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jeudi, 29 octobre 2020

État de droit, état d’impuissance ?

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État de droit, état d’impuissance ?

 
 
Ex: https://www.bvoltaire.fr

Après chaque attentat commis en France, les coups de menton du gouvernement se répètent, sempiternels et quasi à l’identique : « Les auteurs de ces attentats seront châtiés, la Justice passera. » On se souvient des déclarations de Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur, à la suite des attentats de 1986 : «  Nous allons terroriser les terroristes… » Il me précisa, lors d’un entretien, que la formule n’était que de communication afin de rassurer l’opinion, le gouvernement n’ayant aucun indice pour frapper les terroristes. Par la suite, les mesures effectives de répression se sont souvent perdues dans les méandres des procédures, judiciaires ou autres.

Après l’odieux assassinat de , Gérald Darmanin annonce l’expulsion de 231 islamistes radicalisés : belle décision, mais sera-t-elle suivie d’effet ?

Jean-Éric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel, analyse avec une grande lucidité, dans un article publié par Le Figaro du 22 octobre dernier, les raisons de l’incapacité d’agir des gouvernements. Les autorités françaises se sont laissées enfermer dans les carcans juridiques des multiples textes de défense des droits de l’homme, interprétés strictement par le Conseil d’État, la Cour de cassation, le Conseil constitutionnel, la Cour européenne de Justice et la Cour européenne des droits de l’homme ().

Jean-Éric Schoettl appelle à modifier la et à renégocier les traités européens pour restaurer notre souveraineté et la primauté des lois françaises sur la jurisprudence des cours qui n’ont de cesse d’encadrer et de limiter l’action régalienne de l’État dont la mission essentielle, ne l’oublions pas, est d’assurer la sécurité des Français.

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Dans l’actuel État de droit, tous les domaines d’action régaliens sont strictement encadrés par la jurisprudence des cours susmentionnées : le regroupement familial, la liberté d’association, l’expulsion des étrangers, le droit d’asile.

Dans ces conditions, la loi nationale est suspendue aux décisions des juges et souvent invalidée. Le vrai législateur n’est plus le Parlement mais les juges. Le gouvernement est sous contrôle permanent, les ministres sont devenus du gibier de mise en examen devant la Cour de justice de la République ! La judiciarisation de notre société est une dérive inacceptable qui paralyse l’action gouvernementale de l’État.

Chaque action des pouvoirs publics doit être, au préalable, analysée au regard des risques juridiques, voire pénaux encourus. Cette situation n’est pas sans rappeler la scène de Louis Jouvet jouant le rôle d’un chef de bande qui préparait ses actions en étudiant scrupuleusement… le Code pénal !

La paralysie de l’action régalienne du gouvernement est incompréhensible pour nos concitoyens qui accueillent au premier degré les déclarations martiales… sans suite ! Cela ne peut perdurer au risque de ruiner, à jamais, toute confiance dans l’autorité.

Il est urgent de restaurer l’autorité de l’État en rétablissant l’ordonnancement juridique naturel fondé sur le suffrage universel national, seul juge dans une démocratie souveraine. Cela passe par une révision constitutionnelle qui rétablisse la supériorité des lois sur les traités et accords internationaux antérieurs (article 55) et précise que l’expulsion des étrangers relève uniquement de l’autorité administrative, en écartant le juge judiciaire (article 66).

Ces propositions vont faire pousser des cris d’orfraie à tous les tenants du « politiquement correct » et à tous les défenseurs qui ont investi en masse ces domaines, que ce soit à titre professionnel ou, pis encore, au nom de leur idéologie.

Mais il y a urgence à agir pour restaurer l’autorité de l’État, car la situation présente nourrit l’extrémisme et les solutions radicales. Il faut, dans le monde inextricable des procédures, trancher le nœud gordien, sans attendre.

Les Technocrates contre le pays réel

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Les Technocrates contre le pays réel

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: https://www.insolent.fr

mercredi, 28 octobre 2020

Valle des Los Caídos : pourquoi tant de polémiques autour d’un temple chrétien?

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Valle des Los Caídos : pourquoi tant de polémiques autour d’un temple chrétien?
 
par Arnaud Imatz
Ex: https://lanef.net

Inaugurée en 1959 par le général Franco et consacrée basilique pontificale en 1960 par le Cardinal Gaetano Cicognani au nom du pape Jean XXIII, la Santa Cruz del Valle de los Caídos (Sainte-Croix de la vallée des morts au combat), fait de plus en plus l’objet de critiques et de condamnations. Les polémiques sur sa signification et sa destination future ont même atteint un sommet, en 2019, à la suite de la décision du gouvernement espagnol de procéder à l’exhumation du corps de Franco. Mais pourquoi tant de controverses autour de ce temple chrétien ?

Il y a déjà des années, Maria Teresa Fernández de la Vega, vice-présidente du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero (2004-2011) souhaitait en faire « un musée de la dictature ». Le président du Forum pour la mémoire voulait qu’il soit converti en musée « des horreurs de la répression ». Plus radical encore, l’écrivain socialiste d’origine irlandaise, Ian Gibson, inconsciemment marqué par les islamistes démolisseurs des Bouddhas de Bamiyan, suggérait sa destruction par dynamitage.

La loi sur la mémoire historique, du 26 décembre 2007, avait provisoirement tranché : la basilique de la Vallée des morts au combat devait continuer d’être un lieu de culte catholique, mais les concentrations politiques y seraient interdites. Cette solution semblait somme toute raisonnable car le monument, alors le plus visité d’Espagne après le palais royal et l’Escurial, était considéré comme une partie intégrante du patrimoine historico-culturel espagnol. Mais la trêve a été de courte durée.

Au lendemain de son arrivée au palais de la Moncloa, en juin 2018, prenant exemple sur son prédécesseur socialiste José Luis Rodriguez Zapatero (2004-2011), Pedro Sánchez a délibérément relancé la bataille idéologique et mis un terme définitif à l’esprit de la Transition démocratique (1976-1982) qui avait été unanimement loué par la presse internationale. Dès le 15 février 2019, le gouvernement de Sánchez s’est engagé à procéder au plus vite à l’exhumation de la dépouille du dictateur Francisco Franco enterré quarante-trois ans plus tôt dans le chœur de la basilique du Valle de los Caídos. Par la suite, moins d’un an après avoir réalisé le transfert des cendres, le 15 septembre 2020 la coalition gouvernementale socialo-communiste (PSOE-Podemos), a adopté un « Avant-projet de loi de mémoire démocratique » au nom de la « justice historique » et du combat contre « la haine », « le franquisme » et « le fascisme », afin de compléter et de parfaire la loi de mémoire historique de 2007. Le gouvernement socialo-communiste espagnol entend promouvoir la réparation morale des victimes de la guerre civile et du franquisme, « garantir aux citoyens la connaissance de l’histoire démocratique espagnole » et condamner à de lourdes amendes « l’apologie du franquisme et l’incitation à la haine ou à la violence contre les victimes du coup d’État et de la dictature franquiste ».

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Le terrible bilan de la guerre d’Espagne et de ses antécédents (avec notamment le coup d’État socialiste de 1934) et celui de la répression dans l’un et l’autre camp est à ce jour bien connu des historiens. Le coût humain se distribue de façon relativement équilibré bien qu’il ne puisse tenir compte de la diminution régulière du territoire du camp républicain au cours des trois années de conflit : 71 500 morts au combat pour les nationaux et 74 000 pour les républicains, 57 000 victimes d’assassinats et d’exécutions sommaires chez les « nationaux », dont 6964 religieux, et 51 000 chez les « républicains ». Cet équilibre n’est finalement rompu que par les 28 000 exécutions de républicains au lendemain du conflit.

En 1976, lors de l’instauration de la démocratie, la classe politique espagnole désirait avant tout surmonter le passé. Il ne s’agissait pas de l’oublier, comme on le dit trop souvent aujourd’hui, mais de regarder résolument vers l’avenir et de refuser de s’emparer du sujet pour attiser les rancœurs et les luttes partisanes. Cet esprit de la Transition démocratique – esprit de pardon réciproque et de concertation entre gouvernement et opposition –, a désormais vécu. Le pouvoir et les principaux médias ne veulent plus y voir qu’une manipulation éhontée de la justice et de l’histoire, une lâcheté inacceptable. La nation, la famille, la religion (le catholicisme bien sûr, mais aussi plus généralement le christianisme) sont redevenues des cibles privilégiées de la propagande. Le gouvernement de coalition du président Pedro Sánchez (socialiste en rupture avec le modérantisme idéologico-culturel du socialiste Felipe González) et du vice-président Pablo Iglesias (leader de Podemos, parti de marxistes-léninistes et de populistes d’extrême gauche admirateurs des modèles « bolivarien » ou « venezuelien ») n’a de cesse de ranimer la bataille idéologique et de fomenter l’agitation sociale.

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Au fil des ans, le Valle de los Caídos est devenu l’un des piliers de la mythologie « progressiste ». Il est aussi, pour d’autres, un symbole de la lutte pour la liberté d’expression et de culte. Situé à 58 kilomètres de Madrid, l’imposant mausolée de la Sierra de Guadarrama, où reposent à parts égales les restes de 33 847 nationaux et républicains (dont plus de 21 000 identifiés et plus de 12 000 inconnus), a été conçu à l’origine par Franco et les franquistes comme un monument devant perpétuer le souvenir de la « glorieuse Croisade ». C’était le point de vue de l’Église et en particulier celui du cardinal catalan, Primat d’Espagne, Plá y Deniel, en 1945. La composante religieuse avait été, rappelons-le, décisive lors du soulèvement de juillet 1936 et pendant toute la durée de la guerre civile (1936-1939). Près de 7000 prêtres, religieux et religieuses avaient été assassinés (sans compter les milliers de laïcs, éliminés en raison de leur foi), le culte religieux avait été interdit (sauf au Pays Basque) et la destruction des édifices religieux avait été systématique. Quinze ans plus tard, les esprits enfin un peu calmés, le monument avait été présenté officiellement comme un hommage aux combattants des deux camps « au nom de la réconciliation ». Le décret-loi du 23 août 1957 ordonnait d’ailleurs sans ambiguïtés : « En conséquence, ce sera le Monument à tous les morts au combat, sur le sacrifice desquels triompheront les bras pacifiques de la Croix ».

Abrité à l’intérieur de la montagne et couronné d’une Croix monumentale, le temple colossal a été construit entre 1940 et 1958. La direction de l’ouvrage a d’abord été confiée à l’architecte Basque Pedro Muguruza, puis au madrilène Diego Méndez. Ses dimensions pharaoniques permettent d’accueillir 24 000 personnes. La nef ne mesure pas moins de 262 mètres et le transept culmine à 41 mètres. Sur l’esplanade extérieure ce sont pas moins de 200 000 personnes qui peuvent se rassembler. La majestueuse Croix, œuvre de l’architecte Pedro de Muguruza, s’élève à 150 mètres, hauteur à laquelle il faut ajouter les 1400 mètres d’altitude du Risco de la Nava. Deux voitures pourraient se croiser dans les bras de la Croix, qui mesurent chacun 45 mètres de long.

f625ebedf4ebaef2aec8b10186c777e5.jpgJuan de Avalos est le créateur des sculptures, en particulier des gigantesques têtes d’évangélistes au pied de la Croix. Avant la guerre civile, il militait dans les rangs des jeunesses socialistes et détenait la carte d’adhérent nº 7 du parti socialiste de Mérida. Autre détail piquant, le Christ qui domine l’autel majeur et qui repose sur une croix dont le bois de genévrier a été coupé par Franco, est l’œuvre d’un nationaliste basque, le sculpteur Julio Beobide, disciple du célèbre peintre Ignacio Zuloaga. C’est enfin un artiste catalan, Santiago Padrós, qui a conçu et réalisé l’impressionnante mosaïque de la coupole de la basilique (40 mètres de diamètre).

L’édifice religieux comprend non seulement une église monumentale – qui a été visitée et admirée par les futurs papes Jean XXIII et Benoît XVI – mais aussi une abbaye bénédictine et une auberge pour les visiteurs. Jusqu’à la Transition démocratique, il y avait un Centre d’Études Sociales, dont l’objectif était d’étudier, de rassembler et de diffuser la doctrine sociale de l’Église, afin qu’elle inspire les lois, et l’action des hommes d’affaires et des syndicats. L’idéologie du régime de Franco était on le sait marquée par la volonté de reconstruire un État avant tout catholique. C’était pour cette raison que le pape Pie XII avait conféré au généralissime l’Ordre suprême de Notre Seigneur Jésus-Christ, plus haute distinction du Saint-Siège.

L’histoire de la construction de l’ouvrage est l’objet de tous les fantasmes. Les grands médias ont fait état des chiffres les plus extravagants. Le nombre des prisonniers politiques qui auraient travaillé sur le chantier se serait élevé à 14 000 ou 20 000 hommes (voire même selon certains à 200 000). C’est du moins ce qui a été répété à satiété à la suite des élucubrations du socialiste Léo Brincat, responsable du projet de recommandation du Conseil de l’Europe condamnant le régime franquiste (4 novembre 2005). Le chiffre exact des travailleurs-prisonniers n’a pourtant jamais excédé 800 à 1000 hommes, soit moins de la moitié de la totalité des travailleurs présents sur le chantier (prisonniers et salariés libres). À la fin de 1943, la presse espagnole faisait état d’un total de 600 ouvriers. L’architecte, Diego Méndez, affirme pour sa part, dans son livre Valle de los Caídos, Idea, proyecto y construcción, que 2000 hommes au total ont travaillé au Valle entre 1940 et 1958.

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L’un des rares chercheurs, sinon le seul, qui a pris la peine d’analyser méthodiquement le fonds documentaire Valle de los Caídos, aux Archives générales du Palais royal de Madrid (Section administrations générales) est le professeur d’histoire à l’Université CEU San Pablo de Madrid, Alberto Bárcena Pérez, auteur d’une thèse sur la « Redención de penas en el Valle de los Caídos » (La rédemption des peines à la Vallée des morts au combat), et d’un livre sur « Los presos del Valle de los Caídos (Les prisonniers du Valle de los Caídos). Il s’agit de 69 boîtes, dont les milliers de documents lui ont permis de démolir l’image caricaturale qui assimile sans nuances le chantier du Valle aux pires camps de concentration nazis voire, plus rarement, au Goulag soviétique. Les archives de l’ancien Centre d’études sociales du Valle font état d’un chiffre total précis : 2643 travailleurs dont une minorité de prisonniers politiques qui, en principe, « devaient être volontaires et avoir choisi librement le système de réduction de peine par le travail », soit, d’abord, 2 jours de réduction de peine pour un jour de travail, puis, 6 jours pour un jour.

Alberto Barcena précise que les détenus ont effectué les mêmes travaux que les travailleurs libres, dans des conditions identiques de salaires, d’horaires et de nourritures. Les détenus et les travailleurs libres étaient tous embauchés par les entreprises chargées des travaux. Ils devaient présenter leur demande par l’intermédiaire du Patronato de Nuestra Señora de la Merced ou Centre national pour la rédemption des peines, qui avait été crée à cet effet et qui avait son siège au Ministère de la justice. Le salaire des détenus (fixé en fonction de leurs charges familiales) était divisé en trois parties : la partie principale était envoyée directement aux familles par l’intermédiaire des « Comités locaux pro-prisonniers », qui couvraient la majeure partie du territoire national ; une deuxième partie était placée sur un livret dont le montant total était reversé au moment de la libération du détenu ; enfin, une troisième partie était remise en main propre. Les prisonniers politiques ne touchaient pas 0,5 ou 1 peseta par jour comme on l’a souvent écrit, mais 7, puis 10 pesetas, plus des primes pour les travaux dangereux. Leurs familles pouvaient résider dans les baraquements du Valle prévus à cet effet. Les conditions de travail étaient bien sûr extrêmement dures et les salaires plus que modestes, mais il faut rappeler que le niveau de vie en Espagne était alors très bas puisque le salaire moyen d’un assistant d’université s’élevait à peine à 300 pesetas par mois.

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En 1950, neuf ans avant la fin des travaux, en vertu du système de remise de peine, il n’y avait plus un seul prisonnier politique au Valle de los Caídos. Selon les témoignages du docteur, médecin-chef, Angel Lausin et de l’infirmier Luis Orejas (deux partisans du Front Populaire, qui arrivèrent dès le début du chantier comme prisonniers politiques, et qui y restèrent, après avoir exécuté leur peine), en dix neuf ans de travaux, il y eut entre quatorze et dix-huit morts (auxquels il faut ajouter plus de cinquante victimes décédées en raison de la silicose). Enfin, le monument ne fut pas financé par le contribuable espagnol, mais par des dons privés et par les bénéfices de loteries annuelles.

Ultime avatar de l’histoire : la dernière volonté du vieux dictateur Francisco Franco, décédé le 20 novembre 1975, ne fut pas respectée. Le Caudillo souhaitait être enterré au cimetière du Pardo comme d’autres personnalités du régime, mais le chef du premier gouvernement de la Transition, Arias Navarros (1973-1976) et le nouveau chef d’État Juan Carlos (proclamé roi le 22 novembre 1975) en décidèrent autrement. Le roi demanda à la communauté bénédictine, gardienne du Valle et du culte de la basilique, l’autorisation d’enterrer le corps de Francisco Franco au pied de l’autel en face de la sépulture de José Antonio Primo de Rivera, ce qui fut fait, en grande pompe, le 23 novembre 1975.

Quarante-trois ans plus tard, l’exhumation du cadavre de Franco ne pouvait manquer de raviver de vieilles blessures. L’ignorance et la méconnaissance insondables de la majorité des hommes politiques et des journalistes français en matière d’histoire d’Espagne, expliquent l’incompréhension et le parti pris avec lesquels la bataille juridico-politique qui l’a précédée a été accueillie par les grands médias de l’Hexagone. Les explications données par eux ayant été aussi rares que superficielles, il n’est pas inutile de rappeler ici quelques faits ignorés ou passés sous silence.

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La basilique est un lieu de culte dont l’inviolabilité est garantie par un traité international sur la liberté religieuse, signé par l’Espagne et le Saint-Siège en 1979 ; les bénédictins, responsables du monument, dépendent non pas du Vatican mais de l’autorité de leur abbé et de celle l’abbé de l’abbaye de Solesmes supérieur de leur ordre ; la famille Franco a demandé que la dépouille du Caudillo soit transférée dans le caveau familial de la Cathédrale de la Almudena (Madrid), solution jugée inacceptable par le gouvernement socialiste ; enfin, le décret-loi royal a été la source de complications en raison du caractère improvisé de sa rédaction. L’application stricte de ses clauses pouvait entrainer l’exhumation immédiate de 19 moines bénédictins et de 172 personnes, tous morts et enterrés dans le monument après la fin de la guerre civile. Finalement, après que le Tribunal Suprême a donné son aval, la volonté politique du gouvernement a pu s’imposer. Les forces de l’ordre ont procédé à l’exhumation le 24 octobre 2019.

Mais à peine quelques mois plus tard, en pleine pandémie de Covid-19, le gouvernement socialo-communiste a clairement manifesté sa volonté de ne pas en rester là. Il a adopté, le 15 septembre 2020, un « Avant-projet de loi de mémoire démocratique », prévoyant que les moines bénédictins seront expulsés et que José Antonio Primo de Rivera, pourtant lui-même une victime de la guerre civile, sera aussi exhumé. Pendant des mois, un bon nombre de voix officielles ou autorisées se sont jointes aux associations de familles de victimes républicaines pour exiger que des recherches ADN soient effectuées sur les cadavres enterrés dans l’ossuaire du Valle de los Caídos afin de pouvoir récupérer les dépouilles de leurs ancêtres.

Mais l’affaire n’est pas simple. Les restes des 33 847 nationaux et républicains (dont plus de 21 000 identifiés et plus de 12 000 inconnus) sont pour la plupart inextricablement mêlés, du fait des dégradations et des ravages du temps, et un grand nombre de familles refusent que l’on viole la sépulture de leurs aïeux. L’avant-projet de loi prévoit par ailleurs de donner une nouvelle « signification » au monument. La basilique sera-t-elle profanée et reconvertie en ossuaire laïc ou en musée de la guerre civile ? La Croix chrétienne monumentale sera-t-elle démolie ? Les 57 martyrs béatifiés par l’Église, actuellement enterrés dans la chapelle Virgen del Pilar, seront-ils aussi déterrés et déplacés ?

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Ces différentes options sont ouvertement envisagées par les autorités et régulièrement commentées dans les principaux médias. La vice-présidente socialiste, Carmen Calvo, a fait savoir qu’il n’y a pas de « symétrie » possible entre les actes imputables aux ennemis de la démocratie et ceux commis par ses défenseurs ; en d’autres termes, que le camp du « bien » et le camp du « mal » ne sauraient être comparés. Quant au vice-président communiste-léniniste, Pablo Iglesias, il ne cache pas son intention d’abolir la monarchie, déclarant sans détour que « la tâche politique fondamentale » est désormais d’avancer résolument « vers l’horizon républicain ».

Le gouvernement espagnol a l’intention de soumettre au parlement tout un ensemble de projets de lois (sur l’euthanasie, l’interruption de grossesses, l’éducation, le choix en matière de genre, etc.) qui heurte de front les conceptions chrétiennes de la vie et le magistère de l’Église. Lors de l’audience accordée à Pedro Sánchez et à la délégation gouvernementale espagnole, au Vatican, le 24 octobre dernier, le Pape François a rappelé significativement que « les idéologies rendent sectaires et déconstruisent », et qu’un homme politique doit « construire la patrie avec tous ». Mais il est à craindre qu’il n’ait pas été entendu.

Les chrétiens espagnols ont été victimes d’une terrible persécution religieuse pendant la guerre civile. L’Église a béatifié 1915 martyrs de la foi dont 11 ont été canonisés (471 par Jean-Paul II, 530 par Benoît XVI et 914 par François, auxquels une cinquantaine devrait bientôt venir s’ajouter). Doit-elle aujourd’hui rester silencieuse et muette devant l’insolite regain d’agressions et de provocations dont elle est à nouveau l’objet ?

Le gouvernement espagnol ne semble plus rechercher la paix qu’à travers la provocation et l’agitation ; la justice prend la forme de la rancœur ; la démocratie, née de l’esprit de la Transition, se voit bafouée de plus en plus ouvertement. Après plusieurs décennies de relative sérénité, l’Espagne affronte ses moments les plus difficiles depuis la Guerre civile. Rattrapée par ses vieux démons, elle s’enfonce inexorablement dans une crise morale, politique, sociale, sanitaire et économique d’une ampleur dramatique.

Arnaud Imatz

Arnaud Imatz, historien et politologue, né à Bayonne en 1948, est docteur d’Etat en sciences politiques. Fonctionnaire international à l’OCDE puis administrateur d’entreprise, il a notamment publié José Antonio et la Phalange Espagnole et La Guerre d’Espagne revisitée. Auteur de nombreux articles parus en Europe et en Amérique, il a contribué à faire redécouvrir en France l’œuvre de José Ortega y Gasset et de Juan Donoso Cortés. Dernier livre paru : Droite/gauche, pour sortir de l’équivoque (Pierre-Guillaume de Roux, 2016).

© LA NEF le 28 octobre 2020, exclusivité internet

mardi, 27 octobre 2020

Cambio de situación política - Tesis sobre el europeísmo - Volviendo al sol

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Cambio de situación política

Tesis sobre el europeísmo

Volviendo al sol

Crónica. Nueva etapa

**La moción de censura abre una nueva etapa en la política española. Cada cual se ha puesto  en su sitio. Es el hecho político más relevante desde la condena del 18 de julio por Aznar, a partir del cual toda la política se resume en un progresivo socavamiento de la democracia y de la unidad nacional. El resultado de la moción es el dato nuevo y decisivo, 

**Ahora parece que hay alternativa. Ningún analista, que yo sepa, ha querido verlo. Los  “análisis” corrientes no pasan del chismorreo de política menor, como de costumbre, que si el PP perderá muchos votos o pocos,  si antes o después volverán a ponerse de acuerdo, si VOX conseguirá votos para gobernar a corto plazo, si el Doctor continuará mucho o poco, y nimiedades por el estilo. La derecha tipo COPE, ABC y similares, y los grandes medios, procurarán que el asunto se olvide y que “todo siga igual”.

**Los términos “derecha” e izquierda” son engañosos, como ha expuesto Arnaud Imatz en un libro: los rasgos “definitorios” de la derecha han sido adoptados muchas veces por la izquierda, y viceversa. No obstante mantienen cierta capacidad indicativa en cada momento. Así, el PP, ayuno de “pouvoir spirituel”, que decía Ortega, es hoy parte del frente popular zapateril al que ya Aznar regaló la legitimidad moral e histórica, para ver si así le admitían en el club.

**Un rasgo definitorio de la miseria intelectual y cultural de la España de hoy es la ausencia de debates. Y no porque el país no tenga problemas de enorme alcance. Pero no son tratados más que al nivel infecto de los cotilleos televisivos y radiofónicos. En cambio se ha formado una Cheka cultural que ejerce de verdadera policía del pensamiento.

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Algunas tesis sobre el europeísmo

piomoa-europa.jpg1.Observen este dato crucial: desde la transición, y aun antes, prácticamente todos los políticos, intelectuales y periodistas españoles, de cualquier partido, PSOE, PP o separatistas, han rivalizado en europeísmo. Casualmente nos han llevado entre todos a esta situación de democracia fallida y golpe de estado permanente.

2. El lema del  europeísmo lo definió Ortega en su tiempo: “España es el problema y Europa la solución”. Explícita o implícitamente, ese lema ha gobernado la política y la intelectualidad española desde entonces con pocas excepciones. La frase, de una sandez chocante, impedía ver que España no era ningún problema,  tenía serios problemas –a los que contribuían los europeístas–. Tan serios que desembocaron en la guerra civil. Y el resto de Europa, –que no “Europa”– los tenía aún más graves, hasta desembocar en dos guerras devastadoras, que acabaron con le hegemonía política, militar y cultural europea. Nuestros “europeístas” son tan idiotas que ni siquiera perciben estas evidencias.

