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samedi, 08 février 2020

La trilogie (involontaire) de Poutine

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La trilogie (involontaire) de Poutine

Ex: http://www.dedefensa.org

29 décembre 2019 – Les Russes viennent de marquer deux avancées fondamentales dans les domaines de la stratégie nucléaire intercontinentale et dans celui de la stratégie régionale. En même temps, ou plutôt précédant immédiatement ces deux annonces, il y a l’affirmation que la Russie mène désormais la course aux armements, ce qui en termes dialectiques est extrêmement différent de la simple affirmation de la possession d’armes nucléaires supérieures à celles de l’adversaire : dans ce dernier cas, l’affirmation est un constat statique de supériorité ; dans celui de “la course aux armements”, l’affirmation est celle de la dynamique de la puissance opérationnelle comparée.

• Sur ce dernier point, on a lu un texte du  25 décembre 2019, où Poutine affirme que la Russie possède désormais une supériorité stratégique nucléaire, bref qu’elle mène la “course aux armements” comme l’ion disait durant la Guerre froide, donc qu’elle peut prétendre de facto à une attitude de supériorité dans le domaine stratégique. Nous notions ceci qui a une grande dimension psychologique, pas seulement voulue et élaborée, mais qui existe de factodu fait de l’affirmation de la situation compétitive à laquelle pousse le comportement de la partie américaniste : « Pour la première fois d’une façon publique et spectaculaire, Poutine a parlé des armements russes explicitement en termes de supériorité comparée, sur n’importe quel autre pays et y compris le plus puissant d’entre eux, et non plus en termes de capacités opérationnelles et d’avancement technologique brut. Ainsi, ses paroles ont-elles une résonnance politique claire et nette, et non plus une résonnance seulement militaire et stratégique ; et une résonnance politique impliquant non pas nécessairement un défi mais dans tous les cas l'affirmation d'une supériorité stratégique comme outil de la politique de sécurité nationale russe, pour protéger les intérêts russes, éventuellement hors de Russie. »
 • L’annonce d’un marché avec l’Algérie d’avions de combat russes les plus avancés et les plus puissants, marché qualitativement d’une extrême importance qui bouleverse les positions stratégiques en Méditerranée et sur le flanc Sud de l’Europe : 14 Su-34, 14 Su-35 (tous deux de “quatrième génération et demi”), et 14 Su-57 de cinquième génération. On a vu hier quelques observations  qu’à notre sens  il convient de faire à cet égard.
• D’autre part, la mise en service du système de planeur hypersonique type AvantGard, un système stratégique continental/global contre lequel aujourd’hui aucune défense ni contre-mesure ne sont possibles et qui place les USA dans une très délicate position d’infériorité stratégique. AvantGard évolue à 27 Mach (plus ou moins 30 000 km/h : on peut écouter, ou réécouter pour beaucoup, Jean-Pierre Petit  sur ce sujet des armes hypersoniques russes, très éclairant malgré l’arrogance sans vergogne de l’intervieweur, – on est Français et “expert” ou on ne l’est pas, certes...).

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Bien entendu, nous nous étendons un peu plus sur ce dernier point qui, d’un point de vue stratégique au plus haut niveau concevable, d’un point de vue opérationnel et d’un point de vue de supériorité, marque un point sans surprise depuis qu’on connaît l’existence de ces armes, mais d’un formidable poids symbolique acquis entre la chose annoncée et la chose accomplie. Les AvantGardont commencée à être livré en mai dernier et leur déploiement opérationnel a été annoncé  le 27 décembre  comme effectif (« Une vidéo publiée vendredi par le ministère russe de la Défense montre les têtes de planeurs hypersoniques en train d'être chargées sur des missiles en silos. Pour l'instant, les AvantGard seront montés sur les missiles balistiques UR-100N (ou SS-19 Stiletto, comme les appelle l’OTAN), jusqu’à ce que le Sarmat RS-28 soit prêt à entrer en service. »)

Les Russes n’ont certainement pas dissimulé leurs nouveaux armements, bien au contraire ils en font grande publicité depuis les déclarations de Poutine de mars 2018, ce qui a paradoxalement permis aux zombieSystème occidentaux d’affirmer pendant quelques mois sinon un an qu’il s’agissait un bluff de plus du satanique Poutine. Cette ligne de dénégation des affirmations russes s’est poursuivie malgré la confirmation quasi immédiate de leur véracité par les chefs  militaires US, comme par exemple l’affirmation du chef du Strategic Command d’alors, le général Hyten, en août 2018, selon lequel, les USA n’avaient aucune défense possible contre ces armes dont il ne mettait pas une seconde en doute l’existence.

Voici un long commentaire  de Robert Bridge sur l’entrée en service de l’AvantGard et sur tout ce que l’entrée en service de ce système introduit comme facteurs nouveaux dans la situation russe et, surtout, dans la situation des relations russo-américanistes. (Décidément relations, du côté US, plus “américanistes ”que jamais, bien plus qu’américaines”.) 

« “Nous n'avons aucune défense qui pourrait nous empêcher d'utiliser une telle arme contre nous”, c’est ainsi que le général John Hyten, alors à la tête du Strategic Command, l’a présenté à la Commission des services armés du Sénat en mars 2018, peu après que Poutine ait confirmé l’existence d’AvanGard et de plusieurs autres systèmes hypersoniques.
» Dans une grande démonstration de confiance, Moscou a même montré AvanGard aux inspecteurs américains le mois dernier, dans le cadre d'un effort pour améliorer la transparence dans l'observation du dernier traité limitant les armes nucléaires. La Russie a proposé de prolonger le plus récent traité START [sur les armes stratégiques nucléaires, signé en 2011, lors du mandat Obama]au-delà de février 2021, mais Washington n’a toujours pas répondu, dans un sens ou l’autre.
» La Russie est la seule nation qui déploie actuellement des missiles hypersoniques [de tous types...] [...]Selon Poutine, les scientifiques militaires russes travaillent également à la mise au point de défenses contre de telles armes, – s’il peut en exister.
» Plus tôt cette semaine, M. Poutine a tenu à dire que la Russie est maintenant en avance sur les autres pays en ce qui concerne une technologie d'armement majeure, contrastant avec le fait que l'URSS toujours été en retard pendant la guerre froide.
» Au lieu de cela, ce sont maintenant les États-Unis qui s’efforcent de rattraper leur retard. Un contrat pour le développement d'un système planant pouvant atteindre Mach 5 vient d'être attribué au début de cette année, avec une date de lancement prévue pour 2023.
» L’existence d'AvanGard rend également plus urgent le développement d'intercepteurs basés dans l’espace qui pourraient théoriquement cibler les missiles pendant la phase de propulsion, avant que les têtes hypersoniques puissent être lancées. C’est peut-être la mission du nouveau commandement US Spatial Force.
» C'était aussi l’objet des fantasmes du Pentagone dans les années 1980, lorsque le président Ronald Reagan a lancé l’initiative ‘Star Wars’. Bien qu’elle n’ait pas représenté grand-chose en réalité, il est généralement admis aux USA qu’elle a entraîné l'URSS dans une course aux armements coûteuse qui a finalement conduit à la faillite et à l’effondrement du communisme.
» Alors que les universitaires russes contestent cette thèse, Moscou semble l’avoir mise à l'épreuve. Des armes hypersoniques pourraient maintenant obliger Washington à agir comme il dit que les Soviétiques l’ont fait, et à doter le Pentagone de nouvelles et vastes ressources qui sont nécessaires ailleurs, alors que la dette nationale s'élève à $23 000 milliards. Une raison de plus de vouloir sérieusement faire la paix avec le monde, plutôt que de chercher à le dominer. » 

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On observera ses remarques très intéressantes sur la fin du texte où Bridge faut une comparaison inversée par rapport à l’intrigue USA-URSS-SDI (“guerre des étoiles” de 1983-1989) ; et même comparaison doublement inversée puisqu’outre l’échange des vainqueurs et des vaincus, il y a la  la différence essentielle  que “la guerre des étoiles” (ou SDI pour faire sérieux)  Made-In-Reagan  n’a jamais eu lieu puisque le système envisagé en 1982, directement extrait des comics de SF et des studios d’Hollywood, n’a jamais existé en tant que tel tandis que les systèmes hypersoniques russes sont là et bien là ...

L’analogie doublement invertie que l’on relève dans ce cas a sans aucun doute un très grand intérêt, notamment par rapport à la psychologie du côté US, c’est-à-dire par rapport à ce qu’elle nous dit, rétrospectivement mais durablement jusqu’aux temps actuels où elle perdure plus forte que jamais, de sa propre pathologie. Pour le reste, et autant à cause de cette psychologie que des situations d’impuissance bureaucratique et de corruption du gaspillage qui rend l’amoncellement d’argent contre-productif où se trouvent les USA aujourd’hui, nous  avons déjà dit pourquoi nous doutons radicalement que les USA puissent refaire leur retard sur la Russie, voire le combler en partie, voire même l’empêcher de grandir.

Comment Kissinger a vieilli

Certes, le mot “trilogie” s’emploie en général pour les œuvres littéraires ou de création, en général artistique, ou même technologique puisque nous sommes dans des temps où l’art prend de bien étranges chemin. Cela nous permet aussi bien d’employer ce mot pour le domaine du rapport des forces, de la grande stratégie et de la communication qui anime tout cela. Ainsi parlerons-nous pour ces trois nouvelles russes d’une “trilogie de Poutine” … Nos lecteurs, qui ont l’esprit vif, comprendront qu’il y a, à côté du “dur” que sont les systèmes comme AvantGard et le Su-57, une bonne part de symbolisme qui, en ces temps ce communication exacerbée et de réalité pulvérisée, permet souvent d’approcher une  vérité-de-situation.

De cette “trilogie de Poutine”, nous dirons :
1). Qu’elle permet d’énoncer une nouvelle vérité stratégique dans toute sa puissance dynamique ;
2). Que notre conviction, qui n’est pas de “source sûre” comme en réclament nos censeurs-Système, est que Poutine, malgré toute sa finesse ou peut-être à cause d’elle, ne l’a pas voulu ainsi et qu’il y est venu sans véritablement mesurer toutes les dimensions de l’acte qu’il posait ; 
3). Qu’il y a donc la mise en place de l’expression d’une “nouvelle vérité stratégique”, selon une volonté dont nous avons peine à identifier d’où elle vient, sinon notre conviction à nouveau qu’elle n’est pas d’origine humaine mais plutôt l’arrangement des événements eux-mêmes.

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Cette “trilogie de la nouvelle vérité stratégique” plaçant la Russie au-dessus des autres comprend :
1). d’abord l’arme suprême, ou “arme absolue” de l’époque stratégique qui s’ouvre, que constitue l’hypersonique inarrêtable, sous la forme d’AvantGard, vitesse de 27 Mach, capacités d’évolutions très marquées, ceci et cela le rendant absolument impossible à intercepter à moins d’entrer dans la science-fiction ; capacités nucléaires intercontinentales et globales. Cette “arme absolue” de son temps remplace l’ancienne “arme absolue” qu’étaient les ICBM et les SLBM classiques et seuls les Russes en disposent avec une avance qui se compte en nombre d’années et l’intention affirmer d’en poursuivre le développement ;
2). Ensuite l’arme politico-stratégique permettant de couvrir des zones stratégiques jusqu’alors quasiment hors de portée avec les systèmes les plus sophistiqués (le Su-57 qui “annule” le F-35 et met en question la domination aérienne dans des zones jusqu’alors incontestablement OTAN/BAO, tout cela sans prêter une seconde d’attention à l’opérationnalité de ces armes souvent factices ou simulacres, mais en ne considérant que l’aspect communicationnel puisqu’il y en a encore pour croire à la magie de la technologie stealth) ;
3). Enfin l’autorité que confèrent ces systèmes, qui permet à une voix autorisée d’affirmer une hiérarchie où elle se place en tête (au sommet) sans crainte d’être contredite.

On comprendra qu’il s’agit en soi d’un événement important. Ce n’est pas trois événements qui s’affirment dans la même séquence sans influer les uns sur les autres, mais trois événements qui s’enchaînent, s’influencent, et finalement fusionnent en un, c’est-à-dire un événement nouveau qui est de nature différente que la simple addition des trois. (Même différence  qu’entre les concepts de “mondialisation” et “globalisation”.) La puissance stratégique russe, qui est désormais définie par des systèmes et des doctrines dynamiques qui dominent tous les autres, affirme par la voix de Poutine qui l’a définie en la plaçant dans une hiérarchie comme absolument dominante. Quoi que veuillent réellement Poutine et les Russes, cette posture stratégique n’est plus défensive et purement nationale (pour la défense du territoire national) comme elle était strictement définie jusqu’ici, mais conduite à s’inscrire dans l’équation du rapport des forces en affirmant sa supériorité stratégique.

Le paradoxe est qu’à force de crier “au loup” à propos d’une puissance russe qui ne voulait pourtant pas s’inscrire dans la grande équation du rapport des forces (“course aux armements”), les narrativeUS et du bloc-BAO ont fini par “forcer” les Russes par y entrer. D’une certaine façon Poutine continue sa démonstration du 1ermars 2018 qu’il avait ponctuée d’un “Cette fois, vous allez nous écouter !”, signifiant par là que l’exposition de ces nouveaux systèmes conduiraient les divers tourmenteurs de la Russie, USA en premier, à enfin écouter la Russie et ses propositions de bon voisinage stratégique. Il n’en fut rien...

Le paradoxe se poursuit et devient alors que si l’on observe le chemin parcouru et les outils ainsi déployés selon ce que nous nommons “la trilogue de Poutine”, il semble bien qu’il faille que la Russie proclame sa supériorité stratégique pour espérer qu’on l’écoute ; qu’elle devienne en vérité la “menace” qu’on prétend qu’elle est depuis 2014 (Ukraine, Russiagate, etc.), pour exiger qu’on l’entende...

En 1973, au moment des négociations SALT et alors que des généraux US s’inquiétaient d’éventuelles concessions faites à l’URSS qui pourraient donner à cette puissance la “supériorité stratégique”, Kissinger s’écriait : « Au nom de Dieu, qu’est-ce que cela signifie, “supériorité stratégique”, à ce niveau de capacité de destruction ! » C’était l’époque où les stratèges raisonnaient encore et admettaient que la dissuasion réglait tout et qu’il fallait tout faire, y compris la coopération entre adversaires, pour éviter un conflit nucléaire où tous seraient anéantis. 

Mais Kissinger est vieux et les stratèges ne raisonnent plus et préfèrent s’en remettre à l’affectivisme, et l’idée de la “supériorité stratégique” dans l’ère nucléaire est redevenue tout à fait acceptable, et le conflit nucléaire qui va avec également ; l’affectivisme des narrative, l’“exceptionnalisme” américaniste, le suprémacisme anglo-saxon et occidental, le progressisme-sociétal ont infecté toute la pensée stratégique et ont annihilé la conscience de la puissance de destruction des armements nucléaires en lui substituant une morale et une vertu humanitariste s’exprimant sans la moindre vergogne par des méthodes néo-impérialistes. C’est pourquoi dans les premières années qui ont suivi depuis 9/11, on a entendu à plus d’une reprise les thèses de la possibilité d’attaque nucléaire US contre la Russie, une first strike nucléaire stratégique éliminant la Russie en tant que telle de la contre-civilisation postmoderne.

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Par conséquent, et même s’il ne s’agit que de communication, l’affirmation d’une “supériorité stratégique” qui ne peut plus être contestée, l’affirmation de la “trilogie de Poutine” prend tout son poids. Même Kissinger, qui a vu disparaître l’ère de la mesure prudente et de la raison cynique, ne dit plus aujourd’hui ce qu’il disait en 1974. Ainsi Poutine et la Russie sont-ils obligés, parce que c’est la seule position d’où on les écoute, de s’affirmer comme la première puissance stratégique en termes de capacités de destruction, un peu selon les termes de l’“idéal de puissance” qu’ils repoussent par ailleurs de toutes leurs forces. Mais nous sommes dans l’ère du simulacre, de l’inversion, où rien ne peut se faire qui ne passe par le fameux coup du “faire aïkido”, de sans cesse utiliser la force de l’adversaire pour la retourner contre lui ; dans ce cas, la situation revenant quoi qu’en aient voulu les uns et les autres, les différents acteurs, à retourner contre le Système l’idéologie favorite de la  politiqueSystème qu’est cette “idéal de puissance”.

... Savoir ce que tout cela donnera, c’est prétendre beaucoup. La seule observation qui compte est bien de constater encore une fois l’extraordinaire vulnérabilité de cette extraordinaire puissance que représente le Système, – logique surpuissance-autodestruction.

Décadence, effondrement, apocalypse

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Décadence, effondrement, apocalypse

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

L’idée de « décadence nationale » hante le XIXe siècle. Taine souligne la médiocrité de la vie intellectuelle et la futilité des nouvelles générations. Ernest Renan, espère une réforme intellectuelle et morale qui désintoxique le pays des idéaux qui compromettent « l’état moral de la France » (1874). Plus concret, l’écrivain légitimiste Claude-Marie Raudot s’alarme, chiffres à l’appui, de la diminution du nombre des naissances, du déclin de la moralité, des « dépenses énormes » et de la « déperdition de forces » causées par la colonisation de l’Algérie. Il accuse la fièvre du changement : « La France est continuellement en révolution, écrit-il, comme un malade qui s’agite, croit trouver dans le changement un soulagement à ses maux et ne fait que les aggraver, la France est en décadence, donc elle s’appuie sur des institutions funestes et des principes faux  » (De la décadence de la France, 1850). Avec une clairvoyance extraordinaire, il répond d’avance à ceux qui voudraient endiguer le reflux démographique par la fabrication de nouveaux Français : « N’est-ce pas un rêve, écrit-il en 1862, de croire qu’on fera des Français avec les Arabes et les Kabyles ? Nous aurons en eux des sujets obéissants, tant que nous serons les plus forts, des concitoyens jamais » (Mes Oisivetés ).

51EFH-5sunL._SX327_BO1204203200_.jpgTout ce qui a été craint par les esprits les plus affûtés du XIXe siècle est arrivé à la France, mais amplifié au centuple ! Ils se plaignaient du fléchissement intellectuel de leur siècle ? Mais celui-ci avait encore ses Lamartine, ses Auguste Comte, ses Proudhon, ses Verlaine et ses Stendhal !  Aujourd’hui, nous n’avons plus que des Badinter, des Attali, des Luc Ferry ou des BHL ! Ils se plaignaient de la diminution du nombre de naissances en France ? Mais aujourd’hui, les naissances françaises sont directement remplacées par des naissances étrangères ! Ils se plaignaient de l’état moral de la France ? Mais aujourd’hui le sens moral se vautre dans le transsexualisme, l’idéologie LGBTQ, le féminisme, l’idéologie du genre, l’idéologie « no-child » et la stigmatisation de « l’homme blanc hétérosexuel de plus de 50 ans » ! Ils craignaient que l’on fabrique un jour des Français de papier ? Mais aujourd’hui ces Français de papier se comptent par millions et font la loi ! 

Les intellectuels réalistes du XIXe siècle ne se trompaient pas : la décadence avait bien commencé. Mais la décadence qui est alors dénoncée nous paraît insignifiante au regard de l’effondrement multiforme et gigantesque que nous connaissons aujourd’hui. C’est que le  pourrissement commençait à peine. Seul un nez exercé en percevait les premiers effluves. De nos jours, les odeurs sont insupportables et le cadavre est à un stade de pourrissement avancé. Peut-on encore parler de « décadence nationale » quand la nation est déjà morte ?

Pourquoi la décadence ?

Les auteurs dont nous parlons sont unanimes à dénoncer les dérives du sens moral. Pour Renan, l’affaiblissement moral de la France explique largement la défaite. L’idée que la défaite de 1870 procède de causes spirituelles plutôt que politiques ou militaires est d’ailleurs largement partagée à cette époque. On se souvient ainsi que la basilique du Sacré-Cœur de Paris fut construite en réparation des fautes morales commises par le pays. Or, l’idée d’une décadence qui serait le résultat d’un affaissement moral et spirituel n’est pas aussi absurde qu’il peut paraître.

On le sait, la société européenne traditionnelle a toujours été le produit d’un équilibre subtil entre le spirituel et le temporel, entre ce qui appartient à Dieu et ce qui appartient à César. La société française traditionnelle n’échappe pas, jusqu’à la révolution « française » tout au moins, à cette loi d’équilibre. Par son action, la République atteint l’Eglise, c’est-à-dire un pilier essentiel de l’ordre moral et de l’ordre social. Comment s’étonner alors du déclin progressif de la moralité et de la société ? Le refoulement du spirituel, qui irrigue l’ordre moral et l’ordre social traditionnel, ne pouvait que provoquer une rupture des équilibres antérieurs.

Or, une société ne peut rester en déséquilibre très longtemps. En effet, un déséquilibre se traduit toujours par une souffrance, un manque, une tension qui préfigurent la rupture et une nouvelle recomposition. Le déséquilibre « précipite ». Mécaniquement, l’organisation sociale va donc agir sur elle-même pour trouver un nouvel équilibre. Mais cet équilibre sera impossible à atteindre puisqu’une de ses conditions anthropologiques fondamentales, la spiritualité, aura été écartée. La société va donc se lancer dans une quête perpétuelle de remise en question et de changements sans fin. Comme une personne sur le point de tomber enchaîne des pas de plus en plus rapides pour tenter de se rattraper, la société en déséquilibre va enchaîner des transformations de plus en plus rapides… qui vont accentuer son déséquilibre et précipiter sa chute ! On l’a vu, Claude-Marie Raudot exprime parfaitement ce processus lorsqu’il écrit que la France est « continuellement en révolution », qu’elle est « comme un malade qui s’agite » et que le « changement » grâce auquel le pays espère se rétablir ne fait au contraire qu’aggraver ses problèmes.

Prenons l’exemple de la dénatalité, puisqu’il est pointé par Raudot :

Au déséquilibre démographique, le régime répond ainsi par un « changement » : l’ouverture des frontières, l’organisation d’une immigration de masse et des naturalisations intensives (celles, précisément, que semblait redouter Raudot). Mais cette immigration crée à son tour des déséquilibres encore plus importants : des zones de non-droit apparaissent, la France connaît une guerre civile de basse intensité. Le régime cherche alors à résoudre ce nouveau déséquilibre par un nouveau « changement » : il discrimine économiquement la France périphérique, avantage les banlieues et tient un discours qui stigmatise les Français de souche. Mais ce changement engendre un autre déséquilibre : la France périphérique se révolte (Gilets jaunes) sans que pour autant les allochtones se tiennent tranquilles (Bataclan). Le régime répond à cette agitation par un nouveau changement : il accentue les violences policières et se dote de lois qui l’autorisent à placer la population sous surveillance. Mais ce changement exacerbe les tensions et rapproche le pays d’une guerre civile de forte intensité. Le régime y répondra sans doute par une violence encore plus dure, avant de disparaître définitivement sous le poids des changements qu’il a provoqués.  

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Nous pourrions prendre d’autres exemples comme le mariage, la famille ou la langue. Comment est-on passé du mariage comme sacrement devant Dieu au « mariage pour tous » ? Comment est-on passé de la famille patriarcale à la famille homoparentale non genrée ? Comment est-on passé des sermons de Bossuet à l’écriture inclusive ? Ce sont bien des principes absurdes, avec la complicité d’institutions dévoyées, qui par étapes successives ont entraîné la décadence de tous les aspects de la France !

En fait, quand le spirituel « laisse les clés » au temporel, alors l’effondrement est inévitable. Pour Durkheim, la religion fait l’unité du groupe. Cela signifie que s’il n’y a plus de religion, alors il y a fractionnement. Et s’il y a fractionnement, il y a lutte d’intérêts entre les parties. Autrement dit, le déséquilibre de la société, implique une lutte de plus en plus âpre entre des parties qui auront tendance à se scinder en sous-parties, elles-mêmes en lutte les unes contre les autres et elles-mêmes se scindant à leur tour. Le déséquilibre engendre un déséquilibre de plus en plus grand, de plus en plus rapide, de plus en plus diversifié et de plus en plus diversifiant jusqu’à l’effondrement final. La société se cannibalise : les allochtones contre les Autochtones, les femmes contre les hommes, les homosexuels contre les hétérosexuels, les jeunes contre les vieux, le privé contre le public, les lesbiennes contre les gays, les végans contre  les végétariens, les végétariens contre les flexitariens…

Confirmant Durkheim, l’historien David Engels, explique que l’athéisme est l’un des marqueurs de la décadence de la République romaine (voyez ici).

L’Ancien Testament expose quant à lui que l’oubli des commandements de Dieu empêchera les champs de produire, transformera les villes en désert, dispersera le peuple parmi les nations. En d’autres termes, transparaît l’idée que l’athéisme est cause d’effondrement.

 A l’autre bout du monde, les études de Claude Lévi-Strauss montrent qu’il y a un rapport entre la destruction, par les missionnaires salésiens, des structures cérémonielles des indiens Bororos du Brésil (par le démantèlement de l’organisation géométrique de leur habitat) et l’effondrement ultérieur de leur société.

Chez nous, en France, le processus d’effondrement (économique, démographique, culturel, moral…) commence véritablement à partir de la Révolution. Or la Révolution installe, avec une violence inouïe, un régime qui systématise le rejet de la religion traditionnelle…

Il se pourrait que l’effondrement des sociétés humaines commence lorsque le spirituel n’est plus opérationnel dans le social, lorsqu’il n’irrigue plus le tissu social, lorsqu’il n’a plus son mot à dire dans la structuration sociale et la bonne marche de la société. Religion, religare, relier : quand le spirituel ne relie plus, alors la société se désagrège et disparaît.

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Que rajouter de plus de notre point de vue autochtoniste, étant posé que cette société en putréfaction nous est désormais totalement étrangère ? Tout d’abord, que l’enchainement de plus en plus rapide des déséquilibres rend inutile de s’impliquer en faveur de l’une ou de l’autre des « parties » actuellement en lutte, sauf si des nécessités stratégiques ou tactiques l’exigent. Ensuite que le processus de désintégration du corps politique est maintenant irréversible : il ira jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à cet effondrement apocalyptique de la société que nous commençons à voir. Enfin, sans doute, qu’il est nécessaire que l’effondrement atteigne son terme. Il semble maintenant que notre peuple ne renaîtra pas avant que son « reste pur » ne puisse dire, tel Jésus sur sa croix :

« Tout est achevé ! ».

Antonin Campana

La Russie rejette le récit turc sur la Syrie

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La Russie rejette le récit turc sur la Syrie

 
 
par M.K. Bhadrakumar
Ex: http://www.zejournal.mobi

La réaction russe aux derniers mouvements militaires de la Turquie dans la province d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie, a pris la forme d’une longue interview du Ministre des Affaires Étrangères Sergueï Lavrov au quotidien gouvernemental Rossiyskaïa Gazeta le 4 février, suivie depuis par une déclaration officielle du Ministère des Affaires Étrangères jeudi.

Moscou a souligné que l’opération syrienne actuelle à Idlib vise à vaincre les affiliés d’Al-Qaïda soutenus par la Turquie et les pays occidentaux.

Lavrov s’est attardé sur le cadre du « format Astana », qui résulte de l’effondrement du projet de changement de régime de « nos partenaires occidentaux et autres partenaires étrangers » en Syrie suite à l’intervention russe en 2015.

Il a expliqué comment le processus d’Astana a conduit à la « zone de désescalade » à Idlib où « les groupes terroristes se sont rassemblés ». La Russie et la Turquie ont conclu des accords écrits spécifiques précisant leurs engagements à superviser Idlib. Cependant, pour citer Lavrov :

« Malheureusement, jusqu’à présent, la Turquie n’a pas respecté certains de ses engagements clés qui étaient destinés à résoudre le cœur du problème à Idlib. Il était nécessaire de séparer l’opposition armée qui coopère avec la Turquie et qui est prête à dialoguer avec le gouvernement dans le cadre du processus politique, des terroristes de Jabhat al-Nusra, devenu Hayat Tahrir al-Sham. Tous deux sont inscrits sur la liste noire des groupes terroristes par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, de sorte que ni Jabhat al-Nusra ni la dernière version, Hayat Tahrir al-Sham, n’ont rien à faire à Idlib ».

Même après des rappels répétés de la Russie, la Turquie n’a pas agi. De même, Lavrov a répété que les récents déploiements militaires turcs à Idlib ont été entrepris sans que la Russie en soit informée à l’avance. Il a déclaré : « Nous les exhortons (la Turquie) à se conformer strictement aux accords de Sotchi de 2018 et 2019 sur Idlib ».

La déclaration du Ministère russe des Affaires Étrangères du 6 février, telle que rapportée par l’agence de presse Tass, a révélé qu’il y a eu des victimes russes en raison de « l’augmentation des activités terroristes ». Elle justifiait les opérations des forces gouvernementales syriennes comme une réaction à « l’augmentation inacceptable des activités terroristes ».

Au cours du mois de décembre, « plus de 1 400 attaques de militants impliquant des chars, des mitrailleuses, des véhicules de combat d’infanterie, des mortiers et de l’artillerie ont eu lieu ». Rien qu’au cours de la dernière quinzaine, « plus de 1 000 attaques ont été enregistrées » et des centaines de soldats et de civils syriens ont été tués et blessés, et la base russe de Hmeymim a été attaquée à plusieurs reprises.

La déclaration du Ministère des Affaires Étrangères indique que « tout cela indique une augmentation inacceptable de la force terroriste à Idlib, où les militants jouissent d’une totale impunité et ont les mains libres », ce qui ne laisse au gouvernement syrien aucune autre alternative que de « réagir à ces développements ».

Dans un rejet de la demande du Président turc Recep Erdogan, qui souhaitait que le gouvernement syrien mette fin aux opérations militaires à Idlib et se retire, la déclaration russe a souligné : « Une chose à noter est que l’Armée Syrienne combat sur son propre sol contre ceux qui sont désignés comme terroristes par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. Il ne peut y avoir aucune interprétation. C’est le droit et la responsabilité du gouvernement syrien de combattre les terroristes dans le pays ».

Curieusement, tant l’interview de Lavrov que la déclaration du Ministère des Affaires Étrangères ont attiré l’attention sur le transfert de groupes terroristes d’Idlib vers le nord-est de la Syrie et de là vers la Libye au cours des dernières semaines. L’implication est claire – Ankara continue de déployer des groupes terroristes comme outils de stratégies régionales en Syrie (et en Libye).

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La Russie a des contacts avec toutes les parties en Libye, y compris Khalifa Haftar. L’avertissement implicite ici est qu’Erdogan aura un prix élevé à payer en Libye où il ne peut pas compter sur l’empathie russe. La Turquie fait déjà l’objet de critiques sévères de la part de l’UE, de la France, de l’Italie, de la Grèce, de Chypre, d’Israël, des Émirats Arabes Unis et de l’Arabie Saoudite pour son intervention militaire en Libye, notamment en déployant ses groupes de substitution depuis la Syrie. L’isolement régional de la Turquie en Libye est désormais complet.

La déclaration du Ministère russe des Affaires Étrangères a conclu en disant :

« Nous réaffirmons notre engagement envers les accords conclus lors des pourparlers d’Astana, qui prévoient de lutter contre les groupes terroristes en Syrie à condition de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays. Nous maintiendrons une coordination étroite avec nos partenaires turcs et iraniens afin de parvenir à une stabilité et une sécurité durables sur le terrain ».

Il est très significatif que la déclaration du Ministère des Affaires Étrangères ait choisi de faire référence aux « partenaires iraniens ». Le 5 février, alors qu’il recevait le nouvel Ambassadeur iranien à Moscou, le Président Poutine a également déclaré que la Russie et l’Iran étaient des « acteurs clés puissants » dans la lutte contre le terrorisme mondial et qu’ils poursuivraient leur coopération. Poutine a ajouté : « La coopération de la Russie avec l’Iran dans le cadre d’Astana a joué un rôle efficace dans le règlement du conflit syrien ».

Ce qui ressort, c’est que Moscou sent que derrière le comportement mercenaire du Président turc Erdogan, il y a le vieux schéma de la Turquie qui utilise des groupes terroristes comme mandataires, avec le soutien caché des puissances occidentales. Moscou ne peut qu’être conscient que les États-Unis font des ouvertures à Erdogan en vue de modifier l’équilibre militaire contre la Russie et l’Iran sur l’échiquier syro-irakien en aval de l’assassinat du Général Qassem Soleimani.

Curieusement, lundi, une cour d’appel américaine a accepté de « mettre en pause » une affaire alléguant que la banque d’État turque HalkBank avait contourné les sanctions américaines contre l’Iran. Le membre démocrate de la commission des finances du Sénat américain, Ron Wyden, a depuis adressé une lettre au Procureur Général américain William Barr, lui demandant si le Président Trump avait tenté d’intervenir en faveur de Halkbank !

Selon un rapport de Reuters, le Sénateur Wyden a demandé à Barr de détailler ses interactions avec Trump, le Président Tayyip Erdogan et le Ministre turc des Finances Berat Albayrak (qui est également le gendre d’Erdogan).

Le scandale de la HalkBank implique Erdogan et des membres de sa famille et un verdict défavorable du tribunal peut être très dommageable politiquement pour le Président et son gendre qui est préparé comme successeur potentiel. (Un commentaire sur le scandale présenté dans la Fondation pour la Défense des Démocraties, rédigé par un ancien membre du Parlement turc, se trouve ici). L’affaire HalkBank pend comme l’épée de Damoclès au-dessus de la tête d’Erdogan. Washington est habile à utiliser ce genre de moyens de pression contre des interlocuteurs récalcitrants à l’étranger.

D’un autre côté, si Trump a rendu service à Erdogan (ou à qui que ce soit d’ailleurs), il s’attend à une contrepartie. Et il faut s’attendre à ce que l’administration Trump visualise que la coopération d’Erdogan peut changer la donne dans la géopolitique de la Syrie et de l’Irak. Cependant, Moscou a gardé la ligne ouverte vers Ankara.

Bien sûr, c’est délibérément que Moscou a mis en évidence l’importance de l’alliance russo-iranienne en Syrie, où Washington a récemment intensifié les tensions dans le cadre de son approche de « pression maximale », menaçant Téhéran d’une guerre à l’échelle régionale.

Traduit par Réseau International

Photo d'illustration : Convoi militaire turc entrant dans la ville de Sarmada, dans la province d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie

Gas Wars in the Mediterranean

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Gas Wars in the Mediterranean
 

The unexpected alliance between Turkey and Libya is a geopolitical earthquake that changes the balance of power in the eastern Mediterranean and across the Middle East. Turkey’s audacious move has enraged its rivals in the region and cleared the way for a dramatic escalation in the 9 year-long Libyan civil war. It has also forced leaders in Europe and Washington to decide how they will counter Turkey’s plan to defend the U.N-recognized Government of National Accord (GNA), and to extend its maritime borders from Europe to Africa basically creating “a water corridor through the eastern Mediterranean linking the coasts of Turkey and Libya.” Leaders in Ankara believe that the agreement “is a major coup in energy geopolitics” that helps defend Turkey’s “sovereign rights against the gatekeepers of the regional status quo.” But Turkey’s rivals strongly disagree. They see the deal as a naked power grab that undermines their ability to transport natural gas from the East Mediterranean to Europe without crossing Turkish waters. In any event, the Turkey-Libya agreement has set the stage for a broader conflict that will unavoidably involve Egypt, Israel, UAE, Saudi Arabia, Europe, Russia and the United States. All parties appear to have abandoned diplomatic channels altogether and are, instead, preparing for war.

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On November 27, Turkey and Libya signed a Memorandum of Understanding (MoU) that commits Turkey to providing military assistance to Libya’s Government of National Accord (GNA). The MoU also redraws Turkey’s maritime boundaries in a way that dramatically impacts the transport of gas from the East Mediterranean to Europe. Israel is particularly worried that this new deal will undermine its plans for a 1,900-kilometer EastMed pipeline connecting the Leviathan gas field, off the coast of Israel, to the EU. YNET News summarized Israel’s concerns in an ominously titled article: “Turkey’s maneuver could block Israel’s access to the sea”. Here’s an excerpt:

“Two of Israel’s wars (1956 Sinai campaign and 1967 Six-Day War) broke out over navigation rights. Israel must take note of a new reality taking hold in the Mediterranean. It must regard Turkey’s actions as a substantial strategic threat and consider what it may do to respond to it…

This EEZ (Exclusive Economic Zones) designation essentially carved up much of the energy-rich Eastern Mediterranean between Turkey and Libya, prompting a wave of international condemnations first and foremost from Greece, Egypt, and Cyprus, who may be directly or indirectly affected…..Turkey’s disregard for the economic waters of Greece, Cyprus, and Egypt.

Ankara is in effect annexing those areas pending an appeal to international tribunals, which can take many years to resolve. In practical terms, Turkey created a sea border the width of the entire Mediterranean.” (“Turkey’s maneuver could block Israel’s access to the sea”, ynet news)

The analysis from America’s premier Foreign Policy magazine was no less foreboding. Check it out:

“Turkey is meshing together two Mediterranean crises in a desperate bid to reshape the region in its own favor, with potentially nasty implications both for the ongoing civil war in Libya and future energy development in the eastern Mediterranean.

This month, Turkey’s unusual outreach to the internationally recognized government of Libya has resulted in a formal agreement for Ankara to provide military support, including arms and possibly troops, in its bid to hold off an offensive from Russian-backed rebels in the eastern part of the country. The military agreement came just weeks after Turkey and that same Government of National Accord reached an unusual agreement to essentially carve up much of the energy-rich eastern Mediterranean between them—threatening to cut out Greece and Cyprus from the coming bonanza….” (“Newly Aggressive Turkey Forges Alliance With Libya”, Foreign Policy)

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While these new developments are likely to intensify the fighting on the ground in Libya, they also portend a deepening of divisions within the region itself where new coalitions are forming and battle-lines are being drawn. On the one side is the Turkey-Libya Axis, while on the other is Greece, UAE, Saudi Arabia, Egypt, Israel, France, Germany, UK and probably the United States although the Trump administration has not yet clarified its position. In any event, the war between Libya’s internationally-recognized government and Haftar’s Libyan National Army (LNA) is just a small part of a much larger struggle over vital hydrocarbons in a strategically-located area of the Mediterranean. Here’s a clip from an article at War On The Rocks that helps to underscore the stakes involved:

“The discovery of significant deposits of natural gas in the Eastern Mediterranean beginning in 2009 was a game-changer that upended regional geopolitics. It prompted new and unexpected alliances between Israel, Greece, Cyprus, and Egypt to maximize their chances of energy self-sufficiency. The bulk of the gas lies in Egypt’s Zohr field, the Leviathan and Tamar fields in Israeli waters, and the Aphrodite near the island of Cyprus. With recoverable natural gas reserves in the region estimated at upward of 120 trillion cubic feet, the strategic implications could not be bigger. This is about the same amount as the proven gas in the whole of Iraq, the 12th largest reserve globally….(Israel’s gas field) Leviathan is estimated to hold 22 trillion cubic feet of recoverable natural gas, and a potential half a million barrels of oil.” (“Hydrocarbon Diplomacy: Turkey’s Gambit Might Yet Pay a Peace Dividend”, warontherocks.com)

Turkey’s ambitious gambit makes it more likely that its rivals will increase their support for the Libyan warlord, Haftar, who is, by-most-accounts, a CIA asset that was sent to Libya in 2014 to topple the government in Tripoli and unify the country under a US puppet. Haftar’s forces currently control more than 70% of the Libyan territory while almost 60% of the population is under the control of the GNA led by Prime Minister Fayez al-Sarraj. According to Turkish news: “More than half of Haftar’s troops are mercenaries from Russia and Sudan, who are mainly paid by the Gulf states.”

In April, 2019, Haftar launched an offensive on the government in Tripoli but was easily repelled. In recent days, however, Haftar has resumed his attacks on the city of Misrata and on the Tripoli airport in clear violation of the Berlin ceasefire agreement. He has also received shipments of weapons from the UAE despite an arms embargo that was unanimously approved two weeks ago at the same Berlin Conference. We expect that support for Haftar will continue to grow in the months ahead as Berlin, Paris and particularly Washington settle on a plan for reinforcing proxies to prosecute the ground war and for blunting Turkey’s power projection in the Mediterranean.

The Turkey-Libya agreement is a clumsy attempt to impose Turkey’s preferred maritime boundaries on the other countries bordering the Mediterranean. Naturally, Washington will not allow this unilateral assertion of power to go unchallenged.

And while Washington’s strategy has not yet been announced, that merely indicates that the foreign policy establishment was caught off-guard by Turkey’s November 27 announcement. It does not mean that Washington will accept the status quo. To the contrary, US war-planners are undoubtedly putting the finishing touches on a new strategy aimed at achieving their objectives in Libya while at the same time dealing a stinging blow to a NATO ally that has grown closer to Russia, caused endless headaches in Syria, and is now disrupting Washington’s plans for controlling vital resources in the East Mediterranean.

Washington sees Turkey’s assertive foreign policy as a sign of “defiance” which requires a iron-fisted response. But any attack on Turkey or Turkish interests will only intensify the bad blood between Ankara and Washington, it will only put more pressure on the threadbare NATO alliance, and it will only push Turkish president Erdogan further into Moscow’s corner. Indeed, the Trump team should realize that an overreaction on their part could trigger a fateful realignment that could reshape the region while hastening the emergence of a new order.

vendredi, 07 février 2020

Normale Vaterlandsliebe und pathologischer Selbsthaß

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Klaus Kunze

Normale Vaterlandsliebe und pathologischer Selbsthaß

Die verfassungsfeindliche Dekonstruktion des Volkes

Die Zerstörung des Nationalbewußtseins ist Teil einer komplexen Angriffsstrategie. Sie richtet sich gegen die freiheitliche demokratische Grundordnung, verkörpert durch unseren Staat und und seine Institutionen. Letztes Angriffsziel sind aber nicht bloß der Staat und seine Institutionen, sondern das diesen Staat konstituierende deutsche Volk.

Dieses hat sich das Grundgesetz als Verfassung gegeben. Nach unserem Staatsverständnis sind ein Staat und seine Gesetze für die Menschen da und nicht umgekehrt. Diese Menschen sind das deutsche Staatsvolk.

