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samedi, 25 septembre 2010

Un intellectuel turc casse le morceau

Un intellectuel turc casse le morceau

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: http://www.insolent.fr/

9782917329184-web1.jpgUne réforme constitutionnelle a été adoptée à Ankara par référendum, le 12 septembre. Victoire du gouvernement de l'AKP, approuvée par 59 % du corps électoral, elle relance une illusion.

L'occident pense en effet que la montée du pouvoir civil s'identifie à l'idée que nous nous faisons de la démocratie. Les partisans européens de l'adhésion à l'Union vont relancer ce mythe, en faisant totalement abstraction de l'opinion réelle et des objectifs nationaux des intéressés.

Ne dissimulons à cet égard ni le danger ni même peut-être le but, plus ou moins sournois. Car dans cette négociation factice, toute une campagne d'intoxication entoure cette opération truquée.

Il s'agit bel et bien d'imposer à l'Europe l'évacuation de toute référence identitaire. Par conséquent, on en vient à la priver de tout destin véritable.

Les pères fondateurs du traité de Rome de 1957 pensaient à la reconstruction de ce qui s'appelait autrefois la République chrétienne. D'autre part, leur système était fondé sur le libre-échange ; or, on tend désormais à lui substituer une conception sociale démocrate. C'est ainsi que deviennent objet de référence les pestilentielles formulations de la "charte des droits". Quoique rejetée par l'échec du référendum de 2005, celle-ci a été affirmée comme politique de l'Union par la misérable présidence Chirac en décembre 2000. Et, du fait de cette aberrante proclamation, elle est entrée dans la base doctrinale de la cour de Luxembourg supposée dire le droit communautaire.

Or un petit livre vient de paraître sous le titre "Turquie : le putsch permanent" (1) par Erol Özkoray. Je le trouve remarquable et d'une lecture agréable. Ceci me redonne le moral car, en tant qu'auteur moi-même d'un ouvrage où je cherche à donner quelques clefs sur "La Question turque et l'Europe" je me sens moins seul. (2)

Non que je me considère comme isolé, critiquant la perspective illusoire de l'adhésion d'Ankara : de nombreux Français croient s'opposer à cette candidature. Mais en réalité, ils ne font rien pour l'enrayer.

Le petit livre qui vient de paraître ne rejoint pas non plus ma conclusion. Du point de vue intérieur de son pays, en effet, le mirage de l'Union européenne sert aussi à promouvoir une certaine forme de libéralisation et de démocratisation.

Mais, partant de la réalité turque, l'auteur ne souhaite ni la victoire des forces islamistes, ni de la dictature silencieuse des réseaux kémalistes.

Voila en effet pour la première fois peut-être depuis 1919, du moins en langue française, un auteur issu de la Turquie qui montre clairement, explicitement, politiquement, socialement même, de quel mal il est atteint. Car ce pays souffre, beaucoup plus qu'on ne le croit, pris en étau entre l'héritage traumatisant du kémalisme et la menace de l'islamisme.

Jamais en effet le totalitarisme rampant dans lequel il baigne depuis la victoire de Kemal n'a été vraiment remis en cause. L'instauration artificielle du multipartisme en 1946 a juste permis la réislamisation.

L'auteur souligne la puissance de l'armée, et il semble considérer que les quatre républiques successives n'ont fait que permettre aux militaires de prendre plus de poids dans la société civile et dans l'économie.

Il évoque en exemple le rôle du groupe de presse quasi monopoliste Dogan (3). Celui-ci contrôle 70 % du tirage des grands journaux. Or il répercute systématiquement les mots d'ordre de l'État-major. Il parvient même à les diffuser en occident. Le gouvernement civil islamisant cherche à l'abaisser. Il a pour cela employé le moyen le plus rustique d'une énorme amende fiscale. Mais dans le meilleur des cas il ne fera que laisser la place à un concurrent aussi dangereux, celui des adeptes du mouvement Güllen, agent de la réislamisation du pays, sous les faux-nez de la modernisation.

Notre auteur révèle (page 24) surtout les "lignes rouges de la constitution secrète", soit "l'Acte politique de sécurité nationale", désigné en turc sous le sigle MGSB. Cette ligne se définit en 5 points :

"1° concernant le problème kurde, empêcher la fragmentation du pays ;
2° ne faire aucune concession sur le problème chypriote ;
3° rendre intouchable la laïcité de l'État ;
4° œuvrer contre l'Église orthodoxe dans le pays ;
5° ne jamais accepter le terme de génocide concernant la question arménienne."


Toutes les plus petites tentatives de rogner cette plateforme ont été démenties. Dernière en date : le projet d'une liturgie orthodoxe à Sainte-Sophie qui devait, avec l'accord initial des autorités, se dérouler le 17 septembre en présence de 200 pèlerins, a été annulé, à la dernière minute, comme s'il s'agissait d'une "provocation". En même temps on disserte à Bruxelles sur les libertés religieuses.

Je me séparerais éventuellement de l'auteur sur deux points.

Sa conclusion, très courte, à peine un quart de page, ne laisse pas beaucoup de place à l'espoir.

On se demande si sa conviction ne rejoint pas la prophétie très pessimiste, qu'il évoque, selon laquelle l'Asie mineure pourrait ainsi devenir la Yougoslavie du XXIe siècle. Or, à cette perspective catastrophique, l'armée offre aux puissances étrangères la seule illusion d'un rempart.

De manière ambiguë, d'autre part, les mêmes dernières lignes semblent confier à l'Union européenne le soin de guérir le patient.

Il souligne pourtant que cette nation (4), loin de correspondre à une mythique "race", assemble 36 ethnies et 7 religions. En cela, si deux ou trois groupes, aujourd'hui ultra-minoritaires peuvent s'identifier à la communauté européenne, il n'en va pas de même pour la nationalité supposée "centrale", celle des Turcs musulmans sunnites, ni non plus pour les Kurdes, pour les Alévis, pour les différents caucasiens, Tcherkesses ou Circassiens, pour les "dönmeh", pour les "nastouri", pour les Syriaques, ni enfin pour les descendants de gens ayant quitté notre continent après leur conversion à l'islam, etc. qui n'appartiennent de ce fait ni à l'Europe historique ni à l'Europe géographique.

Pourquoi laisse-t-il le lecteur imaginer dès lors que l'Union européenne pourrait résoudre les problèmes de ce pays ? Assemblage de gens qui en général ne connaissent rien ni au monde balkanique, ni à l'héritage ottoman, ses excellentes intentions tombent à côté. Personne ne lit les rapports de son administration de Bruxelles, pourtant clairs, sur l'impossibilité de l'intégration.

Il me semble revenir donc aux libéraux turcs de réformer leur pays, avec toute notre sympathie, et de tirer parti de la proposition franco-allemande d'un partenariat privilégié avec l'Europe.

On doit sans doute considérer la Turquie comme un pays estimable, riche de promesses, peut-être plein d'avenir, à l'instar de la Chine, de l'Inde, de la Corée ou du Japon. Mais pas plus que l'Empire du Milieu, il ne fait partie de notre famille de peuples.

Ne confondons pas voisin et cousin.
JG Malliarakis

Apostilles
  1. aux Éditions Sigest.
  2. aux Éditions du Trident.
  3. À ce sujet en laissons pas le lecteur dans l'ignorance que l'héritière de ce groupe, Mme Arzuhan Yalcındag préside la Tüsiad, c'est-à-dire le patronat turc. Elle fait évidemment partie du comité exécutif de cet "Institut du Bosphore" qui se présente comme "l'acteur incontournable du rapprochement franco-turc". On y retrouve Alexandre Adler et bien d'autres.
  4. Il donne à ce mot le sens très précis de la fameuse conférence de Renan de 1882.

Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique

sur le site de Lumière 101

lundi, 13 septembre 2010

Türkei-referendum: Ankara will Schlüsselrolle auf der Welt spielen

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Türkei-Referendum: Ankara will Schlüsselrolle auf der Welt spielen

Udo Schulze

Ex: http://info.kopp-verlag.de/

 

Mit großer Mehrheit haben sich am Wochenende in einem Verfassungsreferendum die Türken dafür entschieden, dass ihr Land Mitglied der Europäischen Union wird und die dazu nötigen verfassungsrechtlichen Schritte einleitet. Das mag die EU-Befürworter auch in Deutschland in Jubelstürme versetzt haben. Sehen sie darin doch einen Sieg des europäischen Gedankens. Doch welche Rolle soll die Türkei innerhalb der EU eigentlich spielen? Viele Beobachter gehen davon aus, dass es sich um eine rein strategische handelt.

 

 

 

Mit einem Beitritt des in vielen Teilen noch völlig rückständigen Staates zur Union würden die Außengrenzen des künstlichen EU-Gebildes direkt an Iran und Irak stoßen, was eine Anzahl von Problemen mit sich bringen würde. Bei kriegerischen Auseinandersetzungen – hier sei an den sich abzeichnenden Krieg zwischen Israel/USA und dem Iran erinnert – wäre die EU »mittendrin«. Ein Angriff gegen die Türkei, Grenzzwischenfälle oder andere Provokationen wären in diesem Moment auch Angelegenheit der Europäischen Union und damit auch Deutschlands. So könnte einer der kommenden Kriegseinsätze der Bundeswehr in der Türkei stattfinden. Abgesehen von den ökonomischen Problemen, die ein wirtschaftlich schwacher Staat wie die Türkei mit in die EU bringen würde, müsste auch zu denken geben, dass mit dem Beitritt Ankaras der erste muslimische Staat nicht nur alle Pflichten, sondern auch alle Rechte der Mitglieder der Europäischen Union genießen würde. Dazu zählt u. a. auch das Recht jedes EU-Bürgers, Arbeitsplatz und Wohnort innerhalb der Union frei wählen zu können. Aufenthaltsgenehmigungen, Zuwanderungsstopps und andere Maßnahmen hätten damit jegliche Wirkung verloren. Auch in strafrechtlicher Hinsicht.

Inzwischen sieht sich das Land mit der Brücke zwischen Europa und Asien als Weltmacht, so Ministerpräsident Tayyip Erdogan auf einem internationalen Kongress im Frühjahr 2010. Im Brustton der Überzeugung sagte er, die Türkei würde ab jetzt die Tagesordnung der Welt mitbestimmen. Diese besondere Art der Bescheidenheit mag sich darauf gründen, dass die Türkei inzwischen auch von Frankreich und Finnland unverhohlen umworben wird. So wollen sich beide Länder dafür einsetzen, den islamischen Staat sogar ohne Aufnahmeverfahren Mitglied der EU werden zu lassen. Gibt sich das Land nach außen hin weltoffen und modern, sieht es im Innern ganz anders aus. Fast täglich steht die türkische Gesellschaft vor einer Zerreißprobe. Meistens in Fragen von Politik und Religion, die dort nicht voneinander getrennt werden. Weder die Rechte der Frauen noch der Bürger gegenüber dem Staat und seinen Institutionen sind dort in demokratischem Maße verwirklicht. Und die Prediger eines radikalen Islamismus finden in der Türkei noch immer Millionen von Anhängern. Eine der Leitfiguren ist Metin Kaplan, der von 1983 bis 2004 in Deutschland lebte. Erst als Asylbewerber und nach seiner Anerkennung als Verbreiter von Hassparolen, der auch aus der Bundesrepublik ein »Kalifat« machen wollte. Erst als der Mann zum Mord an einem seiner politischen Gegner aufrief (der tatsächlich dann auch erschossen wurde) musste Kaplan Deutschland verlassen. Seitdem sitzt er in türkischer Haft, umjubelt von seinen Anhängern.

Angesichts solcher Verhältnisse kann die Türkei eigentlich erst dann Mitglied der EU werden, wenn die in Mitteleuropa herrschenden Standards in den Bereichen Recht, Religion und Freiheit dort verwirklicht sind. Ansonsten holen sich die Europäer einen im Zweifelsfall äußeren Feind mitten ins warme Nest.

 

Turkse grondwetswijziging maakt weg vrij voor verdere islamisering

Turkse grondwetswijziging maakt weg vrij voor verdere islamisering

 

Ex: http://www.rechtsactueel.eu/
referendum_12_septembre.jpgPraktisch alle Europese lidstaten alsook de Europese Unie zélf reageerden instemmend op de uitslag van het referendum in Turkije afgelopen zondag waarbij een ruime meerderheid van de Turken - zo'n 60 tegen 40 procent - de voorgestelde omvangrijke grondwetswijziging van de islamistische AKP-regering goed keurde.

Alweer typerend voor onze 'kwaliteitspers' is dat nergens wordt ingegaan op de grond van de zaak.  Zo heeft men het in 'De Standaard' over onder andere "nieuwe rechten voor ambtenaren en de bescherming van de gelijke kansen" alsook over 'de herziening van de machtsverhoudingen tussen de politieke en rechterlijke macht.'

Dat laatste is een understatement om u tegen te zeggen. Want de goedgekeurde aanpassingen van de grondwet - zo'n 26 om precies te zijn - zijn niet meer of minder een regelrechte aanslag op het leger en het grondwettelijk hof als laatste bewakers van het (officiële) seculiere karakter van Turkije.  Burgerlijke rechtbanken krijgen de bevoegdheid om militairen te berechten voor misdrijven tegen de staat en het Turkse parlement krijgt een stevige vinger in de pap in de benoeming van de rechters van het grondwettelijk hof.

Dat de politiek voortaan zowel het leger als het grondwettelijk hof stevig in zijn greep heeft, zorgt ervoor dat Erdogan en de zijnen de machtsbalans op een definitieve wijze naar hun kant hebben doen overhellen.  Na de totale islamisering van het straatbeeld en het maatschappelijk leven is de weg nu ook vrij voor een totale islamisering van de Turkse publieke instellingen.

Deze evolutie is ook belangrijk voor Europa. Want Erdogan heeft gezegd dat deze hervormingen 'nodig zijn voor de toetreding tot de EU', en hij zet intussen ook steeds meer druk op de Europese onderhandelaars om toetreding te versnellen.

Maar de vraag is of dit niet als een boemerang zal terugkeren. Is deze totale islamisering niet juist een obstakel voor een toetreding? De islamisering van Turkije zorgt ervoor dat de steun in Turkije zelf voor toetreding al afbrokkelt. En dat de Europese bevolking niet zit te wachten op de toetreding van Turkije als nieuwe islamitische en meteen ook  grootste EU-lidstaat is al langer duidelijk; in tegenstelling tot de wereldvreemde Euro-elite zegt de verstandige Europeaan massaal 'neen'.

Het doet ons denken aan de situatie in Brussel. Een versnelde islamisering en eurocratisering - begeleid met een totale Vlaamse demografische neergang - leidt er ook toe dat Vlaanderen zich steeds meer afkeert van deze stad en nadenkt over andere opties...

samedi, 04 septembre 2010

Turquie in, Grèce out?

greece-crash.jpgTurquie in, Grèce out ?

L’absence de solidarité européenne à l’égard de la Grèce, sommée d’adopter des mesures d’austérité brutales sans aucune aide ni garantie concrètes pour amortir les efforts colossaux exigés, conduit à se poser plusieurs questions :

1. Veut-on pousser la Grèce vers la sortie ? L’effet dépressif des mesures de réduction des déficits risque d’asphyxier totalement le pays et de provoquer de graves troubles politiques et sociaux. L’objectif de baisse de 4 points du PIB – de 12,7% à 8,7% en un an !- signifie qu’une chape de plomb terrible va s’abattre sur les Grecs. Il s’agit d’un plan d’austérité sans précédent. Les hausses d’impôts et les coupes sombres dans les retraites, les programmes de dépenses et les salaires des fonctionnaires vont peser sur la consommation, et donc sur la croissance de l’économie grecque. Pour Jean-Paul Fitoussi, un tel plan est même contre-productif au regard de l’équilibre budgétaire, dans la mesure où il va aboutir à une baisse des recettes fiscales de l’Etat grec.

L’Europe ne souhaitant pas faire passer le message que le laxisme budgétaire et le maquillage comptable peuvent faire l’objet d’indulgence et déboucher sur un statut d’assisté, il n’y a pour le moment aucun transfert financier réel vers la Grèce. Les Allemands ne paieront pas. Cela posé, la déflation entraînée par le plan d’austérité ne suffira pas à restaurer les comptes intérieurs de l’économie hellène. Pire, elle entraînera sans doute des mouvements de protestation violents dans la population. La solution passera donc par une dévaluation, en clair un retour de la Grèce à la souveraineté monétaire. Qui restaurera en partie la compétitivité, donc les comptes extérieurs de la nation – quels qu’en soient les coûts par ailleurs et quoi qu’en pense Jean-Claude Trichet (lequel avait jugé « absurde » en janvier l’hypothèse d’une sortie de la Grèce de la zone euro).

2. Veut-on l’implosion de la zone euro ? Une sortie de la Grèce de l’euro signifierait en effet la mort de l’Euroland. A première vue, on peut penser que la crédibilité monétaire et financière de l’Union en sortirait au contraire renforcée, puisqu’elle se serait débarrassée de son plus mauvais élève, celui qui la tire actuellement vers le bas. En outre, le poids très faible de l’économie grecque (2 à 3% du PIB total de la zone) fait qu’une telle décision aurait peu d’incidence sur la cohérence et la puissance de l’ensemble européen. Mais sur le plan politique, il en irait tout autrement. Ce serait un coup de tonnerre dont les conséquences restent pour le moment incalculables. Sans doute un tabou sauterait-il et d’autres Etats y verraient-ils un encouragement à faire de même. Surtout, les marchés prendraient cela comme la preuve qu’ils avaient vu juste et s’attaqueraient aussitôt à de plus gros poissons, comme le Portugal, l’Espagne, l’Italie ou l’Irlande. Avec le même résultat, ramenant peu à peu l’euro à ce qu’il n’a jamais cessé d’être : la monnaie de l’Allemagne.

3. Veut-on toujours l’entrée de la Turquie ? C’est une affaire dont on entend, évidemment, beaucoup moins parler depuis quelque temps. Mais les négociations d’adhésion ont bel et bien été ouvertes et suivent toujours leur cours. Ironie de l’Histoire, donc : alors que les Grecs, montrés du doigt pour leur gestion calamiteuse des finances publiques et leurs bidouillages statistiques, pourraient être forcés de quitter l’euro, leurs ennemis héréditaires, les Turcs, pourraient de leur côté accéder à l’Union sous le regard bienveillant de nos chers eurocrates et de leurs alliés américains. Quel pied de nez du Destin ! Et quel symbole… La Grèce, berceau de la démocratie et de la culture européenne, remplacée par le pays qui incarna durant des siècles la plus grande menace pour l’Europe ? N’oublions pas qu’une certaine identité européenne s’est constituée contre l’envahisseur turc, qui poussa jusqu’aux portes de Vienne en 1529 puis en 1683.

Europe, réveille-toi, ta maison brûle !

Olivier Demeulenaere

samedi, 21 août 2010

L'idée touranienne dans la stratégie américaine

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 2001

 

 

L'idée touranienne dans la stratégie américaine

 

Le régime turc est autorisé à se maintenir en lisière de l'Eu­rope et dans l'OTAN, malgré ses dimensions "non démo­cra­ti­ques", parce ce pays reçoit en priorité l'appui des Etats-U­nis, qui savent que le militarisme turc pourra leur être très utile si le "Grand Jeu" reprend au beau milieu de l'espace eurasiatique. Cette coïncidence d'intérêts entre militaires turcs et stratégie générale des Etats-Unis incite les uns et les autres à redonner vigueur au "panturquisme", qui porte quelques fois un autre nom : celui de "pantouranisme" ou de "touranisme". C'est le rêve et le projet d'un "empire grand-turc", même s'il doit rester informel, qui s'étendrait de l'Adriatique (en Bosnie) à la Chine (en englobant le Xin­jian ou "Turkestan oriental" ou "Turkestan chinois") (1). Cet empire grand-turc rêvé prendrait le relais de l'Empire otto­man défunt. Le projet touranien a été formulé jadis par le dernier ministre de la guerre de cet empire ottoman, Enver Pacha, tombé au combat face aux troupes soviétiques en com­mandant des indépendantistes turcophones d'Asie cen­tra­le. La "Touranie" centre asiatique n'a jamais fait partie de l'Empire ottoman, sauf quelques bribes territoriales dans les marches; néanmoins, il y a toujours eu des liens entre les khanats des peuples turcs d'Asie centrale et l'Empire ot­to­man, qui y recrutait des hommes pour ses armées. Si la li­gnée d'Osman s'était éteinte, celle des khans de Crimée, de la maison de Giraj, dont l'ancêtre était le Grand Khan des Mongols, Gengis Khan (2), serait alors devenue, comme prévu, la dynastie dirigeante de l'Empire Ottoman (3). 

 

Face au projet touranien, Atatürk adoptait plutôt une posi­tion de rejet, mais c'était très vraisemblablement par tac­ti­que (4), car il devait justifier sa politique face à l'Occident et condamner, pour cette raison, le génocide perpétré par les gouvernements jeunes-turques contre les Arméniens. En­suite, dès que le régime soviétique s'est consolidé, il n'au­rait pas été réaliste de persister sur des positions pan­tou­raniennes. Pourtant, en 1942, quand les troupes alle­man­des pénètrent profondément à l'intérieur du territoire so­viétique, le panturquisme, longtemps refoulé, revient très vite à la surface. Mais, vu la constellation internatio­nale, le gouvernement turc a dû officiellement juger cer­tains activistes pantouraniens, comme le fameux Alparslan Türkesch, pour "activités racistes"; en effet, les Britan­ni­ques (et non pas l'Allemagne nationale-socialiste) avaient, selon leurs bonnes habitudes et sans circonlocutions inu­ti­les, menacé d'occuper la Turquie et Staline, lui, était passé à l'acte en déportant en Sibérie les Tatars de Crimée, alliés poten­tiels d'une coalition germano-turque.

 

Perspective touranienne

et "grande turcophonie"

 

Après l'effondrement de l'URSS, la perspective touranienne (5) est bien trop séduisante pour les Etats-Unis, héritiers du système de domination britannique, pour qu'ils la négli­gent. Mises à part les républiques caucasiennes, la majorité écrasante de la population des Etats indépendants dans la partie méridionale de l'ex-Union Soviétique sont de souche turque, sauf les Tadjiks qui sont de souche persane. Qui plus est, de nombreux peuples au sein même de la Fé­dé­ra­tion de Russie appartiennent à cette "grande turcophonie": leur taux de natalité est très élevé, comme par exemple chez les Tatars, qui ont obtenu le statut d'une république quasi indépendante, ou chez les Tchétchènes, qui combat­tent pour obtenir un statut équivalent. Les "pantouraniens" de Turquie ne sont pas encore très conscients du fait que les Yakoutes de Sibérie nord-orientale, face à l'Etat amé­ri­cain d'Alaska, relèvent, eux aussi, au sens large, de la tur­co­phonie.

 

Si l'on parvient à unir ces peuples qui, tous ensemble, comp­tent quelque 120 millions de ressortissants, ou, si on par­vient à les orienter vers la Turquie et son puissant allié, les Etats-Unis, à long terme, les dimensions de la Russie pourraient bien redevenir celles, fort réduites, qu'elle avait au temps d'Ivan le Terrible (6). En jouant la carte azérie (l'A­zerbaïdjan), ethnie qui fournit la majorité du cadre mi­li­taire de l'Iran, on pourrait soit opérer une partition de l'I­ran soit imposer à ce pays un régime de type kémaliste, indirectement contrôlé par les Turcs. Certains pantoura­niens turcs, à l'imagination débordante, pourraient même rêver d'un nouvel Empire Moghol, entité démantelée en son temps par les Britanniques et qui sanctionnait la domina­tion turque sur l'Inde et dont l'héritier actuel est le Pa­ki­stan.

