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samedi, 17 mars 2012

L'imprévu dans l'histoire

« L'imprévu dans l'histoire : Treize meurtres exemplaires », de Dominique Venner

par Jean-Yves Le Gallou

Ex: http://www.polemia.com/

ImprévuVenner.gifDans son nouveau livre, Dominique Venner revient sur l’un de ses thèmes forts : l’imprévu dans l’histoire, à l’occasion de la réédition enrichie d’un ouvrage paru en 1988 et consacré au meurtre politique. Ce livre offre des récits vifs et ouvrent de vastes horizons à la réflexion.

Car le meurtre politique est singulier. Celui qui va donner la mort sait qu’il va mourir parce qu’il ne peut réussir son « coup » qu’en sacrifiant ses chances de fuite. Et sa cible, celui qu’il veut tuer, sait aussi qu’il risque de mourir, parce que l’engagement politique expose inévitablement (et même dans les périodes calmes) à risquer sa réputation, sa liberté et sa vie. Pierre Stolypine, premier ministre du tsar, assassiné à Kiev en 1911, disait adieu aux siens à chaque fois qu’il sortait de sa maison et leur disait : « Je veux être enterré là où je serai tué ». Ce qui fut fait. Et en quittant son pays pour un voyage officiel en France qui lui fut fatal, en 1934, le roi Alexandre de Yougoslavie dit à la reine Marie : « Allons, ma chère, braver les attentats ne fait-il pas partie du métier de roi ? »

Le meurtre politique a inspiré les auteurs antiques, comme les philosophes de la fin du Moyen Age et de la Renaissance qui ont développé la théorie du tyrannicide. Cette théorie était encore invoquée en 1962 par le polytechnicien Bastien-Thiry, fusillé après avoir tenté d’assassiner le général De Gaulle.

Des auteurs contemporains se sont intéressés à l’étude du meurtre politique. Dans une vaste fresque parue en 1990 Franklin L. Ford s’interroge sur l’efficacité du procédé à travers 2500 ans d’histoire. Pour son préfacier, Pierre Chaunu : « L’histoire enseigne que le meurtre politique a presque toujours manqué son but. » Cette conclusion rejoint le principe d’hétérotélie analysé par Jules Monnerot dans Les lois du tragique et L’Intelligence du politique : le résultat d’une action politique est souvent en décalage par rapport à l’intention initiale.

Pas toujours, toutefois ! Dans Le Couteau et le Poison, paru en 1997, Georges Minois étudie l’assassinat politique en Europe de 1400 à 1800. Certes, tout ne marche pas toujours selon les souhaits des assassins. Le meurtre d’Henri III par le moine Jacques Clément débouche sur l’avènement d’un prince protestant et relaps, ce qui ne correspondait pas aux vœux de la Sainte Ligue. Ravaillac réussit mieux son coup ! Les effets de l’assassinat d’Henri IV sont plus importants : c‘est le report – au moins pour quelques années – de la guerre contre les Habsbourg. A contrario quelques années plus tôt l’assassinat d’Henri de Guise, en 1588, a peut-être sauvé la monarchie capétienne : « acte de justice du roi », le meurtre du Balafré rétablit l’ordre naturel de la monarchie.

Le propos de Dominique Venner est différent : il montre que treize meurtres du XXe siècle ont fait surgir l’inattendu dans l’histoire. Pas tous, d’ailleurs. L’assassinat de Kennedy – le premier sous l’œil des caméras – fut aussi spectaculaire qu’énigmatique mais il ne changea pas grand-chose au cours de l’histoire. Tel ne fut pas le cas de l’attentat contre l’archiduc François Ferdinand à Sarajevo : « Un coup de pistolet, neuf millions de morts ».

Il n’y avait pourtant pas de fatalité à cette montée aux extrêmes : plusieurs crises – dans les Balkans ou au Maroc – furent dénouées sans conflagration dans les années précédentes. Mais Dominique Venner pointe deux meurtres antérieurs qui ont joué – hasard malheureux – leur rôle dans le déclenchement de la Grande Guerre, deux meurtres qui ont éliminé deux hommes de haute vue qui auraient – peut-être – pu s’opposer aux bellicistes : Stolypine en Russie (assassiné en 1911) et Caillaux en France (sorti du jeu politique à la suite de l’assassinat, par Madame Caillaux, de Gaston Calmettes, le directeur du Figaro en mars 1914).

Certes, la Guerre de 1914 fut sans doute le produit de la fatale nécessité des alliances ; mais le hasard a joué son rôle dans la manière dont les hommes en place ont fait face à des circonstances exceptionnelles. En tout cas, le 28 juin 1914 nul ne pouvait imaginer l’ampleur incroyable des changements qui allaient suivre.

Voilà qui doit conduire – et c’est le message de Dominique Venner – à bien mesurer les limites du déterminisme historique. Les situations qui paraissent les mieux établies peuvent être bouleversées par un caprice du destin. Pour le pire, souvent, pour le meilleur parfois !

Jean-Yves Le Gallou
7/03/2012

Voir aussi les articles sur Polémia :

« Le choc de l'histoire » de Dominique Venner : un livre lumineux
Entretien avec Dominique Venner, « Le Choc de l'Histoire. Religion, mémoire,identité » Propos recueillis par Laure d'Estrée
« Le Siècle de 1914 / Utopies, guerres et révolutions en Europe au XXe siècle » de Dominique Venner

A lire :

Dominique Venner, L’imprévu dans l’histoire, Treize meurtres exemplaires, Pierre Guillaume de Roux, 2012
Crimes d’État et scandales politiques, la Nouvelle Revue d'Histoire, n°59, mars - avril 2012.
Franklin L Ford, Le Meurtre politique, du tyrannicide au terrorisme, PUF, 1990
Georges Minois, Le couteau et le poison, L’assassinat politique en Europe (1400-1800), Fayard, 1997

jeudi, 08 mars 2012

Europe vs. the West

Europe vs. the West

Posted By F. Roger Devlin

Ex: http://www.counter-currents.com/

Pierre Krebs
Fighting for the Essence: Western Ethnosuicide or European Renaissance?
London: Arktos Media, 2012

This newest offering from Arktos is the first translation into English from the works of Pierre Krebs, a leading figure in the European New Right. Born in French Algeria (1946), Krebs studied law, journalism, sociology and political science in France, taking an active role in right-wing politics during the late 1960s. Later settling in Germany, he founded the Thule Seminar, a self-described “research society for Indo-European Culture,” in Kassel in 1980. The German Verfassungsschutz (Office for the Protection of the Constitution) appears to take considerable interest in his activities.

Besides the book under review, Dr. Krebs is the author of The European Rebirth, The Imperishable Inheritance: Alternatives to the Principle of Equality and a study on Valéry and Wagner. Fighting for the Essence was first published in German translation in 1996, with a revised French edition appearing in 2000.

Krebs’ nomenclature, original with him so far as I know, draws a sharp contrast between “Europe” and “the West.” “Europe” refers to the great racial and cultural tradition he wishes to defend; “the West” means today’s “Western community of values” that engages in humanitarian bombing campaigns, enforces tolerance at gunpoint on its subject populations, prefers the stranger to the kinsman, and wishes to erase even the distinction between men and women.

Prof. Krebs is good at pointing up the antinomies of this modern ideological abortion: its homogenization in the name of diversity and suppression of particularity in the name of tolerance. Multiculturalism and multiracialism, as he observes, are mystifying terms which function to conceal a culturicidal and raciophobic program of deracination and panmixia. “The doctrine of human rights should be seen for what it really is: the ideological alibi of the West in a battle to the death that it has declared on all the peoples of the world.”

Apologists for Western ideology rest their case upon a false dichotomy between assimilation and fearful isolation:

In fact, just as the self-defined individual who differentiates himself from the surrounding masses does not isolate himself from society, but on the contrary enriches it with his uniqueness, so also a people conscious of their difference do not isolate themselves any more from the human species, but come closer to it every time they endow it with their singularities and their peculiarities. The more a people becomes conscious of their difference, the more their opening up to the world has a chance of profiting others . . . and the more they are inclined to tolerate the differences of others.

The author distinguishes three stages in the development of “the egalitarian lie.” The first, political stage replaces organic democracy with a parliamentary procedure emptied of ethno-cultural content; the second, juridical phase, demands that all nations align their constitutions to this same model; the third, ideological stage breaks down the territorial integrity of nations through open immigration, which leads directly to the final biological abolition of human differences in universal panmixia.

All of this sounds consistent with what might be called the orthodox conservative narrative of Western decline since the Enlightenment. Nor does Krebs depart from that narrative in tracing the origin of egalitarianism to Christianity. In the view of many on the Christian right, modernism is a practical form of the Pelagian heresy, an attempt to bring heaven down to earth—“immanentizing the eschaton,” in Voegelin’s mellifluous words.

But Krebs names the heresiarch Pelagius as one of his heroes. In his view, the egalitarian lie is to be blamed not on any perversion of Christianity, but on Christianity itself—or, as he invariably writes, “Judeochristianity.” He cites Nietzsche’s observation that

Christianity, which has sprung from Jewish roots and can only be understood as a plant that has come from that soil, represents the counter-movement to every morality of breeding, race or privilege—it is the anti-Aryan religion par excellence.

From this Krebs infers that

every discourse which calls for a European Renaissance without separating itself from Judeo-Christian civilization, its dogmas and its rituals, is condemned to failure in advance, since it is enclosed within the very matrix of decline. . . . The monotheistic “Unique” and the egalitarian “Same” are, in fact, the front and reverse side of the same coin. . . . [The] continuity is flagrant between the Jewish will to reduce the polymorphic and polysemic figures of the divine to the univocal figure of the only God, an autocratic being, the absolute ‘I’ of the universe on the one hand; and the secularized monotheism of human rights on the other, informed by the same will to reduce all the racial and cultural polymorphism of the world to univocal figure of a globalized Homo occidentalis, a serial repetition of a Same detached from its identitarian affiliations.

The author also cites Nietzsche’s suggestion that monotheism, “the belief in a normal god next to whom there are only false pseudo-gods,” was a “consequence of the teaching of a normal human type.” Indo-European polytheism, on the other hand, “is fundamentally alien to the notion of messianism or proselytism, the natural sources of the intolerance and fanaticism that are characteristic of the three monotheistic religions.”

Finally, the author accuses “Judeochristianism” of “breaking the bond of friendship between men and nature” through its command to subdue the earth. Anyone with a genuinely European mentality, he says, would find incomprehensible the promise to Noah and his sons that “the fear and dread of you shall be upon every beast of the earth, and upon every fowl of the air: into your hand are they delivered.”

The look which [Westernized Europe] bestows on Nature is no longer the look of the living man who discovers and feels himself a partner of the world. It is the essentially venal, anonymous and cold look of techno-scientific inspection, a utilitarian look that no longer conceives the world as a dwelling in which man is the inhabitant, but as an object that men, endowed with the power of appropriation by Jehovah, have the duty to exploit.

The rejection of Christianity does not commit the author to reject all of post-classical European civilization, of course, or even all of its religious life. He emphasizes that Christianity never truly eradicated the pagan heritage, and claims to find the native spirit of Europe in many great figures of the Christian era, including Pelagius, John Scotus Eriugena, Meister Eckhart, Nicholas of Cusa, Giordano Bruno, Jacob Böhme, Goethe, Hölderlin, Beethoven, the dramatist Friedrich Hebbel, Theodor Storm, Rilke, Teilhard de Chardin, Saint-Exupéry and Heidegger. He also claims that Gothic architecture owed nothing to “Judeochristianity.”

Dr. Krebs’ treatment of Christianity and Western decline deserves a fuller treatment not only than I can give here but also than he himself offers in his slender volume. The issue is of the utmost practical importance, for it represents a rejection of the great majority of his potential political allies.

This reviewer is happy to agree that the rise of Christianity, with its promise of salvation to the world-weary, was closely bound up with the decline of Graeco-Roman civilization. Indeed, I suspect this historical context better accounts for what Krebs finds decadent in Christianity than does its racially alien origin. But does it make sense to blame Christianity also for the decadence of modern civilization?

There is surely considerable temerity in reducing the thirteen or fourteen centuries of European civilization between the conversion of Constantine and the Enlightenment to a list of fifteen personal favorite figures. And the temerity is increased by the implied claim to have understood several of these figures better than they understood themselves.

It is a familiar observation that enlightenment thought amounts to a secularized version of Christian doctrine, a displacement of its eschatology into the realm of politics. Erik von Kuehnelt-Leddihn is just one example of a Christian conservative who stressed this connection, citing the Latin proverb corruptio optimi pessima: “the corruption of the best is the worst.”

But Krebs the admirer of Pelagius cannot mean this; his explicit positions would force him to deny that the secularization of Christianity is the essential misstep. Instead he must hold that (1) Christianity itself is responsible for the specific way in which it was negated by the Enlightenment, and that (2) Europe has been in a state of decadence since at least the fourth century AD. This bold interpretation of European history may deserve consideration, but the author has hardly made a case for it in the brief manifesto under review.

Next to “Judeochristianity,” Krebs’ greatest scorn is reserved for “the putrid swamps of America,” with their fast food restaurants and comic-book literature. This, of course, is a common trope of European intellectuals across the political spectrum, easily made plausible by comparing American low culture with European high culture. As a long-time American expatriate in Europe, I often had cause to lament mindless lowbrow Americanization myself, but it is hardly a reflection on America that Europeans prefer McDonald’s to Melville. Wilsonian democratic messianism would also have got nowhere without striking a chord in other lands.

Dr. Krebs closes his work with some far more plausible reflections on culture, immigration and territory. He cites Heiner Geissler of Germany’s Christian Democratic Union party as a representative of contemporary elite opinion:

It is not the influx of foreigners but the incapacity for rejuvenation and adaptation of the Germans, combined with their aversion to immigration, that represents the real danger for our future. . . . In the future, Germans will not have to live with just five million foreigners—as today—but with seven, perhaps ten million.

The danger in such a mindset stems from its unfalsifiability. We have no reason to think Herr Geissler unacquainted with the problems connected to immigration; he may well have to deal with them every day. But he has a ready-made explanation for all of them, as well as any that may arise in the future: the “xenophobia” of his fellow countrymen. As long as he clings to this notion, no empirical evidence of immigration’s failure will ever give him cause to reconsider his commitment to it—not even a full-scale ethnic civil war. Such observations, writes Dr. Krebs, “allow one to measure to what a degree of stupidity and blindness the militants of multiracialism have sunk.”

All culture is regional, expressing the beliefs and sensibility of the people of a particular place and time. As such, it necessarily involves an element of exclusion, namely, the exclusion of what is foreign to those beliefs and sensibilities and to the way of life in accordance with them. For this reason, any serious defense of culture boils down to a defense of territory. Let us close with a fine observation Krebs takes from Irenäus Eibl-Eibesfeldt, the Austrian founder of the discipline of human ethology:

The best way to maintain peaceful cooperation between peoples consists in guaranteeing to each of them a territory that each people has the right to administer in its own way, and in which it is permitted to develop itself culturally as it sees fit. . . . To the degree that people accept the implantation of minorities in their territories, they open the door to inter-ethnic competition in their own house.


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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vendredi, 02 mars 2012

Guillaume Faye: Sexe et dévoiement

Guillaume Faye:

Sexe et dévoiement

mardi, 07 février 2012

Nouveaux textes sur http://robertsteuckers.blogspot.com/

Nouveaux textes sur

http://robertsteuckers.blogspot.com/

 

De l'humanisme italien au paganisme germanique: avatars de la critique du christianisme de la Renaissance à l'époque contemporaine:

http://robertsteuckers.blogspot.com/2012/01/de-lhumanisme-italien-au-paganisme.html

Les visions d'Europe à l'époque napoléonienne - Aux sources de l'européisme contemporain!

http://robertsteuckers.blogspot.com/2012/01/les-visions-deurope-lepoque.html

Les concepts de Toynbee

http://robertsteuckers.blogspot.com/2012/01/les-concepts-de-toynbee.html

Sur l'identité européenne

http://robertsteuckers.blogspot.com/2012/01/sur-lidentite-europeenne.html

Pourquoi nous opposons-nous à l'OTAN?

http://robertsteuckers.blogspot.com/2012/01/pourquoi-nous-opposons-nous-lotan.html

samedi, 28 janvier 2012

Armin Mohler: discípulo de Sorel e teórico da vida concreta

Armin Mohler: discípulo de Sorel e teórico da vida concreta

amb715fd1078.jpgO “mito”, como a “representação de uma batalha”, surge espontaneamente e exerce um efeito mobilizador sobre as massas, incute-lhes uma “fé” e torna-as capazes de actos heróicos, funda uma nova ética: essas são as pedras angulares do pensamento de Georges Sorel (1847-1922). Este teórico político, pelos seus artigos e pelos seus livros, publicados antes da primeira guerra mundial, exerceu uma influência perturbante tanto sobre os socialistas como sobre os nacionalistas.

Contudo, o seu interesse pelo mito e a sua fé numa moral ascética foram sempre – e continuam a sê-lo apesar do tempo que passa – um embaraço para a esquerda, da qual ele se declarava. Podemos ainda observar esta reticência nas obras publicadas sobre Sorel no fim dos anos 60. Enquanto algumas correntes da nova esquerda assumiram expressamente Sorel e consideravam que a sua apologia da acção directa e as suas concepções anarquizantes, que reclamavam o surgimento de pequenas comunidades de “produtores livres”, eram antecipações das suas próprias visões, a maioria dos grupos de esquerda não via em Sorel mais que um louco que se afirmava influenciado por Marx inconscientemente e que trazia à esquerda, no seu conjunto, mais dissabores que vantagens. Jean-Paul Sartre contava-se assim, evidentemente, entre os adversários de Sorel, trazendo-lhes a caução da sua notoriedade e dando, ipso facto, peso aos seus argumentos.

Quando Armin Mohler, inteiramente fora dos debates que agitavam as esquerdas, afirmou o seu grande interesse pela obra de Sorel, não foi porque via nele o “profeta dos bombistas” (Ernst Wilhelm Eschmann) nem porque acreditava, como Sorel esperara no contexto da sua época, que o proletariado detivesse uma força de regeneração, nem porque estimava que esta visão messiânica do proletariado tivesse ainda qualquer função. Para Mohler, Sorel era um exemplo sobre o qual meditar na luta contra os efeitos e os vectores da decadência. Mohler queria utilizar o “pessimismo potente” de Sorel contra um “pessimismo debilitante” disseminado nas fileiras da burguesia.

Rapidamente Mohler criticou a “concepção idílica do conservantismo”. Ao reler Sorel percebeu que é perfeitamente absurdo querer tudo “conservar” quando as situações mudaram por todo o lado. A direita intelectual não deve contentar-se em pregar simplesmente o bom-senso contra os excessos de uma certa esquerda, nem em pregar a luz aos partidários da ideologia das Luzes; não, ela deve mostrar-se capaz de forjar a sua própria ideologia, de compreender os processos de decadência que se desenvolvem no seu seio e de se desembaraçar deles, antes de abrir verdadeiramente a via a uma tradução concreta das suas posições.

Uma aversão comum aos excessos da ética da convicção

Quando Mohler esboça o seu primeiro retrato de Sorel, nas colunas da revista Criticón, em 1973, escreve sem ambiguidades que os conservadores alemães deveriam tomar esse francês fora do comum como modelo para organizar a resistência contra a “desorganização pelo idealismo”. Mohler partilhava a aversão de Sorel contra os excessos da ética da convicção. Vimo-la exercer a sua devastação na França de 1890 a 1910, com o triunfo dos dreyfusards e a incompreensão dos Radicais pelos verdadeiros fundamentos da Cidade e do Bem Comum, vimo-la também no final dos anos 60 na República Federal, depois da grande febre “emancipadora”, combinada com a vontade de jogar abaixo todo o continuum histórico, criminalizando sistematicamente o passado alemão, tudo taras que tocaram igualmente o “centro” do tabuleiro político.

Para além destas necessidades do momento, Mohler tinha outras razões, mais essenciais, para redescobrir Sorel. O anti-liberalismo e o decisionismo de Sorel haviam impressionado Mohler, mais ainda do que a ausência de clareza que recriminamos no pensamento soreliano. Mohler pensava, ao contrário, que esta ausência de clareza era o reflexo exacto das próprias coisas, reflexo que nunca é conseguido quando usamos uma linguagem demasiado descritiva e demasiado analítica. Sobretudo “quando se trata de entender elementos ou acontecimentos muito divergentes uns dos outros ou de captar correntes contrárias, subterrâneas e depositárias”. Sorel formulou pela primeira vez uma ideia que muito dificilmente se deixa conceptualizar: as pulsões do homem, sobretudo as mais nobres, dificilmente se explicam, porque as soluções conceptuais, todas feitas e todas apropriadas, que propomos geralmente, falham na sua aplicação, os modelos explicativos do mundo, que têm a pretensão de ser absolutamente completos, não impulsionam os homens em frente mas, pelo contrário, têm um efeito paralisante.

Ernst Jünger, discípulo alemão de Georges Sorel

Mohler sentiu-se igualmente atraído pelo estilo do pensamento de Sorel devido à potencialidade associativa das suas explicações. Também estava convencido que este estilo era inseparável da “coisa” mencionada. Tentou definir este pensamento soreliano com mais precisão com a ajuda de conceitos como “construção orgânica” ou “realismo heróico”. Estes dois novos conceitos revelam a influência de Ernst Jünger, que Mohler conta entre os discípulos alemães de Sorel. Em Sorel, Mohler reencontra o que havia anteriormente descoberto no Jünger dos manifestos nacionalistas e da primeira versão do Coração Aventureiro (1929): a determinação em superar as perdas sofridas e, ao mesmo tempo, a ousar qualquer coisa de novo, a confiar na força da decisão criadora e da vontade de dar forma ao informal, contrariamente às utopias das esquerdas. Num tal estado de espírito, apesar do entusiasmo transbordante dos actores, estes permanecem conscientes das condições espacio-temporais concretas e opõem ao informal aquilo que a sua criatividade formou.

O “afecto nominalista”

O que actuava em filigrana, tanto em Sorel como em Jünger, Mohler denominou “afecto nominalista”, isto é, a hostilidade a todas as “generalidades”, a todo esse universalismo bacoco que quer sempre ser recompensado pelas suas boas intenções, a hostilidade a todas as retóricas enfáticas e burlescas que nada têm a ver com a realidade concreta. É portanto o “afecto nominalista” que despertou o interesse de Mohler por Sorel. Mohler não mais parou de se interessar pelas teorias e ideias de Sorel.

Em 1975 Mohler faz aparecer uma pequena obra sucinta, considerada como uma “bio-bibliografia” de Sorel, mas contendo também um curto ensaio sobre o teórico socialista francês. Mohler utilizou a edição de um fino volume numa colecção privada da Fundação Siemens, consagrado a Sorel e devida à pluma de Julien Freund, para fazer aparecer essas trinta páginas (imprimidas de maneira tão cerrada que são difíceis de ler!) apresentando pela primeira vez ao público alemão uma lista quase completa dos escritos de Sorel e da literatura secundária que lhe é consagrada. A esta lista juntava-se um esboço da sua vida e do seu pensamento.

Nesse texto, Mohler quis em primeiro lugar apresentar uma sinopse das fases sucessivas da evolução intelectual e política de Sorel, para poder destacar bem a posição ideológica diversificada deste autor. Esse texto havia sido concebido originalmente para uma monografia de Sorel, onde Mohler poria em ordem a enorme documentação que havia reunido e trabalhado. Infelizmente nunca a pôde terminar. Finalmente, Mohler decidiu formalizar o resultado das suas investigações num trabalho bastante completo que apareceu em três partes nas colunas da Criticón em 1997. Os resultados da análise mohleriana podem resumir-se em 5 pontos:

Uma nova cultura que não é nem de direita nem de esquerda

1. Quando falamos de Sorel como um dos pais fundadores da Revolução Conservadora reconhecemos o seu papel de primeiro plano na génese deste movimento intelectual que, como indica claramente o seu nome, não é “nem de direita nem de esquerda” mas tenta forjar uma “nova cultura” que tomará o lugar das ideologias usadas e estragadas do século XIX. Pelas suas origens este movimento revolucionário-conservador é essencialmente intelectual: não pode ser compreendido como simples rejeição do liberalismo e da ideologia das Luzes.

2. Em princípio, consideramos que os fascismos românicos ou o nacional-socialismo alemão tentaram realizar este conceito, mas estas ideologias são heresias que se esquecem de levar em consideração um dos aspectos mais fundamentais da Revolução Conservadora: a desconfiança em relação às ideias que evocam a bondade natural do homem ou crêem na “viabilidade” do mundo. Esta desconfiança da RC é uma herança proveniente do velho fundo da direita clássica.

3. A função de Sorel era em primeiro lugar uma função catalítica, mas no seu pensamento encontramos tudo o que foi trabalhado posteriormente nas distintas famílias da Revolução Conservadora: o desprezo pela “pequena ciência” e a extrema valorização das pulsões irracionais do homem, o cepticismo em relação a todas as abstracções e o entusiasmo pelo concreto, a consciência de que não existe nada de idílico, o gosto pela decisão, a concepção de que a vida tranquila nada vale e a necessidade de “monumentalidade”.

Não há “sentido” que exista por si mesmo.

4. Nesta mesma ordem de ideias encontramos também esta convicção de que a existência é desprovida de sentido (sinnlos), ou melhor: a convicção de que é impossível reconhecer com certeza o sentido da existência. Desta convicção deriva a ideia de que nunca fazemos mais que “encontrar” o sentido da existência forjando-o gradualmente nós próprios, sob a pressão das circunstâncias e dos acasos da vida ou da História, e que não o “descobrimos” como se ele sempre tivesse estado ali, escondido por detrás do ecrã dos fenómenos ou epifenómenos. Depois, o sentido não existe por si mesmo porque só algumas raras e fortes personalidades são capazes de o fundar, e somente em raras épocas de transição da História. O “mito”, esse, constitui sempre o núcleo central de uma cultura e compenetra-a inteiramente.

5. Tudo depende, por fim, da concepção que Sorel faz da decadência – e todas as correntes da direita, por diferentes que sejam umas das outras, têm disso unanimemente consciência – concepção que difere dos modelos habituais; nele é a ideia de entropia ou a do tempo cíclico, a doutrina clássica da sucessão constitucional ou a afirmação do declínio orgânico de toda a cultura. Em «Les Illusions du progrès» Sorel afirma: “É charlatanice ou ingenuidade falar de um determinismo histórico”. A decadência equivale sempre à perda da estruturação interior, ao abandono de toda a vontade de regeneração. Sem qualquer dúvida, a apresentação de Sorel que nos deu Mohler foi tornada mais mordaz pelo seu espírito crítico.

Uma teoria da vida concreta imediata

Contudo, algumas partes do pensamento soreliano nunca interessaram Mohler. Nomeadamente as lacunas do pensamento soreliano, todavia patentes, sobretudo quando se tratou de definir os processos que deveriam ter animado a nova sociedade proletária trazida pelo “mito”. Mohler absteve-se igualmente de investigar a ambiguidade de bom número de conceitos utilizados por Sorel. Mas Mohler descobriu em Sorel ideias que o haviam preocupado a ele também: não se pode, pois, negar o paralelo entre os dois autores. As afinidades intelectuais existem entre os dois homens, porque Mohler como Sorel, buscaram uma “teoria da vida concreta imediata” (recuperando as palavras de Carl Schmitt).

Karlheinz Weissmann

traduzido por Rodrigo Nunes

causanacional.net

jeudi, 26 janvier 2012

TERRE & PEUPLE Magazine N°50

Communiqué de "Terre & Peuple"Wallonie

TERRE & PEUPLE Magazine N°50

Fiche de lecture

 

bbbb3821314138.jpgLe numéro 50 de TP Magazine est centré autour d’un dossier bien fourni sur le thème ‘Demain l’apocalypse ?’

 

Dans son éditorial, Pierre Vial souligne l’échec de la démocratie de marché dans sa manœuvre des printemps arabes, ses agents révolutionnaires se révélant sans autre capacité que de mettre en selle ses ennemis islamistes. Il promet au contraire que notre rêve révolutionnaire sera un cauchemar pour l’ennemi.

 

Pour situer les Hyperboréens aux yeux bleus chez qui Apollon passe ses hivers, Claude Perrin cite Jürgen Spanuth, Samivel, la ‘civilisation alésienne’ (qui rattache Alésia à Eleusis), René Guénon, la Thulé de la ‘Géographie’ de Strabon, Pythéas le Massaliote, Pline et son ‘Histoire naturelle’, Tilak et ‘The Artic Home in the Veda’ qui reporte la venue des Indo-Européens à la période d’Orion (-4500), les ‘Royaumes de Borée’ de Jean Raspail et l’Ancient Circumpolar World des anthropologues américains.

 

Pierre Vial ouvre le dossier sur l’apocalypse avec le film ‘2012’ de l’Américain Roland Emmerich. Grâce aux vaisseaux spatiaux de survie mis au point par un chercheur noir, véritables arches de Noé, une nouvelle humanité métissée dès le départ survit à la catastrophe.

 

Il note que l’apocalypse, révélation de la fin prochaine du monde, est le privilège du peuple élu. Seuls à en émerger, les fidèles de Yahvé jouiront ensuite d’une abondance totale et sans fin. Lorsque les souverains séleucides de Syrie qui règnent sur la Palestine veulent y interdire les rites ancestraux, dont la circoncision, et installer le culte de Zeus dans le Temple de Jérusalem, ils ouvrent un courant incessant d’apocalyptique militante zélote, avec une succession de révoltes, depuis celle des Machabées (-167) jusqu’à celle de Bar Cochba sous l’Empereur Hadrien (+135). Mais finalement la vengeance viendra le jour où le Messie, monarque sage et puissant, anéantira les païens par le feu et placera pour mille ans les survivants sous la coupe du peuple élu. L’Apocalypse de saint Jean fait le pont entre la tradition juive et le christianisme. Les premiers Pères de l’Eglise promettent aux chrétiens persécutés une vengeance sanglante (Irénée, Lactance). Saint Bernard et sainte Hildegarde guettent dans les guerres et les famines les signes annonciateurs de la fin des temps, le Saint Empire romain étant la quatrième et dernière domination.

