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mercredi, 19 février 2014

Manuel Valls a secrètement rendez-vous avec le leader de l’extrême droite israélienne

Manuel Valls a secrètement rendez-vous avec le leader de l’extrême droite israélienne

 

 

Tout n’est qu’une question de jugement… L’extrême droite ne dérange que quand elle sert « la cause politique » de certains, par contre, cela ne dérange plus du tout quand il s’agit de l’extrême droite d’un autre pays comme Israël.. Bien sur, ayant pour habitude de vérifier certaines informations, cette visite qui n’est que peu médiatisée a néanmoins été annoncée sur le site du CRIF. Les discours de Valls sur la haine d’autrui, l’extrême droite, le FN, tout cela n’est en fait que du vent, ceux avec qui il partage sa table sont considérés comme étant bien pire notamment par l’historien israélien Shlomo Sand.

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Deux poids, deux mesures. À la tête du combat politico-médiatique contre « l’extrémiste » Dieudonné, Manuel Valls s’apprête à rencontrer -loin des caméras- Avigdor Lierberman, ministre israélien des Affaires étrangères et dirigeant d’un parti d’extrême droite.

Faisons un pari: David Pujadas et ses confrères de la presse écrite et audiovisuelle ne demanderont pas au ministre, comme à l’accoutumée, des éclaircissements sur ce sujet. L’objet de l’omerta? Une rencontre -en catimini- entre Manuel Valls et Avigdor Lieberman doit se tenir dans les 48 heures. Ce mercredi 12 février, le ministre israélien des Affaires étrangères est arrivé à Paris pour une série d’entretiens évoqués, dans les grandes lignes, sur le site de son ministère. Selon le communiqué officiel, son homologue Laurent Fabius, des députés et des sénateurs, des dirigeants de la communauté juive et les représentants d’organisations anonymes « travaillant à renforcer les liens entre Israël et la France » seront les interlocuteurs d’Avigdor Lieberman. But essentiel du voyage: discuter des points de convergence et de désaccord au sujet de l’Iran et des sanctions internationales, partiellement levées par la France et les Etats-Unis.

Surprise, surprise. Parmi les personnalités rencontrées en figure une qui n’est pas censée, a priori, être présente durant la visite officielle d’un ministre des Affaires étrangères: Manuel Valls.

Ce dernier n’est pas exactement l’homologue de Lieberman. Par ailleurs, le ministre israélien des Affaires étrangères n’a pas de fonction relative à la communauté juive internationale, ce qui aurait pu justifier sa rencontre avec Manuel Valls, en charge de l’Intérieur mais aussi de la gestion des cultes.

Autre mystère: l’agenda du ministère de l’Intérieur ne fait aucune mention de cette rencontre. Et pour cause: la semaine du 10 au 16 février est curieusement absente du calendrier. À l’inverse, l’agenda de Laurent Fabius n’omet pas de signaler, comme il se doit, sa rencontre avec son homologue israélien, prévue vendredi à 11h, juste après le Conseil des ministres.

Mais, d’ailleurs: qui est Avigdor Lieberman?

En novembre dernier, suite à son acquittement par un tribunal de Jérusalem (l’homme était inculpé pour fraude et abus de confiance), Le Monde le qualifiait -avec une infinie délicatesse- de« personnage controversé ».

Certes: ses prises de position peuvent prêter à la polémique. En 2009, Arte lui consacra ainsi un bref reportage à travers l’exposition du racisme décomplexé de ses militants.

L’historien israélien Shlomo Sand avait déjà insisté -en 2009, lors d’un entretien avec L’Express- sur le radicalisme « identitaire » de Lieberman, ajoutant qu’il était « pire que Le Pen ».

En novembre 2012, cet ultra-nationaliste, originaire de Moldavie et bientôt placé à la tête de la commission parlementaire des affaires étrangères et de la défense, était invité par un prestigieux think-tank américain, The Brookings Institution, afin d’exposer sa vision singulière de la politique internationale. A titre d’illustration -parmi tant d’autres exemples disponibles- de son idéologie, on peut ainsi l’entendre exprimer -à la 26ème minute de la vidéo suivante- son regret au sujet de Moïse, qui aurait dû mener son peuple « au Bénélux » plutôt qu’au Moyen-Orient car les pays voisins seraient plus aimables que ceux entourant Israël.

En décembre 2013, de nouveau invité par le même think-tank, Lieberman réfuta « complètement », à la 55ème minute de la vidéo ci-dessous,le mot « occupation » employé par une auditrice du public. Selon l’homme redevenu ministre un mois plus tôt, il ne peut pas y avoir « occupation » des territoires palestiniens car, entre autres explications, il n’y avait pas d’État palestinien avant 1948.

En ce mois de février, l’ultra-radical Lieberman serait en train, selon des observateurs de la vie politique israélienne, de tenter de modérer l’image de son parti, classé à l’extrême droite, afin de gagner en crédibilité pour briguer, à l’avenir, le poste de Premier ministre.

Ce qui ne l’empêche pas de continuer à rassurer son électorat le plus extrémiste: à l’instar de son collègue Uzi Landau, l’homme continue ainsi de prôner « des transferts de populations et de territoires, et notamment que certaines zones peuplées par des Arabes israéliens fassent partie d’un futur Etat palestinien ». En clair, il s’agirait de remettre des villes arabes israéliennes à l’Autorité palestinienne en échange de la souveraineté sur des colonies juives en Cisjordanie. Une proposition à laquelle s’est déjà opposée le président Shimon Peres : « Israël ne peut pas retirer leur citoyenneté à ses ressortissants simplement parce qu’ils sont Arabes. »

Pour comprendre l’impact d’une telle proposition au sein de la population ciblée, un reportage récemment diffusé par une chaine israélienne donne un éclairage intéressant quant à la perception de la société civile arabe.

Qu’en est-il de Manuel Valls? Sa rencontre secrète avec Lieberman ressemble à une séance de rattrapage. En novembre, le ministre de l’Intérieur avait annulé une visite dans l’État hébreu en raison des révoltes sociales en Bretagne. L’homme devait initialement venir renforcer la coopération policière (et notamment l’échange d’informations dans le domaine sensible et opaque du renseignement) entre Paris et Tel Aviv.

Lieberman n’est pas chargé des questions policières mais s’il devait continuer son ascension dans la vie politique israélienne, il deviendrait, de facto, un personnage incontournable, notamment pour le ministre français qui s’était déclaré, en novembre 2012, « absolument engagé pour Israël ». Dans l’affaire Dieudonné, Valls a fait preuve d’un activisme singulier et influencé par ses propres relais amicaux au sein du Crif. Aujourd’hui, sa volonté de nouer des liens avec un extrémiste israélien notoire confirme, si besoin était, son « humanisme républicain » à géométrie variable: s’indigner de Dieudonné pour se lier d’amitié avec Lieberman ne manque pas de piquant.

Espérons, dès lors, que la rencontre secrète entre les deux hommes se tiendra ce vendredi 14 février, au jour propice de la Saint-Valentin: cela ne serait que justice pour l’élu d’une République laïque et souveraine qui osa pourtant se déclarer, « par {sa} femme, lié, de manière éternelle, à la communauté juive et à Israël ».

« Quand même ».

Addendum 13/02/14: l’agence Sipa Media confirme aujourd’hui la rencontre Valls-Lieberman.

L’information, annoncée mardi 11 février par le ministère israélien des Affaires étrangères et reprise le lendemain par Panamza, n’avait été rapportée jusqu’alors que par la presse israélienne, américaine et libanaise.

Source+vidéos: Panamza.com via Sott.net

La démocratie suisse n’est pas un virus mais un antidote !...

La démocratie suisse n’est pas un virus mais un antidote !...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David L'Epée, cueilli sur le sit Les Observateurs et consacré au référendum suisse contre l'immigration de masse. Journaliste indépendant, David L'Epée collabore à la revue Éléments.

 

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La démocratie suisse n’est pas un virus mais un  antidote !

Lorsqu’on lui montre la lune, l’imbécile regarde le doigt, dit l’adage populaire. Je dois faire partie de la catégorie des imbéciles parce que quand on me montre le problème migratoire tel qu’il a été mis en lumière par le scrutin du 9 février dernier, j’ai tendance à regarder la démocratie directe qui a permis de le désigner. Cette dernière, pourtant, ne semble pas peser bien lourd dans les considérations dont la presse nous abreuve depuis quelques jours, considérations marquées très majoritairement par le dépit, à l’image d’un milieu – les médias, l’intelligentsia, la classe politique – massivement opposé à cette initiative. « L’aveuglement anti-européen qui domine le pays l’a emporté » nous explique le socialiste Roger Nordmann, tandis que Pascal Couchepin, depuis l’autre face de la même pièce libérale, assombrit le tableau et parle d’ « économie de guerre ». Cette fracture entre électorat et “experts” est une constante dans l’histoire politique suisse de ces dernières années, mais elle prend aujourd’hui une autre dimension du fait, comme l’écrivait Le Temps du 10 février, que cette fois « le tremblement de terre est continental ». Les médias de notre pays ne sont plus les seuls à stigmatiser l’électeur suisse, ils sont rejoints dans ce travail de réprimande morale par de nombreux médias européens, à commencer par Libération qui titrait sa une d’il y a quelques jours « Le virus suisse ». A la condamnation des grands fait écho le soutien des petits : les peuples membres de l’UE sont nombreux ces jours-ci à envier la souveraineté populaire helvétique et à se demander ce qu’ils auraient fait à notre place si on leur avait donné la parole, ce que leurs gouvernants s’abstiennent bien de faire, et pour cause ! En France, deux sondages, effectués respectivement par Le Point et par Le Figaro, révèlent que les Français auraient été entre 88 et 92% à soutenir une initiative semblable à celle qui nous a été soumise.

M. Fabius se rend-il bien compte de cette fracture lorsqu’il appelle l’UE à pénaliser la Suisse ? Et M. Cohn-Bendit, qui, invité par l’émission Forum du 10 février, comparait la situation actuelle de notre pays à celle de 1933 ? Lors de cette même émission, la députée européenne Astrid Lulling se montrait encore plus explicite. Se réjouissant que son pays à elle ne soit pas perverti par l’infâme institution du référendum populaire, elle s’est écriée : « C’est à désespérer du droit de vote si les citoyens sont aussi bêtes ! »

Ces réactions à chaud ont le mérite de faire tomber quelques masques et de révéler que ce n’est pas uniquement la nouvelle politique migratoire de la Suisse qui est remise en cause par ce qu’il faut bien appeler les technocrates européens mais bien le principe même de la démocratie directe ! Un discours menaçant aux accents autocratiques qui se trouve soutenu et relayé par un certain nombre de nos politiciens, à la défaite amère, pour qui la souveraineté populaire n’a de valeur que lorsqu’elle valide leurs propositions. Le politologue Antoine Chollet l’explique bien dans son livre Défendre la démocratie directe (collection Le Savoir Suisse, 2011) : « Les élites suisses, dans leur grande majorité, nourrissent à l’égard de la démocratie des sentiments pour le moins mitigés et se font bien souvent les avocates de positions anti-démocratiques plus ou moins savamment camouflées. » Le camouflage a tendance ces derniers jours à s’effriter on découvre alors des figures franchement inquiétantes.

Alors que les “commissaires politiques” cités plus haut appellent ouvertement à des mesures de rétorsion de l’UE à notre encontre, quelques-uns parmi nos compatriotes semblent s’en réjouir. Lorsque des citoyens attendent d’un pouvoir étranger qu’il punisse leurs propres concitoyens, il n’est pas exagéré de parler de collaboration, au sens le plus méprisable que ce terme a pu prendre à travers l’histoire. Qu’importent qu’ils le fassent au nom d’une morale transcendante mais ô combien relative, la leur, qui leur donne l’assurance d’avoir raison contre tous ! Avoir raison contre la majorité est une prétention indéfendable dans un Etat démocratique puisque la démocratie est à elle-même sa propre mesure. Elle ne reconnaît pas les notions de tort ou de raison en soi, elle ne reconnaît que la légitimité d’une décision populaire, légitimité acquise par la majorité des votes.

Libération ne s’est pas trompé en parlant de virus suisse. L’épidémie risque, ces prochaines années, de surprendre et de bousculer de nombreux gouvernements parmi nos voisins européens. La maison Bruxelles se fragilise un peu plus chaque jour tandis que l’aspiration souverainiste, un peu partout, se fait jour et tente de s’exprimer, dans les urnes lorsque c’est possible, sinon dans la rue. Comme le disait Victor Hugo, il n’est rien au monde d’aussi puissant qu’une idée dont l’heure est venue, et cette idée-là pourrait bien être celle de la démocratie directe. Nous nous apercevrons peut-être alors qu’il ne s’agissait pas d’un virus mais bien d’un antidote.

David L’Epée (Les Observateurs, 15 février 2014)

L’Algérie dans le viseur des USA

 

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L’Algérie dans le viseur des USA

François Charles

Ex: http://www.lautreafrique.info

Il y a déjà plusieurs mois que les Etats-Unis, après avoir classé l’Algérie comme « pays à risque pour la sécurité des diplomates », ont implanté des installations militaires avec contingents de marines, à la pointe sud de l’Espagne, sans cacher le moins du monde leurs intentions interventionnistes vers le nord de l’Afrique.

Sachant par ailleurs, que les Etats-Unis visent désormais la région frontalière située entre le sud tunisien et l’Algérie: « Signe que les Etats-Unis sont décidés à agir, le Pentagone vient de récupérer, dans le sud de la Tunisie, une ancienne base désaffectée qui doit être rénovée pour intervenir sur le théâtre libyen, affirme une source diplomatique à Tunis.  (le Figaro, 1er février 2014), le moins qu’on puisse dire, même s’il n’est question pour l’instant que d’intervenir en Libye, est que l’ogre se rapproche…

Menaces de punition pour n’avoir pas suffisamment soutenu l’intervention militaire française au Mali ? Projet de déstabilisation d’un dernier bastion encore par trop indépendant de l’influence US ?

Toujours est-il que, après les maliens et au vu de l’état de tension régnant dans toute la sous-région, les algériens sont fondés à nourrir de grandes inquiétudes.

Une intervention militaire annoncée

500 marines, huit avions militaires de combat…Les Etats-Unis ont ainsi déployé, depuis l’été 2013, une force militaire d’intervention conséquente, dans la petite ville de  Moron en Espagne. Si le stationnement de militaires américains sur le sol espagnol n’est pas un scoop, ce qui est nouveau en revanche est la spécificité dédiée à cette nouvelle implantation. L’aveu du gouvernement espagnol à ce sujet est d’ailleurs de taille :  » permettre à l’armée américaine d’intervenir dans le nord de l’Afrique en cas de troubles majeurs ». On ne saurait, en effet,  être plus clair !

Aujourd’hui, alors que les USA viennent de faire une demande officielle au gouvernement Rajoy d’augmenter de moitié le contingent des marines déjà en place, appelé « Force de riposte pour la crise en Afrique », on apprend, par le quotidien espagnol El Pais, que sont prévus d’importants mouvements de la marine militaire US sur les côtes espagnoles :  » Le 11 février prochain le destroyer américain USS Donald Cook arrivera avec ses 338 membres d’équipage à la base navale de Cadix. Un second navire, USS Ross arrivera en juin et deux autres, USS Porter et USS Carney, en 2015. Au total, ce seront 1100 marines, avec leurs familles, qui s’installeront sur la base de Cadix ».

Interrogé à propos de toutes ces manoeuvres et implantations militaires, Gonzalo de Benito, secrétaire d’Etat espagnol aux affaires étrangères, se contentera de commenter :  » Quelles opérations réaliseront ces marines suréquipés ? Je ne peux pas le dire car ces forces sont pas venues pour des opérations précises mais pour des contingences qui peuvent se produire… »

Entre menaces et langue de bois, on mesure combien ces bruits de bottes sont à prendre au très sérieux.

Que ce soit en Italie ou en Espagne, au Nord Mali ou au Niger, qu’elles soient françaises ou US, force est de constater que les implantations militaires se multiplient dans la région proche Maghreb.

L’humanitaire d’abord et puis… la guerre

Toutes les interventions extérieures qui ont procédé, et y tendent encore, à ce processus de désintégration territoriale et politiques des nations, notamment africaines… ont toujours été précédées de campagnes ultra-médiatiques menées sur le terrain de « l’humanitaire ». On connaît parfaitement le déroulé des opérations : « humanitaires » et ONG signalent, généralement là où on le leur dit, une situation dramatique pour les civils, y dénoncent des famines en cours ou à venir, identifient des multitudes de génocides (ou risque de), abreuvent les opinions publiques d’images-choc et finalement… les grandes puissances se voient  »contraintes », à leur corps défendant s’entend… d’intervenir au nom du « droit à la vie des populations concernées ». CQFD en Libye, en Côte d’Ivoire, en Centrafrique, au Mali…tous désintégrés, découpés et finalement partitionnés.

