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dimanche, 11 février 2018

Chypre : un lieu de tensions en Méditerranée orientale

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Chypre : un lieu de tensions en Méditerranée orientale

Par Patrice GOURDIN

Ex: https://www.diploweb.com

Docteur en histoire, professeur agrégé de l’Université, Patrice Gourdin enseigne à l’École de l’Air. Il intervient également à l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence. Membre du Conseil scientifique du Centre géopolitique.

Alors que nous assistons à la mise en scène des « Jeux de la Paix » entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, l’Union européenne compte depuis 2004 un pays membre – Chypre - occupé en partie par un pays supposé candidat depuis 2005 – la Turquie. Patrice Gourdin offre ici une analyse géopolitique de ce lieu de tensions en mer Méditerranée. Un texte de référence sur une question souvent méconnue.

FIN janvier 2018, à Lefkosia (nom turc de Nicosie), à l’instigation du président turc Recep Tayyip Erdogan, des nationalistes ont attaqué le journal Afrika qui avait critiqué l’offensive contre les Kurdes de Syrie (opération Rameau d’olivier) et établi un parallèle avec l’intervention à Chypre en 1974. Cette violence illustre les rivalités qui affligent l’île. Sur le territoire de Chypre, la répartition du pouvoir est complexe : au nord, la République turque de Chypre du Nord-RTCN, une zone peuplée de Chypriotes turcs, occupée par l’armée turque depuis 1974 ; au sud, un espace contrôlé par la République de Chypre, où le pouvoir est exercé par des Chypriotes grecs. Issues d’un conflit, ces deux entités sont séparées par une zone tampon où se trouve stationnée depuis 1974 une force d’interposition de l’ONU, la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP). Ajoutons qu’après l’indépendance de Chypre en 1960, la Grande-Bretagne a conservé deux bases militaires (Dhekelia, Akrotiri), sur la côte sud. La proximité de cet espace insulaire avec le Proche-Orient contribue à expliquer cet état de fait. Le poids de l’histoire est considérable et plusieurs acteurs extérieurs ont influé ou continuent d’influer sur l’évolution de l’île.

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Carte de Chypre en 2017.
Source de cette carte de Chypre en 2017 : Mathieu Petithomme « Chypre : l’impasse des pourparlers de réunification », Questions internationales n°87 - septembre-octobre 2017, La documentation Française.

I. Un carrefour insulaire

L’île de Chypre se situe en Méditerranée orientale, très près des côtes de Turquie, de Syrie, du Liban, d’Israël et d’Égypte. Cela la place au contact direct d’une zone particulièrement instable : le Proche-Orient. La tumultueuse histoire de cette région pesa constamment sur les Chypriotes. L’île connut différents centres de pouvoir, aujourd’hui disparus ou délaissés. En 1192, la maison des Lusignan prit la direction du royaume et en fixa la capitale à Nicosie. La ville se trouvait idéalement située : sur la rivière Pedieos, pour l’approvisionnement en eau ; au cœur de l’île, donc équidistante des différentes régions ; dans la plaine de la Mésorée, principale zone agricole, pour l’alimentation des citadins. Nicosie est l’épicentre de tous les événements importants qui marquèrent l’évolution de l’île depuis près d’un millénaire. Moins connu que celui qui traversait Berlin entre 1961 et 1989, un mur de séparation matérialise, au cœur de la capitale, la coupure du pays en deux. La division politique de l’île, la zone tampon instituée en 1964 à Nicosie puis généralisée en 1974 et l’emprise des bases britanniques (Dhekelia, Akrotiri) fragmentent le territoire de Chypre. La découverte récente d’hydrocarbures offshore suscite des tensions autour de la délimitation des zones économiques exclusives des États riverains.

Chypre est peu étendue : 9 251 km², ce qui la place derrière la Sicile, la Sardaigne ou la Crète, à peu près à égalité avec la Corse. Ce territoire est marqué par les caractéristiques de l’insularité, plus ou moins pesantes selon les périodes de son histoire : un relatif isolement, des particularismes, une économie en partie dépendante de l’extérieur, des difficultés à maîtriser son sort.

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Plus arrosé que la chaîne de Kyrenia, le massif du Troodos est le château d’eau de l’île, source de plusieurs fleuves ou rivières (notamment le Pedieos) qui viennent irriguer la plaine fertile de la Mésorée. Mais la sécheresse du climat méditerranéen est particulièrement marquée, ce qui pose depuis toujours le problème des disponibilités en eau. L’existence des habitants, ainsi que le développement des aptitudes agricoles et des activités touristiques, dépendent de la plus ou moins grande capacité à mettre en place et à entretenir des systèmes hydrauliques efficaces. L’agriculture, autrefois prospère et source importante de richesse, occupe aujourd’hui une place modeste dans la vie économique (2,3 % du PIB de la République de Chypre). Les troubles dans l’île tout au long du XXe siècle ont entravé la modernisation de l’agriculture de la Mésorée, la grande plaine centrale. La coupure de l’île a ruiné les exploitations dans la partie nord. Depuis plus de quarante ans, les habitants attendent la mise en œuvre du programme d’aménagement promis par Ankara pour améliorer l’agriculture de la zone turque.

Chypre occupant une position de carrefour, son insularité ne l’empêcha pas de profiter très précocement de la révolution néolithique. Elle fut ensuite incorporée à toutes les grandes constructions politiques proche-orientales de l’Antiquité, tout en préservant une plus ou moins grande autonomie jusqu’à la domination macédonienne. Elle choisit l’hellénisme dès la période achéménide et appartint au vaste empire d’Alexandre, puis le diadoque Ptolémée en prit le contrôle. Après les conquêtes de Pompée en Orient, Chypre intégra l’Empire romain. Lors du partage du IVe siècle, elle échut à l’Empire romain d’Orient. Durant tout le Moyen-Âge, Chypre fut une plate-forme importante des échanges commerciaux et des affrontements entre l’Orient musulman et les puissances chrétiennes. Elle tomba aux mains de l’Empire ottoman, sous lequel son économie périclita et la population chrétienne souffrit. Elle appartint à l’empire colonial britannique de 1878 à 1960. Pour Londres elle eut une valeur stratégique variable : brièvement importante pour contrer l’avancée russe en Méditerranée à la fin du XIXe siècle, cruciale pendant la Première Guerre mondiale pour affronter l’Empire ottoman, considérable depuis la Seconde Guerre mondiale pour peser sur l’évolution du Proche-Orient. Aujourd’hui, la République de Chypre argue de cette situation de carrefour pour encourager l’implantation d’entreprises étrangères. Elle valorise le très riche patrimoine culturel accumulé au fil de ces différentes époques pour attirer les touristes étrangers.

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Dans l’Antiquité, Chypre fut le principal fournisseur de cuivre du bassin méditerranéen. Cette ressource généra une importante activité métallurgique aujourd’hui pratiquement disparue. Les exportations de matière première et de produits finis contribuaient largement à la prospérité de l’île. Temps révolus : les gisements sont épuisés et une seule mine reste en activité, celle de Skouriotissa. Les habitants tentent désormais de faire des sites d’extraction une attraction touristique. Le sous-sol ne recèle aucune autre ressource notable. Cela a contribué à l’absence d’activité industrielle significative jusqu’à nos jours (10,6% du PIB de la République de Chypre). Découvert à partir de 2009 dans la région maritime comprise entre l’Égypte et la Turquie, le « bassin du Levant » recèlerait, selon les estimations de l’US Geological Survey, 3 400 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Des experts comparent ce gisement à celui de la Mer du Nord. En 2011, d’importantes réserves ont été localisées au large de la côte sud de l’île. La République de Chypre entend bien s’appuyer sur ce pactole pour améliorer sa situation économique. Mais la mise en exploitation du gisement Aphrodite se heurte au problème des investissements et aux revendications de la Turquie.

L’île participa de tout temps aux échanges maritimes en Méditerranée, mais la valorisation de cet atout est limitée par les sanctions que la Turquie a prises à l’encontre des navires battant pavillon chypriote ou ayant fait escale dans un port de la République de Chypre. Toutefois, cette dernière, à l’instar de la Grèce, tire parti de sa longue tradition navale pour offrir un pavillon de complaisance (2% de flotte mondiale, soit1 053 navires totalisant une capacité de 33 Mt de port en lourd) qui contribue pour 5% au PIB du pays. Ceci, joint à une politique fiscale “attractive“ et à un système bancaire peu regardant, vaut à la République de Chypre une réputation douteuse et la présence de personnages ou d’entreprises pas toujours recommandables. Cette particularité remonte à la guerre civile libanaise (1975-1990), qui provoqua le transfert des activités bancaires de Beyrouth vers Nicosie. La fin de la Guerre froide a entraîné l’afflux des fortunes russes (notamment à Limassol où l’on décompte 30 000 résidents russes). Cela a contribué à amplifier les activités des banques chypriotes. Les difficultés de ces dernières sont à l’origine de la très grave crise financière qu’a connue le pays en 2008-2013. Le pays dut faire appel à l’Union européenne qui le plaça sous surveillance et lui imposa des réformes. La crise est officiellement terminée depuis 2016. La disponibilité d’importantes quantités de capitaux explique que la construction immobilière ait connu un essor important. Les investissements s’orientent également vers le tourisme (favorisé par le climat, l’omniprésence de la mer et le capital culturel) qui est devenu le secteur le plus important de l’économie chypriote (15% du PIB de la République de Chypre, qui reçoit 3 millions de visiteurs par an). De son côté, la RTCN tente de devenir un “casino flottant“ pour les ressortissants du Proche-Orient mais cela ne suffit pas pour lui éviter de stagner dans le marasme économique.

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La population de Chypre est faible : 1 116 500 habitants. Les habitants sont inégalement répartis dans l’espace. Si les faibles densités s’expliquent en partie par les conditions naturelles (relief inhospitalier, notamment le massif du Troodos), le dépeuplement du Nord résulte de l’expulsion des Chypriotes grecs lors de l’invasion turque en 1974. L’implantation de colons turcs venus d’Anatolie est loin d’avoir compensé cette perte. Les statistiques démographiques, fragmentaires, portent avant tout sur la République de Chypre. La population affiche un vieillissement marqué : 15,16 % de la population ont moins de quinze ans, 29,4 % ont moins de 25 ans, 11,8 % ont 65 ans ou plus. Avec 1,47 enfants par femme, le remplacement des générations n’est plus assuré. Comme partout où il se produit, ce phénomène obère l’avenir.

Dans la partie turque, le niveau de vie serait trois fois plus bas que dans la partie grecque.

Avec un indice de développement humain élevé (0,856), la République de Chypre se situe au 33e rang mondial (au niveau de Malte ou de la Pologne, légèrement en-dessous de la Grèce et largement au-dessus de la Turquie). Les dépenses d’éducation atteignent 6,4 % du PIB et le taux d’alphabétisation de la population dépasse 99 %. Cela garantit une main-d’œuvre qualifiée, mais n’empêche pas le chômage (10% de la population active de la République de Chypre) car l’activité économique est insuffisante (la crise économique a provoqué le départ de 25 000 personnes). Les dépenses de santé représentent 7,4 % du PIB et l’espérance de vie est assez élevée : 81,6 ans pour les femmes, 75,8 ans pour les hommes. Un niveau comparable à celui de la Pologne ou des États baltes. La Turquie affiche des performances bien inférieures. D’ailleurs, selon les estimations, dans la partie turque, le niveau de vie serait trois fois plus bas que dans la partie grecque.

La population de Chypre est hétérogène. La délimitation du périmètre d’attribution de la nationalité chypriote (question des colons turcs) dans la perspective d’une réunification constitue l’un des points débattus dans les négociations. Le nombre est un facteur important pour la répartition du pouvoir et des ressources dans la perspective qui semble la plus adaptée au cas chypriote : la mise en place d’un État fédéral associant deux entités fondées sur l’appartenance communautaire. Par conséquent, les chiffres qui circulent sont sujets à caution. En l’absence de recensement contemporain fiable, les extrapolations se basent sur celui de 1954. À cette date, les Chypriotes grecs représentaient 80,2 % de la population et les Chypriotes turcs 17,9 %. Avant la partition, les Chypriotes grecs étaient présents sur l’ensemble de l’île et les Chypriotes turcs étaient disséminés un peu partout (mais regroupés dans 45 enclaves depuis 1964). En 1974, les transferts forcés de population ont vidé la partie nord de ses habitants grecs et la partie sud de ses habitants turcs. Après une décennie de ségrégation spatiale, il s’est produit un processus d’épuration ethnique.

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Les deux parties de l’île ont des institutions politiques distinctes. Elles jouissent d’un régime démocratique, mais la partie nord subit depuis 1974 les avatars de l’autoritarisme caractéristique des pouvoirs turcs successifs. Des élections pluralistes sont régulièrement organisées dans les deux entités. De part et d’autre, dans les campagnes électorales, la question de la réunification occupe une large place. Au sein des deux communautés, une majorité semble favorable à celle-ci, mais la plupart des habitants de l’île ne souhaitent pas la réaliser à n’importe quel prix. La communauté turque tient à limiter les restitutions et/ou les indemnisations de biens grecs expropriés en 1974. La communauté grecque rechigne à l’octroi de la citoyenneté chypriote aux colons venus d’Anatolie. En conséquence, les négociations entre les deux parties n’ont, jusqu’à ce jour, jamais abouti et les divers plans proposés par la communauté internationale ont été rejetés.

Il s’avère d’autant plus difficile de trouver une solution que la culture insulaire mêle originalité et diversité.

II. Une population clivée

Chypre eut une grande importance dans l’histoire du christianisme. Elle fut l’une des étapes du premier voyage de conversion entrepris par Paul de Tarse. La première église fut fondée à Salamine et Barnabé (cousin de Marc l’Évangéliste et l’un des soixante-douze disciples du Christ) en fut le premier évêque. Selon la tradition chrétienne, après sa résurrection, pour fuir les persécutions, Lazare se rendit à Chypre où il prit une part active à l’évangélisation. Il devint le premier évêque de la ville de Kition, renommée après sa mort Larnaca (du grec larnax  : le tombeau). Le christianisme chypriote, base de l’identité de la communauté grecque, s’inscrit dans la tradition orientale, confortée par plusieurs siècles d’appartenance à l’Empire byzantin. Depuis 431(concile d’Éphèse), l’Église de Chypre est autocéphale : elle jouit d’une indépendance totale, sur le plan juridique comme sur le plan spirituel. Son rayonnement, limité par l’insularité, ne lui permit pas d’être érigée au rang de patriarcat. Il s’agit d’un archevêché, dont le titulaire détient l’autorité suprême, source d’un prestige et d’une autorité qui perdurèrent jusqu’à la mort de Mgr Makarios (1977).

Chypre se trouve sur la ligne de contact entre le christianisme et l’islam. Sa situation stratégique en Méditerranée orientale en fit une place disputée entre l’Empire musulman et l’Empire byzantin. En 649, elle passa sous le contrôle du Califat, qui la conserva jusqu’en 965, date à laquelle Nicéphore II Phocas mit fin à trois siècles de suprématie maritime arabe et restaura la souveraineté byzantine sur l’île. Point d’appui essentiel des royaumes latins d’Orient, Chypre passa sous le contrôle de la famille des Lusignan en 1192 (évincés par les Vénitiens en 1489). Dès 1196, l’Église latine s’imposa. Elle implanta un archevêché à Nicosie et édifia des lieux de culte de style gothique dont certains vestiges subsistent, contribuant à l’originalité du paysage. Les deux Églises coexistèrent plus ou moins difficilement jusqu’à la conquête turque, en 1570. Chypre devint alors une province de l’Empire ottoman. Quatre ans plus tard, l’Église orthodoxe fut rétablie dans ses droits, tandis que l’Église latine était supprimée et que ses édifices cultuels étaient transformés en mosquée ou désaffectés.

Sous la domination turque, l’archevêque orthodoxe était le chef religieux des Chypriotes grecs, et, avec le titre d’ethnarque, leur représentant politique.

L’islamisation de l’île se fit donc en deux temps : du VIIe au Xe siècle sous les dynasties Abbasside puis Omeyyade ; entre 1570 et 1878 dans le cadre de l’Empire ottoman. Il en résulte la présence d’une importante minorité musulmane, ainsi qu’une forte empreinte architecturale. Umm Ahram, la nourrice de Mahomet, participa à la conquête de l’île et mourut au bord du lac salé qui se trouve près de Larnaca. Elle y fut enterrée en martyre, et un complexe religieux y fut édifié. Il s’agit désormais d’un des plus importants lieux saints de l’islam. Sa localisation dans la partie grecque de l’île limite les possibilités de pèlerinage pour les Chypriotes turcs.

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Sous la domination turque, l’archevêque orthodoxe était le chef religieux des Chypriotes grecs, et, avec le titre d’ethnarque, leur représentant politique. Par la combinaison de la jalousie de la communauté musulmane et de la dégradation de l’administration, la situation des Chypriotes orthodoxes se détériora aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les exactions fiscales étaient monnaie courante, les famines se répétaient, engendrant des révoltes sévèrement réprimées et nombre de chrétiens émigrèrent vers la Crète, le Péloponnèse, Corfou, et même Venise. Au XIXe siècle, la population grecque de l’île, était instruite et ses élites suivaient les péripéties du mouvement des nationalités en Europe. Une partie de ses membres communiait dans la « Grande Idée » de se libérer du joug ottoman et de restaurer l’Empire byzantin. Par conséquent, le déclenchement de la guerre d’indépendance grecque provoqua, en 1821, une répression préventive de la part des autorités ottomanes, ainsi que l’abrogation des pouvoirs de l’Église. Le 9 juillet 1821, les principaux notables grecs — parmi lesquels l’archevêque, Cyprien — furent exécutés. Dès lors, animée d’un sentiment antiturc, une partie des Chypriotes revendiqua l’ enosis , le rattachement à la future Grèce libérée. L’île était désormais impliquée dans les rivalités qui tissaient la Question d’Orient. En 1832, lorsque l’Empire ottoman dut accepter l’indépendance de la Grèce par le traité de Constantinople (signé avec la France, la Grande-Bretagne et la Russie), Chypre en était exclue, malgré le panhellénisme affiché par une partie de sa population. Compensation partielle, la politique de réformes (Tanzimat) entreprise à partir de 1839 par le sultan Abdülmecid Ier marqua le début d’une amélioration dans l’administration de l’île.

cyprusGB.jpgLa poussée russe en direction de la Méditerranée orientale et l’ouverture du canal de Suez (1869) amenèrent la Grande-Bretagne à s’intéresser à la position stratégique de Chypre. Après avoir limité les ambitions de Moscou en soutenant l’Empire ottoman (congrès de Berlin, 1878), la Grande-Bretagne conclut une alliance défensive avec Istanbul, qui lui confia l’administration de Chypre (Conventions des 4 juin, 1er juillet et 1er août 1878). L’anglais supplanta alors le français comme langue des élites. Mais la modernisation ne fut pas à la hauteur des espérances. En effet, dès 1882, les Britanniques disposèrent du port d’Alexandrie pour sécuriser le trafic maritime de la route des Indes via le canal de Suez et surveiller tout mouvement éventuel de la flotte russe. Chypre perdait son importance stratégique et les investissements déclinèrent rapidement. Déçus, en 1889, les Chypriotes grecs demandèrent officiellement leur indépendance et leur rattachement à la Grèce. Londres leur opposa le premier d’une longue série de refus.

L’entrée en guerre de l’Empire ottoman aux côtés des Puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie) provoqua l’abrogation des Conventions de 1878 et l’annexion de Chypre par la Grande-Bretagne (5 novembre 1914). La présence de troupes alliées à Salonique et en Égypte réactiva l’importance stratégique de Chypre et offrit à l’économie de l’île d’importants débouchés. À la fin de la Première Guerre mondiale, les Chypriotes grecs renouvelèrent sans succès leur demande de rattachement à la Grèce, tandis que la Turquie renonçait “définitivement“ à Chypre (1920 : traité de Sèvres ; 1923 : traité de Lausanne). Or, les guerres gréco-turques de 1919-1920 et l’épuration ethnique croisée qui en résulta avaient accru les passions identitaires. La revendication d’enosis en fut exacerbée, tandis que Londres maintenait son intransigeance : en 1925, l’île devint officiellement colonie britannique. Le 21 octobre 1931, une manifestation en faveur de l’enosis tourna à l’émeute et le palais du gouverneur britannique fut incendié. Les troubles persistèrent jusqu’en 1939.

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L’invasion de la Grèce par les puissances de l’Axe (28 octobre 1940 - 28 avril 1941) poussa des Chypriotes à s’engager dans l’armée britannique. Chypre redevint une base militaire essentielle après le débarquement de Rommel en Afrique du Nord, en février 1941, et la conquête de la Crète par les Allemands, en mai 1941. Londres autorisa une relative libéralisation de la vie politique sur l’île mais, en 1945, une nouvelle demande de rattachement à la Grèce fut rejetée. La Grande-Bretagne tenta de juguler le mécontentement par l’octroi d’un statut d’autonomie. Londres nourrissait de vives inquiétudes : alors que le contexte de Guerre froide avait entraîné une sanglante guerre civile en Grèce (1946-1949), le parti communiste chypriote (AKEL) avait connu un essor important depuis la Seconde Guerre mondiale. L’appréhension était partagée, comme en attesta la condamnation du communisme par l’archevêque de Nicosie. Mais ce dernier n’abandonnait pas pour autant la cause panhellénique. En janvier 1950, il organisa un référendum officieux sur l’enosis. 96 % des votants exprimèrent leur volonté de rattachement à la Grèce. Les autorités britanniques dénoncèrent l’illégalité de la consultation et refusèrent de la prendre en considération. Avec l’élection de Monseigneur Makarios III à sa tête, en octobre 1950, l’Église autocéphale chypriote intensifia le combat panhellénique. Le nouvel archevêque tenta de saisir l’ONU de la question de Chypre, mais la Grande-Bretagne s’y refusait et le gouvernement grec ne pouvait contrarier cette dernière car il en dépendait. Après l’évacuation de la zone du canal de Suez exigée en 1954 par le colonel Nasser, Londres eut un motif supplémentaire de conserver ce territoire : le quartier général britannique pour le Moyen-Orient devait y être transféré. Elle annonça un nouveau statut d’autonomie mais renouvela son refus d’aller au-delà. À l’automne 1954, la Grèce put enfin faire inscrire la question chypriote à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies. Les Britanniques, afin de dévier le problème sur le terrain de la rivalité gréco-turque et de se poser en arbitres, impliquèrent la Grèce et la Turquie dans les négociations. La manœuvre réussit à la perfection et aucune solution ne fut trouvée : alors que la première réclamait l’autodétermination, la seconde la refusa.

Georgios-Grivas_3084104c.jpgGeorges Grivas, un général grec vétéran des deux guerres mondiales, créa, en 1954, l’Organisation nationale des combattants chypriotes (Ethniki Organosis Kyprion Agoniston-EOKA). Le 1er avril 1955, avec l’accord de Mgr Makarios, il déclencha la lutte armée pour l’indépendance et l’enosis. Convaincus que Mgr Makarios instrumentalisait l’EOKA, les Britanniques l’exilèrent aux Seychelles (9 mars 1956). Cela déclencha des protestations internationales et Grivas intensifia les opérations, ce qui aggrava la répression. La violence atteignit son paroxysme et le gouvernement britannique se résigna à l’autodétermination. L’intervention à Suez, en novembre 1956, démontra tout à la fois l’utilité d’une base stratégique en Méditerranée orientale et la nécessité d’être en bonne intelligence avec la population sur le territoire de laquelle elle était implantée. Les pourparlers reprirent au printemps 1957, après la libération de Mgr Makarios. Sous la pression américaine, la Grèce et Mgr Makarios renoncèrent à l’ enosis , tandis que les Turcs abandonnaient leur projet de partition. L’EOKA cessa ses opérations en 1959.

Le 16 août 1960, l’île devint indépendante, avec une Constitution prévoyant un partage du pouvoir entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs. Sur le terrain, les deux communautés restaient imbriquées et avaient vécu en bonne intelligence jusqu’aux clivages intercommunautaires qui apparurent en 1956 et produisirent les premiers incidents sanglants en 1958. Afin de se protéger des violences perpétrées par l’EOKA, des Chypriotes turcs, autour de Rauf Denktash, fondèrent alors l’Organisation turque de résistance (Türk Mukavemet Teskilati-TMT) et prônèrent la partition. La multiplication des divergences rendit l’île ingouvernable. En 1962, pour sortir de la paralysie, Mgr Makarios tenta de modifier la Constitution. Mais les Chypriotes turcs, craignant de voir leurs droits réduits, s’y refusèrent. Les affrontements entre les deux communautés s’exacerbèrent en 1963 (Noël sanglante) et dès 1964, l’île faisait l’objet d’une partition de fait  : 100 000 Chypriotes turcs étaient regroupés dans 45 enclaves dispersées sur l’ensemble de l’île. S’ouvrit alors une décennie de crise, qui culmina le 15 juillet 1974 avec la tentative de coup d’État de la dictature militaire grecque (appuyée sur l’EOKA-B créée par Grivas en 1971 pour relancer l’enosis) contre Mgr Makarios. Les colonels essayaient d’enrayer la contestation populaire en Grèce par l’accomplissement de l’enosis. Cette manœuvre tourna à la confusion de ses auteurs : les Turcs débarquèrent dans le nord de l’île le 20 juillet 1974. À l’issue d’un mois de combats, auxquels participèrent activement les membres du TMT, Ankara contrôlait le tiers nord de l’île, ce qui provoqua un exode massif de populations (200 000 Chypriotes grecs chassés au sud ; 42 000 Chypriotes turcs chassés au nord) et la mise en place de deux entités politiques : la République de Chypre et la RTCN.

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Les oppositions entre insulaires ne se réduisent pas au clivage entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs. Chaque communauté connaît de vifs débats internes illustrés par les récentes élections : législatives du 7 janvier 2018 dans la partie turque, présidentielles des 28 janvier et 4 février 2018 dans la partie grecque. Si la question de la réunification nourrit largement les débats, les problèmes socio-économiques prennent de plus en plus d’importance. Notamment dans la partie grecque, où le président sortant (Nicos Anastasiades) vient d’être réélu non seulement sur la promesse de reprendre les négociations, mais aussi sur l’engagement de relancer l’économie (et l’emploi) et de créer un fonds dédié au remboursement d’une partie de l’épargne saisie lors de la crise bancaire de 2013. Le débat n’est pas absent de la partie turque : parti historique de la communauté, fondé en 1975 par Rauf Denktash, le Parti de l’unité nationale (conservateur nationaliste) n’a pas atteint la majorité absolue, une partie des électeurs lui reprochant tout à la fois d’être corrompu, d’abuser du pouvoir (qu’il a exercé pendant plus de 30 ans depuis 1975) et d’être trop étroitement soumis à Ankara. Bien qu’émiettée, l’opposition est parvenue à créer une coalition réformatrice modérée majoritaire. L’opinion est également divisée sur la politique du président Erdogan : des Chypriotes turcs de souche rejettent l’implantation de colons venus de Turquie (ils seraient majoritaires en RTCN), critiquent l’intransigeance d’Ankara dans les négociations sur la réunification, s’opposent à l’islamisation (ouverture d’écoles religieuses, construction de mosquées) et à ce qu’ils considèrent comme une politique extérieure expansionniste.

En dépit de l’indépendance acquise en 1960, le sort des Chypriotes ne dépend pas des Chypriotes seuls.

III. Une île très convoitée

Peut-être instruit par une histoire et une actualité marquées par de multiples rivalités qui ensanglantèrent l’île, Mgr Makarios fut un adepte du non-alignement. Ce positionnement, qui indisposa les États-Unis, même s’il n’empêcha pas le maintien des bases militaires britanniques, prit fin en 2004 avec l’intégration au sein de l’Union européenne (comme pour Malte).