3. Ortega solo dejó de desbarrar en política cuando volvió a la España de Franco y se centró en  la filosofía.

4. España se libró de las dos guerras mundiales y se reconstruyó con sus propias fuerzas después la guerra civil. Los “europeístas” no lo ven como el enorme mérito que fue, incluso  como ejemplo para los demás, sino como una desgracia.

5. El europeísmo actual ha degenerado en una UE multiculturalista –es decir, partidaria de disolver la cultura europea como “una más” en Europa–, de ideología LGTBI, abortista, inmigratoria sin tasa, socavadora de las naciones históricas europeas (llevamos más de sesenta años con la  cantinela de que hemos entrado en una era posnacional), con pretensiones estatales de gobernar hasta los sentimientos de las personas… Nos acercamos cada vez más, “europeísticamente”, al estado antihumano pronosticado por Tocqueville.

6.  El europeísmo español se concreta en hechos como la apertura de la verja de Gibraltar, conversión de la colonia en un emporio de negocios sucios y corruptores, y declaración de “amistad y alianza” con la potencia invasora (que, paradójicamente, ha resultado mucho menos europeísta  –sin dejar de ser europea– que los corrompidos políticos hispanos). Otro “europeísmo” es la rampante colonización cultural por el inglés. O la instrumentación del ejército en operaciones de interés ajeno,  bajo mando ajeno y en lengua ajena.

7. Debemos contentarnos con ser europeos sin necesidad de “ismos”,  mantener y defender nuestra independencia y desarrollar nuestras capacidades y recursos, que son muchos si superamos la plaga “europeística” actual. Volver a la neutralidad y promover en la UE, con Polonia y Hungría, políticas contrarias a la desintegración moral y política de Europa.

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Volviendo al sol

Nuestra conversación sobre tus novelas  es bastante desordenada, pero creo que tampoco importa, pues, como dijo Luis del Pino, la última sobre todo, la de los “perros verdes”, da mucho qué pensar, a mí me lo ha dado, desde luego. Así que vuelvo sobre lo del sol, al que da tanta importancia  el relato,  que empieza con la aurora y termina con el ocaso, algo verdaderamente original en una novela, pues no sé de otra planteada de ese modo, supongo que puede verse como una alegoría de la vida en general: en una jornada se encierra una vida. Y en la vida ocurren mil cosas bajo el sol…

… Como dice el Eclesiastés, días de vanidad bajo el sol o algo parecido me parece recordar. Los días del hombre son pura vanidad.

pio moatransi.jpgSí, algo de eso, pero, ¿has querido decir que las peripecias de la novela, como reflejo de las peripecias humanas,  son pura vanidad? Ahora que lo dices, ¡el Eclesiastés se ha adelantado a Sartre, con otras palabras! ¡Me asombro, de verdad! Es lo que sostiene Moncho contra Santi, así que las reflexiones sobre el sol parecerían más propias de un nihilista que de un católico practicante, en fin, ya te he dado muchos consejos sobre cómo conducir la novela, que no te han convencido pero ahora lo veo claro: debía ser Moncho y no Santi quien fuera a ver la salida y la puesta del sol para convencerse de la inutilidad de la vida. Conste que yo simpatizo más con Santi.

Bueno, pues escribe tú mismo la novela, a ver qué te sale. Los personajes son algo complicados y contradictorios, como  somos siempre los seres humanos. A Santi no debería preocuparlo lo del sol ni sus analogías con la divinidad. El sol puede considerarse una entidad benéfica, puesto que permite la vida, aunque al mismo tiempo la vida es dura y cruel. Pero en conjunto, la vida sigue. Para Santi no debería ser un problema. Él cree en Dios, concretamente en el Dios cristiano, y por tanto el sol y los planetas serían solo una creación suya. Sin embargo ve en el sol una imagen, una analogía con la divinidad, que le inquieta.

Sabes que a mí escribir no se me da bien, pero tengo un espíritu crítico… Y el sol se parece al ojo de Dios, que desde lo alto lo ve todo, y sin embargo no parece preocuparle lo que pase aquí abajo, pues nos ha atormentado con ideas de justicia y de moral que sin embargo no se cumplen. También se lamenta el Eclesiastés de cómo suelen triunfar los injustos y malvados.

piomoaquiebra.jpgHay otra analogía que hacer. El sol se oculta y llega la noche. De día tenemos luz, nos movemos, interactuamos unos con otros. La luz nos permite afrontar nuestros problemas y disfrutar de los momentos en que nos sentimos bien. Pero llega la noche y cesa todo eso. Todo lo que consideramos realidad se disuelve. Dormimos y perdemos la consciencia, estamos indefensos, no hay movimiento ni interacción, y la mente se puebla de imágenes extrañas y enigmáticas,  de demonios. Recuerdo una vez en que mi mujer y yo fuimos a un pequeño yacimiento prehistórico en una colina desde la que se divisaba un gran panorama bajo el ocaso, lo he contado en Adiós a un tiempo. Y  creí sentir  lo que debía sentir un hombre prehistórico ante  tal  misterio,  ante aquel tremendo fenómeno cósmico  con tal exhibición de poder, del que dependía su vida y al mismo tiempo  tan lejano y tan ajeno a él. El hombre actual urbano, intelectualizado, es poco capaz de sentir tales cosas. O las siente como una especie de diversión estética, que cabreaba a Santi. Como una cosa de consumo “bonito” que las agencias de viaje pueden venderte: “Tenemos una oferta para ti: disfruta de las puestas de sol del Caribe”.

 

 
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Joe Scotchie: Recovering Authentic (= Politically Incorrect) Conservatism

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Joe Scotchie: Recovering Authentic (= Politically Incorrect) Conservatism

Joe Scotchie’s recently published anthology Writing on the Southern Front: Authentic Conservatism For Our Times made me aware of the task that confronts every serious student of the Right—recovering what otherwise might slip down the Memory Hole. Both the American media and, more generally, American political culture have moved so far away from anything that looks even vaguely non-Left that we may soon need archeologists to rediscover what has been driven underground. American “conservatism” (yes the scare quotes here are very deliberate) is now represented by Jonah Goldberg, telling us how frighteningly homophobic, racist, anti-Semitic and sexist the 1950s were and Rich Lowry calling for the removal of all statues of Robert E. Lee, since they may offend American blacks.[Mothball the Confederate Monuments, National Review, August 15, 2017]. It is therefore comforting to read Scotchie’s latest effort to revive and defend an “authentic conservatism.”

41+ZcQXQVML._SX331_BO1,204,203,200_.jpgSimilarly, I’ve also been watching on Fox News the steady procession of “proud, Republican” homosexuals, lesbians, bisexuals, and “moderate” feminists and wonder whether I’ve tuned in by mistake to a multicultural festival. Recently, I heard the “conservative” Geraldo Rivera explaining on Fox News how truly blessed we are by having so many Latinos streaming across our borders and assimilating “at a rate that’s faster than any ethnic group” in US history. [Tom Brokaw’s Hispanic remarks were ‘shockingly uninformed,’ Geraldo Rivera says, by Joseph A. Wulfsohn, January 30, 2019] My cup runneth over with such “conservative” verities.

Scotchie, a native of Ashville NC who now works as a journalist in Queens NY, has returned to his task of recovering ideas and traditions that don’t pass the current PC litmus test. In books on paleoconservatism, the “Southern” history of Ashville, Richard Weaver and Pat Buchanan, (The Paleoconservatives, A Gallery of Ashevilleans, The Vision of Richard Weaver, and Street Corner Conservative) Scotchie has tried to bring to life what the American Right, when it still existed as part of the permissible political conversation, believed and revered.

Not all of his heroes, like Robert E. Lee, the Southern Agrarians, Thomas Wolfe, Sam Francis, M.E. Bradford, Douglas Southall Freeman, the biographer of Washington and Lee, and Patrick J. Buchanan, would necessarily have agreed on all basic moral and political questions.

But they all fit easily into a plausible Right, a position that I explore in an essay “Defining Right and Left” included in my 2017 anthology Revisions and Dissents. Scotchie associates the Right (even when he doesn’t use that term) with a strong sense of family and place, a settled authority structure, deep reservations about modernity, and the belief in a fixed human nature.

Scotchie is also intensely loyal to the historic South, which he understands as did one of his subjects Richard Weaver, as a premodern, hierarchical society. Throughout his essays and commentaries, including the ones on literature, it is hard to ignore Scotchie’s revulsion for globalism and uprooted anthropoids.

I was particularly struck in reading his anthology by how, in the last piece in the book, Scotchie eulogizes his recently deceased friend “Mark Royden Winchell, the Last of the Vanderbilt Greats.”[PDF]. Like Joe, I was moved by the early death of this brilliant essayist from Clemson University, who rarely expressed political opinions but whose sensibilities were apparent:

More than ever, Mark sided with the cause of the Old Right and the conservative South. He opposed the Iraq War, and on the pages of The American Conservative, offered up the America First foreign policy of his fellow Ohioan Robert Taft as a proper antidote to endless foreign meddling. Mark was also a member of the League of the South, for which he published an extensive critique of the legacy of Martin Luther King Jr. one that not only focused on King’s plagiarism, adultery, and support for leftist politics, but one that also mourned the passing of the George Washington—Abraham Lincoln America of Mark’s youth. [Links added].

Although I was hardly aware of Mark’s strong political statements until I read this eulogy, produced in 2008, I am delighted to discover that we were all on the same page regarding the Zeitgeist. It is also good to know that Mark came to the defense of the Southern Agrarians against the charge that they were (what else?) racists.

But I am even more pleased that Mark managed in his abbreviated life to expose the multiple shortcomings of that now exemplary conservative saint, Martin Luther King. [Canonizing Martin Luther King, League of The South Institute, via Archive.is, 2005] The cloying tributes to this glaringly flawed Leftist that come each year around January 19 from Heritage Foundation and other outlets of Conservatism, Inc. were particularly oppressive this year. It is gratifying to known that our fallen comrade weighed in against this mendacious hagiography, variously featuring King as a lover of family values, a traditional Christian theologian, and a martyr for conservative causes.

For clarification: I’ve never shared the deep disgust for King felt by my late friend Sam Francis and by other members of the Old Right. I just loathe the transparent lies told about him by phony conservative journalists and foundations. The fact that these contemptible fabrications don’t attract minority support is not at all surprising, given their nonsensical character and given the now fixed political identity of blacks and the white Left.

joescrevolt.jpgAmong Scotchie’s topics and personalities for discussion, another that especially interested me, given my preoccupation with modern European history, is the essay devoted to British statesman Enoch Powell. Scotchie approaches this British Tory opponent of immigration through Simon Heffer’s exhaustive biography, Like the Roman: The Life of Enoch Powell, which was published in 1999. Despite his lustrous careers as a classics professor, British officer during World War Two, and member of the Tory shadow cabinet in the late 1960s, Powell fell from grace after delivering what is misleadingly called the “Rivers of Blood” speech against unchecked immigration in 1968. The most offending line from that speech, about “the Tiber River foaming with much blood,” was drawn from Virgil’s Aeneid—a Latin epic that Powell had no doubt taught during his years as a classics professor in Sydney, Australia. Immediately after giving this oration, Powell was dropped by Tory leader Edward Heath from the shadow cabinet. Misnamed Conservatives then alternated with the Labourites in denouncing this moving target as a xenophobe.

Powell, one of the most learned and intelligent Englishman to enter national politics in the twentieth century, was destroyed socially and professionally (although VDARE.com Editor Peter Brimelow argues he in fact came much closer to returning as Tory leader than is generally realized) for expressing views on immigration that in 1954 his mentor Winston Churchill had stated far more boldly. [What Churchill said about Britain’s immigrants, by David Smith, Guardian, August 4, 2007] By the late 1960s the political pendulum on immigration and other social questions was moving rapidly Leftward; and so even slightly right-of-center celebrities were being hammered by the Leftward-moving media for stating what had been previously unexceptional views.

Scotchie notes in praising this fallen victim of PC:

Powellism lives, but not in England. Meanwhile the civilization he loved and honored may yet survive, but throughout Western Europe and North America, it is more imperiled than ever.

This judgment may be overly sanguine.

Paul Gottfried [email him] is a retired Professor of Humanities at Elizabethtown College, PA. He is the author of After Liberalism, Multiculturalism and the Politics of Guilt and The Strange Death of Marxism His most recent book is Leo Strauss and the Conservative Movement in America.

lundi, 26 octobre 2020

Kris Roman rencontre Robert Steuckers sur le thème des grands axes de communication terrestre en Eurasie

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Время Говорить 

Kris Roman rencontre Robert Steuckers sur le thème des grands axes de communication terrestre en Eurasie

 
ВРЕМЯ ГОВОРИТЬ! РАЗГОВОР С КРИСОМ РОМАНОМ
 
Dans le talk show Время Говорить («Il est temps de parler»), Kris Roman reçoit des invités spéciaux qui expliquent au grand public leurs découvertes et leurs connaissances sur des sujets d'actualité. Dans cet épisode, enregistré le 17-10-2020, Robert Steuckers est notre invité. Les conflits au Haut-Karabakh, en Syrie, dans le Donbass, au Yémen et ailleurs montrent une tension accrue dans le monde. Robert Steuckers explique dans cet épisode de «Vremya Govorit» les différents intérêts ainsi que les axes eurasiens.
 

dimanche, 25 octobre 2020

Le moment illibéral

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Le moment illibéral

Par Raoul de Bourges
Ex: http://www.mauvaisenouvelle.fr

Nous trouvons-nous dans un moment illibéral incarné par les figues de Trump, Poutine ou encore Xi Jinping ? C’est la thèse par l’affirmative que soutiennent dans leur livre Ivan Krastev, influent penseur bulgare traduit dans dix-sept langues, et Stephen Holmes, professeur de droit à la New York University dont les recherches portent sur l’histoire du libéralisme européen et les échecs de la libéralisation dans les pays postcommunistes.

Au XVIIIème siècle, le poète romantique anglais Edward Young interrogeait ses contemporains : « Nous sommes tous nés originaux. Pourquoi sommes-nous si nombreux à mourir comme des copies ? » Avouons que nous pouvons faire nôtre son étonnement et l’appliquer à notre époque. Pour Krastev et Holmes, il s’agit d’expliquer que l’imitation engendre des insatisfactions quand elle ne conduit pas tout droit au fond de l’impasse. C’est ce qui s’est passé pour les pays de l’est de l’Europe qui, sortis du joug soviétique, ont cru s’assurer un avenir radieux en se jetant dans les bras du capitalisme et de la démocratie libérale. La chute du mur de Berlin en 1989 marquait alors l’espoir d’une réconciliation des deux côtés de l’Europe. Depuis, l’idéal de la société ouverte a pris du plomb dans l’aile et les désillusions des citoyens se sont traduites par l’érection de nouveaux murs, de nouvelles barrières : en 1989, on comptait dans le monde seize frontières fermées par une clôture, on en dénombre désormais soixante-cinq.

indextimepox.jpgNos auteurs pensent que l’illibéralisme qui se caractérise par le phénomène des populismes qui émergent sous différentes modalités est « une marée montante menaçante » prenant la forme de l’anarchie illibérale et antidémocratique. Ils ne conçoivent pas que les populismes puissent au contraire être l’expression d’une attente de démocratie, cette démocratie depuis trop longtemps confisquée par les élites libérales mondiales et leur soft power pernicieux. Le plafond de verre de leur analyse du populisme vu sous l’angle réducteur du danger constitue la limite principale de l’ouvrage.

Pour le reste, les analyses sont plutôt bien menées. L’année 2008 a notamment vu la crise financière mondiale ébranler les fondations d’un modèle économique que l’Occident pensait immuable. Ce séisme est « venu porter le coup de grâce à la réputation du libéralisme. » Pour expliquer les désenchantements que connaissent les pays d’Europe centrale et orientale, les auteurs font référence au philosophe français René Girard et sa théorie du désir mimétique : « Le philosophe René Girard a démontré que les historiens et les sociologues ont souvent traité par le mépris la place centrale de l’imitation dans la condition humaine, une négligence aussi trompeuse que dangereuse. Il a consacré sa carrière à étudier en quoi l’imitation pouvait engendrer des traumas psychologiques et des conflits sociaux. C’est ce qui arrive quand le modèle imité devient un obstacle à l’estime de soi et à l’épanouissement de l’imitateur. La forme d’imitation la plus susceptible d’engendrer le ressentiment et le conflit est, selon Girard, l’imitation des désirs. Nous n’imitons pas seulement les moyens, mais aussi les fins, pas seulement les instruments de la technique mais également les cibles, les objectifs, les buts et les modes de vie. Nous pensons que c’est cette forme fondamentalement éprouvante et conflictuelle d’émulation qui a contribué à déclencher l’ample révolte antilibérale actuelle. » Concernant la crise migratoire que connaît l’Europe, et dont le point culminant fut la décision unilatérale et irresponsable prise le 24 août 2015 par Angela Merkel d’ouvrir les portes à un million de syriens -ce qui de notre point de vue a signé la mort définitive de l’Europe telle que nous l’avions connue-, elle fait suite aux mouvements d’émigration et de dépopulation qu’ont dû subir les pays de l’est qui ont vu leurs élites étudiantes et économiques quitter le pays pour une fortune espérée meilleure à l’ouest.

La mondialisation a transformé le monde en village ultra-connecté. Les gens qui vivent hors de l’Amérique du nord ou de l’Europe occidentale comparent leur niveau de vie à celui des habitants de ces régions les plus prospères de la planète. Des pompes aspirantes se créent alors qui permettent le transfert des zones pauvres vers les zones riches. En 2019, le pacte de Marrakech sur les migrations « ordonnées et régulières » ratifié par de nombreux pays a, quant à lui, conféré un cadre moral et juridique à la vision multiculturaliste du monde. Le journaliste franco-américain Stephen Smith projette qu’en 2050, 20 à 25% de la population européenne sera d’origine africaine. Mutation extraordinaire que nous subirons sans l’avoir décidée. Il y a cinquante ans, le très libéral Raymond Aron qui applaudirait à la globalisation d’aujourd’hui, annonçait avec acuité : « Dans l’humanité en voie d’unification, l’inégalité entre les peuples prend le sens qu’avait jadis l’inégalité entre les classes. »

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Concernant le déclin de l’Occident prophétisé par Soljenitsyne et largement métastasé aujourd’hui dans toute l’Europe de l’ouest, les deux auteurs croient en la possibilité de son endiguement par la grâce de dirigeants américains et européens qui surgiraient tels des hommes providentiels. Ces figures quelque peu prophétiques permettraient une reconquête libérale et maintiendraient alors l’héritage des Lumières bien cabossé par les peuples en colère. Ce que refusent malheureusement de voir nos deux éminents intellectuels, politiquement correct oblige, c’est que le libéralisme libertaire a charrié sécularisme, individualisme, multiculturalisme et mariage gay, achevant brillamment son œuvre de déconstruction. Et cela touche à la fois l’ouest et l’est. Ce n’est donc pas de cette forme de libéralisme dont les peuples ont besoin mais d’un retour à une démocratie réelle et à des institutions restaurées dans leur autorité qui iraient à contre-courant du progressisme échevelé. L’imitation des nations de l’ouest par celles de l’est n’est qu’une chimère car il n’y a rien de sérieux ni de moral à imiter dans la décadence.

Le vrai enjeu, faut-il souffler à nos auteurs, n’est pas dans le combat à l’encontre des populismes mais dans la primauté accordée à la démocratie véritable s’inscrivant dans le cadre national contre le libéralisme sans frontières. C’est donc avec les populismes, à l’intérieur des nations mêmes, qu’il faut trouver les solutions de demain et non contre eux. Holmes et Krastev appartiennent au moule des élites que la cécité arcboute sur un pré carré orgueilleux. Nos deux auteurs représentent ainsi l’antithèse d’un Christophe Guilluy, auteur de La France périphérique, et du Crépuscule de la France d’en-haut qui, s’il les rejoints sur des aspects du diagnostic, a bien compris depuis longtemps de quel côté se trouve la légitimité : celui du peuple.

samedi, 24 octobre 2020

Les limites du pouvoir chinois

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Les limites du pouvoir chinois

Par Pepe Escobar

Source The Saker

En ce qui concerne les États-Unis et la Chine, tout dépend du résultat de la prochaine élection présidentielle américaine.

Trump 2.0 va surtout considérablement accélérer sa stratégie de découplage, visant à acculer la « vile » Chine par une guerre hybride à multiple fronts, à miner l’excédent commercial chinois, à coopter de larges pans de l’Asie, tout en insistant toujours pour caractériser la Chine comme le mal incarné.

L’équipe Biden, même si elle ne prétend pas vouloir tomber dans le piège d’une nouvelle guerre froide, selon le programme officiel du parti démocrate, ne serait que légèrement moins conflictuelle, « sauvant » ostensiblement « l’ordre fondé sur des règles » tout en maintenant les sanctions imposées par Trump.

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Très peu d’analystes chinois sont mieux placés que Lanxin Xiang pour étudier l’échiquier géopolitique et géoéconomique : expert des relations entre la Chine, les États-Unis et l’Europe, professeur d’histoire et de relations internationales à l’IHEID à Genève et directeur du Center for One Belt, One Road Studies à Shanghai.

Xiang a obtenu son doctorat au SAIS Johns Hopkins, et est aussi bien respecté aux États-Unis qu’en Chine. Au cours d’un récent webinaire, il a exposé les grandes lignes d’une analyse que l’Occident ignore, à ses propres risques et périls.

Xiang a mis l’accent sur la volonté de l’administration Trump de « redéfinir une cible extérieure » : un processus qu’il qualifie de « risqué, dangereux et hautement idéologique ». Non pas à cause de Trump – qui « ne s’intéresse pas aux questions idéologiques » – mais parce que « la politique chinoise a été détournée par les véritables guerriers de la Guerre Froide ». L’objectif : « un changement de régime. Mais ce n’était pas le plan initial de Trump ».

Xiang dévoile la logique qui sous-tend ces « guerriers du froid » : « Nous avons fait une énorme erreur au cours des 40 dernières années ». C’est-à-dire, insiste-t-il, « absurde – en relisant l’histoire, et en niant toute l’histoire des relations entre les États-Unis et la Chine depuis Nixon ». Et Xiang craint « l’absence de stratégie globale qui crée une énorme incertitude stratégique – et conduit à des erreurs de calcul ».

Pour aggraver le problème, « la Chine n’est pas vraiment sûre de ce que les États-Unis veulent faire ». Parce que cela va bien au-delà de l’endiguement – que Xiang définit comme une « stratégie très bien pensée par George Kennan, le père de la guerre froide ». Xiang ne détecte qu’un schéma de « civilisation occidentale contre une culture non caucasienne. Ce langage est très dangereux. C’est une reprise directe de Samuel Huntington, et montre très peu de place pour le compromis ».

En un mot, c’est la « façon américaine de tomber dans la guerre froide ».

La surprise d’octobre ?

Tout ce qui précède est directement lié à la grande inquiétude de Xiang concernant une éventuelle surprise d’octobre : « Cela pourrait probablement se produire à Taïwan. Ou un engagement limité en mer de Chine méridionale ». Il souligne que « les militaires chinois sont terriblement inquiets. Une surprise d’octobre comme engagement militaire n’est pas impensable, car Trump pourrait vouloir rétablir une présidence de guerre ».

Pour Xiang, « si Biden gagne, le danger d’une guerre froide tournant à la guerre chaude sera réduit de façon spectaculaire. » Il est tout à fait conscient des changements dans le consensus bipartite à Washington : « Historiquement, les Républicains ne se soucient pas des droits de l’homme et de l’idéologie. Les chinois ont toujours préféré traiter avec les Républicains. Ils ne pouvaient pas traiter avec les Démocrates – les droits de l’homme, les questions de valeurs. Maintenant, la situation est inversée ».

Xiang, d’ailleurs, « a invité un conseiller de haut niveau de Biden à Pékin. Très pragmatique. Pas trop idéologique ». Mais dans le cas d’une éventuelle administration Trump 2.0, tout pourrait changer : « Mon intuition est qu’il sera totalement détendu, il pourrait même inverser la politique de la Chine à 180 degrés. Je n’en serais pas surpris. Il redeviendrait le meilleur ami de Xi Jinping ».

Dans l’état actuel des choses, le problème est « un diplomate en chef qui se comporte comme un propagandiste en chef, profitant d’un président erratique ».
Et c’est pourquoi Xiang n’exclut jamais une invasion de Taïwan par les troupes chinoises. Il imagine le scénario d’un gouvernement taïwanais annonçant « Nous sommes indépendants », associé à une visite du secrétaire d’État : « Cela provoquerait une action militaire limitée, et pourrait se transformer en escalade. Pensez à Sarajevo. Cela m’inquiète. Si Taïwan déclare son indépendance, les Chinois l’envahissent en moins de 24 heures. “

Pékin fait-il des erreurs de calcul?

413iZy1UTfL.jpgContrairement à la plupart des universitaires chinois, Xiang fait preuve d’une franchise rafraîchissante sur les propres lacunes de Pékin : « Plusieurs choses auraient dû être mieux contrôlées. Comme l’abandon du conseil initial de Deng Xiaoping, selon lequel la Chine devrait attendre son heure et faire profil bas. Deng, dans son dernier testament, avait fixé un délai pour cela, au moins 50 ans ». Le problème est que « la rapidité du développement économique de la Chine a conduit à des calculs hâtifs et prématurés. Et une stratégie mal pensée. La diplomatie du « guerrier loup » est une attitude – et un langage – extrêmement affirmés. La Chine a commencé à contrarier les États-Unis – et même les Européens. C’était une erreur de calcul géostratégique ».

Et cela nous amène à ce que Xiang caractérise comme « l’extension excessive de la puissance chinoise : géopolitique et géoconomique ». Il aime citer Paul Kennedy : « Toute grande superpuissance, si elle est trop étendue, devient vulnérable. » Xiang va même jusqu’à affirmer que l’initiative des « Nouvelles routes de la soie » (NRS), dont il loue le concept avec enthousiasme, est peut-être dépassée : « Ils pensaient qu’il s’agissait d’un projet purement économique. Mais avec une portée mondiale aussi large ? »

Les NRS sont-elles donc un cas de surcharge ou une source de déstabilisation ? Xiang fait remarquer que « les Chinois ne s’intéressent jamais vraiment à la politique intérieure des autres pays. Ils ne sont pas intéressés par l’exportation d’un modèle. Les Chinois n’ont pas de véritable modèle. Un modèle doit être mûr, avec une structure. A moins qu’il ne s’agisse de l’exportation de la culture traditionnelle chinoise ».

