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lundi, 31 mai 2021

Délires pédagogiques à gogo

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Délires pédagogiques à gogo

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

La nouvelle n’a choqué que les conservateurs murés dans leurs châteaux ou dans leurs villas. Entièrement focalisé sur son hystérie pandémique et vaccinale, le Système médiatique n’a pas répercuté la nouvelle. Les universités britanniques souhaitent ne plus pénaliser les fautes d’orthographe et de grammaire au moment de la correction des examens afin de rétablir l’égalité de traitement entre les étudiants européens favorisés et leurs condisciples originaires d’autres ethnies. Cette décision incroyable porte un violent coup à l’instruction et à la transmission des savoirs.

L’école française subit pour sa part une dévastation similaire. Les enseignants abandonnent la notation sur 10 ou sur 20, trop discriminatoire, et choisissent d’évaluer par compétences. L’écriture inclusive et ses nombreuses mutations féministes contaminent le monde universitaire, les organisations syndicales et certains cours dans les établissements primaires et secondaires. En parallèle au sempiternel discours de lutte contre le racisme, blablabla, et pour la défense des valeurs de la République, les directives ministérielles enjoignent l’école de s’emparer de l’outil numérique. Les premier et troisième confinements des printemps 2020 et 2021 facilitent la réalisation de cette injonction avec les cours à distance. Mais les résistances restent vives, ce qui irritent bien les zélotes du « monde d’après ».

Bien avant l’actuelle crise sanitaire, Le Monde du 5 septembre 2018 publiait la tribune d’un certain Gilles Dowek, chercheur à l’INRIA (Institut national de recherches en informatique et en automatique). Cet informaticien faisait très fort puisqu’il intitulait son texte « Interdisons les stylos dès la rentrée prochaine ». Au mépris d’une réalité observée dans les classes de la Silicone Valley où les geeks exigent que leur progéniture soit le moins possible au contact avec l’univers connecté, cet enseignant à l’École normale supérieure de Paris – Saclay estimait que « les compétences nécessaires pour écrire un texte avec un logiciel de traitement de texte et avec un stylo sont différents ». L’auteur de la présente chronique le confirme puisqu’il rédige toujours le premier jet au stylo encre avant de le saisir sur l’ordinateur, de l’imprimer et de le retravailler à la main. Gilles Dowek ne cachait pas sa colère. « Si les députés tenaient absolument à voter une loi, ils auraient pu apporter leur pierre à cette nécessaire transformation de l’école en déclarant l’utilisation, par un élève, d’un stylo ou de tout autre équipement encreur interdite dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, précisant qu’un membre de l’équipe de direction ou un personnel enseignant pouvait confisquer le stylo ou tout autre équipement encreur de l’élève, si celui-ci a fait usage en méconnaissance de l’article précédent. » Proposition délirante ? Il s’agissait en fait d’une réaction ironique à l’interdiction du téléphone portatif dans les écoles et les collèges. Or, les blagues potaches deviennent souvent quelques années plus tard effectives. Qui se serait douté que le « saint » qui débute les noms d’un grand nombre de localités en France disparaîtrait dans le cadre des regroupements de communes ? De nombreuses écoles primaires aux États-Unis n’enseignent plus l’écriture avec un stylo.

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Libération du 3 septembre 2018 faisait-il une autre blague en publiant le point de vue commun d’Arnaud Hoedt et de Jérôme Piron en faveur de la réforme de l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir ? Soutenus par un certain Conseil international de la langue française, des instances de la Fédération Wallonie – Bruxelles qui coordonne l’action des gouvernements régionaux de la capitale belge et de sa partie francophone, et de Bernard Pivot – qu’on a connu plus avisé -, ces deux hurluberlus ne veulent plus écrire « Les fleurs que j’ai cueillies – i.e.s », mais « Les fleurs que j’ai cueilli – i ». Les deux anciens professeurs de français voudraient revenir sur une règle pétrie d’italianisme entérinée par l’Académie Française à la fin du XVIIe siècle.

Dans le même désordre grammatical, d’autres soutiennent l’accord de proximité qu’auraient pratiqué Madame de La Fayette et l’immense Racine. Qu’est-ce que cet accord de proximité ? L’accord se fait avec le dernier sujet. Par exemple, « les hommes et les femmes sont parties – i.e.s -, car le participe passé s’accorde ici avec “ femmes ” ». En revanche, la phrase « les femmes et les hommes sont partis s’écrit i.s parce que “ parti ” s’accorde avec “ hommes ” ». Avec cette fluidité revendiquée, nouvelle confirmation du « monde liquide », on souhaite bien du plaisir aux élèves dyslexiques. Pourquoi faire simple quand on peut faire très compliqué ?

Pendant ce temps, Jean-Michel Blanquer interdit l’emploi de l’écriture inclusive dans l’Éducation nationale. Cette décision déclenche les foudres de quelques syndicats décatis qui en appellent à la désobéissance… Quelle audace ! Ils oublient que le même Blanquer, fidèle au « en même temps » de son maître élyséen généralise la féminisation des fonctions. Pourquoi alors ne pas appeler son épouse à l’instar du russe « Mme Blanquera » ? Et puis, la féminisation des titres ne peut que peiner les non-binaires et autres personnes – fluides… La neutralisation des mots n’est pas pour demain.

Écriture inclusive, fin des notes chiffrées, invasion intrusive du numérique, anglicisation forcée et édulcoration des langues participent à cet autre « Grand Remplacement » mental, à une gigantesque vague déconstructiviste qui accélère l’inexorable déclin du niveau intellectuel en France et en Europe. Le rejet de toute complexité inhérente au grand fleuve de la Vie aboutit à la simplification délétère des existences. En ciblant les jeunes générations, ces pédagogues fous, responsables d’une baisse cognitive flagrante, tablent sur un abrutissement massif afin d’imposer l’idiocratie planétaire, paravent ultime à la ploutocratie financière globalitaire.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 216, mise en ligne sur TVLibertés, le 25 mai 2021.

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Importance du celtisme dans les Asturies

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Importance du celtisme dans les Asturies

Carlos X. Blanco

Quelle est l'importance du celtisme, au-delà de la curiosité scientifique ? Son importance en termes de préoccupations identitaires ne fait aucun doute. Le passé celtique des Asturies, partagé avec celui de nombreuses régions de la péninsule ibérique, est très remarquable. En fait, si nous nous débarrassons du préjugé linguistique de certains étrangers (seules les nations qui conservent un parler celtique seraient celtiques), il existe en Espagne et au Portugal des témoignages accablants de la présence celtique, ainsi que de la celtisation profonde de nombreux peuples autochtones dont nous sommes issus. Ces super-vies vont au-delà des archives archéologiques ou de quelques traces dans la toponymie, par exemple. Ce sont des "expériences" qui s'actualisent dans une myriade de rituels, de festivals, d'habitudes collectives. Le fait que dans le Pays Asturien (qui dépasse largement l'actuelle Principauté et s'étend à ce qui, au début du Moyen Âge, était un Royaume dans le nord-ouest de la péninsule), tant de rituels, de fêtes, d'habitudes et de physionomies celtiques aient été préservés ne peut s'expliquer uniquement par un isolement séculaire. L'isolement des Asturies et du nord-ouest de l'Espagne par rapport aux territoires qui, plus tard, ont été le théâtre de l'histoire de la grande politique, du grand destin, n'explique pas tout. Il s'agit d'une considération purement négative d'un fait : le fait qu'il existe une celticité très marquée dans notre pays. Outre ce factum, pris dans un sens positif, il faut tenir compte d'une chose qui passe généralement inaperçue : des racines solides, une volonté collective et persistante de rester ce que nous sommes.

Du celtisme asturien, de nombreux points doivent être clarifiés, et mis au milieu de tous, aussi bien du côté des détracteurs que devant les yeux des partisans. Le premier de ces points est qu'il n'est pas possible d'être ni détracteur ni partisan. C'est un fait, un substrat factuel qui est là, attendant d'être de plus en plus exploré. Ce substrat ne contredit en rien la profonde romanisation de nombreuses zones de la Principauté actuelle. Rome nous a légué la langue et de nombreuses institutions. L'étude historique d'un pays implique l'analyse des différentes couches de sa constitution, ainsi que la dialectique et la synthèse de ces substrats. La romanisation du Nord-Ouest lui-même a été très différente de celle des régions du sud et de l'est de l'Espagne : le substrat est informé par les structures de colonisation d'une manière différente. Ici, les Romains sont venus avec le feu et l'épée, pas comme alliés. C'est là que se déroulent les guerres asturiennes, bien plus féroces que les guerres de Gaule et de Germanie de l'époque. On ne colonise pas ou on ne gouverne pas de la même manière un peuple soumis manu militari, et avec une grande distance ethnique d'eux, comme un peuple ami, préalablement soumis à l'influence des civilisations méditerranéennes. Rome y a trouvé de véritables peuples "barbares", c'est-à-dire des altérités inassimilables sauf par la guerre et l'asservissement.

Et c'est là qu'intervient le principal facteur identitaire du celtisme, qui a pu jouer un rôle politique et culturel majeur. Mais, comme ce fut le cas pour la langue asturienne, elle n'a finalement joué aucun rôle. Je pense que cela n'a pas été le cas en raison du lavage de cerveau des "impérialistes hispaniques" dans une large mesure. Les Asturiens, comme d'autres peuples voisins et ethniquement très proches (Galice, Cantabrie, León), ont une conscience assez diffuse de l'existence de deux "Espagnes". Plus d'Espagne "rouge" et "bleue", car la bipolarité de la guerre civile est déjà loin derrière nous, et le clivage purement idéologique, en plus d'être désastreux, n'est plus opérant au XXIe siècle. Je me réfère plutôt au clivage entre l'Espagne atlantique et l'Espagne méditerranéenne, qui a servi à de nombreux Asturiens ayant une conscience identitaire - à droite ou à gauche du spectre idéologique - à trouver un miroir dans lequel revoir leurs propres racines, leurs entrailles, leurs particularités face à un moule "castellaniste" et jacobin fondamentalement méditerranéen.

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L'Espagne castillaniste sent déjà le cadavre. Le schéma que les hispanistes castillanocentriques d'aujourd'hui utilisent n'est rien d'autre qu'une transposition du schéma de l'impérialisme romain. Ce que Gustavo Bueno, père et fils, ce dernier avec ses acolytes et ses pseudonymes, ont fait au cours des dernières décennies n'est rien d'autre que de défendre des idées extrêmement usées et discréditées, les idées d'un impérialisme que j'appelle absorbant, dont le paradigme est Rome et que l'Espagne des Habsbourg a à peine essayé d'imiter. VOX même, et les régénérateurs qui ont précédé ce mouvement, se sont fait une idée absolument déformée de l'Empire hispanique, une idée jacobine, qui ne correspond pas du tout à la nature agglutinante de la couronne espagnole des Habsbourg, plus proche de l'impérialisme également agglutinant de ses parents autrichiens. J'appelle Empire agglutinant celui qui centralise au sommet -dans une Couronne et dans la même idée spirituelle de -Communauté de destin- une hétérogénéité de territoires, de juridictions, de principautés, de villes, de royaumes. L'Empire à la manière du Saint Empire romain germanique, ainsi que de l'Empire austro-hongrois, mais surtout de celui-ci, était plutôt une idée : l'idée d'une fédération efficace d'égaux dans la diversité. L'extrême droite espagnole, ainsi que l'extrême gauche espagnole, se sont donné la main sur ce point. L'intérêt de vouloir nous imposer à tous une vision uniforme, unitaire, homogène, jacobine. Certains, en revitalisant l'idée d'un Empire hispanique qui n'était en rien une transcription de l'Empire romain en pleine modernité. Ce n'est pas parce que la Couronne des Habsbourg d'Espagne était encore totalement imprégnée de droit et de philosophie politique germaniques. Une union par le haut, par la Couronne et par les grandes maisons nobles, une union de la diversité. Gustavo Bueno et ses proches (dans les différents sens du mot "proches") veulent nous confondre tous, en faisant de l'Empire espagnol (XVIe-XVIIe siècles) un Empire absorbant, alors qu'il s'agissait, en réalité, d'un Empire agglutinant, bien que l'hégémonie castillane ait certainement été excessive et même préjudiciable à cette même nationalité.

 

Le Nihilisme en Six Questions

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Café Noir N.25

Le Nihilisme en Six Questions

 
Friedrich Nietzsche, Arthur Schopenhauer, Johann Wolfgang von Goethe, Martin Heidegger, etc.
Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
Émission du vendredi 28 mai 2021 avec Pierre Le Vigan & Gilbert Dawed.
 
Pierre Le Vigan – Achever le Nihilisme (Éditions Sigest) https://edsigest.blogspot.com/2019/01...
 

Puissance économique et dynamisme civilisationnel...

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Puissance économique et dynamisme civilisationnel...

par Philippe Conrad

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Conrad, cueilli sur le site de l'Institut Iliade et consacré à la question de la puissance économique.

Agrégé d'histoire et professeur à l’École de guerre, successeur de Dominique Venner à la tête de la Nouvelle revue d'histoire, Philippe Conrad est l'auteur de nombreux ouvrages dont Histoire de la Reconquista (PUF, 1999), Le Poids des armes : Guerre et conflits de 1900 à 1945 (PUF, 2004), 1914 : La guerre n'aura pas lieu (Genèse, 2014) et dernièrement  Al-Andalus - L’imposture du «paradis multiculturel» (La Nouvelle Librairie, 2020).

Puissance économique et dynamisme civilisationnel

L’homme européen tel qu’il s’est défini au fil des siècles est un créateur de richesses et de puissance économique. Il convient de renouer avec cette vocation à l’heure où s’affirment de nouveaux compétiteurs, notamment en Asie.

La crise de civilisation que traverse aujourd’hui notre Europe a conduit légitimement à remettre en question l’hégémonie exercée depuis deux siècles par les valeurs économiques. Le libéralisme et le marxisme – qui ont longtemps dominé le paysage idéologique – ont en effet favorisé et justifié l’émergence d’un homo economicus réduit au rang de simple consommateur et oublieux des dimensions morales ou esthétiques qui prévalaient dans les sociétés traditionnelles.

Le rejet du processus mortifère qui s’est ainsi engagé a naturellement conduit à une remise en cause de la primauté accordée à l’économie et à la critique d’une « société marchande » au sein de laquelle l’hypertrophie de la « troisième fonction » se serait opérée au détriment des fonctions de souveraineté et de défense, traditionnellement dominantes. Une critique largement fondée, mais qui ne doit pas occulter le fait que notre monde européen n’a pu réaliser l’ascension historique que nous connaissons qu’au prix d’une réussite économique indispensable à son développement.

Des cathédrales qu’il faut bien financer !

C’est vrai au lendemain de l’an mil quand, après les siècles sombres du Haut Moyen Âge qui ont suivi l’effondrement de la Pax Romana, l’Occident latin connaît un réveil spectaculaire, première étape d’une montée en puissance qui va le conduire, huit siècles plus tard, à la maîtrise du monde.

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Le dynamisme démographique retrouvé, l’ampleur des grands défrichements, l’apparition de nouvelles techniques agricoles, la renaissance urbaine et celle du grand commerce préparent l’émergence des grands États dynastiques et la projection d’une Europe demeurée longtemps soumise aux pressions barbares successives vers l’espace méditerranéen, ce que confirment l’aventure des croisades de Terre Sainte et les progrès de la Reconquista ibérique.

Dans le même temps, l’Europe « se couvre d’un blanc manteau d’églises », développe ses écoles monastiques qui récupèrent l’héritage antique, voit naître ses Universités et lance vers le ciel les flèches de ses cathédrales gothiques, prélude à l’essor, dans les cités industrieuses d’Italie ou de Flandre, à ce qui deviendra la flamme de la Renaissance.

L’Europe désenclave le monde…

Après les temps de peste et de crises des XIVe-XVe siècles, l’essor économique est bridé par la famine monétaire liée aux limites que rencontre la production des métaux précieux. Ce sont les progrès en matière de technique navale et le souci de contourner le nouvel obstacle ottoman, afin de renouer avec les routes du grand commerce naguère établies avec l’Orient, qui conduisent Portugais et Espagnols sur les voies maritimes. Elles vont rapidement permettre de réaliser le premier désenclavement du monde, au profit de la péninsule européenne de l’immense bloc eurasiatique.

Les nouvelles routes du commerce et les nouvelles ressources en métal précieux qu’offre le Nouveau Monde engendrent alors une phase de croissance séculaire, qui voit Lisbonne, Séville, Amsterdam et Londres se succéder – dans le rôle de ville-monde chère à Fernand Braudel – à la République des doges, maîtresse pendant plusieurs siècles de l’espace méditerranéen. Capitalisme commercial et commerce colonial contribuent au renforcement économique et politique d’une Europe qui impose toujours plus sa marque sur le monde à travers son hégémonie navale et les voyages de découverte qui lui permettent, en l’espace de trois siècles, de s’approprier le monde.

Une position désormais dominante, relayée et complétée, à partir du XVIIIe siècle, par le développement de la révolution industrielle, née en Angleterre mais diffusée ensuite dans tous les grands états du continent. Une révolution industrielle qui va de pair avec une nouvelle lecture du monde inspirée par l’esprit des Lumières. La croissance économique qui s’en suit et la prospérité grandissante que connaissent alors le vieux continent et son excroissance nord-américaine garantissent la mainmise sur la planète et ses ressources, en même temps que la domination des « puissances » qui décident du sort du monde jusqu’au XXe siècle.

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L’impératif de la puissance économique

Cette situation est aujourd’hui remise en cause par l’apparition de nouveaux compétiteurs, notamment en Asie. La maîtrise des techniques et les capacités d’innovation qui ont garanti pendant longtemps l’hégémonie européenne ne sont plus désormais l’apanage exclusif de nos sociétés. Les mondes nouveaux aujourd’hui en gestation, parfois avides de revanche, entendent bien se doter des armes qui ont fait le succès des puissances occidentales de naguère.

Il apparaît donc évident que les tentations diverses poussant à sous-estimer la part de l’économie dans la prospérité des peuples et dans leur niveau de civilisation ne doivent pas faire illusion, même s’il est légitime de fixer à la production de richesses et à la satisfaction des besoins matériels des populations des objectifs et des limites qui permettent de ne pas remettre en cause les grands équilibres environnementaux et humains. Le but assigné à l’économie ne peut en effet se résumer à la fabrication de l’homo consumans et de l’homo festivus, chers à certains de nos contemporains mais oublieux de nos fondamentaux anthropologiques.

L’histoire nous apprend que l’homme européen tel qu’il s’est défini au fil des siècles, dans son action, dans son imaginaire et dans sa vie spirituelle, a toujours su susciter la puissance économique tout en la soumettant à des vues plus hautes.

Philippe Conrad (Institut Iliade, mai 2020)

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dimanche, 30 mai 2021

Revue de presse de CD 30 mai 2021

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Revue de presse de CD

30 mai 2021

BIELORUSSIE

L’activiste biélorusse Roman Protassevitch aurait bien accompagné la milice néonazie Azov en Ukraine en 2014

Arrêté dans des conditions largement condamnables, l’opposant biélorusse Roman Protassevitch aurait accompagné la milice néonazie Azov en Ukraine en 2014. Plusieurs éléments viennent corroborer ces accusations, et l’ancien commandant du bataillon Azov André Biletsky a même récemment confirmé les faits.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/l-activiste-bielorusse-roman-pr...

FRANCE

Dépenses publiques : trop c'est trop !

Face à l'urgence économique, la France dépense des milliards qu'elle n'a pas. Cela ne peut plus durer, estime Adnan Valibhay. Il faut réduire la dépense publique faute de quoi le pays ira dans le mur.

Les Echos

https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-depen...

GEOPOLITIQUE

Quelles nouvelles leçons sur le renseignement ? Entretien avec Philippe Hayez

Quelles sont les idées fausses à bannir concernant les services de renseignement aujourd’hui ? Quelle contradiction entre un renseignement profondément enraciné dans la culture du secret et les démocraties fondées sur le suffrage et la transparence ? Si l’utilisation du renseignement se double bien d’un enjeu moral… comment savoir les limites à ne pas franchir ? Vers un marché commun du renseignement ? Philippe Hayez, co-auteur avec Jean-Claude Cousseran du livre « Nouvelles leçons sur le renseignement » (éd. Odile Jacob, 2021) répond sans langue de bois aux questions de Jeanne Durieux.

Diploweb.com

https://www.diploweb.com/Quelles-nouvelles-lecons-sur-le-...

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REFLEXION

Covid-19 : le contrôle des populations par la peur était « totalitaire », admettent des responsables scientifiques

Au Royaume-Uni, les membres du Comité d’études comportementales au sein du Groupe scientifique sur la grippe pandémique expriment des regrets concernant des méthodes « contraires à l’éthique », selon The Telegraph du 14 mai.

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/05/19/covid-19-lutilisati...

SANTE

Origines du Sars-Cov-2 : la vérité s’est-elle échappée du laboratoire ?

La revue scientifique Science publie ce 13 mai 2021 une lettre d’une vingtaine de chercheurs américains réclamant une enquête sur les origines du Sars-Cov-2. « Nous devons considérer sérieusement les deux hypothèses, celle de l’origine animale et celle de la fuite d’un laboratoire jusqu’à ce que nous ayons suffisamment de données », écrivent-ils. De son côté, le rédacteur en chef explique : « Le but de notre rubrique Science’s Insightsest d’offrir aux scientifiques le meilleur espace de discussion sur la science. Aussi, vu l’importance du sujet, l’ampleur de l’expertise et les qualifications éminentes des auteurs, la décision de publier leur lettre était facile. »

PMO

https://chimpanzesdufutur.files.wordpress.com/2021/05/la-...

Les arguments contre le passeport vaccinal européen

À Bruxelles, la Commission européenne et les États membres ont peaufiné les détails du soi-disant certificat vert numérique de l’Union européenne, un nouveau nom stylé pour ce qui est essentiellement un passeport vaccinal européen. Pour l’essentiel, le programme est censé remplacer le test Covid-19 que les voyageurs sont désormais tenus de présenter négatif à leur arrivée ou avant leur départ d’un pays de la zone.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/05/27/396280-les-argume...

