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mardi, 15 décembre 2020

Les "antiracistes" et la réinvention du langage

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Les "antiracistes" et la réinvention du langage

par Marco Malaguti

Source : Centro Machiavelli & https://www.ariannaeditrice.it

"Je ne suis pas raciste mais...". Cette phrase a longtemps été une phrase qui ne peut plus être prononcée. Dans le passé, elle était utilisée pour exprimer les distinctions les plus polies concernant l'immigration de masse, mais maintenant elle est considérée comme une sorte de confession. Le "mais" nie automatiquement la négation, quelle que soit la suite de la phrase, de sorte que le "je ne suis pas raciste" est arbitrairement supprimé par celui qui reçoit la phrase : une intervention extérieure brutale révoque la légitimité de la relation existante entre le signifiant et le signifié, modifiant de manière significative ce deuxième aspect, le sommet du triangle sémiotique de la signification.

31tJToGpqVL.jpgUne telle opération n'est possible qu'en intervenant au niveau de la légitimation, dont le fonctionnement est décrit avec précision par Jean-François Lyotard dans le deuxième chapitre de La condition postmoderne avec un titre particulièrement emblématique : "Le problème". Le droit de décider de ce qui est vrai - par exemple, que la phrase "Je ne suis pas raciste mais" implique le rejet de la discrimination raciale - est pour Lyotard un problème essentiellement prospectif. Le droit de décider de ce qui est vrai ou faux (par exemple un sens), est étroitement lié au droit de décider de ce qui est juste et de ce qui est injuste. Dans un tel scénario, la science (la sémiotique) est étroitement liée à la politique et à l'éthique qui, selon Lyotard, reposerait sur un concept appelé "Occident". Lyotard conclut son chapitre par ce commentaire paradigmatique : "Qui décide de ce qu'est la connaissance (c'est-à-dire le sens à attribuer aux signifiants, ndA) ? La question de la connaissance à l'ère des technologies de l'information est plus que jamais la question du gouvernement".

En ce sens, l'œuvre culturelle du progressisme a été activée avec clairvoyance par une remise en question de toute la culture occidentale qui a sagement combiné les outils d'un relativisme semi-absolu et d'un dogmatisme para théologique qui ne sont qu'en apparence en contradiction l'un avec l'autre. L'affirmation progressive de significations progressistes corroborée par l'imprimatur de la légitimité académique et politique a placé les défenseurs des anciennes significations dans une impasse dont il semble n'y avoir aucune issue.

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Dans un tel contexte, l'adversaire double les enjeux : il ne suffit plus de proclamer que l'on n'adhère pas aux anciennes significations, il faut les répudier publiquement. L'autodafé de l'Inquisition espagnole est de nouveau à la mode. C'est ce qu'ont suggéré des universitaires comme Ibram Kendi (Université de Boston), qui, lors d'un webinaire de l'Université de Stanford, a déclaré qu'il ne suffit plus de ne pas dire qu'on est raciste, mais qu'il faut une déclaration publique de lutte contre le racisme.

Nous l'avons vu : Lyotard a attribué à l'Occident un sens central en tant que concept prospectif. Si nous encadrons les significations dans une prospective occidentale (c'est-à-dire blanche), la déclaration de Kendi a une logique qui lui est propre : les institutions décident de ce qui est juste et de ce qui ne l'est pas, c'est-à-dire qu'elles décident des significations des signifiants dans une perspective eurocentrique, donc implicitement raciste. Au lieu de cela, exiger des autoproclamations ouvertes d'antiracisme démolit le système de consensus et de légitimité sur lequel reposent les significations.

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Mais le problème qui se pose est celui de l'émergence, qui connote cette évolution comme une simple succession d'actes de force nihilistes : ceux qui ont le plus de force brute et de ruse pour s'imposer au détriment des autres sont aux commandes, et une perspective commune fait totalement défaut. C'est ainsi que se produit le déclin de toute transcendance politique, en particulier dans les républiques libérales-démocrates. En ce sens, le concept d'État lui-même est redéfini et se corrode, devenant une sorte de vase prêt à être rempli, selon la fortuité, le hasard et les forces qui s'affrontent à l'extérieur, avec des significations toujours nouvelles. Les oppositions, quelles qu'elles soient, sont soumises à la violence coercitive des maîtres du sens, prêts cependant à en payer le prix au premier moment de faiblesse de ceux-ci.

Le concept d'alternance démocratique disparaît, submergé par une lutte brutale pour la vie et la mort.

Cet état de précarité totale est perçu avec lucidité par les appareils au pouvoir, qui courent se mettre à l'abri :

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Le pouvoir déclenche une course à des lois toujours plus liberticides dans une sorte d'idéation pré-traumatique mais loin d'être paranoïaque. Cette tendance peut être observée dans tous les pays, des démocraties libérales occidentales aux pays "populistes", des "démocraties" sud-américaines au totalitarisme chinois et aux monarchies musulmanes du Golfe persique. Dans tous les pays du monde, les technologies et les lois qui les contrôlent représentent le secteur clé des relations entre les gouvernements et les oppositions, et aucun changement de tendance n'est visible : ce processus trouve précisément ses racines dans le champ de bataille sémiologique et plus encore dans celui des récits et des images.

L'importance de ce champ de bataille a été implicitement soulignée par Kendi lui-même à l'occasion des dernières élections présidentielles, lorsqu'il s'est particulièrement attardé sur des expressions telles que "vote légal" et "responsabilité personnelle", soulignant le caractère éminemment linguistique du problème. Il reste à savoir si les différentes langues du monde, en particulier celles d'origine européenne, peuvent être repensées dans une optique "inclusive" et "antiraciste", ou si, ayant été codifiées et provenant d'une époque certainement "raciste" (ainsi que "patriarcale", "homophobe", etc.), elles ne devraient pas plutôt être abolies tout court et remplacées par quelque chose d'autre, peut-être créé de toutes pièces, en dehors de la perspective occidentale.

Ce problème affecte la légitimité même des États qui seraient théoriquement appelés à approuver de telles mesures, mais qui sont aussi les rejetons d'un même horizon sémiotique. La conséquence serait qu'aucun État, du moins à l'Ouest, ne serait pleinement légitime. Un message radical dont les conséquences à long terme peuvent être aussi dangereuses qu'impondérables.

Fausses nouvelles : une nouvelle chasse aux sorcières

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Fausses nouvelles : une nouvelle chasse aux sorcières

par Enrica Perucchietti

Source :  Nazione futura & https://www.ariannaeditrice.it

Enrica Perucchietti, journaliste et écrivain, fait un tabac en librairie avec Fake News. Come il potere controlla i media e censura l’informazione indipendente per ottenere il consenso.  (= Fake News. Comment le pouvoir contrôle les médias et censure l'information indépendante pour obtenir un consensus). Ce livre décrit le monde dystopique dans lequel nous avons été catapultés ces derniers mois. Analyses, descriptions, commentaires et réflexions pour démasquer le pouvoir qui contrôle l'information et occulte la dissidence.

Entretien avec Enrica Perucchietti

Fake News vise à démasquer le pouvoir qui contrôle les médias et censure l'information. Pensez-vous que la lutte contre les fausses nouvelles ressemble à une nouvelle chasse aux sorcières ?

Oui, je crois que la lutte actuelle contre les pseudo-fausses nouvelles est en fait une chasse aux sorcières, d’un type très élaboré, visant à réprimer toute dissidence. Elle dure désormais depuis trois ans, et elle a atteint son point culminant pendant le confinement, avec la censure sur le Net de contenus que l'algorithme de service ne considérait pas comme convergents avec le récit officiel sur le Covid-19. D'une part, cette chasse aux sorcières moderne exploite la question de la cyberintimidation, de la haine et de la désinformation sur le web, pour aboutir à l'approbation d'une censure du réseau, en venant à assumer, du DDL Gambaro à la Commission d'enquête parlementaire sur les fausses nouvelles, l'introduction de nouvelles lois ou formes d'amendes et d'emprisonnement pour ceux qui divulguent des nouvelles "fausses, exagérées, biaisées, concernant des données ou des faits manifestement infondés ou faux" ; des normes qui rappellent le crime d'opinion (une forme moderne de psycho-réalité orwellienne), dont le but n'est pas tant de frapper les nouvelles non fondées que la dissidence en général.

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La classe politique prépare-t-elle les nouvelles pour obtenir un consensus et obscurcir les dissensions?

La propagande a toujours été, même en démocratie, un outil de formation de l'opinion publique et d'hétéro-détermination du consensus. La politique, et plus généralement le pouvoir, a intérêt à diriger l'information, qui, surtout au cours de ces derniers mois, est parfois devenue indissociable de la propagande. Un exemple récent est le décret-loi 34/2020 (dit "décret de relance") qui, dans son article 195, a prévu l'allocation de 50 millions d'euros pour la fourniture d'une contribution extraordinaire en faveur des diffuseurs locaux de radio et de télévision (c'est-à-dire des spots) qui s'engagent à transmettre des messages de communication institutionnelle relatifs à l'urgence sanitaire dans leurs propres espaces d'information. On peut imaginer combien d'éditeurs, pour accéder à ce financement, en viendront à accepter de diffuser des spots institutionnels et à aligner leur ligne éditoriale sur une version pro-gouvernementale. Cela conduira bien évidemment à la formation de l'opinion publique en orientant le consensus dans la direction prédéterminée d'en haut (dans ce cas par le gouvernement). Les informations de masse qui se diffusent par le biais des médias grand public et bénéficient d'investissements sont obligées de se soumettre à des lignes éditoriales spécifiques et à la volonté (ou au caprice) des sponsors. Y compris, bien sûr, la censure.

Ce que vous appelez la "psychose antiraciste" se répand. De quoi s'agit-il ?

Cette psychose fait partie du progressisme politiquement correct qui, depuis des années, tente de reprogrammer les consciences. Au lieu de sensibiliser les citoyens sur des questions significatives, elle tente de convertir les masses par la violence, la psychose et l'hystérie, en refusant toute forme de confrontation. En d'autres termes, on a créé une forme de psychopole arc-en-ciel et politiquement correct qui ne tolère pas les déviations par rapport à la pensée unique qui est aussi féroce qu'implacable. Pensons, par exemple, à Black Lives Matter : le mouvement, né après l'homicide dont fut victime George Floyd, a décrété l'interdiction de films parce qu'ils sont considérés comme racistes, sexistes, homophobes ou transphobes, (Variety, le magazine américain culte des cinéphiles du monde entier, a publié une liste de dix films considérés comme "dangereux", de Autant en emporte le vent à Forrest Gump), une autre liste d’œuvres littéraires (de Dante à Lovecraft), une liste de termes considérés comme racistes et a également banalisé la démolition iconoclaste de statues. Cela a généré une véritable psychose qui a touché des domaines inattendus, en changeant une fois de plus le langage et en interdisant l'utilisation de termes tabous. L'Oréal, la multinationale des cosmétiques, a décidé de supprimer le mot "blanc" et "blanchissant" de ses produits : cette décision intervient après que la filiale indienne du groupe Unilever, qui a choisi de rebaptiser sa crème blanchissante pour la peau commercialisée sous le nom de "Fair & Lovely", ait visé un modèle plus "inclusif". Johnson & Johnson a également confirmé aux médias qu'elle ne vendra plus le sérum blanchissant "Fine Fairness" de Neutrogena, mais qu'elle le remplacera par un hydratant d'Indian Clean & Clear, appelé "Clear Fairness Cream". La frénésie antiraciste a également investi le Git-Hub, la communauté des développeurs informatiques, peuplée de programmeurs d'Apple, Microsoft, Google, Twitter, Facebook et sur laquelle les codes sources sont téléchargés et divers sujets sont débattus sur des forums de discussion spéciaux. Le siège a pris la décision d'abolir le terme technique "maître", utilisé dans les logiciels, parce qu'il est trop proche de l'esclavage.

Donald Trump pourrait être un cas d'école, en tant que victime de la censure par Twitter, surtout dans son moment politique le plus délicat : la campagne électorale. Comment analysez-vous l'affaire Trump dans le contexte de la communication ?

C'est un cas emblématique et très grave en termes de liberté de pensée et d'information, puisque - qu'on aime le personnage ou non - Trump a été victime de battage publicitaire, de campagnes de diffamation, de scandales montés et pilotés avec art, voire de censure des réseaux sociaux et des chaînes de télévision. La censure a servi à empêcher à tout prix que certains messages du président sortant puissent pénétrer et se répandre dans l'opinion publique : si cela se produit avec l'occupant de la Maison Blanche, comment peut-on penser que le citoyen moyen sera immunisé ?

Les canulars circulant facilement sur le web sont des canulars, rarement reconnus par l'utilisateur moyen. Serait-ce une bonne habitude de vérifier les faits ?

fake-news-n-e-4d.jpgSi la vérification des faits était objective et ne constituait pas seulement un moyen d'attaquer, de dénigrer et de persécuter des informations indépendantes, elle constituerait une pratique bonne et souhaitable. C'est pourquoi j'ai rejoint le projet de Matteo Gracis du site nobufale.it, dont le but est de vérifier les nouvelles, y compris, toutefois, celles transmises par les médias, qui sont les premiers à se tromper, et non de vérifier les nouvelles et de diffuser de fausses nouvelles.

Sommes-nous en train de revivre un deuxième 1984 ?

Nous risquons de nous réveiller dans un contexte très similaire. En quelques mois, nous avons été catapultés dans une véritable dystopie, un système totalitaire, produit par l'intersection d'idéologies égalitaires, du capitalisme technologique et du contrôle pharmaceutique, incluant la surveillance des citoyens, le déploiement de drones, les amendes sauvages, les propositions de bracelets hi-tech pour la distanciation sociale, la distanciation verticale dans les transports publics, le psycho-policier, le néo-langage avec l'invention de termes ad hoc pour marquer les dissidents (NO MASK , négationniste, etc.), la censure du web, les traitements médicaux obligatoires, la délation, la tempête d’injures sur les réseaux sociaux contre ceux qui osent critiquer les mesures prises par le gouvernement. ), la censure sur le web, le traitement médical obligatoire, etc. La crainte de l'urgence sanitaire a conduit à la création d'une sorte de psychopole dans lequel les citoyens ont joué avec diligence le rôle d'informateurs, prêts à dénoncer toute personne qui, selon leurs paramètres, ne respectait pas les règles. Cela a créé une sorte de chasse au "untore" de la mémoire de Manzoni (vous vous souvenez de la colonne infâme ?) avec le signalement viral de comportements ambigus et la création de groupes Facebook où signaler tout contrevenant aux interdictions. Les "dissidents", c'est-à-dire ceux qui critiquaient l'excès de restrictions, étaient insultés, dénigrés, menacés, coupables précisément de penser mal, comme si leur esprit critique pouvait mettre en danger, voire "infecter", toute la communauté. On peut bien dire que, assombrie, voire écrasée par le poids de la peur, la recherche de la sécurité a conduit de plus en plus de personnes à accepter de s'appuyer sur des mesures autoritaires et répressives pour se sentir en sécurité. Le pouvoir, qui ne s'identifie pas à la politique mais l'exploite et la dirige dans les coulisses, profite des moments de crise pour diriger l'opinion publique de manière de plus en plus sophistiquée, en imposant un principe d'autorité : dans un horizon où tout risque de s'estomper et de disparaître sous le poids des images, où tout devient "relatif" et virtuel, pour comprendre ce qui est vrai et ce qui est faux, il faut se référer à une autorité extérieure pour être rassuré et savoir orienter ses choix.

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La langue est un autre élément étudié dans son analyse. La pathologie du politiquement correct affecte-t-elle également notre façon de nous exprimer ?

Le recours à des néologismes toujours nouveaux, créés avec art, signifie que ce n'est plus nous qui pensons avec des mots, mais que ce sont les mots eux-mêmes qui pensent pour nous. Cela se produit parce qu'ils sont vidés de leur sens, sclérosés, tout comme l'esprit des gens est devenu schizophrène à force d'être manipulé et de vivre dans un présent éternel où l'histoire est constamment falsifiée et réécrite. Le langage est réduit à l'essentiel, les mots deviennent des coquilles vides, idéales pour véhiculer les concepts du « double langage » orwellien, qui peuvent être constamment modifiés, renversés, niés, désavoués. De même que la conscience est nivelée et l'identité de la personne est éradiquée, car "remplie" par les préceptes du pouvoir, de même le langage est vidé. La pensée unique, aujourd'hui, ne nécessite plus une censure violente, bien que le dénigrement et la violence médiatique la remplacent en partie, mais fait de chacun un censeur de lui-même. D'une part, la répression et la violence nous empêchent d'exprimer ce que nous voudrions, par peur d'une réaction; d'autre part, le politiquement correct et le néolangage (la novlangue) rendent de plus en plus difficile non seulement de parler et d'écrire, mais même de penser. Le néo-langage politiquement correct est une construction artificielle et bureaucratique ; c'est une langue pour les fanatiques idéologiques, qui infecte le monde entier, s'imposant par des slogans et une dépendance aux médias. Aujourd'hui, nous pouvons observer de nombreux exemples de néo-langage, mais le plus flagrant est le processus de réécriture du langage, qui a été imposé par le gender friendly pour subjuguer mentalement les consciences et les empêcher de "penser", et surtout de penser de manière "hérétique".

Revenant sur la forme du langage, quand le pouvoir "s'adresse au public comme à des enfants" ?

L'exploitation de l'émotion est une technique classique, une règle d'or, pour provoquer un court-circuit dans une analyse rationnelle. De plus, l'utilisation du registre émotionnel permet d'ouvrir la porte à l'inconscient, d'implanter ou d'injecter des idées, des désirs, des peurs et des craintes. Walter Lippmann a déjà expliqué l'importance de l'empathie : une personne finit par s'identifier à une idée ou à une image lorsqu'elle la sent sienne, c'est-à-dire lorsqu'elle éprouve un sentiment de participation émotionnelle et donc de proximité.

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Comment la stratégie de distraction est-elle mise en œuvre ?

Elle est l'élément principal du contrôle social et consiste à détourner l'attention du public des problèmes et des changements importants décidés par les élites politiques et économiques, par la technique du déluge ou de l'inondation de "distractions" continues et d'informations insignifiantes. C'est-à-dire qu'il vise à occuper le public sans lui donner le temps de réfléchir, le rendant ainsi "passif". Déjà Aldous Huxley notait, dans Le meilleur des mondes revisité, comment les puissants avaient compris que, pour contrôler les masses, il fallait agir sur "l'appétit presque insatiable de distractions" de l'homme. En ce sens, explique le romancier anglais, l'industrie des médias est décrite comme l'un des bras armés des gouvernants, visant non pas tant à communiquer le vrai ou le faux, mais plutôt à offrir l'irréel, c'est-à-dire une évasion du réel qui oblige l'homme à se distraire des contingences sociales, économiques et politiques. Cette règle peut également être appliquée aux scandales, aux nouvelles ou aux commérages, qui servent à détourner l'attention de l'opinion publique de problèmes beaucoup plus urgents. Il comprend également tous les événements sportifs ou spectacles qui parviennent à attirer une attention considérable des médias et donc du public.

L'urgence de Covid19 a été un test pour la communication au grand public. Quel a été l'effet sur la population ?

À partir des différentes versions émises sur la propagation de la contagion, pendant les mois de la pandémie du Covid-19, les informations officielles étaient virtuelles, contradictoires et parfois schizophrènes, alimentant un récit catastrophique et générant la terreur et la psychose de masse. Au cours des premiers mois, je pense que le caractère vague des informations était dû en partie au manque de transparence dans la gestion initiale de la pandémie par la Chine et en partie à la diffusion de données contradictoires et peu claires par les organismes institutionnels et les "experts". Pendant des semaines, même les journalistes n'ont pas pu comprendre la gravité de la situation, car les déclarations - parfois exprimées superficiellement et à titre personnel - des "experts" étaient trop diverses et contradictoires. D'où la désorientation et la perception publique de l'information "virtuelle". Dans les mois qui ont suivi, on a cependant pu constater que les médias ont délibérément choisi de continuer à cautionner le catastrophisme et d'accroître l'anxiété et la psychose, poursuivant une criminologie de la santé visant à maintenir un climat de peur élevé et justifiant des mesures répressives clairement destinées à maintenir la pression jusqu'à l'arrivée du vaccin. Le fait que l'opinion publique soit divisée même sur une question aussi sensible que la pandémie du Covid-19 montre clairement que l'information, de plus en plus spectaculaire, peine parfois à être crédible, précisément parce qu'elle semble avoir abandonné l'objectivité et la recherche de la vérité pour se soumettre à des lignes éditoriales spécifiques ou simplement pour faire de l'audimat, capter quelques clics ou vendre quelques exemplaires supplémentaires d'un journal. Dans ce cas, même les journalistes se sont trouvés obligés de courir après des informations confuses et contradictoires émanant d'organes officiels : comme ils sont tous devenus des "experts" mais sont tous en contradiction les uns avec les autres, il a été difficile de reconstituer et de diffuser des informations correctes.

Davos, le Covid-19 et la grande réinitialisation

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Davos, le Covid-19 et la grande réinitialisation

"Guerre" et Covid, considérations amorales
 
Irnerio SEMINATORE

La Réinitialisation

La Réinitialisation, ou le "Great Reset" est le guide prospectif de "Davos", phare du globalisme référentiel, pour repenser le système international, améliorer le capitalisme, apporter des solutions aux défis planétaires et esquisser un nouvel ordre mondial. Pour les adeptes de la théorie du complot, il s'agirait de la mise sur pied d'un plan mondial de contrôle, de manipulation et de destruction malthusienne de la population, sur fonds de pandémie Covid 19 et du réseau 5G. La droite réformiste et multilatéraliste du globalisme, s'opposerait ici, à l'aile souverainiste et multipolariste du mondialisme.

La réinitialisation serait au même temps le Graal de "Davos" et le secret inavouable des globalistes de la grande finance, dont l'idéologie se constitue autour d'un projet de dépopulation planétaire et donc d'une philosophie génocidaire, à expérimentation smart et transversale, pour mesurer concrètement les failles du système, âpre et asymétrique. L'hypothèse de base de ce projet, grâce au Covid19 est de reconstruire la société sur une économie durable, qui a ses limites dans l'insuffisance des ressources et dans l'inadaptation des politiques censées les distribuer.

Qui ne se rappelle à ce propos du Rapport Meadows sur "Les limites à la croissance" de 1972, qui fut commandé au Massachusetts Institute of Technology (MIT), par le "Club de Rome" ? Personne ne peut oublier, à ce même propos, l'incontournable "1984" de Orwell, publié en 1949, sur les formes de totalitarisme qui se cachaient derrière la façade de la Novlangue, l'universalisation de la restriction des limites de la pensée.

41y7IMyPZzL._SX315_BO1,204,203,200_.jpgLe Rapport Meadows

Le premier modélisait l'empreinte écologique des principales interactions du "Système Terre": population, économie, énergie, production agricole et industrielle. Il mettait en avant le danger, pour l'environnement planétaire des conséquences dramatiques d'une croissance démographique et économique exponentielle de l'humanité sur le long terme et faisait état des risques de catastrophe environnementale et économique, liés à la quête de croissance, à partir de ressources limitées et d'un monde fini. Le rapport concluait à l'urgence de freiner l'augmentation de la population ainsi que l'industrialisation. La théorie de l'interdépendance, conçue dans la même année, 1972, par le "Rapport Spécial du Département d’État américain", servait parfaitement ce modèle et laissait entrevoir une possible convergence d'intérêts entre Est et Ouest, capitalisme et socialisme.

Les modalités des calculs du Rapport Meadows comme la dimension alarmiste du rapport firent l’objet de nombreuses controverses, en particulier l’idée que le franchissement de certaines limites conduirait nécessairement à un effondrement économique et à une baisse massive de la population. Ce travail précurseur a largement contribué à une prise de conscience non seulement de la fragilité de l’écosystème, mais aussi des "boucles de rétroaction" qui le régissent et des questions démographiques en matière d’environnement. Selon Laure Waridel et Philippe Descamps, les conclusions du rapport Meadows tiennent toujours la route et son rejet témoigne de la force des biais cognitifs quant aux effets de l’activité humaine sur l’environnement et en appelle toujours à freiner la croissance et à protéger la biodiversité.

91AXG-rkZJL.jpg"1984" de George Orwell

Le deuxième modèle, "1984" de Orwell, se donnait pour but, dans un monde obstinément bipolaire et radicalement antinomique de restreindre, avec le paradoxe de la Novlangue, les limites de la pensée, de manière à ce que les crimes de celle-ci, l'opposition, l'insubordination ou la révolte, n'aient plus de mots ou de concepts pour l'exprimer (toute analogie à l'actualité est purement arbitraire). D'autres penseront pour vous, par des procédés du haut vers le bas de la société !

L'insémination des idées comme celle des enfants procédera par des méthodes artificielles. D'autre part la réinterprétation et le renversement mémoriels du passé transformeront le mensonge en vérité.

L'abattement des statues des grands hommes, le changement de noms des édifices et des rues,la modification et le trucage des photos, ou encore les actuelles fake-news, altéreront et modifieront le passé et deviendront les vérités du moment, le sang bouillant qui nourrit l'esprit de révolte. Ils seront le tombeau de l'autorité ! Dans ces conditions la réinitialisation devient nécessaire et se colore de la promesse de la Bible et la mondialisation représentera le rachat de la dégénérescence du christianisme.

Le Covid de Davos

Le Covid est une chance pour Davos ! Les complotistes, les conspirationnistes et les vérificateurs de la pensée ont acquis la certitude qu'elle avait été inventée, créée à dessein, dans les laboratoires militaires de Wuhan ! Et bien non !

