Sommaire :
- Entretien avec Guy Mazeline (1968)
– Automne 1932 : Céline et le Goncourt
– Dessinateurs de Céline
– Le retour de Lucien Rebatet
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La revue de presse de Pierre Bérard
Spécial Olivier Rey :
Le philosophe-mathématicien Olivier Rey s'entretient avec le Cercle Politeia de Bordeaux (7 octobre 2017). Ses réponses sont découpées en huit séquences d’une grande richesse argumentative et très éloignées du glossaire de la cuistrerie :
(1) De la Science et du Cosmos. Les Grecs de la plus haute antiquité désignaient par le mot cosmos le bon ordre, ce qui est harmonieux bien rangé en un mot l’ensemble de ce qui est. Par exemple chez Homère l’armée d’Agamemnon bien rangée en ordre de bataille est dite « cosmique ».
https://www.youtube.com/watch?v=_mFlm4SLuJ4
(2) Sur les travaux de Baptiste Rappin concernant le management et son extension à tous les secteurs de l’existence.
https://www.youtube.com/watch?v=E8k9xYjcm3Q
(3) Sur la notion d’individualisme (rappel de Tonnies).
https://www.youtube.com/watch?v=FXmkOYFrBSg
(4) Féminisme et Patriarcat où il dément sans difficulté la pseudo association entre patriarcat et capitalisme. En revanche, nous dit-il, c’est bien le capitalisme qui par sa dynamique a détruit le patriarcat comme la communauté en commandant le passage de la « communauté » organique à la « société ». Le capitalisme est un puissant opérateur d’indistinction entre les hommes et les femmes. Dans les sociétés traditionnelles dites patriarcales il y avait des travaux d’hommes et des travaux de femmes qui rendait les uns dépendants des autres et si l’homme avait le pouvoir symbolique, cela n’empêchait aucunement la femme de disposer de nombreux pouvoirs réels. Tout cela a disparu avec l’extension du salariat.
https://www.youtube.com/watch?v=RGlNhF5HI8A
(5) Sur l’écologie.
https://www.youtube.com/watch?v=tvuV2R9zKD0
(6) Sur les origines chrétiennes de la modernité. À la question qui lui est posée de savoir si comme d'aucuns le pensent, la modernité est la conséquence de principes chrétiens, il répond que le monde d’aujourd’hui n’aurait pas pu exister sans le christianisme mais pour autant il ne cautionne pas l’opinion suivant laquelle il ne serait que son aboutissement, plaidant plutôt pour une perversion du christianisme dans la modernité. Il opère une distinction très nette entre causes et conditions de possibilité en décrétant que le christianisme n’est pas la cause de la modernité mais qu’il en fut la condition de possibilité.
https://www.youtube.com/watch?v=LEWba64W8E0
(7) Sur la souveraineté et l’organisation politique. Réflexion à propos d’Aristote qui distinguait trois types d’organisation politique pouvant donner lieu à trois types de dégénérescence quand
l’organe doté du pouvoir n’avait plus en ligne de mire le bien commun. La monarchie se dégradait en tyrannie, l’aristocratie en oligarchie et la politeia en démocratie, terme péjoratif dans l’ancienne Grèce.
https://www.youtube.com/watch?v=GlUFJcQeBZ8
(8) Tradition et modernité. Il ne faut pas magnifier le passé mais le considérer comme une ressource, un recours, dans lequel nous pouvons puiser pour faire face aux maux du présent. Et ce, sans opposer de façon manichéenne un passé « idyllique » à un présent « épouvantable ». Il s’élève contre le traditionalisme (à l’opposé de la véritable tradition) qui en voulant transposer tels quels les schémas du passé (à l’exemple de l’islam salafiste) dans un environnement qui a complètement changé fait fit de la tradition authentique. Il reproche à la modernité de s’être coupée de cette tradition. S’inspirant de l’anti-moderne Ivan Illitch, il se refuse à la réaction, se contentant de pointer l’ensemble des promesses de la modernité qui sont demeurées lettre morte.
https://www.youtube.com/watch?v=9KCpYY00XW4
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Sommaire :
- Entretien avec Guy Mazeline (1968)
– Automne 1932 : Céline et le Goncourt
– Dessinateurs de Céline
– Le retour de Lucien Rebatet
Jean Rouaud, titulaire d’une chronique hebdomadaire dans L’Humanité, a encore frappé ¹. « Tout ce qui est excessif est insignifiant » (Talleyrand). Dans le genre, Rouaud excelle, jugez en : « Concernant le nazi de Meudon [sic], il faut être sot ou de mauvaise foi, l’un n’empêchant pas l’autre, pour prétendre qu’une cloison étanche empêcherait la contamination des romans par les pamphlets. Comme si la forme était une enveloppe vierge, et non le gabarit d’une morale. On pourrait ainsi en toute impunité crier au génie pour les romans et à l’abomination pour les pamphlets ? De la littérature sous préservatif ? On a vu comment ce refoulé, soixante-dix ans après Auschwitz, avait refait surface. On a assisté à cette renaissance impensable, à la banalisation progressive des thèses du FN relayées par ses compagnons de déroute : Soral, Dieudonné, Buisson, Zemmour, Ménard, Wauquiez, la Droite forte, Sens commun, Causeur et les idiots inutiles. » Amalgame mirobolant qui met la sioniste Élisabeth Lévy, directrice de Causeur, dans le même camp (du Mal) que l’auteur de Bagatelles. Nul doute qu’elle appréciera ! Tout cela est tellement bouffon que je m’abstiendrai de commenter plus avant.
Cela étant, c’est sans doute l’occasion de souligner qu’en effet Céline constitue un bloc et qu’il est vain de vouloir dissocier les écrits dits « polémiques » du reste de l’œuvre. D’autant qu’à sa manière Voyage au bout de la nuit est aussi une satire. Et que dire de Féerie pour une autre fois qui est également une diatribe contre l’épuration et tous ceux qui, dans le petit monde littéraire, tenaient alors le haut du pavé ? Dont Claudel épinglé à la fois pour l’opportunisme de ses odes à Pétain, puis à de Gaulle, et pour son appartenance au conseil d’administration d’une société qui fabriquait pendant la guerre des moteurs d’avion pour l’Allemagne. Les romans de Céline ne sont donc pas “contaminés” par les pamphlets mais, étant l’œuvre du même auteur, reflètent peu ou prou ce qu’il pense. Devinette. De quel livre est extraite cette profession de foi contre le métissage : « Moi qui suis extrêmement raciste, je me méfie, et l’avenir me donnera raison, des extravagances, des croisements… » Bagatelles ? L’École ? Eh non, c’est dans D’un château l’autre. J’observe que, si Rouaud est sévère pour l’idéologue, jamais il ne se prononce sur l’artiste. C’est que, pour lui, l’un et l’autre se confondent. Un écrivain qui pense mal doit nécessairement être rejeté dans les ténèbres extérieures. Le raisonnement est d’un simplisme confondant : si un auteur a pu exprimer des idées “nauséabondes”, le style qu’il a utilisé est forcément délétère. Comme je l’ai déjà écrit ici, il eût été préférable, pour sa mémoire, que Céline – je ne cite que cet exemple – s’abstînt sous l’Occupation d’adresser des lettres-articles à des officines de délation, tel Au Pilori dont les rédacteurs suscitaient même le mépris d’un Cousteau ². Céline n’avait d’ailleurs aucune illusion sur l’intégrité de ces folliculaires mais considérait leurs journaux comme des “colonnes Morris” où il “coll[ait] une lettre”. Ce n’en est pas moins désolant. Mais cela relève du domaine moral et non du jugement esthétique que l’on doit porter sur une œuvre qui est, quoiqu’en disent ses contempteurs, essentiellement littéraire et non politique.
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« L’OTAN est un faux-semblant. C’est une machine pour déguiser la mainmise de l’Amérique sur l’Europe. Grâce à l’OTAN, l’Europe est placée sous la dépendance des États-Unis sans en avoir l’air » déclarait le 13 février 1963 le général de Gaulle qui en connaissait un rayon sur nos meilleurs amis américains. Manifestement, les choses ont peu évolué dans notre Douce France. Au lieu de se tenir à distance respectable de cette institution avatar de la Guerre Froide comme l’avait fait le premier président de la Cinquième rompant avec la structure militaire intégrée de l’Alliance atlantique, ses successeurs n’ont eu de cesse que de reprendre une place pleine et entière à Evere et à Mons. Malheureusement, le rôle d’idiot utile n’est jamais payant auprès du grand frère américain, pas plus hier qu’aujourd’hui. La théorie de la servitude volontaire chère à Etienne de la Boétie n’a pas pris la moindre ride. Il est pathétique d’entendre déclamer par les servants de la liturgie des éléments de langage de l’OTAN les fadaises sur « l’alliance la plus durable de l’histoire ». Quelques précisions sémantiques s’imposent d’entrée de jeu pour mieux appréhender le concept d’atlantisme qui n’est pas neutre.
PRÉCISIONS SÉMANTIQUES
Avant toute chose de quoi parle-t-on concrètement dans un domaine où la confusion est souvent la règle ? D’un fort ancrage anglo-saxon de l’OTAN que l’on doit compléter par un questionnement sur la finalité de l’Alliance atlantique après la fin de la Guerre froide.
Un fort socle anglo-saxon de l’OTAN
Sur le plan de l’étymologie : le terme d’atlantisme est un dérivé d’atlantique, concept contenu dans l’appellation de l’ « Organisation du traité de l’Atlantique Nord » (OTAN sous son acronyme français et NATO en anglais). Le mot atlantique est issu du grec atlantikos, Atlantique. Il est un dérivé d’Atlas, du nom d’une chaîne de montagnes situées en Afrique du Nord. L’adjectif « atlantique » qualifie ce qui concerne l’Océan atlantique et les pays riverains. L’atlantisme désigne une politique extérieure caractérisée par le soutien apporté aux Etats-Unis, notamment dans le cadre de l’OTAN. Conceptualisé au début de la Guerre froide, l’atlantisme prône une étroite coopération entre les Etats-Unis, le Canada et les pays européens dans les domaines politique, militaire, économique et culturel. L’objectif avoué consiste, en principe, à assurer la sécurité des pays membres de l’OTAN (clause de solidarité de l’article 5 qui veut qu’une attaque contre l’un de ses membres est considérée comme une attaque contre tous) et de protéger les valeurs qui les unissent : démocratie, libertés individuelles et Etat de droit. L’atlantisme désigne aussi l’attitude politique, l’opinion, la doctrine de ceux qui font du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) la base de leur action extérieure et qui, au nom de ces principes, s’alignent de manière plus ou moins systématique, idéologique sur la politique extérieure des Etats-Unis qu’elle soit entièrement justifiée ou totalement infondée, ce qui arrive parfois.
Un questionnement sur la finalité de l’OTAN dans l’après-guerre froide
Depuis la fin de la Guerre froide, l’atlantisme est souvent dénoncé, dans les mouvements de gauche et altermondialistes de certains pays d’Europe, mais aussi chez ceux qui se revendiquent du gaullo-mitterrandisme, comme un soutien à la politique étrangère des États-Unis et à la défense d’une conception purement anglo-saxonne du libéralisme économique. Les préjugés envers l’atlantisme sont plutôt favorables au Royaume-Uni, en Pologne, dans les pays Baltes, et défavorables en France et en Allemagne. Un atlantiste est un partisan de l’atlantisme. L’adjectif atlantiste qualifie ce qui est relatif à l’atlantisme(1). L’Atlantiste se revendique d’une vision occidentaliste et universaliste du monde consistant à prétendre se substituer aux autres peuples pour définir leurs intérêts, y compris par la force pour les plus récalcitrants d’entre eux (Cf. concept du Grand Moyen-Orient développé par George W. Bush après la guerre en Irak). On peut mesurer les effets négatifs d’une telle conception du monde à travers les expériences afghane, irakienne, libyenne. Cette approche atlantiste peut se résumer sommairement en un amour immodéré de l’OTAN(2) complété par une haine viscérale de la Russie(3).
Un retour en arrière sur l’immédiat après Seconde Guerre mondiale dans notre pays.
LA TENTATION OTANIENNE : UN MARQUEUR DE LA QUATRIÈME RÉPUBLIQUE
Durablement affaiblie sur la scène internationale après « l’étrange défaite » de 1940, la France de la Quatrième République n’a d’autre ressource que de se soumettre aux Diktats de Washington surtout à une époque où le péril soviétique est bien présent en Europe. La défaite de Dien Bien Phu ne redore pas le blason terni d’une France affaiblie politiquement, économiquement et diplomatiquement. En dépit des appels à l’aide lancés à l’Amérique pour l’aider à desserrer l’étau autour de la cuvette de la mort, Washington reste de marbre. Cela lui permettra de remplacer la France en Indochine. L’expédition franco-britannique de Suez est condamnée par les États-Unis. Les premières tentatives d’acquisition de l’arme atomique font l’objet de sévères mises en garde de Washington auquel l’OTAN emboîte le pas.
La France est accusée d’être un pays proliférateur et priée de cesser de jouer dans la cour des grands. La guerre d’Algérie vient ajouter un sujet de mécontentement américain à l’endroit de la « Grande Nation ». Mais, lorsqu’on est affaibli, il faut savoir faire bon cœur contre mauvaise fortune et se montrer un otanien discipliné et servile. Accepter sans coup férir les humiliations répétées, les Oukazes, les rabaissements… venus de Washington. Il faudra attendre le retour du général de Gaulle au pouvoir en 1958 pour que la donne change petit à petit… mais sûrement. Cela va décoiffer chez les esprits formés au moule de la servitude atlantiste.
Le retour du général de Gaulle aux affaires en 1958 constitue de ce point de vue une véritable rupture idéologique vis-à-vis de l’Amérique et de ses outils de domination, en particulier militaires.
LE CHOIX DE L’INDÉPENDANCE NATIONALE : LE DÉSIR DU GÉNÉRAL
Seul un retour à une économie forte et dynamique permet au premier président de la Cinquième République de gagner son indépendance militaire.
Le retour de l’autonomie économiqueC’est que le général de Gaulle a quelques idées bien arrêtées sur la nature de la relation qu’il entend développer avec les États-Unis qui lui ont donné pas mal de fil à retordre pendant la Seconde Guerre mondiale et à la Libération de la France qui avait vocation à un régime de tutelle. La première de ses préoccupations consiste à rembourser toutes ses dettes aux Américains tout en mettant un terme au conflit algérien pour retrouver les mains libres. Allié fidèle en cas de coup dur, il le sera comme pendant les crises de Berlin et de Cuba. Aligné indéfectible en temps normal, il refusera de l’être choisissant la voie de l’indépendance nationale. Construire une Europe avec un moteur franco-allemand, renforcer le franc, contester la convertibilité du dollar, réclamer voix au chapitre dans les grandes décisions otaniennes… telles sont les grands axes de la politique étrangère du général de Gaulle. Contrairement à certains de ses éminents successeurs, il fait ce qu’il dit. Les actes suivent les paroles au grand dam de nos excellents amis américains très peu portés à la contradiction et au rejet de leur politique hégémonique, pour ne pas dire parfois, leur politique impériale.
Le choix de l’indépendance militaire
Qui dit indépendance économique, dit indépendance diplomatique (parler avec Moscou, établir des relations diplomatiques avec Pékin, critiquer la guerre du Vietnam lors du discours de Phnom Penh ; titiller Washington en Amérique latine et au Québec…) et indépendance militaire (parvenir au seuil nucléaire sans l’aide américaine et faire ses premiers essais nucléaires dès le début des années 1960 dans le Sahara). Toutes choses, on l’imagine, qui ne sont pas du meilleur goût pour nos alliés américains et pour toute la piétaille française grassement rémunérée pour lutter contre le terrorisme mais surtout pour cultiver un état de servitude volontaire vis-à-vis du tuteur américain.
N’ayant obtenu aucune réponse favorable à ses demandes de traitement identique à celui des Britanniques, le général de Gaulle en tire les conséquences : retrait de la structure militaire intégrée, départ de toutes les troupes américaines stationnées en France, déplacement du siège de l’OTAN de Paris à Bruxelles… Circulez, il n’y a rien à voir en France. Allez voir chez nos voisins belges ! Ils seront ravis de vous héberger à Bruxelles et à Mons pour aller vous préparer à faire la guerre… surtout après la fin de la Guerre froide. Le premier président de la République traite directement avec l’ours soviétique et avec Mao sans aller chercher ses instructions à la Maison Blanche.
En France, les vieux démons ont la vie dure. Chassez le naturel, il revient au galop. Sortie par la grande porte de l’histoire gaullienne, la pensée atlantiste revient par la petite fenêtre de l’histoire sarkozyste.
LE RETOUR AU BERCAIL OTANIEN : LE CHOIX DE NICOLAS SARKOZY
Après quelques hésitations des successeurs directs du général de Gaulle en termes de positionnement par rapport à l’OTAN, c’est l’un de ceux qui se prétendent ses héritiers qui pratiquera la transgression, la trahison.
Les héritiers du général
Les successeurs du général de Gaulle, avec des degrés différents, maintiennent le dogme gaullien tout en se montrant plus souple sur la forme. Georges Pompidou n’aura pas le temps matériel de s’affirmer mais fait le voyage aux États-Unis sous les lazzis. Valery Giscard d’Estaing apprécie ses rencontres avec ses homologues américains, flattant ainsi son ego démesuré. François Mitterrand veut se différencier de l’homme du coup d’état permanent tout en le caricaturant mais doit, au moins au début de son premier quinquennat, montrer pattes blanches en raison de la présence de ministres communistes dans son premier gouvernement. L’affaire Farewell lui permet de démontrer qu’il est un allié fiable dans la lutte contre les menées subversives de l’URSS.
Reconnaissons-lui le mérite d’avoir proposé la création d’une confédération européenne après la chute du mur de Berlin (rejetée avec vigueur par tous nos alliés) et d’avoir interpellé George Bush père lors du sommet de l’OTAN à Rome en 1992, lui rappelant que l’Alliance atlantique n’était pas la Sainte Alliance. Quant à Jacques Chirac, il s’opposera, certes, à la guerre en Irak de 2003 mais fera assaut d’amabilités auprès de Washington pour se faire pardonner sa déviance anti-atlantiste. Il en faudra de peu pour qu’il rejoigne la structure militaire intégrée de l’OTAN. Il y renoncera dans la mesure où les Américains ne lui proposeront pas un grand commandement.
« Sarko l’américain », le capitaine de pédalo et Jupiter
Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir en 2007 pour que « Sarko l’américain » brise le tabou en reprenant en 2009 le chemin perdu du Saint des Saints en se rangeant sous la coupe du Pentagone. Les Américains décident, les Français exécutent comme des idiots utiles. En échange, nous recevons un commandement à Norfolk en Virginie (SACT ou Commandement Suprême Allié de la Transformation). Tout est bien qui finit bien pour la France ! Le président de la République multiplie les attentions à l’endroit de ses interlocuteurs américains. Mais, contrairement à ce qu’il escomptait (ceci ne relevait-il pas de la vulgaire farce ?), les Américains et autres Britanniques ne font pas le moindre pas en direction de la politique européenne de sécurité et de défense.
L’argument est imparable en période de restrictions budgétaires, pourquoi faire mal au Berlaymont ce que l’on fait parfaitement à Evere ! C’est le règne du circulez, il n’y a rien à voir. Quant à François Hollande qui avait critiqué la décision de Nicolas Sarkozy alors qu’il était le chef de l’opposition, il n’y trouve rien à redire dès qu’il prend ses fonctions à l’Élysée. Il fait même rédiger un rapport par Hubert Védrine qui souligne les inconvénients d’un nouveau départ de la structure intégrée. Tout est bien qui finit bien. Jupiter écrase la main de Donald Trump mais essuie ses avanies successives (retrait de l’accord sur le climat, décertification de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, retrait de l’UNESCO au moment où une Française, Audrey Azoulay est désignée comme directrice générale Place Fontenoy…). Dans son discours sur la refondation de la Sorbonne, il se prononce pour une défense européenne en concertation avec l’OTAN, le membre de phrase qui tue. Ce qui signifie en clair que tout change pour que rien ne change ! La servitude volontaire a encore de beaux jours devant elle.
La voie est désormais libre pour tout ce que la France compte d’admirateurs de l’Amérique.
L’AMOUR DE L’AMÉRIQUE : LES NÉOCON TIENNENT LE HAUT DU PAVÉ PARISIEN
L’américanisme touche d’abord une haute administration passée par le même moule de l’ENA qui est majoritairement néo-conservatrice.
Une haute administration passée par le même moule
Mais, il y a plus grave encore dans cette otanomania. Elle concerne toute la haute administration française (formée sur les bancs de l’ENA) qui constitue le meilleur ambassadeur des thèses néoconservatrices en France et dans les institutions internationales. Que nous dit le général Pierre Lorenzi sur le sujet : quand les hauts fonctionnaires civils trustent la quasi-totalité des directions du ministère de la défense (des armées) et des postes interministériels à vocation stratégique ?
La qualité de l’administration civile française, la valeur de ses hauts fonctionnaires, issus pour un certain nombre de l’ENA et l’ouverture de la Défense à des savoir-faire originaux ne sont pas contestées. La Défense peut se sentir honorée de l’attrait de ces fonctionnaires civils pour la chose militaire. Mais cette tendance très nette à la substitution des personnels d’encadrement aboutissant peu à peu au monopole des personnels civils sur ces postes laisse perplexe quand on connait l’investissement de la Défense – et donc du contribuable français – dans la sélection et la formation permanente de ses officiers généraux. Aller chercher ailleurs ce dont la Défense dispose largement en son sein, à un moment où les contraintes budgétaires sont sans cesse rappelées, répond-il à un besoin effectif ?
Pour illustrer ces propos, observons la distribution des rôles dans l’appareil de sécurité et de défense français et les parcours universitaires et professionnels de leurs détenteurs : président de la République : inspecteur des finances ; Premier ministre : conseiller d’Etat ; ministre des Armées : conseillère d’Etat ; Secrétaire Général de la Défense et de la Sécurité Nationale : conseiller maître à la Cour des Comptes ; éphémère prédécesseur du ministre des Armées, directeur des Affaires financières au ministère de la Défense, directeur du Service Historique de la Défense, directeur des Relations Internationales et de la Stratégie au ministère des Armées, directeur de la DGSE, responsable national du contre-terrorisme, coordinateur du renseignement auprès du Président : tous diplômés de l’ENA !
Sans compter le nombre considérable de conseillers, membres et directeurs de cabinets de ces dirigeants, et la diminution considérable du nombre de militaires dans le pilotage des derniers Livres blancs de la Défense, dont l’extension à la sécurité constitue là encore un prétexte supplémentaire à la marginalisation des militaires. Plus largement, on peut s’étonner que le musée de l’air et de l’espace, à forte dimension militaire, ne soit plus dirigé par un officier général de l’armée de l’Air ou que la communication de la défense (DICOD) soit désormais pilotée exclusivement par des civils (4).
Une haute administration majoritairement néo-conservatrice
Ce que l’on dit moins est que notre élite bienpensante pense (le terme est peu approprié), parle anglais, ne rêve que d’un monde unilingue et se nourrit au lait des « think tanks » d’Outre-Atlantique, du cinéma d’Hollywood, de la chanson anglo-saxonne, privilégie le « fast food » à la gastronomie française…. Elle se montre de plus en plus incapable de penser français de parler français. À Abidjan, le président de la République, Emmanuel Macron qui avait vanté la veille à Ouagadougou les vertus de la langue française et de la francophonie (il était accompagné de sa représentante personnelle pour la Francophonie, Leïla Slimani), n’hésite pas à évoquer une task force » (pour évoquer un groupe de travail ou une force opérationnelle) et « l’intelligence » (en parlant du renseignement).
En un mot, elle est néo-conservatrice, plus néo-conservatrice que les néo-conservateurs américains-5). C’est la fable bien connue de l’élève qui dépasse le maître. Cette élite gagnerait à méditer le petit opuscule de Noam Chomsky intitulé « De la guerre comme politique étrangère des États-Unis »(6). On reste confondu au spectacle d’une haute administration formée sur les bancs des meilleures écoles de la République, en particulier de l’ENA, qui succombe aux sirènes américaines sans mesurer les impasses auxquelles conduit la diplomatie (ou l’absence de diplomatie) d’une Amérique rongée par l’hubris alors même qu’elle perd de plus en plus son rôle de nation indispensable dans le monde. Pense-t-elle que la France serait une terre de mission américaine qui se grandirait en s’abaissant au rôle de valet de Washington ?(7)
Cette dérive néo-conservatrice préjudiciable aux intérêts bien compris de la France ne semble émouvoir que quelques esprits chagrins ! Comment parler sérieusement de « souveraineté européenne » comme le fait le président de la République, Emmanuel Macron lors de son discours de la Sorbonne tout en se mettant dans le même temps sous le parapluie américain de moins en moins fiable et de moins en moins crédible depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche (le président jugeant « obsolète » l’OTAN) ? Nous devenons plus otanien que les Américains alors que ces derniers deviennent moins otanien. Méfions-nous que notre atlantisme ne se transforme un jour en Atlantide, cette île mythique évoquée par Platon qui fut engloutie par les flots dans un cataclysme provoqué à l’instigation de Zeus, dieu grec que les Romains appelaient Jupiter… Telle serait la morale de cette passion française, qui dévore nos élites et qui a pour nom l’atlantisme.
Notes:
(1) www.toupie.org/Dictionnaire/Atlantisme.htm
(2) Jaap de Hoop Scheffer, « La Turquie pose un sérieux problème à l’OTAN », Le Monde, 24 octobre 2017, p. 22.
(3) Gaidz Minassian, L’illusoire « soft power » russe, Le Monde, 24 octobre 2017, p. 22.
(4) www.asafrance.fr/item:la-defense-pilotee-par-des-hauts-fo... , 20 octobre 2017.
(5) Juliette Grange, Les néoconservateurs, Agora Pocket, 2017.
(6) Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Agone, 2017.
(7) Jean-Michel Autran, La France, terre de mission américaine, Vendémiaire, 2017.
17:58 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, france, europe, affaires européennes, atlantisme, états-unis, otan, occidentalisme, géopolitique, politique internationale, histoire | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ex; https://www.visegradpost.com/fr
Roumanie, Timişoara – Entretien avec Nikolaï Starikov, écrivain russe, journaliste d’opinion, activiste social et co-président du Parti de la Grande-Patrie: « Si les politiciens occidentaux s’inquiétaient vraiment de la possibilité d’une guerre et voudraient l’éviter, ils auraient établi une ceinture d’États indépendants en Europe centrale. »
En mai, Ferenc Almássy a eu l’occasion de rencontrer Nikolaï Starikov, qui était à Timişoara, pour présenter son livre « La nationalisation du rouble – La voie vers la liberté de la Russie ». Une bonne occasion d’avoir une petite conversation avec un intellectuel et politicien patriotique russe pour mieux comprendre le point de vue des Russes sur les pays d’Europe centrale et orientale.
Ferenc Almássy : D’abord, je voudrais vous remercier pour cet entretien. Nous avons l’occasion de nous rencontrer à Timişoara, où vous avez lancé la promotion de l’édition roumaine de votre livre « La nationalisation du rouble – La voie vers la liberté de la Russie ». Je commencerais par une première question : comment vit-on en Russie, dans une démocratie illibérale ?
Nikolaï Starikov : Vous avez posé la question clé. D’un côté, en utilisant le mécanisme du marché, Poutine a réussi à rétablir une part importante du pouvoir de l’État en Russie et à rétablir la position de la Russie sur la scène internationale. Aujourd’hui, la situation en Russie est contradictoire, d’une part nous avons une politique étrangère puissante et sûre d’elle. D’un autre côté, en économie interne, nous avons suivi le système économique mondial américain. Mon opinion est que les opportunités offertes par le modèle économique libéral ont été épuisées. Nous avons besoin d’une nouvelle politique économique et de nouvelles personnes capables de l’appliquer. Je veux souligner que lorsque je parle de nouvelles personnes, je veux dire, nouveau Premier ministre, nouveaux gouverneurs, de nouvelles forces politiques. Ceux-ci doivent compléter l’activité du Président, que je considère comme l’un des meilleurs politiciens de l’histoire de la Russie.
FA : Vous êtes le président de votre propre parti, le Parti de la Grande-Patrie. Cela signifie-t-il que vous voulez gagner le pouvoir ou que vous voulez travailler avec Vladimir Poutine, une personnalité que vous semblez apprécier ?
