lundi, 07 novembre 2011
Lucien Jerphagnon: il parlait à l'oreille des anciens
Lucien Jerphagnon: il parlait à l'oreille des anciens
Le grand historien de l'antiquité européenne laisse des livres à lire!
par Guilhem Kieffer
Ex: http://www.metamag.fr/
Morts quasiment en même temps, que valait un Lucien Jerphagnon à côté d’un Steve Jobs ? Rien à Wall Street. Pas davantage en exclamations, pleurs, soupirs. A quelques jours près, il n’a fait ni la une des télé ou des journaux hormis, heureusement, quelques colonnes dans Le Monde ou Le Point. Mais rien sur iPad ou facebook. On a su à peine qu’il était mort. Il n’était pas une icône-marchande. C’était un prof…
Lucien Jerphagnon
Et, en plus, un prof qui s’intéressait à des mondes disparus, dont les apparatchiks orwelliens traquent les ultimes résidus jusque dans nos salles de cours et de bibliothèques : le monde et la pensée romaine, l’antiquité et ses langues. Qu’il pratiquait fort, comme pas mal de nos parents ou grands-parents. N’avouait-il pas avoir « avalé », dans sa jeunesse, les 30 volumes -en latin- des Confessions de Saint Augustin?
De sa confrontation avec l’histoire et les maîtres antiques, chrétiens ou non, comme Socrate, Platon, Plotin, mais aussi de son intelligence, Lucien Jerphagnon, qui eut le grand philosophe juif, Vladimir Yankélévitch, comme « maître», avait abouti à un enseignement essentiel et pourtant délaissé aujourd’hui. Il le confiait, dans un long entretien, à La Nouvelle Revue d’Histoire en 2006 . « En regardant les philosophes , on a le sentiment qu’ils sont coupés du monde et de leur temps. Ceux qui étudient les philosophes (ndlr : mais on peut appliquer le même raisonnement à l’histoire) le font comme s’ils vivaient dans un éternel présent.
Messager de Delphes
Or, il n’y a pas d’éternel présent, ni d’homme éternel quoi qu’on en ait dit, qui subsisterait toujours semblable en son fond, des cavernes aux satellites habités . Il y a des couches successives, peuplées de consciences diversement conditionnées, des strates qui ont chacune leur vérité et leurs erreurs, leur idée du possible et de l’impossible, du concevable et de l’absurde et c’est seulement pour la commodité, pour le confort intellectuel que nous englobons toutes ces consciences disparates sous le même concept d’homme. Le temps bouge continuellement sous les yeux d’êtres qui eux-mêmes se transforment. »
Mais au-dessus de ce fleuve, en mouvement constant, il y a quelques personnages-ponts. Ponts entre les pensées, entre les hommes, entre les époques . Lucien Jerphagnon était de ceux-là . Avec « La…. Sottise ? Vingt-huit siècles qu’on en parle », publié l’an dernier, quelle démonstration plus sagace et ironique pouvait-il donner au grand public? Aux esprits cultivés, ce maître, titulaire de la chaire de la pensée antique et médiévale à l’université de Caen, fournit d’autres exemples de sa plasticité et de son empathie.
Spécialiste de Saint Augustin (entré avec lui dans La Pléiade), il étonna avec une biographie novatrice sur son antithèse, l’empereur Julien (faussement qualifié d’ »apostat ») qui, des siècles durant, « fera l’objet d’une incroyable cristallisation. » De cet exercice de nomadisme mental, de cet échange intemporel, de cette hygiène spirituelle, Michel Onfray, qui fut un de ses, chanceux, élèves normands, a livré témoignage dans un hommage reconnaissant (Le Point du 22 septembre).
« Quand il arrivait dans la salle, grand et maigre, la moustache d’un officier de la coloniale toujours impeccablement symétrique il sortait son volume de Budé (…) et commençait un spectacle extraordinaire. Seul, il jouait tous les rôles du théâtre antique : il fulminait, susurrait, ricanait, délirait, le tout avec une érudition époustouflante (…) S’il parlait d’un bordel, c’était avec la caution de Juvénal, d’une partie de jambes en l’air avec celle de Perse, d’une trait d’esprit avec Tibulle, s’il lançait une saillie contre les grands de ce monde, c’était sous couvert de Tacite ou Suétone (…) » Au terme de son one man show, « on avait beaucoup appris, tout compris et, surtout, tout retenu .»
De cet agnostique qui, quelques jours avant sa mort, confiait –«j’essaie de faire remonter vers le divin tout ce qu’il y a de divin en moi»- paraîtra, en février, un texte posthume qu’il venait d’achever: « Connais-toi toi-même »… (et tu connaîtras l’univers et les dieux). Une injonction venue de Delphes ! Destinée à chacun d’entre nous.
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lundi, 24 octobre 2011
La seconde invasion de l'Italie par Alaric (408-410)
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samedi, 15 octobre 2011
Tacitus’ Germania
Tacitus’ Germania
By Andrew Hamilton
Ex: http://www.counter-currents.com/
Tacitus’ Germania, a short monograph on German ethnography written c. 98 AD, is of great historical significance. The transmission of the text to the present day, and certain adventures and tensions surrounding it, make for an interesting story.
Roman historian and aristocrat Cornelius Tacitus (c. 55–c. 117 AD) was the author of several works, more than half of which have been lost. What remains of his writings are divided into the so-called “major [long] works,” the Histories [2] and the Annals [2], jointly covering the period 14–96 AD, and the “minor [short] works”: The Dialogue on Orators, Agricola, [3]and [3] Germania [3]. Tacitus, a senator, is believed to have held the offices of quaestor in 79, praetor in 88, consul in 97, and proconsul or governor of the Roman provinces in “Asia” (western Turkey), from 112–13.
The Germania is a short work, not really a “book.” My copy, “Germany and Its Tribes,” is a mere 23 pages long—albeit in moderately small wartime print on thin paper containing no notes, annotations, maps, illustrations, or other editorial aids. It was translated from the Latin by Alfred Church and William Brodribb in 1876 and published in The Complete Work of Tacitus by Random House’s Modern Library in 1942.
The Agricola, about Roman Britain, is roughly the same length. Agricola, the general primarily responsible for the Roman conquest of Britain and governor of Britannia from 77–85 AD, was Tacitus’ father-in-law.
The Germania has been the most influential source for the early Germanic peoples since the Renaissance. Its reliable account of their ethnography, culture, institutions, and geography is the most thorough that has survived from ancient times, and to this day remains the preeminent classical text on the subject. The book signifies the emergence of the northern Europeans from the obscurity of archaeology, philology, and prehistory into the light of history half a millennium after the emergence of the southern Europeans in Homer and Herodotus.
Though Tacitus at times writes critically of the Germans, he also stresses their simplicity, bravery, honor, fidelity, and other virtues in contrast to corrupt Roman imperial society, fallen from the vigor of the Republic. (It has been said that no one in Tacitus is good except Agricola and the Germans.)
Tacitus’ book is based upon contemporaneous oral and written accounts. During the period knowledge of northern Europe increased rapidly. Roman commanders produced unpublished memoirs of their campaigns along the lines of Caesar’s Commentaries, which circulated in Roman literary circles. Diplomatic exchanges between Rome and Germanic tribes brought German leaders to Rome and Roman emissaries to barbarian courts. And Roman traders expanded traffic with the barbarians, generating, perhaps, more knowledge than the military men.
According to Jewish classicist Moses Hadas, Tacitus “never consciously sacrifices historical truth. He consulted good sources, memoirs, biographies, and official records, and he frequently implies that he had more than one source before him. He requested information of those in a position to know” and “exercises critical judgment.”
Other Ancient Accounts of the Germans
Prior to Tacitus’ narrative, a Syrian-born Hellenistic Greek polymath of the first century BC, Poseidonius, may have been the first to distinguish clearly between the Germans and the Celts, but only fragments of his writings survive.
Julius Caesar did not penetrate very far east of the Rhine, so his knowledge of the Germans, expressed in De Bello Gallico (On the Gallic War, c. 50 BC), was limited.
The Roman Pliny the Elder’s Bella Germaniae (German Wars, c. 60s–70s AD) probably contained the fullest account of the people up to Tacitus’ time, but it has been lost.
Pliny, the foremost authority on science in ancient Europe, had served in the army in Germany. When Mount Vesuvius destroyed Herculaneum and Pompeii, he was stationed near present-day Naples, in command of the western Roman fleet. Eager to study the volcano’s destructive effects firsthand, he sailed across the bay, where he was suffocated by vapors caused by the eruption.
Following the Germania, the most important ancient work discussing northern Europe was Ptolemy’s Geography, written in the 2nd century AD. Ptolemy is the Alexandrian astronomer best-known for positing the Ptolemaic System. The Geography named 69 tribes and 95 places, many mentioned by no other source, as well as major rivers and other natural features.
From late antiquity, no extensive study of the Germanic peoples has survived, if one was ever written, and no single writer treated the migrations in a coherent way.
Loss and Rediscovery
At some point during the collapse of classical civilization and the migrations of late antiquity the text of the Germania was lost for more than a thousand years. It resurfaced only briefly, in Fulda, Germany in the 860s, where it and the other short works were probably copied. A monk at Fulda quoted from it verbatim at the time. Subsequently it was lost again.
In 1425 rumors reached Italy that manuscripts of Tacitus survived in the library of Hersfeld Abbey near Fulda. One of these contained the shorter works. In 1451 or 1455 (sources differ) an emissary of Pope Nicholas V obtained the manuscript containing the lesser works and brought it to Rome. It is known as the Codex Hersfeldensis.
In Rome, Enea Silvio Piccolomini, later Pope Pius II, examined and analyzed the Germania, sparking interest in the work among German humanists, including Conrad Celtes, Johannes Aventinus, and Ulrich von Hutten.
Its first publication in central Europe occurred at Nuremberg in 1473–74; the first commentary on the text was written by Renaissance humanist Beatus Rhenanus in 1519.
The Codex Hersfeldensis was then lost again for half a millennium. (This time, of course, the content survived in published form.) Then, in 1902, a portion of the Codex Hersfeldensis was rediscovered by priest-philologist Cesare Annibaldi in the possession of Italian Count Aurelio Balleani of Iesi (Italian: Jesi), a town located in the Marches of central Italy. The manuscript had been in the family’s possession since 1457. This single text, the oldest extant version, became known as the Codex Aesinas. (I.e., the Aesinas is believed to consist of portions of the lost manuscript from Hersfeld.
One scholar has summarized the tremendous impact the text’s rediscovery in 1455 has had on European history:
The rediscovery of the Germania in the late fifteenth century was a decisive event in the study of the ancient Germanic peoples. Renaissance scholarship endowed Roman literary texts with outstanding authority, as well as making them more widely available. At the same time, a rise in German national feeling led to heightened interest in ancient texts which illuminated the Germanic past. . . . The Germania . . . was used to cement a link between the Germans of Tacitus and the Germans of the early modern period. From about 1500 onward the Germania was rarely far from serious discussion of German national identity, German history and even German religion. Fresh impetus was given to it in the nineteenth century and, of course, the racial purity, valour and integrity of the Germans as portrayed by Tacitus had immense appeal to the National Socialist hierarchy in the 1920s and 1930s. (Malcolm Todd, The Early Germans, 2d ed., Oxford: Blackwell, 2004, p. 7)
Among others, the Germania influenced Frederick the Great, Johann Fichte, Johann Gottfried von Herder [5], and Jakob Grimm.
Key to the rediscovery, preservation, transmission, and social and racial influence of the Germania over the past 500 years have been Renaissance humanism, modern (pre-21st century) scholarship, the invention of printing, liberalism, nationalism, and racial science.
A Dangerous Book
Since the Renaissance, the Germania has provided the most significant historical evidence of the early Germanic peoples.
The inevitable identification of the ancient Germans with their descendants commenced soon after the book’s discovery. Historians, philologists, and archaeologists all added pieces to the mosaic, so that by the time unification occurred in 1871 the early history of the Germans was firmly grounded.
The Germania influenced at least one 20th century leader decisively. Young Heinrich Himmler in September 1924 read Tacitus during a train ride and was captivated. At the time he was personal assistant to Gregor Strasser, leader of the National Socialist Freedom Movement (Nationalsozialistische Freiheitsbewegung).
In contemporaneous notes, Himmler wrote that Tacitus captured “the glorious image of the loftiness, purity, and nobleness of our ancestors,” adding, “Thus shall we be again, or at least some among us.”
In 1936, the year of the Berlin Olympics, Hitler personally requested of Mussolini that possession of the Codex Aesinas be transferred to Germany. Mussolini agreed, but changed his mind when the proposition turned out to be unpopular among his people.
A facsimile copy was made for the Germans and Rudolph Till, chairman of the Department of Classical Philology and Historical Studies at the University of Munich, and a member of the Ahnenerbe (a racial think tank co-founded by Heinrich Himmler in 1935), studied the manuscript in Rome in the months prior to the war. The Ahnenerbe published Till’s findings as Palaeographical Studies of Tacitus’s Agricola and Germania Along with a Photocopy of the Codex Aesinas in 1943.
German ideologist Alfred Rosenberg [6] and SS chief Heinrich Himmler both retained intense interest in the Codex. Mussolini’s government fell in 1943. In July 1944 Himmler dispatched an SS commando team to rescue the manuscript. The unit searched three Balleani family residences in Italy without success.
The Codex was in fact stored in a wooden trunk bound with tin in the kitchen cellar of one of the residences, the Palazzo on the Piazza in Jesi. (There is a 1998 online newspaper account in German [7] about this affair that relies upon Jewish writer Simon Schama’s 1996 Landscape and Memory for its authority.)
The upshot was that possession of the manuscript remained in the hands of the Baldeschi-Balleani [9] family. After the war the family stored the Codex Aesinas in a safe deposit box in the basement of the Banco di Sicilia in Florence, Italy. In November 1966, the River Arno experienced its worst flooding [10] since the 1550s, causing damage to the Codex. Monks at a monastery near Rome skilled in preserving manuscripts succeeded in saving it, though permanent water damage could not be eliminated.
The Codex was sold by the family to the Biblioteca Nazionale in Rome in 1994, where it is currently cataloged as the Codex Vittorio Emanuele 1631.
Suppress That Classic!
Since WWII, as ideological imperatives took precedence over dispassionate scholarship, the Germania‘s capacity to instill self-awareness and collective identity has deeply disturbed proponents of anti-white policies and ideologies. The historical record is problematic, too, in not depicting the Germans as irredeemably evil, possibly scheming, say, to vaporize the extensive Jewish populations of Rome and Persia in clay kilns.
One feint such ideologues employ is to insinuate that ancient Germans and modern northern Europeans possess no biological or historical kinship. Though nonsensical, it is as easy to argue as is the assertion that biological race does not exist, or dozens of other counter-factual dogmas.
But many would no doubt prefer to ban the book Communist-style, removing all copies from circulation and restricting access to unpulped copies to a handful of approved “scholars” on a carefully monitored basis.
As long ago as 1954 Jewish historian Arnaldo Momigliano declared before “an important international classical conference” that the Germania was one of the most dangerous books ever written. (In 1938 Momigliano lost his job as professor of Roman history at the University of Turin after passage of the Fascist racial law. He moved to England, where he taught for the rest of his life.)
Today, Harvard University’s Christopher Krebs, author of A Most Dangerous Book: Tacitus’s Germania From the Roman Empire to the Third Reich (2011), trumpets Momigliano’s view [11] of the ancient text’s “insidious” nature to the applause of academic peers, literary critics, and journalists.
Krebs’ insincere declaration—gambit, really—that “Tacitus did not write a most dangerous book, his readers made it so,” doesn’t fool anyone. In societies committed to the proposition that speech and ideas constitute “hate,” there is unanimous, or at least undissenting, agreement on how to treat “dangerous” books and ideas.
In an interview, Krebs says that he is half German and half Swedish. But “Krebs” can be a Jewish name—e.g., biochemist Hans Krebs, formulator of the Krebs cycle. Scanning random passages from the book, it is hard to think that the author is not Jewish or part Jewish. If white, he has mastered their psychology to great profit.
Adam Kirsch, a Jewish book reviewer for Slate, the Washington Post-owned online magazine, quotes Krebs approvingly: “‘Ideas are viruses. They depend on minds as their hosts . . . The Germania virus . . . after 350 years of incubation . . . progressed to a systemic infection culminating in the major crisis of the twentieth century.’” (Yes, he means the “Holocaust.”) The title of Kirsch’s article is “Ideas Are Viruses [12].”
This is a characteristically Jewish, and totalitarian, way of thinking.
Kirsch, a child of privilege, is the son of author, attorney, and newspaper columnist Jonathan Kirsch. A 1997 graduate of Harvard, Adam Kirsch writes regularly for Slate, The New Yorker, The Times Literary Supplement, and other magazines.
Wishing that the Germania had been lost during the Middle Ages, Kirsch concludes, “If the last surviving manuscript had been eaten by rats in a monk’s library a thousand years ago, the world might have been better off.”
Ah, liberal enlightenment! The world can never get enough of it.
Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com
URL to article: http://www.counter-currents.com/2011/09/tacitus-germania/
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jeudi, 13 octobre 2011
Pericles & the Athenian Ideal
Pericles & the Athenian Ideal
By Troy Southgate
Ex: http://www.toqonline.com/
There is already much discussion in our circles about the example of Sparta, not least as a result of the recent Hollywood blockbuster 300 [1] which was rather loosely based on the exploits of King Leonidas, but in this article I intend to examine Sparta’s chief rival Athens.
The Athenian statesman, Pericles (495 – 429 BCE) once claimed that his city was an educational role model for the whole of Greece, but how far was this really true?
Pericles’ boast is part of his funeral oration recorded by Thucydides (460 – 395 BCE) in his The Peloponnesian War [2]. The aim of Pericles’ oration is to establish that Athens was a society worth dying for. Thus the speech is designed to exploit in his listeners deep-seated feelings of local pride and identity, inviting them to recall the glory of Athenian growth and prosperity. His verbal tapestry begins by lauding Athenian ancestry, emphasizing the fact that the people’s “courage and virtues have handed on to us, a free country.”
He mentions “the constitution and the way of life that has made us great” and points to certain social improvements such as power being democratically channeled into the hands “of the whole people,” the fairness and “equality before the law” and the fact that, in terms of social classification, status is not determined by “membership of a particular class, but the actual ability which the man possesses.” Pericles was also careful to mention the prevailing moral ethos which underpinned fifth-century Athenian society, that of sovereign, “unwritten laws which it is an acknowledged shame to break.”
Then Pericles lists what he considered to be the noblest attributes of his native city, with particular reference to the cultural activities that provided “recreation for our spirits.” This tactic was designed to pave the way for a contrasting description of the traditional enemy, Sparta.
Pericles then polemically denounced Spartan militarism and the rigorous training to which it “submitted” its youth, lauding the Athenian educational system by contrast. He also praised Athens for apparently maintaining a confident superiority above and beyond all other Greek states, emphasizing the importance of thought before action.
When Pericles finally describes Athens as “an education to Greece,” he explains precisely why he considers this to be the case. Athens stands for the freedom of the citizen, who is “rightful lord and owner of his own person.” Because of its constitution, Athens has waxed powerful: “Athens, alone of the states we know, comes to her testing time in a greatness that surpasses what was imagined of her . . . future ages will wonder at us, as the present age wonders at us now.” But with greatness comes peril: “it is clear that for us there is more at stake than there is for others who lack our advantages.”
Pericles then offers an inspiring account of the necessity of personal sacrifice. The slain warriors, in whose honor the funeral had been held, were depicted as heroes who had lain down their very lives for the continuation of Athenian culture, heritage and tradition, itself “a risk most glorious.” Pericles then challenges the living to emulate the honored dead, making “up your minds that happiness depends on being free, and freedom depends on being courageous . . . for men to end their lives with honor, as these have done, and for you honorably to lament them: their life was set to a measure where death and happiness went hand in hand.”
But can Athens really can be considered to have been a role model for the whole of Greece, or was Pericles merely deluding himself and his contemporaries? Let us examine the historical record.
Pericles is renowned for the prominent role he played in the democratization of the Athenian political system, which itself had “been fixed by Cleisthenes (570 – 507 BCE) and further reformed after the battle of Marathon” (J. B. Bury, A History of Greece to the Death of Alexander the Great [3] [Macmillan, 1951], 346).
After overthrowing Thucydides and assuming the leadership of the people, Pericles and Ethialtes (d. 461 BCE) set about reducing the power of the judiciary in the Areopagus. At this time, the archons or chief magistrates were appointed by lot, but only from a select number of pre-elected candidates. Pericles abolished this system with the result that the archons themselves became “appointed by lot from all the eligible citizens [who now] had an equal chance of holding political office, and taking part in the conduct of political affairs” (Bury, 349). This system was also extended to the Boule, or Council of the Five Hundred.
In addition, Pericles effectively dismantled the hereditary powers of the traditionally oligarchic Areopagus completely, restricting its activities in order to redefine its role as little more than a “supreme court for charges of murder” (A. R. Burn, Pericles and Athens [4] [English Universities Press, 1964], 46). In 462 BCE, Pericles also initiated a scheme whereby jurors and those holding offices of state received payment for their services to the city, “a feature which naturally won him popularity with the masses” (Bury, 349).
This very popularity, in fact, had been deliberately engineered by Pericles himself in order to counteract the large support that Cimon (510 – 450 BCE), an accomplished naval hero, was able to command from the Athenian nobility. Although Pericles was himself an aristocrat, he “decided to attach himself to the people’s party and to take up the cause of the poor and the many instead of that of the rich and the few, in spite of the fact that this was quite contrary to his own temperament”(Plutarch, The Rise and Fall of Athens: Nine Greek Lives [5] [Penguin, 1960], 171).
Indeed, Thucydides attacked Periclean reforms and labeled them “democracy in name, but in practice government by the first citizen” (Plutarch, 173). So what began as Greek democracy under Cleisthenes around 500 BCE had become a dictatorship under Pericles by 430 BCE.
Despite all the speculation surrounding Pericles motives for initiating democratic reforms, in terms of her constitution and statecraft Athens undoubtedly stood far ahead of her rivals.
One measure of the seriousness of Athenian democratization was the introduction of new political technologies, such as allotment-machines, water-clocks, juror’s ballots, and juror’s tickets.
Another sign of Athenian political acumen is the transfer of the headquarters and treasure of the Delian league from Delos to Athens in 454 BCE. The Delian League was a crucial alliance of 150 Greek city-states established prior to the Peloponnesian wars to defend Hellas from the Persians. The transfer of its headquarters to Athens gave the Athenians enormous political and economic influence over the member states.
Sparta had an entirely different political structure. In Bury’s words, Sparta was imbued with a “conservative spirit.” The Spartan constitution, unlike its continually revised and reformed counterpart in Athens, had remained virtually the same since its inception.
Sparta had a mixed constitution with monarchical, aristocratic, and democratic elements. Sparta was ruled nominally by kings, an order going back to the times of Homer. The aristocratic element was the Council of Elders, or Gerusia, which consisted of thirty men who were elected for life and chosen by acclamation in the general assembly of citizens. Membership was described as a prize for virtue. However, the Spartan Assembly of the People, or Apella, contained only males over thirty years of age who decided matters of state purely on the basis of a particular speaker receiving the loudest cheers from those in attendance. Theoretically, the Spartan constitution was democratic, but if the elders and magistrates did not approve of the decision of the majority, they could annul the proceedings by refusing to proclaim the decision.
The Athenians were always very keen to stress the political differences between themselves and their Peloponnesian rivals. Many island states — often artificially created by colonial means — usually followed the example of Athens rather than Sparta. Athenian democracy, unlike the American variety, was not spread around the world at gunpoint. Instead, the states that adopted the Athenian system seemed genuinely inspired by her example.
Sparta, on the other hand, had few imitators, and the states that did resemble Sparta did not appear to imitate her. So as far as Athenian politics was concerned, at least, Pericles was right to claim that Athens was the educator of Greece.
Athens was an example to Greece in politics. But what about the economic and cultural realms?
According to Plutarch, Athens became fantastically wealthy after Themistocles (524 – 459 BCE) had directed the revenue of the city’s lucrative silver mines at Laurium towards the construction of a strong navy, including a new fleet of triremes, which made possible the reconquest of Athens after its inhabitants had been forced to flee from the invading Persians.
When Athens became host to the treasury of the Delian League in 454 BCE, Pericles used its funds for the rebuilding of Athenian temples, claiming they had been destroyed by the Persians in the common cause of Greece, thus it was appropriate that they be rebuilt from the common funds.
In 449 BCE, a pan-Hellenic Congress was proposed to raise funds for further projects. This plan met with fierce opposition from Thucydides among others. According to Plutarch, Pericles answered his critics by declaring that “the Athenians were not obliged to give the allies an account of how their money was spent, provided that they carried on the war for them and kept the Persians away.” Pericles had effectively plundered the common treasure of Greece and turned it into the adornment of Athens.
Athenian trade also began to flourish during the rule of Pericles, and Themistocles’ fortification of the Piraeus made Athens one of the greatest ports in Greece. The decline of merchant cities in Ionia also contributed greatly to the Athenian economy.
But the most striking developments in fifth-century Athens took place in the cultural sphere.
Although Greek philosophy began in Ionia, it flourished in Athens. Because of her wealth, political power, and cultural refinement, she attracted the best minds from all over Greece. The Sophists, in particular, contributed much to the development of political theory, rhetoric, and logic and stimulated the thought of Athens’ native geniuses Socrates and Plato.
Athens is also renowned for her great architecture, a matter in which Pericles himself played a prominent role. Pericles enlisted Pheidias (480 – 430 BCE) to be the director of his building program, assisted by such skilled architects as Callicrates, Ictinus, Coroebus, and Metagenes. Among their projects were the Parthenon, the Temple of Athena, the adornment of the Acropolis, the Odeon, the Concert Hall, and the temples of Eleusis and Hephaistos.
When Pericles was attacked for his lavish use of public funds, he offered to pay for the construction work himself, if he could take all the glory. This did the trick. Even Pericles’ most zealous critics wished to share in his renown, so they insisted that he complete the buildings at public expense.
Pericles’ construction projects were remarkable not merely for their expense, but also for their artistry, craftsmanship, and good taste, which no other Greek states were able to match, least of all Sparta. In fact, C. M. Bowra wrote that the “remains of Sparta are so humble that it is hard to believe that this was the power which for many years challenged and finally conquered Athens” (Periclean Athens [Wiedenfeld and Nicolson, 1971], p. 180). But although Pericles’ construction program clearly was an “education” to the rest of Greece, it was no safeguard against eventual Spartan conquest.
What we call ancient Greek drama is better deemed ancient Athenian drama. The great tragedians Aeschylus, Sophocles, and Euripedes were Athenians, as were the comic playwrights Aristophanes and Menander. Sparta had its share of talented poets — among them Tyrtaeus during the mid-seventh century BCE — but they could not compete with the new trends being set in Athens. As Bury put it, when a stranger visited Sparta he must have experienced “a feeling of being transported into an age long past, when men were braver, better, and simpler, unspoiled by wealth, undeveloped by ideas” (p. 134).
The social status of women in Athens was far lower than it was in Sparta. Athenian women took no part in public life and were instructed solely in domestic arts. In his Funeral Oration, Pericles said that women should merely aim “to be least talked about by men, whether they are praising you or criticising you.” In Sparta, however, women were permitted to engage in gymnastic training and “enjoyed a freedom which was in marked contrast with the seclusion of women in other Greek states” (Bury, p. 133). So as far as respect for women was concerned, Athens could not really claim to have exported an policy worthy of emulation, although Ionia also shared the fundamental Athenian weakness of excluding women from education.
Religious and sporting festivals were much the same throughout Greece and, although it is always the Athenians who are remembered for their gods and sporting heroes, most other Greek states were equally advanced.
Thus when Pericles declared that Athens was “an education to Greece.” he was, on the whole, making an accurate observation. This is not to say that Athens was superior to Sparta in every respect, of course, and her democratic system left much to be desired.
Although other Greek states shared some Athenian political, social and economic principles, it remains the case that Athens gave birth to some of the finest Greek accomplishments. These accomplishments, moreover, provided key elements for the development of European art, architecture, drama, philosophy, rhetoric, and politics for 2500 years. Thus Athens continues to serve not only as an “education” for Greece, but for the world.
Troy Southgate
Troy Southgate is from Crystal Palace in South London and has been a Revolutionary Nationalist activist and writer for almost 25 years. He has also been involved with more than twenty music projects. He is a founder of National Anarchism and author of Tradition and Revolution (Aarhus, Denmark: Integral Tradition).00:05 Publié dans Histoire, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire, théorie politique, sciences politiques, politologie, philosophie, grèce, grèce antique, antiquité, antiquité grecque, périclès, athènes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 27 septembre 2011
Kimbern und Teutonen
Kimbern und Teutonen
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dimanche, 25 septembre 2011
Kampf um Germanien
Kampf um Germanien
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samedi, 24 septembre 2011
The Coming of the Greeks: Indo-European Conquests in the Aegean and the Near East
Robert Drews - The Coming of the Greeks: Indo-European Conquests in the Aegean and the Near East
When did the Indo-Europeans enter the lands that they occupied during historical times? And, more specifically, when did the Greeks come to Greece? Robert Drews brings together the evidence--historical, linguistic, and archaeological--to tackle these important questions.
Reviews:
"Into the ever-tangled and speculative debate on Indo-European origins comes this excellent book: lucid, critical, and refreshingly sober."--D. F. Easton, The Classical Review
"The fact that [a] pattern of localized Near Eastern takeovers coincides with the inception of chariot warfare, coupled with his carefully documented hypothesis that Proto-Indo-European-speaking (PIE) peoples in Armenia were responsible for the development and spread of chariot warfare, serves as the backdrop to Drews's innovative scenario for the arrival of the Greeks.... Such complete Near Eastern analogies involving archaeology, mythology, and linguistics, for example, have been rarely applied to support theories of PIE dispersal.... His research serves the critical function of provoking new views of a long-standing problem."--Susan N. Skomal, American Journal of Archaeology
Endorsement:
"An archaeological and linguistic whodunnit of the most fascinating sort, courageously tackling a much-argued problem from several disciplines at once.... No one dealing with the dispersal of the Indo-Europeans can ignore this book."--Elizabeth Wayland Barber, Occidental College
Afbeelding en tekst: Princeton University Press.
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lundi, 15 août 2011
Apuntes sobre el Mitraismo
Apuntes sobre el Mitraismo
Enrique RAVELLO
Ex: http://identidadytradicion.blogia.com/
La historiografía utiliza el término de «cultos mistéricos» para todo el conjunto de formas religiosas que, procedentes de Oriente, irrumpen en el Imperio romano tardío. El engañoso término de cultos mistéricos podría hacernos pensar en una unidad interna de los mismos; nada más lejos de la realidad, poco tenían que ver entre sí los cultos a Attis, Cibeles, Serapis, Isis o Júpiter - Amón , pero si uno de ellos merece mención aparte es, sin duda, el culto a Mitra.
Es precisamente lo que le diferencia del resto lo que le hace interesante para nosotros y lo que motiva el sentido de este artículo: a diferencia del resto de divinidades «orientales» llegadas a la Urbs desde el cambio de Era, Mitra sólo tiene de «oriental» la procedencia geográfica: Persia, siendo una de las divinidades que los indoeuropeos de origen nordeuropeo (medos, persas, hindúes y mitanios) llevaron a Asia durante sus migraciones e invasiones de aquellas tierras. Divinidad indoeuropea que, como tal no podía ser extraña a los romanos, los que pronto la asimilaron con sus dioses solares; así Mitra no era uno más de los cultos de «religiosidad segunda» del Bajo imperio , sino que propuso una posibilidad de enderezamiento espiritual -siguiendo el concepto evoliano- en un momento en que la Tradición romana parecía haber entrado en una fase de crisis
Mitra y su ascesis son profundamente indoeuropeos :«Los misterios mitraicos nos llevan al seno de la gran tradición mágica occidental , a un mundo todo él de afirmaciones , todo de luz y de grandeza , de una espiritualidad que es realeza y de una realeza que es espiritualidad , a un mundo en el que todo lo que es huída de la realidad , ascesis , mortificación en humildad y devoción , pálida renuncia y abstracción contemplativa , no tienen ningún lugar . Es la vía de la acción de la potencia solar» (1).
MITRA : DEL MUNDO INDO-IRANIO A ROMA.
Mitra como divinidad ario-irania
Para determinar los orígenes de Mitra hay que remontarse a la religión preavéstica donde aparece junto a Varuna y Surya entre los dioses soberanos o de la primera función indoeuropea. Mitra preside las alianzas y asegura la soberanía de los persas en las tierras recientemente conquistadas, asegura también la feliz doma de animales (2). Es un dios común a los indo-arios de la India y Persia, pero entre estos últimos tiene una función más guerrera que entre los primeros. Su nombre significa a la vez «alianza» y «el amigo» (3) . Mitra aparece en el panteón de tres pueblos indoeuropeos étnicamente muy relacionados: indo-arios, iranios y mitanos, de los que todo hace pensar que se trató de una rama de los indo-arios que se desgajó hacia zonas más occidentales. Siempre aparece como divinidad de la primera función junto a Varuna con quien está en una relación de complementariedad, en todos los sentidos «si los principios conjuntos se consideran en su reciprocidad, el Dios manifestado es el poder masculino y la Divinidad no manifestada es el poder femenino, reserva inagotable de toda posibilidad incluida en la manifestación: es pues Mitra, quien fecunda a Varuna (PB XXX10,10)» (4).
Etimológicamente la raíz de su nombre sería la indoeuropea *mei/*moi- con la idea de intercambio, seguido del instrumental -tra. Ésta es al menos la opinión de Meillet y la que más consenso tiene entre los estudiosos. Así Mitra inicialmente habría sido el garante de los acuerdos, el orden del mundo y del orden social, en definitiva de la relación de los dioses con los hombres y de éstos entre ellos mismos. Mitra engloba los conceptos de amigo y de contrato, y, siguiendo a G Bonafonte la evolución conceptual habrá comenzado desde esa raíz *mei/* moi (intercambio) -obligación mutua (por intercambio de bienes) -amigo, amistad - dios Mitra (5). Siendo el garante de la palabra dada, y, en definitiva, de las relaciones entre los dioses y los hombres y de éstos entre sí. Mitra es quien «sostiene el cielo y la tierra» (Rg Veda, 3, 59).
En el espacio temporal que va desde la época védica hasta la reforma zoroastriana, la figura de Mitra también experimentará ciertos cambios, más bien matices, en la naturaleza y función de su divinidad.
En el mundo védico, Mitra y Varuna son las dos caras complementarias (que no antitéticas) de la función soberana del panteón indoeuropeo, una relación semejante en el mundo latino sería la de Rómulo- Numa (6). El Mitra védico encarna los aspectos jurídico soberanos, luminosos, siendo un dios cercano al mundo y a los hombres «la función de este culto (el de Mitra) es por lo tanto la de orientar religiosamente y consolidar la cohesión familiar, de amistad, social y, por lo tanto, la red de relaciones interpersonales que constituyen el tejido constitutivo de la vida de una tribu, de un pueblo, de una etnia» (7). Por su parte, Varuna encarna el aspecto mágico, violento, invisible y lejano.
Para conocer la figura del Mitra del mundo iranio antiguo, tenemos una gran escasez de fuentes para el periodo más arcaico. Durante la predicación de Zaratustra , todos los dioses del panteón persa se subordinan a Ahura Mazda y, aunque el nombre de Mitra aparezca en el Avesta, donde se le dedica un himno , lo hace de forma casi ocasional , esto ha sido interpretado por los estudiosos como un «eclipse» de esta divinidad , «relegada» por Zaratustra a un papel secundario , aunque hay otro tipo de opiniones : «Los estudiosos occidentales han sacado la errónea conclusión de que Mitra había sido rechazado por Zaratustra sólo porque no es mencionado en los Gatha , como si Zaratustra no hubiese compuesto más que los himnos de fragmentario corpus que han llegado a nosotros» (8). Aparece en el décimo Yashts (cántico) del Avesta, y se enfatiza su aspecto guerrero, y su función de guardián de la moral (9).
A. Loisy confirma que el origen de Mitra se encuentra en la religión preavéstica , en la que es el mediador entre el mundo superior y luminoso donde impera Ahura Mazda y el inferior donde ejerce su influencia Arimán (10).En el Mitra -Yasht , un himno religioso en su honor fechado entre el siglo V y VI a. C. aparece como el dios de la luz , de los guerreros , de los pactos y de la palabra dada, algo que protege muy especialmente y cuya alteración o incumplimiento queda determinado como un sacrilegio y una grave perturbación del orden social y cósmico. Está claramente relacionado con la luz y el sol. Es descrito como «el más victorioso de los dioses que marchan sobre esta tierra», «el más fuerte de los fuertes» y físicamente como «el dios de los cabellos blancos», siendo -como ya sabemos- muy frecuentes los elementos fenotípicamente nórdicos en las descripciones físicas de las divinidades indo-ario-persas.
Bajo el reinado de Aqueménida, es la divinidad principal con la diosa Anahita y Ahura Mazda, siendo al dios que invocan los reyes en sus testamentos y combates. La religión medo-persa no tenía imágenes, que llegaron con la helenización del Asia menor, a la divinidad que más afectó este proceso fue precisamente a Mitra, que desde estos momentos pasó a un primer plano. Además durante el Helenismo muchas divinidades son asimiladas a los dioses greco-latinos, Ahura Mazda lo será con Júpiter; Ahrimán se convertirá en Hades; mientras que Mitra, conservará su nombre, ya que no tiene correspondencia exacta con los dioses greco-latinos, y aunque durante el Helenismo es el segundo dios en importancia, sin duda es el más adorado.