Linke Kosmopoliten wollen es abschaffen, und zwar nicht nur als Rechtsbegriff, sondern biologisch: Der Linksextremismus ist siegessicher genug, dieses mittlerweile offen einzuräumen:

 „Viele glauben, es sei im Kampf gegen den völkischen Nationalismus und Rassismus der beste Weg, die Begriffe „Volk“ und „Rasse“ theoretisch zu dekonstruieren. Ich glaube, es ist noch wirkungsvoller, Volk und Rasse praktisch durch eine fröhliche Völkermischung aufzulösen. Jene „liebevolle Verschmelzung der Nationen“, von der schon der Philosoph Friedrich Schlegel träumte, vollzieht sich von ganz allein, wenn die Staaten nicht mit Verboten dazwischenhauen. Sie wird in Deutschland von den Völkischen zur Zeit besonders gerne als „Volkstod“ bezeichnet. Der „Volkstod“ ist der ewige Alptraum der Rassisten – sehen wir zu, dass dieser Traum wahr wird! Machen wir alle Grenzen durchlässig, sodass die Kinderlein zu- und miteinander kommen können! Jene „durchmischte und durchrasste Gesellschaft“, die den jungen Edmund Stoiber in Angst und Schrecken versetzte, die brauchen wir!

Michael Bittner, Es lebe der Volkstod! 12.3.2015

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Haßpropaganda gegen das eigene Volk!

Die „theoretische Dekonstruktion“ besteht darin, die tragenden Elemente der Idee zu zerstören, es gebe ein Volk. Diese tragenden Elemente sind begriffliche Kategorien, die ihrerseits gesellschaftliche Wirklichkeit widerspiegeln: So wiederspiegelt der Begriff der Familie es, wenn in der Lebenswirklichkeit Vater, Mutter und Kinder zusammenleben und füreinander einstehen. Der Begriff enthält eine deskriptive Komponente, soweit er nur die Realität beschreibt, aber auch eine normative Komponente.

Weil Menschen gemeinsam eine Familie bilden, sollen sie füreinander einstehen. Was für die Familie als kleinen Baustein gilt, ist für das Große und Ganze die Grundlage unserer Vorstellung einer das ganze Volk umspannenden Solidargemeinschaft. Diese Vorstellung wiederum speist den Sozialstaatsgedanken als Forderung, in unserem Staate solle, wie in einer Familie, niemand hängengelassen werden.

Wie man es dreht und wendet: Ohne den Begriff und die Vorstellung eines Volkes mit allen sich daraus ergebenden normativen Einstandspflichten füreinander ist ein Sozialstaat nicht zu begründen und eine Demokratie als Volksherrschaft schon gar nicht. Wer das Volk abschaffen will, ist darum offener Verfassungsfeind.

Die Strategie der Delegitimierung

Die solidarische Verbundenheit aller Angehörigen der deutschen Nation erwächst aus einem Gefühl der Zusammengehörigkeit. Also nutzt die beabsichtigte Zerstörung des Volkes die Strategie, das Volk und die sich aus ihm durch gemeinsames Bewußtsein gebildete Nation begrifflich in Mißkredit zu bringen.

Das Volk und die Nation werden bewußt verunglimpft, indem jede Liebe zum Volk als völkisch und jede Vaterlandsliebe als Nationalismus bezeichnet und diese Begriffe wieder implizit als mit der nationalsozialistischen Ideologie dargestellt werden.

Begriffliche Trennschärfe ist nicht gerade Kennzeichen des gegenwärtigen politischen Diskurses, sofern man überhaupt den Begriff Diskurs für die öffentliche Austragung und den Wettbewerb divergierender Meinungen anwenden kann. Man hat eher den Eindruck von verbalen Schlammschlachten, die seitens der Vertreter der politisch korrekten Elite lediglich zur Verunglimpfung Andersdenkender sowie zu ihrer eigenen moralischen Selbsterhöhung beitragen sollen. Das offensichtlichste Beispiel: Die ständige Wiederholung der Begriffskombination Nationalismus/ Rassismus/ Antisemitismus beabsichtigt einen Zusammenhang herzustellen, der abwegiger nicht sein könnte. Es liegt auf der Hand. Die Nachbarschaft schmutziger Wörter verunreinigt einen Begriff wie Nation und verhilft zu dessen assoziativ erwünschter Diskreditierung. Die Überwindung des Nationalen wird so uminterpretiert zur Überwindung von Unmenschlichkeit und nazigeprägtem Denken. Das Bekenntnis zur eigenen Nation wird – bewusst unscharf – zugleich semantisch gleichgesetzt mit Nationalismus, baugleich mit Chauvinismus. Wer national denkt, ist folglich genotypisch ein Chauvinist, ein überheblich Vorgestriger, den es zu bekämpfen gilt.

Josef Hüber, Nationalbewußtsein – Brutstätte reaktionärer Gesinnung? Blogartikel 5.2.2020

Wem das klare begriffliche Denken noch nicht abhanden gekommen ist, sieht zwischen Nationalismus, Rassismus und Antisemitismus keinen Zusammenhang. Er erkennt den gehässigen Dreiklang als das, was er ist: als eine Propagandaphrase der Delegitimierung und Dekonstruktion.

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Eine zeitgenössische Illustration zum Zug auf das Hambacher Schloss im Mai 1832.

Nationalismus ist Freiheitsliebe

Vielleicht sollte nicht seltener als diese Propagandaphrase zu hören sein und nötigenfalls wiederholt werden:

Ein allgemeiner, als universelles Gestaltungsprinzip gemeinter Nationalismus knüpft an das Bedürfnis jedes Menschen an, individuell und kollektiv entsprechend der eigenen Identität leben zu dürfen. Er fordert darum im Einklang mit dem internationalen Völkerrecht, daß jede Nation selbstbestimmt über ihre kollektives Schicksal entscheiden dürfen und können soll.

Der israelische Theologen Yoram Hazoni äußerte sich dazu in einem Kongreß am 4.2.2020 zum Begriff der Nation:

Aus ihrem Vorhandensein folge wie aus dem Vorhandensein der Familie eine Verpflichtung, die der Einzelne nicht in Abrede stellen könne, da ihm die Nation wie die Familie vorgehe. Der einen wie der anderen verdanke er seine Existenz, auch seine individuelle Freiheit. Denn ohne die Macht, die die Nation konstituiere, und ohne das Recht, das sie begründe, könne es keine Freiheit geben. Wer diesen Grundsatz verfechte, könne durchaus als „Nationalist“ bezeichnet werden. Wie schon in seinem vielbeachteten Buch The Virtue of Nationalism versuchte Hazoni, auch hier den Begriff zu rehabilitieren und beharrte darauf, daß er heute unzulässig verengt werde.

Das Eintreten für die eigene Nation bedeute gerade nicht, daß man den Übergriff auf andere Nationen gutheiße. Im 21. Jahrhundert müsse es vielmehr darum gehen, eine „Bruderschaft“ von Nationen zu begründen, die ihre Unabhängigkeit verteidigten und gleichzeitig dort zusammenstünden, wo das notwendig sei, angesichts der Gefahren, die von vielen Seiten drohten.

Karlheinz Weißmann, Kongreßbericht 5.2.2020, Kongreß Internationale der Nationalen,

Ohne die Nation als beschirmendes Dach über den einzelnen Menschen kann keiner dieser Einzelnen seine Freiheit entfalten.

Begrifflich versteht man hingegen unter Chauvinusmus eine Überheblichkeit, die anderen Nationen den Wert abspricht.

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Sängerfest in Tallinn – für viele Esten Teil ihrer nationalen Identität (imago images / Scanpix / EESTI MEEDIA / MIHKEL MARIPUU)

Vaterlandsliebe

Und Patriotismus ist schlicht ein anderes Wort für Vaterlandsliebe. Vaterland ist eine Metapher. Solche Wortbilder erkennt man daran, daß sie keinen konkreten Einzelgegenstand bezeichnen. Begriffe wie das Meer, die Natur oder das Vaterland bezeichnet nichts unmittelbar Gegenständliches, sondern fassen viele konkreten Einzeldinge in der Vorstellung zusammen. Das Wort Vaterland bringt auf einen Begriff, was Menschen sich darunter vorstellen.

Diese Vorstellung der Menschen bezieht sich wiederum auf – Menschen! Auf wen oder was sollte sie sich sonst beziehen? Wer von seiner Familie spricht, kann deren Mitglieder wohl noch an den Fingern abzählen, meint aber mit dem Wort immer die Summe der konkreten Familienmitglieder. Ideell gilt ihm diese Familie mehr als die numerische Summe der Einzelpersonen. Und wer von seinem Vaterland spricht, meint damit im Zweifel nicht die hübschen Hügel und Täler, sondern die ihm verbundenen Menschen.

Vaterlandsliebe ist – Liebe! Das ist vielleicht für manche Irregeleitete eine verblüffende, aber doch auch eine banale und selbstverständliche Feststellung. Sie ist Liebe und damit eine grundsätzliche und starke emotionale Verbundenheit mit den Menschen, denen man sich nah fühlt. Wer sie empfindet, erweitert seine familiäre Solidarität ganz einfach auf die ihm vertrauten Menschen seiner Heimat und seines Landes.

Mit ihnen kann er sich identifizieren, weil sie seine Sprache sprechen, kollektive Erinnerungen mit ihm teilen und mit ihm mehr oder weniger weitläufig verwandt sind.

Jeder Mensch bildet eine Identität heraus, die ihn von anderen unterscheidet, zu der aber auch ein kollektives Identitätsgefühl gehört. Ein Willi Schulze ist erstens Willi, zweitens aber dann ein Schulze. Er zählt sich – kollektiv- zu dieser Familie. Er lernt Muttersprache und Vaterlandsliebe. Der Dank, den er seinen Eltern schuldet, gibt er seinen Kindern zurück. Daß er von der Wiege bis zum Berufsbeginn von der staatlich verfaßten Solidargemeinschaft behütet und geleitet wird, gibt er ihr durch Steuerzahlen, Bürgersinn und Solidarität zurück.

Es gibt auch pathologische Exemplare, bei denen die positive Persönlichkeitsbildung fehlschlägt, die sich selbst und ihre Identität hassen. Wer sich selbst haßt und keine von ihm selbst bejahte Identität aufbauen konnte, der haßt und verneint auch die kollektive Identität, der er angehört.

Eigenliebe, Familienliebe und Vaterlandsliebe sind Grundvoraussetzungen für geistige Gesundheit. Selbsthaß, Ablehnung der eigenen Eltern und Haß auf das Vaterland sind sichere Anzeichen für eine psychopathisch gestörte Persönlichkeit. Wer andere Menschen haßt, kann selbst psychisch und emotional nicht gesund sein.

Wer Vaterlandsliebe mit einer wie auch immer gearteten Art von Haß gleichsetzt, will betrügen. Die Strategen dieses Betruges manipulieren Begriffe, deuten sie um und hämmern ihre Parolen dem Publikum immer wieder ein.

Wir sollten ihnen nicht zuhören.

Dieser Beitrag ist zuerst erschienen auf Klaus Kunzes Blog: http://klauskunze.com/blog/2020/02/05/normale-vaterlandsl...

Nos enfants sont déjà des poissons rouges

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Nos enfants sont déjà des poissons rouges

par Charles André 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Dernièrement, dans ces colonnes, nous posions la question de savoir si nous ne sommes pas en train de devenir des poissons rouges (lire Sommes-nous en train de devenir des poissons rouges ? du 9 janvier 2020).

Bruno-Patino-Civilisation-poisson-rouge.jpgUne interrogation suscitée par les révélations de Bruno Patino, dans son ouvrage La civilisation du poisson rouge (Grasset), qui s’alarme de l’addiction aux écrans, notamment celui du smartphone, provoquée par les manœuvres des géants du numérique pour nous rendre accros. Nous avons vu que cette dépendance commençait très tôt, dès la petite enfance.

Si les dégâts déjà bien tangibles sur la population des adolescents commencent à inquiéter le milieu médical, ceux qui affectent la petite enfance se révèlent carrément alarmants. Le docteur Anne-Lise Ducanda, membre du « Collectif surexposition écrans » (CoSE) l’expliquait récemment dans le journal de Christelle Rebière sur RTL. L’exposition aux écrans a « des risques très importants chez les 0–3 ans qui sont dans une phase de développement ultra-rapide », dit-elle, « le temps passé sur les écrans compte autant que le contenu de ce qui est regardé ». Et de citer des cas d’enfants de 3 ans qui jouent avec GTA (Grand Theft Auto) ! Elle précisera que 45 % des élèves de CP jouent avec GTA (jeux en principe interdits aux moins de 18 ans) et que ce taux atteint 65 % chez les élèves de CM2 ! Ahurissant.

Sur le site du CoSE, on apprend que ses membres ont, depuis plusieurs années déjà, alerté sur les conséquences de la surexposition aux écrans à travers des articles, des colloques, dans des commissions de réflexion, auprès d’associations de professionnels, de parents… Dans une tribune parue dans Le Monde du 31/05/2017, ils ont relaté, leur expérience clinique et exprimé leur préoccupation concernant l’évolution du nombre de jeunes enfants présentant des retards importants dans le développement de la communication, du langage, de la cognition et de l’affect. Prenant appui sur des travaux internationaux, ils interrogent sur le temps que ces enfants passent devant les écrans car tous les champs de leur développement sont atteints par cette surexposition.

grand-theft-auto-v-premium-online-edition-cover.jpgLa constitution d’un collectif autour d’une charte s’est donc imposé à ces praticiens afin de pouvoir porter une parole pluriprofessionnelle. Pour eux, il s’agit d’un engagement sociétal. C’est pourquoi ils n’ont pas seulement ouvert leur collectif aux professionnels mais aussi aux parents concernés. L’objectif est d’être le plus grand nombre possible pour sensibiliser aux effets catastrophiques de la surexposition aux écrans sur le développement du jeune enfant.

Lors de son interview, le docteur Anne-Lise Ducanda a dénoncé l’utilisation d’applications dédiées aux tout-petits comme celles censées leur apprendre les langues. Elle s’appuie pour cela sur de nombreuses études convergentes qui ont montré que, jusqu’à 3 ans (et plus) ce genre d’apprentissages ne peut se faire qu’au contact des adultes. Une interaction vivante est absolument nécessaire sinon l’enfant ne fait que du psytacisme (1) sans associer du sens ; c’est ce que les chercheurs appellent le « déficit vidéo ». Or, 53 % des parents achètent des jeux éducatifs vidéo à leurs petits croyant améliorer ou accélérer leur développement. Non seulement c’est improductif mais ça les expose prématurément, et donc dangereusement, aux écrans. À ce sujet, il convient de noter que l’Éducation nationale a eu tout faux lorsqu’elle a introduit la télé puis les ordinateurs dans les classes pour favoriser et améliorer les apprentissages à l’école ; bravo les pédagogistes !

Les études menées de 2010 à 2018, révèle le Dr Ducanda, ont constaté 94 % d’augmentation de troubles du langage chez les écoliers du CP au CM2. Et cette tendance s’accroît constamment à cause de l’omniprésente des écrans dans la vie de nos enfants. Sur le site du CoSE, d’innombrables témoignages sont là pour en attester. Certains font froid dans le dos comme celui de la maman de Delya : « Depuis ses 12 mois nous étions inquiets de certains comportements que nous observions chez elle ainsi que des retards que nous avons constatés par la suite concernant la parole, l’assise, la marche, la motricité globale ou encore la dextérité » explique-t-elle. Désespérés, ces parents ont consulté tous les praticiens possibles et imaginables. L’enfant a subi un électroencéphalogramme, un bilan auditif, un dépistage de l’autisme, des examens psychiatriques qui ont soupçonné (avec forte probabilité) l’autisme tant redouté… C’est lorsque tous les écrans lui ont été soustraits que la petite fille a changé pour rattraper le retard accumulé dans tous les domaines. Les changements ont été radicaux, explique la maman, mais le sevrage fut un moment terrible : « Nous avons affronté des crises de Delya, semblables à celles d’un toxicomane en sevrage. Aujourd’hui, 6 mois après l’arrêt des écrans […], Delya est une autre petite fille. […] Nous ne pouvons nier la corrélation entre le développement soudain et rapide de notre fille et l’arrêt des écrans aux contenus lobotomisant et anesthésiant qui l’entouraient au quotidien ». Que ne s’en était-elle aperçu plus tôt ? On s’interroge quand-même sur la dose d’écran absorbée par cette enfant depuis sa naissance pour en arriver là. Si on peut se féliciter de la prise de conscience de ses parents, on est aussi en droit de condamner leur irresponsabilité originelle.

D’autres témoignages tout aussi ahurissants sont à découvrir sur le site du CoSE. Comme celui de cette orthophoniste qui apporte un éclairage particulièrement intéressant. Elle y cite le cas de deux enfants dyslexiques, Matthis et Charlotte. Au retour de vacances, elle leur a proposé de réaliser une carte à partir de ce mot inspirant qu’est « vacances ». Voici les résultats, ils sont édifiants :

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Charlotte

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Matthis

Inutile de dire que Charlotte, malgré son handicap, n’est pas en échec scolaire alors que Matthis, lui, fait une 6e catastrophique et sera orienté en SEGPA (Section d’enseignement général et professionnel adapté), la voie de garage jusqu’à l’âge de la déscolarisation légale (16 ans).

Pour terminer, le docteur Anne-Lise Ducanda fait quelques recommandations résultant des 1 500 études qui préconisent zéro écran entre 0 et 6 ans. Ces écrans n’apportent absolument rien en terme de développement, bien au contraire, et entraînent l’addiction précoce.

Au-delà d’une quinzaine de minutes par jour, il y a danger

Donc, jamais d’écran le matin avant d’aller à l’école, pas d’écran au moment des repas pour favoriser les échanges, pas d’écran avant les devoirs du soir et, surtout, pas d’écran avant de s’endormir (toutes les études prouvent que cela génère des troubles du sommeil). Pas d’écran dans la chambre, non plus, pour éviter la tentation. Enfin, pour éviter la frustration, et donc la transgression, elle conseille d’accorder une demi-heure le mercredi et/ou durant le weekend.

Si nos sociétés ne prennent pas rapidement conscience des terribles dégâts que l’exposition précoce aux écrans entraîne dans le développement de nos enfants et si elles ne réagissent pas plus vite, il est à craindre que nous soyons en train de fabriquer des générations d’inadaptés et d’asociaux qui finiront aux crochets de la collectivité dans des centres spécialisés qui devront se multiplier. Les enseignants de maternelles s’en rendent compte qui ont tiré la sonnette d’alarme mais l’Éducation nationale préfère mettre des moyens dans le primaire et le secondaire… lorsqu’il est trop tard ! « Nous faisons face à une crise éducative majeure » déclare sans détour une professeur des écoles.

Les orthophonistes à qui les parents se confient plus facilement sont effarés du temps passé devant les écrans : jusqu’à 40 heures hebdomadaires ! Chiffre multiplié par 7 en 10 ans, déplorent les uns d’entre eux sur le site. Quant aux médecins, psychologues et pédopsychiatres, il constatent une augmentation alarmante des demandes de consultation pour les tout-petits à cause de « retards massifs du langage », de « syndromes d’allure autistique », d’« évitement relationnel »… L’un d’eux s’inquiète : « On observe des enfants qui cherchent à faire glisser leur doigt sur les différents objets et notamment les livres ! »

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Malheureusement, les parents se montrent le plus souvent très fiers de l’agilité de leur enfant et sont peu sensibles aux recommandations des enseignants et des professionnels du milieu médical. Ainsi sommes-nous en présence d’un sérieux problème de santé publique dont la solution apparaît très difficile à trouver vu que l’addiction aux écrans a déjà gagné les parents de ces enfants en danger. Nos dirigeants en ont-ils conscience ou songent-ils davantage à promouvoir la mondialisation heureuse fondée sur le toujours plus, plus de consommation, plus de numérique et… plus d’écrans ?

« L’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir »

Note:

(1) Fait de répéter quelque chose comme un perroquet en raisonnant sans comprendre le sens des mots que l’on utilise ; en partic., récitation mécanique de mots, de phrases, de notions dont le sens n’a pas été compris ou a été mal assimilé (d’apr. Aur.-Weil 1981).
Par suite :
Trouble du langage qui consiste à répéter sans raison ce que l’on a entendu ou lu sans même le comprendre. Une forme particulière de ce trouble est l’écholalie. (Psychol. Enfant 1976).

- Source : Nice-Provence

jeudi, 06 février 2020

On The Decline In US Strategic Thinking And The Creation Of False Stereotypes

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On The Decline In US Strategic Thinking And The Creation Of False Stereotypes

Ex: https://www.geopolitica.ru

In early January 2020, the RAND Corporation published its latest research report on Russia entitled “Russia’s Hostile Measures. Combating Russian Gray Zone Aggression Against NATO in the Contact, Blunt, and Surge Layers of Competition”.

The report is made up of four chapters: 1. Russian hostile measures in every context; 2. The evolution and limits of Russian hostile measures; 3. Gray zone cases and actions during high-order war; and 4. Deterring, preventing, and countering hostile measures. There are also two appendices: 1) An evolutionary history of Russia’s hostile measures; and 2) Detailed case studies of Russia’s use of hostile measures.

By the headings alone, it is possible to gauge the kind of psychological effect that the authors of the monograph wanted it to have. They clearly wanted to say that Russia as a political entity is aggressive – it has been that way throughout history and it will continue to be so in the future – and it is therefore vital to prevent such aggression in a variety of ways.

It is also stated that the report was sponsored by the US Army as part of the project “Russia, European Security, and ‘Measures Short of War’” and that the research and analysis was conducted between 2015 and 2019. The purpose of the project was “to provide recommendations to inform the options that the Army presents to the National Command Authorities to leverage, improve upon, and develop new capabilities and address the threat of Russian aggression in the form of measures short of war.” In addition, the report was reviewed by the US Department of Defense between January and August 2019, and the RAND Corporation conducted seminars in European NATO member countries as part of the project. Notably, one of the first events was held in February 2016 at Cambridge University, which has become a kind of hub for visiting experts from other countries.

From a scientific perspective, the report’s authors adhere to the classical American school – Kremlinologist George Kennan and his concepts are mentioned, as is Jack Snyder, who coined the term “strategic culture” on the basis of nuclear deterrence. The sources referred to in the footnotes are also mostly American, with the exception of a few translated texts by Russian authors (both patriots and liberal pro-Westerners) and official government bodies. But, on the whole, the report is of rather poor scientific value.

Two interrelated topics are discussed in the first chapter that, over the last five years, the West’s military and political communities have steadfastly associated with Russia – the grey zone and hybrid warfare. It is clear that these phrases are being used intentionally, as is the term “measures”, since Western centres are trying to use the terminological baggage of the Soviet past alongside their own modern concepts, especially when it refers to military or security agencies (the term “active measures” was used by the USSR’s KGB from the 1970s onwards). It is noted that NATO officially began to use the term “hybrid warfare” with regard to Russia following the events in Crimea in 2014.

Examples given of active measures during the Cold War include: assassination (the murder of Stepan Bandera); destabilisation (training Central and South American insurgents with Cuba in the 1980s); disinformation (spreading rumours through the German media that the US developed AIDS as a biological weapon; disseminating information about CIA sabotage efforts); proxy wars (Vietnam, Angola); and sabotage (creating panic in Yugoslavia in 1949).

Although America’s involvement in such techniques was more sophisticated and widespread (from establishing death squads in Latin America and supporting the Mujahideen in Afghanistan by way of Pakistan to the Voice of America radio programmes and governing remotely during riots in Hungary and Czechoslovakia) and certain facts about the work of Soviet intelligence agencies are well known, the examples cited of measures taken by the USSR are not backed up by authoritative sources.

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Russia’s hostile measures in Europe

Other methods for influencing the report’s target audience are noticeable, and these have been used before to create a negative image of Russia. These include a comparison with the actions of terrorist organisations: “the shock and awe generated by the blitzkrieg-like success of Russia in Crimea and the Islamic State in Iraq generated considerable analytic excitement. A few early accounts suggested that Russia had invented a new way of war” (p. 6).

According to the authors, the West had already clearly decided what to call Russia’s actions in 2016. With that in mind:

“– Gray zone hostilities are nothing new, particularly for Russia.

– Russia will continue to apply these tactics, but its goals and means are limited.

– Deterring, preventing, or countering so-called gray zone behavior is difficult” (p. 7).

The report also states that many articles on the subject written in 2014 and 2015 contained overly exaggerated value judgements, but, in 2017, analyses of the grey zone and hybrid warfare shifted towards a balanced and objective view of Russian power.

This should also be queried, because a relatively large number of reports and papers on similar topics have been published since 2017. Even the US national defence and security strategies had a blatantly distorted view of both Russia and other countries.

The only thing one can possibly agree with is the coining of the new term “hybrid un-war”, which emerged from debates in recent years. It’s true that Russia is employing certain countermeasures, from modernising its armed forces to imposing counter sanctions, but many of these are in response to provocative actions by the West or are linked to planned reforms. Evidently, the authors understand that it will be difficult to make unfounded accusations, so they are covering themselves in advance by choosing a more suitable word. Against the general backdrop, however, the reference to an “un-war” seems rather vague.

It should be noted that the first appendix contains a list of academic literature on Soviet and Russian foreign policy that supposedly backs up the authors’ opinions on the methods of political warfare being carried out by Russia (and the USSR before it). Among the most important sources are declassified CIA reports and assessments, along with similar files from the US National Security Archive that were posted online by staff at George Washington University. Needless to say, the objectivity of documents like these is rather specific.

The section on the institutionalisation and nature of Russian hostile measures is interesting. The authors point out that Russia has an existential fear of NATO and the West as a whole because it has been threatened by external invasion for centuries. The timeline begins in the 13th century with the Mongol invasion that ended with the destruction of Moscow, and it finishes with Germany’s invasion of the USSR and the deaths of 20 million Russians. Interestingly, the 20th century also includes the North Russia intervention by the US and its allies. Such selectivity is surprising, as if there had been no aggression from the Teutonic Order or other wars prior to the 13th century. The 18th century is excluded from the list entirely, yet it was a pivotal era for the Russian state (the Great Northern War, the wars with the Persian and Ottoman empires, the Russo-Swedish War and so on), when numerous external challenges had to be met.

But the report then mentions NATO’s expansion to the East and America’s use of soft-power methods, including the organisation of colour revolutions in the post-Soviet space, where there were Russian client governments. Although it says in justification that NATO never threatened Russia, it emphasises that NATO’s physical infrastructure and military capabilities forced Moscow to include it on its list of national security threats.

In addition to this, the RAND experts point out Russia’s worry over internal revolt. The report once again provides a selective timeline that includes the Decembrist revolt, colour revolutions in the post-Soviet space, and even the war in Syria, which is described as “a long-standing Russian client state” (p. 15).

It then goes on to paraphrase Dmitri Trenin, director of the Carnegie Moscow Centre, who said that the Kremlin fears US intervention and the Russian General Staff fears NATO intervention. It therefore follows that “[t]he perception of a threat influences behavior, even if the perceived threat is overblown or nonexistent. Whether or not one believes that worry, or even paranoia, is the primary driver behind current Russian actions in the gray zone and its preparations for high-order war, this essential element of Russian culture demands an objective and thoughtful accounting” (p. 16).

Following this is a description of the security apparatus that carries out hostile measures. A line is drawn between the NKVD, KGB and FSB, and these are also joined by the SVR, for some reason. The armed forces are considered separately, with a focus on the GRU and special forces. And that’s it. There is no mention of the police, the public prosecutor’s office and the investigative committee or even the FSO. It is even a bit strange not to see “Russian hackers” and private military companies, which are a regular feature of such reports. It is also noted that current actions are nothing other than a “continuity of the Brezhnev Doctrine” (p. 21), which only exists in the imaginations of Western experts. The authors themselves acknowledge further on that this is how speeches by Brezhnev and Gromyko, quoted in Pravda in 1968, were interpreted by Western observers.

On the next page, it claims that neo-nationalism is an ideological tool for Russian foreign policy! And there is another rather interesting passage further on, when the authors of the report confuse former Russian Foreign Minister Igor Ivanov with former Russian Defence Minister Sergey Ivanov. Although they mention Igor Ivanov’s name in the context of grand strategy, foreign policy and neo-nationalism in Russia, they then refer to “Ivanov’s own 2003 military doctrine and reform plan” (p. 23). And this is given as confirmation of the aggressive neo-nationalist strategy that, according to the authors, is associated with Igor Ivanov! If the authors had been more attentive, they would have discovered that, at that time, Igor Ivanov was serving as the head of the foreign ministry, while the defence minister was Sergey Ivanov. Especially as they make reference to an article by a Western author, who, in 2004, analysed the Russian defence ministry’s reform and uses the right name (Matthew Bouldin, “The Ivanov Doctrine and Military Reform: Reasserting Stability in Russia,” Journal of Slavic Military Studies, Vol. 17, No. 4, 2004). It seems that, when compiling the report, they simply copied an additional footnote to lend extra weight, but it was the wrong one.

It goes without saying that such a large number of errors undermines the entire content of the report. And this raises a logical question: what was the authors’ intention? To earn their money by throwing a bunch of quotes together or to try and understand the issues that exist in relations between Russia and the West?

Judging by the number of mistakes and biased assessments, it was most probably the former. There are also traces of a clear strategic intent, however.

This can be seen in the description of the grey zone where Russia is actively operating, because the case studies provided as examples of Russia’s activities in the grey zone are its bilateral relations with Moldova (1990–2016), Georgia (2003–2012), Estonia (2006–2007), Ukraine (2014–2016), and Turkey (2015–2016). According to the authors, then, the grey zone is independent sovereign states, including NATO members! And virtually all of them, with the exception of Turkey, are former post-Soviet countries that are in the sphere of Russia’s natural interests.

As for the methods that Russia allegedly employs, these are all heaped together in a big pile: economic embargoes, which have been imposed by Moscow for various reasons (the ban on wine imports from Moldova and Georgia, for example), support of certain political parties, compatriot policies, and diplomatic statements and sanctions (in relation to Turkey, for example, when a Russian plane was shot down over Syria).

Eventually, the report states: “Our five cases may not stand alone as empirical evidence, but they are broadly exemplary of historical trends. […] Russia applies hostile measures successfully but typically fails to leverage tactical success for long-term strategic gain” (p. 49).

From this, the report concludes that:

“1. Russia consistently reacts with hostile measures when it perceives threats.

  1. Both opportunism and reactionism drive Russian behavior.
  2. Russian leaders often issue a public warning before employing hostile measures.
  3. Short- and long-term measures are applied in mutually supporting combination.
  4. Diplomatic, information, military, and economic means are used collectively.
  5. Russia emphasizes information, economic, and diplomatic measures, in that order.
  6. All arms of the government are used to apply hostile measures, often in concert.”

In their description of Russia’s actions, the RAND experts even go so far as to include resistance to the Wehrmacht in occupied Soviet territories during the Second World War, including the partisan underground, as an example of “Soviet hostile measures”, when “Soviet agents aggressively undermined the German economic program […] in the western occupied zone”! (p. 53). The report then goes on to say: “By the time the Soviets shifted to the counteroffensive, they had generated a massive, multilayered hostile-measures apparatus tailored to complement conventional military operations” (p. 53) and “[f]ull-scale sabotage, propaganda, and intelligence operations continued apace throughout the war” (p. 54). Immediately after this ludicrous statement is a paragraph on the actions of the KGB and GRU against insurgents in Afghanistan. This is then followed by an attempt to predict what Russia will do in the future.

So, from the report we can draw the following conclusions. First, it is unclear why the “hostile measures” described in the report include fairly standard practices from international experience that are also used in the West as democratic norms. Second, the report contains a number of distorted facts, errors, incorrect assessments and conclusions that undoubtedly undermine its content. Third, such specific content with attempts to manipulate history is clearly intended to further tarnish Russia’s image, since it will be quoted by other researchers and academics in the future, including by way of mutual citation to reinforce credibility. Fourth, if the US command and NATO are going to perceive this mix of speculation, phobias and value judgements as basic knowledge, then it really could lead to a further escalation, although the hostile measures will be employed by the US and NATO. Fifth, the report clearly adheres to the methodology of the liberal interventionist school, which is somewhat strange for a study that claims to be a guide to action for the military, since the US military usually adheres to the school of political realism, in accordance with which the interests of other states must be respected. And since Russia’s sphere of interests is included in the grey zone, this suggests attempts to deny Russia its geopolitical interests.

Source: OrientalReview

Trending to a Multipolar World: Opportunities & Challenges

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Trending to a Multipolar World: Opportunities & Challenges

Ex: https://www.newdawnmagazine.com 
This article was published in New Dawn Special Issue Vol 13 No 3 (June 2019)

At the conclusion of the Second World War, the United States was the overwhelmingly dominant military and economic power. The other major colonial powers, in particular France and the United Kingdom, had been financially exhausted by the war. Germany was shattered, its industry in ruins. The United States had a monopoly on nuclear weapons, and there were serious plans to use those weapons on the Soviet Union (Operation Unthinkable).1

The Soviet Union had borne the vast brunt of the fighting against the Germans, losing at least 28 million soldiers and civilians, a sacrifice of people and treasure that has never received the acknowledgement in the West that it is due. Generations of Australians and New Zealanders, among others, were raised on the mythology of “plucky Britain” standing alone against the Nazi hoards.

In fact, as many Russians died during the siege of Leningrad (September 1941– January 1944) as total US and UK casualties combined for the whole war. Nearly half a million Russians were killed in the battle of Stalingrad (July 1942–February 1943), which is more than total US losses for the whole war.

Had Churchill’s plan for a surprise nuclear attack on the Soviet Union after the defeat of the Germans in May 1945 eventuated, additional casualties would have been incalculable. It is the memory of those horrendous losses during the war, and the treachery of the British and the Americans after the defeat of Germany, that is essential to an understanding of the reaction of Soviet, then Russian, leaders ever since to the actions of the Western powers. 

Any thoughts of a military confrontation between the West and the USSR was resolved in 1949 when the Soviet Union successfully exploded its own nuclear bombs. Instead of a ‘hot’ war, the two sides engaged in what is generally referred to as a Cold War. That term is somewhat of a misnomer as war was indeed waged on a number of fronts: ideological, propaganda, economic and via a series of proxy actions in third countries.

The other great shock to American sensibilities in 1949 was the defeat of the Chiang Kai Shek nationalist forces in the Chinese civil war. In what was to be a precedent for the following decades, the United States refused to accept Mao’s Government as the legitimate rulers of China and fought to retain the nationalists as China’s representative on the United Nations Security Council. US Navy ships patrolled the narrow straight between Formosa (known later as Taiwan) and the Chinese mainland. The fiction of Taiwan as representative of China in the United Nations persisted until 1971.

In an echo of Operation Unthinkable, the United States military command in the Korean War (1950–53) urged US President Truman to allow the use of nuclear weapons against China,2 after China entered the war on the side of the North Koreans. US and Allied forces defied the clear intention of United Nations Security Council Resolution 82 and invaded North Korea, continuing to the Yalu River which marked the border between North Korea and the People’s Republic of China.

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The Allied forces were quickly driven back to the North/South border, itself a unilateral creation by the Americans in 1945 without reference to the citizens of either the North or the South.3 From then until the armistice of 27 July 1953, the United States and Allied troops waged a relentless war against the North. The entire country was devastated with civilian infrastructure almost completely destroyed. That, together with the use of chemical and biological weapons, amount to a sustained war crime against North Korea.4 As is the case with all atrocities committed by the United States and its allies in the almost continuous warfare waged since 1945 against mostly poor and relatively defenceless nations, the issue of accountability for war crimes is a non-issue as far as the Western powers are concerned.

In the American case, not only do they not subscribe to the International Criminal Court, they have threatened sanctions and worse5 should that body ever have the temerity to investigate the actions of its military personnel or those of its allies, much less prosecute them.

As a result of that war, North Korea lost an estimated 8 to 9 million people or about one-third of its total population at that time. By comparison, the United Kingdom lost 0.94% of its population during World War II, which lasted twice as long as the Korean War.

An understanding of that war, as well as the history of United States intervention in Korean affairs, which dates back to the 1880s,6 is essential to understanding the contemporary geopolitical situation on the Korean peninsula.

Exceptional Interventionism

The post-World War II military and economic dominance of the United States and its imperviousness to international law had a number of other consequences. In particular, it bred an attitude best expressed in their own self-description of being the “exceptional nation.” The ordinary definition of the word exceptional implies being atypical, extraordinary, or out of the common or usual mode.

In the American case, however, it came to be equated with much more, in particular a profound belief in all levels of society that their way was the only way. Deviations from their defined path were not to be tolerated, and recalcitrant nations or individuals were subject to “regime change” operations, economic and financial sanctions, and in extreme cases invasion and occupation.7

These actions always justified in terms of “bringing democracy” or “upholding the rules-based international order” or some other patently self-serving justification.

It is difficult to reconcile these high-minded concepts with the actual behaviour of the United States and its allies. Operation Boot (UK name) Ajax (US title) on behalf of the Anglo Persian Oil Company overthrew the democratically elected Iranian government in 1953. That coup was reversed with the Islamic Revolution in 1979, an outcome that still dominates United States attitudes and behaviour towards Iran.

That was followed in 1954 by Operation PBSuccess, the overthrow of the Guatemala government, to the great benefit of the United Fruit Company. Operation Condor from 1968 to 1989 involved the assassination or disappearance of tens of thousands of Latin American civilians, and the installation of a series of brutal dictatorships, all supported by and paying obeisance to the United States.

The “Whitlam problem”

From an Australian perspective, there is a common thread running through many of the CIA coups of the post-war era. There was a coup in South Korea in 1961; in Indonesia in 1965 (where more than 500,000 were killed at the instigation of the CIA); Chile in 1973 and Australia in 1975. The common denominator to all four was US State Department diplomat Marshall Green, named in CIA and State Department circles as the “coupmaster.”

Declassified CIA and State Department documents show that Green was sent to Canberra as US ambassador in 1973 with a specific brief to deal with the “Whitlam problem.”8

Gough-Whitlam-nma.img-ex20072238-024-vi-vs1.jpgWhitlam was threatening to close Pine Gap spy station; the United States lease was due to expire in December 1975. The Governor General sacked him in November 1975, the day before he was to make an announcement in the Australian Parliament about Pine Gap.

Again, to return to the earlier point, it is impossible to understand the stance taken by Australia viz a viz the Americans and their illegal wars without understanding the effect that the coup had on successive Australian governments.

Historian Jenny Hocking makes worthy efforts to uncover the role of the British, and in particular the correspondence between Governor-General Kerr and Buckingham Palace, but in this writer’s view she misses the main point.9 By 1975 the British had become of peripheral relevance to Australia’s geopolitical perspective. Then, as now, Australia was an appendage to US foreign policy, “joined at the hip” in former Prime Minister Malcolm Turnbull’s infamous phrase.

Australia joined illegal wars in Afghanistan, Iraq and Syria to support the Americans when any vital Australian interest is vanishingly small. 

Hubris & Containment

American hubris reached its pinnacle following the collapse of the Soviet Union in December 1991. Boris Yeltsin became president and the following decade was catastrophic for the Russians. Life expectancy plummeted. State assets were sold off at fire-sale prices to Western corporations and Russian oligarchs. Yeltsin, an incompetent drunk, would in all probability have lost the 1996 presidential election were it not for blatant and large-scale US interference to his benefit.10

That they had “their” man in office only added to the sense of US triumphalism. This history is bitterly ironic given the hysterical and wholly fake allegations of Russian interference in the 2016 US presidential election.

From an American perspective, the demise of the Soviet Union and the election of a pliable puppet in the form of Yeltsin meant they had won the Cold War. In what was a common and disturbing pattern, the undertaking given by George HW Bush to Mikhail Gorbachev that NATO “would not advance one inch to the east” was almost immediately broken. Successive US presidents have overseen the expansion of NATO and US military bases right up to Russia’s borders.

This was a pattern repeated in the east with a steady increase in US military bases on China’s borders. They made no secret of the fact that the policy was to “contain” China.11

Despite the frequent invocation of phrases such as “Chinese assertiveness” or “a threat to America’s allies” in the Asian region, there was never any evidence to support such claims.

What the US sought to “contain” in fact was the rise of an economic and military powerhouse that threatened US hegemony of the world. On the basis of parity purchasing power, China is now the world’s largest economy, and the gap is destined to widen for the foreseeable future. The US reaction to this has been an increase in economic warfare through sanctions, tariffs, and an unrelenting propaganda barrage to paint each and every positive development emanating from China in negative terms.

Managing the News

This is not a new phenomenon. Victor Marchetti told the United States Congress decades ago that the CIA provided $250 million annually (in modern value) to the Asia Foundation for anti-communist academics to disseminate a negative view of China, and paid journalists and publishers elsewhere in the world to do the same.

Operation Mockingbird was a large-scale CIA program that began in the 1950s to infiltrate student organisations, newspapers and magazines, and other forms of media outlets to “manage” the news in such a way as to favour US interests.12 Any resemblance to the truth was coincidental. The only thing that changed since the 1950s is the scale and the sophistication of the penetration of news outlets.

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The German journalist Udo Ulfkotte’s book Gekaufte Journalisten (Bought Journalists, 2014) which exposed how German mainstream journalists had been compromised, had its English rights bought by a Canadian company but was never published. Amazon does not stock it, although it can be purchased (in German) on Book Depository.

What is a unipolar world?

When Vladimir Putin replaced Yeltsin as President of Russia, he initially sought to cooperate with the United States. He has been criticised within Russia for persisting in seeking détente in the face of constant rebuffs and unilateral moves such as the United States withdrawal from the antiballistic missile treaty in 2002, and the aforementioned constant expansion of NATO.

Putin’s change of heart became most clearly evident when he addressed the Munich Security Conference on 10 February 2007. His speech included the following remarks that are worth quoting:

“What is a unipolar world?…. It refers to one type of situation, namely one centre of authority, one centre of force, one centre of decision-making. It is a world in which there is one master, one sovereign. At the end of the day, this is pernicious not only for all those within the system but also for the sovereign itself because it destroys itself from within.

“I consider that the unipolar model is not only unacceptable but impossible in today’s world. Today we are witnessing an almost uncontained hyper use of force in international relations, force that is plunging the world into an abyss of permanent conflicts…. we are seeing a greater and greater disdain for the basic principles of international law. One State, first and foremost the United States, has overstepped its national borders in every way.”

If the unipolar world is not only unacceptable but “impossible in today’s world,” what then is the alternative?

The pattern of voting in the United Nation’s General Assembly over the past few decades, in particular, reveals that the overwhelming majority of the world’s nations want a better alternative than the unipolar model dominated by the United States.

