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mercredi, 17 avril 2013

La nouvelle entente turco-kurde: un hasard?

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“M.”/” ’t Pallieterke”:

La nouvelle entente turco-kurde: un hasard?

 

C’est une combinatoire de faits nouveaux —tels la lassitude face à un conflit de très longue durée, les changements de donne géopolitique suite aux événements d’Irak et de Syrie— et des intérêts politico-économiques importants qui ont convaincu le premier ministre turc Erdogan qu’il était temps, enfin, de mettre un terme au conflit qui opposait l’Etat turc aux Kurdes depuis plus de trois décennies. Cette volonté de paix n’a rien à voir avec une sympathie subite à l’égard des Kurdes d’Anatolie orientale. Au contraire, cette démarche découle d’un calcul politique bien conçu.

 

Si, dans l’avenir, nous aurons une paix de plus ou moins longue durée entre Turcs et Kurdes, ce n’est certainement pas parce que le premier ministre turc Erdogan est tombé de son cheval, frappé par la foudre, comme le Saint-Paul des Epitres sur le chemin de Damas. L’idéal d’une paix définitive n’est pas tombé du ciel comme la manne du désert sur les Juifs errant dans le Sinaï. Plusieurs glissements d’ordre géopolitique et économique ont contribué à forger un nouveau contexte.

 

Première constatation: après trente ans de conflit, avec au moins mille morts par an, les deux camps se rendent enfin compte qu’une victoire rapide et glorieuse n’est plus envisageable: ni pour les militaires turcs ni pour les guerilleros du PKK. Le gouvernement d’Ankara voit qu’il ne parviendra pas à décapiter la résistance armée kurde; de même, les Kurdes se rendent bien compte désormais qu’un Etat indépendant kurde, viable et digne de ce nom, n’est pas une perspective réaliste. Ces constatations, posées par les uns et par les autres, permettent d’envisager le pragmatisme. Le discours modéré, prononcé récemment par le leader kurde Öçalan, qui croupit depuis 1999 dans une cellule turque, après que des agents turcs l’aient arrêté au Kenya, montre que ce chef de guerre a gardé toute son aura. Il ne prononce plus le mot “indépendance”. Il évoque au contraire l’idée d’une “autonomie locale”, de droits linguistiques et de l’arrêt des répressions turques. Ces revendications sont nettement moins fortes que la volonté préalable des révolutionnaires nationaux kurdes de créer un Etat indépendant kurde, promis à la fin de la première guerre mondiale. La pensée d’Öçalan a donc évolué. Mieux: pour Erdogan, c’est l’ébauche d’un compromis défendable devant le parlement turc.

 

Vraisemblablement les choses bougent depuis octobre 2012. Un va-et-vient diplomatique s’est mis en branle entre les résidences du premier ministre turc et l’île d’Imrali, où le chef kurde est détenu. On avait déjà l’impression que les Kurdes avaient décidé d’un cessez-le-feu unilatéral. En réalité, il y avait plus. Au cours des conversations, tenues à l’abri des regards, les deux parties ébauchaient les contours d’un compromis de grande ampleur. Pour amener les Turcs à céder, les Kurdes ont promis à Erdogan de soutenir ses projets de réforme, allant dans le sens d’un pouvoir présidentiel plus fort, qui serait alors taillé sur mesure pour la propre candidature future du premier ministre.

 

Le facteur syrien

 

Le rapprochement entre le gouvernement d’Erdogan et les Kurdes ne s’explique que par les événements qui affectent la Syrie. Syriens et Kurdes avaient partie liée. La guerre de résistance lancée par le PKK en 1984 a commencé en Syrie. Dès cet instant, le PKK est devenu un instrument aux mains du régime baathiste syrien face à la Turquie, souvent suite à de longues et pénibles négociations pour les eaux du Tigre et de l’Euphrate. Opérons un retour en arrière de trente années. Le régime syrien d’Assad voulait faire des Kurdes ses alliés. Cela s’est, semble-t-il, avéré un faux calcul, car les Kurdes aussi se sont opposés au régime syrien. Les Turcs ont suivi cette évolution avec inquiétude: en effet, pour eux, un scénario apocalyptique —et bien réel— risquait de se dérouler. Certes, c’est tenter de prédire l’avenir dans une boule de cristal que de spéculer sur ce qui adviendra en cas de désagrégation de l’Etat syrien mais, malgré tout, l’émergence d’une entité kurde indépendante sur le territoire de la Syrie actuelle est plausible, tout comme ce fut le cas en Irak. Nous sommes bien sûr fort éloignés d’un grand Etat kurde qui surplomberait toutes les frontières actuelles et engloberait tous les Kurdes ethniques (le plus grand peuple sans Etat!) mais l’apparition potentielle, sur la mosaïque proche-orientale, de deux entités étatiques ou semi-étatiques kurdes inquiète grandement Ankara. Un diplomate remarquait récemment: “Avec ce qui s’est passé en Irak et avec les événements de Syrie, la Turquie est dorénavant confrontée à la pression la plus forte sur ses frontières qui ait jamais existé depuis que Britanniques et Français ont démantelé l’ex-Empire ottoman”.

 

Le rapprochement turco-kurde entre bien dans le cadre de la politique intérieure turque. Erdogan poursuit deux objectifs: il veut éviter tout nouveau coup d’Etat militaire et il veut aussi éliminer les tendances anti-religieuses (dont anti-islamistes) qui avaient structuré l’Etat kémaliste turc, désireux de mettre un terme à toute influence de la religion dans les affaires politiques. Öçalan ne trouve rien à redire à ces deux axes majeurs de la politique erdoganienne. Le premier ministre turc veut aussi un pouvoir présidentiel plus fort. Pour revoir la constitution en ce sens, il faut une majorité des deux tiers. Un bref calcul nous apprend que pour réaliser ce triple projet politique, Erdogan a besoin du soutien de 20% de ses concitoyens kurdophones, que les kémalistes appelaient “Turcs des montagnes”.

 

Sur le plan économique, Erdogan flaire également une plus-value. On sait que la meilleure image de marque de son gouvernement a été de promouvoir un important boom économique. La Turquie peut toutefois faire mieux encore, surtout, justement, dans la partie kurdophone du pays. A cause du conflit de longue durée qui a affecté cette région, son poids économique n’a cessé de décliner. Ensuite, les relations économiques entre la Turquie et l’entité kurde du Nord de l’Irak sont bonnes et très prometteuses. Si une pacification définitive intervient dans cette région jusqu’ici en ébullition, Erdogan pourra tirer grand profit de la nouvelle donne et réaliser ses projets de démantèlement de l’Etat kémaliste.

 

“M.”/” ’t Pallieterke”.

Article paru dans “ ’t Pallieterke”, Anvers, le 10 avril 2013.

Sur la “réconciliation” israélo-turque

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“M.”/” ’t Pallieterke”:

Les effets d’une réconciliation froide

 

Sur la “réconciliation” israélo-turque

 

Israël et la Turquie ne sont pas encore franchement réconciliés. Mais un premier pas a été fait. Il y plus intéressant à faire que de commenter inlassablement les excuses de Netanyahu à son collègue turc Erdogan: chercher à savoir quelle est la motivation exacte de cette démarche. L’instabilité en Syrie, disent la plupart des observateurs, ce qui est peut-être vrai mais réduit considérablement le rôle que joue dans ce scénario le Président américain Obama, architecte silencieux de ce glissement diplomatique au Proche-Orient.

 

“Une semaine fantastique pour Erdogan” annonçait le “tweet” de Javier Solana, jadis secrétaire général de l’OTAN, avant qu’il ne devienne le “Haut représentant” de tout et du contraire de tout au sommet de l’UE. Deux événements expliquent cet enthousiasme de Solana pour Erdogan. D’abord, le cessez-le-feu accepté par les Kurdes, ensuite les premiers pas vers une normalisation des rapports turco-israéliens.

 

Les choses ne tournaient pas rond depuis quelques années déjà entre la Turquie et Israël. On se rappellera surtout la tentative des quelques “activistes” turcs en 2010 qui, à bord du bateau “Mavi Marmara”, avaient tenté d’atteindre la Bande de Gaza. Lors d’un raid israélien contre ce bâtiment, neuf citoyens turcs avaient été tués. Ankara avait immédiatement rompu toutes ses relations diplomatiques avec l’Etat hébreu. Les Turcs avaient exigé trois conditions pour re-normaliser les relations: des excuses, le paiement de compensations et l’assouplissement du blocus imposé à Gaza. Aujourd’hui, semble-t-il, les deux premières conditions ont été remplies. Quant à l’avenir de Gaza, les choses sont beaucoup plus floues.

 

S’il fallait croire certains témoins, le moment où cette réconciliation s’est amorcée fut le départ du Président Obama après sa première visite à Israël. Quelques minutes avant d’embarquer, Obama aurait mis son téléphone portable dans les mains de Benjamin Netanyahu: son collègue turc Erdogan était au bout du fil. Netanyahu a alors exprimé des excuses, lesquelles ont été acceptées par Erdogan. Un peu plus tard, Obama a participé à la suite de la conversation. Ainsi, le Président américain, après une visite peu ambitieuse et sans beaucoup de relief à Israël, a pu engranger un succès diplomatique. La réconciliation n’est sans doute pas complète entre les deux principaux alliés des Etats-Unis dans la région mais un premier pas, important, a été posé.

 

Maître Obama, Notaire

 

On aurait tort de croire que tout est réglé. Le chemin à parcourir est encore long et ardu. Les positions turques vis-à-vis de la question palestinienne demeurent tranchées. Il y a quelques mois, Erdogan décrivait encore le sionisme comme un “crime contre l’humanité”. Peu après ces déclarations fracassantes, Ankara prétendait que les mots d’Erdogan avaient été mal interprétés. Cette rectification n’était rien de plus qu’un petit édulcorant diplomatique.

 

Un diplomate nous déclarait: “Rien que la personnalité d’Erdogan, avec ses discours virulents, rend l’idée d’une normalisation définitive impossible”. Bon nombre d’observateurs partagent ce point de vue. Mais il y a aussi des arguments objectifs non niables qui plaident pour un rapprochement israélo-turc: les événements récents en Egypte et la découverte de ressources gazières dans le bassin oriental de la Méditerranée. Même lorsque les relations entre les deux pays étaient au plus bas, Turcs et Israéliens s’achetaient des armes en quantité relativement importantes. Quant au reste, les litiges jettent pour l’instant une ombre lourde sur les relations entre les deux alliés des Etats-Unis.

 

Mis à part le “truc” utilisé pour obtenir les excuses de Netanyahu, Obama s’est montré le véritable architecte de la réconciliation. Cependant, mettons un bémol a cet enthousiasme: les bouillants “fans” du président américain surestiment son rôle. A côté des discours officiels, il y a les réalités. Avant tout, la Syrie. Benjamin Netanyahu, pour expliquer aux membres de son parti, aux likoudistes et à ses électeurs, qu’il se soit excusé, a avancé l’argument que “la situation en Syrie s’aggrave d’heure en heure”. Ankara prétend que ce n’est pas la Syrie qui a poussé Netanyahu à exprimer ses excuses mais a fait aussi comprendre “que vu que nous nous trouvons maintenant dans un processus de normalisation, nous allons échanger des informations sur ce dossier syrien”. Mais il y a mieux: l’idée de poser un “pipeline” entre la Turquie et Israël devient soudainement plus plausible. Si Obama n’a pas été le principal artisan de la réconciliation, comme le voudraient ses thuriféraires, il en a certainement été le témoin et le notaire. Plusieurs sources diplomatiques confirment que la situation en Syrie a contraint Netanyahu à avaler l’amer cachet des excuses, sans doute une première pour l’Etat hébreu. L’idée que le Hizbollah ou des milices liées à Al-Qaeda puissent se procurer des armes chimiques est un cauchemar pour Israël. Donc pour sortir de l’isolement, il faut que Tel Aviv retrouve des relations diplomatiques stables avec la Turquie: ce serait là un facteur essentiel pour éloigner de l’horizon ce scénario apocalyptique d’islamistes armés de missiles chimico-bactériologiques et pour participer à toutes les initiatives qui rendraient ce cauchemar impossible.

 

Chypre

 

Mais n’oublions pas Chypre. N’évoquons pas, ici, les banques cypriotes et les contacts douteux entre elles et les milieux de l’UE & Co. Au cours de ces dernières années, Chypre (c’est-à-dire la partie grecque et indépendante de l’île et non pas la partie septentrionale de celle-ci occupée par l’armée turque) a misé sur Israël, a renforcé ses liens avec l’Etat hébreu. Comme les relations turco-israéliennes étaient rompues, ces initiatives cypriotes ont connu un certain succès. Comme les Turcs sont les occupants illégitimes d’une partie de l’île, les Chypriotes grecs se sont dit: les ennemis de nos emmenis pourraient peut-être devenir nos amis... Mais que se passera-t-il si les relations turco-israéliennes s’améliorent, du moins sur le plan économique? Nicosie sera sans doute contrainte, alors, de négocier avec son ennemi héréditaire turc. Chypre avait essayé d’obtenir toutes sortes d’avantages grâce à des relations quelque peu privilégiées avec Israël, pour pouvoir contourner la Turquie: c’était une politique réaliste et réalisable, mais aujourd’hui, vu le rapprochement israélo-turc, elle risque bien de ne pas enregistrer le succès escompté ni de s’inscrire dans la durée. Il suffit d’un petit changement de donne pour modifier de fond en comble un contexte politique qui évoluait vers de nouvelles stabilités.

 

“M.”/” ’t Pallieterke”.

Article paru dans “ ’t Pallieterke”, Anvers, 3 avril 2013.

mardi, 02 avril 2013

Ivresse turque

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Ivresse turque

Ex: http://www.dedefensa.org/

Depuis la “réconciliation” entre Israël et la Turquie (coup de fil sympa de Netanyahou à Erdogan le 22 mars, excuses pour l’attaque de la “flotille de la paix” en mai 2010, excuses acceptées), l’“idée turque” d’une “Grande Turquie” a envahi les commentateurs en Turquie, surtout des commentateurs proches d’Erdogan, exactement comme le fait une ivresse. Il s’agit par conséquent du reflet fidèle de l’ivresse qui tient effectivement sous son empire les dirigeants turcs, essentiellement Erdogan et son ministre Davutoglu. Mais cette ivresse-là, qu’on pourrait qualifier de “syndrome du printemps” (sans qualificatif nécessaire d’“arabe”, les Turcs étant de la partie), n’est pas spécifique aux Turcs…

• Il y eut donc d’abord les “excuses” de Netanyahou à Erdogan. D’une façon générale, elles ont été présentées en Turquie comme une victoire incontestable de la susdite Turquie. (Certains commentaires émettent parfois des réserves, comme celui de Kadri Gursel, du quotidien Hurriyet, le 26 mars 2013 : «The normalization step between Israel and Turkey has been taken only because Turkey has moderated its tough stance.».) Netanyahou a agi essentiellement sous la pression d’Obama, qui voulait obtenir quelque chose qui puisse être vue comme “propre sur soi”, de façon à pouvoir être véhiculée par le système de la communication comme un résultat diplomatique notable, voire “a diplomatic breakthrough”, à l’issue de son voyage en Israël et alentour. Le “triomphe” turc a donc été particulièrement peu apprécié par les Israéliens… DEBKAFiles résumait ce constat le 23 mars 2013, en expliquant par ailleurs les raisons pour lesquelles c’était bien plus la Turquie qui avait besoin de cette réconciliation, qu’Israël. Dans cette citation, on a le récit de l’intervention de Netanyahou dans une grotesque mise en scène faite pour complaire à Sa Majesté Obama trônant devant Air Force One et, surtout, la tonalité des réactions israéliennes à l’attitude turque (soulignées par nous en gras).

«Israeli Prime Minister Binyamin Netanyahu granted the Turkish Prime Minister Tayyip Erdogan a face-saver for ending their three-year rift out of willingness to crown US President Barack Obama’s three-day visit with an impressive diplomatic breakthrough. He swallowed Israel and its army’s pride and, at the airport, with Obama looking on, picked up the phone to Erdogan and apologized for the killing by Israeli soldiers of nine Turkish pro-Palestinian activists in 2010 aboard the Mavi Marmara, which was leading a flotilla bound on busting the Israeli blockade of the Hamas-ruled Gaza Strip. The crowing comment by Turkish Foreign Minister Ahmet Davutoglu - “Turkey’s basic demands have been met; we got what we wanted” – was out of place, spiteful and ill-mannered

• Un journaliste turc au cuir tanné par l’expérience montre effectivement une certaine retenue dans la description de cette “réconciliation”, triomphale du point de vue turc… Voici les quelques considérations que nous propose Hüsnü Mahalli, dans Al-Akhbar, le 26 mars 2013 :

«Erdogan and his foreign minister Ahmet Davutoglu wanted to leave behind all these complex calculations by strengthening their alliance with the US. This meant a reconciliation with Tel Aviv, according to the conditions set during US Secretary of State John Kerry’s latest visit to Ankara. This could be the reason behind last week’s backtracking by Erdogan on his former statements on Zionism, announcing that he had not meant what he said and that he is neither against Judaism nor Zionism, but opposed to the policies of Israel concerning the rights of Palestinians.

»This new position was enough for US President Barack Obama to convince Israeli PM Benjamin Netanyahu to call Erdogan and apologize for the Israeli army’s actions against the Mavi Marmara ship in May 2010. But Netanyahu only gave verbal promises about lifting the siege on Gaza, which was the third fundamental condition set by Turkey for reconciliation with Israel.

»However, these indicators are not the only reason for Israel’s apology to Turkey. Ankara does not hide its dire need for the support of the Jewish Lobby in the US, which had threatened to sabotage Erdogan’s visit to Washington at the end of this month unless he reconciles with Tel Aviv. It is expected that the reconciliation will be reinforced with a surprise visit to Ankara by Netanyahu very soon and before Erdogan’s visit to the US.»

• Quoi qu’il en soit des modalités des “excuses” israéliennes, la presse turque fut aussitôt envahie de grandioses descriptions de l’avenir du Moyen-Orient sous la férule et l’inspiration d’Erdogan, y compris avec des cartes décrivant la nouvelle situation, comme celle de Taha Akyol, le 25 mars, lors d’une émission de la BBC. Depuis les cartes des neocons largement diffusées dans les années 2002-2004 sur le “nouveau Moyen-Orient” redessiné par la démocratie américaniste, on a pris l’habitude de se lasser de cette sorte de représentation à la fois graphique, enfantine et hypothétique des grands événements préparés par des maîtres-cerveaux, maîtres du monde. Cette fois, donc, il s’agit du cerveau d’Erdogan, et l’article de Bülent Kenes, rédacteur-en-chef de Today's Zamman, du 26 mars 2013, est significatif. Le quotidien est le premier de Turquie, et décrit comme très proche des milieux gouvernementaux. L’article décrit une nouvelle “Grande Turquie”, éventuellement une “Grande Nation Sunnite” puisqu’on y est, la création d’une nation kurde et l’éclatement de la Syrie et de l’Irak (ceci expliquant cela et l’ensemble étant évidemment connecté de causes en effets). Les circonstances, le thème développé, la position du journal, tout indique donc qu’il s’agit d’un reflet très précis de la pensée de la direction turque, Erdogan-Davutoglu. Voici l’entame et la conclusion de l’article…

«The region is changing at an incredible pace. It is as if the socio-political energy built up over the century is bursting in geopolitical volcanic eruptions. The artificial geopolitical straight jacket, tailored by France and England for the region in the wake of the First World War, is proving unfit. We are at the threshold, or even right in the middle of, a process where similar transformations will occur or are already occurring in the Middle East after more than 20 years since the end of the Cold War, which radically altered the political and strategic map of the world. The signs are everywhere that a new Middle East is emerging. But what sort of Middle East? Will it be “The New Middle East” described by Shimon Peres in his book written in the 1990s? Or will it be a Middle East with completely different dynamics and effects? […]

»…It is possible that the Kurdish entities in Iraq and Syria may be one of the founding elements of the New Turkey, which may come to adopt a federal character through radical changes to its political and administrative system. In the end, the emerging conditions, circumstances and alliances of the New Middle East in the making may leave no choice to Iraqi and Syrian Kurds other than to collaborate with Turkey to establish a common future and share a common fate. Furthermore, this may put Turkey in a position where it has to confront Iran and the wider Arab world, and also trigger existential concerns in Israel, thereby making these two countries in need of each other once again. I think it wouldn't be an overstatement to suggest that Israel's apology and Turkey's eagerness to normalize its ties with Israel should be seen within the context of this scenario. What do you think?»

What do we think ? Bof… La description des lendemains turcs qui chantent implique énormément de conditions et d’acceptations tacites, sinon d’encouragements de la part de divers protagonistes, voisins, etc., dont nombre ont les dents longues et leurs propres idées. Elle implique la participation active des Kurdes, lesquels n’ont pas montré grand enthousiasme ces derniers jours. Le Weekly Comment de l’institut Conflicts Forum de Beyrouth, du 29 mars 2013, remet certaines perspectives en ordre, en y introduisant les petits calculs qui se cachent souvent derrière les grandes manifestations théâtrales…

«Turkey’s Acceptance of an Israeli apology, and the PKK Peace Process: These two events are not unconnected to the angry divisions within the anti-Assad camp, described above: there is presently a surfeit of hubris in the Arab world over who is the leader of the Sunni world: with Erdogan, the Emir of Qatar and the Saudi king all claiming the title. Erdogan and the Emir, though suspicious of each other, nonetheless are bound by a common interest in seeing the Muslim Brotherhood come to power in the region. They believe that it is they who should be directing and stage-managing President Assad’s downfall, in the wider interests of the MB coming to power. Ranged against them are Saudi Arabia and the Emirates, who reject this claim, to insist that it is they, rather, who should manage the overthrow of President Assad, but in the interests of the MB not coming to power. President Obama seems undecided who to anoint, but Washington, over recent months, has noticeably cooled towards Turkey’s stewardship of the northern front against Syria. (The US Ambassador in Ankara has publicly criticised Turkish facilitation of the al-Nusra Front, which the US regards as an al-Qae’da offshoot). This drift by the US away from Erdogan, has caused anxiety in Ankara, and the sense was that this strategic relationship needed to be repaired. Erdogan is due to visit Washington shortly, but the ‘lobby’ (AIPAC) has been threatening to disrupt the smooth running of Erdogan’s DC visit, to protest at his anti-Israeli rhetoric. Erdogan’s somewhat triumphant acceptance of Netanyahu’s apology (which has irritated the Israelis considerably), is hoped to allow Turkey to again become central in the US calculations on Syria, and central to the future of the Kurds…»

…Décidément, que reste-t-il de la politique triomphante d’Erdogan, jusqu’à l’été 2011 ? Il semble y avoir une dérive impétueuse et inarrêtable vers une sorte de climat de mégalomanie parcourue de schizophrénies et paranoïas diverses, qui caractérise aujourd’hui l’état d’esprit général au Moyen-Orient, notamment des dirigeants du camp musulman allié au bloc BAO. A croire que la pensée-Système et bloquée du bloc BAO ne cesse d’infecter tout ce qu’elle touche, – mais c’est tout cru, sinon tout vu, d’ailleurs. Il en résulte que l’hubris règne, ajoutant au désordre des situations celui des esprits et des ambitions et créant un climat de déstabilisation générale dans cette région qui fut considérée longtemps comme si fragile pour qu’on pût envisager d'y susciter le moindre changement ; et une déstabilisation générale qui, de plus en plus systématiquement, prend la liberté de se retourner très souvent contre les déstabilisateurs eux-mêmes, par conséquent elle aussi animé d’un caractère de très profond désordre par rapport à elle-même et à l'orientation qu'on lui donne.

La Turquie et ses ambitions hégémoniques s’inscrivent donc dans un contexte général de désordre, particulièrement dans les psychologies des dirigeants, éventuellement avec l’aide des poings lorsqu’il s’agit des Saoudiens et des Qatariens, et sous l’aile d’une politique US évanescente et partagée d’une façon chaque fois différente entre la Maison-Blanche, le département d’État, peut-être le Pentagone à mesure de l’installation de Hagel, et bien sûr le duo Congrès-AIPAC. On finirait par croire que le courant “le désordre précédant les causes du désordre” prend également une dimension géographique pas loin d’être invertie… Aujourd’hui, le désordre psychologique est plus autour de la Syrie, dans la coalition anti-Assad, que dans le camp d’Assad en Syrie même. A cet égard, on doit évidemment ajouter les manœuvres à l’intérieur du camp rebelle et la psychose islamistes des divers pays du bloc BAO. DEBKAFiles signale (le 30 mars 2013) que le bloc BAO fait évoluer son embargo des armes en songeant à l’étendre du seul Assad aux rebelles eux-mêmes, pour empêcher une revente aux islamistes des armes données aux “modérés”. Hier, on se battait pour lever l’embargo, aujourd’hui on se mobiliserait plutôt pour le resserrer… Les nouvelles positions qui seraient acquises par les rebelles sur la frontière syro-jordanienne et syro-israélienne, variant selon les sources (DEBKAFiles le 25 mars 2013 et Antiwar.com le 30 mars 2013), font craindre que des islamistes trouvent des bases sur ces frontières et menacent par conséquent la Jordanie et Israël ; de là à imaginer qu’Assad pourrait juger avantageux de laisser aux islamistes quelques points stratégiques sur les frontières sensibles de la Syrie pour exporter le désordre en précipitant encore plus les psychologies de ses adversaires dans le susdit désordre.