F. Cumont pone de relieve la importancia y la admiración que se tuvo entre los griegos y los romanos hacia el Imperio aqueménida , y cómo muchas de sus instituciones fueron adoptadas por los emperadores romanos por ejemplo los amici Augusti, del mismo modo que llevar delante del César el fuego sagrado como emblema de la perennidad del poder (11) . Lo que ya es más difícil es seguir los caminos, bastante más ocultos, por los que se transmitieron las ideas de unos pueblos a otros. Parece cierto que a comienzos de nuestra Era, determinadas concepciones mazdeas se habían difundido más allá de Asia. La conquista macedónica de Asia Menor puso a los griegos en contacto directo con el mazdeísmo y hubo un interés general entre los filósofos por su conocimiento. Así como la «ciencia» que se extendía entre las clases populares con el nombre de magia, tenía, como su propio nombre indica, en gran parte origen persa. Antes de la conquista de Asia por Roma, algunas instituciones persas ya habían hallado en el mundo greco-oriental imitadores y adeptos a sus creencias. Los más activos agentes de esta difusión parecen haber sido para el mazdeísmo -como, por otro lado también para el judaísmo -las colonias de fieles que habían emigrado lejos de la madre patria (12).
Aún así es conveniente recordar la opinión de Julius Evola respecto a la relación entre el culto de Mitra y la religión zoroástrica: «Emanación del antiguo mazdeísmo iránico, el mitraísmo retomaba el tema central de una lucha entre las potencias de la luz y las de las tinieblas y el mal. Podía tener también formas religiosas, exotéricas, pero su núcleo central estaba constituido por sus Misterios, o sea por una iniciación en el verdadero sentido. Ello constituía un límite, aunque así se hacía una forma tradicional más completa. Sucesivamente, se debía, sin embargo, asistir a una cada vez más decidida separación entre la religión y la iniciación» (13)
De Persia a Roma.
Fue F. Cumont el primero en afirmar la continuidad entre el Mitra iranio y el del culto de época romana, tesis admitida por la práctica totalidad de los estudiosos. S. Wikander negó esta identificación, pero su tesis es paradoxal e insostenible, otro en negarla más recientemente ha sido David Ulansey (14) en su libro, The Origins of the Mithraic Mysteries(15) quien centra exclusivamente su interpretación del mitraísmo como religión astrológica y la representación del Mitra tauróctono únicamente desde el punto de vista astrológico zodiacal, si bien los datos que aporta sí son interesantes , la interpretación de fondo no deja de ser limitada por reduccionista.
En cuanto a la propagación propiamente dicha del mitraísmo en Occidente, data de la fecha de la anexión de Asia Menor y Siria. Y aunque parece haber existido ya en Roma , en la época de Pompeyo, una comunidad de adeptos, la auténtica difusión no comenzó hasta el tiempo de los Flavios, y fue cada vez más importante con los Antoninos y los Severos, para ser hasta finales del siglo IV el culto más importante del paganismo. Aunque hay que tener en cuenta que la influencia de Persia, no fue sólo religiosa, sobre todo desde el 88 d. C; con la llegada al poder de la dinastía Sasánida. En la propia corte de Diocleciano se adoptaron las genuflexiones ante el emperador, igualado a la divinidad. Así que la propagación de la religión mitraica, que siempre se proclamó orgullosamente persa, se vio acompañada de una influencia persa en la política, la cultura y el arte.
En cuanto al proceso concreto de llegada de Mitra desde Irán a la península itálica, tenemos una dramática ausencia de fuentes, dos líneas de Plutarco, y una referencia de un mediocre escolástico de Estancio, Lactancio Plácido. Ambos autores coinciden en situar en Asia Menor el origen de la religión irania que se difundió por Occidente, así el mitraísmo se había constituido, antes de que fuese descubierto por los romanos, en las monarquías anatólicas de épocas precedentes, allí llego en la época de dominio Aqueménida, donde los persas se convirtieron en la aristocracia dominante de Capadocia, Ponto o Armenia, y seguirían siendo los amos de la zona después de la muerte de Alejandro. Esta aristocracia militar y feudal propició a Mitríades Eupator, un buen número de oficiales que ayudaron a desafiar a Roma y a defender la independencia de Armenia. Estos guerreros adoraban a Mitra como genio militar de sus ejércitos, y es por esto por lo que siguió siendo siempre, incluso en el mundo latino, el dios «invencible», tutelar de los ejércitos y honrado, sobre todo, por los soldados.
Paralelamente a esta nobleza, otra clase también persa se había establecido en Asia Menor, los «magos» estaban diseminados por todo el Levante y conservaron escrupulosamente sus ritos. Sería el máximo fundamento de la grandeza de los misterios de Mitra.
La religión mazdeísta fue a los ojos de los griegos puramente bárbara y no tuvo ningún eco entre los helenos, como sí pudo tener el culto de Isis y Serapis, los griegos jamás aceptaron una divinidad que viniera de sus eternos enemigos. Mitra pasó directamente al mundo latino, además la transmisión fue de una rapidez fulminante, pues los romanos nada más conocer la doctrina de los mazdeos, la adoptaron con entusiasmo. Y llevado hacia fines del siglo I por los soldados a todas las fronteras, el culto de Mitra llegó al Danubio, al Rin, Britania, fronteras del Sáhara y valles de Asturias. Mitra conquistó pronto el favor de los altos funcionarios y del propio emperador. A finales del siglo II, Cómodo se hizo iniciar en los misterios, cien años después su poder era tal que eclipsó a todos sus rivales en Occidente y en Oriente. En 307 Diocleciano, Galeno y Licio le consagraron como protector del Imperio, fautori Imperio sui.
MISTERIA MITRAE
Los mitreos
El de Mitra es un culto totalmente mistérico que celebraban los iniciados para sí. Las cofradías mitraicas admitían solamente a hombres. El primitivo lugar de adoración de Mitra debieron ser las grutas de las montañas, especie de cavernas, en la época que nos ocupa, eran ya los mitreos que consistían en una pequeña capilla, pero, en definitiva seguían siendo grutas, a los que los iniciados se referían como specus. La distribución de la nave parece un comedor, pues el rito principal consistía en una comida para los iniciados, «en efecto, el Mithraeum no es, como el templo greco-romano, la casa de dios, sino un lugar de comunión entre los hombres y los dioses» (16). Había en los mitreos una mesa de piedra en la que estaba representado Mitra matando al toro, montado sobre un eje y esculpida a ambos lados, donde se combinaban imágenes del sol. Este pequeño santuario representaba el mundo, además toda su decoración tenía un alto contenido simbólico, aunque difícil de interpretar por la ausencia de textos contemporáneos. El Mitra tauróctono representa el sacrificio del toro, el tauribolio, como principio de la vida bienaventurada prometida al iniciado.
El acceso al mitreo era por una sola puerta, para descender algunos escalones, la capacidad no excedía las 100-120 personas, el lugar sagrado estaba reservado a los iniciados, el resto estaba en salas adyacentes. La disposición interna es constante, la imagen de Mitra está siempre en el centro o en la pared del fondo y en las escenas representadas aparece matando al toro y rodeado de los dadóforos, bien visible está el altar o la mesa sobre las que se apoyan las ofrendas y los alimentos, a los lados los bancos para los sacerdotes, destacando siempre el podium para el pater que preside la asamblea. En el mitreo no hay ventanas, y, al ser las reuniones nocturnas, la luz constituía un elemento de suma importancia, siendo el reclamo al Sol. En el ingreso al mitreo había un zodiaco, representando al universo, en el centro se reúne y canta la comunidad iniciática, reforzando la solidaridad fraterna del grupo.
El culto a Mitra conocía la semana con consagración de los siete días a las siete esferas planetarias, santificándose especialmente el primer día dedicado al Sol. Había también fiestas estacionales, se cree que tuvo cierta importancia la del equinoccio de primavera, común a otras iniciaciones, pero sin duda la más importante fue la de la Natividad del Sol, fiesta del Sol Invictus, que se celebraba, coincidiendo con el solsticio de invierno, el 25 de Diciembre. Mitra nace entre un buey y una mula en una gruta, con dos pastores de testigos: Cautes y Cautópates, Cautes tiene una antorcha encendida hacia arriba (el día), Cautópates tiene una antorcha encendida hacia abajo (la noche).
Los grados iniciáticos
La religión de Mitra no era un conocimiento sagrado escrito y codificado, que se podía aprender leyendo, la verdad sobre la que se sustenta, la base de sus misterios, son transmitidos de boca a oído entre los fieles y adeptos de las distintas jerarquías internas.
Siete eran los grados por los que debía de pasar un iniciado que pretendiera llegar al grado supremo: el cuervo, el oculto, el soldado, el león, el persa, el mensajero del Sol, y el padre. Se piensa que se determinaron según los siete planetas y son las siete esferas planetarias que el alma tendría que atravesar hasta llegar a la morada de los bienaventurados. No ajeno a este concepto es la expresión aún hoy coloquial de «llegar al séptimo cielo», para hacerlo el iniciado mitraísta tenía que atravesar siete puertas anteriores:
La primera es de plomo y frente a Saturno, debe despojarse del peso del cuerpo y de su vinculación a la vida y la tierra.
Venus le espera en la segunda, hecha de estaño, y le exige el abandono de la belleza física y del placer sexual.
En la siguiente puerta, que es de bronce, se encontrará con Júpiter ante el que tendrá que despojarse de la seguridad personal y la confianza en sí mismo y su pequeño yo.
La cuarta es de hierro y Mercurio es quien la custodia, ya no sirven ni inteligencia ni cultura, tampoco la antorcha luminosa ilumina nada ante la verdadera luz que es dios.
Frente a la puerta de Marte - de bronce y hierro - nada puede hacer la espada que es sustituida por la fuerza divina.
La Luna vela la puerta de plata donde se dejan orgullo, ambiciones y amor a sí mismo, amor que sólo merece dios.
La última puerta es de oro y la cuida el Sol, quién tiende la mano al adepto pidiéndose un último gesto, ir más allá de sí mismo aceptando la mano que el propio Sol le está ofreciendo .
También, cada uno de los siete grados estaba influenciado por una diferente esfera planetaria:
korax (cuervo) Mercurio
nymphus Venus
miles (soldado) Marte
leo (león) Júpiter
perses (persa) Luna
Heliodromus Sol
Pater Saturno (17)
Según Porcino (18) los cuervos serían una especie de auxiliares de los misterios, puede que en algún tiempo fuesen niños.
Este primer grado toma su nombre del animal que en la tauroctonía lleva a Mitra el mensaje de dios en el que le ordena matar al toro. Así el iniciado que tiene este grado, protegido por Mercurio, «es portador de mensajes» (19). Téngase presente también la relación entre las aves y el «lenguaje simbólico». Según los restos que nos han llegado, especialmente del mitreo de Capua, sabemos que viste una capa blanca con bandas rojas. En las ceremonias tiene la función de servir los alimentos que él no puede probar, el sentido es desposeer al iniciado de primer grado de los restos de ego profano.
El segundo grado tiene dos nombres, el de cryphius y el de nimphos. El primero (el oculto) ha sido relacionado con el hecho de que permanece escondido, no aparece en los bajorrelieves, sólo se les mostraba una vez y parece que era una ceremonia especialmente solemne. Puede que primitivamente fueran adolescentes, antes de llegar a soldados, que vivían en un régimen de separación especial. Pero realmente si hay presencia de este grado en los restos arqueológicos, con lo que habrá que centrarse en su segundo nombre nimphus o nymphos para darle una interpretación correcta. Así mismo, nymphos puede tener dos significados, el de esposo o mejor prometido, que lo relacionaría con Venus, su esfera protectora, y el Amor (en sentido iniciático) que debe tener hacia Mitra. También puede significar ninfa-crisálida, haciéndose referencia a una especie de proceso metamórfico en el que « de gusano» (= el ser ligado a lo terreno, a las pasiones y a los instintos), pasa al estado de «crisálida» (=el huevo, el estado de clausura de aislamiento y de preparación), para propiciar el nacimiento de esa abeja o «mariposa» (=la capacidad en acto del alma de alzar el vuelo, de desvincularse de las ataduras terrenas)» (20). En este grado viste un velo amarillo sobre su rostro -de ahí lo de oculto -y tiene como atributo una lámpara, símbolo de la luz necesaria para la consagración de este grado,
El soldado, es un iniciado propiamente dicho. En la Antigüedad ya guerreros plenamente dedicados al combate y a la caza. Su iniciación era una especie de bautismo, con la imposición de una marca en la frente, similar al cristiano. Sus símbolos son la espada y la corona. Corona que, simbolizando el poder, se le ofrece y debe rechazar al grito de «Mitra es mi corona ». En los mitreos de Capua y Ostia aparece con una capa ornada en púrpura y un gorro frigio. Su misión es garantizar la justicia y el orden. En los ritos de iniciación es el «liberador» y en las asambleas el encargado de mantener el orden.
En la exaltación al grado de los leones, se vierte miel en vez de agua, sobre sus manos y se les invita a conservarlas puras de todo mal, mala acción y de toda mancha, también con la miel se les purifica la lengua de toda falta. La miel tiene una gran importancia en la tradición persa, se cree que es una sustancia celestial, llegada de la luna, es superior al agua en su virtud, y comparable desde el punto de vista místico al brebaje sagrado del haoma. En los restos arqueológicos aparece con una toga roja y un manto rojo, en algunas ocasiones con remates amarillos. Es importante hacer notar que, a diferencia de los grados inferiores, es ahora -como leo- cuando el adepto recibe un nuevo nombre. Para este grado -protegido por Júpiter- su atributo simbólico es el rayo, símbolo presente en varias tradiciones indoeuropeas: Zeus, Odín, Indra y Varuna también lo tienen como iconografía propia. El rayo, símbolo de la luz y potencia, estaría aludiendo a una experiencia de iluminación interior, el paso a un estado superior de conciencia.
El nombre del persa, es una clara referencia a la patria de origen del dios Mitra. También se usa la miel en su consagración, pero con un simbolismo diferente, «es considerado como el guardián de los frutos en amplio sentido (incluidos los cereales) y en la Antigüedad la miel usada de azúcar fue símbolo de conservación» (21). En cierta medida representaría a Mitra en su relación con la vegetación y la fecundidad de la tierra.
Sin embargo mucho más interesante nos parece la interpelación de este grado y su relación con la Luna que hace Stefano Arcella en su libro, I Misteri del Sole, aplicando criterios tradicionales y evolianos donde otros autores positivistas se limitan a criterios racionalistas, arqueológicos e incluso artísticos con los que es imposible penetrar y descifrar el mito. Para Arcella la Luna sería su numen titular, al ser el astro que da luz durante la noche, leído interior y simbólicamente, se estaría dando a entender que el iniciado-durante esta fase- tendría que sumergirse en su propio mundo interior «sin luz» -asimilado con la noche- tomar conciencia de él y ser capaz de dominarlo, ese viaje nocturno sólo podría hacerse bajo la protección de la Luna que ilumina las tinieblas. Así -intuye el autor italiano -habría que pensar que la iniciación de este grado sería durante la noche, y, posiblemente, las pruebas consistieran en cumplir determinadas encomiendas aun a pesar de la nocturnidad y la oscuridad, es decir «venciendo la noche». En las ceremonias del culto llevaba el traje persa y el gorro frigio que también llevaba Mitra.
Heliodromus es el corredor del Sol, Arcella también lo califica como «la puerta del Cielo». Se asimila al Sol, pues no corre delante del Sol, sino que sube con él en un carro, es el grado anterior al supremo, y se muestra al adepto sobre el carro del cielo, adonde le basta penetrar con Mitra para alcanzar la esfera de la divinidad. «Heliodromus está subordinado al Pater, como el Sol lo está a Mitra, verdadero Sol Invictus» (22).Viste túnica roja con cinturón amarillo y se le representa con una antorcha encendida. En este grado se le vuelve a ofrecer la corona -rechazada anteriormente-y esta vez la asume, porque ahora la corona no está simbolizado el poder mundano sino que es la corona-rayo que simboliza los rayos solares y significa la apertura del iniciado a la Luz del Sol espiritual. La corona tiene siete rayos, cifra presente en varias tradiciones, por lo menos desde el Pitagorismo, según el cual cada planeta irradia una propia vibración sonora, siete son los planetas a los que están ligados los adeptos mitraicos, así como siete son los días de la semana. Sin duda el requisito para llegar a Heliodromus era ser capaz de dominar los impulsos concupiscibles e irascibles del alma «La iniciación al grado de Heliodromos sucedía, verosímilmente, cuando cantaba el gallo, a la primera luz del alba, ya que el iniciado debía entrar en sintonía con el sentido anímico de abrirse a la luz» (23). Durante los banquetes guía a los comensales y hace los honores de la casa.
El padre es el grado supremo, su dignidad corresponde a la de Mitra en el cielo. Son los perfectos iniciados que participan plenamente de Mitra. A su cabeza está el padre de los padres (24). Cumbre de la jerarquía, lleva un gorro frigio ornado con perlas y un manto púrpura sobre una túnica roja con bandas amarillas, lleva un anillo y en la mano derecha el bastón que simboliza mando y poder. Es el guía de la comunidad. Entre sus atributos estaba la hoz. El cetro del mago y el gorro de persa. En un mitreo encontrado en Mesopotamia los padres estaban representados con hábitos persas, sentados en tronos, el cetro del mago en la mano derecha y en la izquierda un pergamino, que simboliza su conocimiento de los textos rituales y su significado religioso. Eso, y la elección del vocablo Pater los relaciona con la tradición jurídica y religiosa romana, de la misma estirpe que la indo-aria.
Lejos de considerar el paso por los diferentes grados iniciáticos como una convención o algo parecido a una representación teatral para adeptos, hay que reflexionar sobre las indicaciones que, al respecto, da Evola: «Existe un nivel en el que resulta por evidencia inmediata que los mitos misteriosóficos son, esencialmente, transcripciones alusivas de una serie de estados de conciencia a lo largo de la autorrealización. Las diferentes gestas y las varias vivencias de los héroes míticos no son ficciones poéticas, sino realidades- son actos bien determinados del ser interior que relampaguean uniformemente en cualquiera que quiere avanzar en la dirección de la iniciación, esto es, en la dirección, de un cumplimiento más allá del estado humano de existencia» (25).
Iniciaciones y celebraciones.
Aunque se ignora cuál era el ritual de las iniciaciones, se sabe que entre las condiciones preliminares de admisibilidad a los distintos grados había «pruebas» bastante duras y que incluso el ritual de las iniciaciones, sobre todo para el soldado, mantenía cuanto menos un simulacro de luchas y peligros. A juzgar por los restos encontrados en los mitreos los sacrificios de animales debían ser numerosos.
Además existía la oblación del pan del brebaje sagrado, imitado luego por los cristianos, y en esta «comunión» se repetían las palabras «éste es mi cuerpo» y «ésta es mi sangre», pues representaban la sustancia del toro mítico y divino que era Mitra, entendido como Ser supremo. El líquido que se servía pudo ser agua o en ocasiones vino, aunque en su inicio era ahoma (el soma de la India védica), que se mantuvo en el ritual ascético, pero ante la imposibilidad de obtener la planta sagrada, se sustituyó el líquido aunque no el significado.
Las imágenes que tenemos de escenas iniciáticas corresponden a los frescos del mitreo de Capua, en todas vemos características comunes: el iniciado desnudo, vendado y/o arrodillado; el oficiante poniéndole una túnica blanca, el pater con un gorro y una capa roja.
En otro mitreo cercano a Roma, se han encontrado dos series de representaciones que corresponden a las procesiones de los leones; la primera serie está fechada en 202, en ambas los iniciados de cuarto grado, aparecen desfilando ante el Pater, al que le ofrecen algunos dones. En estos tipos de ritos mitraicos dos elementos son constantes y tienen una importante función simbólica; el incienso; común a varias tradiciones espirituales, siempre con un sentido de purificación; y el fuego , como símbolo de luz y vida, doblemente como símbolo de sacralidad solar, y como símbolo de la «cadena» que forman los iniciados en los misterios mitraicos, que-cada uno de ellos individualmente -una vez establecido el contacto con esa Luz son capaces de transformar y dominar su elemento telúrico- lunar- taurino, otro de los significados -y no el menos importante del simbolismo de la tauroctonía mitraica.
La comida sagrada, otra celebración importante para la comunidad mitraica, simbolizaba el encuentro entre Mitra y el Sol. El pan consagrado remitía a la unión mística del grupo que, ingiriéndolo se apropiaba de una determinada energía, que les transmutaba en algo diferente (el paralelismo con la eucaristía cristiana es más que evidente). También se consagraba el vino, que en el mitraísmo romano había sustituido definitivamente al ahoma iranio, que ya nadie sabía cómo lograr preparar. Para S. Arcella cabría otra lectura de este banquete: «...inherente a la realización individual: una vez vencida, sacrificada y transformada la propia componente "taurina", el iniciado se encuentra y se reúne con su Principio solar (en el símbolo: el banquete entre Mitra y el Sol): utiliza toda la energía de la naturaleza inferior, a favor de un empuje ascendente y de una estabilidad en la realización espiritual» (26).
En cuanto al aspecto de la autorrealización individual , y de la posibilidad de potenciar determinadas facultades innatas en sentido de lograr una identificación ontológica con la divinidad, tenemos pruebas documentales en el llamado Ritual Mitraico del Gran Papiro Mágico de París, en el que se habla claramente de un rito no comunitario sino individual, en el que el iniciado a los «misterios mayores» -es decir grados superiores- entra en disposición de lograr un contacto unificador con el dios, venciendo el elemento «taurino-telúrico» y lo hace con la pronunciación de nuevo logos, que cada uno de ellos abre sucesivas puertas sutiles, produciéndose los correspondientes saltos de calidad ontológica . Estos logos serían parte de la técnica tradicional de la sonoridad ritual capaz de dar vibraciones «sutiles» que producen cambios a nivel interno y externo, es el mantra hindú.
Iconografía
Mitra nace de una piedra, y siempre -desde el momento de su nacimiento -es representado con un puñal en la mano derecha y una antorcha en la izquierda, los cabellos en forma de rayos solares. También existe otra versión menos extendida en la que el dios nace de un árbol o de la parte inferior del «huevo cósmico». La lectura desde el simbolismo tradicional infiere que el nacimiento de una roca alude a la materialidad que encierra un elemento luminoso y vivificar, que ahora -con el nacimiento- es capaz de regenerar su naturaleza anterior, si Mitra nace de la piedra, su cuerpo es el templo -no la cárcel- de su espíritu desde el cual puede manifestar todo su poder y luminosidad «la organización corpórea es el signo de un cierto núcleo de potencia cualificada, y la iniciación mágica no consiste en disolver tal núcleo en la indistinta fluctuación de la vida universal, al contrario, en potenciarlo, en integrarlo, en llevarlo no hacia atrás, sino adelante» (27) la piedra sería también símbolo de la incorruptibilidad, «estaríamos tentados de establecer una analogía entre esta génesis de Mitra y un tema del ciclo artúrico, en el que figura una espada que hay que extraer de una piedra que flota sobre las aguas» (28). El nacimiento de un árbol podría tener el mismo significado, el de la potencial sacralidad de la naturaleza, pero también podría relacionarse con la imagen del árbol como guardián y fuente de la sabiduría eterna, en paralelo con el caso de Wotan y el Yggdrasil. El nacimiento desde el Huevo Cósmico, símbolo de la potencialidad que origina la Manifestación Universal, remite a la fuerza espiritual parte de esta manifestación.
En varias escenas de su nacimiento, vemos que Mitra está acompañado por un grupo de pastores, interpretados por Evola como ciertas «superiores presencias espirituales » que ayudan en el nacimiento iniciático (29). En otras tantas, vemos que en su nacimiento, Mitra está acompañado de dos personajes: Cautes y Cautópates, el primero, Cautes, lleva una antorcha con el fuego hacia arriba, representa la luz del Sol ascendiente, del día que crece: del solsticio de invierno al solsticio de verano, también el amanecer; la antorcha de Cautópates está hacia abajo representando la luz del Sol que decrece: del solsticio de verano al solsticio de invierno, también el atardecer.
Ética mitraica. La dexiosis.
F. Cumont se pregunta el porqué del éxito del mitraísmo. Según él esta religión, la última de las orientales en llegar a Roma, aporta una nueva idea: el dualismo. Se identificó el principio del Mal, rival del dios supremo; con este sistema, que proporcionaba una solución simple al problema de la existencia del mal-escollo para tantas teologías- sedujo tanto a mentes cultas como a las masas. Pero esta concepción dualista, no basta para que la gente se convirtiera a la nueva religión, además el mitraísmo ofrecía razones para creer, motivos para actuar y temas de esperanza, esta religión fue el fundamento de una ética y una moral muy eficaz y concreta, esto fue lo que en la sociedad romana de los siglos I y III, llena de insatisfechas aspiraciones hacia una justicia y una ética más perfecta, garantizó el éxito de los misterios mitraicos. Según el emperador Juliano, Mitra daba a sus iniciados entolai o mandamientos y recompensas en éste y en el otro mundo a su fiel cumplimento. Y así el mazdeísmo trajo una satisfacción largo tiempo esperada y los latinos vieron en ella una religión con eficacia práctica y que imponía unas reglas de conducta a los individuos que contribuían al bien del Estado.
Mitra, antiguo genio de la luz, se convirtió en el zoroastrismo y continuó siéndolo en Occidente, en el dios de la verdad y de la justicia. Fue siempre el dios de la palabra dada y que asegura estrictamente el cumplimiento de los acuerdos y pactos. En su culto, se exaltaba, la lealtad y sin duda se buscaba inspirar sentimientos muy similares a los de la moderna noción de honor. También se predicaba el respeto a la autoridad y la fraternidad, al considerarse los iniciados como hijos de un mismo padre, pero a diferencia de la «fraternidad cristiana» basada en la compasión o en la mansedumbre, la fraternidad de estos iniciados, que tomaban el nombre de soldados era más afín a la camaradería de un regimiento, y se basaba en aspectos viriles y guerreros.
En la religión de Mitra tiene gran importancia la lucha y la acción, es loable la resistencia a la sensualidad y la búsqueda de la virtud, pero para llegar a la pureza espiritual, hace falta algo más, es la lucha constante contra la obra del espíritu infernal, sus creaciones demoníacas salen constantemente de los abismos para errar por la superficie de la Tierra, se meten por todas partes y llevan la corrupción, la miseria y la muerte. Los guías celestiales y guardianes de la piedad deben impedir que triunfen. La lucha es continua y se refleja en el corazón y la conciencia del hombre, miniatura del universo, entre la divina ley del poder y las sugestiones de los espíritus perfectos. La vida es una guerra sin cuartel, una continua lucha. Los mitraístas no se perdían en misticismos contemplativos, su moral agonal, favorecía sobre todo la acción y en una época de anarquía y desconcierto los iniciados hallaban en sus preceptos un estímulo en consuelo y orgullo. El cielo se merece, se gana en la guerra, el mismo concepto lo tenemos en otro extremo del mundo indoeuropeo, entre los vikingos y su idea del Walhalla, como morada de los guerreros.
El italiano Tullio Ossana dedica la mayor parte de su libro La stretta di mano . Il contenuto etico della Religione di Mitra, -tras la correspondiente explicación de orígenes, difusión, estructura interna y ritos- precisamente a ese rasgo tan propio de la religión mitraica, sin duda una de sus principales activos a la hora de ganar adhesiones, que fue la elaboración de una ética propia de raíz guerrera. Esta ética tendría tres objetivos:
- Hacer del hombre un hombre consciente, maduro, comprometido, por lo tanto capaz de actuar según sus capacidades y de poner su vida en acción.
- El segundo objetivo sería entrar en armonía en el Cosmos y cumplir su gran misión de ser intermediario entre dioses y hombres, entre hombres y la creación.
-Ser parte del plan de Mitra, revelado a el por el Sol. Representar el orden divino allí donde esté presente, con las implicaciones escatológicas y de ultratumba que ello implicaría.
Habría, según F. Cumont (30) una especie de decálogo que la religión mitraíca trazaría para que cada uno de sus adeptos fuese capaz de llegar a cumplir los tres objetivos mencionados. Cumont no llega a explicitar dicho decálogo, pero Tulio Ossana sí que nos da pistas para poder hacernos una certera idea de en qué podría haber consistido.
-Ética de la luz. Indicando el aporte de la inteligencia a la acción, la sabiduría en toda realización y la fidelidad a la verdad y a la palabra dada.
- Ética de la espada, como símbolo trascendente de la fuerza física, de la que queda excluido su uso prepotente e irracional.
-Ética de la transformación -preferimos este término al de «progreso» utilizado por T. Ossana-. En la acción de Mitra y sus iniciados existe una evidente transformación cuyo objetivo final es la transformación y la gloria.
-Ética de la amistad. Que liga a los adeptos con Mitra -el amigo- y a los adeptos entre sí en una fraternidad guerrera: la militia Mithrae.
Ética del servicio. Mitra, ejemplo de sus adeptos, pone su superioridad al servicio de la lucha por el bien y el orden. Rechazando cualquier pasividad (auto)-contemplativa.
Ética de la salvación. El fiel, salvado por el conocimiento de Mitra, se empeña en la salvación de sus hermanos, como éstos debe entenderse sólo a los miembros de la militia Mithrae.
Ética de la acción. La ética mitraica despierta al hombre a la acción, que estará en relación con sus capacidades interiores innatas que ahora debe poner a actuar.
Ética de la lucha contra el mal. Recordemos la visión dualista del mitraismo y su implícita obligatoriedad para luchar activa y firmemente frente al mal representado por Ahrimán.
Ética de la jerarquía-también aquí preferimos este término que los utilizados por T Ossana: orden y obediencia-. Evidentemente se refiere a la obediencia de los grados inferiores hacia los superiores.
Si hay un gesto que resume visualmente todo el contenido ético del que estamos hablando es la destrarum iunctio o dexiosis que convierte a los mitraístas en syndexioi (literalmente «unidos por la mano derecha»). En las civilizaciones arcaicas la mano se considera como un centro de potencia y un punto de focalización de energía (31), especialmente la derecha se ha relacionado con las capacidades creativas y guerreras del hombre. En el zazen la derecha es considerada la mano masculina o yang, en el típico mudra que se utiliza durante la meditación, ésta protege a la izquierda considerada como la femenina o yin. Así el gesto de unir las manos derechas alude tanto a la comunidad de camaradería que era la milicia mitraica como al hecho de abrir circuitos sutiles de energía que circularían entre todos los miembros de la misma, no lejano es el simbolismo de la cadena de algunas sociedades medievales iniciáticas e incorporado-una vez «desactivado» como es típico de esta institución-por la masonería.
Siguiendo estos preceptos éticos el adepto mitraista alcanzaba una serie de virtudes que, al parecer realmente, fueron características propias de los miembros de la militia mitraica a lo largo de su existencia: coherencia interna y externa, fidelidad, disponibilidad, coraje, humildad y alegría, entendida como plenitud. Lo que ayudó mucho a que las autoridades romanas vieran en el mitraísmo una religión que aportaba buenos ciudadanos siempre dispuestos a la defensa del Imperio.
El dualismo también condicionó las creencias escatológicas de los mitraístas. La oposición entre cielo e infierno continuaba en la existencia de ultratumba. Mitra también es el antagonista de los poderes infernales y asegura la salvación de sus protegidos en el más allá. Según el profesor Gonzalo Fernández de Córdoba, el alma se someterá a un juicio presidido por Mitra si sus méritos pasados en la balanza del dios, son mayores que los fallos, él lo defenderá frente a los agentes de Ahrimán, que tratarán de llevarla a los abismos infernales. Las almas de los justos se van a habitar a la Luz infinita, que se extiende por encima de las estrellas, se despojan de toda sensualidad y codicia al pasar a través de las esferas planetarias y de este modo se convierten en tan puras como las de los dioses, que serán, en adelante, sus compañeros. Al final de los tiempos, resucitará a todos los hombres y dará a los buenos un maravilloso brebaje que les garantizará la inmortalidad definitiva, mientras que los malos serán aniquilados por el fuego junto al propio Ahrimán.
El mitraísmo fue el culto mistérico que ofreció un sistema más rico, fue el que alcanzó una mayor elevación espiritual y ética, ninguno de ellos atrajo tantas mentes ni tantos corazones. El mazdeísmo mitráico fue una especie de religión de Estado del Imperio romano en el siglo III, de ahí la conocida frase de Renán: «si el cristianismo se hubiese detenido en su crecimiento por alguna enfermedad mortal, el mundo hubiera sido mitraísta».
EL MITRAÍSMO EN EL IMPERIO ROMANO.
Expansión y relación con el poder.
Es en el siglo I d. C. cuando el mitraísmo se instala en la Urbs romana, desde un primer momento, lo hace en círculos cercanos al imperial. La representación más antigua del dios sacrificando al toro data del año 102 bajo el reinado de Trajano. Fuera del Lacio es Etruria meridional la zona con mayor número de mitreos, siendo Campania y la Cisalpina dos importantes zonas de penetración.
La difusión del rito mitraísta se manifiesta en Retia y especialmente en Nórica. En el reinado de Adriano, poco antes de 130, llega a Germania, y con Antonino Pío hasta la Panonia. Desde la época de Marco Aurelio hasta los Severos -es decir entre 161-235- los santuarios se suceden a ambos lados del Rin y en las provincias danubianas, siendo también frecuentes en Tracia y Dalmacia, mucho menos en Macedonia y Grecia, donde solo tenemos noticia de un mitreo cercano a Eleusis que había sido consagrado por legionarios claramente itálicos. El Asia helenizada fue muy refractaria a este culto. Por el contrario sí hay constatación de templos consagrados a Mitra en Capadocia, en el Ponto, en Frigia, en Lidia y en Cilicia, cerca del mar Negro hay restos arqueológicos en Crimea, donde habría penetrado desde Trevisonda. También se han encontrado en Siria y en el Eúfrates, casi siempre relacionados con campamentos de legionarios, lo mismo que en Egipto.
A finales del siglo II su culto alcanza la cúpula de la jerarquía militar imperial e incluso hay emperadores que se hacen iniciar en estos misterios. El caso de Nerón es aún dudoso, M. Yourcenar en sus célebres Memorias de Adriano, da el dato de este emperador hispano, pero del primer emperador que hay constancia cierta es de Cómodo que habilitó una dependencia subterránea de la residencia imperial de Ostia para la práctica de este culto. También es claro el caso de Séptimo Severo, por el contrario, el emperador oriental y orientalizante Caracalla tuvo como dios a Serapis. La primera mención clara, pública y oficial en la que Galeno, Diocleciano y Licinio, en 307 califican al dios de fautor imperii sui (protector de su poder), el primero de ellos fue, sin duda, adepto al culto de Mitra. Mucho se ha dicho, en este sentido, sobre Juliano el Apóstata, aunque la única prueba concreta de la que se tiene constancia es la mención a Mitra en su Banquete de los Césares, emperador que ha pasado a la historia con el sobrenombre despectivo del Apóstata, aunque otros, con mejor criterio se refieren a Juliano Flavio, como Juliano Emperador (32), «porque en rigor si alguien debe ser llamado "apóstata" debería ser el caso de los que abandonaron las tradiciones sacras y los cultos hacedores del alma y la grandeza de la Roma antigua(...) no debería ser, por el contrario, el caso de quien tuvo el coraje de ser tradicional y de intentar reafirmar el ideal "solar" y sacro del Imperio, como fue el intento de Juliano Flavio» (33).
Mitra tuvo numerosos fieles en el orden senatorial de la Urbs. El medio urbano es, a lo largo y ancho de todo el Imperio, el más propicio para el culto mitraico y donde se encuentra a sus seguidores y adeptos, el medio rural, mucho más conservador, lo rechazó claramente, como posteriormente haría con el cristianismo (34). Socialmente vemos que está presente «en su fase más antigua, entre siervos y libertos, posteriormente, en el curso del siglo II, en el estamento militar. Se difunde, a lo largo del siglo III, en el ordo equester y en el siglo IV en el senatorial»(35). El hecho de que al principio fueran siervos y libertos habla claramente de la gran tolerancia religiosa del mundo romano y de sus clases dirigentes, otro ejemplo curioso es que está datada la existencia de un pater mitraísta que a la vez era sacerdos de la domus Augusta, evidenciando la postura oficial de tolerancia y reconocimiento hacia el culto mitraico. En general las inscripciones del siglo III-IV revelan la gran importancia que tuvo el componente militar en la composición de los adeptos de Mitra y en su difusión por el Imperio.
El culto a Mitra en Hispania
En cuanto a la presencia del mitraismo en la península ibérica, según García y Bellido es, de los cultos mistéricos practicados en la Antigüedad, el que menos representado está arqueológicamente. Hispania es el país de Europa occidental más pobre en restos mitraicos. La explicación es bastante sencilla, el culto a Mitra estuvo íntimamente relacionado con el movimiento y el asentamiento de las legiones, e Hispania en los siglos II y III, época de expansión y culto, vive una existencia bastante pacífica y al margen del movimiento de tropas, tan frecuente en otras partes del Imperio, y por tanto al margen de las vías de penetración del mitraísmo (36).
Testimonios arqueológicos de presencia mitraica hay en las antiguas tres provincias de la Hispania de época imperial, siempre en zonas periféricas de la Meseta. En el Tarraconense hay ejemplos en sus dos extremos: la zona noroeste y el territorio astur y centros urbanos del litoral mediterráneo, como Barcino, Tarraco, Cabrera del Mar y, en la Comunidad de Valencia hay atestiguada una inscripción encontrada en 1922, en la localidad de Benifayó, en un lugar donde se han encontrado varios restos romanos. El epígrafe allí encontrado, tiene 65 cm de altura y se conserva en el Museo Provincial de Valencia. El texto dice:
Invicto/Mithrae/Lucanus/Ser(vus)
En Lusitania los restos arqueológicos están esparcidos por todo el territorio, pero indudablemente el centro principal e irradiador del mitraísmo estuvo en Emerita Augusta. Para la Bética la zona de hallazgos corresponde a la zona interior: Itálica, Corduba, Munda e Igagrum (actual Capra), donde se encontró una gran estatua de Mitra tauróctono, con Mitra vestido con pantalón persa, túnica con mangas y gorro frigio (37), exceptuando algún dato en la ciudad portuaria de Malaca.
«En general, el material que disponemos, procede de capitales de provincias, conventus, de colonias y municipios, es decir de zonas fuertemente romanizadas, donde hubo arraigo municipal. Fueron al mismo tiempo ciudades portuarias, administrativas o militares, asiento de soldados y comerciantes que transportaron el culto en su bagaje» (38). Siendo indudablemente el elemento militar el numéricamente más importante entre los adeptos al mitraísmo y el que ejerce principalmente la función de difusor por el territorio hispano. Otra vía fueron los comerciantes llegados a puertos del Mediterráneo hispánico.