C’est ainsi que, après avoir rôdé il y a fort longtemps son procédé  au Biafra et en Somalie, tous deux désintégrés (1), le  »bon » docteur Kouchner, devenu ministre français de gauche et de droite, allait inventer en ex-Yougoslavie, elle aussi désintégrée,  la version définitive du « droit d’ingérence » ! Invention qui, après avoir montré toute son efficacité dans l’implosion des Balkans, allait faire florès aux quatre coins d’une planète soumise à la globalisation impériale.

De l’Irak des « armes de destruction massive » à la Libye du « sanguinaire » Kadhafi  » meilleur ami de la France, de la Syrie au Mali, de la Côte d’Ivoire à la Centrafrique… on s’aperçoit que c’est surtout au nombre de guerres menées, en son nom, sur le continent qu’on peut mesurer les résultats de cette politique « humanitaire ».

Afrique du Nord, Algérie et Tunisie clairement visées

Qu’on n’oublie pas que le département américain des affaires étrangères a récemment classé l’Algérie dans sa trop fameuse liste des pays « à risque sécuritaire pour les diplomates ». Par ailleurs, au même moment, sous forme d’amendements, était rediscutée au Congrès américain la loi anti-terroriste avec comme objectif affiché de permettre l’intervention des Forces Armées, sans consultation préalable en…Afrique du Nord ! Tiens donc…

Les ONG humanitaires dont on a déjà dit l’empressement à « appeler les grandes puissances » et leurs armées au secours, sont depuis longtemps à pied d’oeuvre en Algérie. Selon la centrale syndicale UGTA (Union Générale des Travailleurs Algériens) ces ONG mènent campagne dans le but de diviser et opposer les populations entre elles : Nord contre Sud, Berbères contre Arabophones, salariés contre chômeurs… En tête de liste de ces « humanitaires » on trouve les ONG telles que Freedom House, Canvas, NED…dont les liens avec la CIA sont un secret de polichinelle. (2)

L’UGTT les accuse nommément d’infiltrer les mouvements sociaux aux fins de « les dévoyer et de les conduire vers des actions violentes, cherchant ainsi à créer une situation  de troubles pouvant justifier une intervention extérieure »  et encore  » Alors que les jeunes manifestent légitimement pour la création  d’emplois, contre la précarité et l’exploitation, les jeunes animateurs de Canvas leur proposent de régler la question de l’emploi dans un cadre séparatiste, du Sud de l’Algérie, c’est à dire là où se trouvent les grandes richesses minières, pétrolières et gazières. »  Comme par hasard, serait-on tenté d’ajouter ou plutôt…comme d’habitude. (3)

Insécurité et troubles sociaux provoqués en de ça des frontières, insécurité généralisée provoquée au delà. La méthode est connue. Les USA qui s’appuient déjà sur la déstabilisation régionale pour justifier le déploiement de leurs dispositifs militaires en Méditerranée ne manqueront pas de prendre demain le prétexte des troubles sociaux ou « du danger pour les diplomates » pour intervenir directement.

Ne serait-il pas légitime, pourtant, de poser la question de la responsabilité des grandes puissances, et très précisément de celle des USA, dans la prolifération des activités terroristes armées dans toute cette région d’Afrique ? N’est-ce pas, et ce n’est pas là le moindre des paradoxes, au nom de cette insécurité que les USA, par OTAN et France interposées, ont décidé de faire exploser la Libye en 2011 ? N’est-ce pas pour les mêmes raison que l’armée française est entrée en guerre au Mali en 2012. Deux interventions qui, rappelons le, loin de ramener la paix, ajoutant la déstabilisation à la déstabilisation, ont fait du Sahel, et de toute la sous-région, une véritable poudrière.

Ces nouvelles menaces US inscrites dans le cadre de la stratégie dite des « dominos », si chère à l’ancienne administration Bush, doivent être prises très au sérieux. On le voit, les prétextes même les plus fallacieux, ne manquent pas et ne manqueront pas, dans un avenir proche, pour une intervention militaire extérieure. Les grandes puissances ne s’arrêteront pas, bien au contraire, devant les risques de désintégration régionale et leurs conséquences meurtrières pour les peuples.

Déjà, c’est toute la région qui subit l’incroyable prolifération des armes due à l’explosion de l’état Libyen et au flux continu d’armements en tout genre, totalement irresponsable, à destination d’islamistes extrêmes en Syrie. Les ondes de choc de cette situation on les connait au Mali où une France militairement dépassée se montre très (trop) bienveillante à l’égard de séparatistes très bien équipés, en Algérie où ressurgit une certaine forme de terrorisme islamiste qu’on pensait éradiquée et jusqu’en Tunisie où sévissent désormais des groupes paramilitaires se réclamant de l’Islam et où, dans le même temps, le pouvoir laisse impunis les assassinats d’opposants politiques.

Il apparaît de plus en plus clairement aux populations concernées que ces menées dislocatrices dirigées contre des états souverains n’ont pour objectif que de laisser des nations affaiblies aux mains de supplétifs, divisées et impuissantées, incapables de résister aux appétits des multinationales.

C’est bien pourquoi les états d’où sont originaires ces multinationales s’entendent si bien, au gré de leurs intérêts et quoi qu’ils en disent, avec les islamistes les plus furieux, qu’il s’agisse aujourd’hui du Sahel et de la Syrie ou de la Libye hier. Autrement dit, à chacun son pré-carré, à chacun ses profits et ses caisses bien remplies.

Décidément, jamais les « vieilles chimères », portées par les pères fondateurs des Indépendances, comme  le « panafricanisme » ou « l’Afrique aux africains »… jetées depuis aux oubliettes de l’histoire, ne semblent pourtant avoir été autant d’actualité.

De toutes les manières et quoi qu’il en soit des débats urgents qu’impose la situation dramatique infligée au continent, l’actualité dicte que l’Algérie ne se voit pas dicter sa conduite sous intervention militaire.

Notes:

1/ Après le Biafra, Bernard Kouchner expliquera qu’il convient de « convaincre » d’abord les opinions publiques. S’en suivirent alors les opérations à grand spectacles comme « un sac de riz pour la Somalie », « un bateau pour le Vietnam »…les dissensions avec MSF, son départ et la fondation de Médecins du monde.

2/  UGTA Alger le 28 juin 2013 in Fraternité journal du PT algérien

3/ Sur le rôle néfaste des « humanitaires », des ONG et la dislocation des nations, voir www.lautreafrique.info (« Banque Mondiale et ONG déstabilisent les états »)

De Catherine II à Dostoïevski, à Poutine et à Sotchi

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RÉSURRECTION DE LA RUSSIE MILLÉNAIRE

De Catherine II à Dostoïevski, à Poutine et à Sotchi


Chems Eddine Chitour*
Ex: http://metamag.fr
Ça y est, Sotchi a brillé de mille feux! Malgré des critiques infondées, voire méprisantes de l'Occident pour amoindrir la fête. Les médias français ne sont pas en reste. Menés par le Journal Le Monde dont on s'aperçoit qu'il en rajoute pour être dans la ligne, les médias font assaut d'adoubement à l'Empire. Ce journal se permet une sentence: Vladimir Poutine ne montera pas sur le podium. Ce fut exactement le contraire! Ce fut un spectacle grandiose à la mesure de la grande Russie que l'Empire avait trop rapidement enterrée. En 12 tableaux, nous eûmes tableaux à l'histoire de l'Empire russe dont la grande révolution de 1917 ne fut qu'une étape. 

Novgorod_Oleg-82a54.jpgLa Russie de Gorki, Pouchkine, Dostoïevski, Tolstoï, la Russie de Chostakovitch qui écrivit en plein blocus de Stalingrad, sa fameuse symphonie en hommage aux centaines de milliers de résistants qui ont eu finalement raison de l'armée allemande du maréchal Von Paulus. Nous eûmes droit au «Lac des cygnes» de Tchaikovsky. Nous eûmes droit à la conquête de l'espace, autant de réalisations de l'âme russe quel que soit le régime. La presse française rivalise de méchanceté et de jalousie et d'impartialité pour diminuer de la beauté et de la perfection de ces jeux. Comme d'habitude, les journalistes français sans doute frustrés que la France ait été éliminée des jeux lors de la désignation il y a sept ans, font tout pour dévaloriser ces jeux tout en espérant des médailles. Ils s'attaquent à Vladimir Poutine qu'ils comparent à Pierre le Grand: «Les Russes ont dépensé 37 milliards d'euros pour Sotchi, soit quatre fois plus que les Britanniques pour les Jeux d'été de Londres. En l'espèce, c'est moins celui de la Russie que de son hyperprésident, Vladimir Poutine. Ce dernier a voulu Sotchi pour en faire le couronnement de son règne, le triomphe d'une présidence dont l'ambition est de manifester le retour de la Russie parmi les Grands.» 

Et alors? Quel mal y-a-t-il ? Naturellement, la politique nationale russe ne plaît pas. Personne ne se frottait à l'empire soviétique mais on pensait, que le démantèlement de l'empire permettrait de faire de la Russie un marché à la botte de l'Occident. L'Ocde pointait récemment nombre de points noirs: la Russie importe tout ou presque, elle investit très peu et fait fuir les capitaux. Etre grand inquisiteur est un job très demandé. Est-ce un éditorial sur les Jeux olympiques ou sur la personnalité de Poutine? En plus, est-ce par hasard les pays de l'Ouest qui financent le jihadisme sunnite? Qui a encouragé la guerre civile en Syrie? Qui encourage une opposition et finance des truands en Ukraine? La Libye, c'est Poutine? L'Irak c'est Poutine? 

Le journal Le Monde est en train de devenir une des voix de l'impérialisme/colonialisme de l'Ouest. Le Monde va même plus loin: aucune de ces réalisations ne trouve grâce à ses yeux: «Des montagnes de déchets et des bassins d'eau polluée souillent les environs de ce qui était jusqu'alors une pittoresque station balnéaire subtropicale abritant un fragile écosystème. Des milliers d'habitants ont été déplacés, des maisons et des quartiers entiers démolis. Les régions du Caucase voisines, notamment le Daghestan, sont des foyers d'activité terroriste où pas une semaine ne se passe sans une attaque ou un attentat-suicide.(Les Jeux Potemkine de Poutine Le Monde | 08.02.2014) 

Dans le même ordre et toujours dans le journal donneur de leçons, le Monde avec cette fois-ci, l'Agence France Presse pour la bonne cause, celle de dicter la norme aux autres, nous lisons: «Malgré l'absence notable de plusieurs dirigeants, les organisateurs ont pu se targuer d'avoir attiré quarante-quatre représentants politiques, parmi lesquels le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, contesté dans les rues de Kiev, ses homologues chinois (Xi Jinping) et afghan (Hamid Karzaï), ainsi que le Premier ministre turc RecepTayyipErdogan et son vis-à-vis japonais, Shinzo Abe».

«Plus controversés, le président biélorusse Alexandre Loukachenko et Leonid Tibilov, le président de la région séparatiste géorgienne, l'Ossétie du Sud, reconnue par Moscou, figuraient également au rang des convives. Rappelons simplement que les boycotteurs représentent moins de 500 millions sur 7 milliards qui ont été représentés. La technique de deux fers au feu est celle de ces pays qui ne veulent pas hypothéquer l'avenir pour les jeux qui se dérouleraient éventuellement chez eux. Et pourtant, c'est le sport, l'olympisme.»

Minimisant le spectacle, le journal  Le Monde le réduit à une potion magique: «Tout ce joli monde aura, à n'en pas douter, apprécié les diverses animations et chorégraphies qui, à travers les âges, ont retracé la glorieuse histoire de la Russie éternelle. Un peu de Moyen âge pour commencer, puis un peu de tsarisme, un peu de bolchévisme et, pour finir, place au pays tel qu'il est vu actuellement depuis le Kremlin: une Russie conquérante.» Comble de la méchanceté et de la conviction de donner des leçons on lit: «S'il a tout de même daigné regarder l'événement à la télévision, le président Obama n'aura pas manqué de constater que seuls quatre des cinq anneaux olympiques se sont ouverts lors de la cérémonie. (...) Par chance, la cérémonie n'a pas été perturbée par l'intrusion d'un horde de chiens errants. Dans les rues de Sotchi, il s'en trouverait pourtant des milliers, voués à un funeste destin. Mais un a tout de même réussi à s'infiltrer dans les tribunes, avant de se faire chasser par la sécurité du stade.» Triste débâcle morale pour ce journal.

Les Occidentaux donneurs de leçons font preuve d'une amnésie sélective. C'est un des leurs, Pierre de Coubertin, fondateur du concept des Jeux olympiques qui adouba les Jeux olympiques de Berlin en 1936. Une information non vérifiée nous apprend qu'il était en bons termes avec le Führer qui lui aurait proposé une pension. De plus, en termes de racisme,  le baron Pierre de Coubertin n'aimait pas les Noirs et...les femmes qu'il pensait être indignes de participer aux jeux. 

Croire qu'un boycott à géométrie variable peut faire dévier Poutine de sa route c'est ne pas connaître l'âme russe, celle de Pouchkine, de Tolstoï (il y eut un ballet qui a repris Guerre et paix lors de la cérémonie d'ouverture qui fut grandiose à tous les points de vue). En 11 tableaux 3500 acteurs, l'épopée russe fut racontée. L'une des scènes les plus émouvantes fut celle où l'on voit Valentina Térechkova, la première femme de l'humanité,  russe et soviétique, s'arracher à la Terre aller  à la conquête des étoiles comme le fit d'ailleurs un autre géant de l’espace, le mythique Youri Gagarine.

La réalité économique

Un autre angle d'attaque des médias  qui présente l'absence de l'Empire et de ses vassaux comme une «punition»,-décidément l'Empire aime punir les récalcitrants- est la situation financière russe que l'on présente comme arriérée. Nous lisons dans une contribution de Challenges.fr le contenu objectif de cette «arriération» par rapport aux donneurs de leçons: «A pouvoir d'achat comparable, les quatre premières puissances émergentes ont désormais toutes dépassé la France. Fin décembre 2012, le Center for Economics and Business Research (CEBR) annonçait que le Brésil était devenu en 2011 la sixième puissance économique mondiale devant le Royaume-Uni. La France, cinquième du classement, aurait encore quelques années de sursis.(...) La France se retrouve alors, selon le FMI, reléguée en neuvième position avec 2.217 milliards de dollars de PIB (PPA). Le Brésil, lui, est déjà septième avec 2.309 milliards de dollars de PIB (PPA. (...) L'Hexagone se retrouve même derrière les trois autres Bric: la Chine (2e), l'Inde (3e) et la Russie (6e). Que l'on mesure leur PIB en dollars courants ou à parité de pouvoir d'achat, la Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie et les autres vont poursuivre leur ascension dans les années à venir.»

Pourquoi l'acharnement sur le nouveau « tsar de toutes les Russies »?

Les contentieux sont nombreux avec l’Occident, notamment celui coupable d'héberger Edward Snowden en Russie .Laïd Seraghni tente une autre explication qui va dans le même sens: «Les événements qui se déroulent actuellement en Syrie ne sont en aucun cas liés à la question de démocratisation de la société ni pour plus de liberté pour les Syriens. Il s'agit d'un ordre mondial que cherchent à imposer les États-Unis avec leurs vassaux occidentaux prédateurs, à un autre monde qui, à leur tête la Russie, réclame plus de participation dans la gestion des affaires internationales desquelles ils ont été exclus depuis des décennies. Le point de départ pour la nouvelle configuration géopolitique du monde passe aujourd'hui par Damas. L'avenir de la Russie s'y joue actuellement. Poutine sur la ligne de Catherine II qui considérait que «Damas détient la clé de la maison Russie» comprend bien que «Damas est la clé d'une nouvelle ère». Depuis le début des contestations en Syrie, la Russie, appuyée notamment par la Chine et l'Iran, a décidé de faire échouer toutes les tentatives d'un changement de régime car elle était persuadée que si le plan des Occidentaux réussissait, elle serait confinée dans un rôle de second plan et serait menacée dans son intégrité territoriale. C'est pourquoi, dès le début de la crise, la Russie s'était montrée très ferme et s'est opposée à toute intervention militaire, (...) A chaque tentative visant la reproduction du scénario libyen ou yéménite, elle opposa un refus catégorique.

220px-1000_Donskoi.jpgKarl Muller nous explique aussi pourquoi l'Occident s'en prend à la Russie coupable de «ne pas rentrer dans le rang après la chute de l'empire soviétique». Coupable aussi d'avoir soutenu Assad, coupable aussi d'être contre le bouclier antimissile à sa porte.(..) On trouve la preuve de toutes ces manoeuvres dans le livre Le grand échiquier.L'Amérique et le reste du monde, paru en 1997 et dont l'auteur est Zbigniev Brzezinski, conseiller personnel de divers présidents états-uniens.» Contrairement à l'Occident, où l'on met l'accent sur un modèle de politique utilitariste et matérialiste, le gouvernement russe semble s'appuyer sur une conception orientée sur les fondements de l'église chrétienne, c'est-à-dire en mettant l'homme et le monde au centre de son action. Où trouve-t-on encore cela en Occident? Quel gouvernement occidental se réclame encore de cette conception au profit de la famille, de la religion et de la nation pour le grand bien des peuples et du progrès?» 

