qu'en pensent les grands rabbins. Et pas seulement les orthodoxes, mais aussi les plus progressistes, ou éclairés, avec lesquels j'ai eu la chance de m'entretenir.

Mais Harari n'est pas intéressé par l'opinion des rabbins. Il est la star, et le produit, d'un monde dans lequel la méditation et l'étude des textes poursuivie pendant des décennies sont, de toute évidence, une perte de temps. Pire encore, l'obscurantisme doit être éradiqué.

f-496-5f05796f1f10b.jpg

Et en effet, il soutient que la Bible doit être complètement réécrite. Et donc... abolie. Comme tous les textes sacrés de toutes les religions. Remplacée par une seule révélation universelle, œuvre non pas d'un Dieu ou d'un Prophète, mais de... l'IA.

Oui... l'Intelligence Artificielle même, le seul Dieu auquel Harari et ses associés croient. Un Dieu qui ressemble à un cauchemar de science-fiction. Un truc à faire rougir de honte le vieil Asimov.

Le cœur de cette nouvelle Bible devrait être, selon le brillant penseur, la négation de tout libre arbitre. Et de toute diversité d'opinion. En comparaison, Luther et Torquemada font figure de gentils enfants de chœur.

Bien sûr, la seule vérité doit être celle de Harari, Schwab et consorts. L'annulation de la culture élevée au rang de tribunal moral suprême et indiscutable. L'affirmation de la théorie du genre comme vérité absolue. La négation de toute identité nationale, de toute spécificité culturelle, de la famille traditionnelle. Et le monopole de la violence aux mains d'un seul super-État mondial.

La démocratie ? Plus nécessaire si tout le monde est égal, pense la même chose, de la même manière. Superflue. En fait, nuisible.

Définitivement, un nouveau monde merveilleux. Qui n'est plus un roman dystopique. Mais ce que certains individus préparent depuis longtemps. Et ils ne le cachent pas. Ils en sont tellement convaincus que les masses sont désormais prêtes à accepter ce qui leur sera imposé.

Au nom du salut... de la santé... ou même simplement sous l'influence des médias.

Et maintenant, allez-y, traitez-moi de vieux fou qui croit que la Terre est plate... ou essayez de lire quelques pages de Harari. Juste pour... vous donner au moins l'ombre d'un doute...

18:29 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yuval noah harari, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Des guerres plus "démocratiques" que "justes"

05e09c8a3cbead36c3a4d17f83b53721.jpg

Des guerres plus "démocratiques" que "justes"

par Theodore Katte Klitsche de la Grange

Source: http://italiaeilmondo.com/2023/06/18/guerre-piu-democratiche-che-giuste-di-teodoro-katte-klitsche-de-la-grange/

Cet article a été publié dans la revue "Il giusto processo" n° 18/19 (octobre 2005 - avril 2006).

Il est courant aujourd'hui de considérer que les guerres justes sont celles qui sont menées pour exporter les "valeurs" (et les institutions) de la démocratie libérale, parmi lesquelles figure (et se distingue) l'idéologie des droits de l'homme. À cela s'ajoute la thèse - souvent liée - selon laquelle des tribunaux internationaux sont nécessaires pour prévenir les "guerres injustes" et punir leurs auteurs. Ce qui revient à inverser, ou plutôt à appliquer dans un mauvais contexte, le jugement de De Maistre selon lequel "là où il n'y a pas de jugement, il y a affrontement".

Disons que le contexte est mauvais car De Maistre est la synthèse d'un discours sur la souveraineté dont l'exemple est précisément le Tribunal: "On voit dans les Tribunaux la nécessité absolue de la souveraineté; parce qu'il faut gouverner les hommes comme il faut les juger, et par la même raison; c'est-à-dire, parce que là où il n'y a point de jugement, il y a affrontement". Mais chez De Maistre, le tout présuppose la souveraineté et l'État, et un tribunal - l'office de ce dernier.

Cogordan_-_Joseph_de_Maistre,_1894_(page_12_crop).jpg

Au contraire, dans la pensée postmoderne, le tribunal (international) est l'alternative/substitution de l'État. En d'autres termes, c'est le contraire du jugement de Hegel selon lequel "il n'y a pas de préteur parmi les États" [2]. Ici, au contraire, on suppose qu'il peut y en avoir un, et qu'il est capable d'appliquer (c'est-à-dire de faire appliquer) ses jugements, tout comme le font, au sein de l'État, la police et d'autres services et bureaux de l'État, en se prévalant du monopole (de l'État) quant à l'usage légitime de la force. On oublie cependant que c'est bien là le problème et non celui du jus dicere, tout comme les diverses expériences historiques qui le prouvent.

Mais ce type de guerre est-il vraiment juste ?

Et est-elle conforme aux véritables critères de justice ? Un examen historique peut contribuer à la réponse.

À l'aube du jus publicum europaeum, la théologie chrétienne, qui en a esquissé les principes, a identifié les exigences de la guerre juste dans l'autorité (légitime) de ceux qui la mènent (et la déclarent), dans le bon motif (de la guerre), dans la bonne intention et dans la bonne manière de la mener. La juste cause était comprise dans le sens juridique "classique", c'est-à-dire comme la protection des droits concrets violés. La nécessité (et la légitimité) de la guerre découlait alors de l'absence d'une autorité capable de régler les différends en réparant les violations des droits par un ordre efficace et applicable par les parties au différend. Dans cette construction juridique, il n'y a pas de place pour des "droits" abstraits, mais seulement pour des droits (très) concrets. Suarez, en énumérant des exemples de "causes justes" pour la guerre, fait presque une énumération des "actions" reconnues dans le droit romain pour la restauration des droits violés: occupation des provinces d'autrui (rivendica), entrave au transit (confessoria servitutis), ainsi que les blessures infligées au droit d'entretenir des relations économiques coutumières. Il s'agit de droits fondés sur l'histoire et la coutume, c'est-à-dire sur un ordre concret, au maintien et à la préservation duquel le recours à la guerre contribue.

L'évolution ultérieure a conduit à faire de la guerre juste, plutôt qu'un moyen de rétablir le droit, le moyen de préserver la puissance (la sécurité, l'équilibre) des États, et par conséquent de la communauté internationale, fondée sur le pluralisme des unités politiques. Ce n'est pas que la protection du droit (qui est en soi une puissance) ne constitue plus une cause juste, mais à côté, ou plutôt au-dessus, s'est ajoutée (et a prévalu) la raison de la défense de la puissance. Montesquieu en donne un exemple : "La vie des États est semblable à celle des hommes: ceux-ci ont le droit de tuer pour se défendre, ceux-là ont le droit de faire la guerre pour se conserver" et poursuit "Entre citoyens, le droit de légitime défense n'implique pas la nécessité de l'attaque. Au lieu d'attaquer, ils n'ont qu'à recourir aux tribunaux. Ils ne peuvent donc exercer ce droit de défense que dans des cas subjectifs, dans lesquels ils seraient perdus s'ils attendaient le secours de la loi. Mais au niveau des Etats, le droit de légitime défense implique quelquefois la nécessité d'attaquer, lorsqu'un peuple s'aperçoit qu'une paix plus longue donnerait à un autre État la possibilité de le détruire, et que l'attaque est à ce moment le seul moyen d'empêcher cette destruction" pour conclure: "Le droit de guerre dérive donc de la nécessité et d'un strict respect de la justice. Si ceux qui dirigent la conscience ou les conseils des princes ne se conforment pas à ces règles, tout est perdu; et, s'il faut les fonder sur des principes arbitraires de gloire, de bien-être, d'utilité, des flots de sang inonderont la terre" [3].

Montesquieu_1.jpg

Que le droit de guerre découle de la nécessité ne signifie rien de plus, puisque necessitas non habet legem, qu'il n'est pas nécessaire de rétablir un droit: au contraire, qu'en cas de nécessité, il est légitime de violer le droit.

La situation a changé avec la Révolution française : jusqu'alors, il était normal que les guerres soient un moyen de régler des conflits (de pouvoir ou de droit) entre des États qui se reconnaissaient et se respectaient. La conséquence en était l'intangibilité du droit interne et des États eux-mêmes. Les guerres se terminaient par la "remise" de quelques provinces ou (plus souvent) de quelques colonies qui laissaient l'ordre en l'état.

d074095d09ea27b764768c1983a6ca2c.jpg

Ce système a commencé à être ébranlé par la Révolution française: avec le décret La Révellière-Lépeaux de la Convention sur l'exportation des principes révolutionnaires, l'"indifférence" des événements de guerre à l'égard de l'ordre interne des États concernés a commencé à être ébranlée. De même, le respect de l'existence des États qui, pendant la période révolutionnaire et napoléonienne, s'est traduit par la création d'États entièrement nouveaux (les républiques-sœurs puis les États du système napoléonien), lesquels étaient politiquement homogènes avec le vainqueur, ce qui a porté une atteinte positive au droit "constituant" et originel de former une communauté.

2210563771_1_5_YimueM9D.jpg

Kant écrit que contre l'ennemi injuste, les vainqueurs ne peuvent aller "jusqu'à se partager le territoire de cet État et à faire disparaître un État de la terre, car ce serait une véritable injustice à l'égard du peuple qui ne peut perdre son droit originel de former une communauté" [4]. Et ce qu'il dit pour la disparition des Etats s'applique également à la création de nouveaux Etats par le vainqueur. Ce qui est également intéressant, c'est qu'avec la formule "guerre aux châteaux, paix aux chaumières", l'exportation de principes formulés de manière abstraite a commencé et a été légitimée, étrangère aux communautés qui ont dû les importer de force et générant souvent une "nouvelle" forme de guerre, la guerre partisane (moderne) dans laquelle la communauté "importatrice", par le biais du mouvement de guérilla, ne pouvait pas être la seule à avoir le droit de former une communauté.

main-qimg-c495ee06a170447f50b4eb18571781e4-lq.jpg

La communauté importatrice, à travers le mouvement de guérilla, prend progressivement le caractère de l'ennemi (et du sujet belligérant), en tant que peuple en armes. Les formulations les plus radicales sont celles de Mao-tse-dong et la pratique associée est celle des guerres anticoloniales du 20ème siècle.

La conclusion de la Seconde Guerre mondiale l'a confirmé dans un contexte complètement différent: il était déjà écrit dans la Charte de l'Atlantique que les gouvernements des États-Unis et du Royaume-Uni déclaraient à l'époque qu'ils "respectent le droit de tous les peuples de choisir la forme de gouvernement sous laquelle ils désirent vivre, et souhaitent le rétablissement des droits souverains et du libre exercice du gouvernement à ceux à qui ils ont été enlevés par la force", comme cela a été confirmé à Yalta [5] "pour chaque État libéré en Europe, pour chaque ancien État satellite de l'Axe". Et ce, même si personne n'en avait exprimé l'intention.

La mise en œuvre de cette déclaration a consisté, comme on le sait, à ce que chacun des États libérés se dote d'une forme de constitution correspondant "à la couleur des uniformes des libérateurs (occupants)".

Le pouvoir constituant, tel qu'il était alors explicitement prévu pour la souveraineté, était (pour le moins) limité. Et l'on peut se demander, à ce stade, si limiter des pouvoirs en eux-mêmes illimités (comme, précisément, le pouvoir constituant et la souveraineté) ne revient pas à les nier à la base, comme le fait implicitement la doctrine de l'État moderne de Sieyès à Victor Emmanuel Orlando.

Quant aux tribunaux pénaux internationaux, institutions qui se sont généralisées au siècle dernier, pour juger l'ennemi vaincu (par les vainqueurs), ils étaient totalement inconnus, car rejetés par le jus publicum europaeum, dans lequel le principe in parem non habet jurisdictionem était en vigueur. Ainsi, entre États souverains, l'un ne pouvait juger l'autre (et cela valait aussi bien pour les organes "faîtiers" que pour les autres); en outre, Kant considérait que la "clause d'amnistie" (réciproque) entre les parties contractantes était inhérente à tout traité de paix. Ce qui frappe le plus dans cette pratique (consolidée pendant des siècles), c'est son réalisme qui l'adapte, bien mieux que le pan-juridisme contemporain, à l'ordre concret des communautés dotées de droits et de dignités égaux. En premier lieu, parce que le problème de la justice (et du droit) en termes concrets se pose: l'activité du juge n'est pas un simple énoncé de normes, mais l'application de normes à un fait concret: même des normes justes et acceptées si elles sont appliquées de manière sélective, ou par un juge non partial, ou si elles aboutissent à des jugements inapplicables, ne possèdent pas les caractéristiques communément attribuées à la justice, ni l'utilité réelle de la justice.

Roman-Yanushevsky-800x450-1.jpg

Les caractéristiques communes de ces tribunaux sont: (toujours) que l'accusé coïncide avec le vaincu; (très souvent) que les juges sont les vainqueurs; que pour des raisons pratiques (c'est-à-dire pour conformer le nouvel ordre à la situation de fait -et de pouvoir- créée à la suite de la guerre), les décisions des tribunaux n'ont aucune incidence. La fonction dominante est liturgique: revêtir des habits solennels de la justice ce qui a été décidé pendant la guerre, en disqualifiant moralement l'ennemi vaincu. Ils sont par essence l'autodafé à l'ère de la mondialisation.

Mais que la nécessité à résoudre ait déjà été résolue avec la guerre, dont l'issue est en réalité la "conformité" à l'ordre, et que le jugement du tribunal n'y ajoute ni n'y retranche rien, c'est évident. Contrairement à celui d'un juge "interne" dont la décision est essentielle pour les droits (et la vie) du jugé.

Ces deux "innovations" ont en commun le caractère "démocratique" que l'État et la guerre moderne ont acquis au cours des deux derniers siècles. Ainsi, la démocratie, considérée comme un bien précieux par les peuples qui ont lutté pour l'acquérir, serait un cadeau - tout aussi important - pour ceux qui n'en ont jamais rêvé. Mais, très probablement, ils ne l'ont pas fait parce qu'ils ne la considéraient pas si précieuse qu'elle valait la peine d'une guerre ou d'une révolution. En outre, et plus encore, les guerres "d'exportation" et les tribunaux internationaux sont liés à une aspiration (illusion) à la paix. On considère qu'il est préférable d'avoir des gouvernements démocratiques au pouvoir dans d'autres pays parce qu'ils sont jugés moins enclins à la guerre; et les tribunaux seraient le moyen de préserver la paix en punissant ceux qui la violent.

ob_d30bd3_soldat-revolution-fcse.jpg

Mais pour ce qui est du premier point, l'histoire montre que les démocraties ne sont pas moins bellicistes que les autres formes d'État: en fait, elles le sont même davantage en termes d'intensité de la guerre. Déjà en décrivant le caractère de l'Athénienne, Périclès, dans le discours rapporté par Thucydide [6], jette la main, pour ainsi dire, sur ses exploits (et ses vertus) guerriers. Plus encore, à l'époque moderne, la démocratie s'est (le plus souvent) combinée avec la levée en masse et l'intensification de l'hostilité.

Mais si, pour la démocratie, on peut encore espérer que l'aspect "moderne" de celle-ci l'emporte (selon la distinction bien connue de Benjamin Constant), c'est-à-dire l'élément libéral, la tolérance, l'esprit de commerce qui conditionne de toute façon l'esprit de conquête, pour le remède des tribunaux, aucun espoir raisonnable n'est en vue.

Car dans ce cas, il s'agit essentiellement de remplacer la politique (et le politique) par le droit. C'est une vieille recette, qui ne peut fonctionner que si le tribunal prend des connotations politiques, c'est-à-dire qu'il cesse d'être un organe (purement) judiciaire et devient - sur le plan organisationnel et fonctionnel - une unité politique ou un organe de ce dernier. C'est-à-dire capable d'utiliser la force (donc avec une organisation spéciale) et donc d'être un "pouvoir" au sens wébérien, c'est-à-dire capable de faire respecter - concrètement - ses ordres. Ceux qui croient cela pensent avoir inventé la politique sans (les moyens de) la force. Un Prince tout renard et non pas lion. Un sujet qui n'est pas encore apparu dans l'histoire, et qui, étant contraire à une conception réaliste de l'homme, ne semble pas pouvoir y apparaître un jour. Aussi parce que si la Cour utilise la force des Etats, c'est elle, et non le jugement, qui déterminera la relation réelle entre la justice internationale et l'Etat (ou les Etats) exécutant(s): puisque l'exécution des jugements est le fait décisif, ce sera la capacité ou la volonté de le faire qui déterminera la possibilité de ce qui compte vraiment; que la décision soit observée et passe de l'imaginaire normatif à l'ordre concret, en s'y conformant.

En outre, le rationalisme qui sous-tend la doctrine de l'État moderne a construit comme son "mode d'emploi" la Raison d'État. La "raison d'État" était fondée - et c'était l'une de ses conséquences - à la fois sur la sécularisation, se configurant (également) comme une séparation/limitation entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, et sur l'autonomie du politique, sur son extranéité/indifférence par rapport aux autres sphères de l'expérience humaine.

51vXPScB0lL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

L'objectif spécifique de la politique était également déterminé par ce dernier: la protection, la sécurité et le bien-être de la communauté de référence, avec l'exclusion - ou le passage à l'arrière-plan - des objectifs de nature religieuse ou morale. Si un pape du Moyen Âge pouvait proclamer une croisade, il n'en va pas de même pour un monarque absolu de l'époque moderne, dont la fonction spécifique est celle mentionnée ci-dessus, et non de promouvoir la diffusion d'une foi ou d'une morale. Il en va différemment, mais seulement en partie, pour le (ou les) droit(s): dans ce cas, la protection de ceux-ci, s'ils correspondent à un intérêt de l'État, est la tâche de l'État lui-même. Cependant, selon la doctrine du jus publicum europaeum, le terme "droit" signifie dans ce cas le droit appartenant à l'État et à ses sujets ; d'autre part, il est exclu [7] qu'il soit justa causa belli de protéger des droits qui n'appartiennent pas à son propre État ou à ses propres sujets. Ce qui, dans les "guerres pour la démocratie", est sacrifié à un altruisme démesuré, et dont l'effet probable (et visible) est de multiplier les conflits (les justae causae).

C'est précisément ce que la rationalité des juristes-théologiens (voir note 7 ci-dessus) de la Contre-Réforme cherchait à éviter.

En ce sens, cette conception était conforme à la théorie de la Raison d'État: qui n'est pas une conception juridique (bien qu'elle ait de grandes répercussions juridiques) en ce sens qu'elle ne repose pas sur le concept de droit, mais plutôt sur le concept d'intérêt: il incombe à l'État de protéger l'intérêt (public-général) de la communauté politique (salus rei publicae suprema lex). Ce qui est conforme à cet intérêt est licite et doit être fait. En revanche, dans le cas des "guerres démocratiques", la lex suprema de l'intérêt de l'État finit, précisément dans les situations d'exception, par passer à l'arrière-plan; et au premier plan se trouve plutôt une justice abstraite, promouvant des droits dont il n'est pas clair si et dans quelle mesure les "protégés" aspirent à en jouir (et combien ils veulent sacrifier pour cela). L'objectif de la politique et de l'État n'est plus principalement le bien commun de l'État et de la communauté, mais l'affirmation et la protection de droits (abstraits) ou d'un régime politique.

7835329ca8ea792b9402dc1d8326325f.gif

Certes, les intérêts de l'État et la défense des démocraties libérales peuvent coïncider, comme dans l'aide apportée par Roosevelt à la Grande-Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale, avant même l'entrée en guerre des États-Unis [8]; mais le fait que le motif idéologique soit extériorisé et celui de la puissance dissimulé, confirme, et constitue une application sui generis, de la théorie parétienne des résidus et des dérivations, comme de l'oubli de la leçon de Thucydide [9] selon laquelle le premier déterminant de l'action politique est (la défense, la préservation, l'accroissement de) la puissance.