Marquée par la culture hellénique depuis l’Antiquité, Chypre entretient des relations anciennes et complexes avec la Grèce. Elle se trouva de ce fait influencée par la tentative de regroupement de toute les populations grecques par Athènes depuis le XIXe siècle. Elle demeure une composante du nationalisme grec. Elle est également concernée par la rivalité entre les Grecs et les Turcs, dont les tragiques péripéties ont donné, au fil des siècles, naissance à une tradition d’affrontement entre la Grèce et la Turquie. Depuis les années 1950, les États-Unis, soucieux de la sécurité du flanc sud de l’Alliance atlantique, tentent de tempérer cet antagonisme. La Grèce contrôle pratiquement toutes les îles de la mer Égée et du Dodécanèse. La possession de Chypre renforcerait sa capacité à bloquer l’ensemble des ports turcs de Méditerranée. Sans oublier que la présence éventuelle de gisements sous-marins d’hydrocarbures aiguise les appétits et les tensions. En proie à de graves difficultés internes, Athènes ne dispose pas des moyens d’une politique extérieure active, notamment vis-à-vis d’Ankara.

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Incluse dans l’Empire ottoman pendant trois siècles, Chypre demeure liée à la Turquie. Celle-ci s’est notamment érigée en protectrice de la minorité chypriote turque, instrumentalisée lors de l’intervention militaire de l’été 1974. Depuis cette date, la Turquie maintient 40 000 soldats sur place (contrairement à la Grèce, qui n’en a aucun) et implante des colons venus d’Anatolie (environ 100 000, semble-t-il). Elle est le seul État à reconnaître officiellement la RTCN. Cette dernière lui sert de gage pour d’éventuelles négociations avec la Grèce et contribue à sécuriser ses ports sur la côte méditerranéenne. Ce dernier aspect gagne en importance avec la montée en puissance de la Turquie comme carrefour d’exportation des hydrocarbures entre la Russie, le Caucase, l’Asie centrale, l’Iran et l’Union européenne. La candidature à l’intégration dans cette dernière, incitait Ankara à une relative modération. Mais, depuis 2010, la Turquie prend ses distances vis-à-vis de l’Occident, s’engage dans une politique de puissance régionale assise sur son essor économique et les tensions remontent avec la République de Chypre, notamment au sujet de la zone économique exclusive maritime dans laquelle se trouvent les gisements gaziers. L’évolution du pays, sous la direction de M. Erdogan, vers un nationalisme plus marqué et appuyé sur l’islam, influe sur le destin de Chypre. D’une part, à l’image des Turcs, les habitants de la RTCN sont divisés au sujet de cette politique. D’autre part, le durcissement d’Ankara affaiblit les chances d’aboutir à une solution négociée, d’autant que la Turquie entre en période pré-électorale (élections législatives et présidentielles en novembre 2019), moment propice aux surenchères.

La Grande-Bretagne, puissance coloniale, domina Chypre de 1878 à 1959. Elle a conservé deux importantes implantations militaires avec accès à la mer : l’une près de Larnaca, à Dekhelia, l’autre à Akrotiri, où se trouve l’unique base de la Royal Air Force en Méditerranée. Celle-ci joue un rôle essentiel pour participer aux opérations dans la région : en Irak (2003-2008) et contre Daech (depuis 2014).

La fin de la Guerre froide n’a pas diminué l’intérêt stratégique du flanc sud de l’OTAN aux yeux des États-Unis, traditionnellement en retrait sur le dossier chypriote pour préserver l’unité de l’Alliance atlantique. Afin de garantir un environnement de sécurité en Méditerranée orientale, ils souhaitent une coopération entre Chypre, la Turquie, la Grèce et Israël. Le règlement de la question chypriote en constitue l’un des préalables. Mais Washington n’a pas réussi à instaurer le climat de confiance nécessaire à la résolution du différend. Les tensions croissantes avec la Turquie depuis le début des années 2010 ne laissent augurer aucun progrès et la Russie ne peut que chercher à les entretenir.

cyprusrussia.jpgDepuis les années 1990, la présence russe s’accroît. Les nouveaux riches de l’ère post-soviétique apprécient la combinaison de la culture orthodoxe, d’une villégiature agréable, d’un environnement fiscal avantageux et de l’acquisition aisée de la nationalité grâce aux Golden Passports généreusement distribués depuis 2013 en échange du placement de leurs fortunes dans les banques locales. L’influente communauté juive d’origine russe installée en Israël entretient des relations d’affaires avec ces ex-compatriotes. Inévitablement, les facilités offertes n’ont pas échappé aux mafias russes. L’accession de Vladimir Poutine au pouvoir alors que les capacités de la Russie s’amélioraient a remis la politique de puissance à l’ordre du jour. Le retour au Proche-Orient s’intègre dans ce projet et la République de Chypre peut contribuer à sa réalisation. Signe du rapprochement entre les deux États, en 1997, la Russie a commencé à vendre des armes à Nicosie, notamment des missiles en vue de contrer une éventuelle intervention turque. Depuis 2013, Moscou bénéficie de facilités portuaires pour sa marine de guerre. Comme le renforcement de l’implantation de son armée en Syrie, elles appuient la réaffirmation de sa puissance. Mais la coopération entre Moscou et Ankara au Proche-Orient, si elle s’avérait durable, pourrait remettre en cause cette politique.

La Turquie refuse obstinément de retirer ses troupes et de renoncer à son droit d’intervention militaire à Chypre, alors que c’est l’une des principales exigences de la partie grecque.

L’ONU est impliquée directement à Chypre depuis 1964, date à laquelle le Conseil de sécurité décida de déployer une force d’interposition entre les communautés grecque et turque : l’United Nations Peacekeeping Force in Cyprus - Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre-UNFICYP (Résolution n° 186). Depuis 1974 elle sécurise la zone tampon établie entre le nord et le sud de l’île. 1 106 personnes y sont aujourd’hui déployées. À plusieurs reprises, mais en vain, le Conseil de sécurité a déclaré illégale la partition, notamment par ses résolutions n° 367 (1975) et n° 541 (1983). En 1998, le Programme des Nations Unies pour le développement-PNUD, en étroite collaboration avec l’UNFICYP, entama une série de démarches pour mettre en place des coopérations entre les populations des deux communautés. Le processus fut lent car la société civile était quasi inexistante de part et d’autre. Avec les assouplissements apportés en 2003 par la partie turque au franchissement de la zone tampon (aujourd’hui 7 points de passage), la situation a évolué : les initiatives se sont multipliées et les habitants s’organisent. Jusqu’à ce jour, en dépit de nombreuses tentatives, les efforts des Nations Unies pour favoriser la réunification ont échoué (plan Annan de 2004, négociations de Crans-Montana en 2017, par exemple). La Turquie refuse obstinément de retirer ses troupes et de renoncer à son droit d’intervention militaire à Chypre, alors que c’est l’une des principales exigences de la partie grecque. Pour tenter de débloquer la situation, plusieurs dizaines d’organisations ont fondé la plateforme bicommunautaire Unite Cyprus Now, qui multiplie les actions en faveur d’un État fédéral.

Contrairement à sa pratique habituelle consistant à ne pas accueillir en son sein de pays affectés par des contentieux internationaux, l’Union européenne a admis la République de Chypre en 2004. Outre la satisfaction d’une demande activement soutenue par la Grèce, il s’agissait d’une manœuvre diplomatique pour amener Ankara à assouplir sa position. La candidature de la Turquie semblait créer des conditions favorables pour une normalisation de la situation et la réunification de l’île. Le pari se solda par un échec, consacré par le virage de la diplomatie turque en 2010. L’embargo que la Turquie applique aux navires et aux marchandises originaires de/ou transitant par la République de Chypre constitue un handicap pour le commerce maritime de l’Union européenne. Il compromet également le partenariat euro-méditerranéen. Le gaz naturel découvert en 2011 au large des côtes chypriotes constitue un enjeu important pour l’Union européenne dans la perspective d’une diminution de sa dépendance vis-à-vis du gaz russe.

Le secteur bancaire chypriote, s’appuyant sur une législation particulièrement favorable en matière de fiscalité des entreprises, joue un rôle-clé dans l’affirmation de la République de Chypre comme un des principaux paradis fiscaux de la planète. Pour cela, elle est régulièrement placée sur la sellette par les ONG (OXFAM, notamment) et les enquêtes (parlementaires, journalistes d’investigation). Corollaire de ces “facilités“, dans les deux parties de l’île, le crime organisé transnational s’épanouit.

Conclusion. Une partition durable ?

La géopolitique de Chypre constitue un cas d’école. La dimension identitaire pèse particulièrement lourd sur le destin de l’île. Or, les tensions ou les conflits qui en résultent s’avèrent partout parmi les plus difficiles à résoudre et les plus aisés à manipuler, de l’intérieur comme de l’extérieur. En janvier 1977, Mgr Makarios, président de l’entité grecque et Rauf Denkash, président de l’entité turque, les chefs historiques des deux communautés, étaient parvenus à un accord de principe pour instaurer un État fédéral. Mais Mgr Makarios mourut en avril de la même année, sans avoir finalisé cet arrangement. Une occasion unique de régler le problème chypriote fut ainsi ratée. Aujourd’hui, la dynamique paraît plutôt se trouver au cœur de la société civile. Mais cette dernière saura-t-elle et pourra-t-elle surmonter les représentations géopolitiques concurrentes et triompher des rivalités de puissance ?

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lundi, 22 janvier 2018

A US-Turkish Clash in Syria?

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A US-Turkish Clash in Syria?

Turkey is moving armor and troops south to Syria’s border enclave of Afrin, occupied by Kurds, to drive them out, and then drive the Syrian Kurds out of Manbij further south as well.

Says President Recep Tayyip Erdogan, “We will destroy all terror nests, one by one, in Syria, starting from Afrin and Manbij.”

For Erdogan, the Kurdish YPG, the major U.S. ally in Syria, is an arm of the Kurdish PKK in Turkey, which we and the Turks have designated as a terrorist organization.

While the Kurds were our most effective allies against ISIS in Syria, Turkey views them as a mortal peril and intends to deal with that threat.

If Erdogan is serious, a clash with the U.S. is coming, as our Kurdish allies occupy most of Syria’s border with Turkey.

Moreover, the U.S. has announced plans to create a 30,000-man Border Security Force of Kurds and Arabs to keep ISIS out of Syria.

Erdogan has branded this BSF a “terror army,” and President Bashar Assad of Syria has called BSF members “traitors.”

This U.S. plan to create a BSF inside Syria, Damascus declared, “represents a blatant attack on the sovereignty and territorial integrity and unity of Syria, and a flagrant violation of international law.”

Does not the Syrian government have a point?

Now that ISIS has been driven out of Raqqa and Syria, by what authority do U.S. forces remain to arm troops to keep the Damascus government from reimposing its authority on its own territory?

Secretary of State Tillerson gave Syria the news Wednesday.

The U.S. troop commitment to Syria, he said, is now open-ended.

Our goals: Guarantee al-Qaida and ISIS do not return and set up sanctuary; cope with rising Iranian influence in Damascus; and pursue the removal of Bashar Assad’s ruthless regime.

But who authorized this strategic commitment, of indefinite duration, in Syria, when near two decades in Afghanistan have failed to secure that nation against the return of al-Qaida and ISIS?

Again and again, the American people have said they do not want to be dragged into Syria’s civil war. Donald Trump won the presidency on a promise of no more unnecessary wars.

Have the American people been had again?

Will they support a clash with NATO ally Turkey, to keep armed Kurds on Turkey’s border, when the Turks regard them as terrorists?

Are we prepared for a shooting war with a Syrian army, backed by Russia, Iran, Hezbollah and Shiite militias from Iraq, Afghanistan and Pakistan, to hold onto a fourth of Syria’s territory in alliance with Kurds?

The U.S. coalition in Syria said this week the BSF will be built up “over the next several years” and “be stationed along the borders … to include portions of the Euphrates river valley and international borders to the east and north.”

Remarkable: A U.S.-created border army is going to occupy and control long stretches of Syria’s borders with Turkey and Iraq, over Syria’s objections. And the U.S. military will stand behind the BSF.

Are the 2,000 U.S. troops in Syria really up to that task, should the Turks decide to cleanse the Syrian border of Kurds, or should the Syrian regime decide to take back territory occupied by the Kurds?

Who sanctioned this commitment to a new army, which, if Syria and its Russian and Iranian allies, and the Turks, do not all back down, risks a major U.S. war with no allies but the Kurds?

As for Syria’s Kurds casting their lot with the Americans, one wonders: Did they not observe what happened when their Iraqi cousins, after helping us drive ISIS out of Mosul, were themselves driven out of Kirkuk by the Iraqi army, as their U.S. allies watched?

In the six-year Syrian civil war, which may be about to enter a new phase, America faces a familiar situation.

While our “allies” and adversaries have vital interests there, we do not. The Assads have been in power for the lifetime of most Americans. And we Americans have never shown a desire to fight there.

Assad has a vital interest: preservation of his family regime and the reunification of his country. The Turks have a vital interest in keeping armed Kurds out of their border regions adjacent to their own Kurdish minority, which seeks greater independence.

The Israelis and Saudi royals want the U.S. to keep Iran from securing a land bridge from Tehran to Damascus to Lebanon.

The U.S. War Party wants us to smash Iran and remain in the Middle East forever to assure the hegemony of its favorites.

Have the generals taking us into Syria told the president how and when, if ever, they plan to get us out?

dimanche, 29 octobre 2017

Kemal et le communisme

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Kemal et le communisme

Par Lukas Tsiptsios

Ex: http://www.lesclesdumoyenorient.com

Le kémalisme est incontournable pour comprendre l’histoire de la Turquie contemporaine, tandis que son fondateur Mustafa Kemal devenu Atatürk (père des Turcs), est lui toujours incontournable dans l’espace public turc. Mouvement nationaliste dans la continuité des Jeunes Turcs, né pour fonder un Etat-nation turc souverain quand les puissances impérialistes démantelaient l’Empire ottoman après la Première Guerre mondiale, le kémalisme devient rapidement un allié objectif de la Russie soviétique de Lénine. De ce fait, des rapprochements, même idéologiques, entre kémalisme et bolchévisme ont souvent pu être recherchés (1). Il faudrait néanmoins questionner plus profondément ce rapport à l’antiimpérialisme et au communisme. Le kémalisme étant idéologiquement fluctuant et difficilement cernable, un retour sur les conceptions et les pratiques de Mustafa Kemal lui-même, est ici nécessaire pour comprendre cette alliance a priori contre nature.

Communisme et nationalistes

Lorsque Mustafa Kemal (1881-1938) débarque à Samsun le 19 mai 1919, s’opposant toujours plus ouvertement au pouvoir du sultan Mehmed VI, la Russie soviétique de Lénine se trouve au cœur de la guerre civile qui l’oppose aux armées blanches, aux forces paysannes, mais aussi aux troupes étrangères coalisées, chargées d’empêcher toute propagation bolchévique. C’est un moment où, alors même que les bolchéviks luttent à mort pour leur survie politique (et physique), ils peuvent toujours espérer une révolution mondiale. La contre-offensive de l’Armée rouge en Pologne en 1920 a pu offrir un vague espoir d’une prise militaire de Berlin et d’une diffusion révolutionnaire en Europe, un an après la révolte spartakiste, la République des conseils de Bavière, de Hongrie ou de Slovaquie. A l’effervescence révolutionnaire européenne, s’ajoutent les mouvements nationalistes qui se structurent progressivement dans le monde sous domination européenne. La doctrine boukharo-léniniste (2), qui s’institue alors comme la règle dans le champ marxiste de la IIIe Internationale (Komintern), voit dans ces mouvements nationalistes une dynamique révolutionnaire à laquelle le mouvement ouvrier doit s’allier, afin de vaincre les forces et les intérêts impérialistes.

« Réussirons-nous à unir ce courant immense du mouvement national-révolutionnaire sans cesse croissant, au courant général et bien plus puissant du mouvement prolétarien, qui s’assigne des tâches purement communistes ? Cette union est nécessaire et inévitable… » dit Zinoviev, président du Komintern, au premier congrès des organisations communistes et révolutionnaires de l’Extrême-Orient en 1922 (3).

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De leur côté, les mouvements nationalistes perçoivent bien souvent la Révolution d’Octobre comme une source d’espoir, voire d’inspiration. Le zèle affiché du Komintern quant à la décolonisation, pousse même beaucoup vers son giron. Les nationalistes des Indes néerlandaises du Sarekat Islam se retrouvant bien souvent dans le Partai Komunis Indonesia en 1920. De même pour beaucoup de nationalistes en Indochine, qui comme Nguyễn Ái Quốc (futur Hô Chi Minh), alors fameux pour ses Revendications du peuple annamite de 1919, constatant les insuffisances du Parti national vietnamien (VNQDĐ), fonde le Parti communiste indochinois après avoir participé à la mission Borodine, mission du Komintern consistant à soutenir les nationalistes chinois du Guomindang de Sun Yat-Sen (4).

Dans ce contexte de révolution mondiale et de libération nationale des peuples sous domination étrangère, il est bien souvent question dans les débats du Komintern d’un horizon communiste particulier aux populations musulmanes. L’idée d’un « communisme musulman » suscite une certaine forme d’enthousiasme, de même que le djihad peut alors être considéré comme nécessaire au processus révolutionnaire, ainsi que le présente Mirsäyet Soltanğäliev au premier congrès des peuples d’Orient à Bakou en 1920 (5). C’est ce potentiel révolutionnaire que le Komintern pense retrouver chez les nationalistes turcs, représentés par Mustafa Kemal à Ankara, contre le pouvoir impérial libéral de Constantinople, qui sous le contrôle des forces de l’Entente (notamment du Corps expéditionnaire d’occupation de Constantinople, hériter de l’Armée française d’Orient), tentait de se reprendre après la période jeune-turque (entre 1908 et 1918), tout en négociant de manière inégale les traités de paix qui assuraient le démembrement de l’Empire ottoman.

Indépendance turque et Russie soviétique

La révolution nationale de Kemal entamée en 1919, pouvait alors être perçue ainsi par le Komintern. Joignant un discours antiimpérialiste refusant les traités des vainqueurs de la Première Guerre mondiale (vue comme la guerre impérialiste par excellence), à la défense du califat malgré son opposition au gouvernement du sultan, Kemal et la Grande Assemblée nationale de Turquie (GANT) d’Ankara ont pu être un symbole d’espérance pour beaucoup de mouvements musulmans. D’où un soutien financier abondant de l’étranger, notamment des musulmans d’Asie centrale et d’Inde, dont 125 000£ par le simple comité indien Khilafat (6) jusqu’en 1922.

Kemal affiche donc dans un premier temps un « panislamisme dévot » (7) et libérateur, malgré son scientisme et son turquisme (8). Il l’associe à une rhétorique antiimpérialiste et socialiste, se rapprochant ainsi de la Russie soviétique, tout en éliminant toute autre concurrence réellement communiste en interne. Il était celui qui apparaissait combattant (tout comme l’Armée rouge) contre les grandes puissances impérialistes liguées pour dépecer l’Empire, ouvertement ou derrière la Grèce vénizéliste aux ambitions expansionnistes en Anatolie, désirant réaliser sa Grande Idée. Profitant des négociations et forte du soutien franco-britannique, les armées du Royaume hellène débarquent à Smyrne en mai 1919, avant d’entamer les premières offensives l’année d’après. Du résultat de cette guerre gréco-turque, dépendait fondamentalement l’existence d’un éventuel Etat-nation turc tel que l’envisageait Kemal. Ce sont donc les circonstances qui ont poussé la Grande Assemblée nationale de Turquie vers la Russie soviétique, seul Etat disposé à l’aider compte tenu des conditions. Le traité de Moscou de mars 1921 qui en découle permet au gouvernement turc d’Ankara d’avoir une reconnaissance officielle internationale, mais surtout des financements en roubles-or, ainsi qu’un règlement des frontières caucasiennes, finalement délimitées lors du traité de Kars d’octobre 1921 (9). Ainsi, avec ces traités, le traité de Sèvres de 1920 qui découpe l’Empire ottoman entre les grandes puissances (France, Royaume-Uni, Italie et la Grèce vénizéliste soutenue par les deux premières) en ne laissant aux Turcs qu’un étroit espace en Anatolie, est rendu caduc. Les forces kémalistes maintenant financées (10) et équipées par la Russie, ayant gagné la guerre turco-arménienne la même année, pouvaient se focaliser sur le front anatolien contre la Grèce et finalement gagner la guerre en 1922.

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Quant à la Russie soviétique, ayant établi sa domination sur la Transcaucasie soviétisée dans le même temps (grâce aux avancées kémalistes en Arménie qui lui a permis de la soviétiser (11)), elle disposait d’une frontière méridionale stable, mais surtout d’un premier allié, ayant à court terme les mêmes objectifs et les mêmes ennemis. C’est donc une alliance pragmatique et les Soviétiques sont très vite conscients de leurs divergences idéologiques avec le nationalisme kémaliste, dont les accents socialistes n’ont été que rhétoriques. En soi, c’est là un premier acte réaliste de l’Etat soviétique, pour sa survie dans les relations internationales, conduit par le pragmatisme léniniste, plus qu’un réel accomplissement d’un objectif du Komintern.

Le pragmatisme de Kemal

L’alliance de Kemal avec les bolcheviks pourrait être vue comme une alliance contre-nature si la première caractéristique politique du futur Atatürk n’était pas son pragmatisme radical. Sa formation intellectuelle est celle d’un officier jeune-turc de Roumélie (12) : scientiste, turquiste, très élitiste, prônant un darwinisme social, moderniste certes, mais hostile au marxisme qu’il méprise sans réellement chercher à le comprendre (13). Mais son but étant la construction d’un Etat-nation turc homogène et moderne, occidentalisé sans pour autant dépendre des intérêts occidentaux, il doit accepter dans un premier temps le compromis religieux, mais aussi bolchevique, quand bien même préfère-t-il la révolution de Meiji au Japon à la révolution d’Octobre. Kemal parvient néanmoins à repousser ses attentes d’un Etat laïc et scientiste pour se faire le défenseur du califat et instituer une procédure à la GANT (avec prières et utilisation politique des oulémas), plus religieuse que jamais l’Empire d’Abdülhamid II ne l’avait été. De même a-t-il été capable de repousser ses ambitions et ses discours turquistes, pour parvenir à un accord avec la Russie soviétique. En revanche, cette alliance pragmatique n’a jamais empêché Kemal de toujours rechercher un rapprochement avec les Etats-Unis ou n’importe quelle démocratie libérale, afin d’œuvrer toujours plus largement à la reconnaissance internationale de la Turquie républicaine.

Fort de son titre de Gazi acquis à la suite de la bataille de Sakarya en 1921 contre les Grecs, Kemal pouvait à la fin de la guerre gréco-turque, prétendre à une triple légitimité : militaire, politique et religieuse. Il avait sauvé la nation turque face aux menaces étrangères, affirmé l’existence de la nouvelle République sur la scène internationale avec le traité de Lausanne de 1923, tout en restaurant (jusqu’au 3 mars 1924, date de son abolition) le califat avec des compétences strictement limitées au plan spirituel. Le traité de Lausanne, officialisant la fin de l’Empire ottoman, permet à la fois à la nouvelle république de s’affirmer indépendante et souveraine dans les relations internationales, mais aussi de régler (selon les juristes internationalistes du temps) le problème du caractère multiethnique de la population du territoire turc, par un échange de populations avec la Grèce sur un critère apparemment objectif fondé sur la religion. Censée pacifier la région, cette décision frappe deux millions d’habitants, déplacés des deux pays, laissant ainsi théoriquement deux Etats ethniquement homogènes. C’était là nécessaire pour le projet nationaliste turquiste de Kemal, profondément hostile au cosmopolitisme ottoman, qui entrait dans le prolongement des politiques d’ingénierie démographique des Jeunes Turcs entrepris dès 1914 (14). De plus, la reconnaissance internationale à Lausanne libérait Kemal de son allié soviétique, qui ne lui était plus forcément nécessaire pour la survie de la République désormais en paix.

Les conditions lui étaient alors favorables pour entamer sa propre politique de modernisation et de laïcisation de la Turquie, avec l’aide et les investissements de la nouvelle URSS, tout en menant une politique violemment anticommuniste en interne. Ainsi, quand bien même Kemal honore ses alliés soviétiques en représentant Frounze (15) et Vorochilov (16) sur le Cumhuriyet Anıtı (« Monument de la République », érigé en 1928 sur la Place Taksim), « chacun doit comprendre qu’en Turquie même le communisme est notre affaire » (17) écrivait-il dans le même temps. C’est pourquoi avait-il formé un parti communiste fantoche (non reconnu par le Komintern), afin de combattre le Parti communiste de Turquie (TKP), qu’il devait théoriquement accepter sous la pression de Moscou. Finalement, la répression, les assassinats politiques n’ont jamais cessé, alors que l’alliance de fait entre la Turquie kémaliste et l’URSS de Staline elle, prend fin en 1936 sans grande émotion, avec la convention de Montreux. Le parcours de Nâzım Hikmet, qui alternait les années d’exil et de prison (15 ans au total) du fait de son appartenance au TKP, illustre bien ce rapport conflictuel et contradictoire du kémalisme des premières années avec le communisme.

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Conclusion

Il s’agissait là de se demander si Kemal et le kémalisme avaient pu être influencés ou liés d’une quelconque façon au communisme. Il est certain que les origines mêmes de la pensée de Kemal, nationaliste, élitiste et scientiste, le placent idéologiquement à des lieues du marxisme ou du bolchévisme. Cependant, sa pratique politique et son pragmatisme radical, ont pu, dans le cadre de certaines circonstances et rapports de forces donnés, le rapprocher de la Russie de Lénine. Ce rapprochement a provoqué des inflexions rhétoriques qui ont pu troubler la définition qu’on donne au kémalisme, allant même jusqu’à trouver des points communs idéologiques des deux courants politiques. Pourtant, il n’y a en réalité que le pragmatisme de Kemal, seule constante de son courant, qui puisse expliquer son alliance avec les bolchéviks. Tout comme le péronisme, on peut donc se réclamer du kémalisme de l’extrême-droite à la gauche, car il ne propose pas réellement un ancrage idéologique profond et dépasse de ce fait largement les clivages communs du champ politique des démocraties occidentales. Une interprétation du kémalisme comme étant une expérience nationaliste d’inspiration marxiste ou même tout simplement socialiste, serait donc définitivement à écarter.

- Kemal : de Mustafa à Atatürk (première partie)
- Kemal : de Kemal Pacha à Kemal Atatürk (deuxième partie)
- Tancrède Josseran, La nouvelle puissance turque : l’adieu à Mustapha Kemal
- La Révolution anatolienne, Dix ans qui ont changé la Turquie

Notes :
(1) Notamment G. S. Harris, The Origins of Communism in Turkey, Stanford, Hoover Institution, 1967, ou encore Rasih Nuri İleri, Atatürk ve Komünizm (Ataturk et le communisme), Istanbul, 1970.
(2) L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme en étant certainement l’essai de synthèse le plus connu.
(3) Hélène Carrère d’Encausse, Stuart Schram, Le marxisme et l’Asie, 1853-1964, Paris, Armand Colin, 1965.
(4) Nora Wang, L’Asie orientale du milieu du 19e siècle à nos jours, Paris, Armand Colin, 2000.
(5) Congress of the Peoples of the East, Baku, September 1920 : Stenographic Report, trad. Brian Pearce, Londres, New Park, 1977.
Alexandre Bennigsen et Chantal Lemercier-Quelquejay, Sultan Galiev. Le père de la révolution tiers-mondiste, Paris, Fayard, coll. les Inconnus de l’histoire, 1986.
(6) Naem Qureshi, Pan-Islam in British Indian Politics : A Study of the Khilafat Movement, 1918-1924, Leyde, Brill, 1999.
(7) Şükrü Hanioğlu, Atatürk   : une biographie intellectuelle, Paris, Fayard, 2016, p. 102.
(8) Idéologie nationaliste popularisée par les Jeunes Turcs, visant à unir les peuples turciques (sur un critère ethnique voire racial) au sein d’un même Etat panturquiste.
(9) Traité de Kars, 1921 [En ligne], wikisource [consulté le 29 juillet 2017], https://fr.wikisource.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Kars_-_1921
(10) 10 millions de roubles-or.
(11) Anahide Ter Minassian, La République d’Arménie, Paris, Edition Complexe, 1989.
(12) Partie européenne de l’Empire ottoman, qu’on appelle aussi Macédoine.
(13) La biographie intellectuelle de Şükrü Hanioğlu, Atatürk   : une biographie intellectuelle est particulièrement explicite à ce propos, se fondant notamment sur ses discours, ses écrits, mais aussi ses annotations.
(14) Nikos Sigalas et Alexandre Toumarkine, « Ingénierie démographique, génocide, nettoyage ethnique. Les paradigmes dominants pour l’étude de la violence sur les populations minoritaires en Turquie et dans les Balkans », European Journal of Turkish Studies [En ligne], 7, 2008.
(15) Membre du Comité central du Parti bolchévique qui visite Ankara en 1921, avant de devenir membre du Politburo et Commissaire du peuple pour l’Armée.
(16) Membre du Comité central du Parti bolchévique, Commissaire du peuple aux Affaires intérieures avant de remplacer Frounze à sa mort en 1925.
(17) Mehmet Perinçek, Atatürk’ün Sovyetler’le Görüşmeleri, p. 273.

