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vendredi, 24 septembre 2021

Société contradictoire

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Société contradictoire

par Georges FELTIN-TRACOL

Pour écouter: https://radiomz.org/vigie-dun-monde-en-ebullition-2-socie...

Amis de Radio Méridien Zéro,

L’actuel cirque covidien présente l’avantage de révéler les contradictions inhérentes à la société française et aux impasses qui en résultent. L’obligation du passeport sanitaire pour entrer au restaurant, dans les transports en commun sur de longues distances, au cinéma, au musée et dans les centres de loisirs avalise une ségrégation implicite entre les vaccinés et les non-vaccinés avec des cas personnels parfois absurdes pour les expatriés de retour en France traités par des vaccins chinois et russe non reconnus par les instances mafieuses dites pharmaceutiques occidentales. Or, au début de la crise sanitaire, le virus ignorait les frontières. En revanche, avec l’Ausweis vaccinal, il choisit les terrasses plutôt que les rames bondées du métro.

La hantise répétée des prescripteurs d’opinion reste néanmoins le refus officiel de la moindre différenciation. Or distinguer par le QR-code une personne vaccinée d’une autre qui ne l’est pas constitue une incontestable discrimination sérologique ou médicale. Ainsi, comme il existe de bons et de mauvais chasseurs ou de bons et de mauvais chanteurs de hard rock, il existerait sous nos cieux laïques, tolérants et bien-pensants d’horribles discriminations à combattre et d’autres, hautement citoyennes, à valoriser de manière bien sûr républicaine.

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Ainsi a-t-on vu du 1er décembre 2020 au printemps 2021 une campagne d’affichage financée par Santé publique France autour des malades du VIH qui propage le même message : « Aujourd’hui, avec les traitements, une personne séropositive peut vivre pleinement et en bonne santé sans transmettre le VIH. Vivre avec le VIH, c’est d’abord vivre. »

Décrivons rapidement chacune des cinq affiches. La première montre de dos une femme et un homme enlacés sur le toit d’une métropole au Soleil couchant. Outre le slogan principal, on lit aussi en gros caractères:  « Séropoétique ». La deuxième montre un couple hétérosexuel qui s’enlace dans une pièce et balance : « Séropolissons ». La troisième présente deux hommes heureux au lit. Leur comportement ne peut être que «Séropossessif ». La quatrième met en scène deux teufeurs des banlieues visiblement ravis de s’éclater, d’où le slogan : « Séropopulaire ». La cinquième, enfin, expose un couple africain et leur jeune fille, tous enthousiasmés, parce que « Séropopstars ». Remarquons qu’aucune de ces affiches n’applique les fameux gestes-barrières et le port du masque. Cette campagne officielle donne le vertige d’y voir un monde parallèle. Elle valorise la normalité des personnes atteintes du sida à l’heure où les non-vaccinés et les malades du covid mis en isolement avec en prime visite domiciliaire de la police sont accusés d’irresponsabilité pathologique.

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La focalisation des autorités de santé sur le sida exprime toute l’importance qu’elles accordent aux comportements sexuels et à la toxicomanie, synonymes dans leur esprit pervers d’activités festives, ludiques et joyeuses. En effet, à part le cas des transfusés sanguins et des enfants contaminés dès leur naissance par leurs mères séropositives, les autres malades du sida sont, au contraire des patients du covid-19, victimes de leurs propres turpitudes.

C’est par ailleurs au nom de la lutte contre le sida que la mairie de Paris entend ouvrir de nouveaux centres de shoot avec le léger inconvénient d’exporter hors de la gare du Nord et du quartier de « Stalincrack » quelques désagréments dans les autres arrondissements. Un pognon de dingue est ainsi gaspillé pour aider des zombies irrécupérables.

On ne peut en outre que se scandaliser du double discours officiel. Se vacciner serait un acte civique. Pourquoi alors ne pas étendre le « pass sanitaire » aux sidéens d’autant qu’il n’existe aucun vaccin ? On oublie que dans les années 1990 – 2000, la communauté gay se déchirait à propos du barebacking. Ce terme désigne des rapports sexuels volontairement sans préservatif. Des écrivains tels Érik Rémès ou le défunt Guillaume Dustan se vantent dans leurs écrits de pratiquer dans les backrooms cette conduite dangereuse. Afin de ne pas éveiller les soupçons, certains barebackers n’hésitent pas à percer leurs capotes au préalable.

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Magnifié par un cinéma hexagonal déjà à bout de souffle, le film de Cyril Collard, Les nuits fauves sorti en 1992, reçoit en mars 1993 les Césars du meilleur film, de la meilleure première œuvre, du meilleur espoir féminin et du meilleur montage, trois jours après le décès de son réalisateur – scénariste touché par le sida. Ce film autobiographique raconte la vie vers 1986 de Jean, interprété par Cyril Collard lui-même, bisexuel assumé, qui a une relation avec Laura jouée par Romane Bohringer. Cette dernière peut-elle par amour se faire contaminer ? On frise ici l’interrogation métaphysique.

À la même époque, Act Up - Paris mène des actions médiatiques violentes. Ses militants balancent du liquide rouge, symbole du sang, sur des personnalités publiques. Ils envahissent l’accueil des entreprises pharmaceutiques au cri de « Des molécules pour qu’on s’encule ! » Jamais les gouvernements successifs n’ont osé dissoudre ce groupe perturbateur de l’ordre public. Quelques années auparavant, quand Jean-Marie Le Pen suggéra lors de « L’Heure de vérité », l’émission politique-phare d’Antenne 2, d’isoler ce qu’il nommait les « sidaïques », médecins, experts et journalistes s’élevèrent contre ses propos. De nos jours, des politiciens avancent des mesures semblables à propos du coronavirus. Rappelons que l’acquisition du sida provient à 99 % d’actes lubriques ou toxicomaniques.

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Dans Libération du 16 août 2021, la rubrique éphémère « Sexe, l’été sera chaud » s’intéresse à un certain Florent Benoît. Le journaliste Matthieu Écoiffier raconte que ce « modèle, aquarelliste et égérie de la communauté gay » est pris – je cite - « pour un vieux con car il ne prend pas de drogue, hormis de la bière. Et qu’il est le dernier à utiliser des capotes quand tous ses potes sont sous Prep, le traitement préventif anti-VIH ». Les potes en question paient-ils cette médication de leur poche ou bien est-ce la collectivité nationale qui régale ? Mais on accuse les tests PCR et antigéniques de creuser le déficit de la Sécurité sociale… De même, œuvrant à la Fondation Jean-Jaurès, proche du PS, Chloé Morin fustige « ces “ héros ” [qui] ne défendent rien d’autre, au fond, qu’un nouveau droit, celui de mettre en danger, voire potentiellement de tuer, au nom de leur bon plaisir ». Qu’on se rassure ! Chloé Morin ne vise pas ici les minets du Marais. Sa chronique, intitulée « Démocratie et antipasse » parue dans L’Express du 19 août 2021, dénonce les manifestants anti-pass. Il est si facile de critiquer le covidoscepticisme ! 

Qu’attend donc Santé publique France pour affronter la « covidophobie » ambiante ? Ne peut-on pas être en 2021 « covidopopstars », « covidopopulaire », « covidopossessifs », « covidopolissons » ou bien « covidopoétique » ? Pourquoi n’y lirait-on pas : « Aujourd’hui, avec les traitements comme l’hydroxychloroquine, une personne positive à la covid-19 peut vivre pleinement et en bonne santé. Vivre avec la covid-19, c’est d’abord vivre » ? À croire que l’épidémie coronavirale ne serait qu’un sordide prétexte pour mieux mâter les peuples... 

Salutations flibustières !

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 2, mise en ligne sur Radio Méridien Zéro le 21 septembre 2021.

jeudi, 23 septembre 2021

La cancel culture et la délégitimation de la mémoire : le "délire suicidaire" de l'Occident

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La cancel culture et la délégitimation de la mémoire: le "délire suicidaire" de l'Occident

par Giulio Battioni

Ex: https://www.lavocedelpatriota.it/cancel-culture-e-delegittimazione-della-memoria-il-delirio-suicida-delloccidente/

Les péripéties de la "cancel culture" abondent dans l'actualité. Les déclarations publiques et les manifestations sociales, souvent violentes et parfois grotesques, dominent la scène politique contemporaine dans le nouveau monde, en Europe et outre-mer. De la démolition des statues de Christophe Colomb et de Churchill à l'incrimination des œuvres de Shakespeare, Dante et Homère, des accusations contre la musique de Mozart aux inquisitions linguistiques et symboliques frappant les contes de fées, les poèmes et les œuvres d'art de toutes les époques. Un "délire suicidaire", comme l'a défini Ernesto Galli della Loggia, qui démolit l'image que l'Occident a de lui-même, délégitime sa mémoire et paralyse son action culturelle.

imccages.jpgPour les politologues, la cancel culture est un phénomène typique de la modernité tardive, une théorie élaborée par une "culture dominante" qui change de contenu en fonction du contexte social: dans les sociétés pauvres, elle tend à coïncider avec une culture conservatrice en matière de morale et de religion, encline aux valeurs nationales; dans les sociétés riches, comme le monde postindustriel, elle tend à prendre la forme d'une culture progressiste, libérale et "fluide", favorable aux idéologies de genre, au "mariage entre personnes de même sexe" et au mouvement LGBTQ, enclin à un multiculturalisme inconditionnel.

En bref, elle peut être définie comme une stratégie politique adoptée par des militants exerçant une pression sociale pour parvenir à l'exclusion culturelle d'un ennemi public accusé de paroles ou d'actes pas nécessairement accomplis et donc, à ce titre, stigmatisé et criminalisé.

Aujourd'hui, cette méthode de censure et de discrimination a pris les connotations du politiquement correct, un néo-langage de propagande qui conditionne le débat intellectuel et sa liberté d'expression.

Il s'agit d'une police de la pensée qui évoque toutes les formes de contrôle totalitaire des idées du vingtième siècle, de l'autodafé des livres dans l'Allemagne nazie à la persécution sanglante des dissidents par les communistes, de Lénine à Mao.

Les origines de ce "procès du passé" se trouvent dans la tradition française de la "terreur jacobine" et de la fureur iconoclaste de 68.

Selon Marc Fumaroli, c'est la "folie de 1968" qui a associé le nihilisme et l'anarchisme juvénile aux vagues successives du léninisme, du trotskisme et du maoïsme littéraires, en y ajoutant Freud revu et corrigé par Lacan, la déconstruction de Derrida et la théorie postmoderne de Lyotard.

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Le jacobinisme intellectuel parisien a ensuite été porté en triomphe sur les campus universitaires américains, dans un curieux aller-retour de ce côté-ci de l'Atlantique, avec les contradictions connexes de la démocratie américaine.

La culture "woke", après tout, le nouveau mot d'ordre du conformisme libéral, ne serait rien d'autre que l'appel aux armes des vieilles élites culturelles occidentales contre leur propre passé.

Sous le prétexte humanitaire de l'égalité et de la justice sociale, les nouvelles "oligarchies de la vertu" surveillent le politiquement correct de la pensée, incitant les masses à la violence contre les mots, les œuvres d'art, les monuments et les symboles de tous les temps. Le "rester éveillé" (Stay woke !) est la nouvelle haine déguisée par la démagogie de la lutte contre les discriminations raciales, coloniales et de genre, réelles ou supposées.

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Les apologistes de cette éternelle épreuve du passé, naturaliter occidentaux, méditerranéens, européens et américains, prêchent l'odium sui (la haine de sa propre culture) et la libération définitive des constructions de la civilisation bourgeoise, tout en oubliant ses avantages moraux et matériels.

Les enfants et petits-enfants des maîtres à penser de la contestation se revendiquent tiers-mondistes et anticapitalistes, accusant les pays riches d'exploiter les pays pauvres, tout en omettant les conquêtes morales et juridiques du vieux monde: liberté, droits de l'homme, égalité entre hommes et femmes, travail, démocratie.

En bref, la cancel culture est la nouvelle frontière du politiquement correct. Héritière de la guillotine révolutionnaire, elle constitue une nouvelle forme de censure, de plus en plus grave, qui ne provient pas d'une culture réactionnaire ou conservatrice, mais de la gauche radicale, libertaire et néo-communiste, et des mouvements de libération des "minorités opprimées". Ce n'est certainement pas le vieux moralisme victorien, ni le maccarthysme de la guerre froide, mais un nouveau mouvement né dans les bons salons de la culture et qui s'est ensuite répandu dans les rues américaines, avec Me Too et Black Lives Matter.

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Les effaceurs du passé ne se limitent plus à critiquer les opinions jugées non conformes aux totems et aux tabous de l'idéologie progressiste, mais visent directement l'élimination des œuvres et l'exclusion morale, sociale et civile de leurs auteurs. Les artistes, les journalistes, les écrivains, les professeurs, les scientifiques et les philosophes sont licenciés du jour au lendemain et condamnés à l'éloignement collectif.

Dans le même temps, le panthéon de notre culture est sacrifié à un esprit du temps, un bacchetton sanguinaire, hostile à toute impureté d'un passé dont on célèbre l'embrasement collectif. Et dans l'enfer des gommes s'achève toute la tradition classique, de la littérature à la musique en passant par les arts figuratifs.

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Si les Talibans et les islamistes de tout poil ont démoli les Bouddhas de Bamiyan et les trésors archéologiques de Palmyre, les nouveaux mauvais maîtres démolissent symboles et monuments au nom du Bien et du Progrès: Christophe Colomb n'est plus le grand navigateur qui a découvert le nouveau monde, mais le père de l'extermination des indigènes; Abraham Lincoln n'est plus le "grand émancipateur" de la guerre de sécession américaine, mais un suprémaciste blanc, coupable d'avoir réservé certaines épithètes aux Afro-Américains, un enfant de son temps; même Forrest Gump, un héros toujours prêt à défendre les handicapés, les malades et les vétérans de guerre, a été accusé de connivence avec le Ku Klux Klan.

En bref, la nouvelle censure frise le ridicule, surtout à l'étranger. Mais même en Europe, nous ne devons pas baisser la garde, étant donné le zèle négationniste qui a récemment frappé les Foibe, les fosses où les partisans titistes jetaient les cadavres des ressortissants la minorité italienne d'Istrie et de Dalmatie qu'ils avaient massacrés, et, partant, la mémoire historique de tous les Italiens.

Le procès du passé, avec la décontextualisation des actions, des comportements et des langages d'une période historique spécifique, conduit à une damnatio memoriae qui délégitime la culture et génère le désarroi des nouvelles générations. "Détruire les statues ne transformera pas le passé, cela le rendra moins compréhensible", a déclaré Abnousse Shalmani, un écrivain iranien en exil en Occident.

Effacer le passé, c'est mettre en danger l'avenir et la relation profonde que chaque culture entretient avec le temps. Si l'univers des valeurs de toute civilisation s'enracine dans le temps, l'effacement de la culture est une menace pour la culture qui vit et se nourrit de la mémoire. La haine du passé des nouveaux Goebbels du politiquement correct est à l'origine de l'incommunicabilité de notre époque et condamne l'Occident à son extinction. Restez éveillés !

Les conséquences de l'accord AUKUS

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Les conséquences de l'accord AUKUS

Ex: http://aurorasito.altervista.org/?p=19902 & Moon of Alabama

L'accord AUKUS a permis à l'Australie d'annuler sa commande de sous-marins diesel à la France en acceptant l'offre américaine et britannique d'acquérir des sous-marins nucléaires. Il n'est pas du tout certain que l'Australie trouvera l'argent nécessaire pour payer des sous-marins nucléaires. Ils sont de 50 à 100 % plus chers que les produits conventionnels. L'Australie veut également s'assurer qu'au moins 60% du prix est réinjecté dans la production australienne. Mais il n'y a pas d'entreprises en Australie ayant une expertise dans la technologie nucléaire. Il est également peu probable que les États-Unis ou le Royaume-Uni laissent l'Australie acquérir une telle capacité. Il y a également peu de chances que l'un des nouveaux navires soit prêt avant 2040. D'ici là, il est probable que Taïwan sera sous le contrôle de Pékin et que la primauté navale de la Chine en mer de Chine méridionale n'aura fait que croître.

On peut donc s'interroger sur le calendrier et sur la finalité de cet accord jusqu'à présent. C'est peut-être parce que le plan réel est différent: "Le gouvernement Morrison envisage de louer à court terme des sous-marins à propulsion nucléaire au Royaume-Uni ou aux États-Unis, mais la Coalition insiste sur le fait que les armes nucléaires ne resteront pas en Australie. Le ministre des finances, Simon Birmingham, et le ministre de la défense, Peter Dutton, ont confirmé que la location des sous-marins des alliés AUKUS pourrait être une solution tampon jusqu'à ce que l'Australie en prenne livraison, potentiellement dans les années 2040. "La réponse courte est oui", avait répondu Dutton lorsqu'il avait été interrogé à ce sujet. M. Birmingham a déclaré que les accords de location n'augmenteraient pas nécessairement "le nombre de sous-marins et la capacité des nations partenaires", mais qu'ils contribueraient à la formation et au partage d'informations. "Cela pourrait nous donner l'occasion de former nos marins, de leur fournir les compétences et les connaissances nécessaires à notre fonctionnement', avait-il déclaré. Il nous aiderait à fournir les plates-formes nécessaires pour moderniser l'infrastructure de Perth, qui est nécessaire pour ces sous-marins. Je m'attends à voir... des accords de location ou des opérations conjointes accrues entre nos marines à l'avenir qui verront nos marins travailler en étroite collaboration et, en fait, potentiellement sur des navires britanniques et américains pour obtenir ces compétences, cette formation et ces connaissances."

Perth sera alors construit sur une base compatible avec le probable stationnement permanent de sous-marins nucléaires américains. Ils portent des armes nucléaires. Les bateaux "loués", ou du moins leur système de propulsion, continueraient bien entendu à être pilotés par des équipages américains ou britanniques. Les Australiens ont déjà des problèmes pour maintenir les équipages de leurs sous-marins. Les quelques équipages qui seront disponibles pour les bateaux "loués" ne seront pas suffisants pour les gérer.

Les Australiens paieraient grassement le privilège d'être invités à bord de sous-marins sans doute commandés par les États-Unis. Le gouvernement australien prévoit également d'acheter aux États-Unis des missiles à longue portée très coûteux. Cela permettra d'intégrer davantage leurs forces dans les plans américains de guerre contre la Chine.

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Comme nous l'avons écrit dans un article précédent: "Il s'agit d'une victoire énorme mais à court terme pour les États-Unis, avec un prix ridicule pour la Grande-Bretagne également, et une perte stratégique de souveraineté et de contrôle budgétaire pour l'Australie. La perte de souveraineté australienne, si du moins une telle souveraineté existe, est évidente. Ses nouveaux plans, comme les précédentes mesures anti-chinoises, auront également de mauvaises conséquences économiques. Les négociations en vue d'un accord de libre-échange avec l'UE vont désormais être interrompues: "L'un de nos États membres a été traité de manière inacceptable, nous voulons donc savoir ce qui s'est passé et pourquoi", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ajoutant que la situation doit être clarifiée "avant de continuer à faire comme si de rien n'était"...

L'Union européenne était le troisième partenaire commercial de l'Australie en 2020, selon la Commission européenne. Le commerce de biens entre les deux s'est élevé à 36 milliards d'euros (42 milliards de dollars) cette année-là, tandis que le commerce de services s'est élevé à 26 milliards d'euros (30 milliards de dollars) en 2019... La menace d'un accord commercial avec l'UE est intervenue à un moment où l'Australie tente de développer de nouveaux marchés d'exportation après que les relations avec la Chine, jusqu'ici son principal partenaire commercial, se soient récemment envenimées. Le charbon, le vin, l'orge et le bœuf australiens ont déjà été affectés par les tensions commerciales avec la Chine et, selon les experts, les accords AUKUS ont encore aggravé l'antagonisme de Pékin".

La Chine reste le premier partenaire commercial de l'Australie. Le principal produit d'exportation de l'Australie est le minerai de fer. Mais même ce commerce est aujourd'hui en grande difficulté: "Le prix du minerai de fer, principal produit d'exportation de l'Australie, a continué à chuter alors que le principal client de la Chine a décidé de réduire sa production d'acier et ses émissions de carbone pour le troisième mois consécutif. Après avoir atteint un record de 230 dollars la tonne en mai, le matériau clé de la fabrication de l'acier a vu son prix divisé par deux et se négocie désormais à moins de 110 dollars la tonne, ce qui a fait chuter le cours des actions des poids lourds de l'industrie minière cotés à l'ASX: BHP, Rio Tinto et Fortescue".

D'autres raisons expliquent la baisse des besoins de la Chine en minerai de fer, et donc de son prix. L'effondrement imminent du groupe immobilier chinois Evergrande va marquer une pause dans le boom de la construction en Chine. La Chine recycle de plus en plus d'acier provenant d'anciennes infrastructures et a donc besoin de moins de minerai de fer brut, même si elle continue à construire de nouvelles usines. Le minerai de fer dont la Chine a encore besoin proviendra bientôt d'Afrique: "Le principal objectif de la diversification de la Chine est la Guinée. Un pays pauvre mais riche en minéraux en Afrique de l'Ouest. Une chaîne de collines de 110 km de long, appelée Simandou, contiendrait la plus grande réserve au monde de minerai de fer de haute qualité non encore exploité..... Le projet de développement de Simandou a été divisé en quatre blocs. La Chine a une participation directe ou indirecte dans chacun d'entre eux. La zone contient environ 2,4 milliards de tonnes de minerai classé à plus de 65,5 %. "L'extraction des réserves de minerai de fer de Simandou transformerait le marché mondial et catapulterait la Guinée au rang de centrale d'exportation de minerai de fer avec l'Australie et le Brésil", avait déclaré Lauren Johnston, chercheur associé à l'Institut de Chine de la SOAS à l'Université de Londres. Si la Chine débloque les réserves de Simandou et fait baisser les prix internationaux du minerai de fer, "vous verrez les marchés sélectifs des matières premières de plus en plus déterminés par la dynamique des pays en développement", a déclaré M. Johnston. Il serait plus facile pour la Chine de naviguer dans ces eaux que de devoir faire des affaires avec l'Australie, membre du Quadrilatère. (Le récent coup d'État en Guinée ne devrait pas modifier ces plans).

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Les mines de fer de Simandou

Le boom minier australien, alimenté par l'essor de la Chine, touche à sa fin. Le pays devra réduire son budget et chercher un nouveau modèle économique. Mais pourquoi parler d'une "victoire énorme mais à court terme" pour les États-Unis ?

C'est une victoire dans la mesure où les États-Unis ont acquis une base de sous-marins en Australie et seront payés pour l'utiliser. Cela semble bien une victoire si l'intention est de mener une guerre froide contre la Chine. Il est douteux qu'il s'agisse d'une stratégie nécessaire et il est tout aussi douteux qu'elle réussisse. Les fabricants d'armes vont évidemment adorer. Mais ce n'est qu'une victoire à court terme dans le sens où les États-Unis vont perdre de nombreux partenaires actuels et potentiels. Elle a relégué les partenaires de la QUAD, l'Inde et le Japon, au second plan et a renforcé les soupçons de l'Indonésie, de la Malaisie et même de Singapour quant à l'éventualité de plans malveillants à leur encontre: "En particulier, l'Indonésie et la Malaisie s'opposeraient fermement au projet de l'Australie d'acquérir sa flotte de sous-marins à propulsion nucléaire avec l'aide des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Même Singapour, l'allié le plus fiable de l'Australie dans la région, a exprimé son inquiétude... Si rien d'autre n'a été fait, la décision de sceller les accords AUKS a renforcé la perception largement répandue selon laquelle le mantra de l'Australie selon lequel elle fait "partie de la région" n'est en fait qu'un "discours creux". L'Australie a fermement signalé son intention de donner la priorité aux alliés anglo-saxons que sont les États-Unis et la Grande-Bretagne".

