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lundi, 12 octobre 2020

L’Europe décadente de Julien Freund

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L’Europe décadente de Julien Freund

 
Nouvelle émission de « Fenêtre sur le Monde » présentée par Jean-Baptiste Noé sur l’oeuvre du philosophe et ancien résistant Julien Freud.
A l’occasion de la réédition de l’ouvrage L’Europe décadente aux éditions Europolis,
la philosophe Chantal Delsol,
l’économiste Markus C Kerber et 
le sociologue Michel Maffesoli nous présentent l’œuvre de Julien Freund.
A une époque où nous assistons à la faillite des élites, au rejet de la politique par le peuple, l’ouvrage L’Essence du politique de Julien Freud est plus que jamais d’actualité.

Ouvrages de Julien Freund: [...]

  • L’Essence du politique (Sirey, 1965 ; Dalloz, 2003, 870 p.).
  • Sociologie de Max Weber (PUF, 1966 et 1983).
  • Europa ohne Schminke (Drückerei Winkelhagen, Goslar 1967).
  • Qu’est-ce que la politique ? (Seuil, 1968 et 1978).
  • Max Weber (Collection « Sup-Philosophie » PUF, 1969).
  • Le Nouvel âge. Éléments pour la théorie de la démocratie et de la paix (Marcel Rivière, 1970).
  • Le Droit d’aujourd’hui (PUF, 1972).
  • Les Théories des sciences humaines (PUF, 1973).
  • Pareto. La théorie de l’équilibre (Seghers, 1974).
  • Georges Sorel. Eine geistige Biographie (Siemens-Stiftung, Munich 1977).
  • Les Problèmes nouveaux posés à la politique de nos jours (Université européenne des affaires, 1977),
  • Utopie et violence (Marcel Rivière, 1978).
  • Il luogo della violenza (Cappelli, Bologna 1979).
  • La Fin de la Renaissance (PUF, 1980).
  • La crisis del Estado y otros estudios (Instituto de Ciencia política, Santiago de Chile 1982).
  • Idées et expériences. Les activités sociales : regards d’un sociologue (Institut des Sciences Politiques et Sociales de l’U.C.L., Louvain-la-Neuve 1983).
  • Sociologie du conflit (PUF, 1983).
  • Idées et expériences (Institut de sociologie de l’UCL, Louvain-la-Neuve 1983).
  • La Décadence. Histoire sociologique et philosophique d’une catégorie de l’expérience humaine (Sirey, 1984).
  • Philosophie et sociologie (Cabay, Louvain-la-Neuve 1984).
  • Politique et impolitique (Sirey, 1987).
  • Philosophie philosophique (Découverte, 1990).
  • Études sur Max Weber (Droz, Genève 1990).
  • Essais de sociologie économique et politique (Faculté catholique Saint-Louis, Bruxelles 1990).
  • L’Aventure du politique. Entretiens avec Charles Blanchet (Critérion, 1991).
  • D’Auguste Comte à Max Weber (Economica, 1992).
  • L’Essence de l’économique (Presses universitaires de Strasbourg, Strasbourg 1993).
  • Diritto e Politica. Saggi di filosofia giuridica (Edizioni Scientifiche Italiane, Napoli 1994).
  • Il Terzo, il nemico, il conflitto. Materiali per una teoria del Politico (Giuffrè, Milano 1995).
  • Warfare in the modern world: a short but critical analysis (Plutarch Press, Washington D.C. 1996).
  • Voci di teoria politica (Antonio Pellicani Editore, Roma, 2001).
  • Vista de conjunto sobre la obra de Carl Schmitt (Struhart & Cía., Buenos Aires, 2002).
  • Les Lettres de la vallée (non paru).
  • Die Industrielle Konfliktgesellschaft (1977)
  • Der Unauffindbare Friede (1964 Berlin pour le 75e anniversaire de Carl Schmitt)
  • Die Politik als Heillehre (1974)
  • Die Demokratie und das Politische (Berlin 1967 288 pages)
  • Die neue Bewertung des Krieges als Mittel der auswärtigen Politik nach 1870 (1970)

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Traductions

Autres publications

Son œuvre comprend aussi un nombre très important d’articles, d’essais, de préfaces et de communications. On en trouvera la liste dans une bibliographie de Julien Freund établie par Piet Tommissen (de), qui va jusqu'en 1984 et qui figure en annexe de Philosophie et Sociologie (Cabay, Louvain-la-Neuve, 1984, p. 415-456 : « Julien Freund, une esquisse bio-bibliographique »).

large.jpgBibliographie

unnamedpatjf.jpgRevues

  • Revue européenne des sciences sociales, « Critique des théories du social et épistémologie des sciences humaines : études en l’honneur de Julien Freund », 19, no 54-55, Droz, Genève 1981.
  • Revue des sciences sociales de la France de l’Est, « Région et conflits. Hommage à Julien Freund » (Strasbourg), no 10.
  • (nl) Tijdschrift voor de studie van de verlichting en van het vrije denken, "Politiek en decadentie volgens Julien Freund", 11, no 4, 1983.
  • (it) Studi Perugini, Università degli Studi di Perugia, no 1, 1996.
  • (es) Empresas políticas, Sociedad de Estudios Políticos de la Región de Murcia, no 5, 2004.
  • Alain Bihr, "L’extrême droite à l’université : le cas Julien Freund", Revue Agone, no 54, 2014.
  • Charles Blanchet, "Julien Freund (1921-1993). Le maître de l’intelligence du politique et notre ami à l’« enfance éternelle »", Paysans (París), vol. 37, no 221, 1993, p. 7-20.
  • Thierry Paquot, "Julien Freund, l’intellectuel frontière qui n’a pas de frontière", Revue des sciences sociales, no 40, 2008, p. 154-161.

source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_Freund

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voir aussi: Le Cercle Philosophique d'Ainay - Freund, le conflit au cœur du politique

Maurice Genevoix ou la Mémoire d'une guerre

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Maurice Genevoix ou la Mémoire d'une guerre

 
 
ceux_de_14_small.jpgStoriavoce vous a proposé toute une programmation consacrée à la Grande Guerre notamment à ses conséquences politiques et économiques, internationales et géopolitiques… Or, il est un domaine que nous avons oublié à tort, il s’agit de la littérature.
 