Bibliographie :
- Hamit Bozarslan, Histoire de la Turquie, de l’Empire à nos jours, Paris, Taillandier 2013.
- Paul Dumont, Mustapha Kemal invente la Turquie moderne, Bruxelles, Complexe, 1983, nouv. éd. 1997 et 2006.
- Paul Dumont, Du socialisme ottoman à l’internationalisme anatolien, Istanbul, ISIS, 1997.
- Paul Dumont, « L’axe Moscou-Ankara, les relations turco-soviétiques de 1919 à 1922 », dans les Cahiers du monde russe et soviétique, volume 18, numéro 3, Paris, 1977, p 165-193.
- Şükrü Hanioğlu, Atatürk   : une biographie intellectuelle, Paris, Fayard, 2016.
- Kerslake C., Oktem K., Robins P. (Eds.) Turkey’s Engagement with Modernity. Conflict and Change in the Twentieth Century. Basingstoke : Palgrave Macmillan, 2010
- Erik J. Zürcher (Ed.), Turkey in the Twentieth Century. La Turquie au vingtième siècle, Berlin, Schwarz, 2008.

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lundi, 04 septembre 2017

L’Allemagne et l’Orient jusqu’en 1918

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Robert Steuckers

L’Allemagne et l’Orient jusqu’en 1918

Brève allocution lors d’une journée historique tenue à Louvain, 5 août 2017

Chers amis,

Pour cette journée, où l’amitié compte plus que l’étalage du savoir, je serai bref, insuffisamment exhaustif pour évoquer le rapport, bien plus complexe que je ne pourrai le dire aujourd’hui, entre l’Allemagne et ce qu’il est convenu d’appeler l’ « Orient ».

Pour ne pas allonger plus que de raison cette allocution, je me suis concentré sur une seule source : l’excellent ouvrage de

Jstew.jpgJules Stewart,

The Kaiser’s Mission to Kabul – Secret Expedition to Afghanistan in World War I,

I.B. Tauris, London, 2014.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient d’abord de rappeler que le terme d’“Orient”, tel qu’il fut utilisé dans l’expression consacrée des diplomates du 19ème siècle, soit la « Question d’Orient », concernait tout d’abord les Balkans, alors encore sous tutelle ottomane. Les Européens du début du 19ème siècle, pour la première fois dans l’histoire médiévale et moderne, pour la première fois depuis la protohistoire avec les peuples cavaliers pré-iraniens et depuis l’aventure d’Alexandre le Grand, sortaient d’une misère et d’un sous-développement par rapport à la puissance ottomane de Soliman le Magnifique, par rapport à la civilisation indienne et à l’Empire chinois. Il leur fallait parachever l’unité du continent dans une période de paix relative, inaugurée par le Congrès de Vienne de 1814 et pour ce faire, libérer les Balkans, à commencer par la Grèce chère aux Philhellènes dont Lord Byron. Deux puissances s’étaient déjà donné pour tâche d’effacer toute présence ottomane en Europe : l’Autriche-Hongrie et la Russie. Alliées dans cette tâche au 18ème siècle, elles s’opposeront l’une à l’autre jusqu’à devenir ennemies au courant du 19ème. L’Autriche-Hongrie se donnait pour mission historique de contrôler l’ensemble du bassin danubien jusqu’à son delta sur la Mer Noire. La Russie, quant à elle, visait la libération de tous les peuples slaves et orthodoxes des Balkans, ce qui impliquait de contrôler le cours du Danube en Roumanie et en Serbie et d’obtenir en Mer Egée et sur la côte adriatique des points d’appui dans le bassin oriental de la Méditerranée que l’Angleterre considérait comme sa « chasse gardée ». Pour les stratèges de Londres, aucune puissance européenne, a fortiori la Russie avec son immense hinterland, ne pouvait asseoir une domination quelconque sur ce bassin oriental de la Grande Bleue ni même y asseoir une présence trop gênante sur ce maillon indispensable le long de la route maritime des Indes, alors que l’on envisageait déjà de creuser le Canal de Suez. Contenir la Russie sur la rive nord de la Mer Noire était l’impératif majeur des Britanniques : c’est la raison du déclenchement de la Guerre de Crimée (et, subséquemment, des événements actuels en Ukraine !), c’est aussi la raison qui a conduit la marine anglaise à soutenir les Ottomans moribonds dans la guerre qui les a opposés à la coalition des orthodoxes balkaniques soutenus par Saint-Pétersbourg en 1877-1878. Il est important de se remémorer ces faits pour comprendre la dynamique à l’œuvre aujourd’hui. Si la Turquie existe en tant qu’Etat et si sa position géographique idéale lui permet de dicter sa volonté à ses voisins ou d’y avancer ses pions, c’est parce qu’elle a reçu l’appui anglais en 1877-1878. Au seul prix d’une cession de Chypre à l’Angleterre (1878).

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La Turquie actuelle, et, avant elle, l’Empire ottoman, doit donc sa survie à l’Angleterre dans son long combat pour contenir la Russie loin des mers chaudes et loin des routes maritimes vers les Indes. L’Angleterre est certes sa seule alliée dans le concert européen mais cette alliée limite l’influence et la souveraineté de l’Empire ottoman. En effet, en cédant Chypre aux Anglais en 1878, les Ottomans ont renoncé à une conquête chèrement acquise au 16ème siècle, qu’ils entendaient pourtant conserver à tout prix, si bien qu’après le désastre turc de Lépante en 1571, le Sultan avait pu dire : « En détruisant notre flotte à Lépante, ils nous ont rasé la barbe ; en leur prenant Chypre en 1570, nous leur avons coupé le bras ». L’importance que les Turcs accordent à Chypre s’est révélée une fois de plus en 1974, lors de l’invasion de l’île par leurs armées et par l’entêtement actuel d’y demeurer envers et contre tout (et tous !). L’abandon de Chypre ne fut pas le seul ressac ottoman devant les Britanniques : en 1882, l’Egypte, théoriquement une dépendance de la Sublime Porte, passe entièrement sous contrôle britannique. Les Anglais, sous l’impulsion de Gordon, envahissent alors le Soudan afin de contrôler tout le cours du Nil. En 1885, Gordon est tué à Khartoum par les mahdistes, secte guerrière islamiste et fondamentaliste que l’on a parfois appelé les « derviches » (une vitrine du Musée de l’Armée à Bruxelles rappelle ces événements et la brève intervention belge contre les mahdistes dans le sud du Soudan à l’époque).

Avec l’élimination progressive de toute présence ottomane dans les Balkans, sous l’action des peuples balkaniques eux-mêmes, la « Question d’Orient » cesse de conserver son acception limitée au Sud-Est européen et finit par s’étendre à tout l’espace jadis conquis par Alexandre le Grand. Elle concerne donc l’Iran, ou la Perse comme on disait à l’époque. La Perse du 19ème craignait surtout la Russie qui avait conquis, à ses dépens, l’Azerbaïdjan et entendait se tailler des zones d’influence dans la région, surtout sur le littoral de la Caspienne. Les Perses ne font pas davantage confiance aux Anglais qui, eux, cherchent aussi à contrôler une partie du territoire persan dans le sud pour assurer une liaison entre la Méditerranée et les Indes (l’objectif des impérialistes maximalistes de Londres était de relier territorialement et ferroviairement le Cap au Caire et le Caire à Calcutta). Pour amorcer sa modernisation, la Perse fait alors appel à d’autres Européens : les Suédois pour encadrer les éléments modernes de leur armée ; les Belges pour mettre sur pied leur système douanier. Les Anglais utiliseront la stratégie du « regime change » avant la lettre, cherchant, via toutes sortes de dissidents, à imposer à la Perse un régime de monarchie constitutionnelle calqué sur le modèle belge !

L’Inde entrera à son tour dans la définition d’un vaste « Orient ». Au 19ème siècle, l’Inde est l’objet du « Grand Jeu » entre la Russie, qui est censée chercher un débouché sur l’Océan Indien, et l’Angleterre qui compte coûte que coûte défendre ses possessions indiennes contre la grande puissance continentale qu’est la Russie qui avance inexorablement vers les terres persanes, afghanes et indiennes, en conquérant l’Asie centrale musulmane, jusqu’aux zones qui font aujourd’hui partie du Turkménistan et de l’Ouzbékistan. Pour notre auteur, Jules Stewart, cette hantise des milieux militaires et diplomatiques de Londres relevait de la paranoïa pure et simple depuis que le Tsar Paul 1er avait tenté vainement, par une alliance hypothétique avec Napoléon, de maîtriser la Perse et l’Inde. Nul mieux qu’Henri Troyat a décrit l’action politique de ce Tsar. Je vous engage à lire les biographies des tsars et tsarines qu’a ciselées cet auteur français d’origine arménienne. Rien de bien substantiel ne permet, selon Stewart, d’attester que les gouvernants russes convoitaient les Indes anglaises. Seuls quelques généraux isolés couchaient sur le papier le syllogisme suivant : « Qui possède les Indes règne sur le monde ». Si la Russie sera considérée, quelques décennies plus tard, comme le « Heartland », la « Terre du Milieu » par les géographes militaires britanniques (à la suite des thèses de Halford John Mackinder), l’Océan Indien sera considéré comme la « Heartsea », l’ « Océan du Milieu ». L’Inde est dès lors la « civilisation du milieu », située entre l’Europe et la Chine. Cette civilisation du milieu a été ruinée par la colonisation britannique de la fin du 18ème au 19ème.

Face à ce « Grand Jeu » entre Britanniques et Russes, l’Allemagne, qui vient à peine de trouver son unité en 1871, finit, au bout d’un moment, par rêver d’une Inde indépendante mais influencée par l’esprit allemand, lui-même nourri d’orientalisme indien, védique/sanskrit, via des travaux précis de philologie ou par la philosophie de Schopenhauer. Quand éclate la première guerre mondiale, le désir est d’atteindre l’Inde, de la soulever contre son oppresseur britannique. La seule voie permettant d’atteindre le sous-continent de la « civilisation du milieu » passe par l’Afghanistan. Une alliance avec l’Afghanistan permettrait dès lors d’influencer politiquement, militairement et culturellement l’Inde. A la fin du 19ème siècle, l’Afghanistan n’est plus une puissance militaire et politique sérieuse, malgré les victoires afghanes lors des deux premières guerres anglo-afghanes du 19ème siècle. Son territoire demeure toutefois le seul tremplin possible pour atteindre directement ou indirectement les possessions britanniques des Indes. Pour comprendre la dynamique de l’histoire afghane, il faut revenir au 18ème siècle. En 1747, Ahmad Shah Durrani règne grâce à l’appui des tribus pachtounes. Son pouvoir s’étend de l’Iran au Cachemire, de l’Asie centrale à l’Océan Indien. Ce sera le dernier grand empire afghan de l’histoire. En 1773, quand ce Shah pachtoune meurt, cet empire tombe en quenouille. Ses successeurs sont faibles, incapables de calmer les ardeurs des fractions qui s’affrontent. A l’Est de cet ensemble centré sur les territoires pachtounes, les Sikhs se révoltent et chassent les Afghans de leurs territoires, créant, à partir de 1780, un empire sikh qui sera annexé par les Britanniques en 1849. Rappelons que les Sikhs constituent un mouvement religieux indien hostile aux musulmans, bien que strictement monothéiste, obligeant ses membres à adopter souvent des rites contraires à ceux de l’islam.

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A partir de la dissolution de l’empire d’Ahmad Shah Durrani et du réveil sikh, les Afghans ne seront plus des envahisseurs souvent victorieux, comme dans le passé, mais seront systématiquement envahis. Ils ne seront toutefois pas colonisés car ils parviendront toujours à épuiser les forces de leurs ennemis, comme dans les deux guerres anglo-afghanes de 1838 (qui se terminera par un désastre pour l’armée anglaise) et de 1878. Une troisième guerre anglo-afghane, celle de 1919, a obligé Londres à reconnaître définitivement l’indépendance de l’Afghanistan, avec, pour contrepartie, la cessation de tout paiement au bénéfice du monarque ou du gouvernement de Kaboul. Le pays vivra dans la paix jusqu’à l’entrée des troupes soviétiques en décembre 1979.

Pourquoi les Britanniques ont-ils toujours montré un intérêt si pressant pour le territoire afghan ? Parce qu’ils ont toujours craint une invasion russe des Indes qui, comme toutes les invasions de l’histoire dans cette partie précise du monde, passerait forcément par l’Afghanistan. Or, rappelle Stewart dans son livre (p. 4) : « Il n’y a aucune preuve, mises à part quelques déclarations belliqueuses imprimées dans des journaux ou des revues russes, que Saint-Pétersbourg considérait sérieusement d’étendre démesurément les lignes logistiques de ses armées, sur des distances de centaines de kilomètres dans des zones tribales dangereuses, pour aller affronter des forces britanniques puissantes qui les auraient attendues aux portes des Indes ». En 1878, au moment où l’Empire britannique s’assure la maîtrise de Chypre pour avoir aidé l’Empire ottoman à contenir les Roumains, les Bulgares et les Russes, la situation est peut-être plus préoccupante pour les Anglais qu’en 1838, année où s’était décidée la première guerre anglo-afghane. Les Russes ont déjà conquis une bonne partie de l’Asie centrale : Tachkent (1865), Samarkand (1868), Krasnovodsk (1869), Andijan (1871), Khiva (1873), Boukhara (1876). L’Empire russe s’approche donc des frontières afghanes et indiennes. Cette avancée provoque les craintes anglaises. En 1881, un an avant que les Anglais s’emparent de l’Egypte, le Tsar Alexandre II est assassiné par des éléments révolutionnaires. La spéculation est ouverte, évidemment : qui aurait bien pu téléguider ces terroristes, qui sont certes le produit des mécontentements qui traversaient la société russe en pleine mutation à l’époque ? Si l’on retient l’hypothèse d’une possible intervention extérieure occulte, on peut imaginer l’action de services visant à priver l’Empire tsariste d’un monarque capable de gérer efficacement ses immenses territoires et de donner la puissance civile et militaire à un Etat que d’aucuns perçoivent comme un rival incontournable. Les conquêtes russes sous le règne d’Alexandre II avaient été parachevées en moins de cinq ans, sans bénéficier d’une logistique moderne, sans chemins de fer ou voies fluviales navigables.

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Devant le spectacle géant qu’offrait cette lutte entre une puissance maritime maîtresse de la « civilisation du milieu » et de l’Océan du Milieu, l’Allemagne de Bismarck reste très sceptique. Le Chancelier de Fer ne s’intéresse pas aux conquêtes coloniales. Il disait déjà des Balkans « qu’ils ne valaient pas les os d’un pauvre mousquetaire poméranien ». Bismarck veut un nouveau Reich prussianisé qui soit centré sur l’Europe et sur l’Europe seule, dont il est le cœur ; ou, pour reprendre l’image qu’utilisait le géopolitologue et général autrichien Heinrich Jordis von Lohausen, ce Reich, né dans la Galerie des Glaces de Versailles en 1871, ou ce Zollverein qui l’a précédé dans les décennies antérieures, est la paume d’une main à laquelle sont accrochés cinq doigts soit cinq péninsules ou îles : la Scandinavie, l’ensemble insulaire britannique, l’Ibérie, l’Italie et les Balkans. C’est la paume qui tient les doigts. Sans une paume saine et solide, la civilisation européenne n’a pas de cohérence, n’est qu’un ensemble disparate. A l’époque de Bismarck, le penseur Constantin Frantz, dans son oeuvre fondamentale que l’on ferait bien de relire régulièrement, voyait les deux puissances occidentales, la France et l’Angleterre comme des puissances qui renonçaient à leur européanité parce qu’elles s’étaient embarquées dans des conquêtes coloniales qui risquaient d’importer en Europe des conflits d’intérêts nés en dehors de leur propre espace civilisationnel. Ces puissances s’étaient extraverties, oubliaient la fraternité qui devait nécessairement les lier aux autres Européens. L’équilibre de notre civilisation se voyait ainsi ébranlé et deux puissances importantes de la Pentarchie issue du Congrès de Vienne de 1814 cessaient de partager le destin de leurs voisins. Frantz était pourtant un adversaire du Reich prussianisé de Bismarck : pour lui l’idéal était un retour à la souplesse du Reich traditionnel qu’incarnait l’Autriche.

La politique sceptique de Bismarck était partagée par les deux premiers empereurs prussiens, dont le père de Guillaume II, Frédéric III, qui ne régna que 99 jours. La prudence de Bismarck ne correspondait pas aux vues du jeune Kaiser Guillaume. Celui-ci, pourtant à moitié anglais, a très tôt décidé d’affronter la Grande-Bretagne dans une course à la puissance. Il estime que son empire a le droit d’avoir une vaste place au soleil dans le monde où l’Empire britannique se taille la part du lion. La première démarche d’extraversion allemande sera d’armer les Ottomans et de les outiller économiquement : l’Allemagne, aussitôt, prend pied sur le marché ottoman. La part de ses transactions commerciales avec « l’homme malade du Bosphore » passe très rapidement de 6 à 21%. Les Britanniques sont houspillés hors du marché turc : leurs parts passent de 60 à 35%. Très vite, l’Allemagne de Guillaume II tient 45% du marché turc, plus que les parts cumulées de la France et de l’Angleterre. Cette politique est diamétralement opposée à celle de Bismarck, qui se voulait équilibrée, européo-centrée et ne cherchait jamais à battre un adversaire commercial sur le terrain. Devant ces succès de la nouvelle politique extérieure allemande à partir de l’éviction de Bismarck, la France constate qu’elle ne joue presque plus aucun rôle majeur dans le Levant. Les Britanniques voient plutôt la situation d’un bon œil et, dans un premier temps, dans les années 1890, adoptent l’attitude du fairplay : ils estiment que les Allemands les soulagent d’un fardeau, celui d’armer eux-mêmes les Ottomans contre les Russes, selon les critères avérés d’une politique d’endiguement pratiquée depuis longtemps contre la plus grande des puissances continentales. Les Russes, eux, sont furieux : leur allié traditionnel en Europe du centre et de l’Ouest, surtout sous l’impulsion de Bismarck, arme désormais leur ennemi héréditaire, celui qui occupe illégitimement Constantinople et a désacralisé Sainte-Sophie. Les futurs camps de la première guerre mondiale se mettent ainsi en place : mais l’Entente n’est pas encore réellement forgée puisque l’Angleterre s’est violemment opposée aux avancées françaises en direction du Nil. Ce sera l’incident de Fachoda qui a failli déclencher une guerre anglo-française. Le Nil de son delta à sa source devait, selon les stratégistes britanniques de l’époque, être inclus dans l’Empire de Victoria ; de même, aucune puissance européenne majeure ne pouvait se tailler une fenêtre sur l’Océan Indien. En 1898, l’année de Fachoda, Guillaume II fait une tournée dans l’Empire ottoman. Il arrive à Constantinople, visite ensuite Damas et Jérusalem. Il déclare être le protecteur de l’islam, ce qui fait croire aux simples sujets musulmans de la Sublime Porte que les Allemands se sont convertis à l’islam. L’artisan de la politique ottomane et musulmane de Guillaume II est Max von Oppenheim. Cet aristocrate d’origine israélite est officiellement un « archéologue ». Il entend fabriquer une idéologie panislamique au service de l’expansion allemande.

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Dans ce contexte naît aussi le fameux projet d’un chemin de fer de Berlin à Bagdad. Avec, en Syrie, la possibilité de bifurquer vers La Mecque, rendant aisé et peu coûteux le pèlerinage rituel des musulmans, tout en rentabilisant la ligne, potentiellement très fréquentée. Le Berlin-Bagdad suit un tracé stratégique car il donne accès au cuivre du Taurus, au pétrole de Mossoul et au coton de la Mésopotamie, autant de matières premières indispensables à une Europe centrale qui en est totalement dépourvue et n’a pas de colonies où s’en procurer à bon marché. Les chemins de fer sont la hantise des Britanniques qui voient en eux un procédé technique qui annule partiellement les avantages de leur flotte commerciale. De plus, un chemin de fer qui va de l’Europe centrale, dominée par le challengeur allemand, à Bagdad se rapproche dangereusement du Golfe Persique, fenêtre stratégique très importante sur l’Océan Indien. Le géopolitologue et cartographe allemand Walter Pahl, issu des centres d’études syndicaux, démontrait que l’Empire britannique avait pour clef de voûte le sous-continent indien et cherchait, entre l’Afrique du Sud et l’Australie, à créer un « arc » qu’aucune puissance européenne véritablement efficace ne pouvait percer. Seule l’Italie, faible et sous-développée avant le fascisme, pouvait avoir une partie de la Somalie ; la France pouvait conserver Madagascar (qui sera rapidement occupé en 1941) et Djibouti ; l’Indochine donnait plutôt sur le Pacifique et ne troublait pas l’harmonie de l’« arc » ; les Pays-Bas, liés historiquement à l’Angleterre, gardaient l’Insulinde (l’Indonésie) mais sans Singapour, gardienne d’un goulot d’étranglement entre les immensités océaniques du Pacifique et l’« Océan du Milieu ». Au moment où le projet du chemin de fer Berlin-Bagdad prenait forme, les Russes achèvent la ligne Saint-Pétersbourg/Samarkand, s’approchant dangereusement de Hérat, la porte occidentale de l’Afghanistan. De plus, dans les débats politiques russes, un certain général Leonid Skobolev plaide pour une destruction définitive de l’Empire ottoman, ce qui constituerait, avec Guillaume II, un casus belli avec l’Allemagne. Skobolev entend annexer Constantinople. Les Britanniques constatent qu’ils ont trois ennemis potentiels : les affronter tous les trois, au risque de les voir s’allier entre eux, est difficile sinon impossible. Il faut donc faire un choix. Arthur Balfour demande que le Koweit devienne un protectorat britannique. Lord Landowne répète qu’aucune autre puissance européenne ne doit avoir accès au Golfe Persique. Lord Kitchener et Lord Curzon expliquent à leurs contemporains que les chemins de fer construits par les Russes et les Allemands sont autant de tentatives d’atteindre les Indes pour les arracher à l’Empire de Victoria et de ses successeurs. Ces projets ferroviaires constituent donc tous des dangers pour la domination britannique sur le Golfe Persique, désormais à cinq jours de voyage de Berlin. Cependant, le Berlin-Bagdad était loin, très loin, d’être achevé en 1914. Curieusement, Churchill, n’est pas alarmé : pour lui, « ce n’est pas une route maritime » donc c’est moins dangereux car cela n’empêchera pas les Britanniques, le cas échéant, de pratiquer un blocus.

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En 1907, la future Entente prend forme, avec la « Convention anglo-russe ». Dorénavant, la Russie, pour Londres, n’est plus perçue comme l’ennemie principale qui menace les Indes. L’ennemi principal est désormais l’Allemagne. La France est vue comme un partenaire mineur à qui on laisse le Maroc à condition qu’il ne s’occupe plus de l’Egypte et du Nil. La Russie est un futur partenaire contre une Allemagne qui arme les Ottomans. Le Tsar Nicolas II n’est plus décrit comme un suppôt de Satan dans la presse londonienne. La « Convention anglo-russe » décide d’octroyer à chacune des deux puissances signataires des zones d’influence en Perse. Les Allemands, de leur côté, constatent qu’ils sont encerclés et que l’Inde est faible sur ses frontières avec l’Iran, l’Afghanistan et le Tibet. Ils doivent dès lors chercher à asseoir leur influence 1) en Iran, dans les régions situées entre les zones russes et anglaises (que parcourront par la suite Wassmuss, von Hentig et Niedermayer) ; 2) en Afghanistan, parce qu’il a été de tous temps le tremplin permettant aux conquérants d’entrer en Inde ; 3) au Tibet et en Inde où ils doivent former de nouvelles générations d’intellectuels indépendantistes, hostiles à l’Angleterre et favorables à l’Allemagne.

Habibullah.jpgEn Afghanistan, à l’époque, règne le roi Habiboullah, une forte personnalité. Il est pro-britannique, moderniste sur le plan des mœurs et par son féminisme qui ouvre des écoles pour les filles. Il s’habille à l’occidentale et assure la modernisation de son pays. Il n’a jamais quitté l’Afghanistan. Il n’est pas sur la même longueur d’onde que son frère Nasroullah qui est tout à la fois moderniste (mais sur le seul plan technique, non sur les moeurs) et islamiste, alors qu’il a souvent voyagé à l’étranger. Nasroullah est pro-allemand. Le principal intellectuel du royaume d’Afghanistan est le journaliste Mahmoud Tarzi, adepte d’un « nationalisme islamique ». De 1910 à 1914, les zones tribales de l’actuel Pakistan sont en ébullition : la répression britannique est sévère. Les Pachtounes afghans veulent porter secours à leurs frères de race et se mettent en mouvement en direction de la frontière. Nasroullah fait distribuer 5000 fusils et 500.000 cartouches aux guerriers tribaux pachtounes. Habiboullah réagit très rapidement et promet de punir avec la plus extrême sévérité tous ceux qui entendent attaquer les Indes britanniques. Habiboullah réclame, devant l’assemblée venue l’écouter alors que les Pachtounes appellent au djihad contre les Anglais, qu’on lui apporte un Coran ; il met ses contradicteurs au défi « de trouver un verset ou un chapitre du Coran qui appelle au djihad contre ses amis » (Stewart, p. 24). « Il menaça alors d’arracher la langue à tous ceux qui oseraient encore appeler au djihad et de faire trancher les pieds de ceux qui seraient surpris à marcher vers les zones de combat » (ibid.).

Ce discours féroce n’empêcha pas un mouvement pro-allemand d’éclore au sein de la société afghane/pachtoune, immédiatement avant le déclenchement de la première guerre mondiale, mouvement d’opinion similaire à celui que l’on repérait au Maroc. En Libye, les Sénoussistes anti-italiens seront d’abord appuyés par les Turcs, ensuite, après 1918, par les Britanniques. En 1914, l’Empire britannique entre donc en guerre contre l’Allemagne, allié à la France et à la Russie, ses anciennes ennemies. Mais cette guerre est aussi une guerre contre l’Empire ottoman, allié des Allemands. Les Britanniques sont obligés de réduire leurs garnisons en Inde. Les soldats indiens de l’Empire et les troupes coloniales anglaises sont expédiés sur le front occidental. L’Inde est très mal défendue pendant le conflit : il n’y a plus que 15.000 soldats britanniques dans le sous-continent. Habiboullah se déclare neutre mais ses adversaires considèrent que cette neutralité est favorable aux seuls Britanniques. Nasroullah, pro-allemand, est corrompu, ce qui dessert sa popularité, mais il fonde, avec l’intellectuel Tarzi, le « mouvement jeune-afghan », calque du mouvement jeune-turc au pouvoir à Constantinople.

A Berlin, Max von Oppenheim, qui connaissait T. E. Lawrence pour l’avoir rencontré sur des sites archéologiques au Levant et en Mésopotamie, préconise deux stratégies : 1) aider l’armée turque à entrer en Egypte le plus vite possible ; 2) susciter une révolte générale dans les Indes anglaises. Ludwig von Moltke réclame aussitôt le soutien à tous les mouvements subversifs en Inde. Un « Berlin Committee » voit le jour pour s’ouvrir à tous les contestataires indiens en Europe. Ce seront principalement des musulmans qui l’animeront mais il y aura aussi des Hindous et des Sikhs. Franz von Papen, qui cherchera ultérieurement à organiser des sabotages aux Etats-Unis, préconise l’achat d’armes américaines pour les envoyer aux Indes via le territoire américain (encore neutre en 1914) ou le Mexique. L’entreprise tournera au fiasco car les Néerlandais confisqueront toutes les armes quand elles arriveront dans les ports de l’Insulinde hollandaise.