Rise of China

Those nations see, for example, the transformation of China in the 40 years since the “reform and opening up” of the Chinese economy and society that officially began under Deng Xiaoping. Those reforms have seen more than 600 million Chinese (more than the whole of Europe’s population) lifted into the middle class since the turn of the century.

China outspends the United States on basic science and technology research by a ratio of 4:1. It leads the world in patent applications with more than twice the number of the United States (1.38 million versus 606.9 thousand in 2017) which in turn represented more than a third of all the world’s patent applications in that year.

Significantly, Chinese patent applications to the World Intellectual Property Organisation in Geneva grew by 14.2% over the previous year, while United States applications grew by 0.2% (so much for allegations of intellectual property theft).

The fundamental difference between the rise of China to a dominant position compared to that of the United States is that China does not seek either to dominate the world or to impose its system on others.

The philosophy underlying China’s international posture was clearly set out by President Xi Jinping in his speech to the World Economic Forum in Davos in January 2017. Again, it is worth quoting some key passages from Xi’s speech:

“The global economic landscape has changed profoundly in the past few decades. However, the global governance system has not embraced these new changes and is therefore adequate in terms of representation and inclusiveness.

“(Red Cross founder) Henry Dunant once said ‘our real enemy is not the neighbouring country: it is hunger, poverty, ignorance, superstition and prejudice’.

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“We should pursue a well-coordinated and connected approach to develop a model of open and win-win cooperation. There is a growing call from the international community for reforming the global economic governance system, which is a pressing task for us.

“We should adhere to multilateralism to uphold the authority and efficacy of multilateral institutions. We should honour promises and abide by rules. One should not select or bend rules as he sees fit. No country should view its own development path as the only viable one, still less should it impose its own development path on others.”

It is not difficult to identify which country Xi had in mind. The Chinese model of development is seen for example in the following organisations.

The Belt and Road Initiative (BRI) is the best known of these modern vehicles for multilateral development, but it is far from the only one. Others include the BRICS nations (Brazil, Russia, India, China and South Africa), which has as a primary aim the establishment of an equitable, democratic and multipolar world. Dating from 2001, BRICS developed its own bank and other forms of financial cooperation. It is not a coincidence that both Brazil and India are targets of United States’ foreign policy aimed at undermining their growing relationship with China.

The Shanghai Cooperation Organisation (SCO) also began in 2001 with six original members (China, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Russia, Tajikistan and Uzbekistan). Pakistan and India both joined at the same time in 2017. In addition, there are four observer States (Afghanistan, Belarus, Iran and Mongolia) and six dialogue partners (Armenia, Azerbaijan, Cambodia, Nepal, Sri Lanka and Turkey).

Countries as diverse as Egypt, Israel and Ukraine among others have applied for observer or dialogue partner status and others in the Middle East such as Iraq, Bahrain and Qatar have expressed interest.

The North South Transportation Corridor (NSTC) grew out of the Ashgabat Agreement in 2011 and a rail link from Mumbai to Moscow via Iran, Armenia and Azerbaijan is now up and running. Again, a range of countries in proximity to the original route have expressed an interest in becoming part of this transformative transport project. As with the major rail projects that are an integral component of the BRI, these developments have the potential to slash both transport times and costs for goods traversing Eurasia.

Eurasian Economic Union. This organisation was formalized in 2015 and incorporates Armenia, Belarus, Kazakhstan, Kyrgyzstan and Russia, with Iran signing a free trade agreement in 2018.

There is a notable overlap of membership of these organisations. They increasingly trade in their own currencies, part of a rapidly increasing move toward the elimination of the United States dollar as the principal medium of international trade. The demise of the dollar from its central role will remove one of the United States’ most powerful tools for imposing its policy preferences upon sovereign nations.

The reserve status of the dollar has enabled the United States to defy economic logic, running huge internal and balance of payments deficits without the consequences that would ordinarily flow. That day of reckoning is rapidly approaching.

The United States has for decades neglected its own vital infrastructure and educational standards as more than half of each federal dollar is spent on its military industrial intelligence complex. It has not been value for money, as both Russian and Chinese military technology is significantly superior, as even the Americans now acknowledge.13

War or Peaceful Development?

There is little evidence, however, that the United States recognises the cause and effect between its preference for military expenditure over civilian needs; the political, economic and reputational costs of endless wars for and on behalf of vested interests; and its steady decline in the world both in absolute and relative terms.

The United States will undoubtedly continue waging its wars, whether they are hybrid wars using terrorist proxies which it has done since at least Operation Cyclone in the 1970s, or overt invasions and destruction of sovereign states as in Korea, Vietnam, Laos, Cambodia, Afghanistan, Iraq, Libya and Syria, to name but a few.

There is a remarkable correlation between victim countries of the past two decades and the “seven countries in five years” identified by US General Wesley Clark.14 

The world tires of this endless aggression and the chaos which ensues. For an increasing number, the win-win philosophy expanded by President Xi is the most attractive option. This is why more than 128 nations have now signed a Memorandum of Understanding with the BRI, in Africa, Latin America, Island States in the Pacific and Indian Oceans, the Middle East and throughout the Eurasian continent. They clearly view the multipolar world as the preferable alternative. The question is whether they will be able to continue to develop along their preferred path or will the frankly insane US political class make one final attempt at regaining world hegemony, and in the process destroy us all. 

This article was published in New Dawn Special Issue Vol 13 No 3.
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Footnotes

1. J. Walker, Operation Unthinkable: the Third World War, The History Press 2013

2. C. Posey, ‘How the Korean War almost Went Nuclear’, www.airandspacemag.com, July 2015

3. B. Cumings, The Korean War: A History, Modern Library 2011

4. J. Kaye, ‘Revealed: The Long Suppressed Official Report of US Biowarfare on North Korea’, www.medium.com, 20 February 2018

5. S. Vasaliev, ‘Not Just another Crisis’, www.ejiltalk.com, 19 April 2019 (Part 1); 20 April 2019 (Part 2)

6. M. Pembroke, Korea: Where the American Century Began, One World Publications 2018

7. W. Blum, America’s Deadliest Export: Democracy, Zed Books 2013

8. J. Jiggens, ‘11 November Coup? What Coup?’ www.greenleft.org, 20 November 2010

9. J. Hocking, The Dismissal Dossier, Melbourne University Press 2015

10. S. Shane, ‘Russia Isn’t the Only One Meddling in Elections: we do it too’, www.nytimes.org, 17 February 2018; S. Cohen, Failed Crusade: America and the Tragedy of Post Communist Russia, Norton & Co (updated edition) 2001

11. J. Reed, ‘Surrounded: How the US is Encircling China with Military Bases’, www.foreignpolicy.com, 20 August 2013

12. C. Bernstein, ‘CIA & The Media’ www.rollingstone.com, 20 October 1977; J. Tracy, ‘The CIA and the Media’, www.globalresearch.ca, 30 January 2018

13. A. Martyanov, Losing Military Supremacy, Clarity Press 2018; The Saker, ‘Newly Revealed Russian Weapons Systems’, www.southfront.org, 9 March 2018; R. Ridenour, ‘Has the US Lost its Military Supremacy over Russia’, www.counterpunch.org, 4 April 2019

14. J. Conason, ‘Seven Countries in Five Years’, www.salon.com, 12 October 2007

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mercredi, 05 février 2020

L’entreprise : être ou ne pas être un État souverain…

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L’entreprise : être ou ne pas être un État souverain…

par Valérie Bugault
Ex: http://www.zejournal.mobi

Le chemin du droit de l’entreprise : de la perte de souveraineté de l’État à la dictature universelle.

Une récente manifestation médiatique arrive à point nommé pour illustrer la réalité politique de la question juridique de l’entreprise.

Le droit de l’entreprise est au cœur de la souveraineté des États car il est le lieu privilégié où s’affrontent les forces économiques globalistes menées par les banquiers et les forces politiques légitimistes menées par les États. N’en déplaise aux esprits faux, la traduction de la souveraineté est éminemment juridique, aussi il n’existe pas de souveraineté politique sans souveraineté juridique. Dit autrement, la souveraineté politique passe de façon essentielle par la souveraineté juridique. Derrière tous les faux semblants et les jérémiades des actuels dirigeants économiques, qui contrôlent en réalité l’État français, est un principe général : « Dieu se rit des hommes – et des États – qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » On ne peut dans le même temps à la fois jouer le jeu globaliste de ses adversaires, tout de droit anglo-saxon vêtu, et déplorer son propre asservissement, c’est-à-dire son impuissance et sa domination !

Qu’en est-il de la souveraineté juridique française ? Sa disparition est parfaitement illustrée par l’évolution juridique du droit de l’entreprise. De ce point de vue, la France, comme la plupart des pays du monde, a abandonné son pouvoir régalien de régulation au profit de la mise en œuvre réglementaire illimitée du pouvoir de ses créanciers – les banquiers globalistes. Concrètement, la France a abandonné sa capacité a générer une économie politique autonome – comprendre « non contrôlée par les banquiers globalistes » – lorsqu’elle a refusé au Général De Gaulle la mise en œuvre juridique de la souveraineté économique, qui passait par un renouveau du droit de l’entreprise.

Alors que l’oligarchie compradore française faisait politiquement « tomber », en 1969, le chef de la France Libre, pour ne pas avoir à mettre en œuvre le principe général de « l’entreprise participative », je fus moi-même en 2005 – de longues décennies plus tard – bannie du système universitaire pour avoir eu l’audace de proposer une réforme de l’entreprise qui lutte contre l’anonymat et la prédation financière en réimposant la notion de contrôle économique, lequel passe par le rétablissement de frontières juridiques (1). Ma propre théorie juridique de l’entreprise avait pour objet d’éviter et même d’interdire la généralisation de l’immixtion dans la gestion des entreprises par les banquiers fournisseurs de crédit, immixtion déplorée dans l’article sur Goldman Sachs ci-dessus mentionné. Par ce choix de l’éviction des intrusions bancaires, ma théorie de l’entreprise reprenait les fondamentaux de « l’entreprise participative ». Or, il faut comprendre que quarante ans durant, tous les efforts politiques avaient été consciencieusement fait pour effacer toute trace juridique de l’entreprise participative dans les enseignements universitaires ! Sans revenir sur cet épisode épique de ma propre vie, il convient d’insister sur les tenants et les aboutissants d’une conception strictement financière de l’entreprise qui nous vient des pays anglo-saxons. Car, in fine, l’immixtion des banquiers dans la gestion des entreprises, qui se manifeste notamment par des actions sur le choix des dirigeants, a pour corollaire une prise de pouvoir des banquiers globalistes sur l’intégralité de la vie économique d’un pays.

Le pouvoir hégémonique des banquiers sur l’entreprise et sur l’économie des pays a été – sans surprise – véhiculé par le droit anglo-saxon.

Si le droit « anglo-saxon » a pris le contrôle politique du monde, aussi bien au niveau des institutions internationales qu’à celui des institutions nationales, c’est parce qu’il est conçu, depuis 1531, comme un instrument des puissants pour asservir les populations. Le « droit anglo-saxon » n’est pas à strictement parler du « droit », il est un moyen d’asservir les masses.

Depuis que les puissances d’argent ont pris, en occident, le contrôle du phénomène politique, le « droit anglo-saxon » a naturellement été utilisé par ces dernières car il est le plus adapté à leur entreprise de domination. Utile à la domination des puissants contre les humbles, le « droit anglo-saxon » repose sur deux piliers essentiels :

Premièrement, le prétendu « droit » anglo-saxon n’est pas du « droit » à strictement parler car il ne cherche à établir de façon générale ni « justice », ni « intégrité », ni « vérité », il cherche simplement à assurer la domination de quelques-uns sur la majorité ;

Deuxièmement, le prétendu « droit » anglo-saxon s’est construit, depuis le XVIème siècle, conformément au « positivisme juridique », c’est-à-dire en opposition au droit continental traditionnel qui véhiculait le principe opposé de « droit naturel ». Le positivisme juridique est la liberté d’établir, sans limite qualitative et quantitative, autant de règles qu’il est utile aux puissants de le faire. Ce positivisme s’est peu à peu techniquement imposé en France et en Europe continentale à la faveur de deux phénomènes : d’une part, matériellement, par le système du « Parlement représentatif » et d’autre part, théoriquement, par la « théorie pure du droit » d’Hans Kelsen.

Pour en revenir à l’entreprise, son évolution juridique a suivie, en France, celle de l’inversion du rapport de force entre banquiers globalistes et État politique : elle a validé, au fil du temps, la domination irrémédiable des entreprises par les quelques actionnaires actifs, majoritaires en terme relatif et la plupart du temps minoritaires en terme absolu, souvent réellement anonymes.

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Cette prise de pouvoir actionnarial et financier sur l’entreprise s’est brutalement accélérée lors de la mise en œuvre en France et dans le monde de la théorie dite de l’Agence, laquelle a notamment – parmi beaucoup d’autres vilenies – justifié l’introduction en France des stock-options, transformant les dirigeants des grandes entreprises en serviteurs dociles des intérêts patrimoniaux dominants.

Faisant fi de la tradition française, conforme au droit continental, de l’entreprise, le législateur a fini par rejeter la conception institutionnelle de l’entreprise, pour désormais considérer cette dernière comme un « nœud gordien », un simple enchevêtrement contractuel, dans lequel les plus forts sont toujours les « meilleurs ». Dire que l’entreprise est une institution signifie que l’entreprise, en tant qu’institution juridique, a une fonction politique d’organisation sociale qui relève de l’intérêt commun ; dire que l’entreprise est le simple siège d’un nœud contractuel, a pour effet juridique de livrer cette dernière aux contractants les plus forts, lesquels sont les principaux propriétaires de capitaux.

C’est ainsi que fut bannie du paysage juridique français l’entreprise participative en 1969 et ma propre théorie de l’entreprise en 2005.

Les enjeux politiques de ces bannissements successifs sont les suivants : l’entreprise ne doit en aucun cas échapper aux dominants économiques pour bénéficier à la collectivité, elle doit rester sous le complète dépendance des fournisseurs de crédits, ces derniers ayant pour objectif avoué la prise de contrôle politique totale et l’établissement d’un gouvernement mondial.

J’ai longuement décrit (2) comment l’entreprise avait dégénéré – au niveau mondial – en concept congloméral et comment ces conglomérats étaient aujourd’hui considérés comme des institutions qui soumettaient les États ; ces derniers étant aujourd’hui internationalement ravalés au rang de simple acteur économique non dominant, c’est-à-dire soumis.

Or précisément, l’entreprise participative, tout comme ma propre théorie de l’entreprise, en tant qu’elles sont les héritières du droit continental traditionnel, permettraient de s’opposer à cette domination capitalistique mondiale. Malheureusement en France les instances décisionnaires, politiques, universitaires et juridiques (qu’elles soient ou non fonctionnaires), sont soumises à la domination des principaux détenteurs de capitaux ; elles ont, par esprit de cour ou par corruption avérée, renoncé à lutter.

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Les dirigeants français de tout bord ont, depuis 1969, renoncé au principe de liberté, d’indépendance et de souveraineté, pour suivre la voie ignoble de l’asservissement et de la collaboration. Tant et si bien que nous assistons aujourd’hui à une nouvelle évolution du droit de l’entreprise qui, comme toujours, suit l’évolution des rapports de force entre « fait économique » et « fait politique ». Validant l’abjuration définitive du concept étatique, les « dirigeants politiques » français ont permis une nouvelle évolution de l’entreprise allant dans le sens, bien compris, de l’intérêt bancaire supérieur mais paré de vertus collectives que les banquiers ont faites leurs. Ainsi, conformément aux développements initiés par le Club de Rome, qui seront matérialisés plus tard par les Giorgia Guidestones, l’entreprise devient un enjeu « écologique ». L’entreprise est dès lors sommée de répondre aux défis environnementaux tels que compris par les puissances économiques dominantes, lesquelles ont parfaitement intégré l’insoutenabilité de leur domination par le jeu capitalistique dans un univers où les ressources naturelles sont limitées. Nous avons ainsi vu apparaître le RSE, ou Responsabilité Sociale de l’Entreprise, avant de voir la naissance, récente, de l’entreprise à mission (3). Conformément à la méthode des petits pas traditionnellement utilisée par la caste bancaire monopoliste, le fondement initial du « volontariat » s’atténue peu à peu pour bientôt se transformer en droit impératif, rigoureusement sanctionné. Nous avons ici, en matière d’évolution du droit de l’entreprise, la même méthodologie que celle appliquée à l’évolution du droit de propriété.

L’objectif ultime étant la disparition juridiquement validée de la liberté et de la démocratie, afin de laisser la place à la dictature bancaire universelle.

Derrière les faux semblants de la prise en compte de l’intérêt commun – intérêt commun entièrement défini à l’aune de celui des dominants financiers – l’entreprise est vouée à devenir un des instruments, juridiquement validé, de la dictature universelle. Conformément à la volonté des dominants économiques, le droit de l’entreprise va devenir un droit dictatorial chargé de mettre en œuvre la dictature universelle parée de « vert » mais armée de rouge sang.

L'auteur, Valérie Bugault, est Docteur en droit, ancienne avocate fiscaliste, analyste de géopolitique juridique et économique.

Notes:

(1) Cf. « La nouvelle entreprise » publiée en 2018 aux éditions Sigest ; https://lesakerfrancophone.fr/valerie-bugault-la-nouvelle... ; https://lesakerfrancophone.fr/valerie-bugault-les-raisons...

(2) Lire « La nouvelle entreprise », publié en 2018 aux éditions Sigest

(3) Cf. Loi dite Pacte : https://www.novethic.fr/actualite/entreprise-responsable/...

Interdit de ne pas interdire ?

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Interdit de ne pas interdire ?

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr & http://metapoinfos.hautetfort.com

 
Interdits de parole publique à tel endroit ou menacés pour tel propos sur telle antenne : Agacinski, Finkielkraut, Zemmour, Sifaoui, Zineb el Rhazoui, G. Lejeune. Tous ces gens connus, qui ne disent ni ne pensent la même chose, ont en commun de subir l’interdit pour crimepensée. Ils ont été menacés et empêchés de parler depuis quelques mois (et bientôt depuis quelques lois). De belles âmes (de Nutella aux associations antifas) le réclament de la justice, de l’administration qui gère des salles et des formations, ou des médias (menace de boycott par les annonceurs via les Sleeping Giants): faites les taire.

Certains au nom de l’héritage de Mai 68. Le « il est interdit d’interdire » est devenu « censurer sans entraves ».

Bien sûr, les suspects peuvent encore écrire ou fréquenter des plateaux de télévision. Là, avant le clash qui fera le buzz, ils entendront le rituel : « Ne nous assommez pas avec votre on ne peut plus rien dire, la preuve : vous êtes à l’antenne ». Mais ils y sont en situation de défense, confrontés à des accusateurs, toujours en position de se justifier: sous-entendus, faux degrés d’interprétation, complicité objective qu’ils entretiendraient avec les forces du mal, peurs et des haines qu’ils déclencheraient. On attendra qu’ils franchissent une ligne rouge ou révèlent leurs sous-entendus. Pour ce qu’ils penseraient subjectivement voire inconsciemment comme pour ce qu’ils provoqueraient objectivement (comme la « libération des tabous »). Avant de parler, ils doivent prouver d’où ils parlent et qui visent leurs paroles.

Cette asymétrie (nul ne soumet à pareil examen les tenants du consensus idéologique), montre qu’une idéologie dominante se défend aussi par interdits et soupçons. Cela consiste ici à créer une catégorie de: les « dangers » de leurs propos sont pesés (incitation ?), leurs arrière-pensées (discriminantes ?).

Le rétablissement de l’interdit au nom d’une prétendue post-gauche (celle qui ne veut plus changer le monde, mais les âmes des phobes et haineux) repose sur trois postulats. Ils ont mis quelques décennies à s’imposer, notamment via le politiquement correct.

Le postulat d’irréversibilité. L’État de droit libéral, le mariage pour tous et la PMA, l’ouverture européenne et multiculturelle, la tragédie du réchauffement climatique, etc. sont définitivement entrés et dans les faits et dans les erveaux. Ce sont des cliquets d’irréversibilité. Toute critique à cette égard est non seulement réactionnaire (jusque là on peut admettre), mais c’est une non-pensée. Voire un négationnisme. Elle est socialement dangereuse et s’exclut ipso facto du champs du débat : il ne peut porter que sur l’approfondissement de ce qui est. Et il implique la liquidation des dernières poches de domination, dans la tête des gens.

Le postulat de fragilité des masses (devenues des foules et sur lesquelles décidément on ne peut plus compter). Elles ne peuvent bien voter, c’est-à-dire soutenir les élites bienveillantes, que protégées du faux (fake news), rassurées (certains pourrait surfer sur leurs peurs) et convenablement protégées des pseudo-idées populistes qui sont autant d’incitation à la haine. Isoler leur cerveau des contagions complotistes ou autres désinformations, c’est garantir la démocratie et nos valeurs. À ce compte, pourquoi ne pas rétablir le suffrage censitaire : il n’y aurait plus que des gens ouverts et bien informés qui voteraient.

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Le postulat victimaire. Il consiste à évaluer une idée ou une affirmation à l’aune de la souffrance présumée qu’elle cause à telle communauté ou de l’affront fait à telle identité imaginaire. Les idées ne sont plus soumises au critère de vérification mais de réception : ça fait mal à qui se réclame de telle identité ou telle conviction ? Il faut aussitôt en contrôler la diffusion.

L’affaire Mila l’illustre parfaitement : une LGBT de seize ans dit détester toutes les religions, en particulier l’islam qu’elle qualifie de religion de haine et de merde. Aussitôt pleuvent des milliers de menaces de mort ou de viol sur les réseaux sociaux. Mais le plus significatif est la réaction embarrassée des médias, des leaders d’opinion ou des dirigeants. On se polarise sur le droit (on n’a pas le droit de menacer, le blasphème n’est pas interdit, mais où passe la frontière avec l’injure aux personnes et non aux idées ?), on se demande même si la gamine n’a pas un peu attenté à la liberté de conscience des croyants. Mais en adoptant ces postulats - et pour certains en mettant sur le même plan des injures et menaces de mort à une personne dont la vie est maintenant brisée et la souffrance subjective que l’on éprouve de savoir que d’autres méprisent nos convictions -, on fait de l’argument victimaire une arme paradoxale : plus vous hurlez que vous souffrez, plus vous avez le droit de menacer.

Ce processus fait partie de l’américanisation de la vie intellectuelle française : les principes de politiquement correct et de respect des sensibilités chers aux universités américaines. Toute pensée qui fait obstacle à une identité, héritée ou choisie, vaut oppression. Elle ne peut donc être - on en revient au même - une pensée mais une action agressive. Donc punissable.

Et si tous ces postulats relevaient d’une forme d’idéalisme ? Pour lui, les pensées perverses sont puissantes, elles naissent absurdement dans certaines cervelles, ils faut donc les faire disparaître pour abolir toutes les dominations. Élégante façon d’oublier les rapports sociaux au profit des rapports de censure.

mardi, 04 février 2020

Une autre idée de l'Europe - Les limites spirituelles de l'Europe d'aujourd'hui et le bilan critique de la modernité

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Une autre idée de l'Europe

Les limites spirituelles de l'Europe d'aujourd'hui et le bilan critique de la modernité

« Ab integro nascitur ordo »

Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be

LA PERSONNALITÉ DE L'EUROPE

L'idée de « limites géopolitiques et stratégiques » ou celles de « limites spirituelles » est décisive pour l'Europe.

C'est autour d'elles que se fera ou ne se fera pas à l'avenir l'unité politique du continent, comme « communauté de destin, de civilisation et de responsabilités ». Le domaine où les « limites » de l'Europe sont les plus évidentes est celui de la puissance politico-militaire et d'une diplomatie réaliste, anticipant sur les grands équilibres du monde et réagissant à des situations decrise, désormais multiformes.

De surcroît, les politiques d'élargissement, de proximité et de voisinage 1 n'ont de sens que si l'Europe revendique et défend une identité, une personnalité et une histoire, bref une certaine idée de l'Europe.

En revanche l'idée des « limites spirituelles » de l'Europe est moins évidente et se heurte de plein fouet à la modernité européenne, à ses issues historiques et à son héritage institutionnel, dont participe le processus d'intégration qui est parvenu à un seuil existentiel critique.

A l'évidence, l'Europe du présent est taraudée par l'épuisement de son « idée-guide » et de son projet politique. Cet épuisement a des répercussions sur son engagement et sur sa foi combattante. Le doute de l'Europe sur elle-même découle d'une dépolitisation des masses et des élites et du sentiment de désenchantement qui en résulte. Ces évidences montrent également que les élites européennes ont perdu toute relation avec la politique comme « violence conquérante » (M. Weber).

Aux yeux des analystes, la situation actuelle de l'Europe offre le spectacle d'une coexistence hybride de sécularisation de la foi, de neutralisation et laïcisation des consciences, d'une étonnante égalisation de valeurs incompatibles provenant d'un multiculturalisme déroutant.

Ce dernier est le signe annonciateur d'une « latence de l'ennemi »2, l'autre visage d'une cohésion introuvable de la société.

Face à une « démocratie désarmée » et à une reformulation nécessaire du « concept d'ennemi », tous les signes de notre temps indiquent que nous vivons une période d'épuisement. L'Europe est devenue une puissance qui recherche une seule légitimité, celle du « status quo ».

Or, tous les grands changements et toutes les grandes mutations proviennent de la force transcendante d'une « idée-guide » qui refuse les garanties offertes par le « status quo ».

SUR LA CONNAISSANCE DU PRÉSENT

À l’inverse de ce qui se passe sur la scène des croyances où toute reconnaissance authentique de la religion apparaît comme un retour à un principe premier, la désacralisation absolue de l’Europe et de l’esprit européen a progressé dans la vie publique comme dépolitisation. Cette neutralisation de l’existence est vécue par les masses comme une phase de cessation de la guerre et comme l’affirmation définitive de la « paix universelle », ou comme « la fin de l’histoire » selon l’expression de Francis Fukuyama.

Cependant, la loi secrète et improférable du vocabulaire de l’histoire nous dit que la « guerre la plus terrible peut être conduite au nom de la paix, l’oppression plus horrible au nom de la liberté et de la déshumanisation plus abjecte seulement au nom de l’humanité » (C.Schmitt-1929).

L’Europe mène à son bout un processus qui a débuté il y a cinq siècles, le processus de sécularisation de la politique. Dans les cinq derniers siècles, l’Europe a connu quatre phases différentes de son évolution. Elle a été organisée par ses élites autour de quatre grands regroupements de principes ou de centres de références spirituels, avant d’aboutir à l’époque actuelle, une époque d’agnosticisme et d’indifférence, caractérisée, selon l’expression de Ortega y Gasset par « l’âme servile et docile ».

LES « LIMITES SPIRITUELLES » DE L’EUROPE D’AUJOURD’HUI

Pour mieux en venir aux « limites » de l’Europe actuelle et à l’utopie de la réconciliation et de l’harmonie des intérêts, ainsi qu’à l’humanisme moralisant de la « pensée servile », il faut en venir à ce procès unique de l’histoire européenne et, suivant Vico, Comte et Schmitt, à l'examen de cette évolution, permettant de dégager une loi générale du développement humain.

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Cette loi fait référence à l’existence de centres organisateurs de la vie spirituelle d’une époque, hiérarchisant toutes les grandes orientations venant des élites-guides, « l’évidence de leurs convictions et de leurs arguments, le contenu de leurs intérêts spirituels, les principes de leurs actions, le secret de leur succès et la disponibilité des grandes masses à se laisser influencer » (Schmitt).

Ainsi, la neutralisation spirituelle de la conscience européenne remonte au XIX e siècle, à l’apparition d’une neutralité culturelle générale, dont l’« État agnostique et laïc » est l’expression emblématique. La légitimité de l’État repose désormais sur sa neutralité et son agnosticisme moral. C’est un État qui renonce à commander l’économie, mais aussi les consciences. Dans l’évolution de l’histoire de l’esprit européen, il importe de souligner que le centre de référence des idées est un terrain de lutte et de combat. En effet, l’accord ou le désaccord principal auquel tout le reste est subordonné permet d’atteindre l’évidence des choses, la compréhension des phénomènes et l’ordre de participation dans la vie sociétale.

Cette migration européenne des centres de référence intellectuels d’un terrain à l’autre, désacralise progressivement l’histoire de la pensée européenne, la neutralise et la dépolitise.

L’humanité européenne a accompli en cinq siècles une complète migration du terrain de la lutte vers un terrain neutre, allant de la foi vers l’agnosticisme, des guerres de religion aux guerres nationales, puis économiques et pour finir idéologiques.

Dans cette transition il y a eu déplacement successif du terrain du compromis général, qui de confessionnel, devient national, puis social et enfin idéologique et pour terminer neutre.

Au bout du parcours la neutralité spirituelle et politique parvient à atteindre un état de néant spirituel, celui d’une politique sans âme. C’est à ce stade, le stade du vide de l’esprit, que triomphe une nouvelle idée, abstraite et dépassionnalisée, sécularisée et dépolitisée, celle de l’Europe comme État postmoderne, un État sans État, une politique sans politique, un pouvoir sans autorité, une désacralisation sans légitimité ; une forme d’État sans sujets, car l’idée même de citoyen se traduit en un concept vide et totalement désincarné.

AUX RACINES PHILOSOPHIQUES D’UNE « AUTRE MODERNITÉ »

A la source de la modernité occidentale, la référence immédiate est celle de la tradition des Lumières. Cette racine est définie par le culte de la raison, l'affirmation de l'universalisme et l'autonomie de l'individu, s’incarnant politiquement dans la civilisation qui porta la révolution des droits de l'homme. Or cette source n'apparaît plus aujourd'hui comme l'origine unique de la modernité occidentale. Une « autre modernité », s'est définie par opposition aux Lumières, par un corpus de doctrines anti-cosmopolitiques, nourrissant une culture dans laquelle les certitudes de la raison ont été combattues par les vieux enchantements de la religion et de la foi.

Renaît aujourd'hui dans le monde, plus violent que jamais, le divorce entre la foi et la raison qui se traduit, d'une part, par la pensée radicale de l'Islam, activée par une hostilité principielle à l’Occident, et, de l'autre, par le relativisme philosophique et les doctrines du pluralisme et de la complexité.

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Si les idées des Lumières ont engendré la civilisation des Droits de l'homme et de la Révolution et si ses grands noms restent Voltaire, Montesquieu Rousseau et Kant, la rupture du rationalisme avec la pensée de la tradition, s'incarnant politiquement dans les courants jacobins, contesta radicalement les idées reçues et l'ordre établi.

Dans le climat du renouveau intellectuel du XVIII e, l'opposition aux Lumières se fit cependant au nom de l’affirmation d'une « autre modernité », qui eut pour pères spirituels Edmund Burke (1729-1797 – historien anglo-irlandais) et Johann Gottfried Herder (1744-1803 – pasteur et patriote allemand).

Ceux-ci réfutèrent les idées universelles au nom de l'importance des communautés originelles, le peuple ou l'ethnos, la Gemeinschaft au lieu de la Gesellschaft, seules matrices culturelles de 1'« essence » spirituelle de l’individu, baigné dans la particularité d'une histoire collective toujours singulière.

Ce sont là les origines occidentales du conservatisme libéral s’opposant au déracinement de l’abs traction, de la raison pure et du culte des idées, faites pour être aimées par elles-mêmes dans le seul but de réinventer le monde.

Ainsi, sur les fondements d'une pensée more geometrico, une pensée « sans pères ni ascendants », le jacobinisme engendrera les doctrines du changement radical de l'homme, de la société et de l'histoire, que l’utopie marxiste convertira en totalitarisme et en antihumanisme, dans le but de réaliser une société unifiée et homogène, sans divisions ni conflits.

Or, puisque les Lumières marquèrent une rupture avec la théologie chrétienne, les idées de raison pure et le système des droits de l'homme, qui constituèrent le fondement du libéralisme politique et de la démocratie représentative, apparurent plus exportables à d'autres contextes culturels, généralisables à d'autres traditions et à d'autres histoires sociales et politiques. Par ailleurs, si la tradition réacquiert aujourd'hui la même légitimité que la démocratie représentative moderne, le relativisme historique ne devient-il pas la doctrine philosophique plus pertinente pour comprendre le monde contemporain, son pluralisme et sa complexité ?

Et la démocratie, comme forme de régime dont la seule source de légitimité est une fiction, la « volonté générale », peut-elle constituer encore le dépassement inévitable de la tradition et le fondement d'un équilibre de pouvoir propre aux régimes constitutionnels pluralistes, commandant le style d'une collectivité, son histoire et son avenir ?

L'ESPACE PLANÉTAIRE ET LE DESTIN OCCIDENTAL

La particularité du « destin occidental » et le changement du rapport entre l'Europe et le monde nous incitent à dresser un bilan critique des acquis et des dérives de la Modernité.
Ce bilan se heurte à une impossible synthèse entre « l'universel » européen et les particularismes locaux. Il en résulte ainsi une nouvelle approche intellectuelle comportant l'abandon progressif des aspirations universalistes des Lumières qui apparaissent désormais désincarnées et abstraites. Les convictions de l'Universel avaient fait croire, aux XIXième et XXième siècles, que l'on pourrait surmonter les obstacles de la différenciation inégalitaire de la société et l'hétérogénéité naturelle du monde, par l'arbitraire homogénéité des concepts. Cette vengeance spiritualiste de « l'Histoire » comporte l'émergence d'un “Nouveau Cycle Intellectuel”, relativiste, organiciste et anti-rationaliste.

Ce courant s'oppose aux généralisations arbitraires et aux certitudes rationalisantes et cela au nom du monde historique, comme totalité des formes d'existence de la condition humaine et surtout comme polythéisme de valeurs incompatibles, ou pour le dire avec Max Weber, comme opposition irréductible des croyances et « guerre des dieux ».

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Le grand dilemme, élémentaire et immédiat, qui se pose aujourd'hui à l’Europe consiste à savoir si on peut faire coexister l’utopie du droit public et la réalité de la politique mondiale.

Et si l’« essence » du politique peut être inscrite, à l’extérieur, dans la dialectique aventureuse et conflictuelle de l’un et du multiple et à l’intérieur dans un réseau de relations fonctionnelles, engendrant une version dispersée et administrative de la théorie de la décision et une image tranquillisante de la paix, la pax apparens de Thomas d’Aquin.

ADAPTATION INSTITUTIONNELLE OU REFONDATION RADICALE

Face à l'épuisement de son principe constitutif, au dévoiement de sa mission et à la perte grandissante de sa légitimité, de quoi l'UE a-t-elle besoin, comme fille de la « raison pure » et dernière incarnation de l'utopie rationaliste, pour faire face aux défis de notre temps.

D'une simple adaptation institutionnelle ou d'une refondation radicale ? A-t-elle besoin d'une nouvelle idée historique et laquelle ? Doit-elle fédérer des Nations et reconnaître la hiérarchie naturelle des plus puissantes d'entre elles ?

Ce qui fait toujours problème dans une période de mutations est la transformation d'une philosophie en une stratégie, par le biais de l'appareil institutionnel. L'appareil en lui-même est inerte, sans volonté ni action, car les institutions n'ont d'autres fonctions que de transformer les idées en pouvoir. En poursuivant le diagnostic de l'UE et en traçant le bilan désenchanté d'une physiologie institutionnelle en crise, la santé de l'organisme apparaît affectée par de multiples syndromes dégénératifs en contraste avec le retour des États.

Du point de vue des « limites historiques », l''autorité constitutionnelle de l'UE n'a pas encore franchi le seuil de « l'autorité fonctionnelle » et les jeux compensatoires entre pays-membres se sont fait valoir en termes de relations de puissance entre États souverains, au sein du processus d'intégration et de manière concertée, y compris en matière économique, (couple franco-allemand), mais en dehors du cadre d'intégration.

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Dans la première phase de mise en œuvre du processus d'intégration, l'essence profonde des relations internationales, structurellement fondée sur l’état asocial du système inter-étatique a été masquée par l'idéalisation militante du « combat pour la paix », qui a inspiré la politique étrangère de l'Union et s'est réclamé d'un forme d'utopisme légaliste et juridiste.

Cette idéalisation a infirmé les préceptes de prudence et d'équilibre du réalisme classique, au nom du multilatéralisme et de la sécurité collective, qui constituent encore aujourd'hui les deux référents majeurs de la pratique diplomatique de l'UE.

LE CONCEPT « D'ENNEMI » ET LA « SÉCURITÉ COLLECTIVE »

Or l’absence de la figure de l’ennemi dans la définition du concept européen de sécurité est capitale pour la compréhension de sa faiblesse. En effet, cette absence est essentielle pour déceler la nature des réponses prévues pour faire face aux défis et aux menaces extérieures.

Cette absence de l’« ennemi » en acte, n’exclut guère la définition d’un « état latent d’hostilité », comme situation intermédiaire entre l’état de conflit et l’état de paix.

La « limite » du concept de sécurité adopté par l'Union prend la forme d'une dilution de sa personnalité dans un tout politiquement hétérogène, le multilatéralisme des Nations Unies, où les États démocratiques coexistent avec des États voyous et des États autocratiques ou encore des États en faillite. Il en résulte une autre « limite » de l’UE, son aveuglement face à la transformation conjointe du système international et de la puissance. En réalité la caractéristique principale d’une puissance est son unilatéralisme, autrement dit l’évaluation indépendante et autonome de ses choix existentiels, ne comportant pas de dilution de la volonté d’affirmer son identité et son avenir, en exécution des délibérations d’une enceinte multilatérale, les Nations unies, à l’âme « servile et docile », une enceinte qui n’est guère l’expression de la puissance de la paix et de son idéal, mais le simple substitut de la puissance qui lui fait défaut.

En ce qui concerne les aspects constitutionnels de l'UE, les « Traités de Rome » ou de Lisbonne n'ont pu amoindrir le sentiment d'appartenance nationale, car la gestion de l'identité et de la culture, qui n'a jamais été l'apanage de l'intégration, est restée de compétence nationale. A l'inverse, « l’appétit naturel des hommes pour l’état civil » et pour la paix, qui a été érigé en postulat moral du système européen a provoqué une inversion des conceptions westphaliennes de l’État, par la fiction de la « souveraineté partagée ».

Or, la doctrine de la « souveraineté partagée » n'a guère protégé les nations et les citoyens des turbulences de l'Histoire, de telle sorte que les partisans de « l'Europe des Patries » ont été les seuls à se préoccuper, paradoxalement, de l'interprétation extérieure de la souveraineté et donc de l'indépendance politique de l'Europe sur la scène internationale.

Du point de vue stratégique, la mutation de la souveraineté des États-forts découle de la coordination stratégique du BAM aux mains d'Hegemon et celle de « souveraineté limitée » a été élaborée par R. Haas à propos des États faibles et à base sociale non-viable.

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Le « système de défense » et de protection avancée du BAM est en effet un « système d’intégration politique » créateur de subordination et de dépendance des alliés vis-à-vis de la puissance dominante, tandis qu’il se configure comme un système d’« insularisation », et de containment pour les adversaires ou les rivaux.

Vis-à-vis des États faibles, la doctrine des « limitations de souveraineté » est applicable aux régimes autoritaires et intégristes, ainsi à une « souveraineté fictive « doit faire place une « souveraineté limitée ».

MODÈLES DÉMOCRATIQUES ET CRISES DE LÉGITIMITÉ

La résistance des sociétés non occidentales au rationalisme historique des Lumières a été dictée par la vocation de la philosophie rationaliste à imprimer un cours « critique » et « réformateur » aux ensembles sociaux traditionnels et à leur imposer « d'autres valeurs », d'autres justifications politiques et d'autres principes de légitimité, bref à les occidentaliser et les dénaturer.

Cela concerne en particulier l'imposition de régimes et modèles démocratiques et, dans l'ordre culturel, une vision problématique et laicisante de l'Histoire, qui est antithétique par rapport à la tradition.

Du point de vue des particularismes culturels, la diversité des cultures et des peuples qui restent les sujets collectifs de l'histoire appelle à une différence de perceptions, dans l'affrontement entre identités, longtemps reniées, et aujourd'hui ressurgissantes. En réaction au mouvement de mondialisation, de nouveaux facteurs de fragmentation et de désordre accroissent l'hétérogénéité du système et simultanément les mécanismes de régulation existants, régionaux ou universels, apparaissent inappropriés à gérer ou à maîtriser l'interdépendance de la planète.

En perspective, l'uniformisation de la culture nous montre que le processus de mondialisation a pour corollaire, l'irruption de nouveaux acteurs, individus et minorités, par delà les États ou les sociétés, revendiquant la reconnaissance de leurs statuts, juridiques et politiques, dans un horizon temporel amplifié et de ce fait, plus complexe.

Aujourd'hui les dessous de l'Histoire font apparaître les déceptions amères d'une crise de légitimité des démocraties, des conceptions de l'État de droit et des droits universels, coupables d'avoir dissocié l'intime relation entre l'universel et le particulier au profit du premier, ouvrant la voie à la révolte de la tradition et du passé, comme formes d'historicité authentiques.

Dans cette impossible synthèse entre les différentes approches de l'histoire et les manifestations de la vie spirituelle prenant corps dans la diversité des régimes et des formes de gouvernement, « l'universel » européen se heurte à une série innombrable de singularités culturelles, comme « inhérences » des régimes politiques à leur propre histoire. Par rapport à ces histoires individuelles et locales tout ce qui vient de l'extérieur apparaît comme une greffe « sans inhérence » à un passé, à une tradition particulière ou à une forme concrète du pluralisme historique. Cet heurt de l'universel et du particulier est préjudiciable pour tous les systèmes de concepts à prétention universaliste et en particulier pour le système d'idées abstraites et universelles héritées des Lumières.

En effet, si « l'universel » est la connexion nécessaire entre toutes les déterminations de la chose, ou encore le prédicat commun de plusieurs choses, les particularismes du monde de l'âge planétaire, idées, cultures, civilisations, régimes politiques, sociétés, ne peuvent exister, au niveau de la connaissance, que comme des épiphénomènes.

Ils figurent ainsi comme entités négligeables dans la définition d'une loi générale de l'évolution humaine, qui impose l'affirmation, nécessairement conflictuelle, d'un système politique sur les autres et qui fait du système démocratique un modèle hypostasié, là même où il est un régime révocable, périssable, précaire et contingent.

L'élargissement du « modèle démocratique » est apparu ainsi comme l'expression d'une vision utopique de l'Histoire et s'est heurté, à une interprétation messianique du monde historique.