 

Le "Parti du Mouvement National" (MHP), issu des "Loups Gris" de Türkesch, se réclame très nettement du touranis­me; lors des dernières élections pour le parlement turc, ce parti a obtenu 18,1%, sous la houlette de son président, Dev­let Bahceli et est devenu ainsi le deuxième parti du pays. Il participe au gouvernement actuel du pays, dans une coalition avec le social-démocrate Ecevit, permettant ainsi à certaines idées panturques ou à des sentiments de même acabit, d'exercer une influence évidente dans la so­ciété turque. C'est comme si l'Allemagne était gouvernée par une coalition SPD/NPD, avec Schroeder pour chancelier et Horst Mahler comme vice-chancelier et ministre des af­faires extérieures! […].

 

Une Asie centrale "kémalisée"?

 

Dans un tel contexte, le kémalisme comme régime a toutes ses chances dans les républiques touraniennes de l'ex-Union Soviétique. Les post-communistes, qui gouvernent ces E­tats, gardent leur distance vis-à-vis de l'Islam militant et veu­lent le tenir en échec sur les plans politique et institu­tionnel. Mais l'arsenal du pouvoir mis en œuvre là-bas peut rapidement basculer, le cas échéant, dans une démocratie truquée. Jusqu'à présent, ces Etats et leurs régimes se sont orientés sur les concepts du soviétisme libéralisé et, mis à part l'Azerbaïdjan, choisissent encore de s'appuyer plutôt sur la Russie que sur la Turquie (8), malgré l'engagement à grande échelle de Washington et d'Ankara dans les sociétés pétrolières et dans la politique linguistique (introduction d'un alphabet latin modifié (7), adaptation des langues turques au turc de Turquie. Comme l'Occident exige la li­berté d'opinion et le pluralisme, ces éléments de "bonne gouvernance" sont introduits graduellement par les gouver­ne­ments de ces pays, ce qui constitue une démocratisation sous contrôle des services secrets selon la notion de peres­troïka héritée de l'Union Soviétique (9).

 

Cela revient à construire les "villages à la Potemkine" de la dé­mocratie (10), dont le mode de fonctionnement concret est difficile à comprendre de l'extérieur. Tant que les diffé­rents partis et organes de presse demeurent sous le contrô­le des services secrets, on n'aura pas besoin d'interdire des formations politiques en Asie centrale (contrairement à ce qui se passe en Allemagne fédérale!). Mieux: on ira jusqu'à soutenir le "pluralisme" par des subsides en provenance des services secrets, car cela facilitera l'exercice du pouvoir par les régimes post-communistes établis, selon le bon vieux principe de "Divide et impera", mais l'Occident aura l'im­pression que la démocratie est en marche dans la ré­gion.

 

Avec Peter Scholl-Latour, on peut se poser la question: «Pen­dant combien de temps l'Occident  —principalement le Congrès américain et le Conseil de l'Europe—  va-t-il culti­ver le caprice d'imposer un parlementarisme, qui soit le cal­que parfait de Westminster, dans cette région perdue du monde, où le despotisme est et reste la règle cardinale de tout pouvoir? ». Ce jeu factice de pseudo-partis et de pseu­do-majorités ne peut conduire qu'à discréditer un système, qui ne s'est avéré viable qu'en Occident et qui y est incon­tour­nable. Le pluralisme politique et la liberté d'opinion ne sont pas des "valeurs" qui se développeront de manière op­timale en Asie centrale. Même le Président Askar Akaïev du Kirghizistan, considéré en Europe comme étant "relative­ment libéral", a fait prolonger et bétonner arbitrairement son mandat par le biais d'un référendum impératif. Nous avons donc affaire à de purs rituels pro-occidentaux, à un libéralisme d'illusionniste, pure poudre aux yeux, et les mis­sionnaires de cette belle sotériologie éclairée, venus d'Oc­cident, finiront un jour ou l'autre par apparaître pour ce qu'ils sont: des maquignons et des hypocrites (11).

 

Va-t-on vers une

islamisation de l'extrémisme libéral?

 

Comme la pseudo-démocratie à vernis occidental court tout droit vers le discrédit et qu'elle correspond aux intérêts américains, tout en ménageant ceux de la Russie (du moins dans l'immédiat…), c'est un tiers qui se renforcera, celui dont on veut couper l'herbe sous les pieds : l'islamisme. Com­me le kémalisme connaît aussi l'échec au niveau des par­tis politiques, parce que la laïcisation forcée qu'il a prô­née n'a pas fonctionné, la perspective touranienne conduit ipso facto à réclamer une ré-islamisation de la Turquie, mais une ré-islamisation compatible avec la doctrine kéma­liste de l'occidentalisation (12); de cette façon, le kéma­lis­me pourra, à moyen terme, prendre en charge les régimes post-communistes de la "Touranie".

La synthèse turco-islamique ("Türk-islam sentezi") est un nou­vel élément doctrinal, sur lequel travaillent depuis long­temps déjà les idéologues du panturquisme (13), avec de bonnes chances de connaître le succès : si l'on compta­bi­lise les voix du DSP et du CHP, on obtient à peu de choses près le nombre des adeptes de l'alévisme; ceux-ci se veu­lent les représentants d'un Islam turc, posé comme distinct du sunnisme, considéré comme "arabe", et du chiisme, con­sidéré comme "persan" (14). Dans cette constellation poli­tique et religieuse, il faut ajouter aux adeptes de l'alé­visme, l'extrême-droite turque et une partie des islamistes (15). Ces deux composantes du paysage politique turc é­taient prêtes à adopter une telle synthèse, celle d'un Islam turc, voir à avaliser sans problème une islamisation du ké­malisme, qui aurait pu, en cas de démocratisation, con­duire à une indigénisation de facto de l'extrémisme libéral.

 

Universalisme islamique

et Etats nationaux

 

En s'efforçant de créer une religion turque basée sur la ma­xime "2500 ans de turcicité, 1000 ans d'islam et (seule­ment) 150 ans d'occidentalisation", un dilemme se révèle : ce­lui d'une démocratisation dans le cadre d'un islam qui reste en dernière instance théocratique. L'établissement de la démocratie dans tout contexte islamique s'avère fort difficile, parce que la conception islamique de l'Etat im­plique une négation complète de l'Etat national (16). Or cette instance, qu'on le veuille ou non, a été la grande pré­misse et une des conditions premières dans l'éclosion de la démocratie occidentale (en dépit de ce que peuvent penser les idéologues allemands au service de la police politique, qui marinent dans les contradictions de leur esprit para-théocratique, glosant à l'infini sur les "valeurs" de la démo­cratie occidentale). Dans l'optique de l'islam stricto sensu, en principe, tous les Etats existants en terre d'islam sont illégitimes et peuvent à la rigueur être considérés comme des instances purement provisoires. Ils n'acquièrent légiti­mité au regard des puristes que s'ils se désignent eux-mê­mes comme bases de départ du futur Etat islamique qui, en théorie, ne peut être qu'unique. 

 

Dans le christianisme, le conflit entre la revendication universaliste de la religion et les exigences particularistes de la politique "mondaine" (immanente) se résout par la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Dans le christianisme oriental (orthodoxie), la séparation de l'Eglise et de l'Etat n'a pas été poussée aussi loin, ce qui est une caracté­ristique découlant tout droit de la forme de domination propre au système ottoman, que l'on appelle le "système des millets", où les chefs d'Eglise, notamment le Patriarche de Constantinople, sont considérés comme des "chefs de peuple". De ce fait, le principe de l'"église nationale" con­stitue la solution dans cette aire byzantine et orthodoxe. Dans l'aire islamique, nous retrouvons cette logique, qui, en Occident, a conduit à la démocratie, telle qu'on la connaît aujourd'hui. Cette démocratie a pu s'organiser dans un es­pace particulier et circonscrit, via l'instance "Etat national". Donc dans l'aire islamique, réaliser la démocratie passe né­cessairement par le postulat de créer une religion natio­nale. On retrouve une logique similaire dans le judaïsme, lui aussi apparenté à l'Islam, où le sionisme a été le moteur d'une démocratisation nationaliste, qui a finalement con­duit à la création de l'Etat d'Israël. Cependant, dans l'aire islamique, une religion nationale de ce type, qui pourrait concerner tous les Etats musulmans, ne pourrait pas se con­tenter d'être une simple religion civile, comme en Occident et notamment en RFA, où la religion civile repose sur un reniement moralisateur du passé, organisé par l'Etat lui-mê­me; elle devrait avoir tous les éléments d'une véritable religion (17), pouvant se déclarer "islamique", même si d'au­tres refusent de la considérer comme telle.

 

 

L'alévisme turc,

religiosité de type gnostique

 

Dans les doctrines de l'alévisme turc (18), nous avons affai­re à une religion de type gnostique, car son noyau évoque la théorie des émanations, selon laquelle tous les étants sont issus de Dieu, vers lequels ils vont ensuite s'efforcer de retourner. Dieu a créé les hommes comme êtres corporels (phy­siques) (19), afin de se reconnaître lui-même dans sa création. Après le "retour" dans l'immense cycle ontolo­gi­que, toutes les formes, produites par l'émanation, retour­nent à Dieu et se dissolvent en lui (20), ce qui lui permet de gagner en quelque sorte une plus-value d'auto-connais­sance. La capacité qu'a l'homme de reconnaître Dieu at­teste de la nature divine de l'homme. Par extrapolation, on aboutit quelques fois à une divinisation de l'homme, deve­nant de la sorte un être parfait (où l'homme devient un dieu sur la Terre), et, dans la logique de l'alévisme turc, le Turc devient ainsi le plus parfait des êtres parfaits. L'hom­me a parfaitement la liberté d'être athée, car l'athéisme con­stitue une possibilité de connaître Dieu (21), car la con­nais­sance de Dieu, dans cette optique, équivaut à une con­naissance de soi-même.

 

Par conséquent, les lois islamiques, y compris les règles de la prière, ne sont pas reconnues et, à leur place, on installe les anciennes règles sociales pré-islamiques des peuples turcs, ce qui revient à mettre sur pied une religion ethni­que turque, compénétrée d'éléments chamaniques venus d'Asie centrale. Dans une telle optique, Mohammed et Ali, qui, au titre d'émanation est pied sur pied d'égalité avec lui, sont perçus comme des êtres angéliques préexistants, devenus hommes.  Le Coran n'a plus qu'une importance de moin­dre rang, car, disent les gnostiques turcs, par sa chute dans une forme somatique d'existence, le Prophète a subi une perte de savoir, le ramenant au niveau de la simple con­naissance humaine. Tous les éléments d'arabité en vien­nent à être rejetés, pour être remplacés par des éléments turcs.

 

Ordre des Janissaires, alévisme

et indigénisme turc

 

Si l'on ôte de l'idéologie d'Atatürk tout le vernis libéral (extrême libéral), on perçoit alors clairement que le fonda­teur de la Turquie moderne —même s'il n'en était pas entiè­rement conscient lui-même—  était effectivement un Alé­vite, donc en quelque sorte un indigéniste turc (on le voit dans ses réformes : égalité de l'homme et de la femme, in­terdiction du voile, autorisation de consommer de l'alcool, suppression de l'alphabet et de la langue arabes, etc.). Ce programme ne peut évidemment pas se transposer sans heurts dans d'autres Etats islamiques. En Turquie, ces ré­for­mes ont pu s'appliquer plus aisément dans la majorité sun­nite du pays sous le prétexte qu'elles étaient une occi­dentalisation et non pas une transposition politique des critères propres de l'alévisme. La suppression du califat sun­nite par Atatürk en 1924 peut s'interpréter comme une ven­geance pour la liquidation de l'ordre des janissaires par l'Etat ottoman en 1826. Les janissaires constituaient la prin­cipale troupe d'élite de l'Empire ottoman; sur le plan re­ligieux, elle était inspirée par l'Ordre alévite des Bekta­chis , lui aussi interdit en 1827 (22). Les intellectuels de l'Armée et les nationalistes d'inspiration alévite reprochent à cette interdiction d'avoir empêché la turquisation des Albanais, très influencés par le bektachisme, à l'ère du ré­veil des nationalités. Les nationalistes alévites constituent l'épine dorsale du mouvement des Jeunes Turcs qui arrivent au pouvoir en 1908. Ces événements et cette importante cardinale du bektachisme alévite explique pourquoi la Tur­quie actuelle et les Etats-Unis (23) accordent tant d'impor­tance à l'Albanie dans les Balkans, au point de les soutenir contre les Européens.

L'idéal de "Touran" vise

à poursuivre la marche de l'histoire

 

La religion quasi étatique dérivée directement des doctri­nes alévites pourrait sous-tendre un processus de démocra­ti­sation dans l'aire culturelle musulmane (24), mais elle ne serait acceptée ni par les Sunnites ni par les Chiites. Ceux-ci n'hésiteraient pas une seconde à déclarer la "guerre sain­te" aux Alévites. On peut penser que les prémisses de cet Is­lam turco-alévite pourrait, par un effet de miroir, se re­trou­ver dans le contexte iranien, où les Perses se réfère­raient à leur culture pré-islamique (ou forgeraient à leur tour un islam qui tiendrait compte de cette culture). Une tel­le démarche, en Iran, prendrait pour base l'épopée na­tio­nale du Shahnameh (le "Livre des Rois"). Aujourd'hui, on observe un certain retour à cette iranisme, par nature non islamique, ce qui s'explique sans doute par une certaine dé­ception face aux résultats de la révolution islamique. Mais le nouvel iranisme diffus d'aujourd'hui se plait à souligner toutes les différences opposant les Perses aux Turcs, alliés des Etats-Unis. Enfin, dans l'iranisme actuel, on perçoit en fi­ligrane une trace du principe fondamental du zoro­as­tris­me, c'est-à-dire la partition du monde en un règne du Bien et un règne du Mal, un règne de la "Lumière" et un règne de l'"Obscurité", compénétrant entièrement l'épopée nationale des Perses. Cela se répercute dans l'opposition qui y est dé­cri­te entre l'Empire d'"Iran" et l'Empire du "Touran". « L'Iran étant la patrie hautement civilisée des Aryens, tandis que le Touran obscur est le lieu où se rassemblent tous les peu­ples barbares de la steppe, venus des profondeurs de l'Asie centrale, pour assiéger la race des seigneurs de souche in­do-européenne » (25).

 

La fin de l'histoire occidentale

 

Peut importe ce que les faits établiront concrètement dans le futur : dés aujourd'hui, on peut dire que la perspective tou­ranienne permet d'aller dans le sens des intérêts amé­ri­cains au cas où le "Grand Jeu" se réactiverait et aurait à nou­veau pour enjeu la domination du continent eurasia­ti­que, prochain "champ de bataille du futur" (26). Parce qu'ils bénéficient du soutien des Etats-Unis, les Etats riverains et touraniens de la Mer Caspienne équipent leurs flottes de guerre pour affirmer leurs droits de souveraineté sur cette mer intérieure face à la Russie et à l'Iran. Le tracé de ces frontières maritimes est important pour déterminer dans l'avenir proche à qui appartiendront les immenses réserves de pétrole et de gaz naturel. Le risque de guerre qui en découle montre l'immoralité de la politique d'occidentalisa­tion, dont parle Huntington (27). Celui-ci nous évoque les moyens qui devront irrémédiablement se mettre en œuvre pour concrétiser une telle politique : ces moyens montrent que la conséquence nécessaire de l'universalisme est l'im­pé­­rialisme, mais que, dans le contexte actuel qui nous pré­occupe, l'Occident n'a plus la volonté nécessaire de l'impo­ser par lui-même (mis à part le fait que cet impérialisme con­tredirait les "principes" occidentaux…). L'universalisme oc­ci­dental, qui cherche à s'imposer par la contrainte, ne peut déboucher que sur le désordre, car les moyens mis en œuvre libèreraient des forces religieuses, philosophiques et démographiques qu'il est incapable de contrôler et de com­pren­dre. Cette libération de forces pourra conduire à tout, sauf à la "fin de l'histoire". Mais cette fin de l'histoire sera effectivement une fin pour la civilisation qui pense que cet­te fin est déjà arrivée. «Les sociétés qui partent du prin­ci­pe que leur histoire est arrivée à sa fin sont habituel­le­ment des sociétés dont l'histoire sera interprétée comme étant déjà sur la voie du déclin » (28).

 

On peut émettre de sérieux doute quant à la réalisation ef­fective de la "perspective touranienne" ou d'une issue con­crète aux conflits qu'elle serait susceptible de déclencher dans l'espace centra-asiatique quadrillé jadis par l'interna­tionalisme stalinien qui a imposé des frontières artificiel­les, reprises telles quelles par le nouvel ordre libéral, qui ne parle pas d'"internationalisme", comme les Staliniens, mais de "multiculturalisme". Ce multiculturalisme ne veut pas de frontières, alors que ce système de frontières est une nécessité pour arbitrer les conflits potentiels de cette ré­gion à hauts risques. Renoncer aux frontières utiles re­vient à attendre une orgie de sang et d'horreur, qui sera d'au­tant plus corsée qu'elle aura une dimension métaphy­si­que (29). C'est une sombre perspective pour nous Euro­péens, mais, pour les Turcs, elle implique la survie, quoi qu'il arrive, à l'horizon de la fin de l'histoire, que ce soit en préservant leur alliance privilégiée avec les Etats-Unis ou en entrant en conflit avec eux, remplaçant l'URSS comme dé­tenteurs de la "Terre du Milieu", nécessairement opposés aux maîtres de la Mer.

Josef SCHÜSSLBURNER.

(extrait d'un article paru dans Staatsbriefe, n°9-10/2001).

Notes :

(1)     Cf. «Waffen und Fundamentalismus. Die muslimischen Separa­tisten im Nordwesten Chinas erhalten zulauf», Frankfurter Allgemeine Zeitung, 29.3.1999.

(2)     Plus tard, un nombre plus élevé de tribus mongoles se sont pro­­gressivement "turquisées"; le terme "Moghol" le rappelle, par exemple, car il signifie "mongol" en persan; c'est un sou­venir des origines mongoles des familles dominantes, alors qu'en fin de compte, il s'agit d'une domination turque sur l'In­de.

(3)     F. Gabrieli, Mohammed in Europa - 1300 Jahre Geschichte, Kunst, Kultur, 1997, p. 143.

(4)     La position d'Atatürk était purement tactique, en effet, si l'on se rappelle que les principaux responsables du génocide sont devenus les meilleurs piliers du régime kémaliste; cf. W. Gust, Der Völkermord an den Armeniern, 1993, pp. 288 et ss.

(5)     Cf. «Stetig präsent. Das Engagement der Türkei in einem unsi­cher werdenden Mittelasien», Frankfurter Allgemeine Zei­tung, 4.10.1999.

(6)     La Russie reconnaît effectivement cette problématique; cf. «Mos­kau will eine Allianz gegen Russland nicht hinnehmen. Ankara der Verbreitung pantürkischer Vorstellung bezichtigt - Ab­schluß des Gipfels (der Staatschefs von Aserbaidschan, Ka­sachstan, Kyrgystan, Usbekistan und Turkmnistan) in Istanbul» (!), Frankfurter Allgmeine Zeitung, 20.10.1994.

(7)     Vu le caractère "irréversible" de la candidature de la Turquie à l'UE, la CDU et le Frankfurter Allgemeine Zeitung espèrent que l'ancien bourgmestre d'Istanbul fondera un parti islamique sur le modèle de la CDU (cf. «Im Zeichen der Glühbirne - Die neu­ge­gründete islamische Partei in der Türkei könnte erfolgreich sein - Diesen Erfolg will jedoch das kemalistische Regime nicht zulassen», Frankfurter Allgemeine Zeitung, 16.8.1991, p. 12; cf. également: «Neues Verfahren gegen Erdogan», Frankfurter Allgemeine Zeitung, 22.8.2001, p. 8.

(8)     A ce sujet, cf. «Ein U für ein Y. Schriftwechsel in Aserbaid­schan von kyrillischen zu lateinischen Buchstaben; "…die durch den Wechsel der Schrift zu erwartende engere Anbindung an die Türkei sei von Vorteil für das Land, weil dadurch auch ein wirtschaftlicher Aufschwung zu erwarten sei», Frankfurter All­gemeine Zeitung, 2.8.2001, p. 10.

(9)     Pourtant la distance s'amplifie, cf. «Staatschefs der GUS reden ü­ber regionale Sicherheit; "… herrschen indes Zweifel am Sinn und Zweck der GUS, deren Staaten sich in den vergangenen Jahren auseinanderentwickelt haben», Frankfurter Allge­mei­ne Zeitung, 2.8.2001, p. 6.

(10)   Malheureusement, il n'existe aucune présentation systéma­ti­que de ce concept de "pseudo-démocratisation" téléguidée par les services secrets; on trouve cependant quelques allusions chez A. Zinoviev, Katastroïka, L'Age d'Homme, Lausanne. Par ail­leurs, des allusions similaires se retrouvent dans A. Golit­syn, New Lies for Old, 1984, livre dont nous recommandons la lecture car l'auteur, sur base de sa bonne connaissance du sys­tème soviétique de domination, a parfaitement pu prévoir la mon­tée de la perestroïka.

(11)   Voir le titre de chapitre, p. 109, dans le livre de Peter Scholl-La­tour, Das Schlachtfeld der Zukunft. Zwischen Kaukasus und Pamir, 1998. 

(12)   Ibidem, pp. 151 et ss.

(13)   Cf. «Türkisierung  des Islam? Eine alte Idee wird in Ankara neu aufgelegt», Frankfurter Allgemeine Zeitung, 4.9.1998.

(14)   Références dans U. Steinbach, Geschichte der Türken, 2000, p. 111.

(15)   Dans ce contexte, il convient de citer le nom du prédicateur iti­né­rant Fethullah Gülen, toutefois soupçonné par les kéma­listes, cf. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 15.4.1998.

(16)   C'est ce que souligne à juste titre Huntington, pp. 281 et sui­vantes de l'édition de poche allemande de son livre Der Kampf der Kulturen. Die Neugestaltung der Weltpolitik im 21. Jahr­hundert, 1996.

(17)   Il existe une étape intermédiaire entre une religion civile em­preinte de dogmatisme, comme cette "révision moralisante et permanente du passé" qui s'exerce en RFA, et une véritable religion d'Etat: c'est le concept du "panchasilla", qui est à la fois politique et religieux, propre au régime indonésien, qui permet à l'Etat d'énoncer des dogmes religieux, comme celui d'un monothéisme abstrait, ce qui oblige la minorité bouddhis­te d'interpréter l'idée de nirvana dans un sens théiste, ce qui pré­pare en fait son islamisation (voir notre note 20).

(18)   On en trouve une bonne présentation chez Anton J. Dierl, Ge­schichte und Lehre des anatolischen Alevismus-Bektasismus, 1998, voir en particulier pp. 29 et ss.

(19)   L'accent mis sur le corps et sur les besoins du corps, y compris l'autorisation de boire de l'alcool, a rendu les Alévites sus­pects, comme jadis les Pauliciens et les Bogomils, dont la spiritualité est sous-jacente à l'islam européen dans les Bal­kans. On peut hésiter à qualifier cette religiosité de "gnosti­que". Toutefois la construction théologique générale possède les caractéristiques du gnosticisme, car son lien avec l'islam ap­paraît plutôt fortuit (en effet, les doctrines gnostiques peu­vent recevoir aisément une formulation chrétienne ou boud­dhis­te, comme l'atteste le manichéisme).

(20)   Cette conception peut provenir du temps où la majeure partie des peuples turcs était encore bouddhiste : à l'évidence, il s'a­git ici d'une interprétation théiste du nirvana; on peut suppo­ser qu'elle ait continué à exister au niveau de la mémoire, mê­me après la conversion à l'islam de ces Turcs bouddhistes d'A­sie centrale et d'Inde, même si cette théorie n'est pas satis­fai­sante pour expliquer le principe du karma tout en niant l'exis­tence de l'âme.