81TBcvgYqNL.jpgElle vient d'un monde inique et pervers, qu'il faut réformer et un changement radical s'impose ! Profitons de cette occasion historique ! "Il s’agit, - clame d'en haut le tout-puissant Docteur Schwab, Président-Fondateur de Davos,- de rendre (le monde) moins clivant, moins polluant, moins destructeur, plus inclusif, plus équitable et plus juste que celui dans lequel nous vivions à l’ère pré-pandémique." Une véritable révolution ! Ni rouge ni noire, mais verte ! Elle rendra notre vie, déjà difficile, définitivement plate et sans oppositions.

En effet la réinitialisation, n'est pas une conséquence du Covid, mais une opportunité fondatrice. Il faudra agir "ensemble et rapidement, afin de réorganiser tous les aspects de nos sociétés et de nos économies, de l’éducation aux contrats sociaux et aux conditions de travail. Chaque pays, des États-Unis à la Chine, doit participer, et chaque industrie, du pétrole et du gaz à la technologie, doit être transformée." Une grande révolution globaliste blanche, inclusive et laissant derrière nous le Mal (les oppositions) et les grandes iniquités sociales. Voici le terrifiant message de Davos. Il est existentiel et biblique ! En clair le choix de chacun se résumerait aux expressions les plus simples : Politique ou science bridée ? État ou individu ? Démocratie ou totalitarisme ? Au niveau inter-étatique et systémique, le champ de la pandémie aura pour confrontation l'emprise du pouvoir de l'hémisphère Nord sur le Sud, ou bien de l'Est sur l'Ouest ? Et la réinitialisation sera-t-elle souple et  multilatéraliste et par conséquent interne à l'actuelle hiérarchie des pouvoirs mondiaux, ou, en revanche, multipolariste et disruptive, exigeant une guerre nucléaire ? Elle sera de nature à comporter un coup d’État globaliste à l'intérieur de la Triade. Et quel sera le choix de l'Europe et de l'Otan dans ce terrain, totalement nouveau, d'expérimentation et d'expérience historique ?

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Guerre et Covid19. Considérations amorales

Si le Covid est considéré comme une forme de guerre et donc comme un aspect de la politique mondiale, interne à la logique d'affrontement régulier du système, dont le but inavouable serait un projet de dépopulation de la planète et donc une grande purge générale du monde, un accord entre les puissances globales (Triade- USA, République Populaire Chinoise et Russie, ou avec les noms de 1984 d'Orwell, Oceania, Eurasia et Eastasia) est nécessaire pour le contrôle mesuré de la pandémie. En revanche, si le Covid n'est qu'un complément de la politique d'hégémonie et de suprématie systémiques, tous les autres moyens de la politique seront nécessaires pour affermir ses intérêts, y compris la guerre nucléaire et génocidaire, à côté des gains (en morts) de la pandémie. Ainsi la perspective de résolution de la pandémie ne concernerait plus seulement un choix de régime et de société, ni même une révolution blanche, mais une option de fond sur la nature civilisationnelle du système hégémonique de demain et sur la détermination, conséquente et contraignante, des grands choix éternels de la philosophie. Cette option aura pour référence de base le citoyen ou le peuple et, par là et en conséquence ultime, la garantie de sécurité de l’État; autrement dit une soumission conditionnelle et relative de l'individu au pouvoir en Océania ou, par une sorte d'antinomie conceptuelle, une subordination intégrale et totale de l'individu au Pouvoir et au "Ministère de la Vérité", en Estasia, où le souverain est le démiurge arbitraire du destin des nations.

Bruxelles le 13 décembre 2020

lundi, 14 décembre 2020

Télétravail, la rupture...

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Télétravail, la rupture...
 
par Hervé Juvin
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin,  cueilli sur son site personnel et consacré aux conséquences de la généralisation du télétravail provoquée par les les mesures sanitaires de lutte contre l"épidémie.

Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

Télétravail, la rupture

Et si les conséquences politiques et sociales de la réponse au COVID19 comptaient à la fin bien plus que les effets directs et indirects de la maladie ?

Télétravail, des heureux

Et si la réponse au COVID19 avait accéléré la fin de la société salariale européenne, de sorte que c’est est fini du travail au bureau, des immeubles de bureaux, et de la vie au travail telle que la société du tertiaire l’a réalisée et vécue pendant un demi-siècle, partout en Europe, telle qu’est s’est généralisée au point que l’universalisation du salariat semblait écrite ?

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Cette société de conseil, sise à la Défense, réduit sa superficie de bureaux des deux tiers, économisant au passage plusieurs centaines de milliers d’euros de loyers, et adopte le principe du « deux tiers télétravail ou chez le client, un tiers au bureau ou chez le client ».

Ce cadre dirigeant d’une banque voisine le reconnaît à mi-voix ; après un premier confinement (raté) à Paris, un second confinement (réussi) sur le bassin d’Arcachon, devenu virtuose dans l’art de manier téléconférences et webinaires, l’idée de revenir au bureau chaque jour de la semaine est devenue totalement improbable, et le travail à distance s’impose comme une évidence.

Et ces investisseurs britanniques et luxembourgeois de faire leurs calculs ; mettre en télétravail la majeure partie des salariés employés des sociétés dans lesquels ils ont investi, économisé l’espace de bureau, les abonnements et les frais correspondants, peuvent augmenter les dividendes de moitié dans l’année !

Ils ne font que tirer objectivement les conséquences financières d’un état de fait que bien peu semblent vouloir regarder en face ; les entreprises, et en fait leurs actionnaires, ont réussi ce dont ils rêvaient depuis longtemps, reporter le coût de l’outil de travail sur le salarié. Nous en revenons au travail à domicile, au travail à façon, au travail à la pièce !

Le télétravail soulève de vraies questions pour notre société

C’est entendu, le salarié pourra, ou devra, être en télétravail la majorité du temps — rappelons que dans une France dont les services représentent plus de 70 % de l’activité, c’est à peu près le tiers des salariés dont la nature du travail n’implique pas la présence physique sur le lieu de travail, chez le client, ou dans un lieu défini ; le déport des tâches vers le client final (par exemple dans la banque, qui rêve de fermer ses guichets et de déporter toutes les opérations sur le numérique) accélère l’évolution en ce sens.

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Qu’en est-il du télétravailleur ? Qu’il travaille depuis son appartement, sa résidence secondaire, ou un bureau qu’il a loué, c’est à lui d’assumer le coût de son lieu de travail, des abonnements d’électricité, de chauffage, d’Internet qui vont avec, et de son poste de travail (bien sûr, certaines entreprises prendront tout ou partie de ces coûts en charge. Seront-elles les plus nombreuses ?) Et, pour les entreprises qui n’ont pas de chèques déjeuner, et au titre de dispositions récentes du gouvernement, c’est à lui de supporter intégralement le coût de ses repas. Il est généralement estimé qu’un poste de travail acceptable occupe au moins 5 min 2 s à 6 min 2 s. Pour certains, le prix du m2 est négligeable ; à Paris, ou dans les autres métropoles, disposer d’un bureau individuel pour télétravailler est un luxe qui se paie, et quine pourra pas toujours se résumer à occuper un coin de la table de la cuisine, ou du salon !

L’organisation concrète du télétravail dans la durée pose des questions à ce jour peu résolues. Celles bien sûr de la construction et de l’animation du collectif ; que devient l’équipe, le service, l’entreprise même, quand les contacts à distance se substituent à la proximité du lieu de travail commun ? Et que devient cette fabrique de l’intelligence collective et de l’intimité professionnelle qu’est la machine à café, ou le restaurant d’entreprise ? Celles de la gestion du temps de travail, de la disponibilité et de la présence au travail.

Vers une réorganisation complète du lien salarial !

Qui n’a des exemples des débordements auxquels les mails, les téléconférences, les messages « urgent » envoyés à des heures baroques, soumettent des salariés qui de fait, n’ont plus d’horaires — c’est-à-dire ne ferment plus jamais la porte du bureau ; ils n’ont plus de bureau ! Et qui n’anticipe une déstructuration des temps sociaux qui transforme tout ce que nous croyions savoir sur la séparation entre temps de travail et loisir, entre présence au bureau et temps amical ou familial, etc. ? Le plus grave est d’une tout autre portée ; elle touche le fonctionnement démocratique lui-même. Le contact direct, dans l’entreprise comme entre citoyens, permet de confronter les points de vue, d’opposer les opinions, de creuser les désaccords — pas la téléconférence. La fabrique de la bonne décision, comme celle du vote, suppose cette expression qui peut avoir lieu en face à face, mais que les figurines en damier sur l’écran de « zoom » ne permettent pas. Dans l’entreprise comme à un Parlement européen tenté par le « tout virtuel », il faut mesurer ce qui est perdu, et qui s’appelle construction collective de la décision et du choix.  

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Il est plus que vraisemblable que les entreprises saisissent l’occasion donnée par la réponse publique à la pandémie, le télétravail, pour pérenniser et généraliser une modalité de travail qui a pour elles d’immenses avantages, au moins à court terme — et d’abord, celle de diviser les prix de leurs loyers et de leurs fournitures. Et il est tout aussi vraisemblable que cette occasion débouche sur une remise en cause du salariat, comme lien de subordination, comme engagement réciproque dans le temps, et comme institution de socialisation. Quand tout le travail est effectué « à la maison », avec un contact épisodique avec le chef de service, le manager ou le directeur qui agissent en donneurs d’ordres et en maître d’œuvre, avec un contrôle qualité et des livrables prédéfinis, qui a dit que le mot de « salarié » avait encore un sens ? Que deviennent la subordination et le lien hiérarchique, sinon ceux d’un prestataire à son client ? et quelle est la différence en un salarié en télétravail permanent, et un contrat de service de longue durée ?

Les expériences accumulées récemment, comme les expériences plus anciennes conduites dans des entreprises (EDF, etc.) et sous le contrôle de syndicats attentifs ont mis en avant l’ambigüité du télétravail, les risques de désocialisation qu’il peut entraîner, la difficulté à maintenir des rythmes de vie structurés, la difficulté plus grande encore à partager le savoir et à faire progresser la communauté de travail en mutualisant les retours d’expérience. La pression du court terme laisse peu de choix aux entreprises. C’est là que la politique sociale et conventionnelle devrait reprendre ses droits. Comme politique industrielle, comme politique des revenus, politique de l’emploi et politique du travail ne sont pas des gros mots.

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Et tout indique, des effets inouïs du numérique aux pratiques issues de la pandémie, qu’aucun gouvernement ne pourra longtemps laisser sans y répondre une situation qui conduit à la fois à l’éclatement du salariat comme nous l’avons connu, à une précarisation de l’emploi et des parcours professionnels sans précédent, à une « ubérisation générale » des emplois (nombre de professions dites « intellectuelles » se trouvant ravalées au rang de « petits boulots » précaires), et peut-être aussi à des libertés des offreurs de compétences et de services qui peuvent déboucher sur de nouvelles dynamiques et de nouvelles performances — hors de l’entreprise comme nous la connaissons, et de l’emploi comme nous l’avons connu.

L’entreprise comme assembleuse de compétences externes, l’entreprise comme conceptrice et ordonnatrice de réseaux de prestataires travaillant à la demande ; le travail comme travail à façon, travail à la demande, le travail comme prestation de service, disponibilité, ou vente d’informations ; ni les entreprises seules, ni les salariés devenus autoentrepreneurs, seuls, n’ont la capacité d’organiser, structurer et sécuriser leurs relations, et d’organiser la nouvelle société qui remplace déjà la société salariale. Car l’État seul, et les institutions, et la négociation collective peuvent faire de cette transformation un progrès, et assurer que la facilité du télétravail et le mirage du travail chez soi débouchent bien, pour finir sur le meilleur travail et la meilleure activité.

Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 1er décembre 2020)

L'OTAN cherche le conflit

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L'OTAN cherche le conflit

Par Finian Cunningham

Source : https://www.ariannaeditrice.it

L'alliance militaire queconstitue l'OTAN, dirigée par les États-Unis, est comme un junkie belliciste  qui a besoin d'injecter des conflits et des tensions pour obtenir une "justification" de son existence.

La dépendance pathologique de l'OTAN à cette drogue belliciste s’est révélée à l’évidence avec la publication, la semaine dernière, de sa déclaration intitulée "OTAN 2030 - Unis pour une ère nouvelle".

En lisant entre les lignes de cette déclaration, il est clair que les planificateurs de l'alliance cherchent désespérément une justification officielle "pour pouvoir demeurer pertinents", plus de 70 ans après la création du bloc militaire en 1949, au début de la guerre froide avec l'Union soviétique.

Et les dirigeants de l’OTAN trouvent "justification" à leur existence en parlant de menaces imaginaires, posées par la Russie et la Chine. La guerre froide doit être maintenue, sinon l'OTAN deviendra lettre morte. Et les drogués au bellicisme ne peuvent pas laisser cela se produire.

Dans ses discours, Jens Stoltenberg, dirigeant civil de l'OTAN, a exagéré la menace d'agression en accusant la Russie et la Chine de "se rapprocher de nous" de "l'Arctique à l'Atlantique". Selon le chef de l'OTAN, le remède pour relever ce "défi" consiste, pour l'alliance, à déployer encore plus de forces et de bases militaires aux frontières de la Russie et probablement aussi de la Chine.

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En guise de rappel à la réalité, le Commandement de la flotte russe de la Baltique a publié cette semaine des données montrant qu'au cours des douze derniers mois, les États-Unis ont multiplié par cinq les vols de bombardiers stratégiques près des frontières occidentales de la Russie par rapport à l'année précédente. Ces avions sont capables de lancer des armes nucléaires. Cela s'est fait sous la présidence de Trump qui était censé être "modéré" face à la Russie et essayait de "normaliser" les relations bilatérales (selon ses critiques libéraux).

En outre, les États-Unis et la Pologne, membres de l'OTAN, ainsi que la Roumanie, déploient des missiles balistiques capables de frapper la Russie dans les minutes qui suivent leur lancement.

Pendant ce temps, Washington a mis au rebut une autre institution de contrôle des armements, le traité "Ciel ouvert", ce qui signifie que la Russie a été empêchée d'effectuer des vols de surveillance réguliers pour surveiller l'éventuelle montée en puissance de l'armée américaine.

Ce qui précède fait suite à la destruction, l'année dernière, par l'administration Trump du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) de l'époque de la guerre froide, qui pourrait ouvrir la voie au déploiement par les Américains d'armes nucléaires dites "tactiques" en Europe, dirigées contre la Russie. Une fois de plus, Trump, selon les médias mainstream, était censé être un "larbin" de la Russie. Arrêtez la propagande !

Les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN ont également l'intention de déployer davantage d'armes nucléaires tactiques près du territoire chinois. Cela expliquerait pourquoi Washington a abandonné le traité FNI. Alors que les Américains accusaient la Russie de violer ce traité, la vraie raison était que Washington se donnait carte blanche pour déployer des armes qui auraient été interdites dans des positions offensives vis-à-vis de la Chine.

Alors, qui menace qui ? La "déclaration d'intention" de l'OTAN accusant la Russie et la Chine de représenter une menace croissante est manifestement absurde. Elle met la réalité sens dessus dessous et l'articule avec une double pensée flagrante, ou une duplicité pure et simple.

L'OTAN est accro à la création d'ennemis parce qu'elle doit trouver un moyen de justifier les dépenses de près d'un trillion de dollars par an en armements militaires. Il s'agit des dépenses combinées de "défense" des États-Unis et de leurs alliés de l'OTAN. Ces dépenses représentent environ 20 fois celles de la Russie et de ses forces armées et cinq fois celles de la Chine.

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Le complexe militaro-industriel est une composante essentielle de la politique économique du capitalisme occidental. Les lobbyistes de l'industrie et les pots-de-vin substantiels font en sorte que les politiciens de Washington et de l'Europe sont achetés pour danser joyeusement au son des flûtes atlantistes et ainsi, pour maintenir en vie tout le racket de l'argent militaire. Cela explique les achats très onéreux de chasseurs-bombardiers F-35 et le remplacement des armes nucléaires en Italie, en Belgique et en Allemagne.

Mais au-delà de tout cela, l'OTAN n’est rien d’autre que le fer de lance de l'impérialisme américain. Sans la couverture politique de l'OTAN, Washington n'a pas le vernis du "multilatéralisme" quand il veut lancer des guerres à travers la planète. Garder l'OTAN unie, ou "rester pertinente" comme le disent par euphémisme ses planificateurs, est essentiel pour blanchir les opérations criminelles de l'impérialisme américain.

Avec une audacieuse distorsion orwellienne de la réalité, l'OTAN se retourne ensuite et accuse la Russie et la Chine de menacer la paix et la sécurité mondiales.

Le président élu Joe Biden parle de renforcer l'alliance de l'OTAN tout en pointant du doigt la Russie et la Chine, ce qui est inquiétant. Et les laquais euro-américains semblent disparaître du débat face à la perspective d'un plus grand aventurisme de l'OTAN. L'Amérique "est de retour", comme le déclare Biden, et les larbins européens sont ravis d'être impliqués dans de nouvelles guerres et de nouvelles agressions (celles perpétrées en Irak, en Afghanistan, en Somalie, en Libye, en Syrie, n'ont pas suffi).

Les fous bellicistes s'agitent dans cet asile qu’est devenu l'OTAN. Les camés bellicistes aspirent à une solution apocalyptique.

Avec les économies capitalistes occidentales en pleine crise et les problèmes sociaux en hausse, le danger est bien réel que les hallucinations de l'OTAN sur la Russie et la Chine finissent par déclencher des guerres.

Les gouvernements imbéciles d'Europe sont tous, autant qu’ils sont, à la merci de Washington et des centres de commandement de l'OTAN ; ils acceptent les mensonges de la propagande et les font leur, niant ainsi la réalité. L'exemple le plus frappant est la complicité de l'OTAN avec les groupes terroristes djihadistes sur les théâtres du Moyen-Orient, en particulier en Libye et en Syrie, où l'OTAN a utilisé ces fanatiques pour renverser des gouvernements légitimes que Washington n'aime pas, pour ensuite devoir faire face au retour de ces terroristes, ceux qui ont quitté l'Europe (les fameux combattants étrangers) et tirer la sonnette d'alarme sur le danger d'attentats, qui se sont régulièrement produits en France, en Allemagne, en Belgique et en Grande-Bretagne. Cependant, la leçon de ces épisodes n'est jamais apprise par les laquais européens de Washington et de l'OTAN.

Note sur l’auteur :

*Finian Cunningham a beaucoup écrit sur les questions internationales, avec des articles publiés dans plusieurs langues. Il est diplômé en chimie agricole et a travaillé comme rédacteur scientifique pour la Royal Society of Chemistry, à Cambridge, en Angleterre, avant de poursuivre une carrière de journaliste d'investigation. Il est également musicien et auteur de chansons. Pendant près de 20 ans, il a travaillé comme rédacteur et écrivain dans des médias de premier plan, dont The Mirror, Irish Times et Independent.

Source : Information Clearing House

Traduction et note de bas de page : Luciano Lago

 

dimanche, 13 décembre 2020

COVID-19: Quand l'Absurde devient Norme

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Café Noir N.01

COVID-19: Quand l'Absurde devient Norme

Une émission de Pierre Le Vigan et Gilbert Dawed

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde.
Émission du Vendredi 11 décembre 2020 avec Pierre Le Vigan et Gilbert Dawed.
 

samedi, 12 décembre 2020

Distanciation sociale et fraternité spirituelle

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Distanciation sociale et fraternité spirituelle

Un message du Groupe "Heliodromos" (Italie)

A méditer pendant le confinement et l'obligation à la distanciation sociale

Ex: https://www.azionetradizionale.com

Ce qui s'assemble aujourd'hui, artificiellement, jour après jour, sous nos yeux, prend de plus en plus le caractère sans équivoque d'une civilisation mécanique et anti-humaine, fondée sur une forme de barbarie sociale et politique dans laquelle, s'inspirant d'Ortega y Gasset, l'homme d’excellence ("celui qui exige beaucoup de lui-même"), est supplanté par l'homme vulgaire ("celui qui n'exige rien, mais se contente de ce qu'il est, et reste admiré de lui-même"), prêt à sacrifier toute liberté, dont il ne sait que faire, pour prolonger d'un jour seulement sa propre misérable et inutile survie terrestre. Le remplacement radical du paradigme sur lequel reposait l'existence de tout un chacun, il y a seulement quelques mois, est le signe d'un véritable tournant d'époque, qui laisse entrevoir une étape supplémentaire et définitive de l'action anti-traditionnelle, dont René Guénon nous a magistralement fait prendre conscience.

unnamedhdcouv.pngPour rester dans l'ère moderne, il s'est passé quelque chose de semblable, et tout aussi extrême et définitif, avec l'Humanisme, introduit suite à la Peste noire qui a clos le Moyen-Âge, entraînant la dissolution politique qui a vaincu l'Empire en le remplaçant par les Nations ; la dissolution religieuse et spirituelle marquée par la Réforme protestante ; la dissolution anthropologique, artistique et culturelle représentée par la Renaissance : après cette période, rien n'était plus vraiment comme avant. Jusqu'à ce que, par le truchement des Lumières, la Révolution française achève le travail de sape des siècles précédents et forme la matrice de toutes les tendances subversives et anti-humaines ultérieures.

La qualification négative croissante (qu'il serait plus correct d'appeler "disqualification") des agents humains est désormais bien visible : ces agents sont devenus les instruments et les porteurs de germes dissolvants, et ont obtenu l'accès au sommet des organes de l'État et des institutions publiques, lesquels sont de plus en plus "défectueux", voués aux vices, à la dépravation et à des perversions plus ou moins cachées. Ce processus involutif avait encore naguère pour vecteurs-accélérateurs l'inadéquation et le manque de qualité croissants de ceux qui étaient censés contrer ces processus, les réduisant à la seule vague concrétisation et à l'organisation de simples actes réactifs. On a donc recours à une attitude passive et perdante, car ceux qui réagissent partent d'une position de faiblesse, ayant déjà pris "gifles et coups", et se retrouvent à se battre sur le terrain choisi par l'adversaire.

Le fait est que les civilisations fondées sur des principes traditionnels, comme l'ont été les civilisations romaine et médiévale dans nos régions du monde, dans lesquelles l'homme a encore joué un rôle actif, devenant en même temps à la fois le récepteur et l’émetteur des influences spirituelles que ces réalités animaient, ont été suivies d'expressions de plus en plus partielles et incomplètes telles que, pour en rester aux étapes subversives mentionnées ci-dessus, la Contre-Réforme de l'Église catholique, le Légitimisme contre-révolutionnaire du XIXe siècle, jusqu'aux Fascismes européens du siècle dernier : les derniers émetteurs du témoin et le flambeau d'un feu toujours moins pur et moins vivant.

En arrivant à l'époque contemporaine et en regardant la farce sanitaire actuelle, tous ceux qui tentent, avec mérite, d'échapper   (- avec des nuances et des points de vue différents, pas toujours conciliables les uns avec les autres -)   au chœur bêlant du troupeau terrifié par le virus, ne font finalement que "répondre" et "réagir" à la narration officielle du pouvoir pharmaceutique et de ses infâmes serviteurs, en acceptant leurs arguments et leur champ de bataille, à commencer par la bataille de l'information. Peut-être quelqu'un se sentira-t-il encore libre et en pleine possession de ses facultés intellectuelles, simplement parce que le Pouvoir lui permet (pour peu de temps encore, vous verrez !) de se livrer au sarcasme et à l'ironie - comme toujours amplifiés dans les moments de crise et de difficulté - en se moquant des éléments marginaux et périphériques de toute l'orchestration. Se réduisant ainsi à utiliser les mêmes thèmes avec lesquels cette énorme fiction a été construite, en essayant seulement d'en inverser le sens, et d'en expliquer les données et le contenu d'un point de vue partiel ; manquant la vue d'ensemble, qui ne peut venir que de la connaissance des lois cycliques traditionnelles. Avec la circonstance aggravante de tomber dans le syndrome démocratique, qui prétend communiquer la vérité à quiconque, en raison du besoin sentimental de partage unanime et collectif. Alors qu'il devrait être établi depuis longtemps qu'il ne vaut la peine de se dire des choses que parmi ceux qui parlent la même langue.

heliodromos-20_21.jpgLe désir de sauver tout le monde (même ceux qui n'ont aucun désir d'être sauvés ! ) et le prosélytisme qui en découle, naissent, après tout, du fait que l'on se sent lié à tout le monde, sans distinction ; ignorant par culpabilité - du moins ceux qui ont une formation traditionnelle et anti-moderne - ce qu'Evola affirmait en son temps, dont l'enseignement est très précieux et décisif dans des moments comme le présent qui voit la prévalence de la confusion et de la désorientation, dans une de ses phrases les plus citées : "A partir d'un point donné, plus de sang, plus d'affection, plus de pays, plus de destin humain, on ne peut encore se sentir uni à quelqu'un. Unis, vous ne pouvez vous sentir unis qu'avec ceux qui sont sur le même chemin que vous".

Comme les données traditionnelles nous le montrent, à la fin du cycle actuel de l'humanité, le renversement parodique de tout principe et de toute institution, politique ou religieuse, devra nécessairement se produire, à partir des mêmes castes, sous réserve d'une inévitable "régression" dans leur rôle et leur signification d'origine, qui les conduira à un renversement total, au point qu'ils se retrouveront aux plus hautes fonctions, non seulement ceux qui étaient autrefois les Çûdra, mais aussi les parias et les intouchables, avec lesquels tout contact était interdit dans la civilisation hindoue. Et quel meilleur signe qu'une telle interdiction, que l'introduction parodique et ridicule de la distanciation sanitaire comme nouvelle condition de toute future coexistence humaine et sociale ?

