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dimanche, 09 mai 2021

L’Odyssée fasciste de Yockey

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L’Odyssée fasciste de Yockey

Une recension du livre de Kerry Bolton

par JWH

Ex: https://westdest.blogspot.com/2018/04/yockeys-fascist-odyssey.html

Book here 

Où est l’intérêt du « Mouvement » pour ce livre ? Pourquoi ne l’a-t-on pas présenté et pourquoi ne lui a-t-on pas fait de la publicité dès qu’il a été publié ? Eh bien, peut-être que nous allons commencer à voir sortir des recensions dans le Mouvement dans les semaines et les mois à venir, et c’est très bien, mais pourquoi ne voit-on pas de messages postés disant au lecteur que le livre est sorti ? Pourquoi ce « blackout » sur ce livre ? Dans le cas de Counter-Currents je suppose que c’est dû à leur petite querelle avec Friberg/Arktos, et le reste de l’Alt Right se fiche complètement de Yockey ; après tout, leurs héros et leurs modèles sont Beavis et Butthead. Oui, il y a de ça, mais c’est bien le problème. Et qu’est-ce qui est arrivé à toutes les photos retrouvées de Yockey (à part celle de Notre Dame) ? Counter-Currents ne se vantait-il pas d’un important butin de nouveau matériel sur Yockey ? La non-réaction du « mouvement » à ce livre justifie et souligne encore plus mon dégoût concernant le Mouvement Inc., et ma détermination à être un groupuscule indépendant du « Mouvement ».

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La biographie de Bolton aurait pu utiliser plus d’images, en dehors de l’image de couverture et la seule image interne (bien que nouvelle) de Yockey à [l’université de] Notre Dame ; c’est cependant un point mineur. Un autre point mineur est la présence de fautes d’orthographe, le plus souvent « form » au lieu de « from ».

La pire partie du livre est de loin celle sur la race biologique et la maladroit tentative de Bolton pour justifier les vues erronées de Yockey (et par extension de Spengler) sur la race en réduisant les distinctions raciales à l’« indice céphalique » (provoquant un profond soupir de soulagement du « mouvement ») et à toutes les vues dépassées (et parfois stupides) de l’« anthropologie physique traditionnelle » et du « phénotypisme ». On nous dit avec enthousiasme que, par exemple, le travail de Boas sur les changements d’indice céphalique dans des environnements différents peuvent avoir une certaine validité – et alors ? Phénotype = génotype + environnement ; l’expression phénotypique des instructions génétiques sous-jacentes est influencée par l’environnement (parfois par des modifications épigénétiques). Un exemple classique est la taille : c’est un trait clairement et manifestement hérité génétiquement, qui passe par les familles et diffère en moyenne parmi les ethnies, mais il est fortement influencé par des conditions environnementales comme la nutrition. Vous pouvez avoir des jumeaux identiques, l’un souffrant de malnutrition durant l’enfance et finissant avec, disons, 1m80, et un autre jumeau recevant l’excès occidental normal de calories et de nutriments et atteignant, disons, 1m90. Une autre personne avec un arrière-plan génétique différent peut bénéficier du même surplus de nutriments que le second jumeau mais atteindre seulement 1m70, si c’est sa limite génétique. De même, l’indice céphalique est génétiquement code, mais peut être influencé par la nutrition et d’autres facteurs. En tous cas, l’indice céphalique n’est pas un indicateur majeur de la race dans son sens moderne en tant que groupe avec une ascendance partagée, donc quel est l’intérêt ? Les similarités supposées entre Ethiopiens et Européens concernant l’indice céphalique ou d’autres traits phénotypiques individuels sont complètement hors de propos.

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C’est le problème quand vous avez des gens sans formation scientifique parlant de questions qui débordent sur la science : ils n’ont aucune idée – pas la moindre – de ce dont ils parlent. Si l’argument est que Yockey et les spécialistes de l’anthropologie n’avaient pas accès aux données génétiques d’aujourd’hui, très bien, mais encore une fois, on n’est pas obligé de justifier leurs vues simplement parce qu’elles étaient faites par ignorance (et même à ce moment je ne les excuse pas – même sans données génétiques, est-ce si difficile de comprendre qu’une sorte d’ascendance partagée et réelle doit être un déterminant crucial de la race, et que le phénotype doit inclure de nombreux traits pris dans leur ensemble, et pas seulement un seul ou quelques-uns ?). Sélectionner un certain travail scientifique, associé à une incompréhension complète, pour justifier la stupidité raciologique de Spengler et de Yockey n’est pas convaincant non plus. Les impressions subjectives de Jung sur les Américains blancs sont complètement non-pertinentes vis-à-vis de la réalité de la race biologique, et moins on parle des théories raciales (intrinsèquement incohérentes) nationales-socialistes, mieux c’est.

Mon affirmation a été que l’adoption par Yockey de la race « spirituelle » (« horizontale ») eut la même genèse que celle d’Evola : une réponse maladroite au nordicisme. L’ironie est que Yockey discuta de la manière dont une Culture peut réagir à la Pathologie Culturelle de manières finalement dommageables pour la Culture (semblables à une fièvre destructrice résultant d’une infection chez une personne), mais il manquait de la conscience de soi pour comprendre que ses propres idées destructrices sur la race biologique étaient aussi une sur-réaction à la théorie nordiciste. Yockey voulait l’unité européenne, et le nordicisme était (et est toujours) un obstacle pour cela. Yockey identifiait le nordicisme à la théorie de la race biologique et donc la race biologique devait être discréditée (bien qu’à ses yeux elle était encore valable pour les différences entre Blancs et Blancs, cela démontrant clairement que Yockey se préoccupait en fait spécifiquement d’argumenter contre les différences raciales inter-européennes). Evola fut probablement choqué par les théories qui attribuaient toutes les qualités positives aux Nordiques seulement ; Evola pensa donc : « Hé, je suis honorable et noble, mais je ne suis pas nordique, donc je dois être un Nordique spirituel ». Ni Yockey ni Evola n’avaient la compréhension scientifique ou le courage moral pour déclarer simplement que le nordicisme de Günther était erroné ; ils devaient plutôt inventer des fantaisies pour tourner autour du pot. En ce qui concerne Spengler, je ne tenterai pas de faire des hypothèses sur les origines de ses théories raciales sauf pour remarquer qu’il avait une ascendance juive par sa lignée maternelle et donc une motivation possible pour détourner l’attention des aspects biologiques de l’identification raciale.

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Bolton soutient en fait mon affirmation que l’opposition de Yockey à la « race verticale » était due à ses préoccupations concernant les divisions intra-européennes ; ici je cite la section de Bolton racontant la dispute entre Yockey et le nordiciste britannique Leese (qui haïssait « les métèques et les ritals ») ; Bolton déclare que c’était exactement à ce type de division raciale intra-européenne promue par des gens comme Leese que Yockey s’opposait. Ainsi, l’idée de  « race verticale » à laquelle Yockey s’opposait était celle du nordicisme extrême qui avait été le fondement du « Mouvement » depuis le début. Les commentaires de Gannon soulignent cela lorsqu’il dit qu’il est absurde de supposer que toute personne blonde aux yeux bleus est un ami et que tout Blanc plus sombre est supposé être un ennemi. Voir aussi les commentaires sur « Wilmot Robertson » plus bas. Mais c’est la stupidité du Mouvement, pas la véritable race biologique scientifique. On ne peut pas « jeter le bébé avec l’eau du bain » et rejeter la réalité raciale à cause de sa mauvaise utilisation par des obsédés et des fétichistes. Gannon affirme que des théoriciens de la race verticale sont intervenus pour soutenir les idées du livre Imperium précisément parce qu’ils ne l’ont jamais lu ou qu’ils ne le comprennent pas et qu’ils ne comprennent pas Yockey. Si nous supposons pour l’instant que les « théoriciens de la race verticale » incluent des gens qui comprennent l’importance de la race biologique, et pas seulement ceux qui fétichisent des ethnies européennes particulières comme « supérieures », alors Gannon est déraisonnable. Non, Mr. Gannon, certains d’entre nous avons lu Imperium, et nous le comprenons et nous comprenons Yockey parfaitement bien. Nous acceptons l’idée générale de Yockey, tout en reconnaissant des désaccords sur certaines questions ; ainsi, mes idées sur la race et le « pessimisme » ne veulent pas dire que je ne peux pas apprécier la thèse principale d’Imperium : l’Unité Occidentale. Après tout, Imperium fut conçu comme une thèse polémique, pas comme une thèse érudite. C’est certainement un appel à l’action, pas une étude des différences raciales ni même de la succession des Hautes Cultures. Cohérent avec cela, Gannon est cité comme disant que Yockey lui-même pensait que Imperium devait être « senti » plutôt que « compris ». Si la clé à Imperium, et donc à la vision-du-monde de Yockey, est de « sentir » plutôt que de « comprendre », alors il est clair qu’on peut être un supporter général de cette vision-du-monde même si l’on est en désaccord avec des détails particuliers des idées que Yockey adopta. Et ici Gannon est un peu incohérent, critiquant d’abord ceux qui ne « comprennent » pas les idées de Yockey et nous disant ensuite que Yockey lui-même pensait que son œuvre, et les idées qu’elle promouvait, devait être « sentie » plutôt que « comprise ». Apparemment alors, Carto et d’autres « verticalistes » « sentaient » l’œuvre assez bien, même s’il ne la « comprenaient » pas.

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Les théories raciales biologique (« verticale ») et spirituelle (« horizontale ») ont toutes deux leur validité et les deux devraient être complémentaires. On restreint d’abord le groupe à la race biologique, définie au sens large, et ensuite à l’intérieur de celle-ci on cherche les gens dont le comportement et les accomplissements illustrent l’idéal racial. Cela dit, si l’opposition de Yockey à la « race verticale » était due à son opposition aux idées nordicistes, alors son cœur parlait juste, bien qu’il aurait dû mieux formuler cela avec sa tête. Plus généralement, si le « verticalisme » implique un classement hiérarchique de haut en bas (vertical) des groupes dans une perspective de supériorité ou d’infériorité, alors c’est un non-sens et il est juste de s’y opposer (et de le critiquer, par exemple, sur une base « matérialiste » dans On Genetic Interests).

Je remarque que beaucoup de ces merveilleux « horizontalistes » soutenaient l’idée de laisser entrer les non-Blancs « coloniaux » [= des colonies] dans l’« Imperium ». C’est grandiose. Et en quoi la situation raciale à Londres, par ex., ou dans les banlieues de Paris différerait dans ce cas de ce qu’elle est aujourd’hui ? La race biologique est importante. La préservation raciale est importante. La culture sans race est un récipient vide. « Nous n’avons pas besoin de ces sales coloniaux », merci beaucoup.

L’acceptation du pessimisme spenglérien est un autre point de dispute ; Bolton reconnaît avec Spengler et Yockey que les nouvelles possibilités esthétiques et culturelles pour l’Occident (faustien) sont épuisées. Peut-être ; ma riposte est cela. – Voir aussi cela.

Je suis aussi fatigué de l’analogie avec la durée d’une vie humaine ; l’idée que « chacun est destiné à mourir, mais les gens vivent tout de même leur vie ; la même chose peut s’appliquer à une Haute Culture ». Pourquoi ne pas faire une analogie avec une lignée familiale où les membres individuels meurent (de même que les époques, les empires, ou même les nations avec une Culture peuvent cesser d’exister), mais vous pouvez espérer que la famille continue et faire des plans pour cela tant que l’humanité existera (de même, vous pouvez espérer et planifier pour que la Haute Culture continue). Si beaucoup de lignées familiales s’éteignent, il est clair que d’autres ne s’éteignent pas, et c’est pourquoi les humains sont encore là aujourd’hui (en grand nombre en fait). Certaines lignées familiales ont survécu.

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Ensuite il y a l’allègre et typique supposition que la prochaine Haute Culture viendra de la Russie ; c’est une pure conjecture et cela ne veut rien dire. L’histoire nous dit que deux Hautes Cultures sont nées en Europe (si vous considérez la Culture antique et la Culture occidentale comme séparées) ; pourquoi pas une troisième (cela pose la question de savoir si la Russie est européenne ; si elle l’est racialement, l’école Spengler-Yockey aurait un avis différent concernant la culture et l’histoire). Le danger est que supposer l’inévitabilité est présomptueux et aussi auto-réalisateur si l’on y croit. Et se moquer hautainement des « optimistes » – « ils y croient encore » – n’est pas un argument. Cependant il y a une remarque dans le livre de Bolton avec laquelle je suis d’accord ; la manière dont une Haute Culture – par exemple, l’occidentale (ou faustienne) – va à son « terme » déterminera dans une certaine mesure le caractère de la Haute Culture qui lui succédera (la russe ou la surhumaniste). Par exemple, la manière dont la Haute Culture antique se termina affecta clairement la manière dont la culture occidentale qui lui succéda se développa.

Je remarque aussi que si l’ethnie russe devient une minorité dans son propre Etat, et que si la Russie devient musulmane, elles pourront difficilement devenir le germe d’une nouvelle Haute Culture. Parler d’« inévitabilité » dans l’histoire humaine est une sottise, malgré le dogmatisme de Spengler. Le futur est encore ouvert à notre avis ; il sera ce que nous en ferons (ou pas). Plus de détails plus bas.

J’aimerais que Bolton définisse clairement ce que Spengler veut dire par « socialisme prussien » et Yockey par « socialisme éthique ». C’est le devoir envers l’Etat, envers un Etat qui fait son propre devoir envers la Haute Culture qu’il représente. Ce n’est pas du socialisme économique, et il est en fait opposé à une simple interprétation économique de l’idéal socialiste. J’apprécie aussi l’explication de Bolton ainsi que sa défense du paneuropéisme militant de Yockey et de son opposition à l’« étatisme étroit ». Bolton dit clairement que les idées de Yockey sont complètement compatibles avec la souveraineté locale et que la souveraineté locale sub-nationale peut en fait être renforcée dans une situation où des Etats nationaux (parfois artificiels) perdront de l’importance dans un Imperium (par ex. la souveraineté flamande peut s’accroître dans un Imperium où le statut de « Belgique » en tant qu’Etat-nation aura moins de sens qu’il n’en a aujourd’hui). Bolton oppose aussi de manière significative les idées de Yockey sur ces questions aux idées quelque peu similaires mais pas identiques de Mosley et spécialement d’Evola (qui soutint l’identité nationale dans le « bloc européen » plus que ne le fit Yockey). La remarque de Mosley disant que l’« étatisme étroit » fit perdre la Seconde Guerre mondiale à l’Occident est bien prise, puisque les mouvements fascistes de cette époque étaient trop étroitement nationalistes et provoquèrent des réponses nationalistes contre eux, tout en gênant la coopération fasciste/nationaliste européenne internationale. Bolton suggère aussi que les ethno-nationalistes américains n’apprécient pas correctement, ou même ne comprennent pas complètement, les idées de Yockey sur cette question (une autre raison pour eux d’ignorer le livre de Bolton ?).

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Les sections sur Weiss, Madole, et H. Keith Thompson, et les interactions de Yockey avec ces individus sont bonnes, et supérieures (et plus concises) que certains discours décousus du livre de Coogan. Je note qu’il y eut une infiltration massive (ça vous rappelle quelque chose ?) du « mouvement » au moins jusque dans les années 50, le NRP de Madole étant particulièrement infecté (il semble qu’une majorité de son financement et de son entourage ait pu venir de l’infiltration) et l’ADL, d’après Bolton, a pu fournir une quantité significative du financement de l’extrême-droite, peut-être pour la surveiller et la contrôler, pour créer un « croque-mitaine » afin de pousser les Juifs effrayés à faire des donations et à apporter leur appui à l’ADL, pour conduire des opérations « sous faux drapeau », et d’une manière générale pour détourner et saboter toute résistance nationaliste authentique. On nous rappelle aussi que Rockwell était à la limite du retard mental et de l’autisme concernant sa confiance naïve et son culte flagorneur du FBI, son « ouverture des registres » de l’ANP pour vérification par le FBI, dans un déconcertant étalage d’imbécillité. D’un autre coté, considérant que l’ANP était probablement aussi fortement infiltré que tout autre groupe droitiste, la « politique des registres ouverts » de Rockwell ne donna probablement au FBI aucune information qu’il ne connaissait déjà. Comme vous pouvez le voir, la politique d’« action positive » du Mouvement était déjà bien installée à l’époque d’Eisenhower ; une grande surprise que nous ayons eu des décennies d’échecs incessants. Ce que le Mouvement ne comprend jamais, un concept souvent mentionné sur mes blogs, est que la supériorité n’est pas un droit de naissance possédé par quelques personnes en résultat de leur ascendance ; la supériorité est au contraire quelque chose qui doit être méritée. La direction du « mouvement » est loin de montrer la moindre trace de supériorité ; d’un autre coté, les manifestations d’infériorité sont évidentes dans leur cas.

Au passage, on peut remarquer que la gauche infiltre facilement et fréquemment la droite, mais le contraire arrive rarement – sinon jamais. Est-ce parce que la gauche est plus rusée, plus sournoise, plus intelligente, dénuée de scrupules, moins naïve, plus disciplinée, et plus professionnelle que la droite ? Est-ce parce que les idées de droite sont plus naturelles, et les idées de gauche plus artificielles, de sorte qu’il est plus facile de faire semblant de croire à des valeurs de droite saines et normales que de faire semblant de croire à la puanteur d’égouts artificielle et malade émanant de la gauche ?

Bolton discute de la formulation par Yockey de la nature duale des Juifs. D’une part, puisqu’ils haïssent l’Occident, ils ont pris parti pour le bolchevisme et ont soutenu l’URSS, y compris en faisant de l’espionnage pour les Soviets même quand l’URSS agissait contre les intérêts juifs. D’autre part, le siège du pouvoir juif était et est toujours aux USA, donc ils doivent préserver et utiliser la technique et le savoir-faire de l’Occident pour maintenir leur pouvoir et sauvegarder leur infestation de l’Occident. Ainsi, ils agissent en même temps pour et contre le pouvoir occidental, laissant un chaos de ruines derrière eux.

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Il y a eu aussi une longue discussion et analyse des attitudes « prosoviétiques » de Yockey, et de sa formulation que les USA étaient une plus grande menace pour l’Europe que l’URSS. J’ai des opinions mitigées sur la validité de l’opinion de Yockey ; je crois qu’il sous-estimait les dégâts d’une invasion soviétique de l’Europe, et qu’il surestimait les possibilités positives inhérentes à ce scénario. Mais concernant l’analyse de Bolton sur les idées de Yockey, c’était raisonnable. J’aimerais remarquer cependant qu’il y a une différence entre dire que les USA étaient une plus grande menace que l’URSS (défendable, bien que je ne sois pas forcément d’accord) et dire que l’URSS était en fait bonne en soi, une sorte d’Etat russo-fasciste. Même après avoir échappé au trotskisme, l’URSS avait encore une quantité d’idéologues marxistes, soutenait les mouvements marxistes du Tiers Monde anti-Blancs, faisait de l’agitation contre les intérêts blancs aux USA, et dénigraient la science authentique au nom du lyssenkisme (bien que je suppose que cette dernière partie est vue positivement par quelques yockiens). Le non-alignement était un meilleur choix que prendre parti pour l’URSS.

En général, le Mouvement a du mal à comprendre la réalité que les gens et les institutions (incluant les nations, les idéologies et les mouvements) peuvent simultanément soutenir des idées opposées. L’URSS était à la fois marxiste et nationaliste (dans un sens impérial). Staline était à la fois un autocrate obsédé par le pouvoir pour le pouvoir et un marxiste qui n’oublia jamais vraiment les fixations idéologiques de sa jeunesse. Les nazis croyaient réellement à la menace juive et instrumentalisaient aussi l’antisémitisme pour arriver au pouvoir. Les gens peuvent être des « vrais croyants » et des « cyniques sceptiques » en même temps. L’esprit humain est extrêmement flexible, et les rationalisations abondent pour chaque type de comportement. Les gens peuvent très bien réprimer une dissonance cognitive et soutenir des idées opposées simultanément. Après tout, n’est-ce pas précisément ce que Yockey disait des Juifs, qu’ils étaient antioccidentaux et qu’en même temps ils avaient besoin d’utiliser et de renforcer la puissance occidentale ? Pourquoi ne pouvons-nous pas dire que l’URSS était un Etat marxiste anti-Blancs et antioccidental, et qu’en même temps elle utilisait le marxisme comme un instrument pour promouvoir un agenda national, impérial, plus orienté vers la puissance ? Les deux ne sont pas complètement orthogonaux.

J’ai apprécié la mention par Bolton du journal de la jeunesse yockienne TRUD, qu’un commentateur sur Counter-Currents (chargé de la relecture) mentionna comme étant proche de mon propre style ; cette comparaison est soutenue par la propre auto-description de TRUD comme étant animée par l’esprit « de cynisme, de sarcasme et de ridicule ». Ils étaient tous fous et féroces ! En tous cas, TRUD est quelque chose qui devrait être ranimé aujourd’hui – si cela est fait correctement. Le problème est que TRUD était essentiellement un journal de Type II, et le Type I existant aujourd’hui le rendrait ridicule. Donc il vaut mieux qu’il reste mort plutôt que d’être ressuscité sous une forme « zombifiée » de Type I.

9780956183590.jpgJe note aussi la haute opinion du Dr. Revilo Oliver concernant Yockey et Imperium (un livre dont Oliver pensait qu’il pouvait servir de fondement à un mouvement gagnant ; Oliver était aussi enthousiasmé par TRUD, soit dit au passage) ; je note aussi l’idée d’Oliver selon laquelle nous devons promouvoir des mèmes pour tous les niveaux de compréhension, pour les masses aussi bien que pour l’élite (ce que j’ai recommandé pour le concept d’EGI). L’enthousiasme d’Oliver pour le yockisme est en opposition avec l’ignorance de Yockey de la part de la faction Pierce/Strom/NA, mais nous en connaissons la raison (voir les commentaires sur « Robertson » ci-dessous) ; apparemment, Pierce ne lut jamais Imperium (je suis choqué, choqué). Le Dr. Oliver est un parfait exemple de la manière dont quelqu’un qui est un « matérialiste racial » obsédé par les gènes peut malgré tout être un partisan convaincu de Yockey et d’Imperium. En fait je dirais que la génétique moderne des populations, en analysant le génome autosomal, soutient en fait certaines des idées de Yockey ; par exemple, cet extrait d’Imperium :

« Le fait d’aborder ce cas de frontière raciale avec le Nègre montre cependant un fait très important pour l’Europe : que la différence de race entre hommes blancs, ce qui signifie hommes occidentaux, est infiniment petite comparée à leur mission commune de réaliser une Haute Culture. En Europe, où jusqu’ici la différence de race entre, disons le Français et l’Italien, a été magnifiée jusqu’à de grandes dimensions, il n’y a pas eu de rappel suffisant des différences de race en-dehors de la Civilisation Occidentale. »

Ainsi, les données génétiques nous disent que s’il y a bien des différences entre Français et Italiens, ce degré de différenciation génétique est « extrêmement petit » lorsqu’on examine les différences de  parenté génétique avec des populations  « en-dehors de la Civilisation Occidentale » – particulièrement lorsqu’on considère les larges gouffres génétiques entre les principaux groupes de populations continentales (races). Il y a dans la race biologique davantage que de simples mesures fétichistes des indices céphaliques avec des pieds à coulisse.

Les autres parties sur les diverses interprétations et « résurrections » de Yockey et de ses idées… eh bien, certains des « problèmes » pourraient être dus à la stupidité des gens dont parle Bolton, plutôt qu’aux propres idées (je l’espère) de Bolton. Bolton cite certaines des divagations anti-Méditerranéens du Roi du Fétichisme Ethnique, « Wilmot Robertson », et cite aussi le verdict correct de Stimely sur les obsessions autodestructrices de Robertson. « Robertson » et son héritage demeurent une force hautement destructrice à l’intérieur du nationalisme racial (principalement américain), un point d’infection majeur pour les fixations obsessionnelles qui existent toujours aujourd’hui. Mais reconnaissons un certain mérite à « Robertson » et à ses adeptes : du moins ils sont honnêtes concernant leur dégoût et leur mépris pour les Européens venant du sud de Vienne (ou de Munich) et de l’est de Berlin. Pires peut-être sont les types qui croient en fait la même chose que « Robertson » mais qui prétendent être « paneuropéens » ou « panaryens ». Une remarque pour ces derniers individus : les Européens – les Occidentaux – ne sont pas des Indiens hindous, nous n’avons pas, ou ne voulons pas, d’un système de castes (les Européens de l’Est étant de caste inférieure et les Européens du Sud étant des « intouchables »). Choisissez votre groupe et c’est votre groupe – si vous méprisez un groupe, alors ne les incluez pas ; si vous les incluez, alors ne les méprisez pas. La définition de base d’un groupe quel qu’il soit est « interne/externe » et si le Mouvement ne peut même pas définir cela clairement, après des décennies de discussions et de débats, alors à quoi sert-il ? Si c’est la « race verticale », alors Yockey avait raison de s’y opposer, mais pas au prix du désaveu de la réalité biologique.

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Si « Robertson » parlait d’une manière relativement positive de Yockey en tant qu’homme, il rejetait le paneuropéisme de Yockey, et il faut dire que le principal centre d’hostilité (ou du moins d’indifférence, puisque par exemple Pierce ignora complètement Yockey et son héritage) envers Yockey dans le Mouvement venait des nordicistes, qui ne purent jamais pardonner à Yockey de considérer les Italiens et les Espagnols comme faisant partie de l’Occident. Nous ne pouvons sûrement pas nous permettre cela !

Ensuite nous passons au fétichisme de Lauck, et les stupidités sur Rome s’effondrant à cause du mélange entre la « souche romaine » et les « esclaves non-blancs » sont de la bêtise kempienne [allusion à Arthur Kemp] typique et c’est risible du point de vue d’un discours historique sérieux. Et il y a les fantaisies sur les « gouvernants nordiques de l’Inde ancienne ». Vous pouvez prendre des discours typiques du « mouvement » et des extraits au hasard du livre Rêve de Fer, vous trouverez peu de différences. C’est une honte que des vérités authentiques sur la race biologique soient toujours corrompues par les dogmes du « mouvement ».

Le problème est que Bolton va trop loin dans l’autre sens. Je suis d’accord avec lui pour dire que le métissage n’est pas la vraie raison pour laquelle les civilisations s’effondrent, et se sont effondrées, dans toute l’histoire. Bolton implique ensuite que ce mème « le métissage cause l’effondrement » est dû à un sentiment parmi les droitistes que leur race est génétiquement en danger. C’est peut-être vrai ; il se peut que les activistes raciaux d’aujourd’hui « tordent »  l’histoire passée pour la faire cadrer avec les préoccupations raciales d’aujourd’hui. C’est assez vrai. Mais Bolton semble ensuite suggérer que l’actuelle crainte de danger génétique est seulement la « rationalisation » d’une « aversion ou d’un soupçon instinctif de ‘l’autre’ ». Ici Bolton va trop loin s’il suggère que la crainte du danger génétique est d’une manière ou d’une autre irrationnelle. Les changements démographiques de l’Occident sont un fait. Le remplacement racial est un fait (un fait que même la gauche accepte et salue avec enthousiasme comme « étant du bon coté de l’histoire »). Le dysgénisme est un fait. Le mélange racial croissant est un fait. Ce sont tous des phénomènes quantifiables. La Culture est importante, mais la Culture ne suffit pas, nous devons parler d’une Race-Culture, et la soutenir. Si le « Verticalisme » est le nordicisme et les divers types apparentés de fétichisme ethnique et de manipulation de l’histoire, alors les critiques de Bolton sont valables, mais le préservationnisme racial est en soi vital et légitime. La préoccupation pour la Race n’a pas besoin d’être divisée en Horizontale contre Verticale, mais doit plutôt être intégrale, une unité  de préoccupation holistique qui n’a pas besoin de diviser les Européens. Les craintes concernant le danger génétique ne sont pas des rationalisations de quelque chose, ce sont simplement des réactions normales et saines à un fait établi. Nous devons traiter avec la réalité objective. La Race Blanche EST génétiquement en danger.

will-carto-splc.jpgConcernant la relation de Carto (photo) avec le yockisme, celle-ci est bien couverte par Bolton, et discutée par d’autres ailleurs, donc je ne vais pas m’attarder là-dessus, bien que je croie que Gannon était bien trop critique de Carto (bien sûr la critique de Carto par Gannon s’appliquerait aussi à mes propres vues, donc je ne suis pas objectif ici). Bolton décrit d’autres interprétations de Yockey, incluant celle des odinistes ; je ne peux pas discuter de tout cela par manque de temps.

J’ai été intrigué par les vues de l’auteur et activiste pro-Yockey Alexander Raven Thomson, et ses idées sur la « pathologie sociale », une extension de la « pathologie de la Culture » de Yockey, et opposée à la « morphologie » spenglerienne. Thomson voyait l’importance de l’organisme social comme suprême, et la pathologie qui interrompait la solidarité organique de la société comme apparentée à une cellule folle, c’est-à-dire un cancer. Le fascisme est une « volonté de puissance collective ou sociale » pour surmonter la décadence conséquente à la pathologie. Plus important, Thomson, d’une manière similaire à mes propres idées, rejetait l’inévitabilité spenglerienne, et affirmait qu’une Haute Culture qui peut se débarrasser de la pathologie pourrait ainsi se régénérer et potentiellement continuer indéfiniment. Je vais étendre et altérer les idées de Thomson pour introduire les concepts d’Evolution de la Culture et d’Adaptation de la Culture. Il se peut qu’une Haute Culture ne puisse pas continuer   indéfiniment sous sa forme originale, elle peut en fait passer par les diverses étapes spengleriennes. Mais si un peuple – comme les Européens – a un haut potentiel culturel, alors la Haute Culture mourante peut évoluer et renaître comme quelque chose de différent. Les Européens ont créé deux Hautes Cultures – l’Antique et l’Occidentale, et l’interrègne entre ces deux aurait pu être plus court, et le lien entre elles aurait pu être plutôt une Evolution, si l’Empire Romain occidental avait évolué en une confédération européenne au lieu de s’effondrer et de conduire aux Ages Obscurs. En tous cas, l’Hiver de l’Occident n’a pas besoin de conduire à une période de « Fellahs » indéfinie, avec l’espoir qu’une nouvelle civilisation naîtra quelque part ; les vestiges de l’Occident pourraient évoluer et renaître comme une nouvelle Haute Culture, celle-ci étant alors la troisième Haute Culture sur le sol européen. C’est l’Evolution Culturelle. En ce qui concerne l’Adaptation Culturelle, une facette de cette évolution pourrait être l’adaptation de la Culture aux agents pathogènes auxquels elle fait face, l’adaptation conduisant à l’évolution, à mesure qu’émerge une nouvelle Culture, adaptée pour être résistante aux agents pathogènes. Après tout, si les spenglériens insistent pour classer une Culture comme un organisme, nous pouvons aller plus loin et la classifier comme une espèce d’un organisme, et donc au lieu de mourir comme le fait un organisme unique, elle peut s’adapter et évoluer comme le fait une espèce, subissant dans certains cas une spéciation et la formation d’une nouvelle espèce. Bien sûr, l’espèce peut s’éteindre, et la culture européenne s’éteindra si la race européenne subit ce sort.

Curieusement, dans la dernière section de son livre, Bolton suggère certaines possibilités qui sont en accord avec certaines des vues que j’ai exprimées précédemment. Ici je veux parler du fait que l’Occident ne se dirige pas vers l’« empire » – nous sommes en fait déjà dans l’Hiver, déjà dans une civilisation « morte » de « fellahs ». Qu’est-ce qui s’est passé ? Où était l’empire ? Bolton fait la remarque pertinente que si nous disons qu’une Haute Culture est un organisme, alors nous devons réaliser que tous les organismes ne vivent pas pleinement le temps de vie qui leur est alloué. Certains meurent tôt, à cause d’une maladie ou d’un accident ou parce qu’ils deviennent les victimes d’autres organismes (en termes humains, ils sont tués). Le Destin de l’Occident fut avorté par sa défaite pendant la Seconde Guerre mondiale et l’infection hors-de-contrôle subséquente par des agents pathogènes culturels rampants. Si l’Occident est mort, ou mourant, Bolton suggère qu’une semence peut être plantée pour son successeur. Bolton suggère la possibilité d’une symbiose russo-occidentale ; l’idée est à nouveau promue que la prochaine culture devant être réalisée sera russe. Je suis franchement sceptique ; en tous cas, je propose la naissance d’une nouvelle (la troisième) Haute Culture européenne, qui peut bien sûr inclure la Russie.

