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CONTRE tout brûlage du Coran. Une certaine droite: tout feu tout flamme contre l'islamisation?
Alexander Markovics
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la droite dite islamophobe, qui diabolise l'islam en tant que tel et fait des États-Unis et d'Israël ses alliés dans la lutte politique, est devenue un facteur dans la vie politique des pays occidentaux. Sa montée en puissance n'est pas surprenante: à juste titre, les Européens sont choqués par les attentats terroristes et le militantisme de groupes fondamentalistes wahhabites qui prônent réellement l'islamisation de nos pays. Mais comment réagir à cette menace ? Si nous suivons les critiques de l'islam, l'ennemi politique principal est la religion musulmane et il n'y a pas de différence entre les musulmans culturels qui vont de temps en temps à la mosquée et dont les femmes portent le voile, et les terroristes musulmans et les djihadistes qui veulent répandre leur religion par le fer et par le feu.
D'un côté, ils déclarent que la société occidentale du 21ème siècle est la seule culture légitime - y compris les drag queens, le libéralisme, l'immigration de masse et les drapeaux arc-en-ciel - pour, à l'inverse, déclarer que toute la civilisation musulmane et ses nombreuses subdivisions (Shia, Sunna, etc.) sont une barbarie qu'il faut complètement éradiquer. Cette pensée implique ensuite la dépréciation publique de l'islam, y compris du livre sacré des musulmans, le Coran, ce qui conduit généralement à des émeutes de musulmans dans le monde entier ou à des restrictions supplémentaires de la liberté d'expression et de réunion en Europe.
Ce n'est pas pour rien que les services secrets occidentaux comme la CIA ont encouragé de telles tensions par le passé, ont contribué à la création de l'État islamique/Al-Qaida et se frottent les mains à chaque fois que des individus brûlent le Coran - car pour eux, il ne s'agit pas seulement d'une stratégie de la tension, mais aussi d'une stratégie pour leur propre survie. Même si nous rejetons l'islam en Europe, nous ne devrions jamais oublier que certains des mouvements de résistance les plus puissants contre l'impérialisme américain et le néo-culte homosexuel ont été des musulmans au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et - mot-clé : l'Iran - et qu'ils continuent à remplir cette mission.
Au cours de son histoire, l'Europe a toujours connu des conflits avec l'Islam, mais aussi une coopération et des échanges pacifiques - il suffit de penser à la coopération entre le Second Empire allemand et l'Empire ottoman. Qu'est-ce qui s'oppose donc à une coexistence pacifique avec la civilisation islamique, une fois que l'Europe aura résolu son problème d'immigration et fermé les frontières du continent ? Une coexistence pacifique avec l'islam est possible, comme le prouvent la Russie et la Chine, mais il faut pour cela être soi-même fort et avoir une foi intérieure solide.
D'un point de vue objectif, cette approche consistant à brûler les textes sacrés d'autres peuples n'apporte rien de plus - bien au contraire, celui qui piétine lui-même le sacré des autres apparaît aux yeux de ses voisins du monde comme un nihiliste sans conscience pour qui rien n'est sacré. Si l'on veut empêcher l'islamisation de l'Allemagne et de l'Europe, il faut s'attaquer à la racine du problème : l'État libéral et ses élites mondialistes, qui font de la politique d'immigration de masse une fatalité "sans alternative" qui conduit finalement à l'islamisation.
Se concentrer uniquement sur l'immigration musulmane reviendrait à ignorer le problème du remplacement de population. Mais ce n'est pas tout : comme l'a fait remarquer le créateur du concept de Grand Remplacement, Renaud Camus, la condition préalable à celui-ci est d'abord la destruction de la culture autochtone. Ainsi, si l'on veut défendre efficacement son pays à long terme contre l'immigration de masse, il faut promouvoir le renouvellement de sa propre culture populaire, la désaméricaniser et aussi la reconnecter à la transcendance, donc à la foi en Dieu.
Celui qui porte en lui l'amour de Dieu et de la création comme valeur suprême, suivi de l'amour de son propre peuple, est également à l'abri des débordements haineux contre d'autres peuples. Les hautes clôtures font les bons voisins et le respect mutuel crée la possibilité d'une cohabitation pacifique. L'un des penseurs français de la Nouvelle Droite, Alain de Benoist, s'est finalement démarqué de ce chauvinisme rabique propre à certains groupes identitaires, car notre ennemi principal n'est pas l'Islam, mais la menace qui pèse sur les identités et les religions de tous les peuples du monde de manière égale : les Etats-Unis d'un point de vue géopolitique, le libéralisme d'un point de vue idéologique et la bourgeoisie d'un point de vue sociologique.
En période de difficultés, de crise, nous avons besoin de dirigeants intelligents, bien préparés et capables de répondre rapidement aux défis qui se multiplient. La crise de l'Europe, après tout, est là. Une question d'hommes et de femmes. Qui, au lieu de diriger un pays ou les institutions européennes, semblent de plus en plus aptes à participer aux spectacles de Maria De Filippi.
Pensez à Ursula von der Leyen. Ou à Christine Lagarde. Toutes deux responsables du désastre politique et financier de l'Union européenne. Mais la situation n'est pas meilleure au niveau national. Le symbole de l'effondrement européen, l'un de ses plus insignes symboles, est sans conteste Olaf Scholz. Le chancelier allemand est à la tête de ce qui était autrefois la "locomotive européenne", mais qui est devenu l'homme malade du Vieux Continent. Il a réussi à entraîner le pays le plus dynamique dans la récession.
Lui et la bande d'incompétents dont il s'est entouré. Sociaux-démocrates, verts, libéraux : une coalition non seulement improbable, mais surtout incompétente. Dépourvue de toute capacité de décision autonome en matière de politique étrangère. Oubliant que c'est précisément sur les relations internationales que reposait la puissance économique de l'Allemagne.
L'industrie allemande s'est développée grâce à l'énergie bon marché fournie par la Russie. Mais le triste Olaf a préféré se transformer en larbin de Biden. Et il a même permis aux Ukrainiens de détruire les gazoducs. Sans rien dire. L'industrie a donc perdu en compétitivité. Et elle a perdu des marchés. Avec des entreprises allemandes qui, pour plaire au maître américain, ont abandonné la Russie. À commencer par les usines automobiles, promptement remplacées par des usines chinoises qui, en ces mois difficiles même pour Pékin, ont augmenté leurs exportations de plus de 100 %. Grâce aussi à Olaf l'empoté.
Ainsi, le chancelier s'est retrouvé avec du gaz fourni à des prix fous par son ami et allié les États-Unis. Avec l'appauvrissement de la classe moyenne entraînant une réduction de la consommation. Avec l'affaiblissement des échanges avec la Chine parce que le maître de Washington dit que Pékin est un danger. Et face à une situation désastreuse, il vient de décider d'envoyer de nouvelles montagnes d'argent à Zelensky.
Il s'étonne ensuite que les sondages révèlent que le soutien à la dite extrême droite augmente rapidement. Mais, en vrai démocrate, il s'est attaqué au problème. Changer de politique pour répondre aux exigences populaires ? Pas du tout, le démocrate sincère qu'est Olaf a demandé à la justice d'interdire le parti de droite qui ose remettre en question la servilité du larbin allemand. Si le peuple n'est pas d'accord, changez de peuple.
"Le 24 février, la Russie a lancé une guerre d'agression contre l'Ukraine. L'attaque impitoyable de la Russie ne constitue pas seulement une violation des principes fondamentaux de la sécurité européenne, mais aussi de la Charte des Nations unies et, plus généralement, du droit international et des droits de l'homme". C'est ce qu'a pontifié le Premier ministre finlandais de l'époque, Sanna Marin, dans un discours prononcé devant le Parlement le 16 mai 2022, dans lequel elle expliquait les raisons pour lesquelles son pays devait adhérer à l'Alliance atlantique.
"Si la Russie gagne, c'est comme si elle envoyait un message disant que c'est possible, elle envahira un autre pays, puis un autre", a-t-elle déclaré ailleurs avec la même solennité contrite.
La starlette politique finlandaise, qui s'est fait connaître dans le monde entier pour ses grâces et l'exploit d'avoir fait entrer la Finlande dans l'OTAN, ainsi que pour quelques vidéos de soirées pas si institutionnelles que cela, a annoncé hier urbi et orbi qu'elle abandonnait la politique - une annonce un peu tardive, puisque la politique l'a abandonnée depuis longtemps, après qu'elle a subi une défaite cuisante aux dernières élections.
Mais Marin avait eu le temps de mener à bien la mission que lui avaient confiée ses sponsors internationaux, ayant réussi à faire de son pays un membre de l'OTAN, c'est-à-dire une colonie de l'Empire, d'où elle méritait une belle récompense.
En fait, le déchirant abandon de la politique politicienne s'accompagne de la joyeuse annonce qu'à partir d'aujourd'hui, Sanna Marin sera membre de la charitable Fondation Blair, grâce à laquelle le monde pourra encore profiter de sa brillante clairvoyance.
Sanna Marin, le jeune Lord Blair et sa Fondation
Il est probable qu'en raison de son jeune âge, elle ne se souvienne pas que Blair était un fervent partisan de l'invasion de l'Irak et qu'il avait même convaincu George W. Bush du bien-fondé de cette démarche tragique, à propos de laquelle le lâche empereur s'était montré récalcitrant.
Personne n'a dû lui parler non plus du travail minutieux de la commission Chilcot, grâce à laquelle le Parlement britannique a pu faire la lumière sur les complots du jeune lord du Labour britannique, qui, avec cette guerre misérable, a non seulement dévasté durablement un pays tout entier, mais a également semé les graines de la Terreur dans le monde entier.
Une attaque impitoyable, pour reprendre les termes de Marin, qui a vu le bombardement de villes irakiennes. Une attaque, toujours selon ses termes, qui a constitué une violation non seulement des principes fondamentaux de la sécurité mondiale, mais aussi de la Charte des Nations unies et, plus généralement, du droit international et des droits de l'homme.
Un crime resté impuni, au point que le jeune gentleman du Labourisme britannique est toujours en liberté, comme tous ses compagnons de route qui pontifient aujourd'hui contre la Russie et se lamentent sur le sort du peuple ukrainien, que l'OTAN bien-aimée envoie à l'abattoir sous leurs yeux émus et suffisants.
Une impunité qui fait qu'après l'Irak, les sphères auxquelles Blair participe de droit ont parrainé d'autres guerres, de la Libye à la Syrie en passant par le Yémen, pour rester dans la sphère des conflits ouverts, car tant d'autres ont été menées en secret sous le prétexte de la guerre contre le terrorisme. Exactement ce que Marin dénonçait comme les retombées possibles d'une victoire russe.
Tel est le brillant destin de la jeune Finlandaise qui, depuis sa nouvelle tribune, continuera à faire parler d'elle et à pontifier sur les crises qui frappent le monde, auxquelles elle ne manquera pas de consacrer son assiduité et sa liberté de pensée habituelles.
De plus, la nouvelle aventure non lucrative lui permettra de jouir des fortunes secrètes de la Fondation qui, grâce aux nombreux et mystérieux services qu'elle rend aux puissants, parvient à obtenir des dons somptueux et variés, parfois à l'origine de controverses malignes (voir Guardian).
L'hypocrisie fait partie intégrante de la politique, mais il y avait autrefois des limites au-delà desquelles on s'exposait au ridicule public. Apparemment, l'effondrement du mur de Berlin a fait tomber ces limites, ouvrant de nouveaux horizons à la politique et à la géopolitique.
Pardonnez-nous cette intempérance dont la starlette finlandaise et son destin ne sont qu'un indice éphémère - aussi éphémère que l'a été son histoire politique - qui ne sert qu'à souligner, une fois de plus, comment le tragique conflit ukrainien fait désormais partie d'un théâtre dans lequel la réalité ne compte pas.
L'hypocrisie, la propagande, la désinformation créent une réalité alternative, celle qui est quotidiennement offerte au public mondial comme une vérité révélée. Qu'il en soit ainsi.
L'ensemble de nos propos, en soi, peut sembler comique. Une sorte d'humour involontaire. Ou, mieux encore, un paradoxe.
De nombreux analystes occidentaux, en particulier italiens, affirment que Vladimir Poutine adopte la "stratégie de l'artichaut" à l'égard de la pauvre Ukraine.
Une feuille à la fois. Pour finir par tout engloutir.
D'abord la Crimée, maintenant le Donbass. Et, selon eux, il faut y mettre un terme dès maintenant. Sinon...
En bref, il est nécessaire, voire obligatoire, d'arrêter Poutine. Sinon, qui sait où il pourrait aller dans son ambition de reconstruire l'Empire des Tsars. Et celui des Soviets.
Il est probablement vrai que l'on peut déceler certains éléments de la "stratégie de l'artichaut" dans l'action de Moscou en Ukraine. Elle a d'abord acquis, sans coup férir, la Crimée. Puis ce fut le tour du Donbass. D'abord par des accords diplomatiques qui ont permis à la région - historiquement, linguistiquement et culturellement russe - de bénéficier d'un statut particulier. De manière à garantir sa sécurité et, en même temps, l'influence de Moscou.
Ces tentatives diplomatiques ayant échoué, car Kiev, soutenu par Washington, a toujours ignoré les accords de Minsk, la guerre a commencé. Avec un double objectif : l'annexion du Donbass et la neutralisation du reste de l'Ukraine. Pour éviter une nouvelle expansion à l'est de l'OTAN.
Mais c'est là que réside le nœud du problème.
La stratégie du Kremlin n'est que la conséquence logique et inévitable, on pourrait dire la réaction, à celle mise en œuvre par l'OTAN depuis l'effondrement du mur de Berlin.
Lorsque, face à la perspective de la réunification allemande, Washington a assuré à Moscou, à un Gorbatchev trop malléable - car en proie à de graves difficultés internes - que l'OTAN ne s'étendrait jamais à l'est de l'Allemagne.
La manière dont les choses se sont passées en réalité est bien connue. Pour tout le monde, sauf pour les soi-disant analystes qui pontifient aujourd'hui sur la menace de la "stratégie de l'artichaut" que pratiquerait la Russie.
L'OTAN, profitant du chaos interne de la Russie pendant les années folles d'Eltsine, a incorporé l'un après l'autre tous les anciens satellites soviétiques.
Pologne, Roumanie, République tchèque, Slovaquie, Bulgarie. Les frontières de l'Alliance atlantique se sont progressivement et rapidement déplacées vers l'Est. Dans le même temps, elle a occupé l'ensemble de l'ex-Yougoslavie. Sauf la Serbie, qui a toujours été liée à la Russie. Cette dernière a toutefois été durement touchée et contrainte de renoncer au contrôle de la Bosnie et du Kosovo.
Pour ce qui est théoriquement censé être une alliance défensive, ce n'est vraiment pas mal, vous ne trouvez pas ?
Ensuite, l'OTAN est allée plus loin. En annexant les pays baltes. La Lituanie, l'Estonie, la Lettonie. Au Kremlin, cela a été interprété comme un signal extrêmement dangereux.
Car ces trois petites républiques n'étaient pas d'anciens satellites soviétiques. Elles faisaient partie intégrante de l'URSS et, avant cela, de l'empire des tsars. Avec, ces derniers temps, des périodes d'indépendance assez brèves.
Face à cette expansion de l'OTAN, Moscou n'a pas pu réagir. Elle avait d'autres problèmes internes à régler. La crise économique, les sécessionnismes de la Tchétchénie, du Daghestan, de l'Ingouchie dans le Caucase agité...
C'est ainsi que trois autres feuilles de l'artichaut russe ont été épluchées.
La musique a cependant changé en 2008. Lorsque la Géorgie, de facto de plus en plus dans l'orbite des États-Unis, a tenté d'annexer l'Ossétie du Sud manu militari. Une province (nominalement) rebelle, mais qui restait en fait liée à la Fédération de Russie.
La réaction de Moscou a été fulgurante. En moins d'une semaine, l'armée russe était aux portes de Tbilissi. Là où elle s'est arrêtée. Pour faire demi-tour.
Le signal était clair. Le Kremlin n'était plus disposé à accepter que de nouvelles feuilles soient arrachées à son artichaut.
Et les Géorgiens l'ont bien compris. À tel point qu'aujourd'hui, ils ont pour politique de maintenir de bonnes relations avec leur grand et encombrant voisin. Notamment parce qu'ils se souviennent bien qu'ils ont été laissés seuls face au blitz russe. Contre toutes les promesses de l'OTAN.
Qui, de toute évidence, a été prise par surprise. Elle n'était pas préparée à la réaction russe. En effet, la conviction avait prévalu dans les cercles atlantiques que la Russie n'était plus qu'une puissance de troisième ordre. Destinée à un déclin continu. Et qu'il serait donc facile de lui arracher, une à une, toutes ses "feuilles". La réduisant à l'espace de l'ancienne principauté de la Moscovie.
Une croyance qui a manifestement continué à prévaloir à Washington et à Londres. Ce qui a conduit tout droit au conflit en Ukraine. Un pays qui, historiquement, a toujours été une partie intégrante et importante de la Russie. Jamais indépendant.
Le bon sens, même stratégique, aurait recommandé plus de prudence. La tentative de maintenir une Ukraine indépendante et neutre, un État tampon, utile pour éviter et décanter les conflits. Et au lieu de cela.
Et au lieu de cela, nous savons comment cela s'est passé. Et comment cela se passe. Maintenant, au-delà des déclarations de façade, il ne reste plus qu'à voir si Kiev s'effondrera militairement bientôt, ou si, pour un désengagement total de l'OTAN, il faudra attendre le changement de locataire dans le bureau ovale.
L'expérience devrait cependant nous apprendre que la "stratégie de l'artichaut" ne peut pas toujours être appliquée sans en payer le prix fort. Et que, peut-être, il serait plus opportun de revenir à une logique de "concert des puissances" ou, si l'on veut, d'équilibre multipolaire.
Si la leçon avait été retenue. Or, l'impression est différente. Ce qui se passe en Moldavie, en Arménie et même en Bosnie ne nous donne pas beaucoup d'espoir... à moins d'un changement à la Maison Blanche...
Finis les gazoducs de méthane en provenance de Russie ! Faisons des sacrifices pour le cercle corrompu autour de Zelensky et achetons, au prix fort, du gaz liquéfié. Et nous ruinons la zone marine protégée de Bergeggi (Italie) pour y faire entrer les méga-navires et y installer le regazéificateur. Celui-ci traitera le GNL acheté à la Russie... Brillant ! Donc plus de gaz et, au nom de la protection de l'environnement, place au nucléaire.
Bravo, bis, encore ! Et qui gère près de 50% de l'approvisionnement mondial en combustible nucléaire ? Rosatom, un groupe russe. Bien sûr, d'autres pays exploitent l'uranium - du Niger à l'Ouzbékistan en passant par le Kazakhstan - mais c'est la Russie qui l'extrait et le transforme pour produire l'isotope utilisable.
Ce n'est pas un hasard si les exportations nucléaires de Moscou ont augmenté de manière significative. En effet, des financements sont proposés pour la construction de centrales nucléaires utilisant des technologies russes. De plus, les accords prévoient l'approvisionnement par Rosatom pour les 50 à 60 prochaines années. Les pays africains sont particulièrement intéressés par les initiatives nucléaires russes, mais les sanctions obsessionnelles de Washington ont également doublé les importations d'uranium russe au cours du premier semestre de cette année.
Et si Moscou approvisionne ses ennemis, c'est une raison de plus pour passer des accords avec ses amis. Ainsi, en juin, la Russie a envoyé sa première cargaison d'uranium à l'Inde en trois ans. Tandis que, sur le front atlantiste, le Niger a annoncé qu'il continuerait à fournir de l'uranium brut à la France, mais que le prix serait multiplié par 20.
Alexandre Douguine "Un véritable intellectuel, un homme pour qui sa propre pensée est plus importante que son existence physique" : c'est ainsi que l'on parle du penseur russe Alexandre Douguine. Et la presse occidentale qualifie le philosophe de "mentor de Poutine", de "cerveau du Kremlin", de "fondement idéologique du NWO". Il y a un an, des terroristes ont fait exploser la fille de Douguine, Daria, pour le détruire. Pourquoi est-elle morte et quelles sont les idées défendues par Douguine lui-même ?
- Alexandre Gelievitch, on vous désigne souvent par le terme peu clair d'"Eurasiste". Qu'est-ce que l'eurasisme ?
- Il s'agit d'une vision du monde qui a émergé il y a une centaine d'années parmi les émigrants blancs. Les fondateurs de cette philosophie politique sont le grand linguiste et penseur Prince Nikolai Sergeïevitch Troubetskoy, l'économiste russe, géographe et spécialiste des sciences culturelles Piotr Savitsky, le fils de l'académicien Vladimir Vernadsky, l'historien George Vernadsky, le philosophe Vladimir Ilyin, le philosophe Lev Karsavin et d'autres encore. La société russe du 19ème siècle était dominée par l'idée que la Russie était une puissance européenne. Les fondateurs de l'eurasisme soutenaient que la Russie ne faisait pas partie du monde romano-germanique, mais constituait une civilisation indépendante. Nous ne sommes pas une Europe orthodoxe-slave particulière, mais un monde à part, héritant à la fois de la tradition byzantine et mongole, des cultures des peuples turcs, caucasiens et finno-ougriens. Et ce n'est pas un inconvénient, mais un avantage. C'est la conception de la Russie en tant qu'empire supranational.
Lev Karsavin, Piotr Savitski et Lev Goumilev.
L'historien Lev Nikolaïevitch Goumilev constitue un maillon intermédiaire entre les premiers Eurasistes et nous, les néo-eurasistes. Nous avons repris sa ligne de pensée dans les années 80 et l'avons appliquée à de nouvelles conditions historiques. Nous avons élargi notre critique du monde romano-germanique et l'avons déplacée vers le monde anglo-saxon, qui a aujourd'hui atteint sa pleine et terrible dégénérescence. Nous avons continué à critiquer l'Occident, à défendre la Russie en tant que civilisation distincte, à défendre la mission russe dans l'histoire. Cette idéologie aurait pu devenir le destin de la Russie immédiatement après l'effondrement de l'Union soviétique. Malheureusement, dans les années 90, notre pays s'est retrouvé dans une impasse, empruntant une voie totalement erronée. Elle nous a conduits à l'abîme, à la guerre, à l'effondrement. Aujourd'hui, nous essayons de sortir de ce gouffre historique, où nous nous sommes effondrés avec les réformateurs libéraux occidentaux. Telle est l'essence du moment historique d'aujourd'hui.
- Pouvons-nous dire que nous nous battons aujourd'hui pour que la Russie devienne une civilisation à part entière ?
- Oui, en effet. De nombreux exemples nous permettent de parler de notre confrontation avec la civilisation occidentale. Les Eurasistes ont d'abord insisté sur le fait que la civilisation occidentale était hostile, empoisonnée, agressive envers la Russie, et que ses prétentions à l'universalité constituaient une menace pour notre existence. Dans l'affrontement actuel avec l'Occident dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce, cela devient évident. Une autre question est de savoir si notre peuple, notre société, nos dirigeants comprennent que c'est le scénario eurasien qui est en train de se réaliser.
Nous avons toujours dit que si nous ne construisons pas une civilisation souveraine indépendante de l'Occident, nous serons constamment dans une position humiliée. L'Occident est un modèle raciste égoïste avec lequel il nous est impossible de nous entendre. Nous avons proposé de nous fermer à l'Occident ou de ne prendre de lui que ce qui nous renforce, et d'être toujours prêts pour une guerre sérieuse. En ce sens, il est très intéressant que les émigrants blancs qui sont allés à l'Ouest aient réalisé par leur propre expérience qu'il n'y a rien de plus dangereux pour un Russe que le monde occidental. Nous en sommes aujourd'hui convaincus par l'exemple de notre propre vie.
Le deuxième point, sur lequel ma fille Daria Douguina a souvent attiré l'attention, concerne la composition de notre front. Elle a d'ailleurs souvent parlé de la composition de notre front. Le concept de "fraternité de combat eurasienne" en est la meilleure définition: le front est constitué non seulement d'une fraternité de nations, mais aussi de représentants de différents groupes ethniques. Les Russes en forment le noyau, mais les Tchétchènes, les Tatars, les Finno-Ougriens, les Bouriates et les Kalmouks combattent aux côtés de ce noyau russe. Ils sont unis non seulement par leur appartenance à un même État, mais aussi par de profondes valeurs traditionnelles.
- J'aimerais vous parler de deux musiciens, Sergueï Kouryokhin et Yegor Letov, qui se considéraient comme vos disciples et vos élèves. Malheureusement, ils sont décédés prématurément, mais ils sont des idoles incontestées de la jeunesse. Les chansons de Letov sont aujourd'hui interprétées par des rappeurs. Est-il vrai que vous les avez influencés ?
- J'étais ami avec Yegor Letov et Sergueï Kouryokhin. Je les ai rencontrés alors qu'ils avaient déjà une personnalité bien affirmée, et je ne peux donc pas me considérer comme leur professeur. Quant à Yegor Letov, c'est un grand poète, un merveilleux musicien, un artiste, un peintre. Et ses textes, ses chansons sont dotés d'une énorme signification philosophique. Si vous voulez, c'est un représentant des poètes maudits de notre époque. Toutes ses chansons sont écrites avec du sang, payées avec des risques. Il était ce qu'un poète devrait être : il s'est sacrifié à la poésie. Et Sergueï Kouryokhin est beaucoup plus rationnel, calibré, retenu, plus ironique.
Sergueï Kouryokhine et Yegor Letov.
- Il y a trente ans, Kouryokhin disait que la seule forme d'art véritable était la politique.
- Il était un expérimentateur en la matière. Par exemple, il proposait de donner des conférences sur la zoologie et l'anthropologie dans des discothèques à la musique discrète. Et inversement, pendant les cours à l'institut, de danser. Dans les discothèques, on écouterait une leçon sur Kant, et pendant les cours, on danserait. Il a suggéré de combiner les loisirs et l'éducation, le sérieux et le non-sérieux, la politique et l'art. Je trouve cela intéressant. Après tout, de nombreuses personnes se sont lancées dans la politique pour changer le monde. Et pour cela, il faut du romantisme, de l'imagination. Kouryokhin, Letov, Edouard Limonov et beaucoup d'autres de mes amis se caractérisaient par une telle attitude globale - combiner différents aspects de la vie. Ils s'intéressaient à la politique en tant que voie vers une liberté impossible. La liberté dans la société est inaccessible, mais sa recherche est la tâche principale de l'être humain. Malheureusement, Letov et Kouryokhin ne sont pas appréciés à leur juste valeur. Le milieu culturel banal de l'ère du libéralisme ne les a pas compris du tout. En passant du côté de l'antilibéralisme, ils ont bien sûr signé leur propre jugement. Mais je pense que leur heure viendra.
- Est-il vrai qu'en tant que jeune homme travaillant comme concierge, vous avez appris neuf langues en autodidacte ?
- Vous savez, je n'aime pas la jeunesse. Ni la mienne, ni celle des autres. Je pense que c'est une période humiliante où l'on se sent inférieur, où l'on veut devenir adulte le plus vite possible. Se réjouir de la jeunesse, c'est comme un invalide qui se réjouit de ne pas avoir de bras. Se réjouir de ne pas avoir encore réussi. C'est pourquoi depuis ma jeunesse, depuis la fin des années 70, je me suis efforcé de ne plus être jeune. Je ne supportais pas d'être jeune, ni les autres jeunes. J'étais ami avec des gens beaucoup plus âgés que moi. Oui, pendant la période soviétique, j'ai travaillé comme concierge. Une courte période, cependant. Il me semblait que ce travail me donnait le maximum de temps pour étudier la philosophie, la théologie, la linguistique et d'autres sciences. La société ne me donnait pas la possibilité de faire ces choses, alors j'ai choisi cette sorte d'ermitage. Ce choix était dicté par le désir de cesser d'être jeune le plus tôt possible. J'ai essayé d'apprendre des langues, de lire autant de livres que possible, de traduire, d'étudier, de faire des recherches. C'était l'essence même de ma vie.
En général, ce qui compte, ce n'est pas votre position dans la société, c'est ce que vous êtes. Il y a des gens parfaits parmi les concierges et les personnes exerçant des professions simples. De même, il y a des fous, des crétins et des monstres parmi les universitaires ou les hauts fonctionnaires. Le philosophe allemand Nietzsche a écrit : "Je prévois une époque où les derniers nobles seront considérés dans la société comme de la racaille. Et, au contraire, la racaille constituera l'élite dirigeante". Malheureusement, il semble parfois que les temps prophétisés par Nietzsche soient arrivés.
- Votre père, Heli Alexandrovitch, lieutenant général de la Direction principale des renseignements de l'État-major général, partageait-il vos opinions ?
- Il a très mal réagi. C'était un homo sovieticus, dévoué au marxisme-léninisme. Il travaillait au sein du Comité de sécurité de l'État, où il occupait de hautes fonctions. Mon père a divorcé de ma mère lorsque j'avais trois ans, il ne vivait pas avec nous, même si nous le rencontrions de temps en temps. De son vivant, nous n'avons pas eu de relations. Mais nous étions unis par le fait que nous étions tous deux patriotes. À la fin de sa vie, mon père était très inquiet pour la Russie, pour le déclin de l'État, pour les changements libéraux des années quatre-vingt-dix. Cela nous a rapprochés. Mais en général, il n'avait aucune influence sur moi. Bien qu'il m'ait parfois pris de nombreux livres à ma demande, à contrecœur, mais en obéissant à son devoir de père, et qu'il les ait photocopiés sur son lieu de travail - dans les entrailles du KGB. Sans attirer l'attention. À l'époque, dans les années 80, il n'y avait pas de photocopieuses dans le domaine public. Je me souviens de lui, déconcerté et même meurtri, me tendant une énorme pile de pages contenant le traité alchimique de Basil Valentine en vieil allemand.
- Et que pensait votre mère, docteur en médecine, de vos loisirs de jeunesse?
- Ma mère était médecin et elle aussi regardait mes centres d'intérêt avec horreur et incompréhension. Mais pour moi, ce n'était pas fondamental. J'ai surtout détesté la jeunesse et l'état dans lequel vous n'êtes pas encore une personne à part entière, et vous êtes déjà mis sur les rails qui mènent à un endroit où vous ne grandirez jamais en tant que personne à part entière. Grâce à Dieu, j'ai rencontré des parents spirituels, des personnes qui m'ont beaucoup plus influencée, pour de vrai. Aujourd'hui, je réalise à quel point l'institution des parents spirituels, des parrains et marraines, est importante. Autrefois, les parents naturels élevaient les enfants jusqu'à l'âge de treize ans, jusqu'à la puberté. Ensuite, les enfants étaient confiés aux parrains et marraines. Pourquoi cette rotation ? Parce que les parents physiques ont des limites. Ils ont l'habitude de s'occuper, disons, de l'aspect corporel de leurs enfants, ils en sont responsables. Et parfois, ils n'ont pas le temps de s'occuper du développement spirituel et culturel. L'institut des parrains et marraines a été créé pour aider les jeunes à devenir des personnes spirituelles. C'est un autre niveau d'éducation et de formation. Ainsi, à l'âge de dix-huit ans, j'ai rencontré des parents spirituels qui ont joué un rôle décisif pour moi. Ils étaient philosophes, métaphysiciens, religieux, porteurs d'un esprit d'opposition, défenseurs de la tradition, défenseurs du sacré. C'est parmi eux que j'ai trouvé ma famille spirituelle. Et quand j'ai eu ma propre famille, j'ai essayé de les combiner - de faire de mes enfants physiques mes enfants spirituels en même temps. C'est d'ailleurs très difficile et très risqué.
- Votre fils Arthur est également philosophe, mais aussi musicien. Il crée une musique qui, à mon avis, est similaire à celle que vous avez créée dans votre jeunesse. Pouvez-vous dire qu'il poursuit votre œuvre ?
- Arthur est une personne totalement indépendante, et sa musique est différente. Il s'intéresse à l'art, il est philosophe, mais il a choisi le domaine de l'esthétique et de la création artistique. C'est pourquoi il peint et fait de la critique d'art. Le problème des pères et des enfants est classique. Dans ma jeunesse, je me suis rebellé contre mon père, qui était communiste et général du KGB. D'une certaine manière, mon fils Arthur s'est lui aussi rebellé contre mes opinions à une certaine époque, afin de devenir lui-même libre et indépendant. C'est ainsi qu'il a surmonté cette crise. J'ai essayé de ne pas lui mettre la pression, j'ai essayé de faire en sorte qu'il cesse d'être un jeune homme le plus tôt possible. Arthur est un penseur établi, le créateur de sa propre famille philosophique et artistique. Je suis heureux qu'il partage mon principal vecteur, même s'il a une position particulière. Et c'est ce que j'encourage.
- Il y a un an, Arthur s'est marié. Récemment, j'ai vu sur Internet une photo de vous avec un petit enfant dans les bras. Un petit-fils ?
- Comme tout ce qui me concerne comporte un risque, je ne l'expliquerai pas. C'est pour cela que les gens vont participer à l'opération militaire spéciale en se cachant le visage ? Ce n'est pas parce qu'ils ont peur pour eux-mêmes. C'est parce qu'aujourd'hui, tous les détails de la vie personnelle sont extrêmement dangereux et peuvent nuire aux personnes qui nous sont chères.
- Vous avez dit un jour qu'un artiste payait la révélation par lui-même. Dans quelle mesure ces mots s'appliquent-ils au sort de votre fille Dasha Douguina, qui a été tuée par une terroriste il y a un an ?
- Nous avons récemment publié les journaux intimes de Dasha. Le livre s'intitule "The Peaks and Heights of My Heart" (Les sommets et les hauteurs de mon cœur). C'est un livre étonnant dans lequel Dasha réfléchit constamment à la question suivante : qu'est-elle prête à faire pour défendre ses convictions ? Que pourrait-elle sacrifier pour le peuple russe qu'elle aime tant ? Il me semble que toute déclaration de ce genre est toujours mise à l'épreuve par le destin. Que peut-on dire de Dasha ? Elle n'a pas pris part à des actions militaires, bien qu'elle ait été spirituellement et intellectuellement en guerre contre ses ennemis. Elle considérait comme ses ennemis ceux qui haïssaient sa patrie, la Russie et l'orthodoxie. Mais elle n'a pas commis la moindre action violente, elle n'a même pas insulté qui que ce soit ! Et pourtant, elle est devenue la victime d'une tueuse impitoyable, froide et brutale, d'une terroriste - une femme également. Et qui avait un enfant. Et Dasha s'est toujours intéressée aux problèmes du destin des femmes, de leur sainteté, de leur vice ou, au contraire, de leur exaltation. C'était un féminisme tellement orthodoxe.
Et que deviner ? Le destin de Dasha est éloquent. Ce qui lui est arrivé est une telle horreur. Et ce qui nous est arrivé... Il est très difficile d'en parler en termes philosophiques ou poétiques. Je pense que la mort de Dasha a ébranlé notre peuple. Dasha est devenue une héroïne nationale. Je rencontre différentes personnes et toutes me disent la même chose: Dasha est devenue l'incarnation de notre esprit. Des gens qui ne la connaissaient pas ou qui ne me connaissaient pas sont devenus des adeptes de sa mémoire.
Tout homme qui a donné sa vie pour son pays est un héros. Et sa mémoire est sacrée. Mais Dasha a aussi incarné l'innocence, ce qui est vraiment horrible. Lorsqu'un homme prend les armes et combat nos ennemis, c'est une chose. Bien sûr, c'est un héros. Mais il peut se défendre, riposter. Et Dasha n'a pas pu le faire.
Dans son journal, il y a une dizaine d'années, alors que Dasha ne s'intéressait même pas à la politique, elle écrit soudain: "Un jour, je donnerai ma vie pour mon peuple, pour mon État et je deviendrai un héros national". Une enfant, une très jeune fille, ne dit pas: "Je me marierai et j'aurai des enfants", mais parle de quelque chose comme ça... C'est la preuve d'une certaine profondeur... Bien sûr, je rêvais qu'elle ait une famille, un mari, des enfants. Mais elle voulait être une héroïne. Et il y a une providence ici. Nous ne la connaissons pas, et je ne peux même pas l'accepter. Les voies de Dieu sont inexplicables, et personne ne peut prédire comment il nous conduit vers la justice et l'immortalité.
- Est-il possible d'enseigner la spiritualité à une personne ?
- Je pense que oui. Si nous ne prenons pas les enfants qui sont élevés dans des familles religieuses et patriotiques, la plupart des autres sont victimes de la perversion la plus monstrueuse. Parce que la culture de l'éducation et de l'instruction des trois dernières décennies a systématiquement transformé les gens en libéraux. En individualistes, coupés de la société. Et, bien sûr, les représentants des élites dirigeantes des années 90 sont responsables du libéralisme des jeunes, qui ont construit toute la culture et l'éducation sur le libéralisme.