…Ainsi cohabitent étrangement, dans les pays coalisés pour avoir raison de la Syrie, les ambitions les plus échevelées concernant une région entière débarrassée de la Syrie, et les pulsions extérieures de désordre de la “guerre syrienne” venues de Syrie vers eux qui veulent s’en débarrasser. Ce n’est finalement que rajouter du désordre au désordre, – sans savoir rien de plus, toujours, du sort de sa cause originelle...

mardi, 26 mars 2013

La Turquie: plaque tournante des trafics de chair humaine

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Dietmar HOLZFEIND:

La Turquie: plaque tournante des trafics de chair humaine

 

Les réseaux criminels de la mafia turque et les “Kaçakçi”

 

La Bulgarie et la Roumanie, qui sont les deux pays qui ont adhéré le plus récemment à l’UE, insistent depuis un an, avec force véhémence, pour être inclus dans l’ “espace Schengen”, demande qui a été refusée jusqu’ici grâce au veto qu’opposent les Pays-Bas. L’Autriche, comme un brave petit chien, ne s’y est pas opposée. L’adhésion de ces deux pays à l’espace Schengen, où les frontières sont abolies, pourrait augmenter considérablement le nombre de migrants illégaux en Europe. Déjà actuellement de plus en plus de personnes, venues de Turquie, entrent dans l’UE via le territoire bulgare, considéré comme le pays de transit idéal. Dès que ces migrants arrivent en Bulgarie, ils empruntent une route qui les mène en Macédoine puis en Serbie; depuis le territoire serbe, ils débarquent en Hongrie et se retrouvent dans l’espace Schengen. Une autre route les amène de Serbie au Monténégro et, de là, via la Bosnie en Croatie puis en Slovénie, donc dans l’espace Schengen.

 

Les autorités bulgares ont constaté un doublement du nombre des migrants ayant franchi la frontière en octobre et en novembre 2012, mais elles ne peuvent rien entreprendre contre les bandes de passeurs, apparemment bien organisées. Tout cela se passe alors que dans les cercles bien pensants de l’eurocratie on répète à satiété que la Bulgarie est presque prête à faire partie de l’espace Schengen. Vu les chiffres et les faits, cette adhésion ne devrait même pas être envisagée. Reste à espérer que la Bulgarie et la Roumanie, derniers pays arrivés au sein de l’UE, ne seront reçus que le plus tard possible dans l’espace sans frontières et que les passeurs devront abandonner leurs routes balkaniques, circonstancielles et difficiles, vu les nombreuses frontières à franchir, et seront dès lors plus facilement démasqués.

 

La politique la plus efficace et la plus intelligente à mener serait évidemment de combattre les passeurs et de les neutraliser dès leur point de départ. Les autorités turques pourraient, à ce niveau, avoir un champ d’action idéal pour prouver qu’elles sont mûres pour entrer dans l’UE et qu’elles utilisent de manière appropriée les milliards d’euro qu’elles perçoivent grâce à la générosité de l’UE, qui vise encore et toujours une politique d’intégration de la Turquie dans l’orbite européenne. Mais au lieu d’agir, les autorités turques pratiquent la politique de l’autruche, plongent la tête dans le sable et observent la contrebande de chair humaine sans lever le petit doigt.

 

Les passeurs, installés dans la métropole turque du Bosphore, sont désignés par les candidats à l’immigration dans l’UE sous le nom de “kacakci”. Chaque groupe ethnique parmi les migrants a ses propres réseaux de “kacakci”. Les plus puissants d’entre eux disposent de cellules à l’intérieur de l’UE. Dans la plupart des cas, ils sont éparpillés en plusieurs domaines d’activités, constate un diplomate de l’UE: ils ne confondent pas narco-trafic et trafic d’êtres humains.

 

Il semble qu’il n’existe pas d’organisation générale chapeautant le travail des passeurs, impliqués dans la contrebande d’êtres humains au départ de la Turquie et à destination de l’UE, c’est-à-dire une organisation qui règlerait l’ensemble du voyage des candidats à l’immigration, par exemple depuis l’Afghanistan jusqu’à l’Autriche. Mais il existe assurément en Turquie un solide réseau mafieux coordonnant les activités des passeurs. Ces réseaux ne sont pas directement impliqués mais fournissent aux passeurs des contacts, des informations sur les données locales et sur les infrastructures, de même que tout autre renseignement utile. Pour les “kacakci”, ces réseaux sont bien entendu indispensables pour corrompre les fonctionnaires turcs.

 

Chaque démarche entreprise par les passeurs est bien organisée et planifiée. Ils savent toujours parfaitement qui sont les migrants qui arrivent et surtout combien d’argent ils ont sur eux. Sur base de ce savoir relatif aux personnes candidates à l’immigration dans l’UE, les “kacakci” programment individuellement l’entrée des migrants en Europe. Les “kacakci” sont répartis en différentes cellules qui, chacune pour elle-même, encadrent une portion du voyage. Les candidats à l’immigration doivent au départ de chaque portion de route payer immédiatement 50% des frais de transit aux passeurs, le reste étant payé à l’issue de la partie effectuée du voyage.

 

Pour un Afghan, le passage d’Istanbul en Grèce coûtait environ 1500 euro en novembre 2012. L’ensemble du trajet de Kaboul à Athènes coûte actuellement entre 5000 et 8500 euro, selon la qualité des services offerts par les passeurs et selon les difficultés qui se présentent. Nous examinerons les politiques envisagées par l’UE dans un prochain article.

 

Dietmar HOLZFEIND.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°11/2013; http://www.zurzeit.at/ ).

mercredi, 20 février 2013

Turquie: tremplin pour l’immigration clandestine

 

 

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Dietmar HOLZFEIND:

Turquie: tremplin pour l’immigration clandestine

Istanbul, on le sait, est la ville la plus peuplée de Turquie; elle en est le centre commercial et économique et sert de plaque tournante pour accéder au reste du monde, mais surtout à l’Europe. L’agglomération stambouliote compte plus de treize millions d’habitants aujourd’hui: parmi eux, on estime que le nombre de migrants plus ou moins illégaux, venus de tous les coins du monde, est d’environ un demi million dont Ngoult Abdel, 23 ans, qui vient du Cameroun. Il prétend que sa famille ne peut plus le nourrir, là-bas en Afrique occidentale; par conséquent, il cherche une porte d’entrée pour s’installer dans l’Union Européenne. La Turquie semble être l’endroit idéal pour la trouver. Le pays a en effet 11.000 km de frontières et n’est pas très regardant quand il s’agit de distribuer des visas. Le pays candidat à l’adhésion à l’UE constitue donc le transit idéal pour tous ceux qui cherchent un meilleur avenir en Europe, donc dans l’Union Européenne.

Ngoult Abdel et ses amis ont pu se procurer, pour un tout petit montant, un visa d’un mois dès leur arrivée à l’aéroport Ataturk à Istanbul. La seule condition à remplir: il fallait être arrivé avec un vol des Turkish Airlines. Le même mode de fonctionnement vaut entretemps pour un pays plongé dans le chaos comme la Somalie. La compagnie aérienne turque vient tout récemment d’ouvrir une ligne directe entre ce pays failli et la Turquie.

Le voyage vers la Turquie coûte une petite fortune aux candidats réfugiés économiques. Il leur a fallu trouver la somme de 1300 euro, ce qui correspond souvent aux économies de leur famille tout entière. Mais le billet ne prévoit aucun retour. Abdel: “Nous avons entendu parler des mesures d’austérité en Europe mais nous voulons quand même y aller”. Le professeur Ahmet Icduygu, qui a rédigé un rapport sur les trafics d’êtres humains en Turquie pour le compte de l’Organisation internationale des migrations, le confirme: “Plus de la moitié des arrivants veut poursuivre sa route vers l’Europe et sans délai”.

En règle générale, cela ne fonctionne que par l’intermédiaire de bandes de passeurs biens organisés, qui exercent leurs activités peu reluisantes sans se cacher, au vu et au su des autorités officielles turques. Pour pouvoir financer leur passage vers l’UE, les migrants font des petits boulots illégalement, surtout dans le domaine de la construction, où ils peuvent s’estimer heureux s’ils gagnent 85 euro pour une semaine entière de travail pénible. La police ne s’intéresse pas à leur sort. Elle évite les quartiers où vivotent les illégaux. Un Africain commente la situation: “C’est la seule chose qu’il y a de bien ici”.

Les immigrés venus d’Asie ne connaissent pas une situation vraiment meilleure. La plupart d’entre eux viennent d’Afghanistan, où le monde occidental, sous la dictée de son hegemon américain, veille soi-disant, et depuis plus de dix ans, à ce que règnent l’ordre et le droit... On voit les résultats... Rien que durant l’année 2012, le nombre d’immigrés afghans a triplé! Les Afghans, entretemps, constituent 20% de tous les immigrants présents en Turquie. Certes, ces malheureux Afghans, pour la plupart, méritent bel et bien le label de “réfugié”, vu les combats incessants qui ruinent leur patrie mais la Turquie refuse de le leur accorder! Les autorités turques se réclament, pour justifier ce refus, d’une dérogation dont bénéficie leur pays depuis 1951, année où la convention de l’ONU réglant les problèmes de réfugiés a été adaptée pour la Turquie: cette dérogation permet à la Turquie de n’accepter que des réfugiés venus d’Europe.

Même si les migrants sont pris plus ou moins en charge par l’office d’aide aux réfugiés des Nations Unies, ils sont à terme contraints de basculer dans une “zone grise”, indéfinie, ou dans l’illégalité. Leur seule chance est donc de s’échapper en direction de l’UE, soit en payant des passeurs soit en tentant de se débrouiller eux-mêmes. L’une des routes les plus prisées jusqu’ici passait à travers la frontière grecque, du moins la partie où il n’y a pas de rivière à traverser. Mais cette portion de frontière est désormais fermée par une barrière anti-clandestins mise en place avec l’aide de l’Agence européenne Frontex. Voilà pourquoi, depuis quelques mois, on tente de forcer le passage à travers la frontière bulgare. Une fois en Bulgarie, les clandestins se retrouvent vite en Autriche ou dans les Länder allemands du sud.

Notre journal “zur Zeit” tiendra dorénavant une rubrique sur les diverses pistes utilisées par les passeurs et sur leurs méthodes peu ragoûtantes.

Dietmar HOLZFEIND.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, Nr. 6/2013; http://www.zurzeit.at/ ).

lundi, 04 février 2013

Nouveaux gisements pétrogaziers en Méditerranée, sources de rivalité

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Nouveaux gisements pétrogaziers en Méditerranée, sources de rivalité



La Turquie exige de Chypre qu’elle suspende l’exploitation de ces ressources gazières ou donne aux Chypriotes turcs la possibilité d’y participer. Elle met en garde la Grèce contre les tentatives de définir unilatéralement les frontières de la zone économique exclusive et parle de “territoires litigieux”. La Grèce pourrait entrer en conflit avec l’Albanie pour les gisements de la mer Ionienne. Les Etats-Unis et l’UE cherchent, pour leur part, à empêcher le renforcement de l’influence de la Russie dans la région.

Le nœud chypriote

Le gisement de gaz Aphrodite, sur le plateau de Chypre, est le plus grand découvert ces dix dernières années. A l’automne 2012, Chypre annonçait que les réserves découvertes s’élevaient à 1.700 milliards de mètres cubes de gaz et étaient estimées à 2.000 milliards d’euros mais en janvier 2013, l’ambassadeur de Chypre en Grèce a donné des estimations deux fois plus élevées – 3.400 milliards de mètres cubes de gaz et 235 millions de tonnes de pétrole. Seules les réserves du secteur №12 (entre 230 et 240 milliards de mètres cubes) suffiraient pour assurer les besoins de Chypre pour les 300 prochaines années.

L’exploitation de ce champ pourrait régler les problèmes financiers de Chypre mais le pays risque également une “colonisation économique”. Près de 30 compagnies de 15 pays ont déjà répondu à l’appel d’offres pour le forage d’exploration – et la course promet d’être serrée.

Après le début des travaux sur le plateau, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu’Ankara et la République turque de Chypre du Nord (RTCN), non reconnue par la communauté internationale, commenceraient d’exploiter le pétrole et le gaz dans la “zone économique exclusive de Chypre du Nord“. Quant aux Etats-Unis, la porte-parole du département d’Etat Victoria Nuland a déclaré que les USA soutenaient le droit de Chypre d’exploiter les ressources énergétiques sur son plateau, mais Washington espère que “toutes ses ressources seront équitablement réparties entre les deux communautés (grecque et turque, ndlr)”.

En août 2012, l’Egypte a également revendiqué une partie de l’Aphrodite chypriote et du gisement voisin – le Léviathan israélien. Les accords israélo-chypriotes sur les frontières des eaux économiques exclusives des deux pays et sur la coopération pour l’exploration géologique dans ces eaux portent atteinte aux intérêts égyptiens, a déclaré la commission du parlement égyptien pour la sécurité nationale.

Le Liban prétend également au gaz de Léviathan israélien – cette question est à l’étude à l’Onu. Pour l’instant, il n’y a aucun problème avec Chypre : les 9 et 10 janvier 2013, les présidents chypriote et libanais, Dimitris Christofias et Michel Sleiman, ont convenu de coopérer pour l’exploitation des richesses naturelles.

Israël a également l’intention de collaborer avec Nicosie et Athènes, sans qui il développerait difficilement ses gisements de gaz. Cette découverte a permis d’améliorer les relations autrefois tendues entre la Grèce et Israël – en 2010, ils se sont entendus pour coopérer dans les domaines économique et militaire. Israël a étudié la possibilité de louer une île grecque pour déployer une base militaire et la Grèce a négocié son intégration au projet d’exploitation de Léviathan et d’acheminement du gaz en Europe.

Chypre, la Grèce et Israël ont déjà annoncé leur volonté de regrouper les ressources énergétiques – pendant les trois prochains mois ils ont l’intention de lancer le projet EuroAsia Interconnector, qui réunira les réseaux électriques des trois pays grâce à un câble sous-marin.

La Grèce saisit l’Onu

La Grèce pourrait devenir le 15ème plus grand détenteur de ressources de gaz naturel au monde. Selon les autorités, les gisements de gaz découverts sur le plateau du sud de la Crète permettront d’apporter à l’économie 427 milliards d’euros et régleront tous les problèmes énergétiques et financiers du pays. La Grèce est aussi à la recherche de gisements de pétrole dans les mers Ionienne et Egée, dont les ressources pourraient être également importantes.

Selon les journalistes du pays, la Grèce compte définir les frontières du plateau à l’Onu début 2013. Le quotidien Vima a déclaré le 7 janvier que le département hydrographique de la marine grecque avait déjà déterminé les coordonnées et que le gouvernement donnait son feu vert au transfert de la demande à la commission de l’Onu pour le droit de la mer, afin de valider les frontières du plateau continental.

Ankara avait mis en garde la Grèce contre des mesures unilatérales. Le ministre turc de l’Energie Taner Yildiz a parlé de “territoires litigieux” et a appelé la Grèce à ne pas faire de travaux en mer Egée sans avoir consulté Ankara. La délimitation du plateau complique les relations de la Grèce avec certains autres pays comme la Libye. Des zones de 200 miles des deux pays se superposent et il est nécessaire de convenir les limites de la zone économique exclusive. Les discussions d’experts ont commencé avec la Libye en 2007 mais après le renversement de Mouammar Kadhafi, la situation a changé. Lors d’une récente visite du ministre grec des Affaires étrangères à Tripoli, les nouvelles autorités ont déclaré que le problème des zones maritimes n’était pas bilatéral et qu’il fallait organiser des négociations avec tous les pays frontaliers.

Les partisans et les opposants

La Grèce est à la recherche de partisans, avant tout du côté de l’Allemagne, de la France, et d’autres alliés de l’Otan. Athènes estime que la Russie soutiendra la Grèce dans son litige avec la Turquie et les Etats-Unis ne devraient pas non plus s’y opposer, pensent les observateurs grecs.

Le ministre grec de la Défense a déclaré que l’heure était venue de se débarrasser de l’antiaméricanisme traditionnel. Dans un article publié par la presse occidentale, l’ex-premier ministre grec Georges Papandreou a suggéré aux Etats-Unis de former un nouveau “plan Marshall vert” pour la Méditerranée – une région “cruciale pour la sécurité internationale des USA“.

Selon Papandreou, le projet européen est aujourd’hui menacé, la situation nécessite le retour du leadership américain et ce sont les USA qui doivent lancer une “large initiative énergétique, diplomatique et pacifique qui unirait le Proche-Orient, la Méditerranée et l’Europe grâce à la coopération énergétique“.

Par ailleurs, les Etats-Unis et les pays européens cherchent à affaiblir l’influence de la Russie dans la région. Le 8 janvier, à la question de savoir ce qu’elle pensait de la vente de la compagnie gazière grecque DEPA et de sa filiale de transport de gaz DESFA à Gazprom, la porte-parole du département d’Etat Victoria Nuland a déclaré que la Grèce prenait des décisions autonomes dans le domaine énergétique, en conformité avec ses propres lois et les règlements de l’UE, mais que Washington suggérait à tous les pays de diversifier leurs sources d’énergie.

Selon Athènes, la Russie a officieusement mais clairement montré qu’elle devait remporter l’appel d’offres lorsqu’en novembre 2012 Gazprom a soudainement annoncé qu’il ne construirait pas en Grèce de déviation du gazoduc South Stream.

Quant aux Etats-Unis, ils ont intérêt [à ce] que les compagnies gazières grecques se retrouvent entre les mains des entreprises locales, avec lesquelles les USA ont des relations étroites depuis longtemps. D’autant que le coût des entreprises en cours de privatisation augmentera fortement s’il devenait possible de convenir d’itinéraires de livraison du gaz à partir des nouveaux gisements.

RIA Novosti

samedi, 02 février 2013

Il Kurdistan vende petrolio alla Turchia e beffa Baghdad

Il Kurdistan vende petrolio alla Turchia e beffa Baghdad

Un deputato turco denuncia un accordo segreto, mentre i curdi annunciano apertamente quello che il governo centrale considera “contrabbando”

Ferdinando Calda

kurdish_oil_fields.gifUn accordo segreto tra la Turchia e il governo della regione autonoma del Kurdistan iracheno per il commercio di gas e petrolio all’insaputa del governo centrale di Baghdad. È quanto denuncia un deputato turco del Partito repubblicano del popolo (Chp), Aytun Ciray, secondo il quale nell’ambito di questo accordo – firmato lo scorso anno – è stata fondata anche una società offshore controllata da persone vicine al governo di Ankara. Come riporta il quotidiano turco Hurriyet, Ciray ha presentato un’interrogazione parlamentare al ministro degli Esteri, Ahmet Davutoglu, sottolineando come “se questo accordo entrasse in vigore, lo scioglimento di fatto dell’Iraq sarebbe inevitabile”.
Attualmente tra Baghad e Irbil (capitale del Kurdistan) è in atto un’accesa disputa per la distribuzione dei proventi del petrolio e il controllo dell’area settentrionale intorno a Kirkuk, ricca di giacimenti. In teoria tutti i proventi della vendita all’estero di greggio dovrebbero essere versati nelle casse del governo centrale, che provvede poi a ridistribuirli anche in Kurdistan. L’accordo denunciato da Ciray, invece, lascerebbe a Irbil tutti i proventi derivanti dalla vendita del petrolio che si trova in territorio curdo, che verrebbe trasportato e venduto nei mercati internazionali attraverso la Turchia.
Già un paio di settimane fa il governo del Kurdistan aveva riconosciuto pubblicamente di aver iniziato – dall’ottobre scorso – a esportare il proprio greggio in Turchia con le autobotti (per bypassare gli oleodotti controllati dal governo centrale) al ritmo di 15mila barili al giorno, in cambio di prodotti petroliferi raffinati e carburanti. Un commercio che a Baghdad definiscono senza mezzi termini “contrabbando”. “Siamo stati costretti ad agire in questo modo a causa della decisione del governo di Baghdad, il quale non ha mantenuto la sua promessa di pagare le compagnie petrolifere”, ha ribattuto il sottosegretario del ministero del Petrolio e del Gas naturale del Kurdistan, Ali Hussain Belu, annunciando l’intenzione di portare il volume delle importazioni a 20 mila barili “il più presto possibile”.
Nel frattempo a Irbil continuano a stringere accordi con le compagnie petrolifere straniere senza passare per Baghdad. Una mossa che fa infuriare il governo centrale, che ha già minacciato più volte di escludere dai ricchi giacimenti nell’Iraq meridionale le società che trattano direttamente con le autorità curde. L’ultimo ultimatum in questo senso è stato lanciato alla statunitense Exxon Mobil, “colpevole” di aver firmato di recente un accordo con Irbil per lo sfruttamento di alcuni giacimenti nel nord. “Exxon Mobil non può lavorare in entrambi i giacimenti (nel nord e nel sud ndr) allo stesso tempo”, ha avvertito lunedì scorso il ministro del Petrolio iracheno, Abdul Kareem Luaibi, in seguito a un incontro tra il numero uno di Exxon, Rex Tillerson, e il primo ministro iracheno Nuri al-Maliki.
Nel mezzo di questa controversia, la Turchia del premier Recep Tayyip Erdogan sta da tempo appoggiando il governo del Kurdistan, sia perché interessata al petrolio curdo, ma anche perché vuole approfittare della collaborazione dei curdi iracheni nella lotta contro i separatisti curdi del Pkk, avversari politici della leadership curda irachena vicina al presidente del Kurdistan Massoud Barzani.
 


29 Gennaio 2013 12:00:00 - http://www.rinascita.eu/index.php?action=news&id=18767

jeudi, 31 janvier 2013

Erdoğan denkt öffentlich über SCO-Beitritt nach!

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Türkei: Erdoğan denkt öffentlich über SCO-Beitritt nach!

Die Shanghai Cooperation Organisation, SCO, früher auch als „Shanghai Five“ bekannt, hat offenbar einen neuen Verehrer, Recep Tayip Erdoğan. Er sinnierte jedenfalls öffentlich im TV-Sender Kanal 24 am späten Freitag-Abend über eine Mitgliedschaft in der SCO:

„Die SCO sei besser, viel mächtiger und stärker als die EU. Wenn wir reinkommen, sagen wir good-bye zur EU“ schwärmte Erdoğan entzückt.

„…Erst im Sommer 2012 war der Türkei auf ihren Antrag hin der Status eines „Dialog-Partners“ bei der SCO verliehen worden. Die SCO hat derzeit sechs Mitglieder, 5 Beobachter, 3 Dialog Partner und 3 Gäste. Sie umfasst 60 Prozent der Eurasischen Landmasse und 25 Prozent der Weltbevölkerung…“ (Zitat: almabu)

Sicher ist, dass mit der SCO ein gewaltiger globaler Machtblock im Entstehen ist, wo die Themen Demokratie und Menschenrechte nicht schon beim Türsteher abgefragt werden. Sicher dürfte auch sein, dass dieser Machtblock alle Voraussetzungen für überdurchschnittliches Wachtum aufweist: Rohstoffe, Energie, eine junge und wachsende Bevölkerung, noch billige Arbeitskraft und eine gewaltige Nachfrage. Sicher ist weiter, dass dieser Machtblock sich geostrategisch bisher erstaunlich friedlich und passiv verhält.

 

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Kann die SCO also für Erdoğan wirklich attraktiv sein? Ich denke ja. Die Türkei zum Seitenwechsel zu animieren müsste auch für die SCO nicht ohne Reize sein. Es würde das Machtgefüge im Nahen und Mittleren Osten total zu ihren Gunsten verändern. Eine Kleinigkeit steht diesem neuen Bündnis aber im Wege. Das ist die NATO-Mitgliedschaft der Türkei. Die Türkei müsste vor einem Beitritt zur SCO die NATO verlassen.

Ein solcher Schritt würde aber die USA auf den Plan rufen. Die Amis würden solchen Druck machen, dass Frau Merkel Ankara die EU-Mitgliedschaft auf dem silbernen Tablett servieren würde und wenn sie dazu auf den Knien zu Erdoğan wallfahren müsste.

Auch Israel würde einen solchen Seitenwechsel der Türkei kaum wollen. Zwar wäre sein Status als einzige Demokratie im Nahen Osten und als Polizist der USA dadurch noch unentbehrlicher. Israel würde aber mit einem großen Nachbarn Türkei, der einem anderen Bündnis angehört und auf den die USA nur noch geringen Einfluß hätten, früher oder später aneinander geraten. Man denke nur an die Energievorkommen im östlichen Mittelmeer um Zypern.