On peut critiquer Bolton pour n’avoir pas parlé d’autres analyses et critiques plus récentes de Yockey et de ses idées. Peut-être que Bolton ne les connaît pas (bien qu’elles aient été postées sur des blogs et des journaux majeurs du « mouvement »), ou peut-être qu’il considère qu’elles ne sont pas importantes. J’ai tendance à penser que certains de ces commentaires sur Yockey sont plus instructifs que les plaintes de « Robertson » (comme dans son essai sur Yockey dans Instauration) sur l’horrible menace des superstitieux Siciliens au teint olivâtre et d’un mètre cinquante, mais peut-être que je me trompe.

Imperium_Audiobook.jpgConcernant la terminologie, une analyse plus complète du yockisme requerra des définitions plus précises de termes comme « race horizontale », « race verticale », « verticalisme » et tout le reste, incluant le « pessimisme spenglerien » aussi bien que les diverses « maladies de la culture » de Yockey.  En parlant de terminologie, Yockey s’illusionnait peut-être un peu en pensant que « Impérialisme » est plus convenable que « Fascisme », mais encore une fois, dans la période de l’après-guerre immédiat peut-être que c’était vrai. Mais certainement plus maintenant.

Dans l’ensemble, l’effort de Bolton est supérieur à celui de Coogan dans les catégories cruciales de contenu et d’organisation ; de plus, de mon point de vue de « nutzi », le préjugé droitiste de Bolton est infiniment plus acceptable que le préjugé gauchiste de Coogan. L’avantage majeur de l’ouvrage de Coogan est l’esthétique physique, puisqu’il avait probablement plus de ressources à sa disposition que Bolton, mais le « look » d’un livre est un point mineur comparé au contenu, à l’organisation et au ton, donc l’ouvrage de Bolton est jugé ici dans l’ensemble comme un effort supérieur (bien que les fans de Yockey feraient bien de lire les deux). De plus, alors que le livre de Coogan semblait être plus sur les collaborateurs (et les ennemis) de Yockey plutôt que sur Yockey lui-même, le chapitre « Ecce Homo » de Bolton jette un peu de lumière sur l’homme Yockey, en tant qu’être humain intéressant, bien qu’avec des défauts, et cette analyse est une autre raison de la supériorité du livre de Bolton sur celui de Coogan. Bolton se préoccupe de Yockey en tant qu’homme, alors que Coogan – bien qu’il ait compilé de nombreux faits sur le « milieu fasciste » de Yockey – semble utiliser Yockey comme un symbole pour faire des remarques sur l’extrême-droite internationale.

Cela en dit long (et rien de bon) sur la « scène américaine » que Yockey soit fondamentalement ignoré, alors que les gens comme Pierce, Rockwell et « Robertson » soient glorifiés. Certains justifieront cela en soulignant les défauts dans la vision-du-monde de Yockey, et les controverses concernant l’importance de la race biologique strictement « zoologique » ou le « pessimisme spenglerien ». Cependant, comme esquissé plus haut, il est possible d’être en désaccord avec Yockey sur certains de ces points et d’être quand même un yockien à cause d’une acceptation de sa thèse la plus fondamentale (l’idée d’Imperium, d’Unité et de Résurgence) ainsi qu’en ayant une « compréhension intuitive » de la signification de son livre Imperium. Je soupçonne que la vraie raison du manque de respect envers Yockey dans le Mouvement est la répugnance des activistes de Type I pour l’idée yockienne d’Unité Occidentale et pour sa croyance que les différences raciales entre Occidentaux sont, dans le contexte des différences raciales mondiales et dans le contexte de la « réalisation d’une Haute Culture », négligeables. C’est le paneuropéisme de Yockey (du moins pour les Européens occidentaux dans Imperium) qui perturbe tant la brigade « nutzi » [*] de Type I, car l’acceptation des fondamentaux du yockisme signifierait la fin du fétichisme ethnique et de l’action affirmative dans le Mouvement. Et le Mouvement sans fétichisme ethnique et sans action affirmative cesserait d’exister, ouvrant la voie à un Nouveau Mouvement qui remplirait l’espace libéré de cette manière.

Le Vieux Mouvement, le Mouvement Inc., ne cèdera pas sans combat, il sacrifiera la survie raciale blanche pour s’accrocher temporairement à ses prérogatives et pour continuer à entretenir son dogme chéri.

Peut-être que Yockey était trop bon pour nous, après tout.

Note:

[*] Jeu de mot signifiant à peu près « nazi cinglé ». (NDT) 

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vendredi, 23 avril 2021

Etats-Unis/Russie : un conflit pour l’Europe

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Etats-Unis/Russie : un conflit pour l’Europe

Par Gabriele Melchiorre

SOURCE : https://www.rivistaspiral.org/usa-russia-un-conflitto-per-leuropa/

Ces derniers jours, les États-Unis, sous la nouvelle administration démocrate, ont lancé une série de sanctions et de mesures contre leur ennemi/ami historique: la Russie. Tout a commencé par une déclaration provocante du président Biden qui, lors d'une interview le 17 mars (1), a déclaré qu'il pensait que Vladimir Poutine était un ‘’meurtrier’’, réitérant en même temps ses soupçons que l'ancien pays soviétique avait d'une manière ou d'une autre interféré dans les élections américaines de novembre dernier. La réponse russe à cette provocation ne s'est pas fait attendre et le Kremlin a convoqué l'ambassadeur américain à Moscou pour comprendre la direction que prendraient désormais les relations entre les deux pays. C'est à partir de là qu'a commencé une escalade de nouvelles provocations diplomatiques, qui ont conduit ces derniers jours à l'expulsion de dix diplomates russes des États-Unis, de trois de la Pologne (l’un des principaux alliés des États-Unis en Europe), à l'émission de nouvelles sanctions (2) et à la déclaration de l'état d'urgence par le gouvernement américain.

Le président américain a probablement jeté un coup d'œil aux cartes de son adversaire, voyant dans les récentes activités du gouvernement de la Fédération de Russie une future atteinte à la sécurité nationale, allant jusqu'à émettre un décret de saisie des avoirs de toute personne ayant eu le moindre lien avec l'État rival (3), suivi d'un déploiement plus conséquent de troupes le long de la frontière ukrainienne, tant par la Russie que par l'OTAN (4).

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Mais quels sont exactement les intérêts des États-Unis dans la poursuite de cette sorte de guerre froide du troisième millénaire? La réponse n'est à chercher ni à Washington ni à Moscou, mais à Berlin. Plus précisément encore dans les profondeurs de la mer Baltique, car c'est là que le Nord Stream 2 est en train de se construire. Il s'agit du doublement du gazoduc Nord Stream déjà achevé en 2012 qui, en traversant la mer qui baigne les côtes du nord de l'Europe, alimente l'Allemagne en précieux combustible.

Depuis l'administration Trump, les États-Unis ont exprimé leur désapprobation à l'égard de ce projet, considéré comme un projet géopolitique russe et une occasion d'approfondir les relations entre le pays eurasien et l'Allemagne (et à travers elle l'Union européenne). Mais alors que la politique "America First" du magnat voulait se tenir à l'écart des questions européennes, l'axe franco-allemand mis en place par Macron et Merkel a profité de l'occasion pour entamer un processus d'"autonomie" par rapport aux États-Unis ; or le président Biden a de nouveau tourné son regard vers le vieux continent, le considérant de toute évidence trop important pour qu'on lui lâche la bride. Dans cette optique, le premier point à l'ordre du jour était précisément d'entraver la construction du gazoduc, ou plutôt de limiter au maximum les conséquences de ce projet, qui aurait fait pencher la balance du côté de la Russie. La Maison Blanche a ensuite publié, le 18 mars, un communiqué de presse indiquant que toutes les entités, étatiques et privées, russes et allemandes, impliquées dans le projet de pipeline pourraient faire l'objet de sanctions (5). La faction atlantiste allemande ne s'est pas fait attendre et s'est immédiatement montrée fidèle à son maître: le parti des Verts, deuxième parti national aux élections européennes, a pris la tête de la bataille contre le Nord Stream 2, obtenant le soutien des États-Unis et de l'influent électorat écologiste. Et le 13 avril, un appel visant à bloquer indéfiniment les travaux à l'intérieur des sites de construction de l'oléoduc a été envoyé au tribunal administratif de Hambourg. La requête demande aux autorités d'arrêter la construction pour des raisons de protection de l'écosystème régional (6).

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En plus de la question du NS2, la nouvelle est tombée: 500 soldats supplémentaires viendront s'ajouter aux 36.000 déjà présents en Allemagne (7). Trump, en raison des tensions qui se sont créées avec la chancelière allemande concernant les dépenses liées au maintien des bases de l'OTAN, a procédé au retrait d'un tiers des troupes du territoire de la république fédérale et au démantèlement de deux bases militaires. Avec l'arrivée de nouveaux soldats, il est facile de comprendre que le plan a été annulé.

Pourtant, malgré les enjeux évidents, la diplomatie européenne n'a pas encore pris les devants et aucune déclaration particulière n'a été faite, pas même lors de la rencontre entre Macron, Merkel et le président ukrainien Zelensky à Paris, où une proposition prudente a été faite pour commencer la désescalade (8). L'invitation européenne semble avoir été ignorée à la fois par Biden et Poutine. Lundi, a annoncé M. Borrel, il y aura une réunion entre les ministres des affaires étrangères de tous les pays de l'Union où la question de l'Ukraine sera abordée. C'est à partir de là que l'on comprendra la position et le poids de l'Europe sur la question.

En bref, la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Russie, plus qu'une expression de la rivalité entre les deux pays, semble être un avertissement pour l'Europe et le reste du monde : l'Amérique est de retour et n'a pas l'intention d’abandonner ses atouts en Europe. Il faudra voir si les pro-européens allemands et français se permettront de reprendre ce fil d'autonomie qu'ils avaient réussi à gagner sous l'administration Trump. Il est encore trop tôt pour faire des prédictions sûres mais une chose est certaine: tôt ou tard, il faudra compter avec la question atlantiste.

Gabriele Melchiorre.

jeudi, 22 avril 2021

Les stratégies de mobilisation politique à l’ère de la post-persuasion et ce que cela signifie pour la géopolitique

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Les stratégies de mobilisation politique à l’ère de la post-persuasion et ce que cela signifie pour la géopolitique

Par Alastair Crooke

Source: Strategic Culture

En début d’année 2020, Steve Bannon affirmait que l’ère de l’information nous rendait moins curieux et moins disposés à considérer des visions du monde différentes des nôtres. Le contenu numérique nous est intentionnellement servi, de manière algorithmique, de sorte qu’avec la cascade de contenus similaires qui s’ensuit, nous « creusons » un sujet plutôt que de « nous ouvrir » à d’autres. Quiconque le souhaite peut, bien sûr, trouver des points de vue alternatifs en ligne, mais très peu le font.

En raison de cette caractéristique, la notion de politique par l’argumentation ou le consensus a presque entièrement disparue. Car quel que soit notre point de vue politique ou culturel, il y a toujours quelqu’un qui crée un contenu adapté à nos besoins, faisant de nous des consommateurs auto-stratifiés.

L’attrait magnétique d’un contenu similaire à notre pensée représente le « truc » psychique qui a rendu milliardaires les oligarques de la technologie. Pour Bannon, cependant, la signification était différente : oui, il devenait évident que la persuasion et l’argumentation n’étaient plus significatives pour faire pencher le choix de l’électeur marginal. Mais ce qui pouvait changer les choses (telle était la principale idée de Bannon), ce n’était pas de lire les métadonnées pour en dégager les tendances (comme le font les publicitaires), mais plutôt d’inverser l’ensemble du processus : c’est-à-dire de lire les données stratifiées pour élaborer des messages spécialement conçus, adaptés à la pensée du lecteur, qui déclencheraient une réponse psychique inconsciente (c’est-à-dire une « influence »), réponse qui pourrait potentiellement le conduire vers une orientation politique particulière.

Cela signifie, selon Bannon, que la campagne de Trump, et la politique en général, doit désormais être centrée sur une politique de mobilisation [émotionnelle, NdT], plutôt que sur la persuasion [intellectuelle, NdT].

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Bannon n’a jamais prétendu qu’il s’agissait là d’une idée nouvelle (il en attribue l’idée initiale aux Démocrates, en 2008), mais sa contribution réside dans la notion d’ingénierie inverse du modèle Big Tech à des fins politiques. L’importance particulière de cette idée réside toutefois dans un développement concomitant qui se matérialisait alors.

L’ouvrage prémonitoire de Christopher Lasch, La Révolte des Élites (1994), était en train de devenir réalité. Lasch avait prédit une révolution sociale qui serait poussée par la radicalité des enfants de la bourgeoisie. Leurs revendications seraient centrées sur des idéaux utopiques – diversité et justice raciale. L’une des principales idées de Lasch était que les futurs jeunes marxisants américains substitueraient une guerre des cultures à la guerre des classes. Cette guerre culturelle deviendra le « Big Divide » [Le Grand fossé, NdT].

Et pour Bannon (comme pour Trump), « Une guerre culturelle est une guerre », comme il l’a dit au Times. « Et la guerre fait des victimes ».

La politique de mobilisation était là pour rester ; et maintenant elle est « partout ». Le problème maintenant est que cette mécanique de politique de mobilisation est projetée à l’étranger, avec la (soi-disant) « politique étrangère » américaine.

Tout comme dans l’arène domestique, où la notion de politique par persuasion se perd, la notion de politique étrangère gérée par l’argumentation, ou la diplomatie, se perd également.

La politique étrangère devient alors moins une question de géostratégie, mais plutôt que ses « importants sujets » tels que la Chine, la Russie ou l’Iran, soient dépeints avec une « charge émotionnelle » faite pour mobiliser les « troupes » de la guerre culturelle intérieure afin d’influencer les psychismes américains (et ceux de leurs alliés) et les pousser à être mobilisés derrière un sujet (tel que plus de protectionnisme pour les entreprises), ou alternativement, donner une image sombre pour délégitimer une opposition ; ou pour justifier des échecs. Il s’agit d’un jeu très risqué, car cela oblige les États visés à adopter une position de résistance, qu’ils le souhaitent ou non.

Le fait de pousser la population à percevoir ces États étrangers de cette manière déformée oblige ces États à réagir. Et cela ne s’applique pas seulement aux rivaux de l’Amérique, mais aussi à l’Europe.

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Peter Pomerantsev, dans son livre intitulé « This is not Propaganda », donne un exemple de la manière dont une « charge émotionnelle » (dans ce cas, l’anxiété) peut être créée. En tant que chercheur à la London Shool of Economy, il a créé une série de groupes Facebook pour les Philippins afin de discuter des événements dans leurs communautés. Lorsque les groupes ont atteint une taille suffisante (environ 100 000 membres), il a commencé à publier des histoires de crimes locaux et a demandé à ses stagiaires de laisser des commentaires liant faussement ces crimes macabres aux cartels de la drogue.

Les pages Facebook se sont soudainement remplis de commentaires effrayés. Les rumeurs ont tourbillonné, les théories du complot se sont métastasées. Pour beaucoup, tous les crimes sont devenus des crimes liés à la drogue. (À l’insu de leurs membres, les groupes Facebook ont été conçus pour donner un coup de pouce à Rodrigo Duterte, alors candidat à la présidence, qui s’était engagé à réprimer brutalement les trafiquants de drogue).

La psychologie comportementale et la « psychologie de l’influence » prolifèrent dans la politique d’aujourd’hui. Des experts britanniques en psychologie comportementale auraient indiqué au Premier ministre, Boris Johnson, que ses politiques en matière de coronavirus risquaient d’échouer parce que les Britanniques n’avaient « pas assez peur » du Covid. La solution était évidente. En effet, une grande partie des stratégies occidentales d’anxiété face aux pandémies et aux confinements peuvent être considérées comme des « stratégies d’influence » comportementales en vue d’une réorganisation planifiée et à grande échelle, en utilisant le virus.

L’élément central de cette technique est l’utilisation du micro-ciblage : Le processus consistant à découper l’électorat en niches stratifiées et à utiliser des « stratégies psychologiques secrètes » pour manipuler le comportement du public a été lancé en grande partie par Cambridge Analytica. L’entreprise a débuté comme un sous-traitant militaire non partisan qui montait des opérations psychologiques sur internet pour contrecarrer les efforts de recrutement des djihadistes. Mais comme l’écrit MacKay Coppins, elle s’est ensuite métamorphosée :

Cela a commencé quand le milliardaire conservateur Robert Mercer est devenu 
un investisseur majeur et a installé Steve Bannon comme son représentant.
Grâce à l'énorme quantité de données qu'elle a recueillies auprès de
Facebook [...], Cambridge Analytica s'est efforcée d'établir des profils
psychographiques détaillés pour chaque électeur aux États-Unis et
a commencé à expérimenter des moyens d’influencer psychologiquement
les électeurs dans une direction ou une autre. Dans le cadre d'un exercice,
la société a demandé à des hommes blancs s'ils approuveraient le fait que
leur fille épouse un immigrant mexicain : Ceux qui ont répondu "oui" se
sont vus poser une question complémentaire destinée à provoquer leur
irritation face aux contraintes du politiquement correct : "Avez-vous eu
le sentiment que vous étiez obligés de répondre ça ?"
. Christopher Wylie, qui était le directeur de recherche de Cambridge Analytica,
a déclaré qu'"avec le bon type d’influence", les personnes qui présentaient
certaines caractéristiques psychologiques pouvaient être poussées vers
des croyances toujours plus extrêmes et des pensées conspiratrices.
"Plutôt que d'utiliser les données pour interférer avec le processus de
radicalisation, Steve Bannon a été capable d'inverser cela"
, a déclaré
Wylie. "Nous étions essentiellement en train de semer une insurrection
aux États-Unis"
.

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Bannon et Andrew Breitbart avaient auparavant été impressionnés par la véritable puissance populiste dont ils avaient été témoins au sein du Tea Party. Ce dernier avait émergé en réponse à la crise financière de 2008, les membres du Tea Party voyant les Américains ordinaires devoir payer pour nettoyer le gâchis financier, tandis que ceux qui en étaient la cause s’en sortaient, encore plus enrichis : « [Le Tea Party] était quelque chose de totalement différent. Ce n’était pas… ce n’était pas le parti républicain standard. C’était tout nouveau. Vous avez eu la – vous avez eu la – vous avez eu l’énorme révolte du Tea Party en 2010, dans laquelle nous avons gagné 62 sièges. Le parti républicain ne l’a pas vu venir », expliquait Bannon.

« L’incapacité du parti républicain à se connecter aux électeurs de la classe ouvrière était la principale raison pour laquelle ils ne gagnaient pas. » Et c’est ce que Bannon a dit à Trump : « On sort le « commerce » de sa position numéro 100, d’accord ? Ce n’est pas [encore] un problème. Tout le parti républicain a ce fétichisme du libre-échange – ils réagissent comme des automates, « Oh, libre-échange, libre-échange, libre-échange » – ce qui est une idée radicale, surtout quand vous êtes contre un adversaire mercantile comme la Chine. »

« Nous allons donc faire passer le commerce de la position numéro 100 à la position numéro 2, et nous allons faire passer l’immigration, qui est numéro 3, à la position numéro 1 [dans les priorités des Américains]. Et cela sera axé sur les travailleurs, n’est-ce pas ? Et nous allons recréer le parti républicain ».

J’en viens au deuxième point concernant l’utilisation de stratégies psychologiques qui opèrent en dessous du niveau de conscience : Dès le départ, ils avaient l’intention de faire exploser l’establishment républicain. Elles étaient destinées à être explosives et transgressives. Bannon l’illustre à partir d’un discours clé de la campagne de Trump : « Il commence [par] l’immigration et le commerce, dont personne ne parle jamais – mais ensuite, il commence à faire des choses exagérées, et je dis : « Regardez. Ils vont mordre fort. Et ils mordent fort ; il va faire exploser tout ça. »

« Je suis assis là, à regarder ce truc à la télé. Quand il commence à parler des violeurs mexicains et tout ça, je me dis : « Oh, mon Dieu. » J’ai dit, « C’est… » J’ai dit : « Il vient de les enterrer… Ils vont devenir fous. CNN va littéralement diffuser 24 heures sur 24. » A ce moment-là, il part en Iowa, je crois, cette nuit-là. Ils ne parlent que de ça. Il passe de numéro 7 à la première place, et ne regarde jamais en arrière ».

Dans les sondages du lendemain, Trump devenait le numéro un. Très transgressif, très agressif et polarisant. C’était son intention. Comme l’a dit Bannon : « A la guerre, il y a des victimes ».

Bien sûr, Bannon était bien conscient (il venait de Goldman Sachs) que ce sont les entreprises américaines qui avaient délocalisé vers l’Asie les emplois manufacturiers, dans les années 1980, à la recherche de marges bénéficiaires plus élevées (ce n’est donc pas la Chine qui en est responsable). Et ce sont les chambres de commerce américaines qui ont préconisé une augmentation de l’immigration afin de réduire les coûts de la main-d’œuvre aux États-Unis. Mais tout ce contexte était du matériel insuffisamment combustible pour gagner une guerre culturelle totale. C’était trop nuancé : Non, la Chine « veut submerger culturellement l’Amérique et dominer le monde. Elle a volé vos emplois » : Elle nous a filé le Covid. Soudainement, l’Amérique rouge a été « enflammée » par des bavardages anxieux. Elle l’est toujours.

Les Démocrates, inquiets de cette tendance, se sont tournés vers d’autres pays pour tirer des leçons sur la façon de contrer cette tendance à la mobilisation. L’Indonésie, par exemple, a sévi après qu’une vague de récits viraux a conduit à la défaite d’un candidat populaire au poste de gouverneur en 2016. Pour éviter qu’une perturbation similaire ne se reproduise, une coalition de journalistes de plus de deux douzaines de grands médias indonésiens a travaillé ensemble pour identifier et démystifier les « canulars » avant qu’ils ne gagnent du terrain en ligne.

Il s’agissait d’un modèle prometteur. Un modèle qui a été mis en évidence après l’article du Time Magazine du 3 novembre intitulé « The Secret History of the Shadow Campaign That Saved the 2020 Election » (L’histoire secrète de la campagne cachée qui a sauvé l’élection de 2020), qui souligne comment cette campagne secrète « a réussi à faire pression sur les entreprises de médias sociaux pour qu’elles adoptent une ligne plus dure contre la désinformation, et a utilisé des stratégies basées sur les données numériques pour lutter contre les diffamations virales ».

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Aujourd’hui, Biden déclare qu’il a l’intention de changer l’Amérique « pour toujours » grâce à son projet de triples lois sur les dépenses budgétaires. En fin de compte, l’intention de son administration est de « décoloniser » l’Amérique de la primauté des Blancs – et, inversant ainsi le paradigme du pouvoir, de le placer plutôt entre les mains de leurs victimes. Il s’agit de profonds changements structurels, politiques et économiques qui sont bien plus radicaux que ce que la plupart des gens ne le perçoivent. On peut le comparer au consensus national pour un changement transformationnel du type de celui que le peuple américain a encouragé par ses votes en 1932 et 1980.

Aujourd’hui, il n’y a pas les conditions sociales pour la transformation qui existait en 1932 ou en 1980. Réaliser l’agenda national est « capital » : Cela représenterait une « victoire » décisive dans la guerre culturelle américaine. L’agenda de politique étrangère du cercle Biden est secondaire ; son objectif premier est de faire croire à la « fermeté » ; de ne laisser aucune « faille » par laquelle le Parti républicain pourrait obtenir suffisamment de soutien, en 2022, pour modifier l’équilibre fragile du Congrès, en dépeignant Biden comme un faible qui évite la confrontation.

Les Démocrates ont toujours une peur névralgique de la surenchère du Parti républicain sur la « sécurité de l’Amérique ». Historiquement, une stratégie d’ennemis étrangers et d’anxiété publique accrue a toujours consolidé le soutien de l’opinion publique envers un leader.

La Russie, la Chine, l’Iran – ce ne sont que des « images » utilisées principalement pour leur potentiel à être chargées « d’une influence » émotionnelle dans cette guerre culturelle occidentale ; à laquelle ces États ne prennent pas part. Ils n’ont d’autres choix que de rester fermes et mettre en garde contre tout franchissement de certaines « lignes rouges ». C’est ce qu’ils font. Mais la politique de mobilisation transgressive sera-t-elle capable de comprendre que cette position n’est pas une contre-mobilisation de même nature, et que ces « lignes rouges » sont réelles et non pas des éléments d’un « jeu d’influence » ?

Alastair Crooke

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

mardi, 20 avril 2021

Non, le soldat Ryan n'a pas sauvé les Afghans

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Non, le soldat Ryan n'a pas sauvé les Afghans

par Fulvio Scaglione

Source : Fulvio Scaglione & https://www.ariannaeditrice.it/
 
L'Afghanistan, le retrait et la honte
 
Joe Biden a annoncé le retrait des troupes américaines (3000 hommes) et, par conséquent, des troupes de l'OTAN (7000 hommes) d'Afghanistan. Et il a choisi une date suggestive, le 11 septembre, le jour des tours jumelles, pour parachever le retrait. Inutile de s'appesantir sur le fait que, là aussi, le nouveau président suit les traces de son prédécesseur, ne prenant que quelques mois de marge de manœuvre en plus:il programme ce retrait pour septembre non pas pour mai, comme l'avait suggéré Donald Trump. Deux autres faits importent davantage, que M. Biden a lui-même soulignés, du moins partiellement. La première, c'est que cette guerre de vingt ans a été un échec colossal. Les États-Unis ont dépensé à eux seuls deux trillions de dollars (deux mille milliards) pour la mener à bien, une somme qui aurait pu être utilisée pour prendre l'Afghanistan et le rendre à nouveau neuf. Pour la combattre, 3541 soldats internationaux sont morts, près de  000 soldats afghans, des dizaines de milliers de guérilleros et, surtout, environ 200.000 civils qui, selon les statistiques les plus crédibles, ont été tués à 40% par ceux qui étaient venus de l'autre bout du monde (y compris d'Italie, ndlr) pour les libérer.
 
Et quel est le résultat ? Selon toute vraisemblance, nous assisterons d'ici quelques mois à une répétition de la guerre civile des années 90, car les talibans sont réapparus bien renforcés, au point de pouvoir s'asseoir à la table des négociations de paix en tant qu'interlocuteurs faisant autorité. Il est clair qu'ils ont des plans très très différents pour l'avenir de l'Afghanistan de ceux qui, avec plus ou moins de succès, gouvernent dans l'ombre des canons de l'OTAN. Et selon toute probabilité, ce seront les talibans qui l'emporteront, forts du consensus grâce auquel, surtout dans les campagnes, ils n'ont jamais perdu. Comme dans un jeu de l'oie pervers, nous allons donc revenir presque exactement au point de départ. Vingt ans et 300.000 morts plus tard.
 
L'autre fait, incroyable si l'on s'éloigne de la vision américano-centrée qui a dominé pendant des décennies, est que ce retrait est la réplique d'autres retraits. Celui du Vietnam, par exemple. Ou celle, beaucoup plus proche de nous, de l'Irak, décrétée en 2011 par Barack Obama, qui avait Biden comme adjoint à la Maison Blanche. En Irak, nous savons comment cela s'est passé. George Bush Jr. et Tony Blair ont inventé un tas de mensonges sur les armes de destruction massive pour mener leur guerre coloniale. Ils ont ainsi produit une vague de violence et de destruction responsable de nombreux massacres (environ 15.000 soldats de différentes nationalités, des soldats et des contractants irakiens sont morts, au moins 30.000 soldats de l'armée de Saddam Hussein, au moins 50.000 insurgés et un nombre de civils que personne n'a pu ou voulu préciser, mais qui se chiffre en centaines de milliers de personnes), de la déstabilisation de toute une région et de ces ressentiments qui, plus tard, ont ouvert la voie à Al-Qaïda et à Isis.
 
Et pourtant, à chaque fois, on aboutit à un retrait plus ou moins retentissant, dont on parle comme d'un mérite, d'un geste astucieux, et non comme de la conséquence inévitable d'un formidable entêtement et d'une impitoyable politique. Je me  trouvais en Afghanistan en 2001, lorsque cette folie qui a duré vingt ans a commencé. Je suivais l'avancée de l'Alliance du Nord et il était clair à un kilomètre à la ronde qu'il s'agissait d'une fausse guerre, gagnée d'avance en achetant le consentement des tribus contre les talibans. Comme toujours, l'achat de la victoire n'a pas été difficile. Acheter la paix, en revanche, s'est avéré impossible. Vous verrez, dans vingt ans, ils feront la même chose avec la Syrie. Et ils diront les mêmes choses qu'aujourd'hui.

lundi, 19 avril 2021

La guerre des sanctions américano-russes: symbolique, substantielle ou stratégique?

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La guerre des sanctions américano-russes: symbolique, substantielle ou stratégique?

Par Andrew Korybko

Ex : http://oneworld.press/

L'intensification récente de la "guerre des sanctions" entre les États-Unis et la Russie a amené de nombreux observateurs à se demander si cette escalade est symbolique, substantielle ou stratégique.

L'imposition par les États-Unis, la semaine dernière, des sanctions les plus sévères contre la Russie depuis plusieurs années a incité la grande puissance eurasienne à réagir de la même manière. Reuters a publié une fiche d'information pratique sur les premières mesures prises par les États-Unis, tandis que Sputnik en a publié une sur les mesures prises par la Russie, toutes deux devant être consultées par les lecteurs qui ne sont pas parfaitement au courant de ce qui vient de se passer. Les États-Unis ont réagi très négativement à la réponse de la Russie en la considérant comme une "escalade", alors qu'il s'agissait essentiellement d'une mesure de réciprocité. Moscou a également laissé entendre qu'elle avait quelques autres tours dans son sac en matière de sanctions si Washington décidait d'aller plus loin. Il reste donc à voir ce qui va suivre, mais c'est le moment idéal pour réfléchir aux événements de la semaine dernière afin de déterminer s'ils sont symboliques, substantiels ou stratégiques.

Pour résumer, les États-Unis ont sanctionné la monnaie et la dette russes, les entreprises technologiques, les organes d'information et les fonctionnaires, tout en expulsant dix diplomates russes. La Russie a répondu en expulsant un nombre équivalent de diplomates américains, en publiant une liste de plusieurs responsables américains interdits de séjour dans le pays, en imposant des restrictions sur les pratiques d'embauche des missions diplomatiques américaines et sur les déplacements de ses diplomates, et en promettant de contrecarrer tous les efforts d'ingérence soutenus par les États-Unis en Russie. Les mesures américaines ont été prises sous le prétexte infondé d'accusations de piratage et d'ingérence de la part de la Russie, tandis que les mesures russes ont été promulguées par pure autodéfense. Les États-Unis visent à stigmatiser les entreprises russes, leur économie et les médias amis, tandis que la Russie entend dénoncer l'ingérence américaine dans le pays.

On peut affirmer que les deux séries de mesures sont symboliques, substantielles et stratégiques. Les Américains ont réagi à une guerre de l'information armée (symbolique), ont ciblé des éléments de l'économie russe (substantiel) et ont intensifié la campagne de "pression maximale" contre Moscou (stratégique). La Russie, quant à elle, a répondu en expulsant des diplomates américains et en publiant la liste des fonctionnaires qui ont été bannis (symbolique), en restreignant les activités diplomatiques américaines (substantiel) et en rendant ainsi plus difficile l'ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures de la Russie (stratégique). Fondamentalement, les actions des États-Unis sont offensives tandis que celles de la Russie sont défensives, et les deux tentent d'obtenir des avantages stratégiques sur l'autre en termes de dynamique respective de leur compétition (les États-Unis agissant contre la Russie pour la déstabiliser tandis que la Russie riposte pour se protéger).

Contrairement à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, aucune des deux parties ne peut vraiment infliger de dommages importants à l'autre puisque leurs pays n'ont jamais été "couplés" au départ pour se "découpler" au présent d'une manière qui pourrait être mutuellement préjudiciable. Cette observation présente des avantages et des inconvénients pour chaque partie. Le côté "positif" des choses est que les mouvements de chaque partie ont très peu de chances de provoquer l'autre à nuire de manière significative à ses intérêts, tandis que le côté "négatif" est que cela signifie que chaque partie peut au moins en théorie poursuivre ses mouvements sans relâche, en fonction de sa volonté politique de le faire, car il est peu probable que la réponse de son homologue l'affecte de manière négative. Évidemment, les déterminations "positives" et "négatives" sont relatives et, aux yeux des plus audacieux, dépendent également de leurs intentions, de leurs idéologies et d'autres facteurs de ce type qui diffèrent entre eux.