(21)   On peut y reconnaître des influences venues de l'hindouisme ; la vision de Dieu comme créateur, conservateur et destructeur du monde rappelle la doctrine trifonctionnelle (Trimurti) de l'hin­douisme; quant à savoir si les cercles ésotériques de l'alé­visme turc croient à la transmigration des âmes  —comme les Dru­ses, mais qui se réfèrent à d'autres traditions, on peut sim­ple­ment le supposer. Les Alaouites de Syrie le pensent, mais les Alévites turcs ne veulent rien avoir à faire avec les Alaoui­tes qui dominent le système politique en Syrie, comme, en fin de compte, aucun Turc s'estimant authentiquement turc ne veut rien avoir à faire avec les Arabes!

(22)   L'orthodoxie sunnite n'a pas pu reprendre en charge cette fonc­tion, car elle s'opposait à la conversion forcée des Chré­tiens (jusqu'en 1700, les janissaires se recrutaient parmi les garçons chrétiens enlevés à leurs familles); cette orthodoxie ne pouvait accepter qu'un musulman soit l'esclave d'un chré­tien (ce que les janissaires étaient formellement en dépit de leur conversion forcée); ce devrait être un avertissement à ceux qui pensent que les Alévites sont des "libéraux" que l'on pourrait soutenir contre l'orthodoxie islamique.

(23)   Cf. «Das Doppelspiel der Amerikaner : Unter den Europäern wächst die Irritation über das zwielichtige Agieren Washing­tons auf dem Balkan : Als Paten der UÇK sind die USA mitver­ant­wortlich für die Zuspitzung des Konflikts zwischen Albanern und Slawo-Mazedoniern», Der Spiegel, n°31/2001, p. 100.

(24)   Il faut tenir compte du fait que l'Islam, actuellement, se trou­ve à une période de son histoire qui correspond à celle de la Ré­forme en Europe : à cette époque-là en Europe, la démo­cra­tisation ne pouvait se comprendre que comme une théocra­tisation - l'Iran actuel correspond ainsi au pouvoir instauré par Calvin à Genève (et aux théocraties équivalentes installées en Nouvelle-Angleterre). Il faudrait en outre accorder une plus grande importance à la phénoménologie culturelle que nous a léguée un Oswald Spengler; celui-ci , avec une précision toute allemande, a approfondi la théorie de l'anakyklosis (doctrine des cycles ascendants) de Polybe. Pour les collaborateurs des ser­vices de sûreté allemands, Spengler et Polybe seraient au­tomatiquement classés comme des "ennemis de la consti­tu­tion", car ni l'un ni l'autre n'auraient cru, aujourd'hui, à l'é­ternité du système de la RFA actuelle, que tous les historiens contemporains sont sommés de ne jamais relativiser!

(25)   Cf. le résumé final dans le livre de Peter Scholl-Latour, op. cit., p. 294.

(26)   Comme le dit bien le titre du livre de Peter Scholl-Latour, op. cit.

(27)   Ibidem, p. 511.

(28)   Comme le dit à juste titre Samuel Huntington, op. cit. , p. 495.

(29)   Exactement comme le dit le titre de chapitre en page 151 du li­vre de Peter Scholl-Latour, op. cit.

 

mercredi, 04 août 2010

Les ennuis d'Erdogan

Bernhard TOMASCHITZ :

Les ennuis d’Erdogan

 

Le tribunal constitutionnel turc annule les projets de réforme constitutionnelle –

Le conflit avec les Kurdes mobilise les adversaires du Premier ministre turc

 

erdogan.jpgRecep Tayyip Erdogan vient d’encaisser une défaite. Le Tribunal constitutionnel turc vient de rejeter le projet du Premier Ministre de renforcer la position de son parti, l’AKP ou « Parti pour la Justice et la Prospérité », par le truchement d’une réforme constitutionnelle. Les juges suprêmes du Tribunal constitutionnel ont surtout estimé non recevables le projet d’instaurer de nouvelles procédures de nomination pour les juges constitutionnels et les plans visant à modifier le statut du « Haut Conseil des Juges et Avocats » (HCJA). A côté de l’armée, le Tribunal constitutionnel est la seule institution encore contrôlée par les kémalistes. C’est pour cette raison que le chef du gouvernement islamiste a cherché à s’assurer une majorité dans le HCJA, qui élit les membres du Conseil constitutionnel. Les limitations apportées aux compétences des tribunaux militaires sont restées telles quelles. Le 12 septembre prochain, un référendum aura lieu qui décidera des vingt modifications de la Constitution qui n’ont pas été acceptées.

 

Les milieux gouvernementaux n’épargnent pas leurs critiques acerbes à l’encontre des juges constitutionnels, après avoir voulu vendre leurs projets d’accroître le pouvoir des islamistes (aux dépens des laïques et des kémalistes) sous prétexte que les structures militarisées de l’Etat turc devaient être assouplies sinon supprimées pour que la Turquie puisse adhérer à l’UE. Le ministre de la justice Sadullah Ergin a déclaré, pour sa part, que le Tribunal constitutionnel avait outrepassé ses compétences et « commis une erreur ». Cependant l’opposition kémaliste n’est pas davantage satisfaite de la décision prise par les juges constitutionnels. Muharrem  Ince, du CHP (Parti Populaire Républicain), qui avait porté plainte auprès du Tribunal suprême d’Ankara contre la réforme proposée par Erdogan, a déclaré, lui aussi, « qu’il n’était personnellement pas satisfait ».

 

Mais Erdogan ne doit pas lutter que sur un seul front, celui où il s’oppose au Tribunal constitutionnel. Dans les régions kurdes, la situation est de plus en plus instable et agitée ; pratiquement tous les jours des combats éclatent entre des guérilleros du PKK (Parti Ouvrier Kurde) et des unités de l’armée turque ; au cours de ces quatre derniers mois, 130 insurgés kurdes ont été tués. Ensuite, l’armée turque ne cesse d’attaquer par les airs les positions kurdes dans le Nord de l’Irak, que le PKK utilise comme zone de repli. En arguant de la question kurde, les kémalistes cherchent à gagner la sympathie des électeurs et à contraindre le premier ministre à la défensive. Devler Bahceli, président du MHP (Parti du Mouvement National), vient de reprocher au gouvernement d’Erdogan « d’être en grande partie responsable de la montée du terrorisme et du séparatisme ». Propos similaires chez le nouveau chef de file du CHP, Kemal Kilicdaroglu, qui accuse l’AKP « d’avoir une grande part de responsabilité » dans la situation de quasi belligérance qui règne dans les régions kurdes.

 

Les critiques de la politique du gouvernement de l’AKP partagent l’avis que le procès intenté aux protagonistes du complot Ergenekon, à l’initiative d’Erdogan, a renforcé la rébellion kurde. L’ancien général Edip Baser, toujours influent, pense que les enquêtes judiciaires dans l’affaire Ergenekon, où même le Procureur général de l’Etat a croupi en détention préventive pendant plus de six mois, ont entravé considérablement le bon fonctionnement des services secrets. Il souligne surtout le fait qu’à l’époque où ces enquêtes étaient menées, tous les noms ont été publiés de ceux qui travaillaient dans les services secrets de l’armée, de la gendarmerie ou de la sûreté de l’Etat. Ces révélations ont littéralement décapité ces services et il faudra quelques années pour y remédier. Le premier ministre Erdogan est soupçonné d’avoir voulu éliminer certains de ses ennemis en lançant l’affaire Ergenekon. Lui voit les choses d’un autre œil. Selon Erdogan, la plainte contre les soi-disant comploteurs du réseau Ergenekon permet « de voir très clairement le lien entre les organisations terroristes et les bandes qui se sont incrustées dans le pays ».

 

Entretemps la question kurde devient de plus en plus pesante dans la région, ce qui inquiète bien entendu les milieux militaires. « L’Irak dispose d’un gouvernement central, qui doit exercer ses responsabilités. Ce gouvernement ne devrait pas donner refuge à des terroristes sur son territoire » a déclaré récemment le chef de l’état-major turc Ilker Basbug lors d’un entretien accordé à la télévision. Erdogan songe aussi à déclencher une attaque générale contre les zones du Nord de l’Irak, en prenant prétexte de la guerre globale contre le terrorisme. Toutefois Erdogan ne veut pas lancer seul cette attaque mais y impliquer ses partenaires de l’OTAN. Puisque l’un des objectifs principaux et déclarés de l’Alliance atlantique est de mener une guerre globale contre le terrorisme et puisque la Turquie mène déjà seule, dans son secteur, cette guerre contre les séparatistes kurdes campés comme « terroristes », « Les pays membres de l’OTAN », dixit Erdogan, «devraient apporter leur soutien dans cette lutte ». Erdogan a formulé cette demande fin juin dans un entretien qu’il a accordé à la chaine américaine PBS. A l’évidence, Erdogan veut obtenir cette participation de l’OTAN à la lutte contre les Kurdes pour, en échange, accroître la participation d’Ankara à la guerre américaine en Afghanistan. « Nous nous précipiterons vers Kaboul, dans la mesure où vous, vous vous précipiterez vers Kandil (une localité dans le Nord de l’Irak) ».

 

Vu le refroidissement évident des relations entre la Turquie et les Etats-Unis, à cause de la politique proche orientale du gouvernement Erdogan, et vu les difficultés qu’éprouvent les Etats-Unis en Afghanistan, il y a bien peu de chances que Washington réponde au souhait d’Erdogan. La proposition qu’a formulée ce dernier aux Américains a été passée sous silence en Europe et laisse entrevoir ce qui se passerait si la Turquie devenait membre à part entière de l’UE. Rien qu’à cause de l’obligation d’assistance, prévue par le Traité de Lisbonne, et vu la faiblesse politique de l’UE, l’Europe court le risque d’être entrainée dans les conflits du Proche et du Moyen Orient si jamais la Turquie réclamait à nos pays une assistance pareille à celle que vient de formuler Erdogan à l’adresse des Américains.

 

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°28-29/2010 ; http://www.zurzeit.at/ ).

 

 

mardi, 03 août 2010

Nicosie et Athènes lancent un avertissement à la Turquie

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Nicosie et Athènes lancent un avertissement à la Turquie

 

 

Un navire turc dans les eaux grecques et chypriotes se livre à la prospection en vue de trouver du pétrole

 

La tension est montée entre Nicosie et Ankara, quelques jours avant le 36ième anniversaire de l’invasion turque de Chypre, à cause de la présence d’une navire suspect circulant dans les eaux chypriotes.

 

Le gouvernement de Chypre a annoncé son intention de surveiller les mouvements d’un bateau turc, manifestement destiné à l’exploration, qui circule au large des côtes occidentales de l’île. Le navire, qui se trouvait entre l’île de Kastellorizo, l’île la plus orientale de la Grèce, et la pointe la plus occidentale de Chypre, a été envoyé pour procéder à une prospection des fonds marins, vraisemblablement à la recherche de pétrole.

 

L’annonce qu’un contrôle radar sera effectué pour suivre les mouvements du navire à l’initiative conjointe de la Grèce et de Chypre a été faite quelques jours avant la commémoration de l’intervention militaire turque de juillet 1974, qui s’était déroulée en deux opérations : un débarquement de troupes sur les plages de Kyrenia et le lancement de parachutistes sur les hauteurs entourant Nicosie. On ne sait toujours pas exactement à combien de morts se chiffre le bilan de cette opération : les autorités chypriotes estiment qu’environ 300 hommes de la Garde Nationale chypriote, capturés par l’armée turque après le débarquement ont été froidement massacrés.

 

Le ministre chypriote de la défense nationale, Costas Papacostas, intervenant sur la question du navire turc de prospection repéré par les Grecs et les Chypriotes, a déclaré : « Nous observons sans relâche les activités d’exploration de ce navire turc en coopérant pleinement, dans cette tâche, avec le Grèce ». de son côté, l’ambassadeur grec à Ankara a déposé le 14 juillet 2010 une note diplomatique auprès du ministère turc des affaires étrangères, afin de lancer un avertissement contre toute forme d’exploration, en vue de découvrir éventuellement du pétrole, qui se déroulerait sur la plateforme continentale des eaux de l’Egée sous souveraineté grecque. L’avertissement qu’a lancé à son tour le ministre grec de la défense, Evangelos Venizelos, est tout aussi tranché : celui-ci a précisé que les mouvements du navire seront constamment surveillés.

 

La tension pourrait encore s’aggraver si la Turquie envoie des navires de guerre ou des avions militaires dans le territoire qu’elle occupe illégalement dans le Nord de l’île de Chypre, au début de la troisième semaine de juillet pour célébrer le trente-sixième anniversaire de l’invasion de 1974. La question chypriote constitue l’un des nœuds gordiens (non tranchés) qui empêchent l’adhésion pleine et entière de la Turquie à l’UE. Elle explique pourquoi les négociations et les pourparlers bilatéraux pour faire progresser les prolégomènes de l’adhésion turque traînent et s’enlisent, au moins depuis 2005.

 

Cet enlisement et les dangers qu’il représente pour Ankara ont été confirmés ces jours-ci par Mensur Akgun, directeur de la « boîte à penser » turque « Global Politics – Trend Research Center », qui attribue l’échec turc à se faire accepter par l’UE à une combinaison de facteurs relevant de la politique extérieure et de la politique intérieure, parmi lesquels la question de Chypre. La Grèce, membre de l’Union Européenne, s’oppose de fait, et avec énergie, à l’adhésion turque, tant qu’Ankara refuse de retirer les 35.000 soldats turcs dispersés sur tout le territoire de la « République turque de Chypre du Nord », instance non reconnue et auto-proclamée.

 

(article paru dans « Rinascita », Rome, 17 juillet 2010 ; http://www.rinascita.eu/ ).

Les métamorphoses de la Turquie

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Les métamorphoses de la Turquie

 

 

On a maintes fois plagié la célèbre petite phrase « it’s about the economy, stupid ! » (« Ça tourne autour de l’économie, imbécile ! »), prononcée à tour de bras lors de la campagne électorale de Bill Clinton en 1992. Celui qui l’a forgée, dit-on, fut un certain James Carville, l’un des stratèges qui menaient cette campagne à bien. L’idée était d’insister avant tout sur l’économie qui peinait à reprendre son rythme, seule manière de battre Bush Senior. L’idée, simple, a porté ses fruits : Bush-le-Père a été battu.

 

« Cette phrase aurait sa place dans la bouche du premier ministre turc Erdogan » remarquait récemment un diplomate. Les nouvelles ambitions internationales de la Turquie sont de plus en plus souvent commentées dans la presse. Mais on parle beaucoup moins de l’impressionnante croissance économique de la Turquie. A tort car c’est elle qui rythme la marche, c’est elle qui permet au pays de se donner le rôle nouveau qu’il s’assigne. Ce qui se passe actuellement en Turquie pourrait avoir à terme des répercussions importantes sur les relations entre la Turquie et l’Union Européenne.

 

Les relations entre la Turquie et Israël sont au plus bas. On parlait depuis quelque temps déjà de ce recul : l’incident de la flottille en partance vers Gaza a constitué le coup de grâce pour les rapports turco-israéliens, jadis harmonieux. Où ce gel n’est-il qu’une apparence ? Les observateurs les plus avisés constatent qu’il y a un gouffre entre les réactions diplomatiques officielles (abandon de toute coopération militaire, rappels d’ambassadeurs, …) et les réalités économiques. L’espace aérien turc peut certes demeurer fermé à tout exercice militaire pour l’aviation de Tsahal, il n’empêche qu’une commande turque auprès  des arsenaux israéliens n’a pas été annulée, jusqu’à nouvel ordre : elle porte sur une somme de 190 millions de dollars et concerne des aéronefs sans pilote (des drones). Dans une large mesure, la Turquie dépend de l’Etat hébreu pour ses commandes militaires. Il n’existe pas de chiffres exacts mais d’après le « Jane’s Defense Weekly », généralement bien informé, l’ampleur du « commerce militaire bilatéral » tournerait autour de 1,8 milliard des dollars. Seuls les Etats-Unis importent davantage de technologies militaires en Turquie. Entre la Turquie et Israël existe un accord de libre-échange, qui n’a nullement été dénoncé en dépit de l’émotion suscitée par l’attaque israélienne contre la flottille à destination de Gaza. Notre diplomate ajoute : « Affirmer que l’attaque contre la flottille n’a eu aucun effet, c’est aller trop loin ». « La confiance réciproque a pris un coup et, côté israélien, il y a désormais un certaine réticence car on craint que le matériel livré aujourd’hui pourrait un jour être utilisé contre Israël ; mais, globalement, ce que l’on constate, c’est que les relations commerciales se poursuivent comme auparavant ».

 

Impressionnant

 

Tandis qu’on se contente souvent en Europe d’une croissance de 1%, l’économie turque, elle, a crû de 11,4% pour le premier trimestre de cette année. Seule la Chine fait mieux. Il y a dix ans, le déficit budgétaire turc était encore de 16% du PNB et l’inflation se chiffrait à 72%. Aujourd’hui, ce déficit n’est plus  que de 3% et l’inflation de 8%. Trouver des solutions pour résorber cette dernière est l’objectif premier pour les années à venir. La dette publique équivaut à 49% du PNB elle est donc bien moindre que la plupart des dettes publiques des pays de la zone euro, y compris la Belgique. Dans un entretien récemment accordé, Husnu Ozyegin, quasiment l’homme le plus riche de Turquie, rappelle que les paramètres de risque utilisés sur les marchés financiers deviennent toujours plus favorables à son pays.  « Nous nous trouvons à peu près au même niveau que l’Italie et nous faisons nettement mieux que la Grèce », constate-t-il. En juin 2010, les exportations turques étaient de 13% plus élevées qu’en juin 2009, surtout grâce aux demandes de pays comme l’Iran, l’Irak ou la Russie. Les lignes aériennes turques (Turkish Airlines) desserviront bientôt plus de villes irakiennes que de villes françaises. Les lignes aériennes, dont la croissance est la plus rapide, conduisent en Libye, en Syrie ou en Russie, soit vers les pays qui sont désormais les principaux partenaires commerciaux de la Turquie. Pour conclure, encore un chiffre : cette année, la Turquie aura exporté davantage vers la Syrie et l’Iran que vers les Etats-Unis. Valeur totale des échanges : 1,6 milliard de dollars, ce qui équivaut à 200 millions de dollars de plus que le total des exportations turques vers les Etats-Unis.

 

Adhésion à l’UE ?

 

Ce qui se dessine à l’horizon est clair : la Turquie vit actuellement un « miracle économique », surtout grâce au commerce qu’elle entretient avec certains pays d’Orient et avec la Russie. L’ambition turque de jour un rôle régional plus important se traduit en une nouvelle politique internationale, soutenue justement par ce renforcement tous azimuts de l’économie turque. Dans un tel contexte, où se trouve aujourd’hui l’UE et, —doit-on le demander ?–  où en est le projet d’adhésion de la Turquie à cette Union ?

 

Toutes choses prises en considération, les cartes de la Turquie sont plus mauvaises aujourd’hui pour la perspective d’une adhésion qu’elles ne l’étaient en 2004, lorsque le pays fut accepté comme « candidat officiel ». Se porter candidat implique de satisfaire trente-cinq critères, avec une quantité de normes à respecter. La Turquie n’obtient de bons points dans cette épreuve que pour treize de ces critères. Parmi les 22 autres, auxquels elle ne satisfait pas, il y en a douze où la situation est complètement bloquée. Où ce situe les pierres d’achoppement ? Dans une série de dossiers concrets, tels celui de Chypre par exemple. Par ailleurs, il y a en Europe pas mal de résistance à l’adhésion éventuelle de la Turquie. Le Président français Sarközy a des idées claires sur le sujet. Bon nombre d’autres le suivent tacitement. Dans le contexte actuel, le fait que la Turquie ait refusé de voter des sanctions supplémentaires contre l’Iran, à l’instar des Européens et des Américains, lors de la session ad hoc du Conseil de sécurité de l’ONU, n’a pas arrangé les choses. Pour l’Europe technocratique de Bruxelles, le minimum que l’on attend d’un pays candidat, c’est de s’aligner sur les autres Etats de l’Union dans des dossiers aussi sensibles. Lorsque l’Espagne, au début de cette année 2010, a assuré la présidence de l’Union, elle s’affirmait sûre d’obtenir un accord sur quatre critères. Un seul de ces quatre critères a été satisfait, ce qui, au vu de toutes les circonstances, procède d’un véritable miracle !

 

La procession d’Echternach (trois pas en avant, deux pas en arrière) est une véritable course folle, si on la compare au cheminement de la Turquie vers l’UE. La question se pose : la Turquie a-t-elle encore envie d’adhérer ? Pour accumuler les avantages économiques, l’adhésion n’est pas nécessaire. Les ambitions turques actuelles se tournent vers d’autres directions. De plus en plus. Cela signifie que la frontière maritime que constitue le Bosphore devient de plus en plus large.

 

« M. »/ « ‘t Pallieterke ».

(Texte paru dans « ‘t Pallieterke », Anvers, 21 juillet 2010 ; http://www.pallieterke.info/ ).

 

vendredi, 09 juillet 2010

Chypre: Christofias accuse la Turquie

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Andrea PERRONE:

 

Chypre: Christofias accuse la Turquie

 

Le président grec-chypriote Dimitris Christofias accuse la Turquie d’utiliser deux poids deux mesures en politique extérieure.

 

Lors d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement tenu à Bruxelles, Christofias a rappelé les réactions d’Ankara à la suite du raid israélien contre la flottille pacifiste, en précisant que la politique extérieure de la Turquie n’est pas honnête parce que dans le cas  de Chypre, elle devrait adopter la même attitude que face à l’occupation des territoires palestiniens par Israël. L’île du bassin oriental de la Méditerranée demeure divisée en deux parties et les rapports bilatéraux entre Ankara et Nicosie restent tendus et difficiles. Cette crise dure maintenant depuis quarante ans, depuis qu’en 1974, l’armée turque a envahi Chypre, suite à un coup d’Etat pro-grec, et a installé une armée de 35.000 militaires dans le nord de l’île. En 1983, la Turquie a patronné la naissance d’une « République Turque de Chypre du Nord » (RTCN), entièrement tributaire d’Ankara sur les plans militaire et économique.

 

La séparation de l’île et l’obstination de la Turquie, qui refuse l’ouverture des ports et des aéroports aux Chypriotes grecs, constituent des obstacles majeurs à l’adhésion de la Turquie à l’UE.

 

A la suite des élections de février 2008 et de la formation d’un nouveau gouvernement de la République de Chypre, les premières ouvertures ont eu lieu entre les deux communautés qui ont toutes deux consenti à s’envoyer mutuellement des négociateurs le 3 septembre 2008, afin de régler une éventuelle réunification de l’île divisée, l’ensemble de ces approches étant placé sous les auspices des Nations Unies. Les pourparlers ont enregistré quelques progrès substantiels et leur objectif est d’arriver à la création d’une « Confédération bi-zonale et bi-communautaire ». Quelques mois auparavant, le 21 mars 2008, Christofias, le Président nouvellement élu des Chypriotes grecs avait rencontré celui qui était à l’époque son homologue turc-chypriote, Mehmet Ali Talat ; c’était lors des premières rencontres visant la réunification de l’île, quand les protagonistes grecs et turcs de Chypre avaient décidé d’ouvrir à nouveau à la circulation automobile le passage de la « Ledra Street » à Nicosie, jusqu’alors réservé aux seuls piétons. Mais l’élection en avril 2010 du nationaliste turc Dervis Eroglu à la présidence des Chypriotes turcs risque fort bien de mettre un terme aux négociations.

 

De son côté, Christofias a précisé que les premières rencontres avec Eroglu ont eu pour thème central les controverses sur les questions patrimoniales plutôt que sur la question plus importante de la réunification.

 

Le Président des Chypriotes grecs a accepté qu’en échange de la restitution des propriétés abandonnées par les Chypriotes grecs lors de l’invasion turque de 1974 et situées dans le nord occupé de l’île, il serait prêt à offrir la nationalité chypriote pleine et entière à 50.000 « colons » turcs, en général des couples mixtes turcs-chypriote/turcs-anatoliens avec enfants. Toutefois, cette proposition a déjà été rejetée par la partie turque. « C’est bien étrange », a déclaré Christofias, « d’entendre de la bouche même du président, du premier ministre et du ministre des affaires étrangères turcs dire qu’ils veulent trouver une solution au conflit chypriote pour la fin de l’année. Nous savons qu’ils ne veulent pas car s’ils le voulaient, ils auraient abandonner leurs positions intransigeantes et se seraient efforcer de trouver une solution ».