A l'autre bout du curseur, cet aveu d'un député australien. Pour lui: «L'ancien président et actuel Premier ministre russe Vladimir Poutine est le meilleur leader russe depuis Pierre le Grand, a estimé l'ex-député australien Ross Cameron dans les pages du Sydney Morning Herald. Autrefois agent secret en Allemagne de l'Ouest, M.Poutine pouvait constater les avantages incontestables du libre marché, a rappelé M.Cameron, en indiquant que l'Occident avait tort d'insister sur le fait que M.Poutine était issu du KGB (service de renseignement de l'ancienne Union soviétique). Sous Poutine, le pouvoir des oligarques s'est affaibli, tandis qu'augmentaient ses contrepoids, tels que le Parlement, la suprématie de la loi et la classe moyenne qui s'est accrue de manière vertigineuse passant de 8 à 55 millions de personnes», a affirmé M.Cameron. Le député australien a aussi appelé à ne pas soupçonner la Russie d'ambitions impérialistes. Par conséquent, conclut-il, les gens de bonne volonté ne peuvent déplorer le maintien de l'influence de Vladimir Poutine en Russie et dans le monde.» (AlekseyDruzhinin: Poutine meilleur leader depuis Pierre le Grand RIANovosti.11/01/2010)

La certitude de l’Occident de dicter la norme

Il ne faut pas croire que seule la Russie  fait l’objet d’un ostracisme, la Chine aussi l’a été pendant les jeux olympiques et d’une certaine façon l’est toujours. Domenico Losurdo nous en parle : « L’Occident qui joue au Saint Siège de la religion des droits de l’homme n’a pas eu un seul mot sur les pogroms anti-chinois du 14 mars dernier à Lhassa, qui ont coûté la vie à des civils innocents, parmi lesquels des vieillards, des femmes et des enfants. Pendant qu’il se proclame à la pointe de la lutte contre le fondamentalisme, l’Occident transfigure de la façon la plus grotesque le Tibet du passé  et se prosterne devant un Dieu-roi, affairé à constituer un Etat sur la base de la pureté ethnique et religieuse (une mosquée a aussi été assaillie à Lhassa), en annexant à cet Etat des territoires qui sont habités par des tibétains mais qui n’ont jamais été administrés par un Dalaï-lama :  (…) A la fin du 19ème siècle, à l’entrée des concessions occidentales en Chine, on mettait, bien en vue, la pancarte : « Entrée interdite aux chiens et aux chinois ». Cette pancarte n’a pas disparu,  elle a seulement subi quelque variante, comme le montre la campagne pour saboter ou diminuer de quelque manière que ce soit les Jeux Olympiques de Pékin. (…)  La Croisade anti-chinoise en cours est dans la pleine continuité d’une longue et infâmante tradition impérialiste et raciste ». 

On le voit, malgré toutes les perturbations, la Russie avance. Les Jeux olympiques seront, à n'en point douter, une réussite et l'Occident qui pensait dicter encore longtemps ses ordres n'a pas compris que la barycentre du monde lui a définitivement échappé. L'Occident a perdu son magistère moral dont on s'aperçoit avec le temps que c'était du vent. 

L'Occident en période d'abondance se permet le luxe d'être bon prince et de distribuer ça et là des leçons de démocratie qui, curieusement, s'appliquent de moins en moins chez lui avec toutes méthodes que la morale réprouve, de contrôler les foules, de pister les ADN pour mater en définitive les faibles. 

Le vrai combat est un combat planétaire pour la dignité de l'homme quelle que soit sa latitude et les rares journaux objectifs sont étouffés par une cacophonie des médias Main-Stream plus soucieux d'avoir une visibilité sociale qu'informer le citoyen honnêtement comme l'avait promis à titre d'exemple, un certain Hubert Beuve-Méry fondateur du journal Le Monde, il y a de cela soixante ans...

*Ecole Polytechnique enp-edu.dz
 

mardi, 18 février 2014

Maurice Bardèche à Lyon le 1er mars

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Conférence d'Europe Identité

sur Maurice Bardèche

Lyon, 1 mars

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Raid Raquette

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En Islande, les ressources naturelles sont maintenant « détenues par le peuple »

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En Islande, les ressources naturelles sont maintenant «détenues par le peuple»
Ex: http://www.localisme.fr
 
Interview - La nouvelle Constitution islandaise, choisie par référendum, prévoit que les ressources naturelles soient « détenues par le peuple islandais ».

Entretien avec Victor David, juriste de l’environnement à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).

Le projet de nouvelle Constitution islandaise prévoit que les ressources naturelles soient « détenues par le peuple islandais ». Quelle serait la portée de ce texte s’il était adopté ?

Victor David : Cette formulation est une façon politiquement correcte de parler de nationalisation des ressources naturelles. En Islande, un des grands enjeux concerne les produits de la mer. Quelques grosses entreprises concentrent presque l’ensemble des quotas de pêche. Cette nationalisation permettrait de renégocier les quotas vers une redistribution plus favorable à l’ensemble de la population. Les perspectives de trouver du pétrole dans les eaux territoriales islandaises en mer du Nord ne sont probablement pas non plus étrangères à cette proposition. Plus largement, la nationalisation est motivée par la crainte de voir des multinationales, voire des Etats étrangers via des entreprises publiques, accaparer les ressources. La Chine a par exemple essayé d’acquérir des terrains en Islande. Il faut cependant relativiser la portée du texte islandais qui ne fait référence qu’aux ressources non déjà privatisées. Il ne s’agit donc pas pour le gouvernement de faire une chasse aux compagnies privées.

Les changements sont donc assez marginaux ?

Non, car il existe encore beaucoup de ressources naturelles non encore transférées au secteur privé, en matière de pêche mais aussi les réserves pétrolières offshore qui n’en sont qu’au stade… de potentiel !

La référence au « peuple » ne donne-t-elle pas plus de prise aux citoyens sur leurs ressources que la seule nationalisation ?

Pas vraiment, dans la mesure où l’Islande est une démocratie représentative. Il faudrait la mise en place de mécanismes de participation pour que la population soit associée à la gestion des ressources. Par le biais de référendums locaux notamment. Alors, la propriété des peuples aurait plus de sens. Cela dit, il est vrai que le projet de constitution islandaise prévoit des référendums d’initiative citoyenne. 10% de la population pourrait provoquer un référendum, pourquoi pas, sur les ressources naturelles en cas de litige avec l’Etat.

Est-ce que ce projet laisse envisager une meilleure protection des ressources naturelles ?

L’environnement n’a pas forcément grand chose à y gagner. Derrière le vocable « ressources naturelles », on parle en effet moins de la flore, de la faune ou des paysages, que de tout ce qui peut s’avérer être une « richesse naturelle », comme le pétrole, les minerais ou les produits de la pêche. On soustrait aux appétits individuels les ressources naturelles qui ne sont pas déjà privatisées pour les donner au peuple. En réalité, c’est l’Etat qui les gère sous forme d’actionnariat majoritaire, sans nécessairement protéger la nature. Un vrai progrès ces dernières années en matière de protection des ressources naturelles vient de la constitution équatorienne de 2008 qui a décidé d’accorder des « droits fondamentaux » à la nature elle-même. Cela facilite en particulier la défense de l’environnement car ces droits permettent à toute personne de se faire le porte-parole de la nature devant la justice et de porter plainte sans avoir à justifier de préjudice personnel. Et les atteintes à l’environnement sont imprescriptibles.

Cette proposition de l’Islande s’inscrit-elle dans une tendance plus large ?

Oui, la nationalisation des ressources naturelles revient sur le devant de la scène. En toute légalité d’ailleurs puisque, depuis 1962, les Nations unies affirment la souveraineté des Etats sur les ressources naturelles. Ces dernières décennies, les Etats avaient pourtant utilisé ces droits pour privatiser les ressources, sous la pression du FMI et de la Banque mondiale. Depuis le début des années 2000, le Venezuela, la Bolivie et l’Equateur ont entamé ou renforcé la nationalisation de leurs ressources naturelles, notamment du pétrole mais pas seulement. En Bolivie, la nationalisation de l’eau a permis à l’Etat de reprendre la main sur ce secteur contre Suez. A Québec, les partis politiques nationalistes réclament régulièrement la souveraineté sur les ressources naturelles. Mais un effet pervers de ce genre de nationalisation est le risque de corruption, car les gouvernants deviennent les gestionnaires exclusifs de ces richesses. Il faut donc impérativement accroître la participation du public dans la prise de décision en matière de gestion des ressources naturelles et renforcer les garanties de transparence de l’action publique.

 

Cet article de Magali Reinert a initialement été publié, le 8 janvier, par Novethic, le média expert du développement durable.

Taliban bedreigen niet-islamitisch bergvolk

Taliban bedreigen niet-islamitisch bergvolk: bekeer je of sterf!

Ex: http://www.parool.nl
 
 
Kailash-vrouwen in Islamabad op een bijeenkomst over de verschillende culturen in het land. © epa

De Kalash, het Pakistaanse bergvolk dat zegt af te stammen van Alexander de Grote, zijn altijd veilig geweest achter hun muren van rots en ijs. Maar de Taliban hebben 'een gewapende strijd' aangekondigd tegen deze stam, omdat deze zich nooit heeft bekeerd tot de islam.

Er komen weinig buitenstaanders in de Chitral-vallei. De wegen zijn een groot deel van het jaar onbegaanbaar en voordat een vliegtuig het aandurft om op te stijgen, moeten de weersomstandigheden absoluut perfect zijn: de kleine luchthaven ligt weggemoffeld tussen bergtoppen van meer dan achtduizend meter hoog.

Dit is misschien wel het mooiste deel van Pakistan. Bergtoppen torenen woest, rauw en overdonderend boven de vallei uit. Overal is water: rivieren, beken en watervallen vechten zich een weg naar beneden en op sommige plaatsen verandert grijze rots in een boomgaard vol roze bloesem of velden vol wuivende tarwe.

Altijd met rust gelaten

Vroeger werd deze vallei gedomineerd door gematigde Ismaëlies, een aftakking van de islam die wordt geleid door de Agha Khan. Nu zijn soennitische moslims er in de meerderheid, maar ook zij hebben de 3.500 Kalash altijd met rust gelaten. De rijzige mannen en vrouwen, vaak met lichte ogen en een lichte huid, leven in hun afgelegen dorpen, ver in de bergen.

Soms ondernemen toeristen de lange reis om de Kalash te zien. Een enkele buitenlander. Een handjevol Pakistanen uit 'de vlaktes'. Die laatste groep is overigens niet erg populair bij de Kalash-vrouwen, zo vertelden ze in 2002 in een interview met de Volkskrant. 'Ze verstoppen hun eigen vrouwen, maar komen wel naar onze gezichten kijken', zei een jong meisje. 'Ze hebben geen respect.'

'Bekeer of sterf'


Begin deze maand, op 2 februari, verscheen er een video op een website van de Taliban die volgens persbureau AFP begint met prachtige beelden van de vallei. Daarna zegt een stem dat de Kalash zich tot de islam moeten bekeren, of zullen sterven.

'Bij de genade van Allah heeft een groeiend aantal mensen van de Kalash de islam omarmd. We willen aan de hele stam duidelijk maken dat de leden zullen worden vernietigd met hun beschermers, de westerse agenten, als ze niet bekeren.'

In de video worden internationale non-gouvernementele organisaties ervan beschuldigd in Chitral te infiltreren om de cultuur van de Kalash te beschermen, en daarmee mensen weg te houden van de islam. De liefdadigheidsorganisatie van de Agha Khan wordt hierbij als voorbeeld genoemd, en de stem zweert om dergelijke snode plannen in de kiem te smoren.

(Door: Sacha Kester)

The USA’s Asia Policy is Shifting

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Vladimir Odintsov :

The USA’s Asia Policy is Shifting

The February 5th discussion in Congress of the issue of the United States’ Asia policy came as a clear confirmation of the course taken by Washington influence by hawks: transitioning from the balanced approach of the past to solving territorial disputes in the Pacific Rim to a tougher stance, one including the use of force. The intent of updating future US activities in Asia is reflected in the very name of the congressional subcommittee hearing: “America’s Future in Asia: From Rebalancing to Managing Sovereignty Disputes.” It wholly confirmed Washington’s decision of transitioning to a position of imperial dictatorship in that area of the world, where in recent times the US has regularly expressed grievances against China regarding the recently announced Chinese Air Defense Identification Zone (ADIZ), which includes a number of islands in the South China Sea.

According to reports of various foreign observers, a fairly obvious tension in relations between the two countries has appeared in recent days, despite Washington’s outward declaration of willingness to develop a bilateral cooperation with China in a number of arenas. In the view of many analysts, this is largely due to a shift in US military strategy and its particular emphasis on the strengthening of its strategic presence in the Pacific region as a means of combating Chinese expansion in Asia. The sharpest of these confrontations are in the field of military strategy and of competition for influence over regional economic trade unions. The underlying motive for this is clear: each year 5.3 trillion dollars of the trade turnover takes place in the South China Sea, with US trade accounting for 1.2 trillion of the total amount.

A session of the Subcommittee on Europe, Eurasia and Emerging Threats of the Foreign Affairs Committee of the US House of Representatives termed “China’s Maritime and Other Geographic Threats” held on October 30th, 2013 is a clear indication of the growth of anti-Chinese sentiment in the American political establishment. This session, chaired by Congressman Dana Rohrabacher, witnessed a significant rise in the inciting of military confrontation with China in the Pacific Rim region, as well as a quest by US politicians to further strengthen US expansion in that part of the world by military confrontation with China, looking to Japan for support.

Giving testimony before a congressional subcommittee on February 5th, the US Assistant Secretary of State for East Asian and Pacific Affairs, Daniel Russel, stated that the United States is acting against “China’s incremental efforts to assert control over the area contained in the so-called “nine-dash line” (i.e. China’s territorial demands in the South China Sea)”. He added, “I think it is imperative that we be clear about what we mean when the United States says that we take no position on competing claims to sovereignty over disputed land features in the East China and South China Seas…we do take a strong position that maritime claims must accord with customary international law…”

This assertion, repeated several times during his testimony before Congress and in a briefing for foreign journalists which took place on February 4th in the US Department of State Foreign Press Center, may indicate significant changes in US foreign policy in the Asia-Pacific region. Before Russel’s testimony the United States officially announced its neutrality in respect to maritime disputes in the South China Sea, which was used by American diplomats primarily as a denial of the military component of Washington’s policy in the region. The White House now, however, takes a “strong position” on the issue and intends to use certain provisions of the UN Convention on the Law of the Sea (UNCLOS) – which the US itself has not yet joined – to place increased pressure on China and to denounce Beijing’s maritime demands.

Adjusting for the adoption of its modified position in the Pacific Rim region Washington “aided” the Philippine government in bringing a judicial lawsuit against China before the International Tribunal for the Law of the Sea (ITLOS), which will review the issue on March 30th of this year in Hague. This step, however, is clearly a link in Washington’s coordinated military propaganda campaign against China, as the same day that Russel gave testimony before Congress the New York Times published an interview with president of the Philippines Aquino, in which he compared Beijing’s territorial demands in the South China Sea with Hitler’s 1938 seizure of the Czech Sudetenland, equating China’s activities with those of Nazi Germany. In support of Aquino’s inflammatory comparison, on February 6th of this year The Atlantic temporarily carried an article with a critique of China.

When, with the clear sanction of the White House, the US media begins comparing a country with Nazi Germany, it becomes obvious that the American war machine is gaining momentum in its preparations for the next war, in which military industry circles have long been interested. The “informational support” of such a shift in US foreign policy was provided in the form of speeches delivered by a number of congressmen before congressional subcommittee hearings on maritime disputes, which took place last week. Testimony was brought by congressmen Ami Bera, Steve Chabot, Randy Forbes, Brad Sherman and a number of others in support of a forceful US position and of confrontation with Beijing over disputed territories in the Pacific Rim region.

Meanwhile, an active relocation of the US submarine fleet in the Pacific Ocean is underway, as well as the modernization and expansion of the US military base on Guam, its largest base in the Western Pacific since World War II, although the military equipment there is already sufficient for large-scale military activities, according to a number of military experts. The building of additional military bases on the South Korean Island of Jeju, the Australian Cocos Islands and the expansion of its base on the Diego Garcia Islands is clearly in the Pentagon’s interest. Singapore has already given permission for the use of its Navy base, Chang, for better control over the Malacca Strait, through which 80% of its Chinese oil imports arrive…

Under such circumstances, the true agenda of US vice-president Biden and US Deputy Secretary of State William Burns’ visits to the region becomes increasingly clear, as well as that of the upcoming visits of Secretary of State John Kerry, Minister of Defense Chuck Hagel and a number of other high-level US officials. The US’s political balancing act in the Pacific Rim region is truly shifting.