En gardant cela à l'esprit, il convient d'évaluer les chances de réussite de chaque stratégie respective. Celle des États-Unis n'aura de conséquences que si Washington a la volonté politique d'imposer des "sanctions secondaires" contre ceux qui achètent la monnaie et la dette russes, ce qui reste à voir. Toutefois, même dans ce scénario, la réponse russe pourrait consister, comme on peut s'y attendre, à se rapprocher de la Chine sur ces fronts, ce qui accélérerait leur grande convergence stratégique et renforcerait la "Ligue de justice" nouvellement formée entre ces deux grandes puissances au sein de la multipolarité réelle de notre monde. Quant aux chances de réussite de la stratégie défensive de la Russie, elles sont bien meilleures puisque les mesures prises par Moscou limiteront considérablement la capacité de Washington à s'ingérer dans ses affaires intérieures. C'est pourquoi il est prévu que les États-Unis perdent leur "guerre des sanctions" contre la Russie, même s'ils présentent leur échec comme un succès.

Par Andrew Korybko,

Analyste politique américain

vendredi, 16 avril 2021

Kazakhstan : les États-Unis sont-ils derrière les provocations anti-chinoises ?

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Kazakhstan: les États-Unis sont-ils derrière les provocations anti-chinoises?

Sebastian Gross

Ex : https://xportal.pl/

Les manifestations organisées au Kazakhstan fin mars 2021 contre l'expansion économique chinoise (vous pouvez en savoir plus ici : https://xportal.pl/?p=38905 ) ont donné lieu à de nombreuses spéculations quant à l'identité du bénéficiaire final de ces protestations motivées par la sinophobie. En analysant le volume des investissements étrangers dans la plus grande république d'Asie centrale, on peut arriver à une conclusion inattendue: ce sont les États-Unis qui s'intéressent à la divergence sociopolitique entre le Kazakhstan et la Chine. Comme le disait le gangster américain Al-Capone: « Rien de personnel, c'est juste du business ».

Commençons par les chiffres. Selon le ministère de l'économie du Kazakhstan, les principaux investisseurs dans l'économie de cette ancienne république soviétique au cours des seize dernières années sont trois pays occidentaux: les Pays-Bas, les États-Unis et la Suisse. La Chine occupe la quatrième place en termes d'investissements (la Russie n'est qu'en cinquième position). Quant aux Pays-Bas et à la Suisse, il est clair qu'il s'agit de projets communs de sociétés multinationales qui ne sont "enregistrées" que dans les pays européens mentionnés. À titre de comparaison: les Pays-Bas ont investi 218,6 milliards de dollars au Kazakhstan, tandis que la Chine n'a investi que 19,5 milliards de dollars. Toutefois, examinons les investissements des États-Unis.

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Astana, capitale du Kazkhstan.

La plus grande entreprise à capitaux étrangers au Kazakhstan est la compagnie pétrolière Tengizchevroil, fondée par Chevron (USA), qui détient 50 % des parts, et ExxonMobil (USA), qui détient à son tour 25 % des parts. Il y a un mois, le magazine américain Forbes (1) expliquait que Chevron avait l'intention d'investir 22 milliards de dollars dans le projet Tengiz au Kazakhstan. L'empreinte américaine est également visible dans Karachaganak Petroleum Operating B.V. sous la forme d'une participation de 18 % de Chevron.

La production de cigarettes est la deuxième industrie la plus rentable au Kazakhstan après l'industrie pétrolière. Cette industrie est également dominée par les compagnies de tabac américaines, qui ont organisé des co-entreprises au Kazakhstan: Japan Tobacco International Kazakhstan, Philip Morris Kazakhstan et British American Tobacco Kazakhstan Trading.

Il est clair que la Chine est loin d'être à la hauteur de ce filon pétrolier du Kazakhstan. Pékin s'est contenté de petits investissements dans le développement et l'infrastructure de l'industrie minière et de transformation, dans l'ingénierie mécanique et les entreprises chimiques. En fait, toutes ces industries sont actuellement un terrain trop difficile pour les États-Unis. Le calcul des Américains est simple: semer les ferments de la sinophobie dans la société kazakhe, puis s'inquiéter de "l'occupation chinoise", exprimer des sentiments chaleureux à l'égard du "peuple kazakh épris de liberté" et enfin proposer de mettre le Kazakhstan sous protection. Et ce que signifie l'étreinte chaude et sulfureuse des "partenaires américains" est une chose connue de première main chez nous en Pologne, par exemple.

Cependant, l'initiateur des rassemblements anti-chinois, Zhanbolat Mamay, du Parti démocratique du Kazakhstan (opposition), ne compte pas baisser les bras. Après l'action de protestation, il a écrit un appel révolutionnaire sur Facebook (2): "La lutte continue! Nous ne permettrons pas la substitution de notre patrie!". L'opposant a noté que "les autorités ont tellement peur" qu'elles ont même coupé l'Internet à Almaty.

"Cela signifie que l'esprit du pays ne s'est pas éteint, nous sommes prêts à nous battre!" - il a continué à faire un appel émotionnel aux personnes qui pensent comme lui. "Nous ne restons pas assis à la maison quand le pays est en danger! Nous devons continuer à lutter contre l'expansion chinoise. Bien sûr, le problème ne peut être résolu par une seule protestation. Ce n'est qu'un des premiers pas vers une grande bataille. Il faut sauver notre pays, notre gouvernement doit revenir à la raison car il est endetté auprès de la Chine et met en péril notre indépendance !"

Tout cela signifie seulement que la lutte américano-chinoise pour les ressources dans ce pays le plus riche en minéraux d'Asie centrale sera permanente. La question intéressante, bien sûr, est de savoir s'il y a une place pour la souveraineté du Kazakhstan dans cette bataille.

***

« Solidarité kazakh » : la résistance à l'expansion chinoise s'accroît en Asie centrale

Au Kazakhstan, la plus grande république d'Asie centrale, un rassemblement contre l'expansion chinoise a eu lieu. L'action de protestation s’est déroulée le 27 mars 2021 à Almaty. Elle a été initiée par un politicien de l'opposition, Zhanbolat Mamay, du Parti démocratique du Kazakhstan. Sur sa page sur Facebook [1], l'opposant prévient :

"Les autorités ne diffusent pas trop d'informations sur les 56 usines chinoises au Kazakhstan. À l'avenir, cela deviendra une menace majeure pour l'indépendance de notre pays. La Chine ne donnera pas des milliards de dollars gratuitement. Ce n'est que le début de l'expansion économique et démographique. Les usines chinoises ne sont pas construites pour les travailleurs du Kazakhstan".

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Zhanbolat Mamay.

À titre d'exemple, Zhanbolat Mamay a cité les pays africains, où une expansion chinoise similaire s'est déjà révélée être un poison pour la souveraineté des républiques du continent noir. "La Chine a investi des centaines de milliards de dollars dans ces pays. En conséquence, les gouvernements africains sont totalement dépendants de Pékin. Ils y ont même ouvert leurs bases militaires ".

Expliquer que depuis 2017 seulement, dans la République est-africaine de Djibouti, a été rendue opérationnelle la première base étrangère de la marine chinoise. Toutefois, selon des sources ouvertes, l'intérêt de la Chine est également lié aux infrastructures d'autres ports militaires dans des pays africains tels que l'Angola (port de Lobitu), le Kenya (Lamu et Mombasa), le Mozambique (Beira et Maputo), la Tanzanie (Bagamoyo) et l'Érythrée (Massawa). La plupart de ces ports sont déjà utilisés par les navires d'approvisionnement chinois.

Il est difficile de contester la logique qui sous-tend les déclarations de l'homme politique d'opposition kazakh. Tout en appelant à un rassemblement anti-chinois, il pose également de bonnes questions: "Croyez-vous que le Kazakhstan, qui enverrait ses cadres dans la lointaine Afrique, en dépensant des dizaines de milliards de dollars, ne s'ingérerait pas dans l'économie, la politique et les affaires intérieures de son peuple ?".

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Toutefois, les sinophobes kazakhs ont aussi leurs adversaires, qui font valoir que, premièrement, l'Afrique est très éloignée et que, deuxièmement, les relations économiques entre le Kazakhstan et la Chine sont mutuellement bénéfiques, ce qui est lié au chiffre d'affaires commercial en constante augmentation. Cependant, les partisans du Parti démocrate ont un contre-argument fort, arguant d'une sorte d'"agression cachée" de la part de Pékin. Ils font référence aux "camps de concentration du Xinjiang", dont le nom officiel en Chine est "camps de rééducation", par lesquels sont passés des dizaines de milliers de Kazakhs vivant dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang en RPC.

"La population du Xinjiang n'est pas inférieure à celle du Kazakhstan. Cela signifie que Pékin transforme l'ensemble de l'État en un camp de concentration. Comment peut-on rester assis et regarder ça ? Lorsqu'il s'agit d'intérêts nationaux, nous devons tous être unis et solidaires. Nous avons besoin d'un parti de résistance pour arrêter l'expansion chinoise. Si nous ne prononçons même pas un mot pour l'instant, quand allons-nous enfin élever la voix? Combien de temps allons-nous rester sous la couette sans nous inquiéter pour chacun d'entre nous?" Force est de constater que les propos tenus par l'opposant kazakh sont similaires à ceux de l'époque de ‘’Solidarité’’ en Pologne, si l'on remplace "Chinois" par "Soviétiques".

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Outre les appels lancés sur les réseaux sociaux, les opposants à l'influence chinoise organisent des manifestations dans les rues des grandes villes kazakhes. Certes, la police n'a pas encore supprimé la propagande d'agitation, mais il faut se souvenir que Zhanbolat Mamay a été arrêté pendant trois jours en février 2021. Pour des appels similaires à un rassemblement illégal. On peut s'attendre à ce que, cette fois, les autorités kazakhes neutralisent l'opposant, ce qui, bien entendu, ne résoudra pas le problème global de la domination économique de la Chine sur le Kazakhstan voisin.

Sebastian Gross pour Xportal.pl

[1] https://www.facebook.com/zhanbolat.mamay/posts/3963018753740950

jeudi, 15 avril 2021

Les États-Unis renforcent leur présence en Mongolie

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Les États-Unis renforcent leur présence en Mongolie

Par Vladimir Odintsov

Ex : https://geopol.pt/2021/04/15/

Ces dernières années, la Mongolie a fait l'objet d'une attention croissante dans le cadre d'une stratégie américaine globale et multiforme visant à dominer le continent eurasien. Dans une certaine mesure, cela est dû à la quantité colossale de ressources naturelles et d'opportunités économiques dont dispose ce pays du centre de l’Asie, qui présentent un intérêt indéniable pour les milieux industriels et commerciaux américains. Toutefois, cela est encore davantage lié aux intentions de Washington d'utiliser la "patrie ancestrale de Gengis Khan" pour s'opposer à la Russie et à la République populaire de Chine (RPC), en mettant l'accent sur la "séparation" du peuple mongol, étant donné la présence en Chine de la Mongolie intérieure, une région autonome très étendue. De plus, la Mongolie a une longue frontière avec la Russie.

Selon les experts, les Américains sont clairement déterminés à établir des liens bilatéraux avec Ulan Bator et à inclure la Mongolie parmi leurs alliés les plus proches (avec Singapour, Taïwan et la Nouvelle-Zélande) dans la région indo-pacifique. Les analystes pensent que l'idée de coopérer avec Oulan-Bator est devenue particulièrement pertinente pour les États-Unis à la lumière de leurs relations tendues avec la Russie et la Chine ces dernières années.

En termes de volume total d'investissements directs étrangers (IDE) en Mongolie, les États-Unis occupent la sixième place (3,3 %), derrière la Chine et le Japon mais devant la Russie. Dans une large mesure, les investisseurs américains s'intéressent à l'industrie minière mongole, notamment à l'exploitation du plus grand gisement de charbon, Tavan Tolgoi. Bien que les investisseurs américains considèrent la Mongolie comme l'un des marchés les plus prometteurs d'Asie de l'Est, leurs activités d'investissement dans ce pays sont entravées par une bureaucratie lourde et inefficace, des niveaux élevés de corruption et des conflits financiers récurrents causés par le "nationalisme des ressources" mongol.

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Récemment, dans les discours des hommes politiques américains, on entend de plus en plus des paroles comme suit : "la fierté des États-Unis d'être le troisième voisin de la Mongolie". À ce sujet, les États-Unis font référence à un concept qui est apparu dans le vocabulaire des politiciens mongols après la révolution du début des années 1990. Géographiquement, la Mongolie ne partage ses frontières qu'avec deux pays, la Russie et la Chine, mais Oulan-Bator a déclaré à plusieurs reprises qu'aujourd'hui, elle n'avait pas l'intention de réserver tous ses contacts politico-militaires et économiques uniquement à ces deux États. C'est pourquoi la Mongolie est considérée comme un troisième voisin des pays avec lesquels la république entretient les relations les plus étroites, en citant notamment les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie et les pays de l'UE, avec lesquels la Mongolie espère équilibrer l'influence russe et chinoise dans la région.

Le vecteur de l'expansion par Washington de ses sphères d'influence en Asie est visible depuis longtemps. En 2011, la représentante du parti démocrate Hillary Clinton, alors secrétaire d'État, a annoncé que la présence des États-Unis en Asie était une condition préalable au maintien du leadership mondial américain, car c'est en Asie que "la majeure partie de l'histoire du XXIe siècle sera écrite." Le principal adversaire de Washington dans la région reste aujourd'hui la Chine, qui apparaît dans les documents doctrinaux américains comme l'une des principales menaces.

Dans le document de sécurité nationale américain Strategic Framework for Engineering and Technology récemment déclassifié par la Maison Blanche et adopté en 2018, la Mongolie est considérée, avec le Japon, la République de Corée et Taïwan, comme l'un des principaux partenaires pour contenir "l'agression économique" de la Chine en participant à divers projets américains. L'une des expressions de cette politique a été l'allocation de 350 millions de dollars à Oulan-Bator pour moderniser le système d'approvisionnement en eau de la capitale, qui est devenu le plus gros investissement américain unique dans la région. Toutefois, Washington cherche systématiquement à souligner que la nature gratuite de l'aide américaine est censée se comparer favorablement aux programmes d'infrastructure de la Chine, qui impliquent en règle générale la mise en place de prêts liés.

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Afin d'accroître la présence américaine en Mongolie en 2019, l'USAID a repris son travail, qui a annoncé début 2021 le financement de deux programmes de promotion du développement agricole pour un montant de 4,3 millions de dollars.

Avec la participation active de l'USAID, on a assisté récemment à une expansion dynamique des activités de nombreuses ONG en Mongolie, dont beaucoup ont été créées dans diverses domaines pour "étendre la démocratie". Ainsi, selon le ministère mongol de la Justice et de l'Intérieur, en 2019, plus de 20.000 ONG étaient officiellement enregistrées dans ce pays (et ce pour une population de trois millions d’âmes!), dont la plupart sont financées par l'étranger. Par exemple, les militants de l'ONG Mongolian Youth Union mettent en œuvre un projet selon lequel les hommes politiques mongols sont placés sur une liste noire ou blanche en fonction de leur degré de corruption. Mais en même temps, il s'avère que les médias coordonnent ces listes avec les dirigeants des structures américaines telles que le Peace Corps et l'USAID! On comprend maintenant pourquoi les hommes politiques mongols considérés comme "pro-russes" sont principalement inclus dans la liste dite "noire". En étant placés sur une telle liste "noire", ils ont déjà peu de chances d'être inclus dans le nombre de membres du parlement mongol...

Un autre exemple est le travail actif en Mongolie d’une autre ONG, qui œuvre avec les politiciens locaux (principalement avec les parlementaires) et leur circonscription ; cette ONG dépend de l'Institut républicain international (IRI), qui, en 2016, a été interdit en Russie en raison d'une ingérence flagrante dans les affaires intérieures des pays. Cette ONG organise régulièrement des voyages aux États-Unis pour des législateurs mongols et d'autres dirigeants politiques mongols de premier plan, ce qui pourrait raisonnablement être considéré comme un acte de corruption.

En outre, avec le soutien actif de l'ambassade des États-Unis en Mongolie, de la Fondation Soros, d'une secte religieuse telle que l'Église adventiste du septième jour, un certain nombre d'autres organisations opèrent aujourd'hui. À en juger par les états financiers, la Mongolie n'est pas épargnée, notamment par les structures américaines qui se font passer pour des ONG et agissent pour promouvoir la "démocratie à l'américaine". Compte tenu de ses chiffres importants pour une population modeste de trois millions d'habitants, la Mongolie aurait dû devenir depuis longtemps "un bastion mondial de la démocratie et de la prospérité", ce qui n'est toutefois pas clairement visible... Elle aurait dû atteindre les buts et objectifs qui lui ont été fixés, notamment dans le cadre de la confrontation avec la Russie et la Chine.

Afin d'éviter de devenir complètement contrôlée par l'influence étrangère, la Mongolie aurait dû adopter depuis longtemps une loi "sur les agents étrangers", comme l'ont d'ailleurs fait les États-Unis eux-mêmes, qui ont adopté la FARA (Foreign Agents Registration Act) dès 1938. D'ailleurs, non seulement aux États-Unis mais aussi dans de nombreux autres pays, les activités avec participation étrangère sont strictement contrôlées, notamment en Grande-Bretagne, en Israël, en Inde, en Allemagne et dans d'autres pays qui s'occupent de manière responsable de leur sécurité et de leur souveraineté politique.

En 2018, l'aspect militaire s'est ajouté à l'aspect politique et économique de la stratégie américaine envers la Mongolie. Oulan-Bator est désormais considéré comme un partenaire régional majeur de l'Initiative mondiale pour les opérations de paix, qui vise, comme son nom l’indique, à soutenir les opérations de maintien de la paix. La coopération entre les États-Unis et la Mongolie se met ainsi en place dans le cadre des opérations de maintien de la paix des Nations unies en Afrique et de l'OTAN en Afghanistan.

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Dans le cadre du programme de partenariat d'État américain, le personnel technique et d'ingénierie a renforcé la coopération entre la Garde de l'Alaska et l'armée mongole, notamment lors des exercices internationaux "In Search for Khan" et "Gobi Wolf" qui ont lieu chaque année en Mongolie.

L'attention croissante que Washington porte à la Mongolie et à ses relations avec ses deux voisins naturels, la Russie et la Chine, est démontrée par ce qui s'est passé en janvier de cette année: l'élargissement du personnel de l'ambassade des États-Unis à Oulan-Bator à 12 diplomates à la fois, dont 4 sont des spécialistes de la Russie et de la Chine. Deux autres employés de l'USAID sont arrivés en Mongolie l'été dernier.

Par conséquent, les habitants de la Mongolie ne devront pas se détendre dans les mois à venir, surtout à la veille des prochaines élections présidentielles mongoles qui se tiendront dans le pays au cours de l'été et pour lesquelles les États-Unis ont déjà commencé à préparer activement leur intervention, et pas seulement par le biais de l'option déjà testée consistant à utiliser les ONG et les médias contrôlés.

Source : New Eastern Outlook

James LaFond et le mensonge américain

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James LaFond et le mensonge américain

par Joakim Andersen

Ex : https://motpol.nu/

James LaFond est l'un des écrivains américains les plus prolifiques d'aujourd'hui. Il a plusieurs cordes à son arc, de celles d'esclave salarié, d’artiste martial et de psychogéographe à celles de connaisseur initié de Robert E Howard et d’auteur d'études historiques et de fiction. Ce combattant, âgé désormais, n'est pas un écrivain typique; son lien avec les classes ouvrières et populaires américaines est plus fort, et son dégoût pour le totalitarisme et le collectivisme contemporains est presque pré-moderne. LaFond a écrit des livres entiers sur les emplois postmodernes minables et la survie dans le ghetto. Il a également beaucoup écrit sur des personnages historiques comme Liver-Eater Johnson (Johnson le Mangeur de foie). L'écriture très prolifique et parfois tentaculaire de LaFond contient plusieurs thèmes importants, notamment une description de "la fin du temps masculin" et la montée de la non-liberté dans la modernité. Il s'agit d'une critique de la culture et de la civilisation qui devrait plaire aux guerriers comme aux poètes.

L'une de ses études historiques les plus enrichissantes concerne les débuts de l'histoire américaine. En ces jours de BLM et d'affirmations constantes que l'Amérique est fondée sur le "racisme blanc", il s'agit d'un rappel important que ces affirmations sont à la fois simplistes et inexactes. La préhistoire de l'Amérique est une histoire d'économies de plantation brutales, où les Blancs non libres étaient parfois tenus en échec par des Noirs temporairement armés et, tout aussi temporairement, par des tribus amérindiennes alliées. Il est difficile de prendre au sérieux les partisans de l'historiographie "anti-blanc" après avoir lu les livres de LaFond, notamment America in Chains, Into Wicked Company, Stillbirth of a Nation et The Lies That Bind Us. Après une telle lecture, la relation symbiotique entre la "critique de la blancheur" et Hollywood apparaît avec une clarté embarrassante. LaFond note, entre autres, que "l'Amérique a été fondée sous la forme de camps d'internement pour les orphelins qui étaient systématiquement violés, battus, contraints au travail jusqu’à la mort et assassinés."

America in Chains.jpgQuoi qu'il en soit, The Lies That Bind Us est l'une des ‘’excursions’’ les plus idéologiques, historiques et critiques de LaFond. Il y analyse les mensonges sur lesquels les États-Unis sont construits, "la superstructure idéologique", en termes marxistes. Comme Orwell, il soutient que le contrôle de notre connaissance et de notre image de l'histoire est ici central, "le plus grand mensonge est la confiance dans un passé omis, la confiance dans le fait qu'on nous a tout dit". Il voit les "conservateurs" et les "libéraux" américains d'aujourd'hui presque comme des jumeaux dont les mensonges se complètent. Il s'oppose à l'image conservatrice des futurs États-Unis en tant que refuge pour les minorités religieuses en affirmant que "la religion telle qu'elle était pratiquée dans les colonies était en grande partie prédatrice, les maîtres d'esclaves congrégationalistes, quakers et anglicans possédant des Rhénans et des Irlandais catholiques, et en second lieu, elle était ethnique car les Écossais, les Cornouaillais, les Irlandais et les Gallois étaient asservis par les Anglais ; et en troisième lieu, elle était purement matérialiste". Il considère comme tout aussi naïve l'image libérale des futurs États-Unis comme un endroit où les Blancs pouvaient déplacer les Indiens et réduire les Noirs en esclavage. Les Noirs ont possédé des Blancs en Virginie pendant au moins une génération, les Indiens ont possédé des Blancs pendant deux générations. Les colonies qui ne bénéficiaient pas du soutien des tribus indiennes n'ont pas survécu en cette période précoce.

Au cœur de The Lies That Bind Us se trouve la lecture attentive que LaFond fait de la Magna Carta. Il constate qu'il ne s'agissait pas d'une tentative précoce de garantir les libertés populaires contre le roi, mais plutôt d'une tentative réussie de diverses élites de restreindre le roi, l'église et le peuple. Il évoque notamment les formulations qui figuraient dans les premières versions mais qui ont ensuite disparu. LaFond étudie, entre autres, l'importance accordée par la Magna Carta à la dette. Il existe des affinités entre ses études sur la Magna Charta, l'esclavage des enfants et les plantations, d'une part, et le discours plus authentique de la droite sur la "perfide Albion", d'autre part. Quelque chose se démarque comme une anomalie dans l'expérience anglo-saxonne, quelque chose qui met également en mouvement des aspects clés du monde moderne.

Le point de vue de LaFond dans ce livre est inhabituellement clair, parfois traditionnel en son esprit. Comme Jouvenel, il identifie une communauté d'intérêts, au moins en aspiration, entre les gens du peuple et le roi, contre les élites riches qui ont déchiré la vieille Europe. Une observation intéressante que LaFond fait également est que les reines étaient pires pour la liberté des gens du peuple que les rois, s'alliant plus souvent aux intérêts des élites. Il y aborde, par exemple, le lien entre la reine Elizabeth et les chasseurs d'esclaves en Angleterre, en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande, ainsi que les plantations en Amérique du Nord. Souvent, les rois adoptaient des lois pour protéger des ‘’grands’’ les compatriotes non libres et les sujets colonisés. Des lois très impopulaires en de nombreux cas.

510QqWqmM+L._AC_UL600_SR399,600_.jpgLaFond se retourne contre le matérialisme, "adorateur du corps économique, du corps politique et du contenant charnel de l'âme humaine". Il décrit Lothrop Stoddard comme un moderniste "moralement aveugle" parce que Stoddard n'a pas vu "le mal qui suppure" qui a conduit à la rébellion des esclaves en Haïti. LaFond décrit le matérialisme comme le corps du mal, le capitalisme n'étant que son réceptacle. Seul un matérialisme avancé pouvait avoir des effets tels que les guerres de l'opium, selon LaFond.

Un thème intéressant du livre est la parenté entre les propriétaires d'esclaves et les élites d'aujourd'hui. Le mépris des Blancs pauvres les unit à travers le temps, mais lorsqu'il s'agit de l'opinion des non-Blancs, les attitudes schizophrènes des esclavagistes ont été divisées et perpétuées par les libéraux et les conservateurs. Les libéraux, porteurs du côté paternaliste des propriétaires d'esclaves, considèrent leurs protégés non-blancs comme des enfants qui doivent être élevés et protégés des Blancs inaptes. Le conservateur reprend plutôt le côté punitif du propriétaire d'esclaves. LaFond est ici un psychologue brutal, résumant que la "droite" et la "gauche" avancent deux faces d'un même ensemble, "fracturant la mentalité diabolique et schizophrénique du maître d'esclaves - qui avait des relations sexuelles avec son esclave, puis battait et vendait ses enfants comme s'ils n'étaient pas de sa propre lignée." Il aborde également la question de la "règle du goutte à goutte", la classification nord-américaine de toute personne ayant la moindre trace d'ascendance noire comme étant noire. Au niveau international, c'est rare; le plus souvent, ils ont été classés comme des groupes distincts (parexemple les "coloreds" et les "basters" sud-africains). La théorie de LaFond est que les Noirs et les Blancs, en tant que groupes, avaient intérêt à ce que les États-Unis soient gouvernés de façon définitive, les Noirs parce que cela augmentait leur nombre, les Blancs parce que cela garantissait leur statut de caste d'élite. Quelque chose de similaire concerne l'amnésie à l'égard des nombreux Blancs non libres dans l'histoire américaine.

Dans l'ensemble, The Lies That Bind est un recueil lisible d'articles de LaFond. L'ensemble est partiellement mutilé par la dispersion du contenu ; ici, des lectures approfondies de la Magna Charta coexistent avec des articles de blog plus courts qui ressemblent davantage à des conseils. Mais les articles intéressants sont suffisants pour compenser l’inconvénient que posent les textes de remplissage. Le point de vue de LaFond est original et enrichissant, son langage est approprié. De nombreux articles contiennent des phrases lapidaires telles que "le lecteur s'est-il déjà demandé pourquoi les Occidentaux modernes ne parviennent pas à se remplacer par des enfants et s'efforcent de remplacer leur progéniture inexistante par des animaux de compagnie humains recueillis dans le monde entier - des animaux de compagnie qui se retournent contre eux". Le LaFond que nous rencontrons ici est également inhabituellement traditionnel dans sa critique du matérialisme, de la féminisation, des systèmes et de l'esclavage. Le fait qu'il mette en lumière le sort des Blancs non libres sans dégénérer en haine des Noirs peut également sembler difficile à gérer pour les lecteurs politiquement corrects ; l'esprit guerrier de LaFond signifie qu'il respecte les guerriers indiens et les esclaves fugitifs entièrement ou partiellement noirs. Tout comme les guerriers blancs avec un code d'honneur comme ‘’Johnson Mange-foie’’ et les rebelles blancs comme Nathaniel Bacon. Il est toujours un auteur enrichissant, même si l'élément de remplissage dans The Lies That Bind est plus quantitatif que dans certains de ses autres livres.

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mardi, 13 avril 2021

Sur la présence militaire mondiale des États-Unis

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Sur la présence militaire mondiale des États-Unis

Leonid Savin

Ex : https://www.geopolitica.ru/

De la présence physique aux opérations sophistiquées sur Internet, telles sont les tâches du Pentagone dans un avenir proche.

Le mois de mars dernier a été assez fructueux pour la communauté militaro-politique américaine en termes de doctrines et de stratégies de toutes sortes. Nous avons déjà noté qu'au début du mois de mars, la Maison Blanche a lancé la publication du manuel temporaire de sécurité nationale aux Etats-Unis.

Et le 16 mars, l'armée américaine a publié la nouvelle stratégie Army Multi-Domain Transformation. Prêt à gagner dans la compétition et le conflit.

Elle aussi présente un intérêt considérable. Ce document parle d'étendre la présence des forces terrestres américaines dans le monde. Il note que "dans la région indo-pacifique, 24 des 29 chefs d'armée sont des officiers de l'armée de terre, et sur les 30 États membres de l'OTAN, 22 ont des chefs d'armée issus de leurs armées respectives. En raison de cette affinité professionnelle, l'armée américaine peut jouer un rôle considérable dans le soutien des objectifs inter-agences des États-Unis dans une approche pangouvernementale." Ce principe du "soft power" au sein du "hard power" est utilisé depuis longtemps par l'armée américaine pour attirer des partenaires d'autres pays dans sa sphère d'influence.

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Le Général McConville.

Le commandant de l'armée américaine, le général McConville, commentant la nouvelle stratégie, a noté que les méthodes de guerre non militaires étaient désormais très demandées. Selon lui, "la compétition narrative est une bataille mondiale constante pour les cœurs et les esprits de nombreux publics différents dans de nombreux pays différents. C'est une lutte pour raconter l'histoire de l'Amérique et pour embellir sa réputation lorsque des adversaires tentent de la salir et de la désinformer. Tout ce que l'armée fait, et qui n'est pas un secret, contribue à la réputation nationale, bonne ou mauvaise, souligne le journal. Les actions insensibles ou contraires à l'éthique qui complètent la mission aujourd'hui peuvent causer des dommages durables à la réputation que toutes les autres unités devront gérer à l'avenir ‘’.

Il explique que la concurrence directe et indirecte est directement déterminée par la volonté des États-Unis de passer ou non à l'utilisation de la force armée. En substance, la concurrence "directe" est tout cas où les politiciens sont prêts à voir des troupes américaines tuer des ressortissants étrangers. La concurrence indirecte, en revanche, signifie que l'utilisation de la force létale par les États-Unis n'est pas à l'ordre du jour, bien que des hostilités ouvertes par des alliés, des partenaires et des mandataires soient tout à fait possibles. Ainsi, la fourniture de missiles Stinger aux insurgés afghans contre l'URSS était un conflit indirect, même malgré les pertes en vies humaines, alors que le déploiement d'une brigade de combat sur le territoire d'un allié menacé est un conflit direct car le potentiel d'un affrontement entre les forces américaines et étrangères existe.

Il y a clairement une allusion à la manière dont les États-Unis devraient se comporter vis-à-vis de la Chine (y compris le soutien à Taïwan) ainsi que de la Russie et de l'Iran.

Le document évoque également la manière d'attirer dans son camp les pays qui entretiennent de bonnes relations avec des adversaires potentiels.

Elle précise que "les plus courantes de ces [situations] sont les nombreux cas où les États-Unis et un adversaire ont une relation ou une présence durable. C'est l'une des différences significatives entre la compétition actuelle entre grandes puissances et la guerre froide. Aujourd'hui, même certains des alliés les plus proches et les plus anciens des États-Unis entretiennent des relations importantes avec des adversaires.

Les débats au sein des gouvernements de certains de nos alliés les plus proches sur la question de savoir s'il faut donner la priorité à la sécurité et aux liens avec les États-Unis ou à l'économie et à la Chine ou à l'infrastructure des technologies de l'information sont des exemples de la façon dont la concurrence indirecte se produit presque partout.

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Dans un pays donné, les deux grandes puissances procéderont à des échanges entre les guerres, fourniront une assistance technique, accueilleront des étudiants pour l'éducation et la formation militaires, renforceront les capacités des forces de sécurité, vendront des équipements ou achèteront des biens et des services à la population locale... Le partenaire est heureux d'envoyer des étudiants dans les collèges militaires des deux grandes puissances ou d'acheter des équipements aux deux."