 

 

vendredi, 28 mai 2021

La Troisième Rome et le « Culte de la Victoire »

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La Troisième Rome et le « Culte de la Victoire »

par Vladimir Karpets

Aujourd’hui, nous pouvons parler ouvertement de développer une « religion civique » en Russie, le « culte de la Victoire », en la combinant avec une « nouvelle idéologie nationale », qui est en gestation depuis longtemps. De plus, pour quelques « nouveaux étatistes » et pour une partie des communistes, incluant le contexte plus large des « soviets », de l’« URSS-2 », etc., c’est presque le salut, alors que pour d’autres, particulièrement les libéraux et les « petits-nationalistes », et même les « régionalistes » (ou séparatistes, si vous préférez), cela cause une tempête d’émotions. La sympathie pour notre armée et opposants politiques de la dernière guerre mondiale unit une variété de groupes : des libéraux aux nazis russes, des oligarques juifs aux antisémites quasi-déments. Malheureusement, certains membres du dénommé « spectre blanc » s’y sont joints, et à notre avis, n’ont fait que pousser les Russes à se détourner de la « cause blanche », d’une sympathie qui était plus répandue au début des années 90. Il faut noter que cela ne concerne pas « le fascisme et l’antifascisme » de l’idéologie nationale-socialiste (c’est une question particulière), mais surtout la campagne militaire de l’Allemagne dans les années 40.

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Cependant, le « culte de la Victoire » existe manifestement, et certains pensent qu’il a remplacé (même dans l’Union Soviétique) le « culte de la révolution ». D’autres, au contraire, pensent qu’en le renforçant, nous perpétuons notre « héritage soviétique », rendant le « culte d’Octobre » irrévocable. En tous cas, nous ne portons pas de jugement: que chacun tire ses propres conclusions. Le sens est important, et nous devons commencer par le concept de « religion civique ». N’importe laquelle, mais pas celle-ci… Littéralement, le « citoyen » est un « bourgeois », un simple résident d’une ville. Donc, un paysan ou un militaire n’est pas un citoyen. Un Russe n’est pas un « citoyen », un « monsieur », un « ami » - il peut tout être, même un « cher » ou un « bon homme ». Mais pas un « citoyen ». Un « citoyen » est un « chef » ou un « enquêteur ».

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Nous devrions prendre cela en compte. Ni la « société civile » ni la « religion civique » ne viennent « de chez nous ». Mais de quoi s’agit-il ? Et quel lien cela a-t-il avec l’Orthodoxie ?

En fait, la Troisième Rome, qui fut nommée aux XVIe/XVIIe siècles (par le Métropolite Zosime à Philothée de Pskov) en relation avec l’héritage de la Nouvelle (Seconde) Rome, l’« Empire des Romains » chrétien (l’empire byzantin) après la chute de l’Empire russe et de l’URSS « athée », légitimise soudain l’héritage de l’Ancienne (Première) Rome avec la Rome préchrétienne et partiellement le début de la Rome chrétienne, ce qui est clairement « spontané ».

Comme nous le savons, l’ancienne Rome avait des cultes religieux parallèles (c’est-à-dire associés à l’Autre monde), qui comportaient un hommage à l’empereur en tant que Pontifex Maximus, le plus grand constructeur-de-pont. L’adoration du « génie de l’Empereur », c’est-à-dire l’« esprit gardien », était accomplie en brûlant de l’encens à coté de sa statue. Nous devons noter que l’encens était brûlé mais qu’il n’y avait pas de sacrifice (et surtout pas de sacrifice humain), ainsi qu’on le suppose parfois, et pas à l’Empereur lui-même mais seulement à son « génie ». Cela n’a rien en commun avec la forme originelle du vrai « paganisme » ontologique, c’est-à-dire les sacrifices humains. En fait, c’est tout à fait différent de ce qui était pratiqué par les plus anciens prêtres et rois (mais pas par tous).

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Le véritable « culte de la Victoire » était lié à ce culte qui, en fait, « changea de visage ». L’Autel de la Victoire qui était situé dans le bâtiment du Sénat (la Curie) incluait une statue en or de la Victoire avec des ailes et tenant la couronne de lauriers du vainqueur dans une main. Elle fut placée ici par Octave en 29 av. J.C. L’autel fut enlevé de la Curie par l’Empereur Constantin II en 357, y fut replacé par Julien l’Apostat, puis à nouveau enlevé par Gratien en 382. Cela fut suivi par des changements radicaux. En 381, l’Empereur Théodose le Grand (qui était le co-souverain à cette époque) adopta une loi privant les apostats chrétiens de tous leurs droits civiques. En 382, Gratien refusa de porter le titre de Pontifex Maximus. Après la mort de Gratien, le préfet de Rome Quintus Aurelius Symmachus demanda à plusieurs reprises à Valentinien II de restaurer l’autel. Ses demandes soulevèrent une forte opposition de la part de Saint Ambroise, et Symmachus dit que la destruction de l’Autel de la Victoire était une barbarie injustifiée. Cet autel était « la garantie d’un accord général et de la loyauté de chacun » ; il était le gardien de la gloire de Rome et de la moralité romaine. Toutes les autres demandes pour restaurer l’autel furent rejetées, mais il fut restauré par l’usurpateur Eugène durant son bref règne en 392-394, puis il fut définitivement enlevé du bâtiment du Sénat. Son sort ultérieur est inconnu.

C’était plutôt une cérémonie symbolique, pas un culte ; du moins, nous n’avons aucune information sur de véritables « mises à mort et résurrections » ou à d’autres cultes romains durant cette époque. Si elles étaient réelles, nous en aurions quelques indications. Les sophistes et Socrate ont vécu bien longtemps avant cela, et pourtant les mystères sacrés ont apparemment tout préservé.

En fait, l’Union Soviétique avait à peu près la même chose. En même temps, la nature du culte est la chose importante, et voyons maintenant comment ses participants l’expliquent. Si la victoire soviétique de 1945 fut expliquée par l’invincibilité de l’idéologie communiste ou du « patriotisme du peuple soviétique » (parfois, Staline disait « des Russes »), après le rejet de l’aspect « soviétique », et spécialement après l’effondrement de l’URSS, le renouveau de la mémoire de l’aspect spirituel de la Victoire et le renouveau par Staline de la position de l’Eglise russe et le lien entre la prière des croyants et la victoire militaire commencèrent. Cela s’est conservé, et c’est très bien. De plus, c’est la position de l’Eglise qui était partiellement légitimée et qui légitime encore le pouvoir soviétique pour de nombreux croyants orthodoxes, contribuant ironiquement au « bloc des communistes et des non-membres du Parti » (bien qu’aujourd’hui les deux ont d’une certaine manière échangé leur place: la minorité communiste n’est pas au pouvoir).

Nous devons être honnêtes. Personnellement, j’ai clairement une attitude orthodoxe envers la « Grande Victoire » et je peux voir que tout le monde ne voit pas les choses de cette manière, et je ne parle pas de la « classe créative » et de l’opposition délibérée, mais de la « majorité morale », de la « majorité soviétique », qui a généralement conservé la vision-du-monde « soviétique ». Pour beaucoup d’entre eux, toute révision de la vision soviétique est vue comme une trahison. Il y a beaucoup de gens qui ont cette opinion, et bien sûr, ils ont raison de leur point de vue.

Pendant les années d’anarchie, les libéraux réussirent à discréditer tout ce qui était « non-soviétique ». Ceux pour qui la « marque URSS » s’était transformée en fonds de commerce politique spéculent là-dessus (c’est un phénomène nouveau, mais très caractéristique). Il y a ceux qui ne peuvent pas « accepter » les tragiques antinomies de l’Ancien Testament dans le christianisme, et qui s’orientent donc vers un « nouveau paganisme ». Il y a ceux qui ne sont pas prêts à accepter la base ascétique de l’Eglise et qui remarquent donc avec enthousiasme que les croyants orthodoxes ne la respectent pas, particulièrement les prêtres. Et il y a les simples incroyants (bien que cela soit une illusion). Mais le fait demeure : la « minorité immorale » veut surtout que la « majorité morale » entre en conflit avec l’Eglise. La dernière tentative sérieuse fut faite sous Khrouchtchev, et s’il était resté au pouvoir, elle aurait probablement été victorieuse. Khrouchtchev, contrairement aux « intellectuels athées des années 1920 », misait sur les « gens ordinaires ». Il ne faut pas se faire d’illusions ici.

En général, la situation avec le « culte de la Victoire » rappelle la période entre les règnes de St. Constantin le Grand (306-337) et de St. Théodose le Grand (379-384, co-souverain avec Gratien, –395), le dernier souverain de l’Empire non-divisé. Il fut le premier de tous les empereurs romains à ne pas se faire appeler Pontifex Maximus, et l’empire s’effondra sous son règne. Sans remettre en question la sainteté de St. Ambroise (qui ne dépend pas de sa position politique, mais de ses réussites et de ses dons spirituels), nous pouvons nous demander: Symmaque avait-il politiquement raison, même historiquement? En tous cas, c’est ainsi que cela se passa, et la Nouvelle (Seconde) Rome, entièrement basée sur un christianisme strict, exista pendant plus de mille ans, la durée maximale pour un empire, d’après la théorie des cycles historiques. Et cela sans le culte de la Victoire.

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Le fameux article « L’Empire et le Désert » de l’archiprêtre Giorgy Florovsky fut écrit du point de vue d’un « homme de l’Eglise », l’Ecclesia, et non de l’Empire. Il écrit : « le monachisme n’était pas considéré originellement comme une voie pour des hommes particuliers, mais plutôt comme une application cohérente des vœux chrétiens universaux et obligatoires. Parmi tous les compromis historiques, c’était un appel et un rappel puissant. Mais le pire compromis apparut quand le monachisme fut réinterprété comme une voie exceptionnelle. Non seulement la société chrétienne fut divisée en “religieux” et en “laïcs”, mais l’idéal chrétien lui-même fut rejeté, ce qui introduisit une distinction insidieuse entre “essentiel” et “mineur”, “obligatoire” et “optionnel”, entre “règle” et “conseil”. En fait, toutes les “règles” chrétiennes sont des conseils, et tous les “conseils” sont obligatoires. L’esprit de compromis s’introduit dans la réalité chrétienne, quand “bon” à la place de “meilleur” est officiellement permis et même encouragé. Ce compromis est peut-être presque inévitable, mais il doit être honnêtement reconnu comme un compromis ».

Florovsky, dont le parcours est très caractéristique, commença ses œuvres scientifiques et littéraires en tant que patriote orthodoxe russe et membre du mouvement eurasiste, et termina sa vie en œcuméniste convaincu et en partisan de la politique US. Le lien épistémologique entre l’« Empire » et le « désert » est facilement visible dans son cas. Florovsky était un partisan du « Christianisme raffiné » et n’aimait pas l’idée d’Empire. D’une manière générale, c’est une position « judéo-chrétienne » et pas « helléno-chrétienne », bien que l’archiprêtre Georgy était ethniquement russe.

C’est la position de la « justesse destructrice ». On peut reconnaître la justesse de la vision de l’archiprêtre Georgy. L’Empire était un compromis, spécialement dans des questions importantes comme le mariage, la vie de famille, et l’ascétisme. Il y a de nombreuses indications historiques que la persécution des chrétiens ne fut pas associée au refus de « brûler de l’encens » en hommage à l’Empereur, mais au refus (spécialement de la part des femmes chrétiennes) d’une vie sexuelle, incluant le mariage, ce qui causa l’irritation de la foule romaine. Oui, quand l’Empire refusa d’accepter cela, une grande partie des évêques accepta l’impératif du mariage du corps « pour le bien du monde », puisque « le sel commençait à perdre de son pouvoir ». Mais le contraire est vrai aussi, à savoir la « pratique religieuse »  régulière et l’« ascétisation » de l’Empire. La transformation complète en église, avec toutes ses conséquences, aurait signifié son autodestruction. La position juste de Florovsky est morte, et même sacrifiée. Non seulement un « compromis » était nécessaire, mais aussi une  « justification du compromis ». De même qu’au temps de l’URSS, il y avait besoin d’une justification du « compromis de Souslov » entre le socialisme « révolutionnaire » et le socialisme « réel », et peu de gens à part Souslov comprenaient cette « dialectique défensive ». Maintenant cela ne compte plus : il n’y a plus d’Union Soviétique, et le « marxisme-léninisme » est mort. Mais la combinaison du « chrétien » et du « pas trop chrétien » dans la société russe moderne est extrêmement importante.

En fait, cela revient en fin de compte à la relation entre « Rome et Jérusalem ».

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Il y eut des tentatives de construire la Nouvelle Jérusalem à l’intérieur de Moscou : le Palais de l’Opritchina d’Ivan le Terrible. La foudre l’incendia, mais personne ne fut brûlé. Le Tsar comprit (il comprenait toujours tout) que la construction devait être stoppée. Boris Godounov voulut reconstruire le Kremlin en accord avec l’image de Jérusalem; le sort de Moscou durant le Temps des Troubles est bien connu. Le patriarche Nikon le construisit près de Moscou, mais pas à Moscou. La situation fut compliquée par la réforme désastreuse, incluant la « réforme du Livre » – elle eut bien lieu, mais le monastère fut construit quand même.

Dans le contexte soviétique laïc, « inférieur », nous pouvons réduire le problème aux concepts de compromis d’une part, et d’utopie d’autre part. Durant les années soviétiques, peu avant la fin de l’Union Soviétique, le même utopisme (bien que différemment interprété) apparut dans les appels à « faire de Moscou une ville communiste modèle » (ironiquement, selon Florovsky).

Nous devons revenir directement au culte. La liturgie orthodoxe est claire maintenant. « Le culte de la Victoire », tel qu’il existait à Rome, n’était pas vraiment religieux. S’il en avait quelques éléments (brûler de l’encens, comme un écho du sacrifice des victimes), nous n’en avons aucun. Le « culte de la Victoire » est stérile. Oui, le « culte de la Victoire » est une sorte de religion (un lien entre les gens de ce monde et de l’Autre monde) de la « majorité morale » nationale-soviétique, qui continue à être soviétique (sans porter de jugement), en dépit de la « minorité créative et immorale ».

Mais, à la différence du vieux christianisme romain et du vieux « paganisme » romain, l’Orthodoxie et le « culte de la Victoire » dans l’actuelle période de transition de la « Nouvelle Russie » ne se contredisent pas, comme aujourd’hui dans la controverse entre l’Orthodoxie et, par exemple, le « nouveau paganisme ». Ce dernier aspire en fin de compte à remplacer le christianisme dans la vie du peuple russe. De plus, il est prêt à devenir une alternative à l’Europe postchrétienne libertarienne. Mais le « culte de la Victoire » n’a pas de telles intentions. C’est une forme largement spontanée de « sentiment populaire » qui ne coïncide pas complètement avec l’esprit de l’Eglise, mais qui ne le contredit pas non plus.

Le « culte de la Victoire », qui s’est graduellement développé en Union Soviétique non sans l’appui de cercles militaires influents, n’a jamais été anti-orthodoxe (comme l’« athéisme scientifique ») ni désireux de « brûler de l’encens à des idoles ». Nous pouvons voir l’anti-Orthodoxie dans d’autres fêtes soviétiques comme le 7 novembre, le 1er mai (la « Nuit de Walpurgis »), et le 8 mars, mais pas le 9 mai (bien que la guerre se soit terminée le 6 mai en souvenir de St. Georges). Le service de mémorial de l’Eglise le Jour de la Victoire n’est pas opposé à l’Etat ou à la compréhension purement impériale de celui-ci sans affecter le communisme ou le marxisme, étant en même temps dans une « zone de l’Année » avec la Radonitsa [le « Jour de la Joie », la commémoration des défunts, dans le calendrier orthodoxe, NDT] et le samedi de la Trinité. Cela devient plus évident de nos jours. Oui, c’est la Nouvelle Jérusalem à l’intérieur des frontières de la Troisième Rome. Pas séparée, mais pas fusionnée. Cela reflète en fait la manière dont le Patriarche Nikon construisit son projet près de Moscou.

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En même temps, nous avons reçu une réponse directe à la question cachée. L’année dernière, le Jour de la Victoire nous a montrés exactement ce qu’il devait être. Nous parlons de l’apparition, en fait, du Régiment Immortel.

Les morts sont venus. En personne. Directement et immédiatement.

Ils sont venus après que le requiem et le lithium aient été prononcés. Ils sont venus, ont assisté à toutes les prières ici et là, invisibles. Ils sont venus vers chacun de nous : vous, lui, et elle, dans les rues de nos villes. Vers ceux qui ont foi en Dieu, et vers ceux qui pensent qu’il ne croit pas en eux. C’est aussi vrai que pour ceux qui pensent qu’ils ne croient pas en Dieu, mais qui croient tout de mème en lui, comme c’était le cas à l’époque soviétique, sous l’apparence du « Il n’y a pas de Dieu ».

L’athéisme soviétique, russe en fait, était la théologie apophatique de la Sainte Russie. La vie apophatique soviétique est « la manière dont l’acier fut trempé », et la théologie apophatique soviétique est la « Terre » de Dovzhenko : « notre terre noire » sur laquelle ils dansent.

Mais il n’y a pas de retour vers cet athéisme. Plus probablement, c’était la seule épiphanie dans son genre. L’athéisme d’aujourd’hui, même celui de Nevzorov, qui est russe, que cela lui plaise ou non (il est « le héros de Dostoïevski » qu’on peut parfaitement voir « sans rayons X »), n’est pas l’athéisme de l’Union Soviétique mais se dirige à toute vapeur vers l’Occident légal libertarien. Mais c’est la « seconde mort », et pas celle de Pavel Korchagin.

Les morts russes rendent visite aux vivants russes, pratiquants ou non, justes ou pécheurs ! Le Jour de la Victoire russe.

Ainsi, nous pouvons tirer des conclusions politico-historiques.

Le Jour de la Victoire est une célébration de la victoire, ou plutôt des victoires du passé et du futur, de tout le monde russo-slave, en Eurasie, contre l’Europe Unie – depuis l’usurpation de l’Empire carolingien jusqu’à l’(inévitable) Union Européenne. Oui, l’image historique de la victoire fut faite à partir de la victoire sur Hitler. Mais plus sérieusement, cela n’a aucun rapport avec le combat entre les deux « idéologies de la modernité », le fascisme et le communisme. Pour être plus précis, ceux-ci représentent une réalité complètement différente, et aujourd’hui cela apparaît de plus en plus. Ceux qui parlent de fascisme et de communisme concernant le Jour de la Victoire se trompent ou trompent les autres, même inconsciemment.

La corrélation entre l’Orthodoxie et le culte de la Victoire représente la situation réelle. En participant au « Régiment Immortel » de l’an dernier, qui unissait les vivants et les morts, les orthodoxes, les musulmans, les bouddhistes, les « nouveaux païens » et tous les autres, incluant bien sûr les athées (dont on ne discutera pas maintenant), le Chef de l’Etat, le Dirigeant Suprême – qu’il ait des pouvoirs limités ou soit idéalement le Tsar, l’Empereur – se révélait ici et maintenant comme étant le Pontifex Maximus de l’Ancienne Rome. Après tout, d’une façon ou d’une autre, le « Régiment Immortel », incluant « nos morts », est en fait d’une nature religieuse.

Poutine a bien fait les choses. Lorsqu’on lui suggéra de célébrer le Jour de la Victoire comme une fête orthodoxe, il dit « non », mais ajouta immédiatement qu’il était un croyant orthodoxe. Ainsi, il montrait la distance les séparant. En coupant court à toute autre discussion sur ces questions, il disait silencieusement que nous ne devions pas nous presser, car il n’est pas le Tsar, et qu’il n’y a pas encore de Tsar. Sous un Tsar, tout serait différent. Après tout, « Poutine » vient du mot russe « put’ », signifiant « la voie » ou « le chemin ».

Mais même sous le Tsar, la symphonie moderne de l’Eglise et de l’Etat ne peut pas être très différente de l’ancienne, qu’elle soit romaine ou russe. Le retour à un « mécanisme de foi » étatique est impossible. Interdire le blasphème et la propagande antichrétienne est impossible. Il n’y a pas d’« Inquisition de la confession ».

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La foi est approuvée par le Tsar et par le Tsar. Les gens sont renforcés dans leur foi en regardant le Tsar, sa femme, et leurs enfants. Mais pour l’instant, il est trop tôt pour parler de cela. Le Tsar n’est pas encore apparu.

Cependant, la participation du Chef de l’Etat au « Régiment Immortel » et, en fait, le fait qu’il le dirige – avec le rang de colonel ! – est le premier pas vers un retour à la légitimité du gouvernement russe pour la première fois depuis février et mars 1917. Ce sont les premiers pas vers la restauration de la légitimité multilatérale de l’Etat – sa cristallisation, sa symphonie, sa synergie.

Eschatologie du conflit russo-turc

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Eschatologie du conflit russo-turc

Netwars

Euro Continentalism

Solidarité orthodoxe

Le 26 novembre 2015 dans le centre d’Athènes, des protestataires ont brûlé les drapeaux US et turc lors d’une manifestation pro-russe. Une manifestation similaire a eu lieu en Bulgarie. Les deux pays sont des voisins et des adversaires historiques de la Turquie, et sont peuplés principalement par des coreligionnaires de la Russie.

Les récents événements du Moyen-Orient ont accru les sentiments antiturcs parmi les peuples orthodoxes chrétiens à l’intérieur de l’espace byzantin : Grecs, Serbes, Bulgares et Roumains. Les tensions croissantes ont conduit beaucoup de gens dans la région et dans d’autres pays orthodoxes chrétiens, incluant la Russie, à se référer aux prophéties des Saints orthodoxes sur la guerre entre la Russie et la Turquie.

Prophéties orthodoxes

Le Père Paisius du Mt. Athos et beaucoup d’autres Saints orthodoxes, incluant Saint Cosmas d’Etolie, ont prophétisé que l’Istanbul moderne redeviendra un jour orthodoxe, et très  probablement à l’intérieur de notre temps de vie. Selon la prophétie, la Turquie mènera une guerre contre la Russie, et sera vaincue et démembrée.

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D’après Saint Paisius, dans la guerre entre la Russie et la Turquie, les Turcs croiront d’abord qu’ils sont en train de gagner, mais cela conduira à leur destruction. Les Russes, pour finir, gagneront et s’empareront de Constantinople. Après cela, elle sera donnée à la Grèce.

Les saints prédisent qu’un tiers des Turcs repartiront d’où ils sont venus, des profondeurs de la Turquie. Un autre tiers sera sauvé parce qu’ils deviendront chrétiens, et le dernier tiers sera tué dans cette guerre.

La prophétie la plus importante qui circule, et qui peut le plus facilement être justifiée en ce moment, est que la Turquie sera disséquée en trois ou quatre parties, et que l’une des parties appartiendra à un Kurdistan indépendant.

La position des islamistes radicaux

Du point de vue des radicaux sunnites, les récents événements seront suivis par la Grande Guerre, où la Russie combattra les musulmans et représentera la force de Dadjal (l’Antéchrist).