La tradition et les sociétés traditionnelles témoignent de l'expression d'autres formes d'« historicité », indifférentes à l'idée de « démocratie », sauf pour les couches intellectuelles cosmopolites, libertaires et non organiques, sans légitimité et exclues des offices publics.

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Ces sociétés représentent le démenti patent d'une conception de l'histoire comme abstraction.

L'interprétation de la démocratie comme « modèle » est également la négation de l'évolution des régimes politiques selon leur propre loi, ou selon leur propre individualité historique. Si le « modèle démocratique » devait prendre racine, cela correspondrait au triomphe de la « cité céleste» sur la « cité terrestre» de Saint Augustin, où le « bien » l'emporte définitivement sur le « mal ».

Ce triomphe clôturerait la doctrine moderne des cycles historiques et se conclurait définitivement par la « fin de l'histoire » (F. Fukuyama). Or, s'il y a toujours quelque chose de messianique dans cette fin de l'Histoire comme conclusion d'un cycle, c'est bien ce retour du monde à Dieu par le réenchantement de la foi. C'est le triomphe sur terre de l'agneau céleste.

Peut-on dès lors réenchanter le projet européen et repartir d'un ordre nouveau et d'une nouvelle idée de l'Europe en phase avec notre temps et en prise directe avec le « nouveau cycle intellectuel » ?

 

Bruxelles, le 19 Février 2014

 

 

Pensées interdites

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Pensées interdites

par Rémi TREMBLAY

C’est une banalité que d’affirmer que les Milléniaux lisent peu. Bercés par les écrans et gavés par les médias sociaux et les vidéos en ligne, ils n’ont que peu d’intérêt pour la lecture et s’il existe des exceptions à cette règle, il reste que la plupart ne s’emballeront jamais en lisant la prose de Charles Maurras ou de Lionel Groulx. Mais l’objectif n’est pas ici de les convaincre de s’intéresser à ces lectures qu’ils trouveront probablement fastidieuses et rébarbatives, mais de leur présenter un livre choc composé d’une série d’aphorismes qui saura capter leur intérêt et les faire renouer avec la lecture, au moins le temps d’un livre.

ED40Y1nWwAA7BhA.jpgLe livre de Grégory Roose, Pensées interdites, est parfait pour celui qui n’a jamais ouvert un ouvrage de politique ou que rebute l’idée de se plonger dans de grandes dissertations philosophiques, bref, un ouvrage idéal pour le Millénial ou quiconque lit peu.

L’auteur en est à son premier titre. Mal pensant comme on les aime s’assumant totalement, Roose constate le Grand Remplacement et propose comme voie de sortie, le Grand Rapatriement, soit le divorce avec les éléments exogènes qui ont refusé de s’assimiler. Il est temps de dire adieu à ceux qui partagent la même maison, mais qui ne l’aiment pas et qui ne nous aiment pas. Nul racisme chez lui; il croit l’assimilation possible, mais celle-ci n’est réalisable que si les immigrants sont de bonne foi et s’ils ne sont pas trop nombreux. Deux conditions que l’immigration comme elle se pratique aujourd’hui ne remplit pas. Ainsi, « le Grand Rapatriement doit être la conséquence opérationnelle d’une rupture de contrat entre un peuple autochtone et des fragments de peuples exogènes et dissidents ».

Ses réflexions, parfois humoristiques, voire sarcastiques, touchent un grand nombre de sujets, de la déferlante migratoire au féminisme moderne en passant par l’automobile et le journalisme. Chaque sujet mériterait une analyse complète, mais c’est justement là le charme des aphorismes; présenter en quelques mots une pensée complexe. L’aphorisme est à l’essai politique, ce que le haiku est au sonnet.

Pour bien exemplifier le style de Roose, le mieux est de présenter certaines de ses réflexions :

  • Avoir toujours raison est un art. Savoir reconnaître ses torts est une vertu. La plupart des politiciens sont des artistes vicieux.

  • La loi contre les « fake news » est censée « protéger la vie démocratique et républicaine ». Tout comme le nom officiel de la Corée du Nord contient les mots république et démocratique. Vous me suivez ?

  • Notre défaite démographique, concomitante à l’invasion migratoire, sonnerait le glas de notre civilisation deux fois millénaire.

  • La gauche dite « antiraciste » racialise tous les débats, mais c’est la droite qui est régulièrement qualifiée de raciste et de réactionnaire. Cette gauche est un fléau sociétal qui doit être ringardisé au nom de l’intérêt général.

  • L’inversion des flux migratoires est notre seul salut possible. À défaut, la civilisation européenne, subjuguée, disparaîtra dans quelques générations.

  • Ne pas dire « égorgé », dire « blessé mortellement au cou »; ne pas dire « immigré clandestin », dire « primo-arrivant »; ne pas dire « Grand Remplacement ». Surtout, ne pas le dire.

  • La censure sur les réseaux sociaux s’organise. La presse clandestine a toutes les raisons de renaître de ses cendres.

L’auteur n’a pas le même sens de la formule que Robert Poulet ou Xavier Eman, plus contemporain, mais il n’en demeure pas moins que ses réflexions sont la plupart du temps justes et parviennent en quelques mots bien sentis à déconstruire l’argumentaire de nos opposants, empêtrés dans leurs contradictions, ce qui nous fait oublier le manque de fil conducteur. On reconnaît chez cet homme le courage que François Bousquet nous exhorte à adopter. D’ailleurs, certaines de ses réflexions auraient pu être tirées du Manuel de guérilla culturelle de ce dernier.

Il ne reste plus qu’à mettre ce livre dans les mains de ceux qui font de l’urticaire à la simple évocation du mot « lecture ». C’est le cadeau idéal pour le neveu millénial ou l’homme trop pressé pour prendre le temps de s’asseoir et de se plonger dans une lecture de fond.

Rémy Tremblay

Grégory Roose, Pensées interdites, Apoxa, 2019, 148 p., 8 €.

• D’abord mis en ligne sur EuroLibertés, le 24 janvier 2020.

Coranovirus: nouveau front de la guerre hybride contre la Chine

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Coranovirus: nouveau front de la guerre hybride contre la Chine

Par Laurent SCHIAPARELLI

Les réactions des autorités occidentales, outrepassant les recommandations de l’OMS, contribuent à semer un climat de panique face à une épidémie encore somme toute limitée. Pourquoi ne réagit-on pas de la même manière à des menaces sanitaires autrement plus meurtrières?

L’Agence américaine pour les projets de recherche avancée de défense (DARPA) développe depuis quelques années le concept militaire de guerre mosaïquée (mosaic warfare), une sous-catégorie de la guerre hybride (combinaison de moyens militaires, cybernétiques et non-conventionnels, comme le terrorisme, la guerre de l’information, la criminalité).

Que ce soit dans le champ militaire, ou ici médiatique, il s’agit de projeter vers l’ennemi une multitude d’attaques de taille et de nature différente, qui individuellement sont peu décisives, mais qui, combinées et déployées simultanément ou successivement, ont pour but d’épuiser et de submerger les défenses adverses.

Il semble que cette stratégie soit aujourd’hui à l’œuvre dans le volet médiatique de la guerre économique déclarée par les États-Unis à la Chine.

Sur le devant de la scène, une guerre économique conventionnelle, au sujet de laquelle les deux gouvernements négocient de façon théâtrale depuis un an. En parallèle, une multitude d’attaques antichinoises restreintes et évolutives: droits de l’homme (Xinjiang), intégrité territoriale (Mer de Chine du Sud), souveraineté (Hong Kong) mais également environnementale (pollution, déforestation, incendies), et depuis quelques semaines, sanitaires avec l’apparition du coronavirus dans un marché à Wuhan.

Le fait que la DARPA finance plusieurs projets de recherche sur le forçage génétique, technique hautement controversée, est sûrement une coïncidence sur laquelle nous n’aurons pas le temps de nous attarder ici.

Reconnaissance de l’OMS, mais sanctions des Etats

Au cours de sa réunion du 30 janvier 2020, le Comité d’urgence de l’OMS a convenu, «dans un esprit de soutien et de reconnaissance envers la Chine», que la flambée épidémique constitue une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI). Cette déclaration se borne à une série de recommandations à destination du personnel de l’OMS, de la Chine et de la communauté internationale, principalement sur un renforcement des échanges des données collectées.

Le point saillant de ce communiqué est l’absence de recommandation de restriction des déplacements. «[…] Les faits ont montré que la restriction de la circulation des personnes et des biens pendant les urgences de santé publique peut être inefficace […]. En outre, les restrictions peuvent interrompre l’aide et l’appui technique nécessaires, perturber les entreprises et avoir des effets négatifs sur l’économie des pays touchés.»

Ainsi, l’interruption de vols commerciaux vers et en provenance de la Chine de compagnies aériennes occidentales (British Airways, Lufthansa, Swiss, Air France) s’apparente dans le meilleur des cas à un excès de précautions, et dans le pire à une tentative malveillante de clouer la Chine au pilori.

Les États-Unis viennent de diffuser un avis de voyage de niveau 4 à destination de la Chine, l’Allemagne demande à ses ressortissants de quitter la ville de Wuhan, et la France propose le rapatriement aux Français de Wuhan qui le souhaitent (comment? Air France ne dessert plus la Chine depuis le 31 janvier). L’hystérie est donc alimentée depuis l’étranger une nouvelle fois, alors que les chiffres de propagation, aussi bien en Chine où l’épidémie est la plus grave, qu’à l’étranger, ne le justifient pas. Et ce le jour où l’OMS déclare que des restrictions de déplacements ne sont pas souhaitables.

Péril pulmonaire jaune ou gastro-entérite bien de chez nous?

En France, les médias sèment la panique. Cinq cas diagnostiqués, et on ne trouve déjà plus de masques en pharmacie. Le SAMU reçoit des appels de personnes qui s’inquiètent d’avoir «récemment mangé chinois», ou d’avoir reçu un colis de Chine. Les médias tournent en dérision cette psychose outrancière, mais plutôt que d’expliquer pourquoi il n’y a pas lieu de paniquer, ces médias nous apprennent que les services médicaux français sont «prêts». Sous-entendu, «il y a bien un danger venu de Chine».

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Pourtant, si on avait sincèrement voulu désamorcer ce début d’hystérie collective, il eut été plus simple de donner l’antenne à un expert, pour apporter un point de vue documenté et apaisant. On aurait pu donner la parole au Professeur Didier Raoult, Directeur de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille, qui aurait pu expliquer à une heure de grande écoute, comme il le fait chaque semaine sur sa chaîne YouTube, que cette flambée épidémique en Chine est bénigne au regard d’autres maladies infectieuses qui sévissent en Occident dans le silence médiatique le plus total.

Dans une de ses brèves vidéos, datée du 17 septembre 2019, il explique que l’infection au clostridium difficile tue 20,000 personnes par an en Europe et 20,000 aux États-Unis. 10% de la population occidentale serait «colonisée» par ce clostridium difficile, qui est LA vraie maladie émergente, mais qui étrangement ne fait pas le buzz dans nos médias. Peut-être est-ce le fait qu’elle sévit fortement dans les EPHAD, où il faut bien mourir de quelque chose, de vieillesse, de maltraitance, ou de maladie.

Sa létalité va de 5 à 50% selon la souche, et elle a une très forte contagiosité. Malgre sa cinquième position au classement des maladies responsables de décès en France, le professeur Raoult constate que «ce n’est pas un problème médiatique».

En comparaison, le coronavirus 2019-nCoV a une létalité de 2,3% et s’est peu répandu à l’étranger: 259 cas sur 1100 au 1er février. Cette épidémie bénéficie d’une caisse de résonance médiatique que ni sa contagiosité ni sa létalité ne justifient. A l’inverse, l’avis d’un expert comme celui du professeur Raoult ne génère aucun buzz dans les médias. Il est même suspect aux yeux de certains membres de la communauté française en Chine, à qui on ne la fait pas, car ils ont consulté la fiche Wikipedia en français du Professeur Raoult, et n’ont pas manqué d’y remarquer la marque au fer rouge qui frappe ce professeur, celle qui expose son crime dès les premières lignes, celui d’être «climato-sceptique». Sa fiche Wikipedia en anglais, plus exhaustive, ne mentionne pas son opinion sur le climat, préférant détailler ses réussites dans son domaine, la biologie (brevets, prix, création de startups) et sur le fait qu’il soit présent dans le top 10 des chercheurs français, attribué par la revue Nature, et dans le top 99 des microbiologistes dans le monde.

La ligne de front est stoïque, les planqués s’affolent

Ainsi, la Chine fait face, sans débordements, à cette nouvelle épreuve, et comptabilise les mauvaises nouvelles qui s’accumulent, surtout en provenance de ses «partenaires étrangers». Autant de gouvernements occidentaux qui en temps normal font la danse du ventre pour signer des contrats commerciaux, mais qui, à l’annonce d’une épidémie encore bénigne, retournent leur veste et prennent des décisions draconiennes et inamicales d’évacuation, qui délivrent un tout autre message: la Chine ne serait pas capable de gérer cette épidémie, alors même que l’OMS salue la transparence et la réactivité chinoise dans cette crise. La crise du SRAS de 2003, qui avait explosé à Hong Kong, n’avait pas causé autant d’émoi chez les Occidentaux à l’époque.

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La population de Hong Kong justement (11 cas, 0 décès pour 7,1 millions d’habitants), habituée aux débordements émotionnels, ne manque pas de saisir la balle au bond pour exhiber un peu plus sa sinophobie schizophrénique: elle vient de faire pression sur l’Exécutif pour repousser l’ouverture des écoles au 2 mars (elle était prévue pour le 3, puis le 17 février), et fermer les liens ferroviaires avec la Chine (en contradiction avec les recommandations de l’OMS). Dans la continuité des émeutes des derniers mois, les appels se multiplient pour couper toute voie de communication avec la Chine. Les médecins sont à l’avant-garde de ces revendications, menaçant le gouvernement de se mettre en grève si toutes les voies de communication ne sont pas coupées d’ici le 3 février. Des bâtiments destinés à accueillir les patients en quarantaine ont été incendiés par le voisinage, des hôpitaux traitant des patients chinois ont été attaqués, et de nombreuses mises à sac de parapharmacies ont été signalées, pour de l’alcool et des masques. Ces scènes, dignes des classiques américains que sont Black Friday et L’attaque des zombies, montrent à quel point le virus de l’américanisation est actif dans ce petit territoire.

Cette nouvelle campagne médiatique antichinoise fera son petit effet sur les peuples occidentaux, dont une partie doit tout de même ressentir une certaine fatigue à ne lire que des informations systématiquement négatives et caricaturales sur la Chine. Comme souvent par le passé, les gouvernements européens ont tendance à trop en faire pour plaire à l’Oncle Sam, et s’exposent ainsi au ridicule tout d’abord, puis à une certaine rancune de la part du peuple et du gouvernement chinois, qui ne manquera pas de se transformer en mesure de rétorsion contre ceux partis trop précipitamment, et qui ont ainsi amplifié les difficultés économiques de la Chine au moment où il aurait été sage de montrer une certaine solidarité pragmatique.

Source : l’Antipresse n° 218 du 02/02/2020.

Pérou, élections législatives: victoire d'une secte biblique et prophétique !

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Pérou, élections législatives: victoire d'une secte biblique et prophétique !

Le Frepap, bras politique d’une secte religieuse qui prône le retour aux valeurs de la Bible, devient, avec seize députés, le deuxième parti du pays.

frepap.jpgLes personnes de la communauté LGBTI ont «le mal enkysté dans le cœur et dans le sang, mais ils vont avoir une chance de découvrir le décalogue universel des commandements, et par cet intermédiaire entrer dans la moralisation, pour plus tard devenir des gens de bien». Ces propos délirants ne sont ni nouveaux ni surprenants de la part d’un pasteur évangélique en Amérique latine. Ils sont plus inquiétants quand ils sortent de la bouche d’un responsable dont le parti a fait une entrée fracassante dimanche à l’Assemblée nationale du Pérou, devenant avec près de 9% des voix et seize élus la deuxième force politique du pays.

La diatribe a été tenue devant les caméras par Wilmer Cayllahua, qui, avec sa longue tunique et sa barbe de prophète, a multiplié les apparitions médiatiques pendant la campagne électorale. Son parti, le Front populaire agricole du Pérou (Frepap, ou «Agro» pour ses partisans), s’intéresse moins au monde rural qu’au règne des cieux : c’est le bras séculier d’une secte née dans les Andes, l’Association évangélique de la mission israélite du nouveau pacte universel (Aeminpu).

Pour les «israélites», comme on les appelle couramment, le Pérou est la terre promise et ses habitants, le nouveau peuple élu. Ils s’habillent de longues tuniques, les femmes ont la tête couverte et les hommes ne se rasent pas. Le fondateur et messie, Ezequiel Ataucusi, cordonnier et père de sept enfants, eut une révélation en 1968 : emmené «au troisième ciel», selon ses dires, il se proclame la réincarnation du prophète Ezéchiel. Sa doctrine mélange allègrement une lecture littérale de l’Ancien Testament avec les mythes incaïques, la langue de la grande majorité des fidèles étant le quechua. Le moment fort du calendrier de la secte est la célébration de «l’holocauste», le sacrifice d’un bœuf qui brûle sept jours durant.

Programme ultraconservateur axé sur la moralisation

artworks-000073318053-vvmjhf-t500x500.jpgEn 1989, Ezequiel Ataucusi fonde le Frepap et se présente, l’année suivante, à l’élection présidentielle, expérience qu’il renouvelle en 1995 et 2000, sans jamais dépasser 1% des voix. Le parti «agro» parvient à faire élire quelques députés au fil des années 90, qui rejoignent rapidement (et probablement contre rémunération) des formations moins farfelues.

A sa mort en 2000, à 82 ans, son fils qui porte les mêmes nom et prénom lui succède et garde le cap fixé par son père : une activité spirituelle combinée à une ambition électorale. Dans un contexte de défiance vis-à-vis du monde politique, après des scandales de corruption et des poursuites judiciaires contre presque tous les anciens présidents du pays, le Frepap parvient à imposer son symbole, un petit poisson bleu, et à faire entendre son programme ultraconservateur axé sur la moralisation.

Pour tenter d’éteindre la polémique suscitée par les saillies homophobes de Wilmer Cayllahua, le président du parti, Ezequiel Ataucusi fils, a rappelé que son mouvement respecterait la Constitution et la vie privée des citoyens, en ajoutant : «Notre église compte trois homosexuels. Repentants, bien entendu !»

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A noter que ce que Libération n’indique pas dans l’article que nous reproduisons ici (https://www.liberation.fr/planete/2020/02/01/les-homophob... ), c’est que grand apôtre de la vertu, la secte « évangélique » a depuis son implantation en Amazonie fait main basse sur le trafic de cocaïne péruvien. ( https://www.ulyces.co/lali-houghton/cette-secte-peruvienn...).

lundi, 03 février 2020

Alexander Wolfheze: “Iran is duidelijk deel van de Indo-Europese cultuurcirkel”

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Alexander Wolfheze: “Iran is duidelijk deel van de Indo-Europese cultuurcirkel”

Op 3 januari werd de Iraanse generaal Qassem Soleimani met een moordaanslag om het leven gebracht, met het gevolg dat het Midden-Oosten, nu al geplaagd door oorlogen en opstanden, nog onrustiger is geworden. De Amerikaanse president Donald Trump beloofde in reactie op Iraanse aanvallen die daarna volgden, mogelijk 52 locaties in het land te bombarderen, waaronder zelfs cultureel erfgoed. Hij trok dit later weer in, maar evenwel blijft de kans op oorlog zeer wel aanwezig. Dr. Alexander Wolfheze heeft langdurig studie gedaan naar de cultuurgeschiedenis van het Nabije Oosten, wat ook Iran omvat. Kort geleden is zijn nieuwste boek met traditionalistische opstellen Alba Rosa in het Nederlands vertaald en bij Uitgeverij Arktos uitgebracht. ReactNieuws heeft hem enkele vragen voorgelegd.

war.pngHet lijkt erop dat de Iraniërs over een sterke mentaliteit beschikken om met een wereldmacht de confrontatie op te zoeken. Is hiervoor een historische verklaring?

Ook als de lezer een snel en kort antwoord zou willen, is hier toch wel een kleine historische inleiding nodig. Door ons slechte onderwijs en onze bevooroordeelde systeempers zijn veel mensen heel slecht geïnformeerd over de wereld om hen heen – daarmee is het publiek voor onze vijandelijke elite gemakkelijk te manipuleren. ‘Iran’ is in de ogen van veel mensen nu een soort barbaars ‘verweggistan’: één van de vele primitieve oorden in het Midden-Oosten die – naar ‘populistisch’ verluidt – worden bewoond door half-analfabete, lijfstraf-minnende inteelt-populaties en bestuurd door fanaat-onredelijke, hondsdol-antiwesterse godsdienstfanaten. Het is belangrijk heel wat kanttekeningen te plaatsen bij die simplistische kijk. Het komt onze vijandelijke elite maar al te goed uit dat de gemiddelde burger niet veel verder komt dan zulke vooroordelen.

Het woord ‘Iran’, etymologisch ‘(het land) van de Ariërs’, mag dan deel uitmaken van de officiële naam van de huidige ‘Islamitische Republiek Iran’, maar is pas sinds 1935 de gangbare en pas sinds 1979 de enig-officiële naam van een staat die tot dan toe in het Westen werd aangeduid als ‘Perzië’. Het is ook pas sinds 1979 dat die staat een republiek is – voor die tijd was er een Perzische Keizerrijk. Nog de laatste keizer, Mohammad Reza Pahlavi (r. 1941-1979), droeg de titels Shahanshah ‘Koning der Koningen’ en Aryamehr ‘Licht der Ariërs’ – beide gaan terug op een meer dan twee en half millennia oude rijksgedachte en staatstraditie. In het Westen werden deze staat en deze traditie, dragers van een luisterrijke en hoogstaande cultuur, aangeduid als ‘Perzisch’. Dat woord verwijst oorspronkelijk naar het oude hart van staat en traditie, namelijk de provincie Fars, gelegen in het zuidwesten van de huidige Islamitische Republiek – de relatie van ‘Perzisch’ tot ‘Iraans’ is in die zin te vergelijken met die tussen ‘Hollands’ en ‘Nederlands’. De Republiek der Zeven Verenigde Nederlanden had, via de Verenigde Oost-Indische Compagnie en gezantschappen, al goede en respectvolle betrekkingen met het Perzische Rijk, gebaseerd op neutraliteit en handel. De Perzische cultuur en taal waren in die tijd nog dominant in grote delen van de Oude Wereld, van de Balkan en Noord-Afrika (het Ottomaanse Rijk) tot in India (het Mogol Rijk) – zelfs in het 19e-eeuws Nederlands-Indië lazen en spraken veel geleerden en gezagsdragers nog Perzisch. De grootse literatuur en prachtige kunst van Perzië werden in Nederland, net als in de rest van Europa, uitgebreid bestudeerd en bewonderd. Perzië was in de beleving van gewone mensen toen nog een sprookjesland van magische tapijten, paradijstuinen en mystieke dichters. Pas sinds de Islamitische Revolutie van 1979 is er verandering gekomen in die waarneming – met de teloorgang van de oude naam ‘Perzisch’ verdwenen ook veel kennis, begrip en respect voor een hele oude en hoge cultuur.

Deze kleine inleiding geeft meteen een goede verbinding naar de historische verklaring waarom wordt gevraagd: de Perzische – of zo men wil Iraanse – geschiedenis verklaart veel van de basale houding van het huidige Iraanse bewind naar het buitenland. Het Iraanse bewind bestaat niet, zoals Westerse regeringen, uit globalistische loopjongens van het geschiedenisloze grootkapitaal en de waardevrije verlichtingsideologie: het Iraanse bewind ziet zichzelf als de trotse drager van een zeer hoge historische roeping en van een zeer oude nationale traditie. Die roeping en traditie vallen nu samen in een zeer speciale – en deels zeer Perzische – variant van de Islam: het Sjiisme (van het Arabische Sji’at Ali, ‘Partij van Ali’ – zij die Imam Ali en zijn nageslacht accepteren als opvolgers van de Profeet Mohammed). Die variant legt de nadruk op eschatologisch visie en messiaanse roeping, een nadruk die zich – soms heel subtiel en soms heel direct – uit in wat men in het Westen vroeger kende als ‘kruisvaarders’ roeping: een geleefd geloof en een levenshouding waarin discipline, strijdvaardigheid en zelfopoffering centraal staan. In de Nederlandse geschiedenis kunnen we dat soort uitingen ook zien, zoals in de Tachtigjarige Oorlog – die behalve onafhankelijkheidsoorlog ook godsdienstoorlog was – en in de Tweede Wereld Oorlog, waarin essentieel geleefde levensvisies bitter op elkaar botsten. De passie van de Engeland-vaarder enerzijds en die van de Waffen SS-vrijwilliger anderzijds. Die passie ligt dicht aan de oppervlakte van het Iraanse nationale leven – en wordt alleen maar versterkt door de constante bedreiging van de Amerikaanse vijand. Men herinnert zich daar nog dagelijks de miljoen slachtoffers van de bijna achtjaar durende oorlog tegen Saddam Hoessein (de Iran-Irak Oorlog van 1981-1988) – een oorlog die men, niet ten onrechte, ziet als een Amerikaanse poging om de Iraanse Revolutie dood te bloeden. Men ziet daar ook de constante Amerikaanse inmenging in binnenlandse politiek: via regionale afscheidingsbewegingen (vnl. in Baloechistan, Choezestan, Koerdistan), herhaaldelijke terreuraanslagen (m.n. de Volksmoedjahidien), economische sancties en propaganda hetzes. De combinatie van een gepassioneerde levenshouding en een sterk nationaal bewustzijn die de Iraanse politiek aanstuurt mag voor de gemiddelde moderne Westerse mens moeilijk navolgbaar zijn, maar is daarom niet minder authentiek en effectief.

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In die zin is de Iraanse confrontatie met de hegemoniale Amerikaanse wereldmacht zo goed als onvermijdbaar: het Iraanse vasthouden van de eigen (staats)soevereine rechten en de eigen (meta)historische roeping – een vasthouden dat parallellen vindt in de onafhankelijke geopolitiek van Rusland, China en nog een klein aantal andere landen – is eenvoudigweg onverenigbaar met de agressieve globalistische politiek die nu wordt gevoerd door de mondiale vijandelijke elite en die zich nu via deep state structuren heeft meester gemaakt van het Amerikaanse staatsapparaat. De Belgische publicist Robert Steuckers heeft de via Amerikaanse hard power en soft power geïmplementeerde en in neo-liberale en cultuur-marxistische ideologie verankerde globalistische politiek van de mondiale vijandelijke elite sinds zeer treffend geduid als ‘pyro-politiek’. Het is de politiek van het met alle mogelijke middelen ‘weg- en neerbranden’ van alle alternatieve machtscentra, -structuren en -ideeën. Voorbeelden van verschillende pyro-politieke tactieken: het (versneld neo-liberale) ‘rampen-kapitalisme’ in het voormalige Oostblok in de jaren ’90, de (black op) ‘kleuren-revoluties’ in de voormalige Sovjet-sfeer in de jaren ’00 en de ‘Arabische lente beweging’ in het Midden-Oosten in de jaren ’10. Er blijven echter een aantal alternatieve machtspolen over buiten de ‘uni-polaire’ globalistische ‘Nieuwe Wereld Orde’ die is ontstaan sinds de ondergang van de Sovjet-Unie: bovenal China en Rusland. Ook Iran is nog altijd een authentieke soevereine staat, maar als middelgroot land is Iran echter veel kwetsbaarder dan de grootmachten China en Rusland. In confrontatie met de op de Amerikaanse supermacht steunende globalistische ‘greep naar de wereldmacht’ is er maar één echte garantie van staatssoevereiniteit, namelijk een geloofwaardige nucleaire afschrikking. Ben Goerion en De Gaulle begrepen dit principe en gaven daarmee Israël en Frankrijk de optie van een authentiek soevereine geopolitieke koers. De Klerk en Gaddafi lieten zich ervan afleiden en beroofden daarmee Zuid-Afrika en Libië van een overlevingskans in de globalistische leeuwenkuil. Vandaar het heikele probleem van het Iraanse nucleaire programma. Totdat Iran zich een ‘nucleaire optie’ verschaft hangt het overleven van Iran als soevereine staat af van een instabiele combinatie van zeer variabele factoren. Bijvoorbeeld van de vraag in hoeverre President Trump in staat is de deep state provocaties en manipulaties die gericht zijn op oorlog te neutraliseren. En uiteindelijk ook van de vraag op welk punt – en hoe – Rusland zal ingrijpen wanneer de integriteit en stabiliteit van de Iraanse staat in het geding is.

De Amerikaanse president Donald Trump sprak vrijuit over het bombarderen van plekken met cultureel erfgoed, waar moeten wij dan aan denken?

Dit soort bedekte bedreigingen passen goed in de globalistische strategie van ‘totale oorlog’ – van de pyro-politiek waarover we eerder spraken. Het is belangrijk duidelijk te zijn: de inzet van het globalisme is de wereldmacht en de globalistische vijandelijke elite is dus potentieel in staat van oorlog met de hele wereld, namelijk met alles wat haar macht – al is het maar in theorie – bedreigt. De globalistische vijandelijke elite kent geen grenzen en voelt zich evenzeer bedreigt door ‘binnenlandse’ als door ‘buitenlandse’ tegenkrachten: voor haar is een onafhankelijk opererende President Trump even gevaarlijk als een onafhankelijk opererende Iraanse staat. En niets komt haar beter uit dan dat die beiden elkaar vernietigen – dat is de inzet van de Amerikaanse deep state en de mondiale systeemmedia. De oorlog die de globalistische vijandelijke elite voert is ook maar heel beperkt ‘klassiek militair’. Pyro-politieke oorlogsvoering berust namelijk niet slechts op het ‘opbranden’ van de militaire en economische capaciteit van de vijand, maar vooral ook op het ‘wegbranden’ de identiteit en het moreel van de vijand. De identiteit van een volk en een natie bestaat in ruimte en tijd – ze altijd hangt samen bepaalde ‘heilige’ plaatsen en bepaalde historische ‘sleutelmomenten’. Door volken en naties in die plaatsen en momenten te treffen, kan hun identiteit gemanipuleerd worden. Vandaar dat de globalistische vijandelijke elite, natuurlijk via proxies, steeds specifieke symbolische doelwitten kiest. Op 9 september 2001 waren dat de hoogste wolkenkrabbers van New York en op 15 april 2019 was dat de Notre Dame de Paris. De Afghaanse Taliban en Arabische Da’esh terreurbewegingen, beide heimelijk opgezet via Westerse geheime diensten en gefinancierd door de Golfstaten, richtten zich op soortgelijke wijze tegen grote pre-Islamistische monumenten als Bamiyan en Palmyra. Het is dus logisch dat een Amerikaanse oorlogsinzet tegen Iran zich met name ook zou richten op het ‘in de as leggen’ van identiteits-bepalende Iraanse monumenten.

Mocht het toch tot oorlog komen, of zelfs een Amerikaanse invasie, wat gevolgen kan dit dan hebben voor dit cultureel erfgoed?

De vernietiging van ‘vastgoed’ cultuurgoed en de roof van ‘draagbaar’ erfgoed was ook onderdeel van globalistische oorlogen tegen Irak en Syrië – monumenten werden opgeblazen en musea leeggeroofd. Veel van de Assyrische kunstwerken in Nimrod zijn zo verloren gegaan en veel van de spijkerschrift kleitabletten uit het Baghdad Museum zijn zo via de zwarte markt verdwenen in privé-verzamelingen. De rijkdommen van Iran kan een soortgelijk lot beschoren zijn: de paradijstuinen van Shiraz, de moskeeën van Esfahan en de schatkamers van Teheran behoren tot de grootste scheppingen van de mensheid maar voor de globalistische vijandelijke elite zijn het niet meer dan wegwerpartikelen. Vergeet niet dat dit de vijandschap van deze elite zich richt tegen alles wat mooier, beter en hoger is dan zijzelf – en dus tegen bijna alles in deze wereld. De globalistische inzet op de vernietiging van cultureel erfgoed vooral een lange termijnstrategie: het gaat erom de identiteit van een volk en natie op lange termijn te manipuleren door de cultuur-overdracht te verstoren. De geallieerde terreurbombardementen op de As-mogendheden gedurende Tweede Wereld Oorlog geven een indicatie van de richting waarin men daarbij moet denken: het systematisch platleggen van vrijwel alle Duitse steden en het nucleair verdampen van Hirosjima en Nagasaki resulteerden in een collectieve traumatische stress stoornis in de Duitse en Japanse psyche. Na de Stunde Null ervaring van 1945 – de ervaring van een fysieke totaal-verwoesting en psychische ‘vijandelijke overname’ – viel er bijna letterlijk een ‘gat’ in het collectieve historisch geheugen van beide volkeren. Het is dit ‘zwarte gat’ in de geschiedenis – feitelijk een geforceerde collectieve identiteitscrisis – dat hun naoorlogse hersenspoeling mogelijk maakte. Dat deze strategie ook echt werkt wordt bewezen door het feit dat beide landen – dit jaar driekwart eeuw later – nog steeds gewillig in het gareel van de overwinnaar lopen: beide landen hebben nog steeds een Amerikaans militair garnizoen en schikken zich vooralsnog zonder noemenswaardige weerstand naar de globalistische politiek die door de Amerikaanse politieke elite wordt gedicteerd, hoe onlogisch en zelfvernietigend die politiek ook moge zijn. Met Japan staat er iets beter voor omdat het tenminste één soeverein symbool behield: de keizerlijke dynastieke continuïteit. Met Duitsland is het veel slechter gesteld: daar is nu sprake van authentieke zelfhaat – Bondskanselier Merkel’s ‘migratiebeleid’ sluit naadloos aan op die realiteit. Als de globalistische vijandelijke elite Iran in geopolitieke zin daadwerkelijk wil neutraliseren dan is een soortgelijke ‘behandeling’ als die van Japan en Duitsland het meest effectief: de eerste stap is het fysiek aantasten van cultureel erfgoed. Het beoogde effect is daarbij dus een lang termijneffect. Op de korte termijn zal de vernietiging van cultureel erfgoed het Iraanse volk zo verontwaardigd en woedend maken dat de weerstand tegen de Amerikaanse agressie in hoge mate wordt versterkt en in uiterst fanatisme doorslaat – net als het geval was bij de As-mogendheden gedurende de laatste maanden van de Tweede Wereld Oorlog. Die verhoogde inzet bepaald ook de drastische uitkomst. De uiteindelijke uitkomst van een dergelijke ‘totale oorlog’ is echter moeilijk te voorspellen: zij zal men name afhangen van de escalatie-bereidheid van de globalistische strategen – en van de risico-bereidheid van hun Russische tegenspelers.

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En hier komen we op een interessant vraagstuk: in hoeverre is de door de deep state gebezigde oorlogsretoriek reëel? Er is anno 2020 sprake van een duidelijke Amerikaanse imperial overreach: de militaire en financiële grenzen van de Amerikaanse macht zijn bereikt. Een echte globalistische overwinning op Iran is slechts mogelijk met grootschalige Amerikaanse militaire inzet: grondinvasie gevolgd door bezettingsgarnizoen. Zo’n overwinning is niet te bereiken door de inzet van lokale proxy groepen – dit is bewezen in Irak en Syrië. Een totale grondoorlog en een langdurige bezetting zouden veel van Amerika vergen: veel levens en veel geld. De politieke wil en brede ondersteuning lijken vooralsnog volledig te ontbreken; de daadwerkelijke belanghebbenden – het military industrial complex en buitenlandse lobby’s – zouden een enscenering van het niveau ‘Pearl Harbor’ of ‘9/11’ nodig hebben om voldoende binnenlandse steun te krijgen voor een grootschalige oorlog tegen Iran. Er is dus waarschijnlijk sprake van een bepaalde mate van ‘blufpoker’, wellicht bedoeld ter verhoging van de inzet bij toekomstige regionale diplomatieke initiatieven. Wat echter niet is uit te sluiten is een – al dan niet door deep state fracties bewerkstelligd – ‘incident’, gevolgd door een ‘per ongeluk’ oorlog.

Wat is onze, dus de Indo-Europese, verwantschap met Iran? Gaat dit enkel over de taal?

Historische verwantschap bestaat op verschillende niveau’s – van zeer abstracte kosmologie (mythologische symbolen en religieuze concepten) tot aan zeer concrete biologie (haplogroepen en fenotypes). Nu is biologische verwantschap op welk niveau dan ook, laat staan op het groepsniveau van etnische identiteit, natuurlijk zo goed als een taboe onderwerp in het huidige ‘politiek-correcte’ discours van de cultuur-nihilistische systeemmedia en systeemacademie – het blijft niettemin een realiteit. De cultuur-nihilistische deconstructie van elke soort authentieke groepsidentiteit is een belangrijk streven van de globalistische vijandelijke elite. Hiermee is een realistische discussie van genetische, epigenetische en fenotypische ontwikkeling en identiteit op niveau van etniciteit in de Westerse publieke sfeer bijna onmogelijk. Het gaat natuurlijk om wetenschappelijke materie met uiterste complexe aspecten, maar dat wil niet zeggen dat het biologische aspect van etniciteit zomaar van tafel kan worden geveegd. Het is verstandig met respect te kijken naar het historisch overgeleverde gegeven van etnische identiteit – en om volksidentiteiten als deel van de menselijke biologische variëteit te beschermen tegen de intrinsiek nivellerende en diep-ecocidale richting van het globalisme. In de Iraanse en Indische cultuursfeer denkt men overigens veel positiever en realistische over de eigen Indo-Europese oorsprong en identiteit dan in Europa.

Nu is ‘Indo-Europees’ in de eerste plaats een taalkundige uitdrukking, de Indo-Europese volkerengemeenschap – die al prehistorische tijd uitstrekte van de Europese Atlantische kust tot aan de Golf van Bengalen – heeft echter ook een bepaalde mate van culturele samenhang. Het is daarbij belangrijk op te merken dat ook godsdienst zich bij de Indo-Europese volkeren steeds minstens net zoveel aanpast aan de volksaard, als de volksaard aan de godsdienst. De typisch eigen leef- en gedachtewereld – door de Duitse filosoof Heidegger zeer treffend beschreven als Haus des Seins – van de Indo-Europese volkeren drukt steeds duidelijk een stempel op de niet-Indo-Europese godsdiensten waartoe zij voor een groot deel zijn overgegaan. Dat geldt voor het Europese Christendom evenzeer als de Iraanse Islam. De in Iran dominante Sji’a Islam en de daar sterk mee verweven Soefi Traditie wijken beide sterk af van in de Arabische wereld dominante Soenni Islam – en al helemaal van de neo-primitieve ‘Islam’ die wordt uitgedragen door de Wahhabitische puristen van het Arabisch schiereiland en die wordt uitgedragen door groepen als Al-Qaeda en Da’esh. Zo ligt in het Sjiisme een sterke nadruk op hiërarchische kosmologie – een typisch Indo-Europese gegeven. En zo is er in het Sji’a Islam een institutionele religieuze hiërarchie die ontbreekt in de Soenni Islam. Er is daarnaast ook een aansluiting op het oude Indo-Europese instituut van vererfbaar priester-koningschap: het Sjiisme kent de institutie van het Imamaat: de opvolgingslijn vanuit Imam Ali, de schoonzoon van de Profeet. Deze lijn heeft zelfs een legitieme claim op het hoogste wereldlijk gezag over het Perzische Rijk via het huwelijk van Imam Hossein, de tweede zoon van Imam Ali, met Shahr Banoe, de dochter van de laatste Sassanidische keizer Yazdegard III. Andere relevante elementen zijn het Sjiitisch juridisch beginsel van de Ijtihad – de onafhankelijke rede als bron van jurisprudentie – en de binnen het Sjiisme dominante afkeur van elke vorm van polygamie. Bovenal is er echter het feitelijk – geleefde – overleven van veel Zoroastrianistische cultuurelementen: kalender, feestdagen, rituelen. Het Zoroastrisme – dat in Iran ook nog een echte institutionele presentie heeft – is, net als het Vedisch Hindoeïsme, een authentieke Indo-Europese godsdienst.

Iran is daarmee, ondanks aanzienlijke materiële en culturele verschillen, duidelijk deel van de Indo-Europese cultuurcirkel waartoe ook de meeste Westerse landen behoren. Het is daarnaast ook als authentiek soevereine staat een natuurlijke bondgenoot van de anti-globalistische beweging die recent in het Westen opgang maakt als ‘Nieuw Rechts’. Voor de Nederlandse patriottisch-identitaire tak van Nieuw Rechts is het daarbij specifiek belangrijk toe te werken naar een op het eigen, Nederlandse, belang gebaseerde buitenlandse politiek. Nederland heeft als demografisch-economisch middelgroot handelsland belang bij een afgewogen maar stevige neutraliteitspolitiek – de politieke elite heeft die politiek na de Tweede Wereld Oorlog, onder dwang van de toenmalige omstandigheden (militair en economische zwakte, noodzaak tot wederopbouw, communistische dreiging), opgegeven. Maar ons land heeft een dure prijs betaald voor het dwingende Amerikaanse vazalschap en het kunstmatige Europese eenheidsproject die resulteren uit het opgeven van een soevereine neutraliteitspolitiek. Onder Amerikaanse politieke druk zijn Indonesië en Nieuw-Guinea, ondanks allerlei realistische staatsvorm-alternatieven voor ouderwets kolonialisme, overhaast opgegeven. Daarnaast heeft Nederland zich door het zich slaafs schikken naar Amerikaanse oorlogspolitiek medeschuldig gemaakt aan agressieoorlogen tegen onder meer Joegoslavië (1999), Afghanistan (2006) en Irak (2003). Onder Europese druk zijn nu ook de eigen munteenheid, de eigen grenzen en eigen rechtspraak opgeofferd aan globalistische belangen. Deze stand van zaken is niet alleen historisch volledig achterhaald, maar heeft zich nu ook als zeer schadelijk bewezen voor het Nederlandse volk: neo-liberale kaalslag, massa-immigratie, nihilistische indoctrinatie, sociale implosie en ecologisch wanbeleid hebben niet alleen de levenskwaliteit aangetast maar bedreigen nu ook het voortbestaan van het volk als volk en het land als land. Nederlands Nieuw Rechts staat voor de grote opgave van herstel van de staatsoevereiniteit – een op Nederlandse belangen afgestelde, authentiek-soevereine buitenlandse politiek is daarbij essentieel.