Vladimir Odintsov, a political observer, exclusively for the online magazine New Eastern Outlook.

lundi, 17 février 2014

En souvenir de Gilbert Sincyr

Robert Steuckers:

En souvenir de Gilbert Sincyr (1936-2014), Premier Président européen de “Synergies Européennes”

3076329118.jpgJ’ai rencontré pour la première fois Gilbert Sincyr à l’Ecole des Cadres du G.R.E.C.E. de 1980, baptisée “Promotion Thémistoklès Savas”, du nom d’un camarade grec, tué quelques mois plus tôt dans un accident de moto, alors qu’il sillonait les routes étroites et sinueuses des montagnes de l’Epire. Cette “Ecole des cadres” était rondement menée par Philippe Marceau qui, plus tard, sous son vrai nom, animera les structures des “Identitaires” avant de s’en dissocier récemment pour aborder d’autres activités. Marceau était cadre d’entreprises et abordait les choses de manière pragmatique: il avait notamment fait activer une caméra qui nous filmait alors que nous devions prononcer un bref exposé ou répondre à des questions critiques venues d’un public certes fictif mais dont les interpellations étaient bel et bien calquées sur celles que formulaient les participants aux activités du G.R.E.C.E. qui vivait alors sa période de gloire, bien ancré qu’il était dans le monde médiatique grâce au “Figaro Magazine”. Dans ces exposés filmés, pas question de se gratter le nez, de jouer avec un stylo à billes, de se tordre les paluches car le film montrait combien de tels gestes inconscients étaient ridicules: immense leçon de modestie et de maîtrise de soi! Marceau avait aussi prononcé un exposé d’une clarté limpide sur les types de personnes à recruter pour animer des cercles locaux, des antennes régionales, etc.: je m’en suis toujours souvenu! On était loin du pilpoul que d’aucuns ont reproché au G.R.E.C.E. quelques années plus tard, après que Marceau eût tiré sa révérence.

Sur les crêtes du Lubéron

Cette “Ecole des cadres” avait prévu, comme d’habitude dans toutes les activités du G.R.E.C.E. en Provence, une longue promenade sur les crêtes du Lubéron. Gilbert Sincyr était dans mon équipe et jouait le rôle du serre-file derrière les plus jeunes, dont Patrick Bouts, Stefano Sutti Vaj et moi-même, qui gambadions comme des cabris. Sincyr m’a alors dit qu’il venait de fêter ses 44 ans et qu’il avait beaucoup “crapahuté” (terme militaire qu’il m’a appris!) en Algérie pendant le conflit qui avait opposé la France au FLN. Gilbert Sincyr, originaire de Picardie, de la région d’Abbeville, avait en effet servi en Algérie de 1958 à 1961 comme conscrit dans une unité de combat particulièrement efficace et y avait gagné une citation. Il s’était ensuite installé dans la région de Toulouse. Après l’“Ecole des cadres” de 1980, j’ai revu Gilbert Sincyr en Provence, à Roquefavour, en juillet 1984, où il était accompagné de son fils. C’était à l’occasion d’un séminaire spécial organisé par Guillaume Faye, à l’époque infatigable animateur du département “Etudes et recherches” du G.R.E.C.E. Nous avons eu quelques conversations banales, sur la famille, les études, le quotidien, réalités prosaïques sur lesquelles Gilbert Sincyr a toujours voulu demeurer branché, avec raison, car elles sont le socle incontournable de toutes nos actions (et Heidegger ne l’aurait pas démenti...). Gilbert Sincyr m’a aussi parlé, au cours de ces journées, de ses activités de délégué syndical au sein de son entreprise, qualité inhabituelle en milieux néo-droitistes à l’époque.

Deux ans plus tard, Gilbert Sincyr remplace Jean-Claude Cariou au poste de Secrétaire-général du G.R.E.C.E. Tâche ardue et ingrate car l’éviction de Cariou, à cause des manigances abjectes d’Alain de Benoist et de sa clique de séides infréquentables, a été une page fort sombre de l’histoire du G.R.E.C.E, sur laquelle je me suis déjà exprimé (*). C’est bien sûr une époque où le G.R.E.C.E. ne dispose déjà plus de “fenêtres” dans le monde médiatique, celui qui compte vraiment dans l’Hexagone: ses équipes ont été exclues du “Figaro Magazine” et l’entreprise ambitieuse d’Alain Lefèbvre, “Magazine Hebdo”, a également capoté au bout de deux années, étouffée par le refus des publicitaires d’acheter des pages dans ce “news” d’un non-conformisme finalement assez ténu. Par ailleurs, les options trop “droitistes” de ces organes de presse ne cadraient plus exactement avec l’évolution intellectuelle et critique du mouvement, où l’on avait décidé, dorénavant, de mettre l’accent sur une défense des valeurs historiques européennes contre les non-valeurs imposées par le soft power de la “Communauté atlantique”, sur la nécessité d’une déconnexion par rapport à l’O.T.A.N. et aux institutions économico-financières de l’Occident, toutes positions que le public de droite, giscardien ou chiraquien, n’était pas prêt à accepter. Gilbert Sincyr devait alors gérer son secrétariat dans un espace où s’accumulaient les porte-à-faux. Quand Sincyr était Secrétaire Général du G.R.E.C.E., je n’ai pratiquement jamais eu affaire à lui, l’année 1986 ayant été la plus dynamique et la plus active du groupe E.R.O.E. (“Etudes, Recherches et Orientations Européennes”), qui, au départ de Bruxelles, travaillait très étroitement à l’époque avec ses amis britanniques du groupe IONA et allemands du “Gesamtdeutscher Studentenverband” (GdS), ainsi que dans un cadre belge bien bilingue, grâce notamment aux efforts d’Erik Van den Broele, de Bruges, et du regretté Reinhard Staveaux, de Ternat, décédé prématurément quelques années plus tard. A cette époque, où je ne passais presque plus à Paris, je n’ai eu qu’une très brève conversation avec Sincyr dans les locaux du G.R.E.C.E., rue Charles-Lecocq dans le XVème. Manifestement, de Benoist, inquiet et jaloux du succès, finalement fort modeste, de l’E.R.O.E. avait raconté à Sincyr pis que pendre à notre sujet —car tous ceux qui lui déplaisaient étaient toujours décrits comme de “dangereux extrémistes” ou des “terroristes potentiels”— et le Secrétaire général du G.R.E.C.E., qu’était devenu Sincyr, prenait alors des airs fort soupçonneux en me posant des questions sur nos activités.

Un secrétariat général très difficile

Mais tout en prêtant l’oreille aux médisances fielleuses d’Alain de Benoist, heureusement contrebalancées par les analyses plus rationnelles de la situation que posait Guillaume Faye à l’époque, Sincyr s’apercevait que le navire prenait eau de toutes parts. Cariou laissait derrière lui un grand vide, d’autant plus que le prestigieux Président, le Prof. Jean Varenne, indianiste de réputation internationale, avait été écoeuré et atterré par le comportement inique des hommes de mains français et vietnamiens d’Alain de Benoist, lors du “procès” interne intenté contre Cariou, viré illico pour avoir osé demandé un salaire décent pour Faye, à l’époque principal animateur de la revue “Eléments”. Varenne avait définitivement quitté les locaux de la rue Charles-Lecocq, sans mot dire et sans plus jamais donner de nouvelles. D’autres avaient fondé une association parallèle, l’I.E.A.L. (“Institut Européen des Arts et des Lettres”), qui appuyait l’E.R.O.E. dans ses initiatives françaises ou franco-belges (et c’est surtout cela qui inquiétait de Benoist...). Ensuite, au printemps de l’année 1987, Faye prend définitivement congé du G.R.E.C.E, en rédigeant une lettre très pondérée et équilibrée aux amis de son combat métapolitique, puis anime, dans un premier temps, les cercles bretons de Paris avec son ami de toujours, Yann-Ber Tillenon, avant de disparaître pendant une douzaine d’années dans l’univers très différent du show-bizz. Au bout de dix-huit mois, Sincyr est bien forcé de s’apercevoir, à sa grande désolation, que la baraque est vide, sauf bien entendu le bureau capharnaümesque de l’intrigant-en-chef, flanqué de son bougre-à-tout-faire que j’aimais à surnommer “Vlanparterre”, loueur de microphones et recruteur de tirailleurs tonkinois (on me comprendra...). C’est alors au tour de Sincyr, désabusé, de tirer sa révérence, de retourner à Toulouse et de dresser le bilan avec ses amis de la région, fort nombreux, au départ, à avoir été séduits par le combat métapolitique du G.R.E.C.E. Ces personnalités du pays toulousain, du Languedoc et du Bordelais vont alors, autour de Sincyr, réfléchir à d’autres possibilités de réamorcer un combat métapolitique efficace sans qu’il ne soit, cette fois, handicapé par l’irrationalité puérile et malfaisante de personnalités narcissiques, de vieux gamins immatures à problèmes irrésolus, et sans véhiculer un flou artistique permanent et désorientant quant au message à transmettre. C’est fort de ce repli, de ce “withdrawal” introspectif, que Sincyr me recontactera cinq ans plus tard.

En attendant, onze ans se sont écoulés depuis notre première rencontre en Provence: Sincyr a désormais 55 ans. A l’automne 1988, Charles Champetier, qui n’a que dix-neuf ans, a pris contact avec le G.R.E.C.E. moribond, végétant autour de de Benoist et de son drôle de zouave de Vlanparterre. Champetier donne réellement une impulsion nouvelle à l’association qui, grâce à ses très jeunes recrues, va connaître une renaissance vigoureuse dans les années 1989 et 1990. Le G.R.E.C.E. est désormais flanqué d’une structure modeste mais efficace que l’on a appellé “Nouvelle Droite Jeunesse” (N.D.J.). Elle publie un bulletin, “Metapo”, que je fais imprimer à Bruxelles.

Universtié d’été 1991

Début 1991, après une épuration de cette structure, à l’instigation du grand comploteur habituel, le G.R.E.C.E.-N.D.J. se rétrécit, perd quelques fortes personnalités jeunes (issues des milieux néo-gaullistes ou gaullistes de gauche) et s’aligne sur la politique erratique des “aggiornamenti” constants et quotidiens, sur la fébrilité touche-à-tout d’Alain de Benoist qui prend un malin plaisir à choquer et à désorienter ses propres vieux amis, au lieu de leur expliquer calmement, avec bienveillance, la nécessité qu’il y a parfois (mais pas toujours...) à adapter le discours sans renoncer à l’essentiel. Champetier, malheureusement, fasciné au mauvais sens du terme par son “Maître”, embraye sur cette politique néfaste, croyant bien faire et n’ayant plus rien à perdre car son militantisme trop zélé l’a conduit à rater ses études: il est désormais un jouet aux mains de son manipulateur retors. L’Université d’été du G.R.E.C.E. de 1991 est une catastrophe, alors que celle de 1990 avait été un franc succès. Sous l’impulsion de Maurice Rollet et d’Arnaud Hautbois, les veillées, en cette campagne isolée de l’arrière-pays aixois, comprenaient, faute d’autres distractions, des libations diverses mais surtout des sketches amusants, imités, le plus souvent de ceux de Thierry Le Luron, vedette du show-bizz à l’époque. Hautbois était un virtuose de ce genre de spectacle et un bon imitateur de Le Luron. Pendant que Hautbois se démenait sur la scène improvisée, le lugubre de Benoist était au fond de la salle, l’air sinistre, la trogne grimaçante, le cul pincé, la lippe nicotinée prête à éructer, et désapprouvait l’humour (faculté dont il est effectivement dépourvu) des animateurs. L’un d’eux, ami de Guillaume Faye, E.L., avait émis quelques blagues en chantant dans une fausse langue soi-disant “vieille-slavone”. Ces histoires drôles et ces contrepèteries étaient peut-être un peu lourdes mais je ne me souviens pas de leur teneur tant elles étaient somme toute anodines, en marge des sketches de Hautbois. Aussitôt, de Benoist ordonne qu’E.L. soit jugé par un tribunal composé à la hâte, présidé par le nouveau Secrétaire Général Xavier Marchand. Les “juges” s’installent alors à une grande table disponible dans une pièce annexe et le “prévenu” doit s’installer sur un vieux siège avant de Peugeot 403, au tissu complètement élimé, sans pieds, ce qui le place automatiquement très bas —les longues jambes de cet homme de haute taille étant pliées, avec les genoux à hauteur de son menton— par rapport à ceux qui vont, dans ce tribunal de sotie, prononcer sa condamnation avec toute la sévérité voulue. J’étais effaré du spectacle mais le prévenu n’était guère impressionné: il répondait en rigolant et augmentait ainsi la fureur de ses interlocuteurs, qui fulminaient des imprécations “logorrhiques” sans rien entendre. Maurice Rollet était bien embêté et aurait voulu éviter cet incident grotesque. Je regardais la scène par une fenêtre et je m’esclaffais, incapable de retenir un rire homérique en zyeutant les tronches courroucées de Benoist et de Marchand. A côté de moi, une militante du Périgord, qui avait suivi la ligne de retrait préconisée par Sincyr et ses amis des pays occitans, qui était venue espionner les néo-grecistes, me dit que ce type de comportement n’est pas d’esprit “communautaire” comme il faudrait l’entendre et que les déviances idéologiques boîteuses et fumeuses émises depuis l’épuration récente de la N.D.J. ne faisaient que jeter le désarroi et la confusion dans les esprits. Elle me signale qu’une structure alternative a été construite à la manière d’un “second échelon” et que ce second échelon aurait bien besoin de mes compétences.

J’entendais tout de même respecter mon serment de rester fidèle à la structure de départ, sans doute parce que je suis naïf et candide comme Tintin, ou du moins que je l’étais encore à l’époque, où je n’avais que 35 ans. De toutes les façons, il fallait que je montre à autrui, amis comme adversaires, une bonne cohérence dans mes engagements, faute de quoi j’aurais eu l’air ridicule. Mais je ne contestais pas la nécessité de corriger le tir, vu que l’association, qui avait pourtant connu une renaissance entre 1989 et début 1991, repartait de plus belle en quenouille, sous la fausse direction d’une parfaite marionnette comme Xavier Marchand, nouveau “Secrétaire général” et, par là, successeur de Sincyr. Des paroles de la jeune dame du Périgord, je retenais donc avec satisfaction qu’il existait un “second échelon” capable, éventuellement, de mieux fonctionner, composé d’hommes et de femmes formés au G.R.E.C.E. des temps héroïques, peu enclins à varier selon les humeurs et les dernières lectures ou propos commensaux d’Alain de Benoist. Marchand avait cependant surpris mes conversations avec la militante périgourdine et répéré une de nos escapades en Mini Morris vers le bureau de poste de Ventabren, afin de pouvoir causer à la terrasse d’un bistrot local sans craindre les oreilles indiscrètes. Aussitôt Marchand m’a soupçonné (et son patron avec lui) de faire partie du “second échelon”. Plus tard, à Paris, Marchand, la mine coléreuse, m’apostrophe en me parlant de ce “second échelon”: je fais le bête parce que je n’en sais finalement pas grand’chose, la militante périgourdine ayant été très vague comme il se doit; Marchand enchaîne, me décrit parfaitement ce que cette structure encore inconnue représente en réalité et me déclare tout de go que ce “second échelon”, véritable incarnation du mal pour de Benoist, dispose désormais de plus de militants et de fonds que son propre G.R.E.C.E.! Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd! Quelques semaines plus tard, une voix venue du “second échelon” me précise au téléphone qu’une fidélité au G.R.E.C.E. n’est pas incompatible avec une participation discrète aux séminaires du “second échelon”. Je participe à l’un d’eux et c’est là que je revois Sincyr qui me dit être l’un des principaux hommes-orchestre de ce “second échelon” et que son intention avait toujours été de poursuivre le combat métapolitique qu’il avait promis de mener, comme moi, quand il était au G.R.E.C.E.: la déréliction dans lequel celui-ci était plongé empêchait tout un chacun de travailler de manière cohérente à une oeuvre métapolitique donc de respecter son serment.

Ce n’est qu’après le colloque du G.R.E.C.E. de décembre 1992 que je romps définitivement avec le petit club gravitant autour d’Alain de Benoist, qui avait mené tout au long de l’année, sous la houlette de Marchand et à l’instigation de Benoist himself, de véritables cabales contre ma personne, notamment parce que je collaborais à la revue de Michel Schneider “Nationalisme & République” et, bien sûr, parce que j’étais désormais considéré comme une “taupe” du “second échelon”. C’était peut-être amusant de démonter les intrigues à deux sous de ce jeune sot de Marchand mais les plus courtes étant les meilleures, cela devenait fatigant à la longue, d’autant plus que le seul garçon chaleureux et jovial de la bande, Arnaud Hautbois, venait d’être viré sous des prétextes futiles, poursuivi par la haine de son concurrent, Arnaud Guyot-Jeannin, qui ne rêvait que d’une chose: prendre sa place, remplacer sa truculence et sa jovialité par un guénonisme de Prisunic. Cependant, dans mes conversations avec Sincyr, j’avais bien précisé que notre combat métapolitique devait être public et surtout visible, au nom de la notion de “visibilité” que préconisait Carl Schmitt, sans doute inspiré, catholique rhénan qu’il était, par le verset évangélique qui dit que l’on ne peut cacher un luminaire sous un boisseau.