Un ancien ambassadeur britannique en France prédit des problèmes pour l'OTAN: "Peter Ricketts a déclaré que la décision de Canberra d'abandonner son contrat avec Paris pour des sous-marins diesel en faveur des sous-marins nucléaires de Washington creuserait un fossé entre les alliés et affaiblirait l'alliance transatlantique". Je pense qu'une telle démarche sape certainement la confiance des Français dans l'OTAN et les alliés de l'OTAN, et renforce donc le sentiment qu'ils doivent dicter l'autonomie stratégique européenne", a-t-il déclaré. "Je pense que cela ne peut que nuire à l'OTAN, car l'OTAN repose sur la confiance. Les travaux de réparation doivent commencer de toute urgence". 

En marge de l'Assemblée générale des Nations unies, les ministres des affaires étrangères de l'UE discuteront du nouveau pacte de défense signé entre les États-Unis, l'Australie et la Grande-Bretagne... M. Ricketts, représentant permanent auprès de l'OTAN en 2003-2006, a déclaré que la France verrait dans ce conflit un "tournant" dans les relations avec les États-Unis et la Grande-Bretagne. "Il y a un sentiment accru à Paris que les Nord-Américains tournent de plus en plus le dos à leurs alliés européens en matière de sécurité et se concentrent sur leur contentieux avec la Chine", a-t-il ajouté. La France, l'Allemagne et d'autres pays européens veulent être les partenaires économiques de la Chine. Ils considèrent les tentatives américaines de lancer une nouvelle guerre froide comme une diversion inutile par rapport à d'autres problèmes. Il sera de plus en plus difficile pour les États-Unis de faire en sorte que les Européens "s'alignent" sur leurs plans. Dans l'ensemble, les États-Unis ont gagné un point d'appui et un partenaire mineur dans leur tentative désespérée de soumettre la Chine, quatre fois plus grande, mais ils ont perdu la confiance et le soutien du reste du monde. Il s'agit d'une erreur stratégique aux conséquences à long terme.

Traduction par Alessandro Lattanzio

mercredi, 22 septembre 2021

L'"anglosphère" s'en prend aussi à l'entreprise italienne Fincantieri

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L'"anglosphère" s'en prend aussi à l'entreprise italienne Fincantieri

par Alberto Negri

Source : Il Manifesto & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/l-anglosfera-fa-fuori-anche-fincantieri

Aukus. Le méga-contrat avec l'Australie pour neuf frégates Fremm d'une valeur de 23 milliards a été annulé. Canberra a préféré la proposition britannique, même si le projet n'est encore que sur le papier. Le message des États-Unis est clair : il n'y a pas de place pour l'Europe dans le Pacifique.

L'"Anglosphère", le pacte Aukus américano-britannico-australien, a soulevé l'ire de la Chine et frappé durement la France, qui a retiré ses ambassadeurs à Washington et à Canberra. Les Français affirment avoir été tenus dans l'ignorance de l'annulation de la fourniture de sous-marins nucléaires par Naval Gorup, pour un montant de 56 milliards d'euros, mais en fait, il y avait déjà eu un signal d'alarme car, au début de l'été, les Italiens s'étaient également fait rouler par les Australiens.

Et précisément sur la maxi-fourniture de frégates Fremm à la marine australienne par l'entreprise publique Fincantieri, un projet dans lequel le groupe français Naval est également partenaire. En d'autres termes, le piège est double. C'est une histoire intéressante - passée sous silence par les médias nationaux italiens parce que personne n'aime être trompé - qui révèle le niveau de concurrence entre les Européens et le complexe militaro-industriel de l'"Anglosphère" qui, avec le pacte Aukus - l'OTAN dans le Pacifique - lancé par Biden, Johnson et Morrison veut mettre la Chine dans les cordes.

C'est ainsi que la plus importante commande navale italienne de ces dernières décennies, celle passée à l'Australie pour neuf frégates d'une valeur totale d'environ 23 milliards d'euros, a été annulée en juin. La commande a été remportée par l'entreprise anglaise Bae Systems, devant deux autres concurrents, Fincantieri et l'entreprise espagnole Novantia. Le rêve de vendre des navires italiens, qui étaient en fait le fruit d'une collaboration italo-française, a donc été brisé.

C'était un choix politique plutôt que technique, et pour cette raison, il était d'autant plus brûlant. De la comparaison entre la proposition gagnante et la proposition italienne, un aspect est ressorti avant tout : les frégates britanniques sont encore en phase de conception et ne seront disponibles qu'à la fin de la prochaine décennie, alors que les frégates italiennes sont déjà opérationnelles et testées, ce qui aurait permis aux Australiens d'avoir leurs premiers navires dans quelques années. Les Australiens ont donc misé sur un navire valable sur le papier, au lieu d'un navire qui a déjà prouvé son efficacité. Cette décision ne peut être justifiée sur le plan technique et opérationnel.
Le choix, en effet, n'avait aucune justification sur le plan technologique: les Fremms italo-françaises - souligne l'IAI, l'Institut des affaires internationales - sont les unités en service les plus avancées au monde. En outre, Fincantieri avait prévu d'investir directement en Australie pour la construction des navires et d'impliquer largement les fournisseurs locaux.

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Autres réalisations de la firme italienne Fincantieri

Afin de remporter cette commande, le système national était plus engagé que jamais. Une croisière spécifique d'un Fremm de la marine a été organisée, ainsi que la visite en Australie d'une délégation gouvernementale - militaire, diplomatique et industrielle - culminant avec l'arrivée du ministre de la défense puis du ministre des affaires étrangères.

Pour l'Italie, la perte de la commande navale australienne, qui semblait être une affaire réglée, a été une amère déception. Nous avons été battus par un modèle de frégate britannique qui n'existait que sur le papier. S'il est vrai que, dans le domaine naval, un choix est destiné à conditionner les plans militaires nationaux pendant trente ans, cela signifie que l'Italie (mais aussi la France, partenaire de Fincantieri, dans le cas des frégates) n'a pas été jugée suffisamment fiable. Une rebuffade.

En fait, en coulisses, une discussion animée et empoisonnée s'est engagée entre diplomates, militaires et industriels italiens, en raison de l'habituel transfert de responsabilités, suivi d'un silence assourdissant pour ne pas trop amplifier l'échec. Chut et chut, chut et encore chut... dans le pur style manzonien. Un choix qui s'impose également, étant donné que ces frégates Fremm, que nous avons déjà vendues à l'Égypte d'Al-Sisi et au Qatar, Fincantieri aimerait également les placer auprès de l'Arabie saoudite et du Maroc.

La zone d'expansion et d'influence du complexe militaro-industriel européen, non seulement italien, selon les plans de l'"Anglosphère" devrait être limitée, à quelques exceptions près, à la Méditerranée, au Golfe et à l'Afrique, mais ne pas s'étendre au Pacifique, qui est le quadrant stratégique de prédilection des États-Unis.

C'est l'un des messages qui accompagnent le Pacte d'Aukus. Et alors que l'Union européenne a lancé jeudi une nouvelle stratégie dans l'Indo-Pacifique, première pièce d'un projet baptisé Global Gateway avec lequel les Vingt-Sept veulent signer des accords internationaux qui vont bien au-delà du commerce, dans l'industriel, le numérique, la connectivité et, comme par hasard, dans la "sécurité maritime".

Le "coup de poignard dans le dos" dont parle le ministre français des Affaires étrangères Le Drian à propos du pacte Aukus est le début d'un grand jeu géopolitique qui vise d'une part à faire pression sur la Chine, mais aussi à redéfinir les zones d'expansion militaire et économique dans un monde qui investit l'Eurasie et le Pacifique.

Les États-Unis veulent aussi laisser des miettes à leurs alliés et quelques pièges pour occuper amis et ennemis, de l'Afghanistan à l'Irak, dont ils se retirent à la fin de l'année pour faire place à l'OTAN. Ils nous laissent vingt ans de désastres, de guerres, de millions de morts et de réfugiés civils, de déstabilisation éternelle, de chaos : et même pas un pourcentage des profits du complexe militaro-industriel. Ce sont les Français qui protestent, pas nous, comme d'habitude car nous sommes alignés et couverts.

La France est devenue une puissance régionale de second rang

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La France est devenue une puissance régionale de second rang

Andrei Martyanov

Source Reminiscence of the future

Eh bien, je vais aussi en parler. Je veux dire toute cette affaire AUKUS et la perte par la France d’un énorme contrat pour fournir des sous-marins à la Royal Australian Navy. À ce stade, je ne suis pas intéressé par les détails techniques de cette histoire, car il est inutile de se concentrer sur les détails techniques de quelque chose qui peut encore changer plusieurs fois, peut-être même ne jamais se concrétiser. En revanche, je m’intéresse, comme toujours, aux facteurs fondamentaux qui définissent le cadre du problème. Le Drian et toute personne au sommet de la politique française peuvent bien exprimer leur frustration et jouer aux jeux géopolitiques qu’ils veulent :

Vendredi, la France a rappelé ses ambassadeurs à Washington et à Canberra 
après que l'Australie a abandonné un important programme de sous-marins avec
la France en faveur de l'acquisition de sous-marins à propulsion nucléaire
avec l'aide des États-Unis et du Royaume-Uni. Paris a violemment protesté
contre le nouvel accord entre l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni,
connu sous le nom d'AUKUS. Le Drian a qualifié l'abandon du programme
franco-australien de "coup de poignard dans le dos".

Cela ne change rien au fait qu’en ces temps de crise grave et terminale de la Pax Americana et du libéralisme occidental, la France n’est plus une superpuissance mondiale et n’est importante que parce qu’elle suit le monde anglo-saxon qui mène une lutte désespérée pour sa survie en tant que puissance mondiale. C’est aussi simple que cela. La France n’est tout simplement pas vraiment importante pour cette lutte existentielle. En fin de compte, D.C. et Londres se préoccupent d’abord d’eux-mêmes, aussi déformée et illusoire que soit cette préoccupation, et Paris est considérée comme une simple « nourriture » qui sera consommée si la nécessité et l’opportunité se présentent. Vous pouvez toujours rétorquer que la France a sa propre dissuasion nucléaire, qu’elle possède Renault et le siège d’Airbus, qu’elle a son propre programme spatial, etc. C’est vrai. Tout cela est un fait, mais n’oublions pas la définition, et non la pseudo-science politique de l’Ouest, de la puissance globale. Bien, la définition est celle des 14 critères de Jeffrey Barnett (à ne pas confondre avec Corelli Barnett) et permettez-moi de vous rappeler ce qu’ils sont. Barnett les a énumérés dans le trimestriel « Paramètres de l’US Army War College », en 1994.  Quelle que soit la façon dont les réalisations de la France sont considérées, dont certaines avec un respect bien mérité, la France ne correspond tout simplement à aucun de ces 14 critères.

La France ne domine pas l’accès à l’espace, les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Inde le font ; la France ne contrôle pas les voies de communication maritimes (SLOC), les États-Unis, la Chine et la Russie le font, la France ne fournit certainement pas la majorité des produits finis, la Chine le fait et la France ne domine certainement pas l’industrie de l’armement de haute technologie, les États-Unis et la Russie le font. Même si l’on imagine que demain la Marine Nationale ajoute deux autres porte-avions à propulsion nucléaire à sa flotte, cela ne fera toujours pas de la France une puissance mondiale. Militairement et économiquement, la France est une puissance de second rang, qui a cédé une partie de sa souveraineté à des organisations supranationales telles que l’OTAN et l’UE et qui ne remplit donc pas le critère le plus important définissant une puissance mondiale ou une superpuissance : des politiques mondiales totalement indépendantes et protégées. La France n’est pas non plus capable de créer et de maintenir une quelconque alliance significative par elle-même. Les États-Unis et la Russie le peuvent, tandis que la Chine, en raison de son énormité économique et démographique, est une alliance en soi. De plus, la Chine et la Russie ont des alliances entre elles.

Donc, dans ce cas, étant une puissance régionale de second rang, la France ne peut pas s’attendre à ce que ses intérêts soient sérieusement pris en compte lorsque l’on parle de projets aussi immenses, financièrement parlant, que l’AUKUS. Les alliances sont créées non seulement contre quelqu’un mais aussi pour un accès exclusif aux capitaux et aux marchés, en particulier les marchés d’armes, au sein de ces alliances. Dans ce cas particulier, la France est un outsider et peu importe les hyperboles utilisées par les politiciens français frustrés pour décrire la « trahison » de la France par les Anglo-Saxons, c’est une réalité. Scott Ritter a peut-être raison lorsqu’il décrit l’affaire AUKUS comme une histoire d’achats militaires géopolitiques devenus fous. Mais si l’on considère l’état économique des États-Unis qui est en bout de course, tous les moyens sont bons pour maintenir un flux de trésorerie et la France a simplement été supprimée sur la route de ce flux de trésorerie. C’est aussi simple que cela. A temps désespérés, mesures désespérées. Un truisme, vraiment.

Ainsi, quelques soient les détails techniques de tout ce cirque, certaines leçons sont déjà évidentes et je souscris ici à chaque mot de la conclusion de Ritter :

Mais le fait demeure que les États-Unis n'ont pas de riposte militaire significative 
face à la Chine, que le Royaume-Uni n'est pas capable de maintenir une présence
militaire crédible dans le Pacifique et que l'Australie ne peut pas se permettre
d'acquérir et d'exploiter une force de huit sous-marins d'attaque à propulsion
nucléaire. Le projet de sous-marin nucléaire australien est une plaisanterie
dangereuse qui ne fait qu'exacerber la crise géopolitique existante avec la
Chine en y injectant une dimension militaire qui ne servira à rien.

Toute cette histoire d’AUKUS, comme je l’ai déjà dit précédemment, est un excellent indicateur du déclin de la puissance des États-Unis, qui, dans leurs tentatives désespérées de préserver les restes de leur hégémonie mondiale autoproclamée, sont prêts à tout, sauf, espérons-le, à la guerre nucléaire, et s’il faut humilier et « sacrifier » la France, qu’il en soit ainsi. L’Europe occidentale devrait se préparer à l’être aussi, comme je l’écris depuis de nombreuses années (je cite un article d’il y a 2 ans) :

Macron fait une erreur ici. Eh même plusieurs erreurs, en fait. Pour commencer, 
"pousser la Russie hors d'Europe" n'était pas une "erreur stratégique" - c'était
le plan et l'objectif principal de Washington, dirigé à l'époque par Obama et
continuellement mis en œuvre maintenant par l'administration Trump. De plus,
"chasser la Russie" ne concerne pas seulement la Russie, mais aussi l'Europe
elle-même. L'Europe, telle qu'elle existe aujourd'hui, ne présente aucun intérêt
pour la Russie dans un sens métaphysique, si ce n'est un intérêt purement économique
en tant que marché, mais la majorité des Russes se félicitent aujourd'hui de la
réussite de cette "mise à l'écart". L'Europe, pendant ce temps, est un agneau
sacrifié pour les États-Unis qui, dans une tentative désespérée de sauver leur
peau, vont démolir l'Europe économiquement parce que les élites européennes
sont une pathétique parodie de direction politique, certaines d'entre elles
sont carrément des imbéciles, sans oublier qu’un certain nombre sont effectivement
des produits de la sélection américaine. Donc, non - laissez l'Europe traiter avec
les États-Unis, ou vice-versa, et laissez la Russie en dehors de cela.

Alors, ne me dites pas que je ne vous ai pas prévenu. Oh, allez, les États-Unis ont besoin de manger aussi. Au moment où la France a réintégré pleinement l’OTAN en 2009, un processus défendu par le président de l’époque, Sarkozy , tout a été fini pour elle. Dommage qu’elle ne l’ait pas vu venir. Eh bien, elle le voit maintenant. Comme on dit : mieux vaut tard que jamais. Tolstoï l’avait déjà vu il y a longtemps :

Un Français est sûr de lui parce qu'il se considère personnellement, tant dans 
son esprit que dans son corps, comme irrésistiblement attirant pour les hommes
et les femmes. Un Anglais est sûr de lui, car il est citoyen de l'État le mieux
organisé du monde, et donc, en tant qu'Anglais, il sait toujours ce qu'il doit
faire et sait que tout ce qu'il fait en tant qu'Anglais est indubitablement correct.
Un Italien est sûr de lui parce qu'il est excitable et qu'il s'oublie facilement
et oublie les autres. Le Russe est sûr de lui parce qu'il ne sait rien et ne
veut rien savoir, car il ne croit pas que l'on puisse savoir quoi que ce soit.
L'assurance de l'Allemand est la pire de toutes, la plus forte et la plus
répugnante de toutes, car il s'imagine connaître la vérité - la science - qu'il
a lui-même inventée mais qui est pour lui la vérité absolue.

Eh bien, que dire. Nous sommes au XXIe siècle et la France n’a absolument rien appris depuis le départ de son dernier Titan et Héros, parti en 1969. Ou, plutôt, chassé par ce que beaucoup considèrent encore comme une révolution de couleur organisée par les États-Unis. Il est donc temps de faire face aux conséquences.

Pendant ce temps, la Russie continue de construire ces corvettes à missiles comme s’il n’y avait pas de lendemain, la dernière en date, Grad (Grêle), a été mise à l’eau à Zelenodolsk hier (vidéo en russe):

https://www.youtube.com/watch?v=FTSAcvhVL8M

Avec les nouveaux 3M14M d’une portée de 4 500 km, ces navires peuvent frapper n’importe quel pays d’Europe à partir d’un fleuve ou d’un lac situé au cœur du territoire russe. Au cas où. Autre nouvelle connexe :

TEHRAN (Iran News) - L'Agence fédérale russe du transport aérien (Rosaviatsia) 
et l'Organisation de l'aviation civile de la République islamique d'Iran ont
signé le 6 septembre 2021 un protocole d'accord visant à "créer des conditions
favorables à l'approbation de la conception standard des équipements de l'aviation
civile russe exportés en Iran"
. L'accord est le résultat des négociations qui ont

eu lieu entre les deux autorités aéronautiques en juin 2021, a expliqué Rosaviatsia
dans un communiqué.

L’Iran recevra un grand nombre de SSJ-100R entièrement russifiés. Le MS-21 est en cours, une fois que la Russie aura satisfait ses besoins internes en matière d’aviation commerciale.

Andrei Martyanov

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

mardi, 21 septembre 2021

La dialectique technologique sino-américaine

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La dialectique technologique sino-américaine

Daniel Miguel López Rodríguez

Ex: https://posmodernia.com/la-dialectica-tecnologica-chino-estadounidense/ 

Au cours des dernières décennies, et surtout ces dernières années, la Chine a fait un grand bond en avant économique et technologique, ce qui est alarmant pour les États-Unis et peut-être pour ce que nous appelons "l'Occident" (une expression qui semble dire beaucoup pour ne rien dire). 

Le gouvernement chinois n'est pas soumis à des cycles électoraux courts, comme c'est le cas dans les démocraties occidentales, et le comité central des dirigeants peut donc s'engager dans une planification à long terme, comme le prévoient leurs plans quinquennaux. Cela a été fondamental pour la croissance de la Chine dans les domaines de l'éducation, de la santé, des infrastructures, de la recherche et du développement. Voici l'une des raisons pour lesquelles la Chine est devenue l'une des principales nations technologiques du 21e siècle. 

La Chine s'est plainte et a averti Trump "de ne pas créer un champ de bataille dans l'espace", car les États-Unis "ont poussé leur stratégie de domination de l'espace, allant plus loin dans la voie de l'arsenalisation de l'espace et risquant de le transformer en un nouveau théâtre de guerre" (cité par Alfredo Jalife-Rahme, Guerra multidimensional entre Estados Unidos y China, Grupo Editor Orfila Valentini, Mexico 2020, p. 269). Les trois superpuissances s'affronteront-elles sur terre, sur mer et dans les airs, mais aussi dans le cyberespace et l'espace orbital ? 

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En 1967, deux ans avant qu'Apollo 11 ne se pose sur la lune, le traité sur l'espace extra-atmosphérique a été signé et ratifié par 110 pays interdisant la militarisation de l'espace (dont les États-Unis et l'Union soviétique, ainsi que la Chine de Mao). Cela semble désormais être une lettre morte, et il est plus réaliste de parler de "guerre des étoiles" que de "paix céleste".     

Le système de défense antimissile américain est plus présent dans différents pays et régions, avec des cibles russes et chinoises à portée, comme le système de défense de zone terminale à haute altitude (THAAD) construit par l'entrepreneur militaire Lockheed Martin.

Alors que les États-Unis dépensent 3.000 milliards de dollars en dépenses militaires, ce que fait également la Russie, bien qu'à une moindre échelle, la Chine ne dépense pas un seul yuan pour la guerre (elle dépense un seul yuan pour construire une bonne armée, ce qui est une autre question). L'Empire du Milieu n'est pas entré en guerre depuis 1979, alors que les Etats-Unis sont en guerre en permanence (pour la plus grande gloire et le plus grand profit du complexe militaro-industriel). La Chine investit dans les infrastructures, se targuant de 30.000 kilomètres de voies ferrées à grande vitesse, de la 5G de Huawei et de l'alunissage sur la face cachée de la lune. C'est précisément sur la lune que la Chine entend se fournir en hélium 3, une substance qui pourrait fournir 10.000 ans d'énergie (40 grammes d'hélium 3 peuvent remplacer 5 000 tonnes de charbon).

L'intelligence artificielle est également très importante pour la guerre. Eric Schmidt, président d'Alphabet Inc, filiale de Google, a prévenu que "la Chine dépassera les États-Unis dans le domaine méga-stratégique de l'intelligence artificielle (IA) d'ici 2025, puis dominera le secteur d'ici 2030" (Alfredo Jalife-Rahme, Multidimensional war between the United States and China). Bien que les États-Unis aient été les pionniers de l'IA, ils semblent être en passe d'être dépassés par la Chine, ce qui va poser un très sérieux problème à la cabale GAFAT (Google, Apple, Facebook, Amazon, Twitter) de la Silicon Valley associée au Pentagone, plus précisément au segment du Defence Innovation Board (DIB). Selon les experts, la Chine a déjà dépassé les États-Unis en matière de 5G et d'IA d'au moins 10 ans. 

Avec la "guerre commerciale", les États-Unis (avec Trump et Biden) tentent d'affaiblir l'avancée de la Chine dans le domaine de l'intelligence artificielle et de la robotique, domaine dans lequel l'avancée chinoise semble imparable. Les États-Unis achètent beaucoup plus à la Chine que la Chine n'achète au pays américain, d'où l'excédent commercial que la nation asiatique a acquis. Trump a exigé la réciprocité de la Chine, mais pendant que cette asymétrie s'éternisait, la Chine s'est surdéveloppée.