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Ten aanzien van Iran betekent dit een heroverweging van het door de systeemmedia en systeemacademia beeld van Iran als vijand. Als handelsland Nederland heeft veel te winnen bij een strikte neutraliteitspolitiek: betrekkingen zouden op basis van reëel eigenbelang moeten worden gemaakt – onafhankelijk van onheuse (want holle en selectieve) criteria als ‘mensenrechten’ en ‘internationaal recht’. Als zulke retorische criteria écht zouden moeten doorklinken in de Nederlandse buitenlandse politiek, dan zouden we moeten beginnen met sancties tegen Amerika en verbreken van diplomatieke betrekkingen met Saoedi-Arabië. Beide zijn natuurlijk geen reële opties en het is belangrijk dat Nederland juist reëel kijkt naar het eigenbelang. Het huidige ‘Calimero’ denken in de Nederlandse politiek – dat Nederland ‘te klein’ en ‘te kwetsbaar’ is voor een autonoom buitenlands beleid, buiten de EU, buiten de Euro, buiten Schengen en buiten de NAVO – is echter evenzeer onzin: Nederland heeft wel degelijk een goede onderhandelingspositie bij een zelfstandig buitenlands beleid: het heeft een bijzonder gunstige strategische positie in het hart van West-Europa, een goede handels- en communicatie infrastructuur, een hoogst inventieve technologiesector, een steenrijke financiële sector, een deels autarkische landbouwsector en een permanente toeristisch aantrekkingskracht. Met een eigen munt, losgekoppeld van woeker- en subsidiepraktijken van de ‘Europese Bank’, een eigen immigratiebeleid, losgekoppeld van de omvolking praktijk van de ‘Schengen Zone’, een eigen rechtssysteem, losgekoppeld van de totalitaire abstracties van het ‘Europese Recht’ en een eigen krijgsmacht, losgekoppeld van de agressief-expansieve ‘NAVO’ is er een wereld aan welvaart, welzijn en (zelf)respect te winnen. Iran is niet de vijand van Nederland – de echte vijand van Nederland is de globalistische elite: die vijand bevindt zich niet duizenden kilometers ver weg aan de Perzische Golf, maar binnen onze eigen grenzen, diep ingevreten in onze instituties.

Réforme constitutionnelle russe – Le Conseil de l’Europe aux prises avec la souveraineté des États

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Réforme constitutionnelle russe – Le Conseil de l’Europe aux prises avec la souveraineté des États

 
 
par Karine Bechet-Golovko
Ex: http://www.zejournal.mobi

Le débat sur la réforme constitutionnelle russe est arrivé jusqu’au Conseil de l’Europe, qui, comme nous l’avions sans difficulté prévu, s’est indigné de ce qu’un État membre ose encore penser à garantir sa souveraineté, sans pour autant savoir comment s’y prendre. Ici aussi l’Ukraine a été utile pour faussement soulever la question de la supériorité de la Constitution sur le droit international, « originalité » décriée qui est pourtant historiquement le lot des Constitutions, au moins en Europe occidentale. La balle est renvoyée à la Commission de Venise, qui va devoir se prononcer, finalement sur le droit des États à être souverain. L’enjeu est simple : dans ce monde global, il faut réussir à fixer formellement la fin de la supériorité formelle du droit national – les instances européennes vont-elles oser le pas ?

La réforme de la Constitution russe (voir notre texte ici) concerne plusieurs éléments qui s’opposent frontalement à la ligne idéologique globaliste, l’un d’entre eux concerne les rapports de supériorité entre le droit national et le droit international.

La Constitution russe de 1993 prévoit dans son Chapitre 1er sur les fondements constitutionnels, à l’article 15 al. 1, que, je cite :

« La Constitution de la Fédération de Russie a force juridique supérieure (…) ».

Et à l’article 15 al. 4 :

« Les principes et normes universellement reconnus du droit international et les traités internationaux de la Fédération de Russie sont partie intégrante de son système juridique. Si d’autres règles que celles prévues par la loi sont établies par un traité international de la Fédération de Russie, les règles du traité international prévalent ».

Autrement dit, la Constitution russe, comme l’ensemble des textes constitutionnels européens (au minimum) prévoit la supériorité de la Constitution. Les normes internationales sont infraconstitutionnelles, puisque la Constitution a une force juridique supérieure dans le système juridique russe et que les normes internationales sont intégrées, par l’article 15 de la Constitution, dans le système juridique russe. Sachant que sans disposition constitutionnelle prévoyant leur intégration dans le système juridique national, elles ne peuvent avoir d’effets juridiques dans ce système. Mais elles sont supralégislatives, car elles prévalent sur les normes législatives.

cr.jpgC’est notamment le système théorique qui existe en France. C’est le système de hiérarchie des normes, qui découle du théoricien autrichien Hans Kelsen au siècle dernier et qui a fondé le contrôle de constitutionnalité des lois en Europe continentale.

Alors où est le problème ? Il n’est pas juridique, il est politique et idéologique.

Lors de la rentrée parlementaire à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe – APCE, les députés ukrainiens et des pays Baltes (ils siègent dans cet hémicycle justement pour cela et accomplissent parfaitement leurs fonctions) ont interpellé leurs collègues pour attirer leur attention sur la réforme constitutionnelle russe qui, Ô sacrilège !, prévoit la supériorité de la Constitution sur le droit international. Les députés de l’APCE ont alors décidé, devant une telle insolence du constituant russe, de saisir la Commission de Venise (organe consultatif de soft power qui supervise les réformes dans les pays européens). Le fondement juridique n’est pas très clair, ce droit être une atteinte portée à l’image du Parti et de ses dieux.

Selon ces députés, la Russie se prépare à ne pas appliquer les décisions de la CEDH prises à son encontre. Ce qui fut déjà quelques fois le cas, lorsque des décisions (éminemment politiques) contraires à la Constitution russe furent adoptées contre le pays, même si dans la très grande majorité des cas, la Russie exécute les décisions de la CEDH.

Le fait est que la supériorité de la Constitution, bien qu’inscrite dans le texte constitutionnel et dans la culture juridique occidentale, est largement battue en brèche dans la pratique, à la fois – en ce qui concerne les pays européens – par les instances quasijudiciaires, et par les organes politiques, adoptant des normes, sans le consentement de l’État, qui s’imposent dans son ordre juridique interne (puisque la règle de l’unanimité n’est depuis longtemps plus de mise dans les instances de l’UE). Le système du Conseil de l’Europe, à la différence de celui de l’UE, est plus un système d’organes d’influence, devant propager la « bonne parole ». Seule la CEDH, organe quasijudiciaire de ce système, a le pouvoir de prendre des décisions contraignantes à l’égard des États européens membres du Conseil de l’Europe, qui ont reconnu sa juridiction.

Mais ce n’est pas parce que les États ont reconnu sa juridiction, qu’ils ont abandonné, par la même, automatiquement, leur souveraineté nationale, en se mettant bien au chaud sous la régence de son bon vouloir. Les décisions de la CEDH, comme n’importe quel acte de droit international, ne peuvent avoir une force juridique supérieure à la Constitution nationale. Ce que la Cour constitutionnelle russe a plusieurs fois rappelé. Et la Russie n’est pas le seul pays à s’être opposé à la CEDH, l’on compte par exemple l’Italie, la Grande-Bretagne ou l’Allemagne.

Or, le rapport de forces entre la CEDH et les États est tel, que beaucoup s’inclinent, remettant de facto en cause la supériorité constitutionnelle sur le droit international. C’est ici que la réforme constitutionnelle russe prend tout son sens : la Cour constitutionnelle a besoin, face à la radicalisation du combat mené contre les instances nationales par les organes globalistes, dont la CEDH fait partie, d’un appui formel, permettant d’écarter l’application des normes internationales contraires à la Constitution. La réforme constitutionnelle russe ne modifie pas la hiérarchie des normes, elle ne fait que la préciser, la formaliser au regard des nouveaux enjeux.

Or, le pouvoir des instances du monde global se développe dans la marge de flou. Ils ne peuvent ouvertement exiger des États qu’ils renoncent à leur souveraineté à leur profit en contrepartie d’une « protection » – ce comportement serait trop ouvertement mafieux. Et les États doivent garder la face malgré leurs nombreux renoncements et transferts de compétences : ils ne peuvent ouvertement reconnaître qu’ils renoncent à leur souveraineté, tout en prétendant conserver le caractère démocratique de leur système institutionnel, alors fondé sur des élections qui n’ont plus de sens, autre que le maintien de l’illusion. Car il s’agit bien de cela, de la souveraineté. La supériorité juridique de la Constitution est la garantie formelle de la souveraineté de l’État, qui peut ainsi défendre son ordre juridique et en décider. Jusqu’à présent, elle était concurrencée par la supériorité politique du droit international, qui s’impose de facto, mais donc peut être écarté de jure lorsque l’État en a le courage politique, si les normes de droit international contreviennent aux normes constitutionnelles, telles qu’interprétées par les instances nationales.

Le pas que le Conseil de l’Europe veut faire est celui du passage de la supériorité politique à la supériorité juridique du droit international sur le droit constitutionnel. Ce qui conduirait à vider définitivement le peu de souveraineté qui reste aujourd’hui aux États européens. Pour cela l’Ukraine et les pays Baltes ouvrent la voie. La Commission de Venise osera-t-elle une révolution de cette ampleur ? Va-t-elle garantir une prise de pouvoir formelle des instances internationales ? Les États ne seraient plus alors que des coquilles totalement vides, ces coquilles étant encore utiles pour gérer les territoires et les populations qui s’y trouvent, quand les décisions se prennent ailleurs.

Dans cet esprit, le « crime » commis par la Russie aux yeux des instances européennes est de mettre ces États et ces instances internationales face à la réalité de la situation. Son crime, ce qui explique cette réaction, est de dévoiler le jeu qui se joue réellement, sans plus permettre aux uns et aux autres de faire semblant pour garder la face. La Russie tente ici d’effacer cette zone de flou, ce non-dit confortable, dans lequel se développe le pouvoir des instances globalistes.


- Source : Russie politics

dimanche, 02 février 2020

La guerre des microbes du Pentagone UN PROJET AU SERVICE D’UNE IDEOLOGIE

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La guerre des microbes du Pentagone

UN PROJET AU SERVICE D’UNE IDEOLOGIE

Ex: https://geopolintel.fr

(Rappel: texte de décembre 2008)

Réunie officiellement en 1997, l’influente ligue « Projet pour le Nouveau Siècle Américain » (acronyme : PNAC) [1] regroupait un nombre imposant de membres issus du gouvernement de Ronald Reagan. En 2000, ils théorisaient dans un rapport intitulé :
« Reconstruire les défenses de l’Amérique » la nécessité pour ce pays de préserver et d’accroître sa position hégémonique afin d’instaurer la « Pax Americana ». En préambule de ce rapport, il était déclaré : « De nos jours, les États-Unis n’ont à l’échelle mondiale aucun rival. La grande stratégie de l’Amérique se doit de préserver et accroître cette position favorable pour une durée à venir aussi longue que possible. » [2]

Dans ce but, le PNAC préconisait de créer une unité militaire spatiale pour dominer l’espace ou de contrôler le cyberespace considéré comme une arme ennemie potentielle, mais aussi de développer des armes biologiques capables de cibler des génotypes humains. Ainsi, les idéologues néo-conservateurs annonçaient que : « Bien qu’il puisse falloir plusieurs décennies au processus d’adaptation pour se déployer, à terme l’art de la guerre, dans les airs, sur terre et sur mer, sera très différent de ce qu’il est aujourd’hui et le combat se déroulera vraisemblablement dans de nouvelles dimensions : dans l’espace ou le cyberespace et peut-être dans le monde des microbes. » Et ils écrivaient plus loin : « Les munitions elles-mêmes deviendront de plus en plus précises, tandis que de nouvelles méthodes d’attaques - électronique, non létale, biologique - deviendront plus facilement disponibles. » Enfin, ils précisaient leur pensée : « Et des formes évoluées de guerres biologiques capables de cibler des génotypes déterminés pourront faire passer la guerre biologique du règne de la terreur à celui d’un outil politique utile. ».

Beaucoup des membres du PNAC formaient, en 2001, le noyau dur de l’administration Bush junior, laquelle exprimait, dès le début de ce mandat, une volonté de privilégier l’action unilatérale et le refus de voir la souveraineté des Etats-Unis circonscrite par les traités multilatéraux et le droit international. Cette stratégie de primauté a été articulée, dès 1992, dans un rapport confidentiel intitulé « Defense Policy Guidance » [3] écrit par Paul Wolfowitz, secrétaire adjoint à la défense, et Lewis Libby, conseiller aux questions de sécurité, sous la vice-présidence de Dick Cheney. Ce texte recommandait d’« empêcher toute puissance hostile de dominer des régions dont les ressources lui permettraient d’accéder au statut de grande puissance », de « décourager les pays industrialisés avancés de toute tentative visant à défier notre leadership ou à renverser l’ordre politique et économique établi », et de « prévenir l’émergence future de tout concurrent global. » Une doctrine qui apparaissait donc un cran plus dure que le containment de l’époque de la guerre froide.

Après les attentats du 11 septembre 2001, véritable « Pearl Harbour spatial » prophétisé par Donald Rumsfeld, la révolution militaire voulue par le PNAC fut votée et budgétisée par le Congrès. La nouvelle armée spatiale fut créée, et, autorisé par cet événement extraordinaire, le retrait unilatéral du traité ABM [4] qui limitait la militarisation de l’espace, permit de relancer le programme de « Guerre des étoiles » entrepris sous Reagan ainsi que de déployer son bouclier anti-missile. De même que fut mis en œuvre le contrôle du cyberespace à travers le Cyber-Command créé en 2006 et annoncé, dès 2003, dans le document « Information Operations Roadmap ». [5]

Wolfowitz_portrait_cropped.jpgEn 2002, sous l’impulsion de Paul Wolfowitz, cette administration adoptait« The National Security Strategy of the United States of America » [6] qui présentait la conception de guerre préemptive selon laquelle les Etats-Unis ne se limiteraient pas à des actes de guerre défensive mais exécuteraient des actes de guerre contre tout pays prétendument sur le point de les attaquer.
Ce fut une accélération marquée dans l’échelle des intentions belliqueuses des Etats-Unis. La « Doctrine Bush », unilatérale et souvent brutale dans le discours, prônait la guerre préventive, le maintien de la suprématie militaire américaine ainsi que parodoxalement le développement de la coopération internationale, des droits de l’homme et de la liberté. Elle visait, en particulier, à la refonte du monde arabo-mulsuman.

A sa suite, fut émise la « Stratégie Nationale pour combattre les Armes de Destruction Massive » [7]. Ce plan appellait à l’utilisation des ADM en vertu du recours à toutes les options, nucléaires, chimiques et biologiques et il usurpait le droit du Congrès à déclarer la guerre en violation de la constitution des Etats-Unis.

PROGRAMMES MILITAIRES BACTERIOLOGIQUES

Tout comme le traité ABM (anti-missiles balistiques), la Convention sur les Armes Biologiques (CAB) [8] fut ratifiée en 1972 par plus de cent nations dont les Etats-Unis. Ce traité interdit la mise au point, la fabrication et le stockage des armes bactériologiques et exige également leur destruction ou leur conversion à des fins pacifiques. Depuis la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis développent un programme de guerre biologique offensif mais, sous Nixon, on estime que les armes biologiques sont militairement contre-productives en ce sens qu’elles risquent d’engendrer un effet « retour de bâton » sur les forces armées et les populations. De plus, les USA disposent alors d’un arsenal nucléaire massif estimé plus efficient que les armes biologiques perçues comme la « bombe atomique du pauvre ». Ainsi la CAB empêche le développement peu coûteux de ces armes de destruction massive (ADM) par les pays du Tiers-Monde et garantit aux USA la supériorité militaire de leur force de frappe nucléaire grâce au Traité de 1968 sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Nixon respecte apparemment la CAB mais dans les entrailles du Pentagone, l’ancienne unité du programme bio-chimique n’est pas dissoute. Et après leur arrivée au pouvoir en 1981, les reaganiens du Pentagone engagent des financements massifs dans des programmes biologiques militaires sous des prétextes de défense, exploitant une faille de la CAB qui n’interdit pas les recherches « à des fins prophylactiques, de protection ou autres fins pacifiques ». En effet, la Convention autorise le développement, la production et peut-être même le stockage d’agents biologiques pathogènes en quantités limitées si ces derniers sont liés à la production de moyens de défense tels que les vaccins, les thérapies ou des vêtements de protection spéciaux. De même, la recherche est admise de facto, puisque la Convention n’y fait pas référence. De plus, la CAB a été rédigée avant que l’ingénierie génétique ne soit parvenue au rang de science de la vie, elle n’a donc pas pris en compte cette connaissance qui permet de mettre au point un outil à double tranchant car pouvant déboucher sur une utilisation défensive ou offensive.

Avec leur « Programme de Recherche en Défense Biologique », les néo-conservateurs signent des contrats avec des universités réputées sur tout le territoire des Etats-Unis, en totale infraction de l’article I de la CAB. En 1985, en réponse à une inquiétude légitime concernant le dévoiement des sciences de la vie par le Pentagone, le Congrès demande au « Conseil pour une Génétique Responsable » (CGR) de faire une proposition législative. Le CGR ignore alors que les reaganiens ont déjà autorisé, par l’intermédiaire de Donald Rumsfeld, à l’époque représentant des USA au Moyen-Orient, des expéditions d’agents biologiques (virus du Nil et Anthrax) à Sadam Hussein, cela en infraction avec l’article III de la CAB, espérant que celui-ci les militarise et les emploie contre l’Iran. Cette administration s’oppose au projet de loi du CGR. [9]

Arrivé au pouvoir, Bush senior remplace les reaganiens par des experts plus proches de la politique de Nixon et la nouvelle équipe permet le vote de la loi préconisée par le CGR en lui demandant, cependant, de la présenter au Congrès comme une mesure permettant de faire face au bio-terrorisme venu du Tiers-Monde susceptible de menacer les Etat-Unis. C’est la loi « Anti-Terrorisme sur les Armes Biologiques de 1989 » et elle remédie à toute lacune du texte de la CAB qui est respecté jusqu’à l’arrivée de l’équipe de Clinton. Celle-ci réactive à son tour le financement des recherches illégales du Pentagone malgré leur extensive activité de la décennie précédente.

A leur retour aux affaires, les reaganiens recyclés avec Bush junior, refusant de voir leurs propres sites inspectés, rejettent le protocole de vérification et de contrôle la CAB, alors en négociation au niveau international. Le New York Times révèle une semaine avant les attentats du 11 septembre 2001, une des raisons essentielles de cette décision : l’administration souhaite dissimuler certains programmes de guerre biologique. Selon l’enquête du journal new-yorkais, trois projets semblaient particulièrement troublants : le test d’une installation expérimentale utilisant des organismes généralement inoffensifs, mais dotés de caractéristiques proches des agents pathogènes servant d’armes biologiques ; le test d’une bombe bactériologique, dont certaines composantes n’étaient pas au point ; un plan d’ingénierie génétique sur une souche résistante d’anthrax. Ils écrivent « Les États-Unis ont lancé un programme secret de recherches sur les armes biologiques qui selon les dires de certains fonctionnaires expérimente les limites du traité mondial interdisant ces armes. […] Au début de cette année, l’administration a dit que le Pentagone avait des plans pour créer génétiquement une variante potentiellement plus puissante de la bactérie qui cause la maladie du charbon. »

Le Centre pour la Loi et la Santé Publique (CLSP) qui a été formé un mois avant les élections de 2000, se réunit, en octobre 2001, dans le but d’établir une législation pour réagir à la menace bio-terroriste du moment. Le 23 novembre, il émet un document appelé « Actes des Pouvoirs des Modèles d’Urgence Santé » (APMUS) [10], une loi que le Département de la Santé et des Services Humanitaires suggère voir décrétée par les 50 états afin de contrôler les futures urgences en santé publique, telle que le bio-terrorisme. Une version révisée est émise le 21 décembre, contenant une définition plus précise de l’urgence en santé publique qui caractérise le bio-terrorisme et les agents biologiques et comprend des clauses pour les états qui veulent utiliser cet acte dans les cas de désastres chimiques, nucléaires ou naturels.

mevacc.jpgL’APMUS exige que chaque individu soit vacciné, un refus constituant un crime entraînant la quarantaine, et que chaque individu subisse un traitement médical spécifique, un refus constituant un crime entraînant la quarantaine. Il peut saisir toute propriété, incluant un immeuble, de la nourriture, des médicaments, de la gazoline ou des vêtements qu’un officier juge nécessaires pour contrôler l’urgence ainsi que
saisir et détruire toute propriété susceptible d’être dangereuse, il n’y aura ni compensation ni recours.
Il peut affecter un citoyen ou une entreprise au service de l’état, peut imposer le rationnement, le contrôle des prix, le contrôle des quotas et du transport. Enfin, cette loi peut suspendre n’importe quelle loi d’état, règle ou réglementation que l’on croira interférer à la maintenance de l’état d’urgence.

L’APMUS est actuellement évaluée par sept états. Cette loi n’espère-t-elle qu’un prétexte pour se voir décrétée et par la suite appliquée ? Que prévoient donc les autorités en proposant une telle loi ? A quel événement majeur se préparent-elles ?

Le nouveau « Programme de Défense Biologique et Chimique » (PDBC)) publié en mai 2004, qui succède au « Programme de Recherche en Défense Biologique » de Reagan, donne à plus de 300 instituts et 12000 personnes l’accès aux agents pathogènes appropriés à la guerre biologique. Le nombre des bourses du National Institut Health affectées à la recherche sur les maladies infectieuses est quant à lui multiplié par 15. Le PDBC sera par la suite appuyé par la « Déclaration Programmatique Finale d’Impact Environnemental » (DPFIE) du Pentagone. A la lecture du DPFIE /PDBC, il est évident que le Pentagone se prépare à mener une guerre biologique conformément aux directives de stratégie nationale de Bush Jr de 2002. Ainsi un paragraphe de cette déclaration stipule que la mission du PDBC est étendue à la défense des capacités militaires à réagir face à la menace lors de missions de sécurité nationale et de missions de combat.

Selon un rapport du Washington Post d’août 2005, le Pentagone a développé ses premiers plans pour des opérations visant à imposer la loi martiale dans le pays tout entier, en violation d’une décision du Congrès interdisant l’utilisation des militaires pour le maintien de l’ordre sur le territoire national (loi Commitus Posse). Les plans sont de grande envergure : les scénarios envisagés vont « de la basse intensité » avec des missions modestes de contrôle des foules, à « intensité élevée » avec la gestion totale de désastres à grande échelle après des attentats tels que l’émission d’un agent biologique.

En 2007, le rapport annuel du Pentagone atteste qu’il prépare des essais d’armes chimiques et biologiques à ciel ouvert en violation des Conventions internationales, révèle le professeur Francis A. Boyle expert au Conseil pour une Génétique Responsable et rédacteur de la loi de mise en application de la CAB, qui fut signée par le président George H. Bush Sr. Le Pentagone nie que le président George W. Bush ait émis une directive lui permettant de reprendre les essais de guerre chimique et biologique (GCB) en plein air, essais qui avaient été interrompus par le président Richard Nixon en 1969. Pourtant, les préparatifs annoncés par le Pentagone semblent indiquer qu’il est prêt à le faire. Le rapport annuel du Pentagone appelle apparemment à « des essais complets [de GCB] sur le terrain » pour ce qui touche à la mise au point et à l’exploitation de ces agents, et pas seulement de simulations. Le passage suivant est explicite : « Plus de 30 ans ont passé depuis l’interdiction aux États-Unis des tests en plein air d’agents chimiques vivants, et depuis que le dernier test de ce type a été réalisé, une grande partie de l’infrastructure nécessaire pour les essais sur le terrain, comme les détecteurs chimiques, n’existe plus ou est sérieusement périmée. Les augmentations actuellement prévues du budget de l’infrastructure « Essai et Évaluation » vont grandement améliorer aussi bien la mise au point que l’exploitation des essais sur le terrain, avec une meilleure représentation des menaces simulées et la définition de la réaction du système ».

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Les essais en plein air déplacent la recherche sur les agents létaux hors des laboratoires afin d’étudier leur efficacité, y compris leurs modes de dispersion aérienne, et pour juger de leur capacité à infecter et à tuer lors des essais sur le terrain. Bien qu’une loi fédérale permette au président d’autoriser les essais en plein air d’agents de GCB, Boyle déclare que cela ne résout pas le problème du respect du droit international car une telle autorisation violerait la Convention Internationale sur les Armes Chimiques et la Convention sur les Armes Biologiques ainsi que les textes législatifs sur la mise en application de ces conventions au niveau national, et ces violations seraient légalement des crimes. Boyle affirme que la mise au point de l’anthrax en vue d’une éventuelle offensive de buts est mise en évidence par les efforts du gouvernement pour essayer de stocker massivement des vaccins contre la maladie du charbon et des antibiotiques, pour 25 millions d’États-uniens au moins, afin de protéger la population civile dans le cas où il y aurait un « retour de manivelle » à l’utilisation de l’anthrax dans le cadre d’une guerre biologique menée à l’étranger par le Pentagone. Il prévient que celui-ci est tout à fait prêt à lancer la guerre biologique par le biais de l’anthrax. Tous les équipements ont été acquis et toute la formation menée et la plupart des membres de forces armées US prêtes à combattre ont reçu des équipements de protection et des vaccins qui les protégeraient prétendument de cet agent.

Associated Press indique de son côté que l’armée états-unienne est en train de remplacer son Institut militaire des maladies infectieuses situé à Fort Detrick par un nouveau laboratoire qui serait composé d’un campus de bio-défense exploité par plusieurs agences. L’armée a déclaré à AP que le laboratoire est destiné à poursuivre des recherches uniquement à des fins défensives contre les menaces biologiques. Le fait que des scientifiques du gouvernement ont créé de nouvelles souches d’agents pathogènes pour lesquels il n’existe pas de remède connu contredit fortement l’argument selon lequel la recherche états-unienne est menée à des fins défensives. Richard Novick, professeur de microbiologie à l’université de New York, déclare : « Je ne peux imaginer une justification plausible pour expliquer la modification génétique de l’anthrax comme une mesure défensive. » En effet, l’altération d’un agent pathogène consiste à modifier sa structure de base afin que les vaccins existants s’avèrent inefficaces contre elle. L’argument selon lequel il faut poursuivre l’ingénierie génétique sur des agents pathogènes afin de créer un vaccin n’est pas fondé. En effet, la nature produit en trop grand nombre des agents pathogènes modifiables, avec trop de gènes altérables, pour qu’un seul vaccin soit efficace. Tous les experts en défense biologique le savent. Alors, pourquoi les Etats-Unis poursuivent-ils ce projet ?

LES SCIENCES DE LA VIE DEVOYEES

L’histoire de l’arme biologique a toujours coexisté avec celles des conflits. Ainsi, les archers de l’antiquité trempaient leurs flèches dans les entrailles des cadavres putréfiés ; des rivières, des sources et des puits étaient empoisonnés par des poisons végétaux ou des carcasses d’animaux en décomposition lors des campagnes guerrières ; des cadavres infectés par la peste étaient catapultés par dessus les remparts des villes assiégées... Longtemps, ces tentatives sont restées anecdotiques. Le tournant fut pris en 1763, par un officier anglais, avec l’emploi d’une maladie spécifique, la variole, contre les indiens d’Amérique et par le biais de couvertures contaminées. Plus près de nous, pendant la première guerre mondiale, l’Allemagne fut accusée d’utiliser le choléra en Italie, la peste à St Petersbourg, et, d’avoir d’infecté des milliers de mules en Mésopotamie avec le bacille de la morve. En 1929, l’URSS ouvrit un centre de recherche sur les armes biologiques au nord de la mer Caspienne. En 1931, l’armée japonaise créa trois centres spécialisés en guerre biologique et se livra au sein de l’unité 731 du général Shiro Ishii à des expérimentations humaines sur des prisonniers. De 1940 à 1944, l’aviation japonaise répandit la peste sur plusieurs villes de Chine en larguant des bombes à fragmentation ou en porcelaine remplies de bacilles, en lâchant des puces infectées, en même temps que du riz pour attirer les rongeurs. La Grande-Bretagne expérimenta, en 1941-1942, sur l’Ile de Gruinard, des dispositifs dedispersion de Bacillus anthracis. Cette île restera interdite d’accès pendant plusieurs décennies. En 1952, pendant la guerre de Corée, les Américains ont été accusés d’avoir répandu le choléra et des insectes infectés par la peste. En avril et mai 1979, une épidémie inhabituelle de charbon pulmonaire survint à Sverdlosk en URSS, après l’explosion d’un bâtiment militaire.

Les agents biologiques susceptibles d’être militarisés sont des agents vivants ou non, issus du règne animal, végétal ou microbien, provoquant une maladie chez l’homme, les plantes ou les animaux ou une détérioration des matériaux. La définition est étendue aux substances produites par les micro-organismes, animaux et plantes, donc aux toxines et peptides, quel que soit leur mode de production y compris, par conséquent la biogénétique, le génie génétique, la bio-ingéniérie et autres biotechnologies.

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Les agents biologiques peuvent être classés en : agents vivants capables de se reproduire par eux même (bactéries, champignons) ; en agents vivants capables de se reproduire uniquement sur une cellule hôte (virus) ; en agents non vivants incapables de se reproduire mais sécrétés par des organismes vivants (peptides, toxines) et en agents non vivants obtenus par synthèse chimique et de structure identique ou très proche des précédents.

Dans le premier groupe susceptible de créer des infections et des épidémies figurent les bactéries, en particulier l’agent du charbon (bacillus anthracis), celui de la peste (yersinia pestis), celui de la tularémie (francisella tularensis) l’agent de la brucellose, de la fièvre Q (coxiella burneti), la coccidioidomycose. Parmi les virus, on compte celui de la variole et des encéphalites (encéphalite à tiques, encéphalite japonaise, encéphalite de Venezuela, fièvre de Chikungunya, d’O Nyong-Nyong, fièvre de la Vallée du Rift et de la Vallée du Nil), de la dengue, de la fièvre jaune et des fièvres hémorragiques dues aux arboviroses (Lassa, Marburg, Ebola), sans oublier les agents agissant sur les plantes (mosaïque du tabac, rouille du blé ou du riz) ou les agents agissant sur les animaux (morve des équidés).
Parmi cette liste de maladies potentielles à usage militaire, les agents suivants, de classe A (haute priorité,facile à produire et à disséminer, transmissible de personne à personne, létalité importante, impact majeur en santé publique, panique et perturbation sociale assurées) l’anthrax, le botulisme, la peste, la variole, la tularémie et les fièvres hémorragiques offrent seuls des utilisations crédibles.
Mais le développement de nouvelles armes, lié aux progrès des biotechnologies et de la génétique moléculaire, peut se faire par deux grands moyens : optimisation d’agents déjà connus pour les rendre plus agressifs ou création de nouveaux agents. Les agents naturels évoqués précédemment peuvent être améliorés selon plusieurs modalités : accroissement de virulence, sélection de résistance aux antibiotiques ou dans le milieu extérieur, extension des cibles dans l’organisme, inefficacité vis-à-vis des vaccins existants, tableau pathologique inhabituel, introduction d’éléments génétiques exogènes, expression d’une toxine inhabituelle et enfin par hybridation. Ont déjà été réalisés l’association combinant la toxine hémolytique du bacille céreus et une souche modifiée de bacillus anthracis pour vaccins ; le croisement de la variole et du virus Ebola ; l’association du virus de la grippe et de la toxine de cobra ; le pox-virus modifié génétiquement ; le mariage des virus de la variole et d’une encéphalite ; le cocktail enterotoxine B staphylococcique et encéphalite équine du Vénézuela…
Tous ces cocktails de toxiques, de germes et de toxines ont fait dire au prix Nobel Lederberg que le danger de ces agents était supérieur à celui de la bombe H.

Une arme biologique doit avoir plusieurs composantes : un agent délétère, un vaccin pour parer à l’effet « retour de bâton », un dispositif d’acheminement et un mécanisme de dispersion. Ce dernier point, quand il est exigé du laboratoire de recherches, contractant du Pentagone, est révélateur de l’option offensive du projet.
Grâce à la technique de l’épissage des gènes, le biologiste développe un nouvel agent biologique, puis le vaccin. Il aérosolise l’agent, le teste sur des organismes vivants et enfin remet ces unités fondamentales aux militaires qui peuvent alors les produire et les stocker en vue de leur déploiement et usage. Une fois le virus ou la toxine militarisés, il faut un vecteur de dissémination tel qu’une bouche d’aération de métro, un système de ventilation d’immeuble, un avion, le réseau d’eau potable, des produits alimentaires ou encore le circuit postal, ainsi que des conditions favorables(température, soleil, vent, humidité) pour déclencher une hécatombe.
Dans les meilleures conditions possibles, un seul aéronef serait en mesure de disperser des quantités élevées d’agents bactériologiques sur des centaines, voire des milliers de kilomètres carrés par pulvérisation en ligne droite contre le vent depuis la région ciblée. Se défendre contre les agents destinés aux armes biologiques pose un problème, vu la difficulté à déceler leur présence ou à les identifier, les exigences de la prévention (connaître à l’avance le type d’agent, assurer la disponibilité de médicaments efficaces et disposer de suffisamment de temps pour développer une immunité) et le fait que des concentrations suffisamment élevées de l’agent peuvent neutraliser même l’immunité déjà acquise.

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Les recherches médicales sur les séquences ADN visent à développer des produits pharmaceutiques capables de combattre les agents pathogènes en se basant sur le profil génétique de ces derniers mais aussi en agissant par rapport au code génétique d’une personne ou d’un groupe humain. En théorie, il est possible de développer un produit bien spécifique pour chaque individu et l’on peut imaginer qu’un traitement visant un groupe d’individus portant les mêmes gènes puisse être produit. Comme il est possible de créer un traitement médical fondé sur la génétique visant une ou plusieurs personnes, il est aussi possible en inversant le processus, de développer un agent pathogène ciblant un groupe humain spécifique. Ce n’est pas un hasard si les militaires ainsi que les services de renseignement du monde entier s’intéressent de près à la cartographie de l’ADN (décodage du génome humain).

Cette idée n’est pas nouvelle. En 1937, les japonais inoculent des virus et des bactéries à leurs prisonniers chinois, russes et américains afin d’en observer les effets selon les ethnies. Leurs travaux ont été récupérés par les américains après la guerre. L’état d’Israël s’est également livré à des recherches permettant le ciblage ethnique (le but étant de développer un agent touchant spécifiquement les arabes) et s’est basé sur des travaux sud-africains qui cherchaient à mettre au point une arme capable de tuer uniquement les individus à peau noire. Il ne faut pas oublier non plus le projet Paperclip, grâce auquel les Etats-Unis se sont garantis les services des plus brillants scientifiques nazis dès 1945, les faisant traverser l’Atlantique pour les faire travailler aux différents projets de guerre que l’armée américaine menait à cette époque. Cela fait donc près de 100 ans que de nombreux gouvernements étudient le moyen de développer des armes nouvelles en se basant sur des réactions chimiques et des séquences d’ADN. [11]

Fin 2001, la société britannique Acambis reçoit une commande de 155 millions de doses de vaccin contre la variole de la part du Département américain de la santé et des services humanitaires. [12] Pourquoi donc le gouvernement américain fait-il un stock de vaccin contre la variole alors que cette maladie est officiellement déclarée éradiquée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1977 ? Et que seuls deux laboratoires sont dépositaires de ce virus, l’un américain, l’autre russe ? Ces deux laboratoires ont été initialement créés à des fins de guerre bactériologique lors de la guerre froide.Si la variole a disparu, la bataille autour du devenir des stocks de virus conservés continue d’opposer les partisans de leur destruction à ceux de leur conservation. La décision de destruction avait déjà été prise pour 1993. Depuis, elle a constamment été reportée. A l’heure actuelle la décision de la destruction n’est toujours pas prise, elle est fixée à 2011. [13]Pour quels enjeux ?

Certains laboratoires ont manifesté leur opposition en avançant la nécessité de poursuivre les recherches sur ce virus pour la mise au point de tests diagnostiques et ont soutenu l’idée qu’il pourrait être entre les mains d’états peu scrupuleux, voire de groupes terroristes. En juin 2001, trois mois avant le 11 Septembre, les Etats-Unis organisent l’opération Dark Winter [14], une simulation d’attaque par la variole dans des supermarchés de trois grandes villes américaines. C’est un exercice d’alerte organisé parl’Institut de défense nationale, le Centre de recherches stratégiques international, l’Institut de prévention du terrorisme. Le journal Le Monde du 26 octobre 2001 décrit ainsi l’exercice :« L’attentat ne laissait aucune trace avant qu’une dizaine de jours plus tard les services d’urgence des hôpitaux ne soient submergés de malades. Les personnes contaminées ayant, à leur insu, infectées leur entourage, l’épidémie se serait répandue dans tout le pays avant d’être détectée. En deux mois, elle aurait fait un million de morts. Seul remède, le vaccin antivariolique. Le gouvernement américain vient donc de décider d’une commande de 40 millions de doses de vaccin qui s’ajouteront aux 15 millions de doses déjà stockées et envisagent de constituer un stock de 300 millions de doses. »
Pourtant la variole n’est pas contagieuse pendant l’incubation alors il est impossible que les personnes infectées, mais non malades, contaminent les autres, les critères retenus pour cette stimulation sont manifestement incohérents avec le mode opératoire de la variole. Il a même été envisagé que des terroristes auraient pu se laisser contaminer par la variole puis se promener dans le métro et en ville pendant huit jours afin de contaminer un maximum de personnes. C’est tout à fait contraire aux capacités réduites de contamination de ce virus.

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En décembre 2002, le Pentagone révèle ses plans en cas d’épidémie de la variole. Cette autorité militaire argue que, compte tenu du fait que la variole est complètement éradiquée, un seul cas déclaré de cette maladie serait considéré comme résultant d’une attaque terroriste. Le gouvernement américain dit craindre que certaines souches aient pu être volées en Russie et vendues au marché noir à l’Irak. L’armée pourrait être appelée à assurer l’ordre dans les zones où une quarantaine serait imposée, pour le cas où une épidémie de variole éclaterait aux Etats-Unis à la suite d’une attaque bactériologique. Une campagne massive de vaccinations est préconisée, en commençant par les personnels de santé, et jusqu’à 500.000 militaires susceptibles de contracter la variole sur des champs de bataille. La commande du Pentagone inclut également le Vistide, un antiviral censé réduire les effets secondaires de la vaccination antivariolique ou traiter l’infection déclarée. Ce médicament est produit par les laboratoires Gilead Sciences dont le Secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld, est le principal actionnaire après en avoir été administrateur jusqu’en 2001.

A la même époque, le journal The Independent rapporte que des scientifiques britanniques ont pour idée d’exhumer les corps de victimes de l’épidémie dite de la « grippe espagnole » qui est le virus de la pandémie la plus mortelle de l’histoire récente. (En quelques mois seulement de l’année 1918, la pandémie fit plus de victimes que la première guerre mondiale qui se terminait cette même année). Depuis 1997, de leur côté, deux groupes de biologistes moléculaires et de virologistes américains, dirigés par le docteur Jeffery Taubenberger (Institut de pathologie des forces armées, Washington) sont sur la trace de ce virus et ont annoncé en avoir retrouvé des fragments dans des tissus prélevés chez un américain mort de cette grippe, à l’âge de 21 ans, en 1918, en Caroline du Sud. Ils sont parvenus à recréer en laboratoire le virus et espèrent que ces résultats aideront à établir les bases moléculaires de la pathogénicité virale et, ainsi, à faciliter la mise au point de vaccins et de médicaments efficaces. [15]
Ils ont établi ainsi qu’il s’agissait d’un virus d’origine aviaire de sous-type H1N1. Selon le docteur Taubenberger, la pandémie de « grippe espagnole » a démarré en mars 1918 au Kansas dans l’une de ces fermes où existait alors une grande promiscuité entre canards, porcs et éleveurs. Cette variante de la grippe aurait donc trouvé le moyen de passer de l’animal à l’homme par le biais d’une mutation.Les chercheurs américains ont ensuite retrouvé la trace du même virus en Alaska, dans les tissus pulmonaires d’une femme décédée en 1918. Avec l’aide des techniques sophistiquées de la génétique inverse, ces chercheurs ont pu identifier les huit gènes du virus. Ils ont également réussi à créer ce matériel génétique « nu » qui, intégré à des cellules rénales humaines en culture, a permis, en quarante-huit heures, de recréer un agent pathogène que l’on croyait disparu depuis quatre-vingt-cinq ans.

Exhumer des corps pour obtenir un échantillon d’un virus disparu depuis près de cent ans et prendre le risque de faire resurgir l’épidémie. A quoi jouent donc ces apprentis sorciers ?

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En 2002, apparaît la pneumonie atypique, le SRAS, en Chine dans les environs de Hong-Kong. Entre le début novembre 2002 et début juillet 2003, elle touche presque 8500 personnes et fait 916 décès. En septembre 2003, de nouveaux cas apparaissent à Singapour, la cause de ce rebond semble due à un mauvais confinement du virus en laboratoire. Cette épidémie survient au moment même où est lancée la guerre totale contre le terrorisme, et la guerre Anglo-Américaine contre l’Irak sous prétexte que Saddam Hussein aurait accumulé un arsenal d’armes bactériologiques. Cette épidémie émergente complète opportunément les effets de la campagne contre le bioterrorisme. A l’époque, l’OMS lance un plan de crise pour éradiquer l’épidémie de pneumonie atypique. Davis Heymann, de l’OMS, déclare, à propos de la pneumonie atypique : « Nous n’avons jamais rencontré une épidémie aussi généralisée, à une aussi grande échelle ». Le Dr Stohr, virologue de l’OMS en charge de la coordination internationale des laboratoires, ajoute : « C’est la première fois qu’un réseau mondial de laboratoires échange ainsi des informations, des échantillons, des prélèvements sanguins et des images. Il n’y a plus de secrets, plus de jalousie, ni de compétition, face à une telle urgence sanitaire mondiale. C’est un réseau phénoménal ! ».