 

Par rapport au mythe de la fin des temps, Jean Haudry situe la tradition indo-européenne dans la conception d’une succession des âges du monde, attestée par Hésiode (VIIIe AC), les Lois de Manou (IIe AC) et la Vision de la Voyante dans l’Edda (XIIe PC), en homologie aux cycles temporels du jour et de l’année, avec une partie lumineuse et une partie obscure séparée par deux parties crépusculaires, comme l’est l’année des régions circumpolaires. Dans la doctrine indienne des âges du monde des lois de Manou, l’année des hommes est un jour des dieux et les quatre âges d’un cycle correspondent aux quatre castes. La conception d’Hésiode, qui en est proche, peut être considérée comme héritée de la précédente. Dans la conception des poèmes eddiques, le cycle suit également la hiérarchie des fonctions, mais l’essentiel se produit chez les dieux. Dans les trois textes, le modèle retenu est la décadence morale et non le progrès. Dans la conception de l’Iran médiéval, après 6000 ans de paix consacrés aux deux créations, la bonne et la mauvaise, Ahura Mazda (Seigneur-sagesse) et Ahriman (Fureur agressive) s’affrontent pendant 3000 ans. Azhi, le serpent barbare (identifié dans l’envahisseur arabe) enchaîné par un héros se libère, mais est tué par un autre héros et la bonne création prend le dessus avec Zarathustra. Le tri est fait entre les bons et les mauvais et Ahriman est renvoyé pour toujours dans les ténèbres. Le Ragnarok, comme le Beowulf anglais, ont été rapprochés de la conception iranienne. Le Mahâbhârata est, selon Dumézil, la transposition dans le monde des hommes de la hiérarchie des trois fonctions. L’intrigue est une crise des structures et une renaissance. Cette interprétation a été probablement inspirée par le récit de la bataille de Brâvellir (‘Gesta Danorum’ de Saxo Grammaticus, XIIe PC), qui accumule les détails originaux identiques entre les récits indien et scandinave. Comme c’est également le cas pour des récits de la royauté étrusque de Rome et des débuts de la république romaine.

 

Pour Robert Dragan, les catholiques traditionalistes s’alignent sur le pape Léon XIII, qui invite à interpréter l’écriture « en ne s’écartant en rien du sens littéral et comme évident »… et à aller de défaite en défaite vers la victoire du Christ.

 

Yvan Lajehanne pose la question ‘Que faire pour survivre dans la débâcle ?’ Il y a bien la BAD (Base Autonome Durable), à laquelle il préfère le RAD (réseau autonome durable) avec l’amorce d’une contre-société où se débarrasser de ses faux besoins. Pour la défense de ces noyaux de sécurité, acheter le livre de Piero San Giorgio est un bon investissement.

 

Alain Cagnat ébauche cinq scénarios ‘catastrophe’. Dans le premier, l’Internationale capitaliste échouant à colmater ses brèches, les bons élèves d’Europe du Nord se réfugient dans une zone Deutsche Mark, qui chavire bientôt, en même temps que la Chine s’effondre comme ses exportations. Les grandes surfaces sont pillées et fascistes et communistes se disputent la rue. Dans le deuxième, sur fond de guerre ethnique, le Front Républicain écarte Marine Le Pen au second tour, pendant que le Parti Islamique de France s’empare de nombreuses villes. Les contrôles se renforçant, les trafics cessent d’être rentables et les banlieues s’embrasent, les comités d’autodéfense et les communautés s’arment, la composante religieuse l’emportant sur l’ethnique. Le troisième scénario est celui des printemps arabes, avec l’islamisation de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient qui dresse une profonde hostilité contre l’Occident américano-sioniste. Les prix des carburants explosent. Le quatrième est celui de la guerre contre l’Iran pour laquelle les faucons ont mis toutes les bases US en alerte. Mais les alliés du Golfe se montrant réticents, le raid se déroule dans de mauvaises conditions. Les Occidentaux ont retardé le programme nucléaire iranien de plusieurs années, mais le prix payé est énorme. Les Palestiniens se révoltent avec l’aide du Hesbolah et l’Etat juif laisse les Anglo-saxons s’empêtrer. Les marchés s’écroulent (voir scénario n°1). Le scénario n°5 est celui de la guerre contre la Chine, où les Américains, impatients de profiter de ce qui leur reste encore d’avance technologique (et d’effacer l’énorme créance chinoise) se rapprochent de l’Inde tandis que le Pakistan s’aligne sur la Chine. Dans un sixième scénario, il ne se passe rien, sinon que la crise s’aggrave car les illusionnistes continuent de tirer des milliards de leurs manches pour sauver le capitalisme financier. L’immigration progresse et la Chine conquiert la planète en douceur : c’est le plus probable.

 

Le même Alain Cagnat fusille la Gauche pour avoir trahi la classe ouvrière car, si le Parti Communiste est sorti triomphant de la Seconde Guerre (leurs cent mille fusillés) et, s’il l’est resté jusqu’à la révolution des intellos de mai 68, les Accords de Grenelle vont faire des ouvriers des bourgeois conservateurs. La Gauche se fabrique à présent d’autres masses de prolétaires avec les immigrés, lesquels ont tout à craindre des nouveaux arrivants.

 

Pour Aristide Corre, l’apocalypse, c’était hier, avec la Seconde Guerre Mondiale qui a achevé le sale boulot de la première, avec la décolonisation qui a volatilisé nos ressources naturelles pour nous embarrasser ensuite des trop-pleins du Tiers Monde, avec la destruction de la cellule familiale (libération sexuelle, avortement, consumérisme hédoniste), avec une Europe qui nous livre à un nouvel ordre mondial, avec la submersion de la race blanche. C’est donc l’instant de réagir.

 

Pour Roberto Fiorini, la dictature financière est bien résolue à se renforcer : il s’agit pour elle de sauver le triple AAA de la démocratie de marché et tant pis pour les populations. A nous de faire passer notre message, celui d’un protectionnisme continental modéré, le message de Maurice Allais.

 

Robert Dragan retrace l’histoire du génocide des Vendéens ordonné par la Convention républicaine. L’œuvre de sa vie que Reynald Secher lui a consacrée fait l’objet d’un article détaillé dans ce même numéro.

 

Jean-Patrick Arteault poursuit sa généalogie du mondialisme occidental par l’instrumentalisation par le Groupe Milner de la Conférence de la Paix de 1919. Milner, qui avait provoqué l’éclatement du Parti Libéral au pouvoir au Royaume-Uni, avait placé ses pions au secrétariat du nouveau premier ministre Lloyd George et s’était placé lui-même avec Léo Amery dans le Cabinet de Guerre de cinq membres qui coiffait le conseil des ministres, un autre de ses pions était l’adjoint du ministre des Affaires étrangères et un autre dirigeait le Renseignement politique. Lorsqu’il s’est agi d’arrêter les termes du Traité de paix, ceux de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ou les structures de la Société des Nations, entre les délégations britannique et américaine s’est manifestée une cohérence profonde par une communauté de vision sur le monde à construire et sur des projets politiques, produit des réflexions des cercles The Round Table (et de sa revue du même nom) et de son homologue américain The Inquiry (et sa revue Foreign Affairs Magazine) et enfin du Royal Institute of International Affairs et de son pendant américain le Council on Foreign Relations.

 

Ancien diplomate croate et professeur de sciences politiques dans une université américaine, notre ami Tomislav Sunic, témoin privilégié de la malignité de la balkanisation et de la cohabitation multiculturelle, démontre que le capitalisme mondialiste s’est révélé plus efficace en la matière que le communisme.  Aux rebelles contemporains, que ne choquent pas la connivence entre le commerçant et le commissaire pour détruire leur race et leur culture, la figure de l’anarchiste est désuète autant que celle du partisan face à un système de surveillance totale. Toutefois, leur situation biologique, culturelle, spirituelle est loin d’être désespérée : comme le système soviétique avant son écroulement, le système capitaliste moribond affecte contre toute vraisemblance d’être toujours la seule voie de l’avenir.

 

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Revolution from Above

Revolution from Above

Alex KURTAGIC

Ex: http://www.alternativeright.com/

Kerry Bolton
Revolution from Above
London: Arktos Media, 2011

The popular imagination conceives Marxism and capitalism as opposing forces, imagining that—obviously—Marxists want the capitalists’ money and capitalists do not want Marxists to take it from them.

Kerry Bolton’s Revolution from Above disproves this notion.

revolution-from-aboveAs it turns out, and as many readers probably already know, the Marxist revolutions in the East succeeded in many places thanks to the ample funds supplied to them—consciously and voluntarily—by finance-capitalists in the West.

With access to all the money they could wish for and more, the finance-capitalists in Bolton’s narrative were, and are, primarily motivated by a desire for power, and their ultimate aim was not even more money per se, but the enduring ability to shape the world to their convenience, which translates into a collectivised planet of producers and consumers.

Marxism was useful in as much as it was a materialistic ideology that destroyed traditional structures and values and turned citizens into secular, deracinated wage slaves, irrespective of race, gender, age, creed, disability, or sexual orientation.

Capitalism was useful in as much as it made money the measure of all things and created a consumer culture that ultimately turned citizens into debt slaves, also irrespective of race, gender, and so on.

In this manner, Marxism and capitalism were seen as complementary, as well as a method of pacifying the citizenry: too busy labouring in the factory or in the cubicle, and too befuddled by daydreams of shopping and entertainment during their free time, the citizens of this global order, fearful of losing their jobs and not being able to buy things or satisfy their creditors, are left with little inclination to, or energy for, rebellion.

Bolton explains how the finance-capitalist oligarchy is the entity that truly runs our affairs, rather than the national governments. The latter are either financially dependent, or in partnership, with the financiers and the central bankers.

To illustrate this dependency he documents the United States’ government relationship with the Bolsheviks in Russia during the revolution, not to mention the similarity in their goals despite superficial appearances to the contrary and despite alarm or opposition from further down the hierarchy. Bolton shows how genuinely anti-communist efforts were frustrated during the Cold War. And he shows that the close relationship with communist regimes ended when Stalin decided to pursue his own agenda.

The book then goes on to describe the various mechanisms of plutocratic domination. Bolton documents the involvement of a network of prominent, immensely rich, tax-exempt, so-called ‘philanthropic’ organisations in funding subversive movements and think tanks. Marxism has already been mentioned, but it seems these foundations were also interested in promoting feminism and the student revolts of 1968.

Feminism was sold to women as a movement of emancipation. Bolton argues, and documents, that its funders’ real aim was to end women’s independence (from the bankers) and prevent the unregulated education of children: by turning women into wage-slaves they would become dependent on an entity controlled by the plutocrats, double the tax-base, double the size of the market, and create the need for children’s education to be controlled by the government—an entity that is, in turn, controlled by the plutocrats. Betty Friedan, who founded the second wave of feminism with her book The Feminine Mystique, and Gloria Steinem are named as having received avalanches of funding from ‘philanthropic’ foundations.

With regards to the university student revolts of 1968, the book highlights the irony of how, without the activists knowing it, they were backed by the same establishment they thought to be opposing. These students were but ‘useful idiots’ in a covert strategy of subversion and social engineering.

The subversion does not end there, for the plutocracy has global reach and is as actively engaged in global planning today as it ever was. Revolution from Above inevitably deals with George Soros’ involvement in the overthrow of governments or regimes not to his liking. According to Bolton’s account, the reader can take it for granted that any of the velvet or ‘colour revolutions’ we have seen in recent years have been funded in some way or another by George Soros through his extended network of instruments. ‘Regime-changes’ in Yugoslavia, Georgia, Ukraine (orange revolution), Kyrgyszstan (pink revolution), Tunisia (jasmine revolution), Egypt (white revolution), Lybia (red, green, black revolution), and Iran (green revolution) were not the result of spontaneous uprisings. Anti-government parties, think tanks, media, campaigns, demonstrations, and even training courses for political agitation—all and in all cases received vast funding from finance-capitalism overseas, not from local collections of petty sums.

In other words, many a modern revolution has not come from below, but from above. And in the context of governments being in a dependent relationship to the stratospherical plutocracy, this aggregates into a pincer strategy, with pressure coming secretly from above and from below, with the pressure from below—however spontaneous and ‘messy’ it may seem when it hits the headlines—being the result of years of careful planning, financing, and preparation by overseas elites.

The reader must ask himself how it is that whenever we see one of these ‘colour revolutions’ somehow someone is able, almost overnight, to overwhelm the streets with a tsunami of well designed, professionally printed, and colour-coordinated merchandise: flags, scarves, placards, posters, leaflets, balloons, headbands, t-shirts, face-paint, you name it, it all seems very slick, aesthetically consistent, and fashion-conscious for uprisings that are supposedly spontaneous demonstrations of popular rage.

Overall Bolton crams in an enormous mass of information within 250 pages. The lists of names and figures—and some of the sums involved are truly staggering—are endless, and the persistent torrent of footnotes considerably expand on parts of the main narrative. The plutocrats’ web of influence and deceit is immensely complicated, not only as a structure but also as a process, since it thrives in double meaning, double think, and ambiguity. Those interested in a detailed knowledge of the machinations behind current and recent events, or even twentieth-century political history, would do well to read this book more than once—at least if they have ambitions of explaining it all to an educable third party.

One aspect of Bolton’s narrative that seems quite amazing is the superficially inoffensive tone of some of the enemy quotes provided. Were it not because Bolton’s findings flow in the same direction as other books uncovering the machinations of the oligarchs and their partners in Western governments, or because the answer to cui bono is provided unequivocally by the unfolding of current and historical events, it would be easy to think that the statements quoted came from deluded idealists. It may be that some truly believe in the goodness of their cause, yet such selfless altruism is hard to believe given the known absence of ethics among our current elite of super-financiers—the banking system they engineered, not to mention many of the opaque financial instruments we have come to known through the still unfolding financial crisis in the West, is a deception designed to obscure a practice of legalised theft.

The lessons are clear: firstly, modern ‘colour revolutions’ are not instigated by public desires for more democratic or liberal governance, but by private desires for increased global power and control; secondly, subversive movements can be given a name and a face—a name and a face averse that hides behind generic institutional names and orchestrates world events at the end of a complex money trail; and thirdly, the those seeking fundamental change should first become proficient capitalists or learn how to gain access to them. These are all obvious, of course, but Revolution from Above is less about teaching those lessons than about documenting how the world is run, by whom, and for what purpose. In other words, this is material with which to back up assertions likely to be challenged by, or in front of, the unaware. Sober and factual in tone, it is also good gift material for those who may benefit from a bit of education.

mercredi, 25 janvier 2012

Sur l'oligarchie

Sur l’oligarchie

par Georges FELTIN-TRACOL

« Les systèmes politiques occidentaux se sont notamment parfaitement organisés pour éviter leur mise en cause par le peuple. Certes, des membres de la classe politique peuvent perdre les élections. Mais ils sont alors remplacés par des équivalents dont la politique n’est jamais très différente de celle des prédécesseurs (p. 16). » Ce dur constat est formulé par Yvan Blot dans son nouvel ouvrage au titre cinglant, L’oligarchie au pouvoir. Haut-fonctionnaire – il est inspecteur général de l’administration au ministère de l’Intérieur – et ancien élu (d’abord député R.P.R. du Pas-de-Calais de 1986 à 1988, puis député européen F.N. entre 1989 et 1999), Yvan Blot sait l’importance capitale du combat des idées. Il a d’ailleurs co-fondé et présidé le Club de l’Horloge et dirige aujourd’hui l’association Agir pour la démocratie directe.

L’oligarchie au pouvoir résulte d’un vaste ensemble d’observations recueillies depuis de nombreuses années. En fervent partisan du système référendaire d’initiative populaire, Yvan Blot s’interrogeait sur la passivité des politiciens à l’égard de ce moyen de participation des citoyens aux affaires publiques. En souhaitant comprendre leurs réticences, il a décelé l’existence d’une oligarchie qu’on appelle aussi hyper-classe ou Nomenklatura hexagonale. « Nous vivons en oligarchies sous le nom de démocraties dites “ représentatives ”. Ces oligarchies sont celles de l’administration civile (les fameux “ technocrates ”), des médias, des dirigeants de syndicats, des dirigeants de groupes de pression culturels et cultuels, qui forment des réseaux en interaction puissante devant lequel le simple citoyen est sans force (sauf en démocratie directe) (pp. 13 – 14). » Il aurait pu ajouter que cette oligarchie française a ses convenances et ses endroits : on la retrouve par exemple le dernier mercredi de chaque mois près de la place de la Concorde lors des fameuses soirées du club Le Siècle si bien décrites par l’infatigable journaliste dissident Emmanuel Ratier (1).

Certes, « le terme oligarque a retrouvé un regain de faveur pour désigner des hommes d’affaires riches proches du pouvoir politique en Russie après la désintégration de la bureaucratie du régime soviétique. Mais la Russie n’a certainement pas le monopole des oligarques. Il y a aussi des oligarques en Occident (p. 1) », en particulier aux États-Unis (l’Establishment fédéral en est rongé) et en France. La Grande-Bretagne en serait curieusement préservée… En fait, l’oligarchie britannique existe, mais sa structure et sa composition diffèrent de ses homologues. En France, « l’oligarchie ne se compose pas que des hommes politiques. La haute fonction publique joue un rôle majeur dans la fabrication des lois, en liaison avec toutes sortes d’intérêts organisés, syndicats patronaux ou ouvriers, associations défendant des groupes particuliers. Les médias conservent un certain pouvoir de contrôle car ils pensent dénoncer le comportement des autres oligarchies mais ils sont eux-mêmes oligarchiques avec leurs organisations propres (p. 2) ».

Mues par des intérêts convergents, les oligarchies se partagent « une idéologie commune […] (le “ politiquement correct ”) [qui] cherche à réduire les citoyens au rôle de spectateurs interchangeables, bons pour produire et consommer en restant sous contrôle (p. 2) ». En effet, contrairement à ce qu’on imagine, l’oligarchie pense. En s’appuyant sur Aristote, Heidegger et Arnold Gehlen, Yvan Blot a élaboré une grille de lecture qui procède de la logique aristotélicienne des quatre causes (motrice, matérielle, formelle et finale) et qui lui rappelle fortement le Quadriparti heideggérien (les hommes, la terre, le ciel et la Divinité/les Dieux). Par conséquent, il estime que « dans le monde moderne […], l’oligarchie gouverne selon une logique nouvelle qui est celle du “ Gestell ”, de l’arraisonnement utilitaire, selon la formule de Heidegger (p. 21) ». Cet arraisonnement entraîne l’enlaidissement, matériel et moral, du monde, contribue à l’indifférenciation générale et favorise « un chaos culturel sans mémoire (p. 42) ». Il exprime en outre une nette prédilection pour le court terme et l’immédiateté. Les conséquences pour les sociétés européennes en sont dramatiques avec le déclin de la natalité et de son terrible corollaire, une immigration extra-européenne de peuplement.

« L’économique qui tend à multiplier les besoins des consommateurs pour produire et en tirer de l’argent est le domaine de la dispersion et de la futilité (p. 63). » Pourquoi ? Parce que, d’une part, le Système encourage l’égalitarisme « défendu par des oligarchies qui se placent d’emblée au-dessus du peuple avec des privilèges que cela suppose, y compris les passe-droits (p. 34) » et que, d’autre part, « l’homme […] n’est apprécié que pour son utilité économique. […] Tout ce qui distingue les êtres humains doit être éliminé dès lors que cela peut gêner le caractère interchangeable que les hommes doivent avoir pour être de parfaites matières premières (p. 24) ». L’oligarchie et ses médias qui distillent subtilement dans les esprits une censure pernicieuse et une propagande insidieuse, justifient ce discours réifiant et utilitariste par la célébration obligatoire du Progrès, de la « gouvernance », de l’égalitarisme et du dogme des droits de l’homme. Lecteur assidu des théoriciens libéraux et libertariens, Yvan Blot préfère comme Hayek les « libertés fondamentales » au concept fumeux des droits de l’homme qui sont en réalité « un prétexte pour une intervention toujours plus grande de l’État et pour une restriction des libertés (p. 71) ». Il ajoute même avec raison que « la notion de “ droit de l’homme ” reste à la fois unilatérale et floue. Unilatérale car il ne peut y avoir de droits sans devoirs, floue car on ne sait jamais si à travers cette expression, on parle de libertés ou de droits de créance sur la société. En pratique, la notion de droits de l’homme sert d’arme contre l’État et contre la société pour satisfaire les caprices de l’ego devenu une véritable idole (p. 73) ».

Les quatre références majeures de l’oligarchie demeurent la technique (ou son essence qui est la raison calculatrice), les masses (l’ochlos), l’argent et l’ego. Ainsi, elle « assiste complice au déclin des valeurs transcendantes, et l’argent devient peu à peu la seule valeur suprême (p. 27) ». Un ego hypertrophié écrase le citoyen ! « Plus les citoyens sont isolés par leur égoïsme, moins ils sont dangereux pour l’oligarchie. Le régime condamne le moindre écart de langage considéré comme discriminatoire mais il est d’une tolérance immense pour la pornographie. Plus l’individu s’enferme dans les plaisirs immédiats […], moins il se mêlera des affaires de l’État (pp. 37 – 38) », écrit-il à rebours des auteurs inquiets d’anticipation qui inventaient des sociétés proscrivant toute sexualité…

Que faire alors ? Faut-il militer dans des formations politiques et abattre progressivement l’oligarchie en place ? Yvan Blot en doute. Il relève qu’il y a une « dérive des démocraties vers des formes oligarchiques de pouvoir (p. 1) ». « Nous vivons […] dans une “ démocratie fictive ” où les droits du peuple sont soumis au bon vouloir de la classe politique qui en détermine les limites et l’application, de façon souveraine. Cette démocratie de façade masque les pouvoirs réels d’une oligarchie, la “ classe politique ”, qui s’auto-recrute par cooptation à l’intérieur des partis politiques (p. 19). » Fort de sa propre expérience, il relève que « les hommes politiques prennent les décisions qui les arrangent et ils sont influencés, quand ils ne sont pas parfois carrément corrompus, par des groupes de pression minoritaires mais bien organisés (p. 6) ». En outre, « les candidats sont présélectionnés par les partis politiques. Le peuple vote en fait pour des partis et ce sont les partis qui gouvernent, or leur structure interne est rarement vraiment démocratique (les partis sont oligarchiques) (p. 6) ». S’ajoute donc à l’oligarchie la partitocratie ! Cette situation participe à l’obsolescence de la théorie – sotte – d’équilibre des pouvoirs chère à Montesquieu. « Dans les faits, le pouvoir législatif est largement dans les mains de l’exécutif qui a l’initiative réelle des lois et qui les fait rédiger dans les ministères (p. 11). » Pis, « le deuxième pouvoir du parlement, contrôler le gouvernement, ne fonctionne pas vraiment car la majorité parlementaire est asservie à l’exécutif et l’opposition est sans pouvoir car minoritaire (p. 74) ». Le caporalisme règne dans les partis puisqu’ils brandissent régulièrement la menace de ne plus donner leur investiture aux élus récalcitrants ! Bref, ce sont les plus serviles, les plus obséquieux, les plus moutonniers qui peuplent dorénavant les assemblées…

Le dévoiement institutionnel ne se restreint pas au législatif. « Le pouvoir judiciaire (2), suivant une tendance d’origine américaine, mort de plus en plus sur le législatif, ce qui fait qu’au total, il n’y a plus guère de séparation des pouvoirs (p. 2). » Désormais, « le gouvernement est donc l’auteur principal des lois. Il est lui-même influencé par l’administration, par les médias et par tous les intérêts organisés, économiques et sociaux, culturels et cultuels, qui gravitent autour de lui (pp. 11 – 12) ». À cette non-démocratie, l’auteur oppose l’exemple suisse et propose la mise en place de plusieurs procédures référendaires d’initiative populaire sur des lois à adopter ou à rejeter.

Pour Yvan Blot, la démocratie directe peut seule abolir le Gestell et réactiver les sens démocratique, civique et patriotique. « La démocratie est fondée sur des racines nationales, des valeurs morales transcendantes et un sens du sacré […et] repose aussi sur l’idée du citoyen responsable, qui veut participer au destin de sa patrie (p. 29) ». Si « la nation est le socle sur lequel l’homme […] vient habiter (p. 121) », elle détient en son sein deux institutions sacrales : la famille qui permet la naissance et l’armée qui « gère la mort (p. 123) ». L’instauration d’une démocratie participative implique toutefois au préalable de retrouver l’identité « qui est fondée sur la mémoire (p. 69) ». Or « en détruisant la mémoire d’un peuple, on détruit son identité. C’est, en quelque sorte, un génocide culturel (p. 69) ». La démocratie directe serait-elle salvatrice pour les identités populaires ? Attendons qu’Yvan Blot réponde à cette interrogation primordiale dans un prochain essai spécifiquement consacré à la démocratie référendaire.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Emmanuel Ratier, Au cœur du pouvoir. Enquête sur le club le plus puissant de France, Paris, Facta, 2011.

2 : En parlant de pouvoir judiciaire, Yvan Blot commet une légère erreur, car la Constitution de 1958 mentionne plutôt l’« autorité judiciaire ». Dans l’esprit de ses rédacteurs, la magistrature – non élue – ne saurait bénéficier d’une légitimité équivalente aux fonctions exécutive et législative issues du corps civique souverain.

Yvan Blot, L’oligarchie au pouvoir, Paris, Économica, 2011, 144 p., 19 €.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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mardi, 24 janvier 2012

L'insolence des anarchistes de droite

L'insolence des anarchistes de droite
 
ADG

Article de Dominique Venner dans Le Spectacle du Monde de décembre 2011

Ex: http://www.dominiquevenner.fr/

Les anarchistes de droite me semblent la contribution française la plus authentique et la plus talentueuse à une certaine rébellion insolente de l’esprit européen face à la « modernité », autrement dit l’hypocrisie bourgeoise de gauche et de droite. Leur saint patron pourrait être Barbey d’Aurévilly (Les Diaboliques), à moins que ce ne soit Molière (Tartuffe). Caractéristique dominante : en politique, ils n’appartiennent jamais à la droite modérée et honnissent les politiciens défenseurs du portefeuille et de la morale. C’est pourquoi l’on rencontre dans leur cohorte indocile des écrivains que l’on pourrait dire de gauche, comme Marcel Aymé, ou qu’il serait impossible d’étiqueter, comme Jean Anouilh. Ils ont en commun un talent railleur et un goût du panache dont témoignent Antoine Blondin (Monsieur Jadis), Roger Nimier (Le Hussard bleu), Jean Dutourd (Les Taxis de la Marne) ou Jean Cau (Croquis de mémoire). A la façon de Georges Bernanos, ils se sont souvent querellés avec leurs maîtres à penser. On les retrouve encore, hautins, farceurs et féroces, derrière la caméra de Georges Lautner (Les Tontons flingueurs ou Le Professionnel), avec les dialogues de Michel Audiard, qui est à lui seul un archétype.

Deux parmi ces anarchistes de la plume ont dominé en leur temps le roman noir. Sous un régime d’épais conformisme, ils firent de leurs romans sombres ou rigolards les ultimes refuges de la liberté de penser. Ces deux-là ont été dans les années 1980 les pères du nouveau polar français. On les a dit enfants de Mai 68. L’un par la main gauche, l’autre par la  main droite. Passant au crible le monde hautement immoral dans lequel il leur fallait vivre, ils ont tiré à vue sur les pantins et parfois même sur leur copains.

À quelques années de distances, tous les deux sont nés un 19 décembre. L’un s’appelait Jean-Patrick Manchette. Il avait commencé comme traducteur de polars américains. Pour l’état civil, l’autre était Alain Fournier, un nom un peu difficile à porter quand on veut faire carrière en littérature. Il choisit donc un pseudonyme qui avait le mérite de la nouveauté : ADG. Ces initiales ne voulaient strictement rien dire, mais elles étaient faciles à mémoriser.

En 1971, sans se connaître, Manchette et son cadet ADG ont publié leur premier roman dans la Série Noire. Ce fut comme une petite révolution. D’emblée, ils venaient de donner un terrible coup de vieux à tout un pan du polar à la française. Fini les truands corses et les durs de Pigalle. Fini le code de l’honneur à la Gabin. Avec eux, le roman noir se projetait dans les tortueux méandres de la nouvelle République. L’un traitait son affaire sur le mode ténébreux, et l’autre dans un registre ironique. Impossible après eux d’écrire comme avant. On dit qu’ils avaient pris des leçons chez Chandler ou Hammett. Mais ils n’avaient surtout pas oublié de lire Céline, Michel Audiard et peut-être aussi Paul Morand. Ecriture sèche, efficace comme une rafale bien expédiée. Plus riche en trouvailles et en calembours chez ADG, plus aride chez Manchette.

Né en 1942, mort en 1996, Jean-Patrick Manchette publia en 1971 L’affaire N’Gustro directement inspirée de l’affaire Ben Barka (opposant marocain enlevé et liquidé en 1965 avec la complicité active du pouvoir et des basses polices). Sa connaissance des milieux gauchistes de sa folle jeunesse accoucha d’un tableau véridique et impitoyable. Féministes freudiennes et nymphos, intellos débiles et militants paumés. Une galerie complète des laissés pour compte de Mai 68, auxquels Manchette ajoutait quelques portraits hilarants de révolutionnaires tropicaux. Le personnage le moins antipathique était le tueur, ancien de l’OAS, qui se foutait complètement des fantasmes de ses complices occasionnels. C’était un cynique plutôt fréquentable, mais il n’était pas de taille face aux grands requins qui tiraient les ficelles. Il fut donc dévoré.

Ce premier roman, comme tous ceux qu’écrivit Manchette, était d’un pessimisme intégral. Il y démontait la mécanique du monde réel. Derrière le décor, régnaient les trois divinités de l’époque : le fric, le sexe et le pouvoir.

Au fil de ses propres polars, ADG montra qu’il était lui aussi un auteur au parfum, appréciant les allusions historiques musclées. Tour cela dans un style bien identifiable, charpenté de calembours, écrivant « ouisquie » comme Jacques Perret, l’auteur inoubliable et provisoirement oublié de Bande à part.

Si l’on ne devait lire d’ADG qu’un seul roman, ce serait Pour venger Pépère (Gallimard), un petit chef d’œuvre. Sous une forme ramassée, la palette adégienne y est la plus gouailleuse. Perfection en tout, scénario rond comme un œuf, ironie décapante, brin de poésie légère, irrespect pour les « valeurs » avariées d’une époque corrompue.

L’histoire est celle d’une magnifique vengeance qui a pour cadre la Touraine, patrie de l’auteur. On y voit Maître Pascal Delcroix, jeune avocat costaud et désargenté, se lancer dans une petite guerre téméraire contre les puissants barons de la politique locale. Hormis sa belle inconscience, il a pour soutien un copain nommé « Machin », journaliste droitier d’origine russe, passablement porté sur la bouteille, et « droit comme un tirebouchon ». On s’initie au passage à la dégustation de quelques crus de Touraine, le petit blanc clair et odorant de Montlouis, ou le Turquant coulant comme velours.

Point de départ, l’assassinat fortuit du grand-père de l’avocat. Un grand-père comme on voudrait tous en avoir, ouvrier retraité et communiste à la mode de 1870, aimant le son du clairon et plus encore la pêche au gardon. Fier et pas dégonflé avec çà, ce qui lui vaut d’être tué par des malfrats dûment protégés. A partir de là on entre dans le vif du sujet, c’est à dire dans le ventre puant d’un système faisandé, face nocturne d’un pays jadis noble et galant, dont une certaine Sophie, blonde et gracieuse jeunes fille, semble comme le dernier jardin ensoleillé. Rien de lugubre pourtant, contrairement aux romans de Manchettes. Au contraire, grâce à une insolence joyeuse et un mépris libérateur.