FINAL Y PERVIVENCIAS DE UN CULTO GUERRERO
El fin del mitraísmo.
Al no incluir mujeres entre sus adeptos el mitraísmo limitó su campo de crecimiento y se encontró en desventaja frente a otros cultos como por ejemplo el cristianismo. Su segundo problema fue que siempre conservó la «marca persa» y Persia nunca se integró en el imperio, siendo por el contrario, enemigo hereditario y amenaza constante.
Constantino, el primer emperador cristiano, manifestó una particular hostilidad hacia el mitraísmo, así en 324 prohibió expresamente el sacrificio a «ídolos» y la celebración de cultos mistéricos. El rito mitraico tenía circunstancias agravantes: el sacrificio terminaba con un banquete con el dios y los emperadores cristianos tenían presentes las palabras de Pablo en su I carta a los corintios: «No quiero que entréis en comunión con los demonios». La legislación se hace más dura en el siglo IV cuando se prohíbe cualquier sacrificio nocturno, precisamente la hora del ritual mitraico. El culto mitraico está en decadencia cuando Constancio II en 357 llega a Roma, circunstancia que aprovecha la aristocracia senatorial para obligarle a recortar las «leyes antipaganas», el reinado de Juliano el Apóstata (361-363) reactiva los cultos paganos, y de forma muy clara al mitraico, pero esta tendencia dura poco, en 391 una ley prohíbe toda clase de culto o manifestación pagana, y en 394 el mitraísmo desaparecerá de la Urbs, en el resto del Imperio las dos últimas dedicatorias epigráficas a Mitra tendrían fecha de 325 y 367.
Influencias y permanencias mitraicas en el cristianismo.
Sin embargo hay testimonios que indican que, aún después de la destrucción de los mitreos, la vitalidad de culto permaneció durante largo tiempo. Es lógico inferir que continuó teniendo influencia en importantes capas de la sociedad, y que el cristianismo- nuevo culto dominante-recogió y adaptó muchos de sus temas e iconografías:
La influencia más evidente históricamente confirmadas del culto solar sobre el cristianismo en el Imperio tardío es la elección del 25 de Diciembre como la del nacimiento de Cristo, es decir la misma fecha que Aureliano consagró en 274 al Natalis Sol Invicti, fecha que también era celebrada por los mitraistas, que no dejaban de ser un culto solar particular.
Trascendente fue también el cambio del sábado al domingo como «día del Señor», lo que se explica al renunciar al calendario lunar semita y adoptar el solar en que el domingo (día del sol = Sunday en inglés, Sonntag en alemán) da comienzo a la semana.
También hubo influencia mitraica directa en los rituales comunitarios, es de resaltar la afinidad entre el ritual de consagración mitraica y los sacramentos cristianos del bautizo, comunión y confirmación, sacramentos que entre ellos no serán autónomos hasta el siglo XI. Según expresión de Santo Tomás de Aquino el bautizado se convierte en «soldado de Cristo» lo que nos recuerda claramente a la idea al adepto como miembro de la «milicia de Mitra», y en la comunión se da la idea espiritual de «luchar contra los enemigos de la fe», en el mismo sentido del culto mitraico.
Por otro lado resulta llamativo que los cristianos conservaran el nombre de pater para sus sacerdotes y que los obispos sigan llevando un gorro que recibe el nombre de mitra. No lo es menos la imagen del Arcángel San Miguel con la espada en la mano para matar al dragón que puede recordarnos a la imagen de Mitra, puñal en mano matando al toro; en ambos casos estaríamos ante la imagen de «la lucha victoriosa de una figura trascendente contra una bestia que primero es domada y luego sacrificada» (39).
Otra influencia irania y zoroástrica, aunque no es definitivo que sea también mitraica, es la adoración de los Reyes Magos. Herodoto define a los « magos» como una casta sacerdotal irania que ejercía su función primero entre los medas y luego entre los persas. Los regalos que le llevan tienen un claro simbolismo tradicional: el oro siempre ha sido símbolo del sol y, en consecuencia de la realeza, que es la representación en la tierra de lo que el sol es en el sistema solar, precisamente Melchor regala oro por tratarse de un rey, Gaspar incienso por ser un dios y Baltasar mirra por ser un hombre. Siguiendo con los Magos que visitan a Jesucristo recién nacido es obligatorio referirse a los cambios iconográficos que ha hecho la iglesia en su iconografía, mucho han variado desde la representación de los mosaicos de Rávena a la actualidad, en un primer momento son hombres de una misma edad e igualmente de raza blanca, es en el siglo XV cuando Petrus Natalibus establece arbitrariamente que Melchor tiene 60 años, Gaspar 40, y Baltasar 20. Durante la Edad media habían incorporado una iconografía alquímica, representando -por los atributos-cada uno de ellos una de las fases alquímicas: blanco/Melchor-rojo/Gaspar-negro/Baltasar/África, es desde esa fecha cuando se representa a Baltasar como un hombre «negro», en este caso nos negamos a decir: como un hombre «subsahariano».
¿Fue posible la supervivencia?
Es lógico pensar que una ley no fue suficiente para terminar de un plumazo con un culto tan extendido y con un gran número de adeptos cual fue el mitraísmo. Hay restos y testimonios dispersos que infieren la existencia de núcleos de resistencia mitraísta en el siglo V. En el siglo XX las obras de inspiración tradicional y evoliana se encargan de buscar restos aún vivos de tradiciones europeas precristianas, especialmente de la continuidad de la tradición romana y de pervivencias mitraicas. Así la revista Mos maiorum en un número de 1996(40) llega a afirmar que «el culto mistérico de Mitra, a consecuencia de la hostilidad del Estado, desaparece de la superficie de la historia, conservándose en una tradición oculta y operando invisiblemente sobre las grandes corrientes de la historia occidental. El resurgir de la sacralidad del Imperium en la tradición gibelina medieval, el trasfondo iniciático de los poemas épicos y caballerescos de la Edad Media, los vestigios de la tradición hermética hasta el Renacimiento y el renacimiento espiritual evidenciados en tiempos mucho más recientes, testimonian en modo vivo y concreto la continuidad de la fuerza de la herencia sapiencial pagana en Occidente».
También en Oriente se atestiguan presencia mitraica en épocas muy posteriores. En la tradición épica de Armenia hasta el siglo XIX se hace referencia a un gigante de nombre Mehr, cuya descripción y función nos recuerda llamativamente a la del dios Mitra.
Varios estudiosos - entre ellos Mircea Eliade (41) y Ellemire Zolla(42)- han dado certezas de la continuidad del culto zoroástrico en Irán hasta, por lo menos, los años 70 del siglo XX . En este sentido conocido es el hecho de que en 1.964, Mary Boyce visitó una serie de pueblos y aldeas iraníes en los que pervivía la fe en Zaratustra, constatando que veneraban a un dios-héroe llamado Mihr, con enormes paralelismos con Mitra. No se sabe cuál es actualmente la situación de estos parsis bajo el régimen integrista de Teherán. Nos tememos que están atravesando tiempos difíciles que amenazan la perpetuación de su religión, mantenida durante milenios.
También conocida es la comunidad parsi de Bombay, es el mismo E. Zolla quien en su libro Aure nos narra su encuentro con un adepto al mitraismo de esta comunidad, que le habla-desde el conocimiento operativo- de los ritos de la llamada «Cámara del Consejo» en el palacio de Darío, así como del poder y la efectividad de la misteriosa secuencia vocálica («mántrica» podríamos decir) del Ritual Mitraico del Gran Papiro Mágico de París(43), que incluye técnicas sobre el dominio de las corrientes de la respiración -cálida y fría - que es necesario armonizar , en mismo modo a cómo las técnicas yóguicas lo determinan .
No quisiéramos cerrar este apartado sin hacer mención de una curiosa e interesante entrevista(44) aparecida en el número 4- solsticio de verano 1994 de la revista belga Antaios , número titulado precisamente «Mysteria Mithrae», el entrevistado, se identifica con el nombre de Corax (el cuervo) primer grado de iniciación mitraica, y se define a sí mismo como «joven universitario europeo, me definiría a riesgo de pasar por un provocador , como un seguidor de Mitra, un fiel del Sol Invictus, en la línea espiritual de Akenatón, y del emperador Juliano llamado el Apóstata. Al igual que ellos, mi toma de conciencia solar fue resultado del reencuentro con una tradición y una búsqueda personal», si bien deja claro que «No pretendemos en absoluto, contrariamente a ciertos druidas modernos, ninguna filiación iniciática (aunque hayamos buscado durante años en vano esos "testigos")».
Más allá de supervivencias reales, imaginadas o deseadas hemos querido dar las claves del culto mitraico que no hace más que repetir el mundo de valores indoeuropeos. Si pretendemos un verdadero enderezamiento espiritual tendremos necesariamente que recuperarlos y remitirnos a ellos, sea cual sea la forma religiosa exterior que los englobe.
Enrique Ravello
Notas
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1 J. Evola, «La via della realizzazione di sé secondo i Misteri di Mitra»(1926) en La via della realizzazione di sé secondo i misteri di Mitra (recop). Quaderni di Testi Evoliani, nº 4. Fundazione Julius Evola . Roma, p.5.
2 J Varenne, Zoroastro. El profeta del Avesta. Ed Edaf, Madrid 1989, p,23.
3 Ibídem, p, 56.
4 A. Coomaraswamy, El Vedanta y la tradición occidental.
Ed. Siruela, Madrid 2001, p, 269.
5 Cfr: G Bonfante, «The Name of Mitra» en Etudes mitrhriaques (= Acta Iranica,17)-Teherán-Lieja,1978.p.47 y ss.
6 Sobre la realidad de la mitología romana como manifestación de la ideología indoeuropea, v. G Dumézil, Iupiter, Mars, Quirinus. Essai sur la conception indoeuropéene de la Societé et sur les origines de Rome, París 1944, y La religion romaine archaïque. París 1966.
7 S. Arcella I Misteridel Sole. Ed Controcorrente, Nápoles 2002, p.26.
8 S.S Hakim, «I misteri di Mitra visti da un zoroastriano», en Conoscenza religiosa I 1976.
9 Ibídem, p.87.
10 A. Loisy; Los misterios paganos y el misterio cristiano. Ed Paidos Oriental, Barcelona 1990,p.119.
11 F. Cumont , Las religiones orientales y el paganismo romano. Ed. Akal universitaria. Madrid 1987 p.129.
12 Ibídem, p. 121.
13 J. Evola, «Note sui Misteridi Mithra» en op.cit. (recop) p.18.
14 David Ulansey, profesor de Filosofía y Religión en el Californian Institute of Integral Studies.
15 D. Ulansey, The Origins of the Mithraic Mysteries. Cosmology & Salvation in the Ancient World. Ed Oxford University Press. Nueva York 1989.
16 R. Turcan, op.cit, p.103.
17 Eliade, M y Couliano, I. P, Diccionario de las religiones. Circulo de lectores. Ed. Paidós, Barcelona 1997.
18 A. Loisy: op, cit, p.129
19 T. Ossana, La stretta di mano. Il contenuto etico della Religione di Mitra. Ed Borla, Nápoles 1988.
20 S. Arcella , I Misterio del Sole. Ed. Controcorrente, Nápoles2002,p.119.
21 R.Turcan, Mithra et le Mithriacisme .Ed. Les Belles Lettres . París 2000, p.119
22 R. Turcan.op.cit,p.90.
23 S. Arcella, op.cit,p.134.
24 A. Loisy, op.cit, p.129-135.
25 J. Evola,op.cit, p.5
26 S. Arcella,op.cit,p.102
27 J. Evola ,op.cit, p.7
28 J Evola «Note sui Misteri di Mithra » (1950).op.cit (recop) p.19.
29 J Evola ,«La via della realizzazione di sé secondo i Misteri di Mitra» (1926).Recogido en op. cit (recop.) Fundazione Julius Evola. Roma.p.7
30 F. Cumont, Le religione orientali nel paganesimo romano, Bari 1967, p.183 y Les mystéres de Mitra, Bruselas 1919, p.141.
31 Técnicas autocurativas japonesas como el reiki o el katsugen se basan principalmente en esto.
32 Cfr: R. Prati en la traducción al italiano de los escritos de Juliano Imperador con el título: Sugli dei e sugli uomini.
33 J. Evola «Giuliano Imperatore» (1932) en op.cit. (recop.) p.15.
34 R. Turcan ,op. cit, pp.41-43
35 S. Arcella .«I collegi mithraici nella Roma imperiale», en Arthos nº 9 (nueva serie) , 2001.
36 A. García y Bellido. Les religiones orientales dan l Éspagne romaine. Leiden1967, p.21.
37 Cfr JL Jiménez y M. Martín- Bueno, La casa del Mithra, Capra-Córdoba. Ilmo.Ayto de Cabra 1992.
38 Mª Antonia de Francisco Casado, El culto de Mitra en Hispania. Ed Universidad de Granada. Granada 1989. p.64.
39 S. Arcella, op.cit p. 211.
40 Mos maiorum, Revista trimestrale di Studi tradizionali. Año II, nº4,1996,pp.34.
41 M. Eliade, Storia, pp.338-344.
42 E. Zolla, Il Signore delle grotte, pp.64 y ss.
43 Para un mayor conocimiento sobre la realidad, potencialidad y operatividad del Gran Papiro Mágico de París, cfr: «Apathanatismos. Rituale Mithraico del Gran Papiro Magico di Parigi» en , Grupo UR, Introduzione alla Magia . Vol I . Ed Mediterranee, Roma 1971.pp.114-139.
44 «Corax, entretien avec un adepte du culte socaire» en Antaios nº4, solsticio de verano de 1994, Bruselas.
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mercredi, 13 juillet 2011
La religions des Seigneurs
La religion des Seigneurs
par Willy Fréson
Éric Stemmelen, La religion des seigneurs – Histoire de l’essor du christianisme entre le Ier et le VIe siècle, éd. Michalon, Paris, 2010. € 22.
En affirmant à la fois l’unicité et l’intelligibilité du cosmos, puis en l’investiguant par la libre réflexion appuyée sur l’observation et l’expérimentation, les Grecs de l’antiquité avaient fait accomplir à la pensée un véritable saut quantique. Sur ce plan, aucune civilisation ne fut jamais comparable – la nôtre, immergée dans son ébriété marchande et technicienne, n’étant que l’héri- tière bâtarde et improbable du « miracle grec ». Cette performance unique fut au fondement de la culture dite « gréco-romaine », dont le cadre politique fut, durant des siècles, l’œuvre tenace d’un autre peuple de génie, l’Empire romain que Nietzsche considérait comme « la forme d’organisation la plus grandiose jamais atteinte jusque-là, et en comparaison de quoi tout ce qui précède, tout ce qui suit, n’est qu’ébauche, amateurisme, dilettantisme » (L’Antéchrist, § 58).
L’ouvrage d’Éric Stemmelen dont il est ici question aborde un épisode absolument crucial de notre histoire puisqu’il ne s’agit de rien de moins que de comprendre comment une secte juive dissidente a pu en arriver à conditionner toute la destinée future de l’Europe et du monde en s’emparant du pouvoir dans l’Empire romain et en détruisant de l’intérieur une civilisation millénaire. Car, proclamait déjà le philosophe au marteau, « le christianisme a été le vampire de l’imperium Romanum, il a défait du jour au lendemain ce que les Romains avaient fait de prodigieux, défricher le sol où édifier une grande civilisation qui avait le temps pour elle » (ibidem). L’auteur constate que le phénomène est traditionnellement étudié dans sa dimension idéologique et, donc, à partir des témoignages chrétiens. Il choisit, quant à lui, de privilégier une démarche différente : elle consiste à délaisser le roman fantastique tramé par ces sources « internes » pour envisager résolument le processus du dehors, en le replaçant « dans les évolutions politiques, économiques, sociales du monde romain » (p. 10).
Stemmelen commence par faire un sort au mythe de l’irrésistible ascension du christianisme, censé culminer avec la conversion de l’usurpateur Constantin (306-337). Et en effet, comme ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’histoire, on ne s’étonnera pas que, jusqu’à nos jours, l’historiographie traditionnelle soit imprégnée d’une vision plutôt conforme aux vœux de l’Église : le surnom de « Grand » conféré à Constantin est, en ce sens, révélateur. Depuis le triomphe de cette dernière, le christianisation est en effet présentée comme un processus irrésistible, nécessaire et bénéfique, s’inscrivant dans le « sens providentiel de l’histoire » et venant parachever le cycle civilisateur du progrès humain. Le récit se résume à la geste héroïque et vertueuse d’une communauté militante vouée au bien-être et au salut de l’humanité souffrante, à l’éloge des qualités intellectuelles et éminemment morales du message véhiculé par les évangiles (τὸεὐαγγέλιον : la « bonne » nouvelle) et, last but not least, à l’évocation des sanglantes persécutions prétendument orchestrées par un pouvoir romain buté dans son pathétique attachement aux traditions « païennes ». Ainsi, en 1939, l’historien et académicien Jérôme Carcopino, parlant de la chrétienté, écrit sans rire : « Évidemment sa croissance souterraine a progressé avec une étonnante rapidité ; … La religion des Juifs avait exercé son attrait sur nombre de Romains séduits par la grandeur de son monothéisme et la beauté du Décalogue. Celle des Chrétiens qui rayonnait des mêmes lumières, mais qui, de plus, divulguait un splendide message de rédemption et de fraternité, ne tarda pas à y substituer son propre prosélytisme » (La vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire, p. 163). Dans cette vision, le monde romain était déjà largement et spontanément converti dès le IIIe siècle. Le ralliement de Constantin au parti chrétien et sa conversion apparaissent dès lors comme l’achèvement d’un processus et non comme un « basculement ». C’est ce qu’écrit, par exemple, le cardinal Daniélou dans sa Nouvelle histoire de l’Église (1963) : « Au début du IVe siècle, les forces vives de l’empire étaient en grande partie chrétiennes. … En dégageant l’empire de ses liens avec le paganisme, Constantin ne sera pas un révolutionnaire. Il ne fera que reconnaître en droit une situation déjà réalisée dans les faits ».
Or, les résultats les plus récents de la recherche infirment cette sentence, et c’est sur eux que s’appuie la thèse de Stemmelen. Il faut surtout signaler les travaux de Robin Lane Fox et d’Alan Cameron aux États-Unis, de même que ceux de Pierre Chuvin et de Claude Lepelley en France. Ils apportent un sérieux bémol à cette vulgate de l’histoire chrétienne. En bonne méthode critique, ces auteurs sont retournés aux sources pour constater que la dite vulgate n’a guère d’autres fondements que les écrits, partisans et polémiques, des auteurs chrétiens eux-mêmes. En fait, de nombreux témoignages montrent que jusqu’en plein IVe siècle, les cultes traditionnels – « païens » – gardent toute leur vigueur ; à l’inverse, jusque vers le milieu du IIIe siècle, le corpus des textes non chrétiens ne comporte que très peu de témoignages de l’existence du christianisme, sans parler de l’authenticité douteuse de certains d’entre eux. Il en va de même des données épigraphiques, papyrologiques et archéologiques dont l’importance ne devient vraiment significative qu’à l’approche du IVe siècle. Si ce constat pose un rude problème méthodologique du fait que les affirmations de l’apologétique chrétienne – déjà suspectes en soi – ne peuvent guère être contrôlées par des recoupements externes, il laisse en tout cas soupçonner que la secte chrétienne a plus ou moins végété durant deux bons siècles, sinon dans le mépris, du moins dans la quasi indifférence générale, perdue qu’elle était dans le foisonnement des religions et des doctrines philosophiques d’un monde polythéiste et donc « pluraliste » par nature. Ce soupçon devient conviction lorsque l’on considère la faiblesse numérique des chrétiens avant et longtemps encore après leur prise du pouvoir : selon des estimations plausibles – car fondées sur des documents peu nombreux, certes, mais néanmoins révélateurs –, à la fin du IIe siècle, ils ne représentaient qu’à peine 2 % des habitants de l’Empire, et, au début du IVe, pas plus de 4 ou 5 %. Encore faut-il tenir compte des disparités régionales inhérentes à l’immensité de l’Empire : dans les provinces européennes, hormis Rome et quelques villes importantes, on tombe à 1 ou 2 %. Quant à l’Égypte, riche de sa documentation papyrologique et tenue pour l’un des premiers gros bastions du christianisme, elle ne devait compter tout au plus que 20 % de convertis à la même époque. On est loin de l’irrésistible et rapide conversion des masses décrite par les historiens conformes ! Et pour ce qui est des trop fameuses « persécutions », soit dit en passant, elles relèvent, pour l’essentiel, de fictions propagandistes chrétiennes : jusqu’au milieu du IIIe siècle et surtout jusqu’aux mesures bien trop tardives de Dioclétien (284-305), le pouvoir romain ne se préoccupa guère d’une secte si peu importante – de minimis non curat praetor –, et les actions antichrétiennes se résumèrent à des faits anecdotiques locaux, plutôt rares et aux effets limités.
Ce constat entraîne une conséquence capitale : le ralliement de Constantin ne peut plus être considéré comme l’aboutissement inévitable d’une christianisation avancée de l’Empire, mais bien comme un coup de force révolutionnaire qui imposa, en peu de temps, la dictature du parti de « Dieu ». Ceci apparaît d’autant plus clairement que, par ailleurs, la « question constantinienne » semble désormais tranchée. Elle s’était longtemps posée aux historiens qui s’interrogeaient sur la date de la conversion de Constantin : était-ce en 312, après sa fameuse vision et sa victoire décisive sur Maxence au pont Milvius, ou plus tard, en 326, après les meurtres de son propre fils Crispus et de sa seconde épouse Fausta, ou encore en 337, sur son lit de mort, lorsqu’il reçut enfin le baptême (une astuce d’époque, pour se faire pardonner jusqu’au dernier de ses innombrables péchés) ? On a maintenant de bonnes raisons pour fixer l’événement en 312 et pour rechercher sa cause du côté des nécessités politiques bien plus que des convictions religieuses.
La grande crise du IIIe siècle, avec ses usurpations, ses sécessions et ses guerres civiles, avait en effet gravement ébranlé l’image impériale. Pour la restaurer, les « empereurs soldats » avaient recouru à un stratagème idéologique qui consistait à se poser comme les représentants sur terre d’un dieu suprême. Aurélien s’était ainsi voué à Sol Invictus, tout comme les tétrarques Dioclétien et Maximien respectivement à Jupiter et à Hercule, ce qui leur conférait une légitimité d’essence divine, censée disqualifier les usurpateurs. Or, précisément, Constantin était un usurpateur qui, en 306, n’avait pas reculé devant un coup d’État et devant une guerre civile pour s’assurer de la succession de son père, Constance Chlore, au détriment des règles constitutionnelles de la Tétrarchie nouvellement instaurée par Dioclétien. Confrontés à des adversaires qui s’appuyaient sur les cultes encore vivaces des divinités traditionnelles de l’Empire, il s’était d’abord tourné vers les figures tutélaires d’Apollon et de Sol Invictus avant de sauter un pas décisif en adoptant, pour mobiliser ses troupes, une divinité d’un tout autre genre et en misant sur l’appui d’un mouvement religieux très minoritaire, certes, mais disposant d’atouts idéologiques indiscutables, et solidement organisé par des activistes passés maîtres dans l’art de l’agit-prop. Depuis longtemps, en effet, malgré son penchant affiché pour les misérables, l’ecclésia chrétienne avait réussi à gagner de l’influence auprès de certains éléments des couches aisées voire fortunées de la société, sans doute séduits par l’aplomb d’une doctrine qui non seulement prétendait donner réponse catégorique à toutes les interrogations existentielles, mais encore synthétisait des idées familières véhiculées autant par les gnoses et mystères orientaux que par une certaine philosophie grecque (dualisme, monothéisme, universalisme, eschatologie, sotériologie). Ce sont ces milieux qui avaient fourni le financement et les cadres éduqués indispensables à la propagande et à la crédibilité du mouvement au plus haut niveau. Ainsi, l’Africain Tertullien (entre 160 et 225) tout comme Minucius Felix, son quasi-contemporain, étaient des avocats des plus aisés, l’un à Carthage, l’autre à Rome, et nombreux étaient les évêques issus de familles très riches, tel Cyprien à Carthage (200-258).
C’est ainsi que l’on peut établir une conjonction entre les besoins de la politique et l’offre idéologique de l’époque : pour assurer son coup de force politique, Constantin fit le pari d’une nouvelle légitimité reposant sur une formule simple, démagogique et à l’efficacité prometteuse. L’analyse ne peut toutefois s’arrêter en si bon chemin car, ce faisant, l’usurpateur prenait le risque de se mettre à dos l’écrasante majorité des habitants de l’Empire. Comment, dès lors, expliquer son calcul ? Stemmelen, comme il l’a annoncé dans son prologue, procède alors à une approche « externe » des faits et vise à démontrer que le succès durable de Constantin tint au soutien décisif de la classe dominante des grands propriétaires, elle-même déjà largement gagnée par le christianisme.
Si l’on admet les aspects les moins contestables de la pensée de Marx, il faut ici rappeler que toute société se construit autour de trois contraintes qui sont l’exploitation économique, la domination politique et l’hégémonie idéologique. Selon le sociologue Robert Fossaert (La société. I : Une théorie générale, 1977), « l’instance économique tend à représenter l’ensemble des pratiques et des structures sociales relatives à la production de la vie matérielle de la société. Le concept central à partir duquel elle s’organise est celui de mode de production. L’instance politique tend à représenter l’ensemble des pratiques et des structures sociales relatives à l’organisation de la vie sociale. Le concept central à partir duquel et autour duquel elle s’organise est celui de l’État ». Quant à l’instance idéologique, elle se définit de la façon la plus large « comme l’analyse de l’ensemble des pratiques par lesquelles et des structures dans lesquelles les hommes-en-société se représentent le monde où ils vivent ». Si l’on transpose ces considérations au cas historique qui nous préoccupe, on voit que sa victoire de 312 assura à Constantin la mainmise sur l’appareil d’État romain (il liquidera Licinius, son corégent et beau-frère, en 325), laquelle conditionna la mise en place de l’hégémonie idéologique de l’Église et du parti chrétiens. Or, le caractère durable et, en fait, définitif de cette révolution induit nécessairement que des éléments dominants de la société étaient partie prenante dans l’opération car, comme le rappelle Stemmelen, « aucun régime politique ne peut gouverner contre la classe qui détient le pouvoir économique » (p. 110). Ce point constitue le noyau de la thèse développée par l’auteur, et il le résume comme suit (pp. 271-72) :
« Au IIe siècle, l’économie romaine est entrée dans un nouveau mode de production, fondé sur la propriété latifundiaire et sur le colonat, qui s’est substitué à l’esclavage traditionnel, en particulier en Orient et en Afrique. Il consiste à faire exploiter de très grands domaines agricoles par des paysans, dénommés « colons » [coloni], qui, bien que « libres » et non pas esclaves, doivent demeurer attachés à la terre qu’ils travaillent, pour le compte et au bénéfice d’un richissime propriétaire. Pour que ce système fonctionne, il est nécessaire que ces paysans se soumettent à l’autorité des grands propriétaires fonciers, qu’ils acceptent de travailler pour le compte d’autrui alors que leur statut d’hommes libres ne les y oblige pas, contrairement aux esclaves, et enfin qu’ils fondent une famille et qu’ils assurent une descendance afin que perdure l’exploitation. Or, dans un monde aux mœurs plutôt relâchées, où règne une certaine oisiveté (le travail et la soumission étant réservés aux esclaves), rien n’incite des hommes libres à se plier à de telles contraintes. La religion chrétienne va fournir aux propriétaires l’instrument idéologique adéquat car elle est la seule à promouvoir avec force les valeurs d’autorité, de travail et de famille. Sa vision très particulière de la sexualité, réduite à sa fonction reproductrice, s’oppose radicalement aux mœurs antiques. Les nouveaux seigneurs fonciers vont donc favoriser l’essor de cette secte très minoritaire et utiliser ses cadres, les évêques, d’abord pour asseoir leur tutelle sur les coloni, ensuite pour s’emparer du pouvoir politique, ceci aux dépens de l’ancienne classe dominante esclavagiste représentée par l’ordre sénatorial. La création d’un empire chrétien s’ensuivra, avec la mise en place, au IVe siècle, d’un régime dictatorial, entièrement voué à la puissance et à l’enrichissement des seigneurs, et qui procèdera à une christianisation forcée. »
Dans son principe, cette thèse est séduisante en ceci qu’elle tente d’expliquer le triomphe de l’Église chrétienne non plus par de simples considérations idéologiques (les « vertus » intrinsèques du discours chrétien) mais, plus largement et plus fondamentalement, par des arguments d’ordre politique, économique et social. À la suite des profondes mutations subies par l’Empire romain durant le IIIe siècle,elle décrit, en fait, l’émergence d’un ordre nouveau totalitaire où, au travers d’une stricte hiérarchie de « seigneurs » (domini ; plus tard, en latin ecclésiastique, seniores), se conjuguent de manière saisissante les rets de l’exploitation économique, de la domination politique et de l’hégémonie idéologique. De haut en bas, on a ainsi le Dominus céleste – créateur et principe de l’univers –, puis le dominus terrestre – l’empereur, jadis simple princeps et désormais maître du monde par la grâce divine –, et enfin, de multiples domini locaux – grands propriétaires, soutiens et bénéficiaires ultimes du système tout autant qu’incarnation de celui-ci auprès du commun des mortels.
La démonstration, pourtant, ne laisse pas de susciter quelques objections. On ne peut, en effet, que s’étonner de voir l’auteur reprendre une affirmation du juriste italien Aldo Schiavone disant que « la crise de l’esclavage romain s’accompagne, à partir des débuts du troisième siècle après J.-C., de l’effondrement de tout le système économique de l’empire » (p. 30). Ce point de vue catastrophiste, fondé surtout sur les textes et partagé naguère par nombre de spécialistes, est aujourd’hui dépassé. Les recherches récentes des archéologues dessinent au contraire une image nettement plus favorable de la situation économique de l’Empire durant ce siècle troublé ; elles présentent, en outre, un tableau très différencié suivant les périodes et les régions. Par exemple, on sait maintenant que, si l’Afrique a connu alors un véritable « boom » économique, ce ne fut pas au détriment d’autres provinces et encore moins à celui de l’Italie, prétendument en complète régression : simplement, les acteurs économiques, les réseaux d’échanges et les centres de gravité ont évolué avec le temps. En particulier, les conséquences du déclin de la main d’œuvre servile ont été exagérées. Elle a surtout touché l’Italie, où les esclaves avaient été très nombreux à la suite des conquêtes de la République ; mais le processus s’était amorcé dès le Ier siècle de notre ère et, dans le monde rural, ses effets avaient été absorbés depuis, grâce aux restructurations rendues possibles par la persistance d’une nombreuse paysannerie libre, en Italie comme dans les provinces. Ceci dit, le nombre des esclaves restait tout de même non négligeable, ce qui, d’ailleurs, ne heurtait en rien les idéologues chrétiens. Dans ces conditions, on ne peut affirmer, sans plus, que « le colonat s’est substitué à l’esclavage traditionnel » et que « les nouveaux seigneurs fonciers » se sont établis « aux dépens de l’ancienne classe dominante esclavagiste représentée par l’ordre sénatorial ». La réalité fut plus complexe, sans aucun doute, mais, vu le caractère limité de nos sources, elle se laisse difficilement appréhender.
Le problème du colonat illustre bien cet état de choses. Le colon était un paysan libre qui, contre redevance, recevait le droit de cultiver une parcelle de terre agricole. Ce genre de bail à métayage était courant sur les grands domaines (praedia) privés ou publics du monde romain. Sous l’Empire tardif, les textes législatifs révèlent une apparente dégradation de la condition des colons. Ces derniers, ainsi que leurs descendants, sont désormais impérativement liés (adscripti) à leur « lieu d’origine » (origo), c’est-à-dire à la terre qu’ils cultivent. Ceci est apparu comme une préfiguration du servage médiéval, et, longtemps, on a cru y voir une mesure destinée à remédier à la défaillance de l’économie esclavagiste. En réalité, l’obligation de rester sur sa terre d’origine est une conséquence de la grande réforme fiscale promulguée par Dioclétien en 287. À cette occasion fut introduit le système de l’impôt par répartition qui consistait à attribuer à chaque unité fiscale, du haut en bas de la hiérarchie administrative, un certain nombre de parts (capita) de la charge globale. Les grands domaines fonciers comptèrent de la sorte parmi les unités de base, et, afin de soulager les agents du fisc, leurs propriétaires, les domini, eurent chacun pour tâche de répartir et de percevoir l’impôt (capitatio) dans leur domaine propre – ce qui n’était sans doute que la systématisation d’un pragmatisme bien antérieur. Aussi est-ce pour assurer la pérennité du rendement fiscal que les colons furent légalement adscrits à la terre. Ceux-ci restaient donc libres car l’obligation à laquelle ils étaient assujettis était de droit public et non privé : autrement dit, la loi visait à garantir l’intérêt de l’État – i. e. la rentrée de l’impôt – et non celui des propriétaires fonciers qui, de leur côté, bien sûr, cherchaient à maintenir leurs baux. Cependant, si la législation visait, au départ, à protéger les colons, elle ouvrait indéniablement la portes aux pires abus en déléguant aux domini non seulement la collecte de la capitation mais aussi le contrôle de l’obligation faite aux colons de rester en place. À la longue, évidemment, au gré des défaillances de l’État, le pouvoir de ces « seigneurs » finit par rompre l’équilibre et par détourner à son profit ce fragile cadre juridique.
Dans un monde où l’agriculture représentait encore la part majeure de l’économie, les grands propriétaires fonciers étaient, sans conteste, les principaux détenteurs des moyens de production, d’autant qu’ils étaient aussi impliqués dans les échanges commerciaux. Sous l’Empire tardif, ils formèrent une classe particulièrement opulente et puissante, en Orient et, plus encore, en Occident. On ne saurait dire, toutefois, qu’elle s’est constituée, par la grâce du colonat, en opposition à l’ancien ordre sénatorial « esclavagiste ». Elle est, en fait, le résultat des évolutions politiques, sociales et économiques des trois premiers siècles de l’Empire qui ont vu l’ancienne aristocratie italienne s’ouvrir peu à peu aux élites provinciales puis aux parvenus de toute sorte, alors même que l’économie agraire se restructurait diversement suivant les régions, en privilégiant d’autres modes de production que l’esclavagisme. Nonobstant, ce correctif mis à part, il est tout à fait plausible qu’une partie au moins de la classe des « seigneurs » ait joué un rôle actif et intéressé dans la promotion d’un christianisme promouvant si opportunément les valeurs « d’au- torité, de travail et de famille » ; de nombreux signes montrent, en tout cas, que cette classe s’est largement ralliée au camp de Constantin puis de ses fils à partir de la victoire décisive du premier en 312, réalisant ainsi le « basculement » évoqué par Stemmelen.
Reste, maintenant, un point essentiel. De ce qui a été dit jusqu’ici, on peut conclure que l’ébranlement de l’Empire, au IIIe siècle, n’est pas, dans son essence, assimilable à une crise économique majeure – et encore moins à un « effondrement » –, comme le conçoit Stemmelen à la suite de toute une tradition historiographique marquée du plus typique des réductionnismes « modernes », à savoir l’économisme (« réduction à l’économie des finalités sociales et des buts du politique »). S’il en avait été ainsi, jamais l’Empire n’eût pu y survivre comme il le fit. La crise, bien réelle en tout état de cause, fut plutôt la conséquence d’un collapsus politique induit par une impasse géopolitique. Les effets de cette dernière, un temps maîtrisés, finiront par mener, au Ve siècle, à l’effondrement militaire et politique de l’Empire romain en Occident.
Depuis ses origines, en effet, le système impérial souffrait d’une contradiction majeure car, pour le faire accepter au terme de sanglantes guerres civiles qui avaient abattu le pouvoir du Sénat, Auguste, le premier empereur, avait dissimulé les réalités de la nouvelle monarchie militaire en perpétuant le décorum des institutions républicaines. On était donc toujours officiellement en République et le Sénat gardait, au moins nominalement, un certain nombre de prérogatives, dont la désignation de l’empereur, présenté comme le princeps, « le premier des sénateurs » (d’où le nom de « principat » donné au régime). Or, malgré l’opposition larvée de l’ordre sénatorial, les réalités ultimes du pouvoir se trouvaient maintenant de facto aux mains de l’armée (perpétuant l’idée du peuple romain en armes), sans qu’aucun principe constitutionnel ne vînt clairement définir les modalités de la succession impériale.