 

Andrea PERRONE.

( a.perrone@rinascita.eu ).

(article paru dans « Rinascita », Rome, 23 juin 2010 ; http://www.rinascita.eu/ ).

mercredi, 07 juillet 2010

Le nationalisme des "Loups Gris"

Pietro FIOCCHI:

Le nationalisme des “Loups Gris”

Rapport d’un entretien avec Ihsan Barutçu, chef du MHP d’Istanbul

Graue-woelfe.jpgQuand on les voit de près, les “Loups” ne font pas peur. Le MHP (Milliyetçi Hareket Partisi), soit le “Parti du Mouvement National”, lors des législatives de 2007, avait obtenu 14% des voix et 71 sièges au parlement unicaméral turc, qui en compremd un total de 550. Nous avons donc affaire au troisième parti du pays, après l’AKP philo-islamiste, actuellement aux affaires, et le CHP social-démocrate, une organisation politique née plus ou moins en même temps que la république, au début des années 20.

Créé à la fin des années 60 par Alparslan Türkes, le MHP a suscité un intérêt croissant auprès des électeurs turcs depuis ces dernières décennies, à l’exception d’une brève stagnation en 2002. Le sommet fut atteint en 1999 avec son actuel leader Devlet Bahçeli, avec 18% des voix et 129 sièges. Ce parti ne relève donc pas du folklore mais constitue une réalité politique et sociale qui n’a rien de marginal comme on pourrait le croire. Malheureusement, son site officiel (www.mhp.org.tr) ne présente aucun texte en une autre langue que le turc. Ceux qui veulent glaner plus d’information sur ce mouvement doivent se rabattre sur Wikipedia ou sur des blogs qui, généralement, donnent de ce parti une description apocalyptique.

Nous, journalistes italiens du quotidien “Rinascita” (Rome), sommes toujours d’emblée sceptiques face aux étiquettes de tous genres et allergiques aux lieux communs; par conséquent, nous sommes allés trouver les hommes du MHP, qui furent, de leur côté, bien contents de susciter l’intérêt d’une fraction de la presse italienne. Nous avons été reçus avec tous les honneurs au bureau d’Istanbul pour avoir un long entretien avec le leader local, Ihsan Barutçu.

Nous n’avons attendu que quelques minutes dans l’antichambre: laps de temps pendant lequel, un fonctionnaire du parti a tenu à faire une précision. Cet homme était évidemment conscient du manque d’informations dont nous disposions sur son parti: il a tenu dès lors à souligner que les Européens avaient l’habitude de faire l’équation entre le nationalisme et le racisme. Il nous a alors donné deux exemples de leaders, que nous apprécions aussi: Hugo Chavez et Evo Morales, chez qui l’idée nationaliste n’a rien à voir avec le racisme mais s’exprime sous la forme d’un socialisme national qui, ajoutons-nous, a eu des effets bénéfiques sur leurs pays, le Venezuela et la Bolivie. Après cette précision, il nous a assuré que son parti n’avait pas de base ethnique mais était ouvert à tous les citoyens de Turquie, Kurdes compris.

Dès que nous nous sommes trouvés face à face avec Ihsan Barutçu, en présence de ses collaborateurs Aydin Çetiner et Mert Toker, qui jouait le rôle d’interprète, notre première question fut spontanée: “Qu’est-ce que le MHP?”. La réponse fut concise: “Notre parti représente la tradition et l’avenir du pays”.

Justement, à props d’avenir, nous étions forcément intéressés de savoir comment ils voyaient le futur de la Turquie dans la perspective d’une adhésion à l’UE. Les membres du MHP sont convaincus que Bruxelles applique, à l’endroit d’Ankara, une politique de deux poids deux mesures, qui est somme toute une attitude dépourvue de clarté. Quant aux militants du MHP, ils demeurent intéressés à entrer dans l’Europe: l’adhésion est un pas qu’ils sont prêts à franchir mais uniquement s’ils peuvent conserver intactes leurs propres traditions, leur culture, leur unité et leur indépendance... Ce qui signifie, ajoutons-nous, adhérer à l’UE sans que Bruxelles ne leur impose trop de conditions? Exactement, nous répondent-ils. Même si l’adhésion est un objectif convoité par les Turcs, les “Loups gris” admettent qu’ils restent perplexes devant l’UE et émettent des doutes sur le mode d’économie qu’elle pratique: ils nous donnent les exemples emblématiques de la Grèce et du Portugal. L’assemblée européenne a toutes les allures d’un club de nations chrétiennes, alors que les Turcs sont musulmans et tiennent à le souligner, ce qui implique bien entendu qu’ils ont des traditions et des valeurs propres.

Dans ce cas, cherchons-nous à comprendre, pourquoi cette UE apparait-elle si importante aux yeux des Turcs? Ne vaudrait-il pas mieux qu’ils concentrent leurs efforts pour adhérer à une éventuelle union des pays turcophones? De fait, beaucoup, entre l’Anatolie et l’Asie centrale, ont entendu parler de cette hypothèse. La Turquie, nous disent nos interlocuteurs du MHP, est située entre l’Orient et l’Occident: elle doit donc regarder dans les deux directions.

Nous confrontons alors nos interlocuteurs du MHP au parcours d’obstacles qui les sépare du but, à commencer par deux cas difficiles: 1) la reconnaissance de ce que nous appelons en Europe le génocide arménien et 2) la question de Chypre et de la République turque du nord de l’île, que les Européens considèrent comme une zone occupée militairement et non pas comme une entité étatique normale. A la première question, nos interlocuteurs nous répondent comme le font généralement tous les Turcs, sans distinction d’obédience politique: “nous ne sommes pas responsables des événements survenus au cours de la première guerre mondiale et, dans tous les cas de figure, il n’y a pas eu de génocide”.

Que nous proposent-ils dès lors pour nous faire accepter leurs arguments? Ils nous expliquent qu’en Turquie vivent de nombreux Arméniens, dont beaucoup d’étudiants, et certains d’entre eux sont même candidats aux élections sur les listes du MHP. Ces Arméniens-là rejettent la théorie du génocide. Quoi qu’il en soit, il faut, disent-ils, qu’une commission d’historiens fasse les recherches adéquates et trouvent une solution. Ce n’est pas une tâche qui doit être dévolue aux membres du parlement. Pour le MHP, la question arménienne relève de mobiles politiques et ne se base pas sur des faits historiques.

 Sur Chypre également, la position du parti est celle que partage en général la plupart des Turcs: dans l’île vivent deux sociétés différentes, l’une est turque et l’autre est grecque; les uns comme les autres ont des droits égaux. L’UE ne peut affirmer que Chypre appartient aux seuls Grecs. Le MHP attend des Européens une politiques plus objective. Ils considèrent que l’intervention militaire turque de 1974 relève d’une mission légitime de pacification.

 Et le nucléaire iranien? Qu’en dit le MHP? La réponse est simple: si Téhéran a des visées belliqueuses, le parti s’oppose au nucléaire iranien car il est par définition hostile aux armes atomiques. Il suffit de se rappeler les tragédies d’Hiroshima et de Nagasaki. Si, en revanche, les Iraniens souhaitent utiliser l’atome à des fins civiles, le MHP ne formule aucune critique. Tous les pays ont le droit de développer l’énergie nucléaire comme ils l’entendent.

 Pour terminer l’entretien, nous demandons quelques explications sur ce qu’entendent les militants du MHP par “pantouranisme”. Nos interlocuteurs demeurent laconiques. C’est une longue histoire qui a ses origines dans la mythologie antique. Le thème du pantouranisme fera l’objet d’un futur débat à bâtons rompus.

 Pietro FIOCCHI.

( p.fiocchi@rinascita.eu ).

(article paru dans “Rinascita”, Rome, 15 juin 2010).

(Site de “Rinascita”: http://www.rinascita.eu ).

mardi, 06 juillet 2010

La Turquie tourne le dos à l'Occident

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Bernhard TOMASCHITZ:

La Turquie tourne le dos à l’Occident

L’amitié étroite entre la Turquie et Israël est un fait politique qui relève désormais du passé. Ankara envisage des sanctions contre l’Etat sioniste à la suite de l’attaque israélienne contre la flotille de la paix qui faisait route vers Gaza. Si Israël refuse de satisfaire à l’exigence turque de mettre en oeuvre une commission d’enquête internationale, le gouvernement turc songe à réduire voire à rompre les relations diplomatiques et les coopérations économiques et militaires. De même, la résistance turque au sein du Conseil de sécurité de l’ONU contre tout raffermissement des sanctions contre l’Iran a conduit à un refroidissement considérable du climat entre Ankara, d’une part, Jérusalem et Washington, d’autre part. Président de la commission de politique étrangère du Parlement turc, Murat Mercan explique ce soutien apporté à Téhéran: “La Turquie a des liens historiques, culturels et religieux d’une grande profondeur temporelle avec l’Iran. En d’autres mots: les Iraniens sont non seulement nos voisins mais aussi nos amis et nos frères”.

A Washington, la nouvelle orientation de la Turquie vers la Syrie et vers l’Iran (deux “Etats voyous selon les Etats-Unis) suscite une vigilance toute particulière. Car, en fin de compte, la Turquie est un allié particulièrement important des Etats-Unis pour assurer la pacification de l’Irak. Parce que le gouvernement turc a décidé de ne pas participer aux sanctions, Robert Gates, le ministre américain des affaires étrangères, s’est déclaré “déçu”. Gates avait toutefois une explication toute faite: c’est l’UE qui est responsable de cet état de choses, vu le gel des négociations entre l’Europe et la Turquie en vue de l’adhésion de ce pays à l’Union. Les Etats-Unis mettent une fois de plus la pression sur l’Union européenne pour qu’elle accepte le plus rapidement possible la Turquie en son sein. Et cette pression ira croissant pour autant qu’Ankara n’exagère pas dans son soutien à Téhéran. Au Congrès américain, nous entendons désormais des voix qui réclament une attitude de plus grande fermeté à l’encontre d’Ankara: “Il y aura un prix à payer si la Turquie maintient son attitude actuelle et se rapproche davantage de l’Iran, tout en se montrant hostile à Israël”, a menacé le Républicain Mike Pence. Quant à la Démocrate Shelley Berkley, elle s’est adressé aux Turcs en ces termes: “Ils ne méritent pas de devenir membres de l’UE, tant qu’ils ne commencent pas à se comporter comme les peuples européens et tant qu’ils ne cessent pas d’imiter l’Iran”.

Désormais, la Turquie tourne donc ses regards vers le Proche Orient. Mais l’adoption de cette politique n’est pas vraiment une surprise. De fait, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et son parti gouvernemental, l’AKP de tendance islamiste, se sentent plus proches du monde musulman que des Etats-Unis ou de l’Europe. A ce sentiment d’affinité s’ajoute le concept de “profondeur stratégique”, élaboré dès 2001 par l’actuel ministre turc des affaires étrangères, Ahmed Davutoglu. Selon ce concept, la Turquie doit retrouver sa propre “identité historique et géographique”, démarche où l’Empire ottoman constitue la principale référence. Davutoglu considère son pays, la Turquie, comme un “Etat clef”, situé sur le point de rencontre de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique car, en effet, la Turquie est tout à la fois partie des Balkans, du Caucase, de l’espace pontique (Mer Noire), du Proche Orient et de l’espace maritime du bassin oriental de la Méditerranée, ce qui implique, ipso facto, qu’elle doit s’efforcer d’entretenir un “rapport équilibré avec tous les acteurs globaux et régionaux”.

Cette notion de “rapport équilibré” est très visible dans les relations qu’entretient aujourd’hui la Turquie avec la Syrie. Ces relations se sont remarquablement détendues, depuis que la Turquie essaye de jouer un rôle médiateur dans le conflit israélo-syrien. Avant ce travail de médiation, on évoquait fort souvent une possible “guerre pour l’eau” entre les deux pays redevenus amis, parce que la Turquie contrôlait le cours supérieur de l’Euphrate.

Quant à la “profondeur stratégique”, elle constitue le pendant en politique étrangère de l’islamisation de la Turquie en politique intérieure. La notion de “profondeur stratégique” et l’islamisation constituent deux modes de rupture avec le kémalisme, idéologie déterminante de la Turquie depuis la fondation de la République en 1923. Heinz Kramer, politologue oeuvrant à la “Stiftung Wissenschaft und Politik” de Berlin (“Fondation Science et Politique”), évoque, dans l’une de ses études, la rupture fondamentale que cette idée de “profondeur stratégique” apporte dans la praxis turque en politique étrangère: “La domination mentale exercée jusqu’ici par l’exclusivité de l’orientation pro-occidentale, considérée comme l’un des piliers de l’identité républicaine en gestation, se trouve relativisée. La Turquie, dans cette perspective, ne se perçoit plus comme un Etat en marge du système européen mais comme le centre d’une ‘région spécifique’, pour l’ordre de laquelle Ankara doit assumer une responsabilité ou une co-responsabilité politique”.

Conséquence de cette nouvelle vision en politique étrangère et de cette nouvelle conscience politique: la Turquie essaye de se positionner comme un acteur plus déterminant qu’un simple pays assurant le transport d’énergie. En juillet 2009, la Turquie a signé l’accord sanctionnant la construction du gazoduc Nabucco qui devra acheminer le gaz naturel de la région caspienne ou de l’Iran vers l’Europe centrale: cette signature est un véritable coup de maître politique. Morton Abramowitz et Henri J. Barkey, tous deux actifs pour les “boîtes à penser” américaines, écrivent à ce propos dans la très influente revue “Foreign Affairs”: “Le gazoduc Nabucco sera-t-il un jour construit? On demeure dans l’incertitude. Tant le coût de son installation que la question de savoir s’il y aura suffisamment de gaz naturel à disposition pour le remplir, sont des éléments qui restent à élucider (...). Mais le projet de gazoduc a d’ores et déjà augmenté l’influence de la Turquie aux yeux des pays de l’UE, animés par une perpétuelle fringale d’énergie”. Avec la clef énergétique, la Turquie pourrait bien s’ouvrir la porte de l’UE.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°25-26/2010; trad. franç.: Robert Steuckers).

 

jeudi, 17 juin 2010

La Turchia progetta un mercato comune con Siria, Libano e Giordania

La Turchia progetta un mercato comune con Siria, Libano e Giordania

di Carlo M. Miele

Fonte: osservatorioiraq [scheda fonte]



Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it

Con la prospettiva di una membership europea che si va allontanando sempre di più, la Turchia inizia a pensare concretamente a un’alternativa nel mondo arabo.


Si spiega anche così il progetto di un mercato comune nella regione, annunciato ieri a Istanbul nel corso del meeting arabo-turco.

Da parte turca il progetto – preannunciato qualche mese fa – punta a rilanciare il volume dei commerci con il mondo arabo, fermo a circa 25 miliardi di euro per anno.

Nonostante lo sviluppo registrato dall’economia della repubblica kemalista negli ultimi anni, infatti, i commerci con la regione rappresentano solo una piccola parte degli scambi che avvengono invece con l’Europa, che resta il principale partner commerciale della Turchia.

Il problema dovrebbe essere superato con la zona di libero scambio, che inizialmente dovrebbe comprendere la Siria, il Libano e la Giordania, oltre alla stessa Turchia.

Tra i quattro paesi dovrebbero essere stabilite delle facilitazioni anche in materia di visti.

Leadership turca     


Col nuovo progetto la Turchia intende rilanciare anche il proprio ruolo economico nella regione, dopo essere riuscita a rilanciare quello diplomatico.

Del resto, come hanno sottolineato diversi analisti citati dalla Bbc, il connubio tra politica estera ed economia sta diventando una caratteristica della gestione del governo guidato da Recep Tayyip Erdogan, che nei sue frequenti viaggi ufficiali all’estero si fa sempre accompagnare da un una importante delegazione di imprenditori.

In passato il governo guidato dal Partito di giustizia e sviluppo (Akp, di ispirazione islamica) ha sostenuto con forza il processo di adesione della Turchia alla Ue, che – ribadisce Erdogan – resta tuttora la priorità nell’agenda politica turca.

Tuttavia, poco è stato fatto dall’ottobre 2005 (quando sono stati avviati i negoziati tra le due parti) a oggi. I rapporti tra Ankara e Bruxelles si sono anzi raffreddati, a causa della volontà turca di non riconoscere Cipro e in seguito agli ostacoli posti da alcuni membri chiave dell’Unione, come Francia e Germania.

In questo lasso di tempo, la Turchia ha cominciato a guardare con sempre più insistenza a Oriente e al mondo arabo e musulmano. E l’idea di creare una zona di libero scambio con i vicini regionali assomiglia tanto alla ricerca di un’alternativa.

Christen als Freiwild

padovese.jpgChristen als Freiwild

Der EU ist die Lage der Christen in der Türkei gleichgültig

Von Andreas Mölzer

Ex: http://zurzeit.at/

Vergangene Woche wurde der Vorsitzende der türkischen Bischofskonferenz, der aus Italien stammende Erzbischof Luigi Padovese, brutal ermordet. Diese Untat als Einzelfall abzutun, wäre vollkommen verfehlt. So wurde beispielsweise 2006 ein katholischer Priester in der Stadt Trabzon an der Schwarzmeerküste auf offener Straße umgebracht, und ein Jahr später wurden in Mittelanatolien drei Mitglieder einer evangelikalen Freikirche Opfer eines grauenhaften Verbrechens. Anscheinend besteht in breiten Teilen der türkischen Bevölkerung ein Haß gegen Christen, der sich jederzeit in einem Mord entladen kann

Überhaupt müssen in der Türkei Christen ein Leben als Bürger zweiter Klasse führen. Die Religionsausübung in diesem nach außen hin laizistischen Staat wird ihnen so schwer wie möglich gemacht, das Priesterseminar der orthodoxen Kirche ist bereits seit Jahrzehnten geschlossen, und Kirchenbesitz wird – sofern er überhaupt noch vorhanden ist – von den türkischen Behörden mit fadenscheinigen juristischen Argumenten zu enteignen versucht.

Genauso skandalös wie die Diskriminierung der Christen ist freilich die Tatsache, daß die Europäische Union zu den Vorgängen in dem kleinasiatischen Land schweigt. Somit stellt sich die Frage, wieviele Christen noch ihr Leben lassen müssen, damit Brüssel endlich erkennt, daß die Türkei kein europäisches Land ist und es offenbar auch nicht sein will. Und ebenso stellt sich die Frage, warum die sogenannte EU-Wertegemeinschaft, die sich sonst so um die angebliche Diskriminierung von Moslems in Europa sorgt, die Beitrittsverhandlungen mit Ankara nicht schon längst abgebrochen hat.

Die Antwort ist einfach: Dem EU-Polit-Establishment ist das Schicksal der Anhänger Jesu Christi in der Türkei schlichtweg egal. Bekanntlich will die Europäische Union kein „Christenklub“ sein, und das geistige Fundament Europas, welches das christliche Abendland ist, soll durch einen aus Wirtschaftsinteressen und Gutmenschlichkeit bestehenden Unterbau ersetzt werden. In dieses Konzept paßt nur allzugut, daß die Türkei trotz ihrer kulturhistorischen Verankerung im Morgenland um jeden Preis in die EU aufgenommen werden soll. Daß Europa und seinen historisch gewachsenen Völkern damit ein denkbar schlechter Dienst erwiesen wird, liegt auf der Hand: Denn Europa soll seiner Identität, seiner Unverwechselbarkeit und Einzigartigkeit und damit auch seiner Zukunft beraubt werden.

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mardi, 15 juin 2010

Lancinante rupture avec l'Occident

Lancinante rupture avec l'occident

20090103_DNA017062.jpgUn agréable périple familial dans notre cher Hexagone, — on n'écrit plus la Doulce France, — m'a permis de suivre, l'actualité grâce aux quotidiens régionaux. Et durant la semaine écoulée, ils évoquaient les péripéties consécutives à la participation de quelques Français à l'opération turque de solidarité avec Gaza.

Le mercredi 2 juin, on pouvait lire et partager l'inquiétude du grand quotidien de Touraine "la Nouvelle République". Gros titre en première page : "Gaza : sans nouvelles des huit Français".

Le vendredi 4 juin "La République des Pyrénées" donnait quelques rassurantes précisions : "Six Français de retour". Tout est bien qui finit bien. Il s'agit de cinq membres du "Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens" (CBSP) : Salah Berbagui, Mounia Cherif et Miloud Zenasni débarqués à Roissy vers 16 h 45 d'un vol de la compagnie Turkish Airlines, en provenance d'Istanbul puis de Ahmed Oumimoun et Mouloud Bouzidi. Le sixième, Thomas Sommer-Houdeville appartient à la "Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien" (CCIPPP).

Enfin le samedi 5 juin, le grand quotidien de Marseille "La Provence" (1) saluait le retour chez lui et les déclarations de l'enfant du pays Miloud Zenasni. Notons cependant que ces nouvelles, les seules supposées informer le lecteur de ce qui se passe à l'Etranger apparaissent seulement en page 32 rubrique "Méditerranée-Monde", l'Europe n'existant pas.

Ne nous attardons pas aux évaluations d'origine américaine à propos du Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP). La CIA ose prétendre depuis août 2003 que cette organisation doit être considérée comme "entité terroriste" car elle "apporte son soutien au Hamas et forme son réseau de collecte de fonds en Europe".

En même temps, et comme je m'y attendais un peu, ma modeste chronique du 2 juin a déclenché un certain nombre de réactions . Or, elles répondent à ce que je n'ai pas écrit. Comme elles se montrent outrancières, se veulent insultantes et/ou tombent sous le coup de la loi (2), et puisque, par ailleurs, elles n'apportent aucune information je ne les installe pas sur ce site.

Je ne cherche même pas à croiser le fer, renvoyant simplement mes lecteurs habituels à ce que cette chronique exprime effectivement.

Et je me contenterais aujourd'hui de préciser certains contours de mon propos personnel, soulignant d'abord quelques réalités.

Les deux questions les plus importantes à mes yeux, dans cette affaire, ne résultent ni des gens qui hurlent avec les loups, ce que je m'efforce de ne jamais faire, ni de ceux qui se disent "pour" avec la peau des autres mais des faits objectifs nouveaux ou confirmés.

Première constatation : la politique extérieure européenne n'existe toujours pas. Lady Ashton reste strictement inconsistante et on peut croire qu'elle a été choisie pour remplir cette mission, qu'elle accepte. Chacun de nos pays persiste dans un repli matérialiste sur lui-même, faussement confortable. On refuse de voir les dangers qui s'accumulent dans le monde, qui justifieraient le renforcement des moyens et de l'esprit de défense. Nos soldats sont engagés en Afghanistan dans une guerre. Les dirigeants et commentateurs parisiens agréés paraissent s'en moquer. L'héroïsme, le devoir, la croisade n'appartiennent pas à leur registre. Ils évoquent seulement les morts et les blessés, comme s'il s'agissait de statistiques des accidents de la route. Cela dit tout.

Deuxième fait majeur : la rupture de l'alliance turco israélienne.

Il ne s'agit ni de louer ici ni de stigmatiser quiconque. Observons.

Contrairement ce que deux ou trois correspondants semblent croire, je ne cherche d'ailleurs à développer aucun sentiment particulièrement hostile à la Turquie. Militant d'abord pour l'exactitude, je me contente de considérer que l'Europe ne saurait intégrer cette nation dans le projet que représente au départ son "Union" (3). Et d'autre part je préfère la voir s'occuper du Proche Orient que du sud est européen.

Je souligne d'autre part qu'il est un peu extravagant, quand même, qu'à la fois, ce pays occupe illégalement un territoire européen à Chypre, qu'il refuse de reconnaître le génocide arménien, et prétende, en même temps, s'ériger en défenseur du droit des peuples.