Le projet "Made in China 2025" englobe l'intelligence artificielle, la robotique, l'informatique quantique, les nouveaux véhicules à énergie autonome, les dispositifs médicaux à haute performance, les composants de navires de haute technologie et d'autres industries émergentes pour la défense nationale. Avec toute cette haute technologie, Pékin cherche l'autarcie, mais dans un monde globalisé (nous nous référons à la globalisation positive qui existe réellement et que nous avons décrite dans les pages de Posmodernia : https://posmodernia. com/globalizacion-positiva-y-globalizacion-aureolar/) avec l'interdépendance croissante, surtout entre la Chine et les États-Unis, l'autarcie est quelque chose qui semble impossible, même s'il s'agit d'une "autarcie technologique" telle que présentée sous la forme d'un plan quinquennal lors de la cinquième session plénière du Parti communiste chinois (PCC) ; car il y aura toujours des confrontations corticales, et même inévitablement des accords ponctuels et donc des échanges technologiques et de toutes sortes. Même si, comme l'a dit Kissinger en 2018, la Chine et les États-Unis sont presque destinés à un conflit, et là, l'interdépendance serait un combat, comme un bataillon d'hoplites. Quoi qu'il en soit, l'objectif des autorités de Pékin est de faire de l'Empire du Milieu une superpuissance technologique, même si cela, à la crainte de beaucoup, peut déjà être affirmé sans réserve.

Huawei est la seule marque de téléphones à défier Samsung et Apple, étant la marque phare de l'ambitieux projet Made in China 2025. D'où le veto américain à l'encontre de Huawei. C'est pourquoi le conseiller juridique de l'entreprise, Song Liuping, s'en est pris à M. Trump en lui reprochant d'aller "à l'encontre du marché libre et de la liberté de choix des consommateurs" (https://www.naiz.eus/es/hemeroteca/7k/editions/7k_2019-12-08-06-00/hemeroteca_articles/la-guerra-fria-del-siglo-xxi). Huawei est une entreprise privée, mais Trump a insisté sur le fait qu'elle travaillait pour le gouvernement de Pékin (ce qui n'est en aucun cas une affirmation farfelue de l'homme aux cheveux blonds, comme il est caricaturé dans la presse mondialiste). 

Comme l'a déclaré Ren Zhengfei, fondateur et PDG de l'entreprise, "il est ironique que les États-Unis, dont nous savons pertinemment qu'ils espionnent leurs citoyens et d'autres personnes à l'étranger parce qu'Edward Snowden l'a révélé, accusent une entreprise chinoise de collaborer avec le gouvernement chinois sans que personne n'ait trouvé le moindre lien". "Vendre la Chine comme le mal est devenu à la mode" (Ibid.). Et cela concerne à la fois l'élite financière mondialiste (Soros ne s'est pas privé de pointer du doigt la Chine, mais aussi la Russie) et l'élite nationaliste derrière Trump. 

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En décembre 2018, le PDG de Huawei, Meng Wanzhuo, a été arrêté au Canada pour fraude, complot et détournement de fonds. Les Américains ont vu dans le réseau 5G une technologie destinée à l'espionnage chinois, bien que l'espionnage n'ait pas été étranger aux États-Unis, il suffit de demander à Snowden. Pour éviter l'espionnage américain, les Chinois ont créé leurs propres réseaux sociaux, tels que WeChat et Weibo.

Xi Jinping entend "construire une Chine numérisée et une société intelligente" en augmentant les "forces stratégiques scientifiques et technologiques" (http://spanish.xinhuanet.com/2017-11/03/c_136726335.htm).     

Le ministre des sciences et de la technologie, Wang Zhigang, a déclaré que la Chine entrait dans une nouvelle phase dans laquelle "c'est la première fois qu'un plan quinquennal était consacré au chapitre spécifique de la technologie" (cité par Jalife, US-China Multidimensional Warfare, p. 375). Le plénum du Comité central du PCC s'est tenu juste avant l'élection américaine tendue entre Joe Biden et Donald Trump, comme si les Chinois voulaient laisser un message au vainqueur (qui s'est avéré être, non sans contestation, le candidat démocrate). 

Trump a qualifié le leadership de la Chine dans le réseau 5G de menace pour la "sécurité nationale des États-Unis". Selon les stratèges américains, "tout pays qui maîtrise la 5G aura un avantage économique, d'espionnage et militaire pour la majeure partie de ce siècle", car la 5G ou l'internet des objets va être une révolution : "elle sera plus importante que l'électricité" (cité par Alfredo Jalife-Rahme, Guerre multidimensionnelle entre les États-Unis et la Chine). 

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Mais plus inquiétant pour cette sécurité est l'alunissage. Outre la 5G et l'intelligence artificielle, il y a les missiles supersoniques, comme le missile Dong Feng-17, qui sera difficile à contrer pour le système de détection américain et qui constitue donc le grand espoir militaire de la Chine pour les années à venir. Cependant, il semble que la Chine n'ait pas l'intention de s'étendre militairement, mais qu'elle ait l'intention de s'étendre commercialement (comme nous le voyons en Afrique et aussi avec les routes de la soie dans une grande partie du monde). Mais comme l'économie est toujours économico-politique, les résolutions militaires et leurs conséquences géopolitiques correspondantes ne sont pas à exclure. 

En ce qui concerne la technologie quantique, qui constitue également un problème de sécurité nationale pour les États-Unis, la Chine possède deux fois plus de brevets que les États-Unis. Mais les États-Unis possèdent trois fois plus d'ordinateurs quantiques, même si la Chine est loin d'être à la traîne et pourrait, en 2030, comme proposé, prendre la tête dans ce domaine également.

La Chine détient également 20 % de la construction mondiale de câbles sous-marins, construisant une sorte d'autoroute de l'information reliant l'Europe et l'Afrique (câble Peace, dont l'achèvement est prévu pour la fin 2021).

Daniel Miguel López Rodríguez

Né en 1980. Vit à Cortegana (Huelva). Diplôme de philosophie de l'université de Séville. Master en philosophie et culture moderne. Docteur en philosophie (Summa Cum Laude) dans le cadre de la thèse intitulée "Matérialisme et spiritualisme. La critique du matérialisme philosophique au marxisme-léninisme".

Sur le speed-liberalisme et la gauche édulcorée

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Sur le speed-liberalisme et la gauche édulcorée

Diego Chiaramoni

Source: https://posmodernia.com/sobre-el-liberalismo-speed-y-la-izquierda-edulcorada/

Gabriel Marcel avait l'habitude de dire que la mode est la cousine germaine de la mort. Les avant-gardes, au-delà de la force impérative avec laquelle elles font irruption sur la scène artistique ou politique, portent toujours le germe de leur propre disparition. Les noms et les œuvres qui perdurent dans le temps survivent en raison du germe de vérité ou de beauté qu'ils portent et non pour le simple fait d'avoir été avant-gardistes. Lorsque l'on échange des idées avec le progressiste moyen, dans le scénario imposé du politiquement correct et en tenant compte des susceptibilités à fleur de peau, les seuls contre-arguments que l'on entend sont les suivants: "vous êtes arriérés", "les choses changent", "retournez au Moyen Âge", etc.

Nous pensons qu'il doit être vraiment triste de militer pour les idées d'aujourd'hui, sachant qu'elles n'ont aucune densité ontologique autre que leur nouveauté et que le simple passage du temps les pulvérise. Pourquoi mettre tant d'énergie à militer aujourd'hui pour quelque chose qui ne vaudra plus rien ? Bien sûr, c'est là le cœur du problème: les vérités ont à voir avec l'incarnation des valeurs et non avec le relativisme de l'époque; une femme sort de chez elle sans porter de jupon, mais lorsqu'elle croise un voisin, elle le salue quand même par un "bonjour". C'est la différence entre une marchandise soumise au temps et une valeur.  

La scène politique actuelle (et la métapolitique, comme le gaucho Alberto Buela aime à le dire dans notre aréopage), semble être déchirée entre deux positions: a) le libéralisme de la vitesse (le speed-liberalism), dont les nouveaux visages prennent le nom de "libertaires", et b) la gauche édulcorée, qui reprend certaines vieilles idées et les nouveaux chants des sirènes du progressisme moral. Analysons brièvement les deux positions:

speed-unlimited-energy-drink-boisson-energisante-taurine-1131516z0-00000075.jpgLe speed est une boisson énergisante très répandue chez les jeunes. La combinaison d'éléments chimiques tels que la caféine et la taurine donne au buveur (selon la publicité), concentration et performance. Le nouveau visage du libéralisme semble assumer les effets "bénéfiques" de cette boisson. Dans tous les débats publics, ses partisans affichent la musculature de leurs idées: culte de la liberté individuelle, bonté du capitalisme, mépris de la plèbe et réalisation de soi comme but suprême. Dans notre pays (nous faisons référence à l'Argentine), on a inventé deux caractéristiques que, noblesse oblige, nous pensons qu'il est important de souligner. D'une part, l'impudence vertueuse de gifler la classe politique qui infeste le Congrès, la Maison du gouvernement et les enceintes gouvernementales. En revanche, certains de ses représentants de renom ont défendu les valeurs de la famille, de la vie et de l'éducation sans myopie idéologique. De plus, face à la question de l'avortement, ces mêmes représentants ont élevé la voix face au silence pusillanime de nombreux "pasteurs" lâches.

Le problème de ce nouveau visage du libéralisme peut être résumé en trois points fondamentaux, à savoir:

A) Le culte de l'individualisme, conséquence logique du modèle d'homme adopté par la doctrine libérale. Cette vénération de l'individu au détriment du bien commun entraîne une rupture avec la notion de communauté, qui est la sphère de valeurs où la personne humaine trouve refuge et acquiert progressivement maturité pour l'épanouissement de son propre potentiel. Juan Perón l'a bien exprimé dans son texte de clôture du Congrès de philosophie tenu à Mendoza, en Argentine, en 1949, lorsqu'il a déclaré: "Personne n'est épanoui dans une communauté qui ne l'est pas".  Il est vraiment étrange que le libéralisme défende en même temps la liberté individuelle inviolable de la chambre et les valeurs morales de la vie commune. Depuis quand le libéralisme est-il le garant de l'orthodoxie morale du peuple ? Quand la vertu ne se cultive pas dans la solitude, elle ne peut pas non plus être le mortier de la vie communautaire, jamais cet homo duplex du libéralisme n'a conquis le paradis terrestre qu'il promettait.

B) Le capitalisme en tant que bienfaiteur de l'humanité, conséquence de son culte de l'argent comme bien suprême de la vie humaine. Le libéralisme dans sa version speed-libertaire analyse la réalité à partir d'une reductio à l'économie et en cela, ils sont solidaires de la doctrine à laquelle ils prétendent s'opposer: le matérialisme marxiste. La personne, élément substantiel de la communauté, est bien plus que ce qu'elle achète ou mange; elle est une hiérarchie de valeurs dans la complexité de sa vie spirituelle; elle est liberté, drame et désir de sens. Dans son culte du capital, le libéralisme impose un faux principe: le capitalisme assure une vie équilibrée, et de la même manière qu'il se répand et triomphe dans la société nord-américaine ou nordique, par propriété transitive, il doit aussi triompher en Argentine, au Mexique ou en Espagne. Bien sûr, le libéralisme ne comprendra jamais l'élément religieux qu'il porte dans son ADN, c'est-à-dire qu'il est le fruit de la Réforme qui, à l'aube de la Modernité, a fracturé l'unité spirituelle de l'Europe. Le capital semble être la forme ultime de la subjectivité moderne. Notre ethos culturel hispano-américain est réfractaire à cet esprit, car il existe une chose appelée idiosyncrasie, ou mieux encore, le profil spirituel des peuples, qui prend racine dans les trois éléments qui donnent naissance à ce que les Romains appelaient genius loci : le climat, le sol et le paysage. Les idéologies importées n'ont jamais contribué à la croissance d'un peuple, tout simplement parce que personne ne grandit à partir de ce qu'il n'est pas [1].

C) L'idée vacillante de la liberté, dépourvue de vision métaphysique. L'énergique libertaire de ces temps-ci pousse son cri sacré qui dit "Vive la liberté" ! Et à quoi se résume cette liberté ? C'est que chaque individu ne doit pas voir ses idées, et encore moins son porte-monnaie, mis sous contrôle. Bien sûr, mais la liberté est plus profonde, c'est un don qui appartient au domaine de l'esprit et qui est ordonné au bien. "Eh bien", dira le libertaire, "c'est du platonisme, et ici c'est l'Évangile selon Milton Friedman". L'autorégulation de l'homme par sa raison est aussi utopique que le paradis marxiste d'une société sans classes. Derrière la richesse d'un individu ou d'un État, il n'y a pas toujours un passé sans tache. Celui qui a entrevu, avec ironie et lucidité, les dessous cachés de cette doctrine est le prêtre Castellani, qui, se référant au libéralisme d'antan, qui, comme celui d'aujourd'hui, consistait en une sorte d'élan de jeunesse face à une foule de choses qui devaient mourir, lançait lui aussi le cri "Vive la liberté". Ce qu'ils ne savaient pas, dit Castellani, c'est que derrière cette Liberté dorée et rose du libéralisme, il y avait d'abord une erreur, puis une fiction, puis une hérésie; l'erreur de la liberté du commerce, la fiction de la souveraineté du peuple, et l'hérésie de la Religion de la Liberté - opposée à la religion du Christ mais dérivée de celle-ci" [2].

Voilà pour le nouveau visage du libéralisme, le speedisme libertaire. Face à cela, il existe une autre espèce, phénoménologiquement plus difficile à aborder bien que basique dans son déploiement militant: la gauche édulcorée. Lorsque la gauche n'était pas animée par une préoccupation sociale sincère, son moteur intime était le ressentiment. Le ressentiment est un phénomène psychique qui tire sa force de l'impuissance face à la valeur qu'il ne peut imiter et de la rébellion contre le réel qu'il ne peut changer ; c'est pourquoi le ressentiment est une "auto-intoxication psychique", comme l'a brillamment défini Max Scheler (3).

Avec la lente progression du capitalisme dans le monde, la gauche a progressivement perdu son sujet historique, le prolétaire en tant qu'acteur de la révolution, et dans cette éclipse, sa force vitale, sa "mystique", s'est également obscurcie. La "révolution" devait alors se faire par d'autres moyens et la gauche a opté pour la culture. Bien sûr, ce qui était au départ une contre-culture est progressivement devenu le bouffon le plus grotesque de l'oligopole financier international. La gauche actuelle, édulcorée, comme nous l'avons appelée, ne rougit même pas de parler de sa vocation anti-impérialiste et, en même temps, de prendre en charge toutes les causes des maîtres du monde. Et pourquoi cela? Parce que le ressentiment rend aveugle. Quelle différence entre cette gauche qui milite pour la mort prénatale et ce poète exalté, peut-être le meilleur de toute sa génération, Miguel Hernández, lorsque, dans les vicissitudes de la prison et de la mort, il s'accrochait à la vie qui grandissait dans un ventre: "sauf ton ventre, tout est sombre, sauf ton ventre, clair et profond".  Celui qui l'a vu avec des yeux aiguisés et une écriture fourchue, c'est Francisco Umbral, le meilleur chroniqueur espagnol des dernières décennies du XXe siècle et au-delà, car aujourd'hui encore, ce Paco continue de s'épanouir chez ceux qui imitent son style. Dans un article mémorable et polémique, prenant comme toile de fond les échos de la chute de l'URSS, Umbral, dans les pages d'El Mundo a écrit :

"Ici, en Occident, nous sommes très fiers de nos corruptions démocratiques, nous vivons quotidiennement la fagoterie d'une liberté qui n'est pas la liberté et nous pensons avoir fait la révolution parce que les homosexuels s'embrassent déjà sur la Gran Vía et la Cinquième Avenue à New York, mais pour moi, il est plus urgent de désencombrer la Gran Vía et la Cinquième Avenue des mendiants, des ressortissants du tiers-monde, des aveugles, des chômeurs avec des moignons et des pancartes et de faire quelque chose de vraiment social et juste avec eux" [4]. 

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La sincérité brutale d'un socialiste sentimental. De ces socialistes qui remplissaient les cafés de poésie, il ne reste rien d'autre qu'un casting de marionnettes progressistes au service de l'atomisation des peuples. 

Nous pensons que la vieille dialectique entre la gauche et la droite est désormais obsolète et que le labyrinthe peut être surmonté par le haut. Aujourd'hui, c'est l'identité contre le mondialisme, c'est la dignité du pain bien mérité et une table austère mais heureuse. Et nous croyons, parce que nous prêchons la dignité de la personne, ni le sujet sans visage ni le culte individuel de son propre ego, parce que nous croyons en une tradition qui ne vénère pas les cendres - comme disait Chesterton -, mais vit dans le désir de maintenir le feu allumé.

Notes:

[1] Voir : Jean-Paul II. Centesimus annus (1991)

[2] Leonardo Castellani. Essence du libéralisme. Ed. Nuevo orden, Buenos Aires, 1964 : p. 7.

[3] Voir : Max Scheler : El resentimiento en la Moral. Espasa-Calpe, Buenos Aires, 1938.

[4] Francisco Umbral. Los placeres y los días. El Mundo : 14/01/1992.

 

Les Etats-Unis s'orientent vers le Pacifique et contre la Chine: l'Europe demeure dans l'obscurité.

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Les Etats-Unis s'orientent vers le Pacifique et contre la Chine: l'Europe demeure dans l'obscurité

Enric Ravello Barber

Ex: https://www.enricravellobarber.eu/2021/09/estados-unidos-se-desplaza-al-escenario.html#.YUjJjX06-Ul

Les États-Unis renforcent leur puissance dans le Pacifique en créant une alliance militaire anti-chinoise avec le Royaume-Uni et l'Australie. La tension dans la zone Pacifique entre les deux grandes puissances mondiales (la Chine et les États-Unis) a gagné en intensité ces dernières semaines, avec un regain de tension sur une question qui oppose Washington à Pékin depuis des décennies : la souveraineté de l'île de Taïwan, que la Chine revendique comme son propre territoire et sur laquelle Pékin a fixé une date limite pour son incorporation complète, 2049, année du centenaire de la proclamation de la République populaire de Chine.

Il ne s'agit pas d'une décision majeure de l'actuel président Joe Biden, mais simplement de la poursuite d'une politique déjà annoncée par Obama : le centre géostratégique du monde se déplace vers le Pacifique et les États-Unis s'installent sur la nouvelle grande scène de la politique mondiale. Selon Barack Obama lui-même, 60% de la flotte de guerre américaine devait être située dans l'océan Pacifique.

L'alliance militaire AUKUS (Australie + Royaume-Uni + États-Unis) correspond parfaitement à la recherche par les États-Unis d'alliés dans la région pour contrebalancer la puissance chinoise. Logiquement, ses premiers et plus fidèles alliés seront recherchés dans le monde anglo-saxon (1). L'Australie a dû choisir entre son premier allié commercial (la Chine) et son premier allié militaire (les États-Unis), avec lesquels elle entretient des liens culturels et ethniques déterminants, liens qu'elle partage avec la "mère patrie" britannique commune.

Cette alliance dans le Pacifique comprend déjà - suivant la même logique de recherche d'alliés - le Canada et la Nouvelle-Zélande (les "Five Eyes"), qui sont susceptibles de rejoindre l'alliance militaire dans un avenir proche.  Dans la stratégie américaine, cela représente une nouvelle étape clairement définie dans sa stratégie: l'abandon de l'Europe occidentale. Les scénarios ont changé et l'Atlantique est désormais un océan secondaire.

La France, qui est désormais la seule voix de l'Europe dans la politique internationale, a réagi contre la décision de l'Australie pour deux raisons précises: 1) la rupture du contrat d'achat de sous-marins nucléaires signé entre Paris et Canberra, qui les achètera désormais aux Etats-Unis, et 2) sa non-inclusion dans la stratégie militaire du Pacifique qui laisse ses possessions du Pacifique sans le parapluie militaire du Pentagone (2). Mais Paris sait que la raison profonde est la suivante: la France, comme toute l'Europe, est en train de devenir un acteur secondaire ou tertiaire dans la géopolitique militaire mondiale et que l'OTAN n'aura bientôt plus aucun sens, ne protégera plus l'Europe, et que l'UE doit maintenant commencer à construire une armée européenne. Les déclarations du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sont claires pour qui veut les comprendre (3). Le véritable problème n'est pas que les États-Unis ne soient plus un "allié fiable". Les États-Unis n'ont jamais été un allié, mais la puissance dominante qui a soumis l'UE à un contrôle colonial. Aujourd'hui, les scénarios changent et l'Europe ne constitue plus un intérêt majeur pour Washington, qui, comme le font tous les pays forts, se désengage simplement, se débarrasse d'un fardeau qui ne lui est plus utile.

La Chine, puissance montante, a menacé de qualifier cette alliance d'"irresponsable" (4). Pékin ne réagira pas immédiatement; sur le plan militaire elle sait qu'elle n'est pas encore en mesure de le faire, et, diplomatiquement, elle vient d'enregistrer ses deux derniers triomphes: l'accord avec les Talibans en Afghanistan et la récente incorporation de l'Iran dans l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), triomphes qui lui donnent un grand avantage stratégique dans son premier objectif géopolitique actuel: la construction de la nouvelle route de la soie sous son contrôle.

A l'exception de la voix de Paris, l'UE, pathétique alliance de faiblesses délétères, montre son impuissance dialectique en déclarant, en pleurnichant abondamment, que "Nous n'avons pas été informés". Ce que je me demande personnellement, c'est si les dirigeants de l'UE seront capables de percevoir les changements stratégiques que l'Europe sera obligée de faire dans le très court terme, et qui passent inévitablement par un rapprochement avec la Russie.

Notes:

(1) https://www.elconfidencial.com/mundo/2021-09-15/eeuu-influencia-china-respuesta-alianza-uk-australia_3290279/

(2) https://www.abc.es/internacional/abci-francia-denuncia-pacto-eeuu-australia-y-reino-unido-punala-espalda-202109161151_noticia.html

(3) https://www.elmundo.es/internacional/2021/09/18/61464634fdddffe8248b45bb.html

(4) https://www.ansa.it/sito/notizie/mondo/2021/09/16/cina-irresponsabile-accordo-usa-australia-su-sottomarini_4406874f-76c8-4fa0-9121-a8ef006df627.html

 

Le modèle Kubler-Ross et la grande fatigue des résistants au passe sanitaire

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Le modèle Kubler-Ross et la grande fatigue des résistants au passe sanitaire

par Nicolas Bonnal

Il y a quelques mois le Saker a énervé bien des opposants au système et à la tyrannie vaccinale en se moquant cruellement d’eux, présumés complotistes et débiles : il semble d’ailleurs qu’il était sur cette affaire comme sur d’autres plus royaliste que le roi (à force de défendre un camp présumé du bien et un gouvernement…). Je n’ai aucune envie de polémiquer avec lui : s’il ignore ce que Reset, Schwab, Gates, Yellen, Leyen (anagramme), Green Deal et Black Rock veulent dire, c’est son affaire.