Au lendemain de sa mort (1er novembre 2004), ADG fit un retour inattendu avec J’ai déjà donné, roman salué par toute la critique. Héritier de quelques siècles de gouaille gauloise, insolente et frondeuse, ADG avait planté entre-temps dans la panse d’une république peu recommandable les banderilles les plus jubilatoires de l’anarchisme de droite.

Notes

Alain Fournier, dit ADG (1947-2004), un pseudonyme choisi à partir des initiales de son tout premier nom de plume, Alain Dreux-Gallou. Une oeuvre jubilatoire plein d ‘irrespect contre les “valeurs” avariées d’une époque corrompue.

dimanche, 22 janvier 2012

Dominique VENNER: Is de geschiedenis werkelijk onpartijdig… ?

Dominique VENNER:

Is de geschiedenis werkelijk onpartijdig… ?

Hieronder vindt u het editoriaal van Dominique Venner in het laatste nummer van La Nouvelle Revue d'Histoire (nr. 58, januari - februari 2012) over het manicheïsme dat tegenwoordig heerst in de manier waarop men de geschiedenis uitlegt.

Landsknechte.jpgVoor hen die goede redenen hadden om de collaboratie te bevechten, was deze verwerpelijk. Het heeft de collaboratie inderdaad niet aan verfoeibare aspecten ontbroken. Niettemin hebben zich zowel aan Franse als aan Duitse zijde mensen in eer en geweten ingezet voor deze weg, waarvan zij dachten dat hij de juiste was, en die achteraf door de geschiedenis werd veroordeeld. Heel vaak hebben ze hun illusies cash betaald. Niet enkel hebben ze er vaak het leven bij gelaten, of hun vrijheid en hun sociaal bestaan verloren, maar meer nog bleven ze verstoken van de mogelijkheid om hun beweegredenen te duiden. Zowel de overledenen als de overlevenden werden blootgesteld aan de algemene veroordeling van een engagement dat als weerzinwekkend werd afgeschilderd en dat onbegrijpelijk was geworden. De interpretatie die door de overwinning van hun zegevierende tegenstanders werd opgelegd was tegelijkertijd totaal en totalitair (1). Met andere woorden, de geschiedenis, die door de overwinnaars wordt geschreven, legt een absoluut manicheïsme op tussen deze laatsten enerzijds, die geassocieerd worden met het Goede, en de overwonnenen anderzijds, die tot in de eeuwigheid het Kwade belichamen.

Zo gaat het altijd na een godsdienstoorlog. En de Tweede Wereldoorlog was wel degelijk een godsdienstoorlog. De overwonnenen verloren in één klap de mogelijkheid om begrepen te worden. Wat hen rechtvaardigde toen ze nog wapens droegen, verdween in één klap en werd vervangen door een verdict van een proces zonder beroepsmogelijkheid, waarvan de uitkomst op voorhand vaststond, met triomferende inquisiteurs die genoten van de macht die hen in staat stelde hun tegenstanders voor de eeuwigheid – of zo goed als - te veranderen in uitgespuwde criminelen. Ja, ik zeg wel degelijk “voor de eeuwigheid”!

Keizer Julianus, die nochtans nooit bloed liet vloeien voor een zaak die hij als de juiste aanzag, wordt vandaag nog steeds uitgemaakt voor “afvallige” door het collectieve geheugen dat werd opgelegd door zijn zegevierende tegenstanders. Uitleggen dat dit predikaat even lasterlijk als schandalig is, heeft weinig zin. Lasterlijk, omdat Julianus zich nooit bekeerde tot de vreemde nieuwe religie waartegen hij uit trouw protesteerde. Hij was dus niet “afvallig”, maar trouw. Wanneer men wat verder nadenkt, beseft men dat de bijnaam waarmee men hem bedenkt ook schandalig is. In onze Europese wereld, die in principe vrij is van religieuze verboden, is afvalligheid een crimineel vergrijp dat dateert uit een ander tijdperk en eeuwige verdoemenis met zich meebrengt. Ondanks het vervliegen van de tijd en de rehabilitatie door historici blijft deze desondanks aan hem kleven (2).

Ik ben langs deze omweg niet afgeweken van mijn initiële bedenking. Het voorbeeld van de schandvlek die kleeft aan keizer Julianus, die meer dan vijftien eeuwen geleden gestorven is, vestigt de aandacht op de geschiedschrijving na een conflict dat de emoties tot in het extreme heeft beroerd en waarvan de overwinnaars over de exclusiviteit van het publieke woord beschikken. Wat ik geschreven heb over keizer Julianus geldt evenzeer, zij het in beperktere mate, voor de Konstabel van Bourbon, die voor altijd het stigma van « verrader » kreeg opgekleefd door een Frans geheugen dat zichzelf verwart met het geheugen van de staat. Indertijd kon de opstand van de Konstabel tegen Frans I en diens moeder, die hem geruïneerd hadden, op begrip rekenen bij zijn tijdgenoten. Het feodale recht en het principe van de wederzijdse verbintenis rechtvaardigden deze opstand. Dit verdween toen later de nieuwe idee van de natie en van het “verraad” na 1792 of 1870 ingang vond.

Laat ons nu terugkeren naar het manicheïstische oordeel dat de geschiedenis velt over de actoren van de collaboratiejaren. Met twee voorbeelden heb ik de onzekerheden in het historische oordeel aangetoond. Een overwonnene maakt zich dus illusies, wanneer hij voor het vuurpeloton uitroept dat de geschiedenis wel zal oordelen. De geschiedenis is nooit een onpartijdige rechtbank. Zij wordt altijd geschreven door de overwinnaars. Het gebeurt evenwel dat een latere nederlaag van de vroegere overwinnaars, een « historische » nederlaag, namelijk ééntje zonder mogelijkheid om ze ongedaan te maken, uiteindelijk toch nog onvoorzien gelijk geeft aan de vroegere overwonnenen. Zo is het bijvoorbeeld in Rusland gelopen met de Witten, die door de volledige ineenstorting van het systeem dat door de Roden na 1917 was opgebouwd, werden gerehabiliteerd.

Dominique Venner (La Nouvelle Revue d'Histoire nr. 58, januari - februari 2012)

Voetnoten :

1. Totalitair: wat zich aan alles en iedereen opdringt, en zowel het openbare als het privé-leven binnendringt.

2. De grote, onlangs overleden historicus Lucien Jerphagnon, die zelf christen is, was verontwaardigd over de vereeuwiging van de postume veroordeling van de jonge keizer, aan wie hij een boeiende en rijke biografie heeft gewijd: Julien, dit l’Apostat (Tallandier, 2008).

L'histoire serait-elle impartiale ?...

L'histoire serait-elle impartiale ?...

Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial de Dominique Venner publié dans le dernier numéro de la Nouvelle Revue d'Histoire (n°58, janvier - février 2012) au manichéisme qui sévit actuellement dans la lecture de l'histoire.

 

L'histoire serait-elle impartiale ?

200_Venner.jpgPour tous ceux qui avaient des raisons de combattre la Collaboration, celle-ci fut détestable.  Et de fait, ses aspects haïssables n’ont pas manqué. Pourtant, du côté français, mais aussi du côté allemand, des hommes d’honneur et de foi se sont engagés dans cette voie qu’ils croyaient juste et que l’histoire a condamné. Le plus souvent, ils ont payé leurs illusions au prix fort. Non seulement ils y ont fréquemment perdu la vie, leur liberté et leur existence sociale, mais plus encore la possibilité de faire valoir leurs raisons. Morts ou survivants, il leur fallait endurer une réprobation générale à l’égard d’un engagement réputé ignoble et devenu incompréhensible, L’interprétation imposée par la victoire de leurs adversaires triomphants était à la fois totale et totalitaire (1). En d’autres termes, l’histoire écrite par les vainqueurs impose un manichéisme absolu entre eux-mêmes qui sont associés au Bien, et les vaincus, devenus incarnation du Mal à tout jamais.

Il en est toujours ainsi après une guerre de religions. Et la Seconde Guerre mondiale fut une guerre de religions. Les vaincus perdirent d’un seul coup la possibilité d’être compris. Ce qui les avait justifiés quand ils portaient encore les armes, soudain s’est évanoui, remplacé par le verdict sans appel d’un procès jugé d’avance, où les inquisiteurs triomphants jouissaient du pouvoir de les transformer en d’indicibles criminels pour l’éternité ou presque. Oui, je dis bien l’éternité !

L’empereur Julien, qui pourtant ne fit jamais couler le sang pour la cause qu’il croyait juste, se voit aujourd’hui encore qualifié d’Apostat par la mémoire collective imposée par ses adversaires victorieux. Rien ne sert d’expliquer que cet attribut est aussi calomnieux que scandaleux. Calomnieux, puisque jamais Julien n’adopta la nouvelle religion étrangère contre laquelle il éleva la protestation de sa fidélité. Il ne fut donc pas « apostat », mais fidèle. Si l’on réfléchit un instant, l’attribut dont on continue de l’affubler est également scandaleux. Dans notre monde européen, libre en principe de tout interdit religieux, l’apostasie est en effet une sentence criminelle d’un autre âge, impliquant une condamnation pour l’éternité. En dépit du temps écoulé et des travaux de réhabilitation des historiens, elle a cependant persisté (2).

9782857047841FS.gifPar ce détour, je ne me suis pas éloigné de ma réflexion initiale. L’exemple de l’opprobre attachée au nom de l’empereur Julien, disparu depuis plus de quinze siècles, attire l’attention sur l’écriture de l’histoire après un conflit ayant mobilisé les passions à l’extrême et dont les vainqueurs ont l’exclusivité de la parole publique. Ce que j’ai dit de l’empereur Julien pourrait l’être aussi, bien que de façon plus limitée, pour le grand personnage que fut le Connétable de Bourbon, à tout jamais qualifié de « traître » par une mémoire française qui se confond avec celle de l’État. En son temps, la révolte du Connétable contre François Ier et sa mère qui l’avaient grugé, fut comprise par les contemporains. Le droit féodal et le principe de l’engagement réciproque la justifiaient. Rien de cela ne fut plus admis quand s’imposa plus tard l’idée nouvelle de la nation et de la « trahison » postérieure à 1792 ou 1870.

Nous voici revenus au jugement manichéen que l’histoire inflige aux acteurs des années de l’Occupation. Par deux autres exemples, j’ai montré ce qu’il y a d’incertain dans le jugement historique. Autrement dit, quand un vaincu, devant les fusils qui vont le tuer, s’écrie : « L’Histoire jugera ! », il se remonte le moral au prix d’une chimère. L’histoire n’est jamais un tribunal impartial. Elle est toujours écrite par les vainqueurs. Il arrive cependant qu’une défaite ultérieure des anciens vainqueurs, une défaite « historique », c’est-à-dire sans appel, accorde une revanche inattendue aux vaincus. Il en a été ainsi en Russie pour les Blancs, réhabilité par l’effondrement absolu du système qu’avaient édifié les Rouges après 1917.

Dominique Venner (La Nouvelle Revue d'Histoire n°, janvier-février 2012)

Notes

1. Totalitaire : qui s’impose à tous et en toute chose, pénétrant la vie privée au même titre que le vie publique.

2. Grand historien récemment disparu, Lucien Jerphagnon, chrétien lui-même, s’indignait de l’éternisation de la condamnation posthume portée contre le jeune empereur auquel il consacra une captivante et riche biographie, Julien, dit l’Apostat (Tallandier, 2008).

vendredi, 20 janvier 2012

Pourquoi relire Koestler?

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Pourquoi relire Koestler?

 

Entretien avec Robert Steuckers à l’occasion de ses dernières conférences sur la vie et l’oeuvre d’Arthur Koestler

Propos recueillis par Denis Ilmas

DI: Monsieur Steuckers, vous voilà embarqué dans une tournée de conférences sur la vie et l’oeuvre d’Arthur Koestler, un auteur quasi oublié aujourd’hui, peu (re)lu et dont les livres ne sont plus tous réédités. Pourquoi insistez-vous sur cet auteur, quand commence la seconde décennie du 21ème siècle?

RS: D’abord parce que j’arrive à l’âge des rétrospectives. Non pas pour me faire plaisir, même si cela ne me déplait pas. Mais parce que de nombreuses personnes, plus jeunes que moi, me posent des questions sur mon itinéraire pour le replacer dans l’histoire générale des mouvements non conformistes de la seconde moitié du 20ème siècle et, à mon corps défendant, dans l’histoire, plus limitée dans le temps et l’espace, de la “nouvelle droite”. Commençons par l’aspect rétrospectif: j’ai toujours aimé me souvenir, un peu à la façon de Chateaubriand, de ce moment précis de ma tendre adolescence, quelques jours après que l’on m’ait exhorté à lire des livres “plus sérieux” que les ouvrages généralement destinés à la jeunesse, comme Ivanhoe de Walter Scott ou L’ile au trésor de Stevenson, Les trois mousquetaires de Dumas, Jules Vernes, ou à l’enfance, comme la Comtesse de Ségur (dont mon préféré était et reste Un bon petit diable) et la série du “Club des Cinq” d’Enid Blyton (que je dévorais à l’école primaire, fasciné que j’étais par les innombrables aventures passées derrière des portes dérobées ou des murs lambrisés à panneaux amovibles, dans de mystérieux souterrains ou autres passages secrets). Rien que cette liste de livres lus par un gamin, il y a quarante, quarante-cinq ans, évoque une époque révolue... Mais revenons à ce “moment” précis qui est un petit délice de mes reminiscences: j’avais accepté l’exhortation des adultes et, de toutes les façons, la littérature enfantine et celle de la pré-adolescence ne me satisfaisaient plus.

Koestler m’accompagne maintenant depuis plus de quarante ans

Mais que faire? Sur le chemin de l’école, tout à la fin de la Chaussée de Charleroi, à trente mètres du grand carrefour animé de “Ma Campagne”, il y avait un marchand de journaux qui avait eu la bonne idée de joindre une belle annexe à son modeste commerce et de créer une “centrale du Livre de Poche”. Il y avait, en face et à droite de son comptoir, un mur, qui me paraissait alors incroyablement haut, où s’alignaient tous les volumes de la collection. Je ne savais pas quoi choisir. J’ai demandé un catalogue et, muni de celui-ci, je suis allé trouver le Frère Marcel (Aelbrechts), vieux professeur de français toujours engoncé dans son cache-poussière brunâtre mais cravaté de noir (car un professeur devait toujours porter la cravate à l’époque...), pour qu’il me pointe une dizaine de livres dans le catalogue. Il s’est exécuté avec complaisance, avec ses habituels claquements humides de langue et de maxillaires, par lesquels il ponctuait ses conseils toujours un peu désabusés: l’homme n’avait apparemment plus grande confiance en l’humanité... Dans la liste, il y avait Un testament espagnol d’Arthur Koestler. Je l’ai lu, un peu plus tard, vers l’âge de quinze ans. Et cet ouvrage m’a laissé une très forte impression. Koestler m’accompagne donc depuis plus de quarante ans maintenant.

koestler_un testament espagnol.jpgLe Testament espagnol de Koestler est un chef-d’oeuvre: la déréliction de l’homme, qui attend une exécution promise, les joies de lire dans cette geôle, espace exigu entre deux mondes (celui de la vie, qu’on va quitter, et celui, de l’“après”, inconnu et appréhendé), la fatalité de la mort dans un environnement ibérique, acceptée par les autres détenus, dont “le Poitrinaire”... A quinze ans, une littérature aussi forte laisse des traces. Pendant deux bonnes années, Koestler, pour moi, n’a été que ce prisonnier anglo-judéo-hongrois, pris dans la tourmente de la Guerre Civile espagnole, cet homme d’une gauche apparemment militante, dont on ne discernait plus tellement les contours quand s’évanouissait les vanités face à une mort qu’il pouvait croire imminente.

En 1973, nous nous retrouvâmes en voyage scolaire, sous le plomb du soleil d’août en Grèce. Marcel nous escortait; il avait troqué son éternel cache-poussière contre un costume léger de coton clair; il suivait la troupe de sa démarche molle et avec la mine toujours sceptique, cette fois avec un galurin, type bobo, rivé sur son crâne dégarni. Un jour, alors que nous marchions de l’auberge universitaire, située sur un large boulevard athénien, vers une station de métro pour nous amener à l’Acropole ou à Egine, les “non-conformistes” de la bande —Frédéric Beerens, le futur gynécologue Leyssens, Yves Debay, futur directeur des revues militaires Raids et L’Assaut et votre serviteur— tinrent un conciliabule en dévalant allègrement une rue en pente: outre les livres, où nous trouvions en abondance notre miel, quelle lecture régulière adopter pour consolider notre vision dissidente, qui, bien sûr, n’épousait pas les formes vulgaires et permissives de dissidence en cette ère qui suivait immédiatement Mai 68? Nous connaissions tous le mensuel Europe-Magazine, alors dirigé par Emile Lecerf. La littérature belge de langue française doit quelques belles oeuvres à Lecerf: inconstestablement, son essai sur Montherlant, rédigé dans sa plus tendre jeunesse, mérite le détour et montre quelle a été la réception de l’auteur des Olympiques, surtout chez les jeunes gens, jusqu’aux années de guerre. Plus tard, quand le malheur l’a frappé et que son fils lui a été enlevé par la Camarde, il nous a laissé un témoignage poignant avec Pour un fils mort à vingt ans. Lié d’amitié à Louis Pauwels, Lecerf était devenu le premier correspondant belge de la revue Nouvelle école. Beerens avait repéré une publicité pour cette revue d’Alain de Benoist qui n’avait alors que trente ans et cherchait à promouvoir sa création. En dépit de l’oeuvre littéraire passée d’Emile Lecerf, que nous ne connaissions pas à l’époque, le style journalistique du directeur d’Europe-Magazine nous déplaisait profondément: nous lui trouvions des accents populaciers et lui reprochions trop d’allusions graveleuses. Nous avions soif d’autre chose et peut-être que cette revue Nouvelle école, aux thèmes plus allèchants, allait-elle nous satisfaire?

Koestler et la “nouvelle droite”: le lien? La critique du réductionnisme!

Le conciliabule ambulant d’Athènes a donc décidé de mon sort: depuis cette journée torride d’août 1973 à Athènes, je suis mu par un tropisme qui me tourne immanquablement vers Nouvelle école, même vingt après avoir rompu avec son fondateur. Dès notre retour à Bruxelles, nous nous sommes mis en chasse pour récupérer autant de numéros possible, nous abonner... Beerens et moi, après notre quête qui nous avait menés aux bureaux du magazine, rue Deckens à Etterbeek, nous nous sommes retrouvés un soir à une séance du NEM-Club de Lecerf, structure destinée à servir de point de ralliement pour les lecteurs du mensuel: nouvelle déception... Mais, dans Nouvelle école puis dans les premiers numéros d’Eléments, reçus en novembre 1973, un thème se profilait: celui d’une critique serrée du “réductionnisme”. C’est là que Koestler m’est réapparu. Il n’avait pas été que cet homme de gauche romantique, parti en Espagne pendant la guerre civile pour soutenir le camp anti-franquiste, il avait aussi été un précurseur de la critique des idéologies dominantes. Il leur reprochait de “réduire” les mille et un possibles de l’homme à l’économie (et à la politique) avec le marxisme ou au sexe (hyper-problématisé) avec le freudisme, après avoir été un militant communiste exemplaire et un vulgarisateur des thèses de Sigmund Freud.

A mes débuts dans ce qui allait, cinq ans plus tard, devenir la mouvance “néo-droitiste”, le thème majeur était en quelque sorte la résistance aux diverses facettes du réductionnisme. Nouvelle école et Eléments évoquaient cette déviance de la pensée qui entraînait l’humanité occidentale vers l’assèchement et l’impuissance, comme d’ailleurs —mais nous ne le saurions que plus tard— les groupes Planète de Louis Pauwels l’avaient aussi évoquée, notamment avec l’appui d’un compatriote, toujours méconnu aujourd’hui ou seulement décrié sur le ton de l’hystérie comme “politiquement incorrect”, Raymond de Becker. En entrant directement en contact avec les représentants à Bruxelles de Nouvelle école et du “Groupement de Recherches et d’Etudes sur la Civilisation Européenne” (GRECE) —soit Claude Vanderperren à Auderghem en juin 1974, qui était le nouveau correspondant de Nouvelle école, Dulière à Forest en juillet 1974 qui distribuait les brochures du GRECE, puis Georges Hupin, qui en animait l’antenne à Uccle en septembre 1974— nous nous sommes aperçus effectivement que la critique du réductionnisme était à l’ordre du jour: thème majeur de l’Université d’été du GRECE, dont revenait Georges Hupin; thème tout aussi essentiel de deux “Congrès Internationaux pour la Défense de la Culture”, tenus, le premier, à Turin en janvier 1973, le deuxième à Nice (sous les auspices de Jacques Médecin), en septembre 1974. Ces Congrès avaient été conçus et initiés, puis abandonnés, par Arthur Koestler et Ignazio Silone, dès les débuts de la Guerre Froide, pour faire pièce aux associations dites de “défense des droits de l’homme”, que Koestler, Orwell et Silone percevaient comme noyautées par les communistes. Une seconde équipe les avaient réanimés pour faire face à l’offensive freudo-marxiste de l’ère 68. C’était essentiellement le professeur Pierre Debray-Ritzen qui, au cours de ces deux congrès de 1973 et 1974, dénoncera le réductionnisme freudien. Alain de Benoist, Louis Rougier, Jean Mabire et Dominique Venner y ont participé.

Le colloque bruxellois sur le réductionnisme

Dans la foulée de ce réveil d’une pensée plurielle, dégagée des modes du temps, Georges Hupin, après avoir convaincu les étudiants libéraux de l’ULB, monte en avril 1975 un colloque sur le réductionnisme dans les locaux mêmes de l’Université de Bruxelles. Le thème du réductionnisme séduisait tout particulièrement Jean Omer Piron, biologiste et rédacteur-en-chef, à l’époque, de la revue des loges belges, La Pensée et les Hommes. Dans les colonnes de cette vénérable revue, habituée au plus plat des conformismes laïcards (auquel elle est retourné), Piron avait réussi à placer des articles rénovateurs dans l’esprit du “Congrès pour la Défense de la Culture” et du premier GRECE inspiré par les thèses anti-chrétiennes de Louis Rougier, par ailleurs adepte de l’empirisme logique, veine philosophique en vogue dans le monde anglo-saxon. Le colloque, cornaqué par Hupin, s’est tenu à l’ULB, avec la participation de Jean-Claude Valla (représentant le GRECE), de Piet Tommissen (qui avait participé au Congrès de Nice, avec ses amis Armin Mohler et Ernst Topitsch), de Jean Omer Piron et du Sénateur libéral d’origine grecque Basile Risopoulos. Des étudiants et des militants communistes ou assimilés avaient saboté le système d’alarme, déclenchant un affreux hululement de sirène, couvrant la voix des conférenciers. Alors que j’étais tout malingre à dix-neuf ans, on m’envoie, avec le regretté Alain Derriks (que je ne connaissais pas encore personnellement) et un certain de W., ancien de mon école, pour monter la garde au premier étage et empêcher toute infiltration des furieux. L’ami de W. met immédiatement en place la lance à incendie, bloquant le passage, tandis que je reçois un gros extincteur pour arroser de poudre d’éventuels contrevenants et que Derriks a la présence d’esprit de boucher les systèmes d’alarme à l’aide de papier hygiénique, réduisant le hululement de la sirène à un bourdonnement sourd, pareil à celui d’une paisible ruche au travail. Les rouges tentent alors un assaut directement à l’entrée de l’auditorium: ils sont tenus en échec par deux officiers de l’armée belge, le Commandant M., tankiste du 1er Lancier, et le Commandant M., des chasseurs ardennais, flanqués d’un grand double-mètre de Polonais, qui venait de quitter la Légion Etrangère et qui accompagnait Jean-Claude Valla. Hupin, de la réserve des commandos de l’air, vient vite à la rescousse. Le Commandant des chasseurs ardennais, rigolard et impavide, repoussait tantôt d’un coup d’épaule, tantôt d’un coup de bide, deux politrouks particulièrement excités et sanglés dans de vieilles vestes de cuir. Pire: allumant soudain un gros cigare hollandais, notre bon Ardennais en avalait la fumée et la recrachait aussitôt dans le visage du politrouk en cuir noir qui scandait “Ecrasons dans l’oeuf la peste brune qui s’est réveillée”. Ce slogan vociféré de belle voix se transformait aussitôt en une toux rauque, sous le souffle âcre et nicotiné de notre cher Chasseur. Mais ce ne sont pas ces vaillants militaires qui emportèrent la victoire! Voilà que surgit, furieuse comme un taureau ibérique excité par la muletta, la concierge de l’université, dont le sabotage du système d’alarme avait réveillé le mari malade. Saisissant sa pantoufle rouge à pompon de nylon, la brave femme, pas impressionnée pour un sou, se jette sur le politrouk à moitié étouffé par les effets fumigènes du cigare du Commandant M., et le roue de coups de savate, en hurlant, “Fous le camp, saligaud, t’as réveillé mon mari, va faire le zot ailleurs, bon à rien, smeirlap, rotzak, etc.”. Les deux meneurs, penauds, ordonnent la retraite. L’entrée de l’auditorium est dégagée: les congressistes peuvent sortir sans devoir distribuer des horions ou risquer d’être maxaudés. Essoufflée, la concierge s’effondre sur une chaise, renfile son héroïque pantoufle et Hupin vient la féliciter en la gratifiant d’un magnifique baise-main dans le plus pur style viennois. Elle était rose de confusion.

Jean Omer Piron et “Le cheval dans la locomotive”

Voilà comment j’ai participé à une initiative, inspirée des “Congrès pour la Défense de la Culture”, dont la paternité initiale revient à Arthur Koestler (et à Ignazio Silone). Elle avait aussi pour thème un souci cardinal de la pensée post-politique de Koestler: le réductionnisme. La prolixité du vivant étant l’objet d’étude des biologistes, Jean Omer Piron se posait comme un “libre-penseur”, dans la tradition de l’ULB, c’est-à-dire comme un libre-penseur hostile à tous les dogmes qui freinent l’élan de la connaissance et empêchent justement d’aborder cette prolixité luxuriante du réel et de la vie. Et, de fait, les réductionnismes sont de tels freins: il convient de les combattre même s’ils ont fait illusion, s’ils ont aveuglé les esprits et se sont emparé de l’Université bruxelloise, où l’on est supposé les affronter et les chasser de l’horizon du savoir. Piron inscrivait son combat dans les traces de Koestler: le Koestler des “Congrès” et surtout le Koestler du Cheval dans la locomotive (The Ghost in the Machine), même si, aujourd’hui, les biologistes trouveront sans doute pas mal d’insuffisances scientifiques dans ce livre qui fit beaucoup de bruit à l’époque, en appelant les sciences biologiques à la rescousse contre les nouveaux obscurantismes, soit disant “progressistes”. Koestler fustigeait le réductionnisme et le “ratomorphisme” (l’art de percevoir l’homme comme un rat de laboratoire). Ce recours à la biologie, ou aux sciences médicales, était considéré comme un scandale à l’époque: le charnel risquait de souiller les belles images d’Epinal, véhiculées par les “nuisances idéologiques” (Raymond Ruyer). Les temps ont certes changé. La donne n’est plus la même aujourd’hui. Mais l’obscurantisme est toujours là, sous d’autres oripeaux. Pour la petite histoire, une ou deux semaines après le colloque chahuté mais dûment tenu sur le réductionnisme, les étudiants de l’ULB, dont Beerens et Derriks, ainsi que leurs homologues libéraux, ont vu débouler dans les salles de cours une brochette de “vigilants”, appelant à la vindicte publique contre Piron, campé comme “fasciste notoire”. Beerens, au fond de la salle, rigolait, surtout quand la plupart des étudiants lançaient de vibrants “vos gueules!” ou des “cassez-vous!” aux copains des politrouks dûment défaits par l’arme secrète (la pantoufle à pompon de nylon) de la concierge, mercenaire à son corps défendant d’une peste brune, dont elle ignorait tout mais qui avait été brusquement réveillée, parait-il, par le “fasciste notoire”, disciple de l’ex-communiste pur jus Koestler et rédacteur-en-chef de la bien laïcarde et bien para-maçonnique La Pensée et les Hommes. L’anti-fascisme professionnel sans profession bien définie montrait déjà qu’il ne relevait pas de la politique mais de la psychiatrie.