Son alliance stratégique avec Israël date des années 1950 et non des années 1990 comme on le lit souvent. À Ankara, les équipes actuellement au pouvoir semblent, depuis 2003, souhaiter la rupture entre les deux vieux partenaires et désirer renforcer leur position aux côtés du monde arabe. La tradition kémaliste cherchait à s'en séparer radicalement. Cela révolutionne donc à terme toute la région. Rappelons que jusqu'ici l'OTAN tenait la Turquie pour son très précieux, loyal et fidèle allié. Les Israéliens se trouveront dans l'obligation de changer, eux aussi, leurs orientations. Ils ne pourront plus faire, comme par le passé, l'apologie systématique outrancière de leur ancien ami désormais infidèle. Sans aller jusqu'à une repentance publique, contraire à leur esprit traditionnel de "peuple à la nuque raide", ils devront peut-être revenir sur certains paradigmes.

Doit-on sérieusement se féliciter que la Turquie aurait "retrouvé une âme", comme le dit un de mes contradicteurs anonymes, plus logique que d'autres ?

Quand d'ailleurs l'aurait-elle perdue ?

Ce qui me passionnerait ce serait de voir l'Europe retrouver son âme !

Et sans recourir à de tels hyperbolismes il s'agit de savoir, pour les citoyens et les contribuables français, à quoi tend concrètement la politique de la France. Lorsque l'on constate les soutiens matériels, les subventions et les encouragements que la république accorde au développement des communautarismes et de l'islamisme sur le territoire de l'Hexagone on se doute bien qu'il ne s'agit pas pour elle de les combattre vraiment sur la scène internationale.

Seuls et sans moyens bien considérables des policiers intelligents et courageux mènent une lutte acharnée et efficace, quoique discrète, contre le terrorisme : combien de temps les "braves gens" dormiront-ils en paix grâce à eux ?

Certes on peut prends acte de la logique idéaliste de ceux qui "voudraient que le monde vive dans la paix et la justice" : on la comprend, mais on ne doit aucunement succomber à ce doux rêve messianique. La paix ne se définit raisonnablement que par l'intervalle séparant deux conflits. Votre serviteur souhaite seulement que l'armée de son pays puisse repousser "les Barbares qui veulent la guerre". J'admire beaucoup, j'ose l'avouer, la pacifique nation suisse de se préparer constamment à affronter des conflits dont, par là même, elle écarte l'hypothèse. Ces Gaulois ont bien retenu la devise de l'Empire romain : "si tu veux la paix, prépare-toi à la guerre".
JG Malliarakis

Apostilles
  1. Ce titre est lui-même issu de l'absorption du "Méridional la France", bien connu des amis de l'Algérie française, par le "Provençal" de Gaston Deferre.
  2. Pour situer la hauteur du débat, je note qu'un correspondant anonyme osant lui-même se présenter comme "Grec", me targue d'être "un juif de Salonique", et non un "Grec orthodoxe". Je dois dire que le trait m'amuse. Il appelle de ma part les précisions suivantes. Les Thessaloniciens israélites portent le plus souvent des noms d'apparence espagnole (Daninos, Moreno, etc.). Ils parlaient autrefois le judéo-espagnol ou ladino. Ils sont considérés comme les descendants des Juifs expulsés d'Espagne en 1492. Leurs ancêtres ont été accueillis et protégés par les Sultans. Aucun Grec n'imaginerait que mon patronyme, typiquement crétois, puisse se rattacher à cette histoire. D'ailleurs je constate que les organismes de bienfaisance juifs qui utilisent volontiers des fichiers onomastiques ne me sollicitent pas. Enfin, quoique partageant chaque année la joie pascale et recevant les vœux du métropolite grec orthodoxe de Paris, je ne ressortis pas de sa juridiction ecclésiastique, appartenant à la "communauté orthodoxe française de la Sainte Trinité" au sein de laquelle cohabitent pacifiquement toutes les opinions politiques françaises.
  3. C'est le propos de mon livre sur "La Question turque et l'Europe"
Vous pouvez entendre l'enregistrement de cette chronique
sur le site de
Lumière 101

jeudi, 10 juin 2010

La Turquie s'éloigne de l'Occident, comme le reste du monde

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La Turquie s’éloigne de l’Occident, comme le reste du monde

La Turquie et toutes les nations émergentes, rendues confiantes par leurs succès économiques, s’émancipent d’une tutelle occidentale moralisatrice de plus en plus mal supportée, écrit l’éditorialiste Semih Idiz, dans le quotidien turc Hürriyet.

 

Le best-seller de Fareed Zakaria titré « Le monde post-américain et l’essor du reste du monde » est une lecture fascinante, un livre prémonitoire. La question de l’Iran s’inscrit parfaitement dans cette perspective. Le problème va bien au delà des actuelles ambitions nucléaires de Téhéran. Cette affaire est en train de se transformer en une impasse qui dessine une nouvelle division du monde.

Cette division peut être caractérisée ainsi : « L’Occident et le Reste du monde », pour reprendre l’expression de Zakaria. Le développement de pays comme l’Inde, la Chine, le Brésil et la Russie – en d’autres termes « le Reste » – dessine un nouveau paysage mondial qui ne répond pas aux vœux de l’Occident.

La Turquie, qui connait également une croissance rapide, montre des tendances plus en plus marquées en direction du « Reste », et moins vers « l’Occident ». Ceci est interprété comme par certains, en Europe et aux États-Unis, comme une « islamisation de la politique étrangère turque », mais cette évolution pointe vers quelque chose de bien plus significatif.

L’émergence de ce nouvel ordre mondial ne constitue bien évidemment pas une surprise. Il était prévu par ceux qui sont suffisamment compétents pour en déceler les signes avant-coureurs. Nombre d’historiens occidentaux, d’économistes, et des chercheurs en sciences humaines ont décrit ce processus depuis un certain temps.

Quelques noms viennent immédiatement à l’esprit, notamment ceux de Walter Laqueur (« Les derniers jours de l’Europe : une épitaphe pour le vieux continent »), Joseph E. Stiglitz (« La Grande Désillusion »), et Zakaria, mentionné ci-dessus.

Même un Timothy Garton Ash, apparemment optimiste dans « Monde Libre : l’Amérique, l’Europe et le futur inattendu de l’Occident », décrit ce qui se adviendra si le lien de transatlantique n’est pas renforcé dans toutes ses dimensions, ce qui est bien sûr plus facile à dire qu’à faire, comme l’admet l’auteur.

Dans le même temps, l’anti-occidentalisme en général et particulièrement l’anti-américanisme deviennent de plus en plus palpable chez les Turcs. Rester partisan de l’orientation occidentale de la Turquie dans ce climat devient un défi pour une élite minoritaire. Mais l’éloignement de la Turquie des États-Unis et de l’Europe n’est pas quelque chose qui inquiète les Turcs dans leur majorité.

Cette attitude à l’égard de l’Occident n’est à l’évidence pas spécifique aux Turcs. De la Russie à l’Inde, de la Chine à l’Afrique, on assiste à une réaction croissante et forte contre l’Occident. Certains parlent d’un retour de bâton « post-colonial. »

Roberto Fao, un doctorant à l’Université d’Harvard qui a écrit pour le Financial Times, a travaillé à la Banque Mondiale et été consultant pour des projets gouvernementaux, propose des vues intéressantes sur la question.

Dans une tribune publiée par EUobserver.com le 25 mai, M. Fao affirme que les Européens doivent aujourd’hui « se demander pourquoi ils provoquent si peu de respect dans le monde. » Il cite Kishore Mahbubani, le doyen de la Lee Kwan Yew School of International Affairs de Singapour, qui soutient que l’Europe ne comprend pas à « quel point elle devient peu pertinente pour le reste du monde. »

M. Fao rappelle également que Richard Haas, le président du Council on Foreign Relations, a déclaré publiquement « adieu à l’Europe en tant que puissance de haut rang. » M. Fao ne croit cependant pas que l’on puisse négliger cette situation, en n’y voyant qu’une simple « jalousie » de la part des non-européens.

« Au contraire », écrit-il, « j’y discerne une vérité plus dérangeante. Les pays du monde entier ne supportent plus depuis longtemps l’ingérence et les leçons de morale de l’Occident, et ont acquis assez de confiance pour parler haut face à une Europe dont l’influence mondiale n’est plus considérée comme assurée ».

Dans son livre, Zakaria parle de la même « confiance » que des nations ont gagnée face aux États-Unis, avec quelques raisons pour ce faire.

« Les plus grandes tours, les plus grands barrages, les films à succès, et les téléphones mobiles les plus sophistiqués sont tous réalisés désormais à l’extérieur de l’Europe et les États-Unis », note-t-il, en ajoutant que « les pays qui manquaient par le passé de confiance politique et de fierté nationale les acquièrent. »

A la suite du monde bipolaire, le monde unipolaire semble lui aussi en train de s’effondrer, donnant naissance à un monde multipolaire où les possibilités de « l’Occident » sont en déclin, tandis que celles du « Reste » augmentent progressivement.

De fait, si l’Iran doit bien sûr être empêché d’obtenir une arme nucléaire – tout comme Israël et tous les autres devraient être obligés de mettre fin à leurs programmes et d’abandonner leurs stocks d’armes nucléaires existants – l’enjeu va bien au-delà.

Il s’agit d’un nouvel ordre qui va exiger des réponses très différentes à ce que nous connaissons aujourd’hui, si l’on veut que les problèmes brûlants ne mènent pas à des affrontements dont personne ne sortira gagnant au bout du compte.

Article original en anglais : Hürriyet (Turquie)

Traduction française : ContreInfo

mardi, 08 juin 2010

El acuerdo Iràn-Brasil-Turquia: un desafio a la prepotencia de EE.UU e Israel

El acuerdo Irán-Brasil-Turquía: Un desafío a la prepotencia de EE.UU. e Israel

Consortium News/ICH
BRASIL DICE QUE EL ACUERDO CIERRA EL CAMINO A NUEVAS SANCIONES PARA IRÁN
Puede que los tiempos estén cambiando –por lo menos un poco– y que EE.UU. e Israel ya no puedan dictar al resto del mundo cómo hay que manejar las crisis en Oriente Próximo, aunque la secretaria de Estado Hillary Clinton y sus amigos neoconservadores en el Congreso y en los medios estadounidenses han tardado en darse cuenta. Tal vez piensan que siguen controlando la situación, que siguen siendo los listos que menosprecian a advenedizos como los dirigentes de Turquía y Brasil que tuvieron la audacia de ignorar las advertencias de EE.UU. y siguieron recurriendo a la diplomacia para prevenir una posible nueva guerra, ésta respecto a Irán.

 

El lunes, el primer ministro turco Recep Tayyip Erdogan y el presidente brasileño Luiz Inacio Lula da Silva anunciaron su éxito al persuadir a Irán para que envíe aproximadamente un 50% de su uranio poco enriquecido a Turquía a cambio de uranio más enriquecido para su utilización en aplicaciones médicas pacíficas.

El acuerdo tripartito es análogo a otro planteado a Irán por países occidentales el 1 de octubre de 2009, que obtuvo la aprobación iraní en principio pero que luego fracasó.

El que el anuncio conjunto del lunes haya sorprendido a los funcionarios estadounidenses denota una actitud pretenciosa propia de una torre de marfil frente a un mundo que cambia rápidamente a su alrededor, como los antiguos imperialistas británicos desconcertados por una oleada de anticolonialismo en el Raj [administración colonial de India, N. del T.] o algún otro dominio del Imperio.

Significativamente, los funcionarios de EE.UU. y sus acólitos en los Medios Corporativos Aduladores (o MCA) no pudieron creer que Brasil y Turquía se atreverían a impulsar un acuerdo con Irán al que se opusieran Clinton y el presidente Barack Obama.

Sin embargo existían señales de que esos poderes regionales ascendentes ya no estaban dispuestos a comportarse como niños obedientes mientras EE.UU. e Israel tratan de tomarle el pelo al mundo para conducirlo a una nueva confrontación en Oriente Próximo.

Hacer frente a Israel

En marzo, el primer ministro israelí Benjamin Netanyahu se sintió tan molesto con la defensa del diálogo con Irán por parte del presidente Lula da Silva que dio un severo sermón al recién llegado de Sudamérica. Pero el presidente brasileño no cedió.

Lula da Silva se mostró crecientemente preocupado de que, a falta de una diplomacia rápida y ágil, Israel probablemente seguiría la escalada de sanciones con un ataque contra Irán. Sin andarse con rodeos, Lula da Silva dijo:

“No podemos permitir que suceda en Irán lo que pasó en Iraq. Antes de cualquier sanción, debemos realizar todos los esfuerzos posibles para tratar de lograr la paz en Oriente Próximo.”

Erdogan de Turquía tuvo su propia confrontación con un dirigente israelí poco después del ataque contra Gaza desde el 17 de diciembre de 2008 hasta el 18 de enero de 2009, en el que murieron unos 1.400 habitantes de Gaza y 14 israelíes.

El 29 de enero de 2009, el presidente turco participó con el presidente israelí Shimon Peres en un pequeño panel moderado por David Ignatius del Washington Post en el Foro Económico Mundial en Davos, Suiza.

Erdogan no pudo tolerar la resonante y apasionada defensa de la ofensiva de Gaza de Peres. Erdogan describió Gaza como “prisión al aire libre” y acusó a Peres de hablar fuerte para ocultar su “culpa”. Después de que Ignatius otorgó a Peres el doble del tiempo que a Erdogan, este último se enfureció, e insistió en responder al discurso de Peres.

El minuto y medio final, capturado por la cámara de la BBC, muestra a Erdogan apartando el brazo estirado de Ignatius, mientras éste trata de interrumpirlo con ruegos como: “Realmente tenemos que llevar a la gente a la cena”. Erdogan continúa, se refiere al “Sexto Mandamiento –no matarás-”, y agrega: “Estamos hablando de asesinatos” en Gaza. Luego alude a una barbarie “que va mucho más allá de lo aceptable,” y abandona la sala anunciando que no volverá a ir a Davos.

El gobierno brasileño también condenó el bombardeo de Gaza por Israel como “una reacción desproporcionada”. Expresó su preocupación de que la violencia en la región había afectado sobre todo a la población civil.

La declaración de Brasil se hizo el 24 de enero de 2009, sólo cinco días antes de la enérgica crítica de Erdogan ante el intento del presidente israelí de defender el ataque. Tal vez fue el momento en el que se plantó la semilla que germinó y creció en un esfuerzo decidido de actuar enérgicamente para impedir otro sangriento estallido de hostilidades.

Es lo que Erdogan hizo, con la colaboración de Lula da Silva. Los dos dirigentes regionales insistieron en un nuevo enfoque multilateral para impedir una potencial crisis en Oriente Próximo, en lugar de simplemente aceptar la toma de decisiones en Washington, guiado por los intereses de Israel.

Así que pónganse al día, muchachos y muchachas en la Casa Blanca y en Foggy Bottom [Barrio de Washington en el que se encuentra la sede del Departamento de Estado, N. del T.]. El mundo ha cambiado; ya no tenéis la última palabra.

En última instancia podríais incluso agradecer que hayan aparecido algunos adultos prescientes, que se colocaron a la altura de las circunstancias, y desactivaron una situación muy volátil de la que nadie –repito, nadie– habría sacado provecho.

Argumentos falaces para un cambio de régimen

Incluso se podría haber pensado que la idea de que Irán entregue cerca de la mitad de su uranio poco enriquecido se vería como algo bueno para Israel, disminuyendo posiblemente los temores israelíes de que Irán podría obtener la bomba en un futuro previsible.

Desde todo punto de vista, la entrega de la mitad del uranio de Irán debería reducir esas preocupaciones, pero NO parece que la bomba sea la preocupación primordial de Israel. Evidentemente, a pesar de la retórica, Israel y sus partidarios en Washington no ven la actual disputa por el programa nuclear de Irán como una “amenaza existencial”.

Más bien la ven como otra excelente oportunidad para imponer un “cambio de régimen” a un país considerado uno de los adversarios de Israel, como Iraq bajo Sadam Hussein. Como en el caso de Iraq, el argumento para la intervención es la acusación de que Irán quiere un arma nuclear, un arma de destrucción masiva que podría compartir con terroristas.

El hecho de que Irán, como Iraq, ha desmentido que esté construyendo una bomba nuclear –o que no haya información verosímil que pruebe que Irán esté mintiendo (un Cálculo Nacional de Inteligencia de EE.UU. expresó en 2007 su confianza en que Irán había detenido tales empeños cuatro años antes)– es normalmente descartado por EE.UU. y sus MCA.

En su lugar se vuelve a utilizar la aterradora noción de que Irán con armas nucleares podría de alguna manera compartirlas con al-Qaida o algún otro grupo terrorista para volver a atemorizar al público estadounidense. (Se hace caso omiso del hecho de que Irán no tiene vínculos con al-Qaida, que es suní mientras Irán es chií, tal como el secular Sadam Hussein desdeñaba al grupo terrorista.)

No obstante, antes en este año, la secretaria de Estado Clinton, al responder a una pregunta después de un discurso en Doha, Qatar, dejó escapar una parte de esa realidad: que Irán “no amenaza directamente a EE.UU., pero amenaza directamente a muchos de nuestros amigos, aliados, y socios” –léase Israel, como el primero y principal de los amigos.

A Clinton también le gustaría que usáramos la gimnasia mental requerida para aceptar el argumento israelí de que si Irán construyera de alguna manera una sola bomba con el resto de su uranio (presumiblemente después de refinarlo al nivel de 90% requerido para un arma nuclear cuando Irán ha tenido problemas tecnológicos a niveles mucho más bajos), se plantearía una amenaza inaceptable para Israel, que posee entre 200 y 300 armas nucleares junto con los misiles y bombarderos necesarios para lanzarlas.

Pero si no se trata realmente de la remota posibilidad de que Irán construya una bomba nuclear y quiera cometer un suicidio nacional al utilizarla, ¿qué está verdaderamente en juego? La conclusión obvia es que el intento de infundir miedo respecto a armas nucleares iraníes es la última justificación para imponer un “cambio de régimen” en Irán.

Los orígenes de ese objetivo se remontan por lo menos al discurso del “eje del mal” del presidente George W. Bush en 2002, pero tiene un precedente anterior. En 1996, destacados neoconservadores estadounidenses, incluyendo a Richard Perle y Douglas Feith, prepararon un documento radical de estrategia para Netanyahu que planteaba un nuevo enfoque para garantizar la seguridad de Israel, mediante la eliminación o neutralización de regímenes musulmanes hostiles en la región.

Llamado “Cortar por lo sano: Una nueva estrategia para asegurar el país [Israel]”, el plan preveía abandonar las negociaciones de “tierra por paz” y en su lugar “restablecer el principio de la acción preventiva”, comenzando por el derrocamiento de Sadam Hussein y enfrentando a continuación a otros enemigos regionales en Siria, el Líbano e Irán.

Sin embargo, para lograr un objetivo tan ambicioso –con la ayuda necesaria del dinero y el poderío militar estadounidenses– había que presentar como insensatas o imposibles las negociaciones tradicionales de paz y exacerbar las tensiones.

Obviamente, con el presidente Bush en la Casa Blanca y con el público en EE.UU. indignado por los ataques del 11-S, se abrieron nuevas posibilidades –y Sadam Hussein, el primer objetivo para “asegurar el área”, fue eliminado por la invasión de Iraq dirigida por EE.UU-

Pero la Guerra de Iraq no se desarrolló con la facilidad esperada, y las intenciones del presidente Obama de revivir el proceso de paz de Oriente Próximo y de entablar negociaciones con Irán emergieron como nuevos obstáculos para el plan. Se hizo importante mostrar lo ingenuo que era el joven presidente ante la imposibilidad de negociar con Irán.

Saboteando un acuerdo

Muchas personas influyentes en Washington se espantaron el 1 de octubre pasado cuando Teherán aceptó enviar al extranjero 1.200 kilos (entonces cerca de un 75% del total en Irán) de uranio poco enriquecido para convertirlos en combustible para un pequeño reactor que realiza investigación médica.

El negociador nuclear jefe de Irán, Saeed Jalili, presentó el acuerdo “en principio” de Teherán en una reunión en Ginebra de miembros del Consejo de Seguridad de la ONU, más Alemania, presidida por Javier Solana de la Unión Europea.

Incluso el New York Times reconoció que esto, “si sucede, representaría un logro importante para Occidente, reduciendo la capacidad de Irán de producir rápidamente un arma nuclear, y logrando más tiempo para que fructifiquen las negociaciones”.

La sabiduría convencional presentada actualmente en los MCA pretende que Teherán echó marcha atrás respecto al acuerdo. Es verdad; pero es sólo la mitad de la historia, un caso que destaca cómo, en el conjunto de prioridades de Israel, lo más importante es el cambio de régimen en Irán.

El intercambio de uranio tuvo el apoyo inicial del presidente de Irán Mahmud Ahmadineyad. Y una reunión de seguimiento se programó para el 19 de octubre en el Organismo Internacional de Energía Atómica (OIEA) en Viena.

Sin embargo el acuerdo fue rápidamente criticado por grupos de la oposición de Irán, incluido el “Movimiento Verde” dirigido por el candidato presidencial derrotado Mir Hossein Mousavi, quien ha tenido vínculos con los neoconservadores estadounidenses y con Israel desde los días de Irán-Contra en los años ochenta, cuando era el primer ministro y colaboró en los acuerdos secretos de armas.

Sorprendentemente fue la oposición política de Mousavi, favorecida por EE.UU., la que dirigió el ataque contra el acuerdo nuclear, calificándolo de afrenta a la soberanía de Irán y sugiriendo que Ahmadineyad no era suficientemente duro.

Luego, el 18 de octubre, un grupo terrorista llamado Jundallah, actuando con información extraordinariamente exacta, detonó un coche bomba en una reunión de altos comandantes de los Guardias Revolucionarios iraquíes y de dirigentes tribales en la provincia de Sistan-Baluchistán en el sudeste de Irán. Un coche repleto de Guardias también fue atacado.

Un brigadier general que era comandante adjunto de las fuerzas terrestres de los Guardias Revolucionarios, el brigadier que comandaba el área fronteriza de Sistan-Baluchistán y otros tres comandantes de brigada resultaron muertos en el ataque; docenas de oficiales militares y civiles resultaron muertos o heridos.

Jundallah reivindicó los atentados, que tuvieron lugar después de años de ataques contra Guardias Revolucionarios y policías iraníes, incluyendo un intento de emboscada de la caravana de automóviles del presidente Ahmadineyad en 2005.

Teherán afirma que Jundallah está apoyado por EE.UU., Gran Bretaña e Israel, y el agente en retiro de operaciones de la CIA en Oriente Próximo, Robert Baer, ha identificado a Jundallah como uno de los grupos “terroristas buenos” que gozan de ayuda de EE.UU.

Creo que no es coincidencia que el ataque del 18 de octubre –el más sangriento en Irán desde la guerra de 1980 hasta 1988 con Iraq– haya tenido lugar un día antes de que las conversaciones nucleares debían reanudarse en la OIEA en Viena para dar seguimiento al logro del 1 de octubre. Era seguro que los asesinatos aumentarían las sospechas de Irán sobre la sinceridad de EE.UU.

Era de esperar que los Guardias Revolucionarios fueran directamente a su jefe, el Supremo Líder Ali Jamenei y argumentaran que el atentado y el ataque en la ruta demostraban que no se podía confiar en Occidente.

Jamenei publicó una declaración el 19 de octubre condenando a los terroristas, a los que acusó de estar “apoyados por las agencias de espionaje de ciertas potencias arrogantes.”

El comandante de las fuerzas terrestres de los Guardias, quien perdió a su adjunto en el ataque, dijo que los terroristas fueron “entrenados por EE.UU. y Gran Bretaña en algunos países vecinos”, y el comandante en jefe de los Guardias Revolucionarios amenazó con represalias.