Le problème, une fois de plus, est que la Chine pensait qu’il était possible de « se faufiler dans des zones géographiques auxquelles les États-Unis n’ont jamais trop prêté attention, l’Afrique, l’Asie centrale, sans nécessairement provoquer de réactions géopolitiques. C’était de la naïveté ».

Xiang aime rappeler aux analystes occidentaux que « le modèle d’investissement dans les infrastructures a été inventé par les Européens. Les chemins de fer. Le Transsibérien. Les canaux, comme au Panama. Derrière ces projets, il y a toujours eu une concurrence coloniale. Nous poursuivons des projets similaires – moins le colonialisme ».

Pourtant, « les planificateurs chinois se sont mis la tête dans le sable. Ils n’utilisent jamais ce mot – géopolitique. » D’où ses plaisanteries constantes avec les décideurs chinois : « Vous n’aimez peut-être pas la géopolitique, mais la géopolitique vous aime. »

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Demandez à Confucius

L’aspect crucial de la « situation post-pandémique », selon Xiang, est d’oublier « ce truc de guerrier-loup. La Chine pourrait être en mesure de relancer son économie avant tout le monde. Développer un vaccin vraiment efficace. La Chine ne devrait pas le politiser. Elle devrait montrer une valeur universelle à son sujet, poursuivre le multilatéralisme pour aider le monde, et améliorer son image ».

En matière de politique intérieure, Xiang est catégorique : « Au cours de la dernière décennie, l’atmosphère chez nous, sur les questions de minorités, sur la liberté d’expression, s’est resserrée au point de ne pas aider l’image de la Chine en tant que puissance mondiale ».

Observez cette situation, « l’opinion défavorable envers la Chine » dans une enquête sur les nations de l’Occident industrialisé qui ne comprend que deux pays asiatiques : le Japon et la Corée du Sud.

Et cela nous amène à l’ouvrage de Xiang, The Quest for Legitimacy in Chinese Politics, sans doute l’étude contemporaine la plus importante réalisée par un chercheur chinois capable d’expliquer et de combler le fossé politique entre l’Est et l’Ouest.

Ce livre est une telle percée que ses principales analyses conceptuelles feront l’objet d’une chronique complémentaire.

La thèse principale de Xiang est que « la légitimité dans la philosophie politique de la tradition chinoise est une question dynamique. Transplanter les valeurs politiques occidentales dans le système chinois ne fonctionne pas ».

recasting-the-imperial-far-east-britain-and-america-in-china-1945-50.jpgPourtant, même si le concept chinois de légitimité est dynamique, souligne Xiang, « le gouvernement chinois est confronté à une crise de légitimité ». Il fait référence à la campagne anti-corruption des quatre dernières années : « La corruption officielle généralisée, qui est un effet secondaire du développement économique, fait ressortir le mauvais côté du système. Il faut rendre hommage à Xi Jinping, qui a compris que si nous laissons cela se poursuivre, le PCC perdra toute légitimité ».

Xiang souligne comment, en Chine, « la légitimité est basée sur le concept de moralité – depuis Confucius. Les communistes ne peuvent pas échapper à cette logique. »

Avant Xi, personne n’osait s’attaquer à la corruption. Il a eu le courage de l’éradiquer et a arrêté des centaines de généraux corrompus. Certains ont même tenté deux ou trois coups d’État.

Dans le même temps, Xiang est catégoriquement opposé au « durcissement de l’atmosphère » en Chine en matière de liberté d’expression. Il mentionne l’exemple de Singapour sous Lee Kuan Yew, un « système autoritaire éclairé ». Le problème est que « la Chine n’a pas d’État de droit. Il y a cependant beaucoup d’aspects juridiques. Singapour est une petite ville-État. Comme Hong Kong. Ils ont juste repris le système juridique britannique. Cela fonctionne très bien pour cette taille. »

Et cela amène Xiang à citer Aristote : « La démocratie ne peut jamais fonctionner dans les grands pays. Dans les villes-États, elle fonctionne. » Et armés d’Aristote, nous entrons à Hong Kong : « Hong Kong avait un État de droit – mais n’a jamais eu de démocratie. Le gouvernement était directement nommé par Londres. C’est comme ça que Hong Kong fonctionnait en réalité – comme une dynamo économique. Les économistes néolibéraux considéraient Hong Kong comme un modèle. C’était un arrangement politique unique. Une politique du magnat. Pas une démocratie – même si le gouvernement colonial n’a pas gouverné comme une figure autoritaire. L’économie de marché a été déclenchée. Hong Kong était dirigée par le Jockey Club, HSBC, Jardine Matheson, avec le gouvernement colonial comme coordinateur. Ils ne se sont jamais souciés des gens en bas de l’échelle ».

Xiang note que « l’homme le plus riche de Hong Kong ne paie que 15 % d’impôt sur le revenu. La Chine a voulu conserver ce modèle, avec un gouvernement colonial nommé par Pékin. Toujours une politique de magnats. Mais maintenant, il y a une nouvelle génération. Des gens nés après la rétrocession – qui ne connaissent rien de l’histoire coloniale. L’élite chinoise au pouvoir depuis 1997 n’a pas prêté attention à la base et a négligé le sentiment de la jeune génération. Pendant toute une année, les Chinois n’ont rien fait. La loi et l’ordre se sont effondrés. C’est la raison pour laquelle les Chinois du continent ont décidé d’intervenir. C’est l’objet de la nouvelle loi sur la sécurité ».

Et qu’en est-il de l’autre acteur « malveillant » favori de l’autre côté du Beltway – la Russie ? « Poutine aimerait voir la victoire de Trump. Les Chinois aussi, jusqu’à il y a trois mois. La guerre froide était un grand triangle stratégique. Après le voyage de Nixon en Chine, les États-Unis se sont retrouvés au milieu, manipulant Moscou et Pékin. Maintenant, tout a changé ».

Pepe Escobar

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

The Right Wing’s Got Talent

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The Right Wing’s Got Talent

supremacistes-192x300.jpegReview:

Philippe-Joseph Salazar
Suprémacistes: L’enquête Mondiale chez les Gourous de la Droite Identitaire
Paris: Plon, 2020

This book results from interviews with leading thinkers of the race-conscious right — the so-called alternative right — which seeks to bring race to the forefront of political debate. The title Suprémacistes is, however, misleading; for the author, Philippe-Joseph Salazar, nowhere describes the people who are the subject of this study as supremacists, nor do they describe themselves as such. The title was probably chosen for marketing reasons and is more likely to be the publisher’s choice than the author’s.

In his prologue (p. 9) Salazar declares that throughout this study he always played with an open hand. He told his interlocutors that he was not a journalist, since journalists are treated with strong distrust and a hands-off policy, but they were apparently intrigued when he told them that he was a philosopher and rhetorician at the University of Cape Town, “in the country of Nelson Mandela.” The reader soon realizes that Salazar likes to indulge in the occasional rhetorical flourish. The subjects he has picked out for his interviews he describes as

a global circle of intellectuals. Of a special kind: the militant intellectual. Their adversaries call them “supremacists” and even if some of them strongly reject the label, these gurus or mentors of white identity have succeeded in captivating, inspiring, and enthralling new generations with their arguments. Like political Islam, a new ideology after a long incubation is rising above the horizon of Europe and the United States. (p. 9)

The phenomenal success around the world of the expression “great replacement” forged by the French writer Renaud Camus. . . is a sign among a thousand other signs: race is returning to the forefront of the political arena. We are on the threshold of an ideological upheaval. This book investigates and describes the vanguard. (p. 11)

Notable at once is the writer’s objectivity, if not sympathy, to the subject of his study, a welcome change to the usual “investigative journalism” whose purpose is to seek out, subvert, damage, and if possible, destroy.

But who is Philippe-Joseph Salazar? Is he the man for the task he describes?

41ZBiaQzMsL._SX315_BO1,204,203,200_.jpgSalazar had written on various relatively obscure subjects before achieving fame with the 2015 publication of his reports on ISIS, Paroles Armées (Armed Words). His specialist field of study is rhetoric: how the power and associative imagery of words can be used as a tool in appropriating or resisting power. Rhetoric as a legitimate democratic tool recalls the sophists who marketed their skills in Ancient Athens to ambitious politicians and were lambasted for so doing by Socrates. Salazar seems interested in words less as tools to discover the truth than as tools in a struggle to gain ascendancy.

Salazar’s career seems to have been somewhat unusual. His advisor at the elite École normale supérieure was none other than the hard-line Marxist intellectual Louis Althusser, who is best remembered by many not for his heavy theoretical tomes but as the man who strangled his Jewish wife, the former resistance partisan Hélène Rytmann, in 1980. Salazar dedicated his book Le culte de la Voix (The cult of the voice) jointly to Roland Barthes, the philosopher famous for his studies of the power of signs and the meaning of structures, and the philologist and expert on proto Indo-European social structures, Georges Dumézil. This is significant because it implies a certain dual “Left” and “Right” heritage in Salazar’s own perception of the structure of language and role of rhetoric in contributing to the effectiveness and legitimacy of argument and persuasion. Barthes believed that art should be critical and interrogate the world rather than seek to explain it. This reluctance to explain very much or very far characterizes Suprémacistes.

If Philippe-Joseph Salazar insists that he is not a journalist, judging by this book he is no philosopher either. His book, consisting of a series of interviews and scene sketches, reads like a field study, and his approach is less that of a philosopher as of an anthropologist, one open to the mores and customs of the tribe he is studying without prejudice. But Salazar is also disengaged, free of any form of subjective or emotional engagement with them as well.

This book is a collection of portraits of people whom the reporter considers to be “gurus” (his word) of the alt- or Identitarian Right. The subtitle of the book, which I suspect was Salazar’s own choice, is L’enquête Mondiale chez les Gourous de la Droite Identitaire, World Survey of the Gurus of the Identitarian Right. The people whom he interviews he describes as “militant intellectuals.” It is their enemies, Salazar says, who call them white supremacists — the label “supremacist” being applied to white identitarians for the purpose of marginalizing and discrediting them.

The book is composed of eighteen chapters; these are vignettes, mostly in the form of interviews, with people chosen by Salazar (according to what criteria, if any, the reader is not told) as leading representatives of the white identitarian vanguard, the alt-right.

In each chapter, Salazar describes, often humorously, his interview with an Identitarian Right “guru.” The table of contents does not name his interviewees directly. That would be too simple for a pupil of Roland Barthes. Instead, the chapter headings are clues, similar to clues in a crossword puzzle. The reader might guess or not whom or what each title refers to. Here are half a dozen examples followed by the answers.

  1. “White Kung-fu” (John Derbyshire)
  2. “What comes from outside stays outside” (Jared Taylor)
  3. “France on the alt-right horizon” (François Bousquet)
  4. “Plato among the Vikings” (A meeting organized by Scandza)
  5. “A Croatian Cosmopolitan” (Tomislav Sunic)
  6. “A Global White Nationalist” (Greg Johnson)

61tWNG6KJ4L.jpgFrom this alone the reader can see we are far from the earnestness of the usual “investigative reporter.” There is a lightness about this inquiry, a certain half-suppressed amusement which gives a very great advantage and a very great drawback to the study.

The advantage of Salazar’s light touch is that he is the more easily able to remain scrupulously fair, genuinely disinterested, and determined to hear what his interlocutors have to say without interruption or interrogation: Those views, so far as I can judge, are fairly and accurately reported. The drawback of this approach — and it is a considerable one — lies in the fact that a scrupulous hands-off “I am not here to judge” approach stifles the chance for disagreement and altercation. There is no productive examination of ideas here, no awkward questions, no profound study or analysis. Salazar seems more interested in the people he interviews as people, as types, as representatives of a movement, than he is in the substance of their message. As a good pupil of Roland Barthes, Salazar is receptive to the signs, catchphrases, and gestures that characterize the persons he interviews, but his sensitivity is achieved at the cost of being able to provide any political gravitas to his commentaries. In a word, Salazar’s interviews are lightweight.

When I was younger, I often used to travel by hitchhiking. Usually, the person giving me a lift would be loquacious, expecting me to listen sympathetically to what they had to say. (I was once terrifyingly told by an old and portly driver: “I don’t normally give lifts but I am feeling extremely tired. I need someone to keep me awake.” I subsequently twice prevented him from dozing off.) Salazar gives this impression. He gives his interlocutor every chance to say what he (or in just one case, she) might wish to say and he prods the conversation along when it drags (and evidently, some of them do) by the occasional courteous question or interjection. They more or less amuse him. Statements are made galore, but there is little discussion worthy of the name, let alone debate. After a short time the interview, to the greater or lesser satisfaction of both parties, is closed, and it is time for Salazar to move on. All the interviews except one are in person interviews. The exception is the interview with Keith Woods which had to be conducted via Skype, owing to virus restraints (p. 196).

In sharp contrast to mainstream investigative reporters, Salazar is unfailingly courteous, and while it is natural that he will personally like some of the interviewees more than others, be more impressed by some people than others, his observations are never disparaging, with one exception: “France on the horizon of the alt-right.”

The book is copiously supported by references, most of them to internet sites. The alt-right, the intellectual dark net, social media, blogs, these and more point to a new kind of information where entertainment and alacrity have gained new importance. The people whom Salazar talks with may be intellectual militants, but the format of the book and Salazar’s own approach gives them little opportunity to flourish. The chapters are not so much intellectual outlines as casting show contestants performing to see how many points Salazar will award them. The Right Wing’s Got Talent would have been a more accurate title for this book than Supremacists. The people whom he talks to are appraised by Salazar not in terms of their intellectual prowess, but in terms of their media impact factor. Can you wow Salazar? What impression do you make, how successful is your message, how up-to-date are you? How many followers do you have on YouTube? Do young people quote you? Are you quotable? Say something clever about Hegel in one sentence. Show that you have read Marx. How well known are you? Do you have memorable phrases at the drop of a hat? If so, let’s have one, now! Here is the judge’s score: Jared Taylor: Appearance 8 out of 10, ability in repartee, 5 out of 10; John Derbyshire: Appearance 5 out of 10, ability in repartee 7 out of 10, and so on.

718xNqWriiL._US230_.jpgHere is an example of Salazar’s showmanship approach. This is how the chapter entitled “A Cosmopolitan Croatian” begins:

I would have preferred to speak with Tomislav Sunic in Zagreb where he lives, but the exorbitant cost of a return ticket from Munich and the delightful thought of spending just two hours sitting in an airport café put me off the idea. Besides, Tomislav Sunic was one of the star guests at the upcoming identitarian conference in Copenhagen. Why miss the opportunity?

But we get off to a very bad start. The Croatian philosopher, with his silhouette of a patrician academic, arrives looking a little run down in this restaurant situated in a snug mezzanine of the Voldgate, called the Tivolihallen, which I had picked out myself, having arrived in Copenhagen the same morning after twenty hours of traveling. Sunic got up at four in the morning to take the plane from Zagreb and he is irritable.

Rejecting the recommendations of the day, he asks for a soup from the waiter. The waiter makes a sign to the jovial manager, who explains in French to me that it is not customary for people to drink soup in Denmark. Sunic sighs, goes over to English, and orders water, immediately. So he drinks water and I have a large glass of Chardonnay. This performance takes a while and says something about the character of the Croatian philosopher. He has a firm opinion of himself and his tastes. (p. 169)

“Cosmopolitan Croatian.” Salazar likes such monikers and descriptive phrases to sum someone or something up. Keith Woods is a “millennial philosopher and radical icon of the alt-right Web” whose lapidary statement “is in the style of Saint-Just.” (p. 204) John Derbyshire has the “look of the guy next door.” (p. 95) Jared Taylor “makes a good impression with his regular features of an American actor from the 50s.” (p. 73)

Greg-johnson-seattle-1.jpgA chapter with more substance than many is “A Global White Nationalist” (English in the original), Salazar’s talk with the editor of Counter-Currents, Greg Johnson. Johnson’s clear aims are outlined. A question and answer session ensues on page 183 which reminded me of a Roman Catholic catechism recital.

Q: What is ethnonationalism?

A: Ethnonationalism is the idea according to which each distinct ethnic group should enjoy political sovereignty and a homeland or ethnically homogenous homelands. Opposed to this is multi-culturalism, which affirms that multiple ethnic groups should share the same homelands and governments.

Q: What is white nationalism?

A: White nationalism is a political philosophy which seeks to define national identity in racial terms rather than in terms of religion, culture, or religious faith. White nationalism makes more sense in the context of colonial European societies such as the United States, in which the older white ethnic identities have been weakened by intermixing of immigrant stock, thereby creating an ever more united white generic identity.

Johnson’s contrast between a race-centered identity in the US and a more nation-centered identity in Europe is important. It could have lead to a discussion on the role of ethnicity and nation and even ethnicity opposed to nation, both in rhetoric and in political loyalties. Salazar does not record any such discussion. He moves right on to his next question, asking Johnson what the North American New Right is and how it differs from the European Old Right and European New Right. (p. 184) Clearly, earnest debate and examination of beliefs is not the purpose of this book.

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In his talk with Jared Taylor, Taylor explains why he is not a supremacist, but rather one who seeks to maintain a white racial identity and not lordship over others, an identity which will be reflected in a white community in which “everybody, left or right, libertarians, gays, poor and rich are part of the family,” and “there is no alternative for us to the fate of being white.” (pp. 82-83) This surely invites the question: why is race of such overriding importance to Jared Taylor? And is the community which he aspires to and which Salazar notes as “obviously lacking” in the area where Taylor himself lives a matter of race alone? What other factors play a role in creating social cohesion and what is their importance vis-à-vis ethnic identity? Salazar does not ask him. At the end of the discussion, Salazar wonders:

How would I ever get out of this residential suburb where everything looks the same if my GPS broke down? Where is the community that Jared Taylor is talking about, where are the poor folk and classless types belonging to “his family”? Where is this American Europe? Will it be found in a new Secession, this time a Secession strictly racial? (p. 82)

Salazar then provides a footnote referring the reader to an article by F. H. Buckley in American Renaissance, which Jared Taylor edits, entitled “Is it Time for Secession?” (p. 82) Salazar poses a question to himself and to the reader which it seems he did not put to Jared Taylor. Such “debate that wasn’t” characterizes his book.

One chapter of Suprémacistes, “France on the Horizon of the alt-right,” abandons both the character portrait approach and open-mindedness. It begins with a style to which the reader will have become accustomed: “So I go to Paris. I have an appointment in the rue des Médicis with the manager of the bookshop La Nouvelle Librairie, Francois Bousquet (born in 1968), opposite the Jardin du Luxembourg.” (p. 205) But Bosquet has only an hour for our researcher and nearly all the chapter is taken up not with his interview with Bosquet — which must have been disappointing, since he has little to say about it — but with his own speculation on the Nouvelle Droite (New Right).

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How many under fifty years of age, muses Salazar, remember when or how the Nouvelle Droite appeared? (p. 205) Not many, obviously. Anybody fifty years old at the time this book was published was about seven when Alain de Benoist first coined the term during a radio interview, so indeed nobody under fifty will remember the interview from the time. Perhaps Salazar is wondering how many people know the history of the Nouvelle Droite. But it is probable that not many people under fifty years old do so either. Does this matter? In the only chapter in which Salazar is disposed to wonder how a contestant could have made it so far on his show, he criticizes the disorder of Bosquet’s bookshop and the low quality of the wares:

Packets of reviews from the 1950s, yellowing Montherlants, not the best; Morand and Drieu la Rochelle, I think, I could make out in the obscurity of the shelves, pamphlets by Maurras, various bulletins, finally, numerous forgotten books by the collaborator Jacques Chardonne.” (p. 211)

He notes that the French New Right does not seem very “new” half a century on. He points out to the reader that the bookshop is located at the premises of the 1930s headquarters of the fascist Action Francaise. Musing upon his encounter, he reiterates a common criticism of the French New Right in general and against Alain de Benoist specifically, that followers are aloof, overly cautious, too academic, reluctant to get their hands dirty, that they are in a bubble, provincial, more concerned with their reputation than with the future of the world.

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Salazar draws a stark contrast with Guillaume Faye, the fiery orator who broke from GRECE (the flagship club of the French New Right) in 1986 and who has had much more impact beyond France than Alain de Benoist. Alain de Benoist does not have what Salazar calls “impact factor.” This reviewer well remembers Guillaume Faye from the early days of GRECE. Faye certainly had “impact” factor. His speeches always ended with standing ovations. Salazar associates only one rhetorical slogan to Alain de Benoist’s name, the expression “Nouvelle Droite” (New Right) itself, first uttered in a radio interview with Jacques Chancel. So keen is Salazar to prove his point that this New Right now looks old and moth-eaten that Salazar quotes Bosquet without noting an important point:

He ends his tirade about “the intellectual war,” a grandiloquent turn of phrase from metapolitics, dear to the Anglo-Saxon New Right and the German alt-right, although they are more restrained in the way they use it. He wants his bookshop to be an arsenal in this war of ideas and sums it up in these words: The cultural Left has ceased to be creative. It lives by subvention. We live by subversion. (p. 214)

“They live by subvention. We live by subversion.” Is that not the very sort of expression one might expect Salazar to admire? Bosquet has just made the telling point that in media wars the liberal Left is living on financial life support. With the advent of the internet, the daily newspapers are no longer profitable. This is indeed a hugely significant development that has taken place over the last dozen years or so. They have lost advertising copy and subscribers and only survive from the donations of occult backers and/or the taxpayer. The official broadcasting services of the state are under attack. In Britain, there is a vociferous campaign to defund the BBC. Salazar does not pick Bosquet up to pursue the point. However, he draws the conclusion from his discussion with the manager that everything is “singularly restrained, poor in fact. . . It is all very Franco-Parisian. A little mummified?” (p. 215) “The Nouvelle Librairie more resembles an Egyptian mausoleum erected to the glory of the master of the house preserved as a mummy than a basis for cultural guerillas unburdened by fashionable ideas.” (p. 220)

This does not mitigate the fundamental criticism that the French New Right is aloof, hidebound by a provincialism that will inevitably become more backward-looking the more Paris, a shadow of what it was even forty years ago, is overrun by non-whites who know nothing and care less for French thinkers of the Right or the Left and tourists of all races who are unable to care for thinkers of any race or persuasion.

Salazar points out approvingly that Guillaume Faye burst out of the bubble. His slogans, commitment, and readiness to engage with people won him acclaim in the United States, a nation against which he himself had inveighed with fury in the 1970s and 1980s.

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Éléments, the house journal of the French New Right (chief editor Francois Bosquet) passed over the demise of Guillaume Faye in silence, a decision which does it little credit and gives credence to Salazar’s impression that the people around Éléments and Bosquet’s bookshop more resemble an intellectual and artistic club than the band of guerillas Bosquet has in mind. Salazar believes that Faye had two expressions that possess especially strong impact factor: “archeofuturism” and “ethnomasochism.” So Faye, notes Salazar approvingly, is a showmaster, eloquent and charming, who reached out to large audiences of young people and wrote books that are exciting and provocative. True, Faye would not have had the patience needed to produce regular publications, books copiously referenced, countering the arguments of the current system. It is also true that Faye faced subjects such as race and the conflict between ecology and science, which many thinkers and by no means only in the New Right, evade.

The truth is that any association, club movement, and yes, guerrilla movement, needs very different human talents, talents which are never to be found in one individual. For Salazar, however, all that counts is the ability to impact, and impact is assessed in terms of showmanship, power of personality, marketing savvy, pulling the right chords, having the right words to say at the right moment. These are the criteria for scoring points on Salazar’s talent show.

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One other thinker whose expression with a momentous impact factor is Renaud Camus, with what Salazar calls the “fetish expression”: la grande remplacement, the great replacement. Camus’ book of that name was published in 2011. The great replacement refers to the replacement of the French people by Muslims. Six years later, the Right-wing demonstrators at Charlottesville were chanting “you shall not replace us!” When queried by Salazar as to why he otherwise often chooses a seemingly obscure vocabulary with which to express himself, Camus makes the not original but always important point that using the lexis of one’s opponent’s choosing is to acknowledge a weakness, to suffer a handicap even before conduct is engaged, to voluntarily abandon the high ground to the enemy. “I am not being politically correct here” is an example, or “I am not racist.”

518zproxfTL._SX210_.jpgCamus’ definition of race is original: cultural apprenticeship plus natural reproduction equals race. This perhaps Evolian notion of race runs counter to the biological rationalist understanding of most North Americans. Salazar visits Camus, a Baron de Charlus character, in his Medieval castle tower in the Gers in rural France. He passes a Peugeot dealership in the middle of the countryside on his way to Camus and enigmatically states that “it should not be.” (p. 244). Salazar is not making a moral judgment here. He means the machine is not appropriate to this setting. Some might argue to the contrary: bringing small industry home to the nation and away from the big cities is too little, too late; it is what would have prevented the land drain that transformed France in the 1950s, 60s, and 70s. Then the question: How should and could regional identity work? Would home industry prove more a blessing or a bane? What of Trump’s insistence on prioritizing home industries in contrast with the EU’s extreme globalism? Salazar has nothing to say on this and presumably does not encourage Camus to say anything about it. Again, we have a debate that wasn’t. Salazar makes it clear that the interview with Camus was a disappointment, albeit the two part on friendly terms. Salazar dismissively asks himself rhetorically how many thinkers of the alt-right have read the book so praised by Camus as a key to understanding the true meaning of racial and cultural replacement, La Grande Peur des bien-pensants (The Great Fear of right-thinking people) by Georges Bernanos? (p. 252) Nevertheless he concedes, seemingly contradicting himself, and citing Barthes, that Camus is right about the evocative power of words:

When the international alt-right really assesses what power literature has within it in terms of evocative force and spiritual energy, instead of swallowing and regurgitating the anorexic Web diet, it will be more powerful than ever. (p. 254)

What is the reader to make of all this? Here we have an often entertaining and sometimes informative tour around the remarks and slogans of some prominent characters of the alt-right, and it is possible to garner from reading this book some very general ideas of their differences and tendencies. Of political substance, there is not much more to this book than that. No time is given to exploring the ideas of any of these “gurus.”