Et pour finalement attirer des partenaires de leur côté, l'armée américaine suggère de saper la réputation des pays désignés comme concurrents. "Une bonne réputation est un atout stratégique. La concurrence narrative se traduit par la montée et la chute de la réputation d'un pays, fondée sur les perceptions communes de sa force, de sa fiabilité et de sa détermination. La compétition narrative est continue, ouverte et plus large que tout événement ou action unique. Il s'agit d'un lien qui relie de multiples instances subordonnées de concurrence sur des questions spécifiques en un tout cohérent.

La concurrence narrative est soutenue et cumulative ; la réputation des États-Unis s'accumule avec le temps. Malgré cette force, la concurrence narrative va assez loin. Les États-Unis peuvent jouir d'une réputation mondiale exceptionnelle, mais ne pas être en mesure de rivaliser efficacement sur une question particulière parce qu'ils n'ont pas établi de relation, n'ont pas de présence ou ne disposent tout simplement pas des capacités appropriées à la situation."

Des actions asymétriques sont également censées être menées, en se concentrant sur l'image existante des États-Unis en tant que protecteur de la démocratie.

"Dans la mesure où les systèmes et valeurs démocratiques ouverts désavantagent les États-Unis dans ce qu'on appelle parfois la guerre politique, ces mêmes caractéristiques font des États-Unis un partenaire plus attrayant. Si un adversaire utilise la concurrence dans le cadre d'un conflit armé par des moyens tels que le harcèlement des pêcheurs dans les zones contestées ou la conduite de campagnes de désinformation, la meilleure réponse pour les forces armées peut être d'essayer de répondre de manière non symétrique par une forme d'agression de ce type. Les actions agressives d'un adversaire créent la possibilité d'une réponse asymétrique dans laquelle l'allié ou le partenaire menacé cherche à approfondir sa coopération avec les États-Unis."

Et l'idée maîtresse de ce genre de nouveaux documents est confirmée verbalement par d'autres hauts responsables militaires au niveau officiel...

Lors d'une audience du Sénat américain le 25 mars 2021, le sous-secrétaire à la défense pour les opérations spéciales et les conflits de faible intensité, Christopher Meyer, a déclaré que "les forces d'opérations spéciales ont fait des progrès dans l'adaptation de leurs capacités aux défis de la concurrence avec les grandes puissances que sont la Chine et la Russie."

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Le Général Richard Clarke.

Le général Richard Clarke, qui commande directement les forces d'opérations spéciales (FOS) du Pentagone, a indiqué que cinq mille combattants des forces spéciales se trouvent dans 62 pays. Ils mènent des actions conjointes avec des partenaires d'autres pays, des travaux inter-agences sur la détection des réseaux transrégionaux, la prévention des actes terroristes, la surveillance des transactions financières, etc. À l'avenir, pour contrer la Chine et la Russie, les FDS joueront un rôle central. Il s'agira de "mener des opérations psychologiques, de faire participer activement les ressortissants étrangers à la recherche, de contrer et de combattre la propagande hostile et la désinformation."

Il a été dit qu'"en 2021, nous présenterons nos premiers partenaires à l'étranger et créerons des relations inter-agences... Enfin, nous sommes reconnaissants pour la gamme d'autorités accordées par le Congrès qui permettent au FSD d'avoir un impact énorme sur divers groupes de mission. Les opérations menées au titre de l'article 127e du 10 USC (CT) offrent la souplesse nécessaire pour appliquer les opérations de lutte contre le terrorisme à d'autres zones inaccessibles ou contestées, et les opérations menées au titre de l'article 1202 du FY18 NDAA (guerre irrégulière) sont nécessaires pour appliquer les capacités CCO afin d'identifier les acteurs malveillants et de leur imposer des coûts. En outre, les autorités en vertu de l'article 127f du 10 USC (renseignement/contre-espionnage) et de l'article 1057 de la NDAA de l'année fiscale 20 (formation opérationnelle secrète) ont modifié les règles de dépenses, ce qui permet d'appliquer les capacités de CCO avec plus d'efficacité et de transparence."

Cela signifie que les législateurs américains ont donné leur feu vert pour étendre la portée de toutes sortes d'opérations secrètes visant à violer la souveraineté d'autres nations. Et la lutte contre la propagande signifie un large arsenal d'opérations d'information allant du dénigrement de l'image de la Russie sur la scène internationale à l'introduction de bots et de trolls dans l'activité en ligne.

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Le Général Paul Nakasone.

La transformation numérique et l'introduction de l'intelligence artificielle sont également à l'ordre du jour pour les forces spéciales américaines. Le chef du Cyber Command, le général Paul Nakasone, s'est également exprimé devant le Sénat ce jour-là. Il a déclaré : "La Russie est un cyber-adversaire sophistiqué. Elle a démontré sa capacité à mener de puissantes campagnes d'influence en utilisant les médias sociaux. Moscou mène des opérations efficaces de cyber-espionnage et d'autres opérations et a intégré les cyber-activités dans sa stratégie militaire et nationale. Malgré l'exposition publique et les accusations des cyber-acteurs russes, la Russie reste concentrée sur le façonnement du récit mondial et l'exploitation des réseaux et des cyber-systèmes américains."

Nakasone a présenté le vaste programme de son agence pour 2021.

Compte tenu de cette préparation à une action militaire active des États-Unis et de leur partialité à l'égard d'autres pays, il y a peu d'espoir de normalisation des relations entre la Russie et les États-Unis.

jeudi, 08 avril 2021

Lavrov et le racisme anti-blanc aux Etats-Unis

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Lavrov et le racisme anti-blanc aux Etats-Unis

Ex: https://www.dedefensa.org/article/lavrov-denonce-le-racisme-antiblanc-aux-usa

Lavrov et la Russie aggravent leur cas : ils soulignent le racisme anti-blanc aux USA et en occident. C’est d’autant plus amusant que les ricains et leurs parons comptent sur les russes pour détruire les rares survivants blancs en Europe après la guerre qu’on va leur livrer !  Paul Joseph Watson : « Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, observe qu’il y a une recrudescence de “l’agression contre les blancs” aux USA et que cela nuit aux efforts de lutte contre le racisme. »

« Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, observe qu’il y a une recrudescence de “l’agression contre les blancs” aux USA et que cela nuit aux efforts de lutte contre le racisme. Lavrov a fait ces commentaires lors d'une interview avec des politologues diffusée à la télévision nationale.
» “Nous avons été les pionniers du mouvement de promotion de l’égalité des droits des personnes de toute couleur de peau”, a déclaré M. Lavrov, ajoutant que “tout le monde veut se débarrasser du racisme”.
» Cependant, il a souligné combien il était important « de ne pas passer à l'autre extrême que nous avons vu lors des événements type-‘BLM’ (Black Lives Matter) et des agressions contre les personnes blanches, les citoyens américains blancs.”
» Lavrov a également insisté sur le fait que des forces au sein des États-Unis tentaient de répandre une “révolution culturelle” dans le monde entier en tentant d’imposer de force la “diversité” dans tous les domaines et de toutes les façons.
» “Hollywood est maintenant aussi en train de changer ses règles pour que tout reflète la diversité de la société moderne”, a-t-il dit, qualifiant cela de “forme de censure”.
» “J’ai vu des Noirs jouer dans les comédies de Shakespeare. Simplement, j’ignore quand on se décidera à faire jouer un Othello blanc”, a déclaré Lavrov.
» “Vous voyez que c’est absurde. Le politiquement correct poussé jusqu’à l’absurde conduira à des effets extrêmement malfaisants”, a-t-il conclu. »
» Comme nous l’avons souligné précédemment, après chaque fusillade de masse, journalistes et gauchistes accusent les Blancs avant même que l’auteur n’ait été identifié.
» Dans le cas de la fusillade du supermarché de Boulder, cela s’est retourné contre eux massivement après qu’il a été révélé que le tireur était un immigrant islamiste du Moyen-Orient.
» Après la fusillade d’Atlanta, qui visait des salons de massage, les médias ont une fois de plus déclenché l’hystérie du “suprémacisme blanc”, bien que les autorités n’aient trouvé absolument aucune preuve que l’attaque était motivée par la race.
» Cela a conduit Damon Young, collaborateur du New York Times, à affirmer que “la blanchité est une pandémie” et que “la seule façon de l’arrêter est de la localiser, de l’isoler, de l’extraire et de la tuer”.
» “Il n’a pas été renvoyé de son poste à ‘The Root’ et le ‘New York Times’ a refusé de le condamner, – de telles proclamations sont ce pour quoi ils le paient !” écrit Chris Menahan.
» Ce récit, en plus de la Critical Race Theory, qui enseigne que tous les problèmes des États-Unis sont la faute des Blancs, a clairement créé une atmosphère où la haine raciale dirigée vers les Blancs n'est pas seulement tolérée, elle est ouvertement encouragée. 

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Cette intervention du ministre Lavrov nous paraît importante, considérée de plusieurs points de vue et concernant plusieurs domaines. Cette importance, pour la séquence “historique et morale” en, cpours depuis la fin de la Guerre Froide. (Et surtout depuis l’attaque 9/11.)

• On a l’habitude, – c’est presque un rite, – d’insulter la Russie (et la Chine, même traitement) pour des événements intérieurs, dont une proportion plus que respectable et certainement majoritaire sont outrageusement amplifiées sinon purement et simplement fabriquées par les services adéquats des accusateurs, pour des faits attentant aux droits des gens, aux droits des minorités surtout “genrées”, aux devoirs et vertus démocratiques, aux faits de corruption, etc. L’ingérence du bloc-BAO est considérée de ce point de vue comme une sorte de devoir de bienpensance, comme on allait à la messe aux beaux temps passés des colonies. Mais une “ingérence”, – car c’en est bien une dans le cas qui nous occupe, – , dans les affaires intérieures des USA, et sur des faits aussi précis, et concernant des actes consacrés par la bienpensance, – que ce soit les ‘Black Lives Matter’ et leurs performances démonstratrices-de-rue et financières-globales, ou la “diversité” qu’Hollywood impose à ses productions et à ses acteurs.es [oups] comme autant d’actes de “censure” [selon Lavrov], – une telle ingérence constitue une démarche exceptionnelle de la part d’une puissance comme la Russie.

• C’est d’autant plus exceptionnel que la politique de la Russie post-Guerre Froide, et surtout dans l’ère Poutine, a jusqu’à il y a peu considéré comme sacré le devoir de non-ingérence. S’il y a eu des exceptions durant ces 3-4 dernières années, elles venaient de Poutine, et souvent sous une forme diplomatique ou indirecte, et passant en général par l’ironie, lors des conférences de presse-marathon que donne annuellement le président russe. Cette fois, cela vient d’un ministre certes très important et très connu ; paradoxalement, le fait d’une critique venue d’un rang inférieur à celui de Poutine mais faisant partie du gouvernement donne une ampleur plus grande à l’acte. Cela signifie que l’ingérence n’est plus exceptionnelle (du fait de Poutine) mais devient un fait courant de la politique russe et de son gouvernement, et cela est d’autant plus important que Lavrov est un poids lourd du gouvernement, très connu à l’extérieur.

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• Tout cela prend bien entendu d’autant plus d’importance encore, et apparaissant encore plus comme une politique de gouvernement et non plus un acte exceptionnel du président, que le domaine abordé par Lavrov n’est pas celui qu’il considère habituellement de sa compétence. C’est donc bien délibérément affirmé comme un acte de gouvernement en général ; il y a donc la déclaration de Lavrov elle-même, et ce qu’elle signifie de la politique du gouvernement russe. Normalement, si notre analyse est bonne, on devrait désormais en attendre pas mal et à faire sonner nos oreilles, de la part des Russes, dans ce domaine de nos ébats sociétaux-progressistes et wokenistes ; et le wokenisme devenant ainsi un enjeu majeur de la Grande Crise d’Effondrement du Système (de la Modernité), position qu’il mérite d’ailleurs amplement.

• L’objet de la critique est lui aussi peu ordinaire, sinon extraordinaire par rapport au catéchisme du bloc-BAO : ingérence dans les affaires intérieures de la “nation exceptionnelle”, critique d’un mouvement qui s’affiche comme le parangon de la bienpensance dans le bloc-BAO, dans le fait de l’antiracisme wokeniste, enfin la dénonciation sans précédent de l’existence d’un “racisme antiblanc”. (Il y a nombre de pays dans le bloc-BAO où la notion même de “racisme antiblanc” est considérée comme un constat inacceptable, voire très-punissable.) Lavrov démasque le simulacre de l’antiracisme-wokeniste et affirme pour la condamner bien entendu l’existence de cette nouvelle sorte de racisme ; critique d’autant plus acerbe qu’il n’hésite pas à ridiculiser les abus de ces comportements, jusqu’à évoquer l’occurrence d’un “Othello blanc” selon la logique contradictoire de la démarche. (Cela dû être déjà fait in illo tempore et certainement la tête des coupables, même trépassés, est-elle mise à prix. Et voilà que Lavrov en remet !)

• Un aspect singulier de la critique pourrait prétendre à réduire son aspect d’ingérence mais en fait lui donne une dimension d’importance considérable qui aggrave l’importance de la crise ainsi dénoncée : c’est l’aspect international que Lavrov donne potentiellement à ce mouvement. Il qualifie donc le wokenisme de “révolution culturelle” à résonnance maoïste pas si lointaine, et dénonce son but explicite de s’étendre “au monde entier” (d’ores et déjà évident au travers de différentes situations, européennes notamment).

• D’autre part, cette intervention exceptionnelle de Lavrov ne devrait rapidement plus être considérée comme telle pour entrer dans l’arsenal dialectique courant de la communication russe. Elle ne fait que confirmer ce que les Russes ont identifié comme une nouvelle forme de guerre que les USA/le bloc-BAO lancent contre la Russie et les autres puissances rétives à cette ligne postmoderne/wokeniste, et certainement le type d’agression contre laquelle la Russie devra se défendre. On pense évidemment à la “guerre mentale”, ou “guerre des âmes”, dont on a déjà parlé. Lavrov lui-même, il faut le rappeler, en avait débusqué les premiers signes cliniques, ce qui montre qu’il était prédestiné dans cet intérêt pour des affaires qui semblent en apparence très éloignées de son domaine, – “affaires étranges” plutôt qu’“affaires étrangères”.

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• S’ils font ainsi la publicité de leurs analyses et de leur position devant un crise sociétale qui déchire le bloc-BAO, – et ils le feront car ils savent l’importance de la communication, – les Russes vont renforcer leur position d’influence en s’imposant plus que jamais de facto comme les défenseurs de la Tradition autant que des traditions. Cela devrait poser des problèmes délicats à nombre d’acteurs qui ont pris des positions politiques et stratégiques antirusse mais qui se trouvent également très nuancés sinon hostiles dans leurs conceptions par la poussée de la “révolution culturelle”, rayonnante de jeunesse et d’inventivité sous la direction de Joe Biden. (On est obligé de penser d’abord à la Pologne ; on pense également aux populistes et aux “petits Blancs” plus ou moins trumpistes aux USA, cultivés en général dans l’antirussisme et qui trouvent en la Russie un allié de poids contre le wokenisme qui les menace.) Les “intelligentsias” américanistes-occidentalistes elles-mêmes devront résoudre quelques équations complexes, y compris un Mélenchon qui n’a jamais dissimulé une certaine estime pour la Russie (on l’applaudit bien fort) en même temps qu’il a laissé prendre à son mouvement une position pro-indigéniste/wokeniste qui le met très près de tout ce que dénonce Lavrov.

Source: https://www.dedefensa.org/article/lavrov-denonce-le-racisme-antiblanc-aux-usa

mercredi, 07 avril 2021

Anno Domini 1900 : quand les États-Unis sont devenus un empire

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Anno Domini 1900: quand les États-Unis sont devenus un empire

Par Emanuel Pietrobon

Ex : https://it.insideover.com/

Les États-Unis peuvent-ils être considérés comme un empire? Cette question déchire le monde des sciences politiques depuis l'époque de la guerre froide et la réalité politique depuis l'époque de l'expansionnisme vers l'ouest et le sud au nom de la ‘’Destinée manifeste’’ et de la Doctrine Monroe.

Les politologues et les politiciens continuent d'être divisés sur la meilleure définition à donner aux États-Unis, mais ils s'accordent sur un point: la nation ne peut pas admettre qu'elle est un empire, en raison de la valeur intrinsèquement négative du terme, car cela reviendrait à avouer que les idéaux de la génération de George Washington ont été trahis et que la nouvelle terre promise a intériorisé cette forma mentis impérialiste contre laquelle elle s'est battue.

En réalité, le fait que le débat soit toujours en cours et loin d'être terminé n'est pas pertinent, car les chiffres de la politique étrangère des États-Unis sont plus éloquents et explicatifs que les livres, les opinions et les théories: 800 bases militaires présentes dans 80 pays, 200.000 soldats déployés dans le monde - dont un tiers au Moyen-Orient -, 64.000 milliards de dollars dépensés en interventions militaires et en guerres au Moyen-Orient et en Asie depuis le 11 septembre 2001, au moins 81 opérations d'ingérence électorale certifiées de 1946 à 2000, 72 changements de régime ratés pendant la guerre froide (et autant de réussites) et 208 années sur 223 consacrées à l'envoi ou à la présence de troupes à l'étranger dans le cadre de guerres, de missions multinationales, du renversement de gouvernements hostiles et/ou de la répression de révolutions.

Chiffres et faits à l'appui, on peut légitimement faire entrer les États-Unis dans la catégorie des empires dits informels, c'est-à-dire des entités impériales qui préfèrent les protectorats aux colonies et qui maintiennent le contrôle de leurs domaines au moyen d'un interventionnisme ouvert et secret, d'une interdépendance économique (et politique) entre le centre et les périphéries et d'instrumenta regni tels que le divertissement (Hollywood) et la religion (le protestantisme évangélique).

L'éternel dilemme de l'empire a cependant besoin d'un élément supplémentaire pour être définitivement résolu: une date. En bref, quand la transformation des États-Unis en empire a-t-elle eu lieu? La réponse peut surprendre: lors de l'élection présidentielle de 1900.

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La naissance de l'empire

Les États-Unis ne deviendront pas un empire en tentant de mettre en pratique les préceptes de la doctrine Monroe, ni même dans le cadre de la traduction de la ‘’Destinée Manifeste’’ dans le Pacifique occidental ou suite à la Seconde Guerre mondiale, mais suite à leur intervention dans la guerre d'indépendance cubaine et la révolution philippine.

Nous sommes en 1900, deux ans se sont écoulés depuis la guerre entre Washington et Madrid pour le contrôle de La Havane, et l'électorat doit choisir entre le démocrate William Jennings Bryan et le républicain sortant William McKinley. Non la situation économique intérieure mais la politique étrangère sera au cœur des programmes électoraux des deux hommes politiques et polarisera l'opinion publique américaine.

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McKinley était un partisan de l'interventionnisme à l'étranger, n'importe quand et n'importe où, et un partisan du colonialisme - l'appel aux urnes avait pour toile de fond les tentatives américaines d'annexer les Philippines après les avoir arrachées à l'empire espagnol décadent - tandis que Bryan était un belliciste repenti, converti à la cause de l'anti-impérialisme. Cette année-là, en bref, le peuple américain ne choisirait pas simplement entre les démocrates et les républicains, mais entre l'Amérique comme expérience ou comme destin ou, pour paraphraser Bryan, entre l'Amérique comme démocratie ou comme ploutocratie.

Le discours de Bryan

Bryan tentera l'impossible: ouvrir les yeux d'une opinion publique enivrée par l'effet Cuba et euphorique à l'idée que les États-Unis sont sur le point de devenir une puissance bicontinentale, en expliquant que le citoyen ordinaire ne gagnera pas un dollar de ces réalisations mais que d'autres souffriront grandement de ce militarisme.

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La pensée de Bryan sera admirablement emblématisée dans un discours prononcé à Indianapolis le 8 août 1900, qui est entré dans l'histoire sous le titre Imperialism: Flag of an Empire. Transcrit de manière à permettre sa transmission à la postérité, Imperialism représente un jalon dans l'histoire politico-culturelle des États-Unis du début du XXe siècle et le pilier du mouvement anti-impérialiste nord-américain.

Le discours s'ouvre sur un long j'accuse contre le parti républicain, accusé par Bryan d'être la longa manus des cercles ploutocratiques sous le contrôle des "adorateurs de Mammon" purement intéressés par l'argent et indifférents aux besoins de l'homme du peuple. Selon Bryan, les républicains ont fait de la politique un moyen et de la richesse une fin, ce qui a donné lieu à une législation qui a transformé "l'argent en maître et les hommes en serfs".

Les guerres soutenues par McKinley ne contribuent pas à la cause du bien-être du peuple américain, car elles servent à l'enrichissement de quelques-uns, pas plus que la colonisation des Philippines ne sert l'intérêt national. Selon Bryan, les Philippins ont besoin d'être libérés, et non assujettis, et les Républicains n'ont pas le droit de remplir frauduleusement la guerre de connotations religieuses pour gagner la faveur des croyants les plus naïfs.

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Car "les guerres de conquête laissent en héritage une haine perpétuelle", un sentiment contraire au plan divin pour les Hommes, dont le cœur a été rempli "d'un amour de la liberté par Dieu lui-même" et qui n'ont pas été créés pour être asservis "à un maître étranger". L'électorat chrétien, à la lumière du faux messianisme brandi par McKinley, aurait dû se voir rappeler que "l'amour, et non la force, était l'arme du Nazaréen; qu'il avait atteint le cœur humain en se sacrifiant pour son prochain, et non en l'exploitant".

Mais les guerres d'agression (et de conquête), selon Bryan, seraient délétères pour une autre raison également: la corruption des personnes qui les soutiennent et de la nation dans son ensemble. En bref, les États-Unis, autrefois habitués à s'ingérer dans les affaires étrangères des autres, sous prétexte de combattre l'impérialisme pour perpétuer l'impérialisme à leur tour, risquaient de développer une dépendance pernicieuse à la belligérance et de créer un "établissement militaire".

Se référant abondamment à la pensée d'Abraham Lincoln, cité à plusieurs reprises, le candidat démocrate a tenté d'expliquer à la foule que "la sécurité de cette nation ne réside pas dans sa marine, son armée ou ses forteresses, mais dans cet esprit qui valorise la liberté comme l'héritage des hommes partout, dans tous les pays" et que cet esprit serait tué "en plantant les graines du despotisme aux portes [des États-Unis]".

Bryan ne rejette toutefois pas la pensée jeffersonienne sur le devoir des États-Unis de répandre la liberté dans le monde, car il est profondément convaincu de l'unicité de la ‘’nation indispensable’’, mais il ne commet pas l'erreur des républicains de confondre "expansion et impérialisme", c'est-à-dire la propagation des valeurs avec l'annexion de territoires entiers.

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Enfin, les Américains n'auraient pas dû se laisser séduire par la fascination de la grandeur, car "l'impérialisme sera rentable pour les fabricants d'armes, il sera rentable pour les propriétaires de navires qui transporteont des soldats vivants aux Philippines et les ramèneront morts au pays, il sera rentable pour les grands hommes d'affaires, et il sera rentable pour les officiers dont les salaires seront fixés ici et payés là-bas, mais pour le fermier, l'ouvrier et la grande majorité des personnes employées dans d'autres domaines, il impliquera des dépenses sans retour économique et des risques sans récompense".

Les suites du débat

Les appels de Bryan au bon sens des Américains tomberont dans l'oreille d'un sourd. Sa (deuxième) course à la présidence se solde par un échec retentissant: 6.370.932 voix (45,52%), l'équivalent de 155 grands électeurs et de 17 États fédérés, un résultat bien inférieur à celui de 1896, où Bryan avait recueilli 6.510.807 voix (47,7%) et un total de 176 grands électeurs et de 22 États fédérés.

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Résultat des élections présidentielles américaines de 1900: en rouge, les résultats favorables à McKinley; en bleu, les résultats favorables à Bryan.

McKinley, grâce à l'accent qu'il met sur les avantages de l'impérialisme, parvient à augmenter le nombre de votes en sa faveur (de 7.112.138 à 7.228.864), le nombre de grands électeurs (de 271 à 292) et le contrôle des différents États (de 23 à 28) par rapport à l'élection qui avait eu lieu quatre ans plus tôt. Vivre pleinement son second mandat s'avère toutefois impossible: le 6 septembre 1901, il tombe sous le feu d'un terroriste anarchiste, un certain Léon Czolgosz, et meurt après huit jours d'hospitalisation.

Le sceptre de McKinley est repris par le vice-président de l'époque, Theodore Roosevelt, un représentant de l'aile la plus interventionniste du parti républicain, dont la politique étrangère musclée sera rebaptisée la "diplomatie du gros bâton". Comme McKinley, il sera lui aussi acclamé par l'opinion publique et est toujours considéré comme l'un des présidents les plus populaires de l'histoire des États-Unis.

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Le destin de Bryan fut très différent: oublié par les électeurs, privé de visibilité par la grande presse et s'éloignant de la politique après avoir rompu avec le parti démocrate suite à la décision de Woodrow Wilson d'entrer dans la Première Guerre mondiale, il passera les dernières années de sa vie à parler de la foi dans les églises et les universités, développant une sorte d'obsession pour le débat entre darwinisme et créationnisme.

Aujourd'hui, cent vingt et un ans après ces élections âprement disputées, nous pouvons admettre franchement que l'histoire a donné tort à ceux qui voulaient donner raison à McKinley: dans l'Anno Domini 1900, le vote n'a pas opposé démocrates et républicains, mais démocratie et ploutocratie, paix et guerre, liberté et impérialisme. Cette année-là, en décrétant la défaite de Bryan, les urnes allaient donner naissance à l'Empire avec enthousiasme.

13:55 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, états-unis, année 1900, impérialisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 04 avril 2021

États-Unis et Grande-Bretagne : guerre, commerce et piraterie

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États-Unis et Grande-Bretagne : guerre, commerce et piraterie

par Cristian Taborda

Ex : http://novaresistencia.org/2021/03/28/

Suite à plusieurs défaites subies dans le monde au cours de ces dernières années, un rapprochement stratégique entre les États-Unis et la Grande-Bretagne s’est opéré récemment, surtout ces dernières semaines, avec l'arrivée au pouvoir de Joe Biden et avec une Grande-Bretagne qui est sortie de l'Union européenne. L'objectif est de préserver autant que possible les possessions et l'influence des grandes puissances atlantistes dans le monde.

Avec la sortie de l'UE, le Royaume-Uni avait l'intention et la prétention de reprendre ses liens privilégiés avec les États-Unis et de forger une alliance stratégique pour en quelque sorte reconstruire l'impérialisme anglo-américain, ou du moins préserver son hégémonie et son contrôle en Amérique et en Europe, face à l'avancée de la Chine et parallèlement au harcèlement contre la Russie. Il ne s’agit plus de préserver cette hégémonie par le consensus et le multilatéralisme, mais dorénavant par la force et la violence économique. Cette position a été rendue publique et ouvertement dévoilée par le gouvernement et le Foreign Office britanniques, ainsi que par les États-Unis et la nouvelle administration de Joe Biden.

Il y a quelques mois, le Premier ministre britannique a annoncé le plus grand investissement dans la défense depuis trente ans, le plus important depuis la "guerre froide", 21,9 milliards de dollars, et il a déclaré que "le Royaume-Uni doit être fidèle à son histoire et soutenir ses alliés", un message direct adressé aux États-Unis. Boris Johnson a d'ailleurs été l'un des premiers dirigeants à féliciter Joe Biden après les élections frauduleuses que furent les dernières présidentielles: "Les États-Unis sont notre allié le plus important et j'espère que nous travaillerons en étroite collaboration sur nos priorités communes, du changement climatique au commerce et à la sécurité", a tweeté Boris Johnson. Pour sa part, M. Biden, dans son discours d'investiture, a rendu la politesse et a appelé à la reconquête des alliances historiques. Cela s'est concrétisé par un appel téléphonique au début de l'année, au cours duquel les Britanniques ont félicité Biden pour son retour dans l'accord de Paris sur le changement climatique et dans l'Organisation mondiale de la santé, dont Trump s'était retiré ; les deux puissances ont également commencé à tracer des lignes directrices pour un accord de libre-échange.

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Mais l'irruption du coronavirus a compliqué la stratégie. Jusqu'à présent, le principal bénéficiaire de la "pandémie" a été la Chine, qui parvient à imposer son système de contrôle et de surveillance dans le monde entier, et la crise des vaccins provoquée par le consortium pharmaceutique britannique Astrazeneca confère à la Russie de Poutine une influence géopolitique encore plus grande que celle qu'elle avait déjà. La Russie vise en effet à déstabiliser la bipolarité entre les États-Unis et la Chine, avec des avancées dans le développement scientifique et technologique, le contrôle des ressources, par exemple la fourniture de gaz à l'Europe, et la puissance militaire, grâce à ses capacités en matière de missiles balistiques. Un autre point clé est la diplomatie et la gestion par le Kremlin de l'opinion publique mondiale, malgré l'opposition des médias occidentaux hégémoniques. La géopolitique du coronavirus a déstabilisé le pouvoir absolu des Etats-Unis et largement ruiné les prétentions britanniques.

Cette situation a modifié l'humeur de la Grande-Bretagne et des États-Unis, qui commencent à voir leurs "leaderships" vulnérabilisés et délégitimés par la crise du coronavirus. Le déclin des puissances maritimes est en cours.

Celui qui a le mieux décrit, sans le savoir, le fondement de l'atlantisme, soit la puissance par la maîtrise de la mer, ou, comme le dit très justement Peter Sloterdijk, qui a élaboré une "théorie de la mondialisation", c'est Goethe dans Faust :

"Guerre, commerce et piraterie. Ils sont trois en un, inséparables."

Cette phrase résume la politique étrangère britannique et c'est dans un tel contexte que l'on peut comprendre les dernières déclarations de Boris Johnson contre l'Argentine et celles de Biden contre la Russie.

Ils n'ont plus suffisamment d’approbation ou de consensus dans le monde pour "stabiliser" celui-ci à leur guise et à leur avantage, alors ils font recours à la menace et à la coercition, qu'ils n'ont cependant jamais abandonnées. C'est le désespoir de voir qu’il n’est plus possible de revenir à un monde libéral unipolaire, parce qu’un tel monde n'existe plus. "S'il n'y a plus de piraterie possible et plus de commerce libéral, qu'il y ait alors la guerre" semble être la devise du mondialisme aujourd’hui. Et les disciples de ce mondialisme obéissent à l'ordre : Boris Johnson n'a pas hésité à menacer l'Argentine et indirectement l'Espagne quand elle revendique Gibraltar, selon le rapport publié par The Telegraph, disant aussi qu'il utilisera la force pour défendre les îles Malouines, c'est-à-dire utiliser les forces armées pour "assurer la sécurité des 14 territoires d'outre-mer". Territoires par ailleurs usurpés. Elle ajoute qu'elle "dissuadera et contestera les incursions dans les eaux territoriales britanniques à partir de Gibraltar" et "maintiendra une présence permanente dans les îles Falkland, l'île de l'Ascension et les territoires britanniques de l'océan Indien".

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Presque au même moment, Joe Biden a fait des déclarations dans les médias, qualifiant Vladimir Poutine de "killer" et menaçant de lui faire "payer le prix" pour sa prétendue ingérence dans les élections, ces mêmes élections où plus de morts que de vivants ont voté pour Biden, dans des États où il y a eu plus de votes que d'électeurs, et où le magazine Time a mis en lumière et révélé l'alliance entre le secteur financier de Silicon Valley Big Tech et le parti démocrate pour modifier l'ingénierie électorale en faveur des démocrates par le biais du vote par correspondance avec des contributions importantes. Tout un éventail de fondations ont contribué pour des dizaines de millions de dollars de leurs propres fonds à l'administration des élections. C'est le cas de l'initiative Chan Zuckerberg, qui a apporté 300 millions de dollars dans l’affaire.

D'abord Boris Johnson, puis Joe Biden. Tous deux opèrent en liaison avec des déclarations retentissantes et avec une intentionnalité manifeste. L'un fulmine contre ceux qui ont su résister et affronter l'impérialisme anglo-américain de l'époque, comme l'Argentine de Perón. L'autre fustige ceux qui expriment aujourd'hui une résistance au mondialisme progressiste et à la destruction des valeurs. La distinction entre amis et ennemis est toujours essentielle en politique, ils l'ont bien définie. Tous ceux qui ont osé défendre leur souveraineté et initier une résistance à l'hégémonie anglo-américaine sont des ennemis. L'impérialisme économique a beau se présenter comme égalitaire, avec une rhétorique gauchiste ou un langage inclusif et des drapeaux arc-en-ciel dans une main, il porte toujours le bâton dans l'autre.