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Comme les musulmans, en général, n’admirent que les vainqueurs, les Allemands, au début de la guerre, ont la cote grâce à leurs succès contre les Russes à Tannenberg, contre les Serbes dans les Balkans, contre les Français avant la bataille de la Marne et surtout pour les victoires germano-turques à Gallipoli et à Kut-al-Amara en Irak, avec von der Goltz. A Berlin, on décide de lancer des opérations en Orient, avec pour but principal de soulever les Afghans contre les Britanniques et de les amener à envahir les Indes, obligeant ainsi les Britanniques à dégarnir le front picard qu’ils tiennent en France. Trois hommes seront sélectionnés pour mener ces opérations à bien : 1) Werner Otto von Hentig, diplomate avec une riche expérience en Chine, en Perse et dans l’Empire ottoman. On le rappelle du front russe ; 2) Oskar von Niedermayer, officier d’artillerie, géographe maîtrisant parfaitement la langue persane et ancien explorateur chevronné qui fut le premier Européen à traverser le terrible désert iranien du Dasht-i-Lout ; 3) Wilhelm Wassmuss, diplomate que les Anglais surnommeront le « Lawrence allemand » ; il avait commencé sa carrière à Madagascar pour la poursuivre en Perse, où il fut consul à Bouchir, puis au Caire où le déclenchement de la première guerre mondiale le surprend ; il met ses connaissances de la Perse au service de son pays et est recruté pour participer à l’opération commune ; il se disputera avec Niedermayer et von Hentig, qui vise le soulèvement des Afghans, et organisera la guérilla de tribus persanes contre l’occupation britannique, forçant les Anglais à créer des unités locales, les « South Persian Rifles » pour venir à bout de ces soulèvements ; après la guerre, il tentera en vain de débloquer les fonds promis aux tribus perses pour perpétuer l’abcès de fixation en dépit de la défaite allemande ; l’échec de ses démarches lui briseront le moral ; il meurt en 1931, à peine âgé de 51 ans.

Werner von Hentig et Oskar von Niedermayer sont tous deux sceptiques quand les autorités militaires allemandes leur annoncent la teneur de leur mission : pour les deux hommes, seule une invasion des Indes par une armée afghane particulièrement bien équipée, avec un solide appui turc, pourrait apporter des résultats. Ils ont raison. Leur expédition sera un échec.

Pourquoi ? La mission allemande à Kaboul ne recevra pas l’appui des Ottomans car Enver Pacha et Rauf Bey, bien que favorables au départ à l’alliance germano-ottomane, saboteront l’initiative. La raison de leur mauvaise grâce vient des récriminations scandalisées des officiers allemands en poste dans l’Empire ottoman, suite aux massacres d’Arméniens et de chrétiens d’Orient. Les officiers allemands et austro-hongrois envoient des rapports très négatifs à Berlin et à Vienne. Les Turcs sont furieux des critiques que l’on peut émettre sur leurs comportements. Ils exigent le renvoi de bon nombre de diplomates allemands. Ils refusent ensuite de fournir une troupe d’élite de 1000 hommes à l’expédition Hentig/Niedermayer/Wassmuss, comme ils l’avaient préalablement promis. En fait, au-delà de cette querelle qui, dans un premier temps, concernait le génocide arménien, force est de constater que les Ottomans et les Allemands n’avaient pas les mêmes buts de guerre subversive en Orient. Pour les Allemands, l’ennemi principal est l’Angleterre et il faut provoquer une révolte générale dans les Indes britanniques. Pour les Turcs, l’ennemi principal reste la Russie, qui soutient les Arméniens orthodoxes et les Grecs de l’espace pontique. Il faut donc soulever les peuples turcophones d’Asie centrale et y réduire à néant les bénéfices de la conquête russe. Les Allemands visent à asseoir une présence en Perse mais les Turcs, eux, ne veulent pas d’une trop grande influence allemande dans ce pays car il est chiite et ennemi héréditaire du système sunnite de l’Empire ottoman. Les Allemands, pour leur part, ne veulent pas devenir l’instrument d’une politique turque visant l’affaiblissement définitif de la Russie en Asie. On peut avancer l’hypothèse que Niedermayer envisage déjà une future alliance germano-russe dans une perspective bismarckienne rénovée. Dans ce contexte fragile, Niedermayer estime que la seule chose qu’il puisse obtenir est de créer une chaîne de communication entre Bagdad et l’Inde, avec des relais en Perse (entre les zones contrôlées par les Russes et les Anglais) et en Afghanistan. C’est le projet modeste (par rapport à ce qui lui était demandé…) qu’il tentera de réaliser. Mais les Afghans, mieux informés qu’il ne le croyait sur la situation des fronts en Europe, ne marcheront pas dans la combine et demeureront neutres, bien qu’assez bienveillants à l’égard des Allemands.

Les leçons à tirer de ces épisodes peu connus de la première guerre mondiale, c’est que l’Europe (qui n’est jamais qu’une Allemagne agrandie ou la combinaison du centre germanique avec les périphéries péninsulaires ou insulaires) a besoin des relais que l’expédition Hentig/Niedermayer/Wassmuss entendait créer. C’est d’ailleurs d’une brûlante actualité : l’industrie allemande vient de se rendre compte, dans un rapport, que les sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Russie et contre l’Iran, appuyées une nouvelle fois début août 2017 par le Parlement américain, punit plutôt l’Europe que les Russes ou les Iraniens, capables de se développer dans une relative autarcie. Les intérêts de l’Europe et de l’Allemagne ne sont donc pas ceux de la Turquie (ottomane ou non) ni ceux des puissances thalassocratiques anglo-saxonnes. Après la première guerre mondiale, les Français, les Allemands, les Suisses, les Suédois, les Italiens ont tenté de prendre pied en Iran et parfois aux Indes. En Iran, les Suisses ont envoyé des ingénieurs pour la construction de lignes de chemin de fer en haute montagne. Les Allemands ont participé au creusement de canaux, à la construction de ponts, etc. Si la Turquie conserve son rôle de verrou qui empêche le transit des marchandises européennes vers l’Orient et le transit des marchandises orientales vers l’Europe, l’Iran demeure une terre indispensable pour que puisse s’animer une gigantesque dynamique eurasienne. Celle que veut activer la Chine qui déplore que l’Europe demeure prisonnière de ses « nuisances idéologiques », la rendant aveugle face aux réalités. Pour l’observateur et sinologue allemand Stefan Aust, la force des Chinois est d’avoir renoué avec leur tradition confucéenne, une philosophie qui n’est pas une religion du désert ni l’avatar de l’une de ces religions du désert qui aurait été laïcisée comme le presbytérianisme de Wilson qui influence encore et toujours tous les travers de la politique étrangère américaine. L’avenir de l’Europe est de renouer avec ses propres traditions aristotéliciennes, avec l’Ethique de Nicomaque

Robert Steuckers.

(Louvain/Forest-Flotzenberg, août 2017).

vendredi, 26 mai 2017

EU kijkt toe terwijl Saudi Arabië en Turkije op de Balkan het Kalifaat oprichten

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EU kijkt toe terwijl Saudi Arabië en Turkije op de Balkan het Kalifaat oprichten
 
Ex: http://xandernieuws.punt.nl 

‘Kosovo veranderd in islamitisch terreurcentrum’

‘Geweld- en haatimams kunnen dankzij Europese troepen ongestoord hun gang gaan’ 


Terwijl de Balkan in snel tempo wordt geïslamiseerd, onderneemt Europa helemaal niets. Veel burgers beseffen inmiddels dat wij daarna aan de beurt zullen zijn.

Recht onder de ogen van de KFOR vredestroepen in Kosovo is Saudi Arabië druk bezig het door de NAVO van Servië afgepakte moslim drugs- en maffiarepubliekje Kosovo te veranderen in een strenge Shariastaat. De Turken zijn ondertussen in meerdere Balkanlanden bezig hun invloed dwingend uit te breiden. Zoals bekend streeft de Turkse dictator Erdogan –die afgelopen weekend opnieuw tot hoofd van de islamistische AK Partij werd ‘gekozen’- naar het herstel van het Ottomaanse Rijk, inclusief de destijds door de Turken veroverde landen van Oost Europa.

Kosovo dankzij Europese troepen veranderd in islamistisch terreurcentrum

De Saudische pogingen om Kosovo ‘in te lijven’ in hun extreem strenge en discriminerende variant van de islam, het Wahabisme, zouden volgens het Duitse Die Welt worden bevestigd in een geheim rapport van de regering in Berlijn. Daarin worden eerdere vragen van Linke parlementariër Sevim Dagdelen over de groeiende invloed van Saudi Arabië en Turkije op de Balkan behandeld.

Zowel de Saudische staat, rijke individuele Arabieren als NGO’s en andere instellingen pompen voortdurend geld en haatimams in Kosovo. ‘Onder de ogen van KFOR heeft Kosovo zich tot een islamistisch terreurcentrum in de regio ontwikkeld. Het is schandalig dat Saudische geweld- en haatpredikers dankzij Duitse soldaten ongestoord de ideologische basis daarvoor konden leggen,’ aldus Dagdelen.

Turken ook in Oost Europa begonnen met herstel Ottomaanse Rijk

Concurrent Turkije is ondertussen ook bezig zijn eigen variant van de islam –die feitelijk nog gevaarlijker is, omdat deze onder het dekmantel van ‘gematigdheid’ minstens net zo extreem en gewelddadig is als de Saudische versie- te verspreiden op de Balkan.

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‘Sinds de AKP regering in 2002 aan de macht kwam, en met name sinds de ambtstermijn van voormalig minister van BuZa Ahmet Davutoglu, is het buitenlandse beleid van Turkije een nieuwe richting ingeslagen,’ vervolgt Dagdelen. ‘In lijn met deze nieuwe richting wordt ook –maar niet uitsluitend- politieke nadruk gelegd op gebieden, die vroeger deel van het Ottomaanse Rijk waren.’

AKP versus Gülen beweging

Vooral in de nu al overwegend of gedeeltelijk islamitische Balkanlanden Bosnië-Hercegovina, Albanië, Macedonië en Kosovo worden de Turken steeds actiever. Het conflict tussen de Erdogans AK Partij en de Gülen beweging, die volgens Ankara verantwoordelijk is voor de mislukte staatsgreep van vorig jaar, begint ook in deze landen op te laaien.

De Turkse regering oefent de nodige druk op de Balkan overheden uit om instellingen van Gülen te sluiten, en zowel namen van volgelingen van Gülen als informatie over hen los te krijgen. Turkse regeringsofficials maken hier geen geheim van, mede omdat Europa toch nooit actieve stappen tegen Turkije onderneemt.

‘Strijd om ziel van islam’

In zijn boek ‘Vijandbeeld Europa over het Tijdperk Erdogan’ beschrijft ondernemer en oprichter van de AD-Democraten Remzi Aru hoe de DITIB en andere Turkse verenigingen en instellingen actief lobby voeren in de Balkanlanden. Hij rechtvaardigt dit door te stellen dat er in landen zoals Bosnië, Kosovo en Albanië een ‘strijd om de ziel van de islam’ zou kunnen uitbreken, waarin de Turken en Saudi’s tegenover elkaar komen te staan.

Volgens de Linke parlementariër kan Erdogan ongestoord zijn ‘Neo-Osmaanse imperialistische politiek’ in Kosovo doorzetten. Tegelijkertijd gebruikt hij zijn groeiende invloed in Kosovo om ook daar –net als in zijn eigen land- politieke zuiveringen uit te voeren. (1)

Eerst de Balkan, dan wij

Als de EU lidstaten hier niets tegen ondernemen –en daar ziet het er niet naar uit-, dan kan de Balkan al binnen enkele jaren geheel ten prooi vallen aan de islam en het Kalifaat. Veel –maar nog lang niet genoeg- Europese burgers gaan inmiddels beseffen dat het daar niet bij zal blijven, en dat daarna onze landen –goedschiks of kwaadschiks- aan de beurt zullen zijn.

Maar zolang ook wij nog steeds een regering hebben die weigert ook maar iets te ondernemen tegen de islamisering van onze samenleving en de massa immigratie uit moslimlanden, zal de Turken en Saudi’s geen strobreed in de weg gelegd worden, mede dankzij de volle medewerking van Brussel.

Xander

(1) Anonymous

mercredi, 10 mai 2017

EUROPESE ONMACHT, TURKSE HOON

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Dirk Rochtus:

EUROPESE ONMACHT, TURKSE HOON

Ex: http://www.doorbraak.be

Turkije wil dat de Europese Turken zich in een referendum kunnen uitspreken over de herinvoering van de doodstraf.

Premier Charles Michel breekt zich het hoofd over de vraag of de Turkse staat een referendum over de herinvoering van de doodstraf kan of mag organiseren in zijn ambassade of consulaten op Belgisch grondgebied. Hij is niet de enige. Het probleem ligt ook de Duitse bondskanselier Angela Merkel zwaar op de maag. Dat een kandidaat-lidstaat van de Europese Unie (EU) overweegt de doodstraf in te voeren, druist in tegen de basisprincipes van diezelfde waardengemeenschap. Europese leiders gruwen bij de gedachte dat ze zo een referendum op hun grondgebied zouden moeten gedogen. Moeten? Of hebben ze het recht om het te verbieden? De Duitse regering heeft advies ingewonnen van de 'Wissenschaftliche Dienste' van de Bondsdag (het federale parlement). Volgende elementen komen naar voren uit dit wetenschappelijke advies (waarin ook volkenrechtspecialisten geciteerd worden):

Advies

1° Voormalige staatssecretaris Peter Altmaier verklaarde in de week van 12 maart 2007 als antwoord op schriftelijke vragen van leden van de Bondsdag dat de Bondsregering sinds 1991 toelaat aan geaccrediteerde vertegenwoordigingen van buitenlandse staten – dus ambassades en consulaten – om nationale verkiezingen voor te bereiden en door te voeren in de Bondsrepubliek.

2° Jurist Marten Breuer stelt dat in de collectieve wilsuiting van een staatsvolk door middel van een stemming een 'Hoheitsakt' (een soevereine act) te zien valt (Breuer, Marten, Verfassungsrechtliche Anforderungen an das Wahlrecht der Auslandsdeutschen, Berlin 2001, S. 191). De woordvoerder van het Auswärtiges Amt (het Duitse Ministerie van Buitenlandse Zaken) sloot zich tijdens een persconferentie op 15 maart 2017 aan bij deze stelling: 'Ein Wahlvorgang ist, wenn Sie so wollen, ein ganz besonders edler hoheitlicher Vorgang. Deshalb unterliegt dieser einer völkerrechtlichen Genehmigungspflicht durch den Gaststaat. Das gilt nicht nur für Deutschland, sondern das gilt überall auf der Welt.' (Verkiezingen zijn, als u zo wil, een heel bijzondere edele manier om soevereiniteit uit te oefenen. Daarom zijn deze – zoals het volkenrecht voorschrijft – onderhevig aan een goedkeuring door de gaststaat. Dat geldt niet alleen voor Duitsland, maar dat geldt overal ter wereld).

3° De juriste Anna von Notz schrijft op het forum 'Verfassungsblog': "Rechtlich ist die Sache klar. Es gibt keinen Anspruch der Türkei darauf, dass sie Abstimmungen in Deutschland durchführen darf. Die Entscheidung darüber liegt im politischen Ermessen der Bundesregierung." (Juridisch is de zaak duidelijk. Turkije heeft er geen aanspraak op dat het stemmingen in Duitsland mag doorvoeren. De beslissing daarover is afhankelijk van de politieke beoordelingsvrijheid van de Duitse regering.)

Precedent

Met andere woorden: de regering van de gaststaat (in het Duits 'der Empfangsstaat') moet haar toestemming geven voor het doorvoeren van verkiezingen en referenda omdat het hierbij gaat om het uitoefenen van soevereiniteit door de buitenlandse staat, de zendstaat (in het Duits 'der Entsendestaat'). De regering van de gaststaat geniet dus de vrijheid om zo een daad al dan niet toe te laten en om te bepalen onder welke voorwaarden. Ze kan dus een buitenlandse staat haar toelating weigeren om verkiezingen/referenda op haar grondgebied te organiseren. In Duitsland bestaat daar zelfs een precedent voor. De Syrische regering wilde in 2014 ook in haar buitenlandse vertegenwoordigingen (ambassades en consulaten) presidentsverkiezingen organiseren. De Duitse regering heeft dat geweigerd met een aan Damascus gerichte schriftelijke nota omdat het niet ging om een 'democratisch gelegitimeerde verkiezing'.

Hoon

Bij het Turkse referendum over de doodstraf gaat het om iets om wat volkomen indruist tegen de waarden van de EU. Volgens Frank Schorkopf, Professor aan het Institut für Völkerrecht und Europarecht van de universiteit van Göttingen, heeft de Bondsregering dan zelfs een 'Versagungspflicht', de plicht om de toelating te weigeren De volkenrechtspecialist haalt het voorbeeld aan van buitenlandse misdadigers die de Bondsregering ook niet mag uitleveren aan een staat waar hen de doodstraf zou wachten.

Verbieden is één ding, het verbod doorvoeren nog iets anders. Turkije kan zo een verbod naast zich neerleggen en het referendum toch doorvoeren in zijn ambassades en consulaten. Die vormen geen extraterrioriaal gebied, aldus Anna von Notz. Ze vallen onder de soevereiniteit van de gaststaat, maar ze genieten wel bescherming en onschendbaarheid. De politie van de gaststaat mag er niet zonder toestemming van de buitenlandse staat binnendringen.

Regeringen van EU-lidstaten zijn machteloos. Ze kunnen geen daden laten volgen op woorden. De Turkse regering kan dus haar zin doen, maar dan zou daaruit alleen maar haar hoon voor de EU blijken.

 

vendredi, 05 mai 2017

The Promise

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The Promise

When the Young Turk government dragged the Ottoman Empire into the First World War on the side of the Central Powers, their aim was to create a pan-Turkic empire incorporating Turkic lands that were part of the Russian Empire. A major impediment to these plans were the Christian minorities of Eastern Anatolia: the Armenians, Greeks, and Assyrians, who naturally looked to Russia as a potential ally and protector. Thus the Young Turks hatched a plan to exterminate these groups.

The Promise, helmed by Irish director Terry George, is a story from the Armenian genocide, which began with the arrest of the leaders of the Armenian community in Constantinople on April 24, 1915. Most of them were later murdered. Young Armenian men were inducted into the Turkish military, where they were put to work as slave laborers building roads and railroads, then massacred. Older and infirm men, as well as women and children, were marched out of their towns and villages, ostensibly to be relocated to Syria, then massacred. All told, 1.5 million Armenians were killed, as well as 450,000 to 750,000 Greeks and 150,000 to 300,000 Assyrians. Most survivors fled abroad, essentially ridding the heartland of the Empire, which is now modern-day Turkey, of Christians.

The Promise is an excellent movie: a visually sumptuous, old-fashioned period film — a story of love, family, and survival set against the backdrop of a decadent and crumbling empire, the First World War, and the 20th century’s first genocide. In terms of visual grandeur and emotional power, The Promise brought to mind David Lean’s Doctor Zhivago. Although some have criticized The Promise for making the Armenian genocide the backdrop of a love triangle, what did they expect? A documentary? Besides, The Promise is no mere chick flick. It is a genuinely moving film, with a host of excellent performances, not just a predictable, cardboard melodrama — as fun as those can be. And although the comparison actually cheapens this film, if you like historical soaps like Masterpiece Theatre, Downtown Abbey, and Merchant-Ivory films — or high-order chick flicks like Anthony Minghella’s The English Patient — you will love The Promise.

Another delightful, old-fashioned feature of The Promise is its original orchestral score by Lebanese composer Gabriel Yared, who incorporates Armenian music. There is also gorgeous music in a church scene in which the great Armenian composer and musicologist Father Komitas [2] is portrayed singing on the eve of his arrest along with the other leading Armenians of Constantinople. (He survived but was driven mad by his ordeal and never composed again.)

The Promise focuses on Mikael Boghosian (Oscar Isaac), a young Armenian from a small village in southern Turkey who takes the dowry from his betrothal (the promise of the title) to Marak (Angela Sarafyan) to enroll in the Imperial Medical Academy in Constantinople. There he meets and falls in love with Ana Khesarian (Charlotte Le Bon), the French-educated daughter of a famous Armenian violinist, who is the lover of American journalist Chris Myers (Christian Bale). When the genocide begins, Mikael’s wealthy uncle is arrested, Mikael is conscripted as a slave laborer, and Ana and Chris work to document the atrocities and save lives. Eventually Mikael makes his way back to his village, finds his family, and marries his betrothed. He then encounters Ana and Chris and joins forces with them to try to save his family, his village, and other Armenians.

All the leading characters in The Promise are convincingly three-dimensional and well-performed. Oscar Isaac is excellent as Mikael, as is Charlotte Le Bon in the role of Ana. Every Christian Bale fan, of course, will want to see this film. Although this is not his most compelling character, it is an enjoyable performance nonetheless. My favorite minor character was Mikael’s mother Marta, played by the charismatic, husky-voiced Persian actress Shohreh Aghdashloo.

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I recommend that all my readers see The Promise. It is worth seeing simply as a film, but it is also worth seeing to send a message. For powerful forces are working together to make sure that you do not see this film. A movie about the Armenian genocide is viewed as a threat by the Turkish government and the organized Jewish community, both of which oppose designating the Armenian tragedy a genocide. The Turks wish to evade responsibility, and the Jews fear any encroachment on their profitable status as the world’s biggest victims. Before the film’s release, Turkish internet trolls spammed IMDb [3]with bogus one-star reviews. Since the film’s release, the Jewish-dominated media has given the film tepid to negative reviews. Given the film’s obvious quality, I suspect an organized campaign to stifle this film. Don’t let the bastards win.

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For many years, I illustrated the Jewish will-to-power compared to other market-dominant minorities with the story of Kirk Kerkorian’s purchase of MGM Studios. Kirk Kerkorian was a self-made Armenian-American billionaire. At his peak, he was worth $16 billion and was the richest man in California. In 1969, Kerkorian bought MGM, and instead of seeing it as an opportunity to influence the culture by making movies and television shows, he sold off a lot of its properties and basically turned it into a hotel company. Before he died at the age of 98, however, Kerkorian realized the cultural value of movies and bankrolled The Promise with $100 million.

Over his lifetime, Kerkorian gave away more than $1 billion, spending most of it on helping the Republic of Armenia. If only white American billionaires had a shred of this sort of ethnic consciousness, White Nationalism would be flourishing. Until such figures emerge and start taking media power seriously, the Western mind will be nothing more than a battleground over which highly-organized Levantines fight for control. From a White Nationalist point of view, of course, this is an intolerable situation. But anything that challenges Jewish media hegemony is in the long-term interests of whites. White Nationalism, moreover, has many Armenian allies and well-wishers. So I regard The Promise not just as an excellent film, but as a positive cultural and political development. Thus we should wish it every success.

I can hardly wait for a movie about Operation Nemesis [4].

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2017/05/the-promise/

URLs in this post:

[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2017/05/The_Promise_2016_film.jpg

[2] Komitas: https://en.wikipedia.org/wiki/Komitas

[3] spammed IMDb : https://en.wikipedia.org/wiki/The_Promise_(2016_film)#IMDb_pre-release_voting_controversy

[4] Operation Nemesis: https://www.counter-currents.com/2015/07/operation-nemesis/

 

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mercredi, 03 mai 2017

L’hypocrisie de la « communauté occidentale des valeurs » face aux régimes qu’elle n’aime pas

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L’hypocrisie de la « communauté occidentale des valeurs » face aux régimes qu’elle n’aime pas

Quand l’appel à la « démocratie » n’est qu’un prétexte…

Entretien avec le porte-parole de la FPÖ en politique étrangère au Parlement autrichien, le Dr. Johannes Hübner

Propos recueillis par Bernard Tomaschitz

Q. : Dr. Hübner, les Turcs se sont prononcés le 16 avril dernier en faveur de la modification constitutionnelle voulue par le Président Erdogan. Assiste-t-on à l’avènement d’un nouvel Etat autoritaire voire d’une nouvelle dictature aux portes de l’Europe ?

JH : S’il faut croire les médias, il y a toute une série d’Etats autoritaires et de dictatures aux portes de l’Europe. On peut dire à la rigueur que le Maroc est sur la bonne voie démocratique mais on ne peut affirmer la même chose pour l’Algérie et certainement pas pour la Libye qui est devenu un Etat failli. L’Egypte est une dictature. Si on prend les Etats du Golfe, nous découvrons parmi eux des monarchies absolues, quasi féodales. Quant à l’Irak, la Syrie et l’Afghanistan, mieux vaut ne rien en dire.

La Turquie n’est pas un Etat autoritaire : elle conserve toutes ses institutions démocratiques. La république présidentialiste, qui vient d’être établie suite au référendum d’avril, est taillée en fait sur le modèle français car, désormais, les prérogatives du président turc équivalent désormais à celles de son homologue de Paris. Reste à voir, bien sûr, si ce présidentialisme turc demeurera dans un cadre bien policé, semblable à celui de la France, ou s’il basculera dans la dictature comme en Egypte.

Q. : Le président américain Donald Trump a félicité Erdogan par téléphone, alors que ce même président américain adopte un ton nettement plus ferme et plus critique à l’égard du président russe Vladimir Poutine. Comment doit-on juger Erdogan d’une part, Poutine d’autre part, à l’aune de la démocratie et de l’autoritarisme ?

JH : Il faut savoir une chose dès le départ : la démocratie et les droits de l’homme ne sont que des prétextes pour la politique extérieure américaine, pour une bonne part de la politique extérieure des Etats européens et pour les médias dominants. Un prétexte pour mettre en scène une confrontation à l’échelle internationale. C’est évident quand on regarde ce qui se passe : Poutine est critiqué en permanence, il est diffamé et traité d’ « autocrate », on lui inflige des sanctions alors que les monarchies du Golfe ou l’Egypte, qui sont des alliées importantes des Etats-Unis ne sont nullement importunées ; et dans le cas de l’Egypte, reçoivent des subsides s’élevant à des milliards de dollars par an. Le but recherché est de pouvoir punir des régimes mal aimés ou des régimes qui refusent de se laisser aligner de force, en trouvant des prétextes qui cadrent plus ou moins avec les principes de cette « communauté occidentale des valeurs ». Je ne crois pas qu’Erdogan sera dans l’avenir mieux traité que Poutine : j’en veux pour preuves les dernières proclamations de certains hommes politiques européens et américains et les campagnes médiatiques contre la Turquie. Je pense qu’Erdogan finira bientôt par figurer sur la même liste que les dirigeants iraniens, russes ou ressortissants d’autres pays mal aimés.

Q. : Tout dépendra, bien sûr, de la façon dont se comportera Erdogan vis-à-vis de la politique de l’OTAN…

JH : Exact. C’est ainsi que j’interprète les félicitations adressées par Trump au Président turc. Elles équivalent à un dernier avertissement, qui exhorte la Turquie à rester dans les rangs. Quant à savoir si la Turquie y restera, je ne le pense pas vraiment. Si vous vous souvenez, le premier geste d’Erdogan, après le putsch manqué de juillet dernier, a été d’appeler Poutine pour s’excuser suite à la destruction de l’appareil russe par l’aviation turque, au-dessus du territoire syrien. Ce premier geste en politique extérieure équivaut à dire qu’en Turquie on part désormais du principe que les Etats-Unis n’ont peut-être pas soutenu activement le putsch mais l’ont au moins toléré tacitement ou n’ont pas fourni les renseignements qu’ils possédaient sur les putschistes aux autorités turques.