Ma lecture du “Zéro et l’Infini”

le-zero-et-l-infini-454242-250-400.jpgCe n’est pas seulement par l’effet tonifiant du blanc-seing de Piron, dans le microcosme néo-droitiste bruxellois en gestation à l’époque, que Koestler revenait au premier plan de mes préoccupations. En première année de philologie germanique aux Facultés Universitaires Saint-Louis, il me fallait lire, dès le second trimestre, des romans anglais. Mon programme: Orwell, Huxley, Koestler et D. H. Lawrence. L’un des romans sélectionnés devait être présenté oralement: le sort a voulu que, pour moi, ce fut Darkness at Noon (Le zéro et l’infini), récit d’un procès politique dans le style des grandes purges staliniennes des années 30. Le roman, mettant en scène le “dissident” Roubachov face à ses inquisiteurs, est bien davantage qu’une simple dénonciation du stalinisme par un adepte de la dissidence boukharinienne, zinovievienne ou trotskiste. Toute personne qui entre en politique, entre obligatoirement au service d’un appareil, perclus de rigidités, même si ce n’est guère apparent au départ, pour le croyant, pour le militant, comme l’avoue d’ailleurs Koestler après avoir viré sa cuti. A parti d’un certain moment, le croyant se trouvera en porte-à-faux, tout à la fois face à la politique officielle du parti, face aux promesses faites aux militants de base mais non tenables, face à une réalité, sur laquelle le parti a projeté ses dogmes ou ses idées, mais qui n’en a cure. Le croyant connaîtra alors un profond malaise, il reculera et hésitera, devant les nouveaux ordres donnés, ou voudra mettre la charrue avant les boeufs en basculant dans le zèle révolutionnaire. Il sera soit exclu ou marginalisé, comme aujourd’hui dans les partis dits “démocratiques” ainsi que chez leurs challengeurs (car c’est kif-kif-bourricot!). Dans un parti révolutionnaire comme le parti bolchevique en Russie, la lenteur d’adaptation aux nouvelles directives de la centrale, la fidélité à de vieilles amitiés ou de vieilles traditions de l’époque héroïque de la révolution d’Octobre 1917 ou de la clandestinité pré-révolutionnaire, condamne le “lent” ou le nostalgique à être broyé par une machine en marche qui ne peut ni ralentir ni cesser d’aller de l’avant. La logique des procès communistes voulait que les accusés reconnaissent que leur lenteur et leur nostalgie entravaient le déploiement de la révolution dans le monde, mettait le socialisme construit dans un seul pays (l’URSS) en danger donc, ipso facto, que ces “vertus” de vieux révolutionnaires étaient forcément des “crimes” risquant de ruiner les acquis réellement existants des oeuvres du parti. En conséquence, ces “vertus” relevaient de la complicité avec les ennemis extérieurs de l’Union Soviétique (ou, lors des procès de Prague, de la nouvelle Tchécoslovaquie rouge). Lenteur et nostalgie étaient donc objectivement parlant des vices contre-révolutionnaires. Koestler a vécu de près, au sein des cellules du Komintern, ce type de situation. Pour lui, le pire a été l’entrée en dissidence, à son corps défendant, de Willi Münzenberg, communiste allemand chargé par le Komintern d’organiser depuis son exil parisien une résistance planétaire contre le fascisme et le nazisme. Pour y parvenir, Münzenberg avait reçu d’abord l’ordre de créer des “fronts populaires”, avec les socialistes et les sociaux-démocrates, comme en Espagne et en France. Mais la centrale moscovite change d’avis et pose trotskistes et socialistes comme des ennemis sournois de la révolution: Münzenberg entre en disgrâce, parce qu’il ne veut pas briser l’appareil qu’il a patiemment construit à Paris et tout recommencer à zéro; il refuse d’aller s’expliquer à Moscou, de crainte de subir le sort de son compatriote communiste allemand Neumann, épuré en Union Soviétique (sa veuve, Margarete Buber-Neumann, rejoindra Koestler dans son combat anti-communiste d’après guerre). Münzenberg a refusé d’obéir, de s’aligner sans pour autant passer au service de ses ennemis nationaux-socialistes. Dans le roman Darkness at Noon/Le zéro et l’infini, Roubachov n’est ni un désobéissant ni un traître: il proteste de sa fidélité à l’idéal révolutionnaire. Mais suite au travail de sape des inquisiteurs, il finit par admettre que ses positions, qu’il croit être de fidélité, sont une entorse à la bonne marche de la révolution mondiale en cours, qu’il est un complice objectif des ennemis de l’intérieur et de l’extérieur et que son élimination sauvera peut-être de l’échec final la révolution, à laquelle il a consacré toute sa vie et tous ses efforts. (Sur l’itinéraire de Willi Münzenberg, on se rapportera utilement aux pages que lui consacre François Furet dans Le passé d’une illusion – Essai sur l’idée communiste au XX° siècle, Laffont/Calmann-Lévy, 1995).

L’anthropologie communiste: une image incomplète de l’homme

Koestler s’insurge contre ce mécanisme qui livre la liberté de l’homme, celle de s’engager politiquement et celle de se rebeller contre des conditions d’existence inacceptables, à l’arbitraire des opportunités passagères (ou qu’il croit passagères). L’homme réel, complet et non réduit, n’est pas le pantin mutilé et muet que devient le révolutionnaire établi, qui exécute benoîtement les directives changeantes de la centrale ou qui confesse humblement ses fautes s’il est, d’une façon ou d’une autre, de manière parfaitement anodine ou bien consciente, en porte-à-faux face à de nouveaux ukases, qui, eux, sont en contradiction avec le plan premier ou le style initial de la révolution en place et en marche. Koestler finira par sortir de toutes les cangues idéologiques ou politiques. Il mettra les errements du communisme sur le compte de son anthropologie implicite, reposant sur une image incomplète de l’homme, réduit à un pion économique. Dans la première phase de son histoire, la “nouvelle droite” en gestation avait voulu, avec Louis Pauwels, porte-voix de l’anthropologie alternative des groupes Planète, restaurer une vision non réductionniste de l’homme.

Ma présentation avait déplu à ce professeur de littérature anglaise des Facultés Saint-Louis, un certain Engelborghs aujourd’hui décédé, tué au volant d’un cabriolet sans doute trop fougueux et mal protégé en ses superstructures. Je n’ai jamais su avec précision ce qui lui déplaisait chez Koestler (et chez Orwell), sauf peut-être qu’il n’aimait pas ce que l’on a nommé par la suite les “political novels” ou la veine dite “dystopique”: toutefois, il ne me semblait pas être l’un de ces hallucinés qui tiennent à leurs visions utopiques comme à toutes leurs autres illusions. Pourtant, je persiste et je signe, jusqu’à mon grand âge: Koestler doit être lu et relu, surtout son Testament espagnol et son Zéro et l’Infini. Après les remarques dénigrantes et infondées d’Engelborghs, je vais abandonner un peu Koestler, sauf peut-être pour son livre sur la peine de mort, écrit avec Albert Camus dans les années 50 en réaction à la pendaison, en Angleterre, de deux condamnés ne disposant apparemment pas de toutes leurs facultés mentales, et pour des crimes auxquels on aurait pu facilement trouver des circonstances atténuantes. Force est toutefois de constater que, dans ce livre-culte des opposants à la peine de mort, on lira que les régimes plus ou moins autocratiques, ceux de l’Obrigkeitsstaat centre-européen, ont bien moins eu recours à la potence ou à la guillotine que les “vertuistes démocraties” occidentales, la France et l’Angleterre. Le paternalisme conservateur induit moins de citoyens au crime, ou se montre plus clément en cas de faute, que le libéralisme, où chacun doit se débrouiller pour ne pas tomber dans la misère noire et se voit condamné sans pitié en cas de faux pas et d’arrestation. Le livre de Koestler et Camus sur la peine de mort réfute, en filigrane, la prétention à la vertu qu’affichent si haut et si fort les “démocraties” occidentales. Ce sont elles, comme dirait Foucault, qui surveillent et punissent le plus.

Dans les rangs du cercle de la première “nouvelle droite” bruxelloise, la critique du réductionnisme et la volonté de rétablir une anthropologie plus réaliste et dégagée des lubies idéologiques du 19ème siècle quittera l’orbite de Koestler et de son Cheval dans la locomotive, pour se plonger dans l’oeuvre du Prix Nobel Konrad Lorenz, notamment son ouvrage de vulgarisation, intitulé Les huit péchés capitaux de notre civilisation (Die acht Todsünde der zivilisierten Menschheit), où le biologiste annonce, pour l’humanité moderne, un risque réel de “mort tiède”, si les régimes politiques en place ne tiennent pas compte des véritables ressorts naturels de l’être humain. Nouvelle école ira d’ailleurs interviewer longuement Lorenz dans son magnifique repère autrichien. Plus tard, en dehors des cercles “néo-droitistes” en voie de constitution, Alexandre Soljénitsyne éclipsera Koestler, dès la seconde moitié des années 70. Avec le dissident russe, l’anti-communisme cesse d’être un tabou dans les débats politiques. Je retrouverai Koestler, en même temps qu’Orwell et Soljénitsyne, à la fin de la première décennie du 21ème siècle pour servir, à titre de conférencier, les bonnes oeuvres de mon ami genevois, Maitre Pascal Junod, féru de littérature et grand lecteur devant l’éternel.

DI: Justement, je reviens à ma question, quel regard doit-on jeter sur la trajectoire d’Arthur Koestler aujourd’hui?

RS: Arthur Koestler est effectivement une “trajectoire”, une flèche qui traverse les périodes les plus effervescentes du 20ème siècle: il le dit lui-même car le titre du premier volume de son autobiographie s’intitule, en anglais, Arrow in the Blue (en français: La corde raide). Enfant interessé aux sciences physiques, le très jeune Koestler s’imaginait suivre la trajectoire d’une flèche traversant l’azur pour le mener vers un monde idéal. Mais dans la trajectoire qu’il a effectivement suivie, si on l’examine avec toute l’attention voulue, rien n’est simple. Koestler nait à Budapest sous la double monarchie austro-hongroise, dans une ambiance impériale et bon enfant, dans un monde gai, tourbillonnant allègrement au son des valses de Strauss. Il suivra, à 9 ans, avec son père, le défilé des troupes magyars partant vers le front de Serbie en 1914, acclamant les soldats du contingent, sûrs de revenir vite après une guerre courte, fraîche et joyeuse. Mais ce monde va s’effondrer en 1918: le très jeune Koestler penche du côté de la dictature rouge de Bela Kun, parce que le gouvernement libéral lui a donné le pouvoir pour qu’il éveille le sentiment national des prolétaires bolchévisants et appelle ainsi les Hongrois du menu peuple à chasser les troupes roumaines envoyées par la France pour fragmenter définitivement la masse territoriale de l’Empire des Habsbourgs. Mais ses parents décident de déménager à Vienne, de quitter la Hongrie détachée de l’Empire. A Vienne, il adhère aux Burschenschaften (les Corporations étudiantes) sionistes car les autres n’acceptent pas les étudiants d’origine juive. Il s’y frotte à un sionisme de droite, inspiré par l’idéologue Max Nordau, théoricien d’une vision très nietzschéenne de la décadence. Koestler va vouloir jouer le jeu sioniste jusqu’au bout: il abandonne tout, brûle son livret d’étudiant et part en Palestine. Il y découvrira l’un des premiers kibboutzim, un véritable nid de misère au fin fond d’une vallée aride. Pour les colons juifs qui s’y accrochaient, c’était une sorte de nouveau phalanstérisme de gauche, regroupant des croyants d’une mouture nouvelle, attendant une parousie laïque et agrarienne sur une terre censée avoir appartenu à leurs ancêtres judéens.

Ensuite, nous avons le Koestler grand journaliste de la presse berlinoise qui appuie la République de Weimar et l’idéologie d’un Thomas Mann. Mais cette presse, aux mains de la famille Ullstein, famille israélite convertie au protestantisme prussien, basculera vers la droite et finira par soutenir les nationaux-socialistes. Entretemps, Koestler vire au communisme —parce qu’il n’y a rien d’autre à faire— et devient un militant exemplaire du Komintern, à Berlin d’abord puis à Paris en exil. Il fait le voyage en URSS et devient un bon petit soldat du Komintern, même si ce qu’il a vu entre l’Ukraine affamée par l’Holodomor et la misère pouilleuse du lointain Turkménistan soviétique induit une certaine dose de scepticisme dans son coeur.

Sionisme et communisme: de terribles simplifications

Ce scepticisme ne cessera de croître: finalement, pour Koestler, la faiblesse humaine, le besoin de certitudes claires, l’horreur de la complexité font accepter les langages totalitaires, la tutelle d’un parti tout-puissant, remplaçant la transcendance divine tuée ou évacuée depuis la “mort de Dieu”. Les colons sionistes reniaient les facultés juives —du moins de la judaïté urbanisée, germanisée ou slavisée, d’idéologie libérale ou sociale-démocrate— d’adaptation plastique et constante à des mondes différents, ressuscitaient l’hébreu sous une forme moderne et simplifiée, nouvelle langue sans littérature et donc sans ancrage temporel, et abandonnaient l’allemand et le russe, autrefois véhicules d’émancipation du ghetto. Le sionisme menait à une terrible simplification, à l’expurgation de bonnes qualités humaines. Le communisme également.

Contrairement à l’époque héroïque de ma découverte de Koestler, où nous ne bénéficions pas de bonnes biographies, nous disposons aujourd’hui d’excellents ouvrages de référence: celui du professeur américain Michael Scammell, également auteur d’un monumental ouvrage sur Soljénitsyne, et celui de l’avocat français Michel Laval (Michael Scammell, Koestler – The Indispensable Intellectual, Faber & Faber, 2009; Michel Laval, L’homme sans concessions – Arthur Koestler et son siècle, Calmann-Lévy, 2005). Tous deux resituent bien Koestler dans le contexte politique de son époque mais, où ils me laissent sur ma faim, c’est quand ils n’abordent pas les raisons intellectuelles et quand ils ne dressent pas la liste des lectures ou des influences qui poussent le quadragénaire Koestler à changer de cap et à abandonner complètement toutes ses spéculations politiques dans les années 50, immédiatement après la parenthèse maccarthiste aux Etats-Unis, pays où il a longuement séjourné, sans vraiment s’y sentir aussi à l’aise que dans son futur cottage gallois ou dans son chalet autrichien. Certes, Koestler lui-même n’a jamais donné une oeuvre ou un essai bien balancé sur son itinéraire scientifique, post-politique. Les deux volumes de son autobiographie, Arrow in the Blue (La corde raide) et Invisible Writing (Hiéroglyphes) s’arrêtent justement vers le milieu des années 50. Ces deux volumes constituent un bilan et un adieu. J’en conseille vivement la lecture pour comprendre certaines facettes du 20ème siècle, notamment relative à la guerre secrète menée par le Komintern en Europe occidentale.

Agent soviétique puis agent britannique?

Koestler se lit avec intérêt justement pour le recul qu’il prend vis-à-vis des idéologies auxquelles il a adhéré avec un enthousiasme naïf, comme des millions d’autres Européens. Mais on ne saurait évidemment adhérer à ces idéologies, sioniste ou communiste, ni partager les sentiments, parfois malsains, qui l’ont conduit à s’y conformer et à s’y complaire. Koestler a été un agent du Komintern mais, à part le long épisode dans le sillage de Münzenberg, d’autres facettes sont traîtées trop brièvement: je pense notamment à son travail au sein de l’agence de presse géopolitique, “Pressgeo”, dirigée à Zürich par le Hongrois Rados et pendant soviétique/communiste des travaux de l’école allemande d’Haushofer. Koestler lui-même et ses biographes sont très discrets sur cette initiative, dont tous louent la qualité intrinsèque, en dépit de son indéniable marquage communiste. Koestler a donc été un agent soviétique. Il sera aussi, on s’en doute, un agent britannique, surtout en Palestine, où il se rendra deux ou trois fois pour faire accepter les plans britanniques de partition du pays aux sionistes de gauche et de droite (avec qui il était lié via l’idéologue et activiste de droite Vladimir Jabotinski, père spirituel des futures droites israéliennes). Ses souvenirs sont donc intéressants pour comprendre les sentiments et les réflexes à l’oeuvre dans la question judéo-israélienne et dans les gauches d’Europe centrale. On ne peut affirmer que Koestler soit devenu un agent américain, pour la bonne raison qu’à New York il fut nettement moins “employé”’ que d’autres au début de la Guerre Froide, qu’on le laissait moisir dans sa maison américaine quasi vide et que sa carrière aux Etats-Unis n’a guère donné de fruits. Le maccarthisme se méfiait de cet ancien agent du Komintern. Et Koestler, lui, estimait que le maccarthisme était dénué de nuances et agissait exactement avec la même hystérie que les propagandistes soviétiques, quand ils tentaient de fabriquer des collusions ou d’imaginer des complots.

Koestler et la France

516E%2B8cX4wL.jpegReste à évoquer le rapport entre Koestler et la France. Ce pays est, dans l’entre-deux-guerres, le refuge idéal des antifascistes et antinazis de toutes obédiences. Koestler y pérègrine entre Paris et la Côte d’Azur. La France est la patrie de la révolution et Koestler se perçoit comme un révolutionnaire, qui poursuit l’idéal 150 ans après la prise de la Bastille, devant des ennemis tenaces, apparemment plus coriaces que les armées en dentelles de la Prusse et de l’Autriche à Valmy ou que les émigrés de Coblence. Cet engouement pour la France s’effondre en octobre 1939: considéré comme sujet hongrois et comme journaliste allemand, Koestler est arrêté et interné dans un camp de concentration en lisière des Pyrénées. Il y restera quatre mois. Cette mésaventure, ainsi que sa seconde arrestation en mai 1940, son évasion et son périple dans la France en débâcle, généreront un deuxième chef-d’oeuvre de littérature carcérale et autobiographique, Scum of the Earth (La lie de la Terre). Cet ouvrage est une dénonciation de l’inhumanité du système concentrationnaire de la Troisième République, de son absence totale d’hygiène et un témoignage poignant sur la mort et la déréliction de quelques antifascistes allemands, italiens et espagnols dans ces camps sordides. Avant 1945, la littérature carcérale/concentrationnaire dénonce, non pas le Troisième Reich, mais la Troisième République. Il y a Koestler, qui édite son livre en Angleterre et donne à l’allié français vaincu une très mauvaise presse, mais il y a, en Belgique, les souvenirs des internés du Vernet, arrêtés par la Sûreté belge en mai 1940 et livrés aux soudards français qui les accompagneront en les battant et en les humiliant jusqu’à la frontière espagnole. Eux aussi iront crever de faim, rongés par une abondante vermine, en bordure des Pyrénées. Ce scandale a été largement exploité en Belgique pendant les premiers mois de la deuxième occupation allemande, avec les témoignages de Léon Degrelle (Ma guerre en prison), du rexiste Serge Doring (L’école de la douleur – Souvenirs d’un déporté politique), des militants flamands René Lagrou (Wij Verdachten) et Ward Hermans. La description des lieux par Doring correspond bien à celle que nous livre Koestler. L’un de leurs compagnons d’infortune des trains fantômes partis de Bruxelles, le communiste saint-gillois Lucien Monami n’aura pas l’occasion de rédiger le récit de ses malheurs: il sera assassiné par des soldats français ivres à Abbeville, aux côtés des solidaristes Van Severen et Rijckoort. La lie de la terre rend Koestler impopulaire en France dans l’immédiat après-guerre. En effet, cet ouvrage prouve que le dérapage concentrationnaire n’est pas une exclusivité du Troisième Reich ou de l’URSS stalinienne, que les antifascistes et les rescapés des Brigades Internationales ou des milices anarchistes ibériques antifranquistes ont d’abord été victimes du système concentrationnaire français avant de l’être du système national-socialiste ou, éventuellement, stalinien, que la revendication d’humanisme de la “République” est donc un leurre, que la “saleté” et le manque total d’hygiène reprochés aux services policiers et pénitentiaires français sont attestés par un témoignage bien charpenté et largement lu chez les alliés d’Outre-Manche à l’époque. Les choses s’envenimeront dans les années chaudes et quasi insurrectionnelles de 1947-48, où Koestler évoque la possibilité d’une prise de pouvoir communiste en France et appelle à soutenir De Gaulle. Dans ses mémoires, il décrit Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, avec leur entourage, en des propos peu amènes, se gaussant grassement de leurs dogmatismes, de leurs manies, de leur laideur et de leur ivrognerie. La rupture a lieu définitivement en 1949, quand Koestler participe à un recueil collectif, Le Dieu des Ténèbres, publié dans une collection dirigée par Raymond Aron. La gauche française, communistes en tête, mène campagne contre le “rénégat” Koestler et surtout contre la publication en traduction française de Darkness at Noon (Le Zéro et l’Infini). Pire: l’impression du recueil d’articles de Koestler, intitulé Le Yogi et le commissaire, est suspendue sur ordre du gouvernement français pour “inopportunisme politique”! Une vengeance pour La lie de la Terre?

En Belgique en revanche, où l’emprise communiste sur les esprits est nettement moindre (malgré la participation communiste à un gouvernement d’après-guerre, la “communisation” d’une frange de la démocatie chrétienne et les habituelles influences délétères de Paris), Koestler et Orwell, explique le chroniqueur Pierre Stéphany, sont les auteurs anglophones les plus lus (en 1946, le livre le plus vendu en Belgique est Darkness at Noon). Ils confortent les options anticommunistes d’avant-guerre du public belge et indiquent, une fois de plus, que les esprits réagissent toujours différemment à Bruxelles et à Paris. En effet, la lecture des deux volumes autobiographiques de Koestler permettent de reconstituer le contexte d’avant-guerre: Münzenberg (et son employé Koestler) avaient été en faveur de l’Axe Paris-Prague-Moscou, évoqué en 1935; cette option de la diplomatie française contraint le Roi à dénoncer les accords militaires franco-belges et à reprendre le statut de neutralité, tandis que, dans l’opinion publique, bon nombre de gens se disent: “Plutôt Berlin que Moscou!” (fin des années 70, les émissions du journaliste de la télévision flamande, Maurits De Wilde, expliquaient parfaitement ce glissement). Attitude qui reste encore et toujours incomprise en France aujourd’hui, notamment quand on lit les ouvrages d’une professeur toulousaine, Annie Lacroix-Riz (in: Le Vatican, l’Europe et le Reich de la Première Guerre mondiale à la Guerre Froide, Armand Colin, Paris, 1996 et réédité depuis). L’idéologie de cette dame, fort acariâtre dans ses propos, semble se résumer à un mixte indigeste de républicanisme laïcard complètement abscons, de sympathies communisto-résistantialistes et de germanophobie maurrasienne. Bon appétit pour ingurgiter une telle soupe! Les chapitres consacrés à la Belgique sont d’une rare confusion et ne mentionnent même pas les travaux du Prof. Jean Vanwelkenhuizen qui a démontré que l’éventualité d’un Axe Paris-Prague-Moscou a certes contribué à réinstaurer le statut de neutralité de la Belgique mais que d’autres raisons avaient poussé le Roi et son entourage à changer leur fusil d’épaule: les militaires belges estimaient que la tactique purement défensive du système Maginot, foncièrement irréaliste à l’heure du binôme char/avion et ne tenant aucun compte des visions exprimées par le stratégiste britannique Liddell-Hart (que de Gaulle avait manifestement lu); le ministère de l’intérieur jugeait problématique l’attitude de la presse francophile qui ne tenait aucun compte des intérêts spécifiques du pays; et, enfin, last but not least, la volonté royale de sauver la civilisation européenne des idéologies et des pratiques délétères véhiculées certes par les idéologies totalitaires mais aussi par le libéralisme manchestérien anglais et par le républicanisme et “révolutionnisme institutionalisé” de la France. Aucune de ces recettes ne semblait bonne pour restaurer une Europe conviviale, respectueuse des plus belles réalisations de son passé.

Dans La lie de la terre, les Belges de l’immédiat après-guerre ont dû lire avec jubilation un portrait de Paul Reynaud, décrit comme un “tatar en miniature”; “il semblait, poursuit Koestler (p. 144), que quelque part à l’intérieur de lui-même se dissimulait une dynamo de poche qui le faisait sautiller (jerk) et vibrer énergiquement”; bref, un sinistre bouffon, un gnome grimaçant, animé par des “gestes d’automate”. Braillard vulgaire et glapissant, Paul Reynaud, après ses tirades crapuleuses contre Léopold III, a été le personnage le plus honni de Belgique en 1940: son discours, fustigeant le Roi, a eu des retombées fâcheuses sur un grand nombre de réfugiés civils innocents, maltraités en tous les points de l’Hexagone par une plèbe gauloise rendue indiciblement méchante par les fulminations de Reynaud. Le ressentiment contre la France a été immense dans les premières années de guerre (et fut le motif secret de beaucoup de nouveaux germanophiles) et est resté durablement ancré chez ceux qui avaient vécu l’exode de 1940. Après les hostilités et la capitulation de l’Allemagne, la situation insurrectionnelle en France en 1947-48 inquiète une Belgique officielle, secouée par la répression des collaborations et par la question royale. Une France rouge verra-t-elle le jour et envahira-t-elle le territoire comme lors de la dernière invasion avortée de Risquons-Tout en 1848, où les grenadiers de Léopold I ont su tenir en échec les bandes révolutionnaires excitées par Lamartine? Idéologiquement, les deux pays vont diverger: en France, un pôle politique communiste se durcit, dès le lendemain de la seconde guerre mondiale, et va se perpétuer quasiment jusqu’à la chute de l’Union Soviétique, tandis qu’en Belgique, le mouvement va s’étioler pour vivoter jusqu’en 1985, année où il n’aura plus aucune représentation parlementaire. Julien Lahaut, figure de proue du parti communiste belge, qui avait été chercher tous les prisonniers politiques croupissant dans les camps de concentration français des Pyrénées (communistes, rexistes, anarchistes et nationalistes flamands sans aucune distinction), sera assassiné par un mystérieux commando, après avoir été accusé (à tort ou à raison?) d’avoir crié “Vive la république!” au moment où le jeune Roi Baudouin prêtait son serment constitutionnel en 1951. Le communisme n’a jamais fait recette en Belgique: à croire que la leçon de Koestler avait été retenue.

De Koestler au post-sionisme

253604-L.jpgAujourd’hui, il faut aussi relire Koestler quand on aborde la question judéo-israélienne. Les séjours de Koestler en Palestine, à l’époque du sionisme balbutiant, ont conduit, en gros, à une déception. Ce sionisme, idéologiquement séduisant dans les Burschenschaften juives de Vienne, où le niveau intellectuel était très élevé, s’avérait décevant et caricatural dans les kibboutzim des campagnes galiléennes ou judéennes et dans les nouvelles villes émergentes du Protectorat britannique de Palestine en voie de judaïsation. Même si Koestler fut le premier inventeur de mots croisés en hébreu pour une feuille juive locale, l’option en faveur de cette langue reconstituée lui déplaisait profondément: il estimait qu’ainsi, le futur citoyen palestinien de confession ou d’origine juive se détachait des vieilles cultures européennes, essentiellement celles de langues germaniques ou slaves, qui disposaient d’une riche littérature et d’une grande profondeur temporelle, tout en n’adoptant pas davantage l’arabe. Ce futur citoyen judéo-palestinien néo-hébraïsant adoptait une sorte d’esperanto largement incompris dans le reste du monde: selon le raisonnement de Koestler, le juif, en s’immergeant jusqu’à l’absurde dans l’idéologie sioniste, devenue caricaturale, cessait d’être un être passe-partout, un cosmopolite bon teint, à l’aise dans tous les milieux cultivés de la planète. L’hébraïsation transformait l’immigré juif, cherchant à échapper aux ghettos, aux pogroms ou aux persécutions, en un plouc baraguinant et marginalisé sur une planète dont il n’allait plus comprendre les ressorts. Plus tard, dans les années 70, Koestler rédigera La treizième tribu un ouvrage ruinant le mythe sioniste du “retour”, en affirmant que la masse des juifs russes et roumains n’avaient aucune racine en Palestine mais descendaient d’une tribu turco-tatar, les Khazars, convertie au judaïsme au haut moyen âge. Poser le mythe du “retour” comme fallacieux est l’axiome majeur de la nouvelle tradition “post-sioniste” en Israël aujourd’hui, sévèrement combattue par les droites israéliennes, dont elle ruine le mythe mobilisateur.

Beaucoup de pain sur la planche pour connaître les tenants et aboutissants des propagandes “américanosphériques”

Reste à analyser un chapitre important dans la biographie de Koestler: son attitude pendant la Guerre Froide. Il sera accusé d’être un “agent des trusts” par les communistes français, il adoptera une attitude incontestablement belliciste à la fin des années 40 au moment où les communistes tchèques, avec l’appui soviétique, commettent le fameux “coup de Prague” en 1948, presque au même moment où s’amorcent le blocus de Berlin, métropole isolée au milieu de la zone d’occupation soviétique en Allemagne. Koestler ne sera cependant pas un jusqu’au-boutiste du bellicisme: il s’alignera assez vite sur la notion de “coexistence”, dégoûté par le schématisme abrupt des démarches maccarthistes. Cependant, sa présence, incontournable, dans la mobilisation d’intellectuels “pour la liberté” révèle un continent de l’histoire des idées qui n’a été que fort peu étudié et mis en cartes jusqu’ici. Ce continent est celui, justement, d’un espace intellectuel sollicité en permanence par certains services occidentaux, surtout américains, pour mobiliser l’opinion et les médias contre les initiatives soviétiques d’abord, autres ensuite. Ces services, dont l’OSS puis la CIA, vont surtout tabler sur une gauche non communiste voire anticommuniste, avec des appuis au sein des partis sociaux démocrates, plutôt que sur une droite légitimiste ou radicale. C’est dans cet espace intellectuel-là, auquel Koestler s’identifie, qu’il faut voir les racines de la “nouvelle philosophie” en France et de la “political correctness” partout dans la sphère occidentale, ainsi que des gauches “ex-extrêmes”, dont les postures anti-impérialistes et les velléités auto-gestionnaires ont été dûment expurgées au fil du temps, pour qu’elles deviennent docilement des porte-voix bellicistes en faveur des buts de guerre des Etats-Unis. Un chercheur allemand a inauguré l’exploration inédite de cet espace: Tim B. Müller (Humboldt-Universität, Berlin) dans son ouvrage Krieger und Gelehrte – Herbert Marcuse und die Denksysteme im Kalten Kriege; ce travail est certes centré sur la personnalité et l’oeuvre du principal gourou philosophique de l’idéologie soixante-huitarde en Allemagne et en France (et aussi, partiellement, des groupes Planète de Louis Pauwels!); il relie ensuite cette oeuvre philosophique d’envergure et la vulgate qui en a découlé lors des événements de 67-68 en Europe aux machinations des services secrets américains. La personnalité de Koestler est maintes fois évoquée dans ce livre copieux de 736 pages. Par ailleurs, le Dr. Stefan Meining, de la radio bavaroise ARD, et, en même temps que lui, l’Américain Ian Johnson, Prix Pulitzer et professeur à la TU de Berlin, ont chacun publié un ouvrage documenté sur la prise de contrôle de la grande mosquée de Munich par Said Ramadan à la fin des années 50.

En s’emparant des leviers de commande de cette importante mosquée d’Europe centrale, Ramadan, affirment nos deux auteurs, éliminait de la course les premiers imams allemands, issus des bataillons turkmènes ou caucasiens de l’ancienne Wehrmacht, fidèles à une certaine amitié euro-islamique, pour la remplacer par un islamisme au service des Etats-Unis, via la personnalité d’agents de l’AMCOMLIB, comme Robert H. Dreher et Robert F. Kelley. Ceux-ci parviendront même à retourner le Grand Mufti de Jérusalem, initialement favorable à une alliance euro-islamique. Les Américains de l’AMCOMLIB, largement financés, éclipseront totalement les Allemands, dirigés par le turcologue Gerhard von Mende, actif depuis l’ère nationale-socialiste et ayant repris du service sous la Bundesrepublik. La mise hors jeu de von Mende, impliquait également le retournement d’Ibrahim Gacaoglu, de l’Ouzbek Rusi Nasar et du Nord-Caucasien Said Shamil. Seuls l’historien ouzbek Baymirza Hayit, le chef daghestanais Ali Kantemir et l’imam ouzbek Nurredin Namangani resteront fidèles aux services de von Mende mais sans pouvoir imposer leur ligne à la mosquée de Munich. L’étude simultanée des services, qui ont orchestré les agitations gauchistes et créé un islamisme pro-américain, permettrait de voir clair aujourd’hui dans les rouages de la nouvelle propagande médiatique, notamment quand elle vante un islam posé comme “modéré” ou les mérites d’une armée rebelle syrienne, encadrée par des talibans (non modérés!) revenus de Libye et financés par l’Emirat du Qatar, pour le plus grand bénéfice d’Obama, désormais surnommé “Bushbama”. Il est temps effectivement que nos contemporains voient clair dans ces jeux médiatiques où apparaissent des hommes de gauche obscurantistes et néo-staliniens (poutinistes!), auxquels on oppose une bonne gauche néo-philosophique à la Bernard-Henri Lévy ou à la Finkelkraut ou même à la Cohn-Bendit; des mauvais islamistes afghans, talibanistes et al-qaïdistes, mais de bons extrémistes musulmans libyens (néo-talibanistes) ou qataris face à de méchants dictateurs laïques, de bons islamistes modérés et de méchants baathistes, une bonne extrême-droite russe qui manifeste contre le méchant Poutine et une très méchante extrême-droite partout ailleurs dans le monde occidental, etc. Les médias, “chiens de garde du système”, comme le dit Serge Halimi, jettent en permanence la confusion dans les esprits. On le voit: nos cercles non-conformistes ont encore beaucoup de pain sur la planche pour éclairer nos contemporains, manipulés et hallucinés par la propagande de l’américanosphère, du soft power made in USA.