La preuve en a été faite, à maintes reprises, pendant la guerre froide: les États-Unis ont très souvent laissé faire, voire soutenu et eu pour alliés des régimes politiques qui n'avaient pas meilleure réputation en termes de démocratie que les régimes soviétiques, c'est-à-dire la même réputation que celle de véritables ennemis.

Un choix aussi politiquement correct qu'idéologiquement contradictoire.

En effet, les exemples cités ci-dessus démontrent le caractère essentiel de la bonne perception de l'ennemi. Si l'ennemi est perçu comme tel parce qu'il a un ordre différent, un régime politique différent ou d'autres valeurs de référence, comme la politique (et l'ordre international) est un plurivers de communautés humaines différentes, chaque peuple, auquel on reconnaît en soi le droit de se donner l'ordre qu'il préfère, devient, du seul fait de l'ampleur des différences, un ennemi. Il le devient parce que son mode d'existence politique et sociale n'est pas homogène avec celui de la (ou des) puissance(s) "dominante(s)". Il est un ennemi non pas en raison des actions qu'il accomplit (à la limite des actions qu'il peut accomplir) mais seulement parce qu'il existe d'une certaine manière: dans ce cas, les "guerres pour la démocratie" deviennent facilement le moyen de promouvoir l'homogénéisation politique, qui à son tour peut conduire non pas tant à la mondialisation (politique) qu'à la construction d'une nouvelle entité politique, impériale et non étatique, avec des règles, des formes, des types de comportement que nous ne connaissons pas encore, mais dont on entrevoit quelque chose. En particulier, on peut entrevoir la perte (partielle) de l'impénétrabilité de l'État, dont les frontières marquaient la limite entre l'intérieur et l'extérieur, entre l'ordre interne et l'ordre international.

D'autre part, un tel critère de choix de l'ennemi conduit à contredire la première règle de l'action politique, qui est de réduire le nombre d'ennemis possibles. Cette règle s'est exprimée dans l'histoire de multiples façons, tant au niveau de la politique intérieure qu'internationale: de la pratique politique du Sénat romain, dont la maxime constante était de diviser les peuples [10] potentiellement ennemis (diviser pour régner), au précepte "jamais de guerre sur deux fronts" de la stratégie allemande au siècle dernier, violé à deux reprises, avec les résultats que l'on sait. Si l'on ajoute à l'ennemi réel (c'est-à-dire celui qui l'est par les actions et les contrastes de pouvoir et d'intérêts) celui (ou ceux) qui le sont par les différences d'idéaux, la règle est définitivement violée.

des-soldats-americains-brandissent-les-drapeaux-americain-et-irakien-devant-le-palais-al-faruq-a-tikrit-en-irak-le-14-avril-2003_6056816-2.jpg

Les "guerres démocratiques" apparaissent ainsi comme la négation de certaines idées propres à l'État et à la politique modernes, telles qu'elles ont été définies à partir de la Renaissance, grâce à la forme particulière d'unité politique de l'époque post-médiévale, à savoir l'État, mais anticipées et en tout cas pratiquées depuis des millénaires.

C'est précisément l'État qui est la première victime de ce changement de perspective. Ses traits saillants: la distinction entre l'intérieur et l'extérieur, le temporel et le spirituel, l'impénétrabilité, le monopole du politique (et de la violence légitime) sont plus ou moins contredits par la diffusion des "guerres pour la démocratie". La conséquence en est l'imposition d'un régime politique, avec ses institutions et ses valeurs de référence, d'une prétention à la perméabilité des frontières, et donc à une souveraineté limitée sur son propre territoire, où s'affrontent différents pouvoirs (de commandement). Tout cela est incompatible avec le jus publicum europaeum. Celui-ci a été fondé sur la tentative (réussie pendant des siècles) de faire vivre ensemble des peuples différents. A cela a succédé l'actuelle tentative de le faire avec des peuples (relativement et artificiellement) homogènes, au prix d'un accroissement du pouvoir "supranational".

Certes, la démocratie repose sur une certaine homogénéité des peuples, mais il s'agit là d'un présupposé, non d'une conséquence du choix du régime politique [11]; et, de toute façon, il s'agit ici de relations extérieures entre États, non de relations intérieures entre les différentes composantes d'une communauté. À moins qu'il ne s'agisse des prémisses de l'établissement d'une nouvelle forme politique impériale, dans laquelle les relations entre États sont remplacées par celles à l'intérieur de l'empire. Dans ce cas, la logique interne/externe (et autres) aurait un sens différent, qui reste à écrire.

Cependant, étant donné que les formes politiques impériales étaient (principalement) caractérisées par la répartition du jus belli entre les différents sujets de l'unité politique, il reste à voir si un avenir d'union entre des États (institutionnellement) homogènes est plus pacifique que la coexistence entre des États différents, sur laquelle reposait le jus publicum europaeum.

Notes:

[1] V. Du Pape, II, 1, trad. it. par A. Pasquali, Milan 1995, p. 155).

[2] Grundlinien der Philosophie des rechts, § 313.

[3] Ésprit des lois, X, 2, trad. it. 1965, pp. 247-248.

[4] I. Kant, Metaphysik der Sitten § 61.

[5] Voir sur ce point Jeronimo Molina Cano, La costituzione come colpo di Stato, in Behemoth n° 38, juillet-décembre 2005.

[6] La guerre du Péloponnèse, II, 35-47.

[7] Voir par exemple. Suarez De Charitate- De Bello, Sectio IV "Unde, quod quidam aiunt, supremos reges habere potestatem ad vindicandas iniurias totius orbis, est omnino falsum, et confundit omnem ordinem, et distinctionem iurisdictionum : talis enim potestas, neque a Deo data est, neque ex ratione colligitur" ; voir aussi Bellarmin maintenant dans Scritti politici, Bologne 1950, p. 260.

[8] La phrase bien connue du président, selon laquelle les États-Unis seraient "l'arsenal des démocraties", n'exprimait pas le fait que l'intérêt des États-Unis était d'aider la Grande-Bretagne et de contenir l'Allemagne et le Japon, même si les régimes politiques de ces trois puissances ne l'étaient pas.

[9] Voir la célèbre ambassade des Athéniens auprès du peuple de Mélos.

[10] V. Montesquieu Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence, ch. VI.

[11] La dernière tentative de former une unité politique entre musulmans et chrétiens, turcs et slaves, protestants et orthodoxes a été le Traité d'Union prévu par Gorbatchev et qui s'est terminé comme chacun sait. Nous renvoyons à ce sujet à notre article Du communisme au fédéralisme, paru dans L'Opinione - juin 1991.

mercredi, 21 juin 2023

Passé/Futur: réflexions sur l'archéofuturisme

1ba4ec49123ea95372c8bcfd30ff0c9c.jpg

Passé/Futur: réflexions sur l'archéofuturisme

Paul Gottfried

Source : https://chroniclesmagazine.org/featured/the-future-past/

Comme nous l'avons déjà constaté et répété, l'œuvre de Guillaume Faye semble fasciner de plus en plus de lecteurs et de penseurs. Ces derniers jours, un essai sur le concept d'archéofuturisme a été publié par le professeur Paul Gottfried (Etats-Unis), figure de proue d'un paléoconservatisme qui mène une lutte acharnée contre le Deep State et la culture Woke. Ce nouvel article, solidement charpenté, réduira à néant toutes les insultes que Faye a dû subir au cours des deux dernières décennies de sa vie de la part de quelques méprisables individus que nous ne nommerons pas ici. Cet article confondra également les petits grenouilleux qui, malgré le nouvel intérêt mondial pour l'œuvre de Faye, continuent de se prosterner devant leurs infâmes gourous, ceux-là même qui, par leurs avanies, ont conduit Faye à une mort précose. L'histoire donnera tort à la fois aux abjects gourous et aux cloportes quo les vénèrent.

*

* *

L'archéofuturisme, concept apparu dans la Nouvelle Droite française dans les années 1970, a été définitivement exprimé par Guillaume Faye (1949-2019), homme de lettres français et nationaliste conservateur. Le livre révolutionnaire de Faye, L'Archéofuturisme, paru en 1998, proposait une vision vaste et percutante. Nous y sommes conduits vers un avenir ébranlé par les guerres, les catastrophes naturelles et la chute de la société moderne. Mais c'est aussi un avenir qui, en fin de compte, apportera un nouvel ordre des choses.

ILIADE-14-GF-archeofuturisme-couv.jpg

61ZV+xJIBqL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

De toute évidence, la vision archéofuturiste de la fin des temps s'inspire des prophéties bibliques, même si Faye et ses collègues préfèrent le courant néo-païen de la droite européenne, qui prévaut désormais dans les pays latins. Ce futur lointain révèle des éléments hiérarchiques et féodaux et rappellerait certains aspects du Moyen Âge. Cependant, ce qui distingue la société idéale de Faye de toute société antérieure, c'est qu'elle appartient au futur, qu'elle présente des signes de progrès technologique moderne et qu'elle n'est manifestement plus chrétienne.

En tant qu'idéologie, la vision de Faye représente un compromis entre les éléments de la droite révolutionnaire qui exigent une rupture radicale avec le passé archaïque et ceux qui veulent restaurer une société pré-moderne. L'archéofuturisme semble conçu pour donner aux deux parties un peu de ce qu'elles veulent. Il montre un avenir qui, d'une certaine manière, offre un retour au passé. Mais l'époque à laquelle nous revenons est marquée par des caractéristiques modernes et de modernité tardive. C'est ainsi que l'on avance pour revenir à une époque plus stable, qui correspond à l'accent de droite traditionnel sur la hiérarchie et l'autorité.

Cette vision est reconnaissable comme étant celle de Faye, qui était un leader de la mouvance identitaire dans son propre pays. Faye, homme de droite passionné, a rompu avec la Nouvelle Droite française en 1987, lorsque ses dirigeants ont tenté de s'allier avec des groupes pro-islamiques. Faye ne voulait pas de cette alliance avec ceux qu'il considérait comme fondamentalement anti-occidentaux et étrangers à la nation française historique. Et pour lui, l'Occident n'avait rien à voir avec les droits naturels ou la notion d'égalité. Pour Faye, l'égalitarisme était le grand mal des temps modernes, qui a conduit à l'auto-dissolution du monde européen et de ses institutions essentielles. Faye a également été l'un des premiers à évoquer dans son pays le danger de l'"ethnomasochisme" - la haine de sa propre appartenance ethnique - et a peut-être même forgé ce terme.

Sa relation avec l'héritage catholique de la France était en fait assez compliquée, tout comme celle de son contemporain néo-païen Dominique Venner, qui s'est suicidé en 2013 dans la cathédrale Notre-Dame pour protester contre l'islamisation de la France. Bien qu'il se méfiât du christianisme, dont il rejetait l'aspect égalitaire, Faye vénérait le Moyen Âge et faisait référence à la cathédrale de Reims comme étant la réalisation architecturale la plus aboutie de l'homme européen. Sa vision archéofuturiste intégrerait naturellement des caractéristiques médiévales, car Faye n'a jamais cessé d'admirer cette période parce qu'elle avait jeté les bases de l'identité occidentale et européenne en particulier.

ef3ccf1fa2fab83021757cb0f0a9b5ad.jpg

Comme le philosophe de l'histoire allemand Oswald Spengler, Faye associait le Moyen Âge au "printemps de l'homme occidental". Comme Spengler, il identifiait ce type d'homme à une aspiration créative sans limites et à une force intérieure profonde. Mais à l'époque moderne, ces caractéristiques positives avaient été déformées par la subordination de l'Europe à l'impérialisme et au consumérisme américains. Comme la plupart des membres de la Nouvelle Droite française, Faye craignait l'influence américaine plus encore que la domination soviétique ou l'expansion islamique. Il considérait les États-Unis comme le grand unificateur et homogénéisateur, dont la religion de droite post-chrétienne et son culte de la diversité détruisaient l'identité française. Ce que Faye considérait comme véritablement français n'est pas né de la Révolution française, mais était plus profondément enraciné dans le passé français. Cet essentialisme était à la fois français et européen au sens large, et il était censé réapparaître dans le futur archaïque vers lequel Faye disait que l'histoire se dirigeait.

Ce processus progresserait parce que les crises et les bouleversements du présent favoriseraient son épanouissement. Bien que Faye soit clairement de droite, il a également illustré l'étrange situation des marxistes révolutionnaires qui se sont mobilisés pour défendre une cause qui triomphera inévitablement. Dans les deux cas, le croyant est exhorté à se battre pour ce qui est censé gagner, avec ou sans son activisme. Dans le cas de Faye, cependant, la délimitation du futur pourrait avoir été une tentative de trouver un sens à ce vers quoi nous allons, plutôt qu'un jeu avec des lois historiques de fer. Faye pourrait avoir suggéré une issue possible à des difficultés présentes et futures, et pas nécessairement ce qu'il pensait être prédestiné.

Walter-M.-Miller-Jr..jpg

164154.jpg

Une autre expression de l'archéofuturisme sous une forme plus sombre se trouve dans le roman futuriste primé de Walter M. Miller Jr., A Canticle for Leibowitz, dont la première édition est parue en 1959. Dans ce livre fascinant, écrit par un adepte de l'histoire médiévale, le lecteur est transporté dans un monastère catholique du sud-ouest de l'Amérique après qu'un cataclysme nucléaire a ravagé la majeure partie de la planète. Les moines qui copient et enluminent les textes datant d'avant l'incendie nucléaire du 20ème siècle, également connu sous le nom de "Déluge de flammes", appartiennent à l'ordre fictif des Albertiens de Leibowitz. Le Leibowitz en question était Isaac Edward Leibowitz, un scientifique juif spécialisé dans les armes, qui a survécu au déluge. Après avoir cherché en vain sa femme, morte dans l'incendie, Leibowitz accepte les ordres sacrés dans l'Église catholique et consacre le reste de sa vie à fonder un nouvel ordre monastique et à aider d'autres moines à copier des œuvres qui ont survécu au déluge.

C'est une tâche extrêmement dangereuse, car Leibowitz et son ordre doivent échapper à la vindicte de la "foule des simplificateurs", qui tente de détruire les précieuses archives du passé. Finalement, Leibowitz tombe entre les mains de ses ennemis et subit le martyre. Peu après, l'Église catholique ressuscitée le canonise. Heureusement, les moines albertiens poursuivent leur travail pendant 600 ans, copiant assidûment les écrits du 20ème siècle qui ont été préservés et qui sont connus sous le nom de "memorabilia". Pendant cette période, il y a un renouveau de la civilisation et une redécouverte scientifique, mais ces réalisations ne durent malheureusement pas. Il y a un autre déluge qui ramène le monde à l'état à partir duquel saint Leibowitz et ses co-moines ont commencé leur travail de transmission.

Monte-Casino.png

7315783.jpg

Miller a peut-être écrit ce roman comme un acte d'expiation, du moins en partie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a participé au bombardement américain du monastère médiéval de Monte Cassino, fondé à la fin du sixième siècle par saint Benoît et ses compagnons. Pendant la guerre, les bâtiments du monastère ont été occupés par les troupes allemandes et sont devenus la cible des Alliés. Le roman de Miller souligne la répétition consciencieuse des actions des moines du début du Moyen Âge en Italie, en Irlande, en Espagne et ailleurs en Europe occidentale, qui se sont engagés à préserver les textes anciens. Ces moines ont fini par préserver une grande partie de l'héritage de l'Antiquité païenne, ainsi que des ouvrages bibliques et théologiques chrétiens.

Les moines post-cataclysme agissent de la même manière, en copiant tout ce qui leur reste du passé. Ils traitent également ces textes et leurs auteurs avec révérence, comme des dons divins qu'ils doivent mettre à la disposition des générations suivantes. Leibowitz est vénéré pour son attachement à un monde perdu que les moines tentent de faire revivre en tant qu'héritage littéraire. Et lui et ses confrères moines travaillent face au risque permanent d'être exterminés par des foules de "Simpletons" qui surgissent de partout, brûlent les livres et tuent ceux qui tentent de les préserver.

william-s-lind.jpg

71myc9d+XML._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

Le dernier exemple d'archéofuturisme qui pourrait être pris en considération ici est le roman de William Lind, qui contribue à l'édition de ce mois de Chronicles of American Culture. L'œuvre de Lind porte le titre lourd mais intéressant de Victoria : A Novel of 4th Generation War. Il est écrit sous le pseudonyme de Thomas Hobbes, ce qui pourrait indiquer l'estime de l'auteur pour le philosophe anglais, qui pensait que la guerre était l'état normal des affaires humaines sans la main forte de la société civile. Comme on pouvait s'y attendre, le roman de Lind, publié en 2014, a été raillé par des journalistes woke, qui l'ont qualifié de "gribouillis d'extrême droite". Je pense qu'il s'agit d'un brillant exemple d'archéofuturisme, qui est devenu une forme d'art de droite pour laquelle la gauche a une tolérance zéro. La raison devrait être évidente. Les archéofuturistes provocateurs télégraphient leurs fantasmes réactionnaires à travers des visions futuristes qu'ils présentent comme de la littérature. A côté de ces apôtres de l'ordre restauré, les millennials de Fox News qui célèbrent l'arrivée des républicains transgenres ne semblent être rien d'autre que de vulgaires modernistes tardifs.

En lisant le roman de Lind, il faut suspendre sa croyance en certaines réalités de l'Amérique contemporaine et de ses homologues d'Europe et du Canada. Les troupes de guérilla partisane, qui représentent la guerre de quatrième génération de Lind, n'écraseraient probablement pas les forces armées américaines bien mieux équipées, comme elles le font dans la dernière partie du roman ; pas plus qu'une puissante force de résistance au régime de gauche de Washington ne se concentrerait sur Boston, qui est le centre de la confédération "rétroculturelle" du Nord-Est dans le roman de Lind. De plus, la division sectorielle et idéologique des États-Unis telle qu'elle est présentée dans le livre ne serait pas possible, étant donné la probabilité que l'État profond de gauche et ses forces aient écrasé tout mouvement sécessionniste tentant de s'emparer d'une quelconque partie de leur pays soumis. Après tout, il est purement fantaisiste de penser que des monarchistes russes et allemands (on peut douter que beaucoup de ces raretés existent encore) se donneraient la main pour renforcer les forces conservatrices de la confédération du Nord-Est, qui luttent contre les armées unies de la gauche, approvisionnées par les envahisseurs musulmans, les Nations unies et les félons domestiques habituels.

Ne me laissez pas cacher mes sentiments : j'ai adoré Victoria quand je l'ai lu, et surtout la fin, l'hommage prolongé à "la bonne reine Victoria, monarque ayant régné le plus longtemps en Angleterre" et l'affirmation du "nouvel esprit du temps", qui est en fait une nouvelle ère victorienne adaptée aux circonstances historiques changeantes. J'ai également apprécié la moquerie tout à fait appropriée de Lind à l'égard de notre classe universitaire et la manière désinvolte dont le protagoniste du livre annonce que les forces partisanes de droite viennent d'abattre l'ensemble du corps professoral du Dartmouth College.

Cet événement fictif s'est produit après que ces mêmes armées ont exécuté des djihadistes musulmans enragés qui avaient pris Boston et tué les chrétiens pratiquants de la ville. La vision de Lind sur l'escalade de la lutte entre la gauche woke et ses cibles n'est pas "consensuelle", mais peut être réaliste. Il n'y a aucune raison de penser que nos conflits actuels ne deviendront pas plus acharnés ou que la droite ne finira pas par riposter en masse. Mais je ne suis pas sûr que la gauche, après avoir pris le contrôle de tant de biens fonciers, soit en mesure de s'imposer, et encore moins que ce conflit idéologique se termine par la victoire de la "rétroculture".