Il faut donc reconstruire tout le système éducatif, la culture, l'information, et même la vie quotidienne. Je pense que les personnes élevées sur de faux principes sont victimes de la maladie la plus grave, le libéralisme. C'est une forme de toxicomanie idéologique, comme la fascination pour l'Occident, comme les gadgets. Du point de vue libéral, une personne doit être aussi superficielle qu'un écran est plat. Ce que le philosophe Gilles Deleuze appelle la "schizomasse". C'est-à-dire que le libéralisme rend les gens schizomâtres. Et comment leur expliquer qu'il y a une âme quand toute leur culture insiste sur le fait qu'il n'y a pas d'âme et la ridiculise, ainsi que ceux qui y croient ?
- En guise d'adieu, je voudrais vous interroger sur l'avenir, sur la façon dont vous le voyez pour vous-même. Sur votre rêve.
- En théologie, il existe un concept appelé "apophatisme". Il affirme l'existence de choses qui n'ont pas de nom dans le langage. Eh bien, mon rêve n'a pas de nom. Et si je le partage, je risque d'être mal compris.
Les États n'ont ni amis permanents ni ennemis permanents: ils n'ont que des intérêts stables", affirmait Henry Kissinger, reprenant la pensée du père du conservatisme britannique Benjamin Disraeli.
La continuité stratégique des États-Unis illustre parfaitement ce concept: les intérêts des alliés ont toujours été peu ou pas pris en compte, tandis qu'au centre, comme l'étoile polaire de toute politique, se trouvait toujours la préservation ou l'expansion de l'hégémonie durement acquise au cours des deux guerres mondiales. Washington n'a jamais eu de scrupules à abandonner, voire à éliminer, les alliés une fois leur fonction au service de l'empire épuisée. L'occupation des Philippines, les abandons honteux de Hanoï et de Kaboul, les accords du Plaza avec le Japon, l'arrestation de Noriega et l'assassinat de Ben Laden, entre autres exemples, sont là pour le prouver.
N'en déplaise aux libéraux épris des mirages d'une communauté euro-atlantique, pour les Etats-Unis, entre le dictateur d'un pays du tiers-monde, le chef d'une milice extrémiste et un pays du Vieux Continent, il n'y a pas de différence substantielle. Les événements récents le prouvent. Avec le manque de marge de manœuvre garanti par les nécessités de la guerre froide, qui ont obligé les États-Unis à garantir la stabilité de l'Europe avec la carotte et le bâton, les pays du continent se sont retrouvés avec un maître de plus en plus encombrant derrière eux, inquiets d'un éventuel défi international représenté par l'euro, vite désamorcé, et surtout intéressés à éviter que, dans un monde qui désavoue formellement, ou renie, la politique des blocs, les États européens ne commencent à interagir avantageusement avec la Russie et la Chine.
Le cas de l'Allemagne est à cet égard emblématique. Du scandale Volkswagen à la destruction du Nord Stream, des sanctions anti-russes au soutien à la Pologne, les Etats-Unis ont sciemment ignoré les intérêts de leur soi-disant allié dans le double but d'éliminer un dangereux concurrent international et de renforcer le rideau de fer qu'ils voulaient à tout prix ériger aux frontières de l'Eurasie occidentale. Mission accomplie : l'Allemagne en récession et l'ennemi de ce qui aurait été un partenaire naturel, la Russie, ne représentent plus un danger. En même temps, on peut la piller sans craindre de porter atteinte à la dignité nationale. La flambée des prix de l'énergie et les milliards de dollars d'investissements attirés par l'Allemagne grâce à l'Inflation Reduction Act ont contribué à maintenir le système américain debout face à une criticité et une instabilité de plus en plus graves et manifestes.
Après avoir épuisé l'Allemagne, il faut nécessairement se tourner vers la France. Cette dernière, forte elle aussi d'un empire colonial qui n'en a plus que la forme, a également tenté récemment, soucieuse de l'exemple gaulliste, de revendiquer des espaces d'autonomie assez considérables, Macron allant jusqu'à annoncer sous Trump la " mort cérébrale de l'OTAN ", ou à émettre l'hypothèse d'une participation au sommet des BRICS à Johannesburg. C'est pourquoi, avant de se lancer dans son pillage, il est nécessaire d'affaiblir la France, de diminuer sa capacité à revendiquer des intérêts particuliers même distincts de ceux du maître. Cela doit se faire aussi bien en Europe qu'en Afrique. C'est dans ce sens que l'on peut lire l'attitude prudente du ministre italien Crosetto à l'égard de la solution militaire au Niger, ainsi que la révélation, partielle parce qu'elle omet la direction OTAN de l'opération, de la paternité française du massacre d'Ustica faite par Giuliano Amato dans les colonnes de La Repubblica, qui n'est pas par hasard l'un des plus fidèles porte-voix de l'impérialisme américain en Italie.
Le coup d'État au Gabon lui-même, un autre morceau de la Françafrique à tomber, comparé aux récents coups d'État au Sahel, présente des particularités qui suggèrent qu'il s'agit plus d'une "passation" à l'aile pro-américaine du régime précédent que d'un geste de fierté de la part des secteurs patriotiques des forces armées.
La crise de l'impérialisme américain, engagé avec une intensité croissante sur plusieurs fronts et ne disposant plus de bases économiques et productives solides, conduira nécessairement à l'exacerbation des contradictions entre Washington et ses alliés qui lui sont subordonnés.
Le sort de l'Allemagne et les ombres qui planent sur l'avenir de la France devraient alarmer l'Italie et la Pologne, deux pays dont les gouvernements semblent avoir tout misé sur une adhésion militante à l'orthodoxie atlantique. Autant il peut sembler que la servilité atlantique soit payante dans la mesure où deux adversaires régionaux sont affaiblis, autant un jour, très bientôt, elle ne peut que conduire à les offrir en holocauste au Moloch américain, que ce soit par une intervention militaire suicidaire contre la Russie, par une déprédation économique ou par une combinaison des deux. Toute concession aux forces de l'impérialisme nous affaiblit et éloigne la possibilité d'un pays libre et indépendant.
Prague. Depuis les dernières élections présidentielles de mars 2023, la République tchèque a un ancien fonctionnaire de l'OTAN, Petr Pavel, comme président de la République. Il semble désormais que Pavel veuille également remettre sur les rails le glacis des Etats d'Europe centrale et orientale. Le groupe de Visegrad (V4), une alliance régionale considérée comme plutôt critique envers l'UE, s'y est établie. Il comprend la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque.
Lors de la récente réunion des chefs d'ambassade tchèques à Prague, M. Pavel a déclaré qu'il serait utile à long terme de "veiller à ce que le groupe de Visegrad reste fidèle à son esprit fondateur, qui était démocratisant et pro-européen". Il n'a pas caché qu'il souhaitait un changement du format actuel.
La République tchèque assure jusqu'en juillet 2024 la présidence tournante du groupe de Visegrad, créé dans les années 1990 après que la République tchèque, la Slovaquie, la Pologne et la Hongrie se soient détachées de l'ancien bloc de l'Est suite à l'effondrement de l'Union soviétique. L'un des objectifs du groupe était d'intégrer les structures occidentales telles que l'UE et l'OTAN.
Au sein de l'UE, l'Alliance s'est transformée en une formation eurosceptique. La Pologne et la Hongrie sont en conflit permanent avec Bruxelles, notamment sur des questions d'immigration. En Slovaquie et en Hongrie, il existe également un sentiment pro-russe qui pourrait se manifester lors des prochaines élections en Slovaquie. Cela ne convient pas au président tchèque.
"Les élections législatives [en Slovaquie] dans quelques semaines seulement montreront quel type d'avenir les Slovaques veulent et choisiront. Je crois que, quel que soit le résultat des élections, notre amitié particulière restera et je m'y engagerai personnellement", a déclaré Pavel. (mü)
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Berlin/Moscou/Pékin. Un an et demi après le début de la guerre en Ukraine, les observateurs politiques s'accordent à dire que deux des principaux objectifs de la politique étrangère allemande, formulés par la chef de la diplomatie verte Annalena Baerbock en réaction à la "guerre d'agression" russe, ont échoué avec fracas. Il n'a pas été possible d'"isoler" la Russie sur la scène politique internationale, comme Baerbock l'avait déjà formulé quelques jours après le début de la guerre en février 2022, ni de "ruiner" l'économie russe. Au contraire, alors que l'économie russe devrait croître jusqu'à 1,5 pour cent en 2023, l'économie allemande se contractera d'au moins 0,3 à 0,5 pour cent.
La ministre verte des Affaires étrangères est cependant loin de tirer les leçons de cette décevante involution. Au contraire, elle s'obstine à poursuivre sa politique étrangère désastreuse qui, depuis un an et demi, n'a fait que réduire le poids politique de l'Allemagne dans le monde et ruiner ses relations avec de nombreux partenaires internationaux.
Dans un discours prononcé ces jours-ci au ministère des Affaires étrangères de Berlin devant des diplomates et des représentants de l'économie allemande, Baerbock a esquissé son programme de politique étrangère. Elle continue de miser sur un "découplage" complet, non seulement de l'économie allemande mais aussi de l'économie mondiale, de la Russie et de la Chine. Ces deux pays, qui font désormais partie des principales puissances économiques mondiales, doivent être isolés dans le commerce mondial. Et Baerbock n'a aucun doute sur le fait qu'on y parviendra.
La ministre des Affaires étrangères des Verts n'a apparemment toujours pas digéré le fait que l'Allemagne et la Russie ont entretenu des relations économiques stables pendant des décennies - ce qui a longtemps été une épine dans le pied des milieux transatlantiques. Elle a sérieusement affirmé dans son discours de Berlin que "nous continuons à payer cher la dépendance fatale au gaz et au pétrole russes dans laquelle l'Allemagne s'est engagée".
L'objectif doit désormais être de contourner complètement les produits et les matières premières en provenance de Russie et de Chine - tout en restant compétitif. Il doit s'agir de ne pas laisser "l'organisation d'un monde en réseau et l'organisation de la mondialisation" à "la main prétendument forte des autocrates" - ce qui, dans la diction des bien-pensants allemands, désigne avant tout les gouvernements de Moscou et de Pékin.
Par exemple, Baerbock a l'intention d'exclure la Chine du processus de création de valeur dans la production de lithium. Elle propose que le processus de transformation du lithium se déroule à l'avenir en Australie et non plus en Chine, comme c'est le cas actuellement. "Et on se demande : pourquoi n'en a-t-on pas discuté au cours des dernières décennies ?" Peut-être parce que les relations commerciales sino-allemandes se sont développées dans le passé de manière avantageuse pour les deux parties. La ministre verte des Affaires étrangères n'est toutefois pas accessible à de tels arguments.
Elle n'a pas non plus été sensible à l'ironie dont elle a récemment fait l'objet en Australie. M. Baerbock n'a pas pu effectuer le voyage prévu de longue date à la mi-août, car l'avion du gouvernement allemand est tombé en panne et a dû faire demi-tour au-dessus de l'océan Indien. Dans son discours à Berlin, elle a maintenant rapporté de manière totalement indolore ce qu'on lui avait transmis de Canberra : "Madame Baerbock, malgré votre avion en panne, la foi en l'ingénierie allemande reste intacte en Australie". Croira qui voudra.
La confiance de Baerbock dans la capacité de l'Allemagne à influencer l'économie mondiale au point de réussir à isoler complètement la Chine et la Russie sous la direction de l'Allemagne reste intacte. Mais elle perd alors de vue les faits. Les analystes et les économistes du monde entier ne doutent plus que l'économie allemande - jusqu'à récemment la plus forte d'Europe et la troisième du monde - est en train de sombrer rapidement. L'annonce que l'industrie automobile allemande, qui était jusqu'à présent le moteur de l'économie allemande, a produit en juillet près de 10% de moins que le mois précédent, a fait grand bruit. De nombreux secteurs se préparent à réduire leur production en Allemagne et à la délocaliser à l'étranger.
L'ancienne locomotive économique de l'Europe est depuis longtemps en récession. L'Allemagne n'a déjà plus le poids nécessaire pour "isoler" un autre pays du monde. Seule l'Allemagne s'isole de plus en plus avec sa politique de catastrophe - alors que la Russie et la Chine travaillent avec détermination à la formation d'un futur grand bloc africain-eurasien et intensifient leurs relations commerciales avec de nombreux pays du Sud et de l'Est.
Baerbock est une femme de conviction. Il n'y a pas d'autre moyen d'interpréter le fait que la principale préoccupation de sa "politique étrangère basée sur les valeurs" est la confrontation avec la Russie et la Chine et une nouvelle division du monde en deux. Baerbock veut faire revivre la confrontation Est-Ouest de la guerre froide. Il n'est pas nécessaire d'être prophète pour prédire que la réalité va lui jouer un mauvais tour. Au final, ce ne sont pas la Russie et la Chine qui en pâtiront, mais l'Allemagne. (mü)
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Peu de gens l'ont remarqué. Les médias et les analystes sont trop distraits par ce qui se passe en Ukraine. Ou (pas encore) par ce qui se passe dans le Pacifique. Mais le Caucase connaît une violente fièvre. C'est comme s'il s'agissait d'un chaudron en ébullition depuis un certain temps, dont l'eau est maintenant prête à déborder.
Ce n'est certes pas nouveau. La région du Caucase, enchevêtrement de peuples, d'ethnies, de religions, a toujours été, c'est le moins que l'on puisse dire, agitée. Et elle l'est encore plus depuis que les différents États de la région sont devenus indépendants après l'effondrement de l'URSS.
Cette indépendance n'a toutefois pas résolu de nombreux problèmes. Au contraire, elle a exacerbé les tensions et les conflits latents, comprimés par le règne des tsars rouges. Celui du Haut-Karabakh, entre Azéris et Arméniens, n'en est que l'exemple le plus frappant. Ce n'est certainement pas le seul. Et peut-être même pas le plus dangereux.
Et c'est précisément d'Arménie que nous parviennent, en ces heures, des signaux menaçants. Ce qui pourrait laisser penser à une explosion imminente dans toute la région du Caucase.
En bref, le Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, a déclaré publiquement que l'alliance, parfois historique, avec la Russie est un fardeau pour Erevan. Un fardeau dont il veut se débarrasser au plus vite. Réaction sèche du Kremlin. Par l'intermédiaire de son porte-parole, il a réaffirmé que la relation Russie-Arménie était une alliance, une amitié "entre égaux". Dans l'intérêt des deux parties. Un point c'est tout.
Mais ce ne sont pas que des mots. Des manœuvres militaires conjointes entre les armées arménienne et américaine ont été annoncées. Presque un prologue à la sortie d'Erevan de l'alliance avec la Russie. Et de son entrée dans l'OTAN.
Il est facile d'imaginer ce que cela pourrait impliquer. La présence de l'OTAN dans le Caucase, qui a toujours été son "arrière-cour", ne peut laisser Moscou indifférent. Ni Téhéran, jusqu'à présent l'autre allié régional de l'Arménie.
Fabio L. Grassi, professeur à l'université Sapienza de Rome et l'un des plus grands spécialistes de la géopolitique caucasienne, a souligné combien il est navrant de constater que les dirigeants arméniens parviennent, infailliblement, à ne pas avoir raison.
En effet, abandonner le camp russe pour passer du côté américain signifie, à l'heure actuelle, l'isolement total de l'Arménie. Celle-ci se retrouve encerclée, entre des voisins hostiles. D'un côté, Moscou et Téhéran qui, comme je l'ai dit, voient la présence de l'OTAN dans la région comme la transformation de cet espace géographique en un baril de poudre. De l'autre, l'Azerbaïdjan et la Turquie. Des ennemis historiques de l'Arménie. Une inimitié exacerbée par la crise du Haut-Karabakh, où le conflit semble sur le point de reprendre de plus belle.
Au-delà des calculs, et des erreurs, du gouvernement d'Erevan, la situation qui se crée présente un haut degré de risque. Washington, de plus en plus conscient de l'échec ukrainien, tend à générer un nouveau foyer de tension avec Moscou dans le Caucase.
Et comme il semble difficile de miser sur la Géorgie pour l'instant, en raison des réticences de sa classe dirigeante, qui a en mémoire l'expérience malheureuse de 2008 - où Tbilissi a été livrée à elle-même face à une attaque russe foudroyante -, elle mise désormais sur l'Arménie.
Pour ouvrir, au Sud, un nouveau front dans la complexe partie d'échecs visant à isoler, et en perspective à démembrer, la Russie et sa zone d'influence.
Cette opération pourrait toutefois facilement déclencher un effet en chaîne. Impliquant également la Turquie. Erdogan ne pourra certainement pas accepter sans réagir le soutien implicite de l'ami américain aux revendications arméniennes sur le Haut-Karabakh. Au détriment de l'Azerbaïdjan qui, pour Ankara, est un "pays frère".
L'administration Biden risque donc un nouvel effet boomerang. En arrachant Erevan à la sphère d'influence russe, elle marque un nouvel éloignement de la Turquie. Et elle amène Bakou, hier encore assez proche de Washington, à regarder avec de plus en plus d'intérêt du côté de Moscou.
Le Caucase est une mosaïque délicate et complexe. Déplacer un pion implique toujours un jeu de réactions en chaîne. Ce qui peut conduire à un tel bourbier que l'actuel conflit russo-ukrainien semble facile à comprendre.
Tous fous de Modi et de l'Inde. Les atlantistes ont trouvé leur nouvelle idole. L'homme capable de diriger le Sud mondial face à la Chine et à la Russie ; la cinquième colonne occidentale au sein des Brics. Un enthousiasme qui a déjà poussé les désinformateurs italiens à dicter les règles à Modi pour ses prochaines étapes.
Ainsi, les collègues de ceux qui, dans le Corriere, écrivent "les sacs à dos", se sont redécouverts historiens et linguistes et ont immédiatement contraint le leader indien à faire marche arrière sur le changement de nom du pays. Modi veut remplacer India, qui lui rappelle le colonialisme britannique, par Bharat. L'intelligentsia progressiste italienne n'est pas d'accord. Comme si les bons journalistes d'Urbano Cairo comptaient pour quelque chose à New Delhi.
Mais cette arrogance, cette présomption, est intéressante. Cette prétention à dicter sa conduite à Modi depuis l'Italie. Evoquer Alexandre le Grand et justifier l'oppression britannique. En oubliant, par facétie ou par ignorance, les millions de morts causés par la répression britannique. Car si Modi veut faire partie de la grande famille atlantiste, il doit s'adapter au récit de Londres et de Washington, véhiculé par les larbins des larbins italiens.
Dommage que Modi, de cette belle famille, ne veuille pas en faire partie. Ni de celle de Pékin. Quant à Moscou, elle représente une partie du miracle économique indien. Car Poutine fournit à New Delhi du gaz et du pétrole à prix cassés. Garantissant la compétitivité de la production indienne par rapport à celle de l'Europe.
L'Inde, même dans sa version Bharat, n'a pas l'intention de rejoindre l'équipe des larbins de Biden. Elle veut être le protagoniste du soulèvement du Sud global contre l'arrogance atlantiste. Contre les règles dictées par Washington sur la base de deux poids, deux mesures. Car Washington et les larbins européens ne sont pas intéressés par le développement de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, mais uniquement par la poursuite de l'exploitation des matières premières qui font défaut à l'Occident. Certes, la rivalité entre Pékin et New Delhi fait l'affaire des atlantistes. Mais les larbins de Biden feraient bien de ne pas se faire trop d'illusions. Car, contrairement à eux, Modi aime son pays plus qu'il n'aime l'American way of life.
Et les journalistes italiens politiquement corrects devraient également étudier - après la géographie et la grammaire italiennes - les origines du nom Bharat. Ils pourraient y découvrir quelque chose d'extrêmement désagréable pour les adorateurs de l'inclusion et du mélange ethnique.
Au-delà de la gauche et de la droite: l'avenir de l'antimondialisme
Brecht Jonkers
Discours tenu lors du colloque de l'association Feniks, Anvers, 10 septembre 2023
Bonjour,
"Au-delà de la gauche et de la droite, contre le mondialisme" est un slogan que l'on retrouve dans les publications de Feniks. Un slogan qui non seulement indique clairement ce à quoi l'organisation s'oppose dans la société, mais qui porte également un message qui transcende les divisions traditionnelles de notre paysage politique.
Pourquoi ce slogan m'interpelle-t-il ? Permettez-moi tout d'abord d'évoquer mon parcours politique personnel. J'ai été fasciné par la politique dès mon plus jeune âge et j'ai été actif dans les cercles de gauche, en particulier dans les cercles marxistes, pendant de nombreuses années. Dans ce cadre, je me suis principalement plongé dans les développements politiques internationaux et ce que l'on appelle la géopolitique. L'invasion de la Libye par l'OTAN et ses conséquences désastreuses m'ont fortement incité à me consacrer davantage à l'étude de l'impérialisme, en particulier du rôle des alliances occidentales telles que l'OTAN. Pour reprendre les mots de Lénine, l'impérialisme est le stade le plus élevé du capitalisme, et la contradiction entre l'impérialisme et ses victimes est la contradiction la plus importante au niveau mondial.
En étudiant et en évaluant les luttes de différents pays et cultures pour leur individualité et leur souveraineté, je me suis souvent heurté à l'étrange contradiction entre les sociétés occidentales et le Sud global. Dans la plupart des pays, préserver et protéger sa propre culture est quelque chose de logique, de fondamental et d'évident. Dans des pays comme la Belgique, c'est étrangement différent. Qu'est-ce que notre propre culture ? Souvent, il y a fondamentalement peu de différences dans la société entre, disons, la Belgique, l'Allemagne, l'Angleterre ou même les États-Unis. La mondialisation, et en particulier le rôle des États-Unis, a mis en place une sorte de superstructure sur le corps de notre société, une superstructure de valeurs libérales, dites de marché libre, et de pensée unitaire cosmopolite.
En Europe, l'idée de défendre les valeurs traditionnelles a souvent été monopolisée par ce que l'on appelle la droite, mais d'une manière qui n'est généralement pas trop profonde. Du côté droit de l'opposition traditionnelle, on observe souvent une peur exagérée de "l'étranger", des locuteurs non natifs, des personnes de couleur différente et des autres religions. Mais on passe souvent à côté de l'essentiel : le fait que les traditions sont écrasées par le système libéral-capitaliste cosmopolite et les changements socioculturels qui l'accompagnent.
D'autre part, la gauche passe souvent complètement à côté de cette dimension culturelle. Les gens de gauche ont toujours osé remettre en question la nature économique de ce système et ses conséquences antisociales, bien qu'ils ont de moins en moins osé le faire de manière fondamentale au cours des 30 dernières années. Mais le lien qui existe entre le caractère unique de la culture et la société est souvent complètement oublié. Il est presque hors de question, dans ces milieux-là, de poser des questions sur les valeurs traditionnelles, les questions éthiques et la souveraineté nationale des nations, parce qu'il s'agit, après tout, de thèmes qui font l'objet d'une pensée "de droite".
Ce type de division rigide entre de telles thématiques n'existe pas du tout dans la plupart des pays du monde. Les partisans cubains de Castro ont tendance à être extrêmement patriotiques, les communistes chinois ont des valeurs traditionnelles fortes et respectent les traditions confucéennes et bouddhistes de leur pays, et les politiciens musulmans conservateurs de Malaisie, par exemple, ont souvent des programmes économiques qui sont plus à gauche que ceux du social-démocrate européen moyen. L'adhésion obstinée à la pensée gauche-droite, qui remonte au 18ème siècle, est pernicieuse pour la capacité à nommer correctement les problèmes et à formuler des solutions.
Les exemples que j'ai cités ne sont bien sûr que des illustrations. Je ne plaide pas ici pour l'adoption de systèmes comme s'il s'agissait d'un modèle de société belge. Le fait est qu'il est possible de lutter simultanément contre des concepts de "droite" tels que le marché libre libéral, la politique d'austérité, l'obsession de la privatisation et les interventions impérialistes à l'étranger, ainsi que contre des idées de "gauche" telles que l'élimination de la religion de la vie publique, l'idéologie du genre, l'accent excessif mis sur les identités LGBT et la "citoyenneté mondiale" sans racines et sans base traditionnelle ou nationale.
En fait, cela devrait aller de soi. En fait, ces thèmes dits "de droite" et "de gauche" sont déjà combinés et promus par les propagandistes du capitalisme libéral et du mondialisme. "Le capitalisme débridé combiné à la "liberté" personnelle de se réfugier dans la drogue, le sexe ou toute autre forme de distraction, c'est ce qu'on appelle souvent le "socialement libéral mais économiquement conservateur". Une société qui permet à peu près tout tant que cela ne touche pas aux profits que peuvent faire ceux qui sont au sommet. Ce que nous appelons la droite a trop souvent repris aujourd'hui l'opposition libérale "progressiste" aux identités traditionnelles et à la religion organisée, et vice versa, l'idée d'une sorte de modèle occidental supérieur qui doit être propagé au reste du monde même contre sa propre volonté est maintenant aussi fortement présente à gauche.
Face à cela, il faut créer une réponse qui dépasse le vieux schéma gauche-droite. Le problème ne réside pas dans le migrant lui-même, mais dans le système qui a fait de la migration un commerce de plusieurs milliards de dollars. Le problème ne réside pas non plus dans le Flamand blanc hétérosexuel, mais dans le système qui le prive de sa sécurité d'emploi, de son système de retraite et même de sa sécurité de base. Les préjugés qui existent tant à gauche qu'à droite font obstacle à une solution fondamentale aux problèmes de la société.
Il devrait être possible de combiner la justice sociale et l'humanité économique avec la préservation et la protection de ses propres valeurs traditionnelles et de la souveraineté nationale du pays. En fait, c'est ainsi que les partis socialistes ont fonctionné pendant des décennies, avant de céder la place au vague programme progressiste des dernières décennies.
Nous vivons dans un monde en mutation extrêmement rapide. La structure de la politique mondiale mise en place après la fin de la guerre froide se désintègre. À la place d'un modèle unipolaire dominé par les États-Unis et soutenu par l'OTAN, un ordre multipolaire a émergé. Un monde dans lequel chaque civilisation a la possibilité de se développer selon sa propre identité et ses propres normes et valeurs. C'est exactement ce que les pays d'Europe ont aujourd'hui l'occasion de faire : remettre leur individualité à l'honneur et s'éloigner de la vision déracinée de la société que nous impose l'élite néolibérale. Le consumérisme capitaliste et l'individualisme cosmopolite ne sont pas la culture de ce pays, ni même de ce continent. Il s'agit d'une structure imposée d'en haut qui peut, et doit, être brisée.
C'est pourquoi je me sens attiré par les initiatives de Feniks et par leur message "au-delà de la gauche et de la droite". La principale contradiction politique se situe entre l'impérialisme, aujourd'hui déguisé en mondialisme, et le reste du monde. Cette lutte transcende l'opposition dépassée dans laquelle notre système politique est encore trop souvent enfermé.
La boutique de Feniks, pour toutes commandes: https://www.feniksvlaanderen.be/webwinkel
Revue de presse anti-totalitarisme, garantie sans aucune intervention d’intelligence artificielle
LA CITATION DE LA SEMAINE
« À côté de la petite troupe des écrivains polluants, il y a l’énorme masse des écrivains zéro-carbone, les sauveurs de planète et de migrants, qui se battent contre souffrance animale, la fonte des glaciers et els naufrages de la Méduse. Ils écrivent sans sucre, sans graisse, sans gluten, sans viande et sans CO2, mais avec beaucoup d’ouverturozôtres. Alors, évidemment, leur littérature-quinoa, elle est assez fade. C’est pour ça qu’ils sont obligés d’y mettre du souchien fasciste ; ça épice. »
Bruno Lafourcade, La littérature à balles réelles. Jean-Dézert-Éditeur. 2021.
EN VEDETTE
Twist again à Bruxelles. La conseillère adjointe la sécurité nationale américaine viendrait-elle donner des ordres à Thierry Breton ?
Thierry Breton a systématiquement planté toutes les entreprises qu'il a dirigées, essentiellement des entreprises publiques. Son modus operandi est malin. A grand coup d'acquisitions spectaculaires et de communication, il fait monter la pression et le cours des actions, mais s'arrange pour quitter le navire avant que l'usine à gaz qu'il a créée n'explose, laissant d'autres se dépatouiller avec les conséquences. De Bull à Atos (lire l'excellente enquête de Marc Endeweld) en passant par France Télécom (l'ancêtre d'Orange), Thomson et le Futuroscope de Poitiers, tout ce qu'il a touché s'est toujours transformé en trou noir financier pour l'État et les français. Alors qu'il était ministre de l'économie et des finances, il poussa pour et obtint la calamiteuse privatisation des autoroutes... En revanche, question patrimoine, tout va bien pour lui. Son Digital Service Act - un dispositif néofasciste et néolibéral - s'avère un nouveau plantage : les plateformes feront ce qu'elles voudront et contesteront les amendes devant la justice européenne. Sans compter que la liberté d'expression est une liberté fondamentale garantie constitutionnellement par chaque État membre de l'UE, UE qui n'est pas un état souverain et n'a pas de constitution. Le 6 septembre, Thierry Breton recevait à nouveau à Bruxelles la conseillère adjointe à la sécurité nationale de Joe Biden, chargée de la cybersécurité et des technologies émergentes, Anne Neuberger. Mauvais arrière-goût de la tentative de recruter l'américaine Fiona Scott Morton comme économiste en chef de la DG concurrence alors qu'un ressortissant d'un pays tiers ne peut être employé par les institutions européennes ? Bruxelles succursale de Washington ? Pourquoi donc un commissaire européen au marché intérieur reçoit-il la conseillère adjointe à la sécurité nationale alors que l'Union européenne ne dispose d'aucune compétence en la matière, compétence qui réside chez les États membres ? Comme avec la Covid, la Commission européenne s'arrogerait-elle des prérogatives que les traités ne lui confèrent pas ? Agirait-elle avec la même opacité et le même niveau de corruption pour des intérêts qui ne sont pas ceux des citoyens européens ? Intéressant personnage qu'est Mme Anne Neuberger (photo), née Karfunkel en 1976, exemple parfait de ce qu'est l'administration Biden. On pourrait croire qu'avec un poste pareil, elle est ingénieur, mathématicien, ou informaticien et cumule des années d'expérience technique. Raté !
Le n°165 de l’Afrique réelle est sorti. Au sommaire : Gabon : un coup d’État « familial » ? Dossier : La question du Niger : Les guerres touareg du Niger ; les fronts du Niger ; les tribus arabes du Niger ; le suicide démographique du Niger ; l’uranium du Niger entre fantasmes et réalité. Et l’éditorial de Bernard Lugan dont voici un extrait : « Singulier coup d’État que celui qui vient de se produire au Gabon où le cœur du système vient d’écarter sans violence, en douceur, son chef de file, marionnette devenue gênante pour sa propre survie… Rien de commun avec ce qui s’est produit au Mali, au Burkina Faso ou encore au Niger. Ici, pas de jihadisme, pas de ‘’main cachée’’ de la Russie, pas de rejet de la France, mais tout simplement une classique révolution de palais. »Explications dans ce numéro.
Avant même le dernier coup d’État au Gabon, Emmanuel Macron avait fait le constat d’une « épidémie de putsch » dans le parler franc qui ne caractérise pas toujours les cercles diplomatiques, et encore ne parlait-il que du Sahel. De fait il y a eu sept coups d’État en Afrique depuis 2020… et tous en Afrique francophone à l’exception du Soudan. On n’est pas franchement surpris de voir Ali Bongo tomber par les armes, on peut juste trouver ironique que ce soit du fait de sa garde prétorienne, cette Garde Présidentielle censée le protéger, et à la tête de laquelle il avait placé son cousin Brice Oligui Nguema (nom à retenir, il risque d’être à la tête du pays pour un moment). Cela dit, c’est aussi la Garde Présidentielle qui a fait tomber le président Bazoum au Niger il y a quelques semaines, alors que la légitimité démocratique de ce dernier était sans commune mesure avec celle d’Ali, « fils de ». Où l’on voit que jouer la carte du tout sécuritaire comme gage de stabilité est un leurre : quand les forces armées constatent qu’un régime ne tient que grâce à la peur qu’elles inspirent, elles sont tentées de jouer leur propre partition.
François Asselineau sur le Niger : « Macron est un crétin »
Explication de texte juridique et méticuleuse. La récente crise diplomatique entre la France et le Niger, déclenchée par l’expulsion de l’ambassadeur français de Niamey, a suscité de vives réactions et soulève des questions sur la gestion des relations internationales par le gouvernement Macron. Cette situation complexe, qui met en jeu le respect du droit international, fait craindre des répercussions graves pour les deux pays, via l’incompétence du président Macron. La crise a débuté lorsque les autorités nigériennes ont décidé d’expulser l’ambassadeur de France, Sylvain Itté, suite à des désaccords diplomatiques. Selon les informations disponibles, le Niger aurait demandé le rappel de l’ambassadeur français, ce que la France aurait refusé. En réponse, le gouvernement nigérien a fixé un ultimatum de 48 heures pour que l’ambassadeur quitte le territoire. L’expiration de cet ultimatum a créé une situation tendue autour de l’ambassade de France à Niamey, avec le blocus présumé de la mission diplomatique française. L’article 9 de la Charte de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961, qui établit les principes du droit international en matière diplomatique, stipule clairement que « l’État accréditaire a l’obligation spéciale de prendre toutes les mesures appropriées pour protéger les locaux de la mission contre toute intrusion ou dommage et pour empêcher que la tranquillité de la mission ou la dignité de celle-ci ne soient atteintes. » La réaction du président français Emmanuel Macron à cette crise a été critiquée par de nombreux observateurs. Au lieu de privilégier une approche diplomatique apaisante, il a choisi de jouer les provocateurs en refusant de rappeler l’ambassadeur et en maintenant la présence diplomatique française à Niamey. Cette décision a accru les tensions. De plus, la décision de Macron de défier ouvertement les autorités nigériennes a été qualifiée d’irresponsable par certains. Les risques potentiels d’une escalade militaire ont été évoqués, mettant en danger la vie de l’ambassadeur français et de son personnel. Alors que nous attendons de voir comment cette crise va évoluer, une chose est certaine : elle a encore et encore mis en lumière les lacunes de la politique étrangère de la France sous la présidence de Macron. Le non-respect du droit international et l’approche de confrontation adoptée par le gouvernement français dans cette affaire soulèvent des préoccupations quant à sa capacité à gérer les relations internationales de manière constructive.
Xavier Driencourt : « Les Algériens ne connaissent que le rapport de force »
Ambassadeur de France en Algérie à deux reprises, de 2008 à 2012 et de 2017 à 2020, Xavier Driencourt nous livre son expérience de ses années au sein de l’ambassade, ses réflexions sur les rapports franco-algérien ainsi que politique que doit mener la France pour sortir de la repentance. Interview vidéo.
Donner des leçons, s'ingérer, chercher querelle : Baerbock veut une diplomatie de rustres
Berlin. Avec sa politique étrangère « féministe », « basée sur les valeurs », la ministre des Affaires étrangères verte Annalena Baerbock porte atteinte avec obstination depuis maintenant un an et demi à l'image de l'Allemagne dans le monde et aux relations diplomatiques avec de nombreux pays. Jusqu'à présent, les observateurs ont jugé que les performances médiocres de la chef de la diplomatie allemande étaient tout simplement dues à son incompétence - Baerbock n'a aucune formation diplomatique préalable ni aucune autre qualification. Mais c'est faux. Baerbock est sérieuse et veut désormais imposer son style au ministère des Affaires étrangères. Le nouveau style de communication se veut délibérément conflictuel - et reflète en cela la politique étrangère allemande « basée sur des valeurs » dont Baerbock a si souvent parlé. Elle a confié la mise en œuvre de la nouvelle stratégie de communication à un ancien journaliste du Spiegel. Concrètement, la ministre verte des Affaires étrangères souhaite plus d'ingérence (dans les affaires intérieures des autres pays), plus de « présence » et une « attitude » claire. En d'autres termes, les diplomates allemands devraient à l'avenir agir de la même manière que leur patronne : en donnant des leçons, en étant incompétents, en étant émotionnels.