Nikolaï Starikov : La politique est l’art du possible et toute force politique est créée pour accéder au pouvoir. Nous approuvons la politique de Vladimir Poutine, notre Président. Toutefois, nous sommes opposés à la politique économique mise en place par le gouvernement. L’évolution du processus politique au cours des dernières décennies peut être résumée comme suit : après la chute de l’Union soviétique, les «ultra-libéraux» sont arrivés au pouvoir. Toutes leurs actions n’étaient pas destinées au bien de la Russie mais à celui des États-Unis. En raison des actions de Poutine, ces “ultra-libéraux” ont été remplacés par des patriotes libéraux. Ils sont prêts à s’opposer aux Américains en matière de politique étrangère, mais ils ne sont pas prêts à avoir une politique intérieure souveraine. Cela conduit à une situation dangereuse, dans laquelle l’engagement d’une politique intérieure souveraine devient impossible parce que notre économie est négativement affectée par son cours libéral. À mon avis, nous avons besoin de nouvelles personnes et de nouvelles forces politiques pour changer la politique intérieure du pays. Je qualifierais ces forces de patriotiques, parmi lesquelles je compte, bien sûr, le Parti de la Grande-Patrie.
FA : Votre parti est présenté comme un “parti de la défense” russe, mais dans les médias occidentaux en particulier, la Russie est présentée comme une agresseuse et non comme une victime, et il y a plusieurs exemples : la Crimée, le Donbass, l’exercice Zapad, les provocations dans les pays baltes. Alors, la Russie est-elle vraiment dans une situation défensive ?
Nikolaï Starikov : Analysons les faits. De 1945 à 1990 en Europe, il y avait deux États allemands. Cela veut-il dire qu’il y avait deux peuples allemands différents ? Bien sûr que non. En 1990, un État a englouti l’autre et aujourd’hui nous avons un État allemand uni et un peuple allemand uni. Cela a été rendu possible parce que l’Union Soviétique, c’est-à-dire la Russie, a organisé ce processus et ne l’a pas bloqué. Aujourd’hui, nous ne comprenons pas pourquoi l’Europe bloque le même type d’intégration pour le peuple russe. En politique, il est risible de parler de gratitude, néanmoins on aimerait voir, d’abord en Allemagne et en Europe de l’Est, qu’on a laissé choisir son propre destin politique, une certaine forme d’appréciation. Pour mieux comprendre notre situation, regardez-la de notre point de vue : Hitler a attaqué l’Union Soviétique. À cette époque, trois jours d’avance ininterrompue étaient nécessaires pour qu’un char allemand atteigne Moscou. Aujourd’hui, il y a 350 km de la frontière russo-ukrainienne à Moscou. Des bases militaires américaines dans les pays baltes à ma ville natale de Saint-Pétersbourg, il y a moins de 200 km. Aujourd’hui, les Américains, les troupes de l’OTAN, sont beaucoup plus proches de nos centres économiques, culturels et politiques. La question est de savoir pourquoi ils se rapprochent et qui est l’agresseur potentiel ? Si les politiciens occidentaux s’inquiétaient vraiment de la possibilité d’un éclatement de la guerre et voudraient l’éviter, ils auraient établi une ceinture d’États indépendants en Europe centrale. Au lieu de cela, ils ont violé tous les engagements pris envers Gorbatchev, et l’infrastructure de l’OTAN a été accolée à la Russie. Autour de nos frontières, un soi-disant bouclier anti-missiles est en train d’être mis en place. Lorsque nous nous interrogeons sur son objectif, nous sommes traités comme des enfants de maternelle et nous nous voyons répondre que le bouclier est dirigé contre les missiles iraniens et nord-coréens. Évidemment, si ce bouclier était dirigé contre l’Iran et la Corée du Nord, deux pré-requis auraient été nécessaires : premièrement, que ces pays possèdent ce type de missiles et deuxièmement, dans ce cas le bouclier aurait dû être placé aux frontières de la Corée du Nord et de l’Iran, pas en Roumanie, en Bulgarie et en Pologne. Si nous devions suivre cette pseudo-explication proposée par les politiciens américains à l’époque, le réarmement de l’armée russe est entrepris afin de protéger l’Europe contre une invasion extraterrestre. Peut-être que cela aura lieu. Et nous avons une bonne armée. Ou peut-être que nous devons nous défendre contre les barons de la drogue colombiens.
FA : Vous avez dit que l’Europe centrale devrait être neutre, être une zone tampon. Quelle est votre opinion sur le groupe de Visegrád et cette région de l’Europe ? Comment voyez-vous la situation actuelle ?
Nikolaï Starikov : Le comportement est différent d’un État à l’autre. Le plus inquiétant est la position de la Pologne. D’un autre côté, nous, en tant que réalistes, comprenons que les décisions politiques en Europe ne sont prises ni à Bucarest, ni à Budapest ni à Varsovie, pas même à Bruxelles, mais à Washington. Par conséquent, notre président essaie de conclure un accord avec ceux qui déterminent le cours des politiques européennes. Mais, au lieu d’un accord, nous voyons le rapprochement des forces militaires vers nos frontières. Lorsque les pays de l’Europe de l’Est ont adhéré au Traité de Varsovie, ils ont été confrontés à l’infrastructure militaire de l’OTAN. Aujourd’hui, parce qu’ils appartiennent à l’OTAN, ils seront automatiquement pris pour cibles par l’appareil militaire russe. Quelle est la différence ? Je ne pense pas que leur sécurité ait été augmentée en devenant la cible d’une arme nucléaire différente. La priorité était complètement différente : aucune arme nucléaire ne devrait viser les pays d’Europe de l’Est. Quand les Américains effraient l’Europe avec le péril russe, chacun devrait se poser la question suivante : de quoi la Russie a-t-elle besoin de l’Europe ? A-t-elle besoin de territoires européens ? Avons-nous des revendications territoriales sur la Pologne, la Roumanie ou la Bulgarie? Nous n’en avons jamais eu. La Pologne a des fantômes historiques et des griefs contre nous. Nous n’avons aucun grief contre la Pologne. Nous voulons seulement rétablir l’unité de notre peuple. Nous ne cherchons pas à acquérir de territoires étrangers.
FA : Cela signifie-t-il que vous voulez reprendre d’autres parties de l’Ukraine ou certaines parties des pays baltes où il y a d’importantes minorités russes ?
Nikolaï Starikov : Chaque ère historique dicte ses propres formes d’intégration. Auparavant, un empire intégrait un certain territoire. Et ce territoire devenait une partie de l’empire en question. Il y avait des États dans une certaine dépendance des grands empires, mais ils gardaient leur indépendance. À l’époque, les empires se battaient entre eux en essayant de démembrer leurs rivaux par la création de petits États « indépendants » sur le territoire de leurs rivaux, qui finissaient par devenir dépendants d’un certain acteur géopolitique. À titre d’exemple, aujourd’hui, les États européens sont subordonnés aux États-Unis d’Amérique. C’est pourquoi nous pouvons affirmer que, dans l’Europe d’aujourd’hui, il n’y a pas de véritables Etats indépendants même si certains attributs extérieurs de l’indépendance tels que le Président, le drapeau national ou le sceau sont conservés. Personne ne dit que l’Europe fut légalement occupée par les États-Unis, mais, en fait, ce sont les Américains qui la dirigent. C’est pourquoi je pense que quand quelqu’un affirme que nous voulons inclure des territoires dans notre État, il pense au siècle dernier. Nous voulons rétablir notre influence sur ces territoires et mettre fin à l’influence de nos opposants géopolitiques, en l’occurrence les États-Unis, qui ont conduit à des conflits armés. Peut-être qu’en Europe occidentale, tout le monde ne sait pas que l’Ukraine, la Russie et la Biélorussie sont trois États habités en réalité par le même peuple. L’Ukraine n’a pas existé dans l’histoire. C’est un projet artificiel de l’Empire austro-hongrois, et il a une date de naissance, la fin du XIXe siècle. Aux États-Unis, les immigrants de ces parties de l’Empire austro-hongrois imprimaient des journaux. Si vous regardez dans un de ces journaux, vous verrez que jusqu’à une certaine date, dans la seconde moitié du XIXe siècle, ils s’appelaient eux-mêmes ruthènes ou russes. Soudainement, dans les mêmes journaux le terme Ukrainiens est apparu. Donc, hier, ils étaient des Ruthènes, aujourd’hui ils sont des Ukrainiens. C’est impossible. L’Ukraine a été créée et elle a été approuvée jusqu’à aujourd’hui par les Américains afin de devenir un État anti-russe et russophobe. Imaginez qu’aux frontières de la Hongrie, un nouvel État, dont l’idéologie et le but de l’existence serait la destruction de la Hongrie, apparaisse. Dans cet État, les habitants seraient hongrois et la langue officielle serait un dialecte hongrois avec un grand nombre de mots allemands et roumains. La langue hongroise serait interdite. Le hongrois ne serait pas étudié dans les écoles et son utilisation serait interdite à la radio et à la télévision. Toute personne ayant le hongrois comme langue maternelle, soit 98% de la population, serait obligée d’écrire tous les documents dans cette nouvelle langue avec beaucoup de mots étrangers. Et tout cela au milieu d’une énorme propagande qui dit aux gens qu’ils sont des Ukrainiens et non des Hongrois et que les Hongrois se sont moqués des Ukrainiens tout au long de leur Histoire. C’est la situation actuelle.
FA : J’ai compris, mais si des millions de personnes disent qu’elles forment une nation, qui peut-il leur refuser ce droit ? Les nations aussi naissent et finissent par mourir. Peut-être, d’un certain point de vue, la naissance de la nation ukrainienne peut être considérée comme artificielle, mais maintenant, elle existe. Et après ? Niez-vous le droit des Ukrainiens d’avoir un État ?
Nikolaï Starikov : À notre époque, les gens découvrent l’émergence de nouvelles nations à la télévision. On leur dit ces choses. C’est un projet absolument artificiel et des millions de personnes n’ont pas leur mot à dire. Par exemple, nous pourrions tirer la conclusion qu’en 1933, 80 millions d’Allemands ont soudainement décidé, pour une raison inconnue, de tuer des Juifs et des communistes et d’occuper toute l’Europe. Il est évident que cette décision n’a pas été prise par des dizaines de millions d’Allemands, mais par un petit cercle de nazis qui sont arrivés au pouvoir. C’est pourquoi je dis que la déclaration selon laquelle des millions de personnes participent au processus de construction de la nation n’est qu’une spéculation politique. Les gens simples sont intéressés par des choses simples : ils veulent un bon travail, un bon salaire, ils veulent élever leurs enfants et vivre en paix. Ils sont inoculés avec la rage, qui à la longue est censée mener à la guerre. Pendant six ans, les Allemands ont été inoculés avec la haine envers les Slaves, les Tsiganes, les Juifs et les communistes. Que s’est-il passé après? Les nazis ont amené les gens à tuer sans pitié. En Ukraine, une propagande similaire est en cours depuis deux décennies. Une génération prête à tuer a été élevée. Aujourd’hui, cette génération tue des gens dans le Donbass. Il n’y a pas de pas combats entre Russes et Ukrainiens dans le Donbass. Là, des représentants du même peuple se combattent. Il y a des personnes avec un prénom et un nom totalement russes qui combattent du côté de l’Ukraine. De même, il y a des personnes avec des noms de famille spécifiques aux régions du sud de la Russie combattant pour le compte du Donbass. Ils parlent la même langue. Dans la majorité des bataillons ukrainiens les plus brutaux, le russe est la langue parlée. Les politiciens ukrainiens parlent seulement ukrainien devant les caméras de télévision. Une fois que les caméras sont éteintes, ils recommencent à parler le russe, qui est leur langue maternelle.
FA : Je comprends votre opinion sur l’Ukraine, mais ne pensez-vous pas que l’Europe centrale, que vous aimeriez voir neutre, est devenue membre de l’OTAN (et l’Ukraine veut faire de même) parce que la Russie n’a pas bien géré fin de l’Union soviétique et n’a pas été en mesure de développer de nouvelles relations avec ces pays ?
Nikolaï Starikov : Nous avons établi de nouveaux types de relations avec ces pays au cours des deux dernières décennies. Nous n’avons pas interféré dans la politique interne et, sous la pression de Washington, nous avons subi des pertes commerciales en vendant du gaz à l’Ukraine à un très petit prix. À la fin, nous avons obtenu un État ennemi à nos frontières et des missiles de l’OTAN qui peuvent atteindre notre capitale en quelques minutes. Nous ne pouvons pas et ne voulons pas continuer une telle politique.
FA : Que pourrait-on faire sur le plan diplomatique, ainsi qu’à d’autres niveaux, pour aider l’Europe centrale à redevenir neutre ? Comment pouvons-nous avoir un nouveau départ entre la Russie et l’Europe centrale ? Que devrait faire la partie russe ?
Nikolaï Starikov : En tant que réaliste politique, je dirai que la Russie doit s’entendre avec les États-Unis. Et les États-Unis ne peuvent pas et ne parviendront pas à un accord avec nous parce que le but final des politiciens américains n’est pas la paix du monde mais le maintien de la domination à n’importe quel prix, y compris par les conflits militaires.
FA : Avez-vous une opinion concernant l’Initiative des Trois Mers, un projet qui envisage un réseau de gazoducs et de terminaux GNL pour relier les trois mers – la mer Baltique, l’Adriatique et la mer Noire ?
Nikolaï Starikov : Aujourd’hui, les gazoducs sont des instruments politiques. Nous serions heureux qu’ils soient construits uniquement pour acheminer du gaz du point A au point B. Mais, étant donné qu’ils sont construits dans un but géopolitique, nous appuierons les gazoducs qui sont à notre avantage et à l’avantage de l’Europe. Nous nous opposerons également aux tentatives des Américains de construire des gazoducs dont le but est de nous exclure du processus politique européen. En passant, les Américains agissent de la même manière. C’est la raison pour laquelle la Russie et l’Europe ne peuvent pas construire la deuxième ramification du Nord Stream 2 ou du South Stream, initialement arrêté par la Bulgarie, suivi par la Macédoine, où des émeutes «inattendues» ont éclaté. À l’heure actuelle, il y a une intention de construire ces gazoducs à travers la Turquie.
FA : Une dernière question : ne pensez-vous pas que le monde devient multipolaire et que l’Europe centrale pourrait être l’un de ces pôles ? Ne serait-il pas bon que la Russie cautionne de tels efforts afin de libérer cette région de la domination occidentale et de devenir un voisin et un partenaire indépendant ?
Nikolaï Starikov : Nous exprimons notre désir d’un monde multipolaire parce que ce serait un monde beaucoup plus stable. À mon avis, nous devons soutenir le processus qui a pour but final la création d’un nouveau centre de pouvoir mondial, sur l’ensemble du continent européen (ou des parties de celui-ci).
12:17 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nikolaï starikov, entretien, géopolitique, politique internationale, russie, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/fast-je...
Trotz Rückfallgefahr
Kommunen müssen kriminelle Asylbewerber aufnehmen
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/kommune...
Niedersachsen: Jobcenter fordert von Invasionshelfern Sozialleistungen zurück
Bahnhofsklatscher schockiert: Sie sollen für ihre Schützlinge zahlen
http://www.pi-news.net/bahnhofsklatscher-schockiert-sie-s...
Sprachkurse für Abgelehnte
De Maizière wirft Berlin Abschiebe-Sabotage vor
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/de-maiz...
Jamaika-Sondierungen
Union deutet Kompromißbereitschaft beim Familiennachzug an
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/union-d...
Identitäre Aktion
Aktionsvideo | Erdogan - Hol deine Türken ham!
https://www.youtube.com/watch?v=ob-YpAs94YE
Facebook löscht Kommentar zu rassistischer Multi-Kulti-Propaganda
Martin Sellners Antwort auf die „Typisch Deutsch?“-Kampagne
http://www.pi-news.net/martin-sellners-antwort-auf-die-ty...
Auch ohne Arbeit besser als in der Heimat
Von Thilo Sarrazin
http://www.achgut.com/artikel/auch_ohne_arbeit_besser_als...
"Die Menschen spüren, dass Europa insgesamt die Kontrolle verloren hat"
Der frühere polnische Außenminister Radoslaw Sikorski kritisiert im Interview der NZZ die Flüchtlingspolitik von Angela Merkel.
https://www.nzz.ch/international/die-menschen-spueren-das...
Karl Lagerfeld nennt Flüchtlinge "Feinde" der Juden
Der deutsche Modedesigner Karl Lagerfeld sorgt mit einer harschen Kritik an Angela Merkels Flüchtlingspolitik für Aufsehen.
https://bazonline.ch/panorama/leute/karl-lagerfeld-nennt-...
Staatliches Gewaltmonopol: Eine persönliche Geschichte
von Johannes Konstantin Poensgen
https://sezession.de/57475/das-problem-des-staatlichen-ge...
Radikale Prediger
Emirate kritisieren lasche Kontrollen von deutschen Moscheen
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/emirate-kri...
Düsseldorf
Polizisten verletzt
Kurdische Gemeinde distanziert sich von Ausschreitungen
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/kurdisc...
Frankfurt
Über den Zaun an der Startbahn West geklettert
Aufregung am Flughafen: Flüchtling wollte nach Italien
https://www.op-online.de/region/frankfurt/nach-aufregung-...
Essener Hauptbahnhof
Bis zu 200 Einwanderer sprengen Halloween-Veranstaltung
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/bis-zu-...
Spezialeinheit für den Alex
Ein Platz unter Polizeischutz
https://www.berliner-kurier.de/berlin/polizei-und-justiz/...
Zwei „psychisch labile“ Merkel-Gäste
Nürnberg-Südstadt: Schüsse, Macheten und „Allahu Akbar“-Schreie
http://www.pi-news.net/nuernberg-suedstadt-schuesse-mache...
Audi-Zentrum Landshut: Mein Auto, mein Land, meine Psychose
Syrischer „Flüchtling“ fordert sein Auto: „Frau Merkel bezahlen…“
http://www.pi-news.net/syrischer-fluechtling-fordert-sein...
Polizeifahndung
Brutaler Angriff: Polizei sucht Schläger vom Alexanderplatz
Mit Fotos aus der Überwachungskamera sucht die Polizei mehrere Personen, die am Alexanderplatz zwei Männer verletzt haben sollen.
https://www.morgenpost.de/berlin/polizeibericht/article21...
Berliner Kinderbauernhof: Mann (23) vergeht sich sexuell an Pony
https://rtlnext.rtl.de/cms/berliner-kinderbauernhof-mann-...
http://www.wochenblatt.de/boulevard/regensburg/artikel/21...
Italienische Staatsbürger
„Spaß erlaubt“: Polizei nimmt Obdachlosen-Anzünder fest
https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/spass-e...
(Die Überschrift ist natürlich irreführend. Es handelt sich nicht um "hessische Autoknacker", sondern, wie der Artikel dann zeigt "organisierte Banden aus Osteuropa", die – nicht nur – in Hessen Autos stehlen.)
Hessische Autoknacker spezialisieren sich: Vor allem Lenkräder und Airbags sind begehrt
http://www.allgemeine-zeitung.de/lokales/polizei/hessisch...
Kein Aufschrei und keine Lichterketten der üblichen "Rassismus-Riecher"
Düsseldorf: Araber-Gang attackiert Passanten mit Messerstichen
http://www.pi-news.net/duesseldorf-araber-gang-attackiert...
Falsche Identität und Todesdrohungen
Dortmund: Polizei nimmt grapschenden Afrikaner fest
https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/dortmun...
Merkel-Gäste zeigen sich erkenntlich: Landfriedensbruch - Körperverletzung - Sachbeschädigung
Essen: Syrer zerlegen Tchibo-Filiale
http://www.pi-news.net/essen-syrer-zerlegen-tchibo-filiale/
(Beim Kölner Stadt-Anzeiger sind es "Jugendliche". Erst im letzten Abschnitt wird im Text auf die syrische Herkunft hingewiesen. Immerhin.)
Essener Hauptbahnhof
Jugendliche zerlegen Tchibo-Filiale und verletzen Ladendetektiv https://www.ksta.de/region/essener-hauptbahnhof-jugendlic...
Blutige Folgen von Merkels Grenzöffnung
Das Opfer von Sachsenhausen klagt an
http://www.bff-im-roemer.de/index.php?id=44&no_cache=...
Ausländerkriminalität
Möglichst keine Details
Bayern
Belästigungen und Diebstähle: Linke Bar sperrt Flüchtlinge aus
https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/belaest...
Offenbach
Sicherheitsmaßnahmen werden verschärft
Punsch zwischen Betonpollern
https://www.op-online.de/leben/weihnachten-ere44823/beton...
Mann rast mit Pkw in Gruppe
Autoattacke mitten in Cuxhavens City
https://www.cn-online.de/stadt-land/news/autoattacke-mitt...
Bei Hausbesuch
Syrer vergewaltigt Sozialarbeiterin im Dienst
https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/syrer-v...
Woman, 32, is left with a horrific head wound after three Asian thugs beat her in the street in a 'racially aggravated' attack
http://www.dailymail.co.uk/news/article-5130171/Woman-lef...
(Kriminalfälle-Sammlung)
Bunte Republik Deutschland
http://www.achgut.com/artikel/bunte_republik_deutschland
(Kriminalfälle-Sammlung)
Bunte Republik Deutschland, Fortsetzung
http://www.achgut.com/artikel/bunte_republik_deutschland_...
KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES
Die tödliche Verwahrlosung der deutschen Hauptstadt
http://www.achgut.com/artikel/die_verwahrlosung_berlins_i...
Bibel-Museum in Washington D.C. eröffnet heute
https://www.pro-medienmagazin.de/gesellschaft/weltweit/20...
Freiheit im Internet
Zensur durch Regierungen nimmt zu
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/zensur-durc...
FDP-Wahlversprechen
Internetverband fordert Stop von Anti-Haß-Gesetz
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/interne...
Gesetzesinitiative
AfD sagt NetzDG Kampf an
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/afd-sag...
Anordnung
Zürcher Polizei darf Herkunft von Straftätern nicht mehr nennen
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/zuercher-po...
Schulen in Deutschland
„Sprachschwierigkeiten, schlimmste soziale Verhältnisse“
https://www.welt.de/politik/deutschland/article170324917/...
http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1240
Deutsche Hochschulen
Gemeinschaft von Gläubigen
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/gemeinsch...
Das 3. Geschlecht und seine Folgen
Nicht das 3. Geschlecht ist das Problem. Der Umgang damit.
https://www.tichyseinblick.de/daili-es-sentials/nicht-das...
LGBT-Lobby
New Yorks U-Bahn-Ansprachen ab sofort geschlechtsneutral
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/new-yorks-u...
Nach Protest der Académie Française
Frankreich schafft geschlechtergerechte Schreibweise ab
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/frankreich-...
Sexismus
Macron will Maßnahmenpaket gegen Sexismus
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/macron-will...
Penny-Gayt
Endlich! Auch der Nikolaus outet sich als schwul
http://www.pi-news.net/endlich-auch-der-nikolaus-outet-si...
„Agent*In“
Linker Soziologe will Anti-Gender-Pranger fortführen
https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/linker-...
Gender
Lehrer suspendiert, weil er Transgender-Schüler falsch ansprach
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/lehrer-susp...
Gendertheorie
Evangelische Kirche in Schweden macht Gott geschlechtsneutral
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/evangelisch...
Durchgeknallt
Hass-Aktivismus: Homosexueller Islamkritiker soll zum „Homophoben des Jahres 2017“ erklärt werden
https://philosophia-perennis.com/2017/10/21/hass-aktivism...
(Einsatz gegen Rassismus und Homophobie)
"Let's dance" im Big AppleStadt
New York hebt uraltes Tanzverbot auf
https://www.n-tv.de/panorama/Stadt-New-York-hebt-uraltes-...
(Zum Feminismus aus Sexualneid)
#menot
von Ellen Kositza
https://sezession.de/57484/#menot
Urteil gegen Ärztin
"Mehr als vorgestrig"
Die Ärztin Kristina Hänel muss eine Strafe zahlen, weil sie für Schwangerschaftsabbrüche geworben haben soll. Ihre Anwältin ist entsetzt. Die wichtigsten Fragen in diesem umstrittenen Fall.
http://www.spiegel.de/panorama/justiz/aerztin-kristina-ha...
Wegen Sexismus
Englische Mutter will „Dornröschen“ verbieten
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/englische-m...
Schweden
Pippi-Langstrumpf-Hörspiel sorgt für Polizeieinsatz
https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/pippi-langs...
Hochschulverbandspräsident
„Das Klima der Political Correctness ist bedenklich“
https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/das-kli...
Netzwerkdurchsetzungsgesetz
Die Säuberungswellen laufen an
https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2017/die-saeuberun...
Leipzig Uni will gegen rassistischen Professor vorgehen
http://www.spiegel.de/lebenundlernen/uni/leipzig-minister...
Rassismusvorwürfe
Universität Leipzig prüft dienstrechtliche Schritte gegen Professor
https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/univers...
(Dazu…)
Sonntagsheld (38) - Bringt die Geschütze in Stellung
https://sezession.de/57482/sonntagsheld-(38)bringt-die-ge...
Universität Leipzig: Linke Ideologie vs. Bildung
Linke Hetzjagd auf Leipziger Uniprofessor Rauscher geht weiter!
http://www.pi-news.net/linke-hetzjagd-auf-leipziger-unipr...
Klage gegen Konzerthaus-Chef
Gabalier scheitert vor Gericht
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/andreas...
Der FAZ-Leninist Dietmar Dath und die „Schmarotzmonster“
https://sezession.de/57474/?komplettansicht=1
Die Verewigung der Vergangenheit
Immer wieder taucht der Begriff „Schuld“ in den politischen Diskussionen auf. Besonders beim Wort „Schuldkult“ regt sich in unserem Gastautor Felix Ludwig Widerspruch. Eine Gegenhypothese.
https://sezession.de/57476/?komplettansicht=1
Kanada
Antifa calls Jewish Defense League "Nazis"
https://www.youtube.com/watch?v=CGIW0I7hy4g
Vorwürfe gegen "Defend Europe"
Sellner: "Die linke Presse will uns das in die Schuhe schieben"
von Lukas Steinwandter
https://jungefreiheit.de/debatte/interview/2017/sellner-d...
Dekonstruktion, die AfD und Juli Zehs Molotowcocktail
Lust an der Empörung
"Moralismus mit totalitären Zügen"
Der Philosoph Alexander Grau plädiert dafür, mehr Dissens zuzulassen. Zur Zeit dominiere in gesellschaftlichen Debatten ein "Tonfall hochgeschraubter Moralität", kritisierte Grau im Dlf. Sachfragen kämen zu kurz. Die "Hegemonie des hypermoralistischen Diskurses" diskreditiere Nonkonformisten.
http://www.deutschlandfunk.de/lust-an-der-empoerung-moral...
Antisemitismus
Der Beginn der Unterwerfung
Von Mathias Döpfner
https://www.welt.de/debatte/kommentare/article170728821/D...
Islam und Wissenschaft. Ein Gegensatz? Gründe für den Niedergang der Blütezeit des Islams
http://lynxx-blog.blogspot.de/2011/06/islam-und-wissensch...
Sturz in den Schatten
Der Islam erlebte sein Goldenes Zeitalter, während Europa im Mittelalter stagnierte. In der Neuzeit aber fiel das Morgenland weit hinter das Abendland zurück - eine schlüssige Erklärung dafür steht noch aus.
http://www.spiegel.de/spiegel/spiegelgeschichte/d-7396692...
Vorbild Ibtihaj Muhammad
Mattel bringt Kopftuch-Barbie auf den Markt
https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/mattel-...
Kopftuch-Hype
Lautloses Einsickern
von Thorsten Hinz
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/lautloses...
Bands, Lichteffekte, Lounge-Atmosphäre
So will die evangelische Kirche Jugendliche erreichen
https://jungefreiheit.de/kultur/2017/so-will-die-ekd-juge...
Hufftingtonpost - wo geistige Armut über den Islam nachdenkt
Akif Pirinçci: Der diskrete Charme der Frauenverachtung
http://www.pi-news.net/akif-pirincci-der-diskrete-charme-...
Kunstinstallation
Berlin-Kreuzberg: Attentäter von Paris wird als Märtyrer ausgestellt
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/berlin-...
Pirelli-Kalender 2018 : „Alice im Wunderland“ mal anders
Naomi Campbell, Sean „Diddy“ Combs, Whoopi Goldberg und ein paar umwerfend schöne, schwarze Models: Der Pirelli-Kalender 2018 ist eine Hommage an schwarze Menschen. Fotograf Walker hofft, dass seine Botschaft ankommt.
http://www.faz.net/aktuell/stil/mode-design/pirelli-kalen...
Indonesien
Keine Selfies mehr mit Adolf
Museum schafft Hitler-Wachsfigur ab
http://www.n-tv.de/panorama/Museum-schafft-Hitler-Wachsfi...