Comme dans le cas de l'œuvre fascinante de Faye, Lind nous laisse, après une période d'affliction, une issue heureuse possible pour la droite. Cela correspond à la pensée des archéofuturistes les plus optimistes, qui ne croient pas que la gauche triomphera définitivement et qui voient au moins un certain espoir pour leur camp en fin de compte. Miller, qui présente des pensées plus sombres sur la nature cyclique des événements humains, est d'un autre côté. Il nous dit que même l'héroïsme désintéressé de certaines personnes ne peut pas empêcher d'autres personnes d'agir de manière catastrophique à plusieurs reprises.

paul gottfried,nouvelle droite,archéofuturisme,guillaume faye,walter m. miller,william s. lind

A propos de l'auteur Paul Gottfried

Paul Gottfried est rédacteur en chef de Chronicles : A Magazine of American Culture. Il est également professeur émérite Raffensperger de sciences humaines au Elizabethtown College, où il a enseigné pendant 25 ans, lauréat du prix Guggenheim et docteur de l'université de Yale. Il est l'auteur de 14 livres, dont les plus récents sont "Antifascism : The Course of a Crusade" et "Revisions and Dissents".

Transmutations du Logos dans une société postmoderne

a2e0a79562a56b4b7aeed1bc37803730.jpg

Transmutations du Logos dans une société postmoderne

Alexandre Douguine

Source: https://katehon.com/ru/article/transmutacii-logosa-v-obshchestve-postmoderna?fbclid=IwAR0knnUtRRLvVm2IkmZDKnv39myODbr8uGejYUivLBRYjUFGaO3GIP36u4o

Les étapes du diurnalisme: du logos à la logistique

Traçons le destin du logos dans la société postmoderne. Il est extrêmement important de toujours se rappeler que le logos est l'une des manifestations du mythe héroïque, c'est-à-dire le produit du régime diurne (selon la classification de G. Durand). Et il n'est pas le seul, ni absolu. Le logos inclut les côtés antithétiques et pléonasmiques du mythe héroïque (homogénéisation hétérogène) et les porte à leur limite ultime. Mais il laisse aussi dans l'inconscient des aspects du mythe diurne tels que la volonté de puissance directe et frénétique, la passionnalité et l'hyperbolisation. Bien sûr, ces aspects du diurne - parents du logos - pénètrent également le logos, mais pas explicitement, seulement par l'inertie de l'attraction chorégraphique des mythes héroïques les uns envers les autres (c'est-à-dire non logiquement).

L'émergence du logos à partir du mythos est, comme nous l'avons vu, le premier pas d'un ethnos stable et équilibré vers la modernité. Mais toutes les sociétés construites autour du logos n'atteignent pas la modernité, il faut aussi en tenir compte.

L'étape suivante vers la modernité est le passage du logos à la logique.  À ce stade, le logos, en tant qu'ordre cristallisé, s'éloigne encore plus du complexe général du mythe héroïque et développe un schéma décrivant les paramètres de base de lui-même - c'est la science de la logique et, dans une large mesure, des mathématiques, de la géométrie, etc. Bien que la logique reflète la structure du logos aussi précisément que possible, elle laisse beaucoup de choses en arrière. Ainsi, dans le christianisme, le logos (la Parole) est Dieu, et Dieu est naturellement au-dessus de la logique - en particulier le fait de son incarnation, ainsi que de nombreux aspects de l'enseignement chrétien basés sur les déclarations du Christ, le Logos, mais contenant également des paradoxes logiques.

NG016_Schrift_Aristoteles_Aristoteles_Logik.jpg

Il n'y a pas de place pour les paradoxes dans la logique d'Aristote. La logique est une propriété d'une telle société, qui est encore plus proche de la modernité. La société chrétienne est certainement une société du logos (ou plutôt du Logos). La logique a activement pénétré dans le christianisme avec les constructions théologiques des Pères de l'Église orientale, et surtout avec l'épanouissement de l'aristotélisme scolastique. Mais la transition finale vers une société de logique ne se fait que lorsque nous nous éloignons du théisme chrétien - à la Renaissance et surtout au siècle des Lumières (comme nous l'avons montré dans les chapitres précédents). La société moderne est fondée sur une logique autonome et généralisée, qui devient le principal ordonnancement social - processus, relations, institutions, normes juridiques, politique, statuts, économie, etc. La modernité développée devient de plus en plus technique et se concentre sur la sphère économique. L'économie devient le "destin" des sociétés occidentales. Ainsi, au fur et à mesure que la modernité s'installe, la logique se transforme en logistique.

0f9fbb5a81ffa7cc00a1c48345fa0a30.jpg

La logistique est un terme militaire qui désigne la commande de nourriture, de munitions, de logements, etc. pour les troupes. Du domaine de la stratégie militaire, il est passé aux théories modernes du management, où il désigne aujourd'hui l'optimisation des processus de production, la réduction des coûts, l'amélioration de la gestion des flux d'argent et d'information, etc. La logique s'applique à une variété d'activités - intellectuelles, politiques, scientifiques, sociales, etc. La logistique est une logique appliquée uniquement au processus de gestion des ressources matérielles à des fins purement pragmatiques. La logistique est beaucoup plus étroite et concrète que le logos.

La société économique, qu'elle soit capitaliste ou socialiste (en théorie), repose sur la primauté de la logistique, et la dispute entre les deux systèmes politico-économiques au 20ème siècle a tourné autour de la question de savoir lequel des deux systèmes logistiques était le plus efficace, le plus opérationnel et le plus compétitif. La bataille entre les deux camps était une compétition entre la logistique du marché et la logistique planifiée. La fin de cette rivalité et la victoire de la logistique du marché ont coïncidé avec le passage au postmodernisme.

En logistique, la concentration du sujet, qui caractérisait le diurnalisme, se disperse en une multitude de sujets, les managers individuels, dont chacun devient un système autonome qui réalise son cycle économique de manière individuelle. Le gestionnaire est la dernière édition du diurne, un petit héros qui se débat dans le chaos des marchandises, du travail, des cours en bourse, des documents financiers, des rapports, des impôts, qu'il doit réorganiser dans un entrepôt, faire travailler le plus efficacement possible, distribuer aux autorités, les classer dans des dossiers et les transmettre à d'autres gestionnaires. Dans une société logistique, chaque personne est considérée comme un manager, c'est-à-dire comme un individu porteur d'intelligence, réduit aux compétences nécessaires à la réalisation d'opérations logistiques. L'homogénéisation hétérogène - en tant que propriété fondamentale du diurnalisme - est ici réduite aux compétences de l'adéquation logistique, élevée au rang de norme. Celui qui s'en sort est un gagnant. Celui qui échoue est un perdant, un loser.

De logisticien à loser

Le postmoderne est donc arrivé dans un environnement de logistique de marché victorieuse, avec un type de gestionnaire normatif. À chaque étape de la ligne diurne-logique-logistique, le mythe héroïque a perdu certains aspects, réduisant ainsi son potentiel mythologique. La logique est l'état dans lequel les restes infinitésimaux du diurne original constituent l'atome du diurne. La postmodernité, cependant, représente une tendance à une fragmentation encore plus grande de l'atome logistique. Dans le chapitre précédent, nous avons décrit ce phénomène comme étant celui du logème.

ce30678970f910e37b5650dc7d043082.jpg

Le logème, au sens sociologique, est la fragmentation de la rationalité logistique à un niveau encore plus petit - subindividuel ou divisionnel. L'objet de commande du logème n'est pas l'espace extérieur immédiat - les troupes qui ont besoin de nourriture, les intérêts et les schémas d'optimisation d'une entreprise ou les marchandises dispersées dans un entrepôt - mais le corps, la psyché de l'individu et les objets qui leur sont adjacents - vêtements, nourriture, peau, cheveux, jambes, mains, oreilles, ainsi que les moindres émotions, expériences, sensations. Le logème est la capacité triomphante à se débrouiller seul - marcher debout, porter un mouchoir à son nez et une tasse à ses lèvres, nouer ses lacets, résister à l'envie de gratter la piqûre d'un moustique avec ses ongles, etc. Il y a là aussi un écho de la volonté de puissance et du désir de créer de l'ordre à partir du chaos, mais à un micro-niveau. Il s'agit du même diurnalisme inflexible, mais réduit à l'échelle microscopique. Mais le microscopique de cette échelle ne se traduit pas (encore) automatiquement par l'antiphrase et l'euphémisme de nocturne. Au contraire, les micro-désirs et les micro-vœux sont hyperbolisés, titanisés, portés à l'échelle planétaire. Le remède contre la séborrhée se transforme en énormes affiches publicitaires qui obscurcissent le ciel - c'est le dernier accès de paranoïa héroïque; le microscopique et l'insignifiant prennent les proportions du "lointain" et du "grand".

Le phénomène du glamour s'inscrit précisément dans cette tendance. Le glamour, c'est la glorification du logema, l'attribution du statut d'hégémonie sociale et d'image au confort, à l'hygiène et aux micro-désirs, la standardisation rigide du corps et de ses proportions, la norme totalitaire de l'apparence exemplaire élevée au rang d'absolu.

Le passage de la société logistique à la société logémique est le processus le plus important et le plus fondamental de la postmodernité.

Le néant et sa sociologie

L'un des produits spécifiques du logos est le néant. Cette représentation logique est un développement du dualisme diurne. Le diurne s'identifie à "tout" et à l'opposé - comme la mort - une place est préparée pour le néant. Lorsque nous passons au niveau du logos, le néant devient le lien le plus important dans le couple fondamental is-no (est-non), en tant que non généralisé.

Parallèlement, le néant est nécessairement inclus dans le fondement des théologies monothéistes, où le monde est créé à partir du néant. Le Logos, identique à lui-même, est tout. Ce qui n'est pas identique à lui n'est rien.

3b49b17df5c230ac787de8a884d74a0a.jpg

En logique, le binaire est-non devient le module opérationnel le plus important car il prédétermine la structure du fonctionnement de la conscience rationnelle. Le néant acquiert un caractère technique permanent.

En logistique, le néant acquiert la propriété de routine, c'est-à-dire l'absence d'un bien, une pénurie, la nécessité de remplir une case, une dépense (un crédit). Le néant devient banal.

Mais à mesure que le sujet du porteur du logos s'effrite dans le développement diurne de Dieu qui devient manager (gestionnaire), le domaine du néant s'étend constamment, passant de la périphérie (du bas de la création) au centre du système social, pour finalement se banaliser dans la balance financière (crédit) ou dans l'étude de marché ("pas de produit en stock"). Plus la figure du porteur du logos est superficielle, plus la zone de néant est grande.

Cette circonstance a été remarquée pour la première fois dans la philosophie de Nietzsche, qui a identifié le nihilisme comme une caractéristique fondamentale de la civilisation occidentale moderne. Nietzsche a déclaré : "Le désert grandit. Malheur à ceux qui cachent un désert en eux-mêmes". La croissance du "désert", c'est la croissance d'une zone de néant qui englobe de toutes parts l'individu qui se rétrécit. De plus, étant homogène - puisqu'il n'a pas de propriétés - le néant étendu autour d'un individu se confond avec le néant étendu autour d'un autre individu, augmentant ainsi le volume du "désert".

Heidegger a suivi Nietzsche pour développer en détail le thème du néant, et Jean-Paul Sartre a à son tour systématisé les intuitions de Heidegger dans son œuvre majeure, L'Être et le Néant. L'attention croissante portée au néant est une conséquence directe de la rationalité et de la logique de la culture occidentale, qui reflète de plus en plus les tendances sociologiques fondamentales de sa double logique inhérente. Le logos devient de moins en moins profond, le néant s'élargit.

deleuze_gilles_opaleplus.opale56291_13.jpg

Dans la transition vers le postmoderne, lorsque le chant du cygne doit être fait à un niveau encore plus fin, certains philosophes, en particulier Gilles Deleuze, proclament que "le moment est venu de la transition du néant de la volonté (la maladie du nihilisme) au néant, du nihilisme incomplet, douloureux et passif au nihilisme actif". Il s'agit là d'un point très subtil. Une chose est la croissance du néant (et du nihilisme) à mesure que le porteur du logos s'effondre, une autre est l'orientation du logos vers le néant, c'est-à-dire la poursuite active et consciente de son contraire. Cela va clairement au-delà du diurnalisme et implique un changement de régime en faveur de l'euphémisme et, par conséquent, du nocturne.

Du point de vue du logos et même de la logique et de la logistique, le néant est un pur néant, non pas une désignation conventionnelle de l'autre, mais non pas une désignation du néant. La croissance du néant a donc lieu dans l'espace du numérateur de la fraction humaine - là où se trouve le logos. Le néant est le produit du logos. En restant dans le numérateur, la société occidentale a pour limite le rien avec lequel le porteur de la raison est en dialogue et en interaction constants. Le néant grandit, le porteur du logos diminue. Mais dans l'inertie de l'histoire sociologique, le néant est la dernière limite du logos, au-delà de laquelle l'histoire sociale ne peut se poursuivre. S'étant arrêtée au néant, l'histoire se termine (Fukuyama l'a écrit) et est remplacée par l'économie (la logistique). Le manager est un nihiliste actif. Il ne cherche plus à synthétiser les données sociales, philosophiques ou scientifiques, à construire un ordre logique. Il se contente de construire un ordre logistique dans son environnement, sans se soucier des lois sociales universelles. Ce faisant, il fragmente la société et promeut avec optimisme le néant. Rien n'est plus nihiliste que l'économie, la gestion et le marketing. Le marché est l'élément pur du nihilisme, où circulent les cycles de la rationalité économique écrasée, et la macroéconomie elle-même, dans la théorie libérale, n'est que la généralisation des microéconomies atomiques, constitutives dans leur mouvement chaotique, mais logistique.

Si la raison commence à aspirer consciemment au néant, elle indique une voie complètement différente de celle de l'économiste qui suggère qu'en avançant inconsciemment vers le néant, il se concentre sur les cycles logistiques et réussit à gérer la "fin de l'histoire".

Nous en arrivons ici au plus important: si pour le logos le néant est rien, pour le mythos le néant n'est pas rien, il est quelque chose, et il est multiple, riche et vivant, parce que le mythe lui-même, poussé au dénominateur, se trouve dans la position du néant pour le logos. Le néant du logos est tout le mythos, c'est la plénitude de l'inconscient, à l'exception de la partie infinitésimale du mythe héroïque, qui s'est progressivement transformé en petit logos de l'achèvement de la Modernité. Et si l'on imagine que le logos puisse, en effet, non seulement s'approcher du néant, mais y descendre (comme Deleuze lui-même s'est jeté par la fenêtre), alors il tomberait directement dans le mythe.

Dans la volonté de néant, contrairement aux intentions des postmodernes, on peut donc reconnaître une impulsion secrète venant de l'inconscient. Pour la raison, la folie est la fin, tandis que pour l'inconscient, l'arrêt ou la rupture des procédures logiques de l'esprit est toujours un nouveau départ, un nouveau cycle d'individuation, un nouvel élan de la dynamique du mythe.

Gorgias.jpg

Nous ne regarderons donc rien d'autre que les représentants de la philosophie rationnelle, du sophiste Gorgias (483 av. J.-C. - 380 av. J.-C.) à Sartre et Deleuze, en y voyant les aspects du mythe qui ne sont pas inclus dans la rationalisation stricte, qui ne sont pas transférés au logos. D'où cette conclusion importante: le nihilisme de la civilisation occidentale contemporaine, en particulier dans la transition vers le postmoderne, peut être vu de l'autre côté comme une consolidation des énergies inconscientes qui ne trouvent pas d'exutoire dans le numérateur par des moyens légitimes, et qui préparent leur retour au moment où les structures "répressives" du logos se sont finalement affaiblies.

Les compétences du logos

Ce moment coïncide avec le passage de la logistique au logème, c'est-à-dire avec la prochaine scission du support du logos et la concentration de l'attention sur le niveau subatomique. Le logème est une vie quotidienne hors contexte, détachée non seulement des grands cycles sociaux, mais aussi des opérations primitives et routinières de gestion des unités économiques. Le chef d'entreprise, porteur de la logistique, reste responsable vis-à-vis des autres: concurrents, partenaires, entreprises, institutions financières et administratives, autorités fiscales, salariés, vendeurs et acheteurs, etc. Le logème intervient lorsque l'objectif devient l'ordonnancement des pulsions individuelles et l'organisation de l'espace adjacent au corps - extérieur et intérieur. Il s'agit d'un souci de confort, de santé, de satiété, de bonne humeur, etc. en dehors de tout objectif social, de toute tâche, de toute obligation, etc. Les tâches logémiques comprennent

- faire les courses

- le shopping

- l'épilation

- le tatouage

- choix des vêtements

- piercing

- boire des rafraîchissements (boire des boissons rafraîchissantes, du café et du thé)

- SMS-ing - envoi et réception de messages SMS (souvent anonymes ou envoyés avec négligence)

- regarder la télévision

- médicaments

- danse

- week-end

- détente

- sport

- conduite

- fumer

- nager à la piscine

- feuilleter des magazines sur papier glacé

- voyages de vacances

- produits d'hygiène personnelle

- maquillage

- épilation

- Nightclubbing (sorties en boîte de nuit)

- porter des écouteurs en écoutant de la musique

- l'internautique (cliquer sur des bannières et des liens sur l'internet avec les doigts)

- remplir des questionnaires

- répondre correctement et brièvement à des questions simples.

Les structures avec lesquelles le logème opère sont tellement miniaturisées qu'elles se situent au dernier niveau de la logique et menacent de glisser définitivement dans le néant, c'est-à-dire dans l'inconscient, dans le mythe, dans le nocturne. Au carrefour de l'ultraminimalisme logique, voire du nihilisme pur, incarné par le logème, et du mode nocturne, qui remonte prudemment du sous-sol, une sociologie du postmoderne, une analyse systématique de ce conglomérat de porteurs de logèmes évanescents - rappelant le halo de Saint-Elme ou la chute des météorites - qui remplace la société dissolvante des Modernes, peut être fondée.

La sociologie phénoménologique d'Alfred Schütz

Le précurseur d'une telle sociologie du minimal est le célèbre sociologue austro-américain Alfred Schütz (1899-1959), qui a fondé l'orientation phénoménologique de la sociologie. Schütz était un élève du philosophe Edmund Husserl (1859-1938), le créateur de la phénoménologie. L'essence de l'approche phénoménologique est un appel à l'abstraction des concepts déductifs généralistes qui déduisent le petit du grand, le particulier du général, et à la focalisation sur le petit, le particulier, le présent empirique. En particulier, Husserl a appelé à partir de la pensée concrète telle que nous la trouvons chez les gens ordinaires, du "monde de la vie" (Lebenswelt), et à ne procéder qu'ensuite, avec prudence, à des généralisations et des rationalisations. Cette approche phénoménologique a conduit Martin Heidegger à identifier une catégorie philosophique centrale dans son enseignement, le Dasein, avec laquelle il a construit son ontologie fondamentale. Dans le cas de Schütz, la phénoménologie a débouché sur une sociologie de la vie quotidienne, étudiant les microphénomènes du comportement humain dans le monde qui l'entoure.

Schütz a montré que le comportement de la personne ordinaire de tous les jours englobe un vaste ensemble de phénomènes qui sont considérés comme allant de soi par défaut. Cette catégorie d'objets, de phénomènes et d'événements constitue des points de référence cruciaux dans la structure de la vie quotidienne. Schütz les appelle "taken for granted", c'est-à-dire "quelque chose qui va de soi". Le monde de la vie est constitué de ces moments. L'homme de tous les jours est tellement imprégné de ce qui va de soi qu'il commence à projeter ces "certitudes" sur le monde. C'est ce que Schütz appelle la "typification", c'est-à-dire le processus consistant à interpréter en permanence l'inaperçu comme l'évident. En typifiant un passant inconnu dans la rue, l'habitant projette sur lui un ensemble de perceptions qu'il a formées avant la rencontre et sans aucun lien avec elle. Il tire des conclusions sur la base de l'habillement, de la démarche, de l'âge et du sexe, et place l'étranger dans une vaste série d'"évidences", excluant ainsi l'inconnu ou les grandes généralisations sociales et philosophiques. Le monde de vie de l'individu moyen est une typification continue - chaque nouvel événement, phénomène, objet ou message est interprété à travers une chaîne de choses déjà connues, maîtrisées et "considérées comme allant de soi".