Source : Geopolitica.ru

"J’ai enterré mon pays" par Paul Craig Roberts

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J’ai enterré mon pays

Paul Craig Roberts

Je suis né au printemps de 1939. J’avais presque cinq mois quand l’Allemagne a envahi la Pologne le 1er septembre. Les gouvernements britannique et français répondirent à l’invasion en déclarant la guerre à l’Allemagne, initiant ainsi la Seconde Guerre mondiale.

C’est toujours l’Allemagne qui est blâmée. On dit toujours que l’invasion de la Pologne par l’Allemagne est l’événement qui déclencha la Seconde Guerre mondiale, jamais la déclaration de guerre britannique et française à l’Allemagne. C’est parce que les vainqueurs écrivent l’histoire.

Les Britanniques, les Français et les Américains furent vainqueurs seulement parce que l’Armée Rouge soviétique vainquit la Wehrmacht, peut-être la meilleure armée existante. Les Soviets l’emportèrent par le nombre et par la capacité de production d’armes bien au-dessus de la capacité de l’Allemagne. Après avoir lu le livre de Viktor Suvorov, The Real Culprit, je ne crois pas que Staline avait le moindre besoin des livraisons de guerre de l’Occident. L’invasion de la Normandie n’eut pas lieu avant le 6 juin 1944, après que l’Armée Rouge ait combattu la Wehrmacht pendant trois ans depuis juin 1941.

Hitler était en train de reconstruire l’Allemagne après son démembrement par le traité de Versailles. Seuls les populations allemandes et les territoires sous domination polonaise restaient à récupérer. Pour des raisons qui n’ont pas de sens, le gouvernement britannique interféra dans les négociations germano-polonaises et provoqua la rupture des négociations par le gouvernement militaire polonais. Le résultat fut le Pacte Molotov-Ribbentrop qui divisa la Pologne entre l’Allemagne et l’Union Soviétique. Hitler revendiquait des territoires allemands. Les Soviets ne revendiquaient pas les territoires polonais saisis par l’Armée Rouge, mais les Britanniques et les Français limitèrent leur objection à l’invasion de la Pologne par l’Allemagne.

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C’est la stupide « garantie » britannique à la Pologne qui causa la Seconde Guerre mondiale. En son absence, le gouvernement polonais aurait traité avec l’Allemagne. Hitler ne voulait pas la guerre avec la Grande-Bretagne et la France, encore moins avec les USA. Ce furent des événements imposés à l’Allemagne. Après la rapide défaite des armées britannique et française, Hitler proposa la paix à la Grande-Bretagne avec des garanties militaires allemandes pour protéger l’Empire britannique, mais Churchill garda l’offre de paix secrète et refusa.

Churchill continua de refuser les offres de paix allemandes, et certains historiens conclurent que la raison pour laquelle Hitler attaqua l’Union Soviétique était à cause de la croyance d’Hitler que Churchill résistait dans l’attente que la Russie entrerait dans la guerre du coté britannique et français. Par conséquent, Hitler décida qu’il détruirait cet espoir britannique en envahissant la Russie. Suvorov dit qu’Hitler savait que Staline était sur le point d’attaquer l’Allemagne, mais les études de David Irving n’ont pas découvert de preuves pour appuyer l’affirmation de Suvorov que Hitler avait connaissance d’une attaque soviétique planifiée. Aucun des deux camps ne semblait connaître l’intention de l’autre.

Sans un hiver russe précoce, Hitler aurait pu réussir à assommer l’Union Soviétique. L’hiver précoce stoppa l’avance allemande et donna à l’Armée Rouge le temps de récupérer et s’organiser.

J’écris cela comme arrière-plan du monde où j’ai grandi. La Seconde Guerre mondiale ne fit pas de mal aux USA. Elle fit du bien à l’Amérique. La guerre sortit les USA d’une décennie de dépression économique et fit des USA la puissance mondiale avec la monnaie de réserve.

Les morts militaires US des deux fronts – Japon et Allemagne – se montèrent à 416.000, un chiffre presque égalé par la Grande-Bretagne, un pays et une population beaucoup plus petits, et dépassé par la petite Yougoslavie avec 446.000 morts militaires. Par contre, les morts militaires allemandes se montèrent à 4.300.000 plus une estimation de 500.000 morts civils du fait de la politique britannique et américaine de cibler les populations civiles allemandes par des bombardements sur les zones résidentielles. La défaite de l’Allemagne fut obtenue par l’Union Soviétique au prix d’un minimum de 10.000.000 de morts militaires et entre 24.000.000 et 26.000.000 de morts civils et militaires.

J’ai grandi dans des temps bénis. En ces jours quelqu’un n’avait pas besoin d’être brillant ou d’avoir des relations dans la classe dirigeante pour réussir. Ce fait séparait l’Amérique du reste du monde dans l’opinion populaire. Les Américains vivaient dans un pays d’opportunités. Et c’était vrai, pas une fiction.

A Atlanta, en Géorgie, les enfants de 5 ans pouvaient aller tout seul ou avec des camarades de classe plus d’un kilomètre aller-retour jusqu’à l’école sans être molestés ou kidnappés. Les garçons pouvaient se battre sur le terrain de jeu sans être arrêtés. Les parents réglaient les problèmes seuls avec les enseignants. Les enseignants étaient exceptionnels. Il n’existait pas de diplômes d’enseignement. Les enseignants avaient des diplômes en anglais ou en d’autres langues, en mathématiques, en chimie, en physique, en histoire. C’étaient des gens qui aimaient leurs sujets et qui transmettaient cela aux étudiants.

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Les mauvais comportements, qui étaient rares, étaient réglés par une note envoyée à la maison qui devait être signée par un parent et renvoyée le jour suivant. Une note à la maison était la dernière chose désirée. Il n’y avait pas de numéro de téléphone gouvernemental qu’on pouvait appeler pour se plaindre d’avoir été puni pour ses mauvaises actions.

Nous nous entendions bien avec les Américains noirs. Ils faisaient partie même des foyers de la basse classe moyenne blanche. A cette époque les machines pour aider à faire le travail étaient inconnues. Les vêtements étaient lavés à la main et mis à sécher sur des cordes à linge. Les repas étaient préparés à partir de rien avec de vrais ingrédients. Si la mère n’était pas présente, Carrie était la patronne, pas nous les « Blancs privilégiés ». Carrie dînait avec nous à la table, et si Carrie rencontrait un problème financier qu’elle ne pouvait pas régler, mes parents et ses autres employeurs à la journée puisaient dans leurs maigres ressources pour l’aider.

J’ai grandi à Atlanta, Géorgie, sans crainte ni haine des Américains noirs. Ce n’est plus le cas à Atlanta. Beaucoup d’habitants blancs fuient la ville.

Ce ne sont pas seulement les relations entre les races qui se sont détériorées. Tout s’est détérioré. L’Amérique aujourd’hui n’a plus aucun rapport avec le monde américain où j’ai grandi. Bien sûr, aujourd’hui la réponse sera que j’ai grandi avec le « privilège blanc ». Mais en fait, j’ai grandi dans une communauté où les gens et les genres avaient des rôles différents, et une personne était jugée d’après sa performance. La performance incluait le comportement moral. Si vous aviez une bonne moralité et que vous faisiez un bon travail et que vous teniez parole, vous étiez respecté. Point-barre.

Aujourd’hui si vous n’êtes pas une personne « woke » qui objecte au genre des pronoms et si vous ne croyez pas que la classe ouvrière blanche est « raciste systémique », vous êtes « déplateformé » et « annulé » [cancelled]. Les Blancs sont maintenant diabolisés par d’autres Blancs, et ceux qui sont diabolisés ne sont pas autorisés à se défendre. N’importe quelle « personne de couleur » peut détruire un patron, un collègue, un professeur ou un doyen d’université en prétendant être « offensé ».

En Amérique aujourd’hui il y a très peu de gens libres. Seuls ceux qui ne dépendent pas de l’emploi et de l’approbation des médias sont libres. Même ce petit nombre d’Américains libres est en danger, puisque l’expression d’une dissidence est définie par le régime Biden comme du terrorisme intérieur.

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Les médias parlent d’une seule voix, et la voix est celle de la dénonciation de tous ceux qui contestent le récit dominant. En Amérique aujourd’hui les médias protègent les erreurs et l’avarice des bureaucrates médicaux alliés à Big Pharma, et les médias couvrent les récits de l’Establishment contre les experts scientifiques qui sont réduits au silence par la privation de forum. En conséquence, le public est informé seulement par une propagande égoïste qui défend ses intérêts matériels et accroît le pouvoir du gouvernement sur les citoyens.

Les conséquences sont diverses et désastreuses. Avec le Covid il y a eu des confinements inutiles qui ont détruit des commerces et des individus. En politique étrangère, des antagonismes ont été créés qui pourraient conduire à des guerres désastreuses contre l’Iran, la Chine et la Russie. La focalisation du régime Biden à définir les supporters de Trump, 90 millions d’électeurs américains, comme des terroristes intérieurs, implique du guerre civile.

Ce que je trouve le plus décourageant concernant l’Amérique est qu’après toutes les tromperies prouvées que les Américains ont subies – l’assassinat du Président John F. Kennedy, l’assassinat de Robert Kennedy, l’assassinat de Martin Luther King, l’assassinat de dirigeants étrangers qui refusaient de suivre la ligne de Washington, la guerre du Vietnam, le 11 septembre, les armes de destruction massive de Saddam Hussein, l’utilisation d’armes chimiques, les armes nucléaires iraniennes, le Russiagate, l’invasion russe de l’Ukraine, les élections de 2020, l’insurrection trumpiste au Capitole – la liste continue à l’infini – les Américains continuent à s’asseoir devant CNN et le reste, à écouter NRP, et à lire le New York Times ou le Washington Post et continuent ainsi à satisfaire l’Establishment dominant en acceptant de subir un lavage de cerveau. Un peuple aussi insouciant n’a pas de possibilités de survie.

Une Amérique soumise à un lavage de cerveau, un monde occidental soumis à un lavage de cerveau ne sont pas des terres de liberté.

Sur ce site web, j’essaie de vous rendre conscients. Contrairement aux médias, je vous donne de bonnes informations sur les sujets que j’explique. Revenez en arrière et comparez ce que je vous ai dit avec ce que les médias vous ont dit.

Examinez, par exemple, mon reportage sur le Covid. Je vous ai dit comment vous protéger. Je vous ai dit quels sont les remèdes si vous êtes contaminé par une variante grave. Je vous ai dit que les masques ne sont pas protecteurs s’ils ne sont pas classés N95.

C’est une information précieuse. Ce site web est précieux pour tout le monde. Chaque personne sur terre est unique. Nous devrions respecter les gens tant qu’ils ne nous donnent pas une raison de ne pas les respecter. Les gens dans les gouvernements occidentaux semblent être les moins respectables. Ce sont eux qui mentent le plus, et les presstitutes leur donnent la parole. Seuls ceux qui disent la vérité sont attaqués.

Réfléchissez à vos sources d’informations. Je veux dire de vraie information, pas ce qui s’accorde avec vos préjugés. Avez-vous de meilleures sources que ce site web ?

Vous tient-il informé ? Vous fait-il réfléchir ?

Si c’est le cas, vous lui devez votre soutien.

Source

samedi, 03 avril 2021

« L’Amérique qui est de retour » se heurte à la réalité multipolaire

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« L’Amérique qui est de retour » se heurte à la réalité multipolaire

Par Moon of Alabama

L’Organisation mondiale de la santé a récemment publié son rapport sur l’origine du virus SARS-CoV-2 qui a provoqué la pandémie de Covid-19. La plupart des scientifiques s’accordent à dire que le virus est d’origine zoonotique et non une construction humaine ou une fuite accidentelle d’un laboratoire. Mais les États-Unis veulent faire pression sur la Chine et ont conseillé au directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom, de continuer à mettre l’accent sur la culpabilité potentielle de la Chine. Il a agi en conséquence lorsqu’il a commenté le rapport de son agence :

Bien que l'équipe ait conclu qu'une fuite de laboratoire est l'hypothèse la moins 
probable, cela nécessite une enquête plus approfondie, éventuellement avec des
missions supplémentaires impliquant des experts spécialisés, que je suis prêt
à déployer.

Le département d’État américain a sauté sur l’occasion en demandant à ses alliés de signer sa déclaration commune sur l’étude des origines de la COVID-19 menée par l’OMS, qui demande un accès plus libre en Chine :

Les gouvernements de l'Australie, du Canada, de la Tchécoslovaquie, du Danemark, 
de l'Estonie, d'Israël, du Japon, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Norvège,
de la République de Corée, de la Slovénie, du Royaume-Uni et des États-Unis
d'Amérique restent fermement résolus à collaborer avec l'Organisation mondiale
de la santé (OMS), les experts internationaux qui ont une mission essentielle,
et la communauté internationale pour comprendre les origines de cette pandémie
afin d'améliorer notre sécurité sanitaire mondiale collective et notre réponse
à cette pandémie. Ensemble, nous soutenons une analyse et une évaluation
transparentes et indépendantes, exemptes d'interférences et d'influences
indues, des origines de la pandémie de la COVID-19. À cet égard, nous partageons
les mêmes préoccupations concernant la récente étude menée par l'OMS en Chine,
tout en soulignant l'importance, pour l’avenir, de travailler ensemble à
l'élaboration et à l'utilisation d'un processus rapide, efficace, transparent,
scientifique et indépendant pour les évaluations internationales de telles
épidémies d'origine inconnue.

Le plus intéressant dans cette déclaration est la liste des pays alliés des États-Unis qui n’ont pas signé cette déclaration.

La plupart des principaux pays de l’UE, notamment la France, l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne, en sont absents. Tout comme la Nouvelle-Zélande, membre des Five-Eyes. L’Inde, alliée des États-Unis dans l’initiative anti-chinoise Quad, n’a pas non plus signé. Cette liste de signataires de la déclaration conjointe est un résultat étonnamment maigre pour une initiative « conjointe » des États-Unis. Elle est sans précédent. C’est le signe que quelque chose a craqué et que le monde ne sera plus jamais le même.

Les premiers mois de l’administration Biden ont vu une rupture dans le système globaliste. Tout d’abord, la Russie a réprimandé l’UE pour ses critiques hypocrites de problèmes internes à la Russie. Biden a ensuite qualifié Poutine de « tueur ». Puis le ministre chinois des affaires étrangères a dit à l’administration Biden de fermer sa gueule au sujet des problèmes domestiques chinois. Peu après, les ministres des affaires étrangères de la Russie et de la Chine se sont rencontrés et ont convenu de renforcer leur alliance et d’éviter le dollar américain. Ensuite, le ministre chinois des affaires étrangères est parti en tournée au Moyen-Orient. Il y a rappelé leur souveraineté aux alliés des États-Unis  :

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Wang a déclaré que les objectifs attendus avaient été atteints en ce qui concerne 
une initiative en cinq points sur la réalisation de la sécurité et de la stabilité
au Moyen-Orient, qui a été proposée pendant la visite. "La Chine soutient les pays de la région pour qu'ils puissent résister aux pressions
et aux interférences extérieures, pour qu'ils explorent de manière indépendante
des voies de développement adaptées à leurs réalités régionales"
, a déclaré Wang,

ajoutant que les pays devraient "s'affranchir de l'ombre de la rivalité géopolitique
des grandes puissances et résoudre les conflits et les différends régionaux en
tant que maîtres de la région."

La tournée de Wang a été couronnée par la signature d’un accord avec l’Iran qui a changé la donne :

Il est évident que le pacte Chine-Iran s'inscrit profondément dans une nouvelle 
matrice que Pékin espère créer avec les États arabes du golfe Persique et l'Iran.
Le pacte fait partie d'un nouveau récit sur la sécurité et la stabilité régionales.

« L’ordre international fondé sur des règles décidées par les États-Unis » est enfin terminé. La Russie et la Chine l’ont enterré :

Les pays d'Asie et d'ailleurs suivent de près le développement de cet ordre 
international alternatif, dirigé par Moscou et Pékin. Et ils peuvent également
reconnaître les signes du déclin économique et politique croissant des États-Unis. Il s'agit d'un nouveau type de guerre froide, mais qui n'est pas fondée sur
l'idéologie. C'est une guerre pour la légitimité internationale, une lutte
pour les cœurs, les esprits et l'argent dans la très grande partie du monde
qui n'est pas alignée sur les États-Unis ou l'OTAN. Les États-Unis et leurs alliés continueront d'agir dans le cadre de leur
narrative, tandis que la Russie et la Chine feront valoir une narrative
concurrente. C'est ce qui est apparu clairement au cours de ces quelques
importantes journées de diplomatie des grandes puissances. L'équilibre mondial du pouvoir est en train de changer et, pour de nombreux
pays, il serait judicieux de miser désormais sur la Russie et la Chine.

La contre-mesure américaine évidente à l’initiative russo-chinoise consiste à unir ses alliés dans une nouvelle guerre froide contre la Russie et la Chine. Mais comme le montre la déclaration commune ci-dessus, la plupart de ces alliés ne veulent pas suivre cette voie. La Chine est un trop bon client pour être évincée. Parler des droits de l’homme dans d’autres pays peut plaire à l’électorat local, mais ce qui compte finalement, ce sont les affaires.

Même certaines entreprises américaines trouvent que la voie hostile suivie par l’administration Biden ne peut que leur porter préjudice. Certaines demandent à la bande à Biden de baisser le ton :

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Dave Calhoun.

Dave Calhoun, directeur général de [Boeing], a déclaré à un forum d'affaires en 
ligne qu'il pensait qu'un important différend avec l'Europe concernant les
subventions aux avions pourrait être résolu après 16 ans de querelles au sein
de l'Organisation mondiale du commerce, mais il a comparé cette situation aux
perspectives de la Chine. "Je pense que politiquement (la Chine) est un problème plus difficile pour cette
administration que pour la précédente. Mais nous devons toujours commercer avec
notre plus grand partenaire au monde : La Chine"
, a-t-il déclaré lors du sommet

de l'aviation de la Chambre de commerce des États-Unis. Faisant état des multiples différents, il a ajouté : "J'espère que nous pourrons
en quelque sorte séparer les problèmes de propriété intellectuelle, de droits
de l'homme et autres de ceux concernant le commerce et continuer à encourager
un environnement de libre-échange entre ces deux poids lourds économique. ...
Nous ne pouvons pas nous permettre d'être exclus de ce marché. Notre concurrent
s'y engouffrera immédiatement."

Avant la débâcle de son 737 MAX, Boeing était le plus gros exportateur américain et la Chine était son plus gros client. Le MAX n’a pas encore été recertifié en Chine. Si Washington maintient son ton hostile à l’égard de la Chine, Boeing sera perdant et l’européen Airbus fera un malheur.

Biden annonce donc que « l’Amérique est de retour » pour s’entendre dire qu’elle n’est plus nécessaire dans le rôle surdimensionné qu’elle jouait auparavant. Si Washington n’est pas capable d’accepter le fait qu’il ne peut plus jouer « unilatéralement » mais qu’il doit suivre les vraies règles du droit international, nous pourrions vivre des moments intéressants :

multipolarité,actualité,politique internationale,géopolitique,états-unis

Glen Diesen.

Question : Enfin, craignez-vous que la détérioration des tensions internationales 
ne conduise à une guerre ?  

Glenn Diesen : Oui, nous devrions tous être inquiets. Les tensions ne cessent

de s'intensifier et il y a de plus en plus de conflits qui pourraient déclencher
une guerre majeure. Une guerre pourrait éclater à propos de la Syrie, de l'Ukraine,
de la mer Noire, de l'Arctique, de la mer de Chine méridionale et d'autres régions. Ce qui rend tous ces conflits dangereux, c'est qu'ils s'inscrivent dans une
logique de "gagnant-vaincu". Le fait de souhaiter ou de pousser activement
à l'effondrement de la Russie, de la Chine, de l'UE ou des États-Unis est
également une indication d’une mentalité « gagnant-vaincu ». Dans ces conditions,
les grandes puissances sont davantage prêtes à accepter des risques plus importants
à un moment où le système international se transforme. La rhétorique de la défense
des valeurs démocratiques libérales a également des connotations claires de jeu à
somme nulle, car elle implique que la Russie et la Chine doivent accepter
l'autorité morale de l'Occident et faire des concessions unilatérales. L'évolution rapide de la répartition internationale du pouvoir crée des problèmes
qui ne peuvent être résolus que par une véritable diplomatie. Les grandes puissances
doivent reconnaître que leurs intérêts nationaux divergent, puis s'efforcer de
trouver des compromis et des solutions communes.

Le président russe Vladimir Poutine a demandé à plusieurs reprises la tenue d’un sommet des dirigeants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU :

Poutine a fait valoir que les pays qui ont créé un nouvel ordre mondial après la 
Seconde Guerre mondiale devraient coopérer pour résoudre les problèmes d'aujourd'hui. "Les pays fondateurs des Nations unies, les cinq États qui ont la responsabilité
particulière de sauver la civilisation, peuvent et doivent être un exemple"
,

a-t-il déclaré lors d’une sombre cérémonie commémorative. Une telle réunion "jouera un grand rôle dans la recherche de réponses collectives
aux défis et menaces modernes"
, a déclaré Poutine, ajoutant que la Russie était

"prête pour une conversation aussi sérieuse."

Un tel sommet serait l’occasion de travailler sur un nouveau système mondial qui éviterait l’unilatéralisme et la mentalité de bloc. Comme les États-Unis apprennent aujourd’hui que leurs alliés ne sont pas disposés à suivre leurs politiques anti-chinoise et antirusse, ils pourraient être disposés à négocier un nouveau système international.

Mais tant que Washington restera incapable de reconnaître son propre déclin, une tentative de résoudre le problème une fois pour toutes par la violence n’en est que plus probable.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

vendredi, 02 avril 2021

La stratégie de Biden pour les pays d'Amérique centrale

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La stratégie de Biden pour les pays d'Amérique centrale

Colonel Cassad

Ex: https://www.geopolitica.ru/es/article/la-estrategia-de-biden-para-los-paises-centroamericanos

Traduction par Juan Gabriel Caro Rivera

Les politiciens de droite en Amérique centrale ont applaudi avec enthousiasme les projets de Biden pour leurs pays. La nouvelle stratégie de Washington consiste à faire plusieurs promesses quant à l'augmentation des investissements des entreprises américaines en échange de réformes néolibérales sur le marché intérieur. En outre, cette stratégie vise à maintenir les pays d'Amérique centrale dans la "sphère d'influence" des États-Unis et à empêcher ainsi la progression des avancées chinoises et russes dans la région. Pendant ce temps, un changement de régime est attendu au Nicaragua, un pays dont le gouvernement est de gauche. L'administration de Joe Biden considère l'Amérique centrale comme l'une de ses priorités en matière de politique étrangère. C'est pourquoi elle a promis un total de 4 milliards de dollars pour financer la transformation de cette région appauvrie des Amériques. Il s’agit principalement d’investissements par des sociétés étrangères en échange de réformes néolibérales agressives sur le marché ‘’libre’’. Selon le programme de l'administration Biden, les gouvernements d'Amérique centrale devront réduire les lois protégeant leurs travailleurs, faute de quoi lesinvestisseurs seront incapables de garantir que "les pratiques de travail ne les désavantagent pas sur le marché mondial concurrentiel". D'autre part, ce programme veut renforcer les accords de "libre-échange" avec les États-Unis et "réduire les obstacles aux investissements du secteur privé", permettant ainsi aux sociétés américaines d'avoir plus de contrôle sur la région. Ce plan vise aussi clairement à isoler la Chine et la Russie et à maintenir l'hégémonie de Washington dans tout l'hémisphère occidental.

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Plusieurs anciens fonctionnaires du département d'État de l'ère Obama ont tenu une conférence virtuelle promue par l'organisation Inter-American Dialogue. Ces conseillers travaillent désormais dans un groupe de réflexion financé par le gouvernement américain, espérant ainsi collaborer activement avec l'administration Biden. L'objectif de ces plans, qui ont été formulés par l'équipe de politique étrangère de Biden, est d'investir dans des organisations de la "société civile" dans toute l'Amérique latine, car elles sont considérées comme un moyen de maintenir les intérêts américains dans la région. Cela peut expliquer pourquoi les ONG sont "les interlocuteurs privilégiés de l'administration Biden dans l'élaboration et la mise en œuvre de ses politiques en Amérique latine".

À la suite de la conférence virtuelle, le Dialogue interaméricain a publié un communiqué commun signé par un cercle de dirigeants conservateurs d'Amérique centrale. Le document indique qu'ils sont "heureux" et se sentent très "encouragés" par les projets de M. Biden. Ils insistent également sur le fait que ces investissements seront "mutuellement bénéfiques" et "le point de départ de l'articulation d'une vision commune entre le gouvernement américain et la région d'Amérique centrale". Le communiqué souligne que ces politiciens centraméricains de droite "partagent les mêmes idéaux et objectifs" que "l'Union européenne et le Japon". En bref, ils promettent d'entraver les intérêts chinois et russes dans la région en échange d'une augmentation des investissements commerciaux américains dans leurs pays.

* * *

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L'homme politique Brizuela a insisté sur la nécessité d’articuler toute une série de réformes néolibérales en Amérique centrale, affirmant que la seule façon pour ses pays de se développer est de recourir à "l'investissement privé", à "l'esprit d'entreprise" et aux "partenariats public-privé".

Brizuela affirme également que "le partenariat avec les États-Unis est très important" et appelle à une amélioration des relations avec l'Union européenne et le Japon. Il souligne également que la nouvelle guerre froide de Washington contre Pékin est une opportunité économique pour l'Amérique centrale.

* * *

On a également laissé entendre que l'Amérique centrale se rangerait fermement du côté de Washington contre la Russie et la Chine si les entreprises américaines réalisaient de gros investissements dans la région.

jeudi, 01 avril 2021

Joe Biden dévoile sa « stratégie » à l’égard de la Chine

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Joe Biden dévoile sa « stratégie » à l’égard de la Chine

Par Salman Rafi Sheikh

Source New Eastern Outlook

L’administration de Joe Biden n’a pas mis longtemps à finaliser sa stratégie envers la Chine. La conversation téléphonique entre Biden et Xi, qui s’est déroulée dans une soi-disant « bonne ambiance », a déjà laissé place à une « stratégie chinoise » qui n’est pas différente de celle de l’administration Trump. Cependant, certains développements récents montrent que l’administration Biden n’a pas seulement décidé de faire monter les enchères contre la Chine, mais qu’elle est aussi pleinement concentrée sur la confrontation de cette dernière au niveau mondial. L’urgence et la primauté que l’administration Biden accorde à la Chine sont évidentes dans la manière dont Biden & Co. ont décidé de rencontrer leurs alliés dits QUAD avant les alliés les plus proches des États-Unis en Europe. Si l’une des raisons de cette décision est la distance croissante entre les États-Unis et l’Europe, il est également vrai que l’UE n’est pas un partenaire volontaire des États-Unis dans le conflit qui les oppose à la Chine. Comme le montrent les derniers chiffres d’Eurostat, l’office statistique officiel de l’UE, la Chine a déjà détrôné les États-Unis en tant que premier partenaire de l’UE pour les échanges de marchandises.

L’UE n’a donc aucune raison de considérer la Chine comme un rival. Bien qu’il existe un sentiment de concurrence entre l’UE et la Chine, il existe également un sentiment de coopération qui se développe rapidement et que l’Europe considère comme vital pour sa propre position mondiale et son autonomie par rapport aux États-Unis. En l’état actuel des choses, si les États-Unis et l’Europe partagent de nombreuses valeurs, l’appétit pour le risque est différent de part et d’autre de l’Atlantique. Après le discours de Joe Biden à la conférence de Munich il y a environ deux semaines, dans lequel il a insisté sur le leadership américain, la chancelière Angela Merkel et le président Emmanuel Macron ont tous deux fait des remarques mettant davantage l’accent sur la nécessité de coopérer avec la Chine. L’administration Biden n’a donc eu d’autre choix que de recourir une fois de plus au groupe QUAD pour « contenir » la Chine, au moins dans la région indo-pacifique, sinon en Europe.

Selon une récente déclaration de la Maison Blanche, le président Biden organiserait un sommet virtuel QUAD pour partager sa « stratégie chinoise » avec les alliés des États-Unis. Alors que le candidat Joe Biden avait donné l’impression qu’il suivrait une « approche différente » vis-à-vis de la Chine, son approche montre que la seule différence est qu’il pense pouvoir élaborer une stratégie beaucoup plus efficace et rassembler des alliés contre la Chine. La stratégie de Joe Biden à l’égard de la Chine est déjà décrite comme « dure, mais soutenue par une alliance », rassemblant des nations partageant les mêmes idées.

Il est évident que l’administration de Joe Biden s’éloigne de son approche précédente qui mettait l’accent sur le dialogue. Un haut responsable de la Maison-Blanche l’a confirmé en déclarant que les États-Unis n’allaient pas abandonner le dialogue, mais qu’ils souhaitaient d’abord explorer des terrains d’entente avec leurs alliés. « Nous accordons une grande importance à un partage approfondi des points de vue avec nos partenaires et alliés pour nous aider à nous doter de perspectives stratégiques », a déclaré le responsable.

En effet, l’administration Biden a déjà mis en place une « stratégie vaccinale » pour contrer l’influence chinoise en Asie et dans le Pacifique. Un autre fonctionnaire de la Maison Blanche aurait déclaré que la « stratégie vaccinale » fait partie des « dernières étapes de préparation des États-Unis pour ce qu’ils espèrent être une initiative majeure et audacieuse dans la région Indo-Pacifique » [contre la Chine].

Le fait que Biden ait réactivé le QUAD montre comment la nouvelle administration accélère sa « stratégie chinoise ». La raison sous-jacente reste la capacité croissante de la Chine à défier l’hégémonie américaine. C’est ce qu’a très bien expliqué Antony Blinken dans son premier grand discours de politique étrangère prononcé la semaine dernière. M. Blinken n’a pas mâché ses mots lorsqu’il a déclaré que la Chine était « le plus grand test géopolitique du 21e siècle » pour les États-Unis.

Décrivant l’approche fondamentale envers la Chine, Blinken a insisté sur la nécessité d’un retour en arrière et de forcer la Chine à le faire :

La Chine est le seul pays à disposer de la puissance économique, diplomatique, militaire et technologique nécessaire pour remettre sérieusement en question le système international stable et ouvert, c’est-à-dire l’ensemble des règles, des valeurs et des relations qui font que le monde fonctionne comme nous le souhaitons, parce qu’il sert en définitive les intérêts et reflète les valeurs du peuple américain. Notre relation avec la Chine sera compétitive lorsqu’elle doit l’être, collaborative lorsqu’elle peut l’être et conflictuelle lorsqu’elle doit l’être. Le dénominateur commun est la nécessité d’engager la Chine en position de force. Cela nécessite de travailler avec les alliés et les partenaires, et non de les dénigrer, car il est beaucoup plus difficile pour la Chine d’ignorer notre poids combiné. Cela nécessite de s’engager dans la diplomatie et dans les organisations internationales, car là où nous nous sommes retirés, la Chine a pris le relais.

Comme l’explique Blinken, leur motivation première reste de rétablir le leadership américain et d’empêcher tout autre pays de les remplacer. Cette conviction est ancrée dans une approche néo-impérialiste classique qui met l’accent sur le leadership américain comme seul moyen de suivre un ordre international « fondé sur des règles ». L’administration de Joe Biden, ne voyant pas comment l’influence et le leadership des États-Unis ne comptent déjà plus en Europe, continue de croire qu’ils comptent en Asie et dans le Pacifique. Comme l’a noté Blinken :

… Le leadership et l’engagement américains comptent. C’est ce que nous entendons maintenant de la part de nos amis. Ils sont heureux que nous soyons de retour. Que nous le voulions ou non, le monde ne s’organise pas tout seul. Lorsque les États-Unis se retirent, l’une des deux choses suivantes risque de se produire : soit un autre pays essaie de prendre notre place, mais pas d’une manière qui favorise nos intérêts et nos valeurs ; soit, et c’est peut-être tout aussi grave, personne ne prend la relève, et c’est alors le chaos et tous les dangers qu’il engendre. Dans tous les cas, ce n’est pas bon pour l’Amérique.