Entre temps, en avril 2003, un pavé dans la mare des communiqués des autorités provient de Russie. D’après Sergei Kolesnikov, membre de l’académie de Médecine, le virus est un cocktail de ceux de la rougeole et des oreillons, mélange qui ne peut pas apparaître spontanément dans la nature. « Nous ne pouvons l’obtenirqu’en laboratoire » a-t-il confié à l’agence de presse RIA Novosti lors d’une conférence à Irkoutsk en Sibérie. [16] A son avis, il s’agirait d’une arme bactériologique échappée d’un laboratoire et il existerait nécessairement un antidote tenu secret. Le Dr Nikolai Filatov, qui dirige les services d’épidémiologie de Moscou a, de son côté, confié au quotidien la Gazeta que la maladie a été fabriquée. De même, l’Institut of Science in Society de Londres évoque la possibilité que des expériences de génie génétique aient pu créer le virus de la pneumonie atypique, même par inadvertance. Il n’a cependant pas été jusqu’à envisager ouvertement l’hypothèse d’une création intentionnelle comme les scientifiques russes.

Dernier rebondissement, le 7 octobre 2008, le chef de la sécurité nationale de Taïwan déclare qu’il n’était pas exclu que l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère de 2002 ait eu pour origine des recherches menées par Pékin sur les armes biologiques. Il a cependant reconnu qu’il n’avait pu recueillir aucune preuve à l’appui de cette thèse. Cette accusation est portée dans un contexte de conflit larvé entre la Chine et les Etats-Unis. [17]

Que ce virus ait été relâché ou qu’il se soit échappé, sa propagation permet d’évaluer le temps de réponse des autorités et des laboratoires face aux armes bactériologiques. Un virus faiblement létal de fabrication humaine, c’est l’ídéal pour étudier le mode et la vitesse de propagation d’une arme virale.

LE BOUCLIER BIOLOGIQUE, ILLUSION OU ALIBI ?

Aucun état ne peut s’engager dans un programme d’utilisation offensive des armes biologiques sans s’assurer au préalable que sa population civile est protégée, ou plus précisément que soit maintenu un ordre civil efficace capable de conserver l’infrastructure nécessaire au fonctionnement du programme. Il serait suicidaire et criminel de la part de l’administration Bush de lancer une guerre biologique dite « préemptive » sans avoir mis en place au préalable un programme de « Défense Civile ». Celui-ci est en marche forcé depuis 2003.

8700816.jpgAnnoncé à grand renfort de déclarations mobilisatrices pour contrer les effets d’une éventuelle attaque bio-terroriste sur le sol américain, un programme massif de Biodéfense est lancé, coordonné par le Homeland Security Service. L’organisme public National Institute of Allergy and Infection Diseases (NIAID) [18] qui fait partie du réseau des centres de recherche spécialisés dans la santé aux Etats-Unis ( National Institutes of Health), est en première ligne de ce programme qui comprend trois volets essentiels : développer des parades thérapeutiques contre les principaux agents pathogènes connus, constituer des stocks stratégiques de vaccins et de médicaments et mettre en place des structures d’intervention rapide. Ce programme a été doté de la somme considérable de près d’une centaine de milliards de dollars sur 10 ans. Une part importante de ces crédits est allée au projet BioShield (bouclier biologique). Inauguré en 2004, il s’appuie sur diverses entreprises pharmaceutiques faisant d’elles des partenaires de défense. Celles-ci sont chargées de produire des produits permettant de faire face aux principaux risques qui seront stockés au Strategic National Stockpile. Sept produits ont été retenus : bacille du charbon, variole, tularémie, toxine botulique, fièvres hémorragiques et peste. Ces maladies sont propagées par des germes (bugs) spécifiques, pour lesquels il faut concevoir des remèdes (drugs)spécifiques. Le projet Bioshield [19] repose donc sur le principe : «  one bug, one drug  ». Ainsi des millions de doses de vaccins contre l’anthrax ont été fabriquées, à l’usage prioritairement des forces de sécurité et de défense.

Mais les entreprises pharmaceutiques ne se sont pas empressées de répondre aux appels d’offre, celles-ci préférant investir sur des produits de grande consommation plutôt que dans la prévention de maladies encore inconnues ou peu probables. Ainsi Marie Vodicka de la Pharmaceutical Research and Manufacturers of America déclare : « La vocation de nos compagnies est de subvenir aux besoins actuels en matière de santé et ce facteur doit être pris en compte lors de l’examen des menaces théoriques futures. »

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Mais c’est au tour du Center for Biosecurity [20] de l’université de Pittsburgh de tenir un discours alarmiste en prévenant que les Etats-Unis restaient incapables de se prémunir contre les effets d’une attaque un tant soit peu consistante à l’anthrax. Le gouvernement exerce une pression acharnée pour développer son programme. Outre les laboratoires fédéraux largement sollicités, les industriels de la pharmacie sont vivement encouragés à participer à cette croisade contre ces nouveaux ennemis de la nation. Pour permettre aux grandes entreprises du secteur pharmaceutique, et accessoirement à celles qui fournissent des équipements de protection de faire face à leur devoir patriotique sans redouter d’être mises en cause en cas de problème avec l’un de leurs produits, la loi sur la Homeland Security prévoit de réduire considérablement leur responsabilité. Elles peuvent ainsi fournir à l’armée ou aux services publics n’importe quel produit défectueux, vaccin dangereux ou médicament mortel, sans courir le risque d’un procès ruineux. « Cela doit être un partenariat public privé pour être efficace », résume Anthony Fauci, principal architecte de BioShield. Pour convaincre les « big pharmas », Washington leur consent des conditions très favorables. L’Etat fédéral s’engage à acheter et à stocker les médicaments qui sortiront des laboratoires. Parallèlement, le NIAID [21] entend procéder au séquençage des génomes des principaux agents pathogènes connus. Ces travaux sont eux aussi considérés comme très stratégiques. Pour preuve, les membres participant à la commission intergouvernementale créée dans ce but : le DoD, la CIA, le FBI, la National Science Foundation et le NIAID.

Les spécialistes du bio-terrorisme dénoncent le côté illusoire voire dangereux d’un tel programme car la production des vaccins à grande échelle multiplie les risques d’évasions accidentelles ou criminelles. Quant à la pertinence du plan lui-même, plusieurs observateurs estiment que des bio-terroristes motivés et compétents feraient probablement appel à des souches génétiquement modifiées et par définition sans antidote connu. Une meilleure solution serait de développer des remèdes à large spectre actif contre une grande catégorie de virus et microbes. Une approche défensive sur le modèle du remède à large spectre demande des recherches fondamentales approfondies, afin de définir des structures et fonctions communes entre différents pathogènes, eux-mêmes susceptibles de muter spontanément ou artificiellement. Il ne s’agirait plus par ailleurs seulement de prévenir mais de réagir après contamination. Les autorités sanitaires américaines semblent avoir compris l’intérêt de cette démarche car le DoD vient de lancer une nouvelle initiative dite « Transformational Medical Technologies Initiative » [22]. Mais le projet Bioshield présente une autre faiblesse. Quels que soient les remèdes développés, encore faudrait-il les distribuer en temps utile aux populations. LeStrategic National Stockpile devrait en effet, en cas d’offensive bio-terroriste, distribuer très rapidement à plus de 3.000 administrations de terrain le remède adapté. Or ces administrations ont été laissées dramatiquement à l’abandon. Ni leurs effectifs ni leurs méthodes de travail ne leur permettraient de réagir efficacement comme cela a déjà été constaté à la suite de l’ouragan Katrina.

Le projet Bouclier Biologique est marqué par des retards et des problèmes opérationnels et le 12 décembre 2006, le Congrès adopte une loi approuvant un budget d’un milliard de dollars US pour financer trois années de recherches supplémentaires par le secteur privé sur ce programme.

L’ANTHRAX, UNE SAGA INTERMINABLE

Les deux guerres du Golfe

En 1990, l’administration Bush senior se prépare à la guerre contre l’Irak. Le ministre de la défense d’alors, Dick Cheney, ordonne que tous les soldats américains envoyés sur la zone d’hostilité soient vaccinés contre l’anthrax (ou maladie du charbon) et la toxine botulique avec des produits qui n’ont pas eu encore l’accord de la Food an Drug Administration (FDA) et sans le consentement éclairé des personnes concernées. Cheney craint-il l’effet « retour de bâton » sur ses troupes car connaissant la livraison secrète de ces agents pathogènes, par Rumsfeld à Sadam Hussein, lors de la guerre Irak-Iran dans les années 1980 ?
Où favorise-t-il, sous prétexte de prévention, les intérêts financiers du seul laboratoire fabricant les vaccins contre la maladie du charbon, le laboratoire du MBPI dans le Michigan qui dépend uniquement du département de la Défense (DoD) pour passer ses contrats et qui recrute donc des responsables militaires en son sein ? Le secteur pharmaceutique est bien représenté au sein même de l’administration en la personne de Donald Rumsfeld lui-même, qui a dirigé Searle (devenu Pharmacia) de 1977 à 1985, puis Amylin Pharmaceuticals et Gilead Science, jusqu’à sa nomination au poste de secrétaire à la Défense.

Les troupes américaines et anglaises engagées dans la première guerre du Golfe sont ainsi le champ d’une expérimentation médicale réelle à grande échelle qui semble être en grande partie responsable du « Gulf War Syndrom » qui touche la plupart des vétérans de ce conflit. Bush senior, Cheney, les généraux Colin Powell et Norman Schwarzkopf ont violé le Code de Nuremberg sur l’expérimentation médicale en obligeant leurs forces armées à prendre ces vaccins expérimentaux. Le Pentagone refuse toujours de reconnaître aujourd’hui l’existence du syndrome de la guerre du Golfe car il faudrait alors que les décideurs de l’époque, toujours en place aujourd’hui, en assument les conséquences légales, économiques et politiques.

En décembre 1996, MBPI fait l’objet d’une enquête de la FDA, qui débouche sur la menace d’une révocation de la licence du laboratoire fin 1997. Le Pentagone avait annoncé en mars qu’il allait lancer une campagne de vaccination de l’ensemble de ses troupes. Mais l’avertissement de la FDA contraint la société à cesser son activité pour rénover ses installations début 1998. Elle est alors cédée à une firme inconnue, BioPort Corporation, qui l’achète 25 millions de dollars, en septembre 1998, après avoir été assurée d’une subvention du Pentagone d’un montant de 15 millions de dollars pour la rénovation des installations. Un mois après ce rachat, un contrat inespéré de 29 millions de dollars est signé avec le DoD pour « produire, tester, embouteiller et stocker le vaccin contre l’anthrax ». Le Pentagone relance officiellement son projet de faire vacciner les 2,4 millions de soldats, marines et pilotes de chasse qui servent sous les drapeaux en mai suivant.

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BioPort est fondée sur la base d’un consortium créé pour l’occasion de la reprise de MBPI. Dans le cas d’une industrie aussi sensible que la production de vaccins pour l’anthrax, dépendante exclusivement de contrats militaires, le Pentagone a probablement influé sur la composition de son capital et de son organigramme. On retrouve en effet, au poste de président, l’amiral William J. Crowe Jr, devenu chef d’état-major interarmes sous R. Reagan et G. H.W. Bush. Il est membre du Council on Foreign Relations(CFR) [23] dont il a présidé un groupe de travail, en février 2001, sur les moyens de prémunir les États-Unis contre la menace terroriste. Crowe détient 22,5 % de la société Intervac L.L.C, le reste étant concentré entre les mains de la famille El-Hibri dont Fuad El-Hibri, ressortissant allemand d’origine libanais, apparaît comme le véritable patron d’Intervac. Comme les Bush, il a fait ses études à Yale. Il a pris la nationalité états-unienne et est aujourd’hui directeur et président-directeur général de BioPort. BioPort appartient au groupe Carlyle au conseil d’administration duquel siège Bush senior et un frère de Oussama ben Laden et Fuad El-Hibri est lui-même un proche de la famille ben Laden

Un autre groupe est le détenteur du brevet de l’antibiotique Cipro permettant de traiter l’Anthrax, c’est la firme allemande Bayer, qui en détient l’exclusivité jusqu’en janvier 2003. Le groupe se trouve en grande difficulté financière à l’automne 2001. Il doit en effet faire face à une série de fusions coûteuses et à un grand nombre de procès pour la commercialisation d’un de ses médicaments qui a provoqué plusieurs décès.

BioPort, de son côté accusée de malfaçon et de fraude par la FDA depuis 1997, a absolument besoin d’un agrément pour reprendre sa production. Le dossier doit être discuté devant l’Agence fédérale au début du mois d’octobre. Les allégations des vétérans de la guerre du Golfe liant les vaccinations à l’anthrax qu’ils ont subi au fameux « syndrome de le la guerre du Golfe » dont ils souffrent ne plaident pas en faveur de la société.
Pour Bayer, comme pour BioPort, tout événement lié à la maladie du charbon qui convaincra les pouvoirs publics de la nécessité de se prémunir contre le bio-terrorisme sera une aubaine.. [24]

Les lettres à l’Anthrax

Le 11 septembre 2001, alors que toutes les forces armées sont en alerte, le laboratoire de Fort Detrick au Maryland est évacué. Depuis les années soixante, ce laboratoire met au point des armes biologiques à partir du virus Ebola, de la variole et de l’anthrax. Vers 15 heures, CNN annonce que les équipes du centre épidémiologique fédéral basé à Atlanta et la chaîne d’information continue sont mobilisées : une attaque du pays à l’anthrax par Oussama ben Laden est imminente. Cette alerte ne se concrétise heureusement pas mais la psychose de l’anthrax commence. Ce même jour se déroulait un exercice appelé « Tripod I » qui simulait une attaque bioterroriste au dessus de New York. Pour ce faire, l’Office of Emergency Managment, le siège de la cellule de gestion de crise créée au début 2001 déménagea du WTC deux jours avant les attentats.

Un mois plus tard, les Etats-Unis subissent de nouvelles attaques traumatisantes avec l’envoi de premières lettres contenant cet agent pathogène adressées au Sun le 8 octobre et à la chaîne NBC le 12. Un troisième cas d’anthrax respiratoire est également recensé au sein de l’American Media Inc. La piste privilégiée par le FBI est celle de l’épandage d’anthrax dans l’air par des fondamentalistes musulmans. La panique s’empare de la population, qui se rue sur le Cipro sous l’effet du discours alarmiste propagé par les autorités et malgré l’avertissement des spécialistes en bioterrorisme qui pensent que la souche utilisée est certainement militaire et a donc été conçue pour résister aux traitements connus.

Depuis plusieurs mois, l’hypothèse de l’utilisation du bacille de charbon par des organisations terroristes était avancée par plusieurs responsables états-uniens. Donald Rumsfeld, le devin du « Pearl Harbor spatial » était l’un d’entre eux. En effet, dès le 16 septembre, le secrétaire à la Défense annonçait qu’« une [nouvelle] attaque de terroristes peut arriver à tout moment. [...] Ils peuvent nous menacer de guerre chimique, biologique, de missiles ». Bush et son état major, sur les conseils de Jérôme Hauer, conseiller à la sécurité aux National Institutes of Health(NIH), se mettent quant à eux à absorber le Cipro dès le 11 septembre. Comment Jerôme Hauer a-t-il pu anticiper un risque aussi spécifique ? Les députés et le personnel du Congrès reçoivent du Cipro seulement lorsque des lettres à l’anthrax sont trouvées au Capitole.

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Ces lettres sont destinées aux sénateurs démocrates, Daschle et Leahy, parlementaires opposés à l’USA Patriot Act. La salle du courrier du Congrès et les machines de tri ont été exposées à l’anthrax, les travaux parlementaires sont suspendus et les bâtiments évacués pour décontamination. On trouve des traces du bacille au département d’État et jusqu’au siège de la CIA. Le 23 octobre, le président Bush déclare « Je n’ai pas l’anthrax ! », ce qui laisse supposer que nul ne semblait à l’abri. La psychose est à son comble.
Bayer signe alors un accord avec le gouvernement pour la fourniture de 100 millions de tablettes Cipro au prix de 95 cents l’unité. Trois grandes sociétés pharmaceutiques ont pourtant proposé de fournir gratuitement un générique du Cipro, en échange de l’agrément de la FDA. L’offre est refusée.

Dans la foulée, la FDA accorde l’autorisation à BioPort de reprendre la production de vaccins contre l’anthrax, tandis que le gouvernement ressort son projet de vaccination de l’ensemble des troupes. Les affaires reprennent pour Bayer et BioPort.

Suspect de la première heure, Ayaad Assaad, un ex-biologiste de l’US Army Medical Research Institute of Infectious Diseases (USAMRIID) [25], d’origine égyptienne, est désigné par une lettre anonyme envoyée au FBI l’identifiant comme appartenant à une cellule terroriste peut-être liée aux attaques à l’anthrax. Elle a été envoyée avant l’arrivée des lettres à l’anthrax, ce qui laisse suggérer une connaissance préalable des attentats, et dans un langage similaire aux lettres mortelles. Ayaad Assaad fait un coupable idéal. D’origine arabe, il avait aussi intenté un procès à l’armée US pour discrimination. Si les lettres à l’anthrax ne contiennent pas de revendication, elles comportent un double message de haine envers Israël et les USA, et de gloire à Allah. Pourtant, selon le Hartford Courant, le FBI n’a pas cherché à retrouver l’auteur de la lettre, «  en dépit de son calendrier curieux, à savoir quelques jours avant que l’existence de lettres contaminées à l’anthrax ne soit connue. » Assaad a été rapidement mis hors de cause et la piste éludée.
Cette lettre démontre pourtant une connaissance intime des activités de l’USAMRIID, ce qui suggère qu’elle provient d’un groupe ayant l’accès à Fort Detrick. « L’auteur des lettres savait clairement tout sur moi : ma formation en agents chimiques et biologiques, mon accréditation de sécurité, à quel étage je travaille, que j’ai deux fils, le train que je prends pour aller travailler et où je vis » confie Assaad à la journaliste Laura Rozen. Il suggére au FBI de questionner deux de ses ex-collègues de l’USAMRIID susceptibles d’avoir une rancune contre lui : Philip Zack et Marian Rippy, lesquels quelques années auparavant avaient été réprimandés pour avoir envoyé à Assaad un poème raciste. Bien que la vidéo du Hartford Courant ait apporté la preuve que Zack avait fait des visites en dehors des horaires de bureau dans les laboratoires où étaient entreposés des agents pathogènes, il n’existe aucun dossier montrant que le FBI ait jamais enquêté sur lui ou sur Rippy. Zack a également été consultant chez Gilead, son nom apparaît dans une étude commandée par cette entreprise.

51c1bK+HLML._SX305_BO1,204,203,200_.jpgL’enquête baptisée Amerithrax mobilise des centaines d’agents fédéraux, donne lieu à plus de 8000 interrogatoires et 5000 assignations à comparaître. Dix-neuf laboratoires testent l’anthrax pour en découvrir l’origine. Les pistes du terrorisme international sont explorées, plusieurs lettres contenant des menaces à tonalité islamiste examinées. Mais la seule certitude de l’enquête mène à un centre de recherche de l’armée car selon un rapport de Barbara Hatch Rosenberg de la Fédération des Scientifiques d’Amérique, l’anthrax utilisé lors de ces attaques était concentré à un trillion de particules par gramme et les analystes du New Scientist affirment que cela correspond à la souche « Ames » laquelle provient de l’USAMRIID à Fort Detrick .
Barbara Rosenberg fournit à Jérôme Hauer, une liste d’une douzaine de suspects potentiels, notamment des scientifiques de divers instituts dont l’USAMRIID car, selon elle, seul un chercheur avait les capacités de la produire, de la dérober et de la transporter.

Un autre suspect émerge alors, pour le moins digne d’intérêt, suite à une fuite du ministre de la justice en personne. C’est le Dr Stephen J. Hatfill, microbiologiste accrédité secret-défense pour les recherches sur les armes biologiques. Spécialiste du bio-terrorisme, il est alors consultant pour la CIA, le Pentagone et le FBI. Son parcours est trouble. Travaillant pour le Pentagone depuis 1969, il part en Rhodésie dans les années 1980, se mettre au service du pouvoir en place. A la même époque, une épidémie de charbon touche des fermiers noirs. Puis, on le retrouve en Afrique du Sud, proche d’un chef de parti qui mène des actions contre des militants anti-apartheid. Il revient aux USA en 1995 et intègre le NIH. Il travaille à l’USAMRIID de 1997 à 1999. Enfin, il entre à la Scientific Applications International Incorporation (SAIC) [26]. Il se serait inventé un doctorat, une appartenance à la société royale de médecine. Sur son ordinateur, on trouve l’esquisse d’un roman racontant un attentat bio-terroriste. Hatfill a été aussi l’un des vecteurs de la fausse information selon laquelle l’Irak disposait des moyens technologiques pour fabriquer le meilleur anthrax au monde. Une histoire qui est plus tard reprise et amplifiée sous la forme des fameuses armes de destruction massive de Saddam Hussein. Il a eu l’occasion de côtoyer Jérôme Hauer à la SAIC au Centre Technologique et d’Analyse pour la Lutte contre le Terrorisme. Lors de son séjour en Rhodésie, il habitait dans le quartier de Greendale près de l’université où il enseignait. Les lettres à l’anthrax portaient le cachet « Greendale School », lieu inconnu en Amérique.

Pendant des mois, le Dr Hatfill est placé sous surveillance jour et nuit, sans résultat. Son accréditation secret-défense lui est retirée, il est suspendu de son travail mais garde son salaire. Le FBI se refuse à le désigner formellement comme suspect et, en 2005, il se retourne contre le gouvernement et le FBI pour fausse accusation.

Et sept ans après que les attaques d’anthrax ont entraîné la fermeture temporaire du Congrès, semé la panique dans tout le pays, tué 5 personnes et rendu malade 17 autres, en avril 2008, on apprend que le FBI se concentre sur 4 suspects. Fox News les identifie comme un ancien commandant adjoint, sans doute de l’US Army, un scientifique leader sur l’anthrax et un microbiologiste. Le quatrième suspect n’est pas décrit mais le FBI proclame tenir son homme en la personne de Bruce E. Ivins, scientifique à la renommée mondiale et couvert de décorations qui a travaillé au service de son pays pendant plus de 33 ans. Il travaillait depuis 18 ans dans le laboratoire de l’USAMRIID et, ironie du sort, c’est Ivins qui avec d’autres enquêteurs, avait aidé les enquêteurs du FBI dans le cadre de l’analyse d’une des enveloppes contenant de l’anthrax. Le FBI est « confiant dans le fait que le Dr Ivins est la seule personne responsable de ces attaques  ». Mais la première semaine d’août 2008, son suicide est annoncé. Selon les médias américains qui sont les premiers à rapporter l’affaire, M. Ivins est déclaré mort dans ce qui ressemble à un suicide par une overdose de Tylenol (paracétamol) mélangé à de la codéine. Son avocat, Paul Kemp, dit qu’Ivins avait passé un certain nombre de tests au détecteur de mensonges et que le jury qui devait décider de sa mise en accusation en avait encore pour des semaines à rendre son acte d’accusation. Ivins s’est plaint à des amis que les agents le traquaient lui et sa famille. Le superviseur de Ivins à l’USAMRIID rapporte que celui-ci avait été émotionnellement affecté par le comportement du FBI.

Quelques jours après sa mort, le FBI annonce qu’il va mettre fin à l’enquête Amerithrax. « Le dossier Anthrax est bouclé  » claironne le Daily News le 4 août. Ces annonces en suivent de près une autre, beaucoup plus discrète, le 27 juin, concernant le précédant suspect, Steven Hatfill qui porte sur la fin de son procès. Le gouvernement américain a dû lui verser 5,8 millions de dollars en compensations morales pour des accusations désormais considérées non fondées.

Francis Boyle, professeur de droit international et rédacteur de la loi de mise en application de la CAB, qui conseilla le FBI lors des enquêtes préliminaires sur les lettres à l’anthrax, dit de Ivins qu’il paraît difficile qu’il ait eu la connaissance technologique nécessaire à la production de lettres à l’anthrax. Jeffrey Adamovicz, qui dirigea la division bactériologique à Fort Detrick en 2003 et 2004, déclare que l’anthrax envoyé par courrier au sénateur Daschle était « si concentré, si consistant et si pur que j’affirmerais que Bruce ne pouvait pas avoir participé à ce travail ». Faisant suite à la publication du FBI concernant Ivins, le New York Times affirme dans un éditorial qu’« il n’existe pas de preuve directe de sa culpabilité » et dénonce le « manque de charges solides et incontestables. » Les enquêteurs ne sont pas parvenus à localiser Ivins dans le New Jersey lorsque les lettres ont été envoyées depuis la région de Princeton. Le mobile n’a pas non plus été établi. Pourquoi Ivins, un démocrate attitré, aurait réservé aux sénateurs Patrick Leahy et Tom Daschle (deux démocrates influents) l’envoi des lettres meurtrières ?
Il semble improbable qu’un savant fou puisse se spécialiser dans de telles activités politiques ciblées sans raison apparente. Le Dr Gerry Andrews, un professeur de microbiologie et ancien collègue de Ivins à Fort Detrick, a écrit dans le New York Times : « Quand l’équipe d’Ivins a analysé la poudre, elle a constaté qu’il s’agissait d’une arme à l’anthrax dont la qualité de préparation des spores était étonnamment raffinée, à un point jamais vu avant par le personnel à Fort Detrick. » Mais dans un email obtenu par Fox news, des scientifiques de Fort Detrick ont ouvertement évoqué le fait que l’anthrax qu’on leur a demandé d’analyser suite aux attaques était quasiment identique à celui fabriqué par leurs collègues.

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Si les scientifiques de Fort Detrick n’ont pas la capacité de produire ce type de bacille du charbon, qui l’a ? Et si le FBI a la conviction que le tueur à l’anthrax travaillait à Fort Detrick (des nouvelles techniques ADN ayant permis opportunément d’associer les spores à ce laboratoire), alors la lettre au sujet d’Assaad est une pièce maîtresse qui innocente Ivins. Beaucoup de questions sans réponse encore à ce jour mais peut-être que si la recherche de preuves basées sur les spores de la maladie du charbon était correctement menée, elle conduirait directement au programme secret de guerre biologique des Etats-Unis, programme illégal violant l’Anti-Terrorism Act de 1989 sur les armes bactériologiques. En effet, les défaillances choquantes du FBI ne s’arrêtent pas là. L’anthrax utilisé dans les attentats terroristes a donc été identifié comme étant similaire à une des souches conservées aux laboratoires de Ames. La base de données Ames conserve la liste complète des entités, des organismes et des laboratoires ayant fait l’acquisition de souches d’anthrax. Lorsque les chercheurs, par peur que les terroristes ne pénètrent dans le laboratoire, ont proposé de détruire les cultures d’anthrax, le FBI n’a pas fait d’objection. « Ce fut une étonnante décision » a déclaré Francis Boyle. « Ils auraient dû les conserver comme preuve. Il s’agissait de la piste qui menait vers celui ou ceux qui avait accès au développement de la super-souche qui a frappé Daschle et Leahy. » Boyle émet la théorie que l’enquête du FBI a été volontairement sabotée pour opérer une dissimulation. Il est à noter que l’agent du FBI en charge de la coordination de l’enquête sur l’anthrax est Marion « Spike » (la censure) Bowman qui a joué un rôle surprenant dans le fiasco de l’ordinateur de Moussaoui qui eut pour conséquence que les agents de terrain de Minneapolis s’en virent refuser l’accès.

William C. Patrick III est l’inventeur du processus de transformation, en arme biologique, de l’anthrax dit de type « Ames ». Il est aussi l’auteur d’un rapport, de 1999, auquel a participé Steven Hatfill, qui étudie les réponses possibles à une attaque à l’anthrax par courrier. Ce rapport qui a été classifié par la CIA met en garde contre une attaque bioterroriste à l’anthrax et note l’impréparation militaire en la matière. Il décrit ce que l’armée US devrait faire. Les similitudes entre ce que le rapport prédit et les attaques à l’anthrax de l’après 11 Septembre sont étranges. La BBC suggéra plus tard la possibilité qu’il existât un projet secret de la CIA visant à étudier les méthodes d’envoi d’anthrax par la poste qui serait devenu hors de contrôle et que le terroriste à l’anthrax connaissait l’existence de cette étude ou y avait participé. La CIA et William Patrick ont nié l’existence de ce rapport, bien que des copies de celui-ci aient fait l’objet de fuites dans les médias.

LA GRIPPE AVIAIRE, UNE INTOXICATION MONDIALE

« Sommes-nous à la veille d’une catastrophe mondiale résultant du passage imminent dans l’espèce humaine d’un virus grippal hautement pathogène d’origine animale ? Est-on au contraire en train de noircir, à l’envi, une situation épidémiologique, et ce alors même qu’aucun expert au monde ne peut raisonnablement prédire comment elle pourra évoluer à court, moyen ou long terme ?  » Le Monde du 29 septembre 2005.

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De 2003 au 23 septembre 2008, le bilan humain de la catastrophe attendue de la pandémie de grippe aviaire est de seulement 245 décès sur 387 cas confirmés biologiquement et notifiés à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Il existe énormément de souches différentes de virus aviaires, retrouvés chez les oiseaux migrateurs, certains peu pathogènes et d’autres hautement pathogènes comme le virus grippal Influenza A, dans son sous-type H5N1, qui peut se décliner à son tour en de nombreux variants, plus ou moins pathogènes. Ces formes virales n’infectent pas facilement l’homme. La grippe provoquée par le sous-type H5N1 est appelée « grippe aviaire », et n’affectait que les oiseaux sauvages ou domestiques avant 1997. C’est à compter de cette date que l’on signale les premiers cas d’infection chez l’homme. L’épidémie s’est déclarée à Hong-Kong, où 18 cas chez les humains, dont six décès, ont mené à l’abattage massif de poulets dans les régions présumées comme étant la source du virus.

A ce jour, on a signalé des cas humains dans sept pays, pour la plupart en Asie : Cambodge, Chine, Indonésie, Iraq, Thaïlande, Turquie et Viet-Nam. Les premiers patients de la flambée actuelle, notifiés au Viet-Nam, ont développé les symptômes fin 2003. Avec plus de 90 cas, ce pays reste le plus touché. Tous les cas humains ont coïncidé avec des épizooties de grippe aviaire H5N1 dans les populations de volailles. Globalement, plus de la moitié des cas humains confirmés en laboratoire ont été mortels mais la grippe aviaire H5N1 reste une maladie rare chez l’homme.

Cette affection est transmissible entre volatiles et plus rarement à des mammifères, dont le porc qui est à la fois réceptif aux virus grippaux aviaires et humains ; mais elle est habituellement difficilement transmissible à l’humain. Lorsque la souche est hautement pathogène, ce virus peut se transmettre exceptionnellement à l’homme. La transmission s’effectue avec des contacts directs, fréquents et intensifs, avec des sécrétions respiratoires ou des déjections d’animaux infectés. Une transmission du virus aviaire à l’homme risque de favoriser des échanges de matériel génétique entre les deux virus chez une personne déjà contaminée par le virus de la grippe humaine. Un tel réassortiment génétique entre ces deux virus pourrait engendrer l’apparition d’un nouveau type de virus susceptible de s’adapter plus facilement à l’homme. Ce mécanisme faciliterait ainsi la transmission inter humaine de ce nouveau type de virus qui pourrait diffuser sur un mode épidémique.

A l’heure actuelle, rien ne permet de présager que la grippe aviaire provoque chez l’homme une pandémie, c’est exclu tant que le virus H5N1 ne se transmet pas de personne à personne. Malgré cela, alors que la grippe aviaire reste circonscrite en Asie du Sud-Est, l’OMS multiplie, depuis début 2005, les messages d’alerte auprès de la communauté internationale sur le risque d’une pandémie de grippe aviaire. A ce jour, la menace ne touche pourtant que l’industrie de la volaille dans les zones concernées. En effet, les responsables sanitaires doivent détruire les élevages de manière à prévenir une éventuelle propagation du virus et environ 150 millions de poulets et diverses volailles ont dû mourir, soit de cette grippe aviaire, soit par abattage de prévention.

Devons-nous nous vraiment nous préparer à une épidémie de grippe comparable à celle de la grippe espagnole en 1918-1919 qui était également d’origine aviaire ? Une pandémie, c’est en quelque sorte la guerre mondiale des épidémies.

Pourquoi le gouvernement des États-Unis et d’autres pays occidentaux dépensent-ils des centaines de millions d’argent des contribuables pour stocker un soi-disant vaccin anti-H5N1 ? Il est impossible de créer un vaccin contre un virus qui n’existe pas encore. Si un vaccin contre la grippe aviaire dans sa forme pandémique est développé, cela signifie que le virus pandémique préexiste naturellement ou qu’il a été créé en le cultivant suffisamment longtemps dans des cellules souches humaines. Tous les virus grippaux de type A impliqués dans la grippe aviaire ou la grippe humaine sont génétiquement instables, les artificiellement créés encore plus. Ces virus peuvent muter, c’est-à-dire réassortir leur matériel génétique et fusionner. C’est le phénomène constant de commutation, aboutissant à la création d’un nouveau sous-type, différent des virus dont il est issu et contre lequel les populations n’ont aucune immunité, y compris vaccinale. La fiabilité d’un vaccin demande de plus des années, ou au moins des mois, de tests sur les populations visées.

Ne devrait-on pas plutôt, comme le préconise, le docteur Angot, directeur adjoint de l’Organisation mondiale de la santé animale, « mettre le maximum de fonds dans la lutte contre la maladie animale dans tous les pays où elle existe, pour tuer la maladie à la source et par là même éviter la possibilité de mutation du virus et son adaptation à l’homme ».

Mais les pays industriels, éloignés pour l’instant des foyers de grippe aviaire, préfèrent constituer à prix d’or des réserves d’un traitement antiviral, le Tamiflu, qui n’a pourtant pas même fait pleinement la preuve de son efficacité dans la grippe ordinaire. Un rapport de l’Office canadien de coordination de l’évaluation des technologies de la santé (OCCETS), confirmait en 2001 que le Tamiflu et le Relenza (autre antiviral) ne seraient pas plus efficaces qu’un placebo dans le traitement préventif et curatif de la grippe (rapports technologiques de janvier et novembre 2001). Pire en novembre 2005, Changaï Pharmaceutical Co reconnaissait avoir répertorié au Japon, le pays où cette pilule a été la plus vendue, depuis 2001, au moins 21 morts chez les plus de 16 ans sous Tamiflu, ainsi que 13 décès d’enfants de moins 16 ans entre mars 2004 et avril 2005. Le président de l’institut de pharmacovigilance japonais, Rokuro Hama, le répète dans tous les congrès et revues scientifiques. Les Etats-Unis ont cependant constitué une réserve de Tamiflu pour un montant de 3 milliards de dollars, la France et l’Angleterre se contentant chacun de plus de vingt à 40 millions de traitements individuels.

Particulièrement coûteuses, toutes ces mesures préventives conseillées par l’OMS ont pour effet de masquer les vraies causes de la propagation de ces épizooties que sont les méthodes d’élevage concentrationnaire de l’industrie avicole.

Les laboratoires pharmaceutiques seraient-ils les premiers à tirer profit de cette catastrophe hypothétique ?

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Le Tamiflu, antiviral contre la grippe saisonnière, a été développé et breveté en 1996 par la firme de biotechnologie californienne Gilead Sciences Inc. En janvier 1997, Donald H. Rumsfeld fut nommé président du conseil d’administration de Gilead Sciences, il y est resté jusque début 2001 quand il est devenu Secrétaire à la Défense. Alors que George W. Bush annonçait sa « stratégie nationale » à 7 milliards de dollars contre une éventuelle épidémie de grippe aviaire, Rumsfeld décidait de se mettre en retrait de toute décision gouvernementale sur la maladie. En effet, le magazine financier américain Fortune révélait, le même jour, que Rumsfeld était l’heureux détenteur d’au moins 5 millions de dollars d’actions de la société Gilead Sciences. Après la publication de l’article dans Fortune, le secrétaire à la Défense a préféré prendre les devants face à de possibles accusations de conflit d’intérêt. Il a indiqué avoir déjà pensé vendre ses actions en début d’année, lorsque la question d’une pandémie possible commençait à se poser. Puis, après avoir consulté le Comité d’éthique du Sénat, les services juridiques de la Maison Blanche et le département de la justice, il avait décidé de ne pas vendre mais de s’abstenir de toute participation aux décisions concernant la grippe aviaire. La moindre des prudences quand on sait que le Pentagone a déjà commandé pour des millions de dollars de Tamiflu pour les soldats US dans le monde. Fortune révélait également quel’ancien secrétaire d’Etat Georges Schultz, moins scrupuleux ou moins exposé et qui siège actuellement au conseil d’administration de Gilead, a vendu pour 7 millions de dollars d’actions depuis le début 2005.

Le Tamiflu est un remède long et coûteux à fabriquer, dérivé de la badiane, l’anis étoilé. Le processus de transformation de cette plante chinoise en antiviral dure plus d’un an. Aussi l’entreprise s’est associée, pour sa fabrication et sa commercialisation, aux laboratoires suisses Roche auxquels Gilead cède, en 1996, tous les droits d’exploitation du Tamiflu contre 10 % des ventes qui flambent depuis les discours de prévention de l’OMS.

Curieux retournement de situation pour un médicament jusqu’à présent considéré par les hommes de l’art comme de la camelote. Les tests effectués avant la commercialisation indiquent que absorbé, dans les 48 heures suivant l’apparition des premiers symptômes de la grippe humaine, leTamiflu peut réduire la durée de la maladie d’un jour et demi. Gain modeste qui peine à rivaliser avec remèdes empiriques et aspirine. De fait, jusqu’à l’arrivée opportune de l’épizootie de grippe aviaire, le Tamiflu vendait tellement peu que Roche pensait à le retirer du marché. Si l’effet sur la grippe humaine est faible, rien ne peut garantir l’efficacité du Tamiflu sur le virus aviaire mutant car ce virus n’existe pas encore. De plus, le virus aviaire a touché tellement peu de personnes dans le monde qu’il y a peu de patients sur lesquels le tester. Il semblerait même que des chercheurs japonais aient constaté qu’en administrant ce médicament à certains malades de l’aviaire, ceux-ci développent immédiatement une résistance au principe actif, qui ne fonctionnerait donc pas du tout.

Cependant, en août 2005, un communiqué de l’OMS informe que la firme pharmaceutique Roche donne à la communauté internationale trois millions de traitements de Tamiflu qui seront destinés à la lutte contre la grippe aviaire dans les pays pauvres. « En cas de pandémie et s’il est associé à d’autres mesures, l’administration de Tamiflu pourrait aider à limiter les maladies et les morts et contenir l’explosion du virus. Ou à en ralentir la diffusion » affirme la suprême autorité pour la santé publique. Avec son obole aux pauvres et grâce à l’aval de l’OMS, le Tamiflu entre en piste dans le cirque médiatique de la grippe aviaire. Cette opération de communication réussie propage le Tamiflu comme unique antiviral qui pourrait s’opposer à la grippe aviaire humaine. En l’espace de quelques mois, et en dépit du conditionnel qui entoure l’événement pandémique, soixante nations s’assurent de réserves pour 25 % de leur population, tandis que les pharmacies sont prises d’assaut par ceux qui se méfient des promesses des gouvernements. Roche annonce que les usines travaillent 24 heures sur 24, de 2004 jusqu’à fin 2006, la production de la précieuse poudre blanche sera décuplée.

En 2005, le chiffre d’affaires du Tamiflu dépasse le milliard d’euros et la multinationale réalise le meilleur résultat de son histoire. Alors que la moitié de la planète implore qu’on augmente la production ou qu’on délivre le brevet pour permettre la fabrication de génériques, Roche fait savoir qu’il est disposé à négocier. La pression des Nations Unies et des USA s’est manifestée, mais c’est le choix de la stratégie de communication qui une fois de plus l’emporte. Roche se déclare préoccupé de la santé publique et donc, prêt à discuter les conditions de cession de la licence à qui les contactera.

Par ailleurs, l’Organisation mondiale du commerce avait établi en 2001 et confirmé en 2003 qu’en cas d’urgence sanitaire les gouvernements ont le droit de copier les médicaments, en dépit de tout brevet. Anticipant une telle étape, Roche fait figure de philanthrope et se garantit une part des royalties. Etant donné le succès de la première donation, il renchérit avec deux autres millions de traitements, le communiqué de l’OMS récitant : « Nous sommes reconnaissants à Roche de sa généreuse donation ». La production du médicament est prévue pour 300 millions de doses en 2007. Les actionnaires de Gilead se portent bien.

Fortune écrit, en novembre 2005 : « Grâce à la peur d’une pandémie, les actions de Gilead sont passées en six mois de 35 à 47 dollars. Le chef du Pentagone nous a offert un million de dollars ».

En 2007, un conflit éclate entre l’OMS et l’Indonésie qui est un des pays le plus touché par la maladie en termes de mortalité humaine. Il s’agit du dossier brûlant du partage gratuit des échantillons de virus H5N1 nécessaires pour confectionner un vaccin. En février, la ministre indonésien de la Santé, Siti Fadilah Supari, annonçait avoir signé un accord avec un groupe pharmaceutique américain, la société BAXTER International. Le contrat prévoit l’envoi gracieux de souches virales de H5N1 en échange de vaccins contre l’épidémie, à tarif préférentiel, en cas d’urgence. La connaissance des séquences virales conditionne la mise au point de vaccins et l’OMS a immédiatement dénoncé ce contrat, au nom de la santé publique et de l’intérêt général. Elle appelle au principe de partage gratuit d’échantillons. L’Indonésie se sent doublement lésée : son bilan en victimes la place au premier rang des pays fournisseurs de souches virales de H5N1 alors que ses chercheurs ne sont pas associés à la recherche. Or,un dépôt de brevet de vaccin rapporte beaucoup d’argent et face à la menace d’une épidémie mondiale de grippe aviaire, le marché est prometteur et les laboratoires sont en rivalité dans la course à la découverte du vaccin. En monnayant un contrat d’exclusivité, souches contre vaccins, avec Baxter, le gouvernement indonésien a donc tiré son épingle du jeu, au risque de faire perdre du terrain aux laboratoires qui travaillent sous le parrainage de l’OMS. Carsi cette organisation souhaite la transparence des données au nom d’une noble cause, qui est de parer à une pandémie mondiale, elle protège aussi une quinzaine de laboratoires dans le monde qui, selon un arrangement conclu sous ses auspices, se partagent confidentiellement des informations cruciales sur le virus H5N1. Le système actuel est tel que l’OMS et ses affiliés partagent des échantillons de virus avec des sociétés privées, sans collaborer avec les états d’où proviennent ces échantillons de virus. « C’est inacceptable pour les pays en voie de développement. » s’insurge la ministre indonésienne. A moins d’accords du type de celui que l’Indonésie demande, rien n’empêche les laboratoires de l’OMS de passer un contrat d’exclusivité avec des compagnies pharmaceutiques, ce qui pourrait conduire à de graves problèmes d’accès aux médicaments pour les pays en développement en cas de survenue de la pandémie.