Revenir donc à la phrase d'Evola qui vient d'être mentionnée : "partir d'un point donné" était déjà quelque chose qui, historiquement, avait sa validité objective par rapport aux tournants d'époque qui se sont produits au cours des siècles passés, mais qui prend une actualité définitive avec les événements que nous vivons aujourd'hui. D'autant plus si ce changement s'opère au sein des consciences, où les événements extérieurs ne représentent qu'un reflet de révolutions bien plus profondes que la misérable chronique quotidienne. Parmi les effets involontairement favorables de la mise en place des soins de santé, il faut cependant noter la clarification de la discrimination entre esclaves et opposants, entre les adeptes non critiques et obtus du récit officiel et ceux qui ont une ouverture d'esprit éclairée par la réflexion de la raison, toujours capables de poser des questions. Avec ceux qui portent le masque partout, convaincus qu'ils sauvent leur peau, avec ceux qui se saluent de la façon la plus étrange, en évitant soigneusement les étreintes et les poignées de main (gestes qui sont devenus, qui l'aurait cru, révolutionnaires !), avec ceux qui aseptisent même les pensées, nous ne pouvons rien avoir à partager. Et cela vaut en particulier pour les soi-disant partis, mouvements, cercles et initiatives de la "droite", non moins alignés que d'autres : par commodité, par peur et par manque évident de foi et de cohérence avec ce qui est dit en paroles. Au moins, ils auraient le courage de se saluer romantiquement, plutôt que de se barrer comme des ivrognes !  

Ainsi, "plus que par le sang" on peut se sentir uni (face aux décrets ministériels !), compte tenu de la désintégration et des attaques subies contre les liens familiaux et contre tous les descendants généalogiques, privant la société de son unité de base et de l'une de ses plus grandes forces et de sa stabilité. Il en résulte que des liens plus forts avec des personnes extérieures à la famille qu'avec les frères et sœurs naturels eux-mêmes peuvent être établis, lorsqu'une union horizontale et naturaliste est remplacée par une union verticale et spirituelle, en vue de projets communs et d'intérêts supérieurs qui transcendent le profit économique et héréditaire. Et, surtout, "plus que par les affects", étant donné la vacuité actuelle des liens sentimentaux, où l'intérêt personnel et l'égoïsme prévalent, au détriment du dévouement amoureux et de l'altruisme désintéressé, parce que l'amour authentique n'est pas quelque chose de froid, d'abstrait, d'indifférencié, de calculé et visant un rendement matériel. Il est vivant, chaleureux, intense et fortifiant. Par conséquent, pas même "plus que par la patrie", dégradée au rang de « comité de la nation et des entreprises », puisque le rôle du Père, dont elle a tiré son nom et sa signification, avec l'imposition de ses limites (au consumérisme en général et aux "droits" également marqués par les idéologèmes consuméristes) et de ses règles, a disparu, n'est plus fonctionnelle dans la société capitaliste, avec une prédisposition naturelle à l'audace, au risque et au danger, à la virilité et à la valeur, considérée comme un gaspillage inutile par la société dans laquelle les trois Mères (Suspiriorum, Tenebrarum et Lacrimarum) dominent ; ainsi que "plus que par un destin humain", surtout si cela a réduit la grande majorité des individus à des poulets d'élevage grossiers et gênants.

heliodromos-solstizio-20131.jpg"Unis, vous ne pouvez vous sentir qu'avec ceux qui sont sur le même chemin que vous", alors vous devenez la bannière et la devise qui doivent distinguer le militant du Front de la Tradition, à qui est confiée la tâche de témoigner avec courage et loyauté à l'Esprit (en tant que Réalité suprême, transcendante, absolue et illimitée), et de rester fidèle aux devoirs et responsabilités qui en découlent, de manière impersonnelle et sans en regarder les fruits. Pour quitter le troupeau destiné à l'abattoir inévitable et devenir un Groupe actif, conscient, formé et préparé, sans tergiversations ni références croisées, avant que "le temps n'arrive", prêt à faire sa part et à prendre la place de chacun, il est indispensable de prendre et de parcourir le Chemin amer ("pour la longueur du voyage et la fatigue de la route", selon l'ésotérisme islamique) qui conduit individuellement à la reconstruction intérieure, et en accord avec l'application d'une stratégie communautaire visant à la constitution, également physique, d'une forteresse et d'une république d'amis du sacré et d'hommes de bonne volonté, construite sous la bannière de la paix, de la sérénité et de la justice, dans la tempête déchainée du choc final.

Pour ce faire et pour donner une perspective large et globale à l'action à entreprendre, il faut examiner attentivement les possibilités concrètes d'intervention dans le monde extérieur, en supprimant tout romantisme et toute physiologie du beau geste (vieilles maladies de notre mouvance !), en visant exclusivement ce qui peut réellement servir, surtout "pour plus tard". Cela signifie que nous devons continuer à faire avec cohérence ce qui a été fait jusqu'à présent, en partant d'une analyse de la réalité effectuée, en son temps, à la lumière de la doctrine traditionnelle ; en silence, avec le détachement nécessaire et le renoncement indispensable pour ne pas être ébloui par les miroirs aux alouettes que le monde moderne nous présente, avec ses superstitions technologiques et informatiques, fantasmagoriques et déviées.

Au début de notre activité extérieure en tant que groupe Heliodromos, en imprimant les premiers numéros du magazine avec la ronéo, après un engagement minutieux et méticuleux avec la machine à écrire, il est venu à l'esprit des plus jeunes et des plus "novateurs" d'entre nous d'acheter une machine à écrire électrique, pour faciliter et accélérer le travail de composition ; nous nous sommes heurtés à une résistance inexplicable de la part de Gaetano, qui n'était pas du tout satisfait de toute cette dépendance technologique. Ce refus s'est ensuite traduit par l'utilisation immodérée des téléphones portables, qui commençaient discrètement à s'imposer, et des premières possibilités offertes par l'internet. La méfiance de Gaetano est née, d'une part, de raisons spirituelles bien fondées (les conforts ne sont pas toujours conciliables avec le travail intérieur et l'ascèse, bien au contraire !), et d'autre part, d'un souci prescient de devenir les victimes d'un contrôle de plus en plus intrusif, dont nous ne pouvons comprendre l'ampleur qu'aujourd'hui (avec nos échanges continus de messages sur les médias sociaux et nos rencontres très confortables sur le zoom !) Et la découverte que les mafiosi fugitifs évitaient soigneusement l'utilisation du téléphone, recourant à des "pizzini" apparemment anachroniques, a considérablement renforcé sa position.

indirizzi-per-l-azione-tradizionale.jpgAujourd'hui, que le dégoût pour les virologistes, les journalistes et les dirigeants qui pontifient quotidiennement en direct à la télévision (répugnants serviteurs, à qui l'on confie le sale boulot pour l'instauration de la dictature de la santé), vous donne envie de leur taper dessus et de rentrer chez vous un par un - en infligeant une "saine punition" à ceux qui contribuent à violer les lois divines et naturelles -, les paroles d'Evola, adressées en son temps à l'anarchiste de droite, reviennent plus utiles que jamais : "Bien sûr, si l'on pouvait aujourd'hui organiser une sorte de Sainte Vehme opérationnelle, de manière à maintenir les principaux auteurs de la subversion contemporaine dans un état constant d'insécurité physique, ce serait une très bonne chose. Mais ce n'est pas quelque chose qu'un jeune (et dans le monde d'aujourd'hui, pas même un État, ndlr) peut organiser, et d'autre part le système de défense de la société actuelle est trop bien construit pour que de telles initiatives ne soient pas étouffées dans l'œuf et ne soient pas payées trop cher". Il s'agirait, en fait, d'une explosion sentimentale infantile et stérile (passivement réactive, comme expliqué ci-dessus) qui, comme nous l'a appris l’ère du terrorisme intérieur du siècle dernier et du terrorisme international d'aujourd'hui, ne ferait que renforcer le pouvoir de l'adversaire, lui fournissant l'alibi pour de nouvelles restrictions répressives. Même si la constitution d'une unité opérationnelle "Barbalbero", qui se consacrerait à abattre, par exemple, dix antennes 5G pour chaque arbre déraciné, ne serait pas une mauvaise idée !

Mais cela ne fera pas obstacle au nouvel ordre mondial. Si le système actuel s'effondre, comme il est juste et naturel de l’imaginer, c'est plutôt en raison de son extrême fragilité et de son interdépendance informatique. Probablement, au moment où l'extension de son pouvoir de contrôle et de domination sera sur le point de devenir absolue et étendue à l'échelle planétaire, un petit échec ou une incursion souhaitable des pirates du web héroïques suffira à bloquer l'engrenage et à précipiter ce semblant de domination. Un peu comme ce qui arrive à Sauron dans la finale du Seigneur des Anneaux, qui est sur le point de prendre le dessus et qui est vu comme annulant à tout moment son "réseau" de contrôle et de domination, avec la simple destruction d'un objet insignifiant comme peut être un anneau. Un grain de sable qui bloque tout le mécanisme, ou, si vous préférez, le triomphe des fabricants de "couvercles" contre l'Illusion éternelle, des fabricants de "pots".

Heliodromos, n. 25-26, Equinoxe d'automne - Solstice d'hiver 2014

(pour plus d'informations : libreria@raido.it)

jeudi, 10 décembre 2020

La perception des idées de Martin Heidegger et Carl Schmitt en Chine

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La perception des idées de Martin Heidegger et Carl Schmitt en Chine

Par Xie Dongqiang

Traduction de Juan Gabriel Caro Rivera

Ex: https://www.geopolitica.ru/es

Martin Heidegger

Martin Heidegger était un penseur allemand, l'un des plus grands philosophes du XXe siècle. Il a créé la doctrine de l'Être comme l'élément fondamental et indéfinissable, mais faisant partie intégrante de l'univers. Il est l'un des plus éminents représentants de l'existentialisme allemand.

Franz_Brentano_portrait.jpgSelon lui, la philosophie, pendant plus de 2000 ans d'histoire, a prêté attention à tout ce qui a les caractéristiques de l'"être" dans ce monde, y compris le monde lui-même, mais a oublié ce que cela signifie. C'est la "question de vie" de Heidegger, qui traverse toutes ses œuvres comme un fil rouge. Une des sources qui a influencé son interprétation de ce thème a été les travaux de Franz Brentano (photo) sur l'utilisation des différents concepts de l'être dans Aristote. Heidegger commence son œuvre principale, L’Etre et le Temps, par un dialogue tiré du Sophiste de Platon, qui montre que la philosophie occidentale a ignoré le concept d'être parce qu'elle considérait que sa signification allait de soi. Heidegger, pour sa part, exige que toute la philosophie occidentale retrace dès le début toutes les étapes de la formation de ce concept, appelant à un processus de "destruction" de l'histoire de la philosophie. Heidegger définit la structure de l'existence humaine dans son ensemble comme "Sorge" (= le Souci), qui est l'unité de trois moments : "être dans le monde", "courir en avant" et "être avec le monde de l'être". La "Sorge" est la base de "l'analyse existentielle" de Heidegger, comme il l'a appelée dans L'être et le temps. Heidegger pense que pour décrire une expérience, il faut d'abord trouver quelque chose pour laquelle une telle description a un sens. Ainsi, Heidegger déduit sa description de l'expérience à travers le Dasein, pour lequel l'être devient une question. Dans L’Etre et le Temps, Heidegger a critiqué la nature métaphysique abstraite des façons traditionnelles de décrire l'existence humaine, comme l’"animal rationnel", la personnalité, l'être humain, l'âme, l'esprit ou le sujet. Le Dasein ne devient pas la base d'une nouvelle "anthropologie philosophique", mais Heidegger le comprend comme une condition pour la possibilité de quelque chose comme "anthropologie philosophique". Selon Heidegger, le Dasein est "Sorge". Dans la partie sur l'analyse existentielle, Heidegger écrit que le Dasein, qui se trouve jeté au monde entre les choses et les Autres, trouve en lui la possibilité et l'inévitabilité de sa propre mort.

L'essence de la pensée de Heidegger est la suivante : l'individu est l'existence du monde. Parmi tous les mammifères, seuls les humains ont la capacité d'être conscients de leur existence. Ils n'existent pas en tant que "je" associé au monde extérieur, ou en tant qu'entités qui interagissent avec d'autres choses dans ce monde. Les gens existent grâce à l'existence du monde et le monde existe grâce à l'existence des gens. Heidegger pense également que les gens sont en contradiction : ils prédisent une mort imminente, ce qui entraîne des expériences douloureuses et effrayantes.

Quant à l'adoption du Soi et du temps en Chine, Wang Heng souligne dans Foreign Philosophy que cela fait partie de l'existentialisme. Cela est probablement dû à l'atmosphère idéologique de lutte pour la liberté et la libération de l'homme dans les années 1980. Chacun croit que l'existence ou la survie est comprise comme un libre choix de l'individu. Il semble maintenant que la lecture de L'Être et le Temps par les Chinois était un peu inappropriée. Car dans L'Être et le Temps, Heidegger a sévèrement critiqué les valeurs dites modernes de subjectivité, de liberté individuelle et de libération de l'homme.

Heidegger a également des considérations idéologiques plus profondes. Liu Jinglu a souligné dans son article "Sur la critique de la métaphysique traditionnelle de Heidegger" que Heidegger s'intéresse à une question plus fondamentale, la question fondamentale de la métaphysique ou de la philosophie occidentale, et même la question clé de la civilisation occidentale. Heidegger estime que, si nous voulons comprendre l'existence, nous devons partir de l'existence réelle des êtres humains ; "l'être" ne peut être considéré comme un objet réel, tout comme l'existence humaine. L'essence d'un être humain est "l'être", c'est-à-dire que les gens n'ont pas une essence définie. Il est probable que les gens se tournent vers l'avenir et fassent face à leur propre mort.

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Après la Première Guerre mondiale, la civilisation occidentale moderne a été confrontée à une grave crise, c'est-à-dire à de profonds doutes sur le rationalisme moderne. Depuis le XVIIIe siècle, les Occidentaux ont senti qu'ils pouvaient comprendre le monde par la raison, la science et la technologie et établir un ordre social et politique rationnel, réalisant ce que Kant appelait la "paix perpétuelle". Mais la Première Guerre mondiale a fortement entamé cette confiance. C'est le contexte idéologique de l'Être et du Temps de Heidegger. Heidegger a posé la question suivante : cette philosophie rationaliste moderne peut-elle vraiment expliquer et transformer le monde ? La conclusion de L’Etre et le Temps est que le rationalisme moderne en tant que base philosophique de la civilisation moderne n'est pas enraciné en lui-même, parce que la connaissance rationnelle des gens est enracinée dans les émotions spécifiques de la vie des gens.

Plus tard, Heidegger a qualifié la crise du monde moderne de nihilisme. Il a déclaré que le nihilisme n'est pas une crise morale, qu'il ne signifie pas que notre vie a perdu son fondement moral, et qu'il n'est même pas une crise des valeurs comme Nietzsche l'a compris. Selon lui, la crise du nihilisme est la crise de toute la civilisation moderne en tant qu'époque technologique. Car l'essence de la technologie est d'abord de transformer l'"être" en un objet reconnaissable, un "être" compréhensible, puis de le conquérir et de le contrôler. La technologie, c'est comme le formatage d'un ordinateur, le formatage de tout. Le monde de l'existence humaine n'a donc plus aucun mystère et plus aucune source de sens. Heidegger a dit qu'à l'ère de la technologie, pourquoi les dieux se sont-ils enfuis ? Parce que les dieux doivent rester là où ils ne peuvent pas être atteints. Au niveau le plus profond, la pensée ultérieure de Heidegger nous oblige à réfléchir à de nombreuses questions fondamentales pour la survie de l'homme à l'ère de la technologie. Car à l'ère de la technologie, les gens sont confrontés non seulement à la fuite des dieux, mais aussi à d'importantes questions éthiques et morales qui sont étroitement liées à nos vies particulières. Heidegger nous demandera s'il y a un domaine que les humains ne peuvent pas comprendre et contrôler. Dans une période ultérieure de sa vie, il a cru que "l'être" est la source de toutes les pensées, et que nous devrions toujours trembler devant lui. Bien que l'être soit hors de portée de nos pensées, toutes nos pensées proviennent de ses dons.

Dans une interview intitulée "À propos de Heidegger et de sa philosophie", le professeur Wu Zengding, du département de philosophie de l'université de Pékin, estime que, bien que l'étude de Heidegger en Chine ait porté à l'origine sur l'Être et le Temps, de nombreux chercheurs se sont penchés sur ses pensées ultérieures, en particulier sur les pensées postérieures aux traditions de la pensée traditionnelle chinoise. Autre exemple : l'implication de Heidegger dans le nazisme et dans d'autres problèmes sont aujourd'hui très populaires dans les milieux universitaires et idéologiques occidentaux ; les universitaires chinois, bien qu'ils soient également concernés par ces questions, ne les considèrent pas comme les plus importantes dans la pensée de Heidegger.

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En outre, Wu Zhengding a souligné dans des interviews que l'importance fondamentale de Heidegger pour les universitaires chinois est qu'il leur fournit une référence particulièrement bonne pour comprendre les traditions philosophiques occidentales. Les érudits chinois croyaient inconsciemment que la civilisation occidentale progressait d'une lumière à l'autre et d'un progrès à l'autre : la Grèce antique était le point de départ et la modernité la fin. Mais Heidegger offre l'image inverse de la pensée. Elle aurait pu être pensée aussi bien à l'époque présocratique, à l'époque des Grecs et des Occidentaux qui, à cette époque, auraient pu avoir une compréhension plus réelle et plus profonde de l'"être", mais la civilisation moderne a oublié cette expérience mentale de l'"être".

En outre, Heidegger est également d'une grande importance chez les universitaires chinois pour comprendre la tradition idéologique de la Chine. Par exemple, les universitaires chinois ont utilisé le cadre de la philosophie occidentale ou de la métaphysique pour comprendre la pensée chinoise. Les chercheurs chinois ont donc toujours douté de l'existence de la philosophie dans la Chine ancienne. La science existe-t-elle ? L'épistémologie et la métaphysique existent-elles ? Les universitaires chinois pensent qu'une partie de la pensée chinoise est éthique et une autre métaphysique, mais quelle que soit la manière dont on l'explique, elle ne correspond pas à la philosophie occidentale, c'est-à-dire à la métaphysique. Mais aux yeux de Heidegger, les universitaires chinois auront le sentiment que la métaphysique occidentale elle-même peut être problématique, et qu'il n'est pas nécessaire de l'utiliser comme condition préalable et standard pour comprendre et expliquer la pensée chinoise, ou pour se plier délibérément à une école ou un système occidental particulier.

Carl Schmitt

Carl Schmitt est un théologien, juriste, philosophe, sociologue et théoricien politique allemand. Schmitt est l'une des figures les plus importantes et les plus controversées de la théorie juridique et politique du XXe siècle, grâce à ses nombreux ouvrages sur le pouvoir politique et la violence politique.

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Dans La notion du politique, Schmitt a écrit que la principale différence en politique est la différence entre amis et ennemis. C'est ce qui sépare la politique de tout le reste. L'appel judéo-chrétien à aimer ses ennemis s'inscrit parfaitement dans la religion, mais il ne peut être concilié avec la politique, qui implique toujours la vie et la mort. Les philosophes moraux se soucient de la justice, mais la politique n'a rien à voir avec le fait de rendre le monde plus juste. Les échanges économiques ne nécessitent que de la concurrence, pas de l'extinction. La situation est différente en ce qui concerne la politique. Schmitt dit : "La politique est la confrontation la plus intense et la plus extrême". La guerre est la forme la plus violente de la politique, et même s'il n'y a pas de guerre, la politique exige toujours que vous traitiez vos adversaires comme hostiles à ce que vous croyez.

Les conservateurs ont été plus attentifs aux opinions politiques de Schmitt que les libéraux. Schmitt pense que les libéraux ne sont jamais devenus des politiques. Les libéraux ont tendance à être optimistes sur la nature humaine, mais toutes les vraies théories politiques supposent que les gens sont mauvais. Les libéraux croient en la possibilité d'un gouvernement neutre qui peut régler les positions conflictuelles, mais pour Schmitt, comme tout gouvernement ne représente que la victoire d'une faction politique sur une autre, une telle neutralité n'existe pas. Les libéraux insistent sur le fait qu'il existe des groupes sociaux qui ne sont pas limités à l'État ; mais Schmitt estime que le pluralisme est une illusion car aucun État réel n'a permis à d'autres forces, comme la famille ou l'église, de s'opposer à son pouvoir. En bref, les libéraux s'inquiètent des autorités parce qu'ils critiquent la politique, ils ne s'impliquent pas dans la politique.

978-1-137-46659-4.jpgLe professeur Xiao Bin a souligné dans son livre "De l'État, du monde et de la nature humaine à la politique : la construction du concept politique de Schmitt", que l'homme lui-même est un être dangereux. "Il prétend que la politique est un danger pour les gens." La question suivante qui se pose lorsque l'on participe à la politique est d'expliquer ce qu'est la politique, en particulier la nature de la politique. La survie de l'unité nationale exige comme condition préalable une distinction entre ennemis et amis. Une politique fondée sur la séparation des ennemis et des amis est non seulement le destin inévitable de l'unité de la nation et de l'État, mais aussi la base de son existence. Schmitt a une compréhension unique de la nature de la politique : la norme de la politique est de séparer les amis et les ennemis. En fait, ce que nous appelons la politique implique la relation entre un ami et un autre, et la différence est l'intensité de cette différence. Cependant, nous ne pouvons pas ignorer le fait que les origines théologiques les plus secrètes et les plus mystérieuses et le nationalisme allemand ont un niveau de critères différent pour séparer les amis des ennemis.

En matière de politique, l'Est et l'Ouest parlent surtout de la compréhension de la nature humaine. Schmitt a également reconnu ce point : une question fondamentale de la philosophie politique est le débat entre le "mal" ou le "bien" dans la nature humaine. Dans son livre Le concept du politique, Schmitt soutient que les êtres humains sont par nature incertains, imprévisibles et qu'il s'agit toujours d'un problème non résolu. La conception confucéenne chinoise de la nature humaine met davantage l'accent sur le "développement de l'esprit". L'Occident, qui est très différent de l'Orient dans son tempérament spirituel, admire encore plus la "philosophie spirituelle". La civilisation maritime et l'histoire des affaires uniques de l'Occident ont permis à la connaissance et à l'intelligence de pénétrer et de dominer la politique. Selon Schmitt, le "bien" signifie l'existence de la "sécurité", le "mal" signifie le "danger". Le "danger" apporte de la vitalité au monde.

Selon Schmitt, la politique est toujours dominée par la nécessité de distinguer entre amis et ennemis. Les amis et les ennemis ne sont pas créés à partir de rien. Du point de vue de la théorie du contrat social : dans un état de nature, qu'il s'agisse d'un état de coexistence pacifique entre les gens ou d'un état de guerre lorsque les gens vivent ensemble comme des loups, les conflits sont inévitables. Marx a compris que l'État a été créé avant l'antagonisme des classes et que la politique est un produit de la lutte des classes. Cependant, Marx a mis l'accent sur la lutte des classes, et le but ultime est d'éliminer les classes et de supprimer la base économique créée par les classes. Marx a démontré la possibilité de l'élimination des classes, c'est-à-dire la réalisation de la liberté et de la libération de toute l'humanité : le communisme.

imagescs.jpgDu point de vue ci-dessus, la politique émerge des conflits humains et les phénomènes politiques de la société humaine sont inévitablement associés aux conflits et à la coopération. Même si vous comprenez la politique en termes de bonté et de moralité, comme Aristote, elle ne peut pas cacher l'existence du mal. Sous le bien suprême se trouve la crise du mal. L'homme est l'existence de l'incertitude, l'homme est un animal politique naturel, et où qu'il soit, il y aura des conflits. Dans les conflits, il y aura inévitablement deux camps opposés et la politique ne peut pas se débarrasser du conflit... Les deux aspects du conflit et de la confrontation nous donnent une base logique pour la division en amis et ennemis.

Schmitt a une vision pessimiste et négative du monde humain du point de vue de la théologie religieuse. L'état idéal de perfection n'existe que dans le Royaume de Dieu. Même la paix de Dieu serait inévitablement libérée de l'inimitié et des conflits. Ce mysticisme pessimiste détruit le caractère actif et optimiste des gens. Marx appelait la religion l'opium du peuple. La vie politique doit être construite sur la base matérielle d'une époque particulière. Bien que Schmitt ait attaqué le marxisme, sa philosophie politique n'a apparemment pas réussi à se libérer des chaînes de la théologie. Cette recherche de l'éternité et de la métaphysique absolue relie la philosophie politique à de mystérieuses traditions théologiques et souligne le statut absolu des facteurs politiques. La vision politique de l'ennemi et de l'ami fournit une méthode d'argumentation et affaiblit le souci humaniste qui existe dans la tradition de la philosophie politique occidentale.

La vision politique des ennemis et des amis de Carl Schmitt est la clé de notre compréhension de son concept politique. Plusieurs expositions, comparaisons et même arguments autour des pensées politiques de Schmitt sur les ennemis et les amis dans l'histoire ne sont pas sans fondement. Selon la compréhension de Gao Quanxi, il l'a même appelé "un penseur plein de mordant". Sous le couvert du nationalisme, Schmitt a compris la politique comme un ennemi de l'État national et l'a combattue. L'idée de théologie politique indique, à un niveau plus profond, que ce qui distingue les ennemis du Christ et lutte contre eux est la politique. Selon lui, "le lien systématique entre les prémisses théologiques et politiques est clair. Cependant, la participation théologique tend à confondre les concepts politiques car elle fait entrer la division des ennemis et des amis dans le domaine de la théologie morale". Avec une vision aussi pessimiste de la nature humaine, il n'est pas difficile d'adopter une attitude sceptique et jalouse à l'égard de la nature humaine. L'énoncé du mal sexuel dans un sens existentiel souligne que le contenu des actions humaines est entièrement déterminé par des impulsions, comme les animaux, et croit que cela est inévitable en fin de compte, ce qui vient de leur foi chrétienne. La vision politique que Schmitt a des amis et des ennemis est une combinaison de ces deux niveaux.