Par ailleurs, la République, régime oligarchique d’assemblée – par nature méfiant à l’égard des grands commandements affectés à de grandes entreprises –, n’avait jamais élaboré de concept stratégique autre qu’empirique et s’en tint toujours à quelques principes, dont le plus constant consista à ne dépasser sous aucun prétexte l’écosystème du bassin méditerranéen, berceau de la civilisation et base du système international dans lequel se déployait la politique romaine. Le Sénat crut possible, en effet, de se réserver « la part utile » du monde, quitte à abandonner le reste à son sort, faisant sur ce point essentiel bon marché des pesanteurs de la géopolitique et transposant à l’échelle de l’œkoumène un comportement de propriétaire terrien typique de l’aristocratie romaine. Ce fut le génie novateur de César qui, au temps de la révolution romaine, amena la rupture avec cette posture restrictive en concevant une authentique « grande stratégie » accordée à la vision d’un empire universel. Le nouveau concept tirait les conséquences de la situation très particulière et aussi très préoccupante de l’empire républicain, lequel, bordant presque tout le pourtour de la Méditerranée, se présentait comme une île inversée, avec ses côtes tournées vers l’intérieur et ses territoires déployés en arc de cercle, ouverts aux profondeurs continentales. La vulnérabilité de ces frontières interminables s’étant brutalement révélée lors de l’invasion cimbrique qui avait frappé l’Italie et les provinces depuis la péninsule balkanique jusqu’à l’Espagne (113-101), l’objectif de César fut alors d’annuler ces frontières en portant les limites de l’empire jusqu’aux rivages de l’océan. La fameuse « guerre des Gaules » (58-51) fut l’amorce de cette « grande stratégie » qui, d’emblée, s’orienta vers l’Europe, hinterland de l’Italie. La mort du « dictateur » empêcha la réalisation d’un plan qu’il prévoyait de poursuivre depuis la Caspienne jusqu’à l’Atlantique. Le projet fut cependant repris par son petit neveu, Auguste, le premier empereur, qui, après avoir plus clairement encore donné la priorité stratégique à l’Europe plutôt qu’à l’Orient, poussa jusqu’à la Baltique, la Bohême et le bassin des Carpates. L’échec final de ce projet perspicace – dû plus à des raisons de politique intérieure qu’aux difficultés rencontrées (révoltes germaniques et illyriennes) – et le repli sur le Rhin et le Danube ordonné par Tibère, son successeur, constituèrent le tournant décisif de toute l’histoire stratégique romaine, car c’est sur ce front, entre mer du Nord et mer Noire, qu’allait se décider le destin de l’Empire et, par suite, de l’Europe. Cette décision, qui devait se révéler définitive, eut une double conséquence : d’une part, elle entraîna le retour, sur un mode élargi, à l’empire méditerranéen, caractérisé par un manque de profondeur stratégique sur le théâtre européen, et, d’autre part, elle redonna, par contrecoup et comme sous la République, la priorité à l’Orient et à ses mirages. Ce choix équivalait à une faute géopolitique capitale dont, aujourd’hui encore, la portée historique semble échapper autant aux historiens qu’à Stemmelen, qui écrit benoîtement que « Julien, comme bien avant lui Trajan ou Septime Sévère, avait compris que l’Orient pourrait redonner à l’empire romain une raison d’être et une identité collective » (p. 163).
Aussi, s’il n’y eut manifestement pas progression linéaire mais basculement du monde traditionnel vers l’ordre nouveau, la raison première en fut, selon toute apparence, la conjonction fatale entre les fragilités internes du régime impérial et une configuration géopolitique au plus haut point défavorable. La crise, déjà latente depuis la fin du IIe siècle, atteint son maximum au cours du IIIe, surtout durant les cinquante années qui s’écoulent de l’assassinat d’Alexandre Sévère (235) à la proclamation de Dioclétien (284). L’Empire est alors confronté à des attaques de grande ampleur simultanément sur plusieurs fronts. À l’est, sur le plateau iranien, la dynastie parthe déclinante cède la place à celle, beaucoup plus agressive, des Sassanides, lesquels se réclament de l’héritage des Achéménides, jadis vaincus par Alexandre le Grand ; en clair, ils revendiquent tout l’Orient romain et percent les défenses de celui-ci jusqu’à la Méditerranée. Au sud, les nomades du désert africain multiplient les razzias. Enfin, les peuples germaniques et leurs alliés s’ébranlent sur un front allant de la mer du Nord à la mer Noire, et lancent une multitudes de raids sans cesse renouvelés sur les provinces européennes de l’Empire : bientôt l’Espagne, l’Italie, la Grèce et même l’Asie Mineure sont touchées. La profonde dénivellation culturelle séparant l’Europe romaine des « Barbares » avait été l’occasion pour ces derniers de se mettre à l’école de la civilisation romaine, tout comme il l’avaient fait, jadis, à celle des Celtes laténiens. L’archéologie révèle aujourd’hui l’ampleur des influences exercées par Rome sur ses voisins du Nord – à travers une diplomatie active, un commerce téléguidé, un recrutement assidu de mercenaires et un transfert étonnant de richesses et de technologies. Le résultat fut une militarisation et une organisation croissante des sociétés germaniques, dont les liens gentilices furent de plus en plus doublés par des structures politico-guerrières héritées des Celtes d’Europe centrale et perfectionnées au contact de la machinerie militaire romaine, celles des comitatus (all. Gefolgschaften) vouant, par serment, de grandes compagnies à des chefs de guerre entreprenants, capables de mener des actions prédatrices et de redistribuer ensuite le butin accumulé.
Sous cette formidable pression, le système défensif romain fut débordé et le transfert répété de troupes du front européen vers l’Orient entraîna la ruée toujours renouvelée de véritables armées germaniques vers les richesses convoitées du Sud. Pillages, destructions, massacres et déportations de prisonniers ne se comptèrent plus ; les provinces européennes furent ainsi le plus durement touchées et c’est là qu’on peut voir se profiler, à des degrés variables, le plus d’impacts économiques et sociaux. Le paroxysme fut atteint en 260, lorsque la défaite et la capture de l’empereur Valérien par les Perses entraîna la sécession de pans entiers de l’Empire, contraints de prendre acte de la défaillance du pouvoir central et d’assurer eux-mêmes leur défense. Les pronunciamientos et les usurpations, autant que les guerres internes et externes, consacrèrent le rôle démesuré des armées et achevèrent ainsi de désorganiser l’État. Celui-ci, en la personne des « empereurs-soldats », n’eut alors de cesse de se trouver une nouvelle légitimation capable de mobiliser les forces nécessaires à la reconquista et à la restauration de l’Empire. C’est dans ce contexte de chaos à peine maîtrisé que se place la totale refonte des institutions tentée par Dioclétien, encore placée sous les auspices de la religion romaine traditionnelle, et qui devait aboutir à l’éphémère système tétrarchique. C’est toujours dans ce contexte que le rebelle Constantin cherchera à imposer son pouvoir, cette fois, selon Stemmelen, en s’appuyant sur un tout nouveau parti de possédants et dans un esprit révolutionnaire implacable et sans scrupules que perpétueront ses successeurs. Jésus dit le « Christ », l’icône du nouveau régime, n’avait-il pas été explicite, en son temps, lorsqu’il déclarait sans ambages : « Quant à mes ennemis, ceux qui n’ont pas voulu que je règne sur eux, amenez-les ici, et égorgez-les en ma présence » (Luc, 19, 27).
Conclusion : l’Histoire officielle mérite, à maints égards, une révision radicale. Les « racines chrétiennes de l’Europe », dont on nous rabat les oreilles, constituent un mensonge absolu : depuis quand des racines se trouvent-elles si haut sur l’arbre ? La christianisation fut un accident tardif de l’histoire européenne. Celle-ci plonge ses vraies racines bien plus loin, dans un passé fabuleux dont le Parthénon, les mégalithes et la grotte Chauvet ne sont que des étapes parmi tant d’autres. C’est en cela qu’il faut saluer le bel effort de Stemmelen : « La religion des Seigneurs » est un essai et, comme tel, l’ouvrage n’est pas exempt d’objections critiques, mais il n’en demeure pas moins un livre documenté et stimulant pour la discussion, d’autant que l’importance de son sujet n’est pas à démontrer.
Willy Fréson, juin 2011.
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dimanche, 08 mai 2011
Indoeuropeos y no indoeuropeos en la Hispania preromana
Las poblaciones y las lenguas prerromanas de Andalucía, Cataluña y Aragón según la información que nos proporciona la toponimia. Ediciones Universidad de Salamanca. Salamanca 2000
El proceso de indoeuropeización de la Península Ibérica es uno de los problemas más complejos a los que, desde hace ya muchos años, se enfrentan tanto la Prehistoria como la Lingüística. Es tal la cantidad de elementos en juego y de cuestiones a resolver que no resulta difícil augurar que serán muchas las generaciones de arqueólogos, filólogos, historiadores de la religión y antropólogos que investigarán y debatirán sobre este campo. El camino por recorrer es largo y, como es sabido, son pocos los puntos que han sido firmemente establecidos y, en consecuencia, aceptados por todos. No es este lugar para hacer balance de la cuestión: un muy breve resumen se podrá encontrar en un artículo que publicamos en un número anterior de Terra Nostra o una exposición mucho más detallada en la Parte V de otra obra del autor del que nos ocupamos aquí, Francisco Villar, Los Indoeuropeos y los orígenes de Europa, 2ª ed., Madrid 1996. Brevemente, recordaremos que parece clara la existencia de tres estratos lingüísticos indoeuropeos prerromanos: por un lado, el correspondiente al Alteuropäisch, por otro, el de la lengua de las inscripciones lusitanas y, por último, el celtibérico, existiendo posiciones encontradas sobre la naturaleza de cada una y el tipo de relaciones que pudieran haber existido entre ellas.
Este ya de por sí complejo panorama se ha visto más complicado, si cabe, por la hipótesis que presenta F. Villar en esta obra. En efecto, a lo largo de sus casi 500 páginas el autor intenta demostrar, a través del análisis de una ingente cantidad de material lingüístico, la presencia en la Península Ibérica de un estrato lingüístico indoeuropeo diferente a cualquiera de los otros tres detectados hasta el momento, un estrato de rasgos muy arcaicos que de confirmarse atestiguaría que el proceso de indoeuropeización de la Península fue mucho más complejo y profundo de lo que se había supuesto.
La obra comienza haciendo repaso de una serie cuestiones relativas a la Lingüística Comparada, en especial un alegato de la validez de su método y una descripción de sus características, para continuar con un amplio comentario de la historia de la investigación paleolingüística en España, desde los dislates del padre Astarloa hasta los autores contemporáneos como Gorrochategui o de Hoz, haciendo especial hincapié en la progresiva complejidad de las concepciones del substrato, desde el vasco-iberismo originario, tesis que no se cansa durante toda la obra de denostar, y con razón, hasta la identificación de los diferentes niveles actualmente admitidos: los ya mencionados indoeuropeos junto al vasco, tartesio, ibérico, etc.
Tras estos dos capítulos a guisa de introducción, se adentra en el examen del material recogido: topónimos, hidrónimos, antropónimos y etnónimos, material organizado en series en función de un componente principal que es estudiado en todos los aspectos filológicos posibles, tanto fonéticos como morfológicos, y del que ofrece su correspondiente distribución geográfica, tanto en la Península como en Europa, norte de África u Oriente Próximo. Así, uno a uno, van siendo analizados todos los elementos susceptibles de formar parte de este estrato, proponiendo el carácter indoeuropeo, entre otros, de los siguientes: uba-, relacionado con las raíces indoeuropeas para agua *ap, *ab, *up; ur, relacionado con el ide *(a)wer- / (a)ûr, agua, río, corriente; urc- con el ide *war- / *ur- más el sufijo ko; uc-, en el que se habrían reunido tres componentes diferentes: uko (diminutivo), uko (sufijo hidronímico que aparece en lituano) y un apelativo relacionado con ûkis (lugar de habitación) también presente en lituano, bai-, relacionado con el ide *gwhêi, brillar, etc. Al estudio de los elementos susceptibles de ser agrupados en series que califica de mayores sigue el de las series menores (tur-, turc- y murc-) y de aquellos, muy numerosos, que por su escasa aparición en las fuentes no pueden ser seriados, pero que responden a unas mismas características lingüísticas, así como el análisis de la antroponimia susceptible de ser relacionada con este estrato.
Una vez analizado el material, Villar se adentra en la caracterización de la lengua o lenguas responsables de esta hidronimia, toponimia y antroponimia, llegando a la conclusión de que no corresponde a ninguna de las lenguas indoeuropeas conocidas, siendo imposible su identificación con ninguno de los tres estratos indoeuropeos conocidos en la Península por diferentes razones (aquí no podemos dejar de mencionar que en su obra mencionada anteriormente relaciona el elemento tur-, presente en nuestro Turia, con el Alteuropäisch pp. 507-509), y sosteniendo que este estrato presenta fuertes relaciones con las lenguas itálicas y con las bálticas, generalmente, aunque no siempre, en las innovaciones con las primeras y en los arcaísmos con las segundas.
Durante toda la obra, y mediante el estudio de la distribución geográfica de los testimonios de este estrato se va evidenciando una concentración de estos elementos en dos áreas principales: la meridional y la ibérico-pirenaica, como el autor las denomina, que se corresponden con el área que hasta ahora se consideraba no indoeuropea (baste recordar la famosa frontera de los briga-). Resulta evidente que las consecuencias de las propuestas de Villar pueden resultar revolucionarias para nuestra protohistoria. El autor es consciente de ello y en un último capítulo analiza algunos de los etnóminos del área ibérica (ilérgetes, indicetes, volciani, etc.) atribuyéndoles etimologías indoeuropeas relacionadas con el estrato objeto del libro (seguras para dieciséis entre veintitrés, aunque posiblemente sean más todavía), lo que implica un masivo substrato indoeuropeo en todo esta área (Aragón, Cataluña y norte de Valencia), pero, sin embargo, renuncia explícitamente a intentar explicar el mecanismo de entrada de estas lenguas, emplazando a arqueólogos y prehistoriadores a abordar esta cuestión. Lo que sí sostiene es la imposibilidad de relacionar los Campos de Urnas con esta toponimia debido a motivos distribucionales (son prácticamente inexistentes en Andalucía) y cronológicos (relaciona el topónimo Alube de la Ilíada con el Guadalquivir y con los hallazgos micénicos allí efectuados, lo que dataría este estrato con anterioridad a las penetraciones de esta cultura. Por otro lado, considera que la densidad de este estrato casa mal con unos «recién llegados» como los Urnenfelder). No obstante, no parecen argumentos excesivamente fuertes: Infiltración y transformación de la cultura material son fenómenos que a menudo van parejos y aunque en la actualidad se tiende a ver en las transformaciones del bronce final tartésico influencias mediterráneas, algunos de los nuevos elementos no dejan de estar relacionados con el ambiente de las urnas, aunque tampoco podemos dejar de señalar que se ha hecho responsable a influencias del Mediterráneo los elementos indoeuropeos presentes en el tartesio. Por otra parte, la relación del Alube homérico con la Península no deja de ser una conjetura toponímica, apoyada sobre conjeturas cronológicas y arqueológicas, y en cuanto a la excesiva densidad que pueda presentar un substrato depende más bien de la profundidad de la «limpieza étnica» que de la antigüedad del proceso. Todo esto, no obstante, no deja de ser un mero comentario ante la superposición de esta toponimia y los Campos de Urnas en el área nordoriental peninsular, que resulta bastante sugerente y ante la propia naturaleza lingüística del substrato (sobre todo la presencia de elementos compartidos con diferentes grupos del «indoeuropeo nordoccidental») que no deja de evocar constantemente las ideas de H. Krahe sobre el «estado líquido» (flüssige Zustand) del complejo de las urnas desde el punto de vista lingüístico. No obstante, evidentemente es todavía muy pronto para intentar elaborar hipótesis arqueológicas sobre esta cuestión.
Un punto que quizá llame la atención a quienes han seguido la labor de Villar es el escaso espacio dedicado al paleoeuropeo y a sus presuntas relaciones con este estrato recién descubierto. Ya que ambas son lenguas ciertamente arcaicas y siguen un modelo distribucional diferente, aunque muy determinado en ambas por los cursos de agua, cabría esperar un análisis comparativo de ambas lenguas que nadie mejor que Villar está en condiciones de realizar. Estamos convencidos de que no tardará en abordar este problema.
En definitiva se trata de una obra destinada a tener un gran eco entre los especialistas no sólo en paleohispanística sino también en indoeuropeística y que abre nuevos caminos para el conocimiento del pasado de nuestros pueblos.
Olegario de las Eras.
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jeudi, 05 mai 2011
Sippenpflege in Athen und in Sparta
Sippenpflege in Athen und in Sparta
Eine attische Sippenpflege [läßt sich im ganzen Hellenentum wahrnehmen], wenn auch nirgends so entschieden wie in Sparta, ein Rassenglaube, den Jacob Burckhardt so bezeichnet und eingehender dargestellt hat. Dieser Rassenglaube, ein Vertrauen zu den ausgesiebten Anlagen der bewährten Geschlechter und die Gewißheit, daß leibliche Vortrefflichkeit als ein Anzeichen geistigen und seelischen Vorrangs gelten dürfe, überdauert in Athen und bei anderen hellenischen Stämmen die Zeiten der Adelsherrschaft und der Tyrannis und reicht bei den Besten noch weit in die Zeiten der Volksherrschaft hinein. In Athens „Blütezeit“, einer Spätzeit der lebenskundlich gesehenen athenischen Geschichte, bricht der Rassenglaube noch einmal bei Euripides hervor. Überall bei den Hellenen verließ man sich „auf den Anblick der Rasse, welche mit der physischen Schönheit den Aus-druck des Geistes verband“ (J. Burckhardt); es gab einen allgemeinen hellenischen Glau-ben „an Erblichkeit der Fähigkeiten“, eine allgemeine hellenische Überzeugung von der Unabänderlichkeit ererbter Eigenschaften: der Wohlgeborene sei durch nichts zu verschlechtern, der Schlechtgeborene durch nichts zu verbessern, und alle Schulung (pai-deusis) bedeute den Anlagen gegenüber nur wenig. Aus diesen Überzeugungen ergab sich die echt hellenische Zielsetzung der „Schön-Tüchtigkeit“ (kalokagathía), dieser Ausruf zuerst für die Gattenwahl und Kinderzeugung, dann für die Erziehung, die eine günstige Entfaltung guter Anlagen verbürgen sollte. Am mächtigsten bricht dieser Rassenglaube bei dem thebanischen Dichter Pindaros hervor (Olympische Ode IX, 152; X, 24/25; XI, 19 ff; XIII, 16; Nemeische Ode 70 ff). Das Auslesevorbild des Wohlgearteten blieb bis in die Zerfallszeiten hinein in den besten Geschlechtern aller hellenischen Stämme bestehen. Die Bezeichnung gennaios enthält wie die lateinische Bezeichnung generosus („wohlgeboren, wohlgeartet“) die Vorstellung edler Artung als ererbter und vererblicher Beschaffenheit (vgl. auch Herodotos 111,81; Sohn XXIII, 20 D). Herodotos (VII, 204) zählt die tüchtigen Ahnen des bei den Thermopylen gefallenen Spartanerkönigs Leonidas auf bis zu Herakles zurück.
Die staatliche Stärke Spartas wurde von den hellenischen Geschichtsschreibern der Siebung, Auslese und Ausmerze des Stammes und seiner Geschlechter zugeschrieben. Xenophon hat in seiner Schrift über die Verfassung der Lakedaimonier (1,10; V, 9) zunächst ausgesprochen, die lykurgischen Gesetze hätten Sparta Männer verschafft, die durch hohen Wuchs und Kraft ausgezeichnet seien, und dann zusammenfassend geurteilt: „Es ist leicht zu erkennen, daß diese [siebenden, auslesenden und ausmerzenden] Maßnahmen einen Stamm hervorbringen würden, überragend an Wuchs und Stärke; man wird nicht leicht ein gesünderes und tauglicheres Volk finden als die Spartaner”. Herodotos (IX, 72) nennt die Spartaner die schönsten Männer unter den Hellenen. Die rassische Eigenart der Spartanerinnen wird durch den um – 650 in Sparta wirkenden Dichter Alkman (Bruchstücke 54) gekennzeichnet, der seine Base Agesichora rühmt: ihr Haar blühe wie unvermischtes Gold über silberhellem Antlitz. Der Vergleich heller Haut mit dem Silber findet sich schon bei Homer. Im 5. Jh. rühmte der Dichter Bakchylides (XIX, 2) die „blonden Mädchen aus Lakonien“. Noch der Erzbischof von Thessalonike (Saloniki), der im 12 Jh. lebende Eustathios, der Erläuterungen zu Homer schrieb, bekundete bei Erwähnung einer Iliasstelle (IV, 141), bei den Spartanern hätten helle Haut und blondes Haar die Zeichen männlichen Wesens bedeutet.
Einsichtige Männer der anderen hellenischen Stämme haben immer die edle Art des Spartanertums anerkannt, selbst dann, wenn ihr Heimatstaat mit Sparta im Kriege lag. Der weitblickende Thukydides (III, 83) beklagt das Schwinden des Edelmuts und der Auf-richtigkeit bei den Dorern während des Peloponnesischen Krieges, den seine Vaterstadt Athen gegen Sparta führte. In ganz Hellas haben die Edlergearteten in Sparta ein Wunschbild besten Hellenentums erblickt. So hat auch Platon gedacht, dessen Vorschläge zu einer staatlichen Erbpflege dem dorischen Vorbilde folgen. Männlichkeit und Staatsgesinnung des Dorertums in Sparta, dessen Bewahrung von Maß und Würde, diese apollinischen Züge eines sich selbst beherrschenden, zum Befehl geschaffenen Edelmannstums: alle diese Wesenszüge sind von den Besten in Hellas bewundert worden. Die gefestigte Einheitlichkeit spartanischen Wesens durch die Jahrhunderte ist aber sicherlich ein Ergebnis der bestimmt gerichteten Auslese im Stamm der Spartaner gewesen, einer bewußten Einhaltung der lykurgischen Ausleserichtung.
* * *
Sorge: Lebensgeschichte des hellenischen Volkes, Pähl 1965, S. 158 f.
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mercredi, 04 mai 2011
Helios von Emesa
Helios von Emesa
Auf den ersten Blick hin scheinen Verbindungen zu den Baalim von Baalbek und von Damaskus zu bestehen. Iupiter Helipolitanus und Iupiter Damascenus tragen die Übereinstimmung im Namen. Auch bei Emesas Gott konnte man die Frage aufwerfen, ob er Iupiter gleichzusetzen sei. Doch wird sich zeigen, daß es bei ihm anders liegt.
In Baalbeek war die Dreiheit von Iupiter-Hadad, Venus-Atargatis und Mercurius-Schamasch nach ihrer Reihenfolge jüngeren Ursprungs. Anfänglich stand der Sonnengott, eben Schamasch, an der Spitze. Erst unter dem Einfluß babylonischer oder, wie das spätere Altertum sie nannte: chaldäischer Vorstellungen wurde Hadad zum Herrn des Schicksals, rückte er an die erste Stelle. Schamaschi, nachträglich Mercurius gleichgesetzt, mußte sich mit einer dienenden Rolle begnügen: gleich dem Götterboten Hermes oder Mercurius wurde er zum ausführenden Organ des obersten Gottes. Im Pantheon von Palmyra stand Helios, der Sonnengott, neben Bel. Erneut war er Bote und Mittler, während Bel als Weltenherr im obersten Himmel thronte. Von seiner dienenden Stellung erhielt der Sonnengott den Namen: als Malakbel, ‚Bote des Bel’, begegnet er in der göttlichen Dreiheit Palmyras, wiederum Mercurius gleichgesetzt.
Auch in Emesa kannte man den babylonischen Schicksalsglauben und seine Zwillingsschwester, die Astrologie. Iulia, späterer Gattin des Kaisers Septimus Severus (193-211), war durch ihr Horoskop verheißen, sie werde dereinst einen Herrscher ehelichen; sie entstammte dem Priesterhaus von Emesa. Im Aithiopienroman Heliodors, der mancherlei von emesenischer Vorstellungswelt vermittelt, heißt es, die Bahn der Gestirne bestimme unentrinnbar das menschliche Geschick. Ausgrabungen nordöstlich der Stadt haben astrologische Tafeln in Keilschrift zutage gefördert.
Und doch hat sich der Sonnengott in Emesa nicht, wie Schamasch in Baalbek und Palmyra, vom ersten Platz vertreiben lassen. Münzen und Inschriften zeigen, daß er sich keineswegs zu Iupiter, zu Baal oder Bel gewandelt hat, sondern der Sonnengott blieb. Deus Sol Elagabalus oder Invictus Sol Elagabalus lauten eindeutig; man versteht, daß auf einer Inschrift aus Cordoba der ‚große Helios’ von Emesa dem ägyptischen Sonnengott Re angeglichen ist. Auch als ‚Stammvater’ wurde er angerufen, wie denn Emesener zuweilen die Herkunft von der Sonne oder ‚dem Gott’ schlechthin im Namen tragen.
Auch der zweite Gott, Dusares, hatte sich der Sonne verbunden, Hauptgott der Nabatäer, findet man ihn überall, wohin ihr Karawanenhandel und ihr Machtbereich sich erstreckt haben. Wie alle Sonnengötter trug Dusares den Beinamen des Unbesieglichen; er war mit Mithras verbunden, und sein Geburtstag fiel auf den 25. Dezember. Gleich dem göttlichen Herrn Emesas besaß er einen heiligen Stein.
Man kennt diese Art der Verehrung auch bei dem Mondgott von Karrhai, überhaupt bei Göttern, die arabischen Ursprungs waren. Der Name dieser ‚Baityloi’ besagt, daß sie Wohnung der betreffenden Götter waren, nicht diese selbst. In Emesa besaß der heilige Stein die Gestalt eines Kegels, unten mit runder Grundfläche, oben spitz zulaufend. Erhebungen, die sich auf der Oberfläche abhoben, zeigten einen Adler mit Schlange im Schnabel. Man erkannte darin das Symbol der Sonne. Wiederum also fiel der Stein nicht mit dieser zusammen; er trug ihr Bild. Und doch war der Gott in den Stein eingegangen, war ihm irgendwie gesellt, wie man dies auch von den zahlreichen Steinblöcken weiß, die im vorislamischen Arabien verehrt wurden.
Meist hört man von ihnen, wenn muslimischer Gotteseifer daranging, solche Idole zu zerstören. Die Priester altarabischer Gottheiten mahnten diese, bei den Steinen den Kampf gegen die Vertreter der neuen Religion zu wagen. Denn sie verlieren ihren Kult und ihr Ansehen, gelingt es ihnen nicht, ihren Stein und damit ihr ‚Haus’ zu behaupten. Ein Gott, der bei seinem Stein nicht kämpft, ist eine ‚wertlose Sache’. Al-Uzza, die einen ähnlichen Kampf verloren hat – es ging bei ihr nicht um heilige Steine, sondern um drei ihr gehörige Bäume – ‚wird hinfort nie wieder verehrt werden’, lautete das Urteil des siegreichen Propheten Mohammed (569 bis 632).
Steine sind nicht einem bestimmten Ort verhaftet: sie sind beweglich. Einführung von Göttern geschieht derart, daß man sich Göttersteine schenken läßt oder aus bestehendem Heiligtum solche mitbringt. Als der Kult des Sonnengottes nach Rom verlegt wurde, wanderte Emesas heiliger Stein ans Tiberufer. Als man dort nach Elagabals Ermordung (222) sich des Fremdkultes zu entledigen wünschte, schickte man den Stein in seine syrische Heimat zurück.
Neben der Verehrung des heiligen Steines steht, gleichfalls eine uralte Form, der Höhlenkult. ‚Elagabal’ war ursprünglich Name des Gottes selbst: er bezeichnete diesen als ‚Herrn des Berges’. Gemeint war der Burgberg von Emesa, denn dort hatte der Gott seinen Sitz. Aus der Ebene, darin die Stadt sich erstreckt, erhebt sich im Südwesten die Zitadelle, unmittelbar den nördlichen Ausläufern des Libanon gegenüber. Hier stand der Tempel, dessen First, nach den Worten eines antiken Gewährsmannes, mit den bewaldeten Höhen des Gebirges wetteiferte.
Wieder läßt sich Dusares vergleichen. Südöstlich des Toten Meeres, schon an den Pforten des eigentlichen Arabien, liegt Petra. Hauptstadt der Nabatäer, gehörte es einem Volk, das seine Inschriften in einem überkommenen aramäischen Dialekt aufzeichnete, aber nach Ausweis seiner Eigennamen arabisch war. Inmitten eines steinernen Kessels, eingebettet in die roten und violetten Schroffen eines Felsmassivs von urtümlicher Gewalt, scheint dieses Petra seiner Umgebung entrückt. Nur ein steiniges Bachbett, das sich tief in die steilen Wände eingeschnitten hat, ermöglicht den Zugang. Stätte der Sicherheit, scheint dieser Ort durch seine Menschenferne, seine Verzauberung wie geschaffen, die Nähe der Gottheit empfinden zu lassen. Unter der Fülle der Gräber, Höhlen und Tempel beeindruckt der Opferplatz auf dem höchsten Gipfel in den anstehenden Fels geschnitten. Altar und Schlachtbank, das eingetiefte Becken, darein das Blut des Opfertieres floß, zwei Baitylen unweit davon – sie vermitteln eine Vorstellung davon, was ein altsemitischer Höhlenkult gewesen sein mag.
Nicht zufällig wurden die angezogenen Vergleiche aus der arabischen Welt genommen. Dieser entstammen, wie gesagt, die Nabatäer und auch ihr göttlicher Herr Dusares. Emesas Gott wird in denselben Bereich führen.
* * *
Sorge: Der unbesiegte Gott. Heidentum und Christentum; Rowohlts Deutsche Enzyklopädie; Hamburg 1957.
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samedi, 23 avril 2011
Homer in the Baltic - Summary
Homer in the Baltic. Summary
The real scene of the Iliad and the Odyssey can be identified not in the Mediterranean Sea, where it proves to be weakened by many incongruities, but in the north of Europe. The sagas that gave rise to the two poems came from the Baltic regions, where the Bronze Age flourished in the 2nd millennium B. C. and many Homeric places, such as Troy and Ithaca, can still be identified. The blond seafarers who founded the Mycenaean civilization in the 16th century B. C. brought these tales from Scandinavia to Greece after the decline of the “climatic optimum”. Then they rebuilt their original world, where the Trojan War and many other mythological events had taken place, in the Mediterranean; through many generations the memory of the heroic age and the feats performed by their ancestors in their lost homeland was preserved, and handed down to the following ages. This key allows us to easily open many doors that have been shut tight until now, as well as to consider the age-old question of the Indo-European diaspora and the origin of the Greek civilization from a new perspective.
Ever since ancient times, Homeric geography has given rise to problems and uncertainty. The conformity of towns, countries and islands, which the poet often describes with a wealth of detail, with traditional Mediterranean places is usually only partial or even nonexistent. We find various cases in Strabo (the Greek geographer and historian, 63 B. C. – 23 A.D.), who, for example, does not understand why the island of Pharos, situated right in front of the port of Alexandria, in the Odyssey inexplicably appears to lie a day’s sail from Egypt. There is also the question of the location of Ithaca, which, according to very precise indications found in the Odyssey, is the westernmost in an archipelago which includes three main islands, Dulichium, Same and Zacynthus. This does not correspond to the geographic reality of the Greek Ithaca in the Ionian Sea, located north of Zacynthus, east of Cephallenia and south of Leucas. And then, what of the Peloponnese, described in both poems as a plain?
In other words, Homeric geography refers to a context with a toponymy with which we are familiar, but which, if compared with the actual physical layout of the Greek world, reveals glaring anomalies, which are hard to explain, if only on account of their consistency throughout the two poems. For example, the “strange” Peloponnese appears to be a plain not sporadically but regularly, and Dulichium, the “Long Island” (in Greek “dolichos” means “long”) located by Ithaca, is repeatedly mentioned not only in the Odyssey but also in the Iliad, but was never discovered in the Mediterranean. Thus we are confronted with a world which appears actually closed and inaccessible, apart from some occasional convergences, although the names are familiar (this, however, tends to be more misleading than otherwise in solving the problem).
A possible key to finally penetrating this puzzling world is provided by Plutarch (46 – 120 A.D.). In his work De facie quae in orbe lunae apparet (“The face that appears in the moon circle”), he makes a surprising statement: the island of Ogygia, (where Calypso held Ulysses before allowing him to return to Ithaca) is located in the North Atlantic Ocean, “five days’ sail from Britain”.
Plutarch’s indications lead us to identify Ogygia with one of the Faroe Islands (where we also come across an island with a Greek-sounding name: Mykines). Starting from here, the route eastwards, which Ulysses follows (Book V of the Odyssey) in his voyage from Ogygia to Scheria allows us to locate the latter, i.e. the land of the Phaeacians, on the southern coast of Norway, in an area perfectly fitting the account of his arrival, where archaeological traces of the Bronze Age are plentiful. Moreover, while on the one hand “sker” in Old Norse means a «sea rock», on the other in the narration of Ulysses’s landing Homer introduces the reversal of the river current (Od., V, 451-453), which is unknown in the Mediterranean world but is typical of the Atlantic estuaries during high tide.
From here the Phaeacians took Ulysses to Ithaca, located on the far side of an archipelago, which Homer talks about in great detail. At this point, a series of precise parallels makes it possible to identify a group of Danish islands, in the south of the Baltic Sea, which correspond exactly to all of Homer’s indications. Actually, the South-Fyn Archipelago includes three main islands: Langeland (the “Long Island”; which finally unveils the puzzle of the mysterious island of Dulichium), Aerø (which corresponds perfectly to Homeric Same) and Tåsinge (ancient Zacynthus). The last island in the archipelago, located westwards, “facing the night”, is Ulysses’s Ithaca, now known as Lyø. It is astonishing how closely it coincides with the directions of the poet, not only in its position, but also its topographical and morphological features. And here, amongst this group of islands, we can also identify the little island «in the strait between Ithaca and Same», where Penelope’s suitors tried to waylay Telemachus.
Moreover, the Elis, i.e. one of the regions of the Peloponnese, is described as facing Dulichium, thus is easily identifiable with a part of the large Danish island of Zealand. Therefore, the latter is the original «Peloponnese», i.e. the “Island of Pelops”, in the real meaning of the word “island” (“nêsos” in Greek). On the other hand, the Greek Peloponnese (which lies in a similar position in the Aegean Sea, i.e. on its southwestern side) is not an island, despite its name. Furthermore, the details reported in the Odyssey regarding both Telemachus’s swift journey by chariot from Pylos to Lacedaemon, along «a wheat-producing plain», and the war between Pylians and Epeans, as narrated in Book XI of the Iliad, have always been considered inconsistent with Greece’s uneven geography, while they fit in perfectly with the flat island of Zealand.
Let us look for the region of Troy now. In the Iliad it is located along the Hellespont Sea, which is systematically described as being «wide» or even «boundless». We can, therefore, exclude the fact that it refers to the Strait of the Dardanelles, where the city found by Schliemann lies. The identification of this city with Homer’s Troy still raises strong doubts: we only have to think of Finley’s criticism in the World of Odysseus. It is also remarkable that Schliemann’s site corresponds to the location of the Greek-Roman Troy; however, Strabo categorically denies that the latter is identifiable with the Homeric city (Geography 13, 1, 27). On the other hand, the Danish Medieval historian Saxo Grammaticus, in his Gesta Danorum, often mentions a population known as «Hellespontians» and a region called Hellespont, which, strangely enough, seems to be located in the east of the Baltic Sea. Could it be Homer’s Hellespont? We can identify it with the Gulf of Finland, which is the geographic counterpart of the Dardanelles (as both of them lie northeast of their respective basins). Since Troy, as we can infer from a passage in the Iliad (XXI, 334-335), lay North-East of the sea (further reason to dispute Schliemann’s location), then it seems reasonable, for the purpose of this research, to look at a region of southern Finland, where the Gulf of Finland joins the Baltic Sea. In this area, west of Helsinki, we find a number of name-places which astonishingly resemble those mentioned in the Iliad and, in particular, those given to the allies of the Trojans: Askainen (Ascanius), Karjaa (Caria), Nästi (Nastes, the chief of the Carians), Lyökki (Lycia), Tenala (Tenedos), Kiila (Cilla), Raisio (Rhesus), Kiikoinen (the Ciconians) etc. There is also a Padva, which reminds us of Italian Padua, which was founded, according to tradition, by the Trojan Antenor and lies in Venetia (the «Eneti» or «Veneti» were allies of the Trojans). What is more, the place-names Tanttala and Sipilä (the mythical King Tantalus, famous for his torment, was buried on Mount Sipylus) indicate that this matter is not only limited to Homeric geography, but seems to extend to the whole world of Greek mythology.
What about Troy? Right in the middle of this area, halfway between Helsinki and Turku, we discover that King Priam’s city has survived the Achaean sack and fire. Its characteristics correspond exactly to those Homer handed down to us: the hilly area which dominates the valley with its two rivers, the plain which slopes down towards the coast, and the highlands in the background. It has even maintained its own name almost unchanged throughout all this time. Today, Toija is a peaceful Finnish village, unaware of its glorious and tragic past.
Various trips to these places, from July 11 1992 onwards, have confirmed the extraordinary correspondence between the Iliad‘s descriptions and the area surrounding Toija. What is more, there we come across many significant traces of the Bronze Age. Incredibly, towards the sea we find a place called Aijala, which recalls the “beach” («aigialos»), where, according to Homer, the Achaeans beached their ships (Il., XIV, 34). The correspondence extends to the neighbouring areas. For example, along the Swedish coast facing Southern Finland, 70 km north of Stockholm, the long and relatively narrow Bay of Norrtälje recalls Homeric Aulis, whence the Achaean fleet set sail for Troy. Nowadays, ferries leave here for Finland, following the same ancient course. They pass the island of Lemland, whose name reminds us of ancient Lemnos, where the Achaeans stopped and abandoned the hero Philoctetes. Nearby is Åland, the largest island of the homonymous archipelago, which probably coincides with Samothrace, the mythical site of the metalworking mysteries. The adjacent Gulf of Bothnia is easily identifiable with Homer’s Thracian Sea, and the ancient Thrace, which the poet places to the North-West of Troy on the opposite side of the sea, probably lay along the northern Swedish coast and its hinterland (it is remarkable that the Younger Edda identifies the home of the god Thor with Thrace). Further south, outside the Gulf of Finland, the island of Hiiumaa, situated opposite the Esthonian coast, corresponds exactly to Homer’s Chios, which, according to the Odyssey, lay on the return course of the Achaean fleet after the war.
In short, apart from the morphological features of this area, the geographic position of the Finnish Troas fits Homer’s directions like a glove. Actually, this explains why a «thick fog» often fell on those fighting on the Trojan plain, and Ulysses’s sea is never as bright as that of the Greek islands, but always «dark-wine» and «misty». As we travel through Homer’s world, we experience the harsh weather which is typical of the Northern world. Everywhere in the two poems the weather, with its fog, wind, rain, cold temperatures and snow (which falls on the plains and even out to sea), has little in common with the Mediterranean climate; moreover, sun and warm temperatures are hardly ever mentioned.
There are countless examples of this; for instance, when Ulysses recalls an episode of the Trojan War:
«The night was bad, after the north wind dropped,
and freezing; then the snow began to fall like icy frost
and ice congealed on our shields» (Od., XIV, 475-477).