La transition écologique vers le charbon ne se passe pas tip top
Tiens, voilà que RWE, le deuxième producteur d’électricité en Allemagne, est actuellement en train de mettre plusieurs éoliennes à la casse, afin de faire de la place… à sa mine de charbon à ciel ouvert. L’information n’a pas fait beaucoup de bruit dans la presse française et, reconnaissons-le, c’est bien dommage et parfaitement logique. C’est bien dommage car cela fait encore une information à côté de laquelle passeront beaucoup trop de Français alors qu’elle donne de précieuses indications, notamment sur les décisions prises par les gouvernements européens en matière d’énergie et d’écologie… Mais cette discrétion reste fort logique puisque la quantité d’ironie interne d’une telle nouvelle passe largement la dose acceptable dans les médias de grand chemin français qui calancheraient immédiatement face à une dose si massive. Quant aux écologistes, l’étouffement – voire une myocardite soudaine et coïncidente – n’est pas à écarter. Contraints malgré tout de transmettre cette information, les officines françaises de propag d’information insistent lourdement sur le fait que la mine de charbon sera fermée d’ici 2030 au lieu de 2038 (petite victoire des écolos malgré tout), et rappellent que c’est pour surmonter l’actuelle crise énergétique européenne et ♩ sans transition ♪ passons bien ♫ vite ma chère Sandrine ♬ à la météo pardon au climat avec des températures tOTaLeMeNt anOormAales pour cette fin de saison ahem broum broum etc. La réalité refuse cependant de se gommer derrière les pudibonderies des médias français : oui, la production d’énergie allemande patauge dans un marasme assez profond (ce qui entraîne des effets de bords déjà visibles en termes économiques sur l’Allemagne et donc sur toute l’Europe), et oui, les discours écologiques sur la transition ou l’importance des énergies renouvelables s’écrasent lamentablement devant les lois de la physique, à savoir que les rendements éoliens sont catastrophiques, intermittents et surtout largement insuffisants pour un pays développé comme l’Allemagne. Bref, à choisir entre des moulins à vents dispendieux et capricieux et des centrales fiables au charbon, les pragmatiques Teutons ont choisi : l’éolien passe à la trappe et le charbon fait un nouveau bond en avant.
Polygamie : des Afghans autorisés à faire venir leur seconde épouse dans le cadre du regroupement familial
En Allemagne, bien que la polygamie soit interdite par la loi, elle semble désormais tolérée dans certains cas, notamment lorsque les mariages ont été conclus à l’étranger, à l’instar de deux Afghans ayant pu bénéficier du regroupement familial pour faire venir leur seconde épouse dans le pays. La polygamie désigne le « fait d’être marié à plusieurs conjoints, soit pour un homme (polygynie), soit pour une femme (polyandrie) ainsi que « l’organisation sociale légitimant de telles unions », précise le célèbre dictionnaire Larousse. En France, la polygamie est un délit puni par la loi. Une interdiction qui est également en vigueur chez nos voisins allemands. Mais elle semble connaître désormais quelques nuances, à en croire un article du quotidien allemand Bild publié le 3 septembre, reprenant une information révélée par le Westfalenpost, un autre journal d’outre-Rhin.
Seulement un tiers des Canadiens ont confiance en leur gouvernement fédéral : la popularité de Justin Trudeau poursuit sa chute
La popularité du gouvernement dirigé par Justin Trudeau au Canada poursuit sa chute. Seulement un tiers des Canadiens ont une "confiance élevée" dans les institutions fédérales, particulièrement celles de la santé. Seuls les médias mainstream et les célébrités font pire que le gouvernement, dont la cote de confiance ne cesse de chuter depuis la pandémie de Covid, selon un rapport interne mené par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC). Dévoilée par Blacklock’s Reporter, un média en ligne basé à Ottawa et spécialisé dans la couverture de l’actualité gouvernementale canadienne, cette « Enquête sur l'utilisation des mesures de santé publique, les conseils et l'évaluation des risques » constate une « très faible confiance » des Canadiens en leur gouvernement fédéral. « La confiance, particulièrement dans le gouvernement et le secteur des soins de santé, est essentielle à l'efficacité des mesures de santé publique », rappelle le rapport de l'ASPC. Si les personnes interrogées disent avoir une « grande confiance dans les hôpitaux et les travailleurs de la santé », ce n’est pas le cas lorsqu'il s’agit du gouvernement fédéral et ses institutions.
« Je ne suis pas raciste ». Sommé de s’excuser et de se justifier par un tribunal stalinien, Bastien Chalureau passe de rugbyman à pleureuse
La scène est hallucinante, effrayante presque pour quiconque connait les conséquences des procès staliniens, des auto-critiques obligatoires, des lynchages médiatiques. Le joueur de rugby Bastien Chalureau, pressé de toute part cette semaine en raison d’une affaire judiciaire encore en cours alors qu’il devrait tâcher de préparer au mieux le premier match de la Coupe du monde de rugby 2023 contre les All Blacks, se présente devant des journalistes visiblement assoiffés de sang. Et se met à pleurer, en récitant toute la litanie habituelle de ceux qui veulent échapper au lynchage médiatique et politique (et au passage, en faisant en sorte de sauver sa sélection, visiblement menacée, en équipe de France). « Je ne suis pas raciste » nous dit-il, dans une scène théâtrale dont nous vous laissons apprécier le contenu. Sommé par toute la presse, par le tribunal médiatique et des réseaux sociaux, de se justifier, par rapport à une histoire datant de 2020. Totalement pitoyable.
Galanterie et sexisme : suis-je un prédateur sexuel qui s’ignore ?
L’autre jour, à l’Université, arrivé simultanément devant la même porte qu’une jeune collègue, je me suis effacé devant elle en faisant une aimable plaisanterie (du moins le croyais-je) sur le conflit de normes de civilité, entre position hiérarchique (qui me permet de passer devant elle) et galanterie (qui implique que je la laisse passer). Aïe. Elle m’a répondu sèchement qu’en résumé la galanterie était une « forme de sexisme ». J’en suis resté un peu stupéfait et, pour le coup, sans voix. Voilà tant d’années que je m’efface devant les femmes qui m’accompagnent ou qui croisent mon chemin, sauf, comme on me l’a appris, pour entrer dans un café, ou pour monter un escalier par exemple. Il faut dire que la plupart du temps cela est vécu comme de la politesse ordinaire, ou parfois, selon le contexte, comme une simple marque d’attention. Mais là, de plus en plus, dans le contexte d’une cancel culture de plus en plus envahissante, je vois bien que ce geste de civilité tranquille est mal interprété, voir considéré comme le début d’une sorte de harcèlement.
Censure de l’émission de Nicolas Vidal « Alerte Générale » par YouTube et TikTok. La liberté d’expression des médias est-elle en danger ?
Le 7 juillet dernier, l’une des émissions préparées et présentées par Nicolas Vidal, « Alerte Générale », a été censurée par la plateforme YouTube, suite à un signalement du groupe France-Télévision (France-Info) pour non-respect des droits d’auteur. Pourtant, le contenu vidéo ne contient aucune séquence appartenant au groupe audiovisuel. Quelques jours plus tard, la plateforme TikTok censure, à son tour, un extrait de l’émission qui traite de la faillite des petites et moyennes entreprises en France et ne fait qu'évoquer des chiffres officiels. Alors quelle raison justifie exactement cette censure ? Pourquoi une telle privation de liberté d’expression et quels sont les dangers pour le droit à l’information ? Ce sont les questions que nous avons posées à nos invités. (Lire la suite de l'article en dessous de la vidéo.) Dans ce Débriefing, nous recevons Nicolas Vidal, journaliste, fondateur de « Putsch Média » et Rémy Watremez, chroniqueur et fondateur de la chaîne « Juste Milieu », qui sont tous deux co-animateurs de l'émission « Alerte Générale ». Cette émission a été censurée sur leurs chaînes YouTube respectives, ainsi que sur celle de leur troisième collaborateur, Alexis Poulin, journaliste indépendant et fondateur du site « Le Monde moderne ». Avec nos invités, nous abordons également la question de la place des médias alternatifs dans le paysage médiatique et les conditions de vie et de survie de ces sites « étouffés » par les plateformes qui les hébergent, selon nos invités.
Prochain numéro de l'émission « Alerte générale » sur la chaîne « Le Monde Moderne » : lundi 11 septembre à 18 heures.
Don de Bernard Arnault : merci not’ maît’, vous êtes trop bon
Nous devrions être fiers. Nous français, nous avons l’homme le plus riche du monde en la personne de Bernard Arnault. C’est ce que nous racontent les gazettes qui pensent amuser le bon peuple en relayant avec gourmandise les classements de la presse spécialisée américaine. Vous n’entendrez jamais quiconque le qualifier « d’oligarque », vilaine expression réservée à la Russie et à l’Ukraine. Pas de ça chez nous ! En France ce sont des « capitaines d’industrie », et même un ruffian du calibre de Bernard Tapie n’a jamais subi cette insulte. Comme les autres oligarques, ses confrères qui dominent l’économie française, sa fortune est le fruit du fonctionnement du capitalisme français d’aujourd’hui, complaisance de l’État et de la haute fonction publique. De ce point de vue, la trajectoire de Bernard Arnault est une caricature. C’est Laurent Fabius alors premier ministre qui lui a donné le premier coup de pouce (il n’a pas eu affaire à un ingrat), et la suite n’a été que la mise en œuvre d’une stratégie financière de prédation soutenue par l’État et par les banques. Bernard Arnault n’a rien créé, il a tout acheté à crédit. Et bénéficié quand c’était nécessaire de subventions publiques généreuses assorties d’engagements qu’il n’a jamais tenus. Un petit tour sur Internet permet de visualiser cette trajectoire Ce système de connivence endogamique qui projette des semi-gangsters au plus haut niveau de la fortune et de l’influence politique est assez caractéristique du néolibéralisme à la française.
Disparition d’Émile : une bien accablante « journaliste » fait le procès de la famille
C’est un moment particulièrement abject, qui s’est déroulé sur le plateau de BFMTV le 29 août 2023. Interrogée sur la disparition du jeune Émile survenue au Haut-Vernet il y a près d’un mois, la « journaliste » de Libération Bernadette Sauvaget a accablé encore un peu plus la famille, dont elle a fait le procès en « catholicisme-extrême droitier ». Sur le plateau de BFMTV, Olivier Truchot revient sur l’entretien que la famille du jeune garçon disparu a donné à Famille chrétienne. Qualifiant les parents de celui-ci de couple « très pieux », le présentateur souligne comment celui-ci a « choisi la presse catholique car [il] avait peur d’être moqué, ridiculisé ». Et d’interroger Bernadette Sauvaget, journaliste de Libération pour analyser ledit entretien. « Ils ont choisi un titre catholique, […] plutôt proche de leurs convictions », dira d’abord Sauvaget. Apparemment attachée au rite traditionnel de l’Église catholique, la famille aurait donc souhaité s’exprimer dans un journal « proches de leurs convictions », et non relatif à leur foi ? C’est parce qu’ils voulaient parler de cette épreuve en qualité de couple, de famille catholique que les parents d’Émile se sont rapprochés du média dirigé par Samuel Pruvot, comme ce dernier l’a raconté. Évoquer des « convictions » revenait dès les premiers mots de son discours à orienter la suite de son analyse vers un biais politique, alors même que le journal Famille chrétienne se situe plutôt dans la droite modérée sur l’échiquier politique et ne figure pas parmi les média catholique attachés à la liturgie traditionnelle…
Tugdual Denis : le « dernier journaliste filloniste de Paris »
Né en 1981, il est le petit-fils du colonel Jacques Allaire, héros de la guerre d’Indochine et le frère du chanoine Alban Denis, membre de l’Institut du Christ Roi et chroniqueur à Valeurs Actuelles sous le pseudonyme de « père Danziec ». Politiquement, il se définit comme « le dernier journaliste filloniste [François Fillon] de Paris », un homme de droite qui n’a pas peur de l’assumer dans un milieu pourtant extrêmement frileux avec ce type de position idéologique. Il met d’ailleurs la main à la pâte politiquement en animant dans sa ville de résidence les soirées-débats (voir conférences) organisées par la mairie de Manuel Aeschlimann (divers droite lié aux Républicains). Côté réseau, « on le dit proche de proche du PDG de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine » et d’Henri de Castries, ancien président-directeur général du groupe d’assurance Axa (2000 à 2016), président du laboratoire d’idées l’Institut Montaigne et président du comité de direction du groupe Bilderberg. Depuis ses débuts dans le journalisme en 2007, Tugdual Denis est apparu sur la scène médiatique à plusieurs occasions : les attaques de Jean-Luc Mélenchon (2012), le scoop sur Marion Maréchal (2013), le rapprochement entre Emmanuel Macron et Valeurs Actuelles (2016), le scandale de Danièle Obono (2020). Et depuis juin 2023, il a désormais la lourde tâche de succéder à son ami Geoffroy Lejeune à la tête du magazine Valeurs Actuelles en continuant d’avancer « sous la mitraille. »
Il a commencé dans les messageries roses, a été condamné pour recel d’abus de biens sociaux, créé Free, investit massivement dans la presse écrite, dont Le Monde et maintenant lorgne sur l’acquisition de fréquences audiovisuelles pour 2025, si possible en reprenant celles du groupe Bolloré, CNews et C8. Il est aussi le gendre de Bernard Arnault qui, quant à lui, possède Le Parisien, Les Échos et L’Équipe notamment… Un portrait synthétique, complet et… piquant de Claude Chollet, le directeur de l’indispensable média en ligne l’OJIM.
La Revue de presse alternative du Saker francophone
Cette semaine, nous allons montrer que la source profonde des problèmes géopolitiques actuels vient du fait que les pays occidentaux s’accrochent à leur prestige passé et refusent d’admettre que le reste du monde est en train de les rattraper et demande qu’ils changent de rapport avec eux. Rapport d’égal à égal et non plus de domination. Plus d’interférence dans les affaires intérieures des autres pays etc… Mais il semble que les vrais dirigeants des pays occidentaux, c’est-à-dire les fonds de pensions, les multinationales et le Complexe militaro industriel, que je regroupe dans le terme « les puissances financières », ne l’entendent pas de cette oreille et ne veulent pas abandonner l’ancien système dans lequel le monde occidental décidait de la marche du monde global. Pour cela ils empêchent tout dirigeant occidental prônant un tel changement de relation, en particulier aux Etats-Unis, d’accéder au pouvoir. Mais commençons par l’exemple de la relation de la France avec ses anciennes colonies africaines. Sommaire : la relation France-Afrique ; la relation Occident-Russie/Chine ; les élections étasuniennes.
Journaliste chez Télérama depuis 25 ans déjà, Samuel Gontier s’est spécialisé dans le petit écran. Les articles à charge qu’il publie régulièrement pour dénoncer la droitisation supposée de la sphère médiatique et politique, sont pour la plus grande part publiés dans le cadre de son blog dédié à l’analyse des contenus d’information télévisuels, « Ma vie au poste ». Le journaliste, qui se décrit lui-même sur son fil Twitter comme « journaliste de canapé », y décrypte les propos des journalistes et chroniqueurs des principales chaînes du petit écran, et notamment des chaînes d’information en continu, dans des articles généralement incendiaires. Les titres parlent d’eux-mêmes : « Jean-Michel Aphatie sur la victoire de Joe Biden : ‘’Marine Le Pen a mille fois raison’’ », « Élection présidentielle américaine : des experts plus trumpistes que les trumpistes », « Après le meurtre de Samuel Paty, le concours Lépine des idées d’extrême droite »… La droite – quelle qu’elle soit – c’est le Mal. Portrait.
ÉCOLOGIE (même si, parfois, il n’y a pas que des zozos !)
Il n’y a pas d’urgence climatique
La climatologue Judith Curry, une climatologue américaine de premier plan, explique que la science a été corrompue par la politique et qu’il n’y a pas d’« urgence climatique ». Judith Curry, qui est présidente et cofondatrice du Réseau d’applications des prévisions climatiques, qui a occupé la chaire des sciences de la terre et de l’atmosphère pendant 13 ans, qui est un ancien membre du comité de recherche sur le climat du Conseil national américain de la recherche, membre de l’American Meteorological Society, de l’American Association for the Advancement of Science et de l’American Geophysical Union, a publié plus d’une centaine d’articles scientifiques, et a codirigé plusieurs ouvrages majeurs sur le climat. Ses recherches portent sur les ouragans, la télé-détection, la modélisation atmosphérique, les climats polaires, les interactions air-mer, les modèles climatiques.
Le patron de BMW tire la sonnette d’alarme : l’interdiction des voitures thermiques en Europe d’ici 2035 (diésel et essence, sauf voitures de sport) va sonner le glas du secteur. La menace est imminente. Les entreprises ne vont pas licencier et fermer en 2035, mais très bientôt. Raison : c’est un secteur industriel qui travaille sur des investissements à long terme. L’impact va commencer à se ressentir bientôt. Rien que les robots qui fabriquent les voitures sont rentabilisés sur 10 à 15 ans. Cela veut dire que dès aujourd’hui, se pose la question d’en installer de nouveaux.
Groupe Dassault : Charles Edelstenne prépare son départ d’ici la fin de l’année
Par Marc Endeweld. C’est une surprise. Selon mes informations, Charles Edelstenne, tout puissant président directeur général du groupe industriel Marcel Dassault (GIMD) quitterait la présidence du groupe dès la fin de l’année (ou au plus tard en début d’année), soit un an tout juste avant la date statutaire de la fin de son mandat prévu pour la fin 2024. GIMD détient les participations de la famille dans Dassault Aviation (62 %), Thales (25 %), Dassault Systèmes (40 %), mais aussi Immobilière Dassault, Artcurial, Dassault Wine Estates ou encore le Groupe Figaro. « Le dossier s’accélère. Edelstenne part plus vite que prévu », me confie ainsi une source bien informée du processus en cours. Aujourd’hui âgé de 85 ans, Charles Edelstenne, le véritable taulier de la maison Dassault, avait obtenu l’année dernière un répit de deux ans supplémentaires à la tête du groupe, en l’absence d’un successeur désigné. Début 2022, il avait donc été décidé de repousser la limite d’âge pour son poste jusqu’à 87 ans.
9/11 : Origines et développement du néolibéralisme
Le néolibéralisme a commencé le 11 septembre. Mais ce n'est pas le 11 septembre 2001, date à laquelle ont été commis les attentats contre les tours jumelles de New York, causant des milliers de morts dans cette ville et, immédiatement après, des centaines de milliers d'autres dans le reste du monde, avec la pléthore des guerres « justifiées » par l'Empire, victime de ces attentats. Non : le libéralisme a commencé exactement trois décennies plus tôt : le 11 septembre 1973. Cette terrible date inaugurale a également eu lieu dans les Amériques, mais dans l'hémisphère sud : au Chili. Dans une démocratie consolidée, dans l'une des républiques hispaniques les plus avancées sur le plan éducatif et social, dirigée par un gouvernement désireux d'exercer sa souveraineté sur les ressources du pays et au profit de son peuple, c'est-à-dire la démocratie chilienne, les néolibéraux de Chicago ont décidé d'entreprendre une expérience. Leur premier 11 septembre destiné à changer le monde est, comme le second, sans subtilité. Bombarder le palais présidentiel, faire descendre des chars dans les rues, utiliser des troupes et des avions pour intimider la population. Arrêter, torturer et assassiner des milliers de personnes. Instaurer un régime de terrorisme d'État dans lequel l'État devient un instrument féroce contre son propre peuple, et où les forces armées - qui ont juré de défendre leur patrie et de défendre leur peuple, auquel elles appartiennent - sont transformées en gorilles et en voyous à la solde d'une mafia étrangère d'économistes yankees. Une mafia dirigée par les Friedman et les Hayek, loués et fêtés dans tout l'Occident, endoctrinés dans des théories ridicules de « liberté » qui, dans l'économie orthodoxe du monde capitaliste bourgeois lui-même, étaient minoritaires. Mais vous savez que les théories les plus anthropologiquement absurdes, si elles sont soutenues par la CIA, le Pentagone et des millions d'euros d'armes et de pots-de-vin, sont des doctrines qui sont souvent imposées.
Gouverner par la dette, par Maurizio Lazzarato. Les Prairies ordinaires. 2014.
Rentrée scolaire. Harcèlement, éducation à la sexualité, autorité, qualité de l’instruction…La défiance des parents d’élèves vis à vis du gouvernement et de l’Éducation nationale.
À l’occasion de la rentrée scolaire du 4 septembre, l’Ifop publie les résultats de cette enquête auprès des parents d’élèves critiques vis à vis de l’Éducation nationale et de l’action du gouvernement. Et qui veulent que le nouveau ministre aille plus loin dans le détricotage du BAC à la « Blanquer » et plus largement, agisse plus efficacement pour améliorer le niveau des élèves et lutter contre les violences scolaires. Alors que l’éducation est largement mise au cœur de la politique d’Emmanuel Macron, 1 004 parents d’élèves y donnent leur avis sur l’action du gouvernement sur l’enseignement, expriment ce qu’ils pensent des établissements scolaires (notamment celui de leur enfant) tout en donnant plus globalement leur regard sur l’efficacité de notre système scolaire. Permettant de prendre le pouls de l’opinion sur des éléments mesurés depuis plusieurs années, cette enquête met notamment au jour la problématique des faits de violence scolaire dans des proportions qui se révèlent très préoccupantes.
Sophie Audugé : « Nos enfants ne sont pas en sécurité à l’école »
Près d’un enfant sur 2 est victime de la violence ou du harcèlement à l’école, selon SOS Éducation / Ifop. Pour les enfants scolarisés en REP, la situation est encore plus alarmante. Sur RTL hier, Élisabeth Borne a affirmé qu’elle présenterait un plan contre le harcèlement scolaire à la fin du mois. Sophie Audugé, déléguée générale de SOS Éducation, commente ce rapport et fait le point sur les dysfonctionnements multiples de l’Éducation nationale.
Selon Créer son école, on compte en cette rentrée 108 ouvertures d’établissements ou de niveaux (contre 172 l’an dernier), en plus des 2162 écoles indépendantes déjà en activité à ce jour. Cela représente 66 groupes scolaires. La liste est disponible ici. Cela reste un niveau élevé de création d’école même si l’infléchissement par rapport à l’an dernier est indéniable. Si l’on ajoute à cela le nombre exceptionnellement haut de fermetures enregistrées cette année, on ne peut que conclure à une progression plus mesurée du nombre d’élèves scolarisés en établissement privé hors contrat en primaire et surtout secondaire. Cela diffère de la situation de l’enseignement supérieur où pour la première année, plus de 50 % des choix des bacheliers s’est porté sur un établissement privé.
A Paris, Anne Hidalgo veut développer l’école expérimentale sans leçons, ni manuels scolaires
En visite à l’école élémentaire Vitruve (XXe) en ce lundi de rentrée des classes, la maire de Paris a choisi cette école aux méthodes éducatives originales pour porter un message : elle souhaite voir ce modèle essaimer dans la capitale. Pour cette rentrée des classes, la maire n’a pas choisi l’école Vitruve par hasard. Cette école de 209 élèves, encadrés par une dizaine d’enseignants, est la seule école alternative publique de Paris. Ici, pas de leçons ni de manuels : l’expression et l’autonomie des enfants sont encouragées.
Comment le pétrole, matière première aujourd’hui indispensable, a bouleversé non seulement nos modes de vie et l’économie, mais aussi l’ordre géopolitique mondial ?
L’apparition de l’or noir fut en son temps une révolution miraculeuse : les lampes à pétrole éclairaient les demeures comme jamais auparavant, les usines employant des machines à moteur décuplaient soudainement leur productivité... Grâce au pétrole, la croissance économique a bondi et la fortune de certains, comme John D. Rockefeller, premier milliardaire de l’histoire, a atteint des sommes record. La médaille, bien sûr, a son revers, notamment l’influence du pétrole sur le cours des deux guerres mondiales. Marquant le commencement de la dépendance occidentale, le premier choc pétrolier, exposé dans le second épisode du documentaire d’Andreas Sawall, prend rétrospectivement le goût amer d’une occasion manquée : la recherche sur les énergies renouvelables, prometteuse mais sous-investie, aurait pu constituer une porte de sortie. Physiciens, historiens et journalistes prennent la parole dans ce documentaire riche en anecdotes, qui retrace l’avènement du pétrole en tant que matière première indissociable de notre mode de vie. Alors que les États-Unis se sont imposés comme premier producteur mondial, il semble peu probable que l’Occident délaisse cette ressource – indispensable aux produits cosmétiques, pharmaceutiques et électroniques – dont nous sommes devenus plus que dépendants. Proposée en deux parties, cette histoire de l’or noir est une litanie de cupidité, de corruption et de barbouzerie en tous genres. Un bon résumé de cette guerre éternelle concernant le moteur même du capitalisme : l’énergie.
La diffusion de la liste des personnes arrêtées lors de la feria de Bilbao fait polémique en Espagne car 75 des 79 sont arabes
Cela correspond aux personnes arrêtées par l’Ertzaintza et la police locale pour vols avec violence et intimidation. Sur les 4 autres restants, un est sans papiers et les trois autres sont des femmes. La mairie de Bilbao estime que 1.800.000 personnes ont participé aux activités d’Aste Nagusia en 2023 et que les arrestations ont augmenté de 29 % par rapport à l’année précédente. Cependant, ce qui a le plus retenu l’attention sur les réseaux sociaux ces dernières heures, c’est la fuite de la liste des personnes arrêtées par l’Ertzaintza et la police locale de la ville lors de ces célébrations. Concrètement, il s’agit des images des dossiers de police correspondant à des personnes arrêtées pour vols avec violence et intimidation. Au total, 79 détenus, dont 75 d’origine arabe. Les quatre autres personnes restantes sont une personne sans papiers et trois femmes. Le fait que plus de 90 % des personnes interpellées aient ce schéma commun d’origine n’est pas passé inaperçu sur les réseaux sociaux. Toute cette belle brochette est en photo dans cet article…
Espagne : Où en est Vox ? Quid de l’union des droites ?
À la suite des élections régionales et municipales du 28 mai, puis des législatives du 23 juillet, il était important de faire le point sur la situation du parti Vox emmené par Santiago Abascal, parti qui se bat pour l’unité de l’Espagne, l’unité de sa langue, la lutte contre l’immigration sauvage et débridée, et qui pourfend les doxas ultra féministes et la chape de plomb mémorielle des gauches qui se sont abattues sur le pays depuis plusieurs années. S’agissant des élections législatives du 23 juillet dernier, il est de bon ton dans la grande presse et les grands médias du système, de soutenir avec délectation que Vox a singulièrement reculé et qu’il est en grande perte de vitesse. Aujourd’hui on attend le dénouement de la tentative d’Alberto Nuñez Feijoo, le chef du PP, d’obtenir des Cortès son investiture, mais cela s’annonce difficile voire impossible de réunir une majorité absolue et même relative. Le résultat aura lieu pour le 27 septembre. En cas d’échec, c’est Pedro Sanchez du PSOE qui tentera l’investiture, et à défaut, les espagnols revoteront vers la mi-janvier. S’agissant des municipales et des régionales du 28 mai, Vox a multiplié par 3 voire plus le nombre de ses élus. Avec le PP, Vox gouverne désormais dans près de 150 municipalités, dont plusieurs capitales provinciales, comme Tolède, Burgos, Aranjuez, Ciudad Real, Alcala de Henares etc… Reste maintenant à Vox à démontrer son sérieux, sa constance et sa volonté de faire triompher les forces populaires et nationales contre les séparatismes, les indépendantismes, et les gauchismes de toutes obédiences. Ce sera l’enjeu crucial des prochaines semaines et des prochains mois.
Prenez du recul et comprenez que l’amoncellement de conneries juridiques procédurales dans les différents procès fictifs contre le candidat Donald Trump est en grande partie une tentative pour confondre, mystifier et préoccuper le public pendant que le grand échafaudage de notre vie nationale s’effondre. L’actualité – qu’il s’agisse de l’officielle ou de l’alternative – sera dominée jour après jour par des analyses de chaque mouvement et contre-mouvement à travers d’interminables fourrés de détails judiciaires, tandis que l’économie américaine s’effondre et brûle, que la richesse résiduelle est confisquée et que l’ordre social américain se transforme en quelque chose qui ressemble à de la bouillie ardente.
La guerre des classes actuelle oppose les 1 % au reste du monde
À l’instar de l’Angleterre féodale, l’Amérique compte, grosso modo, trois classes. Au sommet se trouvent les grands propriétaires d’aujourd’hui. La base de leur richesse n’est plus principalement constituée de terres, mais de la propriété directe de leurs propres entreprises et d’instruments financiers tels que les actions et les obligations d’entreprises. Le premier pour cent possède plus de la moitié des actions des sociétés américaines. Les personnes situées juste en dessous d’eux ne sont plus des assistants et des serviteurs, mais des technocrates. Ce sont les personnes qui vont à l’école pour acquérir les compétences spécialisées nécessaires au fonctionnement quotidien de la société : médecins, avocats, scientifiques, programmeurs informatiques, ingénieurs. (Les journalistes sont également des technocrates, mais ils sont parmi les plus faibles du groupe.) Le reste des 10 % les plus riches – c’est-à-dire les 9 % – possède la quasi-totalité du reste des actions des entreprises américaines. Et puis il y a tous les autres. Ce ne sont plus des métayers, mais ils doivent se lever tous les jours et pointer chez Home Depot, Walgreens et Chipotle pour cultiver les biens des grands propriétaires. Cette classe ouvrière est celle qui a le moins d’influence et le moins d’options.
Élections européennes de 2024 : Marion Maréchal tête de liste de Reconquête
Marion Maréchal, a été choisie par Éric Zemmour, président du parti Reconquête, pour conduire la liste de ce dernier lors des prochaines élections européennes. Cette décision marque le retour politique de la vice-présidente de Reconquête après son dernier engagement en 2017. Une séquence de communication bien orchestrée. Dans un premier temps Éric Zemmour qui, dans une tribune parue mercredi 6 septembre à 19 heures, révèle : « J’ai décidé de confier à Marion Maréchal la mission de conduire la liste de Reconquête! pour les élections européennes » avant de poursuivre en expliquant : « Je souhaite qu’elle soit accompagnée par toute la jeune génération, venue de tous les partis de droite, qui m’a rallié pendant la présidentielle et qu’ils fassent le plus haut score possible » tout en précisant qu’il n’a pas vocation à candidater à toutes les élections. Puis, peu après la déclaration d'Éric Zemmour au Figaro, la désormais tête de liste officielle, Marion Maréchal, qui s’exprime au JT de 20 heures sur TF1. Une courte intervention pour expliquer les motivations de son retour sur le devant de la scène politique et sa reconnaissance envers Zemmour pour sa « confiance ». Il reste à déterminer la tournure que prendra la campagne pour les élections européennes. Assisterons-nous à une situation similaire aux midterms comme aux États-Unis, transformant alors l'élection en un référendum contre le président de la République en exercice ? Si tel est le cas, cela favoriserait une campagne ayant pris de l'avance. Une stratégie sur laquelle Marion Maréchal semble avoir parié.
République Centrafricaine, Guinée, Mali, Burkina Faso, Niger, Gabon. Au suivant...
Du « l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’Histoire » de Nicolas Sarkozy au “Il est parti réparer la clim" d'Emmanuel Macron, nous payons au prix fort quinze ans de mépris et d'incompétence. Depuis trois ans, les coups d’États militaires se multiplient en Afrique de l’Ouest. Coups d’État réalisés par des officiers supérieurs qui dans leur écrasante majorité ont été formés en France et/ou aux États-Unis. Ce qu’à Paris on trouve à dire ? C’est la faute à Poutine-Wagner-la Chine. Rejet de la France et des Français ? Que nenni. Qui connait un peu l’Afrique sait que ce n’est pas le cas. Si une certaine animosité peut parfois se manifester, ce qui est fantastique en Afrique est que l’on peut toujours parler. Nous devrions en prendre de la graine et remettre au goût du jour chez nous le palabre. C’est long, c’est compliqué. On peut être fatigué mais on n’a pas le droit de faire montre de désintérêt ou d’indifférence. Cela fait plus de quinze ans que nos amis africains essaient de nous parler. Cela fait plus de quinze ans que nous leur répondons en leur envoyant des experts qui, à grands coups de diapositives PowerPoint, leur dictent ce qu’ils doivent faire. Cela fait plus de trente ans que nous leur imposons des modèles universels, des recettes de cuisine pour résoudre l’ensemble de leurs problèmes pourtant si spécifiques. Sinon pas d’aide au développement.
Dominique de Villepin et Hubert Védrine : Gabon, Niger, Ukraine, l’été où la diplomatie française a vacillé
Il est intéressant de voir deux anciens ministres des affaires étrangères, l’un de droite, l’autre de gauche, s’accorder dans leurs jugements sur la conduite des affaires Étrangères françaises aujourd’hui. On réalise là tout le déclin de la diplomatie française depuis quinze ans qui a conduit à la situation d’aujourd’hui en Afrique qu’en Ukraine. Vidéo de cette discussion.
Nous savons que Wikipédia est devenu sous certains aspects (pour les contenus ayant un angle politique) un instrument libéral libertaire contrôlé par des militants venus de l’extrême gauche. Nous reproduisons la tribune de l’essayiste Jean-Paul Gourevitch, récente victime des manipulations de Wikipédia. Un parfait exemple de désinformation médiatique et idéologique.
Une nouvelle étude révèle que ChatGPT est biaisé par un prisme de gauche « significatif et systématique »
Une récente étude universitaire a mis en évidence un « biais politique significatif et systématique » en faveur des partis de gauche dans le contenu créé par l’outil d’intelligence artificielle (IA) controversé ChatGPT. Des chercheurs de l’université d’East Anglia au Royaume-Uni ont publié leurs conclusions jeudi, affirmant que « bien que ChatGPT assure qu’il est impartial, la littérature suggère que les LLM [grands modèles de langage] présentent des biais impliquant la race, le sexe, la religion et l’orientation politique. » Le programme, lancé par OpenAI en novembre 2022, ne fait pas exception, selon les chercheurs. L’étude s’intitule « More human than human : measuring ChatGPT political bias » est publiée dans la revue en libre accès Public Choice.
L'Occident prépare-t-il de nouvelles guerres en Afrique, en Asie et en Amérique ?
Les analyses du Géopouvoir revêtent une importance capitale, car la plupart des gouvernements disposent d'équipes spécialisées dans l'étude approfondie des idées avancées, des voies possibles et du pronostic des événements, jusqu'à montrer de nouveaux points de conflit insoupçonnés, tout cela dans le but d'organiser la politique étrangère et intérieure de leurs nations. Ainsi, l'utilisation de la prospective par les élites est fondamentale, car elle contribue à la sélection des conflits qui leur permettent de remplir leurs objectifs axés sur le néocolonialisme, l'agression et, surtout, la violence politico-militaire à appliquer. Plusieurs continents sont actuellement dans le collimateur de ce que l'on appelle l'État profond, la Corporatocratie ou les élites transnationales du pouvoir. Ce qui est vraiment inhabituel, c'est la faiblesse cognitive des Occidentaux, car en tant qu'organisateurs de nombreux coups d'État, ils ne peuvent pas croire que les rébellions sont possibles sans intervention étrangère, comme ils l'ont toujours fait, mais par la libre volonté des peuples qui veulent échapper à l'oppression de l'Occident lui-même. Après que le gouvernement américain ait, de manière machiavélique, pratiquement détruit la puissance et l'économie de l'Europe, les conflits actuels, générés de manière perverse, où certains membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), soutenus et encouragés par la France et les États-Unis, menacent d'une intervention militaire ou d'un plan d'agression devant débuter dès que possible au Niger, prennent de l'importance, pour chasser la junte militaire au pouvoir dans le pays après le renversement de son président pro-occidental, d'autant plus que le président déchu et ses complices locaux et étrangers seront jugés avec preuves devant les instances nationales et internationales compétentes pour haute trahison, atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du Niger, et surtout pour avoir appelé à l'invasion du pays. Regardons la réalité actuelle.
La liberté de navigation : l’« innocent passage » est loin d’être innocent
La « liberté de navigation » (FON : Freedom Of Navigation) est une revendication fondamentale américaine, utilisée pour justifier ses agissements hégémoniques en mer. L’article récemment publié par l’ambassade des États-Unis en Chine en résume son interprétation, qui est loin d’être celle reconnue par le droit international. Nous vivons sur une petite planète où 70 % de la surface est couverte par l’eau. Comment s’y comporter est l’affaire de tous. Est révolue l’époque où un hégémon définit et impose, sous des prétextes de liberté et de justice, ses règles, privées et partisanes, à tous les autres pays.
Guerres, coups d’État, dictatures : quand les intérêts des pétroliers dirigent la politique étrangère britannique
Le Foreign Office est en grande partie sous l’emprise du pollueur climatique mondial BP. De l’Iran à l’Azerbaïdjan, de l’Irak au Nigeria, de la Russie au Venezuela, le Royaume-Uni privilégie les profits de l’entreprise au détriment d’une politique étrangère digne de ce nom. Declassified UK a récemment révélé que BP a pompé du pétrole irakien pour une valeur de 15 milliards de livres Sterling depuis que les armées britannique et américaine ont envahi le pays en 2003. Les gouvernements de Londres et de Washington ont longtemps nié que la guerre en Irak était liée au pétrole. Pourtant, BP est revenu dans le pays en 2009 après 35 ans d’absence et a obtenu une participation importante dans le plus grand champ pétrolier d’Irak, près de Bassorah, dans le sud du pays, une ville occupée par les Britanniques. Une situation similaire s’était produite en Libye à la suite d’une autre intervention militaire britannique en 2011. Onze ans après cette guerre, en octobre de l’année dernière, la National Oil Corporation libyenne a accepté que BP commence à forer pour trouver du gaz naturel dans le pays. BP contrôle des zones d’exploration en Libye qui couvrent près de trois fois la superficie du Pays de Galles. Les responsables britanniques ont depuis longtemps l’habitude de mener des guerres qu’ils prétendent être dans l’intérêt des droits humains, alors qu’il s’agit en réalité de pétrole ou de géopolitique.