Les sept piliers de la sagesse mondialiste

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Les sept piliers de la sagesse mondialiste

par NicolasBonnal
Ex: https://nicolasbonnal.wordpress.com

L’accélération de la dictature mondialiste et du génocide qui va l’accompagner (et qui a déjà commencé, comme le Grand Reset, depuis le début des années 70) suppose une armature idéologique formidable, susceptible de couper l’herbe sous le pied à la résistance et de mettre fin à toute volonté populaire de se défendre. Comme on a vu avec Zinoviev récemment, cette démocratie totalitaire s’est mise en place avec la fin du communisme et s’est accélérée avec Obama, quand la gauche mondiale a basculé définitivement dans le camp du fascisme oligarchique et génocidaire (en France avec la présidence précédente).

Synthétisons leur stratégie globale en désignant ces sept piliers de la sagesse du diable qui parodient ceux du colonel Lawrence. Tout tourne autour d’une double volonté : dépeupler et souiller la nature humaine (cf. les Orcs de Tolkien).

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Malthusianisme et antiracisme : la dépopulation a commencé dans les années 70 (on saluera le rôle effrayant de VGE, modèle de technocrate mondialiste). Le malthusianisme oligarque qui ne veut ni pauvres, ni familles, ni peuples, suscite partout l’effondrement du niveau de vie. Les politiques antinatalistes mises en place au Japon au lendemain d’Hiroshima ont produit aussi leurs effets. Jusque-là cette dépopulation était appliquée aux peuples de couleur, maintenant à tous les peuples occidentaux. La culpabilisation de ces derniers est aussi un instrument de poids en matière de dépopulation/contrôle.

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Déchristianisation et désespoir : la révolution Bergoglio n’est pas une cause, elle est une conséquence. L’Eglise s’est coupé les pieds et la tête avec Vatican II et peu à peu la société totalitaire du capital a pu imposer son agenda. La lettre d’encouragement à Davos et aux mondialistes aura satisfait tous les humanistes et la rédaction de la Croix. Cette déchristianisation est allée de pair avec une crétinisation des esprits. Le pape semi-analphabète est loin des grands jésuites du siècle des Lumières et de leur enseignement, et il est amusant (paradoxal au sens de Chesterton) de voir que le recul de la religion est allé de pair avec un recul de la culture des humanités et du respect du patrimoine.

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Ecologie/catastrophisme : l’écologie est arrivée comme une bombe au tout début des années 70 avec Soleil vert et tout le reste, tous ces films qui prédisaient un futur apocalyptique qui n’a pas eu lieu, mais que l’on va créer maintenant, comme on crée les coupures du courant, le sabotage énergétique et les pénuries. On assiste au saccage en Europe de centaines de paysages grandioses et même classés par ces éoliennes qui ravagent  la vue et le sol et sont, disait même le Monde, construites par l’argent des mafias. Mais quand on n’aime pas, on ne compte pas.

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Technophilie  et addiction : la technophilie se développe avec le fascisme rétro et avec un retour en arrière drastique en matière culturelle (le rétrofuturisme de mon internet nouvelle voie) : on oublie le passé classique et chrétien de l’Europe et on revient à la préhistoire, au temps païens et esclavagistes, à la barbarie imbécile teintée de survie. La technophilie est une drogue et en tant que drogue elle démobilise la victime et même la résistance. Elle est plus facile à se procurer que le reste maintenant – et moins chère.  J’avais dit que la seule manière de résister au camp de concentration électronique est le tellurisme. Voyez le Partisan de Carl Schmitt, penseur incompris qui célébra la résistance russe, espagnole, vietnamienne ; mais tout cela s’estompe avec un écran devant les yeux tout le jour. Se surinformer n’est pas résister. Demandez à Lucien Cerise qui prend en ce moment le risque de manifester régulièrement, de se faire arrêter et embarquer au poste. Soulignons le remarquable parcours (débats et happenings) de Florian Philippot au passage, pendant que le RN vote avec LREM…

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Féminisme et révolutions sexuelles : ici le projet est banal, la séparation des sexes et le malthusianisme, avec une touche de culture de soumission sadienne (LGBTQ…). Les moyens sont divers, qui vont de la pédophilie (voyez les articles de Vincent Held) à la chasse désormais banale  au mâle blanc en passant par la médiatisation hystérique de n’importe quel fait divers. Désolé, mais la parité a permis aussi de mettre un certain nombre d’incompétentes au pouvoir et on arrive à un sommet en la matière. On soulignera le rôle sinistre de la démocratie américaine en cette matière féministe. Mais Tocqueville et Beaumont nous avaient prévenus, avant Emmanuel Todd.

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Vaccination et pharmacie ; on parle de leurs vaccins et de leur capacité exterminatrice. Mais le vaccin n’est que la cerise sur le gâteau pourri de la médecine postmoderne. Debord a dénoncé, et bien des médecins depuis, jusqu’au jeune Louis Fouché, les méthodes démentes de la médecine spectaculaire censée approuver ce qui est, c’est-à-dire les cours de la bourse, une bourse qui n’a plus besoin pour monter de l’activité humaine et qui ne veut plus d’hommes. Une étude américaine vient de montrer que les enfants non-vaccinés sont en meilleure santé que les vaccinés. On s’en doutait, les vaccins étant moins utiles que jadis ;  Kennedy Jr (celui qu’ils n’ont pas encore tué) a rappelé qu’un américain subit la bagatelle de soixante-dix  vaccins aujourd’hui. Et 45% des Américains sont en mauvaise santé. Comme on a dit, le génocide est déjà commencé depuis les années 70.

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Enfin, la sacralisation de l’élite : c’est le plus inquiétant, ces monstres qui veulent être divinisés. Les gourous en matière informatique, économique et financière, culturelle et spirituelle sont apparus aussi à partir des années 70, copie de cette Inde sous contrôle. Une caste sacerdotale en émerge, formée par des économistes hauts tortionnaires, des hommes politiques indélogeables. Ici on a repris le modèle des castes. Les Schwab, Gates et autres, au lieu d’être traités comme les criminels qu’ils sont, sont considérés comme des brahmanes, des sauveurs, des guides. Les Lagarde, Merkel, May, au lieu d’être considérées comme des crétines devenaient, avant Greta, les femmes qui vont sauver le monde (dixit l’Express). Il est très important en effet pour soumettre la masse de désigner des grands-sorciers claniques, ce qui explique sans doute les tenues vestimentaires qui font en ce moment la popularité du vieux Schwab. Dans la parodie satanique traditionnelle sont a parlé Guénon, il règne une volonté de créer une pseudo-élite traditionnelle nous ramenant à la pureté primordiale (le Reset). Pour eux ce Reset est une catharsis.

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mercredi, 09 décembre 2020

Le droit à la déconnexion

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Le droit à la déconnexion

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Le droit à la déconnexion est en France un principe légal selon lequel un salarié est en droit de ne pas être connecté aux outils numériques professionnels (téléphone portable, courriels, etc.) hors ds horaires de travail.

Ceci inclut le temps de transport travail-domicile, les congés, les temps de repos, soirée, week-end, etc

La France a été le premier pays à avoir intégré ce droit dans le code du travail. Elle a été rejointe par la Belgique, l'Italie et la France. Rien de tel n'existe encore, ni dans les autres Etats européens ni semble-t-il ailleurs dans le monde.

Or avec dans l'immédiat la nécessité d'un télétravail au moins partiel en conséquence de l'épidémie Covid-19 et par ailleurs la généralisation des outils permettant le travail à distance, le problème du droit à la déconnexion est évoqué dans les pays ne disposant pas d'une telle législation, y compris en Russie et en Chine.

Selon un rapport européen datant de janvier 2020 Telework and ICT-based mobile work: Flexible working in the digital age 34% des salariés, qu'il s'agisse d'hommes aussi bien que de femmes, travaillent actuellement uniquement à domicile. Or si ceci leur apporte certains avantages, en terme de flexibilité du temps de travail, il apparaît que les conséquences nuisibles sur leur santé se généralisent. Ils travaillent toute la journée, sans temps de repos le matin et le soir, y compris au temps des repas. Ils sont constamment sous tension et éprouvent de moins en moins le désir de s'informer, même grâce à la télévision. De plus les troubles du sommeil et les insomnies se généralisent. Les rapports familiaux sont en permanence dérangés.

Les principaux bénéficiaires de l'absence de droit à la déconnexion sont les employeurs. Ils ont vite compris les avantages qu'ils pouvaient en tirer pour pouvoir disposer de salariées toujours accessibles. Ces travailleurs ne disposent pour le moment d'aucun droit leur permettant de s'y opposer. Les organisations syndicales commencent seulement à s'en préoccuper, mais n'ont pas encore trouver le moyen de mieux protéger les travailleurs.

L'Union Européenne devrait se saisir du problème. D'ores et déjà, dans une résolution adoptée le 1er décembre 2020, le  Committee on Employment and Social Affairs (EMPL) du parlement européen devra proposer à la Commission Européenne une directive européenne reconnaissant ce droit. Celle-ci devrait être votée en séance plénière en janvier 2021. Mais il appartiendra aux Etats-membres de la mettre effectivement en œuvre. Or comme dans ces Etats le poids politique des employeurs est considérablement plus élevé que celui des employé(e)s, le droit à la déconnexion ne semble pas près de devenir la règle

Le pan-turquisme et son impact en géopolitique

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Le pan-turquisme et son impact en géopolitique

Dimitrios Aristopoulos

Du 27 septembre au 10 novembre, une guerre entre l'Azerbaïdjan et les troupes arméniennes sur le territoire du Haut-Karabakh (Artsakh) a retenu l'attention de toute la communauté internationale. Nous avons non seulement été témoins du grand soutien de la Turquie et du président Recep Tayyip Erdogan au président azerbaïdjanais Ilham Aliyev pour l'effort de guerre, mais en même temps, d'autres membres du Conseil turc, composé du Kazakhstan, du Kirghizstan et de l'Ouzbékistan, ainsi que de la Hongrie en tant qu'État observateur, ont déclaré leur soutien à la cause azerbaïdjanaise. Il s'agit là de manifestations évidentes de l'idéologie panturque qui est fortement répandue dans ces pays.

Qu'est-ce que le panturquisme ?

Le panturquisme est une idéologie nationaliste, née au XIXe siècle, notamment chez les peuples turcophones vivant en Russie tsariste dans les années 1880, et qui s'est ensuite développée en Asie mineure. Sans jamais s’être établie comme l'idéologie officielle de l'État turc, elle a toujours été soutenue par les dirigeants d’Ankara, qu'ils l'aient admise ou non.

La base de l'idéologie panturque est l'émancipation des peuples turcophones, visant ensuite à leur union. Les peuples turcophones sont ceux que l'on trouve en Crimée, en Azerbaïdjan, dans le Caucase, au Turkménistan, au Kazakhstan, en Ouzbékistan, au Kirghizstan, en Sibérie, en Afghanistan, en Iran, en Irak, en Syrie, en Bulgarie, en Yougoslavie, en Thrace occidentale, à Chypre et ailleurs avec, chapeautant le tout, la "Mère Turquie" pour créer un grand État turc de plus de 100 millions d'habitants.

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Les slogans utilisés par les panturcs sont les suivants:

- "Là où il y a des Turcs, il y a une Turquie".

- "Le monde des Turcs est un tout".

- "Tous les Turcs sont une seule armée."

- "Le panturquisme en tant qu'idéal est une nourriture morale pour la nation."

- "Chypre est aussi turque que l'Asie Mineure et la Thrace occidentale."

Quelle est la différence entre les idéologies néo-ottomane et panturque ?

L'ottomanisme est en fait plus un mouvement politique ethno-religieux qu'un mouvement ethno-racial. Les ottomanistes déclarent leur foi en la sainteté et la pérennité de l'Empire ottoman et de son sultan, en cherchant l'idée d'un "empire" pour remplacer le nationalisme et l'ordre politique des États-nations dans lesquels ils vivent. Bien qu'ils reconnaissent l'existence de différentes ethnies parmi eux, ils pensent que les différences culturelles et locales doivent être laissées de côté lorsqu'il s'agit d'une unification politique religieuse.

En revanche, le panturquisme ne se concentre pas tant sur la religion que sur la tradition ethnique des peuples et des nations. Il cherche à s’unifier, politiquement et culturellement, sous un "grand" État-nation turc, car ils partagent une tradition turque commune. Le panturquisme s'associe généralement aux pays qui ont un "héritage culturel turc" et une langue turque comme idiome officiel. Les pays/régions qui peuvent être inclus dans cette liste sont la Crimée, l'Azerbaïdjan, le Caucase, le Turkestan, le Kazakhstan, le Xinjiang en Chine occidentale, le Kirghizstan, le Tatarstan, la Sibérie, l'Afghanistan, l'Iran, l'Irak, la Syrie, la Bulgarie, Chypre et des régions de la Grèce du Nord et des îles orientales de l’archipel hellénique.

Comment l'idéologie panturque s'applique-t-elle dans notre géopolitique actuelle ?

Le panturquisme a toujours été la base idéologique du fonctionnement politique de la Turquie. Il a été le fondement idéologique sur lequel l'idéologie politique kémaliste s'est appuyée pour construire une grande Turquie. L’éradication de l'hellénisme en Asie Mineure en 1922, le génocide arménien de 1915-18 ainsi que celui des Assyriens, la persécution des Grecs de Constantinople en 1955, l'invasion de Chypre en 1974 ont tous été des effets de la doctrine panturque et de la politique expansionniste de la Turquie.

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Dans le monde multipolaire actuel, où l'Occident a perdu ses valeurs et où l'Orient revendique son rôle historique conquérant, les acteurs traditionnellement importants sur l'échiquier international doivent faire face à leurs propres problèmes internes. Dans ce contexte, Erdogan place la dynamique du nationalisme panturquiste afin de créer une grande alliance des groupes ethniques turcs. Et le conflit actuel dans le Caucase, à un moment où aucune grande puissance n'est du côté des Azéris, est une autre occasion d’asseoir sa présence dans la région. L'intervention de la Turquie en Libye, ainsi qu'en Syrie et ses revendications sur les zones économiques de la Grèce et de Chypre en Méditerranée orientale, fait également partie de l'agenda politique panturc, bien que ce soit l'ottomanisme qui soit utilisé comme arme idéologique dans ces cas.

Exemples de politiques panturques dans la Turquie moderne

Bien que la Turquie, sous le règne d'Erdogan, ait théoriquement abandonné la rhétorique panturque au profit du néo-ottomanisme, dans la pratique, c'est toujours l'idéologie panturque qui détermine la géopolitique turque. De son soutien aux Frères musulmans et de son invasion du nord de la Syrie à son implication dans la guerre civile libyenne, en passant par les menaces de lâcher à nouveau l’immigration illégale sur sol de la Grèce et de l'Europe, et la guerre en Artsakh (Nagorno Karabakh), combinée à la persécution des Kurdes, ne sont rien d'autre que des éléments à l’ordre du jour dans la doctrine panturque et qui affectent la politique expansionniste de la Turquie. Lors de l'anniversaire de la mort de Kemal Ataturk, le 10 novembre 2016, Erdogan a ouvertement déclaré que "la Turquie est plus grande que la Turquie", tout en parlant de sa doctrine sur les "frontières de son cœur", déclarant en même temps que "nous ne pouvons pas être emprisonnés dans 780 000 km². Nos frères qui vivent dans les régions de Mossoul, Kirkuk, Humus, Skopje, sont peut-être au-delà des frontières naturelles de la Turquie, mais ils seront toujours présents en nos cœurs. Le plan visant à soutenir les Azéris dans la guerre de l'Artsakh n'était pas spontané, mais une partie de la doctrine de l'ancien ministre des affaires étrangères, devenu le rival politique d'Erdogan, Ahmet Davutoglu. Celui-ci avait publié en 2001 un livre intitulé Strategic Depth ; Turkey's International Position. Dans ce livre, Davutoglu déclarait : "À moins que l'Azerbaïdjan n'acquière une position régionale stable et forte dans le Caucase et l'Albanie dans les Balkans, il ne sera pas possible pour la Turquie d'accroître son poids dans l'une ou l'autre région ni de développer des politiques à l'égard de l'Adriatique et de la mer Caspienne, qui sont dans son voisinage immédiat et dans sa sphère d'influence.

Article original de Dimitrios Aristopoulos:

https://www.geopolitica.ru/en/article/pan-turkism-and-its...

De la "Mare Nostrum" à l'Arctique, en passant par la Baltique, l'importance des "Méditerranéens" d'Eurasie

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De la "Mare Nostrum" à l'Arctique, en passant par la Baltique, l'importance des "Méditerranéens" d'Eurasie

Un nouveau numéro d’Eurasia, la revue géopolitique de Claudio Mutti

Par Cristiano Puglisi

Ex: https://blog.ilgiornale.it/puglisi

Un précieux cadeau de Noël pour les passionnés de géopolitique ! En effet, le nouveau numéro (n° 61) d’Eurasia, Magazine d'études géopolitiques, vient d’être publié ces jours-ci (et est donc disponible à la vente). Le titre intrigue : "Les Méditerranéens d'Eurasie". Le volume traite du thème de la domination sur les mers, où de plus en plus de facteurs défient les grandes puissances de l'époque actuelle. Il parle bien sûr des États-Unis, de la Chine et de la Russie, mais aussi d'acteurs régionaux ambitieux comme la Turquie, engagée dans la Méditerranée orientale, théâtre, comme le disent les chroniques, d'un différend avec la Grèce, Chypre et la France. Mais pourquoi décliner le terme "Méditerranée" au pluriel ? Y a-t-il d'autres mers qui peuvent être définies de cette manière, d’être « entre les terres », en dehors de la Méditerranée éponyme ?

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La Méditerranée - explique le directeur d’Eurasia, le professeur Claudio Mutti - est un bassin maritime qui, comme le dit le mot lui-même, est "au milieu des terres", étant presque entièrement circonscrit par elles. Si la mer Méditerranée par excellence est celle qui sépare les côtes de l'Europe, de l'Asie occidentale et de l'Afrique du Nord, Yves Lacoste a identifié deux autres mers que l'on peut également définir comme "méditerranéennes", car elles sont entourées de terres : une "Méditerranée" américaine, formée par le golfe du Mexique et la mer des Antilles, ainsi qu'une "Méditerranée" extrême orientale, formée par la mer Jaune, la mer de Chine orientale et la mer de Chine méridionale. En appliquant le critère de la géopolitique française à la masse continentale eurasienne, il en résulte que les rivages de notre grand continent sont baignés, outre la Méditerranée éponyme, par trois autres mers "méditerranéennes" : l'océan Arctique, la Baltique et la Méditerranée extrême-orientale".

On parle de réalités géographiques au centre du présent et de l'avenir du monde : si les États-Unis d'Amérique sont considérés comme l'archétype d'une puissance thalassocratique, il n'en va pas de même pour la Chine, pourtant le défi entre les deux géants géopolitiques semble destiné à devenir de plus en plus réel sur les mers.

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La stratégie terrestre des Etats-Unis - poursuit Claudio Mutti - après avoir tenté en vain d'attaquer la République populaire de Chine en déstabilisant ses provinces les plus intérieures (Tibet et Xinjiang), vise à saboter les projets d'infrastructure de la Nouvelle Route de la Soie. Mais plus que la terre, c'est la mer qui s'impose comme le théâtre du conflit sino-américain. Déjà à l'époque d'Obama, les États-Unis, alarmés par la suprématie productive que la Chine était en train d'acquérir, ont déplacé leur axe géostratégique vers la zone indo-pacifique, où s'installait le nouveau centre du commerce mondial. D'où l'importance géostratégique de la "Méditerranée" extrême-orientale et, en particulier, de la mer de Chine méridionale, une zone qui, en plus d'être riche en ressources naturelles, est le centre des activités économiques mondiales. Ici, dans cette zone contestée entre les deux superpuissances, la présence militaire des États-Unis vise à exercer une action d’ "endiguement" contre la Chine qui pourrait retarder le déclin de l'hégémonie américaine".

Mais, comme on l'a dit, il existe aussi une série de puissances régionales qui définissent leur vision stratégique avec bien plus qu'un simple regard sur le contexte maritime. Parmi celles-ci, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, auquel, dans ce numéro d'Eurasia, de nombreuses réflexions sont consacrées.

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Cem Gürdeniz.

La projection maritime actuelle de la Turquie - explique Mutti - est codifiée dans la désormais célèbre doctrine du "Pays bleu" (Mavi Vatan) formulée par l'amiral Cem Gürdeniz. On peut dire que cette doctrine affine la vision géopolitique "néo-ottomane", qui a été révisée à la lumière de la nature péninsulaire de l'Anatolie et de l'importance fondamentale des mers qui baignent ses côtes. Les stratèges d'Ankara sont convaincus que le jeu de la suprématie mondiale se jouera sur les mers et les océans du monde. L'avenir de la Turquie dépendra donc de son enracinement dans la Méditerranée. C'est dans cette perspective qu'Ankara a ouvert plusieurs fronts sur les rives de la Méditerranée, de Chypre à la Libye, au risque de provoquer une levée de boucliers de tous côtés.

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Fascinant, ne serait-ce que par la puissance qu'il exerce sur les fantasmes de l'imaginaire collectif, habitué à le relier aux souvenirs des expéditions historiques et héroïques, est la course pour la maîtrise de l'Océan Arctique...

Vous pouvez vous faire une idée de l'importance de l'océan Arctique (ou « Océan Glacial Arctique », selon le nom utilisé par les géographes italiens) - conclut M. Mutti - si vous considérez que l'année dernière, l'administration américaine a tenté d'acheter le Groenland, la plus grande île du monde, qui appartient politiquement au Danemark, l'un des huit États côtiers de la "Méditerranée" arctique. L'Arctique a pris une importance croissante non seulement pour les ressources naturelles présentes dans ses fonds marins, mais aussi pour les nouvelles routes maritimes qui le traversent, plus courtes et plus sûres que le canal de Suez, le canal de Panama ou le détroit de Magellan, même si les routes arctiques (dont l'utilisation est principalement saisonnière et liée au pétrole et au gaz naturel) sont encore loin de dépasser en importance les routes commerciales habituelles".

Pour commander ce numéro exceptionnel: https://www.eurasia-rivista.com/negozio/lxi-i-mediterranei-delleurasia/

La Crise du Haut-Karabagh avec Pierre Le Vigan & Gilbert Dawed

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Cafe Noir N.00

La Crise du Haut-Karabagh

avec Pierre Le Vigan & Gilbert Dawed

Ce qui compte n''est pas la guerre des civilisations c'est la géopolitique. Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde. Émission du Vendredi 4 décembre 2020 avec Pierre Le Vigan et Gilbert Dawed.
 

mardi, 08 décembre 2020

Comment le libéralisme entrave les peuples

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Comment le libéralisme entrave les peuples

Pierre Le Vigan sur TVL

Qu'est-ce qui empêche une vie réellement humaine alors que les conditions matérielles n'ont jamais été aussi favorables ? Dans son dernier ouvrage "Le grand empêchement", le philosophe Pierre Le Vigan montre comment le libéralisme a livré les peuples aux forces économiques de la nouvelle aristocratie, qui sont les forces de l'argent. L'auteur explique aussi comment la société inclusive, promue par les élites françaises, bras armé du parti de l'étranger, a détruit les Etats nationaux pour les transformer en réceptacle des identités des autres. Pour Pierre Le Vigan, il sera impossible de restaurer la France et l'Europe telles qu'elles étaient avant la mondialisation mais propose de remettre la Vème République sur ses pieds.
 
 
Retrouvez-nous sur : https://www.tvlibertes.com/

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lundi, 07 décembre 2020

Répression globale

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Répression globale

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Aux crises sanitaire, économique et sociale se superpose une crise dite « sécuritaire » relative aux récents attentats islamistes en Europe. Après les attaques contre les anciens bureaux de Charlie Hebdo, de Conflans – Sainte-Honorine, de Nice et de Vienne en Autriche, l’aile droitarde d’émanation sarközyste du Régime représentée par la chroniqueuse sur CNews Laurence Sailliet, l’édile niçois « motodidacte » Christian Estrosi, Valérie « Tout-Numérique » Pécresse et le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, exige l’instauration de l’état d’urgence. D’autres proposent l’adoption d’un délit fantasmatique de « radicalisation » ou d’« islamisme ». Le député gaullo-souverainiste de l’Essonne, Nicolas Dupont-Aignan, souhaite pour sa part la création d’un délit de « prédication subversive et séditieuse ».

À tous les droitards qui applaudissent ces nouvelles sottises bravaches, signalons-leur qu’elles s’appliqueront aussi contre eux. Contester à l’IVG, ne sera-ce pas une « prédication subversive et séditieuse » ? L’église traditionaliste Saint-Nicolas-du-Chardonnet ne pourrait-elle pas être évacuée pour cause de « radicalisation religieuse » ? Rappelons-leur que le maire de Nice, exemple typique d’« islamo-clientélisme », veut entrer un logiciel de reconnaissance faciale dans son réseau serré de caméras de « vidéo- protection ». Il cherche ainsi à transformer sa police municipale en police nationale bis. Par-delà une meilleure vigilance et/ou réactivité supposée aux tentatives terroristes, il placerait son opposition identitaire sous une surveillance permanente et ficherait aisément les sympathisants. La répression politique prendrait alors une nouvelle dimension.