Ils soutiennent le président islamique turc Erdogan dans sa lutte possible contre la Russie. Ils s’opposent fortement à l’Iran, et perçoivent les musulmans chiites comme des hérétiques. Donc l’alliance russe-chiite est perçue par eux comme une menace apocalyptique.

indexhossein.jpgLa vision de l’islam continental

L’éminent érudit islamique contemporain Sheikh Imran Hossein rejette leur opinion, et appelle les musulmans à rendre Constantinople aux chrétiens orthodoxes. Il dit que cela se produira après la Grande Guerre, où les forces du vrai islam combattront aux cotés des chrétiens orthodoxes contre la Turquie. Cette prédiction est basée sur les arguments suivants :

- De ce point de vue, la Russie est la Rūm du Coran, mentionnée dans la sourate ar-Rum, et elle sera l’alliée des vrais croyants musulmans contre le Dadjal (Antéchrist). Dans son interprétation, Rum (dérivé de Rome) est la Troisième Rome, la civilisation orthodoxe russe et chrétienne qui succède à l’empire byzantin, la Seconde Rome, et pas à l’Occident.

- L’Empire ottoman et la Turquie furent toujours un instrument du Dadjal et de l’Occident judéo-chrétien ou athée, dans le combat contre l’islam authentique et l’Orthodoxie. La conquête de Constantinople d’après le Prophète Mahomet surviendrait à la fin des temps.

- Par conséquent la conquête de Constantinople en 1453 par le Sultan Muhammad Fatih n’avait rien à voir avec la prophétie.

- Les Etats pétroliers wahhabites du Golfe Persique aussi bien que les extrémistes pseudo-Islamiques sont des hérétiques du monde musulman et ont été créés avec l’aide des puissances atlantistes. Et en tant qu’hérétiques ils combattront aux cotés de Dadjal dans la guerre à venir.

D’après Imran Hossein, une armée géante d’Etats islamiques non-fondamentalistes (Iran, Egypte, Syrie) attaquera et vaincra la Turquie. Ce sera la Malhama (grande guerre) prophétisée par le Prophète Muhammad, qui conduira à la conquête de Constantinople. Après la victoire des vrais musulmans, la ville sera rendue aux chrétiens orthodoxes. Après cela, les deux armées combattront contre le Dadjal qui sera soutenu par l’Occident moderne et Israël dans le pays de Syrie.

La vision des "dispensationalistes" américains

Les protestants radicaux américains ont toujours perçu la Russie comme une menace apocalyptique. Cette vision est basée sur leur interprétation d’Ezéchiel 38-39. Ce groupe est très puissant aux USA et dans l’élite américaine. Ils croient que la Russie est le Magog biblique et qu’avec la Perse (Iran), Israël sera attaqué et envahi, et ce dernier sera soutenu par les protestants américains.

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Magog par Russell Dauterman.

Le renforcement de la présence russe au Moyen-Orient est considéré par eux comme une menace imminente, et dans toute guerre potentielle ils croient que la Russie est la force de Satan.

Etranges alliances

C’est étrange, mais le fait qu’en dépit des différences religieuses dans les croyances des fondamentalistes protestants américains pro-Israël et des radicaux sunnites, leurs vues concernant la Russie sont très proches. Tous deux pensent et agissent comme si la Russie et l’Iran étaient leurs ennemis eschatologiques. Tous deux croient qu’ils combattront dans une bataille d’Armageddon contre la Russie. Cette question révèle la nature atlantiste du radicalisme sunnite moderne. Conduits par ces vues, les islamistes voudront toujours être un instrument dans les mains des Atlantistes.

Dans l’autre camp se trouvent les forces de l’islam traditionaliste, qui est davantage pro-russe que pro-occidental. Son eschatologie géopolitique coïncide presque avec l’eschatologie orthodoxe chrétienne. Cela crée un espace pour forger une autre alliance, l’alliance du Monde Orthodoxe et de l’Islam Traditionnel.

Stefan Zweig et la grande uniformisation du monde

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Stefan Zweig et la grande uniformisation du monde

par Nicolas Bonnal

 

« On aurait dit des grosses bêtes bien dociles, bien habituées à s’ennuyer. »

                                                        Le Voyage dans le passé.

La dictature sanitaire a renforcé la tendance lourde à l’extermination des nations, des cultures et des traditions. L’unification parfois folle et aberrante des politiques de santé au détriment de la santé des nations  a bien renforcé ce « capitalisme totalitaire » (Bernanos) et anglo-saxon dont le but est le meurtre du monde par le lit social-impérialiste de Procuste de la mondialisation. Les persécutions et la dérive autoritaire des soi-disant démocraties occidentales et de l’Europe de la monstrueuse Van Der Leyen (descendante de nazis et d’esclavagistes tout de même, voyez Wikipédia) ne connaissent plus de limites et n’e connaitront plus, si nous n’y mettons un terme, d’une manière ou d’une autre.

Liquéfaction des nations, des sexes, des religions (avec la bonne volonté papiste c’est entendu) d’un côté, renforcement du terrorisme sanitaire et administratif de l’autre, le tout pour créer ce paradis infernal dont rêvent nos utopistes depuis des siècles (voyez le grand livre de Mattelart qui détaille bien la montée séculaire de cette utopie planétaire). L’alliance de la finance, du capital, des administrations et des médias sous contrôle rendent cette opération de magie noire apparemment imparable.

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Cette dénonciation a souvent été l’apanage de gens de droite comme Céline ou Bernanos. Comme j’e l’ai montré c’est dans la Conclusion des mémoires d’outre-tombe que résonne le premier appel à la mobilisation politique  et spirituel contre le monde moderne. Dans mon livre sur Céline j’ai établi un aparallèle entre les dénonciations souvent incomprises de Céline et les meilleurs chapitres du surprenant Loup des steppes de Hermann Hesse, qui lui aussi se déchaîne contre l’entrée en vigueur d’une civilisation basée sur la consommation, l’abrutissement et la massification ; j’ai nommé la civilisation américaine, pas la première qui a ses défauts et ses qualités comme toutes (qui va jeter la pierre à Poe, Melville, Frank Lloyd Wright ou Charles Ives ?) mais la deuxième celle de l’écrasement des identités de tout ordre, et qui réunit le monde sous la grand étendard (standardisation) de la consommation. C’est la révolution hollywoodienne si l’on veut, celle que célèbre Bernays dans un livre célèbre que j’ai maintes fois évoqué.

Elle apparait dans les années vingt et commence à gêner des gens plus à gauche, et même des « juifs cosmopolites » comme Stefan Zweig l’alors l’écrivain le plu dans le monde, et qui avant de devenir un nostalgique furieux (voyez l’admirable Monde d’hier) tente de dénoncer cette uniformisation/ américanisation du monde et de nous donner les moyens (toujours plus difficiles) d’y échapper.

C’est dans une dissertation que Zweig dénonce en 1926 cette entropie du monde moderne. Il voit deux choses : cette menace est américaine, et elle menace l’Europe, qui est encore le continent de la variété et des nations – aujourd’hui un conglomérat affairiste et russophobe. Zweig :

« Une impression tenace s’est imprimée dans mon esprit : une horreur devant la monotonie du monde…. Nous devenons les colonies de la vie américaine, de son mode de vie, les esclaves de la mécanisation de l’existence …»

Certes cette américanisation peut aussi enchanter les imbéciles ;  mais Zweig voit dans cette américanisation une tendance lourde à la servitude volontaire. A la même époque Céline parle de ce troupeau américain de bêtes dociles, bien habituées à obéir. Un coup de woke et de Biden, de masque et de vaccin ?

Zweig : « Pour les âmes serviles tout asservissement parait doux et l’homme libre sait préserver sa liberté en tout lieu… Le vrai danger pour l’Europe me parait résider dans le spirituel. »

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La Boétie parlé comme Chrysosotome des boissons, des tables et des spectacles pour abrutir les massés (voyez le passage sur les origines lydiennes du mot ludique) ; et Zweig de noter :

«  La plupart des gens ne s’aperçoivent pas à quel point ils sont devenus des particules, des atomes d’une violence gigantesque. Ils se laissent ainsi entrainer par le courant qui les happe vers le vide ; comme le disait Tacite : « Ruere in servitium » ils se jettent dans l’esclavage ; cette passion pour l’auto-dissolution a détruit toutes les nations… »

La dissolution ici en Espagne comme en France (où l’on a pas besoin d déconsruire une histoire qui n’est plsu enseigéne depuis des décennies, pas vraie ?) de la nation est notoire. Et on ne parlera aps de ‘lAllemagne et du reste.

Zweig ajoute sur ce renforcement à la passivité (le masque étant un vêtement à la mode comme les autres maintenant) :

…Cette uniformité enivre par son gigantisme. C'est une ivresse, un stimulant pour les masses, mais toutes ces merveilles techniques nouvelles entretiennent en même temps une énorme désillusion pour l’âme et flattent dangereusement la passivité de l’individu. Ici aussi comme dans la danse, la mode et le cinéma, l’individu se soumet au même gout moutonnier, il ne choisit plus à partir de son maître intérieure mais en se rangeant à l’opinion de tous… Conséquences : la disparition de toute individualité, jusqu’à dans l’apparence extérieure. »

La conclusion de Zweig :

« Le fait que les gens portent tous les mêmes vêtements, que les femmes revêtent toutes la même robe et le même maquillage n'est pas sans danger : la monotonie doit nécessairement pénétrer à l’intérieur. Les visages finissent tous par se ressembler parce que soumis aux mêmes désirs… Une âme unique se crée, mue par le désir accru d’uniformité, et la mort de l‘individu en faveur d’un type générique».

Et à l'époque ou un serviteur de la Bête comme Bernays, encense ce monde de la manipulation et d’uniformisation, Zweig écrit : "Séparons-nous à l'intérieur mais pas à l'extérieur: portons les mêmes vêtements, adoptons le confort de la technologie, ne nous consumons pas dans une distanciation méprisante, dans une résistance stupide et impuissante au monde. Vivons tranquillement mais librement, intégrons nous silencieusement et discrètement dans le mécanisme extérieur de la société, mais vivons enfin en suivant notre seule inclination, celle qui nous est la plus personnelle et gardons notre propre rythme de vie...".

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Zweig lutte contre l'empire (le monde moderne donc). Ce n'est pas un hasard s'il se rapproche d'une autre machine à niveler, l'empire romain, dont le résultat fut de rendre les hommes sots (voyez nos réflexions sur Hollywood et l'idiocratie) pour des siècles. Il rapproche donc notre écrivain de Sénèque qui note (Lettre à Lucilius, V): "Ayons des façons d'être meilleures que celles de la foule, et non par contraire (Id agamus ut meliorem vitam sequamur quam vulgus, non ut contrariam...)".    

C’est que Sénèque aussi avait en tant que penseur fort à faire avec son empire…

On peut trouver le texte en bilingue de Zweig aux éditions Allia, pour une somme dérisoire.

 

mardi, 25 mai 2021

Dante Alighieri: une nouvelle victime de la cancel culture

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Dante Alighieri: une nouvelle victime de la cancel culture

Alexandre Douguine

Ex : https://katehon.com/ru/article/dante-aligeri-novaya-zhert...

Le 21 mai 1265, Dante Alighieri naquit en Italie, mais en Occident, cette date n'est plus célébrée.

Aujourd'hui, ce serait tout simplement dangereux de la célébrer. Comment cela se fait-il, me direz-vous? Dante est le symbole de la poésie occidentale, un classique mondialement connu. C'est vrai. Mais ce génie médiéval italien n'a pas non plus été épargné par la guillotine du politiquement correct.

Lorsque la Divine Comédie est tombée entre les mains de défenseurs des droits de l'homme, de libéraux et de mondialistes enragés, ils ont jugé l'œuvre de Dante ‘’politiquement incorrecte’’. Et c'est tout. Pas de Dante. Il est devenu une autre victime de la nouvelle culture politique. Désormais, ses œuvres ne peuvent être imprimées qu'avec des coupures et avec la mention que leur contenu est non politiquement correct.

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Techniquement, Dante a fait placer le fondateur de l'Islam dans une partie pas très agréable de l'espace sacré. Et les libéraux, qui ne se soucient généralement pas de l'Islam, ni d'aucune religion traditionnelle d'ailleurs, ont soudainement décidé qu'une telle lecture pourrait avoir un effet négatif sur le psychisme des migrants originaires de pays islamiques. Et qu'ils doivent en être protégés afin de ne pas provoquer des accès d'agressivité imprévisibles.

Cela semble absurde, mais dans notre monde, presque tout semble absurde. Il est temps de s'y habituer.

Ici, tous les protagonistes de cette censure sont dans la position de l’idiot complet :

  • Les censeurs eux-mêmes (tout d'abord, on peut imaginer le vieux Soros accompagné de la petite Greta Thunberg feuilletant La Divine Comédie, soulignant les endroits suspects) ;
  • et les Européens, qui doivent maintenant se repentir non seulement du colonialisme et du meurtre du junkie Floyd, mais aussi de Dante ;
  • et les musulmans eux-mêmes, qui semblent si faibles d'esprit qu'ils sont incapables d'apprécier la distance qui sépare le Moyen Âge chrétien de l'Europe moderne, et prennent tout au pied de la lettre et réagissent immédiatement de manière brutale - comme des maniaques incontrôlables.

Mais il est clair que la localisation de Mahomet dans l’œuvre de Dante n'est qu'une excuse. Dante est l'encyclopédie du Moyen Âge européen, le grand monument de la théologie, de la philosophie, de la poésie, de la culture. Dante est l'apogée de l'esprit chrétien de l'Europe occidentale du moyen-âge, le chantre solennel de l'Empire, de la religion et de l'amour chevaleresque. De nombreuses générations d'Européens se sont inspirées de Dante pour former leur personnalité. Selon les modèles posés par Dante, les héros de l’Europe ont construit leur destin et leur vie. Fideli d'amore - Fidèles d'Amour. Dante a exprimé les idéaux de cette société courtisane chevaleresque de l'élite aristocratique chrétienne.

C'est pour cela que Dante est exécuté aujourd'hui. Il est le porteur d'une autre Europe - une Europe de l'esprit et de l'idée, de la foi et de l'honneur, du service et du grand Amour. Les gouvernants modernes de l'Europe détestent tout cela farouchement. C'est pourquoi ils interdisent Dante, le retirent des programmes d'enseignement, l'accusent de manquer de tolérance et le soumettent à la honte.

L'Europe détruit ses fondations, érode ses piédestaux, jette hors de leurs tombes les reliques impérissables des génies.

Nous ne devons en aucun cas nous engager dans cette voie. Il s'agit de protéger non seulement nos génies russes, mais aussi les grands penseurs, artistes et poètes d'Europe. La Russie n'a jamais été un pays européen, mais nous avons toujours été capables d'apprécier la grandeur européenne - la pensée, l'art et le génie. Même si les Européens ne nous comprenaient pas, nous les comprenions. Et nous avons respecté ce qui était admirable chez eux. Aujourd'hui, alors que les Européens jettent le grand Dante à la poubelle de leur civilisation effondrée, il est grand temps de l'élever et de l’inscrire sur notre bannière.

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Dante est à nous. Nous le connaissons, l'honorons, le lisons, l'enseignons et le comprenons. Sans le vouloir, la Russie se retrouve dans le rôle de gardien et de protecteur des valeurs européennes, mais des valeurs, et non des résultats de la décadence européenne, de la décadence et de la dégénérescence. Le libéralisme et la mondialisation ne sont pas encore le lot de toute l'Europe. De plus, c'est l'Anti-Europe.  Par conséquent, en les adoptant, l’Europe renonce à ses racines. Nous n'abandonnons pas les nôtres. Et les génies européens sont proches de nous.

L'amor che move il sole e l'altre stelle

Nous devons être des Fidèles d'Amour.

Et si l'Amour s'épuise, qu'est-ce qui fera bouger le soleil et les étoiles ?

Palestine : Terrorisme ou Guerre de Libération Nationale ?

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Café Noir N.24

Palestine : Terrorisme ou Guerre de Libération Nationale ?

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.

Émission du vendredi 22 mai 2021 avec Pierre Le Vigan, Gilbert Dawed & Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal.

INDEX

00:00 – Café Noir N.24
00:40 – Le Coup de Chapeau – Vassili Grosman
03:06 – Palestine : Terrorisme ou Guerre de Libération Nationale
26:32 – Bonnal et la Dictature Sanitaire

RÉFÉRENCES (LIVRES)

Georges Bernanos – La Liberté pour quoi Faire ? (LIEN)

Nicolas Bonnal – Louis Ferdinand Céline – La Colère et les Mots (LIEN)

Henri Coulonges – L’Adieu à la femme sauvage (LIEN)

Vassili Grossman – Années de guerre (LIEN)

RÉFÉRENCES (FILMS)

Vol au-dessus d’un Nid de Coucou (LIEN)

The Island (LIEN)

France : l’horizon bouché de 2022

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France : l’horizon bouché de 2022

Le quinquennat d’Emmanuel Macron aura été celui de tous les paradoxes. Alors que l’élu inattendu de 2017, le Président surprise, entendait réformer la France en profondeur en corrigeant les énormes défauts de son économie administrée et anémique, et de son système social plombé par une masse d’assistés et en panne de moyens, il a été, à la fois, pris de vitesse par les dysfonctionnements en tous genres consécutifs à la politique et à la gestion de ses prédécesseurs (en particulier les deux double-septennats désinvoltes de Mitterrand et de Chirac qui ont mis la France en situation de « mort douce »), et victime des hasards de l’Histoire (en l’occurrence, le retour impromptu, mais non pas imprévisible, d’une grande pandémie).

En outre, comme l’idéologie libertaire et universaliste du Président l’empêche obstinément d’apprécier à sa juste valeur la gravité de la crise identitaire française engendrée par l’immigration massive, la situation de la nation a empiré sur tous les plans. Elle est tellement dégradée que l’on peut se demander comment lui-même, en cas de réélection, ou comment celui ou celle qui lui succédera, en 2022, pourra faire face aux échéances de tous ordres qui se profilent à l’horizon. Entre, d’une part, l’incivisme et l’ensauvagement de la société, et d’autre part, l’endettement et les déficits, le manque d’efficacité de l’économie, et donc le risque d’exclusion de la zone euro (avec, et c’est tout le problème, celui de n’être plus protégé par le « parapluie monétaire allemand ») en cas de gestion trop irresponsable, les ingrédients du chaos ne manquent pas.

Les deux réalités primordiales : anomie sociale et endettement.

Il n’est pas nécessaire d’accumuler les chiffres et de multiplier les exemples pour voir que la « brésilianisation » de la population française est en marche, et que la crise de la dette menace lourdement.

Le terme brésilianisation, utilisé par Michael Lind pour caractériser l’évolution de la population des Etats-Unis au cours de ces dernières années est destiné à souligner un double phénomène conjoint, celui de l’hétérogénéisation des groupes humains et celui de l’anomie sociale avec l’insécurité grandissante qu’elle apporte (puisqu’il n’y a plus de normes ou qu’elles sont allègrement bafouées). Or, le phénomène va en s’amplifiant. A partir des publications de l’Insee, France Stratégie fait remarquer que : « dans les unités urbaines de plus de 100 000 habitants, la part des immigrés d’origine non européenne est […] passée, chez les 25-54 ans, de 9 % à 15 % entre 1990 et 2015 » ; et que dans ces mêmes unités urbaines, « la proportion de jeunes immigrés ou d’enfants vivant avec au moins un parent immigré d’origine extra-européenne est passée de 17 % à 38 % entre 1990 et 2015 ». Avec des situations records comme à Strasbourg, où la catégorie étudiée est passée de 0-10 % en 1975 à 30-40 % en 2015, Rouen (de 0-7 % en 1975 à 35-42 % en 2015), ou encore Limoges (de 0-10 % en 1982 à 30-40 % en 2015). Malgré toutes les dénégations, la France a pris le chemin de la « polyarchie ethnique » selon l’expression dont Robert Dahl use pour désigner les rapports de force sociaux-démographiques qui font la société américaine d’aujourd’hui. Et qui sont, comme on le sait, marqués par beaucoup de tensions, de brutalité. Mais qui se traduisent aussi de plus en plus en termes politiques et électoraux, comme on s’en est rendu lors des dernières présidentielles aux Etats-Unis.

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Si le pacte républicain est mal en point, l’économie française ne va pas mieux. Dans son Blog, qui mérite attention, l’économiste avisé Marc Rousset écrit : « En France, on saoule les braves Français en leur disant que l’endettement public représente 120 % du PIB : personne ne réagit, 95 % des Français n’ayant aucune idée de ce que représentent ces chiffres. Mais si l’on ajoute les 4.119 milliards d’euros de la dette hors bilan non provisionnée à fin 2020, selon le rapport du Sénat, aux 2.733 milliards d’euros de la dette publique officielle, cela représente une dette réelle effective de 7.000 milliards d’euros, soit 100.000 euros par Français! Là, tout le monde comprend la catastrophe à venir! Le seul paiement non provisionné des retraites des fonctionnaires et militaires s’élève à 2.287 milliards d’euros, soit presque autant que la seule dette officielle de 2.733 milliards d’euros dont on nous parle matin, midi et soir ! Cette dette française irremboursable de 7.000 milliards d’euros est porteuse d’inflation ou d’hyperinflation à elle seule ! ».  

A la différence de l’Allemagne, la France n’a que très peu de marge de manœuvre pour faire face à sa dette, et au risque d’une remontée des taux d’intérêts, voir d’une récession. Depuis 2008, contrairement à sa partenaire, la France n’a pas redressé ses comptes et le poids des dépenses publiques rapportées au PIB y est le plus élevé des pays européens. L’inflation en France est donc inéluctable et l’alternative sera, selon Marc Rousset et beaucoup d’autres, en avril-mai 2022, après la fin du plan de sauvetage européen, la suivante : «  soit l’Allemagne acceptera par exemple une inflation modérée de 5 % par an au plus, sans augmentation des taux d’intérêt, pour la zone euro, soit l’Allemagne refusera, ce qui est fort possible, auquel cas la zone euro explosera et, après le retour au franc, celui-ci sera dévalué immédiatement, par exemple de 20 %, tandis que la saga de l’hyperinflation commencera pour la France en faillite, incapable de rembourser ses dettes autrement qu’en monnaie de singe ».

L’absence de toute perspective électorale.

L’insécurité sociétale endémique, depuis l’agression crapuleuse ou à motivation politique jusqu’à l’attentat terroriste, et le mauvais état des finances publiques qui empêchera toute réponse budgétaire à la crise sociale vont conditionner le quotidien des Français dans l’avenir.