Sortir le luminaire du boisseau

L’occasion de sortir le luminaire du boisseau se présente en janvier 1993. Après avoir entendu les arguments des uns et des autres suite à mon départ définitif du G.R.E.C.E., j’ai fini par estimer, avec Christiane Pigacé et Thierry Mudry, qui collaboraient tous deux à “Nationalisme & République” comme moi, que les rencontres provençales d’été devaient être maintenues et entretenues sans les vaudevilles organisés par Rollet (qui faisait dans le burlesque) et de Benoist (qui avait fait dans le fouquier-tinvillisme de carnaval). Grâce à Philippe Danon, ancien cadre d’Alcatel, ami des Mudry, nous avons pu disposer d’un gîte rural de haute qualité en Provence. Sincyr était enthousiasmé: il voulait lui aussi sortir le luminaire du boisseau et nous lui offrions là une occasion rêvée, un projet cohérent et bien étayé. Il crée alors la F.A.C.E. (“Fédération des Activités Communautaires en Europe”), structure formelle qui sort partiellement le “second échelon” de l’informalité et du silence. Ce sera donc la F.A.C.E. qui organisera les deux premières universités d’été provençales (1993-1994), organisées sous la quadruple houlette de Christiane Pigacé, Thierry Mudry, Alessandra Colla et moi-même et sous le patronnage de Julien Freund. Plusieurs associations, groupes d’amis, structures modestes et informelles avaient mis leurs efforts en commun grâce à l’appui de Sincyr. Cette première université d’été fut donc un succès. Inespéré au départ!

 

covnew10.jpgAu printemps 1994, nous décidons, à Munkzwalm en Flandre orientale, de mettre sur pied “Synergies Européennes”, dont Sincyr sera le premier Président européen. Ce fut une aventure formidable qui durera une bonne dizaine d’années et qui ressuscitera en 2007 sous la forme d’un blog, alimenté chaque jour par des articles de fonds ou des vidéos, désormais connu sur la planète entière. En 1995, l’Université d’été connait un nouveau succès remarquable, alors qu’en 1994 elle avait été moins fréquentée. A partir de 1996, elle se tient en Italie, d’abord à Madesimo près du Splügenpass, très haut dans la montagne, où Sincyr et moi partagions une chambre dont la fenêtre offrait une vue imprenable sur la vallée. En 1997, elle se tiendra à Varese. En 1998 dans le Trentin. Plus tard, elles se tiendront à Pérouse et à Gropello di Gavirate, sur les bords du Lac de Varese, avec vue sur le Monte Rosa (ou Lyskamm) dont Julius Evola avait escaladé la face nord. Ensuite, de 2001 à 2003, elles se tiendront en Allemagne, à Vlotho im Wesergebirge. Entre les universités d’été, de nombreux séminaires s’organiseront en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Autriche, au Portugal, etc. Comment ne pas se souvenir de notre voyage commun à Lisbonne, début novembre 1993, où nous devions inaugurer une antenne? Comment oublier ce passage au Cabo da Roc, point le plus occidental du continent européen, où nous avons grelotté sous un vent très froid venu du grand large?

1998: année fatidique

Rétrospectivement, je regrette que l’année 1998 ait provoqué notre rupture pour des raisons finalement indépendantes de nos volontés. Je vais m’expliquer. D’abord la fusion fin 1997 entre la D.E.S.G. (“Deutsch-Europäische StudienGesellschaft”) de Hambourg et “Synergies Européennes” donne un poids plus lourd au pôle allemand et, par ricochet, au nouveau Président de “Synergies Européennes-France”, le Professeur Jean-Paul Allard, brillant germaniste, qui prend la parole au Château de Sababurg en Hesse lors de la journée d’étude, organisée pour sanctionner la fusion entre les deux associations, journée mémorable appuyée par la présence du Croate Tomislav Sunic et d’une forte délégation autrichienne. Allard et moi estimions que nos activités ne pouvaient opérer un retour en arrière, c’est-à-dire servir de prélude à une réconciliation hypothétique avec le G.R.E.C.E., sur base d’un travail assidu dont nous aurions dû donner le meilleur exemple et impulser de la sorte une dynamique entraînante. Sincyr avait toujours cultivé l’illusion qu’une telle réconciliation “pan-néo-droitiste” lui aurait permis de demeurer fidèle à tous ses serments de combattant métapolitique et de voir l’avènement d’un mouvement plus vaste, regroupant dans l’unanimité tous ceux et celles qui partageaient nos valeurs. Allard lui avait démontré l’impossibilité d’une telle réconciliation, vu les intrigues permanentes de Benoist et d’autres personnages peu reluisants, et ce fut là l’objet majeur de leurs conversations dans les avions qui les avaient menés de Lyon à Hanovre et retour. Allard ne percevait pas l’utilité non plus de revenir au “repli” qui avait permis l’éclosion du “second échelon”. Sincyr, qui n’était pas a priori germanophile (bonne chose car il faut se méfier des dérives saugrenues de bon nombre de Français germanophiles qui ne parlent pas l’allemand), qui avait simplement conservé une admiration sincère pour des légionnaires allemands sacrifiés en Algérie à ses côtés, s’est-il méfié de cet apport germanique prestigieux qui aurait pu déplaire à certains de ses amis, peu soucieux, à juste titre, de singer des germanophiles infréquentables de la place de Paris ou d’ailleurs dans l’Hexagone? On peut émettre l’hypothèse. Mais la D.E.S.G., fondée en 1964, a toujours été d’un européisme positif et n’a jamais basculé dans un nationalisme anti-démocratique et hystérique. Elle était le meilleur interlocuteur dont on pouvait rêver en Allemagne. Il suffit de consulter la collection des cahiers “Junges Forum” qu’elle éditait.

Malgré les succès des séminaires de “S.E.-Ile-de-France” sur l’Allemagne et sur la Russie, Sincyr sera déçu par la faible affluence lors d’un troisième séminaire parisien sur le thème de “Littérature et rebellion” où Marc Laudelout, du “Bulletin célinien”, et Nicole Debie, célinienne historique, avaient pris la parole aux côtés du philosophe futuriste et heideggerien Jean-Marc Vivenza. Le sentiment d’être supplanté par Allard qui, de surcroît, partageait ma politique de “visibiliser et de pérenniser la rupture”, et la déception suite au séminaire parisien si peu fréquenté du printemps 1998 sont, à mes yeux, les deux raisons majeures qui vont conduire Sincyr à désespérer de notre propre création, lancée au début des années 90. J’aurais aimé avoir avec lui une conversation rétrospective sur cette année 1998, où il semble avoir perdu espoir, alors même que des horizons nouveaux s’ouvraient à nous, notamment grâce aux contacts pris lors de la journée d’hommage à Julius Evola, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance. Cette journée avait rassemblé à Vienne, dans les locaux de la “Burschenschaft Olympia”, des amis venus d’horizons divers, d’Italie, de Hongrie, d’Allemagne, d’Autriche, de Grande-Bretagne, de Suisse et de Belgique. Les questions que j’aurais voulu poser à Sincyr sur ses réticences de 1998 demeureront pour toujours sans réponse et je le regrette vivement. Comme je regrette qu’une maladie foudroyante ait mis un terme prématuré à la carrière du Prof. Jean-Paul Allard, qui n’a plus pu exercer ses fonctions de Président de “Synergies Européennes-France”.

Nos contradictions

Le décès de Gilbert Sincyr le 6 février 2014, et l’hommage qui lui est dû pour sa fidélité constante et inébranlable au combat métapolitique, ne doit pas nous amener à nous voiler la face. Il y avait entre lui et moi des contradictions accumulées —qui ont atteint en 1998 une intensité difficilement gérable— et les dévoiler dans cet hommage n’a pour but que de servir l’histoire authentique (et non trafiquée) de nos initiatives (dont certains ont déjà la nostalgie, à commencer par moi-même) et, plus essentiellement encore, de montrer des ambigüités qui ne doivent plus jamais se répéter; elles doivent plutôt servir à éclairer ceux qui, jeunes et ardents, s’engagent, aujourd’hui, dans un combat métapolitique, quel qu’il soit mais dont les modèles auront peut-être été les nôtres, parmi de nombreux modèles possibles. L’année 1998 a sanctionné la rupture entre Sincyr et moi; elle reposait sur trois faisceaux de motifs: 1) la définition du paganisme; 2) les ambigüités dans l’attitude à adopter vis-à-vis du G.R.E.C.E. et 3) l’attitude qui consiste à écouter ou à ne pas écouter les sirènes séductrices de tiers mal intentionnés ou de pseudo-camarades trop timorés, en l’occurrence ceux qui se présentent comme amis mais veulent la disparition de votre structure, parce qu’elle est perçue comme concurrente ou comme dangereuse (pour leur confort personnel ou leur quiétisme paresseux). Précisons ces trois points. 1) Sincyr cultivait une vision naïve du paganisme qui, à mon humble avis, risquait de discréditer le mouvement si elle s’exprimait de manière trop visible. Pour moi, pour Vivenza ou pour Allard, le “paganisme” était un retour aux Grecs, aux racines classiques de notre culture européenne, par le biais de la philosophie contemporaine, notamment Heidegger. Nous étions conscients également de la nécessité d’une liturgie basée sur le rythme des saisons, comme l’avait préconisé David Herbert Lawrence (**) dans son petit livre intitulé “Apocalypse” ou sur la nécessité de renouer avec les idées religieuses rénovatrices de l’époque qui avait immédiatement précédé la “révolution conservatrice” (***). Mais qui dit liturgie ne doit pas nécessairement s’ingénier à inventer de nouveaux rituels, détachés de tout contexte, qui peuvent trop aisément s’assimiler à de la parodie. Ces nouveaux rituels et ces quelques ornements ou objets pseudo-sacerdotaux, auxquels Sincyr tenait beaucoup, expliquent notamment l’attitude dubitative de nos amis espagnols et, par voie de conséquence, l’enlisement de S.E. en Espagne.

Ensuite, 2) il y avait l’ambigüité que cultivait Gilbert Sincyr face au G.R.E.C.E., auquel comme moi, il avait prêté serment. Mais un serment à mes yeux crée une “Eidgenossenschaft” qui doit impérativement fonctionner dans les deux sens. Au G.R.E.C.E., après les départs de Marceau et de Cariou, les valeurs —qui devraient nécessairement structurer toute “communauté du serment”— ont été systématiquement piétinées par de Benoist, être incapable de s’aligner sur des vertus fortes et admirables comme la fidélité et incapable aussi de percevoir la sacralité que revêt tout serment, en dépit des pensums qu’il a gribouillés à tours de bras, au début de sa carrière, sur la fidélité des anciens Germains ou autres ancêtres réels ou imaginaires. Aucune société alternative, contestatrice d’un quelconque ordre établi, ne peut cependant fonctionner sans de telles vertus et sans hommes capables de les incarner. Une société alternative n’est pas un parti politique en place, bien établi, où ce genre d’intrigues est monnaie courante, comme nous l’apprennent les actualités, chaque jour qui passe. J’étais donc partisan de bien visibiliser la rupture entre S.E. et le G.R.E.C.E., en la soulignant, dans chaque numéro de nos revues, au détour de quelques phrases sarcastiques ou moqueuses, de manière à ne jamais être assimilé au pandémonium greciste, à ne jamais avaliser les évictions iniques qui avaient marqué l’histoire trouble du mouvement, surtout dans les années 80. Sincyr, plus âgé et certainement d’un tempérament plus conciliateur que moi, voulait “oublier” ces dérapages qu’il jugeait certes navrants mais non rédhibitoires pour façonner un (très) hypothétique futur néo-droitiste unanimiste et consensuel. Personnellement, j’estimais que ce “modus operandi” greciste et benoistien, tissé d’intrigues glauques et d’évictions iniques, était indéracinable et, par voie de conséquence, les “oublier” revenait à s’y exposer une nouvelle fois, ultérieurement, avec le risque de faire capoter de bonnes initiatives où de Benoist n’aurait pas été la seule, l’unique, l’incontournable vedette et surtout, où il n’aurait pas pu bénéficier de toutes les ressources de la caisse. Gommer le passé, l’oublier, est un stratagème de “Big Brother” dans le “1984” d’Orwell: notre option nous mène à percevoir l’histoire telle qu’elle est, sans tenir compte des travestissements imposés par le “Parti” ou par “Big Brother” ou par une quelconque instance censurante. Ce doit être vrai pour l’histoire des peuples comme pour l’histoire des structures où nous avons été actifs. Point à la ligne. Pas question de transiger sur ce principe.

Sincyr n’aimait pas mes petits “poulets”, mes allusions, mes sarcasmes, dont je ponctuais parfois la longue rubrique des “activités communautaires en Europe” qui paraissait dans presque chaque numéro de “Nouvelles de Synergies européennes”. Il estimait que c’était des “attaques personnelles”. Je rétorquais que mes “attaques” étaient bien moins perverses, n’étaient pas aussi vicieuses que les tentatives permanentes de dénigrer nos activités, de faire pression sur les personnes qui nous louaient ou nous prêtaient salles et locaux, nous accordaient leur patronage, participaient à nos activités comme orateurs. Qui plus est, je faisais remarquer à Sincyr, qui, au nom de son unanimisme consensuel, ne me croyait pas, ne voulait pas me croire, que toutes ces attaques venues de Paris le prenaient aussi grossièrement pour cible, le traitaient de “beauf” et de “boeuf”, tandis que moi, évidemment, j’étais le “Grand Satan”, le “Belge” (Benoist étant sur ce chapitre le meilleur disciple de Coluche, tant et si bien qu’on pourrait, en ce qui nous concerne, lui ôter le label de “ND”, qu’il n’aime pas, sans doute à juste titre, pour le remplacer par “NC” ou “Nouveau Coluchisme”, ce qui le ferait culbuter dans les rangs d’une certaine gauche, le lavant ainsi, enfn, de tout soupçon d’infâmie...). Dans une lettre de novembre 1998, je dressais à Sincyr la liste quasi complète des pressions exercées par le G.R.E.C.E. ou ses séides contre nos initiatives, dont une des dernières en date avait été de téléphoner au propriétaire d’un château en Lorraine, qui nous avait prêté une salle pour tenir un colloque géopolitique où deux “bêtes noires” de de Benoist prenaient la parole: le politologue Alexandre Del Valle et moi-même. C’est malheureusement par cette lettre de novembre 1998 que nos relations se sont terminées, du moins provisoirement jusqu’en octobre 2012: Sincyr avait achevé son quinquennat de président et son poste était passé à Alessandra Colla de Milan. Il ne voulait apparemment plus tenir un rôle dans un espace “néo-droitiste” français (ou assimilable), déchiré par ce qu’il percevait comme une “guerre civile”. Pour moi, il fallait garder raison et oeuvrer dans un espace propre et assaini, débarrassé d’intrigues ineptes, pour exprimer sans détours des vérités politiques, métapolitiques, culturelles, philosophiques, toutes pertinentes “hic et nunc”, sans devoir me référer et me soumettre à des cercles de vieux copains, certes fidèles les uns aux autres, ce qui est bien, mais incapables d’accepter de nouvelles fidélités, des combattants plus jeunes et surtout de les conserver dans leurs rangs. Attitude négative et incongrue que l’on ne peut évidemment reprocher à Sincyr, qui a tout fait, dans la mesure de ses moyens, pour échapper à ce type d’impasses dans le réseau associatif néo-droitiste. Ensuite, pour moi, pas question d’exporter dans toute l’Europe les querelles suscitées par les atermoiements, les jalousies, les ressentiments, les intrigues et les caprices de de Benoist. Dans ma lettre de novembre 1998, j’exprimais mon point de vue à Sincyr en lui expliquant que sa fidélité au seul “camp” (mot dont je contestais l’usage!) de la ND historique le faisait chavirer dans une forme de recrutement endogame, conduisant forcément à un ressac permanent voir à la sclérose et à la dégénérescence, alors que le but de toute manoeuvre de recrutement est de pratiquer l’exogamie pour pouvoir disposer en permanence de ressources humaines neuves et combattives. “Synergies européennes” ne pouvant en aucun cas devenir une “gérontocratie”.