El ataque fue una noticia importante en Irán, pero no en EE.UU., donde los MCA relegaron rápidamente el incidente al gran agujero negro de la memoria estadounidense. Los MCA también comenzaron a tratar la cólera resultante de Irán por lo que consideraba como actos de terrorismo, y su creciente sensibilidad ante el cruce de sus fronteras por extranjeros, como un esfuerzo por intimidar a grupos “pro democracia” apoyados por Occidente.

A pesar de todo, Irán envía una delegación

A pesar del ataque de Jundallah y de las críticas de los grupos opositores, una delegación técnica iraní de bajo nivel fue a Viena a la reunión del 19 de octubre, pero el principal negociador nuclear de Irán, Saeed Jalili, no participó.

Los iraníes cuestionaron la fiabilidad de las potencias occidentales y presentaron objeciones a algunos detalles, como dónde tendría lugar la transferencia. Los iraníes plantearon propuestas alternativas que parecían dignas de consideración, como que se hiciera la transferencia del uranio en territorio iraní o en algún otro sitio neutral.

El gobierno de Obama, bajo creciente presión interior sobre la necesidad de mostrarse más duro con Irán, descartó directamente las contrapropuestas de Irán, al parecer por instigación del jefe de gabinete de la Casa Blanca, Rahm Emanuel, y del emisario regional neoconservador Dennis Ross.

Ambos funcionarios parecieron opuestos a emprender cualquier paso que pudiera disminuir entre los estadounidenses la impresión de que Ahmadineyad fuera otra cosa que un perro rabioso que debía sacrificarse, el nuevo sujeto más detestado (reemplazando al difunto Sadam Hussein, ahorcado por el gobierno instalado por EE.UU. en Iraq).

Ante todo eso, Lula da Silva y Erdogan vieron la semejanza entre el afán de Washington de una escalada de la confrontación con Irán y el modo en que EE.UU. había conducido al mundo, paso a paso, hacia la invasión de Iraq (completada con la misma cobertura ampliamente sesgada de los principales medios noticiosos estadounidenses.)

Con la esperanza de impedir un resultado semejante, los dos dirigentes recuperaron la iniciativa de transferencia de uranio del 1 de octubre y lograron que Teherán aceptara condiciones similares el lunes pasado. Especificaban el envío de 1.200 kilos de uranio poco enriquecido de Irán al extranjero a cambio de barras nucleares que no servirían para producir un arma.

Sin embargo, en lugar de apoyar la concesión iraní al menos como un paso en la dirección adecuada, los responsables de EE.UU. trataron de sabotearla, presionando en su lugar por más sanciones. Los MCA hicieron su parte al insistir en que el acuerdo no era más que otro truco iraní que dejaría a Irán con suficiente uranio para crear en teoría una bomba nuclear.

Un editorial en el Washington Post del martes, con el título “Mal acuerdo,” concluyó triste e ilusionadamente: “Es posible que Teherán eche marcha atrás incluso respecto a los términos que ofreció a Brasil y Turquía –caso en el cual esos países se verían obligados a apoyar sanciones de la ONU.”

El miércoles, un editorial del New York Times dio retóricamente unas palmaditas en la cabeza a los dirigentes de Brasil y Turquía, como si fueran campesinos perdidos en el mundo urbano de la diplomacia dura. El Times escribió: “Brasil y Turquía… están ansiosos de tener mayores roles internacionales. Y están ansiosos de evitar un conflicto con Irán. Respetamos esos deseos. Pero como tantos otros, fueron engañados por Teherán”.

En lugar de seguir adelante con el acuerdo de transferencia de uranio, Brasil y Turquía deberían “sumarse a los otros protagonistas importantes y votar por la resolución del Consejo de Seguridad”, dijo el Times. “Incluso, antes de eso, debieran volver a Teherán y presionar a los mulás para que lleguen a un compromiso creíble y comiencen negociaciones serias.”

Centro en sanciones

Tanto el Times como el Post han aplaudido la actual búsqueda por el gobierno de Obama de sanciones económicas más duras contra Irán –y el martes, consiguieron algo que provocó su entusiasmo.

“Hemos llegado a acuerdo sobre un borrador contundente [resolución de sanciones] con la cooperación tanto de Rusia como de China,” dijo la secretaria Clinton al Comité de Relaciones Exteriores del Senado, dejando claro que veía la oportunidad de las sanciones como una respuesta al acuerdo Irán-Brasil-Turquía.

“Este anuncio es una respuesta tan convincente a los esfuerzos emprendidos en Teherán durante los últimos días como cualquier otra que pudiésemos suministrar,” declaró.

A su portavoz, Philip J. Crowley, le quedó la tarea de explicar la implicación obvia de que Washington estaba utilizando las nuevas sanciones para sabotear el plan de transferir fuera del país la mitad del uranio enriquecido de Irán.

Pregunta: “¿Pero usted dice que apoya y aprecia [el acuerdo Irán-Brasil-Turquía], pero no piensa que lo obstaculiza de alguna manera? Quiero decir que, ahora, al introducir la resolución el día después del acuerdo, usted prácticamente asegura una reacción negativa de Irán.”

Otra pregunta: “¿Por qué, en realidad, si usted piensa que este acuerdo Brasil-Turquía-Irán no es serio y no tiene mucho optimismo en que vaya a progresar y que Irán seguirá mostrando que no es serio en cuanto a sus ambiciones nucleares, por qué no espera simplemente que sea así y entonces obtendría una resolución más dura e incluso Brasil y Turquía votarían por ella porque Irán los habría humillado y avergonzado? ¿Por qué no espera simplemente para ver cómo resulta?”

Una pregunta más: “La impresión que queda, sin embargo, es que el mensaje –seguro que es un mensaje para Irán, pero hay también un mensaje para Turquía y Brasil, y es básicamente: salgan de la arena, hay muchachos y muchachas grandes en el juego y no necesitamos que se metan. ¿No aceptan eso?”

Casi me da pena el pobre P.J. Crowley, que hizo todo lo posible por hacer la cuadratura de éste y otros círculos. Sus respuestas carecían de candor, pero reflejaban una extraña capacidad de adherirse a un punto clave; es decir, que la “verdadera clave”, el “tema primordial” es el continuo enriquecimiento de uranio por Irán. Lo dijo, en palabras idénticas o similares al menos 17 veces.

Es algo curioso, en el mejor de los casos, que en este momento el Departamento de Estado haya decidido citar ese único punto como algo espectacular. El acuerdo ofrecido a Teherán el 1 de octubre pasado tampoco requería que renunciara al enriquecimiento.

Y el énfasis actual en la no observación de resoluciones del Consejo de Seguridad –que habían sido exigidas por EE.UU. y sus aliados– recuerda misteriosamente la estrategia para llevar al mundo hacia la invasión de Iraq en 2003.

Crowley dijo que el gobierno no piensa en “un itinerario en particular” para someter a votación una resolución, y dijo que “tardará lo que sea”. Agregó que el presidente Obama “presentó un objetivo de que esto se termine a finales de esta primavera” –aproximadamente dentro de un mes.

Contrainiciativa

A pesar de los esfuerzos de los círculos oficiales de Washington y los formadores de opinión neoconservadores para desbaratar el plan Irán-Brasil-Turquía, todavía parece mantenerse vivo, por lo menos de momento.

Funcionarios iraníes han dicho que enviarán una carta confirmando el acuerdo a la OIEA dentro de una semana. Dentro de un mes, Irán podría embarcar 1.200 kilos de su uranio poco enriquecido a Turquía.

Dentro de un año, Rusia y Francia producirían 120 kilos de uranio enriquecido a 20% para utilizarlo en la reposición de combustible para un reactor de investigación en Teherán que produce isótopos con el fin de tratar a pacientes de cáncer.

En cuanto a la afirmación de Clinton de que China, así como Rusia, forma parte de un consenso sobre el borrador de resolución del Consejo de Seguridad, el tiempo lo dirá.

Se duda en particular de la firmeza de la participación china. El lunes, responsables chinos saludaron la propuesta Irán-Brasil-Turquía y dijeron que debe explorarse a fondo. Funcionarios rusos también sugirieron que se debería dar una oportunidad al nuevo plan de transferencia.

Las propuestas de nuevas sanciones tampoco van tan lejos como deseaban algunos partidarios de la línea dura en EE.UU. e Israel. Por ejemplo, no incluyen un embargo de gasolina y otros productos refinados del petróleo, un paso duro que algunos neoconservadores esperaban que llevara a Irán al caos económico y político como preludio para un “cambio de régimen”.

En su lugar, la propuesta de nuevas sanciones especifica inspecciones de barcos iraníes sospechosos de entrar a puertos internacionales con tecnología o armas relacionadas con el tema nuclear. Algunos analistas dudan de que esta provisión tenga mucho efecto práctico sobre Irán.

Israel consultará con Washington antes de emitir una respuesta oficial, pero funcionarios israelíes han dicho a la prensa que el acuerdo de transferencia es un “truco” y que Irán ha “manipulado” a Turquía y Brasil.

Existen todos los motivos del mundo para creer que Israel buscará exhaustivamente una manera de sabotear el acuerdo, pero no está claro que los instrumentos diplomáticos usuales funcionen en esta etapa. Queda, claro está, la posibilidad de que Israel se juegue el todo por el todo y lance un ataque militar preventivo contra las instalaciones nucleares de Irán.

Mientras tanto es seguro que el primer ministro israelí Netanyahu aplicará toda la presión que pueda sobre Obama.

Como antiguo analista de la CIA, espero que Obama tenga la sangre fría necesaria para ordenar un Cálculo Nacional de Inteligencia especial por la vía rápida sobre las implicaciones del acuerdo Irán-Brasil-Turquía para los intereses nacionales de EE.UU. y los de los países de Oriente Próximo.

Obama necesita una evaluación sin adornos de las posibles ventajas del acuerdo (y sus potenciales aspectos negativos) como contrapeso para el cabildeo favorable a Israel que inevitablemente influye en la Casa Blanca y el Departamento de Estado.

* * *

Ray McGovern trabaja con Tell the Word, el brazo editor de la ecuménica Iglesia del Salvador en Washington, DC. Fue analista de la CIA durante 27 años y ahora sirve en el Grupo de Dirección de Profesionales Veteranos de la Inteligencia por la Cordura (VIPS).

Este artículo fue publicado primero en ConsortiumNews.com

Fuente: http://www.informationclearinghouse.info/article25492.htm

samedi, 05 juin 2010

Emotionnel contre émotionnel en Méditerranée

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Émotionnel contre émotionnel en Méditerranée

par Jean-Gilles MALLIARAKIS

Ex: http://www.insolent.fr/

Le monde entier, depuis 3 jours, vit au rythme d'un événement émotionnel bien significatif. En effet, depuis l'opération israélienne Plomb durci contre Gaza de janvier 2009, le schéma interprétatif a complètement achevé une évolution commencée au début des années 1990 avec la couverture des "intifadas". Tout ce que peut désormais entreprendre l'État hébreu voit se retourner contre lui le dispositif médiatique du "village mondial" dont il avait su extraordinairement tirer parti pendant un demi-siècle. D'une innocence systématique, d'une louange obligatoire, d'une impunité assurée, couvertes par la mauvaise conscience occidentale consécutive à la seconde guerre mondiale, il semble être passé à l'excès inverse.

L'arraisonnement d'une flottille turque par la marine israélienne a certes fait 9 morts. Que cela soit intervenu dans des conditions mal déterminées ne peut même pas faire partie du débat.

Ce 2 juin à 2 h 16 on apprenait ainsi qu'Israël, après divers petits contingents de détenus issus de différents pays de la communauté européenne, expulsait 50 Turcs sur les 300 capturés sur le transbordeur "Mavi Marmara" battant pavillon de la république kémaliste.

Le gouvernement d'Ankara parle haut et fort : "personne ne devrait mettre à l'épreuve la patience turque" déclare ainsi son Premier ministre Erdogan. Parallèlement on découvre les commentaires des chroniqueurs de Zaman Today, habituellement consacrés aux sujets les plus divers et marqués par une grande liberté de ton, au moins apparente. Ce 2 juin, tous évoquent la même affaire et ils le font sur le mode où la presse parisienne parlait de la Prusse entre 1914 et 1918 : "l'État voyou", "aider Gaza", "les actes barbares des soldats israéliens", "la Turquie vue du Moyen orient", "pourrons-nous oublier ?", "quel avenir pour les relations turco-israéliennes ?", "pourquoi Israël a fait ça", etc. On trouve même dans cette édition une évocation de la "similitude entre l'attaque israélienne et le PKK". Les rebelles kurdes marxistes-léninistes "agents du sionisme et de l'impérialisme" ? Voyons, mais c'est… bien sûr… élémentaire mon cher Watson.

Certes un œil un peu exercé décèle sans trop de difficulté des nuances, et surtout la perspective du retournement prévisible de l'intelligente diplomatie turque, dès lors qu'elle se trouvera placée, par la grâce du président mondial Obama, en position d'arbitre.

La fameuse flottille humanitaire était préparée depuis des mois en liaison entre le gouvernement d'Ankara et le mouvement gauchiste international "Free Gaza", proche de "Die Linke" en Allemagne. Celui-ci est évidemment soutenu par diverses personnalités de façade. On cite ainsi 70 noms allant de Desmond Tutu à Noam Chomsky. Il opère depuis août 2008 diverses livraisons tendant à rompre le blocus israélo-égyptien contre le territoire de Gaza contrôlé par le Hamas, lui-même en opposition à l'Autorité palestinienne de Ramallah.

Elle est partie, font semblant de préciser les commentateurs agréés, de Chypre. Or cette information contient quand même quelque ambiguïté. Les 15 ou 20 personnalités écran ont-elles transité par la République de Chypre membre de l'Union européenne ? Par les bases britanniques ? Ou, bien clairement, par la zone nord de l'île d'Aphrodite que la Turquie occupe au mépris du droit international depuis 1974 ? Elles sont passées en fait le 30 mai par le port de Famagouste sous contrôle de l'armée d'Ankara dont les ressortissants représentent la moitié des effectifs des militants arraisonnés.

Certes, il y a bien longtemps que 200 000 réfugiés chrétiens, expulsés, spoliés, c'est-à-dire environ 80 % de la population du nord, accueillis au sud de l'île, où ils forment un bon tiers du peuple chypriote, ni les églises pillées ou détruites ne bouleversent plus les professionnels de l'émotionnel.

La grande affaire des politiciens du sud de l'Europe, celle de la finance pétrolière, se porte sur la très irréaliste "union pour la Méditerranée", à 44 États-Membres. Pas question de s'intéresser à des questions qui fâchent et qui pourtant touchent des terres ou des eaux européennes, la mer Égée, Chypre, les pressions d'Ankara sur la Bulgarie, sur la Grèce, etc. La souveraineté et la sécurité de l'Europe ne préoccupent personne à Bruxelles où l'ectoplasme de Lady Ashton veille à l'inexistence d'une politique extérieure commune. La SDN se porte de mieux en mieux.
JG Malliarakis

vendredi, 04 juin 2010

Pourquoi Israël a-t-il attaqué des civils en Méditerranée?

Pourquoi Israël a t-il attaqué des civils en Méditerranée ?

Israël a pesé à l’avance les conséquences de l’attaque qu’il a lancé contre un convoi humanitaire maritime. Quels sont ses objectifs en déclenchant une crise diplomatique mondiale, pourquoi a t-il défié son allié turc et son protecteur états-unien ?

mavi_marmara_reuters_466.jpgL’attaque conduite par trois patrouilleurs lance-missiles israéliens de classe Saar, le 31 mai 2010, contre la flottille de la liberté, dans les eaux internationales de Méditerranée illustre la fuite en avant de Tel-Aviv.

La flottille de la liberté est une initiative de militants des droits de l’homme (1) (2), soutenue par le gouvernement turc. Son objectif est à la fois de véhiculer de l’aide humanitaire jusqu’à Gaza et, ce faisant, de briser le blocus mis en place illégalement par l’armée israélienne à l’encontre d’1,5 million de Gazaouites.

La décision d’aborder des navires civils dans les eaux internationales constitue un « acte de guerre » au regard du droit international. Juridiquement parlant, il y a eu vol des navires et de leurs cargaison, enlèvement et séquestration de leurs passagers, meurtres ; voire assassinats, si l’on admet les informations de la télévision turque selon laquelle les commandos avaient une liste des personnalités à liquider au cours de l’assaut.

Cet acte de guerre, à l’encontre des pavillons grecs et turcs de ces navires, a été perpétré afin de consolider le blocus, lequel constitue en lui-même une violation du droit international.

En choisissant l’argument de la « légitime défense », les autorités israéliennes ont explicitement revendiqué leur souveraineté sur les eaux internationales à 69 miles nautiques au large de la Palestine ; cette annexion —temporaire ou durable— étant nécessaire à la poursuite du blocus, lequel serait nécessaire à la sécurité de l’Etat d’Israël.

En abordant un navire turc et en en tuant des passagers, Tel-Aviv a d’abord choisi de répondre militairement à la crise diplomatique qui l’oppose depuis janvier 2009 à Ankara. Cette initiative est censée provoquer une crise au sein de l’état-major turc et entre celui-ci et le gouvernement turc. Cependant, elle pourrait aboutir à une rupture complète des relations militaires entre les deux pays, alors même que la Turquie aura été pendant un demi-siècle le meilleur allié d’Israël dans la région. D’ores et déjà, les manœuvres conjointes turco-israéliennes ont été annulées sine die. En outre, cette crise pourrait aussi avoir des conséquences sur les relations commerciales entre les deux pays, alors même que la Turquie est un partenaire vital pour l’économie israélienne.

Cependant, Tel-Aviv se devait de casser la crédibilité de la Turquie au moment où elle se rapproche de la Syrie et de l’Iran, et ambitionne d’exercer avec ses nouveaux partenaires une autorité régionale (3). Dans l’immédiat, Israël devait sanctionner le rôle d’Ankara dans la négociation du Protocole de Téhéran sur l’industrie nucléaire iranienne.

Côté turc, où l’on s’attendait à une intervention israélienne musclée mais pas létale, le moment est venu de se poser en protecteur des populations palestiniennes, selon la doctrine néo-ottomane théorisée par le ministre des Affaires étrangères, le professeur Ahmet Davutoğlu. Sans attendre le retour du Premier ministre Recep Erdoğan, en voyage en Amérique latine, l’ambassadeur Turc à Tel-Aviv a été rappelé à Ankara et une cellule de crise a été mise en place autour du vice-Premier ministre, Bülent Arınç. Elle est immédiatement entrée en contact avec les 32 gouvernements des Etats dont les passagers du convoi sont ressortissants. Tout le personnel diplomatique turc a été mobilisé pour saisir du problème le maximum d’Etats et d’organisations internationales. Dans une conférence de presse, M. Arınç a exigé la restitution immédiate des trois bateaux turcs volés et de leur cargaison, ainsi et surtout que la libération des centaines de citoyens turcs enlevés et séquestrés. Il a choisi de qualifier l’attaque d’acte de « piraterie » (et non de guerre), de manière à offrir au gouvernement Netanyahu la possibilité de présenter l’affaire comme une « bavure » et non comme une politique. Dans cette logique, le président Abdullah Gül, quant à lui, a exigé que les tribunaux israéliens jugent les responsables de cette tuerie.

Depuis le Chili, M. Erdoğan a déclaré : « Cette action est totalement contraire aux principes du droit international, c’est le terrorisme d’un Etat inhumain. Je m’adresse à ceux qui ont appuyé cette opération, vous appuyez le sang, nous soutenons le droit humanitaire et la paix ».

Dans l’après-midi, Ankara a saisi la Conseil atlantique. La Turquie est membre de l’OTAN. Si elle ne trouve pas la réponse qu’elle attend du gouvernement israélien, elle pourrait qualifier l’attaque d’acte de guerre et requérir l’aide militaire des Etats membres de l’Alliance en vertu de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord.

Le gouvernement Netanyahu a invité ses ressortissants à quitter la Turquie, tandis que des manifestations spontanées se multiplient devant les consulats israéliens où la foule réclame vengeance.

Côté états-unien, cette affaire rappelle celle de l’USS Liberty (8 juin 1967). Durant la guerre des Six jours, les Israéliens attaquèrent un bâtiment de surveillance électronique de l’US Navy, faisant 34 morts et 171 blessés. Tel-Aviv présenta ses excuses pour cette méprise sur le champ de bataille tandis que, tout en les acceptant officiellement, Washington y vu un outrage délibéré. Les Israéliens auraient voulu à l’époque sanctionner les critiques états-uniennes.

Cette fois, l’attaque de la flottille de la liberté pourrait être une sanction après le vote par Washington d’une résolution des Etats signataires du Traité de non-prolifération enjoignant Israël à déclarer ses armes nucléaires et à accepter les contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

La décision israélienne d’attaquer des navires civils dans les eaux internationales intervient après l’assassinat aux Emirats d’un dirigeant palestinien par une unité du Mossad ; la découverte d’un vaste système de copie falsifiées de passeports au détriment d’Etats occidentaux ; et le refus d’assister à la conférence internationale de suivi du Traité de non-prolifération. Cet ensemble de faits peut être interprété comme une succession de coups perpétrés par un Etat sûr de son impunité —et dans ce cas, il pourrait s’agir cette fois d’un coup de plus ou de trop—, ou comme une escalade après une courte friction publique avec l’administration US —il s’agirait alors de revendiquer le leadership du mouvement sioniste en montrant que Tel-Aviv décide et Washington entérine—.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, en voyage en Amérique du Nord, a décidé de terminer sa visite canadienne et d’annuler son rendez-vous à la Maison-Blanche. Il a été joint par téléphone par le président Obama qui lui a demandé des explications.

La Haut commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme, Navi Pillay, a déclaré que l’opération israélienne ne pouvait avoir aucune justification juridique. Le Rapporteur spécial sur les Droits de l’homme dans les territoires occupés palestiniens, Richard Falk, a tenu à souligner qu’au delà de l’atteinte à la liberté de circulation sur les mers, le problème central reste le blocus. « À moins que des actions promptes et décisives soient prises pour mettre au défi l’approche israélienne sur Gaza, nous serons tous complices d’une politique criminelle qui menace la survie d’une communauté assiégée », a t-il affirmé. Le Conseil de sécurité a été convoqué en urgence, ce jour, à 18h TU. Le ministre turc des Affaires étrangères est parti à New York.

(1) « Dr. Arafat Shoukri : "Les conditions sont réunies pour faire de cette flottille un point de rupture" », entretien avec Silvia Cattori, silviacattori.net, 23 avril 2010.

(2) Les principaux organisateurs de la flottille de la liberté sont : Mouvement Free Gaza, Campagne Européenne pour Arrêter le Siège de Gaza (ECESG), Fondation turque d’Aide Humanitaire (IHH), Fondation malaisienne Perdana et Comité International pour Lever le Siège de Gaza.

(3) « Basculement stratégique au Proche-Orient », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 15 mai 2010.

Thierry Meyssan

 

vendredi, 28 mai 2010

Erdogans Allmachtallüren könnten durch erneuerte Laizisten bald gestoppt werden

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Erdogans Allmachtallüren könnten durch erneuerte Laizisten bald gestoppt werden

Wechsel an Spitze der größten türkischen Oppositionspartei bietet Chance für Ende der Islamisierung der Türkei – Ziel muß privilegierte Partnerschaft statt EU-Beitritt bleiben

Ex: http://www.andreas-moelzer.at/

Als positiv bezeichnete heute der freiheitliche Delegationsleiter im Europäischen Parlament, Andreas Mölzer, den am Wochenende erfolgten Wechsel an der Spitze der größten türkischen Oppositionspartei der Republikanischen Volkspartei (CHP). „Nun besteht die Chance, daß sich die CHP, die wichtigste laizistische Kraft in der Türkei, unter ihrem neuen Vorsitzenden Kemal Kilicdaroglu erneuert“, so Mölzer weiter.