Il ne s’agit donc pas de lire Koestler comme un bigot lirait la vie d’un saint (ou d’un mécréant qui arrive au repentir) mais de saisir le passé qu’il évoque en long et en large pour comprendre le présent, tout en sachant que la donne est quelque peu différente.

(propos recueillis à Bruxelles, décembre 2011/janvier 2012).

jeudi, 12 janvier 2012

Nouvelle livraison du magazine "Terre et Peuple"

 Une nouvelle livraison du magazine "Terre et Peuple" :

 

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Editorial

par Pierre Vial

Président de Terre et peuple

C’est un bien plaisant spectacle que celui offert par les intellos déguisés en prophètes, un Bernard-Henri Lévy en tête (plus sûr de lui et dominateur que jamais, affirmant avoir agi « en juif » en lançant la France dans l’imbroglio libyen), qui annonçaient avec des trémolos la floraison de démocraties dans le monde musulman, grâce à ces révolutions successives baptisées « printemps arabe » et devant imposer la religion des droits de l’homme dans des pays censés rêver d’importer les « valeurs occidentales ».

Patatras. Les charlots sont obligés (sauf Lévy, bien sûr) d’avouer qu’ils avaient tout faux. Ils voulaient Rousseau, Voltaire et Diderot. Ils ont la charia. Alain Frachon, dans Le Monde (9 décembre), bat sa coulpe : «Soyons honnêtes : ces lendemains électoraux de « printemps arabe » nous laissent la gueule de bois. Après le moment lyrico-révolutionnaire, retour au réel : la force dominante dans le monde arabe, ce sont les islamistes (…) Le pouvoir ne revient pas aux gentils utilisateurs de Twitter, de Facebook et autres « réseaux sociaux » ; il se prend à l’ancienne, avec des partis de militants bien organisés comme ceux des islamistes. Les élections ne se décident pas dans les cafés Internet. Quand l’hebdomadaire américain Time dresse pour 2011 sa liste des « cent personnes les plus influentes dans le monde », il installe un Egyptien en haut de classement, Wael Ghonim. Cadre chez Google, Ghonim est ce jeune homme qui organisa sur Facebook la première mobilisation contre Hosni Moubarak. Interrogé cette semaine par Gideon Rachman, du Financial Times, un diplomate américain observe, amer : « Wael Ghonim est peut-être l’une des personnes les plus influentes au monde, mais il semble qu’il n’a guère d’influence en Egypte »… Le premier tour des élections législatives égyptiennes a vu, cette semaine, l’écrasement des partis laïques, les amis de Wael Ghonim, et la victoire des partis islamistes. Ceux-ci l’ont aussi emporté en Tunisie lors d’élections à une Assemblée constituante. Au Caire comme à Tunis, les « Frères », ces tenants d’un islam politique censé avoir réponse à tout, n’ont pourtant pas été à l’origine du « printemps arabe » : ils ont pris le train en marche ». Et Frachon conclut : « Le monde arabe est entré dans une phase de turbulences qui ne fait que commencer. Les Etats-Unis et l’Europe n’ont sur ces événements qu’une capacité d’influence limitée. Mieux vaut s’y faire ».

Cette lucidité trop tardive et ce fatalisme sont typiques, chez les Occidentaux, d’une abdication mentale qui prépare une abdication physique, devant des gens venus d’ailleurs et qui occupent notre terre. « Ils » sont là, n’est-ce pas, et « ils » ne repartiront pas. Qu’y faire ? Préparons-nous donc à subir leur loi. C’est ce qui est le plus raisonnable. Et le moins risqué.

Un tel état d’esprit décadent, un tel renoncement sont proches parents de la mentalité de tant de nos compatriotes – ceux qui acceptent la loi du Système, la loi de cet argent-roi qui marque au fer rouge une société soumise au capitalisme apatride. Des esclaves qui acceptent l’esclavage comme l’accepte le bétail engraissé de façon intensive, parce qu’il est trop fatiguant et trop dangereux d’essayer de rompre les chaînes.

Mais les âmes fortes ne peuvent accepter un destin de cloportes. Elles choisissent d’être des rebelles, des révoltés ou des révolutionnaires. Le rebelle refuse le Système en place et se met en rupture d’obéissance par rapport à lui. Le révolté agit pour que sa rébellion se manifeste concrètement, se traduise dans les faits. Le révolutionnaire combat pour instaurer un ordre nouveau. Est-il nécessaire de préciser que nous avons fait ce dernier choix ?

La Révolution est un rêve, « immense et rouge », qui a animé tant de nos prédécesseurs aux XIXe et XXe siècles. Un rêve pour certains, un cauchemar pour d’autres, comme dit Merlin l’Enchanteur. Les gens « raisonnables », les modérés (comme disait Abel Bonnard), les bourgeois nous reprochent d’être des rêveurs. Laissons-les à leur platitude, à leur médiocrité. Car nous savons, nous, au plus profond de nous, qu’un jour le rêve deviendra réalité. Si les dieux le veulent. Et si nous aidons les dieux à le vouloir, selon la tradition hyperboréenne. Pour cela, il suffit de se battre.

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Conférence de Pierre VIAL

‘‘Idées reçues sur le moyen âge’’

JEUDI 2 FEVRIER - 19 H 30

Le Local  92 rue de Javel 75015 PARIS

Métro Félix Faure

mardi, 03 janvier 2012

Dominique Venner, électrochoc des esprits pour un choc de l’histoire

Dominique Venner, électrochoc des esprits pour un choc de l’histoire

Ex: http://www.ladroitestrasbourgeoise.com/

ChocVenner.jpgDans un livre d’entretien conduit par la journaliste Pauline Lecomte, « Le choc de l’histoire » publié aux éditions « Via Romana », Venner se penche une nouvelle fois sur notre époque en crise. On retrouvera en filigrane la grille d’analyse affûtée qu’il avait déjà exposée dans son ouvrage « Le siècle de 1914 », mais cette fois pour en dépasser le cadre restreint de la discipline historique. 

Selon lui, la grave crise actuelle clos un cycle historique amorcé en 1914 et qui aura secoué tout le XXème siècle. Après avoir favorisé un lent processus de déchristianisation, les idéaux des Lumières ont vu, au cours du dernier siècle,  les grands récits idéologiques qu’ils avaient enfantés s’effondrer les uns après les autres. Après avoir tordu le cou aux aventures fascistes en Europe, le communisme et le capitalisme mondialiste, qui se sont imposés à une Europe réduite à la sujétion, se sont révélés finalement incapables de surmonter les contradictions systémiques internes qui les taraudaient.

Le communisme s’affaissera brutalement sur lui-même sans prévenir, en 1989, laissant le mondialisme des droits de l’homme porté par les Etats-Unis bien seul face à ses propres apories. Passée une brève période d’euphorie, la faillite de Lehmann Brother en 2008 est venue signifier à une planète incrédule la mort par KO technique de la dernière illusion issue des ruines du XXème siècle et partant, le début du déclin de l’empire américain.

Pour Dominique Venner, la grande faute qui caractérisa toutes ces expériences idéologiques fut de ne s’inscrire qu’exclusivement dans le champ trop temporel du politique ou de l’économique. Malgré les prétentions eschatologiques et les abords religieux que ces aventures n’ont jamais manqué d’emprunter, toutes se révélèrent in fine bien incapables de bâtir des modèles durables de société, comme su par exemple le faire en son temps le christianisme. Les mythes du progressisme égalitaire, de l’homme nouveau ou encore de la fin de l’histoire auront finalement buté sur l’amère réalité de leur impossible avènement. Leurs échecs successifs laissent donc aujourd’hui les Européens à la fois exsangues et durement désemparés devant un sérieux questionnement identitaire.

Même le christianisme, passablement épuisé, ne présente plus la moindre possibilité d’un recours. Son universalisme – qui put être un atout lorsqu’il s’agissait de légitimer l’hégémonie de l’Europe sur le monde – se révèle désormais totalement inopérant à offrir des solutions pour des Européens ramenés à un monde multipolaire et violemment chaviré par un rééquilibrage des puissances entre ex-dominés et ex-dominants. Pire encore ! Ce résidu d’universalisme, qui nimbe encore tout l’Occident, les handicape aujourd’hui dans leur capacité à répondre au réveil identitaire, et souvent revanchard, des civilisations concurrentes.

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L’état des lieux est clair : l’Europe, assommée par le traumatisme de deux guerres mondiales, est entrée en dormition depuis plus de 50 ans. Mais l’effondrement annoncé de l’empire américain provoquera inévitablement le retour souverain des nations du vieux continent dans le jeu de l’histoire. Inutile de s’illusionner ! Ce réveil ne se fera pas sans de déchirantes et profondes révisions. La grande démonstration de ce livre tient précisément dans l’évidence que la solution dépasse largement le champ des contingences du politique stricto sensu.

Dépourvue de religion identitaire, à la différence de l’Inde, du Japon ou de la Chine, l’Europe va devoir retrouver ce qui la singularise en renouant avec sa plus longue mémoire. Une mémoire amenée à former les bases d’une mystique identitaire apte à produire un imaginaire collectif opérant face aux nouveaux enjeux de la modernité. Les Européens vont devoir se réarmer moralement s’ils ne veulent pas tomber en servitude. A cet égard, il nous donne l’exemple du renouveau hindouiste actuel en Inde, amorcé grâce à la création par Nagpur en 1925 d’un mouvement identitaire à vocation plus culturelle et spirituelle que politique.

Sur ce chemin qui remonte dans notre plus longue mémoire, Dominique Venner nous indique des pistes. Il nous renvoie d’abord à son ouvrage « Histoire et Tradition des Européens : 30000 ans d’identité » et évoque ensuite une « histoire européenne des comportements [pouvant] être décrite comme le cours d’une rivière souterraine invisible et pourtant réelle. » Pour lui, cette rivière qui coule en nous, souvent à notre insu, prend sa source dans la Grèce antique en général et dans l’œuvre fondatrice d’Homère en particulier. Dans l’Iliade et l’Odyssée, qu’il qualifie de « mémoire des origines », il est possible de retrouver tout l’imaginaire européen dans sa substance la plus parfaite. Notre vision du monde, notre rapport à la nature, au vivant, à la mort, notre cœur aventureux, notre façon d’enchanter les éléments et de sublimer nos sentiments, cette relation entre les hommes et les femmes sur un pied d’égalité, tout est là sous nos yeux, écrit il y a presque 3000 ans déjà.

Venner nous avise toutefois à ne pas confondre tradition et folklore. La vraie tradition consiste à entreprendre des choses neuves dans le même esprit que celui des anciens. Alors que le folklore, c’est justement l’inverse. En exemple, il nous donne des figures contemporaines d’Européens, sur lesquelles, selon lui,  l’esprit de la tradition a indéniablement soufflé. Parmi ceux-ci, il s’attarde longuement sur le cas du colonel Claus von Stauffenberg. Cet officier qui incarna la fidélité à la tradition aristocratique allemande fut l’instigateur décisif de l’attentat manqué contre Hitler.

En conclusion, nous citerons cette phrase de Dominique Venner : « ce n’est pas rien de se savoir fils et filles d’Homère, d’Ulysse  et de Pénélope. »

Olrik

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dimanche, 25 décembre 2011

Sexe et dévoiement

Sexe et dévoiement

Les éditions du Lore viennent de publier Sexe et dévoiement, un nouvel essai de Guillaume Faye.

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

Figure de la Nouvelle Droite dans les années 70-80, auteur d'essais importants, servis par un style étincellant, comme Le système à tuer les peuples (Copernic, 1981) ou L'Occident comme déclin (Le Labyrinthe, 1984), Guillaume Faye est revenu au combat idéologique en 1998 avec L'archéofuturisme (L'Æncre, 1998), après dix années d'errance dans les milieux de la radio et du show-businness. Dans cet essai, premier d'une nouvelle série d'écrits de combat, il a su développer des idées stimulantes telles celles d'archéofuturisme, de constructivisme vitaliste et de convergence des catastrophes. Par la suite, l'auteur s'est enfermé, au nom d'un anti-islamisme rabique, dans une surenchère dans la provocation qui semble lui avoir fait perdre de vue l'ennemi principal et l'avoir amené à opérer des rapprochements surprenants. On lira donc avec intérêt, mais non sans circonspection, cet essai qu'il consacre au thème de la sexualité, thème qu'il avait déjà abordé de façon percutante, il y a plus de vingt-cinq ans, dans Sexe et idéologie (Le Labyrinthe, 1983).

 

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"Dans son nouvel essai, comme toujours, Guillaume Faye brouille les pistes. Véritable électron libre de la Nouvelle Droite européenne, aussi inquiétant que controversé, il sévit à nouveau autour d’un sujet devenu sulfureux : le voici traitant de la sexualité, thème central à la croisée de tous les chemins. Est-il judicieux de préciser que ce livre fera polémique ?...

Pornographie, famille, amour, homosexualité, métissage, mariages, natalité, féminisme, érotisme, morale chrétienne, islam, prostitution, manipulations génétiques, surhomme, intelligence artificielle : tous ces thèmes d’une brûlante actualité sont abordés ici par Faye de son point de vue archéofuturiste. Parfois excessives, totalement décomplexées car impeccablement documentées, les théories de l’auteur nous amènent à réfléchir armés notamment de munitions aristotéliciennes.

Voici une remarquable étude sociologique exécutée par un homme de terrain ; il convient de la lire à la manière d’un roman, mais un roman qu’on ne saurait mettre entre toutes les mains."

dimanche, 27 novembre 2011

Europae n°5

EUROPAE

Sumario Nº 5

http://www.revistaeuropae.org

 

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Editorial

Escritores malditos.

Asturias

Introducción

Ducado Asturensis, guardianes del custodio, Jesús Magro

La Carisa y la Mesa. Causas políticas y militarles del Reino de Asturias, Jesús Magro

Nombres, etnias y resistencias, Jesús Magro

 

DOSSIER: LITERATURA MALDITA

Libertad, igualdad, masas y Shakespeare, Adrià Solsona

El Teatro clásico español como elemento políticamente incorrecto, Ramón Bau

Las ideas malditas de Nietzsche, Eurgenio Gil

Brasillach, Joaquín Bochaca.

Heiddeger: filosofía y nazismo. Una visión

Hans Günther: pinceladas de antropológicas sobre España, Santiago de Andrés

Jean Cau. Una breve biblio-biografía, Eduardo Núñez

Claudio Sánchez-Albornoz, ideas y contradicciones del intelectual olvidado de la Transición, Enrique Ravello

 

Geopolítica

Cambios en la política exterior turca, Enrique Ravello.

Música

El Pianoforte, Guillermo Jamard

Arte

La esencia de lo bello, Lluís Malgrat

Webs

La agencia de noticias Noreporter.

mercredi, 16 novembre 2011

Terre & Peuple n°49 - Histoire et métapolitique

Communiqué de Terre & Peuple/Wallonie

Terre & Peuple n°49

 Histoire et métapolitique

Le numéro 49 de TERRE & PEUPLE Magazine est axé sur le thème de l’Histoire en tant qu’arme métapolitique.

Pierre Vial, dans son éditorial, souligne le retard qu’a pris notre conscience ethnique sur les Maghrebins et les Sub-sahariens qui nous entourent, lesquels s’appellent « Frères ». Il revendique pour sa part d’être le frère des martyrs, le frère d’Hypathie, le frère des Saxons, le frère des loups.

Joseph-Macé Scaron, journaliste-écrivain dans le vent fait l’objet d’une exécution en règle pour ses impudents plagiats répétés.

Robert Blanc invite non seulement à recenser ses ascendants, mais à compléter sa généalogie avec les étapes essentielles de leur vie (date et lieu de naissance, de mariage, de décès) et leurs activités professionnelles ou autres. Et surtout à recueillir les témoignages des survivants.

Alain Cagnat remarque que, au lieu du peace and love promis, le XXIe siècle n’apporte que violences et turpitudes. Profitant de l’effondrement de l’URSS pour mettre la main sur les ressources de la planète, le lobby militaro-industriel et les major pétrolières ont soutenu les stratèges du PNAC (Project for a new american century), lesquels ont appelé de leurs vœux (voir ‘Joint Vision 2020’ du Pentagone) un ‘coup au cœur’, seul en mesure de gagner le peuple américain à ce projet conquérant.  Ils ont été entendus du ciel américain, d’où ont été frappée les Twin Rowers, par un Axe du Mal incarné par Al-Qaida. Sur les multiples incohérences de la version officielle, de nombreuses questions ont été soulevées. Les autorités se sont malencontreusement précipitées pour évacuer un maximum d’indices. Il en est resté une quantité que l’auteur passe en revue. Ceux qui ont des doutes (46% des Américains) sont traités de ‘conspirationnistes’.

Entre temps, la seconde guerre d’Irak  a été déclenchée sur des ‘preuves’ d’armes de destruction massive qui se sont révélées grossièrement mensongères. Entre temps ensuite, les alliés de la ‘communauté internationale’ ont arraché une partie de la Serbie à son peuple, mais elles ont subi un cuisant échec en Ossétie du sud, où elle ont bien dû laisser Poutine humilier leur allié Saakachvili. Entre temps enfin, on a procédé à la désintégration de Ben Laden, patient prodigieusement coriace (sous dialyse rénale) devenu inutilement encombrant, afin de pouvoir claironner « The job is done » (alors que sur le terrain les Talibans ont gagné la guerre) !

En juillet 2008, les banksters américains en ont été réduits à faire la manche. Ils avaient incité les petites gens à acquérir leur habitation en s’endettant bien au-delà de leurs moyens. Ils ont revendu aux investisseurs institutionnels (banques, assurances, fonds de pension) ces créances pourries, que les prophètes de malheur estimaient à 100 milliards de dollars en 2007, alors que l’encours s’est révélé en 2008 cinquante fois supérieur, quand la bulle a explosé ! To big to fail, Lehmann Brother a quand même fait faillite. Pour restaurer une confiance abusée, les Etats ont injecté des milliards qu’ils ne possédaient pas. L’endettement global américain atteint 170.000 dollar par habitant, lequel n’a même pas les moyens d’en assumer les intérêts ! Comment en est-on arrivé là ? D’abord par la suspension par Nixon de la convertibilité du dollar en or. Ensuite par le capitalisme de plus en plus sauvage du tandem Reagan-Tatcher, qui autorise les banques à ne plus posséder que 2% de couverture pour les fonds qu’elles prêtent ! Elles prêtent aux particuliers pour stimuler la consommation, aux entreprises pour financer la production et aux Etats pour soutenir leur politique démocratique. Les Américains ont imprimé tant de dollars et placé tant de Bons du Trésor qu’ils dépendent de plus en plus de leurs créanciers. L’or qui valait 35$ sous Nixon dépasse les 1.900 $. Pour Alain Minc, conseiller de Sarkozy, il n’y a que trois solutions possibles à la crise : la guerre, l’inflation ou l’austérité.

La guerre raciale menace l’Europe : En France en 2005, il y a eu dix mille voitures incendiées, 200 millions d’euros de dégâts, 4 morts et 126 policiers blessés, 2.900 arrestations et deux douzaines de condamnations. Le calme n’est revenu qu’à l’intervention d’imams influents et de parrains inquiets pour leurs business. En 2011, on remet cela en Grande-Bretagne.

Les révolutions arabes ont regonflé les maniaques de la démocratie à tout crin, qui ont rêvé d’une transition dans le style des révolutions de couleur d’Europe orientale, néo-libérales et mondialistes. Alors que, pour les peuples arabes, démocratie ne signifie rien d’autre que niveau de vie européen. En Egypte et en Syrie, ce sont l’armée et les Frères Musulmans qui se disputent l’influence. En Libye, en Jordanie, au Yémen, vient s’y mêler l’influence des tribus. L’affaire libyenne ne s’est réglée qu’avec l’intervention des unités spéciales françaises et anglaises. Ce chaos est pain béni pour Israël pour qui, son crédit international faiblissant, la situation devenait critique.

Le système pourrissant est aux mains d’une hyper-classe caractérisée par l’immoralité et l’immunité. En passe de profiter de l’incurie des Américains, pour qui les guerres d’Irak et d’Aghanistan sont des désastres, il y a leurs deux bêtes noires : le Pakistan et l’Iran. Des prochaines échéances électorales, il n’y a de signifiante que le duel Medvédev-Poutine. Poutine est notre favori.

Jean-Patrick Arteault, interrogé par Pierre Vial, poursuit sont étude des origines du mondialisme occidental. L’occident est d’abord une trajectoire historique (des sources gréco-romaines et judéo-chrétiennes aux révolutions libérales en passant par la synthèse de la renaissance et de la réforme calviniste avec ses élus messianiques), ensuite la réalisation militante d’un projet par des alliés, enfin une perception externe par des non-occidentaux. La sphère occidentale (Europe de l’ouest-Amérique du nord-Australie-Nouvelle Zélande-Japon), certaine de sa supériorité, se croit la mission d’englober le monde. C’est le décalque exact de l’idée anglophone (des Ruskin-Rhodes-Milner Kindergarten) d’une vocation des démocraties à libérer le monde des démons du dirigisme autoritaire, fût-ce par des ingérences musclées, justifiées par leurs bienfaits passés, notamment leur victoire sur le nazisme. Cette alliance de militants se structure entre 1890 et 1940, à travers des institutions privées (la revue et les groupes de la Table Ronde), semi-privées (le CFR ou Council on Foreign Relations) et publiques (les Conférences impériales des dominions, qui débouchent sur le Commonwealth, et la Charte atlantique anglo-américaine de 1941. Ensuite, grâce à la guerre froide, les groupes anciens sont doublés par des nouveaux (Bilderberg, Trilatérale) et par les institutions publiques mondiales ou régionales (Bretton Woods, ONU, OTAN). Avec la crise se dessine une relève des puissances occidentales par les puissance émergentes (BRICS), mais toujours dans la mise en conformité du monde à l’ordre occidental par les IDE (investissements directs à l’étranger) sous la direction d’une élite mondialiste. Ce qui peut sembler une conjuration n’est qu’une ‘conspiration à ciel ouvert’, mais dont seule une élite est consciente, la masse se laissant leurrer par la démocratie. Le réseau des organisations mondialistes entretient en son sein une certaine contestation entre libéraux et dirigistes, ce qui lui permet une alternance d’oppositions intégrées.  Entre l’oligarchie anglo-saxonne et l’oligarchie financière juive, la relation est soit d’amitié ou d’affaires, soit liée aux questions du Proche et Moyen-Orient (autour de la route des Indes et du pétrole), soit enfin liée à la relation anglo-américaine autour des deux conflits mondiaux et de la décolonisation. L’auteur passe en revue les cas personnels de Philip Kerr, Robert H. Brand, William Waldorf Astor, Léo Amery, l’auteur de la Déclaration Balfour. Il note qu’à l’origine le sionisme, qui a eu son siège à Berlin jusqu’en 1914, est favorable à l’Allemagne, jusqu’en 1909, quand l’allié turc de celle-ci passe sous l’influence des Jeunes Turcs, lesquels sont des jacobins réfractaires, à la différence de l’Empire ottoman, à toute entité autonome, juive ou autre.

Le combat méta-politique étant celui des idées, l’histoire y est une arme déterminante. Indépendamment de la vocation scientifique de l’Histoire,PierreVial en souligne le rôle à la fois thérapeutique et militant. Elle fait l’objet de manipulations de la part des idéologies qui y puisent une imagerie qui vient justifier leurs projets. Pour ne pas contrarier le projet mondialiste, il s’agit à présent d’effacer de la mémoire identitaire les événements significatifs pour les remplacer par des chiffres et des statistiques. Pour la rendre correcte conformément au projet mondialiste, il faut notamment faire passer les Indo-Européens pour un mythe.

Suit le témoignage vivant d’un professeur d’histoire, pour qui il s’agit de susciter chez l’élève une attitude critique de recul face à l’actualité. Il lui faut pour cela combattre l’idéologie ambiante libérale-libertaire, qui dévalorise le savoir au profit d’une philosophie consumériste, utilitariste et ludique : les élèves aspirent à du clé-sur-porte (l’écologie c’est bien, Hitler c’est mauvais), utile en termes de notes, la vraie vie étant le jeu. La matière du programme, déconnectée des personnages et des événements historiques et de la chronologie au profit des statistiques, leur parait inintéressante. Il en est ainsi au moins pour les néo-barbares issus des classes sociales sans capital culturel familial, ce qui consacre les inégalités. Là où il s’agirait pour l’élève d’élargir l’histoire de son peuple à celle du monde. Mais existe-t-il encore une histoire commune à une population multiraciale ?

Dominique Venner, avec son livre ‘Le choc de l’Histoire’, donne à Pierre Vial l’occasion de souligner qu’il importe pour nous de découvrir l’Histoire en y prenant notre part. La civilisation européenne, expression de l’identité des peuples d’Europe, est menacée de mort par le mondialisme économique, au profit des requins de la finance. Leur réveil viendra de notre combat contre cette religion de l’humanité : les hommes n’existent que par ce qui les distingue. Pour Dominique Venner, il s’agit de prendre pied sur la tradition, notre boussole intérieure, et de revenir au message d’Homère. Inspiré par les dieux et la poésie, il nous a légué la source de notre tradition, avec une triade où arrimer nos âmes et nos conduites : la nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon.

Roberto Fiorini s’inquiète qu’ébranlés par la crise les banquiers régnants s’apprêtent à abattre leur dernière carte : le gouvernement mondial que le Pape juge d’une urgente nécessité. Les états sont déjà neutralisés par les institutions supranationales et ils sont les esclaves de leurs dettes. Ayant abandonné leur souveraineté monétaire, ils n’ont pas la possibilité, comme les USA, l’Angleterre, la Chine et même la Suisse, de jouer sur les changes. Le Prix Nobel Maurice Allais comparait les banques centrales à des faux monnayeurs. Seule l’Europe fait peser la charge des intérêts énormes qu’elle paie au marché sur ses contribuables les plus faibles (car taxer les riches les fait fuir !). Il faut une révolution pour sortir des pièges dans lesquels on nous a fait tomber.

Lionel Franc sort la fiche de santé de l’économie américaine : métastases dans leur phase terminale. La dette de l’Etat fédéral dépasse 100% du PIB (14.700 milliards $) et celle des Etats et des municipalités 2.375 milliards $. Quand on y ajoute l’endettement des ménages et des entreprises, on atteint 370% du PIB. Nombre d’Etats et de villes sont en cessation de paiement, notamment des traitements et des pensions ne sont plus payés que partiellement ou plus du tout. L’infrastructure routière n’est plus entretenue. Des services publics sont arrêtés. La poste licencie 138.000 employés et la Bank of America 30.000. Les bénéficiaires de l’aide alimentaire, qui étaient déjà 27 millions en 2007 sont à présent 44 millions et on estime que 14,7% des Américains sont sous-alimentés. Les campements de SDF se multiplient dans les villes. Et Obama, Bernanke (Fed. Res.) et Geithner (Secr. Trésor) s’évertuent à rassurer leur public. Pays le plus inégalitaire de la planète, aux USA les riches sont de plus en plus riches.

 

SOLID est une association sympathique de solidarité active avec tous les identitaires qui, par le monde, sont persécuté à cause de leur identité, que ce soit par l’effet de la globalisation marchande ou par un régime autoritaire qui leur refuse le droit de vivre leur identité sur la terre de leurs ancêtres. Solid appuie notamment l’action de Solidarité-Kosovo en faveur des enclaves serbes. Solid soutient la lutte du peuple des Karens contre la junte birmane et est préoccupée par le sort des communautés boers et afrikaans.

 

Jules Scipio recommande la lecture de ‘Complot mondial contre la santé’, le livre de Claire Séverac, fruit d’un long travail d’investigation sur les quatre grands cartels planétaires que sont la chimie, l’agro-alimentaire, la bio-technologie et le médico-pharmaceutique. Et sur la raison et le but ultime de ceux qui manipulent le nouvel ordre mondial. Elle implique notamment François Sarkozy et l’EMEA, l’agence européenne du médicament, de même que le véritable objectif des campagnes de vaccination de la Fondation Rockefeller.

Jean Haudry a découvert, dans le ‘Hergé et l’énigme du pôle’ de Paul-Georges Sansonetti, le conflit éternel entre les puissances de la tradition (Tintin, Milou, le capitaine Haddock, Tournesol) et les puissance de l’anti-tradition (liées par leurs initiales Roberto Rastapopoulos et Rackham le Rouge). Pour mettre en évidence le Pôle centre primordial de la tradition, Sansonetti fait appel à la guématrie, un système qui associe un nombre à chaque lettre selon sa place dans l’alphabet. Dans ‘Voyage sur la Lune’, la fusée, valeur 56, se pose au centre d’Hipparque, valeur 111, exprimant ainsi la centralité, car 56 est le mitant de 111 ! Comme valent également 111 la marque Loch Lomond du whisky du capitaine Haddock et sapristi, l’exclamation favorite de Tintin !

 

dimanche, 13 novembre 2011

Tomislav Sunic - Deutschland 0ktober 2011


Tomislav Sunic

Deutschland - Oktober 2011

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mercredi, 09 novembre 2011

The Unforeseen, the Chinese, & the Favorable Moment

The Unforeseen, the Chinese, & the Favorable Moment

By Dominique Venner

Ex: http://www.counter-currents.com/

Translated by Greg Johnson

Current events sometimes offer striking examples of the unforeseen. Last spring, we were all shocked by images of one of the great and powerful looking despondent, his wrists shackled, having suddenly fallen from his perch of impunity. By means of the media, spectators felt that they were following much more than a single news event. In a second, one of the princes of our age, by the unforeseen revelation of a sordid escapade, was brought down to earth, and with him the hopes of an arrogant coterie.

We could conclude from this that the unexpected is king, not only in petty politics, but also in history. Suddenly, human weakness triumphed over power. But on other occasions, the acting power can find instruments to bring down an obstacle condensed in a person, as the colored revolutions of our time show. We know that history is the realm of the unexpected.