“Grand Nuisible” et “bathyscaphistes”

Enfin, 3) Sincyr a trop écouté les voix de ceux qui nous dénigraient en jouant sur sa fibre consensuelle, expression d’une naïveté admirable car, en effet, il vaut mieux être un naïf qu’un intrigant: c’est plus propre, c’est plus sain, c’est plus honorable. Parmi ces voix, il y avait évidemment le “Grand Nuisible” habituel qui promettait à Sincyr, sans avoir la moindre intention de tenir ses promesses, de lui donner de nouvelles responsabilités dans une structure fusionnée, unanime et enfin consensuelle, à la condition bien sûr que le “Grand Méchant” pondeur de poulets sarcastiques, c’est-à-dire moi, l’adepte de la “thérapie du miroir”, soit éliminé de la danse. Je ne pense pas que Sincyr ait vraiment cru à ces promesses mais il a peut-être pensé, oui, que j’étais un élément perturbateur dans la classe et qu’il fallait m’isoler pour que je ne trouble plus le consensus qui allait revenir très bientôt, allelouïa, d’autant plus que 1998 a été l’année du retour de Guillaume Faye dans l’espace métapolitique néo-droitiste (ou assimilé, Faye n’ayant pas la manie des étiquettes). Gilbert Sincyr a certainement été l’un de ceux qui avaient espéré le plus ardemment ce retour. Faye débarque à Bruxelles à la fin de l’hiver 97-98 et m’annonce, dans une ambiance de liesse aux tables de la taverne “Le Cent Histoires”, qu’il reprend le combat et que de nouveaux livres sont prêts à être mis sous presse. Il accepte de participer à notre Université d’été du Trentin, à la grande joie de nos correspondants allemands de l’ex-D.E.S.G., devenue “Synergon-Deutschland”, et de Tomislav Sunic, tous présents à Bruxelles, le jour du retour de Faye. Champetier interviewe le “fils prodigue” de la ND historique pour “Eléments”. Sincyr aurait dès lors pu croire à une fusion rapide grâce au retour de Faye. La clique autour de de Benoist, elle, a craint une alliance Faye/Synergies qu’elle aurait difficilement pu contenir. Je ne saurais malheureusement jamais comment Sincyr a perçu ce remaniement dans le paysage associatif néo-droitiste, nouvelle donne qui n’existait pas au moment où il construisait patiemment son “second échelon” et participait aux activités publiques et visibles de la F.A.C.E. et de “Synergies européennes”. Le retour de Faye, mes positions intransigeantes pour préserver l’autonomie de S.E., comme Jean van der Taelen et moi avions préservé l’autonomie d’E.R.O.E. à Bruxelles, la rage irrationnelle et délirante d’Alain de Benoist à vouloir briser toute autonomie soustraite à son contrôle erratique et capricieux avaient désespéré Sincyr. Il jette l’éponge. Il ne reviendra pas au G.R.E.C.E. D’autres amis, trouillards, lui disent —et il m’avait rapporté leurs paroles— qu’il faut procéder à une “immersion profonde”, soit se soustraire à toute visibilité. A Bruxelles, moqueurs, nous les appellions les “sous-mariniers” ou les “Commandants Cousteau” ou les “bathyscaphistes”, ou encore les “scaphandriers cyclistes”, le langage coloré étant notre marque favorite, zwanze et gouaille obligent.

Du silence à l’écologisme pratique et localiste

Sincyr restera silencieux pendant la guerre de Yougoslavie en 1999, où Laurent Ozon déploie son mouvement “Non à la guerre”, avec l’énergie qu’on lui a toujours connue. Il ne dira mot non plus lors de la cabale menée par de Benoist et Champetier contre Faye en 2000, où ces deux brillants sujets dénoncent leur ancien ami —qu’ils avaient pourtant interviewé pour “Eléments” en 1998— dans la presse italienne et envoient des communiqués condamnant ses positions à une liste impressionnante de journalistes du “Monde”, de “Libération” et du “Nouvel Observateur”, dans le fol espoir d’apparaître comme de braves nouveaux gauchistes soft face à un méchant Faye hard pourfendant les idéologies et les lubies dominantes, au risque de se faire crosser par un jugeaillon parisien (ce qui fut fait...). Champetier, maladroit, envoie ce courriel avec les adresses lisibles par tous, parce qu’envoyées en mode “CC” et non “CCI”. Par cette maladresse informatique, il tombe le masque, et fait tomber celui de son chef, mais il est à son tour évincé fin 2000. Sa servilité et sa veulerie n’ont servi à rien. Son commanditaire était plus veule que lui, et surtout plus retors, et n’avait cure de cette fidélité que son féal disciple avait toujours montrée sans faiblir jusqu’à participer à une délation particulièrement sordide mais qu’il croyait juste de commettre pour assurer le triomphe de son vil Maître, pour les siècles des siècles, et où il aurait reçu un petit morceau de sa gloire, une portion congrue et, sans doute, une entrée dans les dictionnaires de noms propres. La série noire des évictions a donc continué... Ce comportement suscite alors la réaction d’un “Cercle Gibelin” qui lance sur la grande toile des “manifestes dextristes” en préconisant, comme le voulait d’ailleurs Sincyr au départ, une réconciliation des pôles de la ND (G.R.E.C.E., T&P et S.E.), sous les auspices d’une personnalité non contestée (Mabire ou Venner). Sincyr n’intervient pas dans le débat. Je ne saurais jamais ce qu’a pensé Sincyr de tous ces soubresauts de l’année 2000.

A partir de décembre 1998, Gilbert Sincyr n’opte pourtant pas pour un retrait total, pour la stratégie étonnante que préconisaient les “bathyscaphistes” de ses amis. Il était un amoureux de la nature. Il admirait Paul-Emile Victor et le Commandant Cousteau. Il avait été séduit, au début de l’aventure de “Synergies européennes” par les travaux de Laurent Ozon et par la revue de son équipe, “Le Recours aux Forêts”, surtout par les deux numéros exceptionnels sur l’urbanisme et la “bonne alimentation” que l’écologiste le plus original de France avait publiés suite à son passage chez les Verts d’Antoine Waechter et à sa lecture méticuleuse des théories d’Edward Goldsmith. Gilbert Sincyr va donc s’occuper d’écologie dans un mouvement local qu’il baptise “D’abord Vert”, actif surtout dans la périphérie toulousaine. On verra alors Sincyr renouer avec son passé écologiste, avec l’admiration qu’il vouait à Paul-Emile Victor, en inaugurant des marchés de Noël, des foires aux produits régionaux, en plantant des arbres avec les enfants des écoles. Sincyr était devenu un “localiste” très actif dès le début de la première décennie du 21ème siècle. Nos chemins étaient séparés: pour moi, les années 2002 et 2003 ont été très difficiles, vu que le Ministère de la Justice, sous la brillante gestion d’une ministresse aussi incompétente que prétentieuse, ne payait plus ses experts, vu que la Région bruxelloise ne payait plus les bureaux d’architecture qui me confiaient des travaux, j’ai dû faire le gros dos, laisser passer l’orage et, en décembre 2003, j’apprends que ma mère est atteinte d’un mal incurable, que son grand âge (89 ans) va permettre de ralentir, toutefois après une opération très meurtrissante et un recul général de ses facultés mentales. Fils unique, elle est dès lors à ma seule charge. Je la maintiendrai chez elle, en ses foyers, jusqu’en février 2008, alors que les médicastres et les Diafoirus de l’hôpital Saint-Jean voulaient l’enfermer dans un “mouroir”. Elle rendra l’âme en décembre 2011. Les revues “Nouvelles de Synergies européennes” et “Au fil de l’épée”, émanations de “Synergies européennes” et créées sous les auspices de Sincyr, paraissent jusqu’en 2002 et 2004, année où je rencontre Ana, ma deuxième femme flanquée de son petit chien “Gamin”, avec qui j’ai entamé une nouvelle série de voyages à travers l’Europe. A partir de janvier 2007, nous lançons à Bruxelles, le blog http://euro-synergies.hautetfort.com qui sera suivi plus tard par http://vouloir.hautetfort.com et http://archieveseroe.eu , animés tous deux par une équipe parisienne. La dynamique était relancée et je ré-amorçais en Europe mes tournées de conférence, en bénéficiant finalement d’une logistique mise en place dans les années 90 par “Synergies européennes” et appuyée cette fois par la notoriété qu’a acquise le blog au fil de ces sept dernières années. Eh oui, le petit Belzébuth de Bruxelles n’est pas mort malgré les trente ans de guerre qu’on a menées contre lui. Espiègle à l’instar d’Uilenspiegel, il continuera à adresser ses pieds-de-nez aux sots qui se prennent pour des phares de l’humanité.

Des Mérovingiens aux Pippinides

51CVkipR9zL._SY300_.jpgFin de la première décennie du 21ème siècle, Gilbert Sincyr, lui, se lance dans la rédaction de plusieurs ouvrages: sur le paganisme, son violon d’Ingres, où il recevra, prix de consolation, une maigre préface d’Alain de Benoist, mais aussi et surtout sur une période de l’histoire européenne et gauloise-française finalement peu connue et négligée par notre mouvement de pensée: la période qui va de la disparition de l’Empire romain, avec Aetius, à l’émergence de la Gaule mérovingienne et à la réaction austrasienne face aux rezzous maures venus d’Espagne occupée. Philippe Randa aura la bonne idée d’éditer tous ces ouvrages historiques de Gilbert Sincyr et, ainsi, d’occuper un créneau vide dans l’historiographie néo-droitiste. Créneau qu’il s’agit encore de compléter d’apports nouveaux. Sincyr a ouvert la voie, modestement: à ses successeurs, d’où qu’ils viennent, de poursuivre sur la sente qu’il a commencé à tailler pour nous tous. Nous participons ensuite tous les deux à un ouvrage collectif, “Force et Honneur”, sur les grandes batailles qui ont marqué l’histoire européenne, mais sans nous rencontrer.

Ce fut un deuil qui nous a permis de renouer nos relations rompues en 1998. Je possédais l’adresse électronique de Sincyr mais ne lui envoyais rien car il ne m’avait rien demandé. J’apprends en octobre 2012 le décès du politologue italien Mariantoni, qui avait participé à quelques-unes de nos universités d’été. Ce spécialiste du Proche et du Moyen Orient vivait en Suisse et était l’un de nos fidèles. J’envoie le faire-part à Sincyr qui me répond, le 24 octobre 2012: “La mort de Mariantoni est une grande perte. Son combat restera pour nous un exemple”. Phrase simple qui exprime une gratitude sincère. Ensuite Sincyr se réconcilie avec moi, en une seule phrase concise, et termine son courriel par la formule, très importante à ses yeux, “Que les Dieux te soient propices!”. Le 12 novembre 2012, il me transmet des nouvelles d’un ami toulousain. Le 21 janvier 2013, il écrit, tristement, suite à l’envoi de mon hommage à Yves Debay, camarade d’école, tombé en Syrie, à Alep, dans le cadre de son métier de reporter de guerre: “Les rangs de nos amis s’éclaircissent”. Le 22 mars 2013, il me remercie de lui avoir envoyé le texte d’une de mes allocutions à Nancy, sur la notion de “patrie charnelle”, qui lui tenait fort à coeur. Le 24 avril, je lui écris pour lui dire que je ne pourrai pas être présent à Paris pour le lancement de l’un de ses livres. Il me répond: “C’est dommage que tu ne puisses pas venir, cela aurait fait une occasion de nous revoir”. Et sûrement de remettre beaucoup de choses sur le tapis. Je n’ai jamais revu Gilbert Sincyr. Je me promettais de le revoir à Toulouse en août 2014, lors de mon retour annuel d’Espagne. La Camarde en a décidé autrement. Adieu donc, camarade, mais sans toi, l’histoire de notre aventure commune, celle de “Synergies européennes”, demeurera toujours incomplète. Je vais écouter les “Oies sauvages” et le “J’avais un camarade”, que tu as dû murmurer en Algérie, face aux corps sans vie de quelques-uns de tes camarades de combat et de ces légionnaires allemands et européens que tu as un jour évoqués dans une conversation. Je sais que cela te fera un immense plaisir car tu es allé les rejoindre. Ne t’inquiète pas: nous te rejoindrons tous, quand nos heures seront venues. En attendant, nous continuons le combat en pensant à la phrase finale de ton éditorial du n°2 de “Nouvelles de Synergies européennes” (juillet 1994): “On dit que la vie est un combat. Pour nous c’est une chance: nous aimons l’une et l’autre”.

Robert Steuckers.

Forest-Flotzenberg, 15 février 2014.

Notes:

(*) Cf. sur le site http://robertsteuckers.blogspot.com l’article “L’apport de Guillaume Faye à la Nouvelle Droite et petite histoire de son éviction” (qui a servi de préface à une nouvelle édition italienne de son livre “Le Système à tuer les peuples”) et l’entretien accordé à Pavel Tulaev, Président de “Synergies Européennes-Russie”, intitulé “Answers to Pavel Tulaev”, mis en ligne en février 2014.

(**) Cf. Robert Steuckers, “Le visionnaire Alfred Schuler (1865-1923), inspirateur du Cercle de Stefan George”, in Vouloir, n°8 (nouvelle série), automne 1996 (conférence prononcée à Madesimo, été 1996, Université d’été de “Synergies Européennes”; consultable aujourd’hui sur http://robertsteuckers.blogspot.com ) & Robert Steuckers, “Paganisme et philosophie de la vie chez Knut Hamsun et David Herbert Lawrence”, in Vouloir, n°10 (nouvelle série), printemps 1998 (conférence prononcée à Madesimo, été 1996, Université d’été de “Synergies Européennes”; consultable aujourd’hui sur http://robertsteuckers.blogspot.com ).

(***) Cf. Robert Steuckers, “Eugen Diederichs et le Cercle Sera”, in Vouloir, n°10 (nouvelle série), printemps 1998 (consultable sur: http://robertsteuckers.blogspot.com ).

Entretien avec Jared Diamond : Trois leçons de Papouasie

Entretien avec Jared Diamond: Trois leçons de Papouasie

jared-diamond.jpgJared Diamond, biologiste et géographe à l’université de Californie, c’est d’abord l’auteur de deux gros livres, aussi encensés que critiqués. De l’inégalité parmi les sociétés, traduit en 2000 (Gallimard), prétendait tout simplement expliquer le pourquoi de la success story eurasienne. En d’autres mots, il décrivait comment ce continent européen et asiatique, favorisé par son climat et les nombreuses espèces domesticables qu’il abritait, avait au cours de l’histoire longue pris de l’avance sur les autres, et opéré une sortie considérable hors de son aire natale. Les armes, les métaux, mais par-dessus tout les épidémies, apportées par les Occidentaux, avaient assuré le succès de cette expansion mondiale.

Effondrement, traduit en 2006 (Gallimard), c’était le contraire : on y apprenait comment les Mayas, les habitants de l’île de Pâques, les Indiens pueblos du Nouveau-Mexique, les Vikings du Groenland, avaient méthodiquement scié la branche de leur propre civilisation en faisant de mauvais choix agricoles, alimentaires ou autres. C’était l’histoire d’autant d’échecs, contenant en germe la menace d’une plus grande catastrophe, mondiale et encore à venir, liée à l’indécrottable propension de l’espèce humaine à détruire son environnement.

jared.jpgLe public a largement plébiscité ces deux ouvrages, comme en témoigne le grand nombre de langues dans lesquelles ils ont été rapidement traduits.

Les spécialistes n’ont pas toujours aimé l’assurance avec laquelle J. Diamond développe ses thèses, voire ont trouvé qu’elles étaient porteuses d’un message justifiant la colonisation européenne du monde : aux autres revenait la responsabilité de leurs échecs, à nous, le succès historique et la prise de conscience de la réalité des risques à venir. Effondrement, en particulier, eut à essuyer les critiques acerbes d’historiens et d’archéologues de l’île de Pâques. D’après eux, en reprenant la thèse de la déforestation volontaire de l’île par ses habitants autochtones, J. Diamond ne faisait que répandre une vulgate insultante pour les Pascuans, qui, selon eux, avaient surtout été victimes d’épidémies et d’une déportation massive vers le Pérou dans les années 1860. Depuis, la discussion reste ouverte, chacun des cas invoqués par J. Diamond ayant ses spécialistes attitrés : tel est le risque auquel s’exposent ceux qui aiment jouer dans la cour du voisin, un goût que, de toute évidence, J. Diamond possède au plus haut point.

Revoyons son parcours : docteur en physiologie en 1961, il est professeur de ladite matière dès 1966, mais s’intéresse surtout à l’avifaune de la Nouvelle-Guinée, sur laquelle il publie des articles et un livre. À la fin des années 1980, il s’intéresse à l’évolution humaine dans ses rapports avec l’environnement : ce sera pour lui l’occasion de publier un premier gros livre, Le Troisième Chimpanzé (1992), et de se transformer en professeur de géographie, poste qu’il occupe encore actuellement. Ses principaux ouvrages viendront un peu plus tard, mais dans l’intervalle, il travaille sur un thème qui passionne les évolutionnistes, la sélection sexuelle. Cela donne un autre petit livre (Pourquoi l’amour est un plaisir, 1997).

On le voit, les intérêts de J. Diamond sont multiples et changeants, quoique, en réalité, toujours guidés par la même curiosité pour les causes profondes et invisibles, biologiques et physiques, qui font le succès ou le déclin d’une espèce, d’une société ou d’une civilisation. Rassembler des exemples, les comparer, induire une cause probable : telle est la méthode un peu aventureuse qu’en toutes matières, J. Diamond applique, jusqu’à ce nouvel ouvrage, aussitôt traduit. Son titre énigmatique, Le Monde jusqu’à hier, son sous-titre on ne peut plus clair, « Ce que nous apprennent les sociétés traditionnelles », se complètent et déjà suffisent à faire comprendre que J. Diamond, une fois de plus, enfile un autre costume : peu d’évolution, peu de biologie, mais beaucoup d’observation humaine dans ce livre, où l’auteur, plus voyageur qu’anthropologue, compare les mérites respectifs de deux façons d’habiter le monde : l’une moderne, l’autre traditionnelle.

Le Monde jusqu’à hier commence par un souvenir : le spectacle offert par le hall de l’aéroport de Port Moresby, capitale de la Nouvelle-Guinée, il y a quelques années. Qu’y avait-il de si intéressant dans cette scène ?