Les deux dilemmes vont se trouver inéluctablement au centre de la prochaine campagne présidentielle, mais aucun des candidats pressentis ou officiels n’a, à ce jour, de réponse sérieuse à offrir, surtout s’il s’agit de les traiter tous les deux à la fois. Les discours entendus sont ceux tantôt de la fuite idéologique en avant, quand ils relèvent de la majorité présidentielle ou du pouvoir médiatique, tantôt de l’irresponsabilité et de l’incompétence, quand ils sont prononcés par les tribuns populistes de droite et de gauche, tantôt encore de la pure nostalgie, quand ils procèdent de ceux qui se gargarisent de la France d’antan. Il y a donc à parier que quel que soit l’élu de 2022, rien de probant ne sera tenté et que la société et l’économie françaises vont continuer à se désagréger.

Il faut dire qu’il est difficile de tenir un langage de raison, de lutte et de courage à des citoyens habitués à l’opulence, à la facilité et au confort moral. Il ne reste plus à espérer qu’au milieu des dégâts post-électoraux prévisibles et du désarroi politique se lèvent des forces charismatiques.

Bonnal et la dictature sanitaire

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Le CDG-NB N.01

Bonnal et la dictature sanitaire

Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal, rubrique extraite de Café Noir du vendredi 21 mai 2021 (N.24 – Palestine : Terrorisme ou Guerre de Libération Nationale)
 
 
RÉFÉRENCES (LIVRES)
 
Georges Bernanos – La Liberté pour quoi Faire ? https://livre.fnac.com/a10106031/Geor...
Nicolas Bonnal – Louis Ferdinand Céline – La Colère et les Mots https://avatareditions.com/livre/loui...
 
RÉFÉRENCES (FILMS)
 
Vol au-dessus d'un Nid de Coucou https://fr.wikipedia.org/wiki/Vol_au-...

lundi, 24 mai 2021

Pourquoi la France fait face à un risque d’effondrement ?

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Pourquoi la France fait face à un risque d’effondrement ?

Marc Rousset

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

Avec des Bourses au plus haut et sans visibilité sur l’inflation à venir, le spectre de l’intervention des banques centrales préoccupe les investisseurs ; les Bourses jouent donc au yo-yo, plombées par la peur de l’inflation, mais elles sous-estiment les risques de faillites d’entreprises et de pertes financières pour les banques.

Afin de juguler l’inflation, la Fed pourrait diminuer ses achats d’actifs obligataires qui s’élèvent à 120 milliards de dollars par mois ; elle imagine cette possibilité pour fin 2021-début 2022, mais il est possible qu’elle soit obligée d’intervenir beaucoup plus tôt. Pour l’instant, suite à la vente de titres obligataires par les investisseurs, le taux des bons du Trésor à dix ans est de 1,672 %. Quant à la BCE, en raison des taux d’inflation actuels très bas en Europe, il n’est pas question de diminuer les achats de titres obligataires, et les taux d’emprunt augmentent très lentement (0,244 % en France et 1,081 % en Italie). Si les taux d’intérêt devaient augmenter brusquement en 2021, suite à une inflation qui augmente, à un niveau d’endettement des États de plus en plus élevé et à une croissance économique insuffisante, la BCE se trouverait dans une situation impossible, devant alors choisir entre la peste de l’hyperinflation inacceptable (augmentation des achats de titres) et le choléra des taux d’intérêt élevés (diminution des achats de titres) et, donc, de la banqueroute des États (France et Italie).

Au-delà du risque d’inflation, suite à l’augmentation de la masse monétaire par les banques centrales, il y a également un risque d’inflation par les coûts. Au manque de conteneurs pour le transport maritime, à la pénurie de puces électroniques, à la hausse d’un grand nombre de matières premières telles que le cuivre, le bois, le lithium, de nouvelles pénuries apparaissent : manque de pneus et de caoutchouc et même de palettes en bois et de clous ! Les palettes en bois ont augmenté de 50 % en un an et le prix des clous de 36 %. Les entreprises du BTP éprouveraient aussi de grandes difficultés pour effectuer leurs achats nécessaires aux chantiers. Il semblerait que la Chine ait acheté de grandes quantités de caoutchouc partout dans le monde. Les Chinois chercheraient à se débarrasser de leurs dollars qui ne leur rapportent rien en achetant et stockant des matières premières susceptibles de flamber dans les mois qui viennent.

L’Institute of International Finance explique comment la réponse à la pandémie Covid-19 a ajouté 24.000 milliards de dollars à la montagne de la dette mondiale qui a atteint, en 2020, un nouveau record historique à 281.000 milliards de dollars. La BCE, de son côté, alerte sur les risques élevés de crise financière. Les faillites vont se multiplier car les taux d’endettement ont bondi de 220 % des fonds propres, fin 2019, à 270 % en moyenne, fin 2020, pour les 10 % des entreprises les plus endettées. Les États de la zone euro vont donc aussi faire face au dilemme de la faillite des entreprises ou des dépenses trop importantes du « quoi qu’il en coûte » car l’endettement moyen des États de la zone euro est passé de 86 % du PIB, en 2019, à 100 %, en 2020.

Les dilemmes seront encore d’autant plus cornéliens dans la zone euro qu’une hausse des défaillances d’entreprises fragilisera très fortement les banques. Ces dernières devront augmenter leurs provisions pour créances douteuses, tout en étant exposées à un risque de correction du prix des actions, voire de l’immobilier. Il se trouve que la rentabilité des banques européennes est actuellement très faible (1,3 % de rentabilité des capitaux propres, alors qu’elle était de 5,3 % avant la pandémie) et qu’elle est de 10 % pour les banques américaines. La rentabilité devrait progresser un peu de nouveau, mais la BCE ne voit que les mariages entre établissements (avec, donc, des licenciements pour diminuer les coûts) afin de remédier aux problèmes structurels du secteur.

Pas besoin, donc, de sortir de Polytechnique pour réaliser que les propos optimistes du gouvernement ne correspondent en rien à la gravité de la situation en France au sortir de la crise sanitaire. Si l’on ajoute au risque économique, financier et boursier un risque non négligeable de crise politique, d’explosion sociale ou populiste, parler de risque d’effondrement de la France n’est pas exagéré.

Bref bilan de la situation en Afghanistan

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Bref bilan de la situation en Afghanistan

Par Amedeo Maddaluno

Ex : https://www.eurasia-rivista.com/

"Il y a maintenant 2500 membres des services militaires américains en Irak et 2500 en Afghanistan. Il s'agit du plus faible nombre de troupes américaines en Afghanistan depuis le début des opérations dans ce pays en 2001. (...) À son point culminant en 2011, il y avait 98.000 soldats américains dans le pays " [1].

Ma thèse est que l'intervention occidentale en Afghanistan a été la plus grande "drôle de guerre", la plus grande guerre-farce, de toute l'histoire contemporaine. Le résultat militaire final de l'intervention montre que les États-Unis et leurs satellites n'ont jamais vraiment essayé de gagner la guerre.

Drôle de guerre

Faisons comme si le gouvernement de Kaboul - allié ou plutôt marionnette de l'Occident - n'était pas corrompu jusqu'à la moelle et sous l'emprise des éternels seigneurs de la guerre du féodalisme afghan, les catamounts (les pumas) qui contrôlent le pays depuis les guérillas antisoviétiques des années 1980.

Faisons comme si les talibans - eux-mêmes beaucoup plus intéressés par le trafic de drogue que par la restauration d'un islam pur des origines - ne jouissaient pas d'un réel consensus au sein de la population du pays, surtout dans les zones peuplées par l'ethnie pachtoune, mais aussi partout où l'on s'impatiente de la voracité et de l'inefficacité des fonctionnaires du gouvernement afghan internationalement reconnu. Evitons alors de parler du soutien tribal, logistique et de renseignement dont les talibans afghans ont pu bénéficier au Pakistan, allié des USA depuis la guerre froide [2]! Appeler cela une "mission de paix" et non une "guerre" lorsqu'on est sous le feu de l'ennemi, et donc viser non pas l'anéantissement de l'ennemi mais sa propre retraite, profite à l'ennemi non seulement sur le plan moral, mais sur le plan militaire réel: il sait qu'il lui suffira d'attendre un quinquennat de plus, un an de plus, un mois de plus, mais que la victoire est déjà certaine.

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Le bilan stratégico-militaire

Dans une "mission de paix", la police et l'armée du pays satellite sont armées et formées, en espérant que ces hommes auront envie de se battre (éventuellement contre les talibans et non pas en retournant leurs armes contre leurs propres "alliés") et de se battre par loyauté envers un État qui n'en est plus un, et non pas par loyauté envers leur propre groupe ethnique, clan, patron local. Ils effectuent des missions "réactives", sortant de la forteresse pour repousser une attaque, regagner le terrain perdu, tout au plus pour une action de décapitation des chefs ennemis - mieux si, toutefois, elle est menée par des drones. Attention, nous ne soutenons pas la thèse infondée selon laquelle, en vingt ans, les États-Unis et leurs alliés n'ont pas mené de missions offensives, ni que leurs troupes satellites locales n'ont pas combattu ou enregistré de pertes. Nous constatons les effets irréalistes de ces opérations, qui ont pu apporter quelques succès tactiques dans le contexte d'un désastre stratégique annoncé - et voulu -[3]. Les États-Unis semblent avoir vraiment voulu se battre en Afghanistan au tournant des années 2010-2011 [4], alors que, de toute façon, d'après ce que nous savons, le nombre de troupes américaines ne dépassait pas celui des troupes soviétiques (la contribution des alliés, si l'on exclut le Royaume-Uni et quelques autres, n'a pas été décisive pour la guerre). Nous savons tous comment l'URSS en est arrivée là [5]. Pas de leçons apprises? Avec pas plus de 100.000 hommes, on ne peut pas contrôler un pays comme l'Afghanistan, au-delà des seules phases offensives et des saisons. Avec 100.000 hommes, vous contrôlez la plupart des routes principales et des grands centres urbains, en gérant de temps en temps des offensives spécifiques. En déployant si peu d'hommes sur un vaste territoire à l'orographie très compliquée, non seulement il n'est pas possible de porter des coups décisifs à l'ennemi, mais cela signale également que l'ennemi ne veut pas en recevoir: ce sont précisément les erreurs déjà commises par les Soviétiques, au-delà de tactiques plus ou moins efficaces[6]. Cela n'est pas seulement indiqué à l'ennemi, mais aussi à la population civile - qui sait déjà qui sera le véritable gagnant: si les soldats américains peuvent rentrer chez eux, les civils afghans ne le peuvent pas, et ils s'activent donc pour collaborer avec le futur maître du pays.

C'est là que réside le problème, dans ce que la littérature militaire appelle le "point d'équilibre" de l'ennemi: dans le cas d'une insurrection, il s'agit de la population civile. C'est la population civile qui doit voir sa sécurité garantie par un monopole sûr de la force, qu'il faut empêcher d'entrer en relation avec l'ennemi (et vice versa) [7]. Les civils doivent être isolés de l'ennemi, persuadés par la présence constante de leurs propres troupes sur chaque territoire (oui: par la force, et non par des paquets cadeaux!) qu'il ne gagnera pas, persuadés qu'il ne sera pas celui qui garantira leur sécurité demain. Il faut isoler l'ennemi des civils, l'empêcher de les atteindre, ne pas lui accorder de sanctuaires, mais le traquer constamment et transformer la guérilla de prédateur en proie [8]. Un travail qui, en Afghanistan, n'a pas été fait avec continuité, mais - pire ! - en signalant à l'ennemi que l’on ne voulait pas en supporter le coût.

Un bilan géopolitique

Pourquoi ce manque de volonté de se battre? En raison du refus des Européens et des Américains de supporter les coûts de conflits sans fin dans des pays aux noms imprononçables, des usines de papier et d'encre ont été gaspillées. Et pourtant, les Américains et les Européens ont mené ces guerres.

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Plus raffinées sont les réflexions d'Edward Luttwak sur "l'ère post-héroïque", le moment à partir duquel des sociétés vieillissantes à la démographie stagnante deviennent réticentes à s'engager dans la violence.

Pourtant, les Américains et les Européens étaient prêts à accepter cette violence lorsqu'ils sont allés en Afghanistan, tout comme les Russes étaient prêts à se sacrifier en Tchétchénie pour sauver leur pays de la désintégration: un taux de tolérance à la violence plus élevé que celui démontré en Afghanistan au cours de la décennie précédente.

C'est indéniable et irréfutable : les sociétés jeunes ont tendance à être beaucoup plus enclines à utiliser des armes à feu; mais toutes les sociétés jeunes ne sont pas automatiquement dans ce cas, et toutes les sociétés plus anciennes ne le sont pas. Beaucoup dépend des opportunités offertes aux jeunes; beaucoup dépend des enjeux.

Quel était, en Afghanistan, le véritable enjeu ? Parlons de géopolitique sans nous plonger dans les méandres tortueux des coulisses de la traque de Ben Laden, mort dans son cottage d'une petite ville pakistanaise endormie comme un "petit bourgeois". Chausser les bottes en Afghanistan, c'était montrer à l'opinion publique américaine et européenne que "l'on faisait vraiment quelque chose" contre le terrorisme; c'était planter son drapeau au cœur du continent eurasien, dans la zone la plus chaotique du "Grand Moyen-Orient". Dès le départ, la cible principale n'était pas vraiment l'Afghanistan, mais l'Irak, et c'est le Proche-Orient! Maintenant que le Grand Moyen-Orient et le Proche-Orient ne présentent plus de forces ennemies capables de défier frontalement les Etats-Unis, il suffit d'adopter la stratégie du leading from behind, en déléguant la protection de la zone tantôt à des alliés, tantôt à des satellites, et en favorisant le chaos autant que possible. La Chine fait face à l'Indo-Pacifique, pas à l'Asie centrale: il est donc parfaitement normal que le casse-tête d'un Afghanistan instable à la frontière du Sinkiang repose entièrement sur les épaules de la Chine, ainsi que sur celles de Moscou et de Téhéran: il n'y a jamais eu de moment plus propice au désengagement du pays. Le prétexte selon lequel "on fait quelque chose contre le terrorisme et pour l'avenir des Afghans", de moins en moins utile, sera bientôt oublié.

Trop de dépenses pour un simple prétexte ? Il ne s'agissait pas d'un simple "récit": c'était l'effet d'un moment stratégique où l'intervention directe dans le Grand Moyen-Orient était la stratégie des États-Unis. Les dépenses n'étaient pas non plus excessives; ou plutôt, elles étaient immenses financièrement, mais militairement, elles n'ont jamais dépassé 100.000 hommes.

"En 1969, plus de 500.000 militaires américains étaient stationnés au Vietnam" [9].

NOTES

[1] Jim Garamone, U.S. Completes Troop-Level Drawdown in Afghanistan, Iraq, www.defense.gov, 15 Gennaio 2021

[2] Pour quel motif Islamabad devrait renoncé à avoir un gouvernement à Kaboul qui soit sous son propre contrôle et qui ne serait pas, par exemple, philo-indien comme celui d’aujourd’hui car il s’agira toujours, pour le Pakistan, d’éviter d’être encerclé par deux fronts et de se doter d’un hinterland géopolitique ?

[3] Gastone Breccia, Missione fallita. La sconfitta dell’Occidente in Afghanistan, Il Mulino, 2020

[4] The Associated Press, A timeline of U.S. troop levels in Afghanistan since 2001, www.militarytimes.com, 6 Luglio 2016

[5]The Afghan War quickly settled down into a stalemate, with more than 100,000 Soviet troops controlling the cities, larger towns, and major garrisons and the mujahideen moving with relative freedom throughout the countryside.” In Encyclopedia Britannica, Soviet invasion of Afghanistan 1979, www.britannica.com

[6] Gianluca Bonci, La guerra russo-afgana (1979-1989), LEG Edizioni, 2017

[7] David Kilcullen, Counterinsurgency, C Hurst & Co Publishers Ltd, 2010

[8] Daniele Raineri, Come si fa la guerra al Califfo: l’Iraq come la Rhodesia?, www.analisidifesa.it, 10 Maggio 2015

[9] Encyclopedia Britannica, Vietnam War 1954–1975, www.britannica.com, voce a cura del Prof. Ronald H. Spector.

Amedeo Maddaluno

Amedeo Maddaluno est un contributeur régulier d'Eurasia depuis 2013 - tant la version électronique que la version papier - concentrant ses contributions et son activité de recherche sur les zones géopolitiques du Proche-Orient, de l'espace post-soviétique et de l'espace anglo-saxon (britannique et américain), zones du monde où il a eu l'occasion de travailler et de vivre ou de voyager. Il s'intéresse aux questions militaires, stratégiques et macroéconomiques (il a obtenu un diplôme en économie en 2011 avec une thèse sur l'histoire de la finance à l'université Bocconi de Milan). Il a publié trois livres sur des sujets géopolitiques, dont le dernier, Geopolitica. Storia di un'ideologia, a été publié en 2019 par GoWare - et il est membre de la rédaction du site Osservatorio Globalizzazione, un centre d'études stratégiques dirigé par le professeur Aldo Giannuli de l'université d'État de Milan.

La géopolitique des sectes

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La géopolitique des sectes

Par Claudio Mutti

Ex : https://www.eurasia-rivista.com/

51kqD6w2NfL.jpgIl y a une trentaine d'années, en publiant dans la collection de l'Institut des relations internationales et stratégiques de Paris une étude sur les aspects géopolitiques du christianisme orthodoxe [1], François Thual utilisait le cas exemplaire de l'orthodoxie pour montrer l'importance du facteur religieux comme paramètre fondamental de la géopolitique. C'est ainsi qu'est née la "géopolitique des religions", que Thual a ensuite traitée dans d'autres essais, tant sur des sujets spécifiques que généraux [2]. Acceptant la leçon de Thual, Eurasia a donné naissance en 2014 à un numéro intitulé Géopolitique des religions [3], dans lequel les implications géopolitiques de diverses religions dans différentes régions du monde ont été examinées. Eurasia a également accordé une attention particulière à ce thème, comme en témoignent par exemple des dossiers tels que L'islamismo contro l'Islam ? [4], Luoghi santi e "Stato Islamico" [5], La guerra civile islamica [6], Geopolitica dell'Ortodossia [7], Cattolici, ortodossi, evangelici, Islam [8].

Si le facteur religieux fait partie de ceux que la géopolitique s'efforce d'identifier et de comprendre pour ses investigations, pourquoi ne pas considérer également le facteur constitué par les sectes? Eurasia a tenté de le faire en consacrant un récent ‘’doxaire’’ aux Sectes de l'Occident [9], dans lequel sont examinés certains phénomènes sectaires qui, ces derniers temps, ont joui d'une certaine célébrité. Aussi limitée soit-elle, la vue d'ensemble offerte au lecteur révèle un fait d'une importance considérable, à savoir l'extraordinaire familiarité des Etats-Unis avec la réalité multiforme de l'univers sectaire. En fait, il a été souligné « que la plupart des groupes qui portent le nom de "sectes" ou de "nouveaux mouvements religieux" sont nés aux États-Unis, [comme dans le cas des] Témoins de Jéhovah, des Mormons, de la Science chrétienne, de la Scientologie[10] » ; que l'expansion de nombreuses sectes qui ont vu le jour en dehors des États-Unis commence souvent par le transfert de leur leader ou "maître" aux États-Unis; que les États-Unis d'Amérique eux-mêmes ont à leur origine l'action d'une secte, la puritaine ; que l'actuel président Joe R. Biden est lié par un lien ancien avec les puritains. Biden est lié par une vieille relation à la secte juive Chabad Lubavitch.

unnamedloub.jpgMais les Loubavitchs, qui en 2008 soutenaient déjà Biden pour ses positions pro-sionistes [11], ne sont que l'aspect le plus pittoresque de cette "coalition informelle d'organisations et d'individus travaillant à orienter la politique étrangère américaine dans une direction pro-Israël" [12], c'est-à-dire de ce groupe de pression qui, défini par le terme anglais de lobby [13], se configure comme "le Lobby" par excellence, c'est-à-dire comme une véritable "supersecte".

En effet, si près de soixante-dix pour cent de la judaité mondiale est concentrée aux Etats-Unis [14] et en Palestine [15], c'est aux Etats-Unis qu'elle "dispose d'un certain nombre de grandes associations qui défendent ses thèses et ses intérêts, tant auprès des gouvernements nationaux que des organisations intergouvernementales" [16]. Il s'agit d'un "déploiement impressionnant d'organisations, dont la plus puissante et la plus connue est l'AIPAC" [17] (American Israel Public Affairs Committee), dont le positionnement super partes par rapport aux partis politiques est démontré par ses conférences annuelles, auxquelles participent aussi bien des démocrates que des républicains, comme par exemple, en 2016, Hillary Clinton et Donald Trump (qui a prononcé un discours écrit par son gendre Jared Kushner, qui est lui-même un juif orthodoxe).

"La conférence annuelle de l'AIPAC", explique un journaliste américain, "a lieu à Washington chaque printemps et constitue un événement important de la saison politique (...). Le discours d'ouverture est généralement prononcé par le président des États-Unis, le vice-président ou le secrétaire d'État. (...) Comme un hommage au pouvoir du lobbying, environ la moitié des membres du Congrès participent à la conférence, y compris les whips démocrates et républicains des deux chambres. Il est évident que leurs discours reflètent leur allégeance personnelle et le soutien inconditionnel de l'Amérique à Israël. Les noms des membres du Congrès qui empruntent la passerelle sont publiés sur le site web de l'AIPAC, ce qui augmente leurs chances d'obtenir des contributions de grands donateurs juifs. Tout aussi importants, mais rarement médiatisés, sont les dîners et déjeuners régionaux de l'AIPAC dans tout le pays, événements auxquels sont invités les dirigeants politiques locaux (...). A l'issue de ces événements, les personnes invitées reçoivent comme prix des voyages tous frais payés en Israël, offerts par les Conseils communautaires juifs locaux, les Fédérations ou d'autres organisations juives. En Israël, ils sont reçus par le Premier ministre, le ministre de la Défense et le chef d'état-major de l'armée, on leur fait visiter Israël et les colonies de Cisjordanie, et enfin on les emmène au musée de l'Holocauste de Yad Vashem"[18]. Les membres du Lobby sont tous juifs.

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Le Lobby comprend non seulement des Juifs, mais aussi des personnalités éminentes de l'Église évangélique et d'autres "dénominations"; en particulier, il comprend les "sionistes chrétiens", "une secte au sein du groupe plus large et politiquement orienté de la droite chrétienne (...) une sorte de "partenaire junior" des divers groupes pro-Israël de la communauté juive américaine". La secte des sionistes chrétiens est issue du ‘’dispensationalisme’’ [20], un courant théologique d'origine anglo-saxonne particulièrement répandu dans les églises évangéliques.