In Trondheim
Norwegische Studenten feiern in Nazi-Uniformen
http://www.focus.de/panorama/welt/in-trondheim-norwegisch...
100 Jahre Kommunismus. 100 Millionen Tote.
http://www.achgut.com/artikel/100_jahre_kommunismus._100_...
Schönheit versus Nahostkrieg
Foto von Miss-Irak und Miss-Israel verursacht arabischen Shitstorm
http://www.pi-news.net/foto-von-miss-irak-und-miss-israel...
(Thorsten Schulte)
Umstrittener Bestsellerautor : Der Provokateur
http://www.faz.net/aktuell/wirtschaft/afd-sympathisant-un...
US-Sektengründer und Serienmörder
Charles Manson ist tot
http://www.spiegel.de/panorama/leute/charles-manson-serie...
Das war's. Diesmal mit: Narren, Närrinnen und Süßigkeiten
https://sezession.de/57479/das-war's.-diesmal-mit:-narren...
Neuer EU-Hammer: Warum Ihre Banking-PIN bald unsicher ist
http://www.chip.de/news/Neuer-EU-Hammer-Warum-Ihre-Bankin...
(Zum Smartphone- und Online-Wahn)
KenFM im Gespräch mit: Manfred Spitzer ("Cyberkrank!")
https://www.youtube.com/watch?v=dxicBvXv-DM
Geschichte, Archäologie
Fernhandel provozierte größte Schlacht der Bronzezeit
https://www.welt.de/geschichte/article171024374/Fernhande...
Ich hab damals zwei AfD-ler im Keller versteckt – Sätze, die wir in einigen Jahren en masse hören werden
https://juergenfritz.com/2017/11/26/ich-hab-zwei-afd-ler-...
(Wieder mal ein Film zur "Neonazi"-Gefahr…)
"Aus dem Nichts": Schaut auf dieses Gesicht
Fatih Akins Film "Aus dem Nichts" lebt ganz von den Großaufnahmen, die seine Hauptdarstellerin Diane Kruger zeigen.
http://www.zeit.de/2017/48/aus-dem-nichts-diane-kruger-fa...
(Und die nächste "Neonazi"-Klamotte…)
"Familie Braun"
ZDF-Serie gewinnt internationalen Emmy
Am Montagabend wurden die "International Emmys" in New York verliehen. Neben Großbritannien, dem Abräumer des Abends, kann sich auch Deutschland freuen: Die ZDF-Serie "Familie Braun" erhielt eine der begehrten Auszeichnungen.
https://www.stern.de/kultur/tv/zdf-serie--familie-braun--...
http://www.filmstarts.de/nachrichten/18515752.html
(Nun wird auch noch "Ötzi" für den Kampf gegen "Fremdenhass" missbraucht…)
Steinzeitmann
"Der Mann aus dem Eis": Jürgen Vogel begeistert als "Ötzi"
https://www.volksstimme.de/kino/filmbesprechung/der-mann-...
11:43 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, actualité, europe, affaires européennes, journaux, presse, politique internationale, médias | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ex: http://www.europemaxima.com
Ernst Jünger aura presque traversé trois siècles. Né en 1895, il décède en 1998 à quelques années seulement de ce XXIe siècle qu’il pressentait « titanesque ». En 103 ans d’existence, cet Allemand francophone et francophile qui se convertit au catholicisme au soir de sa vie, vécut plusieurs existences.
Ce jeune « cœur aventureux » rejoint d’abord en 1911 le mouvement Wandervogel (« Oiseaux migrateurs »), un vaste mouvement de jeunes épris de randonnées et de nature. Avant d’être renvoyé en Allemagne à la fin de l’année 1913, il fut pendant deux mois membre de la Légion étrangère. Engagé volontaire dès le déclenchement de la Grande Guerre et bientôt six fois blessé, Jünger découvre le déchaînement de la Technique et est fait chevalier de l’ordre Pour le Mérite, la plus haute décoration militaire allemande, dont il deviendra le chancelier en 1975. Rédacteur national-révolutionnaire de la Révolution conservatrice proche de certains cercles nationaux-bolcheviks, Jünger théorise la Figure du Travailleur en 1932 et se lie avec Carl Schmitt et Martin Heidegger. Réticent envers l’hitlérisme qu’il critique implicitement dans son roman allégorique, Sur les Falaises de marbre (1939), Jünger est mobilisé et séjourne pendant la Seconde Guerre mondiale à Paris, excepté un trimestre passé au Caucase. Inquiété par la Gestapo, le célèbre écrivain ancien combattant bénéficie cependant de la bienveillance de certains dirigeants nationaux-socialistes.
Le IIIe Reich vaincu, les Alliés lui interdisent pendant trois ans toute parution parce qu’il refuse de remplir l’inquisitorial questionnaire de dénazification. En retrait des événements, Ernst Jünger poursuit sa réflexion sur le pouvoir, élabore successivement les Figures du Rebelle, puis de l’Anarque, fait des expériences avec certaines drogues et s’adonne à sa passion : l’entomologie. Peu à peu, il retrouve la notoriété et reçoit prix, médailles, honneurs et consécrations.
Ernst Jünger appartient incontestablement à ces lettrés allemands qui s’enracinent dans l’âme germanique afin de mieux la dépasser et ainsi accéder au psyché européen. C’est ce qu’avait compris Dominique Venner dans son Ernst Jünger. Un autre destin européen (Éditions du Rocher, coll. « Biographie », 2009). Venner oublie néanmoins d’évoquer la sortie en 1962 de L’État universel dans lequel Jünger ne cache pas ses intentions mondialistes. « Un mouvement d’importance mondiale, y écrit-il, est, de toute évidence, en quête d’un centre. […] Il s’efforce d’évoluer des États mondiaux à l’État universel, à l’ordonnance terrestre ou globale (L’État universel suivi de La mobilisation totale, Gallimard, coll. « Tel », 1990, p. 40). » Pour Jünger, la saturation maximale de la Technique et l’assomption du Travailleur aboutissent à l’État universel. Pourtant, l’intrigue du roman de 1977, Eumeswil, se déroule dans une ère post-historique survenue après l’effondrement de l’État universel et la renaissance des cités-États.
Ernst Jünger se moque bien de la forme institutionnelle de l’Europe. Dans Le contemplateur solitaire (1975), il avoue aimer les paysages méditerranéens de l’Italie, de l’Espagne et de la Provence. L’ouvrage le plus européiste d’Ernst Jünger reste toutefois La Paix, ébauché en 1942 et intellectuellement proche des futurs conjurés du 20 juillet 1944. Cet essai prône le rassemblement des peuples européens. « Voici ou jamais venue l’heure de la réunion, celle où l’Europe, se fondant sur le mariage de ses peuples, est en demeure de se donner sa grandeur et sa Constitution (La Paix, La Table Ronde, coll. « La petite vermillon », 2012, p. 71). » Il juge que « le courant tout-puissant du devenir, le règne de l’esprit du monde, tend vers la stabilité. Nous avons le droit d’espérer que la paix qui terminera cette discorde sera d’une durée et d’une fécondité plus grandes que la précédente. Car l’évolution tendait alors à la formation de démocraties nationales, donc à la destruction de ce qui restait encore de structure unitaire en Europe. Cette fois, la constitution des empires pousse à la synthèse, un regroupement général (Idem, pp. 68 – 69) ».
Les vues de l’Européen Ernst Jünger gardent une grande actualité en pleine crise catalane et après les référendums victorieux sur l’autonomie accrue en Lombardie et en Vénétie. « L’Europe peut devenir une patrie sans détruire pour autant les pays et les terres natales. […] Dans la nouvelle demeure, on aura plus de liberté encore pour être breton, guelfe, wende, basque, crétois ou sicilien (Id., p. 109). » Pour Jünger, « il faut que l’Europe devienne la partenaire des grands empires qui se créent sur la planète et tendent à leur forme définitive. Il faut qu’elle participe à la liberté supérieure qui, ailleurs, est déjà conquise sur l’espace et sur l’insuffisance de l’héritage. Mais en vérité la déclaration d’indépendance de l’Europe est un acte plus spirituel encore. Elle suppose que ce continent s’affranchisse de ses conceptions pétrifiées, de ses haines invétérées, faisant de la victoire un bienfait pour tous (Id., pp. 81 – 82) ». Ernst Jünger estimait qu’« en fondant la nouvelle Europe, il s’agit de donner, à un espace divisé par l’évolution historique, son unité géopolitique (Id., p. 105) ».
Incarnation héroïque du noble esprit européen, Ernst Jünger est bien un très grand Allemand d’Europe.
Au revoir et dans quatre semaine !
Georges Feltin-Tracol
• Chronique n° 11, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 7 novembre 2017 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.
15:40 Publié dans Hommages, Littérature, Révolution conservatrice | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, ernst jünger, révolution conservatrice, allemagne, weimar, histoire, littérature, littérature allemande, lettres, lettres allemandes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
En tant que traditionalistes (1), nous croyons en la doctrine des cycles cosmiques (2) et par conséquent nous savons que notre temps actuel correspond au dernier cycle, celui qui est connu sous le nom de Kali-Yuga (3). Ce cycle particulier est le plus sombre des quatre cycles et affecte tous les aspects de la vie en général. Ainsi, les êtres humains, les civilisations et la politique ne peuvent-ils échapper à son pouvoir corrupteur. C’est un fait important à garder à l’esprit.
Cependant, le cycle se termine seulement pour repartir avec le premier, l’Âge d’Or ou Krita-Yuga d’un cycle suivant, les jours sombres laissent place à une nouvelle ère. Toutefois, entre-temps, certains d’entre nous, ceux qui forment la Jeunesse, ressentent le besoin d’une action politique mais nécessitent une formation solide pour faire face aux abominations de nos sociétés postmodernes. La Droite est un concept large après tout, comme c’est le cas pour la gauche. En France, la Droite signifie « Droite économique », même si elle apparaît parfois plus progressiste, parfois plus conservatrice. Dans son échelle de principes, le principe économique est toujours le plus élevé et tous les autres lui sont subordonnés. Voici un exemple frappant d’une étape finale involutive.
La définition de ce qui devrait être considéré comme la vraie Droite est une tâche impérative. Parmi les nombreux sujets qu’il a abordés à travers ses écrits, Julius Evola a consacré de nombreux articles sur cette question. Le philosophe italien, souvent réduit à un « fasciste ésotérique », incarne l’homme de Droite. Ses écrits, mais surtout ses actes, en ont fait un exemple vivant de la droiture que chacun voudrait atteindre. La jeunesse néo-fasciste italienne d’après-guerre n’avait pas tort de chercher toutes ces pierres précieuses dans les livres d’Evola afin de construire sa doctrine.
Publié à l’origine en hongrois fin 2012 en tant qu’anthologie des articles d’Evola sur la jeunesse et la Droite, A Handbook For Right-Wing Youth (Un manuel pour la jeunesse de Droite) est maintenant disponible grâce à Arktos en anglais. Nous espérons qu’une version française verra le jour tôt ou tard. En effet, l’influence d’Evola sur la désormais célèbre Nouvelle Droite française et tous ses héritiers (des identitaires aux militants nationalistes-révolutionnaires et traditionalistes radicaux), sans oublier le fondateur du présent site, Georges Feltin-Tracol (4), et certains contributeurs tels Daniel Cologne (5) et votre serviteur lui-même, est tout simplement énorme.
A Handbook For Right-Wing Youth contient dix-sept textes, principalement des articles de presse, mais aussi des extraits de livres tels que L’arc et la massue (6), ainsi que l’intégralité de l’essai intitulé Orientations (7). Il comprend une préface de Gabor Vona, président du parti hongrois Jobbik, et des notes bibliographiques de Robert Horvath. Nous devons également souligner les nombreuses notes de bas de page et la qualité de leurs explications. Le lecteur se retrouve avec un manuel destiné aux militants mais aussi à tous ceux qui désirent découvrir Julius Evola.
Comme le titre le suggère, les deux sujets principaux sont la Droite et la jeunesse. Le premier était un sujet classique développé par l’auteur à travers la totalité de ses écrits. En fait, la Droite suit l’écrivain italien comme son ombre. Julius Evola reste l’éveilleur le plus politique de la Tradition. Il s’est toujours considéré comme un homme de Droite, il a écrit à propos de la Droite et ses critiques et ses positions ont esquissé une doctrine, mieux encore, une vision du monde de Droite. « Cependant, il est également possible de laisser de côté toutes les hypothèses institutionnelles et de parler de la Droite en tant qu’orientation spirituelle et vision du monde. En plus de s’opposer à la démocratie et à tous les mythes “ socialistes ”, appartenir à la Droite signifie défendre les valeurs de la Tradition comme valeurs spirituelles, aristocratiques et guerrières (éventuellement avec des références à une tradition militaire stricte, comme dans le cas du prussianisme). De plus, cela signifie un certain mépris pour l’intellectualisme et pour le fétichisme bourgeois de l’homme cultivé (p. 50). »
Tout au long des différents textes du livre, Julius Evola insiste sur le fait que la vraie Droite est anti-égalitaire, anti-matérialiste, anti-démocratique mais aussi spirituelle et héroïque. En un mot traditionaliste. « En ce sens, le concept de Tradition s’applique à un système dans lequel toutes les activités sont en principe ordonnées d’en haut et ont une direction ascendante (p. 37). » En outre, Julius Evola vise les principaux foyers d’infection qui doivent être combattus selon lui (le marxisme, la psychanalyse, l’existentialisme et le darwinisme) et donne quelques indices sur les domaines culturels sur lesquels la Droite devrait se concentrer, c’est le cas de l’historiographie par exemple.
À propos du second sujet, Robert Harvath fait remarquer que « le sujet de la jeunesse ne faisait pas partie des préoccupations centrales d’Evola; c’est une ligne fine, mais visible, qui parcourt toute son œuvre (p. 150) ». Lorsqu’il écrit sur les jeunes, Julius Evola encourage une « autre jeunesse » ou, au contraire, critique la jeunesse au sens large. Cette dernière appartient à la jeunesse moyenne pour ainsi dire et Evola a surtout concentré ses critiques sur les étudiants et les beatniks comme dans Against the Youth (Contre les jeunes) ou Some Observations on the Student Movement (Quelques remarques sur le mouvement étudiant), tous deux présents dans ce manuel.
Julius Evola a rédigé ses premiers écrits d’après-guerre pour les jeunes militants néo-fascistes italiens. Il n’écrit pas sur ce qui doit être fait mais sur la façon d’être : « Ne pas se laisser aller est ce qui est crucial aujourd’hui. Dans cette société égarée, il faut se payer le luxe d’avoir un caractère. Il faut être du genre, avant même d’être reconnu comme le champion d’une idée politique, à faire preuve d’une certaine conduite de vie, d’une cohérence intérieure et d’un style de droiture et de courage intellectuel dans chaque relation humaine (p. 1). » Par ailleurs, « sur le plan de l’esprit, il existe quelque chose qui peut déjà servir de trace aux forces de résistance et de renouveau : c’est l’esprit légionnaire. C’est l’attitude de ceux qui surent choisir la voie la plus dure, de ceux qui surent combattre tout en étant conscients que la bataille était matériellement perdue, de ceux qui surent convalider les paroles de la vieille saga : “ Fidélité est plus forte que feu ”, et à travers lesquels s’affirma l’idée traditionnelle (p. 7) ». Enfin, « l‘action intérieure doit précéder toutes les autres actions (p. 3) ».
Nous croyons que ces conseils sont d’une importance capitale même si Evola a écrit sur des thèmes strictement plus politiques comme l’idée impériale, le corporatisme, la guerre occulte ou la « démonie de l’économie ». Certaines personnes comme Claudio Mutti ont rapidement fait d’Evola un admirateur de l’islam puisqu’il a montré à ses lecteurs, de manière positive, la mentalité guerrière de cette religion et son concept du grand djihad. Ce qu’il voulait montrer (et surtout apprécier), c’est ce processus ascétique, cette transformation presque alchimique de soi-même pour atteindre quelque chose de plus élevé. Ses intérêts pour la magie, qu’il a explorée en compagnie d’Arturo Reghini (8) dans le groupe Ur, son intérêt pour le tantra vamachara ou l’alpinisme sont des faits qui tendent à prouver notre point de vue.
En ce qui concerne cette collection de textes, nous aurions pu apprécier l’ajout des dernières parties de Chevaucher le tigre (9) qui consistent en un groupe de préceptes pour être et devenir dans cet âge sombre du Kali-Yuga. Aussi, et cela aurait été une addition nécessaire selon nous, quelques textes ou extraits de ses écrits sur la race auraient été une excellente correctif concernant le racialisme.
En conclusion, A Handbook For Right-Wing Youth est certainement un must pour tous les militants politiques et métapolitiques, pour chaque homme de Droite dans sa véritable essence. Nous croyons fermement que les sociétés occidentales ont besoin d’un renouveau de la Droite, pour ne pas dire une révolution. Gabor Vona a souligné un vrai problème dans la vraie Droite de nos jours : « La tragédie de cette situation est que les outils de la gauche sont contagieux. Cela crée une catastrophe politique, qui est extrêmement banale de nos jours: le paysage de la soit-disant Droite est en réalité de plus en plus rempli d’idées gauchistes, et permet aux frontières de la gauche de s’approcher de plus en plus, de la fausse Droite. Bien sûr, cela aboutit à une confusion totale, à la schizophrénie et au chaos des idées (p. 11 de l’avant-propos). »
C’est le plus grand danger auquel la vraie Droite puisse faire face maintenant. Le national-bolchevisme et le maoïsme nazi mis à part (même si leur tiers-mondisme était idéologiquement néfaste), nous identifions clairement une forte « gauchisation » de la Nouvelle Droite française (en particulier de l’une de ses personnalités, Alain de Benoist) et ce que les médias nomment « extrême droite ». La prévalence des questions sociale et économique, les critiques du libéralisme d’un point de vue marxiste et pire, l’abandon de la défense de la race de notre peuple – l’urgence numéro une pour la plupart des pays d’Europe occidentale – et la volonté d’éviter ces sujets sont de véritables signes de dégénérescence. Nous n’avons pas le temps et ne devrions pas prendre la peine d’analyser les causes; le fruit est déjà trop pourri. Le temps de reconstruire une vraie Droite est maintenant venu. Les livres de Julius Evola et A Handbook For Right-Wing Youth sont plus que des lectures nécessaires pour remettre les idées à l’endroit !
Thierry Durolle
Notes
1 : Par « traditionaliste », nous entendons quelqu’un qui se réfère au sens du mot expliqué par René Guénon.
2 : La doctrine des cycles cosmiques est souvent comprise comme un concept uniquement hindou, mais elle correspond également aux âges d’homme d’Hésiode.
3 : Il est le même que l’Âge de Fer d’Hésiode ou l’Âge du Loup nordique.
4 : Né en 1970, Georges Feltin-Tracol est rédacteur en chef du site Europe Maxima et auteur de nombreux ouvrages et articles. Militant depuis longtemps pour la Grande Europe, il a toujours revendiqué l’influence de Julius Evola dans sa réflexion.
5 : Né en 1946, Daniel Cologne est journaliste et essayiste. Il a écrit plusieurs livres sur la Tradition et a travaillé pour la revue traditionaliste Totalité.
6 : Julius Evola, L’Arc et la massue, Éditions Trédaniel, 1983, 275 p.
7 : Julius Evola, Orientations, Éditions Pardès, 2011, 90 p.
8 : Né en 1878, Arturo Reghini était un franc-maçon italien et était considéré comme le plus célèbre pythagoricien italien.
9 : Julius Evola, Chevaucher le tigre, Éditions Trédaniel, 2002, 290 p.
• Julius Evola, A Handbook For Right-Wing Youth, en anglais, Éditions Arktos, 2017, 182 p., 21,07 €.
• D’abord mis en ligne en anglais sur Euro-Synergies, le 8 novembre 2017.
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18:42 Publié dans Géopolitique, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : niko roa, perse, empire perse, perse antique, histoire, géopolitique, iran, iran ancien, iran antique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
21:12 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, friedrich nietzsche, allemagne, 19ème siècle | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ex: http://www.counter-currents.com
The Sailor Who Fell from Grace with the Sea remains imprinted upon the mind long after one has read it. It is one of Mishima’s shorter novels, but its tightly-woven narration heightens the intensity of the atmosphere, simulating a taut bowstring upon readying an arrow.
The novel takes place in Yokohama, Japan’s leading port city, during the American occupation, and unfolds mainly from the perspective of a 13-year-old boy by the name of Noboru Kuroda. Noboru lives alone with his mother Fusako, who runs a luxury shop that sells Western-style clothing; his father died when he was eight years old. He belongs to a gang of six precocious young boys who espouse a form of nihilism and hold mainstream society in contempt, reserving especial scorn for fathers.
Noboru is fascinated with the sea and ships. He convinces his mother to take him to a port, where a sailor by the name of Ryuji Tsukazaki, second mate aboard a freighter ship, shows him around his ship. The reader is introduced to Ryuji when Fusako invites him to the Kurodas’ home and Noboru observes the two embracing through a hole in the wall behind a chest in his bedroom.
Ryuji is rough-hewn, muscular, and ruggedly masculine. As a young man he was drawn to the restlessness and vastness of the sea and its rejection of the static confinement of landbound strictures. He was convinced that glory lay in store for him: “At twenty, he had been passionately certain: there’s just one thing I’m destined for and that’s glory; that’s right, glory!” (15). He wanted to lead a life of danger and adventure. Thus his vision of glory was inseparable from the perilous nature of seafaring: “They were consubstantial: glory and the capsized world. He longed for a storm” (15).
Ryuji becomes a hero to Noboru. As a young boy growing up without a father in postwar Japan, Noboru looks to him as a role model and worships the ideal of glory that he represents. He is in awe of Ryuji and likens him to “a fantastic beast that’s just come out of the sea all dripping wet” (41).
Ryuji leaves when his ship sets sail again, and his return marks the beginning of Part Two of the novel. Upon returning, Ryuji proposes to Fusako and the two agree to marry, which enrages Noboru. By marrying Fusako and embracing a life of domesticity, Ryuji is forced to sacrifice life at sea. He realizes this and at one point briefly questions his choice:
Are you really going to give it up? The feeling of the sea, the dark, drunken feeling that unearthly rolling always brings? . . . Are you going to give up the life which has detached from the world, kept you remote, impelled you towards the pinnacle of manliness? The secret yearning for death. The glory beyond and the death beyond. Everything was ‘beyond,’ wrong or right, had always been ‘beyond.’ (87)
Noboru becomes disillusioned with his former hero. Having turned his back on a life of glory, Ryuji forsakes his status as a hero of mythical proportions and becomes an everyday sort of fellow. This is foreshadowed in a scene in which he encounters Noboru one afternoon and calls out to him while flashing a forced grin. Here Ryuji comes across as a sheepish, almost pitiable figure attempting to endear himself to the boys.
Noboru informs the gang of Ryuji’s engagement to Fusako, and they decide it is necessary to “make that sailor a hero again” (107). There is a single means through which this can be achieved. The boys lure Ryuji to a secluded area under the pretense of getting him to talk about his adventures at sea. Ryuji begins to muse about the life he left behind. As he speaks, the immensity of his decision hits him just before he meets his end: “Now only embers remained. Now began a peaceful life, a life bereft of motion” (142).
The prose in the final scene is subtle and understated, which lends it a haunting effect. Mishima also refrains from inserting moral judgments that would color the reader’s interpretation of the deed, recalling Ryuji’s description of the sea’s indifference to human moral schemes.
Like many of Mishima’s works, the novel is essentially an allegory for the decline of traditional Japanese culture and the masculine spirit of the samurai amid the onslaught of Westernization and modernity.
Fusako embodies both the Westernization of Japan and the essence of the feminine. She leads a thoroughly Western lifestyle and decorates her home with Western furnishings, wears Western clothing, etc. She also represents the mentality of the modern West, one which prioritizes economic security, stability, and contentment above all other values. Such values are inherently feminine, eschewing adventure and heroism for comfort and safety. Fusako symbolizes the archetypal feminine, that which is earthbound and static, while Ryuji’s youthful aspirations represent celestial masculinity, that which strives to attain glory and greatness. Female seduction represents a woman’s attempt to lure a man into her domain and drag him down to earth, thereby derailing his quest for glory. Thus the gang scorns fatherhood because they realize that their fathers were each forced to compromise their individual quests for greatness and make concessions to societal custom.
The sense of glory that Noboru and the gang see in Ryuji is the antithesis of bourgeois, modern Western values, which in Mishima’s view were eroding traditional Japanese notions of honor. Thus the ideal of glory that Noboru reveres symbolizes the martial ethos of the samurai, and Noboru and the gang serve to enforce bushidō, the samurai code.
Yet Ryuji himself falls short of fulfilling this ideal. The choice between land and sea that lies before him and his ambivalence in the face of this dilemma is a reflection of the uncertain identity of postwar Japan, a country that over the course of a single century had transitioned from a feudal state into a global military power and was forced to grapple with how to reconcile its indigenous culture with modernity. Ultimately Japan pursued the course of Westernization, reflected in Ryuji’s rejection of his former life.
Thus Ryuji’s rejection of his life at sea in order to marry Fusako represents a surrender to the West/modernity as well as to the feminine. Faced with the fall of his hero, Noboru comes to believe that Ryuji can only be redeemed through dying a heroic death. The gang’s final act symbolizes an attempt to halt Westernization and restore heroism and glory to Japan. In this sense the gang parallels Mishima’s militia, the Tatenokai (“Shield Society”). On the morning of November 25, 1970, Mishima and four Tatenokai members seized control of a Japanese military base and attempted to enact a coup that would restore prewar imperial rule in what is now known as the Mishima Incident. The coup failed but ultimately served as a symbolic ritual (like the murder of Ryuji) that set the stage for Mishima’s suicide.
The Sailor Who Fell from Grace with the Sea is far more than an exploration of adolescent mischief gone awry. It illustrates that civilizations fluctuate between two opposite poles: a feminine spirit of bourgeois complacency and mediocrity and a masculine spirit that valorizes glory and greatness. The difference between the two is perhaps most evident in their respective attitudes toward death. In societies characterized by the former, an early or unnatural death is considered the worst fate that can befall a man. Many modern people expend an enormous amount toward artificially prolonging the degenerative state of old age for as long as possible. In societies characterized by the latter, it is held that weakness and dishonor are far worse than death. In such societies it is regarded as noble and heroic to sacrifice one’s life for a great cause, the “Grand Cause” that Ryuji invokes while reminiscing upon his life at sea (142). Mishima sought to do the same and intentionally committed seppuku when he was in his prime.
The modern world is defined by that which Fusako embodies: a desire for contentment and economic security at the expense of glory and heroism. In Greek mythology, sailors who were lured to land by the seductive song of the Sirens invariably met their end. Likewise the prospect of easy living appears alluring in times of national uncertainty but in the long run leads to civilizational decline. Thus the final act of the novel represents not the depravity of disturbed teenagers but rather the role of gang violence in enforcing justice and restoring order to a disturbed world.
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17:02 Publié dans Actualité, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dialogue, démocratie, fausse démocratie, manipulation, théorie politique, politologie, sciences politiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bijzonder mag het toch wel genoemd worden wanneer een historicus op 30 november, de tweehonderdste verjaardag van zijn geboorte, een ‘Gedenktafel’, een herdenkingsplaat, krijgt in de twee steden, Berlijn en Leipzig, waar hij als professor voor respectievelijk Romeins Recht en Romeinse Oudheidkunde had gewerkt. Theodor Mommsen (1817-1903) speelde dan ook een grote rol als ‘politischer Professor’, politiek geëngageerde professor, in het Duitsland van de 19de eeuw. Hij was de eerste Duitser – en tot nog toe de enige historicus – die in 1902 de Nobelprijs voor Literatuur in de wacht sleepte, en dat voor een werk dat hij 50 jaar daarvoor had geschreven, een werk dat de nuchtere titel ‘Römische Geschichte’ draagt. In een meesterlijke taal schilderde Mommsen daarin de geschiedenis van Rome vanaf zijn ontstaan als boerendorp aan de Tiber tot aan zijn opkomst als wereldmacht onder Julius Caesar, de staatsman die ‘das Römertum gerettet und erneuert’, gered en hernieuwd had, en zo na tweeduizend jaar nog voortleeft ‘im Gedächtnis der Nationen’, in het collectieve geheugen van de naties, als ‘der erste und doch auch der einzige Imperator Cäsar’.