Par contre il évoquait le modèle Kubler-Ross. Et alors que nous voyons la résistance à son étiage, le passe imposé partout, on peut se poser la question : ce modèle tant critiqué par des psychiatres aux ordres est-il d’actualité ? Il semblerait que oui. Car après l’emballement de cet été on voit que nos résistants commencent à être fatigués ; je ne vais pas les nommer. Les manifs systématiques et brouillonnes agonisent. Lucien Cerise disait récemment dans une interview :

 « Il faut sortir du spontanéisme révolutionnaire, qui est une forme d’analphabétisme politique. Les manifestations ne servent strictement à rien si elles n’ont pas un débouché institutionnel, par la conquête du pouvoir, c’est-à-dire la conquête de la bureaucratie et de la technocratie administrative d’État… »

Or à multiplier des manifs chaque samedi, Philippot et les siens fatiguent le monde et donc renforcent un pouvoir qui a été patient. Philippot ne cesse de vanter son succès alors que les troupes se délitent (contrairement à une idée reçue il faut faire les révolutions l’été, pas à la rentrée, voyez 1789 ou 1830). Je ne sais pas si Philippot, que j’ai soutenu faute de grives,  est une opposition contrôlée : je ne crois pas à cette notion  galvaudée (Eric Zemmour, opposition contrôlée !!!), je constate qu’il est impossible de s’opposer à ce système mondialiste-tyrannique qui s’écroulera ou triomphera totalement.

Hier Avic écrivait justement (et courageusement) ici même à propos des événements de Melbourne :

"Nous sommes loin des gentilles petites manifestations à la française bien balisées, bien réglementées, infiltrées par un réseau dense de policiers chargés de surveiller les faits et gestes de chaque participant, de sorte que le moindre éternuement non autorisé est aussitôt étouffé et le coupable maitrisé sans ménagement et escorté vers le camion de police le plus proche par deux ou trois individus sortis de nulle part.

Des décennies de défilés derrière des leaders syndicaux, dont le rôle est précisément de calmer et canaliser les colères, a fini par enfermer les Français dans cette façon soumise de protester. D’où la volonté des médias de masse et du gouvernement de vouloir absolument doter le mouvement des Gilets Jaunes de chefs fabriqués de toutes pièces dans leurs officines de communication ».

Mais comme me le disait Lucien Cerise cette manif australienne n’a pas débouché sur grand-chose non plus. Le Nouvel Ordre Mondial a de beaux jours devant lui jusqu’à son écroulement énergétique total (voyez mon livre collectif sur grand reset et grand effondrement vendu aussi à prix coûtant) et surtout prochain. Le fascisme vert et le Green Deal vont accélérer le grand effondrement occidental qui veut encore en plus faire la guerre à tout le monde (Chine, Russie, Iran, en attendant le reste).

Pour être sincère j’ai vécu une jeunesse entourée de manifs autrement fortes que nos petites manifs estivales, festives et coloriées, organisées par la CGT ou le PCF; elles n’ont pas servi à grand-chose non plus. Davos s’est imposé partout avec ses oligarques et son totalitarisme étatique.

Ce qui nous guette, c’est le recul et la résignation ; voyons notre modèle Kubler-Ross :

Les cinq étapes du modèle sont:

Déni (denial). Exemple : « Ce n'est pas possible, ils ont dû se tromper. »

Colère (anger). Exemple : « Pourquoi moi et pas un autre ? Ce n'est pas juste ! »

Marchandage (bargaining). Exemple : « Laissez-moi vivre pour voir mes enfants être diplômés, se marier… », « Je ferai ce que vous voudrez, faites-moi vivre quelques années de plus. »

Dépression (depression). Exemple : « Je suis si triste, pourquoi se préoccuper de quoi que ce soit ? », « Je vais mourir… Et alors ? », « Je vais bientôt mourir, alors à quoi tout cela sert-il ? »

Acceptation (acceptance). Exemple : « Maintenant, je suis prêt, j'attends mon dernier souffle avec sérénité. », « Ça va aller. », « Je ne peux pas le combattre; je fais aussi bien de me préparer. »

Ce modèle est bon selon moi à rappeler pour la résistance : il s’agit de comprendre les reculades des uns, la lassitude des autres. De cette manière, on peut préparer une contre-attaque. Mais pas mal de mes lecteurs (ceux qui travaillent) me disent que tout le monde est vacciné autour d’eux, et que les terrasses sont pleines, comme disait déjà Ortega Y Gasset dans son livre sur la rébellion des masses.

Car on n’est pas encore sortis de l’auberge.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_de_K%C3%BCbler-...

https://strategika.fr/2021/09/14/pass-sanitaire-biopoliti...

https://reseauinternational.net/melbourne-18-septembre-20...

https://www.zerohedge.com/economics/skyrocketing-energy-p...

https://www.amazon.fr/Grand-Reset-grand-effondrement-Alex...

https://www.dedefensa.org/article/ortega-y-gasset-et-la-m...

 

 

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lundi, 20 septembre 2021

Habermas et l’hypothèque idéologique allemande

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Habermas et l’hypothèque idéologique allemande

Par Gérard Dussouy, professeur émérite des universités, essayiste

Ex: https://www.polemia.com

Polémia suit attentivement la situation politique et sociale en Allemagne. Nous publions ainsi régulièrement des articles de notre envoyé spécial outre-Rhin, François Stecher. Alors que les élections législatives et fédérales approchent, nous partageons avec nos lecteurs un texte brillant de la plume de Gérard Dussouy. Dans une analyse philosophique passionnante, Gérard Dussouy nous dresse un portrait édifiant d’une nation soumise à un endoctrinement social de grande ampleur.

Un texte à lire avec attention pour comprendre ce qui se passe chez nos voisins.
Polémia

Angela Merkel prend sa retraite et il est probable que le SPD va remporter les législatives ou fédérales du 26 septembre 2021. Que le résultat soit celui-là ou qu’il soit autre, cela ne changera pas grand-chose. En effet, l’Allemagne est depuis plus de cinquante ans recouverte par la même chape idéologique qui l’inhibe sur le plan politique et qui, du même coup conditionne l’action politique de l’Union européenne. Cette idéologie qui explique, quels que soient les partis ou les coalitions au pouvoir, que sa politique extérieure demeure fixe, c’est-à-dire systématiquement alignée sur les États-Unis, et qu’elle se fasse le porte-drapeau de tous les desiderata onusiens. Elle explique aussi pourquoi, bien que l’Allemagne soit la puissance industrielle et financière qu’elle est, elle ne fait guère entendre sa voix sur la scène internationale, et surtout pourquoi elle ne l’élève jamais quand il s’agit de revendiquer une émancipation de l’Europe.

Bien entendu, pour comprendre cette apathie, il faut compter avec le statut international de l’Allemagne depuis 1945 qui est celui d’une « souveraineté limitée », comme on le disait des Démocraties Populaires à l’époque de l’Union soviétique, ou si l’on préfère « surveillée ». Cependant, comme l’a dénoncé le philosophe Peter Sloterdijk il y a quelques années déjà, le consensus idéologique allemand, tel qu’il a été imposé, vient principalement de ce que « dans les années 1970 lorsque Habermas a pris le pouvoir, […] l’anti-nietzschéisme de la Théorie critique, de l’École de Francfort, est devenu la tonalité dominante en Allemagne. La Théorie critique […] montant une espèce de « garde sur le Rhin », elle a tout fait pour minimaliser la pensée française en Allemagne qu’il s’agisse de gens comme Deleuze, comme Foucault ou d’autres »[1]. A tel point que, selon Sloterdijk, la philosophie désormais dominante en Allemagne est devenue productrice d’une « hypermorale » (selon le concept d’Arnold Gelhen) qui s’oppose à toute pensée critique, et qui exerce son interdit sur toute orientation politique non conforme avec le statuquo établit.

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Il faut savoir que la majeure partie de l’œuvre de Jürgen Habermas est consacrée à la récusation du paradigme de la domination présent dans presque tous les courants de la philosophie politique. Dans l’étude qu’il a consacrée à ce philosophe, Arnauld Leclerc en arrive à la conclusion suivante:  « premièrement, contre Arendt, Habermas fait valoir l’impossibilité de penser le pouvoir en excluant la domination; deuxièmement, contre Hobbes, Schmitt et Weber, Habermas fait valoir l’impossibilité de réduire le pouvoir à la domination qui peut, certes, être rationalisée, mais jamais être légitime; troisièmement, contre les théories critiques de la domination, allant de Marx à  Bourdieu, en passant par l’École de Francfort et Foucault, Habermas fait valoir l’impossibilité absolue de faire de la domination un paradigme de la théorie politique »[2]. C’est à ce titre qu’il prône le passage à l’ère postnationale, qui fait des Allemands des citoyens du monde et non plus un peuple en soi, et qu’il veut voir dans la mondialisation un « horizon sans domination » par suite de l’homogénéisation des hommes. Il faut dire que ce nouvel état des choses a plutôt été facilement accepté par les Allemands, sachant que leur économie, remarquablement spécialisée, a profité à plein de la mondialisation.

9782081249868.jpgAfin de dissoudre l’ethnocentrisme inhérent à chaque individu et à chaque peuple, Habermas entendait faire appel à la « raison communicationnelle » qu’il interprète, note le philosophe pragmatiste américain Richard Rorty, « comme l’intériorisation de normes sociales, plutôt que comme une composante du « moi humain ». Habermas entend « fonder » les institutions démocratiques ainsi que Kant espérait le faire ; mais il ambitionne de faire mieux en invoquant, à la place du « respect de la dignité humaine » une notion de « communication exempte de domination », sous l’égide de laquelle la société doit devenir plus cosmopolite et démocratique »[3]. L’objectif de Jurgen Habermas est que l’action communicationnelle, couplée à une sphère publique bien structurée, puisse conduire l’homme à se débarrasser de son identité nationale, romantique, et autoriser l’humanité à s’unir dans une paix perpétuelle en dépassant les souverainetés et en écartant ainsi toute velléité de conflit[4].

Dans les faits, le triomphe d’Habermas et l’adoption de ses idées par les milieux officiels (tel celui de l’éducation) ont abouti à l’hégémonie communicationnelle et idéologique de son camp en Allemagne, avec l’aval de ses « alliés » satisfaits de la passivité politique induite, plutôt qu’à un dialogue digne de ce nom. A la suite du contrôle de l’information, des médias et des différents processus de socialisation, a été possible le formatage de la représentation collective, jusqu’à changer radicalement la culture politique de la nation allemande. Analysant le programme de rééducation politique et historique dont ont été gratifiés les Allemands, mais aussi les Japonais, Thomas U. Berger n’hésite pas à écrire « qu’ils furent bombardés par une propagande antimilitaire qui fut au moins aussi violente que la propagande de la période de la guerre qui l’avait précédée »[5].

51Aua5tdFxL.jpgL’ankylose idéologique dont souffrent les partis politiques allemands explique notamment le peu d’entrain de l’Allemagne à suivre Emmanuel Macron quand il parle de « souveraineté européenne » et qu’il propose des avancées en matière de défense communautaire ou d’armée européenne. Le président français, adepte lui-même des thèses d’Habermas qu’il est allé visiter au début de son quinquennat, aurait pourtant dû s’y attendre.

Or, le dilemme est d’autant plus difficile à résoudre que dans le même temps plusieurs pays partenaires de l’Allemagne, notamment ceux du sud de l’Union européenne dont la France,  demeurent tributaires d’elle dans la mesure où elle leur sert de « parapluie monétaire » ; et qu’en cas de désaccord profond ou de séparation, c’est la banqueroute qui les menace. Il faudra donc attendre que des événements exceptionnels se produisent pour que l’hypothèque idéologique allemande soit levée.

Gérard Dussouy
19/09/2021

Notes:

[1] Sloterdijk Peter, Le Magazine Littéraire, entretien, n°406, février 2002, p.34.
[2] A. Leclerc, « La domination dans l’œuvre de Jürgen Habermas. Essai sur la relativisation d’une catégorie », Politeia, N°1 Politique et domination à l’épreuve du questionnement philosophique, Novembre 1997, p. 53-85.
[3] R. Rorty, Contingence, ironie et solidarité, Paris, Armand Colin, 1993, p. 205.
[4] J. Habermas, La paix perpétuelle. Le bicentenaire d’une paix kantienne, Paris, Le Cerf, 1996.
[5] T. U. Berger, « Norms, Identity and National Security in Germany and Japan », Peter J. Katzenstein, The Culture of National Security, New York, Columbia University Press, 1996, p. 317-356.

Bonnal et la Nécropolitique

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Bonnal et la Nécropolitique

Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal, la rubrique de Café Noir enregistrée le mardi 14 septembre 2021.
 
 
Bibliographie:
 
Achille Mbembe (la Nécropolitique) https://en.wikipedia.org/wiki/Achille...
 
Le Voyageur Éveillé – Nicolas Bonnal https://www.amazon.fr/dp/2251442235
 
La Comédie Musicale Américaine – Nicolas et Tetyana Bonnal https://www.amazon.fr/dp/B08NWWYBT3
 
CHAINE AVATAR EDITIONS SUR ODYSEE https://odysee.com/@avatarmediaeditions
 
LIVRES DE BONNAL CHEZ AVATAR EDITIONS Louis Ferdinand Céline – La Colère et les Mots https://avatareditions.com/livre/loui...
 
 
Internet – La Nouvelle Voie Initiatique https://avatareditions.com/livre/inte...
 
Le Choc Macron – Fin des Libertés et Nouvelles Résistances https://avatareditions.com/livre/le-c...
 
SITE DE NICOLAS BONNAL: https://nicolasbonnal.wordpress.com/

Du 9/11 aux Guerres Infinies

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Du 9/11 aux Guerres Infinies

 
Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
 
Émission du vendredi 17 septembre 2021 (enregistrée le 13 septembre 2021) avec Gilbert Dawed et Jaques Borde.
 
 
Pourquoi l’Amérique ? 11 Septembre 2001 – Jacques Borde https://avatareditions.com/livre/pour...
 

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Voici sept signes du virus "woke"

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Voici sept signes du virus "woke"

par Brett Sinclair

Covid n'est pas le seul virus qui balaie l'Occident, la politique woke sévit de manière obsessionnelle avec des variantes des plus virulentes, émergeant un peu partout, des salles de rédaction aux collèges. Comme l'une de mes connaissances y a lentement succombé, voici ce que j'ai observé. Certains traits semblent être extrêmement courants chez les personnes « wokes »

Woke étant désormais un terme courant pour ceux d'entre nous qui deviennent, à juste titre, exaspérés par les problèmes de justice sociale  (typique des grands consommateurs de médias occidentaux ou des récents diplômés universitaires). Souvent, nous pouvons voir cette obsession se manifester sous la forme d'un activisme de protestation agressif - pas seulement comme un passe-temps, mais à tous les niveaux sociaux, privés et professionnels de leur vie. C'est ça, une personnalité « woke ».

Bien qu'il existe des marqueurs physiques bien connus indiquant une personne woke (cheveux bleus ou violets, obésité, androgynie, barbe effilée chez l'homme, lunettes agaçantes), j'ai été pendant un certain temps un étudiant curieux de leurs habitudes et de leurs manières psychologiques, que j'ai également noté, avec les traits physiques, d'avoir des qualités universelles.

Jusqu'à récemment, j'avais supposé que ces traits de personnalité universels étaient la preuve d'un état existant chez la personne d'abord (c'est-à-dire un excès de confiance suffisant) qui la rendait vulnérable aux «idées wokes». Mais de plus en plus d'expériences anecdotiques m'apprennent que devenir woke, ou contracter le «virus woke», crée son propre type de psyché humaine chez l'hôte sans méfiance, qui est reconnaissable dans de nombreux cas observables. À mon avis, cette psyché est le résultat du virus de l'esprit, et pas nécessairement une qualité préexistante. Ainsi, si cela est vrai, cela signifie que l'éveil lui-même remodèle l'esprit.

Ces qualités sont :

  1. Suffisance. Une attitude absolue, inébranlable et arrogante et condescendante envers toutes les opinions non wokes. Bien qu'étant un trait en soi, il est lié au numéro 2.
  2. Manque d'introspection. Aucune trace de remise en question ou de monologue intérieur apparent. Aucun sens de l'équité ou de la compréhension de l'opinion relative.
  3. Colère à fleur de peau. Volonté non seulement d'exprimer son opinion en toute occasion, avec n'importe qui, même en infériorité numérique, mais de le faire avec colère. Une volonté de couper tout ami ou membre de la famille qui ne se conformera pas à la croyance woke.
  4. Athéisme nihiliste. Ils parlent beaucoup de science, tout en ignorant la science qui ne se conforme pas à leurs croyances. Ils ont tendance à supposer que vous êtes dogmatiquement religieux si vous n'êtes pas d'accord avec eux. Ils s'accrocheront à un nihilisme fortement négatif, croyant que tout est finalement sans espoir et que c'est de l'orgueil sardonique de croire en quoi que ce soit ou de faire quelque chose (ce qui est lié au numéro 6).
  5. Malhonnêteté. Ils sont prêts à être ouvertement malhonnêtes pour faire avancer leurs idées virales. S'ils perdent un point dans une dispute, ils passent à un nouveau point, sans jamais reconnaître qu'un point a été perdu. Lorsque tous les points d'attaque sont utilisés, les attaques personnelles commencent. Le passé est une ardoise vierge ouverte à la révision.
  6. Égocentrisme. Celui-ci m'a pris un certain temps pour le remarquer, mais il semble que vous ayez affaire à une infection-woke si la personne est devenue anormalement égocentrique et, dans la conversation, ne rend pas tant la pareille que de parler d'elle-même en termes toujours positifs ou auto glorifiants, souvent irréalistes. Ils peuvent également insérer l'apitoiement sur soi, cela semble généralement exacerber un besoin de recherche d'attention.
  7. Dépression, faible estime de soi, anxiété. Je n'ai remarqué cela que récemment, c'est probablement le résultat subconscient des numéros 4 et 6 en particulier. Tout véritable questionnement personnel sur le sujet révèle généralement de profondes inquiétudes et angoisses, et souvent des problèmes de santé mentale.

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Une expérience récente avec une connaissance, une femme d'âge moyen qui, grâce à un nouveau cercle d'amis, est passée de normale et apolitique à complètement woke, m'a permis d'étudier les changements (avec une horreur détachée) au fur et à mesure qu'ils se produisaient. Premièrement, elle a commencé à faire preuve d'un égocentrisme extrême, car ce nouveau groupe social de pairs est devenu important pour elle (je crois que c'était un « club de lecture »). Cela a commencé quand elle est devenue apparemment incapable de parler d'autre chose que d'elle-même. J'avais remarqué cette qualité chez d'autres amis wokes, et chez beaucoup d'entre eux, je me souviens qu'ils n'étaient pas comme ça auparavant, mais c'était la première personne adulte à faire cette transition lente sous mes yeux, alors j'ai sorti mon bloc-notes et pris des notes.

Elle est devenue quelque peu maniaque, très anxieuse, plus inquiétante et d'apparence moins saine. Parallèlement à cela, des remarques politiques béatement décontractées sont venues dans une conversation polie. Il va sans dire qu'il y avait les inévitables  messages Facebook sur la politique woke, ou sur elle-même, ou la combinaison idéale : des messages sur elle-même croisées woke. Mais rien de tout cela ne faisait partie de sa personnalité auparavant, bien que la politique woke soit avec nous depuis de nombreuses années maintenant. Cela a commencé pour elle avec un nouveau cercle de pairs qu'elle souhaitait visiblement impressionner et cela culmine actuellement avec ses amis et sa famille, qui envisagent sérieusement une intervention d'aide psychologique, non pas à cause de la constante signalisation-de-la-vertu, mais pour l'autre plus autodestructrice : les changements de personnalité.

Cela me rappelle la science de la psychopathie. J'étais très intéressé d'apprendre dans ma jeunesse, non seulement que les psychopathes ont essentiellement peu ou pas de sentiments émotionnels, et certainement pas d'empathie, mais aussi qu'ils existent parmi nous en grand nombre. Ils ne deviennent pas tous des serial killers, mais il y a des gens que vous connaissez qui sont des psychopathes que vous n'auriez jamais devinés parce qu'ils apprennent à imiter le comportement humain. En effet, un traumatisme grave durant la jeunesse peut créer une psychopathie, il peut donc s'agir d'une condition environnementale.

Je ne dis pas que les gens wokes sont des psychopathes (bien qu'ils partagent tous le narcissisme), je dis que des conditions psychologiques peuvent être créées, et que le monde moderne est impitoyable,  avec son consumérisme matérialiste rampant, son athéisme dogmatique et son système fabriquant une nouvelle psyché humaine, à la fois frêle et lourde et à sa manière perverse.

Observez la propagation du virus, observez et étudiez et espérez que vous êtes immunisé.

par Brett Sinclair,
Auteur, artiste, historien, éditorialiste et blogueur qui a travaillé pour plusieurs magazines nationaux au Canada et dans des médias internationaux.

11:22 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : woke culture, actualité, problèmes contemporains | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 19 septembre 2021

L'accord américano-britannico-australien sur les sous-marins est une plaisanterie dangereuse qui ne fera qu'aggraver la crise géopolitique avec la Chine

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L'accord américano-britannico-australien sur les sous-marins est une plaisanterie dangereuse qui ne fera qu'aggraver la crise géopolitique avec la Chine

L'Australie a du mal à maintenir opérationnels ses six sous-marins à propulsion diesel actuels; elle veut maintenant construire huit sous-marins à propulsion nucléaire, bien qu'elle ne dispose ni de la main-d'œuvre qualifiée ni de l'infrastructure nucléaire nécessaire.

Il s'agit d'une histoire d'achats militaires géopolitiques devenus fous.

L'Australie est une nation insulaire dont la survie même dépend de sa capacité à accéder aux lignes de communication maritimes stratégiques (SLOC) afin que les liaisons commerciales essentielles puissent fonctionner de manière durable. En bref, si une nation ou un groupe de nations devait couper les liaisons maritimes de l'Australie avec le reste du monde, le pays finirait par s'étioler et mourir.

Malgré son impressionnante masse terrestre, l'Australie est une nation relativement petite, avec une population d'un peu moins de 26 millions d'habitants (ce qui la place au 55e rang mondial) et un PIB de 1,3 billion de dollars (13e rang mondial). Le budget de la défense pour 2021 prévoit que l'Australie dépense 2,1 % de son PIB, soit environ 44,6 milliards de dollars australiens. Un peu moins de 16 milliards de dollars australiens ont été consacrés à la marine australienne, qui compte près de 50 navires en service et plus de 16.000 personnels à son service.

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Parmi les types de navires sur lesquels l'Australie compte pour sa défense navale figure le sous-marin à missiles guidés de classe Collins, une modification de la classe suédoise Vastergotland de sous-marins diesel-électriques. L'Australie a acheté six sous-marins de la classe Collins entre 1996 et 2003. Le sous-marin de classe Collins utilise trois moteurs diesel pour charger des batteries géantes qui permettent au sous-marin de fonctionner en quasi-silence, un avantage dangereux dans la guerre navale moderne. En effet, un sous-marin de classe Collins a réussi à pénétrer les défenses d'un porte-avions américain lors d'un exercice en 2000, se positionnant pour le couler. Cet incident n'est pas un cas unique pour le sous-marin de classe Collins, dont les opérations silencieuses en font l'une des classes de sous-marins les plus dangereuses en termes de guerre navale déployée aujourd'hui.

Le sous-marin de classe Collins présente toutefois de nombreux problèmes. Des défauts de conception et une pénurie de pièces de rechange ont eu un impact sur la disponibilité opérationnelle des sous-marins, coûtant aux Australiens des centaines de millions de dollars en frais de maintenance par an. Et bien que chaque sous-marin soit doté d'un équipage d'environ 60 personnes spécialement formées, il n'y avait qu'un équipage suffisant pour faire fonctionner trois ou quatre sous-marins à la fois.