Man könnte für diesen Fall vermutlich den Versuch eines „Regime change“ in der Türkei prophezeien? Jüngste Umfragen in der Türkei zeigen, dass die EU-Mitgliedschaft bei den Türken keine Priorität mehr hat. Eine Mehrheit ist inzwischen dagegen. Aber auch für den Fall eines Abbruchs des Annäherungsverfahrens, des Beitrittsprozesses, müssten die EU und die Türkei eine gemeinsame Basis für die Zukunft entwickeln, denn man will auch künftig Handel und Geschäfte miteinander treiben und es werden auch künftig Arbeitskräfte in die EU einwandern wollen.

http://www.todayszaman.com/columnist-305321-erdogan-considering-shanghai-five.html

http://almabu.wordpress.com/2013/01/16/seitenwechsel-der-turkei-beobachterstatus-bei-der-sco-angestrebt/

mercredi, 30 janvier 2013

Frères musulmans et Néo-Ottomans

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Bernhard TOMASCHITZ:

Frères musulmans et Néo-Ottomans: le nouveau binôme turc

Le premier ministre turc Erdogan et son ministre des affaires étrangères Davutoglu veulent s’engager dans le “choc des civilisations” mais non du côté occidental

Peu avant la fin de l’année 2012, Recep Tayyip Erdogan a, une fois de plus, exhorter le président syrien Bachar El-Assad à se retirer. “Les chefs qui ne sont plus acceptés par leur peuple ne peuvent demeurer au pouvoir”, a-t-il dit. Mais le souci d’Erdogan n’est pas de voir se construire une démocratie chez ses voisins du Sud mais bien plutôt de renforcer l’influence turque dans la région, ainsi que celle de la branche sunnite de l’islam. El-Assad, avec qui Ankara entretenait encore d’excellentes relations il y a moins de deux ans, appartient à la foi alaouite, considérée comme “hérétique” par les puristes.

Outre Erdogan, le ministre des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, qui, naguère, avait théorisé la notion de “profondeur stratégique”, s’était posé comme le principal champion d’une nouvelle politique de grandeur, d’inspiration néo-ottomane. Au départ, cette option avait suscité l’inquiétude du ministère américain des affaires étrangères, comme on a d’ailleurs pu l’apprendre via un document révélé par “Wikileaks” et datant de 2004. Les Américains appelaient alors à se méfier du géopolitologue et futur ministre turc des affaires étrangères: celui-ci “serait perdu dans son imaginaire néo-ottoman” et rêverait “de donner pour tâche à la Turquie d’étendre l’islam à l’Europe”, “de récupérer l’Andalousie (pour l’orbe musulmane) et de venger la défaite des armées ottomanes devant Vienne en 1683”.

Cette analyse est partagée par un politologue turc, Soner Cagaptay, convaincu qu’Erdogan et Davutoglu sont des adeptes critiques du politologue américain Samuel Huntington, récemment décédé. Pour Huntington, les “civilisations vont se heurter”; pour les deux hommes politiques turcs, il y aura aussi un “choc des civilisations” mais, contrairement au théoricien américain, ils pensent que la Turquie, dans ce jeu, doit se désolidariser de l’Occident. Pour Cagaptay, Davutoglu penserait que les bonnes relations que la Turquie entretient avec l’Occident depuis quelques décennies relèvent d’une “forme d’aliénation”. Le parti au pouvoir en Turquie, l’AKP, voudrait dès lors “corriger le cours actuel de l’histoire qui a affaibli les Musulmans depuis l’effondrement de l’Empire ottoman”.

Dans sa démonstration, Cagaptay décrit la vision de l’AKP comme portée par une option “nous contre eux” qui, avant le 11 septembre 2001 n’avait pas trouvé un écho tous azimuts. En effet, ajoute-t-il, les attentats de New York ont fait éclore, à tort ou à raison, l’idée virulente qu’il existe bel et bien un “monde musulman” différent des autres. Par conséquent, la vision cultivée par l’AKP est “tombée sur un sol fertile et a transformé le rôle de la Turquie dans le monde et aussi le rôle de l’Etat et de sa politique étrangère”. Cagaptay décrit comme suit l’idéologie de l’AKP, formation directement issue du “Parti du Bien-Etre” de l’ancien chef de file des islamistes turcs, Necmettin Erbakan: “Même si l’islamisme est traditionnellement non violent en Turquie, il recèle en lui six caractéristiques dangereuses: il est anti-occidental, antisémite, anti-israélien, anti-européen et anti-démocratique et cultive, de surcroît, des préjugés anti-séculiers, qui sont tous repris en choeur par les Frères Musulmans”.

Dans un rapport édité par Steven G. Merley pour le compte du “Jerusalem Center for Public Affairs” et intitulé “La Turquie, la Fraternité Musulmane globale et la flotille de Gaza”, on explique l’étroitesse des rapports entretenus par Erdogan avec l’islam politique depuis ses jeunes années. En 1976, alors qu’il n’était encore qu’un obscur étudiant dans une école secondaire, Erdogan est élu président de l’organisation des jeunes (section d’Istanbul) du “Parti du Salut National” d’Erbakan. A cette époque, il avait déjà des liens avec la WAMY (l’Association Mondiale de la Jeunesse Musulmane), fondée en 1972 par un organisme saoudien dont l’objectif était de diffuser les doctrines de l’islam le plus rigoureux, sous sa forme wahhabite. Dans le rapport de Merley, on peut lire que la WAMY “depuis sa fondation entretient des rapports étroits avec les Frères Musulmans”, et se pose dès lors comme un réseau international de personnes privées et d’organisations issues de la branche égyptienne des Frères Musulmans. Plus loin, le rapport mentionne la personne de Kemal El-Helbawy, un porte-paroles des “Frères”, qui vit en Grande-Bretagne. El-Helbawy a déclaré au “Wall Street Journal” que c’est justement dans le cadre de la WAMY qu’il a rencontré l’ancien président afghan Burhanuddin Rabbani, l’ancien vice-premier ministre de Malaisie Anwar Ibrahim et... Erdogan. Et El-Helbawy ajoute: “Tous ont commencé leur carrière au sein de la WAMY”.

Le rapport de Merley spécifie “qu’Erdogan semble avoir maintenu ses liens avec la fraternité Musulmane internationale, qu’il avait acquis au temps de sa fréquentation de la WAMY”. Dans ce contexte, Merley évoque également Mohammed Madi Akef, ancien dirigeant de la Fraternité Musulmane en Egypte, qui avait déclaré en 2005 à un magazine égyptien qu’il connaissait très bien Erdogan et Erbakan, depuis le temps où il avait séjourné en Turquie. De plus, Akef décrivait les deux hommes politiques turcs comme de “bons amis”. Mais il y a encore un autre épisode de la biographie d’Erdogan qui atteste amplement de l’ancrage profond du chef du gouvernement turc dans les milieux islamistes: en juin 2008, Anwar Ibrahim, vice-premier ministre de Malaisie, se réfugie dans l’ambassade turque de son pays parce qu’il est l’objet d’une enquête policière pour “délit d’homosexualité” (tout acte sexuel de nature homosexuelle, jugé immoral, est punissable dans les pays musulmans). D’après l’agence “Associated Press”, un haut fonctionnaire turc aurait déclaré qu’Anwar Ibrahim avait choisi l’ambassade de Turquie comme refuge, vu “ses contacts étroits avec le premier ministre turc Erdogan”.

Ce sont donc les liens étroits entre les hautes sphères gouvernementales turques et les milieux islamistes qui expliqueraient la volte-face d’Ankara face à la Syrie, ainsi que l’appui que les Turcs apportent désormais aux rebelles syriens qui, comme les Turcs et les Saoudiens, sont des sunnites. Selon des milieux bien informés d’Istanbul, l’Arabie Saoudite aurait versé dix milliards de dollars à l’AKP d’Erdogan juste avant les dernières élections parlementaires. En fin de compte, Turcs et Saoudiens ont les mêmes intérêts en Syrie, qui vont bien au-delà du simple soutien qu’ils apportent aux rebelles sunnites. La Syrie est le pays par lequel pourraient bientôt transiter la gaz naturel de la région du Golfe. Damas, en effet, a signé en juillet 2011, un accord avec l’Irak et avec l’Iran pour que soit construit à terme un gazoduc amenant les hydrocarbures du Kurdistan irakien, de l’Iran et du Golfe sur les rives de la Méditerranée. Si jamais ce projet se concrétisait, l’Iran, rival de l’Arabie Saoudite pour devenir la puissance prépondérante dans le Golfe Persique, renforcerait son poids géostratégique; quant à la Turquie, elle subirait un incontestable ressac dans ses efforts constants pour devenir dans la région la seule et unique plaque tournante de la distribution de l’énergie.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, nr. 1/2, 2013; http://www.zurzeit.at/ ).

dimanche, 13 janvier 2013

La Turchia e la Primavera Araba: una analisi del soft power turco

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La Turchia e la Primavera Araba: una analisi del soft power turco

Antonio Cocco 

Ex: http://www.geopolitica-rivista.org/ 

La diffusione dei movimenti di protesta contro i regimi autoritari del Nord Africa e del Vicino e Medio Oriente ha creato nuovi spazi per il dispiegarsi dell’influenza turca nella regione. I partiti politici saliti al potere dopo la cacciata dei tiranni hanno cercato una piena legittimazione internazionale annunciando come il loro modello sarebbe stata la Turchia, indicata come felice esempio di conservatorismo, capitalismo e partecipazione democratica. Ankara ha così guadagnato una forte presa sulle società arabo-islamiche, che le ha permesso di accrescere il tanto proclamato soft power posto alla base della sua politica estera. Ciononostante i recenti sviluppi della guerra civile siriana e la possibilità che tale crisi si allarghi sino a diventare un conflitto regionale rischiano di riportare nuovamente la Turchia al suo tradizionale ruolo di gendarme della regione mediorientale. Date tali premesse questo articolo vuole analizzare gli effetti che la Primavera Araba e in particolare la crisi siriana hanno avuto sul soft power turco nella regione mediorientale.

La Primavera Araba: una sfida alla politica estera turca

Quando il suicidio del giovane Mohamed Bouazizi in una piazza di Tunisi nel dicembre 2010 ha dato inizio alla rivolta contro il regime del Presidente Ben Ali, la Turchia si trovava ad avere ottimi legami economici e politici con tutti i paesi dell’area mediorientale. In quella fase la politica estera turca si poneva come principale guardiano dello status quo. Il suo fine era quello di limitare al minimo tutti i possibili rischi di eventi traumatici per l’ordine esistente, ponendosi in maniera antagonista contro chi quell’ordine voleva o si presumeva volesse modificare. In quest’ottica possono essere analizzati sia il netto no espresso dal parlamento di Ankara al passaggio di truppe statunitensi in territorio turco all’epoca dell’invasione dell’Iraq nel 2003, sia il raffreddamento dei rapporti con Israele (visto come un continuo fomentatore di turbolenze e instabilità regionale). Questa che è stata una politica di real politik mal si adattava alla premesse teoriche che lo stesso capo della diplomazia turca, il Ministro degli Esteri Ahmet Davutoğlu, aveva definito in numerosi suoi saggi. Infatti, a suo dire il fine ultimo della politica estera della Turchia sarebbe dovuto essere quello di promuovere la tutela dei diritti umani e la diffusione di forme di governo maggiormente rappresentative nei paesi islamici, e il potenziamento del soft power di una Turchia forte della sua storia, della sua economia e della sua società libera e dinamica sarebbe stato il migliore mezzo per raggiungere tale scopo1.

Lo scoppio della Primavera Araba ha trovato Ankara (in maniera non dissimile dalle altre capitali europee e occidentali) impreparata a gestire una crisi di tale portata e quindi nell’immediato costretta a porsi in maniera attendista verso una situazione in continua evoluzione. Mentre in una prima fase l’appoggio ai movimenti di protesta è stato cauto e a tratti titubante, anche al fine di preservare i buoni rapporti con i regimi al potere, l’aumento delle violenze ha costretto la Turchia ad attuare una forte scelta di campo. Le condanne provenienti da Occidente nei confronti della repressione dei regimi al potere hanno fatto il paio con la spinta attuata dall’Arabia Saudita e Qatar nell’appoggio delle rivolte contro regimi laici considerati un avversario ideologico del conservatorismo wahhabita. Posta fra queste forze contrapposte, la politica estera turca rischiava di essere considerata una politica di puri interessi economici e strategici, così negando sia la sue premesse teoriche sia il suo potenziale ruolo di modello a livello regionale. In questa chiave è quindi possibile spiegare il progressivo irrigidimento dell’establishment turco verso i regimi arabi laici di Tunisia, Libia, Egitto e Siria.

Il caso della Siria, a differenza dei precedenti, si caratterizza per particolari elementi che lo rendono una insidia per la diplomazia turca. Infatti esso contiene al suo interno diverse aspetti, da quelli relativi alla tutela dei diritti umani e della libertà di espressione, a quelli prettamente settari rilevabili nel confronto fra sciiti e sunniti e riferibili al contesto regionale di “Guerra Fredda” fra l’Iran e il cosiddetto asse sunnita, sino a quello interno legato ai problemi di sicurezza nazionale che la crisi siriana pone in particolare rispetto all’azione del PKK che mantiene basi arretrate in Siria dalle quali potrebbe destabilizzare l’incerto equilibrio delle regioni orientali dell’Anatolia.

In questa chiave è necessaria una analisi dei diversi aspetti relativi al soft power turco in riferimento agli ambiti precedentemente indicati, sintetizzabili all’appetibilità del modello turco rispetto ai paesi arabi; alle implicazioni sul soft power di Ankara in riferimento alla contrapposizione sciiti-sunniti, sino alla valutazione dei risvolti interni che un inasprimento della crisi siriana che la trasformi in un conflitto regionale possa avere sulle più importanti linee guida della politica estera turca.

Una premessa teorica: il concetto di soft power

Il soft power è stato e continua ad essere un termine di largo uso in materia di politica internazionale, sin dalla sua prima definizione nel lontano 1990 ad opera dello studioso statunitense Joseph S. Nye. Nye indica come il soft power sia dato dalla capacità di uno stato di raggiungere “the outcomes it prefers in world politics because other states want to follow it or have agreed to a situation that produces such effects”2. Il concetto di soft power non è certo un concetto totalmente nuovo. Secondo Morghenthau, la lotta per il potere a livello internazionale è anche una lotta per la mente degli uomini: “la potenza di uno stato dipende non solo dall’abilità della sua diplomazia e dalla forza del suo esercito; ma anche da quanto riesca a conquistarsi le simpatie degli altri stati”3. Il soft power è dunque il potere di blandire e affascinare altri individui, soggetti di qualsiasi natura, popoli e stati al fine che essi agiscano secondo le proprie preferenze. Le principali risorse del soft power sono tre: l’attrazione che la cultura di un paese esercita nei confronti degli altri popoli; l’ideologia che esso incarna e le istituzioni internazionali gestite o egemonizzate dallo stato in questione.

Il rapporto fra soft power e hard power è punto essenziale. Nye indica come il soft power sia “a second aspect of power”, con ciò riprendendo la tradizionale concezione del potere espressa da Morgenthau che lo vede come un concetto onnicomprensivo che “può comprendere tutto ciò che stabilisce e mantiene il controllo dell’uomo sull’uomo”4. Ciò implica come fra le due declinazioni del potere vi sia una differenza nei mezzi e nelle modalità di azione ma non negli obiettivi, che consistono nell’aumento della potenza dello stato. Quale rapporto esiste fra le due tipologie? Esse sono distinte nei loro ambiti oppure ognuna di esse determina degli effetti sull’altra? Un eccessivo ricorso all’hard power può limitare la possibilità di fare ricorso al soft power e viceversa?

In via preliminare è possibile sostenere come fra le due tipologie di potere vi sia un rapporto che può andare dall’influenza (positiva o negativa) dell’una sull’altra alla reciproca indifferenza. Lo stesso Nye indica come il rapporto fra hard e soft power generalmente non sia un gioco a somma zero. Può infatti accadere che uno stato che fondi la sua politica estera sulla forza e sui successi militari della propria macchina bellica riesca a produrre un soft power basato sull’aura di invincibilità che si è guadagnato. Ciò non significa comunque che il soft power dipenda, in alcun modo, dall’hard power. Nye cita l’esempio del Vaticano, che detiene un forte soft power a dispetto dell’essere completamente privo di forza militare.

Il rapporto fra hard power e soft power è quindi un rapporto complesso. A volte i due poteri possono favorirsi, altre volte ostacolarsi a vicenda. In alcuni casi un eccesso di hard power può consumare il patrimonio di simpatia e di appeal che un paese detiene nel panorama internazionale. Ciò è avvenuto con l’invasione anglo-americana dell’Iraq, quando gli USA perdettero molta della simpatia guadagnata a livello globale in conseguenza degli attentati dell’undici settembre 2001.

Ritornando al caso di specie, è necessario valutare quali siano stati gli effetti di un sempre maggior ricorso all’hard power da parte della Turchia nel grande fenomeno che ha preso il nome di Primavera Araba. L’appoggio, economico e militare, dato ai ribelli libici prima, e ora all’opposizione siriana potrebbero avere intaccato il grande patrimonio di influenza che la Turchia aveva guadagnato nella regione. Di converso tale influenza potrebbe essere aumentata in alcuni settori, come ad esempio le fazioni politiche uscite vittoriose dalle rivolte, mentre potrebbe essere scemata in altri.

Date queste premesse teoriche è necessario analizzare il contesto specifico della politica estera turca per valutare se e come gli avvenimenti della Primavera Araba abbiano aumentato o meno e in quale ambito il soft power della Turchia.

Primavera Araba e soft power turco

Date le caratteristiche intrinseche del soft power, si vuole analizzare il soft power turco in due ambiti distinti. Il primo ambito è quello dei paesi del Nord Africa e in particolare quelli attraversati dalla “Primavera Araba”. Il secondo ambito è quello regionale del Medio Oriente allargato, dove si contrappongono differenze settarie fra sciiti e sunniti, e dove il bilancio riguardante il soft power turco appare maggiormente a tinte grigie.

1. Nord Africa

L’attrazione che la Turchia esercita nei confronti dei paesi nordafricani attraversati dalla Primavera Araba è senza dubbio aumentata rispetto al passato. La Turchia è sempre più percepita come modello che sintetizza le istanza democratiche e quelle sociali riferite allo sviluppo economico e alla preservazione dell’identità religiosa.

Se il soft power può essere misurato, almeno in maniera parziale, dai flussi commerciali, che danno un’idea dell’appeal per i prodotti, la società e la cultura del paese di provenienza, si scopre come la Turchia abbia esteso in maniera massiccia la sua influenza in particolare in Egitto. Infatti, secondo i dati forniti dall’ente turco di statistica, Turkstat, nel periodo aprile-settembre 2012 la Turchia ha ampiamente superato i dati sull’export relativi allo stesso periodo del 2011, attestandosi alla cifra record di quasi 2,8 miliardi di dollari, con un incremento del 40%5. L’Egitto sembra essere il paese più promettente per una diffusione dell’influenza turca seppure questo processo non sembra essere scevro da difficoltà interne. Nel nuovo rapporto fra Ankara e Il Cairo sono da annoverare, nel campo politico, il sempre maggiore feeling fra le leadership dei due paesi, col presidente turco Erdogan e il suo omologo egiziano Morsi impegnati in una stretta partnership in particolare nella recente crisi di Gaza. Nel campo economico la Turchia ha voluto dare il suo contributo al rafforzamento della sofferente economia egiziana garantendo un prestito di 1 miliardo di dollari al governo de Il Cairo, con il quale ha stretto una partnership anche nel campo della difesa che ha visto le forze armate turche ed egiziane impegnate in esercitazioni congiunte nel Mediterraneo orientale.

A livello politico la replicabilità del modello turco sembra ancora essere al di là dal venire. Infatti non vi è stata alcuna omologazione ideologica verso l’AKP del braccio politico della Fratellanza Musulmana, il Partito Giustizia e Libertà del Presidente Morsi. Infatti, se si eccettua la costituzione di un piccolo partito che si richiama direttamente all’AKP, costituito da fuoriusciti della Fratellanza, la Corrente Egiziana, la politica egiziana resta caratterizzata da un forte nazionalismo, che determina il rifiuto di qualsiasi modello esterno. Tale nazionalismo è confermato dal sondaggio condotto dalla Gallup6, secondo cui solo l’11% degli egiziani sarebbe favorevole all’adozione del modello turco, a fronte di una metà del campione che non mostra alcuna preferenza per il ricorso a modelli esterni. Il rapporto fra l’Egitto e la Turchia è visto da parte degli egiziani come una partnership fra due potenze regionali in ascesa, soprattutto dopo che l’appeal degli Stati Uniti è fortemente calato nel paese. Infatti, secondo il sondaggio Gallup7 del marzo 2012 il 60% degli egiziani valuta come positive le relazioni con la Turchia, mentre il rapporto con gli Stati Uniti, che rimangono il più grande finanziatore del Cairo, è valutato positivamente solo dal 28% degli intervistati (con un calo del 13% dalla rilevazione del dicembre 2011). Ciò dunque non significa che gli egiziani vogliano abdicare al loro tradizionale ruolo di potenza regionale in favore di Ankara. Secondo lo stesso sondaggio solo il 37% sarebbe disposto ad una leadership turca nella regione mediorientale, mentre il 44% si mostra contrario.

La Tunisia ha mostrato anch’essa una certa predilezione per il modello turco. Secondo l’attuale dirigenza tunisina impersonata da Ghannouchi, presidente del Partito Ennahda, vicino anch’esso alla Fratellanza Musulmana, “Turkey not only offers a model to emulate, but also has become an inspiration for Tunisians”, che furono sempre orgogliosi “to be part of the Ottoman Empire”8. La Turchia ha cercato di tessere forti legami commerciali con la Tunisia, che per caratteristiche istituzionali, economiche e sociali sembra essere, fra le nazioni nordafricane, la più vicina alla realtà turca9. La Turchia ha patrocinato la costituzione di un “Turkey-Tunisia-Libya tripartite forum on business”, riunitosi nel gennaio 2012 ad Hammamet, per favorire e potenziare gli investimenti turchi nell’area, e dove si è discussa la costituzione di una zona industriale turca a circa 100 km dal confine libico. Riguardo la Libia, la nuova dirigenza politica guarda alla Turchia come un fratello maggiore, ristabilendo lo stretto legame che legava i vilayet di Tripoli, Cirenaica e Fezzan all’Impero Ottomano10. La nuova Libia ha ipotizzato di applicare il modello educativo turco e di ispirarsi alla costituzione turca nei lavori di redazione della nuova costituzione. Per converso la Turchia si è impegnata nell’addestramento della polizia e nell’assistenza all’esercito libico11.

2. Medio Oriente

A livello regionale la Turchia ha perseguito una politica volta a raggiungere un ruolo di central country, nella veste di potenza regionale e di più importante rappresentante dei paesi musulmani. Questa politica a tratti “ecumenica” della Turchia, esemplificata dal principio guida della “zero problem policy towards neighbours” si è scontrata con i tradizionali problemi mediorientali legati alle differenze etniche, religiose e alle storiche contrapposizioni dell’area, che ne hanno impedito un’apprezzabile affermazione. La Primavera Araba è stata forse l’elemento dirimente per la valutazione del parziale insuccesso di tale politica in quanto ha riportato a galla le tradizionali contrapposizioni che la politica estera turca ambiva a voler superare. Con la Primavera Araba si è in parte sancita una diminuzione del soft power turco a livello regionale, in particolare a causa dell’interventismo in Siria, che ha alienato i favori di parte della popolazione di fede sciita che teme si tratti della manifestazione di una politica settaria. La durezza della politica turca nei confronti del regime di Assad fa infatti il paio con la minore enfasi indirizzata verso la repressione della primavera araba in Bahrein, dove le proteste dei manifestanti – a maggioranza sciita – contro la famiglia regnante di religione sunnita sono finora rimaste inascoltate. Il Bahrein pare essere l’esempio di una contrapposizione fra un asse sunnita, composto da Arabia Saudita e Qatar con la parziale partecipazione turca, e un blocco sciita, a guida iraniana, del quale fanno parte Hezbollah, il regime alawita di Assad e al quale sembra guardare con favore il nuovo Iraq post Saddam.

A corroborare questa ipotesi vi sono i dati del sondaggio The Perception of Turkey in the Middle East 2012 presentato dal TESEV, che mostra un calo della popolarità della Turchia nella regione mediorientale nel 2012. Infatti se solo nel 2011 la Turchia si classificava prima, raccogliendo il 78% di consenso, nel 2012 ha perso 9 punti percentuali, arrivando al 69%. Tale diminuzione ha una intensità maggiore in particolare nei paesi di religione sciita o dove gli sciiti costituiscono una importante minoranza. L’ammontare delle opinioni favorevoli è scesa dal 44 al 28% in Siria, dal 74 al 55% in Iraq, dal 78 al 63% in Libano e dal 71 al 59% in Iran12.

Il trend negativo si ripete anche riguardo le opinioni sul ruolo della Turchia nella Primavera Araba. Infatti mentre nel 2011 il 56% degli intervistati aveva espresso il suo favore verso la politica estera turca, nel 2012 tale percentuale è scesa al 42%.