Was de geschiedenis van Rome een voorafspiegeling van die van het Duitsland waarin Theodor Mommsen leefde en stierf? Toen hij in 1817 in het Noord-Duitse Garding het levenslicht zag, vormde Duitsland nog een confederatie van 38 kleine en middelgrote staten. Maar toen hij in 1903 overleed, was Duitsland al een Keizerrijk en een geduchte Europese grootmacht met grootste ambities op het wereldtoneel. Als journalist, professor en later lid van het Pruisische parlement zou de jonge Mommsen ijveren voor een vrij en verenigd Duitsland. In 1849 had hij in Dresden zelfs de barricades van de (mislukte) revolutie beklommen, wat tot zijn ontslag als professor aan de universiteit van Leipzig leidde.
Was Otto von Bismarck, de architect van de Duitse eenmaking in 1871, dan in zijn ogen een staatsman zoals Caesar voor wie het hoogste doel bestond in ‘die politische, militärische, geistige und sittliche Wiedergeburt der tief gesunkenen eigenen Nation’ (de politieke, militaire, geestelijke en morele wedergeboorte van de diep gezonken eigen natie)? Nee. Als volbloed liberaal vond Mommsen dat de Duitse eenmaking ten koste van de vrijheid was gegaan. Rijkskanselier Bismarck wilde met zijn protectionistische ‘Schutzzollpolitik’ de Duitse industrie en landbouw beschermen tegen de invoer van onder meer ijzer en goedkoper graan uit het buitenland. Dat kon Mommsen in zijn afschuw voor de staalbaronnen en de ‘Junker’, de kaste van adellijke grootgrondbezitters, niet pruimen. Bismarck wilde ook met een pakketje sociale wetten de sociaaldemocraten de wind uit de zeilen halen. De liberale Fortschrittspartei, waarvan Mommsen een van de oprichters was, deed dit alles af als ‘zwendel’ en ‘demagogische Volksbeglückung’ (een demagogisch paaien van het volk). Mommsen relativeerde ook de macht die Duitsland onder Bismarck had gewonnen, want bij de eerstvolgende ‘storm van de wereldgeschiedenis’ zou die weer verloren gaan – het klinkt haast profetisch – , terwijl de ‘Knechtung der deutschen Persönlichkeit, des deutschen Geistes’ iets noodlottigs was dat niet meer goedgemaakt kon worden.
Zijn die harde woorden, die harde oordelen van Mommsen over Bismarck en het door hem verenigde Duitsland wel gerechtvaardigd? Het Duitse keizerrijk (1871-1918) was beter dan zijn reputatie. Wetenschappen en kunsten bloeiden, de ene na de andere universiteit werd opgericht, duizenden kranten- en tijdschriftentitels verschenen, iedere (weliswaar mannelijke) burger genoot stemrecht en waar in Groot-Brittannië 70% van de gronden in handen van de adel was, gold dat in Duitsland voor ‘slechts’ 30%. Had Bismarck niet ook met zijn ‘Sozialgesetze’ de kiemen gelegd voor de sociale zekerheid? En was de ‘Schutzzoll’ (de ‘beschermende tol’) niet revolutionair, zoals Paul Lensch (1873-1926), journalist en sociaaldemocratisch lid van de Reichstag, stelde in zijn boek ‘Drei Jahre Weltrevolution’ (Leipzig 1917)? Deze tol zou immers de opkomende Duitse industrie tegen de Britse concurrentie beschermd en uiteindelijk naar haar dominantie op de wereldmarkt geleid hebben.
Mommsen was het prototype van de ‘politischer Professor’. Duitsland heeft er zo heel wat gekend, maar de auteur van meer dan 1500 publicaties was misschien wel een van de scherpste. Het ‘Rasiermesser’, het scheermes, zo noemden zijn studenten hem omwille van zijn strijdlustig, maar ook opvliegend karakter. Als liberaal streed hij niet alleen voor een economisch systeem, waaruit de staat zich moest buiten houden, maar ook voor een samenleving waarin de vrijheid van alle burgers zou gewaarborgd zijn. Zo haalde hij hard uit naar zijn collega-historicus Heinrich von Treitschke die met zijn beruchte uitspraak ‘Die Juden sind unser Unglück’ de haat tegen de Duitse burgers van joodse origine aanzwengelde.
Mommsen was in 1890 een van de oprichters van de ‘Verein zur Abwehr des Antisemitismus’, maar besefte al gauw dat de Jodenhaters niet overtuigd kon worden met ‘logische en morele argumenten’. De geest van Theodor Mommsen leeft niet alleen in zijn werken, maar ook in zijn nakomelingen voort. Kleinzoon Wilhelm Mommsen was professor geschiedenis aan de universiteit van Marburg, en diens beide zonen, Hans (1930-2015) en Wolfgang (1930-2004), behoorden tot de beroemdste historici van de Bondsrepubliek Duitsland. Een van de dochters van Theodor Mommsen was gehuwd met de grote classicus Ulrich von Wilamowitz-Moellendorf (1848-1931). Deze werd in de grotere openbaarheid bekend door een vete met de dichter-filosoof Friedrich Nietzsche (1844-1900) die hij een in de ogen van filologen onwetenschappelijke want intuïtieve werkwijze aanwreef.
16:35 Publié dans Histoire, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : theodor mommsen, histoire, histoire romaine, rome, rome antique, antiquité romaine, allemagne, 19ème siècle, bismarck, jules césar, julius caesar, théorie politique, politologie, sciences politiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
par Robert Skidelsky
Ex: http://lesalonbeige.blogs.com
Robert Skidelsky, professeur émérite d'économie politique à l'université de Warwick, publie une analyse dans Les Echos
"La sociologie, l'anthropologie et l'histoire ont apporté d'importantes avancées au débat sur l'immigration. Elles permettent notamment d'affirmer que l'hostilité à l'égard de l'immigration de masse ne peut être réduite à une protestation contre les pertes d'emplois, la baisse des salaires et les inégalités croissantes. L'économie a certainement joué un rôle dans la montée de la politique d'identité, mais la crise d'identité ne sera pas simplement effacée par des réformes économiques. Le bien-être économique n'est pas la même chose que le bien-être social.
Commençons malgré tout par l'économie, en utilisant le Royaume-Uni, qui s'apprête à sortir de l'UE, comme un cas d'espèce. Entre 1991 et 2013, il y a eu un afflux net de 4,9 millions de migrants nés à l'étranger en Grande-Bretagne. La théorie économique nous dit que l'immigration nette, comme le libre-échange, ne profite à la population autochtone qu'avec un certain retard. L'argument ici est que si l'on augmente la quantité de main-d'oeuvre, son prix (les salaires) baisse. Cela permet d'augmenter les bénéfices. L'augmentation des bénéfices conduit à davantage d'investissements, qui vont augmenter la demande de main-d'oeuvre, ce qui va renverser la première tendance à la baisse des salaires. L'immigration permet ainsi à une population plus nombreuse de jouir du même niveau de vie que la population moins nombreuse dans la situation précédente, d'où une nette amélioration du bien-être total.
Une étude récente de l'économiste de l'université de Cambridge Robert Rowthorn a toutefois montré que cet argument comporte de nombreuses lacunes. Les prétendus effets temporaires en termes de travailleurs autochtones déplacés et de salaires plus bas peuvent durer cinq ou dix ans, alors que les effets bénéfiques supposent une absence de récession. Et même sans récession, s'il y a un afflux de migrants, plutôt qu'une augmentation exceptionnelle de la taille de la main-d'oeuvre, la demande de main-d'oeuvre peut constamment être en retard sur la croissance de l'offre. La « thèse selon laquelle les migrants occupent les emplois de travailleurs locaux et poussent leurs salaires vers le bas est peut-être exagérée, dit Rowthorn, mais elle n'est pas toujours fausse ».
Un deuxième argument économique est que l'immigration va rajeunir la main-d'oeuvre et va stabiliser les finances publiques, parce que les jeunes travailleurs importés vont générer les impôts nécessaires pour financer un nombre croissant de retraités. La population britannique devrait dépasser les 70 millions d'habitants avant la fin de la prochaine décennie, soit une augmentation de 3,6 millions, ou 5,5 %, en raison de l'immigration nette et de l'excédent des naissances sur les décès parmi les nouveaux venus. Rowthorn rejette cet argument. « Pour maintenir une fois pour toutes une réduction du taux de dépendance, il faut un flux incessant de migrants. Une fois que l'afflux s'arrête, la structure des âges revient à sa trajectoire d'origine. » Ainsi, même avec des résultats optimaux comme l'évitement de la récession, les arguments économiques en faveur de l'immigration à grande échelle ne sont guère concluants. Ainsi le noeud de la question est vraiment son impact social.
David Goodhart, ancien rédacteur en chef de la revue « Prospect », a plaidé en faveur de la restriction d'un point de vue social-démocrate. Il tient pour acquis que la plupart des gens préfèrent vivre avec leurs semblables et que les décideurs doivent prêter attention à cette préférence. Une attitude de laisser-faire quant à la composition de la population d'un pays est aussi intenable que l'indifférence quant à sa taille. Pour Goodhart, l'origine de l'hostilité des libéraux à propos des contrôles migratoires est leur conception individualiste de la société. À défaut de comprendre l'attachement du peuple à des communautés sédentaires, ils taxent l'hostilité à l'égard de l'immigration de réaction irrationnelle ou raciste.
Un afflux trop rapide de migrants affaiblit les liens de solidarité et érode à long terme les liens affectifs nécessaires pour maintenir l'Etat providence. « Les gens préféreront toujours leur propre famille et leur propre communauté, affirme Goodhart, c'est la tâche d'un libéralisme réaliste de s'efforcer d'obtenir une définition de la communauté suffisamment large pour inclure les personnes de différentes origines, sans être trop large au point de perdre toute signification. » Les libéraux économiques et politiques sont associés dans la défense d'une immigration sans restriction. Les libéraux économiques considèrent les frontières nationales comme des obstacles irrationnels à l'intégration mondiale des marchés. De nombreux partis politiques libéraux considèrent les Etats-nations et les loyautés qu'ils inspirent comme des obstacles à l'intégration politique plus large de l'humanité.
Sur ce point se joue le plus vieux débat des sciences sociales. Les collectivités peuvent-elles être créées par la politique et les marchés, ou bien est-ce qu'elles présupposent un sentiment d'appartenance ? Il me semble que quiconque réfléchit à ces questions est forcé d'accepter avec Goodhart que la citoyenneté, pour la plupart des gens, est une chose dans laquelle ils sont nés. Si la composition d'une communauté se modifie trop rapidement, cela arrache les gens à leur propre histoire, en en faisant des déracinés. L'anxiété des libéraux de ne pas passer pour des racistes leur cache ces vérités. Une explosion de ce que l'on appelle actuellement le populisme est une conséquence inévitable.
La conclusion politique à tirer est banale, mais il est bon de la rappeler. La tolérance d'un peuple au changement et à l'adaptation ne doit pas être étendue au-delà de ses limites. Plus précisément, l'immigration ne doit pas être poussée trop loin, parce qu'elle déclenchera à coup sûr l'hostilité."
14:51 Publié dans Actualité, Définitions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : migrants, immigration, libéralisme, définition, immigrationnisme, actualité, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
Elles viennent d'annoncer la mort de l'ancien président, Ali Abdallah Saleh, tué dans des affrontements à Sanaa. Celui-ci était leur allié, jusqu'au moment où il s'était enfui pour leur échapper et s'était réfugié en Arabie saoudite.Il suffit de regarder une carte du Yémen pour comprendre l'intérêt stratégique du pays au profit de celui qui le contrôle. Il commande très largement le trafic maritime dense qui circule en Mer Rouge à partir ou vers le canal de Suez.
C'est la raison pour laquelle l'Arabie saoudite, avec le soutien des Etats-Unis, s'efforce depuis des mois d'en éliminer les Houthis, tribus chiites du nord du pays, en guerre contre le gouvernement officiel, allié depuis le début des pétro-monarchies sunnites. En fait, elle a surtout bombardé les populations, détruit les cultures vivrières et engendré les morts, les famines et les épidémies qui dévastent actuellement le Yémen
Or l'Iran est en train de s'imposer comme puissance dominante au Moyen-Orient. Son objectif est de remplacer dans ce rôle l'Arabie Saoudite. Il n'est donc pas étonnant qu'elle ait décidé depuis le début de soutenir les rebelles Houthis. Bien qu'elle s'en défende, elle l'a fait en leur fournissant des armes et semble-t-il quelques contingents de combattants. Cette perspective était insupportable pour Ryad. L'Arabie avait donc décidé d'attaquer les positions Houthis avec notamment des moyens aériens considérables et des armes modernes acquis aux Etats-Unis. Mais les Saoudiens sont de piètres miliaires. Ils n'ont jamais réussi à se débarrasser des Houthis.
Ils ne réussiront pas davantage aujourd'hui, autant que l'on puisse le pronostiquer, à les empêcher de s'emparer de la partie utile du Yemen. Les efforts impuissants de l'héritier du trône saoudien Mohammad bin Salman, le montrent amplement.
L'ennui est que, comme indiqué, ce sera inévitablement l'Iran qui profitera de cette impuissance, au détriment de l'Arabie saoudite. L'Iran vient de déclarer, par la voix de son président Hassan Rohani, que les Yéménites vainqueurs allaient faire regretter leurs actions aux "agresseurs", dans une allusion à l'Arabie saoudite.
L'axe chiite
Mais si l'Iran est en train de cerner l'Arabie par le sud, elle est depuis bien plus longtemps en bonne voie pour le faire par le nord. Elle est l'élément le plus actif de la coalition politico-militaire dit « axe chiite » qui est en train de se former et qui réunira l'Iran, la Syrie et une partie de l'Irak. L'objectif, comme nous l'avons souvent relaté ici, est non seulement d'affirmer les Chiites en face des Sunnites, mais d'éliminer du Moyen-Orient l'influence et les intérêts américains. Nul n'ignore en effet que depuis plus de 15 ans, ce sont les politiques désastreuses de Washington qui ont provoqué de nombreux conflits et des centaine de millions de morts.
L'Iran est d'autant plus motivée aujourd'hui pour jouer un rôle déterminant au sein de l'axe chiite que le président américain affirme en toutes circonstances que l'Iran est un ennemi organique des Etats-Unis et doit donc être rapidement détruite. Pour ce faire, il semble compter en premier lieu sur l'Arabie saoudite. Un des premiers objectifs de l' « axe chiite » en cours de mise en place sera donc, même s'il s'en défende, de neutraliser une Arabie alliée de Washington.
La Russie, pour sa part, a toujours encouragé l' « axe chiite », notamment à travers Damas et dans une moindre mesure Téhéran. Il est en effet vital pour elle de résister aux efforts américains qui cherchent à l'éliminer de la région, et notamment de ses bases en Syrie.
Mais peut-on craindre qu'elle profite des échecs de Ryad pour prendre des postures beaucoup plus agressives à l'égard de la coalition militaire américano-arabe, et au profit de Téhéran. Cela ne semble pas être dans le caractère de Vladimir Poutine, qui a toujours préféré les négociations. Au Moyen-Orient, certes, il n'acceptera jamais de se voir éliminer au profit de Washington, avec l'appui des Saoudiens. Cependant, il continue à entretenir différents types de dialogues avec ceux-ci. On ne doit sans doute pas, à Moscou, renoncer à la perspective de relations apaisées avec les monarchies sunnites.
20:55 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique, politique internationale, iran, arabie saoudite, yémen, houthis, chiites, sunnites, monde arabe, monde arabo-musulman, perse, monde persan, golfe persique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
par Nicolas Bonnal
Ex: http://www.dedefensa.org
On va parler du néo-féminisme et cela va nous fâcher avec les plus naïves de nos lectrices, celles qui vous font la morale et vous accusent d’extrémisme à tout bout de champ avant de bénir les bombardements sur la Syrie ou la Libye – en attendant la Russie…
Commençons notre sujet par Merkel, la bébête immonde des temps postmodernes dont comme le sparadrap du capitaine Haddock (victime expiatoire de l’infecte Castafiore) on ne peut se débarrasser.
J’en parlais il y a quelques années sur BVoltaire.fr, journal (j’ai gardé un très bon souvenir de Gabrielle Cluzel qui comme moi – mais après – a officié à famille chrétienne) qui à l’époque avait su attirer rédactrices et collaboratrices dans un monde antisystème à 90% masculin (et pas pour rien ; tout était prédit par Nietzsche, par Chesterton, par Tocqueville, par l’honorable Charles Pearson, lisez ou relisez mes textes).
Autoritaire et humanitaire, Angela Merkel incarne le péril féministe ; voyez L’Express qui évoqua dans une manchette débile ces femmes qui sauvent le monde. En réalité si nous avions eu Hillary Clinton au pouvoir, nous aurions déjà la guerre mondiale. Merkel incarne l’esprit de la nursery décrit en 1921 par Chesterton lors de son voyage en Amérique. Pour Chesterton la féministe (la fasciste ou la bolchéviste au féminin) considère le citoyen comme un enfant, pas comme un citoyen :
And as there can be no laws or liberties in a nursery, the extension of feminism means that there shall be no more laws or liberties in a state than there are in a nursery.
La trique dans une main, les rares sucreries dans l’autre. Les peuples en Europe sont en effet toujours traités comme des enfants, et menacés s’ils se montrent récalcitrants. Les arguments des élites reproduisent en continu cet autoritaire schéma matriarcal.
Lagarde est là pour financer l’Ukraine, Ivanka pour inspirer la guerre, Merkel la soumission et le TTIP, Theresa May les retrouvailles avec les USA. Le fascisme à la sauce mondiale prend un visage féministe. Car le féminisme est une métastase du totalitarisme postmoderne. On retrouve comme toujours Tocqueville et son pouvoir prévoyant, tutélaire et doux, qui cherche à nous fixer dans l’enfance.
Ces froides fonctionnaires sans enfant remplissent nûment leur tâche ingrate, oubliant au passage que l’homme a été créé égal à la femme, l’électeur à son élu.
Les harpies… sur ce sujet Philippe Grasset remarquait « la tendance d’Obama à s’entourer de créatures essentiellement féminines, les Harpies diverses, Nuland, Rice, Flournoy, Clinton, Power, les personnages les plus extrémistes de toutes les administrations depuis des décennies, sinon les plus extrémistes de toute l’histoire de la diplomatie US. »
Merkel est assortie. Et la comète Haley à l’ONU qui aboie pour la guerre à tout bout de champ sur tous les terrains possibles !
On espère se débarrasser de Merkel. Mais ce n’est pas encore fait hélas ; et puis ce n’est pas tout.
Le système étatique allemand accable les contribuables, poursuit les internautes, persécute les familles, relâche les violeurs (voyez l’intervention de Poutine à ce sujet). Il devient tyrannique pour appuyer la dérive de la chancelière muée en femme la plus impuissante du monde, car les gros animaux blessés sont les plus dangereux. A propos de gros animaux rappelez-vous qu’en Allemagne on a ouvert des bordels zoophiles (où on sodomise chiens et moutons), et qu’on met en prison les parents qui refusent la théorie du genre pour leurs enfants. Car on n’est pas des sauvages mais tout de même.
Lisez le livre définitif sur l’homosexualité et la question nazie, écrit par l’ancien chroniqueur du Monde Philippe Simonnot. Il se nomme Le Rose et le brun et montre bien que ce détraquement sexuel bien germanique que l’on observe sous Merkel a des origines bien brunes – et même impériales (scandale Krupp, entourage du Kaiser, etc.). On pourra aussi souligner la parenté de la tyrannie Merkel avec celle de l’eschatologique figure dans le meilleur épisode d’Harry Potter (phénix). Angela Merkel illustre bien l’autoritarisme rose bonbon de Dolores Umbridge, professeur en arts obscurs.
Espérons que les Allemands se réveillent pour la liberté européenne, celle qui repose sur la solidarité des peuples et l’amitié avec la Russie, pas sur la guerre avec Moscou et la bureaucratie de bunker. Mais s’ils sont aussi abrutis qu’en 1933, je vous garantis qu’on est mal partis. Car après avoir fait vingt millions de morts à la Russie ils veulent repartir – sous commandement US, pour se faire bien voir…
On aurait pu penser que les valeurs féminines allaient amener un monde plus paisible. Pearson parlait vers 1890 d’un monde émasculé, où le héros et le leader seraient remplacés par la handmaid !
Or ce féminisme est nécessiteux finalement, et cruel, vindicatif et belliqueux, ne nous y trompons pas. Il ne comprend jamais la violence symbolique dont parlait Baudrillard dans sa guerre du golfe qui a eu trop lieu.
Rajoutons qu’au cœur des luttes aberrantes contre l’islam (on les bombarde au nom du féminisme pour recueillir dix millions de migrants au nom des pleurnicheries humanitaires), Emmanuel Todd voit les vrais enjeux dans son presque impeccable Après l’empire :
« L'Amérique, dont le féminisme est devenu, au cours des années, de plus en plus dogmatique, de plus en plus agressif, et dont la tolérance à la diversité effective du monde baisse sans cesse, était d'une certaine manière programmée pour entrer en conflit avec le monde arabe, ou plus généralement avec la partie du monde musulman dont les structures familiales ressemblent à celles du monde arabe, ce que l'on peut nommer le monde arabo-musulman. »
Emmanuel Todd ajoute juste après :
« Il y a quelque chose d'inquiétant à voir une telle dimension devenir un facteur structurant des relations internationales. Ce conflit culturel a pris depuis le 11 septembre un côté bouffon et à nouveau théâtral, du genre comédie de boulevard mondialisée. D'un côté, l'Amérique, pays des femmes castratrices, dont le précédent président avait dû passer devant une commission pour prouver qu'il n'avait pas couché avec une stagiaire ; de l'autre, Ben Laden, un terroriste polygame avec ses innombrables demi-frères et demi-sœurs. Nous sommes ici dans la caricature d'un monde qui disparaît. Le monde musulman n'a pas besoin des conseils de l'Amérique pour évoluer sur le plan des mœurs. »
On verra. Pauvre monde musulman, pauvres épouses archaïques et pauvre gent masculine en attendant !
L’anthropologue et démographe voit aussi la dégénérescence gagner le monde scientifique anglo-saxon/occidental à cause de cette idéologisation féministe :
« Le conflit entre le monde anglo-saxon et le monde arabo-musulman est profond. Et il y a pire que les prises de position féministes de Mmes Bush et Blair concernant les femmes afghanes. L'anthropologie sociale ou culturelle anglo-saxonne laisse apparaître quelques signes de dégénérescence (…) Si une science se met à distribuer des bons et des mauvais points, comment attendre de la sérénité de la part des gouvernements et des armées?
On l'a vu plus haut, « universalisme » n'est pas synonyme de tolérance. »
On n’a pas fini d’en baver avec le yin humanitaire, ses valeurs bellicistes comme celles furibardes de Theresa May vis-à-vis de la Russie. C’est Baudrillard qui disait que c’est l’idéologie des Lumières qui opprime toujours plus. Sa victoire finale précipitera une disparition démographique et culturelle du monde libre (son « remplacement » comme disent les idiots, oubliant qu’on ne remplace ce qui a déjà disparu). On ne le pleurera pas.
Philippe Simonnot – Le rose et le brun
Baudrillard – La guerre du golfe n’a pas eu lieu
Emmanuel Todd – Après l’empire
Chesterton – What I saw in America (Gutenberg.org)
Nicolas Bonnal – Machiavel et les armes de migration massive (Amazon.fr)
Charles Pearson – National life and character
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par le Chouan des villes
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Le film de Spielberg inspiré des aventures de Tintin m'offre l'occasion de parler un peu des relations qu’Hergé entretenait avec l'élégance. Le vêtement masculin tel qu'il apparaît dans les aventures elles-mêmes fera l'objet (peut-être...) d'un autre billet.
Hergé n'était pas beau. Son nez était trop grand, son visage trop allongé. Il avait quelque chose d’ingrat qui, jeune, le faisait ressembler à un coureur (belge, bien sûr...) du tour de France ! Ce qu'il avait de mieux, c'était ses yeux gris, aux reflets tantôt verts, tantôt bleus. Il y avait aussi sa silhouette longiligne, qui lui donnait une certaine allure. Toute sa vie, il fit attention à sa ligne. A la fin, sous l'effet de la maladie, la minceur devint maigreur. Les portraits d'alors provoquent un malaise : l'inéluctable est là, que des vêtements trop larges révèlent d'autant mieux qu'ils voudraient le dissimuler.
Hergé prêta, nous dit son biographe Benoît Peeters, « une éternelle attention aux vêtements (1). » L'origine de cette préoccupation remonte à son enfance : son père était l'employé d'un atelier de confection spécialisé dans les vêtements pour garçonnets et jeunes gens ; sa mère exerça jusqu'à son mariage la profession d'ouvrière tailleuse. C'est elle qui lui confectionna ses premiers costumes. Grâce à elle, il pouvait porter beau. Son élégance frappa dès leur première rencontre Germaine Kieckens, sa future femme, ou Paul Jamin, son assistant au Petit vingtième, le journal qui allait permettre à Hergé de se faire un nom... ou plutôt un pseudonyme.
Sur les photos de sa jeunesse, on le voit prendre des poses avantageuses, qui ont l'air empruntées à des vedettes de cinéma, succomber à des naïvetés de débutant.
Mais, très vite, il adopte un style discret, classique, reflet fidèle de ses idées conservatrices. Pierre Assouline, un autre de ses biographes, précise : « Pour ce qui est de l'élégance, ses collaboratrices évoquent sa netteté, son chic et son allure sportive (2). »
Il ne fut cependant pas toujours indifférent à la mode. Il arbore dans les années 7O une coiffure dans le vent - cheveux plus longs recouvrant le haut des oreilles, mèche tombant artistiquement sur le front. La mise se décontracte, à l'image de celle de son héros qui, en 1977, dans Tintin et les Picaros, troque son célèbre pantalon de golf contre un vulgaire jean marron.
Hergé est arrivé alors au terme d'une lente et douloureuse évolution qui l'a amené à se détacher de tout ce qui n'était pas lui. Il a pris ses distances avec le catholicisme de sa jeunesse. Sa quête l'a conduit à s'intéresser, à partir de 1958, au taoïsme. Après bien des hésitations et des scrupules, il a quitté Germaine pour Fanny Vlamynck, de vingt-sept ans sa cadette, qu'il va finir par épouser en 1977. La palette de ses goûts s'est élargie. Il s'est initié à l'art contemporain sous l'influence de son tailleur, M. Van Geluwe, collectionneur d'oeuvres de ce genre. Les audaces de style du Hergé dernière manière témoignent de cette évolution. Audaces somme toute très limitées et parfaitement maîtrisées. Quand, en 1977, le festival d'Angoulême lui rend hommage, il ne renonce pas au costume-cravate. Au milieu des « bullistes » chevelus et mal nippés, sûr qu'il devait heureusement détonner !
S’il évolua, il ne se renia jamais. Ainsi aida-t-il du mieux qu’il le put ses amis journalistes qui, pour avoir « collaboré » avec lui au Soir de Bruxelles pendant la guerre, eurent maille à partir avec la justice.
Le goût d'Hergé pour les belles choses ne se limitait pas aux vêtements. Il aimait aussi, et notamment, les belles voitures. Il adorait la vitesse. « Ses voitures avaient longtemps été des sportives, nous dit Peeters, à la limite de la catégorie bolides. Il aimait conduire très vite, parfois sur des anneaux ou des pistes de performance. » Il a dessiné dans Tintin au pays de l'or noir la Lancia Aprilia à bord de laquelle il aurait quelques années plus tard un grave accident qui laisserait Germaine boiteuse à vie.
Lancia Aprilia (1937)
Il roule en Porsche, en Mercedes...
Homme mûr, il se voit bien mener, dans sa vaste propriété de Céroux-Mousty, la vie d'un gentleman-farmer. Le Hergé d'alors, c'est un peu le Haddock qui, au début de L'affaire Tournesol, se promène, élégamment vêtu, dans la campagne entourant Moulinsart. Rêve de beauté et d'art de vivre...
Porsche 1600: Hergé en posséda une...
Toute sa vie, Hergé eut le souci de la tenue, ce mot compris dans tous les sens. Souci né de la rencontre d’une éducation et d’un tempérament. « On ne naît pas impunément dans une famille liée au vêtement », écrit Peeters. J’ajoute qu’on ne naît pas non plus impunément dans une famille catholique ! « Rien ne le met en rage comme la désinvolture, dit Assouline. Plus qu’un crime contre l’esprit, elle est une faute de goût. Elle ne révèle pas seulement l’absence d’éducation, mais surtout le mépris des autres. » Difficile de distinguer ce qui, dans cette haine de la désinvolture et du laisser-aller, revient à l’éducation ou à la personnalité. La vulgarité sous toutes ses formes lui répugne. En 1932, un rappel militaire le sépare deux semaines de sa femme. Dans une lettre qu’il lui adresse, on peut lire ceci à propos des officiers : « La vie qu’ils mènent en commun leur enlève toute délicatesse, tout vernis. » Horreurs de la promiscuité…
Au sens le plus profond, Hergé était un homme d’ordre. Il lui fallait en toute chose – de la plus importante jusqu’à, apparemment, la plus dérisoire – introduire de la cohérence. Ses choix politiques, artistiques et, même, vestimentaires en portent témoignage. Son itinéraire spirituel aussi : découvrant qu’il n’avait jamais eu la foi, il se tourna vers d’autres formes de spiritualité, ne se résolvant pas à l’idée – moderne – d’un monde absurde. Dans l'œuvre univers d'Hergé (le concept est de Nimier), tout tourne rond, tout a du sens.