Nigel Farage en lutte contre le totalitarisme woke des banques britanniques
Nigel Farage, « l’homme du Brexit » qui anime aujourd’hui une émission quotidienne sur la chaîne de télévision GB News, va-t-il obtenir une compensation financière et des excuses de la banque de prestige Coutts qui lui a fermé ses comptes cette année en raison de ses opinions ? Pour le moment, c’est l’ancienne directrice de NatWest, la maison mère de Coutts, qui semble bien partie pour récupérer 2,5 millions de livres sterling d’indemnités de départ après sa démission pour avoir divulgué à la BBC des informations financières concernant son client et aussi pour avoir menti à la chaîne publique britannique, créant ainsi une de ces célèbres « fake news », sur les vraies raisons de la décision de se débarrasser de ce client gênant. Ainsi que nous le relations le 21 juillet dernier dans ces colonnes, les banques britanniques semblent développer aujourd’hui une curieuse pratique consistant à surveiller dans les médias et sur les réseaux sociaux les opinions de leurs clients et à fermer les comptes des clients jugés mal-pensants, sans que ceux-ci n’aient commis aucun crime ou délit ni même la plus petite infraction. Le phénomène est décrit en ces termes par le journaliste et essayiste britannique Mick Hume, connu dans son pays pour s’intéresser tout particulièrement aux questions liées à la liberté d’expression et à la liberté de la presse : « Ce que cela démontre très clairement, c’est que (…) la culture de l’annulation woke n’est pas seulement le fait de quelques étudiants radicaux qui tentent de faire interdire les féministes sur les campus universitaires pour avoir critiqué l’idéologie trans. Elle s’étend jusqu’au sommet de la société. Le monde de l’entreprise est aujourd’hui dirigé par des idéologues “woke”. »
Abaya à l'école : « Le port de l'abaya à l'école a pour but de tester les limites » (Gilles Kepel)
Mais pas que ! Car cet ancien trotskyste qui parle l’arabe et consacre depuis 40 ans ses fines analyses sur l’islamisme et surtout les islamistes répond aux questions de Sonia Mabrouk sur Cnews et Europe 1 à l’occasion de son nouveau livre. Et s’il fallait une preuve de plus de la véracité de ses études, cet universitaire signale en passant que sa hiérarchie administrative fait tout pour le pousser à la retraite pour le remplacer par des idéologues woke ! Vidéo.
Prophète en son pays, par Gilles Kepel. Éditions de l’Observatoire. 2023.
72 % des Français considèrent que les immigrés sont trop aidés par l’État, 72 % qu’ils posent des problèmes de sécurité, 61 % qu’ils représentent une menace culturelle et 56 % une menace sociale
Tous les tableaux d’un sondage Harris Interactive pour le magazine Challenges. Avec l’étude complète en PDF. On comprend que la quasi-totalité des partis politiques français ne veulent pas d'un référendum sur ce sujet portant crucial !
Abaya : Le personnel et les élèves du lycée Maurice Utrillo de Stains (93) se mettent en grève contre l'« islamophobie »
Un appel à la grève à partir du 6 septembre pour lutter contre « l’islamophobie » gouvernementale a été affiché à l’entrée du lycée dans cette municipalité tenue par des islamistes qui savent également écrire leur tract en écriture inclusive…
La bataille de l'abaya, épisode d'une guerre d'usure
L'interdiction du port de l'abaya (longue robe islamique) et du qamis (tunique masculine) dans les écoles, collèges et lycées publics, a été validée le 7 septembre par le Conseil d'État saisi en urgence par l'association Action Droits des Musulmans (ADM). Lors de l'audience, le débat avait surtout tourné autour de la portée religieuse de la tenue, l'avocat de l'ADM, Vincent Brengarth, assurant que l'abaya « ne peut pas être considérée comme un vêtement religieux mais traditionnel ». Mais pour le ministère de l'Éducation nationale, ce vêtement « fait immédiatement reconnaître celui qui le porte comme appartenant à la religion musulmane ». La décision du nouveau ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal (27 août) a été fermement appuyée par Emmanuel Macron — « Nous ne laisserons rien passerà la rentrée » avait-il prévenu le 1er septembre lors d'un déplacement dans un lycée professionnel à Orange (Vaucluse). Autant de signes d'un revirement après le bref mais calamiteux ministère de Pap Ndiaye. L'expérience vérifiera la solidité de ce sursaut de fermeté. Toutefois, gagner une bataille n'est pas gagner la guerre. La victoire symbolique sur l'abaya, si elle se confirme dans les faits, n'offrirait qu'un répit face à la situation générale de l'Éducation nationale : « Aujourd'hui, un jeune Français sur cinq, à l'âge de 18 ans, a du mal à lire le français » relevait le député européen François-Xavier Bellamy sur Europe 1 le 28 août. Cet état de l'école n'est pas sans rapport avec celui d'un pays qui doit faire face à de nouvelles déferlantes migratoires : l'an dernier, 320 330 titres de séjour ont été octroyés en France, plus 156 103 demandes d'asile. Soit 476 433 immigrés « officiels », l'équivalent des habitants de Toulouse, auxquels s'ajoute la masse des clandestins : selon le ministre de l'Intérieur lui-même, 600 000 à 700 000 personnes se trouvaient dans le pays sans papier il y a deux ans (tweet du 21 novembre 2021)…
Douglas Macgregor : « Quels sont les intérêts de la France qui justifient sa participation à une coalition antirusse en Europe de l’Est ? »
Colonel de l'armée américaine, expert, praticien et théoricien, Douglas Macgregor est une voix dissonante dans le concert de « narratifs » formatés. Une voix qui mérite d'être écoutée. La situation en Ukraine va de mal en pis - c’est peu dire. 400 000 soldats ukrainiens tués. Le matériel « high-tech » occidental brûle comme un fétu de paille. Un pays entier est dévasté parce que certains ont cru bon de causer ce conflit pour affaiblir la Russie. Ils ont obtenu l’effet inverse. Important de réécouter le colonel Douglas Macgregor, qui, il y a plus d’un an, nous exposait la criminelle futilité de cette guerre par procuration. Douglas Macgregor est diplômé de West Point et titulaire d’un doctorat en relations internationales de l’Université de Virginie. Durant ses 28 ans de carrière militaire, il a notamment été directeur de la planification stratégique et du centre d’opération interarmes du commandement suprême de l’Otan durant l’intervention de 1999 au Kosovo. Il fut également le conseiller du secrétaire à la défense par interim Chris Miller. Douglas Macgregor est un spécialiste de la « configuration des forces ».
Les deux livres qu’il a écrit sur le sujet, Breaking the Phalanx (Praeger, 1997) et Transformation under Fire (Praeger, 2003), font autorité sur le sujet. Son dernier ouvrage, Margin of Victory : Five Battles that Changed the Face of Modern War est disponible chez Naval Institute Press.
Par Jean-Paul Brighelli. Pédagogisme, collège unique, laïcité à géométrie variable, égalitarisme... En cette rentrée marquée par l’arrivée de Gabriel Attal au ministère de l’Éducation nationale, Jean-Paul Brighelli revient sur ses thèmes de prédilection. Dans son nouvel essai cinglant, il dénonce les hypocrisies de la mixité, et l’« héritocratie », qui « laisse dans le fossé 90 % du potentiel du pays ». L’auteur de La Fabrique du crétin (2005) n’y épargne ni la jeune classe politique aux commandes - sa « conformité aux codes », sa « superficialité brillante » - ni les professeurs satisfaits de « ronronner devant un public présélectionné ». Avec en intégralité sa tribune dans Le Figaro.
L’École à deux vitesses, par Jean-Paul Brighelli. L’Archipel. 2023.
Philippe Pascot : « Le système travaille contre le peuple, mais avec son consentement »
Dans ce nouvel entretien, nous recevons Philippe Pascot, ancien Conseiller régional d'Île de France, directeur de MJC (Maison des jeunes et de la culture) et écrivain. Déçu de la vie politique - et de ses élus - après 25 ans d'activité au service de la Cité, il est « mis au sarcophage », pour ne pas dire au placard. La raison ? Un ouvrage publié en 2014, « Délits d'élus », dans lequel il ose dénoncer les malversations de plus de 400 hommes et femmes politiques. Loin de se décourager dans sa volonté de maintenir un discours de vérité, il revient cette année avec deux nouveaux livres, plus que jamais engagé pour la transparence des affaires publiques en France. Dans le premier livre, « Le pouvoir du pire », aux éditions Max Milo, Philippe Pascot décrit un système politique qui « travaille contre le peuple » et souhaite « ouvrir les yeux à tous ceux qui ont les oreilles bouchées ». L'ancien maire-adjoint d'Évry n'épargne rien, ni personne : Macron, les lobbies, la manipulation de l'information, les réformes liberticides et sécuritaires... Le second ouvrage, intitulé « Les cons, ça ose tout... Moi aussi ! », avec comme préfacier Bruno Gaccio, certains faits les plus... cons de la sphère politico-judiciaire, mais aussi les turpitudes de quelques-uns en matière de pouvoir, d'argent et de sexe. Mais comment le peuple peut-il consentir à tel spectacle et tolérer par ailleurs des lois qui vont à ce point contre son propre intérêt ?
Le pouvoir du pire, par Philippe Pascot. Éditions Max Milo. 2023.
Les cons, ça ose tout... Moi aussi !, par Philippe Pascot. Éditions Christine Bonneton. 2023.
Libéraux et conservateurs : amis d’un jour, ennemis de toujours ?
La lecture de l’ouvrage de François-Xavier Bellamy offre un terrain fertile d’analyse de la relation entre libéralisme et conservatisme. Résumons brièvement le propos de celui qui est à la fois philosophe et député européen (PPE). L’auteur s’inspire des réflexions d’Antoine de Saint-Exupéry dans sa « Lettre au général X », dans laquelle ce dernier affirmait que c’est uniquement sur un terreau de stabilité, d’immobilité et de patience que peuvent germer les liens sociaux qui font eux-mêmes fleurir la civilisation, cette dernière étant « un bien invisible puisqu’elle porte non sur les choses, mais sur les invisibles liens qui les nouent l’une à l’autre, ainsi et non autrement ». Or, selon Bellamy, la civilisation moderne détruit ces liens en raison de sa passion pour le mouvement, sa valorisation du changement pour lui-même, source d’un progressisme borné qui perçoit tout souci de ce qui nous préexiste comme un attachement mortifère au passé. Le progrès est bon en lui-même, peu importe le but vers lequel il tend ; les normes, structures et valeurs antérieures n’ont pas de raison particulière d’être conservées. Ce refus de la continuité atomise ainsi la société, isole les individus et les coupe de leur passé en leur interdisant de jamais se reconnaître dans une « demeure ». Il engendre enfin un relativisme absolu qui rend impossible tout partage de valeurs et de règles communes au sein d’un groupe humain : en effet, si tout a vocation à évoluer, à se transformer pour « rester à la page », cela signifie qu’il n’existe aucune certitude tangible pour de bon, qu’aucune règle morale ou aucun principe ne peut être vrai de façon universelle, ou tout au moins collective. Il convient donc, sans refuser tout changement (l’auteur récuse cette position réactionnaire), d’appliquer un principe de prudence, de circonspection, face au progrès, et de s’interroger sur son caractère bénéfique, et non de l’embrasser sans examen.
Demeure. Pour échapper à l’ère du mouvement perpétuel, par François-Xavier Bellamy. Grasset. 2018.
Assassinat ciblé et complexe terroriste : un survol préliminaire
Dans son ouvrage sur la mort ciblée, Guerric Poncet propose l’une des premières analyses de ce sujet essentiel mais peu évoqué. Des premières pistes, qui méritent d’être approfondies avec d’autres études. La place, les fonctions et les modalités des assassinats ciblés ont fait l’objet, jusqu’à présent, de relativement peu de travaux vraiment solides dans la littérature concernant la guerre et en particulier ses variantes irrégulières. Ceci est encore plus vrai concernant la production en langue française. La question concerne pourtant les chercheurs s’intéressant aux transformations de la conflictualité actuelle, et tout particulièrement ceux qui travaillent dans le domaine des études sur le terrorisme. C’est pourquoi il est nécessaire de signaler le petit livre de Guerric Poncet qui fournit, malgré ses limites évidentes, quelques éléments d’information préliminaire pour quiconque est amené à aborder le sujet de l’assassinat ciblé.
La mort fantôme. L’assassinat ciblé comme arme de guerre, par Guerric Poncet. Éditions du Rocher. 2023.
Mickaël Fonton, rédacteur en chef société de Valeurs actuelles, a dirigé la dernière revue trimestrielle de l’hebdomadaire. Un magazine d’une centaine de pages co-écrit par des experts du sujet, n’en déplaise à Arrêt Sur Image, afin de porter un discours argumenté et contraire à la doxa dominante. Vidéo.
Climat, info et intox, dirigé par Mickaël Fonton. Valeurs actuelles – Grands débats. En kiosque, 9,90 €.
L’envie est un sentiment éprouvé par de nombreuses espèces vivantes, mais particulièrement marqué chez l’être humain. Présent à la fois dans la littérature, la philosophie, la psychologie, la religion, et beaucoup d’autres domaines qui ne font que retranscrire un phénomène ancré dans toutes les civilisations et époques de l’humanité, il manquait une somme sur le sujet. C’est ce que propose le sociologue Helmut Schoeck (1922 – 1993), de manière particulièrement brillante. Sa thèse s’articule autour de l’idée que, loin d’être purement conjoncturelle et susceptible d’être supprimée, en particulier dans des situations où règnent de vives inégalités, l’envie est un sentiment consubstantiel à l’être humain. Il est donc naïf de prétendre l’éradiquer, à l’image de ce que les théories marxistes visant un égalitarisme intégral prétendaient accomplir (on en trouvera d’ailleurs une illustration dans le roman Kallocaïne, par Karin Boye. Hélios. 2016). Il s’agit d’un processus psychologique qui exige un cadre social, donc l’existence de deux ou plusieurs individus. Et qui explique beaucoup de choses dans la vie humaine, celle des sociétés, et dans l’histoire des civilisations. Contrairement à l’amour, l’amitié ou l’admiration, par exemple, qui supposent l’attente d’une réciprocité, l’envieux ne souhaite rien de tel, écrit Helmut Schoeck. Il ne souhaite d’ailleurs pas spontanément entrer en relation avec la personne qu’il envie. Et plus intensément il concentre sa pensée sur l’Autre, plus il est renvoyé à lui-même. L’envie ne consiste, en effet, pas à vouloir accaparer un avantage appartenant à l’Autre, mais en ce que l’envieux « souhaite le voir volé, dépossédé, dépouillé, humilié, mis à mal ».
L’Envie, une histoire du mal, par Helmut Schoeck. Les Belles Lettres, 2019.
François Roddier : de la thermodynamique à l’économie
Ce petit livre par la taille est immense par les connaissances que l’auteur y a agrégées. Pour ceux qui ont déjà lu son premier ouvrage, Thermodynamique de l’évolution, on est dans un autre registre que dans ce dernier livre qui était un essai sur de la thermodynamique et un large balayage sur ses applications en génétique et au niveau culturel. Là on est face au livre d’une idée, la criticalité auto-organisée. C’est une flèche que nous décoche l’auteur, une flèche avec la synthèse de son travail de recherche pour permettre une meilleure compréhension des mécanismes liés à la thermodynamique pour en tirer des leçons pour nous aider à nous sortir collectivement de ce qui semble être une impasse civilisationnelle. François Roddier fait un rapide retour historique sur les personnalités qui ont tracé le chemin vers cette idée et leur apport personnel, à la cause si je puis dire. Ces scientifiques auront souvent dédié leur vie à faire avancer un bout des découvertes nécessaires, finissant parfois dans l’oubli avant d’être redécouvert, servant de tremplin au cran suivant. Dans un système fermé, l’énergie se dissipe jusqu’à atteindre un équilibre thermodynamique, qui est son état d’entropie maximale. Ce n’est pas le cas de notre planète qui reçoit de l’énergie du soleil et en dissipe aussi vers l’espace. On dit que c’est un système thermodynamique hors équilibre. Je vous laisse découvrir son argumentation mais il nous amène à prendre conscience que notre système économique est aussi un système régit par les lois de la thermodynamique. Mais à la différence de notre corps biologique qui a en lui des mécanismes d’auto-régulation pour limiter notre taille par exemple, le corps social est dépourvu de limites formelles, sans contraintes, il peut grossir à l’infinie. En reprenant l’idée des cycles ago-antagonistes, il propose l’idée d’une économie nationale à 2 monnaies, une pour la production et une pour les services et si d’autres en ont l’intuition, il démontre à travers cet ouvrage tous les bienfaits que cela pourrait apporter à nos sociétés pour en limiter les excès, les surchauffes et les risques systémiques. François Roddier est décédé au mois d’août 2023. Toutes nos pensées vont à sa famille.
Thermodynamique de l’évolution, Par François Roddier. Éditions Paroles. 2012.
Kissinger a 100 ans. Le parrain de Klaus Schwab est une puissante cheville ouvrière du Coup d’État planétaire. Enquête explosive de The Intercept qui le présente comme criminel de guerre.
L’ancien conseiller à la sécurité nationale et secrétaire d’État Kissinger est un esprit politique renommé toujours recherché par les dirigeants du monde. Le politologue d’origine allemande a reçu le prix Nobel de la paix en 1973 pour avoir établi un cessez-le-feu et aidé à orchestrer le retrait américain du Vietnam. Il réside à New York. Heinz Alfred Kissinger a célébré ses 100 ans le 27 mai 2023. Surnommé Henry, l’homme s’est agrippé depuis de nombreuses décennies au pouvoir global : politique ET commercial, au niveau aussi bien local que planétaire. S’il a été omniprésent dans son pays, il l’a aussi été, en tant que secrétaire d’État en Chine communiste, en URSS et ailleurs. Le ressortissant allemand des années 1920 est devenu Secrétaire d’État dans l’administration américaine. Cela lui a permis de faire la pluie et le beau temps dans divers pays. Certains ont fait le compte des conséquences des interventions militaires qu’il a pu diriger en direct. Le bilan n’est pas reluisant ! Ainsi, Henry Kissinger est un symbole clé de l’architecture de l’édifice du Nouveau Monde, dont le coût en tragédies humaines et économiques est simplement incalculable. Si Kissinger est connu en tant qu’homme politique, il est bien ancré dans Planète finance. Les revolving doors ou portes tambours avant l’heure. De 1956 to 1958, Kissinger travailla pour le Rockefeller Brothers Fund en tant que directeur des projets spéciaux. Une relation solide qui perdura et qui pourrait nous faire penser que Henry Kissinger a été une cheville ouvrière de la dynastie Rockefeller dans ses activités publiques-privées… Il est si indispensable à Planète finance que, malgré son âge, il y est toujours opérationnel au niveau stratégique. Toujours cet atout qui mélange politique et monnaie. Cet Allemand de naissance et Américain d’adoption fut professeur à Harvard. Kissinger a pu y former quantité de futurs responsables publics et privés qui se sont retrouvés impliquer dans la restructuration des États-Nations, des grandes entreprises, des ONG, etc. C’est ainsi que Kissinger était devenu le mentor (parrain ?) de son étudiant des années 1970 Klaus Schwab. Il semblait avoir eu de l’affection pour cet étudiant allemand comme lui.
Stian Jenssen, chef de cabinet du secrétaire général de l'OTAN, a été le dernier à subir de lourdes représailles pour avoir osé affirmer qu'il fallait trouver un moyen de mettre fin à la guerre en Ukraine, en acceptant même, si nécessaire, de céder une partie des territoires actuellement sous le contrôle de Moscou. Steven Erlanger s'est inspiré de la dure réaction déchaînée contre Stian Jenssen pour rédiger un article réfléchi publié dans le New York Times le 1er septembre avec un titre plus que significatif : « Alors que le conflit ukrainien se poursuit, parler de négociations est devenu presque tabou » (on pourrait supprimer le « presque »). Ainsi, les guerres sans fin de ces décennies ont également servi de banc d'essai pour façonner un espace politico-médiatique adapté à l'engagement actuel, beaucoup plus difficile que les précédents, qui étaient également prévus depuis des décennies, puisque le moment de la confrontation directe entre l'Empire occidental et l'Empire oriental, plus varié, était l'horizon ultime des guerres sans fin. Le scénario orwellien de Big Brother se réalise sous une autre forme, où le super-État dirigé par Big Brother, dont les citoyens sont benoîtement enrégimentés, mène une lutte éternelle avec les deux puissances opposées, l'Eurasie et l'Estasie... spes ultima dea.
Relire les avertissements de John Pilger sur le bellicisme étasunien contre la Russie et la Chine
Par Caitlin Johnstone. En mars 2016, le célèbre journaliste et cinéaste australien John Pilger publiait un article intitulé « Une guerre mondiale a commencé ». Cet article mettait en garde contre l’escalade agressive de l’empire américain à l’encontre de la Russie et de la Chine. Relire certaines parties de cet article en 2023, c’est comme regarder quelqu’un placer des drapeaux à côté de graines récemment plantées qui finiraient par devenir les problèmes gigantesques auxquels notre monde est aujourd’hui confronté. C’est comme si l’on écoutait un voyageur dans le temps avertir les gens du passé d’une grave erreur qu’ils étaient sur le point de commettre. Pilger évoque les provocations américaines en Ukraine, le militarisme de l’OTAN et l’encerclement de la Chine, et met en garde contre le risque croissant de guerre nucléaire, notant que les dépenses pour les ogives nucléaires « ont augmenté plus fortement sous Obama que sous n’importe quel autre président américain ». « Au cours des dix-huit derniers mois, le plus grand renforcement des forces militaires depuis la Seconde Guerre mondiale – mené par les États-Unis – a eu lieu le long de la frontière occidentale de la Russie », écrit Pilger. « Depuis l’invasion de l’Union soviétique par Hitler, les troupes étrangères n’ont jamais représenté une menace aussi évidente pour la Russie ».
« Dans les années quatre-vingt-dix, j'étais lycéen en Algérie et on a vu apparaitre des abayas. Pour l'algérien de la rue, il y avait une certaine moquerie, les femmes que la portaient étaient appelées les saoudiennes. Ce n'était pas une tradition locale ! » Face à Manuel Bompard, Gaspard Proust, dans sa chronique matinale sur Europe 1, lui assène la vie réelle face à la doxa islamo-gauchiste. Surtout, ne pas manquer la fin !
Nous sommes le 5 septembre, jour de commémoration de la bataille de la baie de Chesapeake, qui se déroula le 5 septembre 1781. Si le nom ne vous dit probablement rien, c’est normal. Car la légende raconte que si l’on répète trois fois « Chesapeake » devant un miroir, un Anglais apparaît en criant « APAPAP JE N’ENTENDS RIEN ». Alors que vos amis américains, eux, se mettent à glousser en vous lançant des clins d’œil appuyés. En effet, en 1781, pour venir à l’aide d’un George Washington dans une situation alarmante, la flotte française va tenter un débarquement malgré le blocus de la Royal Navy. Les Anglais sont confiants : ne chante-t-on pas que Brittania rule the waves ? C’est oublier deux choses : le Français est joueur, et le Marseillais est chaud. Bon visionnage.
La Pologne veut jouer sa partition en Europe de l’Est. Entretien avec Marcin Rzegocki
L’invasion de l’Ukraine a remis la Pologne au centre des débats européens. Entre volonté de moderniser son armée et méfiance à l’égard du centralisme de Bruxelles, Varsovie se pose en défenseur des pays d’Europe centrale. Marcin M. Rzegocki est manager, professeur d’université et rédacteur. Il est directeur général de la Fondation Auxilium, une ONG polonaise qui se concentre sur des projets d’éducation et de conseil. Marcin M. Rzegocki est titulaire d’un doctorat en sciences sociales et en gestion de la Warsaw School of Economics et d’une maîtrise en études interdisciplinaires individuelles en sciences humaines et sociales de l’université de Varsovie.
Sécession. États et sociétés parallèles : le Hezbollah au Liban
Une série d’articles vous fera découvrir les états et sociétés parallèles existant à travers le monde. Avec le délitement des sociétés et des institutions occidentales et la guerre ethnique qui s’annonce en Europe et en Amérique du Nord, il est instructif de comprendre comment certaines organisations ont réussi à mettre en place des administrations et des systèmes globaux parallèles au sein même d’états organisés et reconnus. De la simple mise en place de services sociaux pour une population déshéritée et abandonnée au proto-État, les situations sont fort différentes et recouvrent des réalités parfois surprenantes. Mais pourraient-elles être appliquées en France, pays sur-administrés s’il en est ? Notre rédacteur en chef, Yann Vallerie, a émis l’hypothèse de la « sécession créatrice » pour les autochtones de l’Hexagone. Rompant à la fois avec les grandes métropoles et avec la République française, créant, par le fait, un « bastion rural » où le Blanc -car il faut l’appeler ainsi désormais- pourra vivre selon ses règles, selon ses lois, selon ses coutumes, selon sa religion et selon sa ou ses langues. C’est dans cette perspective qu’il convient d’étudier ce qui se fait ailleurs. Car nombre de « sécessions » de ce type existent déjà à travers le monde et certaines pourraient correspondre, au moins partiellement, à nos situations. Je vous propose ici de les découvrir… « Hezbollahland », la « société de résistance » chiite du Liban. Nous empruntons ce terme « d’Hezbollahland » à Hanin Ghaddar, chercheuse au Washington Institut, think-tank pro-israélien ayant une forte influence sur la politique extérieure américaine. Le Hezbollah a été fondé en 1982 et représente la communauté chiite du Liban, communauté historiquement pauvre et marginalisée dans un Liban dominé par la classe dirigeante et éduquée chrétienne et son pendant sunnite. Né du choc de l’invasion du Liban par les troupes de Tsahal voulant venir à bout du problème palestinien, le Hezbollah répond avant tout à un délitement et à une faiblesse systémique de l’État Libanais. Car en ce début d’années 80, l’État Libanais est bafoué, à la fois par les fedayins palestiniens qui ont eux-mêmes formaient un état parallèle au sein du Liban à la suite de leur expulsion de la Jordanie en septembre 70 (Septembre Noir) et par les différents groupes politico-religieux autochtones (Druzes, Phalangistes, …).
Éditorial de Jean-Baptiste Noé, rédacteur en chef de Conflits, revue de géopolitique. « Passé radieux, présent vacillant, avenir incertain. Le Vieux Monde semble voué à l’anéantissement. C’est sans compter l’efficacité de sa marque de fabrique : se relever, toujours. L’étymologie et la géographie ont distribué les rôles :a l’Orient, le soleil levant, a l’Occident, le soleil couchant. Porter le nom de la mort et de la guerre, ‘’occident’’ venant de ‘’occidere’’, ‘’tomber contre’’, ‘’occire’’, n’annonçait pas un avenir radieux. Pourtant, le soleil s’est bien levé à de multiples reprises sur l’Occident et lui-même a brillé sur le monde. » Le thème de ce 47 numéro : « Occident : la puissance et le doute ».
Pourquoi il n’y a plus de pacifisme en Occident ? Parce que ce sont les autres qui meurent
Le pacifisme n’existe plus. Les masses occidentales ne sont plus contre la guerre. Elles ne sont plus contre la guerre car ce ne sont plus leurs enfants qui meurent. Le coût humain de la guerre a été invisibilisé. Ce sont d’autres qui paient et c’est nous qui en profitons par le maintien de notre niveau de vie lequel dépend de la pérennité du système dit libéral et/ou de son extension mondiale. L’impérialisme qui sous-tend cette guerre – et la prochaine contre la Chine – n’est pas formulé, il est non-dit ; il se manifeste cependant par l’argument du maintien de l’hégémon du dollar, le maintien du système unipolaire occidentalo-centré dont tout le monde sent bien qu’il est la clef de notre niveau de vie élevé, supérieur à celui des autres populations de la planète. Nos populations sont pour la guerre – tout comme ils sont pour le maintien du système de la dette et du crédit – parce qu’implicitement on leur a fait comprendre que cette guerre vise à maintenir notre position privilégiée dans le monde et notre pouvoir de prélèvement sur ses richesses… Nos valeurs sont un voile. La défense de nos valeurs morales sociales, sociétales, wokes et même LGBTQ est une construction parallèle. Ce que l’on défend c’est notre niveau de vie, notre art de vivre, notre jouissance et nos licences de transgression, et la possibilité d’exploiter les matières premières, le travail et l’épargne des BRICS. On défend un ordre du monde qui nous permet de jouir au-delà de ce que nous nous produisons. Ce qui rend la guerre acceptable c’est la délocalisation des victimes. Comme en matière d’exploitation des salariés ou on délocalise les fabrications : ici on délocalise les combats. L’exploitation de leur vie n’est pas évidente car elle se fait ailleurs. Hors de notre vue.
Lucien Cerise, chercheur en ingénierie sociale, évoque la gouvernance des foules à l'heure de la technoscience et du transhumanisme : « Il va falloir être rusé... »
Lucien Cerise est diplômé de philosophie, lettres modernes et sciences du langage. Chercheur en ingénierie sociale – « Le pouvoir doit prendre le contrôle des relations de confiance, de méfiance et d’indifférence » - et est notamment l'auteur de Gouverner par le chaos, un ouvrage aux éditions Max Milo (réédité en 2023). Préfacier de l'ouvrage de l'historien Stuart Ewen, Consciences sous influence : Publicité et genèse de la société de consommation, il cite comme son mentor le penseur structuraliste Jean Baudrillard. Lucien Cerise propose - avec une grille de compréhension du monde qui fait écho au situationnisme - de réfléchir à l'évolution de la société de consommation et, in extenso, au devenir de la société du spectacle. Des thèmes de recherche devenus à ses yeux indissociables de sujets comme le transhumanisme et la technoscience, qui seraient désormais en lien direct avec l'exercice du pouvoir. Un pouvoir qui « perd le contrôle de la situation », selon l'essayiste, qui n'a pas hésité ces dernières années à ouvrir l'horizon de ses rencontres sur le champ intellectuel pour mieux comprendre les mécanismes du politique à l'heure actuelle. Cerise se spécialise dans l'ingénierie sociale et étudie les travaux d'Edward Bernays, le père (controversé) de la propagande politique ou en entreprise. Dans le domaine de la psychologie, l'ingénierie sociale est une pratique qui recourt à des techniques de manipulation afin de modifier certains comportements de groupes sociaux. Ce qui peut être réalisé dans le but « d'aider » ou de « nuire »... Aujourd'hui, nous retrouvons cet « héritage » dans les diverses utilisations du « story-telling », dont le concept est une « manière de renommer la propagande ». Un « récit » imposé qui a parfois besoin de voir être censurée l'information et de contrarier sa circulation libre. Un exercice qui a ses limites, selon Lucien Cerise. « On voit venir le gouvernement de plus en plus facilement », dit-il, et « le berger n'a plus les moyens de garder le troupeau ». Le politique deviendrait alors « moins subtil » dans ses stratégies au sein d'un monde « en transition », entre la « démolition d'un monde » et l'avènement d'un nouveau, qui se réclame quant à lui d'idéologies telles le transhumanisme ou la foi en la technoscience. Des idéologies qui peuvent parfois participer, du fait de « l'hubris de la science » à imposer des moyens de coercition des populations, comme cela a pu être observé durant la crise sanitaire du Covid. Des idéologies qui ont aussi leurs grands gourous comme le bien connu Klaus Schwab, co-fondateur du Forum économique mondial (WEF), dont le rêve est « de diriger le monde depuis un mur d'écran ». Un peu comme « l'architecte » dans Matrix. Le film de Lana et Lilly Wachowski dont Lucien Cerise rappelle qu'il est justement l'émanation de la représentation de la matrice que souhaite celle-ci, dixit Jean Baudrillard. Le gouvernement perd-il « le contrôle de la situation » ? C'est l'avis de Cerise : « Il va falloir devenir rusé », lance-t-il alors dans un Entretien Essentiel dense et captivant.
Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 30 août 2023.
La très élégante et autoritaire porte-parole russe a donné une conférence de presse qui n’a été ni rapportée ni commentée dans la presse de grand chemin alors qu’elle parle de sujets qui sont largement couverts par nos « journalistes ». Pour information, en voici les thèmes et quelques longs extraits en suivant le lien ci-dessous. Au programme : Sur le G20 ; sur la crise ukrainienne ; sur la nomination de Rodion Mirochnik au poste d’ambassadeur itinérant du ministère russe des Affaires étrangères de la Fédération de Russie pour les crimes du régime de Kiev ; sur le livre « Crimes ukrainiens contre l’humanité » ; sur des informations du journal Dagens Nychetr concernant la fourniture d’équipements suédois à double usage à Kiev ; sur la situation sur le marché mondial des céréales.
Ministère des affaires étrangères de la Fédération de Russie
Occident/BRICS : analyse de Jacques Sapir 2 septembre 2023 (TVL Samedi Politique)
Les transformations du monde s’accélèrent à un train d’enfer depuis le 24 février 2022. La crise en Ukraine s’embourbe depuis près de 18 mois et les politiques de sanctions à l’égard de la Russie ont fait intégrer à tous les pays en voie de développement les dangers de s’arrimer aux États-Unis. L’Occident, sous l’égide de Washington, est devenu peu à peu un repoussoir pour tous les pays souverains qui aspirent à le rester ou ceux qui aspirent à le devenir. Le continent africain ne fait pas exception. La France, malgré son poids colossal notamment grâce à sa langue, a perdu pieds. Les coups d’État s’enchainent et les réactions diplomatiques sont plus catastrophiques les unes que les autres. Pendant que l’Occident creuse sa tombe, les BRICS, eux, bâtissent le monde de demain avec une philosophie bien différente de coopération. L’économiste spécialiste des questions stratégiques et membre de l’académie des Sciences en Russie, Jacques Sapir, nous livre ses analyses sur ce monde dangereux aux transformations à grande vitesse auquel l’Europe et la France auront bien du mal à raccrocher les wagons. SOMMAIRE : 00:00 – 00:42 : lancement de la 6ème saison du Samedi Politique ; 00:42 – 01:12 : introduction ; 01:12 – 01:47 : présentation de Jacques Sapir ; 01:47 – 02:56 : guerre en Ukraine : jusqu’à quand ? 02:56 – 10:38 : attaque de Pskov (Russie) : quelle implication occidentale ? 10:38 – 23:06 : Wagner : retour sur la mort de Prigojine ; 23:06 – 26:07 : quelle place pour Wagner en Afrique ? 26:07 – 38:04 : les échecs de la France en Afrique ; 38:04 – 01:05:20 : des BRICS en construction ; 01:05:20 – 01:09:36 : le G20 à l’épreuve des BRICS ; 01:09:36 – 01:10:19 :conclusion.
SOS Donbass. Une association française qui vient en aide aux populations victimes de la guerre [Interview]
En septembre 2022, Anna Novikova est revenue du Donbass avec une forte détermination : créer une association humanitaire pour aider les habitants bombardés par l’armée ukrainienne avec les armes de l’OTAN depuis 2014, et à plus haute intensité depuis le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. « Ce drame doit être connu et compris de tous les européens pour mettre fin à cette guerre qui leur est cachée et construire un pont de paix entre l’Europe et la Russie. L’association humanitaire SOS Donbass est le pont pour les non-initiés qui cherchent à comprendre les souffrances des habitants du Donbass. Le but est d’informer les gens de manière factuelle sur la situation au Donbass et de leur montrer la voie pour apporter leur soutien. En solidarité avec les habitants de cette région de l’Ukraine et pour répondre aux besoins humanitaires, l’association orchestre des actions telles que la collecte de fonds et la distribution de nourriture, de vêtements, produits d’hygiène et de médicaments » indique la présidente de l’association, qui organise des collectes de matériaux à travers toute la France, où elle possède de nombreux relais locaux et régionaux. Interview audio.
Par Alexandre Douguine. L'attaque de drones sur les villes russes par les forces terroristes de l'Occident (l'Ukraine est de plus en plus dans l'ombre de la guerre déclenchée contre nous par l'OTAN) a été particulièrement intense il y a quelques nuits. Les voix se sont finalement tues : comment cela se fait-il ? Qui n'a pas été attentif ? Nous aurions dû mieux nous protéger ! Maintenant, tout le monde commence à se demander ce qu'il faut faire. Le sommet des BRICS à Johannesburg montre comment le monde multipolaire est en train de s'institutionnaliser. Six civilisations sur sept (la russe, la chinoise, l'indienne, l'africaine, l'islamique, la latino-américaine) se consolident en rejetant l'hégémonie de la septième, l'occidentale. Mais cette dernière n'est manifestement pas prête à accepter la perte de sa domination mondiale et riposte. La Russie ressent ce choc de la manière la plus aiguë. Il est nécessaire d'entamer une opération militaire spéciale dans les domaines de la culture, de l'éducation et de la science. Disposons-nous d'un tel centre ? La question est rhétorique. Il est clair que nous n'en avons pas. Nous sommes à peine entrés dans cette guerre, c'est-à-dire que nous commençons à peine à nous rendre compte qu'elle est déjà en cours. Et nous n'en avons pas encore pleinement pris conscience.