Considerazioni sugli effetti della Primavera Araba in Siria sul sistema di soft power turco

La militarizzazione delle proteste in Siria ha creato non pochi problemi alla politica estera turca. Da un punto di vista esterno si è determinato il pericolo che la Turchia venga vista come uno stato che porta avanti una politica estera settaria, volta alla difesa della popolazione sunnita a discapito degli altri orientamenti religiosi. Ciò diminuisce la sua influenza sulle popolazioni di religione sciita, e di conseguenza limita le possibilità del paese di guadagnarsi il ruolo di potenza rappresentante dei musulmani nel mondo. L’attivo ruolo nella crisi siriana, oltre alla politica di vicinanza al popolo palestinese, ha fatto guadagnare alla Turchia i favori della popolazione sunnita come nel caso dell’Egitto, anche se non bisognerebbe sottovalutare la possibilità che il nazionalismo arabo possa impedire alla Turchia di assurgere al ruolo di più importante potenza regionale.

Nel campo interno, invece, l’acuirsi della crisi siriana ha fatto assurgere un problema di politica estera al livello di una questione di sicurezza interna turca, col rischio di veder indebolito lo stesso ambito applicativo dell’approccio basato sul soft power. Infatti la presenza di un conflitto agli immediati confini, le relative problematiche riguardanti il flusso di profughi e rifugiati e la presenza di basi arretrate in territorio siriano del Partito dei lavoratori del Kurdistan, il PKK, potrebbe spingere la Turchia ad abbandonare la sua predilezione per il soft power, così da riacquisire il suo tradizionale approccio basato sulla sicurezza. Infatti la crisi siriana, in particolare nel caso essa raggiunga un maggiore grado di conflittualità fra lealisti e ribelli, potrebbe presto trasformarsi in un conflitto regionale, una guerra sporca come quella combattuta in Libano durante gli anni Ottanta, nella quale si confronterebbero i diversi attori mediorientali. In questo scenario le basi del PKK in territorio siriano potrebbero divenire una vera e propria spina nel fianco, dal quale potrebbero essere alimentate attività di guerriglia e terroristiche. Una ulteriore militarizzazione del conflitto creerebbe una sorta di processo a catena che vedrebbe i militari turchi guadagnare un sempre maggiore ruolo nei processi decisionali al fine di preservare la sicurezza nazionale. Ciò potrebbe determinare una involuzione dell’approccio turco basato sul soft power, danneggiando il maggior cambiamento adottato dalla Turchia nella conduzione della politica estera e nella visione delle relazioni internazionali.


NOTE:
Antonio Cocco è dottore magistrale in Relazioni internazionali (Università degli Studi di Cagliari.

1. Per una visione del pensiero di Ahmet Davutoğlu sulla politica estera turca: A. Davutoğlu, Turkey's Foreign Policy Vision: An assessment of 2007, Insight Turkey, vol.10/No.1/2008, pp. 77-96; A. Davutoğlu, Turkey's Zero-problems Foreign Policy, Foreign Policy, 20 May, 2010.
2. Joseph S. Nye, Jr., Soft power, Foreign Policy, No 80, Twentieth Anniversary, Autumn 1990, p.166.
3. Hans J. Morgenthau, Politica tra le nazioni, Il Mulino, Bologna, 1997, p. 238.
4. Hans J. Morgenthau, op. cit., p. 17.
5. Nostra elaborazione su dati provenienti dal Turkish Statistical Institute.
6. Mohamed S. Younis, Turkish Delight? The Feasibility of The “Turkish Model” For Egypt, Turkish Policy Quarterly, Winter 2012, p. 107.
7. Ahmed Younis, Mohamed Younis, Egyptians Sour on U.S., Eye Closer Ties to Turkey, Iran, Gallup, March 23, 2012.
8. AA.VV., Ennahda leader says Turks are model, inspiration for Tunisia, Today’s Zaman, 15 July 2012.
9.Stefano Maria Torelli, The “AKP Model” and Tunisia's al-Nahda: from Convergence to Competition, paper presentato al BRISMES Annual Conference London School of Economics and Political Science 26-28 March 2012.
10.Libya's first political party looks to AK Party as model, Today’s Zaman, 28 December 2011.
11. AA.VV., Libya and Turkey in military deal: report, Libya Herald, 20 May 2012; AA.VV., Turkey Boosts Role in Libya by Training Police, Libya-businessnews.com, 28 July 2012.
12. Una consistente diminuzione delle opinioni favorevoli si è avuta anche in paesi quali la Tunisia (dal 91% del 2011 all’80% del 2012) e l’Arabia Saudita (dall’89% del 2011 al 77% del 2012), anche se non si rileva una tendenza univoca che giustifichi questo trend.

mercredi, 09 janvier 2013

Turkey’s Energy Challenges

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Reserves Could Lead to Resolve

Turkey’s Energy Challenges

by DANIEL WAGNER AND GIORGIO CAFIERO

Ankara will soon be confronted with some difficult foreign policy decisions that could affect its long-term energy interests. The discovery of vast reserves of natural gas off the coasts of Cyprus and Israel could oblige Turkey to resolve longstanding disputes with its neighbours.

Turkey has managed to maintain impressive growth rates over the past decade in spite of a lack of indigenous sources of energy. Ankara has pursued a foreign policy aimed at diversifying the country’s energy imports while simultaneously positioning itself as a major energy hub. Turkey’s geostrategic position makes achieving this dual objective challenging, but it has managed to strike a balance between being assertive and deferential in acquiring and managing its energy supply. While the Turkish government’s power to influence events in the region is of course limited, it will be compelled to make some difficult foreign policy decisions in the near term that could substantially impact its long-term energy interests.

Turkey imports 91 percent of its oil and 98 percent of its natural gas. In 2011, approximately 51 percent of its oil came from Iran and 55 percent of its natural gas from Russia. Iraq’s resurrection as a major oil and gas exporter to the world offers Turkey an opportunity to become an increasingly influential energy hub between the Arabian Gulf and European markets. However, the tense triangular relationship between Turkey, Iraq and the Kurdish Regional Government has greatly complicated the energy trade with Iraq. This has also cast doubt about the long-term reliability of the Iraqi-Turkish pipeline that exports nearly 400,000 barrels per day to the important port of Ceyhan in southern Turkey. Turkey’s perennial battle with Kurdish separatists has served to ensure that the relationship with Iraq remains problematic and uncertain.

The discovery of an estimated 122 trillion cubic feet of natural gas off the coasts of Israel and Cyprus could lead to another major regional energy source that could challenge Turkey’s ambition to become a major energy hub, while likely denying it an additional potential source of oil and gas. The prospect of the formation of an energy partnership in the eastern Mediterranean that excludes Turkey will not be well received in Ankara. Turkey’s logistical advantage is that any pipeline that transfers gas from Cyprus to Greece would be far less expensive if it entered distribution via Turkey’s (disputed) offshore territory. A direct Cyprus/Greece pipeline would need to be significantly longer and installed in water as deep as 1.2 miles before reaching the Dodecanese Archipelago. Greece may ultimately be pressured to cooperate with the Turks due its economic constraints and what is arguably in their own long-term interest.

The Cypriot conflict further complicates the picture for Ankara, which signed an exploration deal with the Republic of Northern Cyprus following news that the Greek Cypriot administration began exploratory offshore drilling. Whether the recent discovery of Cypriot natural gas reserves pressure Athens and Ankara to resolve these lingering territorial disputes or leads to greater friction remains an open question. If history is any guide, Turkey’s rise and Greece’s troubles will only lead to greater conflict between them.

Other unresolved territorial disputes imply that the bonanza of natural resource wealth within the Levantine Basin is more likely to spur conflict than cooperation in the future. As Israel and Lebanon remain in a technical state of war, no maritime boundaries have been agreed by either state regarding their shared offshore gas reservoir. Unless some accommodation is reached, it will be problematic for either state to develop the reserves in the near future. Given their current state of bilateral relations, the chronic state of affairs between Israel and Iran, and the ongoing morass in Syria, there seems little reason to believe that the plethora of conflicts in the region will be resolved or gas will begin to flow any time soon. Turkey’s ability to become a major energy hub would likely be undermined by a new Israel-Cyprus-Greece energy triad.

The Tabriz-Ankara pipeline offers Turkey opportunities to capitalize on the exportation of energy resources from Kazakhstan, Uzbekistan and Turkmenistan to markets in Europe. Given Turkey’s limited domestic energy resources, growing demand for energy, the proximity of Iran’s gas and oil reserves, and its aspirations to become a Eurasian energy hub, it is reasonable to conclude that Ankara will continue to place immense value on its energy partnership with Iran – its largest source of foreign oil and second largest source of natural gas.

It is within this context that Turkey has refused to participate in the West’s campaign to isolate Iran economically. Ankara’s acknowledgment in November 2011 that its skyrocketing gold exports to Iran were related to its payment for Iranian gas is indicative of the Turks’ interest in maintaining energy ties with Iran, despite Western pressure. Tehran already views Turkey as an important partner in its quest to counter isolation and sanctions. Bilateral trade increased sixteen-fold between 2000 and 2011. By 2011, Turkey was home to more than 2,000 privately-owned Iranian firms – a six-fold increase from 2002. A variety of Iranian industries depend on Turkey to provide their link to the global economy. The flip side to that is that an eruption of greater Middle Eastern turmoil, or indeed a military strike against Iran, could severely undermine Turkey’s energy and commercial interests – as occurred during and following the Gulf War in 1991.

The Syrian crisis has created tension between Iran and Turkey, which have hedged their bets on opposite sides of the conflict. Additionally, the prospect of Iran becoming increasingly connected with Asian energy markets has created unease for the Turks, who are determined to maintain a close energy trading relationship with Iran. That said, Turkey’s announcement in March 2012 that it would begin importing more Libyan and Saudi Arabian oil, while decreasing oil imports from Iran by 20 percent, suggests that Turkey may already be seeking alternative sources to Iran, given the political ramifications of continued energy dependence on Iran.

Iran’s standoff with the West, and the continuing mayhem in Syria, will force Ankara to make some difficult decisions regarding its relationship with Tehran in 2013. However, in the short-term, Turkey and Iran are unlikely to take actions that would jeopardize their partnership with respect to energy, commerce, or regional security.

Turkey is currently the world’s 17th largest economy, and is determined to expand its strategic depth among its neighbors. If Ankara can balance its security and energy interests wisely, while acting as a force for regional stability, Turkey has real potential to satisfy its domestic energy demands while maintaining substantial leverage over regional energy markets. But if Turkey misjudges its balance of power and hedges its bets poorly, or if other states find alternative energy routes that exclude Turkey, the Turks may find themselves subject to the influence of larger powers’ ambitions. Thus far, Turkey has deftly balanced its interests with the plethora of challenges that confront it, which implies stability in the regional and global energy markets as 2013 begins.

DANIEL WAGNER is CEO of Country Risk Solutions, a cross-border risk management consulting firm, and author of the book “Managing Country Risk”. GIORGIO CAFIERO is a research analyst with CRS. 

dimanche, 02 décembre 2012

Après Erdogan, Morsi ? Autant en emporte le vent

Après Erdogan, Morsi ? Autant en emporte le vent

Ex: http://www.dedefensa.org/

erdogan-mursi-gorus.jpgIl y a une semaine, nous constations la chute accélérée de la position du Turc Erdogan, qui n’avait pu réussir, au long de la crise de Gaza (Gaza-II), à se rétablir dans la perception de l’opinion musulmane et de celle du reste du monde. Gaza-II n’avait démontré qu’une chose : la toute-puissance de la position de Morsi, l’homme-clef de la crise, montrant de la fermeté vis-à-vis d’Israël tout en contrôlant le Hamas et en s’attirant le soutien enthousiaste de Washington. C’était effectivement le 23 novembre 2012 que tout cela était rapportét.

«D’un côté, il y a une appréciation générale selon laquelle Erdogan s’est trouvé dans cette crise à la remorque de Morsi, tandis que son attitude durant ces quelques jours est perçue plutôt comme de la gesticulation sans beaucoup de substance. […][S]elon un article du New York Times [… :] “The analysts stressed that while Turkey became a vocal defender of Palestinians and a critic of the Israeli regime, ‘it had to take a back seat to Egypt on the stage of high diplomacy.” […] “While most of the region’s leaders rushed to the nearest microphone to condemn Israel, the normally loquacious prime minister was atypically mute,” said Aaron Stein from a research center based in Istanbul. Stein added that while Erdogan was touring a factory that makes tanks, Egypt President Mohamed Morsi had “put his stamp on world réaction…»

• L’impression est immanquable : Erdogan est “perdu corps et bien”, Morsi est le grand homme d’une époque nouvelle… Combien de temps, cette “époque nouvelle” ? Eh bien, disons, une semaine, dix jours, deux semaines ? Aujourd’hui, Morsi est à la dérive ; l’on dirait presque, bientôt, qu’il est “perdu corps et bien”… Le constat semble aussi rapide que le temps qui passe et que l’Histoire se fait.

• Ces trois-quatre derniers jours, Morsi s’est trouvé entraîné dans le tourbillon d’une contestation qui prend des allures, une fois de plus, révolutionnaires, ou plutôt déstructurantes ; destructrices de structures encore si fragiles mises en place peu à peu depuis le départ de Moubarak, et dont Morsi avait pensé qu’elles suffiraient à canaliser les passions et les fureurs. Le schéma est assez simple : deux ou trois jours après sa “victoire” dans Gaza-II, au pinacle de sa puissance nouvelle, Morsi s’est jugé en position de force pour assurer son pouvoir intérieur en relançant sa querelle avec le pouvoir législatif, contre lequel il avait lancé jusqu’ici des assauts contenus et même retournés contre lui, et cette fois lui-même pour placer un coup décisif. Il semble que Morsi se soit trop appuyé sur ses conseillers juridiques, selon le journaliste Rana Mamdouh, du quotidien Al-Akhbar English, ce 27 novembre 2012 : «As Egyptian President Mohammed Mursi faces yet another showdown with the judiciary, this time over his recent decree placing himself beyond the power of the courts, sources tell Al-Akhbar that the real masterminds behind these disastrous decisions are Mursi’s advisors.»

Rana Mamdouh semble, d’après ses sources, assez pessimiste sur l’issue de la crise pour Morsi, qu’il voit dans une nouvelle capitulation du même Morsi face au pouvoir législatif : «The president, on the other hand, met with the Higher Judicial Council on Monday in an attempt to close the rift caused by the declaration. The meeting was widely seen as an attempt to find a way out while allowing Mursi to save face – this would be the fourth reversal of a presidential decision in relation to the judiciary.»

• …Pourtant, serait-on tentés d’écrire, Morsi semblait avoir assuré sa position, notamment auprès des USA. Justement : à quoi servent les USA aujourd’hui et qui s’en soucie vraiment, au Caire, dans la rue par où doit passer toute décision politique ? La caution des USA, n’est-ce pas la caution de l’incendiaire donnée à l’apprenti-pompier ? Le même Al-Akhbar English, du 27 novembre 2012, publie une rapide et savoureuse mise en situation sur son Live Blog, le 27 novembre au matin ; laquelle nous montre 1) que le côté américaniste est affolé et ne comprend plus rien à une situation qu’il n’a jamais comprise, avec l’ambassade tweetant que, finalement, elle serait plutôt contre Morsi et aux côtés des révolutionnaires, du peuple et des droits de l’homme ; 2) que les contestataires anti-Morsi n’ont rien à faire des manifestations diverses de l’américanisme affolé, sinon à leur faire passer texto le message qu’ils ne veulent plus des accords de Camp David (accord de paix Israélo-Égyptien)…

«Who cares what the US says anyways?

»Are the Americans back peddling on Mursi? Under Mubarak, the US maintained its opposition to the Brotherhood. When Mursi won the presidential election and made clear his intentions to maintain ties with Israel and keep providing them with fuel, the US backed him. It was just a few days ago that US Secretary of State Hillary Clinton praised Mursi's “leadership” on Gaza. Now today, the US Embassy in Cairo basically called Mursi a dictator or Twitter:

»“@USEmbassyCairo : The Egyptian people made clear in the January 25th revolution that they have had enough of dictatorship #tahrir”.

»Conveniently, the embassy failed to address the incident just outside its doors earlier today when an activist was killed by riot police. Those protesters aren't just sending a message to Mursi, they are also rallying against US meddling in their internal affairs, and in particular, Camp David.»

• Première conclusion (sous forme de question) : Morsi est-il en train de prendre une direction semblable à celle d’Erdogan, par d’autres voies ? Seconde conclusion : il semblait bien que ces deux dirigeants musulmans, supposés habiles, certainement réformistes et un poil révolutionnaire, populiste sans aucun doute, charismatiques, étaient du genre “qui a compris que la rue pèse d’un poids terrible” après le “printemps arabe” ; eh bien, sans doute ne l’ont-ils pas assez bien compris.

… Mais est-ce bien une question de “bien comprendre”, finalement ? L’impression générale, dans la région, est véritablement celle d’un tourbillon évoluant en spirale vers un trou noir, que plus personne ne peut espérer contrôler. La tension générale ne rend pas compte de lignes de force tendant à imposer leurs lois, mais au contraire d’un désordre grandissant, d’un chaos où s’accumulent toutes les composantes de la crise terminale du Système, de type postmoderniste. Tous les pays autour de la Syrie sont en train de se transformer en une sorte de Pakistan circulaire, encerclant la Syrie-Afghanistan. La Turquie attend la réponse la plus stupide possible de l’OTAN (un “oui”) à la requête la plus stupide possible qu’elle ait faite, de déployer des Patriot de pays de l’OTAN (on connaît leur redoutable et presque légendaire inefficacité) à la frontière syrienne, sous contrôle d’engagement de l’OTAN. Tout le reste est à l’avenant, avec l’hypothèque absolument terrifiante de la destinée de l’Arabie Saoudite, qui se trouve au seuil d’une période explosive et absolument déstructurante. Tous les grands projets plus ou moins teintés d’idéologie religieuse et activiste, sunnites, salafistes, etc., sont en train de s’évaporer sous la poussée du désordre, avec même le Qatar qui se retire de plus en plus, tandis que les diverses forces en présence se transforment de plus en plus en bandes, en réseaux du crime organisé, etc. La pathétique sottise américaniste-occidentaliste domine tout ce champ de ruines de sa haute taille et de sa prétention sans faille et au pas précautionneux, – l’image du paon ferait bien l’affaire, – attentive à venir poser, à la moindre occasion, par exemple à l’aide d’un de ses drones dont le président BHO “qui marche sur l’eau” a le secret, un de ces actes stupides, absurdes, nuisibles et illégaux, pour encore aggraver ce qui est déjà si grave.

Dès qu’un homme apparaît et paraît pouvoir prétendre “chevaucher le tigre”, – et même un de ces hommes au demeurant d’allure et de conviction qui nous le rendraient sympathiques, – il est finalement désarçonné, et nullement au profit du Système qu’il semblait en position de pouvoir affronter, mais dans un dessein finalement radicalement antiSystème, – parce que cet homme-là, justement, n’est pas assez antiSystème pour les desseins supérieurs consentant à s'occuper des choses du monde. Bien qu’un Erdogan en son temps, puis un Morsi dans le sien, soient loin de nous sembler des marionnettes du Système, et même au contraire, la terrible loi du comte Joseph de Maistre joue contre eux. «On a remarqué, avec grande raison, que la révolution française mène les hommes plus que les hommes la mènent. Cette observation est de la plus grande justesse... [...] Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement.» Erdogan et Morsi ne sont pas des “scélérats”, à l’image des révolutionnaires français, mais ils restent au service de desseins extérieurs à eux, qui se débarrassent d’eux s’ils prétendent trop précisément interrompre le cours de “la révolution”, qu’on nomme ici “printemps arabe”, qui n’a pas pour tâche d’établir ni la démocratie ni les droits de l’homme, qui a pour tâche d’abattre les structures du Système et rien d’autre. Le chaos a un envers qui le rend lui-même nécessaire.

samedi, 01 décembre 2012

Erdogan, perdu corps et bien…

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Erdogan, perdu corps et bien…

Ex: http://www.dedefensa.org/

Le Premier ministre turc Erdogan a semblé s’engager d’une façon radicale dans la crise de Gaza et semblé, dans les un et deux premiers jours, devoir y jouer un rôle important. Cette impression s’est rapidement dissipée, pour être remplacée par celle d’une action d’une importance mineure, notamment au regard du rôle dirigeant de la crise qu’a tenu Morsi. Il s’agit bien entendu d’une question de perception, mais l’on comprend évidemment que cette perception joue un rôle fondamental dans cette époque dominée par la puissance du système de la communication. Au demeurant, la perception, éclairée par divers faits, reflète sans aucun doute une vérité de la situation d’Erdogan.

On donne ici, comme exemple de la situation de la perception deux sources ayant rassemblé des appréciations d’experts sur le rôle qu’a tenu Erdogan. On dispose ainsi d’un matériel de communication pour pouvoir mieux apprécier la position générale d’Erdogan, et tenter de l’expliciter. On découvre qu’Erdogan est critiqué dans tous les sens, à la fois pour avoir tenu un rôle effacé, à la fois pour n’avoir pas assez soutenu les Palestiniens et le Hamas d’une façon efficace, à la fois pour être trop anti-israélien…

• D’un côté, il y a une appréciation générale selon laquelle Erdogan s’est trouvé dans cette crise à la remorque de Morsi, tandis que son attitude durant ces quelques jours est perçue plutôt comme de la gesticulation sans beaucoup de substance. Cette appréciation est surtout sensible en Turquie même, selon un article du New York Times dont PressTV.com donne un résumé, ce 22 novembre 2012, article fait surtout de quelques citations d’experts et d’universitaires turcs.

«The analysts stressed that while Turkey became a vocal defender of Palestinians and a critic of the Israeli regime, “it had to take a back seat to Egypt on the stage of high diplomacy.” “Egypt can talk with both Hamas and Israel,” university professor Ersin Kalaycioglu said, adding, “Turkey, therefore, is pretty much left with a position to support what Egypt foresees, but nothing more.”

»The analysts also criticized Turkish Prime Minister Reccep Tayyeb Erdogan for being initially silent on the outbreak of the Israeli attacks on Gaza and being slow to address the offensive publicly. “While most of the region’s leaders rushed to the nearest microphone to condemn Israel, the normally loquacious prime minister was atypically mute,” said Aaron Stein from a research center based in Istanbul. Stein added that while Erdogan was touring a factory that makes tanks, Egypt President Mohamed Morsi had “put his stamp on world reaction by kicking out the Israeli ambassador and dispatching his prime minister to visit Gaza.”»

• Une autre source, le journaliste Tulin Daloglu, dans le quotidien Al Monitor du 20 novembre 2012, restitue, également au travers d’avis d’experts et d’universitaires, la perception de l’attitude et du comportement d’Erdogan vus d’Israël. Il s’agit d’appréciations très extrêmes et très hostiles, qui impliquent son ministre des affaires étrangères Davutoglu perçu comme une sorte de diabolus ex machina d’Erdogan (ce qui est peu aimable pour la force de caractère qu’on attribue de ce fait à Erdogan). L’article rappelle qu’Erdogan s’est signalé, durant la crise, par une rhétorique enflammée, dénonçant le 15 novembre Israël comme “un État terroriste” puis s’attaquant, le 20 novembre, aux USA et au bloc BAO («Leading with the US, all the West talks about a two-state solution. Where is it? They’re working to vacate Palestine in order to surrender it to Israel […] If we’re going to die, we shall do so as men do. This is not justice.»)

«…“Davutoglu may be right to condemn Israel for excessive use of force, but he also needs to call on Hamas to stop firing rockets into Israel. But he does not,” said Gareth Jenkins, a senior fellow at the Institute for Security and Development Policy. “The fact remains that, while Hamas is firing missiles into Israeli territory, Israel is much more likely to respond militarily. And any violence plays into the hands of extremists on both sides.” […]

»“As Erdogan cannot accept shelling against Turkey, we cannot accept shelling against our one million people in the south part of Israel.” Binyamin Fuad Ben Eliezer, former Israeli defense minister, told Al-Monitor on Nov. 15, just as the sirens went on over the Tel-Aviv area… […]

»[Erdogan] cannot give me conditions. He cannot sit in Turkey and tell me what to do,” says Ben-Eliezer. “Erdogan could have taken the position of one of the most important leaders in the area,” Ben Eliezer said. “I’m sorry that he took a very radical position against Israel.” Still, he does not consider — like many other Israelis — that the Turkish prime minister’s unequivocal alliance with Hamas, a militant group that is recognized by the US and European countries as a terrorist organization — goes as deep as challenging Israel’s right to exist.

»However, Ofra Bengio, a professor at Tel Aviv University, is confident that Turkey’s new position is just that. She argues that both sides have gone too far, and while focusing only on Israel’s mistakes may be politically rewarding for Erdogan, it should not hide Turkish foreign policy’s new attitude toward Israel of vengeance and punishment. “If they’re taking Hamas' position, then it’s quite clear that they’re aiming at the legitimacy [of Israel],” she told Al-Monitor. “Especially, take a look at Davutoglu. If you read his essays, for him, Israel does not exist.”