Les fragilités psychologiques et nerveuses d'Hergé sont connues. Sa rigueur, son exigence, son perfectionnisme le protégeaient de la menace, constante, du chaos. « Il n’avait pas la vocation du bonheur… Il y avait toujours quelque chose qui s’y mêlait… l’inquiétude… l’inquiétude… », écrit Peeters. L’effort créateur a sauvé Hergé du néant – de ce « rêve de blanc » qui, au moment de Tintin au Tibet, faillit venir à bout des défenses que, patiemment, il avait érigées pour contenir ses démons intérieurs. Le bonheur ? Un idéal pour Séraphin Lampion ! Hergé, c’était Sisyphe créateur. Un Sisyphe qu’il ne faut surtout pas imaginer heureux.
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1. Benoît Peeters, Hergé, fils de Tintin, Flammarion, 2002.
2. Pierre Assouline, Hergé, biographie, Plon, 1996.
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Ce billet prolonge celui qu’une autre fois j’ai consacré à Hergé.
Quand la tintinophilie vire à la tintinolâtrie, elle ne m'intéresse plus. Ne me demandez pas combien de marches a l’escalier de Moulinsart ni le numéro d’immatriculation de la Lancia Aurelia qui, pilotée par un Italien survolté, traverse en trombe L’Affaire Tournesol. A peine si je sais distinguer les Dupondt à leurs moustaches. Je ne me ruinerais sûrement pas pour posséder l’édition rare d’un album. Je n’ai jamais acheté une statuette en résine d’un de mes personnages favoris.
Mon amour pour Tintin est d’un autre ordre. Il puise à la source intarissable de l’enfance. Tintin a influencé pour toujours ma représentation de la réalité. Pour moi une canicule, c’est l’asphalte qui fond dans L’Etoile mystérieuse ; une éclipse, c’est Tintin ficelé à son poteau d’exécution qui implore Pachacamac dans Le Temple du soleil. Et chaque fois que je m’apprête à fréquenter un marché aux puces, je rêve d’y retrouver l’ambiance si poétique de celui que parcourt Tintin au début du Secret de la Licorne.
Des BD, il y en a beaucoup. Pourquoi, alors, cette fascination spéciale exercée par Tintin ? Des esprits très brillants ont tenté des réponses. Je n’aurai pas l’outrecuidance de me comparer à eux. Je me contenterai d’une observation fondée sur mon expérience. A mon avis, cette fascination tient beaucoup au dessin d’Hergé, qui a su trouver le point d’équilibre entre réalisme et imaginaire. Les personnages de Blake et Mortimer versent trop dans le premier ; ceux d’Astérix, trop dans le second. Le coup de génie d’Hergé consiste à avoir représenté les adultes avec un regard d’enfant. L’enfant est un caricaturiste-né. Les défauts des grandes personnes lui sautent aux yeux. La vérité peut alors sortir de sa bouche : « Maman, le monsieur a un très gros nez ! » ; « Papa, t’as vu comme la dame est maigre ! »
Si je sais lire les apparences, c’est en grande partie à Tintin que je le dois.
Tintin m’a appris à me méfier des gens qui se déguisent. Ils ont quelque chose à cacher. Je ne parle pas, bien sûr, de Tintin, qui se déguise quelquefois pour arriver à ses – nobles – fins, ni des Dupondt, dont les nombreux déguisements ridicules, censés les aider à se fondre dans le paysage, les désignent au contraire à la moquerie. Je pense à ce génie du mal qu’est Rastapopoulos, qui use d’identités et de panoplies diverses pour accomplir ses méfaits. Rastapopoulos se situe du côté dangereux de l’illusion. Ce n'est pas un hasard si, dans Les Cigares du pharaon, il s’occupe de cinéma et si, dans Coke en stock, il donne un bal masqué sur son yacht.
Notre vêtement doit exprimer notre être profond. Cela aussi, c’est dans Tintin que je l’ai appris. En un sens, un homme stylé donne l’impression d’être toujours habillé de la même façon. Les saisons passent - auxquelles, bien sûr, il s’adapte -, mais sans affecter sa manière. Que quelqu’un vienne à lui dire : « C’est fou comme vos tenues d’été vous changent ! » et le voilà tout décontenancé. Un style est puissant quand il fait oublier les variations contingentes.
Tintin ne porte pas toujours les mêmes vêtements. Il est parfois en polo, ou en chemisette, ou en chemise, ou en pull… On le voit en costume ou en tenue dépareillée ; il arrive qu’il ait une cravate ou qu’il soit coiffé d’une casquette ; son imperméable est souvent droit, parfois croisé à martingale… Les couleurs aussi sont différentes : blanc, bleu, jaune, beige par exemple pour les chemises… Pourtant, l’impression qui domine, c’est l’absence de changement ! En cela, Tintin a du style. Qu’un élément vienne à dénoter, le lecteur, à raison, ne suit plus. Hergé a commis une faute en remplaçant, dans Tintin et les Picaros, la culotte de golf de son héros par un jean marron (1). Tintin, tout à coup, n’est plus Tintin. Parce que son style, c’est Tintin même.
Mon personnage préféré n’est pas Tintin ; c’est Haddock. Car plus complexe : humain, faible, soumis à son péché, généreux, enfantin, attaché au passé, mécontent des autres et de lui-même, colérique, dépressif – et sensible à la beauté. Ce dernier point a depuis longtemps retenu mon attention. En son château de Moulinsart, l’aventurier se fait gentleman. Il goûte à une vie de luxe et de calme : « Désormais, s’exclame-t-il au début de L’Affaire Tournesol, il ne me faut rien d’autre que cette promenade quotidienne (…) Ah ! le calme ! Ah ! le silence… Ecoutez-le, ce silence… » Dans Les Sept boules de cristal, il arbore le monocle et, dans Les Bijoux de la Castafiore, il revêt plusieurs tenues « dépareillées-chic » de belle apparence.
Hélas ! La méchanceté des choses (2) a, à chaque fois, raison de son rêve de tranquillité. Son beau vase de Chine et son miroir florentin se brisent mystérieusement ; son ami Tournesol est enlevé ; la Castafiore attire les paparazzis chez lui…
Mon temps passe. Je vieillis. J’adapte du mieux que je peux mon vêtement à mon âge. Les héros d’Hergé n’ont pas eu à se donner cette peine. Pour ces bienheureux, le temps a arrêté son vol. Tintin est toujours un adolescent et Haddock, un homme entre deux âges. Cette bande dessinée a acquis l’intemporalité des œuvres classiques. Elle s’est détachée de sa période d’origine. Qui oserait prétendre qu’avec ses éternels cols durs Tournesol est démodé ? Les générations se succèdent. Tintin parle à mon fils d’une autre façon qu’il m’a parlé. Mais il lui parle ! Les années fuient. Je ne lis plus à cinquante-cinq ans Tintin au Tibet comme je le lisais quand j’étais enfant. Mais je continue de le lire !
Quand je suis triste, je me replonge dans ces livres d’images et ma tristesse se transforme en amicale nostalgie (3).
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1. Pierre Assouline explique, dans Hergé : biographie (Plon) : « La modernisation de l’apparence de Tintin (…), par complaisance vis-à-vis du producteur d’un des deux dessins animés adaptés de l’album, représente le seul moyen de rendre ce personnage à l’allure si désuète acceptable auprès du grand public américain. Mais pour qu’il y ait tout de même une continuité visuelle, les pantalons ne seront pas bleu délavé mais marron, solution bâtarde qui s’avère du pire effet. »
2. J’ai fait mienne cette belle expression de Liane de Pougy.
3. Pour les tenues dans Tintin, se reporter à l’étude qu’en a faite le regretté Paradigme de l’élégance !
17:36 Publié dans Bandes dessinées, Belgicana | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tintin, hergé, tintinologie, bandes dessinées, 9ème art, belgicana | | del.icio.us | | Digg | Facebook
À propos de : Paulin Ismard, La Démocratie contre les experts. Les esclaves publics en Grèce ancienne, Seuil
À Athènes, dans l’Antiquité, les tâches d’expertise étaient confiées à des esclaves publics, que l’on honorait mais qu’on privait de tout pouvoir de décision. C’est ainsi, explique P. Ismard, que la démocratie parvenait à se préserver des spécialistes.
Dans la démocratie athénienne, avec la rotation de ses magistrats et de ses conseillers choisis pour un an, ceux qui, « à l’occasion », tenaient lieu d’experts stables, étaient, selon Paulin Ismard, les esclaves publics, mais ils n’incarnaient l’État que comme « pure négativité » (p. 30), car ils étaient, en tant qu’esclaves, exclus de la sphère politique. D’où le sous-titre du livre : Les esclaves publics en Grèce ancienne. Qui étaient ces esclaves publics (dêmosioi) et quel était leur rôle ? C’est le premier objet du livre.
On lit d’abord de brillantes et utiles analyses sur l’historiographie de l’esclavage, que Paulin Ismard résume de façon extrêmement claire et convaincante, avec ses différentes « vagues » de comparaisons très idéologiques entre l’Antiquité et l’esclavage en Amérique, tantôt pour opposer l’humanité des Anciens à la cruauté des Modernes, tantôt pour légitimer l’esclavage moderne, tantôt pour le condamner comme on condamnait l’esclavage antique. Moses I. Finley y a ajouté la distinction entre sociétés à esclaves et les véritables sociétés esclavagistes (qui seraient apparues à dans l’Athènes classique). Cette historiographie laissait de côté de nombreux aspects du si divers et si massif « phénomène esclavagiste ». Les travaux des anthropologues permettent maintenant de mieux comprendre les différents types d’esclaves royaux, et plus généralement « les esclaves publics » qui sont l’objet du livre.
Mais la genèse des dêmosioi dans la Grèce archaïque est problématique. Paulin Ismard tente d’abord de suggérer (« un fil ténu », p. 32, « un sentier étroit », p. 42) une sorte de continuité entre les artisans (dêmiourgoi) de l’époque archaïque et les dêmosioi de l’âge classique. Il conduit agréablement le lecteur des aèdes et des héros attachés aux rois chez Homère à l’ingénieux Dédale, que son savoir a conduit à l’esclavage auprès des rois qui voulaient l’avoir à son service, selon un schéma traditionnel (attesté par exemple chez Hérodote pour le médecin Démocédès, au service du roi Darius) : sa mention par Xénophon, selon Paulin Ismard, « loin d’être innocente », ferait de Dédale « l’emblème du mal que le régime démocratique fait à celui qui sait » — une conclusion qui peut sembler faiblement étayée (p. 46-47). Quelques contrats conservés entre une cité et un dêmiourgos à l’époque archaïque dans diverses cités non démocratiques permettent de mieux observer les conditions concrètes de leur emploi : un archiviste en Crète, un scribe près d’Olympie. Dans un « constat » dont il reconnaît qu’il est « hypothétique », Paulin Ismard y voit « le statut de dêmosios confusément défini » (p. 53). Il est difficile cependant d’adhérer à la notion d’un « passage progressif du dêmiourgos de l’archaïsme au dêmosios de l’époque classique » : l’âge classique, bien sûr, et particulièrement à Athènes, continue d’avoir des dêmiourgoi libres et citoyens en abondance. Pour Aristote, il est vrai, dans une petite cité, on pourrait à la rigueur concevoir une équivalence entre esclaves publics et artisans effectuant des travaux publics (Politique, II, 7, 1267b15 : un texte difficile, qui pourrait être examiné). L’hypothèse traditionnelle lie le développement des esclaves publics aux progrès de la démocratie athénienne, avec ses institutions complexes et la rotation des charges qui limitait la continuité de l’action publique, et au développement, « main dans la main » (selon une célèbre formule de Finley associant démocratie et société esclavagiste, p. 58), de l’esclave-marchandise à Athènes.
Platon, dans un texte étonnant du Politique (290a), évoque « le groupe des esclaves et des serviteurs » dont on pourrait imaginer qu’ils constituent le véritable savoir politique de la cité. L’étude des esclaves publics éclaire la volonté platonicienne de séparer ceux que Paulin Ismard appelle joliment « les petites mains des institutions civiques » (p. 66) et le véritable homme politique. Pourtant, assistance aux juges, archivage, inventaires, comptabilité, surveillance de la monnaie, des poids et mesures, police, tout cela, que décrit très clairement et très utilement Paulin Ismard dans son chapitre « Serviteurs de la cité », était confié aux esclaves publics. Certaines tâches, rémunérées, attribuées le cas échéant par vote des citoyens, donnaient accès à des privilèges civiques ou religieux, comme la prêtrise de certains cultes. D’autres esclaves en revanche étaient affectés à divers chantiers, en grand nombre, si l’on pense à ceux qui exploitaient les mines du Laurion en Attique, qui ne sont pas examinés dans le livre, car ils ne rentrent guère dans la perspective adoptée. Par rapport à d’autres types d’esclaves publics, l’originalité grecque tiendrait à l’absence d’esclaves publics travaillant la terre (mais la documentation est limitée) ou enrôlés dans les armées (cela est corrigé p. 118 : il y avait de nombreux esclaves, en tout cas, dans la marine). Au total, les dêmosioi constituaient donc un ensemble extrêmement disparate, qui n’a jamais formé un corps, d’esclaves acquis surtout par achat.
Dans une inscription de la fin du IIe siècle, bien après la démocratie classique, à propos d’un préposé aux poids et mesures à Athènes, il est question d’une eleutheria (qu’il faudrait corriger en el[euth]era) leitourgia, un « service libre » : pour Paulin Ismard, un « service public » au sens où il assure la liberté des citoyens. Cette formule restituée, tardive et unique condenserait « le paradoxe qui réside au cœur du ‘miracle grec’, celui d’une expérience de la liberté politique dont le propre fut de reposer sur le travail des esclaves » (p. 92). Les esclaves publics grecs, bien que « corps-marchandises », étaient (ajoutons : parfois) d’« étranges esclaves » (chapitre 3), jouissant de certains privilèges des citoyens, dont l’accès à la propriété et peut-être à une certaine forme de parenté, ce qui pose quelquefois le problème de la distinction entre esclave et citoyen libre. L’emploi du mot dêmosios suffit-il en effet à établir la qualité servile ? L’épigraphiste Louis Robert mentionne un édit déplorant que des hommes libres exercent « une fonction d’esclaves publics », ainsi qu’une épitaphe commune à Imbros pour un citoyen de Ténédos et son fils qualifié de dêmosios, et conclut qu’un dêmosios avec patronyme doit désigner un homme libre exerçant des tâches publiques (BE 1981, 558). Le sens de ce type de patronyme est incertain. Pour le corpus assez comparable des actes d’affranchissements delphiques, où se pose aussi cette question, Dominique Mulliez observe que le nom au génitif renvoie au père naturel de l’affranchi, sans préjuger du statut juridique de la personne ainsi désignée ; il s’agit parfois de l’ancien maître de l’affranchi, lequel peut ou non se confondre avec le prostates. En ce qui concerne les dêmosioi, Paulin Ismard estime, lui, que « l’ensemble de la littérature antique (…) associe invariablement le statut de dêmosios au statut d’esclave » (p. 109). Il propose en ce sens une analyse nouvelle du statut d’un certain Pittalakos mentionné dans un plaidoyer d’Eschine, un dêmosios qu’il ne juge assimilé à un homme libre dans une procédure que faute d’un propriétaire individualisable. En Grèce, les esclaves publics pouvaient même recevoir des honneurs publics, ce qui interdit, note très justement Paulin Ismard, de faire de l’honneur une ligne de partage universelle entre liberté et esclavage (contrairement aux thèses de certains anthropologues).
Paulin Ismard se situe résolument dans la perspective du « malheur politique » contemporain, la séparation entre le règne de l’opinion et le gouvernement des experts : un savoir politique utile ne peut plus naître « de la délibération égalitaire entre non-spécialistes ». L’État, défini comme « organisation savante » (p. 11), exclut le peuple. C’est le second objet du livre que de situer la démocratie athénienne (et non plus « la Grèce ancienne ») par rapport à cette perspective. « L’expertise servile » y serait « le produit de l’idéologie démocratique », « qui refusait que l’expertise d’un individu puisse légitimer sa prétention au pouvoir » et cantonnait donc les experts hors du champ politique (p. 133, répété avec insistance).
Mais la documentation ne permet d’atteindre que quelques experts esclaves : des vérificateurs des monnaies, ayant seuls le pouvoir et la capacité d’en garantir la validité, un greffier dans un sanctuaire. Le cas de Nicomachos, chargé par Athènes de la transcription des lois pendant plusieurs années consécutives, est différent : on le connaît par des sources hostiles, qui insistent sur le fait que c’est un fils de dêmosios, mais c’est un citoyen athénien, qui n’a un « statut incertain » que dans la polémique judiciaire : voici donc un citoyen expert. Ce n’est pas le seul. Paulin Ismard lui-même évoque une page plus tôt les cas célèbres d’Eubule et de Lycurgue en matière financière ; et que dire, en matière militaire et diplomatique, de Périclès, réélu 14 fois stratège consécutivement ? Ajoutons, à un moindre niveau, les secrétaires mentionnés par la Constitution d’Athènes aristotélicienne : leur contrôle ne peut guère avoir été seulement « formel ».
Sur le plan idéologique, le fameux mythe de Protagoras, dans le Protagoras de Platon, explique que, contrairement aux compétences techniques réservées chacune à un spécialiste (à un dêmiourgos), une forme de savoir politique, par l’intermédiaire des notions de pudeur (ou respect) et de justice, a été donnée à tous les hommes. On y trouverait donc « une épistémologie sociale qui valorise la circulation de savoirs, même incomplets, entre égaux », « une théorie associationniste de la compétence politique », comme celle que développe l’historien américain Josiah Ober dans ses ouvrages récents sur la démocratie athénienne. Protagoras veut pourtant montrer — c’est le raisonnement qui explique ensuite le mythe dans le dialogue de Platon — que si tous les citoyens doivent partager une compétence minimale, il y a des gens plus compétents que d’autres en politique, et des maîtres, comme lui, pour leur enseigner cette expertise. Signalons à ce propos la virulence de ce débat dans le libéralisme radical anglais du XIXe siècle. John Stuart Mill, rendant compte en 1853 de l’History of Greece du banquier et homme politique libéral George Grote, cite avec enthousiasme ses pages sur le régime populaire :
« The daily working of Athenian institutions (by means of which every citizen was accustomed to hear every sort of question, public and private, discussed by the ablest men of the time, with the earnestness of purpose and fulness of preparation belonging to actual business, deliberative or judicial) formed a course of political education, the equivalent of which modern nations have not known how to give even to those whom they educate for statesmen / Le fonctionnement journalier des institutions athéniennes (qui habituaient chaque citoyen à entendre la discussion de toute sorte de question publique ou privée par les hommes les plus capables de leur temps, avec le sérieux et la préparation que réclamaient les affaires politiques et judiciaires) formait un cursus d’éducation politique dont les nations modernes n’ont pas su donner un équivalent même à ceux qu’elles destinent à la conduite de l’État ».
En revanche, lorsqu’un peu plus tard, en 1866, il commente un autre livre célèbre de Grote, Plato and the other Companions of Socrates, il condamne le relativisme qui est selon lui la conséquence inéluctable de sa position, et affirme avec Platon « the demand for a Scientific Governor » (« l’exigence d’un gouvernant possédant la science »), c’est-à-dire, dans les conditions modernes du gouvernement représentatif, « a specially trained and experienced Few » (« Un petit nombre de spécialistes éduqués et entraînés »).
« La figure de l’expert, dont le savoir constituerait un titre à gouverner, (…) était inconnue aux Athéniens de l’époque classique » (p. 11, 16) : c’est la thèse centrale. Le mot « expert » est ambigu. Le « gouvernement » des Athéniens s’exerçait principalement par l’éloquence, sous le contrôle des citoyens, dans une démocratie directe : c’est donc dans la maîtrise de l’éloquence que se logeait pour une part l’expertise de ceux que Mill appelle « the ablest men of the time ». La question de la rhétorique, qui est sans cesse débattue à l’époque, est absente dans le livre de Paulin Ismard, car aucun esclave n’a accès à la tribune. Or, comme Aristote l’écrit (et comme Platon le pensait), même la formation technique de certains citoyens à la rhétorique devait inclure une expertise politique extérieure à la technique du langage : « les finances, la guerre et la paix, la protection du territoire, les importations et les exportations, la législation » (Rhétorique I, 4, 1359b).
Le dernier chapitre aborde un autre point central de la réflexion sur l’Athènes classique, la notion de « Cité-État ». Après Fustel de Coulanges et sa « cité antique », a été inventé pour décrire les formes grecques d’organisation politique le concept de « Polis », ce « dummes Burckhardtsches Schlagwort » [1] (Wilamowitz), qu’on traduit ordinairement par « Cité-État ». Paulin Ismard, lui, prend ses distances à l’égard des travaux récents de l’historien danois Mogens H. Hansen, qui aboutissent à distinguer polis et koinônia, « cité » et « société » : il n’y a pas, selon lui, de polis distincte qui correspondrait peu ou prou à l’État moderne, la communauté athénienne « se rêvait transparente à elle-même » (p. 172). Dans cette perspective, confier l’administration, la bureaucratie (Max Weber est évoqué) aux esclaves publics permettait de « masquer l’écart inéluctable entre l’État et la société », dans une « tension irrésolue ».
L’esclave royal qui déclenche la tragédie d’Œdipe dans l’Œdipe-Roi de Sophocle détient le savoir qui met à bas les prétentions au savoir du Roi : voilà l’image que le « miroir brisé » de la tragédie tend pour finir, par l’intermédiaire de Michel Foucault, à Paulin Ismard. Le Phédon lui offre mieux encore : un dêmosios, le bourreau officiel d’Athènes, apportant le poison à Socrate, est accueilli par le philosophe comme le signe de l’effet qu’il suscite bien au-delà d’Athènes et des Athéniens, si bien que cet esclave se trouve placé dans la « position éminente » du « témoin ». De façon un peu étrange, le baptême du premier des Gentils, l’eunuque éthiopien des Actes des Apôtres complète ce « fil secret » (une métaphore récurrente) de « l’altérité radicale », « un ailleurs d’où peut se formuler la norme » (p. 200).
En fin de compte, la figure de l’esclave public, dont cet ouvrage remarquablement écrit propose une analyse très fouillée et neuve, sans toujours entraîner la conviction, permet à Paulin Ismard de mettre à distance le rêve de transparence qu’incarne pour beaucoup (par exemple pour Hannah Arendt) la démocratie athénienne classique.
On pourra lire la controverse, brièvement évoquée dans ce compte rendu, entre Christophe Pébarthe (Revue des Etudes Anciennes, 117, 2015, p. 241-247) et Paulin Ismard).
Sur George Grote et John Stuart Mill, voir Malcolm Schofield, Plato. Political Philosophy, Oxford, 2006, 138-144.
Sur la question de la science politique et de la rhétorique, voir une première approche dans Paul Demont, « Y a-t-il une science du politique ? Les débats athéniens de l’époque classique », L’Homme et la Science, Actes du XVIe Congrès international de l’Association Guillaume Budé, Textes réunis par J. Jouanna, M. Fartzoff et B. Bakhouche, Paris, Les Belles Lettres, 2011, p. 183-193.
Paul Demont, « L’esclave-expert et le citoyen », La Vie des idées , 25 novembre 2015. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/L-esclave-expert-et-le-citoyen.html
02:30 Publié dans Histoire, Livre, Livre, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : démoncratie athénienne, athènes, athènes antique, antiquité, hellénisme, hellénité, humanités classiques, humanités gréco-latines, philologie classique, histoire, grèce, grèce antique, livre, théorie politique, philosophie politique, sciences politiques, politologie, expertocratie, experts | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Propos recueillis par Thierry Durolle
Europe Maxima : Pouvez-vous vous présenter ? Qu’est-ce qui vous a amené à vous investir (méta)politiquement ?
Gwendal Crom : Je me nomme Gwendal Crom, j’ai la trentaine, je suis ingénieur et journaliste de formation. Je me suis investi métapolitiquement après la mort de Dominique Venner. Le destin a voulu que le jour du sacrifice de l’auteur du Samouraï d’Occident, je sois au Japon en train de lire Les pensées de Marc-Aurèle. Je ne connaissais pas Dominique Venner et n’avais jamais lu un de ses ouvrages. J’avais déjà les idées qui sont les miennes aujourd’hui mais je m’étais toujours tenu à l’écart de ce milieu. Revenu en Europe, le geste et les derniers textes de Dominique Venner me revenaient sans cesse. Il fallait sortir de ces « ambiguïtés toxiques » disait Venner. J’ai réuni mes plus proches amis et j’ai fondé avec eux un cercle de réflexion identitaire. Notre but était d’interroger la grande Tradition européenne au moyen de « critiques positives » des œuvres de cette Tradition. Ceci afin d’en tirer les idées efficientes, positives nous renseignant sur elle et les solutions qu’elle peut apporter aux défis de notre époque. Ainsi est né Le Socle.
Je me suis engagé politiquement à la suite de cet engagement métapolitique. Engagement politique qui s’est fait naturellement dans la mouvance identitaire.
EM : Vous êtes donc le créateur d’un cercle de réflexion nommé Le Socle. Quel en fut la genèse ? Son but ? Pourriez-vous nous présenter vos collaborateurs ?
GC : Le Socle réunit des Européens de sensibilités différentes. Notre point commun est d’être de la mouvance identitaire au sens large. Certains sont souverainistes quand d’autres sont pour la constitution d’un véritable État européen. Nous comptons des païens, des chrétiens et des agnostiques. Mais nous avons tous à cœur de perdurer en tant qu’Européens sur le sol de nos ancêtres. L’heure n’étant plus aux querelles de chapelle, nous prônons la seule réconciliation qui vaille, celle entre Européens.
Comme dit plus haut, Le Socle a pour but de comprendre ce que nous sommes, ce qu’est notre Tradition pour ensuite permettre des engagements futurs. Il s’agit d’une démarche de ressourcement et de conscientisation pour ainsi dire.
La démarche du Socle est basée sur plusieurs constats. Tout d’abord, nous considérons que le temps qu’il nous reste est trop court pour redéfinir de A à Z ce que nous sommes et ce que nous voulons. Mais, et c’est là notre second constat, nous avons derrière nous une longue histoire d’étude de notre Tradition. De nombreux auteurs ont écrit sur elle, sur ce qui nous fait en tant qu’Européens. D’innombrables travaux ont été réalisés sur le sujet mais nous sommes aujourd’hui incapables d’en profiter. Chacun a (et notre époque d’individualisme forcené n’y est bien évidemment pas étrangère) la prétention d’élaborer sa propre « pensée ». Mêmes ceux qui se disent traditionalistes sont touchés par ce mal. Certes, il y a en Europe et depuis l’origine une tradition du libre-arbitre mais elle ne doit pas être confondue avec cela. Être traditionaliste, c’est d’abord revendiquer un héritage culturel, philosophique, spirituel, politique. C’est le comprendre et le transmettre. Un traditionaliste qui veut élaborer une pensée nouvelle devra d’abord avoir accompli cela. L’étendue de notre Tradition est telle que plus de 99,9 % des gens ne peuvent y prétendre (c’est également notre cas).
Au Socle, chaque membre se place dans une veine de la grande Tradition européenne, que nous découpons en tradition païenne, en tradition chrétienne et en tradition de libre-pensée (nous considérons que ces trois piliers constituent le socle de la civilisation européenne, d’où le nom de notre cercle). Chaque membre se choisit également une figure tutélaire qui le « guidera » dans le choix de ses lectures et qui est bien évidemment en lien avec la veine de la Tradition dans laquelle il se place. Païen, j’ai Dominique Venner pour figure tutélaire. Un camarade chrétien a Saint Thomas d’Aquin tandis qu’un troisième se revendiquant de la libre-pensée (pas au sens gauchiste du terme bien entendu) a Charles Maurras pour figure tutélaire. Chaque membre se concentre, s’initie ainsi à une part de la grande Tradition européenne. Il livre ensuite le fruit de ses travaux pour chaque lecture réalisée. Chaque membre se « spécialise » ainsi tout en profitant du travail réalisé par ses condisciples. Cette « spécialisation » permet à chacun d’incarner chaque jour un peu plus une école de la grande Tradition européenne au lieu de « picorer » à droite, à gauche de quoi se constituer sa petite pensée personnelle (chose à laquelle prétendent même Nabilla et Hanouna).