Accepting these extreme limitations anyone curious about the alt-right can profit from reading this book and enjoy doing so. There is an objectivity and intellectual curiosity here, a welcome change to the usual hatchet job of the “journalists” of the mainstream media. Salazar’s book is, in that sense, a sign of the changing times. This book is forward-looking. Salazar is obviously impressed and even surprised by the overall intelligence of the people whom he interviews.

Another characteristic of the alt-right that Salazar highlights distinguishes it sharply from supremacist movements and various forms of the Old Right: the sense that there is time. Alt-right thinkers express an optimism and patience entirely lacking in old Right-wing movements. The alt-right looks to what it will build for the future and not what it has lost in the past (very much one of Guillaume Faye’s arguments). Salazar notes in the only anonymous interview, someone he names “Matt,” that “the past is not what is important. The alt-right is looking to the future.” (p. 49) It is the globalist Left that is living on life support, that has exhausted its arsenal of ideas, that can offer nothing new and can only snipe and condemn. In a sense, Bousquet was saying the same thing and so was Keith Woods, whose parting words Salazar gives to the chapter heading of their interview: “The alt-right will fill the gap left by the Left.”

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vendredi, 23 octobre 2020

Laurent Ozon - Sur la situation actuelle

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Laurent Ozon - Sur la situation actuelle

 
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Le mythe de la postmodernité heureuse face à la réalité

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Le mythe de la postmodernité heureuse face à la réalité

Toute une sociologie se réjouit du développement de liens horizontaux, du covoiturage, des colocations (imposées par les loyers exorbitants), de la vitalité des tribus vestimentaires, sexuelles, comportementales qui irriguent la société française. C’est la “France archipel” qu’analyse fort bien Jérôme Fourquet. Certes, ces tribus se retirent totalement du politique – c’est le « retrait sur l’Aventin » dont parle Maffesoli – mais elles seraient le lieu d’une éclosion de nouveaux liens, voire d’un nouveau lieu du sacré. Tout cela marquerait la revanche de l’émotion sur la raison, ou le basculement vers une raison sensible, à vrai dire plus sensible, comme les quartiers du même nom, que rationnelle, puisque – on l’oublie trop – la raison suppose une culture alors que ces tribus postmodernes sont sans culture, autre que le présentisme.

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Cette vision, qui se veut un constat, n’est pas neutre. Ces théoriciens de la “postmodernité heureuse”, tel Michel Maffesoli, ne déplorent pas l’inexistence d’une spiritualité commune aux Français, d’un sacré unificateur ancré dans notre histoire, mais regrettent qu’une place plus grande ne soit pas faite aux autres spiritualités, et il n’y en a qu’une présente en masse, c’est l’islam, à qui une place plus grande devrait être faite (Maffesoli, Atlantico, 18 février 2015). Les djihadistes seraient, en somme, victimes du laïcisme français.

Cette vision n’a pas seulement la naïveté de croire que les terroristes tuent parce qu’ils recherchent le sacré et n’arrivent pas à trouver assez vite les poèmes soufis en librairie, alors qu’ils tuent par ressentiment et parce qu’ils se nourrissent de la haine de nous, Européens. Cette vision agit dans le sens de la pérennité de la domination des élites oligarchiques. En effet, si le peuple n’est qu’une addition de tribus, il n’y a plus de peuple. En second lieu, si le peuple, c’est l’émotion, on ne fera croire à personne, et pas au peuple lui-même, que la raison ne devrait pas avoir la primauté. À force de répéter Châteaubriand : « On prend pour des conspirations ce qui n’est que le malaise de tous », on oublie Julien Freund, à mesure même que l’on se réclame de lui. On oublie que les dominants ont des stratégies, ce qui est bien normal, que manœuvres et mêmes complots existent. On tombe dans la naïveté et on voudrait que tout le monde y tombe. Bien entendu, que les oligarchies ne soient pas totalement maîtresses d’elles-mêmes, ni sans contradictions, c’est une évidence. Mais qu’elles n’aient pas de conscience historique du sens de leur domination, qui est de maintenir et accroître le pouvoir de l’argent sur toute la société, c’est une croyance bien irénique. Macron, non plus, tout comme Outre-Atlantique, n’a pas été coopté par hasard, l’un pour faire oublier le calamiteux Hollande, l’autre pour battre Trump.

En , il y a aussi de l’émotion du côté des élites, notamment l’émotion homogénéisatrice de l’interchangeabilité de tous les hommes, et l’immigrationnisme de principe, et il y a de la rationalité – les pieds sur terre, c’est rationnel – du côté du peuple. Les élites oligarchiques mettent de l’émotion dans la raison ; le peuple, lui, met de l’émotion dans sa révolte rationnelle face à un pouvoir qui nie son droit à l’existence, à la fois matérielle, et c’est la question de la destruction des classes moyennes, et culturelle, et c’est la question de l’identité, et plus largement de la pérennité de soi comme Français. La lutte des classes, qui n’a pas été inventée par Marx, est toujours aussi une lutte pour déterminer quelles sont les valeurs qui dominent dans une société : l’argent ou la coopération, l’économie ou la pérennité des peuples, le court terme ou le long terme.

18:11 Publié dans Actualité, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre le vigan, postmodernité, philosophie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Charles Gave : "Comment Biden est utilisé par l'État profond américain"

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Charles Gave : "Comment Biden est utilisé par l'État profond américain"

 
 
 
Avec Charles Gave, financier, entrepreneur, et président de l’Institut des Libertés.
 
Actualité, politique, invités... Du lundi au vendredi, de 12h à 13h20, retrouvez André Bercoff dans tous ses états.
 

Le Grand jeu : l’art de dompter les éléments

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Le Grand jeu : l’art de dompter les éléments

Mais comment diable fait-il ? Pas plus tard qu’il y a une dizaine de jours, la MSN ne pouvait cacher sa joie, poussant des cris de victoire. Caucase, Biélorussie, Kirghizstan : les nuages s’amoncelaient sur le pourtour russe et Poutine était en grosse difficulté. Brzezinski était même prêt à sortir de sa tombe pour danser la polka, son Grand échiquier à la main. Sans compter l’affaire Navalny qui allait, cette fois c’était sûr ma bonne dame, stopper définitivement le démoniaque Nord Stream !

Et puis patatras…

L’Allemagne veut son gazoduc russe

La mascarade Navalny a accouché de sanctionnettes pour la forme tandis que le ministère des Affaires étrangère allemand, par la voix du pourtant peu russophile Heiko Maas, vient de déclarer que le gazoduc sera terminé, un point c’est tout. Le ton est même assez cinglant pour un euronouille : « Nous prenons nos décisions sur notre politique énergétique ici, en Europe. » Certes, ceux qui connaissent les aléas du South Stream ne pourront que sourire à cette affirmation péremptoire, mais ne gâchons pas le moment de gloire du vassal qui se lève enfin.

Si tous les doutes allemands ont été ainsi balayés, c’est aussi que Berlin pourrait bien avoir tourné casaque vis-à-vis d’Ankara. Frau Milka a eu, on le sait, les yeux de Chimène pour Erdogan pendant de longues années. Mais il semble que la Bundeskanzlerin et toute son équipe aient fini par en avoir assez de ses multiples provocations.

Le sultan joue là un jeu d’ailleurs bien maladroit. Son rêve de faire de la Turquie une plaque tournante énergétique au carrefour du Moyen-Orient, de la Caspienne et de l’Europe entre en collision avec son autre rêve, néo-ottoman celui-là. Les nuisances turques se multiplient et s’étendent, notamment dans des contrées qui fleurent bon le gaz et le pétrole en transit (pipelines azéris). Toute la zone qui entoure la Turquie commence à sentir dangereusement le souffre et le message a peut-être été compris du côté de Berlin : Ankara fait n’importe quoi et n’est pas fiable, tournons-nous définitivement vers les Russes.

La cote de la Russie monte en Arménie

Caucase, justement. Sur le terrain, les Turco-Azéris ont enfin réussi à progresser dans le sud du Haut-Karabagh, plaine propice à leur supériorité aérienne ; il n’en sera pas de même dans les montagnes. Quant aux autorités de l’enclave, elles ont intelligemment pris la Russie et l’Iran par les sentiments en proposant d’établir un centre de contre-terrorisme avec en vue, évidemment, les modérément modérés transférés par Ankara. S’il y a peu de chance de voir acceptée cette proposition venant d’un gouvernement non reconnu internationalement, Moscou et Téhéran n’ont en revanche aucune intention de voir un barbuland s’établir à leurs frontières. L’armée russe a d’ailleurs envoyé un petit message il y a quelques jours, bombardant à Idlib un camp d’entraînement de volontaires en partance pour l’Azerbaïdjan. Histoire d’établir une ligne rouge à ne pas franchir…

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Malgré les pertes considérables de part et d’autre, la portée du conflit est ailleurs. Eurasianet vient de publier un article extrêmement intéressant et, une fois n’est pas coutume pour cette officine proche du Washingtonistan, très objectif. La cote de Moscou est en train de monter en flèche en Arménie et des voix de plus en plus nombreuses regrettent que la “Révolution de velours”, ayant mené Nikol Pachinian au pouvoir, ait créé de la friture sur la ligne avec le grand frère russe.

Le bonhomme lui-même a toujours été assez ambigu. D’un côté, son gouvernement compte plusieurs personnalités ouvertement pro-occidentales issues du petit monde des ONG impériales et certains gestes (enquêtes criminelles ouvertes contre des compagnies russes et même contre le patron de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective) ont été fort mal perçus du côté du Kremlin.

Dans le même temps, il n’a jamais vraiment voulu rompre avec la Russie et a même apporté sa petite pierre à l’édifice de la dédollarisation comme nous le rapportions il y a six mois :

Dernier exemple en date, le premier ministre arménien Nikol Pachinian vient de proposer à Poutine de payer le gaz russe en roubles et non plus en dollars. Certes, rien n’étant gratuit en ce bas monde, l’initiative est sans doute la contrepartie à une demande de réduction du prix du gaz. Certes encore, ce n’est pas la petite Arménie qui bouleversera le marché financier international et les flux d’or bleu entre Moscou et Erevan sont anecdotiques si on les compare à d’autres.

Toutefois, la proposition, qui s’ajoute à des dizaines d’autres exemples de dédollarisation de par le monde, est symbolique, particulièrement de la part d’un leader que l’on soupçonnait vaguement d’être arrivé au pouvoir en 2018 par le biais d’une révolution qui fleurait bon son Soros.

En son temps, Pachinian voulait ni plus ni moins sortir de l’Union économique eurasienne si chère au Kremlin, accréditant l’idée qu’il était un pion de l’empire dans le petit pays caucasien. Aujourd’hui, il justifie sa proposition en des termes qui comblent d’aise l’ours : « On parle sans arrêt de la dédollarisation au sein de l’UEE mais nous payons toujours le gaz russe en dollars. Il serait plus logique de payer notre gaz en roubles au sein de cette organisation. »

Ambiguïté, donc, à laquelle le Kremlin répond par une égale ambiguïté. Les télés russes, très regardées en Arménie, prennent plutôt partie contre l’Azerbaïdjan, accusé d’avoir déclenché la guerre, tout en critiquant en creux Pachinian. La population du petit pays caucasien semble penser la même chose, que l’on pourrait résumer un peu vulgairement par un : en voulant prendre ses distances avec Moscou, Pachinian nous a mis dans la m…..

Les personnalités pro-occidentales semblent elles aussi revenir de leur mirage. L’exemple d’Edmon Marukian est frappant. Ancien partisan de la sortie de l’Union économique eurasienne, rien que ça, il ne jure aujourd’hui plus que par l’alliance russe : « J’ai parlé à plusieurs ambassadeurs occidentaux. L’un d’eux m’a dit « à la fin, c’est la géographie qui gagne » et a conseillé de demander l’aide russe. Ils pensent que seule la Russie peut nous aider (…) Si l’ambassadeur d’un pays qui a de mauvaises relations avec Moscou dit que seule la Russie peut nous aider, comment un Arménien (Pachinian, ndlr) vivant sur Terre ne peut le comprendre ? »

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Nous sommes en train d’assister à un virage à 180° parmi certaines franges dégrisées de l’élite arménienne. Un premier geste a eu lieu fin septembre, avec le limogeage du tout nouveau chef du Bureau de la Sécurité nationale, considéré comme anti-russe. Quant à la population, elle semble clairement en faveur d’un rapprochement avec Moscou ; d’après un sondage, le seul pays qui a vu sa cote de popularité augmenter après le début de la guerre est précisément la Russie.

Ainsi, avec ce numéro d’équilibriste consistant à soutenir Erevan en sous-main sans aller au-delà, à montrer par le biais de déclarations où son cœur penche (voir la mise au point un peu sèche de Lavrov « Nous n’avons jamais considéré la Turquie comme un allié stratégique ») tout en laissant Pachinian se rendre compte de l’impasse où il s’est engagé, l’ours est en train de récupérer doucement mais sûrement l’Arménie. Il faudra cependant qu’il siffle bientôt la fin de la récré afin de ne pas perdre ce crédit joliment acquis et ne pas, une nouvelle fois serait-on tenté de dire, se laisser rouler par le marchand de loukoums comme cela a été le cas à Idlib…

En Biélorussie, les sanctions européennes poussent un peu plus Minsk dans les bras de Moscou

En Biélorussie, le Kremlin contrôle jusqu’à présent la situation, comme nous l’avons montré dans plusieurs billets dont le dernier. Ne mettant pas tous ses œufs dans le même panier, il joue à la fois Loukachenko et, quoique plus discrètement, la carte d’une partie de l’opposition. Avec, en vue, une transition pacifique du pouvoir entre le moustachu et, au hasard, un certain Babariko par exemple.

Là comme ailleurs, tout est dans le dosage. Un soutien trop marqué à l’autocrate aliénerait clairement une partie de la population ; un soutien trop distant permettrait à l’empire de s’infiltrer dans les interstices.

En attendant, les sanctions européennes (sur les personnes seulement, précision importante) ont poussé Minsk un peu plus dans les bras de Moscou, notamment dans le domaine énergétique. On se rappelle les chantages homériques de Loukachenko réclamant, avec force frémissements de moustache, toujours plus de ristournes. Le bon temps semble bel et bien fini pour la partie biélorusse qui n’a plus trop le courage de négocier…

L’entregent de l’ours au Kirghizistan

Envolons-nous pour finir vers l’Asie centrale, région capitale du Grand jeu mais qui ne vient pourtant que par intermittence sur le devant de la scène. La dégringolade américaine n’y est sans doute pas pour rien :

Les années 90 ou l’âge d’or de l’empire. La Russie eltsinienne est alors au fond du gouffre, la Chine n’est pas encore ce qu’elle est devenue et la thalassocratie américaine peut rêver les yeux ouverts de s’implanter durablement au cœur même du continent-monde.

Elle soutient dès 1994 le séparatisme tchétchène menaçant de désagréger le Heartland russe tandis que fleurissent les projets de captation des richesses énergétiques de la Caspienne afin d’isoler Moscou. Le fameux BTC est conçu, véritable bébé de Brzezinski qui publie en 1997 son non moins fameux Grand échiquier :

Il est impératif qu’aucune puissance eurasienne concurrente capable de dominer l’Eurasie ne puisse émerger et ainsi contester l’Amérique. La mise au point d’un plan géostratégique relatif à l’Eurasie est donc le sujet de ce livre.

Tout est dit. Ce plan n’est rien moins que monumental :

En mars 1999, au moment même où les premières bombes s’abattaient sur la Serbie et quelques jours avant que la Pologne, la Hongrie et la République tchèque ne deviennent membres de l’OTAN, le Congrès américain approuva le Silk Road Strategy Act, ciblant ni plus ni moins huit ex-républiques de l’URSS – les trois du Caucase et les cinq -stan d’Asie centrale. Derrière la novlangue de rigueur, le but était de créer un axe énergétique est-ouest et d’arrimer fermement ces pays à la communauté euro-atlantique. Dans le collimateur, même si cela n’était pas dit explicitement : Moscou et Pékin.

Mars 1999 ou la folie des grandeurs américaine… Europe de l’est, Balkans, Caucase, Asie centrale : la Russie serait isolée sur tout son flanc sud et l’Eurasie divisée pour toujours.

Un quart de siècle plus tard, Lisa Curtis, directrice du département Asie centrale et méridionale au Conseil de Sécurité Nationale, ne peut que constater les dégâts : « L’influence chinoise augmente sans cesse dans la région tandis que le poids de la Russie y est toujours aussi fort, ce dans toutes les sphères, politique, économique et militaire. » Puis vient la confidence, terrible pour les petits génies des années 90 : « Nous ne nous attendons pas à ce que la situation change et nous ne cherchons pas (plus ?) à rivaliser avec l’influence russe. » Dr Zbig doit se retourner dans sa tombe…

Pour Washington, c’est game over en Asie centrale et dame Curtis ne fait qu’entériner un état de fait. Qu’elles sont loin, les prodigieuses velléités impériales de l’âge d’or. Et ce n’est pas le sympathique voyage de Pompée au Kazakhstan et en Ouzbékistan qui changera quoi que ce soit, comme le reconnaît, désabusé, un autre think tank.

Si les -stan utilisent souvent ces rares visites américaines pour faire monter un peu les enchères vis-à-vis de Moscou et Pékin dans leurs négociations bilatérales, cela ne trompe personne et surtout pas les Etats-Unis. D’ailleurs, deux semaines après le départ du secrétaire d’Etat US, le nouveau président kazakh, Tokaïev, a remis les points sur les i à la conférence de Munich :

    • le Kazakhstan restera une « locomotive de l’intégration de l’Eurasie »
    • il faut accélérer le développement de l’Union Economique Eurasienne [d’obédience russe]
    • les nouvelles routes de la Soie chinoises sont une bénédiction pour l’Asie centrale.

Pompeo a dû entendre ses oreilles siffler mais, pour le fidèle lecteur de nos Chroniques, c’est tout sauf une surprise. Nous prévenions l’année dernière que la démission du liderissimo Nazarbaïev et l’arrivée au pouvoir de Tokaïev ne changeraient rien aux liens étroits d’Astana avec l’ours et le dragon et pourraient même les renforcer.

Bingo ! Et le nouveau président kazakh de conclure en énumérant quelques-unes des réalisations liées aux routes de la Soie ou aux financements chinois, dont la voie ferroviaire Kazakhstan-Ouzbékistan-Iran qui connecte les steppes d’Asie centrale au Golfe persique sous le bienveillant patronage de Pékin et de Moscou. Alors que l’empire a plié bagage, le maillage du continent-monde se met en place…

Le Pompée du Potomac a-t-il totalement jeté l’éponge ? Pas tout à fait si l’on en croit le judicieux Bhadrakumar, qui voit dans les événements kirghizes la main de tonton Sam tentant une énième “révolution colorée” dans les steppes. Vous l’avouerais-je ? votre serviteur est pour sa part beaucoup plus circonspect sur ce qui s’est vraiment passé. La conclusion, par contre, est la même : game over pour le Washingtonistan.

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D’après l’ex-diplomate indien, les élections contestées du 4 octobre, ont provoqué une insurrection alimentée par les déclarations de l’ambassade US et des habituelles officines type Radio Liberté. C’est là que je diverge : j’ai du mal à y voir autre chose qu’un simple suivisme des événements, teinté de bienveillance certes, mais qui ne va guère au-delà, d’autant que l’influence américaine s’est largement érodée et n’est plus l’ombre de ce qu’elle était au temps des Tulipes révolutionnaires de 2005…

Toujours est-il que, les voyages de l’envoyé du Kremlin aidant, un nouveau personnage a été propulsé en avant et a mis tout le monde d’accord, remplaçant au pied levé le président qui, à la surprise générale, a démissionné après avoir assuré qu’il ne le ferait jamais. Le nouvel homme fort, Sadyr Japarov de son doux nom, n’était pas du tout attendu par l’ambassade états-unienne qui se lamente de la prise du pouvoir par “un gang criminel”. Et Bhadrakumar de conclure que la Russie a court-circuité comme à la parade la tentative de putsch de Washington.

Que cette tentative soit réelle ou non, une chose est sûre : l’ours a un entregent certain dans la région, contre lequel les Américains ne peuvent tout simplement pas lutter. Chose intéressante, il se pourrait que Pékin, dont le fort intérêt pour le Kirghizistan (routes de la Soie) n’est plus à démontrer, ait laissé à son allié le soin de régler la situation. Ce serait un nouvel exemple accompli de partage des tâches qui ne ferait que confirmer la symbiose sino-russe dont nous parlons depuis longtemps.

Biélorussie, Caucase, Kirghizistan, Nord Stream II : en une dizaine de jours, Moscou a, par petites touches subtiles, retourné la situation de façon magistrale. Les stratèges impériaux, qui pensaient enfin marquer des points, doivent se demander ce qui a bien pu se passer…

=> Source : Le Grand jeu

Soros, Gates, Covid-19 : la répression commence ! Entretien avec Pierre-Antoine Plaquevent

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Soros, Gates, Covid-19 : la répression commence !

Entretien avec Pierre-Antoine Plaquevent

 
Pierre Antoine Plaquevent était invité à présenter son travail à l'occasion de la rencontre locale du pays réel organisée par Civitas en région parisienne le 3 octobre 2020 : "Covid, Big Pharma, Bill Gates, Soros, de la tyrannie sous prétexte sanitaire au nouvel ordre mondial". Il reprend ici pour nous son intervention.
 
 
 

Chers amis, 

Voici un entretien d'environ 45 min réalisé avec Média Presse Info. Cet entretien brosse un tableau d'ensemble de la séquence en cours.

Parmi les thématiques abordées :

-          L'enrichissement colossal des milliardaires globalistes pendant le confinement

 

-          La répartition des domaines d'influence métapolitique au sein de la gouvernance mondiale entre milliardaires (Soros, Gates, Buffet etc)

 

-          L’affrontement global entre paléo-capitalisme (personnifié par Trump) et néo-capitalisme (Gates, Soros, Buffet, Bézos etc)

 

-          Les objectifs et les buts de l'opération Covid : vaccination de masse, reset économique, passage à la digitalisation totale, télé-travail généralisé, robotisation, salaire universel, décroissance démographique etc.

 

-          Répression des nationalistes-révolutionnaires à la faveur de l'état d'urgence sanitaire : Ryssen, Soral, Aube dorée etc

 

-          Contours du paysage politique de l’avenir après répression des nationalistes-révolutionnaires : globalistes vs néo-conservateurs

 

-          Récupération et utilisation du Covid par les différents léviathans nationaux

 

-          France : l’état d'exception permanent depuis 2015. Utilisation des menaces terroriste et sanitaire pour soumettre la population majoritaire malgré la déréliction de l'État que génère la soumission de nos politiques à l’agenda globaliste. Le séparatisme vient d'abord d'en-haut. Passage du politique à la cybernétique et à l'ingénierie sociale pure 

 

-          République actuelle = GOG – Gouvernement d'Occupation Globaliste

 

-       Cause réelle de la crise globale actuelle : USA de Trump se découplent de la gouvernance globale  

 

-          L’affrontement interne au sein de la gouvernance globale entre judéo-protestantisme pro-vie et globalitarisme trans / post-humaniste

 

-       USA vs gouvernance globale + Chine

 

-          USA : les démocrates accepteraient-ils de perdre les élections ? Le “Transition Integrity Project” démontre que non

 

-          Gouvernance globale et guerre civile planétaire

 

Bien amicalement, 

Pierre-Antoine Plaquevent

jeudi, 22 octobre 2020

Géopolitique des élections américaines

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Géopolitique des élections américaines

 
 
Auteur : Alexandre Douguine
Ex: http://www.zejournal.mobi

Un consensus centenaire des élites américaines

L’expression même de « géopolitique des élections américaines » semble assez inhabituelle et inattendue. Depuis les années 1930, la confrontation entre deux grands partis américains – le Great Old Party (GOP) et les Blue Democrats – est devenue une compétition basée sur l’accord avec les principes de base de la politique, de l’idéologie et de la géopolitique acceptés par les deux parties. L’élite politique des États-Unis était fondée sur un consensus profond et complet – tout d’abord, sur la dévotion au capitalisme, au libéralisme et à l’affirmation des États-Unis comme principale puissance du monde occidental. Qu’il s’agisse des « républicains » ou des « démocrates », il était possible de s’assurer que leur vision de l’ordre mondial était presque identique – mondialiste,

  • libérale,
  • unipolaire,
  • atlantique et
  • americano-centrique.

Cette unité a été institutionnalisée au sein du Council on Foreign Relations (CFR), créé au moment de l’accord de Versailles après la Première Guerre mondiale et réunissant des représentants des deux partis. Le rôle du CFR ne cesse de croître et, après la Seconde Guerre mondiale, il devient le principal siège du mondialisme montant. Pendant les premières étapes de la guerre froide, le CFR a permis la convergence des deux systèmes, avec l’URSS, sur la base des valeurs communes des Lumières. Mais en raison du net affaiblissement du camp socialiste et de la trahison de Gorbatchev, la « convergence » n’était plus nécessaire, et la construction de la paix mondiale était entre les mains d’un seul pôle – celui qui a gagné la guerre froide.

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Le début des années 90 du XXe siècle a été la minute de gloire des mondialistes et du CFR lui-même. À partir de ce moment, le consensus des élites américaines, quelle que soit leur affiliation politique, s’est renforcé et les politiques de Bill Clinton, George W. Bush ou Barack Obama – du moins en ce qui concerne les grandes questions de politique étrangère et l’attachement à l’agenda mondialiste – ont été pratiquement identiques. Du côté des républicains – analogue à la « droite » des mondialistes (représentés principalement par les démocrates) – se trouvent les néoconservateurs qui ont évincé les paléoconservateurs à partir des années 1980, c’est-à-dire ces républicains qui maintenaient la tradition isolationniste et qui restaient fidèles aux valeurs conservatrices, ce qui était caractéristique du parti républicain au début du XXe siècle et aux premiers stades de l’histoire américaine.