Avant de venir aux Etats-Unis, ce courant avait eu une certaine diffusion en Angleterre, où il a probablement contribué "à rendre le ministre anglais des Affaires étrangères Arthur Balfour particulièrement sensible à l'idée de créer un foyer pour les Juifs en Palestine"[21]. Selon la théologie "prémillénariste" de la secte, les juifs régneront sur la "terre d'Israël" pendant mille ans après que Jésus-Christ aura "enlevé" les chrétiens pour les emmener au paradis; après le millénaire, le nouveau ciel et la nouvelle terre annoncés par l'Apocalypse de Jean apparaîtront. Les ‘’dispensationalistes’’, et avec eux la secte des sionistes chrétiens, sont donc certains que le prétendu "retour"[22] des Juifs en Palestine est un événement fondamental de ce processus eschatologique qui culminera avec le second avènement de Jésus; ils croient donc que les États-Unis doivent soutenir de toutes leurs forces le régime sioniste de Tel Aviv et se préparer à combattre à ses côtés dans la bataille finale d'Armageddon. La diffusion des thèses ‘’dispensationalistes’’ est également due à une très heureuse activité littéraire à thème "apocalyptique", dont il suffit de mentionner quelques cas. Le premier est représenté par le théologien et animateur de télévision Harold (Hal) Lindsey (né en 1929), connu pour sa campagne en faveur d'une attaque nucléaire contre la République islamique d'Iran, "le seul choix logique possible pour Israël". Lindsey est l'auteur de The Late, Great Planet Earth (28 millions d'exemplaires depuis 1990), dont a été tiré un film avec Orson Welles. Le second cas est celui de Timothy (Tim) LaHaye (1926-2016), conférencier spécialisé dans les prophéties bibliques et auteur d'une série de seize romans (Left Behind, Tribulation Force, Soul Harvest, Nicolae, etc.) qui se sont vendus à ce jour à plus de 60 millions d'exemplaires et ont inspiré plusieurs films.

* * *

Quel est le poids du Lobby dans les deux dernières administrations américaines?

Donald Trump, en plus de confier le poste de "conseiller principal" à son gendre Jared Kushner et à sa fille Ivanka (tous deux juifs orthodoxes), a puisé dans les rangs du Lobby au moins une vingtaine de collaborateurs, dont: Stephen Miller (conseiller politique), Steven Mnuchin (secrétaire au Trésor), David Friedman (ambassadeur en Israël), Jason Greenblatt (assistant du président et représentant spécial pour les négociations internationales), Elliot Abrams (représentant spécial pour le Venezuela, puis l'Iran), Anne Neuberger (conseillère adjointe à la sécurité nationale et responsable de la cybersécurité), Gary Cohn (conseiller économique, puis président d'IBM), Lawrence (Larry) Kudlow (directeur du Conseil économique national), etc.

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Quant à l'administration actuelle, le 8 décembre 2020, Nathan Posner a annoncé triomphalement dans Atlanta Jewish Times que le gouvernement de Joe Biden serait "historiquement juif" [23]. Un mois plus tard, en fait, le Lobby a placé ses hommes (et ses femmes) dans la nouvelle administration.

Antony (Tony) John Blinken, ancien conseiller adjoint à la sécurité intérieure sous l'ère Barack Obama, a succédé à Mike Pompeo au poste de secrétaire d'État le 26 janvier. "L'histoire de sa vie se lit comme une fiction sur la haute société juive", a écrit le Washington Post, rappelant que Blinken "a eu voix au chapitre dans tous les débats sur la sécurité nationale et la politique étrangère de l'administration du président Obama" [24]. Un article du Wall Street Journal a notamment rappelé que "la grande attention portée par l'administration Obama à la Syrie était due à Blinken, dont les recommandations avaient tendance à suivre la ligne dure" [25].

Le jour même du début du mandat de Blinken, le poste de secrétaire au Trésor a été confié à Janet Louise Yellen, issue d'une famille juive de Brooklyn. Ancienne vice-présidente puis présidente de la Réserve fédérale, Yellen s'est classée en 2014 à la deuxième place de la liste des 100 femmes les plus puissantes du monde, selon "Forbes"[26].

La direction de la Central Intelligence Agency (CIA) a également été reprise par une israélite [27], Avril Danica Haines, anciennement directrice adjointe de la CIA de 2013 à 2015 et conseillère adjointe à la sécurité nationale (en remplacement de Blinken) de 2015 à 2017.

Le poste de secrétaire à la sécurité intérieure est revenu à Alejandro Nicholas Mayorkas, anciennement secrétaire adjoint du même département de 2013 à 2016; Mayorkas est né à La Havane de parents juifs qui ont quitté Cuba après la révolution et se sont installés à Miami.

L'économiste Jared Bernstein, collaborateur du New York Times et du Washington Post, devient le conseiller économique de M. Biden. Le fait que Bernstein, pour célébrer sa nomination au Council of Economic Advisers, ait eu recours au lexique yiddish lui a donné une importance particulière [28].

Le chef de cabinet de la Maison Blanche depuis le 20 janvier est Ronald (Ron) Alan Klain, ancien chef de cabinet de deux vice-présidents: Al Gore (1995-1999) et Joe Biden (2009-2011). M. Klain, cinquième membre du Lobby à devenir le chef de cabinet du président, a célébré sa bar-mitsva dans une synagogue d'Indianapolis affiliée au ‘’judaïsme reconstructionniste’’. En avril 2020, lors d'une conversation télévisée avec le rabbin Dennis Sasso, M. Klain a démontré son expertise en matière d'exégèse biblique en comparant l'épidémie de Covid-19 à la dixième plaie d'Égypte, lorsque "il y eut de grandes lamentations en Égypte, car il n'y avait pas une maison où il n'y avait pas un mort" [29]. Et "les Israélites (...) firent donner par les Égyptiens des objets d'argent et d'or et des vêtements. (...) Ils dépouillèrent donc les Égyptiens" [30].

* * *

Celui qui veut retracer les origines historiques de la "supersecte" américaine, doit remonter à la naissance de la loge maçonnique initialement appelée Bundesbrüder, qui a été fondée le 13 octobre 1843 au café d'Aaron Sinsheimer à Wall Street, New York, par douze Juifs d'Allemagne. Le groupe, qui prend bientôt le nom d'Independent Order of B'nai B'rith, se propose, selon l'article 2 de sa charte, d'"unir les Juifs pour la promotion de leurs intérêts les plus élevés et le bien de l'humanité", le "peuple d'Israël" étant le médiateur nécessaire entre Dieu et l'humanité. En 1851, le B'nai B'rith comptait douze loges et un peu plus d'un millier d'affiliés ; mais, étant donné l'augmentation continue de la population juive américaine (un million en 1900, 5.200.000 en 1945), en septembre 1945, les membres de l'Ordre s'élevaient déjà à 160.000 hommes et plus de 70.000 femmes. Ayant entre-temps acquis le caractère d'une véritable organisation internationale, le B'nai B'rith peut compter sur un réseau mondial de 250.000 affiliés et se servir des activités de l'Anti-Defamation League of B'nai B'rith, qu'il a fondée en octobre 1913.

661UHkpR_400x400.jpgL'ADL, dont le siège est à New York et qui compte actuellement une trentaine de branches aux États-Unis, ainsi que quelques bureaux à l'étranger, ne fait pas mystère de ses activités d'espionnage. Abraham (Abe) H. Foxman [31], directeur national de l'ADL, a explicitement déclaré: "Notre mission est de surveiller et de détecter ceux qui sont antijuifs, racistes, antidémocratiques (...). Comme les organisations extrémistes sont enclines au secret, l'ADL ne peut parfois apprendre leurs activités qu'en utilisant des moyens secrets" [32]. Bien entendu, le procès intenté en 1993 contre l'ADL par douze groupes de défense des droits civils, dirigés par l'American-Arab Anti-Discrimination Committee et la National Lawyers Guild, n'a pas servi à grand-chose. (En ce qui concerne l'influence de l'ADL en Italie en particulier, il convient de rappeler qu'en août 1994, le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, a été contraint de présenter ses excuses à Abe Foxman pour une déclaration du ministre du travail, Clemente Mastella, qui avait insinué que la chute de la lire sur le marché international avait été provoquée par le lobby juif américain. Devenu ministre de la justice dans le gouvernement Prodi (2006-2008), Mastella a expié sa culpabilité en présentant un projet de loi visant à punir les "idées antisémites" et en finançant un programme international d'éducation sur l'Holocauste).

De retour au B'nai B'rith, il s'installe en septembre 1957 dans son nouveau siège à Washington, DC, qui est inauguré par le président Richard Nixon. "Depuis lors, les différents présidents américains, les plus hautes personnalités de l'Etat et de nombreux chefs d'Etat étrangers n'ont cessé de suivre et de soutenir l'Ordre du B'nai B'rith (...) Les campagnes présidentielles passent désormais inévitablement par les assemblées du B'nai B'rith, où les candidats, tant démocrates que républicains, viennent apporter leurs messages de soutien à Israël (accusant toujours leurs adversaires de tiédeur envers la cause sioniste) (...). En 1963 (...) l'invité d'honneur était le président John Kennedy. (...) Quelques mois plus tard, c'était le tour du nouveau président Lyndon Johnson" [33]. L'Ordre entretenait de très bonnes relations avec les sionistes.

L'Ordre a entretenu d'excellentes relations avec tous les présidents américains, exhortant chacun d'entre eux à engager les énergies du pays dans la défense du régime sioniste et de ses intérêts au Proche et au Moyen-Orient. Immédiatement après l'élection de Donald Trump, le président Gary P. Saltzman et le vice-président exécutif Daniel S. Mariaschin ont envoyé le message suivant au président nouvellement élu: "Le B'nai B'rith applaudit votre engagement déclaré en faveur de la sécurité d'Israël et votre engagement à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire. Nous reconnaissons que le leadership américain - et le partenariat crucial de l'Amérique avec son allié démocratique Israël - sont essentiels à notre objectif commun d'un Moyen-Orient pacifique et stable. Nous sommes donc grandement rassurés de savoir qu'Israël, la seule démocratie du Moyen-Orient, un pays qui a combattu le terrorisme et l'agression depuis son indépendance, aura un allié fidèle en la personne du président des États-Unis" [34]. Nous sommes également rassurés de savoir qu'Israël est la seule démocratie du Moyen-Orient, un pays qui a combattu le terrorisme et l'agression depuis son indépendance.

Le message envoyé par le président et le vice-président de l'Ordre au président nouvellement élu, Joe Biden, n'est pas très différent sur le fond: "Le moment est venu pour la nation de resserrer ses rangs, unie dans la guérison et unie face aux défis les plus graves. En tant qu'organisation humanitaire juive mondiale, nous nous concentrons sur les droits de l'homme, sur la sécurité et la défense d'Israël et du peuple juif, sur les questions touchant les anciens, la tolérance et la diversité. Nous nous réjouissons de travailler avec la nouvelle administration et le Congrès sur des questions cruciales pour les États-Unis et Israël. "[35].

NOTES

[1] François Thual, Géopolitique de l’Orthodoxie, Dunod, Paris 1993. Trad. it. La geopolitica dell’Ortodossia, SEB, Milano 1995. Di Thual si veda inoltre: Il mondo fatto a pezzi, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2008.

[2] Géopolitique du Chiisme, Arléa, Paris 1995; Géopolitique du Bouddhisme, Éditions des Syrtes, Genève 2002; Géopolitique des religions. Le Dieu fragmenté, Ellipses, Paris 2004.

[3] “Eurasia”, a. XI, n. 3.

[4] “Eurasia”, a. IX, n. 4.

[5] “Eurasia”, a. XI, n. 4.

[6] “Eurasia”, a. XII, n. 3.

[7] “Eurasia”, a. XIII, n. 3.

[8] “Eurasia”, a. XVI, n. 1.

[9] “Eurasia”, a. XVIII, n. 2.

[10] Massimo Introvigne, Le sètte cristiane. Dai Testimoni di Geova al Reverendo Moon, Oscar Mondadori, Milano 1990, p. 19.

[11] David Margules, président du Chabad Lubavitch au Delaware, a déclaré à proposdeBiden : “He has developed the reputation for being a strong supporter of Israel”.

[12] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, Mondadori, Milano 2007, p. 14.

[13] Dulatin tardif laubia, qui est à l’origine du terme italien loggia.

[14] D’après une étude publiée par la démographe Ira Sheskin et parle sociologue Arnold Dashefsky en 2015 la population juive aux Etats-Unis serait de 6.829.930 individus.

[15] D’après les données fournies par la ‘’Berman Jewish Data Bank’’, en 2018 la population juive de l’Etat totalisait 6.960.000 individus.

[16] Jean Meynaud, Les groupes de pression internationaux, Études de Science politique, Lausanne 1961, pp. 95.

[17] John Mearsheimer – Stephen Walt, La lobby israeliana e la politica estera degli Stati Uniti, in: AA. VV., Lobby israeliana e politica statunitense, Effepi, Genova 2007, p. 18.

[18] Jeffrey Blankfort, L’influenza di Israele e della sua lobby in America sulla politica americana in Medio Oriente, in AA. VV., Lobby israeliana e politica statunitense, cit., pp. 68-69.

[19] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, cit., pp. 164-165. Cfr. Marco Zenesini, Ritorni: il sionismo cristiano, “Eurasia”, 2/2021, pp. 123-127.

[20] Ce nom dérive du terme anglais dispensation, qui, dans la version autorisée de la Bible du Roi Jacques traduit le terme οἰϰονομία, “administration’’. L’apôtre, en fait, ‘’administre’’ l’annonce faite dans l’Evangile et ‘’dispense’’ la Grâce.

[21] John J. Mearsheimer – Stephen M. Walt, La Israel lobby e la politica estera americana, cit., p. 165.

[22] Il est difficile, sinon impossible, de soutenir que lers Juifsactuels, auxquels les thèses sionistes attribuebt un ‘’droit au retour’’en Palestine, descendent desHébreuxdes douze tribus, parce qu’à l’ethnogénèse juive d’autres éléments ethniques de provenances très diverses ont contribués, car acquises via le prosélytisme. Sur ce thème, je renvoie à mon essai Chi sono gli antenati degli Ebrei?, “Eurasia” 2/2009, republié sous le titre de  Gli Ebrei sono semiti? en appendice à: Goffredo Coppola, Trenta danari, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2020.

[23] Nathan Posner, Biden’s Jewish Leadership, atlantajewishtimes.timesofisrael.com

[24] Alison Weir, L’ex vice consigliere per la sicurezza nazionale Tony Blinken rivela come Obama e Biden hanno contribuito al massacro israeliano di Gaza nel 2014, bocchescucite.org, 4 luglio 2020.

[25] Ibidem.

[26] Ecco le donne più potenti del mondo secondo Forbes, www.liberoquotidiano.it, 29 maggio 2014.

La revue de presse de CD - 23 mai 2021

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La revue de presse de CD

23 mai 2021

ECONOMIE

Les difficultés récentes que rencontrent les industriels à se procurer des semi-conducteurs, éléments centraux et indispensables à la transformation digitale des organisations et de la société, rappellent que le digital ne peut s’affranchir de réflexions sur le territoire et sur les relations entre les grandes puissances mondiales.

Extrait de « La transformation digitale des entreprises » que vient de publier les éditions Ellipses.

The Conversation.com

https://theconversation.com/bonnes-feuilles-la-nouvelle-g...

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ETATS-UNIS

Yémen : malgré ses promesses électorales, Biden continue à soutenir la guerre

L’administration Biden a finalement admis que les États-Unis apportaient un soutien offensif à l’assaut génocidaire de l’Arabie saoudite contre le Yémen, contredisant directement l’affirmation de février selon laquelle elle ne fournirait plus de soutien offensif dans cette guerre.

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/05/15/yemen-malgre-ses-pr...

FRANCE

Justice politique : les grosses ficelles du macronisme

À un an de l’élection présidentielle, l’instrumentalisation politique de la justice reprend du service. Au PNF et au pôle d’instruction, on est l’arme au pied, prêt à intervenir comme en 2017 et permettre la réélection d’Emmanuel Macron en disqualifiant les adversaires susceptibles de le mettre en difficulté. Ils ont déjà tout ce qu’il leur faut en magasin et d’ailleurs pas seulement contre Marine Le Pen.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/05/justice-politique-les-g...

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Masque obligatoire en extérieur : Véran piétine la science et les libertés

Pourquoi ne pas abroger tout de suite le port du masque obligatoire en extérieur ? Il n’a aucune justification scientifique, et les seules raisons valables de le conserver sont politiques et liberticides.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/05/18/397734-masque-obl...

GEOPOLITIQUE

Alternative iranienne au canal de Suez

Avec le récent blocage du canal de Suez par le porte-conteneurs Ever Given, de nombreux pays sont déjà activement impliqués dans la recherche et la discussion d’une éventuelle alternative future à cette voie de transport maritime reliant l’Europe et l’Asie. Ainsi, la Russie a proposé la route maritime du Nord, et Israël a rappelé l’idée du canal Ben-Gourion, qui pourrait relier la Méditerranée à la mer Rouge en contournant le canal de Suez. 

Euro-Synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/05/16/a...

La Chine, l’Inde et le reste du monde…

Deux géants. Deux géants qui, à eux seuls, représentent plus du tiers de la population mondiale : 19% pour la Chine (1,44 Milliard d’habitants), 18% pour l’Inde (1,39 Milliard). Deux voisins qui, au cœur du continent asiatique, ne pouvaient pas ne pas entrer tôt ou tard en confrontation, tout en se ménageant, par respect l’un pour l’autre, de longues plages de coopération, voire d’amitié.

Geopragma

https://geopragma.fr/la-chine-linde-et-le-reste-du-monde/

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MEDIAS

La manipulation des algorithmes, moyen de dominer l’information ?

Les algorithmes, surutilisés et sophistiqués par les GAFAM permettent de manière subtile le « shadowing » (de shadow, ombre en anglais), en clair de mettre dans la soute une information « négative » ou – a contrario – de mettre au grand soleil une information dite « positive ». Nous reproduisons un article de Caitlin Johnstone paru sur son blog le 4 mai 2021 : La manipulation des algorithmes de la Silicon Valley est la seule chose qui maintient les médias grand public en vie.

OJIM

https://www.ojim.fr/manipulation-algorithmes-information/...

REFLEXION

Thoreau et la difficile désobéissance civile face à la dictature sanitaire

Relire Thoreau par les temps qui courent en occident est intéressant, parce que ce légendaire résistant nous explique à quel point il est difficile de… résister. Et il ne fait pas de cadeaux, même à ceux qui se disent résistants : « Ils parlent de changer la société, mais ils n’ont point de refuge hors d’elle. »

Euro-Synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/05/14/t...

Les Balkans, Trotsky, Parvus et les Jeunes Turcs

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Les Balkans, Trotsky, Parvus et les Jeunes Turcs

Par Gaston Pardo

Entre 1910 et 1914, Léon Trotsky a été le premier analyste des situations complexes qui ont tiré la sonnette d'alarme face à la fragmentation politique des composantes nationales que l'Angleterre et l'Allemagne, fondamentalement, avaient contribué à enfermer dans des frontières "sûres".

Le résultat de l'analyse de Trotsky conduit à l'étude des Balkans, qui entrent dans un processus de désintégration dû aux confrontations entre ses composantes, ce qui, par ailleurs, est analysé par Olga Petrovich dans son livre Realpolitik vs Moralpolitik. Ce document date de 1991, lorsque l'embrasement du territoire des Balkans a commencé.

Cet essai nous permet d'apprendre en détail le génocide ethnique, linguistique et religieux des peuples des Balkans dû aux initiatives de l'OTAN au cours des 30 dernières années, entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle.

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La manipulation des composantes géopolitiques et géostratégiques de la Turquie conduit à une tentative qui semblait alors définitive de démanteler l'empire fondé par Osman I au XIVe siècle et agrandi par son descendant de sang, Mehmet II, 120 ans plus tard. Les services secrets britanniques et la franc-maçonnerie se sont associés dans les Balkans pour effacer de la mémoire des Turcs le souvenir de leur empire avec le projet conspirateur des Jeunes Turcs, qui était soutenu par les communistes russes.

Trotsky écrit :

1.La "conspiration" de l'Autriche et de la Bulgarie

Sous le prétexte d'une grève des chemins de fer, le prince Ferdinand de Bulgarie s'est emparé de la ligne de Roumélie orientale, jusqu'alors propriété des capitalistes autrichiens. Afin de défendre ses intérêts, le gouvernement de Vienne a immédiatement émis une protestation modérée.

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Et pourtant, les calomniateurs avaient raison. Tant l'appropriation du chemin de fer austro-turc que la protestation autrichienne étaient des éléments d'une conspiration entre les gouvernements autrichien et bulgare. Ce fait est devenu évident en deux ou trois jours. Le 5 octobre 1908, la Bulgarie proclame son indépendance et deux jours plus tard, l'Autriche-Hongrie annonce l'annexion de la Bosnie-Herzégovine. Ces deux actions constituent des violations du traité de Berlin, même si elles n'ont rien changé à la carte politique de l'Europe.

Les États qui forment aujourd'hui la péninsule des Balkans ont été créés par la diplomatie européenne lors de la conférence de Berlin de 1879. Lors de cette conférence, toutes les mesures ont été prises pour transformer la diversité nationale des Balkans en un enchevêtrement de petits États. Aucun d'entre eux ne pouvait s'étendre au-delà d'une certaine limite. Chacun d'entre eux, contraint par ses propres liens diplomatiques et dynastiques, s'oppose à tous les autres. Et enfin, tous demeurent impuissants face aux machinations et intrigues constantes des grandes puissances européennes.

Les territoires peuplés de Bulgares sont séparés de la Turquie par cette conférence et transformés en principautés vassales. Cependant, la Roumélie orientale, dont la population est presque entièrement bulgare, reste attachée à la Turquie. La révolte qui secoue ces territoires en 1885 modifie le partage effectué par les diplomates de la conférence de Berlin et, contre la volonté du tsar Alexandre II, la Roumélie orientale est séparée "de facto" de la Turquie et devient la Bulgarie du Sud.

L'annexion par l'Autriche des deux anciennes provinces turques et de l'Herzégovine n'a pas vraiment modifié les frontières des deux États. Les exclamations hystériques de la presse patriotique slavophile russe dénonçant la violence autrichienne contre les Slaves ne peuvent changer le fait que ces provinces avaient été remises à la monarchie des Habsbourg plus de trente ans auparavant par la Russie elle-même. Il s'agit du paiement que l'Autriche a reçu, à la suite de l'accord secret de 1876 avec le gouvernement d'Alexandre II, en récompense de sa neutralité pendant la guerre russo-turque de 1877.