Les sous-marins de la classe Collins devraient terminer leur vie utile avant 2030. Le gouvernement australien a opté pour un sous-marin de remplacement basé sur un sous-marin nucléaire français existant, mais en remplaçant le système de propulsion nucléaire par une configuration diesel plus silencieuse.

Il était prévu de construire douze de ces sous-marins pour un coût compris entre 40 et 50 milliards de dollars australiens. En 2021, cependant, ces projections de coûts avaient explosé pour atteindre plus de 90 milliards de dollars australiens pour la construction et 145 milliards de dollars australiens pour l'entretien pendant leur cycle de vie. En outre, le premier sous-marin ne serait pas disponible avant 2034 environ, ce qui obligerait la marine australienne à entreprendre un coûteux programme de prolongation de la durée de vie de ses sous-marins existants de la classe Collins.

Les États-Unis entrent en scène. Les États-Unis sont actuellement focalisés sur la nécessité d'affronter militairement la Chine dans la région du Pacifique, mais ils sont désavantagés en termes de capacités et de soutien régional. Alors que les États-Unis ont fait pression sur le Royaume-Uni pour qu'il augmente son engagement naval dans le Pacifique, ce qui s'est traduit par le déploiement très médiatisé de grands navires de guerre, l'adhésion de l'Australie à la campagne de lutte contre la Chine est considérée comme un atout majeur pour la crédibilité de toute dissuasion navale dirigée par les États-Unis.

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Conscient du potentiel offert par la débâcle de l'Australie en matière d'acquisition du sous-marin de classe Collins, le président Joe Biden, ainsi que le premier ministre britannique Boris Johnston, ont lancé une bouée de sauvetage politique au premier ministre australien Scott Morrison, permettant à l'Australie d'annuler son coûteux projet de sous-marin de classe Collins et de le remplacer par un sous-marin à propulsion nucléaire de conception encore indéterminée, qui sera développé avec les États-Unis et le Royaume-Uni au cours des 18 prochains mois.

L'Australie a rapidement accepté l'offre.

L'intérêt de la proposition américano-britannique réside dans le fait qu'elle n'est accompagnée d'aucun détail - combien coûtera le programme, comment l'Australie exploitera-t-elle les systèmes avancés d'énergie nucléaire alors qu'elle n'a aucune expérience indigène en la matière et, peut-être plus important encore, comment l'Australie prévoit-elle d'équiper huit grands sous-marins alors qu'elle peut à peine fournir quatre équipages pour sa flotte existante de classe Collins ?

En outre, au-delà de la prémisse opérationnelle dictée par les États-Unis consistant à "défier les Chinois", le dossier ne dit rien sur la manière dont l'acquisition de grands sous-marins à propulsion nucléaire fera progresser la sécurité nationale australienne. C'est le silence et la manœuvrabilité qui font du sous-marin de classe Collins une arme potentiellement mortelle. Toute flotte australienne équipée de sous-marins nucléaires aura des difficultés à opérer dans les eaux peu profondes qui définissent la majorité des SLOC qu'elle devra défendre. En outre, le bruit et la configuration plus volumineuse d'un sous-marin à propulsion nucléaire signifieront que toute future force australienne sera beaucoup moins capable de tuer un adversaire naval moderne, et beaucoup plus susceptible d'être détectée et détruite.

En réalité, l'offre américano-britannique de fournir des sous-marins nucléaires à l'Australie n'est guère plus que de la politique intérieure projetée sur une carte géopolitique théorique créée par les États-Unis. L'Australie est confrontée à une crise budgétaire due à l'explosion du budget associé au remplacement du sous-marin de classe Collins de conception française, une crise qui pourrait menacer de faire tomber le gouvernement de Scott Morrison. Boris Johnston cherche désespérément une plateforme à partir de laquelle il peut projeter une image de pertinence géopolitique du Royaume-Uni. Et Biden a désespérément besoin de pouvoir faire de même pour un électorat américain ébranlé par l'humiliation d'avoir perdu un conflit de 20 ans en Afghanistan.

Il n'en reste pas moins que les États-Unis n'ont pas de contrepoids militaire significatif face à la Chine, que le Royaume-Uni n'est pas en mesure de maintenir une présence militaire crédible dans le Pacifique et que l'Australie ne peut se permettre d'acquérir et d'exploiter une force de huit sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire. Le projet de sous-marin nucléaire australien est une plaisanterie dangereuse qui ne fait qu'exacerber la crise géopolitique existante avec la Chine en y injectant une dimension militaire qui ne verra jamais le jour.

Source: https://www.rt.com/op-ed/535199-australia-submarine-deal-dangerous/

Géopolitique du chiisme

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Géopolitique du chiisme

Alexandre Douguine

Ex: https://www.geopolitica.ru/en/article/geopolitics-shia

L'évaluation correcte du timing géopolitique est cruciale

Avec la panique qui a suivi le retrait américain d'Afghanistan, il est clair que nous vivons déjà dans un monde multipolaire. Le leadership unipolaire incontestable de l'Occident appartient au passé. L'émergence d'un ordre multipolaire est déjà un fait. Il est donc grand temps de revoir les principaux acteurs - actuels et futurs, mondiaux et régionaux. Dans la phase de transition, beaucoup de choses impensables hier, deviennent possibles. C'est le début d'une situation d'urgence mondiale - Ernstfall/Urgence (C. Schmitt). Les vieilles portes se ferment, les vieilles routes explosent, les vieux murs sont détruits. C'est le moment de penser avec audace et d'agir rapidement. La forme de l'établissement de la multipolarité dépend de nous; elle sera exactement comme nous entendons la façonner : le monde de notre création (N. G. Onuf).

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Considérons le monde chiite. Il représente une partie importante du territoire islamique. La victoire des talibans le concerne profondément à bien des égards. La proximité de l'Iran, la minorité chiite des Hazaras, le changement brutal de l'équilibre des forces (le retrait des États-Unis) dans la région, le nouveau rôle du Pakistan, de la Chine et de la Russie - tout cela affecte la communauté chiite. Cela crée de nouveaux défis, de nouveaux risques et de nouvelles opportunités.

Sur le plan géopolitique, les chiites doivent être considérés comme un Großraum (grand espace). Le cœur du monde chiite est l'Iran et en partie la partie sud de l'Irak. Il s'étend à l'est (Pakistan, Afghanistan), au nord (Azerbaïdjan), à l'ouest (hussites au Yémen, chiites en Syrie, au Bahreïn, en Arabie saoudite, au Kurdistan, Hezbollah au Liban bordé par la Palestine). Il ne faut pas oublier certaines branches moins orthodoxes du chiisme Ghulat: les alaouites en Syrie, les alévites en Turquie, les ismaélites au Tadjikistan et en Inde. Il existe des communautés chiites en Afrique occidentale (Nigeria) et ailleurs.

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Tout d'abord, nous devons mentionner que le monde chiite est une sorte de réseau: il a un cœur (l'Iran), un bastion (l'Irak et le Hezbollah) et des branches du réseau - avec quelques régions spéciales de contrôle territorial au Yémen et ailleurs. Il est temps de penser à toute cette structure asymétrique avec des différences ethniques, sectaires et historiques comme un tout. Une telle pensée stratégique existait à l'époque de l'Imam Khomeini et à la veille de la Révolution de Juillet parmi les clercs d'Irak et de Qom. Au cours des dernières décennies, cette stratégie était en déclin; le moment est venu de la restaurer.

Le Großraum chiite possède des caractéristiques très particulières. En géopolitique, il semble être très anti-occidental et anti-libéral. Ce n'est pas seulement une partie du message du leader de la révolution iranienne, l'imam Khomeini, mais une partie existentielle de l'identité chiite profonde. Le chiisme est une tendance religieuse révolutionnaire qui est très sensible à l'oppression et à l'attitude coloniale de l'Occident moderne. La même sensibilité se retrouve dans la relation des chiites avec les Palestiniens: les chiites sont très intolérants à l'égard de l'occupation israélienne de la Palestine et sont l'un des principaux moteurs du bloc de résistance du Moyen-Orient.

L'identification théologique d'Al-Dajjal (le Trompeur) avec l'Occident capitaliste-impérialiste est la caractéristique essentielle de la mentalité politique chiite. Il ne s'agit pas seulement d'une composante idéologique, mais de la partie organique de la doctrine principale. D'où les changements d'optique géopolitique au Moyen-Orient et ailleurs.

Compte tenu de ce qui précède, il est clair que pour l'ensemble de la communauté chiite, la nette atténuation de l'hégémonie occidentale, illustrée par le retrait des États-Unis et de leurs collaborateurs de Kaboul - avec de pauvres serviteurs américains tombant des avions - est l'occasion de réaffirmer sa position en comblant le vide partout où il se produit.

C'est un objectif facile à atteindre en raison de la présidence de Raisi en Iran même, compte tenu de la croissance du pouvoir des groupes cléricaux chiites conservateurs au sein du gouvernement.

Les chiites peuvent donc saisir l'occasion pour renforcer leurs attaques: c'est ce que l'on appelle la "stratégie du vide".

Où ce principe peut-il être appliqué ?

Tout d'abord, en Irak. La fuite panique de Kaboul est l'image qui peut - et doit - être répétée en Irak. Ce n'est pas seulement une question de volonté américaine. Cela dépend en outre de la détermination du peuple irakien à mettre définitivement fin à l'occupation. Le principal obstacle ici n'est pas la décision américaine - rester ou ne pas rester - mais plutôt l'absence d'une image viable de l'avenir. Les Américains en Irak ne sont encore tolérés que parce qu'il n'y a pas de consensus entre les chiites irakiens entre eux, et que le modèle de leur relation avec les sunnites et les kurdes est problématique. Les États-Unis servent aujourd'hui d'une sorte d'équilibre qui est pragmatiquement utile pour tous. Mais avec leur déclin évident, ils arrivent à une fin tout aussi évidente. Fuir l'Afghanistan et s'emparer de l'Irak serait un geste suicidaire et ne ferait que provoquer une future escalade de l'anti-américanisme dans la région. Ils auraient donc dû abandonner tôt ou tard, plutôt tôt que tard.

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Les chiites doivent s'y préparer. Leur avenir en Irak dépend de leur comportement à l'égard du processus de retrait américain. S'ils restent à l'écart et font preuve de passivité, d'autres puissances agiront à leur place ; cette question doit être examinée sérieusement.

Mais le plus important pour les chiites en Irak est d'avoir un plan pour l'avenir. Pour l'instant, ils n'ont pas de vision d'avenir et suivent plutôt une politique plus ou moins opportuniste. Si les Américains quittent l'Irak, ils essaieront de ne pas donner au pays la chance d'un processus normal de reconstruction de leur État. Pourquoi ? C'est facile à expliquer: pour promouvoir le séparatisme parmi les Kurdes, pour enflammer les hostilités entre sunnites et chiites, et pour diviser les fractions chiites concurrentes. Ils le font déjà maintenant, mais dans certaines limites, il semble obligatoire pour eux de rester. Quand vous partez, vous pouvez claquer la porte. Juste au visage des chiites. Il n'y a donc presque plus de temps pour réfléchir avec toutes les responsabilités.

Deuxièmement, il y a la Résistance en Syrie et au Liban qui se dresse en direction de la Palestine. Si les Américains sont chassés d'Asie centrale, cela affectera-t-il aussi l'aide à "Israël"? Si oui, c'est le bon moment pour commencer la mobilisation de la Résistance. Ou serait-il préférable d'attendre un peu, et seulement ensuite de décider? C'est aux stratèges chiites de décider. Mais c'est grave. L'évaluation correcte du timing géopolitique est cruciale.

Prochain défi: comment le retrait américain affecterait-il les relations entre chiites et sunnites? Il est clair que la victoire des talibans est une réalisation presque entièrement sunnite. Elle ne peut être revendiquée par les Turcs et donc les Frères musulmans (en raison de l'adhésion de la Turquie à l'OTAN). Mais l'Arabie saoudite et l'Égypte sont plutôt gagnantes comme d'autres groupes salafistes. Ils sont considérés comme des forces hostiles par les chiites. Ce facteur peut affecter négativement le Großraum chiite en donnant une seconde chance à la stratégie salafiste. Il serait tout à fait logique, si les Américains sont évincés, qu'ils utilisent à nouveau le facteur salafiste. L'orientation des ex-ennemis contre d'autres ennemis est tout simplement naturelle et logique pour les États-Unis. Les chiites seraient donc un objectif possible dans ce tour de jeu. Cela ne concerne pas seulement les Hazaras mais aussi les Hussites, l'équilibre des forces en Syrie, mais aussi le cœur du monde chiite - l'Irak et l'Iran eux-mêmes.

Soyons clairs: en Afghanistan, les principaux gagnants sont précisément les sunnites radicaux aux racines salafistes-soufies (la tendance Wahdat-al-Shuhud - et non Wahdat al-Wujjud). Aujourd'hui, ils sont plus qu'antiaméricains et le resteront pendant un certain temps; cependant, ils étaient auparavant soutenus et armés par la CIA et ont été utilisés contre d'autres ennemis des États-Unis - les Soviétiques, les régimes laïques (tels que les baathistes) et l'Iran.

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Nous avons donc ici un terrain fertile pour le rapprochement entre chiites et sunnites - l'anti-américanisme. Un ennemi commun est une grande chose en politique, peut-être la plus grande chose.

La même situation est valable pour l'équilibre géopolitique au Moyen-Orient. Le retrait des États-Unis serait la meilleure solution pour Washington afin de laisser derrière lui Al-Fitna (la discorde) - une guerre civile sanglante entre chiites et sunnites qui nuirait aux deux parties. Pour "Israël", ce serait également la meilleure solution - presque le seul moyen de retarder sa disparition finale. Nous devons donc réfléchir à la manière d'éviter ce scénario.

Ici, les chiites ont différentes voies à explorer. La Turquie, avec ses rêves ottomans, sera toujours considérée comme un acteur égocentrique, vu avec une certaine méfiance par la plupart des Arabes. En joignant ses efforts à ceux de la Turquie et en utilisant intelligemment le facteur alévite et l'affinité ethnique des Iraniens avec les Kurdes, les chiites peuvent facilement établir un partenariat régional ; ou bien ils peuvent utiliser des tactiques opposées en essayant d'améliorer leurs relations avec les régimes arabes sunnites qui se sentent menacés par l'élargissement d'Ankara. Cette voie est déjà testée par les relations Téhéran-Doha.

Le Pakistan est une autre option. Le désaccord traditionnel avec Islamabad - sunnite, partiellement salafiste et pro-américain - perd ses raisons dans la situation actuelle. Islamabad se rapproche de plus en plus de la Chine et de la Russie, essayant d'assurer sa place dans un club multipolaire. Théoriquement, il est plus que jamais enclin à revoir sa position régionale sans égard pour l'Occident. Dans de telles conditions, les Pachtounes peuvent causer des problèmes au Pakistan lui-même. Islamabad peut donc opter pour une certaine forme de coopération avec les chiites et l'Iran, en particulier, en joignant ses efforts à l'échelle régionale.

À l'échelle mondiale, le Großraum chiite et sa ramification dans le réseau devraient définir sa place dans un contexte multipolaire en général. Il s'agit d'une nécessité pour la survie des chiites - pour garantir son espace en tant que partie indépendante et plus ou moins unifiée de la civilisation islamique. Cela signifie qu'il faut accepter le rôle du pôle chiite à l'intérieur du pôle islamique - plus large - et cela n'est pas trop dangereux en raison de la structure multipolaire de l'islam sunnite lui-même. Il y aura toujours suffisamment de contradictions et de rivalités entre les sunnites eux-mêmes - Turquie, pays arabes du Moyen-Orient, Maghreb, Pakistan et région indonésienne - pour donner aux chiites la possibilité de sauver leur indépendance. Mais tout cela devrait être inscrit dans la structure principale de la multipolarité émergente. Et maintenant que ses caractéristiques et ses frontières ne sont pas encore clairement définies et fixées, c'est le bon moment pour énoncer des revendications générales - pour formuler la vision géopolitique dans le cadre principal d'un ordre mondial polycentrique.

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Les facteurs russes et chinois sont les principaux piliers géopolitiques de la multipolarité. L'alliance russo-chinoise a déjà démontré son efficacité en Syrie. Le rapprochement avec la Russie peut être extrêmement important dans le cadre général de la géopolitique chiite. Il pourrait affecter de nombreuses questions régionales - Palestine, Yémen, Afghanistan, Caucase, Asie centrale, etc.

D'autre part, les territoires et réseaux chiites font partie intégrante de l'initiative chinoise Belt & Road. La Chine est donc un autre partenaire clé.

(Presque) tout le monde dans le monde islamique, la Russie et la Chine sont existentiellement intéressés par la limitation, voire l'arrêt de l'hégémonie unipolaire occidentale (américaine). Il y a donc une chance de renforcer le Großraum chiite - de manière physique et virtuelle - en rejoignant la tendance multipolaire, si clairement définie avec le retrait américain d'Afghanistan.

Dans la perspective de l'eschatologie chiite, la situation actuelle peut être considérée comme un signe extrêmement important de l'approche du moment du Zuhur (l'apparition de l'Imam Al-Mahdi, le rédempteur eschatologique de l'Islam).

 

Géo-ingénierie et armes climatiques

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Géo-ingénierie et armes climatiques

Leonid Savin

Traduction par Juan Gabriel Caro Rivera

Ex: geopolitica.ru

La forte bruine qui s'est abattue sur les pays d'Europe et d'Asie, ainsi que les nombreux incendies qui font rage en Russie et à l'étranger, ont amené beaucoup de gens à se demander une fois de plus: est-il possible pour l'homme de contrôler les phénomènes naturels? Et si une telle technologie existe, peut-elle être utilisée à des fins destructives (comme on le voit dans un film d'action de science-fiction comme Geostorm)? Ou, pour le dire autrement, les armes météorologiques (géomagnétiques, stratosphériques, etc.) existent-elles?

Commençons par dire que nous n'allons pas étudier les théories du complot sur les chemtrails [a] liées au milliard d'or [b], ni parler du système HAARP, qui a déjà été démantelé. Nous allons aborder le sujet d'un point de vue rationnel. 

Il est évident qu'il existe des technologies permettant de contrôler les phénomènes météorologiques. Il suffit de dire que, relativement récemment, les nuages au-dessus de Moscou ont été dispersés le 9 mai afin de ne pas affecter l'atmosphère festive ou interférer avec la parade militaire. En Chine et aux Émirats arabes unis, des techniques sont utilisées pour provoquer des pluies artificielles afin de lutter contre la sécheresse qui touche ces pays.

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Cependant, si nous considérons les choses dans un contexte plus large, nous pouvons dire que ces technologies ont une relation directe avec l'idéologie politique. Les États-Unis ont commencé à développer des technologies permettant de contrôler le temps au début du XXe siècle, au moment où la doctrine de la "Destinée manifeste", qui affirmait le droit divin de l'Amérique à dominer le monde, est devenue populaire.

La première utilisation réussie d'une technologie météorologique a eu lieu au Texas en 1916, lorsque Charles Hatfield (photo, ci-dessous) a utilisé ses inventions pour provoquer de fortes pluies. Cependant, il est difficile de qualifier cette initiative de succès retentissant, car elle a déclenché une violente tempête qui a détruit plusieurs bâtiments et causé de nombreux décès. De plus, le succès de Hatfield est plutôt douteux car il avait échoué tant de fois.

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C'est à partir des années 1990 que l'Occident a commencé à parler ouvertement de l'urgence de développer ces technologies sous couvert d'un agenda environnemental. Le terme "géo-ingénierie" a commencé à être utilisé à partir de 2000 et a été considéré par plusieurs gouvernements comme une stratégie très importante dans leur politique étrangère (1).

Par exemple, le journal britannique de gauche The Guardian affirme dans un article de 2011 que "la géo-ingénierie est un projet visant à combattre directement les effets du changement climatique en retirant le CO2 de l'air ou en limitant la quantité de lumière solaire atteignant la surface de la planète". Bien que la géo-ingénierie à grande échelle soit encore en phase de développement, ses partisans affirment qu'elle pourrait devenir indispensable si le monde veut éviter les pires effets du changement climatique. Les critiques, en revanche, affirment que la géo-ingénierie n'est pas réaliste et qu'elle pourrait être une fausse piste pour réduire les émissions" (2).

Les moyens utilisés pour contrôler le climat comprennent les polymères plastiques, l'ajout de chaux dans l'eau, l'enfouissement de charbon de bois afin d'augmenter la concentration de carbone dans le sol, le pâturage de certains types de bétail, le rejet d'aérosols sulfatés dans la stratosphère afin de réfléchir la lumière du soleil depuis l'espace, l'utilisation de drones pour augmenter la couverture nuageuse au-dessus de l'océan en pulvérisant de l'eau de mer dans l'air, la peinture blanche des toits afin d'augmenter la réflectivité, et même l'installation de petits miroirs dans l'espace entre la terre et le soleil.

La géo-ingénierie a fait appel à de nombreuses idées afin de minimiser l'impact des catastrophes naturelles. Il a même été suggéré que "lorsqu'une éruption volcanique majeure se produit dans l'hémisphère nord, du sulfate devrait être libéré dans la stratosphère de l'hémisphère sud pour contrebalancer rapidement la chaleur, refroidissant ainsi les deux hémisphères. Si une grave sécheresse était évitée, nous aurions remporté une grande victoire" (3). Mais comme aucune preuve de changement n'a été produite, toutes ces hypothèses restent des spéculations théoriques.

Il est intéressant de noter que le Guardian reconnaît que l'utilisation de la géo-ingénierie dans le but de modifier la structure du climat planétaire a des implications géopolitiques importantes pour la gouvernance mondiale, impliquant des conflits entre différents États.

Le blog du Council on Foreign Relations donne une définition similaire à la précédente, mais parle ouvertement de l'utilisation de ces technologies comme armes.

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"La géo-ingénierie pour le bien commun (CBG en anglais, GBC, en français) est le type de technologies utilisées pour la manipulation du climat qui sont déployées dans un but global, que ce soit dans la stratosphère ou en haute mer, et comprend l'utilisation d'aérosols stratosphériques, ainsi que la fertilisation en fer des océans et le blanchiment des nuages au-dessus de la mer. Le droit international ne réglemente pas encore de manière exhaustive les GBC, tandis que les lois environnementales et le droit de la guerre ne s'y appliquent qu'indirectement ou dans des conditions spécifiques. Cependant, la sécurité nationale est indissociable des questions scientifiques, juridiques et éthiques entourant la GBC, comme ce fut le cas pour le développement de la bombe atomique. Si une grande puissance comme les États-Unis décide de développer des GBC, des grandes puissances comme la Chine ou des puissances moyennes scientifiquement compétentes comme le Royaume-Uni pourraient considérer cela comme une autorisation tacite d'en disposer, surtout si l'on considère que cette technologie offre un avantage stratégique ou tactique. Cela pourrait conduire à une sorte de course aux armements climatiques pour voir quel État sera capable de manipuler le climat à son avantage" (4).

Cela pourrait être considéré comme une admission explicite de l'existence des armes climatiques. Dans le même temps, Foreign Affairs, une publication du Council on Foreign Relations, encourage la géo-ingénierie depuis des années (5), de sorte que nous ne pouvons exclure une course aux armements pour contrôler le climat. En fait, les États-Unis détiennent de nombreux brevets dans ce domaine. La légalisation de ces technologies et leur application internationale donnerait aux entreprises américaines non seulement d'énormes avantages économiques, mais aussi une sorte de droit moral d'être au sommet de la pyramide afin de gérer l'ensemble du processus. 