Oui, les Démocrates et les Républicains divergeaient en matière de politique fiscale, de médecine et d’assurance (ici, les Démocrates étaient économiquement de gauche et les Républicains de droite), mais c’était une dispute au sein du même modèle, qui n’avait que peu ou pas d’incidence sur les principaux vecteurs de la politique intérieure, et encore moins sur les vecteurs étrangers. En d’autres termes, les élections américaines n’avaient pas de signification géopolitique, et donc une combinaison telle que « géopolitique des élections américaines » n’avait pas cours, en raison de son absurdité et de sa vacuité.

Trump est en train de détruire le consensus

Tout a changé en 2016, lorsque l’actuel président américain Donald Trump est arrivé au pouvoir de manière inattendue. En Amérique même, son arrivée a été quelque chose d’assez exceptionnel. Tout le programme électoral de Trump était basé sur la critique du mondialisme et des élites américaines au pouvoir. En d’autres termes, M. Trump a directement contesté le consensus des deux partis, y compris l’aile néoconservatrice de son parti républicain, et ….il a gagné. Bien sûr, les 4 années de présidence de Trump ont montré qu’il était tout simplement impossible de restructurer complètement la politique américaine d’une manière aussi inattendue, et Trump a dû faire de nombreux compromis, y compris jusqu’à la nomination du néoconservateur John Bolton comme son conseiller à la sécurité nationale. Mais quoi qu’il en soit, il a essayé de suivre sa ligne, au moins en partie, ce qui a rendu les mondialistes furieux. Trump a ainsi brusquement modifié la structure même des relations entre les deux grands partis américains. Sous sa direction, les républicains sont partiellement revenus à la position nationaliste américaine inhérente aux premiers GOP – d’où les slogans « America first ! » ou « Let’s make America great again ! ». Cela a provoqué la radicalisation des démocrates qui, à partir de l’affrontement entre Trump et Hillary Clinton, ont en fait déclaré la guerre à Trump et à tous ceux qui soutiennent sa guerre à lui en matière politique, idéologique, médiatique, économique, etc.

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Pendant 4 ans, cette guerre n’a pas cessé un seul instant, et aujourd’hui – à la veille de nouvelles élections – elle a atteint son apogée. Elle s’est manifestée

  • dans la déstabilisation généralisée du système social,
  • dans le soulèvement des éléments extrémistes dans les grandes villes américaines (avec un soutien presque ouvert du Parti démocrate aux forces anti-Trump),
  • dans la diabolisation directe de Trump et de ses partisans, qui, si Biden gagne, sont menacés d’une véritable épuration, quel que soit le poste qu’ils aient occupé,
  • en accusant Trump et tous les patriotes et nationalistes américains de fascisme,
  • dans des tentatives de présenter Trump comme un agent des forces extérieures – principalement Vladimir Poutine – etc.

L’aigreur de la confrontation entre les partis dans laquelle certains républicains eux-mêmes, principalement des néoconservateurs (comme Bill Kristol, l’idéologue en chef des néoconservateurs) se sont opposés à Trump, a conduit à une forte polarisation de la société américaine dans son ensemble. Et aujourd’hui, à l’automne 2020, sur fond d’épidémie persistante de Covid-19 et de ses conséquences sociales et économiques, la course électorale représente quelque chose de complètement différent de ce qu’elle avait été au cours des 100 dernières années de l’histoire américaine – à partir du traité de Versailles, les 14 points mondialistes de Woodrow Wilson et la création du CFR.

Les années 90 : une minute de gloire mondialiste

Bien sûr, ce n’est pas Donald Trump qui a personnellement brisé le consensus mondialiste des élites américaines, mettant les États-Unis pratiquement au bord d’une guerre civile à part entière. Trump était un symptôme des profonds processus géopolitiques qui se sont déroulés depuis le début des années 2000.

Dans les années 90, le mondialisme a atteint son apogée, le camp soviétique était en ruines, la Russie était dirigée par des agents américains directs et la Chine commençait tout juste à copier docilement le système capitaliste, ce qui a créé l’illusion de la « fin de l’histoire » (F. Fukuyama). Ainsi, la mondialisation n’a été ouvertement contrée que par les structures extraterritoriales du fondamentalisme islamique, à leur tour contrôlées par la CIA et les alliés des États-Unis, d’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe, et par certains « États voyous » – comme l’Iran chiite et la Corée du Nord encore communiste, qui ne représentaient pas en eux-mêmes le grand danger. Il semblait que la domination du mondialisme était totale, que le libéralisme restait la seule idéologie capable de subjuguer toutes les sociétés et que le capitalisme était le seul système économique. On est allé jusqu’à la proclamation du gouvernement mondial (c’est l’objectif des mondialistes, et en particulier, le point culminant de la stratégie du CFR).

Les premiers signes de la multipolarité

Mais quelque chose a mal tourné depuis le début des années 2000. La désintégration et la dégradation de la Russie se sont arrêtées avec Poutine, cette Russie dont la disparition définitive de l’arène mondiale était une condition préalable au triomphe des mondialistes. S’engageant sur la voie de la restauration de sa souveraineté, la Russie a parcouru en 20 ans un long chemin, devenant l’un des pôles les plus importants de la politique mondiale, bien sûr, encore bien souvent inférieure à la puissance de l’URSS et du camp socialiste, mais cessant d’être l’esclave soumise à l’Occident, comme elle l’était dans les années 90.

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Dans le même temps, la Chine, en entreprenant la libéralisation de l’économie, a gardé le pouvoir politique entre les mains du parti communiste, échappant au sort de l’URSS, à l’effondrement, au chaos, à la « démocratisation » selon les normes libérales, et devenant progressivement la plus grande puissance économique, comparable aux États-Unis.

En d’autres termes, il y avait les conditions préalables à un ordre mondial multipolaire, qui, avec l’Occident lui-même (les États-Unis et les pays de l’OTAN), avait au moins deux autres pôles assez importants et significatifs – la Russie et la Chine de Poutine. Et plus on s’éloignait, plus cette image alternative du monde apparaissait clairement, dans laquelle, à côté de l’Occident libéral mondialiste, d’autres types de civilisations basées sur les pôles de pouvoir croissants – la Chine communiste et la Russie conservatrice – faisaient entendre leur voix de plus en plus fort. Des éléments du capitalisme et du libéralisme sont présents à la fois ici et là. Ce n’est pas encore une véritable alternative idéologique, ni une contre-hégémonie (selon Gramsci), mais c’est autre chose. Sans devenir multipolaire au sens plein du terme, le monde a cessé d’être unipolaire sans ambiguïté dans les années 2000. La mondialisation a commencé à s’étouffer, à perdre son cap. Cela s’est accompagné d’une scission imminente entre les États-Unis et l’Europe occidentale. En outre, le populisme de droite et de gauche a commencé à se développer dans les pays occidentaux, ce qui a rendu visible un mécontentement croissant de l’opinion publique face à l’hégémonie des élites libérales mondialistes. Le monde islamique a également poursuivi sa lutte pour les valeurs islamiques, qui ont toutefois cessé d’être strictement identifiées au fondamentalisme (contrôlé d’une manière ou d’une autre par les mondialistes) et ont commencé à prendre des formes géopolitiques plus claires :

  • la montée du chiisme au Moyen-Orient (Iran, Irak, Liban, en partie Syrie),
  • l’indépendance croissante – jusqu’aux conflits avec les États-Unis et l’OTAN – de la Turquie sunnite de Erdogan,
  • les oscillations des pays du Golfe entre l’Occident et d’autres centres de pouvoir (Russie, Chine), etc.

L’élan de Trump : un grand coup de théâtre

Les élections américaines de 2016, qui ont été remportées par Donald Trump, se sont déroulées dans ce contexte – à une époque de grave crise du mondialisme et des élites mondialistes au pouvoir.

C’est alors que la façade du consensus libéral a conduit à l’émergence d’une nouvelle force – cette partie de la société américaine qui ne voulait pas s’identifier avec les élites mondialistes au pouvoir. Le soutien de Trump est devenu un vote de défiance à l’égard de la stratégie du mondialisme – non seulement démocratique, mais aussi républicain. Ainsi, le schisme s’est installé dans la citadelle même du monde unipolaire, dans le siège de la mondialisation. Sous le poids du mépris, ils devenaient les « déplorables », une majorité silencieuse, une majorité dépossédée (V. Robertson). Trump est devenu un symbole du réveil du populisme américain.

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Ainsi, aux États-Unis, la vraie politique est revenue, les disputes idéologiques ont repris et la destruction de monuments de l’histoire américaine est devenue l’expression d’une profonde division de la société américaine sur les questions les plus fondamentales.

Le consensus américain s’est effondré

Désormais, élites et masses, mondialistes et patriotes, démocrates et républicains, progressistes et conservateurs sont devenus des pôles à part entière et indépendants – avec leurs stratégies, programmes, points de vue, évaluations et systèmes de valeurs changeants. Trump a fait sauter l’Amérique, a brisé le consensus des élites et a fait dérailler la mondialisation.

Bien sûr, il ne l’a pas fait seul. Mais il a eu l’audace – peut-être sous l’influence idéologique du conservateur atypique et antimondialiste Steve Bannon (un cas rare d’intellectuel américain familier du conservatisme européen, et même du traditionalisme de René Guénon et de Julius Evola) – de dépasser le discours libéral dominant, ouvrant ainsi une nouvelle page de l’histoire politique américaine. Sur cette page, cette fois, on lit clairement la formule « géopolitique des élections américaines ».

L’élection américaine de 2020 : tout est remis en jeu

En fonction du résultat des élections de novembre 2020, les éléments suivants seront redessinés :

  • l’architecture de l’ordre mondial (transition vers le nationalisme et la multipolarité réelle dans le cas de Trump, poursuite de l’agonie de la mondialisation dans le cas de Biden),
  • la stratégie géopolitique globale des États-Unis (l’Amérique d’abord dans le cas de Trump, un saut désespéré vers le gouvernement mondial dans le cas de Biden),
  • Le sort de l’OTAN (sa dissolution en faveur d’une structure qui reflète plus strictement les intérêts nationaux des États-Unis – cette fois-ci en tant qu’État, et non comme un rempart de la mondialisation dans son ensemble (dans le cas de Trump) ou la préservation du bloc atlantique en tant qu’instrument des élites libérales supranationales (dans le cas de Biden),
  • l’idéologie dominante (le conservatisme de droite, le nationalisme américain dans le cas de Trump, le mondialisme de gauche, l’élimination définitive de l’identité américaine dans le cas de Biden),
  • la polarisation des démocrates et des républicains (poursuite de la croissance de l’influence des paléo-conservateurs au sein du gouvernement en cas de victoire de Trump) ou retour au consensus bipartite (dans le cas de Biden avec une nouvelle croissance de l’influence des néoconférences au sein du gouvernement),
  • et même le sort du deuxième amendement constitutionnel (son maintien dans le cas de Trump, et son éventuelle abrogation dans le cas de Biden).

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Ce sont des moments si importants que le sort de Trump, les murs de Trump, et même les relations avec la Russie, la Chine et l’Iran s’avèrent être quelque chose de secondaire. Les États-Unis sont si profondément et si complètement divisés que la question est maintenant de savoir si le pays survivra à des élections aussi inédites. Cette fois, la lutte entre les démocrates et les républicains, Biden et Trump, est une lutte entre deux sociétés disposées agressivement l’une contre l’autre, et non un spectacle insensé dont rien ne dépend fondamentalement. L’Amérique a atteint un clivage fatal. Quel que soit le résultat de cette élection, les États-Unis ne seront plus jamais les mêmes. Quelque chose a changé de manière irréversible.

C’est pourquoi nous parlons de la « géopolitique de l’élection américaine », et c’est pourquoi elle est si importante. Le sort des États-Unis est, à bien des égards, le sort du monde moderne tout entier.

Le phénomène du « Heartland »

La notion de géopolitique la plus importante depuis l’époque de Mackinder, le fondateur de cette discipline, est celle de « Heartland ». Cela signifie le noyau de la « civilisation terrestre » (Land Power), s’opposant à la « civilisation de la puissance maritime ».

Mackinder lui-même, et surtout Carl Schmitt, qui a développé son idée et son intuition, parle de la confrontation entre deux types de civilisations, et pas seulement de la disposition stratégique des forces dans un contexte géographique.

La « Civilisation de la mer » incarne l’expansion, le commerce, la colonisation, mais aussi le « progrès », la « technologie », les changements constants de la société et de ses structures, à l’image de l’élément très liquide de l’océan – la société liquide de Z. Bauman.

C’est une civilisation sans racines, mobile, mouvante, « nomade ».

La « civilisation de la terre », au contraire, est liée au conservatisme, à la constance, à l’identité, à la durabilité, à la méritocratie et aux valeurs immuables ; c’est une culture qui a des racines, qui est sédentaire.

Ainsi, le « Heartland » acquiert lui aussi une signification civilisationnelle – il n’est pas seulement une zone territoriale aussi éloignée que possible des côtes et des espaces maritimes, mais aussi une matrice d’identité conservatrice, une zone de fortes racines, une zone de concentration maximale d’identité.

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En appliquant la géopolitique à la structure moderne des États-Unis, on obtient une image étonnante par sa clarté. La particularité du territoire américain est que le pays est situé entre deux espaces océaniques – entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique. Contrairement à la Russie, il n’y a pas aux États-Unis de tendance nette au déplacement du centre vers l’un des pôles – bien que l’histoire des États-Unis ait commencé sur la côte Est et se soit progressivement déplacée vers l’Ouest; aujourd’hui, dans une certaine mesure, les deux zones côtières sont plutôt développées et représentent deux segments de la « civilisation de la mer » distincte.

Les États-Unis et la géopolitique électorale

Et c’est là que le plaisir commence. Si nous prenons la carte politique des États-Unis et que nous la colorions avec les couleurs des deux principaux partis en fonction du principe de savoir quels gouverneurs et quels partis dominent dans chacun d’eux, nous obtenons trois bandes :

  • La côte Est sera bleue, avec de grandes zones métropolitaines concentrées ici, et donc dominées par les démocrates ;
  • la partie centrale des États-Unis – zone de survol, zones industrielles et agraires (y compris « l’Amérique à un étage »), c’est-à-dire le Heartland proprement dit – est presque entièrement en rouge (zone d’influence républicaine) ;
  • La côte ouest concentre à nouveau des mégalopoles, des centres de haute technologie, et par conséquent la couleur bleue des démocrates.

Bienvenue dans la géopolitique classique, c’est-à-dire en première ligne de la « Grande Guerre des Continents ».

Ainsi, US-2020 ne se compose pas seulement d’échantillons variés de population, mais exactement de deux zones de civilisation – le Heartland central et deux territoires côtiers, qui représentent plus ou moins le même système social et politique, radicalement différent du Heartland. Les zones côtières sont la zone des démocrates. C’est là que se trouvent les foyers de la contestation la plus active du BLM, des LGBT+, du féminisme et de l’extrémisme de gauche (groupes terroristes « anti-fa »), qui ont été impliqués dans la campagne électorale des démocrates pour Biden et contre Trump.

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Avant Trump, il semblait que les États-Unis n’étaient qu’une zone côtière. Trump a donné sa voix au cœur de l’Amérique. Ainsi, le centre rouge des États-Unis a été activé et activé. Trump est le président de cette « deuxième Amérique », qui n’a presque aucune représentation dans les élites politiques et n’a presque rien à voir avec l’agenda des mondialistes. C’est l’Amérique des petites villes, des communautés et des sectes chrétiennes, des fermes ou même des grands centres industriels, dévastée et dévastée à répétition par la délocalisation de l’industrie et le déplacement de l’attention vers des zones où la main-d’œuvre est moins chère. C’est une Amérique qui est déserte, loyale, oubliée et humiliée. C’est la patrie des vrais Amérindiens – des Américains avec des racines, qu’ils soient blancs ou non, protestants ou catholiques. Et cette Amérique centrale est en train de disparaître rapidement, à l’étroit entre  les zones côtières.

L’idéologie du cœur de l’Amérique : la vieille démocratie…

Il est révélateur que les Américains eux-mêmes aient récemment découvert cette dimension géopolitique des États-Unis. En ce sens, l’initiative de créer un Institut de développement économique complet, axé sur des plans de relance des micro-villes, des petites villes et des centres industriels situés au centre des États-Unis, est typique. Le nom de l’Institut parle de lui-même: « Heartland forward », « Heartland forward ! ». En fait, il s’agit d’un décryptage géopolitique et géoéconomique du slogan de Trump « Let’s make America great again ! »

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Dans un article récent du dernier numéro du magazine conservateur American Affairs (Automne 2020. V IV, ? 3), l’analyste politique Joel Kotkin publie des documents du programme « The Heartland’s Revival » sur le même sujet – « La renaissance de Heartland ». Et bien que Joel Kotkin ne soit pas encore parvenu à la conclusion que les « États rouges » sont, en fait, une civilisation différente des zones côtières, de par sa position pragmatique et plus économique, il s’en rapproche.

La partie centrale des États-Unis est une zone très spéciale avec une population, où prévalent les paradigmes de la « vieille Amérique » avec sa « vieille démocratie », son « vieil individualisme » et sa « vieille » idée de la liberté. Ce système de valeurs n’a rien à voir avec la xénophobie, le racisme, la ségrégation ou tout autre substantif péjoratif que les Américains moyens des États intermédiaires se voient généralement attribuer par les intellectuels et les journalistes arrogants des mégalopoles et des chaînes nationales. C’est l’Amérique, avec toutes ses caractéristiques, la vieille Amérique traditionnelle, quelque peu figée dans sa volonté initiale de liberté individuelle depuis l’époque des pères fondateurs. Elle est surtout représentée par la secte amish, encore habillée dans le style du XVIIIe siècle, ou par les mormons de l’Utah, qui professent un culte grotesque mais purement américain, rappelant très vaguement le « christianisme ». Dans cette vieille Amérique, une personne peut avoir toutes sortes de croyances, dire et penser ce qu’elle veut. C’est la racine du pragmatisme américain : rien ne peut limiter ni le sujet ni l’objet, et les relations entre ceux-ci ne se révèlent que dans le feu de l’action. Encore une fois, cette action a un seul critère : ça fonctionne ou ça ne fonctionne pas. Et c’est tout. Personne ne peut prescrire un éventuel « vieux libéralisme » selon lequel chacun devrait penser, parler ou écrire. Le politiquement correct n’a aucun sens ici.

Il est seulement souhaitable d’exprimer clairement sa propre pensée, qui peut être, théoriquement, tout ce que l’on veut. Dans une telle liberté de tout, tout est l’essence du « rêve américain ».

Deuxième amendement à la Constitution : protection armée de la liberté et de la dignité …

Le cœur de l’Amérique ne se résume pas à l’économie et à la sociologie. Elle a sa propre idéologie. C’est une idéologie amérindienne – plutôt républicaine – en partie anti-européenne (surtout anti-britannique), reconnaissant l’égalité des droits et l’inviolabilité des libertés. Et cet individualisme législatif s’incarne dans le libre droit de posséder et de porter des armes. Le deuxième amendement à la Constitution est un résumé de toute l’idéologie d’une telle Amérique « rouge » (au sens de la couleur GOP). « Je ne prends pas ce qui est à toi, mais tu ne touches pas non plus à ce qui m’appartient. » C’est le résumé de ce que véhicule un couteau, un pistolet, une arme à feu, mais aussi une mitrailleuse ou un pistolet mitrailleur. Il ne s’agit pas seulement de choses matérielles, mais aussi de croyances, de modes de pensée, de choix politiques libres et d’estime de soi.

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Mais les zones côtières, les territoires américains de la « Civilisation de la mer », les États bleus, voilà ce qui est attaqué. Cette « vieille démocratie », cet « individualisme », cette « liberté » n’ont rien à voir avec les normes du politiquement correct, avec une culture de plus en plus intolérante et agressive, avec la démolition des monuments aux héros de la guerre de Sécession ou avec le fait de baiser les pieds des Afro-Américains, des transsexuels et des monstres à corps positif. La « civilisation de la mer » considère la « vieille Amérique » comme un ensemble de « déplorables » (selon les termes d’Hillary Clinton), comme une masse de « fascistophiles » et de « dissidents ». À New York, Seattle, Los Angeles et San Francisco, nous avons déjà affaire à une autre Amérique – une Amérique bleue de libéraux, de mondialistes, de professeurs postmodernes, de partisans de la perversion et d’un athéisme prescriptif offensif, qui chasse de la zone de tolérance tout ce qui ressemble à la religion, à la famille, à la tradition.

La Grande Guerre des Continents aux Etats-Unis : Proximité de l’issue

Ces deux Amériques – Earth America et Sea America – rassemblent leurs forces aujourd’hui dans une lutte acharnée pour leur président. Et tant les démocrates que les républicains n’ont sciemment aucune intention de reconnaître un gagnant s’il vient du camp opposé. Biden est convaincu que Trump « a déjà truqué les résultats des élections », et que son « ami » Poutine « s’en est déjà mêlé » avec l’aide des services secrets, la GRU, du « nouveau venu », des trolls Holguin et d’autres écosystèmes multipolaires de la « propagande russe ». Par conséquent, les démocrates n’ont pas l’intention de reconnaître la victoire de Trump. Ce ne sera pas une victoire, mais une « fake news ».

Les républicains les plus conséquents le considèreraient également comme une falsification. Les démocrates utilisent des méthodes illégales dans la campagne électorale – en fait, les États-Unis eux-mêmes ont une « révolution des couleurs » dirigée contre Trump et son administration. Et les traces de ses organisateurs, parmi les principaux mondialistes et opposants de Trump George Soros, Bill Gates et autres fanatiques de la « nouvelle démocratie », les représentants les plus brillants et les plus conséquents de la « civilisation de la mer » américaine, sont absolument transparentes derrière cette révolution. C’est pourquoi les républicains sont prêts à aller jusqu’au bout, d’autant plus que le ressentiment des démocrates contre Trump et les personnes nommées par ce dernier au cours des 4 dernières années est telle que si Biden se retrouve à la Maison Blanche, la répression politique contre une partie de l’establishment américain – du moins contre toutes les personnes nommées par Trump – aura une ampleur sans précédent.

C’est ainsi que la tablette de chocolat américain se brise sous nos yeux – les lignes de fracture possibles deviennent les fronts de la véritable guerre elle-même.

Ce n’est plus seulement une campagne électorale, c’est la première étape d’une véritable guerre civile.

Dans cette guerre, deux Américains – deux idéologies, deux démocraties, deux libertés, deux identités, deux systèmes de valeurs s’excluant mutuellement, deux politiciens, deux économies et deux géopolitiques – se font face.

Si nous comprenions l’importance actuelle de la « géopolitique de l’élection américaine », le monde retiendrait son souffle et ne penserait à rien d’autre – ni même à la pandémie de Covid-19 ou aux guerres, conflits et catastrophes locales. Au centre de l’histoire du monde, au centre de la détermination du destin de l’avenir de l’humanité se trouve la « géopolitique des élections américaines » – la scène américaine de la « grande guerre des continents », la terre américaine contre la mer américaine.

Source : http://dugin.ru et https://izborsk-club.ru/20027 

Traduit du russe par « Le rouge et le blanc », sur : http://pocombelles.over-blog.com/2020/10

Traduction revue par Maria Poumier

L'auteur, Alexandre Guelievitch Douguine né en 1962 est un éminent philosophe, écrivain, éditeur, personnalité publique et politique russe. Docteur en sciences politiques. Professeur de l'Université d'État de Moscou. Leader du Mouvement international eurasien. Membre permanent du Club d’Izborsk.

mercredi, 21 octobre 2020

Andreï Fursov: le chaos est nécessaire pour le changement

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Andreï Fursov: le chaos est nécessaire pour le changement

Vidéo d’origine en russe, sous-titrée en anglais :

https://www.youtube.com/watch?v=Dfdyf3pUyWk

Traduction française :

Andreï Fursov : Aucun système nouveau ne se coule en douceur dans un autre système. Pour créer un nouveau système, il faut d’abord créer le chaos. De plus, le chaos est nécessaire pour une autre raison très importante. Durant le chaos, la formation d’un nouveau sujet historique se produit. C’est parce que les nouveaux systèmes sociaux n’apparaissent pas automatiquement. D’abord un nouveau sujet historique apparaît et il crée un nouveau système. Puis le système l’écrase [= l’ancien système]. Maintenant nous allons voir comment, dans les 50-60 années à venir, la formation et le conflit de ces sujets va se produire. Pae exemple, si nous parlons d’histoire, que signifia le XVIe siècle pour l’Angleterre ? La formation d’un sujet historique essentiellement nouveau se produisit. La noblesse privée anglaise, le capital lombard, quelques templiers et les Vénitiens le formèrent avec succès dans des circonstances historiques favorables. Elizabeth 1ère d’Angleterre ne fut pas tuée. A la place de l’Empire catholique anglo-espagnol, nous eûmes l’Empire britannique complètement différent. Aujourd’hui est en cours la formation d’un sujet essentiellement nouveau. Quel est le bon coté de cette situation ? J’ai l’impression que cette situation est en train d’échapper au contrôle des concepteurs. Cela ne veut pas dire que les planificateurs soient mauvais. Cela signifie que la situation est tellement complexe que les planificateurs, qui sont habitués à certaines règles, connaissent leur but et ont un plan mais ne sont pas encore habitués aux circonstances rapidement changeantes. Ils sont habitués à jouer aux échecs normaux et non aux échecs clignotants. C’est là que se trouve notre chance. 

Intervieweur : Si je vous comprends correctement, dans le chaos et l’incertitude, nous pouvons proposer notre propre projet avec une chance de réalisation.