Gardasil : la (très) chère rentrée vaccinale d'Emmanuel Macron est arrivée, que penser de son efficacité ?
C'est pour le président de la République un étonnant cheval de bataille. En mars dernier, Emmanuel Macron annonce vouloir « généraliser » la vaccination des élèves de 5e de 11 à 13 ans. Enfilant son costume de médecin, il faut selon lui « aller vite » et réaliser « dès l'école un énorme travail d'information », voire « ne pas exclure qu’on aille vers la vaccination obligatoire quand tout cela sera installé et qu’on aura les bonnes recommandations ». Mais à quel prix et pour quel résultat ? L'innocuité du produit pose par ailleurs question alors qu'un procès aux États-Unis s'est ouvert cette année à cause des effets secondaires et d'un présumé défaut d'efficacité du Gardasil, selon les plaignants. Pour le moment, le vaccin Gardasil (du laboratoire Merck, en situation de quasi monopole) n'est pas encore imposé aux jeunes adolescents. L'injection reste conditionnée à un accord parental. Mais la rentrée scolaire 2023 est bien celle d'une campagne de vaccination tous azimuts. Près de 800.000 élèves sont concernés. Selon la communication gouvernementale, il s'agit d'« améliorer la couverture vaccinale pour prévenir les 6.000 nouveaux cas de cancers et les 30.000 lésions précancéreuses du col de l’utérus causées chaque année par cette infection. »
Un diluant « dangereux » présent dans certains vaccins anti-Covid-19 ? Entretien choc avec Patrick Jaulent
PARTIE UNE - Patrick Jaulent est docteur en électronique, diplômé d'une université américaine, conférencier international et ancien directeur d'une agence de cybersécurité. Auteur de l'ouvrage « Dilutions mortelles en toute impunité ? », publié en autoédition (2023), cet expert en criminalité électronique interroge sur la présence d'un « diluant » catégorisé comme « dangereux » dans les vaccins anti-Covid-19. Une révélation qu'il étaye sur la base de documents issus d'administrations officielles, notamment américaines, dont la FDA (Food and Drug Administration) ou la BARDA (Biomedical Advanced Research and Development Authority). Cette présence préoccupante ne doit rien au hasard, selon Jaulent. Son origine s'expliquerait en premier lieu par la dénaturation du processus de contrôle et d'évaluation des risques des produits médicamenteux issus de l'industrie pharmaceutique aux États-Unis. Selon ce spécialiste en cybercriminalité, une volonté politique se serait mise à l'œuvre pour faire évoluer les lois relatives à la régulation du secteur. Conséquence ? Une déresponsabilisation des laboratoires vis-à-vis de l'utilisation ou l'injection de leurs nouvelles molécules, vaccins ou autres thérapies. Autrement dit, les industriels se retrouveraient à l'abri de poursuites quant aux effets secondaires de leurs produits. Patrick Jaulent n'est pas un homme de médias. Son but n'est pas d'occuper les devants de la scène publique. Durant la crise du SARS-CoV-2, il choisit d'enquêter avec discrétion sur la gestion sanitaire de la pandémie. Habitué de par son activité passée au traitement de documents techniques internationaux, difficiles d'accès voire confidentiels (il se forme même à la compréhension du mandarin pour ce faire), Patrick Jaulent développe très rapidement une approche qui se détache de la doxa à propos du Covid, des vaccins et de l'origine du coronavirus. Dès le début de l'année 2021, il évoque le rôle trouble de l'Organisation non gouvernementale (ONG) EcoHealth Alliance, alors dirigée alors par Peter Daszak, vis-à-vis de la pratique en biologie du gain de fonction, en collaboration avec l'Institut de virologie de Wuhan. Il pointe alors du doigt le comportement de certaines administrations de santé américaines et notamment les responsabilités du Dr Anthony Fauci dans le développement de recherches potentiellement dangereuses dans le domaine de la virologie en Chine. Des révélations à l'époque qui ont anticipé le déclenchement par la suite de plusieurs scandales outre-Atlantique, partiellement relayés par les médias mainstream. Qu'il s'agisse de l'implication de l'ONG EcoHealth, des responsabilités exactes de Peter Daszak ou d'Anthony Fauci dans le récit présenté à l'opinion publique de la crise sanitaire, voire liées à l'origine même du SARS-CoV-2, les thèmes de ses prises de position ont été depuis évoqués au grand jour. Et font toujours débat. Patrick Jaulent, qui dénonçait dans son précédent ouvrage (« Un monde de menteur », 2021, autoédité) un « sacrifice » de la jeunesse, confinée et contrainte à la vaccination au prétendu profit des personnes fragiles et plus âgées, a été exposé à des menaces à cause de ses propos. Avec courage, il reprend son travail d'enquête particulièrement appliqué et alerte sur un composé chimique présent d'après ses recherches dans les vaccins anti-Covid-19. Un « diluant » qui aurait un lien « contractuel » avec l'OTAN et le Département de la Défense des États-Unis (DoD). Un troublant produit qui doit d'après lui faire l'objet d'un débat public, ne serait-ce que pour étudier les risques possibles de son utilisation sur la santé humaine. Patrick Jaulent, qui n'a aucun conflit d'intérêts avec le monde de la pharmacie ou du médicament, indique mener cette enquête « pour ses enfants ». Ce citoyen, qui n'est « pas contre les vaccins », veut juste être au courant de leur exacte composition, en toute transparence.
Le mystère Omicron : Variant miraculeux ou fabrication humaine ? Décidément, rien n’est normal avec la COVID
Par Patrice Gibertie. En 2021 l’apparition d’Omicron et de ses variants étonna les scientifiques ; plus contagieux, moins dangereux et avec une protéine Spike moins méchante que la vaccinale ou l’originale. Vous retrouverez dans la deuxième partie de l’article la publication de JC PEREZ (2021) sur les mutations dans la région spike prions. Une nouvelle publication interpelle, et s’il s’agissait d’une sélection naturelle délibérée ? Nous avons conclu que les formations d’une partie des isolats Omicron BA.1, BA.1.1 et BA.2 n’étaient pas le produit de l’évolution du génome comme cela est couramment observé dans la nature, comme l’accumulation de mutations et de recombinaisons homologues. L’analyse que nous avons montrée ici est que les variants Omicron sont formés par un mécanisme entièrement nouveau qui ne peut être expliqué par la biologie antérieure, et connaître la manière dont les variantes du SRAS-CoV-2 se sont formées incite à reconsidérer la pandémie de SRAS-CoV-2. Nous avons conclu que les formations d’une partie des isolats Omicron BA.1, BA.1.1 et BA.2 n’étaient pas le produit de l’évolution du génome comme cela est couramment observé dans la nature, comme l’accumulation de mutations et de recombinaisons homologues.
Interview de Milan Uhrík, président du parti nationaliste Republika (République), le parti politique qui monte en Slovaquie
Milan Uhrík est le président du parti nationaliste slovaque Republika (République) et est député européen de cette formation politique. Lionel Baland l’a rencontré et interrogé pour Breizh-info.
Par M.K. Bhadrakumar. Les relations entre Ankara et Moscou défient les attentes occidentales : Il s’agit d’un modèle unique de coopération entre puissances régionales, fondé sur des intérêts mutuels, le respect et la reconnaissance des politiques étrangères indépendantes et de l’autonomie stratégique de chaque pays. Ce qui rend une relation de pouvoir intrigante dans les relations internationales, c’est qu’elle n’est jamais tout à fait statique et que son équilibre délicat exige une attention constante, des actes d’équilibrage et des ajustements. Les relations turco-russes s’inscrivent parfaitement dans ce paradigme. L’interruption de dix mois du face-à-face entre le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan lors de leur rencontre à Sotchi le 4 septembre n’était pas naturelle, étant donné le torrent d’événements géopolitiques vitaux qui se sont produits entre-temps. Depuis la dernière rencontre des deux chefs d’État à Astana en octobre dernier, Moscou a pris le dessus sur les champs de bataille en Ukraine ; le soi-disant accord sur les céréales impliquant la Russie et l’Ukraine, négocié par Ankara sous les auspices des Nations unies, a fait long feu ; la sécurité de la région de la mer Noire a atteint un nouveau niveau de criticité alors que l’obsession anglo-américaine pour la Crimée s’est accentuée ; et, surtout, Erdogan a obtenu un nouveau mandat de président, ce qui le met sur la sellette pour inverser la crise financière et économique de la Turquie.
Questions ouvertes sur la guerre : La mer Noire, une « guerre » invisible
Le fait que l'Occident désespère des perspectives militaires de l'Ukraine implique-t-il une atténuation prochaine de la guerre ? Ou bien un changement stratégique occidental vers un mode différent de guerre d'usure contre la Russie ? L'offensive ukrainienne s'est essoufflée - même CNN le dit : « [Les Ukrainiens] vont encore voir, [si] dans les deux prochaines semaines, il y a une chance de faire des progrès. Mais je pense qu'il est très, très improbable qu'ils fassent des progrès qui modifieraient l'équilibre de ce conflit », a déclaré à CNN un diplomate occidental de haut rang dont le nom n'a pas été dévoilé. Pourtant, alors qu'un « front de guerre » tire sa révérence, une guerre « hors champ » sur la navigation en mer Noire se profile à l'horizon. Cette « nouvelle guerre » pourrait également s'appeler la « guerre des céréales », comme suite à la rupture de l'accord sur les céréales par Moscou le mois dernier. Pour souligner son intention sérieuse de mettre fin à ce qui, pour la Russie, s'était avérée être une affaire tout à fait insatisfaisante (dans un contexte de renoncement général à ses conditions), Moscou a agi pour neutraliser les installations portuaires d'un certain nombre de ports de la mer Noire desservant l'Ukraine, qui, selon elle, avaient été utilisées pour stocker des armes (ainsi que pour exporter des céréales).
Migrants : pourquoi ils évitent Malte comme la peste
Le flot de migrants qui aborde l’Italie ne tarit pas. Une sentence qui pourrait introduire tous les articles sur le sujet depuis des années maintenant. Sur la seule île de Lampedusa, ces dernières 24 heures ont débarqué bien 3.000 clandestins. Une île de 20 km2, destination favorite des trafiquants d’êtres humains et des candidats volontaires à l’émigration. Or, à moins de cent miles nautiques, se trouve pourtant une autre île… que ces derniers évitent comme la peste : Malte. Et de toute façon, les autorités maltaises ignorent sciemment les alertes des navires chargés de migrants, surtout lorsqu’il s’agit de ceux des ONG, conscientes qu’ils ne sont autres que les négriers de la Méditerranée. De fait, Malte a délégué aux garde-côtes italiens le secours des barges, se libérant du problème. Ainsi, alors que l’Italie a été contrainte d’accueillir, de nourrir et de loger un peu plus de 100.000 clandestins arrivant par voie maritime depuis le début de l’année, Malte en a pris à sa charge 231, données officielles du HCR !
+28 % de demandes d’asile : von der Leyen a fait de l’Europe une passoire
C’est devenu un rituel. Tous les trois à six mois, les chiffres de l’immigration européenne tombent. Et à chaque fois, le même constat s’impose : l’Europe fait face à une submersion migratoire et rien ne semble fait pour empêcher cette vague d’engloutir le Vieux Continent. Cette fois encore, l’Agence de l’Union européenne pour l’asile constate une énième augmentation (+28 %) des demandes d’asile déposées au sein de l’UE, en Suisse et en Norvège. Avec 519.000 demandes déposées au cours du premier semestre, l’année 2023 est, selon les premières estimations, en passe d’égaler – si ce n’est dépasser – les niveaux record atteints en 2015 et 2016, lors de la précédente crise migratoire. « D’après les tendances actuelles, les demandes pourraient excéder un million d’ici la fin de l’année », observe ainsi l’agence européenne.
L’élection des nouveaux dirigeants de l’Union européenne aura lieu dans moins d’un an. Dans le contexte d’une grave crise économique et d’une série de scandales de corruption, les gouvernements nationaux hésitent à donner une nouvelle chance aux fonctionnaires de Bruxelles. La première à couler sera la « capitaine du navire » – non pas élue, mais nommée par les dirigeants de l’Union – la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, 64 ans. Dans une semaine, le 13 septembre, elle prononcera peut-être son dernier discours annuel sur l’état de l’Union. L’événement est annoncé comme un discours important adressé à l’ensemble de la population de l’Union, mais à l’exception des bureaucrates, presque personne parmi les citoyens ordinaires n’est au courant. Selon des initiés, la fonctionnaire ne prévoit pas d’annoncer de nouveaux projets, mais se concentrera sur les « réalisations dans une période difficile pour le monde ». De nombreux dirigeants européens ne sont pas d’accord avec cette formulation de la question, et certains ont déjà déclaré ouvertement qu’ils ne soutiendraient pas von der Leyen.
Des entreprises utilisent des ONG pour influencer les décisions européennes. Y a-t-il un risque de corruption ?
Entretien avec Thibault Kerlirzin. « Les entreprises ne peuvent pas directement faire des dons aux membres des institutions européennes, mais peuvent créer des fondations à travers lesquelles elles le peuvent », explique notre invité Thibault Kerlirzin, consultant en intelligence économique, formé à l’École de guerre économique (EGE) et à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales). L'auteur de l'étude « L’influence des ONG dans le processus législatif européen », publiée en 2022, revient sur son enquête à travers laquelle il démontre que des groupes utilisent la « bonne presse » qu’ont les Organisations non gouvernementales, afin d’influencer nos élus et non élus au Parlement ou à la Commission européenne. Il dénonce un système rendu complexe, dur d’accès au citoyen dans sa compréhension et un manque de transparence des ONG et du Parlement pour se rendre compte de qui chuchote aux oreilles des députés européens, notamment.
Thierry Breton : un néo-fascisme néolibéral, pourquoi pas ?
Par Régis de Castelnau. Avec la fin du gaullisme politique porté en terre par les successeurs du Général, avec la disparition d’un PCF outil puissant de la classe ouvrière, avec la trahison du Parti socialiste fourrier du néolibéralisme, la France a emprunté le toboggan du déclin la conduisant à la sortie de l’Histoire. Pour faire bon poids le même Parti socialiste a offert à nos oligarques un président de la République conforme à leurs vœux, incapable politique, corrompu et soucieux de leurs intérêts. Tout à son anomie dépressive et son pessimisme foncier, notre pays continue à se passionner pour des polémiques secondaires quand elles ne sont pas dérisoires. Face à la catastrophe économique qui vient, confronté à une crise migratoire majeure, à une perte du contrôle public de parties considérables de son territoire, à l’effondrement de son système éducatif, celui de son système de santé, chassé d’Afrique, dirigé par un incompétent dépassé, il se passionne pour les conséquences et se désintéresse des causes. Et les domestiques d’un système médiatique asservi essaient de nous intéresser à une rencontre entre le chef de l’État et les dirigeants des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale. Rencontre sans autre intérêt que de démontrer la servilité de ces mêmes partis qui ont tous été à la soupe pour assurer Macron de leur connivence. Et s’il en était besoin, de démontrer une fois de plus l’inconscience narcissique de celui-ci réclamant qu’on lui offre la possibilité d’un troisième mandat ! Pendant que se poursuivent des polémiques rageuses qui sont autant d’opérations de diversion et dont le niveau témoigne de la pauvreté, les mauvais coups se succèdent. Dernier en date, celui que Thierry Breton, le commissaire politique nommé par Macron à la Commission européenne pour faire régner l’ordre numérique, nous a annoncé avec gourmandise. Depuis le 25 août, un règlement du Parlement européen et du Conseil est désormais applicable à l’ensemble de l’Union. Composé de 82 articles et de 155 considérants, ce texte interminable et particulièrement confus ne poursuit en fait qu’un seul objectif, celui de doter les institutions des pays de l’UE d’un pouvoir de censure a priori sur les réseaux sociaux.
L'utilisation de la terminologie des échecs en géopolitique est devenue une évidence. Le livre de Zbigniew Brzezinski, The Grand Chessboard : America's Primacy and its Geostrategic Imperatives (Le grand échiquier : la primauté de l'Amérique et ses impératifs géostratégiques), y a partiellement contribué. L'appel aux échecs en tant que jeu intellectuel connu du monde entier a été interprété dans l'ouvrage de Brzezinski sous l'angle de l'hégémonie américaine et de la nécessité de la préserver. Mais il faut se poser la question suivante : est-il suffisant de parler d'échecs lorsque nous parlons d'un monde complexe et global, aux relations multiples et variées, avec les intérêts et les contradictions d'un grand nombre de parties ? Dans le monde bipolaire, qui a pris fin avec l'effondrement de l'URSS, il était encore possible de parler d'un duel entre Blancs et Noirs, mais depuis 1991, nous vivons un moment unipolaire.
Une réponse probable à la question de savoir pourquoi Brzezinski a choisi une telle allégorie se trouve dans les mémoires d'Alexandre Douguine sur sa rencontre avec Brzezinski à Washington. Lorsqu'on lui a demandé s'il se rendait compte que les échecs sont toujours un jeu à deux acteurs (SeaPower et Land Power en tant qu'agents principaux de la géopolitique), Brzezinski a répondu qu'il n'y avait pas pensé. Probablement parce qu'il voyait la bataille sur l'échiquier comme la bataille finale où l'atlantisme lève tous les obstacles à sa domination sur le monde. Une domination qui passe par le contrôle du cœur de l'Eurasie, c'est-à-dire par la victoire finale sur la Russie.
Il s'agit d'une bataille, et non d'une guerre, car une partie d'échecs n'est que le reflet d'une bataille.
Oui, une réflexion stratégique est nécessaire. Mais il s'agit toujours d'une bataille entre deux camps. Ce qui n'est pas le cas du prototype du jeu d'échecs, le chaturanga, où le terrain comporte des pièces pour quatre joueurs et où les pièces elles-mêmes symbolisent les quatre branches de l'armée sous le contrôle d'un commandant.
La transformation en un jeu pour deux symbolise également le dualisme caractéristique de la culture et de la métaphysique occidentales. Il est intéressant à cet égard de rapprocher la transformation du jeu d'échecs du concept de politique de Carl Schmitt, qui divise en amis et en ennemis (il n'est d'ailleurs pas question de forces neutres), et qui s'inscrit également de manière organique dans la tradition politique occidentale, dont les racines (à savoir l'opposition marquée du bien et du mal) se trouvent toutefois en Orient, dans le zoroastrisme.
Cependant, si le Chaturanga a changé ses fonctions et ses règles, il existe en Orient d'autres jeux stratégiques qui ont conservé leur forme originelle. Ils n'en sont pas moins intellectuels. Il s'agit du go et du mahjong. Bien que le go se joue à deux, il est de nature plus géopolitique. Tout d'abord, il ne s'agit pas d'une bataille unique, mais d'une guerre, avec de multiples combinaisons de batailles qui se déroulent sur le terrain. Deuxièmement, il ne s'agit pas d'une chasse à la tête d'un roi (leader politique, gouvernement ou commandant en chef) entouré de ses gardes du corps aux capacités différentes, mais plutôt de la conquête d'un territoire. Le go est plus complexe dans ses règles et reflète davantage la réalité politique du monde moderne - vous devez penser à une variété de combinaisons dans une variété d'endroits.
Il est probable que le succès des actions de politique étrangère de la Chine réside en partie dans la pratique du jeu de Go, qui crée un état d'esprit multicouche et non linéaire pouvant être appliqué aux relations internationales.
Le jeu de mahjong est tout aussi intéressant : il requiert des qualités telles que l'expérience, la mémoire et l'observation, qui sont également nécessaires dans les arts politiques. Mais il y a aussi un facteur aléatoire (on peut l'appeler la main invisible de Jupiter, pour reprendre la formule d'Adam Smith) qui, selon les règles (il existe différentes variantes du jeu), peut être insignifiant ou décisif. Parmi les quatre joueurs, celui qui réunit la combinaison de dés la plus précieuse l'emporte. Cela rappelle à nouveau la politique étrangère de la Chine : s'emparer habilement du marché des métaux rares, dépasser l'Occident dans de nombreux domaines, de l'économie à la technologie, obtenir des ressources énergétiques de la Russie à des prix abordables, s'engager avec d'autres pays dans le cadre d'une stratégie gagnant-gagnant, et l'initiative "la Ceinture et la Route" elle-même - tout cela montre que la Chine est un excellent joueur de mahjong sur la carte du monde et qu'elle rassemble les meilleurs dés pour elle-même.
La Russie doit également apprendre à agir efficacement sur plusieurs fronts et dans plusieurs dimensions simultanément. La nature eurasienne de la Russie appelle à une complexité croissante des vecteurs géopolitiques. L'OTN est une bonne épreuve de force à plusieurs égards, mais pour construire un pôle véritablement souverain dans un monde multipolaire, il est nécessaire non pas de reporter un certain nombre de décisions à des "temps meilleurs", en les justifiant par le fait que ce n'est pas le bon moment, mais dès à présent de procéder à une réorganisation profonde. Et, avant tout, il est obligatoire d'intégrer les décisions pertinentes dans la stratégie de politique étrangère et de créer des mécanismes pour leur mise en œuvre.
Ce texte a été publié dans le numéro 8 de la version imprimée du journal "Kultura" du 31 août 2023 dans le cadre du thème du numéro "Qu'est-ce qui ne va pas avec l'Occident ?"
Notre interlocuteur est le philosophe, politologue et sociologue russe Alexandre Gelievitch Douguine, professeur à l'Université d'État Lomonossov de Moscou.
- Alexandre Douguine, nous entendons de plus en plus souvent les dirigeants du pays définir la civilisation occidentale moderne par le mot "satanisme". Qu'entendez-vous par là, quel est votre avis ?
- Le président a déclaré que l'Occident était une "civilisation satanique" dans le discours qu'il a prononcé lors de l'admission de nouveaux sujets au sein de la Fédération de Russie. Nous devrions prendre cela au sérieux et essayer de comprendre ce qui se cache derrière cette formulation, d'autant plus qu'elle a été répétée par la suite par de nombreuses personnalités politiques et publiques de haut rang. Il me semble qu'il s'agit d'une déclaration très sérieuse et profonde.
Après le début de l'Opération militaire spéciale, nous avons commencé à nous rendre compte de plus en plus clairement que quelque chose ne tournait pas rond en Occident. La civilisation occidentale moderne s'est soit égarée, soit détournée de la voie qu'elle suivait lorsque nous l'avons acceptée, accueillie, imitée, soit, ce qui est encore plus probable, quelque chose ne va pas depuis longtemps. Une civilisation que nous admirons, à laquelle nous cherchons à nous intégrer, dont nous partageons les valeurs et les règles et que nous embrassons de toute notre âme, ne peut-elle pas se révéler soudainement satanique ? Parallèlement à cela, nous voyons la question des valeurs se poser à différents niveaux dans notre Etat. Nous commençons à le répéter : nous défendons nos valeurs. Il y a un an, le Président a adopté un décret sur la défense des valeurs traditionnelles, parmi lesquelles la supériorité de l'esprit sur la matière. C'est une chose absolument étonnante ! Les valeurs traditionnelles de la Russie sont reconnues comme étant, si vous voulez, l'idéalisme, la religiosité, la domination de l'esprit. Et bien sûr, si nous commençons à nous considérer - pas encore avec confiance, mais de plus en plus - comme des porteurs de valeurs traditionnelles, c'est précisément face à ces valeurs traditionnelles, que nous découvrons tout juste en nous-mêmes, que nous commençons tout juste à comprendre, à appréhender et à défendre, face à ces valeurs, bien sûr, les valeurs occidentales ressemblent à du satanisme pur et simple. Elles sont tout le contraire des nôtres. Elles reposent sur l'idée que la matière est primordiale par rapport à l'esprit, que l'homme n'est qu'un être biosocial qui est un reflet cognitif du monde extérieur. L'Occident perçoit l'homme comme un animal évolué, qui a atteint son stade final pour passer l'initiative à une espèce posthumaine, aux constructions transhumanistes, aux cyborgs, à l'intelligence artificielle. Et la préparation, l'échauffement, c'est la politique du genre, où l'on change de sexe au gré de ses envies - voire de ses caprices - et bientôt d'espèce, où l'on choisit d'appartenir au sexe homme, à une catégories de machines ou à une espèce animale, ce qui fait déjà l'objet de discussions sérieuses au plus haut niveau des personnalités occidentales.
Ayant découvert que l'Occident est monstrueux et se sépare sous nos yeux de l'espèce humaine, la Russie s'en est éloignée. Un problème local, le conflit avec l'Ukraine, nous a soudain conduits à des conclusions fondamentales : l'Occident fait fausse route, il entraîne l'humanité dans l'abîme et nous devons l'affronter. C'est la nouvelle la plus importante, quelque chose d'absolument incroyable, car auparavant nous nous étions modestement limités à la lutte pour la souveraineté.
Et c'est ici que le concept de "satanisme" acquiert pour la première fois une signification très sérieuse. Il ne s'agit pas seulement d'un mouvement occulte marginal, le satanisme existe en Occident, il y a l'Église de Satan d'Anton LaVey, il y a même le satanisme direct de l'écrivain ultra-capitaliste Ayn Rand (Alice Rosenbaum) - qui était d'ailleurs populaire parmi les oligarques et les libéraux russes dans les années quatre-vingt-dix. Mais il s'agit dans l'ensemble de phénomènes marginaux, de sectes occultes et de productions théâtrales. Par "le satanisme de la civilisation occidentale", Poutine entendait quelque chose d'autre, de beaucoup plus profond. Le satanisme, c'est la primauté de la matière sur l'esprit, le relativisme postmoderne, c'est-à-dire la relativité de toutes les valeurs, y compris celles de l'être humain et de l'esprit. Et c'est la voie que l'Occident a empruntée, non pas hier, mais il y a environ 500 ans, avec le début du New Age.
Qui est Satan ? Il n'y a pas de Satan quand il n'y a pas de Dieu, pas de foi, pas de religion. Ce terme reste dans le vide, si pour nous les termes "Dieu", "foi", "éternité", "immortalité", "résurrection des morts", "jugement dernier", "salut de l'âme"... sont tout aussi vides. Si nous suivons l'image scientifique occidentale moderne du monde, il est bien sûr ridicule de parler de satanisme, car il n'y a ni Dieu, ni diable, ni foi, ni âme immortelle, ni vie post-mortelle, mais seulement un flottement d'unités biologiques, d'atomes, qui se collent les uns aux autres, se séparent, puis disparaissent dans l'abîme de l'espace noir et mort. C'est à peu près cette image du monde qui s'est imposée en Occident il y a 500 ans, et que l'on appelle généralement "l'image scientifique du monde". Elle s'est accompagnée d'une déchristianisation progressive et complète de la culture occidentale. Ainsi, Satan en tant que phénomène a disparu de la "représentation scientifique du monde" en même temps que Dieu. Lorsque nous affirmons sérieusement que la civilisation occidentale est satanique, nous attirons l'attention sur le fait qu'il s'agit d'une conclusion hâtive, incorrecte, prématurée et, en fait, profondément erronée. C'est à tort que l'on s'est éloigné de la tradition, de l'esprit, de Dieu, de la religion, et c'est là que l'âge moderne de l'Europe occidentale a commencé. Nous l'avons perçue sans esprit critique dès le XVIIIe siècle, lorsque nous avons été emportés par les Lumières européennes. Mais jusqu'en 1917, nous avons maintenu d'une certaine manière le caractère religieux de notre société. Puis nous avons plongé dans l'abîme du matérialisme, et après l'effondrement de l'URSS, nous sommes descendus encore plus profondément dans cet abîme - dans un matérialisme capitaliste libéral encore plus débridé et flagrant. Et finalement, nous nous sommes retrouvés à la périphérie de la civilisation satanique occidentale, en tant que sa province.
En d'autres termes, le concept de Satan prend aujourd'hui, dans le cadre de la guerre contre l'Occident, une toute autre signification dans notre société que le concept de Dieu. S'il y a Dieu, s'il y a la foi et l'Église, la Tradition et les valeurs traditionnelles, cela signifie qu'il y a aussi l'antithèse de Dieu, celui qui s'est rebellé contre Dieu. C'est alors que l'histoire de l'Occident, l'histoire du soi-disant progrès, l'époque de la modernité des 500 dernières années s'ouvre sous un jour complètement nouveau. Il s'avère que l'Occident a rejeté Dieu, a dit : il n'y a ni Dieu ni diable, et le diable, comme après un certain temps, a objecté : il n'y a pas de Dieu, mais c'est moi, parce que c'est moi qui vous ai dit qu'il n'y avait pas de Dieu.
- Ce que vous appelez le satanisme peut-il être considéré comme une construction idéologique, ou s'agit-il simplement d'un principe de négation, de destruction ?
- Nous ne devrions pas commencer par le satanisme, mais par Satan, par la figure que l'on appelle par ce nom, si nous sommes des croyants, c'est pour nous un fait ontologique. Pour les non-croyants, le satanisme n'a pas de sens.
Qui est Satan, qui est Lucifer ? C'est un ange, c'est-à-dire l'esprit céleste éternel. C'est la première création suprême de Dieu qui s'est rebellée contre Dieu. C'est l'origine de toutes les attaques contre Dieu, du matérialisme, de l'athéisme, de toutes les notions selon lesquelles des personnes sans Dieu peuvent construire un monde meilleur. Nous retrouvons ce principe dans l'humanisme, dans le développement de la science moderne et dans la doctrine sociale du progrès. Satan n'est pas seulement la destruction ou l'entropie, mais une volonté consciente de détruire. C'est la rébellion, la destruction de l'unité au nom du triomphe de la multiplicité. Ce n'est pas seulement un affaiblissement de l'ordre divin, c'est la volonté de le briser. Quand le corps est affaibli, c'est une chose, mais quand il y a une force, comme le cancer ou une autre maladie naturelle, qui pousse le corps à la décomposition, c'en est une autre. Satan est l'esprit, la volonté de se décomposer, pas seulement la décomposition elle-même, qui est déjà une conséquence. En un sens, il s'agit d'une croyance, d'une religion, d'une anti-église. C'est l'"église noire" qui s'incarne dans la culture occidentale moderne, la science, l'éducation, la politique. Nous voyons ici non seulement la décadence, mais aussi le refus de construire l'ordre, la hiérarchie, d'élever les principes de la science, de l'esprit, de la pensée, de la culture à l'unité la plus élevée, comme dans la civilisation traditionnelle, au début de la hiérarchie - parce que la hiérarchie terrestre imite le rang angélique. À ce refus de faire le bien s'ajoute la volonté de faire quelque chose de directement opposé, de faire le mal. Quand on regarde les Ukrainiens, Biden, Soros, Macron, on voit une volonté de destruction active, agressive. Le satanisme présuppose nécessairement une stratégie consciente et une impulsion volontaire qui génère un mouvement puissant des masses humaines. Les masses peuvent détruire la culture traditionnelle par leur stupidité, leur passivité, leur inertie - c'est la propriété de la masse en tant que telle, mais quelqu'un pousse cette masse dans une direction destructrice, quelqu'un la dirige, l'oriente. C'est là qu'apparaît le principe du sujet opposé à Dieu (ainsi qu'à l'homme dans son sens le plus élevé). On le retrouve dans toutes les religions : il s'agit de cette volonté consciente du sujet de construire une civilisation anti-Dieu, inversée. Il ne s'agit pas seulement de détruire l'existant, mais de créer quelque chose de dégoûtant, de pervers, comme les femmes LGBT barbues de l'Occident.
- Y a-t-il là une image de l'avenir ?
- René Guénon, philosophe, partisan d'une société spirituelle traditionnelle, l'a appelée la Grande Parodie. C'est à cela que conduit la civilisation satanique. Si, au premier stade du matérialisme, il s'agissait de nier toute spiritualité, c'est-à-dire d'affirmer qu'il n'y a pas d'esprit, mais seulement la matière, l'homme, le monde terrestre, progressivement, au fur et à mesure que cette Grande Parodie prend forme, un nouveau projet émerge : non seulement le rejet de l'Église, mais la construction d'une anti-Église, non seulement l'oubli de l'esprit, mais la création d'une nouvelle spiritualité, inversée. Nous commençons par la destruction de l'église, nous comparons tout à la terre, il ne reste que l'homme, mais après cela, nous commençons à construire un temple souterrain vers le bas, dans la direction opposée, nous faisons un trou dans la matière. L'écrivain français Raymond Abellio a écrit un roman intitulé "La fosse de Babylone", qui traite de la construction de la civilisation dans le sens souterrain. Cette hiérarchie inversée, ce pouvoir inversé, cette spiritualité inversée, voilà ce qu'est le satanisme occidental.
- On a l'impression que même les vices sont inversés. Je ne comprends absolument pas comment une personne peut être séduite par de telles choses, par les déviations qui fascinent aujourd'hui l'Occident.....
- Contrairement aux vertus, les vices changent, les vertus sont immuables et les vices progressent toujours. Pour une personne progressiste, la débauche de l'"ancien régime" cesse à un moment donné d'exciter, d'affecter. Lorsqu'une personne s'arrête à un certain niveau de vice, qu'elle se fige, cela ne ressemble plus à un vice. Le vice est une décomposition progressive, et la décomposition n'a pas de limites, on ne peut pas se décomposer jusqu'à un certain point et se reposer là. Un homme a besoin de quelque chose qui le saisisse et l'entraîne de plus en plus bas, la décomposition doit aller de plus en plus loin. L'histoire même de la dépravation occidentale est une histoire de progrès. À chaque étape, de nouveaux vices sont découverts, la perversion elle-même devient la norme. Par exemple, aujourd'hui, l'homosexualité en Occident est reconnue comme la norme, ce n'est plus un vice, il faut donc aller plus loin, vers la pédophilie, l'inceste, le cannibalisme, le changement de sexe.... Tout cela est poussé par la législation. Le législateur occidental s'empresse de reconnaître la décomposition, de légaliser ce qui hier encore était interdit et immoral.... Michel Foucault l'a écrit : la décomposition est le dépassement de la loi, la transgression. Or il n'y a plus de loi, plus de vertu, plus de frontière en Occident, et par conséquent, il n'y a plus de vice après sa légalisation. Si nous considérons le vice comme une convention sociale, alors il n'y a pas de vice du tout. Il n'y a qu'un "élargissement de l'expérience", une "libération des préjugés" - comme la honte, la conscience, la moralité, la vertu, l'innocence, la retenue. Lorsque quelque chose n'est plus considéré comme un vice ou un crime, cela devient inintéressant, sans attrait, alors il faut passer à autre chose - changer vingt fois de sexe, se confondre avec les animaux, aboyer, marcher à quatre pattes, exiger que les enfants qui se prennent pour des chats soient nourris sur un plateau par les instituteurs à l'école. La décomposition n'a pas de limites, dès que la décomposition est légalisée, elle cesse d'être attrayante, il faut de nouvelles formes. Le Marquis de Sade, l'un des hérauts de la "civilisation satanique" occidentale, disait que la chose la plus importante dans le vice est l'innovation.
- Cette passion pour la décadence et l'autodestruction est-elle en nous depuis le début ?
- Si nous considérons la situation sans Satan, il n'y a qu'un homme et une aspiration à la déification de l'homme, dans ce cas, le refus de l'homme de faire un effort et d'aller vers le haut, vers le salut de l'âme, le paradis et l'immortalité pourrait être attribué à des causes naturelles, à l'inertie, à la matière, au corps. Elles poussent l'homme à ne pas garder son image de Dieu, à la disperser dans des objets matériels, dans de basses attractions. Mais ce n'est pas du satanisme, c'est une simple déchéance humaine. Le satanisme commence lorsque le processus de décomposition est associé à une volonté, à un projet, à un esprit, parce que les esprits déchus, selon le christianisme, ne sont pas simplement matériels (les esprits ne sont pas matériels), ils sont spirituels, intelligents, ils ont une volonté et un esprit. Un démon est un sujet. Par conséquent, le satanisme doit être strictement compris comme une stratégie de décomposition, la volonté de décomposition, l'élévation de la décomposition en une idéologie, en un programme, en un projet. Il ne s'agit pas d'un simple instinct animal. Cette volonté, qui vient des profondeurs de l'ontologie, qui vient du mental, de l'esprit, est imposée, comme le disent les ascètes orthodoxes, par des prilogies et des ajouts.
- Nous disons : c'est du satanisme, et pourtant nous continuons à exister dans le système que l'Occident a créé. Quelle est la probabilité d'une nouvelle confrontation mondiale avec l'Occident, comme à l'époque de l'URSS ?