Je pars de l’hypothèse que la Turquie, à moyen terme, quittera l’OTAN et abandonnera son alliance avec les Etats-Unis, du moins si Erdogan se maintient au pouvoir. Reste à savoir si ce nouvel infléchissement de la politique extérieure turque conduira ou non à une alliance solide avec la Russie et avec l’Iran, que craignent les médias occidentaux. Toutefois, vu les configurations qui se dessinent dans la région et vu les conflits d’intérêts divergents et convergents qui s’y opposent, cet infléchissement anti-occidental semble parfaitement inscrit dans les astres…

Q. : Quant à la rage contre Poutine, elle n’est pas due aux discriminations qu’il imposerait soi-disant aux homosexuels, mais à ses tentatives constantes d’empêcher tout élargissement de l’OTAN vers l’Est…

JH : Les motifs invoqués pour imposer les sanctions et pour marginaliser la Russie sont de pures fabrications. L’affaire de la Crimée et le conflit en Ukraine orientale relèvent également de mises en scène tout comme, il y a quelques années, les procès intentés aux Pussy Riots ou à l’oligarque Mikhail Chodorkovski, et l’assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa. Ce sont là des types d’événements qui sont instrumentalisés sans arrêt au fil du temps pour servir de coups de bélier contre un régime qui déplait. Ces coups de bélier sont assénés par des politiciens et des médiacrates portant hypocritement le masque de défenseurs des droits de l’homme, de la démocratie, du pluralisme, de la liberté d’opinion, etc. Cela permet de se donner bonne conscience. S’il n’y avait pas eu la Crimée, on aurait trouvé autre chose.

Q. : S’il faut croire les médias dominants, un autocrate règnerait également aux portes de l’Autriche, dans un pays de l’Union européenne : c’est Viktor Orban, le Hongrois. Comment percevez-vous cette hostilité au dirigeant de notre pays voisin ?

JH : S’il faut croire ces médias, l’autocratisme se répandrait encore ailleurs en Europe, en Pologne, par exemple. Partout où le catalogue des « belles valeurs » de l’Union européenne n’est pas repris tel quel et in extenso, il y aurait autocratie. Pour la nomenklatura eurocratique, les choses sont très simples : qui n’est pas avec nous (à 100%), est un autocrate. Car seul un autocrate a la toupet de vouloir pratiquer une autre politique que celle que préconisent les dirigeants de l’UE, Angela Merkel et les partis qui les soutiennent.

Q. : Cette hostilité à l’endroit de la Pologne et de la Hongrie ne vient-elle pas du fait que ces pays jettent un autre regard sur la politique eurocratique relative aux réfugiés ?

JH : Permettre une immigration massive et incontrôlée est une valeur désormais cardinale dans les canons imposés par la mauvaise élite européenne. Tous sont obligés de l’accepter. Mais ce n’est pas seulement cette volonté malsaine de vouloir faire accepter cette politique migratoire délirante : on reproche aux Hongrois et aux Polonais de ne pas s’aligner sur certaines politiques sociales abracadabrantes, on leur reproche aussi leur politique culturelle, de ne pas prolonger les subsides à des théâtres de gauche véhiculant la junk culture occidentale, de ne pas soutenir des médias de gauche pro-européens. On leur reproche notamment de développer des « structures parallèles » à l’Union européenne comme le « Groupe de Visegrad ». On n’aime pas non plus les politiques en faveur de la famille traditionnelle que développent ces pays. On s’insurge devant leurs réticences à accepter les élucubrations du gendérisme, devant leur rejet des « alternatives sociétales » (c’est-à-dire homosexuelles, etc.) et ainsi de suite… Le parti de Kaczynski en Pologne et Viktor Orban en Hongrie sont ouvertement en état de confrontation avec les lignes préconisées par la fausse élite européenne.

Q.: On craint aussi, en haut lieu, que le Président serbe Aleksandar Vucic, nouvellement élu, révèlerait des tendances autoritaires et serait prêt à suivre les exemples d’Orban et de Poutine. Que faut-il en penser ?

JH : Cette crainte vient du fait que Vucic a tenté naguère de se détacher de la tutelle que cherchaient à lui imposer l’OTAN et l’UE. Il a multiplié les contacts avec la Russie, notamment pour obtenir des armes. La Serbie va recevoir des Mig-29, presque gratuitement. Tout cela sont de entorses infligées aux règles de bienséance imposées par la « communauté occidentale des valeurs ». Qui enfreint ces règles reçoit automatiquement l’étiquette d’ « autocrates », est considéré comme « un danger pour la démocratie » parce que de telles accusations permettent de miner son pouvoir et son crédit.

Lier un adversaire ou un récalcitrant à l’idée d’autocratisme et répéter ces accusations interminablement est un bon expédient pour amener le consommateur moyen à dénigrer les hommes politiques visés, à les prendre pour des « mauvais », sans devoir utiliser son intelligence critique. Et puisqu’il s’agit de « mauvais », on peut tout leur faire, on peut mobiliser contre eux des moyens que l’on n’oserait pas utiliser autrement.

(entretien paru dans « zur Zeit », Vienne, n°17/2017, http://www.zurzeit.at ).

dimanche, 23 avril 2017

Turquie: deux sociétés irréconciliables?

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Bob Woodward:

Ex: http://www.decryptnewsonline.com 

C’est une victoire étroite, lourde d’inconnues, que celle remportée par Recep Tayyip Erdogan dimanche 16 avril lors du référendum destiné à instaurer une « hyperprésidence », donnant au chef de l’Etat des pouvoirs sans précédent, lui permettant de contrôler l’exécutif mais aussi très largement le législatif et le judiciaire. Le oui l’a emporté avec 51,3 % des suffrages, selon des résultats non encore définitifs. Loin du plébiscite escompté il y a encore quelques mois par celui que ses partisans appellent « reis » – le chef – et qui se sentait renforcé après l’échec du coup d’état militaire de juillet 2016. Près de 25 millions d’électeurs turcs ont voté pour les dix-huit amendements à la Constitution, soit 1,5 million de plus que ceux qui les ont rejetés. Selon des résultats quasi-définitifs, 51,3% des Turcs ont approuvé dimanche la réforme transformant leur pays en République présidentielle, après neuf décennies de régime parlementaire. Le chef de l'Etat, Recep Tayyip Erdogan, a revendiqué sa victoire, qu'il a qualifiée de «moment historique», appelant «les autres pays à respecter la décision du peuple turc» et s'engageant à lancer «immédiatement» les travaux sur le rétablissement de la peine de mort - une promesse de campagne. Devant des milliers de partisans réunis à Ankara, le Premier ministre et chef du parti au pouvoir (Parti de la justice et du développement, AKP), Binali Yildirim, a quant à lui salué «la plus belle réponse» aux commanditaires de la tentative de putsch de juillet 2016, aux séparatistes kurdes et aux «forces étrangères hostiles à la Turquie». Plus de 86 % des électeurs ont participé au scrutin.
 
Cette victoire étriquée, le pouvoir turc la doit à ses bastions conservateurs d'Anatolie centrale et de la mer Noire, tandis que le non l'emporte dans les plus grandes villes du pays: Istanbul, Ankara et Izmir. . Il devra surtout justifier sa décision de dernière minute d'accepter comme valides de nombreux bulletins normalement considérés comme irréguliers - car exempts de sceau officiel. L'opposition devrait utiliser cette procédure discutable pour remettre en cause le résultat. «Le référendum a montré qu'au moins 50 % de la société disait non» à cette réforme, a dénoncé le leader de l'opposition, Kemal Kiliçdaroglu. «Nous respectons le verdict du peuple mais le YSK a jeté une ombre sur le résultat», a poursuivi le chef du Parti républicain du peuple (CHP). La deuxième formation d'opposition, le Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde), a fait savoir qu'il allait contester les votes provenant de «deux tiers» des urnes, dénonçant des «manipulations».
 
L'opposition refuse donc de s'avouer vaincue. Et pour cause: pendant toute la campagne, le non a nargué le oui dans les intentions de vote. Ignorés par les grands médias (y compris les chaînes publiques), privés des ressources de l'Etat, assimilés aux terroristes, séparatistes et putschistes, invisibles sous les kilomètres de banderoles du oui qui ceinturaient l'espace public, les partisans du non - soit tous les partis politiques à l'exception de l'AKP et de son allié ultranationaliste MHP - ont cru à la victoire. Il a fallu attendre les dernières semaines pour que la machine du pouvoir achève vraisemblablement de convaincre les indécis - ou de les effrayer.
 
«Si le non l'emporte, nous entrerons dans une période de chaos ou d'instabilité», avait prévenu le ministre du Commerce, Bülent Tüfenkci, tandis que le Premier ministre, Binali Yildirim, promettait d'en finir avec le terrorisme en cas de victoire du oui. Des peurs et des promesses agitées pendant la campagne par le chef de l'Etat qui, dix jours avant le vote, appelait même les électeurs tentés par un refus à «ne pas mettre en danger leur vie après la mort». «On se demande ce que le résultat aurait pu être si les conditions de campagne avaient été équitables», écrivait l'éditorialiste Murat Yetkin dans le quotidien Hürriyet à la veille du référendum.
 

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La Turquie, plus polarisée que jamais, ne sort pas non plus indemne de ces deux mois de campagne. «Des choses ont été dites qui ne l'avaient jamais été et ont aggravé la dimension Kulturkampf au sein de la société», estime le politologue Ahmet Insel. Comme lorsque le président a accusé ses opposants d'être du côté des terroristes. Ou lorsqu'un éditorialiste influent et proche d'Erdogan, Hayrettin Karaman, a écrit que le oui était un «devoir religieux» et que les musulmans devraient désormais traiter les électeurs du non comme les juifs et chrétiens auxquels on accorde le droit de vivre. Ailleurs, un imam leur a promis l'enfer. A Istanbul, un employé municipal a assimilé sur Facebook - avant d'être mis à pied - les femmes et les filles des partisans du non à des «butins de guerre». Pour Ahmet Insel, qui tient une chronique dans le quotidien d'opposition laïque Cumhuriyet, «on a vu pour la première fois un discours musulman dominant, autoritaire, sûr de lui et agressif. Cela va probablement aggraver la peur mutuelle des deux côtés.»
 
Quant à la réforme en elle-même, elle n'entrera pas en vigueur avant les prochaines élections législatives et présidentielle, censées se tenir le même jour de novembre 2019. D'ici là, Recep Tayyip Erdogan - qui a semblé écarter dimanche la perspective d'élections anticipées - continuera d'user de tous les pouvoirs dont il dispose déjà. A deux nouvelles exceptions près: le président pourra reprendre immédiatement sa carte de l'AKP, qu'il avait dû quitter en août 2014 au nom de l'impartialité de sa fonction. Quant au Conseil des juges et procureurs (HSK), qui nomme et révoque les magistrats, il sera remodelé sous 30 jours par le chef de l'Etat, qui achèvera ainsi d'asseoir son autorité sur l'appareil judiciaire.
 
S’adressant à plusieurs centaines de ses supporteurs réunis devant son palais de Tarabya, sur la rive européenne du Bosphore, M. Erdogan a évoqué une « victoire historique » en insistant sur le rôle « décisif » du vote des Turcs de l’étranger. « Le 16 avril est une victoire pour la Turquie pour ceux qui ont voté oui et pour ceux qui ont voté non », a-t-il clamé.

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« Le pays a pris une décision historique », s’est félicité le chef de l’Etat tout en mettant en garde tous ceux qui contesteraient le résultat de la consultation. « Tout le monde devrait respecter la décision de notre nation, en particulier nos alliés », a-t-il insisté alors que les Européens n’ont pas caché leurs inquiétudes sur une réforme constitutionnelle qui remet en cause nombre des principes de l’Etat de droit et notamment la séparation des pouvoirs.
 
Le caractère pour le moins étriqué de la victoire du oui représente un véritable camouflet pour l’homme fort de la Turquie. Le non gagne en effet dans les grandes villes du pays, à commencer par Istanbul, dont M. Erdogan fut le maire, et Ankara. C’est un signal fort car ces deux villes votent majoritairement depuis 1994 pour les partis islamistes, d’abord le Refah (Parti de la prospérité, interdit en 1998) et depuis 2002 pour l’AKP (Parti de la justice et du développement).
 
Les habitants de plusieurs quartiers d’Istanbul acquis au non – entre autres à Besiktas, du côté européen du Bosphore, à Kadikoy et à Maltepe, côté asiatique – sont descendus dans la rue pour protester contre la victoire proclamée de M. Erdogan. A Sisli et à Cihangir, d’autres partisans du non se sont livrés à un concert de casseroles depuis leurs fenêtres et leurs balcons, peu après la tombée des résultats.
 
Ce retournement représente un avertissement pour le leader de l’AKP, qui disposait déjà d’un pouvoir sans équivalent depuis Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République turque. L’AKP et le MHP – le parti de la droite ultranationaliste dont le leader, Devlet Bahceli, appelait aussi à voter oui – représentaient lors des scrutins de novembre 2015 63 % des électeurs d’Ankara et 62 % de ceux d’Istanbul. A peine 48 % des électeurs de ces deux métropoles ont voté pour le oui, soit une perte de plus de 10 points. Au sein même de l’AKP, cette concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme suscitait une réelle inquiétude.
 
Le référendum a accru les divisions du pays et la polarisation toujours plus extrême entre partisans et adversaires de M. Erdogan. « Il a gagné officiellement mais il a perdu politiquement », relève l’universitaire Ahmet Insel, directeur de la prestigieuse revue Birikim. Si légalement le président peut et va mettre en œuvre sa réforme constitutionnelle, sa légitimité est sérieusement écornée par le résultat du vote. « Une réforme d’une telle ampleur qui bouleverse les fondamentaux de la république ne peut s’appuyer sur une si courte majorité, de surcroît contestée », relevait sur les ondes de CNN Türk Murat Yetkin, directeur du quotidien Hurriyet Daily News.
 
L’étroitesse de la victoire du oui attise les polémiques sur les irrégularités du scrutin de la part de l’opposition, le CHP (Parti républicain du peuple, laïque) et le HDP (Parti démocratique des peuples, pro-kurde). Le CHP, la principale force de l’opposition, a annoncé qu’il allait demander un nouveau décompte de la moitié des bulletins en dénonçant des « actes illégaux ». La controverse porte sur les bulletins de vote non tamponnés par les scrutateurs présents dans les bureaux.
 
Quand le décompte a commencé, la Haute Commission électorale (YSK) a fait savoir que les bulletins dépourvus de tampons seraient considérés comme valides, contrairement à ce qui prévalait jusqu’ici. Cette décision, véritable entorse à la pratique habituelle, a été prise « à la demande de représentants de l’AKP », a précisé Sadi Güven, le président de la YSK. « Plus d’un million et demi de votes douteux ont ainsi été validés », a accusé Erdal Aksunger, un des vice-présidents du CHP. « Celui qui a pris le cheval est déjà parti », a lancé M. Erdogan, laissant entendre, par le biais de ce proverbe populaire, qu’il était trop tard pour contester quoi que ce soit.
 
Dans le sud-est du pays, à majorité kurde, et notamment dans les bastions historiques du Parti démocratique des peuples (HDP), le non l’emporte sans surprise mais sans éclat avec des scores contrastés, allant selon les provinces de 57,2 % à 72,6 % des voix.
 
Le scrutin de dimanche intervient après une série de bouleversements majeurs dont le mouvement kurde ne s’est pas relevé. En deux ans, il a eu à subir l’échec des guérillas urbaines menées par sa branche armée, qui s’est prolongé par la destruction ou la mise sous coupe réglée par les forces de sécurité de villes qui lui étaient acquises, des vagues d’arrestations massives au sein de son encadrement, l’emprisonnement du leader du HDP, le très populaire Selahattin Demirtas, et la perte de 80 des 102 municipalités kurdes dont il s’était emparé par les urnes au profit d’administrateurs nommés par l’Etat.
 
Malgré ce contexte défavorable et une campagne qui n’a pas été menée à armes égales contre le camp du oui, la carte du non dans le sud-est dessine encore un territoire cohérent, à majorité kurde. « La victoire du non dans des régions kurdes montre qu’elles conservent leur identité politique, que nous existons en tant que Kurdes et que le changement constitutionnel n’est pas légitime », estime Osman Baydemir, porte-parole du HDP, ancien maire de Diyarbakir, la capitale officieuse des Kurdes de Turquie.
 
Cependant, le rejet du projet constitutionnel ne se confond pas avec un vote d’adhésion pour le HDP et la persistance d’une enclave kurde hostile au pouvoir ne vaut pas sécession. Au sein même de cette zone et bien que la mesure des irrégularités qui ont entaché le scrutin ne soit pas encore connue, les scores du non restent inférieurs à ceux obtenus par le HDP lors des élections de novembre 2015.
 
Si M. Erdogan gagne, il n’en est pas moins politiquement affaibli, y compris sur la scène internationale. La campagne électorale a fortement dégradé les relations entre le président turc et plusieurs dirigeants européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel, qu’il a accusée de « pratiques nazies » pour avoir refusé aux officiels d’Ankara de mener campagne dans son pays. Et il relance le défi.
 
Face à la foule de ses partisans qui à Istanbul scandait des slogans en faveur de la peine de mort, le président turc, accompagné par sa femme, Emine, a promis de « discuter au plus vite de ce sujet avec le premier ministre [Binali Yildirim] ». « Nous pourrions organiser un référendum », a-t-il lancé. Le retour en vigueur de la peine capitale en Turquie donnerait le coup de grâce au processus d’adhésion à l’Union européenne, déjà plongé dans un coma irréversible.

mercredi, 29 mars 2017

Turquie-Europe: le divorce?

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Bob Woodward:

Ex: http://www.decryptnewsonline.com 

Les relations entre la Turquie et les pays de l’Union européenne se sont détériorées après l’annulation de plusieurs meetings turcs sur le sol européen début mars, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne. Les ministres turcs ont été envoyés défendre devant la diaspora le projet de réforme constitutionnelle qui renforcerait les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan. C’est à partir de ce lundi 27 mars que les Turcs de l’étranger peuvent commencer à voter pour le référendum du 16 avril en Turquie.

Depuis dix jours, les dirigeants turcs dénoncent la dérive fasciste de leurs homologues européens. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a même directement accusé la chancelière allemande Angela Merkel de pratiques « nazies ». En campagne électorale et sur fond de vives tensions avec Bruxelles, Recep Tayyip Erdogan a évoqué samedi un possible référendum sur la candidature turque à l’UE.
« En ce qui concerne les négociations (d’adhésion), nous pourrions prendre la voie d’un référendum et obéir à la décision que prendrait la nation ». Lors d’un déplacement à Antalya, dans le sud du pays, Recep Tayyip Erdogan a indiqué samedi 25 mars qu’il envisageait la tenue d’un possible référendum sur la poursuite de la candidature de la Turquie à l’Union européenne. Ces déclarations surviennent alors que les relations entre la Turquie et l’UE se sont fortement tendues ces dernières semaines après l’interdiction de meetings pro-Erdogan dans plusieurs pays européens, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas.

Le président turc, qui avait déjà évoqué l’an dernier une possible consultation populaire sur le processus d’adhésion, a ajouté samedi qu’un éventuel vote de ce type se tiendrait après un autre référendum constitutionnel, le 16 avril. Après le coup d’Etat raté en juillet 2016 et la violente répression qui s’est abattue sur la société (40 000 personnes emprisonnées, 125 000 fonctionnaires suspendus, des journalistes poursuivis…), M. Erdogan a proposé une réforme constitutionnelle qui vise à renforcer ses pouvoirs.

Entamées en 2005, les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE ont progressé très lentement du fait de désaccords sur Chypre, les droits de l’homme et d’autres dossiers et sont au point mort depuis des années. Plus tôt dans la journée, samedi, M. Erdogan avait déclaré que l’UE lui « simplifierait la tâche » si elle décidait elle-même d’abandonner les négociations d’adhésion de la Turquie.

« Ah ! Si seulement ils pouvaient prendre une telle décision ! Cela nous simplifierait la tâche », a lancé M. Erdogan, ajoutant qu’une victoire au référendum du 16 avril marquerait un « point de rupture » avec l’UE. Pour séduire l’électorat nationaliste, dont il a besoin pour remporter le référendum, le président turc a répété à plusieurs reprises ces dernières semaines qu’il soutenait le rétablissement de la peine capitale. Une ligne rouge pour Bruxelles.

En dépit des tensions, la Turquie et l’Union européenne restent des partenaires importants, notamment sur le dossier migratoire et la lutte antiterroriste.

La crise diplomatique se creuse donc entre la Turquie et l'Union européenne. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré samedi qu'un oui au référendum du 16 avril sur le renforcement de ses pouvoirs marquerait un « point de rupture » avec l'Europe. « Qu'entend-on ? Que si le oui l'emporte (au référendum), l'Union européenne ne nous acceptera pas. Ah ! Si seulement ils pouvaient prendre une telle décision, cela nous simplifierait la tâche », a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours à Antalya (sud). « De toute façon, le 16 avril est pour nous un point de rupture. C'est pour cela que le oui est si important. Nous allons mettre tout cela sur la table. Car la Turquie n'est le souffre-douleur de personne », a-t-il poursuivi, sous les acclamations de son auditoire.

Ces déclarations surviennent alors que les relations entre la Turquie et l'UE se sont fortement tendues ces dernières semaines après l'interdiction de meetings pro-Erdogan dans plusieurs pays européens, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas. Malgré les tensions, la Turquie reste un important partenaire de l'UE, notamment sur le dossier migratoire.

Rhétorique nationaliste

Les analystes s'interrogent pour savoir si cet accès de fièvre traduit une réelle volonté de rupture avec l'UE de la part de la Turquie ou s'il s'agit d'un orage passager, lié à la flambée de la rhétorique nationaliste en période électorale. Pour séduire l'électorat nationaliste, sans lequel il n'a aucune chance de remporter le référendum, Erdogan a ainsi répété à plusieurs reprises ces dernières semaines qu'il soutenait le rétablissement de la peine capitale, une ligne rouge pour Bruxelles.

«Que disent-ils ? Que la Turquie n'aura pas sa place en Europe si nous rétablissons la peine de mort. (...) Fort bien!» a lancé le président turc samedi. Le chef de l'État turc avait évoqué jeudi un possible « passage en revue » des relations avec l'UE, soulignant toutefois l'importance des rapports économiques avec le Bloc, premier partenaire commercial de la Turquie.

vendredi, 17 mars 2017

Heilige Krieger am Bosporus

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Heilige Krieger am Bosporus

von Michael Paulwitz

Ex: http://www.jungefreiheit.de 

Hoppla, ist es schon wieder soweit? War doch erst 1526 und 1683, daß türkische Armeen vor Wien standen. Und jetzt droht der türkische Außenminister Mevlüt Çavuşoğlu Europa schon wieder mit „heiligen Kriegen“?

Çavuşoğlu ist die Stimme seines Herrn: Staatspräsident Recep Tayyip Erdoğan warf dem Europäischen Gerichtshof in einer im Fernsehen übertragenen Rede vor, er habe mit seinem Kopftuch-Urteil „einen Kreuzzug gegen den Halbmond“ gestartet. Seine begeisterten Anhänger werden’s schon richtig verstanden haben: Wir schlagen zurück.

„Wo ist die Glaubensfreiheit? Wo ist die Religionsfreiheit?“ schimpfte Erdoğan. Heißt das, Europa soll sich ein Beispiel an der „Religionsfreiheit“ in der Türkei nehmen, wo Christen in bester osmanischer Tradition wie „Schutzbefohlene“ und Untertanen zweiter Klasse mit bürokratischer Verfolgung überzogen werden und die Behörden achselzuckend wegschauen, wenn mal wieder einer massakriert wird?

„Die Türkei befiehlt“

Natürlich nicht. Çavuşoğlu spricht ja Klartext: „Die Türkei befiehlt“, sie steht für die „Umma“, die weltweite Gemeinschaft von „zwei Milliarden“ Muslimen. Wer was will, soll gefälligst demütig bitten.

Man kann das in dieser Häufung nicht einfach nur als überzogenes Wahlkampfgetöse eines hochnervösen Autokraten und seiner Paladine abtun. Der Propagandafeldzug verschärft die Tonlage, da wird schon mal offen ausgesprochen, was man sich sonst nur bei sich denkt, solange man diplomatisch schöntut. So gesehen muß man Erdoğan und seiner Truppe geradezu dankbar sein, daß sie mal aus ihrem Herzen keine Mördergrube machen.

Denn der „Krieg“ hat längst begonnen. Er wird nur nicht mit Krummsäbel, Pauken und Janitscharenmusik geführt wie zu Zeiten Süleymans des Prächtigen. Sein Epigone Erdoğan setzt lieber auf die Migrationswaffe, mit der er mal mehr, mal weniger offen droht. In letzter Zeit eher aggressiv und unverblümt.

Grenzen selbst schützen

Erdoğan ist, wie man schon lange weiß, ein in der Wolle gefärbter Islamist. Er fühlt sich in der Nachfolge der osmanischen Sultane als Schutzherr des Islam, der die Grenzen der muslimischen Welt weiter ausdehnt. Jeder illegale Einwanderer, den er als „Flüchtling“ nach Europa weiterreichen kann, ist ein Beitrag zu diesem Werk.

Das bedeutet nicht, daß Europas Staatenlenker jetzt die großspurige martialische Rhetorik des Möchtegern-Sultans kopieren und mit gleicher Münze zurückgeben sollten. Wohl aber sollten sie die entlarvenden Tourette-Anfälle der Erdoğan-Crew zum Anlaß nehmen, die Lage nüchtern zu überdenken und daraus die richtigen Konsequenzen zu ziehen.

Heißt: Nicht auch noch kollaborieren, wenn die hier lebenden Türken zur „Fünften Kolonne“ aufgestachelt werden. Wer türkische Innenpolitik treiben will, kann das gern in der Türkei tun. Keine törichten Abkommen schließen, die die muslimische Masseneinwanderung auch noch institutionalisieren. Und vor allem: Die Grenzen selbst schützen, statt noch länger den Bock zum Gärtner zu machen.

Bei der Gelegenheit kann man ja daran erinnern, daß auch frühere „Heilige Kriege“ gegen das Abendland am Ende doch immer gescheitert sind – obwohl Europa da noch viel zerstrittener war als heute.

mardi, 14 mars 2017

Qui commande en France: Paris ou Ankara?

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Qui commande en France: Paris ou Ankara?

Communique de presse de Jacques Myard

Ex: http://www.lesobservateurs.ch 

12 mars 2017

Le 9 mars dernier je marquais mon étonnement dans un communiqué reproduit ce dessous, du silence des Etats européens qui restaient sans voix alors que le sieur Erdogan traitait l’Allemagne de Nazie, certaines communes allemandes ayant interdit des réunions politiques présidées par des ministres turcs.

L’affaire se reproduit quelques jours plus tard cette fois-ci avec les Pays-bas qui refuse d’accueillir le ministre turc des affaires étrangères, ce qui suscite les mêmes accusations de nazisme de Recep Erdogan.

Mais l’affaire ne s’arrête pas à cette nouvelle salve d’insultes parfaitement inadmissibles et scandaleuses, les Français apprennent avec stupéfaction que le-dit ministre turc refusé d’accès aux Pays-Bas s’est posé à Metz où il a tenu sa réunion : incroyable mais vrai !

Paris en autorisant cette réunion commet une triple faute :

1) Le gouvernement foule au pied la plus élémentaire solidarité à l’égard de l’un de nos alliés et partenaires européens alors même que le tandem Hollande-Cazeneuve nous rabâche leur sempiternel pathos pro-européen : belle hypocrisie !

2) La réunion politique turque est une violation directe de la souveraineté de la France en ce qu’elle est un acte d’une puissance publique étrangère effectué sur le territoire national. Si le droit international public autorise des étrangers à voter pour des élections nationales la France encadre ce droit rigoureusement afin d’éviter les dérives politiques et débordements: en réponse à ma question écrite que je lui ai posée, le ministre de l’intérieur m’indique au JORF le 7 Octobre 2014 notamment:

« Tout État étranger qui souhaite organiser en France une élection nationale se voit rappeler de façon systématique l’interdiction : d’afficher en dehors des locaux diplomatiques et consulaires ; de réunion dans des lieux publics ouverts ; de distribution de tracts, profession de foi… »

La réponse souligne aussi l’exigence de réciprocité… À ce titre on peut se montrer un peu curieux….