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Certains scientifiques et certains gouvernements interpellent publiquement l’OMS afin qu’elle publie cette base de données dans l’intérêt de la santé mondiale. Mais l’OMS ne donne pas les noms des laboratoires collaborateurs réticents à la publication des informations sur le séquençage de la grippe aviaire, parce ceux-ci veulent garder des droits sur l’information. Il est clair pour tous les observateurs que les Etats-Unis représentent l’obstacle principal. Le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies (CDC) et le Centre des opérations du programme mondial de surveillance de la grippe des Etats-Unis, refusent de rendre publiques la plupart de leurs informations sur le séquençage. Les données qu’ils détiennent proviennent bien entendu d’échantillons du virus de la grippe aviaire collectés dans les pays atteints. L’aspect financier de cette affaire est révélateur des enjeux de la réponse à la grippe aviaire. La plupart des fonds consacrés à la lutte contre la grippe aviaire ont été centralisés en janvier 2006 lors d’une conférence à Beijing où près 30 donateurs se sont engagés pour 1,86 milliards de dollars. Parmi les donateurs, les Etats-Unis sont ceux qui dépensent le plus pour la grippe aviaire, même si la souche H5N1 du virus n’a pas encore touché le pays. L’argent de Washington afflue partout et stimule également ses entreprises, en particulier celles du secteur de la santé. Les fonds affectés à la surveillance par exemple, une des priorités pour le gouvernement des Etats-Unis, bénéficieront à Applera Corporation, qui est sur le point de lancer un partenariat mondial pour la distribution des protocoles de séquençage et des kits de détection de la grippe aviaire de la compagnie.

Lors des manifestations de cas de grippe aviaire, des échantillons du virus sont donc envoyés soit à des laboratoires collaborateurs de l’OMS pour des tests, soit directement collectés par divers programmes de surveillance des Etats-Unis, comme celui géré par le Réseau mondial des unités de recherches médicales de la Marine du Ministère de la Défense (NAMRU). Il faut noter que l’homme qui est responsable du réseau NAMRU au Secrétariat à la Défense des Etats-Unis est D.Rumsfeld, notoirement impliqué dans l’industrie pharmaceutique.On devrait se souvenir que Rumsfeld, quand il fut nommé président de G.D. Searle, fit pression sur la Food and Drug Administration pour permettre la mise sur le marché de l’Aspartame refusé pendant les dix années précédentes.

Il y a une unité NAMRU en Indonésie, qui sert en même temps de centre collaborateur de l’OMS pour les maladies infectieuses en Asie du Sud-Est. En mai 2008, après 30 ans de collaboration, le gouvernement indonésien demande au NAMRU de quitter le pays à l’expiration de son contrat. Le laboratoire de l’US Navy, NAMRU-2, est suspecté par les autorités indonésiennes de se livrer à des activités secrètes. « L’idée que l’unité de recherche médicale de la Marine fasse de l’espionnage est tout simplement absurde » déclare le chef-adjoint de la mission diplomatique américaine. «  Rien n’est couvert par le secret-défense, tout est totalement transparent. Le NAMRU-2 est un laboratoire de recherche biomédicale sur les pathologies infectieuses, au bénéfice mutuel des Etats-Unis, du ministère indonésien de la Santé et de la communauté internationale de santé publique. » assure-t’il.
« Pourquoi donc un laboratoire de santé devrait-il être géré par l’armée ? » rétorque la ministre de la Santé indonésienne. Dans son livre publié dernièrement « Il est temps pour le monde de changer : La main divine derrière la grippe aviaire » la ministre prétend que Washington utilise des échantillons de grippe aviaire partagés par des pays touchés pour créer des armes biologiques. Elle écrit notamment : « Il n’est pas impossible qu’il puisse exister dans les pays développés un groupe de personnes assez folles pour recombiner les virus afin de provoquer une pandémie mondiale. » Le ministre de la Défense indonésien, Juwono Sudarsono, se déclare, quant à lui hostile, à prolonger l’immunité diplomatique des chercheurs américains du NAMRU-2. « Il est clair qu’il faut mettre un terme aux activités du NAMRU-2 et fermer ses locaux ici. » a indiqué Mutamimul Ula, un parlementaire du Parti de la justice et de la prospérité. « Nous envisageons de proposer la création d’une commission parlementaire spéciale chargée de clarifier les raisons de la présence du NAMRU en Indonésie. » a de son côté annoncé Sidarto Danusubroto, un député du parti PDIP. Le chercheur indonésien en biodéfense, Isro Sanihardjo, a déclaré que les États-Unis pourraient utiliser les échantillons de virus de l’Indonésie pour développer des armes au laboratoire de Los Alamos. Isro était interrogé à propos du récent livre de la ministre Siti Fadilah. Washington et Jakarta négocient depuis 2005 une poursuite de la coopération entre le NAMRU-2 et le ministère de la Santé indonésien, mais les discussions sont dans l’impasse. L’Indonésie a en tout cas cessé d’envoyer ses échantillons de virus H5N1 au NAMRU-2. [27]

Que penser de cette grave polémique ? De telles accusations lancées par des membres d’un gouvernement à l’encontre d’un autre sont sérieuses. Il est difficile d’imaginer qu’elles ne sont proférées que dans le but de faire pression au sujet du litige, entre les deux pays quant à la souveraineté nationale sur les virus et aux enjeux financiers qu’elle implique. Ces exigences sont qualifiées de « dérive hallucinante » par Richard Holbrooke, diplomate américain, dans un texte du 23 septembre dernier co-écrit avec la responsable Santé au Conseil des relations étrangères. Dans celui-ci, il s’élève contre le refus indonésien de collaborer sur le virus H5N1. Il regrette que depuis 2005, l’Indonésie ait partagé avec l’OMS des échantillons provenant de seulement deux des plus de 135 personnes recensées comme étant infectées par le H5N1. Il s’étonne que le gouvernement indonésien menace de fermer l’unité de recherche médicale 2 de la marine américaine « qui fournit aux organismes de santé publique à travers le monde des informations transparentes d’importance vitale. » Il n’hésite pas à accuser l’Indonésie de favoriser l’émergence de nouvelles souches de grippe par son refus de communiquer les échantillons de virus. Enfin, il affirme qu’« il faut faire front à l’accusation de l’Indonésie selon laquelle NAMRU-2 est un site de recherche d’armes biologiques. » [28]

Ces allégations indonésiennes ne sont-elles pas à rapprocher des avertissements de Francis Boyle qui dit que suivant des directives de stratégie nationale adoptées par Bush en 2002, le Pentagone « est maintenant en train d’accélérer pour mener et gagner une guerre biologique sans information ou approbation préalable du public. » ? Boyle rajoute que le Programme de Défense Chimique et Biologique du Pentagone a été révisé en 2003 pour supporter une frappe « de premier usage » en cas de guerre et que ce programme inclut « Red Teaming », ce qu’il décrit comme « complot, planification et organisation de comment utiliser la guerre biologique ».
En outre, le biologiste moléculaire, Jonathan King, de l’Institut Technologique du Massachussetts avertit que « l’administration Bush a lancé un programme majeur qui menace d’exposer la santé de notre peuple à beaucoup plus de risques que les aléas auxquels elle prétend être en train de répondre. » King ajoute que la politique du président Bush « n’améliore pas la sécurité du peuple américain  » mais « crée un nouveau risque pour notre population de la plus effroyable espèce ».

Dans une étude réalisée en 2004, l’Association médicale britannique a lancé un avertissement à l’effet que le monde n’est peut-être qu’à seulement quelques années d’ « armes biologiques terrifiantes capables de tuer seulement les personnes de certains groupes ethniques  » en citant les progrès réalisés dans la technologie des armes génétiques.

La grippe aviaire pourrait-elle devenir une de celles-ci, après manipulation génétique du virus ? Pourquoi le NAMRU-2 tient-il autant à recevoir les échantillons de l’Indonésie ? Se préparent-ils à une pandémie de grippe ou préparent-ils une pandémie de grippe ? A moins que cette hystérie entretenue par l’OMS ne le soit que dans des buts lucratifs.

Dans l’expectative, nous constatons que les autorités craignent la lassitude des populations face à l’annonce maintes fois réitérée et pas concrétisée de cette catastrophe prédite. « Pandémique fatigue » cette expression fait le tour des congrès de virologie du monde entier. Elle indique la crainte des spécialistes face à la démobilisation d’une opinion publique mondiale lassée de s’entendre menacer d’un risque de pandémie aviaire incertain. L’OMS, les gouvernements, les fabricants de vaccins et les spécialistes de virologie multiplient les déclarations alarmistes pour tenter de convaincre de la certitude de sa survenue, sinon de sa date. Les congressistes réunis à l’occasion de la troisième conférence sur la grippe organisée à Faro ce mois-ci par l’Association des médecins en lutte contre la grippe (ESWI), se disent convaincus que : la « La pandémie adviendra. Quand ? Mystère ! ». Tous les résultats d’études qui sont actuellement publiés semblent donc bien parvenir aux même conclusions : l’humanité est bien à l’aube d’une grande pandémie mondiale due à une prochaine mutation de la grippe aviaire qui favorisera sa propagation entre les humains. La principale question qui hante désormais les chercheurs n’est donc plus « si », mais « quand » cette mutation interviendra t’elle ?

Le 16 juin 2008, Sanofi Pasteur, la division vaccins du groupe Sanofi-Aventis, annonce dans un communiqué de presse son engagement à donner 60 millions de doses de vaccin H5N1 à l’OMS pour la constitution d’un stock de réserve international. Même méthode pour capter le marché mondial qu’entreprise par Gilead pour le Tamiflu. Sanofi Pasteur se déclare être au premier rang pour la préparation à la menace de pandémie de grippe grâce à son expertise dans le développement et la fabrication de vaccins contre la grippe saisonnière. Sanofi est engagé dans un solide programme de recherche et développement et dans un plan ambitieux de production de vaccins contre la grippe saisonnière et pandémique. En avril 2007, la FDA a déjà enregistré un vaccin contre le virus H5N1 de Sanofi Pasteur, premier vaccin humain contre la grippe aviaire autorisé aux Etats-Unis. Sanofi Pasteur a également annoncé l’achèvement de la construction aux Etats-Unis d’une nouvelle usine de production de vaccin contre la grippe saisonnière. Cette usine, à la pointe de la technologie, est prévue pour être opérationnelle dès 2009. Enfin, une nouvelle unité de remplissage doit entrer en fonction en France qui permettra d’augmenter les capacités de production totales. Ce « prétendu » vaccin rentre en concurrence directe avec le Tamiflu, l’antiviral de Gilead.

EPIDEMIE MORTELLE CHEZ LES MICROBIOLOGISTES

Dans ce contexte ultra sensible de recherches en ingénierie génétique à vocation militaire ainsi que de course effrénée aux profits, une série suspecte de décès touche le milieu des scientifiques en microbiologie depuis le 11 Septembre 2001. Tous ces biologistes, dont certains de renommée internationale, sont morts précocement et dans des conditions troubles si ce n’est tragiques. Coïncidence ou conspiration ?

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«  Nous ne pouvons jamais dire d’un fait que ce n’est pas une conspiration, » dit Bradley Efron, professeur de statistiques à l’université de Stanford «  nous ne pouvons que souligner les chances qu’il ne le soit pas. »

En 2001, le 6 novembre, Wall Jeffrey Paris, 41 ans, est retrouvé mort près d’un parking non loin de son bureau. Il était un expert biomédical, spécialisé dans le brevet et la propriété intellectuelle.
Le 12 novembre, Benito Que, 52 ans, est trouvé dans un état comateux dans une rue près du laboratoire où il travaillait. Il décède trois semaines plus tard. Il était biologiste cellulaire, mêlé aux recherches ontologiques du département d’hématologie de l’école de Médecine de l’université de Miami. Ses recherches reposaient en grande partie sur l’étude des séquences de l’ADN.
Le 10 décembre, David Schwartz, 57 ans, est poignardé dans sa maison de campagne en Virginie. Il était membre fondateur de l’Association de biotechnologie de Virginie et directeur exécutif à la Recherche et au développement du Centre d’innovation technologique de Virginie. Il était fort respecté en biophysique et considéré comme faisant autorité dans le domaine des séquences de l’ADN.
Quatre jours plus tard, Set Van Nguyen, 44 ans, meurt dans le sas d’entrée d’une chambre froide dans les installations pour maladies animalières de l’Organisation de recherches scientifiques et industrielles du Commonwealth, à Geelong, en Australie. Deux scientifiques de cet aménagement, employant la manipulation génétique et les chaînes de l’ADN, auraient créé une forme incroyablement virulente d’une sorte cousine de la variole. Les chercheurs étaient préoccupés qu’une manipulation similaire puisse être faite sur la variole, pouvant ainsi en faire une arme terrible.
Le 16 décembre, Don C.Wiley, 57 ans, disparaît pendant un voyage professionnel à Memphis. La police retrouve sa voiture de location vide sur un pont en dehors de Memphis. Son corps sera repêché plus tard dans le fleuve du Mississippi. Il appartenait à l’Institut médical Howard Hughes de l’université Harvard et était un des plus éminents microbiologistes du monde. Il avait remporté bon nombre des plus prestigieux prix pour ses travaux qui pouvaient permettre de réaliser les vaccins antiviraux. Il était impliqué de près dans la recherche sur les séquences de l’ADN.

Le 23 décembre, Vladimir Pasechnik, 64 ans, est retrouvé mort à Wiltshire, en Angleterre, près de chez lui. Russe exilé en Grande-Bretagne, il était alors le plus important scientifique du programme de guerre biologique de l’URSS, lequel programme dépendait en grande partie des séquences de l’ADN. Il avait réussi le processus d’aérosolisation du microbe de la peste. La nécrologie du New York Times indiquait que l’annonce du décès de Pasechnik avait été faite aux Etats-Unis par le Dr Christopher Davis qui signala qu’une attaque cardiaque était à l’origine de son décès. Davis était le membre du Renseignement britannique qui fit faire un compte-rendu au Dr Pasechnik à l’époque de sa défection d’URSS. Pasechnik passa les dix années suivant sa défection à travailler au Centre de microbiologie appliquée et de recherches au Département de la santé du Royaume-Uni. En 2000, en compagnie de son partenaire Caisey Harlington, Pasechnik avait formé une entreprise appelée Regma Biotechnologies Ltd. Qui se décrivait comme une compagnie de produits pharmaceutiques œuvrant à fournir une alternative aux antibiotiques. Au cours de la panique causée par l’anthrax, Pasechnik avait offert ses services au gouvernement britannique.

Alibek.jpgEn URSS, son bras droit s’appelait Kanatjan Alibekov, aujourd’hui connu sous le nom américanisé de Ken Alibek. Il passa aux Etats-Unis en 1992. Il est actuellement président des Biosystèmes Avancés Hadron, une filiale de Hadron Inc. Elle se décrit comme une compagnie spécialisée dans le développement de solutions techniques pour les agences de renseignement. Le 20 décembre elle reçut 12 millions de dollars de fonds pour ses recherches en biodéfense médicale, de la part de l’Agence des projets de recherches avancées pour la Défense, les Recherches médicales et commandes matérielles de l’armée des Etats-Unis. Dans l’exercice de ses fonctions que Alibek donna un ample témoignage à la Chambre du Comité des Services Armés sur les armes biologiques.

Hadron est actuellement suspectée d’être étroitement reliée au vol du précieux logiciel Promis, propriété de la Corporation Inslaw, un programme informatique sophistiqué capable d’intégrer une grande variété de données informatiques. Ces dernières années, le logiciel aurait été couplé à l’intelligence artificielle et modifié par de nombreux services de renseignements, leur permettant de pénétrer dans n’importe quel système informatique sans se faire repérer. Etant donné sa capacité unique et les liens antérieurs de Hadron avec Promis, il est possible que le logiciel, en pénétrant dans les données informatiques utilisées par chacune des victimes susmentionnées, puisse avoir identifié les recherches qui menaçaient de compromettre une « opération noire ».
Ken Alibek a travaillé ces dernières années en étroit contact avec William C. Patrick III, le créateur de la souche d’Anthrax de type Ames qui a servi lors de l’attaque terroriste du Congrès.

Il y a, en outre, un lien entre trois des cinq scientifiques américains qui sont morts. Wiley, Schwartz et Benito Que travaillaient pour des installations de recherche médicale qui recevaient des subventions de l’Institut Médical Howard Hughes (IMHH). Celui-ci finançait un nombre important de programmes de recherche dans des écoles, des hôpitaux et des installations de recherche, et l’on suppose depuis longtemps des « opérations noires » de recherches biomédicales pour des agences de renseignement. La physicienne Patricia Dole, qui enquête depuis longtemps dans le domaine de la guerre biologique, rapporte un récit de personnes reliées à l’IMHH qui ont été assassinées. En 1994, José Trias rencontra un ami à Houston, au Texas, et planifiait de rendre public ce qu’il savait personnellement des subventions de « façade » de l’IMHH qui, par la « porte arrière », servaient aux opérations noires de la biorecherche. Le lendemain, Trias et son épouse furent trouvés morts dans leur demeure de Chevy Chase, dans le Maryland. L’IMHH a son quartier général à Chevy Chase. La police décrivit le double meurtre comme le fait de professionnels. Tsunao Saitoh, qui travaillait anciennement dans un laboratoire de l’Université Columbia subventionné par l’IMHH, a été fusillé à mort, le 7 mai 1996, alors qu’il était au volant de sa voiture, dans la cour de sa maison, à La Jolla, en Californie. La police a également décrit ceci comme l’œuvre d’un professionnel.

En 2002, en l’espace de quelques semaines en janvier, Ivan Glebov et Alexi Brushlinski, deux membres de l’Académie des sciences de Moscou décèdent à la suite d’une agression ; Glebov, à St Pétersbourg et Brushlinski à Moscou. Puis en février, le chef de la microbiologie de l’université de Médecine de Moscou, Vladimir Victor Korshunov, 56 ans, meurt d’un traumatisme crânien dans l’entrée de sa maison. La Pravda rapporta à l’époque que ce dernier avait probablement inventé un vaccin contre une arme biologique.
David Wynn-Williams, 55 ans, est tué le 24 mars, dans une collision entre deux voitures lors de son jogging près de sa maison à Cambridge en Angleterre. Il travaillait sur le projet antarctique d’Astrobiology et pour le centre de recherches de la NASA Ames. Il y eut un appel à témoin pour retrouver les véhicules.
Steven Mostow, 63 ans, meurt le 25 mars, près de Denver dans le Colorado dans l’accident de l’avion qu’il pilotait. Il était un des principaux experts en matière de maladie infectieuse et doyen associé à l’université du centre des Sciences de santé du Colorado. Mostow était un expert en menace de bio-terrorisme et était connu en tant que « Dr. Flu » pour son expertise dans le traitement de la grippe.
David R.Knibbs décède brutalement, le 5 août, à 49 ans, à la suite d’une syncope. C’était un pathobiologiste reconnu.

En 2003, le 24 juin, Leland Rickman, 47 ans, un expert de San Diego sur les maladies infectieuses et, depuis le 11 Septembre, conseiller en bioterrorisme, décède lors d’un déplacement professionnel en Afrique. Il se plaint à un collègue de mal de tête et celui-ci le retrouve mort dans sa chambre d’hôtel. Les causes de sa mort n’ont pas été déterminées. Il était professeur et praticien multidisciplinaires, expert dans les maladies infectieuses, la médecine interne, l’épidémiologie, la microbiologie et les antibiotiques.

David-Kelly-300x225.jpgEn Angleterre, David Kelly est retrouvé mort près de son domicile le 18 juillet, il se serait suicidé en se tailladant un seul poignet.Il était un employé du ministère de la défense britannique et un expert en guerre biologique ainsi qu’inspecteur de l’ONU en Irak où il est allé 37 fois. Il est prouvé qu’il était le principal informateur de Andrew Gilligan, journaliste de la BBC au sujet de son enquête sur la falsification d’un rapport de septembre 2002, par le gouvernement britannique de Tony Blair concernant les armes de destruction massive irakiennes.

Le scientifique britannique a été impliqué dans des travaux à l’Institut israélien pour la recherche biologique de Nes Sion. Les sources israéliennes affirment que Kelly a rencontré des scientifiques de l’institut à plusieurs reprises à Londres. Israël n’a pas signé la CAB et défend le développement, la possession et l’usage d’armes biologiques et chimiques. La CIA, le FBI et le MI5 examinent les connexions de Kelly. Leur enquête dévoile que Kelly avait des contacts avec deux sociétés dans l’industrie de bio-défense américaine. Kelly voulait démissionner de son poste au Ministère de la Défense pour travailler aux Etats-Unis.
Avant sa mort, il avait été discrètement contacté par deux sociétés : Hadron Advanced Biosystems proche du Pentagone et dont le président est Ken Alibek et REGMA Biotechnologies. Kelly, avec l’approbation du gouvernement anglais, avait aidé Pasechnik à créer Regma Biotechnologies à Porton Down pour effectuer des recherches classées secret-défense. Kelly s’est arrangé pour lui obtenir un laboratoire à Porton Down, un établissement spécialisé dans la défense contre les armes biologiques et chimiques. Pasechnik a été trouvé mort quelques jours après qu’il ait rencontré Don C. Wiley à Boston.
Le Dr Kelly a également travaillé avec Benito Que et Don Wiley. Quels étaient les liens entre le Ministère de La Défense américain et ses deux chercheurs ? Qu’est-il arrivé aux résultats de leurs recherches ? Les liens de Kelly avec l’Institut de Recherche Biologique de Nes Sion dans la banlieue de Tel Aviv intriguent plus encore. Sa connexion à l’installation biologique israélienne a été découverte en octobre 2001, peu après qu’un vol commercial reliant Israël à Novosibirsk en Sibérie, a été abattu au dessus de la Mer Noire par un missile sol-air ukrainien « égaré ». Le vol transportait entre autres cinq microbiologistes russes qui retournaient à leur institut de recherche à Novosibirsk, la capitale scientifique de la Sibérie. Pourquoi le Mossad a-t-il envoyé une équipe en Ukraine pour examiner l’accident ? Pourquoi les autorités ukrainiennes ont-elles toujours tu le nom des microbiologistes morts ? Pasechnik ou Kelly les connaissaient-ils ?
L’Institut pour la Recherche Biologique de Nes Sion est l’un des endroits les plus secrets d’Israël. Il y a eu des rapports persistants sur l’institut, indiquant que les israéliens aussi étaient engagés dans la recherche sur le séquençage d’ADN. Un ancien membre de la Knesset, Dedi Zucker, a provoqué un scandale au Parlement israélien quand il a déclaré que l’institut essayait de créer une arme spécifique ethnique capable de cibler uniquement les Arabes.

Michael Perich, 46 ans, meurt le 11 octobre, dans un accident de voiture au cours duquel il se noie coincé par sa ceinture de sécurité. Il avait travaillé sur le virus du Nil.
Le 20 novembre, Robert Leslie Burghoff, 45 ans, est percuté sur un trottoir par un chauffard qui prend la fuite. Il était stagiaire post-doctorat au Baylor College of Medecine de Houston au Texas, au département de la virologie moléculaire et de la microbiologie.

Le 23 janvier 2004, Robert Shope, 74 ans, meurt à l’hôpital des complications d’une greffe. Il était virologue au Département de pathologie du Centre de biodéfense et maladies infectieuses émergentes de l’université de Médecine du Texas. Il était l’auteur d’un rapport de 1992 avertissant de l’apparition de nouvelles maladies infectieuses dangereuses. Avec le Dr Tesh, ils avaient fait du centre la référence mondiale en matière de virus avec une collection de 5000 échantillons. Les deux dernières années, il travaillait avec le DoD pour développer des antiviraux aux agents viraux possibles du bioterrorisme.
Le 24 janvier, soit le lendemain de la mort du précédent, son collègue Michael Patrick Kiley, 62 ans, meurt d’une crise cardiaque foudroyante. Il travaillait avec le Dr Shope sur la mise à niveau du Centre de biodéfense pour abriter les microbes les plus pathogènes dans le cadre d’un programme d’armes biologiques.
Le 13 mars, Vadake Srinivasan, microbiologiste, meurt dans l’accident de sa voiture qui a percuté le rail de sécurité. Originaire d’Inde, il était réputé dans le milieu universitaire.
Le 27 juin, Paul Norman, 52 ans, de Salisbury en Grande-Bretagne, est tué dans le crash du mono-moteur qu’il pilotait dans le Devon. Il était considéré comme chef de file dans le domaine de l’expertise scientifique pour la détection et la protection au laboratoire du Ministère de la défense à Porton Down. Il était très investi dans la campagne contre l’usage d’armes biologiques et chimiques.
Larry Bustard, 53 ans,meurt dans des circonstances inconnues le 2 juillet. Il était un scientifique du Sandia National Laboratories. En tant qu’expert en matière de bio-terrorisme, son équipe a développé une nouvelle formulation de produits à utiliser contre les agents biologiques et chimiques. Il est intervenu pendant les attaques à l’anthrax pour décontaminer le Capitol Hill exposé à la poudre.
John Badwey, 54 ans,était un biochimiste à la Harvard Medical Schoolspécialisé dans les maladies infectieuses rares. Il est mort le 21 juillet, il avait contracté deux semaines plus tôt une pneumonie.
Matthew Allison, 32 ans, scientifique en biologie moléculaire et biotechnologie,est tué dans l’explosion de sa voiture le 13 octobre.
John R. La Montagne, 61 ans,microbiologiste, directeur-adjoint au National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) du National Institutes of Health (NIH). Il décède le 2 novembre d’une embolie pulmonaire.

En 2005, le 7 janvier, Jeong H. Im, 72 ans, est découvert poignardé dans le coffre d’un véhicule en feu dans le Maryland. Il avait été chimiste à l’université du Missouri, spécialisé dans les protéines.
Douglas James Passaro, 43 ans, est mort le 18 avril de causes inconnuesà son domicile. Il était un épidémiologiste renommé et avait exécuté avec ses étudiants des exercices de bio-terrorisme.
Todd Kaupila décède le 8 mai, à l’âge de 41 ans, d’une pancréatite hémorragique à l’hôpital de Los Alamos. Il s’était réjoui, la veille de sa mort, du renvoi du directeur qui l’avait impliqué dans un scandale sur la sécurité du laboratoire duquel il avait été renvoyé. Il avait toujours soutenu avoir été un bouc émissaire.
Leonid Strachunsky est décédé le 8 juin après avoir été frappé à la tête avec un objet lourd. Expert épidémiologiste pour l’OMS et directeur du Therapy Institut de la Fédération de Russie de lutte anti-microbe, spécialisé dans la création de microbes résistants aux armes biologiques. Strachunsky a été retrouvé mort dans sa chambre à Moscou à l’hôtel Slavyanka. Venu de Smolensk, il était en route vers les États-Unis.
Les enquêteurs ont spéculé que le meurtre de Strachunsky était lié à une soudaine épidémie de l’hépatite A, qui avait frappé plus de 500 personnes en Russie, dans la région de Tver, et qui avait atteint Smolensk, et que certains croyaient avoir été causée par une arme biologique.

unnamed.jpgLe 22 mai 2006, le Dr Lee Jong Wook, 61 ans, décède d’une AVC. Directeur de l’OMS depuis 2003, il avait mené les programmes de lutte contre la grippe aviaire, le sida et autres maladies infectieuses.

Le 10 octobre 2007, Mario Alberto Vargas Olvera, est assassiné à son domicile de nombreux coups portés à la tête et au cou, à Ensenada en Californie. Il était un biologiste de réputation internationale.

Le 29 juillet 2008, le Dr Bruce Ivins, 62 ans, brillant biologiste des laboratoires militaires américains et principal suspect dans l’enquête de l’anthrax, se suicide avant son inculpation à son domicile en absorbant massivement de la codeine et de l’acétaminophène.

Le 29 juin précédant, deux étudiants en génie biologique, Laurent Bonomo et Gabriel Ferez, en stage de fin d’études à l’Imperial College de Londres avaient été sauvagement assassinés.

Ferez et Bonomo étaient considérés, à l’Impérial College, l’une des meilleures universités au monde, à la pointe de la recherche sur les pathologies infectieuses émergentes, ainsi que dans leur école d’ingénieurs « Polytech’Clermont-Ferrand » comme très brillants, et semblaient d’ores et déjà promis à un bel avenir professionnel. Il ne leur restait plus qu’une année d’étude avant de passer leur diplôme d’ingénieur et avaient été sélectionnés par le département des Sciences de la vie de l’Imperial College, pour un projet de recherche dans les chaînes de protéines au sein de l’ADN.

Le mobile du meurtre reste à ce jour inconnu, même si les enquêteurs semblent pencher pour un cambriolage qui aurait dégénéré en déchaînement de violence. Deux marginaux sont inculpés dans les jours qui suivent les faits. Leur procès permettra-t’il d’évacuer les zones d’ombre qui entourent ce fait divers dramatique ? Les agresseurs auraient torturé les deux étudiants pour leur extorquer les codes secrets de leurs cartes bancaires. Crime de psychopathes arguent certains enquêteurs.

Ces meurtres sont-ils une mise en scène ? La sauvagerie de l’attaque pourrait avoir valeur d’avertissement. David Holmes, maître de conférences à la Manchester Metropolitan University, a déclaré : « Ils ont été victimes d’un meurtre de démonstration. ».

Si l’assassinat des deux étudiants a vraiment un rapport avec leur spécialisation, ils sont deux scientifiques de plus parmi les nombreux assassinés, suicidés, morts accidentellement ou de maladie foudroyante au cours de ces dernières années. La plupart de ces scientifiques travaillaient sur les séquences d’ADN afin de trouver un traitement génétique à plusieurs maladies. Leurs recherches menaçaient la pérennité des contrats des compagnies qui fabriquent des antibiotiques, des antiviraux et des vaccins. S’ils réussissaient, c’était d’importants profits en perspective pour eux et leur société et perte de marchés pour les autres. De plus, leurs travaux n’avaient pas de prix non plus pour les militaires et les agences de renseignements intéressés à développer des armes biologiques.

CONCLUSION

La crainte de l’éventualité d’une guerre biologique, sournoise, à visée ethnique qui plus est, est alimentée par des années de recherches secrètes dans certains laboratoires gouvernementaux et des investissements massifs dans les budgets scientifiques militaires de ces pays. Le risque de prolifération mondiale des agents pathogènes à vocation militaire, quant à lui, n’est plus une hypothèse, dès lors que depuis ces 20 dernières années, il apparaît que beaucoup de pays ont monté des arsenaux considérables d’armes biologiques, ceci en violation des traités internationaux.

En raison de leur grande virulence potentielle, les armes biologiques coûtent moins cher que les armes classiques, chimiques ou nucléaires ; elles offrent une flexibilité tactique puisqu’il existe une variété d’agents pouvant être combinés de multiples façons ; elles peuvent théoriquement être utilisées pour frapper de grandes cibles sur de longues périodes en raison de leur capacité à se multiplier et à provoquer des épidémies, elles peuvent infliger d’énormes pertes et susciter la mobilisation de ressources massives pour riposter ; elles conviennent à des opérations clandestines car elles peuvent être diffusées discrètement et leurs effets mettent du temps à apparaître ; enfin elles peuvent apparaître comme naturelles et donc éviter toute velléité de riposte du pays touché envers le pays agresseur.

Par contre, les armes biologiques sont peu fiables en raison de leurs effets incertains et jamais immédiats ; elles peuvent toucher aussi l’agresseur et ses alliés ; elles compliquent les autres opérations militaires en imposant de lourdes mesures de précaution ; leur utilisation, interdite par une convention internationale, si elle est avérée, risque de conduire à des sanctions internationales.

En raison des avantages évoqués et bien que l’utilisation d’armes biologiques présente des inconvénients, les agents pathogènes peuvent se montrer d’une utilité politique efficiente, lorsque des résultats, ni immédiats ni massifs ne sont nécessaires. Cependant, l’imprévisibilité de leur impact en terme de morbidité et donc de mortalité, et les effets de panique qui caractérisent les armes biologiques, en font surtout des armes de désorganisation massive. En effet, outre leur pouvoir potentiellement dévastateur, le pouvoir psychologique de ces armes est considérable, (effet de démoralisation, de déstabilisation des populations, difficiles à gérer par les autorités). Ces armes créent le doute, la peur, voire la panique. En cela, elles disposent d’une formidable capacité de désorganisation d’une société et de nuisance sur son économie.

Parallèlement, la culture de la peur impose une vision irréfléchie de la menace, visant à affoler une population convaincue de la réalité du danger. La première arme est la désinformation et l’on peut dire que le pari du bio-terrorisme est déjà gagné lorsqu’il incite à prendre des mesures qui, en vertu du principe de précaution, font dépenser, probablement sans objet, des sommes considérables capables de faire fructifier artificiellement certaines industries.

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Les acteurs du PNAC, au pouvoir depuis presque dix ans et influents dans les coulisses depuis de longues années, ont projeté de développer des armes biologiques capables de cibler des populations précises. La guerre biologique est, pour eux, une des armes du futur, politiquement rentable et idéologiquement acceptable. Ils ont déjà largement fait les preuves de leurs intentions en réalisant en partie leur programme annoncé dans leurs écrits. Le verbe devance toujours l’action.

En raison de tout ce qui précède, l’émergence de toute épidémie ou même de toute nouvelle maladie, en quelque endroit du globe, doit être attentivement et lucidement considérée.

Rédaction Geopolintel

Décembre 2008

Et en mars 2009, débutait la « pandémie » dite mexicaine, puis porcine, enfin grippe AH1N1 !

vendredi, 31 janvier 2020

Coalescence et tensions interraciales

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Coalescence et tensions interraciales

par Antonin Campana

Ex: https://www.autochtonisme.com

 

« Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français » (Charles de Gaulle, rapporté par Alain Peyrefitte). Ce 05 mars 1959, le général de Gaulle venait intuitivement d’appliquer aux populations les principes élémentaires de la mécanique des fluides !

Le processus est bien connu, vérifiez-le avec de l’eau, ce sera plus visible qu’avec du vinaigre. Ainsi, quand on agite vigoureusement un mélange d’huile et d’eau on voit nettement des gouttelettes sphériques d’huile se disperser dans l’eau. Mais dès que l’on cesse cette action, les molécules d’huiles et les molécules d’eau se séparent et se rassemblent selon leur nature. Le processus physique en action s’appelle la « coalescence ».

La coalescence est donc un phénomène par lequel les éléments dispersés d’une substance identique ont tendance à se réunir. Les physiciens nous expliquent que ce processus de rassemblement s’opère sous l’action de ce qu’ils appellent la « tension interfaciale ».

Voilà, approximativement, comment cela se passe :

Les molécules d’huile situées en périphérie des gouttelettes d’huile sont en contact avec les molécules  d’eau. Elles interagissent donc avec celles-ci alors que celles qui sont au centre des gouttelettes n’interagissent qu’avec leurs semblables. Même chose, bien sûr, pour les molécules d’eau. Il s’ensuit que les deux matières, l’huile et l’eau, ne sont pas rigoureusement dans le même état à leur interface et en leur milieu.  Le contact entre molécules d’eau et molécules d’huile rend donc le milieu instable. Chaque molécule est attirée par son propre milieu (force de cohésion) et une « tension », dite « interfaciale », s’exerce là où les deux milieux se touchent. Cependant, comme tous les systèmes, le système engendré par le mélange d’huile et d’eau tend naturellement vers un équilibre qui correspond à la configuration de plus basse tension. Le système modifie donc son organisation pour diminuer l’aire de contact entre les deux milieux. A volume égal, une sphère unique présentera moins de surface de contact que plusieurs sphères dispersées. Les sphères dispersées vont donc se réunir progressivement en une sphère unique. D’où la coalescence observée !

Mais, le principe physique de la coalescence peut-il s’appliquer à des populations ? On notera tout d’abord que la coalescence se produit généralement dans des fluides. On observera ensuite qu’une population se comporte, sous bien des aspects, comme une sorte de « fluide ».

Un fluide est un « milieu matériel parfaitement déformable » dit Wikipedia. Or, quoi de plus « déformable » qu’une population ? Celle-ci peut être dispersée et quasiment réduite à l’état gazeux (« le peuple juif au milieu des nations »). Tel un liquide, une population peut s’écouler hors de ses frontières (l’immigration africaine) et remplir un nouvel espace (Grand Remplacement). Tel un solide, une population peut au contraire former un bloc résilient et compact face à l’envahisseur (la France de la 1ere guerre mondiale). La transition entre les états gazeux, liquide et solide peut être lente, sous l’effet de forces démographiques, culturelles ou économiques, voire brutale, sous l’effet par exemple d’un effondrement militaire.

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Si l’on postule qu’une population peut (aussi) s’analyser comme un fluide, alors nous devrions pouvoir vérifier que le principe de coalescence s’applique également aux populations. L’exercice sera d’autant plus facile que le régime en place organise aujourd’hui le mélange artificiel de populations aussi différentes que le sont l’huile et l’eau. Et que constatons-nous ?

Tout d’abord, que les « molécules autochtones » situées en périphérie du peuple autochtone (la « France périphérique ») sont en contact avec des «  molécules allochtones ». Elles interagissent avec ces dernières alors que les molécules autochtones qui sont au centre du milieu autochtone (la France des métropoles) n’interagissent qu’avec d’autres molécules autochtones. Il s’ensuit, voyez Christophe Guilluy, que face à l’immigration et au vivre-tous-ensemble, les molécules autochtones réagissent différemment selon qu’elles résident au centre ou à la périphérie. Les molécules de la périphérie subissent directement l’immigration de peuplement et réagissent en conséquence, soit par la fuite, soit par la résistance (vote FN), soit par les deux. Les molécules du centre, cultivant un entre-soi rigoureux et protégées de toute promiscuité avec la matière étrangère, ignorent, méprisent et ne comprennent pas les tensions qui animent les molécules de la périphérie. Il s’ensuit que la matière autochtone, notre peuple, n’est pas « rigoureusement  dans le même état à sa surface que dans son milieu ». Cela, bien sûr, se traduit politiquement : LREM pour les molécules du milieu, RN pour les molécules de l’interface.

 Notons, d’ailleurs, que la même configuration doit pouvoir être observée dans la matière allochtone. Les molécules allochtones vivant au centre des banlieues ne connaissent et ne comprennent sans doute pas les problèmes des molécules allochtones au contact de la matière autochtone. La fracture entre allochtones vivant de l’économie parallèle, au centre des banlieues, et allochtones « intégrés », dans l’obligation de composer avec le milieu autochtone, est sûrement aussi profonde que la fracture entre Autochtones vivant au centre des métropoles et Autochtones subissant la présence étrangère.

On observera néanmoins que chaque molécule humaine est attirée par son propre milieu (force de cohésion). Les Autochtones, qu’ils soient au centre ou à la périphérie, entendent préserver leur mode de vie autochtone. Les allochtones, quant à eux, qu’ils soient « intégrés » ou pas, sont séduits par les valeurs culturelles ou religieuses qu’ils ont héritées de leurs parents. Une force de cohésion s’exerce sur les deux milieux humains, sans que ceux qui les composent en soit forcément conscients. Chacun des deux milieux se replie sur lui-même et s’arcboute sur son identité. Aussi les zones de contact entre la matière autochtone et la matière allochtone sont-elles des zones de plus en plus instables. La délinquance, les agressions, la chute des prix de l’immobilier et, globalement, le recul des populations autochtones, caractérisent cette instabilité. Au niveau individuel, lorsqu’on ne peut éviter le contact avec l’Autre, l’instabilité se caractérise par des relations superficielles et peu durables. On se fréquente rarement par plaisir.

En résumé, on observera que la population vivant en France peut être analysée comme un système instable animé de fortes tensions internes. D’où le phénomène de coalescence que l’on constate !

En effet, à l’instar des fluides classiques, la population multiethnique instable va tendre « naturellement vers un équilibre qui correspond à la configuration de plus basse tension ». Le système social va naturellement modifier son organisation pour diminuer l’aire de contact entre les milieux autochtones et allochtones. De même, qu’à volume égal, une sphère unique présente moins de surface de contact avec l’autre milieu que plusieurs sphères dispersées, une population rassemblée présentera moins d’occasions de contacts avec l’autre population qu’une population dispersée. Si mon environnement est autochtone et homogène, je verrais moins d’étrangers que s’il est métissé. Diminuer les points de contacts revient à diminuer les risques de conflit : contrairement à ce que pensent les bobos enfermés dans leur entre-soi, plus les Autochtones et les allochtones se connaissent, moins ils s’apprécient. A un certain niveau, la séparation devient un gage de paix sociale. La coalescence qui en résulte se fera selon le principe éprouvé : « Qui se ressemble s’assemble » !

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Nous dirons que la coalescence, c’est-à-dire le rassemblement des populations selon leur origine, ou si l’on préfère, pour reprendre notre définition, le phénomène par lequel des individus dispersés d’une population identique ont tendance à se réunir, est un processus naturel actionné par le besoin des systèmes, y compris sociaux, de parvenir à l’équilibre. Or, c’est une loi physique : pour parvenir à l’équilibre, ces systèmes n’ont pas d’autres moyens que de diminuer les « tensions interfaciales » qui s’exercent là où les deux milieux se touchent. Et les « tensions interfaciales » dont parlent les physiciens ne sont rien d’autres que les « tensions interraciales » rapportées par les sociologues et les historiens. Un régime politique aspirant à la concorde civile favoriserait donc le caractère naturellement coalescible des populations et ne chercherait jamais à le gommer, comme le fait pourtant la République.

Au début de cet article nous avons dit que l’huile et l’eau mélangées se séparaient automatiquement quand l’on cessait d’agiter vigoureusement le récipient qui les contenait. Imaginons que le récipient soit la France. Imaginons qu’il ne s’agisse pas d’huile et d’eau, mais, comme nous l’avons dit, de populations aussi différentes que le sont l’huile et l’eau. Question : qui agite le récipient ?

A l’évidence le régime en place ! C’est lui, en effet, qui a conçu le mélange, nous assurant qu’il serait stable et enrichissant pour tous. Et c’est bien lui qui secoue la France en voulant « intégrer » de force des immigrés au milieu de notre peuple, en les dispersant dans nos campagnes, en leur réservant des emplois protégés, en obligeant la « mixité sociale », en restreignant la visibilité de notre culture…  C’est bien lui enfin qui, méprisant toutes les lois de la physique des fluides, multiplie et augmente les « surfaces de tension interfaciale », précipitant ainsi notre pays vers la guerre civile.