- En fait, nous sommes déjà dans un état de guerre des civilisations, où notre ennemi - la civilisation de l'Occident - est appelé par son vrai nom. C'est une civilisation satanique, combattant Dieu, anti-Dieu, anti-humaine. Nous l'avons désignée, mais la question se pose : s'ils sont une "civilisation satanique", qui sommes-nous ? Il s'avère que notre seule voie est d'être une civilisation traditionnelle, religieuse, réunissant les confessions traditionnelles, mais alors nous devons être différents. Fondamentalement, nous devons repenser notre état intérieur. Ce qu'ils sont, nous l'avons déjà exprimé, et ce que nous sommes, nous ne l'avons pas encore réalisé.
Nous sommes déjà en guerre contre Satan, mais nous ne savons pas encore au nom de qui. Nous n'avons pas beaucoup de choix, ce choix nous est suggéré par nos ancêtres, nos grands écrivains, philosophes, penseurs, anciens, ce choix nous est suggéré par notre culture : nous sommes la Sainte Russie, nous sommes un peuple qui porte Dieu. Nous pouvons, bien sûr, tomber - Blok a vu la Russie tomber. Blok appelait la Russie "l'âme du monde", mais il croyait pieusement que nous, Russes, en tant qu'âme du monde, étions tombés pour nous élever. Nous ne réalisons pas encore pleinement qui nous sommes, ce que nous sommes appelés à faire, ce pour quoi nous nous battons, ce pour quoi nous donnons notre sang et notre vie dans cette lutte. Nous venons à peine de commencer à mener cette guerre, non seulement à la mener, mais surtout à la réaliser. Et maintenant, cette guerre est passée d'un massacre physique à une confrontation métaphysique de civilisations. Ce qu'il nous reste à faire, c'est un effort fondamental pour oublier enfin la culture de la décadence des 40 dernières années.
Je me souviens de la culture de la décadence de la dernière décennie de l'ère soviétique. Une décadence totale, une dégénérescence totale. Et sans surprise, cela a été suivi par les hallucinations monstrueuses des années 90 décrépies. Après être allés jusqu'au bout, jusqu'au fond des années 90 - il me semble que l'histoire russe ne nous a jamais menés plus bas - nous avons commencé à émerger de cette ère cauchemardesque de dictature libérale avec Poutine. Non pas d'un gouffre localisé, mais d'un pic mortel, du nadir de l'histoire russe, du point le plus bas et le plus noir. Face à ce point le plus bas, nous savons ce qu'est Satan, non seulement à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur. Il s'agit des maudites années 90, lorsque l'Occident est venu ici, chez nous, lorsque nous avons été achetés pour du bling-bling, humiliés, piétinés, violés et obligés d'applaudir.
- Vous ne pensez donc pas que nous allons, d'une manière ou d'une autre, faire la paix avec l'Occident, faire des compromis ?
- Satan, voyant que quelqu'un l'a défié, ne nous laissera pas revenir à des solutions tièdes. Il va maintenant exiger que nous renoncions enfin à Dieu, ce que nous n'avons pas fait même dans les pires périodes d'athéisme et d'impiété. C'est un mystère, nous ne pouvons pas l'expliquer rationnellement, mais nous sommes restés un peuple porteur de Dieu même à l'époque soviétique - en dépit de l'athéisme, du matérialisme, du progressisme, de la "vision scientifique du monde", de toutes les formes de dégénérescence de l'Occident..... Cette fois-ci, si nous faisons marche arrière, l'esprit russe n'aura plus de trous secrets. Il n'y a donc qu'une seule perspective : gagner ou ne rien gagner. Comme l'a dit le président : si nous ne gagnons pas, personne ne gagnera.
Nous avons des alliés - d'autres sociétés traditionnelles, elles ne sont pas comme nous, mais elles sont traditionnelles, elles sont aussi en opposition avec l'Occident, peut-être pourrons-nous gagner le monde multipolaire avec elles dans l'union des traditions et des civilisations. Ce n'est qu'à ce moment-là que nous pourrons avoir une conversation plus équilibrée avec l'Occident, lui expliquer notre position - pourquoi nous ne voulons pas suivre son chemin vers l'abîme.
Peut-être le conflit passera-t-il à une phase brûlante et, qui sait, aboutira-t-il à la mort de la civilisation humaine. Nous sommes à l'aube d'une transformation si fondamentale et décisive que nous ne pouvons pas nous permettre de planifier à long terme. Tout se joue maintenant : le sort de l'humanité, de l'homme, d'Adam en tant que tel. Le destin de l'existence, et nous sommes concernés. Si nous gagnons, le monde sera complètement différent, si nous ne gagnons pas, il n'y aura pas de monde. Sans les Russes, c'est impossible.
Né en 1956, Pierre Le Vigan, issu d’une famille populaire, a grandi à Boulogne-Billancourt. De bonne heure rétif à la pensée préfabriquée, il a publié, jeune, dans des revues sans esprit de chapelle, défendant la liberté de l’esprit et l’aversion pour l’esprit bourgeois et le conformisme. Il a défendu l’idée d’une troisième voie entre économie étatique et marché débridé. Ultérieurement, attentif aux mouvements des sociétés, il a publié, notamment dans la revue « Éléments », des articles sociologiques, littéraires, philosophiques, nourris de ses lectures, de ses expériences, de ses goûts, de ses aversions, aussi, pour certains aspects du monde moderne. Il est urbaniste et a travaillé dans le domaine du logement social. (Source : Babelio).
Alors que l’Europe redécouvre la guerre, il serait peut-être temps de relire le grand traité de Clausewitz (1780-1831) : « De la guerre ». Présentation d’un livre décisif.
Certains observateurs ont pu penser, avec la fin de la guerre froide et de l’Union soviétique en 1991, que la guerre cesserait d’être un problème majeur, du moins pour l’Europe. Certes, des conflits subsisteraient (on le verra : Mali, Syrie, Afghanistan…), mais loin de chez nous, et de faibles conséquences pour nous. C’était le rêve d’un monde apaisé. Du moins pour les pays ayant la chance d’avoir des dirigeants issus du « cercle de la raison ». C’est-à-dire des libéraux partisans de la poursuite et de l’accélération de la mondialisation. En avant vers un monde de plus en plus uniforme et de plus en plus lisse, malgré quelques accros inévitables. Telle était la perspective.
On peut se demander si l’erreur n’était pas totale. En d’autres termes, est-ce que la guerre froide n’était pas précisément ce qui empêchait les guerres chaudes ? La guerre d’Ukraine déclenchée en 2022 montre que l’Europe n’est pas préservée des guerres. Du reste, nous avons vite oublié les guerres de Yougoslavie et les bombardements de l’OTAN sur la Serbie, une action assimilée trop rapidement à une simple correction administrée à un pays complaisant envers des nationalistes « d’un autre âge ». On connaît la formule qui est clamée par la caste dirigeante, face à tous les rebelles à un nouvel ordre mondial à la fois géopolitique et moral : « Nous ne sommes plus au Moyen Âge ! » Ce qui veut dire : « Vous avez tort de croire à l’existence de constantes anthropologiques. »
Et pourtant. Chassez le réel, il revient au galop. Voilà donc que la guerre revient, en Ukraine, et que ses conséquences économiques – au détriment de l’Europe – nous rendent cette réalité plus sensible que jamais. Mais depuis 2015 (attentats Charlie Hebdo, Bataclan, puis Nice, etc.), voilà que la guerre a pris des formes nouvelles, extra-étatiques. C’est la guerre des partisans, c’est le terrorisme, c’est aussi la guerre informationnelle, technologique, industrielle. Ce sont des guerres pas toujours déclarées mais néanmoins bien réelles. Un camp veut en affaiblir un autre et le mettre à genoux. Par tous les moyens, même légaux, la production de lois, par exemple dans le domaine international, étant aussi une forme de guerre. Exemple : la guerre, ou au moins les sanctions, contre un pays « non démocratique », non « LGBT friendly », etc.
Nous redécouvrons une constante de l’histoire des peuples et des civilisations : le monde est conflictuel. Comment avons-nous pu l’oublier ? Comment nos gouvernants peuvent-ils encore rester aveugles à cette évidence ? Comment les entretiens de Macron sur la politique étrangère (par exemple sur le site Le grand continent) peuvent-ils être aussi désolants par leur insignifiance et ses actes aussi consternants ou contre-productifs ? À moins que les discours à la fois lénifiants et inquiétants soient encore un moyen de mener une guerre contre les peuples pour leur cacher qu’il y a bien un projet oligarchique de gouvernance mondiale – projet parfaitement assumé et conforme à une idéologie que l’on peut contester, mais dont la cohérence est réelle d’un point de vue universaliste – et qu’il n’y a pas qu’une seule politique internationale possible.
La « Formule » de Clausewitz
Le spectre de la guerre plane donc sur les Européens. Un foyer de guerre peut toujours s’étendre. Une guerre localisée n’est jamais assurée de le rester. C’est le moment de réfléchir à nouveau à ce que Clausewitz nous a dit de la guerre. Il faut tout d’abord ne pas se méprendre sur le projet de Clausewitz (1780-1831). Il ne fournit pas une « doctrine pour gagner les guerres ». Pas même celles de son temps. Clausewitz fournit une série de leçons d’observations. Ce n’est pas la même chose. Des leçons pour comprendre des situations diverses. Son objectif est de nous montrer ce qui caractérise un conflit guerrier par rapport à d’autres phénomènes socio-historiques. Qu’est-ce que la guerre a de spécifique dans les activités humaines ? Comment connaître la guerre et qu’y a-t-il à connaître dans la guerre ? Il s’agit donc, par-delà la diversité des guerres, de déterminer ce qu’il y a de commun à toutes les guerres. C’est une entreprise aussi capitale que de chercher à connaître quelle est l’essence de l’économique, ou l’essence du politique.
Une grande partie des discussions tournent autour de ce que Raymond Aron a appelé la « Formule » de Clausewitz : « La guerre est une simple continuation de la politique par d’autres moyens. » Considérée comme trop brutale par certains politologues, ceux-ci ont proposé soit de l’inverser, soit de la corriger. Au risque de lui enlever toute sa force. Ou de verser dans la pirouette. Et si la question n’était pas d’invalider cette formule, mais de bien la lire, et d’en comprendre toute la force explicative ? La guerre, expression de la politique ? Bien sûr, mais de quelle politique ? La guerre selon Clausewitz est à la fois un outil du politique et une forme du politique. Une continuation de la politique par d’autres moyens. Un outil et une nouvelle tunique. Du reste, doit-on comprendre la Formule : « par d’autres moyens [que les moyens politiques] » ? Ou « par d’autres moyens [que les moyens de la paix] » ? De là une question : tous les moyens non directement politiques de faire évoluer un rapport de forces relèvent-ils de la guerre ? Même question pour tous les moyens non directement pacifiques, c’est-à-dire fondés sur une contrainte (financière, morale, etc.), sur la technologie, la mobilisation des masses, la propagande, l’intoxication, la déstabilisation… On voit que la simple définition que donne Clausewitz ouvre déjà à la possibilité de diverses interprétations.
Dès lors, la guerre est-elle le seul affrontement entre deux armées ou est-elle l’ensemble des moyens, diplomatiques, idéologiques, moraux, économiques, destinés à faire plier l’adversaire ? Ainsi, la guerre peut être – version restreinte – la seule confrontation des armées, ou bien – version large – l’ensemble des moyens, militaires ou autres, visant à soumettre l’adversaire à notre volonté et à modifier un rapport de forces en notre faveur. La guerre peut donc être définie selon deux interprétations, l’une restreinte, l’autre élargie. La guerre, c’est : a) seulement quand les armes parlent ; ou bien b) quand l’ensemble des leviers sont mobilisés pour exercer une violence sur l’adversaire et le faire plier, sans que les armées entrent forcément en action. La guerre suppose comme préalable, dans les deux définitions, conflit d’intérêt entre deux puissances, et conscience de ce conflit, au moins par l’un des deux camps, et sentiment d’hostilité même s’il est inégalement partagé. C’est dire que la guerre relève du politique en tant que mode de gestion des conflits.
La guerre comme mode des relations publiques
L’une des difficultés dans la lecture de Clausewitz est justement ceci : bien qu’étant « à la fois stratège et penseur du politique » (Éric Weil), il ne définit pas toujours de manière identique le politique. C’est « l’intelligence de l’État personnifié » (De la guerre, livre I, chap. 1), nous dit Clausewitz. C’est encore ce qui représente « tous les intérêts de la communauté entière » (livre VIII, chap. 6). Ces deux définitions ne s’opposent pas. Comprendre où sont les intérêts pour les défendre : les deux propositions de Clausewitz se complètent. Reformulons cela en termes modernes : le politique, c’est la recherche de l’intérêt de l’État en tant qu’il représente la nation. La guerre est-elle, dès lors, uniquement la résultante du politique comme analyse rationnelle des intérêts de la nation ? Non. C’est la réponse que nous suggère Clausewitz. Il écrit : « La guerre n’est rien d’autre que la continuation des relations publiques, avec l’appoint d’autres moyens » (De la guerre, livre VIII, chap. 6). Cela veut dire que la guerre a toujours une dimension politique, mais ne résulte pas toujours d’un choix politique d’un sujet de l’histoire. La guerre échappe en partie à la dialectique sujet-libre choix-acte (dialectique de Descartes). Elle est une interaction. Elle est un mode des relations publiques. C’est bien pour cela que lorsque l’on étudie l’enchaînement qui mène à une guerre, on ne peut que rarement attribuer l’entière responsabilité d’un conflit à un seul camp. On observe ainsi qu’il y a guerre lorsque les deux protagonistes la veulent. Si un des deux ne fait qu’accepter la guerre (sans quoi, c’est pour lui la capitulation), il y aussi guerre. Mais peut-il y avoir guerre quand aucun des protagonistes ne la veut ? C’est l’hypothèse d’un enchaînement fatal non voulu. Or, Clausewitz envisage les deux cas de figure, la guerre prévue et assumée ; et la guerre qui nous échappe en partie.
Un exemple du Clausewitz rationnel est celui de la « Formule », déjà cité plus haut. Le Clausewitz rationnel est aussi celui qui dit : « L’intention politique est la fin, tandis que la guerre est le moyen, et l’on ne peut concevoir le moyen indépendamment de la fin. » Mais l’irrationnel pointe quand Clausewitz écrit : « Ne commençons pas par une définition de la guerre lourde et pédante ; bornons-nous à son essence, au duel. La guerre n’est rien d’autre qu’un duel à une plus vaste échelle. » En un sens, c’est une deuxième « Formule », autre que « la guerre, continuation de la politique par d’autres moyens ». Deuxième « Formule » qui nous éloigne du rationnel. Chacun sait, en effet, que les duels sont souvent une question d’honneur. Bien plus qu’une question d’intérêt ou de rationalité. Et quand le duel est porté à l’échelle de groupes organisés – en allant du duellum au bellum –, il reste une interaction et une relation. Avec sa part d’irrationnel. « Je ne suis pas mon propre maître, car il [l’adversaire] me dicte sa loi comme le lui dicte la mienne », écrit Clausewitz. Comme le dit Freud de son côté, « le moi n’est pas maître dans sa propre maison ».
La guerre n’est pas un accident
Ainsi, la guerre est-elle une volonté appliquée à « un objet qui vit et réagit ». Clausewitz résume : « La guerre est une forme des rapports humains. » La preuve du caractère relationnel de la guerre est qu’il faut être deux à recourir à la violence. Si l’un des camps attaqué répond à la violence par la non-violence – comme le Danemark face à l’Allemagne en 1940 –, il n’y a pas guerre (il y a néanmoins occupation du pays et sujétion de celui-ci. Il y a donc défaite de la nation et risque de disparition politique de celle-ci). On peut parfois éviter la guerre, mais si un pays vous désigne comme son ennemi, vous êtes son ennemi, que cela vous plaise ou non. Nous voyons ainsi que Clausewitz pense la rationalité, et espère la rationalité. Mais il envisage la possibilité de l’irrationalité. En fonction des citations, on passera de l’accent mis sur un registre à l’accent mis sur l’autre. Le rationnel précède l’irrationnel pour Clausewitz. Mais il ne le supprime pas.
Nous avons vu plus haut que l’on peut se demander parfois s’il n’y a pas guerre sans qu’elle soit vraiment voulue par les protagonistes. Il faut préciser les choses. La guerre résulte toujours de décisions, celles de l’attaquant, celle de l’attaqué, qui décide (ou pas, nous l’avons vu avec le Danemark de 1940) de se défendre. L’idée de la guerre comme simple enchaînement a ses limites. Dans Les Responsables de la Deuxième Guerre mondiale, Paul Rassinier explique que rien ne prouve que Hitler voulait la guerre en Europe en 1939, car il pensait pouvoir récupérer le couloir de Dantzig sans guerre, contrôler le pétrole roumain sans guerre, voire faire s’effondrer l’Union soviétique sans guerre, etc. Outre que cette thèse apparait très fragile compte tenu de la croyance affichée par Hitler dans les vertus « virilisantes » de la guerre (forme de « concurrence libre et non faussée » entre les peuples), il est bien évident que l’on ne peut arguer de son désir de paix en partant de l’hypothèse que tout le monde se pliera, en capitulant, à ses exigences. Toutefois, le caractère relationnel de la guerre dont parle Clausewitz dans le chapitre 6 du livre VIII De la guerre laisse penser que l’accident – nous voulons dire la guerre comme accident – n’est pas forcément impossible. La relation prend le pas sur les sujets de la relation. Sur la base d’un malentendu, tout peut se dérégler. Mais cela n’empêche pas qu’il y a dans le déclenchement d’une guerre des responsabilités parfaitement identifiables, même si les responsables ont parfois agi ou décidé dans le brouillard d’hypothèses contradictoires ou imprécises. Prenons l’exemple de l’Allemagne impériale en 1914 : on a dit à bon droit que Guillaume II ne voulait pas la guerre. Peut-être. Réalité « psychologique ». Mais l’essentiel est qu’il a quand même décidé de céder aux pressions du grand état-major général, notamment en acceptant d’envahir la Belgique, pourtant disposant d’un statut de neutralité internationale.
Résumons : des accidents peuvent infléchir des décisions, mais une guerre n’intervient pas par accident. Autre exemple, plus brûlant. Imaginons que Poutine ait pensé que suite au déclenchement de l’« Opération spéciale », le gouvernement ukrainien serait immédiatement renversé et négocierait avec la Russie dans un sens favorable aux projets de Poutine, à supposer qu’ils aient été très clairs dans son esprit. Il n’y aurait pas eu de guerre. Certes. Mais ce n’était qu’une hypothèse et de fait, elle ne s’est pas vérifiée : le gouvernement de Zelensky, pour x ou y raisons, ne s’est pas effondré. Poutine a donc pris le risque d’une guerre. Il en est donc responsable. En revanche, il n’en est pas le seul responsable, car il est bel et bien exact que les populations prorusses du Donbass étaient bombardées depuis 2014, et que les accords de Minsk (2014) n’ont pas été appliqués. Derechef. Il y a une part d’accident dans la guerre, mais la guerre n’est pas un accident.
La notion de guerre totale
La définition par Clausewitz de la guerre comme « continuation des relations politiques » est éclairante non seulement par elle-même, par ce qu’elle dit de la nature dialogique de la guerre, mais par ce qu’elle montre de la conception du politique par Clausewitz. Le politique, c’est le commerce entre les États et les nations. Le commerce n’est évidemment pas que le simple commerce des marchandises et de l’argent. C’est aussi le commerce des idées. Le politique, ce sont les relations entre les nations telles que déterminées par les intentions de chacun et par les interactions réciproques. En ce qui concerne la politique dite « intérieure », c’est la même chose, sauf qu’il s’agit des relations entre des groupes sociaux. La guerre est donc bien pour Clausewitz la continuation du politique par d’autres moyens (que les moyens pacifiques). Mais justement, en tant que continuation du politique, elle ne le fait pas disparaître, non plus que les autres moyens du politique. La guerre n’absorbe pas tout le politique. « Nous disons que ces nouveaux moyens s’y ajoutent [aux moyens pacifiques] pour affirmer du même coup que la guerre elle-même ne fait pas cesser ces relations politiques, qu’elle ne les transforme pas en quelque chose de tout à fait différent, mais que celles-ci continuent à exister dans leur essence, quels que soient les moyens dont elles se servent. »
C’est pourquoi la guerre n’exclut pas de mener en parallèle des négociations. « On livre bataille au lieu d’envoyer des notes mais on continue d’envoyer des notes ou l’équivalent de notes alors même que l’on livre bataille », écrit Raymond Aron (Penser la guerre, Clausewitz, tome 1, Gallimard, 1989, p. 180). La notion de guerre totale (Erich Ludendorff, 1916) exprime justement cette idée que la guerre, c’est plus que la violence armée. C’est la mobilisation de tout, y compris des imaginaires (idéalisation de soi, diabolisation de l’ennemi). C’est la mobilisation de tout le peuple, y compris les vieillards et les enfants. Si l’Allemagne nazie augmente le montant des retraites de ses citoyens en 1944, ce n’est pas parce qu’elle sous-estime la priorité du militaire, c’est parce qu’elle pense que l’arrière doit tenir pour que le front ne s’effondre pas. Mobilisation de tout et de tous : c’est pourquoi la stratégie n’est pas un concept étroitement militaire, mais est la conduite de tous les aspects économiques, démographiques, politiques, technologiques qui peuvent conduite à la victoire, comme l’explique le général André Beaufre (Introduction à la stratégie, Pluriel-Fayard, 2012). La guerre inclut la violence armée et son usage, mais va au-delà et inclut des moyens pacifiques. La paix comme la guerre relèvent des relations politiques. Ces relations sont des rapports de force mais aussi des rapports asymétriques entre vues du monde.
Quand Napoléon dit en 1813 à Metternich qu’il ne peut pas revenir battu en France, contrairement aux souverains légitimes qui peuvent revenir vaincus dans leur pays sans perdre leur trône, c’est une vérité subjective qui devient une vérité objective. Dans la mesure où Napoléon dit lui-même qu’il sera trop affaibli devant les Français s’il accepte d’être vaincu, les Alliés (alors les ennemis de la France) ne veulent pas traiter avec un dirigeant affaibli qui ne garantirait pas la durée de la paix aux conditions obtenues par eux. L’argument de Napoléon se retourne contre lui. Nous le voyons : la dimension rationnelle de la guerre et du politique, qui relève du calcul, se croise toujours avec une dimension irrationnelle, qui relève des subjectivités. Mais pour qu’il y ait guerre, et non stasis (guerre civile, discorde violente) ou terrorisme, il faut qu’il existe des groupes organisés, des nations ou des fédérations de nations, mais non pas des tribus éphémères. En ce sens, la postmodernité qui s’installe amène des conflits qui ne seront pas – et sans doute de moins en moins – des guerres au sens traditionnel, et qui n’en seront pas moins très violents, et échapperont à un mode de règlement classique par des négociations. Une perspective de chaos accru.
Dragos Kalajić (1943-2005) étudia l’art et sortit diplomé de l’Académie des Beaux-Arts de Rome en 1965, terminant avec la plus haute note (30 cum laude). Il vécut et travailla à Belgrade et à Rome. Il était membre de l’Association des Ecrivains de Serbie, de l’Association des Artistes de Serbie, et de l’Association des Ecrivains de Russie. Il se révéla dans de nombreux domaines, des arts littéraires et visuels à l’histoire de l’art et à l’édition.
Il écrivit plusieurs livres. En voici quelques-uns :
“Mal Américain I & II”, publié en 1991.
En 1994, “La Russie monte”, alors que tout le monde riait à cette pensée…
Et aussi “La trahison de l’Europe” cette même année.
2001- “The Les derniers Européens (ou à travers l’Europe asservie)”
2004- ”Idéologie européenne”
2005- La nouvelle “Enfants serbes de l’Empire”
Cette même année, en 2005, il mourut d’un cancer (probablement causé par les bombardements américains à l’uranium appauvri en 1999).
Quelques-unes de ses premières oeuvres :
1972 – ”Le Bastion” 1974 – ”La Fin du Monde” 1981 – un roman, ”Le Créateur”
Il créa aussi une série TV intitulée “Le Miroir du XXe siècle” où il interviewa quelques-uns des artistes contemporains les plus populaires dans le monde – montrant ce qu’est vraiment l’art moderne.
En 1997 et 1998 il créa une autre série TV nommée “Mont Blanc” dans laquelle il tenta d’expliquer au plus grand nombre l’idée d’une “Nouvelle Europe” – totalement différente de l’idée de l’UE.
Dragos Kalajic fut l’un des artistes, visionnaires et traditionalistes les plus importants de notre culture européenne dans le dernier quart du XXe siècle.
C’était un ami de grands noms comme Evola, Pound, Douguine, De Chirico, Crispolti, Jacopetti, Glazunov, Mikhalkov et beaucoup d’autres…
Ce n’est pas un hasard si le baron Julius Evola dit un jour, regardant Dragos dans les yeux : “Vous avez renouvelé l’Idée Romaine”.
Traduit du serbo-croate en anglais par Ivan Petrovic pour Open Revolt.
Dragos Kalajic – Hyperborean Realism
(voir la superbe vidéo de ce nom sur Youtube, avec la musique du groupe hongrois A.C.T.U.S.)
- Question d’une intervieweuse TV : « Comment parvenez-vous à rester calme, après des accusations aussi répugnantes que vous êtes fasciste ? »
- Réponse de Dragos Kalajic : « Ce n’est pas une accusation répugnante, dans ce monde moderne c’est un compliment de valeur suprême, et j’en suis très fier. Quand vous traitez quelqu’un de fasciste, dans 99% des cas cela signifie que l’homme a des arguments raisonnables et que personne ne peut l’affronter lui ou ses convictions. C’est similaire à l’accusation de ‘diabolique’ à l’époque du Moyen Age ».
« Nous venons tous des ancêtres que les anciens Grecs appelaient les Hyperboréens. Ces ancêtres ont vécu dans les régions septentrionales du continent eurasien, d’où ils ont été chassés par la glaciation, et se sont dispersés vers le sud, vers l’Inde et l’Iran et vers les Balkans et les Apennins. »
“Wolfgang”, tiré de la série “Portraits des Nations Européennes”, 1993, par Dragoš Kalajić [dragoskalajic.com]
(Traduit du serbe en anglais par Jafe Arnold)
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Voici pour la première fois la traduction [en anglais] de 26 des 42 Pensées, choisies à titre posthume, du grand intellectuel serbe Dragoš Kalajić (1943-2005), l’une de ces figures monumentales du « XXe siècle alternatif » dont la vie et les œuvres sont impossibles à résumer par un seul terme générique. Philosophe, artiste du « Réalisme hyperboréen », auteur de genres multiples, animateur TV, critique culturel, diplômé cum laude de l’Académie des Beaux Arts de Rome qui aurait reçu l’éloge de Julius Evola, activiste géopolitique et visionnaire, traditionaliste (crédité de l’introduction du Traditionalisme en Yougoslavie), patriote serbe avec un agenda paneuropéen (et en fait, eurasien), l’homme qui avait son propre centre – toutes ces descriptions peuvent donner une idée de l’immense engagement, œuvres et héritage de ce penseur qui, bien que célèbre dans sa Serbie natale et connu dans une certaine mesure en Italie et en Russie, demeure largement inconnu dans le reste du monde. La révélation des œuvres de Kalajic reste une tâche pour le futur. Pour l’instant, Continental-Conscious présente un certain nombre d’« aphorismes » de Kalajic que les curateurs de dragoskalajic.com, la seule archive et ressource dédiée à Kalajic connue de nous, a présentés comme « une petite sélection subjective, pour commencer ». Les compilateurs volontaires anonymes de ces passages remarquent :
« Nous nous abstiendrons de grands mots ici. Mais nous ne pouvons pas nous empêcher de remarquer qu’au XXe siècle, dans la culture, l’art et la pensée serbes, il n’y a pas de voix ou de phénomène comparables à Kalajic. S’il avait écrit dans l’une des grandes langues européennes, presque personne aujourd’hui ne contesterait sa place parmi les grands… Nous ne parlerons pas de renommée, parce que notre idée de la renommée est infiniment loin de la banalité dans laquelle celle-ci est plongée par la bruyante et vaine ‘civilisation du spectacle’. »
Dragoš Kalajić, photo par Verica Pejaković [dragoskalajic.com]
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I. L’estime de soi est le fondement de toute vraie confiance en soi.
II. Pensez et agissez inconditionnellement, sans tenir compte de la menace de la défaite ou de la promesse de la victoire. Il n’y a pas de victoire plus valable que la loyauté envers soi-même dans la défaite, et il n’y a pas de plus grande défaite que la trahison envers soi-même pour obtenir la victoire.
III. Sous les coups de l’ennemi, quand vous êtes submergé par l’anxiété et la démoralisation, par des sentiments de désespoir et de solitude, levez les yeux vers les cathédrales stellaires qui nous donnent des leçons de sérénité souveraine et de clarté céleste. C’est là qu’est notre foyer.
IV. Cultivez en vous-même les capacités de flexibilité et de solidité de l’être, comme si vous deviez forger une épée extraordinaire dans le meilleur des ateliers. La flexibilité seule est pliable, et la rigidité par contre est fragile. Il est nécessaire d’avoir les deux qualités : la flexibilité qui sert la rigidité, empêchant les fractures, et la solidité servant la flexibilité, empêchant le renoncement.
V. Reconnaissez et évaluez les fins par les moyens. Seuls les moyens justifient les fins.
VI. Il vaut mieux être un lion mort qu’un chien vivant. Dans la mémoire de nos descendants, un exemple vertueux est plus puissant et plus fécond que la vie qui les a fait entrer dans cette arène de l’univers.
VII. Ne suivez pas le chemin de l’action pour obtenir un gain et ne déviez pas du chemin de l’action pour échapper à la perte : si vous êtes fidèle à vous-même, si vous l’êtes complètement, vous n’aurez plus rien à gagner ou à perdre.
VIII. Le manque de soin pour son corps et son action est un signe extérieur de capitulation intérieure, un signe de manque de confiance dans ses propres valeurs.
IX. A la question « Qui sont tes parents ? », la réponse correcte est : « Mes parents sont la tradition solaire ». Il est dit dans nos livres sacrés : « La lumière qui brille au-dessus de nous, qui brille au-delà de tout, au-dessus de l’univers, dans les mondes supérieurs au-dessus de tout, est la même lumière qui brille à l’intérieur de l’homme ».
X. Il est dit dans nos livres sacrés que « le soleil que nous voyons avec nos yeux est une image du soleil intelligible que nous ne pouvons pas voir avec nos yeux ».
XI. A la question « D’où viens-tu, où vas-tu ? », la réponse correcte est : « Je viens des chemins stellaires et je vais vers les chemins stellaires ». Partout et à tout moment, sachez que vous venez de loin et que vous allez loin : vous venez de la préhistoire et vous allez vers la supra-histoire ».
XII. Des qualités de l’homme de la tradition solaire, il est dit dans nos livres sacrés : « Et si le monde entier devait s’écrouler, il resterait debout au milieu des ruines ». Si vous n’avez plus de sol sur lequel vous appuyer, la vision des grandeurs stellaires sera votre bastion. La fermeté de votre être fait partie du bastion de la stabilité de l’ordre stellaire.
XIII. Vous êtes le disciple et l’Esprit cosmique est le maître suprême. Dans le plus haut institut d’enseignement, la question la plus difficile est : « Qui es-tu ? ». La meilleure réponse est : « Je suis Toi ».
XIV. Dans cette arène du Jeu cosmique, la position debout et unique de l’homme est un signe de l’orientation idéale : le retour aux « résidences stellaires », par l’éducation reçue des instituts stellaires. La position debout est aussi la plus instable : le signe que l’être de l’homme dans le Jeu cosmique est un jeu du tout ou rien.
XV. Accordez plus d’attention et d’importance aux noms plutôt qu’aux définitions des êtres. Les noms sont dérivés des expériences et des manifestations directes des êtres, alors que les définitions sont des tentatives de la raison pour limiter arbitrairement ce qui est, par sa nature même, illimité.
XVI. Pensez comme si vous alliez mourir demain ; agissez comme si vous ne mourriez jamais.
XVII. Sur les chemins de votre mission, affrontez les obstacles comme des moyens d’ascension, les gouffres comme des moyens de victoire, et les absurdités comme des moyens de transformation qualitative de l’être. Ce monde n’est qu’une arène d’un jeu par lequel les êtres sont éduqués et mis à l’épreuve pour des missions supérieures et des tâches plus difficiles.
XVIII. Ne déplorez pas la difficulté d’une mission, car cette difficulté est une évaluation de vos valeurs et de vos capacités.
XIX. La souffrance, la tristesse ou la peur sont d’autres noms de vos faiblesses. Ainsi ne blamez pas les autres ou d’autres choses pour vos malheurs, mais levez-vous pour combattre vos propres faiblesses.
XX. Ne laissez pas votre conscience être polluée et dénigrée par des peurs et des espoirs provoqués par des suppositions arbitraires sur la nature de la mort ; par vos actions et vos pensées, vous influencez indirectement la nature de la mort.
XXI. Testez votre propre intégrité et la solidité de votre être avec retenue au milieu de l’abondance, avec chasteté au milieu des orgies, avec brillance au mileu de l’obscurité. Le juste moyen d’examiner le soi n’est pas la répression des tentations, mais la souveraineté du soi au-dessus de toutes les tentations.
XXII. Ne vous attardez pas sur les pensées et les actions humaines, car elles ne sont que des indicateurs des modèles cosmiques, des manifestations ou des reflets du rayonnement de l’Esprit cosmique. Tendez vers les modèles originels.
XXIII. Soyez indifférent à la gloire que les gens distribuent. Là où est l’Esprit cosmique, là est votre gloire.
XXIV. Le visage est le témoignage le plus immédiat et le plus évident des êtres, spécialement les yeux, dont on dit qu’ils sont « les fenêtres de l’âme ». Le mot « visage » vient du mot « faire », car le visage est l’expression synthétique d’un ensemble de pensées et d’actions.
XXV. Ce n’est pas la fin du monde qui est proche, mais la fin des illusions de l’une parmi une série de mondes dans cette arène de l’univers. Dans ces circonstances, il est sage d’appliquer le principe du « chevaucher le tigre », donc de ne pas s’opposer aux éléments en vain, mais de « chevaucher » et d’attendre leur épuisement.
XXVI. Il faut créer des espaces « parallèles », pour héberger des citadelles d’alternatives crédibles qui seront des centres virtuels de cristallisation d’une nouvelle culture utopique. Ainsi, pas de « contact » avec l’ennemi, pas de conflit ou de dialogue, pas de polémique ou de compromis, mais l’efficacité et la préparation déjà prêtes de nouvelles valeurs et de joie de vivre.
« Europe éternelle » - Peinture de Dragos Kalajic.
Le général qui a mené le coup d'État au Gabon, Brice Nguema, s'est élu président par intérim du pays, affirmant qu'il y aura bientôt de nouvelles élections, une nouvelle constitution et les autres choses qui sont habituellement promises dans de tels cas. Dans d'autres notes, nous avons souligné, comme d'autres, que le coup d'État posait de nouveaux problèmes à la Françafrique et mettait fin à une dynastie de plus de dix ans, celle des Bongo, père et fils.
Mais le chef de l'opposition unie, Albert Ondo Ossa (photo), qui a été battu lors des récentes élections remportées frauduleusement par Ali Bongo et annulées par les putschistes immédiatement après la publication des résultats, a déclaré qu'il s'agissait en fait d'une "révolution de palais, pas d'un coup d'État".
Il a expliqué à Al Jazeera que le général est un cousin d'Ali Bongo et qu'il a fait carrière avec lui, comme d'autres des putschistes actuels. "Je pense que la famille Bongo s'est débarrassée d'un de ses membres, qui faisait de l'ombre à la famille, parce qu'elle voulait que le pouvoir Bongo se perpétue en empêchant Albert Ondo Ossa d'accéder au pouvoir", a-t-il conclu.
Le dictateur déchu : l'homme des Etats-Unis en Afrique
Bref, une simple succession familiale, mais forcée. Une analyse qui n'est peut-être pas tout à fait lucide, car les putschistes ont agi après la défaite électorale - d'Ossa qui le reléguait de toute façon hors du pouvoir - et qui pourrait être entachée d'intérêt personnel, c'est-à-dire de pressions exercées sur la junte pour obtenir de l'espace. Mais il semble qu'il y ait un fond de vérité.
En fait, Fabio Carminati dans Avvenire raconte une histoire similaire, en ajoutant un détail : "Ainsi, dans la réalité africaine à l'envers, il peut arriver que la fille du président gabonais déchu Ali Bongo Ondimba, la députée Malika Bongo Pereira, félicite sur Facebook les putschistes qui ont renversé son père le jour même du coup d'État, le 30 août".
Plusieurs médias, tout en notant les similitudes avec le récent coup d'État au Niger, ont également établi des distinctions entre les deux. A Niamey, il y a eu une véritable percée, à Libreville, cela reste à voir. Mais il faut garder à l'esprit que même une révolution de palais peut ouvrir des espaces à la société civile, auparavant fermés, ou donner lieu à une politique étrangère moins sujette aux intérêts étrangers indus.