War offers brutal demonstrations. It is surprising enough that in Europe a serious reflection on the subject had to wait until shortly after the Napoleonic adventure. Then Clausewitz reported that Europe had failed to ponder war. Paradoxically, he said, Europe failed insofar as she always wanted to predict and model war. She wanted to understand it in reference to a “model” that one never encounters in reality. The distinctive mark of war, he says, it is that its reality never coincides with the “model.” This is often said of the French Army, but it also goes for the others. In 1914, France prepared for the war of 1870, and in 1940, for that of 1914. . . . The Americans have not done differently. In Iraq and in Afghanistan, they wished to avoid the errors of Vietnam, but things turned out differently.

Ultimately, one awaits a great political or military strategist, if not a “stroke of genius” which consists in leaving aside all models, to seize the “decisive factors” in flight, to trust his sense of smell and his perspicacity, which the Ancients called metis, of which Ulysses, in the Odyssey is the very incarnation.

Unlike Europeans, the ancient Chinese had developed a true understanding of war at the time of the Warring States in the 5th and 4th centuries before our era. China was then divided into rival principalities that made continual war in order to restore, to their advantage, the unity of the Empire. At this point in time, the treatises of Sun Tzu and various others were written, of which one finds no equivalent in Europe, aside from the patience and wiles of Ulysses revealed in the Odyssey.

Ulysses did not model in advance a plan of survival or victory. But, with an innate talent, he observed situations, saw how they evolved and could be turned to his profit, then reacted like lightning (to blind the Cyclops Polyphemus or to neutralize the sorceress Circe), but sometimes also arming himself with patience (“patience, my heart”), during his long captivity with Calypso or in preparing his revenge after his return to Ithaca.

To detect the “decisive” factors means being able to await the occasion, the turn of “fortune.” As in bridge or poker, there are times when it is necessary to “pass” for lack of “play.” In the Odyssey, this strategic concept is constantly present. Ulysses is unfailingly patient in awaiting the favorable moment. Then, he strikes like lightning (the liquidation of the “suitors”).

But the very notion of metis (cunning, wile) disappeared from Greek thought and even from the language in the classical era with the rise of philosophical reasoning (Plato). The notion of the Platonic essences, by disqualifying the empirical method in favor of abstract construction, founded an enduring era of modeling. This became the strength but also the weakness of Europe.

What to do when “fortune” is concealed, when the “decisive” factor is absent? One can, of course, in a very European way, hurl oneself into futile but heroic action. Indeed, there are moments when one must know when to withdraw oneself and wait for the situation to change. And it always changes. It was, for example, a political strategy used by De Gaulle. During his “crossing of the desert,” for lack of “play” in the Chinese sense of the word, he wrote his War Memoirs. It was a way of waiting and preparing for the future.

Source: http://www.dominiquevenner.fr/#/edito-nrh-56-imprevu/3897130 [2]

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2011/11/the-unforeseen-the-chinese-and-the-favorable-moment/

lundi, 31 octobre 2011

Da Giovane Europa ai Campi Hobbit

Da Giovane Europa ai Campi Hobbit

 

Ex: http://www.centrostudilaruna.it/

 

La narrazione della storia più recente è affidata soprattutto alla memorialistica, il cui peccato veniale – e limite spesso insuperabile – è l’autocompiacimento. Nel libro di Giovanni Tarantino, giovane storico palermitano e giornalista freelance (già redattore di EPolis e collaboratore del Secolo d’Italia, di cui è firma apprezzata), che le edizioni Controcorrente di Napoli hanno appena dato alle stampe, Da Giovane Europa ai Campi Hobbit (pp. 201, € 10), non ce n’è traccia.

 

Per l’autore, classe 1983, nessuna militanza politica alle spalle, gli anni tra il 1966 e il 1986 – «vent’anni di esperienze movimentiste al di là della destra e della sinistra», recita il sottotitolo – sono stati essenzialmente materia di studio e, non a caso, il saggio prende vita dalla sua documentata tesi di laurea in storia contemporanea. Una ricerca arricchita da testimonianze inedite, tutt’altro che facile da realizzare e anche per questo particolarmente preziosa, come certifica nella postfazione Luigi G. de Anna. La ricostruzione, senza ammiccamenti né omissioni, del cammino di più generazioni di militanti, in un dopoguerra che sembrava non finire mai, verso sintesi nuove che avrebbero consentito loro di farla finita con i miti incapacitanti, le parole d’ordine, tanto perentorie quanto anacronistiche, l’anticomunismo di maniera, il reducismo fine a se stesso e tutto l’armamentario, estetico ed estetizzante, del neofascismo italiano. Uscire dal tunnel del neofascismo, per dirla con una felice espressione coniata proprio dalla Nuova Destra, il movimento d’idee su cui Tarantino si sofferma con dovizia di particolari, sottolineando il filo rosso che lo lega ai “fratelli maggiori” della Giovane Europa, l’organizzazione fondata dal belga Jean Thiriart nel 1962. Con la “scoperta” dell’europeismo – l’Europa dei popoli, non certo quella dei banchieri – e il superamento del nazionalismo patriottardo, avviene una vera e propria mutazione antropologica e culturale prima ancora che politica. Se fino a quel momento, infatti, i neofascisti si erano limitati alla testimonianza di un mondo che non c’era più, in cui quel che contava era – come suggeriva Julius Evola – rimanere in piedi tra le rovine, con Giovane Europa facevano finalmente irruzione nell’attualità, uscendo dai vecchi recinti di appartenenza, senza complessi, scoprendosi parte integrante del proprio tempo.

 

«Proprio facendo riferimento al mondo giovanile dal quale queste realtà nascevano – sottolinea Tarantino – emergeva un dato fondamentale: le pulsioni di chi le animava erano assolutamente contestualizzate nell’ambito dei grandi fenomeni generazionali di due determinati periodi, il ’68 e il ’77, di cui hanno rappresentato espressioni compiute e legittime».

 

Il conservatorismo del Msi, intento a coltivare la rendita di posizione del partito d’ordine, fece sì che quella del ’68 divenne «un’occasione mancata» – come la definì Marco Tarchi –per i giovani di destra. Collocazione, quest’ultima, su cui nel libro di Tarantino si registra l’affettuoso «contrasto» tra il prefatore, Franco Cardini, e lo stesso Luigi G. de Anna, entrambi ex militanti di Giovane Europa e successivamente interlocutori privilegiati della Nuova Destra. «Eravamo ragazzi che avevano sbagliato collocazione», scrive nelle prime pagine lo storico fiorentino. «Noi, però, non fummo mai di sinistra», puntualizza il secondo, malgrado la pluralità di riferimenti non confinati al solito pantheon di autori di destra e la condivisione, con i coetanei di sinistra, dello spirito libertario della contestazione e l’infatuazione per icone “rivoluzionarie” come Che Guevara. Sta di fatto che il racconto sui due movimenti, sia pure diversi per contesto storico e ambizioni, non può certo esaurirsi tout court con la convenzionale collocazione storiografica nel solco dei gruppi neofascisti, o postfascisti che dir si voglia. L’insofferenza per l’ambiente di provenienza, del resto, era talmente forte da necessitare di un radicale cambio di mentalità, nuove forme di comunicazione – fumetti (autoironici come La voce della fogna) e radio libere – ma anche di strappi politici e simbolici. A cominciare dalla croce celtica, introdotta proprio da Giovane Europa e poi sventolata nei Campi Hobbit che si tennero tra il 1977 e il 1981, malgrado i vertici del Msi l’avessero dichiarata “fuorilegge”.

 

Tarantino nel libro cita, al riguardo, la spiegazione offerta da Gianni Alemanno, militante e poi segretario nazionale del Fronte della Gioventù: «Era la rottura con la vecchia cultura simbolica del partito – dice il sindaco di Roma – e l’affermarsi di un gramscismo di destra che prevedeva l’uso della metapolitica per conquistarsi la società civile». Mentre sull’Italia scendeva la nube della lotta armata, i ragazzi dei Campi Hobbit affilavano le armi della vivacità culturale, scatenando un’offensiva a tutto campo su temi innovativi: dalla musica “alternativa” alla scoperta dell’ecologismo, dal regionalismo – ben prima che nascesse la Lega – alla critica radicale all’occidentalismo e alle cosiddette esportazioni di democrazia.

 

Su quell’esperienza si è detto e scritto molto, troppo spesso nel tentativo di appropriarsi di un patrimonio che appartiene prima di tutto alle migliaia di ragazzi e ragazze che vissero quelle giornate in barba a ogni direttiva di partito o di corrente coniugando militanza e libertà. Così com’era accaduto per i giovani di Giovane Europa, coloro che parteciparono a quell’epopea sono cresciuti e hanno scelto strade diverse, spesso contrastanti. Il tentativo di sviluppare nuove sintesi si è dimostrato velleitario e il progetto è naufragato, ripiegando su una dimensione meramente intellettuale e impolitica. Un dato innegabile, tuttavia, emerge, pagina dopo pagina, dal lavoro dello storico palermitano: le esperienze e le elaborazioni della Giovane Europa, prima, e della Nuova Destra, poi, hanno fatto sentire i loro effetti nei decenni successivi rinnovando e “sdoganando” l’area politico culturale della destra italiana, contribuendo a creare una classe dirigente (non soltanto “di” e “a” destra) in grado di affrontare con maggiore consapevolezza e lucidità le complesse sfide della modernità.

 

* * *

 

Tratto, con il gentile consenso dell’Autore, da Area di ottobre 2011.

dimanche, 30 octobre 2011

Dittatura dell'economia e società mercantilistica

Stefano Vaj

Dittatura dell'economia e società mercantilistica

 

Predominio della sotto funzione mercantile – Determinismo economico - Lo spirito di calcolo - La priorità del benessere economico individuale - La decadenza dello Stato

 

3-hanson.jpgLa società in cui viviamo la nostra esistenza conosce oggi come carattere qualificante quella situazione di unidimensionalità che si è convenuto chiamare “dittatura dell'economia” e che può essere ricondotta all'ipertrofia patologica di una funzione sociale nel quadro di un predominio culturale degli ideali bor­ghesi. Caratteristica a sua volta distintiva di questa ipertrofia nell'insieme dei suoi effetti secondari, è la tendenza a fagocitare successivamente le varie espressioni della realtà umana. Nietzsche scriveva già, in una pagina di Aurora: “La nostra epoca che parla molto di economia è ben soffocante; essa soffoca lo spirito”.

Non è nuovo del resto come le classi politiche di tutte le nazioni europee pongano oggi al centro del proprio interessamento il problema dei consumi, in vista della creazione di un'immensa classe media ipergarantita comprendente tutta la popolazione ed unificata dal livello di vita. La cultura, in questo mo­dello sociale, deve necessariamente spogliarsi di quei caratteri che possono ostacolarne la distribuzione consumistica generalizzata, mentre la politica viene ridotta alla gestione. È superfluo sottolineare il carattere estraneo all'autentica civiltà europea di questa centralità del fatto economico nella sfera sociale.

Le tre funzioni sociali millenarie delle culture indoeuropee, funzione politi­co-sacrale, funzione guerriera, funzione produttiva, presupponevano infatti un ordinamento gerarchico tra le stesse; ordinamento che in particolare compor­tava un predominio dei valori inerenti alle prime due funzioni. Ora, non sol­tanto la funzione produttiva si trova oggi dominata da una delle sue sottofun­zioni, l'economia, ma quest'ultima è ancora a sua volta dominata dalla sua sot­tofunzione mercantile. Così che tutto l'organismo sociale è patologicamente sottomesso ai valori espressi dalla funzione mercantile.

Il liberalismo, storicamente, non ha altro significato che l'aver gettato le basi teoriche per questa usurpazione della sovranità da parte del dato economi­co. Ideologicamente esso si configura, similmente al marxismo stesso, come uno degli svariati riduzionismi contemporanei. Gli uomini all'interno della specula­zione neoliberale moderna non possono essere compresi, se non ridotti a fattori astratti che intervengono su un mercato: clienti, consumatori, unità di mano d'opera, ecc...

Le specificità culturali, etniche, politiche, umane, tutto ciò che si oppone all'intercambiabilità, costituiscono altrettante “anomalie provvisorie” in vista del progetto da realizzare: il mercato mondiale, senza frontiere, senza razze, senza singolarità. Quello che Julius Evola chiamava americanismo, la fine della storia in una visione commerciale planetaria, costituisce probabilmente oggi la principale minaccia, in quanto questa utopia è ancora più estremista di quella dell'egualitarismo “comunista”, e più realizzabile perché più pragmatica. Si può dire sotto questo aspetto che la società americana è più democratica di quanto l'Unione Sovietica non sia comunista, e che questo democratismo mon­dialista, nella sua versione europea, costituisce per noi veramente l'ultimo fla­gello.

La nostra quindi è la “società dei mercanti”, ma non bisogna pensare che sia particolarmente basata sullo scambio ed il commercio. Quando noi parliamo oggi di “società dei mercanti” ci riferiamo non solo e non tanto a strutture socio-economiche, ma a una mentalità collettiva , un insieme di valori che carat­terizza oltre all'economica tutte le altre istituzioni. I valori del “mercante”, utili ed indispensabili al suo solo livello, determinano il comportamento di tutte le sfere sociali e dello Stato stesso.

Non intendiamo con questo lanciare anatemi contro il denaro ed il profitto e non siamo certo moralizzatori in preda all'odio per l'economia, o fautori di un nuovo riduzionismo opposto pregiudizialmente alla funzione mercantile in quanto tale.

Noi sosteniamo semplicemente che i valori e la funzione economica sono da accettarsi, ma in quanto subordinati ad altri valori; e significativo è anche come il privilegiare sistematicamente l'economia ed il benessere individuale porti a breve termine, oltre che all'instaurazione di un sistema inumano ed alla deculturalizzazione dei popoli, persino ad una cattiva gestione economica.

“società dei mercanti” significa quindi società dove i valori non sono che mercantilistici. A scopo di chiarezza possiamo, con Guillaume Faye, Segretario del Dipartimento Studi e Ricerche del G.R.E.C.E., classificare schematica­mente in tre grandi partizioni i principi che di questi valori si fanno ispiratori: la mentalità determinista, lo spirito di calcolo, la sistematica priorità del benessere economico individuale.

La mentalità determinista è utile solo in campo economico, in quanto serve a massimizzare gli utili con l'agganciare la propria attività, come variabile di­pendente, ad alcune regole e funzioni: curve dei prezzi, leggi di mercato, con­giunture, andamento monetario, ecc... Ma, adottata dall'insieme complesso di una società tende inevitabilmente a diventare un alibi per non agire, per non rischiare. Quando l'insieme dell'economia nazionale e, ancora peggio il potere politico, si sottomettono e si lasciano condurre da sistemi teorici deterministici costruiti all'uopo, rinunciando ad osare e a ricercare soluzioni creativamente, la società si “gestisce” solo a breve termine, e resta irrimediabilmente sotto l'e­gemonia di previsioni economiche pseudoscientifiche ritenute ineluttabili (la mondializzazione della concorrenza internazionale, l'industrializzazione pro­gressiva del terzo mondo, la necessaria evoluzione verso la “crescita zero”, ecc). Tutto ciò mentre paradossalmente non si tiene conto delle più elementari tra le evoluzioni politiche a medio termine: per esempio l'oligopolio dei deten­tori del petrolio.

Le nazioni mercantilistiche rinunciano così alla loro libertà politica e le gestioni liberali degli stati non sanno andare che nel senso di ciò che esse cre­dono essere meccanicamente determinato, in quanto razionalmente formulato, dimenticando che alla fine è l'uomo a stabilire le regole del gioco. Nel secolo della prospettiva, della previsione statistica e informatica, ci si lascia andare all'immediato e si è più ciechi dei monarchi dei secoli passati. Si procede come se le evoluzioni sociali, demografiche, geopolitiche non avessero alcun effetto. Così la società mercantilistica, sottomessa alle evoluzioni ed alle volontà esterne, per il fatto di credere al determinismo storico, rende i popoli europei oggetti della storia .

 

Un'altra chiave interpretativa della mentalità mercantilistica è lo spirito di calcolo, anch'esso adatto alla funzione mercantile ma inapplicabile alla totalità dei comportamenti collettivi. Lo spirito di calcolo non afferma, come potrebbe sembrare, che il denaro è diventato la norma generale, ma più semplicemente che ciò che non si può misurare non “conta”più, ha solo una “realtà” par­ziale. Egemonia quindi del quantificabile sul qualificabile, sostituzione sistema­tica del meccanico all'organico che applicano a tutto l'unica griglia del costo economico teorico. Si pretende di “calcolare”tutto: si programmano le ore di lavoro, il tempo libero, i salari, la frequenza dei rapporti sessuali, i consumi, la produzione artistica. In infortunistica si calcola persino un preciso “costo della vita umana”, legato alla produttività ipotetica unitaria media lungo l'arco della esistenza personale.

Ma tutto ciò che sfugge al calcolo dei costi, ovvero a nostro avviso le cose più importanti, è trascurato. Gli aspetti non quantificabili economicamente della vita umana e dei fatti socioculturali, come le conseguenze sociali dello sradicamento dovuto ai movimenti migratori, diventano indecifrabili e vengono quindi ritenuti insignificanti. L'individuo “calcola” la propria esistenza ma, perdendo di vista le sue radici, non ha più il senso della propria identità. Gli stati non prendono in considerazione che gli aspetti “calcolabili” della loro azione. Una regione muore di anemia culturale? Che importa, se per il turismo di massa il suo tasso di crescita è positivo.

Questa superficialità appartiene principalmente a quella “gestione tecno­cratica”, che costituisce la grottesca caricatura mercantilistica della funzione sovrana, e che tende ad assimilare le nazioni a grandi società anonime (vera definizione delle società per azioni) di cui i governi costituiscono il consiglio di amministrazione. In questa ottica, ogni politica estera che non ha lo scopo di procurare sbocchi commerciali immediati, ad esempio la difesa, non ha senso. Persino l'economia vi si trova danneggiata in quanto questo mercantilismo a breve termine non è certo in grado di sostituire una vera politica economica.

Terzo aspetto infine della società mercantilistica è, come dicevamo, la prio­rità sistematica del benessere economico individuale che ingenera direttamente un “ deperimento politico dello stato” attraverso la sua trasformazione in stato-­provvidenza, stato dolcemente tirranico. Arnold Gehlen, definisce la “dittatura del benessere individuale” come la situazione in cui l'individuo, costretto a entrare nel sistema provvidenzialista dello stato, vede la sua personalità disinte­grarsi nell'accerchiamento consumistico, in cui perde ogni padronanza del pro­prio destino. Il neoliberalismo opera così un doppio riduzionismo: da una parte lo stato e la società non sono ritenuti dover rispondere ad altro che ai bisogni economici della gente; d'altro lato questi sono ricondotti esclusivamente al “tenore di vita” individuale - cosa peraltro già molto diversa dal concetto di “qualità della vita”. E da qui discende anche la preminenza, in seno alla fun­zione economica stessa del “sociale” e del “consumistico” sulla produzione e sull'innovazione creatrice.

In questo quadro emerge chiaramente quindi come, per un liberale, la sola ineguaglianza tra i popoli e tra gli uomini è la differenza circa il potere di ac­quisto: per cui sarà sufficiente, per raggiungere l'“égalité”, diffondere nel mondo l'idea mercantilistica. Ed ecco riconciliarsi l'umanitarismo universalista e gli “affari”, la giustizia e gli interessi, “Bible and business”, secondo una frequente espressione di Jimmy Carter. Il fatto che i particolarismi culturali, etnici, linguistici siano degli ostacoli per questo tipo di società spiega il motivo per cui l'ideologia moralizzatrice dei liberalismi politici spinga all'internaziona­lismo, alla mescolanza dei popoli e delle culture, all'integrazione razziale ed alle diverse forme di centralismo antiregionalista.

La società mercantilistica ed il modello americano minacciano dunque tutte le culture della terra. In Europa ed in Giappone la cultura è stata ridotta ap­punto a un way of life , che è l'esatto opposto di uno stile di vita. La personalità dell'uomo è “cosificata”, ovvero assorbita dai beni economici posseduti, che soli strutturano la sua individualità; si cambia di “personaggio” quando cam­bia la moda e non si è più caratterizzati né dalle origini (commercializzate nel folklore ) né dalle opere, ma solo dal consumo. Nel sistema contemporaneo i tipi dominanti sono il consumatore, l'assicurato, l'assistito, neppure il produttore o l'imprenditore, giacché il mercantilismo diffonde un tipo di valori per cui ven­dere e consumare appare più importante che produrre. E non vi è niente di più livellatore che la funzione del consumo: il produttore, o l'imprenditore, si dif­ferenzia per le sue azioni, mette in gioco delle capacità personali; il consumo invece è l'attività passiva , la non attività per eccellenza, a cui tutti possono in­differentemente accedere.

Ma un'economia di consumo non può alla fine che risultare inumana per­ché l'uomo è un essere attivo, un costruttore. Fanno in questo senso sorridere amaramente le accuse di sapore biblico di certa sinistra culturale sull'essere e l'avere, sulla “maledizione del danaro” e sulla “volontà di potenza” della civiltà europea. La società contemporanea, pur conservando a tratti una vitali cancerogena e decadente, per noi solo preoccupante, non afferma assoluta­mente nessuna volontà, né a livello di destino globale, come neppure sul mero piano di una vera strategia economica.

Stefano Vaj

 

samedi, 29 octobre 2011

Note sul potere culturale e sul gramscismo

 

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Stefano Vaj

Note sul potere culturale e sul gramscismo

Le radici di un dibattito Augustin Cochin, Antonio Gramsci e le cause delle rivoluzioni La struttura del potere culturale nella società.

Le radici di un dibattito

Negli ultimi tempi ha ripreso vigore in Europa il dibattito sui nuovi modi di fare politica. Due sono a nostro avviso i fattori che stimolano oggi questo dibattito. Da un lato il definitivo fallimento dei grandi progetti del dopoguerra di trasformazione della società e delle loro espressioni parlamentari e armate: in occidente le opposizioni pare vadano oggi al potere solo quando sono ormai indistinguibili dalle forze di governo e completamente recuperate alla difesa dei regimi politici vigenti. Dall'altro la realtà sempre più vistosa dello svuotamento della politica, come è comunemente intesa, svuotamento non solo in termine di reale potere decisionale, ma addirittura in termini di incidenza sociale.

Rimandando ad una prossima occasione un'analisi globale dei due fenomeni, delle loro cause e delle loro conseguenze sul piano strategico nei confronti di clii si situa al di fuori del sistema oggi dominante, va notato subito come essi abbiano contribuito a rilanciare il tema del cosiddetto « potere culturale », che si presenta oggi come assolutamente centrale nella politologia più avanzata.

Il prendere coscienza dell'importanza di questo argomento e una sua minimrivisitazione in termini storici e analitici risultano del resto preliminari indispensabili all'articolazione del discorso sulla politica — sia in termini scientifici che di progetto — che si andrà sempre più sviluppando dalle pagine della rivista.

Augustin Cochin, Antonio Gramsci e le cause delle rivoluzioni

Vale innanzitutto la pena di limitare il discorso al periodo politico moderno, quello cioè caratterizzato dal situarsi della politica sul piano dello scontro interno tra le ideologie nate dal mito egualitario e progressista. Ciò perché, allargare il discorso ad ogni epoca ed area culturale, lo renderebbe tanto generico da divenire insignificante. Ristretto in tal modo il campo, vanno citati, ad un primo livello, gli scrittori controrivoluzionari dell'ottocento francese. Lo shock creato dal crollo verticale di tutto un ordine costituito, shock ancora operante a distanza di decenni per autori sentimentalmente e dottrinariamente legati all'ancien régime ed alla ideologia della Restaurazione, spingeva di per sé alla ricerca dei sintomi, dei presupposti, dei meccanismi della grande ondata rivoluzionaria che aveva bruscamente posto termine al regno di Luigi XVI.

Sono poi autori come Tocqueville, Taine, e soprattutto Augustin Cochin ad approfondire questa linea di indagine, arrivando a disegnare a proposito della rivoluzione del 1789 un modello di analisi storica che è stato proprio negli ultimi anni grandemente rivalutato per finezza interpretativa e capacità di penetrazione. Cochin, morto a trentanove anni, volontario nella prima guerra mondiale, senza aver potuto completare la sua monumentale opera sulla rivoluzione francese, ha fatto comunque in tempo a rivelarsi il più grande storico circa idee rivoluzionarie e del percorso da esse compiuto nella società francese.

Nei suoi scritti non troviamo tanto una banale e scolastica constatazione del ruolo assunto dal movimento illuminista nell'elaborazione delle dottrine che poi incarnerà più o meno fedelmente lo stato rivoluzionario, quanto riscontriamo invece una puntuale e minuziosa ricostruzione del ruolo preciso, operante ed attivo assunto dal potere culturale illuminista — quindi dal libero-pensiero, dai club, dalle società di pensiero, dalle accademie, dalle logge — ‘ nella costruzione di un contropotere radicato nella società e in grado di sostituire le vecchie istituzioni. Ricostruzione comunque che non si fa per nulla precorritrice delle moderne teorie sulla « storia occulta », e che resta strettamente legata al dato obiettivo. Né vi erano in realtà per questi autori necessità particolari di immaginare complotti o di sconfinare nel campo dell'illazione, dal momento che i fatti in questione erano ben noti anche al tempo in cui si svolgevano, così come le società segrete erano ben poco segrete e circa le idee rivoluzionarie si discuteva pubblicamente nelle università e nei salotti, essendo il regime politico assai poco in grado, per il suo ritardo storico, di reagire efficacemente alle une ed alle altre.

La rivoluzione francese perde in quest'ottica il suo carattere apparente di fulmine a ciel sereno, di esplosione maturata in pochi anni o in pochi mesi e acquista l'aspetto di un evento preparato, reso possibile e attuato da una strategia di conquista della società che, senz'altro inconsapevole del suo sbocco e probabilmente incosciente ed implicita in larga parte, arrivò a far crollare un regime monarchico-nobiliare sclerotizzato e chiuso alla circolazione delle élites, largamente infiltrato e in preda alla cattiva coscienza, nonché ormai completamente isolato dalla base sociale. Il che venne reso realizzabile dalla possibilità che questa strategia aprì di rimettere in discussione lo stesso principio di legittimazione dell'ordine politico vigente, quindi, a termine, di sostituirlo.

Di fronte alla vittoria di un'altra rivoluzione, quella fascista in Italia, sarà tra gli altri un autore di orientamento e cultura molto diversi ad accostarsi ancora alla questione della meccanica rivoluzionaria: Antonio Gramsci. Soltanto che, mentre per quanto riguarda la rivoluzione francese l'analisi del ruolo assunto dal potere culturale veniva fatta meramente in base ad un interesse prima polemico, come negli ideologi della Restaurazione, poi essenzialmente storiografico, Gramsci, coerentemente con la sua formazione marxista, tenta di fare di questa analisi una teoria della prassi, con risultati indubbiamente interessanti e stimolanti. Scrittore abbastanza noioso, politico ingenuo e nel complesso fallito, Gramsci sembra sostenere la teoria della centralità degli intellettuali nel processo rivoluzionario quasi per ragioni di rivincita personale nei confronti degli altri dirigenti comunisti, e resta inoltre ampiamente dominato in tutta la sua produzione teorica da influenze relativamente contingenti. Ciò nonostante i suoi scritti sono abbastanza originali e spesso abita in essi una notevole lucidità.

In realtà l'artefice de L'Ordine nuovo comincia ad occuparsi seriamente del problema di cui trattiamo a partire dall'inizio della sua carcerazione, (una condanna a vent'anni di prigione irrogatagli nel periodo successivo allo scioglimento e alla forzata clandestinità del partito comunista). Limitato nella sua libertà di azione dalla detenzione, politicamente sempre più isolato anche nell'area marxista, Gramsci ha, nel periodo dall'imprigionamento alla morte, il tempo e il modo di tentare, nei Quaderni del carcere, una riflessione globale sulla travolgente affermazione della rivoluzione fascista e sulle ragioni della sconfitta socialista degli anni venti. Com'è possibile, si chiede l'autore, che la coscienza degli uomini si trovi in ritardo rispetto a ciò che la coscienza di classe dovrebbe loro dettare? A proposito della risposta che Gramsci si dà, va tenuto conto innanzitutto che nell'esperienza storica di allora rientrava ormai la rivoluzione russa e la pratica di movimenti totalitari come il futurismo ed il fascismo. Ciò rende sotto certi aspetti postmarxista la concezione gramsciana dei mutamenti sociopolitici e ne aumenta l'interesse.

Gramsci distingue la « società politica » (l'apparato dello stato e dei partiti) dalla « società civile » in senso hegeliano, cioè l'intero corpo sociale a prescindere dalle istituzioni e dagli apparati politici, « società civile » di cui invece fanno parte le istituzioni culturali. L'ideologia collettiva, fondamento del consenso sociale e della stabilità egemonica della società politica, si elabora nella società civile. Questa ideologia collettiva implicita, basata su valori ammessi dalla maggioranza dei consociati, costituisce il mezzo tramite il quale lo stato « organizza il consenso » — e comprende la cultura, i costumi, le idee, le tradizioni, la mentalità corrente. Lo stato per mantenersi durevolmente deve non soltanto conservare un potere coercitivo, ma altresì continuare a gestire un potere culturale diffuso e potente, secondo un modello che ha portato gli autori neomarxisti a formalizzare la distinzione tra « apparati repressivi » e « apparati ideologici » dello stato.

 

Ed è questo potere culturale a innervare e a formare al tempo stesso l'in­frastruttura reale, il fondamento su cui poggiano le società esistenti. Da qui l'essenzialità della sostituzione dell'«egemonia culturale proletaria » all'egemonia borghese, attraverso un lungo lavoro ideologico nella società civile.

 

Sostituiti i valori socialisti ai vecchi valori, attraverso un lavoro di metodica sovversione degli spiriti, i regimi politici perderanno la loro legittimazione e la loro forza reale situata a livello dell'arretratezza della coscienza popolare e saranno facile preda di un attacco diretto dalla forze rivoluzionarie. A condurre questa lotta vengono chiamati individui proletarizzati o spontaneamente espressi dal seno della classe operaia; intellettuali che sono definiti organici perché deputati ad omogeneizzare, a dare conoscenza di sé, a rappresentare le forze vive della produzione. Questa avanguardia legata al proletariato, prende così nella teoria il ruolo di soggetto della storia pur continuando ad essere soltanto l'espressione dell'evoluzione storica intesa secondo la dialettica marxista, il che è esattamente ciò che intende l'intelligenza marxista italiana quando parla oggi di Gramsci come del teorico o perlomeno del riscopritore della soggettività storica. Con il suo lavoro di termite, tale avanguardia aprirà la strada e creerà i presupposti per il riscatto definitivo dal sistema capitalistico.