Le Socle est ainsi un cercle de réflexion mais il est un peu plus que cela. Comme dit plus haut, le but n’est pas de rester à un niveau purement intellectuel. Notre but est de nous plonger dans la Tradition et de revenir avec elle. Certains sont entrés dans les ordres, d’autres se sont engagés politiquement, beaucoup ont intégré des instituts de formations comme l’Iliade ou Academia Christiana.
Au Socle enfin, nous nous réunissons dans une ambiance européenne. Je veux dire par là que nous faisons nos présentations accompagnés de grands plats et de bonnes boissons mais que celui qui y vient ne le fera jamais en « touriste », en consommateur. Chacun doit y apporter le fruit de ses travaux. La discipline y est de rigueur comme la camaraderie. À l’européenne donc. Voilà pourquoi les nouveaux membres nous font à chaque fois cette même remarque : après les réunions, ils se sentent ressourcés.
Concernant nos débuts, nous sommes partis de trois membres fondateurs. Moi-même pour la tradition païenne, Vaslav Godziemba pour la tradition chrétienne et Félix Croissant pour la tradition de libre-pensée. Nous sommes aujourd’hui près d’une dizaine de membres.
EM : Le Socle digère, pour ainsi dire, de nombreuses pensées et de nombreux points de vue. Pour autant vous ne produisez pas de contenu propre. Est-ce une prochaine étape ?
GC : Comme dit plus haut, seul un travail conséquent le permettrait en toute humilité, et encore cela n’est-il pas forcément une priorité vue la configuration historique qui est la nôtre. Combattre et transmettre est la première des priorités. Néanmoins, ceux qui nous suivent depuis un certain moment remarqueront des constantes dans les sujets abordés, notamment la notion d’aristocratie et l’idée d’Europe. Qu’est-ce qu’une aristocratie, en quoi notre monde est la proie d’une (anti–)aristocratie de l’argent, pourquoi une nouvelle aristocratie nous est-elle nécessaire pour nous en défendre et comment la faire advenir ? Ces interrogations sont actuellement le centre de plusieurs réflexions au sein du Socle. Si ces réflexions deviennent suffisamment abouties et originales pour être partagées, alors nous les partagerons.
EM : Votre combat est clairement métapolitique. En cela, votre démarche n’est pas nouvelle. Le GRECE a pour ainsi dire « lancé la mode » dans les années 1970. Hélas, le résultat escompté du combat métapolitique n’est pas vraiment au rendez-vous. Comment expliquez-vous cela ?
GC : Je pense au contraire que le travail du GRECE (et de la Nouvelle Droite en général) a eu un impact considérable. Il faut également se rappeler des réactions violentes qu’il suscita très rapidement (en particulier avec l’arrivée de la gauche au pouvoir et lors de la constitution du Figaro Magazine), montrant que beaucoup avaient conscience du potentiel des idées et des hommes de la Nouvelle Droite. La mouvance identitaire au sens large (de l’Alt-Right américaine aux eurasistes russes en passant par l’Europe évidemment) se revendique des travaux et réflexions menées par le GRECE. Je pense qu’on ne peut pas faire fi du phénomène d’inertie de manière générale. Et il faut parfois attendre plusieurs décennies pour constater les effets d’une cause. Mais vous voulez bien évidemment faire référence à ses effets sur la société dans son ensemble. Sans doute faudrait-il parler pour l’instant des résultats politiques du GRECE. On ne peut mener de combat métapolitique efficient sans des relais adéquats dans la population. La Nouvelle Droite n’avait à l’époque ni les médias, ni les institutions (universités ou structures relevant du ministère de la Culture par exemple). Bref, elle ne pouvait pas pénétrer efficacement les différentes couches de la population car ses moyens publics ou privés étaient insuffisants.
Quant au Socle, son travail est dirigé vers ses membres et non vers l’extérieur. Il n’a donc pas de rôle métapolitique à proprement parler. Nous publions nos critiques positives pour nos membres et ceux qui voudraient nous rejoindre.
EM : N’est-ce pas en fin de compte un problème de calibrage entre d’une part le peuple et une avant-garde intellectuelle d‘autre part ? Vous conviendrez qu’il est difficile de mettre Les Métamorphoses d’Ovide entre les mains d’un téléspectateur de Cyril Hanouna…
GC : Il faut sortir de cette escroquerie intellectuelle venue de la gauche qu’est la « culture pour tous ». Tout ce qui relève de la culture est élevée et tout ce qui est élevé demande des efforts. Même en venant d’un milieu exigeant intellectuellement, se cultiver est toujours un mouvement ascendant. Ce n’est pas la culture qui descend à nous. On peut et on doit favoriser les mesures politiques qui empêchent la population de s’abaisser, ne pas subventionner l’art contemporain, interdire la production de personnes comme Hanouna à la télévision ou ailleurs… Mais on ne forcera jamais les gens à lire Kant ou Les Métamorphoses.
Les révolutions métapolitiques, les changements de mentalités existent cependant. Mai 68 en est un très bon exemple. Mais au final, était-ce étonnant en considérant la survenue de la société de consommation, le traumatisme de deux guerres mondiales, la chute de l’univers aristocratique européen, la victoire des puissances matérialistes américaines et russes. Notre monde était mûr pour le gauchisme. Aujourd’hui, il semble plus que jamais prêt pour une révolution identitaire.
Vous remarquerez enfin que ceux qui ont changé la société à la suite de mai 68 étaient des bourgeois cultivés. Ils ont investi les journaux, les facultés, les ministères. Aujourd’hui, riches ou pauvres, instruits ou incultes, nous vivons dans leur monde.
EM : Vous faites partie de cette jeunesse qui a le regard tourné vers l’Europe. Quand est-ce que vous avez pris conscience de votre « européanité » ? Qu’est-ce qu’être Européen pour vous ?
GC : À vrai dire, tout nous fait tourner notre regard vers l’Europe. La vassalisation des nations d’Europe, la menace démographique pesant sur les Européens, le sentiment d’appartenir à une civilisation commune, d’avoir des origines communes, le fait que si nous ne nous unissons pas, nous sommes promis à la disparition… Tout nous ramène à l’Europe, quelle que soit la signification politique que nous donnons à ce mot.
À titre personnel, j’ai vécu plusieurs années en Autriche durant mon adolescence. Je me rappelle de jeunes Autrichiens très chauvins et dans la nostalgie de la grandeur de l’Autriche-Hongrie. C’est vers la fin de mon séjour que nous avons cessé de nous quereller sur la question de savoir qui de la France ou de l’Autriche était la plus grande nation. Ils m’avaient alors confié se sentir « à la maison » en Bretagne tout comme je me sentais chez moi dans le Tyrol et dans les rues de Vienne. J’ai retenu de ces années que la nostalgie était un poison pour les Européens et qu’il nous avait fait perdre de précieuses années.
Pour répondre à votre question, est Européen celui qui est descendant d’Européens. Je pourrais vous faire une liste des qualités mentales et spirituelles des Européens mais celles-ci varient grandement selon l’époque et le milieu considérés. Seule une « aristocratie secrète » pour reprendre les termes de Dominique Venner a continué d’incarner les qualités de nos plus lointains aïeux. Une vision tragique de l’existence, l’importance accordée à l’esthétique et à l’individualité enracinée, le sentiment de la liberté… tout cela n’est pas forcément bien compris et incarné par tous les Européens. Mais tous, nous conservons un univers mental mélangeant racines païennes et message christique, aristocratie virile et respect de la femme, amour de la nature et soif de connaissance. À vrai dire, ce qui manque aujourd’hui aux Européens, c’est surtout de l’équilibre, de la mesure. Un manque qui nous a jeté dans les bras de la technique, de l’amour inconditionnel de l’autre et nous a enlevé toute force, toute capacité de révolte.
EM : Que pensez-vous de la pseudo–Union européenne ? Quel régime politique conviendrait le mieux à l’Europe selon vous ?
GC : L’Union européenne est la création parfaite pour désarmer les Européens et les éloigner de toute notion d’Europe-puissance. C’est un outil d’impuissance au service des États-Unis. Ce n’est pas un État, elle ne possède aucun gouvernement capable d’agir sur le long terme. Elle est également gangrénée par les mêmes maux que les États européens : progressisme, dogmatisme libéral, soumission aux banques et aux lobbies.
À titre personnel, je suis pour la constitution d’un véritable État européen supranational, identitaire et fondé sur le principe de subsidiarité. Le cycle des États-nations né des traités de Westphalie est en train de se clore pour laisser la place à un affrontement entre blocs d’échelle continentale ou sub-continentale. Fonder un bloc européen disposant des outils de puissance équivalents à ceux de ses concurrents est une nécessité vitale.
EM : Quel regard portez-vous sur le problème du séparatisme catalan et le conflit russo-ukrainien ? Le projet eurasiste représente-t-il une alternative crédible à vos yeux ?
GC : Là encore je ne pourrais répondre qu’à titre personnel tant les avis sur la question sont nombreux au sein du Socle (comme dans le reste de notre mouvance). Mais quelles que soient les positions des uns et des autres au sein de notre mouvance, je ne peux m’empêcher de remarquer le manque total de cohérence de certains des nôtres qui défendent l’intégrité de la nation espagnole quand ils nient celle de l’Ukraine (ou inversement). Néanmoins, une Catalogne indépendante resterait en Europe, ce qui n’est pas le cas de la Crimée ou du Donbass. Personnellement, si je suis pour la constitution d’un État européen à la vue de l’impuissance des États-nations d’Europe, ce n’est pas pour être favorable à une sommation d’impuissances encore plus navrantes d’« États-régions ».
Quant à l’eurasisme, il suffit de se rendre en Russie pour voir que cette nation n’a que peu à voir avec l’Europe. La Russie nous a dit que l’Ukraine devait être une zone tampon entre l’Europe et la Russie. Je répondrais que la Russie doit servir de zone tampon entre l’Europe et l’Asie.
EM : Pour conclure, croyez-vous, à l’instar de Nietzsche, que « l’Europe ne se fera qu’au bord du tombeau » ?
GC : A-t-on aujourd’hui le choix ?
Propos recueillis par Thierry Durolle
01:41 Publié dans Entretiens, Nouvelle Droite, Synergies européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretien, nouvelle droite, synergies européennes, métapolitique, gwendal crom | | del.icio.us | | Digg | Facebook
par Jean Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
Le mouvement féministe en France a donc parfaitement raison d'encourager les femmes à ne pas céder à de tels chantages et dénoncer, quand cela est justifié, les hommes qui s'y livrent. Elles ont d'autant plus de mérites à le faire que ces hommes disposent de pouvoirs dont ils ont la possibilité d'abuser à leur égard. On peut donc considérer que la campagne dite « denoncetonporc », est légitime, malgré le relent nécessairement vichyssois qu'entraine avec lui le terme de dénonciation.
Lorsque ce sont des individus masculins bien identifiables qui sont ainsi dénoncés, et non des comportements généraux, comme le voulaient initialement quelques initiatrices de cette campagne, il est bien évident par contre que, comme toute dénonciation en justice, elle doit s'appuyer sur des preuves ou au moins de fortes présomptions. L'homme dénoncée doit aussi avoir le droit de se défendre, y compris en justice.
En France, la campagne de dénonciation des abus masculins à l'égard de femmes n'ayant pas suffisamment de moyens pour se défendre a pris une certaine ampleur, justifié par l'universalité des comportements « machistes » agressifs. Mais elle reste dans des limites raisonnables. Elle ne doit pas non faire oublier aux femmes qu'en premier lieu, quand elles sont libres de le faire, elle doivent être assez fortes pour se défendre elles-mêmes, avant de chercher de l'aide ailleurs.
Aux Etats-Unis, comme il fallait s'y attendre, les processus sociaux de refoulement de la sexualité, qu'il s'agisse de celle des hommes ou de celles des femmes, ont profité de la campagne de dénonciation pour réinstaurer le puritanisme profond d'origine religieuse qui a toujours marqué la société américaine. On avait pu penser dans les années 1960/2000 que la société américaine avait commencé à s'affranchir de ce puritanisme cachant une grande angoisse devant la sexualité, paralysant autant les hommes que les femmes. Mais « chassez le naturel, il revient au galop ». La campagne de dénonciation des abus masculins prend une telle ampleur qu'elle devient suspecte. C'est manifestement sur les efforts récents de libération sexuelle accomplis par les américains et américaines qu'elle s'efforce de revenir.
Il y a pire. Comme l'indique l'article du World Socialist Web Site dont on trouvera ci-dessous une version française, les 1% de super-puissants et de super-riches qui dominent le monde actuel tirent grand profit de cette campagne. Pendant que l'on dénonce les harcèlements sexuels, on ne dénonce pas les pouvoirs de toutes sortes qu'ils se sont arrogés pour aliéner le monde. « Dénoncez, dénoncez, braves gens, et laissez nous pendant ce temps faire nos petites affaires ».
Comme c'est aux Etats-Unis que la domination des multinationales financières est la plus généralisée, il ne faut pas s'étonner que ce soit aux Etats-Unis que les campagnes de type « dénonce ton porc » rencontrent le plus de succès. Ces multinationales ont fait ce qu'il fallait pour lui donner le plus de retentissement médiatique possible.
Référence
Repressive political agenda of the “sexual harassment” campaign comes into the open
David Walsh
28 november 2017
http://www.wsws.org/en/articles/2017/11/28/marc-n28.html
Version française
L'article est long, mais il mérite la lecture. Il s'agit d'une véritable thèse de sciences humaines. Le WSWS nous pardonnera cet emprunt, qui est un hommage à sa lutte pour ce qu'il nomme « les droits démocratiques ».
http://www.wsws.org/fr/articles/2017/11/30/rpao-n30.html
Les intentions politiques répressives derrière la campagne contre le «harcèlement sexuel» plus évidentes que jamais
Par David Walsh
30 novembre 2017
Le torrent d'allégations et de dénonciations d'inconduite sexuelle contre des personnalités médiatiques, des personnalités hollywoodiennes et des politiciens continue d'affluer sans relâche. Rien ne semble plus obséder la classe moyenne supérieure aux États-Unis, sauf peut-être Vladimir Poutine. Entretemps, les masses populaires aux États-Unis vivent leur vie dominée par des problèmes économiques et sociaux.
La présente campagne n'a rien à voir avec la protection des femmes – et surtout pas des femmes de la classe ouvrière – contre le harcèlement sexuel, sans parler de la violence criminelle et autres formes d'exploitation et de répression qu'elles vivent. Avec chaque jour qui passe, les intentions politiques réactionnaires, antidémocratiques et socialement et politiquement répressives de la campagne actuelle menée par les médias deviennent de plus en plus explicites.
Quiconque suffisamment aliéné ou naïf pour s'être fait avoir devrait reprendre ses esprits avec toute la saleté qui émerge maintenant, notamment l'article dément de Stephen Marche publié dimanche dans le New York Times sur la brutalité de la libido masculine, et dans lequel l'auteur déclare que l'autocastration, rien de moins, peut être une réponse au problème.
La campagne contre l'inconduite sexuelle a commencé dans le Times et le New Yorker avec les présumés méfaits de Harvey Weinstein. Tout le monde peut probablement être induit à détester ce gros magnat d'Hollywood. Mais tout cela s'inscrivait simplement dans un processus d'acclimatation en vue de prendre les gens au dépourvu.
Cette croisade est devenue depuis une opération ouvertement de droite dégageant une odeur toujours plus prononcée de réaction et de répression. De façon extraordinaire, des incidents survenus dans l'industrie du divertissement se transforment maintenant en un appel à la restauration de contrôles stricts sur l'activité sexuelle.
Dans une inhabituelle chronique du Washington Post, «Let's Rethink Sex» (Repensons le sexe), Christine Emba explique à ses lecteurs ce qu'elle considère être un malentendu commun, à savoir «qu'il y aurait une certaine quantité de sexe que nous devrions obtenir ou que l'on devrait du moins être autorisé à poursuivre. Suite à cela vient l'hypothèse que la capacité de poursuivre et de satisfaire nos désirs sexuels... est primordiale.»
Emba poursuit en expliquant que «puisque les excès de notre éthique sexuelle actuelle se heurtent à leurs conséquences, un réajustement inconfortable devra se produire. S'adapter à cette nouvelle compréhension peut signifier moins de sexe pour certains, à court terme, et plus d'anxiété pour plusieurs. Dommage...». Puis elle conclut: «Nous ne mourrons pas d'avoir moins de sexe (en effet, cela n'est jamais arrivé à qui que ce soit). D'une certaine façon, les gens trouveront toujours des moyens de se rencontrer, de s'accoupler et de propager l'espèce. Si vous êtes une personne décente, la perspective d'une éthique sexuelle plus claire et plus restreinte ne devrait pas vous effrayer.»
L'argument selon lequel la répression sexuelle «n'a jamais tué personne», et qu'en fait que cela pourrait être un bien positif, est digne de Cotton Mather. En effet, ce ministre protestant de la Nouvelle-Angleterre puritaine conseillait aux jeunes et aux adultes d'éviter toute stimulation sexuelle et de contrôler les désirs qui «sommeillent dans votre cœur».
Nous pourrions demander qui a nommé Emba, cette ancienne critique du «Hilton Kramer Fellow» au New Criterion, une publication de droite, et dont les écrits ont paru dans la National Review, comme Gauleiter sexuel des États-Unis? Pourquoi devrait-on en effet prêter la moindre attention à ses prescriptions morales misérables et à ses définitions de ce qu'est la «décence»? Il n'est pas difficile de supposer qu'Emba a une pile de «A» écarlates dans son placard prêts à être déployés au besoin.
D'où viennent toutes ces idioties? Nul doute que de toute cette réaction apparaîtra – à la grande surprise et au désarroi de certains – des efforts pour interdire toutes sortes d'activités sexuelles, y compris les relations extraconjugales, ou la «fornication» pour reprendre les termes d'Emba, le mariage homosexuel et autres formes de sexualité désapprouvées par ces nouveaux Victoriens.
Abordant les choses sous un angle légèrement différent, un commentaire du Sunday Times intitulé «The Unexamined Brutality of the Male Libido» (La brutalité ignorée de la libido masculine) de Marche, un écrivain torontois bien lié aux médias et à l'establishment politique canadien, relève tout simplement du délire.
Marche fait référence à «la nature des hommes en général», au «grotesque de leur sexualité», à «la laideur et la dangerosité de la libido masculine», à «la brutalité implicite de la sexualité masculine» et cite la thèse de la «féministe radicale» ultraréactionnaire Andrea Dworkin selon laquelle «le seul sexe entre un homme et une femme qui peut être entrepris sans violence est le sexe avec un pénis flasque.» Marche poursuit en invoquant, du fait de son contexte, l'exemple du «grand théologien catholique Origène (qui vécut au IIIe siècle après J.-C.) qui s'est castré.»
Par la suite, Marche poursuit l'élaboration de son mythe et de son conte de fées à propos de la «peur de la libido masculine», expliquant qu'«un vampire n'était qu'un homme puissant de l'ancien temps avec une faim insatiable pour la jeune chair» et rajoutant que «les loups-garous n'étaient que des hommes perdant régulièrement le contrôle de leur nature bestiale».
Impliquant que le sexe est une maladie, Marche affirme qu'«il ne reste plus aucun remède au désir humain». Que devrait-on faire alors? Faisant référence à Freud, il écrit: «L'idée du complexe d'Œdipe contient comme argument implicite la nécessité d'une répression acharnée: si vous laissez les garçons être des garçons, ils finiront par assassiner leur père pour coucher avec leur mère.»
Mais tout ce délire ne s'arrête pas là. «L'ère post-Weinstein sera une ère de pessimisme sexiste», car il se pourrait bien qu'il n'y ait «pas de réconciliation possible entre les idéaux propres et brillants de l'égalité des sexes et les mécanismes du désir humain». Prenant un autre chemin qu'Emba, Marche n'en arrive pas moins à la même destination, proclamant triomphalement que «la morale sexuelle, à laquelle résistent depuis longtemps les libéraux, revient avec un esprit de vengeance», et, avec une satisfaction évidente, il souligne que «nous revenons à la honte comme forme sociale primaire de contrôle sexuel».
Marche conclut plus ou moins comme suit: «Si vous voulez être un homme civilisé, vous devez réfléchir à ce que vous êtes. Prétendre être quelque chose d'autre – une quelconque fiction que vous préféreriez être – n'aidera en rien. Ce n'est pas la morale, mais la culture – le fait d'accepter notre monstruosité et de vivre avec – qui peut nous sauver.» Un tel aveu évoque des images de moines se flagellant et s'immergeant dans l'eau glacée et diverses formes d'automutilation. Marche argumente explicitement que l'enjeu ici est la suppression de la libido masculine.
Cette haine contre lui-même est-elle une prise de position conçue pour s'attirer les faveurs de la foule partisane de la politique du genre ou est-elle authentique? Peut-être que seul M. Marche peut répondre à cette question. Mais quelle que soit la réponse, ses idées malades et pourries n'en sont pas moins publiées dans le New York Times. Seules les intentions politiques les plus profondément réactionnaires peuvent utiliser des conceptions aussi toxiques.
Le mépris des droits démocratiques dans la campagne contre le harcèlement sexuel apparaît de plus en plus clairement.
De plus en plus, les commentateurs expriment le plus grand manque d'intérêt qui soit quant à l'innocence ou la culpabilité des accusés.
Ainsi, Emily Lindin, chroniqueuse de Teen Vogue, explique sur Twitter: «Je ne suis pas le moins du monde préoccupée par le fait que des hommes innocents puissent perdre leur emploi suite à de fausses accusations d'agression sexuelle ou de harcèlement», puis renchérit par la suite: «Si la réputation d'un homme innocent doit prendre un coup dans le processus pour défaire le patriarcat, c'est un prix que je suis absolument prête à payer.»
Olivia Goldhill quant à elle a titré un article dans Quartz «Naming abusers online may be “mob justice” but it's still justice.» (Nommer les agresseurs en ligne est peut-être une “justice populaire”, mais c'est quand même de la justice). Goldhill ne semble pas comprendre que l'expression «justice populaire» signifie justement l'absence de justice.
En ce qui concerne les protestations contre les dénonciations de type maccarthystes, Roxane Gay dans le New York Times se plaint amèrement qu'il y ait «beaucoup de tergiversations à propos de la diffamation et de l'éthique de la divulgation anonyme».
Chez Splinternews, Isha Aran suggère qu'«à la lumière de la campagne #MeToo sur les médias sociaux où des dizaines de femmes de tous les milieux partagent leurs expériences de harcèlement et d'agression, le fait même d'évoquer le concept de fausses accusations est inopportun et grossier.»
Encore une fois, tout cela vient d'une partie très aisée de la population, qui cherche à tirer profit de circonstances dites souffrantes pour accumuler des richesses encore plus grandes.
Des décennies de réaction idéologique et politique sous-tendent ces notions réactionnaires, mais aussi beaucoup d'ambitions.
Comme l'explique l'avocate et écrivaine Jill Filipovic, sur le site Internet de NBC News : «Nous devons faire pression pour un réel pouvoir féminin – pour que les femmes prennent la place des nombreux hommes qui sont actuellement au sommet de presque toutes les industries. Certes cela n'empêchera pas totalement les abus, mais cela les diminuera certainement.»
Cette défense et cette poursuite de la richesse ne peuvent avoir lieu que dans la mesure où la loi et l'ordre bourgeois sont maintenus, que l'opposition politique est détournée ou contenue. C'est là l'une des voies de la répression généralisée.
Il est tout à fait approprié de qualifier cette campagne de chasse aux sorcières sexuelle, au sens politico-juridique du terme. Le dictionnaire Collins en ligne définit la chasse aux sorcières (britannique) comme «une campagne rigoureuse pour rassembler ou exposer des dissidents sous prétexte de sauvegarder le bien-être public» et (américain) comme une «enquête menée ostensiblement pour découvrir la déloyauté, l'activité politique subversive, etc., généralement avec beaucoup de publicité et souvent en s'appuyant sur des preuves non concluantes et en capitalisant sur la peur du public à l'endroit des opinions impopulaires.»
Or si l'offensive contre les opposants politiques n'a pas encore commencé, ça ne saurait tarder!
Le Code de production d'Hollywood, qui se référait principalement aux comportements sexuels et antisociaux de toutes sortes et qui ne mentionnait jamais la politique ou la lutte des classes, a été strictement appliqué le 1er juillet 1934. Cette année-là avait été exceptionnellement explosive, dominée par trois grèves largement suivies et dirigées par des socialistes de gauche, des trotskystes et des membres du Parti communiste – à savoir les grèves de Toledo Auto-Lite, des chauffeurs de camion de Minneapolis et des débardeurs de San Francisco.
L'application du Code en plein milieu de la Dépression reflétait incontestablement la nervosité généralisée et bien compréhensible au sein de la classe dirigeante à propos de l'effondrement de toutes sortes de tabous moraux et sociaux et des conséquences plus profondes qu'avait une telle rupture. Comme nous l'avons déjà dit il y a quelque temps: «l'imposition du Code de Production était précisément l'un des moyens par lesquels l'industrie cinématographique et ses superviseurs pouvaient veiller à ce que les réalités de la Dépression ne s'expriment pas à l'écran.»
La campagne contre l'inconduite sexuelle est malhonnête à bien des égards. Il y a la prétention ridicule par exemple qu'Hollywood et l'industrie du divertissement sont le reflet général des rapports entre les sexes et professionnels aux États-Unis. Dans le General Social Survey, une enquête menée en 2014, un échantillon aléatoire d'Américains se sont fait poser cette question: «Au cours des 12 derniers mois, avez-vous été harcelé sexuellement par quelqu'un pendant que vous étiez au travail?» En réponse, 3,6 % des femmes ont répondu affirmativement, ce qui est une baisse par rapport au chiffre de 6,1 % de 2002. Ce n'est certes pas là une statistique définitive d'aucune sorte, mais on est loin tout de même de l'«enfer» décrit par les différents chroniqueurs et experts.
Ces derniers d'ailleurs ne se soucient jamais des conditions de la grande masse de la population américaine ou mondiale, qu'elle soit féminine ou masculine. La pauvreté, la destruction des retraites et des soins de santé, l'itinérance, la crise des opioïdes et le taux de suicide – ou même l'annulation brutale du droit à l'avortement, l'attaque contre les mesures de planification familiale et autres programmes essentiels pour la santé des femmes – ne les préoccupent en effet nullement. Et quand ont-ils jamais protesté contre les massacres en Irak et en Afghanistan, les frappes illégales de drones et les «listes de personnes à abattre»?
Le Parti démocrate en particulier est profondément plongé dans les affaires de crimes sexuels. Aux élections de 2016, la stratégie d'Hillary Clinton pour l'emporter était basée sur l'affaire Brock Turner à Stanford, l'accès aux toilettes pour les personnes transgenres et le «privilège blanc». Les démocrates ont énormément investi d'efforts dans tout cela, et cela a échoué. Maintenant ils mettent les bouchées doubles. Au «privilège blanc» vient s'ajouter «la sexualité masculine». Ces idées sont logées dans une section bien précise et privilégiée de la population.
Quiconque étudie les procès des sorcières de Salem arrive à la conclusion qu'il n'y avait pas là simplement une crise d'hystérie collective, mais que des processus économiques et sociaux précis étaient à l'œuvre. Comme le remarque Christopher Bigsby, dans sa préface à l'ouvrage Les Sorcières de Salem d'Arthur Miller, «Salem en 1692 était en pleine tourmente. La Charte royale venait d'être révoquée. Les titres fonciers originaux avaient été annulés et de nombreux autres n'étaient pas encore sécurisés. Tous se regardaient avec suspicion, craignant que leurs terres ne soient réaffectées à leur voisin. C'était aussi une communauté profondément déchirée par des schismes...»
Toute personne voulant sérieusement comprendre l'hystérie sexuelle actuelle doit fouiller sous la surface de la société américaine pour saisir la spécificité de la «tourmente» qui la hante.