Une autre gradation du comportement de l'individu moyen consiste en deux types de motivation : la "motivation par le but" et la "motivation par la cause". Développant les idées de Weber sur l'activité rationnelle, Schütz estime que la motivation par le but concentre la volonté humaine pour atteindre quelque chose de spécifique et conduit donc à l'action. La motivation par la cause, quant à elle, ne fait que préparer le terrain et augmenter la probabilité d'une action, mais ne la provoque pas inévitablement.

Une autre idée sociologiquement opérationnelle de Schütz est la division de la sphère de vie du philistin en quatre horizons :

- l'horizon des prédécesseurs

- l'horizon des descendants

- l'horizon des personnes spatialement proches ("conspatials")

- l'horizon des personnes vivant à un moment donné - en même temps qu'un individu donné ("contemporains").

Au sein de ces horizons, l'individu pratique deux types de relations: la compréhension-interprétation et l'action-influence. Seule la compréhension-interprétation peut s'appliquer aux prédécesseurs, seule l'action-influence peut s'appliquer aux descendants, et les deux types de relations peuvent s'appliquer à des relations spatiales et temporelles étroites.

Schtz1.jpg

41jnLFeaWnL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

PUF_TELLI_2003_01.jpg

La formalisation sociologique de Schütz est extrêmement importante car

- elle est construite à partir de la figure minimale du philistin et ne fait appel à aucun système sociologique qui expliquerait la genèse de ce philistin lui-même, le placerait dans un contexte social concret et interpréterait en connaissance de cause ce qu'il considère comme "allant de soi" et ce qu'il ne considère pas, et d'où vient ce "allant de soi" ;

- quels sont les nœuds de typification dans les différentes sociétés et comment cette typification opère ;

- comment les buts et les causes sont structurés dans une société donnée et pourquoi il en est ainsi et pas autrement ;

- comment les quatre horizons sont configurés, ce qu'ils comprennent et comment les modèles de relations d'interprétation-compréhension et d'influence active sont déployés.

Dans une société à part entière et dans la sociologie classique, en particulier la sociologie structurelle, la phénoménologie de Schütz serait vide et dénuée de sens, car elle n'expliquerait rien par essence et ne ferait que décrire et systématiser, à un niveau primaire, des processus insignifiants. Mais elle révèle sa signification méthodologique la plus importante au moment où la société en tant que phénomène prend fin, où ses structures subissent une dissolution, une dissipation, et sont remplacées par des microbes, pour lesquels cela n'a aucune importance - produits de quelles constructions, structures sociales et ensembles philosophico-religieux ils sont les produits de la dissolution. Le manager avait encore un profil sociologique. Le porteur logémique n'a pas ce profil et, dans ce cas, l'approche phénoménologique de Schütz révèle toute son importance et sa pertinence. Il décrit le philistin, immergé dans la structure des formes sensuelles - de vie - concrètes, comme une figure autonome à l'intersection de ses axes "sociologiques" de base, où les hypothèses les plus bizarres et les plus exotiques peuvent être placées.

Cette méthodologie, qui serait inadéquate dans une société aux fondements sociologiques préservés - tant dans l'espace du moderne que dans celui du prémoderne - révèle au contraire sa pertinence et son potentiel heuristique dans le postmoderne.

Le quotidien devient encore plus quotidien

La petite échelle phénoménologique proposée par Schütz est encore plus réduite dans le postmoderne. C'est ce que l'on constate notamment dans la question de la disparition des horizons. Les deux premiers horizons - la relation aux ancêtres et aux descendants - disparaissent pratiquement, ou du moins deviennent si secondaires qu'ils n'affectent en rien la structure de la vie quotidienne. Ainsi, le personnage postmoderne typique n'a plus que deux horizons - les "conspatiaux" et les "contemporains". En même temps, la zone conspatiale se transforme dans deux directions: elle se rapproche de la corporéité singulière (au détriment des institutions sociales, des liens familiaux après un certain degré d'autonomie de l'adolescent, etc.), mais s'étend le long des lignes du réseau - la figure nominale de l'interlocuteur virtuel en ligne ou du destinataire d'un SMS est intégrée dans l'espace proche, d'où le parent de sang ou le camarade d'études disparaît.

La zone contemporaine s'étend et se rétrécit également. Puisque le passé et le futur ne font plus l'objet d'aucune attention, certains thèmes importants pour l'habitant du postmoderne sont transférés du passé (le futur) au présent, et y sont placés de manière holographique. Le personnage historique joué par un acteur célèbre est identifié à l'acteur lui-même, c'est-à-dire plasmatiquement placé dans la contemporanéité. En revanche, ce qui du présent n'affecte pas directement la singularité corporelle est ignoré et non inclus dans la zone d'attention, c'est-à-dire coupé du présent et placé dans le "nulle part".

La structure de "ce qui va de soi" change également, incorporant des éléments de célébration, d'avantages, de plaisir, en totale déconnexion avec le travail, l'effort et l'accomplissement personnel. Cette évolution est liée à la tendance générale à l'accroissement des droits civils et des garanties sociales. Dans le même temps, les exigences en matière de socialisation sont de moins en moins nombreuses. Pour devenir un citoyen productif, il suffit de savoir compter jusqu'à deux et de dire "bonjour" avec un accent. Dans de nombreux pays européens, cela suffit pour obtenir la citoyenneté et les prestations sociales.

L'équilibre entre la motivation pour un objectif et la motivation pour une cause est également en train de changer. Le raffinement des logos affaiblit l'impulsion volitive vers le but, relativise le but, et l'action devient donc moins probable, plus virtuelle. L'intention reste au niveau d'un souhait virtuel et n'atteint pas le niveau de la réalisation active. En revanche, la "motivation de la cause" probabiliste devient plus significative, puisque le "pourquoi" se réfère à la fois à l'action et à l'inaction, et que l'explication du pourquoi quelqu'un a fait quelque chose (et plus souvent pourquoi il ne l'a pas fait) devient une méthode apaisante pour les sentiments de plus en plus complexes et douloureux que le logème éprouve à l'égard de l'action. Schütz fait la distinction entre "action" et "acte", c'est-à-dire entre le processus de faire et l'acte (fait). Dans l'ère postmoderne, l'aspect dominant est sans aucun doute "l'action", c'est-à-dire le fait de faire quelque chose, qui peut s'arrêter à tout moment sans jamais s'achever, ou passer à un autre état et s'ouvrir comme une autre action dont personne (y compris l'auteur) n'était conscient à la première étape. L'acte est difficile à supporter pour le logème, il demande un effort et implique l'irréversibilité. Le faire est plus acceptable, mais il devrait aussi idéalement être fait de manière légère, festive et sans finalité univoque. On peut l'assimiler à la rupture et à la déchirure. La déchirure est un état irréversible (le fil est déchiré et c'est tout). La déchirure est un processus de tension dans lequel le fil est tiré mais pas encore déchiré. Le logement est est la rupture d'un fil : on tire sur le fil, mais on n'ose pas le déchirer, on continue à tirer et à tirer.

la-nostalgie-du-sacre.jpg

Michel Maffesoli : à la conquête du présent

La méthodologie de Schütz a été brillamment appliquée à l'étude de la société occidentale (post)moderne, qui évolue rapidement vers le postmoderne, par un autre sociologue, Michel Maffesoli (né en 1944). Disciple de Gilbert Durand, Maffesoli combine dans ses recherches les principes de la sociologie des profondeurs et l'approche phénoménologique de Schütz.

Selon Maffesoli, la société postmoderne se caractérise par la fatigue des modèles normatifs placés dans le passé (histoire) ou dans le futur (utopie).  C'est à partir de là que commence la "conquête du présent". Le postmoderne se méfie de l'échelle, tant la temporelle que la sociale, et ne s'intéresse pas à ce qui s'est passé avant et à ce qui se passera après. Le postmoderne se concentre sur l'instant, sur le proche et le très proche, sur le maintenant. C'est ainsi qu'apparaissent les topoï de la nouvelle sociologie : "micro-événement", "réalisation de l'utopie ici et maintenant", "célébration", "localité". Les logèmes du Tout-Monde situent les scénarios de la "grande société" (qui peut comprendre aussi bien des tribus archaïques que des civilisations technologiques modernes) à un niveau micro, en les jouant à l'échelle d'une pièce ou d'un écran d'ordinateur. Le quotidien devient épique, grandiose. La signification des événements banals est hypertrophiée et la routine devient une fête. La rationalité devient de plus en plus locale, gérant des opérations individuelles et simples, mais refusant d'aller vers la généralisation. Ce que les postmodernes considèrent comme "acquis" - réseaux WiFi partout, téléphones portables, Mac Do au coin de la rue, etc. - est bizarre et isolé, fragmentaire par nature.

logique-de-l-assentiment-dire-oui-a-la-vie.jpg

Sur la toile de fond de ce déchiquetage du logos en poussière de logos, Maffesoli saisit la montée du mythe et, en particulier, du mythe de Dionysos. Cette observation est extrêmement importante, car elle montre que la perte, dans la postmodernité, de l'emprise du grand logos et la montée critique du nihilisme sont compensées par la montée de l'inconscient - et plus précisément des structures du nocturne.

Le schéma sociologique de Maffesoli est le suivant : le logocentrisme de la Modernité (qu'il appelle ironiquement "Post-Médiévalisme") et des formes sociales qui l'ont précédée s'est épuisé, et un nouveau recours au mythe est en cours. Mais ce recours a, et Maffesoli en convient, un caractère pathologique, car il est lié à l'expulsion complète du mythe du domaine de la conscience qui l'a immédiatement précédé, ce qui comprime le ressort du dénominateur au point qu'il se détache. Maffesoli l'illustre dans une interview en évoquant la recrudescence des meurtres en série en Occident et, surtout, aux États-Unis. Il souligne que les tueurs en série, en tant que phénomène social, prospèrent dans les sociétés où la sécurité - et donc la stérilisation de l'agressivité - est élevée au rang de valeur suprême. Maffesoli cite l'exemple des infections "nosocomiales", c'est-à-dire les infections ou, plus largement, les maladies qu'une personne contracte lorsqu'elle est admise dans une clinique pour le traitement de maladies tout à fait différentes. La société moderne, en particulier la société américaine, recherche l'asepsie totale dans le domaine de la violence, veut la guérir dans toutes ses manifestations. Cela conduit à une concentration compensatoire de la violence sporadique en certains points, sous des formes hypertrophiées. La violence contemporaine est "nosocomiale", elle naît d'une volonté excessive de l'éradiquer. Le processus même de traitement devient la source et la cause de la maladie.

Ainsi, le logème, en tant qu'aspiration à rationaliser les moindres aspects de la vie d'un individu, fait revivre les élans dionysiaques du mythe nocturne. Dans la postmodernité, on peut dire que le mythe revêt un caractère nosocomial, traversant des logèmes auxquels il peut se soustraire plus facilement que les structures plus totales et vigilantes de la logistique. Le mythe perce alors que le logème l'a assimilé au néant.

Postmodernisme des jeunes et "langue albanaise"

Maffesoli pense que la société européenne contemporaine existe sur deux registres. Au niveau de l'élite et de l'intelligentsia, elle pense en termes de modernité et de récits libéraux et parfois sociaux-démocrates. Pour les élites, la société est toujours là, elles vivent dans le Moderne. Mais les masses et surtout les masses de jeunes, qui ont cessé de comprendre les "grands récits", se plongent volontiers dans l'élément dionysiaque de la décomposition et de la défragmentation sociales, en se regroupant dans de petits collectifs (entreprises), en dehors desquels le monde et la société existent de manière devinatoire et probabiliste. Les jeunes ne sont plus modernes, ils ne comprennent pas le discours de la modernité. Les jeunes sont postmodernes, équilibrant le jeu ironique du logème et s'élevant à partir d'images et de mythes nocturnes inconsciemment disparates. D'où le désir des jeunes de déformer le langage, d'inventer un nouvel argot destiné à détruire les normes grammaticales. Du point de vue du logos, ce sont de pures erreurs. Mais du point de vue du mythe, il s'agit d'une tentative de recréer la rhétorique dans sa qualité fondamentale - en tant que langage de la logique parallèle, langage du mythe.

L'internet et le livejournal en fournissent de nombreux exemples. La "langue albanaise" qui a circulé sur l'Internet russe et qui était extrêmement populaire dans le Live Journal il y a quelque temps, en est un exemple parfait. Les expressions "preved", "krosavcheg", "afftar zhot", etc. sont pleines de mythes vagues mais expressifs, d'exclamations qui se situent entre une syllabe (ordonner le microcosme environnant avec de tels grognements sur Internet, augmenter l'humeur, assurer l'appartenance collective à la communauté Internet, etc. La langue "albanaise" est une découverte spontanée du pouvoir de la katahreza, qui est le trope le plus important du nocturne.

40ce848ee16a3595b9b8e5938fad78d3.jpg

Réseaux et logiques

La fixation sur les lieux, particulièrement évidente dans le milieu de la jeunesse, nous permet de comprendre la structure de la société en réseau, qui est une caractéristique de la postmodernité.

Le réseau n'est pas centré. Il se déploie simultanément à partir de plusieurs pôles, et ces pôles peuvent apparaître et disparaître, passer de l'un à l'autre, se multiplier ou se réduire. Le sens du pôle réseau - le serveur - est qu'il est toujours local, c'est-à-dire situé dans un espace restreint, proportionnel au logem. Le pôle est organisé autour d'un corps singulier et son plus simple rampe. En même temps, il peut se constituer autour d'une émotion, d'une humeur ou d'une image unique. Les réseaux les plus larges se développent autour d'une seule expression - le réseau "albanais" "Preved, Medved" ou le faux mouvement de sanglots des adolescents Emo. Les réseaux plus complexes - bikers, break-dancers, skinheads, etc. - sont moins répandus, précisément en raison de la complexité de leurs protocoles de réseau. Plus le protocole est proche de l'embouteillage, plus le réseau a de chances de se déployer à grande échelle.

Lorsqu'un pôle de réseau apparaît, il commence à se développer une industrie qui exploite ce pôle. C'est ainsi que se déploient des réseaux superposés de biens collatéraux, de services, d'émissions, de fabrication de gadgets et de badges, de places de marché et de centres de distribution, jusqu'à l'élaboration et la promulgation de la législation gouvernementale. Le nombre de pôles est théoriquement illimité, et tout logème - c'est-à-dire l'effort d'un individu en voie de désintégration pour faire face à un monde qui s'essouffle - a une chance de devenir un tel pôle, de déployer un réseau autour de lui, ou de s'insérer dans des réseaux déjà existants. Ces deux actions, l'émergence du pôle et la connexion aux réseaux existants, ne feront à terme qu'un seul et même geste: chaque nouvel utilisateur du réseau devient en même temps un nouveau portail, un nouveau "serveur". Non seulement il peut regarder l'émission de téléréalité en direct, mais il peut montrer l'émission de téléréalité depuis son siège devant son ordinateur, et tous les utilisateurs du réseau peuvent alors le voir assis devant l'écran en train de regarder quelqu'un d'autre assis devant l'écran en train de regarder... Et ainsi de suite pendant un certain temps. Vous pouvez faire une grimace ou rire pour changer. C'est ainsi que naît une nouvelle (post)société en réseau, minimaliste.

001286824.jpg

L'ombre de Dionysos

L'observation de Maffesoli sur le retour du mythe par le biais d'une nouvelle idiotie juvénile (idiotie du côté logique) nous amène à une conclusion extrêmement importante sur la structure du postmoderne. Du côté du logos, le postmoderne représente le nihilisme et la fragmentation critique du porteur du logos au niveau du logème. Pourtant, il n'est rien d'autre que le déploiement du programme moderne à son stade le plus élevé, et donc la poursuite du travail commencé par le mythe diurne à l'époque archaïque. La plupart des philosophes postmodernes n'ont nullement cherché à revenir au mythe ou à réduire la modernité à un malentendu temporaire. Au contraire, ils voulaient "éclairer les Lumières" (Horkheimer), achever la mission de la modernité qu'elle n'avait pas accomplie. Le postmodernisme n'est pas destiné à préparer le retour du mythe, mais à se libérer enfin du mythe dans toutes ses variations - jusqu'à celles qui subsistent dans le logos, la logique, et même la logistique. Le programme officiel du postmoderne n'est donc que logème et, à l'extrême, le néant ; un logème en interaction avec le néant. Cette dichotomie "logème versus néant" est la dernière édition du dualisme diurne - le héros regardant la mort en face (aujourd'hui elle s'exprime comme "le jeune homme buvant une bière dans le métro" ou "la dame dans le solarium"). L'homme post-moderne, le post-humain, est une micro-rationalité entourée d'un désert tentaculaire. Ce n'est plus l'homme et la mort, mais un morceau d'homme, un organe séparé et le fait d'être séparé du reste, le reste étant perçu non pas comme "tout", où l'on peut s'intégrer, mais comme rien, où l'on ne peut pas s'intégrer. Le destin de la fracture dans le postmoderne est la tragédie de la prothèse jetée; la prothèse qui, pour un moment, a reçu un quantum de conscience. Le salut se trouve dans les drogues, les relations sexuelles non conventionnelles, l'infection précoce par le HIV et la possibilité de "mourir jeune" (par exemple dans un accident de voiture). Il n'y a aucune perspective de grandir, il n'y a pas d'avenir (no future est un slogan punk des années 80). D'où une anthropologie juvénile, théoriquement étendue à tous les âges, et un refus de grandir dans la société occidentale (où l'on voit de plus en plus de grands-parents s'habiller et se comporter comme des adolescents).

Ce nihilisme actif est le programme positif du postmoderne dans sa dimension logique. En outre, avant que cet idéal puisse être réalisé, il est suggéré que l'effort soit consacré à la lutte contre les vestiges du "totalitarisme" dans la modernité elle-même, qui empêchent la réalisation de cet "idéal".

Mais si nous reconnaissons la justesse des thèses de Maffesoli, nous voyons l'ensemble du tableau de l'autre côté. L'affaiblissement du logos, sa pulvérisation permet aux mythes refoulés et réprimés - surtout les mythes nocturnes, moins visibles et plus souples - de surgir progressivement de l'inconscient et de pénétrer le numérateur sous le masque du "néant", d'une part, et sous l'apparence d'un logos "très faible", d'autre part. Les mythes nocturnes offrent leur aide à la fracture locale tant pour ordonner le chaos ambiant que pour régler les relations avec le néant, qui peut être euphémisé. Ce faisant, l'activité du logème devient extatique et le néant devient doux. C'est l'"ombre de Dionysos" dont parle Maffesoli. Le mythème nocturne pénètre invisiblement le logème et le transforme en quelque chose d'autre. Dans ce cas, le postmoderne devient un "retour du mythe".

9782262029944.jpg

Mais une telle perspective, surtout si l'on considère la vigilance négative générale du postmoderne à l'égard du diurne, soumis à l'asepsie, ne peut que conduire à la dissolution douce de la société dans le promiscuité du "royaume des mères" (que recherchait le Faust de Goethe), et donc à l'immersion de la société dans l'inconscient, dans le mythe, et dans son hypostase nocturne. Il pourrait donc s'agir à la fois de la fin de ce cycle diurne et du prélude du suivant. - Ces hypothèses ont été envisagées par les sociologues P. Sorokin, G. Durand, Ch. Lalo, etc., qui pensent que la société moderne européenne (et mondiale) est en train d'achever sa prochaine étape (sensuelle, dionysiaque, postclassique, etc.) et qu'à travers une série de chocs, de crises et de catastrophes, une nouvelle humanité, avec des attitudes sociales complètement différentes ("le retour des anciens dieux" ou un nouvel "ordre idéationnel"), apparaîtra à la place de l'humanité actuelle.