»Ben Eliezer concurs. “If you ask me where the big change was in [Erdogan's] behavior,” he said, the answer is “Davutoglu! It’s his entry as the foreign minister to the erea, and he was the one who no doubt influenced Erdogan totally against Israel. He has made many mistakes because so far, he could not gain anything.” Before then, he said, he had been able to build a close relationship with Erdogan such that they were able to share jokes and laughter together. He does not believe that Erdogan is anti-Semitic or personally anti-Israel…»

On est donc conduit à observer que, les unes dans les autres, ces appréciations donnent une image extrêmement défavorable du Premier ministre turc, cette image semblant désormais devoir être son nouveau “statut de communication” : un homme qui parle beaucoup, qui s’enflamme, qui agit peu, qui est de peu d’influence et auquel on prête de moins en moins d’attention ; un homme au point de vue anti-israélien extrémiste, mais selon l’influence de son ministre des affaires étrangères et non selon son propre jugement, ce qui implique de très graves doutes sur son indépendance d’esprit et son caractère. De quelque côté qu’on se place, et de quelque opinion qu’on soit dans ces diverses appréciations, le sentiment général sur Erdogan est défavorable : un homme à l’humeur incontrôlable, au caractère finalement faible et très influençable, préférant les mots et surtout les éructations à l’action…

Notre propre appréciation est que ce que nous nommons effectivement la “situation de la perception” d’Erdogan est injuste par rapport à ce qu’il a été et ce qu’il a fait jusqu’ici, – injuste, dans le sens où cela ne “lui rend pas justice”. En même temps, elle constitue un fait et, par là même, se justifie par elle-même et rend compte d’une vérité de situation, – justice ou pas, qu’importe. En d’autres mots, nous dirions qu’Erdogan a perdu, en un an et demi, le formidable crédit qu’il avait construit depuis 2009 par sa politique indépendante, quasiment “gaulliste” dans sa conception. Nous pensions, sans tout de même beaucoup d’espoir, qu’il pouvait, qu’il devait effectivement tenter de redresser cette “situation de perception” durant cette crise de Gaza-II (voir le 15 novembre 2012) : «Le même “Israel is saying… ‘F* You’” ne vaut-il pas également pour Erdogan, qu’on attendait en visite à Gaza, où il entendait affirmer la préoccupation turque pour la défense et l’intégrité des pauvres Palestiniens ? Que va faire Erdogan ? Va-t-il ménager une base arrière pour des “combattants de la liberté” volant au secours des Palestiniens ? Va-t-il affréter une “flottille de la liberté”, comme celle du printemps 2010, pour se rendre à Gaza, sous les bombes israéliennes ? Va-t-il menacer d’envahir Israël comme il menace d’attaquer la Syrie ?»

Le constat est clair et sec. Erdogan n’a pas réussi à “redresser cette ‘situation de perception’”, il a même encore perdu de son crédit. Cet homme semble avoir définitivement chuté avec l’affaire syrienne, dans laquelle il s’est engagé follement. L’indignité et l’illégitimité de l’affaire syrienne, dans le sens où il s’est engagé, a profondément modifié sa “situation de la perception”, nous dirions d’une façon quasiment structurelle qui n’est pas loin d’être irrémédiable. (Cela, d’autant qu’en même temps qu’il tentait cette maladroite “réhabilitation” avec Gaza-II, il continuait sa politique syrienne par son pire aspect, avec l’accord de l’OTAN d’envoyer des Patriot à la Turquie, cela qui met en évidence le stupide jeu des menaces [syriennes] inventées, et le non moins stupide alignement-asservissement de la Turquie aux structures les plus perverses du Système, l’OTAN avec les USA derrière et la quincaillerie technologique.) Erdogan a voulu s’inscrire dans le jeu du Système avec la Syrie, abandonnant la référence principielle d’une politique d’indépendance et de souveraineté, – laquelle suppose qu’on respecte chez les autres (chez les Syriens, certes) les mêmes principes (indépendance, souveraineté) auxquels on se réfère pour soi-même. Il a abandonné la puissance de la référence principielle pour la politique moralisatrice et belliciste que le Système inspire au bloc BAO en général. Ce faisant, il a été totalement infecté et subverti par le Système et s’avère manifestement trop faible pour s’en dégager, si encore il parvient à distinguer la nature et la puissance de l’enjeu.

 

mercredi, 28 novembre 2012

Moskau über Aufstockung von Nato-Militärpotential in Türkei besorgt

Moskau über Aufstockung von Nato-Militärpotential in Türkei besorgt

von Sergei Guneev

Der russische Aussenminister Sergej Lawrow hat in einem Telefongespräch mit Nato-Generalsekretär Anders Fogh Rasmussen die Besorgnis Russlands über die Pläne der Nato zur Aufstockung ihres Militärpotentials in der Türkei bekräftigt. Das geht aus einer Mitteilung des russischen Aussenministeriums hervor.
Das Telefongespräch fand auf Initiative der Nato-Seite statt.
Laut der Mitteilung hat Rasmussen Lawrow über die Situation mit dem an die Nato gestellten Antrag der Türkei informiert, ihr Patriot-Abwehrraketen zur Verfügung zu stellen. 
Der russische Aussenminister äusserte Besorgnis über die geplante Verstärkung des Militärpotentials der Nato in der Region und bekräftigte das Angebot, eine direkte Verbindung zwischen Ankara und Damaskus herzustellen, um unerwünschte Zwischenfälle zu vermeiden.
Die Seiten erörterten auch die Vorbereitung auf die zum 4. Dezember nach Brüssel einberufene Ministersitzung des Russland-Nato-Rates.
Das Nato-Mitglied Türkei hatte die Allianz ersucht, ihr Patriot-Raketenkomplexe für den Schutz der 900 Kilometer langen Grenze zu Syrien zur Verfügung zu stellen. Laut dem Nato-Chef soll der Antrag von Ankara unverzüglich geprüft werden.

© RIA Novosti vom 23.11.2012

jeudi, 22 novembre 2012

Energie et défense: les vieux amis et les nouveaux ennemis d’Ankara

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Alessia LAI:

Energie et défense: les vieux amis et les nouveaux ennemis d’Ankara

 

Les rapports entre Turcs et irakiens se sont envenimés depuis quelques mois; en revanche, les relations commerciales avec Israël ont repris récemment...

 

L’EPDK, l’autorité turque qui régule le marché de l’énergie, ne permettra vraisemblablement pas à une société du Nord de l’Irak d’exporter du gaz naturel, parce que cette société n’a pas signé à temps un accord prévu de longue date, vu les tensions politiques qui agitent la région. La société turque Siyahkalem Ltd, qui opère sur le marché de l’énergie, avait décidé d’importer du gaz, en commençant par un volume annuel de 700 millions de m3 à partir de 2014, pour arriver à un volume de 3,2 milliards de m3 en 2033. La société devait soumettre une proposition de contrat à l’EPDK dans un délai de 90 jours mais “les vicissitudes politiques qui rythment les rapports turco-irakiens et les rapports entre le gouvernement central de Bagdad et le gouvernement du Kurdistan irakien du Nord du pays ont conduit à l’échec de l’accord”, précise une source de l’Agence Reuters.

 

Au cours de ces dernières semaines, en effet, les tensions ont augmenté entre Bagdad et Ankara, surtout depuis que la Turquie a accordé l’asile politique à l’ancien vice-président irakien Tareq al-Hashemi, condamné à mort pour terrorisme. L’Irak a également demandé à la Turquie de cesser ses attaques contre les forces rebelles kurdes, repliées sur territoire irakien mais dans la région autonome kurde, sur laquelle le gouvernement central de Bagdad exerce peu de contrôle et avec laquelle les Turcs ont forgé des liens assez étroits ces dernières années, surtout dans le domaine des hydrocarbures, cette région possédant les champs pétrolifères les plus productifs de l’Irak. Le gouvernement irakien, pour sa part, a exclu, le 7 novembre 2012, la société nationale turque d’exploitation pétrolière TPAO de toute présence active dans la zone dite du “bloc 9”, tout en niant que cette mesure soit une rétorsion face aux accords signés par la TPAO dans le Kurdistan irakien.

 

Avec une telle toile de fonds, on ne s’étonnera pas que les relations entre la Turquie et Israël soient redevenues amicales. Une société israélienne, qui concevait des systèmes électroniques pour les avions espions turcs avant la crise diplomatique qui a opposé Tel Aviv à Ankara depuis 2009 (à l’époque de l’opération “Plomb fondu” puis de l’attaque contre la flotille “Mave Marmara”) vient de reprendre ses activités. En 2002, le ministère turc de la défense avait commandé auprès de la firme aéronautique américaine Boeing quatre avions espions Aewc 737-700, ainsi qu’un radar de terre, des systèmes de contrôle et d’autres matériels pour l’instruction du personnel et la manutention. Le site internet du quotidien turc “Hurriyet” rapporte que la firme israélienne Elta Systems a décidé de reprendre la fabrication de dispositifs spéciaux pour les avions espions de type Boeing 737 Aewc. Cette décision, d’après le quotidien turc, permet de reprendre la production, ajournée depuis longtemps, de quatre nouveaux 737-Aewc (pour un prix total de quelque 1,2 milliard d’euro). Enfin, cette décision indique la fin de tout interdit frappant les exporations de matériels destinés à la défense entre Israël et la Turquie. Elles avaient effectivement été gelées depuis deux ans.

 

Alessia LAI.

( a.lai@rinascita.eu ; article paru dans “Rinascita”, Rome, le 10 novembre 2012; http://rinascita.eu/ ).

dimanche, 18 novembre 2012

Come l’Iran elude il blocco occidentale. Il Triangolo del petro-oro Turchia-Dubai-Iran

Come l’Iran elude il blocco occidentale. Il Triangolo del petro-oro Turchia-Dubai-Iran

di Tyler Durden

Fonte: aurorasito

Negli ultimi mesi vi è stata molta speculazione errata sul perché l’Iran, escluso dal regime di mediazione SWIFT sui petrodollari, vedrebbe implodere la propria economia mentre il paese non ha accesso ai verdoni, non potendo quindi effettuare scambi internazionali; il fattore trainante dietro le sanzioni internazionali che cercano di rovesciare il governo dell’Iran facendo morire la sua economica. Mentre vi sono stati periodi d’inflazione rilevante, finora il governo locale sembra essere riuscito a metterci una pietra sopra, frenando la speculazione del mercato grigio, e l’Iran continua a operare più o meno grazie ai suoi allegri metodi nel commercio internazionale, che è certamente vivo, in particolare con la Cina, la Russia e l’India quali principali partner commerciali. “Come è possibile tutto questo” si chiederanno coloro che sostengono l’embargo totale occidentale sul commercio iraniano? Semplice, l’oro. Perché mentre l’Iran potrebbe non avere accesso ai dollari, ha ampio accesso all’oro. Questo di per sé non è una novità, ne abbiamo parlato in passato: l’Iran ha importato notevoli quantità di oro dalla Turchia, nonostante le smentite del governo turco. Oggi, per gentile concessione della Reuters, sappiamo esattamente ciò che sarà l’equivalente della Grande Via della Seta del 21° secolo, e quanto sia stato efficace l’Iran, da bravo topolino da laboratorio, nel sottrarsi al grande esperimento dei petrodollari da cui, secondo la saggezza convenzionale, non ci sarebbe scampo. Vi presento il petro-oro.
Tutto inizia, contrariamente alle smentite ufficiali del governo, in Turchia. La Reuters spiega: “Corrieri che trasportano milioni di dollari in lingotti d’oro nei loro bagagli volano da Istanbul a Dubai, da dove l’oro viene inviato in Iran, secondo fonti del settore che conoscono il business. Le somme in gioco sono enormi. I dati commerciali ufficiali turchi suggeriscono che quasi 2 miliardi di dollari in oro sono stati inviati a Dubai per conto di acquirenti iraniani, ad agosto. Le spedizioni aiutano Teheran a gestire le sue finanze di fronte alle sanzioni finanziarie occidentali. Le sanzioni, imposte sul controverso programma nucleare iraniano, l’hanno in gran parte escluso dal sistema bancario globale, rendendogli difficile poter effettuare trasferimenti internazionali di denaro. Utilizzando l’oro fisico, l’Iran può continuare a muovere le sue ricchezze al di là delle frontiere.”
Quindi …. l’oro è denaro? In altre parole viene ampiamente accettato; si tratta di una riserva della ricchezza, ed è un mezzo di scambio? Huh. Qualcuno lo dica al Presidente. Potrebbe non esserne a conoscenza. Pare proprio di sì, almeno nei paesi che non vivono giorno per giorno sul bordo del quadrilione di dollari in derivati, ragione delle armi di distruzione immediata e di massa. “Ogni moneta nel mondo ha una identità, ma l’oro è un valore senza identità. Il suo valore è assoluto dovunque tu vada“, ha detto un trader di Dubai che conosce il commercio dell’oro tra la Turchia e l’Iran. L’identità della destinazione finale dell’oro in Iran non è nota. Ma la scala delle operazioni attraverso Dubai e la sua crescita improvvisa, suggeriscono che il governo iraniano vi abbia un ruolo. Il commerciante di Dubai e altre fonti familiari al business, hanno parlato con Reuters in condizione di anonimato, a causa della sensibilità politica e commerciale della questione. Che cosa ottiene in cambio la Turchia? Qualunque sia, l’Iran risponde alle esigenze della Turchia, naturalmente. “L’Iran vende petrolio e gas alla Turchia, con pagamenti effettuati a istituzioni statali iraniane. Le sanzioni bancarie statunitensi ed europee vietano i pagamenti in dollari o euro, così l’Iran viene pagato in lire turche. La lira ha un valore limitato nell’acquisto di merci sui mercati internazionali, ma è l’ideale per fare baldoria acquistando oro in Turchia.” E così, in un mondo in cui evitare il dollaro viene considerato dalla maggioranza una follia, Turchia e Iran, in silenzio ed efficacemente, hanno creato la loro scappatoia, in cui le risorse naturali sono scambiate con una valuta locale, che viene scambiata con l’oro, e che poi viene utilizzato dall’Iran per acquistare qualsiasi cosa, e tutto ciò di cui necessita, da tutti quegli altri paesi che non rispettano l’embargo imposto dagli Stati Uniti e dagli europei. Come quasi tutti i paesi dell’Africa. Perché l’oro parla, e i petrodollari camminano sempre più.
Ciò che è inquietante, è che anche Dubai sia entrato nella partita, e le tre vie di transazione potrebbero presto diventare il modello per tutti gli altri paesi che non hanno paura di subire l’ira dell’embargo dello Zio Sam: “A marzo di quest’anno, quando le sanzioni bancarie hanno cominciato a mordere, Teheran ha effettuato un forte aumento di acquisti di lingotti d’oro dalla Turchia, secondo i dati sul commercio del governo turco. L’esportazione d’oro verso l’Iran dalla Turchia, uno dei maggiori consumatori e depositari di oro, è arrivata a 1,8 miliardi di dollari a luglio, pari a oltre un quinto del deficit commerciale della Turchia di quel mese. Ad agosto, tuttavia, un improvviso crollo delle esportazioni turche d’oro dirette in Iran, è coinciso con un balzo delle sue vendite del metallo prezioso negli Emirati Arabi Uniti. La Turchia ha esportato un totale di 2,3 miliardi dollari in oro ad agosto, di cui 2,1 miliardi dollari erano in lingotti d’oro. Poco più di 1,9 miliardi, circa 36 tonnellate, sono stati inviati negli Emirati Arabi Uniti, come dimostrano gli ultimi dati disponibili dell’Ufficio di Statistica della Turchia. A luglio la Turchia ha esportato solo 7 milioni in oro negli Emirati Arabi Uniti. Nello stesso tempo, le esportazioni d’oro dalla Turchia dirette verso l’Iran, che oscillavano tra 1,2 miliardi e circa 1,8 miliardi di dollari ogni mese da aprile, sono crollate a soli 180 milioni ad agosto. Il commerciante di Dubai ha detto che da agosto, le spedizioni dirette verso l’Iran sono state in gran parte sostituite da quelle attraverso Dubai, a quanto pare perché Teheran voleva evitare la pubblicità. ‘Il commercio diretto dalla Turchia verso l’Iran si è fermato perché c’era semplicemente troppa pubblicità in giro’, ha detto il commerciante. Concessionari, gioiellieri e analisti di Dubai hanno detto di non aver notato alcun grande ed improvviso aumento dell’offerta sul mercato dell’oro locale ad agosto. Hanno detto che ciò suggerisce che la maggior parte delle spedizioni negli Emirati Arabi Uniti venga inviata direttamente in Iran. Non è chiaro come l’oro passi da Dubai all’Iran, ma vi è una corrente di scambi tra le due economie, in gran parte condotta con i dhow di legno e altre navi che attraversano il Golfo, a una distanza di soli 150 chilometri nel punto più stretto. Un commerciante turco ha detto che Teheran è passata alle importazioni indirette perché le spedizioni dirette venivano ampiamente riportate sui media turchi e internazionali, all’inizio di quest’anno. ‘Ora sulla carta sembra che l’oro vada a Dubai, non in Iran’, ha detto.”
Che cosa succede se gli Stati Uniti chiedono che lo scambio tra Dubai e l’Iran finisca? Niente: un altro paese si affretterà a sostituirlo nel triangolo d’oro, e poi un altro, e poi un altro ancora. Dopo tutto, sono pronti ad intervenire nelle condizioni molto redditizie della domanda/offerta delle transazioni. Proprio come avviene nel flusso bancario che sostiene il mercato delle obbligazioni e degli stock scambiati giorno per giorno. Che cosa accadrebbe se la stessa Turchia si ritirasse? “Gli acquirenti possono anche voler rendere i loro acquisti meno vulnerabili a qualsiasi possibile interferenza da parte del governo della Turchia. Lo stretto rapporto della Turchia con l’Iran ha cominciato a scadere da quando i due stati si trovano sui lati opposti della guerra civile in Siria, con la Turchia che sostiene la caduta del presidente Bashar al-Assad e l’Iran che rimane il più fedele alleato regionale di Assad.” Quindi, ancora la stessa cosa: l’Iran semplicemente troverebbe un paese della regionale che ha bisogno di greggio, e molti, molti di costoro sono in giro, e offrirebbe uno scambio oro-greggio che manterrebbe il mini-ciclo petro-oro a galla. Eppure assai ironicamente, nonostante tutte le ostilità palesi tra l’Iran e la Turchia sulla Siria, le due nazioni continuano a trattare, suscitando la domanda su quanto credibili siano tutte quelle storie sull’animosità medio-orientale tra questo o quel paese, o questa o quella fazione o etnia. Non c’è da sorprendersi: l’oro supera tutte le differenze. Tutte.
Infine, la realtà è che nessuno, in realtà, infrange alcuna regola. Non vi è alcuna indicazione che con il commercio di oro Dubai stia violando le sanzioni internazionali contro l’Iran. Le sanzioni delle Nazioni Unite vietano l’invio di materiali connessi al nucleare in Iran e congelano i beni di alcuni individui e imprese iraniani, ma non vietano la maggior parte del commercio. Gli Emirati Arabi Uniti non hanno ancora rilasciato i dati relativi al commercio per agosto. Dai funzionari della dogana di Dubai non è stato possibile avere un commento, nonostante i ripetuti tentativi di contattarli. I dati commerciali turchi confermano che l’oro viene trasportato per via aerea a Dubai. Secondo i dati, 1450 milioni dollari di oro turco esportato, in totale, ad agosto sono stati spediti tramite l’ufficio doganale nell’aeroporto Ataturk. Quasi tutto il resto, 800 milioni, è stato spedito dal più piccolo aeroporto di Istanbul, il Sabiha Gokcen. Le esportazioni totali di tutte le merci della Turchia verso gli Emirati Arabi Uniti, sono ammontate a 2,2 miliardi di dollari ad agosto. Di tale somma, 1,19 miliardi dollari sono stati registrati presso l’aeroporto Ataturk, mentre 776 milioni dollari sono stati registrati al Sabiha Gokcen. Un broker doganale che fa affari nell’Ataturk, ha detto che i corrieri si imbarcano sui voli per Dubai della Turkish Airlines e della Emirates, portandosi il metallo nel bagaglio a mano, per evitare il rischio di perderlo o di vederselo rubato. L’importo massimo di lingotti d’oro che è permesso prendere a un passeggero è di 50 kg, ha detto. Ciò suggerisce che durante agosto, diverse centinaia di voli dei corrieri potrebbero aver portato l’oro a Dubai per conto dell’Iran. “E’ tutto legale, dichiarano, danno il loro codice fiscale e tutto viene registrato, quindi non c’è nulla di illegale in questo“, ha detto il broker. “Al momento, c’è un bel po’ di traffico a Dubai. Anche a settembre e ottobre l’abbiamo visto.”
I dati sul commercio mostrano che quasi 1400 milioni di dollari delle esportazioni dalla Turchia agli Emirati Arabi Uniti, ad agosto, provenivano da una o più società con un numero di codice fiscale registrato nella città costiera di Izmir, la terza più grande della Turchia. I funzionari doganali dell’Ataturk hanno rifiutato una richiesta della Reuters di fornire i documenti di identificazione degli esportatori, dicendo che le informazioni sono riservate. L’identità delle società che gestiscono il commercio non poteva essere confermata. I commercianti hanno detto che a causa del rischio di attirare attenzioni indesiderate da parte delle autorità statunitensi, solo poche aziende sono disposte a mettersi in gioco. E il gioco è fatto: un sistema libero perfettamente controbilanciato, in cui si fanno transazioni e nessuna traccia viene lasciata. Ancora più importante, questo è il piano per il futuro, come sempre più paesi eludono l’assoggettamento al regime dei petrodollari, così onnipresente nel secolo passato, ma che si sta lentamente e inesorabilmente spostando a beneficio dei paesi che non sono insolventi, e che in realtà producono cose necessarie per il resto del mondo.

Traduzione di Alessandro Lattanzio - SitoAurora


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jeudi, 15 novembre 2012

La Turquie menace l’Union Européenne et l’ENI italienne

Andrea PERRONE:

La Turquie menace l’Union Européenne et l’ENI italienne: intolérable!

 

Ankara veut entrer dans l’Union Européenne mais sa politique dite “néo-ottomane” cherche à empêcher les pétroliers italiens de l’ENI d’exploiter des gisements au large de Chypre!

 

chypre-gaz-400-de-haut_0.jpgLa Turquie réclame que l’Europe fasse un pas décisif et prenne des décisions immédiates pour faire accéder définitivement la Turquie à l’UE mais, simultanément, elle menace une importante société pétrolière européenne, l’ENI italienne, parce que celle-ci s’apprête à signer des accords avec Chypre pour exploiter les gisements de gaz au large de l’île. Pour le gouvernement d’Ankara, les mesures visant à favoriser le plus rapidement possible l’entrée de la Turquie dans l’UE devraient être prises au terme de l’actuelle présidence cypriote. De plus, la Turquie compte entrer dans le club des Vingt-Sept d’ici 2023. Ce langage fort a été tenu par le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, flanqué de son ministre des affaires européennes, Egemen Bagis, dans les colonnes du quotidien turc “Hurriyet”: “A la fin de la présidence cypriote, nous attendons une avancée décisive de la part de l’UE. L’UE a actuellement une attitude contraire à ses propres intérêts. Elle doit se ‘repenser’ et accélérer le processus d’adhésion de la Turquie”, a conclu le ministre. “Nous avons dit qu’avant 2023, la Turquie devrait être un membre à part entière de l’UE”, a ajouté Bagis dans ses réponses au journaliste de “Hurriyet”, mais nous n’avons pas l’intention d’attendre jusqu’à la fin de l’année 2023”.

 

La République de Chypre va bientôt céder la présidence de l’UE à l’Irlande: ce sera en décembre de cette année. Le 31 octobre, Recep Tayyip Erdogan a lancé un avertissement aux technocrates de Bruxelles, en affirmant que si l’UE ne garantit pas l’adhésion d’Ankara pour avant 2023, la Turquie retirera sa candidature. Erdogan fixe ainsi pour la première fois une date-butoir pour l’adhésion définitive de son pays à l’UE. “Je ne crois pas qu’ils se tiendront sur la corde raide aussi longtemps”, a précisé Erdogan lors de sa visite récente à Berlin où il a répondu aux questions des journalistes allemands, “mais si nous retirons notre candidature, l’UE y perdra et, en bout de course, l’UE perdra la Turquie”.