Dans ces conditions la liberté d’expression évoquée par le secrétaire général de la Préfecture, sans doute sur ordre, est un argument hors de propos car ce qui est en jeux c’est le respect de notre souveraineté qui doit conduire un Etat étranger à la retenue !

3) Mais le gouvernement en s’écartant des principes réaffirmés en 2014 et en lâchant la bride à un homme qui n’en restera pas là – ce dernier a parfaitement compris la lâcheté d’un gouvernement à bout de course – a commis une faute diplomatique qu’il sera très difficile de corriger sauf au prix d’une crise majeure .

La diplomatie demande du courage et surtout de la lucidité !

Le 9 mars 2017

La Turquie n’est plus la Sublime Porte ! 

Les péripéties de notre élection présidentielle nous font parfois oublier les enjeux réels du monde dont les conséquences peuvent être beaucoup plus dramatiques sur notre destin que nos querelles internes.

La radicalisation islamique de la Turquie est, à l’évidence, une tendance structurelle, de fond, qui est en passe d’éradiquer toutes les forces laïques.

Plus graves encore sont les prétentions arrogantes du régime de diffuser sa propagande en Europe auprès de ses expatriés en violation de la souveraineté des États où ils se trouvent.

En application de la souveraineté de chaque État, le droit international public interdit à un Etat étranger de conduire des actions politiques auprès de ses nationaux expatriés.

Erdogan viole ce principe et, en accusant l’Allemagne de nazisme, il insulte notre voisin alors que des communes décident de refuser que des Ministres turcs viennent faire campagne pour la gloire du régime turc.

 Il n’est pas admissible qu’il n’y ait eu aucune protestation des États européens au motif qu’il ne faut pas « froisser » Ankara en raison de son rôle dans la question des migrants.

C’est là une lâcheté sans pareille, que nous allons payer cher, car Erdogan a bien l’intention de pousser son avantage et d’utiliser les diasporas turques à des fins politiques pour peser sur les choix des Européens dans tous les domaines, internes et externes.

Il sera alors trop tard, mais nous aurons été prévenus !

Site de Jacques Myard : www.jacques-myard.org

Jacques Myard, Député-Maire de Maisons-Laffitte, Président du Cercle Nation et République, Membre de la commission des affaires étrangères et européenne.

Jacques Myard, Député-Maire de Maisons-Laffitte, Président du Cercle Nation et République, Membre de la commission des affaires étrangères et européenne.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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Is Turkey Lost to the West?

Ex: http://lewrockwell.com

Not long ago, a democratizing Turkey, with the second-largest army in NATO, appeared on track to join the European Union.

That’s not likely now, or perhaps ever.

Last week, President Recep Tayyip Erdogan compared Angela Merkel’s Germany to Hitler’s, said the Netherlands was full of “Nazi remnants” and “fascists,” and suggested the Dutch ambassador go home.

What precipitated Erdogan’s outbursts?

City officials in Germany refused to let him campaign in Turkish immigrant communities on behalf of an April 16 referendum proposal to augment his powers.

When the Netherlands denied Turkish Foreign Minister Mevlut Cavusoglu landing rights, he exploded, saying: “The Netherlands … are reminiscent of the Europe of World War II. The same racism, Islamophobia, xenophobia, anti-Semitism.”

When Turkey’s family and social policies minister, Betul Sayan Kaya, drove from Germany to Rotterdam to the campaign, Dutch police blocked her from entering the Turkish consulate and escorted her back to Germany.

Liberal Europeans see Erdogan’s referendum as a power grab by an unpredictable and volatile ruler who has fired 100,000 civil servants and jailed 40,000 Turks after last summer’s attempted coup and is converting his country into a dictatorship.

This crisis was tailor-made for Geert Wilders, the anti-EU, anti-Muslim Dutch nationalist who is on the ballot in Wednesday’s Dutch general election.

Claiming credit for the tough stance of conservative Prime Minister Mark Rutte, Wilders tweeted: “I am telling all Turks in the Netherlands that agree with Erdogan: GO to Turkey and NEVER come back!”

“Wilders is a racist, fascist Nazi,” replied Cavusoglu.

Wilders had been fading from his front-runner position, but this episode may have brought him back. While no major Dutch party would join a government led by Wilders, if he runs first in the election March 15, the shock to Europe would be tremendous.

Rutte, however, who dominated the media through the weekend confrontation with the Turks, could be the beneficiary, as a resurgent nationalism pulls all parties toward the right.

All Europe now seems to be piling on the Turks. Danes, Swedes, and Swiss are taking Europe’s side against Erdogan.

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Marine Le Pen, the leader of the populist National Front in France, called on the socialist regime to deny Turkish leaders permission to campaign in Turkish communities. She was echoed by conservative party candidate Francois Fillon, whose once-bright hopes for the presidency all but collapsed after it was learned his wife and children had held do-nothing jobs on the government payroll.

On April 23 comes the first round of the French elections. And one outcome appears predictable. Neither of the major parties — the socialists of President Francois Hollande or the Republicans of ex-President Nicolas Sarkozy — may make it into the May 7 finals.

Le Pen, the anti-EU populist who would lift sanctions on Putin’s Russia, is running even with 39-year-old Emmanuel Macron, a socialist running as the independent leader of a new movement.

Should Le Pen run first in April, the shock to Europe would be far greater than when her father, Jean-Marie Le Pen, made the finals in 2002.

At the end of 2017, neither Wilders nor Le Pen is likely to be in power, but the forces driving their candidacies are growing stronger.

Foremost among these is the gnawing ethnonational fear across Europe that the migration from the South — Maghreb, the Middle East, and the sub-Sahara — is unstoppable and will eventually swamp the countries, cultures, and civilization of Europe and the West.

The ugly and brutal diplomatic confrontation with Turkey may make things worse, as the Turks, after generous payments from Germany, have kept Syrian civil war refugees from crossing its borders into Europe. Should Ankara open the gates, a new immigration crisis could engulf Europe this spring and summer.

Other ethnonational crises are brewing in a familiar place, the Balkans, among the successor states born of the 1990s breakup of Yugoslavia.

In Bosnia, secessionists seek to pull the Serb Republic away from Sarajevo toward Belgrade. The Albanian minority in Macedonia is denouncing political discrimination. The Serbs left behind after Kosovo broke loose in 1999, thanks to 78 days of U.S. bombing of Serbia, have never been reconciled to their fate.

Montenegro has charged Russia with backing an attempted coup late last year to prevent the tiny nation from joining NATO.

The Financial Times sees Vladimir Putin’s hand in what is going on in the Western Balkans, where World War I was ignited with the June 1914 assassination of the Austrian archduke in Sarajevo.

The upshot of all this:

Turkey, a powerful and reliable ally of the U.S. through the Cold War, appears to becoming unmoored from Europe and the West and is becoming increasingly sectarian, autocratic and nationalistic.

While anti-immigrant and anti-EU parties across Europe may not take power anywhere in 2017, theirs is now a permanent and growing presence, leeching away support from centrist parties left and right.

With Russia’s deepening ties to populist and nationalist parties across Europe, from Paris to Istanbul, Vlad is back in the game.

jeudi, 09 mars 2017

Turkey and ISIL: Anti-Chinese cooperation

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Turkey and ISIL: Anti-Chinese cooperation

If the “Islamic State” would have managed to quickly capture the territories controlled by Afghan-Pakistani Taliban and make these territories a part of their proclaimed “caliphate”, the threat of destabilization would be right on China’s doorstep

The latest months showed how deeply Turkey is absorbed by everything that has to do with ISIL. Turkey was behind the stage of the events developing around the “Islamic State” for a long time, aiding its activities only indirectly or unofficially. However, an official statement was made in autumn 2015 in Istanbul, which could be viewed as a sort of Turkish declaration regarding the “Islamic State”.

The statement was made by the head of National Intelligence Organization of Turkey Hakan Fidan, who usually doesn’t make public appearances. Fidan stated: ” ‘Islamic State’ is a reality. We must acknowledge that we can’t eradicate such a well-organized and popular organization such as the “Islamic State”. Which is why I urge our Western partners to reconsider their former notions of the political branches of Islam and put aside their cynical mindset, and together frustrate the plans of Vladimir Putin to suppress the Islamic revolution in Syria.

Based on the reasoning above, Hakan Fidan makes the following conclusion: it is necessary to open an office or a permanent embassy of ISIL in Istanbul — “Turkey strongly believes in this“.

The story with the date of the statement of National Intelligence Organization head is a curious one. First it appeared in online media on October 18, 2015, but didn’t get much attention back then. The statement of Hakan Fidan became famous after it got republished on the websites of news agencies on November 13 — on the eve of Paris terror attacks, which happened on the night between November 13 and November 14.

It so happened that Turkey urged the West to recognized a quasi-state, which, on its part, refuses to recognize the right of other states for existence. In essence, we see a call to accept the demands of ISIL as a global terrorist. Its demand is well-known — an oath of allegiance to it as the new caliphate.

What does the live participation of Turkey in the life of the “Islamic State” promise to the Islamic world and its neighbors (including Russia)? This question becomes more important in this very moment, after thousands of refugees were transported not without Turkey’s participation from the Middle East to Europe, after the incident with the Russian plane, which was bombing ISIL, downed by Turkey, after the far-reaching claims of Turkish officials. In this regard it is worth to recall another important aspect of Middle Eastern politics.

The fall of Mubarak’s regime in Egypt and the destruction of Gaddafi’s state in Libya in the beginning of the “Arab Spring” almost collapsed the economic communication of these countries with China. China’s economic presence in these countries was rapidly growing. This way, it is understandable that the events of the “Arab Spring” created a barrier for the Chinese economic expansion to Middle East and Africa, which threatened the United States. In other words, “Arab Spring” was also an effective tool in the hands of the USA in its global competition with People’s Republic of China.

Now, studying the connections between Turkey and ISIL, it is necessary to discuss what the expansion of the “Islamic State” means for China.

In autumn 2015 media reported that Turkish intelligence agencies are preparing terrorists among Chinese Uighurs. One could think that the reason here is the traditionally strong ties between Turkic peoples, as well that Turkey is interested in strengthening its influence over the Easternmost part of the Turkic world – Turkestan. All of this is, of course, true. But this isn’t everything that this is about. It is also about Uighur groups being trained and becoming battle-hardened in the ranks of ISIL. There is more and more evidence of the presence of such groups in Syria.

Therefore, ISIL is a new tool, improved after the “Arab Spring“, capable of destabilizing the primary competitor of the USA — China. If the “Islamic State” would have managed to quickly capture the territories controlled by Afghan-Pakistani Taliban and make these territories a part of their proclaimed “caliphate”, the threat of destabilization would be right on China’s doorstep. The capabilities of the caliphatist organization which would have appeared this way — with the prospect of Uighurs joining it — would have made such destabilization inevitable.

However, ISIL failed to quickly advance into the Afghan-Pakistan area. Recall what The Daily Beast newspaper wrote in October 2015 in an article titled “A Taliban-Russia Team-Up Against ISIS?” The newspaper wrote that the representatives of Taliban went to China several times to discuss the problem of Xinjiang Uighurs living in southern Afghanistan. The Daily Beast quoted one of Taliban representatives: “We told them they (to Uyghurs – Author) are in Afghanistan, and we could stop them from making anti-Chinese activities“.

Experts insist that Pakistan (the intelligence agencies of which played a decisive part in creating Taliban) significantly reorients from USA to China. Because the prospects of surrendering its own and Afghani Pashtun areas to the “Islamic State”, which won’t stop at that, is unacceptable for Pakistan. This is what, obviously, caused the turn of Pakistan towards China. And this turn was so drastic that its consequences create a new threat to the USA of expanding China’s influence.

During the Xiangshan Security Forum, which took place in October 2015, Pakistani Minister of Defense, Water and Power Khawaja Muhammad Asif announced the banishment of Uighur militants of the “East Turkestan Islamic Movement”. He said: “I think there (were) a small number in tribal areas, they’re all gone or eliminated. There are no more there.”  Asif added to this that Pakistan is ready to fight against the “East Turkestan Islamic Movement”, because this is not only in the interests of China, but in Pakistan’s own interests.

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Next, in the first half of November 2015, Chinese newspaper China Daily announced that the Chinese state company China Overseas Port Holding received 152 hectares of land on lease in Gwadar port from Pakistani government for 43 years (!). Perhaps it is time to admit that China has almost reached the Arabian sea through the strategically important Pakistani region Balochistan (that is where Gwadar is) and that the planned expansion of ISIL to the east didn’t make it in time to prevent this? It is obvious that the struggle of the USA against China will continue on this direction, which is why China hurries to secure the reached results and create its own economic zone near the Strait of Hormuz.

China Daily wrote: “As part of the agreement, the Chinese company, based in Hong Kong, will be in full charge of Gwadar Port, the third-largest port in Pakistan.

There is a noteworthy detail in this story: Gwadar is considered to be the southern tip of the large Chinese-Pakistani economic corridor. This corridor starts in the Xinjiang Uyghur Autonomous Region of People’s Republic of China. This means that the necessity to destabilize China from there becomes more acute for its competitors.

Since Pakistan and Talibs refuse to radicalize Chinese Uighurs (more than 9 million of whom live in China), this role goes to, on the one hand, Turkey as the Turkic patron of Uighurs, one the other hand — to ISIL as Islamist ultra-radicals. Next, if this Afghan-Pakistani corridor for supplying radical groups to China is blocked for now, it means there is a need for another one. Which one? Obviously, the Turkic world — from Turkey to Turkic countries of Central Asia and Chinese Uighurs. It is more than likely that Russian Volga region and North Caucasus will have to be made a part of the corridor which Turkey and ISIL need to communicate with Uighurs.

Chinese media point out to this since the end of 2014. Back then the news website Want China Times published an article titled ” ‘East Turkestan’ separatists get trained in ISIL and dream of returning to China“. The website referred to the data already published by the Chinese news outlet Global Times. According to this data, Ethnic Uighur radicals flee from the country to join ISIL, receive training and fight in Iraq and Syria. Their goals are to win wide acknowledgement among international terrorist groups, establish contact channels and acquire real combat experience before bringing their knowledge back to China.

Global Times reported, citing Chinese experts, that Xinjiang Uighurs join ISIL either in Syria and Iraq, or in the divisions of ISIL in South-East Asian countries. Next the publication informed that, since the international community launched the anti-terrorist campaign, ISIL now avoids recruiting new members right on its “base”, preferring to separate them by sending to smaller cells in Syria, Turkey, Indonesia and Kyrgyzstan.

The Uighur problem caused the complication in the Turkish-Chinese relations in summer 2015.

Everything started in Thailand. The authorities made the decision to deport over 100 Uighurs to China. On the night between July 8 and July 9, Turkish Uighurs attacked Chinese embassy in Istanbul, protesting against this decision.

In response, Thailand authorities changed their position and declared that Uighur emigrants will not be deported to China without evidence pointing to their criminal activity. Instead… they will be deported directly to Turkey! This wasn’t a novel decision, deportations of Uighurs to Turkey happened before. A total of 60 thousand Uighurs live in Turkey. This means that we are not talking about separate cases of deportation here, but about consistent concentration of Uighur groups scattered around Asian countries in Turkey.

In July the Arab news website “Al-Qanoon” quoted Tong Bichan, a high-ranking China’s Public Security Ministry official. He said: “The Turkish diplomats in Southeast Asia have given Turkish ID cards to Uyghur citizens of Xinjiang province and then they have sent them to Turkey to prepare for war against the Syrian government alongside ISIL.

Finally, only recently the propagandist resource of the “Islamic State” posted a song in Chinese language. The song contains the call to wake up, adressed to Chinese Muslim brothers. Such calls are a part of the anti-Chinese campaign launched by ISIL. Another video of caliphatists features an 80-year old Muslim priest from Xinjiang urging his Muslim compatriots to join ISIL. The video then shows a classroom of Uighur boys, one of whom promises to raise the flag of ISIL in Turkestan.

All of this leads to the conclusion that among the goals ISIL tries to reach in cooperation with Turkey is the warming up and launching of the “Chinese Spring” in quite observable terms. Such a goal demands “cooperators” to use the territories near China — first and foremost, Turkic states of Central Asia. For example, Kyrgyzstan in this regard is clearly supposed to become the place of accumulation and training of radical groups.

The large world-rebuilding Middle Eastern war is seeking its way towards East, in the direction of China. Which means that new large phases of this war are not too far ahead.

Source (for copy): http://eu.eot.su/?p=5441

This is the translation of an article (first published in “Essence of Time” newspaper issue 160 on December 30, 2015) by Maria Podkopayeva of a series on rebuilding of Middle East and Africa by the West. This rebuilding was launched to give rise to the most violent and bloody regime, such as IS “caliphate”, which is supposed to eventually attack and conquer Russia, China and Europe.

We encourage republishing of our translations and articles, but ONLY with mentioning the original article page at eu.eot.su (link above).

mercredi, 01 février 2017

Septembre 1955 : pogrom contre les Grecs d’Istanbul

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Septembre 1955 : pogrom contre les Grecs d’Istanbul

Par Erich Körner-Lakatos

Le souvenir de septembre 1955 est un souvenir d’horreur pour tous ceux qui se revendiquent « Rhoméens » ou « Romains », c’est-à-dire descendants des habitants autochtones de la ville de Constantinople, capitale et point focal de l’Empire romain d’Orient. Ces Grecs sont environ 150.000 et vivent autour de leur chef spirituel, le Patriarche Œcuménique de Phanar, le quartier nord-ouest de l’actuelle Istanbul. Les Turcs les appellent les « Roums ».

En l’espace d’une seule génération, les Grecs de la capitale ottomane ont subi des changements considérables de statut. Pendant la première guerre mondiale, ils ont risqué de subir le même sort que les Arméniens. Comme de notoriété, le ministre ottoman de l’intérieur Mehmed Talaat Pacha avait ordonné l’élimination totale des Arméniens en avril 1915, ce peuple de négociants et d’artisans qui, selon les écrits mêmes du ministre, « auraient sapé les fondements de l’Etat ottoman depuis des siècles ». Les autorités ottomanes soupçonnent ces Caucasiens de sympathiser avec les Russes et d’être prêts à collaborer avec eux, au cas où ils débouleraient dans l’Empire ottoman et le vaincraient.

Mais les « Rhoméens » en furent quitte pour la peur, au contraire des Arméniens et des Grecs du Pont (les habitants orthodoxes de la côte méridionale de la Mer Noire). En août 1922, Atatürk bat les armées grecs entrées en Anatolie, provoquant ce que l’on appelle à Athènes la « Grande Catastrophe ». Les « Rhoméens », une nouvelle fois, craignent le pire. Leur sort est effectivement incertain. Mais ils y échappent : le Traité de Lausanne comporte une clause prévoyant un échange de populations : 1,5 millions de Grecs d’Anatolie deviennent du coup des apatrides. Les négociateurs du Traité parviennent à un accord : selon l’article 40, les 70.000 « Rhoméens » de Constantinople peuvent rester dans la grande ville.

Fin 1942, début 1943, les Grecs sont visés par une loi spéciale concoctée par le successeur d’Atatürk, Ismet Inönü. Foulant aux pieds le principe kémaliste de la laïcité, le gouvernement turc impose une rétrocession sur la fortune pour tous les citoyens non musulmans, la fameuse « Varlik Vergisi ». Ceux qui ne parviennent pas à verser la somme exigée au bout de deux semaines, voit ses biens et ses propriétés saisis par l’Etat.

En 1955, ce fut pire encore. Istanbul compte alors à peu près un million d’habitants, dont un peu plus que cent mille « Rhoméens ». En plus de cette population grecque et orthodoxe, on trouve dans la ville d’autres groupes ethno-religieux, tels les juifs espagnols et les Arméniens qui, malgré les atrocités qu’ils ont subies, n’ont pas voulu quitter leur ville d’origine. A ces deux minorités, s’ajoutent quelques milliers de Russes fidèles au Tsar. En effet, en novembre 1920, quand la guerre civile russe se terminait, les résidus des armées blanches, battues, commandées par un général d’origine allemande, Peter Wrangel, avaient abandonné la Crimée à bord de navires de guerre français, qui mouillaient à Sébastopol. Une partie de ces réfugiés s’étaient définitivement fixés à Constantinople. Les autres avaient pris le chemin de l’exil, principalement vers la France.  

Que s’est-il passé à la fin de l’été 1955 ?

Le 5 septembre, des camions amènent des hommes jeunes et vigoureux dans la vieille cité grecque, dominée par la Haghia Sophia. Sans se faire remarquer, ces hommes, en apparence anodins, se dirigent vers les quartiers abritant les commerces et les ateliers des minorités. Le lendemain, tous les journaux turcs répandent la nouvelle d’un attentat à la bombe contre la maison natale d’Atatürk à Salonique. La radio d’Etat confirme la nouvelle à 13 h. Les émotions vont crescendo. Puis, tout d’un coup, des bâtons amenés le matin sont distribués dans les mains des émeutiers potentiels. Ils passent à l’action : ils brisent les vitrines des magasins grecs, molestent violemment les boutiquiers qui protestent. En hurlant, ils pénètrent dans les magasins, cassent tout et jettent les débris dans les rues. L’artère commerçante d’Istiklal est particulièrement touchée. Les bandes de sauvages brandissent des drapeaux turcs. Les pillards profitent de l’occasion. Tous manient le gourdin. On tire la barbe des moines orthodoxes, on les traînent dans les rues en les battant. On en brûle un vif : il avait plus de 90 ans.

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La police n’intervient nulle part. Certes, des Turcs, habitant Istanbul depuis des générations, aident leurs concitoyens orthodoxes, les cachent, surtout les femmes et les jeunes filles. Il faut attendre minuit pour que les premiers détachements de la police se manifestent et arrêtent des fanatiques, occupés à déterrer les corps des anciens patriarches pour les profaner.

Bilan des troubles de la journée : seize morts, entre 20 et 30 blessés graves, des centaines de viols, 73 églises profanées, 4383 commerces dévastés, plus d’un millier de maisons détruites.

Le gouvernement du premier ministre Menderes décrète que cette colère populaire a été la réponse à l’attentat de Salonique. Il a fallu attendre des années pour que la vérité se fasse connaître, ainsi que le confirme le général Sabri Yirmibesoglu, président d’une « Commission spéciale de guerre » : les événements des 6 & 7 septembre 1955 relèvent de la responsabilité des autorités turques.

Une série de faits s’avèrent toutefois frappante : les responsables initiaux des incidents dont les chrétiens furent victimes sont tous morts de mort violente. L’ancien ministre de l’intérieur de l’Empire ottoman, Talaat Pacha, qui s’était exilé à Berlin, est assassiné à coups de couteau par un Arménien. Quant au premier ministre turc Menderes, qui avait manigancé le progrom de septembre 1955, le bourreau lui passera la corde au cou : il avait été condamné à mort le 15 septembre 1961. L’exécution eut lieu deux jours plus tard.

Erich Körner-Lakatos,

Article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°4/2017. Site : http://www.zurzeit.at .

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Face au pogrom antigrec, quelle fut la réaction de Washington ?

La Turquie n’avait pas à craindre de sanctions de la part du monde occidental car Washington demeurait pour elle un allié fidèle. Après la seconde guerre mondiale, les Américains aident le pays et s’opposent à la volonté de Staline d’annexer la région de Kars (que Lénine avait cédée à Atatürk en 1921). En effet, en avril 1946, le gouvernement des Etats-Unis envoie à Istanbul le puissant navire de guerre USS Missouri, navire amiral de la flotte américaine en Méditerranée. Ankara paiera sa dette pendant la guerre de Corée. La Turquie est l’un des seize pays qui enverront des troupes dans le sud de la Corée. Le plus petit contingent fut celui du Luxembourg : 85 hommes. La brigade turque était forte de 5000 hommes sous le commandement du Général Tahzin Yazici. Elle avait débarqué à Pusan en octobre 1950. Elle s’est très bien battue. Lors d’une bataille, les Américains et les Britanniques se replient dès qu’une vague impressionnante de volontaires communistes chinois passe à l’attaque. Les Turcs, eux, ne cèdent pas. Ils fixent leurs baïonnettes aux canons de leurs fusils et se lancent à l’assaut. Le Général Douglas MacArthur chante leurs louanges : « Les Turcs sont l’incarnation de l’héroïsme ». 765 soldats turcs sont tombés au combat en Corée. 5247 d’entre eux ont été blessés ou portés disparus. Le 18 février 1952, la Turquie devient membre de l’OTAN, envers et contre l’avis des Grecs et de leurs protecteurs britanniques. Le Danemark aussi s’était prononcé contre l’adhésion turque. Motif : la dynastie grecque est d’origine danoise. D’où l’alliance entre Athènes et Copenhague.

EKL (réf. Supra).

 

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mardi, 03 janvier 2017

Redistribution des cartes à l’échelle planétaire

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Bernhard Tomaschitz :

Redistribution des cartes à l’échelle planétaire

Trump a été élu Président des Etats-Unis, Erdogan a bâti un système autoritaire après un putsch militaire manqué

L’année 2016 a pris fin et cette fin d’année a été ponctuée d’événements qui auront immanquablement des répercussions sur l’année à venir et sur le futur plus lointain. Le 8 novembre 2016, après une campagne électorale longue, pénible et vicieuse, Donald Trump, Républicain, a été élu 45ème Président des Etats-Unis. L’« opinion publique », c’est-à-dire l’opinion fabriquée par les médias dominants, avait compté sur une victoire claire et nette de la candidate démocrate, Hillary Clinton.

On ne peut prédire d’avance si Trump tiendra effectivement ses nombreuses promesses électorales. Il a notamment annoncé qu’il renoncerait au traité de libre-échange transpacifique qui aurait lié les Etats-Unis à douze pays de l’espace asiatique/pacifique. Au lieu d’accords multilatéraux comme les traités transpacifique et transatlantique (avec l’UE), Trump veut réhabiliter la pratique des traités commerciaux bilatéraux et « ramener les emplois et les industries productrices aux Etats-Unis ». Le traité transpacifique n’était pas un simple traité de libre-échange. Ce traité était la pierre angulaire d’une géopolitique dirigée contre une Chine montante, mise au point sous la présidence d’Obama.

Contrairement à Hillary Clinton, favorite des néoconservateurs et du complexe militaro-industriel, Trump a promis, lors de sa campagne électorale, de pratique une politique étrangère mesurée. Cependant, cette promesse ne signifie pas pour autant que la politique étrangère américaine va opérer un changement de cap à 180°, malgré les propos apaisants à l’endroit de Moscou qu’a prononcés le fringant candidat républicain, entrepreneur immobilier dans le civil.  Il a déclaré en substance qu’il voulait résoudre le conflit syrien en accord avec le Président russe Vladimir Poutine. Ensuite, sa promesse d’investir des milliards dans les infrastructures défaillantes des Etats-Unis ne signifie pas qu’il négligera totalement la chose militaire. « Nous commencerons par dépenser de l’argent pour nous-mêmes mais nous demeurerons aussi forts qu’auparavant sur le plan militaire », a-t-il dit lors de l’un de ses discours. Il ne faut pas oublier que Trump vient d’accueillir dans sa future équipe gouvernementale quelques faucons en politique étrangère, sans doute pour apaiser la fureur de ses critiques néoconservateurs qui s’insurgent face à sa « nouvelle politique internationale ». Le futur ministre de la défense, James Mattis, est considéré comme un « chien fou ». Quant à son futur conseiller en matière de sécurité, Michael Flynn, c’est un ancien directeur des services secrets et un ancien général qui a toutefois gardé de bonnes relations avec les Russes. Flynn considère que les Etats-Unis « sont en guerre contre l’islamisme radical ». C’est là un langage que « peu d’Américains vont réellement comprendre; ils auront encore moins d’idées quant à la façon de la gagner, cette guerre ». Flynn a déjà conseillé Trump pendant la campagne électorale pour les questions militaires et de politique étrangère. C’est lui qui exercera sans nul doute une influence prépondérante sur l’attitude intransigeante qu’adoptera peut-être Trump face à l’Iran. Trump a défini l’accord conclu avec l’Iran pour mettre un terme à la querelle nucléaire, comme « l’accord le plus stupide de tous les temps », dont l’abandon devrait constituer sa priorité première.