Schließlich brauche die Türkei, worauf der freiheitliche EU-Mandatar hinwies, ein starkes laizistisches Gegengewicht zur islamistisch orientierten Regierungspartei AKP von Ministerpräsident Recep Tayyip Erdogan. „Erdogan und seine Anhänger führen das kleinasiatische Land Schritt für Schritt an den politischen Islam heran. Außerdem zeigt der Premier zunehmende Allmachtsallüren, wie etwa seine Angriffe auf regierungskritische Medien zeigen und die mit westlichen Vorstellungen von Demokratie unvereinbar sind“, betonte Mölzer.

Weiters erklärte der freiheitliche Europa-Abgeordnete, daß trotz der zu erwartenden Stärkung der Kemalisten die EU-Beitrittsverhandlungen mit Ankara abgebrochen werden müßten. „Die Türkei ist weder geographisch noch kulturhistorisch ein Teil Europas, weshalb die Türkei nicht EU-Mitglied werden kann. Das ist seitens der EU endlich den Türken in einer offenen und ehrlichen Weise zu sagen und statt den Beitrittsverhandlungen sind Gespräche über eine privilegierte Partnerschaft aufzunehmen“, schloß Mölzer.

dimanche, 09 mai 2010

Roberto de Mattei: "Le rêve de Soliman s'accomplit!"

mattei.jpgWolfgang PHILIPP:

Roberto de Mattei: “Le rêve de Soliman s’accomplit”

 

Professeur d’histoire à Rome, Roberto de Mattei s’est penché sur les effets qu’aurait une adhésion turque à l’UE

 

“La Turquie en Europe: bénéfice ou catastrophe?”: tel est le titre d’ouvrage récent de Roberto  de Mattei, professeur d’histoire à Rome, qui mériterait bien de devenr lecture obligatoire pour tout Européen digne de ce nom.

 

La Turquie est liée indissolublement à l’islam, qui la domine entièrement. Venus d’Asie centrale, les Turcs se sont fixés jadis en Anatolie et ont étendu le territoire de leur souveraineté en menant beaucoup de guerres. Tous ces actes de belligérance ont été motivés par la religion: la soumission d’autres peuples participe de la “guerre sainte”. Aux 16ème et 17ème siècles, les Turcs  ont conquis de vastes régions d’Europe du Sud-Est et soumis la Hongrie et Belgrade. L’Empire ottoman, finalement, étendait son territoire sur six millions de km2. Dans le texte d’une déclaration de guerre à l’Empereur d’Allemagne, Léopold, on a pu lire cet ordre: “Attends-nous dans ta ville de résidence, Vienne, pour que nous puissions venir t’y décapiter... et faire disparaître de la Terre jusqu’à la dernière créature de Dieu, pourvu qu’elle soit incroyante”.

 

Les Turcs n’ont pas pu donner suite à cette menace: ils ont été battus, si bien que le déclin de l’Empire ottoman a commencé. Mais il est demeuré en place jusqu’en 1924 au titre de califat. Mustafa Kemal l’a supprimé et a transformé la Turquie en une “république laïque” mais une république laïque où la liberté de culte n’était accordée qu’aux seuls citoyens de confession  musulmane. Atatürk a développé un programme systématique d’éradication du christianisme. On se rappelle surtout de l’expulsion et du massacre des Arméniens chrétiens et de l’expulsion des Grecs de la région égéenne de Smyrne entre 1916 et 1923. Le nombre des morts et des disparus est estimé entre 200.000 et un million. La Turquie a été pratiquement purgée de toutes ses populations chrétiennes, alors que l’Anatolie avait été auparavant un pays  entièrement chrétien.

 

Récemment, la Turquie s’est détournée des réformes préconisées par Atatürk pour infléchir le pays vers la laïcité. Dans tous les domaines de la vie, l’islamisation progresse en Turquie  aujourd’hui. Le “Diyanet”, l’office mis en place par Atatürk pour s’occuper des questions religieuses a pour fonction  d’asseoir la domination de l’Etat. Il occupe 90.000 imams payés  par l’Etat et fait fonctionner 85.000 mosquées actives. Des “fraternités” s’affairent à répandre la sharia dans le monde. La volonté de domination de l’islam est à mettre en parallèle avec l’ancienne volonté “socialiste” de promouvoir la révolution partout dans le monde. 

 

Ce fait, fondamental et observable, nous permet de déduire que, pour les Turcs islamistes, tous les autres peuples de la Terre sont des ennemis qui devront un jour être soumis par la ruse, par la tromperie ou par la guerre. Le premier ministre Erdogan avait un jour cité le poète Ciya Gökalp: “Les minarets sont nos baïonnettes, les dômes sont nos casques, les mosquées sont nos casernes et les croyants sont nos soldats”. Le même Erdogan avait décrit en 2008, lors de son fameux discours tenu à Cologne en Allemagne, l’assimilation des Turcs  comme “un crime contre l’humanité”. Le concept de “crime contre l’humanité” avait été forgé en 1946, lors du procès de Nuremberg. Il servait de base à l’argumentaire de l’accusation qui se focalisait sur l’élimination des juifs par les nationaux-socialistes. Inouïe était l’impudence qu’il y avait à utiliser justement ce concept-là en Allemagne aujourd’hui et à accuser cette dernière d’adopter, par sa politique volontariste d’assimiler les immigrés turcs, une attitude qui corresponde à ce concept de “crime contre l’humanité”; et aucun homme politique allemand n’a osé fustiger comme il se devait cette impudence du chef du gouvernement turc.

 

Pour Roberto de Mattei, il n’y a aucun doute: l’islam turc n’a pas d’autre intention que de soumettre tous les peuples d’Europe jusqu’à ce qu’advienne un califat européen. Les autorités turques rejette les politiques d’assimilation proposées par les Etats européens et contribuent ainsi à faire émerger partout des sociétés parallèles, en marge de la société hôte. A Berlin, par exemple, ces sociétés parallèles font en sorte que les élèves des premières classes dans  les écoles parlent à peine allemand. Pour répondre à la question qui forme le titre de son livre, l’auteur, qui est vice-président du “Conseil National de la Recherche” depuis 2004, équivalent italien du prestigieux Institut Max Planck d’Allemagne, estime, après investigation, qu’une adhésion de la Turquie à l’UE serait bel et bien une catastrophe. Roberto de Mattei cite ainsi Oral Öger, un député européen allemand d’origine turque, qui avait déclaré ce qui suit en 2004: “Ce que le Sultan Süleyman avait commencé en 1683 par le siège de Vienne, nous l’achèverons par la vigueur de nos hommes et la santé de nos femmes en triomphant des habitants autochtones”. L’AKP, parti d’Erdogan, n’a pas pour but d’ “européaniser” la Turquie mais de désoccidentaliser et de “turquifier” l’Europe. Cet dessein ne constitue pas simplement l’un des objectifs du gouvernement turc actuel, et serait dès lors passager, mais résulte d’un processus long et dangereux qui s’étend depuis plus de mille ans. Notre auteur, historien, rappelle qu’en islam religion et politique sont indissolublement lié. Si l’on part du principe des Etats démocratiques, qui séparent la religion et la politique, on se méprend totalement. 

 

Malheureusement Roberto de Mattei ne nous livre aucune réflexion quant au fait que les politiciens européens ignorent délibérément les dangers et les évidences ou, pire, travaillent à favoriser la conquête islamo-turque de notre propre continent. Dans certains quartiers de Berlin, la langue turque est devenu la deuxième langue officielle. On observe des phénomènes semblables dans tous les pays européens, mais surtout en Allemagne. La manière dont les politiciens allemands se montrent insouciants envers ce qu’il faut bien appeler la conquête turco-islamique s’assimile à la trahison. Les politiciens allemands, tous partis confondus, estiment que leur tâche principale consiste à faire bonne figure sur les podiums internationaux, tout en ignorant les intérêts de leur propre peuple. Le livre de Roberto de Mattei peut nous aider à extirper cette attitude de félonie, en en répandant les arguments au sein de la population.

 

Wolfgang PHILIPP.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°18/2010).

 

Source:

Roberto de MATTEI, Die Türkei in Europa – Gewinn oder Katastrophe?, Resch Verlag, Gräfelding, 2010, 152 p., 13,90 euro. 

Nieuwe stap in hervorming van grondwet in Turkije

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Nieuwe stap in hervorming van grondwet in Turkije        

 

 

ANKARA 07/05 (AFP) = Het Turkse parlement heeft vrijdag een hervorming van de grondwet goedgekeurd die de weg opent naar een referendum over een pakket amendementen op de grondwet. Volgens de oppositie kan de islamgezinde regering meer macht verwerven met de amendementen.

De hervorming werd met 336 van de 550 stemmen goedgekeurd, meer dan de 330 stemmen die vereist waren, maar minder dan de tweederdemeerderheid die tot een definitieve goedkeuring zonder referendum had geleid.

De amendementen willen vooral de macht van de gerechtelijke hiërarchie en het leger inperken, twee instellingen die de regering vijandig gezind zijn. Ze zullen nu aan de president van de republiek worden voorgelegd, die wellicht spoedig een referendum zal aankondigen. De Turkse premier Recep Tayyip Erdogan had donderdag verklaard dat over de grondwetshervorming een volksraadpleging gehouden zou worden als ze geen tweederdemeerderheid in het parlement zou halen.
   

mardi, 04 mai 2010

L'UE et sa politique de deux poids deux mesures

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Andreas MÖLZER:

L’Union Européenne et sa politique des deux poids deux mesures

 

La Turquie est traitée avec tact tandis que la Serbie doit subir vexations et rigueur

 

Les ambitions européennes de la Serbie seraient en train de se concrétiser: le pays s’est excusé récemment, et de manière formelle, pour le massacre de Srebenica, attitude d’humilité et de contrition que l’on chercherait en vain chez cet autre pays candidat à l’adhésion qu’est la Turquie, mais dont la candidature est toutefois largement contestée. En Turquie, on est menacé de sanctions si l’on ose débattre du génocide arménien.

 

L’interprétation des critères de Copenhague est arbitraire: on reproche à Belgrade de ne pas coopérer suffisamment avec le Tribunal de La Haye tandis que les atteintes aux droits de l’homme à Ankara sont considérées comme des faits divers négligeables. Mais ce n’est pas une nouveauté, ce n’est pas la première fois que l’UE pratique une politique de deux poids deux mesures. En Bosnie, on veut contraindre plusieurs groupes ethniques à cohabiter au sein d’un même Etat multiculturel alors qu’au Kosovo l’UE trouve tout naturel et légitime qu’un groupe ethnique se sépare d’un autre Etat. Le délégué de l’UE au Kosovo s’aligne sur le Plan Ahtisaari, déjà mis ad acta, et se mêle des élections communales serbes: voilà qui s’avère hautement problématique et contredit le devoir de neutralité dont doit faire montre tout médiateur, rôle que l’UE a la prétension de tenir.

 

La Serbie, au contraire de la Turquie, est historiquement et culturellement  européenne et constitue un Etat appelé à jouer un rôle clef dans la sécurité de tous les Balkans. Bien sûr, on ne doit pas répéter l’erreur commise lors de l’adhésion trop précoce de la Bulgarie et de la Roumanie à l’Union: il faut désormais que tous les critères d’adhésion soient remplis sans exception.  Mais, en revanche, l’UE n’a pas le droit d’exiger de la Serbie, pour prix de sa préparation à une éventuelle  adhésion, qu’elle reconnaisse l’indépendance du Kosovo, obtenue au mépris du droit des gens.

 

Andreas MÖLZER.

(article paru dans ézur Zeit”, Vienne, n°16/2010; trad. franç.: Robert Steuckers). 

mercredi, 28 avril 2010

Turken herdenken massamoorden op Armeniërs

Turken herdenken voor de eerste keer massamoorden op Armeniërs        

ISTANBOEL 24/04 (AFP) - Mensenrechtenactivisten, intellectuelen en Turkse artiesten hebben zaterdag in Istanboel voor de eerste keer op publiekelijke wijze de massamoorden op Armeniërs (1915-17) herdacht. Hiermee wordt een belangrijk taboe in Turkije doorbroken.
   

Istanbul.jpgDe afdeling uit Istanboel van de Vereniging voor Mensenrechten (IHD) organiseerde een herdenking voor de razzia op 220 leden van de Armeense intellectuele elite op 24 april 1915, het begin van de massamoorden.

Honderden manifestanten trokken, onder de slogan "Nooit meer", naar het station van Haydarpasa, vanwaar de eerste deportaties plaatsvonden. De betogers, begeleid door politie en talloze camera's, droegen zwart-witfoto's van gedeporteerden waarvan het merendeel nooit meer gezien werd. Een groep tegenbetogers werd door de politie op voldoende afstand gehouden. Rond 18.00 uur vindt een tweede betoging plaats in het hart van het Europese deel van Istanboel.
   

Ook in de Armeense hoofdstad Erevan zijn zaterdag duizenden mensen op straat gekomen om de 95ste verjaardag van de massamoord op de Armeniërs te herdenken. Volgens Armenië zijn meer dan 1,5 miljoen mensen omgekomen tijdens de genocide, Turkije houdt het aantal op 300.000 à 500.000 slachtoffers. Volgens Ankara werden ze echter niet het slachtoffer van een genocide, maar kwamen ze om tijdens de chaos van de laatste jaren van het Ottomaanse rijk.

MPK/MPE/(PLS)/

dimanche, 18 avril 2010

Tsarigrad ou le rêve brisé

 

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 2003

Trouvé sur : http://www.polemia.com/campagne.php?cat_id=31&iddoc=664
[Visitez souvent le site de l’association “Polemia” de Jean-Yves Le Gallou!!]

Fabien de STENAY :

Tsarigrad ou le rêve brisé

"Je me répète lentement, pour bien m'en pénétrer, cette phrase mélancolique d'un vieux prince Bibesco : « La chute de Constantinople est un malheur personnel qui nous est arrivé la semaine dernière »." Com­me le montre la fin amère du fameux roman de Jean Raspail « Le Camp des Saints », la chute de Constan­tinople reste dans l'imaginaire européen symbole de fatalité, de perte irréversible et d'autant plus dou­loureuse. Pourtant, avec le reflux de l'Empire ottoman à partir du XVIIIe siècle, il s'en fallut de peu pour que la Seconde Rome revînt aux mains des Européens. Mais, comme souvent, ce fut la division de ceux-ci qui ruina tous les espoirs.

 

Dans l'Europe restaurée du Congrès de Vienne et de la Sainte Alliance, la Russie s'était assignée la mission de garantir l'ordre sur le continent.

 

Dès le début de son règne, le tsar Nicolas Ier (1825-1855) fit du contrôle des détroits - « les clefs de la maison » - le second objectif de sa diplomatie pour des raisons au moins autant mystiques que straté­gi­ques. La politique de grande fermeté qui suivit vis-à-vis de la Sublime Porte déboucha en 1828 sur une guerre. L'armée russe fut victorieuse, et l'avantageux traité d'Andrinople fut conclu le 14 septembre 1829 : la Russie obtenait les bouches du Danube, des territoires caucasiens, ainsi que le libre passage à travers les détroits pour ses navires marchands. Enfin, les provinces de Moldavie et de Valachie obte­naient leur autonomie et leur placement sous protectorat russe (tout en restant officiellement rattachées à l'Empire ottoman). Les armées du tsar approchaient des Balkans.

 

Toutefois, les principes arrêtés par Alexandre Ier restaient de vigueur : on se contentait d'affaiblir l'Em­pire ottoman, tout en maintenant son intégrité territoriale. Dès le début des années 1830, cette politi­que relativement modérée porta ses fruits : le sultan demanda en 1833 l'aide russe contre le soulèvement du pacha d'Egypte Mehmet Ali. En retour, un traité d'assistance mutuelle fut signé entre les deux Empi­res; une clause secrète interdisait à l'Empire ottoman d'ouvrir les Dardanelles aux bâtiments de guerre étrangers.

 

Les grandes puissances européennes, en premier lieu l'Angleterre, contestèrent le privilège accordé aux Russes, et un nouveau conflit turco-égyptien donna l'occasion d'un nouveau traité : la convention des Dé­troits, entre l'Autriche, la France, la Grande-Bretagne, la Prusse et la Russie, par laquelle les Britanniques obtinrent que les détroits soient interdits, en temps de paix, à tout navire autre que turc.

 

La Russie conservait toutefois des droits sur les populations chrétiennes de l'Empire ottoman, en parti­culier dans les Balkans.

 

Aussi, quand, en 1852, Napoléon III obtint la restitution de douze lieux saints de Palestine à l'Eglise ca­tholique qui les avait perdus en 1808 au profit de l'Eglise orthodoxe, la diplomatie russe perçut le succès français comme une menace. Au début de l'année suivante, le tsar proposa donc au gouvernement bri­tannique un plan de partage de l'Empire ottoman excluant Napoléon III : l'Egypte reviendrait à l'Angleterre tandis que la Russie obtiendrait les Principautés roumaines, la Serbie, la Bulgarie ainsi que le contrôle des détroits. Mais le projet ne pouvait qu'échouer : le tsar négligeait la force des ambitions françaises, et surtout l'hostilité des Anglais comme des Autrichiens à l'avancée russe dans les Balkans. Après une nouvelle guerre russo-turque et la destruction de la flotte ottomane le 30 novembre 1853 à Sinope, la France et l'Angleterre entrèrent en guerre contre le tsar. La guerre de Crimée se poursuivit pendant plus de deux ans et aboutit à une débâcle russe. Le nouveau tsar Alexandre II, à la tête d'une Russie en net recul, con­sacra alors une bonne partie de son énergie à réformer son Empire, et renonça pour le moment à son expansion balkanique.

 

Le climat des années 1870 renoua en partie avec celui qui suivit le Congrès de Vienne : en 1873, une al­liance des trois empereurs (Allemagne, Autriche-Hongrie, Russie) ayant pour but de préserver l'équilibre européen semblait rejouer la Sainte-Alliance.

 

Mais pour le tsar, cette place qui lui était donnée devait servir de tremplin à une nouvelle politique bal­kanique conforme à la poussée du nationalisme et du panslavisme dans l'opinion russe. Celle-ci avait en ef­fet commencé à s'engager passionnément dans la « question d'Orient » au nom de la cause panslave. Mos­cou, « troisième Rome », devait non seulement défendre les intérêts des minorités slaves et orthodoxes de l'Empire ottoman, mais aussi libérer ceux-ci du joug turc et reprendre pied à Constantinople. De plus en plus, la cité du Bosphore était désignée dans la langue russe sous le nom fortement connoté de Tsarigrad, « la ville des empereurs ». Des comités panslaves se formèrent dans les grandes villes (Mos­cou, Saint-Pétersbourg, Kiev, Odessa…), et nourrissaient leur idéologie par les écrits de plumes presti­gieuses, comme Danilevski ou Dostoïevski. Ce dernier écrivait par exemple dans le « Journal d'un écri­vain » : « Le chemin du salut exige que la Russie, et pour son propre compte, s'empare de Constantinople, car la Russie seule a le droit de dire qu'elle est à la hauteur de la tâche ». Certes, le gouvernement russe se méfiait de cette surenchère, mais elle contribua néanmoins au renforcement de l'engagement russe dans les Balkans, au moment même où les minorités orthodoxes de l'Empire ottoman se révoltèrent.

 

Le mouvement lancé en juillet 1875 par les paysans orthodoxes de Bosnie contre leurs seigneurs musul­mans se généralisa en effet à l'ensemble des Balkans.

 

Devant la féroce répression turque et l'entrée en guerre de la Serbie et du Monténégro, la Russie tint na­turellement à intervenir. Prudente, elle attendit la garantie de la neutralité autrichienne pour déclarer la guerre aux Ottomans, en avril 1877. L'engagement russe fut massif et, malgré la vive résistance tur­que, les troupes du Tsar entrèrent dans Andrinople, à 200 Km de Constantinople, en janvier 1878. Le 3 mars suivant, le traité de San Stefano entérinait la victoire de la Russie, qui obtenait de plus des terri­toires arméniens et roumains. L'Empire ottoman dut reconnaître formellement l'indépendance de la Ser­bie, du Monténégro, de la Roumanie, et accepter l'autonomie d'une grande Bulgarie englobant la Ma­cédoine.

 

Toutefois, ce traité bilatéral russo-turc, bien qu'il témoignât du dynamisme retrouvé de la politique bal­kanique russe, se heurta à l'hostilité des diplomaties autrichienne et anglaise qui voyaient d'un mauvais œil cette grande Bulgarie, vaste Etat slave client de la Russie. Les autorités russes durent bientôt ac­cepter le principe d'une conférence internationale; celle-ci se déroula à Berlin en juin et juillet 1878, sous l'égide du chancelier Bismarck et en présence des dirigeants européens de tout premier plan. La Russie dut renoncer à l'autonomie de la Grande Bulgarie et accepter que la Bosnie-Herzégovine fût occupée par l'Autriche-Hongrie. Malgré le dynamisme de la politique balkanique d'Alexandre II, la fin de son règne fut donc marquée par l'opposition virulente des Autrichiens et des Anglais, bientôt rejoints par l'Allemagne : en 1879, une nouvelle alliance, la Duplice, réunissait les Empires autrichien et allemand face à la Russie.

 

Le combat pour Tsarigrad restait toutefois une préoccupation au moins inconsciente de l'impérialisme russe. « Ce damné mirage de Constantinople », comme fait dire Soljénitsyne à l'un des personnages de «Novembre Seize», allait jouer un rôle dans les négociations qui menèrent à la Première Guerre Mon­diale et qui la rythmèrent.

 

En 1912, lors des guerres menées contre la Turquie par les Etats balkaniques, la Russie soutint ces der­niers en faisant bien comprendre à tous que la question constantinopolitaine était un domaine réservé du Tsar. Mais surtout, la mise en place de la Triple Entente impliquait un accord entre Saint-Pétersbourg et Londres : en 1905, la France avait en effet refusé de suivre les cousins Guillaume II et Nicolas II dans leur projet de grande alliance continentale, concocté à Björkö. Après cet échec, le réarmement naval de l'Allemagne inquiéta la Russie, qui, en 1907, n'eut d'autre choix que de suivre la France dans son alliance avec l'Angleterre, bien que cette dernière eût soutenu le Japon dans la guerre de 1904-1905. Mais malgré l'accord tacite de ses alliés à l'enlèvement de Constantinople aux Turcs, la Russie savait qu'elle ne pourrait faire admettre celui-ci aux Autrichiens qu'à la faveur d'une guerre victorieuse.

 

C'est donc après le déclenchement du conflit européen en août 1914 (la Russie ne déclara la guerre à la Turquie qu'en novembre) que commencèrent les manœuvres, militaires comme diplomatiques, autour de la Ville de Constantin.

 

En 1915, Anglais et Français montèrent l'opération des Dardanelles, en vue d'occuper Constantinople et de négocier sa remise à la Russie. Mais devant la résistance menée par Mustafa Kemal et le général allemand Liman von Sanders, l'offensive fut abandonnée après plusieurs mois meurtriers, et ce malgré l'épuisement imminent de l'armement turc: le retrait de l'amiral anglais De Robeck, commandant en chef de l'opéra­tion, stupéfia les Turcs qui ne pensaient pas pouvoir tenir plus longtemps ; il n'est pas impossible que la victoire ait été délibérément évitée. Mais ce n'est pas la dernière occasion manquée dans cette affaire.

 

À partir de la fin de 1916, des négociations secrètes furent ouvertes entre Vienne et Paris, par l'in­termédiaire des princes de Bourbon-Parme, frères de l'impératrice Zita et officiers dans l'armée belge. En février 1917, Charles Ier d'Autriche fit savoir qu'il était prêt à accepter, non seulement la restitution à la France de l'Alsace-Moselle (et même des places enlevées au second traité de Paris en 1815), au sujet de laquelle il fallait encore convaincre Guillaume II, ignorant tout de ces tractations, mais aussi la souve­raineté russe sur Constantinople : sans le soutien autrichien dans les Balkans, il était impossible aux Turcs de résister à une offensive de la Russie et de ses alliés. Le 24 mars, Charles Ier mit ses propo­sitions par écrit, celles-ci restant toutefois encore secrètes.