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Celle-ci s’amplifie déjà contre la faction nationaliste-révolutionnaire de l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne sur tout le continent. En France, les exemples abondent. Libération du 19 novembre 2020 met en Une le danger de l’« Ultradroite. Identitaire et terrorisme brun dessus brun dessous ». L’« enquête » fielleuse et biaisée avec une photographie qui ne correspond pas au commentaire associe le Bastion social, Nice nationaliste, Les Braves – Vivre européen de Daniel Conversano, des Gilets jaunes niçois « manipulés » par Égalité et Réconciliation et le Rassemblement national. Il ne manque dans cette fable grotesque que le colonel Olrik, Voldemort, Fantômas, Dark Vador et le comte Dracula… La veille, Médiapart mettait en ligne un reportage de dénonciation sur « Dissous, le Bastion social se reconstitue sous de nouvelles identités ». En revanche, aucun de ces chantres de l’« esprit Charlie » n’a osé évoquer l’effarant procès de l’écrivain Renaud Camus tenu le 25 novembre 2020 devant la XVIIe chambre correctionnelle de Paris pour un twitt invitant les Africains à pratiquer massivement la contraception afin d’éviter des noyades en Méditerranée et le « réchauffement climatique ». Plane sur lui une peine de quatre mois de prison avec sursis ainsi que de lourdes amendes. Les parties civiles appâtées par le gain perdraient-elle le souvenir de Lucien Neuwirth, le législateur de la pilule en 1967 ? Seraient-elles favorables au retour de la loi de 1920 interdisant toute réclame de la contraception et donc crypto-hétéropatriarcales ? Outre la détention scandaleuse du judéologue Hervé Ryssen et des condamnations pour délit de presse de Jérôme Bourbon et d’Yvan Benedetti, victimes d’une haine judiciaire inouïe, Alain Soral vit désormais en exil de l’autre côté du lac Léman. Un exil que connaissent depuis plus longtemps l’historien Vincent Reynouard et le polémiste Boris Le Lay recherché par Interpol. Au procès de Gilets Jaunes poursuivis pour avoir participé à la manifestation du 5 janvier 2019, le tribunal relaxe deux prévenus, le 27 novembre dernier. En revanche, il reconnaît la culpabilité des deux autres qui auraient pris un chariot-élévateur pour ensuite enfoncer la porte d’entrée principale du ministère du très manuel Benjamin Griveaux. Résultat : des peines de dix-huit mois de prison dont six avec sursis probatoire et le port de bracelets électroniques. Port qui se généralisera bientôt pour tous les récalcitrants à la vaccination « non obligatoire » contre le couillonavirus. Cette sévérité étonne quand on compare cette sentence aux jugements dans les affaires de trafic et d’usage de stupéfiants...

Incarnation de la fausse liberté d’opinion et larbin consentant du Système kleptocratique, Le Canard enchaîné du 21 octobre 2020 désigne à la vindicte médiatique un enseignant d’une Prépa privée aux concours en HEC plus ou moins liée administrativement à un lycée, privée lui aussi, animé par Tiphaine Auzière, la belle-fille d’Emmanuel Macron. L’hebdomadaire s’indigne de la présence de Pascal Gauchon, fondateur de la revue Conflits et dirigeant dans les années 1970 du Parti des forces nouvelles, le mouvement rival du Front national. Il est évident que ce profil ne correspond pas à celui de Cédric Herrou.

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Bien des Français voudraient importer le modèle référendaire suisse. Or, malgré de fréquentes votations d’initiative populaire, la Suisse pâtit d’un pesant politiquement correct. L’association culturelle identitaire Kavingrad Patriot a rendu publique en août dernier son auto-dissolution. Il y a quelques semaines, Résistance helvétique a fermé son local, « L’Aquila », où se tenaient de passionnantes conférences. Le harcèlement insidieux de la mairie libérale-radicale d’Aigle a par conséquent payé.

La justice slovaque vient de condamner en première instance à quatre ans et quatre mois de prison le chef-fondateur du Parti populaire – Notre Slovaquie, Marian Kotleba. Le héraut de la lutte anti-corruption a-t-il fauté ? En juillet 2017, il a remis à quelques familles démunies slovaques un chèque de 1488 euros, ce qui entraîna son inculpation pour « promotion de sentiments de sympathie à l’égard d’un mouvement dont l’objectif est d’abolir les droits fondamentaux et les libertés ». La somme de 1488 euros serait en fait un code caché en faveur des quatorze lettres chers aux suprématistes blancs d’Amérique du Nord et au salut allemand des années 1930 – 1940. Quelle imagination ! Quelques semaines plus tôt, le 3 septembre 2020, le tribunal spécial de Pezinok acquittait en revanche le millionnaire Marian Kocner soupçonné d’avoir commandité l’assassinat du journaliste Jan Kuciak et de sa fiancée en février 2018. Composé de trois magistrats, le tribunal avait par avance écarté toute la correspondance cryptée par message numérique entre Kocner et sa confidente parce que « leur langage métaphorique ne permet pas de conclure à la culpabilité ». En revanche, écrire sur un chèque 1 – 4 – 8 – 8 est d’une évidence incontestable. Citant le président de cet étrange tribunal, Jan Hrubala, Le Monde du 5 septembre 2020 reconnaissait volontiers que « la réputation du système judiciaire slovaque n’est pas très élevée ». On le croit volontiers.

En Grèce, le 7 octobre 2020, après cinq ans et demi de procès, malgré des réquisitions du Parquet en décembre dernier favorables à un non-lieu général, Nikolaos Michaloliakos et six responsables d’Aube Dorée sont reconnus coupables de « direction et d’appartenance à une organisation criminelle » et condamnés à treize ans de prison. Le tribunal a en outre condamné quarante-cinq autres militants de ce mouvement patriotique hellène exemplaire d’« appartenance à une organisation criminelle ». Les unités anti-terroristes ont arrêté le chef d’Aube Dorée. Christos Pappas a préféré entrer en clandestinité. Courage à lui et à ses proches ! Pendant ce temps, les groupes terroristes antifas et gauchistes commettent de nombreuses violences en toute impunité.

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En juillet dernier, la justice espagnole mettait pour deux ans et demi en prison plusieurs militants nationalistes qui osèrent interrompre une réunion d’indépendantistes cosmopolites catalans. Quelques drapeaux gauchistes catalans et des meubles y furent renversés… Les juges espagnols y virent une violence inqualifiable en dépit de l’absence de toute plainte venant de ces drapeaux et mobilier.

Au cours des mois d’octobre et de novembre bien sombres avec le détournement industriel de voix à l’élection présidentielle aux États-Unis, ce qui serait du « complotisme », sauf quand il s’agit d’insister sur une évanescente interférence russe en 2016, la situation outre-Rhin reste contrastée. D’un côté, les dissidents Ursula Haverbeck, 91 ans – pas 21 ans ! – et Horst Mahler, 84 ans, sont enfin libres. Après une décennie de détention inhumaine et l’amputation d’une jambe, l’avocat allemand, ancien de la « Bande à Baader » rallié au néo-nationalisme, voit néanmoins le Parquet de Cottbus le poursuivre encore pour six chefs d’accusation portant sur des écrits et des publications anti-conformistes. Par ailleurs, le Parquet de Munich l’a placé sous une étroite « surveillance de conduite », ce qui interdit Horst Mahler de publier le moindre écrit sans un accord judiciaire préalable. Cette acharnement montre la profonde hargne du Régime allemand envers l’un de ses opposants les plus courageux. Ce n’est pas une nouveauté en Allemagne oligarchique. L’excellent blogue de Lionel Baland rapporte plusieurs informations préoccupantes. La première en date du 25 novembre signale que les autorités vont débloquer un milliard d’euros entre 2021 et 2024 contre l’« extrême droite » et en faveur d’une « société civile démocratique plus forte ». La seconde, du 27 novembre, signale que 691 locaux de l’AfD ont été attaqués en 2019 sur un total de 1339, soit 51,60 % des agressions politiques. La manne financière qui se déversera à partir de l’année prochaine accélérera ces actes de destruction sans susciter le courroux des médiats dominants d’occupation mentale. Par ailleurs, la police secrète d’État allemande, à savoir l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), n’hésite pas à recruter informateurs et provocateurs infiltrés dans l’AfD, au NPD et dans d’autres mouvements oppositionnels extra-parlementaires. Le BfV place aussi sous une étroite surveillance de nombreuses sections régionales de l’AfD, y compris des élus. Bien des militants de la droite nationale allemande sont des Alexeï Navalny en puissance.

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Il y a quelques semaines en Espagne et en Italie, le retour au confinement a déclenché des émeutes à Milan, à Naples, à Barcelone et à Madrid. Ces derniers jours, l’opinion française s’élève contre la proposition de loi macronienne sur la « sécurité globale » qu’elle confond sciemment avec des violences policières superfétatoires. Pourquoi cette même opinion se taisait-elle au moment de la défiguration et de l’arrachement de membres de Gilets jaunes ? Elle condamne l’évacuation légitime d’un campement sauvage d’immigrés clandestins sur la place de la République à Paris, mais ne réagit aux lois liberticides qui musellent les opinions les plus incorrectes… Il est enfin comique que les gouvernements français, allemand, italien et espagnol accusent encore et toujours le Bélarus de réprimer les manifestations colorées contre le très remarquable président Loukachenko qui, lui, a tout compris des dernières manœuvres de l’hyper-classe mondialiste. Quand son gouvernement sanctionnera-t-il les avoirs financiers des dirigeants occidentaux ? N’en déplaise aux plumitifs des médiats subventionnés, on est bien plus libre aujourd’hui au Bélarus que dans une Europe occidentale décadente.

Georges Feltin-Tracol.

Préface au livre "Guerre ideologica" de Jorge Sànchez Fuenzalida

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Robert Steuckers:

Préface au livre "Guerre ideologica" de Jorge Sànchez Fuenzalida

GUERRA IDEOLÓGICA, Subversión y emancipación en Occidente

Jorge Sánchez Fuenzalida

21,95

Comme son titre l’indique, cet ouvrage de Jorge Sànchez Fuenzalida traite d’un phénomène de plus en plus patent : la guerre idéologique qui est menée à travers le monde contre les peuples d’Europe, ou de souche européenne s’ils vivent en Amérique. Cette guerre idéologique, qui est une « guerre hybride » ou une « guerre de quatrième dimension » vise à détruire l’homme européen ou occidental, en dissolvant ses réflexes innés, ses certitudes héritées d’innombrables générations antérieures. Ce processus a été amorcé il y a longtemps : la révolte iconoclaste dans les Pays-Bas, qui connaîtra son apogée en 1566 quand se sont ébranlés les casseurs depuis leurs bases initiales du Hainaut méridional (aujourd’hui français), est la première manifestation de cette volonté, désormais récurrente de briser les ressorts de notre culture naturelle et spontanée. Ces casseurs hennuyers migreront vers les actuels Pays-Bas et, de là, vers l’Angleterre, qui sera marquée de leurs folies jusqu’au paroxysme de l’époque cromwellienne. La restauration post-cromwellienne les chassera vers l’Amérique, où la furie calviniste prendra des contours spécifiques, génèrera dans le psychisme américain ces fureurs destructrices et bellicistes que nous subissons aujourd’hui, que ce soit le fait du Pentagone ou de l’Etat profond ou que ce soit le fait des militants antiracistes (autoproclamés), des féministes délirantes ou des casseurs antifa qui provoquent, aujourd’hui, une sorte de « révolution orange » non exportée, sévissant sur le territoire américain lui-même.

Le spectacle de ces fureurs destructrices rend parfaitement visible le processus d’autodestruction et d’autodissolution de l’homo europaeus, en Amérique du Nord d’abord, en Europe ensuite. La lutte planétaire contre les amorces premières de cette pandémie théologico-idéologique fut une guerre dure et katéchonique menée par les rois Philippe II et Philippe III principalement, de la fin du 16ème siècle aux premières décennies du 17ème et seront suivies par les calamités de la guerre de Trente Ans. La politique est philosophie appliquée, nous rappelle Jorge Sànchez Fuenzalida : j’ajouterai que dans ce travail gigantesque de sape visant les assises du monde spirituel et matériel né en Europe, la théologie hypersimplifiée, caricaturale des descendants des casseurs de l’été 1566 est aussi politique mais politique apocalyptique et non katéchonique. Les casseurs de l’été 1566 ont pour descendants les puritains embarqués sur le Mayflower, les anciens esclaves afro-américains convertis à cette caricature de religion, les militants LGBT ou antifa qui sont retournés sans le savoir à ces simplismes destructeurs pseudo-théologiques et ont pour alliés les révolutionnaires institutionnalisés de facture franco-jacobine et, surtout, les wahhabites de la péninsule arabique, leurs élèves salafistes d’Afrique du Nord ou d’ailleurs. L’ensemble de ces filons constitue un cocktail explosif dont on se sert pour détruire une culture/civilisation : où que l’on soit dans l’espace occidental, dans l’américanosphère atlantiste, les processus de dissolution s’opèrent par l’intervention violente de l’un ou de l’autre de ces avatars de l’iconoclasme, apparu initialement dans le Comté du Hainaut, sous le règne de Philippe II.

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Cette alliance est subtile, apparemment inexistante, jamais explicitée comme telle dans les médias, toujours téléguidés depuis les officines du Deep State qui porte la marque indélébile du puritanisme des pèlerins du Mayflower. L’objectif est de modifier tous les substrats anthropologiques nés de l’histoire des peuples, tant au niveau culturel (par l’effacement de l’histoire et de la statuaire qui la remémore) qu’au niveau biologique (en niant la dualité sexuelle de l’espèce humaine). L’objectif est d’imposer cet arasement au monde entier, y compris aux cultures et aux civilisations non abrahamiques, lesquelles semblent, bien sûr, opposer une résilience plus forte, qui est proprement katéchonique, tandis que les forces katéchoniques potentielles de l’espace occidental patinent, paraissent incapables de s’organiser pour mettre fin au pandémonium.

Dans cette optique, le « marxisme culturel », pour reprendre une terminologie propre à la pensée paléo-conservatrice américaine, est un instrument de ce plan apocalyptique qui a pour objectif principal de détruire la base existentielle des familles (au sens large de la communauté des frères et des cousins ou au sens de la lignée, ou au sens restreint de la petite famille nucléaire). Le marxisme tout court, avant qu’il ne soit « marxisme culturel » (sans plus avoir de liens véritables avec la pensée du Marx de chair et de sang), avait déjà sapé les assises anthropologiques de la Russie soviétique et de la Russie d’Eltsine, provoquant un ressac démographique inquiétant, dont les retombées ne sont pas encore effacées. Il faudra l’action d’un Poutine pour tenter de revenir à l’anthropologie saine, base de toute civilisation. Poutine fait là œuvre katéchonique, de même que le Hongrois Orbàn. Tous deux opposent une forme théologico-anthropologique traditionnelle, de facture grecque-orthodoxe ou catholique-romaine, à la forme iconoclaste qui a commencé par détruire les statues et les images avant de s’attaquer, depuis quatre ou cinq décennies, aux fondements bio-ontologiques de l’homme, tel qu’il est. A cet homme, tel qu’il est, l’iconoclasme postmodernisé pose un homme autre, tel qu’il doit être, au nom de retentissantes élucubrations, vidé de toute substance, dé-genré, amnésique et dénaturé. L’idéologie des droits de l’homme, dans cette optique, n’est plus l’idéologie qui accorde des droits au citoyen d’une Cité, au zoon politikon qu’est l’homme selon Aristote, mais la nuisance idéologique qui sert à promouvoir un homme, un homonculus, tel qu’il n’est pas d’emblée au sein du cosmos mais tel qu’il est anarchiquement défini par tout un éventail de déments théologico-idéologiques.

Le « marxisme culturel », en ce sens, est un « marxisme dévoyé », dont le dévoiement s’est opéré au fil des décennies depuis la rédaction, par Karl Marx, du « Manifeste communiste » de 1844. A la dose de messianisme irréaliste que ce marxisme des origines recelait, dès le départ, en son sein, on a ajouté une belle collection de nuisances idéologiques, souvent tirées des « socialismes utopiques » (que Marx moquait), de formes les plus débiles de rousseauisme, dont les avatars, au 20ème siècle, furent la mode hippy et les marottes extraites du livre d’Herbert Marcuse, « L’Eros contre la civilisation », où la jouissance, non créatrice et consommatrice, doit, par un travail dissolvant et constant, déconstruire les fondements de la civilisation. D’autres, comme Foucault ou Derrida, exposants de la « French Theory », parleront carrément de « déconstruction », discours dissolvant pris à la lettre par leurs élèves américains, marqués, consciemment ou inconsciemment, par le mauvais esprit des casseurs de 1566 et des pèlerins du Mayflower. L’éros marcusien, la déconstruction de Derrida, la jouissance sans entraves de Foucault sont autant d’ingrédients nouveaux, qualifiés de modernes et de progressistes, que le vieux fond iconoclaste va mobiliser pour poursuivre son œuvre destructrice. Nous avons là les éléments idéologiques du festivisme soixante-huitard. A ceux-ci s’ajouteront, une décennie plus tard, les éléments dissolvants du néolibéralisme que l’on peut résumer par le slogan lapidaire de Margaret Thatcher, « There is no society », comme le fit récemment le géographe et sociologue français Christophe Guilluy, brillant analyste des fractures à l’œuvre dans la société française actuelle. L’homme est un être social, un « zoon politikon » et non un individu isolé. En annonçant les « détricotages » sociaux et industriels, le démantèlement des outils industriels et les délocalisations, le néolibéralisme thatchérien et reaganien voulait en finir avec l’Etat, instance à abolir. L’Etat est certes une forme abstraite mais la Cité traditionnelle et aristotélicienne, ou le royaume à base ethnique spécifique ou non, ne l’est pas : de telles cités sont le reflet du cosmos, sur lequel règne Dieu, comme le Roi règne en son royaume et le Dominus en sa domus (opulente ou modeste).  

L’idéologie LGBT, le festivisme et le néolibéralisme ont contribué tous trois à démolir les règnes de Dieu, du Roi ou du Dominus dans leurs aires sociales respectives. En dépit des clivages droite/gauche où la droite a été séduite, notamment depuis Chirac en France, par le néolibéralisme et les gauches par le festivisme, en dépit de la xénophilie qui reprenait la fable rousseauiste du « bon sauvage », remplacé par le polisson des banlieues, les faux conservateurs (libéraux ou démocrates-chrétiens), séduits par le thatchérisme, et les socialistes festivistes/xénophiles sont étroitement alliés dans leur abominable travail de sape des assises anthropologiques et même bio-ontologiques de notre civilisation. Nozick, en 1974, avant que la calamité thatchérienne ne s’abatte sur l’Angleterre, a bien synthétisé la problématique : l’Etat (et tout appareil juridique romain/augustéen) est un « frein » (à l’éros marcusien, à la libido déchaînée que Cohn-Bendit appelait de ses vœux, aux détricotages de Thatcher, etc.). L’Etat porté par des volontés affirmatrices et constructives n’est plus perçu comme un moteur d’innovation ou d’initiatives de tous genres mais comme un ballast. C’est un a priori des plus contestables.

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Le pandémonium mis en scène aujourd’hui, surtout depuis la pandémie du covid-19, a réduit à néant le droit sacré à la libre circulation des personnes et aux relations sociales, surtout en France et en Espagne, a ensuite été suivi par les émeutes antipolicières aux Etats-Unis, après la mort de Georges Floyd, par des scènes de pillage généralisé en Amérique du Nord et en Europe (Allemagne comprise !) et par la profanation orchestrée des statues de Christophe Colomb, Cervantès, Kant ( !), Léopold II, Baudouin I, Bismarck, De Gaulle, Gallieni, Churchill, Victoria, etc.  Le Kali Yuga, annoncé par la mythologie indienne et par les penseurs traditionalistes, est là sous nos yeux. Jorge Sànchez Fuenzalida apporte sa pierre à la réponse qu’il convient de donner à cette intolérable situation. Il donne des munitions idéologiques au katechon qui devra venir.

L’iconoclasme destructeur, depuis les fauteurs de troubles de 1566 jusqu’aux antifas et aux indigénistes de France aujourd’hui, est le fruit d’une idéologie de la négation, assénée dans les têtes par les médias et les écoles depuis que s’est installée l’ère soixante-huitarde. Dès Adorno, Horkheimer et les autres figures de l’école de Francfort, on annonçait la couleur : il fallait nier les fondements de toute civilisation, combattre toutes les idéologies affirmatrices, posées a priori comme intrinsèquement « fascistes », saper toutes les autorités, à commencer par celle des pères. Nous vivons aujourd’hui les retombées calamiteuses de cette philosophie agressive et irrationnelle de la négation. Marcuse décrétait que cette négation était « douce », comme le « doux commerce » des économistes puritains, « douces » comme les caresses concupiscentes de jeunes amants immatures, et épiméthéenne (et non « prométhéenne »). Aujourd’hui, nous devons nier la culture dévoyée de la négation, nier la grande négation, revendiquer sans peur la négation de la négation, or toute négation d’une négation revient à une affirmation. Devant le néolibéralisme, qui est arrivé au bout de son rouleau mais a laissé d’innombrables dégâts derrière lui, il faut se souvenir que celui-ci refusait toutes les volontés politiques (affirmatrices par définition), en prétendant rétablir une vieille fumisterie du 18ème siècle : celle de la « main invisible » et du « laissez-faire, laissez-passer », où aucune intervention politique et volontaire n’était plus autorisée et où la délocalisation antiéconomique nous était vendue comme le fin des fins de l’économie : contradiction dans les termes car « oikos », en grec ancien, signifie le « lieu ». Il n’y a pas d’économie réellement économique sans un lieu, stable, non mouvant, dont se préoccupe le Roi ou le « Spoudaios » (selon Aristote) pour le bien de ses sujets. « Oikos » a donné le terme latin « vicus » (village) et le néerlandais « wijk » (quartier dans une ville), voire le suffixe anglais « -wich »  (village). L’économie se déploie dans des lieux spécifiques et ne vagabonde pas sans frontières (qui ne sont pas nécessairement étatiques). A l’économie antiéconomique du néolibéralisme thatchérien, il faut rétablir les affirmations régulationnistes et protectionnistes, car elles sont katéchoniques.

« Affirmation » et « volonté » sont d’ailleurs les concepts salvateurs, explicités en fin de volume par Jorge Sànchez Fuenzalida. Ce sont les concepts que j’ai toujours voulu promouvoir dans ma carrière de Cassandre métapolitologue, avec mes camarades Guillaume Faye et Ange Sampieru. Je suis donc heureux qu’un homme jeune, à l’esprit vigoureux, comme l’ami Jorge, reprenne aujourd’hui le flambeau. Je lui souhaite longue vigueur dans ce combat qu’il mène déjà, même si le « Spoudaios » ne pointe pas encore à l’horizon. Devenu un vieillard après plus de quarante ans de combat sans relâche, je vais pouvoir bientôt, sans remords et grâce à des garçons comme Jorge, me coucher sur le flanc, comme une vieille bête, et mourir paisiblement.

Forest-Flotzenberg,

Juin 2020.

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dimanche, 06 décembre 2020

Le déclin des Etats-Unis et l’Axe islamo-confucéen

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Le déclin des Etats-Unis et l’Axe islamo-confucéen

Par Daniele Perra

Ex: https://www.eurasie-rivista.com

Parler ouvertement du déclin impérial des États-Unis d'Amérique, surtout lorsque les prétendus "accords d'Abraham" sont signés et que l'Union européenne publie une résolution condamnant le prétendu empoisonnement de l'opposant russe Alexei Navalny, qui bloque en fait les travaux pour le Nord Stream 2 (réalisant ainsi le rêve de Washington)[1], est une opération compliquée qui risque de générer plusieurs malentendus.

S'il est vrai que les États-Unis sont inévitablement confrontés à une période de crise et de déclin, il est tout aussi vrai que leur hégémonie mondiale (ce qui, en termes géopolitiques, pourrait être défini comme un "moment unipolaire") est encore loin d'être terminée.

Cependant, et malgré les apparences, il y a des signes évidents de ce déclin, tant au niveau interne qu'externe. Un énorme volume de fiction et de propagande a été produit autour de l'élection de Donald J. Trump en 2016. Une propagande dont même les personnages insoupçonnés (ou presque) qui, jusqu'à récemment, désignaient les États-Unis comme le principal ennemi, n'étaient pas à l'abri.

La victoire de Donald J. Trump a en effet été présentée comme la victoire d'un candidat anti-système et d'une forme nord-américaine de "populisme", même si elle a été déclinée en termes totalement postmodernes. Aujourd'hui, bien que la campagne présidentielle actuelle suive plus ou moins les mêmes pistes, on peut dire, en connaissance de cause, que Donald J. Trump, loin de remporter les élections de 2016 grâce à ses impulsions populistes et anti-systémiques, les a remportées principalement parce qu'il a dépensé deux fois plus que son adversaire pour la campagne [2]. Ce qui a été présenté comme une lutte entre le bien et le mal (l'affrontement entre le président anti-système et l'État dit "profond"), n'est rien d'autre qu'un affrontement entre différentes stratégies et appareils, ce qui n’est pas du tout étranger à l'histoire des États-Unis. Et on peut dire (toujours en connaissance de cause) que l'émergence de forces perturbatrices internes est historiquement synonyme de crise et de déclin pour une "entité impériale". Plutôt qu'une force révolutionnaire (comme la propagande l'a dépeint), le trumpisme est simplement la dernière tentative pour sauver la mondialisation américaine et, avec elle, une hégémonie mondiale de plus en plus déclinante.

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Notre analyse portera principalement sur les facteurs externes qui sont à l'origine de ce déclin. Et à cet égard, plusieurs facteurs doivent être pris en compte. Tout d'abord, nous devons garder à l'esprit que la crise pandémique a inévitablement accéléré toute une série de processus géopolitiques qui, selon toute probabilité, auraient pris plusieurs mois, voire des années, pour émerger. Dans d'autres analyses publiées dans Eurasia, il a été fait référence, par exemple, aux accords de cessez-le-feu commercial entre la Chine et les États-Unis qui, seulement en janvier de cette année 2020, ont été présentés par les officines de propagande américaines comme une grande victoire de la diplomatie de Washington. Mais quelques mois plus tard, on parlait déjà à nouveau de "guerre froide" et de "bipolarisme".