La conférence de Berlin de 1879 n'a fait que confirmer le droit de l'Autriche à occuper ces provinces pour une période indéterminée. Et le gouvernement tsariste a reçu - en échange des deux provinces slaves prises par l'Autriche à la Turquie - la Bessarabie moldave ôtée à la Roumanie.

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2. La nouvelle Turquie est confrontée à de vieilles difficultés.

La révolution n'a pas encore fait renaître le pays, mais elle a créé les conditions de sa renaissance. La Bulgarie et l'Autriche sont menacées par le danger réel ou apparent que la Turquie veuille et puisse transformer la fiction en réalité. Cela explique la précipitation, marquée par la panique, avec laquelle Ferdinand s'empare de la couronne tandis que François-Joseph étend les domaines soumis à la sienne.

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Un simple coup d'œil sur la carte des Balkans suffit à montrer l'importance de la région de Novibazar - une étroite bande de terre appartenant à la Turquie mais peuplée de Serbes et occupée par les troupes autrichiennes à la suite du traité de Berlin. D'une part, elle est comme un coin entre les deux parties de la "vieille Serbie", c'est-à-dire la Serbie proprement dite et le Monténégro; d'autre part, elle constitue un pont entre l'Autriche et la Macédoine. Une ligne ferroviaire la traversant (pour laquelle l'Autriche avait obtenu une concession dans les derniers jours de l'existence de l'ancien régime turc) relierait la ligne austro-bosniaque à la ligne turco-macédonienne.

Et de cette façon, la Turquie n'a rien perdu, au contraire, elle a récupéré une province dont l'avenir était pour le moins douteux. Si elle a réagi par une protestation aussi vigoureuse, c'est qu'après la longue série de discours de bienvenue au nouveau régime, elle reconnaissait une fois de plus sans masque les mâchoires avides de l'impérialisme européen.

La révolution a sapé l'influence des Hohenzollern à Constantinople, jeté les bases du développement d'une industrie turque "nationale" et remis en question les concessions allemandes, obtenues par la corruption et les intrigues capitalistes. Le gouvernement de Berlin a décidé de se retirer temporairement et de se tenir prêt.

La Grande-Bretagne, pour sa part, exprime des sentiments amicaux à l'égard du nouveau régime dans la même mesure où il a affaibli la position de l'Allemagne dans les Balkans. Dans le contexte de la lutte entre les deux grandes puissances européennes, les "Jeunes Turcs" ont naturellement cherché des soutiens et des "amis" sur les rives de la Tamise.

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Comme nous l'avons déjà dit, la Turquie a toutes les raisons de craindre que la remise en cause de ses droits fictifs par la Bulgarie et l'Autriche s'accompagne d'attaques contre ses propres intérêts. Pourtant, elle n'a pas pris le risque de tirer son épée en se contentant de faire appel aux pouvoirs du Congrès de Berlin. Il ne fait aucun doute qu'une guerre populaire déclarée à l'initiative des "Jeunes Turcs" rendrait leur pouvoir indestructible puisqu'il est lié au rôle de l'armée. Mais c'est à la condition que la guerre soit victorieuse.

Un tel objectif ne mérite pas une guerre. La récupération de la Roumélie orientale? Cela ne renforcerait pas la Turquie mais les tendances centrifuges, déjà importantes en soi, que le nouveau régime tente de surmonter. Les éléments réactionnaires, qui n'ont de toute façon rien à perdre, ont déclenché une vive agitation en faveur de la guerre et, si l'on en juge par les dépêches en provenance de Constantinople, ont réussi à affaiblir l'influence du gouvernement et du comité des "Jeunes Turcs".

L'influence de la paysannerie sur le développement des événements en Turquie est peut-être incomparablement plus grande. La paysannerie, dont un cinquième est sans terre, soumise à un régime de semi-servage, enfermée dans les filets de l'usure, exige de l'Etat des mesures agraires fondamentales. Cependant, seuls le parti arménien "Dashnaktsutiun" et le groupe bulgare-macédonien dirigé par Sandansky poursuivent un programme agraire plus ou moins radical.

3. Intrigues pour une compensation "désintéressée".

L'ennemi le plus perfide de la nouvelle Turquie est sans conteste la Russie tsariste. Le Japon a repoussé la Russie sur les rives du Pacifique et maintenant une Turquie forte menace de l'expulser des Balkans. Une Turquie consolidée sur des bases démocratiques deviendrait un centre d'attraction pour l'ensemble du Caucase et pas seulement pour les musulmans. Liée à la Perse par la religion, la Turquie pourrait expulser la Russie de ce pays et devenir une menace sérieuse pour les possessions russes en Asie centrale.

St. Petersburg est prêt à frapper la Turquie de toutes les manières possibles. Le semi-consentement à l'annexion de la Bosnie-Herzégovine qu'Izvolsky (ministre russe des Affaires étrangères) a transmis à Aehrenthal (ministre autrichien des Affaires étrangères) était sans doute dû à un calcul des avantages que la Russie pouvait attendre du désordre dans les Balkans.

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J'ai déjà eu l'occasion d'écrire dans ces mêmes pages que, dans son stade actuel, la diplomatie tsariste manque totalement d'une "idée" unificatrice et peut être définie comme un opportunisme parasitaire. Il se nourrit principalement du conflit entre l'Allemagne et l'Angleterre et est parasite même par rapport à la politique impérialiste des gouvernements capitalistes. Il combine l'alliance avec la France et l'"amitié" envers l'Allemagne, des accords secrets avec Aehrenthal avec des réunions officielles avec Pichon (ministre français).

Pendant les vacances d’été, Miliukov a visité la péninsule des Balkans et est arrivé à la conclusion que tout se passait bien. Avec l'audace qui le caractérise, il a fait remarquer qu'un rapprochement entre la Serbie et la Bulgarie était déjà bien avancé et porterait bientôt ses fruits. Quelques semaines plus tard, cependant, le panslavisme devait subir une expérience désagréable. Que s'est-il passé ? Les Bulgares ont conclu un accord avec l'"ennemi juré des Slaves", l'Autriche, et l'ont aidée à annexer ses provinces peuplées de Serbes.

Qu'est-ce que cela signifie maintenant de trop "céder" ? Deux ans auparavant, ces messieurs se sont rendus à Paris pour s'assurer le soutien des radicaux français contre le tsarisme. Et maintenant, ils font appel au gouvernement tsariste contre une Turquie qui peine à se relancer. Les pertes subies par la Turquie leur ont fourni un prétexte pour exiger une compensation de la Russie aux frais de la Turquie.

4. Hors des Balkans !

La diplomatie russe veut assurer à sa marine la liberté d'entrer en Méditerranée depuis la mer Noire, eaux dans lesquelles elle est confinée depuis plus d'un demi-siècle.

Le Bosphore et les Dardanelles, la route vers la Méditerranée, sont gardés par l'artillerie turque car, en vertu du "mandat" européen, la Turquie est la gardienne des détroits. Tout comme les navires de guerre russes ne peuvent pas quitter la mer Noire, les navires des autres États ne peuvent pas y entrer. La diplomatie tsariste voulait que le verrou soit ouvert, mais seulement pour sa propre flotte.

La Grande-Bretagne ne peut en aucun cas accepter cette demande.

Trotsky a écrit quelques mois plus tard :

La Turquie se situe dans la péninsule des Balkans, au sud-est de l'Europe. Depuis des temps immémoriaux, ce pays symbolise la stagnation, l'immobilisme et le despotisme. Dans ce domaine, le sultan de Constantinople n'est pas à la traîne de son frère de Saint-Pétersbourg, et le devance même. Des peuples de races et de religions différentes (Slaves, Arméniens, Grecs) ont été soumis à des persécutions diaboliques.

Les écoles n'étaient pas nombreuses. Le gouvernement du sultan - qui craint la croissance du prolétariat - ordonne toute une série de mesures qui rendent difficile la création d'usines. Les espions intriguaient partout. Le gaspillage et le détournement de fonds par la bureaucratie du sultan (comme par celle du tsar) ne connaissent aucune limite. Tout cela devait conduire inexorablement à la faillite complète de l'État.

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Parvus

Aleksandr Lvovich Parvus, né Izráil Lázarevich Guélfand, également écrit Helphand ; en russe, plus connu sous le pseudonyme d'Alexandre Parvus, était un socialiste révolutionnaire né en 1867 en Biélorussie. D'origine juive russe, il s'est installé en Allemagne, où il s'est distingué comme économiste et écrivain marxiste.

Si en 1893 il avait été expulsé de Prusse, en 1898 il est expulsé de Saxe, mais pas avant que Rosa Luxemburg ne lui succède à la tête du journal social-démocrate de Dresde, ce qui signifie pour elle son premier contact avec l'activité journalistique en Allemagne. Après son expulsion, il se rend en Russie avec un faux passeport pour s'informer sur la famine dans la Volga.

Journaliste dans les Balkans

Insatisfait de l'atmosphère politique en Allemagne après la révolution en Russie, il s'installe d'abord à Vienne, puis en 1910 à Constantinople, où il reste cinq ans. Il y a créé une société de commerce d'armes qui devait réaliser des profits substantiels pendant les guerres des Balkans.

Parvus s'est d'abord tourné vers le journalisme, convaincu que la prochaine grande crise européenne se produirait précisément dans les Balkans. Il a d'abord écrit sur les Jeunes Turcs pour la presse allemande, puis a commencé à écrire pour La Jeune Turquie, le journal officiel du nouveau gouvernement turc, dans lequel il analysait l'impact du nouveau phénomène de l'impérialisme d'Europe occidentale sur l'Empire ottoman. Peu à peu, le journalisme a cédé la place aux affaires et à la prospérité économique: Parvus est devenu conseiller d'affaires pour les marchands russes et arméniens.

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Les Jeunes Turcs

En 1876, les Jeunes Ottomans, qui adopteront plus tard le nom de Jeunes Turcs, en 1896. Les Jeunes Turcs sont arrivés au pouvoir en 1908 à la suite d'une conspiration maçonnique britannique. C'est à Salonique qu'a été organisée la loge macédonienne Risen, qui était le centre conspirateur du groupe. L'éminence grise était Emmanuel Carasso, un spéculateur italien basé en Turquie.

Carasso a participé à la supervision des denrées alimentaires entrant en Turquie dans le cadre des opérations d'importation. Il a profité des liens internationaux du marchand d'armes et spéculateur Alexander Helphand Parvus.

Tout comme l'agent anglais Urquhart avait encadré Karl Marx dans sa lutte contre le tsarisme russe, Parvus investit de nombreuses ressources dans l'organisation du mouvement révolutionnaire russe dès les mobilisations de 1905, qu'il finance. Son agent est Léon Trotsky, avec qui il élabore la théorie de la révolution permanente, contenue dans le livre qui porte ce nom.

Parvus s'est installé en Turquie en 1908, peu après la révolution Jeune Turc. Avec Carasso, il a formé une société spéculative qui leur a permis d'accumuler l'argent nécessaire pour opérer en Russie. La grande collaboration pour la révolution communiste de 1917 a été gérée par Parvus et les ressources financières ont été remises à Lénine.

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Sources de référence :

Executive Intelligence Review, 12 avril 1996

Le renouveau des Jeunes Ottomans, 1910.

Les Balkans, l'Europe capitaliste et le tsarisme. Par Léon Trotsky. Première édition : Prolétaire n° 38 - 01.11.1910

Source : Archives françaises des marxistes Internet Archive 2000

Enquête sur les actions secrètes d’Israël

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Enquête sur les actions secrètes d’Israël

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

En 2018, la prestigieuse maison d’édition étatsunienne Random House publiait un ouvrage remarquable désormais disponible en français. Avec Lève-toi et tue le premier (Grasset, 2020, 944 p., 29 €), Ronen Bergman s’intéresse au rôle majeur des différentes agences de renseignement d’Israël à travers l’exemple des assassinats ciblés ordonnés par le gouvernement de Tel Aviv au nom de la sécurité nationale.

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Qualifiées pudiquement de « liquidations », ces exécutions remontent à la préhistoire de l’État juif en Terre Sainte. Les organisations sionistes constituent très tôt un appareil clandestin de collecte des informations, puis d’élimination des opposants. Dans les années 1930 – 1940, certaines d’entre-elles telles l’Irgoun de Menahem Beguin ou le Lehi (« Combattants pour la liberté d’Israël »), plus connu sous le nom de « Groupe Stern », avec Yitzhak Shamir, montent des attentats contre les Arabes et/ou contre les Britanniques.

Dès son accession à l’indépendance en 1948, le nouvel État mise sur ses services de sécurité intérieure et extérieure, car il entend aussi protéger dans le monde entier les communautés de la diaspora juive. Si Ronen Bergman mentionne le YANAM, l’unité anti-terroriste de la police, ou le Lakam, le département d’espionnage du ministère de la Défense, il se concentre en particulier sur l’AMAN, la Direction du renseignement militaire de Tsahal, l’« Institut pour le renseignement et les opérations spéciales », le Mossad, et l’« Agence israélienne de sécurité », le Shin Bet ou Shabak, en pointe dans le contre-espionnage. Outre les moyens propres à l’« Armée de défense d’Israël », ces trois instances disposent des unités spéciales « Baïonnette » et « Césarée », de la Flottille 13 (les unités spéciales de la marine) et du fameux « commando d’état-major », le Seyeret Matkal. La nécessaire coordination lors des opérations combinées compliquées n’empêche pas la persistance d’une rude concurrence entre elles…

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L’auteur éclaire la longue histoire du renseignement israélien. Les désastres les plus cinglants restent l’attentat aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, l’absence de prévision de la Guerre du Kippour en 1973, l’exécution d’un innocent dans la ville norvégienne de Lillehammer en 1974, l’enlisement militaire au Liban dans la décennie 1980, l’assassinat du Premier ministre, Yitzhak Rabin, en 1995 ou la tentative ratée d’empoisonnement d’un dirigeant du Hamas, Khaled Mechaal, en 1997. Quant aux succès, les services secrets israéliens empêchent les spécialistes allemands en balistique de donner des missiles à l’Égypte de Nasser, réussissent le raid d’Entebbe en Ouganda en 1976 et réalisent une grande action-commando contre le siège de l’OLP en Tunisie en 1988. Ronen Bergman confirme par ailleurs que le héros de la Seconde Guerre mondiale, Otto Skorzeny, et le magnat de la presse, Robert Maxwell, collaboraient avec le Mossad. Il explique par ailleurs que l’armée et le Shin Bet ont d’abord toléré l’essor du Hamas dans les territoires occupés pour mieux briser la popularité du fer de lance de la résistance palestinienne, l’OLP nationaliste, marxisante et laïque.

Lève-toi et tue le premier insiste principalement sur l’exécution préparée et planifiée d’individus estimés dangereux par les services spéciaux. L’auteur constate un peu candidement qu’il est possible « avec l’assentiment tacite du gouvernement, de perpétrer des actes d’assassinats pour le moins sujets à caution, sans aucun contrôle des assemblées parlementaires ou des citoyens, et provoquant la mort de nombreux innocents (p. 22) ». L’Occident a beau avoir aboli la peine capitale, le bourreau poursuit sa tâche essentielle et prend maintenant les traits des professionnels du service Action. Cette lecture moraliste occulte le caractère souverain de l’ordre donné. Ce n’est pas un hasard si, au lendemain du 11 septembre, les États-Unis s’inspireront des procédures israéliennes pour les appliquer en Afghanistan, en Irak et en Syrie au moyen de drones plus en plus perfectionnés. L’hypocrisie qui sous-tend le monde occidental doit toutefois cesser. Appréhender ces meurtres programmés sous l’angle de la morale et du sacro-saint respect des droits de l’homme conduit à l’impolitique. Les États occidentaux ne s’indignent pas quand les forces israéliennes assassinent le fondateur du Hamas, le cheikh Yassine, ou un très haut-gradé syrien qui ne fait qu’accomplir son devoir de militaire. Si une autre puissance tentait d’empoisonner par exemple avec une substance radio-active des traîtres, cette même communauté occidentale s’en scandaliserait !

imentebbe.jpgL’amateur d’interprétations symboliques apprécie enfin d’apprendre que les quartiers généraux de l’armée et des services de renseignement résidaient à « Kirya-Sarona, le vieux quartier de Tel Aviv créé par la Société des Templiers allemands (p. 222) ». Influente en Palestine pendant l’entre-deux-guerres, la Société des Templiers œuvrait dans une perspective pangermaniste liée au projet ferroviaire Berlin – Byzance – Bagdad et, éventuellement, mystique en mêlant la rémanence de l’Ordre proscrit du Temple et un courant folciste secondaire qui concevait le Christ comme un Aryen de Galilée. Pourquoi donc cette implantation ? Y aurait-il dans ces salles un égrégore sevré de formules kabbalistiques ?

Malgré les obstacles posés par la censure militaire en vigueur, Ronen Bergman qui a néanmoins bénéficié d’un feu orange officieux, ne dévoile pas tout et présente son travail selon un point de vue progressiste israélien. Si Lève-toi et tue le premier plonge le lecteur dans les sombres méandres de la guerre secrète, il permet une certaine persuasion mentale. À l’instar des films d’action à grand budget d’Hollywood produits en accord avec le Complexe militaro-médiatique, ce livre cherche peut-être à survaloriser l’efficacité redoutable des structures de force de l’État hébreu afin d’instiller dans les esprits un avantage psychologique certain.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 215, mise en ligne sur TVLibertés, le 18 mai 2021.

L'homme et la planète: le "virus de l'anthropocène"

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L'homme et la planète: le "virus de l'anthropocène"

Par Natella Speranskaya

Ex : https://vk.com/id41891375

Une santé planétaire perturbée

Depuis la révolution industrielle, l'impact de l'homme sur la planète est devenu si actif qu'il a aujourd'hui de graves conséquences, et de nombreux scientifiques parlent ouvertement de l'avènement d'une nouvelle ère géologique, l'ère de l'Anthropocène. Peu à peu, l'homme est passé du statut d'habitant intelligent de la planète à celui de cause de changements géophysiques et biologiques à l'échelle mondiale. L'attitude consommatrice à l'égard de la Terre, le refus d'assumer la responsabilité des processus destructeurs, dont les causes sont des facteurs anthropiques, ont conduit à la "dégradation" de l'écosystème planétaire, dont chacun de nous fait partie.

La "pensée faustienne" dont parlait Oswald Spengler au siècle dernier a abouti à l'absence de toute mesure, et l'homme a commencé à graviter vers la surabondance, la surconsommation, la croissance illimitée, le gaspillage impensable des ressources naturelles. Devenu l'otage de l'Hubris (du grec ὕβρις - "impudence", "absence de retenue", "manque de retenue"), il s'est transformé en un exploiteur avide, croyant que la planète est conçue pour satisfaire ses appétits et ses caprices.

La pollution de l'air et de l'océan mondial, la destruction des forêts tropicales, l'extinction de nombreuses espèces d'êtres vivants sur la planète, l'épuisement des ressources naturelles, les changements dans la composition chimique de l'atmosphère, la surpopulation - voilà des défis mondiaux que nous devons relever. Ces défis sont le résultat d'un manque de conscience environnementale d'une part, et d'une course à la croissance économique d'autre part. L'homme regarde sa planète avec les yeux du propriétaire et du consommateur, sans se rendre compte qu'il devient de plus en plus un pilleur et un parasite. Quelque 83 % des terres émergées de la planète sont aujourd'hui sous l'influence de l'homme. De plus, le pourcentage d'organismes qui font de la photosynthèse chez l'homme est effroyablement élevé, plus de 90 %. Nous avons fait disparaître de notre conscience une attitude responsable envers la planète, et le résultat ne s'est pas fait attendre.

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Le protocole de Kyoto ne résout pas le problème du réchauffement de la planète. Nous continuons à parler du changement climatique, mais nous ne prenons pas de mesures efficaces. Nous parlons d'énergie, mais nous ne passons pas aux sources d'énergie alternatives. Nous parlons de la pollution de l'eau et continuons à déverser 400 milliards de tonnes de déchets dans l'hydrosphère chaque année. Nous reconnaissons que 80 % des citadins respirent un air contaminé à un niveau dénoncé par l'OMS, mais nous continuons à prétendre que le risque environnemental pour notre santé n'est pas si important que nous devrions enfin tirer la sonnette d'alarme. Dans la poursuite du profit, nous abattons les forêts, récupérant ces zones forestières pour un autre développement. En une seule minute, on estime que 20 hectares de forêts de notre planète sont détruits. L'homme est à l'origine de la disparition d'espèces animales et végétales rares, de l'appauvrissement de la couche d'ozone, de l'émission de substances toxiques dans l'eau et l'air et de l'émergence de nouveaux virus à potentiel pandémique. La planète est malade du "virus de l'anthropocène". De la parole nietzschéenne "Dieu est mort !" au "Déclin de l'Occident" de Spengler, l'humanité a entendu de nombreux verdicts. Aujourd'hui, les scientifiques émettent de nouveaux verdicts: réchauffement climatique, sixième extinction de masse. Nous réagissons lentement et trop tard, et pire encore, nous refusons de croire à la possibilité de développements catastrophiques. Des scientifiques confirmés s'accordent unanimement à dire que le réchauffement climatique constitue une menace pour notre avenir qui ne peut être comparée qu'à une guerre nucléaire, mais nous restons sourds. Nous attendons probablement que la température moyenne de la Terre augmente de 2 ou 3 degrés et alors nous n'aurons nulle part où aller.

Les dirigeants d'organisations telles que l'OMS, le WWF (Fonds mondial pour la nature) et l'ONU ont été contraints de reconnaître que la pandémie du coronavirus (ainsi que d'autres maladies infectieuses ces dernières années) est due à l'influence de l'homme sur la nature. En 1993, le médecin norvégien Per Fugelli a écrit : "La patiente ‘Terre’ est malade. Les perturbations environnementales mondiales peuvent avoir de graves conséquences sur la santé humaine. Il est temps pour les médecins de diagnostiquer le monde et de faire des recommandations de traitement." À l'époque, peu de gens prenaient ces mots au sérieux et assimilaient la "santé planétaire" à la "santé humaine".

A-t-il jamais été différent ? Avions-nous un plus grand respect et une plus grande responsabilité envers la Terre?