In a word, most of the time the weather is unsettled, so much so that a bronze-clad fighting warrior invokes a cloudless sky during the battle (Il., XVII, 643-646). We are worlds away from the torrid Anatolian lowlands. The way in which Homer’s characters are dressed is in perfect keeping with this kind of climate. In the sailing season they wear tunics and heavy cloaks which they never remove, not even during banquets. This attire corresponds exactly to the remains of clothing found in Bronze Age Danish graves, down to such details as the metal brooch which pinned the cloak at the shoulder (Od., XIX, 226). Moreover, this fits in perfectly with what Tacitus states on Germanic clothing:
«The suit for everyone is a cape with a buckle»
(«sagum fibula consertum»; Germania, 17, 1).
This northern collocation also explains the huge anomaly of the great battle which takes up the central books of the Iliad. The battle continues for two days (Il., XI, 86; XVI, 777) and one night (Il., XVI, 567). The fact that the darkness does not put a stop to the fighting is incomprehensible in the Mediterranean world, but it becomes clear in the Baltic setting. What allows Patroclus’s fresh troops to carry on fighting through to the following day, without a break, is the faint night light, which is typical of high latitudes during the summer solstice. This interpretation -corroborated by the overflowing of the Scamander during the following battle (in the northern regions this occurs in May or June owing to the thaw)- allows us to reconstruct the stages of the whole battle in a coherent manner, dispelling the present-day perplexities and strained interpretations. Furthermore, we even manage to pick out from a passage in the Iliad (VII, 433) the Greek word used to denominate the faintly-lit nights typical of the regions located near the Arctic Circle: the «amphilyke nyx» is a real “linguistic fossil” which, thanks to the Homeric epos, has survived the migration of the Achaeans to Southern Europe.
It is also important to note that the Trojan walls, as described by Homer, appear as a sort of rustic fence made of wood and stone, similar to the archaic Northern wooden enclosures (such as the Kremlin Walls up to the 15th century) much more than the mighty strongholds of the Aegean civilizations.
Troy, therefore, was not deserted after the Achaeans plundered and burnt it down, but was rebuilt, as the Iliad states:
«At this point Zeus has come to hate Priam’s stock,
so Aeneas’s power will rule the Trojans now
and then his children’s children and those who will come later on» (Il., XX, 306-308).
On the contrary, Virgil’s quite tendentious, and much more recent, tale of Aeneas’s flight by sea from the burning city of Troy (a homage paid to the emperor Augustus’s family, considered Aeneas’s descendant) is absolutely unrelated to the real destiny of the Trojan hero and his city after the war. As regards this “Finnish” Aeneas, the first king of the dynasty that, according with Homer, ruled Troy after the war (that is a kingdom which, under Priam, dominated a vast area in southern Finland; Il., XXIV, 544-546) it should be very tempting to suppose a relationship between his name and «Aeningia», Finland’s name in Roman times (Pliny, Natural History, IV, 96).
It is remarkable that farmers often come across Bronze and Stone Age relics in the fields surrounding Toija. This is proof of human settlements in this territory many thousands of years ago. Further, in the area surrounding Salo (only 20 km from Toija), archaeologists have found splendid specimens of swords and spear points that date back to the Bronze Age and are now on display in the National Museum of Helsinki. These findings come from burial places, which include tumuli made of large mounds of stones that can be found at the top of certain hills, which rise from the plain today, but which, thousands of years ago, when the coastline was not as far back as it is nowadays, faced directly onto the sea. This relates to a passage in the Iliad, where Hector challenges an Achaean hero to a duel, undertaking, in case of victory, to give back the corpse of his opponent
«so that the long-haired Achaeans can bury him
and erect a mound for him on the broad Hellespont,
and some day one of the men to come,
sailing with a multioared ship on the wine-dark sea, will say:
“This is the mound of a man slain in ancient times,
he excelled but renowned Hector killed him”»
(Il., VII, 85-90; the description of Achilles’ tomb in the last canto of the Odyssey is analogous).
These Homeric mounds «on the broad Hellespont» and the Bronze Age ones near Salo are remarkably similar.
Let us now examine the so-called Catalogue of Ships from Book II of the Iliad, that lists the twenty-nine Achaean fleets which took part in the Trojan War, together with the names of their captains and places of origin. This list unwinds in an anticlockwise direction, starting from Central Sweden, travelling along the Baltic coasts and finishing in Finland. If we combine this with the data contained in the two poems and in the rest of Greek mythology, we may completely reconstruct the Achaean world around the Baltic Sea, where, as archaeology confirms, the Bronze Age was flourishing in the 2nd millennium B. C., favoured by a warmer climate than today’s.
In this new geographical context, the entire universe belonging to Homer and Greek mythology finally discloses itself with its astonishing consistency. For example, by following the Catalogue sequence, we immediately locate Boeotia (corresponding to the area around Stockholm). Here it is easy to identify Oedipus’s Thebes and the mythical Mount Nysa (which was never found in the Greek world), where the Hyads nursed baby Dionysus. Homer’s Euboea coincides with today’s island of Öland, located off the Swedish coast in a similar position to that of its Mediterranean counterpart. Mythical Athens, Theseus’s native land, lay in the area of present day Karlskrona in southern Sweden (this explains why Plato, in his dialogue Critias, refers to it as being an undulating plain full of rivers, which is totally alien to Greece’s rough morphology). The features of other Achaean cities, such as Mycenae or Calydon, as described by Homer also appear completely different from those of their namesakes on Greek soil. In particular, Mycenae lay in the site of today’s Copenhagen, where the island of Amager possibly recalls its ancient name and explains why it was in the plural. Here, in the flat island of Zealand (i.e. the Homeric «Peloponnese»), we can easily identify Agamemnon’s and Menelaus’s kingdoms, Arcadia, the River Alpheus, and in particular, king Nestor’s Pylos, whose location was held to be a mystery even by the ancient Greeks. By setting Homer’s poems in the Baltic, this age-old puzzle is also solved at once. What is more, it is equally easy to solve the problem of the strange border between Argolis and Pylos, which is mentioned in the Iliad (IX, 153) but is “impossible” in the Greek world. After the Peloponnese, the Catalogue mentions Dulichium and continues with Ithaca’s archipelago, which was already identified by making use of the indications the Odyssey supplies. We are thus able to verify the consistency of the information contained in the two poems as well as their congruity with the Baltic geography. After Ithaca, the list continues with the Aetolians, who recall the ancient Jutes. They gave their name to Jutland, which actually lies near the South-Fyn Islands. Homer mentions Pylene in the Aetolian cities, which corresponds to today’s Plön, in Northern Germany, not far from Jutland. Opposite this region, in the North Sea, the name of Heligoland, one of the North Frisian Islands, recalls Helike, a sanctuary of the god Poseidon mentioned in the Iliad (it is remarkable that an old name for Heligoland was Fositesland, where «Fosite», an ancient Frisian god, is virtually identical to Poseidon).
As regards Crete, the «vast land» with «a hundred cities» and many rivers, which is never referred to as an island by Homer, it corresponds to the Pomeranian region in the southern Baltic area, which stretches from the German coast to the Polish same. This explains why in the rich pictorial productions of the Minoan civilization, which flourished in Aegean Crete, we find no hint of Greek mythology, and ships are so scantily represented. It would also be tempting to assume a relationship between the name «Polska» and the Pelasgians, the inhabitants of Homeric Crete. At this point, it is also easy to identify Naxos (where Theseus left Ariadne on his return journey from «Crete» to «Athens») with the island of Bornholm, situated between Poland and Sweden, where the town of Neksø still recalls the ancient name of the island. Likewise, we discover that the Odyssey‘s «River Egypt» probably coincides with the present-day Vistula, thus revealing the real origin of the name the Greeks gave to Pharaohs’ land, known as «Kem» in the local language. This explains the incongruous position of the Homeric Egyptian Thebes, which, according to the Odyssey, is located near the sea. Evidently the Egyptian capital, which on the contrary lies hundreds of kilometres from the Nile delta and was originally known as Wò’se, was renamed by the Achaeans with the name of a Baltic city, after they moved down to the Mediterranean. The real Thebes probably was the present-day Tczew, on the Vistula delta. To the north of the latter, in the centre of the Baltic Sea, the island of Fårö recalls the Homeric Pharos, which according to the Odyssey lay in the middle of the sea at a day’s sail from «Egypt» (whereas Mediterranean Pharos is not even a mile’s distance from the port of Alexandria). Here is the solution to another puzzle of Homeric geography that so perturbed Strabo.
The Catalogue of Ships now touches the Baltic Republics. Hellas lay on the coast of present-day Esthonia, and thus next to the Homeric Hellespont (i.e. the «Helle Sea»), today’s Gulf of Finland. In this area also lies Kurland -the Curians’ country, that is the mythical Curetes, linked with the worship of Zeus- where is found the figure of a supreme god, who is called Dievas in Lithuania and Dievs in Latvia; in local folklore he shows features typical of Hellenic Zeus (the genitive case of the name «Zeus» in Greek is «Diòs»; Il., I, 5). Moreover, Lithuanian has very archaic features and a notable affinity with the ancient Indo-European language. Phthia, Achilles’s homeland, lay on the fertile hills of southeastern Esthonia, along the border with Latvia and Russia, stretching as far as the Russian river Velikaja and the lake of Pskov. Myrmidons and Phthians lived there, ruled by Achilles and Protesilaus (the first Achaean captain who fell in the Trojan War) respectively. Next, proceeding with the sequence, we reach the Finnish coast, facing the Gulf of Bothnia, where we find Jolkka, which reminds us of Iolcus, Jason’s mythical city. Further north, we are also able to identify the region of Olympus, Styx and Pieria in Finnish Lapland (which in turn recalls the Homeric Lapithae, i.e. the sworn enemies of the Centaurs who also lived in this area). This location of Pieria north of the Arctic Circle is confirmed by an apparent astronomical anomaly, linked to the moon cycle, which is found in the Homeric Hymn to Hermes: it can only be explained by the high latitude. The «Home of Hades» was even further northwards, on the icy coasts of Russian Karelia: here Ulysses arrived, his journeys representing the last vestige of prehistoric routes in an era which was characterised by a very different climate from today’s.
In conclusion, from this review of the Baltic world, we find its astonishing consistency with the Catalogue of Ships -which is, therefore, an extraordinary “photograph” of the Northern Early Bronze Age peoples- as well as with the whole of Greek mythology. It is very unlikely that this immense number of geographic, climatic, toponymical and morphological parallels is to be ascribed to mere chance, even leaving aside the glaring contradictions arising from the Mediterranean setting.
As regards Ulysses’ trips, after the Trojan War, when he is about to reach Ithaca, a storm takes him away from his world; so he has many adventures in fabulous localities until he reaches Ogygia, that is one of the Faroe Islands. These adventures, presumably taken from tales of ancient seamen and elaborated again by the poet’s fantasy, represent the last memory of the sea routes followed by the ancient navigators of the Northern Bronze Age out of the Baltic, in the North Atlantic (where the «Ocean River» flows, i.e. the Gulf Stream), but they became unrecognizable because of their transposition into a totally different context. For example, the Eolian island, ruled by the «King of the winds», «son of the Knight», is one of the Shetlands (maybe Yell), where there are strong winds and ponies. Cyclops lived in the coast of Norway (near Tosenfjorden: the name of their mother is Toosa): they coincide with the Trolls of the Norwegian folklore. The land of Lestrigonians was in the same coast, towards the North; Homer says that there the days are very long (the famous scholar Robert Graves places the Lestrigonians in the North of Norway; moreover, in that area we find the island of Lamøj, which is probably the Homeric Lamos). The island of sorceress Circe -where there are clear hints at the midnight sun (Od., X, 190-192) and the revolving dawns (Od., XII, 3-4), typical phenomena of the Arctic regions- is one of the Lofoten, beyond the Arctic Circle. Charybdis is the well-known whirlpool named Maelstrom, south of the island of Moskenes (one of the Lofoten). South of Charybdis Odysseus meets the island Thrinakia, that means «trident»: really, near the Maelstrom lies Mosken, a three-tip island. The Sirens are shoals and shallows, off the western face of the Lofoten, before the Maelstrom area, which are made even more dangerous by the fog and the size of the tides. The sailors could be attracted by the misleading noise of the backwash (the «Sirens’ Song» is a metaphor similar to Norse «kenningar») on the half-hidden rocks into deceiving themselves that landing is at hand, but if they get near, shipwreck on the reefs is inevitable.
Besides, we can find remarkable parallels between Greek and Norse mythology: for example, Ulysses is similar to Ull, archer and warrior of Norse mythology; the sea giant Aegaeon (who gave his name to the Aegean Sea) is the counterpart of the Norse sea god Aegir, and Proteus, the Old Man of the Sea (who is a mythical shepherd of seals, who lives in the sea depths and is capable of foretelling the future) is similar to the «marmendill» (mentioned by the Hàlfs Saga ok Hàlfsrekka and the Landnàmabòk), a very odd creature, who resembles a misshapen man with a seal-shaped body below the waist, and has the gift of prophecy but only talks when he feels like it, just like Proteus. On the other hand, there are remarkable analogies between the Achaean and Viking ships: by comparing the details of Homeric ships with the remains of Viking ships found in the bay of Roskilde, we realize that their features were very similar. We refer to the flat keel (one infers this from Od., XIII, 114), the double prow (we can deduce this from the expression «amphiélissai» Homer frequently uses with regard to their double curve, i.e. at the stern and the prow), and the removable mast -this is a sophisticated feature typical of Viking ships, which was typical of Homeric ships, too: many passages in both the Iliad (I, 434; I, 480) and the Odyssey (II, 424-425; VIII, 52) confirm without a shadow of doubt that the operations of setting up and taking down the mast were customary at the beginning and the end of each mission.
More generally speaking, apart from the respective mythologies, remarkable parallels are found between the customs of the Achaeans and those of the populations of Northern Europe, although they are separated by almost 3000 years. The systems of social relations, interests and lifestyles of the Homeric world and Viking society, despite the elapsed years, are surprisingly similar. For instance, the «agorà», the public assembly in the Homeric world, corresponds to the «thing» of the Vikings: this was the most important political moment in the running of the community for both peoples. In his turn, Tacitus informs us that at his time the northern populations held public assemblies (Germania, chap. 11), that appear to be very similar to the «thing» (therefore, to the «agorà», too). In a word, the parallels between the Homeric Achaeans, who lived during the Bronze Age, the Germans of the Roman period, and the Medieval Vikings testify to the continuity of the Northern world throughout the ages.
We should note that many Homeric peoples, as the Danaans, Pelasgians, Dorians, Curetes, Lybians and Lapithae, whose traces are not found in the Mediterranean, probably still exist in the Baltic world: they find their present counterparts in the Danes, Poles, Thuringians, Kurlandians, Livonians and Lapps (this identification is supported by their respective geographic locations). Moreover, both poems mention the Sintians, mythical inhabitants of Lemnos who were linked with the smith god Hephaestus (Il., I, 594; Od., VIII, 294): their name is exactly the same as today’s Sintians, i.e. a tribe of Gypsies’, who traditionally are metalworkers and coppersmiths. We also note a possible relationship between the «Argives», another name for the Achaeans, «Argeioi» in Greek -i.e. (V)argeioi, considering the usual loss of the initial V (the «digamma») in the Homeric language- and the “Varangians” (Swedish Vikings).
As regards the Homeric Danaans («Dànaioi» in Greek, who were also Achaeans), at the beginning of the Gesta Danorum, Saxo Grammaticus states that «Dudon, who wrote a story about Aquitania, believes that the Danes owe their origins and name to the Danaans» (I, I, 1). This comparison has hitherto been interpreted as a means of exalting the origin of the Danes, but now one could start to see them in a new light. If we still dwell upon the digamma, we should consider now the relationship between the Greek words «areté» (valour) and «àte» (fault or error) and their Latin counterparts «virtus» and «vitium» respectively (apart from the initial V, the vowels A and I are often interchangeable: for example, «ambush» corresponds to the Italian «imboscata»). By applying the same alteration (i.e. A→VI) to the name of the Achaeans («Achaioi» in Greek), we get the word “Vikings”. In a word, Argeioi, Danaioi, and Achaioi, i.e. the three main names Homer gives the peoples comprising the protagonists of his poems, possibly came down to modern times as Varangians, Danes, and Vikings (never found in the Mediterranean area, even in ancient times) respectively.
Here, therefore, is the “secret” which is hidden inside Homer’s poems and is responsible for all the oddities of Homeric geography: the Trojan War and the other events Greek mythology handed down were not set in the Mediterranean, but in the Baltic area, i.e. the primitive home of the blond, «long-haired» Achaeans (the Odyssey claims that Ulysses was fair-haired; XIII, 399; XIII, 431). On this subject, the distinguished Swedish scholar, Professor Martin P. Nilsson, in his works reports considerable archaeological evidence uncovered in the Mycenaean sites in Greece, corroborating their northern origin. Some examples are: the existence of a large quantity of baltic amber in the most ancient Mycenaean tombs in Greece (which is not to be ascribed to trade, because the amber is very scarce in the coeval Minoan tombs in Crete as well as in later graves on the continent); the typically Northern features of their architecture (the Mycenaean megaron is identical to the hall of the ancient Scandinavian Kings); the similarity of two stone slabs found in a tomb in Dendra with the menhirs known from the Bronze Age of Central Europe; the Northern-type skulls found in the necropolis of Kalkani, etc.. Moreover, Aegean art and Scandinavian remains dating back to the Bronze Age present a remarkable affinity -for example, the figures engraved on Kivik’s tomb in Sweden- so much so that a 19th century scholar suggested the monument was built by the Phoenicians.
Another sign of the Achaean presence in the Northern world in a very distant past is a Mycenaean graffito found in the megalithic complex of Stonehenge in Southern England. Other remains revealing the Mycenaean influence were found in the same area (“Wessex culture”), which date back to a period preceding the Mycenaean civilization in Greece. A trace of contact is found in the Odyssey, which mentions a market for bronze placed overseas, in a foreign country, named «Temese», never found in the Mediterranean area. Since bronze is an alloy of copper and tin, which in the North is only found in Cornwall, it is very likely that the mysterious Temese corresponds to the Thames, named «Tamesis» or «Tamensim» in ancient times. So, following Homer, we learn that, during the Bronze Age, the ancient Scandinavians used to sail to Temese-Thames, «placed overseas in a foreign country», to supply themselves with bronze.
This theory -which has already undergone a positive check by means of inspections carried out on the territories concerned, and meets Popper’s requirement on “falsifiability”- solves many other problems, such as the backwardness of the Homeric civilization compared to the Mycenaeans’; the absence of reference to seafaring and Greek mythology in the Minoan-Cretan world; the inconsistencies between the morphology of several Homeric cities, such as Mycenae and Calydon, and their Greek namesakes; the absurdities concerning the regions of the Peloponnese, and the distance of the allies of the Trojans from the Dardanelles area, and so on. We should also note that oxen are of the utmost importance in the Homeric world: this is the yet further evidence that we are not dealing with a Greek setting, undoubtedly more suitable for goats than oxen, but with a Northern one. Moreover, in a Greek environment one would expect a surfeit of pottery, but this is not the case: in both poems tableware is made solely of metal or wood, while pottery is absent. The poet talks of metal vases, usually of gold or silver.
For example, in Ulysses’s palace in Ithaca,
«a maid came to pour water from a beautiful
golden jug into a silver basin» (Od., I, 136-137).
People poured wine «into gold goblets» (Od., III, 472) and «gold glasses» (Od., I, 142). Lamps (Od., XIX, 34), cruets (Od., VI, 79) and urns, like the one (Il., XXIII, 253) containing Patroclus’s bones, were made of gold. The vessels used for pouring wine were also of metal: when one of them fell to the ground, instead of breaking, it «boomed» (Od., XVIII, 397). In a word, on the one hand, the Homeric poems do not mention any ceramic pottery, which is typical of the Mediterranean world, but, on the other, they are strikingly congruent with the Northern world, where scholars find a stable and highly advanced bronze founding industry, compared to the pottery one, which was far more modest. As to the poor, they used wooden jugs (Od., IX, 346; XVI, 52), i.e. the cheapest and most natural form of vessel, considering the abundance of this material in the North: Esthonia and Latvia have a very ancient tradition of wooden beer tankards.
Therefore, it was along the Baltic coast that Homer’s events took place, before the Mycenaean migration southwards, in the 16th century B. C.. This period is close to the end of an exceptionally hot climate that had lasted several thousands of years, the “post-glacial climatic optimum”. It corresponds to the Atlantic phase of the Holocene, when temperatures in northern Europe were much higher than today (at that time the broad-leaved forests reached the Arctic Circle and the tundra disappeared even from the northernmost areas of Europe). The “climatic optimum” reached its peak around 2500 B. C. and began to drop around 2000 B. C. (“Sub-Boreal phase”), until it came to an end some centuries later. It is highly likely that this was the cause that obliged the Achaeans to move down to the Mediterranean for this reason. They probably followed the Dnieper river down to the Black Sea, as the Vikings (whose culture is, in many ways, quite similar) did many centuries later. The Mycenaean civilisation, which did not originate in Greece, was thus born and went on to flourish from the 16th century B. C., soon after the change in North European climate.
The migrants took their epos and geography along with them and attributed the same names they had left behind in their lost homeland to the various places where they eventually settled. This heritage was immortalized by the Homeric poems and Greek mythology (the latter lost the memory of the great migration from the North probably after the collapse of the Mycenaean civilization, around the 12th century B. C., but kept a vague memory of its “hyperborean” links). Moreover, they renamed with Baltic names not only the new countries where they settled, but also other Mediterranean regions, such as Libya, Crete and Egypt, thus creating an enormous “geographical misunderstanding” which has lasted until now. The above-mentioned transpositions of Northern place-names were certainly encouraged, if not suggested, by a certain similarity (which the Mycenaeans realized owing to their inclination for seafaring) between Baltic geography and that of the Aegean: we only have to think of the analogy Öland-Euboea or Zealand-Peloponnese (where they were obliged to force the concept of island in order to maintain the original layout). The increasing presence of Greek-speaking populations in the Mediterranean basin, with their cultural and trade supremacy, later consolidated this phenomenon, from the time of Mycenaean civilization to the Hellenistic-Roman period.
In short, besides the geographic correspondences, in favour of this theory there is the remarkable temporal concurrence between the end of the “climatic optimum” in northern Europe and the settling of the Mycenaeans in the Aegean area. We should also note that a catastrophic event happened at that time: we refer to the eruption of the volcano of Thera (Santorini), around the year 1630 B. C., which presumably extinguished the Minoan civilization in Crete and certainly had severe climatic consequences worldwide (traces of it were found even in the annual rings of very ancient American trees), giving rise to atmospheric phenomena which must have terrorized the Bronze Age civilizations in Northern Europe. If we consider that the “optimum” had begun to decline some centuries before, this event probably started, or quickened, the final collapse.
This is the same age as the arising of Aryan, Hyksos, Hittite and Cassite settlements in India, Egypt, Anatolia and Mesopotamia respectively. In a word, the end of the “climatic optimum” can explain the cause of the contemporary migrations of other Indo-European populations (following a recent research carried on by Prof. Jahanshah Derakhshani of Teheran University, the Hyksos very likely belong to the Indo-European family). The original homeland of the Indo-Europeans was probably located in the furthest north of Europe, when the climate was much warmer than today’s. However, on the one hand G. B. Tilak in The Arctic home of the Vedas claims the Arctic origin of the Aryans, “cousins” of the Achaeans, on the other both Iranian and Norse mythology remember that the original homeland was destroyed by cold and ice. It is also remarkable that, following Tilak (The Orion), the original Aryan civilization flourished in the «Orionic period», when the constellation of Orion marked the spring equinox. It happened in the period from 4000 up to 2500 B. C., corresponding to the peak of the “climatic optimum”.
We also note the presence of a population known as the Tocharians in the Tarim Basin (northwest China) from the beginning of the 2nd millennium B. C. They spoke an Indo-European language and were tall, blond with Caucasian features. This dating provides us with yet another confirmation of the close relationship between the decline of the “climatic optimum” and the Indo-European diaspora from Scandinavia and other Northern regions. In this picture, it is amazing that the Bronze Age starts in China just between the 18th and the 16th centuries B. C. (Shang dynasty). We should note that the Chinese pictograph indicating the king is called «wang», which is very similar to the Homeric term «anax», i.e. “the king” (corresponding to «wanax» in Mycenaean Linear B tablets).
On the other hand, the terms «Yin» and «Yang» (which express two complementary principles of Chinese philosophy: Yin is feminine, Yang masculine) could be compared with the Greek roots «gyn-» and «andr-» respectively, which also refer to the “woman” and the “man” («anér edé gyné», “man and woman”, Od., VI, 184). Moreover, it is no accident that in this period the Steppe peoples -the Scythians, as the Greeks used to call them- who were blond or red-haired, flourished in the area where the Volga and the Dnieper run, the rivers that played such an important role as trade and transit routes between north and south. A passage from Herodotus about the origin of the Scythians corroborates this picture:
«They say that 1000 years elapsed from their origin and their first king Targitaos to Darius’s expedition against them» (History, IV, 7).
As this expedition dates back to 514 B. C., their origin would thus date back to the 16th century B. C., i.e. the epoch of the Mycenaean migration. One could venture to include in this picture the Olmecs also. They seem to have reached the southern Gulf Coast of Mexico in about the same period; thus, one could infer that they were a population who had formerly lived in the extreme north of the Americas (being connected to the Indo-European civilization through the Arctic Ocean, which was not frozen at that time), and then moved to the South when the climate collapsed (this, of course, could help to explain certain similarities with the Old World, apart from other possible contacts).
Returning to Homer, this reconstruction not only explains the extraordinary consistency between the Baltic-Scandinavian context and Homer’s world (compared to all the contradictions, over which the ancient Greek scholars racked their brains in vain, arising when one tries to place the Homeric geography in the Mediterranean), but also clarifies why the latter was decidedly more archaic than the Mycenaean civilization. Evidently, the contact with the refined Mediterranean and Eastern cultures favoured its rapid evolution, also considering their marked inclination for trade and seafaring which pervades not only the Homeric poems, but also all Greek mythology. Furthermore, this thesis fits in very well with the strong seafaring characterisation of the Mycenaeans. As a matter of fact, archaeologists confirm that the latter had been intensely practicing seafaring from their settling in Greece (their trade stations are found in many Mediterranean shores). Therefore, they had inherited a tradition dating back to a long time before, which implies that their original land lay near the sea. Further, the northern features of their architecture and their own physical traits fit in perfectly with the parallels between Homeric and Norse myths, which not only possess extremely archaic features, but also are of an undeniably seafaring nature. This is hard to explain with the current hypotheses about the continental origin of the Indo-Europeans, whereas the remains found in England fit in very well with the idea of a previous coastal homeland (by associating this with the typically northern features of their architecture we remove any doubt as to their place of origin).
Many signs prove the antiquity of the two poems and their temporal incongruity with Greek culture (this also explains why any reliable information regarding the author, or authors, of the poems had been lost before classical times), showing that they in fact belong to a “barbaric” European civilization, very far from the Aegean, as has been noticed by authoritative scholars, such as Prof. Stuart Piggott in his Ancient Europe. Moreover, Radiocarbon dating, corrected with dendrochronology (i.e. tree-ring calibration) has recently questioned the dogma of the Eastern origin of European civilization. Prof. Colin Renfrew describes the consequences for traditional chronology:
«These changes bring with them a whole series of alarming reversals in chronological relationships. The megalithic tombs of western Europe now become older than the Pyramids or the round tombs of Crete, their supposed predecessors. The early metal-using cultures of the Balkans antedate Troy and the early bronze age Aegean, from which they were supposedly derived. And in Britain, the final structure of Stonehenge, once thought to be the inspiration of Mycenaean architectural expertise, was complete well before the Mycenaean civilization began» (Before civilization, the radiocarbon revolution and prehistoric Europe, chap. 4, “The Tree-ring Calibration of Radiocarbon”).
Consequently, Prof. Renfrew goes so far as to say:
«The whole carefully constructed edifice comes crashing down, and the story-line of the standard textbooks must be discarded» (Before civilization, chap. 5, “The Collapse of the Traditional Framework”).
To conclude, this key could allow us to easily open many doors that have been shut tight until now, as well as to consider the age-old question of the Indo-European diaspora from a new perspective.
Felice Vinci
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lundi, 28 février 2011
Plato & Indo-European Tripartition
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lundi, 31 janvier 2011
La religione solare nell'impero romano
La religione solare nell’impero romano
In questo articolo prenderemo in considerazione l’importanza rivestita dalla religione solare nell’impero romano a partire dall’introduzione del culto solare da parte di Elagabalo, avvenuta nel 218.
Nel III ancor più nel IV secolo nell’universo pagano romano esistevano diverse correnti di pensiero in assoluto contrasto tra di loro. Come abbiamo messo in evidenza in due nostri libri, ovvero Il neopaganesimo nella società moderna ed Il ritorno del paganesimo questa conflittualità esistente nel mondo pagano nell’età imperiale favorì senza dubbio la vittoria del cristianesimo sul paganesimo. Senza dubbio la causa più importante che determinò nell’universo pagano romano la formazione di tali correnti in aperto conflitto tra loro fu la crisi della religione politeistica tradizionale.
Premesso ciò torniamo ad occuparci della religione del “Sol Invictus” che era una divinità originaria dell’Oriente particolarmente venerata in Siria: nel III e nel IV secolo diverse religioni orientali fecero il loro ingresso nell’impero romano. La religione solare fu introdotta a Roma nel 218 dal giovanissimo imperatore Elagabalo che decise che il dio solare, venerato nella sua patria, diventasse una divinità onnipotente alla quale avrebbero dovuto assoggettarsi tutti gli altri dei della tradizionale religione romana, ivi compreso Giove. Il tentativo di Elagabalo, già di per se stesso prematuro ed anacronistico, venne inoltre condotto senza nessuna prudenza e senza il minimo rispetto della mentalità e dei costumi socio-religiosi romani. Per tali ragioni esso causò una violenta reazione nell’impero, in quanto profanava i simboli più sacri della tradizione religiosa romana.
Alla fine i romani eliminarono in poco tempo sia l’imperatore Elagabalo sia il suo dio solare di origine siriana. Tale reazione del popolo romano indusse il successore di Elagabalo, ovvero suo cugino Alessandro, a tralasciare in tutto il territorio dell’impero qualsiasi rito che riguardasse la divinità solare, sebbene questa avesse grande importanza presso tutti i membri della famiglia imperiale.
Tuttavia, poco dopo nel paganesimo orientale ebbe grande vigore la riflessione teologica sulla divinità solare. La nuova teologia solare divenne ancora più raffinata a partire dalla metà del III secolo, ricollegandosi a concezioni sempre più chiaramente monoteizzanti. Nella nuova teologia solare Helios acquistò la sua definitiva dimensione, che rimarrà tale anche nel tardo paganesimo. In tali riflessioni la divinità solare era sempre la più importante delle divinità, ma veniva subordinata all’Uno, la somma divinità dei filosofi neoplatonici, che affidava a Helios, come ad un demiurgo, il controllo di tutte le parti dell’universo.
La creazione teologica di un principio universale di tipo monoteizzante suscitò grande interesse nella società dell’epoca. Infatti la teologia solare non solo interpretava in maniera efficace sul piano religioso molte delle più importanti esigenze di quel periodo storico ma diventava anche causa di rilevanti conseguenze in ambito politico, in un’era storica nella quale la dimensione religiosa e quella politica erano strettamente collegate. In questo periodo della storia dell’impero romano la già avvenuta trasformazione dello stato romano in una moltitudine di popoli differenti tra loro per costumi, tradizioni, sistemi politici provocò come importantissima conseguenza sul piano politico una forte conflittualità tra imperatore e senato: la romanizzazione spesso poco efficace e superficiale delle province di recente conquista faceva sì che l’impero dovesse temere non solo il conflitto con i nemici esterni ma anche e soprattutto il conflitto permanente che si sviluppava all’interno dei territori dell’impero.
Considerata sotto questo aspetto, la crisi economica e sociale del terzo secolo fu in gran parte conseguenza dello scontro tra due opposte ideologie, l’una conservatrice tendente a restaurare nell’impero i valori tradizionali della “romanitas”, l’altra modernizzante tendente a dare importanza nell’impero romano a tradizioni religiose, sociali, politiche e culturali che erano in aperto conflitto con gli ideali della romanizzazione. Questo conflitto ideologico -culturale ebbe notevoli conseguenze sul piano politico poiché secondo l’ideologia conservatrice l’imperatore doveva essere scelto secondo il principio dell’adozione del migliore mentre secondo l’altra ideologia l’imperatore doveva essere scelto secondo i criteri di una stabile monarchia ereditaria.
Questo conflitto ideologico, culturale e politico divenne particolarmente forte dopo l’età di Marco Aurelio. Dopo il regno di tale imperatore entrò in crisi il principio dell’adozione del migliore e si affermò sempre più il principio della monarchia ereditaria, che presentava maggiori garanzie di stabilità e continuità rispetto all’altro principio. Anche negli ambienti intellettuali pagani si affermò sempre più il principio della monarchia ereditaria e si comprese che tale ideale politico poteva affermarsi con maggiore facilità se avesse avuto il supporto di una religione adatta a tale scopo. Proprio la religione solare venne considerata negli ambienti intellettuali pagani la più adatta a sostenere questo nuovo tipo di ideologia politica. In sintesi l’imperatore veniva considerato come una persona che godeva dell’appoggio del dio solare, che forniva il suo appoggio anche a tutti i membri della famiglia imperiale. Prendendo le mosse dalle concezioni astrologiche dominanti in quel periodo storico, la religione solare divenne un ottimo supporto per la monarchia ereditaria: tali concezioni astrologiche partivano dal presupposto che le anime preesistenti nell’empireo, allorquando si abbassavano verso la Terra per animare i corpi cui erano destinate, attraversavano la sfera dei pianeti e ne ricevevano determinate qualità. Partendo da tali concezioni astrologiche si affermò la convinzione che il Sole, re degli astri, era egli stesso il padrone del destino degli imperatori, poiché Helios dava a quelle persone che aveva scelto come imperatori la virtù dell’invincibilità, e inoltre li assisteva continuamente nella loro opera di governo proprio come un compagno ed un protettore personale. L’imperatore era perciò legato ad Helios da un rapporto di intima comunione e ne costituiva in qualche modo l’incarnazione sulla Terra: egli era pertanto imperatore per diritto di nascita, perché fin dalla sua venuta al mondo gli astri lo avevano destinato a diventare imperatore (si noti come il determinismo astrologico giocava un ruolo importantissimo nella religione solare non solo per l’imperatore ma per tutti gli esseri umani dal più potente al più umile). L’imperatore, che secondo la religione solare era disceso dal cielo prima di diventare quello che era, dopo la morte risaliva in cielo per vivere in eterno con gli dei; inoltre molti teologi della religione solare sostenevano che l’imperatore dopo la morte fosse portato in cielo dal Sole in persona nella sua quadriga risplendente.
Da quanto abbiamo detto appare evidente che la religione solare e le teorie politiche ad essa collegate davano una giustificazione religiosa al crescente assolutismo degli imperatori romani, ragion per cui molti di essi vennero attratti da tale religione. Per fare un esempio, nella seconda metà del III secolo l’imperatore Gallieno volle che venisse collocata a Roma una statua gigantesca del dio Helios.
Tuttavia fu soprattutto alcuni anni più tardi che il culto del “Sol Invictus” rivestì un ruolo importantissimo a Roma all’epoca degli imperatori illirici. Essi ritennero la religione solare per i suoi stessi intrinseci caratteri il supporto più efficace della monarchia ereditaria che volevano instaurare. Dobbiamo dire che dal punto di vista storico-sociale e politico tali imperatori restaurarono l’unità politica e militare dell’impero romano ed inoltre riuscirono a garantire la pace sociale promuovendo la conciliazione tra le necessità economiche delle varie classi. La religione solare raggiunse il suo apogeo nell’impero romano nel 274 quando Aureliano proclamò il “Deus Sol Invictus” la divinità ufficiale dell’impero e in suo onore costruì a Roma un tempio di straordinaria bellezza, al cui servizio fu preposto un apposito collegio di sacerdoti che presero il nome di “pontifices Dei Solis”. Inoltre molti storici sostengono che in quel periodo la religione solare era ufficialmente imposta ai soldati romani nonché ai capi delle legioni.
Anche i successori di Aureliano continuarono a proteggere ed appoggiare la religione solare. Tuttavia le cose cambiarono radicalmente quando salì al trono Diocleziano. Infatti tale imperatore si prepose come scopo principale del suo regno la restaurazione della romanitas. Nell’ambito di tale restaurazione Diocleziano attribuì grande importanza alla religione tradizionale romana. Diocleziano attribuì grande importanza al culto delle divinità classiche quali Marte, Mercurio, Pallade, Giove ed Ercole. Egli inoltre perseguitò con grande durezza i cristiani, ritenendoli dei pericolosi nemici degli ideali e della religione tradizionale del popolo romano. Per questi motivi la persecuzione voluta da Diocleziano fu una delle più dure della storia del cristianesimo: moltissimi cristiani vennero uccisi, a cominciare da quelli che rivestivano ruoli importanti nell’impero.
Diocleziano costituì anche un sistema di governo che prese il nome di tetrarchia, nel quale il potere sovrano era affidato a quattro persone, ovvero due Augusti e due Cesari. In tale sistema di governo la successione veniva assicurata non per diritto di nascita ma attraverso il tradizionale sistema dell’adozione del migliore. Da quanto abbiamo detto è facile comprendere che l’impero di Diocleziano trovava il suo fondamento etico, politico e religioso non nella religione solare ma nelle divinità della religione tradizionale romana. Tuttavia tutti gli sforzi di Diocleziano di restaurare la romanitas e di far ritornare l’impero romano ai suoi antichi splendori fallirono, tanto che Diocleziano si ritirò amareggiato e deluso a vita privata e non ne volle più sapere di riprendere il suo posto nella tetrarchia.