Les États-Unis disposent de telles technologies depuis longtemps. L'un des premiers brevets dans ce domaine est le US3613992, connu sous le nom de "Method of weather modification" (6). L'inventeur était l'Américain Robert Knollenberg et il a enregistré son invention en mars 1966. A partir de là, nous pouvons commencer à étudier le développement de telles inventions par le gouvernement américain afin de modifier le temps.

Un autre brevet très similaire serait le US3564253, appelé "System and method of irradiating sections of the earth's surface". L'inventeur est Arthur Buckingham de la Westinghouse Electric Corporation, dont le brevet a été déposé le 16 février 1971. Il ne s'agit plus d'"ensemencer" les nuages avec des produits chimiques - ce qui pourrait être fait par avion - mais d'une technologie plus précise qui rappelle une arme.

Le brevet US5762298, "Using strategically placed satellites in Earth orbit to modify the effect of solar radiation on the Earth's weather cycles", est encore plus récent et son inventeur, Franklin Chen, l'a déposé en juin 1998.

En outre, il existe de nombreux autres brevets confidentiels, c'est-à-dire des brevets qui sont classés en raison de leur utilisation militaire ou qui font partie du système de renseignement américain.

Il existe et continue d'exister des entreprises qui produisent divers systèmes et dispositifs utilisant ces technologies (7).

Mais il existe aussi des organisations qui suivent l'émergence de ces technologies et décrivent leur impact en détail (8).

Les armes climatiques, c'est-à-dire les technologies permettant de contrôler la nature, existent donc bel et bien. Ce qui est beaucoup plus difficile à déterminer, c'est l'interdépendance entre les catastrophes naturelles et l'utilisation éventuelle de ces technologies expérimentales. Pour l'instant, les mondialistes occidentaux attribuent tout cela au réchauffement climatique et proposent de le combattre... en utilisant la géo-ingénierie.

Notes :

1. https://web.archive.org/web/20090618133101/http:/www.parliament.uk/docum...

2. https://www.theguardian.com/environment/2011/feb/18/geo-engineering

3. https://heliophage.wordpress.com/2013/03/31/climate-geoengineering-for-n...

4. https://www.cfr.org/blog/can-we-use-geoengineering-defend-ourselves

5. https://www.foreignaffairs.com/articles/global-commons/2013-03-27/truth-...

6. https://www.geoengineeringwatch.org/patents/patent-3613992.pdf

7. https://www.pmeasuring.com/es/

8. https://www.geoengineeringwatch.org/

Notes du traducteur :

a. La théorie du complot des chemtrails, également connue sous le nom de chemtrails, affirme que les longues traînées de condensation laissées par les avions à haute altitude sont en fait des "chemtrails" constitués d'agents chimiques ou biologiques pulvérisés par les avions à des fins infâmes non divulguées au grand public. Les adeptes de cette théorie du complot affirment que si les traînées de vapeur normales se dissipent relativement vite, les traînées qui s'attardent longtemps contiennent d'autres substances. Les adeptes de cette théorie spéculent que le but de la libération de produits chimiques pourrait être la gestion du rayonnement solaire, la modification du temps, la manipulation psychologique, le contrôle de la population humaine ou la guerre biologique ou chimique, et que les traînées provoquent des maladies respiratoires et d'autres problèmes de santé.

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b. L'expression "milliard d'or" est une métaphore utilisée dans le journalisme russe post-soviétique pour désigner la population des pays les plus riches et les plus développés, où le déséquilibre entre leur niveau de vie et de consommation et celui des pays en développement apparaît clairement. En 1999, Sergei Kara-Murza a écrit que "récemment, en Occident, l'expression "milliard d'or" est devenue très courante et a commencé à faire référence à la population des pays du premier monde qui font partie de l'Organisation de coopération et de développement économiques". Sur le plan épistémologique, l'expression "milliard d'or" trouve son origine dans le néo-malthusianisme du rapport du Club de Rome intitulé Les limites de la croissance (1972). Ce nom était à l'origine associé à la population totale des pays capitalistes développés : les États-Unis (311 millions), le Canada (34,3 millions), l'Australie (22,6 millions), les pays de l'UE (28 pays, 500 millions au total), le Japon (127,4 millions), Israël et la Corée du Sud, ainsi qu'à la perspective de limiter leur croissance au cours du 21e siècle. Mais en raison de la mondialisation et des inégalités sociales croissantes dans les pays développés, l'expression "milliard d'or" a commencé à désigner la "classe moyenne" mondiale comme une strate sociale privilégiée par les processus de fusion de l'économie mondiale.

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Ce que l'élargissement de l'OTAN pourrait coûter

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Ce que l'élargissement de l'OTAN pourrait coûter

Leonid Savin

Ex: https://www.geopolitica.ru/article/vo-chto-mozhet-oboytis-rasshirenie-nato

L'un des principaux groupes de réflexion américains en matière de sécurité et de politique étrangère, le Center for Strategic and International Studies, a présenté le 8 septembre 2021 une étude sur l'élargissement de l'OTAN.

L'étude a porté principalement sur les besoins des forces armées et les coûts nécessaires qu'ils impliquent. L'aspect même du document est tout à fait symptomatique: alors que les sommets parlent année après année de l'acceptation éventuelle de nouveaux membres ou de leur report, et que les représentants américains et britanniques incitent constamment à la cooptation d'autres nations - ce qui relève de la politique rhétorique, l'analyse rationnelle des avantages et des inconvénients indique déjà une routine systématique, avec des calculs détaillés et la prise en compte des expériences précédentes.

Les auteurs affirment d'emblée que le projet est né du succès de l'OTAN et des changements apportés au système de sécurité européen en raison de la "montée d'une Russie hostile et militairement résurgente". Ils affirment également que la valeur de l'OTAN elle-même, ou son élargissement passé, n'est pas remise en question. "L'objectif de ces discussions est plutôt de renforcer la sécurité des États-Unis et de leurs alliés de l'OTAN et de maintenir la stabilité de l'Europe dans son ensemble. Le partage du fardeau de ces engagements futurs pourrait être une question politique et militaire importante."

En effet, le montant de la contribution de chaque pays a fait l'objet d'un débat animé entre les membres de l'alliance au cours des dix dernières années. Il est clair que l'auteur soulève délibérément la question à l'avance afin que les décideurs disposent de suffisamment de temps pour élaborer les mécanismes et les options nécessaires. Le rapport se concentre sur cinq pays - la Géorgie, l'Ukraine, la Bosnie-Herzégovine, la Finlande et la Suède. "Trois de ces pays - la Géorgie, l'Ukraine et la Bosnie-Herzégovine - cherchent activement à devenir membres. La Finlande et la Suède ne cherchent pas à adhérer et restent attachées au non-alignement."

Bien que le désir de la Bosnie-Herzégovine soit discutable en raison de la nature anti-OTAN de la Republika Srpska ainsi que du statut spécifique de l'entité fédérale elle-même avec une souveraineté limitée, il est par ailleurs vrai que l'expérience du Monténégro et de la Macédoine a montré que les petits pays des Balkans peuvent être absorbés par l'OTAN assez rapidement si les bonnes conditions pour cela ont été préalablement créées, c'est-à-dire s'il y a présence de leurs agents d'influence dans les organes directeurs clés du pays. Ce faisant, les auteurs mettent en évidence un surprenant dilemme associé aux États européens.

"Les pays non membres de l'OTAN sont bien placés pour répondre aux situations de crise, aux contingences à petite échelle et à la coopération en matière de sécurité, car ils ont effectué de nombreuses missions de ce type depuis la fin de la guerre froide. Pour les opérations à grande échelle, les capacités sont sévèrement limitées. Par rapport à la Russie, les coûts et les forces des pays non membres de l'OTAN sont beaucoup plus importants. Toutefois, l'OTAN a du mal à déployer des forces, même modestes. L'OTAN, qui a déployé 40 divisions (environ 360 bataillons de combat) en Europe du Nord pendant la guerre froide, a eu du mal à déployer quatre bataillons dans les pays baltes."

En d'autres termes, les membres non membres de l'OTAN sont eux-mêmes tout à fait capables de combattre. La question est de savoir qui ils considèrent comme une menace et contre qui ils ont l'intention d'utiliser leurs forces armées. De toute évidence, si un chapitre entier est consacré à la Russie dans l'étude, le pays n'est pas simplement sous-entendu, mais est présenté comme un agresseur possible contre lequel une stratégie de défense collective est nécessaire. Par conséquent, les convictions des États non membres de l'OTAN quant aux intentions ambitieuses et agressives de Moscou doivent être maintenues afin de façonner l'opinion publique et d'obtenir le soutien nécessaire des gouvernements.

Pour l'OTAN, en revanche, il a été démontré que les forces armées elles-mêmes et les capacités économiques de ces pays présentent un intérêt significatif. Parce qu'ils permettent des dépenses relativement élevées, ils constituent un atout intéressant pour améliorer les capacités globales de l'OTAN.

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En Suède, par exemple, on fait valoir à juste titre que l'OTAN présente plusieurs faiblesses, telles que la dépendance à l'égard de la stratégie générale des États-Unis, le chevauchement des responsabilités entre les commandants de l'OTAN, les fournisseurs de troupes et les pays hôtes, qui complique un éventuel renforcement et une éventuelle expansion, la faiblesse relative des membres de l'Est, le manque d'infrastructures en Europe, qui rend problématique les mouvements et les déploiements rapides de troupes, et le manque d'équipements pour certains pays.

Les auteurs notent également un problème de lenteur dans la prise de décision. Il est évident que l'élargissement de l'alliance rendra ce processus plus difficile encore. Le choix d'une stratégie politico-militaire en période de conflit a également toujours été difficile.

"Lorsqu'ils examinent le concept de défense, les planificateurs de l'OTAN sont depuis longtemps confrontés à un choix difficile: maintenir une défense avancée qui tient le territoire mais qui est potentiellement fragile, ou mener une défense mobile qui force dans un premier temps le retrait du territoire et nécessite une contre-offensive ultérieure. La défense mobile présente de nombreuses caractéristiques militairement attrayantes et occupe une place importante dans les discussions sur la guerre de manœuvre. La politique, cependant, est une chose compliquée. Les nations sont réticentes à céder tout territoire à un ennemi, même temporairement, si un retrait stratégique peut avoir un sens militaire. Par la suite, les contre-attaques élargissent inévitablement la portée géographique des opérations, et souvent aussi la portée politique. Ces expansions augmentent les enjeux du conflit et peuvent provoquer l'utilisation d'armes nucléaires."

Les discussions précédentes sur cette question ont révélé un consensus certain au sein de l'OTAN sur le fait qu'il devrait y avoir un avantage de trois contre un, voire plus. Il doit également avoir une grande expérience de l'entraînement des troupes pour les opérations mobiles et de la préparation aux pertes civiles et aux pertes de biens. Rien de tout cela n'est observé parmi les membres de l'OTAN, comme l'ont démontré les exercices de ces dernières années et l'"efficacité" de l'OTAN en Afghanistan. Quant aux candidats possibles à l'adhésion à l'OTAN, leur potentiel et leur pertinence géopolitique sont décrits comme suit.

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La Géorgie. L'OTAN organise des exercices annuels conjoints avec l'armée géorgienne depuis 2016 et maintient un bureau permanent en Géorgie pour "faciliter le dialogue politico-militaire dans la coopération pratique" entre Tbilissi et Bruxelles. Sur le plan militaire, la Géorgie est inférieure aux unités de l'armée russe dans le Caucase dans un rapport de deux à un. Pour que la Géorgie réussisse une opération militaire contre la Russie, même avec la participation de l'OTAN, au moins deux conditions doivent être remplies. 1) La possibilité d'un transport aérien opérationnel de forces armées importantes par des avions de transport militaire. 2) L'implication de la Turquie dans le conflit, y compris le déploiement de troupes sur le territoire turc avec des mouvements ultérieurs vers la Géorgie par voie terrestre et maritime. L'OTAN prévoit également une supériorité aérienne dans un tel conflit. La mise en œuvre de la dissuasion envisagée nécessite également des mesures sérieuses - le déploiement d'une division de l'OTAN, d'une autre division américaine, d'équipements et de composants pour les équipements lourds, et une présence permanente des forces de défense aérienne américaines.

Sept milliards de dollars par an sont nécessaires pour couvrir le coût des infrastructures, du déploiement, de la rotation des troupes et des exercices. La moitié de cette somme incomberait aux États-Unis et l'autre moitié aux membres européens de l'OTAN.

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L'Ukraine présente un cas plus compliqué. Le rapport a été publié avant la signature de l'accord russo-biélorusse du 9 septembre 2021, qui implique également une intégration militaire, et ne tient donc pas compte du rôle du Belarus dans la participation à un conflit potentiel aux côtés de la Russie. Sinon, les évaluations auraient été différentes. Mais là encore, les auteurs fantasment sur une agression russe et citent un scénario de simulation dans lequel les troupes russes prennent le contrôle de la rive gauche de l'Ukraine, encerclant l'armée ukrainienne, qui tenterait de défendre Kharkov et un certain nombre de villes de l'Est. Bien que, dans ce scénario, l'aviation de l'OTAN soit en mesure de frapper les troupes russes, elle ne pourrait pas les arrêter. Il faudrait à l'OTAN trois mois pour créer les conditions d'une contre-attaque, mais la Russie riposterait avec des armes nucléaires tactiques. Le renforcement de la sécurité de l'Ukraine nécessitera le déploiement permanent de trois brigades (une américaine, deux de l'OTAN), l'achat et le déploiement d'équipements, le déploiement d'une brigade de défense aérienne, la mise à disposition d'instructeurs et de personnel de commandement américains (250 personnes), de deux escadrons de l'US Air Force et d'un de l'OTAN. Tous ces besoins nécessitent 27 milliards de dollars.

Le facteur Donbass avec la population russophone de l'Ukraine est également pris en compte. La répression du soulèvement devrait être une affaire coûteuse. Pour le "maintien de la paix", 98 milliards de dollars sur cinq ans et 130 milliards de dollars supplémentaires sur cinq ans pour les opérations anti-insurrectionnelles seront nécessaires. L'expérience de l'Irak et de l'Afghanistan (avec probablement une composante de corruption au profit des entreprises contractantes américaines) a été prise en compte dans les calculs.

En Bosnie-Herzégovine, le principal problème est la population serbe et la position de la Serbie elle-même. On suppose qu'il sera nécessaire de résister aux interférences, ce qui nécessitera 24,6 milliards de dollars. Il est révélateur que dans le cas de la Bosnie-Herzégovine, on dise qu'elle est déjà membre de l'OTAN et qu'il faudra y maintenir des troupes et l'ordre public.

La Suède. Là encore, les auteurs laissent libre cours à leur imagination. "Dans un conflit de l'OTAN avec la Russie, comme l'invasion russe des États baltes, la Suède serait profondément impliquée. Comme la Finlande fait office de tampon contre la Russie, une attaque depuis la terre est hautement improbable. Au lieu de cela, la Suède sera confrontée à trois tâches défensives: se défendre contre les attaques aériennes et les missiles russes, défendre son vaste territoire contre les infiltrations russes, et protéger l'île de Gotland et d'autres infrastructures clés afin que les forces armées de l'OTAN puissent les utiliser pour défendre l'entrée de troupes dans les États baltes et ailleurs." Cela nécessite le prépositionnement d'avions et de moyens de défense aérienne pour couvrir le Gotland et un certain nombre de positions en Suède. Cela coûterait 3,2 milliards aux États-Unis et l'OTAN devrait ajouter 6,4 milliards supplémentaires. Il est noté que "outre les tâches purement militaires, la Suède est confrontée à des problèmes militaires et politiques en adhérant à l'OTAN: l'adhésion à l'OTAN ne garantit pas simplement le territoire suédois contre une agression extérieure - elle exige également que la Suède s'engage dans des conflits avec d'autres pays, ce qu'elle n'a pas fait depuis le XVIIIe siècle". Cela dissuadera Stockholm de prendre une telle décision.

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La Finlande coopère activement avec les pays occidentaux, notamment en participant à des manœuvres avec l'OTAN et les États-Unis. Les Finlandais ne sont vraisemblablement pas intéressés à inviter des troupes étrangères sur leur territoire, afin de ne pas provoquer la Russie. Afin de justifier d'une manière ou d'une autre le conflit russo-finlandais, les auteurs avancent une version concernant l'occupation des îles Aland, à laquelle Helsinki devra répondre. Mais la Finlande ne dispose ni d'avions de combat de la classe nécessaire pour résister à la Russie, ni d'un système de défense aérienne. Et si l'OTAN veut venir à la rescousse, cela prendra beaucoup de temps en raison de la géographie et de la distance. Pour une dissuasion minimale, un peu plus d'un milliard serait nécessaire, et pour un renforcement plus qualitatif, 5,3 milliards seraient nécessaires. Mais, comme la Suède, la Finlande devra s'accommoder de son nouveau rôle.

Bien que la solution politique et les questions techniques relatives aux nouveaux membres restent hypothétiques, le rapport montre clairement l'intention des États-Unis non seulement de présenter la Russie comme une menace future et un ennemi des pays européens, mais aussi de donner l'impression que les pays clients et les États relativement neutres sont désespérés et n'ont aucune alternative.

L'Iran désormais membre à part entière de l'Organisation de coopération de Shanghai

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Markku Siira

L'Iran désormais membre à part entière de l'Organisation de coopération de Shanghai

Ex: https://markkusiira.com/2021/09/18/iranista-shanghain-yhteistyojarjeston-taysjasen/

Le 17 septembre 2021, les États membres de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ont approuvé l'Iran en tant que membre permanent de l'Alliance politique, économique et de sécurité. La nouvelle a été rapportée par The Cradle, un forum médiatique consacré à la géopolitique de l'Asie occidentale.

Cette décision a été annoncée à l'ouverture du 21e sommet de l'OCS à Douchanbé, au Tadjikistan, où le nouveau président iranien Ebrahim Raisi a dirigé une délégation de haut niveau pour son premier voyage à l'étranger depuis son entrée en fonction.

M. Raisi a remercié les États membres de l'OCS d'avoir permis à l'Iran de rejoindre le groupe, tout en exprimant son espoir de voir l'OCS devenir "une force motrice du multilatéralisme mondial".

"Aujourd'hui, la paix et la sécurité mondiales sont menacées par l'hégémonie et les défis tels que le terrorisme, l'extrémisme et le séparatisme", a déclaré Raisi. "Maintenir et renforcer la paix dans toute l'Asie n'est pas une question de choix mais une nécessité."

Le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a pour sa part déclaré sur Twitter que "l'adhésion stratégique" aura "un impact important sur le processus de coopération globale de l'Iran, conformément à sa politique de voisinage et de centrage sur l'Asie".

L'Organisation de coopération de Shanghai est la plus grande organisation régionale du monde, couvrant les trois cinquièmes du continent eurasien et près de la moitié de la population humaine. Ses pays membres sont la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan, l'Inde, le Pakistan et maintenant l'Iran.

L'Iran s'est vu accorder le statut d'observateur au sein de l'Alliance en 2005. Il a fallu plus de 15 ans pour obtenir le statut de membre permanent, avec l'aide de la Russie.

Le président russe Vladimir Poutine a déclaré dans un discours par vidéoconférence que la Russie "soutient la pleine participation de l'Iran à l'Organisation de coopération de Shanghai, car l'Iran a joué un rôle important dans la région eurasienne et a une longue histoire de coopération positive avec cette organisation".

Les experts estiment que l'adhésion de l'Iran à l'OCS améliorera considérablement la position géopolitique du pays dans la région.

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La délégation iranienne a déjà tenu plusieurs réunions de haut niveau avec d'autres membres à part entière et observateurs de l'OCS. Le président Ebrahim Raisi s'est notamment entretenu avec le premier ministre pakistanais Imran Khan et les deux dirigeants ont convenu de prendre des mesures urgentes pour stabiliser la situation sécuritaire, humanitaire et économique en Afghanistan suite à la montée du mouvement taliban dans le pays.

"L'OCS a bien réussi à relever les défis anciens et nouveaux, mais la complexité de l'environnement mondial et les tensions géopolitiques mettront notre détermination à l'épreuve à l'avenir", a déclaré le Premier ministre pakistanais Khan dans son discours au sommet.

Le président iranien s'est également entretenu avec les chefs d'État de l'Arménie et du Turkménistan et a convenu d'approfondir la coopération et le commerce bilatéraux avec ces deux pays.

Pendant ce temps, le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a rencontré son homologue chinois, le ministre des Affaires étrangères Wang Yin. Le ministre des affaires étrangères Wang a déclaré que la Chine soutenait fermement l'Iran dans sa résistance à l'hégémonie [américaine] et dans la sauvegarde de la souveraineté, de la dignité humaine et des droits et intérêts légitimes du pays. La Chine est également prête à travailler avec l'Iran pour développer conjointement le projet d'infrastructure "la Ceinture et la Route".

On estime que les avantages politiques et sécuritaires de l'adhésion à l'Organisation de coopération de Shanghai pourraient l'emporter sur les autres avantages pour l'Iran à court terme.

Toutefois, si Téhéran contribue à répondre aux besoins énergétiques de l'OCS en augmentant la production de pétrole et de gaz pour ses nouveaux partenaires et facilite l'accès terrestre à long terme aux autres marchés d'Asie occidentale et d'Europe, dont le pays a tant besoin, l'économie iranienne bénéficiera également de manière significative de son orientation vers l'Est.

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Remarques sur la condition nécropolitique  en Occident

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Remarques sur la condition nécropolitique  en Occident

Nicolas Bonnal

Ce sujet vaut un livre mais il y a longtemps que j’ai compris que mieux vaut un mauvais article qu’un bon livre par les temps qui courent. L’important est de sensibiliser, pas de donner à penser: il est tard…

Nécropolitique. Le mot était trop simple. Il fallait y penser à partir du cimetière de zombies popularisé par Michael Jackson, par Don Siegel ou par Jarmusch. J’ai découvert ce mot grâce à mon ami écrivain et ethnologue Panagiotis Grigoriou (voyez son blog greek-crisis.com) ; il existait sous la plume d’Achille Mbembe, penseur camerounais qui reprenait Foucault (encore lui…) pour bellement décrire la condition du colonisé ou du palestinien.

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Panagiotis Grigoriou, Achille Mbembe.

Mais je vais faire en bon helléniste de ce mot ce qui me convient. La dernière partie de la Cité antique de Fustel de Coulanges éclairera les plus entreprenants. Les cités naissent, croissent et meurent plus vite qu’on ne le croit : Ibn Khaldun leur donne quatre générations, alors… Ce qui se passe en Occident en ce moment est prodigieux pour le froid observateur : dégénérescence morale, physique, économique, diplomatique, effondrement culturel et spirituel ; il ne reste plus rien, on peut évoquer les tombeaux pleins d’ossements dont parle le Christ. Dès les années vingt Zweig ou Bernanos voient cette entropie, et Guénon essaie de nous éclaircir sur ce point dans sa Crise du monde moderne. Malheureusement elle se poursuit et nous tombons plus bas. Ce n’est pas ce qui gêne la majorité qui ne sait pas qu’elle est morte sur le plan politique ou spirituel. Les imbéciles qui font mine de découvrir l’inféodation de toujours de la république aux anglo-saxons (aux banquiers de la City donc) en seront pour leurs frais. On peut être un vivant et un mort : c’est le sens du mot nécropolitique. On verra qui de Zemmour ou de Macron nos morts vivants préfèreront l’an prochain. Si élections il y a. Car la nécropolitique est aussi une dictature, si elle est une dictature populaire. 