En fait, les accusations continues et répétées contre la Chine pour la propagation (et souvent même la fabrication)[3] du virus ont incité Pékin à modifier sa stratégie à l'égard de sa puissance rivale en déclin : les Chinois sont passés d'une stratégie d'accompagnement du déclin à une stratégie nettement plus agressive.

L'accord de coopération entre l'Iran et la Chine, paraphé en juillet, est étroitement lié à ce changement de stratégie. Les fondements de cet accord remontent à la visite de Xi Jinping à Téhéran en 2016. À cette occasion, les deux pays ont produit un communiqué commun sur 20 points qui révèle des passages d'un intérêt tout particulier. Le point 5, par exemple, stipule : "Les deux parties se soutiennent fortement l'une l'autre en ce qui concerne les questions relatives à leurs intérêts fondamentaux tels que l'indépendance, la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale. La partie iranienne poursuit son engagement ferme en faveur de la politique de la Chine unique. La partie chinoise soutient le "Plan de développement" de la partie iranienne ainsi que le renforcement du rôle de l'Iran dans les affaires régionales et internationales"[4].

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Le point 7 dit : "L'Iran se félicite de l'initiative de la Chine concernant la "ceinture économique de la route de la soie et la route maritime de la soie du XXIe siècle". En s'appuyant sur leurs forces et avantages respectifs ainsi que sur les possibilités offertes par la signature de documents tels que le "protocole d'accord sur la promotion conjointe de la ceinture économique de la route de la soie et de la route maritime de la soie du XXIe siècle" et le "protocole d'accord sur le renforcement des capacités industrielles et minérales et des investissements", les deux parties développeront la coopération et les investissements mutuels dans divers domaines, notamment les transports, les chemins de fer, les ports, l'énergie, l'industrie, le commerce et les services"[5].

Il est tout à fait clair que la coopération stratégique fondée sur ces hypothèses peut être perçue comme une menace directe par les États-Unis. Le pacte, qui durera 25 ans, redonne en effet de la vigueur au projet de la nouvelle route de la soie et redonne à l'Iran un rôle central dans le processus d'intégration eurasienne. En outre, elle surmonte le régime de sanctions nord-américain connu sous le nom de stratégie de "pression maximale", transformant la République islamique en un carrefour de première importance pour le commerce eurasien (l'Iran est au carrefour des directions Nord-Sud et Ouest-Est du continent) exactement comme dans l'Antiquité, lorsque la langue parlée le long de la route de la soie était le persan.

Comme l'a déclaré Ali Aqa Mohammadi (conseiller du Guide suprême Ali Khamenei) : "Ce document bouleverse le régime des sanctions et contrecarre de nombreux plans américains pour la région [...] La coordination entre la Chine et l'Iran peut faire sortir la région de l’emprise des États-Unis et briser leur réseau régional.

La coopération stratégique entre les deux pays est non seulement axée sur les investissements dans le secteur de l'énergie ou dans les infrastructures [7], mais aussi dans le secteur militaire. Le premier résultat (et aussi le plus inquiétant pour les États-Unis) des accords sino-iraniens a été le refus par le Conseil de sécurité des Nations unies de la demande nord-américaine de prolongation de l'embargo sur la vente d'armes à la République islamique, qui a expiré en octobre 2020. En fait, à partir d'octobre, la Chine commencera à fournir à Téhéran divers systèmes et armements de nouvelle génération.

Il est bien connu que la Chine et la Corée du Nord ont développé des liens militaires étroits avec l'Iran depuis le début des années 1980. Pékin, par exemple, a fourni un grand nombre de missiles balistiques à la République islamique nouvellement formée pendant la guerre contre l'Irak pour contrebalancer les plates-formes de lancement Scud B de fabrication soviétique fournies à l'armée de Saddam Hussein. La Chine a également joué un rôle fondamental en aidant Téhéran à développer son secteur militaire, à tel point que les plates-formes de missiles iraniennes actuelles sont basées sur des technologies chinoises[8].

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Par conséquent, grâce à cet accord de coopération, l'économie et le secteur militaire de Téhéran seront sérieusement renforcés. Dans le même temps, la Chine pourra bénéficier non seulement d'un approvisionnement stable (et de prix réduits) en hydrocarbures, mais aussi d'une entrée effective sur un vaste marché pour ses produits technologiques.

Mais ce ne sont pas les seules raisons pour lesquelles l'axe Pékin-Téhéran est considéré comme une menace sérieuse pour les États-Unis. Il y a d'autres facteurs à prendre en compte.

Tout d'abord, il est important de souligner, une fois de plus (si besoin est), que les États-Unis n'ont plus la force de faire face à un conflit militaire direct de grande envergure avec une puissance rivale.

L'Iran et la Chine ont tous deux montré qu'ils étaient "prêts" à affronter directement les États-Unis, si nécessaire. En comparaison, cette volonté (et cette disponibilité) s'est transformée en une sorte de dissuasion stratégique. Une guerre contre l'Iran (ou une attaque directe sur son propre territoire - la "ligne rouge" établie par le Corps des gardiens de la révolution) n'a jamais été réellement déclarée, car le Pentagone lui-même est conscient qu'elle coûterait de l'argent, causerait de graves dommages aux intérêts nord-américains dans la région, des vies humaines et une crise énergétique mondiale aux effets imprévisibles.

Une fois de plus, la Chine et l'Iran ont montré qu'ils ne veulent pas du tout la guerre, mais qu'ils sont prêts à la mener. Et tous deux savent parfaitement qu'en cas de conflit direct avec l'un des alliés régionaux des Etats-Unis (au Moyen-Orient ou dans la zone indo-pacifique), tout "l'Occident" et son opinion publique prendront inévitablement parti contre eux. C'est pourquoi un tel conflit a besoin non seulement d'une valeur stratégique mais aussi d'une valeur "morale". À cet égard, comme l'a souligné l'analyste Hu Xijin, les dirigeants de l'Armée populaire de libération ont établi qu'un éventuel conflit entre la Chine et un pays voisin avec lequel Pékin a des différends territoriaux doit respecter des exigences spécifiques : a) la Chine ne doit en aucun cas tirer le premier coup de feu ; b) la Chine doit montrer à la communauté internationale que tous les efforts ont été faits pour éviter le conflit ; c) la Chine ne doit jamais se permettre d'être impliquée de manière impulsive dans une confrontation militaire directe.

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En outre, un récent rapport du Pentagone a montré la menace que représente pour les États-Unis le renforcement militaire continu de la Chine[9].

L'un des objectifs de Pékin est de doubler ses capacités nucléaires d'ici 2030. De plus, la Chine possède plus de 12.000 missiles balistiques d'une portée comprise entre 500 et 5.000 km : elle a donc la capacité de frapper les intérêts américains dans le Pacifique occidental. Mais ce qui préoccupe vraiment le Pentagone, ce sont les capacités conventionnelles de l'Armée Populaire de Libération. Celle-ci possède en effet les forces navales et terrestres les plus nombreuses au monde : une armée dynamique et moderne capable de surmonter rapidement des conflits maritimes limités et, par conséquent, de défier la domination thalassocratique nord-américaine.

Il est tout aussi important de comprendre comment les États-Unis réagissent à la menace posée par la croissance des puissances eurasiennes et par leur coordination. En ce sens, outre les opérations classiques de sabotage le long de la nouvelle route de la soie, il faut se concentrer sur la signature des récents "accords d'Abraham" entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn (mais avec la possibilité de les étendre à d'autres monarchies arabes).

Il convient de souligner tout d'abord qu'il ne s'agit pas d'un simple coup de pouce électoral pour la campagne présidentielle de Donald J. Trump, ni d'une simple "justification" pour vendre des technologies militaires sophistiquées aux monarchies du Golfe aux dépens de la Chine. Si l'on oublie que de tels accords, signés par des entités financières (avant d’être politiques) qui, en réalité, n’ont jamais été en guerre contre Israël mais qui coopèrent souvent et volontairement avec lui à plusieurs niveaux, représentent la victoire du profit sur tout le reste (sur l'Homme avec un "H" majuscule, sur tout ce qui, malgré les efforts de l'"Occident", continue à maintenir en vigueur des valeurs sacrées, celles de la religion et celles des idées), ce qui est le plus intéressant ici est la portée géopolitique de l'opération de Trump.

Elle ouvre les marchés arabes à Israël et, grâce au projet de Corridor Trans-Arabe (étudié en opposition directe avec les corridors économiques de la Nouvelle Route de la Soie)[10], ouvre les portes de l'Océan Indien à l'entité sioniste. Ainsi, dans un sens plus large, les accords d'Abraham cherchent à saper (ou à limiter) le processus d'intégration eurasienne. Comme l'a laissé entendre le secrétaire d'État américain Mike Pompeo lui-même, plus pragmatique et moins enclin à la rhétorique pseudo-pacifiste de la propagande trumpiste, l'axe Israël/Monarchies du Golfe est fonctionnel pour la défense des intérêts américains dans la région et permet une plus grande concentration des forces dans la zone indo-pacifique.

Ces accords doivent donc être compris non seulement en termes anti-iraniens ou anti-turcs, comme une grande partie des analyses géopolitiques ont tenté de le démontrer, mais aussi anti-pakistanais et anti-chinois. Le Pakistan, par exemple, étant le seul État musulman à posséder un arsenal nucléaire, est naturellement dans la ligne de mire des sionistes. Aujourd'hui plus que jamais, après avoir pris acte de la tentative de limiter l'influence wahhabite en son sein [11] par les dirigeants politiques actuels, sa dénucléarisation figure parmi les objectifs premiers du sionisme.

Cependant, les "accords d'Abraham" ont également jeté les bases d'une autre menace pour la stratégie régionale sioniste et nord-américaine : le rapprochement et la revitalisation d'un lien entre l'Iran et la Turquie qui surmonte également le contraste entre les deux pays sur le champ de bataille syrien.

Le 8 septembre, la sixième réunion de haut niveau du Conseil de coopération entre Téhéran et Ankara a débuté. L'objectif de cette coopération, qui est bloquée depuis plusieurs années précisément à cause du conflit syrien, est de renforcer les relations entre la Turquie et l'Iran dans les domaines commercial et sécuritaire. En fait, les deux États ont également lancé récemment plusieurs opérations militaires conjointes dans le nord de l'Irak contre des groupes terroristes kurdes.

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Ce renforcement des relations, outre qu'il permet de mettre un terme aux interprétations sectaires (d'origine principalement occidentale) des conflits du Moyen-Orient, est également utile pour reconstruire le dialogue entre les forces de résistance au régime sioniste en Palestine : le Hamas (aujourd'hui, lié à la Turquie et au Qatar) et le Hezbollah (Parti et mouvement de résistance d'inspiration khomeyniste). Lors des réunions au sommet tenues à Beyrouth, les dirigeants politiques des deux mouvements, ayant surmonté les divisions générées par le conflit syrien, sont arrivés à la conclusion que le Hamas et le Hezbollah sont sur la même ligne dans l'opposition et la lutte contre Israël [12]. Sans considérer le fait qu'amener le Hamas au même niveau de capacité militaire que le Hezbollah, en plus de représenter une certaine menace, constituerait une fois de plus un élément de dissuasion contre de nouvelles opérations sionistes potentielles dans la bande de Gaza [13].

En février dernier, lors d'une conférence donnée à l'Institut d'études stratégiques d'Islamabad, l'ambassadeur iranien au Pakistan Seyyed Mohammad Ali Hosseini a suggéré l'idée de créer une alliance entre cinq pays (Turquie, Iran, Pakistan, Chine et Russie) pour favoriser la coopération eurasienne et résoudre pacifiquement tout différend régional.

La formation d'une telle alliance permettrait en outre de créer une forme de ceinture de sécurité capable de protéger l'Asie centrale (le "cœur du monde") des actions de sabotage, de déstabilisation et d'endiguement de tout développement, menées par l'Amérique du Nord.

Les premiers signes dans cette direction proviennent des exercices militaires "Caucase 2020" qui se dérouleront dans la région du Caucase entre le 21 et le 26 septembre et qui, axés sur les tactiques de défense et d'encerclement, impliqueront des unités militaires de Chine, de Russie, du Pakistan, d'Iran, d'Arménie, de Biélorussie et du Myanmar.

Il y a lieu d’être absolument convaincu que la création d'un axe islamo-confucéen (ou islamo-confuciano-orthodoxe)[14] pourrait représenter l’accélérateur du déclin de l'hégémonie américaine et de la faillite de toutes les stratégies visant à empêcher la naissance d'un ordre mondial multipolaire. L'espoir doit aussi se faire jour, d'ailleurs, de voir advenir le réveil des civilisations anciennes et combatives de l'Eurasie afin d’aider l'Europe à surmonter ce qui semble être une condition irréversible d'assujettissement culturel et géopolitique.

NOTES:

[1] Voir European Parliament Resolution on the situation in Russia: the poisoning of Alexei Navalny, www.europal.europa.eu.

[2] Fait qui montre bien comment fonctionne la « démocratie américaine » dont on vante tant le modèle. Voir à ce propos : Jean-Michel Paul, The economics of discontent. From failing elites to the rise of populism, Bruxelles 2018.

[3] Et, last but not least, la « recherche scientifique », menée par la Rule of Law Society et par la Rule of Law Foundation de Steve Bannon et Guo Wengui, qui prétendent démontrer l’origine du virus dans le laboratoire de Wuhan.

[4]Full text of Joint Statement on Comprehensive Strategic Partnership between I.R. Iran, P.R. China, www.president.ir.

[5]Ibidem.

[6]Iran-China deal to ditch dollar, bypass US sanctions: Leader’s Advisor, www.presstv.com.

[7] Cet accord de coopération prévoit plus de 400 milliards d’investissement. Une autre somme de 220 milliards sera versée au profit du secteur des infrastructures, visant le développement des liens ferroviaires (trains à grande vitesse) tant à l’intérieur de l’Iran que pour relier ce pays au reste de l’Eurasie : de la Chine à l’Asie centrale et, de là, à la Turquie et à l’Europe.

[8]China’s key role in facilitating Iran’s military modernization and nuclear program, implications for future relations, www.militarywatchmagazine.com.

[9]H. Xijin, China must be militarily and morally ready for a potential war, www.globaltimes.cn.

[10]Selon le mode particulier qu’implique le Corridor CPEC (China Pakistan Economic Corridor) ; il y a la possibilité que celui-ci soit prolongé pour relier directement le port de Gadwar au Pakistan à celui de Shabahar en Iran. Les deux ports seraient ainsi reliés entre eux et renforcés par une liaison ferroviaire qui, à son tour, favoriserait un développement économique régional de grande ampleur.

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[11] Récemment, il y a eu des manifestations anti-chiites à Karachi au Pakistan (ce qui met en exergue l’influence profonde du wahhabisme saoudien sur une bonne part de la population pakistanaise). Ces désordres montrent clairement quelles sont les motivations géopolitiques à l’œuvre dans cette région du monde. Déchaîner à nouveau la violence au Pakistan, pour le déséquilibrer de l’intérieur, s’avère utile pour retarder le mise en œuvre définitive du CPEC et pour discréditer le rapprochement lent mais continue du gouvernement d’Imran Khan avec les puissances d’Eurasie :la Russie et la Chine en premier lieu.  

[12]Hamas-Hezbollah talks and Iran-Turkey cooperation come at crucial time, www.middleeastmonitor.com.

[13] Les bombardements ont lieu tous les jours sur la Bande de Gaza, dans le silence assourdissant des médias occidentaux, silence qui a pour objectif de faire ignorer ces faits.

[14]Dans ce cas précis, on ne peut parler en termes « huntingtoniens », soit en terme de choc des civilisations, vu que l’Occident n’est pas une civilisation mais une construction idéologique utile pour garantir la domination américaine sur les espaces géographiques, soumis « géopolitiquement » à Washington.

« Théorie du complot » et comique de répétition

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« Théorie du complot » et comique de répétition

par Nicolas Bonnal

C’est du poumon que vous êtes malade

Le seul argumentaire du système, de ses intendants et de leur populace de téléphages est l’insulte tempérée par la menace. Quoiqu’on dise on est accusé de théorie de la conspiration avec un ricanement insultant et surtout menaçant.  Théorie de la conspiration rimera un jour avec camp de concentration pour les contrevenants et rime aussi avec le fameux comique de répétition. Pensez au poumon du Malade imaginaire de Molière, auteur qui n’a jamais été autant d’actualité : les Femmes savantes, les précieuses, le Malade imaginaire, Tartufe, le Bourgeois gentilhomme et surtout Georges Dandin, cocu à répétition des temps pseudo-cycliques.

Donc si l’on évoque Schwab, Davos, Gates, le mondialisme, l’ARN, l’ADN ou autres, on est accusé de complotisme sur un ton de précieux dégoûté. Cela montre que le système s’est renforcé/affaibli, qui peut s’établir sur une désertification intellectuelle bien globalisée.

Reprenons cette remarque extraordinaire de Guy Debord (il existe une bibliothèque pour l’insulter) sur ces mondialistes qui n’existent pas, ces vaccinateurs qui n’existent pas, ces banquiers qui n’existent pas, ce Reset qui n’existe pas, cet ADN qui n’existe pas, cette censure intégrale qui n’existe pas, cette élection volée qui n’existe pas, cette dictature qui n’existe pas, et tout le reste :

« La plus grande exigence d’une Mafia, où qu’elle puisse être constituée, est naturellement d’établir qu’elle n’existe pas, ou qu’elle a été victime de calomnies peu scientifiques ; et c’est son premier point de ressemblance avec le capitalisme. Mais en la circonstance, cette Mafia irritée d’être seule mise en vedette, est allée jusqu’à évoquer les autres groupements qui voudraient se faire oublier en la prenant abusivement comme bouc émissaire. »

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La cabale mondialiste (voyez mon livre Littérature et conspiration pour constater que Dostoïevski, Chesterton ou Jack London la voient venir en leur temps…) n’existant pas, ne peut exister qu’une méchante volonté de tout inventer pour mieux accuser. Il faut donc sanctionner et insulter les félons avant de pouvoir les enfermer. Et sur cette volonté de ne plus discuter mais d’insulter, qui repose sur la rage et l’impuissance (voyez le petit Blachier face au professeur Toussaint) Schopenhauer a déjà tout dit dans son fameux Art d’avoir toujours raison que l’on trouvera sur Wikisource :

« Lorsque l’on se rend compte que l’adversaire nous est supérieur et nous ôte toute raison, il faut alors devenir personnel, insultant, malpoli. Cela consiste à passer du sujet de la dispute (que l’on a perdue), au débateur lui-même en attaquant sa personne…En devenant personnel, on abandonne le sujet lui-même pour attaquer la personne elle-même : on devient insultant, malveillant, injurieux, vulgaire. C’est un appel des forces de l’intelligence dirigée à celles du corps, ou à l’animalisme. C’est une stratégie très appréciée car tout le monde peut l’appliquer, et elle est donc particulièrement utilisée. »

Tout le monde peut l’appliquer, en particulier les journalistes ignares qui ne savent que répondre aux savants Toubiana ou Fouché qu’on leur oppose sur un plateau. Que ne peuvent-ils faire taire leur adversaire avec un pistolet ! On oppose parfois les pédants (Molière, toujours) aux savants, or les pédants ne publient rien sur le plan scientifique contrairement à Raoult par exemple.

519uxVU+iOL.jpgTout cela marche parce la bêtise s’est répandue industriellement et ce grâce aux médias. A tout seigneur tout honneur, la presse. Au milieu du dix-neuvième siècle le bon théologien Mgr Gaume écrivait déjà à propos de l’imbécillité positiviste :

« Vous avez des yeux, et vous ne voyez pas ; des oreilles, et vous n'entendez pas; une volonté, et vous ne voulez pas. Fruit du don d'entendement, le sens chrétien, ce sixième sens de l'homme baptisé, vous manque.  Il manque à la plupart des hommes d'aujourd'hui et à un trop grand de nombre de femmes. Il manque aux familles, il manque à la société, il manque aux gouvernants et aux gouvernés, il manque au monde actuel. Monde de prétendues lumière et de prétendu progrès, il ne reste pour toi qu'un dernier vœu à former, c'est que l'Esprit d'intelligence te soit donné de nouveau et te montre à nu l'abîme inévitable, vers lequel te conduit à grands pas l'Esprit de ténèbres, redevenu, en punition de ton orgueil, ton guide et ton maître. »

Car leur monde moderne est le monde des gogos, des consommateurs, des guerres mondiales, du totalitarisme à répétition. Et il veut finir glorieusement par un Reset et une extermination.

Baudrillard dans sa Guerre du golfe avait évoqué la fonction des médias dans le maintien d’une hébétude collective. Or Mgr Gaume rappelle :

« Le premier effet d'un pareil désordre, c'est l'affaiblissement de l'intelligence, hebetudo. L'âme et le corps sont entre eux comme les deux plateaux d'une balance : quand l'un monte, l'autre descend. Par l'excès du boire et du manger, l'organisme se développe, et l'esprit s'émousse, s'épaissit, devient pesant, paresseux, inhabile à l'étude et aux fonctions purement intellectuelles : ce résultat est forcé. Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es. En contact intime, habituel et coupable avec la matière, avec l'animalité, l'homme devient matière, il devient bête, animalis homo. »

En effet pour quelqu’un qui n’a pas envie de réfléchir ou de discuter (66%, 90%, 99%  des téléphages), l’accusation de théorie de la conspiration est bienvenue.  Elle est liée à une ignorance fumiste et  à une joie méchante, un ricanement (Blachier toujours à Toussaint : « vous êtes tellement con et conspiratif qu’on ne peut discuter avec vous… »). Et Gaume en parle de ce ricanement agressif, laïc et ploutocratique :

« Le second effet de l'esprit de gourmandise, c'est la folle joie, inepta laetitia. Devenue, par l'excès des aliments, victorieuse de l'esprit, la chair manifeste son insolent triomphe. Des rires immodérés, des facéties ridicules, des propos trop souvent obscènes, des gestes inconvenants ou puérils, des chants, des cris, des danses, des plaisirs bruyants, des fêtes théâtrales en sont l'inévitable expression. »

Alors on fait rentrer les bouffons  sur les plateaux télé, bouffons qui sont là pour ajouter plus de fausseté à l’esprit de ce monde. Et de parler du virus comme le faux médecin de Molière parle du poumon.

Sources:

Schopenhauer – L’art d’avoir toujours raison (Wikisource.org)

Mgr Gaume – Traité du Saint-Esprit, tome deuxième, pp. 472-474

Guy Debord – Commentaires, XXIII

Baudrillard – La Guerre du Golfe n’a pas eu lieu (Galilée)

Bonnal – Littérature et conspiration (Amazon.fr)

 

 

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samedi, 05 décembre 2020

Géopolitique des pseudo-religions

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Géopolitique des pseudo-religions

par Daniele Perra

Ex: https://www.eurasia-rivista.com

"...seuls l'esprit et le spirituel ont un destin."

(Martin Heidegger).

Il est bien connu que le monde anglo-saxon a historiquement produit des pseudo-religions utiles à sa propre forme spécifique de domination. Cela s'applique tout à la fois à la théosophie de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, qui a été stigmatisée par le métaphysicien français René Guénon dans le texte fondamental La théosophie. Histoire d'une pseudo-religion [1], et à la prolifération actuelle des sectes évangéliques qui, à partir de l'Amérique du Nord principalement, sont en train de conquérir rapidement l'Amérique hispanique et l'Afrique subsaharienne.

51696AGb9IL._SX373_BO1,204,203,200_.jpgLe discours pseudo-religieux développé pour l'Amérique ibérique est particulièrement intéressant, car les principes géopolitiques de la doctrine Monroe peuvent dès lors lui être appliqués plus facilement: donc, non seulement le droit exclusif d'intervention des États-Unis dans l'hémisphère occidental se voit consolider, tout comme la volonté d'homologuer cette partie du monde, de la modeler à leur image et ressemblance. On ne peut ignorer le rôle que les groupes évangéliques ont joué dans l'élection du président brésilien Jair Bolsonaro ou dans le coup d'État qui a renversé Evo Morales en Bolivie.

Au Brésil en particulier, les conversions à ces sectes ont plus que triplé au cours des trente dernières années. Elles ont une structure extrêmement élastique qui permet théoriquement à toute personne capable de lire la Bible de devenir un prédicateur. Et leur succès repose exclusivement sur leur totale consubstantialité avec le néo-conservatisme et le néo-libéralisme. Ces sectes ont comblé le vide laissé par la gauche et l'Eglise officielle qui, en s'occupant d'autres questions sociales (les droits civils en premier lieu), ont fini par ignorer les droits des travailleurs et des couches les plus pauvres de la société [2]. Cependant, ceux qui interprètent si mal certains passages du texte biblique [3], ont tiré de substantiels bénéfices sur le dos des personnes qu’ils prétendaient aider. Et ils l'ont fait sur la base de la soi-disant "théologie de la prospérité" : une doctrine religieuse prétendument basée sur l'idée qu'en donnant de l'argent, en priant et en adhérant à un système de comportement rigide, on peut s'assurer une récompense matérielle dans ce monde. Cette doctrine se prête bien aux comparaisons et aux alliances avec ce messianisme juif, absolument antichrétien, qui est marqué par la construction d'un Royaume d'Israël "sur terre" auquel tout peuple sera soumis. Ce n'est pas une coïncidence si les pasteurs évangéliques brésiliens les plus populaires font également partie des personnes les plus riches du pays. Ils ont, entre autres, transformé les pauvres Brésiliens en un marché à exploiter et à contrôler au moment du vote.