Postmoderne et archéo-moderne dans la mondialisation

Une autre implication importante de l'analyse de Maffesoli sur le postmoderne en sociologie est la possibilité de corréler les principes du postmoderne proprement dit (au sens étroit, la perspective du logos) et de l'archéomoderne. Dans le processus de mondialisation, comme nous l'avons montré, le postmoderne globalisant se superpose à l'archéomoderne localisant. Il s'agit d'une observation structurelle importante car elle décrit l'essence du réseau. Le réseau intègre au niveau des logèmes (postmodernes) des pôles locaux (serveurs) ayant la nature de l'archéomoderne (c'est-à-dire consistant en un logème flou déjà saturé de mythes nocturnes ascendants). Le logème global (le globalisme proprement dit en tant que projet d'un seul monde, "un seul monde" avec "gouvernement mondial", "parlement électronique mondial", etc.) intègre un nombre arbitraire de demi-logèmes-semi-mythes locaux au niveau des liens faibles. Tous sont échangés horizontalement et verticalement par des infraèmes, des quanta d'informations sans signification, qui créent une simulation d'action et de processus, en l'absence de toute progression ou accumulation (la voie "vers l'avant" a déjà été bloquée par un énorme néant). L'archéomoderne ne comprend pas le logème global et n'en est pas du tout solidaire. Il vit dans le "monde de la vie" minimisé de Schütz, dans une "conspatialité" de plus en plus virtuelle et une "contemporanéité" bizarre. Et c'est là qu'a lieu la montée non censurée et relativement libre des mythes nocturnes. L'archéomoderne est le point où le mythe s'infiltre dans le logos de la structure de la société en réseau.

Le réseau lui-même est la dernière édition du logos, mais ce qu'il intègre, ce sont les agglomérats contradictoires et monstrueux de la modernité non digérée, mélangés à des fragments de mythe qui n'ont pas été enlevés. Les portails, qu'il s'agisse d'initiatives individuelles de mise en réseau ou de pays entiers, sont presque toujours archéomodernes, c'est-à-dire mi-logème, mi-mythique. Le fait qu'ils soient prêts à s'intégrer dans un réseau mondial avec un protocole commun est la preuve de leur soumission au projet mondialiste intégrateur du postmoderne (du côté du logos). Mais le fait qu'ils ne vont pas suivre la voie du logos et de la modernisation, et qu'ils ont au contraire l'intention d'introduire dans le réseau toutes les contradictions et toutes les incongruités de leur modernisation inachevée, combinées à la structure déjà déconstruite du mythe, témoigne de la perspective d'une masse croissante d'éléments mythologiques qui s'accumulent constamment dans le réseau. Et si, dans un premier temps, ces éléments seront certainement des mythes grotesques, fragmentés, chaotiques, à un moment donné, selon le principe du chreod, ils commenceront à former des constructions mythologiques plus ordonnées à partir d'une certaine saturation. Peut-être qu'à un moment donné, rien ne prendra les contours de la "grande mère", de la "baba dorée" cultuelle...

Références :

Делез Ж.  Ницше. СПб:Аксиома, 2001.

Дугин А.Г. Археомодерн. М.: Академический проект, 2022.

Дугин А.Г. Логос и мифос. Социология глубин. М.: Академический проект, 2010.

Дугин А.Г. Обществоведение для граждан Новой России. М.: Евразийское движение, 2007.

Дугин А.Г. Поп-культура и знаки времени. СПб.: Амфора, 2005.

Дугин А.Г. Постфилософия. Три парадигмы в истории мысли. М.: Евразийское движение,  2009.

Дугин А.Г. Радикальный субъект и его дубль. М.: Евразйиское движение, 2009

Дугин А.Г. Социология русского общества. М.: Академический проект, 2011.

Дугин А.Г. Этносоциология. М.: Академический проект, 2012.

Маффесоли М. Околдованность мира или божественное социальное // СОЦИО-ЛОГОС. – М.: Прогресс, 1991.

Рэнд А. Атлас расправил плечи. М.: Альпина,2018

Сартр Ж. П. Бытие и ничто: Опыт феноменологической онтологии. — М.: Республика, 2004.

Gilbert-Durand-300.jpg

9782130651673-475x500-1.jpg

Durand G. Les Structures anthropologiques de l'imaginaire. P.:  P.U.F., 1960.

Durand G. L'Imaginaire. Essai sur les sciences et la philosophie de l’image. P.:Hatier, 1994.

Durand G. Introduction à la mythodologie. Mythes et société.P.:  Albin Michel, 1996.

7c78c433fd8dd8660c005edc2bde489215b19099c6a7dc307224554b01fd1031.png

712d0q2UgJL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

Maffesoli M. Apocalypse, Paris: CNRS, 2009.

Maffesoli M. La crise n'existe pas. [http://www.amateur-idees.fr/Michel-Maffesoli-La-crise-n-existe]

Maffesoli M. L’Ombre de Dionysos. Contribution à une sociologie de l’orgie. P.: Méridien/Anthropos, 1982

Maffesoli M. La Conquête du présent. Pour une sociologie de la vie quotidienne. P.: PUF,  1979.

Maffesoli M. La Dynamique sociale. La société conflictuelle . Thèse d'Etat. Lille: Service des publications des theses, 1981.

Maffesoli M. Le Temps des tribus. P.: Meridiens Klincksieck, 1988.

Robertson R. Globalization: Social Theory and Global Culture. London;Newbury Park Calif. : Sage Publications, 1992.

Schütz A. Der sinnhafte Aufbau der sozialen Welt. Eine Einleitung in die verstehende Soziologie. Wien: Springer-Verlag, 1932.

 

19:31 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, postmodernité, alexandre douguine | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 20 juin 2023

Pressions américaines sur l'Italie: vers l'abandon de la Nouvelle Route de la Soie?

beltt.jpg

Pressions américaines sur l'Italie: vers l'abandon de la Nouvelle Route de la Soie?

Giulio Chinappi

Source: https://giuliochinappi.wordpress.com/2023/05/25/pressione-degli-stati-uniti-sullitalia-verso-labbandono-della-nuova-via-della-seta/

Au nom de sa soumission aux États-Unis, le gouvernement italien pourrait renoncer à participer à la BRI, la Nouvelle route de la soie chinoise, au détriment de sa propre économie. Vous trouverez ci-dessous la traduction de l'article de Fabio Massimo Parenti pour le Global Times.

Les médias étrangers et nationaux ont fait état du dilemme de l'Italie concernant le renouvellement de l'accord sur l'initiative Belt and Road (BRI, connue en italien sous le nom de Nouvelle route de la soie, ndt) proposée par la Chine, que le pays a signé en mars 2019. Comme le rapporte le Financial Times, l'accord quadriennal de participation à la BRI "contient une disposition inhabituelle de renouvellement automatique à son expiration en mars 2024, à moins que Rome ne notifie formellement à Pékin son intention de se retirer trois mois plus tôt".

Sansrit.jpg

Le Premier ministre italien Giorgia Meloni, soutenu par une coalition de droite au Parlement, a qualifié la décision de signer l'accord de "grosse erreur" lors de la dernière campagne électorale. Toutefois, son approche de la Chine a commencé à changer en décembre dernier, après sa rencontre avec le président chinois Xi Jinping en marge du sommet du G20 à Bali.

En près d'une heure d'entretien, Mme Meloni et M. Xi ont convergé sur plusieurs points de discussion, à commencer par le rééquilibrage du commerce bilatéral: l'Italie doit exporter davantage de biens et de services vers la Chine pour consolider la reprise post-Covid et répondre à la demande du marché intérieur chinois, en proposant des produits de consommation de plus en plus haut de gamme, afin de satisfaire les besoins d'une classe moyenne en plein essor.

Cependant, malgré les avantages évidents du renforcement des relations économiques entre la Chine et l'Italie (la BRI s'est avérée être une initiative inclusive, pragmatique et fructueuse), Rome semble être victime de sa limitation endémique de la souveraineté en raison de sa dépendance non écrite à l'égard des États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En tant que seule véritable puissance méditerranéenne en Europe, l'Italie a traditionnellement fait l'objet d'une surveillance particulière en raison de sa position privilégiée. Par conséquent, quelles que soient les "couleurs" du gouvernement, sacrifier les intérêts nationaux italiens sur l'autel des contraintes géopolitiques, agissant sous la forme d'une ingérence extérieure, pourrait être une option. Par conséquent, il n'est pas surprenant que, selon Bloomberg, Meloni exposerait sa volonté de rompre l'accord avec la Chine lors d'une réunion avec le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Kevin McCarthy.

3d645586-5434-11e9-a3ae-f2742b367090_1320x770_012849.JPG

Sous le premier gouvernement Conte (2018-19), composé du Mouvement cinq étoiles populiste de gauche et de la Ligue souverainiste de droite, l'Italie a cherché à mener une expérience politique inhabituelle dans le but de relancer l'économie italienne après sept années d'austérité financière dans le cadre du pacte de stabilité et de croissance de l'UE. La volonté de ce gouvernement était de restaurer le pouvoir de négociation de l'Italie vis-à-vis des institutions supranationales - l'UE et l'OTAN. Comment cela s'est-il passé ? Se tourner vers les BRICS était une option pour diversifier les vecteurs du commerce extérieur et de la politique étrangère de l'Italie. Ainsi, le choix de signer l'accord BRI a fait de l'Italie le seul pays du G7 à rejoindre le mégaplan chinois, ce qui a été sévèrement critiqué par les alliés.

Le deuxième gouvernement Conte (2019-21), soutenu par le Mouvement 5 étoiles et le PD, s'est principalement consacré à la lutte contre la pandémie : c'était la priorité et il n'y avait pas assez de place pour discuter correctement de la politique étrangère. La guerre en Ukraine a changé beaucoup de choses. L'appel à l'unité lancé par l'administration Biden a ravivé le rôle de l'OTAN et son récit, faux mais puissant, de la confrontation entre démocraties et autocraties, exerçant une pression maximale sur les alliés européens.

Sansmbtitre.jpg

Les milieux d'affaires italiens sont aujourd'hui très inquiets. Après avoir subi d'énormes dommages liés à la hausse des prix de l'énergie et à l'impact dévastateur du conflit Ukraine-Russie sur l'économie européenne, les entreprises italiennes craignent une possible détérioration des relations Italie-Chine, à l'heure où l'on enregistre un nombre record d'exportations vers la Chine (92,5 % au premier trimestre 2023 par rapport à l'année précédente). "Un éventuel retrait conduirait à un refroidissement des relations bilatérales à un moment historique où les entreprises et les professionnels connaissent une frénésie et un désir de revenir sur le marché chinois", a déclaré Mario Boselli (photo, ci-dessus), président de l'Italy China Council Foundation, au Financial Times.

Malheureusement, les médias omettent aujourd'hui les principes de base de la BRI, son potentiel et ses succès. En outre, il convient de mentionner que le protocole d'accord non contraignant entre l'Italie et la Chine (ainsi que 151 pays dans le monde, dont de nombreux pays européens) a déjà été boycotté par le gouvernement Draghi. Si les résultats des premières années semblent limités, cela est dû à un manque d'engagement de la part de l'Italie, une attitude d'auto-boycott entreprise par l'Italie, et non par la Chine. La pression exercée par l'Italie sur l'initiative de coopération régionale n'est liée qu'à l'agenda stratégique des États-Unis et à leurs intérêts, et non à ceux de l'Italie. Si l'Italie ruine ses relations avec la Chine, ce sera une démonstration claire de la faiblesse politique du gouvernement italien, justifiée par l'attitude idéologique des autres.

 

Copyleft © Tout le matériel de notre site est librement reproductible et seule la mention de la source et du lien original est requise.

Sidney Gottlieb, l'homme qui rêvait de contrôler l'esprit

gottlieb-final.png

Sidney Gottlieb, l'homme qui rêvait de contrôler l'esprit

Emanuel Pietrobon

Source: https://it.insideover.com/schede/storia/sidney-gottlieb-l-uomo-che-sognava-di-controllare-la-mente.html

Il est impossible de comprendre pleinement la recherche (militaire) la plus longue, la plus ambitieuse et la plus obscure jamais menée sur l'esprit humain, MKULTRA, qui inspire et guide la plume des écrivains et des scénaristes d'Hollywood et des environs depuis des décennies - pensez à Stranger Things -, sans écrire et parler des savants fous, parfois comiques, qui en ont fait partie.

Faire le portrait des visionnaires, et parfois des criminels, des psychiatres, des ingénieurs sociaux et des psychostratèges qui ont façonné l'art de la propagande, c'est-à-dire du lavage de cerveau, à leur image et à leur ressemblance, c'est illustrer leurs motivations profondes, interpréter leurs exploits et, par extension, plonger dans les méandres d'un thème qui ne cessera jamais d'être central: la manipulation de l'opinion publique.

Tout comme raconter Edward Bernays, c'est comprendre le pouvoir et le potentiel de l'ingénierie sociale en temps de paix et de guerre, dans des contextes publicitaires et sur des théâtres d'opérations secrètes - comme le Guatemala de Jacobo Árbenz Guzmán -, se plonger dans la figure du plus anonyme Sidney Gottlieb revient à retracer l'histoire, et les horreurs, du MKULTRA.

image_processing20210721-27882-clx4ay.jpg

Une passion pour la vivisection de l'esprit

Sidney Gottlieb est né dans le Bronx le 3 août 1918. Fils de deux immigrés hongrois de confession juive, Gottlieb est un enfant prodige passionné par le corps humain et la nature, dont il veut étudier le fonctionnement et la manière dont ils interagissent et s'influencent mutuellement.

Après avoir suivi des cours spécialisés à l'université Arkansas Tech, il s'inscrit à l'université du Wisconsin. Dans cette dernière, il entre dans les bonnes grâces d'Ira Baldwin, professeur et conseiller officieux du gouvernement fédéral en bactériologie, dont la recommandation lui permet d'entrer au California Institute of Technology.

En 1943, en moins d'une décennie à l'université, Gottlieb est titulaire d'une maîtrise et d'un doctorat, tous deux décernés avec distinction, et a fréquenté trois universités avec d'excellentes notes. Un cursus précieux, construit à partir de rien, qui reflète son intelligence hors du commun et ses multiples facettes, allant de la botanique à l'agriculture et de la bactériologie à la psychologie. Un cursus qui lui ouvrira toutes grandes les portes de la Central Intelligence Agency.

masidgottfault.jpg

Dans les programmes de la CIA

Les recherches et les intérêts personnels de Gottlieb, en particulier les effets des champignons, des alcaloïdes et des hallucinogènes sur l'esprit, le conduiront en quelques années du ministère de l'Agriculture à la CIA. C'est dans cette dernière, en pleine révolution impulsée par Dulles, qu'il entrera en 1951 grâce à la recommandation de son mentor, Baldwin.

Au début des années 1950, à l'aube de la guerre froide, l'ancien étudiant et l'ancien professeur travailleront côte à côte au développement de programmes militaires pionniers et en partie complémentaires : bactériologiques, biologiques, chimiques, psychologiques et psycho-chimiques. Baldwin serait resté à Fort Detrick, car il s'était spécialisé dans les bio-guerres, tandis que Gottlieb se serait vu confier l'honneur d'ouvrir la voie à la recherche sur l'esprit, poussé par l'afflux de scientifiques nazis sauvés lors de l'opération Paperclip - tels que Kurt Plötner.

C'est l'époque de la peur des rouges, du maccarthysme, du procès d'Hollywood, de la paranoïa anticommuniste qui règne dans les salles de contrôle, et la CIA, inspirée par les sommités nazies venues dans les fourgons de l'Opération Paperclip, croit avoir trouvé la solution pour imperméabiliser la société américaine, la rendre insensible à l'appel de la faucille et du marteau : le contrôle des esprits.

Gottlieb a été intégré au projet BLUEBIRD, mis en place pour expérimenter de nouvelles techniques d'interrogatoire et de manipulation comportementale sur des prisonniers. Bientôt, sur ordre de Dulles, il sera élargi, tant en termes de dépenses que d'objectifs, et prendra le nom d'Artichaut.

Grâce à la relation d'amitié et d'estime nouée avec Dulles, Gottlieb aura carte blanche au sein des programmes mentaux: reprise des recherches sur le mythologique sérum de vérité - datant de l'époque de l'OSS (l'ancêtre de la CIA), mais abandonnées en raison de leur contre-productivité -, expériences psychologiques, expériences sur la marijuana, la cocaïne, l'héroïne, la mescaline, le LSD.

Gottlieb, un enquêteur hétérodoxe, avait l'habitude de tester sur lui-même ses propres infusions neuro-stupéfiantes. C'est en testant le diéthylamide de l'acide lysergique, vulgairement appelé LSD, que Gottlieb a découvert son potentiel d'amplification (et de manipulation) sensorielle, ouvrant ainsi la voie à son autorisation dans les programmes militaires et au développement d'armes biologiques à base de psychédéliques à Fort Detrick.

project-mind-controlsidney-gottliebdie-cia-und-das-lsd-wie-d_1183486.jpg

L'avènement du MKULTRA

En 1953, après avoir convaincu son ami et collègue Dulles, Gottlieb a assisté à la naissance d'un nouveau programme de recherche, beaucoup plus substantiel, étendu et ambitieux que ses prédécesseurs, à savoir le MKULTRA. Il s'agit d'un programme gigantesque, conçu dans le but d'infiltrer la sphère émergente de la "guerre des cerveaux" - selon l'expression de Dulles -, impliquant des milliers de scientifiques, divisé en une série de sous-projets et mis en œuvre à l'échelle internationale.

Certains des psychiatres et scientifiques les plus controversés de l'époque ont été intégrés au programme, sur la recommandation de Gottlieb, tels que Donald Ewen Cameron - précurseur de la conduite psychique -, Harris Isbell et Frank Olson. Ce dernier, un bactériologiste appelé directement de Fort Detrick, serait mort dans des circonstances mystérieuses quelque temps après avoir été engagé. Mort par suicide, officiellement. Suicide, parce qu'il était bouleversé par les recherches inhumaines du programme, pour les plus sceptiques.

En 1955, après seulement deux ans d'existence, le MKULTRA était devenu le couvercle d'une marmite à l'intérieur de laquelle se trouvaient environ 150 sous-projets, allant du contrôle mental aux armes biologiques, la plupart d'entre eux étant menés à l'étranger, entre le Canada et l'Amérique latine.

L'armée secrète du MKULTRA étudiait tout ce qui promettait de donner des résultats : composés organiques, drogues, hypnose, médias, objets divers, plantes. Gottlieb, conformément à sa formation chimico-botanique, travaillera simultanément sur deux types de projets : le contrôle de l'esprit et les armes chimiques. Grâce à son esprit hors du commun, des armes dignes du cinéma sortiront des laboratoires de MKULTRA: des stylos-plumes remplis de poison, des obus remplis d'explosifs et même, semble-t-il, des "candidats mandchous", c'est-à-dire des hommes transformés en automates programmés pour tuer sur commande.

Intouchable

En 1973, après une vie consacrée à l'étude de l'esprit humain, Gottlieb se retire dans un village reculé de Virginie, Culpeper, pour se consacrer à l'agriculture, à l'élevage, aux voyages et à des œuvres caritatives, notamment la gestion d'un lazaret en Inde.

Gottlieb continuera à recevoir la visite d'anciens collègues, à écouter les mises à jour des programmes mentaux et à prodiguer des conseils. Après une brève apparition devant la Commission ecclésiastique en tant que témoin, sous le pseudonyme de Joseph Schneider, Gottlieb disparaît finalement des feux de la rampe, qui n'ont pourtant jamais souvent été braqués sur lui.