Le régime est coupable ! Nous lui proposons une solution, s’il veut durer encore un peu : qu’il reconnaisse le droit à l’existence du peuple autochtone de France et qu’il reconnaisse son droit à la coalescence. Il diminuera ainsi des tensions interraciales qui ne profitent à personne… et nous pourrons utilement préparer le « monde d’après » !

Antonin Campana

Comment la santé est devenue un enjeu géopolitique

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Comment la santé est devenue un enjeu géopolitique

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Ni l’altruisme ni la philanthropie n’expliquent la préoccupation des grandes puissances pour la santé mondiale. Mais plutôt des intérêts tantôt sécuritaires, tantôt économiques ou géopolitiques. Néanmoins, l’Europe pourrait mieux utiliser les fonds octroyés aux institutions internationales. La priorité revient à l’Afrique francophone, où se concentrent les défis des décennies à venir.
 
En 2000, cent quatre-vingt-treize Etats membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) et vingt-trois organisations internationales se fixent huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) : atteindre, d’ici à 2015, des « niveaux de progrès minimum » en matière de réduction de la pauvreté, de la faim, des inégalités, et d’amélioration de l’accès à la santé, à l’eau potable ainsi qu’à l’éducation (lire « Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) relatifs à la santé »).

D’emblée, Mme Gro Harlem Brundtland, alors directrice de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), identifie une priorité : dégager des financements à la hauteur du défi. Elle confie à M. Jeffrey Sachs, conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, la commission « Macroéconomie et santé » visant à accroître les investissements en faveur de la réalisation rapide des OMD dans la santé.

Entre 2000 et 2007, les financements mondiaux des pays en développement, provenant de partenariats public-privé associant le secteur industriel et commercial, notamment les fabricants de vaccins et de médicaments, ont été multipliés par quatre — par trois pour la période 2001-2010, atteignant un pic de 28,2 milliards de dollars en 2010. Les fonds américains publics et privés en constituent la plus grande part. La Fondation Bill et Melinda Gates a donné à elle seule près de 900 millions de dollars en 2012. L’Afrique aurait reçu 56 % des financements en 2010. L’aide mondiale au développement a augmenté de 61 % sur cette période, pour atteindre 148,4 milliards de dollars en 2010.

Aux Etats-Unis, une question sécuritaire

Pourtant, 2015 approche, et la réalisation des OMD demeure toujours aussi lointaine en Afrique subsaharienne. L’insuffisance des financements n’explique qu’en partie ces retards : d’autres facteurs, moins connus, ont aussi joué un rôle important. Il est utile d’y revenir, alors que se prépare l’élaboration des « nouveaux objectifs » à mettre en œuvre après 2015.

De nombreuses études et recherches montrent que l’allocation de l’aide mondiale ne repose pas seulement sur des critères épidémiologiques, de population, ou de charge de maladie, mais aussi sur ces puissants vecteurs que furent et que demeurent les intérêts commerciaux, les relations historiques et les rapports géopolitiques (lire « Mission inaccomplie en Afrique de l’Ouest »).

La relecture de l’histoire de la santé indique que la tenue des premières conférences internationales sur le sujet, au XIXe siècle, était moins motivée par le désir de vaincre la propagation de la peste, du choléra ou de la fièvre jaune que par la volonté de réduire au minimum les mesures de quarantaine, qui s’avéraient coûteuses pour le commerce… Ces tensions entre la médecine, la santé, les intérêts marchands et le pouvoir politique forment les termes d’une équation paradoxale inhérente à la question de la santé publique mondiale. L’accès des populations pauvres aux médicaments dans le cadre des Accords sur les aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce (Adpic) exprime bien ces tensions, qui, dans le monde contemporain, peuvent aller jusqu’au bras de fer.

Les fondateurs et les partenaires du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme présupposent que les stratégies de lutte contre ces trois maladies sont pertinentes dans tous les pays et qu’« il ne manque plus que l’argent ». Pour comprendre cette vision financière des enjeux de santé et ses limites en termes d’efficacité, il faut revenir sur le contexte dans lequel le Fonds mondial a été créé.

En 1996, M. William Clinton, alors président des Etats-Unis, publie une directive appelant à une stratégie davantage orientée vers les maladies infectieuses. Il s’agit là moins d’un élan d’altruisme que d’une préoccupation de sécurité nationale. Propagation, conséquences économiques, retard dans le développement de nouvelles molécules, résistance des agents infectieux aux antibiotiques, mobilité des populations, croissance des mégapoles, faiblesse des systèmes de santé des pays pauvres : ces sujets inquiètent l’administration américaine, et ce bien avant les attentats du 11 septembre 2001.

Dès 1997, l’Institut de médecine, instance de référence scientifique américaine, publie un rapport expliquant que la santé mondiale est « d’un intérêt vital pour les Etats-Unis ». Pour la première fois apparaît l’expression global health, que nous traduisons par santé mondiale : « Les pays du monde ont trop en commun pour que la santé soit considérée comme une question relevant du niveau national. Un nouveau concept de “santé mondiale” est nécessaire pour traiter des problèmes de santé qui transcendent les frontières, qui peuvent être influencés par des événements se produisant dans d’autres pays, et auxquels de meilleures solutions pourraient être envisagées par la coopération. »

Alors que le sida se propage en Afrique australe de manière spectaculaire, la publication en 1999 par le ministère de la défense sud-africain de taux élevés de prévalence de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) chez les militaires de nombreux Etats d’Afrique alarme les autorités. Les capacités de défense nationale ne seraient, à court terme, plus suffisantes pour faire face à des conflits internes ou externes. Selon l’International Crisis Group (ICG), de nombreux pays « ne seront bientôt plus en mesure de contribuer aux opérations de maintien de la paix ». Sur la période 1999-2008, le Conseil national des services de renseignement du gouvernement américain, le National Intelligence Council (NIC), centre de réflexion stratégique, publie six rapports sur la santé mondiale. Fait inédit, ces documents définissent une maladie comme un « agent de menace non traditionnel » pour la sécurité des Etats-Unis, dont les bases militaires constellent la planète.

Cette « menace » va parvenir jusqu’aux Nations unies. Pour la première fois de son histoire, le 10 janvier 2000, à New York, le Conseil de sécurité inscrit à l’ordre du jour de sa réunion un thème qui n’est pas lié à un risque direct de conflit : « La situation en Afrique : l’impact du sida sur la paix et la sécurité en Afrique ». Les Etats-Unis président les échanges, avec le vice-président Albert Gore le matin et l’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, Richard Holbrooke, l’après-midi. Il en sortira plusieurs résolutions. L’article 90 de la résolution de la session spéciale de l’Assemblée générale des Nations unies du 27 juin 2001 appelle à la création d’un « fonds mondial santé et VIH-sida afin de financer une réponse urgente à l’épidémie selon une approche intégrée de prévention, de prise en charge, de soutien et de traitement, et d’appuyer les Etats dans leurs efforts contre le sida, avec une priorité donnée aux pays les plus touchés, notamment en Afrique subsaharienne et dans les Caraïbes ».

Le Fonds mondial voit le jour grâce à la mobilisation des membres du G8 par M. Annan. Loin du « fonds santé et sida » recommandé, le mandat du partenariat public-privé (PPP) mondial porte seulement sur le sida, la tuberculose et le paludisme. La politique de sécurité nationale américaine se nourrit de peurs plus ou moins fondées contre lesquelles il faut lutter : le communisme, le terrorisme, les maladies… Tels sont les « traumatismes » inspirant les politiques de défense des Etats-Unis, qui n’hésitent pas, pour défendre leurs positions sur les enjeux de santé mondiale, à instrumentaliser le Conseil de sécurité des Nations unies.

Après une décennie marquée par la guerre en Afghanistan et en Irak, la stratégie de M. Barack Obama consiste à emmener son pays vers d’autres combats que les « conflits à l’extérieur ». Il s’agit de « restaurer le leadership américain à l’étranger », y compris pour relever les défis liés au contrôle des épidémies, thème expressément mentionné dans la stratégie de sécurité nationale en 2010. Lorsque le gouvernement annonce, en juillet 2012, la création au sein du département d’Etat de l’Office of Global Health Diplomacy — institué juste avant le départ de Mme Hillary Clinton —, il affirme vouloir prendre le contrôle et le pouvoir. « Nous avons recommandé de passer du leadership en interne [c’est-à-dire entre les agences nationales de coopération sanitaire] au leadership mondial par le gouvernement américain », précise le communiqué. « Les Etats-Unis ont bien compris qu’au fond la véritable puissance, aujourd’hui, c’est de pouvoir jouer dans les deux sphères, interétatique et transnationale », analyse l’historien des relations internationales Georges-Henri Soutou. 

Choix financiers sous influence

L’analyse des facteurs qui ont façonné les politiques sanitaires de ces dernières décennies permet de distinguer trois conceptions : la santé mondiale comme investissement économique, comme outil sécuritaire et comme élément de politique étrangère (sans même parler de charité ou de santé publique, deux composantes supplémentaires qui, d’après David Stuckler et Martin McKee, complètent l’ensemble). En politique, la notion de sécurité implique l’urgence, le court terme et le contrôle des maladies contagieuses, plutôt que l’approche holistique et systémique de long terme qu’exigerait le renforcement des capacités institutionnelles des systèmes de santé. La pérennité des interventions financées pendant près de quinze ans en est fragilisée.

Ces observations aident à comprendre pourquoi l’aide n’est que d’une efficacité limitée : quels que soient les montants alloués par le Fonds mondial ou par le gouvernement américain au travers du plan d’urgence de lutte contre le sida (Pepfar ), les performances de ces programmes sur le terrain s’avèrent décevantes. La pertinence des financements en faveur de la prévention, ou l’ajustement des interventions à des dynamiques démographiques, urbaines, sociales, économiques ou conflictuelles, et aux spécificités nationales de la propagation, sont autant d’éléments fondamentaux relativement peu pris en compte.

Trente ans après le début de la pandémie, peu de moyens sont alloués à la recherche locale, épidémiologique, anthropologique et économique au service de la décision. Pour deux personnes mises sous traitement, cinq nouvelles infections se produisent. Le retentissement des violences sexuelles sur la féminisation de la pandémie en Afrique n’est pas même une hypothèse de recherche, sur un continent où les conflits armés se multiplient ! A l’échelle internationale, le détournement de quelques millions de dollars du Fonds mondial suscite davantage l’indignation que l’absence d’analyse, dans les pays mêmes, de l’efficacité des stratégies. Opérés sous influence, les choix financiers privilégient pourtant le paradigme curatif de la santé, au bénéfice de l’industrie pharmaceutique, plutôt que la prévention de la transmission du VIH.

De la multiplication des acteurs de l’aide au développement émergent des conflits de gouvernance entre « décideurs » et « partenaires », ce qui entraîne une dilution des responsabilités : qui doit rendre des comptes sur l’utilisation des financements alloués au travers de partenariats mondiaux ou de mécanismes innovants, quelle que soit la thématique ? Pour les aspects financiers, la responsabilité relève du conseil d’administration du Fonds mondial, plutôt que du seul secrétariat exécutif. Les aspects techniques et stratégiques sont censés être traités par les pays et leurs partenaires (Onusida, Fonds des Nations unies pour l’enfance — Unicef — et OMS). Si les agences de l’ONU ont apporté un appui technique aux Etats, leurs équipes ont-elles su les accompagner vers une vision stratégique qui tienne compte de leurs spécificités pour enrayer les trois pandémies ? Si la réponse est non, il est temps de l’assumer.

L’Afrique, la France et l’Europe seront confrontées au cours des décennies à venir à des défis hors normes. La population du continent noir va doubler d’ici à 2050, passant de un à deux milliards d’habitants, soit 20 % de la population mondiale. D’après l’économiste François Bourguignon, invité au Collège de France pour présenter son ouvrage sur la « mondialisation de l’inégalité », la pauvreté — au sens strict — sera un problème exclusivement africain d’ici à 2040 ou 2050.

Transitions démographique et épidémiologique sont en marche sur un continent qui s’urbanise rapidement, et où des maladies chroniques dont nous n’avons pas encore mesuré l’ampleur deviennent plus massives : cancers, diabètes, maladies cardio-vasculaires et respiratoires, problèmes de santé mentale, maladies liées aux pollutions environnementales… Ces affections, non ou tardivement dépistées et diagnostiquées, se propagent telles de nouvelles pandémies, en plus des accidents sur la voie publique, ajoutant à la charge de travail de personnels de santé déjà en nombre très insuffisant.

Les inégalités de santé s’inscrivent dans le sillage des inégalités économiques et sociales. Les systèmes d’assurance- maladie et de protection sociale se mettent en place trop lentement et inégalement d’une région à l’autre. La « couverture sanitaire universelle » serait utile aux populations pauvres si elle était un moyen au service d’une politique fondée sur les priorités nationales, et en particulier sur la prévention.

Compte tenu des liens historiques et des relations politiques, économiques et commerciales que la France et l’Europe entretiennent avec l’Afrique subsaharienne depuis quelques siècles, la contribution politique, leur expertise et leurs financements sont encore attendus, et ne doivent pas s’effacer derrière les priorités américaines. La situation en Afrique francophone de l’Ouest et du centre appelle des réactions massives sur le long terme.

A faire converger les objectifs de développement avec ceux du développement « durable » pour le monde d’après 2015, nous prenons le risque de ne nous intéresser qu’aux enjeux mondiaux communs, et de négliger une nouvelle fois les Etats fragiles et les populations les plus vulnérables. Les priorités, pour ceux-ci, sont plutôt l’éducation des filles (jusqu’au niveau de l’enseignement supérieur), la santé des femmes enceintes, les maladies tropicales ignorées et les capacités institutionnelles à élaborer et à gérer des politiques complexes.

Ne perdons pas de temps à plaider en faveur de la santé : « Ceux qui se posent la question de savoir si une meilleure santé est un bon instrument de développement négligent peut-être l’aspect le plus fondamental de la question, à savoir que santé et développement sont indissociables, insiste Amartya Sen. Il n’est pas nécessaire d’instrumentaliser la santé pour en établir la valeur, c’est-à-dire d’essayer de montrer qu’une bonne santé peut également contribuer à stimuler la croissance économique. » Privilégions, pour chacun sur la planète, l’idée d’une santé durable, plutôt que le seul mécanisme de financement qu’incarne la couverture sanitaire universelle, désormais présentée comme un objectif de développement durable.

00:26 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique, santé, médecine | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 30 janvier 2020

Russie : la fin pour les Intégrationnistes atlantistes … peut-être ?

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Russie : la fin pour les Intégrationnistes atlantistes … peut-être ?


Source Unz Review via thesaker.is

À présent, nous avons tous entendu la nouvelle, tout le gouvernement russe a démissionné et un nouveau Premier ministre, Mikhail Mishustin, a été nommé. Et nous savons aussi qu’Internet a été submergé par toutes sortes de spéculations sur ce que tout cela pourrait signifier.

Hélas, tant que nous ne saurons pas qui sera inclus dans le nouveau gouvernement, nous ne pouvons pas vraiment dire grand-chose. Je veux dire, oui, en théorie, nous pourrions retenir notre souffle et nous attendre à ce que Glaziev soit nommé à une position importante dans le soi-disant «bloc économique» du gouvernement, mais comment savons-nous que ce ne sera pas Koudrine à la place ?!

On ne le sait pas.

Une chose que nous savons avec certitude, c’est ce que Poutine a annoncé dans son discours. Vous pouvez lire le texte intégral ici pour vous-même, mais voici deux choses que je veux souligner :

1 – Poutine a annoncé un effort majeur pour faire face à la pauvreté – toujours épouvantable – dont souffrent de nombreux Russes.

2- Poutine a annoncé un effort majeur pour vraiment rendre sa souveraineté à la Russie.

Pour le premier point, Poutine a proposé un certain nombre de programmes gouvernementaux majeurs pour faire face à la pauvreté insupportable dans laquelle de nombreux Russes vivent encore, y compris un nombre de maternités beaucoup plus important qui concerne également le problème démographique, des taux d’emprunts hypothécaires réduits, des soins de santé et des repas gratuits dans les écoles, etc.

Dans le deuxième point, Poutine a annoncé ce qui suit :

« La Russie ne peut être, et ne peut rester la Russie, que si  elle est souveraine. La souveraineté de notre nation doit être inconditionnelle. Nous avons fait beaucoup pour y parvenir. Nous avons restauré l’unité de notre État. Nous avons surmonté la situation où certains pouvoirs du gouvernement étaient essentiellement usurpés par des clans d’oligarques. La Russie est revenue dans la politique internationale en tant que pays dont l’opinion ne peut être ignorée. »

et

« Je suggère d’officialiser, au niveau constitutionnel, des exigences obligatoires pour ceux qui occupent des postes d’importance critique pour la sécurité nationale et la souveraineté. »

À tout le moins, c’est un très bon signe. Comme je l’ai suggéré à plusieurs reprises, le slogan «restaurer la pleine souveraineté» peut être un cri de guerre pour les patriotes russes et américains. Et nous connaissons aussi tous ceux qui seront absolument consternés par ces discours sur la «souveraineté», n’est-ce pas ?

Et encore.

J’ai l’impression que je dois mettre tout le monde en garde et rappeler à tous que le problème en Russie – et aux États-Unis – n’est pas tant une question de personne, mais plutôt une question de mauvais système, d’abord et avant tout. Je ne parlerai pas du côté américain de ce problème, mais permettez-moi de vous expliquer rapidement ce qui s’est passé en Russie au cours des dernières décennies.

La Russie d’aujourd’hui est le produit de plusieurs facteurs :

1  – L’Union soviétique non réformable des années 1980, qui s’est transformée en une sorte de «gâteau» pour la «Nomenklatura» soviétique qui, lorsqu’elle a réalisé qu’elle perdrait le contrôle du pays, a décidé de diviser l’Union soviétique en quinze pays différents – dont quelques-uns totalement fictifs – et se sont transformés de «défenseurs du Parti et de l’URSS» en «nationalistes fervents». C’était seulement un faux changement de slogan, comme toujours, mais la majorité des gens – qui voulaient maintenir l’Union soviétique – ne pouvaient rien y faire.

2 – Viennent ensuite les horreurs des années 1990 au cours desquelles la Russie, et le reste des républiques nouvellement créées, se sont débattus dans une orgie d’anarchie, de violence, de corruption et de soumission, totale et absolue, à l’Empire anglo-sioniste.

3 – Enfin, au cours des années 2000, nous avons assisté à une période de partage du pouvoir entre les Intégrationnistes atlantistes dirigés par Medvedev et le Souverainisme eurasien dirigé par Poutine. Il s’agissait d’un partenariat difficile dans lequel les Intégrationnistes atlantistes contrôlaient le «bloc économique» tandis que les Souverainistes eurasiens étaient chargés des affaires étrangères et de la défense de la Russie.

Comme leur nom l’indique, les Intégrationnistes atlantistes veulent intégrer la Russie – et eux-mêmes ! –  dans la sphère de contrôle anglo-sioniste tandis que les Souverainistes eurasiens veulent une Russie véritablement souveraine. Imaginez maintenant ce que ce premier groupe a ressenti en entendant Poutine déclarer :

Je suggère d’officialiser au niveau constitutionnel des exigences obligatoires pour ceux qui occupent des postes d’importance critique pour la sécurité et la souveraineté nationales. Plus précisément, les chefs des entités constituantes, les membres du Conseil de la Fédération, les députés à la Douma d’État, le Premier ministre et ses adjoints, les ministres fédéraux, les chefs d’agences fédérales et les juges ne devraient pas avoir de citoyenneté étrangère ou de permis de séjour ou tout autre document qui leur permet de vivre en permanence dans un État étranger. Le but et la mission du service public est de servir le peuple, et ceux qui entrent dans cette voie doivent savoir qu’en faisant cela, ils connectent leur vie de manière indissociable avec la Russie et le peuple russe sans aucun supposé ni allégeance. Les exigences doivent être encore plus strictes pour les candidats à la présidence. Je suggère d’officialiser une exigence selon laquelle les candidats à la présidence doivent avoir eu leur résidence permanente en Russie depuis au moins 25 ans et aucune citoyenneté, ou permis de séjour, étrangers et non seulement pendant la campagne électorale mais à tout moment avant celle-ci également.

Il s’agit clairement d’une condamnation à mort prononcée contre l’espoir suprême des Intégrationnistes atlantistes qui ne pourront désormais plus intégrer la Russie, ou eux-mêmes – au moyen de passeports, de comptes bancaires ou de biens immobiliers – dans les élites anglo-sionistes. Il y a maintenant même une blague qui court sur Runet (l’Internet russe) :

13h00 - Путин заявил, что госслужащие должны быть только гражданами Россиии
16h30 - Правительство в полном составе ушло в отставку

Traduction :

13 h 00 - Poutine dit que les fonctionnaires ne devraient avoir que la nationalité russe
16 h 30 - Démission complète du gouvernement

Et bien qu’il y ait un élément d’hyperbole ici, il y a aussi beaucoup de vérité !

Pourtant, nous devons toujours nous rappeler que dans l’histoire russe, l’ennemi intérieur a toujours été beaucoup plus dangereux pour le chef de la Russie que tout ennemi étranger. Dans notre cas, non seulement ces Intégrationnistes atlantistes résisteront à toutes les formes de retour véritable de la Russie à la souveraineté, mais ils seront soutenus par une classe politique russe très puissante et riche qui a gagné des millions en volant la Russie aveuglément durant les années 1990, ils seront également soutenus par tous les gouvernements occidentaux et les véritables dirigeants des «États profonds» de l’Empire anglo-sioniste.

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Ensuite, il y a ceux de la blogosphère, présumée pro-russe, qui étaient très heureux toutes ces dernières années de voir la Russie comme une social-démocratie de style occidental avec une économie, disons, très «libérale» – je préfère le mot «capitaliste» ce qui est à la fois plus honnête et moins ambiguë. Ils se sentiront désormais également menacés par ce qui semble être un virage assez dur vers la gauche, ce qui signifie que le Kremlin écoute enfin la volonté du peuple et que le turbo-capitalisme sera désormais progressivement remplacé par une forte augmentation de la solidarité sociale. J’attends avec impatience le yoga mental dans lequel ces gens vont maintenant devoir s’engager pour prétendre soutenir Poutine tout en restant en même temps fidèles à la propagande pour les Intégrationnistes atlantistes.

Comme je l’ai également dit à plusieurs reprises, Poutine est un homme très compétent à la tête d’un très mauvais système, et réformer vraiment un très mauvais système est une tâche extrêmement difficile.

Donc, alors que oui, il est possible que ce qui se passera ensuite soit – enfin ! – une purge de toute la cinquième colonne installée aux échelons supérieurs du pouvoir en Russie, ce n’est en aucun cas un fait accompli et nous devons attendre et voir quel genre de personnes obtiennent réellement leurs postes clés dans le gouvernement russe et, en particulier, dans le «bloc économique».

Nous ne devons jamais oublier à quel point les vrais patriotes russes étaient déçus lorsque, après une victoire triomphale aux élections, Poutine a, pour l’essentiel, reconduit la plupart du gouvernement Medvedev – très impopulaire – la dernière fois. Au lieu d’une purge nous avons eu la vilaine débâcle de la réforme des retraites.

Certains en Russie rêvent déjà d’une véritable purge, à la Staline, des élites politiques au pouvoir. Ils ont même remarqué que le nouveau Premier ministre a une ressemblance plus que minuscule avec Lavrentii Beria, le chef de la police secrète de Staline, voyez par vous-même :

D’accord, oui, il y a une ressemblance, mais les temps ont totalement changé ! Malgré toute la propagande occidentale sur la Russie, qui serait une sorte de «Mordor» autocratique / despotique, la vérité est qu’elle est un pays de droit et que Poutine est un président qui agit strictement dans les limites du droit russe. Il n’y aura pas de purges massives, pas d’arrestations nocturnes, pas d’exécutions secrètes.

Personnellement, je suis prudemment optimiste. Le langage utilisé dans le discours de Poutine porte tous les mots et expressions appropriés, et ses réformes suggérées sont toutes parfaitement sensées. Mais dans le passé, il y avait eu d’autres discours présidentiels avec des objectifs non moins élevés, mais la bureaucratie russe extrêmement puissante – oui, c’est aussi la « cinquième colonne qui n’existe pas » – a fait en sorte que ces objectifs ne soient jamais atteints.

Le nouveau Premier ministre a promis que la liste complète des nominations au nouveau gouvernement serait rendue publique avant le 21. Je suggère que nous attendions d’avoir tous les faits avant de faire des prédictions.

The Saker

Traduit par jj, relu par Kira pour la Saker Francophone

mercredi, 29 janvier 2020

Libyen im Patt: Wer will vom rohstoffreichsten Land Afrikas profitieren?

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Libyen im Patt: Wer will vom rohstoffreichsten Land Afrikas profitieren?

 
Der Berliner Libyen-Gipfel ist vorbei. Einige verbuchen ihn als großartigen Erfolg, andere nur als den Beginn eines langwierigen Prozesses. Wieder andere sehen ihn als unzureichende Darstellung des komplexen Konfliktes in der Region. Wir sprachen mit dem Nah- und Mittelost-Experten Professor Udo Steinbach über die wahren Interessenkonflikte in Libyen.
 
Bildnachweise:
Quelle 1: Das Erste “Anne Will“ vom 19. Januar 2020
Quelle 2: Libyan National Army Information Office
Quelle 3: YouTube // Adeyinka Makinde
Quelle 4: Reuters Pictures Quelle 5: GNA Media
Quelle 6: UNIFEED-UNTV
Quelle 7: Libyan National Oil Corporation Folge
 
"Der Fehlende Part" auf Facebook: https://www.facebook.com/derfehlendep...
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La guerre du droit n’aura pas lieu

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La guerre du droit n’aura pas lieu

par Valérie Bugault 
Ex: http://www.zejournal.mobi

À l’heure où certains commencent en France à se lever face aux risques de « sanctions » que les lois extraterritoriales américaines font peser sur les entreprises « françaises », il faut être bien clair sur les sous-jacents de cette dérisoire rébellion.

Cette « guerre du droit » qui émerge, tardivement, dans la conscience collective française n’aura pas lieu. En effet, depuis la décennie des années 1990, tout est, en France, mis en œuvre pour « anglo-saxonniser » le droit, c’est-à-dire pour faire disparaître tous les fondamentaux juridiques du droit continental traditionnel. Le Code civil, jusqu’alors qualifié de « droit commun » est, depuis cette époque, en voie de « modernisation » afin de le fusionner avec les principes commerçants, jusqu’alors et depuis l’avènement du Code de commerce de 1807, qualifiés de « dérogatoires ».

vblivre.jpgAinsi, depuis les années 90, les « milieux autorisés » (universitaires, juridiques et politiques, tous metteurs en scènes des volontés économiques hégémoniques) sont partis en guerre contre le droit civil français afin de l’accommoder à la sauce anglo-américaine globaliste ; il s’agit, ni plus ni moins que de transformer les principes du droit civil en principes commercialistes. Il serait fastidieux d’énumérer toutes les « modifications-modernisations-simplifications » qui ont eu lieu depuis lors et qui concernent toutes les branches du droit (droit de la famille et des personnes, tant patrimonial que biologique, droit contractuel, droit des biens, droit des sociétés…), toutes ont pour point commun d’être motivées par la domination et l’accaparement des principaux propriétaires de capitaux. Plus précisément il s’agit, pour les dominants monétaro-économiques, de valider juridiquement – par le « droit » donc – leur accaparement définitif sur tous les biens tangibles alors que les valeurs financières immatérielles sont condamnées – par ceux-là mêmes qui les ont créées – à une très prochaine disparition.

La domination économique des principaux propriétaires de capitaux se transforme dès lors en domination juridique. Parmi la multitude d’application de ce phénomène, citons la transformation du « droit de propriété » en « droit de propriété économique », laquelle connaît actuellement un nouveau développement avec le projet de redéfinition du droit de propriété foncier. Nous pourrions également citer la mise en œuvre, en droit français des sociétés, de la théorie de l’Agence…

Ayant déjà longuement écrit sur la question, je ne reviendrai pas ici sur ce qu’il faut entendre par « droit anglo-saxon », rappelons simplement que le prétendu « droit » d’origine anglaise n’est que la mise en forme règlementaire de la domination des puissants sur les faibles et qu’il n’a en conséquence rien – strictement rien – à voir avec le concept juridique de « droit » tel que traditionnellement compris en France.

La France était encore, jusqu’à il y a peu, la flamboyante porte-voix du droit continental, lequel est en retour sa raison d’être, rappelons par exemple :

  • que la Chine désigne la France par un idéogramme signifiant « pays de la loi »,
  • que le Code civil a été le plus grand succès français à l’exportation.

Or c’est précisément le droit continental, dont la France a été l’interprète accomplie, qui est à l’origine de la « civilisation européenne ». Le « droit » anglais, qui s’est, à partir de 1531, développé en toute autonomie, n’a été qu’une coquille formelle dépourvue de sens civilisationnel ; ce droit anglais n’a jamais eu pour objectif de porter et développer les principes d’intégrité et de justice mais au contraire de développer l’emprise des puissances, devenues financières, sur la Société, c’est-à-dire sur les populations. Le « droit anglais » est en lui-même, depuis le XVIème siècle, porteur du concept juridique « d’esclavagisme ».

La France n’existe, c’est-à-dire n’a de justification politique historique, que dans sa vocation à développer le « droit » au sens civilisationnel que ce terme comporte. Or, depuis l’avènement en France :

  • du parlementarisme dit représentatif (Révolution Française),
  • de la Banque centrale (1800),
  • du virage compradore de ses élites financières au début des années 1920,
  • de l’éviction par ses mêmes élites de De Gaulle (1969),
  • du virage compradore des « élites » politiques post-De Gaulle,

vbl3.jpgla France a d’elle-même consciencieusement renoncé à ses fondamentaux historique, c’est-à-dire qu’elle a volontairement renoncé à exister. Il ne faut donc pas s’étonner aujourd’hui de la volonté, ferme et définitive, des différents « gouverne-e-ment » français de faire disparaître l’entité politique française, en tant qu’État-nation, en la scindant et en la fusionnant dans le magma – dont la vocation est ab initio fédéraliste et globaliste – appelé « Union Européenne ». Cette Union Européenne n’est rien d’autre qu’une imposture institutionnelle chargée de valider politiquement la domination irrémédiable des puissances d’argent sur les populations. Elle est le premier pas institutionnel vers le Gouvernement Mondial. D’autres pas institutionnels existent, comme celui vers la création d’une monnaie mondiale dématérialisée contrôlée par les banquiers et leurs affidés…

L'auteur, Valérie Bugault, est Docteur en droit, ancienne avocate fiscaliste, analyste de géopolitique juridique et économique.

mardi, 28 janvier 2020

Allemagne : l’affaire Sarrazin

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Allemagne : l’affaire Sarrazin

La SPD et la liberté d’expression : Thilo Sarrazin est exclu du parti !

ths-b2.pngBerlin : Nous assistons à un nouvel épisode d’une tragicomédie qui a commencé déjà il y a quelques années. La SPD socialiste de Berlin vient d’exclure officiellement son ancien « Finanzsenator » Thilo Sarrazin, 74 ans. On se souvient que Thilo Sarrazin, écrivain en vue depuis la parution de son livre de 2010 « Deutschland schafft sich ab » (littéralement : « LAllemagne se déconstruit et s’autodétruit »), émettait des thèses non conformistes, parfois critiques à l’endroit de l’islam, ce qui le plaçait derechef sous la menace d’une exclusion. La goutte qui a fait déborder le vase fut une visite remarquée lors d’une manifestation de la FPÖ autrichienne dans le cadre de la campagne électorale pour les élections européennes.

Cependant, Sarrazin n’a pas été averti par son parti de la procédure d’exclusion en cours. « Si la nouvelle s’avère exacte, je mettrai en œuvre les procédure légale contre la décision de la cours d’arbitrage du Land de la SPD berlinoise », a déclaré Sarrazin.  « Je m’adresserai au niveau féd éral de cette cours d’arbitrage et j’ai d’ores et déjà mandat mon avocat pour ce faire ». Jeudi après-midi, 23 janvier 2020, tout était encore dans le flou quant à savoir si la décision de la SPD berlinoise était déjà entrée en vigueur ou non.

Politicien en vue de la SPD, Ralf Stegner, naguère membre du Bureau politique du parti, a salué la décision et a tenu des propos aigres : « Il est bon que nous ne devions plus nous justifier pour les éructations idiotes, abruptes et droitistes tenues par Sarrazin sur les réfugiés, sur l’islam et sur d’autres sujets tout aussi dépourvus de bon goût ! La décision était inévitable car la SPD s’est toujours engagée et s’engagera toujours pour la liberté, la justice et la solidarité » écrivait-il dans un « Tweet ».

Sarrazin, qui vient d’être jeté hors de la SPD, devait s’y attendre car, en mars 2019, il avait pris la parole à une soirée de débat organisée par la Fereiheitliche Akademie à Vienne, institu inféodé à la FPÖ. Y participaient également l’ancien vice-chancelier Heinz-Christian Strache, le conseiller de Vienne Maximilian Krauss (FPÖ) et le secrétaire-général du parti autrichien, aujourd’hui retiré de la politique, Harald Vilimsky.

En présentant son livre, Sarrazin avait expliqué que l’islam “était un ordre politique qui entravait la liberté d’expression et la démocratie ». Ces thèses critiques sont les siennes depuis des années et suscitent bien des débats animés. Depuis longtemps, au sein de la SPD, des voix réclamaient son exclusion (ts).

Article paru sur https://www.zuerst.de

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Sarrazin : la SPD berlinoise l’exclut, la FPÖ autrichienne l’invite à la rejoindre !

Berlin/Vienne : En excluant Thilo Sarrazin, la SPD socialiste allemande à gagner une étape dans la lutte. Dans une procédure d’appel, la commission de la cours d’arbitrage socialiste de Berlin a décidé que le parti pouvait exclure Sarrazin.

Les avocats de Sarrazin avaient annoncé qu’ils se pourvoiraient contre cette décision et porteraient l’affaire devant la commission d’arbitrage fédérale du parti. Sarrazin lui-même avait fait savoir qu’il poursuivrait son combat jusqu’au tribunal constitutionnel allemand, afin de rendre son exclusion nulle et non avenue. Bon nombre d’observateurs estiment qu’une telle procédure prendrait des années. Jusqu4à ce qu’une décision finale ne tombe, il restarait alors membre de la SPD.

Sarrazin rejette le jugement prononcé par la cours d’arbitrage berlinoise de la SPD. Devant les micros de l’ARD berlinoise, il a déclaré que dans la procédure d’appel, aucun compte n’avait été tenu de ses arguments. « Manifestement, le jugement avait été écrit d’avance », a-t-il dit. Il a rejeté le reproche qui lui a été fait d’énoncer des arguments de nature « raciste » dans ses assertions relatives aux musulmans. A propos de son livre « Feindliche Übernahme », il a dit qu’il « s’agissait d’un ouvrage scientifiques, qui n’injurie personne, qui demeure entièrement neutre dans sa formulation, bien qu’il présentât des faits peu agréables à entendre ».

52949076z.jpgEntretemps, la FPÖ viennoise a proposé à Sarrazin de lui accorder le titre de membre d’honneur. « Thilo Sarrazin a abordé dans ses ouvrages des problèmes importants en rapport avec l’islamisation de l’Europe et son corollaire, la perte de l’identité mitteleuropéenne », écrit la chef de la section viennoise de la FPÖ Dominik Nepp sur sa page Facebook, pour justifier la proposition de son parti. « C’est pour ces raisons qu’il est réprouvé et rejeté par de vastes segments de l’établissement de gauche. Pour ma part, il sera toujours cordialement le bienvenu à Vienne » (se).  

Article paru sur https://www.zuerst.de

 

La coopération stratégique entre la Russie et le Japon se précise

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La coopération stratégique entre la Russie et le Japon se précise

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il est généralement admis que le Japon est un fidèle auxiliaire de Washington dans sa lutte contre Moscou et Pékin. Il est très proche des Etats-Unis dans le domaine technologique et commerciale. Il ne paraît pas prêt à compromettre ces rapports.

De plus, sa proximité géographique avec la Russie et la Chine est généralement considérée à Tokyo comme une faiblesse. On compte sur la Flotte américaine du Pacifique pour aider éventuellement à la protection des côtes.

Cependant, durant un débat au Parlement le 22 janvier 2020, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a indiqué que les relations de coopération entre la Russie et le Japon avaient pris une importance encore jamais vue. Il a fait allusion à des projets économiques conjoints dans les Iles Kouriles méridionales, jusqu'à présent des territoires revendiqués respectivement par chacun des Etats. En novembre 2018, Vladimir Poutine et Shinzo Abe avaient annoncé qu'ils travaillaient ensemble à la définition d'un traité de paix à ce sujet.

Par ailleurs, les 20 et 21 janvier 2020, des manœuvres aéro-navales communes ont été organisées entre la Flotte Russe de la Baltique et la force japonaise d'auto-défense (Japanese Maritime Self-Defence Fleet) en Mer d'Arabie, visant à réprimer les activités de piratages très nombreuses dans ces eaux.

Dans le même temps, le 21 janvier, l'ambassadeur russe en Corée du Nord a discuté des possibilités de coopération avec les autorités de ce pays dans le domaine de l'aviation civile et de la dénucléarisation. Ceci a été bien accueilli au Japon qui redoute de voir la Corée du Nord se doter de nouveaux armements dont le Japon aurait pu être la première cible. Ultérieurement, le Japon pourrait participer activement au grand projet de coopération ferroviaire et commerciale associant la Corée du Sud, la Corée du Nord, la Russie, la Chine et la Mongolie dans le cadre du programme initialisé par le Chine dit des Nouvelles Routes de la Soie.

Il ne s'agit pas encore d'un traité de coopération formelle entre le Japon et la Russie. Mais avec le rejet de plus en plus marqué des Etats-Unis dans la région, ce Traité pourrait être recherché activement par Tokyo.

lundi, 27 janvier 2020

Radicalisation : mot piégé

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Radicalisation : mot piégé

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

Article publié sur < ahref= https://www.marianne.net/debattons/les-mediologues >Marianne

Les médiologues

La récente libération d’un jihadiste parti en Syrie dès 2012, puis d’un islamiste, chef de Forzane Aliza, leur peine purgée, rappelle que, dans un État de droit, même les gens qui le combattent, finissent en liberté. Et, comme d’autres jihadistes relâchés avant eux, ils sembleraient avoir gardé leurs convictions. Cela n’étonnera que ceux qui pensent que l’institution pénitentiaire peut sauver les âmes ou ramener les égarés.

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La formule rituelle est : « ils ne se sont pas déradicalisés ». Cette terminologie devenue quasi officielle suggère un mécanisme psychique, peut-être réversible. Cela donna d’ailleurs lieu à un business de la déradicalisation maintenant plus contesté.

Étymologiquement, la radicalité est le fait de retourner aux racines de sa foi. Un salafiste, par définition littéraliste et fondamentaliste, ne devrait pas se sentir offensé par le mot. Mais le problème est le suffixe : « ation » qui suppose une action subie. D’autant que les médias parlent parallèlement de radicalisation du débat d’idées (dérivant trop à droite ou à gauche), de radicalisation du mouvement social qui se durcit ou de gilets jaunes radicalisés, ceux qui imiteraient les black blocs dans les manifestations. Initialement « normal », on pourrait donc se radicaliser, voire se déradicaliser.

Cette phraséologie entretient trois ambiguïtés :

- Le flou sur la différence entre une idée et un acte. Entre mauvaises pensée et actions brutales, contamination et brutalisaton. Selon F. Khosrokavar auteur de Radicalisation, ce serait le « processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d'action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l'ordre établi...». Cela suppose que le sujet soit sous influence ; la captation par l’idée pousse-au-crime pourrait se détecter, voire se corriger. L’idéologie est ce qui s’attrape (ou qui vous attrape) et change vos codes pour faire obéir et haïr. Le mystère de la violence ainsi renvoyé à l’énigme de la croyance - du moins celle qui est contraire à nos valeurs - soulève un paradoxe. Les radicalisés nous considèrent nous, les « normaux », comme les endoctrinés qui agressons. Et toute lutte idéologique suppose de proclamer que l’adversaire est un fanatique destructeur.

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- La frontière se confond entre une croyance et une volonté. Les jihadistes sont hyperdogmatiques et, même si nous ne cessons de leur répéter que « ce n’est pas le vrai islam », ils ne font rien qu’ils ne justifient par une sourate ou un hadith. Le principe de soumission au commandement divin - qui les conduit à refuser toute démocratie, Dieu devant commander et non le peuple - suppose le projet de vivre leur foi dans une communauté pure. Donc de combattre tout ce qui s’oppose au triomphe de l’Oumma. Donc l’obligation de la lutte. L’horrible cohérence du raisonnement rend douteuse la comparaison avec les gens qui tombent dans la drogue, l’alcoolisme ou la délinquance.

- La tension entre une passion et un dogme. On a beaucoup débattu (Roy vs Keppel) si un désir de radicalité cherchait prétexte ou direction dans le jihadisme ou l’inverse. Ou bien une force,- certes liée à des facteurs économiques, sociologiques ou culturels -, comme un désir de mort, trouve à se décharger dans l’engagement islamiste (mais pourquoi sous cette forme là ?). Ou bien une idéologie éveille les pulsions les plus guerrières (mais pourquoi avec une pareille efficacité rhétorique ?). Tout au long de l’Histoire les idées qui voulaient changer le monde ont rencontré des colères qui mobilisaient des gens. Entre les deux, des communautés, des groupes organisés, des outils pour convaincre et rassembler. C’est, d’ailleurs, ce dont s’occupe souvent la médiologie.

La notion de radicalisation réduit les rapports entre violence, révolte, soumission et idéologie à une dérive psychologique, crise ou anomalie sociale.

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Outre qu’elle n’explique guère, elle nie deux dimensions du jihadisme. Fait religieux, il suppose une communauté qui se rassemble par le haut. Fait politique, il implique une instance qui se proclame notre ennemie et nous traite comme tels. Là où nous pensons dysfonctionnements et thérapie, ils pensent affrontement final et jugement des âmes. Nier que l’autre pense n’a jamais aidé à le vaincre.
 

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