Ainsi, comme nous l'avons écrit dans les notes précédentes, l'avenir du Gabon reste incertain. Mais il y a encore quelque chose à découvrir sur le passé, et cela concerne les relations de l'autarque déchu, ou du dictateur selon le cas, avec le monde.
S'il est vrai que le Gabon a entretenu des relations étroites avec l'ancien maître colonial français, qui les a utilisées pour ses propres intérêts, Alì Bongo a également eu d'autres protecteurs munificents, dont il devait évidemment servir les intérêts. Un article publié dans Monthly Review, un site inconnu du plus grand nombre mais qui se réfère à la documentation courante (et vérifiée), fait état de ces amis.
Dans cet article, il est question de la relation entre Ali Bongo et le président américain Barack Obama : "Le lien entre Obama et Bongo était si étroit que Foreign Policy a qualifié le dirigeant gabonais d'"homme d'Obama en Afrique"".
"Avec l'aide d'Obama, poursuit le site, Bongo a tenté de se présenter comme un réformateur modernisateur. Il s'est rendu à plusieurs reprises à Davos, en Suisse, pour assister au Forum économique mondial, où il a été nommé "contributeur à l'agenda". Toujours à Davos, il s'est engagé à accélérer la quatrième révolution industrielle en Afrique en développant des systèmes lucratifs d'identification et de paiement numériques au sein de la population plus que pauvre de son pays" [telle est l'hyperréalité du mondialisme, ndlr].
La biographie de M. Bongo sur le site web du WEF le qualifie de "porte-parole de l'Afrique pour la biodiversité" [...]. L'homme de la renaissance [africaine] autoproclamé a réussi à s'entendre avec Obama, à plaisanter avec Klaus Schwab et à toucher la chair de Bill Gates".
Le changement de régime en Libye et le prix de l'OTAN
Il n'y a pas que des plaisanteries et des attestations. Lorsque les États-Unis se sont lancés dans l'opération de changement de régime en Libye en 2011, "ironiquement justifiée comme un exercice de "promotion de la démocratie", grâce au soutien de Washington, le Gabon a été admis au Conseil de sécurité de l'ONU, où il a adhéré à toutes les résolutions américaines, qui ont d'abord imposé des sanctions contre la Libye et ensuite une zone d'exclusion aérienne" au-dessus de son ciel.
"L'esprit de coopération de M. Bongo lui a valu une visite à M. Obama à Washington quatre mois plus tard. Là, dans la résidence personnelle du président, il est devenu le premier dirigeant africain à demander à Kadhafi de quitter le pouvoir". Inutile de rappeler les désastres de cette intervention, dont nous payons encore aujourd'hui le prix en termes d'instabilité et de terreur qui sévissent en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne.
"[...] À peine un mois après sa réélection, qu'il a remportée en 2016 lors d'un scrutin controversé, Bongo a été rappelé aux États-Unis, cette fois par le Conseil atlantique parrainé par l'OTAN, pour recevoir le Global Citizen Award lors du gala de grande classe qui s'est tenu en 2016 à New York."
"Mais comme les doutes sur la fraude électorale persistaient dans le pays - étant donné que dans une région, il avait remporté 95% des voix avec un taux de participation de près de 100 % des électeurs - il a été contraint d'annuler le voyage."
"'L'Atlantic Council respecte la décision du président gabonais Bongo de renoncer à recevoir le Global Citizen Award en raison des priorités auxquelles il est confronté dans son pays', a annoncé le think tank dans un communiqué absurde publié sur son site internet."
Depuis quelques jours, les médias se déchaînent sur Alì Bongo et son régime, oubliant de dire qui sont ses nombreux amis internationaux qui le soutiennent depuis si longtemps, ceux que dans un appel dramatique le susnommé a appelé à "faire du bruit".
Quelqu'un devrait lui suggérer d'éviter de telles initiatives. Il risque d'inquiéter ses anciens amis qui, tombés en disgrâce, se sont empressés de le renier de peur que leur auguste nom soit juxtaposé au sien.
Sur la photo, le président Barack Obama et la première dame Michelle Obama avec Ali Bongo Ondimba, président du Gabon, à la Maison Blanche en août 2014.
Le sommet entre Poutine et Erdogan ? Un échec, selon le journalisme italien dit "de qualité". Et selon les pleurnichards du TG qui, au moins, ne prétendent pas faire du journalisme de qualité. La rencontre aurait donc été un échec parce que Poutine aurait osé exiger un traitement égal: la Russie n'entraverait pas les exportations alimentaires ukrainiennes et les atlantistes n'entraveraient pas les exportations agricoles russes. Mais les larbins de Biden n'ont pas apprécié.
Pas d'accord, alors ? Cela n'a pas vraiment fonctionné de cette manière. Le langage corporel d'Erdogan et de Poutine lors des salutations finales aurait dû inciter les professionnels de la désinformation à un minimum de prudence.
En fait, la déclaration commune a gelé l'enthousiasme des ennemis de la Russie. Tout d'abord, les deux pays commenceront à utiliser leurs monnaies respectives dans leurs échanges commerciaux, en réduisant progressivement l'utilisation du dollar. La Turquie et la Russie se sont fixé pour objectif d'atteindre l'équivalent de 100 milliards de dollars d'échanges bilatéraux d'ici 2030, contre 23,5 milliards de dollars en 2019.
Mais l'élément le plus intéressant est la motivation qui sous-tend l'accord : la tentative de se défendre contre l'arrogance américaine exprimée par des pressions indues, des droits de douane et des sanctions.
Pas mal pour un pays de l'OTAN comme la Turquie.
Il ne fait aucun doute qu'Erdogan a l'habitude de jouer sur plusieurs tableaux à la fois. Mais on verra dans les prochaines semaines si l'accord de Sotchi aura aussi des répercussions sur les relations régionales, de la Syrie à l'Iran, de l'Azerbaïdjan à la Libye.
Les relations entre l'Italie et la Libye à l'époque Andreotti-Kadhafi
S'appuyant sur les documents d'archives de l'homme politique romain conservés à l'Institut Luigi Sturzo, le livre, que nous recensons ici, décrit les relations entre Rome et le dirigeant libyen arrivé au pouvoir en 1969.
Une analyse systématique des relations bilatérales entre États suppose un examen approfondi des facteurs qui influencent leurs principales lignes d'évolution dans le temps.
Les évaluations politiques, les besoins géostratégiques, les différends remontant au passé colonial et les intérêts économiques largement liés à la question de l'approvisionnement énergétique constituent le cœur du livre Andreotti, Gheddafi e le relazioni italo-libiche, publié en 2018 par la maison d'édition Studium et édité par Massimo Bucarelli et Luca Micheletta avec la contribution d'autres auteurs.
Se concentrant sur la documentation d'archives de l'homme politique romain conservée à l'Institut Luigi Sturzo, le volume décrit ses relations avec le leader libyen arrivé au pouvoir en 1969, identifiant entre des personnalités de tempérament opposé un point commun dans la foi monothéiste.
Les États-Unis et l'"obsession" libyenne
Dans un contexte d'instabilité croissante de l'espace méditerranéen (installation de missiles Pershing et Cruise sur la base militaire de Comiso, objet de récriminations à plusieurs reprises de la part de Kadhafi, qui ne cache pas son hostilité aux accords de Camp David, au dialogue entre l'Egypte et Israël, ce qui lui donne la volonté de se rapprocher "tactiquement" de l'URSS), la détérioration des relations entre les exécutifs de Washington et de Tripoli est déclenchée par l'aggravation du différend sur la souveraineté du golfe de Syrte.
L'embargo commercial et pétrolier a été le prologue de la décision de Reagan - soutenue par le consensus de la grande majorité de l'opinion publique, mais longtemps "incubée" en raison de désaccords internes au sein de son administration - de résoudre la question par la force, en soumettant les villes ennemies à des bombardements aériens au plus fort de l'opération El Dorado Canyon (1986), "justifiée" par des attentats terroristes antérieurs impliquant des citoyens américains sur le sol européen.
Inquiète d'éventuelles représailles contre les bases américaines sur son territoire (ce qui s'est ponctuellement produit à Lampedusa sans conséquences fâcheuses), l'Italie s'est limitée - conformément au comportement des pays membres de l'Alliance atlantique et de la CEE, à l'exception évidente de la Grande-Bretagne - à approuver des sanctions diplomatiques, alors que l'image de Washington était fortement ternie par le scandale Iran-Contras.
Bien que les auteurs reconnaissent la difficulté d'en établir la substance réelle, un canal diplomatique a été activé par l'ambassadeur américain auprès du Saint-Siège, William Wilson, qui a ensuite été contraint à la démission par le Département d'Etat. Convaincu que les désaccords et l'interruption des négociations provenaient du fait que l'intéressé s'adressait directement au Conseil national de sécurité, Andreotti - qui avait proposé une définition du litige à la Cour internationale de justice de La Haye, rejetée par les Américains - nota en privé la volonté de confrontation de Kadhafi, imprévisible mais pas "fanatique", contrairement à l'image qu'en donnaient les médias.
L'affaire provoqua des frictions entre la Secrétairerie d'Etat et le leader démocrate-chrétien, conscient que Reagan ne voulait pas, délibérément, explorer une solution multilatérale à la crise (ce n'est pas par hasard qu'il boycotta la tentative maltaise d'organiser une conférence des Etats riverains de la Méditerranée centrale), mais plutôt affirmer la priorité de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme - un phénomène abordé sans trop d'hésitation en Libye - en les plaçant dans le cadre d'une véritable urgence nationale.
Les relations italo-libyennes
L'examen de la politique italienne à l'égard de la Libye à partir des années 1970 reflète avant tout la nécessité de la recherche constante - bien que problématique - d'un point de convergence entre la solidarité atlantique et la sauvegarde des équilibres en Méditerranée, ces derniers étant étroitement liés à la question israélo-palestinienne.
Malgré les expulsions massives et la confiscation à grande échelle des biens de l'importante communauté italienne, les caractéristiques de la politique dite de la "double voie" apparaissent comme une propension à maintenir ouverte la confrontation avec un interlocuteur gênant, dans le sillage de la ligne substantiellement pro-arabe adoptée par Moro.
Alors que la Rai, déterminée à reprendre par étapes forcées le contrôle de l'industrie énergétique nationale, obligeait les compagnies étrangères - de concert avec les autres pays membres de l'OPEP - à accepter l'augmentation du prix de référence du pétrole, la ratification des accords de coopération économique, scientifique et technologique répondait, du côté italien, à la nécessité d'obtenir des conditions avantageuses en matière d'approvisionnement, en garantissant à l'ENI le maintien des concessions qu'elle détenait et en lui permettant de se prévaloir de la production directe à l'étranger. Le différend sur les mécanismes de compensation, dans le secteur pétrolier, des crédits dus aux entreprises italiennes, périodiquement suspendus par le régime lors de fréquentes périodes économiques défavorables, a longtemps fait l'objet de débats.
Persuadé d'avoir affaire au "moindre mal" d'un pays non aligné, Andreotti fut confronté dès ses débuts de Premier ministre à l'attitude du colonel, plus enclin à l'ouverture par commodité que par conviction sincère et capable d'alterner flatteries et menaces, comme lorsqu'il conditionna la conclusion de certains accords pétroliers à la fourniture d'armes et d'autres équipements militaires.
Révélateurs de l'énorme difficulté d'archiver définitivement les scories du passé, les contentieux qui s'éternisent depuis des décennies confirment combien le chemin vers la normalisation des relations achevée par le traité d'amitié, de partenariat et de coopération d'août 2008 a été semé d'embûches.
Les demandes répétées de Tripoli pour la réparation des dommages matériels et moraux produits par l'Italie depuis 1911 - y compris ceux causés par les vieilles bombes de la Seconde Guerre mondiale, pour lesquelles Rome s'est engagée à coopérer au déminage - doivent être encadrées dans la stratégie visant à obtenir une règle de droit international condamnant le colonialisme; loin de boycotter sérieusement la recherche de coopération, le rais aurait ainsi satisfait ses ambitions de s'ériger en champion du mouvement panarabe dans les pays d'Afrique du Nord.
Si des indemnités symboliques avaient déjà été prévues au titre de l'aide à la reconstruction dans l'ancien accord de coopération économique de 1956, la thèse selon laquelle les réparations résultant d'une domination coloniale illégitime ne constituaient pas un motif de transfert de ressources au profit des pays en développement était soutenue par l'universitaire Guido Napoletano, chargé par la Farnesina d'étudier la question sous l'angle du droit international.
En revanche, l'épineuse affaire des réfugiés italiens rapatriés de Libye, qui, ayant obtenu ce statut légal en 1974, ont d'abord eu l'illusion de pouvoir être indemnisés par le colonel, plutôt prêt à attaquer une communauté surprise par le fait qu'une querelle idéologique désormais dépassée puisse s'enraciner avec virulence même en Italie, avec des accusations méprisantes de colonialisme et de fascisme, a été complètement occultée. Des réglementations inadéquates et des critères de procédure lourds, des estimations à la baisse des biens confisqués par les experts des différents ministères italiens et des indemnisations incomplètes en raison de l'inflation galopante ont facilité l'amnésie des gouvernements et de l'opinion publique.
Des divergences importantes et des sensibilités différentes ont caractérisé les positions des principaux acteurs politiques: en tant que Premier ministre, Bettino Craxi a souvent mis l'accent sur l'aspect politique du terrorisme, minimisant le rôle éventuel de Kadhafi dans le processus de paix au Moyen-Orient, également pour maintenir une majorité solide dans laquelle les partis fortement caractérisés par un sens pro-atlantique (républicains et libéraux) revendiquaient une visibilité; Andreotti, pour sa part, a utilisé des tons plus critiques à l'égard des États-Unis, réitérant la nécessité de ne pas pousser l'OLP vers des positions extrémistes.
Les épisodes du détournement du bateau de croisière Achille Lauro et de la crise de Sigonella qui s'en est suivie ont été largement minimisés: les tensions ont été largement dramatisées par Spadolini, à l'époque ministre de la Défense prenant parti pour les États-Unis et Israël, mais elles n'ont pas produit - malgré les clameurs des médias - de clivages destinés à durer, confirmant plutôt une approche différente sur la manière de se comporter à l'égard des pays arabes.
Les turbulences provoquées par certaines situations de crise (comme l'échec de la mission multinationale au Liban, à laquelle l'Italie avait également participé malgré les protestations de Kadhafi) et l'implication plus ou moins directe de membres des services libyens, d'abord dans les attentats terroristes palestiniens de Rome et de Vienne, puis dans ceux de Lockerbie et de Tenerè, ont déterminé l'isolement progressif de la Libye.
Malgré le blocage des relations avec l'Italie et la diffusion par les services anglo-américains d'informations selon lesquelles le régime (qui s'est ensuite rangé du côté de l'Occident pendant la guerre du Golfe) produisait des armes chimiques, Rome a favorisé la mise en place de structures de coopération telles que l'Initiative pour la Méditerranée occidentale. Ces tentatives devaient s'avérer éphémères puisque deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sanctionnaient en 1992 le gel du trafic aérien, l'interdiction des ventes d'armes et l'expulsion des citoyens impliqués dans des actes de terrorisme, tandis que le rais tentait d'exploiter la médiation italienne avec la Grande-Bretagne et les États-Unis dans l'affaire de Lockerbie pour redonner de la vigueur aux relations bilatérales et tenter de se réintégrer dans la communauté internationale.
La Libye et le Saint-Siège : un pont pour la paix en Méditerranée
Andreotti s'est également taillé un rôle non négligeable dans le difficile et progressif processus de dialogue qui s'est concrétisé en 1997 par la reconnaissance de relations diplomatiques entre la Libye et le Saint-Siège.
Les auteurs reconstituent les liens d'amitié profonde avec le cardinal Sergio Pignedoli (photo), président du Secrétariat du Vatican pour les non-chrétiens, créateur des premières rencontres qui ont eu lieu à Tripoli entre des représentants de l'islam et du christianisme, ainsi que les phases de l'enlèvement du franciscain Giovanni Martinelli, libéré par la suite à Malte ; le rôle stratégique de l'île en tant que "pont de paix en Méditerranée" a en outre été parrainé par la Libye et surtout par l'Italie, sûre de l'importance de sa position géographique dans une perspective antisoviétique.
L'action, probablement destinée à solliciter l'intervention du Vatican pour condamner les opérations que les Etats-Unis préparaient, n'était pas dirigée contre le gouvernement italien (l'ambassadeur Reitano a averti la Farnesina de l'intention de Kadhafi d'utiliser l'affaire pour retarder la restitution des passeports), mais contre des religieux individuels accusés de recueillir des informations pour le compte de services secrets étrangers non identifiés.
Le chemin de révision profonde du fondamentalisme islamique initié par le colonel et son désaveu progressif du califat ont encouragé les initiatives d'Andreotti et de Raffaello Fellah (homme d'affaires et réfugié juif de Libye), qui ont convergé dans le projet "Trialogue", une association d'éminents représentants des trois religions monothéistes engagés dans la lutte contre les conflits au Moyen-Orient.
Bien structuré et riche en idées, l'ouvrage approfondit les mérites et les limites de l'action politique d'Andreotti (et en arrière-plan de toute la classe dirigeante de la Première République) sans trop céder à des tendances hagiographiques assez en vogue aujourd'hui, mais il est parfois alourdi par la superposition de thèmes analysés en même temps dans les différentes monographies. Le lien identifié entre les deux protagonistes, fondé sur une sensibilité commune au dialogue interreligieux avant le dialogue politique, apparaît faible, car il manque de débouchés immédiats et concrets.
De 1948 à 1990, la CIA a utilisé des personnalités issues de l'Organisation des nationalistes ukrainiens, accusée d'avoir collaboré avec le Troisième Reich pendant la Seconde Guerre mondiale, pour tenter de déstabiliser l'Ukraine et mettre en crise l'Union soviétique. Une opération hautement secrète, baptisée Aérodynamique, qui peut nous aider à comprendre les événements de notre époque.
Dans un passage clé du long discours à la nation du 24 février 2022, date du début de l'opération dite "spéciale" en Ukraine, Vladimir Poutine a déclaré : "Les principaux pays de l'OTAN, pour atteindre leurs objectifs, soutiennent en tout les nationalistes extrémistes et les néo-nazis en Ukraine". Le président russe a ensuite souligné que l'objectif de l'opération militaire "est de protéger les personnes qui ont été malmenées et génocidées par le régime de Kiev pendant huit ans. Et pour cela, nous travaillerons à la démilitarisation et à la dénazification de l'Ukraine". En substance, le Kremlin accuse l'Occident, et en premier lieu les Etats-Unis, d'avoir agi dans le but précis de déstabiliser l'Ukraine, en soutenant et finançant des mouvements ultranationalistes et, dans le même temps, en favorisant la formation d'un gouvernement pro-occidental. En pratique, un coup d'État. Il y a une référence claire aux manifestations d'Euromaidan qui ont provoqué la chute du gouvernement démocratiquement élu du président Viktor Janukovyč en février 2014. Mais est-ce vraiment le cas ?
Les fantômes d'Euromaidan
Aujourd'hui, en ce qui concerne les événements tragiques de Maïdan, nous savons que les manifestations de protestation, nées spontanément (en réaction à la décision de Janukovyč de reporter la signature de l'accord d'association de l'Ukraine avec l'Union européenne) à la fin du mois de novembre 2013 a vu la participation initiale de divers mouvements politiques libéraux avant d'être monopolisée et radicalisée par des forces d'extrême droite ultra-nationalistes telles que Pravyj Sektor (Secteur droit) - une alliance de plusieurs groupes nationalistes ukrainiens et de l'Assemblée nationale ukrainienne-Auto-Défense nationale d'Ukraine (UNA-UNSO) formée au tout début des manifestations - et Svoboda (Union panukrainienne de la "liberté"), un parti fondé en octobre 1991 sous le nom de Parti social-nationaliste d'Ukraine sur des positions néo-nazies (le nom a été changé en Svoboda en février 2004).
Dans un article du magazine progressiste "Salon" intitulé Are there really neo-Nazis fighting for Ukraine ? Well, yes, but it's a long story, par Medea Benjamin et Nicolas Davies, les événements sont résumés comme suit: "Le parti néonazi ukrainien Svoboda et ses fondateurs, Oleh Tyahnybok (photo) et Andriy Parubiy, ont joué un rôle de premier plan dans le coup d'État soutenu par les États-Unis en février 2014. La secrétaire d'État adjointe Victoria Nuland et l'ambassadeur des États-Unis Geoffrey Pyatt ont mentionné Tyahnybok comme l'un des dirigeants avec lesquels ils travaillaient dans leur tristement célèbre appel téléphonique divulgué avant le coup d'État, bien qu'ils aient cherché à l'exclure d'un poste officiel dans le gouvernement post-coup d'État." Et peu après : "Alors que les manifestations pacifiques à Kiev ont cédé la place à des affrontements avec la police et à des marches armées violentes, des membres de Svoboda et de la nouvelle milice du Secteur droit, dirigée par Dmytro Yarosh, se sont battus contre la police, ont mené des marches et ont fait une descente dans une armurerie...". En substance, à la mi-février, les militants de ces formations étaient devenus les véritables leaders de la contestation. On peut donc se demander quel type de transition politique aurait eu lieu en Ukraine si les manifestations pacifiques avaient prévalu et, surtout, à quel point le gouvernement aurait été différent si ce processus non violent avait pu suivre son cours sans l'ingérence des États-Unis et l'attitude radicale de la droite ultranationaliste ukrainienne. Au contraire, c'est le fondateur du Secteur droit (Yarosh) qui, après avoir rejeté l'accord du 21 février, négocié par les ministres des affaires étrangères français, allemand et polonais avec Yanukovych, et qui prévoyait la dissolution du gouvernement et la possibilité de nouvelles élections dans l'année, a refusé d'abandonner la place et de déposer les armes. Au contraire, il a pris la tête de la marche contre le parlement, qui s'est terminée dans un bain de sang lorsque des snipers, postés sur les bâtiments environnants, ont ouvert le feu (plus d'une centaine de morts parmi les manifestants et la police). Un événement qui a précipité la situation et provoqué le renversement du gouvernement.
L'Ukraine, une cible sensible
La reconstitution des événements faite par Benjamin et Davies s'appuie sur des données objectives et des preuves réelles comme le fameux appel téléphonique entre Victoria Nuland, secrétaire d'État adjointe aux affaires européennes et eurasiennes, et l'ambassadeur américain en Ukraine Geoffrey Pyatt (il a été intercepté par les services secrets russes puis divulgué via la chaîne YouTube), que les intéressés eux-mêmes n'ont jamais démenti ; mais nous sommes loin d'avoir une vision complète des événements. Beaucoup d'autres aspects restent obscurs ou difficiles à interpréter. Il suffit de penser à la difficulté de déterminer qui étaient les tireurs d'élite qui ont ouvert le feu. En l'absence d'une enquête gouvernementale capable de faire la lumière sur cette affaire, le gouvernement ukrainien post-Janukovyč s'est contenté d'accuser la police de l'ancien président, bien que ce dernier ait toujours affirmé qu'il n'avait jamais donné l'ordre de tirer sur les manifestants. Que l'affaire soit plus complexe peut se comprendre à la lumière de diverses enquêtes médiatiques qui montrent comment les deux camps disposaient de fusils de précision et que de nombreuses images les montrent en train de viser et de tirer.
Les conséquences de ce changement de régime spectaculaire ont provoqué, dans les mois qui ont suivi, de fortes tensions entre la majorité ukrainienne et la population russophone (principalement concentrée dans le sud-est du pays), suivies du début de la crise dans le Donbass (et de la décision du Conseil d'État de la République de Crimée d'organiser un référendum sanctionnant son rattachement à la Russie). Une crise qui s'est prolongée de manière dramatique jusqu'à aujourd'hui, comme nous le savons tous. À l'heure actuelle, il n'est pas possible de quantifier l'ampleur historique réelle de l'ingérence des États-Unis dans les événements du Maïdan et le soutien qu'ils ont apporté aux forces ultranationalistes ukrainiennes. Il faudra attendre longtemps (à supposer que cela se produise) avant de pouvoir consulter les documents officiels susceptibles de faire la lumière sur les événements. Il ne fait cependant aucun doute que les historiens et les analystes avaient déjà souligné la complexité du "cas ukrainien" et que les perspectives d'avenir étaient loin d'être réjouissantes.
Dans son célèbre ouvrage intitulé Le choc des civilisations et le nouvel ordre mondial, Samuel Huntington, l'un des plus grands experts américains en politique étrangère, écrivait en 1996 : "L'Ukraine... est un pays divisé, abritant deux cultures distinctes. La ligne de fracture entre la civilisation occidentale et la civilisation orthodoxe traverse le cœur du pays, et ce depuis des siècles. Dans le passé, l'Ukraine faisait partie de la Pologne, de la Lituanie et de l'Empire austro-hongrois. Une grande partie de sa population adhère à l'Église uniate, qui suit le rite orthodoxe mais reconnaît l'autorité du pape". D'un point de vue historique, selon Huntington, les Ukrainiens de l'Ouest ont toujours parlé ukrainien et affiché une attitude fortement nationaliste, tandis que la population de la partie orientale du pays est très majoritairement orthodoxe et russophone.
Au début des années 1990, les russophones représentaient environ 22% de la population et les russophones natifs 31%. En 1993, dans la majorité des écoles primaires et secondaires, les cours étaient dispensés en russe. La Crimée est un exemple typique. Sa population était majoritairement russe, ayant fait partie de la Fédération de Russie jusqu'en 1954, date à laquelle Chruščëv l'a concédée à l'Ukraine. Les différences entre ces deux "âmes" du pays se sont manifestées dans les attitudes des populations respectives: fin 1992, un tiers des habitants de l'Ukraine occidentale, contre dix pour cent de ceux de la capitale, manifestaient des sentiments antirusses. La lecture d'un document de la CIA datant de 1966, aujourd'hui rendu public, permet de comprendre que l'Ukraine était un pays divisé et, pour cette raison, facilement déstabilisable : "Le processus de russification a atteint un niveau plus élevé en Ukraine orientale, surtout dans les villes, que Moscou n'a atteint dans aucun autre territoire de l'URSS, mais les sentiments chauvins sont encore très forts dans les campagnes et dans les régions occidentales éloignées des frontières soviétiques... En cas de désintégration du contrôle central soviétique, le nationalisme ukrainien pourrait remonter à la surface et constituer un point d'appui pour l'émergence d'un mouvement de résistance anticommuniste organisé."
Une analyse juste qui, bien qu'élaborée au milieu des années 60, montre sa pertinence à la lumière des événements récents. Et que les services secrets américains ont toujours été intéressés à sonder le terrain, c'est ce qui ressort d'un autre document - rédigé cette fois en 2008 et publié ensuite par Wikileaks - d'où il ressort que "les experts affirment que la Russie s'inquiète des fortes divisions qui existent en Ukraine concernant la possibilité d'adhérer à l'OTAN, en raison de l'importante composante ethnique russe qui s'oppose à l'adhésion et qui pourrait conduire à une forte opposition, à la violence ou, dans le pire des cas, à la guerre civile". Il ressort clairement de ce dossier que les Américains sont conscients que la "question ukrainienne" est un sujet sensible pour la Russie, qui pourrait les contraindre à une intervention (militaire ?). Une décision qu'ils ne sont toutefois pas du tout disposés à prendre. Ces deux documents montrent que la CIA a suivi les événements dans le pays, consciente qu'ils auraient pu être un outil - une sorte de cheval de Troie - pour affaiblir et déstabiliser l'Union soviétique pendant la guerre froide, d'abord, et la Russie de Poutine, ensuite. Ce ne peut être une simple coïncidence si ce "nationalisme ukrainien", redouté dans le document de 1966, s'est ponctuellement matérialisé en 2014 avec les conséquences que l'on connaît aujourd'hui. Mais ce n'est pas tout.
À la solde de Washington
La masse de documents rendus publics par le gouvernement américain grâce au Nazi War Crimes Disclosure Act de 1998 a permis d'établir comment l'administration "Stars and Stripes" a permis à ses services secrets (d'abord le CIC puis la CIA) de soutenir et de financer des organisations ukrainiennes ultranationalistes et pro-nazies à vocation antisoviétique pendant toute la durée de la guerre froide, et précisément de 1948 jusqu'au début des années 1990. De quoi s'agit-il ? Et, en particulier, par quelles personnalités et organisations ont-elles été cooptées ? Cette question mérite d'être étudiée car elle est d'une grande actualité. L'examen de la documentation rendue publique révèle le rôle de l'OUN-B, l'Organisation des nationalistes ukrainiens de Stepan Bandera, qui avait collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale (il ne faut pas oublier qu'à l'époque d'Euromaidan, les manifestants de Svoboda ont défilé précisément sous la bannière de l'OUN-B).
Que savons-nous de cette organisation ? L'OUN a été fondée en 1929 par des Ukrainiens occidentaux de Galicie orientale qui revendiquaient une nation indépendante et ethniquement homogène. Leur ennemi juré est la Pologne, qui contrôle alors la Galicie orientale et la Volhynie. En 1934, l'OUN est impliquée dans l'assassinat du ministre polonais de l'intérieur Bronislaw Pieracki. Parmi les personnes arrêtées et condamnées pour ce meurtre figurent Bandera et Mykola Lebed, un personnage qui nous intéresse directement en raison de ses relations d'après-guerre avec la CIA. Le tribunal les a condamnés à la peine de mort, mais cette peine a ensuite été transformée en peine de prison à perpétuité. Ils ne restent pas longtemps derrière les barreaux: Bandera est libéré en 1938 (Lebed parvient à s'échapper l'année suivante), après quoi il entame des négociations avec le Troisième Reich, qui lui garantit des fonds et permet à huit cents de ses hommes d'être formés à la guérilla. Puis, en 1940, l'organisation se scinde en deux: d'une part l'OUN-M (dont le chef est Andriy Atanasovych Melnyk), placée sur des positions plus modérées, et d'autre part l'OUN-B de Bandera, beaucoup plus radicale.
Mykola Lebed.
Lorsque l'invasion allemande de l'Union soviétique commence en juin 1941, les forces de l'OUN-B s'élèvent à environ sept mille hommes, organisés en "groupes mobiles" qui se coordonnent avec les troupes allemandes. Puis, c'est le coup de théâtre. Le 5 juillet, les autorités, craignant que Bandera et l'OUN n'envisagent d'autoproclamer une Ukraine indépendante par le biais d'un soulèvement armé, l'arrêtent et l'emmènent à Berlin (après une série d'interrogatoires, il est libéré mais contraint de rester dans la capitale allemande). Il est à nouveau arrêté en janvier 1942 et emmené au camp de concentration de Sachsenhausen en tant que prisonnier politique, tout en bénéficiant d'un statut spécial.
En Allemagne, le leader de l'OUN-B continue à diriger le mouvement. En témoigne le fait que ses hommes continuent d'opérer avec le soutien de Berlin. En 1943, l'OUN-B participe à la campagne d'extermination des Juifs et des Polonais. A ce stade, c'est Lebed, commandant de la Sluzhba Bespeki (l'organisation de police secrète de l'OUN-B), qui dirige le programme de nettoyage ethnique. À la fin de la guerre, les dirigeants de l'organisation se retrouvent dans divers camps de personnes déplacées en Europe de l'Est et en Allemagne. Leurs vies ont pris des chemins différents.
Selon des documents rendus publics, Bandera a été recruté en 1948 par les services secrets britanniques (MI6) pour former des agents chargés d'opérer sur le territoire soviétique dans le cadre de missions de sabotage et d'assassinat. En 1956, Bandera est ensuite coopté par l'Organisation Gehlen, une structure secrète créée en avril 1946 lorsque les Américains ont lancé l'opération Rusty, nom de code derrière lequel se cache la décision de réactiver les hauts responsables du FHO (Fremde Heere Ost), c'est-à-dire le service de renseignement militaire de la défunte armée nazie sur le front de l'Est, auquel avaient été déléguées (à partir de 1942) les activités d'espionnage contre l'Union soviétique. À une différence près : ces officiers seraient désormais payés par les États-Unis. Il s'agissait d'un projet hautement secret (qui l'est resté au moins jusqu'au début des années 1950), actif de 1946 à 1956, avant que l'Organisation Gehlen ne soit transformée en Bundesnachrichtendienst (BND), l'agence de renseignement extérieur de la République fédérale d'Allemagne. Mais il s'agit là d'une autre histoire. Bandera, décrit dans un rapport du MI6 comme un "professionnel ayant un passé terroriste et une connaissance impitoyable des règles du jeu", a été assassiné en 1959 par le KGB en Allemagne de l'Ouest.
Opération Aerodynamic
La "carrière" de Mykola Lebed, en revanche, connaîtra un développement surprenant en raison de ses relations avec les services de renseignement américains. Sur son compte, la documentation désagrégée est volumineuse. En 1947, un rapport établi par le CIC (Military Intelligence Service) qualifie le sujet de "collaborateur des Allemands". Cela ne l'a pas empêché de se retrouver sur la liste de paie de Washington. C'est ce qui s'est passé en 1948 lorsque, alors que la crise avec l'Union soviétique s'aggravait, la CIA a décidé que l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) de Lebed pourrait servir à des opérations de résistance et de renseignement derrière les lignes soviétiques. La Central Intelligence Agency s'est occupée de tout, en fournissant de l'argent, des armes et du matériel. Comme Lebed l'a souligné plus tard : "Les opérations de lancement ont été la première indication réelle [...] que les services de renseignement américains étaient prêts à apporter un soutien actif à l'établissement de lignes de communication en Ukraine". Sa carrière est à un tournant.
L'opération prend immédiatement une ampleur considérable sous le nom de code Cartel, bientôt remplacé par Aerodynamic. Lebed a eu la chance que la CIA décide de le transférer à New York, où il a obtenu le statut de résident permanent et, peu après, la citoyenneté. Cela lui a permis d'éviter d'éventuelles vendettas et d'entrer en contact avec les émigrés ukrainiens aux États-Unis. Si nécessaire, il se rend en Europe pour coordonner les opérations sur le terrain. En Amérique, Lebed est devenu le principal contact de la CIA pour Aerodynamic. Dans les rapports de l'époque, comme le notent les chercheurs Richard Breitman et Norman Goda, auteurs de Hitler's Shadow, Nazi War Criminals, U.S. Intelligence, and the Cold War, le sujet est décrit comme "rusé" et "un opérateur très impitoyable". Apparemment, il n'était pas très populaire parmi les Ukrainiens des États-Unis en raison de la brutalité dont il a fait preuve pendant la guerre, mais les services de renseignement américains appréciaient son efficacité. Allen Dulles, futur directeur de la CIA de 1953 à 1961, souligne que le sujet est "inestimable".
Aerodynamic consistait en l'infiltration et l'exfiltration d'Ukraine d'agents formés par les Américains. Selon Breitman et Goda, les opérations de 1950 ont révélé "un mouvement clandestin bien établi et sûr" en Ukraine, qui était également "plus important et plus développé que ne l'indiquaient les rapports précédents". Washington s'est félicité du haut niveau d'entraînement de l'UPA et de son potentiel en matière d'actions de guérilla. Face à ces résultats, la CIA a décidé de renforcer encore les activités de l'UPA afin d'exploiter le mouvement clandestin à des fins de résistance et de renseignement. Les documents nous apprennent qu'en cas de guerre, l'UPA aurait pu enrôler quelque cent mille combattants dans ses rangs. Mais les risques de la mission étaient élevés. Les Soviétiques ont tout fait pour mettre fin à leurs activités et, entre 1949 et 1953, un grand nombre de militants ont été tués ou capturés. En 1954, l'organisation est fortement affaiblie. La CIA est contrainte d'arrêter la phase la plus agressive d'Aerodynamic, mais n'annule pas l'opération. Elle a été réajustée.
À partir de 1953, Lebed et un groupe de collaborateurs commencent à travailler sur des journaux, des programmes radio et des livres inspirés du nationalisme ukrainien. L'objectif est de les diffuser secrètement dans le pays. Puis en 1956, ce groupe de travail devient une association à but non lucratif appelée Prolog Research and Publishing, un stratagème qui permet à la CIA d'obtenir des financements sans laisser de traces. Plus tard, pour éviter que les autorités ne découvrent ce qui se cachait derrière le projet, l'Agence a transformé l'association en Prolog Research Corporation, qui disposait également d'un bureau en Allemagne appelé Ukrainische-Gesellschaft für Auslandsstudien, EV. C'est elle qui a publié la majeure partie de la documentation. Le schéma utilisé par Prolog était simple : des auteurs d'origine ukrainienne, qui avaient quitté le pays, étaient recrutés pour effectuer le travail sans savoir qu'ils travaillaient pour les services de renseignement américains. Seul un petit nombre d'entre eux en était conscient.