Ces pseudo-religions, en plus de consolider des formes spécifiques de domination géopolitique, jouent donc aussi un rôle fondamental dans la construction du consensus électoral ou dans la construction de l'opposition interne aux "régimes" rivaux ou tombés en disgrâce. Le cas le plus emblématique, en ce sens, est représenté par la secte chinoise Falung Gong, qui a une origine orientale, mais qui a été largement adoptée par l'"Occident" dirigé par l'Amérique du Nord comme instrument de déstabilisation interne de la République populaire de Chine.

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Né comme un mouvement spirituel de type "New Age", d'inspiration syncrétique (une sorte de mélange de bouddhisme et de taoïsme), ce sectarisme particulier prétend être une expression de la religiosité traditionnelle chinoise. Le Falung Gong (= « pratique de la roue de la loi »), grâce à son fondateur Li Honghzi (résident à New York) a réussi à construire un véritable empire qui s'étend sur plusieurs secteurs, de l'information aux communications en passant par le monde de l'art.

Le fleuron de cet empire est la plateforme informatique Epoch Times, qui est également devenue très populaire parmi les groupes européens qui font référence à la Alt-Right nord-américaine (surtout dans ses impulsions sionistes) : en particulier l'AFD allemande - Alternative für Deutschland.

Le réseau Epoch Times est connu pour la diffusion de théories conspirationnistes de toutes sortes et pour son opposition farouche au gouvernement de Pékin. The New Tang Dinasty appartient à Epoch Media Group : une société de production qui, en collaboration avec Steve Bannon, a produit le téléfilm anti-chinois Claws of the Red Dragon, dans lequel l'arrestation du directeur financier de Huawei, Meng Wanzhou, au Canada est racontée sur le mode de la conspiration.

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La référence à Epoch Times est importante car elle nous permet d'introduire notre discours sur les nouvelles formes de pseudo-religion qui, récemment, en raison de l'accélération des pressions causées par la crise pandémique, connaît un succès considérable au-delà des frontières américaines. Epoch Times, en fait, avec d'autres médias du réseau, est l'un des principaux véhicules d'information du phénomène QAnon. Ce n'est que le énième résultat néfaste de la postmodernité, résultat généré sur une terre dans laquelle les sept millénarismes se sont enracinés à un niveau qui a profondément marqué l'imaginaire collectif et où la religiosité a été réduite exclusivement à la sphère de la moralité. QAnon est une forme de messianisme numérisé : une religion informatique avec ses propres dogmes (une hypothétique résurrection ou "retour de la dissimulation" de J.F.K.), un prophète (Donald J. Trump), un jour de jugement (l'événement "The Storm" qui conduira à l'arrestation en masse de tous les complices de l'"élite" pédo-sataniste qui domine le monde).

QAnon, en fait, est un baldaquin qui couvre une série de théories plus ou moins conspiratrices concernant différents aspects de la vie politique et sociale. Dans leur version allégée, ces théories se limitent à l'affrontement entre Donald J. Trump et l'État dit "profond", ignorant que les luttes entre les courants au sein de l'administration américaine ne sont pas nées avec les élections de 2016 et que, historiquement, les pulsions perturbatrices internes sont communes aux "empires" qui entrent dans une phase de déclin incontestable.

L'idée de base, cependant, comme nous l’avons déjà mentionné, reste que le monde est dominé par un cénacle de pédophiles qui se livrent au trafic d'enfants, ce à quoi l'actuel président nord-américain s'oppose de toutes ses forces.

8b29e3046c194ed7cbc2350a91f70ba2.jpgSi nous considérons que le progressisme grossier du messianisme laïque nord-américain (le messianisme clintonien/obamien/sorosien) est autant un ennemi que le messianisme d'inspiration conservatrice, il est évident que, si le principal facteur de discrimination de l'élite dominante est uniquement et exclusivement de nature morale, il n'y a pas de critique fondamentale du système mais seulement et exclusivement le désir de remplacer une "élite" par une autre. La conspiration, en ce sens, devient absolument consubstantielle au système et non une arme pour le combattre. Il devient un outil utile pour hégémoniser le sacro-saint mécontentement social (généré par des politiques migratoires imprudentes, par des coupes dans l'éducation et la santé, par l'immobilisme social, par l'augmentation des taxes sur la production, par la crise de l'emploi) par un travail idéologique habile capable de conduire à certains résultats électoraux [4] et à des fins géopolitiques précises. En d'autres termes, elle sert au niveau central (celui des États-Unis) à créer une base idéologique de consensus et au niveau périphérique à garantir la soumission totale des provinces impériales.

Il est évident que les principaux "mots d'ordre" de certains mouvements ont tous une nette origine nord-américaine ou anglo-saxonne. Lors de la récente manifestation à Berlin, organisée par le mouvement libéral-individualiste Querdenken-711 [5] contre les mesures restrictives liées à la crise pandémique [6], l'un des organisateurs a indiqué que Donald J. Trump était le "sauveur de l'esprit de l'Ouest".

Ce "mot d'ordre" peut et doit être analysé à plusieurs niveaux. Tout d'abord, la thèse selon laquelle les masses européennes attendent le "salut" d'outre-atlantique donne une bonne idée du niveau sournois de soumission culturelle atteint par le Vieux Continent. Il est également fondamental de rappeler que depuis les dialogues de Platon, l'"Occident" est indiqué comme tout ce qui se trouve au-delà des Colonnes d'Hercule. Cela implique, en premier lieu, que l'Europe, géographiquement, n'est pas du tout "occidentale".

Un deuxième niveau d'analyse peut être déterminé par ce que l'on entend par "esprit". L'esprit et le spirituel, en référence à un peuple, ont une assonance particulière avec le destin et la destinée. Le destin et la destinée, selon le philosophe allemand Martin Heidegger, "concernent la demeure des hommes dans le voisinage de l'auberge céleste sur la terre" [7]. Les esprits, par conséquent, "sont ceux qui descendent de l'incendie et en même temps du terrestre, qui portent le céleste et qui, dans leur propre essence, sont eux-mêmes l'esprit [...] Cet esprit est appelé l'esprit commun, parce que son essence brûlante brûle dans chaque esprit d'une manière différente" [8].

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Selon Heidegger, l'histoire ne repose ni dans l'essence ni dans le mot de l'événement historique, mais dans le destin et l'esprit. Le destin et l'esprit d'un peuple sont donnés par la proximité de son origine. Les personnes contraintes de s'éloigner de cette origine sont privées de leur désir/puissance : leur être reste un "être en latence" au lieu de devenir un "être au pouvoir". Il est donc clair que celui qui veut maintenir un peuple dans une condition de soumission devra s'assurer que, toujours selon Heidegger, "ce qui est le plus proche reste pour lui le plus éloigné".

L'"esprit de l'Ouest" dont parle le "mot d'ordre" de certains groupes de manifestants berlinois n'est qu'une imposition idéologique, quelque chose de totalement étranger à l'Europe. Ce "mot d'ordre" représente la tentative de recomposer selon des lignes idéologiques précises un bloc géopolitique qui défend les États-Unis, qui entend arrêter leur déclin inexorable. Le choix de l'Allemagne comme épicentre des protestations contre les mesures anticovidiennes restrictives (malgré le fait que l'Allemagne soit l'un des pays européens où ces mesures ont été les moins strictes) est crucial, si l'on considère le rôle de l'Allemagne en tant que concurrent économique direct des États-Unis et le conflit autour de la construction du gazoduc Nord Stream 2 (auquel peut également être lié l'empoisonnement présumé du célèbre opposant russe Alexei Navalny).

D’une part, l'administration Trump a sans doute su cultiver les tendances conspirationnistes à l’œuvre dans le monde pour construire un consensus transnational (par exemple, on assiste à la prolifération sur le sol européen de groupes de soutien au président nord-américain comme seul agent capable de libérer les peuples de la "dictature de la santé") ; d'autre part, l'administration elle-même s'est montrée beaucoup plus pragmatique qu'on pourrait le penser dans la gestion des conflits impérialistes , avec sa stratégie d'assassinats ciblés, d'accords qui ne seront pas respectés, de pressions et de sabotages de rivaux stratégiques pour retarder le déclin américain.

Un document publié par un groupe de réflexion républicain orienté dans le sens voulu par le pouvoir actuel (intitulé Renforcer l'Amérique et contrer les menaces mondiales et déjà cité dans les colonnes de notre revue Eurasia) esquisse explicitement pour les quatre prochaines (et éventuelles) années de la présidence un programme géopolitique basé sur la confrontation directe avec la Russie, la Chine et l'Iran et sur le "maintien d'un ordre international basé sur les valeurs américaines".

Face à une telle perspective, la seule solution pour l'Europe serait de se réapproprier son propre esprit et son propre destin, en se libérant de la polarisation du débat politique autour de ce néant que représente le choc entre le progressisme nihiliste et le vide idéologique numérisé des nouvelles religions de l'Occident.

NOTES

[1]R. Guénon, Il teosofismo. Storia di una pseudo-religione, Edizioni Arktos, Carmagnola 1987.

[2]Voir P. Antonopoulos, L’influenza della setta evangelica nella società brasiliana, “Eurasia. Rivista di studi geopolitici” 1/2019.

[3]En particulier dans l’Evangile selon St. Jean (10,10): “Je suis venu pour qu’il aient la Vie, et l’aient en plus grande abondance ». De même, dans l’Epitre aux Philippiens (4,19): “Mon Dieu viendra à vous selon vos nécessités, selon sa richesse, avec la gloire en le Christ Jésus ».

[4]De récents sondages ont montré comment une large part de l’électorat républicain aux Etats-Unis croit, du moins en partie, à des théories de matrices conspirationnistes, qui voient en Donald Trump un personnage choisi par certains militaires haut placés pour défaire l’élite pédo-sataniste correspondant au « deep state ». Voir : Majority of Republicans believe the QAnon conspiracy theory is partly or mostly true, survay finds, www.forbes.com.

[5]Voir www.querdenken-711.de.

[6]A ce propos, à la différence des principaux médias d’information qui utilisent l’expression « négationnistes du virus », selon un mode totalement inapproprié, il serait bons de faire une distinction précise entre ceux qui nient l’existence du virus en soi et ceux qui critiquent à juste titre et même de façon virulente, le côté illogique et contradictoire des mesures prises, lesquelles ont aggravé considérablement les tensions sociales déjà existantes, qui critiquent également certaines expérimentations à grande échelle, ainsi que les mécanismes médiatiques qui, au lieu d’informer, s’occupent à terroriser les populations. 

[7]M. Heidegger, Hölderlin. Viaggi in Grecia, Bompiani, Milano 2012, p. 275.

[8]Ibidem, p. 281.

 

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Bonne nouvelle de La Paz

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Bonne nouvelle de La Paz

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le trucage des élections ne fait pas tout. Le 8 novembre dernier, tandis que des fraudes électorales massives s’opéraient dans plusieurs États du MidWest étatsunien, la Bolivie investissait son nouveau président, Luis Arce, marquant ainsi l’échec total d’une révolution colorée atlantiste – occidentaliste.

Le 10 novembre 2019, après plusieurs journées de manifestations, de grèves et d’incidents, sur la pression des responsables de la police et de l’armée, le président de l’État plurinational de Bolivie Evo Morales démissionnait et s’exilait d’abord au Mexique, puis en Argentine. Candidat à un quatrième mandat consécutif malgré un revers au référendum de révision constitutionnelle de 2016, le président Morales devançait d’une dizaine de points son principal concurrent, l’ancien président libéral Carlos Mesa. Dans la foulée de ce départ précipité, le vice-président Álvaro Linera, la présidente du Sénat et le président de la Chambre des députés abandonnèrent à leur tour leur fonction. L’intérim de la présidence revint alors à la deuxième vice-présidente du Sénat, une obscure élue d’opposition, Jeanine Áñez.

À peine arrivée à la tête de la Bolivie, Áñez persécute les élus, cadres et militants du parti d’Evo Morales, le MAS (Mouvement vers le socialisme) aux lointaines racines nationalistes, communautaires, phalangistes et justicialistes. Elle rompt aussitôt les relations diplomatiques avec Cuba et le Venezuela, se retire de l’ALBA (Alternative bolivarienne pour les Amériques) et ordonne des enquêtes à charge contre son prédécesseur et la plupart de ses ministres. Si, dans ses premières allocutions, Áñez entend seulement assumer l’intérim, elle se ravise vite et annonce sa candidature à l’échéance présidentielle à venir. Or, le coronavirus contraint le report à diverses reprises des opérations électorales.

En attendant, les Boliviens subissent toute la lubricité du néo-libéralisme. Non seulement aligné sur les États-Unis et incapable de bien gérer la crise sanitaire, le gouvernement Áñez veut tout privatiser, obéit à l’agriculture industrielle, autorise les OGM et s’en prend aux acquis sociaux. Par ailleurs, des scandales retentissants impliquent vite l’entourage, politique et privée, de la présidente par intérim.

imagesdcbol.jpgEmpêché de se présenter tant à la présidence qu’à un siège de sénateur, Evo Morales, en accord avec les instances du MAS, des syndicats et des mouvements indigènes indianistes, suggère la candidature de Luis Arce. Puissant ministre de l’Économie de 2006 à 2017 et en 2019, le « père du miracle économique bolivien » choisit pour colistier à la vice-présidence l’Amérindien David Choquehuanca (photo).

Le mécontentement grandissant des Boliviens inquiète et déstabilise la bourgeoisie compradore. Après bien des hésitations, Áñez renonce à sa candidature et rejoint Carlos Mesa. Tous les sondages prévoient un duel serré entre Mesa et Arce avec, en arrière-plan, la montée en puissance d’un hérétique schismatique soi-disant chrétien, le démagogue évangélique des grands propriétaires néo-conservateurs, Luis Camacho.

Ce 18 octobre, les Boliviens élisent à la fois leur président, leur vice-président, le Sénat et la Chambre des députés. Avec une participation de 88,5 %, Luis Arce remporte dès le premier tour la présidence (55,10 %) contre Mesa (28,83 %) et Camacho (14 %). Le nouveau président peut s’appuyer sur une large majorité MAS et alliés à la Chambre (75 sièges sur 130) et au Sénat (21 sièges sur 36). Les citoyens boliviens contrecarrent les prétentions atlantistes, occidentalistes et mondialistes de l’hyper-classe anglo-saxonne et de ses sbires locaux. Certes, le président Arce n’est pas aussi charismatique qu’Evo Morales qui dirigea la Bolivie de 2005 à 2019, un record pour un pays comptant quatre-vingt-deux chefs d’État depuis 1825 ! Les électeurs ont nettement préféré un économiste réputé qui comprend l’intérêt commun.

Par-delà les particularités géographiques, historiques, politiques et ethniques de la Bolivie, on peut se demander s’il ne faudrait pas que le Bélarus connaisse lui aussi une brève expérience ultra-libérale avec sa propre Jeanine Áñez, Svetlana Tikhanovskaïa, afin que les Bélarussiens découvrent vraiment le cauchemar libéral-occidental dans toute sa cruelle réalité.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 192, mise en ligne sur TVLibertés, le 24 novembre 2020.

Les troubles dans la Corne de l'Afrique

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Les troubles dans la Corne de l'Afrique

Leonid Savin

Ex: https://www.geopolitica.ru

La Corne de l'Afrique, en elle-même, présente un intérêt particulièrement important pour de nombreux pays qui se perçoivent comme une entité géopolitique, car la situation géographique de cette partie de l’Afrique lui permet de contrôler la connexion entre la mer Rouge (et donc le canal de Suez) et l'océan Indien, où passe un grand nombre de navires. Djibouti accueille des bases militaires françaises, italiennes, américaines et même chinoises. De l'autre côté du détroit se trouve le Yémen, où le conflit militaire se poursuit, dans lequel l'Arabie Saoudite et ses partenaires interviennent.

Des signes évidents de déstabilisation ont été observés récemment dans deux pays de la région, la Somalie et l'Ethiopie.

La semaine dernière, on a révélé la mort d'un officier de la CIA en Somalie. Il s'agissait d'un agent de la Division spéciale et d'un ancien membre du Corps des Marines. Cet événement a été interprété comme quelque chose d'extraordinaire, puisque dans ce pays d'Afrique de l'Est il y a un grand nombre de militaires américains - plus de 700 soldats. Certains d'entre eux sont en mission anti-terroriste.

La Somalie reste l'un des pays les plus dangereux au monde. Bien que la Somalie soit officiellement une fédération, comme le stipule la constitution provisoire du pays, la confrontation inter-clanique et interethnique y demeure permanente, à laquelle s'ajoutent les activités de groupes criminels et terroristes. Il y a une dizaine d'années, les pirates somaliens étaient connus pour détourner les navires passant près des côtes et pour exiger des rançons en échange de la liberté des marins et des cargaisons saisies. Ce problème a été partiellement résolu grâce aux opérations militaires lancées par divers États, mais il n'a pas complètement disparu. Un autre problème est l'activité du groupe terroriste Al-Shabab qui est associé à Al-Qaïda. Fin novembre, des responsables d'al-Shabab ont tué un groupe de soldats somaliens entraînés par l'armée américaine.

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Un rapport sur la lutte contre le terrorisme dans la région, préparé pour le Congrès américain, indique que d'ici 2021, les forces de sécurité somaliennes locales seront en mesure de faire face aux menaces par leurs propres moyens. Apparemment, c'est ce qui a motivé la décision de retirer les troupes américaines de Somalie. Et Donald Trump a donné les instructions appropriées. Cependant, cela a suscité des critiques de la part des politiciens et de la communauté des analystes américains qui ont affirmé que si les troupes américaines étaient retirées, le pays plongerait sûrement dans une guerre civile. Tous les clans ne soutiennent pas le gouvernement fédéral de ce pays, de sorte que même si des bases spéciales de l’Africom restent implantées dans la région (on suppose que les opérations contre al-Shabab se poursuivront avec l'aide de drones de combat lancés depuis le Kenya et Djibouti), un conflit interne pour le pouvoir pourrait commencer.

Des élections parlementaires doivent se tenir en décembre en Somalie et des élections présidentielles doivent avoir lieu en février. C'est une autre source d'inquiétude, car de nombreux hommes politiques et chefs de clan ne veulent pas que le chef du pays en exercice, Mohammed Abdullahi Mohammed, conserve son poste. Il a également l'intention de se présenter à nouveau aux élections. Il est également intéressant de noter qu'il est soutenu par le Qatar - le principal sponsor des Frères musulmans.

Si Djibouti peut atteindre un degré de sécurité relatif grâce à la présence de bases militaires étrangères, la situation en Ethiopie voisine reste critique.

Après le déclenchement du conflit avec le Front de libération nationale du Tigré, les forces gouvernementales ont capturé l'une des principales villes de la province d'Adigrat le 20 novembre, tuant des centaines d'habitants et en faisant fuir des dizaines de milliers vers le Soudan voisin.

Le 24 novembre, la Commission éthiopienne des droits de l'homme a déclaré que plus de 600 personnes avaient été tuées à Mai Kadra, une autre ville de la province du Tigré. Un nettoyage ethnique y a été effectué avec le soutien de la police locale. Malgré les appels des Nations unies et de l'Union africaine à mettre fin à l'effusion de sang, le Premier ministre Al-Ahmed a refusé d'arrêter l'opération militaire et d'entamer des négociations.

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Ce qui se passe peut également affecter l'économie du pays, notamment les activités des investisseurs extérieurs comme les EAU. Les Émirats financent 92 projets dans une grande variété de secteurs en Éthiopie. En outre, 50.000 travailleurs migrants originaires d'Éthiopie se trouvent aux Émirats Arabes Unis dans le cadre du programme de réduction du chômage. En outre, il est prouvé que les Émirats aident à combattre les rebelles en utilisant la base militaire d'Assab en Érythrée.

Un autre facteur de déstabilisation est la construction d'un grand barrage en Éthiopie, qui est appelé le « projet du siècle ». Il s'agit d'un grave défi à l'Égypte et au Soudan, car sa mise en oeuvre affectera le niveau de l'eau du Nil, qui est directement lié aux activités agricoles de ces deux pays.

Le déclenchement de la guerre civile peut servir de prétexte à une intervention en Éthiopie. Il est à noter que les représentants de l'Égypte ont déjà discuté de cette possibilité avec les représentants de l'Érythrée. Jusqu'à présent, le Caire utilise la pression diplomatique pour obtenir le soutien de la Zambie et de la Namibie dans la question de la construction de ce barrage. Le Soudan, pour sa part, a boycotté les dernières négociations qui ont eu lieu le 21 novembre.

En même temps, il faut noter le partenariat entre les EAU et l'Egypte sur un certain nombre de problèmes régionaux, notamment la lutte contre l'expansion de la Turquie et la lutte contre l'organisation des Frères musulmans (interdite dans la Fédération de Russie). Il n'est pas encore clair comment des points de vue différents sur le conflit éthiopien et la construction du barrage pourraient affecter la coopération des deux pays. Mais il existe un potentiel de refroidissement de la relation.

Ces facteurs indiquent que l'instabilité chronique dans la région, qui repose en partie sur des conflits historiques, pourrait dégénérer en un chaos non maîtrisable. Cela nécessitera non seulement la présence de troupes étrangères (pays de l'Union africaine, contingent arabe, probablement les États-Unis ou l'OTAN), présentées comme contingent de maintien de la paix, mais aussi la résolution d'un certain nombre de tâches humanitaires.

D'autre part, il existe également un potentiel de coopération. L'ancien président de la Somalie rappelle dans un article qu'en 1977, l'Ethiopie et la Somalie avaient entamé une guerre pour le contrôle de la région de l'Ogaden. À cette époque, Fidel Castro a proposé aux dirigeants soviétiques un plan pour établir la paix dans la région - la création d'une confédération de l'Éthiopie, de la Somalie, du Yémen du Sud et, dans une étape ultérieure, de Djibouti (à l'époque, c'était une colonie française). La solution de ce problème conduirait à l'établissement d'un contrôle sur la mer Rouge et, par conséquent, sur le canal de Suez, ainsi qu'à la valorisation du potentiel économique de la région. Ces plans ne se sont pas réalisés, notamment parce que le chef militaire de la Somalie, Siad Barre, a rejeté cette proposition et a préféré un conflit avec l'Éthiopie. Cependant, l'idée d'une intégration régionale continue de vivre aujourd'hui. En 2018, les dirigeants éthiopiens ont entamé un rapprochement avec la Somalie et l'Érythrée en signant un accord tripartite qui, selon le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, pourrait être le prélude à une intégration politique. Il est probable que certaines forces ne soient pas intéressées par ce processus, c'est pourquoi on a vu émerger des processus de déstabilisation et des frictions.

Source : Oriental Review

 

vendredi, 04 décembre 2020

La grande glaciation économique

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La grande glaciation économique
 
Le nouveau livre de Thomas Flichy de la Neuville
 
Chers amis,

J’ai le plaisir de vous présenter notre prochaine édition « La grande glaciation économique » de Thomas Flichy de la Neuville.
 
Sans+titre-2.pngEn l’an un de la révolution sanitaire, alors que chacun était confortablement isolé dans sa bulle numérique, la température chuta brusquement. La grande glaciation économique avait en effet commencé. Jadis flamboyants, les chefs d’hier se laissaient envahir par la dépression. 2021 fut donc un long hivernage marqué par l’effondrement démocratique, l’enfermement digital et la montée générale de la violence. Ce dernier entraîna la mort de nombreux caméléons politiques, prisonniers de leurs raisonnements captieux. Seule une infime minorité réussit à s’extraire de la tourbe et à survivre aux effondrements silencieux en cours. Puisant ses ressources dans la déconnexion et l’investissement artistique, ces chefs venus de nulle part réussirent à perpétuer la vie malgré les difficultés.
 
L’auteur est ancien élève en persan de l'Institut National des Langues et Cultures Orientales, Thomas Flichy de La Neuville est Professeur agrégé de l’Université, docteur en droit et habilité à diriger des recherches en histoire. Ses travaux scientifiques portent sur la capacité des civilisations à transmettre la vie sur la longue durée. Cette approche géoculturelle s'est intéressée dans un premier temps aux potentialités créatrices des élites, notamment dans les armées -La fantaisie de l'officier. Trois civilisations majeures ont fait l'objet d'une enquête géoculturelle: "La Perse", "L'Iran au delà de l'Islamisme", la Chine: "Stratégies chinoises, le regard jésuite", et la Russie: "Chine, Iran, Russie, un nouvel empire mongol ?". Sous sa direction, plusieurs équipes ont analysé les conflits contemporains sous l’angle de la géoculture ("Opération Serval au Mali, l'opération française décryptée", "Centrafrique, pourquoi la guerre ?", "Ukraine, regards sur la crise"). Thomas Flichy de La Neuville est titulaire de la chaire de géopolitique de Rennes School of Business. Il intervient dans de nombreuses universités étrangères, notamment à l'United States Naval Academy, la Theresianische Militärakademie l'Université d’Oxford et l’académie diplomatique de Vienne. »
 
La sortie de « la grande glaciation est prévue d’ici quelques jours et vous serez livré à partir du 8 décembre prochain.
 
 
Je vous souhaite un joyeux Noël et reviendrai vers vous début 2021 pour vous présenter nos projets à venir.
 
A bientôt
 
Laurent Hocq
Editeur pour BIOS
 
+ 33 6 4084 4905

jeudi, 03 décembre 2020

Die NATO: hirntot, obsolet und brandgefährlich

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Die NATO: hirntot, obsolet und brandgefährlich

Von Willy Wimmer, Parlamentarischer Staatssekretär des Bundesministers der Verteidigung a.D.