11:15 Publié dans Actualité, Manipulations médiatiques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : harcèlement, harcèlement sexuel, manipulations médiatiques, sexualité, puritanisme, états-unis, balance ton porc, féminisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ex: http://www.zeit-fragen/fr
On est à nouveau au point où le fait d’exprimer une opinion indépendante s’avère dangereux. On se retrouve dans la ligne de mire lorsqu’une opinion personnelle ne correspond pas aux directives gouvernementales officielles, aux lignes directrices de l’Union européenne ou au cadre géopolitique prescrit par Washington par le biais de l’OTAN. Au Bundestag, on n’a alors plus le droit de s’exprimer.1 On est poussé à quitter le Parlement pour raison de «dissidence». Il n’est donc pas étonnant que l’Assemblée plénière du Bundestag ressemble de plus en plus à l’Opéra Kroll2 ou à la Volkskammer [Chambre du peuple] de triste mémoire. A Berlin, le Sénat interdit des manifestations publiques en faveur du pluralisme des opinions.3
Selon notre Loi fondamentale, la libre formation de l’opinion est un droit fondamental pour tout citoyen. Elle n’a plus lieu. Où trouve-t-on encore dans nos grands médias l’expression des opinions divergentes prévalant dans la population allemande? Où le gouvernement doit-il débattre de ces avis divergents au sein du pays, s’ils n’existent plus dans le miroir des médias? Le gouvernement est donc libre de faire ce qu’il veut, dans le style d’un front populaire «à la mode de OTAN». Il peut ainsi sanctionner des opinions dissidentes de manière totalitaire. Le Ministère de la justice a ainsi développé un «Service pour l’externalisation de la censure et l’immunité des fausses nouvelles de l’OTAN».4
Selon la loi fondamentale, le développement des opinions et des volontés au sein de la population est la seule justification politique pour l’existence des partis politiques. On peut observer chaque jour à quel point ce processus est pourri. Les partis sont tous en train de dépérir. Là où ils existent encore, ils sont strictement alignés aux dirigeants de Berlin. Toute opinion déviante, pouvant mettre en danger le cartel des personnes au pouvoir à Berlin, est rapidement transmise à Berlin. On préfère ignorer les opinions du peuple, car elles pourraient contrecarrer la ligne directrice. Une fin immédiate de la carrière serait alors garantie. L’opportunisme est devenu la ligne générale des partis et a conquis maintenant tous les anciens partis représentés au Bundestag, sauf quelques rares exceptions. Finalement, on veut participer au gouvernement. Et ce n’est possible que si l’on suit la ligne générale belliciste de l’OTAN.
On a bien le droit d’attaquer l’actuel président américain Trump, à qui on a octroyé une interdiction d’entrer en contact avec son équivalent russe Poutine. Pourquoi? Parce qu’il y aurait danger d’un accord dans des questions importantes. Ces questions – soyons-en conscients – mettent en danger l’existence de toute l’humanité, ou seulement de nous, habitants de l’Europe centrale, si elles devaient être résolues de manière belliciste.
Mais où étaient la Chancelière et le Président fédéral et tous ceux qui boudent unanimement le nouveau président américain Trump, lorsque les présidents prédécesseurs plongèrent la planète dans la misère actuelle, pour laquelle ils demeurent les responsables exclusifs? Y compris le coup d’Etat en Ukraine, probablement mis en scène pour justifier le déploiement militaire contre la Fédération de Russie. Parjure et violation du contrat dominent la politique de l’Occident depuis 1992, et Belgrade fut la première victime en 1999.
Cette semaine, le Premier ministre britannique a tenté de mettre en relief l’essence de cette politique dans un discours concernant la politique de la sécurité, dans le style d’une «furie insulaire». Quiconque finance chaque année la BBC comme instrument de la dominance globale avec des centaines de millions de livres, dispose de bien des moyens entre leurs mains contre la concurrence. Il faut que les gens courent après BBC et CNN. Un programme d’excellente qualité journalistique comme la RT russe devient alors un mal majeur, notamment quand la RT donne la parole à ceux en Europe et aux Etats-Unis qui refusent de participer aux préparations de guerres de l’UE et de l’OTAN. Mme Theresa May l’a clairement formulé dans son discours. Il s’agit de la supériorité de la «race anglo-saxonne» dans le sens de Cecil Rhodes, se matérialisant à nos jours dans le «nouvel ordre mondial». Pour atteindre ce but, il faut bien parfois éliminer une personne ou un pays récalcitrants, même si c’est dans la forme de la RT ou de «Sputnik». Mme May et d’autres disent «fake news» mais envisagent l’abolition de nos droits fondamentaux.
Annotations de la rédaction:
1 Dans les divers groupes politiques du Bundestag allemand, la décision de donner la parole à leurs membres, au cours des débats parlementaires appartient au comité du groupe. Celui-ci n’est pas attribué aux parlementaires ne suivant pas l’opinion majoritaire de leur groupe. Entre autres, c’est aussi Willy Wimmer qui en a fait l’expérience lorsqu’il critiqua la participation allemande à la guerre contre la République fédérale de Yougoslavie en 1999, déclenchée à l’encontre du droit international. Tout en étant un politicien ayant fait la preuve de grande compétence en défense et affaires extérieures, le groupe CDU/CSU lui a refusé le droit de s’exprimer. Dans une telle situation, la seule possibilité de prendre la parole dans le Bundestag reste la «déclaration personnelle».
2 L’Opéra Kroll à Berlin était le lieu des sessions du Reichstag (le Parlement allemand avant 1945) après l’incendie du bâtiment du Reichstag en février 1933.Ce lieu représente le symbole d’un Parlement n’ayant plus aucun pouvoir, étant aligné et soumis à un pouvoir exécutif dictatorial.
3 Le sénateur berlinois de la culture Klaus Lederer (Die Linke, la gauche) est intervenu pour empêcher la cérémonie de la remise d’un prix au journaliste Ken Jebsen. Le 14 décembre 2017, Jebsen aurait dû recevoir le «Prix Charlemagne pour la littérature et la journalisme engagé». La Neue Rheinische Zeitung Online remet ce prix. Au dernier moment, la location du lieu de la remise a été résiliée et les organisateurs ont annulé la remise du prix.
4 A la demande du ministre de la Justice Heiko Maas (SPD), le Bundestag (Chambre du peuple) et le Bundesrat (Chambre des Länder) ont adopté une loi, peu avant la fin du dernier mandat législatif fin juin 2017, menaçant les réseaux sociaux de peines lourdes s’ils publient des soi-disant «discours haineux». Ce n’est qu’une mesure étatique entre autres, prévues contre les soi-disantes «fake news», contre la «propagande russe», etc. Des critiques pensent que les réseaux sociaux, par crainte d’être poursuivis, effaceront ou supprimeront des vraies infractions pénales, mais également toute critique politique, notamment envers l’Union européenne et l’OTAN.
10:55 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : union européenne, otan, politique internationale, fake news, censure | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr
Récemment, le Département d’Etat américain a présenté une nouvelle liste des sanctions contre la Russie. Il remplit ainsi une exigence signée par le Président Trump le 2 août, intitulée CAATS (Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act). Ce règlement prend effet le 29 janvier 2018 et comprend une nouvelle attaque de la guerre économique contre la Russie, concernant non seulement des entreprises russes, mais en premier lieu les entreprises européennes réalisant des affaires avec des entreprises russes sanctionnées.
L’accentuation de cette nouvelle guerre économique correspond entièrement à la devise trumpienne de l’«Amérique d’abord». S’agissant par exemple des sanctions contre les entreprises russes et allemandes participant à la pipeline North Stream, le but avoué est de couper l’Europe du gaz russe, afin de mieux lui imposer l’achat de gaz liquide américain plus cher, actuellement disponible en abondance mais sans aucun acheteurs trouvé. Il faut donc que le gazoduc North Stream soit interrompu à mi-chemin, tout en menaçant en même temps les entreprises allemandes impliquées, pour stopper leur participation.
Toutes les sanctions américaines sont punissables aux Etats-Unis, car la justice américaine soumet au droit américain toutes les affaires accomplies dans le monde entier et facturées en dollar ou effectuées à l’aide du dollar. Tout endroit, où le dollar est utilisé, est un territoire soumis à la juridiction et à l’hégémonie américaine. Cela permet aux Etats-Unis de condamner et d’exploiter à volonté les sociétés européennes. Seul VW a déjà dû payer 25 milliards d’euros à la justice américaine à cause des normes US spécialement introduites contre les moteurs diesel. La Deutsche Bank, quant à elle, a dû régler plus de 10 milliards et d’autres multinationales européennes des montants de différentes hauteurs.
L’acte américain CAATS prévoit que toutes les sanctions doivent être harmonisées avec les partenaires étatsuniens. On ne peut donc guère l’exprimer plus ouvertement: les sanctions ne seront poursuivies que là où elles nuisent aux partenaires américains au niveau de la concurrence. Finalement, les entreprises américaines restent les instances décisionnelles des sanctions.
De cette manière, les Etats-Unis veulent non seulement isoler systématiquement la Russie de l’Europe et empêcher les sociétés russes de réaliser quelques affaires que ce soit avec l’Europe, mais ils veulent également menacer de peines (et d’exécution de peines) le reste du monde et notamment l’Europe, si un commerce a lieu avec des entreprises russes. Cela a des conséquences considérables en Europe, où le commerce avec le marché de l’avenir le plus optimiste (Russie) a diminué de 30% au cours des deux dernières années. Parallèlement à la réduction du commerce européen avec la Russie, le commerce américain avec ce pays a augmenté. Il ne s’agit donc non seulement de causer du tort à la Russie, mais aussi de soutenir l’idée «America first» [«Amérique d’abord»], c’est-à-dire empêcher l’Europe de faire des affaires avec la Russie, là où les entreprises américaines veulent et peuvent les accomplir.
Il est difficile de s’imaginer une manière plus brutale d’effectuer l’impérialisme économique américain au détriment de l’Europe. Non seulement les grandes entreprises n’osent plus faire du commerce avec la Russie ou participer à des investissements russes – mais également des centaines d’entreprises de grandeur moyenne, ayant jusqu’à présent bien commercé avec la Russie, n’osent plus continuer leurs affaires, parce qu’ils ne survivraient pas à des brutaux paiements de sanction américains.
Aux Etats-Unis se prépare encore un nouveau durcissement de la guerre économique contre la Russie: on veut interdire aux banques européennes et même à des privés de commercer ou de tenir des emprunts russes. Ainsi, on veut punir la Russie de ne plus vouloir accepter le dollar comme seul monnaie mondial, mais de vouloir imposer le rouble comme moyen de paiement international. En outre, on veut empêcher les marchés financiers européens d’utiliser le rouble au lieu du dollar et de ne plus du tout travailler avec des emprunts en roubles.
De telles mesures unilatérales nuisent à l’Europe et devraient être discutées avec les alliés européens. On aurait au moins pu s’attendre à des protestations de la part de la Commission européenne et du gouvernement fédéral allemand. Mais non, pas de réaction! L’UE cède sans broncher à la puissance coloniale, même là où cela fait mal.
Isoler la Russie de l’Europe est non seulement fatale à court terme pour une partie de notre économie, mais à long terme pour toute notre prospérité en Europe: la politique de l’«Amérique d’abord» au profit des sociétés américaines rend maintenant déjà tout commerce avec les Etats-Unis de plus en plus difficile et le réduit fortement. Cela aura des conséquences dramatiques, quand le système pourri du dollar des Etats-Unis surendettés s’effondra.
A long terme, la Russie va continuer à augmenter sa solvabilité, mais à l’avenir, elle aura également besoin de l’économie européenne. L’économie allemande continuera uniquement à croître jusqu’en 2050, si elle s’élargit vers l’Est. La Russie dispose de toutes les matières premières dont nous avons besoin et nous avons toutes les technologies dont la Russie a besoin. Pour les deux pays et pour l’Europe, cette coopération est décisive pour la prospérité durant un siècle.1 Si nous nous laissons évincer par les Etats-Unis, les entreprises américaines concurrentes vont conquérir ce marché et nous resterons les perdants.
Mais qui ose, en Allemagne ou en Europe, s’opposer au comportement arbitraire des Américains?
1 cf. Hamer, Eberhard, Visionen 2050. Wohin steuern wir? Trends und Prognosen für Deutschland und Europa. [Vision 2050. Où nous dirigeons-nous? Tendances et prévisions pour l’Allemagne et l’Europe], Kopp Verlag 2016
10:31 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, politique internationale, états-unis, europe, affaires européennes, russie, union européenne | | del.icio.us | | Digg | Facebook
The Alt Right Among Other Rights
This is the text of a lecture I gave to the H.L. Mencken Club on November 4, 2017.
By Keith Preston
Ex: https://www.attackthesystem.com
Speaking about the intricacies of different ideological tendencies can often be a bit tedious, and certainly a topic like the Alt-Right can get very complicated because there are so many currents that feed into the Alt-Right. I know that when I spoke here last year I was speaking on the right-wing anarchist tradition, which is a highly esoteric tradition, and one that is often very obscure with many undercurrents. The Alt-Right is similar in the sense of having many sub-tendencies that are fairly obscure in their own way, although some of these have become more familiar now that the Alt-Right has grown in fame, or infamy, in the eyes of its opponents. Some of the speakers we have heard at this conference so far have helped to clarify some of the potential definitions of what the Alt-Right actually is, but given the subject of my presentation I thought I might break it down a bit further, and clarify a few major distinctions.
What is the Alt-Right?
The Alt-Right can be broadly defined as a highly varied and loose collection of ideologies, movements, and tendencies that in some way dissent from the so-called “mainstream” conservative movement, or are in actual opposition to mainstream conservatism. Of course, this leaves us with the task of actually defining mainstream conservatism as well. I would define the conservative movement’s principal characteristics as being led by the neoconservatives, oriented towards the Republican Party, and as a movement for whom media outlets like Fox News, talk radio, and publications like National Review and the Weekly Standard are its leading voices. Outside of the framework of what some here appropriately call “Conservatism, Inc.,” we could say that there is an Alt-Right that can be broadly defined, and an Alt-Right that can be more narrowly defined.
The Alt-Right broadly defined would be anything on the Right that is in opposition to the neocon-led Republican alliance. This could include everything from many Donald Trump voters in the mainstream, to various tendencies that have been given such labels as the “alt-lite,” the new right, the radical right, the populist right, the dark enlightenment, the identitarians, the neo-reactionaries, the manosphere (or “men’s right advocates”), civic nationalists, economic nationalists, Southern nationalists, white nationalists, paleoconservatives, right-wing anarchists, right-leaning libertarians (or “paleolibertarians”), right-wing socialists, neo-monarchists, tendencies among Catholic or Eastern Orthodox traditionalists, neo-pagans, Satanists, adherents of the European New Right, Duginists, Eurasianists, National-Bolsheviks, conspiracy theorists, and, of course, actually self-identified Fascists and National Socialists. I have encountered all of these perspectives and others in Alt-Right circles.
Under this broad definition of the Alt-Right, anyone from Steve Bannon or Milo Yiannopolis all the way over to The Daily Sturmer or the Traditionalist Workers Party could be considered Alt-Right. In fact, ideological tendencies as diverse as these have actually embraced the Alt-Right label to describe themselves. For example, Steve Bannon said at one point during the Trump campaign in 2016 that he wanted to make Breitbart into the voice of the Alt-Right, but then I have also encountered people who are actual neo-Nazis using the Alt-Right label to describe themselves as well.
A narrower definition of the Alt-Right might be to characterize what is most distinctive about the Alt-Right. In this sense, the Alt-Right could be characterized as a collection of tendencies that is specifically oriented towards some of kind identification with European history and tradition, and regard Europe and, by extension, North America as part of a distinct Western civilization that was developed by European and, predominantly, Christian peoples. Consequently, the Alt-Right tends to be much more oriented towards criticizing ideas or policies like multiculturalism, mass immigration, and what is commonly called “political correctness,” than what is found among mainstream conservatism. This is in contrast to the Left’s views, which are increasingly the views of mainstream liberalism as well, and which regards the legacy of Western history and culture as nothing but an infinite string of oppressions such racism, sexism, homophobia, classism, anti-Semitism, Islamophobia, xenophobia, patriarchy, hierarchy, nativism, cisgenderism, speciesism, and the usual laundry list of isms, archies, and phobias that the Left sees as permeating every aspect of Western civilization. Presumably, other civilizations have never featured any of these characteristics.
In this way, the Alt-Right is obviously in contrast to mainstream conservatism given that the so-called “conservative movement” is normally oriented towards what amounts to three basic ideas. One idea is that of the foreign policy “hawks,” or advocates of military interventionism for the ostensible purpose of spreading the Western model of liberal democracy throughout the world, whose greatest fear is isolationism in foreign policy, and which is a perspective that I would argue is also very convenient for the armaments manufacturers and the Pentagon budget. A second idea is a fixation on economic policy, such as a persistent advocacy of “tax cuts and deregulation,” which in reality amounts to merely advancing the business interests of the corporate class. And the third idea is a type of social conservatism that is primarily religion-driven, and has opposition to abortion or gay marriage as central issues of concern, but typically gives no thought to cultural or civilizational issues in any broader or historical sense. For example, it is now common in much of the evangelical Protestant milieu, as well as the Catholic milieu, to welcome mass immigration, as a source of potential converts, or as replacement members for churches that are losing their congregations due to the ongoing secularization of the wider society. In fact, the practice of adopting Third World children has become increasingly common within the evangelical Protestant subculture in the same way it has among celebrities and entertainers like Madonna or Angelina Jolie.
Predictably, there has been a great deal of conflict that has emerged between the Alt-Right and the mainstream conservative movement, with many movement conservatives and their fellow travelers going out of their way to attack or denounce the Alt-Right. In this sense, the attacks on the Alt-Right that have originated from mainstream conservatism essentially mirror those of the Left, or of the liberal class. For example, the Associated Press issued a description of the Alt-Right that was intended for writers’ guideline policy purposes, and which reads as follows:
The ‘alt-right’ or ‘alternative right’ is a name currently embraced by some white supremacists and white nationalists to refer to themselves and their ideology, which emphasizes preserving and protecting the white race in the United States in addition to, or over, other traditional conservative positions such as limited government, low taxes and strict law-and-order. The movement has been described as a mix of racism, white nationalism and populism … criticizes “multiculturalism” and more rights for non-whites, women, Jews, Muslims, gays, immigrants and other minorities. Its members reject the American democratic ideal that all should have equality under the law regardless of creed, gender, ethnic origin or race (John Daniszewski, Associated Press, November 26, 2016)
While the above quotation is from the Associated Press, I do not know that there is anything in it that could not have come from the pages of not only The New Yorker, The Atlantic, or the Southern Poverty Law Center’s Intelligence Report, but also from the pages of the National Review, Weekly Standard, the Federalist, or a Prager University video.
As for some specific examples, writing in The Federalist, conservative political scientist Nathanael Blake stated that “Christianity and Greco-Roman philosophy, rather than race, are the foundations upon which Western Civilization was built,” and suggested that the Alt-Right is actually attacking the legacy of Western Civilization rather than defending the Western cultural heritage. These questions have become a major point of contention between cultural conservatives and the racialist right-wing. Writing in National Review, David French (Bill Kristol’s one-time proposed presidential candidate), called Alt-Right adherents “wanna-be fascists” and denounced “their entry into the national political conversation.” I suppose the difference between the views of David French and the views of the Left would be that the Left would say that the Alt-Right are actual fascists, and not merely “wanna-be” fascists. Presumably, this is what separates the mainstream Right from the Left nowadays.
Writing for The Weekly Standard, Benjamin Welton has characterized the Alt-Right as a “highly heterogeneous force” that “turns the left’s moralism on its head and makes it a badge of honor to be called ‘racist,’ ‘homophobic,’ and ‘sexist'”. Based on my own experiences with the Alt-Right, I would say this assessment by Welton is largely true. In the National Review issue of April, 2016, Ian Tuttle wrote:
The Alt-Right has evangelized over the last several months primarily via a racist and anti-Semitic online presence. But for Allum Bokhari and Milo Yiannopoulos, the Alt-Right consists of fun-loving provocateurs, valiant defenders of Western civilization, daring intellectuals—and a handful of neo-Nazis keen on a Final Solution 2.0, but there are only a few of them, and nobody likes them anyways.
Jeffrey Tucker, a libertarian writer affiliated with the Foundation for Economic Education, describes the Alt-Right as follows:
The Alt-Right “inherits a long and dreary tradition of thought from Friedrich Hegel to Thomas Carlyle to Oswald Spengler to Madison Grant to Othmar Spann to Giovanni Gentile to Trump’s speeches.” Tucker further asserts that Alt-Right adherents “look back to what they imagine to be a golden age when elites ruled and peons obeyed” and consider that “identity is everything and the loss of identity is the greatest crime against self anyone can imagine.”
Whatever one thinks of the Trump presidency, it is highly doubtful that Trump actually draws inspiration from Hegel.
Writing in The Federalist, a libertarian feminist named Cathy Young criticized a Radix Journal article on abortion that criticized the pro-life position as “‘dysgenic,” because it supposedly “encourages breeding by ‘the least intelligent and responsible’ women.” So apparently, it is not enough to simply favor abortion rights. Instead, one has to be “pro-choice” for what are apparently the “right reasons,” such as a “woman’s right to choose,” as opposed to “bad reasons,” such as eugenic practice. This line of thought is in keeping with the fairly standard leftist viewpoint which insists that motives and intentions rather than ideas and consequences are what matters, and the standard by which people ought to be morally judged.
Another interesting aspect of these criticisms is that the mainstream conservatives have attacked the Alt-Right by using leftist terminology, such as labeling the Alt-Right as racist, sexist, fascist, xenophobic, etc. But a parallel tactic that has been used by mainstream conservatism has been to denounce the Alt-Right as leftist. For example, at this year’s gathering of CPAC, or the Conservative Political Action committee, Dan Schneider, who is currently the executive director of the American Conservative Union, an organization that hosts the annual CPAC conference, criticized the Alt-Right as “a sinister organization that is trying to worm its way into our ranks,” insisting that, quote, “We must not be duped. We must not be deceived,” and said of the Alt-Right:
“They are nothing but garden-variety left-wing fascists..They are anti-Semites; they are racists; they are sexists. They hate the Constitution. They hate free markets. They hate pluralism. They despise everything we believe in.”
This sounds very similar to the rhetoric that often comes from the far left where dire warnings are issued concerning the supposed threat of fascist entryism into leftist organizations. For example, there is term called the “the fascist creep” that is used by some very far Left antifa and Maoist tendencies to describe what are supposedly ongoing nefarious plots by “fascists” to infiltrate and co-opt leftist movements, and steer these towards fascism. Ironically, this conspiracy theory is very similar to traditional anti-Semitic conspiracy theories about how Jews supposedly infiltrate and take over everything, and manipulate institutions in order to advance all sorts of supposed nefarious plots. It would appear that the far Left, and apparently increasingly mainstream conservatism, has developed its own rhetoric about the “fascist conspiracy” as a counterpart to far Right fantasies about the “Jewish conspiracy.” Perhaps we could characterize the former as the “Protocols of the Learned Elders of Thule.”
Jeff Goldstein, writing in The Federalist on September 6, 2016, suggests that, quote, “the Alt-Right is the mirror image of the New Left,” and describes the Alt-Right “an identity movement on par with Black Lives Matter, La Raza, the Council on American-Islamic Relations, and other products of cultural Marxism.” Goldstein further says of the Alt-Right:
The Alt-Right is a European-style right-wing movement that is at odds with the classical liberalism upon which our country was built, and which the Left has redefined as “Right.” That is to say, the European “Right” is mapped onto a political spectrum different than our own. Our “right” — conservatism or classical liberalism —is dead-center on our spectrum, no matter how persistently the Left tries to claim otherwise. It is constitutionalism, which incorporates federalism, republicanism, legal equity, and a separation of powers.
These comments are fairly representative of the rhetoric used by mainstream conservatives who attempt to either portray the Alt-Right as leftists, or label the Alt-Right as fascists and then claim fascism is really on the Left. The general argument that is made by mainstream conservatives in response to the Alt-Right is that “true” conservatism or the “true” Right is actually veneration for the Enlightenment-influenced ideas found in the Declaration of Independence, veneration of the Founding Fathers, and reverence for the Constitution as a kind of secular Bible. Parallel to these claims is the idea of America as a “propositional nation” that has no roots in any kind of history, culture, or tradition other than just a very vaguely defined “Judeo-Christianity.” This idea of what “conservatism” supposedly is basically amounts to being for so-called “limited government,” so-called “free enterprise,” “individualism,” and various other vaguely defined abstractions, plus policy preferences like a so-called “strong national defense” (which is often just a euphemism for the neoconservatives’ foreign policy agenda), and various center-right policy prescriptions like tax cuts, opposing Obamacare, opposing affirmative action, opposing gun control, opposing abortion, opposing gay marriage, supporting school vouchers, and other ideas we are all familiar with.
These policy preferences will often be accompanied by silly platitudes like “Democrats are the real racists,” or dubious and often flagrantly false claims like “Martin Luther King was a conservative,” or that foreign policy hawks are the real friends of feminists and gays because of their opposition to so-called “Islamo-fascism.” At times, Democrats will be labeled as fascists and anti-Semites because of their supposed pro-Islamic views, or because some on the far Left are pro-Palestinian. Taken to extremes, there are characters like Dinesh D’Souza who would probably claim that the Democrats crucified Jesus.
The representatives of “Conservatism, Inc.” will also give lip service to opposition to attacks on free speech and academic freedom in the name of political correctness, but they are very selective about this. For example, their defense of the politically incorrect does not extend to anti-Zionists like Norman Finkelstein. On the immigration issue, while there are some mainstream conservatives that are immigration restrictionists, it is just as common that the proposed method of reducing illegal immigration advanced by mainstream conservatives is to make legal immigration easier, on the assumption that the only problem with illegal immigration is its illegality. A defining characteristic of mainstream conservatism when contrasted with the Alt-Right is the total lack of seriousness, or any kind of solid philosophical or intellectual foundation that is displayed by mainstream conservatism.
The Alt-Right is more of a meta-political movement than a political one, and the specific policy proposals that are found among Alt-Rightists vary enormously. I do not know that it would even be possible to draft a platform for an Alt-Right political party because the Alt-Right contains so much diversity of ideas. However, the Alt-Right is far more serious about ideas than mainstream conservatism in the sense of having an understanding of the reality of demographic conflict, recognizing the difficulties that are associated with rapid demographic change, understanding the reality of class conflict as well as cultural and civilizational conflicts, understanding that Western liberal democracy is particular to the cultural foundations and historical circumstances of the West, and not something that can be easily transplanted elsewhere, and concerns that mainstream conservatives normally have no perception of, or do not take seriously.
I will end my presentation by pointing to an observation by Professor George Hawley of the University of Alabama, who suggested that the Alt-Right may pose a greater threat to progressivism than the mainstream conservative movement. I would agree that this is true, but only in the sense that the mainstream conservative movement poses no threat to progressivism at all. I would argue that far from being a threat to the Democratic Party, mainstream media, the corporate class and the cultural elite, the mainstream conservative movement is actually partners in crime with the progressives. The Alt-Right at least proposes ideas that are an ideological threat to progressivism even if this small size prevents the Alt-Right from being a political threat, at least at the present time.
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Multiculturalism and the Politics of Guilt: Towards a Secular Theocracy Reply
by Keith Preston
Ex: https://attackthesystem.com
A classic from Paul Gottfried and one of the definitive works criticizing totalitarian humanism. Available at Amazon. The important point for anarchists and libertarians is that totalitarian humanists are not amoral, libertine, hedonists as their critics often claim. Instead, they are fanatical moral puritants (“secular theocrats”). They oppose religious fundamentalists, nativists, racists, reactionaries, right-wing authoritarians, etc not because they are pro-freedom but because they want to replace these with authoritarian state-centric moralisms of their own. Many anarchists and libertarians have trouble understanding this, because they sympathize with the rhetorical values of the totalitarian humanists. Most anarchists and libertarians are not religious conservatives, racists, nativists, etc (though some are). But many anarchists and libertarians do sympathize with leftist causes like anti-racism, anti-sexism, gay liberation, environmentalism, etc, and consequently remained blinkered regarding totalitarian humanism.
Multiculturalism and the Politics of Guilt extends Paul Gottfried’s examination of Western managerial government’s growth in the last third of the twentieth century. Linking multiculturalism to a distinctive political and religious context, the book argues that welfare-state democracy, unlike bourgeois liberalism, has rejected the once conventional distinction between government and civil society. Gottfried argues that the West’s relentless celebrations of diversity have resulted in the downgrading of the once dominant Western culture. The moral rationale of government has become the consciousness-raising of a presumed majority population. While welfare states continue to provide entitlements and fulfill the other material programs of older welfare regimes, they have ceased to make qualitative leaps in the direction of social democracy. For the new political elite, nationalization and income redistributions have become less significant than controlling the speech and thought of democratic citizens. An escalating hostility toward the bourgeois Christian past, explicit or at least implicit in the policies undertaken by the West and urged by the media, is characteristic of what Gottfried labels an emerging “therapeutic” state. For Gottfried, acceptance of an intrusive political correctness has transformed the religious consciousness of Western, particularly Protestant, society. The casting of “true” Christianity as a religion of sensitivity only toward victims has created a precondition for extensive social engineering.