 

Mais le 31 mars 1917, Clemenceau convainquit le nouveau ministre des Affaires étrangères Ribot de rom­pre les pourparlers engagés par son prédécesseur Briand. Entre-temps, la révolution avait éclaté en Rus­sie, et celle-ci allait bientôt se retirer du conflit ; pendant que Lénine et Trotsky s'activaient en secret, Ribot trahissait les engagements de la France en révélant, aux Italiens d'abord, puis à tous, les propo­sitions autrichiennes. Les révolutionnaires de Petrograd et les radicaux de Paris mettaient fin à un vieux rêve en passe de s'accomplir.

 

Seuls de rares rêveurs espèrent encore que la Seconde Rome et Sainte-Sophie seront un jour libérées. En­core cet espoir n'est-il souvent guère plus qu'une illusion romantique.

 

Toutefois, il n'est pas exclu qu'un jour, peut-être plus proche qu'on ne l'imagine, l'Europe enfin unie ou tout du moins solidaire puisse récupérer l'antique cité fondée au VIIe siècle A.C. par les Grecs de Mégare, élevée au rang de capitale impériale par Constantin le Grand et phare de l'Europe orientale pendant un millénaire. Car si Nietzsche nous apprend que la volonté de puissance est un moteur de l'histoire, n'oublions pas pour autant combien peut être grande la puissance de la volonté.

 

Fabien de STENAY,

(10/10/2003 - © POLEMIA).

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mardi, 06 avril 2010

South Stream: Russlands Pipeline-Strategie gegenüber der Türkei

»South Stream«: Russlands Pipeline-Strategie gegenüber der Türkei

F. William Engdahl - Ex: http://info.kopp-verlag.de/

Während Moskau inzwischen zahlreiche politische Hindernisse beim Bau der »Nord Stream«-Gaspipeline nach Greifswald in Deutschland überwinden konnte, konzentriert Washington seine geopolitische Strategie auf den Aufbau einer zweiten Front im russisch-amerikanischen »Pipelinekrieg«: eine durch die Türkei verlaufende südosteuropäische Konkurrenz-Pipeline namens »Nabucco«. Der Name ist von der berühmten Verdi-Oper entlehnt, die vom erzwungenen Exil des hebräischen Volkes unter dem babylonischen König Nebukadnezar handelt. Washington setzt sich ganz offen für das Projekt »Nabucco«-Pipeline ein. Moskau dagegen wirbt für das eigene Projekt, die »South Stream«, eine südeurasische Schwesterpipeline zur »Nord Stream« im nördlichen Teil Europas. Für beide Seiten steht enorm viel auf dem Spiel.

South_Stream_map.pngAm 12. Dezember 2009 gab die Regierung von Bulgarien – ehemaliges Mitgliedsland des Warschauer Pakts und heute NATO- und EU-Mitglied – bekannt, man werde sich ungeachtet erheblichen Drucks vonseiten Washingtons an Moskaus South-Stream-Projekt beteiligen.

Im Juni 2007 haben Gazprom und der italienische Energiekonzern ENI eine Absichtserklärung über Planung, Finanzierung, Bau und Betrieb der South Stream unterzeichnet. ENI, der größte italienische Industriekonzern, der in den 1950er-Jahren vom legendären Enrico Mattei gegründet worden ist, befindet sich teilweise in Staatsbesitz und ist seit Anfang der 1970er-Jahre in Gasgeschäften mit Russland tätig.

Der Offshore-Abschnitt der South Stream wird in einer Länge von ca. 550 Kilometern von der russischen zur bulgarischen Küste in einer Tiefe von bis zu zwei Kilometern durch das Schwarze Meer verlaufen; die volle Kapazität der Pipeline wird 63 Milliarden Kubikmeter, also mehr als die der Nord Stream, betragen.

In Bulgarien wird sich die South Stream in zwei Stränge teilen, der nördliche Strang verläuft über Rumänien, Ungarn und die Tschechische Republik nach Österreich, der südliche durch Bulgarien nach Süditalien. Die neue Gaspipeline soll 2013 in Betrieb genommen werden.

Gazprom hat vertraglich zugesichert, Italien bis 2035 mit Gas zu versorgen, South Stream ist dabei die wichtigste Lieferroute. Das Unternehmen South Stream AG, ein Joint Venture zu gleichen Teilen zwischen Gazprom und ENI, ist in der Schweiz eingetragen. Bisher hat Gazprom Transitabkommen für die Pipeline mit Serbien, Griechenland und Ungarn geschlossen. (1) Darüber hinaus hat das Unternehmen im Januar 2008 51 Prozent der Anteile des serbischen staatlichen Energiemonopolisten NIS aufgekauft, um sich die Präsenz in diesem Land zu sichern.

Welchen Druck Washington bezüglich der Beteiligung an der russischen South Stream auf Bulgarien ausübt, wurde daran deutlich, dass Bulgarien sich im Dezember 2009 auch zur Beteiligung an dem Nabucco-Projekt verpflichtet hat. Gegenüber der Presse kommentierte der bulgarische Regierungschef Boyko Borisov die doppelte Unterschrift: »Nabucco bedeutet für die Europäische Union eine Priorität, gleichzeitig kommt die russische South Stream sehr schnell vorankommt; fast täglich beteiligen sich weitere europäische Länder daran.« (2) 

Am 3. März 2010 hat die neue kroatische Regierung von Ministerpräsidentin Jadranka Kosor eine Vereinbarung mit dem russischen Ministerpräsidenten Wladimir Putin unterzeichnet, nach der die Pipeline über kroatisches Gebiet geführt werden darf. Ein neu gegründetes Joint Venture zu gleichen Anteilen wird den Bau ausführen.

Laut Kosor liefert die Vereinbarung »Über Bau und Nutzung einer Gaspipeline auf kroatischem Territorium« den rechtlichen Rahmen für die Beteiligung Kroatiens an South Stream und ermöglicht den beteiligten Parteien die Bildung eines Joint Ventures zu gleichen Teilen. Zwei Tage später schien der Zuspruch zu dem Gazprom-Projekt bereits lawinenartig gewachsen: die bosnische Republika Srpska kündigte an, auch sie werde sich an der South-Stream-Gaspipeline beteiligen. Sie schlägt den Bau einer 480 Kilometer langen Pipeline in Nord-Bosnien vor, die an die South Stream angeschlossen werden soll. Damit ist die Zahl der Länder, die entsprechende Verträge mit Gazprom unterzeichnet haben, auf sieben angewachsen. (3)

Zusätzlich zur bosnischen Republika Srpska sind mittlerweile Bulgarien, Ungarn, Griechenland, Serbien, Kroatien und Slowenien Partner von Gazprom. Das entspricht praktisch derselben Route über den Balkan wie bei der umstrittenen Bagdad-Bahn, die in den britischen Machenschaften, die letztendlich nach der Ermordung des österreich-ungarischen Thronfolgers Erzherzog Franz Ferdinand zum Ersten Weltkrieg führten, eine äußerst wichtige Rolle spielte. (4)

Die zentrale Frage der beiden konkurrierenden Pipelineprojekte South Stream und Nabucco ist nicht, wer das transportierte Gas kaufen wird. Wie bereits erwähnt, geht man allgemein davon aus, dass die Nachfrage nach Erdgas in Europa in den kommenden Jahren dramatisch steigen wird. Wichtiger ist die Frage, woher das Gas stammen wird, das die Pipeline füllt. Hier hat Moskau jetzt offensichtlich alle Trümpfe in der Hand.

Zusätzlich zu dem Gas, das direkt von den russischen Gasfeldern stammt, wird ein erheblicher Teil des durch die South Stream transportierten Gases aus Turkmenistan und Aserbaidschan kommen, ein weiterer Teil möglicherweise aus dem Iran. Im Dezember 2009 reiste der russische Präsident Dmitri Medwedew zur Unterzeichnung umfangreicher Vereinbarungen über eine Kooperation im Bereich Energie nach Turkmenistan.

Bis zum Zerfall der Sowjetunion im Jahr 1991 zählte Turkmenistan als Turkmenische Sozialistische Sowjetrepublik oder TuSSR zu den Teilrepubliken der Sowjetunion. Das Land grenzt im Südosten an Afghanistan, im Süden und Südwesten an den Iran, im Osten und Nordosten an Usbekistan, im Norden und Nordwesten an Kasachstan und im Westen an das Kaspische Meer. Bisher war die russische Gazprom der dominierende Wirtschaftspartner des Landes, in dem erst kürzlich neue Gasvorkommen bestätigt worden sind. Das Gas aus Turkmenistan ist für die Lieferkette von Gazprom sehr bedeutsam, und das bereits seit der Zeit, als Turkmenistan noch zur Sowjetunion gehörte und Teil der sowjetischen Wirtschaftsinfrastruktur war.

Als der »auf Lebenszeit gewählte Präsident« Saparmyat Nyasov, der auch als »Türkmenbaşy« oder »Führer der Turkmenen« bekannt war, im Dezember 2006 unerwartet verstarb, weckte dies in Washington die Hoffnung, den neuen Präsidenten Gurbanguly Berdimuhamedow von Russland lösen und unter amerikanischen Einfluss bringen zu können. Bislang allerdings ohne großen Erfolg.

Das Abkommen zwischen Medwedew und Berdimuhamedow vom Dezember umfasste neue Vereinbarungen über langfristige Lieferung von turkmenischem Gas an Gazprom, mit dem entweder die South-Stream-Pipeline direkt gefüllt werden oder die entsprechende Menge russischen Gases ersetzt werden soll – was bedeutet: Nabucco zieht den kürzeren.

 

Nabucco auf dem Trockenen …

Mit ihrer aktiven Pipeline-Diplomatie der vergangenen Monate setzen Russland und die Gazprom dem Nabucco-Projekt, der von Washington favorisierten Alternative, schwer zu. Mit der geplanten Nabucco-Pipeline soll die Region um das Kaspische Meer und der Nahe Osten über die Türkei, Bulgarien, Rumänien, Ungarn mit Österreich verbunden werden, und von dort aus sollen die Gasmärkte in Zentral- und Westeuropa beliefert werden. Bei einer Länge von ca. 3300 Kilometern würde sie von der georgisch-türkischen und/oder iranisch-türkischen Grenze nach Baumgarten in Österreich führen. Sie soll parallel zu der bereits bestehenden, von den USA unterstützten Ölpipeline Baku-Tiflis-Erzurum verlaufen und jährlich 20 Milliarden Kubikmeter Gas transportieren. Zwei Drittel der geplanten Pipeline würden über türkisches Gebiet verlaufen.

Nach seinem zweitägigen Ankara-Besuch im April 2009 sah es zunächst so aus, als habe US-Präsident Obama einen Sieg für Nabucco errungen, denn der türkische Ministerpräsident Erdogan willigte ein, das Projekt nach mehrjähriger Verzögerung im Juli 2009 mit seiner Unterschrift abzusegnen. Nabucco ist Teil der amerikanischen Strategie, die vollständige Kontrolle über die Energieversorgung nicht nur der EU-Länder, sondern ganz Eurasiens zu übernehmen. Die Pipeline wurde explizit so geplant, dass sie nicht über russisches Territorium führt; die Kooperation zwischen Russland und Westeuropa im Bereich Energie soll dadurch geschwächt werden. Diese bisherige Kooperation war ihrerseits ein maßgeblicher Beweggrund für die deutsche und französische Regierung, dem Druck aus Washington für die Aufnahme Georgiens und der Ukraine in die NATO nicht nachzugeben.

Heute steht die Zukunft von Nabucco in den Sternen, denn die russische Gazprom hat sich langfristige Verträge mit praktisch allen potenziellen Gaslieferanten für Nabucco gesichert. Nabucco sitzt also auf dem Trockenen. Deshalb werden jetzt Aserbaidschan, Usbekistan, Turkmenistan, Iran und Irak als potenzielle Lieferanten für Nabucco umworben.

Bisher war Aserbaidschan als Hauptgaslieferant für Nabucco vorgesehen. Die großen aserbaidschanischen Ölvorkommen hat sich ein anglo-amerikanisches Konsortium unter Führung der BP bereits gesichert, das unabhängig von Moskau Öl aus Baku am Kaspischen Meer nach Westen transportiert. Die Ölpipeline Baku-Tiflis-Ceyhan war ein wichtiges Motiv für Washington, 2004 die »Rosen-Revolution« in Georgien zu unterstützen, die den Diktator Micheil Saakaschwili an die Macht brachte.

Im Juli 2009 reisten Russlands Präsident Medwedew und Gazprom-Chef Alexei Miller gemeinsam nach Baku und unterzeichneten dort einen langfristigen Vertrag über den Kauf der gesamten Erdgasproduktion auf dem dortigen Offshore-Gasfeld Shah Denzi II, auf das auch die Planer von Nabucco spekuliert hatten. Aserbaidschans Präsident Alijew spielt anscheinend ein Katz-und-Maus-Spiel mit Russland auf der einen und mit der EU und Washington auf der anderen Seite. In der Hoffnung, dabei den höchstmöglichen Preis herauszuschlagen, versucht er, beide gegeneinander auszuspielen. Gazprom hat eingewilligt, den ungewöhnlich hohen Preis von 350 Dollar für 1.000 Kubikmeter Shah-Deniz-Gas zu bezahlen – eine offensichtlich politisch, nicht wirtschaftlich motivierte Entscheidung der Regierung in Moskau, die die Mehrheitsbeteiligung an Gazprom hält. (5) Anfang Januar 2010 gab die Regierung von Aserbaischan auch den Verkauf von einem Teil ihres Gases an den benachbarten Iran bekannt, ein weiterer Rückschlag für die Belieferung für Nabucco. (6)

Selbst wenn Aserbaidschan einwilligen sollte, Gas zu verkaufen und selbst wenn Nabucco dieses zu vergleichbaren Bedingungen wie Gazprom kaufen würde, so reichte das aserbaidschanische Gas alleine nach Auskunft von Branchenkennern nicht aus, die Pipeline zu füllen. Woher könnte das verbleibende Volumen kommen? Eine Möglichkeit wäre der Irak, die andere der Iran. Doch beides würde Washington, vorsichtig formuliert, gewaltige geopolitische Probleme bereiten.

Zurzeit ist nicht einmal ein Minimal-Abkommen zwischen der Türkei und Aserbaidschan über die Lieferung von aserbaidschanischem Öl in Sicht. Trotz der 2009 mit großer Fanfare bekannt gegebenen Entscheidung der türkischen Regierung, dem Nabucco-Projekt beizutreten, befinden sich die Gespräche zwischen der türkischen und aserbaidschanischen Regierung in der Sackgasse. Trotz wiederholter Interventionen vonseiten des amerikanischen Sondergesandten für eurasische Energiefragen, Richard Morningstar, ein Abkommen zustande zu bringen, sind die Gespräche derzeit noch immer blockiert. Washingtons Nabucco-Träume wurden zusätzlich getrübt, als die österreichische OMV, ein weiterer wichtiger Nabucco-Partner, Ende Januar gegenüber der Nachrichtenagentur Dow Jones erklärte, Nabucco werde nicht gebaut, wenn es keine ausreichende Nachfrage gebe. (7)

Auch andere in Washington ins Spiel gebrachte Optionen wären problematisch. Um beispielsweise irakisches Gas in die Nabucco-Pipeline einzuspeisen, müsste dieses auf irakischer und türkischer Seite über kurdisches Gebiet transportiert werden, was der jeweiligen kurdischen Minderheit eine willkommene neue Einkommensquelle bescheren würde – und das kommt in Istanbul gar nicht gut an. Den Iran hat Washington gegenwärtig als Gaslieferanten wegen der Spannungen über das iranische Atomprogramm nicht auf der Rechnung; wichtiger ist allerdings noch der enorme iranische Einfluss auf die Zukunft des Irak mit seiner mehrheitlich schiitischen Bevölkerung.

Usbekistan und Turkmenistan verfügen zwar beide über erhebliche Erdgasvorkommen, kommen jedoch politisch und geografisch schwerlich als Gaslieferanten für ein im Kern anti-russisches Projekt infrage. Ihre entfernte Lage bedeutet darüber hinaus enorme Kosten, denn dieses Gas wäre erheblich teurer als das vom Konkurrenten Gazprom über die South-Stream-Pipeline transportierte.

In klassischer Manier byzantinischer Diplomatie hat der türkische Ministerpräsident Recep Tayyip Erdogan sowohl Russland als auch den Iran eingeladen, sich an dem Nabucco-Projekt zu beteiligen. Laut RIA Novosti erklärte Erdogan: »Wir möchten, dass sich der Iran an dem Projekt beteiligt, wenn es die Bedingungen erlauben, und hoffen ebenfalls auf die Beteiligung Russlands.« Während Putins Besuch in Ankara im August 2009, also nur wenige Wochen nach der formellen Unterzeichnung des Nabucco-Vertrags mit den USA, gewährte die Türkei dem staatlichen russischen Erdgasmonopolisten Gazprom die Nutzung der territorialen Gewässer im Schwarzen Meer. Russland will die South-Stream-Pipeline nach West- und Südeuropa durch das Schwarze Meer führen. Im Gegenzug sagte Gazprom den Bau einer Pipeline vom Schwarzen Meer zum Mittelmeer über türkisches Gebiet zu. (8)

Anfang Januar 2010 bestärkte die türkische Regierung während eines zweitägigen Moskau-Besuchs von Ministerpräsident Erdogan, bei dem über Energie und die Süd-Kaukasus-Region gesprochen wurde, die entstehenden Bindungen an Russland. Washingtons Radio Liberty spricht von einer »neuen strategischen Allianz« zwischen den früheren erbitterten Gegnern im Kalten Krieg. Die Türkei ist schließlich auch Mitglied der NATO. (9)

Diese Entwicklung ist keine vorübergehende Modeerscheinung. In den Medien beider Länder ist von einer russisch-türkischen »strategischen Partnerschaft« die Rede. (10) Heute bildet die Türkei den größten Markt für den Export von russischem Öl und Gas. Beide Länder beraten auch über russische Pläne für den Bau des ersten Kernkraftwerks in der Türkei zur Deckung des dortigen Energiebedarfs. Der Handel zwischen beiden Ländern erreichte im vergangenen Jahr ein Volumen von 38 Milliarden Dollar; damit war Russland der größte Handelspartner der Türkei. Für die nächsten fünf Jahre wird eine Steigerung um etwa 300 Prozent erwartet, dementsprechend bildet sich in der Türkei eine solide und wachsende pro-russische Handelslobby. Die beiden Länder verhandeln derzeit konkret über weitere Handelsabkommen in Höhe von ca. 30 Milliarden Dollar, einschließlich des geplanten Kernkraftwerks in der Türkei sowie der Gaspipelines South Stream und Blue Stream zwischen Russland und der Türkei sowie einer Ölpipeline Samsun–Ceyhan von Russland an die türkische Mittelmeerküste. (11)

Doch den Nabucco-Befürwortern, besonders denen in Washington, droht noch manch anderer politische Sprengsatz: So verabschiedete das türkische Parlament zwar am 4. März 2010 ein Gesetz zum Bau der Nabucco-Pipeline, doch am selben Tag stimmte der Auswärtige Ausschuss des US-Repräsentantenhauses für eine nicht-bindende Resolution, in der die Morde an den Armeniern in der Zeit des Ersten Weltkriegs als Völkermord bezeichnet werden.

Sofort nach diesem Votum wurde der türkische Botschafter aus Washington zurückgerufen. Immerhin kann genau dieses Votum zu einer engeren Zusammenarbeit zwischen Moskau und Ankara in Fragen von beiderseitigem Interesse führen, South Stream eingeschlossen.

Die Europäische Union hat gerade ein drei Milliarden Dollar schweres Konjunkturpaket bewilligt, das auch 273 Millionen Dollar für Nabucco beinhaltet. Angesichts erwarteter Gesamtkosten von elf Milliarden Dollar bedeutet dieser Betrag nicht gerade eine überwältigende Unterstützung für Nabucco. Außerdem liegt das Geld bis zum endgültigen Start von Nabucco auf Eis, was darauf hindeutet, dass die EU-Länder weit weniger darauf erpicht sind als Washington, bei der riskanten Gegenstrategie Nabucco zu Moskaus South Stream mitzumachen. Die EU hat erklärt, das Geld werde für andere Zwecke verwendet, falls es zwischen den Nabucco-Befürwortern und Turkmenistan nicht innerhalb von sechs Monaten zu einer Einigung über die Gaslieferung käme.

Das zeitliche Zusammentreffen der Neutralisierung eines NATO-Beitritts der Ukraine mit dem Beginn des Baus der strategisch wichtigen Nord-Stream-Pipeline von Russland nach Deutschland sowie Russlands Pläne für die South-Stream-Gaspipeline hat die Nabucco-Pipeline, Washingtons Gegenmaßnahme, praktisch wertlos gemacht. Durch diese Entwicklungen ist gewährleistet, dass Russland wichtigster Energielieferant für Europa bleibt. In den vergangenen Jahren ist der Anteil russischer Energielieferungen nach Europa auf fast 30 Prozent aller Energieimporte gestiegen, beim Erdgas ist Russland sogar der wichtigste Lieferant. (12) Das Ganze hat weitreichende strategische und geopolitische Bedeutung, was Washington sicher nicht entgangen sein dürfte.

 

 

__________

(1) Gazprom, »Major Projects: South Stream«, unter http://old.gazprom.ru/eng/articles/article27150.shtml

(2) Trend, »Bulgaria ready to participate in both South Stream and Nabucco«, Baku, Aserbaidschan, 5. Dezember 2009, unter http://en.trend.az

(3) Olja Stanic, »Bosnian Serbs to join Russia-led gas pipeline«, Reuters, 5. März  2005, Banja Luka, Bosnien, unter http://in.reuters.com/article/oilRpt/idINLDE6241B920100305

(4) Mehr über diese faszinierende und fast vergessene Geschichte der deutsch-britischen imperialen Rivalität in Bezug auf die Bagdad-Bahn im Vorfeld des Ersten Weltkriegs siehe: F. William Engdahl, Mit der Ölwaffe zur Weltmacht – Der Weg zur neuen Weltordnung,  Kopp Verlag, Rottenburg, 3. Auflage 2008, S. 42ff. (Englische Originalausgabe: A Century of War: Anglo-American Oil Politics and the New World Order, Pluto Press, London 2004, pp. 22–28)

(5) Mahir Zeynalov, »Azerbaijan-Gazprom agreement puts Nabucco in jeopardy, Today’s Zaman« 16. Juli 2009, unter http://www.todayszaman.com/tz-web/sabit.do?sf=aboutus

(6) Saban Kardas, »Delays in Turkish-Azeri Gas Deal Raises Uncertainty Over Nabucco«, Eurasia Daily Monitor, Jhrg. 7, Heft 39, 26. Februar 2010

(7) Ebenda

(8) Rian Whitmore, »Moscow Visit by Turkish PM Underscores New Strategic Alliance«, Radio Liberty/Radio Free Europe, 13. Januar 2010, unter http://www.rferl.org/content/Moscow_Visit_By_Turkish_PM_Underscores_New_Strategic_Alliance/1927504.html

(9) Ebenda

(10) Faruk Akkan, »Turkey and Russia move closer to building strategic partnership«, RIA Novosti, 15. Januar 2010, unter http://en.rian.ru/valdai_foreign_media/20100115/157554880.html

(11) RIA Novosti, »Russian delegation to discuss Turkey nuclear power plant plan«, Ankara, 18. Februar 2010, unter http://en.rian.ru/world/20100218/157927131.html

(12) Kommersant, »Nabucco's future depends on Turkmenistan«, Moscow, 9. März 2010, unter http://en.rian.ru/papers/20100309/158135872.html

 

Mittwoch, 31.03.2010

Kategorie: Allgemeines, Geostrategie, Wirtschaft & Finanzen, Politik

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