 

Pour notre part, et nonobstant la croissance continue du PIB turc, qui frise aujourd’hui les 9%, nous ne pensons pas, à l’instar des derniers sondages, que les Européens et les Turcs souffriront tant que cela si Ankara s’éloigne de l’UE. Il nous semble plus intéressant d’observer les turbulences que crée le gouvernement turc lorsqu’il déclare se tenir prêt à réviser les accords actuels permettant à l’ENI de travailler sur territoire turc si l’entreprise pétrolière italienne forge un accord avec Chypre pour exploiter les gisements gaziers au large de l’île. Le ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, créateur de la nouvelle politique “néo-ottomane” vient d’annoncer dans un communiqué: “Comme nous l’avons déjà envisagé à maintes reprises, ..., les entreprises qui coopèrent avec l’administration grecque-cyptriote seront exclues de tous les futurs projets turcs dans le domaine énergétique”. Le contentieux qui oppose l’ENI à la Turquie, suite à l’accord prévu entre l’entreprise italienne et Nicosie, remonte déjà au 30 octobre 2012, immédiatement après que le gouvernement cypriote ait annoncé la concession de quatre licences d’exploitation de gaz, tout en précisant qu’il en négociera les termes de partenariat avec les Italiens de l’ENI, les Sud-Coréens de Kogas, les Français de Total et les Russes de Novatek. Aujourd’hui, le ministre des affaires étrangères turc a invité les entreprises et les gouvernements de ces quatre pays à “agir selon le bon sens”, les incitant à ne pas oeuvrer dans les eaux cypriotes et à retirer leurs offres.

 

Le ministre turc de l’énergie, Taner Yildiz, sûr de lui, a déclaré hier selon le quotidien “Hurriyet” qu’il était prêt à revoir tous les investissements de la société pétrolière italienne en Turquie, si celle-ci scelle un accord avec Chypre pour exploiter les gisements de gaz des eaux cyptriotes. “Nous soumettrons à révision leurs investissements en Turquie si l’ENI est impliquée”. Déjà au cours de ces derniers mois, Ankara avait protesté à plusieurs reprises auprès du gouvernement cypriote, qualifiant d’“illégales” toutes éventuelles activités d’exploitation au large de l’île et envoyant dans les eaux cyptriotes des militaires, des sous-marins et des navires de guerre. De son côté, Chypre est déforcée car elle est divisée en deux depuis l’été 1974, lorsque les troupes turques ont envahi l’île et occupé sa partie septentrionale, en réponse à un coup perpétré par des éléments philhellènes à Nicosie, qui voulaient réaliser l’ENOSIS, l’union de Chypre à la mère-patrie grecque. Depuis lors, l’île ne s’est plus jamais recomposée et les deux entités, nées des événements de 1974, ont continué à vivre séparément, hermétisées totalement l’une par rapport à l’autre mais en paix, en dépit d’une colonisation forcée favorisée en totale illégalité par la Turquie, qui a incité une fraction de ses concitoyens à prendre possession de la partie nord de Chypre.

 

Andrea PERRONE.

( a.perrone@rinascita.eu ; article paru dans “Rinascita”, Rome, le 6 novembre 2012; http://rinascita.eu/ ).

mercredi, 14 novembre 2012

Le numéro d’Erdogan à Berlin

recep-tayyip-erdogan-.jpg

Anton BESENBACHER (“ ’t Pallieterke”):

Le numéro d’Erdogan à Berlin

 

Grüß Gott,

En novembre 2011, le premier ministre turc Erdogan s’est rendu en Allemagne, pour fêter le cinquantième anniversaire du traité germano-turc de 1961, qui portait sur l’engagement de travailleurs immigrés pour l’industrie allemande. L’ambiance, à l’époque, en cette fin d’année 2011, n’était pas trop à la fête car le chef de la nouvelle Turquie délaïcisée n’y a pas été avec le dos de la cuiller dans un entretien accordé au journal le plus populaire d’Allemagne, le “Bild-Zeitung”. “Les hommes politiques allemands ne prennent pas assez en considération l’imbrication (socio-économique) de trois millions de Turcs en Allemagne”. D’après Erdogan, 72.000 employeurs d’origine turque donneraient du travail à quelque 350.000 personnes. “Les travailleurs immigrés d’hier sont progressivement devenus des employeurs, des universitaires et des artistes”, estimait Erdogan. Il se sentait délaissé par les Allemands dans le dossier en souffrance de l’adhésion turque à l’UE. En novembre 2011, il y avait un fait qu’Erdogan ne parvenait pas à digérer: l’obligation pour les immigrants d’apprendre la langue allemande. “Qui prétend que la condition première (à l’intégration) est la connaissance de la langue allemande, enfreint les principes des droits de l’homme”, estimait le premier ministre turc qui, par la même occasion, accusait implicitement les Allemands de ne pas respecter les droits de l’homme!

 

Quelques mois auparavant, Erdogan, dans un discours tenu à Düsseldorf, avait exhorté les Turcs d’Allemagne à ne pas aller trop loin dans l’adaptation à la société allemande et surtout à ne pas s’assimiler. Il pensait que la création d’écoles turques en Allemagne était une bonne idée. Il s’insurgeait aussi contre le soutien (tout théorique) que l’Allemagne aurait apporté aux séparatistes kurdes. Pour faire bref, on a eu la fête, mais en bémol...

 

La semaine dernière, fin octobre, début novembre 2012, Erdogan était une nouvelle fois sur le sol allemand. Il est venu inaugurer la nouvelle ambassade de Turquie à Berlin. Ce bâtiment a coûté 30 millions d’euro et il est le plus grand de tous ceux qui abritent des diplomates turcs dans le monde. Erdogan a donc tranché le ruban, de concert avec le ministre allemand des affaires étrangères, Guido Westerwelle. La nouvelle ambassade se trouve sur un terrain que l’Empire Ottoman avait acheté en 1918. Les sultans n’ont jamais pu en bénéficier, car, au début des années 20 du 20ème siècle, Mustafa Kemal, surnommé plus tard “Atatürk”, a chassé de Turquie le dernier de ces sultans, avec tout son harem. L’ambassade de la jeune république turque s’est alors installé sur ce terrain à Berlin mais en 1944 le bâtiment n’a pas résisté aux bombardements des alliés. D’après Erdogan, le lieu prouve toutefois que les liens anciens subsistent entre les deux pays.

 

Le lendemain de cette inauguration, quelque 3000 personnes ont manifesté contre la visite du premier ministre turc. Cette foule était surtout composée d’Alévites, de Kurdes et d’Arméniens qui ne sont pas d’emblée favorables à la politique d’Erdogan. Les hommes politiques allemands qui ont pris la parole lors de cette manifestation venaient de la gauche et de l’extrême-gauche. “Vous êtes les représentants des opprimés” a déclaré Memet Çilik, membre du Bundestag et élu des Verts, venu soutenir les manifestants. Le communiste Gregor Gysi, chef de la fraction “Die Linke” (= “La Gauche”) au parlement allemand, s’est tout d’un coup révélé un “Volksnationalist” pur jus: “Pourquoi les Kurdes ne peuvent-ils pas vivre en Turquie comme ils l’entendent?”. Gysi a demandé à Erdogan de respecter et de garantir la culture et l’ethnicité propre des Kurdes. Il a exprimé ensuite sa solidarité à tous ceux qui croupissent dans les prisons turques parce qu’ils s’étaient engagés à faire respecter les droits de l’homme.

 

Ce langage n’a pu que déplaire dans les salons officiels où les corps constitués des deux pays se serraient la main. Les corps constitués, un peu inquiets, voulaient connaître la teneur du discours qu’Erdogan allait prononcer dans les locaux de la nouvelle ambassade. “Nous voulons”, a-t-il déclaré, “que les Turcs d’Allemagne parlent l’allemand couramment”. Nouveau son de cloche, contraire au précédent, à celui de l’an passé. Erdogan semble avoir oublié qu’il a déclaré naguère qu’une telle exigence était contraire aux droits de l’homme. Mieux encore: les Turcs d’Allemagne ne doivent pas seulement lire des auteurs turcs mais aussi Hegel, Kant et Goethe!! Oui, on a bien entendu: on verra bientôt, sous l’injonction de l’islamisant Erdogan, tous les Turcs d’Allemagne avec, entre les mains, la “Critique de la raison pure” de Kant. Les imams ne seront assurément pas très contents.

 

D’où vient donc cette volte-face? Qu’on y croit encore ou que l’on n’y croit plus, Erdogan veut encore et toujours que son pays fasse partie de l’UE. Bon nombre d’Européens se demandent qui veut encore faire partie de cette Union qui prend eau de partout. Erdogan, apparement, le veut. Et pour y parvenir, il ne faut pas froisser les Allemands outre mesure, du moins pas trop souvent. Merkel est officiellement une adversaire de l’adhésion pure et simple de la Turquie à l’UE. Mais la dame, dans le passé, a souvent opéré des virages à 180°, donc cette posture actuelle n’est pas garantie longue durée...

 

Il ne faut toutefois pas croire qu’Erdogan soit venu mendier l’adhésion de son pays. Ce serait ne rien comprendre à l’affaire et mal connaître le premier ministre turc. Celui-ci est un homme très sûr de lui. La Turquie se porte bien sur le plan économique et cherche à s’imposer comme grande puissance régionale, avec des frontières situées dans une région hautement instable, où Ankara veut apparaître comme un havre de paix et de fiabilité. “La Turquie n’est pas une charge pour l’Europe. La Turquie veut prendre une partie du fardeau (européen) à sa charge”, à déclaré Erdogan avec toute l’assurance qu’on lui connait. La Turquie, en effet, a pratiquement payé toutes ses dettes au FMI et, ajoute Erdogan, “aujourd’hui nous pouvons prêter de l’argent à l’UE”.

 

Donc, s’il faut croire Erdogan, c’est une bénédiction d’Allah pour nous tous que la Turquie veut encore devenir membre de cette UE mitée. Et si l’UE refuse l’adhésion turque sous prétexte que la Turquie est un pays musulman, alors, affirme Erdogan, “l’UE y perdra mais, nous, non car nous devenons de jour en jour plus forts”. Ce ne sont pas là les paroles d’un quémandeur bredouillant. C’était plutôt Madame Merkel, qui a la réputation d’être forte, qui faisait piètre figure. Elle avait été houspillée au second plan par un homme politique turc bien habile.

 

Anton BESENBACHER.

(article paru dans “ ’t Pallierterke”, Anvers, 7 nomvembre 2012).

samedi, 10 novembre 2012

Histoire : le Kurdistan et les Kurdes

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Histoire : le Kurdistan et les Kurdes

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

1) Heurts et malheurs de l’Histoire kurde

Avant le 16ème siècle, le Kurdistan tel qu’il est connu et reconnu aujourd’hui, avec son découpage en quatre parties, était une des régions de l’Iran. Il fut abandonné par les rois safavides à l’empire Ottoman en 1514, lors de la bataille de Tchâldorân, avant d’être partagé entre l’Iran, la Syrie, la Turquie et l’Iran à la fin de la Première Guerre Mondiale. Malgré les hauts et les bas de leur histoire, les Kurdes continuent cependant à pratiquer une langue commune qui témoigne de leur unité culturelle. Jusqu’à présent, et malgré l’adversité, ces derniers sont parvenus à conserver leur union, leur solidarité, et leur identité transnationale. Durant l’Antiquité, les Kurdes habitaient les régions orientales de la Mésopotamie et l’Iran-vitch. Leur territoire n’a jamais cessé de changer d’appellation au cours de l’histoire. Il fut nommé Kura Gutium par les Sumériens, Kurdasu par les Elamites, Qardu par les Babyloniens et Carduchoi par les Grecs. Sous les Seldjoukides, à l’époque du Sultân Sandjar, le nom de Kurdistan fut définitivement choisi pour cette région.

Au 7ème siècle av. J.-C le Kurdistan irakien d’aujourd’hui constituait une partie de l’empire assyrien. Lorsqu’Assurbanipal, l’empereur assyrien, mourut en 633 av. J.-C, Cyaxare le roi mède s’allia aux Babyloniens contre les Assyriens. En 614 av. J.-C, Cyaxare traversa les chaînes montagneuses du Zagros et assiégea la capitale assyrienne, Assur, en 614 av. J.-C. Après s’être emparé des autres villes assyriennes (dont Ninive, en 613 av. J.-C. où s’était caché le dernier roi assyrien), Cyaxare accepta le pacte de paix babylonien et parvint de la sorte à asseoir fermement son royaume. Désormais, cette région occupée allait devenir partie intégrante de la Perse, sous les Achéménides, les Séleucides, les Arsacides et les Sassanides. D’après Xénophon [1], les habitants kurdes de Zagros furent recrutés par l’armée achéménide pour soutenir le conflit engagé contre Alexandre le macédonien. Strabon [2] et Eratosthène [3] ont également évoqué la troupe kurde de Xerxès III qui fut en lutte contre l’armée d’Alexandre.


Certaines sources comme Noldke (1897) considèrent que les tribus kurdes du sud et du centre de l’Iran, nommés les Martis, ont émigré à la suite des conquêtes sassanides vers le nord-ouest de l’actuel Iran, dans la région de Kurdu, et qu’ils ont assimilé la culture et les noms des habitants kurdes de cette région. Ce furent eux qui participèrent aux guerres, aux côtés des Sassanides et les Arsacides contre les Romains byzantins. Pendant cette période, les Romains appelaient les Kurdes iraniens Kardukh ou Kardikh en rappelant ainsi le nom de leur région. Sous les Sassanides, l’actuel Irak se nommait Assurestân ou Irânchahr (« la ville d’Iran »). Ce pays était partagé en douze provinces et la région kurde d’Irak formait la province de Châd-pirouz. Les villes kurdes les plus importantes de l’époque étaient Garmiân (l’actuelle Karkouk) et Achap (actuellement Emâdieh).

Avec les invasions arabes (dirigée par le calife Omar) entre les années 634 et 642, les régions kurdes de l’Iran, et notamment Arbil, Mosel et Nassibine, tombèrent aux mains des Arabes. Après la mort d’Omar, son successeur Osman envahit de nouveau les régions kurdes du nord. Mais les Iraniens, et bien entendu les Kurdes, s’insurgèrent à plusieurs reprises contre le gouvernement arabe pour libérer leur région et regagner leur autonomie. Mohammad-ibn-e Tabari [4] se souvient de l’une de ces rebellions : « …le même jour on entendit dire qu’à Mosel, les kurdes s’étaient révoltés. Mossayebn-e Zohaïr, le gouverneur de Koufa, proposa à Mansour, calife abbasside, d’y envoyer son ami Khaled pour réprimer les insurgés. Mansour accepta et Khaled devint le gouverneur de Mosel. » (Histoire de Tabari, 11ème tome, p. 4977) En 1910, lors des fouilles archéologiques dans la province de Souleymanieh, les archéologues ont trouvé une peau de bête sur laquelle on pouvait lire en langue kurde et en écriture pehlevi un poème constitué de quatre vers. Ce poème qui fut plus tard nommé « Hormozgân », rappelle l’invasion arabe et le triste souvenir des destructions commises à cette époque. Selon les archéologues, ce poème fut composé aux premiers jours de l’occupation arabe. La traduction qui suit est tout d’abord issue du pehlevi, avant d’être traduit du persan vers le français (par l’auteure de ces lignes) :

Les temples sont détruits et les feux sont éteints
Les grand mo’bed [5] se sont cachés
Le cruel arabe a ruiné
Les villages ouvriers, jusqu’à la ville de Sour
Ils ont capturé les femmes et les enfants pour l’esclavage
Les hommes braves s’éteignent dans leur sang
Le culte de Zarathoustra resta sans tuteur
Ahoura-Mazda n’a plus de pitié pour personne

Sous les Abbassides, le pouvoir du gouvernement central ne cessa de diminuer, offrant ainsi une bonne occasion aux gouvernements non-alignés de se révolter et de réclamer leur autonomie à l’est et à l’ouest de l’Iran. Les Tâhirides, les Samanides et les Saffârides s’emparèrent de l’est de l’Iran tandis que les Hassanouyehs, les Bani-Ayyârâns, les Buyides, les Hézâr-Aspiâns, les Mavânides et les Ayyubides occupèrent l’ouest du pays. Durant cette période, le terme « kurde » s’appliquait à une tribu iranienne sous l’emprise arabe.

Au 11ème siècle, avec l’arrivée au pouvoir des turcomans Seldjoukides, sous le règne du Sultân Sandjar en 1090, les Kurdes fondèrent pour la première fois de leur histoire, un Etat à proprement parler kurde, qui prit le nom de Kurdistan. Hamdollâh Mostowfi fut le premier, en 1319, à mentionner dans son livre Nezha-t ol-Gholoub le nom du Kurdistan et de ses seize régions : « …le Kurdistan et ses seize régions, Alâni, Alichtar, Bahâr, Khaftiân, Darband, Tâj-khâtoun, Darband-Rangi, Dezbil, Dinvar, Soltân-Abâd, Tchamtchamâl, Cahrouz, Kermânchâh, Hersin, Vastâm sont limités aux Etats arabes, au Khûzistân, à l’Irak et à l’Azerbaïdjan… ». Les atabegs turcomans gouvernèrent également le territoire kurde pendant une très longue période. Les descendants de Saboktakin prirent en main les affaires de la ville et de la région d’Arbil entre 1144 et 1232, et les Ourtukides régnèrent à Halab et à Mardine entre 1101 et 1312.

Pendant l’invasion mongole et suite à sa défaite, le roi Jalâl-eddin Khârezmchah, poursuivi par les mongols, s’enfuit vers les territoires kurdes. Ces derniers détruisirent toutes les provinces kurdes afin de débusquer le roi iranien. Ce qui ne l’empêcha pas de régner pendant un certain temps à l’ouest de l’Iran, mais aussi, d’être finalement assassiné en 1213. Houlâkou-khân le Mongol, après avoir conquis les régions centrales de l’Iran, prit le chemin de Hamedân et de Kermânchâh à destination de Baghdâd. Une fois de plus en 1259, en chemin pour conquérir l’Arménie, les Mongols assiégèrent les régions kurdes de l’Iran. Sous le règne des Ilkhanides (branche mongole constituée de convertis à l’Islam) les Kurdes s’emparèrent d’Arbil en 1297. Progressivement, après la mort du roi mongol Mohammad Khodâbandeh, le pouvoir des Kurdes s’intensifia, et ce, jusqu’à la chute des Mongols en 1349. Malgré leurs efforts, les Kurdes ne parvinrent pas à former un gouvernement autonome. A peine libérés de l’emprise mongole, ils se retrouvèrent sous la coupe des Turcomans Gharâ-ghoyunlous qui cédèrent leur place aux Agh-ghoyunlous. Avec l’arrivée de Tamerlan en Iran, les régions kurdes ne tardèrent pas à tomber, et cette fois, en obligeant les Kurdes à s’enfuirent à travers monts et vaux, simplement pour préserver leur vie.

Sous les Safavides, le roi Chah Ismaël propagea le chiisme partout en Iran. Les Kurdes, sunnites, devinrent méfiants envers le roi et adhérèrent à l’empire Ottoman, ennemi sunnite des Safavides. Après la défaite de Chah Ismaël face au Sultan Selim au cours de la bataille de Tchâldorân en 1514, vingt-cinq gouverneurs kurdes rallièrent l’empire Ottoman en ouvrant ainsi un nouveau chapitre de l’histoire des Kurdes. L’Iran perdit de ce fait, l’essentiel de ses régions kurdes. Désormais, le problème territorial rendait les Kurdes conscients de leur importance politique dans la région. Pendant de longues années, l’empire Ottoman gouverna la majorité des contrées kurdes (jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale et jusqu’à la chute des Ottomans en 1918, qui rendit l’autonomie et la liberté à la région de Kurdistan, aux territoires arabes, à l’Asie mineure et aux Balkans).

Quant à la région du Kurdistan, bien qu’un jour elle ait appartenue à l’Iran dans sa totalité, elle se retrouva partagée entre quatre pays, l’Iran, la Syrie, la Turquie et l’Irak mais, également, entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

Le Kurdistan n’est jamais parvenu à proclamer son autonomie, et jusqu’à présent, le peuple kurde reste aux prises avec les problèmes politiques. Aujourd’hui, le nombre des habitants kurdes dans les quatre pays est de vingt-cinq millions, dont sept millions sont de nationalité iranienne. En Iran, les régions où l’on communique en langue kurde comprennent les provinces de l’Azerbaïdjan de l’est, l’Ilâm, le Kurdistan, Kermânchâh et le Khorâssân du nord. Pourtant, d’autres provinces de l’Iran comprennent des populations kurdes qui ne constituent cependant qu’une minorité, à l’exemple des provinces du Guilân, des villes de Ghazvin et de Qom, de la région de Fars, du Mazandarân, de Hamedân et du Baloutchistan.

2) Géographie historique du Kurdistan

Les tribus kurdes sont parmi les tribus aryennes ayant émigré sur le plateau iranien il y a quelques millénaires. L’histoire pré islamique de ce peuple n’est pas connue avec précision. Le poète Ferdowsi les considérait comme les descendants des jeunes hommes ayant échappé au mythologique roi Zahâk, qui s’étant réfugiés dans la montagne, n’en étaient jamais redescendus. La langue persane moderne des premiers siècles de l’Hégire quant à elle, donne le sens pasteur et montagnard au mot « kurde ». On a retrouvé dans des documents sumériens, akkadiens, babéliens et assyriens, des noms de peuples qui rappellent les noms kurdes. Le plus proche d’entre ces noms de peuples, dont la situation géographique et la description justifient également l’origine kurde, est le nom des « Kordoukhoy », nom que l’on croise également dans l’ouvrage de Xénophon. Ce peuple vivait dans les montagnes situées entre l’Irak et l’Arménie, en particulier en un lieu aujourd’hui appelé « Zekhou », situé à soixante kilomètres au nord-ouest de Mossoul en Irak.

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Montagnes du Kurdistan situées en Irak

Polybius (200-120 av. J.-C.) parle également de peuples vivant dans le sud de l’actuel Azerbaïdjan, nommés les « Kourtivi » ou « Kortii ». Strabon et Tite-Live précisaient que certaines tribus appartenant à ce peuple vivaient également dans la province du Fars. Effectivement, depuis l’époque antique jusqu’à aujourd’hui, des nomades kurdes vivent dans les Fârs.

L’histoire kurde préislamique n’est pas connue avec précision mais après l’islam, les géographes et historiens musulmans qui ont compilé l’histoire du monde islamique n’ont pas manqué de citer les Kurdes. Cela dit, les Kurdes étant considéré comme un peuple parmi d’autres, les détails historiques ou une histoire uniquement focalisée sur ce peuple n’existent pas. Et c’est uniquement à l’époque safavide qu’un premier livre historique, de langue persane, le Sharaf nâmeh de Badlisi, se concentre uniquement sur le peuple kurde.

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Pont safavide, Sanandadj

Au moment de l’invasion arabe, c’est en l’an 637 ou 641 que les Arabes occupèrent les fortifications kurdes. En l’an 643, au moment de la conquête du Fârs, les Kurdes de cette province participèrent à la défense des villes de Fasâ et de Dârâbjerd. La conquête des villes de Zour et de Dârâbâd, villes kurdes de la région, se fit en l’an 642. Abou Moussa Ash’ari vainquit les Kurdes en l’an 645, et en l’an 658, les Kurdes de la région d’Ahwâz dans le sud participèrent à la révolte de Khariat Ibn Râshed contre l’Imâm Ali et après la mort de Khariat, nombre d’entre eux furent également tués.

En l’an 708, les Kurdes du Fârs se soulevèrent et cette révolte fut réprimée dans le sang par le cruel gouverneur Hojjâj Ibn Youssef. En l’an 765, les Kurdes de Mossoul se soulevèrent à leur tour et le calife abbasside Mansour envoya Khâled Barmaki les réprimer encore une fois durement. En l’an 838, l’un des chefs kurdes des alentours de Mossoul, Ja’far Ibn Fahrjis se révolta contre le calife abbasside Mu’tasim et le calife envoya son célèbre chef de guerre Aytâkh pour l’écraser. Aytâkh, après une violente guerre, tua Ja’far, ainsi que beaucoup de ses hommes et prit en esclavage de nombreux Kurdes, emportant avec lui les chefs tribaux et les femmes. L’un de capitaines turcs du calife, au nom de Vassif qui avait participé à cette guerre, se réserva à lui seul pour tribut 500 Kurdes. En l’an 894, sous la direction du chef Hamdan Ibn Hamdoun, les bédouins arabes passèrent une alliance avec les Kurdes des régions de Mossoul et Mardin et déclarèrent la guerre à Mu’tadid, le calife abbasside de l’époque, ce qui conduisit à la mort et à la défaite de nombre d’entre eux.

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Pont de Gheshlâgh, Sanandadj

En l’an 926, sous le califat d’Al-Muqtadir bi-llah et l’émirat de Nâsser-o-Dowleh Hamdâni, les Kurdes de Mossoul se révoltèrent de nouveau. Entre les années 938 et 956, un dénommé Deyssâm, membre des kharijites, de père arabe et de mère kurde, rassembla sous son égide les Kurdes de l’Azerbaïdjan et déclara la guerre aux Al-e Mosâfer et autres émirs locaux de la région. Sa révolte fut réprimée et il mourut en prison. Aux Xe, XIe et XIIe siècles, les Shaddâdian, dynastie kurde, régnèrent en tant que suzerains locaux sur la plupart des régions kurdes. Cette dynastie appartenait à la grande tribu kurde des Ravardi, également tribu d’origine des dynasties ayyoubides, fondée par Saladin, lui-même kurde, qui régnèrent en Syrie, dans le Croissant fertile et en Egypte.