Gottfried examines late-twentieth-century liberal Christianity as the promoter of the politics of guilt. Metaphysical guilt has been transformed into self-abasement in relation to the “suffering just” identified with racial, cultural, and lifestyle minorities, Unlike earlier proponents of religious liberalism, the therapeutic statists oppose anything, including empirical knowledge, that impedes the expression of social and cultural guilt in an effort to raise the self-esteem of designated victims. Equally troubling to Gottfried is the growth of an American empire that is influencing European values and fashions. Europeans have begun, he says, to embrace the multicultural movement that originated with American liberal Protestantism’s emphasis on diversity as essential for democracy. He sees Europeans bringing authoritarian zeal to enforcing ideas and behavior imported from the United States. Multiculturalism and the Politics of Guilt extends the arguments of the author’s earlier After Liberalism. Whether one challenges or supports Gottfried’s conclusions, all will profit from a careful reading of this latest diagnosis of the American condition.
18:52 Publié dans Actualité, Philosophie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul gottfried, culpabilité, multiculturalisme, philosophie, philosophie politique, théorie politique, politologie, sciences politiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le terme de Baa’th désigne une résurrection, au sens, du reste, chrétien ou platonicien, de l’animation de la part divine incorruptible, triomphant de la mort, et qui a été reçu et cultivé, chez le fondateur du mouvement portant ce nom, Michel Aflak, par son étude de la philosophie européenne. Cet homme fut, en effet, formé en France où il décéda, à l’hôpital militaire du Val de Grace. Sa jeunesse étudiante se passa à la Sorbonne, où il prit ses grades avant d’enseigner, jusqu’à sa démission en 1942, les lettres au lycée damascène alors régi par l’administration française qui s’était avec l’anglaise octroyée un mandat, pour servir, en bref, de paravent protecteur à la ruche sioniste qui avait contribué décisivement, par l’entrée en guerre des USA préparée par elle, à leur victoire en 1918 sur les forces impériales d’Europe Centrale alliées à l’Empire ottoman. On sent dans les propos de cet homme qui sut se débarrasser du marxisme ambiant pour se nourrir d’auteurs spiritualistes comme Henri Bergson (18 octobre 1859- 4 janvier 1941), juif parisien, de père juif polonais et de mère juive anglaise, converti au catholicisme, au moment d’entrer à l’Académie Française, et très sévère (ce dont témoigne une déclaration de 1921) envers les siens (et dont les funérailles hivernales virent la troupe allemande présenter les armes au passage du cortège), auquel il emprunte l’expression d’élan vital, son immatérialisme, et naturellement, outre les auteurs classiques allemands comme Hegel (1770-1831), l’enseignement du professeur grenoblois de la Sorbonne, le personnaliste catholique, mort à 44 ans, Emmanuel Mounier.
Emmanuel Mounier dont le nom est effacé aujourd’hui, au profit d’idéologues aux mœurs douteuses, abrutis par la psychanalyse destructrice et un structuralisme offrant une pensée sans sujet, rejetant, par dégoût naturel, l’idéal grec de la philosophie, inspira aussi un autre dirigeant nationaliste catholique, pro-japonais durant la seconde guerre mondiale et mort assassiné par les soins de l’ambassadeur US Cabod Lodge, à Saïgon, le regretté Président du Viêt-Nam nationaliste Ngo Din Diem (3 janvier 1901-23 novembre 1963) , patriote éprouvé, anticommuniste qui avait compris la collusion des deux blocs s’entendant pour étouffer toute spiritualité et enracinement naturel ou national. Ce mouvement nommé personnalisme entendait dépasser l’égoïsme individuel et diviseur et l’anonymat de la masse passive par ce que les « latins » désignaient par persona du verbe per-sonare, per-sonne, ce qui résonne ou sonne à travers l’homme physique et soulève l’intellect froid, forme la personne. Cette culture de la personne s’opposait au matérialisme marxiste et au libéralisme. C’était ce qu’un philosophe allemand de langue française, au XVIIe siècle, le baron de Leibniz entendait en latin par une « vis interna », une force interne, nous dirions intime et qui élève l’homme. La société ou la foi politique était ce qui permet à l’individu de sortir de soi pour devenir un principe de liberté collective, ce que disait le concept chrétien du sacrifice. Platon et Aristote n’enseignaient pas autre chose : les théologiens musulmans, de même, platonisaient ! Et cette teinture du christianisme actif, qui n’est plus une manière de mendier son salut, comme ironisait Schopenhauer, mais de le conquérir, selon une métaphore militaire, a donc inspiré la vision par Michel Aflak et ses camarades de combat, de l’essence de la nation arabe, et plus particulièrement de l’action ou de la valeur pratique du Prophète de l’Islam, Mahomet.
Ce fut, avait déjà dit Goethe dans la pièce de vers qu’il lui consacre, l’homme de l’enthousiasme contagieux, dont l’âme arabe fut illuminée : et ce qu’il importe de savoir, et qu’ Aflak a retiré de la philosophie allemande qui est le cœur battant de la pensée européenne, que la pensée ou la foi, l’action morale et politique se développent dans le berceau du langage ou au sein de la nation entendue comme un fait naturel, une âme, une création divine. En un mot, que la langue pense ! À cet égard il s’éloigne des maçons islamisés ou Frères Musulmans qui font de l’islamisme une universalité abstraite convenant à tous ceux qui veulent y souscrire, comme à une assurance, ou un self service de grande surface, où chacun se sert à condition de passer payer à la caisse, de satisfaire à des obligations. Cette robotisation proche du marxisme bolcheviste fut refusée par le baa’thisme, d’où la coalition hétéroclite permanente contre lui, des communistes aux libéraux, bref tous ceux tenant l’homme pour une machine à tuer, produire ou donner du plaisir, à voter ou payer un crédit : l’homme de l’usure !
Sur ce point financier que nous évoquons, le programme du parti baa’ th fut de proscrire l’usure (Riba). Et de fait, l’économie baa’ thiste syrienne, à la veille de la coalition contre elle, n’avait pas donné une partie de sa chair au Shylock de la finance. Les comptes étaient en règle, chose insupportable à l’usure internationale, « aux prêteurs du dehors », pour reprendre une expression du Président De Gaulle en 1964.
Il faut lire, chez Michel Aflak qui ne se convertira que tard à l’Islam, proche de la mort, exilé en Irak, ce portrait spiritualiste et national socialiste de Mahomet, homme de la nation. Il s’agit d’une conférence tenue à l’université, le 5 avril 1943 :
« La vie du prophète, qui incarne l’âme arabe dans sa vérité absolue [le terme est typiquement hégélien, de réconciliation du sujet de l’objet dans une synthèse supérieure ], ne peut être appréhendée par l’intellect [lequel, l’enseignait Hegel (1770-1831), est diviseur]. Pour la connaître, il faut en faire l’expérience vivante. C’est pourquoi, il est impossible que cette connaissance soit un point de départ. Elle constitue un aboutissement. Depuis que leur vitalité s’est émoussée, c’est-à-dire depuis des siècles, les Arabes lisent la biographie de Mohammed et se plaisent à la chanter sans la comprendre. Car cette compréhension exige un degré extrême de bouillonnement de l’âme, une profondeur et une sincérité de sentiments qu’ils ne possèdent pas encore, et une attitude existentielle plaçant l’homme face à son destin. Or, ils sont on ne peut plus loin de cet état. »
Michel Aflaq en conversation avec Saddam Hussein
Il y a un écho lyrique de l’espagnol José Antonio, du roumain Codreanu, du bourguignon, comme il se voulait nommer, Léon Degrelle, de toutes les grandes figures du nationalisme de l’extrême pointe de l’Occident jusqu’en Extrême-Orient, dans cette flamme embrasant les âmes ! Âme vient du verbe « latin »: animer (d’où le circonflexe remplaçant le n), étant un ressort, une profondeur d’existence opposée à la superficialité. Elle peut habiter l’esprit ou, comme il est dit plus bas – ce qui est le progrès ou un processus de damnation -, le déserter, comme l’explique ce passage du discours de Michel Aflak. Ce fut une génération inspirée par un même génie :
« L’âme de nos héros nous a désertés depuis bien longtemps car l’héroïsme ne figure plus parmi les qualités courantes des Arabes. Il est à craindre que la glorification populaire du grand prophète ne soit l’expression de l’impéritie et de l’incapacité plutôt qu’une juste appréciation de la grandeur. Nous avons perdu la notion d’héroïsme, si bien que nous le considérons aujourd’hui avec effroi et ahurissement comme s’il appartenait à un autre monde. Or, la véritable glorification de l’héroïsme doit découler d’une participation effective et d’une juste appréciation résultant de l’expérience et de la souffrance. Seul celui qui aura été capable dans sa vie, ne fût-ce que d’un grain d’héroïsme, pourra apprécier le héros.
Jusqu’ici, nous avons toujours observé la vie du prophète de l’extérieur, comme on observerait une image merveilleuse destinée à l’admiration et à la sanctification. Mais nous devons commencer par la contempler de l’intérieur, afin de la revivre. Chaque Arabe aujourd’hui est capable de revivre la vie du prophète, ne fût-ce que dans la proportion d’un caillou par rapport à la montagne, d’une goutte d’eau par rapport à l’océan. Il est tout à fait normal qu’un homme, aussi grand soit-il, s’avère incapable d’accomplir une œuvre comparable à celle du prophète. Cependant, il n’est pas moins normal qu’une personne, aussi limitées que soient ses capacités, puisse être un modèle infiniment réduit de Mohammed, dès lors qu’elle appartient à une nation qui a rassemblé toutes ses forces pour produire Mohammed ou plus exactement puisqu’il appartient à la nation que Mohammed a rassemblé toutes ses forces pour l’engendrer. Jadis, la vie d’un seul homme a résumé la vie de toute sa nation; il faut qu’aujourd’hui toute la vie de cette nation, dans sa renaissance nouvelle, soit le déploiement de la vie de son grand homme. Autrefois, Mohammed a personnifié tous les Arabes; aujourd’hui tous les Arabes doivent incarner Mohammed. »
Cet événement fit rompre Aflak avec les marxistes ou leurs adversaires religieux corrompus par l’Angleterre qui méprisaient la nation arabe, en soutenant même ce sophisme répandu partout que ce fut Mahomet (pour user de la forme turque Mehmet) qui fit entrer l’Arabie dans l’Histoire, que sans ce miracle, elle n’était rien. Or à suivre l’histoire académique, il y eut plusieurs siècles avant lui deux Etat arabes, clients d’un client ou allié de Rome, l’autre de la Perse ! Quoiqu’il en soit, la littérature arabe existait bien avant l’apparition de celui dont le nom est un éloge et non point, comme il faut le dire, un patronyme ! Ce fut la sensibilité de la nation arabe qui porta Mahomet, comme une matière donnant réalité à une forme ! Aflak connaissait le Discours à la Nation allemande du philosophe Fichte, bréviaire de tout nationalisme, au temps de l’occupation française… et maçonnique de l’Allemagne.
Il vit l’aide allemande apportée à ses camarades irakiens à partir des aérodromes français de Syrie, et il y a en effet près de Bagdad, un cimetière militaire où sont inhumés les aviateurs de la Luftwaffe morts pour la cause nationale arabe.
Même si les éléments communistes – et en particulier le parti communiste syrien de Khaled Bagdache – essayeront de noyauter le Ba’ath syrien, celui-ci saura s’en défendre et c’est là qu’il faut faire raison des accusations de dictature portées par les gens de gauche contre la politique ba’thiste de guidance d’une société, sur un plan national, sans lutte de classes artificielles qui ne servent partout qu’à ruiner les bourgeoisies locales au profit d’éléments cosmopolites.
Une première union syro-égyptienne ne dura que quelques années, et la seconde incluant la Libye s’achèvera en 1977. Une tentative d’unir Libye et Tunisie approuvée par le Président Bourguiba et son ministre, que nous interrogeâmes en 1971, M. Masmoudi fut aussitôt abandonnée sous pression d’une certaine « communauté internationale » !
En s’attaquant depuis 2011 à la Syrie, l’on veut paralyser tout effort de solution nationale arabe centrée sur ses propres intérêts, et non pas dispersée dans des opérations anarchistes à visage ou masque intégriste. Or cet effort ne peut être que global ou répondre à une totalité. Cela n’a rien à voir avec quelque idée de Dieu ou des formalités religieuses, ou plutôt toute idée de la sorte qui ne repose pas sur la morale est elle même immorale, comme le philosophe Kant le faisait savoir sévèrement à un correspondant maçon membre des Illuminati !
Pour un nationaliste, qui est d’abord conservateur des énergies, car la santé physique est en premier la conservation du corps et de son milieu naturel, la religion sort d’une terre et l’inspiration céleste est une graine tombée sur un champ. Que la politique consiste à tailler les arbres, à « cultiver son jardin », entretenir le sol, garder la propriété, et c’est ce que Aflak enseigna, en guide ou amid aux Musulmans et aux Chrétiens : les deux avaient un point commun, leur sensibilité nationale, qui avait en effet produit ces monastère syriaques, par exemple avec ses moines auquel il est fait allusion par le Prophète dans le noble Koran. L’islam en était un rejeton récent, le christianisme l’aîné, puisque, à suivre la tradition chrétienne, ce furent des Arabes chrétiens damascènes qui recueillirent et soignèrent le persécuteur pharisien des Chrétiens de Jérusalem, donc qui virent naître la sainteté de Paul aveugle et recouvrant la vue parmi eux.
Ce rappel a son importance, d’autant que c’est à Damas, d’après la tradition pieuse musulmane que doit se livrer le combat entre l’Antéchrist prenant le pouvoir mondial à Jérusalem « positivement et non pas métaphoriquement », selon le Père jésuite espagnol Suarez,(positive, non metaphorice) et ses deux adversaires, le Christ humain revenu sur terre et qui trouve enfin sa mort, et le Mahdi son allié qui, dernier Imam ou guide des croyants, terrasse l’Antéchrist et ses soutiens.
Etre laïque consiste à mener le combat politique national en tenant uni, redisons le terme, nationalement le peuple arabe, et ses confessions, et non pas à mépriser ou combattre celles-ci, pour ne pas affaiblir, si l’on peut dire, la mère du Prophète!
De fait, le mot laïque dérive du grec laos qui est le peuple sacré de la Tragédie – à la différence du démos, la masse -, et qui est tel, non parce qu’il croit aux dieux, mais parce qu’il existe par leur volonté et que ceux-ci habitent en son sein.
Il est, du reste, une pensée coranique que chaque peuple a un Prophète que Dieu fait jaillir de lui, et l’histoire en fournit des exemples proches. Ceux ci sont des avertisseurs d’avoir à respecter la volonté de la Providence et de l’ordre naturel de la Création. Le pensez-vous ? C’est que vous êtes déjà un baa’thiste ou bassiste ! Les théologiens, comme les perroquets de la République des Oiseaux dans le conte de Voltaire, La Princesse de Babylone, réciteront ce qu’ils savent, Michel Aflak était philosophe, parlait avec éloquence de ce qu’il comprenait, et le résultat se fait sentir aujourd’hui que le peuple syrien, celui de la Grande Syrie comprenant le Liban et la Palestine ou Syrie Méridionale, a fait marquer le pas à l’Antéchrist aux multiples couronnes saoudiennes et républicaines !
Retenons le nom du leader syrien, de l’amid Aflak, dont la réputation grandira, avec les victoires du peuple syrien et de la Nation Arabe, la vraie, pas celle de la Ligue anglaise du même nom qui obéit au prince héritier d’Arabie anglaise, Salman, la vraie reine des lieux de cette Arabie factice étant à Buckingham !
S’il faut une preuve de la valeur des pensées et des directives d’action patriotique de Michel Aflak, nous la trouverions dans la faiblesse de la Ligue du même nom, la Ligue Arabe, qui est un organisme de soumission à l’Angleterre, patronne de la région, tout comme sa colonie américaine ! Cette Ligue Arabe impressionne par le nom, mais n’est qu’une addition de gouvernements qui ploient sous les dettes et ressemble à un corps sans épine dorsale. La Fraternité Musulmane, qui en est le versant terroriste avec des allures hypocrites (les Monaferins, dit-on en arabe) poursuit le même but : cultiver le séparatisme, l’opposition des ethnies entre elles, se recréant une histoire fictive et ne produisant des élites en tout domaine que pour émigrer et non pas se livrer au premier pas de tout sentiment religieux, artistique et seulement moral, qu’est le sentiment d’appartenance à la même origine.
Le Bath prit le pouvoir réellement avec Hafez el Assad, au terme d’une vingtaine d’années de plus de vingt coups d’Etat soudoyés par des intérêts divers, le plus puissant étant l’Arabie saoudite, siège d’un sectarisme forgé au XVIIIe siècle avec la complicité d’agents britanniques qui occupaient le site même de La Mecque. La suite en fut cette soi-disant « révolte arabe » conduite par l’agent Lawrence contre la communauté christiano-musulmane orientale.
Avec Hafez el Assad, une orientation claire fut donnée de travailler communément à la formation d’une patrie syrienne exemplaire, tout comme le fit l’Irak, de son côté. Néanmoins aucun Etat ne peut réussir sans une mobilisation totale, et même là, il se heurte à une coalition internationale, comme les deux guerres mondiales l’ont montré.
Sans Unité Arabe, point de santé du corps arabe, dont l’ambition de plusieurs est de se bercer au sein des sociétés occidentales, en reniant la valeur du sang échangé contre une monnaie dévaluable. C’est une antithèse de la volonté exprimée par le jeune chrétien de la Sorbonne et professeur au lycée français de Damas.
Mais aujourd’hui la victoire même inachevée de Bacher el Assad et la discipline de son armée, qui a surpris tous les projets de subversion, montrent que la passion et la douleur auront été la voie de la victoire, l’indication de la seule stabilité capable de vaincre l’occupation étrangère, qu’il sera bientôt interdit de dénoncer au pays des « loges », mais que chacun sait reconnaître, pour peu qu’il ait cet « instinct divin, immortelle et céleste voix » – eût dit Rousseau -, qu’est la conscience morale.
La victoire syrienne replace au premier rang le visage de Michel Aflak, que tout nationaliste doit apprécier.
Pierre Dortiguier
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Die Leute werden nicht müde, trotz Abwesenheit allgemein akzeptierter Autoritäten, von indiskutablen letzten Werten, verbindlichen Normen sowie gemeinsamen Überzeugungen über Politik zu reden.
Demokraten z.B. gehen davon aus, dass ihresgleichen einer mit sachlichen Argumenten geführten Diskussion zugänglich sein muss. Es kann ja gar nicht anders sein. Nach ihnen hat die Vernunft es so eingerichtet, dass „wir Demokraten“ miteinander reden können. Schließlich sind wir alle – d.h. „wir Demokraten“ – vernünftig.
In der Demokratie zählt Gleichheit mehr als Vernunft
Dabei wird vergessen, dass in der Demokratie die Gleichheit der Vernunft übergeordnet ist: Entweder ist die Vernunft allen Individuen gleichermaßen angeboren, oder aber wir haben kein individuelles Vernunftvermögen, welches uns bezüglich der Vernunft voneinander unterschiede.
Entweder sind „wir Demokraten“ alle von Natur aus gleich weise, einsichtig und vernünftig bzw. töricht, uneinsichtig und unvernünftig, oder aber „wir Demokraten“ können nachträglich gemeinsam übereinkommen in Einsicht, Verständigkeit und Besonnenheit, bzw. in Torheit, Unverstand und Wahnsinn, vermittels der Gleichheit.
Unmöglichkeit der Diskussion
Trotz demokratischer „Gleichberechtigung“ in der Diskussion sollte die Pattsituation, in der sich jede Diskussion von selbst erübrigt, die demokratische Situation schlechthin sein. Denn dem der Demokratie zu Grunde liegenden individualistischen Gleichheitsgrundsatz, der von der geistigen Autarkie und Autonomie der Einzelnen ausgeht, entspricht es nämlich beileibe nicht, von anderen zu fordern, sie möchten die besseren eigenen Argumente doch einsehen, sie akzeptieren und, infolgedessen, sich selbst zu eignen machen.
So betrachtet ist Überzeugen keine Option, sondern ein Wahn: von mir kann vernünftigerweise niemand verlangen, den Willen aufzubringen, je nachdem, entweder andere überzeugen zu wollen, oder aber mich überzeugen zu lassen. Längst gibt es die schwächlichen, den Gegenüber angeblich beschwichtigenden Wendungen: „Ich will die ja gar nicht überzeugen“ und „Das ist einfach nur meine persönliche Meinung ohne jeden Anspruch auf Wahrheit“.
Liberale Demokratie und „dialogische Form“ schließen einander aus
Die liberale, fälschlich für dialogisch gehaltene Form der Demokratie, welche auf der unentwegten gegenseitigen Zusicherung von Gesprächsbereitschaft – „parlement“ – beruht, erweist sich bei näherem Hinsehen als Chimäre. Soll überhaupt ein Dialog stattfinden, müssen die Kontrahenten einander wirklich ebenbürtig sein. Ebenbürtigkeit aber schließt Gleichheit mit Nichtebenbürtigen von vornherein aus. Und ebenbürtig ist auch nur der, der gleich geartet, d.h. gleichen Geistes und Gemüts wie einer selbst, ist. Damit aber ist ein Schlussstrich unter die Demokratie gezogen.
Nach Einigung auf die Sachlichkeit der Argumente erfordert der Dialog von beiden Seiten noch behelfsmäßige Annahme, Prüfung, Erörterung, Auseinandersetzung sowie beiderseitige Willfährigkeit, zu überzeugen und sich überzeugen zu lassen, gerade weil beider Leitstern die Wahrheit ist. Denn wäre sie das nicht, wozu dann diskutieren, meinen, reden? Wer ohne Wahrheit, d.h. vernunftlos, redet, redet einfach nur der Rede wegen, oder aber weil es ihm um nichts anderes als um die Vormacht geht, und zwar nicht um die Vormacht im Gespräch, sondern um die wahre, die handfeste Vormacht.
„Demokratie“ als Recht des Stärkeren – Recht des Listigeren
Innerhalb der liberalen Demokratie ist es um dialogische Form von vornherein schlecht bestellt: Gibt es doch tatsächlich Menschen, die zu ihrer natürlichen geistigen Begnadetheit auch noch die notwendige Selbstbeherrschung mitbringen, um allein Dienst an der Wahrheit zu tun. In der Konfrontation mit ihnen landen unsere gesprächsbereiten Demokraten früher oder später bei Machiavellis Standpunkt, dass die sicherste Art zu herrschen – bzw. davon abgeleitet: in der Diskussion zu triumphieren – immer noch die der Zerstörung (des Gegners) ist.
Dabei ist die einzige Herrschaft, für die gestritten werden sollte, die der Wahrheit. Demokraten aber geht es letztlich auch nur um ihre Herrschaft. Innerhalb des liberalen gesellschaftlichen Redeflusses sind „gleiche Chance“ und „Gleichberechtigung“ daher nichts anderes als Chiffren: Für den Einzelnen chiffrieren sie seine Selbstsucht und seinen Eigennutz, für Gruppen und Parteien die eigene Selbstgerechtigkeit und Scheinheiligkeit, also ebenfalls Selbstsucht und Eigennutz. „Demokratie“ kann deshalb sowohl Recht des Stärkeren als auch Recht des Listigeren, vor allem des Hinterlistigeren, bedeuten.
Von der liberalen Demokratie zur Wissensgesellschaft
Die Schwierigkeit der dialogischen Form, die sie auch mit der liberalen Demokratie unvereinbar macht, liegt in ihren individuellen Voraussetzungen. Nicht jeder Mensch ist fähig und auch willens, im Dialog der Wahrheit uneigennützig zum Siege zu verhelfen. Vielmehr gilt: Für Eigensinn und Willen zur Macht gibt es kein besseres Mistbeet und Treibhaus als eben unsere liberale Demokratie, die sich selbst „Wissensgesellschaft“ zu nennen goutiert.
Aus ihr sprießen Heerscharen von Schulmeistern, sonstigen wissenden Widerspruchswichten aber auch grobianischen Wortberserkern. Sokrates selbst findet freilich auch unzählige Nachahmer, unter denen sich aber kein einziger echter Sokrates auffinden lässt, sondern einfach nur Papageien. Kein Mensch hat Nerven, die demokratische Pattsituation zu akzeptieren. Auch sind es immer wieder liberale Demokraten, die ein geradezu pathologisches Mitteilungsbedürfnis haben. „Lakonisch“ und „liberal“ sind nicht nur politisch Gegensätze. Sie sind es auch in der Rede.
Machtmensch vs. Dialogiker
Dem Dialogiker, der sich unvorsichtigerweise darauf eingelassen hat, mit Machtmenschen zu reden, kommt seine Unvorsicht teuer zu stehen. Der Machtmensch dankt dem Dialogiker seine Gesprächsbereitschaft nicht. Im Gegenteil versucht er ihn zu überbieten. Aufgrund der demokratischen Gleichheit hegt der Machtmensch nämlich den Verdacht, der Dialogiker wolle ihn überbieten.
Damit ihm ja nicht geschehe, was er selbst seinem Gegenüber, seinem potentiellen Opfer, antun will, bietet er alles auf, um durch vorauseilendes Übertrumpfen zu verhindern, dass er zum Überbotenen und, somit, zum Besiegten werde. Die Mittel dazu sind: den Gegenüber sprachlos, rhetorisch, logisch und auch bezüglich Einzelheiten platt zu machen. Und zu diesem Zweck werden Kampfmittel aufgefahren und sogar Täuschungsmanöver angewandt.
Alles eine Machtfrage!?
Das Gespräch ist ein Kampf. Der Soziologe Gabriel de Tarde hat sogar von einem „logischen Zweikampf“ gesprochen. Und die alten Griechen kultivierten den rhetorischen Wettkampf wie jeden anderen Wettkampf auch. Der Machtmensch aber macht aus diesen logischen Wettkämpfen einen Ringkampf um die Macht, bei dem jegliches Einhalten von Regeln zu seinen eigenen Ungunsten ausschlagen würde.
Nichts liegt ihm ferner als liberales Fairplay. Argumente sind ihm Waffen und Waffen Argumente. Selbst die behelfsmäßige Annahme, getätigt im Dienste der Wahrheit, sein Gegenüber könnte Recht haben, verlangt ihm eine Liebe zur Wahrheit (Philosophie) ab, die er gar nicht haben kann. Und, anstatt die Willfährigkeit und die sich aus ihr ergebende Bereitschaft, zu überzeugen und selbst – wenn auch nur der Möglichkeit nach – überzeugt zu werden, mitzubringen, bringt er ganz einfach den Willen zur Macht mit. Und selbst für gewitztere (liberale) Demokraten, die als ihre einzigen Waffen entwaffnenden Humor und Ironie mitbringen, ist allein der Wille zur Macht maßgebend.
Sektierer, Gemeinde und Gesinnungspolizei in einer Person
Das politische Gespräch heutzutage ist eine Unmöglichkeit. Hauten sich die Leute gegenseitig die Köpfe ein und schwiegen sie – oder umgekehrt – wäre ihnen besser gedient. Es ist nämlich ganz zwecklos, mit anderen Menschen über Politik ins Gespräch zu kommen. Man scheint in die Lage des inneren Exilanten Machiavelli versetzt, der sein Zwiegespräch mit den römischen Klassikern hielt, um über Politik reden und schreiben zu können.
Oder aber in die Platos, des Meisters des Dialogs, der sich seine Dialogpartner selbst ersann um die Dinge der Politik dialogisch-dialektisch auseinanderzusetzen. Oder aber in die Rankes, welcher durch die beiden Brüder seines „politischen Gesprächs“ selbst zu Wort kam. Die Benimmregel, aus Gründen des Zusammenlebens bei Tisch nicht über Politik, Religion und Fußball – was im Grunde alles dasselbe ist – zu reden, kann man getrost auf die ganze gnostische Wissensgesellschaft ausdehnen: In ihr ist jeder sein eigener Sektierer und sich selbst dazu noch die Gemeinde.
Damit sind Sektierer und Gemeinde in einer Person vereint und die Gesinnungspolizei, die man ebenfalls selbst ist, hat allerhand zu tun, sowohl mit gleich und als auch ungleich gearteten Menschen verbal handgreiflich zu werden.