Il meurt le 7 mars 1999, dans des circonstances inexpliquées - une possible crise cardiaque, ni confirmée ni démentie par son épouse -, dans l'indifférence de la grande presse et oublié par les juges qui avaient voulu punir les esprits et les bras du programme-scandale MKULTRA.

41w-Qfc2yUL._AC_SY1000_.jpg

Donnez-nous encore une minute de votre temps !

Si vous avez aimé l'article que vous venez de lire, posez-vous la question suivante : si je ne l'avais pas lu ici, l'aurais-je lu ailleurs ? S'il n'y avait pas InsideOver, combien de guerres oubliées par les médias le resteraient ? Combien de réflexions sur le monde qui vous entoure ne pourriez-vous pas faire ? Nous travaillons tous les jours pour vous offrir des reportages de qualité et des articles de fond totalement gratuits. Mais le journalisme que nous pratiquons est loin d'être "bon marché". Si vous pensez que cela vaut la peine de nous encourager et de nous soutenir, faites-le maintenant.

18:10 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, cia, mkultra, sidney gottlieb | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Pourquoi pleure-t-on Berlusconi en Russie ?

berlusconi-putin-690x362.jpg

Pourquoi pleure-t-on Berlusconi en Russie ?

par Giulio Chinappi

Source: https://www.ideeazione.com/perche-in-russia-rimpiangono-berlusconi/

En Russie, Silvio Berlusconi a toujours joui d'une excellente réputation grâce à sa politique d'ouverture à l'égard de Moscou et à son amitié personnelle avec Vladimir Poutine.

Le décès de Silvio Berlusconi a été largement commenté dans la presse étrangère, compte tenu du poids politique incontestable du personnage. Mais en Russie, l'événement a bénéficié d'une couverture médiatique particulière, enrichie par les commentaires du président Vladimir Poutine et d'autres membres importants des institutions du pays. Cela s'explique par la politique d'ouverture de Berlusconi à l'égard de Moscou, mais aussi par son amitié personnelle avec Poutine.

Quelques heures après la diffusion de la nouvelle de son décès, le dirigeant russe s'est exprimé sur la chaîne de télévision Rossija-24, interviewé par le journaliste Pavel Zaroubine. Au cours de l'émission, M. Poutine a salué le travail de l'ancien premier ministre italien dans le cadre du rapprochement entre la Russie et le bloc de l'OTAN : "Il a été l'initiateur du développement des relations entre la Russie et l'Alliance de l'Atlantique Nord. C'est avec sa participation que les mécanismes d'interaction pertinents ont été créés", a déclaré le président russe, affirmant que peu d'hommes politiques internationaux peuvent se vanter d'égaler Berlusconi. "Il est certain qu'il s'agissait d'un homme politique d'envergure européenne, voire mondiale. Il n'y a pas beaucoup de gens comme lui sur la scène internationale aujourd'hui".

Selon M. Poutine, M. Berlusconi s'est révélé être un grand ami du peuple russe, qui "a beaucoup fait pour établir des relations commerciales et amicales entre la Russie et les pays européens". En effet, bien que contraint par les chaînes de l'OTAN et de l'Union européenne, Berlusconi a toujours eu un œil sur la Russie, développant des relations économico-commerciales entre Rome et Moscou, notamment dans le domaine de l'énergie, en plus de ses relations avec Poutine lui-même. Et c'est aussi à cause de cette relation avec les dirigeants russes et des accords conclus avec Moscou, qui ont irrité Washington et Bruxelles, que Berlusconi a été victime d'un coup d'État subreptice qui s'est soldé par son remplacement par le technocrate Mario Monti.

Selon M. Poutine, Silvio Berlusconi "a apporté une contribution personnelle inestimable au développement de relations italo-russes mutuellement bénéfiques". "En Russie, on se souviendra de Silvio Berlusconi comme d'un partisan constant et convaincu du renforcement des relations amicales entre nos deux pays", a ajouté le président de la Fédération. M. Poutine a su reconnaître la capacité de M. Berlusconi à essayer de faire passer les intérêts de l'Italie (entendue toutefois comme sa classe dirigeante, et certainement pas les travailleurs) avant une génuflexion totale aux diktats de Washington, même s'il a dû céder en de nombreuses occasions, comme lorsqu'il a trahi un autre de ses amis célèbres, Mouammar Kadhafi, en contribuant à la destruction de la Libye. "C'était une personne inhabituelle pour un homme politique, car il était très sincère et ouvert, et il avait un privilège dont les hommes politiques de cette envergure ne jouissent pas. Ce privilège lui permettait de dire ce qu'il pensait", a déclaré M. Poutine dans son allocution télévisée.

L'ambassade de Russie en Italie a également évoqué la figure de Silvio Berlusconi. "C'était un grand homme d'État qui a profondément marqué les relations italiennes, mondiales et russo-italiennes. C'était un visionnaire, un homme de grande capacité et un homme au grand cœur", peut-on lire dans le message peut-être excessivement hagiographique publié par l'ambassade de la Fédération de Russie à Rome. Cependant, tout en gardant le silence sur les innombrables méfaits de l'ancien premier ministre italien, M. Poutine et l'ambassade de Russie ont mis l'accent sur des aspects réels de la carrière politique de M. Berlusconi.

Jusqu'au bout, Berlusconi s'est révélé être le seul dirigeant politique italien capable de donner une lecture objective et équilibrée de la crise ukrainienne, en soulignant les responsabilités de Volodymyr Zelens'kyj et en refusant la criminalisation de la Russie. Face à la servilité du reste de la politique italienne à l'égard de Washington, même quelques mots à contre-courant ne pouvaient que jouer un rôle positif dans la difficile tentative de réorientation de la politique étrangère nationale. En effet, sans la présence de Berlusconi, le plus probable est que le gouvernement actuel se montre encore plus soumis à la logique hégémonique de l'impérialisme nord-américain.

Cela signifie-t-il que nous devrions pleurer la disparition de Berlusconi ? Non, cela signifie plutôt qu'il n'y a jamais de limite au pire dans la politique italienne, et que ceux qui pensaient que les gouvernements de Berlusconi représenteraient le point le plus bas de l'histoire de la République italienne se faisaient des illusions.

Publié sur World Politics Blog

La tentation malsaine du "marxisme occidental"

4efee80f0fe848ac776fdec3ea011ff0.jpg

La tentation malsaine du "marxisme occidental"

par Greg Godels (*)

Source: https://www.sinistrainrete.info/marxismo/25743-greg-godels-la-malsana-tentazione-del-marxismo-occidentale.html

L'histoire du marxisme trouve son reflet dans celle de l'antimarxisme - les courants intellectuels qui se présentent comme le véritable marxisme.

Avant même que le marxisme ne constitue une idéologie cohérente, Marx et Engels ont consacré une partie souvent négligée de leur Manifeste communiste de 1848 à démolir les idéologies rivales qui aspiraient à représenter le véritable socialisme.

Alors que le mouvement ouvrier s'efforçait de trouver un système de pensée susceptible d'inspirer sa réaction au capitalisme, les idées de Karl Marx et Friedrich Engels ont progressivement gagné les travailleurs, les paysans et les opprimés. Cette victoire n'a pas été facile à remporter. Le libéralisme - l'idéologie dominante de la classe capitaliste - avait aidé la lutte des ouvriers et des paysans contre la tyrannie absolutiste.

Une fois le capitalisme et les institutions libérales consolidés, l'anarchisme - l'idéologie de la petite bourgeoisie désillusionnée - a commencé à défier le marxisme pour la direction du mouvement ouvrier. Cependant, les anarchistes, qui professaient contradictoirement un individualisme extrême et une démocratie utopique dérivée du capitalisme, tout en manifestant une haine féroce pour les institutions et les structures économiques du capitalisme, n'ont pas été en mesure d'offrir une issue viable à la lourde oppression capitaliste.

Avec la prise du pouvoir par le bolchevisme en 1917, le mouvement ouvrier s'est trouvé face à un exemple de socialisme authentique et existant, dirigé par des marxistes authentiques et avoués - un puissant phare montrant la voie à suivre dans la lutte contre le capitalisme.

La victoire de la révolution russe a consolidé le rôle du marxisme en tant que voie la plus prometteuse pour la majorité des exploités, et celui du léninisme en tant que seule idéologie victorieuse pour le changement révolutionnaire et le socialisme. Aujourd'hui encore, le léninisme reste la seule voie éprouvée vers le socialisme.

marx_fabbriche.jpg

Cependant, peu après la révolution, des "marxismes" rivaux sont apparus.

L'échec des révolutions européennes ultérieures en dehors de la Russie, en particulier la révolution allemande, a conduit au détachement de nombreux intellectuels, tels que Karl Korsch et György Lukács, qui ont émis l'hypothèse d'une voie différente et prétendument meilleure vers la révolution prolétarienne. Les critiques et les détracteurs du léninisme, forts du soutien matériel que leur apportaient divers bienfaiteurs, de leur nomination à l'université et de l'appui de nombreuses personnes désireuses de consommer la trahison de classe, ont ainsi commencé à se multiplier.

C'est surtout en Occident - en Amérique du Nord et en Europe - où la classe ouvrière était importante et se développait rapidement, que la dissidence, la trahison de classe et l'opportunisme sont apparus comme des forces perturbatrices au sein du mouvement communiste mondial - des forces que les classes dirigeantes capitalistes étaient heureuses de favoriser. Les jeunes, les travailleurs non qualifiés, les intellectuels en herbe et les éléments déclassés étaient particulièrement vulnérables aux sirènes de l'indépendance, de la pureté, de l'idéalisme et des valeurs libérales. L'argent, les opportunités de carrière et la célébrité étaient à la portée de ceux qui étaient prêts à vendre ce genre d'idées.

En réalité, tous les critiques du marxisme-léninisme - c'est-à-dire du communisme révolutionnaire - n'étaient pas ou ne sont pas de mauvaise foi ou sans mérite ; si nous voulons être honnêtes, nous devons cependant reconnaître qu'aucun véritable partisan du renversement du capitalisme n'a jamais pu aspirer à un rôle de premier plan, à la célébrité ou à la prédominance médiatique dans l'Occident capitaliste. Tout au plus peut-il constituer une curiosité, ou un pion exhibé pour sauver les apparences - une marionnette.

Et inversement, toute figure intellectuelle ou politique qui gagne effectivement en importance ou en influence ne peut constituer une véritable menace existentielle pour le capitalisme lorsque le chemin vers l'importance et l'influence est patrouillé par les gardiens du capitalisme.

Malgré cela, le mouvement syndical a toujours été en proie à des tendances idéologiques ou à des modes qui divisent et qui sont promues par des acteurs indépendants qui, intentionnellement ou non, se laissent exploiter par la classe capitaliste et jouent son jeu.

En Occident, il est presque impossible pour un jeune radical de résister à la tentation exercée par un véritable marché idéologique de théories prétendument anticapitalistes ou socialistes qui se disputent sa loyauté. Après la fin du socialisme réel et sans fioritures de l'Union soviétique, la désorientation de nombreux partis communistes et ouvriers a rendu cette concurrence des idées encore plus confuse.

Il est clair que le mouvement ouvrier, le mouvement socialiste révolutionnaire, a besoin d'être guidé pour échapper aux distractions, aux fausses théories et aux idéologies contrefaites. Le fait que des néophytes politiques se perdent dans une galerie marchande où l'on vend des idéologies spécieuses et fantastiques est une grande tragédie, surtout lorsque ces idées sont déguisées en marxisme.

* * * *

Heureusement, une nouvelle génération de penseurs marxistes défie les sirènes du faux marxisme, en particulier ce que l'on appelle le "marxisme occidental". Un article positif de Wikipedia offre peut-être la meilleure définition que l'on puisse souhaiter de cette expression : "L'expression désigne un ensemble peu cohérent de théoriciens qui ont promu une interprétation du marxisme qui diffère autant du marxisme classique et orthodoxe que du marxisme-léninisme soviétique". La définition ne pourrait être plus claire : le marxisme occidental peut être tout sauf le marxisme-léninisme qui a animé les partis révolutionnaires des travailleurs depuis la révolution bolchevique !

prashad_vijay.jpg

Le 21 novembre 2022, l'historien et journaliste marxiste Vijay Prashad a donné un séminaire à la Marx Memorial Library au cours duquel il a fustigé le marxisme occidental des années 1980 :

À cette époque, une attaque de grande envergure a été lancée contre le marxisme, menée par l'éditeur londonien New Left Books (aujourd'hui Verso Books), qui a publié Hegemony and Socialist Strategy d'Ernesto Laclau et Chantal Mouffe en 1985. Ce livre a prodigieusement exploité les travaux d'Antonio Gramsci pour lancer une attaque contre le marxisme et promouvoir ce que les auteurs ont appelé le "post-marxisme". Post-structuralisme, post-marxisme, post-colonialisme : tel est le ton dominant de la littérature académique produite dans les pays occidentaux depuis les années 1980... Surtout depuis l'effondrement de l'Union soviétique, notre capacité à contrer ce dénigrement du marxisme mené au nom du post-marxisme s'est avérée extrêmement faible... Lorsqu'ils [Laclau et Mouffe] parlent d'"agence", de "sujet", etc., ils montrent qu'ils ont essentiellement abandonné l'héritage interprétatif de l'économie politique, revenant à une époque pré-marxiste ; en fait, ils ne sont pas allés de l'avant, au-delà du marxisme, mais en arrière, à l'époque qui a précédé le marxisme. (Viewing Decolonisation through a Marxist Lens, publié dans Communist Review, hiver 2022/2023)

81SHWjpKp-L._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

718C+MHuAtL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

9781849351126.jpg

Prashad place les travaux influents de Hardt, Negri, Deleuze et Guattari dans la même veine post-marxiste.

Il dresse un bilan négatif du tournant multiculturaliste, car il a "essentiellement enlevé le mordant de la critique anticoloniale et antiraciste ; globalement, nous avons assisté à la montée de la pensée "postcoloniale" et même de la "décolonialité" - comme dans : nous examinons le pouvoir, nous examinons la culture, mais nous n'examinons pas l'économie politique qui structure la vie quotidienne et le comportement et reproduit la mentalité coloniale ; cela doit rester en dehors du débat...". C'est ainsi que nous sommes entrés dans une sorte de marécage académique dans lequel le marxisme, pour ainsi dire, n'avait pas le droit d'entrer".

Prashad aurait également pu citer l'intrusion dans le marxisme de la théorie du choix rationnel qui s'est produite dans les années 1980 - une analyse tout à fait gratuite de la théorie marxiste menée à travers le prisme de l'individualisme méthodologique et de l'égalitarisme libéral. Un représentant prestigieux de ce que l'on appelle aujourd'hui le "marxisme analytique" a entrepris de démolir le solide concept marxiste d'exploitation en "démontrant" que si l'inégalité est une condition initiale, il est logique que l'inégalité se reproduise - une déduction plutôt triviale, qui ne contribue guère à la compréhension de l'évolution historique du concept d'exploitation de la main-d'œuvre...

Prashad aurait également pu mentionner l'influence persistante exercée sur la théorie marxiste - dans les années 1980 et par la suite - par le relativisme postmoderne, qui vise à démolir complètement l'idée que le marxisme est la science de la société. Pour les postmodernes, le marxisme ne peut être au mieux qu'une interprétation rivale de la société parmi d'autres, qui a sa propre cohérence au sein des cercles marxistes, mais dont toute prétention à l'universalité est niée. Les postmodernes nient en outre la possibilité de parvenir à une théorie globale valable du capitalisme, à un "méta-récit" capable de retracer la trajectoire d'un système socio-économique. S'il n'est pas possible de souligner ici les défauts de cette théorie, on peut rappeler que la regrettée historienne marxiste Ellen Meiksins Wood a dénoncé cette tendance académique avec une grande clarté.

Rockhill_in_Paris,_2017.png

719i5CE0jdL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

51pvNR41hXL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

Une autre excellente critique contemporaine du marxisme occidental est offerte par les travaux de l'écrivain marxiste Gabriel Rockhill. Rockhill démolit habilement et radicalement l'école néo-marxiste de Francfort, et en particulier ses représentants les plus célèbres - Horkheimer, Habermas, Adorno et Marcuse - en démasquant ses liens avec divers sponsors. Ceux qui ont payé les factures ont obtenu des idéologies favorables en retour - un schéma que l'on retrouve souvent chez les partisans du marxisme occidental.

Rockhill démonte également sans pitié le faux marxiste le plus en vue actuellement, Slavoj Žižek. Dans un billet précédent, j'ai déjà eu le plaisir de faire l'éloge de la manière dont Rockhill a dégonflé le gigantesque ego de Žižek. Le démasquage de l'École de Francfort par Rockhill et la démolition du culte de Žižek constituent des lectures clés dans la bataille contre le marxisme occidental.

61bAwRcDLoL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

Plus récemment, le philosophe Carlos L. Garrido s'est engagé dans un duel ambitieux avec le marxisme occidental dans son livre The Purity Fetish and the Crisis of Western Marxism, Midwestern Marx Publishing Press, 2023. L'argument central de Garrido est l'idée qu'au cœur de l'attaque des marxistes occidentaux contre le marxisme-léninisme se trouve un "fétichisme de la pureté". Cette thèse pointue et originale encadre efficacement un trait commun à toutes les stars de l'anticommunisme de gauche occidental : de Friedrich Ebert à Slavoj Žižek, tous ces "marxistes" ont hypocritement insisté sur le fait que les révolutionnaires sont tenus d'adopter des normes de gouvernance démocratique, de perfection judiciaire, de non-violence et de perfection politique supérieures à toute réalité existant dans la société bourgeoise ou raisonnablement réalisable dans une société révolutionnaire qui ne soit pas purement fantaisiste.

Les marxistes occidentaux n'ont aucune difficulté à passer sous silence l'histoire criminelle du capitalisme en matière de génocide, de déni de démocratie et d'exploitation, tout en reprochant aux partisans de Fidel d'avoir réglé leurs comptes avec quelques centaines de tortionnaires de Batista. Ils déplorent les grands changements introduits par les communistes soviétiques et chinois dans l'agriculture pour éviter les famines fréquentes qui ravageaient leurs pays, au motif que ces changements ont malheureusement coïncidé avec de graves famines - comme si les grands changements positifs étaient capables d'échapper aux catastrophes naturelles, ce qui ne peut se produire que dans leur imagination.

Ils ferment les yeux sur les coûts humains imposés à l'humanité par la résistance des élites dirigeantes aux grands changements, tout en dénonçant les révolutionnaires qui aspirent à ces changements et osent œuvrer pour un avenir meilleur. Le marxisme occidental minimise les grands succès obtenus par le socialisme réel, tout en dénonçant sans relâche les erreurs commises dans la construction du socialisme. Garrido met clairement en évidence les erreurs et les souffrances qu'implique inévitablement la construction d'un monde nouveau, libéré des griffes impitoyables du capitalisme.

clg.jpg

L'auteur observe :

C'est le genre de "marxisme" que l'impérialisme aime - ce que l'agent de la CIA Thomas Braden appelait "la gauche compatible". C'est ce "marxisme" qui sert d'avant-garde à une contre-hégémonie contrôlée.

Le résumé est donc éloquent :

Pour les marxistes occidentaux, le socialisme est, pour citer Marx, une question purement académique. Ils ne s'intéressent pas à la lutte réelle, au changement du monde, mais à la purification incessante d'une idée, destinée à être débattue par d'autres marxistes enfermés dans leur tour d'ivoire et à servir d'étalon pour évaluer le monde réel. L'étiquette "socialiste" ou "marxiste" est simplement utilisée comme une identité contre-culturelle et "branchée", reléguée en marge de la société réelle. C'est à cela que se réduit le marxisme en Occident : une identité individuelle.