L’évidence d’une transformation rapide. C’était en 2006, il y avait des écrans sur tous les bureaux, des hôtesses en uniforme et rien ne distinguait cet aéroport d’un autre dans le monde. Lors de mon premier voyage, en 1964, la Nouvelle-Guinée était encore sous mandat australien, le terminal était un hangar en bois, et à Port Moresby, capitale du pays, il n’y avait qu’un seul feu rouge, à l’intersection des deux rues principales et une inscription en pidgin qui contenait un avertissement. C’est ce contraste qui m’a frappé et dont j’ai voulu rendre compte : tant de changements en si peu de temps, c’est sans doute unique dans l’histoire. Ça a été le déclencheur de ce livre.

Pourquoi êtes-vous allé en Nouvelle-Guinée 
si souvent ?

Au début, par pur goût de l’aventure. J’avais un camarade d’études qui, comme moi, rêvait de connaître les tropiques, et nous étions tous deux amateurs d’oiseaux. Alors, après mon diplôme de physiologie, nous avons arrangé un voyage au Pérou, où nous avons fait de l’alpinisme, puis en Amazonie, et là nous n’avions rien d’autre à faire que de nous promener et d’observer la nature. Nous avons publié deux articles sur les oiseaux, et nous nous sommes demandé quel était l’endroit le plus sauvage du monde : c’était la Nouvelle-Guinée. Nous avons monté une expédition ornithologique, nous y sommes allés, et j’ai adoré ce pays. Depuis, j’y suis retourné chaque fois que possible pour y observer les oiseaux, mais aussi tout le reste, parce que c’est un pays fascinant et qu’une fois que vous y êtes allé, vous trouvez le reste du monde très ennuyeux. Et puis les gens de Nouvelle-Guinée, c’était l’humanité en direct : pas de téléphone, pas de fax. Si vous aviez quelque chose à dire, il fallait le dire en face…

Dans vos précédents livres, il y avait chaque fois une grande question sur les sociétés humaines : pourquoi elles réussissent, pourquoi elles déclinent, de quoi elles dépendent. Ce n’est plus le cas dans celui-ci ?

En fait, j’avais surtout envie de raconter mes voyages, mais mon éditeur m’a mis en garde. Il m’a dit : « Jared, les gens attendent de toi quelque chose de plus ambitieux, de plus universel ». Alors le livre a évolué vers une comparaison des sociétés modernes et des sociétés traditionnelles, avec l’aide d’une quarantaine d’exemples pris dans le monde entier et de références à de grands auteurs de la littérature ethnographique. Les questions de départ sont celles que je me suis posées en Nouvelle-Guinée, mais les réponses sont données de manière plus générale. Cela dit, c’est quand même le plus personnel des récits que j’ai donné de mes expériences, et aussi celui où je me risque le plus à faire des recommandations.

Cette réflexion vous mène à opposer certains traits fondamentaux des sociétés modernes, développées, industrielles à ceux des sociétés traditionnelles. Mais de quelles sociétés s’agit-il ?

Dans le prologue, j’explique qu’il s’agit de sociétés transitionnelles plutôt que traditionnelles, qui peuvent être subordonnées d’assez loin à un État, mais qui conservent encore beaucoup de pratiques du temps de leur autonomie : la façon d’élever les enfants, de traiter les anciens, d’entrer en relation avec autrui. Donc, les villages de Papouasie ou d’Amazonie ne sont pas des images exactes de ce qui a existé dans le passé, mais elles restent suffisamment différentes du mode de vie moderne pour avoir quelque chose à nous apprendre.

Quelle serait la première leçon ?

Je dirai le rapport aux inconnus, aux étrangers. Dans les sociétés traditionnelles, quelle que soit la perméabilité des groupes, vous devez toujours obtenir la permission des gens pour traverser leur territoire. Les gens ne voyagent pas très loin et non sans raison. Même s’ils se marient en dehors de leur village, ils ne passent pas certaines limites dans lesquelles tout le monde sait qui est qui. Ils ne fréquentent pratiquement pas d’inconnus, ou bien, si cela arrive, c’est toujours risqué. Si des étrangers arrivent chez vous, c’est rarement avec de bonnes intentions, et on s’en méfie beaucoup.

Dans le mode de vie moderne, dans les villes, nous croisons des tas d’inconnus chaque jour et parlons à des gens que nous ne connaissions pas cinq minutes avant. C’est tout à fait courant, et normalement sans danger particulier. Les inconnus ne sont pas considérés a priori comme menaçants, mais éventuellement comme des occasions de faire connaissance. Ça fait une certaine différence.

L’homme moderne voyage par goût et trouve normal de se retrouver à des milliers de kilomètres de chez lui. À 12 ans, j’avais déjà été dans différentes régions de États-Unis et du Canada, en France, dans les îles britanniques, en Suède et en Suisse. Mes propres enfants, au même âge, avaient voyagé en Afrique, en Australie et en Europe… Dans les sociétés traditionnelles, il était rare que les gens sortent d’un périmètre très restreint.

Quelle autre différence avez-vous remarquée 
et soulignée ?

Il y en a une grande dans tout ce qui touche au traitement des conflits et l’administration de la justice. Dans les sociétés étatiques, il y a un monopole de la force. Si vous provoquez un accident par imprudence, l’État vous poursuivra pour avoir enfreint la loi. Son but est de punir pour dissuader. Par ailleurs, il ne s’occupe pas forcément de réparer les torts qui ont pu être commis contre des victimes et leurs proches.

Dans les sociétés sans pouvoir central, cela se passe d’une autre manière. Les différents et les agressions interviennent entre gens qui se connaissent. L’important n’est donc pas tant de faire respecter des lois que de s’assurer que les gens pourront continuer de cohabiter. On se soucie donc de réconciliation, d’apaisement, et pas particulièrement d’être juste. Ou bien, c’est la vengeance qui l’emporte, et dans ce cas rien n’est résolu.

Aux États-Unis ou en France, en cas de divorce ou de dispute familiale autour d’un héritage, la justice intervient pour dire ce qui est légal de faire : elle ne s’occupe pas de savoir si sa décision permettra aux gens de se réconcilier un jour. Ce n’est pas son problème. De manière courante, le système judiciaire moderne contribue à entretenir l’hostilité des gens qui s’adresse à lui. Le mouvement en faveur d’une justice restaurative, très actif au Canada, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni, illustre un aspect de ce que nous pourrions apprendre des sociétés traditionnelles. Ce sont des choses que nous pouvons réaliser individuellement, mais qui mériteraient aussi que l’État s’y intéresse. Ça ne remplace pas la justice pénale, mais ça peut intervenir après, comme une aide à la réconciliation et à la réinsertion des gens.

Ces sociétés ne pratiquaient-elles pas, à l’adolescence, des rites d’initiation très humiliants, parfois même très cruels ?

Cela montre seulement que nous n’avons pas à imiter ni admirer tout ce qu’ils font. Certaines choses sont incompatibles avec notre conception du bien et du mal. D’autres choses sont très bonnes, comme le fait d’allaiter les bébés au sein, ou de les porter avec soi, contre son corps. Ce n’est pas toujours très compatible avec les activités professionnelles modernes, mais c’est bon pour les enfants. D’ailleurs, je ne suis pas un utopiste qui dirait que tout ce que l’on observe dans les sociétés traditionnelles est meilleur que ce que nous faisons. Loin de là : il y a des aspects insupportables, dans les mœurs des Papous, comme de liquider les enfants malingres à la naissance, les vieillards impotents, ou encore pour les femmes, de suivre leur mari dans la mort.

Il y a un aspect de la prudence des Papous qui vous a beaucoup plu. Pouvez-vous nous donner une petite leçon de « paranoïa constructive » ?

Ma femme est psychologue clinicienne, et je sais que ce qu’elle appelle « paranoïa » est une véritable maladie mentale. Le terme est assez péjoratif, mais moi je l’emploie dans un autre sens. Un jour que j’installais un campement en Nouvelle-Guinée, je montai la tente sous un arbre qui avait l’air d’être mort. Les Papous qui m’accompagnaient ont refusé tout net de dormir là : ils ont dit que l’arbre pouvait tomber dans la nuit et les écraser. J’avais beau leur expliquer que cet arbre en avait pour des années avant de tomber, ils ont tenu bon. Alors j’ai commencé à réfléchir que, chaque nuit, on entendait des arbres tomber dans la jungle. Même s’il n’y avait probablement pas plus d’une chance sur mille de se trouver en dessous, si je dormais dehors pendant trois ans, le risque était réel.

J’ai été influencé par ce point de vue et l’ai nommé « paranoïa constructive ». Cela correspond à une différence culturelle, liée au mode de vie beaucoup plus incertain de ces gens : pour eux, une chute, une fracture, une blessure peuvent être fatales, car ils n’ont ni médecins ni hôpitaux à portée de main. Ils sont donc beaucoup plus réfléchis que nous le sommes avant d’agir, car ils subissent les conséquences de leurs imprudences. Nous, modernes, n’évaluons pas correctement les risques que nous prenons. Si l’on demande à un Nord-Américain de définir les dangers qu’il pense les plus graves, il parlera de terrorisme, d’accident d’avion, de typhon, de tremblement de terre… Mais l’un des accidents les plus fréquents, c’est de glisser dans sa salle de bain et de se briser un membre, voire le crâne. Les Papous m’ont appris à voir cela. Ils prennent des risques calculés, et seulement lorsque c’est indispensable. Ils font des choses très dangereuses, telles que chasser la nuit ou pêcher dans des rivières infestées de crocodiles, mais ça leur est indispensable et ils font tout pour minimiser les risques.

Êtes-vous inquiet de la manière dont ces sociétés autochtones se transforment sous l’effet de la modernité ?

À certains égards, oui. Dans les conditions d’autrefois, les gens mouraient majoritairement de maladies infectieuses et contagieuses, d’accidents ou de mort violente. Ce n’est plus le cas des habitants des pays développés qui sont protégés par la médecine et meurent de maladies métaboliques et dégénératives : cancers, affections cardiovasculaires, diabètes, etc. Lorsque des populations autrefois isolées ont accès aux soins et changent de mode de vie et d’alimentation, ils sont souvent touchés de plein fouet par ces affections auxquelles ils n’étaient pas exposés avant : en Polynésie et chez les Inuits, l’obésité fait des ravages, à cause du sel, du sucre et des matières grasses, auxquels ces gens n’étaient pas habitués. Un tiers des Papous qui vivent autour de Port Moresby sont diabétiques, et, à une autre échelle, Chinois et Indiens sont aussi en train de devenir diabétiques. En Europe, aux États-Unis, ce sont les plus pauvres qui souffrent le plus de ces maladies métaboliques. Mais dans les pays émergents, ce sont les classes riches qui connaissent l’obésité et le diabète. C’est vraiment déplorable.

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Notes :

Jared Diamond, biologiste et géographe, est l’auteur de deux best-sellers au moins, De l’inégalité parmi les sociétés (1998) et Effondrement (2005). Il y examinait par le menu les raisons du succès ou de l’échec des civilisations du passé. Il s’est fait connaître comme lanceur d’alerte environnementale et promoteur d’une démarche expérimentale en histoire. Toutes choses fortement documentées et scientifiquement traitées. Mais c’est aussi un ornithologue voyageur, très amoureux de la Nouvelle-Guinée et de ceux qui l’habitent, encore à l’écart des manières modernes. Son dernier livre tient à la fois du récit, du plaidoyer pour les bons côtés de la vie des peuples autochtones et de la comparaison révélatrice de ce que la modernité a fait aux sociétés humaines.

SCIENCES HUMAINES

Ära Erdogan brachte der Türkei 400 Milliarden Euro an Schulden

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Ära Erdogan brachte der Türkei 400 Milliarden Euro an Schulden

Ex: http://www.unzensuriert.at

Auch wenn sich in der Türkei seit des Amtsantritts der Regierung Erdogan im Jahr 2003 die Einkommen um 40 Prozent erhöht haben, wuchs mit dem vermeintlichen Wohlstand auch der Schuldenberg gigantisch. Laut Informationen des Finanzministeriums hat die Türkei derzeit eine Schuldenlast von 561,5 Milliarden Dollar (416,08 Milliarden Euro) zu bewältigen. Im Vergleich zu 2002 hat sich die Verschuldung 2013 weit mehr als verdoppelt. Ein Jahr vor Antritt der regierenden AKP betrug die Verschuldung noch 221,3 Milliarden Dollar.

Der Verschuldungsgrad des einzelnen Bürgers in der Türkei ist in Folge mit 15.631 Lira (5.166 Euro) auf beinahe das Dreifache gegenüber dem Vergleichszeitraum 2002 angewachsen. Auch wenn Erdogan seinen Bürgern inflationsbereinigt ein um 40 Prozent höheres Einkommen brachte, gab es tatsächlich keinen Vorteil, da auch das Leben teurer wurde. So etwa Nahrungsmittel. Gerade für ärmere Schichten sind die massiven Preisschwankungen bei Obst, Gemüse und Grundnahrungsmitteln eine enorme Belastung. So sind etwa die Kartoffelpreise im Jänner gegenüber dem Vorjahr von über einer Lira auf bis zu 7,5 Lira (2,50 Euro) pro Kilo angestiegen.

Weil die türkische Zentralbank den Leitzins von 4,5 auf 10 mehr als verdoppelt hat, sind Kredite massiv teurer geworden, was türkische Schuldner noch weiter in die Krise treibt. Gesamt gesehen hat die Regierung Erdogan seinen Bürgern keinen Wohlstand geschaffen, sondern eher Armut. Wie mag es wohl enden, wenn die Türkei auch als Mitglied der EU ihren Kurs weiterfährt?

La guerre des drones d'Obama

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LE CHANGEMENT DE LA GUERRE

La guerre des drones d'Obama

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Cinq drones supplémentaires Falco seront opérationnels début avril en Afrique pour l'observation militaire dans la région des grands lacs où se sont repliés les ex-rebelles du Nord-Kivu, aux confins orientaux de la République démocratique du Congo (RDC). Capables d'opérer , de jour comme de nuit, de voler à 14.000 pieds (4.200 m), de tenir 12 heures en l'air, les drones sont devenus de véritables multiplicateurs de force. Ces drones seront non armés car ils participeront à la force de paix onusienne au Congo, au Soudan du Sud, où 7 500 casques bleus sont débordés par la guerre civile et en République centrafricaine où tout indique qu'une mission onusienne devrait remplacer, au printemps prochain, les forces africaines de la Misca. Les frais d'exploitation de ces cinq drones semblent plus que raisonnables: 15 millions de dollars pour cinq aérodynes et leur maintenance. Mais les drones sont loin d'être pacifiques !

Le Washington Post a rapporté que les frappes de drones au Pakistan ont été "nettement réduites" à la demande du gouvernement pakistanais pendant que celui-ci poursuit des pourparlers de paix avec les Talibans. Le gouvernement américain a précisé qu’il continuerait d'effectuer des frappes contre des cibles d’Al-Qaïda. Pendant ce temps, les frappes de drones ont continué au Yémen où un missile tiré sur un convoi de mariage a tué 11 personnes au mois de décembre.


C'est le 23 janvier 2009 que le président Barack Obama autorisait sa première frappe de drone. L’attaque, lancée contre un camp au nord-ouest du Pakistan, tua entre 7 et 15 personnes mais manqua le repaire Taliban que la CIA pensait alors viser. Au cours des cinq années suivantes, la CIA a effectué plus de 390 frappes de drone connues au Pakistan, au Yémen et en Somalie. (L’Agence a effectué 51 frappes de drone entre 2004 et 2009, durant l’administration Bush.) Il y a donc bien une montée en puissance spectaculaire de ce genre d'attaques. Obama y a même fait une brève référence dans son discours de janvier 2014 sur l’Etat de l’Union, assurant le Congrès qu'il avait imposé ''des limites prudentes sur l’usage des drones''. 


Ce n’est pas la première fois que le président américain reconnait la nécessité d’une politique plus claire sur les bombardements par drones interposés, nouvelle forme de la guerre moderne et de l'interventionnisme américain appelée dans le jargon militaire la ''force létale''. En mai dernier, Obama faisait remarquer à l’Université de Défense nationale que "cette nouvelle technologie soulève de lourdes questions, à propos de qui est ciblé, et pourquoi". Les réponses fournies depuis restent toujours vagues. Effectivement, qui est réellement ciblé ? 