Le passage de l’approche de Joe Biden du dialogue à la confrontation virtuelle et au repli s’inscrit dans le contexte de la présence rapide et apparemment inarrêtable de la Chine dans les pays du monde entier.

Ironie du sort, la Chine continue de développer des liens avec les pays du QUAD, ce qui limite la capacité des États-Unis à obtenir le soutien des pays membres contre la Chine. Les États-Unis ont déjà perdu l’Europe face à la Chine. Il est tout à fait possible que les liens économiques croissants de la Chine avec les pays d’Asie et du Pacifique puissent faire de même pour les États-Unis. Cela est particulièrement vrai pour la région de l’ANASE, une région qui a déjà signé un pacte commercial global impliquant la Chine. Toute aventure américaine doit d’abord neutraliser ce pacte commercial qui promet un développement et un commerce d’une ampleur sans précédent. Les États-Unis, quant à eux, continuent de proposer la confrontation, un message qui ne passe pas bien lorsqu’on le compare à l’approche multilatérale de la Chine qui met l’accent sur la coopération plutôt que sur la concurrence.

Salman Rafi Sheikh

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

Le secrétaire d'État Blinken ne parviendra pas à rompre les liens entre la Chine et l'UE

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Le secrétaire d'État Blinken ne parviendra pas à rompre les liens entre la Chine et l'UE

Par Andrew Korybko

Ex : http://oneworld.press/

L'amélioration continue des relations entre la Chine et l'UE est irréversible car elle incarne la force motrice de l'histoire, notamment en ce qui concerne l'intégration inévitable du supercontinent eurasiatique, résultat de l'ordre mondial multipolaire émergent.

La Chine et l'UE sont des partenaires économiquement complémentaires et des civilisations d’une égale richesse qui étendent tout naturellement leur coopération jusqu’ici inédite grâce à l'accord global sur l'investissement (CAI) conclu en décembre dernier. Cet accord leur permet de relier plus étroitement leurs économies et de rechercher des résultats mutuellement bénéfiques grâce à leur philosophie commune, celle du ‘’gagnant-gagnant’’. Néanmoins, l'Amérique a tenté de briser agressivement leurs liens bilatéraux par jalousie hégémonique, furieuse de voir se réaliser le scénario pour lequel ses partenaires transatlantiques avant opté, évoluant ainsi du statut d'États vassaux à celui d’acteurs indépendants dans les relations internationales.

En témoigne le voyage du secrétaire d'État américain Blinken dans les pays du bloc atlantique la semaine dernière, où il a cherché à monter les 27 États membres de l’UE contre la République populaire de Chine. La relance de ce dialogue inter-atlantique, précédemment gelé sous l'ancienne administration Trump, n'a d'autre but que de faire avancer les efforts américains pour semer la division entre l'UE et la Chine. Cette relance a été précédée par l'imposition par Bruxelles de premières sanctions contre Pékin depuis plus de 30 ans, suite aux pressions exercées par Washington pour que l’UE suive la ligne imposée par la propagande américaines, pour l’instant principalement axée sur les allégations (démenties) de violations des droits de l'homme au Xinjiang.

La République populaire a rapidement répondu d'une manière symétrique, tout à fait conforme à ses droits en vertu du droit international, et a ainsi procédé à un ‘’échange de tirs’’ destiné à montrer qu'aucune provocation ne restera jamais sans réponse, mais que Pékin n'a pas non plus l'intention d'envenimer les choses avec Bruxelles. Ces deux gestes sont pour la plupart symboliques, mais ils montrent de manière inquiétante que Washington tente de regagner toute son influence hégémonique sur l'UE. Les 27 membres de l'Union européenne doivent donc se méfier de leur partenaire transatlantique historique, qui n'a pas du tout leurs intérêts en tête.

L'amélioration continue des relations entre la Chine et l'UE est irréversible car elle est portée par la force motrice de l'histoire, notamment en ce qui concerne l'intégration inévitable du supercontinent eurasien, résultat de l'ordre mondial multipolaire émergent. Les relations internationales sont en train de passer d'une perspective à somme nulle à une nouvelle perspective d'engagement gagnant-gagnant, sous l'impulsion des efforts actifs de la Chine pour populariser cette philosophie dans le monde entier. De nombreux progrès ont déjà été accomplis et, bien que les ingérences extérieures puissent entraîner quelques difficultés en cours de route, la voie à suivre reste claire et souhaitée par les deux parties.

La prochaine étape pour renforcer les liens entre la Chine et l'UE face à la résistance des États-Unis est d'étendre leur coopération existante à d'autres sphères stratégiques telles que l'endiguement conjoint de la pandémie du COVID-19, la lutte contre le changement climatique et la collaboration sur les solutions technologiques 5G pour faciliter la quatrième révolution industrielle. Certains États membres de l'UE subissent une forte pression américaine pour choisir entre leur partenaire transatlantique traditionnel et leur nouveau partenaire est-asiatique dans ces domaines, mais ce choix à somme nulle est faux et ne leur est imposé que pour des raisons hégémoniques. En réalité, ils peuvent et doivent coopérer avec les deux pays.

Contrairement aux États-Unis, la Chine ne fait pas pression sur ses partenaires, qu'il s'agisse de n'importe quel aspect de leurs liens bilatéraux ou surtout pas de leurs relations avec une tierce partie. Tout ce que Pékin demande, c'est que leur coopération pragmatique reste libre de toute influence extérieure et se concentre uniquement sur la recherche de résultats bénéfiques pour tous. Cela montre à quel point la Chine chérit les principes de la multipolarité tels qu'ils sont énoncés dans la Charte des Nations unies, ce qui contraste avec l'approche américaine consistant à exploiter les éléments stratégiques de ses relations avec certains États dans le but d'obtenir des résultats à somme nulle vis-à-vis de ceux qu'elle considère comme ses rivaux, tels que la Chine.

Le monde est au beau milieu d'un processus de changement de paradigme à large spectre qui ouvrira un avenir passionnant pour tous. Chacun a tout à gagner à ce que les relations internationales deviennent de plus en plus multipolaires, ce qui ouvrira de nouvelles possibilités de développement qui, à leur tour, amélioreront le niveau de vie des populations. L'UE doit résister aux pressions américaines visant à revenir au modèle discrédité de la pensée à somme nulle et adopter fièrement la philosophie ‘’gagnant-gagnant’’ qui définit le nouveau modèle des relations internationales. C'est le seul moyen pour l'UE de renforcer son indépendance stratégique et de rester véritablement un acteur important dans les affaires mondiales.

La grande stratégie de Biden est délirante et dangereuse

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La grande stratégie de Biden est délirante et dangereuse

Par Andrew Korybko

Ex : http://oneworld.press/

L'administration Biden continue de promouvoir sa grande stratégie délirante et dangereuse, qui ne sert même pas les intérêts des États-Unis, mais uniquement les intérêts étroits et à court terme d'une certaine partie de son élite économique et politique.

La grande stratégie du président américain Joe Biden est un mélange de signaux hétéroclites, faits de valeurs démocrates et d'agressivité républicaine, ce qui représente in fine une combinaison délirante et dangereuse. Le premier constat est tout simplement attesté parce que cette ‘’grande stratégie’’ et l’administration qui la promeut met l'accent sur les idéaux de la soi-disant "démocratie" et des "droits de l'homme". En témoignent ses campagnes de guerre cognitive contre la Chine et la Russie, guerre cognitive qui repose évidemment sur ces fausses bases. Le second constat, quant à lui, est étayé par ses inlassables tentatives de constituer des alliances pour contenir ces deux pays sous les prétextes habituels, en utilisant la Quadrilatérale, l'OTAN et la nouvelle proposition des États-Unis de créer un concurrent à l'initiative Belt & Road (BRI) de la Chine.

À propos du dernier de ces trois moyens, M. Biden a déclaré à son homologue britannique vendredi après-midi: "J'ai suggéré que nous devrions avoir, essentiellement, une initiative similaire, tirant parti des États démocratiques, aidant ces communautés dans le monde qui, en fait, ont besoin d'aide’’. C'est la définition même du délire pour plusieurs raisons. Premièrement, le développement économique est un faisceau de faits purement apolitique et ne devrait pas aller à l'encontre du choix souverain d'un État de se gouverner de la manière qu'il juge la meilleure. Deuxièmement, pour cette raison et, étant donné son énorme portée et son échelle, l’initiative chinoise BRI n'a pas de concurrents mais seulement des partenaires. Troisièmement, nombre de ces partenaires sont des alliés des États-Unis.

Par exemple, le partenariat économique global régional (RCEP) de novembre dernier a réuni la Chine, l'ANASE, l'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée en un seul bloc commercial, dont les quatre derniers partenaires ainsi que les Philippines et la Thaïlande (partie prenante de l'ANASE) sont des alliés des Américains. Un mois plus tard, l'accord global sur l'investissement (CAI) entre la Chine et l'UE a vu de nombreux membres de l'OTAN accepter d'étendre leurs liens financiers et autres avec la République populaire. Enfin, la visite du ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi en Asie occidentale la semaine dernière a renforcé les liens économiques de son pays avec les alliés régionaux des États-Unis, comme l'Arabie saoudite.

Malgré les relations croissantes de la Chine avec l'Europe, l'Asie occidentale, l'Asie de l'Est et du Sud-Est - que l'on peut regrouper sous le terme d'Eurasie - les États-Unis pensent toujours qu'ils peuvent retourner certains de ces pays, notamment leurs alliés traditionnels, contre la République populaire. C'est ici que l'illusion devient dangereuse, car le pire scénario d'ingérence américaine pourrait se traduire par de graves dommages économiques infligés à ses soi-disant "alliés". Mais les États-Unis se gobergent tellement dans l'illusion qu'ils ne se soucient vraiment pas des intérêts des autres, ne voient que les leurs, ce qui explique pourquoi ils sont prêts à sacrifier les intérêts de leurs "alliés" au profit de leurs intérêts à somme nulle.

C'est là que réside le principal problème, à savoir l’incompréhensible refus des États-Unis d'accepter l’évidence : en effet, la mentalité agressive à somme nulle, qui est responsable de leur déclin progressif sur la scène internationale, est dépassée, car le nouveau modèle chinois de relations internationales a réussi à remplacer cette philosophie contre-productive par une philosophie ‘’gagnant-gagnant’’. L'administration Biden pensait pouvoir apporter des changements cosmétiques à la politique américaine, comme tonitruer une rhétorique multilatérale pour tenter de se différencier de son prédécesseur, mais la réalité est que rien de significatif n'a changé depuis l'ancien président Trump.

Même les propositions de paix tant vantées de l'administration Biden en Afghanistan et au Yémen sont en train d'échouer : en Afghanistan, c’est déjà l’échec après que Biden a annoncé que les troupes américaines pourraient ne pas se retirer d’ici mai du pays déchiré par la guerre depuis plus de quarante ans, comme son prédécesseur l'avait précédemment convenu, ce qui a incité les talibans à proférer de nouvelles menaces, tandis qu’au Yémen les propositions de Biden n'ont pas réussi à avoir un impact significatif sur la dynamique militaire sur place. En outre, les États-Unis continuent d'occuper illégalement l'Irak et la Syrie, tandis que la Libye reste embourbée dans une instabilité provoquée par les Américains. Toute la rhétorique sur la reprise de la coopération avec les alliés n'est qu'un écran de fumée pour les convaincre de rejoindre les nouvelles coalitions antichinoises et antirusses articulées par les États-Unis.

Heureusement, le monde semble avoir appris quelques leçons au cours des quatre années tumultueuses du mandat de Trump. Les alliés de l'Amérique ne sont plus aussi disposés qu'avant à suivre aveuglément l’exemple américain. Ils ont compris que les États-Unis ne sont pas fiables et qu'ils n'ont pas toujours les intérêts de leurs ‘’alliés’’ en tête. Cela devient de plus en plus évident à mesure que l'administration Biden continue de promouvoir sa grande stratégie délirante et dangereuse, qui ne sert même pas les intérêts propres des États-Unis, mais uniquement les intérêts étroits et à court terme d'un certain segment de son élite économique et politique. La situation ne s'améliorera pour les Américains moyens que si leurs dirigeants adoptent enfin la philosophie du ‘’gagnant-gagnant’’.

lundi, 29 mars 2021

Joe l’Endormi s’est réveillé : Syrie, Russie et Chine. Qu’est-ce qui va suivre?

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Joe l’Endormi s’est réveillé : Syrie, Russie et Chine. Qu’est-ce qui va suivre?

Par Giorgio Spagnol

Ex: http://ieri.be

Joe Biden a été surnommé "l’endormi" par Donald Trump. Quoi qu'il en soit, après seulement 30 jours de présidence, il s'est réveillé et a bombardé la Syrie. Le 25 février, Biden a ordonné de frapper la Syrie en réponse à des attaques à la roquette contre les forces américaines dans la région, suscitant l'inquiétude des législateurs démocrates car il n'avait pas demandé l'autorisation nécessaire au Congrès.

Le 16 mars, M. Biden a accusé Poutine d'être un "tueur" et l'a averti qu'il "paierait le prix fort" pour l'ingérence présumée des services russes dans les élections américaines.

Le 18 mars, la première réunion de haut niveau entre les États-Unis et la Chine sous la présidence de M. Biden s'est ouverte à Anchorage, en Alaska, les deux parties s'échangeant des injures dès le début.

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L'état des lieux

La frappe contre la Syrie a suscité des critiques de la part des députés, qui ont reproché à la Maison-Blanche de ne pas les avoir informés à l'avance. Le site bombardé n'était pas spécifiquement lié aux tirs de roquettes contre les Américains, mais était simplement censé être utilisé par les milices chiites soutenues par l'Iran qui ciblent les forces américaines en Irak. Reuters a cité des rapports locaux selon lesquels au moins 17 personnes avaient été tuées dans le bombardement, tandis que l'Observatoire syrien des droits de l'homme a fait état de 22 morts.

La Russie a nié les allégations d'ingérence, formulées de longue date. Les Russes ont dit qu’elles étaient sans fondement et ont déclaré que leur ambassadeur quittait les États-Unis et qu'il discuterait des "moyens de rectifier les liens entre la Russie et les États-Unis, qui sont en crise" à son arrivée à Moscou. Il a ajouté que "certaines déclarations irréfléchies de hauts responsables américains ont mis les relations, déjà excessivement conflictuelles, sous la menace d'un effondrement".

Le 18 mars, Poutine a répondu au commentaire de Biden, qui le posait comme un ‘’tueur’’, en disant "il en faut être un pour en connaître un autre", ajoutant qu'il souhaitait à Biden une ‘’bonne santé’’ (il convient de mentionner que Biden a survécu à deux anévrismes cérébraux à la fin des années 1980 et que son état s'est ensuite compliqué d'une thrombose veineuse profonde et d'une embolie pulmonaire). Quoi qu'il en soit, Poutine a mis Biden au défi de tester ses facultés dans un débat en ligne.

Poutine a fait remarquer que la Russie continuerait à coopérer avec les États-Unis lorsqu'ils soutiennent les intérêts de Moscou, ajoutant que "beaucoup de personnes honnêtes et décentes aux États-Unis souhaitent la paix et l'amitié avec la Russie." Mais après ce tac au tac, les relations entre les États-Unis et la Russie ont été en chute libre. En adoptant une position ferme à l'égard de la Russie, M. Biden a déclaré que l'époque où les États-Unis se pliaient à Poutine était révolue.

La réunion entre les hauts fonctionnaires américains et chinois a été entachée d’une série de réparties mordantes entre les deux superpuissances, les envoyés des deux pays échangeant des critiques acerbes sur la gouvernance et les défauts de l'autre.

Le début des discussions de deux jours à Anchorage, en Alaska, a été marqué par les propos du secrétaire d'État américain Antony Blinken, qui a déclaré à ses homologues chinois que les États-Unis allaient faire part de leurs "profondes préoccupations" concernant les politiques de la Chine au Xinjiang, à Hong Kong et à Taiwan.

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La Chine, représentée par le ministre des affaires étrangères Wang Yi, a répliqué que les États-Unis et la Chine avaient chacun leur propre style de démocratie et que Pékin s'opposait fermement à l'ingérence de Washington dans ses affaires intérieures, ajoutant que les relations avec la Chine devaient être fondées sur le respect mutuel.

Les États-Unis ont ensuite publié une déclaration accusant la Chine de faire de la figuration et de prononcer un discours d'ouverture qui a largement dépassé les deux minutes initialement convenues.

Plus tard, lors d'un briefing suivant la réunion, des responsables chinois ont déclaré que les États-Unis avaient lancé des attaques déraisonnables contre les politiques intérieure et extérieure de la Chine en ajoutant : "Ce n'est pas une manière d’agir car elle n’est pas conforme à l'étiquette diplomatique".

Biden et la Russie

En janvier dernier, le vice-ministre russe des affaires étrangères, M. Ryabkov, avait accusé l'administration du président Joe Biden de "russophobie", déclarant qu'il s'attendait à ce que les relations avec les États-Unis aillent "de mal en pis".

Les relations entre Moscou et Washington se sont détériorées ces dernières années sur des questions telles que la saisie par la Russie de la région ukrainienne de la Crimée en 2014, son rôle dans les guerres dans l'est de l'Ukraine, en Syrie et en Libye, son ingérence présumée dans les élections aux États-Unis , et une série de cyberattaques majeures imputées aux Russes.

La Russie, bien qu'incapable d'agir comme une grande puissance mondiale, est la quantité qui, en jetant son poids sur la balance, peut être décisive, grâce à son formidable arsenal nucléaire, dans le match entre les États-Unis et la Chine.

La Russie existe et résiste en tant qu'empire depuis au moins six siècles. C'est un État puissant armé jusqu'aux dents, dirigé par un leader charismatique sans opposition, mais bien conscient qu'il ne peut pas se précipiter seul dans des aventures militaires contre des voisins comme les États-Unis ou l'OTAN.

L'espace, la culture et l'ambition impériale permettent à Moscou de disposer d'une élite russe dotée d'une ambition géopolitique. En raison de sa position géographique, la Russie est un élément central de la sécurité en Eurasie, son territoire étant contigu à toutes les grandes zones de crise dans le monde.

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Biden et la Chine

Les liens économiques, géopolitiques et sécuritaires entre les régions du Pacifique occidental et de l'océan Indien ont créé un système stratégique dans lequel l'océan Indien a remplacé l'Atlantique en tant que corridor commercial le plus fréquenté et le plus important sur le plan stratégique, transportant deux tiers des expéditions mondiales de pétrole et un tiers des marchandises en vrac.

Environ 80 % des importations de pétrole de la Chine sont acheminées du Moyen-Orient et/ou de l'Afrique via l'océan Indien. L'Indo-Pacifique devient ainsi le centre de gravité économique et stratégique du monde. Les intérêts, les capacités et les vulnérabilités de la Chine s'étendent à l'ensemble de l'océan Indien et c'est pourquoi la Chine a établi en 2017 une énorme base navale militaire à Djibouti, dans la Corne de l'Afrique.

Les liens stratégiques entre la Chine et la Russie

La Chine et la Russie entretiennent actuellement des relations difficiles avec les États-Unis suite à l'imposition de droits de douane à la Chine et aux sanctions infligées à la Russie. Pour la première fois, les deux grandes puissances sont considérées comme "révisionnistes, concurrentes stratégiques et rivales" dans la série des documents stratégiques américains de 2017 et 2018.

La Chine et la Russie ont récemment envoyé des messages forts par le biais de mesures telles que des patrouilles stratégiques aériennes conjointes et la critique commune de l'unilatéralisme américain.

Il convient de mentionner que lors de deux événements distincts, la Russie et la Chine ont publiquement annoncé une nouvelle ère de diplomatie entre les deux pays: avec l'exercice Vostok 2018 et l'exercice Joint Sea 2019, la Russie et la Chine ont signalé à l'Occident qu'elles travaillent plus étroitement ensemble pour faire contrepoids à l'"impérialisme" américain.

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En particulier, Vostok 2018, un exercice militaire russo-chinois de grande envergure, a impliqué plus de 300.000 soldats, 1.000 avions et plusieurs navires de guerre, tandis que Joint Sea 2019 a impliqué de nombreux sous-marins, navires, avions, hélicoptères et marines des deux pays.

Ce qui lie ces puissances entre elles, c'est leur accord sur la nécessité de réviser le statu quo. La Russie essaie tant bien que mal de reconstituer son aire d’influence du temps de l'Union soviétique. La Chine n'a pas l'intention de se contenter d'un rôle secondaire dans les affaires mondiales, pas plus qu'elle n'acceptera le degré actuel d'influence des États-Unis en Asie et le statu quo territorial qui y règne.

Les dirigeants des deux pays sont également d'accord pour dire que la puissance américaine est le principal obstacle à la réalisation de leurs objectifs révisionnistes. Leur hostilité à l'égard de Washington et de son ordre est à la fois offensive et défensive: non seulement ils espèrent que le déclin de la puissance américaine facilitera la réorganisation de leurs régions, mais ils craignent également que Washington ne tente de les renverser en cas de discordes durables au sein de leurs pays.

C'est pourquoi ils tiennent dûment compte de la devise divide et impera (diviser pour régner) qui est née de besoins pratiques: Rome, matériellement, ne pouvait pas faire face à son ennemi lorsqu'il était uni.

Biden pousse-t-il la Chine et la Russie à se rapprocher ?

Les relations sino-russes sont principalement façonnées par la pression exercée par les États-Unis sur ces deux États.

L'évolution de la politique américaine à l'égard de la Chine - qui s'éloigne de tout engagement pour se rapprocher de la stratégie du néo-contrôle - a survalorisé la coopération potentielle plus étroite entre Moscou et Pékin, devenu l’ennemi principal. Les relations sino-russes se sont particulièrement épanouies dans des domaines tels que l'opposition politique et normative envers l'Occident, l'énergie, la sécurité, le nucléaire et l'espace.

Parallèlement, la rhétorique anti-américaine de Xi Jinping a commencé à ressembler à celle de Vladimir Poutine. La Russie et la Chine ont également amélioré leur position au sein du système des Nations unies, notamment en se faisant élire au Conseil des droits de l'homme.

Biden avait prévu de tendre la main à l'Union européenne afin d'apprivoiser l'influence de la Chine au niveau régional et mondial. Ces plans ont été compliqués par la décision de l'UE d'aller de l'avant avec un nouvel accord d'investissement avec la Chine quelques semaines seulement avant que Biden n’entre en fonction.

Actuellement, la politique intérieure russe offre un terrain fertile pour des relations plus étroites avec Pékin: le Kremlin ne considère pas que la puissance croissante de la Chine sape sa légitimité intérieure ou menace la survie du régime, tandis que la Chine apprécie également le soutien de la Russie.

C'est cet alignement normatif qui illustre le plus clairement leur position anti-occidentale. Il est certain que la Chine et la Russie considèrent que les problèmes internes de l'Occident (Brexit, manifestations de Black Lives Matter, etc.) légitiment davantage leurs propres régimes.

Considérations

Si vous êtes président des États-Unis, vous ne pouvez pas dire "Poutine est un tueur". Vous ne pouvez pas le dire, vous n'êtes pas obligé de le dire. Trump, le président des excès, ne l'avait pas dit non plus. L'attaque vise aussi à faire barrage à tout achat du vaccin russe Spoutnik V. Est-ce aussi une façon détournée d'imposer subrepticement des sanctions contre toutes les entreprises de l'UE qui participent à l'achèvement du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l'Allemagne?

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Les relations des États-Unis avec la Chine ont plongé à leur point le plus bas depuis la visite de Nixon dans l'État communiste dans les années 1970. Les liens entre les États-Unis et la Russie sont, quant à eux, à leur point le plus difficile depuis la chute de l'Union soviétique.

Toute tentative de faire ouvertement fléchir le pouvoir au sein de deux puissances nucléaires constitue une action extrêmement dangereuse. C'est dangereux lorsque les hommes les plus puissants du monde, dont les doigts peuvent presser les boutons déclenchant le feu nucléaire, se retranchent dans des impasses rhétoriques et risquent ainsi une épreuve de force entre superpuissances.

Malgré la fanfaronnade de Biden, "L'Amérique est de retour", les États-Unis sont affaiblis par deux décennies d’offensives et de retraits au Moyen-Orient, par leurs divisions politiques paralysantes et par les pires réponses apportées à une pandémie mondiale.

Et la Chine s'est hérissée d'une déclaration conjointe des États-Unis et du Japon cette semaine, qui fait partie d'un effort de l'administration Biden pour créer un front uni d'alliés afin de contrer la puissance économique, stratégique et militaire de la Chine et de forcer Pékin à accepter des règles internationales que la Chine rejette comme étant une tentative de limiter son pouvoir.

Conclusion

Après qu'une foule a pris d'assaut le Capitole américain, Xi et Poutine se demandent probablement: "Est-ce là la nation dont nous devons avoir peur ? Est-ce là la nation qui veut être l'exemple paradigmatique de la démocratie et qui veut exporter sa démocratie dans le monde entier ?".

Biden aura sûrement du mal à convaincre la Chine et la Russie qu'il s'agissait d'un événement isolé, passager, et que la démocratie américaine est plus forte que jamais. Il aura encore plus de mal à les convaincre qu'une Amérique aussi divisée est, malgré tout, consensuelle, cohérente et unie, prête à faire face à toute menace extérieure possible et à diriger le monde.

Biden devrait définir une stratégie d'équilibrage avec la Chine avant que les deux nations ne dépassent les limites de ce que les cercles stratégiques appellent la "nouvelle guerre froide" pour entrer dans un véritable conflit direct, faisant ainsi entrer dans la réalité le fameux "piège de Thucydide".

Nous ne pouvons qu'espérer que la situation fortement concurrentielle entre les États-Unis et la Chine se retrouvera très vite entre des mains plus sereines. Après tout, ce qui met réellement en danger la paix et la stabilité mondiales, ainsi que l'avenir des relations entre les États-Unis et la Chine, ce n'est pas une "concurrence stratégique" entre les deux grandes puissances, mais l'incertitude résultant d'une concurrence dans laquelle aucune des deux puissances ne suit les règles du jeu traditionnelles, mais se comporte arbitrairement en fonction de son seul intérêt personnel, lequel est très étroitement défini.

En résumé, la Chine peut aujourd'hui compter sur la Russie, le plus grand pays du monde qui s'étend sur la masse continentale eurasienne. Les deux principaux acteurs ‘’orientaux’’ sont à bien des égards complémentaires: la Russie possède des ressources naturelles, des sciences fondamentales et des armes; la Chine possède des capitaux, des technologies commerciales et des industries lourdes. La Russie a un problème de sous-population, la Chine le contraire. Un principe ancien "l'ennemi de mon ennemi est mon ami" lie Pékin et Moscou.

L'une des leçons de la politique étrangère américaine de ces dernières décennies est que les plans élaborés à Washington ne survivent souvent pas au contact avec le monde extérieur. Et il n'est pas certain que les alliés des États-Unis adhèrent à la stratégie Biden: comme je viens de le souligner, ils ont envoyé un signal en concluant un accord commercial avec la Chine juste avant que Biden ne prenne ses fonctions.

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dimanche, 28 mars 2021

Comment la Russie est présentée comme un cyber-agresseur

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Comment la Russie est présentée comme un cyber-agresseur

Source Oriental Review

Les médias occidentaux ont longtemps fait les gros titres sur l’ingérence sans fin de la Russie en tout et partout, les politiciens et les experts de tous niveaux disant régulièrement la même chose. Autrefois peu critique, son public est aujourd’hui fermement convaincu que les « pirates informatiques russes » et les « trolls russes » constituent la plus grande menace pour la société occidentale et qu’ils cherchent constamment à saper « les fondements de la démocratie ». Heureusement, cependant, les « bons » aux États-Unis et au sein de l’OTAN – qui travaillent sans relâche pour protéger les peuples de l’Ouest, sans oublier de leur soutirer des opportunités supplémentaires et des fonds pour eux-mêmes – parviennent toujours à déjouer les attaques de ces « mauvais Russes ».

Comment se fait-il que ces mêmes médias, politiciens et experts occidentaux parlent ouvertement de la création de nouvelles unités de cyber-commandement, d’énormes centres de traitement des données, de programmes spéciaux de surveillance et d’échange d’informations entre les agences de renseignement, du développement de cyber-armes très efficaces, etc. en Europe et en Amérique, mais que ce soit la Russie que l’on qualifie volontiers de « cyber-agresseur » ? Comment se fait-il que la soi-disant « Big Tech » – qui se compose exclusivement de sociétés informatiques américaines (Google, Facebook, Twitter, Amazon, Apple, etc.) qui ont empêtré presque tout l’Internet dans leurs services et leurs médias sociaux – puisse recueillir des données personnelles et cibler les utilisateurs à des fins commerciales et politiques, notamment en recourant à la censure et à une répression ouverte de tout ce qui est répréhensible, mais que les accusations d’ingérence ne soient portées que contre la Russie ?

Voyons voir.

Il ne fait aucun doute que nous sommes face à une bataille dans le cyberespace, et une information peut en contredire une autre selon son objectif. Par conséquent, tout jugement doit être fondé uniquement sur des faits et non sur leur interprétation. Alors, quels sont ces faits ?

Toutes les accusations de cyberattaques contre la Russie se résument généralement à des déclarations audacieuses et non fondées et aux discussions approfondies qui en découlent. Les rapports sont remplis de descriptions sur ce que les présumés malfaiteurs faisaient, mais, curieusement, on ne dit pas grand-chose sur leurs objectifs, et ce qui est dit est extrêmement vague. Des preuves convaincantes ne sont jamais produites. Les responsables américains et leurs alliés expliquent ce manque de preuves par le fait qu’elles sont hautement confidentielles et qu’ils protègent les sources de leurs services de renseignement.

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Chacun comprend que le travail effectué par les agences de renseignement est extrêmement secret. Cependant, le fait est que ce ne sont pas les méthodes de travail des agences de renseignement ou leurs sources qui sont cachées aux lecteurs intéressés, mais les buts réels de ces prétendues cyberattaques et les dommages causés.

Essentiellement, ce sont les théories du complot dignes d’un film de science-fiction hollywoodien qui prévalent. Pour que l’intrigue semble plus convaincante, elle est en outre tapissée de personnes et de circonstances qui, selon la confiance des « réalisateurs », orienteront leur public vers l’implication russe. Il s’agit notamment de nombreuses références au président russe, qui aurait donné l’ordre ; de descriptions détaillées des agences de renseignement russes menant des activités secrètes dans l’intérêt de leur État ; et d’histoires concernant des messages en cyrillique sur Internet qui n’auraient pu être écrits que par des Russes.

Il est parfaitement clair que la forme l’emporte sur le contenu.

À maintes reprises, ces ingrédients sont soigneusement mélangés dans le cyberespace avec l’aide de ces mêmes politiciens, experts et médias, de sorte que le spectateur, l’auditeur ou le lecteur non averti commence rapidement à percevoir ce qui se passe comme si réel que la nécessité de toute confirmation supplémentaire devient sans objet. Après tout, si toutes les sources disent la même chose, comment peuvent-elles se tromper ? Le fait qu’elles se citent toutes les unes les autres échappe à toute remarque.

L’expérience montre qu’une fois que des « histoires à sensation » informatives comme celles-ci sont diffusées, elles prennent une vie propre. Même une réfutation complète des faits sur lesquels l’histoire est basée n’aura que peu ou pas d’effet sur sa diffusion continue dans le cyberespace. L’échec de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l’ingérence présumée de la Russie dans l’élection présidentielle américaine de 2016 n’a rien changé à la rhétorique trop familière sur la cyber-agression russe.

Mais pourquoi l’idée de la Russie en tant que cyber-agresseur est-elle poussée avec autant de force ?

Le fait que les États-Unis soient un leader mondial dans le domaine des technologies de l’information et des télécommunications n’est jamais évoqué. Ces dernières années, cependant, Washington a cherché de plus en plus à développer et à utiliser ces technologies à des fins militaires, pour militariser activement le cyberespace.

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En 2010, les États-Unis ont développé le virus Stuxnet et l’ont utilisé contre l’Iran. L’attaque était une sorte de « cyber-Hiroshima » et a servi d’avertissement à l’ensemble de la communauté mondiale, car de telles actions agressives auraient pu avoir des conséquences irréparables non seulement pour l’Iran, mais pour toute la région dans son ensemble. Ainsi, l’Amérique a été en fait le tout premier pays à utiliser une cyber-arme contre un État.

L’année précédente, en 2009, le Cyber Command avait été créé sous la direction du Pentagone. Ce nouveau commandement militaire combine des pouvoirs défensifs et offensifs qui sont exercés sur la base d’informations reçues de la principale agence de renseignement – l’Agence de sécurité nationale (NSA).