J'ajouterais qu'une autre tendance typique des marxistes occidentaux est d'investir massivement dans le socialisme des autres. Au lieu de se référer à la classe ouvrière de leur propre pays, les marxistes occidentaux s'engagent dans des luttes "ersatz" pour le socialisme par le biais de mouvements de solidarité, en choisissant les batailles les plus "pures" et en discutant par procuration des mérites des différents socialismes.

Garrido approfondit le thème du "socialisme en tant qu'investissement identitaire" :

    - Dans le contexte du traitement hyper-individualiste du socialisme en tant qu'identité personnelle mis en œuvre en Occident, la pire chose qui puisse arriver à ces "socialistes" serait, précisément, la réalisation du socialisme. Elle impliquerait en effet la destruction totale de leur identité marginale et contre-culturelle. Leur aliénation absolue des masses laborieuses de leurs pays peut être interprétée en partie comme une tentative de rendre les idéaux socialistes si marginaux qu'ils ne pourront jamais conquérir les travailleurs - et par conséquent ne pourront jamais conquérir le pouvoir politique.

    - La victoire du socialisme entraînerait une perte d'individualité, une destruction de l'identité du socialiste au sein du capitalisme. Le socialisme occidental est fondé sur une identité qui déteste l'ordre existant, mais qui déteste encore plus la perte d'identité qu'impliquerait le dépassement de cet ordre.

maxresdefaclgult.jpg

Garrido ne se contente pas de disséquer magistralement le marxisme occidental. En effet, il consacre également beaucoup d'attention à la critique du marxisme occidental à l'égard de la République populaire de Chine dans un chapitre intitulé "La Chine et le fétichisme de la pureté du marxisme occidental". Bien entendu, il a raison de déplorer la collaboration sans scrupules du marxisme occidental avec les idéologues bourgeois pour condamner toutes les politiques et initiatives mises en œuvre par la Chine populaire depuis la révolution de 1949. Comme dans le cas de l'URSS, toute évaluation honnête et raisonnée de la trajectoire de la Chine populaire ne peut que voir en elle - avec toutes ses limites - une étape positive dans le voyage de l'humanité vers le nécessaire dépassement du capitalisme.

En tant qu'anti-impérialistes, nous devons défendre le droit de la République populaire de Chine (et d'autres pays) à choisir sa propre voie.

Et en tant que marxistes, nous devons défendre le droit du parti communiste chinois à choisir sa propre voie vers le socialisme.

Cependant, Garrido va plus loin en se lançant dans une apologie passionnée mais partiale du socialisme chinois. Pour un partisan radical de la méthode dialectique, il s'agit là d'un curieux dérapage. Comme le souligne le prestigieux marxiste R. Palme Dutt, la question essentielle pour un matérialiste dialectique est "Où va la Chine ?", et non "La République populaire de Chine coïncide-t-elle ou non avec une forme pure et platonicienne de socialisme ?

Une évaluation plus équilibrée de la République populaire de Chine devrait tenir compte de l'importance de la base du Parti communiste, essentiellement composée de paysans, à l'époque de sa fondation, de sa relation avec le nationalisme chinois et des fortes tendances volontaristes qui caractérisent la pensée de Mao Zedong. Elle devrait tenir compte de la fracture qui s'est ouverte dans les années 1960 au sein du mouvement communiste mondial et du rapprochement de la Chine avec les éléments les plus réactionnaires du pouvoir américain dans les années 1970, couronné par l'aide matérielle honteuse apportée aux marionnettes américaines et sud-africaines pendant les guerres de libération de l'Afrique du Sud. La Chine populaire a financé Jonas Savimbi et l'UNITA pendant que des internationalistes cubains mouraient en les combattant, eux et leurs alliés de l'apartheid. Ce qui soulève la question suivante : la Chine populaire pourrait-elle faire davantage pour aider Cuba à faire face au blocus imposé par les États-Unis, comme l'Union soviétique l'a fait dans le passé ?

Une évaluation honnête devrait inclure l'invasion du Viêt Nam par la Chine populaire en 1979 et sa défense inconditionnelle des Khmers rouges. Tous ces éléments ne peuvent manquer d'avoir une incidence sur l'évaluation de la voie chinoise vers le socialisme.

Ces réalités inconfortables font qu'il est difficile de souscrire à l'affirmation de Garrido selon laquelle la République populaire de Chine a été "un phare dans la lutte anti-impérialiste".

827a8f740b85c142992b04d0b5460573.jpg

Aujourd'hui, bien sûr, la situation est tout à fait différente. Mon opinion personnelle est que les dirigeants du parti communiste chinois - pour reprendre une image typique du maoïsme classique - "chevauchent le tigre" d'un important secteur capitaliste. On peut débattre de la qualité de leur action, mais elle n'en est pas moins efficace. Il y a de nombreux signes prometteurs, mais aussi des signes inquiétants.

Quoi qu'il en soit, les camarades critiques ou sceptiques à l'égard de la voie chinoise ne méritent pas d'être sommairement jetés dans la poubelle du marxisme occidental.

Là où Garrido fait mouche avec son "fétichisme de la pureté", c'est dans son analyse de l'organisation socialiste aux États-Unis. L'auteur jette un regard critique sur le caractère de classe d'une grande partie de la gauche américaine, en soulignant sa matrice petite-bourgeoise et l'influence des idées petites-bourgeoises. Il identifie les vecteurs de ces idées dans le monde universitaire, les médias et les ONG. L'idéologie petite-bourgeoise trouve un soutien supplémentaire dans les entreprises à but non lucratif et, bien sûr, dans le parti démocrate.

La tendance petite-bourgeoise de la gauche américaine renforce son attitude hypercritique à l'égard des mouvements qui tentent de construire concrètement un avenir socialiste. Chaque fois que les socialistes ou les radicaux d'orientation socialiste sont confrontés aux énormes obstacles auxquels ils sont confrontés, de nombreux gauchistes les accusent d'être liés à des idéaux libéraux chevaleresques qui sont aussi irréalistes que garants d'échec. Garrido ridiculise l'insistance sur la pureté révolutionnaire : "...le problème est que les choses, dans le monde réel appelées socialisme, n'étaient pas vraiment du socialisme ; le socialisme en réalité est cette idée merveilleuse qui existe sous sa forme pure dans mon esprit...".

Le fétichisme de la pureté des classes moyennes infecte les radicaux qui méprisent les travailleurs en les qualifiant d'"arriérés" ou de "misérables". Garrido contrecarre cette obsession de la pureté en recourant à une magnifique citation de Lénine : "Nous pouvons (et devons) commencer à construire le socialisme non pas avec un matériel humain fantastique, spécialement créé, mais avec le matériel que le capitalisme nous a légué".

Sur la question du vote de la classe ouvrière en faveur de Trump, Garrido n'écarte pas la gauche américaine : ...elle ne réalise pas qu'implicitement, dans ce vote, il y a un désir de quelque chose de nouveau, quelque chose que seul le mouvement socialiste pourrait offrir - certainement pas Trump ou un quelconque parti bourgeois. Au contraire, il ne voit dans ce bloc de la classe ouvrière rien de plus qu'une masse de racistes, une menace "fasciste" qui ne peut être vaincue qu'en renonçant à la lutte des classes et en rejoignant les démocrates. Aussi stupide que cela puisse paraître, c'est la ligne qui domine le mouvement communiste contemporain aux États-Unis.

maxrgarrdefault.jpg

Tous les gauchistes ne peuvent être blâmés pour cet échec, mais l'accusation fait mouche.

Enfin, Garrido critique la tendance d'une grande partie de la gauche américaine à rejeter sans appel toutes les tendances progressistes et les succès qui ont marqué l'histoire des États-Unis. De nombreux membres de la gauche minimisent les luttes héroïques menées tout au long de l'histoire des États-Unis en la dépeignant comme une succession ininterrompue de réaction, de racisme et d'impérialisme. Garrido met le doigt sur le problème lorsqu'il voit dans cette tendance un exemple de fétichisme de la pureté dans le négatif - en dénonçant chaque page de l'histoire américaine comme étant désespérément en faillite et bidon, "...les marxistes fétichistes de la pureté augmentent encore leur manque de pertinence dans la création des conditions subjectives de la révolution en s'isolant complètement des traditions que les masses américaines ont fini par s'approprier".

C'est sans doute vrai, mais il faut rappeler qu'il y a toujours un risque que l'histoire américaine soit célébrée avec tant d'ardeur que l'ardeur patriotique finisse par éclipser l'héritage de cruauté et de carnage sanglant qui pèse sur ce pays. Par exemple, à l'époque du Front populaire, le slogan "Le communisme est l'américanisme du 20ème siècle" promu par le dirigeant communiste Earl Browder signalait un surinvestissement dans l'américanisme en termes de justice sociale et un sous-investissement dans le communisme.

L'histoire et la tradition des États-Unis sont contradictoires, et un marxiste devrait toujours souligner cette contradiction - un héritage composé de changements sociaux grandioses et historiques et, en même temps, d'actes horribles et inhumains. Les origines de ce pays partagent un passé tragique de colonialisme et de colonisation avec des pays comme l'Australie et l'Afrique du Sud, en termes de génocides perpétrés contre les peuples indigènes. Les colons eux-mêmes ont introduit ou toléré l'exploitation brutale des Africains réduits en esclavage. Nous pouvons blâmer la classe dirigeante américaine, mais l'histoire des États-Unis est aussi faite de cela.

En même temps, la révolution américaine a été la plus radicale de son temps, et chaque génération successive a engendré un mouvement qui aspirait à corriger les erreurs du passé ou à élargir les horizons du progrès social. L'histoire du peuple américain est marquée par une guerre civile pour l'émancipation, l'élargissement du droit de vote, les conquêtes des travailleurs contre les entreprises, l'État-providence, les retraites et une myriade d'autres jalons.

En réfléchissant et en écrivant sur le bicentenaire de la Révolution française (Echoes of the Marseillaise), l'historien marxiste Eric Hobsbawm n'a pu s'empêcher d'être frappé par le peu d'influence que la Révolution américaine a eu globalement sur les changements sociaux du 19ème siècle. Selon lui, les réformateurs et révolutionnaires de l'époque étaient plus enclins à voir un point de départ "dans l'Ancien Régime français que dans les colons libres et les esclavagistes d'Amérique du Nord". Il ne fait aucun doute que la tache représentée par le génocide des peuples indigènes et l'esclavage brutal a influé sur cette attitude.

Eric_J_Hobsbawm-2003-DiarioElPais-2012.jpg

71xhGXwL4XL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

Les remarques de Hobsbawm soulignent en effet le caractère contradictoire du passé américain. Ce jugement ne dépend pas d'un "fétichisme de la pureté", mais de la réalité concrète et factuelle de l'histoire américaine.

Malgré cela, Garrido a raison de rappeler les nombreux révolutionnaires - Marx, Lénine, Mao, Ho Chi Minh, William Z Foster, Herbert Aptheker, Fidel et d'autres - qui se sont inspirés (et ont transmis) les victoires populaires et la résistance acharnée contre l'oppression des classes dominantes qui ont marqué l'histoire américaine. À cet égard, il cite à juste titre le rejet par le dirigeant communiste Georgi Dimitrov du nihilisme national, qui consiste à dénigrer toute manifestation de fierté et de réussite nationales. Chaque identité nationale contient en son sein une identité qui mérite d'être célébrée dans la mesure où elle résiste à l'oppression et lutte pour une vie meilleure. Les travailleurs doivent apprendre l'humilité nationale à partir des échecs passés et, en même temps, tirer une fierté nationale des victoires contre l'injustice. Une gauche qui n'accomplit qu'une seule de ces deux tâches, et non les deux, ne sera pas en mesure de gagner la classe ouvrière.

*

Le marxisme occidental - un marxisme scolaire, déconnecté de la pratique révolutionnaire - égare trop de compagnons de route potentiels, sincères et avides de changement, sur le chemin ardu du socialisme. Il est rafraîchissant d'entendre des voix s'élever pour dénoncer la nature stérile et obscurantiste de cette tromperie, tout en défendant la tradition du marxisme-léninisme et du communisme. Nous devons encourager et soutenir des marxistes comme Prashad, Rockhill et Garrido dans cette bataille.

(*) zzs-blg.blogspot.com

lundi, 19 juin 2023

Après la mort de Berlusconi: quel avenir pour la droite italienne?

berlusconi-trauerfeier-102.jpg

Après la mort de Berlusconi: quel avenir pour la droite italienne?

Source: https://zuerst.de/2023/06/19/nach-berlusconis-tod-wie-geht-es-weiter-mit-der-italienischen-rechten/

Rome. La mort de Silvio Berlusconi, quatre fois Premier ministre italien, ne sera pas sans conséquences sur le paysage politique italien. Les observateurs politiques estiment qu'il est probable que les électeurs de son parti "Forza Italia" se tournent à l'avenir vers les "Fratelli d'Italia" de Mme Meloni, chef du gouvernement actuel.

Actuellement, "Forza Italia", avec lequel Berlusconi a transformé en 1994 les démocrates-chrétiens, qui donnaient le ton depuis des décennies, en un parti dissident, est dirigé par le ministre des Affaires étrangères Tajani, qui est depuis 2018 vice-président du parti et coordinateur national du parti. Les deux autres partis de droite au pouvoir, "Fratelli d'Italia" de Meloni et la Ligue dirigée par l'ancien ministre de l'Intérieur Salvini, pourraient profiter de la migration prévisible des électeurs.

Sanfititre.jpg

"Forza Italia risque de disparaître, (...) au profit de la Ligue, mais surtout de Fratelli d'Italia", pronostique le professeur Lorenzo Castellani, politologue. "Si je devais parier aujourd'hui, les 8% de Berlusconi [obtenus lors des dernières élections législatives de septembre 2022 ; ndlr] iraient en grande partie à Meloni et seulement pour une petite partie à Salvini".

000_32jw8w4-taille1200_63345281e8fcc_0.jpg

Selon lui, les résultats électoraux et les sondages font de "Fratelli d'Italia" un parti plus attractif pour les électeurs de centre-droit que la Ligue. Cette dernière a beaucoup de mal à atteindre le bassin d'électeurs de Berlusconi, qui est "principalement constitué de classes sociales moyennes et inférieures, concentrées dans le sud de l'Italie", analyse Castellani.

"Si Meloni donne un signe d'ouverture en se déplaçant vers le centre et en donnant du poids à la volonté politique de Forza Italia dans le programme de gouvernement, les électeurs libéraux voteront pour elle", explique le professeur, qui poursuit : "Meloni doit prendre la place de Berlusconi. Si elle ne fait pas ce pas, elle risque de voir les partis du centre reprendre le terrain" (mü).

Demandez ici un exemplaire de lecture gratuit du magazine d'information allemand ZUERST ! ou abonnez-vous ici dès aujourd'hui à la voix des intérêts allemands !

Suivez également ZUERST ! sur Telegram : https://t.me/s/deutschesnachrichtenmagazin

Raisonnement à froid sur le berlusconisme

B9732144387Z.1_20220921124912_000+G7ML9O9NV.1-0.jpg

Raisonnement à froid sur le berlusconisme

par Federico Dezzani

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/25741-federico-dezzani-ragionamento-a-freddo-sul-berlusconismo.html

La mort de Silvio Berlusconi est l'occasion, pour moi, de procéder à une analyse désenchantée de sa personne et de son impact historique. Grâce à sa descente dans l'arène politique italienne, et surtout à son long "séjour sur le terrain", la politique italienne s'est polarisée en camps opposés, entraînant de facto la paralysie du pays dans un contexte international en pleine mutation. Le poids méditerranéen de l'Italie s'est effondré et la France a acquis de larges pans de l'économie nationale. En retour, Berlusconi a servi de "modèle" à Donald Trump.

S'il n'avait pas été là, il aurait fallu l'inventer

Le 12 juin, Silvio Berlusconi, magnat de la télévision et quatre fois Premier ministre, est décédé à l'âge de 86 ans. Bien que son activité politique ait pris fin en 2011, son parti fait toujours partie de la majorité gouvernementale et, dans l'ensemble, on peut dire que Berlusconi a marqué deux décennies de politique italienne.

Pendant cette période cruciale de vingt ans au cours de laquelle, avec la fin de la guerre froide, une mondialisation éphémère dirigée par les États-Unis a été mise en place, laquelle, au cours des trois dernières années, est définitivement entrée en crise, dans un contexte de régionalisation de l'économie mondiale et de vents de guerre de plus en plus forts. Les vingt années cruciales, en substance, au cours desquelles il a été décidé qui mènerait la prochaine guerre et avec quels moyens.

17052c74b5030e91.jpeg

Commençons par quelques considérations géopolitiques générales. Après la réunification (inévitable) de l'Allemagne et l'introduction de la Chine dans les circuits du commerce mondial (avec l'explosion prévisible de la richesse et de la puissance chinoises), l'Italie était, aux yeux des stratèges anglo-américains, inutile voire dommageable. Zbigniew Brzezinski, dans son "Grand échiquier" de 1997, ne mentionne même pas l'Italie qui, en théorie, domine la Méditerranée par sa position géographique. Dans le contexte international de l'après-guerre froide, l'Italie aurait en effet pu, en exploitant la renaissance de la puissance allemande et la montée en puissance de la Chine, apparaître comme un trait d'union entre les deux pays (voir les cartes de la Nouvelle Route de la Soie), réalisant des projets qui ne sont pas sans rappeler ceux conçus par les géopoliticiens fascistes (union Europe-Asie à travers Suez et l'Italie). Dans le monde de l'après-guerre froide, les stratèges anglo-américains "condamnent" donc l'Italie à un déclin inexorable, couronné par l'insolvabilité des finances publiques: les industries et les fonds européens doivent converger en abondance vers la Pologne, dans une fonction anti-russe et surtout anti-allemande, tandis que la mer Méditerranée doit être "sous-traitée" à la France. C'est donc précisément la France qui est candidate à l'obtention progressive d'une prééminence sur l'Italie: prééminence économique et militaire (Traité du Quirinal, signé en 2021).

En ce sens, la figure de Silvio Berlusconi est inestimable, à tel point que si le "petit Napoléon d'Arcore" n'avait pas existé, il aurait fallu l'inventer. Le berlusconisme a servi de grande "gueule de bois" collective pendant deux décennies. Une intoxication de masse qui permet de mettre en œuvre sans entrave les orientations géopolitiques décrites ci-dessus. Pendant une vingtaine d'années, le pays est polarisé en partisans de deux camps opposés, est de ce fait entraîné dans un état de guerre civile de basse intensité entre "berlusconiens" et "communistes" et en même temps paralysé, rendu sans défense tandis que, année après année, morceau après morceau, l'appareil industriel et ses meilleurs fleurons sont démantelés et/ou vendus et que l'Italie glisse progressivement vers l'insignifiance méditerranéenne. Les années pendant lesquelles Berlusconi a gouverné ne sont pas différentes de celles pendant lesquelles les partis de gauche qui lui disputent la direction du pays ont gouverné : ILVA démantelée, Telecom pillée, ENI démantelée, les Français se mouvant dans le pays sans être dérangés, accaparant les entreprises, de l'agro-industrie à la finance et à l'énergie. Le "cheval de bataille" de Berlusconi est le symbole de son expérience politique: le cavaliere rêve de construire le pont sur le détroit de Messine mais, entre-temps, les investissements publics dans les infrastructures s'effondrent, de même que les ponts autoroutiers, gérés par ce cercle d'oligarques italiens dont Berlusconi lui-même est issu. Des oligarques qui, rappelons-le, doivent leur richesse aux rentes de situation, qu'il s'agisse des réseaux autoroutiers ou des réseaux de télévision.