Andreï Fursov : Oui, le chaos est une situation à double tranchant. C’est une situation qu’on peut tenter de dominer. Qu’est-ce que le chaos ? On peut le caractériser comme un point de bifurcation. C’est un point où le système a un choix maximal. Bien sûr il y a une certaine trajectoire, mais il est spectaculairement en expansion. Dans les points de bifurcation, une grande poussée n’est pas nécessaire. Une [petite] poussée dans la bonne direction suffit. Cette poussée peut être effectuée par un groupe qui n’est pas grand par le nombre. Si nous prenons l’histoire russe, c’est le nouveau type de parti de Vladimir Lénine. Il n’était pas grand par le nombre. Maintenant nous ne dirions pas que la Finintern [= l’Internationale financière] était derrière eux. Ils agirent dans certaines circonstances. Ce petit groupe arriva et poussa l’histoire dans la direction voulue.

[C’est ce qu’on peut appeler le moment propice, le moment du « renversement », du kaïros,  de la svolta, de l’Umbruch, le moment où on peut « chevaucher le tigre ». NDT.]

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Kaukasus-Konflikt

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Kaukasus-Konflikt

Willy Wimmer

Ex: https://www.world-economy.eu

Im Kaukasus sterben Menschen und sie sterben, weil ein regionaler Krieg zwischen zwei Kaukasus-Staaten wieder aufgeflammt ist. Die Kriegsparteien sind bekannt. Es handelt sich um Armenien und Aserbeidschan. Sich diese beiden Staaten alleine anzusehen, reicht nicht. Beide Staaten stehen für Konfliktfelder, die eine globale Dimension haben. Es überschneiden sich Rivalitäten, die weit in die Geschichte von zwei Jahrhunderten zurückreichen und Staaten wie Russland und Amerika, die Türkei und Frankreich ebenso betreffen wie heute Iran und Israel.

Es reicht völlig, sich die Staaten in ihrer jeweiligen Kooperation anzusehen. Der internationale Akteur, der jedenfalls die Lage vor Ort kannte, wurde vor Ausbruch der Kämpfe politisch aus dem Verkehr gezogen: die OSZE. Derzeit kann keine internationale Struktur den Konflikt auffangen. Die Bemühungen Russlands um einen Waffenstillstand machen deutlich, wie hoch das Gefährdungspotential über den Kaukasus hinaus eingeschätzt wird. Jetzt hat der Vorsitzende armenischer Kirchengemeinden in Deutschland die Bundesregierung aufgefordert, sich in dem Konflikt zu engagieren und gleich die Geschichte ins Feld geführt. Hier zeigt sich bereits im Ansatz, was das Führungschaos bei der OSZE bewirkt hat. Niemand kann heute sagen, wer den ersten Schuss in dem bislang fast eingefrorenen Konflikt abgefeuert hatte? Feststellen kann jeder, wie die Ausgangslage für diesen Krieg aussieht. Es gibt mehrere Grundtatbestände. Das sind zunächst die international anerkannten Grenzen. Danach liegt der Zankapfel namens „Berg-Karabach“ eindeutig auf dem Staatsgebiet von Aserbeidschan. Ebenso unbestritten sind zwei weitere Umstände. Berg-Karabach wird mehrheitlich von Armeniern besiedelt. Über das Gebiet von Berg-Karabach hinaus haben armenische Streitkräfte als Ergebnis des Konfliktes von 1991-1994 um das Gebiet von Berg-Karabach Teile des Staatsgebietes von Aserbeidschan besetzt. Hunderttausende Flüchtlinge sind nach den Feststellungen der UN Binnenflüchtlinge in Aserbeidschan.

Welchen Zielen soll eine deutsche Initiative gelten? Nach dem jetzigen Stand der Dinge muss das Sterben beendet werden. Dafür besitzen andere die Durchschlagskraft, dies jedenfalls zu versuchen. Wenn es gilt, internationale Standards wieder zu respektieren, kann niemand von Deutschland erwarten, dass unser Land sich dafür einsetzen sollte, territoriale Kriegsgewinne aus dem Konflikt 1991-1994 anerkannt zu sehen. In der Zeit von Helmut Kohl haben die Kriegsparteien Realismus genug gezeigt, eine allseits anerkannte und respektierte Regelung zu treffen. Der Vater des heutigen Präsidenten von Aserbeidschan war pragmatisch genug und in Jerewan war man das auch. Man kann nicht einfach anknüpfen, denn das lassen die Hintermänner nicht zu.

Die Meinung des Autors/Ansprechpartners kann von der Meinung der Redaktion abweichen. Grundgesetz Artikel 5 Absatz 1 und 3 (1) „Jeder hat das Recht, seine Meinung in Wort, Schrift und Bild frei zu äußern und zu verbreiten und sich aus allgemein zugänglichen Quellen ungehindert zu unterrichten. Die Pressefreiheit und die Freiheit der Berichterstattung durch Rundfunk und Film werden gewährleistet. Eine Zensur findet nicht statt.“

 

Le piège de la postmodernité se referme contre la liberté des peuples

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Pierre Le Vigan:

Le piège de la postmodernité se referme contre la liberté des peuples

pierre-levigan.jpgToute une sociologie se réjouit du développement de liens horizontaux, du co-voiturage, des co-locations (imposées par les loyers exorbitants), de la vitalité des tribus vestimentaires, sexuelles, comportementales qui irriguent la société française. C’est la France archipel qu’analyse fort bien Jérôme Fourquet. Certes, ces tribus se retirent totalement du politique - c’est le « retrait sur l’Aventin » dont parle Michel Maffesoli - mais elles seraient le lieu d’une éclosion de nouveaux liens, voire d’un nouveau lieu du sacré. Tout cela marquerait la revanche de l’émotion sur la raison, ou le basculement vers une raison sensible, à vrai dire plus sensible, comme les quartiers du même nom, que rationnelle, puisque – on l’oublie trop – la raison suppose une culture, alors que ces tribus postmodernes sont sans culture, autre que le présentisme.

   410tApvWIeL.jpgCette vision, qui se veut un constat, n’est pas neutre. Ces théoriciens de la postmodernité heureuse, tels Michel Maffesoli, ne déplorent pas l’inexistence d’une spiritualité commune aux Français, d’un sacré unificateur ancré dans notre histoire, mais regrettent qu’une place plus grande ne soit pas faite aux autres spiritualités, et il n’y en a qu’une présente en masse, c’est l’islam, à qui une place plus grande devrait être faite (Maffesoli, Atlantico, 18 février 2015). Les djihadistes seraient en somme victimes du laïcisme français.

   Cette vision n’a pas seulement la naïveté de croire que les terroristes tuent parce qu’ils recherchent le sacré et n’arrivent pas à trouver assez vite les poèmes soufis en librairie, alors qu’ils tuent par ressentiment et parce qu’ils se nourrissent de la haine de nous, Européens. Cette vision agit dans le sens de la pérennité de la domination des élites oligarchiques. En effet, si le peuple n‘est qu’une addition de tribus, il n’y a plus de peuple. En second lieu, si le peuple, c’est l’émotion, on ne fera croire à personne, et pas au peuple lui-même, que la raison ne devrait pas avoir la primauté. A force de répéter Châteaubriand : « On prend pour des conspirations ce qui n’est que le malaise de tous », on oublie Julien Freund, à mesure même que l’on se réclame de lui. On oublie que les dominants ont des stratégies, ce qui est bien normal, que manœuvres et mêmes complots existent. On tombe dans la naïveté et on voudrait que tout le monde y tombe. Bien entendu, que les oligarchies ne soient pas totalement maitresses d’elles-mêmes, ni sans contradictions, c’est une évidence. Mais qu’elles n’aient pas de conscience historique du sens de leur domination, qui est de maintenir et accroitre le pouvoir de l’argent sur toute la société,  c’est une croyance bien irénique. Macron, non plus, outre Atlantique, que Joe Biden, n’a pas été coopté par hasard, l’un pour faire oublier le calamiteux Hollande, l’autre pour battre Trump.

   p1.jpgEn vérité, il y a aussi de l’émotion du côté des élites, notamment l’émotion homogénéisatrice de l’interchangeabilité de tous les hommes, et l’immigrationnisme de principe, et il y a de la rationalité – les pieds sur terre, c’est rationnel – du côté du peuple. Les élites oligarchiques mettent de l’émotion dans la raison, le peuple, lui, met de l’émotion dans sa révolte rationnelle face à un pouvoir qui nie son droit à l’existence, à la fois matérielle, et c’est la question de la destruction des classes moyennes, et culturelle, et c’est la question de l’identité, et plus largement de la pérennité de soi comme Français. La lutte des classes, qui n’a été inventée par Marx, est toujours aussi une lutte pour déterminer quelles sont les valeurs qui dominent dans une société : l’argent ou la coopération, l’économie ou la pérennité des peuples, le court terme ou le long terme. Le peuple a besoin de la sécurité culturelle, du long terme et de ce qui n’a pas de prix : la patrie et donc la solidarité à l’intérieur de la patrie. Ce qui suppose une juste et nécessaire discrimination excluant tout devoir de solidarité avec les étrangers.

PLV

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mardi, 20 octobre 2020

Où va la ville ? Entretien avec Pierre Le Vigan

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Où va la ville ?

Entretien avec Pierre Le Vigan

Archives: Entretien du 6 juin 2010 paru dans Europe Maxima, site numérique, novembre 2010.

De l'après-guerre aux années 60, la France a été dans l'obligation de développer son parc de logements pour répondre aux besoins de la reconstruction, au baby-boom et  aux flux migratoires (retour des Pieds-Noirs et immigration du Maghreb notamment), comment a été gérée la crise du logement et comment a-t-on décidé des nouvelles politiques d'urbanisme à mener ?            

        La France a été très lente à mettre en place une politique du logement d’autant plus nécessaire après 1945 qu’aux destructions de la guerre 39-45 s’ajoutaient les effets du retard pris dans l’entre-deux-guerres, malgré les lois Loucheur, les constructions de pavillons et de quelques cités-jardins. L’essor réel de la construction après-guerre date du Plan Courant de 1953, du nom de Pierre Courant, ministre de la Construction. La construction s’est accélérée à partir des ZUP (zones à urbaniser en priorité). Comme dans beaucoup de domaines, c’est la IVe République qui a initié les choses mais c’est la Ve qui en a récolté les fruits, du moins à l’époque du général de Gaulle.    A cette époque, en effet, on a vu les bénéfices de la politique de construction de masse de logements mais on n’en a pas vu les conséquences à long terme. Les bénéfices, c’est loger plus de familles – suite au baby boom qui démarre  en 1942 – et dans plus de confort. Les conséquences à long terme c’est un urbanisme sans âme, sans enracinement, des quartiers sans repères, souvent éloignés des moyens de transports, isolés des vieux centres-villes, et c’est la création de quartiers anonymes et dévalorisés.

            Comment en est-on arrivé là ?

             indexPDO.jpgC’est la politique de Paul Delouvrier, grand commis à l’urbanisme nommé par de Gaulle, qu’il faut incriminer. Les zones à urbaniser étaient choisies en « sautant » par-dessus les banlieues existantes. Donc en lointaine périphérie. On a préféré faire du neuf dans des endroits vierges plutôt que d’améliorer les territoires de vieilles banlieues. Il est vrai que celles-ci étaient communistes pour une bonne part et que le régime gaulliste voulait les contourner.  En outre, l’idéologie urbaine « fonctionnaliste » plus ou moins proche de Le Corbusier se prêtait plus à des constructions dans de l’espace vide plutôt qu’à des « retricotages » subtils de la ville dans des territoires déjà urbanisés.

            Des erreurs ont-elles été commises dans les années 50-60 à 70 ? Si oui,  lesquelles ? Ont-elles concerné d’abord le domaine architectural, ou urbanistique, ou les deux?

            Parmi les graves erreurs, il y a le manque de transports en commun : peu de gares, pas de tramway, pas assez de bus. Il y a l’isolement par rapport aux centres-villes, il y a des constructions de cités de logements à cheval sur plusieurs villes, qui favorisent l’irresponsabilité des élus. Il y a l’interven­tion­nisme d’Etat hors de toute concertation avec les élus locaux. Force est de constater que de Gaulle ne connaissait rien et ne comprenait rien aux questions de la ville et qu’il était surtout inspiré par la politique extérieure. Ce qui plaide, entre parenthèses, contre le pouvoir personnel et contre une présidence omnipotente. L’architecture des grands ensembles est contestable par sa monotonie, par l’équivalence du devant et du derrière des immeubles, par sa dimension souvent excessive. Je ne crois pas souhaitable de construire des immeubles au-delà de 7 ou 8 étages qui ne permettent guère de loger plus de gens, à moins de réduire les règles de prospects, donc de rapprocher les immeubles d’une manière pathologique, qui obligent à avoir plusieurs ascenseurs, et qui rendent plus complexes les règles de sécurité (incendie et autre).  Toutefois, dire cela, c’est déjà être plutôt dans la volu­métrie et le rapport entre les volumes, donc dans l’urbanisme  que dans l’archi­tecture stricto sensu. Des voies trop larges sont aussi à incriminer, des espaces non appropriés, trop d’espaces verts qui ressemblent à des terrains vagues.

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 « Pas assez de densité » : c’est à mon avis le reproche principal à faire aux politiques des dernières décennies. Les banlieues lointaines, les villes nouvelles sont 5 à 10 fois moins denses voire encore moins (en nombre de logements à l’hectare) que les centres-villes haussmanniennes. Exemple : Paris 20.000 habitants/km2, Sarcelles (Val d’Oise) 7.000 habitants/km2, Villiers le bel (Val d’Oise) 3.700 habitants/km2, Bièvre, en Essonne 500 habitants/km2. La faible densité rend difficile l’anonymat et donne au groupe une pression communautaires excessives (l’impossibilité des femmes de se promener en jupe), donne aux bandes une forte visibilité, rend trop couteuse la création de transports collectifs, favorise donc la voiture comme mode de déplacement, avec ses nuisances y compris en terme de paysage urbain (immenses parkings au pied des HLM). Les erreurs sont donc avant tout urbanistiques.

            Si des erreurs ont-été commises à ce moment-là, les politiques en ont-ils tenus compte lors des politiques ultérieures d'urbanisation ?

        A  partir de 1975, la réponse est oui. Bien entendu, tout n’est pas parfait à partir de cette époque, mais il se trouve que le très net ralentissement de la construction à partir de 1975, absurde à certains égards alors que le gouvernement encourageait l’immigration familiale qui amenait donc des familles nombreuses en France, ce ralentissement a mené à faire des opérations plus petites, mieux concertées, surtout à partir de la décentralisation de 1982-83, et mieux intégrées dans l’existant.  Cela a par contre amené les grands ensembles qui, sans immigration, auraient été peu à peu déserté et détruit, a devenir un réservoir de logements pour immigrés.

Autre changement, depuis les années 1970, un véritable corps professionnel des urbanistes a fini par exister et la culture des architectes a changé elle aussi, avec la fin (partielle) de la domination des idéaux modernistes et fonctionnalistes.  Ce qui ne veut pas dire que tout ce que l’on appelle post-moderne forme un ensemble cohérent (ce n’est pas le cas) ou convaincant (Ricardo Bofill est parfois assommant de mauvais goût). Un exemple de réurbanisation assez réussi est le centre-ville de Saint-Denis, dans le 93, avec des rues étroites, le tramway, le métro, à une erreur près, importante : avoir installé un grand supermarché dans le centre au lieu d’une multitude de boutiques. Malheureusement, le meilleur des urbanismes ne peut pas grand-chose face à des vagues d’immigrations non maitrisée et face à l’absence d’assimilation.

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            Quelles ont été les politiques de rénovation et de réhabilitation urbaine  menées en France à partir de la fin des années 1970 et sur la base du constat d’une certaine crise des grands ensembles ? Quel bilan peut-on en tirer ? Quelle a été la concertation avec les habitants et les acteurs locaux (municipalités et habitants notamment) ?  Que pensez-vous de la politique de la ville en général ? Et comment voyez-vous  l’évolution de la situation sur le plan du « vivre ensemble » et de la délinquance ?

             Le début des politiques de la ville, en fait la politique des quartiers « à problèmes » est Habitat et Vie Sociale (HVS). Nous sommes en 1977 et c’est surtout une idée de la « deuxième gauche » social-démocrate (par opposition à la première gauche « montagnarde »). Il se trouve que c’est aussi à ce même moment que la politique de l’aide à la pierre est remplacée par l’aide à la personne. A ce moment, les loyers des logements sociaux deviennent trop chers (puisqu’elles n’ont pas d’aide) pour les classes moyennes, qui sont poussés à quitter les HLM, ce qui nuit bien sûr à la mixité sociale. L’aide à la personne (les APL) rend solvables des gens qui ont de faibles revenus, ou des revenus de transferts sociaux, ou travaillent au noir. Cela amène à changer la composition des HLM : les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses, ainsi que les familles issues de l’immigration. En 30 ans, elles sont devenues majoritaires dans beaucoup de quartiers de banlieues ou en tout cas de quartiers HLM. Les réhabilitations qui ont été menés l’ont généralement été sérieusement. Le gain en confort est souvent réel même si, esthétiquement, l’aspect hybride des interventions n’est pas toujours très heureux. Mais les habitants vivent dans les immeubles avant de les regarder.

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Le problème est l’ampleur des dégradations et atteintes aux biens et personnes commises par une petite minorité d’habitants, qui instaure un climat de peur et de complaisance vis-à-vis des trafics, vols, dégradations dont les autres habitants, eux-mêmes en bonne part issus de l’immigration sont les premières victimes. Après HVS, le gouvernement Mauroy, en 1981, a mis en place la politique de DSQ (développement social des quartiers). Il s’agit alors avant tout de faire un travail éducatif et de prévention de la délinquance. Les études d’évaluation se sont succédées et les nouvelles mesures de politique de la ville aussi, en fonction des gouvernements. Elles se ressemblent toutes, étant définies par les mêmes hauts fonctionnaires, souvent assez autistes et munis d’une culture de type « fonction publique », respectable mais parfois bien naïve, culture associée à une formation sociologique de base amenant bien souvent à la « culture de l’excuse ». A cela s’ajoute le souci de ne pas « faire de vagues », souci partagé par les politiques. Le clientélisme communautaire s’ajoute ensuite à cela. 

      D’une manière générale, la situation ne s’est pas améliorée, sauf dans certaines villes de province car l’échelle plus petite de l’urbain et l’implication de certains élus locaux a permis des réussites. Le « mal vivre ensemble » gagne. Chômage, dévalorisation du travail, relations conflictuelles entre jeunes et police se sont installés dans la durée, avec une violence croissante. Les contrôles au faciès sont une réalité, mais dans le même temps, l’agressivité de certaines bandes de jeunes vis-à-vis de tout ce qui est public, des pompiers aux médecins, et en somme vis-à-vis de tout ce qui extérieur au quartier est réelle.  Cette logique du ghetto est dramatique et n’a été cassée par aucune loi, même bien intentionnée, comme la Loi d’Orientation sur la Ville (LOV) de 1991.

            Comment les autres pays européens ont-ils géré la reconstruction d'après-guerre et l'augmentation des populations urbaines? Ont-ils menés des politiques similaires à la France en la matière ?

             En Allemagne, il y a eu beaucoup de reconstructions qui respectaient l’usage des parcelles avant les destructions (peu à Berlin, par contre) et peu ou prou la volumétrie des immeubles détruits, très nombreux (il y avait des millions de sans-abris qui s’étaient ajoutés aux centaines de milliers de morts). L’influence de Le Corbusier est venue plus tard. En Grande-Bretagne la reconstruction a été plus rapide qu’en France. Dans tous les cas, l’arrivée en ville de populations rurales, puis immigrés a été l’occasion de production de logements de masse comparables (grandes cités-dortoirs) mais le phénomène a été plus marqué en France parce que l’urbanisation était plus tardive que dans beaucoup d’autres pays européens.

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Dresden: la reconstruction de la ville après la fin de la RDA.

            Qu’est-ce qu’un quartier de relégation en France? En quoi et comment se fait ce processus de relégation ? Sur le plan de la géographie, de la sociologie et des transports notamment ?

            Un quartier de relégation est un quartier qui donne une mauvaise image sur les curriculum vitae mais c’est aussi et surtout un quartier où on rencontre surtout des gens « paumés », sans repères, sans projet. Dans un quartier de relégation, il n’y a pas une dynamique sociale positive, ascendante. C’est un quartier ghetto, un ghetto de pauvres mais aussi un ghetto d’immigrés. Il manque une culture commune à laquelle s’agréger. Parfois, cette culture, c’est l’islam. Mais ce n’est pas ce qui aide le plus à l’intégration, notre pays n’ayant pas vocation à devenir musulman, pas plus qu’arabe, turc ou africain. Souvent, l’adoption de l’islam correspond à une réaction identitaire. « Puisque vous me rejetez, moi aussi je rejette votre Occident consumériste. » (sans négliger le fait que l’adhésion à l’islam ne s’accompagne pas forcément du rejet du consumérisme). On peut comprendre cette recherche identitaire de substitution, mais ce n’est pas très constructif quand on continue de « zoner » au pied de la cité, et c’est souvent très artificiel.  C’est un islam du ressentiment plus que de l’affirmation. Il nous faut dire : « La République française n’admet que l’on dissimule son visage dans l’espace public » (qu’il s’agisse de burqa, casque de motard, bonnet, déguisement, etc.) ». La polygamie est plus complexe – sans doute beaucoup plus massive aussi que le port de la burqa – et pose des problèmes plus graves.  Y compris la question du déséquilibre démographique entre Français « de souche » et immigrés, qu’ils soient Français ou non au plan de l’Etat civil.

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Mosquée de Montreuil, banlieue parisienne.

            Les services publics au sens large et les autres acteurs indispensables (médecins par exemple) sont-ils suffisamment présents dans ces quartiers ?

        Ils ne sont pas assez nombreux. Regardez par exemple le taux de médecins, qui est faible. Les conditions de séjour ne sont certes pas incitatives, pas plus en banlieue que dans la France périphérique. Tant que la sécurité n’est pas rétablie, ces sous-effectifs sont inévitables. Les professions libérales, à quelques remarquables exceptions près, vont là où il y a de l’argent, et de la tranquillité publique.  Quant aux policiers, ils sont beaucoup moins nombreux à la fois par habitant et par hectare de territoire à surveiller en banlieue qu’à Paris. Il faut plus de policiers mais aussi et surtout plus de police de proximité. Il faut certainement moins d’opérations coups de poing, qui sont faites pour être médiatisées, mais ne résolvent pas grand-chose, mais plus de travail policier en profondeur. Il faut par contre instaurer une insécurité quotidienne pour les dealers et les bruleurs de voitures. Actuellement, c’est plutôt l’insécurité quotidienne pour les honnêtes gens qui, rappelons-le, sont la grande majorité des habitants des banlieues. 

            Les diverses classifications opérées par la politique de la ville (ZUS, ZEP,...) ont-elles contribué, selon-vous, à stigmatiser ces quartiers ?

            Zones urbaines sensibles, zones d’éducation prioritaire, zones de redynamisation urbaine, zone franches urbaines : tous ces sigles visent à désigner des politiques publiques prioritaires et sur des territoires qui ne se recoupent pas tous. C’est une machinerie complexe et parfois utile. L’état de la banlieue ne serait-il pas pire sans un certain nombre de ces mesures sur lesquelles il est trop facile de ricaner ? Possible. Ceci dit, elles ne sont pas à la hauteur des problèmes. Déléguer la gestion des quartiers aux « associations », cela a ses limites. Cela aussi des effets de clientélisme et de communautarisation. 

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La vraie question est que beaucoup de quartiers ne sont plus des quartiers de travailleurs et quand il y a des travailleurs, ils n‘ont qu’une idée en tête : en sortir le plus vite possible pour échapper à un climat malsain pour eux, pour leur femme, leurs enfants. Les ZEP donnent plus de moyens, et c’est plutôt un atout d’être en ZEP de ce point de vue mais, ensuite, si la norme sociale et culturelle de la jeunesse de tel quartier en ZEP est de ne rien faire à l’école, au collège, au lycée et au contraire de vivre de petites magouilles (ou grandes magouilles et vraie délinquance), qui empoisonnent la vie du quartier, alors cela ne suffit pas.   Les gens d’origine immigrés sont les premiers à dire, bien souvent, « pas question pour moi de m’installer dans le "neuf-trois" » (la Seine Saint Denis). Ils ajoutent souvent, n’ayant pas l’habitude de la langue de bois : « Il y a trop de racaille ».  Je crois que ces quartiers se sont « stigmatisés » tout seul, du fait d’une partie de leur jeunesse et de la faiblesse du civisme en général en France. De même, on se stigmatise en s’habillant d’une certaine façon (‘‘survêtement à capuche’’…), en s’exprimant d’une certaine façon, etc. On ne peut vouloir être considéré comme un Français comme un autre si tout dans son comportement manifeste que l’on ne se sent pas de culture et de mœurs françaises. Quant à dire qu’ « il n’y a pas de culture française » (Emmanuel Macron), c’est là une réponse tout aussi stupide que de dire qu’il n’y a pas de culture turque, marocaine, iranienne, etc.

            Quelles sont les grandes orientations données par l’actuel ministère de la Ville pour les quartiers sensibles ? Existe-t-il des points critiquables ou qui ont fait débat ? Comment la politique de la ville entend-elle lutter, présentement et à l’avenir contre la délinquance ?

            Le logement, de 2007 à 2010, a été rattaché au vaste ministère de l’Ecologie de Jean-Louis Borloo. Fadela Amara a été secrétaire d’Etat à la ville (2007-2010). Cette dernière a eu de bonnes idées, mélange de volontarisme, de connaissance du terrain et de réalisme (elle ne se fait pas trop d’illusions). Elle est bien inspirée mais a été marginalisée. Le gouvernement a cherché en la nommant un effet d’affichage avant l’efficacité. En fait, pour comprendre, au-delà des mots et des discours quasi-interchangeables d’un ministre à l’autre, la vraie politique du gouvernement pour les banlieues, il faut regarder le projet du Grand Paris de Christian Blanc, sans même parler des extrapolations de Jacques Attali sur « Paris prolongé jusqu’au Havre », Jacques Attali jouant, comme Alain Minc, le rôle de ballon d’essai de Sarkozy (et plus généralement du libéralisme mondialiste – note de 2017).