Dopo il ritiro di Diocleziano dalla scena politica romana ricominciarono le guerre civili originate dai conflitti tra i tetrarchi ed il principio dell’ereditarietà del potere imperiale tornò ad affermarsi e con esso tornò in auge la religione solare. Costantino in gioventù fu un fervente adepto della religione solare, anche perché suo padre, verso il quale il futuro imperatore provò sempre un’ammirazione assoluta ed incondizionata, era a sua volta un convinto adepto del dio Helios. Nella biografia di Costantino scritta da un autore anonimo si sostiene che nel 310 a Costantino sarebbe apparso il dio solare mentre il futuro imperatore era intento a pregare in Gallia in un tempio dedicato alla divinità solare.
Molto complessa da interpretare e da comprendere è la politica religiosa instaurata da Costantino dopo la sua conversione al cristianesimo (Costantino abbandonò la religione solare e si convertì al cristianesimo poiché prima della battaglia di Ponte Milvio, nella quale egli sconfisse Massenzio, gli apparve in cielo una croce. Costantino ordinò che la croce fosse posta sullo scudo di tutti i suoi soldati, in quanto era convinto che in tal modo avrebbe sconfitto Massenzio, conquistando il potere imperiale. Dopo aver sconfitto Massenzio Costantino si convertì al cristianesimo). Tuttavia nessuno può negare che la politica religiosa di Costantino fu dominata dal sincretismo religioso, non solo dopo la vittoria di Ponte Milvio su Massenzio, ma anche dopo che Costantino sconfisse Licinio diventando l’unico imperatore romano (mentre in precedenza Costantino governava la parte occidentale dell’impero e Licinio quella orientale).
Gli storici si sono chiesti come è possibile spiegare il persistente sincretismo religioso di Costantino, pur considerandone sincera la conversione al cristianesimo. A nostro avviso è possibile solo se si tiene presente che la maggior parte dei sudditi di Costantino erano pagani, mentre i cristiani costituivano una minoranza nella popolazione dell’impero. Inoltre i cristiani erano una minoranza quasi totalmente incapace di gestire il potere, poiché Diocleziano, come detto in precedenza, aveva fatto uccidere la maggior parte dei cristiani che avevano qualsiasi tipo di potere.
Nella parte finale di questo articolo cercheremo di dimostrare due cose: in primo luogo che non è corretto sostenere che Costantino si sia convertito al cristianesimo per un puro calcolo politico (in tal caso Costantino dovrebbe essere considerato un politico molto scadente, cosa molto lontana dalla realtà); in secondo luogo che per salvare la vita e il trono Costantino non poteva far altro che una politica religiosa imperniata sul sincretismo, poiché la maggioranza dei suoi sudditi erano adepti o della religione solare o della religione tradizionale romana politeistica, e la scelta del sincretismo fu quindi dovuta a un calcolo politico.
La scelta di Costantino di convertirsi alla religione cristiana non fu calcolo politico per almeno due ragioni. In primo luogo i cristiani erano una minoranza della popolazione dell’impero romano (secondo la maggior parte degli storici costituivano poco meno del 10% della popolazione dell’impero), e per di più quasi totalmente priva di uomini dotati di potere; in secondo luogo Costantino non avrebbe abbandonato la religione solare per un puro calcolo politico, anche per rispetto della memoria di suo padre Costanzo Cloro, il quale non solo era un convinto adepto della religione solare ma aveva più volte invitato Costantino a non abbandonare mai il dio Helios; e dopo la morte eroica di Costanzo Cloro in Britannia l’ammirazione di Costantino verso il padre era aumentata considerevolmente.
Riteniamo opportuno dire qualcosa su Costanzo Cloro che deve essere considerato un buon generale ed un valente uomo politico. Egli rivestì il ruolo di Cesare nella tetrarchia di Diocleziano, poi dopo l’abdicazione di Diocleziano e Massimiano divenne Augusto insieme con Galerio. Costanzo Cloro dimostrò di essere un valoroso condottiero in quanto combatté diverse battaglie per difendere i confini dell’impero. Morì eroicamente in battaglia in Britannia dove si era recato per guidare una spedizione romana contro gli abitanti di quella provincia dell’impero.
Per quanto riguarda la decisione di Costantino di adottare una politica religiosa basata sul sincretismo dobbiamo dire che si trattò di un calcolo politico molto intelligente ed anche inevitabile. Dobbiamo tenere presente che al tempo di Costantino la maggior parte di coloro che facevano parte degli ambienti politici, militari ed intellettuali dell’impero romano erano adepti della religione solare, mentre tra le masse popolari e il proletariato erano prevalenti gli adepti della religione romana tradizionale. Se Costantino si fosse posto in contrasto contro la religione solare si sarebbe messo contro i suoi stessi soldati che lo ammiravano in maniera incondizionata, non solo perché erano in maggioranza adepti del dio Helios, ma anche perché erano stati in gran parte agli ordini di Costanzo Cloro.
D’altra parte se Costantino avesse dimostrato pubblicamente di disprezzare la tradizionale religione romana si sarebbe attirato l’odio delle masse popolari, a quel tempo molto turbolente e frustrate. Di conseguenza Costantino praticò un evidentissimo sincretismo religioso adottando simboli e comportamenti in linea a volte con la religione solare e a volte con la religione tradizionale romana. Inoltre pur essendosi convertito al cristianesimo nel 312 non si fece mai battezzare se non quando si trovava già sul letto di morte gravemente ammalato.
Dopo Costantino i suoi successori praticarono una politica religiosa sempre più filocristiana ed ostile al paganesimo fino a che la religione cristiana divenne la religione ufficiale dell’impero romano. Al declino progressivo del paganesimo non sfuggì neanche la religione solare, che divenne sempre meno importante anche negli ambienti dove aveva esercitato una notevole influenza al tempo di Costantino.
Chiudiamo questo articolo mettendo in evidenza che il paganesimo nel V secolo era quasi totalmente sparito negli ambienti urbani mentre continuava ad essere praticato negli ambienti rurali dove riti come la lustratio finalizzata ad aumentare la fertilità dei campi erano considerati così importanti dalla maggior parte dei contadini che a volte accadde che i cristiani che si rifiutavano di partecipare a tale rito subissero il martirio anche nel V secolo e all’inizio del VI secolo, come attestano alcune iscrizioni trovate in varie province dell’impero.
* * *
Riferimenti bibliografici
G. Pellegrino, Il neopaganesimo nella società moderna, Edisud, Salerno, 2000.
G. Pellegrino, Il ritorno del paganesimo, New Grafic Service, Salerno, 2004.
M. Sordi, L’Impero Romano, Laterza, Bari-Roma, 2003.
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samedi, 29 janvier 2011
Jacqueline de Romilly et la bonne Grèce
Jacqueline de Romilly et la bonne Grèce
par Claude BOURRINET
Assurément, il n’est guère correct de s’en prendre à une défunte et à son œuvre. La seule excuse à donner est que l’académicienne n’aurait pas pris la peine de réfuter ce qui suit. Cependant, le ton dithyrambique et l’encens qui ont accompagné les obsèques de l’illustre helléniste avait de quoi irriter, non seulement parce que la flagornerie, même quand il s’agit d’un mort, horripile, comme si ce supplément d’âme eût l’heur de faire oublier la catastrophe annoncée qui ruine l’enseignement du latin et du grec en France, mais on ne s’est guère demandé, et pour cause, si la bonne dame du Collège de France avait fait tout ce qu’il fallait pour qu’une telle tragédie fût devenue impensable. Il y eut bien des pétitions, des murmures de couloir, mais Jacqueline de Romilly était bien trop intégrée pour ruer comme une bacchante ou poursuivre les assassins du grec comme une Érinye assoiffée de sang.
À vrai dire, je n’ai jamais essayé de lire un de ses ouvrages sans que le livre me tombe des mains, tellement il est farci de bons sentiments, et de cette manie anachronique de démontrer l’impossible, à savoir que les Grecs, c’était nous, les modernes de 1789, de la République etc. Le paradigme politique a radicalement changé, tant le christianisme a bouleversé notre manière de voir le monde et les hommes, l’individualisme, la marchandisation, la coupure avec un ordre holiste du monde ont contribué à broyer ce qui demeurait de l’Antiquité. Au demeurant, Walter Friedrich Otto le dit très bien dans Les dieux de la Grèce; comme le souligne Détienne dans la préface de cet ouvrage fondamental : « il faut […] prendre la mesure de ce qui nous sépare, de ce qui nous rend étrangers à l’esprit grec; et en conséquence dénoncer les préjugés [positiviste et chrétien] qui nous empêchent de comprendre « les dieux de la Grèce ” ».
Et si, bien sûr, la Grèce est à l’origine de l’Europe, ce n’est pas dans le sens où les héritiers de la IIIe République l’entendent. D’une certaine manière, même si je me retrouve dans cette époque, en en partageant tous les fondements, y compris les plus scandaleux pour un moderne, et qui sont très éloignés de l’idéologie néochrétienne des droits de l’homme, la Grèce antique est complètement différente du monde contemporain. À son contact, on est en présence avec la véritable altérité (en fait notre identité). Hegel disait que pour un moderne, un Grec est aussi bizarre et étrange qu’un chien.
Voilà ce que qu’écrivait Hegel de l’Africain dans La Raison dans l’Histoire : « C’est précisément pour cette raison que nous ne pouvons vraiment nous identifier, par le sentiment, à sa nature, de la même façon que nous ne pouvons nous identifier à celle d’un chien, ou à celle d’un Grec qui s’agenouillait devant l’image de Zeus. Ce n’est que par la pensée que nous pouvons parvenir à cette compréhension de sa nature; nous ne pouvons en effet sentir que ce qui est semblable à nos sentiments. »
Le fondement de la pensée véritable, c’est ce sentiment d’étrangeté, un arrachement aux certitudes les plus convenues, pour parvenir à notre vérité profonde.
Un Grec est plus proche du Sioux, d’une certaine façon, que du kantien.
Maintenant, avec un effort d’imagination et beaucoup de caractère, on peut se sentir plus proche du Sioux que du kantien.
Jacqueline de Romilly n’a eu donc de cesse d’invoquer la Grèce antique pour louer les vertus supposées de la modernité : la démocratie, dont chacun sait qu’elle est une « invention des Grecs », l’égalité, notamment entre hommes et femmes, les droits de l’homme, etc. La presse ne s’est pas fait faute de le rappeler à satiété, comme si le retour à l’hellénisme ne pouvait que passer par les fourches caudines du politiquement correct.
La source des confusions, lorsqu’on s’avise de s’inspirer des théories politiques de l’Antiquité pour définir les modèles organisationnels de la meilleure société possible, est que nous avons affaire à deux mondes différents, et l’erreur de perspective conduit à des décalages conceptuels et symboliques, à des malentendus. Les notions qui font l’objet d’un glissement suprahistorique fallacieux, confinant à l’anachronisme, sont aisément repérables dans cette phrase, tout à fait représentative du style qu’on trouve chez nos universitaires : « Un sens de l’humanité sorti de l’histoire dont les valeurs et les idées sont toujours dans l’actualité, surtout si on a à l’esprit les remises en cause actuelles des valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité, au nom du droit à la différence confinant à la différence des droits, du communautarisme encouragé par le clientélisme politique, d’un retour radical du religieux et du patriarcat déniant aux femmes qu’elles puissent être les égales de l’homme ! » (Guylain Chevrier, docteur en histoire, cf. http://www.agoravox.fr)
Tout y est, avec même le ton déclamatoire.
La réduction, dans les classes de collège et de lycée, de l’apport hellénique à la démocratie a de quoi irriter. Luciano Canfora , pour ne parler que du terme « démocratie », a démontré que, dans le préambule à la Constitution européenne de 2003, ses concepteurs, par « « bassesse » philologique », ont falsifié les « propos que Thucydide prête à Périclès » (qui était, de facto, prince – prôtos anêr, dixit Thucydide – d’Athènes) en assimilant démocratie et liberté. La « gaffe » provient de leur formation scolaire, qui leur a révélé que « la Grèce a inventé la démocratie » (« formule facile, tellement simplificatrice qu’elle se révèle fausse », écrit Canfora), sans entrevoir qu’« aucun texte écrit par un auteur athénien ne célèbre la démocratie » ! Celle-là, dans l’histoire des Grecs antiques, a été un régime minoritaire, ramassé dans le temps, qu’il n’a pas été si démocratique que cela (au sens moderne), et qu’il a été méprisé par pratiquement tous les penseurs, à commencer par le premier, Platon, qui lui reprocha d’avoir assassiné Socrate. Il faudrait analyser de plus près ce que dit Aristote, qui est plutôt pour le gouvernement des meilleurs.
D’autre part, la notion d’égalité est aussi un piège : Agamemnon par exemple est le primus inter pares. Il n’est pas question d’égalité entre êtres humains, mais entre aristocrates, entre rois. Thersite en sait quelque chose, qui reçoit de la part d’Ulysse un coup de sceptre pour avoir prôné le défaitisme, et, avant tout, pour avoir pris la parole.
Pratiquement personne n’a remis en cause l’esclavage.
Ce que l’on omet de dire, c’est que, si l’on survole l’histoire hellénique jusqu’à Rome et au-delà, le régime qui s’impose et qui, justifié par les stoïciens, les platoniciens et d’autres, semble le plus légitime, surtout après Alexandre, c’est la monarchie. L’Empire romain est fondé sur cette idéologie, comme l’a montré Jerphagnon.
Qu’en est-il de l’égalité entre l’homme et la femme ? Ce n’est pas à un Grec qu’on va faire passer cette baliverne ! Il en aurait bien ri, lui qui, sur cette question, ressemble beaucoup à un musulman, en remisant son épouse dans le gynécée. Lysistrata est une COMÉDIE, destinée à FAIRE RIRE ! Autant dire que l’idée d’égalité entre hommes et femmes était présentée comme une bouffonnerie.
Je renvoie à Vernant pour ce qui est du « mythe d’Œdipe », qu’il dénonce savamment en montrant que Freud s’était trompé sur toute la ligne.
Loin de moi l’idée de démolir la statue funèbre de Jacqueline de Romilly, mais j’avoue que les éloges actuels m’énervent un peu.
Pour apprécier en profondeur la pensée grecque (et subsidiairement romaine), autant lire Vernant, Jerphagnon (l’exquis !), Friedrich Otto, Paul Veyne, qui me semblent plus incisifs que la bonne dame pour classes terminales…
Claude Bourrinet
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jeudi, 30 décembre 2010
Hypathie, Synésios et la philosophie pérenne
Hypatie, Synésios et la philosophie pérenne
par Claude BOURRINET
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Agora, l’excellent film de Alejandro Amenabar, qui conte le sort tragique d’Hypatie (ou Hypatia), philosophe néoplatonicienne du IVe siècle, est à voir non comme une reconstitution historique, bien que, somme toute, malgré quelques invraisemblances, dont l’âge de l’héroïne, l’Alexandrie de cette époque soit remarquablement restituée et les événement assez fidèlement respectés, mais comme une lecture de notre époque.
La loi du genre cinématographique exige une concentration dramatique qui resserre des éléments narratifs et biographiques dont l’étalement dans le temps diluerait l’attention. D’autre part, la dimension romanesque doit aussi avoir sa part. Nous avons fait allusion à l’âge d’Hypatie, trop jeune pour les événements qui sont présentés. En vérité, elle a été assassinée par les fanatiques chrétiens en 415, à l’âge de 45 ans. L’intrigue concernant l’esclave chrétien relève aussi de la pure fantaisie.
Dans le long métrage apparaissent deux personnages très importants, deux de ses élèves, Synésios de Cyrène, un futur évêque, et Oreste, le futur préfet de la ville, qui, dans le film (mais la relation historique ne confirme pas que ce fût lui qui était en cause), presse vainement la philosophe de ses assiduités amoureuses.
Un spectateur du XXIe siècle, en prenant connaissance d’un épisode assez méconnu de la fin du paganisme, ne peut s’empêcher de transférer dans le champ spatio-temporel contemporain les problématiques d’alors.
Alexandrie d’abord, la ville cosmopolite par excellence, dans les murs de laquelle coexistent depuis plus de sept cents ans, voire davantage, Égyptiens, Grecs et Juifs (et au IVe siècle des chrétiens de toutes origines ethniques), est le centre intellectuel, culturel, au même rang que l’Athènes universitaire, du monde gréco-romain. Ce n’est pas pour rien que l’époque hellénistique, qui court depuis l’épopée d’Alexandre jusqu’à l’occupation de la Grèce par Rome, est aussi appelée époque alexandrine. On y trouve la fameuse bibliothèque, qui est une partie d’un plus vaste ensemble créé en – 288 par un des généraux d’Alexandre, Ptolémée Ier Sôter, le Museiôn (palais des Muses), qui était en fait une université de pointe où les recherches scientifiques étaient particulièrement poussées. Sous César, la bibliothèque groupa jusqu’à 700 000 volumes et dut subir quelques avanies. Certaine hypothèses quant à sa destruction font état du rôle néfaste de l’empereur Théodose qui, en 391, ordonna de détruire les temples païens. Comme le Serapeion, temple dédié au dieu-taureau Apis (assimilé au dieu grec Osiris, fusion qui allait donner Sérapis) contenait la bibliothèque, les troubles religieux fomentés par l’évêque Théophile entraîneront la ruine de cet ensemble cultuel d’une renommée considérable. Mais certains historiens arabes, Abd al-Latif, en 1203, Ibn al-Kifti et le grand Ibn Khaldoun, évoquent la responsabilité du calife Omar, lequel ordonna en 642 à Amr ibn al-As, son général, de détruire les ouvrages inutiles (c’est-à-dire qui ne sont pas le Coran). Il est probable que ces décisions se conjuguèrent pour anéantir l’un des plus grands trésors de l’humanité.
Notre âge connaît aussi un mélange de cultures, un brassage cosmopolite et une tentative de rassemblement du savoir universel. Toute grande métropole occidentale est susceptible de rappeler Alexandrie, singulièrement New York, qui se veut le cœur culturel du Nouvel ordre mondial. On y trouve en effet la présence d’une forte communauté juive, un urbanisme démesuré, une volonté de modernité scientifique et artistique, ainsi qu’une ambition de régenter l’esprit du Monde. Les images en douche qui montrent les heurts entre chrétiens et païens, les gros plans sur les silhouettes noires qui sèment la terreur font irrésistiblement penser à des djihadistes, des talibans du IVe siècle. Aussi n’est-il pas abusif de considérer que le film doit beaucoup au 11 septembre et à ce qui s’est ensuivi. Hypatie n’est-elle pas une femme libre victime de la misogynie et de l’intolérance d’une religion proche-orientale ? C’est évidemment le libéralisme sociétal et politique de l’Occident, face à l’obscurantisme, qui est en partie invoqué derrière la liberté païenne attaquée. Et, par delà, l’intolérance du monothéisme. La nature des « recherches » d’Hypatie, l’expérimentation qu’elle pratique sur un navire, évoquent bien entendu Galilée, son héliocentrisme et son expérience, sur la chute des corps, du sommet de la Tour de Pise. Anachronisme, bien sûr, et pas seulement dans les aspects strictement scientifiques : les Anciens en effet n’appréhendaient pas les lois « physiques » et cosmologiques de manière mécaniste, et le néoplatonisme était par bien des côtés plus proche de la magie (la théurgie) que de la quantification de l’univers. Mais qu’importe : on voit que ce qui est souligné est le parallèle avec la lutte que dut entreprendre la modernité contre la superstition des âges obscurs. Credo quia absurdum, disait-on au Moyen Âge.
La boucle est donc bouclée : comme Hypatie en son temps, nous devons combattre, si nous ne voulons pas que notre civilisation s’effondre, les fanatiques actuels de tous poils (évangélistes compris ?).
Il serait trop long d’expliquer en quoi le monde d’aujourd’hui doit plus qu’il ne croit à la vision chrétienne. Je renvoie à l’ouvrage de Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde. Malgré tout, on ne peut pas dire que le pronostic soit totalement erroné, et que la liberté des modernes ne tienne pas, d’un certain point de vue, à celle des païens.
Le christianisme, contrairement aux religions à « mystères », était irrécupérable dans le cadre de la rationalité grecque. Il devait la subvertir en le retournant. Dans la contrainte de justifier rationnellement la foi, il avait emprunté à la philosophie hellénique, mais au prix d’un travestissement du sens et d’un autre emploi du vocabulaire métaphysique. En vérité, la liberté d’interprétation, le libre jeu de la recherche intellectuelle n’avaient plus cours. Nous étions passés sous d’autres cieux, dans lequel un dieu jaloux régnait. Le monde des idées était mis sous tutelle, et le dogme s’imposait, transformant la philosophie en servante de la religion. Le mythe (mythistoire, en ce qui concerne le christianisme) avait dévoré le logos, la fable la raison. La religion à étages qui caractérisait le monde antique (les mythes, les cultes civiques et la « mystique » intellectualisée des philosophes, d’une élite) permettait une économie relativement sereine du « problème divin ». Il s’agissait de réguler le lien entre le ciel et la terre, tout en consacrant l’ordre cosmique, donc par ricochet la sphère politique. L’intention perdure, mais non sans complications. Le dieu subjectif, personnel, absolument transcendant des juifs, dont les chrétiens sont les héritiers, enjoint de manifester sa foi à tous les niveaux, c’est-à-dire dans tous les compartiments de la vie sociale, politique et privée. Le Bas-Empire », qui, depuis les Sévère, manifestait des tendances autocratiques, avec une sacralisation progressive de l’État que Dioclétien renforça, ne pouvait que verser sur la pente d’un totalitarisme dont l’Église chrétienne deviendrait la clef de voûte. Comme Lucien Jerphagnon l’écrit, dans son excellent ouvrage, Les divins Césars : « À la différence des anciens cultes, le christianisme engageait le plan de la conscience personnelle; il exigeait de ses adeptes une adhésion intérieure qui les rendait justiciables d’instances spirituelles censément intermédiaires entre le divin et l’humain. » Une fois l’alliance entre l’Empire et le goupillon scellée, l’obéissance et l’implication subjective, dues à l’une, devait s’appliquer à l’autre, ce qui était tout profit pour les deux s’épaulant, les « agentes in rebus », appelés aussi les « curiosi « , autrement dit les barbouzes du régime, aidant du reste de leur mieux à convaincre les récalcitrants.
En effet, ce fut sous le premier empereur chrétien qu’un ouvrage, un pamphlet érudit de Porphyre, Contre les chrétiens, fut l’objet du premier autodafé de l’Histoire ordonné pour des raisons religieuses. C’était un coup d’essai qui ne demandait qu’à se confirmer, et qui était complètement contraire au libéralisme qui régnait dans le monde intellectuel païen. Comme l’affirme Ambroise, l’évêque de Milan, qui impressionna tant Augustin en cette fin du IVe siècle : « On doit le respect d’abord à l’Église catholique, et ensuite seulement aux lois : reverentiam primo ecclesiae catholicae deinde etiam et legibus ». L’Empereur Gratien en sut quelque chose, bien qu’il ne fût pas lui-même un parangon de tolérance.
Ce qu’il y avait aussi d’inédit dans la manière dont le christianisme s’imposait, c’était son prosélytisme, son ambition missionnaire de convertir l’humanité. Il rencontrait certes la logique universaliste de l’Empire romain qui, comme tout Empire, avait vocation à dominer le monde, mais, en même temps, la sage gestion des choses divines, qui prévalait jusqu’alors, était complètement embrouillée. Il n’y avait plus, en droit, plusieurs approches, des interprétations hiérarchisées du monde et des dieux, mais un dogme qu’il fallait mettre à la portée de tous. Nietzsche avait parlé d’un platonisme placé au niveau des masses, dont la grossièreté devenait une source de troubles.
Les « débats » métaphysiques sur les relations entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, en brassant des concepts alambiqués, débordaient sur la place publique. La « démocratisation » de la question religieuse, qui devenait un enjeu idéologique derrière lequel se dissimulaient des conflits ethniques ou nationalistes (les donatistes par exemple expriment le ressentiment berbère, les futurs monophysites se trouveront surtout chez les Égyptiens, à l’esprit particulariste exacerbé) libère dans le démos tous les démons du fanatisme, comme si les cloisons antiques qui permettaient de canaliser les conflits avaient sauté. Les moines, dont le nombre devient vite pléthorique, et qui recrutent en Égypte surtout dans la paysannerie inculte et particulièrement rude, constituent des troupes de choc, souvent violentes, et feront peser sur l’État byzantin un danger constant. Ils se déversent dans la rue en gueulant des slogans, comme nos modernes gauchistes, constituent des sectes, des coteries, des clans, et en même temps l’infanterie lors des combats urbains. Ainsi Cyrille, à Alexandrie, bénéficie-t-il des « services » de ses parabalani (infirmiers ou croquemorts) dévoués corps et âmes à leur chef. Libanios, un des philosophes « païens » qui accompagnèrent Julien dans son épopée, dit de Constance II, bigot qui avait décrété l’interdiction des cultes anciens, qu’il « introduisait à la cour les hommes pâles, les ennemis des dieux, les adorateurs des tombes… ».
L’« Antiquité tardive » est un monde où la haine s’exaspère, les gens des campagnes en voulant à ceux des villes qui les exploitent, détestant encore plus propriétaires et fonctionnaires, les prolétaires en voulant aux bourgeois, et l’armée étant vomie par l’ensemble de la société. Tous les ingrédients étaient présents pour recevoir avec empressement ce dieu d’amour et de revanche qu’était Yahvé-Jésus.
Julien (empereur de 361 à 363) évoquera cette haine du chrétien pour le chrétien, la rabies theologica : « Aucune bête féroce, écrit aussi Ammien Marcellin (contemporain de Julien), n’est aussi acharnée contre l’homme que le sont la plupart des chrétiens les uns contre les autres. »
Pour en revenir à Alexandrie, on peut dire qu’elle était la matrice d’un courant, le néoplatonisme, qui était la symbiose du platonisme, de l’aristotélisme et du stoïcisme, et qui allait influencer, par Plotin, la pensée occidentale jusqu’à maintenant. Elle avait vu en son sein œuvrer Philon le juif, qui avait essayé de concilier le judaïsme et l’hellénisme, Pantène, Clément, qui étaient chrétiens, et surtout Ammonios Sakkas, qui n’a rien écrit, mais qui fut le maître d’Origène et de Plotin, ce qui n’est pas rien.
Il faut imaginer Hypatia dans cette atmosphère tendue, en tous points exaltante si l’on considère la tradition dans laquelle elle s’inscrivait, mais ô combien chargée de menaces. En 388, on avait fermé les temples. En 392, on saccageait le Sérapeion. La ville était sous la coupe des patriarches, Théophile et Cyrille, son neveu. Un État dans l’État.
Hypatia était fille de Théon, mathématicien célèbre. Elle était « géomètre » (comme le recommandait Platon), astronome, vierge et vertueuse, s’accoutrait du court manteau des cyniques – le tribon -, symbole d’abstinence plutôt que d’appartenance à l’école des « chiens ». Elle était rémunérée par l’État, mais donnait aussi des cours privés.
Synésios de Cyrène avait réalisé sur ses indications un planisphère. C’était un fils de bonne famille, intelligent et riche, de même âge que son professeur. Il était fasciné par Hypatia. Plus tard, dans une « lettre à un ami », il écrit : « Nous avons vu et entendu celle qui détient le privilège d’initier aux mystères de la philosophie. » Il l’appela, sur son lit de mort, « sa mère, sa sœur, son maître ».
Comme tout « potentes » de l’époque, il fut contraint à la politique. Voué à la vie philosophique, c’est-à-dire à la contemplation, il n’était sans doute pas emballé par cette charge, mais l’élite gréco-romaine était encore animée par l’éthique stoïcienne, et c’était un devoir auquel on ne se dérobait pas encore. Aussi se retrouva-t-il, au mois d’août 399, à la cour d’Arcadios, une parfaite nullité, fils du sinistre Théodose. Le député de la Cyrénaïque était en fait là pour défendre les intérêts d’une province en grande difficulté économique. Il produisit du même coup un Discours sur la royauté qui reprenait le thème de la royauté idéale, opposée à la tyrannie parce que guidée par la philosophie, pattern redevable à la tradition gréco-latine destinée à asseoir idéologiquement la basileia, c’est-à-dire la royauté, avec tout ce que cela suppose de tempérance, de piété, de bonté, d’imitation de l’excellence divine (la providence royale étant faite à l’image de la pronoia divine, et le basileos étant assimilable à la divinité, homoiôsis theô). Synésios invitait l’Empereur à revenir à la tradition romaine de simplicité, de rudesse, etc. – contre l’amollissement d’une cour corrompue par trop de luxe, qu’il constatait de ses yeux. Et il met pour ce faire en regard le souvenir des anciens empereurs, à la tête des armés, et insiste sur la nécessité de la guerre, matrice de vertus. Comme quoi un néoplatonicien peut avoir les pieds sur terre !
Mais ce qu’il fit de plus intéressant encore, et qui nous concerne pour notre propre chef, ce fut d’engager Arcadios à expulser du Sénat les Barbares germains qui s’y étaient infiltrés et qui avaient la haute main sur tout. Il contredisait ainsi Thémistios – dont Arcadios avait été l’élève – philosophe néoplatonicien « de cour », conseiller de plusieurs empereurs, qui avait invité ses maîtres successifs à « passer aux barbares ». Durant les vingt années qui séparent les deux hommes, le problème barbare avait beaucoup évolué. Les intelligences lucides y voyaient une menace mortelle pour l’Empire. Il fallait un sursaut, une prise de conscience. Aussi Synésios conseilla-t-il de recruter dans les « campagnes » de l’Empire plutôt que chez les Barbares qui infestaient l’armée et minaient sa cohésion. Il demandait des combattants « nationaux ».
Ce n’est pas tout. Il se maria. C’était un homme qui adorait la chasse et la réflexion. Il était richissime, avait de hautes relations, était sérieux, savant. Il n’en fallait pas plus, en ces temps de détresse, pour être élu évêque. Il accepta sous conditions. Dans la Lettre 105 à son frère (en fait il s’adressait à Théophile), il remercie les habitants de Ptolémaïs qui lui ont fait confiance. Mais il est marié, et refuse une séparation officielle ainsi qu’une vie maritale clandestine. Il veut même avoir « beaucoup de beaux enfants ». Sur le plan philosophique, il n’est pas disposé à abandonner ses convictions auxquelles il adhère par voie de démonstration scientifique : « Il y a plus d’un point où la philosophie s’oppose aux idées communément reçues », c’est-à-dire chrétiennes. Il faut le laisser tranquille par rapport au dogme. Par exemple : « Je n’irai pas dire […] que le monde, en toutes ses parties, est voué à la ruine [cela contre le dogme de la fin l’Apocalypse]. Quant à la résurrection, qu’admet l’opinion courante, c’est là, à mon sens, un mystère ineffable où je ne m’accorde pas, tant s’en faut, avec le sentiment vulgaire. » Et il fixe les bornes entre lesquelles peut s’exercer la liberté de conscience : en public, il est philomuthôn (je prêche toutes les « histoires » qu’on voudra), dans le privé, je suis philosophôn (j’exerce librement ma raison).
On ne connaît pas la suite.
Il resta fidèle à Hypatia. Il mourut en 413, la précédant de deux ans.
Entre-temps, Théophile était mort, Cyrille, son neveu, imposait sa loi à Alexandrie. En mars 415, il y eut des émeutes. Cyrille et Oreste s’opposaient, le pouvoir religieux voulait dominer le pouvoir politique. Oreste sanctionna Hiérax, maître d’école chrétien, sectateur fanatique et agent de Cyrille. Une provocation (l’incendie dans une église) fut le prétexte d’un pogrom contre les juifs, que le pouvoir séculier protégeait. Un commando de cinq cents moines rencontra le préfet, qui fut rossé et sauvé in extremis par des Alexandrins. Cyrille accusa le préfet d’être sous l’influence d’Hypatia, considérée comme la source du conflit.
Un commentateur contemporain, du nom de Socrate raconte ce qui suivit : « Des hommes à l’esprit échauffé ourdirent un complot. Sous la conduite d’un lecteur répondant au nom de Pierre, les voilà qui surprennent la femme alors qu’elle rentrait chez elle, s’en revenant on ne sait d’où. Ils l’extraient de sa litière, l’entraînent à l’église du Kaisaréion, la déshabillent et la tuent à coups de tessons. Ils dépecèrent le corps, en rassemblèrent les morceaux sur la place du Cinaron, et les mirent à brûler. »
Lucien Jerphagnon ajoute : « Ainsi s’achève l’histoire d’Hypatia la philosophe, dont le savoir égalait le charme et la beauté. »
Claude Bourrinet
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vendredi, 10 décembre 2010
La triade homérienne
La triade homérienne
par Dominique VENNER
Ex: http://engarda.hautetfort.com/
Pour les Anciens, Homère était « le commencement, le milieu et la fin ». Une vision du monde et même une philosophie se déduisent implicitement de ses poèmes. Héraclite en a résumé le socle cosmique par une formulation bien à lui : « L’univers, le même pour tous les êtres, n’a été créé par aucun dieu ni par aucun homme ; mais il a toujours été, est et sera feu éternellement vivant… »
1. La nature comme socle
Chez Homère, la perception d’un cosmos incréé et ordonné s’accompagne d’une vision enchantée portée par les anciens mythes. Les mythes ne sont pas une croyance, mais la manifestation du divin dans le monde. Les forêts, les roches, les bêtes sauvages ont une âme que protège Artémis (Diane pour les Romains). La nature tout entière se confond avec le sacré, et les hommes n’en sont pas isolés. Mais elle n’est pas destinée à satisfaire leurs caprices. En elle, dans son immanence, ici et maintenant, ils trouvent en revanche des réponses à leurs angoisses :
« Comme naissent les feuilles, ainsi font les hommes. Les feuilles, tour à tour, c’est le vent qui les épand sur le sol et la forêt verdoyante qui les fait naître quand se lèvent les jours du printemps. Ainsi des hommes : une génération naît à l’instant où une autre s’efface » (Iliade, VI, 146). Tourne la roue des saisons et de la vie, chacun transmettant quelque chose de lui-même à ceux qui vont suivre, assuré ainsi d’être une parcelle d’éternité. Certitude affermie par la conscience du souvenir à laisser dans la mémoire du futur, ce que dit Hélène dans l’Iliade : « Zeus nous a fait un dur destin afin que nous soyons plus tard chantés par les hommes à venir » (VI, 357-358). Peut-être, mais la gloire d’un noble nom s’efface comme le reste. Ce qui ne passe pas est intérieur, face à soi-même, dans la vérité de la conscience : avoir vécu noblement, sans bassesse, avoir pu se maintenir en accord avec le modèle que l’on s’est fixé.
2. L’excellence comme but
A l’image des héros, les hommes véritables, nobles et accomplis (kalos agatos), cherchent dans le courage de l’action la mesure de leur excellence (arétê), comme les femmes cherchent dans l’amour ou le don de soi la lumière qui les fait exister. Aux uns et aux autres, importe seulement ce qui est beau et fort. « Etre toujours le meilleur, recommande Pelée à son fils Achille, l’emporter sur tous les autres » (Iliade, VI, 208). Quand Pénélope se tourmente à la pensée que son fils Télémaque pourrait être tué par les “prétendants” (usurpateurs), ce qu’elle redoute c’est qu’il meurt « sans gloire », avant d’avoir accompli ce qui ferait de lui un héros à l’égal de son père (Odyssée, IV, 728). Elle sait que les hommes ne doivent rien attendre des dieux et n’espérer d’autre ressource que d’eux-mêmes, ainsi que le dit Hector en rejetant un présage funeste : « Il n’est qu’un bon présage, c’est de combattre pour sa patrie » (Iliade, XII, 243). Lors du combat final de l’Iliade, comprenant qu’il est condamné par les dieux ou le destin, Hector s’arrache au désespoir par un sursaut d’héroïsme tragique : « Eh bien ! non, je n’entends pas mourir sans lutte ni sans gloire, ni sans quelque haut fait dont le récit parvienne aux hommes à venir » (XXII, 304-305).
3. La beauté comme horizon
L’Iliade commence par la colère d’Achille et se termine par son apaisement face à la douleur de Priam. Les héros d’Homère ne sont pas des modèles de perfection. Ils sont sujets à l’erreur et à la démesure en proportion même de leur vitalité. Pour cette raison, ils tombent sous le coup d’une loi immanente qui est le ressort des mythes grecs et de la tragédie. Toute faute comporte châtiment, celle d’Agamemnon comme celle d’Achille. Mais l’innocent peut lui aussi être soudain frappé par le sort, comme Hector et tant d’autres, car nul n’est à l’abri du tragique destin. Cette vision de la vie est étrangère à l’idée d’une justice transcendantale punissant le mal ou le péché. Chez Homère, ni le plaisir, ni le goût de la force, ni la sexualité ne sont jamais assimilés au mal. Hélène n’est pas coupable de la guerre voulue par les dieux (Iliade, III, 161-175). Seuls les dieux sont coupables des fatalités qui s’abattent sur les hommes. Les vertus chantées par Homère ne sont pas morales mais esthétiques. Il croit à l’unité de l’être humain que qualifient son style et ses actes. Les hommes se définissent donc au regard du beau et du laid, du noble et du vil, non du bien ou du mal. Ou, pour dire les choses autrement, l’effort vers la beauté est la condition du bien. Mais la beauté n’est rien sans loyauté ni vaillance. Ainsi Pâris ne peut être vraiment beau puisqu’il est couard. Ce n’est qu’un bellâtre que méprise son frère Hector et même Hellène qu’il a séduite par magie. En revanche, Nestor, en dépit de son âge, conserve la beauté de son courage. Une vie belle, but ultime du meilleur de la philosophie grecque, dont Homère fut l’expression primordiale, suppose le culte de la nature, le respect de la pudeur (Nausicaa ou Pénélope), la bienveillance du fort pour le faible (sauf dans les combats), le mépris pour la bassesse et la laideur, l’admiration pour le héros malheureux. Si l’observation de la nature apprend aux Grecs à mesurer leurs passions, à borner leurs désirs, l’idée qu’ils se font de la sagesse avant Platon est sans fadeur. Ils savent qu’elle est associée aux accords fondamentaux nés d’oppositions surmontées, masculin et féminin, violence et douceur, instinct et raison. Héraclite s’était mis à l’école d’Homère quand il a dit : « La nature aime les contraires : c’est avec elle qu’elle produit l’harmonie. »
Dominique Venner, « La Nouvelle Revue d’Histoire », n°43, juillet-août 2009. Mis en ligne sur le site de Dominique Venner.