Cependant, bien que l'appauvrissement du pays soit visible et touche la vie de presque tous les citoyens, la polarisation du pays entre berlusconiens et antiberlusconiens fonctionne admirablement: personne ne pense au long terme, ni même au moyen terme. Toute l'attention est concentrée sur le procès Berlusconi du moment, le lodo Mondadori, le scandale de la villa Certosa, l'Olgettina, les boutades, l'irrévérence à l'égard de Merkel, la promesse de la retraite à 1000 euros pour tous, le scoop médiatico-judiciaire de la Repubblica. Le bilan en matière de politique étrangère n'est pas moins désastreux: Berlusconi se vante en 2009 d'avoir accompli son "chef-d'œuvre" avec le traité Libye-Italie qui, sur le papier, renforce objectivement les positions de notre pays dans une région clé comme l'Afrique du Nord. Mais lorsque la Libye s'est retrouvée dans le collimateur anglo-français en 2011, Berlusconi n'a eu ni la force ni la volonté de défendre son allié Kadhafi: le colonel a d'abord été tué et, un mois plus tard, le Cavaliere lui-même a été évincé du Palazzo Chigi, inquiet de perdre "le truc" (Mediaset) lourdement attaqué en bourse. À ce moment-là, les "amis" Poutine/Medvedev n'ont pas bougé le petit doigt pour sauver Kadhafi, manifestement plus enclins à satisfaire "leur ami" Sarkozy que "leur ami" Berlusconi : ainsi s'est ouverte cette plaie purulente qui, douze ans plus tard, est toujours l'origine d'un ressac géopolitique. La vulnérabilité de l'Italie est précisément garantie par le maintien au pouvoir pendant vingt ans d'un dirigeant dont la presse anglo-saxonne "emblématique" répète à l'envi qu'il est "inapte", inadapté, à gouverner. Ainsi, les mêmes personnes qui le font tomber, dénoncent ensuite la conspiration par laquelle il a été poussé à tomber afin de sauvegarder sa figure (rappelez-vous les reconstructions d'Alan Friedman sur le "coup" contre Berlusconi). Bien sûr, peut-être qu'après 2011, quelque chose a mal tourné entre Berlusconi et ses "mentors", comme en témoigne également la détérioration progressive des relations avec Giuliano Ferrara, qui l'avait accompagné depuis son entrée en fonction en 1994.

3a7dc9e2ec0e1f8602a160550cb2287e.jpg

Le fait que Berlusconi ait été fonctionnel au bénéfice de la stratégie anglo-saxonne au sens large est également attesté par le parcours de Mediaset. Berceau du populisme, les chaînes de télévision du Cavaliere ont progressivement corrodé la politique italienne au point de la vider de sa substance. Cela a commencé au début des années 1990 en montant Tangentopoli (bien que la TV de Berlusconi doive son existence à Craxi !) et s'est terminé avec Big Brother en 2000, où a fait ses débuts un jeune candidat (Rocco Casalino) qui deviendra plus tard l'éminence grise du gouvernement jaune-rouge de 2021. Grillismo et Berlusconismo sont, à y regarder de plus près, des branches différentes du même tronc. Cette antipolitique criarde et fanfaronne qui cache la démolition systématique et scientifique du pays.

Terminons sur une note d'actualité. Berlusconi a si bien rempli son rôle que l'on a pensé à l'utiliser comme "modèle" même aux États-Unis d'Amérique. En effet, il est difficile de ne pas voir en Donald Trump une répétition de l'expérience Berlusconi : même polarisation politique, même climat de guerre civile larvée, mêmes invectives contre les communistes, mêmes scandales judiciaires et sexuels, même intemporalité politique. Si Berlusconi avait eu moins de "choses" à défendre et un tempérament moins petit-bourgeois, il aurait sans doute pu jouer la carte de l'insurrection/subversion devant le Tribunal de Milan telle qu'elle a été "imaginée" dans le Caimano de Nanni Moretti. Là où Berlusconi n'a pas osé, Trump va très probablement s'y essayer.

Attentat contre le Nord Stream: les traces polonaises commencent à émerger

phpaM2nn7.jpg

Attentat contre le Nord Stream: les traces polonaises commencent à émerger

par Fabrizio Poggi

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/25738-fabr...

Les enquêteurs allemands auraient établi que le navire "Andromeda", qui avait transporté les explosifs HMX (ottogène) dans la zone de l'attentat contre les tracés des gazoducs Nord Stream 1 et 2, avait traversé les eaux territoriales polonaises avant ce moment. Et la Pologne, comme elle l'a proclamé à plusieurs reprises avant même septembre 2022, visait depuis longtemps à devenir une plaque tournante européenne pour le gaz américain, pour lequel le gaz russe acheminé vers l'Allemagne et l'Europe de l'Ouest via le gazoduc Nord Stream n'est qu'un dangereux concurrent.

Cependant, les services allemands estiment, comme le note Andrej Rezcikov dans le journal russe Vzgljad, que Varsovie n'était pas en mesure de mener à bien l'opération seule, même si la capitale polonaise était certainement au courant des plans; techniquement, seuls deux pays disposent des capacités techniques nécessaires. Le Wall Street Journal affirme que la Pologne a servi de "centre logistique" et de centre de financement de l'action.

im-741710.jpg

L'analyse des données provenant des équipements de radio et de navigation du yacht, ainsi que des données satellitaires et de téléphonie mobile, aurait permis aux analystes allemands de reconstituer en détail les mouvements d'"Andromeda" au cours des deux semaines précédant le jour du sabotage du Nord Stream 1 et 2 sur le fond de la mer Baltique.

Le navire, propriété d'une société allemande, avait été affrété par l'agence de voyage "Feeria Lwowa" (de Lvov/Lviv, qui reste la ville ukrainienne la plus polonaise de toutes), enregistrée au nom de deux citoyens ukrainiens qui, selon les enquêteurs, étaient liés aux services de renseignement ukrainiens. Officiellement, l'Allemagne ne dispose d'aucune donnée concrète sur l'implication de Varsovie dans le sabotage et le bureau du procureur général allemand s'est refusé à tout commentaire.

Pour leur part, la Suède et le Danemark, dans les "zones économiques" où les explosions ont eu lieu (près de l'île danoise de Bornholm), n'ont jusqu'à présent pas défini les responsabilités. Stockholm, qui a clôturé son enquête en octobre dernier, s'est contenté de parler de "soupçons croissants de sabotage grave", sans indiquer de responsabilité. Alors que la Suède et le Danemark avaient initialement convenu avec Berlin d'une enquête commune, ils ont par la suite mis cette idée au placard.

Après une série de dépêches, lancées par les médias américains au printemps dernier, basées sur des rapports américains, qui parlaient de l'implication de "groupes pro-ukrainiens", mais que Moscou qualifiait de "dépêches coordonnées de désinformation", le journal belge De Tijd a révélé ces derniers jours que la CIA, peu de temps après les explosions, avait informé les services belges de fortes suspicions concernant les Ukrainiens.

En tout état de cause, la Pologne a eu tout à gagner à ce que le gazoduc Nord Stream cesse d'exister, estime Vadim Trukhacev, maître de conférences à l'Université humanitaire d'État de Russie. Les gouvernements polonais, actuels et anciens, l'ont combattu et sont allés jusqu'à le qualifier de "second pacte Molotov-Ribbentrop". Varsovie, dit Trukhacev, comme Berlin, Stockholm et Copenhague, ne pouvait pas ne pas être au courant des préparatifs de sabotage; le fait est que la Pologne est un pays "préparé à tout" et, contrairement à l'Allemagne et à la Suède, "a accepté de mettre son territoire à la disposition des Américains et des Britanniques, qui ont mené l'opération". "Et quelque chose s'est également préparé sur le territoire danois".

Major_russian_gas_pipelines_to_europe.png

Convaincu à la fois de la main des Yankees dans l'affaire et des bénéfices du sabotage pour Varsovie, le directeur de l'Institut d'études ukraino-occidentales, Oleg Khavic, l'est aussi: seul Seymour Hersh, qui avait publié en février dernier les résultats de ses propres investigations et noté la coïncidence de la période du sabotage avec les exercices de l'OTAN "Baltops-2022", a fourni une version cohérente de l'attaque, affirme Khavic. Il estime que la Norvège et la Pologne ont été associées à de probables centres logistiques américains pour parfaire le sabotage. Tout ce qui a été "publié dans la presse occidentale depuis la version de Hersh", affirme M. Khavic, n'est rien d'autre qu'une "tentative de dissimuler ou de détourner l'attention de l'administration américaine et du président Joe Biden en personne, des organisateurs et des auteurs de l'acte terroriste".

Selon M. Trukhacev, ni la Pologne ni l'Ukraine n'auraient été techniquement capables de saboter l'oléoduc. Il y a cependant eu une "tentative de tout mettre sur le dos de l'Ukraine, pour qui, dit-on, c'était particulièrement avantageux". "Je doute de la participation norvégienne", déclare Trukhacev; Oslo ne possède pas "suffisamment de gaz pour que le Nord Stream soit un concurrent dangereux". "Toutefois, les Britanniques et les Américains auraient également pu utiliser des plongeurs norvégiens".

Khavic n'exclut pas non plus la possibilité que l'Ukraine soit finalement reconnue coupable, mais seulement après sa défaite militaire et la réalisation des objectifs déclarés de Moscou pour justifier l'opération spéciale: "Si l'Occident, en cas de défaite militaire, décide d'abandonner l'Ukraine, il proclamera alors qu'il ne savait pas qu'il s'agissait de "si mauvaises gens". Si la Russie, en revanche, se contente d'un résultat plus modeste, le sabotage sera sans aucun doute attribué à Moscou".

Quoi qu'il en soit, si l'on regarde l'Italie, il est désormais évident, même pour les personnes les mieux informées, que les bénéficiaires du sabotage sont ceux qui, au contraire, doivent payer généreusement de leur poche le gaz "libre et démocratique" des Yankees.

 

La vice-présidente Delcy Rodríguez au Forum de Saint-Pétersbourg: "Le monde passe d'une économie hégémonique à une économie diversifiée"

delcy-rodriguez.jpg

La vice-présidente Delcy Rodríguez au Forum de Saint-Pétersbourg:

"Le monde passe d'une économie hégémonique à une économie diversifiée"

Source: https://misionverdad.com/venezuela/el-mundo-transita-de-la-economia-hegemonica-una-diversificada

S'exprimant lors du XXVIe Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF) 2023, la vice-présidente exécutive du Venezuela, le Dr Delcy Rodríguez Gómez, a souligné la construction d'un nouvel ordre économique international comme un élément clé de l'ordre du jour de la réunion, où le commerce et la chaîne d'approvisionnement sont axés sur la région et localisés pour faire face aux blocages économiques illégitimes.

Le forum se tient à Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie, avec la participation de plus de 100 pays du monde entier. La haute fonctionnaire vénézuélienne a présenté une analyse de l'économie mondiale et a appelé à la dédollarisation du commerce international de l'énergie, soulignant que certains pays commencent déjà à vendre du pétrole et du gaz dans d'autres monnaies.

Une nouvelle étape, un nouveau tournant

La fonctionnaire vénézuélienne a souligné que la Chine et l'Inde sont désormais reconnues comme acteurs majeurs dans le monde, compte tenu du rôle que jouent actuellement les BRICS. Elle a souligné que:

"Il y a une rupture importante dans l'ordre économique international que les puissances du monde s'étaient données antérieurement pour contrôler le reste des pays. Nous sommes en train de faire un pas historique transcendantal en passant d'une économie hégémonique à une économie diversifiée, entre des pôles différents, divergents, qui vont recevoir une nouvelle configuration".

Elle a reconnu le rôle fondamental joué par la Chine dans la construction d'un nouvel ordre économique mondial, dont elle a dit que, dans 35 ans, la Chine aura le même PIB par habitant que les États-Unis. "Nous assistons ici à une nouvelle reconfiguration dans laquelle la région eurasienne retrouve sa position de leader historique", a-t-elle déclaré.

Elle a également analysé la façon dont le monde connaît actuellement des situations complexes et de nouveaux défis: "Lorsque nous regardons ce qui est arrivé à la situation hégémonique et au nouvel ordre international que les grandes puissances du monde ont créés, cela ne fait que montrer une rupture majeure".

Elle a présenté des estimations : d'ici 2040, les États-Unis et certains pays européens connaîtront une contraction majeure. Dans le même temps, elle a souligné que la demande principale d'énergie proviendrait de la Chine, de l'Inde, de l'Asie du Sud-Est, de l'Afrique du Sud, de l'Amérique latine et de l'Asie de l'Ouest. "Avec une demande énergétique plus élevée, nous assisterons déjà à une contraction dans les pôles nord", a-t-elle déclaré.

Un monde au-delà du dollar

Mme Rodriguez a souligné le déclin de la part du dollar dans les réserves et le commerce international, ainsi que la montée en puissance du yuan chinois. Selon elle, il n'est pas justifié qu'une monnaie dans laquelle un cinquième du commerce est effectué soit la référence alors que d'autres monnaies sont de plus en plus utilisées. En outre, elle a appelé à la création de nouveaux systèmes de paiement autres que SWIFT, qui régit jusqu'à présent la finance internationale, pour ceux qui utilisent des monnaies nationales ou autres.

1075345.jpg

Elle a noté: "Nous voyons déjà les pays arabes, les pays du Golfe, commencer à vendre leur pétrole et leur gaz dans des monnaies autres que le dollar américain", et elle a fait référence à l'augmentation de l'activité commerciale entre les régions qui placent la géopolitique avant les marchés.

Elle a rappelé la proposition du Comandante Hugo Chávez concernant l'utilisation de paniers de devises dans le commerce du pétrole. Elle a souligné: "La masse d'argent circulant dans l'économie américaine s'élève à 21.000 milliards de dollars, mais si l'on considère la masse d'argent circulant sur le marché international du pétrole, elle est cinq fois supérieure, c'est-à-dire 104.000 milliards de dollars".

Elle a insisté sur l'appel lancé par le président Nicolás Maduro, conjointement avec le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, à "commercer dans nos monnaies".

Le Venezuela vers les BRICS

Suivant les directives du président Maduro, la vice-présidente Rodríguez a annoncé que le Venezuela avait déjà demandé à rejoindre les BRICS. Ce bloc économique émergent représente 27% du PIB mondial, 30% du territoire mondial, 18% du commerce international, 43% de la population mondiale et a attiré 25% des investissements étrangers. Il a ajouté que l'économie des pays BRICS dépassait déjà celle des pays du G7. À cet égard, elle a déclaré: "Le président Nicolás Maduro a déjà présenté une demande d'adhésion par l'intermédiaire d'un pays de notre région, qui est le Brésil, pour commencer à faire partie de ce bloc important qui dessine aujourd'hui une nouvelle économie, qui cherche aujourd'hui un nouveau mécanisme financier pour ses relations commerciales, qui cherche de nouvelles formes de transaction qui remplacent l'hégémonie du dollar."

Elle a appelé à repenser le monde, les relations économiques, commerciales et financières internationales, soulignant que c'est la raison de la présence du Venezuela dans un forum aussi important que le SPIEF, et a conclu en appelant à un nouvel ordre économique "de justice, d'équilibre, d'inclusion et de compensation".

- Nous, animateurs de Mision Verdad, sommes un groupe de chercheurs indépendants qui se consacrent à l'analyse du processus de guerre contre le Venezuela et de ses implications mondiales. Depuis le début, l'utilisation de notre contenu est gratuite. Nous comptons sur les dons et les collaborations pour soutenir ce projet. Si vous souhaitez contribuer à Mision Verdad, vous pouvez le faire ici: https://misionverdad.com/donate

dimanche, 18 juin 2023

Le moine britannique Pélage et le druidisme

Pelagius.jpg

Le moine britannique Pélage et le druidisme

Source: https://melmothlibros02.blogspot.com/2023/06/la-doctrina-del-monje-y-teologo.html

Au début du 5ème siècle, le moine et théologien britannique Pélage a remis en question la doctrine promulguée par saint Augustin d'Hippone, selon laquelle les êtres humains étaient si incorrigiblement enlisés dans l'iniquité qu'ils étaient incapables de se racheter, sauf par la grâce divine.

Pélage soutenait qu'une telle dépendance ne faisait qu'exonérer les êtres humains de toute responsabilité pour leurs actions, puisque le fait d'être bon ou mauvais dépendait entièrement de l'octroi ou du refus d'une grâce sur laquelle ils n'avaient aucun contrôle.

Pelage.png

Dans ces conditions, la conduite n'a aucune importance, et c'est pourquoi, selon lui, une morale relâchée s'est imposée même au sein de l'Église.

Si Pélage n'aurait guère admis une ligne de pensée proche de celle des druides, il se rapproche de leurs enseignements en ce qui concerne l'idée que l'être humain est responsable de ses actes. Cela nous rappelle la réponse de Cailte à saint Patrick lorsque celui-ci lui demande ce qui le fait vivre : "La vérité qui était dans nos cœurs, la force de nos bras et le contentement de nos langues".

La critique de la doctrine orthodoxe par Pélage témoigne qu'une certaine agitation intellectuelle secouait à l'époque la chrétienté britannique et qu'un désir l'animait pour faire en sorte que ses enseignements reflètent davantage le tempérament national.

51cAU2OeqdL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

Un commentateur français et catholique du 20ème siècle, Dom Louis Gougaud, a même qualifié le pélagianisme d'"hérésie nationale des Britanniques". C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles Pélage a trouvé tant de partisans dans son pays d'origine.

Son point de vue représentait un compromis acceptable entre l'ancien et le nouveau credo, et une leçon peut être tirée du succès de Pélage : les enseignements de l'Église ne seront pas acceptés tant qu'ils continueront à s'identifier à certains aspects de la domination romaine. C'est en Écosse et en Irlande que Pélage a connu ses plus grands succès. Dès la seconde moitié du 2ème siècle, Tertullien de Carthage écrivait que "des parties de la Grande-Bretagne inaccessibles aux Romains ont été conquises pour le Christ".

Les missionnaires sont arrivés dans une société où les druides pratiquaient encore. Bien que nous ne sachions pas exactement quels changements avaient eu lieu dans le druidisme à cette époque ni quels pouvoirs avaient été conservés par les responsables de cette caste sacerdotale celtique, il semble que les missionnaires aient fait preuve d'un grand respect à leur égard. Certains missionnaires, même si leur travail était de nature christianisante, ont adopté certaines pratiques druidiques.

Ils les ont probablement imitées en matière vestimentaire. Peut-être aussi dans leur façon de prier, car alors que les orthodoxes priaient à genoux, les mains croisées, les membres de l'Église gallicane ou celto-franque priaient debout, les mains levées, un geste dont Tacite nous dit qu'il était caractéristique des druides de Môn.

Peut-être les missionnaires ont-ils même imité la tonsure druidique. Au 6ème siècle, ce fut une pomme de discorde entre l'Église romaine et l'Église gallicane en Gaule devenue "France". Les moines de la première avaient adopté la tonsure dite "de Saint-Pierre", qui reproduisait la couronne chauve du saint. Les Gallicans, quant à eux, rasaient une bande de cheveux d'une oreille à l'autre, en commençant par le sommet de la tête et en laissant pousser les cheveux à partir de là.

main-qimg-de3e96626160abf4269b15f10311c892-pjlq.jpg

Selon un ancien manuscrit irlandais, les druides se coiffaient de la même manière, en laissant une seule mèche de cheveux sur leur front. Il est intéressant de noter que l'Église catholique a condamné ce type de tonsure, l'appelant la "tonsure de Simon Magus (ou de Simon le Magicien)".

Simon le Magicien a été dénoncé dans les Actes des Apôtres pour avoir tenté de soudoyer Pierre et Jean afin qu'ils révèlent le secret de la transmission du Saint-Esprit par l'imposition des mains. Presque toutes les pratiques présentant des signes de magie ou de chamanisme - pratiques qui pourraient à juste titre être attribuées au druidisme - ont été reliées par l'Église à Simon le Magicien.

Il n'est pas rare que les missionnaires imitent les coutumes des peuples qu'ils souhaitent convertir à leur foi.

Ward Rutherford : LE MYSTÈRE DES DRUIDES