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Or, c’est un projet du même ordre que celui de de Gaulle et Delouvrier  dans les années 1960 que ce projet gouvernemental du Grand Paris. A savoir un très mauvais projet. Non qu’il n’y ait pas matière à créer une instance fédérative entre Paris et les trois départements de la proche couronne. Cela, c’était le projet de Philippe Dalier à « droite », et de Georges Sarre à « gauche ».  Mais le Grand Paris de Christian Blanc (repris par les équipes de Hollande – note de 2017) se résume au super métro, le « grand huit » de 130 km, qui ne répond aucunement aux besoins des habitants. Là encore, on saute par-dessus la banlieue existante pour aller créer des problèmes ailleurs en développant plus encore l’urbanisation en très grande banlieue, une urbanisation en tâche d’huile. Une nouvelle catastrophe urbaine se prépare.

***

            Est-ce que démolir des tours pour faire des banlieues pavillonnaires améliore automatiquement la vie collective et fait reculer la délinquance ?

           Il est sidérant de voir que l’on va détruire des tours porte de Clignancourt (tours qui ne sont pas plus horribles que d’autres, ni en mauvais état du reste, même si je n’ai aucun goût pour les tours) au moment où on parle d’en construire porte de la Chapelle, soit à deux pas, et à un endroit où il y en a déjà dont on peut faire le bilan : elles fonctionnent très mal sauf quand elles sont hyper-sécurisées (donc très couteuses) et donc destinés à des classes moyennes ou supérieures, celles qui n’ont pas la moindre envie d’habiter la Porte de la Chapelle. D’où une contradiction sans solution.

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On marche sur la tête. Une nouvelle fois – et c’est le mal contemporain – ce qui compte pour les politiques, c’est l’image, l’image, l’image. Alors que l’efficace, l’utile pour les habitants, souvent, ce n’est pas le spectaculaire. C’est du terre à terre dont on a besoin. Et dans tous les sens du terme. Démolir des tours, dans certains cas, pourquoi pas ? Mais ce n’est pas la panacée. Trop souvent, on ajoute du traumatisme à du traumatisme, la destruction est vécue comme une dévalorisation rétroactive. Bien souvent, il vaut mieux densifier, construire autour des barres, ou modifier les barres.  Quant aux tours, de quoi parle-t-on ? 10 étages ? 15 étages ? Quand ce sont des tours résidentielles, cela ne pose pas toujours de problèmes particuliers, chacun respecte les espaces communs.  Quoique… les incivilités existent aussi chez les bourgeois. Pour ce qui est des tours de logements sociaux, elles sont tout à fait inadaptées mais il y a en fait peu de tours de logements sociaux en banlieues, en tout cas assez peu de tours de logements de plus de 10 étages.  Quand il y en a, comme à Bagnolet, il vaut sans doute mieux faire de l’urbanisme reconstructeur, restructurant plutôt que destructeur, améliorer les transports, amener des emplois, décloisonner plutôt que détruire. Dire que l’on détruit des tours pour faire des quartiers pavillonnaires n’est, par ailleurs, pas souvent exact. En général, on détruit des tours pour reconstruire des petits immeubles, qui ont souvent l’inconvénient d’être tous identiques.

            Quelles solutions d’urbanisme et d’architecture pourraient-elles être mises en œuvre pour améliorer la situation de ces quartiers en difficultés ?

            On ne peut évacuer la question de la crise de civilisation : le manque de motivation pour le travail, et pour la création. La France, qui était une nation d’artistes, est devenue une nation de téléphages et de consommateurs d’internet, et pour ce qu’internet a de moins intéressant. La France, l’Occident en général et toute la planète tendent à entrer dans cette post-civilisation qui rétrécit les horizons et atrophie les sensibilités. Seule une minorité échappe à cela. Une minorité privilégiée par la culture, l’éducation et le niveau économique. Il est heureux, en un sens, que cette minorité existe, mais pourra-t–elle résister à la montée de la barbarie ?  Les quartiers en difficulté, habités par des gens eux-mêmes souvent déshérités, moins du reste au plan strictement financier qu’au plan culturel souffrent au premier chef de cette crise de civilisation.

    Les quartiers de grands ensembles, ceux ciblés par la « politique de la ville » – terme ambitieux, il vaudrait mieux dire modestement « l’infirmerie des banlieues » – nécessitent à mon sens de la modestie, continuer de travailler avec certaines associations, même s’il ne faut pas en attendre des miracles, et de l’ambition notamment dans le domaine des transports. Il faut absolument que les gens puissent sortir de ces quartiers, n’en soient pas prisonniers, puissent aller « voir ailleurs ». Donc, il faut des transports, y compris le soir et même la nuit. Il faut renforcer les effectifs permanents de police, mais aussi d’éducateurs.

           indexvict.png Il faut aussi refuser la victimisation. Bien des maghrébins qui « s’en sortent », bien des « noirs » – et non pas des « blacks » – Africains ou Antillais qui eux aussi s’en sortent socialement, c’est-à-dire travaillent, montrent que des jeunes, avec de l’énergie, peuvent trouver une formation, un travail, une voie, un avenir, une espérance, une place dans la société. La République française est généreuse, l’éducation gratuite, les soins gratuits, ce n’est pas rien, il faut le dire et le rappeler. En contrepartie, il faut être sévère avec ceux qui pourrissent la vie de ces quartiers, et qui sont tout simplement des canailles qui vivent de trafics de drogue, de vols, d’escroqueries, de harcèlements, etc.

            Arrive-t-on à faire de la mixité sociale dans les quartiers sensibles ? Sinon, comment expliquer qu'en dépit de la politique de la ville, les habitants fuient ces quartiers ?

      On arrive plus facilement à mettre quelques pauvres dans des quartiers riches que quelques riches dans des quartiers pauvres. La mixité sociale a reculé. Il y avait des bourgeois dans beaucoup de quartiers de banlieue nord il y a 100 ans. Combien en reste-il ? Par ailleurs, le caractère multiethnique des banlieues fait fuir beaucoup de classes moyennes et a fortiori supérieures. Tout le monde est pour l’immigration, les « bobos » en tête, mais chacun préfère habiter un quartier où il n’y a « pas trop » d’immigrés. Il y a beaucoup d’hypocrisie là-dedans. Il n’y avait que les élus communistes, jusque dans les années 1980, à habiter dans des HLM, et encore, pas tous !

            Le problème d’anomie (au sens de désagrégation des règles de vie en collectivité et du lien social) des quartiers sensibles, s’il existe,  est-il résoluble uniquement dans des politiques étatiques ? Où est-ce un problème qui va bien au-delà ? Un problème culturel, de civilisation ?

            L’anomie ou encore la perte de la décence commune dont parlait George Orwell est une réalité. Elle concerne surtout les jeunes de ces quartiers. C’est la conséquence du déracinement dû à l’immigration de masse. C’est la conséquence d’une perte d’identité, ou d’une impossibilité de construction identitaire dans la tolérance, le respect des autres, qu’ils soient issus d’autres communautés immigrées, ou qu’ils soient Français de souche. La société multiraciale est devenue multiraciste. Les injures sont très souvent raciales (et racistes) dans les quartiers que l’on appelait populaires, qui sont encore populaires mais sont aussi maintenant massivement multiethniques et multiraciaux.  Mais, en outre, l’américanisation des mœurs – pour faire court, la fascination par le fric – joue un rôle très déstructurant. L’intégration par les valeurs de l’effort, du travail, de la République qui ne reconnait aucune communauté ne marche plus. Il n’y a pourtant pas d‘autre voie que l’assimilation et le retour à ces valeurs qui n’ont, faut-il le rappeler, jamais impliqué de renier ses ancêtres et ses traditions. Mais est-ce que cela peut marcher avec une immigration de masse ? En tout cas, si cela ne marche pas, rien d’autre ne marchera, car il n’y a pas de communautés en France, de cadres communautaires réellement capables de prendre le relais et on ne peut les créer artificiellement dans les populations d’Afrique noire ou celles originaires du Maghreb. C’est d’ailleurs précisément parce que, dans leurs pays d’origine, le lien social était en crise que ces gens sont venus en France, alors comment peut-on imaginer que, une fois venus en France, leurs attaches d’origine fonctionnent de manière communautaire, ce qu’elles ne faisaient pas toujours dans leur pays ?

           41vZadgoLKL._SX334_BO1,204,203,200_.jpg Pour revenir à la question centrale, qui est celle des jeunes des quartiers, ce qui doit être géré est, ajouté au problème de l’identité, un problème « hormonal ». C’est ce qu’a bien vu Luc Bronner dans La loi du Ghetto. Les jeunes garçons ont pris le pouvoir.  Le culte de l’enfant-roi de nos sociétés n’a rien arrangé. Quand un parent donne une fessée à son gosse, les services sociaux le réprimandent. Les immigrés ne comprennent pas cela. Ils ont l’impression qu’on leur casse leur travail de parent éducateur. Mais surtout, il y a l’absence fréquente du père ou la dévalorisation de la figure du père. C’est souvent un chômeur. Nombre d’immigrés ont été licenciés de leur travail à 45 ans : cela n’aide pas à donner une image forte. Quant aux familles monoparentales, le garçon seul face à sa mère est roi dans certaines cultures. Il y a une asymétrie de la délinquance entre garçons et filles. Difficile donc de dissocier les questions de la banlieue de ces  questions culturelles liées à l’immigration, liées aux cultures des immigrés. Ce qui, bien sûr, ne veut pas dire que, sans problème de l’immigration, il n’y aurait plus de problème de la banlieue. Il resterait le problème de la laideur, et ce n’est pas une petite affaire, car l’homme a besoin de beauté. Il a besoin du ciel étoilé. Il a besoin des nuages. Il a besoin d’une poésie de la vie, et pas seulement de promotions sur les pâtes à tartiner. Il faut à cet égard revoir entièrement la forme et le contenu des centres commerciaux, véritables « rois anonymes » de notre temps, pour reprendre une expression de Georg Simmel à propos de la fonction marchande.

            Quels rapports ont les habitants des quartiers sensibles avec leurs lieux de vie ? Quel est l'état du lien social dans les quartiers sensibles ? Comment évolue-t-il ces dernières années ? S'il y a eu une dégradation de celui-ci à quoi peut-on l'imputer ?

            La question est-elle : aiment-ils leurs lieux de vie ? Je crois qu’ils ne les détestent pas dans bien des cas, mais qu’ils regrettent les problèmes de transport, la délinquance excessive, l’irrespect des lieux, les gens qui urinent dans les ascenseurs, etc. Les gens aimeraient aimer leurs quartiers. Ils n’y arrivent pas bien souvent. Ceci dit, il me parait difficile de généraliser : Vitry n’est pas Bagnolet, qui n’est pas Bondy, qui n’est pas la banlieue de Saint-Etienne ou de Rouen, etc.  On constate un mauvais état du lien social. Je n’ai pas suffisamment d’expérience de terrain pour en dire plus bien qu’ayant longtemps vécu en banlieues y compris dans des quartiers dits « sensibles ». Restaurer la valeur du travail et de l’effort, rendre possible l’accès concret au travail, mais aussi développer l’idée que le travail n’est pas la lutte de tous contre tous, que c’est aussi la solidarité et la coopération.  Il faut redécouvrir l’ « altruisme créatif » (Pitirim Sorokin). Et aussi développer un autre imaginaire que la consommation, voilà ce qu’il faudrait sans doute faire. Programme vaste et complexe.

            Quelles furent les grandes évolutions sociologiques dans les quartiers sensibles ces 30 dernières années? Y-a-t-il eu une ethnicisation de ces quartiers, un appauvrissement ? Une fuite des classes moyennes vers le périurbain ou le centre-ville pour les classes moyennes supérieures ? 

        633676_f.gifDepuis plus de 30 ans, il y a clairement une ghettoisation des quartiers, une pauvreté endémique, un désoeuvrement, une défrancisation qui touche notamment les mœurs, un développement des trafics de drogue et de toutes les délinquances.  Il y a bien sûr un départ de ceux qui peuvent partir notamment les Français « de souche » des classes moyennes, mais aussi les immigrés qui accèdent à la classe moyenne. Quant aux classes supérieures, elles n’ont jamais habité les quartiers sensibles et n’ont donc pas besoin de les fuir. En d’autres termes, la lutte de classes s’accompagne toujours d’une lutte pour s’approprier les lieux, d’une « lutte des places », comme écrit Michel Lussault[1].

            Le rôle des « créateurs de lien social » (animateurs sociaux, gardiens d'immeubles...) dans ces quartiers a-t-il évolué ? Ont-ils plus de difficultés à remplir ce rôle ? Si oui pourquoi ?

         On a renforcé le rôle des gardiens, et souvent leur nombre, et on a eu raison. Ceci dit, beaucoup de gardiens ne veulent plus travailler dans les quartiers difficiles (on les comprend) – ce qui rend ces quartiers encore plus abandonnés. Il faut aussi plus de police, plus de justice, plus de mise hors d’état de nuire de délinquants : mise en prison, interdiction du territoire national, double peine, déchéance de nationalité, les moyens de manquent pas, à condition de se débarrasser de la tutelle de la Cour européenne des droits de l’homme.

            Comment expliquer le fort taux de délinquance dans ces quartiers sensibles ? D’où vient l’origine du malaise et des conduites déviantes ? 

          C’est une question de civilisation. Ce qui joue, c’est la séduction de l’argent facile (les sportifs dont on parle à la télé…), le goût des objets technologiques sophistiqués, la fin du respect de la culture, mais aussi de toutes les institutions pourtant au service des gens  (maintenant, on brule les écoles, les MJC, les bibliothèques, les gymnases…). On vole dans les magasins de fringues, de chaussures de marque… Mais il y a aussi, comme je l’ai déjà souligné, la crise hormonale de ces jeunes garçons qui n’ont pas de défouloir, qui ne font plus leur service militaire, qui ne peuvent plus canaliser leur énergie. C’est le problème principal. Ce n’est pas l’immigré de 40 ans qui brule des voitures, en général. Ce n’est pas celui qui bosse sur les chantiers dans le bâtiment et qui part tôt le matin. C’est le jeune parasite de 12–18 ans qui, en plus de détruire son quartier et d’y bruler les voitures des honnêtes gens, pourrit la vie de son école. Cette jeunesse des émeutiers explique la peur des bavures qu’a la police.

            Comment les pouvoirs publics répondent-ils, dans le cadre de la politique de la ville, à ces difficultés sociales ? Les dispositifs en place soulagent-ils les habitants de ces quartiers en difficulté sociale ? Pourrait-on optimiser les réponses apportées ?

          On connaît les actions de la politique de la ville, avec notamment le soutien aux « associations » -– ce qui recouvrent toutes sortes de réalités. Cela joue sans doute dans le bon sens mais à la marge. L’isolement des quartiers arrange tout le monde : ils « mettent le bordel » chez eux et pas ailleurs. On ne met pas le paquet en éducation, prévention, répression, encadrement. La République ne croit plus en elle. Elle croyait plus en elle-même à l’époque de la Guerre d’Algérie, avec les SAS (sections administratives spécialisées) et, pourtant, cela n’avait pas suffi à l’intégration. La comparaison pourra choquer mais, pourtant, dans certains quartiers, il ne reste pas plus de Français de souche qu’il n’y avait de Pieds-Noirs en Algérie (1 million sur 10). Respecter les gens, c’est s’occuper d’eux, mais la vérité est peut-être que la République préfère abandonner les banlieues. J’espère me tromper. Il ne manque pourtant pas d’élus qui ont assez bien compris les choses, comme Claude Dilain (PS), qui fut maire de Clichy sous bois, ou Catherine Arenou (UMP), à Chanteloup les vignes.

            D’une manière plus générale, est-ce les habitants qui font le lieu de vie ou le lieu de vie qui fait les habitants ou est-ce un peu des deux ?

               C’est une question que l’on rencontre souvent. La misère a trouvé son décor. Mais c’est moins une misère matérielle – les gens ne meurent pas de faim, ni de manque de vêtements – qu’une misère morale. La délinquance des jeunes s’ajoute à cette misère morale. Elle en est aussi le fruit. Je crois que l’urbanisme pourrait changer beaucoup de choses. Des petites rues interdisant la vitesse, des immeubles dont on puisse plus difficilement jeter des choses des toits, des immeubles suffisamment petits pour permettre des relations de proximité. A terme, il faudrait envisager la création d’une garde civique – sorte de nouvelle « garde nationale » – en liaison avec la police nationale.

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Quartier "Orme seul", La Courneuve. Architecture de Catherine Furet.

Il faut refaire un urbanisme de proximité, d’immeubles de taille moyenne, de 4 à 6 étages, avec des rues adaptées, c'est-à-dire de gabarit modeste (exemple : le quartier de « l’Orme Seul » de Catherine Furet à la Courneuve) et des axes plus grands, mais jamais disproportionnés avec des bus, des tramways, des métros…. Il faut arriver à une densité beaucoup plus forte que dans les banlieues actuelles tout en évitant les tours. C’est parfaitement possible : regardez le 10e, ou le 11e arrondissement de Paris. Il y a une forte densité, et pas de tours.  Il faut penser l’urbanisme pour le lien social et aussi – ne soyons pas naïfs – pour la sécurité (on le fait déjà, mais dans la perspective d’interventions ponctuelles plus que dans le registre d’une  sécurité quotidienne). Cela coûtera très cher, mais pas plus que des milliers de voitures brûlées chaque année.

Note:

[1] De la lutte des classes à la lutte des places, Grasset, 2009.

Carl Schmitt and the Development of Conservative State Theory in China

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Carl Schmitt and the Development of Conservative State Theory in China

Seminar Series: Greater China Legal History
Organized by: CUHK LAW
 
Speaker: Prof. Ryan Mitchell
Date: 9 October 2020
 
 
Over the last decade or so, China’s Supreme People’s Court and the country’s political leaders have consistently rejected the idea of a “judicialized” Constitution, allowing individual litigation.
 
At the same time, the government has also been more vocal and emphatic than ever before in endorsing the national Constitution’s practical and symbolic importance. Is it really possible to endorse “constitutionalism” without endorsing judicial review? If so, how? Arguably, both Anglo-American liberalism and Marxism fail to provide a model for such an approach to constitutionalism—but other traditions, including German conservative state theory, have helped to fill the gap.
 
In discussing the reception of this body of thought in China, this lecture will focus specifically on the role of Carl Schmitt, the controversial but still influential jurist who argued for Executive “dictatorship” after World War I, was a leading critic of liberalism, and later was disgraced after choosing to collaborate with the Nazi regime.
 
Although Schmitt’s political choices have made him an uncomfortable source of guidance in China as elsewhere, his unique and thorough arguments about public law and politics continue to provide him with global influence. From issues of territorial sovereignty to the balance between different institutions of government, Schmitt’s version of constitutionalism can help to explain various developments in modern China’s legal order, and even some similar trends worldwide.

Terrorisme islamique et terreur sanitaire: le monde pris dans l’étau de Big Brother

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Terrorisme islamique et terreur sanitaire: le monde pris dans l’étau de Big Brother

par Pierre-Emile Blairon

Après la décapitation d'un professeur hier, 16 octobre 2020 (qui est aussi le triste anniversaire de la décapitation de la reine Marie-Antoinette – mais ce n’est qu’une coïncidence), je vois croître une indignation fort légitime anti-islam pendant que le gouvernement français (qui n'est que le représentant en France de la secte mondiale pédo-sataniste en place) ne cesse d'accélérer le processus en "marche" vers la dictature ; une dictature qui va s’avérer la plus impitoyable de tous les temps, ce dont les citoyens n’ont pas la moindre idée. Le pouvoir va instaurer, pour parvenir à l’imposer, une peur totalement irraisonnée d'une pseudo deuxième vague d'une pseudo-pandémie dans les esprits troublés d’une population lobotomisée par une propagande effrénée.

Il n'y a pas à distinguer les deux phénomènes : dictature sanitaire et terreur islamiste ; ils sont tous les deux et "en même temps" produits et manipulés par l'Ordre mondial qui tente de vous faire croire que ces deux phénomènes ne sont pas le fruit d’une même machination.

Extrait de mon article Objectif Covid : soumission et robotisation le la population planétaire paru en mai 2020 :

"La manipulation « Covid » s’inscrit dans un processus global de domination planétaire et n’est que l’un des aspects du dispositif mis en place; entre autres exemples possibles, la population désinformée ne voit pas le lien entre la fulgurante ascension de l’islam dans les pays de tradition chrétienne et le Covid; ce sont justement les mêmes manipulateurs, les « élites » mondialistes, qui ont favorisé l’expansion de l’islam notamment en Europe parce qu’il sert ses intérêts du moment, quitte ensuite à l’éradiquer lorsqu’il aura fini son œuvre destructrice; les islamistes sont les hommes de main du gouvernement mondial qui lui permettent d’accélérer le processus de destruction des valeurs européennes traditionnelles. Il faut juste rappeler à ce sujet que le mot « islam » signifie « soumission » et que le port du masque pour les populations sur l’ensemble du globe qui va devenir une obligation ad vitam æternam n’est que l’extension aux populations non musulmanes des contraintes archaïques et obscurantistes subies depuis des siècles par les femmes musulmanes."

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En 2015, dans mon livre La Roue et le sablier, j’avais défini le cadre dans lequel allait se manifester cette collusion ; j’appelais alors « Occidentistes » (selon l’expression employée par le dissident russe Zinoviev) ce qui allait devenir l’exacte réplique du Big Brother du fameux roman visionnaire de George Orwell, 1984. On peut l’appeler aussi « Le Système » ou « l’Ordre mondial » dont nous connaissons désormais, à l’occasion du déclenchement de cette offensive sanitaire, le nom des meneurs et les gouvernements fantoches qui leur obéissent sans état d’âme partout dans le monde, le gouvernement français se situant parmi les plus zélés serviteurs de la pègre pédo-sataniste. Maîtres et serviteurs tellement sûrs d’eux-mêmes qu’ils ne cachent plus rien des modalités de réalisation de leur projet transhumaniste à une population totalement zombifiée. Voici donc ce que j’écrivais :

« Sans entrer dans des considérations géostratégiques, les derniers conflits internationaux concernant notamment les pays arabes à majorité musulmane : Tunisie, Egypte, Libye, Irak, Syrie, ou des régions européennes elles aussi à majorité musulmane comme le Kosovo[1], sont la démonstration évidente de cette collusion d’intérêt des Occidentistes avec les pays musulmans qui financent les islamistes : l’Arabie saoudite et le Qatar principalement, où la connivence entre l’argent et le fanatisme, entre les « démocraties occidentales » et le terrorisme, est ici flagrante.

Les Occidentistes et leurs alliés objectifs islamistes ont pour but principal de déstabiliser les nations traditionnelles, de faire éclater tous les éléments qui les maintiennent en cohésion (langue, terroir, famille, sécurité, religion traditionnelle, etc.) pour mieux installer leur tandem infernal. Quitte ensuite à se combattre dans le monde entier jusqu’à extinction de l’une des deux parties.

Tous les pays musulmans non fondamentalistes (ou plus ou moins attachés à des valeurs laïques) où les Occidentistes sont intervenus (voir la liste précédente), sans qu’on ne leur demande rien, ont vu l’arrivée au pouvoir des islamistes. Qui pense que c’est un hasard ?

La pression qui est faite par les Occidentistes pour que les Européens accueillent de plus en plus de populations étrangères africaines, et musulmanes de préférence, prend alors tout son sens. Les mondialistes gagnent sur plusieurs tableaux en détruisant les spécificités ethnoculturelles à la fois des citoyens qui accueillent, contraints et forcés, des populations étrangères sur leur sol, et ces mêmes populations affamées obligées de quitter leurs pays d’origine : salaires dévalués, individus déboussolés, déracinés, insécurité permanente, groupes ethniques en conflit perpétuel, fondements patrimoniaux, religieux, familiaux détruits, etc. afin de permettre aux Occidentistes de se présenter comme seuls recours et d’obtenir si besoin est par la force (brimades permanentes, arrestations arbitraires, dénigrement de tous opposants par les medias aux ordres, pressions fiscales…) une espèce d’homme interchangeable et corvéable à merci, une sous-classe d’esclaves innombrables, ou de dhimmis (citoyens non musulmans assignés à un statut de second ordre en pays musulman) qui ne pourra plus jamais protester.

Le panem et circenses, tel qu’on l’entendait pendant la période décadente romaine, du pain et des jeux (les jeux du cirque), le « Mac Do et football » - la survie minimaliste que nous offre la modernité, qui est en vigueur de nos jours - sera considérée dans quelques années comme un moindre mal, si ce n’est même comme un paradis perdu. Tout est relatif. »

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Au jour et à l’heure où nous écrivons, ce samedi 17 octobre, (il convient de le préciser car les événements vont se précipiter vers une fin terrifiante à une vitesse fulgurante), une infime minorité d’esprits lucides, à l’instar des quelques grands visionnaires qui nous ont alerté dans les siècles précédents, tente d’informer une population qui semble réticente à toute forme d’esprit critique, heureuse, semble-t-il, de s’enfoncer lentement dans une sorte de torpeur confortable qui conduit insensiblement les individus vers une mort spirituelle qu’ils semblent appeler de leurs vœux.

C’est cette même résignation qui a conduit à la mort physique les explorateurs perdus dans un désert de sable ou de glace qui refusaient de lutter encore pour leur survie quand l’un de leurs coéquipiers tentait de les réveiller – de leur sauver la vie - en les secouant rudement pour qu’ils gardent les yeux ouverts.

Dans la liste des destructions et des brimades qui allaient s’abattre sur nous « dans quelques années », je n’avais pas mentionné en 2015 l’éradication pure et simple qui est en train de se perpétrer contre tous les travailleurs indépendants (à commencer par tout ce qui touche aux loisirs, au bien-être, à la culture, à la qualité de vie, donc, à la vraie vie : restaurants, discothèques, salles de sport, après la disparition des paysans qui continuent à se suicider, des commerces indépendants et des artisans croulant sous les charges, etc.) On discerne bien désormais quel type de totalitarisme notre Big Brother national a l’intention de mettre en place ; il se définit exactement dans les termes de ce slogan qui sonnait comme une plaisanterie dans les années 60 : métro, boulot, dodo, cette fois appliqué avec toute la rigueur des 12 000 policiers fanatisés destinés à faire respecter le couvre-feu et toutes les mesures sanitaires mis en place « pour votre sécurité ».