Nel delineare le modalità concrete di azione di questa avanguardia metapolitica, Gramsci resta abbastanza nel vago, si ispira direttamente alla prassi dell'area politico-culturale fascista e prefascista, o dà indirizzi propagandistici tanto banali da apparire ovvi. È però tanto intelligente da intuire che l'eventuale postfascismo europeo sarà il terreno ideale per mettere in opera questo tentativo di instaurare l'egemonia della « cultura della classe operaia ».

Benché le tesi gramsciane contraddicano le concezioni marxiste e liberali ortodosse, secondo le quali l'infrastruttura sociale sarebbe economica, esse sono state realmente alla base dei più consistenti sforzi politici operati dai partiti comunisti occidentali nel dopoguerra, tesi a fare pienamente leva sul primato morale delle forze marxiste nella lotta al fascismo. E probabilmente sono state anche alla base dei relativi successi da questi riportati. Successi comunque vanificati dalla mancata percezione della progressiva trasformazione del sistema e del panorama sociale, dalla tara cioè costituita dal trovarsi sempre in « ritardo di una guerra ».

La struttura del potere culturale nella società

Benché rappresenti un progresso nell'analisi e nella comprensione del concetto di potere culturale, e in qualche modo una sorta di razionalizzazione dell'avvento della rivoluzione fascista (di cui comunque Gramsci non capisce il significato e la portata), l'analisi gramsciana paga un pesante pedaggio al suo contesto marxista in termini di schematismo, di meccanicisno e di adesione dogmatica a categorie politiche assai poco verificate come lo stesso concetto di « classe », presentandosi così in gran parte superata. Il teorico comunista resta inoltre legato al pregiudizio razionalista di poter trovare una volta per tutte la « chiave », le « regole » del divenire storico, mentre là caratteristica precipua della storicità quale attributo specificamente umano, è invece proprio il fatto che non soltanto le società e le culture si trasformano eternamente, ma mutano eternamente anche le leggi che governano questo divenire; per cui l'evoluzione storica è si deducibile — nel senso che è giustificabile e se ne possono spiegare le ragioni —, ma solo a posteriori.

Ritornando alla questione che qui ci interessa, potremmo dire che ciò che fonda in realtà una data società, localizzata storicamente nel tempo e culturalmente nello spazio, è la sua concezione globale del mondo, che comunque resta tra l'altro inevitabilmente legata, come invece non coglieva Gramsci, alla sua percezione del mondo (Weltsich) e radicata a livello biologico e della « costituzione mentale » di quel particolare popolo. Questa concezione globale del mondo può essere definita come la risultante, la somma vettoriale delle particolari « concezioni del mondo » presenti in essa; e di essa, l'«infrastruttura culturale » in senso stretto non è che una componente. Componente che ha però la particolarità di dar luogo ad un « clima ideologico » e ad un sistema di valori politici con o senza consenso attivo (il fatto che oggi in Italia nessuno sia presumibilmente disposto a farsi uccidere per la democrazia, non cambia ad esempio il fatto che la democrazia sia oggi un valore politico dominante), e che genera comunque un certo tipo di istituzioni e di rapporti sociali ed economici.

A loro volta, queste istituzioni e questi rapporti «producono » la società politica: tipo di partiti, classe politica, costituzione reale dello stato. A differenza di Gramsci, che non vedeva che due livelli, due termini legati tra loro in modo statico, se ne scoprono così tre: una infrastruttura culturale, una mediostruttura istituzionale, economico-sociale, giuridico-militare e una sovrastruttura « politica » nel senso corrente e superficiale del termine, assimilabile alla «società politica » gramsciana. Partizione che però è valida soltanto tenendo poi presente che società civile e società politica non sono due realtà tra loro indipendenti e dialetticamente contrapponibili, e che la seconda non è altro che un momento, un'estrinsecazione della prima, così come il potere politico èanch'esso un potere di tipo culturale, dando al termine un senso ampio, antropologico, anzi è una parte del potere culturale all'interno di una società.

 

Non ha quindi molto senso la tesi gramsciana secondo la quale il leninismo in Russia ha potuto trionfare in quanto non esisteva nel paese per arretratezza storica una « società civile »; ciò è altrettanto assurdo quanto il sostenere che il fascismo in Italia vinse perché non esisteva il popolo. In realtà invece la rivoluzione russa e proprio un esempio tipico del processo di costruzione di un contropotere sociale da parte di un'avanguardia mirante a sostituirsi ad un potere costituito. Quanto vi è di specificamente russo in questa rivoluzione, anche come rivolta ad un regime progressivamente occidentalizzato, ne è una riconferma.

Le influenze tra i tre livelli precedentemente individuati si presentano infine come reciproche: esistono cioè fenomeni di retroazione facilmente riscontrabili. Ma è altrettanto vero che le influenze realmente determinanti, rilevanti e a lungo termine sono quelle dirette dal basso verso l'alto. D'altro canto, passando dalle «infrastrutture » alle «sovrastrutture », per continuare ad usare questo linguaggio, si passa da realtà di lunga durata e portata a meri epifenomeni sociali.

Il «regime» politico, per esempio, ha soprattutto oggi un carattere più «spettacolare» e cotitingente che istituzionale. La sua influenza in quanto tale sui costumi e sul politico stesso è in realtà ancora più tenue di quanto si creda, mentre aumenta sempre più il suo aspetto di sottoprodotto ad utilità decrescente del sistema di cui è espressione.

Gramsci insiste sulla conquista del « potere culturale » come preambolo alla manomissione della « società politica ». Noi possiamo andare più lontano: la lotta « culturale » in senso ampio, la conquista eversiva degli spiriti e della società non costituiscono soltanto una « fase preparatoria » della « conquista dello stato », né esistono due fasi distinte di questo tipo. Ciò in quanto l'azione tesa alla « conquista dello stato » è esattamente un momento, e nemmeno quello finale, della lotta « culturale » e metapolitica; fa cioè parte di questa.

 Stefano Vaj

 

vendredi, 28 octobre 2011

The Shock of History

The Shock of History

By Michael O"Meara

Ex: http://www.alternativeright.com/

A propos:
Dominique Venner.
Le choc de l’Histoire. Religion, mémoire, identité.
Versailles: Via Romana, September 2011.

 

“The future belongs to those with the longest memory.” –Nietzsche

Conservative thinking, Karl Mannheim notes, is essentially historical thinking—in that it orients to the concrete, to ‘what is’ and ‘what has been’, instead of to ‘what ought to be’ or ‘what can be’. ‘Properly understood’, historical thinking (as créatrice de sens) reveals the ‘Providential’ design evident in the course and test of time.

Some anti-liberals are wont thus to situate their ‘conservative’ project within the frame of Europe’s historical destiny and the higher design informing it.

The most renowned of such historical thinkers (representing what Carolina Armenteros calls the ‘the French idea of history’) was the father of European anti-liberalism, Joseph de Maistre—though he is not our subject.  Rather, it is the foremost contemporary avatar of anti-liberal historical thought: Dominique Venner.

The 75-year-old, French-speaking European of Celt and German descent, father of five, Venner is a historical scholar, a writer of popular histories and of various works on firearms and hunting, as well as the editor of two successful, artfully illustrated historical journals.

But whatever his genre, Venner bears the knightly (or legionnaire) standard of Europe’s multi-millennial heritage—the heritage, he claims, that took form with the blind poet, who is the father of us all—the heritage whose Homeric spirit knows to honor the brave, bare-foot soldiers of the Confederacy and the social banditry of Jesse James—and, most insistently, the heritage that expects a future commensurate with Europe’s incomparable past.

Venner is not your average academic historians; indeed, he’s not an academic at all. His life has been lived out on the last of France’s imperial battlefields; in Parisian street politics, in the outlawed OAS, in prison, and in laying the conceptual foundations of the European New Right; and finally, since his early thirties, in the various libraries, archives, and communal memories he’s searched to produce the 50 books he’s written on the key historical upheavals of the last century or so.

Unsurprisingly, his historical sense is ‘over-determined’—not solely by an  intelligence steeped in the life of the mind, but also by disciplines acquired in those schools of initiands known only to the political soldier.

His latest book—Le Choc de l’Histoire—is not a work of history per se, but a series of meditations, in the form of a book-long interview (conducted by the historian Pauline Lecomte) on the historical situation presently facing Europeans. These meditations approach their subject in parallel but opposite ways: 1) one approach surveys the contours of Europe’s longue durée—those centuries of growth that made the great oak so venerable—and, in the spirit of the Annales School, reveals her ‘secret permanences’, and, 2) a very different but complementary approach that silhouettes the heroic individuals and individual events (Achilles and the Iliad foremost) exemplifying the Homeric spirit of European man—disclosing his possibilities, and offering him thus an alternative to his programmed extinction.

Venner’s thesis is that: Europeans, after having been militarily, politically, and morally crushed by events largely of their own making, have been lost in sleep (‘in dormition’) for the last half-century and are now—however slowly—beginning to experience a ‘shock of history’ that promises to wake them, as they are forced to defend an identity of which they had previously been almost unconscious.

Like the effect of cascading catastrophes (the accelerating decomposition of America’s world empire, Europe’s Islamic colonization, the chaos-creating nihilism of global capitalism, etc.), the shock of history today is becoming more violent and destructive, making it harder for Europeans to stay lulled in the deep, oblivious sleep that follows a grievous wound to the soul itself—the deep curative sleep prescribed by their horrendous civil wars (1914-1918 and 1939-1945), by the ensuing impositions of the Soviet/American occupation and of the occupation’s collaborationist regimes, and, finally, today, by a demographic tsunami promising to sweep away their kind.

The Sleep

 

The Second European Civil War of 1939-1945, however it is interpreted, resulted in a cataclysmic defeat not just for Hitler’s Germany, but for Europe, much of which, quite literally, was reduced to mounds of smoldering rumble. Then, at Yalta, adding insult to injury, the two extra-European super-powers partitioned the Continent, deprived her states of sovereignty, and proceeded to Americanize or Sovietize the ‘systems’ organizing and managing the new postwar European order.

As Europe’s lands and institutions were assumed by alien interests, her ancient roots severed, and her destiny forgotten, Europeans fell into dormition, losing consciousness of who they were as a people and a civilization—believing, as they were encouraged, that they were simply one people, equal among the world’s many peoples.

Worse, for their unpardonable sins—for what Europeans did to Jews in the war, to Blacks in the slave trade, to non-White peoples in general over the course of the last 500 years—for all the terrible sins Europeans have committed, they are henceforth denied the ‘right’ to be a ‘people’. In the Messianic spirit of Communism and Americanism, the Orwellian occupiers and collaborators have since refused them a common origin (roots), a shared history, a tradition, a destiny. This reduces them to a faceless economic-administrative collectivity, which is expected, in the end, to negate the organic basis of its own existence.

The postwar assault on European identity entailed, however, more than a zombifying campaign of guilt-inducement—though this campaign was massive in scale. Europe after Jahre Null was re-organized according to extra-European models and then overwhelmed with imported forms of mass consumerism and entertainment. At the same time and with perhaps greater severity, she was subject to an unprecedented ‘brain-washing’ (in schools, media, the so-called arts, public institutions, and private corporations)—as all Europe’s family of nations, not just the defeated Germans, were collectively made to bear a crushing guilt—under the pretext of the Shoah or the legacy of colonialism/imperialism/slavery—for sins requiring the most extreme penance. Thus tainted, her memory and identity are now publicly stigmatized,

Venner’s Europe is not, of course, the Soviet/New Class-inspired EU, just as she is not the geographical entity labeled ‘Europe’. Rather than a market, a political/administrative structure, a geographic category—rather even than a race (though in a certain sense it is all about race in the end)—Europe for him is a multi-millennial community of closely-related national families made up of Germans, Celts, Slavs, and others, having the same ancient (Indo-European, Borean, Cro-Magnon) roots of blood and spirit: that is, having the same Thirty-thousand Years of European History and Identity.

This makes his Europe a community with a common civilizational heritage that stretches back to the depths of prehistoric time. Historically, the tradition and identity of this heritage has informed Europe’s representations and values in ways distinguishing/identifying her and her peoples from other civilizations and peoples.

Tradition, though, is not  for Venner the metaphysical abstraction of the perennialists or the historical repository of the Burkeans: it is not something outside history nor is it something forged once and for all in the night of time.

Tradition for him is precisely that which does not pass.  It is the perpetual spirit that makes Europeans who they are and lends meaning to their existence, as they change and grow yet remain always the same. It is the source thus of the ‘secret permanences’ upon which their history is worked out.

Tradition may originate in Prehistory, but Venner claims it is preeminently contemporary—just as every origin represents a novel outburst of being. It serves thus as a people’s inner compass. It directs them to what and whom they are. It renders what was formed and inspired in the past into a continually informed present. It is always new and youthful, something very much before rather than behind them. It embodies the longest memory, integral to their identity, and it anticipates a future true to its origin. Life lived in reference to tradition, Venner insists, is life lived in accordance with the ideal it embodies—the ideal of ‘who we are’.

In one sense, Venner’s Europe is the opposite of the America that has distorted Europe’s fate for the last half-century. But he is no knee-jerk anti-American (though the French, in my view, have good cause to be anti-US). He’s also written several books on the US War of Secession, in which much of America’s Cavalier heritage is admired. Knowing something of the opposed tendencies shaping American ‘national’ life, he’s well aware of the moral abyss separating, say, Jesse James from Jay Gould—and what makes one an exemplar of the European spirit and the other its opposite.

Modeled on the Old Testament, not the Old World, Venner claims America’s New World (both as a prolongation and rejection of Europe) was born of New England Calvinism and secularized in John O’Sullivan’s ‘Manifest Destiny’.

Emboldened by the vast, virgin land of their wilderness enterprise and the absence of traditional authority, America’s Seventeenth-century Anglo-Puritan settlers set out, in the spirit of their radical-democratic Low Church crusade, to disown the colony’s Anglo-European parents—which meant disowning the idea (old as Herodotus) that Europe is ‘the home of liberty and true government’.

Believing herself God’s favorite, this New Zion aspired—as a Promised Land of liberty, equality, fraternity—to jettison Europe’s aesthetic and aristocratic standards for the sake of its religiously-inspired materialism. Hence, the bustling, wealth-accumulating, tradition-opposing character of the American project, which offends every former conception of the Cosmos.

New England, to be sure, is not the whole of America, for the South, among another sections, has a quite different narrative, but it was the Yankee version of the ‘American epic’ that became dominant, and it is thus the Yankee version that everywhere wars on Americans of European descent.

Citing Huntington’s Who Are We?, Venner says US elites (‘cosmocrats’, he calls them) pursue a transnational/universalist vision (privileging global markets and human rights) that opposes every ‘nativist’ sense of nation or culture—a transnational/universalist vision the cosmocrats hope to impose on the whole world. For like Russian Bolsheviks and ‘the Bolsheviks of the Seventeenth century’, these money-worshipping liberal elites hate the Old World and seek a new man, Homo Oeconomicus—unencumbered by roots, nature, or culture—and motivated solely by a quantitative sense of purpose.

As a union whose ‘connections’ are essentially horizontal, contractual, self-serving, and self-centered, America’s cosmocratic system comes, as such, to oppose all resistant forms of historic or organic identity—for the sake of a totalitarian agenda intent on running roughshod over everything that might obstruct the scorch-earth economic logic of its Protestant Ethic and Capitalist Spirit. (In this sense, Europe’s resurgence implies America’s demise).

The Shock

What will awaken Europeans from their sleep? Venner says it will be the shock of history—the shock re-awakening the tradition that made them (and makes them) who they are. Such shocks have, in fact, long shaped their history. Think of the Greeks in their Persian Wars; of Charles Martel’s outnumbered knights against the Caliphate’s vanguard; or of the Christian forces under Starhemberg and Sobieski before the gates of Vienna. Whenever Europe approaches Höderlin’s ‘midnight of the world’, such shocks, it seems, serve historically to mobilize the redeeming memory and will to power inscribed in her tradition.

More than a half-century after the trauma of 1945—and the ensuing Americanization, financialization, and third-worldization of continental life—Europeans are once again experiencing another great life-changing, history-altering shock promising to shake them from dormition.

The present economic crisis and its attending catastrophes (in discrediting the collaborators managing the EU, as well as de-legitimatizing the continent’s various national political systems), combined with the unrelenting, disconcerting Islamization of European life (integral to US strategic interests) are—together—forcing Europeans to re-evaluate a system that destroys the national economy, eliminates borders, ravages the culture, makes community impossible, and programs their extinction as a people. The illusions of prosperity and progress, along with the system’s fun, sex, and money (justifying the prevailing de-Europeanization) are becoming increasingly difficult to entertain. Glimmers of a changing consciousness have, indeed, already been glimpsed on the horizon.

The various nationalist-populist parties stirring everywhere in Europe—parties which are preparing the counter-hegemony that one day will replace Europe’s present American-centric leadership—represent one conspicuous sign of this awakening. A mounting number of identitarian, Christian, secular, and political forces resisting Islam’s, America’s, and the EU’s totalitarian impositions at the local level are another sign.

Europeans, as a consequence, are increasingly posing the question: ‘Who are we?’, as they become more and more conscious—especially in the face of the dietary, vestimentary, familial, sexual, religious, and other differences separating them from Muslims—of what is distinct to their civilization and their people, and why such distinctions are worth defending. Historical revivals, Venner notes, are slow in the making, but once awakened there is usually no going back. This is the point, Venner believes, that Europe is approaching today.

The Unexpected

History is the realm of the unexpected. Venner does not subscribe to notions of historical determinism or necessity. In contrast to Marxists and economic determinists, anti-Semites and Spenglerians, he believes there are no monocausal explanations of history, and unlike liberals such as Fukuyama, he believes there’s no escape from (no ‘end’ to) history.

In history, the future is always unknown. Who would have thought in 1980 that Soviet Russia, which seemed to be overtaking the United States in the ‘70s, would collapse within a decade? Historical fatalities are the fatalities of men’s minds, not those of history.

History, moreover, is the confluence of the given, the circumstantial, and the willful. This makes it always open and hence potentially always a realm of the unexpected. And the unexpected (that instance when great possibilities are momentarily posed) is mastered, Venner councils, only in terms of who we are, which means in terms of the tradition and identity defining our project and informing our encounter with the world.

Hence, the significance now of husbanding our roots, our memory, our tradition, for from them will come our will to power and any possibility of transcendence. It’s not for nothing, Dominique Venner concludes, that we are the sons and daughters of Homer, Ulysses, and Penelope.

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Guillaume Faye - La ragnatela mondiale del sistema

Guillaume Faye

La ragnatela mondiale del sistema

Il conflitto dei tempi a venire Verso un unico modello umano Un pianeta senza poesia L'infezione del sistema Spoliticizzazione della società La tecnica e l'autoaffermazione dei popoli Il falso mito dell'occidente.

Ex: http://www.uomolibero.com/

occident.jpgUn avvenimento considerevole si produce nel mondo contemporaneo, un avvenimento lento, silenzioso, invisibile: le culture, le civiltà, le nazioni, i paesi vengono fusi progressivamente in una struttura tiepida che trascende le divisioni destra/sinistra, est/ovest, nord/sud, che assorbe le distinzioni politiche e ideologiche, che pialla le geografie, che pietrifica la storia.

Questa struttura è il Sistema planetario. « Sistema », e non « civilizzazione ». Non esiste una civilizzazione mondiale, a dispetto delle fantasticherie di Léopold Senghor, giacché una civilizzazione rimane pur sempre culturale, organica, umana. Ora, il Sistema appare come la metamorfosi mostruosa della civilizzazione occidentale in un gigantesco meccanismo tecnoeconomico.

Il grande conflitto dei tempi a venire non opporrà più il capitalismo al socialismo, ma l'insieme delle forze nazionali, culturali, etniche, alla macchina cosmopolita del sistema occidentale, che sostituisce ai territori le sue « zone », alle sovranità le sue regioni economiche, alle culture il suo discorso massificante. La Terra diventa così un grande circo in cui il Sistema è il domatore.

Esso non ha niente di un impero mondiale, poiché non emerge da una potenza politica, ma dalla cancerizzazione della società dei consumi che si spande su tutta la planisfera. Non ha altro sovrano che un individuo astratto — l'homo universalis nato dall'incontro dell'ideologia del diritto naturale e dell'Illuminismo — dai bisogni omogenei e universali. Non ha altro governo che una convergenza di reti economiche e burocratiche transnazionali, che relegano le sovranità politiche e le volontà dei popoli al magazzino degli accessori. Gli è riuscita una rivoluzione: quella di aver smagliato il tessuto delle società, un tempo formate da insiemi organici, istituzioni, tradizioni, mestieri, gruppi e ritmi diversificati, per rifonderne la trama secondo la logica omogenea dei settori di attività tecniche ed economiche, frammentate le une in rapporto alle altre, organizzate in aggregati, come gli ingranaggi di un motore senza nessuno che lo diriga.

La crescita del Sistema è tanto più temibile in quanto i suoi funzionari si pretendono investiti di una missione, quella dell'umanismo mondiale, del pacifismo mercantilista o del socialismo riparatore delle ingiustizie. Per la loro amenità caramellosa, questi ideali appaiono più pericolosi e alienanti di tutti gli imperialismi tradizionali. Il Sistema forma una totalità sprovvista di centro, ma il cui punto focale è la società americana, i suoi trust, il suo mercato ed i suoi costumi. Si espande, dopo l'Europa occidentale e l'estremo oriente, nei paesi socialisti e nelle parti industrializzate del terzo mondo. Questa espansione, che non è più capitalista di quanto non sia socialista, utilizza le società commerciali, le istituzioni internazionali, le burocrazie nazionali come agenti economici intercambiabili, incaricati di diffondere ovunque le stesse mercanzie e le stesse strutture mentali. L'incubo che il gelido ottimismo dei tecnocrati liberali e il mondialismo ingenuo della vecchia sinistra tentano di dissipare, prende forma poco a poco: è il « migliore dei mondi ». L'alchimia della sua crescita tentacolare si compone sempre degli stessi ingredienti: le strutture tecnoeconomiche multinazionali, l'ideologia universalista ed egualitaria, la sottocultura mondiale di massa.

* * *

L'unificazione dei costumi e dei bisogni fonda un tipo umano egemonico: il regno della molle figura del piccolo borghese universale è cominciato. Sul mondo occidentalizzato si installa una borghesia mondiale, in cui prendono il loro posto anche le classi agiate dei paesi poveri e la « nomenklatura » dei paesi socialisti. Allineare i modi di vivere sul presunto modello della classe media americana, è l'aspirazione implicita di tutti i partiti, degli ambienti d'affari e di quel sottoprodotto dei mass-media che si è soliti chiamare « opinione pubblica ». Questa invoca, con buona coscienza, l'argomento dell'innalzamento del tenore di vita; impostura manifesta, che passa sotto silenzio la distruzione delle economie tradizionali e la pauperizzazione di miliardi di uomini. Questo « razzismo » incosciente, che afferma il modello economico mondiale di « sviluppo » come preferibile e superiore alle culture tradizionali dei popoli, rischia di produrre uno psichismo umano unico. La nostra specie, in questo caso, privata della diversificazione delle sue strutture mentali, non sarebbe più in grado di dare, alle sfide globali del mondo a venire, che un solo tipo di risposta, e probabilmente non certo la migliore, né la vincente.

* * *

In questo universo mentale unico, l'uomo occidentale non si definisce più per la sua origine, ma solo per il suo modo tecnoeconomico di esistenza. Un impiegato di banca di Singapore è in questo senso più occidentale di un tirolese o di un bretone radicati nella propria identità.

La Terra si trasforma in un insieme settorializzato di reti e di circuiti che lasciano spalancati degli spazi morti. Spoetizzato (1), il nostro pianeta è oggetto di « messa a frutto » non è più oggetto di conquista. Senza la padronanza del proprio spazio, i popoli non controllano più la propria geopolitica; la loro geografia, quella dell'habitat poetico e del territorio politico, resta cancellata di fronte alla divisione in zone commerciali e amministrative del Sistema. Non siamo più abitanti dei nostri luoghi, ma semplici residenti. Il Sistema non ha distrutto le patrie; le ha fossilizzate sovrapponendovisi. L'idea nazionale non è più condannata; essa è stata neutralizzata, non malgrado, ma a causa delle reverenze accademiche che le fanno con cinismo i discorsi dei politicanti. Ogni nozione di provenienza territoriale langue in questo universo di turismo di massa, d'uniformità alimentare e vestimentale, di diplomi americani, di films internazionali. Pare che Ford intenda realizzare un'automobile « globale », fabbricata in dieci paesi differenti e destinata a tutti gli automobilisti del mondo.

Come gli uomini, così anche gli oggetti non vengono più da nessuna parte. « Penso », dichiarava Gilbert Trigano, del Club Mediterranée (2) « che l'avvenire del Club risieda nell'avvento di un'atmosfera veramente cosmopolita ». Ma l'avvenire del Club Méditerranée non è quello dei popoli di cultura: l'avvento del cosmopolitismo non sarebbe per essi un'apertura come immagina Guy Scarpetta, ma un soffocamento.

Il Sistema, che non « vive », ma « funziona », sottrae i popoli al tempo storico. Fondato su mode, movimenti di consumo, flussi economici, correnti d'opinione, si iscrive puramente nella cronaca. Un popolo, al contrario, va da qualche parte e viene da qualche parte. Per il Sistema la coscienza storica è sovversiva perché essa non forma buoni clienti né buoni telespettatori. Se la caratteristica propria alla Storia è quella di modificare il senso delle cose, il Sistema non è interessato che a cambiare le forme esterne: forme dei prodotti, mode. Ciò che si teme più di tutto sono le perturbazioni della storia, quelle dei Cesari e degli Imam.

Il Sistema è uno stabilizzatore. Nell'ordine mondiale stabile, le microvariazioni delle novità e delle innovazioni contrastano con la macrofissità dell'insieme. Costumi, stili artistici, etichette e ideologie politiche non si evolvono più. Il walkman (3) non è un'innovazione, ma un aggravarsi di una forma di vita già ben installata: il narcisismo tecnologico. Siamo rientrati di fatto nella storia ciclica, nel circolo vizioso dell'eterno ritorno delle « riscoperte » e dei revival. I media accentuano la fissità conservatrice del sistema trasformando le idee in mercanzie che si confrontano con mercati d'opinione stabili.

Evacuata, la storia dei popoli lascia dietro di sé un grande silenzio che il cicaleccio vuoto dei media tenta di coprire; messo da parte, il mondo dei popoli, quello delle strategie continentali, delle rivolte religiose, dei grandi disegni politici, lascia il posto ai piccoli programmi di vita individuale, alla fine dei quali non vi è altro che la pensione. In queste condizioni, il sistema occidentale non lascerà tracce di civiltà. È senza memoria e non se ne conserverà il ricordo. Nella logica dell'ideologia lockiana e del protestantesimo laicizzato, esso ritiene di aver già compiuto la sua rivoluzione. Il suo « progresso » non è che la continuazione, il perfezionamento della sua espansione.

Ciò spiega come i marxisti siano disarmati di fronte alle società contemporanee, che sono, in fondo, postrivoluzionarie; e soccombano come gli altri all'appello del Sistema, appello alla fusione, alla fetalizzazione della specie umana.

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Il Sistema ha conosciuto un precedente storico con la Cristianità. Anch 'essa tentò di costruire — progetto che non è stato d'altronde abbandonato — un mondialismo al di sopra delle singolarità dei popoli.

L'omogeneizzazione delle culture in nome della « salvezza » si è trasformata in omogeneizzazione in nome del diritto alla felicità borghese. Il monoteismo cambia di forma: oggi esso prende quella di complesso economico-culturale.

Il che significa che l'installazione di strutture economiche multinazionali e la diffusione di una cultura mondiale unica, costituiscono due processi globalmente legati. L'imposizione del « sistema di oggetti » occidentale presuppone l'adozione di una cultura semplicista e pragmatica che determina un'involuzione e un impoverimento spirituale. Il Sistema deve acculturare i popoli ai costumi dell'homo consumans internazionale i cui bisogni si postulano unificati. L'economia e l'infracultura del Sistema si sono costituite in insieme reciproco ». Le merci comportano lineamenti culturali e inversamente la sottocultura americano-occidentale prepara gli spiriti al consumo di merci unificate.

Le fasi culturali di entrata nel Sistema sono tre. Prima fase: lo spettacolo. Le popolazioni di cultura sono messe in presenza del modello attraverso l'intermediazione delle loro « élites » occidentalizzate, che funzionano da vetrina. Seconda fase: la normalizzazione. Si tratta di eliminare le scorie culturali « indigene » relegandole in zone « sottosviluppate » o « ritardate » che si è in precedenza contribuito a creare. L'ideologia umanitaria della pretesa lotta contro la miseria serve qui da strumento di penetrazione. Terza fase: il consolidamento. E in opera nei paesi industrializzati. La cultura dominante è completamente incorporata all'economia. Le mode di massa costituiscono le armi di questa spersonalizzazione degli individui in un'esistenza narcisistica e iperpragmatica. Esse compensano la noia di un modo di vivere omogeneo (che rischierebbe di sfociare in rivolte, in rivendicazioni di ritorno alla storia) attraverso lo stordimento indotto dalle pseudonovità. In questa cultura obsolescente, non appare alcuna « nuova generazione culturale ». Non vi è più che un gigantesco prodotto culturale, sottomesso alla funzione mercantilistica, semplice settore contabile nelle colonne di cifre del supermercato mondiale.

Le tradizioni dei popoli sono divenute anch'esse branche di un sistema economico e tecnico. In musei morti, noi celebriamo il nostro passato senza viverlo. Ricordo, ma non più memoria, il passato è visitato, ma non più abitato (4). Un vero popolo interiorizza il suo passato e lo trasforma in modernità. Il Sistema ne ha fatto un ornamento, neutralizzato e sterilizzato, che viene consumato così come si consuma anche l'esotico. Il passato e le tradizioni sono divenuti pianeti nella galassia dei passatempi.

Questa cultura-prodotto universale è più « occidentale » che americana. Oggi l'America è dappertutto. Il Sistema dipende tanto dalla dominazione degli Stati Uniti come nazione quanto dall'estensione a tutta la Terra della società americana. I fondamenti ideologici del Sistema sono gli stessi di quelli dei padri fondatori degli Stati Uniti: mercantilismo e umanitarismo. Ma l'egemonia strettamente americana è probabilmente destinata a declinare: Goldrake è giapponese e le hit-parades sono prodotte in Europa. L'americanomorflsmo succede all'americanismo e rappresenta in fondo l'essenza dell'occidentale. E questo il più grande pericolo. Saremo ancora capaci di rigettare ciò che viene da noi stessi?

L'America è in noi: formula terribile che se diventasse completamente vera starebbe a significare che noi siamo già dei morti viventi.