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En même temps la tyrannie vaccinale se répand, et le contrôle informatique par le techno-nazisme des GAFA (le nazisme est un avatar irrationnel, technologique et bureaucratique de la démocratie capitaliste, c’est tout). En même temps on ne peut parler de dictature (Hitler n’était pas un tyran) : les populations approuvent dans leur immense majorité, comme je le dis depuis le début à ceux qui voient des Jean Moulin partout. La masse approuve, et on n’est pas en dictature. On est dans le domaine de la nécropolitique.  J’aime aussi le mot d’hystérésis qui évoque une causalité morte. Notre civilisation helléno-chrétienne ou autre (je n’ai vraiment plus envie de gloser dessus) est morte depuis longtemps, mais quelque chose lui survit, quelque chose qui est mort – et ce depuis longtemps.

Les grands écrivains ont senti venir cette mort au dix-neuvième siècle (voyez mes recueils), fils des révolutions industrielles britannique et politique française (la démocratie, le parlement, etc.). C’est ce qui a donné les horreurs de la révolution industrielle qui prend fin (déplétion généralisée quoiqu’on en pense), des guerres dites mondiales, du conditionnement des masses (via leur instruction – voyez mon texte sur Lévi-Strauss), de la propagande à la Bernays, de la télé, du consumérisme, de la destruction des cultures orientale ou primitives encore vivantes, du colonialisme, etc. Tout cela a accru la monotonie (Zweig), le dégoût de la liberté (Bernanos), l’abrutissement médiatique (Bernays)  ou technoscientifique. On vit une accélération via le smartphone qui étymologiquement est un instrument de mort (smert en russe) ou d’assassinat de l’esprit (phonè, meurtre en grec). 

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Le mot nécro-politique induit bien des sens ; il signe la mort du politique ; ou le citoyen mort. Ou même la ville morte : une ville qui ne vit que du tourisme est une ville morte par exemple. Je reviens de Tolède-citadelle qui s’est vidée de ses habitants: 4000 habitants contre 70.000 au précédent siècle.  Le commerce crève aussi de ne plus avoir ses charters de chinois. La plupart des villes en Occident ne vivent que du tourisme et de l’administration qui a pris une dimension tentaculaire – et n’a pas attendu la crise sanitaire – au point d’exterminer via les règlements, les lois, les impôts, les préjugés toute volonté de vivre et de travailler (Tocqueville…). L’administration a créé aussi le citoyen superflu dont parle Nietzche, encadré et protégé par des bataillons de fonctionnaires. Le triomphe des imprimantes a créé aussi cela: une nécro-économie qui vit de la finance, de l’assurance, de l’immobilier (FIRE) et du tourisme a remplacé l’économie réelle.

Nous faire vivre comme des morts est le rêve de Schwab, Gates et autres techno-nécromanciens, sans doute avant de nous tuer. Il faut vivre comme un mort avant de mourir, tel est l’esprit de la nécropolitique selon Macron ou les ogresses Lagarde, von der Leyen, Yellen, Merkel. Lisez enfin pour comprendre ce que je veux dire la fin du conte La Belle au Bois dormant. Ce projet s’est accompagné d’une philosophie grotesque (le diable est mauvais théologien, dixit Guénon) et d’un fantastique abrutissement des masses occidentales, abrutissement qui menace une grande partie du monde. Les masses ne remarquent pas par exemple comme mon taxi de Tolède que les hommes politiques les détestent. Les nécropoliticiens veulent les piquer, les emprisonner, les marquer, les ruiner, les affamer, les remplacer, les faire crever de froid, de chaud, de n’importe quoi. Les phénomènes woke ou de repentance sont aussi utilisés pour neutraliser notoirement ces masses. Freud parlait de la liquidation de l’agressivité et de la sexualité comme fait fondamental de la civilisation (Guénon explique que la notion de civilisation apparait quand elle achève de disparaître la civilisation) ; en fait dans notre anti-civilisation sexualité et agressivité sont censurées et on débouche sur une liquidation en règle et parfaitement acceptée puisque la vieille race blanche comme je l’ai nommée préfère se laisser tuer que continuer de polluer. Ce n’est pas pour cela du reste qu’elle renonce au code QR et aux terrasses de café. Mais dans la nécropolitique on ne sait pas si on est vivant.

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L’emprisonnement accepté via les camps australiens et canadiens (éternelles colonies pénitentiaires du Deep State anglais finalement), le passe sanitaire, les masques, les gestes-barrière, signes tous plus aberrants les uns que les autres marquent une mortalité beaucoup plus grave et vexante que celle du Covid, une mortalité psychique. Déjà Bernanos ou Céline ne se faisaient pas d’illusions sur notre condition ; et Chateaubriand ajoutait : « qui vit trop meurt vivant ». Car la nécropolitique repose sur le vieillard.

Bienvenus dans la nécropole mondialiste.

Sources :

http://www.dedefensa.org/article/rene-guenon-et-notre-civ...

http://www.dedefensa.org/article/sigmund-freud-politiquem...

https://www.amazon.fr/Grand-Reset-grand-effondrement-Alex...

https://www.amazon.fr/Chroniques-sur-lHistoire-Nicolas-Bo...

https://www.les4verites.com/international/chateaubriand-e...

http://www.greekcrisis.fr/2021/09/Fr0913.html#db

https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9cropolitique

https://www.dedefensa.org/article/burckhardt-et-la-destru...

https://lesakerfrancophone.fr/informatique-et-nouvel-ordr...

 

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La revue de presse de CD - 19 septembre 2021

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La revue de presse de CD

19 septembre 2021

ALLEMAGNE

Toutes les failles qui divisent l'Allemagne

Les toute prochaines élections allemandes révèlent une fois de plus les différentes failles au sein de la République fédérale et la possibilité qu'elles se reflètent dans les années à venir dans un pays qui s'apprête à être orphelin d'Angela Merkel.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/09/11/t...

AMÉRIQUE DU SUD

Derrière le coup d’État haïtien, le système des mercenaires colombiens

Presque tous les assassins impliqués dans le meurtre du président haïtien Jovenel Moïse étaient colombiens. Ce n’est pas une coïncidence : si vous cherchez des mercenaires à louer à bas prix, souvent formés par l’armée américaine, vous les trouverez à la pelle en Colombie.

https://www.les-crises.fr/derriere-le-coup-d-etat-haitien...

ASIE

L’Afghanistan et l’Asie Centrale

Les conséquences sur les équilibres régionaux de la prise du pouvoir à Kaboul par les talibans ont déjà été abondamment analysées. Les réactions d’Islamabad et de Téhéran notamment sont bien connues. Mais on a beaucoup moins parlé des voisins septentrionaux de l’Afghanistan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan, sans oublier le géant de la région, le Kazakhstan, même si ce n’est pas un pays frontalier.

Geopragma

https://geopragma.fr/lafghanistan-et-lasie-centrale/

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Le Pakistan et les talibans : les liaisons dangereuses

Depuis 1947, le premier impératif politique du Pakistan est de garantir la survie du pays, en particulier face à son voisin indien. Cette obsession détermine à la fois l’évolution interne et le positionnement international de l’État.

The Conversation

https://theconversation.com/le-pakistan-et-les-talibans-l...

DÉSINFORMATION

Wokisme et censure dans l’édition. Première partie et seconde partie

Les médias ne sont pas seulement constitués des radios, télévisions, sites, blogs, journaux etc. Le cinéma comme l’édition sont des outils médiatiques. Et à ce titre participent de la censure, du politiquement correct et de la mode woke comme l’indique la tribune libre d’Olivier Delavault que nous publions et où il relate son expérience d’éditeur, spécialiste des Indiens des Amériques.

OJIM

https://www.ojim.fr/wokisme-et-censure-dans-ledition-prem...

https://www.ojim.fr/wokisme-et-censure-dans-ledition-seco...

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ÉTATS-UNIS

Sous-marins nucléaires australiens : le coup de Trafalgar de Biden contre la France, signe d’un basculement géopolitique majeur

Dans sa confrontation croissante avec la Chine, un Washington impitoyable a démontré que ce qui compte désormais pour lui, ce n’est pas l’Europe [ni même le Moyen-Orient], mais la région indo-pacifique. C’est là que la nouvelle guerre froide va être menée.

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/09/16/sous-marins-nucleai...

EUROPE DE L’EST

Les Balkans : une crise permanente

Depuis le début de l'année 2021, la Bulgarie se trouve dans un état de crise politique permanente. Dans le contexte des manifestations de masse contre le parti libéral de droite au pouvoir, le GERB, des élections législatives ont été organisées début avril. En conséquence, aucune des forces politiques n'a été en mesure de former un gouvernement. De nouvelles élections ont eu lieu en juin. Cependant, aucun gouvernement n'a encore été formé.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/09/15/l...

FRANCE

Que raconte la mise en examen d’Agnès Buzyn par la CJR ?

L’ancienne ministre de la Santé a été mise en examen par la commission d’instruction de la Cour de justice de la République (CJR) dans le cadre de sa gestion du début de la crise Covid. L’incrimination retenue par les magistrats est :

« Mise en danger délibérée d’autrui par violation de mesures particulières de prudence ou de sécurité prévues par la loi ou le règlement ». Analyse de l’avocat Régis de Castelnau ?

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/09/que-raconte-la-mise-en-...

Bordeaux : derrière l’écologie, l’économie socialiste

La mairie de Bordeaux risque de transformer les entreprises en des chercheuses de subventions, vivant aux crochets du contribuable.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/09/13/405368-bordeaux-d...

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Immigration : comment en finir avec les frontières passoires ?

À quelques mois de l’élection présidentielle qui aura lieu en avril 2022, les candidats déclarés ou potentiels à ce scrutin multiplient les propositions en matière d’immigration. À en entendre certains, il suffirait d’un peu de volonté politique pour que notre pays ne subisse plus les flux migratoires délirants qu’il connaît actuellement. Ils sont en revanche souvent discrets sur la nécessité ou non de faire évoluer le droit existant pour retrouver des marges de manœuvre en la matière. Les réactions atterrées dans le camp « progressiste » après les déclarations de Michel Barnier (LR) annonçant vouloir affranchir la France des règles de la Cour européenne des droits de l’homme relatives à l’immigration sont révélatrices des tabous qui existent en la matière.

Polémia

https://www.polemia.com/immigration-comment-en-finir-avec...

EXCLUSIF : Izzat Khatab, l’« ami » d’Hollande, Macron et Benalla, fait l’objet d’une plainte pour agression, par Marc Endeweld

Il est l’un des personnages souvent cités par la presse comme proche d’Alexandre Benalla, suite à l’affaire du 1er mai, actuellement en jugement. Selon nos informations, Izzat Khatab fait l’objet d’une plainte pour « violences en réunion » par l’un de ses anciens gardes du corps. Depuis 10 ans, celui qui se présente comme un homme d’affaires a multiplié les relations de pouvoir à Paris, jusqu’au sommet de l’État. Notre enquête nous a mené à une autre découverte : Alexandre Benalla a bien travaillé pour Izzat Khatab, selon plusieurs témoins, juste avant de se mettre au service d’Emmanuel Macron.

QG

https://qg.media/2021/09/16/exclusif-izzat-khatab-l-ami-d...

GAFAM

L’UE et les États-Unis négocient un nouvel accord pour le transfert de données

Ces discussions sont la conséquence d’une décision de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) de juillet 2020. La plus haute instance juridique du Vieux Continent avait invalidé l’accord « Privacy Shield », de 2016, qui encadrait les transferts de données avec le Nouveau Monde. Ce dernier en remplaçait lui-même un autre, « Safe Harbor », déjà cassé en 2015 par la CJUE.

Siècle digital

https://siecledigital.fr/2021/09/13/lue-et-les-etats-unis...

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GÉOPOLITIQUE

Nakhitchevan : le corridor du prochain round au Haut-Karabakh

Depuis la « fin » de l’épisode le plus récent de la guerre de quarante-quatre jours entre l’Azerbaïdjan soutenu par la Turquie et Israël – et facilitée par les États-Unis – et l’Arménie (au mieux vaguement) alignée sur la Russie, on assiste à un florilège de lamentations politiquement correctes sur la « paix illibérale » qui en résulte.

Les-crises.fr

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LECTURE

Comment vivre au temps du coronavirus. Un manuel pour comprendre et résister, d’Alain Bauer et Roger Dachez. Editions du Cerf, 2020, 360 p., 20 €.

Présentation : un essai qui « raconte l’histoire d’une pandémie attendue et qui n’arriva pas. Et d’une autre qui arriva sans prévenir. Alors qu’on avait défait tout ce qui avait été construit contre la précédente » (extrait de la 4e de couverture).

Auteurs : le premier est professeur de criminologie ; le second médecin et universitaire.

Contenu : 195 pages d’analyses chronologiques des pandémies dans l’histoire, presque autant de documents officiels (rapports, études, etc.).

Extraits : « Le triptyque national ‘’Négation, Minoration, Éjection’’ (en français courant : ‘’ce n’est pas vrai’’, puis ‘’ce n’est pas grave’’, et enfin ‘’ce n’est pas ma faute’’) va servir d’excuse. »

« Comme aimait le rappeler Michel Rocard : ‘’En matière de grande catastrophe bureaucratique, il faut beaucoup plus miser sur la connerie que sur le complot. La première est à la portée de tous, donc largement répandue, le second exige beaucoup plus d’intelligence et d’organisation, et se révèle bien plus rare qu’on ne le pense’’. »

« A la fin de 2009, l’EPRUS dispose d’un milliard de masques chirurgicaux et environ 700 000 masques FFP2. Mais alors que la grippe A (H1N1), fait en définitive peu de victimes en France, le gouvernement est mis en cause et accusé par l’opposition, la presse, les humoristes, la Cour des comptes et la justice d’avoir gaspillé l’arent du contribuable ; […] Allant jusqu’au bout de sa logique, l’administration ne va pas renouveler ses commandes et la principale usine française mettra la clé sous la porte en 2018. Dans l’indifférence générale. Pourtant, en 2018, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, avait reçu une note l’informant que le stock d’États de masques était en grande partie périmé et insuffisant selon les révélations du magazine Challenges, publiées le 23 avril 2020 et non contestées. 

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RÉFLEXION

Informatique et nouvel ordre mondial : un rappel de Claude Lévi-Strauss

Le nouvel ordre mondial se met en place sur fond d’apparent effondrement américain : en réalité GAFA et oligarques se foutent du peuple américain, devenu un troupeau réductible et contrôlable comme un autre. Certains risquent d’être déçus par le comportement des Talibans qui se sont vus régaler le pays, relâchés par les Américains, et dont certains leaders ont été préparés par le Dr Seligman et les procédés de Guantanamo.

Le Saker francophone

https://lesakerfrancophone.fr/informatique-et-nouvel-ordr...

« La révolte des élites » : faut-il lire Christopher Lasch ?

Réactionnaire ? Visionnaire ? Progressiste authentique critique de la modernité ? Christopher Lasch a suscité les mêmes controverses, aux États-Unis, que Jean-Claude Michéa en France – qui est souvent décrit comme l’un de ses continuateurs. Son oeuvre phare, La révolte des élites, a tour à tour été acclamée comme ayant saisi l’esprit du temps, et décriée comme un pamphlet sans rigueur historique ou sociologique. Alors que le thème de la sécession des élites prend une place croissante dans le monde médiatique, il convient de s’intéresser à l’auteur de la notion.

Le Vent Se Lève

https://lvsl.fr/la-revolte-des-elites-faut-il-lire-christ...

Sur et autour de Carl Schmitt – Trois heures d'entretien avec Robert Steuckers

Cette vidéo est consacrée à la pensée de Carl Schmitt à partir du livre « Sur et autour de Carl Schmitt » de Robert Steuckers. Dans cet entretien, l’auteur nous explique le contexte dans lequel Schmitt a élaboré sa conception de la « décision » en politique et du « Grand Espace » (Großraum). En effet, l’entretien est divisé en deux parties, consacrées respectivement à ces notions. L’intérêt de cet entretien est qu’il permet d’aborder la pensée politique de Schmitt non pas de manière abstraite, mais en lien avec son époque et avec ses sources. A travers Schmitt, Robert Steuckers évoque, entre autres, les figures de Donoso Cortés, Karl Haushofer, Clausewitz et même Guillaume Faye. Avec beaucoup de perspicacité et de brio, il nous rappelle l’importance et l’actualité de cette pensée.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/09/15/s...  

SANTÉ

Bénéfice risque des vaccinés covid par tranche d’âge au 1er juillet 2021

On ne peut plus établir le bénéfice/risque des vaccins Covid après le 16 juillet 2021 car Santé Publique France ne publie plus les données brutes nécessaires à ces calculs. Pour les personnes de moins de 45 ans, la létalité supposée liée au vaccin est plus importante que la mortalité liée à la Covid-19. Les séquelles très graves regroupant les décès, invalidité et pronostic vital engagé, ont plus que doublé entre le 27 mai et le 1er juillet 2021 pour le vaccin Pfizer. Pour les personnes sans comorbidité, le vaccin apparaît délétère pour les moins de 65 ans. Le rapport bénéfice/risque de la vaccination est défavorable lorsque le nombre est supérieur à 1 (cases rouges dans les tableaux).

Réinfo Covid

https://wiki.reinfocovid.fr/_media/newsletters/newsletter...

Risque infime de mourir de la Covid-19 pour les personnes sans comorbidités

La COVID-19 ne tue pratiquement pas avant 20 ans. Les personnes âgées de plus de 70 ans sont les plus affectées. L’absence de comorbidités est associée à un risque de décès par la COVID-19 diminué de plus de 100 fois. 95 % des personnes hospitalisées avec la COVID-19 sont porteurs de comorbidités.

Réinfo Covid

https://wiki.reinfocovid.fr/_media/newsletters/newsletter...

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UNION EUROPÉENNE

Pellerin-Carlin : Bruxelles se prépare à reconnaître le nucléaire comme une énergie « verte »

Selon toute vraisemblance, la Commission européenne devrait dans les prochains mois faire une proposition pour inclure l’énergie nucléaire dans la taxonomie verte européenne, selon Thomas Pellerin-Carlin, chercheur à l’institut Jacques Delors. Mais elle a d’abord intérêt à attendre le dénouement des élections allemandes, souffle-t-il.

Euractiv.fr

https://www.euractiv.fr/section/climat/interview/pellerin...

Comment les lobbyistes des gros pollueurs font pression sur la législation européenne

L’Union européenne envisage une importante législation sur le climat visant à réduire les émissions sur le continent. Mais un ennemi bien connu se mobilise pour faire reculer la législation : les lobbyistes des gros pollueurs.

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/comment-les-lobbyistes-des-gros...

 

vendredi, 17 septembre 2021

Le pacte AUKUS et l'Europe

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Le pacte AUKUS et l'Europe

Ex: https://www.kulturaeuropa.eu/2021/09/17/il-patto-aukus-e-leuropa/

Le Pacte AUKUS est né. L'Australie, l'Angleterre et les États-Unis s'unissent dans un pacte militaire, qui aura également une dimension économique, dans le but déclaré de maintenir la zone indo-pacifique "libre et ouverte". Il va sans dire que l'intention, même si elle est mal dissimulée, est d'endiguer la (sur)puissance croissante et de plus en plus rampante de la Chine.

Mais ce qui devrait nous faire réfléchir, c'est que les États-Unis et le Royaume-Uni ne se sont même pas posé le problème de savoir qui devrait être leur partenaire dans cette nouvelle frontière géopolitique: l'Europe doit être hors jeu, ils se tournent donc vers l'Australie. Celle-ci n'est certainement pas un partenaire militairement stratégique, mais elle l'est à coup sûr tactiquement dans une position clé dans la région, même s'il faut dire qu'au troisième millénaire, le dernier problème pour l'armée Stars and Stripes est de trouver un point d'ancrage. Cela suggère que le seul objectif, en fin de compte, était de donner une gifle au Vieux Continent. Et ça a marché, ça a vraiment marché. La France, à l'occasion de la naissance de ce nouvel accord, a perdu une commande d'environ 31 milliards d'euros pour l'achat de sous-marins à propulsion nucléaire qu'elle s'apprêtait à vendre à l'Australie.

L'Alliance atlantique s'effrite, comme en témoignent les déclarations de Rome, Paris et Berlin (les capitales des pays les plus influents de l'UE) qui ont ouvertement admis qu'ils n'avaient nullement été informés. Ainsi, le très apprécié et acclamé Joe Biden, après une retraite de Kaboul, à la limite de la lâcheté et de l'embarras, a porté un nouveau coup à ce qui serait l'Alliance des pays les plus à même de garantir l'"équilibre" au niveau mondial. 

Il faut admettre que l'équilibre de l'OTAN a déjà été mis à l'épreuve, il n'est donc pas surprenant que les Anglo-Américains continuent à tirer les ficelles. En effet, pour être précis, suite à la déclaration de la future projection de l'UE dans la zone indo-pacifique, les Etats-Unis indiquent clairement qu'ils veulent et désirent évidemment que leurs alliés européens soient là où ils mènent leurs guerres (même si elles sont plus ou moins froides), mais plus généralement les Etats-Unis veulent que les Européens soient et se déplacent comme eux le veulent, sans jamais agir de manière autonome.

Dans ce contexte, que faire ? Malheureusement rien, l'UE n'est qu'un grand fourre-tout qui s'effondre et qui a réussi à réveiller un nationalisme renaissant, mais qui n'a aucune intention apparente de se transformer en un véritable État qui prend des décisions dans son propre intérêt.

Le temps nous dira comment les choses évolueront, mais ce qui est certain, c'est que nous semblons toujours aimer nous montrer comme d'humbles serviteurs. Pas étonnant qu'ils nous traitent de cette façon.

Les ombres d'Angela

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Les ombres d'Angela

Lorenzo Vita

Ex: https://it.insideover.com/politica/tramonto-angela-merkel.html

Il est très difficile de comprendre l'héritage d'Angela Merkel. Les élections de fin septembre marqueront la fin du quatrième mandat de chancelière de la figure de proue de la Cdu. Et inévitablement, le moment de faire le point arrive.

Selon de nombreux experts, l'adieu de la chancelière n'est pas ce qu'elle et ses partisans souhaitaient. La "dame de fer" de la politique allemande a toujours donné l'impression qu'elle maîtrisait la situation et que son leadership, tant comme personnage clé de la Cdu que comme cheffesse du gouvernement, semblait sans égal. Pourtant, même Mme Merkel, l'étoile de la politique allemande qui a donné une image de stabilité presque granitique face à une Europe en perpétuelle ébullition, a récemment subi des coups durs.

Et ce coucher de soleil merkelien a aussi le goût d'un adieu amer. La gestion de la pandémie, notamment avec certains blocages, a souvent donné l'impression de ne pas être particulièrement fluide, laissant de nombreux Allemands méfiants. Les inondations qui ont frappé le cœur de l'Allemagne ont également mis en lumière un pays encore fragile face aux fureurs de la nature: des éléments qui, dans un électorat attiré par les Verts, ne sont certainement pas secondaires.