Selon l’administration Obama, la force létale ne peut être utilisée que contre "Al-Qaïda et ses groupes affiliés". Or, officiellement, le gouvernement américain n’a identifié publiquement aucun groupe affilié à Al-Qaïda en dehors des Talibans ! L’examen des rapports des renseignements étasuniens couvrant la plupart des frappes de drone au Pakistan entre 2006 et 2008 et entre 2010 et 2011, montre que "les opérateurs de drone n’étaient pas toujours certains de qui ils tuaient, malgré les garanties du gouvernement sur l’exactitude des renseignements de ciblage de la CIA". Plus de la moitié des 482 personnes tuées entre septembre 2010 et septembre 2011 n’étaient pas des hauts dirigeants d’Al-Qaïda, mais furent "évalués" comme des extrémistes afghans, pakistanais ou inconnus. En fait, les drones n’ont tué que six hauts dirigeants d’Al-Qaïda au cours de ces mois-là. La ''force létale'' implique pour son usage "une menace imminente et continue envers des ressortissants étasuniens" mais les recommandations militaires du Pentagone précisent que les États-Unis doivent toujours être capables "d’agir en légitime défense dans des circonstances où il y a des éléments d’attaques supplémentaires imminentes, même s’il n’y a pas d’éléments spécifiques sur le lieu d’une telle attaque ou sur la nature précise de l’attaque." Cette très large définition - c'est le moins qu'on puisse dire ! - semble donc permettre à l’administration Obama de frapper n’importe quand. En dehors d’une liste de cibles à éliminer, un élément clé de la guerre des drones est aussi l’utilisation américaine des fameuses ''signature strikes'' — attaques autorisées contre des cibles affichant une "signature" terroriste, telle que "des camps d’entraînement et des enceintes suspectes". Le gouvernement américain a refusé jusqu'alors de reconnaître l’utilisation de ces "signature strikes" ou d’en discuter les justifications légales. La CIA déclare qu'elle ne dévoile pas les critères qu’elle emploie pour identifier une "signature" terroriste et nous la comprenons : il est particulièrement difficile de le faire par exemple au nord-ouest du Pakistan, où les militants et les civils peuvent s’habiller de la même manière, et où il est coutumier de porter publiquement une arme.


Les Commissions du Congrès sur le renseignement surveillent le programme de drone. Cependant, leurs capacités à établir des limites sont sévèrement restreintes car le programme de la ''force létale'' est totalement classifié secret défense. Le gouvernement américain a systématiquement refusé de répondre aux demandes d’informations complémentaires de la part des législateurs. Par exemple, depuis 2011, 21 demandes de membres du Congrès sollicitant l’accès aux mémorandums du Bureau du conseil juridique qui fournissent les bases légales de l'usage des drones ont été refusées. Les ''frappes létales'' ne peuvent être réalisées seulement qu'avec "la quasi certitude que des non-combattants ne seront pas blessés ou tués". Cependant, les militaires américains comptent tous les individus masculins d’âge militaire tués par drones comme des militants. Le Bureau of Investigative Journalism estimait que le nombre total de victimes civiles depuis 2004 au seul Pakistan était passé de 416 à 951. Puis, se pose aussi la question de la frappe par des drones de citoyens américains. 


En septembre 2011, Anwar Al-Awlaki, un pasteur né aux États-Unis et donc citoyen américain a été tué lors d’une frappe de drone au Yémen. Un mémo secret du département de la Justice a fourni la justification légale pour cibler un citoyen étasunien. Le mémo, obtenu par NBC News, estimait qu’il était légal d’utiliser la force létale dans un pays étranger contre un citoyen étasunien qui est un haut dirigeant d’Al-Qaïda ou d’un groupe affilié si un haut représentant a déterminé que l’individu posait une menace imminente, que sa capture était impossible, et que l’opération était compatible avec les lois de la guerre. Le mémo note que de tels assassinats de citoyens étasuniens sont justifiés à condition que les victimes civiles ne soient pas "excessives". Le fils de 16 ans d’Al-Awlaki, Abdulrahman al-Awalki, également citoyen étasunien, a été tué dans une frappe séparée deux semaines plus tard. Lorsqu’il fut interrogé sur les justifications légales de sa mort, Robert Gibbs, conseiller d’Obama et ancien porte-parole de la Maison Blanche, a répondu qu’Abdulrahman al-Awlaki "aurait dû avoir un père beaucoup plus responsable".


En fait, de manière générale, les drones ont étendu la fluidité et l'indistinction au monde de la guerre. En somme, au Pakistan ou au Yémen, en Somalie ou au Sahel et demain dans la région stratégique des grands lacs, n'importe qui peut être attaqué par un drone, n'importe où et n'importe quand. Or, cette fluidité accélère le processus d'éparpillement des combattants. En fait, les attaques de drones amplifient la création de foyers de terrorisme diversifiés et autonomes, la dilution de la guerre, loin de toute stratégie clausewitzienne de concentration des forces. Le nouveau drone britannique de combat spectaculaire sélectionnera demain quasi automatiquement et de manière autonome ses cibles. Ce sera en fait le premier avion de chasse robot. Enfin, parce que les médias sans doute ne nous le diront pas, il faut savoir qu'à huis clos, le Congrès américain vient de voter l’autorisation d’armer de ''force létale'' Al Nosra (Al Quaïda) en Syrie. Là encore, on notera la double fonction permanente et militaire d'Al Qaeda : à la fois, épouvantail et en même temps, collaborateur, plus ou moins conscient, plus ou moins instrumentalisé par le service de l'intendance des armuriers américains.

 

Entretien avec Lucien Cerise, auteur de « Gouverner par le chaos »

Entretien avec Lucien Cerise, auteur de

«Gouverner par le chaos»

Futurismus des Augenblicks

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Futurismus des Augenblicks

von Felix Menzel

 

Es gibt Schriften, bei denen man nach dem Lesen das Gefühl hat: Jetzt ist alles gesagt! Paul Virilios Essaysammlung „Der Futurismus des Augenblicks“ zählt dazu.

Erschienen ist sie 2009 in Paris und 2010 dann auf Deutsch im Passagen Verlag. Sie enthält drei Essays, die inhaltlich nah beieinanderliegen: „Stop-​Eject“, „Die Ultrastadt“ und den titelgebenden Aufsatz „Futurismus des Augenblicks“.

Die Beschleunigung des Alltags endet in einer Katastrophe!

Der Franzose Virilio, Begründer der Dromologie, beschäftigt sich seit Jahrzehnten mit der Frage, welchen Einfluß unser Zeitgefühl und die Geschwindigkeit von Alltag und Ökonomie auf Politik und Kultur haben. In Der Futurismus des Augenblicks geht dies einher mit der Betrachtung der Probleme der totalitären Moderne.

Wer bisher dachte, für eine gute Gegenwartsanalyse reiche es aus, die totalitären Tendenzen der Europäischen Union zu benennen, über Überfremdung und Identitätsverlust zu schimpfen, das Web 2.0 zu erforschen und sich mit Ökologie zu beschäftigen, der wird von Virilio eines Besseren belehrt. Die aktuelle Lage ist viel, viel schlimmer. Virilio zeigt auf, warum und weshalb es nur noch abstruse Auswege aus der Misere gibt.

In „Stop-​Eject“ zeigt der Philosoph, wohin die „Migrationsoffensive des dritten Jahrtausends“ führen wird. Reichlich pessimistisch geht Virilio von einer Milliarde Umweltmigranten im Jahr 2050 aus, die dann infolge von Bauprojekten, der Ausbeutung der Natur, demographischen Veränderungen und des Klimawandels ihre Heimat verloren haben werden.

Ständig auf dem Sprung, nirgendwo zu Hause

Mit ihnen beginne eine „Ära des bewohnbaren Verkehrs“. Flüchtlingslager würden nicht die Elendsviertel von einst ersetzen, sondern direkt die Städte. Das, was Virilio prognostiziert, läßt sich vielleicht wie folgt verbildlichen: Wir alle leben in Zukunft in ständiger globaler Mobilität, können uns aber die derzeitigen Methoden der Fortbewegung (z.B. Auto) nicht mehr leisten, weil sie zu teuer geworden sind. Wir leben also ständig auf einer Art Bahnhof und versuchen uns in die übervollen Züge zu drängen. Diejenigen, die diesen Wettlauf um die Plätze im Zug verlieren, bilden das neue Proletariat. Sie gammeln auf den Bahnhöfen herum, die das Stadtzentrum verdrängt haben. Stets virtuell verbunden ist dieses Proletariat trotzdem mit der ganzen Welt, aber es bleibt doch verloren und ziellos.

Gruselig werde diese Ära des bewohnbaren Verkehrs durch die „Rückverfolgbarkeit jeder spezifischen Person“. In Zukunft seien wir „nicht nur ‚registriert‘, sondern auf Schritt und Tritt verfolgt, was die Kenntnis unseres Wohnortes vollkommen unnötig macht“, so Virilio. Um jedoch zu verhindern, daß dann alle Menschen der ärmsten Länder in die „Festung Europa“ und den (bisher noch) reichen Westen umsiedeln, führe kein Weg an einer abartigen Migrationskontrolle vorbei, wobei die Migrationsströme natürlich trotzdem aus den Fugen geraten. Virilio betont: „Der neuartige ‚Krieg gegen die Bürger‘ gibt sich nicht mehr mit Eisenbahnen und Bahnhöfen zur Selektion zufrieden, sondern fügt dem Ganzen jetzt Charterflüge hinzu, um eine massive Entvölkerung zu verhindern, die durch die sowohl ökonomischen als auch ökologischen Missetaten eines unerträglichen Fortschritts erst entstanden ist.“

Geozid folgt auf Genozid

Virilio entwickelt hier einen erschütternden Grundgedanken zur totalitären Moderne: Der Fortschrittsglaube sei nicht nur mitverantwortlich für die Genozide des 20. Jahrhunderts, sondern begünstige im 21. Jahrhundert einen „Geozid der Ortsdämmerung“, der in letzter Konsequenz nur dazu führen kann, daß bald ein neuer Planet bevölkert und ausgebeutet werden müsse.

Der zweite Essay „Die Ultrastadt“ beweist dann, daß Virilio diesen Gedanken tatsächlich ernst meint. Wenn die Menschheit den Weg des „widernatürlichen Fortschritts“, unendlichen Wachstums und der Entwurzelung in der jetzigen Geschwindigkeit weitergehe, stelle sich schon bald die Frage, wo wir eine „Super-​Erde“ finden, auf der wir dann einen „doppelt oder dreimal so großen ‚ökologischen Fußabdruck‘“ hinterlassen können.

Die Gedankenwelt von Virilio ist deshalb so mitreißend, weil er anhand von Alltagsbeobachtungen und auf den ersten Blick unwichtigen Entwicklungen wahnsinnig viele Aspekte und Themen zu vereinen weiß. Bleiben wir beim Bahnhof: Was bedeutet es eigentlich, wenn heute die Bahnhöfe zu Einkaufszentren mit Internetcafés, Hotels und allerlei Möglichkeiten zur Vergnügung ausgebaut werden? Virilio sagt: Dies ist ein erstes Anzeichen dafür, daß wir unsere Heimat, unseren festen Wohnsitz, unsere Städte, kurz: unsere Seßhaftigkeit, verlieren. Einher damit gehe der Verfall der Kultur, Nationen und des modernen Staatswesens, weil jeder Bürger irgendwo unterwegs (meistens in einem Transitbereich) ist und sein tägliches Handeln nur noch durch eine elektronische, globale Überwachung zu erfassen sei.

Die Emotionsgemeinschaft des „Gefällt mir“

Begrenzt werde diese scheinbar unbegrenzte Mobilität nur durch die Erschöpfung der finanziellen und natürlichen Ressourcen. Das heißt, wir befinden uns immer auf dem Sprung, können aber nicht ständig reisen und begnügen uns deshalb damit, zumindest virtuell bei allen großen Ereignissen des globalen Dorfs fernanwesend zu sein. Es bilde sich dabei eine „Emotionsgemeinschaft der Individuen als Nachfolgerin der Interessengemeinschaft sozialer Klassen“ heraus. Das Erleben weltweiter Ereignisse in Echtzeit und die Synchronisierung der Emotionen betrachtet Virilio jedoch keineswegs als einen Fortschritt. Vielmehr würde ein „Kommunismus der Affekte“ entstehen. Das tägliche Leben der heimatlosen Menschheit sei davon geprägt, daß sie in einer Art Wartesaal das Unerwartete herbeisehne.

In dem abschließenden Essay „Der Futurismus des Augenblicks“ ordnet Virilio schließlich diesen Verlust des Zeit– und Raumgefühls historisch ein. „Vergangenheit, Gegenwart und Zukunft ziehen sich zum allgegenwärtigen Augenblick zusammen, so wie sich die Ausgedehnheit der Erde im Übermaß an Geschwindigkeit und ständiger Beschleunigung unserer Fortbewegung und Telekommunikation zusammenzieht“, schreibt der Dromologe. Virilio zieht eine Analogie zwischen der Eroberung von Lebensraum, propagiert unter anderem durch das Nazi-​Regime, und der Eroberung des virtuellen Raums als Ersatz für die Wirklichkeit.

Der Globalitarismus macht die Erde zu klein

Der „Globalitarismus“ konditioniere uns dabei auf das Vergessen alles Identitätsstiftenden. Geschichte spielt keine Rolle mehr. Zeitintervalle zur Reflexion bedeuten ökonomischen Verlust. Und Heimat steht der erzwungenen Mobilität entgegen. Mächtige Gegenkräfte zu dieser Entwicklung sieht Virilio nicht, weil sie einen entscheidenden Fehler begehen: „Seit der Planet Erde für den Fortschritt scheinbar zu klein, und offen gesagt auch zu heruntergekommen ist, hat man es überall dermaßen eilig, daß nicht nur keine Zeit mehr bleibt um Angst zu haben, sondern nicht einmal mehr Zukunft bleibt, um Pläne zu realisieren.“

Was also tun? Diese Frage ist größenwahnsinnig!

Paul Virilio: Der Futurismus des Augenblicks. Passagen Verlag 2010. 80 Seiten. 11 Euro.

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Le nouveau rêve socialiste

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Le nouveau rêve socialiste

Devenir ''narco''

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

La sénatrice écologiste Esther Benbassa a présenté sa proposition de loi pour autoriser un "usage contrôlé" du cannabis, déposée au Sénat. A ce jour on ne sait si cette proposition sera mise à l'ordre du jour. 

Au cours d'une conférence de presse dans une salle de la Haute assemblée, la sénatrice du Val-de-Marne a rappelé que « plus de 60% des jeunes de moins de seize ans ont déjà consommé du cannabis (...) Il y a un danger, et c'est pour cela qu'il faut lever le tabou de la prohibition pour pouvoir le prévenir. Il n'y a pas de bon moment pour aborder les questions de société. On peut en débattre à tout moment ».
 
Il vaut certes mieux pour le système avoir des jeunes « stones » plutôt que des jeunes qui réfléchissent mais surtout la guêpe socialiste n'est pas sans arrière-pensées : la proposition de loi, préconise que "le monopole de la vente au détail du cannabis soit confié à l'administration par l'intermédiaire de débitants désignés comme préposés". Sur le modèle du tabac, l'Etat contrôlerait la distribution de cannabis tout en en interdisant la publicité et la vente aux mineurs. Le texte ne précise pas le montant des taxes qui serait inéluctablement attribué à l'herbe mais stipule une "interdiction de la distribution ou de l'offre à titre gratuit de plantes et produits de cannabis". Comme chez Monsanto, on veut contrôler les semences. L'usage dans les lieux publics, les lieux affectés à un usage collectif et les moyens de transports serait restreint.

La sénatrice se serait faite aidée, pour rédiger sa loi, par des ''experts et des associations''. Elle explique que, se basant sur le modèle américain (le bon modèle forcément !), la vente pourrait atteindre 23g par jour et par personne. A 10 euros le gramme de cannabis et vu le nombre de fumeurs en France, cela pourrait en effet faire rentrer beaucoup d'argent dans les caisses de l'Etat mais le marché parallèle continuerait, n'en doutons pas un seul instant, d'être florissant ! Y aurait-il alors une nouvelle guerre des gangs entre narcos étatiques et narcos groupusculaires ? La sénatrice s’empressa de chiffrer le nombre d'emplois créés : 35 000 emplois nouveaux mais elle oublie délibérément bien sûr la prise en charge médicale des effets secondaires qui ne manqueraient pas alors d'être attribués à l'Etat.
 
En fait, légaliser la possession et la vente du cannabis rapporterait de un à deux milliards d’euros de taxe par an, a estimé Pierre Kopp, professeur d’économie à l’université Panthéon-Sorbonne – Paris I. Mais, l'intervention de la sénatrice est aussi intéressante à plus d'un titre parce qu'elle montre clairement qu'en définitive, le but de la légalisation est envisagé sérieusement comme superbe cadeau électoral de fin de mandat afin de remplir les caisses de l’État. De fait, la mentalité répressive continuerait. A l’évidence, si on libéralisait ou on légalisait le cannabis, il ne devrait pas être vendu aux mineurs (pourtant gros consommateurs), ne devrait pas faire l’objet de publicité ni de consommation publique.
 
Le seul intérêt de la légalisation, c'est de taxer le cannabis et sans doute même de le taxer fortement de telle sorte que le cannabis soit suffisamment cher pour qu'il n'y ait pas un boom de la consommation. Mais le dilemme serait alors total car comment en même temps rendre attractif le produit étatique, le maintenir suffisamment bon marché pour ne pas stimuler le marché noir.
 
Comme on le sait, l'effet premier du cannabis sur les fonctions cognitives du cerveau est de se couper de la réalité. N'est-ce pas le rêve de tout pouvoir, de voir sa population non seulement ignorante mais coupée de toute réalité ? La légalisation est donc bien déjà dans les cartons non seulement comme survie financière du système mais aussi comme support idéologique comportemental du régime.