Par ailleurs, dans un discours tenu début décembre, Trump a déclaré « vouloir renforcer des amitiés anciennes et s’efforcer de créer des amitiés nouvelles » et « vouloir aussi renoncer à la politique du gouvernement d’Obama qui, par des mises en scène et des coups d’Etat, entendait provoquer des « changements de régime » dans des pays tiers. Sous sa présidence, laissait-il entrevoir, les Etats-Unis « cesseraient de vouloir renverser des régimes étrangers, dont ils ne connaissent rien ».

Le coup d’Etat perpétré en Ukraine au début de l’année 2014 avec le soutien déterminant des Etats-Unis, s’est avéré une source particulièrement pernicieuse d’instabilité en Europe orientale.

Quelques indices permettent toutefois de croire que les relations entre Washington et Ankara s’amélioreront légèrement. Elles s’étaient considérablement refroidies depuis l’échec du putsch du 15 juillet 2016. Le Président Recep Tayyip Erdogan en avait profité pour faire arrêter quelque 36.000 opposants. Il reproche aux Etats-Unis d’héberger le chef d’orchestre présumé de cette tentative de coup d’Etat, le prédicateur islamiste Fetullah Gülen. Trump a plusieurs fois laissé sous-entendre qu’il autoriserait une extradiction vers la Turquie de ce nouvel ennemi d’Erdogan. C’est sans surprise que l’on a entendu Erdogan se réjouir de la victoire électorale de Trump : « Il accèdera officiellement à la présidence le 20 janvier 2017. Si c’était possible, j’aimerais bien le rencontrer avant cette date ».

A cela s’ajoute qu’Erdogan ne devra pas trop craindre l’immixtion d’un gouvernement Trump dans les affaires intérieures turques, en matière de droits de l’homme ou de démocratie, si ce n’est pour la forme. Ainsi, il pourra consolider le système présidentiel qu’il a taillé sur mesure pour sa propre personne en Turquie. C’est dans le même sens que s’exprime dans une interview Ekin Alptekin, président du conseil économique américano-turc : « Le gouvernement d’Obama n’a pas suffisamment tenté de nous comprendre et n’a pas manifesté d’empathie à l’égard de nos préoccupations ».

Entretemps, on devine de plus en plus clairement quelles allures prendra le système présidentiel turc concocté par Erdogan. Le premier ministre Binali Yildirim a fait savoir qu’Erdogan, à la façon d’un sultan ottoman, pourra désormais énoncer des décrets qui auront force de loi. L’état d’exception, toujours décrété aujourd’hui, suite au putsch militaire avorté, deviendrait ainsi un dispositif permanent. Erdogan ne doit pas trop craindre les critiques de l’étranger, surtout en provenance d’Europe, car l’UE a négocié avec lui un compromis sur les réfugiés. Finalement, les mesures draconiennes qu’il a prises après le putsch raté ne l’ont nullement conduit à l’isolement international.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, http://www.zurzeit.at , n°52/2016).

dimanche, 04 décembre 2016

Turanism: Between Myth and Reality

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Turanism: Between Myth and Reality

Turanism is one of many tools used by Western intelligence agencies to achieve their goals. And indeed the Turanist groups play a certain role on the side favoured by Western intelligence.

By Samer Hussein

Ex: http://balkanspost.com 

One of the many examples of how far the multinationalist establishment is ready to go, is perfectly demonstrated in the case of so-called "Turanism".

Initially coined by the heads of some nationalist-minded high-ranking Ottoman military officials during their stay in the former German Empire (which in the second half of 19th century witnessed a rise of German nationalism), the concept and idea were later picked up by Western intelligence, and in particular by the British, who became aware of Turanism after making contact with Arminius Vambery, a Hungarian philologist who at the time served as an advisor of the Ottoman Sultan Abdülmecid I and who would later become an associate of Lord Palmerston. In Turanism, British intelligence saw an excellent opportunity that would help to cause provocations and destabilization in Iran, the Russian empire and China (mainly due to fact that all these nations had certain Turkic-speaking populations that often professed other faiths), as well as to counter certain ideological movements that they considered dangerous for their interests, namely pan-Syrianism and Pan-Iranism.

Since then, Turanism has been used as a tool of manipulation and destabilization in a large number of conflicts throughout the Eurasian basin (Chechnya, Karabagh, Syria, Xinjiang, etc..). It has also become an internet phenomenon among uneducated youths living in particular countries who often do not have a basic knowledge and understanding of history, geopolitics, linguistics, ethnology, genetics and anthropology. The adherents of the Turanic school of geopolitical nonsense are, for example, unable to understand the simple fact that the Japanese language and Altaic languages do not belong in the same group as they are not related. Even though there are indeed some words in Japanese language whose origin most likely is Altaic, this is all as relevant as is the fact that there are at least couple of hundred Arabic words in English. Obeying the logic of the Turanists it would also make sense to create an Anglo-Arab fraternal union.

Although Turanism might seem like a dangerous, chauvinist ideological movement at first, one quickly realizes that reading its basic principles and core tenets can be a cheap and very effective natural alternative to PROZAC (without any visible side-effects in people whose IQ can at least barely stand on two digits).

Turanism seeks a fraternal brotherhood and unity between Hungarians, Turks, Finns, Mongolians, Koreans, Estonians, Kazakhs, Uzbeks, Azeris, Turkmens, Tatars and the Japanese (even Native Americans in some recent incarnations).

So, Native Americans, Estonians, Koreans, Turks and Japanese. Onions, Strawberries, Eggplants, Olives and Pineapples. An eclectic mixture that would certainly assure spending the rest of the day in a bathroom when consumed due to the "conflicting nature" of the ingredients included.

Let's not kid ourselves: what exactly do the Estonian Protestant Christian, Turkish Sunni Muslim, Tuvan Shamanist and Japanese Shintoist have in common? Apart from the fact that they are all humans and live on the same planet, definitely not much. For comparison: Italy and Syria are considerably more connected to each other than Hungary and Turkey. Both Italy and Syria go all the way back to Antiquity. Once, the coastal Levantine Syrians known as the Phoenicians briefly colonized the Southern Italian shores. To this day, a considerable number of Southern Italians are carrying the Phoenician DNA.

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Centuries later, Romans conquered Syria. Not only did Syria become the main supplier of grain in the whole Roman empire, it was also an important political and judicial center. Despite this and the fact that Syria is the cradle of Christianity (which is nowadays the dominant religion in Italy) and the fact that it still has a seizable Christian minority, not much has been done to create a form of ethno-cultural fraternal union. Why? Because despite the fact that certain ties indeed do exist (and which are stronger than those between the traditionally Catholic Hungary and the predominantly Sunni Muslim Turkey,  that is slowly turning itself into a totalitarian Sharia state and whose predecessor, the Ottoman Empire, was a bitter political foe of Hungary for many centuries), they are not strong enough to allow the creation of such union. But, if influental political powers were behind its introduction to the general public, then this would be an entirely different story. And this is exactly what happened in the case of Turanism. It was politics and its tools that helped to shape it and introduce it into mainstream. After years and years of propaganda, brainwashing and manipulation, people eventually start believing tales about things they previously had no clue about or would never have accepted. The people who pulled the strings in that case were not some curious, misled, deluded or uneducated people that were just trying to experiment. Rather, they were well-informed and did everything with particular purpose in order to achieve the goals which I already mentioned earlier.

As said before, Turanism is one of many tools used by Western intelligence agencies to achieve their goals. And indeed the Turanist groups play a certain role on the side favoured by Western intelligence. The most widely used Turanist assets are, without a single shred of doubt, the Turkish Grey Wolves. They are an ultra-nationalist terrorist group that was first formed by the Turkish colonel Alparslan Turkes in the late 1960s and acted as the armed wing of the extremist nationalist political party MHP. They are perhaps best remembered for their failed assassination attempt against the late Pope John Paul ll. The group's goal is to unite all Turkic people under one banner, using any means at its disposal. Presently their ideology is an obscure mix of radical pan-Turkist oriented Turkish nationalism and Sunni muslim fundamentalism, including Salafism and Wahhabism in some. In the last few decades the group has been active in several global conflicts, including the 1974 Cyprus crisis, the Karabagh war (present-day escalations including), the Chechnya war and more recently the Syrian war where the group is aiding Syrian Turkmen, Uyghur and other Turkic Islamist terrorist groups in their fight against the Syrian army.

It is estimated that, since 2011, more than 360,000 foreign terrorists have entered Syria. Although most of these have come from the surrounding Arab countries, there is also a significant presence of certain Turanist groups, namely the Turkish Grey Wolves and the Uyghur East Turkestan Islamist Movement. Both groups are currently active in Aleppo, Idleb and the Lattakia countryside. In December 2015 there were fierce clashes between the Syrian Army and the Turkish Grey Wolves in the Lattakia countryside, which gradually stopped in February 2016 after Syrian forces managed to liberate pretty much all areas that were formerly under the occupation of Turkmen gangs (and in which the Grey Wolves were stationed). At this very moment, the Grey Wolves are very much active in the outskirts of Aleppo where they engage in fierce clashes with the Syrian military on an almost daily basis. The East Turkestan Islamist movement also has a visible presence in Syria, especially in the province of Idleb. In the town of Jisr Al Shoghour there is a colony of more than 3500 Uyghur terrorists and their families, including elderly, who violently took over the homes of former Syrian locals. As a result, the former Syrian residents of the town were forced to flee the area and thus became refugees.

Without a single shred of doubt, the Syrian conflict is so far the first global conflict to have witnessed the widespread participation of the Turanist groups as combatants on such a scale; and the results have been less than stellar.

Turanism just doesn’t seem to have as great a following as some might expect. When it comes to daily politics, of all the countries that are supposed to be affected by this particular ideological nonsense, there is only some following in Hungary (Jobbik) and Turkey (MHP) and far from majority-public opinion. Various groups of Turanists also have different opinions and beliefs when it comes to certain things. For example, some Hungarian Turanists openly detest Islam and many are displeased with the presence of the Turkish Grey Wolves, especially because the latter are known for their proximity to Radical Islamism as well as the fact that some of the revenue of that group is being made from drug smuggling and the human trafficking business, not to mention the traditional anti-Christian and anti-European attitude that the Grey Wolves have (Jobbik stand for preserving the values of Christian Europe).

The most alarming thing about Turanism are terrorist groups who associate themselves with its ideology. They have played an extremely destructive role in pretty much all the conflicts that they have been involved in so far (especially in Syria). Luckly they always get involved fighting on a side that loses or is about to lose.

jeudi, 17 novembre 2016

WWIII: The Balkan Stage for a Turkey-EU War

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WWIII: The Balkan Stage for a Turkey-EU War

Ex: http://www.katehon.com

The End Of the War Against ISIS

ISIS, which was artificially created to redraw the borders of Middle East, is about to be defeated in Iraq and Syria by the ongoing military operations in Mosul and Raqqa, the center of ISIS. After ISIS’s end, there can be a sort of temporary break in military clashes in the Middle East. Thanks to the military intervention of Russia in support of the Syrian government and the military involvement of Turkey, with the undeclared consent of Russia, to prevent a YPG-led Kurdish corridor in the North Syria and to fight against ISIS, the US’ aim of dissolving the territorial unity of Syria has failed.

The US will have two options: either deepening its efforts to provoke new clashes between Turkey and Iraq, Turkey and Iran, or Turkey and Syria (thanks be to God that US plans to start a war between Russia and Turkey already failed) or changing its focus to another part of Eurasia to spread instability and incite clashes between the regional actors of Eurasia.

The US may select the second option thanks to the balancing and mediating Russian efforts to prevent any direct clashes among the Middle Eastern countries. The Balkans may be the most appropriate candidate for the US due to its geopolitical structure, historical conflicts, and ethnic and religious diversity. The word “Balkan” is a Turkish word which means steep and forested mountains. On the other hand “Bal” means honey and “Kan” means blood in Turkish. Therefore peace and conflict have always coexisted in the Balkans, as the name of the peninsula points out.

An Overview Of Geopolitics In The Balkans

Lying in the east of Europe, the Balkans is inhabited by mostly Slavic and Orthodox nations. With 19 million residents, Romania is the most populated country in the region, but the other countries are all below 10 million and diversified into small countries and ethnicities. In the west the Germans, in the north the Russians, and in the east the Turks surround the peninsula as great nations.

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The recent history of Balkans also confirms the geopolitical truth that the potential actors that can clash or cooperate in the upcoming crisis are the Germans (EU), the Russians, and the Turks. After six centuries of Ottoman rule, the Balkan nations became separated countries. Then Nazi Germany invaded the entire peninsula. After the Second World War, with the exception of Greece, all the Balkan countries were under the influence of the USSR or communism. After the collapse of the iron curtain, by either joining the EU or NATO, most of the Balkan countries fell under the influence of the EU and US.

Greece, Romania, Bulgaria, Croatia and Slovenia are EU members; Turkey, Albania, Serbia, Montenegro, Macedonia and Bosnia-Herzegovina are candidates. On the other hand, Turkey, Greece, Romania, Bulgaria, Albania, Croatia, Slovenia are already NATO members, while Montenegro, Macedonia, and Bosnia-Herzegovina are candidates for NATO membership. Therefore at first glance, the current political situation might seems very united and stable in the region. All the countries are members of NATO and the EU or candidates. But as explained below, the reality on the ground is very different than it appears, and the EU- and US-oriented countries may go to war with each other.

Diversified Ethnicity and the Problems of Religion and Minorities

The US always uses ethnic and religious differences as a tool for provoking instability. Unfortunately ethnicity and religion is a very sophisticated complexity in the Balkans. Bulgarians and all the ex-Yugoslavian nations (Serbs, Montenegrins, Croats, Slovenes, Bosnians, and Macedonians) are Slavic, while Romanians, Greeks, and Albanians have distinct nationalities. The Romanians are Latin origin, the Greeks have Hellenic roots, and the Albanians have genetic ties to Italians. Bulgarians, Serbs, Montenegrins, Macedonians, Romanians, and Greeks are Orthodox, while Croatians and Slovenes are Catholic. Bosnians and two thirds of Albanians are Muslim, the rest being Orthodox.

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Although all the nations in Balkans have independent states, almost all of the countries have internal minority problems. Hungarians living in the west (Transylvania) of Romania constitute 7% (1,4 million) of Romania’s population. Bulgaria also has a 10% Muslim-Turkish (900 thousand) minority. In Greece, there are 250 thousand Macedonians, 370 thousand Albanians, and 200 thousand Muslim Turks. Albanians with a population of 500 thousand constitute 25% of Macedonia’s population and 1.8 million Albanians are living in Kosovo. Montenegro’s population consists of 45% Montenegrins, 29% Serbs, %12 Bosnians, and %5 Albanians. 250 thousand Hungarians live in Serbia. Bosnia and Herzegovina is a loose Bosnian, Croatian, and Serbian confederation. On the Bosnian-Croatian side, 70% of the population is Bosnian and the rest is Croatian, while on the Serbian side 80% is Serbian and the rest is Bosnian.

Historical, Religious, and Ethnic Ties with Turkey and Russia

When the Balkan nations achieved their independence from the Ottoman Empire, starting from the late 19th century and lasting up to 1989, many Turks, Muslim Albanians, and Bosnians immigrated to Turkey. Currently, 12 million people of Balkan origin are living in Turkey. Among immigrants, 7 million are of Turkish origin who immigrated from Bulgaria, Greece, Albania, Macedonia, Kosovo, and Bosnia. Although 2.2 million Bosnians live in Bosnia-Herzegovina, 2 million Bosnians also live in Turkey as a kind of second motherland. Moreover 3.2 million Albanians live in Albania, while as a second motherland 2 million Albanians live in Turkey. Therefore, in Turkey, the Balkan-originated community has a strong lobby and in the government and business cycles is very influential. Moreover, most of them still have strong ties with their relatives in The Balkans.

On the other hand, the Slavic nations have historic, religious, and ethnic ties with Russia. Besides Romanians, Greeks, and Albanians, the rest of the Balkan nations are Slavic in origin. Moreover, besides Croatians, Slovenians, Albanians and Bosnians, the others are of the Orthodox belief. During these peoples’ independence struggle, Russia gave strong support and came to represent an elder brother.

Turkey’s Increasing Potential to Surpass the Balkans

Compared to Turkey, the Balkan countries’ populations are decreasing dramatically. Not only low fertility rates but also migration to developed EU countries have caused the population to decrease. In 1990, the population of Turkey (53 million) was 75% of all the Balkan countries’, while Turkey’s present population (80 million) exceeds all of the Balkan nations combined (63 million) and has reached 125% of the whole Balkans’ population. Economic growth rates are also in favor of Turkey. In 2000, Turkey’s GDP was 107% of that of all the Balkans, and presently the figure has reached 123%, and this despite the fact that the EU member Balkan countries attract EU direct investment and EU funds to restructure national economies. For the top three economies of the Balkans (Greece, Romania, and Bulgaria), Turkey is an important export destination.

Souring Relations between Turkey and the EU

Turkey has souring relations with EU. Although Turkey chose Westernization as a type of modernization at its founding in 1923 and has been a NATO member since 1952, its application for full membership in the EU is still on stand-by. In recent years, Turkish President Recep Tayyip Erdoğan has faced an opposition campaign by the Western media. He is accused of being a dictator even though he won 11 democratic elections in 14 years including municipal, parliamentary, and presidential ones.

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Moreover, even though the Kurdish Workers Party (PKK) is declared a terrorist organization by the EU, their obvious support for Kurdish separatists in Turkey increases anti-EU sentiments among Turks. The PKK cavalierly propagates its views, organizes demonstrations, and is provided financial resources in Europe. The recent arrest of the leader and ten parliamentarians of the PKK-affiliated political party HDP may deteriorate the EU-Turkish relations to an irreparable extent.

Moreover, nine columnists and directors of the pro-Western newspaper Cumhuriyet were also arrested last week under accusations of cooperating with the terrorist organization FETÖ, a US proxy that attempted the coup d’état on July 15th in Turkey. The editor of the newspaper, Can Dündar, has fled to Germany and receives support from Germany.

EU representatives and the foreign minister of Luxembourg have announced their concern over the recent arrests and have even proposed to impose economic sanctions like the ones they have against Russia, arguing that 60% of the foreign investment in Turkey is of EU origin. The Italian prime minister said that Turkey cannot be a member of theEU under these circumstances. Additionally Moody’s and Standard & Poor’s, Western rating companies, lowered Turkey’s rating after the coup d’état, asserting that political instability is on the rise.

On the other hand Turkish President Erdoğan accuses the EU of supporting terrorism in Turkey and the Middle East (PKK, FETÖ and ISIS), attempting to divide Turkey by supporting Kurdish separatists, attempting to overthrow the democratically elected government and president, and spreading Islamophobia and Turkophobia. He has declared that the EU’s attitude is akin to the second phase of World War 1 when Turkey, Syria, and Iraq were divided on the basis of ethnicity and sect.

Turkish Stream

Germany, Turkey and Italy are the top three importers of Russian natural gas. The South Stream project was canceled due to the EU’s blocking two years ago. The new Turkish Stream pipeline for transporting Russian natural gas directly to Turkey, bypassing Ukraine, strengthens Russian-Turkish cooperation and both of their positions against the EU, despite the opposition of US. The possible extension of the Turkish Stream from Greece to Germany and Italy via the Balkans could provide strategic advantage to Turkey and Russia. Therefore, while Russia and Turkey want stability in order to guarantee the route of pipeline, the US might provoke instability and clashes in the Balkans in order to prevent Russia’s increasingly position and block the possible extension of the Turkish Stream pipeline.

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Russia and Turkey’s new military approach

Russia, seeing the encirclement policy of the US, has begun to use hard power as a “preemptive” strategy as seen in Georgia and Ukraine. The military intervention of Russia in Syria is a “policy making” strategy and a clear offer to regional actors to cooperate against the US. On the other hand, Turkey, like Russia, has begun to use hard power, such as in Syria and to some extent in Iraq. Turkey reaped the fruits of the use of hard power through the Turkish-Russian alliance in Syria. Therefore, in order to break encirclement, Turkey, knowing that Russia can offer support against US, would be much more eager to militarily intervene in any conflict in Balkans.

Potential Conflicts

The first potential unrest could be in Bosnia-Herzegovina. Composed of Bosnian-Croatian and Serbian Republics and as a weak confederation founded after the Dayton Peace Agreement, Bosnia’s future mainly depends on the support of the EU. Any change in Serbian politics away from the pro-EU approach could motivate the Serbian side to strive for independence. It is no doubt that an anti-EU movement in Serbia would also affect Montenegro, which has a considerable Serbian population. But the Bosnian-Serbian-Croatian dispute is far away from inciting military clashes due to the artificial creation of the confederation and the lack of a Bosnian army.

Another problem is posed by the Albanians. The desire to establish “Greater Albania” has historic roots among Albanians. Attempts to unite Albania, Kosovo, and the Albanian-populated areas of Macedonia could directly pull Macedonia, Greece, and Serbia into a conflict. On the other hand, Bulgaria will not be silent if Macedonia falls into unrest. It is worth remembering that Macedonia was the cause of the Second Balkan War. The US military base in Kosovo can be the center for US provoking of the Albanians in the region. Moreover, radical Islamic ties dating back to the Yugoslav Civil War and the Kosovo uprising are a perfect starting point for the US to exploit the situation with the use of terrorist attacks.

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Moreover, Turkey has countless disputes with Greece. The Cyprus issue, the Turkish minority in the Western Thrace, and the 12 islands and sea mile disputes in the Aegean Sea are all alarming conflicts that could provoke a military clash between Turkey and Greece. When the US and EU’s pressure on Turkey increased, Erdoğan put the existing conflicts with Greece on the agenda and clearly declared that if the US and EU try to redraw the boundaries in the Middle East, then Turkey will turn to the Balkans and question the boundaries with Greece, and use hard power to solve the disputes if needed. Therefore, if Greece militarily intervenes in any clash arising from the Albanians, Turkey will not be silent.

Concluding Thoughts

Turkey and Russia face political, military, and economic attacks from the US and EU. Both countries are regarded as two great obstacles preventing the West’s domination in Eurasia. The US-backed coup attempt in Turkey, the toppling of the democratically elected government in Ukraine, Russia’s and Turkey’s military intervention in Syria, and Turkey’s military alliance with Russia in Syria have changed the attitudes of Turkey and Russia from using soft power to hard power, from defensive strategies to a preemptive one. In order to set up a new confrontation between Russia and Turkey by exploiting ethnic and religious contradictions and preventing the extension of the Turkish Stream pipeline to Europe in order to block Russia, the Balkans is a very suitable region for the US. Moreover, as seen in the Ukraine case, provoking unrest in the Balkans by attracting Turkish and/or Russian military intervention is a very convenient justification for increasing the US’ military presence and political domination in Europe. Albanians’ desires for unification or the Turkey-Greece border disputes are the most attractive tools for flaring up unrest in the Balkans. If Turkey, as in Syria, can cooperate with Russia in order to preserve stability and peace in the Balkans, then the result of the US’ incitements will not be those intended. Turkey and Russia could not only break the the US’ encirclement, but almost the entire Balkans could be consolidated into a great Eurasian block. 

mardi, 25 octobre 2016

WikiLeaks: Hillary Clinton wil Turkije binnen EU om aan TTIP toevoegen

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WikiLeaks: Hillary Clinton wil Turkije binnen EU om aan TTIP toevoegen

Gehackte mails: Hillary wil als president wereldwijd vrij verkeer van goederen en personen invoeren, wat betekent dat Amerika en Europa tientallen miljoenen economische migranten zullen moeten accepteren

Uit een nieuwe serie door WikiLeaks gepubliceerde gehackte emails blijkt dat Hillary Clinton als president van plan is om wel degelijk het omstreden TTIP vrijhandelsverdrag –waar vandaag in Amsterdam tegen wordt gedemonstreerd- met de EU te ondertekenen, en daarna buiten de Europese parlementen om Turkije eraan toe te voegen. Hierdoor zal de islamistische Turkse dictator Recep Tayyip Erdogan nog veel meer macht over de lidstaten van de Europese Unie krijgen dan nu al het geval is.

Amerika’s voormalige ambassadeur in Brussel schreef dat Erdogan gepikeerd zou zijn omdat Turkije niet in de onderhandelingen over het TTIP wordt betrokken. Erdogan zou erop aandringen om Turkije er alsnog aan toe te voegen, en het IMF manipuleren om nog meer miljarden in de kwakkelende economie van het land te steken.

Volgens The Express zullen deze ‘schokkende onthullingen woede veroorzaken in Europese hoofdsteden’, en dat terwijl steeds meer politici het door Brussel gewenste Turkse lidmaatschap toch al niet meer zien zitten, omdat Erdogan zijn land als een ware dictator is gaan regeren, en zich aan vrijwel niet één afspraak blijkt te houden.

‘Na het verdrag de Turken toevoegen’

Hillary Clinton paait de publieke opinie door te suggereren dat ze als president het TTIP wel eens zou kunnen blokkeren. Achter de schermen blijkt ze –zoals met alle gevoelige onderwerpen het geval is- totaal andere plannen te hebben. Uit de gelekte privé emails komt naar voren dat ze juist een groot voorstander van het TTIP is, en zelfs wil toewerken naar een wereldwijd vrij verkeer van goederen en personen. Dat laatste houdt in dat Europa en Amerika onbeperkte aantallen migranten zullen moeten toelaten.

In een email aan Hillary’s adviseur buitenlands Beleid, Jake Sullivan, schreef de oud ambassadeur voor de EU, Stu Eizenstat, dat Clinton als president het TTIP gewoon door zal laten gaan. ‘Turkije is boos niet bij de onderhandelingen te zijn. Ze zijn bang om markten in Europa en de VS te verliezen. We kunnen hen niet toevoegen, maar we moeten hen duidelijk maken dat ze na het verdrag kunnen toetreden.’

‘Mijn droom: Open handel en open grenzen’

In tal van duur betaalde toespraken voor Wall Street topmanagers heeft Hillary Clinton gezegd dat het opheffen van de grenzen tussen landen één van haar belangrijkste doelstellingen als president zal zijn. Tijdens haar verkiezingscampagne houdt ze haar aanhangers echter het tegenovergestelde voor, omdat ze weet dat vrijhandelsverdragen en open grenzen, waardoor de Verenigde Staten (en Europa) overspoeld zullen worden door tientallen miljoenen economische gelukszoekers, erg impopulair zijn.

‘Mijn droom is een hemisferische gemeenschappelijke markt met open handel en open grenzen, ergens in de toekomst en met zo groen en duurzaam mogelijke energie, waardoor we groei aanjagen en iedereen een kans geven,’ citeerde Tony Carkk, research directeur van haar campagne, Hillary Clinton. Daarom wil ze zoveel mogelijk barrières voor het vrije verkeer van goederen en personen permanent opheffen.

Trump wil banen terughalen naar Amerika

Het globalisme heeft in de Verenigde Staten juist een verlies van miljoenen banen veroorzaakt, die allemaal naar lage lonenlanden werden verplaatst. Donald Trump doet het erg goed onder deze werkloze en meestal sterk verarmde mensen, omdat hij belooft de weggesluisde banen weer naar het land terug te brengen.

Ook op basis van het laatste pakket gehackte emails kan de conclusie worden getrokken dat Hillary Clinton het Amerikaanse volk voortdurend voorliegt en bedriegt, en ze als president op alle belangrijke beleidsterreinen een totaal ander beleid gaat voeren dan ze nu aan hen belooft.