En août 2017, le Cyber Command est devenu une structure indépendante sur ordre du président américain et a été élevé au rang de commandement unifié. Ainsi, la nouvelle unité de commandement a été mise sur un pied d’égalité avec neuf autres commandements de combat américains. Le Cyber Command a été doté de 130 unités et de plus de 6 000 employés, dont des cyber-opérateurs qualifiés capables de participer à des opérations tant défensives qu’offensives.

Le chef de la NSA et du Cyber Command américain, le lieutenant général Paul Nakasone, estime que Washington doit adopter une approche plus agressive à l’égard de ses adversaires dans le cyberespace. C’est pourquoi le Cyber Commandement américain a élaboré une nouvelle feuille de route en mars 2018 intitulée « Atteindre et maintenir la supériorité dans le cyberespace ». Selon cette nouvelle stratégie, l’armée américaine devrait effectuer des raids sur les réseaux étrangers sur une base quasi quotidienne et désactiver les serveurs suspects avant qu’ils ne tentent de lancer des logiciels malveillants.

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Toutefois, comme le rapporte le New York Times, certains responsables américains craignent que l’action des États-Unis dans les réseaux étrangers n’entraîne des représailles sur les banques, les marchés financiers ou les réseaux de communication américains. Les auteurs de la cyber-stratégie n’excluent pas non plus certains risques diplomatiques, puisque le Cyber Command estime que les principaux opposants de l’Amérique ne sont pas tant des acteurs non étatiques comme les terroristes, les criminels et les militants, mais des pays comme la Chine, la Russie, l’Iran, etc.

Comme on peut le voir, les États-Unis développent leurs cyber-capacités pour mener des cyber-offensives agressives, allant jusqu’à des cyber-attaques préventives visant les structures d’information d’États souverains.

Outre le développement de cyberstructures, les États-Unis pratiquent l’espionnage mondial depuis 1947 dans le cadre du programme de surveillance électronique Échelon. Les technologies modernes de l’information et des télécommunications ont permis à Washington de renforcer considérablement les capacités de ses services de renseignement. Le programme PRISM (Program for Robotics, Intelligent Sensing, and Mechatronics) du gouvernement américain, en cours depuis 2007, en est une preuve frappante. Il permet de collecter secrètement des données en masse sans sanction judiciaire. Des preuves documentaires fournies par Edward Snowden, ancien employé de la CIA et de la NSA, en 2013, ont montré que les agences de renseignement américaines utilisent le programme PRISM pour accéder aux serveurs centraux des neuf principales sociétés Internet – Microsoft, Yahoo, Google, Facebook, Paltalk, YouTube, AOL, Skype et Apple.

Le personnel du 624e centre d’opérations mène des cyber-opérations en soutien au commandement et au contrôle des opérations en réseau de l’armée de l’air et aux besoins communs de la composante de l’armée de l’air du cyber-commandement

En fait, les agences de renseignement américaines sont en train de compiler une base de données globale des données personnelles des utilisateurs de médias sociaux, des fichiers audio et vidéo, des photographies, des courriels et des documents électroniques. Snowden a également révélé que la NSA avait utilisé le programme PRISM pour écouter les conversations téléphoniques de 35 chefs d’État et de certains diplomates étrangers. Les experts affirment que les agences de renseignement américaines, en collaboration avec le siège des communications du gouvernement britannique (GCHQ), ont illégalement craqué pratiquement toutes les normes de cryptographie sur Internet en utilisant des superordinateurs et les services de pirates informatiques de premier ordre.

Ainsi, l’accumulation d’armes cybernétiques et les activités de cyber-espionnage de Washington menacent la sécurité mondiale, et tous les faux discours sur l’« ingérence russe » et les « pirates russes » ne sont qu’une couverture destinée à écarter ce fait de l’agenda international.

Il s’avère que nous avons mal formulé la question. L’Occident ne défend pas l’idée que la Russie est un cyber-agresseur, mais l’idée que le cyber-agresseur est la Russie. Pourquoi ? Pour détourner l’attention.

Traduit par Hervé, relu par Wayan pour le Saker Francophone

samedi, 27 mars 2021

Les États-Unis et leurs partenaires des Five Eyes, utilisent la « persuasion », le sabotage et la désinformation pour obtenir la suprématie en matière de vaccins

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Les États-Unis et leurs partenaires des Five Eyes, utilisent la « persuasion », le sabotage et la désinformation pour obtenir la suprématie en matière de vaccins


Par Moon of Alabama

Ex: https://lesakerfrancophone.fr/

Les États-Unis et certains de leurs alliés s’efforcent de dénigrer le vaccin russe Sputnik V et de promouvoir les vaccins à ARNm, plus coûteux et produits par des sociétés « occidentales ».

En novembre dernier, nous avions prévenu que la concurrence entre les vaccins serait impitoyable :

Les vaccins à ARNm vantés par les médias américains sont tout simplement 
trop chers pour être utilisés dans le monde entier. Si nous voulons limiter
les effets mondiaux de la pandémie de SRAS-CoV-2, nous devrons utiliser les
vaccins à vecteur, moins chers. Le fait que le vaccin AstraZeneka ait été immédiatement attaqué dans les
médias américains par un auteur non qualifié citant une banque d'investissement
et Antony Fauci, le promoteur des industries pharmaceutiques américain (Remdesivir !),
est assez suspect. Pfizer et Moderna espèrent gagner des milliards de dollars
avec leurs vaccins. Ils utiliseront tous les moyens possibles pour vaincre
toute concurrence potentielle.

Vladimir Poutine, le président de la Russie, a récemment fait remarquer que des pratiques de concurrence déloyale sont utilisées pour empêcher certains vaccins de parvenir aux nations qui en ont un besoin urgent :

Les producteurs se disputent le marché mondial des vaccins, qui représente 
un marché de 100 milliards de dollars, a déclaré jeudi le président russe
Vladimir Poutine. Certains producteurs se livrent une concurrence déloyale, vendent un petit
lot de vaccins à un prix inférieur à condition d'être le fournisseur exclusif,
a déclaré M. Poutine, qui s'exprimait lors d'une réunion vidéo sur les mesures
visant à stimuler l'activité d'investissement à Moscou. "Nous voyons comment les concurrents se comportent sur le marché mondial des
vaccins, qui est évalué à 100 milliards de dollars. Ils viennent, vendent
un petit lot de leur vaccin à un prix réduit, à la condition que tout le
reste ne soit acheté qu'auprès de ce producteur"
, a-t-il déclaré.

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Sans que cela n’étonne personne, le gouvernement américain est directement impliqué dans ces manipulations. Comme l’a constaté Brazil Wire :

Le département américain de la santé et des services sociaux a récemment publié 
son rapport annuel pour 2020. "2020 a été l'une des années les plus difficiles de l'histoire de notre pays
et de l'histoire du département de la santé et des services sociaux"
, a déclaré

l'ancien secrétaire américain à la santé et aux services sociaux, Alex Azar,
en présentant le rapport. "La fin de la pandémie est en vue", poursuit-il, "avec la livraison de vaccins
sûrs et efficaces grâce à l'opération Warp Speed"
. En page 48, le rapport révèle la manière choquante dont les Etats-Unis ont
fait pression sur le Brésil pour qu'il rejette le vaccin russe Sputnik V.

Le rapport annuel du HHS est ici. À la page 5, il est écrit :

Développer une stratégie pour soutenir l'accès mondial aux vaccins : L'Office 
of Global Affairs (OGA) de HHS a dirigé le développement d'une stratégie
inter-agences, coordonnée par le Conseil de sécurité nationale, pour fournir
un accès international aux vaccins COVID-19 une fois les besoins nationaux satisfaits.

« Une fois les besoins nationaux satisfaits » n’est certainement pas une stratégie altruiste ni même une stratégie de priorisation raisonnable dont on peut être fier. Un effort raisonnable pour sauver des vies et mettre fin à la pandémie donnerait la priorité aux groupes à risque dans tous les pays de la planète avant d’inoculer des personnes chez elles qui présentent peu de risques de complications graves liées au Covid-19.

À la page 47, le rapport du HHS indique que les États-Unis coordonnent avec leurs partenaires en espionnage des Five Eyes la diffusion de messages sur les vaccins :

Combattre l'hésitation à l'égard des vaccins au niveau mondial : L'OGA dirige un groupe 
venant des pays dit des Five Eyes (Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande
et États-Unis) sur la confiance dans les vaccins, en alignant les efforts de nos
nations et en partageant les meilleures pratiques pour améliorer les messages de
confiance dans les vaccins au niveau mondial.

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Une page plus loin, nous apprenons ce qu’implique une telle communication :

Combattre [sic !] les influences malveillantes dans les Amériques : L'OGA a utilisé 
les relations diplomatiques dans la région des Amériques pour ralentir les efforts
de certains États, notamment Cuba, le Venezuela et la Russie, qui s'efforcent
d'accroître leur influence dans la région au détriment de la sûreté et de la
sécurité des États-Unis. L'OGA s’est coordonné avec d'autres agences du
gouvernement américain pour renforcer ses liens diplomatiques et offrir
une assistance technique et humanitaire afin de dissuader les pays de la
région d'accepter l'aide de ces États mal intentionnés. Les exemples incluent
l'utilisation du bureau de l'attaché sanitaire de l'OGA pour persuader le Brésil
de rejeter le vaccin russe COVID-19, et l'offre d'une assistance technique du
CDC pour éviter que le Panama accepte une offre faite par les médecins cubains
.

« Persuader le Brésil de rejeter le vaccin russe COVID-19 » est, pour faire simple, un comportement criminel qui a des conséquences quasi génocidaires. Le Brésil est actuellement submergé par une variante plus infectieuse du virus SRAS-CoV-2 et ses institutions médicales sont au bord de la rupture :

"On a l'impression de mettre un pansement sur une blessure par balle", a déclaré 
Eduarda Santa Rosa Barata, une infectiologue de 31 ans qui travaille dans trois
unités de soins intensifs dans la capitale du nord-est de l'État de Pernambuco,
qui sont toutes débordées. "Nous sommes engagés dans la réduction des dommages...
On installe de nouveaux lits et ils se remplissent immédiatement".
 

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Quelques jours plus tôt, Barata avait admis un homme de 37 ans qui ne présentait 
aucune pathologie sous-jacente mais dont les poumons étaient si endommagés qu'il
devait être intubé. "Cela semble tellement aléatoire", dit-elle. "C'est une
maladie bizarre. C'est effrayant."
... "Avant la fin 2020, vous aviez une famille dont un membre serait infecté
mais pas les trois ou quatre autres membres, même s'ils vivaient dans le
même environnement. On ne voit plus cela aujourd'hui. S'il y a un cas confirmé,
tout le monde finit par être infecté par le virus"
, a-t-il déclaré. "Il est
évident que cette nouvelle variante circule désormais parmi nous"
.

Le Panama qui, sous la pression des États-Unis, a rejeté l’offre d’aide médicale de Cuba, a l’un des taux de mortalité les plus élevés de Covid-19. C’est une des raisons pour lesquelles son économie a diminué de 18%.

Le rapport du HHS parle également de la Bolivie :

Ouvrir la Bolivie à la diplomatie de la santé : Après des décennies de silence 
entre les États-Unis et la Bolivie, l'OGA a rétabli des relations diplomatiques
en matière de santé avec le ministère de la Santé de Bolivie à la suite des
élections nationales. Ce réengagement permet aux États-Unis de renforcer leurs liens dans la région, ce qui est important pour leur influence dans les forums régionaux et multilatéraux, notamment l'Organisation panaméricaine de la santé.

Ce qui s’est passé « à la suite d’élections nationales » en Bolivie fut un coup d’État fasciste qui a engendré répression et tyrannie. Les États-Unis ont utilisé leur coopération avec les putschistes pour influencer d’autres organisations.

Pendant ce temps, les États-Unis affirment également, à tort, que la Russie diffuse de la désinformation sur les vaccins, suite à un article du Wall Street Journal écrit par des fonctionnaires américains dans lequel ils affirment, sans preuve, que la Russie sème la peur au sujet des vaccins à ARNm :

Dimanche, le Wall Street Journal rapportait que quatre publications, toutes 
servant de façade aux services de renseignement russes, ont pris pour cible
les vaccins COVID-19 produits par les pays occidentaux, avec une couverture
trompeuse qui exagère le risque d'effets secondaires et soulève des questions
quant à leur efficacité. Le département d'État a confirmé ce rapport lundi, en indiquant que les
responsables américains avaient identifié quatre plateformes en ligne russes
qui diffusaient des informations erronées sur les vaccins COVID-19.

Cependant, le paragraphe 21 de l’article original du WSJ, co-écrit par Michael Gordon, propagandiste des ADM en Irak, reconnait que :

Dans chaque cas, les médias russes répétaient des informations réelles…

Les « médias russes » n’ont fait que répéter les informations que les agences de presse « occidentales » diffusaient. Il est cependant agréable de voir que l’on reconnaît qu’il s’agit souvent de désinformation.

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Certains signes indiquent que les États-Unis se coordonnent avec leurs partenaires en espionnage pour dénigrer le très efficace vaccin Sputnik V. Le Royal United Services Institute (RUSI) britannique a récemment publié un commentaire qui met en garde contre le gain de puissance de la Russie grâce à la diplomatie du vaccin, notamment en Amérique du Sud :

L’intrusion rapide de Sputnik V sur de nouveaux marchés en Amérique latine pourrait 
en effet avoir des implications à plus long terme dans une région qui a
traditionnellement été l'arrière-cour des États-Unis. L'Argentine a reçu
avec gratitude plus d'un demi-million de doses en janvier. Elle a en quelque
sorte servi d'ambassade pour Sputnik V ; selon les informations disponibles,
les délégations argentines qui se sont rendues à Moscou fin 2020 ont traduit
des quantités de détails en espagnol et les ont communiqués à la Bolivie,
au Pérou, au Mexique, à l'Uruguay et au Chili pour accélérer leur prise de
décision. Le premier lot pour la Bolivie est arrivé à la fin du mois de janvier.
À la mi-février, le Mexique a reçu ses 200 000 premières doses. À la mi-mars,
le Brésil et le Pérou semblaient sur le point de conclure leurs accords respectifs.

S’ensuivent des réflexions sur les cibles potentielles de sabotage :

Plusieurs facteurs pourraient faire en sorte que le rebond actuel de Sputnik V 
soit de courte durée. L'incapacité à fournir des approvisionnements rapides
est un facteur immédiat. La Russie a reconnu sa pénurie de production, ce qui
soulève des doutes quant à sa capacité à honorer ses engagements en matière de
vaccins. Elle est tributaire du respect des bonnes pratiques de fabrication
par des usines comme celles du Brésil, de l'Inde et de la Corée du Sud, ainsi
que de la réalisation rapide et à grande échelle de la promesse de Moscou de
fournir rapidement des centaines de millions de flacons de qualité.

L’article se termine par un appel à l’action de mauvais augure :

La science biomédicale de Spoutnik V pourrait bien être véritablement la bienvenue 
dans le monde entier, une fois que toutes les données seront disponibles et auront
fait l'objet d'un examen approprié. Mais les ramifications politiques correspondantes
d'une influence russe plus profonde et plus large dans le monde pourraient ne pas
être aussi bénéfiques. Le Royaume-Uni et les États-Unis ne doivent pas être aveugles
face à l'ampleur de la diplomatie vaccinale russe déjà en cours.

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Les efforts déployés par les États-Unis pour empêcher la distribution du vaccin russe ont échoué en Argentine, où le président Alberto Fernández a mené une action précoce et fructueuse pour introduire le vaccin russe :

Face au scepticisme du public, Buenos Aires a envoyé des missions à Moscou en 
octobre et décembre 2020 pour examiner les données de l'essai de la phase 3
du vaccin. Un collaborateur du président argentin a déclaré que la délégation avait traduit
en espagnol des centaines de pages d'informations sur le vaccin - nécessaires à
l'approbation - qu'elle a ensuite partagées avec d'autres gouvernements de la
région, notamment la Bolivie, le Pérou, le Mexique, l'Uruguay et le Chili. C'est ainsi qu'un jour avant la publication des résultats de la phase 3, des
camions de vaccins Sputnik V circulaient déjà dans les campagnes boliviennes.
La photo d'une livraison dans un camion frigorifié drapé d'un drapeau bolivien -
une solution créative (et approuvée par le ministère de la santé) pour répondre
aux exigences en matière de stockage au froid - est devenue virale. L'Argentine
a commencé à vacciner avec Sputnik en décembre dernier, tandis que le Mexique
a annoncé l'achat de 24 millions de doses de Sputnik le 25 janvier.

Les efforts des États-Unis pour dissuader les pays d’acquérir Sputnik V n’ont pas été pleinement couronnés de succès. Cela nécessite à nouveau de lancer une campagne de propagande pour dénigrer Sputnik V partout où il est distribué :

Maxim A. Suchkov @m_suchkov - 15:35 UTC – 13 Mars 2021

1. #Poutine : "Le marché mondial des vaccins #COVID19 vaut 100 milliards de 
dollars. Nous voyons comment les concurrents de nos producteurs se comportent :
ils entrent dans un pays [qui a besoin de vaccins], vendent un petit lot de vaccins
à un prix réduit, mais conditionnent la vente à ce que...
2. " ...le pays n'achètera ce vaccin qu'auprès de ce producteur à l'avenir ".

Il y a donc bien une véritable lutte pour les marchés. 3. 100 milliards de dollars, c'est un gros marché. #La Russie réalise plus de
15 milliards de dollars sur les ventes d'armes (des statistiques non officielles
font état de 55 milliards de dollars), environ 25 milliards de dollars sur les
ventes de produits agricoles, environ le même montant sur les ventes de gaz
(mais cela dépend de l'approvisionnement), le pétrole et les produits pétroliers
représentent un peu plus de 100 milliards de dollars. 4. Tout d'un coup, il y a ce marché énorme et il y a une lutte acharnée pour
le conquérir. @dimsmirnov175 cite une "source anonyme au #Kremlin" qui a déclaré
que les services de renseignement russes sont conscients que leurs homologues
étrangers cherchent à lancer une guerre d'information massive contre
la #Russie/ses vaccins. 5.La source aurait déclaré que de nombreux rapports seront bientôt publiés

sur l'inefficacité des vaccins #Russes et qu'ils seraient même dangereux
pour la santé. Des "cas mis en scène de pertes massives de vies humaines
après l'utilisation de Sputnik V seront propagés via @USAID, @georgesoros
@thomsonreuters"
. 6. Le public cible de cette campagne sera celui des pays européens qui

ont enregistré #SputnikV pour leur utilisation d'urgence - #Hongrie, #Slovaquie,
#Monténégro, #SanMarino et N.#Macédoine. 7. Parallèlement, les États-Unis et leurs alliés, selon la "source du
Kremlin", publieraient des "enquêtes" sur "l'incompétence des spécialistes
russes et nationaux de la vaccination et de l'immunologie afin d'empêcher
leur certification par l'OMS et d'autres organismes compétents, ce qui
ferait baisser la demande de vaccins russes dans d'autres pays"
. 8. "La source #Kremlin" ajoute que les #US "promeuvent agressivement
@pfizer, s'assurent que les États-Unis soient dispensés non seulement du
paiement d’une potentielle compensation pour les citoyens en cas de
procès pour effets secondaires, mais aussi de la responsabilité en cas de
négligence de la part du fabricant"
9. #SputnikV est désormais le deuxième produit le plus demandé au monde,

plus de 50 pays ayant autorisé son utilisation. La lutte pour les marchés
en #Europe, #Amérique latine, #Afrique et #Asie s'intensifiera encore
lorsque nous apprendrons [très probablement] que la vaccination n'est
pas une opération ponctuelle mais une routine saisonnière/FIN PS. Ce tableau est révélateur des astuces que l'on peut utiliser : #La
chaîne russe #SputnikV a franchi toutes les étapes, mais les concepteurs
du graphique (1) l'ont placé en bas, (2) n'ont pas utilisé le nom de son
produit, (3) l'ont marqué d'un astérisque (*), mettant en doute son efficacité,
comme si ABC avait "vérifié les autres de manière indépendante".

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Source : ABCnewsAgrandir

Les graphiques ci-dessus ne sont qu’un exemple des manipulations médiatiques à l’appui de la « diplomatie » occidentale en matière de vaccins. Il ne s’agit pas seulement d’arrogance :

La réaction de l'Occident n'a pas été exactement objective en août 2020 lorsque 
la Russie a présenté le premier vaccin anti-corona au monde. Des mots comme
"merde vaccinale de Moscou", "méchante propagande pour le vaccin", et des
accusations de "manipulations maladroites" d'une "expérience à haut risque
sur les humains"
. La méfiance, la malveillance et la suspicion furent faciles.

Un journal a plaisanté en disant que Spoutnik V était efficace non seulement
contre le virus, mais aussi contre "l'homosexualité ainsi que l'épilepsie et
l'urticaire"
.

Les Five Eyes, leurs agences de renseignement et leurs amis, tirent sur toutes les ficelles possibles pour gagner les marchés pour leurs vaccins. Le report continu de l’autorisation officielle de l’UE à Sputnik V fait évidemment partie de ce plan de sabotage.

Le fait que ces efforts éloignent les gens d’autres bons vaccins disponibles et que cela coûtera inévitablement la vie à un certain nombre d’entre eux est considéré comme un prix raisonnable pour obtenir la suprématie dans le domaine des vaccins.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

00:12 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, five eyes, états-unis, pandémie, coronavirus, vaccins | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 26 mars 2021

La 6G, bataille technologique sino-américaine décisive pour la suprématie mondiale

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La 6G, bataille technologique sino-américaine décisive pour la suprématie mondiale

par Catherine Delahaye

Ex: https://www.ege.fr

La technologie 5G, dont les spécifications ont été publiées en juin 2020 par l’organisation internationale de normalisation 3GPP (3rd Generation Partnership Project)[1], et la future 6G, qui devrait être effective dans une petite dizaine d’années,[2] sont primordiales pour contrôler les communications tant civiles que militaires, récolter et exploiter une quantité de données toujours plus croissante ; elles sont également stratégiques dans la conquête de l’espace. Et selon une étude sud-coréenne, le marché économique de la 5G+ (la 5G et les futures générations de technologies mobiles) représentera mille milliards USD d’ici 2026.

La notion de route de la soie digitale a été présentée pour la première fois dans un livre blanc chinois en 2015. Partie intégrante de la Belt and Road Initiative (BRI), la technologie de télécommunication mobile n’est cependant pas représentée par une simple ligne tracée sur une carte du monde à l’instar des routes de la soie terrestres et maritimes. C’est surtout, aux yeux du gouvernement chinois, la promesse d’un véritable maillage d’un territoire sans frontières.

Aux Etats-Unis, la technologie est vue à la fois comme l’instrument de puissance par excellence, comme l’indice du niveau de puissance et comme la variable d’ajustement stratégique. De là naîtront des inventions déterminantes pour la géopolitique américaine : l’Arpanet (Internet), le GPS et les drones. Lancée durant le mandat de Donald Trump, la Diplomatie de la technologie et de la science décrit la vision politique américaine appliquée aux nouvelles technologies : faire progresser la liberté par la technologie ainsi que mettre la science et la technologie au premier plan dans la politique étrangère afin d’assurer la sécurité et la prospérité des États-Unis. Parmi les actions de cette diplomatie, figure le 5G Clean Networks : visant à créer un réseau 5G sécurisé et fiable et à protéger les frontières numériques, il s’impose désormais au monde puisqu’en octobre 2020, il fut adopté par 40 pays et 50 opérateurs de télécommunications, dont 25 des 30 alliés de l’OTAN.

La rivalité Chine / États-Unis a évolué depuis 2018[3] et ne s’est jamais autant exprimée ouvertement que ces dernières années. Cependant, les enjeux de télécommunications étaient sur la table dès le départ. Au travers de ce leadership technologique dont les télécommunications mobiles grand public ne sont qu’une des faces visibles, la Chine vise la suprématie mondiale en évinçant les États-Unis et, par-là, les valeurs qu’ils portent en matières politique, économique et sociétale.

La Chine aux commandes des normes mondiales

Dans le secteur des télécommunications co-existent plusieurs organismes internationaux de normalisation tels que le 3GPP, l’ITU (Union Internationale des télécommunications, membre onusien influent auprès du 3GPP) et l’ISO (Organisation Internationale de Normalisation).

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Il existe également des instances de normalisation régionales ou nationales ; ainsi par exemples, l’ANSI (Institut national de normalisation américain), la NTIA (Administration nationale des télécommunications et information) et la FCC (Commission fédérale des communications) aux États-Unis, la SAC (Administration de normalisation chinoise) et la CCSA (Agence chinoise de normalisation des télécommunications) en Chine. Il est intéressant de remarquer une brique américaine au sein de cette agence : Qualcomm, via sa filiale chinoise, en est l’un des membres. Ces organismes n’ont généralement que peu de liberté face aux standards internationaux : uniquement dans le cadre des parties manquantes/des options offertes par la norme, à moins de ne pas adopter la norme au niveau national.

Les représentants du secteur (instances nationales, fabricants de puces, autres industriels et équipementiers télécoms, opérateurs…) se réunissent au sein de ces organismes internationaux pour étudier, négocier et établir les normes qui seront ensuite appliquées dans tous les pays. Ainsi, les membres du 3GPP se réunissent trois fois par an pour définir les aspects techniques (features) et les dénominations correspondantes à utiliser, chacun disposant d’un droit de vote égal. Selon des acteurs interrogés,[4] il y a toujours des débats soutenus lors des réunions de standardisation au sein de ces instances internationales.

Dans les faits, les normes sont principalement écrites et promues par les grands équipementiers. Chacun pousse ses propres solutions, le but étant d’avoir un leadership technologique et économique. En effet, les détenteurs de brevets dits « essentiels »[5], utilisés dans une norme peuvent prétendre à des royalties et ont un meilleur accès au marché car ils peuvent fabriquer les équipements nécessaires avant même que leurs concurrents commencent à y réfléchir.

A ce jour, la Chine maîtrise parfaitement les organismes internationaux du secteur. Ainsi, le haut fonctionnaire et ingénieur chinois, Houlin Zhao, a entamé son deuxième mandat de quatre ans le 1er janvier 2019 à la direction de l’ITU. L’IEC (Commission électrotechnique internationale) comprend 188 membres chinois répartis au sein des différents comités techniques, soit le plus grand nombre de représentants à égalité avec la France, l’Italie, l’Allemagne, la Suède et le Japon, les Etats-Unis avec 171 membres étant au 19è rang.

Cette coopération internationale n’existait pas à l’époque de la 2G et de la 3G, d’où les problèmes d’interopérabilité des systèmes. Par exemple, à l’époque de la 3G, un appareil américain ne fonctionnait pas à l’étranger en raison de normes différentes, et vice versa.

Si la 4G et la 5G sont devenus des standards mondiaux par l’entremise de ces instances internationales de normalisation, rien ne permet, à ce jour, d’affirmer qu’il en sera de même pour la 6G. Alors que les instances de normalisation n’ont encore fixé aucune feature de la 6G, les centres de recherche, les universités et les acteurs industriels de la 5G travaillent déjà depuis plusieurs années sur des technologies et des applications qui pourraient un jour relever de cette 6G, renversant ainsi les rôles entre instances de normalisation et acteurs industriels. C’est d’ailleurs l’un des risques pour la 6G.

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Les enjeux technologiques de la 6G

Pourtant, la 6G n’en est encore à ses débuts. Selon un livre blanc publié par l’Université finlandaise d’Oulu, elle doit surmonter plusieurs obstacles techniques en matière de recherche fondamentale, de conception du matériel et d’impact environnemental avant d’être commercialisée.

Ce que les scenarii de films de science-fiction ont imaginé il y a des années, la 6G le permettra. Parmi les améliorations de la 6G est envisagée une latence extrêmement faible, notamment nécessaire aux performances des marchés financiers, des véhicules autonomes, de l’intelligence artificielle, de la médecine et de la défense... Si la 5G réduit aujourd’hui la latence à 5 millisecondes, la 6G pourrait la réduire à moins d’une milliseconde. C’est le pari qu’a fait Cisco en décembre 2019, en rachetant Exablaze, spécialiste de la faible latence. Le débit sera bien plus élevé que celui de la 5G (de 10 à 8000 fois selon les premières estimations). Ainsi, les applications que la 6G semble pouvoir rendre réelles sont nombreuses :

  • Les machines équipées de caméras alimentées par la 6G seraient capables de traiter des données avec des résolutions, des angles et des vitesses inimaginables ; et ainsi connaître la position exacte d'un objet terrestre, maritime ou aérien et le contrôler à distance deviendrait un jeu d’enfant.
  • Des puissances de calcul démultipliées en exploitant au mieux les ressources de l’intelligence artificielle ; et ainsi gérer en temps réel la multitude de données et d'informations exponentielles, nécessaires à une prise de décision.
  • La réalité virtuelle augmentée permettrait d’afficher des hologrammes volumétriques à taille réelle, en interaction possible avec l’original physique : tout pourrait être reproduit numériquement et à taille réelle ; un moyen aussi d’explorer et de surveiller la réalité dans un monde virtuel, sans aucune contrainte temporelle ou spatiale.
  • Utilisée dans l’espace, elle unifierait les modes de transmission entre satellites et réseaux terrestres et aussi couvrirait les océans.

« À l'ère 6G, nous verrons des applications qui non seulement connecteront les humains aux machines, mais également les humains au monde numérique, assure Peter Vetter, responsable de la technologie au sein du centre R&D Bell Labs. Une connexion aussi sécurisée et privée peut être utilisée pour des soins de santé préventifs ou même pour créer un réseau 6G avec un sixième sens qui comprendrait intuitivement nos intentions, rendant nos interactions avec le monde physique plus efficaces et anticipant nos besoins, améliorant ainsi notre productivité. »

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Plusieurs visions techniques s’affrontent, par exemples celles de Huawei et Google. L’enjeu de l’une comme l’autre de ces solutions reste un accès facile aux données stockées grâce à la 6G, afin qu’elles puissent être transformées en intelligence (sécurité, machine learning, transports -la Chine a pour objectif une complète automatisation des autoroutes pour 2028).

Ainsi, Huawei a une vision très centralisée de la gestion des données : construire des smart data centers utilisant l’intelligence artificielle, solution la plus simple et la moins chère, car déjà existante pour la 5G. Wang Ruidan, directeur adjoint du Centre national des infrastructures scientifiques et technologiques, a déclaré lors d’un forum à Pékin dédié à la recherche scientifique numérisée que « le partage, l’analyse et la gestion des données sont essentiels pour l’innovation scientifique et technologique à l’ère du big data. »

La vision de Google est totalement à l’opposée. Grâce au Google Mistral+, un data center miniaturisé sur quelques centimètres carrés, l’intelligence est distribuée entre plusieurs milliards de machines interconnectées.

L’Europe : terrain de confrontation sino-américaine ?

La confrontation sino-américaine sur le territoire européen est déjà présente au travers des nouvelles associations interprofessionnelles et projets en rapport avec la 6G qui se sont développés dans les milieux universitaires, industriels et publics.

Ainsi, l’Université d’Oulo en Finlande a mis en place le 6G Flagship, écosystème de recherche et de création conjointe pour l’adoption de la 5G et l’innovation 6G, programme nommé par l’Académie de Finlande, une agence gouvernementale de financement de la recherche scientifique de haute qualité. Le budget total du programme de huit ans est de 251 M EUR. En septembre 2019, le 6G Flagship a publié le premier livre blanc 6G au monde intitulé Key Drivers and Research Challenges for 6G Ubiquitous Wireless Intelligence. Mehdi Bennis, professeur agrégé à l’Université d’Oulu, déclare que « la normalisation ne commencera pas avant 2028, et [que] nous sommes donc en train de préparer le terrain pour les besoins de cette génération ».