De l'égocentrisme à l'écocentrisme

Dans les cultures anciennes, la Terre n'était pas seulement déifiée, mais avait aussi un nom. Nous appelons notre planète Terre, mais nous avons depuis longtemps cessé de la considérer comme notre foyer, de lui accorder du respect. Les Grecs anciens, qui ont profondément marqué le développement de l'humanité et influencé la culture mondiale, appelaient la Terre Gaïa (grec Γαῖα). Comme nous le savons, toutes les planètes ont été nommées d'après des dieux grecs et romains. Seule la Terre est encore sans nom. Elle a seulement un nom. Mais un nom qui n'est pas un nom. Nous donnons des noms non seulement à nos enfants, mais aussi aux animaux ; il n'est pas rare que nous donnions même des noms à nos voitures et les traitions ainsi comme des êtres vivants, et les enfants donnent des noms à leurs jouets en signe de réelle préoccupation. Alors pourquoi ne pouvons-nous pas faire de même pour notre planète? Qu'est-ce qui nous empêche de la traiter comme un être vivant ? Qu'est-il arrivé à notre conscience qui a affecté notre pensée au point que nous nous sommes accrochés au corps de la planète comme des vampires, aspirant ses dernières ressources? Et surtout, que faisons-nous maintenant?

Ceux qui peuvent changer fondamentalement la situation existante - dirigeants politiques, représentants des organisations internationales, responsables des banques centrales - choisissent l'inaction ou les demi-mesures. Les défis environnementaux mondiaux doivent être discutés lors d'événements tels que le sommet du G20. Et pas seulement discuté, car il ne suffit pas d'énoncer le problème - ce qui compte, ce sont les solutions qui peuvent influencer le cours de l'histoire, et ce qui compte, ce sont les résultats qui empêchent la crise.

L'absence quasi-totale d'acteurs désireux de prendre la responsabilité de résoudre les problèmes environnementaux mondiaux montre que l'on ignore l'ampleur du problème. En outre, les problèmes environnementaux ne peuvent être résolus sans un nouveau concept d'économie. Et il ne s'agit pas d'un autre projet de refonte du système économique actuel. Les réparations cosmétiques sont inutiles lorsque l'ensemble du bâtiment doit être démoli.

Nous sommes donc confrontés à deux problèmes mondiaux, l'un écologique et l'autre économique, mais la racine de ces deux problèmes se trouve dans notre façon de penser et dans le système de valeurs qui influe sur tous les aspects de notre existence.

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Aujourd'hui, les voix du mouvement de la "décroissance" - Serge Latouche, Giorgos Kallis, Alexandria Ocasio-Cortez et d'autres - se font de plus en plus entendre. Il y a des conférences internationales (la première a eu lieu en 2008 et comprenait environ 140 participants), des événements culturels (en 2019, une triennale d'architecture s'est tenue à Oslo, consacrée à l'idée d'un monde libéré de la croissance économique). En septembre 2018, une lettre ouverte à l'Union européenne a été publiée. 238 politiciens et scientifiques ont présenté une proposition visant à abandonner la croissance économique et à se concentrer sur le bien-être humain et environnemental.

En 1972, des chercheurs du MIT ont publié un rapport intitulé "Les limites de la croissance", qui mettait en garde contre les conséquences désastreuses qui attendent l'humanité si nous n'arrêtons pas la croissance économique. C'est dans ce rapport que la croissance, normalement considérée comme un phénomène extrêmement positif, est vue comme destructrice. La conscience du consommateur qui ne reconnaît plus aucune limite, associée à la recherche du profit, peut nous conduire à un désastre civilisationnel. Aujourd'hui, les militants du mouvement anti-croissance suggèrent les mesures suivantes pour sauver la planète de l'épuisement: réduire la production, réduire les émissions dangereuses, soutenir le développement des énergies renouvelables, éliminer la publicité commerciale, contrôler l'instinct de consommation irréfléchi de l'homme, limiter le temps de travail (et ainsi donner aux gens plus de possibilités de créativité); certains partisans de cette idée parlent de la nécessité d'introduire un revenu de base inconditionnel.

L'écologiste politique et auteur de Degrowth Giorgos Kallis note: "Étant donné que notre économie repose depuis trop longtemps sur le concept de croissance, un simple coup d'arrêt ne suffira pas. Pour ralentir l'économie et ne pas faire de ravages, nous devons repenser notre façon de concevoir l'ensemble du système économique". C'est un point de vue juste. Nous devons souligner que le noble élan des partisans du mouvement anti-développement mérite beaucoup de respect, mais il n'y a pas de système économique holistique derrière lui, capable de devenir non seulement une alternative au modèle capitaliste existant, mais aussi un antidote au système des fausses valeurs profondément ancrées. Ce qu'ils proposent, ce sont des solutions au sein du même modèle économique. Ce résultat n'est possible qu'avec la création d'un nouveau paradigme économique, et donc une transition vers un nouveau système financier. Dans le même temps, il faut comprendre que les problèmes environnementaux et économiques, tels que mentionnés ci-dessus, ont une seule et même source - notre état d'esprit. Tant que nous resterons des consommateurs, obsédés par l'appât du gain, nous continuerons à épuiser les ressources de la planète. Si nous ne développons pas une conscience écologique, nous ne verrons pas notre planète comme un être vivant, mais comme un immense supermarché capable de répondre à tous nos besoins. Pas à pas, il conduira la planète vers une catastrophe inévitable jusqu'à ce que le prochain virus mortel mette fin à sa vanité parasitaire.

Malgré l'émergence d'un grand nombre d'initiatives environnementales et économiques destinées à changer les choses, toutes sont à nouveau développées dans le cadre des anciens paradigmes. Et c'est là leur défaut essentiel.

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Hares Youssef.

Lorsque le philosophe et philanthrope Hares Youssef a décidé de fonder l'organisation à but non lucratif Gaiia Foundation, il s'est fixé de grands objectifs: créer des projets mondiaux qui répondent aux défis du monde numérique d'aujourd'hui, visant à protéger les humains d'un avenir robotique imprévisible, et qui ont pour but de protéger l'environnement et de réformer le système financier mondial. Il s'agit d'une série d'initiatives :

1. liées l'environnement :

Prendre l'initiative de nommer notre planète Gaia et de la reconnaître comme un être vivant (et donc de lui accorder un statut juridique).

2 : économiques :

Créer une "nouvelle économie" fondée sur le principe de la transparence financière et jeter ainsi les bases d'un nouveau paradigme économique. Initier des recherches dans le domaine interdisciplinaire de la "psychonomie".

3 : technologiques :

Créer la plateforme de communication Gaiia, une plateforme de communication qui forme du capital à partir de données. GPP sera le premier réseau social au monde, où toute action réalisée dans une transparence absolue deviendra une transaction économique.

4 : relatives à l’intelligence :

Créer Gaiia Think Factory, un groupe de réflexion qui comprendra d'éminents économistes, penseurs, scientifiques, etc., dont la tâche sera de résoudre les problèmes mondiaux auxquels l'humanité est confrontée.

5 : relatives à l’éducation :

Mener des recherches interdisciplinaires dans le domaine de l'éducation et de l'instruction des enfants afin d'établir un fonds de pension pour les enfants et de créer un "paradis des enfants" (Paeideum) où l'enfant aura la possibilité de réaliser son potentiel intérieur.

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Ce ne sont là que quelques-unes des initiatives. Chaque projet développé par la Fondation Gaiia implique la création d'un paradigme complètement nouveau. Ni les problèmes environnementaux, ni les problèmes économiques, ni les problèmes sociaux ne pourront être résolus si nous ne faisons pas la transition vers un nouveau type de pensée et si nous ne reconnaissons pas notre planète comme un être vivant ayant un nom. Il serait plus juste de dire non pas à un "nouveau type de pensée" mais à un original bien oublié, car nos lointains prédécesseurs connaissaient une relation sacrée avec leur Terre. Et ce n'est qu'en assumant la responsabilité environnementale, c'est-à-dire en remplaçant l'égocentrisme par l'écocentrisme, que nous guérirons la planète des effets néfastes du "virus de l'anthropocène".

Le droit à l'air pur

Bien sûr, il y aura ceux qui trouveront l'idée de donner un nom à notre planète très utopique et inefficace, mais même si nous prenons des mesures sérieuses pour protéger l'écosystème planétaire et pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, si nous passons progressivement aux sources d'énergie renouvelables, etc. mais que nous ne changeons pas notre état d'esprit, tous nos efforts seront vains. Le temps passera et nous nous retrouverons à nouveau au bord du même abîme. C'est pourquoi Hares Youssef attache tant d'importance à l'initiative de nommer la planète et de la reconnaître comme un être vivant. Il ne s'agit pas seulement d'un acte symbolique, mais d'une tentative d'éveiller la conscience écologique de l'humanité.

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Notre pensée devient la source de l'émergence de projets sociaux, économiques, politiques et autres. Tout ce que nous avons aujourd'hui, calculer les dommages et essayer de prévoir tous les risques, est un produit de notre mentalité. Si nous ne changeons pas notre mentalité, nous sommes condamnés à continuer à faire les mêmes erreurs.

Malheureusement, l'homme est construit de telle manière qu'il ne commence à se rendre compte de la valeur d'une chose que lorsqu'il la perd. Nous pouvons tout sacrifier pour un verre d'eau si l'eau disparaît soudainement. Mais nous pouvons survivre environ 10 à 14 jours sans eau, et combien de temps pouvons-nous vivre sans air ?

Hares Youssef est convaincu que l'air pur est de la plus haute valeur et que chaque être vivant a le droit de respirer un air pur dès la naissance. Mais aujourd'hui, nous avons perdu ce droit, et nous semblons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour arriver à un avenir où nous devrons passer nos journées sous des coupoles de verre. Outre la pollution atmosphérique naturelle, telle que les inondations, les tornades, les incendies de forêt et d'autres phénomènes naturels, les facteurs anthropiques jouent un rôle énorme: industrie chimique, production de pétrole, transports motorisés, industrie des métaux non ferreux et ferreux, industrie des matériaux de construction, centrales électriques.

750.000 Chinois meurent chaque année à cause du smog toxique. L'Inde, où des niveaux élevés d'insalubrité ont entraîné une dégradation des sols, émet 2.480 millions de tonnes de CO2 par an. Le Pakistan, troisième pays le plus pollué, est connu pour une augmentation des maladies respiratoires et des cancers. On estime que 40.000 enfants meurent chaque année avant leur cinquième anniversaire à cause des particules provenant de la combustion de combustibles fossiles. La course à la croissance économique nous coûte trop cher, et si nous ne nous arrêtons pas, selon Hares Youssef, nous finirons inévitablement sous des dômes de verre, obligés de nous extraire de l'air pur pour survivre. Le droit à un air pur devrait être inclus dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, et c'est une mesure nécessaire.

Hares Youssef déclare: "Tout au long de l'histoire, les poètes et les philosophes ont traité notre planète comme une Mère. Ne sommes-nous pas, en tant qu'organismes vivants, la chair de ce super-organisme? Nous sommes faits des mêmes éléments que notre Mère, nous respirons le même air, nous buvons la même eau. Et même si nous ne considérons plus la planète comme notre mère, nous resterons toujours ses chers enfants. Nous sommes comme des poissons dans l'océan qui respirent son amour.

Nous ne devons pas oublier que nous vivons dans un organisme vivant à énergie intégrée, faisant partie de l'écosystème général. Nous ne réalisons pas que nos influences négatives sur cet écosystème se reflètent directement sur notre âme. Un peu plus et les conséquences peuvent être irréversibles.

Que faire et par où commencer? La création d'une conscience écologique qui changera complètement notre relation à la planète doit commencer par le nom de Gaia, en référence à la déesse de la terre de la Grèce antique, Gaia, créatrice de toute vie. Gaia est l'âme de notre planète. En donnant à la Terre un nom qui deviendra un symbole de la Mère, nous passerons à une nouvelle étape de notre développement. En tant qu'espèce humaine, nous nous élèverons d'un cran par rapport à nous-mêmes.

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Le sol sur lequel vous marchez est la peau de Gaia, et votre activité est, en quelque sorte, un massage. Vous devez comprendre que votre bien-être et votre santé sont un miroir de la santé de Gaia. Gaia est comme les feuilles des arbres qui réagissent à la qualité de l'air, les coraux qui mesurent sa température. Gaia boit de l'eau avec son sol respirable, elle absorbe la pluie sale des tuyaux d'exploitation minière, des raffineries, des aciéries et des usines dont la frénésie vient d'une avidité folle. N'avez-vous pas encore compris que vos maladies sont des symptômes de l'affliction de Gaia? N'avez-vous pas encore réussi à relier la cause de vos maladies inconnues au résultat de votre économie débridée? Le coronavirus ne vous a-t-il pas montré la nature de Gaïa?’’.

Meilleurs extraits de la revue de presse de Pierre Bérard

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Meilleurs extraits de la revue de presse de Pierre Bérard

Au sommaire :

Dans l’émission de Tv Liberté consacrée aux dessous de la science Floriane Jeannin et Nicolas Faure abordent le point sensible des différences génétiques entre populations. À l’aide d’entretiens très divers avec de nombreux spécialistes ils concluent raisonnablement à une différence entre les populations examinées. Cette émission va au rebours de toute la bien pensance qui a imposé depuis la fin de la dernière guerre mondiale le dogme d’une égalité parfaite entre groupes humains. On appréciera à cet égard cette tribune paradoxale de Laurent Alexandre militant pour l’obscurantisme publiée dans Le Monde en 2018 : « La génétique ne peut pas prendre le risque de cautionner une idéologie inégalitaire. À titre personnel je suis farouchement opposé à l’ouverture de cette boîte de Pandore : exceptionnellement, les savants doivent faire passer la vérité scientifique après le principe philosophique fondamental de l’égalité des groupes d’homme ». Ne croirait-on pas entendre le pape s’exprimer face aux travaux de Galilée ?Galilée reprenant les conclusions de Copernic mettait en cause le dogme de l'immobilité de la terre au centre du cosmos. Les autorités ecclésiastiques craignaient que cette révélation ne fasse perdre leur foi aux chrétiens. Condamné, Galilée n’en murmura pas moins « Eppur si muove ». À notre époque qui se dit et se veut « progressiste » il semble bien que Lyssenko ait de nombreux adeptes, toujours acharnés à réduire au silence des scientifiques dont les conclusions déplaisent  :

https://www.youtube.com/watch?v=dGO2qXzunCE

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Très éloigné des chimères, Machiavel entendait redécouvrir une pratique du politique affrontant le réel avec tout ce qu’il comporte de ténèbres. Partant d’une conception de l’homme tel qu’il est, Machiavel dans son art politique s’obstinait à se servir aussi bien de ses qualités que de ses défauts pour parvenir plus efficacement au but visé.  Les vices des hommes ne sont donc pas un obstacle à la politique comme on l’estimait généralement à son époque mais peuvent s’avérer autant d'atouts pour atteindre le bien commun. Il écrivait : « En politique, le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal » et encore  « Un prince ne doit avoir autre penser, ni prendre autre matière à coeur que le fait de la guerre et l’organisation et discipline militaire ; car c’est le seul art qui appartient à ceux qui commandent ». Un enseignement que sauront retenir tous les philosophes réalistes de Carl Schmitt à Julien Freud. La force alliée à la ruse est ce qui fait la Puissance qui déjà un bien nous apprend ce patriote italien qui a beaucoup fait pour déniaiser la conception du politique. Ici une présentation lumineuse d’Ego Non :

https://www.youtube.com/watch?v=WWRBmZILdMc&t=3s

 

Une belle réflexion de Pierre le Vigan sur l’amor fati. Méditation entre liberté, sens des limites et lucidité. Il fait la part belle aux nihilismes contemporains qu’il convient absolument de surmonter :

http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2021/05/10/comp...

 

Le dernier numéro d’I-Média porte essentiellement sur la révolte des personnels militaires et policiers contre la mollesse, pour ne pas dire l’impuissance, de l’appareil gouvernemental vis à vis de la violence qui monte inexorablement en France et contre la protection de fait dont jouissent trop souvent ses auteurs. Si cette révolte appuyée par une grande majorité de nos concitoyens, est pour le moment purement symbolique elle n’en accuse pas moins un délitement de la nation qui pourrait prendre un tour dramatique. Les animateurs de l’émission citent à ce propos George Orwell : « À une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire ». Ne se pourrait-il pas que malgré le travail consciencieux des médias de propagande la vérité finisse par sortir du puits?:

https://www.youtube.com/watch?v=Xo9Ef_I1fB0

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Commentant le dernier livre de Patrick Buisson La fin d’un monde (Albin Michel) l’économiste Guillaume Travers souligne la hauteur de vue de l’auteur qui se montre un excellent historien des mentalités. S’attachant à décrire la véritables révolution des moeurs qui s’étend sur la période 1960-1975 l’auteur à l’aide de tout un ensemble de documents dresse un inventaire précis de tout ce que nous avons perdu au cours de ces quinze années marquées par la fin du monde paysan, l’effondrement de l’Église et l’éclipse du sacré ainsi que l’effacement des pères. « Les noces multiséculaires du catholicisme français et du monde rural, fondées sur la permanence, la stabilité, la répétitivité, et l’étroite correspondance des cycles religieux et des cycles temporels, furent ainsi rompues comme fut refoulé l’univers symbolique qui s’y rattachait ». Ces pertes ont fait place au vide intégral et à l’étrange soulagement de n’être plus rien qui accable l’homme contemporain :

https://institut-iliade.com/patrick-buisson-la-fin-dun-mo...

 

Patrick Buisson l’antimoderne plein de subtilité s’en prend au capitalisme accusé d’être le grand broyeur des moeurs, des coutumes et de l’esprit traditionnel et ainsi d’avoir fait le malheur des hommes qu’il a privé de sens et mis intégralement à nu. Une réflexion solide sur le sens du sacré et des permanences bouleversées depuis quelques décennies par l’évolution d’un système dont l’hubris est partie prenante. Ce que nous dit Buisson c’est que le capitalisme n’est que secondairement un système économique; il est d’abord et avant tout une anthropologie :

https://www.revue-elements.com/patrick-buisson-la-moderni...

 

Commentant les trois numéros spéciaux qui ont consacré leur une à l’immigration (Le Figaro enquêtes, Front Populaire et Valeurs Actuelles hors-série) Paul Tormenen de Polémia tire la conclusion qu’il y a péril en la demeure. Ces numéros présentent en effet des enquêtes très fouillées qui montrent que  « Le grand remplacement » loin d’être une « théorie » « complotiste » ou « paranoïaque » comme s’efforcent de nous le faire croire ceux qui ne veulent pas voir est bien une réalité. L’immigration  est une réalité brûlante qui pourrait demain exploser à la figure de ceux qui pratiquent la cécité volontaire au nom d’un humanisme à courte vue  :

https://www.polemia.com/trois-revues-consacrees-a-limmigr...

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Michel Maffesoli vient de faire paraître L’ère des soulèvements qu'il présente comme un pamphlet. De l’éruption des gilets jaunes à la contestation de la gestion de la pandémie (il parle de psycho-pandémie), des grèves émeutières pour contrecarrer le libéralisme mondialisé à la vague d’émotion planétaire suscitée par l’incendie de Notre-Dame et encore à l’existence aseptisée qu’on nous propose, ce sociologue de l’imaginaire et du quotidien traque le changement de paradigme que nous sommes entrain de vivre. Pour lui il est évident que le règne de la rationalité, de la technique et de l’individualisme forcené s’achève convulsivement pour le meilleur et pour le pire. Nous entrons dans l’ère des révoltes, ce que la ploutocratie politico-médiatique, démocrate mais non démophile, ne veut pas voir. Ci-joint un entretien avec le site Breizh info :

https://www.breizh-info.com/2021/05/13/164253/michel-maff...

 

La Nouvelle Librairie produit une vidéo d’une heure et demi avec Renaud Camus dont elle vient de publier une édition complète et actualisée du livre Le Grand Remplacement :

https://www.facebook.com/watch/?v=518233629206940&not...

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Dans cette excellente vidéo l’africaniste Bernard Lugan reprend les arguments essentiels de son denier livre Pour répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance. Il analyse la généalogie de ces mouvements, leur corpus idéologique et leurs objectifs ainsi que les relais sur lesquels ils s’appuient pour diffuser leurs idées boiteuses dans le corps social :

https://www.youtube.com/watch?v=cdawx7xxOcs

 

Le site de Geopragma relaie le texte de la Tribune des généraux et pose intelligemment la question d’une interprétation trop restrictive du devoir de réserve dans l’expression des militaires. Une obligation trop ficelée qui peut en effet brider les intérêts les plus élevés de la nation tandis qu'une réflexion libre peut par sa pertinence amender la sclérose intellectuelle des état-majors. Les exemples en sont nombreux de Charles de Gaulle à Marc Bloch. Le texte pose le problème de l’utilisation de la matière grise des combattants du front, souvent en contradiction avec celle trop attendue des béni-oui-oui de la hiérarchie en reprenant opportunément cette citation de Thucydide : « Une nation qui fait une grande distinction entre ses érudits et ses guerriers verra ses réflexions faites par des lâches et ses combats menés par des imbéciles ».

https://geopragma.fr/lexpression-des-militaires-une-liber...

 

L’historiographie espagnole grande pourvoyeuse de la révision du mythe d’al-Andalus comme prétendu paradis de la tolérance religieuse. Dans ce texte de Nicolas Klein nombreuses réflexion sur les relations qu’entretient l’Espagne avec le monde arabe:  

http://unuberpourtobrouk.com/index.php/2021/05/12/lespagn...

 

Frédéric Le Moal explique très bien comment le fascisme parvint au pouvoir face à un régime libéral éreinté et déconnecté des masses :

https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/frederic-le-moal-le-...

 

samedi, 22 mai 2021

Le régime de surveillance

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Le régime de surveillance

par Marcello Veneziani

Source : Marcello Veneziani & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-regime-della-sorveglianza 

Récapitulons. Il n'est pas permis d'avoir une opinion différente sur le sujet du Covid et de la pandémie, sur le sujet des fermetures et des vaccins autres que ceux administrés par les porteurs officiels, au risque d’être accusé de négationnisme ou de ‘’no vaxxisme’’, de contrevenir aux règles de la vie sociale, publique. L'ordre est au coin de la rue. Il est alors interdit d'avoir des opinions différentes sur les couples homosexuels, les mères porteuses, les adoptions homosexuelles et en général sur les relations homo-trans-lesbiennes; quiconque a des idées différentes, ou continue simplement à défendre les différences naturelles, la famille, la naissance selon la nature et la vie selon la tradition, entre dans une sphère d'interdiction qui va de la réprobation au veto. Des interdictions fortes sont introduites par des lois, des avertissements et de la censure sur les réseaux sociaux.

Lorsqu'il s'agit de féminisme, des droits des femmes ou de caractéristiques physiques, ethniques ou lexicales, des processus sommaires sont déclenchés, avec MeToo, catcalling et autres, générant séparation et méfiance entre hommes et femmes. Il est également interdit d'appeler les immigrants illégaux "clandestins", les Roms avec le nom traditionnel de ‘’gitans’’, les Noirs avec le nom ancien de ‘’nègres’’, même sans aucune connotation péjorative; les termes utilisés pour tous les handicaps ne doivent pas être utilisés, mais seulement les personnes différemment handicapées. Il est interdit d'avoir une opinion différente de celle de l'institution sur les sujets du fascisme et de l'antifascisme, du racisme et du nazisme, de l'histoire et des massacres qui l’ont ponctuée.