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lundi, 29 novembre 2010
Greek & Barbarian
Greek & Barbarian
F. Roger DEVLIN
Ex: http://www.counter-currents.com/
The Landmark Herodotus: The Histories
Edited by Robert B. Strassler
New York: Pantheon, 2007
Independent scholar Robert Strassler has produced far and away the best English edition aimed at the general reader of the work which remains the fountainhead of the Western historical tradition. Let us hope there is still a fit audience out there for it—men, that is, capable of learning what Herodotus has to teach. Generations of schoolboys at British public schools, German Gymnasia, and American rural academies once read his Histories to learn who they were—in other words, what it meant to be men of the West.
On a first approach, Herodotus’s great work appears a confusing welter of names, colorful stories, digressions, and miscellaneous ethnographic information. I have taught the work to undergraduates and remember students valiantly struggling to discuss “that one King of Wherever, who was fighting that tribe, whatever they were called . . .” In reality, the narrative is carefully—indeed intricately—structured, but in a manner that only becomes clear after repeated readings. What Strassler has done is provide a wealth of maps, indices, cross references, notes, illustrations, and appendices which reduce the preliminary mental effort required merely to grasp this overall structure. The reader can thus proceed more quickly to genuine historical understanding.
It is remarkable that no one in the small, overspecialized world of academic classical studies has ever bothered to attempt such a project. Strassler himself fetchingly admits: “I am not a scholar of ancient Greek and indeed can barely parse a simple sentence in that language” (xlvi). He commissioned a new translation for this edition by Andrea Purvis of Duke University. It is not “dazzling,” as the publisher’s blurb claims, but perhaps something better: unpretentiously accurate, and less mannered than its nearest competitor, David Grene’s 1987 version.
Herodotus grew up in Halicarnassus, an important trading center on the edge of the Greek world, where Greek and Barbarian came into frequent contact. He traveled widely, visiting Egypt as well as many Greek cities; he interviewed public figures and veterans of the events he recounts and gave public readings of his work, which he called the “Inquiries” (historiē in Greek). His great theme is the contrast between Greek and Barbarian, and more particularly the struggle of Greek freedom with Asiatic despotism. The narrative is designed from the beginning to culminate in a description of the successful Greek struggle to repel the Persian invasions of 490 and 480 BC.
Herodotus, like most ancient writers, was concerned with freedom primarily in a political sense. He says nothing about freedom of commerce or religion or conscience or of individual action. All of these may be fine things, but they are ideals which belong to a later age.
During the Cold War, many were inclined to cite the greater efficiency of the market economy as the fundamental distinguishing trait of the West, proudly pointing to our groaning supermarket shelves and favorably contrasting them with Soviet bread lines. Persons used to this way of viewing matters will be especially liable to a feeling of cognitive dissonance when reading Herodotus, who constantly stresses the wealth of oriental despotisms; whereas “in Hellas,” according to one Greek quoted in the Histories, “poverty is always and forever a native resident” (Book 7: chapter 102).
An especially famous and illustrative story, not less significant for being probably unhistorical, concerns Solon the Athenian lawgiver and Croesus of Lydia (immortalized in the expression “rich as Croesus”). After proudly displaying his wealth to his Athenian visitor, Croesus hopefully asks whether Solon in all his travels has “yet seen anyone who surpasses all others in happiness and prosperity?” Solon disappoints him by naming a number of Greeks who lived in relatively moderate circumstances. Croesus indignantly asks “are you disparaging my happiness as though it were nothing? Do you think me worth less than even a common man?” Solon explains that no judgment can be made while Croesus is still alive, for reversals of fortune are too common. (1:30-32) Croesus eventually attempts to conquer the Persians, but is defeated by them and deprived of his kingdom.
The Asiatics as portrayed by Herodotus might be described, for lack of a better word, as accumulators. This applies no less to political power than to wealth. “We have conquered and made slaves of the Sacae, Indians, Ethiopians, Assyrians, and many other great nations” says one Persian grandee matter of factly, “not because they had committed injustices against Persia, but only to increase our own power through them” (7:8). In other words, they are believers in what a contemporary neoconservative journalist might call “national greatness.” They build larger monuments than the Greeks and undertake vast projects such as diverting rivers. It never seems to occur to them that anything might become too big or too organized. When they attempt the conquest of Greece, Herodotus shows them becoming encumbered by their vast baggage trains, unable to moor their multitude of ships properly in tiny Greek coves—generally crushed beneath their own weight like a beached whale as much as they are defeated by the Hellenic armies.
A related Asiatic trait is a failure to acknowledge human limitations. When Xerxes’ invasion is delayed by stormy weather at the Hellespont, he orders the beachhead scourged and branded. His slaves are instructed to say: “Bitter water, your Master is imposing this penalty upon you for wronging him. King Xerxes will cross you whether you like it or not” (7:35). Similarly, there is no real place in the Asiatic’s thought for death, because it is the ultimate limitation on human planning and power. Xerxes weeps while reviewing his army as it occurs to him that all his men will be dead in a hundred years, but decides he must simply put the matter out of his mind.
The Solonian view of happiness as a life well lived from beginning to end, by contrast, begins with the fundamental fact of human finitude. It is this characteristically Greek view which Aristotle eventually formalized and extended in his discussion of happiness (eudaimonia) in the Nicomachian Ethics, and which has continued to influence the best minds of Christendom to this day. The modern “consumerist” mentality, by contrast, might be understood as a relapse into Asiatic barbarism.
The Persians make efforts to buy off Greek leaders. Herodotus describes the wealth of a Persian Satrap named Hydarnes, and then recounts his advice to some Spartan envoys passing through his province on the way to the Persian capitol:
“Lacedaemonians, why are you trying to avoid becoming the King’s friends? You can see that the King knows how to honor good men when you look at me and the state of my affairs. This could be the same for you if only you would surrender yourselves to the King, since he would surely think you to be good men and allow each of you Greek territory to rule over.” To this they replied, “Hydarnes, you offer us this advice only because you do not have a fair and proper perspective. For you counsel us based on your experience of only one way of life, but you have had no experience of the other: you know well how to be a slave but have not yet experienced freedom, nor have you felt whether it is sweet or not. But if you could try freedom, you would advise us to fight for it, and not only with spears, but with axes!” (7:135)
When the envoys arrive in Susa,
At first the King’s bodyguards ordered them and actually tried to force them to prostrate themselves before the King; but they refused to do so, saying that they would never do that, even if the bodyguards should try to push them down to the ground headfirst, since it was not their custom [nomos] to prostrate themselves before any human being. (7:136)
King Xerxes, by contrast, is a great believer in “leadership:” if he were alive today, one might picture him topping the bestseller lists with books on his “Seven Principles of Effective Leadership.” Before invading Greece, he asks:
How could 1,000 or even 10,000 or 50,000 men, all of them alike being free and lacking one man to rule over them, stand up to an army as great as mine? Now if they were under the rule of one man, as is our way, they would fear that man and be better able, in spite of their natural inclinations, to go out and confront larger forces, despite their being outnumbered, because they would then be compelled by the lash. But they would never dare to do such a thing if they were allowed their freedom! (7:103)
At the Battle of Salamis, he has a throne erected for himself on a prominent hill, convinced that his men will fight best knowing they are under his watchful eye.
Herodotus leaves us in no doubt where he stands on this issue; he relates in his own voice that
the Athenians increased in strength, which demonstrates that an equal voice in government has beneficial impact not merely in one way, but in every way: the Athenians, while ruled by tyrants, were no better in war than any of the peoples living around them, but once they were rid of tyrants, they became by far the best of all. Thus it is clear that they were deliberately slack while repressed, since they were working for a master, but that after they were freed, they became ardently devoted to working hard so as to win achievements for themselves as individuals. (5:78)
This comparative lack of emphasis on leadership does not mean the ancients were egalitarian levelers. All successful enterprises must be organized hierarchically, because this is what allows men to coordinate their efforts. The Greeks, in fact, made a proverb of a line from Homer’s Iliad: “Lordship for many is no good thing; let there be one ruler.” Moreover, they greatly honored men who performed leadership functions successfully.
Public offices were, however, always distinguished from the particular men holding them. They did not regard their magistrates as sacred, and none ever claimed to be descended from Zeus. Aristotle defined political freedom as “ruling and being ruled in turn.” In battle, Greek captains fought in a corner of the phalanx beside their men; they could be difficult for an enemy to distinguish.
What allowed Greeks to combine effective organization with political freedom? Herodotus suggests it was a kind of “rule of law.” As a Greek advisor explains to Xerxes:
Though they are free, they are not free in all respects, for they are actually ruled by a lord and master: law [nomos] is their master, and it is the law that they inwardly fear—much more so than your men fear you. They do whatever it commands, which is always the same: it forbids them to flee from battle, and no matter how many men they are fighting, it orders them to remain in their rank and either prevail or perish. (7:104)
In order to appreciate what is being said here, it is important to understand what is meant by law, or nomos. If it were possible to make intelligible to Herodotus such modern legal phenomena as executive orders, Supreme Court decrees, or annually updated administrative regulations, it is more than doubtful whether he would have considered them examples of nomos. These are simply instruments of power, not much different from what existed in the Persian Empire or any despotism. A “rule of law” in this sense makes no particular contribution to freedom. In fact, much of the West’s current predicament results from our traditional respect for law being converted into a weapon against us, rendering us subject to a regime of arbitrary commands disguised as “law” and concocted by an irresponsible power elite hostile to our interests.
It is essential to nomos that it be superpersonal. Often the word can be translated “custom,” which helps one understand that it cannot be decreed by any man, whether King or Hellenic magistrate. Freedom under nomos is not lack of a master, as Herodotus makes clear, but the capacity for self-mastery. In battle, it extends even to the point of demanding total self-sacrifice.
This helps to explain why wealth is dangerous to freedom; the man who becomes used to gratifying his desires comes to be ruled by desire and loses his capacity for self-mastery and sacrifice. When an earlier King of Persia is threatened by rebellion, Herodotus shows him being advised as follows:
Prohibit them from possessing weapons of war, order them to wear tunics under their cloaks and soft boots, instruct them to play the lyre and the harp, and tell them to educate their sons to be shopkeepers. If you do this, sire, you will soon see that they will become women instead of men and thus will pose no danger or threat to you of any future rebellion. (1:155)
The limitations of the Asiatic leadership principle become evident when an Asiatic army loses its leader. It is liable to cease being an army—to become a rabble, a mob of individuals incapable of organization or initiative. A famous episode from later Greek history makes clear how the Greek way was different: In 401 BC, about a generation after Herodotus’ death, an army of ten thousand Greek mercenaries marched into the heart of the Persian Empire in support of a rival candidate for the Imperial title. Their leader was killed in battle and they were stranded hundreds of miles deep in hostile territory. A Persian representative came to accept their surrender and collect their weapons, and was flummoxed to learn the Greeks had no intention of handing any weapons over. Instead, they simply met in assembly and elected a new leader for themselves—exactly as they were accustomed to do in the political assembles of their home cities. They proceeded to fight their way back to Greece with most of them surviving, and the entire might of the Persian Empire was insufficient to stop them. It is safe to say that no Persian army could have equaled the feat.
This spirit of independence and self-reliance did not last forever. The Greek cities wore out their strength through decades of fighting with one another. In 338, they finally fell to Philip, King of Macedon. By 291, Athenians were celebrating the triumphal return of a Macedonian general to their city in hymns describing him as a “living god.” He used the Parthenon to house his harem. Economic historians tell us that the overall Greek standard of living was higher in this later age, however.
Today we see a traitorous leadership consciously abandons our heritage of freedom to a barbarism worse than Persian, buying us off with the bread and circuses of television, shopping malls, and tax subsidies for collaborators, punishing the few who offer even verbal resistance. The reader who still has a mind to do something about this situation might find some lessons in the pages of Herodotus. He would be well advised to take a little time from our current plight to reacquaint himself with what Western man has been.
TOQ Online, April 19, 2009
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samedi, 09 octobre 2010
Proverbes latins
Citations et Sagesses latines
A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto : Prends garde au bœuf par devant, à l'âne par derrière, à l'imbécile par tous les côtés
Absentem lædit, qui cum ebrio litigat : Celui qui se querelle avec un ivrogne frappe un absent
Abusus non tollit usum : L'abus n'exclut pas l'usage
Abyssus abyssum invocat : L'abîme appelle l'abîme (Psaume de David)
Ad augusta per angusta : Vers les sommets par des chemins étroits (La gloire ne s'acquiert pas facilement)
Ad impossibilia nemo tenetur : À l'impossible nul n'est tenu
Ægroto dum anima est, spes est : Tant que le malade a un souffle, il y a de l'espoir
Amicus certus in re incerta cernitur : C'est dans le malheur qu'on reconnaît ses amis
Aquila non capit muscas : L'aigle ne prend pas les mouches
Audaces fortuna juvat : La fortune sourit à ceux qui osent
Audi, vide, tace, si tu vis vivere : Écoute, observe, et tais-toi, si tu veux vivre
Avaro omnia desunt, inopi pauca, sapienti nihil : À l'avare, tout manque, au pauvre, peu, au sage, rien
Barba non facit philosophum : La barbe ne fait pas le philosophe (l'habit ne fait pas le moine)
Beati pauperes spiritu : Bienheureux les pauvres d'esprit (citation extraite du Sermon sur la montagne)
Beatus qui prodest quibus potest : Heureux qui vient se rendre utile à ceux qu'il peut aider
Bis dat, qui cito dat : Donner rapidement, c'est donner deux fois
Bis repetita placent : Ce qui est répété séduit Bis repetita non placent : Ce qui est répété deux fois ne séduit plus
Bene diagnoscitur, bene curatur : Bien diagnostiquer, c'est bien soigner
Bona valetudo melior est quam maximæ divitiæ : Une bonne santé vaut mieux que les plus grandes richesses
Canis sine dentibus vehementius latrat : Un chien sans dents aboie plus vigoureusement (chien qui aboie ne mord pas)
Carpe diem : Cueille le jour (mets à profit le jour présent ; Horace)
Caveat emptor : Que l'acheteur soit vigilant
Cave ne cadas : Prends garde à la chute
Cibi condimentum est fames : La faim est l'épice de tout plat
Citius, Altius, Fortius : Plus vite, plus haut, plus fort ! (il s'agit de la devise olympique)
Cogito ergo sum : Je pense donc je suis (Descartes)
Consuetudinis vis magna est : La force de l'habitude est grande
Consuetudo altera natura est : L'habitude est une seconde nature
Contra vim mortis non est medicamen in hortis : Il n'y a dans le jardin aucun remède à la puissance de la mort
Contraria contrariis curantur : Les contraires se guérissent par les contraires
Cuiusvis hominis est errare : Il appartient à tout homme de se tromper
Dat veniam corvis, vexat censura columbas : La censure pardonne aux corbeaux et poursuit les colombes (Juvénal)
De gustibus et coloribus, non disputandum : Des goûts et des couleurs, il ne faut pas discuter
De mortuis nihil nisi bene : Des morts, on ne doit parler qu'en bien
Divide et impera : Divise pour régner
Dolus an virtus quis in hoste requirat ? : Ruse ou courage, qu'importe contre l'ennemi ?
Ducunt volentem fata, nolentem trahunt : Le destin porte ceux qui l'acceptent et lynchent ceux qui le refusent
Dulce et decorum est pro patria mori : Il est doux et beau de mourir pour la patrie (Horace)
Dum spiro, spero : Tant que je respire, j'espère
Dura lex, sed lex : La loi est dure, mais c'est la loi
E fructu arbor cognoscitur : On connaît l'arbre par les fruits
Errare humanum est : L'erreur est humaine (Sénèque le Jeune)
Errare humanum est, sed perseverare diabolicum : Il est humain (dans la nature de l'homme) de se tromper, mais persévérer (dans l'erreur) est diabolique
Felix qui potuit rerum cognoscere causas : Heureux celui qui a pu pénétrer le fond des choses (Virgile)
Finis coronat opus : La fin justifie les moyens
Fortes fortuna juvat ou Audaces fortuna juvat : La fortune favorise les audacieux
Furor arma ministrat : La fureur fournit des armes
Gutta cavat lapidem non vi, sed sæpe cadendo : La goutte fait un trou dans la pierre, pas par la force, mais en tombant souvent
Habent sua fata libelli : Les livres ont leur propre destin
Hodie mihi, cras tibi : Aujourd'hui pour moi, demain pour toi
Homines quod volunt credunt : Les hommes croient ce qu'ils veulent croire
Homo homini lupus est : L'homme est un loup pour l'homme
Homo sum, humani nihil a me alienum puto : Je suis un homme ; rien de ce qui est humain ne m'est étranger (Térence)
Horas non numero nisi serenas : Je ne compte les heures que si elles sont sereines
Ignorantia iuris nocet : L'ignorance du droit porte préjudice
Ignorantia legis non excusat : L'ignorance de la loi n'est pas une excuse
Ignoti nulla cupido : On ne désire pas ce qu'on ne connaît pas (vers d'Ovide)
In cauda venenum : Dans la queue le venin
In dubio pro reo : Le doute profite à l'accusé (en cas de doute, on acquitte)
In medio stat virtus : La vertu se tient au milieu... et non aux extrêmes
Inter arma silent leges : En temps de guerre, les lois sont muettes
Ira furor brevis est : La colère est une courte folie
Iurare in verba magistri : Jurer par les paroles du maître
Iuventus stultorum magister : La jeunesse est le professeur des fous
Labor omnia vincit improbus : Le travail opiniâtre vient à bout de tout
Laborare est orare : Travailler, c'est prier (devise bénédictine)
Lacrimis struit insidias cum femina plorat : Lorsque la femme pleure, elle tend un piège avec ses larmes (Caton)
Macte animo ! Generose puer, sic itur ad astra : Courage noble enfant ! C'est ainsi que l'on s'élève vers les étoiles.
Major e longinquo reverentia : De loin, l'admiration est plus grande
Medicus curat, natura sanat : Le médecin soigne, la nature guérit
Memento mori : Souviens-toi que tu es mortel ou souviens-toi que tu mourras
Memento audere semper : Souviens toi de toujours essayer/oser
Memento quia pulvis es : Souviens-toi que tu es poussière
Mens sana in corpore sano : Un esprit sain dans un corps sain (Juvénal)
Multi sunt vocati, pauci vero electi : Beaucoup d'appelés, mais peu d'élus
Mutatis mutandis : En changeant ce qui doit être changé ou en faisant les changements nécessaires
Natura abhorret a vacuo : La nature a horreur du vide
Nemo auditur propriam turpidudinem allegans : Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude
Nemo censetur ignorare legem : Nul n'est censé ignorer la loi
Nemo judex in causa sua : Nul ne peut être à la fois juge et partie
Neque ignorare medicum oportet quæ sit ægri natura : Il ne faut pas que le médecin ignore quelle est la nature de la maladie
Nihil lacrima citius arescit : Rien ne sèche plus vite qu'une larme
Nil novi sub sole : Rien de nouveau sous le soleil
Nil sine numini : Il n'y a rien sans la volonté des dieux
Nomen est omen : Le nom est un présage
Non nobis domine, non nobis nomine sed tuo da gloriam : Non pour nous Seigneur, non pour nous, mais en votre nom et pour votre gloire
Non omnia possumus omnes : Tous ne peuvent pas tout
Non scholæ, sed vitæ discimus : Nous n'apprenons pas pour l'école mais pour la vie
Non ut edam vivo, sed ut vivam edo : Je ne vis pas pour manger, mais je mange pour vivre
Non vestimentum virum ornat, sed vir vestimentum : Ce n'est pas l'habit qui embellit l'homme, mais l'homme qui embellit l'habit
Non vini vi no, sed vi no aquæ : Je ne nage pas grâce au vin, je nage grâce à l'eau (Jeu de mots)
Nondum amabam, et amare amabam : Je n'aimais pas encore, pourtant je brûlais d'envie d'aimer
Nosce te ipsum : Connais toi toi-même !
Nulla poena sine lege : Nulle peine sans loi
Nulla regula sine exceptione : Pas de règle sans exception
O tempora, o mores ! Ô temps, ô mœurs ! (Cicéron) : Autres temps, autres mœurs
Oculi plus vident quam oculus : Plusieurs yeux voient mieux qu'un seul
Oculos habent et non videbunt : Ils ont des yeux mais ne voient pas
Omne ignotum pro terribili : Tout danger inconnu est terrible
Omnes homines sibi sanitatem cupiunt, sæpe autem omnia, quæ valetudini contraria sunt, faciunt : Tous les hommes désirent leur propre santé mais ils agissent souvent contre elle
Omnes vulnerant, ultima necat : Les heures blessent toutes, mais la dernière tue
Omnia mea mecum porto : Je transporte avec moi tous mes biens
Omnia vincit amor : L'amour triomphe de tout Omnibus viis Romam pervenitur : Tous les chemins mènent à Rome
Omnis homo mendax : Tout homme est menteur
Omnium artium medicina nobilissima est : De tout les arts, la médecine est le plus noble
Optimum medicamentum quies est : Le meilleur médicament est le repos
Pax melior est quam iustissimum bellum : La paix est meilleure que la plus juste des guerres
Pecunia non olet : L'argent n'a pas d'odeur (Vespasien)
Plenus venter non studet libenter : À plein ventre l'étude n'entre
Plures crapula quam gladius perdidit : L'ivresse a causé la perte de plus de gens que le glaive
Post cenam non stare sed mille passus meare : Après dîner ne reste pas, mais va flâner mille pas
Præsente medico nihil nocet : Quand le médecin est là, pas de danger
Prævenire melius est quam præveniri : Précéder vaut mieux que d'être précédé
Primus inter pares : Le premier parmi ses pairs
Qualis pater, talis filius : Tel père, tel fils
Qui nescit dissimulare, nescit regnare : Qui ne sait dissimuler, ne sait régner
Qui rogat, non errat : Poser des questions n'est pas une erreur
Qui scribit, bis legit : Celui qui écrit lit deux fois
Qui tacet, consentire videtur : Qui ne dit mot semble consentir
Quia pulvis es et in pulverem reverteris : Parce que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière
Quidquid agis, prudenter agas, et respice finem ! : Quoi que tu fasses, fais-le avec prudence, sans perdre de vue la fin
Quidquid discis, tibi discis : Quoi que tu apprennes, tu l'apprends pour toi-même
Quis custodiet ipsos custodes ? : Qui gardera les gardiens ? (Juvénal)
Quo fata ferunt : Là où les destins l'emportent
Quod erat demonstrandum (Q.E.D.) : Ce qu'il fallait démontrer (CQFD) (Ponctue la fin d'une démonstration.)
Quod licet Iovis, non licet bovis : Ce qui est permis à Jupiter n'est pas permis au bœuf
Quod medicina aliis, aliis est acre venenum : Ce qui est un remède pour certains est poison violent pour d'autres
Quot capita, tot sententiæ : Autant d'avis différents que d'hommes
Reddite ergo quæ Cæsaris sunt Cæsari et quæ Dei sunt Deo : Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu
Repetitio est mater studiorum : La répétition est la mère des études
Requiescat in pace (R.I.P.) : Qu'il repose en paix
Sæpe morborum gravium exitus incerti sunt : Souvent, l'issue des maladies graves est incertaine
Salus ægroti suprema lex : Le bien-être du malade, voilà la loi suprême
Sapientia est potentia : La sagesse est pouvoir
Si napo leo viveret, hominem non esset : Si le lion vivait de navets il ne mangerait pas l'homme
Si tacuisses, philosophus mansisses : Si tu t'étais tu, tu serais resté un philosophe
Si vis pacem, para bellum : Si tu veux la paix, prépare la guerre
Si vis pacem, para iustitiam : Si tu veux la paix, prépare la justice
Sine labore non erit panis in ore : Sans travail il n'y aura pas de pain dans ta bouche, ou pour conserver le jeu de mots : Sans boulot, pas de fricot
Solem lucerna non ostenderent : On ne montre pas le soleil avec une lanterne (pour montrer l'évidence d'une chose)
Spoliatis arma supersunt : À ceux qui ont été dépouillés, une ressource reste : les armes
Tarde venientibus ossa : Pour les retardataires, des os. (se dit en parlant de ceux qui arrivent en retard à un repas)
Tempora mutantur et nos mutamur in illis : Le temps bouge, nous bougeons avec lui
Testis unus, testis nullus : Un seul témoin, pas de témoin
Ubi bene, ibi patria : La patrie est là où l'on se sent bien
Ubi concordia, ibi victoria : Là où il y a concorde, il y a victoire
Ubi lex non distinguit, non distinguere debemus : Là où la loi ne distingue pas, il ne faut pas distinguer
Ubi tu Gaius, ibi ego Gaia : Là où tu seras Gaïus, je serai Gaïa (formule de fidélité dite par les époux romains lors du mariage)
Ultima ratio regum : Le dernier argument des rois (devise inscrite sur les canons par ordre du Cardinal de Richelieu)
Ultra posse nemo obligatur : À l'impossible nul n'est tenu
Unum castigabis, centum emendabis : Si tu réprimes une erreur, tu en corrigeras cent
Usus magister est optimus : L'expérience [ou la pratique] est le meilleur maître
Ut ameris, amabilis esto : Pour être aimé, sois aimable
Ut sis nocte levis, sit cena brevis : Si tu veux passer une bonne nuit, ne dîne pas longuement
Vade retro satana : Retire-toi, Satan !
Vanitas vanitatum et omnia vanitas : Vanité des vanités, tout est vanité (Cri de l'Écclésiaste)
Veni vidi vici : Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu (Phrase de Jules César)
Verba docent, exempla trahunt : Les mots enseignent, les exemples entraînent
Verba volant, scripta manent : Les paroles s'envolent, les écrits restent
Veritas odium parit : La franchise engendre la haine (équivaut à l'actuel « Toute vérité n'est pas bonne à dire »)
Veritas odium parit, obsequium amicos : La franchise crée des ennemis, la flatterie des amis
Victrix causa diis placuit, sed victa Catoni : La cause du vainqueur a séduit les dieux, mais celle du vaincu a séduit Caton (Lucain, Pharsale, I, 128)
Vide supra : Voir plus haut
Video meliora proboque deteriora sequor : Je vois le bien, je l'aime et je fais le mal
Vinum aqua miscere : Mettre de l'eau dans son vin
Virtus post nummos : La vertu après l'argent Vox populi vox dei : La voix du peuple est la voix de Dieu
V.S.L.M abréviation de « Votum Solvit Libens Merito » : Il s'est acquité de son vœu, de bon gré, comme il se doit.
Vulnerant omnes, ultima necat : Toutes blessent, la dernière tue (adage sur les cadrans solaires)"
Proverbes latins
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mercredi, 06 octobre 2010
Les Hellènes en Mer du Nord
Les Hellènes en Mer du Nord
Après bien des tâtonnements, confinant à l’archéologie-fiction, l’itinéraire de l’expédition grecque de Pythéas en Mer du Nord, autour des Iles Britanniques et le long des côtes norvégiennes vient d’être reconstitué par une équipe de chercheurs de la « Technische Universität Berlin ». La tradition des hellénistes rapporte, en effet, que Pythéas a quitté Massalia (Marseille), vers 330 avant J. C., pour cingler vers le nord et atteindre, dit-on, la mystérieuse île de Thulé, que les Anciens considéraient comme l’extrémité septentrionale du monde. C’est ici que les spéculations allaient bon train : cette île de Thulé était-elle l’Islande, la Norvège (prise erronément pour une île), les Shetlands, les Orcades ou les Féroé ?
L’équipe des chercheurs berlinois s’est concentrée sur l’étude des longitudes et latitudes et sur tous les éléments issus des textes antiques et signalant une durée de voyage, une distance évaluée par les marins de Massalia. L’équipe pluridisciplinaire, comptant des mathématiciens, des spécialistes de la géodésie et des historiens de l’antiquité, a pu finalement décrypter, grâce à tout un éventail de technologies modernes, ce que fut le trajet accompli par Pythéas et ses compagnons.
Le résultat est aussi intéressant que révolutionnaire. Après avoir contourné la péninsule ibérique par cabotage, Pythéas a traversé la Manche de Brest aux Cornouailles, pour poursuivre sa route, toujours par cabotage, le long de la face occidentale de la Grande-Bretagne, jusqu’aux Shetlands. De là, il a pris le risque de s’aventurer en haute mer, poussé par les vents, pour arriver en Norvège dans le Fjord de Trondheim. D’après les sources antiques, ce voyage des Shetlands à Trondheim, la Thulé des Grecs anciens, aurait duré six jours (soit 90 km par journée de trajet). Cette durée paraît réaliste, d’autant plus que cela correspond à la journée quasi boréale que décrit Pythéas : « le soleil, là-bas, ne prend que deux à trois heures de repos ». Tel est effectivement le cas, en été, dans la région de Trondheim.
On suppose que Pythéas a entrepris son expédition vers le nord pour le compte des marchands grecs de Massalia, afin de repérer des sites où se procurer de l’étain (Cornouailles) ou de l’ambre (que l’on trouve partout dans la région baltique et le long des côtes danoises de la Mer du Nord), deux matières jugées utiles ou précieuses dans l’antiquité et introuvables dans le bassin méditerranéen.
(source : « Der Spiegel », n°32/2010, p. 109).
Les résultats obtenus par l’équipe berlinoise peuvent se lire dans un ouvrage paru auprès d’un prestigieux éditeur scientifique :
- A. KLEINEBERG, C. MARX, E. KNOBLOCH, D. LELGEMANN, Germania und die Insel Thule, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 176 p., 29,90 euro.
Notice de l'éditeur
Kleineberg, Andreas / Marx, Christian/ Knobloch, Eberhard / Lelgemann, Dieter |
Germania und die Insel Thule |
Die Entschlüsselung von Ptolemaios’ ›Atlas der Oikumene‹
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Langtext |
»It is one of the most puzzling riddles of antiquity« galt seit 1952 für den Weltatlas des Klaudios Ptolemaios aus dem zweiten Jh. n. Chr. Doch was ist daran so rätselhaft? Die Schrift des großen Mathematikers und Geographen enthielt mutmaßlich keine Landkarten, wohl aber mehrere Tausend Städtenamen mit Angabe ihrer geographischen Koordinaten, deren heutige Lage bislang nicht entschlüsselt werden konnte. Durch interdisziplinäre Zusammenarbeit zwischen Geodäten und Wissenschaftshistorikern ist es einem Forscherteam der TU Berlin gelungen, die Angaben für ›Germania Magna‹ und der sagenhaften Insel Thule zu decodieren. Das Ergebnis ist nichts weniger als revolutionär, weil sich praktisch Hunderte Verortungen erstmals schlüssig klären lassen. Das Weltbild der Antike muss hierdurch mit völlig neuen Augen betrachtet werden! |
Autoreninfo |
Christian Marx, geb. 1976, ist wissenschaftlicher Mitarbeiter am Institut für Geodäsie und Geoinformationstechnik der TU Berlin. |
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dimanche, 19 septembre 2010
Epic of the Persian Kings: The Shahnameh of Ferdowsi
Epic of the Persian Kings: The Shahnameh of Ferdowsi
Edited by: Charles Melville, Barbara Brend
Hardback - £45.00 - I. B. Tauris, London
Composed more than a millennium ago, the "Shahnameh" - the great royal book of the Persian court - is a pillar of Persian literature and one of the world's unchallenged masterpieces. Recounting the history of the Persian people from its mythic origins down to the Islamic conquest in the seventh century, the "Shahnameh" is the stirring and beautifully textured story of a proud civilization. But the "Shahnameh" (or, literally, the "Book of Kings") is much more than a literary masterpiece: it is the wellspring of the modern Persian language, a touchstone for Iranian national consciousness and its illustrations, in manuscripts of different eras, are the inspiration for one of the world's greatest artistic traditions. "Epic of the Persian Kings" combines revealing scholarship with stunning, full-colour illustrations from the rich manuscript tradition of the "Shahnameh". International experts including Charles Melville, Barbara Brend, Dick Davis and Firuza Abullaeva shed light on the epic's background, national importance and enduring legacy.
This context is accompanied by a wealth of illustrations from "Shahnameh" manuscripts belonging to the Fitzwilliam Museum, the Victoria and Albert Museum, and the Bodleian Library, as well as rarely-seen material from the Royal Collection. These illustrations, drawn from a wide range of artists and styles, display the timeless flexibility of the "Shahnameh" story as well as the marvellous ingenuity of the Persian artistic experience. "Epic of the Persian Kings" is an essential textual and pictorial guide to one of the world's great cultural achievements.
00:10 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : traditions, tradition, traditionalisme, iran, perse, antiquité, protohistoire, shahs, histoire, shahnameh, empire perse | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 09 septembre 2010
Deux ouvrages de V. D. Hanson en poche
GUERRES : Deux ouvrages de Victor Davis Hanson viennent de paraître au format poche
Aucun conflit, dans l’Histoire, n’est aussi riche d’enseignements pour notre époque que la guerre du Péloponnèse » : cette conviction est au cœur de l’enquête menée par l’historien Victor Davis Hanson sur la lutte qui opposa, il y a près de deux mille cinq cents ans, Sparte et Athènes. Car la guerre du Péloponnèse préfigure nombre de conflits modernes : ce fut un affrontement titanesque entre deux superpuissances et leurs alliés, une sorte de guerre mondiale à l’échelle de la Grèce ancienne ; ce fut aussi une sanglante guerre civile, puisqu’elle mit aux prises des hommes qui adoraient les mêmes dieux et parlaient la même langue ; ce fut surtout une guerre sale, qui inventa de nouvelles méthodes de terreur, bien éloignées du traditionnel combat d’hoplites. Sièges, coups de main, meurtres d’otages, massacres de civils et de prisonniers s’enchaînèrent pendant vingt-sept ans, jusqu’à la capitulation d’Athènes : la Grèce de l’âge d’or n’était plus. Pour raconter le premier conflit total de l’Histoire, ce livre, s’inspirant de Thucydide, nous fait toucher du doigt la chair même de la guerre : le sort d’Athènes livrée à une peste meurtrière, l’effroi d’assiégés mourant de faim, le recours à d’effroyables techniques militaires, le désespoir de généraux illustres comme la mort, loin de chez eux, d’humbles soldats paysans…
Carnage et culture
La supériorité militaire de l’Occident, depuis l’Antiquité, semble reposer sur une conception particulière de la guerre et de la mort. Car l’issue d’une guerre ne dépend pas toujours du nombre de combattants, de la connaissance du terrain, ou même de la stratégie des chefs militaires. À l’analyse tactique ou géopolitique, Victor Davis Hanson oppose une théorie quelque peu iconoclaste : la victoire, sur le champ de bataille, tient à la cristallisation de valeurs économiques, politiques et culturelles. Ce sont l’individualisme, la démocratie, le rationalisme et l’esprit d’entreprise qui firent plier, en maints endroits du monde, les armées ennemies. Ce fut encore l’Occident qui accoucha des conceptions les plus radicales et les plus meurtrières de la guerre : la guerre « juste » ou la guerre d’anéantissement, par exemple.
À travers le récit de neuf batailles décisives (Salamine, 480 avant J.-C. ; Gaugamèles, 331 avant J.-C. ; Cannes, 216 avant J.-C. ; Poitiers, 732 ; Tenochtitlan, 1520-1521 ; Lépante, 1571 ; Rorke’s Drift, 1879 ; Midway, 1942 et Tet, 1968), Victor Davis Hanson explore les multiples facettes d’une suprématie guerrière inégalée. Profondément polémique, cette histoire de la « supériorité » occidentale permet de lire en filigrane son envers te plus sombre : le cannibalisme politique et religieux des Européens au fil des siècles.
Source : Theatrum Belli [1]
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[1] Theatrum Belli: http://www.theatrum-belli.com/
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lundi, 14 juin 2010
El hombre integro (spoudaios) como norma del obrar
El hombre íntegro (spoudaios) como norma del obrar
Alberto Buela (*)
En estos días que nos hemos enterado por un estudioso amigo, que los ingleses de Oxford, que solo se citan a sí mismo en los estudios aristotélicos, han citado nuestra vieja traducción de 1981 del Protréptico de Aristóteles, única obra en castellano citada por ellos desde la época del ñaupa.
Y además, luego de haber visto como el gallego Megino Rodríguez se hizo el burro en su lamentable traducción del 2005, no haciendo ni siquiera mención a la existencia de nuestro trabajo, es que vamos a encarar lo que para nosotros es la médula de la ética del hijo de Efestiada de Calcide.
Y lo vamos a hacer porque a esta altura de la soirée [1] pretendemos ofrecer, al lego en forma simple y clara, la idea fuerza que funda la ética aristotélica y que recorre toda la obra del esposo de Pythia y de Herpilis.
La intención expresa que nos guía es dejar de lado toda actitud erudita, llevándonos del consejo del Don Miguel Reale, ese gran pensador brasileño cuando afirmaba: cultura es aquello que queda cuando el andamiaje de la erudición se viene abajo.
El tutelado de Próxenes se ocupó durante toda su vida del tema ético, desde sus primeros escritos como el Protréptico hasta sus últimos como la Magna Moralia [2]. O sea, desde sus treinta y un años siendo aún discípulo de Platón hasta los sesenta y dos cercanos a su muerte.
Antes que nada, cabe destacar la exigencia aristotélica en ética; de llevar a la práctica aquello que se estudia y así lo afirma en forma tajante y definitiva: “Lo que hay que hacer después de haberlo aprendido, lo aprendemos haciéndolo… practicando la justicia nos hacemos justos y practicando la temperancia temperantes” (EN. 1103 a 31). “Puesto que el presente estudio no es teórico como los otros, pues investigamos- en ética- no para saber qué es la virtud sino para ser buenos” (EN. 1103 b 28). El realismo aristotélico es el signo de su filosofía, es por ello que el genial Rafael pinta a Aristóteles señalando con su índice la tierra mientras camina junto a Platón.
Y de qué tipo y clase es ese hombre bueno que nos propone el maestro de Alejandro? Es el spoudaios (spoudaioV), el phronimos(fronimoV). Es la idea fuerza, es el centro de toda le ética aristotélica, de modo que si caracterizamos acabadamente estos conceptos vamos a comprender su mensaje ético.