Le 6G Flagship organise un sommet annuel international depuis 2019. Le 2è sommet s’est tenu virtuellement en mars 2020 autour d’experts du monde entier, y compris la Chine et les États-Unis. Côté chinois, industriels et universitaires se sont relayés dans les présentations : ZTE, Huawei, l’Institut de recherche de China Mobile, l’Université des sciences et technologies de Hong Kong et l’Université de Tsinghua. Côté américain, ce sont essentiellement des universitaires qui sont intervenus : Cornell University, Northeastern University, Columbia University, Rice University ainsi que deux acteurs industriels : RF Communications Consulting & Eridan Communications et Intel.[6]

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Les opérateurs s’emparent de la 6G et leurs jeux d’influence se déploient également au sein des associations professionnelles existantes. Basée en Allemagne, notamment membre du 3GPP et de la GSMA[7], l’alliance NGMN (Next Generation Mobile Network) est une initiative fondée en 2006 par les principaux opérateurs de réseaux mobiles mondiaux. Elle revendique plus de 80 membres, acteurs de l’industrie et de la recherche en télécommunications mobiles. Environ un tiers sont des opérateurs mobiles, ce qui totalise plus de la moitié des abonnés mobiles au niveau mondial. Les autres membres sont des fournisseurs et fabricants représentant plus de 90 % du marché mondial du développement de réseaux mobiles, ainsi que des universités ou des instituts de recherche privés. Parmi eux, peuvent être cités de nombreux acteurs chinois et américains tels que : China Mobile, Huawei, ZTE, T-Mobile, Intel, Mavenir, Qualcomm et Johns Hopkins University.

En octobre 2020, l’alliance a lancé un nouveau projet, Vision and Drivers for 6G, élaboré pour insuffler une orientation dans les recherches et applications 6G auprès de toutes les parties prenantes. Il facilitera également les échanges d’informations entre les membres et les parties prenantes concernées.

Au niveau de l’Union européenne, le consortium Hexa-X, dédié à la 6G et opérationnel depuis janvier 2021, entre également dans le terrain de confrontation entre Etats-Unis et Chine. Le projet s’inscrit dans Horizon 2020, le programme-cadre de recherche et d'innovation de l'Union européenne (80 milliards EUR d'investissement sur sept ans). Nokia en est à la tête aux côtés d’Ericsson et d’une vingtaine de laboratoires de recherches et d'entreprises, tous acteurs européens du secteur. L’influence américaine s’infiltre cependant dans le projet : les Etats-Unis y sont représentés via le fabricant de puces Intel.

Sur le front américain : la course à l’armement a commencé

Les Etats-Unis restent à la traîne dans la 5G. S’ils sont présents dans les routeurs avec Cisco, les transmissions optiques avec Ciena, les puces avec Qualcomm et les smartphones avec Apple, ils ne disposent plus d’équipementiers mobiles. Les trois grands acteurs dans ce domaine, Nortel, Motorola et Lucent Technologies, ont tous disparu lors des transitions vers la 3G puis la 4G.

Ainsi, malgré la multitude d’acteurs industriels et numériques américains, les États-Unis sont conscients d’avoir perdu la bataille de la 5G. Ils essaient de limiter les pertes en utilisant l’extra-territorialité de leur droit et leur longue pratique de la communication d’influence auprès de leurs alliés historiques, plus particulièrement pour promouvoir la défense de la démocratie, en soutenant le club des « techno-démocraties » en zone Indo-Pacifique, Taïwan, Japon et Corée du sud, et contrer la montée en puissance de la Chine, jugée « techno-autoritaire ».

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En février 2019, Trump indiquait dans un tweet vouloir développer la 6G dès que possible.[8] Néanmoins, l’Administration américaine n’en a fait un élément essentiel de souveraineté et de sécurité nationale que récemment et n’avait jusqu’alors pas débloqué de budget pour soutenir les actions R&D des acteurs du secteur.

En septembre 2020, le cabinet de conseil BCG publiait une étude à l’attention des décideurs politiques américains afin de les encourager à se concentrer sur cinq facteurs clés critiques (le réseau, le spectre, l’innovation R&D, le climat et les talents humains). Ils souhaitaient aussi s’assurer que les États-Unis aient un avenir minimum dans l’industrie des télécommunications, ces mêmes cinq thématiques étant elles aussi étudiées par les Chinois. « J’ai l’impression que nous nous sommes enthousiasmés sur d’autres choses comme l’intelligence artificielle et les progrès logiciels comme le cloud, déclarait le professeur Tommaso Melodia, directeur de l’Institut des objets sans fil de l’Université Northeastern, en novembre 2020. Nous avons pris le sans-fil comme un acquis et nous nous rendons maintenant compte, avec la pandémie, que toute notre économie dépend de la recherche sur les communications. Nous ne pouvons pas tenir cela pour acquis ; la Chine ne l’a pas fait. » Peter Vetter confirme que « cette technologie est si importante qu’elle est devenue dans une certaine mesure une course à l’armement. Il faudra une armée de chercheurs pour être compétitif. Contrairement à la 5G, l’Amérique du Nord ne laissera pas la Chine prendre le leadership. »

Dans les faits, il est vrai que seuls les universitaires américains travaillent sur la 6G depuis 2018. Par exemple, en 2019, NYU Wireless luminary Ted Rappaport, un des premiers partisans de la 5G dans le spectre d’ondes millimétriques, a publié un article sur la 6G dans les fréquences supérieures à 100GHz. Également en 2019, la FCC a approuvé des expériences dans le spectre au-dessus de 95GHz. Et en 2020, la Spectrum Innovation Initiative de la NSF (Agence nationale pour recherche scientifique fondamentale) a commencé à préconiser un nouveau Centre national de recherche sur le spectre sans fil (SII-Center) pour « aller au-delà de la 5G, de l’IoT et des autres systèmes et technologies existants ou à venir afin de tracer une trajectoire assurant le leadership des États-Unis dans les technologies, systèmes et applications sans fil à venir, en science et en ingénierie, grâce à l’utilisation et au partage efficaces du spectre radio. »

Aujourd’hui, les États-Unis ont commencé à dresser des lignes communes pour le combat 6G.

En février 2021, Apple annonce recruter des ingénieurs télécoms pour « faire partie d’une équipe définissant et effectuant des recherches sur les normes de prochaine génération comme la 6G ».

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L’ATIS (Alliance for Telecommunications Industry Solutions), a lancé la Next G Alliance en octobre 2020 pour « faire progresser le leadership nord-américain en matière de 6G ». Les membres de l’alliance comprennent des géants (Google, Apple, Facebook, Microsoft), des opérateurs mobiles (AT&T, Verizon, T-Mobile), des fournisseurs de technologies et de logiciels (Ciena, Qualcomm, VMware) ainsi que Nokia, Ericsson et Samsung considérés comme des alliés. Les sujets traités vont de la réalité augmentée, à la communication entre machines inférieure à la milliseconde, aux données toujours plus concentrées et accessibles, au développement des interfaces cerveau-machine comme celles de Neuralink, société fondée par Elon Musk. Cette initiative servira également à influencer les priorités de financement de l’Administration américaine et les mesures qui soutiendront l'industrie technologique. La Présidente d’ATIS, Susan Miller, souhaite que l’Administration, la communauté universitaire américaine et l’industrie américaine du secteur travaillent en partenariat public-privé pour accélérer le développement de la 6G. Plus précisément, l’ATIS demande un financement fédéral et des crédits d’impôt pour la R&D 6G, ainsi que plus de spectre et de zones de développement dans le pays.

En Chine : l’expansionnisme sur terre et dans l’espace

La Chine compte plus d’abonnés 5G que les États-Unis, non seulement au total mais par habitant. Plus de smartphones 5G y sont commercialisés, et à des prix plus bas. La couverture 5G est plus répandue et les connexions en Chine sont, en moyenne, plus rapides qu’aux États-Unis.

Alors qu’à l’heure actuelle la Chine compte près de 700 000 stations de base 5G à travers son territoire (les Etats-Unis ne disposant pas d’une centaine de milliers), elle compte en construire plus de 600 000 nouvelles au cours de l’année 2021 a annoncé le ministre chinois de l’Industrie et de l’Informatisation, Xiao Yaqing, en décembre 2020 lors d’une conférence. Selon les estimations de Wu Hequan, membre de l’Académie chinoise d’ingénierie, le nombre total de stations de base 5G en Chine pourrait même atteindre plus de 1,7 million d’ici la fin de l’année prochaine.

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Et la crise sanitaire de la COVID-19 ne va pas stopper cette expansion nationale et internationale. Bien au contraire, durant la session annuelle du Parlement en mai 2020, le Premier ministre a clairement indiqué que le plan de relance chinois passerait notamment par le développement de nouvelles infrastructures numériques et centres de données.

Malgré plusieurs embargos et moratoires commerciaux, les entreprises chinoises ont encore leur mot à dire dans le marché des équipements et technologies mobiles. Huawei apparaît clairement comme le chef de file de l’industrie 6G en Chine. Fin septembre 2019, Ren Zhengfei, PDG fondateur de Huawei, affirmait que cela faisait « entre trois et cinq ans que son groupe travaillait sur la 6G ». Il ajoutait que même si l’entreprise travaillait simultanément sur la 5G et la 6G, elle en était au début et avait encore beaucoup de chemin à parcourir avant que la commercialisation ne commence. Les recherches chinoises sur la 6G passent aussi par l’Europe et le continent américain. Selon les médias locaux, Huawei dispose d’un centre de recherches 6G au Canada et a lancé, à Sophia Antipolis en France, une chaire de recherche sur la 6G avec l'école d'ingénieurs Eurecom. « Les Etats-Unis placent leurs espoirs dans la 6G. Mais en matière de recherche 6G, Huawei mène le monde » avait affirmé Ren Zhengfei dans une interview au New York Times en 2019.

D’autres entreprises chinoises participent également à cette R&D 6G. China Unicom, l’un des trois plus grands opérateurs chinois, a mis en place dès 2019 un groupe de recherche axé sur les communications Térahertz, l’une des technologies de base pressenties pour la 6G.[9] En mai 2020, ZTE s’est associé à China Unicom pour développer la 6G et « promouvoir la fusion profonde entre le 6G et les réseaux satellites, l’IoT, l’IoV (Internet des véhicules) et l’Internet industriel ». En juin 2020, Huawei a annoncé avoir conclu un partenariat stratégique avec China Unicom et Galaxy Aerospace pour développer une solution d’intégration air-espace-sol pour la 6G. Par ailleurs, Huawei s’attaque à la région Indo-Pacifique en commençant par l’Australie, l’un des alliés historiques des Etats-Unis mais également signataire du RCEP. En effet, le Sydney Morning Herald a récemment indiqué que Huawei voulait entamer des discussions avec le gouvernement australien sur la meilleure façon de collaborer à la R&D 6G et d’éviter une répétition de l’interdiction de la 5G. « La discussion que nous voulons maintenant avoir avec le gouvernement australien est : Que faisons-nous lorsque la 6G sera là ? Parce que Huawei ou une autre entreprise chinoise sera définitivement leader dans ce domaine. » a précisé Jeremy Mitchell, directeur des affaires commerciales de Huawei en Australie.

La Chine semble véritablement en tête de cette course technologique à la 6G

Elle a commencé la recherche autour des technologies 6G dès 2018 avec l’ambition de déployer la 6G en 2029. Dès novembre 2019, le ministère des Sciences et des Technologies a créé deux groupes de travail pour mener des recherches sur la 6G et valoriser les travaux de Huawei déjà menés sur ce sujet. Le premier groupe est composé des ministères concernés chargés de promouvoir la R&D 6G dans le pays ; le deuxième groupe, Objectif 2030, rassemble trente-sept spécialistes issus d’universités, d’institutions et d’entreprises. Le Vice-Ministre Wang Xi des Sciences et des Technologies a déclaré que la voie technique pour la 6G reste floue et a souligné que les indicateurs clés et les scenarii d’application n’ont pas encore été standardisés.

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Le lancement d’un satellite 6G par l’agence spatiale chinoise le 6 novembre 2020 en est une première concrétisation. Connu sous le nom de Tianyan-5, le satellite de télédétection a été développé par l'Université des sciences et technologies électroniques de Chine qui a travaillé avec Chengdu Guoxing Aerospace Technology et Beijing MinoSpace Technology. Il va permettre de vérifier les performances de la technologie 6G dans l’espace car sa bande de fréquence s’étendra de la fréquence des ondes millimétriques 5G à la fréquence Térahertz. Ils espèrent ainsi pouvoir étudier le comportement de cette technologie depuis l’espace et tester la communication entre un satellite et le sol terrestre : un moyen d’améliorer la couverture Internet mais aussi d’unifier les modes de transmission entre les satellites, les réseaux terrestres et de couvrir toute la planète, océans inclus. Le satellite devrait également permettre de surveiller et de détecter les catastrophes naturelles comme les incendies de forêt mais sera aussi utile pour superviser les ressources forestières, surveiller la conservation de l’eau. On peut cependant aisément imaginer bien d’autres motifs de surveillance.

Les lignes de combat sont également alignées côté chinois. En mars 2021, comme chaque année, l’événement China’s Two Sessions permet aux dirigeants des plus grandes entreprises technologiques chinoises de rencontrer les membres du gouvernement pour définir une politique commune. Cette année, les propositions des géants du web, entre autres Tencent, Xiaomi, Baidu et Lenovo, font écho aux objectifs du gouvernement en matière de 6G, d’intelligence artificielle, de conduite autonome ou encore d’informatique quantique.

Conclusion

A l’instar du Royaume-Uni qui contrôlait la planète en tenant la mer au 19è siècle, la puissance qui dominera la 6G dirigera le monde du 21è siècle. Mais cette bataille sino-américaine de la 6G sera-t-elle la dernière pour la suprématie et un nouvel ordre mondial ? Il reste une dizaine d’années avant que la 6G ne se concrétise et obtienne un certain potentiel de profits pour les opérateurs et industriels télécoms, mais il est certain que le premier pays à détenir des brevets technologiques 6G gagnera. La 6G promet des applications stratégiques dans les domaines militaire et civil. De l’Internet of Things, elle va nous faire passer à :

  • l’Internet of Senses, des technologies qui permettent de « communiquer numériquement le toucher, le goût, l’odorat et la sensation de chaleur ou de froid » ;
  • et à I’Internet of Behaviors, des technologies qui analyseront, imiteront et géreront sans cesse nos modes de fonctionnement et de pensée.

Pour l’instant, les États-Unis et la Chine sont surtout impliqués dans une démonstration musclée, sur leurs territoires mais également dans le reste du monde, avec des batailles d’annonces médiatiques et des organisations structurées en parallèle pour obtenir le leadership dans ce qui sera le prochain système de communication sans fil au monde, ou la prochaine révolution industrielle.

Cependant, les observateurs du secteur craignent de plus en plus que la rupture géopolitique entre les États-Unis et la Chine ne finisse par casser le travail sur la norme 6G créant ainsi une version américaine et une version chinoise de la technologie qui ne seraient pas interopérables. Si, tel qu’il apparaît aujourd’hui, la Chine reste en avance dans la recherche 6G, Pano Yannakogeorgos, expert du New York University’s Center for Global Affairs, craint que les États-Unis ne repartent sur l’ancien système différencié en créant leurs propres normes.

Le monde pourrait alors se retrouver coupé en deux, avec deux standards de communication différents, l’un dominé par les Chinois, l’autre par les Américains.

Catherine Delahaye.

jeudi, 25 mars 2021

Biden : exporter la démocratie par d'autres moyens

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Biden : exporter la démocratie par d'autres moyens

par Luigi Tedeschi

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/

La guerre froide est-elle de retour? Non. Réponse de Biden lors de l'interview télévisée à la question sur Poutine. Vous connaissez Vladimir Poutine. Le fait de répondre "oui" n'aurait pas vraiment été une gaffe, mais plutôt l'expression claire des directives fondamentales de politique étrangère qui seront suivies par le nouveau président américain. En fait, la politique étrangère de Biden est en parfaite continuité et cohérence avec celle de ses prédécesseurs démocrates, Clinton et Obama. L'unilatéralisme américain, l'interventionnisme politique et militaire avec l'implication des pays alliés, la primauté de l'Amérique dans le monde, la défense des droits de l'homme et surtout du système économique et politique néolibéral au niveau mondial.

La guerre froide est née dans un contexte historique très différent. Celle de l'opposition politique, militaire et idéologique entre les deux puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale: les États-Unis et l'URSS. Mais dans le contexte géopolitique actuel, issu de la fin de l'URSS, les Etats-Unis de Biden ne reconnaissent que la seule Chine comme puissance mondiale légitimement habilitée à dialoguer (même si c'est dans une position conflictuelle) avec les Etats-Unis. La Russie de Poutine n'est pas considérée comme une puissance mondiale par les États-Unis, au contraire de l'ex-Union soviétique. En effet, la Russie de Poutine a été définie par Obama comme une "puissance régionale". La politique de Poutine a toujours eu comme objectif stratégique le retour de la Russie au rôle de protagoniste sur la scène géopolitique mondiale et son interventionnisme politique et militaire au Moyen-Orient en défense de la Syrie, avec la défaite d'Isis, a produit des résultats importants. C'est pourquoi Poutine a toujours aspiré à établir avec les États-Unis une "relation d'égal à égal", prélude à un "retour à Yalta", ou à un tournant dans la géopolitique mondiale inspiré par un multilatéralisme entre puissances continentales capable de déterminer un nouvel équilibre des forces et d'assurer ensuite la sécurité dans les différentes régions du monde déchirées par des conflits récurrents. Les États-Unis de Biden, en revanche, ne font pas mystère de leur intention de préserver l'unilatéralisme et donc la primauté américaine dans le monde.

Traiter Poutine de "killer" est un acte d'hostilité ouverte de la part de Biden à l'égard de la Russie, qui rejoint, dans une continuité cohérente, la déclaration de Reagan dans les années 1980 à propos de l'URSS, alors définie comme un "empire du mal". La russophobie a toujours été inhérente à la politique américaine, et l'agressivité extrême de la déclaration de Biden est en parfaite conformité avec la conception propre à l'Ancien Testament, où un peuple élu est appelé à combattre le mal, incarné par l'ennemi absolu du jour. Cette inspiration biblique a présidé à la fondation des États-Unis et à leur expansion dans le monde. Giorgio Gaber a dit dans sa chanson America: "En dessous, il y a toujours un peu de western. Même dans les hôpitaux psychiatriques, ils arrivent à y mettre des Indiens".

En réalité, la déclaration de Biden envers Poutine trouve sa raison d'être dans l'ingérence mise en place par Poutine, en soutien à Trump, lors des récentes élections présidentielles. En particulier, Biden s'est senti offensé par la manœuvre de propagande perpétrée par Trump en collaboration avec Rudy Giuliani, qui impliquait le fils de Biden, Hunter, qui avait été nommé au conseil d'administration de Burisma Holding, une société ukrainienne d'extraction de gaz. L'ingérence des médias dans la politique intérieure des États, dans un monde interconnecté, est devenue la norme. Mais cette déclaration de Biden, d'une hostilité ouverte et agressive envers la Russie, dans un climat d'urgence pandémique mondiale, a une signification très spécifique. L'administration Biden, outre la crise de la pandémie, doit faire face à de très graves problèmes intérieurs. L'assaut contre le Congrès par les partisans de Trump est une expression claire des divisions internes du pays. De tels contrastes pourraient faire courir un risque de déstabilisation aux institutions démocratiques américaines elles-mêmes. En outre, n'oublions pas les fréquents et inquiétants épisodes de conflits raciaux qui affligent la société américaine. Reste le problème des flux migratoires, avec des milliers de mineurs retenus devant le mur le long de la frontière avec le Mexique, mur érigé par Trump, mais, on l’oublie, préalablement proposé par Clinton et Obama. Le problème du retrait des troupes américaines d'Afghanistan n'est toujours pas résolu. Aux problèmes de la crise économique déclenchée par la pandémie s'ajoutent ceux de l'agitation sociale croissante et des inégalités toujours plus grandes. Biden n'a même pas réussi à faire adopter par le Sénat le projet de loi visant à augmenter le salaire minimum.

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Par conséquent, la tirade agressive de Biden contre Poutine, doit être interprétée comme une action destinée à distraire les masses, mise en place afin de détourner l'attention de l'opinion publique américaine et des partenaires internationaux, vers le danger d'un ennemi extérieur à vaincre. En fait, la politique impérialiste américaine a toujours été légitimée par la préfiguration médiatique d'un ennemi contre lequel il faut se défendre, d'un "axe du mal" réel ou présumé, ou de la défense contre les "États voyous". Un ennemi absolu et irréductible, c'est-à-dire qui s'attaquerait à la démocratie, à la liberté, aux droits de l'homme, à la sécurité intérieure des USA. Des valeurs dont la défense justifierait la suprématie américaine dans le monde.

Dans cette perspective, tout en condamnant l'ingérence de la Russie dans la politique américaine, le discours médiatique dominant reste silencieux sur les interventions américaines directes ou indirectes visant à déstabiliser les États dirigés par des régimes jugés incompatibles avec les intérêts stratégiques américains. À cet égard, il faut mentionner l'assassinat du général iranien Soleiman en Irak, perpétré sous le présidence de Trump, le printemps arabe en Afrique du Nord et les révolutions colorées comme celle d'Ukraine, organisées, financées et soutenues militairement par les États-Unis afin de déstabiliser la Russie. Outre le soutien qui a déterminé jadis la montée d'Eltsine en Russie, le seul régime russe qui, subordonné à l'Occident et corrompu jusqu'à la moelle, jouissait de la faveur des États-Unis. Les États-Unis sont en effet le seul pays légitimement habilité à accorder des brevets de démocratie et de respect des droits de l'homme à tous les pays du monde.

La politique étrangère de Biden est interventionniste, et se distingue en cela de l'"America frist" de Trump. Nous assistons en fait à la recomposition de l'OTAN en Europe dans une fonction antirusse. Le multilatéralisme, ainsi que la vocation atlantiste énoncée par Biden, consiste précisément à impliquer les alliés, dans un cadre strict de subordination, dans les stratégies expansionnistes américaines. L'Europe est également déchirée par l'action désintégratrice menée au sein de l'UE par les pays du pacte de Visegrad, dont la souveraineté revendiquée ne représente rien d'autre qu'une politique pro-atlantiste en opposition ouverte à la Russie. De nouvelles sanctions sont brandies contre la Russie, dans lesquelles les pays de l'UE seront également impliqués et en subiront les conséquences économiques. En réalité, les États-Unis veulent empêcher la construction de Nord Stream 2, un gazoduc qui, via la Baltique, devrait approvisionner l'Europe en gaz russe. Il est clair que les États-Unis veulent isoler la Russie en coupant progressivement ses relations avec l'Europe. Les États-Unis veulent donc remplacer la Russie en tant qu'exportateur de gaz et de pétrole de schiste vers l'Europe. Ce projet signifierait également la dépendance énergétique de l'Europe vis-à-vis des Américains. L'objectif de la politique américaine est d'isoler et de marginaliser la Russie. La politique de sanctions, le soutien à l'opposition interne, notamment la campagne médiatique menée pour le respect des droits de l'homme liée à l'affaire de la tentative d'assassinat du dissident Navalny, la condamnation du régime autoritaire russe, la campagne visant à criminaliser Poutine lui-même, sont des manœuvres qui ont un but bien précis : la déstabilisation interne de la Russie, en tant que puissance hostile à l'expansionnisme de l'OTAN à l'est. La politique étrangère de Biden est en parfaite continuité avec la stratégie d'expansion américaine vers l'Eurasie, autrefois théorisée par Brzezinski. Biden est donc le nouvel architecte de cette même politique d'exportation de la démocratie par d'autres moyens, comme la propagande et les sanctions.

Ce n'est pas par hasard que l'agressivité américaine renouvelée à l'égard de la Russie est reproposée justement au cours de la crise de la pandémie. Il existe en fait aussi une géopolitique des vaccins. Les Etats-Unis, à travers les sanctions et l'isolement de la Russie, veulent empêcher la diffusion du vaccin Spoutnik V, déjà adopté par 50 pays dans le monde et ainsi préserver le monopole et les méga-profits du Big Pharma anglo-saxon. Le rôle monopolistique assumé par les multinationales américaines et britanniques en Europe, d'ailleurs renforcé par le co-intérêt de l'Allemagne, est une preuve évidente de l'existence d'un vaccin atlantiste dont l'UE est l'esclave. Alberto Negri déclare à cet égard: "Poutine est un killer selon Biden. Que fera-t-il si l'UE devait acheter le vaccin russe ? Nous bombarder comme l'Irak? En 2003, Biden a voté pour l'attaque contre Saddam qui a ouvert la boîte de Pandore au Moyen-Orient. Ce vote a dévoilé ce qu'est Biden".

L'Europe, orpheline de l'atlantisme sous la présidence de Trump, a appelé de ses voeux un retour au multilatéralisme américain. Mais un tel multilatéralisme, posé comme idéal, se transforme inévitablement, pour l’Europe, en une participation au titre de vassaux subalternes, voire au titre d’appendice colonial, instruments commodes pour faire avancer la politique impérialiste américaine en Eurasie. Or, d'un point de vue géopolitique, l'isolement et la marginalisation de la Russie entraînent également l'isolement et la marginalisation de l'Europe dans le contexte mondial. Et seule une Europe non atlantique pourrait d'ailleurs désamorcer les objectifs stratégiques des Etats-Unis. En effet, l'Europe, par l'établissement d'accords de collaboration politique et économique avec la Russie, pourrait contribuer à la création de nouveaux équilibres géopolitiques, basés sur la sécurité de la zone eurasienne et moyen-orientale.

dimanche, 21 mars 2021

L’Empire américain agite l’arme des « droits de l’homme » pour justifier ses guerres hybrides

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L’Empire américain agite l’arme des « droits de l’homme » pour justifier ses guerres hybrides

Par Luciano Lago

https://www.kulturaeuropa.eu/

SOURCE : http://www.ilpensieroforte.it/mondo/4575-l-impero-usa-agi...

L'Occident, dans sa phase actuelle de décadence, n'a pas les moyens de rivaliser avec le développement impétueux de la Chine. Ajoutez à cela l'étroite coopération entre la Chine et la Russie, étendue de la sphère économique à la sphère militaire, qui fait du bloc Russie/Chine un antagoniste capable de remettre en question l'intention, proclamée par Biden, de restaurer le leadership américain sur le monde.

Dans son dernier discours officiel, le Premier ministre chinois Xi Jin Ping a lancé un avertissement aux États-Unis : le monde ne connaîtra pas la paix et la stabilité tant que les États-Unis ne cesseront pas de s'ingérer dans les affaires des autres pays. Il a également dénoncé les tentatives éhontées de l'Occident de compenser son incapacité réelle, dans son obsession à contrer les menaces chinoise et russe, en organisant des soulèvements et en orchestrant de la propagande pour provoquer des changements de régime. C’est là une forme de guerre hybride avec un objectif bien circonscrit, d'ailleurs, et explicitement déclaré comme tel par les dirigeants de Washington, qui refusent de considérer comme légitimes les gouvernements des pays qui s'opposent à l'hégémonie nord-américaine et qui, dès lors, s'engagent à les combattre en utilisant l'arme des sanctions ou des embargos. Cependant, le jeu avec la Chine et la Russie est plus compliqué, les sanctions sont inefficaces et Washington recourt alors à la rhétorique habituelle des "droits de l'homme", sans reconnaître que ce sont les États-Unis qui sont les plus responsables des violations des droits de l'homme dans le monde.

Pour appuyer leur propagande, soutenue par le méga-appareil médiatique occidental, Washington et Londres mobilisent leurs services de renseignement pour créer des empoisonnements préfabriqués, de l'affaire Skripal à l'affaire Navalny, dont la Russie est accusée (sans preuve), ou pour fomenter des émeutes et des manifestations à Hong Kong. Dans le cas de la Russie, Vladimir Poutine est dépeint comme le nouveau tyran impitoyable qui lâche ses agents à la recherche de prétendus opposants à empoisonner, tandis que Xi Jin Ping est décrit comme le nouveau danger pour le "monde libre". Sinon, les services de renseignement de Washington et de Londres préparent les habituels "False Flag" (provocations scénarisées) d'attaques aux armes chimiques menées par les Russes et les Syriens en Syrie pour accuser Poutine et Assad et préparer de nouveaux "bombardements humanitaires".

On ne peut pas dire que les Anglo-Américains fassent preuve de beaucoup d'imagination à cet égard, il suffit de se rappeler les "armes de destruction massive" présentées comme motif de la guerre contre l'Irak, mais ce peu d'imagination est parfois compensé par Israël avec ses attaques préméditées contre certains navires dans le Golfe Persique, dont l'Iran est accusé, bien sûr. La plus récente fausse attaque contre un navire commercial israélien a été démentie par des images aériennes d'un drone iranien. Des provocations visant à convaincre du "danger" de l'Iran, un pays qui depuis 41 ans est le plus grand antagoniste d'Israël et de l'hégémonie américaine dans la région. Dans tous les cas, l'arme préférée de Washington (et de Londres) est toujours celle des "droits de l'homme". En réalité, l'embargo, pour affamer les peuples et les pousser à mettre en œuvre un changement de régime, est la marque de fabrique de la politique américaine : la même technique que celle mise en œuvre par Israël, depuis plus de onze ans, contre les Palestiniens de Gaza.

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Tout ce qui menace la vie et la dignité des personnes est un crime contre l'humanité. Honteux est le comportement de l'Europe qui se plie à ces blocages décidés par Washington, démontrant ainsi sa servilité envers le maître. Cependant, le cas de l'Arabie saoudite est comme une "poutre dans l'œil" des défenseurs des droits de l'homme, avec la couverture accordée par les États-Unis au prince sanguinaire Bin Salman, qui est tout à la fois derrière le meurtre du journaliste Khashoggi et derrière l'agression contre le Yémen. Cette énorme pierre d'achoppement met en évidence l'hypocrisie de cette propagande que seuls les imbéciles peuvent encore croire aujourd'hui.

Luciano Lago

Les difficultés de Merkel et Macron incitent Biden à attaquer Poutine et Xi 

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Les difficultés de Merkel et Macron incitent Biden à attaquer Poutine et Xi 

Par Augusto Grandi

https://www.kulturaeuropa.eu/

SOURCE : https://electomagazine.it/le-difficolta-di-merkel-e-macro...

Biden ? Un démocrate, comme chacun le sait. Cette définition est suffisante pour exclure toute surprise face à l'attaque sordide lancée par le nouveau Président américain contre Poutine. Parce que, contrairement à ce que les médias et les historiens de service disent aux Italiens crédules, les démocrates américains ont toujours été des bellicistes. Beaucoup plus belliciste que les Républicains. Mais en Italie, ils évitent soigneusement de relier les "saints" Kennedy ou Lyndon Johnson à l'escalade de la guerre au Vietnam.

Il était donc évident que Biden allait accroître la tension internationale. Les insultes contre Poutine vont de pair avec les attaques contre la Chine. Un appel aux armes qui conduira à de nouvelles sanctions contre Moscou, poussant inévitablement la Russie dans les bras de Xi Jinping.

Biden, cyniquement mais aussi logiquement (car il a été chargé d'être président pour protéger les intérêts des grands groupes américains), profite de la situation de crise lourde qui affecte l’Europe. Ce n'est pas une coïncidence s'il a lancé son attaque contre la Russie immédiatement après la confirmation de la défaite de la CDU d'Angela Merkel dans deux élections régionales importantes en Allemagne. La chancelière quittera la scène après l'été, son leadership s'affaiblit et l'Allemagne est en proie à l'indécision, exacerbée par le mécontentement des Allemands face aux confinements répétés qui handicapent les activités économiques et la vie sociale.

Macron, qui jusqu'à présent a été très actif en politique étrangère, en partie parce qu'il se sentait soutenu par Merkel, ne fait pas mieux. Maintenant, cependant, Macron doit faire face au mécontentement interne pour sa mauvaise gestion de la pandémie. Et les Français, contrairement aux moutons italiens, ne se contentent pas de bêler quand ils sont en colère. Le président de l'Hexagone se retrouve donc en difficulté sur la scène internationale. Mais sans Berlin et Paris, la politique étrangère européenne n'existe pas. Avec ‘’l'Italie de Sa Divinité’’ qui reçoit des ordres directement de Washington et refuse le vaccin Spoutnik V aux Italiens pour ne pas contrarier les multinationales américaines du médicament.

Donc Biden a le champ libre. Et l'interview éminemment subversif de Meghan Markle a également fait comprendre aux Britanniques que leur rôle était celui d'alliés, mais d’alliés d'importance secondaire. Une interview qui minel’idée du Commonwealth lui-même, car pour les démocrates américains, il ne peut y avoir qu'un seul empire, l'empire américain.

Difficile d'imaginer la réaction de Moscou et de Pékin au-delà des déclarations officielles. Il ne peut évidemment pas s'agir d'une réaction militaire, mais les deux pays sont désastreux en termes de soft power et cela les pénalise considérablement car cela limite leurs possibilités de réaction.

Augusto Grandi