Aux interdictions s'ajoutent les effacements du passé, en termes d'amnésie collective de la mémoire historique et de suppression de nombreuses horreurs, auteurs, entreprises, personnages, histoires et pensées non alignées. Tout ce qui relève de notre civilisation, de notre tradition et de notre patrimoine doit être déprécié ou mis de côté pour ne pas heurter la sensibilité de ceux qui n'en font pas partie; nous devons toujours adopter le point de vue qui nous est le plus étranger et le plus éloigné. Les étrangers d'abord, pour renverser un slogan politique bien connu fondé sur la préférence nationale.

Dans cette formidable restriction des pratiques, des langages et des opinions, la liberté autorisée est un couloir étroit et court qui est désormais le cadre des opinions licites, et c’est un périmètre très étroit; dès que l'on sort de la " fourchette " autorisée, avec les limites imposées aux divergences, à la censure, à la réprobation, à la dénonciation, à la condamnation ou à l'isolement, le cordon sanitaire, la mort civile sont déclenchés.

Les années passent, mais la situation ne s'améliore pas; au contraire, elle dégénère progressivement, souvent dans le respect de la loi, avec le patronage des plus hautes institutions. Et elle s'étend à des domaines de plus en plus variés de la vie publique et privée, des affections et des liens. Les gouvernements sont neutres ou consentants, c'est-à-dire qu'ils soutiennent la censure ou s'en défendent.

Un carrefour dangereux est en train de se créer, où convergent le pouvoir économique, le pouvoir sanitaire, le pouvoir médiatico-idéologique et le pouvoir judiciaire. Par rapport à ces pouvoirs, rien ou presque ne peut être fait par la seule sphère de pouvoir qui peut avoir une légitimité populaire, différente de celle décrétée par l'establishment: je veux parler de la politique. On peut grossièrement les diviser en trois groupes: ceux qui sont d'accord avec ce régime de surveillance, ils en deviennent même les promoteurs; ceux qui se laissent entraîner par le courant, qui ne résistent pas, qui suivent le mouvement, qui se taisent et donc acquiescent pour ne pas être accusés d'être rétrogrades; ceux qui s'y opposent, lorsqu'ils sont dans l'opposition, mais l'acceptent ensuite au nom du compromis ou de la tranquillité lorsqu'ils sont au gouvernement; ou tout au plus se limitent-ils à ralentir le cours, sans jamais offrir une vision alternative organique.

Nous sommes entrés dans un régime de surveillance qui n'est pas une véritable dictature ou un système totalitaire, qui aurait été toutefois impensable jadis dans un système mondial et de marché; mais c'est une forme puissante de coercition pratique et de contrainte psychologique, parfois même judiciaire. Jamais comme aujourd'hui, grâce aussi à l'urgence induite par la pandémie, la liberté n'a autant subi de restrictions qui ont affecté les droits élémentaires et les sphères de liberté en usage dans la vie quotidienne. Et lorsque vous acceptez des limitations très strictes, même si c'est pour des raisons de santé, vous opposez alors moins de résistance à ceux qui vous imposent un réseau de plus en plus dense de limitations dans d'autres domaines également. La compulsion est virale et progressive, comme la paralysie; l'inhibition de la liberté et de la non-conformité s'étend facilement à d'autres domaines.

Les virus idéologiques se répandent comme des gaz mortels dans notre société et détruisent dangereusement nos défenses immunitaires naturelles, nos anticorps spirituels, notre sens critique, notre capacité à nous souvenir, à comparer, à mesurer les choses à la réalité. De l'annulation de l'histoire à l'annulation des différences naturelles, de la suppression de l'ordre naturel des choses à l'expulsion de tout ce qui évoque l'ordre surnaturel des choses; de l'appauvrissement du langage à l'utilisation de formes lexicales préfabriquées.

À travers les lois, les droits et la protection spéciale des catégories protégées, les campagnes rééducatives et punitives, la censure et les fermetures, notre vie change, de même que notre rapport au monde, au sexe, notre rapport aux autres, au passé et à l'avenir. Nous sommes victimes d'un dangereux réductionnisme qui tue les différences et les mondes différents.

De tout cela, les principales victimes sont les nouvelles générations car elles n'ont pas de termes de comparaison, elles sont les plus exposées entre le web, les réseaux sociaux et l'école, elles sont élevées dans un contexte de suppression, de manipulation et d'altération de la réalité. À l'exception d'une petite minorité louable, leur horizon est limité au présent et plié au canon dominant; leur vocabulaire et leur faculté de jugement sont appauvris, leur comportement est automatisé; ils sont des victimes irréprochables mais difficiles à guérir.

Des revirements, des variations et des changements de rythme ne sont pas à exclure, mais la prédiction la plus facile est la plus terrible: nous en viendrons, par accoutumance, à considérer tout cela comme inévitable, et même juste.

18:14 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, marcello veneziani, surveillance | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

La nouvelle Merkel sera plus jeune et plus à gauche

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La nouvelle Merkel sera plus jeune et plus à gauche

Ex : https://katehon.com/ru/news/novaya-merkel-budet-molozhe-i...

Il y a six mois, les Allemands essayaient de deviner qui, parmi les solides hommes en blazers représentant divers partis, dirigerait le pays après les élections de septembre. Aujourd'hui, la situation a radicalement changé. Depuis que le parti allemand "Union 90/Verts" a désigné Annalena Baerbock comme candidate à la chancellerie, sa cote augmente rapidement. Jusqu'à présent, 28 % des électeurs sont prêts à voter pour son parti, ce qui en fait la favorite dans la course électorale. Même la CDU/CSU d'Angela Merkel ne remporte pas encore ce pourcentage élevé de voix.

Si les Verts parviennent à conserver leur avance, Mme Baerbock, âgée de quarante ans, deviendra le plus jeune chancelier de l'histoire de l'Allemagne. En même temps, les experts politiques sont presque certains qu'elle sera le premier ministre le plus à gauche que le pays ait jamais vu.

La plus jeune du parti

D'une certaine manière, le parcours de Baerbock est également lié à l'histoire des Verts. Elle est née en 1980, un peu après la création du parti. Elle a grandi dans une ferme dans ce qui était alors l'Allemagne de l'Ouest, en Basse-Saxe. Ses parents hippies l'ont emmenée avec eux à des manifestations antinucléaires. Les Verts, dont l'émergence a été précédée par le mouvement étudiant des années 1960, étaient considérés comme l'un des partis radicaux de l'époque et étaient surnommés les "mangeurs de muesli militants".

Peu à peu, l'organisation est passée de la frange politique au courant dominant et, lorsque Baerbock a atteint sa majorité, les Verts sont devenus des partenaires juniors du parti social-démocrate (SPD) de centre-gauche dans la coalition au pouvoir.

Pendant tout ce temps, Annalena Baerbock a étudié. À 16 ans, elle a passé un an en Floride en tant qu'étudiante d'échange. Elle a ensuite étudié les sciences politiques à Hambourg avant de se rendre au Royaume-Uni pour obtenir une maîtrise en droit international à la London School of Economics (ndt : ces diplômes sont contestés désormais).

En conséquence, l'actuelle Baerbock donne avec assurance des interviews en anglais, ce qui, même de nos jours, ne va pas de soi pour les poids lourds de la politique allemande.

Avant de se lancer dans la politique, Mme Baerbock a pratiqué le sport de manière professionnelle - elle est une ancienne championne de plongée.

"C'est un sport un peu marginal", déclare Waltraud Schelkle, professeur d'économie politique à l'Institut européen de la London School of Economics. - "Son succès dans ce domaine montre qu'elle avait une certaine autodiscipline, de l'ambition et de la résilience dès son plus jeune âge.

Gravir les échelons de la carrière

Après avoir travaillé un temps comme journaliste pour le journal allemand Hannoversche Allgemeine Zeitung, Baerbock a rejoint les Verts dans les années 2000 et est devenue l'assistante de l'eurodéputée Elizabeth Schrödter.

L'arrivée d'Annalena Baerbock chez les Verts marque la fin d'un tournant dans l'histoire du parti: son premier mandat au gouvernement fédéral, où le parti écologiste était le partenaire junior dans une coalition avec le parti social-démocrate de centre-gauche, est terminé.

Pendant ces sept années, de 1998 à 2005, les Verts ont dû faire face à de nombreuses réalités politiques. Sous la direction de Joschka Fischer, alors ministre allemand des affaires étrangères, le parti a soutenu la décision d'envoyer des troupes allemandes au Kosovo dans le cadre de la campagne de l'OTAN contre l'épuration ethnique. Lors du congrès du parti à Bielefeld en 1999, un désaccord sur cette question a conduit à une scission qui a duré des années.

Baerbock a rejoint le parti après tous ces débats et conflits. Par conséquent, elle a évité le ballast politique associé à certaines des figures principales du parti. Néanmoins, sa première tentative de se présenter au Bundestag en 2009 n'a pas abouti. En 2013, cependant, elle a remporté un siège au parlement et est depuis devenue l'un des dirigeants et co-dirigeants de son propre parti.

Bon avec les poings

Sous la direction de Baerbock et de son collègue Robert Habeck, avec qui elle codirige le parti depuis 2018, les Verts sont devenus une force centriste majeure dans la politique allemande, y compris en matière de politique étrangère.

À la fin de l'année dernière, l'organisation a approuvé un programme qui qualifiait l'OTAN d'"acteur indispensable à la sécurité européenne" et promettait un financement fiable des forces armées allemandes. Depuis lors, Mme Baerbock a réitéré ces engagements dans des discours et des interviews. Toutefois, comme beaucoup de membres de son parti, elle critique l'idée de consacrer 2% du PIB à la défense.

Le parti appelle à une réduction de 70 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 et ce, d'ici à 2030. Cela semble bien plus radical que l'objectif actuel du gouvernement, qui est de 55 %. Pour l'atteindre, il faudrait éliminer progressivement le charbon et l'énergie nucléaire et faire disparaître les voitures à essence et diesel des routes allemandes.

En outre, le parti entend réintroduire un impôt sur la fortune pour les biens d'une valeur égale ou supérieure à 2 millions d'euros, qui avait été supprimé en 1997. Dans le cadre de ces plans, les personnes ayant les revenus les plus élevés devraient également payer plus de 50 % de leurs bénéfices sous forme d'impôt sur le revenu. Les appels à une réintroduction de l'impôt sur la fortune et à une augmentation significative de l'impôt sur le revenu sont également soutenus par les sociaux-démocrates, avec lesquels les Verts pourraient s'allier. De nombreux hommes d'affaires y voient une menace et certains envisagent même de quitter le pays si une telle évolution se produit.

Le successeur de Merkel

La majeure partie de la presse allemande parle de Baerbock comme d'une "bouffée d'air frais". Certains la comparent à Tony Blair, d'autres à Angela Merkel. "Certains comparent son style à celui d'Angela Merkel, car elle n'est pas super charismatique, pas très drôle", note la journaliste du Frankfurter Allgemeine Zeitung, Helen Bubrowski, qui a déjà interviewé Mme Baerbock. Elle se souvient que la leader des Verts a appelé ses collègues tard dans la nuit "parce qu'elle avait une question sur le troisième paragraphe d'une certaine page d'un traité international". "Elle a une approche très pratique et très pragmatique de la politique", déclare M. Bubrowski.

Selon les experts, le succès électoral de M. Baerbock dépendra en grande partie de la capacité du candidat de la CDU/CSU, Armin Lachet, à retenir les partisans de Mme Merkel lorsque celle-ci démissionnera.

Lachet, 60 ans, est le premier ministre de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, un catholique fervent dont le père était autrefois ingénieur des mines de charbon. Il a été choisi comme candidat du parti après une lutte angoissante pour la direction. Mais les récents sondages d'opinion le montrent impopulaire en tant que candidat à la chancellerie.

Cela dit, Annalena Baerbock est ouvertement sympathique à tous les médias, notamment aux chaînes de télévision allemandes ARD et ZDF. L'autre jour, un journaliste conservateur a demandé en plaisantant si les redevances de télévision et de radio (8 milliards d'euros par an), que tous les Allemands doivent payer, ne pourraient pas être ajoutées aux dons politiques exonérés d'impôts pour les Verts. Certains journalistes ont même affirmé que Mme Merkel aurait préféré que Mme Baerbock la remplace au poste de chancelier plutôt qu'un membre de son propre parti. Cependant, il s'agit très probablement d'une invention de l'imagination des fans de la potentielle nouvelle ‘’Frau Kanzlerin’’.

Source : Octagon

La Maison Blanche reconnaît son échec à stopper la construction de Nord Stream 2

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La Maison Blanche reconnaît son échec à stopper la construction de Nord Stream 2

La Maison Blanche a reconnu son incapacité à stopper la construction du gazoduc Nord Stream-2. C'est ce qu'a déclaré la porte-parole du président américain, Jen Psaki, rapporte RIA Novosti.

Selon elle, le nouveau chef d'État, Joe Biden, a commencé à exercer ses fonctions alors que 95 % du projet avait déjà été mis en œuvre. La porte-parole a posé une question rhétorique sur la façon dont la nouvelle administration américaine pourrait arrêter la construction déjà presque achevée du gazoduc dans un autre pays. Dans le même temps, M. Psaki a souligné que Washington considère toujours Nord Stream 2 comme une mauvaise idée qui n'est "pas un bon plan".

La porte-parole de la Maison Blanche a également noté que les Etats-Unis avaient pris des "mesures significatives" lorsqu'ils ont imposé des sanctions contre le projet.

Au début du mois de mai, le département d'État américain a confirmé une levée des sanctions contre Nord Stream-2.

"Il est dans l'intérêt national des États-Unis de suspendre la mise en œuvre des sanctions contre Nord Stream 2 AG, son chef Matthias Warnig et les employés de l'entreprise Nord Stream 2 AG", a expliqué Anthony Blinken, chef de l'agence.

Initialement, le gazoduc Nord Stream 2 était censé être mis en service en 2019. Cependant, en raison des restrictions imposées par les États-Unis, les participants à la construction ont commencé à se retirer du projet. Les échéances de sa mise en œuvre ont été reportées à plusieurs reprises. Le Nord Stream-2 est actuellement prêt à 95 %. La longueur de la section inachevée est maintenant de 80 kilomètres.

Source : Lenta.ru

Les États-Unis ont abandonné leur projet d'acheter le Groenland au Danemark

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Les États-Unis ont abandonné leur projet d'acheter le Groenland au Danemark

Ex : https://katehon.com/ru/news/

Les États-Unis ne veulent plus acheter le Groenland, a déclaré le secrétaire d'État américain Blinken, écartant tout projet d'achat par Washington de ce vaste territoire autonome danois.

Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a confirmé que l'Amérique ne voulait plus acheter le Groenland, écrit The Guardian.

Le chef du département d'État américain a visité le territoire autonome insulaire danois, concluant un voyage de quatre jours qui comprenait une réunion des ministres des affaires étrangères de la région arctique.

"Je suis au Groenland parce que les États-Unis apprécient profondément notre partenariat et veulent le rendre encore plus fort", a déclaré Anthony Blinken aux journalistes lors de sa dernière étape de la tournée arctique.

Il a souligné qu'il n'était pas venu ici pour acheter la plus grande île du monde, signalant un changement de politique annoncé à l'époque par l'administration Trump. À la question de savoir si les États-Unis ont complètement exclu tout projet d'achat du Groenland, M. Blinken a répondu en souriant: "Je peux confirmer que c'est le cas."

L'ancien président américain Donald Trump avait annoncé en août 2019 qu'il envisageait d'acheter le Groenland, dont la taille équivaut à un quart de celle des États-Unis.

"Il appartient essentiellement au Danemark", avait déclaré Trump à l'époque. - Nous sommes de très bons alliés du Danemark, nous protégeons le Danemark de la même manière que nous protégeons la plupart du monde. C'est comme ça que le concept est né, et j'ai dit: "Bien sûr". Stratégiquement, c'est intéressant, et nous serions intéressés, mais nous leur en parlerons un peu. Je peux vous dire que ce n'est pas le numéro 1 de ce qui est en jeu."

Selon M. Trump, l'achat du Groenland par les États-Unis serait "essentiellement une grande opération immobilière".

La proposition de Trump, que le gouvernement danois a qualifiée d'"absurde", a provoqué un tiraillement diplomatique.

L'année dernière, les États-Unis ont rouvert un consulat dans la capitale du Groenland, Nuuk, et se sont engagés à verser 12 millions de dollars pour des projets civils.

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En parlant d'un éventuel financement supplémentaire, M. Blinken est resté vague quant aux nouveaux projets américains, le nouveau gouvernement local du Groenland ayant lancé l'idée d'un accord de libre-échange en début de semaine.

"Le nouveau premier ministre du Groenland, Mute Egede, qui a pris ses fonctions en avril, s'est dit "convaincu que cette décennie sera le début d'une nouvelle ère dans les relations entre nos pays’’.

Le gouvernement de gauche, qui a remporté les élections législatives anticipées du Groenland le mois dernier, est allié à un petit parti indépendantiste qui s'est dit favorable à l'établissement de relations avec les États-Unis.

Rappelons que début septembre 2019, le président américain Donald Trump, qui devait se rendre à Copenhague à l'invitation de la reine danoise Margrethe II, a annulé sa visite après que le Premier ministre danois a déclaré que la vente du Groenland ne serait pas discutée dans le cadre de la visite du président américain.

Bien que la première ministre danoise, Mette Frederiksen, ait souligné à plusieurs reprises l'importance particulière de la prochaine visite de M. Trump, qualifiant les États-Unis d'"allié le plus important et le plus fort du Danemark au sein de l'OTAN", elle a jugé absurde l'idée de vendre une partie du territoire danois aux États-Unis: "Le Groenland n'est pas à vendre [...]. Le Groenland appartient aux habitants du Groenland. J'espère vraiment que l'offre n'était pas sérieuse."

Une telle réaction des Danois à la proposition commerciale n'a pas fait plaisir à M. Trump, qui s'est offusqué des propos sur l'idée "absurde" d'acheter et de vendre le Groenland.

"Le Danemark est un pays très spécial avec des gens incroyables, mais sur la base des commentaires du Premier ministre qui a déclaré qu'elle ne serait pas intéressée à discuter de l'achat du Groenland, je vais reporter notre rencontre à une autre fois..." - Trump avait écrit sur Twitter.

Selon la version officielle, Donald Trump a manifesté son intérêt pour l'achat de terres groenlandaises en raison des ressources naturelles de l'île, comme le charbon et l'uranium. En outre, situé entre l'Atlantique et l'océan Arctique, le Groenland revêt une grande importance stratégique pour l'Amérique. En 1951, un traité avait été signé entre le Danemark et les États-Unis, en vertu duquel l'armée américaine utiliserait dorénavant la base aérienne de Thulé dans la partie nord de l'île.

D'ailleurs, Trump n'est pas le premier homme politique américain à vouloir annexer le Groenland aux États-Unis. En 1867, le secrétaire d'État William Seward a tenté sans succès d'acheter l'île aux Danois, et en 1946, Harry Truman a essayé d'acheter le Groenland pour 100 millions de dollars-or, mais également sans succès.

Source : mk.ru

vendredi, 21 mai 2021

Une Darpa européenne - Un rêve irréalisable

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Une Darpa européenne - Un rêve irréalisable

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

C'est la préparation d'une guerre éventuelle avec la Russie puis aujourd'hui également avec la Chine qui permet aux Etats-Unis d'être et de rester une superpuissance scientifique et technologique dominante.

Depuis plusieurs décennies, l'agence américaine Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency) est le facteur essentiel de cette domination. La Darpa est une agence du département de la défense américaine. Elle finance des innovations technologiques de rupture dans des domaines considérés comme stratégiques à la fois pour garantir la supériorité militaire et la domination économique. Ces innovations, dans la mesure où elles ne sont pas couvertes par le secret militaire, possèdent des retombées qui ont un rôle d'entraînement essentiel dans le domaine civil.

Le budget de la Darpa est officiellement pour 2020 de 2.970 milliards de dollars. Compte tenu des contributions non publiques provenant de divers organismes et entreprises, il est au moins du double. Le budget fédéral des Etats-Unis est pour la même année estimé à 1.200 milliards. Ce budget sert à Washington, indépendamment de la Darpa, de prendre en charge des dépenses dans le domaine de la sécurité civile et des nouvelles technologies. Le déficit chronique de l'administration fédérale lui permet de se désintéresser de nombreux secteurs, notamment en matière de santé et de financement sociaux, qui pèsent sur les budgets européens.

La Darpa constitue également un agent essentiel pour favoriser la dualité des technologies (c'est-à-dire la synergie entre applications civiles et militaires). Ainsi la supériorité américaine dans le domaine spatial repose en grande partie sur un réseau de satellites militaires dépendant de la Darpa. De plus elle n'hésite pas à prendre en charge des projets technologiques innovants dont le succès n'est pas assuré au départ. Ainsi elle a financé l'Arpanet, ancêtre d'Internet, ou encore le GPS. Aujourd'hui, elle s'intéresse à des domaines aussi différents que les véhicules terrestres autonomes utilisables en milieu urbain ou que les nouvelles générations de missiles.

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L'Agence dispose d'une organisation très souple. Elle lui permet d'éviter les innombrables procédures qui consomment l'essentiel du temps des autres organismes. Par ailleurs elle peut recruter ou licencier son personnel administratif et de recherche à la demande, en ne faisant pas seulement appel aux ressources des autres organisations militaires. Ses chefs de projet viennent aussi bien du civil que du militaire, du public ou de privé. Ils ne restent en poste que quelques années. Lorsqu'ils quittent la Darpa, ils ne tardent pas à retrouver d'importantes responsabilités. Leur passage par la Darpa constitue un élément important de leur carrière.

Beaucoup de responsables européens souhaiteraient la mise en place sur le continent d'une « Darpa européenne ». Mais il s'agit d'un vœu pieux, pour de nombreuses raisons. L'Europe n'a pas de politique de défense commune justifiant une telle agence. Elle est incapable de s'entendre sur des projets technologiques d'une certaine ampleur. La rivalité entre États-membres est telle au plan politique que de tels projets ne seraient pas acceptés. Mais la cause déterminante de son impuissance tient à la domination américaine qu'elle accepte de subir. Or les États-Unis n'accepteraient pas la création d'une Darpa européenne qui viendrait concurrencer la leur.