En l’an 1004, Azed-o-Dowleh Deylami, fatigué des raids kurdes sur son territoire, déclara la guerre aux Kurdes de Mossoul et après les avoir vaincus, ordonna la destruction de leurs fortifications et l’exécution de la majorité des chefs kurdes. En l’an 983, dans la région de Ghom, Mohammad Ibn Ghânem se rallia aux Kurdes Barzakani et se révolta contre le roi Fakhr-o-Dowleh Deylami. Ce dernier envoya d’abord Badr Ibn Hosnouyeh en mission de paix, mais les négociations traînèrent en longueur et la révolte fut finalement réprimée. Mohammad Ibn Ghânem mourut donc en captivité. L’un des importants événements du règne de Sharaf-o-Dowleh Deylami (982-989) fut sa bataille contre Badr Ibn Hosnouyeh à Kermânshâh qui se termina par la victoire de Badr, qui prit alors le contrôle d’une grande partie de l’ouest iranien. Il fut tué en 1014 par la tribu kurde des Jowraghân. Shams-o-Dowleh, le fils de Sharaf-o-Dowleh profita de cette occasion pour annexer l’ensemble des territoires que son père avait perdu. Il y avait les régions Shâpourkhâst (actuelle ville de Khorramâbâd), Dinvar, Boroujerd, Nahâvand, Asad Abâd et une partie d’Ahwâz.

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Vue générale de la ville de Bâneh

Il semble que l’expression Kurdistan fut pour la première fois utilisée par les Seldjoukides pour distinguer les régions kurdes de la région du Jebâl qui comprenait l’Azerbaïdjan, le Lorestân, et une partie des montagnes du Zagros dont le centre était à l’époque la région de Bahâr, situé à dix huit kilomètres au nord-ouest de Hamedân, puis Tchamtchamâl, près de l’actuelle ville de Kermânshâh. Le Kurdistan n’échappa pas non plus aux massacres et aux ravages de l’invasion mongole. Cette région fut ravagée une autre fois à l’époque des Tatars et de Tamerlan.

Shâh Esmâïl, premier roi de la dynastie chiite safavide, n’essaya guère de se rapprocher des Kurdes, sunnites. Les Ottomans sunnites tentèrent ainsi de s’allier aux Kurdes. Sous le règne safavide, la majorité des territoires kurdes appartenaient à l’Iran.

Après les Safavides, avec la prise de pouvoir par les Zend, famille aux racines kurdes, pour la première fois les Kurdes devinrent les dirigeants de l’Iran. Vers la fin du règne des Zend, la tribu des Donbali, grande tribu kurde, régnait sur une bonne partie de l’Azerbaïdjan de l’Ouest. Leur capitale était la ville de Khoy. Au XIXe siècle, les Kurdes vivant sur le territoire ottoman exprimèrent plusieurs fois leur désir d’indépendance au travers la création des gouvernements locaux kurdes. En 1878, le Sheikh Obbeydollâh Naghshbandi eut l’idée de créer un Etat indépendant kurde sous l’égide de l’Empire ottoman. En 1880, ses partisans occupèrent les régions des alentours d’Oroumieh, Sâvojbolâgh, Marâgheh et Miândoâb et l’armée iranienne eut à les repousser hors des frontières. En 1946, Ghâzi Mohammad profita de l’occupation alliée en Iran et avec l’appui de l’armée soviétique, – qui occupait la moitié nord de l’Iran -, annonça la création de la République Populaire du Kurdistan, avec pour capitale Mahâbâd. Cette république éphémère tomba après le retrait des Forces Alliées.

 Afsâneh Pourmazâheri (1) Heurts et malheurs de l’Histoire kurde

et Arefeh Hedjazi 2) Géographie historique du Kurdistan

Bibliographie :
- MINORSKII Vladimir Fedorovich, trad. TABANI Habibollâh, le Kurde, Kord, ed. Gostareh, Téhéran, 2000
- MOHAMMADI, Ayat, Survol de l’histoire politique kurde, Seyri dar târikh-e siâsi kord, ed. Porsémân, Téhéran, 2007
- RINGGENBERG Patrick, Guide culturel de l’Iran, Iran, ed. Rozaneh, Téhéran, 2005

Notes

[1] Historien, essayiste et chef militaire grec (430-352 av. J.C.) il naquit dans une famille riche et reçut les enseignements d’Isocrate et de Socrate.

[2] Géographe grec (58- 25 av. J.-C.) ses mémoires historiques ne nous sont guère parvenues, mais sa géographie fut en grande partie conservée. Il y pose certaines questions relatives à l’origine des peuples, à leurs migrations, à la fondation des empires et aux relations de l’homme et de son milieu naturel.

[3] Astronome, mathématicien et géographe grec (276-196 av. J.-C) auteur de travaux en littérature, en philosophie, en grammaire et en chronologie, directeur de la bibliothèque d’Alexandrie, il est surtout connu par son « crible » une méthode pour trouver les nombres premiers et par l’invention d’un instrument de calcul, le « mésolabe ».

[4] Historien et théologien arabe (838-923) il passa l’essentiel de sa vie à Baghdâd et fut ensuite professeur de droit et de Hadith. Il écrivit une histoire universelle de la Création jusqu’à 915. Sa deuxième grande œuvre est son commentaire du Coran.

[5] Prêtre zoroastrien.

mercredi, 24 octobre 2012

Number 2 U.S. Military Commander In Turkey

Number 2 U.S. Military Commander In Turkey

Hürriyet Daily News
October 23, 2012

US admiral in Turkey to discuss closer cooperation in anti-PKK fight

Sevil Küçükkoşum

Admiral_James_A__Winnefeld,_Jr.jpgANKARA: A top U.S. admiral is visiting Turkey today amid increasing military cooperation between Washington and Ankara on the fight against the outlawed Kurdistan Workers’ Party (PKK) and mounting tension on the Turkish-Syrian border to Syria’s crisis.

Adm. James Winnefeld, the vice chairman of the Joint Chiefs of Staff, is in Turkey as part of a previously scheduled counterpart visit with Deputy Chief of the Turkish General Staff Gen. Hulusi Akar, an official from the U.S Embassy to Turkey said.

“Admiral Winnefeld will participate in a series of discussions on military-to-military cooperation and mutual defense issues impacting both Turkey and the United States,” U.S. embassy spokesman in Ankara, T.J. Grubisha, told the Hürriyet Daily News today.

The fight against the PKK will top the agenda of the talks, while the Syrian crisis will also be discussed, a Turkish official told Daily News prior to the talks with the U.S. admiral. The Turkish side is also set to brief Winnefeld about problems related to intelligence-sharing between the U.S. and Turkey, the official said.

Francis Ricciardone, the U.S. ambassador to Ankara, told the Turkish media last week that a U.S. official would visit Turkey in the upcoming days to discuss cooperation between the two countries on the issue of fight against the PKK.

Ricciardone expressed his disappointment with frequent references to Washington’s unwillingness in the fight against the PKK and said he felt sorry and angered by such suspicions. “This makes our enemy successful in placing suspicion between allies. This might give hope to our enemies,” he said.

Ricciardone also said Washington had suggested that Turkey implement “tactics, techniques and procedures” (TTP), a multidisciplinary military maneuver that paved the way for the killing of Osama bin Laden, the architect of the Sept. 11 terrorist attack.

mardi, 23 octobre 2012

Turkey leads US-sponsored Military Encirclement of Syria

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Turkey leads US-sponsored Military Encirclement of Syria

Despite widely reported concerns of blowback in Syria due to the arming of jihadist groups, a military build-up on Syria’s borders is proceeding apace.

Racep Tayyip Erdogan’s Islamist government in Turkey is leading the way, using the pretext of stray mortar fire from Syria that killed five civilians to legitimise the deployment of 250 tanks, jets, helicopter gunships, troops, artillery emplacements and antiaircraft batteries on the border.

The Turkish Parliament recently granted war powers to Erdogan to send troops into Syria. Daily targeting of Syrian facilities was followed last week by the use of F16s to force down a civilian Syrian Airlines Airbus en route to Damascus from Moscow, with claims that it was carrying Russian weaponry.

Erdogan used the United Nations Security Council as a platform to attack Russia and China—“one or two members of the permanent five”—for vetoing anti-Syrian resolutions and demand an overhaul of the Security Council.

Turkey, along with the Gulf States led by Qatar, is also behind a push to unite Syria’s divided opposition forces, with the explicit aim of overcoming the qualms of the Western powers over arming the opposition and backing it militarily. There is an agreement to announce a joint leadership on November 4 at a conference in Qatar, just two days before the US presidential elections.

Foreign supporters “are telling us: ‘Sort yourselves out and unite, we need a clear and credible side to provide it with quality weapons,’” a source said.

Ensuring an effective command structure under the nominal discipline of the Free Syrian Army (FSA) and the actual control of Turkey and its allies requires the inclusion of rival military leaders Riad al-Asaad, Mustafa Sheikh and Mohammad Haj Ali (all defectors from the regime of Syrian President Bashar al-Assad), as well as various leaders of provincial military councils inside Syria. Funds are also being funneled into the Local Coordinating Committees—hitherto held up by various ex-left groups around the world as being independent of the imperialist powers.

UN Arab League mediator Lakhdar Brahimi is making great play of urging Iran to arrange a four-day cease-fire beginning October 25 to mark the Muslim religious holiday of Eid al-Adha. He is saying less about a proposal, more indicative of the UN’s role, to dispatch a 3,000-strong troop force to Syria.

The Daily Telegraph reported that Brahimi “has spent recent weeks quietly sounding out which countries would be willing to contribute soldiers” to such a force, ostensibly to be made operable following a future truce.

The direct involvement of US and British forces would be “unlikely”, given their role in Iraq, Afghanistan and Libya, so Brahimi “is thought to be looking at more nations that currently contribute to Unifil, the 15,000-strong mission set up to police Israel’s borders with Lebanon.”

These include Germany, France, Italy, Spain and Ireland—“one of which would be expected to play a leading role in the Syria peacekeeping force.”

The proposal was leaked by the Syrian National Council (SNC), with whom Brahami met in Turkey at the weekend. On Monday, the SNC was meeting for a two-day summit in the Qatari capital, Doha. Qatar’s prime minister, Sheikh Hamad bin Jassem al-Thani, took the occasion to push for military intervention in Syria. He told reporters, “Any mission that is not well armed will not fulfil its aim. For this, it must have enough members and equipment to carry out its duty.”

The SNC’s 35-member general secretariat was meeting in Doha to discuss “the establishment of mechanisms to administer the areas which have been liberated” in Syria, according to sources.

Discussions of the direct involvement of European troops in Syria are in line with confirmed reports that the US and Britain have despatched military forces to Jordan, for the purported purpose of policing its border and preventing a spill-over of the conflict.

US Defense Secretary Leon Panetta acknowledged the move at an October 10 meeting of NATO defence ministers in Brussels. The US has repeatedly issued denials of a growing military presence in Turkey located at the Incirlik airbase, but Panetta confirmed that Washington had “worked with” Turkey on “humanitarian, as well as chemical and biological weapons issues.”

The next day, the Times of London and the New York Times reported that Britain too has upward of 150 soldiers and military advisors in Jordan. Jordanian military sources said France may also be involved.

Anonymous senior US defence officials told Reuters that most of those sent to Jordan were Army Special Operations forces, deployed at a military centre near Amman and moving “back and forth to the Syrian border” to gather intelligence and “plan joint Jordanian-US military manoeuvres.”

There is “talk of contingency plans for a quick pre-emptive strike if al Assad loses control over his stock of chemical weapons in the civil war,” Reuters added.

Turkey’s bellicose stand has produced widespread media reports that the US and other NATO powers risk being “dragged into” a wider regional war. This in part reflects real concerns and divisions within imperialist ruling circles and in part an effort to conceal the Western powers’ instrumental role in encouraging military conflict.

Attention has been drawn to the refusal of NATO to heed appeals by Turkey for it to invoke Article 5 of its charter authorising the military defence of a member nation. But despite this, NATO has publicly gone a long way towards endorsing Turkey’s actions.

NATO Secretary-General Anders Fogh Rasmussen told reporters at the same Brussels summit that “obviously Turkey can rely on NATO solidarity… Taking into account the situation at our southeastern border, we have taken the steps necessary to make sure that we have all plans in place to protect and defend Turkey,” [emphasis added].

The previous day, a senior US defence official said, “We engage with Turkey to make sure that should the time come where Turkey needs help, we’re able to do what we can.”

In an indication of the type of discussions taking place in the corridors of power, several policy advisers have gone into print to outline their proposals for a proxy military intervention by Turkey to which the US could then lend overt support.

Jorge Benitez, a senior fellow at the Atlantic Council, urged in the October 15 Christian Science Monitor: “To preserve its credibility in Turkey and the region, NATO should offer radar aircraft and/or rapid reaction forces.”

“Too much attention has been focused on the question of invoking Article 5, the alliance’s mutual defence clause,” he added. Other options were available. Before the US-led war against Iraq in 2003, he noted, Turkey had requested a consultative meeting under Article 4 of the NATO treaty “to discuss how the alliance could help Turkey deter an attack from Iraq.”

Using this pretext, NATO approved Operation Display Deterrence, including the dispatch of four AWACS radar aircraft, five Patriot air defence batteries, equipment for chemical and biological defence, and “more than 1,000 ‘technically advanced and highly capable forces’ to support Turkey during the Iraq conflict.”

Soner Cagaptay of the Washington Institute for Near East Policy published an article in the October 11 New York Times on a three-point strategy he called “the right way for Turkey to intervene in Syria.”

He urged Turkey to “continue the current pattern of shelling across the border every time Syria targets Turkey” in order to “weaken Syrian forces” and let the FSA “fill the vacuum;” to “combine shelling with cross-border raids to target Kurdish militants in Syria;” and, if things “get worse along the border,” to stage “a limited invasion to contain the crisis as it did in Cyprus in the 1970s.”

lundi, 22 octobre 2012

Siria: L’emiro, Erdogan e Hollande… combattono la stessa guerra!

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Siria: L’emiro, Erdogan e Hollande… combattono la stessa guerra!

di Mouna Alno-Nakhal

Fonte: aurorasito  

Alla vigilia del quattordicesimo vertice francofono tenutosi a Kinshasa, il 12-14 ottobre 2012, il presidente francese François Hollande ha indicato i buoni e i cattivi… la Palma d’oro è andata a due paesi: Qatar e Turchia, che ha omaggiato per il loro atteggiamento e/o comportamento, in quanto campioni della democrazia e/o dell’azione umanitaria in relazione al “conflitto siriano!”

I meriti dell’emiro del Qatar fanno colare molto inchiostro nel nostro bell’esagono, lasciamo che i nostri parlamentari e funzionari democratici, come il signor Yves Bonnet, ex prefetto ed ex direttore della DST, dibattano, come ha fatto su France 5. Poi, dopo aver sentito o letto i punti chiave dell’intervento del nostro Presidente su France 24, date un’occhiata qui sotto alle “cartine”, soprattutto quella corrispondente alla famosa “zona cuscinetto”, corridoio umanitario, area protetta, o come volete, lento a materializzarsi per i nostri governi, precedente e attuale, desiderosi di porre fine allo stato siriano, alla sua geografia, al suo popolo, alla sua cultura, alla sua storia e alle sue infrastrutture che non si è finito di demolire…


Un pezzo di carta, tra le altre carte, ridisegnato per le esigenze occidentali, un secolo dopo l’altro… semplice “ri-partizione” di un Medio Oriente da sempre ambito, e che sperano materializzarsi al momento convenuto, costi quel che costi! 

I. I punti chiave dell’intervento di Yves Bonnet su France 5 [1]
[...] C’è ancora la propaganda salafita. Dobbiamo ancora chiamare le cose con il loro nome! Ci sono paesi stranieri, due in particolare: Qatar e Arabia Saudita… non si limitano solo pagare i calciatori del Paris Saint Germain! Quando vedo il Qatar preoccupato per la situazione nella nostra periferia… Di che s’immischia? É una grande democrazia il Qatar! Tutti sanno che è una democrazia… ero Prefetto, trovo assolutamente intollerabile che un certi paesi stranieri vengano a far fronte alla situazione delle nostre periferie … E l’Arabia Saudita? Qual’è la tolleranza religiosa in questo paese? Si tratta di paesi che sono la negazione stessa dell’espressione democratica. E questi sono i paesi che vengono ad occuparsi dei nostri affari… è propaganda salafita! Tutti sanno che si tratta di propaganda salafita oggi, non solo in Francia, ma anche nei paesi dell’Africa sub-sahariana è pagata da Arabia Saudita e Qatar! Credo che tutti dovremmo porci chiaramente delle domande su questi paesi che si pretendono nostri alleati, nostri amici… [...]
Quello che vorrei anche dire, se mi permettete di chiarire. Questo è quello che siamo, siamo una democrazia, cerchiamo di assimilare in qualche modo, con i vecchi processi francesi, nuove popolazioni musulmane e che in genere non pongono problemi… E siamo nella confluenza di due strategie principali. C’è la strategia americana per la demolizione di tutti i regimi arabi laici. Ciò è stato fatto in modo sistematico. Ne vediamo i risultati meravigliosi! Con, vorrei dire e lo dirò in ogni caso, il problema dei cristiani d’Oriente di cui nessuno parla… scomparsi… che stanno scomparendo dall’Iraq … che scompariranno dalla Siria! E mi dispiace, non vedo perché non prestarvi attenzione! Penso che ci sia un problema troppo grave… [...]


Quindi c’è questa strategia americana per demolire i regimi arabi laici, sospettati di aver avuto rapporti più o meno amichevoli con l’Unione Sovietica. Sono ancora gli americani che hanno creato al-Qaida… Mi dispiace, questo è un fatto che non è contestato da nessuno! Seconda cosa: è la strategia dei paesi del Golfo che accresce il salafismo, lo diffonde… Penso che siamo d’accordo. Ho detto per inciso, inoltre, che il termine antisemita non mi va bene per nulla, perché gli arabi sono semiti e si sa che i due terzi degli ebrei non sono semiti… ma alla fine, andiamo! Poi parlare di giudeo-fobia… ma no, parliamo francese! Entrambe le politiche sono confluite, perché questi due paesi del Golfo, in particolare il più potente è un fedele alleato degli Stati Uniti. E siamo presi in questo tipo di vortice in cui cerchiamo di preservare la nostra identità, la nostra democrazia, con non poche difficoltà. Ma non buttiamo via il bambino con l’acqua sporca. Credo che siamo ancora in una società che è in fase di guarigione, in termini di vita tra le comunità…
[Trascrizione parziale, ma parola per parola.]

II. I punti chiave del discorso del Presidente Holland su France 24 [2]
[...] Il Qatar sostiene l’opposizione a Bashar al-Assad, dopo, ricordo recentemente… esserne stato uno dei sostenitori. E’ con l’opposizione. Vuole aiutare l’opposizione. Anche Noi! Anche la Francia! Quindi diciamo che si deve unire l’opposizione e deve essere preparata al dopo Bashar al-Assad! E questa transizione deve essere una transizione verso la democrazia… non al caos… alla democrazia… vale a dire che il progetto deve soddisfare tutte le forze interne ed esterne, che domani vorranno un libera e democratica Siria! Il Qatar ha il suo posto. Può aiutare. E’ in grado di supportarli e noi lo facciamo con buon accordo. Ma per noi, non si tratta di fornire armi, e l’abbiamo detto ai ribelli … di cui non sapremmo nulla delle loro intenzioni. Dei “territori che sono stati liberati”, ho chiesto da chi questi territori possono essere protetti. Poi ho detto il Qatar, ma non solo il Qatar, che conduce un “lavoro umanitario” in una serie di paesi, tra cui il Mali…!

Ho detto loro: “Fate attenzione, a volte pensate di essere nel campo umanitario, ma è possibile che siate responsabili senza saperlo, e che vi ritroviate a finanziare iniziative di cui possono beneficiare i terroristi“. Hanno detto che le autorità del Qatar… e così… l’Emiro e il suo primo ministro, sono estremamente vigili in relazione a ciò, e io gli credo! Quindi… io sono in una posizione in cui non lascio passare nulla! [...] prima parte Bashar, più la transizione sarà sicura in Siria… Più a lungo dura il conflitto, più i rischi sono grandi… allora prima c’è il rischio di una guerra civile, dopo il rischio del caos… o della “partizione”. Mi rifiuto!
Quindi… la Francia, è in prima linea. E’ stata molo “osservata” negli ultimi mesi … dalla mia elezione! Guardate quello che abbiamo fatto. Siamo noi che abbiamo chiesto che l’opposizione possa riunirsi, questo è già stato fatto, a luglio, qui a Parigi… e riunirsi in un “governo provvisorio”! Siamo stati i primi a dirlo, i primi a dire che bisognava anche “proteggere le zone liberate”, i primi ad assicurare che ci potesse essere un aiuto “umanitario”… è ciò che facciamo in Giordania [3]; i primi a dire anche che dovevamo coordinarci affinché gli “sfollati e i rifugiati”  possano essere ricevuti in buone condizioni, in particolare per il prossimo inverno, i primi a dire che dobbiamo fare di tutto affinché Bashar al-Assad se ne vada e a trovare una soluzione, anche vicino a lui… ho sentito la proposta della Turchia dal suo vice presidente. [4]


Ci sono delle “personalità” in Siria che possono essere una soluzione per la transizione, ma non nessun compromesso con Bashar al-Assad! [...] La Turchia si è “trattenuta in modo particolare” e voglio elogiare l’atteggiamento dei suoi leader, perché sono stati assalti, ci sono state delle provocazioni [5]!


Quindi… La Turchia sta facendo di tutto per impedire il conflitto… che sarebbe anche nell’interesse della Siria: “la creazione di un conflitto internazionale potrebbe unire la Siria contro un aggressore che dovrebbe provenire dall’esterno!” Quindi… dobbiamo fare di tutto affinché il conflitto siriano, più esattamente, “la rivoluzione siriana” non trabocchi in Turchia, Libano, Giordania. Allora… la mia responsabilità è grande, perché la Francia vuole che il Libano mantenga la sua integrità! La mia responsabilità è grande perché condivido ciò che accade in Giordania [6]… di nuovo, un processo democratico… e i rifugiati che sono ancora molto numerosi!
[Trascrizione parziale, ma parola per parola.]

III. La mappa della “zona cuscinetto” di Erdogan che tarda a realizzarsi [7]
Il progetto di una “zona cuscinetto” in territorio siriano, che il governo turco vorrebbe stabilire con il sangue e il fuoco, ammassando e sostenendo “bande armate” che provengono da tutto il mondo e attraversano i confini nord e nord-ovest della Siria, su una regione che dovrebbe estendersi dal punto di confine siriano di al-Salama alle coste settentrionali, attraversando la regione di Idlib [8]; gli obiettivi essenziali della sua realizzazione sono i seguenti:
1. A’zaz e le piccole città a nord di Aleppo, tra cui Maaret al-Nouman, Khan Shaykhun e Jisr al-Shughour, che si trovano intorno alla città di Idlib, che l’opposizione armata vorrebbe destinare a sua capitale tramite il sostegno del vicino turco! Questa zona rappresenta il 5% della superficie della Siria, è densamente popolata [17% della popolazione] è ricco di petrolio e di zone agricole [40% dei terreni arabili]. Aprirebbe la strada verso le coste del Mediterraneo, attraversando la bellissima zona conosciuta come al-Kassatel, quindi al-Kassab e al-Hafa, e i villaggi turcomanni e curdi nella campagna circostante Latakia, senza dimenticare l’incrocio con l’atteso “Sangiaccato di Alessandretta”, usurpato con il Trattato di Losanna nel 1923. Infatti, è importante notare che questi luoghi quasi confinanti con la Turchia, sono caratterizzati da una popolazione mista araba e turcomanna, ancora influenzata da tradizioni, cultura e usanze della Turchia. Da qui l’operazione del governo turco che, prima dell’avvio delle sue ‘bande armate’, era volto a carpire la fiducia dei siriani di questa zona, facilitando il loro passaggio del confine e, strada facendo, il lucroso contrabbando di armi, poi spedite in tutto il paese come preludio per la creazione della necessaria zona cuscinetto, una volta che le operazioni armate avessero raggiunto il punto culminante ad Aleppo, nelle zone di accesso a Idlib e intorno alla città di Latakia. Così il governo Erdogan ha previsto l’isolamento di questo territorio, ricco e strategico, nel nord-ovest della Siria, prima di annetterlo alla provincia di Hatay, all’incirca corrispondente al vicino sangiaccato di Alessandretta, precedentemente già annesso. Infine, ciò avrebbe realizzato il piano del mandato francese del secolo scorso, per la partizione della Siria in tre piccoli Stati, come dimostrano le “tre stelle” della bandiera brandita dai cosiddetti valorosi rivoluzionari della libertà!
2. Jabal al-Zawiya, il cui territorio accidentato ha notevolmente aiutato le bande armate a diffondersi, cercando di controllare la regione fin dall’inizio della cosiddetta “crisi siriana”, e in cui si sono rifuggiati sottraendosi all’esercito regolare siriano quando è arrivato a Idlib.
3. Maaret al-Nouman è diventato il rifugio, l’arsenale e la base principale per la riassegnazione di queste bande, ora che Jabal al-Zawiya ha mantenuto la sua promessa. 4. la provincia di Idlib, particolarmente strategica, perché si trova alla confluenza di tre grandi città: Aleppo, Hama, Homs e financo Latakia. Questo è il piano assegnato al governo turco, che è intenzionato a creare la sua famosa zona cuscinetto sotto la copertura di un aiuto presumibilmente umanitario, per la protezione dei “profughi e dei rifugiati sul proprio territorio.” Dietro l’impegno di Ankara ad accogliere e sostenere i terroristi jihadisti, destinati alla Siria, si profila il sogno neo-ottomano di ripristinare l’egemonia sulla regione dell’impero ottomano decaduto, partendo dalla Siria!
[Traduzione completa dell'articolo originale di Salloum Abdullah per TopNews di Nasser Kandil].