Ex: https://www.world-economy.eu

Alleine schon die letzten Wochen machen deutlich, was mit der NATO los ist. Jetzt wird
der Eindruck beim gestrigen Treffen der NATO-Außenminister erweckt, man könne bei der NATO etwas reformieren, um sie zukunftsfähig zu machen. Das ist eine vergebliche Liebesmüh. Afghanistan macht deutlich, was an der NATO nicht stimmt und nie stimmig gemacht werden kann. Die NATO dient einzig und allein dem alten Ziel, das bei ihrer Gründung 1949 durch den damaligen NATO-Generalsekretär Ismay ausgegeben worden war: die Amerikaner rein nach Europa, die Russen raus aus Europa und die Deutschen in Europa unten halten. Das war aus angelsächsischer Sicher hochgradig konsequent. Das war seit 1871 und den damaligen Ansichten des britischen Premierministers Disraeli konsequente britische und amerikanische Politik nach der Gründung des Deutschen Reiches und wegen der Gefahr einer Zusammenarbeit zwischen den beiden Kontinentalmächten Russland und Deutschland.

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Über Versailles 1919 wurde diese Politik konsequent fortgesetzt, wie Alexander Sosnowski und ich 2019 in unserem Buch "und immer wieder Versailles" unter Beweis gestellt haben.


Selbst der französische Präsident Macron hat in diesem Zusammenhang die Verantwortung Frankreichs für die nationalsozialistische Bewegung eines Adolf Hitler vor wenigen Monaten öffentlich festgestellt. In einer Zeit der gezielten Tötungen wichtiger Persönlichkeiten fremder Länder sollte man sich in Deutschland in Erinnerung rufen, was die Zeit nach dem Ersten Weltkrieg bestimmte. Da wurde 1922 der damalige deutsche Außenminister Walter Rathenau auf offener Straße ermordet und damit derjenige, der nicht nur für die deutsche Kriegswirtschaft im Ersten Weltkrieg maßgebliche Verantwortung getragen hatte. Walter Rathenau war derjenige, der versuchte, davon "Versailles" bestimmte Deutschland vor dem endgültigen Absturz durch eine enge Zusammenarbeit mit der Sowjetunion zu bewahren. Zeitgleich wurde durch vor allem amerikanische Finanzmittel und mit Wissen der US-Regierung der stramm antikommunistisch und antisemitisch eingestellte Adolf Hitler vor der politischen Bedeutungslosigkeit mit Hilfe des US-Militärattachés in Berlin bewahrt. Da war es zielführend konsequent, wenn ein Reichskanzler Hitler umgehend die enge Zusammenarbeit zwischen Reichswehr und Roter Armee nach der nationalsozialistischen Machtergreifung 1933 beendete. Für eine Zusammenarbeit zwischen Russland und Deutschland waren die amerikanischen Finanzmittel an Hitler jedenfalls nicht geflossen.


Der Art und Weise, wie nach 1990 und dem Ende des Kalten Krieges jede Zusage an die damalige sowjetische Führung, die NATO in einen Konsultationsmechanismus zu verwandeln und keinesfalls eine militärisch integrierte NATO nach Osten auszudehnen, gebrochen wurde, macht heute eines mehr als deutlich.


Die alte Zielvorgabe für die Gestaltung des euro-asiatischen Kontinentes bleibt unverändert bestehen. Eine gedeihliche Zusammenarbeit auf dem euro-asiatischen Kontinent zwischen Russland und Deutschland muss unter allen Umständen hintertrieben werden. Das ist der Zweck der NATO und das im Vorfeld einer Präsidentschaft Joe Biden, der wie kein Zweiter für die Kriegs-und Drohnenmord-Politik des ehemaligen amerikanischen Präsidenten Obama steht. Was uns da bevorsteht, kann man an einem Punkt der Empfehlungen für die NATO-Außenminister sehen. Die Einstimmigkeit für Kriegsbeschlüsse soll aufgehoben werden. Die Grünen haben am vorigen Wochenende bei ihrem Parteitag schon deutlich gemacht, welche Weg eingeschlagen werden soll, sich über die Charta der Vereinten Nationen dann hinwegzusetzen, wenn aus Washington wieder zum Krieg geblasen werden soll. Wenn die Einstimmigkeit fällt, fällt der letzte Anker für die Beachtung nationaler Verfassungen und des Völkerrechts, bis auf die Hilfsmittel aus den Zeiten der Kolonialpolitik wie "Recht auf Schutz anderer" und "Verhinderung humanitärer Katastrophen".

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Wochen, nachdem die Welt sich an die Nürnberger Kriegsverbrecherprozesse erinnerte, geht die NATO in Missachtung der Konsequenzen aus dem Zweiten Weltkrieg ihren sehr speziellen Weg.


Am Ende des Zweiten Weltkrieges stand die Ächtung des Krieges und das Gewaltmonopol des Sicherheitsrates der UN. Mit dem völkerrechtswidrigen Krieg 1999 gegen die Bundesrepublik Jugoslawien hat die NATO nach Aussagen des damaligen Bundeskanzlers Gerhard Schröder nicht nur das Völkerrecht gebrochen. Die NATO hat damit den Rechtszustand des Jahres 1939 wiederhergestellt. An nichts wird das deutlicher als an einem Vergleich zwischen der Rechtslage, wie sie zum Beitritt der Bundesrepublik Deutschland zur NATO bestand und dem globalen Agieren mit Selbstermächtigung heute. Die Pläne für die Endlos-Verlängerung der NATO werden zu einem Zeitpunkt vorgelegt, an dem die Sinnhaftigkeit des NATO-Einsatzes in Afghanistan hinterfragt wird. Fast 60 tote deutsche Soldaten und Milliarden deutscher Steuermittel wurden für fragwürdige Ziele in Kauf genommen. Es fing nach dem amerikanischen Einmarsch in Shebergan und anderswo mit Massenmorden an, als Container mit afghanischen Männern unter gezieltes MG-Feuer genommen wurden. Im Stationierungsgebiet der Bundeswehr wurde anfangs befriedet. Dies bis zu dem Zeitpunkt, als ohne jede Absprache mit den deutschen Verantwortlichen amerikanische Kräfte mit einem eindeutigen Kampfauftrag im Rücken der Bundeswehr auftauchten.


Die deutsche Generalbundesanwältin weigerte sich, wegen der Massentötungen an afghanischen Hochzeitgesellschaften gegen die Täter vorzugehen, weil angeblich auch in den USA gegen die Verantwortlichen vorgegangen werden könne.


Dabei weiß jeder, wie die Verantwortlichen in Washington das internationale Recht auf diesem Feld missachten. Nicht anders verhielt es sich mit der Aussage des damaligen afghanischen Präsidenten Karsai, nach der die Taliban 2004 den USA angeboten hatten, die Waffen auf ewig zu strecken und sich zu unterwerfen. Das Angebot wurde seitens der USA abgelehnt, so Karzai. Unsere Gesellschaften sind noch in der Lage, das sich daraus ergebende moralische Dilemma bei fortdauernder Existenz der jetzt bestehenden NATO tendenziell anzusprechen. Wenn die Einstimmigkeit und die Beachtung des Völkerrechtsendgültig fallen, gehen in "Europa und der Welt die Lichter aus".

Quelle: Alexander Sosnowski, Willy Wimmer: Und immer wieder Versailles
https://zeitgeist-online.de/1075-alexander-sosnowski-will...


Les promoteurs du Brexit déplorent les résultats pourtant prévisibles du Brexit

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Les promoteurs du Brexit déplorent les résultats pourtant prévisibles du Brexit

Par Moon of Alabama

Il ne reste qu’un mois avant que le Royaume-Uni ne quitte l’Union européenne. Il n’y a toujours pas d’accord sur les futures relations entre les deux entités et le temps presse. Mais même si un accord sur les questions économiques est finalisé et signé, il y aura encore de nombreux changements et inconvénients.

L’un des arguments avec lesquels le gouvernement britannique a promu le Brexit était la « fin de la libre circulation ». La plupart des personnes qui ont voté pour le Brexit ont probablement pensé que cela signifierait la fermeture d’une rue à sens unique qui ne concerne que les migrants en provenance de pays pauvres. Aujourd’hui, ils se rendent compte que le Brexit ferme une route à double sens.

Les expatriés britanniques en colère critiquent vertement les nouvelles 
règles de l'UE sur les voyages post-Brexit, qui leur interdiront de passer
plus de trois mois d'affilée dans leur maison de vacances, à partir de janvier * Les règles de voyage changeront après la fin de la période de transition
post-Brexit * Après le 1er janvier, les touristes britanniques visitant les pays de l'UE
seront limités à des séjours de 90 jours * Les règles ont provoqué une réaction brutale de la part des Britanniques
qui possèdent une maison de vacances dans l'UE

Il ne s’agit pas de « nouvelles » règles européennes. À compter du 1er janvier, les Britanniques pourront prendre des vacances dans l’UE pendant 90 jours au maximum par semestre. Il s’agit des règles en vigueur depuis longtemps pour les citoyens non européens si leur pays n’a pas conclu d’accord bilatéral de libre circulation avec l’UE.

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Le Daily Mail, qui se lamente aujourd’hui sur cette question, a fait campagne pendant des années pour que le Royaume-Uni devienne l’un de ces pays. Il est aujourd’hui indigné par les conséquences de cette décision.

Il y aura d’autres « surprises » de ce genre, dont les promoteurs du Brexit pourront se lamenter, même si elles étaient tout à fait prévisibles.

Aujourd’hui, alors que le Brexit devient une réalité, les gens prennent enfin conscience de la myriade de problèmes que cela va créer pour les constructeurs automobiles, les agriculteurs, la logistique et tout le monde en Grande-Bretagne :

Le 1er janvier, la libre circulation des marchandises à travers la Manche 
doit prendre fin pour la première fois depuis un demi-siècle. Ce changement
fait craindre de graves goulets d'étranglement dans les ports et les autoroutes
britanniques, où les douaniers inspecteront les camions dans un contexte de
manque aigu de personnel, ce qui pourrait perturber les chaînes d'approvisionnement. Quelque 10 000 camions traversent la Manche sur des ferries chaque jour,
transportant environ la moitié des marchandises qui transitent entre le
Royaume-Uni et le continent, tandis que des dizaines de traversées quotidiennes
transportent du fret principalement entre Douvres, du côté britannique, et les
ports français de Calais et de Dunkerque. "Le problème est qu'il faut s’arrêter", déclare Richard Ballantyne, directeur
général de la British Ports Association, un organisme commercial. "Le conducteur
et le transitaire devront tous deux présenter des documents et si vous faites
la queue, vous serez immédiatement confrontés à des embouteillages et des retards"
.

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Une grande partie des entreprises qui définissaient Londres comme un centre financier mondial s’installent maintenant dans l’UE :

La plateforme paneuropéenne de négociation d'actions du London Stock Exchange, 
Turquoise, a ouvert ses portes lundi, a déclaré une porte-parole de la bourse,
rejoignant ainsi deux opérateurs rivaux. La plate-forme, basée à Amsterdam, a été mise en place pour éviter de perturber
les clients européens de la Bourse de Londres, qui devront négocier des actions
libellées en euros à l'intérieur du bloc à partir de janvier, car l'accès libre
de la Grande-Bretagne à l'UE se termine le 31 décembre. Deux autres plate-formes de négociation d'actions basées à Londres, Cboe et Aquis
Exchange
, ont ouvert des plateformes dites Brexit dans l'UE pour négocier des

actions libellées en euros. Goldman Sachs ouvre également une plateforme, juste à temps pour le mois de
janvier. ... Si l'ouverture de plates-formes financières alternatives dans l'UE n'entraînera
pas la fuite de nombreux emplois de Londres, d'autres activités liées à la
négociation, telles que la compensation et le règlement, sont également
susceptibles de se déplacer au fil du temps. De nombreuses banques internationales basées à Londres ont ouvert des
plate-formes Brexit dans l'UE et subissent des pressions de la part des
régulateurs pour entreprendre des activités telles que les transactions
sur actions, obligations et produits dérivés pour les clients de l'UE à
l'intérieur du bloc plutôt qu'à Londres.

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Il s’agit là de nombreux emplois très bien rémunérés et de recettes fiscales considérables qui manqueront à la Grande-Bretagne :

Dans un rapport publié le mois dernier, [la société de conseil] EY a déclaré 
que les 7 500 postes et les 1 200 milliards de livres sterling (1 600 milliards
de dollars) d'actifs qui ont déjà été transférés ne sont peut-être qu'un début.
Elle s'attend à d'autres changements de personnel et d'actifs une fois que la
période de transition du Royaume-Uni sera officiellement terminée. Cela est de mauvais augure pour le Royaume-Uni, où la finance emploie plus
d'un million de personnes, représente environ 7 % de l'économie et plus d'un
dixième de toutes les recettes fiscales. Malgré cela, cette industrie n'a
guère bénéficié de l'attention accordée à la pêche, qui ne représente que
0,1 % de l'économie britannique, dans les longues négociations du Brexit.

Le niveau d’accès entre les marchés de la Grande-Bretagne et de l’UE n’est toujours pas défini. Les négociations sont toujours en cours, mais elles portent sur les droits de pêche, sur des conditions de concurrence équitables pour éviter la concurrence déloyale et sur la gouvernance de l’accord.

Bien que l’UE souhaite un accord, personne ne sait si le Premier ministre britannique Boris Johnson veut vraiment en conclure un. Il se peut qu’il ne fasse que jouer avec le temps pour parvenir à un Brexit dur, sans accord avec l’UE.

Mais même si un accord de dernière minute est conclu, il y aura encore de nombreux changements et perturbations. En l’absence d’accord, ces changements seront considérables et risquent de causer des dommages irréparables à la Grande-Bretagne.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

Considérations sur la « Doctrine Macron »

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Considérations sur la « Doctrine Macron »

Par Andrea Muratore

Ex: https://www.eurasia-rivista.com

La souveraineté n'est rien sans le pouvoir. Si Paris peut apporter son potentiel militaire et industriel pour soutenir des projets concrets de défense européenne capables d'impliquer toute l'Europe et de considérer la Méditerranée comme un espace stratégique européen et non atlantique, l'autonomie peut devenir une souveraineté. Sinon, nous parlerons de la "doctrine Macron", mais nous le ferons dans un cadre "occidental", fonctionnel, conforme aux souhaits des Atlantistes.

Comme on le sait, le sens français de l'Etat et la recherche constante d'une projection économique, diplomatique, militaire et géopolitique originale dans les scénarios de référence de la République ont conduit la France, pendant les décennies de la Vème République, à construire la plus autonome des stratégies politiques dans le contexte européen. Une stratégie très souvent peu scrupuleuse (comme en témoignent surtout les interventions sur le sol africain[1]), garantie par l'assurance-vie de la force de frappe, l'arsenal nucléaire national, et qui a eu dans le "père" de la Vème République, le général Charles de Gaulle, son principal inspirateur[2].

Après des années de tergiversations sous les gouvernements de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, le président français Emmanuel Macron a pensé renouer avec la tradition du "monarque républicain", à laquelle le chef de l'État s'identifie depuis De Gaulle, et entamer une mise à jour progressive de la doctrine géopolitique et géoéconomique traditionnelle du pays, négligée par ses prédécesseurs. Par Sarkozy en premier lieu, car il a fait un préalable de mettre fin à l'autonomie des commandements militaires français par rapport aux structures de l'OTAN. Paris est effectivement revenu en 2009[3] dans le giron de l’OTAN en montrant, systématiquement, emblématiquement, le manque de scrupules de la projection nationale transalpine dans la problématique de l'aventure guerrière en Libye. Par Hollande, ultérieurement, qui a désacralisé, de manière flagrante, le rôle présidentiel, pour la tournure économiste des politiques du président, lequel n'a pas su construire en Europe un plan politique complémentaire à celui d'Angela Merkel en Allemagne, enfin, pour la crise systémique des appareils qui, sous le quinquennat de Hollande, ont commencé à apparaître.

C'est pourquoi on peut dorénavant parler d'une "doctrine Macron", c'est-à-dire d'une contribution donnée par Macron à la redécouverte, en clé modernisée, des lignes directrices de la politique de pouvoir de la France républicaine ; d'une approche systémique de la France face à la concurrence internationale ; de l'identification par le décideur politique de macro-zones précises, définies comme cruciales pour l'élaboration de la stratégie nationale française.

Il y a une profonde contradiction entre l'homme et le président Macron. À des années-lumière de l'ignorance politique grossière d'un Sarkozy ou du manque de vision apathique d'un Hollande, le plus jeune président de la Cinquième République a longtemps été un personnage hybride. Ayant alterné, dans son pays, des réformes "libérales[4]" sur les thématiques du travail[5] et des retraites, des politiques vertes naïves qui ont déclenché la colère de la population qui craignait de voir le fardeau de la transition écologique se décharger sur elle[6] et, enfin, contrepoint politique maladroit à l'islamisme politique avec un vague sentiment occidental et néoconservateur[7], Macron a tenté, sur le front intérieur, d'être transversal, d'échapper à toute catégorisation, avec pour résultat d'antagoniser une large tranche de l'opinion publique. Cette transformation se heurte à une vision des relations internationales qui a toujours été, par comparaison, plus cohérente et plus stratégique.

Un véritable "manifeste" de cette vision a été la récente interview du président avec le magazine français de géopolitique Le Grand Continent, consacrée à la "doctrine Macron"[8]. Macron a abordé un large éventail de questions, de l'avenir de l'Union européenne à celui de l'OTAN, des relations entre la France et l'Afrique au changement climatique, de sorte que l'on peut saisir dans sa complexité, à partir des mots mêmes de la longue interview, la contribution politique du président actuel à la stratégie de l'Hexagone.

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Macron a une idée claire que dans les décennies à venir, l'Europe devra construire des espaces d'autonomie stratégique dans le contexte de la "nouvelle guerre froide" entre la Chine et les États-Unis et que le contrôle français de ces processus est dans l'intérêt national de Paris. "Si j'essaie de regarder au-delà du court terme", a-t-il déclaré, "je dirais que nous devons avoir deux axes forts : trouver les moyens d'une coopération internationale utile qui évite la guerre, mais nous permette de répondre aux défis contemporains ; construire une Europe beaucoup plus forte qui puisse affirmer sa voix, sa force, en maintenant ses principes, dans un tel scénario refondu" [9].

En ce qui concerne cette étoile polaire, cette étoile-guide, toutes les stratégies de fond élaborées par Paris sont déclinées. Alors que le jeu de la défense européenne commune semble extrêmement complexe, auquel s'opposent à la fois la montée des pays pro-atlantiques de l'Est et la position de Washington sur le Vieux Continent ; loin de la "mort cérébrale" définitive de l'OTAN dont parlait Macron en 2019, le président français mentionnait explicitement dans Le Grand Continent la souveraineté européenne dans le cadre des nouvelles technologies : "Nous avançons dans le domaine de l'autonomie technologique et stratégique, alors que tout le monde a été surpris quand j'ai commencé à parler de la souveraineté sur la 5G. Donc, tout d'abord, il y a un travail idéologique à faire, et il est urgent. Il s'agit de penser en termes de souveraineté européenne et d'autonomie stratégique, afin de pouvoir compter sur nous-mêmes et de ne pas devenir le vassal de telle ou telle puissance sans avoir davantage voix au chapitre"[10].

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Parlons d'une question cruciale. La pandémie a accéléré le cheminement commun d'Emmanuel Macron et d'Angela Merkel vers la définition de stratégies à long terme pour la construction des piliers d'un premier projet de souveraineté technologique et numérique européenne, conçu à la fois comme une alternative à la pénétration chinoise et comme un contrepoids au pouvoir d'influence dominant des géants du numérique. La France et l'Allemagne ont encouragé l'année dernière la montée en puissance et le lancement de Gaia-X, le projet d'une plateforme européenne de cloud computing, qui dans un avenir immédiat ne sera pas complètement indépendante de Google, Amazon, Microsoft[11] et des autres oligopoles américains du marché des données, avec un revenu accumulé sur des décennies. Mais ce projet a tout de même a lancé la volonté européenne de participer à la définition de la course vers les nouvelles frontières technologiques mondiales.

Gaia-X, décrit par les gouvernements français et allemand comme une "plate-forme habilitante" pleinement armée de technologies européennes, vise à assurer la mise en place d'une puissance de calcul croissante et d’un développement, par les opérateurs du Vieux Continent, d'infrastructures numériques et physiques pour assurer la gestion, la protection, le stockage et l'exploitation économique des données.

Nous constatons que, comme cela s'est produit dans le passé avec la question de la défense et de l'aérospatiale, la France vise à exploiter le jeu technologique européen comme un multiplicateur de pouvoir politique et comme un moteur de développement de son industrie et de son potentiel de production.

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Cette logique s'applique également aux plans de transition écologique, contenus dans le plan France Relance de 100 milliards d'euros, avec lequel le gouvernement de Paris entend approfondir ses stratégies de relance à long terme après la pandémie. Le président a fait son mea culpa pour avoir suivi pendant longtemps l'écologisme vulgaire et punitif des taxes sur le diesel et des mesures destinées à frapper en premier lieu la classe moyenne, mesures qui ont aliéné la sympathie d'une partie de la population pour le thème de la transition. "Nous devons montrer que chacun est un acteur, et nous devons le faire en donnant à chacun un rôle, c'est-à-dire en développant massivement de nouveaux secteurs d'activité économique, qui permettent de créer de nouveaux emplois plus rapidement que les anciens ne sont détruits", a souligné le Président.

Cette approche est systématiquement étudiée dans "France Relance", comme le rappelle la Rivista Energia. Sur 100 milliards, le plan "consacre 34 milliards à des mesures relatives à la compétitivité de l'économie - en plus des 30 milliards de mesures spécifiquement orientées vers la transition énergétique, et qui comportent des dimensions innovantes fortes, comme la décarbonisation de l'industrie ou le développement des technologies vertes"[12], mettant les technologies les plus durables au service des industries stratégiques : énergie (avec l'hydrogène comme nouvelle frontière), aéronautique, transport ferroviaire, nucléaire. Quatre secteurs dans lesquels Paris entend jouer un rôle européen majeur et créer des normes au niveau de l'UE.

La question de l'autonomie stratégique est associée à un rejet substantiel de l'adhésion au discours dominant imposé par les États-Unis sur les relations internationales et les relations transatlantiques. Dans cette interview, Macron essaie de se rapprocher le plus possible de son auguste prédécesseur, l'anti-américain Charles de Gaulle : "Notre politique de voisinage avec l'Afrique, avec le Proche et le Moyen-Orient, avec la Russie, n'est pas une politique de voisinage pour les États-Unis d'Amérique. Il est donc intenable que notre politique internationale dépende d'eux ou suive leurs traces".

Ceci est combiné avec une référence au privilège économique exorbitant du dollar et aux avantages stratégiques qui en découlent pour Washington. La pénalisation des industries françaises et européennes due aux sanctions américaines contre la Russie et l'Iran est remise en cause par Macron, qui semble rendre hommage au thème de l'enquête "pro-européenne" sur les équilibres mondiaux en annonçant un futur changement de paradigme.

Il s'agira, dans les prochaines années, de décider si celles d'Emmanuel Macron et de son alliée Angela Merkel ne sont que des éclats de rhétorique ou les premiers germes d'un projet politique d'autonomie européenne. Des nouvelles technologies à l'énergie, de la durabilité à la finance, on peut apercevoir que des projets européens visant à aller vers plus d'autonomie existent, et, dans la doctrine nationale française, ils trouvent une expression concrète. Mais comme l'a rappelé Pierluigi Fagan [13] en analysant la "géopolitique de Macron", dans le monde d'aujourd'hui "la souveraineté n'est rien sans le pouvoir". Si Paris peut apporter son potentiel militaire et industriel pour soutenir des projets concrets de défense européenne capables d'impliquer des acteurs comme l'Italie sur une base plus égale et de considérer la Méditerranée comme un espace stratégique européen et non atlantique, l'autonomie peut devenir une souveraineté. Sinon, nous parlerons de la doctrine Macron, mais nous le ferons dans un cadre plus conformes aux souhaits des Atlantistes.

NOTES

[1] Le guerre segrete di Parigi in Africa e le conseguenze problematiche per il continente sono citate in Emanuel Pietrobon, L’arte della guerra segreta, Pubblicazione indipendente, Torino 2020.

[2] Williams Charles, De Gaulle – L’ultimo grande di Francia, Il Giornale – Biblioteca storica, Milano 1995.

[3] Francia; Parigi rientra nella Nato, 43 anni dopo De Gaulle, L’Eco di Bergamo, 11 marzo 2009.

[4] La riforma del mercato del lavoro di Macron, Atlante Treccani, 18 settembre 2017.

[5] Nicholas Vinocur, Macron’s big labour reform, Politico Europe, 31 agosto 2017.

[6] La lezione dei gilet gialli: l’ambientalismo non è un pranzo di gala, Coniare Rivolta, 23 febbraio 2019.

[7] Andrea Muratore, Tutti i fronti aperti tra la Francia di Macron e la Turchia di Erdogan, Inside Over, 30 ottobre 2020.

[8] Giovanni Collot, Amélie Depriester, Alice Fill, La dottrina Macron, 16 novembre 2020.

[9] Ibid.

[10] Ibid.

[11] Andrea Muratore, Big tech e sovranità digitale europea, Inside Over, 20 settembre 2020.

[12] Clemence Pelegrin, Renato Rallo, France Relance e transizione ecologica, Rivista Energia, 16 novembre 2020.

[13] Pierluigi Fagan, Geopolitica di Macron, Osservatorio Globalizzazione, 29 agosto 2019.

 

Andrea Muratore

Andrea Muratore, analyste économique, travaille aux côtés du professeur Aldo Giannuli sur le projet du centre d'études "Osservatorio Globalizzazione" depuis mai 2019. Il collabore avec la revue "Eurasia", Magazine d'études géopolitiques.