Et, pour ceux qui pensent que toutes ces mesures sont dues à l’incompétence ou à la naïveté de nos dirigeants, pour ceux qui n’ont toujours pas compris, et ne comprendront jamais, que rien n’est laissé au hasard, que toutes ces décisions qui nous paraissent absurdes sont volontairement contradictoires, que chacun, au gouvernement, joue le rôle qui lui est assigné et prononce les mots qu’il doit prononcer, même s’ils sont en totale opposition avec ce qu’ils ont dit la veille, rappelons la phrase terrible de « notre » président lors de sa dernière intervention : « On s’était habitué à être une société d’individus libres ». Quelle mauvaise habitude ! Ne vous en faites pas, tout ça va changer, « pour votre sécurité », vous ne serez plus que des esclaves, ou des robots.

Note:

[1] Dans notre pays même, il se trouve aussi désormais des départements entiers à majorité musulmane. Bien imprudents seraient ceux qui estimeraient que le même processus séparatiste ne pourrait pas être déclenché - et entériné - en France. L’exemple de cette décapitation du 16 octobre 2020 est ici flagrant : l’auteur du crime est un Tchétchène.

Les États-Unis ne trouvent pas d’alliés pour lancer une guerre contre la Chine

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Les États-Unis ne trouvent pas d’alliés pour lancer une guerre contre la Chine

Par Moon of Alabama

Les États-Unis veulent contrer la position économique et politique croissante de la Chine dans le monde.


L’administration Obama a tenté un « pivot vers l’Asie » en construisant une zone économique à bas tarif via le Partenariat Trans Pacifique (TPP) qui aurait exclu la Chine.

L’administration Trump a rejeté le TPP et s’en est retirée. Elle a lancé une guerre économique contre la Chine en augmentant les droits de douane sur les produits chinois, en interdisant les fournitures de haute technologie aux fabricants chinois et en refusant aux entreprises chinoises l’accès à son marché.

Elle a également tenté de construire une coalition militaire qui l’aiderait à menacer la Chine. Elle a relancé le dialogue quadrilatéral de sécurité 2007-2008 et l’a rebaptisé « Quad de consultations États-Unis-Australie-Inde-Japon ». L’objectif était d’en faire une OTAN asiatique sous commandement américain :

Le diplomate n°2 du Département d'Etat américain a déclaré lundi que Washington visait 
à "formaliser" des liens stratégiques croissants avec l'Inde, le Japon et l'Australie
dans un forum connu sous le nom de "Quad", une initiative qui, selon les experts, est
implicitement destinée à contrer la Chine dans la région indo-pacifique. "C'est une réalité que la région indo-pacifique manque de structures multilatérales
fortes. Ils n'ont rien d'équivalent à la force de l'OTAN ou de l'Union européenne",

a déclaré le secrétaire d'État adjoint américain Stephen Biegun lors d'un séminaire
en ligne en marge du forum annuel sur le partenariat stratégique entre les États-Unis
et l'Inde. "Il y a certainement une possibilité, à un moment donné, de formaliser une structure
comme celle-ci"
, a-t-il ajouté.

Mais il s’avère que ni l’Australie, ni le Japon, ni l’Inde n’ont d’intérêt à adopter une position ferme vis-à-vis de la Chine. Tous considèrent la Chine comme un partenaire commercial important. Ils savent que tout conflit avec elle leur coûterait très cher.

Le 6 octobre, le secrétaire d’État Mike Pompeo s’est envolé vers Tokyo pour une réunion avec les autres ministres des affaires étrangères du Quad. Il s’est vite rendu compte que personne ne se joindrait à son discours militant :

Lors d'une réunion avec les ministres des affaires étrangères du Japon, de l'Inde et 
de l'Australie à Tokyo, le secrétaire d'État Mike Pompeo a insisté mardi pour qu'ils
renforcent leur quatuor de démocraties afin de résister à une Chine de plus en plus
affirmée. ... Si, comme il le semble, Pompeo cherchait à pousser les autres membres du Quad à prendre
le parti des États-Unis dans une confrontation avec la Chine, il n'a pas obtenu de
soutien public retentissant, et ses propos se sont heurtés à ceux de son hôte. Pompeo a visé directement le Parti communiste chinois dans ses remarques avant

que les diplomates de haut niveau des quatre nations ne s'assoient pour discuter. "En tant que partenaires de ce Quad, il est plus que jamais essentiel que nous
collaborions pour protéger nos peuples et nos partenaires de l'exploitation, de
la corruption et de la coercition du PCC"
, a-t-il déclaré. Mais le principal porte-parole du gouvernement japonais, Katsunobu Kato, a insisté

lors d'un point de presse mardi: "Cette réunion du Quad ne s’est pas faite en ayant
un pays particulier à l’esprit."

L’Australie et l’Inde étaient également réticentes à dire quoi que ce soit qui pourrait potentiellement offenser la Chine.

L’initiative de Pompeo a échoué. L’ancien ambassadeur indien M. K. Bhadrakumar explique pourquoi le Quad ne fonctionnera pas :

La Chine ne peut être battue car, contrairement à l'URSS, elle fait partie de la même 
société mondiale que les États-Unis. Regardez l'étendue des champs de bataille entre
les États-Unis et la Chine : gouvernance mondiale, géoéconomie, commerce, investissements,
finances, utilisation des devises, gestion de la chaîne d'approvisionnement, normes et
systèmes technologiques, collaboration scientifique, etc. Cela témoigne de la vaste
portée mondiale de la Chine. Ce n'était pas le cas de l'URSS. Surtout, la Chine n'a pas d'idéologie messianique à exporter et préfère donner l'exemple
par ses performances. Elle ne cherche pas à provoquer un changement de régime dans d'autres
pays, et s'entend en fait plutôt bien avec les démocraties. ... Les États-Unis ont créé l'ASEAN, mais aujourd'hui, aucun partenaire asiatique en matière

de sécurité ne veut choisir entre l'Amérique et la Chine. L'ASEAN ne peut pas être
réorientée pour former une coalition afin de contrer la Chine. Ainsi, aucun des opposants
à la Chine au sujet de la mer de Chine méridionale n'est prêt à rejoindre les États-Unis
dans leurs provocations navales contre la Chine. La Chine a des ressources, y compris de l'argent, à offrir à ses partenaires, alors que
le budget américain est en déficit chronique et que même les opérations courantes du
gouvernement doivent maintenant être financées par la dette. Les États-Unis doivent

trouver les ressources nécessaires pour maintenir leurs infrastructures humaines et
physiques à des niveaux compétitifs par rapport à ceux de la Chine et d'autres grandes
puissances économiques. Pourquoi diable l'Inde devrait-elle se mêler à cette affaire chaotique dont le point
culminant est acquis d'avance ? ... La Chine n'a pas besoin de faire la guerre parce qu'elle est déjà en train de gagner.

Les États-Unis ont également tenté d’inciter leurs alliés européens de l’OTAN à prendre position contre la Chine :

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a averti, samedi, que l'influence 
croissante de la Chine avait créé un "changement fondamental dans l'équilibre mondial
des pouvoirs"
qui ne devait pas être négligé. Dans une interview au journal allemand Welt am Sonntag, publiée à l'avance, le responsable

norvégien y déclarait que Pékin disposait du deuxième budget de défense au monde après
les États-Unis et qu'il investissait massivement dans des armes nucléaires et des missiles
à longue portée qui pourraient atteindre l'Europe. "Une chose est claire : la Chine se rapproche de plus en plus des portes de l'Europe",
a-t-il déclaré. "Les alliés de l'OTAN doivent relever ce défi ensemble."

Cette initiative coulera en Europe aussi vite que l’initiative du Quad a coulé en Asie et pour les mêmes raisons. La Chine n’est pas un danger idéologique ou militaire pour l’Europe. C’est un mastodonte économique et les relations avec elle doivent être gérées avec soin. Elles exigent du respect et des discussions, et non des roulements de tambour.

La Chine a dépassé les États-Unis en tant que premier partenaire commercial de l’UE :

Au cours des sept premiers mois de 2020, la Chine a dépassé les États-Unis pour devenir 
le plus grand partenaire commercial de l'Union européenne (UE), a déclaré Eurostat,
l'organisme statistique de l'UE. ... Les importations de l'UE en provenance de Chine ont augmenté de 4,9 % en glissement
annuel au cours de la période janvier-juillet, a noté Eurostat. Selon l'Office fédéral des statistiques d'Allemagne, la plus grande économie de l'UE,
la Chine, premier partenaire commercial de l'Allemagne depuis 2016, a dépassé les
États-Unis pour la première fois au deuxième trimestre de cette année pour devenir
le plus grand marché d'exportation de l'Allemagne, et les exportations allemandes
vers la Chine en juillet ont presque retrouvé leur niveau de l'année dernière.

Il est temps pour les États-Unis de se regarder dans un miroir et de s’éveiller à la réalité. C’est un pays très endetté avec une armée bien trop chère et, de plus, inefficace. Au cours des dernières décennies, son rôle économique dans le monde n’a cessé de décliner. Ses constantes prises de positions militantes et son attitude « faites comme on vous le dit » ont aliéné ses alliés. Sans alliés, les États-Unis n’ont aucune chance de vaincre la Chine dans un conflit potentiel.

Ce que les États-Unis pourraient encore faire, c’est rivaliser honnêtement avec la Chine. Mais cela nécessiterait de l’humilité, une politique industrielle forte et une main-d’œuvre bien payée et compétitive.

Aucune de ces conditions n’est en vue.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

lundi, 19 octobre 2020

Christian Westbrook: Food Wars…the Engineered Destruction of Our Food Supply

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Christian Westbrook: Food Wars…the Engineered Destruction of Our Food Supply

Posted by in Podcast

Christian “The Ice Age Farmer” Westbrook discusses the engineered and deliberate destruction of our food supply. Pretexts cited to shut down farms and cull livestock include the spread of “coronavirus” between humans on farms, transmission from animals to humans, as well as outright sabotage of food storehouses. He describes the move to tax and eliminate meat and replace it with fake, synthetic, lab-grown foodstuffs. Power elites seeks to track and trace all food through artificial intelligence and the blockchain. He suggests everyone begin to grow their own food.

*Support/Donate to Geopolitics & Empire:

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Show Notes

Perfect storm hits Kazakhstan egg industry https://www.poultryworld.net/Eggs/Articles/2020/8/Perfect...

43% of small businesses say they’ll be forced to close permanently https://www.marketwatch.com/story/43-of-small-businesses-...

Lord Birkenhead’s 1929 Predictions for 2029 https://www.scribd.com/document/36111515/Save-This-for-Yo...

Fauci Warns That Earth Has Entered a “Pandemic Era” https://futurism.com/neoscope/fauci-warns-earth-entered-p...

Food Chain Reaction crisis simulation ends with global carbon tax https://www.cargill.com/story/food-chain-reaction-simulat...

Websites

Ice Age Farmer http://www.iceagefarmer.com

About Christian “Ice Age Farmer” Westbrook

Christian produces videos, interviews, tools (Growing Degree DaysCrop Loss MapWiki and Maps) in order to shed light on the myriad risks to our food system and how they must inspire us to grow our own food.

*Podcast intro music is from the song “The Queens Jig” by “Musicke & Mirth” from their album “Music for Two Lyra Viols”: http://musicke-mirth.de/en/recordings.html (available on iTunes or Amazon)

dimanche, 18 octobre 2020

Daniel Estulin et le virus des Bilderbergs

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Daniel Estulin et le virus des Bilderbergs

Ex: https://reseauinternational.net

Ce qui nous arrive est prévu et monté depuis longtemps. Une grande partie fut révélée par l’écrivain d’origine soviétique Daniel Estulin en 2005.

Voici une interview de Daniel Estulin (auteur de nombreux ouvrages sur le globalisme, sur le Club Bilderberg, l’institut Tavistock etc) par Goyo G. Maestro pour le site espagnol larazon.es

*

S’il y a un sujet favorable pour les complots, c’est bien le coronavirus, et s’il y a quelqu’un de compétent en la matière, c’est Daniel Estulin, auteur de plusieurs livres sur le club Bilderberg et analyste du renseignement russe. Estulin ne sait pas quelle est l’origine de la « pandémie » , mais il n’exclut pas la version suggérée par les responsables chinois selon laquelle l’armée américaine aurait introduit le virus en Chine . Ce qui est clair, c’est que cette crise sanitaire – « qui est secondaire » – va accélérer la fin du cycle que, ajoute-t-il, nous vivons, avec l’effondrement des marchés et la fin de l’ère entamée avec les accords de Bretton Woods en 1944. « L’Espagne ne peut pas sortir vivante de cette crise », prédit-il dans cet entretien avec LA RAZÓN.

———————–

Comment le monde va-t-il changer après le coronavirus ?

Ce qui nous attend, c’est une crise d’une ampleur que nous n’avons connue que deux fois au cours des deux derniers millénaires. La première a eu lieu entre les 4e et 6e siècles, lorsque la féodalité est apparue. Et le deuxième moment est venu avec la naissance du capitalisme à partir du XVIe siècle. Ce que nous vivons actuellement, c’est la fin du capitalisme, une crise systémique planétaire. Le capitalisme a besoin d’une expansion continue pour ouvrir de nouveaux marchés, car sans de nouveaux marchés, le capitalisme meurt. Cela a été dit par Karl Marx et Adam Smith. Le coronavirus est une excuse pour chercher une explication de la faillite des marchés planétaires, alors que c’est quelque chose qui a commencé bien avant. La situation italienne est également facile à expliquer. 114 banques en Italie sont en faillite. Avoir des coronavirus est génial car ils peuvent arrêter de payer et blâmer le virus pour le défaut.

f2cbb7b629f31608dafeed057d6325e3.jpgLe monde est-il prêt à affronter une crise de cette ampleur?

Le modèle économique a pris fin. En 1991, les deux modèles existants, le communiste et le capitaliste, ont été réunis en un seul qui a duré jusqu’en 2008, lorsque le début de la fin a commencé. En 2008, il y avait encore des moyens de sauver le système, de nettoyer les éléments parasites, mais maintenant il y a des bulles créées par les banques, qui ont augmenté la dette de 70%, qui ne peut pas être éliminée si ce n’est par une guerre thermonucléaire ou bactériologique ou avec un coronavirus, un cas de force majeure qui dans la plupart des contrats permet de ne pas payer la dette. Le modèle négocié à Bretton Woods en 1944 ne fonctionne qu’avec une expansion illimitée du capitalisme. Mais nous sommes arrivés à la fin et ce que nous voyons maintenant sont les conséquences de la faillite.

Y aura-t-il des mouvements géopolitiques majeurs ? Des Gagnants et perdants après cette « pandémie » ?

Les États-Unis et la Chine ont conclu un premier accord commercial, qui donne aux Américains les gagnants. Mais la Chine et les États-Unis sont les deux faces de la même pièce, ils sont le même système économique. Alors que Trump remporte cet accord commercial, nous voyons maintenant la réponse de la Chine. Xi Jinping , qui est empereur et non président, joue de manière asymétrique et prend les cartes après que les États-Unis aient gagné la guerre commerciale et que l’Europe a fermé les portes de la Chine avec des droits de douane. Il existe de nombreux coronavirus en Chine. Et la conséquence de cela est la fermeture des marchés et des entreprises. Aucun navire chinois n’est arrivé dans les ports américains en un mois. C’est pourquoi il y a une telle pénurie, car la plupart des choses sont fabriquées en Chine.

L’Europe semble être prise en tenaille entre les États-Unis et la Chine. Peut-elle être renforcée par cette crise ou, au contraire, va-t-elle s’affaiblir ?

41-erwbtrbL._SX321_BO1,204,203,200_.jpgDepuis 1991 et jusqu’à récemment, nous avions un monde unipolaire, dominé par le monde libéral des banquiers financiers, où la croissance se fait aux dépens des autres. À la mort de l’Union Soviétique et pendant que l’Occident était en mesure de s’étendre, le système unipolaire a continué à fonctionner jusqu’en 2008. Nous assistons maintenant à la mort d’un système et à la naissance d’un nouveau dont personne ne sait rien. C’est pourquoi Poutine, Trump et Xi Jinping parlent de s’asseoir après les élections américaines et de décider des nouvelles règles du jeu pour ce monde d’après-crise et d’après Bretton Woods. Depuis 1991, la lutte a lieu au sein du capitalisme, une lutte entre financiers, banquiers et parasites de Wall Street contre les chefs d’entreprise nationalistes. Donald Trump est le visage visible de ce groupe alternatif anti-banquier et anti-libéral. S’il remporte les élections de novembre, on peut dire que le libéralisme touche à sa fin, mais je ne parle pas du libéralisme pensé par Voltaire, mais du libéralisme financier parasite qui ne produit rien et vit de la spéculation. L’Union Européenne est le premier exemple de ce libéralisme planétaire effréné, et est donc vouée à mourir. Dans une génération, il ne restera plus que très peu de ce qui est aujourd’hui l’Europe. Il y a de fortes chances qu’il y ait une tonne de nouveaux pays.

Pensez-vous que cette « pandémie » pourrait nuire aux aspirations de Trump à gagner sa réélection en novembre?

Joe Biden, atteint de démence, représente le visage des financiers libéraux. Trump n’est même pas le représentant du Parti républicain, mais le visage visible de l’aile industrielle nationaliste. Mais le combat n’est pas entre Trump et Biden. Le seul pays au monde capable d’expliquer ce qui se passe est la Russie parce que nous sommes les descendants de l’URSS, qui était un modèle alternatif et réussi qui a fait faillite pour des raisons que je ne vais pas expliquer maintenant faute de place. Si Trump gagne, il va continuer le combat contre le libéralisme, représenté par les agences de renseignement, la bureaucratie de Washington, les médias, la Silicon Valley, Hollywood, etc.

Les responsables chinois ont laissé entendre que l’armée américaine avait introduit le virus en Chine. Que pensez-vous de la théorie ?

51RSIhvtxXL._SX328_BO1,204,203,200_.jpgJe ne suis pas virologue et je ne vais pas lancer des théories du complot. Je ne sais pas quelle est l’origine de la « pandémie ». Mais je ne douterais pas non plus de cette théorie, d’autant plus que les États-Unis sont un pays qui a pu larguer une bombe atomique et se lancer dans d’innombrables guerres. Le combat est maintenant de définir le modèle post-crise. Le coronavirus est secondaire. Il y a une hystérie planétaire avec ce virus, mais ce n’est que le prélude au premier acte, qui débutera en septembre ou mars de l’année prochaine au plus tard. Ensuite, les gens descendront dans la rue, car un jour ils se rendront compte que les banques seront fermées. C’est ce qui s’est passé en Union Soviétique en 1991, lorsque 40% de la population a perdu le moindre sou de ce qu’elle avait en banque. Cela va se produire à l’échelle planétaire. Ce qui s’en vient, c’est une crise systémique deux ou trois fois pire que celle de 1929.

La classe moyenne avait déjà commencé à décliner dans de nombreux pays depuis 2008. Pensez-vous que ce processus va maintenant s’accélérer ?

Oui, nous sommes confrontés à la fin de la classe moyenne, qui a fortement émergé en Espagne dans les années 60 et 70 et s’est renforcée aux États-Unis sous l’ère Reagan. Maintenant que nous approchons de la fin du modèle, la classe moyenne va mourir. Les gens sortiront et seront criblés de balles. Toutes les mesures martiales et de type couvre-feu actuellement testées sont des méthodes pour affiner le plan de sécurité de fer qui viendra dans six mois ou un an au plus. Les forces de sécurité nationales font une répétition générale de ce qui est à venir. Tout ce qui se passe maintenant, je l’explique depuis 15 ans.

Les gouvernements de nombreux pays ont annoncé des plans de sauvetage ambitieux. Dans quelle mesure ces mesures seront-elles efficaces pour sortir avant la récession à venir ?

Lorsque les entreprises ouvriront dans un, deux ou trois mois, elles seront en faillite et les autres ne pourront pas payer les salaires. Et s’ils ne paient pas, les travailleurs ne peuvent pas acheter. Il y aura un effet domino. L’Espagne n’a pas d’industrie lourde et son agriculture, comme vous faites partie de l’Union Européenne, s’est envolée vers d’autres pays. Vous n’avez pas non plus votre propre politique monétaire car tout est décidé en Europe. Vous n’êtes pas un pays, comme les autres pays européens. L’Espagne ne peut pas sortir vivante de cette crise. L’aide est bonne mais elle ne servira à rien car la crise n’est pas un secteur, elle est systémique. En Allemagne, Deutsche Bank est en faillite depuis des années. Et Commerzbank aussi. Ces deux banques ont perdu 90% de leur valeur en Bourse. Boeing est sur le point de faire faillite, General Electric pareil. Je peux vous donner une énorme liste d’entreprises dans cette situation. Mais il ne s’agit pas d’un certain nombre d’entreprises, mais d’un modèle. Aucun des douze lauréats du prix Nobel d’économie depuis 2008 n’a expliqué la crise systémique qui s’abat sur nous.

Que pensez-vous lorsque vous êtes qualifié d’alarmiste et friand de théories du complot ?

Il y a des années, quand j’ai commencé à publier des livres comme ceux du club Bilderberg, les gens disaient que j’étais un théoricien du complot. Ce n’est pas la vérité. Je suis docteur en intelligence conceptuelle et je suis colonel du contre-espionnage militaire russe, avec 24 ans de service . Je travaille avec les présidents, les premiers ministres et les banques centrales de différents pays, aujourd’hui plus que jamais. Avec ce qui arrive aujourd’hui et ce que j’ai expliqué dans mes livres, le sourire narquois a été effacé de plus d’un visage. La faillite est partout autour de nous et tout le monde l’a remarqué. Mes prévisions au niveau économique, politique et social sont là.

source : larazon.es via nicolasbonnal.wordpress.com

Trahison ! La Normandie en danger !

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Trahison ! La Normandie en danger !

​​Communiqué du Mouvement Normand - n°278 - 1er octobre 2020

L’éternel serpent de mer du port de Paris est de nouveau d’actualité ! Et de quelle façon ! La pire que nous puissions imaginer !

Une fois encore, des déclarations sans aucune consultation avec les élus locaux et régionaux, politiques ou consulaires, nous frappent de plein fouet par leur violence. En effet, lors d’une table ronde à l’occasion des dix ans du Grand Paris, le 29 septembre, Anne Hidalgo, maire de Paris, et Édouard Philippe, maire du Havre, ont déclaré en chœur qu’ils souhaitaient relancer le projet du Grand Paris.

L’impérissable projet de Grand Paris, pardon Seine Métropole, d’Antoine Grumbach, sorti en 2008 à l’époque du président Nicolas Sarkozy. Ce projet a été depuis relancé habilement dans la presse en 2018 puis en 2019. Mais il reste toujours le même dans sa substance : Paris veut et décide, et surtout pense n’avoir besoin que de la Seine et du Havre. Quid du reste de la Normandie ? Et bien il n’existe pas ! En fait, soyons clairs, c’est la Normandie qui n’existe pas dans ce grand ensemble pensé et prévu pour Paris, et pour Paris uniquement.

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Et pour quel résultat final : la Normandie, coupée ainsi en deux par un couloir Paris – Le Havre, devenu le Grand Paris, n’existera plus ! Ce sera la fin de notre région. Son arrêt de mort définitif !

L’erreur du maire du Havre est grande s’il croit être de taille avec sa ville de 172 000 habitants face au léviathan parisien de 2 148 000 habitants et sa puissance économique.
Une telle décision, une telle déclaration, ne peut se faire avant une concertation, une réflexion, une stratégie réelle au niveau de la région normande.

Cette vision parisienne, et parisianocentrée est mauvaise pour la Normandie mais aussi pour la France. La Normandie est une des portes maritimes de la France, et pas uniquement de Paris. L’histoire, la géographie, l’économie, la culture, la géopolitique normandes nous tournent vers la mer. Notre région est un immense port de Granville jusqu’au Tréport. Voilà la réalité, le concret !


Et ce n’est pas au Havre, seul, de proposer d’être un débouché sur la mer pour la capitale française, c’est un projet, une ambition normande que d’être une région maritime de première importance pour la France, et pas seulement Paris. Et de l’être à travers son réseau de villes.

À nouveau, la nécessité de la mise en place d’un solide réseau des villes normandes, une Hanse comme il en existait une dans la Baltique, une association économique, politique, culturelle des villes normandes est de première importance. C’est une nécessité et une évidence, mais dans le contexte d’un projet Grand Paris renaissant, cela devient une urgence absolue !


Monsieur Hervé Morin a réagi vivement aux déclarations de Mme Hidalgo et de M. Philippe. Mais où sont les autres élus ? Qu’en pensent les maires normands ? Les présidents de départements normands ?

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Il est grand temps que les élus normands agissent ensemble, comme les élus d’une grande région avec un potentiel incroyable et non comme des roitelets locaux. Une vision d’ensemble pour la région est nécessaire pour tous les élus.

En pleines grandes déclarations sur la décentralisation voulue apparemment par le gouvernement du président Macron, après le tour de vis centralisateur et jacobin qui a été la règle depuis son accession au pouvoir, voici une volonté parisienne qui paraît bien contre-productive.

Ce scénario, le Mouvement normand n’a eu de cesse de le rappeler dans ses communications depuis la réunification de la Normandie : les dangers, les écueils sont encore nombreux avant d’avoir une région normande radieuse et rayonnante.


Enfin, sortirons-nous de la tentation phagocytaire de Paris et surtout, sortirons-nous un jour de cette morbide et délétère opposition permanente entre Paris et la province ? Le jacobinisme parisien n’est pas mort, il est au contraire bien vivant. La décentralisation et la subsidiarité, si elles s’imposent à la raison, ne sont pas encore acquises dans les faits.
Les Normands doivent réagir habilement, l’union fait la force !

La commission exécutive du Mouvement normand

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