IV. Mappa, tra le altre, del “Medio Oriente ridisegnato” a vantaggio dell’occidente [9]
Quanto sarebbe migliore il Medio Oriente!“, aveva detto il colonnello Ralph Peters sull’Armed Forces Journal degli Stati Uniti [10], presentando il ridisegno del Medio Oriente come un accordo “umanitario” e “giusto”. Aveva detto: “i confini internazionali non sono mai completamente giusti. Ma il grado di ingiustizia che pesa sulle spalle di quanti sono costretti a riunirsi o separarsi, fa un enorme differenza… spesso la differenza tra la libertà e l’oppressione, la tolleranza e la barbarie, l’autorità della legge e il terrorismo, o anche la pace e la guerra.” Capisca chi vuole!


Per non parlare delle tragedie palestinese, irachena, libica… a Voi giudicare le conseguenze di tale cinismo, a quanto pare condiviso da molti leader occidentali, sui cittadini siriani consegnati e martirizzati dall’”orda terrorista” sostenuta dalle potenze civili e democratiche con il pretesto della responsabilità… di proteggere!

Mouna Alno-Nakhal 16/10/2012

Riferimenti:
[1] i punti chiave dell’intervento dell’ex prefetto ed ex direttore della DST, Yves Bonnet su France 5
[2] Altri punti chiave dell’intervento di Francois Hollande
[3] Siria: manovre militari in Giordania… semplice messaggio o segni premonitori di una operazione militare congiunta di 19 paesi [Dr. Amin Hoteit]
[4] Siria: non avete trovato nulla di meglio di Faruk al-Shara? [Al-Hayat quotidiano siriano filo-opposizione!]
[5] Nessuna guerra, niente lacrime! (rriyet) [Nuray da Mert]
[6] Preparazione di una escalation della guerra in Siria, il Pentagono sta dispiegando forze speciali in Giordania [Bill VanAuken]
[7] Articolo originale del 14/10/2012, di Salloum Abdullah per TopNews di Nasser Kandil [Libano]
[8] NB: Mappa completata da quella indicata nella’rticolo originale [7] per individuare i punti chiave, in mancanza di meglio.
[9] Il progetto per un ‘Nuovo Medio Oriente’ [Mahdi Darius Nazemroava]
[10] ‘Come sarebbe migliore il Medio Oriente’ [Ralph Peters]

 Mondialisation, 16 ottobre 2012
Copyright © 2012 Global Research

Traduzione di Alessandro Lattanzio - SitoAurora

mardi, 16 octobre 2012

La Turquie à la croisée des chemins

La Turquie à la croisée des chemins : du « zéro-problème » au maximum d’ennuis

par Ramzy Baroud 

 
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Le consensus dans la presse a été général, ou du moins est-ce ce qui parait : la Turquie est imbriquée dans un désordre au Moyen-Orient qui n’est pas de son fait, alors que son « Zéro problème avec les voisins » – un moment la pièce maîtresse de la politique étrangère du Parti de la Justice et du Développement (AKP) – s’est avérée être une notion romantique de peu d’utilité en realpolitik.

Le but de la politique étrangère de la Turquie, « construire les liens forts économiques, politiques, et sociaux avec les voisins immédiats du pays tout en diminuant sa dépendance envers les États-Unis semblait être en vue, » écrivait Sinan Ulgen presque il y a presque un an. « Mais le Printemps arabe a exposé les vulnérabilités de la politique, et la Turquie doit maintenant chercher un nouveau principe directeur pour son engagement régional. »

Cette analyse n’était pas isolée et elle a été reprise de nombreuses fois. Elle suggère une certaine naïveté dans la politique étrangère turque et fait apparaître ses ambitions régionales comme désintéressées. Elle imagine également que la Turquie a été rattrapée par une série d’événements fâcheux, lui forçant la main pour agir de manière contradictoire avec ce qui devrait être sa véritable politique. Cette vision des choses n’est pas tout à fait exacte.

Les escarmouches récentes entre la Syrie et la Turquie qui ont commencé le 4 octobre, par des tirs d’obus de mortier depuis le côté syrien et qui ont coûté la vie à 5 personnes, dont 3 enfants, ont été « le dernier sang versé par la Turquie ». L’agence de presse turque Anadolu a rapporté les excuses syriennes officielles par le canal des Nations Unies peu après le bombardement, et le gouvernement syrien a promis une enquête, dont le sérieux demeure douteux. Mais les militaires turcs ont rapidement exercé des représailles, alors que le parlement venait de voter la prolongation d’une année le mandat qui leur permet d’exécuter des opérations trans-frontalières. Indépendamment de la violence à la frontière de la Syrie, ce mandat visait à l’origine les combattants kurdes du nord de l’Irak et il avait été déjà inscrit pour un vote mi-octobre.

L’évolution de la situation semble singulièrement irréelle. Il y a peu de temps encore, le Premier Ministre Turc Recep Tayyip Erdogan avait pris l’initiative d’un rapprochement avec la Syrie et l’Iran, au mécontentement d’Israël et des États-Unis. Il s’était référé au Président Syrien Bashar Al-Assad comme à « un frère », sachant bien toutes les implications politiques du terme employé. Quand la Turquie a voté contre des sanctions à l’égard de l’Iran aux Nations Unies en juin 2010, « elle a provoqué une crise, » selon un article du Wall Street Journal. Plus tard, la Turquie s’était disputée avec l’OTAN au sujet de l’initiative d’un nouveau système de missiles qui vise clairement l’Iran et la Syrie. « La Turquie est le opt-out [le participant qui se désengage - N.dT] de l’Alliance dans les pays Musulmans, » disait le même journal. Ces développements se produisaient dans la foulée de l’incursion militaire israélienne meurtrière contre le bateau turc Mavi Marmara, qui transportait de nombreux militants pacifistes turcs dans le cadre d’une initiative plus large – La Flotille de la Liberté de Gaza – destinée à briser le siège sur Gaza. Israël a assassiné 9 civils turcs et en a blessé beaucoup d’autres.

Erdogan comme d’autres officiels turcs, s’était élevé au rang de superstar parmi les peuples arabes, au moment ou justement l’un d’eux évinçait le Président égyptien Hosni Mubarak, lui-même complice dans le siège de Gaza. Tout naturellement, l’AKP devint un modèle politique, le sujet de débats universitaires sans fin ou à la télévision. Même culturellement et économiquement, la Turquie représentait alors une particularité dont il fallait débattre.

À l’intérieur, Erdogan et son parti étaient crédités d’une croissance économique massive et d’avoir su la gérer, et d’avoir pu – dans le cadre d’un système démocratique à présent contrôlé par des civils élus – mettre au pas un état-major militaire qui avait toujours été enclin aux coups d’État. À l’extérieur, Erdogan et son Ministre des Affaires Étrangères Ahmet Davutoglu, avaient réussi à partiellement briser l’isolement de la Turquie vis-à-vis de plusieurs dirigeants arabes, dont le libyen Mouammar Kaddafi. (Les dirigeants turcs s’étaient tout à fait rendus compte des récriminations des peuples arabes tandis qu’ils concluaient des contrats valant des milliards de dollars avec les dictateurs mêmes qu’ils ont aidé à évincer, ou encouragé à ce qu’ils soient renversés.) Bien que la sérieuse dispute d’Ankara avec Tel Aviv n’ait pas entraîné de changement côté israélien ou américain envers les Palestiniens, il y eut un sentiment de réelle satisfaction que, enfin, un pays assez fort comme la Turquie ait eu le courage de s’opposer à l’intransigeance et aux insultes israéliennes.

Puis la Tunisie renversa son président, et les cartes de la politique étrangère de la Turquie ont été mélangées comme jamais auparavant. Si les États-Unis, la France et d’autres pouvoirs occidentaux étaient en pleine contradiction dans leurs positions concernant les soulèvements, les révolutions et les guerres civiles qui ont traversé le Moyen-Orient et l’Afrique Du Nord ces 18 derniers mois, la politique étrangère de la Turquie fut particulièrement embrouillée.

Tout d’abord, la Turquie répondit d’une façon qui paru distante avec de brefs discours au sujet des droits, de la justice et de la démocratie des peuples. En Libye, les enjeux étaient plus élevés car l’OTAN était acharnée à contrôler les implications des révoltes arabes toutes les fois que cela lui était possible. La Turquie fut le dernier membre de l’OTAN à se joindre la guerre contre la Libye. Le délai s’est avéré coûteux car les médias arabes qui poussaient à la guerre s’en sont pris à la réputation et à la crédibilité de la Turquie.

Quand les Syriens se sont rebellés, la Turquie était cette fois prête. Elle s’appliqua à prendre très tôt l’initiative d’appliquer ses propres sanctions à Damas. Puis elle alla encore plus loin en refusant de voir que sa zone frontalière autrefois si bien gardée, se retrouvait inondée par la contrebande, le transport d’armes et les combattants étrangers. En plus d’accueillir le Conseil National de la Syrie, elle a également fourni un asile sûr à l’Armée Libre de la Syrie, qui a lancé sans aucun frein ses attaques depuis la frontières turque. Tandis que tout cela était justifiée au nom de la lutte contre l’injustice, c’était en fait une des principales raisons qui ont mis une solution politique hors de portée. La Turquie a transformé un conflit ensanglanté et brutal en une véritable lutte régionale. Le territoire syrien s’est retrouvé exploité pour un conflit indirect impliquant divers pays, camps politiques et idéologies. Et comme la Turquie est un membre de l’OTAN, cela signifiait que l’OTAN était aussi impliquée dans le conflit avec la Syrie, même si c’est d’une manière moindre que lors de sa guerre contre la Libye.

Naturellement, la dimension kurde dans le rôle de la Turquie en Syrie est énorme. Il est plus rarement mentionné dque la Turquie s’active en permanence à contrecarrer n’importe quel contrecoup venant des Kurdes dans la région du nord-est de la Syrie, qui risquent d’ouvrir un nouveau front, le premier étant grande partie confiné au nord de l’Irak. Écrivant dans le quotidien turc Zaman, Abdullah Bozkurt a parlé « d’une stratégie hautement risquée pour la Turquie, qui veut contrôler les rapides développements en Syrie du nord grâce aux services du Gouvernement Régional du Kurdistan dans l’Irak voisin, afin d’éviter d’être directement impliquée en Syrie. » De plus, Ankara a discrètement fait pression sur le SNC pour que celui-ci adopte une posture plus favorable vis-à-vis de la question kurde. Bozkurt a aussi rapporté que « Ankara a en toute discrétion poussé le SNC à élire en juin un indépendant kurde, Abdulbaset Sieda, en tant que dirigeant de compromis… afin que la Turquie puisse exercer son influence sur les environ 1,5 millions de Kurdes en Syrie. »

En effet, le ainsi-nommé Printemps arabe a rendu confuse la politique étrangère turque à l’égard des pays arabes, et même vis-à-vis de l’Iran, bien qu’il ait ensuite entraîné sa redéfinition. La Turquie était plutôt passive avant ou après les bouleversements. L’impression que la Turquie était restée en retrait et que les affrontements à sa frontière sud ont finalement poussé Ankara à s’impliquer, est cependant incorrecte et trompeuse. Indépendamment de la façon dont les politiciens turcs souhaitent justifier leur participation aux conflits, il n’y a aucune échappatoire possible au fait qu’ils ont participé à la guerre contre la Libye et qu’ils sont maintenant empêtrés, dans une certaine mesure volontairement, dans le brutal désordre qui règne en Syrie.

La triste ironie est que quelques heures après que la Turquie ait exercée des représailles aux tirs d’obus par la Syrie, le ministre israélien Dan Meridor se soit autorisé à déclarer aux journalistes à Paris qu’une attaque contre la Turquie était une attaque contre l’OTAN – manifestation sournoise d’une solidarité calculée. Il a ajouté que « si le régime d’Assad devait tomber, ce serait un coup déterminant contre l’Iran. » Avigdor Lieberman, le ministre israélien des Affaires Étrangères avait du mal à cacher son excitation, car ce que les néoconservateurs américains ont du mal à accomplir est maintenant mis en œuvre par procuration. Lieberman – pas vraiment ce que l’on peut appeler un visionnaire – a prédit l’irruption « d’un Printemps persan » qui selon lui, doit être soutenu. Pour Israël et les États-Unis, maintenant que la Turquie est embarquée pour de bon, les possibilités sont sans fin.

Ankara doit reconsidérer son rôle dans cette calamité qui ne cesse de s’aggraver et adopter une politique plus raisonnable. La guerre ne devrait pas être à l’ordre du jour. Trop de gens ont déjà été tués.

Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net), un journaliste international et directeur du site PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Mon père était un combattant de la liberté : L’histoire vraie de Gaza (Pluto Press, London), peut être acheté sur Amazon.com. Son livre, La deuxième Intifada (version française) est disponible sur Fnac.com

lundi, 15 octobre 2012

Generalsekretär Rasmussen: Nato bereit zum Schutz der Türkei

Generalsekretär Rasmussen: Nato bereit zum Schutz der Türkei

Mikhail Fomitchew

 
otan-turquie-copie-1.jpgLaut dem Nato-Generalsekretär Anders Fogh Rasmussen ist die Nordatlantikallianz bereit, die Türkei zu schützen, falls dies notwendig sein sollte, und hat eine solche Maßnahme bereits geplant.

„Wir haben die notwendigen Pläne, um die Türkei nötigenfalls zu schützen“, so Rasmussen zu Journalisten vor der Eröffnung eines zweitägigen Treffens der Verteidigungsminister der 28 Nato-Mitgliedsländer.

Der Nato-Rat erörterte bei einem Treffen auf Botschafterebene am 4. Oktober den Beschuss eines Grenzterritoriums der Türkei durch die syrische Armee und verurteilte diesen Zwischenfall entschieden.

Gemäß dem Artikel 4 des Washingtoner Vertrages kann jedes Mitglied der Allianz um Konsultationen bitten, wenn seine territoriale Integrität, politische Unabhängigkeit oder Sicherheit gefährdet werden.

Zuvor hatte ein Gesprächspartner von RIA Novosti im Nato-Hauptquartier versichert, dass die Anwendung des Artikels 5 des Washingtoner Vertrages, der eine Antwort der Nato im Falle einer Aggression gegen eines der Mitgliedsländer dieses militärpolitischen Blocks vorsieht, bei dem Treffen nicht erwähnt worden sei. Der Artikel 5 wurde lediglich einmal - nach den Terroranschlägen auf die USA  am 11. September 2001 - angewendet.

Die Nato und die Uno forderten bei diesem Treffen von Syrien, jegliche Aggressionsakte gegen die Türkei  unverzüglich einzustellen. Die syrischen Behörden drückten ihrerseits den hinterbliebenen Familien der Toten ihr Beileid aus und erklärten, dass sie zu diesem Zwischenfall ermitteln.

Der Konflikt zwischen Syrien und der Türkei spitzte sich zu, nachdem vom syrischen Territorium abgefeuerte Artilleriegeschosse im Distrikt Aksakal im Südosten der Türkei explodiert waren. Im Ergebnis kamen fünf Menschen ums Leben und elf weitere wurden verletzt. Als Antwort auf den Beschuss führte die Türkei Schläge gegen das syrische Gebiet, von wo aus das Feuer geführt wurde.

Nato-Generalsekretär Anders Fogh Rasmussen hatte zuvor mehr als einmal betont, die Allianz habe nicht die Absicht, sich in den syrischen Konflikt einzumischen.
 
 
 
 

dimanche, 14 octobre 2012

Chipre: Cuando Turquia expulsa y expolia a los Griegos de la isla.

  
 

Enrique Ravello:
Chipre: Cuando Turquia expulsa y expolia a los Griegos de la isla.
Chipre debe su nombre a la palabra latina aes Cyprium (metal de Chipre) en referencia al cobre, metal de gran importancia en la Antigüedad y del que la isla contaba con numerosos yacimientos. Esto, unido a su posición estratégica entre Europa Asia y África, ha hecho que desde los primeros tiempos de la Historia, Chipre haya sido un lugar de conflicto y conquistas entre las potencias de la zona. Siendo ocupada sucesivamente por civilizaciones africanas (egipcios) asiáticas (asirios) y europeas (minoico-micénicos y helenos) hasta pasar a formar parte del Imperio romano en el año 57 a. C. Allí predicaron San Pablo y San Barnabé y Chipre fue el primer lugar del mundo gobernado por un cristiano, aún formando parte del Imperio romano. La romanización de Chipre, supuso le llegada de administradores romanos, pero la mayoría de población siguió siendo de origen helénico establecida allí desde tiempos de Micenas y reforzada tras la invasión de la isla por Alejandro Magno en 331 a. C.
Tras la caída de Roma, la isla fue motivo de constantes disputas entre Bizancio (Imperio romano de Oriente) y los árabes. Siendo conquistada por los cruzados al mando de Ricardo Corazón de León en 1192, quien se llegó a coronar como Rey de Chipre. En las disputas mediterráneas, pasó a formar parte de la Serenísima República de Venecia en 1489 hasta que cayó definitivamente en manos tucas en 1570. Señalar que durante todos estos siglos la composición étnica de la isla se mantuvo estable, hablándose el griego en la totalidad del territorio. La llegada de los otomanos impuso una administración turca, grupos de greco-chipriotas empezaron a formar parte de la misma, varios de ellos se convirtieron al islam para no pagar los impuestos que se encargaban de recaudar al resto de la población, y se familiarizaron con el uso de la lengua turca: éste es el origen de los primeros turco-chipriotas, es decir helenos convertidos al islam, formando parte de la administración otomano y usando el turco también como lengua familiar.
La ocupación otomana terminó en 1878 cuando tras el Congreso de Viena, Chipre pasó a ser un dominio británico, con la categoría de colonia desde 1914. La población chipriota, anhelaba no la independencia de la isla sino la llamada enosis (unión a Grecia), aspiración mayoritaria aún hoy entre la mayoría greco-chipriota En Chipre es imposible ver la bandera de la isla si no es acompaña de la griega –incluso en edificios oficiales- y muy frecuentemente de una amarilla con águila negra, que es la del antiguo Imperio bizantino.  En los años posteriores de la Segunda Guerra Mundial, la enosis es liderada por el famoso arzobispo Makarios, que sería deportado a  las islas Seychelles por los británicos.
Es en 1960 cuando Reino Unido, Grecia y Turquía llegan a un acuerdo que declara independiente la isla, pero mantiene la posesión británica de varias bases militares. Una de las condiciones que puso Londres para esta independencia fue prohibir constitucionalmente la unión de Chipre con Grecia. La constante británica de evitar la creación e grandes Estados en Europa que puedan convertirse en potencias locales. De haberse unido Chipre y Grecia en ese momento, seguramente se hubiera evitado la posterior invasión turca del norte de la isla.
 
Turquía ocupa el norte de Chipre. Limpieza étnica y expolio del patrimonio greco-chipriota
En 1974 hay un golpe pro-griego en Chipre apoyado por la “Dictadura de los coroneles” desde Grecia cuya finalidad era incorporar Chipre al Estado heleno. Este hecho provocó la reacción turca, que invadió militar m ente el norte de la isla, proclamando unilateralmente la República Turca del Norte de Chipre (RTNC), estado no reconocido por ningún otro país, excepto la propia Turquía y la Conferencia Islámica. Casi 40 años después, del aquel golpe y de la dictadura de los coroneles sólo queda el recuerdo, sin embargo el norte de Chipre sigue ocupado militarmente por Ankara y esa autoproclamada RTNC se mantiene detrás de una frontera militar que el ejército turco ha trazado para defenderla.
 
El pasado 29 de septiembre tuve la oportunidad de visitar la zona junto a una delegación del Parlamento europeo compuesta por miembros del FPÖ, el VB y el Front National. Visita que sirvió para comprobar in situ la realidad de la isla, y de la limpieza étnica y expolio del patrimonio que se lleva desde la zona turca. La vista empezó en la Fundación Makarios III –el nombre del arzobispo al que hemos hecho referencia anteriormente- allí se exhibe una magnífica colección de iconos que se han logrado recuperar recientemente. Todos ellos provienen de iglesias greco-ortodoxas que en 1974 quedaron en zona turca, las iglesias fueron abandonas y sus murales e iconos bizantinos despedazados por los turcos para ser vendidos por mercaderes de arte en circuitos ilegales; el gobierno greco-chipriota pudo descubrir este expolio y recuperar gran parte de estos tesoros iconográfico que ahora son exhibidos en un museo a cargo de la mencionada fundación. La vista continúo con la recepción oficial por parte del obispo de Kernia (Karinia), cuya diócesis esta de pleno en zona turca donde tiene prohibida la entrada; él –como la mayoría de fieles de su diócesis- vive en la zona griega tras haber sido expulsados por los turcos de sus hogares y de sus iglesias, ejemplo de fe y voluntad, no dan por perdida su tierra y sueñan con volver allí cuando Chipre esté reunificado y pacificado.

Fresco bizantino roto por los turcos
Finalmente en varios coches particulares atravesamos la frontera militar que separa la zona de ocupación turca del resto de la isla. Allí pudimos comprobar cómo las iglesias y cementerios ortodoxos habían sido abandonados y profanados por los turcos. Vimos también como entre la población local los antiguos turco-chipriotas son una minoría, el grueso de la misma la constituyen turcos venidos del interior de Anatolia. Históricamente los turcófonos eran poco más del 10% de la población distribuida por toda la isla, hoy son el 18% todos concentrados en el norte, mientras que los griegos que históricamente también poblaban esa parte norte fueron expulsados en 1974.  Hoy la zona turca vive exclusivamente de las subvenciones mensuales que reciben todos sus habitantes directamente del gobierno turco, sin que tengan la más mínima producción ni actividad económica. El Gobierno de Ankara ha decidido colonizar la zona con la gente más pobre y atrasada de su país y para ello necesita subvencionarlos constantemente; ni que decir tiene que una de las primeras víctimas de este proceso de limpieza étnica y colonización han sido los propios turco-chipriotas anteriores a 1974 hoy concentrados en el norte y convertidos en una minoría respecto a los turco-anatolios con un nivel cultural y económico tremendamente más bajo que el suyo.

Icono ortodoxo recuperado por las autoridades chipriotas del expolio turco
Es necesario recordar que Chipre entró en la Unión Europea en 2004. Ese mismo año se produjo un referéndum para la posible reunificación de la isla en las condiciones actuales por parte de la ONU, la respuesta greco-chipriota fue clara el 76% votó en contra al considerar que el plan de la ONU perpetuaba el status quo de la ocupación turca y deba ventajas increíbles a esa minoría en el futuro y supuesto gobierno “unificado” de la isla. Durante el referéndum y posteriormente, los greco-chipriotas han insistido en que la opción que ellos siguen apoyando es la enosis (unión con Grecia). Por este motivo la parte de Chipre que está integrada en la UE es la greco-chipriota, aunque como oficialmente la UE no reconoce la RTNC, la parta norte es territorio comunitario que no está bajo jurisdicción europea al permanecer ocupado militarmente por Turquía. Es decir que una la UE tiene parte de su territorio bajo ocupación militar turca, lo que debería ser condición suficiente para detener cualquier diálogo mutuo hasta que dicha ocupación finalice. Esto suponiendo que la UE tenga la voluntad política y diplomática real de defender a los pueblos europeos, algo que los hechos nos demuestran permanentemente que no es así.

Pope de Karinia en el exilio
Chipre y Grecia han sido desde siempre la vanguardia de la civilización europea ante el avance oriental y musulmán. Hoy lo siguen siendo, vimos con la valentía y la determinación que los greco-chipriotas luchan día a día por recuperar un patrimonio y un territorio que es suyo. Dedicamos este artículo a todos ellos y en espacial a las autoridades civiles y religiosas que tan amablemente nos acompañaron durante nuestra visita. Ellos nos pidieron que diéramos a conocer la situación, este artículo es parte de la promesa que les hicimos.
 
Enric Ravello
Secretario de relaciones nacionales e internacionales de Plataforma per Catalunya