Et enfin, une ombre supplémentaire apparait quant au choix de son successeur, Armin Laschet, que les experts considèrent comme une erreur retentissante. Les sondages les plus récents confirment que la Cdu, pour la première fois depuis des années, pourrait être dépassée par les sociaux-démocrates de la Spd. Et le fait que le ministre des finances, Olaf Scholz, soit considéré par certains comme le véritable héritier de Mme Merkel, est un signe qu'il ne faut pas sous-estimer.

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La fin peu réjouissante d'une longue période de pouvoir ne saurait résumer les quatre mandats de chancelier. Et il serait injuste de réduire Angela Merkel à la dernière étape d'un parcours qui l'a vue passer des décombres du mur de Berlin au sommet de la République allemande. Toutefois, le fait que cette ombre soit tombée comme un voile au cours de la dernière année à la tête du pays permet, d'une certaine manière, de déchirer le voile d'une hagiographie excessive que l'on pourrait écrire sur le leadership de Mme Merkel. Et elle est révélatrice des difficultés inhérentes à l'évaluation de la longue ère de son mandat de chef de file incontesté des chrétiens-démocrates.

En politique intérieure, la capacité de Mme Merkel à diriger le pays face aux différentes crises qui ont frappé l'Europe peut être considérée comme un luxe digne uniquement d'un grand dirigeant. Cette capacité est évidente, à laquelle s'ajoute celle d'avoir créé l'idée de la Grande Coalition comme exemple de gouvernement stable de large accord sans être considéré comme étranger à l'électorat. Pour la Cdu, en outre, la saison de Merkel est aussi celle qui a permis d'éviter l'effondrement du consensus lors de l'explosion des mouvements souverainistes, notamment l'Afd. Et cette capacité à absorber les dérives les plus extrêmes de l'Allemagne s'est surtout manifestée avec la crise des réfugiés en provenance de Syrie, lorsque la multiplication des épisodes criminels de groupes d'étrangers combinée à l'explosion du racisme et de l'antisémitisme a fait craindre que le pays ne sombre dans une spirale de violence. Cela n'a pas été le cas, même s'il ne faut pas oublier que la période merkelienne a également été celle où le terrorisme islamique a frappé le peuple allemand, et où des signes de résurgence du phénomène néonazi sont apparus pour la première fois dans certains appareils d'État. Les forces de défense et de sécurité intérieure ont fait défaut, confirmant non seulement les avertissements de nombreux experts sur les difficultés de la structure militaire allemande, mais aussi les craintes que Berlin ne soit pas en mesure de gérer les engagements extérieurs ou les défis à la sécurité nationale et de garantir la sécurité à l'intérieur de son propre pays.

D'un point de vue économique, l'Allemagne a été le symbole d'un pays caractérisé par une forte croissance, un faible taux de chômage et une grande stabilité financière. Bien qu'il y ait des signes précurseurs de crise, notamment dans la classe moyenne. Et les scandales financiers et industriels (du Dieselgate à Wirecard) ont montré une Allemagne moins attentive aux dangereuses dérives de la finance et de l'industrie nationale. Des taches qui, si elles ne nuisent pas à l'image d'une puissance économique, révèlent certainement un côté sombre que l'on ne peut nier et qui va de pair avec certains signes de difficulté de la part de la population. L'un d'entre eux est le problème de l'immobilier et des loyers.

Le jugement sur la politique étrangère est également complexe. Angela Merkel a tenté, surtout ces dernières années, de faire du poids économique de l'Allemagne un poids politique. L'exemple le plus proche est celui d'avoir "arraché" à l'Italie le lieu où se déroulent les discussions sur la Libye, désormais défini non plus par la réunion de Palerme mais par les sommets tenus à intervalles réguliers à Berlin. Cette démarche est à mettre en parallèle avec la présence allemande dans le dialogue sur le nucléaire iranien, ainsi que dans le jeu plus délicat (pour l'Europe) entre la Russie et l'Ukraine.

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L'Allemagne joue un jeu d'insertion dans les Balkans et d'harmonisation entre les positions de la Grèce et de la Turquie. Elle est également entrée récemment dans le secteur de la défense, devenant un pays extrêmement actif au Sahel et se projetant dans d'autres zones de crise jusqu'à l'Indo-Pacifique. Tout cela sans tenir compte du poids spécifique que Merkel (et avec elle l'Allemagne) a pris en Europe ces dernières années. Le leadership de Mme Merkel est devenu si fondamental que, pendant de nombreuses années, la chancelière allemande était considérée comme la véritable maîtresse de la politique européenne, Bruxelles apparaissant presque comme un protectorat allemand au lieu d'une capitale indépendante des intérêts des différents États.

Mais face à ces nombreuses tentatives de prise de pouvoir, l'Allemagne de Merkel a également montré des faiblesses (et parfois une myopie) qui ont souvent révélé un revers de la médaille sous-estimé. De nombreux experts, par exemple, soulignent qu'il est vrai que la Chancelière a déplacé ses pions pour avoir une Allemagne de plus en plus importante au niveau stratégique, mais cela n'a jamais permis d'avoir une Allemagne véritablement autonome. Dario Ronzoni l'explique dans Linkiesta. Liée aux États-Unis pour l'OTAN, à la Russie pour le gaz et à la Chine pour le commerce, l'Allemagne s'est montrée forte mais jamais indépendante. Et si tout cela a été synonyme de multipolarité, d'un autre côté il ne faut pas oublier que Berlin s'est parfois transformé en un territoire de confrontation plutôt que de pouvoir. Et dans le contexte européen, de nombreux critiques pointent du doigt l'austérité promue par les faucons allemands comme complice (si ce n'est le véritable auteur) à la fois de la crise de la zone euro et de l'explosion des mouvements eurosceptiques et centrifuges qui ont conduit, par exemple, au Brexit. On peut dire la même chose de la question commerciale, puisque la surproduction allemande a également déclenché des crises avec les États-Unis, qui ont également conduit à des tensions sur les tarifs douaniers brandis comme menace par Donald Trump.

Ces analyses laissent de nombreuses questions ouvertes et ne peuvent occulter l'importance d'Angela Merkel dans l'histoire plus récente de l'Allemagne et du continent européen. Mais ce sont des questions qui mènent surtout à une autre question: quel est le véritable héritage de la chancelière. La réponse peut être difficile, mais il est clair que si l'Europe considère Mario Draghi et Emmanuel Macron comme ceux qui seront capables de combler le vide laissé par le dirigeant allemand, nous avons déjà une réponse. Après Merkel, l'Allemagne pourrait ne plus être l'étoile polaire de l'Union européenne. Et c'est déjà un fait qui pourrait faire froncer les sourcils des partisans de la Cdu.

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Vigie d'un monde en ébullition!

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Une nouvelle émission régulière de Radio Méridien Zéro

Vigie d'un monde en ébullition!

Pourquoi ce titre ?

par Georges FELTIN-TRACOL

Pour écouter: https://radiomz.org/vigie-dun-monde-en-ebullition-1-pourq...

Amis de Radio Méridien Zéro,

À compter de ce jour, votre radio numérique préférée s’étoffe d’une nouvelle émission régulière : une chronique hebdomadaire tenue par votre serviteur, Georges Feltin-Tracol. Un grand merci pour leur confiance au Lieutenant Sturm et à toute son équipe qui depuis plus d’une décennie maintenant cingle à travers les vastes océans internautiques. Pour ma part, je franchis l’équateur symbolique qui sépare l’état d’invité à celui d’animateur.

Voici donc « Vigie d’un monde en ébullition ». Que les auditeurs ne soient pas inquiets, je ne commence pas une quelconque transition genrée ! Radio Méridien Zéro se conçoit en navire pirate (ou corsaire). Sur ce galion se trouve au sommet du mât principal un veilleur installé dans une hune, chargé de scruter l’horizon : la vigie. Est aussi vigie le responsable de la surveillance du large depuis le littoral, autorisé à allumer des signaux destinés aux navires côtiers pour qu’ils évitent rochers et faibles fonds marins. Dans les deux cas, la vigie se doit d’être un observateur attentif.

« Vigie d’un monde en ébullition » s’intéresse aux tempêtes qui ponctuent notre monde hyper-moderne (et non post-moderne !). Cette hyper-modernité se caractérise par son extrême liquidité. Zygmunt Bauman a très bien décrit la grande mobilité de notre temps. Avant l’actuelle pandémie,  environ 80 % des échanges mondiaux s’effectuaient par porte-conteneurs. En philosophie géopolitique, la fin de la Guerre Froide dont on assiste à l’achèvement graduel a marqué la victoire de la Mer sur la Terre quand bien même cette dichotomie soit moins tranchée dans les faits.

Le triomphe métaphysique de la Mer explique par conséquent cette ambiance fluide qui s’infiltre partout, du contrat de travail toujours plus flexible aux rapports amoureux inconstants en passant par l’hypertrophie des réseaux sociaux sur Internet. Pour user d’une métaphore marine, l’accélération des très gros « coups de tabac » politiques, sociaux, économiques, culturels et diplomatiques fait que notre époque mouvante entre en ébullition. L’expression se comprend aussi comme la situation du crabe plongé dans une casserole d’eau qui chauffe doucement jusqu’à l’ébouillantement final. Quelle terrible et atroce image pour nous autres, crabes en puissance !

D’une durée variable de cinq à dix minutes, les chroniques de la « Vigie d’un monde en ébullition » couvriront tous les domaines possibles et imaginables. Elles traiteront autant de l’actualité immédiate que de la longue durée. Au gré des circonstances, elles concerneront un ouvrage, un film, une série télévisée, une personnalité, une idée, etc. Elles apporteront un regard différent et, disons-le, décalé aux flots médiatiques du monde. La bande sonore qui les accompagne provient de Vangelis puisqu’on aura reconnu le générique de fin du fantastique film de Ridley Scott sorti en 1982 Blade Runner.

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Qu’on se rassure toutefois, ces chroniques ne seront jamais neutres et consensuelles. Leur point de vue sera toujours européen de France, solidariste – justicialiste et révolutionnaire-conservateur. On a beau subir une époque liquide, elles ne déverseront pas de l’eau tiède. Symbole du café du commerce virtuel et vain, les commentaires seront bien sûr fermés.

Et comme on le disait peut-être sur l’Île de la Tortue au XVIIe siècle, salutations flibustières !

 

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 1, mise en ligne sur Radio Méridien Zéro, le 14 septembre 2021.

jeudi, 16 septembre 2021

Face au "Nouvel Ordre Elitaire", soulèvement ou soumission? Avec Michel MaffesoIi sur Zone Libre

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Face au "Nouvel Ordre Elitaire", soulèvement ou soumission?

Avec Michel MaffesoIi sur Zone Libre

 
Dans ce live Zone Libre, Paul Fortune, épaulé par Ludwig, reçoit Michel Maffesoli pour parler de son livre L'ère des soulèvements. Les peuples sont-ils sur le point de secouer le joug des élites ou se laisseront-ils soumettre ? Michel Maffesoli nous parle des soulèvements qu'il voit poindre à l'horizon.
 
 
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mercredi, 15 septembre 2021

Les Balkans: une crise permanente

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Les Balkans: une crise permanente

L'Europe de l'Est dans une nouvelle situation géopolitique

Ex: https://katehon.com/ru/article/balkany-permanentnyy-krizis

Bulgarie : une troisième élection ?

Depuis le début de l'année 2021, la Bulgarie se trouve dans un état de crise politique permanente. Dans le contexte des manifestations de masse contre le parti libéral de droite au pouvoir, le GERB, des élections législatives ont été organisées début avril. En conséquence, aucune des forces politiques n'a été en mesure de former un gouvernement. De nouvelles élections ont eu lieu en juin. Cependant, aucun gouvernement n'a encore été formé.

Le parti de protestation, qui porte pour nom "Il existe de telles personnes", dirigé par le présentateur de télévision Slavi Trifonov (photo), a remporté le plus grand nombre de voix lors des élections de juin. Mais l'équilibre des pouvoirs au Parlement est tel qu'il est très peu probable qu'un gouvernement soit formé. La Bulgarie doit donc affronter sa troisième élection parlementaire en un an.

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Lors des élections de juin, le GERB et le parti de M. Trifonov, qui se distingue par l'absence d'une idéologie claire, ont obtenu un nombre de sièges à peu près égal - 65 et 63 - mais n'ont pas pu former un gouvernement, car il a besoin d'un partenaire parmi les partis libéraux minoritaires, mais refuse simultanément de soutenir l'une ou l'autre des deux forces politiques.  Le président bulgare Rumen Radev a confié le mandat de former un gouvernement au "Parti socialiste bulgare", arrivé troisième aux élections. Si cette troisième tentative de formation d'un cabinet échoue également, le chef de l'État dissoudra le Parlement et décidera d'un troisième tour d'élections législatives anticipées.

En général, toutes les forces politiques qui se partagent le pouvoir en Bulgarie se distinguent par leur orientation vers l'OTAN et l'UE. Les populistes de "droite", populaires auparavant, ont perdu toute crédibilité. "Le parti socialiste bulgare - également pro-OTAN et pro-UE mais exploitant des sympathies pro-russes - a également perdu ses anciens soutiens.

Dans le contexte de la crise politique que traverse la Bulgarie, le lobby occidental s'est employé à attiser le sentiment anti-russe. En mars 2021, plusieurs personnes soupçonnées d'espionnage pour la Russie ont été arrêtées en Bulgarie. Il s'agit de la sixième arrestation depuis 2019 pour des accusations similaires.

Le service russe de renseignement extérieur a commenté l'arrestation des "espions" dans le cadre d'une campagne visant à accroître la russophobie en Bulgarie : "Selon les informations reçues, les services de renseignement américains ont lancé une campagne à grande échelle visant à compromettre les personnalités politiques et publiques des pays d'Europe orientale qui prônent le développement de relations de bon voisinage avec la Russie. A cette fin, les agents et les organisations non gouvernementales financés par les agences officielles américaines sont mobilisés.

En Bulgarie, l'organisation Bellingcat, déjà mentionnée, a tenté de promouvoir un scandale avec une implication russe présumée dans les attentats à la bombe en République tchèque en 2014. Ses représentants ont déclaré que l'attentat visait les activités du marchand d'armes bulgare Emelian Nagrev, qui stockait des armes et des munitions en République tchèque pour les envoyer en Ukraine.

Serbie et Monténégro : entre eurasisme et atlantisme

En juillet 2021, le gazoduc Balkan Stream, une branche du Turkish Stream, a atteint la Hongrie. Il a fallu un peu plus d'un an et demi pour faire passer le gazoduc par la Serbie. Au cours de l'année et demie précédente, on a essayé de construire le pipeline à travers la Bulgarie, en rencontrant de nombreux obstacles. La Serbie a démontré qu'elle était un partenaire plus fiable pour la Russie.

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Dans l'ensemble, les dirigeants serbes maintiennent des liens avec l'Occident et une orientation générale vers l'adhésion à l'UE, qu'ils combinent toutefois avec un nationalisme serbe occasionnel et des sentiments pro-russes.

Parmi les exemples de l'utilisation de l'agenda nationaliste, citons les contacts entre Aleksandrov Živuć et le membre serbe de la présidence de Bosnie-Herzégovine Rostislav Godik, les contacts entre la Serbie et la Republika Srpska et l'utilisation du syntagme "monde serbe" par les dirigeants serbes.

Les dirigeants serbes s'opposent à l'élargissement de la liste des pays qui ont reconnu l'indépendance du Kosovo. Toutefois, l'attitude de Belgrade à l'égard des États-Unis reste la plus bienveillante. Les États-Unis ont soutenu l'initiative visant à créer un espace économique commun entre la Serbie, le nord de la Macédoine et l'Albanie - Opera Balkan. Cette initiative est soutenue par l'administration Vucic, mais les autorités sécessionnistes du Kosovo refusent de rejoindre le bloc.

Les négociations entre Pristina et Belgrade, par lesquelles les États-Unis et l'UE espèrent faire avancer la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo et l'absorption ultérieure de la Serbie dans les structures de l'UE et de l'OTAN, ont jusqu'à présent peu progressé. Les résultats des élections de mars 2020 au Kosovo n'y ont pas contribué non plus. Le leader du mouvement d'autodétermination, Albin Kurti (photo), qui est farouchement opposé à tout compromis avec Belgrade, est devenu premier ministre. Kurti est orienté vers les cercles de gauche-libéraux en Europe et le parti démocrate américain.

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La Bosnie reste un point d'instabilité potentiel, où le chef du bureau du Haut Représentant, l'Autrichien Valentin Inzko, avec le soutien des communautés croates et musulmanes, a fait passer une loi criminalisant la non-reconnaissance du "génocide" de Srebrenica. La loi est dirigée contre la Republika Srpska.

L'une des principales vulnérabilités des élites des Balkans est la corruption et les liens avec la mafia (principalement la mafia de la drogue). Cela permet aux Atlantistes de contrôler les élites de ces pays et d'exercer une pression en faisant chanter les représentants du gouvernement et des entreprises. Ces derniers mois, des accusations de liens avec la mafia ont également été utilisées contre le président serbe Aleksandar Vučić.

En juin, le parlement monténégrin a adopté une résolution sur le "génocide de Srebrenica". En substance, elle interdit de considérer les événements tragiques de 1995 dans cette localité bosniaque comme autre chose qu'un "génocide". La résolution a démontré la faiblesse du gouvernement de Zdravko Krivokapic, qui dépend du soutien des partis libéraux pro-occidentaux. Le fait qu'il ait été poussé par le président Milo Djukanovic et soutenu par Krivokapic montre que Djukanovic reste une personnalité politique sérieuse, capable de faire passer des solutions qui éloignent le Monténégro de la Serbie.

L'accord entre l'Église orthodoxe serbe et le Monténégro a également causé des difficultés. Krivokapic devait signer un accord de base sur le statut juridique de l'Église orthodoxe serbe au Monténégro en mai 2021, mais ne l'a pas fait. L'Église orthodoxe serbe a reçu l'accord modifié au début du mois d'août et ne fait encore que s'y familiariser. Zdravko Krivokapic a justifié son refus de normaliser les relations avec l'UOC (d'autres confessions du pays ont déjà de tels accords avec l'État) par la crainte d'être arrêté sous prétexte de violer la constitution du Monténégro. Krivokapic a déclaré qu'il ne se rendrait pas dans la capitale historique du Monténégro, Cetinje, pour la cérémonie d'intronisation du nouveau métropolite du Monténégro, le prêtre Joannikije, le 5 septembre 2021.

Le régime de Milo Djukanovic a été renversé par des protestations contre sa politique anti-églises. La grande majorité des Monténégrins sont des fidèles de l'Église orthodoxe serbe. Cependant, pour l'Occident, il est important de briser l'unité spirituelle des Serbes et des Monténégrins, car les Serbes sont perçus comme le facteur continental le plus important.

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L'intronisation du Métropolite Joannikije (photo), le 5 septembre, s'est déroulée dans un contexte d'agitation des nationalistes monténégrins soutenus par Milo Dukanovic. Le conseiller de Milo Djukanovic, Veselin Velovic, figurait parmi les instigateurs de l'émeute détenus par les forces de l'ordre. Jusqu'à présent, les nationalistes monténégrins d'orientation atlantiste n'ont pas réussi à influencer sérieusement la situation de l'Église. Cependant, ils ont montré leur force, ce qui signifie que l'Occident - et surtout les États-Unis - soutiendra cette tendance comme étant prometteuse. Zravko Krivokapic s'est révélé être un politicien faible, facilement soumis à la pression et incapable de défendre le choix des Monténégrins orthodoxes qui l'ont porté au pouvoir - le choix en faveur de l'amitié avec la Serbie et de la protection de l'église canonique.

Albanosphère

L'Albanie, la Macédoine du Nord et le Kosovo continuent de mener des politiques extrêmement pro-américaines. Par exemple, les trois pays ont accepté d'accueillir des réfugiés d'Afghanistan après le retrait des troupes américaines de ce pays. Dans tous ces pays, y compris en Macédoine du Nord, le rôle principal est joué par des élites albanaises étroitement liées à la mafia de la drogue. En Macédoine du Nord, le gouvernement du social-démocrate atlantiste Zoran Zaev est au pouvoir et dépend entièrement des partis albanais. La majorité slave de ce pays est devenue l'otage de facto d'une minorité de libéraux et d'Albanais, faisant de la Macédoine du Nord un pays albanais de facto.

En août 2020, ces trois pays ont déclaré à l'unanimité qu'ils étaient prêts à accueillir des réfugiés afghans, en coopérant pour la plupart avec les États-Unis. Outre l'aspiration à plaire au partenaire étranger, on peut y voir les intérêts de la mafia albanaise de la drogue intéressée par le renforcement des communications avec l'Afghanistan et l'ajustement des communications avec les réseaux de drogue de ce pays. C'est précisément la mafia albanaise de la drogue qui contrôle de facto les frontières communes de l'Albanie, de la Macédoine du Nord et du Kosovo.

Albin Kurti, le premier ministre du Kosovo depuis mars 2021, n'a pas modifié la politique étrangère des séparatistes de Pristina. En avril, M. Kurti a voté par défi aux élections en Albanie, soulignant qu'il possède une double nationalité. Nationaliste albanais et atlantiste, il est aussi anti-serbe que les anciens dirigeants de la République autoproclamée du Kosovo.

Une extension de la sphère du séparatisme albanais a été l'entrée de la municipalité serbe de Bujanovac dans l'"Union des communautés albanaises" à l'été 2021. Cette organisation comprend Tirana, Pristina, Presevo (Serbie), Tetovo (Macédoine du Nord) et Ulcinj (Monténégro). En novembre 2020, le ministre albanais des Affaires étrangères, Gent Cacaky, a déclaré que Tirana soutiendrait les Albanais du sud de la Serbie qui seraient victimes de discrimination.

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Le Kosovo, l'Albanie et la Macédoine du Nord continuent de renforcer leurs liens avec la Turquie.  Ankara a généralement manifesté sa volonté de développer des relations avec tous les pays de la région, y compris la Serbie, et lors de la tournée d'Erdogan dans les Balkans (Bosnie-Herzégovine-Monténégro) en août 2021, ce dernier a déclaré que "la Turquie a une responsabilité historique" envers les pays de la région. L'Albanie développe des liens militaires étroits avec la Turquie, fournissant une base sur l'Adriatique pour la marine turque. L'Albanie et le Kosovo achètent des armes turques. En juin, Tirana a annoncé sa décision d'acheter des drones turcs pour un montant de 8,2 millions d'euros.

Dans l'ensemble, cependant, les perspectives d'adhésion des Balkans à l'UE restent faibles. Par exemple, les négociations sur l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'UE sont bloquées par la Bulgarie en raison du différend sur l'histoire et l'identité du pays (la Bulgarie considère la population slave du pays non pas comme une nation distincte - les Macédoniens, mais comme des Bulgares). La France, les Pays-Bas et le Danemark, pour leur part, bloquent les négociations entre l'UE et l'Albanie. L'UE, qui connaît de nombreux problèmes internes au milieu d'une pandémie de coronavirus, démontre son incapacité à accepter que des pays corrompus, criminels et pauvres assument la responsabilité de leur développement. Les pays des Balkans avaient espéré que l'adhésion à l'OTAN serait le premier tremplin vers l'adhésion à l'UE, associée à la perspective de la prospérité économique. Aujourd'hui, pour les membres de l'OTAN comme l'Albanie et la Macédoine du Nord, l'adhésion à l'UE semble une perspective lointaine et la "prospérité" économique un objectif insaisissable.