A dirigere il Sistema non è del resto un potere politico più di quanto sia l'America. Il Sistema non ha capo: non ha nient'altro che dei regolatori, senza progetto d'insieme. Gli stati maggiori delle grandi società, le burocrazie nazionali e internazionali, le reti dei media, incrociano le loro decisioni al di sopra delle sovranità politiche. Carì Schmitt e Jürgen Habermas hanno ben colto la natura oppressiva e invadente di questa autoregolazione anorganica che spoliticizza i popoli. Questa oppressione si giustifica con una pratica e un'ideologia antiautoritarie che sostituiscono alle decisioni, ai destini, ai poteri visibili, l'intruppamento nella placenta delle organizzazioni, in cui gli assoggettati, autoalienati, vivono in seno al sistema come presso ad una madre fraterna. Le finalità settoriali hanno rimpiazzato la politica; le opinioni si spoliticizzano e le ideologie politiche diventano ornamentali. Non viene più cantata l'Internazionale quando la sinistra vince le elezioni, ma ci si dondola al suono di un rock americano. Il Sistema non ha più bisogno di una legittimazione politica: la multinazionale Americana , la banca inglese, la burocrazia francese, i politicanti italiani vedono le loro strategie convergere spontaneamente grazie al cemento dello stesso programma implicito che le abita tutte: realizzare la società mercantilistica mondiale.

La sola politica ancora praticata nel Sistema obbedisce a ciò che Claus Offe qualificava come « sottomissione a imperativi di schivata ». Detto altrimenti, schivare gli sconvolgimenti, evitare le grandi crisi per gestire meglio le piccole.

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In questo deserto del politico, il mondo non ha più destino. La fine del ventesimo secolo vede installarsi la paralisi dei popoli: lo status quo uscito da Yalta conserva globalmente il suo equilibrio; l'Europa politica non si è mai realizzata; l'Islam resta disunito; la decolonizzazione rimane una parola; i progetti rivoluzionari finiscono nel sangue di tirannie medievali o nella società burocratica. In compenso, le esportazioni di grano verso l'URSS o i trasferimenti di mano d'opera e di industrie vanno a meraviglia. La storia del mondo diventa quella dei suoi mercati di consumo. Questa falsa storia, spoliticizzata, dipende da un macchinario autoperpetuantesi appena infastidito dalle bombe dei desperados, furiosi che la loro utopia rivoluzionaria — sempre più minoritaria — non trovi più eco presso i loro antichi fratelli vinti dal mortale tepore del Sistema.

La spoliticizzazione provoca un'alienazione di nuovo tipo. Il Sistema non fa più ricorso che secondariamente alla coercizione o alla persuasione ideologica, perché le sue strutture comportamentali sono assimilate dalle popolazioni. Da qui la vanità e il carattere velleitario di ogni forma di contestazione che si situi su un piano meramente politico.

La politica è organizzata in spettacolo dai media del Sistema, e l'opinione pubblica, falsamente politicizzata — « politicantizzata » si potrebbe dire — costituisce il simulacro di un sentimento popolare. Contrariamente alle vedute della scuola di Francoforte non esiste un direttore d'orchestra clandestino che si celi dietro la razionalità delle pratiche economiche. L'essenziale non è che si contesti o meno il governo, ma che non si trovi niente da ridire quando si fanno gli acquisti al drugstore, che si aderisca implicitamente ai valori pratici dell'edonismo borghese. E questa la ragione per cui la sola vera contestazione è quella che rimette globalmente in causa, da un punto di vista metapolitico e culturale, la concezione del mondo del Sistema, nella quale individualismo, edonismo, razionalismo e mondialismo umanitario sono indissociabilmente legati da una logica implacabile.

La trappola in cui sono caduti Marcuse e Habermas consiste nel non aver percepito che il Sistema riposa su una Weltanschauung che è anche la loro. Da qui il « recupero » totale del loro discorso e la sconfitta storica della scuola di Francoforte. Rompendo col razionalismo della felicità individuale, col mondialismo umanitario per situarci dalla parte dei popoli, della loro volontà di affermazione, di differenza e di destino, noi pretendiamo costituire la vera alternativa; noi pretendiamo essere i soli, nel paesaggio ideologico uniforme di oggi, a non essere compromessi con i valori — o i non valori — dell'occidentalismo egualitario e mercantilistico, a non fare nostro il postulato di base del Sistema secondo cui ciò che importa è la « realizzazione razionale della felicità economica individuale ».

Aurelio Peccei, presidente e fondatore del Club di Roma, ha ben riassunto il programma nichilista che noi intendiamo combattere con le armi più efficaci, quelle della lotta metapolitica e culturale, quando dichiarava: « Bisogna arrivare a un sistema mondiale governabile che dovrebbe utilizzare le tecniche tanto efficienti del marketing ». Sogno insano, che condividono a destra e a sinistra, dalla parte dei liberali come da quella dei socialisti, tutti gli alleati oggettivi della morte dei popoli. Essi vogliono trasformare il pianeta in una rigatteria della piccola felicità, in cui i popoli, filializzati come i dipartimenti di una multinazionale, vivrebbero nella pace perpetua di una clinica psichiatrica, disciplinati dai dieci comandamenti dell'ideologia dei Diritti dell'Uomo. Mentre il « Gran Fratello » regna sul migliore dei mondi.

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Questa ideologia dei Diritti dell'Uomo, parliamone. Preparando gli spiriti all'idea dell'uniformità dei bisogni, piazzando l'individuo « garantito » e astratto al di sopra delle comunità di appartenenza, essa attua un razzismo occidentale-centrista che svolge una funzione precisa: legittimare il Sistema mercantilistico mondiale. L'ideologia dei Diritti dell'Uomo è il discorso « povero » del Sistema, verso cui sono ripiegati, come a un più piccolo denominatore comune, le ideologie egualitarie, dal marxismo al conservatorismo, perché l'egualitarismo, non avendo più bisogno di essere convalidato da un discorso teorico, si contenta della vecchia filosofia borghese del diciassettesimo e diciottesimo secolo. E se ne contenta tanto più volentieri in quanto essa ha preso corpo, nella sua forma attuale, nella società americana nascente, in cui questa assemblava i postulati evangelici con la filosofia del capitalismo incipiente.

Ma sorge una temibile contraddizione: tra il Sistema da un lato, interamente intriso di questa filosofia della felicità massificata, e la tecnica, che porta nella sua essenza la tentazione della potenza e dell'avventura ma che tuttavia costituisce oggi l'armatura dell'universalismo. Contraddizione tra il dramma della tecnica e la sdrammatizzazione dell'ideologia. Contraddizione tra il fantasma cibernetico di una tecnica che si vorrebbe neutra e le forze di mobilitazione e di penetrazione del mondo che essa cela in sé.

Il Sistema non comprende la natura della tecnica; non coglie, come scrive Heidegger, « il mistero della sua essenza ». Dai marxisti ortodossi ai teorici del management-development del Massachusett's Institute of Technology, regna la stessa interpretazione ingenua e « pacificata » della tecnica, nella linea razionalista e progressista dei sansimonisti. Grazie alla tecnica noi saremo un giorno, secondo il vecchio adagio biblico, « liberati dal lavoro ». Oggi d'altronde è significativo veder svilupparsi, persino negli ambienti socialisti, una contestazione del lavoro in quanto tale. Possiamo vedere in ciò una conseguenza della mentalità borghese, poiché il Sistema sente in contraddizione l'ideologia e la tecnica, così come i valori del benessere e la necessità del lavoro sociale.

L'interpretazione attuale della tecnica non ne coglie la dimensione faustiana; come accade per il lavoro, la si banalizza, la si strumentalizza al servizio del confort, senza vedere la sua grandezza né il suo pericolo. La tecnica moderna invece, « inquietante » e rischiosa, è un appello all'autoaffermazione dei popoli, appello demiurgico e pagano al potere creatore degli uomini.

Soltanto gli avversari della tecnica ispirati da certe correnti della scuola di Francoforte sono coerenti con se stessi, ovvero con l'ideologia pacifista e umanitaria che essi condividono col Sistema. Hanno compreso cioè che l'edonismo è contraddittorio con la « crescita di potenza » di una cultura fondata sulla tecnica moderna. Tra noi e loro vi è conformità di analisi, ma divergenza di valori.

Hanno capito che l'ideale-tipo del borghese pacifico — e non quello del rivoluzionario — era realmente il loro, nonché quello dei liberali, dei cristiani, dei marxisti. Mentre il nostro non può che essere quello dell'uomo, appartenente ad una cultura e ad un popolo.

Appartenere all'area culturale europea, significa ammettere la tecnica moderna. Non come strumento di domesticazione e di alienazione, ma di creazione. Habermas diceva che non si può concepire una « poesia nucleare ». Disgraziatamente per lui, sì.

Un sistema che pretende eliminare ogni rischio appoggiandosi sulla tecnica, l'attività più « rischiosa »: ecco il pericolo supremo.

L'ambiguità dell'universo tecnoeconomico attuale non sarà superata se non quando i valori che presiedono all'utilizzazione della scienza e della tecnica assumeranno e domineranno il loro « rischio » e l'incorporeranno nel progetto storico di un popolo, invece di asservirlo al confort massificato. La tecnica presuppone non soltanto la creatività collettiva, contraddittoria con gli ideali del sistema, ma ugualmente la riabilitazione del lavoro, ripensato sotto la categoria aristocratica della mobilitazione spirituale della comunità. Bisogna farla finita con la concezione punitiva e svalutativa del lavoro generata dal biblismo, dall'edonismo mercantilistico e dal nostro passato indtistriale, in cui il capitalismo liberale faceva del lavoro uno strumento di « spossessamento di se ».

Schizofrenico, il Sistema rimuove il tipo dell'Operaio (Arbeiter) (5) come figura dominante, perché in fondo disprezza il lavoro del popolo, di tutti i popoli, cioè la loro cultura nella misura in cui il lavoro è l'essenza stessa della « cultura ». Ripensare i popoli come comunità creatrici secondo la propria volontà; farla finita con questa espropriazione che priva gli uomini della loro cultura e propina loro uno spettacolo opportunamente elaborato nei media, fabbricato da istrioni senza provenienza: questo è lo sbocco della sola visione del mondo che concili il lavoro, la tecnica e la valorizzazione delle radici.

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L'avvenire appartiene alle rivoluzioni culturali, spirituali, nazionali; l'avvenire appartiene alla distruzione dell'ordine economico internazionale e al perseguimento di un'idea che ha già cominciato ad agire: il riaccentramento di spazi economici autonomi attorno ad aree culturali.

Ma in Europa come nel Terzo mondo queste idee saranno battute se esse non vanno fino in fondo in questo loro tentativo, se esse cioè non tagliano i ponti con l'ideologia occidentale, sia essa marxista, tecnocratica, democristiana o liberale, l'ideologia che possiamo definire con un brutto neologismo « reazionario-umanitaria ».

Quanto ai popoli d'Europa, bisogna che essi sappiano progressivamente operare una revisione, evidente per alcuni, lacerante per altri: rompere la solidarietà con l'«Occidente », quest'Occidente in cui non ci riconosciamo più, se mai ci siamo riconosciuti, quest'Occidente che non è che un gigantesco bazar; quest'Occidente che mutila sotto i nostri occhi la nostra cultura millenaria trasformandola in uno stress in cui non regna che la coscienza pratica.

Destino di un popolo è di lasciare la sua impronta nella Storia, nello spa­zio continentale e nello spazio del tempo, — che è anche quello dello spirito. Noi non vogliamo più continuare a vivere in una cosmopoli senza gioia, senza desideri, senza avventure.

Guillaume Faye

 

 

(1) « Spoetizzato » », come più avanti « poetico », « abitanti », « abitare », « patria ». « dramma », « inquietante », « tecnica » ed altre parole riportate in corsivo sono usate nell'auto­re nella loro accezione etimologica. (N.d.T.).

(2) Le Monde, 5 luglio 1980.

(3) Cuffia stereofonica da passeggio.

(4) Vedinota 1.

(5) Abbiamo preferito tradurre « Travailleur » con Operaio in quanto è trasparente il riferimento alla figura delineata nell'omonima opera di Ernst Junger. (N.d.T.).

jeudi, 27 octobre 2011

Gli eroi sono stanchi

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Guillaume Faye

Gli eroi sono stanchi

La giovinezza nelle società tradizionali e nel mondo moderno

La gioventù come laboratorio sperimentale del consumismo

La concezione organica dell'uomo.

Ex: http://www.uomolibero.com/

Ogni epoca ha la mitologia che si merita. La nostra ha fatto della gioventù il suo idolo onnipresente, a cui riserva un culto permanente e ossessionante. E come se la preoccupazione essenziale dei nostri contemporanei fosse di essere giovani, o, non essendolo, di atteggiarsi a tali. Ed è l'abuso di questo termine che genera (o per lo meno dovrebbe generare) il sospetto.

Bisogna infatti porsi riguardo alla gioventù la stessa domanda di Jean Baudrillard riguardo al nuovo: in un mondo in cui tutto si vuole nuovo, com'è che c'è così poco rinnovamento? Parimenti, proprio quando la giovinezza assume un significato magico, com'è che i valori dominanti che guidano la mentalità collettiva dei giovani (il benessere materiale minimale, l'umanitarismo, l'assistenza, ecc.) sono valori così « da vecchi » ? Come render conto del paradosso di una società che porta la gioventù sugli scudi e che rifiuta, nella sua ideologia come nei suoi valori, il gusto del rischio, della sfida, del combattimento?

Ma, in primo luogo, che cos'è la giovinezza?

Etologicamente, essa costituisce la fase di formazione dell'uomo adulto, più esattamente il passaggio dall'infanzia all'età matura. La fisiologia umana conosce durante questo periodo, che va pressapoco dai diciotto ai venticinque anni, la sua fase di massimo dinamismo. L'uomo, essere dalla gioventù persistente, vive in questa fase della sua esistenza, del bisogno di curiosità e di avventura, bisogno che può arrivare fino al sacrificio della vita. Quando entra nell'età matura, l'uomo è capace (è ciò che lo distingue dall'animale) di conservare queste qualità della giovinezza che sono la sete d'esperienza e il gusto del rischio, poiché è un essere mai finito.

Niente di strabiliante, stando così le cose, se molte culture hanno rappresentato l'«uomo tipo » come individuo giovane.

È l'età dei kuroi che si possono ammirare al museo del Partenone; è anche l'età dei guerrieri cinesi delle incisioni dell'epoca Ming.

Anche nelle società tradizionali, quelle che precedono la rivoluzione industriale, gli uomini non accedevano più tardi alle responsabilità. Non c'era transizione fra l'infanzia e l'età adulta. A Roma, si passava in un sol colpo dalla veste pretesta alla toga virile a diciotto anni. Nel Medioevo, da quando un apprendista cominciava a lavorare, quale che fosse la sua età, era integrato nel mondo degli adulti. I generali di Napoleone Bonaparte avevano spesso tra i venti e i venticinque anni, esattamente come i comandanti della battaglia di Cunaxa, descritta da Senofonte, che conducevano in battaglia le truppe di Sparta. I valori della gioventù erano organicamente integrati all'insieme sociale, allo stesso titolo di quelli dell'età matura e della vecchiaia, che rappresentavano la riflessione e l'esperienza. Gli uni controbilanciavano gli altri, senza conflitto. Certo la gioventù si ritrovava durante le feste tradizionali, ma non in quanto «classe d'età» (nel senso in cui oggi si ha una « terza età »). Si trattava spesso di riunire i giovani da sposare o quelli che arrivavano all'età di portare le armi. Giovinezza significava tutto il contrario di quanto significa oggi: non una seconda infanzia prolungata, ma l'ingresso nel mondo degli uomini, nel mondo vero. Per farla breve, non c'era giovinezza, ma la « giovanilità » penetrava i valori sociali.

È a partire dall'epoca romantica, e poi soprattutto con la rivoluzione industriale, che la gioventù, considerata come classe e come valore, fa la sua apparizione.

L'allungamento medio della durata della vita obbliga a differire l'età della presa di responsabilità. Un'età intermedia appare progressivamente fra l'infanzia e la vita professionale. Nelle società. tradizionali, a basso indice di scolarizzazione, era la comunità che trasmetteva il sapere agli individui, mischiando tutte le classi di età. A partire dal diciannovesimo secolo, l'educazione obbligatoria e il servizio militare vanno a far fronte comune con la famiglia ridotta al suo nucleo per isolare la gioventù in maniera funzionale. Al contempo, si constata che la società avvia un processo gerontocratico: le occupazioni vengono strutturate a carriera; si fissano soglie d'età per l'esercizio delle responsabilità.

Dal 1890 le opere sugli adolescenti si fanno sempre più numerose. La giovinezza adolescenziale diviene un valore, connotata da temi avventurosi e guerrieri. Lo scoutismo nasce sotto forme decisamente paramilitari. Il servizio militare obbligatorio trasforma gli eserciti europei in raggruppamenti delle gioventù nazionali e non più in truppe professionali d'età mista. Dappertutto si vedono sbocciare dei movimenti della gioventù che indossano l'uniforme e che si vogliono portatori di una rigenerazione sociale e politica. Nei collegi e nei licei la gioventù imparerà a vivere insieme e a riconoscersi come categoria a parte.

Fra il 1890 e il 1910, la letteratura comincia ad appassionarsi alla adolescenza e le inchieste sulla gioventù si succedono sulla stampa: se ne contano cinque in Francia nel solo 1912. Raymond Radiguet e Colette illustrano, nei loro romanzi, il culto della gioventù « perdonabile di ogni suo eccesso », mentre Montherlant osserva nel 1926 che si va sviluppando un nuovo fenomeno, « l'adolescentismo », nuovo rivale del femminismo. Nel frattempo il culto dello sport e dell'olimpismo nasce e si sviluppa, appoggiato su di un'esaltazione della giovinezza, spesso intesa come portatrice d'un rinnovamento pagano. Per liberare la gioventù dal giogo borghese della famiglia, Gide lancia il suo famoso «Famiglie, io vi odio », e i regimi totalitari ed autoritari che nascono in Russia, in Germania, in Italia, in Grecia, in Ungheria, ecc. si considerano tutti delle «dittature della gioventù ».

La modernità delle nuove tecniche, quella dei pionieri dell'aviazione o degli eroi della velocità dell'automobile, è interpretata come di competenza della gioventù, come d'altra parte — quasi paradossalmente — un certo desiderio di ritorno alla natura, ben rappresentato da movimenti come il Wandervogel in Germania. C'è, in entrambi i casi, la medesima pulsione di purezza selvaggia ed aggressiva, la medesima rivendicazione da' parte della gioventù di un reinvestimento di una funzione creatrice e guerriera dimenticata dal mondo borghese.

Un'inversione di senso si produce però grosso modo dopo la seconda guerra mondiale. Progressivamente, all'«adolescentismo » va a sostituirsi l'era dei teen agers. La gioventù «precipita» nella funzione mercantile: a livello di ideologia e discorsi, essa conosce il suo trionfo, ma nei fatti, i valori giovanili crollano. Essere giovane non significa più donare la propria vita per una causa, ma « consumare » una sottocultura fabbricata per i giovani.

Similmente ai loro eserciti, funzionali e burocratici — a dispetto della giovane età di reclutamento — le società occidentali s'impegnano ad addomesticare i giovani utilizzando il dinamismo formale dell'ideale di gioventù ereditato dall'anteguerra. Due movimenti paradossali sono osservabili a partire dagli anni cinquanta: la gioventù perde le sue organizzazioni, le sue istituzioni, spesso considerate troppo « militari » dalla società dei consumi; l'ideologia esalta più che mai la gioventù in quanto frangia sociale munita di diritti (si denuncia il «razzismo anti giovani ») e di una cultura propria, quella dei teen agers di ispirazione americana. La gioventù diviene un surrogato del proletariato, e gli epigoni della scuola di Francoforte lanciano il tema della lotta generazionale. Da un lato, la società si individualizza e la gioventù fisicamente organizzata scompare; dall'altro, l'ideologia e la cultura costruiscono ciò che non è altro che un simulacro della giovanilità.

L'arrivo sul mercato delle numerose classi di età del dopoguerra, è coinciso, nei paesi occidentali, con la nascita di una « cultura per i giovani », apparsa per la prima volta negli Stati Uniti. Lanciata negli anni cinquanta da una serie di films dei quali James Dean è l'eroe, poi proseguita per trent'anni con mode di abbigliamento (i jeans), musicali (il rock, il pop, la disco, ecc.), alimentari ed ideologiche, questa cultura della gioventù, d'obbiedienza anglo-americana e a vocazione internazionale, ha avuto per funzione quella di staccare le giovani generazioni dalle loro culture nazionali e di includerle nella « nuova società dei consumi » dominata dai canoni culturali americani. Veniva così creata una nuova « classe internazionale », che costituiva di fatto la prima categoria di consumatori integralmente « occidentali ». L'idea di gioventù, ereditata dall'anteguerra, veniva così sfruttata come veicolo commerciale e, più o meno consciamente, svuotata del suo significato e privata di ogni energia rivoluzionaria. Le nuove generazioni nate dopo il trauma della guerra offrivano, rispetto ai genitori, il vantaggio di essere più facilmente avulse dalle loro tradizioni specifiche. La cultura dei giovani, cosiddetta contestatrice e liberatrice, fu così il primo grande tentativo di massificazione e di omogeneizzazione culturale ed economica esercitato su di una generazione « cavia ». Il processo è culminato alla fine degli anni sessanta — è l'epoca di Woodstock — nel momento in cui i giovani di vent'anni, erano i più numerosi. Successivamente il fenomeno subisce una pausa, ma la gioventù resta sempre il laboratorio sperimentale dell'occidentalismo, delle sue mode, dei suoi costumi.

È dunque necessario guardare con un minimo di critica e di sospetto alle dottrine della « guerra delle generazioni », sostenute per esempio da Marcuse, e sulla validità dei movimenti contestatari che mobilitavano la gioventù fino alla metà degli anni settanta. Questi, così come le culture underground pretenziosamente « di rottura» col mondo borghese, sono state non solo recuperate dal Sistema, ma molto peggio, gli hanno fornito nuovo fiato. In effetti, la funzione dell'«ideologia della rottura » fra le generazioni era di integrare la gioventù, con un processo di acculturazione, a una nuova forma di capitalismo mondiale, tecnocratico e non più patrimoniale, basato su di uno stile « americanomorfo» e su costumi permissivi, atti a staccare i giovani dalle specifiche morali etno-nazionali.

I discorsi antiborghesi e l'aspetto rivoluzionario della controcultura non devono alimentare illusioni: essi veicolano un'ideologia di stordimento e modelli comportamentali che conducono diritto filato all'iperindividualismo e al culto del benessere materiale minimale. Theodor Adorno ha avuto almeno il merito di mostrare che le musiche ritmiche costituiscono niente più che una parvenza di rivolta, e hanno per vero scopo quello di smobilitare la gioventù prima di condizionarla al consumismo.

In queste condizioni, non c'è da stupirsi che le teorie della guerra tra le generazioni, i movimenti contestatari e lo stile ribelle delle controculture conoscessero il loro declino in questo inizio degli anni ottanta: una volta realizzata l'integrazione nell'«americanosfera » esse non servono più se non sotto forme sempre più asettiche, quasi accademiche e in realtà conservatrici. Un'autentica controcultura delle giovani generazioni, in continuo rinnovamento, e che veicolasse temi realmente mobilitanti dell'eroismo e dell'avventura, farebbe paura alla cultura umanitaristico-borghese. Va meglio l'individualismo della falsa rottura e della pseudo-marginalità, nel quale si riconoscono i giovani « omologati » d'oggi e i loro genitori di quarant'anni, i vecchi teen-agers degli anni sessanta, che immaginano di essere restati giovani, mentre non lo sono stati mai.

Molti studi sociologici contemporanei, fra cui quelli del Centro di Comunicazione Avanzata, attestano della nascita fra i giovani di due nuovi tipi di mentalità: l'«omologazione » — o integrazione — che è maggioritario, e la « sfasatura » — o disadattamento — ancora minoritaria, ma in costante aumento fra i soggetti al di sotto dei vent'anni.

Gli « omologati » ritornano al Sistema, dopo averlo combattuto, perché si rendono conto più o meno consciamente, che esso veicolava i loro stessi valori. Disincantati quanto alle virtù del « rivoluzionarismo », questi nuovi piccoli borghesi hanno conservato della « sinistra » le idee umanitarie, ecologistiche e pacifiste. L'avvenire auspicato è quello di un mondo in cui la « pace » debba essere preservata ad ogni costo. I valori dominanti non sono più la rivoluzione sociale, e nemmeno l'ambizione personale dei « giovani quadri dinamici », bensì la sicurezza e la tranquillità di una vita privata senza costrizioni, fatta di libertà estetizzante, di molto tempo libero e di redditi « sufficienti ». I grandi problemi sociali o nazionali non interessano più gli omologati, anche se — grandi fruitori di mass media — piangono sulla Polonia e approvano sempre Amnesty International. Se militano, lo fanno per la « qualità della vita », al fine di costruire una società sedata e conviviale. Il dinamismo e la potenza nazionale sono biasimati da questi nuovi adepti di un petainismo freddo. Amanti dei magnetoscopi e delle riviste pratiche, riservano il loro immaginario avventuroso ai palmizi di un Club Méditerranée, e vivono la liberazione sessuale per procura. Hanno bisogno di un circondanio televisivo, musicale e umano, rassicurante e sorridente. La vita, per loro, è in primo luogo, la vita privata, il nido o il bozzolo, lontano dal furore delle militanze e delle vere competizioni.

Gli « sfasati », che rappresentano già il 20% dei giovani fra i 15 e i 25 anni, sono, a differenza degli « omologati », non coinvolti. Non contestano e non approvano « si disinteressano ». Neppure utopisti, si chiudono nel loro narcisismo costituendo, il più delle volte, dei micro gruppi frammentari provvisti ognuno di un proprio stile. La loro creatività è spesso notevole, ma è indirizzata verso la sfera individuale o la ricostruzione di piccoli mondi fatti di parvenze e di sogni. Bambini perenni e adulti disillusi al tempo stesso, questi giovani divengono schizofrenici: lavorano per vivere — spesso con impieghi volanti — ma la loro vera vita è altrove. Essi sono mentalmente assenti sia dal proprio lavoro che dalla propria società. Eternamente alla ricerca dell'evasione, spingono il loro psichismo di sognatori in una marginalità culturale e in una indifferenza ideologica che non impediscono il loro inserimento sociale effettivo. In fin dei conti bisogna ben « consumare », ed essi non ne fanno certo a meno. Lo Stato-Provvidenza non ha da lamentarsi di questi nuovi giovani, la cui schizofrenia interiore lascia piena libertà d'azione a qualsiasi dittatura amministrativa di tipo materno. Il calo d'ambizioni, la dipendenza ombelicale e il neo-tribalismo prefigurano una mentalità adattissima alle strutture economiche di una società mercantile socializzata, a fonte tasso di disoccupazione, a bassa progressione di reddito, e dominanta da un'assistenza burocratica generale.

Ecco ben evidente l'«implosione dei sensi » di cui parla Baudrilland: all'abbondanza dispersa degli stili, dei ghiribizzi feticisti e dei valori intimisti, risponde un gran silenzio: dalla gioventù non viene nessun discorso, nessun progetto, nessun ideale.

In questa era in cui la « rande muta non è più l'esercito, ma la gioventù, tutti parlano, come per compensazione, di gioventù. Viviamo una nevrosi della gioventù.

Essa diviene una qualità a se stante, puramente estenionizzata, nel momento stesso in cui cessa di essere una disposizione dello spirito. Apparente e fisica, questa falsa gioventù si vuole eterna, la qual cosa ben si adatta ad una società fissata sul presente. Un'autentica cultura giovanile presupponebbe, al contrario, che l'adolescenza costituisca un passaggio verso il mondo adulto, uno stato transitorio. Il vero adulto — il vir dei Romani, il kalòs kàgathòs dei Greci — faceva coabitare in sé una giovinezza dionisiaca e una padronanza apollinea, ma soprattutto non intendeva « restare » giovane, proprio per poter attualizzare, in quanto adulto padrone di se stesso, quella parte del suo animo che, qualsiasi cosa succedesse, restava sempre creativa e giovanile. Noi siamo ben lontani da questa concezione organica dell'uomo...

All'infantilizzazione del mondo adulto corrisponde ciò che bisogna ben chiamare, con un barbaro neologismo, l'«adultizzazione » dei bambini e dei giovani in generale. Il bambino-re degli anni cinquanta e sessanta è diventato un giovane vissuto, ma i suoi genitori sono rimasti rimbecilliti e continuano a leggere Topolino. Giocano a fare i giovani e immaginano che sia sufficiente averne i vestiti, l'atteggiamento o il linguaggio per restare tali.

Questi tratti puerili della cultura di massa sono compensati da un'ostentazione generale dell'« esprit de sérieu ».

La liberalizzazione dei costumi, seriosamente prognammata come una nuova morale, nasconde male l'irrigidimento dei comportamenti. Le etichette sociali e il funzionalismo capillare della vita quotidiana spengono ogni gioiosità, ogni spontaneità dei rapporti sociali. Il canto, il riso, la mimica, il bisticcio, non caratterizzano più le relazioni umane, apparentemente « senza costrizioni », ma in realtà imprigionate in circuiti rigidi. Le feste della gioventù sono le danze tristi o le copulazioni elettroniche con i simulatori delle « guerre spaziali », successori dei sorpassati flippers.

La sparizione della giovanilità nei rapporti sociali corrisponde d'altra parte all'intellettualismo che domina la nostra epoca. Lo spirito geometrico supera ovunque quello dotato di acume, e questo, insieme con la « sfera letteraria », di cui parla Aldous Huxley, è stato inghiottito dalla « cultura matematica ». I giovani d'oggi sono allo stesso tempo formati, in maniera pensino esagerata, alla matematica, e completamente neopnimitivi nel loro linguaggio, nel loro comportamento, nel loro stile di abbigliamento, nei loro gusti musicali, ecc. Contemporaneamente, l'ascesa dello spirito iperanalitico distrugge ogni freschezza comportamentale nell'insieme della società. La gioventù moderna rischia fortemente di essere l'avanguardia di una nuova borghesia, barbara adepta del confort e delle comodità elettroniche, limitata dal pragmatismo tecnologico e smussata nella sensibilità a contatto con la sottocultuna americana.

Tutto accade come se, per compensare l'invecchiamento demografico e l'installarsi dei valori senescenti dell'egualitanismo di massa, l'ideologia sociale avesse creato un simulacro di giovinezza e avesse incarcerato la gioventù in un mondo artificiale, per prevenire un'autentica rivolta contro questo stato di fatto.

Ma l'artificio può niginansi contro chi lo maneggia. Gli ideatori della falsa gioventù stiano in guardia: finché ci sarà qualcuno che veglia, tutto è sempre possibile. La gioventù, un giorno o l'altro, può sentirlo. Come il fiume della vita, essa ritorna sempre ad ogni generazione.

E quelli che vegliano ci sono. Essi seminano. Non per questo mondo. Non per questa gioventù, ma per l'altra, quella che viene.

 

Guillaume Faye