Mais comment le matériel a-t-il été introduit en Ukraine ? En 1955, un grand nombre de tracts ont été largués par voie aérienne, tandis qu'une émission de radio intitulée Nova Ukraina était diffusée depuis Athènes. Comme l'expliquent Breitman et Goda, "ces activités ont permis de lancer des campagnes de publipostage systématiques en Ukraine par l'intermédiaire de contacts ukrainiens en Pologne et ... d'émigrants en Argentine, en Australie, au Canada, en Espagne, en Suède et ailleurs". Le journal Suchasna Ukrainia (L'Ukraine aujourd'hui), des bulletins d'information, un magazine en ukrainien pour intellectuels appelé Suchasnist (Le présent) et d'autres publications ont été envoyés à des bibliothèques, des institutions culturelles, des bureaux administratifs et des particuliers en Ukraine. Ces activités ont encouragé le nationalisme ukrainien, renforcé la résistance ukrainienne et fourni une alternative aux médias soviétiques. Pour la seule année 1957, avec le soutien de la CIA, Prolog a diffusé 1200 programmes radio pour un total de 70 heures par mois et a distribué 200.000 journaux et 5000 tracts". Une campagne massive dont l'objectif, comme le souligne un fonctionnaire de la CIA, était dicté par le fait qu'"une certaine forme de sentiment nationaliste continue d'exister [en Ukraine] et qu'il y a une obligation de le soutenir en tant qu'arme de la guerre froide".
Prolog ne détestait pas recueillir des informations, ce qui fut facilité par le fait qu'à la fin des années 1950, les Soviétiques assouplirent les restrictions sur les voyages à l'étranger. Toutes les occasions - conférences universitaires, événements culturels et sportifs (les Jeux olympiques de Rome, par exemple) - sont mises à profit pour approcher les personnalités ukrainiennes vivant en Union soviétique et sonder les sentiments de la population à l'égard des Russes. D'où l'enthousiasme de la CIA pour Aerodynamic. Au cours des années 1960, Lebed et ses camarades ont fourni un grand nombre de rapports sur la situation politique en Ukraine, des informations sensibles sur les activités du KGB et la localisation des forces armées. Le fait que Moscou ait réagi en qualifiant ces groupes clandestins - appelés "banderistes" - de nazis à la solde des Américains a été interprété par la CIA comme une preuve de l'efficacité du projet. Il n'est pas surprenant que les nouvelles générations du pays aient été influencées par les activités de Prolog (certains voyageurs occidentaux ont rapporté avoir pu consulter le matériel publié dans plusieurs maisons privées). Lebed a travaillé sur le projet jusqu'en 1975, date à laquelle il a pris sa retraite, mais a continué à donner des conseils.
En 1978, le journaliste ukrainien Roman Kupchinsky (photo) est nommé à la tête de la structure. Au cours des années 1980, l'opération Aerodynamic change de nom pour devenir Qrdynamic, Pddynamic puis Qrplumb. Il convient de noter qu'en 1977, Zbigniew Brzezinski, le puissant conseiller à la sécurité nationale du président Carter, s'est également intéressé au projet, compte tenu du fait que les résultats obtenus étaient significatifs et qu'ils touchaient un large public en Ukraine. En conséquence, les opérations ont été étendues à d'autres régions et nationalités de l'URSS (les Juifs soviétiques, par exemple). Pour autant que l'on puisse en juger, au début des années 1990, avec la dissolution de l'Union soviétique, Qrplumb n'a plus été financé, mais a été laissé libre d'agir. Il est difficile de savoir comment il s'est déplacé. Les documents ne le précisent pas.
Le dernier acte
En 1985, Lebed a été mentionné dans un rapport gouvernemental enquêtant sur la présence de nazis et de "flankers" établis aux États-Unis avec l'appui des services de renseignement. Très vite, l'Office of Special Investigations (OSI) du ministère de la Justice a commencé à enquêter sur lui. Une fois de plus, la CIA est intervenue, craignant le scandale qui pourrait s'ensuivre parmi les membres de la communauté ukrainienne aux États-Unis. Mais la grande crainte était que l'opération "Qrplumb" ne subisse un retour de bâton. L'Agence a catégoriquement nié que Lebed ait eu quoi que ce soit à voir avec les nazis et leurs crimes de guerre, affirmant qu'il avait été un authentique combattant ukrainien pour la liberté. Mais ce n'est pas tout. Jusqu'en 1991, les responsables de la CIA ont veillé à dissuader l'Office of Special Investigations de demander des informations à son sujet aux gouvernements soviétique, polonais et allemand. Finalement, les fonctionnaires du ministère de la Justice ont dû jeter l'éponge. Lebed a eu tout le temps de profiter de sa vieillesse jusqu'à sa mort en 1998.
Berlin. Avec sa politique étrangère "féministe", "basée sur les valeurs", la ministre des Affaires étrangères verte Annalena Baerbock porte atteinte avec obstination depuis maintenant un an et demi à l'image de l'Allemagne dans le monde et aux relations diplomatiques avec de nombreux pays. Jusqu'à présent, les observateurs ont jugé que les performances médiocres de la chef de la diplomatie allemande étaient tout simplement dues à son incompétence - Baerbock n'a aucune formation diplomatique préalable ni aucune autre qualification. Mais c'est faux. Baerbock est sérieuse et veut désormais imposer son style au ministère des Affaires étrangères.
Le nouveau style de communication se veut délibérément conflictuel - et reflète en cela la politique étrangère allemande "basée sur des valeurs" dont Baerbock a si souvent parlé. Elle a confié la mise en œuvre de la nouvelle stratégie de communication à un ancien journaliste du Spiegel.
Concrètement, la ministre verte des Affaires étrangères souhaite plus d'ingérence (dans les affaires intérieures des autres pays), plus de "présence" et une "attitude" claire. En d'autres termes, les diplomates allemands devraient à l'avenir agir de la même manière que leur patronne : en donnant des leçons, en étant incompétents, en étant émotionnels.
C'est l'ancien journaliste du Spiegel, Ralf Beste, qui doit désormais transmettre ces valeurs aux diplomates allemands. Il est passé du Spiegel au ministère des Affaires étrangères en 2014 et a ensuite été ambassadeur d'Allemagne à Vienne. Il doit désormais établir et mettre en œuvre la culture de la communication basée sur les poses et les valeurs parmi ses collègues.
Peser le pour et le contre et écouter restent des éléments de la politique étrangère, a déclaré Mme Baerbock lors de la réception annuelle de la conférence des ambassadeurs dans la salle internationale du ministère des Affaires étrangères : "Mais dans le doute, il faut aussi savoir s'opposer. C'est la communication pour la politique étrangère du 21ème siècle".
La cheffe de la diplomatie verte est visiblement consciente qu'elle ne se fera pas forcément des amis. Mais elle assure d'ores et déjà les futurs ruffians de la diplomatie de son soutien: "Et si le shitstorm arrive, nous serons là ensemble", a-t-elle déclaré. Ce qui rappelle de manière frappante sa devise d'août dernier, selon laquelle on continuerait à soutenir l'Ukraine, "quoi qu'en pensent mes électeurs allemands". A l'avenir, la politique allemande ne devrait donc plus se soucier de ce que pense le reste du monde. (rk)
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Le renversement du gouvernement de Mohamed Bazoum au Niger, soutenu par la France, le 26 juillet, peut peut-être être comparé à la défaite de l'apartheid en Afrique du Sud il y a près de 30 ans. Bazoum n'était pas seulement président du Niger, mais aussi président de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont l'agenda est néolibéral. Sa cote de désapprobation auprès de la population nigérienne était très élevée.
Cela ne signifiait pas qu'il jouait un rôle particulier dans la constellation politique ouest-africaine. À bien des égards, Bazoum peut être considéré comme un représentant typique du courant politique dominant dans de nombreuses anciennes colonies françaises d'Afrique de l'Ouest.
Les critiques à l'encontre de son gouvernement portaient sur l'augmentation du coût de la vie, la persistance d'un niveau élevé de pauvreté et une incompétence flagrante. L'incapacité des dirigeants successifs de Niamey à réprimer l'insurrection wahhabite-takfiri menée par des groupes tels que Daesh et Al-Qaïda n'a fait qu'accroître le mécontentement de la population.
Lorsque le chef d'état-major Salifou Modi s'est rendu au Mali voisin en mars dernier et a convenu de mesures antiterroristes conjointes, Bazoum l'a rapidement limogé. Les mouvements anti-impérialistes antérieurs, en particulier le sentiment anti-français, ayant pris le dessus au Mali et au Burkina Faso, le Niger est devenu l'un des derniers piliers explicitement "pro-français" de la région, un pilier que la France, mais aussi les États-Unis, ont utilisé avec empressement dans la mascarade actuelle connue sous le nom de "guerre contre le terrorisme".
Près de 1100 soldats américains et une véritable base de la CIA étaient stationnés au Niger au moment du coup d'État du 26 juillet. Cela a rendu la plupart des Nigériens furieux à un point tel que le nouveau commandant de la Garde présidentielle, le général Abdourahamane Tchiani, a dû intervenir.
Bazoum a été déposé et emprisonné. Le pouvoir au Niger a été confié à un nouveau gouvernement de transition, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
Comme on pouvait s'y attendre, les grands médias occidentaux se sont déchaînés pour condamner la "prise de pouvoir militaire" au Niger. Ils ont tenté de pimenter les choses en soulignant le "rôle de Wagner et de la Russie" dans la fomentation de l'instabilité au Sahel, et en mettant en garde contre une "nouvelle instabilité" dans la région. La question est de savoir si une région ciblée par des insurgés wahhabites depuis des années, faisant plusieurs milliers de victimes civiles sous l'œil vigilant du "soutien militaire" de la France et des États-Unis, pourra jamais être qualifiée de "stable" ou de pacifique. Mais même cela n'est pas le cœur du problème.
La persistance du néocolonialisme français
Une grande partie de l'Afrique de l'Ouest en a assez du néocolonialisme français, du projet de "Françafrique" et du système monétaire du franc CFA qui lie les monnaies locales au franc français (et ensuite à l'euro) et à l'influence du Trésor français. Le Mali est malade de l'exploitation massive de son or par la France. Paris a accumulé 2 500 tonnes de réserves d'or sans une seule mine d'or en France alors que le Mali, avec environ 860 mines d'or opérationnelles, ne dispose que de 881 tonnes de réserves d'or. De même, le nouveau gouvernement de Niamey critique vivement la façon dont la France a profité de l'abondance d'uranium au Niger. Le "yellow cake" est très recherché par le marché français de l'énergie qui dépend du nucléaire pour plus de 71% de ses besoins.
L'histoire sanglante de la France en Afrique, y compris l'héritage impérialiste permanent, a perduré sur le continent même après l'"indépendance". Le néocolonialisme occidental, en particulier français, est tellement flagrant et connu que même les médias occidentaux ne peuvent pas le nier ou l'occulter. Ils avancent de vagues excuses telles que "la Russie n'est pas meilleure", "l'amélioration se profile à l'horizon" et, argument souvent entendu, "ce n'est pas la bonne méthode". "Ce terme signifie ici l'intervention de l'armée (ou des deux) ou le ralliement des masses dans les rues.
Pour les experts européens, les habitants de la région du Sahel devraient simplement suivre la voie "civilisée" en copiant l'Europe. Ils devraient élire un homme politique qui négociera un avenir meilleur pour son pays, sans répercussions négatives pour les intérêts commerciaux occidentaux, bien entendu.
Condamner les développements révolutionnaires dans des pays comme le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger comme de simples "coups d'État militaires", simplement parce que l'action directe de destitution de l'élite précédente a été entreprise par le personnel des forces armées, est une interprétation simpliste et naïve des événements.
Elle témoigne d'un manque de compréhension de la situation politique et de l'histoire récente de la région du Sahel en particulier, ainsi que du népotisme profondément ancré et de la stabilité fermement excluante et contrôlée par l'étranger de l'élite dirigeante qui a existé dans ces pays.
Se plaindre que "la transition du pouvoir devrait se faire démocratiquement" ne tient pas compte du fait qu'une transition démocratique était pratiquement impossible dans tous les pays susmentionnés. Les cliques au pouvoir dans des pays comme le Niger et le Burkina Faso ressemblent beaucoup à une forme d'aristocratie moderne, dans laquelle la possibilité de gravir les échelons dépend souvent de vos connaissances et des mains que vous graissez, plutôt que de ce que vous êtes ou de ce que vous pouvez faire.
La maxime "c'est un grand club, et vous n'en faites pas partie" s'applique à l'élite politique de ces pays, tout comme aux États-Unis. Aux États-Unis, les outsiders politiques n'ont aucune chance de "percer" dans le système, à moins de se vendre complètement. Et même ceux qui sont présentés comme des "outsiders", tels que Barack Obama et Alexandria Ocasio-Cortez, s'avèrent être soit des initiés de bas niveau depuis le début, soit ont été astroturfés et préparés depuis le début pour donner un semblant de revitalisation tout en gardant intact le cœur pourri du système.
La situation dans une grande partie du Sahel est assez similaire. De toutes les anciennes puissances coloniales, c'est la France qui a adopté l'approche la plus pratique. À bien des égards, la France n'a jamais quitté ses anciennes colonies. Les bases militaires françaises parsèment toujours le paysage ; la France s'empare des réserves d'or et les stocke en Europe, et Paris contrôle la monnaie de ces pays par le biais du franc CFA, ne leur laissant aucune souveraineté financière.
La "transition démocratique" n'était tout simplement pas possible. Il n'y avait pratiquement aucune capacité à voter pour une alternative. Le système politique était rigide et truqué, sans parler du fait qu'il était très statique et qu'il offrait peu de possibilités de mobilité sociale verticale (c'est-à-dire une chance de "monter en grade" ou de "s'imposer" en partant du bas de l'échelle).
L'agitation autour du changement au Niger
L'Occident a fait grand cas de la prise de pouvoir militaire au Niger, et plus tôt au Mali et au Burkina Faso. On peut se demander pourquoi le coup d'État militaire en Égypte (sur le même continent africain), qui a entraîné le massacre de milliers de civils innocents, n'a suscité que peu ou pas d'intérêt. En Afrique, la mémoire de Thomas Sankara est encore fraîche dans l'esprit de nombreuses personnes. Il n'est donc pas surprenant que les Nigériens soient venus en très grand nombre pour soutenir le renversement de Bazoum.
Certes, leur accession au pouvoir ne s'est pas faite de manière "traditionnelle", occidentale, libérale et "démocratique". Mais la question peut être posée : est-ce particulièrement pertinent ? Le fait est qu'il n'existe pas de test décisif universellement applicable pour la légitimité d'un gouvernement dans le monde entier, même si les médias grand public et les élites politiques occidentales voudraient nous faire croire le contraire.
Il est étrange que la distance spatiale et la souveraineté culturelle ne soient pas traitées avec la même préoccupation légitime que la "distance" temporelle dans la politique contemporaine. Personne ne semble se soucier du manque de légitimité démocratique de figures historiques occidentales sacrées telles que Napoléon, Otto von Bismarck ou la reine Victoria, pour ne citer que trois personnages de l'histoire européenne relativement récente. Aucun d'entre eux n'a été élu selon les principes de la démocratie libérale et aucun ne s'est soucié de sauver les apparences. Mais cela ne semble pas avoir d'importance parce que "c'était une autre époque".
Il est vrai que les normes varient selon les époques, mais les crimes de la reine Victoria sont bien plus fondamentaux qu'un simple manque de représentation démocratique (la colonisation et l'asservissement de 23 % de la population mondiale étant un concurrent majeur). Toutefois, les experts politiques et les idéologues occidentaux contemporains semblent être beaucoup moins indulgents lorsqu'il s'agit de différences fondamentales dans la culture, l'histoire politique, la situation économique ou toute autre forme d'identité spécifique des différents pays.
Les normes occidentales ne sont pas universelles
Ils ne se donnent même pas la peine d'expliquer pourquoi les autres sont censés s'attendre à un système politique presque identique dans des pays tels que les États-Unis, le Niger, le Venezuela, l'Iran ou la Russie. On peut supposer que l'opinion publique s'attend à une telle similitude politique comme une nécessité dogmatique, au sujet de laquelle aucune question n'est censée être posée. Si quelqu'un exigeait que tous les pays du monde partagent la même identité culturelle ou les mêmes croyances religieuses, il serait déclaré fou. Pourtant, exiger une telle quasi-uniformité et une suprématie unipolaire en termes de dimension politique est soi-disant considéré comme logique.
Cette attitude ridicule ne s'arrête pas là. L'impérialisme est hypocrite, unipolaire et expansionniste. L'insistance à copier les systèmes et valeurs "démocratiques" libéraux de l'Occident ne s'applique apparemment qu'aux opposants à la suprématie mondiale de l'Occident. Les alliés de l'Occident peuvent faire ce qu'ils veulent, comme le montrent les cas d'États et d'entités non démocratiques tels que l'Arabie saoudite et "Israël".
Pour en revenir au sujet qui nous occupe, il n'y a jamais eu de menace d'invasion de la CEDEAO ou d'intervention de l'OTAN lorsque le banquier du Fonds monétaire international Alassane Ouattara a violemment renversé le gouvernement de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire en 2010. Au contraire, la France et l'Ukraine ont participé militairement au renversement du gouvernement ivoirien, et la CEDEAO a fait pression pour que Ouattara soit reconnu comme président.
Le chouchou du cartel du FMI règne depuis lors sur la Côte d'Ivoire. Le fait qu'il ait réussi à se représenter et à remporter un troisième mandat lors d'une élection très controversée, bien que la constitution du pays ne le permette pas, ne semble pas déranger les élites de la CEDEAO, de la France ou des États-Unis. En retour, Ouattara s'est montré un atout fiable pour la France, en promettant que la Côte d'Ivoire enverrait des troupes pour attaquer le Niger si la CEDEAO décidait de poursuivre ses plans d'invasion.
Dans le même ordre d'idées, il n'y a pratiquement aucune condamnation étrangère, que ce soit par la CEDEAO ou par l'Occident "démocratique", du président sénégalais Macky Sall, malgré sa décision d'interdire le deuxième parti du pays, le parti socialiste panafricain PASTEF, et d'emprisonner son dirigeant, Ousmane Sonko (photo). La répression meurtrière des manifestants de l'opposition qui a suivi, au cours de laquelle plusieurs personnes ont été tuées par la police, n'a pas non plus semblé déplaire au camp "pro-démocratie". À l'instar de son collègue ivoirien, M. Sall a également promis que les troupes sénégalaises participeraient à la lutte contre le gouvernement révolutionnaire du Niger.
Les discours sur la "démocratie" et les "droits de l'homme" dans les médias occidentaux, en particulier en ce qui concerne l'Afrique ou le monde islamique, ne sont que de la poudre aux yeux. Les élites néolibérales ne se soucient pas de la démocratie ou des droits de l'homme, leur principale préoccupation est le pillage et le profit.
Voler l'uranium du Niger
Le Niger est le septième producteur mondial d'uranium, responsable d'environ 5 % de la production mondiale de ce matériau nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires. L'essentiel de l'uranium nigérien est extrait par la société française Orano, dont l'État français est le principal actionnaire. Paris a donc un intérêt immédiat et très important dans l'économie du Niger, en particulier dans les mines à ciel ouvert d'Arlit, dans le nord-ouest du pays. Orano est également directement impliqué dans le développement d'une nouvelle mine à Imouraren, qui contiendrait l'une des plus grandes réserves d'uranium au monde.
L'exploitation de l'uranium par des sociétés françaises a lieu au Niger depuis 1968 et constitue un véritable trésor pour les marchés occidentaux. Il n'existe aucun droit du travail ni aucune réglementation environnementale. "En Occident, vous avez besoin d'une étagère remplie d'autorisations et de certificats. Au Niger, vous donnez à quelqu'un une bêche et deux dollars par jour, et vous exploitez l'uranium", écrivait le journaliste Danny Forston en 2010. La France a bien sûr promis à son ancienne colonie un avenir radieux grâce à ce nouveau "partenariat" entre Niamey et Paris.
Depuis lors, on estime que 150.000 tonnes d'uranium ont été extraites du Niger par la seule société Orano (anciennement Areva). La mine d'Akuta a été fermée en 2021 en raison de l'épuisement complet du minerai. L'organisation caritative britannique Oxfam estime qu'un tiers des lampes en France fonctionnent grâce à l'énergie produite par l'uranium nigérien.
Les relations entre le Niger et Orano sont d'autant plus compliquées que l'entreprise publique bénéficie du soutien total de l'État français, avec toutes les implications militaires et de renseignement que cela implique. Il en résulte des "accords" très inégaux en faveur de l'entreprise, marqués par des exonérations fiscales extrêmement rentables.
L'exploration incontrôlée et non réglementée de l'uranium autour d'Arlit a entre-temps provoqué un désastre humanitaire et écologique. Plusieurs études menées dès 2003 par la Commission de recherche et d'information indépendantes sur les radiations (CRIIAD), basée en France, ont révélé que les niveaux de radioactivité de l'eau potable consommée par les travailleurs des mines locales dépassaient parfois jusqu'à cent fois les seuils de sécurité de l'Organisation mondiale de la santé. Une étude menée par Greenpeace en 2009 a révélé des résultats similaires, ainsi qu'une pollution toxique, dans cinq des six puits d'eau examinés. Un porte-parole d'Orano a qualifié ces résultats de "contamination naturelle".
Les conséquences médicales alarmantes d'une exposition quotidienne à un niveau de radiation 300 fois supérieur à la normale, détaillées dans un rapport d'enquête publié en 2017 par African Arguments, sont minimisées ou complètement ignorées par les prestataires de soins médicaux, ce qui n'est pas surprenant étant donné que la majorité des soins médicaux à Arlit sont fournis par l'entreprise Orano elle-même et que les professionnels de la santé sont ses employés.
Bien entendu, les gouvernements qui se sont succédé au Niger depuis 1968 portent également une grande responsabilité dans ces abus. C'est là que le néocolonialisme entre en jeu. Le Niger a été, du moins avant les récents événements révolutionnaires, un élément clé du projet néocolonial de la "Françafrique", dans lequel Paris a conservé un contrôle majeur sur ses anciennes colonies en Afrique. Dès le début de l'indépendance du Niger, des centaines de "conseillers" français sont restés à tous les niveaux du gouvernement. L'armée était composée exclusivement d'anciens membres des milices coloniales, et les officiers étaient souvent des Français qui avaient obtenu la nationalité nigérienne dans ce but précis.
Au total, 1500 soldats français et 1100 soldats américains sont toujours présents au Niger, bien que le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ait officiellement mis fin aux cinq accords militaires conclus avec la France et ordonné le départ de toutes les troupes françaises pour le début du mois de septembre. Ces accords ont souvent été conclus sous la forte pression de Paris.
Effet domino au Sahel
Il est clair que les récents développements ont pris la France complètement au dépourvu, 60 ans d'exploitation impitoyable de l'Afrique de l'Ouest semblant s'effondrer en l'espace de quelques années seulement. Mujtaba Rahman, directeur général pour l'Europe de la société de conseil Eurasia Group, est même allé jusqu'à qualifier les développements anticoloniaux au Niger, qui ont suivi les changements antérieurs au Burkina Faso et au Mali, de "théorie des dominos évidente pour le XXIe siècle".
Il convient de noter que le départ des troupes françaises du Niger ferait du Tchad le seul pays de la région stratégiquement importante du Sahel à maintenir une présence militaire française, bien que de plus petits contingents de troupes françaises soient toujours présents au-delà du Sahel, dans les États membres de la CEDEAO que sont la Côte d'Ivoire, le Gabon et le Sénégal.
Il reste à voir comment la situation au Sahel et dans l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest évoluera. Il est peu probable que la France prenne ces pertes avec élégance. L'élite française est pleinement consciente de sa dépendance totale à l'égard de l'Afrique et de l'exploitation parasitaire qu'elle en fait.
L'ancien président français Jacques Chirac avait déclaré que "sans l'Afrique, la France glissera vers le rang de troisième puissance [mondiale]", faisant écho aux paroles inquiétantes de son prédécesseur François Mitterrand selon lesquelles "sans l'Afrique, la France n'aura pas sa place au XXIe siècle".
La France peut avoir "besoin" de l'Afrique pour continuer à se faire passer pour une puissance mondiale. Mais le fait est que l'Afrique n'a pas besoin, et apparemment ne veut pas ou ne désire pas plus de liens avec la France dans l'ordre mondial multipolaire émergent.
Discours à la conférence "En mémoire de Daria Douguina" (Vienne, Autriche)
1) L'Europe est en guerre, c'est un fait. Comme dans de nombreux exemples du passé, la guerre qui oppose actuellement l'Ukraine à la Russie n'est rien de plus qu'un rouage dans une lutte plus vaste qui implique des économies lointaines, des empires qui montent et qui descendent et des destins qui, jusqu'à récemment, semblaient avoir peu de choses en commun. Pour tous les croyants, les plans impénétrables du ciel sont également impliqués dans cette guerre. Comme dans les mythes anciens, des forces mystérieuses entrent sur le terrain des deux côtés.
2) Daria Douguina est tombée dans cette guerre, c'est là également un fait. Daria Douguina est morte dans une guerre que l'Occident avait déjà commencée en 2014, une année déjà bien lointaine, mais à laquelle elle avait en fait participé il y a bien plus longtemps, seule et avec peu d'alliés, alors que le front semblait encore éloigné et que les canons se taisaient toujours.
3) Cette guerre, dont l'Ukraine n'est que la proverbiale partie émergée de l'iceberg, se déroule partout. Non seulement sur les champs de bataille ukrainiens, mais aussi en Occident même, autour de tous ceux qui tentent de s'opposer à la sédimentation idéologique gluante de l'Occident lui-même, et aussi de s'insinuer en eux-mêmes, sous la forme de déchets toxiques qui tuent les anciennes civilisations qui en sont victimes.
4) Daria Douguina était une aristocrate et elle a quitté ce monde en tant que telle. Aristocrate de l'esprit, née dans un contexte où l'on est éduqué au combat dès le premier jour de sa vie, elle a savouré, étudié et vécu les plus hauts fruits de la culture humaine et, comme pour beaucoup d'aristocrates du passé, les honneurs de la vie réelle supposent le fardeau de la mort.
5) Le fait que la bombe qui l'a touchée était probablement destinée à son père ne fait aucune différence. C'est ainsi que fonctionne la guerre et que meurent ceux qui ont choisi de se battre, frappés par le caprice du destin. Parfois, il s'agit d'un choix délibéré, comme les guerriers kamikazes japonais il y a 70 ans ou le héros italien Pietro Micca, qui s'est suicidé dans la poudrière de Turin pour sauver sa ville des assiégeants du Roi Soleil en 1706.
6) Pour beaucoup de ceux qui meurent aujourd'hui en Ukraine, la guerre n'a pas été un choix volontaire, mais un devoir, un goulot d'étranglement dangereux dont certains ne sortiront pas, pris dans le ravin de leur propre destin. Pour Daria Douguina, il s'agissait au contraire d'un choix qu'elle avait elle-même fait. Beaucoup ont répondu à l'appel aux armes de leur président, Daria a répondu à son appel, ce qui a fait d'elle une aristocrate même dans la mort.
7) Son voyage terrestre, qui s'est achevé aux portes orientales de l'Europe, ressemblait beaucoup à celui d'un homme très différent, Dominique Venner, un autre aristocrate européen qui a terminé sa vie par un acte héroïque, même s'il s'agissait d'un acte d'un autre type en termes d'événement et de contexte. L'essence de son action reste toutefois comparable à celle de Daria Douguina.
8) Les anciens Romains, fondateurs de la première Rome et par conséquent ancêtres spirituels de la troisième Rome, connaissaient depuis leurs débuts les plus archaïques un rituel appelé "devotio" qui leur conférait l'invulnérabilité sur le champ de bataille et qui, selon les chroniques, chaque fois qu'il était célébré, assurait la victoire. Il s'agissait d'un rite obscur lié aux divinités des enfers, qui consacrait le célébrant, un aristocrate romain, aux divinités infernales. Après avoir accompli les rites prescrits, le célébrant, appelé "homo sacer", se jetait dans la bataille en dehors de l'ordre de bataille avec une rage inextinguible et prêt à être tué par l'ennemi. Les ennemis qui le tuent font donc un sacrifice humain aux dieux auxquels le prêtre s'était adressé, menant ainsi le rite à sa conclusion la plus heureuse. Les batailles tournent ensuite à l'avantage du peuple romain qui, contre vents et marées, parvirnt à s'imposer face à des ennemis bien supérieurs en nombre.
9) Venner a laissé sa vie aux portes occidentales de l'Europe d'une manière qui n'est pas si éloignée de celle des prêtres guerriers romains. Bien que leur fin ait été différente, les parcours terrestres de Dominque Venner et de Daria Douguina ont tous deux été volontairement achevés et, par conséquent, aristocratiques. La même essence se manifeste dans les deux actes et montre une matrice commune qui ne meurt pas, malgré les millénaires et les catastrophes.
10) La civilisation guerrière européenne millénaire, produit d'aristocraties guerrières, continue à se manifester par l'intermédiaire d'aristocrates du combat. Venner et Daria Douguina sont deux de ces aristocrates: le premier se suicide derrière les lignes ennemies, la seconde tombe au combat dans les tranchées, face au même ennemi.
11) L'aristocratie du combat et du libre choix, à la fois matrice et origine de la civilisation européenne, est illustrée par la pratique féconde du combat. Thomas Carlyle, un autre partisan posté derrière les lignes ennemies, a décrit en détail qui était l'ennemi idéologique de l'aristocratie. En décrivant l'idéologie de ses ennemis, il l'a appelée "l'idéologie du cochon", qui consacre toute son attention à la matière et ne cherche rien d'autre qu'à "augmenter la quantité de biens accessibles et à diminuer ce qui est hors de portée".
12) Daria Douguina et Dominique Venner savaient très bien que leur choix obéissait à des principes plus élevés que ceux du matérialisme qui a mis fin à leur existence. Le choix de brandir la bannière qui s'oppose au matérialisme est en soi un choix aristocratique qui s'oppose à l'idéologie du cochon et à tout intérêt individuel.
13) Se rapprocher de deux géants comme Daria Douguina et Dominique Venner ne peut pas être une obligation pour tout le monde, les exigences de l'aristocratie ne peuvent pas, par définition, être transmises à la masse. Cependant, répondre à cette exigence devient un devoir pour tous ceux qui, comme ceux qui sont ici, aspirent à devenir l'avant-garde et les porte-étendards de ceux qui s'opposent à l'idéologie du cochon.
Faire partie de l'avant-garde et être porte-étendard est le seul privilège accordé à l'aristocratie dans une société honnête. Tout le reste découle du sacrifice, comme le démontre l'histoire des deux héros que j'ai mentionnés. Pas seulement les sacrifices les plus extrêmes, qui n'arriveront peut-être jamais, mais plutôt une forêt d'offrandes souvent très éloignées de l'héroïsme du champ de bataille, mais tout aussi frustrantes dans la vie quotidienne. Une vie quotidienne qui, en Occident, s'éloigne chaque jour un peu plus de nos idéaux. Nous entendons tous ici, j'en suis sûr, une voix qui nous invite chaque jour à suivre, au nom de nos propres intérêts, ce que Carlyle appelle "l'idéologie du cochon". Daria Douguina est toujours vivante, à la fois dans les bras du Père éternel et dans nos cœurs, et sa voix nous dit chaque jour que nous ne sommes pas des porcs, et que nous ne voulons jamais le devenir. Merci beaucoup.
Stian Jenssen, chef de cabinet du secrétaire général de l'OTAN, a été le dernier à subir de lourdes représailles pour avoir osé affirmer qu'il fallait trouver un moyen de mettre fin à la guerre en Ukraine, en acceptant même, si nécessaire, de céder une partie des territoires actuellement sous le contrôle de Moscou.
Steven Erlanger s'est inspiré de la dure réaction déchaînée contre Stian Jenssen pour rédiger un article réfléchi publié dans le New York Times le 1er septembre avec un titre plus que significatif : "Alors que le conflit ukrainien se poursuit, parler de négociations est devenu presque tabou" (on pourrait supprimer le "presque").
La fermeture de l'espace politico-médiatique
Ainsi le NYT : la réaction brutale subie par Jenssen, "selon certains analystes qui ont été critiqués de la même manière, reflète une fermeture du débat public sur les options possibles pour l'Ukraine au moment même où une diplomatie créative s'avère des plus nécessaires", puisque l'échec de la contre-offensive ukrainienne, que tout le monde pensait gagnante, est désormais évident (à tel point que Zelensky a renvoyé le ministre de la défense, premier bouc-émissaire de cet échec).
Pourtant, "puisque même le président Biden estime que la guerre se terminera probablement par des négociations, Samuel Charap, politologue à la RAND Corporation, estime que dans une démocratie, il devrait y avoir un débat sérieux sur la manière d'y parvenir". Mais même lui a été critiqué pour avoir suggéré que les intérêts de Washington et de Kiev ne coïncident pas toujours et qu'il est important d'évoquer, avec la Russie, une "issue négociée".
Sur ce point, Charles A. Kupchan (photo), professeur à l'université de Georgetown et ancien fonctionnaire d'État américain, a déclaré: "L'atmosphère politique s'est détériorée et, dans l'ensemble, un tabou persiste dans l'espace politique sur la possibilité d'une discussion sérieuse sur la fin de la guerre".
"Kupchan, note Erlanger, sait de quoi il parle. Lui et Richard N. Haass, ancien président du Council on Foreign Relations, ont écrit un article dans Foreign Affairs en avril dans lequel ils exhortaient Washington et ses alliés à élaborer un plan pour passer du théâtre de la guerre à la table des négociations, ce qui leur a valu de nombreuses critiques".
"Ces critiques se sont considérablement intensifiées après que les deux hommes, ainsi que Thomas E. Graham, ancien diplomate américain à Moscou, ont rencontré en privé le ministre russe des affaires étrangères, Sergey V. Lavrov, afin d'explorer la possibilité de négociations."
[...] "Engager une conversation sur un éventuel plan B est une tâche ardue", ajoute M. Kupchan, "comme Jenssen a dû le constater de la manière la plus dure et comme cela nous est arrivé à nous qui essayons d'élaborer des plans B. Nous sommes soumis à des flots de critiques et d'insultes de la part de la communauté internationale. Ce qui était auparavant une sorte de vague tabou est devenu un tabou inviolable".
Constanze Stelzenmüller (photo), de la Brookings Institution, va plus loin en qualifiant d'"immorale" la recherche d'une solution négociée, explicitant ainsi l'implicite de cette dérive. En effet, comme l'indique le mot tabou, il ne s'agit pas d'un déni de nature politique, mais d'un veto, d'un dogme, de nature religieuse, qui n'admet pas d'exception.
Le tabou de la paix et de la guerre éternelle
Ce qui s'est manifesté dans toute son évidence et sa puissance ces derniers mois est issu de l'après 11 septembre et des décennies de guerres sans fin, grâce aussi à la complicité et à la connivence de tant de gens qui sont aujourd'hui horrifiés par le monstre qu'ils ont eux-mêmes créé, le sous-estimant pour certains, l'alimentant pour d'autres.
Au djihad, la guerre sainte, lancé par le fondamentalisme islamique, a répondu la guerre sainte contre la terreur. Des extrémismes opposés qui se sont nourris l'un l'autre et qui, ce n'est pas un hasard, ont trouvé au fil des ans une convergence contre des ennemis communs, comme l'a montré la guerre de Libye, avec Al-Qaïda utilisé comme troupes terrestres de l'OTAN contre Kadhafi ; la guerre du Yémen, avec les milices salafistes en guerre contre les rebelles houtis ; et, enfin (mais on pourrait continuer), la guerre de Syrie, où les islamistes radicaux ont combattu Assad, les milices iraniennes et les Russes.
Ce sont toutes des guerres dans lesquelles l'espace du débat public s'est rétréci, la guerre syrienne devenant une poigne de fer, au sujet de laquelle rien n'était (ou n'est) autorisé à être dit qui diverge de la narration dominante.
Ceux qui ont osé remettre en question les récits dominants au fil du temps ont été évités, marginalisés ou normalisés, même si la plupart d'entre eux ont été contraints de se normaliser pour ne pas perdre leur emploi ou ont embrassé avec enthousiasme le nouveau credo pour les récompenses et les carrières qu'il leur assure.
Ainsi, les guerres sans fin de ces décennies ont également servi de banc d'essai pour façonner un espace politico-médiatique adapté à l'engagement actuel, beaucoup plus difficile que les précédents, qui étaient également prévus depuis des décennies, puisque le moment de la confrontation directe entre l'Empire occidental et l'Empire oriental, plus varié, était l'horizon ultime des guerres sans fin.
Le scénario orwellien de Big Brother se réalise sous une autre forme, où le super-État dirigé par Big Brother, dont les citoyens sont benoîtement enrégimentés, mène une lutte éternelle avec les deux puissances opposées, l'Eurasie et l'Estasie... spes ultima dea.