Xander

(1) Express

19-10: Undercover video’s bewijzen massale verkiezingsfraude Democraten
18-10: FBI documenten bewijzen dat Hillary Clinton wordt beschermd door schaduwregering
16-10: ‘Door crisis met Rusland te forceren hoopt Hillary verkiezingen te stelen’
15-10: Wall Street Journal erkent dat media ‘alle zonden van Hillary begraven’
14-10: Terwijl Trump propaganda media aanvalt pleit Obama voor nog meer censuur
11-10: WikiLeaks: Stafleden en top Democraat klagen dat Hillary zo vaak liegt

dimanche, 09 octobre 2016

Les Turcs bazardent les USA et l’UE

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Les Turcs bazardent les USA et l’UE

par Hakan Karakurt

Ex: http://www.reseauinternational.com

Deux mois et demi se sont écoulés depuis l’échec de la tentative de coup d’État soutenue par les Étasuniens en Turquie. L’objectif était de renverser le Président turc, Recep Tayyip Erdoğan, à cause de sa tendance à mettre en pratique une politique étrangère indépendante de celle de l’OTAN et de l’UE. Sa vision de la politique étrangère est plutôt d’associer économiquement la Turquie à ses voisins et de former des alliances politiques régionales bénéficiant à tous les membres, tout en souhaitant par ailleurs un partenariat sur pied d’égalité avec les USA et l’UE. Refusant que les politiques soient imposées par les USA et l’UE, Erdoğan veut plutôt que les pouvoirs soient partagés afin de créer un monde plus juste et équilibré. Le refus de la Turquie de s’associer à l’embargo économique imposé à la Russie et à l’Iran, a particulièrement irrité les USA et l’UE.

Après que la Turquie a rejoint l’OTAN, en 1952, les USA ont perçu la Turquie comme un poste de police à leur service. Les priorités sécuritaires US n’ont jamais pris en considération les intérêts de la Turquie. Pour les USA, il était en général préférable que la plus faible Turquie accepte leurs exigences, même s’ils étaient contraires à ses intérêts jusqu’en 2002. Mais la détérioration des relations entre les USA et la Turquie a été finalisée quand, avec le consentement de la Russie, l’armée turque a lancé dans le nord de la Syrie l’opération militaire visant à faire complètement disparaître ISIS de la frontière turque. Ironiquement, la Turquie a entamé cette opération le 24 août, le jour de la visite en Turquie du vice-président US, Joe Biden. Il ne fait aucun doute que l’accord sur le conflit syrien, dont le but est de préserver l’unité territoriale et de régler l’avenir de la Syrie en comptant uniquement sur les forces autochtones, a été conclu entre la Russie et la Turquie lors de la visite d’Erdoğan en Russie, le 9 août.

Le but premier des USA, morceler la Syrie, une stratégie US très classique visant à attiser l’instabilité au Moyen-Orient en soutenant des groupes ethniques (YPG) et sectaires (Al-Nusra), est sur le point d’être anéanti par l’alliance retrouvée entre un membre de l’OTAN, la Turquie, et le principal rival des USA, la Russie !

L’arrogance US et l’endurance et la prescience russes, ont créé une alliance non déclarée entre la Russie et la Turquie. Cette alliance n’a pas seulement modifié l’équilibre des forces en Syrie, mais aussi la grande stratégie pour à la fois les USA et les puissances eurasiennes.

L’UE considère la Turquie comme un grand marché pour ses produits (38% des importations turques) et comme un tampon entre elle et les pays du Moyen-Orient. Tout comme la russophobie vide de sens, la turcophobie est encore très banale chez les Européens. Après le coup d’État manqué, au lieu de soutenir le gouvernement légitime démocratiquement élu, l’UE a gardé le silence et les médias dominants européens ont grossièrement accusé le Président turc d’avoir conçu la mise en scène d’un coup d’État pour consolider son pouvoir autoritaire. En outre, ne tenant aucun compte de la guerre asymétrique en cours en Turquie orientale contre les terroristes séparatistes, l’UE a tenté de forcer le gouvernement turc à assouplir sa loi antiterroriste et a retardé la règle d’abolition des visas pour les Turcs [visitant l’UE]. Pendant ce temps-là, l’UE ouvre grand ses portes aux Ukrainiens dirigés en ce moment par un « gouvernement pro-européen ». C’est pourquoi, lors de la cérémonie d’ouverture du Parlement turc, le 1er octobre, Erdoğan a déclaré que les trente années de négociations sur l’adhésion à l’UE étaient juste une diversion et que la comédie avec l’UE touchait presque à sa fin.

Comprenant que l’avenir du pays se trouve dans les politiques eurasiennes, le Président et le gouvernement turcs prennent des mesures pour réassigner les engagements du pays. Néanmoins, après la fondation de la Turquie moderne en 1923, les élites dirigeantes et une partie importante de la nation turque, ont considéré, en tant que descendants d’un grand empire ayant régné pendant plus de six siècles, que s’occidentaliser était le principal objectif pour le rétablissement de la puissance de l’État. Les institutions gouvernementales, les structures économiques, et les formations militaires ont donc été copiées sur celles des USA et de l’UE. Le peuple turc considérait les USA et l’UE comme des alliés et des exemples, et espéraient et croyaient qu’un jour futur, leur pays intégrerait l’axe occidental.

Le coup d’État militaire raté du 15 juillet a marqué la fin des rêves d’intégration à l’Occident en Turquie. Le soutien des USA et de l’UE aux auteurs du coup d’État a réveillé le peuple turc qui en est venu à considérer que cette manœuvre était une attaque étrangère directe.

Les opinions opposées aux USA et à UE ont monté en flèche. Le mois dernier, deux sondages d’opinion sur les USA et l’UE ont été publiés par une société de recherche indépendante et une fondation. L’enquête d’opinion faite par MAK Consulting s’est axée sur l’opinion de la population turque concernant les relations entre les USA et la Turquie. Les résultats sont choquants. Quatre-vingt dix pour cent des sondés considèrent que l’on ne peu pas compter sur les USA, bien que la Turquie soit membre de l’OTAN. Seulement 50% des Turcs avaient cette opinion avant la tentative de coup d’État. Selon le PDG de la société de sondage, le peuple turc pense pouvoir vaincre les USA et, si la loi martiale n’était pas décrétée, il se pourrait que l’ambassade US soit attaquée par des citoyens en colère.

Une autre enquête d’opinion très intéressante a été faite par TAVAK (fondation pour l’éducation et la recherche scientifique en Turquie et dans l’UE) sur les relations entre la Turquie et l’UE. Seulement 22% des participants estiment que la Turquie deviendra membre à part entière de l’UE. Près de la moitié des sondés ont suggéré que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) sont une voie novatrice pour la Turquie, à la place de l’UE. Malheureusement, 60% des sondés révèlent que l’islamophobie est la première raison du refus de l’UE d’intégrer la Turquie en tant que membre à part entière.

Il est très intéressant de noter que les Turcs, qui sont des musulmans, envisagent leur destin au sein d’alliances avec d’autres pays non-musulmans (OCS & BRICS).

Après la faillite du monde bipolaire, nous avons tous été témoins d’un nouvel épisode de l’impérialisme US déguisé sous les mots magiques, mais vides : mondialisation, libéralisme, humanitarisme, démocratie et autodétermination, qui ne visaient qu’à déployer dans le monde l’hégémonie US qui s’oppose aux intérêts de toutes les autres nations. Les objectifs irresponsables et vaniteux des USA seront sans doute déjoués par la collaboration des grandes nations eurasiennes. La fin de l’histoire viendra, comme le dit l’idéologie protestante US, mais les USA ne seront pas les vainqueurs ! L’intervention militaire russe en Syrie et l’alliance secrète entre Russie et Turquie visant à préserver l’unité territoriale de la Syrie, ont stoppé les plans US au Moyen-Orient. En intensifiant la collaboration entre les nations eurasiennes, nous verrons de nouvelles défaites US dans d’autres régions du monde.

Katehon, Hakan Karakurt

Original : katehon.com/article/turks-say-no-us-and-eu
Traduction Petrus Lombard

dimanche, 18 septembre 2016

Obama voert voorstel Donald Trump uit en geeft Syrië over aan Rusland en Turkije

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Obama voert voorstel Donald Trump uit en geeft Syrië over aan Rusland en Turkije

Geen verrassing: Amerikaanse regering laat voorheen gesteunde moslimrebellen in de steek, en levert de Koerden uit aan Erdogan

Turken mogen van Rusland 4000 km2 stuk Syrië bezetten


De Russische minister Sergei Lavrov en zijn Amerikaanse collega John Kerry. Op aandringen van de Amerikanen werden de details van de Syriëdeal niet bekend gemaakt. Dat is met duidelijke reden, want dan zou blijken dat de VS een feitelijke nederlaag heeft moeten slikken.

De media berichten met grote koppen dat Rusland en de VS akkoord zijn over een wapenstilstand in Syrië. Lezen we de artikelen, dan blijken die verbijsterend weinig details te bevatten en blijft het bij algemene termen zoals het mogelijk maken van het geven van humanitaire hulp in de belegerde gebieden, waaronder Aleppo. Dat president Obama niets loslaat over de inhoud van de deal is begrijpelijk als bedacht wordt dat hij met zijn 180 graden ommekeer niet de lijn van zijn gedroomde opvolger Hillary Clinton volgt, maar exact de voorstellen van de door hem zo gehate Republikeinse kandidaat Donald Trump heeft overgenomen.

Trump zei maanden geleden al dat het de Russische president Vladimir Putin zou moeten worden mogelijk gemaakt de oorlog in Syrië te beëindigen. Hij wees terecht op de harde feiten dat de Russen in veel kortere tijd vele malen effectiever bleken te zijn in hun strijd tegen ISIS dan de Amerikanen, die in werkelijkheid niet de jihadisten, maar de Syrische president Assad probeerden te verslaan.

Obama laat rebellen in de steek

De doorgaans goed ingelichte inlichtingen- en defensiespecialisten van het Israëlische DEBKAfile schrijven dat het geen wonder is dat de details van de Syriëdeal niet naar buiten worden gebracht, omdat daaruit zou blijken dat de moslimrebellen in het gebied rond Aleppo en misschien zelfs wel in heel Syrië, door Obama in de steek zijn gelaten. ‘De Syrische rebellen zitten nu in de val tussen zowel de Russisch-Turkse overeenkomst als de Russisch-Amerikaanse overeenkomst, waarbij de strop om hun nek schijnbaar wordt aangetrokken.’

Turken mogen van Russen groot stuk van Syrië bezetten

De eerstgenoemde Russische deal met de Turken werd beklonken in de gangen van de G20 top in het Chinese Hangzhou, waar Putin en zijn Turkse collega Erdogan besloten om gezamenlijk de Amerikanen feitelijk uit Syrië te stoten. Putin gaf Erdogan het groene licht om een circa 4000 vierkante kilometer groot stuk van het noorden van Syrië te bezetten, zogenaamd als een ‘veiligheidszone’ die onder totale controle van het Turkse leger zal komen te staan. Putin beloofde Erdogan dat de Russen daar niet langer militair zullen optreden.

In ruil daarvoor beloofde Erdogan zijn steun aan de pro-Amerikaanse en pro-Saudische rebellengroepen, die tegen het leger van Assad en diens bondgenoten vechten, op te geven. Met deze Turkse concessie in de hand kon Putin de deal aan zijn bondgenoot Assad verkopen, die zelf moest beloven om in het afgesproken gebied geen bombardementen meer uit te voeren (2). Erdogan hield het immer naïeve Europa vervolgens voor het lapje door te beweren dat de bezette zone bedoeld is als veilige haven voor Syrische vluchtelingen, waardoor de migrantenstroom naar Europa zou kunnen verminderen.

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Koerden overgegeven aan Erdogan

Misschien wel de grootste slachtoffers naast de Syrische bevolking zijn de Koerden, want die worden nu ook officieel aan hun lot overgelaten door Obama, en uitgeleverd aan de Turkse dictator. De seinen stonden al op rood voor de Koerden nadat vicepresident Joe Biden de Koerden vorige maand beval om zich ten oosten van de Eufraat terug te trekken. De Koerden zijn de afgelopen jaren juist één van de meest effectieve krachten in de strijd tegen ISIS geweest. Nu worden deze bondgenoten ook door de Amerikanen plotseling ‘terroristen’ genoemd, precies waar Erdogan op uit was.

Putin behaalt successen op Obama

Dat de Russen geen Amerikaanse bemoeienis meer dulden bleek uit een niet gerapporteerd incident boven de Zwarte Zee, waar een Russisch SU-25 gevechtsvliegtuig een Amerikaanse P8, ontwikkeld voor elektronische oorlogsvoering tegen grond- en zeedoelen, dwong om zijn koers te wijzigen.

Putin behaalde nog een succes op Obama, namelijk door de Israëlische premier Netanyahu en Palestijnse leider Abbas zover te krijgen om onder Russische supervisie opnieuw te gaan praten over een eventueel vredesverdrag.

‘Zolang ze het met elkaar uithouden’

De conclusie van de Israëlische specialisten is overigens veelzeggend: ‘Alle spelers in de regio zullen zonder twijfel nauwlettend volgen hoe het ‘Russische pad’ van Turkije zich zal ontvouwen, en hoe lang de verstokte opportunisten het met elkaar uithouden.’ (1)

Dat brengt ons bij een herhaling van wat we al vaker schreven, namelijk dat de samenwerking tussen Rusland en Turkije –al eeuwen gezworen vijanden- er hoogstwaarschijnlijk enkel is gekomen omdat beide partijen zoveel mogelijk gebruik van elkaar willen maken om de eigen doelstellingen te verwezenlijken. Vooral Erdogan is in vrijwel al zijn internationale afspraken een uitermate onbetrouwbare partner gebleken. Hij zal de deal met Putin dan ook net zo makkelijk weer lozen als dat hij deze nu gesloten heeft.

Staakt-het-vuren maakt weinig kans

De overeenkomst moet op maandag ingaan. Dit weekend blijkt door de strijdende partijen in Aleppo te worden gebruikt om er nog eens een schepje bovenop te doen, en te proberen om een zo goed mogelijke positie te behalen zodra het staakt-het-vuren in werking treedt. Omdat diverse groepen al hebben laten weten geen enkel vertrouwen in de afspraken te hebben, vermoeden we dat er al vanaf maandag continu schendingen zullen zijn, en de burgeroorlog feitelijk gewoon doorgaat.

Xander

(1) DEBKA
(2) Zero Hedge

Zie ook o.a.:

29-08: Invasie Syrië: Turkije voert met Amerikaanse steun totale oorlog tegen de Koerden (/ Koerdische Peshmerga en YPG slaan na Amerikaans verraad handen ineen tegen Turken – Stilzwijgende instemming Europa met Turkse invasie doet denken aan Hitlers onbestrafte verovering van Sudetenland, de militaire aanloop naar WO-2)
25-08: Exact 500 jaar na eerste Turkse veroveringsoorlog is nu de tweede begonnen
09-08: Onrust in Israël over toenadering Turkije, Rusland en Iran

Le cri d’alarme des soufis contre le wahhabisme

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Le cri d’alarme des soufis contre le wahhabisme

Par Yves Montenay

Ex: http://www.contrepoints.org

Les musulmans soufis sont très nombreux mais mal connus. Ils n’ont pas les moyens financiers des missionnaires wahhabites qui inondent les chaînes de télévision et les mosquées. Leur « islam de tolérance et d’amour laissant sa liberté à l’individu. » est raillée par les ignorants.

Pour les soufis, le wahhabisme est une dégénérescence de l’islam

Le soufisme est une variante individualiste de l’islam, répandue à ma connaissance au moins en Afrique du nord et de l’ouest ainsi qu’en Turquie, mais probablement aussi dans l’ensemble du monde musulman. Elle n’est pas recensée, étant souvent discrète s’agissant d’une opinion personnelle et non d’un culte public. Ses confréries sont toutefois visibles là où elles sont très majoritaires, par exemple au Sénégal.

Laissons les soufis se présenter via l’un d’entre eux, Zaïm Khenchelaoui (EHESS, Paris), membre du comité de rédaction de plusieurs publications scientifiques relatives au soufisme et membre fondateur de l’Union mondiale du soufisme qui vient d’être créé en Algérie. Il résume le soufisme par les fameux vers d’Ibn Arabi, dont on fête le 850e anniversaire :

« Mon cœur devient capable de toute image / Il est prairie pour les gazelles / Couvent pour les moines / Temple pour les idoles / Mecque pour les pèlerins / Tablettes de la Torah et livre du Coran / Je suis la religion de l’amour / Partout où se dirigent ses montures / L’amour est ma religion et ma foi.».

souf.jpgCette citation explique l’existence de l’affirmation, souvent entendue avec scepticisme : « l’islam est une religion de tolérance et d’amour ». Elle est surtout répandue dans le monde soufi ou son environnement dans certaines populations maghrébines ou turques.

Zaïm Khenchelaoui précise que le soufisme prône l’acceptation de l’autre dans sa différence et le devoir de miséricorde, « rahma ». La prière de tous les musulmans se fait d’ailleurs au nom d’Allah le miséricordieux. Il estime que le soufisme serait le véritable islam originel. Privilégiant la recherche en soi-même, il n’est pas un mouvement prosélyte, contrairement au wahhabisme qui appuie sa diffusion par les importants moyens financiers des pays de la péninsule arabique. Ce qui fait que la destruction militaire de l’État Islamique, bien sûr utile, ne résoudra pas le problème.

Pour Zaïm Khenchelaoui, le wahhabisme est la matrice idéologique commune à toutes les sectes exterminatrices soi-disant musulmanes. Il estime urgent de s’attaquer au discours takfiriste (« les autres musulmans sont des apostats qu’il est légitime de tuer ») diffusé par les wahhabites. Ce discours est répercuté à travers les mosquées, les chaînes de télévision et internet, « et jusqu’à nos salles de sport (en Algérie) » ; c’est la secte la plus dangereuse qu’ait connue l’histoire de l’humanité. Elle devrait être prohibée en France, comme la secte de scientologie ou celle du Temple solaire. Elle est d’ailleurs interdite en Russie.

Le géopolitologue français Jean-Michel Vernochet, auteur de Les égarés : le wahhabisme est-il un contre-islam ?, confirme cette analyse :

« Nous sommes face à une Internationale wahhabite qui échappe désormais à tout contrôle. Avec le temps, cette mouvance est devenue une forme de religion autocéphale disposant de son livre sacré qui a supplanté même le Coran : le Tawhid d’Al Wahhâb, fondateur du wahhabisme. »

Wahhabites contre Frères musulmans dans les pays du Golfe

Les émirats sont wahhabites, et à ce titre opposés aux Frères musulmans, car ces derniers sont des sunnites plus classiques, souvent nationalistes et opposés aux régimes des monarchies du Golfe. Cette vieille opposition vient de se réveiller : les officiels de ces pays estiment que leur chef, Qaradhawi, est « le mufti des attentats-suicides » et devrait être traduit en justice. Bien sûr, ces officiels pensent aux attentats qui ont eu lieu en Arabie, et non ailleurs dans le monde. Je laisse les théologiens apprécier si ceux de l’État Islamique sont d’inspiration wahhabite ou non.

Quelle liberté de conscience au Maroc ?

Le Maroc est un cas à part dans le monde musulman, le roi étant commandeur des croyants et l’influence soufie présente, bien que difficile à évaluer. Sa constitution garantit les libertés de pensée, d’opinion et d’expression. Il a signé la résolution sur la liberté de conscience et de religion du Conseil des droits de l’homme. Mais son Code pénal condamne le prosélytisme des autres religions, et la pratique policière n’est pas toujours indulgente envers certains comportements « immoraux » qui nous paraissent totalement anodins. Voir par exemple l’article de Figaro Madame sur l’immoralité du bikini largement repris sur l’Internet marocain.

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C’est dans ce contexte que l’association Bayt Al Hikma, qui reprend l’appellation des « maisons de la sagesse » de l’âge d’or de l’islam, a remis en février dernier au ministre de la Justice du gouvernement (modérément) islamiste un mémorandum en faveur de la liberté de conscience, à l’initiative de son président Fettah Bennani.

Les écoles coraniques maintenant sur Internet

Les écoles coraniques sont les lieux où l’on apprend à lire et réciter le Coran.

D’après un reportage au Pakistan de The Economist du 20 août 2016, elles multiplient les cours à distance, surtout à destination des croyants européens, mieux équipés et plus riches que les populations locales (environ 15 $ la demi-heure). Mais la concurrence s’est intensifiée et il y a des prix d’appel.

À mon avis, s’agissant de Pakistanais, l’islam enseigné est celui de la variante déobandie, que l’on peut grossièrement qualifier de « wahhabisme local », bien qu’elle se soit développée indépendamment. Il faut toutefois préciser que l’arabe coranique est nettement différent de l’arabe standard d’aujourd’hui, ce qui ne permet pas aux non-arabophones d’acquérir une pratique de la langue et exclut d’autres matières, scientifiques par exemple. Ce ne sont donc pas des écoles au sens occidental du terme, ce qui entraîne des malentendus dans les statistiques de scolarisation de certains pays à certaines époques.

Fethullah Gülen, rétrospectivement

Le supposé commanditaire du coup d’État manqué en juillet dernier en Turquie écrivait en décembre 2015 dans Le Monde :

« Je suis triste et révolté face au carnage perpétré par les groupes terroristes du soi-disant État islamique. Je partage la frustration du milliard et demi de musulmans (qui les voient) draper de religion leurs idéologies perverties. Nous, musulmans, avons une responsabilité particulière ; il nous incombe non seulement de joindre nos mains à celles des autres humains pour sauver notre monde du fléau du terrorisme et de la violence extrémiste, mais encore de restaurer l’image ternie de notre foi… le véritable test pour la croyance, ce ne sont ni les slogans, ni le fait de s’habiller de telle manière… c’est de vivre en conformité avec les principes fondamentaux communs à toutes les grandes religions du monde, tels que la préservation du caractère sacré de la vie humaine et le respect de la dignité de tous les êtres humains. »


Aux Turcs de commenter…

dimanche, 11 septembre 2016

Erdogan ou Janus, le dieu aux deux visages

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Erdogan ou Janus, le dieu aux deux visages

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Apparemment Moscou attendait beaucoup d'un rapprochement avec Erdogan. Comme nous l'avions montré dans des articles précédents, Poutine espérait détacher la Turquie de l'Otan et de l'influence américaine, ceci au profit d'une nouvelle alliance Syrie, Turquie et Iran soutenant la présence russe en Syrie. Nous mêmes ici y avions cru, parlant naïvement d'un recul peut-être décisif de l'influence américaine au Moyen-Orient, tout au moins dans la partie chiite.
 
Mais il semble aujourd'hui que Erdogan, plus sultan que jamais, soit en train  selon l'expression familière, de rouler tout le monde dans la farine, Moscou, Ankara, Damas et sans doute aussi Washington. Il a obtenu d'eux qu'il laisse faire l'offensive turque à Jarabius en Syrie et au delà. Or, loin de s'en prendre à Daesh, comme initialement affirmé, cette offensive elle dirigée essentiellement contre les Kurdes, eux-mèmes adversaires déclarés de Daesh. Bien plus, elle vise la mise en place le long de la frontière turco-syrienne d'une zone d'exclusion, aérienne mais aussi terrestre, qui serait interdite aux Kurdes et aux soutiens qu'ils pourraient recevoir d'autres pays.

On ne voit pas aujourd'hui ce que gagne la Russie en fermant les yeux sur cette offensive turque, sinon s'attirer l'hostilité, non seulement des kurdes eux-mêmes mais de tous ceux, notamment en Europe, pour qui les revendications kurdes à l'autonomie représentent un facteur d'équilibre au Moyen-Orient et un élément important de la lutte contre l'islamisme radical.

Après avoir rencontré brièvement Poutine au G20 à Hangzou, Erdogan a longuement discuté avec Obama de la possibilité d'une opération militaire conjointe visant à libérer Raqqa, dans le nord de la Syrie, de la présence de l'Etat islamique. La démarche ne serait pas critiquable en soi, sauf qu'elle est manifestement dirigée contre l'Iran et la Russie. Elle vise sinon à éliminer, du moins sensiblement atténuer leur présence militaire dans la région. Comme la nature a horreur du vide, ce seraient les Etats-Unis et leurs alliés, notamment l'Arabie saoudite, qui assureraient la relève. Dans le même temps, Erdogan confirmerait, aux yeux du monde entier, y compris de l'Europe, le caractère incontournable de son influence au Moyen Orient et même auprès des Etats du Caucase.

Les Russes devraient dans ces conditions mieux tenir compte des avertissements de Téhéran leur conseillant de rester prudents avec Erdogan. Les Iraniens, d'après ce que l'on sait, avaient averti Moscou du fait que Erdogan, maître du double jeu, avait certainement un agenda (selon le mot à la mode) qu'il cachait de Poutine. Dans celui-ci figure la volonté de rester actif à l'Otan, ce qu'a confirmé la toute récente visite à Ankara du secrétaire général de celle, Jens Stoltenberg. Le ministre des affaires étrangères saoudien Adel al-Jubeir doit se rendre également à Ankara. L'un et l'autre veulent, selon les informations, négocier avec la Turquie un nouveau plan pour chasser Bashar al Assad. Dans le même temps, il semblerait que la Turquie, se prévalant de ses bonnes intentions occidentales, se prépare à relancer son entrée dans l'Union européenne et dans l'immédiat, l'obtention de visas pour les voyageurs turcs.

De l'observation des experts militaires, Moscou et Damas n'ont plus d'autres choix que chasser définitivement Daesh d'Alep, quelles que soient les pertes collatérales. Sans cela, ce sera la Turquie qui prétendra faire le travail, pour le meilleur bénéfice de son allié renouvelé, l'Amérique – sans pour autant renoncer aux aides diverses qu'elle a toujours prodigué, non sans contreparties financières, à ce même Daesh. 

mardi, 12 juillet 2016

Sid Lukkassen interviewt Ismail Selvi; "DENK is een club protofascisten"

Sid Lukkassen interviewt Ismail Selvi; "DENK is een club protofascisten"

Ismail Selvi over DENK, Erdogan en de AKP in Turkije

“DENK is een club protofascisten,” stelt Ismail: “want in Turkije stemmen ze voor rechtse, monoculturele partijen en in Nederland profileren ze zich als links. De pogroms in Turkije bagatelliseren ze, en hier voelen ze zich gediscrimineerd.” Ismail behoort tot de Alevitische liberale minderheid en kent de bijbehorende retoriek. Hij schiet met scherp op de Turks- Nederlandse collumnist Özcan Akyol, op de linkse partijen en op de gefeminiseerde mannen van het Westen. Ismail wijst op de Yavuz Sultan Selimbrug – de bouw en vooral de naamkeuze van de brug ziet hij als voortekenen dat de vlag van Ottomaanse Rijk spoedig weer zal wapperen.

DENK bestaat uit twee afgesplitste Turkse PvdA 'ers die zich afsplitsten toen Lodewijk Asscher de remmende invloed aankaartte van Turkse lobbygroepen op integratie. Een Marokkaanse activist en de anti-Zwarte Piet demonstrant Sylvana Simons sloten zich bij hen aan. Zij geven het signaal af dat allochtonen op een eigen partij moeten stemmen en zo werken zij segregatie in de hand. Alsof allochtonen per definitie bij één partij horen en niet net als Nederlanders van mening kunnen verschillen over eigen conservatieve, liberale of socialistische denkbeelden.

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mercredi, 06 juillet 2016

Ismail Selvi interviewt Sinan Can; Over de Armeense Genocide en pogroms op Alevieten'

Ismail Selvi interviewt Sinan Can; Over de Armeense Genocide en pogroms op Alevieten'

Sinan Can is een Turks-Nederlandse documentairemaker. Hij is het meest bekend van de zesdelige documentaireserie 'Bloedbroeders' over de Armeense genocide, waarin hij samen met de Armeens-Nederlandse musicalacteur Ara Halici een reis door Turkije en Armenië ondernam. Daarna heeft hij een driedelige documentaireserie over de nadagen van de Arabische Lente, 'de Arabische Storm' , gemaakt. Eerder werkte hij onder andere aan de Zembla-uitzendingen 'De heilige Ayaan' en 'Gijzeling in Almelo', waarvoor hij de VVOJ Loep-prijs ontving. Voor de VARA-documentaireserie 'Uitgezet' kreeg hij de Clara Meijer-Wichmann Penning. De serie 'Bloedbroeders' werd genomineerd voor een IDA Award

Ismail Selvi is een Turks-Nederlandse columnist en ex-militair. Hij publiceert op verscheidene nieuwswebsites en schrijft met name over integratie van minderheden, de islam en de Turkse politiek vanuit een liberale invalshoek. Selvi is gevraagd voor Café Weltschmerz een serie interviews te maken over de integratie en nuances binnen de Turks-Nederlandse gemeenschap. Dit eerste interview met Sinan Can gaat o.a. over Alevieten en Soennieten, en de Armeense genocide.

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