Ya en uno de sus primeros escritos, el Protréptico, afirma:“Además qué regla (kanon) o qué determinación precisa (oroV akribesteroV) de lo que es bueno podemos tener sino el criterio del hombre sapiente (fronimoV). Frag. 39. “todos estamos de acuerdo que el hombre más íntegro dirija (spoudaiotaton arcein). Frag. 38.
Al respecto afirma en la Ética Nicomaquea: “El spoudaios enjuicia correctamente todas las cuestiones prácticas y en todas ellas se le devela lo verdadero…quizá el spoudaios difiere de los demás por ver lo verdadero en cada cuestión como si fuera el canon y la medida en ellas” (EN. 1113 a 29-32). Como se dijo la areté (excelencia) y el spoudaios parecen ser la medida de todas las cosas. Éste está de acuerdo consigo mismo y tiende con toda su alma a fines que no divergen entre sí” (EN. 1166 a 12-19). Y más adelante, casi al final de la ética va ser mucho más explícito: “En los hombres los placeres varían mucho pues las mismas cosas agradan a unos y molestan a otros… Esto ocurre con las cosas dulces, que no parecen lo mismo al que tiene fiebre que al que está sano y lo mismo ocurre con todo lo demás. Pero en tales casos, se considera que lo verdadero es lo que le parece al spoudaios, y si esto es cierto, y la medida de cada cosa son la areté (excelencia) y el spoudaios como tal, son placeres los que a él le parecen y agradables aquellas cosas en que se complace” (EN. 1176 a 17-19).
Vemos por estas y otras muchas citas[3] que podríamos agregar que los términos spoudáios y phrónimos van a tener, desde sus primeros escritos hasta los últimos, un peso significativo y determinante en toda la ética del padre de Nicómano. Ellos son el centro y el fundamento de toda su ética.
El primer significado del término spoudáios menta el esfuerzo serio y sostenido aplicado a una cosa digna y en una segunda acepción se vincula a las nociones de areté (excelencia o perfección) y agathós (bien).
Esta valoración del spoudaios, por el padrino de Nicanor, como última regla y norma en las cuestiones prácticas y morales es asombrosa. Erróneamente, como le ocurrió a Dirlmeier, el último traductor al alemán, se puede pensar que se asemeja al adagio del sofista Protágoras: “el hombre es la medida de todas las cosas”, pero en realidad el dueño de Tacón, Filón y Olímpico se distancia porque el spoudaios no es el hombre común del sofista sino el hombre digno. Y con esta afirmación se aleja también de Platón y sus normas universales para el obrar.
Sin quererlo nos ayuda, el maestro de Teofrastro, a enfrentar la filosofía moral moderna y la certeza que busca ésta en los juicios ético-morales. Ante el rigorismo ético del pensamiento ilustrado, de la ética autónoma, del formalismo kantiano, y la ética veterotestamentaria, Aristóteles nos propone el criterio de lo verosímil como guía y norma del hacer y del obrar. “Pues no se puede buscar del mismo modo el rigor en todas las cuestiones, sino en cada una según la materia que subyazca a ellas” (EN. 1098 a 27).
Viene ahora la cuestión de cómo traducir estos dos términos cruciales para la comprensión de la filosofía práctica del hijo de Nicómaco.
Así para spoudaios [4]J. Tricot traduce por “l´homme de bien o vertueux”. Pallí Bonet y E.Sinnott por “hombre bueno”. J. Montoya y T. de Koninck por “hombre virtuoso”. Emile Bréhier David Ross y Nicola Abbagnano por “sofós”, esto es por sabio, sage o saggio. En cambio ya el español Antonio Tovar en 1953 lo traduce por “diligente” y muchos años después el alemán Harder lo traduce por “hombre noble y serio”. Y el argentino Pablo Maurette por “hombre circunspecto”, “ya que el adjetivo castellano expresa a la vez la idea de sabiduría pero también anuncia seriedad, paz interior y perseverancia. P.Aubenque la traduce por “diligente y serio”.
En nuestro criterio, traducir spoudaios por bueno tiene una connotación exclusivamente moral que el término griego supera. En cuanto a la traducción por virtuoso, el término no existe en griego.
Traducir por sabio es una visión intelectualista. Más cerca del original están las versiones de hombre noble, serio o circunspecto pero dejan de lado el aspecto práctico del spoudáios. En cuanto a la traducción por diligente, a la inversa que la anterior, se limita solo al aspecto práctico del spoudáios, es por eso que Aubenque (l´éponge) se percata y agrega el término serio.
Nosotros preferimos traducirlo por “hombre íntegro y diligente” pues cada vez que se plantea el tema del criterio en la elección ética o en la vida práctica es el spoudáios quien aparece. Y es como hombre digno que agota en sí la función propia del hombre (juzga adecuadamente) y como diligente actúa siempre de acuerdo con la areté (la excelencia o perfección) de cada cosa, acción o situación.
Aquello que asombra de esta idea del spoudaios es que éste no es ni se alza como una regla trascendente, como los diez mandamientos, sino que el spoudaios mismo es quien se convierte en la medida de la acción perfecta tanto en el hacer como en el obrar.
En el spoudaios su deseo se refiere siempre al bien y como cada cual es bueno para sí mismo es, en definitiva para nosotros para quienes queremos el bien, ya que la preferencia de sí mismo se encuentra en el fondo de todos los deseos.
El spoudaios es el que realiza al grado máximo las potencialidades de la naturaleza humana. Lo que caracteriza al spoudaios es contemplar la verdad en cada acción o tarea y el es la referencia y la medida de lo noble y agradable.
El spoudaios hace lo que debe hacer de manera oportuna. Es el hombre que actúa siempre con la areté. Este concepto de areté no se limita simplemente al plano moral como sucede cuando se la traduce por “virtud” sino que debe de ser entendida como excelencia o perfección de las cosas y las acciones y así podemos hablar de la areté del ojo que es percibir bien, la del caballo que es correr, la del ascensor que es subir y bajar. Es decir que la areté expresa y tiene tanto un contenido moral y ético como funcional, y es por ello que debemos traducir y entender el término areté como excelencia, perfección o acabamiento de algo.
Y esto es lo que logra el spoudaios con su obrar y con su hacer, transformase, él mismo, en canon y la medida que se presenta como norma no trascendente de la sociedad,[5] y es por esta última razón que sólo a partir de él podemos conseguir la implantación de un verdadero y genuino humanismo.
En cuanto al concepto de phrónesis hace ya muchos años en nuestra traducción al castellano del Protréptico (1981) hemos sostenido: “La aparición por primera vez del término phrónesis, capital para la interpretación jaegerdiana del Protréptico, nos obliga a justificar nuestra traducción del vocablo. Hemos optado por traducir phronimos por sapiente y phrónesis por sapiencia por dos motivos. Primero porque nuestra menospreciada lengua castellana (no se aceptaban comunicaciones en castellano en los congresos internacionales de filosofía en la época) es la única de las lenguas modernas que, sin forzarla, lo permite. Y segundo, porque dado que la noción de phrónesis implica la identidad entre el conocimiento teorético y la conducta práctica, el traducirla por “sabiduría” a secas, tal como se ha hecho habitualmente, es mutilar parte del concepto. Ello implica in nuce una interpretación platónica del Protréptico, y traducirla por “prudencia” la limita a un aspecto moral que el concepto supera, mientras que “sapiencia o saber sapiencial”, implica no sólo un conocimiento teórico sino también su proyección práctica“ [6].
Ya observó hace más de medio siglo ese agudo traductor de Aristóteles al castellano que fue el mejicano Antonio Gómez Robledo: “Hoy la prudencia tiene que ver con una cautela medrosa y no con el heroísmo moral, el esfuerzo alto y sostenido de la virtud”.
Sobre este tema es interesante notar que los scholars ingleses, especialistas desde siempre en los estudios aristotélicos, se han jactado de sus traducciones por lo ajustado de las mismas a la brevedad de la expresión griega. Sin embargo en esta ocasión tanto el inglés como el francés han tenido que ceder a la precisión del castellano. Así para phrónesis ellos necesitan de dos términos, sea practical wisdom o saggesse practique, en tanto que al castellano le alcanza con uno: sapiencia.[7] Ya decían nuestros viejos criollos: Hay que dejar de ser léido para ser sapiente. Así la tarea del sapiente consiste en saber dirigir correctamente la vida. Su saber, a la vez, teórico y práctico le permite distinguir lo que es bueno de lo que es malo y encontrar los medios adecuados para nuestros fines verdaderos: “los sapientes buscan lo que es bueno para ellos y creen que es esto lo que debe hacerse” (EN. 1142 a 1).
Spoudaios y phronimos, íntegro y sapiente, son dos caras de una misma moneda, son dos términos que pintan conceptos similares, solo se distinguen por los matices, uno destaca la integridad, la seriedad que viene del verbo spoudázein y otro el matiz más intelectual que viene del verbo phronéin.
Así el hombre íntegro y sapiente será aquel que sabe actuar en la vida cotidiana de forma tal que sus acciones, por lo incierta que es la vida en sí misma, se transforman en norma y medida de lo que debe hacerse para el buen vivir.
(*) arkegueta, aprendiz constante
Universidad Tecnológica Nacional (UTN)
alberto.buela@gmail.com
[1] Es que llevamos 40 años leyendo sistemáticamente al Discípulo.
[2] Los escritos que tratan específicamente de la ética son: Protréptico, Ética Eudemia, Ética Nicomaquea, Magna Moralia (algunos (Aubenque) dicen que no sería de Aristóteles y otros (Ackrill) que sí), y uno pequeño De virtutibus et vicis donde no hay en toda la opera omnia de Aristóteles ni en ninguno de los sesudos comentaristas del Estagirita una síntesis más acabada de su teoría de las virtudes como la que nos brinda este pequeño tratado. Está bien, no salió de la pluma de Aristóteles, pero quien quiera que haya escrito este opúsculo conocía al Filósofo como los mejores.
[3] Cf. EN 1179 b 20; 1155 a 12-19; EE 1218 b 34; Rhet 1367 b 21, etc.
[4] Cf. EN, 1109a 24, 1113a 25, 1114b 19, 1130b 25, 1144a 17 y 1154a 6
[5] Salvando la distancia teológica que media, el spoudaios nos recuerda el Jesús existencial que se alza como norma, aquel del: ego sum via, veritas et vita o “el que no está conmigo está contra mi”.
[6] Aristóteles: Protréptico, Bs.As., Ed. Cultura et labor, 1983, p. 44
[7] Existe una anécdota de José Luís Borges quien ante la jactancia inglesa de la brevedad de su expresión tomó un cuento inglés y lo escribió en castellano mucho más breve. De ello se dio cuenta André Malreaux cuando caracterizó el mérito de Borges afirmando: “su genio está en la economía y belleza de su expresión”.
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dimanche, 13 juin 2010
L'Iliade et nous
L’Iliade et nous
par Claude BOURRINET
Le monde homérique est un rêve. Et comme tout rêve, il est ce que nous possédons de plus intime et de plus lointain. Rien n’est plus légitime, pour les historiens, d’y chercher des indices de réalité. Je veux parler des reflets déformés, anachroniques ou non, de relations économiques, sociales, humaines, qui traduisent des conditions de civilisations entremêlées, entre la période mycénienne – et même avant, jusqu’aux souvenirs du monde minoen – et la fin de l’âge sombre, de 1500 à 750 avant notre ère, environ. L’érudition a ses raisons, et il est donné à notre âge scientiste de considérer un legs poétique comme un document d’étude à peu près comme un autre.
C’est évidemment une grave erreur, inévitable.
Les Hellènes ne considéraient pas l’Iliade et l’Odyssée ainsi, bien que les Alexandrins, rompus à la pédante habitude d’anatomiser les textes, les eussent alourdis d’exégèses allégoriques et de commentaires moralisateurs. Avant eux, Platon avait mis en garde : il dit, dans La République, qu’Homère « est l’instituteur de la Grèce et que pour l’administration et l’éducation des hommes il mérite qu’on le prenne et qu’on l’étudie, et qu’on règle selon ses préceptes toute sa conduite ». Il est vrai qu’il place cet éloge dans la bouche d’admirateurs que rencontrerait Glaucon, fils d’Ariston, et que lui, le philosophe des Idées, préférait « se souvenir qu’en fait de poésie il ne faut admettre dans la cité que des hymnes aux dieux et des éloges des gens de bien. »
Ce qui, il faut en convenir, constitue un programme certes admirable, mais fort réduit dans son ambition de rendre compte du monde, et tout autant limité dans ses qualités imaginatives, sans évoquer pour l’instant la réelle efficacité d’une telle manière d’aborder la création artistique, la poiêsis.
Comme le principe de l’art mimétique prévalut durant presque toute l’histoire de l’Europe, et que l’affirmation horatienne : Ut pictora poiêsis, y présida, il fallut bien qu’il restât quelque séquelle du soupçon jeté par Platon sur l’image, même chez le Poète par excellence, le père de l’Europe, le premier de tous les enchanteurs qui nourrirent l’esprit des Européens. La Fontaine lui-même, qui, pourtant, fit sienne la tentative somme toute assez bien réussie d’une résurrection du langage des dieux, répéta, dans Le Pouvoir des fables, cette dénonciation, pour ainsi dire pascalienne, de l’inévitable divertissement, du fatal détournement, qui fait oublier l’essentiel au peuple, à savoir que Philippe est sur le point d’avaler la Grèce.
À propos d’orateur, il y a, au chant II de l’Iliade, un épisode assez tumultueux où Odusseus (« en colère »), c’est-à-dire Ulysse, remet le demos dans le droit chemin. À notre tour, comme les Hellènes, regardons si nous pouvons trouver dans la fable matière à enseignement.
Rappelons les faits brièvement.
Je laisse de côté la raison ultime de la tuerie et des souffrances sans nom qui allaient suivre la « détestable colère d’Achille », le ressort secret de la Guerre de Troie, le dessein d’un Zeus qui, attentif aux demandes de la Terre, peinant sous le poids d’une humanité trop prolifique, avait décidé de décimer celle-ci par des guerres dévastatrices. Nil novi sub sole, rien de nouveau sous le Soleil, le passé est le miroir du futur. Les voies des dieux étant éternelles, tel sera notre avenir…
La querelle qui oppose Achille à Agamemnon au sujet des captives, Chryséis et Briséis, n’est que prétexte à soutenir son rang et à manifester son orgueil. L’assemblée des Achéens convoquée par le fils de Thétis se contente d’assister à la violente confrontation entre l’Atride et le roi des Myrmidons. Le monde homérique est un univers aristocrate, une cime où évoluent des aigles, une terre impitoyable où se donnent libre cours la férocité et l’avidité, sans rien de « moral », de prédateurs pour lesquels la nature a légué une place de choix. Le demos assiste sans intervenir à ce choc entre Grands. Il n’est que le témoin de ce duel oral, qui pourrait devenir rapidement physique, si n’était la vigilance d’Athéna. L’Iliade, comme l’Odyssée, privilégie le point de vue des nobles. Tout est perçu selon leurs codes. La hiérarchie des valeurs, les notions de convenance et de bienséance dépendent de leur vision du monde. Leur intérêt matériel est mis en parallèle avec leur fonction : il manifeste leur excellence et témoigne de leur bravoure, dont le fruit est le butin et les cadeaux. Nous avons affaire ici à un théâtre tragique, ostentatoire, tourné vers la vie, sensible, à l’extrême, à la caducité de celle-ci, et à la jouissance, sous toutes ses formes, de l’existence. L’éclat de la Geste doit, avant de disparaître dans l’Achéron aux ombres fuyantes et mélancoliques, jeter une lueur divine sur le terrible royaume de la destruction qu’est la Terre des mortels. Une telle destinée n’est réservée qu’à une élite, aux héros. Le « peuple » est inutile pour assurer la reconnaissance de leur valeur. Celle-ci ne peut s’exercer qu’inter pares.
Or, il est singulier, au regard d’un moderne imprégné par le mythe de la démocratie athénienne, de constater qu’une telle logique, qui se trouve aussi dans l’Odyssée, ait pu convenir aux aspirations de l’ensemble des Grecs pendant des siècles, et pas seulement des aristocrates. Il faut croire que ces tendances correspondent à une disposition de l’esprit humain, magnifiquement illustrée par Nietzsche dans son Zarathoustra. La tâche qui nous reviendrait serait de les traduire selon notre situation, qui est celle d’un monde dégénéré. Car le monde d’Homère, qui, déjà, notait combien le monde avait décliné, est mort. Nous sommes dans l’univers du dernier homme. Et pourtant, l’Iliade nous tient un langage que nous pouvons encore comprendre, qui va droit au cœur des êtres bien nés. Qui ne vivrait encore avec le chant du Poète, qui n’a guère son égal ? Il suffit de lire, même en français. Résonne alors un timbre sublime dans l’âme du lecteur, et les vibrations rehaussent le cœur.
Le chant II présente une assemblée encore plus chaotique que la précédente, celle du chant I. L’acteur principal de cet épisode est Ulysse. Nous allons nous attarder particulièrement sur la signification d’une péripétie, qui commence comme une farce, puisque Agamemnon, trompé par le Songe, messager de Zeus, est pris au mot lorsque, voulant imprudemment mettre à l’épreuve les Achéens, les hommes de troupe, pris de panique, se précipitent vers leurs nefs pour rejoindre leurs patries.
Ulysse, donc, désespérant de l’évolution d’une situation qui semble mettre fin à l’aventure troyenne, inspiré par Athéna, réagit vivement.
Son comportement obéit à deux systèmes de représentation : qu’il ait affaire aux pairs, il agit avec courtoisie, mais fermeté ; qu’il soit en présence du demos, il réagit plus brutalement, usant du sceptre d’Agamemnon comme d’une trique, un peu comme frère Jean des Entommeures se saisit du « baston de la croix, qui estoit de cueur de cormier, long comme une lance, rond à plain poing et quelque peu semé de fleurs de lys », pour donner sur les ennemis qui pillaient les vignes du Seigneur.
Arrêtons-nous sur cette figure du sceptre, emblème de roi et d’orateur.
Celui que tient Ulysse n’est pas n’importe lequel : c’est celui « que jadis a ouvré le labeur d’Héphaïstos. Celui-ci l’a remis à sire Zeus, fils de Cronos. Zeus alors l’a remis au Messager, Tueur d’Argos. Sire Hermès l’a remis à Pélops, piqueur de cavales. À son tour, Pélops l’a remis à Atrée, le pasteur d’hommes. Atrée mourant l’a laissé à Tyeste riche en troupeaux. Et Tyeste, à son tour, le laisse aux mains d’Agamemnon… ».
Si l’accent est mis sur l’origine de cet instrument hautement politique qu’est le sceptre, c’est qu’il permet d’appréhender une dimension de la prise de parole devant une assemblée que nous avons perdue avec la démocratisation de l’expression publique et la confusion des voix. Or, le politique pose des questions essentielles, souvent inavouées, liées à l’organisation de la société. Qui doit parler ? Qui possède un statut tel qu’il est naturel, convenable et incontestable qu’il en soit ainsi ? Le caractère inviolable de celui qui tient le sceptre rappelle ce privilège du tribun romain. Nous ne sommes pas ici dans le cas contemporain où le politique se trouve laïcisé, désacralisé, profané. Dans le monde archaïque d’Homère, la légitimité politique vient dans haut. Le mana du sceptre est d’origine divine, et ne puise pas sa puissance de l’assentiment du peuple. En fait, la démocratie donne l’illusion d’un pouvoir qui se passe bien d’une telle onction. Seulement, ce n’est qu’une illusion. Les Athéniens confiaient l’élection de leurs représentants au hasard. Ce n’était pas mal trouvé, si le hasard est le jouet des dieux. Nous faisons, quant à nous, comme s’ils étaient choisis par la libre volonté du peuple, comme si la libre volonté existait, sans parler du peuple, qui n’est qu’une hypothèse idéologique. Dans la réalité, la classe politique contemporaine n’est qu’une parodie de noblesse, qui se coopte hypocritement, et joue une pièce qui n’a certes pas la grandeur de celles de jadis. Autres temps, autres mœurs…
Si le sceptre est l’expression et l’illustration matérielle du politique, cela signifie qu’il traduit le monopole de la parole et celui de la violence. Tout pouvoir étatique, même embryonnaire, se réfère à ces deux compétences. Que fait Ulysse ? Il remet à la raison les rois et les héros, avec des termes persuasifs, « avec des mots apaisants », usant tour à tour de l’éloge et de la crainte. En revanche, quand il croise un « homme du peuple », du demos, il le frappe avec le sceptre et le remet à sa place, pour employer une formule triviale mais très vraie dans ce cas-là. « Chacun ne va pas devenir roi, ici, parmi nous, les Achéens », profère-t-il dans une profession de foi antidémocratique. « Avoir trop de chefs ne vaut rien : qu’un seul soit chef, qu’un seul soit roi… », ajoute-t-il. Et l’aède de conclure : « Ainsi il parle en chef et remet l’ordre au camp. »
Encore faut-il faire la part entre deux catégories au sein du peuple. Car intervient Thersite. Dans un monde où l’apparence est reine, il paraît normal que celui-ci soit pourvu, à l’encontre des héros, d’attributs physiques rédhibitoires, frisant la caricature. Son comportement aussi est inspiré par la haine des Grands, la jalousie, le ressentiment et la tentation de la désertion. Il est, pour ainsi dire, un subversif, un révolutionnaire, un bolchevik. Il souhaite presque la défaite de son propre pays. Au moins ne fera-t-il rien pour sa victoire, qui n’est pas la sienne, mais celle des aristocrates, « qui s’en mettent plein les poches ». Ulysse n’est pas tendre avec lui car, non content de l’agonir d’injures, il le corrige sévèrement, suscitant en même temps chez les autres pitié et contentement.
Il est utile de s’arrêter un moment pour peser cette anecdote très significative. La guerre, avant l’avènement de la cité-État grecque, la polis, relève d’un projet personnel. C’est parce qu’Hélène avait suivi, de grès ou de force, Alexandre Pâris à Troie qu’Agamemnon, pour venger Ménélas, avait rameuté un certain nombre de « rois », qui étaient soit des vassaux, soit des alliés, soit de simples aventuriers. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une guerre nationale, car dans le monde homérique, c’est la famille qui prévaut, ou bien l’oïkos, c’est-à-dire ce que sera la « villa » latine, une cellule économique autarcique fondée sur des relations d’interdépendances fortes et hiérarchisées, un monde organique solidaire. Bien sûr, derrière le prétexte passionnel, il y a la rapacité : la guerre est pourvoyeuse de butin autant que de mort. C’est une occasion de s’enrichir. Mais c’est une affaire privée, et, à ce titre, le peuple (celui qui ne fait pas partie des troupiers, « serviteurs » (thérapôn) qui font le voyage guerrier, comme Mérion, thérapôn du roi Idoméné de Crète), la perçoit avec une certaine indifférence, pourvu qu’elle n’ait pas trop d’incidences dans sa propre existence. Le seul cas où il se trouve dans la nécessité d’y participer est lorsque la survie même de la communauté est en question, comme c’est le sort de Troie. Alors le peuple participe aux combats, d’une façon ou d’une autre. C’est une guerre totale.
Dans les temps modernes, les progrès de l’idée républicaine ont conduit à la l’idée de conscription, et à la guerre telle que nous en avons vu les ravages durant les deux dernières guerres mondiales. Dans l’avenir, étant donné que les conflits sont de plus en plus pris en charge par des professionnels et des techniciens, l’implication du « peuple » devient un paramètre de plus en plus malaisé à situer, si l’on écarte sa fonction invariable de servir de cible. Et dans le contexte actuel de mondialisation des oligarchies et des interventions militaires aux buts confus, la question est de savoir s’il est légitime de donner son assentiment à des actions guerrières qui paraissent ne satisfaire que les intérêts d’une pseudo-noblesse, en fait d’une ploutocratie, qui n’a rien à voir avec l’aristocratie achéenne. La question se pose évidemment autrement pour un soldat qui, sur le théâtre des opérations, est guidé par le sentiment de l’honneur et le sens de la camaraderie. Cependant, une telle réflexion doit être menée, car il n’est pas impossible qu’à un certain moment il ne faille prendre des résolument singulièrement concrètes.
Une fois l’ordre établi et l’assistance attentive, Ulysse prend la parole. Songeons qu’Ulysse n’a pas bonne presse dans la mémoire grecque et occidentale. Comme le déclare Philoctète, dans la pièce éponyme de Sophocle : « Il a toujours à la bouche, je le sais, le mensonge et la fourberie. » Aussi est-il un personnage ambivalent, quelque peu oriental dans sa gouaille et l’agilité de sa langue. Athéna le loue de savoir mentir. Il trompe Polyphème, le Cyclope. Il est celui qui use de cette faculté que les Grecs appellent la Métis, l’intelligence pratique, ou l’ingéniosité rusée. Après que Zeus eut avalé celle-ci, le père des dieux engendra Athéna de son crâne fendu par Héphaïstos. La déesse, chaste et guerrière, est la protectrice du Seigneur d’Ithaque, qui échappe à l’opprobre liée à l’emploi du mensonge grâce à son caractère héroïque. Ne réagit-il pas vivement, chez les Phéaciens, à la cour du roi Alcinoos, lorsqu’un noble insinue qu’il ressemblerait plutôt à un marchand phénicien (universellement méprisés) qu’à un héros ? Ulysse n’est pas couard, ni efféminé comme Pâris. Il ne trompe pas comme les négociants qui parcourent les mers en quête de bonnes affaires et qui manient tous les moyens de persuasion pour des buts mercantiles. Sa fourberie provient d’un esprit qui demeure paysan. Combien la bourde de Glaucos, qui échange, au nom des liens d’hospitalité, son armure d’or contre l’armure de bronze de Diomède (« habile comme un dieu ») est-elle susceptible d’être contée aux jeunes et aux anciens, autour de l’âtre, comme une bonne blague et une excellente affaire ? Il est vrai aussi que le monde des dieux n’est pas exempt de fourberies diverses. Quant à l’éthique guerrière, elle s’accommode de la ruse, non de celle de l’archet qui se cache pour décocher un carreau mortel, mais de celle que force la nécessité, Ulysse ayant par exemple à faire face à d’innombrables prétendants sans scrupule, ou qui relève d’une tactique militaire éprouvée : personne dans l’antiquité grecque n’aurait osé médire les Lacédémonien pour avoir mimé la fuite devant les Mèdes avant de retourner brusquement les rangs serrés d’Hoplites pour massacrer l’ennemi approché trop près.
Il n’en demeure pas moins que le monde héroïque est solidement fondé sur la franchise, celle que la force librement déployée manifeste, la loyauté et la droiture.
Ulysse fait partie de cette catégorie de personnages, comme Nestor, à qui il a été accordé en plus de la prudence (la sagesse) l’art de la persuasion, notamment « politique ». Dans l’Odyssée, l’omniprésence des navires constitue un symbole. On sait que pour Platon, ce motif devint un exemplum philosophique. Ulysse commande, dirige, tente même des expériences lors de l’épisode des sirènes. Il n’est pas toujours obéi, loin de là. Ses compagnons sont ainsi tous tués pour avoir sacrifié les bœufs du dieu Soleil, Hélios, malgré les avis de leur chef.
Dans le chant II de l’Iliade, le futur concepteur du cheval dit « de Troie » s’adresse à des amis, non à ennemis. Une empathie virtuelle existe autour de valeurs communes, que son discours va explicitées (ces valeurs étant au demeurant partagées tout autant par les Troyens). Le résultat est atteint, car, à la fin de la harangue, « les Argiens poussent un grand cri, et les nefs, à l’entour, terriblement résonnent de la clameur des Achéens, qui applaudissent tous à l’avis du divin Ulysse », réaction populaire qui fait penser à celle produite par le discours de Marc Antoine, après l’assassinat de César, discours qui se déploie sur le même registre émotionnel.
Sur quoi insiste en substance ce discours ? D’abord sur le sentiment de honte : celle d’humilier son seigneur, d’avoir manqué à « la promesse qu’ils t’[Agamemnon] ont faite », de détruire Ilion. Celle de se comporter comme des « jeunes enfants ou des veuves » (c’est-à-dire des êtres sans grande importance dans un monde de guerriers). Le deuxième point, après la captatio benevolentiae, qui repose sur une certaine compréhension des souffrances endurées, est l’appel à la mémoire collective. L’orateur narre longuement un prodige (une mère oiseau dévorée avec ses huit petits par un serpent bientôt pétrifié par Zeus) s’étant déroulé à Aulis, interprété par le devin Calchas, qui annonçait l’issue heureuse du conflit au bout de dix ans. Muthos signifie parole, récit. Ulysse n’use pas de concepts, d’une explication (déroulement) argumentative rationnelle et serrée. Il utilise la fable (histoire), et pire pour nous, modernes sceptiques et quelque peu voltairiens, le récit d’un « miracle ». Personne ne met en doute la réalité du phénomène, parce que tous ont vu, mais aussi parce qu’un tel fait entre dans l’horizon mental et imaginaire des Grecs de cette époque (par la suite, on abordera le mythe selon deux instances : la croyance populaire, et l’instrumentalisation philosophique, allégorique, plus distanciée). Mais il n’existe pas de point de vue « laïc », dans l’Iliade. La pleine expansion de la vie s’appuie sur son amplification sacralisée dans la sphère divine. La rupture n’a pas encore eu lieu.
Le point commun de ces deux piliers que sont l’honneur et la mémoire est la fidélité : fidélité à un homme, à une parole, aux dieux qui ont fait signe. Les deux strates de réalité, celle des mortels et celle des immortels, sont inextricablement mêlées. Même si les dieux prennent parfois la distance qui est la leur, et laissent parfois entrevoir, dans leurs rires et leurs regards, une réalité cosmique extra humaine, ils prennent part aux circonstances « historiques », et les actes possèdent ainsi une signification qu’on pourrait nommer eschatologique.
Certes, un voltairien soupçonnerait volontiers Ulysse d’avoir berné, mené comme des enfants, les Achéens. Ses dons d’orateur sont ceux que les sophistes cultiveront de façon néfastes chez les rejetons de l’aristocratie athénienne. Ce sont des qualités que les Spartiates mépriseront. Les beaux parleurs ont mauvaise réputation chez les hommes d’action. Sauf quand la rhétorique est dirigée efficacement vers cette même action. Les grands généraux, César, Alexandre, Napoléon, étaient pourvus de ce talent d’entraîneurs d’hommes. Ce qui compte, c’est le résultat, l’efficacité, au demeurant, résidant aussi dans l’expression d’une volonté commune, qui confère au chef une représentativité indiscutable. Les discours rationnels, le logos pesant des arguments élaborés, froids, contrairement à ceux qui expriment violemment passions et affirmation des valeurs, sont, dans l’Iliade, presque aussi inexistants que l’argent. Ulysse ne fait que rappeler franchement le devoir. Dans une société de la honte, il n’est pas besoin de chercher la vérité. Elle est là, éclatante dans la parole déployée, comme le cœur du monde est là, devant les yeux, sous la lumière claire du Soleil.
Dans l’Iliade, on ne se voile que rarement (exception faite d’Ulysse, comme on l’a vu).
Aussi bien, finalement, l’Iliade est-elle moins un rêve qu’un tableau, d’un réalisme cru, de ce qu’était peut-être une société sans beaucoup de fards. Société qui doit beaucoup à la mentalité paysanne : les aristocrates hellènes détestaient la mer, étant des gens de la Terre (même si Homère rejette le culte de Déméter). Thalassa n’est pas un terme d’origine indo-européenne. Le monde moderne issu de l’individualisme et du culte de l’argent ne peut comprendre combien l’horizon noble rencontre celui du peuple des champs et des montagnes. Les métaphores naturelles très nombreuses dans les deux épopées d’Homère ne sont pas présentes par hasard. Elles relèvent souvent d’un sens aiguisé de l’observation, comme on le voit chez le paysan ou le guerrier.
Reste le problème de l’utilisation du mythe dans l’action politique. Georges Sorel en avait fait un levier pour soulever et renverser le monde bourgeois.
Mais la question demeure de la nature d’un mythe qui réunirait autour de valeurs communes les contempteurs de la société moderne.
Quels sont donc actuellement les mythes assez puissants pour fédérer des groupes ou des nations autour de valeurs communes ?
Claude Bourrinet
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Edouard RIX
Ex: http://www.counter-currents.com/
Translated by Greg Johnson
In 1938, Georges Dumézil discovered, the existence of a veritable Indo-European “ideology,” a specific mental structure manifesting a common conception of the world. He writes:
According to this conception, which can be reconstructed through the comparison of documents from the majority of ancient Indo-European societies, any organization, from the cosmos to any human group, requires for its existence three hierarchical types of action, that I propose to call the three fundamental functions: (1) mastery of the sacred and knowledge and the form of temporal power founded upon it, (2) physical force and warlike valor, and (3) fruitfulness and abundance with their conditions and consequences.[1]
On the social plane, one finds this tripartition in the whole Indo-European realm, from India to Ireland, the three functions corresponding schematically to the priest-kings, the warriors, and finally to the producers, peasants, and craftsmen. In traditional India, the Brahmins correspond to the first function, the Kshatriyas to the second, and the Vaishyas to the third. According to Julius Caesar, in the extreme west of the Indo-European realm, Celtic society was composed of Druids, of Equites or Knights, and Plebs, the people.
In ancient Greece, however, there had been a tendency quite early on to eliminate any trace of the trifunctional ideology. According to Dumézil, “Greece is not helpful to our case. Mr. Bernard Sergent made a critical assessment of the expressions of the trifunctional structure, isolated most of the time in the process of fossilization, that one might recognize there: it is next to nothing compared with the wealth offered by India and Italy.”[2] However, an attentive reader of the works of Plato can find proof there of the survival of functional tripartition in traditional Greece.
The Platonic Ideal City
In the Republic, Plato discusses the ideal city, affirming that “the classes that exist in the City are the very same ones that exist in the soul of each individual.”[3] According to Plato’s analysis of human nature, the human soul has three parts: reason, located in the head, which enables us to think; feeling, located in the heart, that enables us to love; and desire, located in the belly, that drives us to sustain ourselves and reproduce. Each part of the soul has its own specific virtue or excellence: wisdom, courage, and temperance. Justice is the proper relationship of the three parts. According to Plato, the constitution of the city is merely the constitution of the soul writ large.
Concretely, the philosopher distinguishes three functions within the city. First, “those who watch over the City as a whole, enemies outside as well as friends within,”[4] the guardians, who correspond to the head, seat of intelligence and reason, the Logos. Then, the “auxiliaries and assistants of the decisions of the rulers,”[5] who correspond to the heart, seat of courage, Thymos. Finally the producers, craftsmen and peasants, who correspond to the belly, seat of the appetites. “You who belong to the City,” Plato explains, “are all brothers, but the god, in creating those among you able to govern, mixed gold in their material; this is why they are the most valuable. He mixed silver into those who are able to be auxiliaries, and as for the rest, the farmers and craftsmen, he mixed in iron and bronze.”[6]
Plato emphasizes that, “A city seems to be just precisely when each of the three natural groups present in it performs its own task.”[7] Indeed, just as an individual must subject his stomach to his heart, and his heart to his reason, the crafts must be subjected to the art of the warriors, who themselves must be subjected to the magistrates, i.e., to politics—this last being inseparable from philosophy, for the magistrates must become philosophers.
Plato also distinguishes three kinds of political regimes, each of which is related to the one of the functions of the city and by extension with one of the parts or faculties of the human soul. Regimes ruled by reason include monarchy, government by one man, and aristocracy, or government by the best. “Timocracy” is Plato’s term for government by warriors, which is ordered by the noble passions of the heart. Regimes ruled by the lowest passions of the human soul and material appetites include oligarchy, or rule by the rich; democracy, or rule by the majority; and tyranny, the rule of one man who follows appetite, not reason.
Without a doubt, this Platonic ideal city resting on three strictly hierarchical classes, reproduces the traditional Indo-European tri-functional organization of society. Indeed, in Greece which completely seems to have forgotten tripartition, Plato entrusts the political life of the city to philosopher-kings, the guardians, assisted by a military caste, the auxiliaries, who reign over the lower classes, the producers.
Plato is convinced that only the guardians, i.e., the sages, have the capacity to use reason equitably for the community good, whereas ordinary men cannot rise above their personal passions and interests. On the other hand, the members of the ruling caste must lead an entirely communal life, without private property or family, as well as many elements of egoistic temptation, division, and, ultimately, corruption. “Among them, no good will be private property, except the basic necessities,” decrees the philosopher, who recommends, moreover, “that they live communally, as on a military expedition,” and who among the inhabitants of the city “they are the only ones who have no right to have money or gold, or even to touch them; they are the only ones forbidden to enter private homes, wear ornaments, or drink from silver and gold containers.”[8]
“Because,” he adds, “as soon as they privately own land, a dwelling, and money, they will become administrators of their goods, cultivators instead of being the guardians of the city, and instead of being the defenders of the other citizens, they will become their tyrants and enemies, hated and hating in turn, and they will pass their lives conspiring against the others and will become the objects of conspiracy, and they will often be more afraid of their interior enemies than those outside, bringing themselves and the whole city to ruin.”[9] Moreover, their children will be removed at birth in order to receive a collective military education.
This “Platonic communism,” a virile and ascetic communism that has nothing to do with the Messianic nightmares of Marx and Trotsky, is not unrelated to the national communitarianism of Sparta. As Montesquieu put it with some justice, “Plato’s politics is nothing more than an idealized version of Sparta’s.”
Notes
1. G. Dumézil, L’oubli de l’homme et l’honneur des dieux et autres essais. Vingt-cinq esquisses de mythologies (Paris: Gallimard, 1985), p. 94.
2. Ibid, p.13.
3. Platon, La République (Paris: Flammarion, 2008), p. 262.
4. Ibid, p. 199.
5. Ibid, p. 200.
6. Ibid, p. 201.
7. Ibid, p. 245.
8. Ibid, p. 205.
9. Ibid, pp. 205–206.
Source: Réfléchir & Agir, Winter 2009, no. 31.