Nous vous proposons aujourd’hui d’évoquer une des plus grandes plumes de cette époque, l’histoire d’un homme qui a été marqué de plein fouet par cet orage d’acier. Un homme de lettre qui, après des études brillantes jusqu’à Normal sup, s’est retrouvé sur le champ de bataille : Maurice Genevoix, l'auteur de Ceux de 14.
 
Coauteure d'un livre qui lui est consacré, Aurélie Luneau répond aux questions de Christophe Dickès. L'invitée : Historienne de la radio, Aurélie Luneau est auteure et productrice de l'émission "De cause à effets, le magazine de l'environnement" sur France Culture.
 
Docteure en histoire et diplômée de l'Institut d'études politiques de Bordeaux, elle est la meilleure spécialiste française des médias pendant la Deuxième Guerre mondiale.
 
Elle a notamment publié avec Jacques Tassin, une biographie illustrée de Maurice Genevoix (Flammarion, 308 pages, 24.90€).
 

dimanche, 11 octobre 2020

La géoculture, empreinte des nations durables

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La géoculture, empreinte des nations durables

Article rédigé par Thomas Flichy de La Neuville et Olivier Hanne
 
Ex: http://www.libertepolitique.com

Confrontée aux secousses erratiques de la mondialisation, la France qui ne s'aime plus guère elle-même, est ébranlée. L’application mécanique des recettes produites par l’idéologie libérale et techniciste lui fait perdre pied. Pourtant le génie français a toujours su dans l’histoire conjuguer la perspicacité politique avec la finesse culturelle pour comprendre et maîtriser le monde. Pour retrouver cette intelligence, un livre nous aide à découvrir la « géoculture », et comment les civilisations durables s'appuient nécessairement sur une culture assumée.

Dans leur nouvel essai, Géoculture, plaidoyer pour des civilisations durables (Lavauzelle), les géopoliticiens Olivier Hanne et Thomas Flichy de La Neuville montrent qu’au rebours des approches superficielles, limitées au flux et au reflux passager de la puissance, notamment économique, l’approche géoculturelle sonde le principe vital des civilisations. Avec elle, nous pouvons ne pas nous condamner à des succès provisoires. En mesurant la capacité des nations à transmettre la vie sous toutes ses formes, l’analyse géoculturelle touche au coeur de l'âme des peuples et des civilisations.

Liberté politique est heureuse de publier les bonnes feuilles de cet essai, avec le texte de son introduction :

Au commencement était la culture 

TOUT EST ECONOMIQUE. Affirmé, images à l’appui, puis ébruité à l’infini au coeur des cascades de l’information, ce slogan, amplifié par son propre écho, a fini par prétendre incarner une réalité, tant il est vrai qu’il n’est pas nécessaire de démontrer pour convaincre.

À première vue, les institutions supranationales, les regroupements d’États, les sommets internationaux, les nominations gouvernementales, tout ce qui faisait le cœur de l’action politique est aujourd’hui devenu un simple appendice de la décision économique. Quoique le mot « décision » semble lui-même trop fort : les raisons des crises économiques nous échappant la plupart du temps, nous nous sommes convaincus qu’une bonne décision aujourd’hui (une dévaluation, une baisse des taux d’intérêts) peut être catastrophique demain.

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Dans ces circonstances, à quoi bon décider ? La croyance en la primauté de l’économique rejoint finalement l’affirmation de Staline, selon laquelle, « la technique décide de tout ». Ce qui était vrai pour le socialisme l’est encore plus dans le libéralisme mondialisé. Certes, l’humain n’est pas négligé, mais il se présente comme la variable d’ajustement en attendant la stabilisation du système économique qui deviendra social tôt ou tard… ou jamais. 

Le primat de l’économie, une illusion d’optique

9782856524282-xs.jpgEn réalité, ce primat de l’économie se révèle une illusion d’optique. Il est d’ailleurs contesté par les mouvements altermondialistes et écologiques, les chiffres de l’abstention électorale et le retour de la rhétorique patriotique. Partout, des appels à une autre « gouvernance » se font entendre. Un nouvel avenir est annoncé, celui du renversement des échanges de marchandises au profit des solidarités sociales. Mais, paradoxalement, la contestation altermondialiste ne remet pas fondamentalement en cause le primat de l’économie : la décroissance, l’inversion des profits et la taxation des bénéfices financiers ne servent qu’à promouvoir une nouvelle révolution matérielle mondiale. Bref, même chez ceux qui souhaitent abolir le capitalisme marchand, tout ne reste qu’économique. Or les données chiffrées ne nous offrent qu’une idée imparfaite des risques à venir. De plus, ces indicateurs complexes se manipulent aisément. La réduction du monde au simple jeu des forces économiques fait finalement obstacle à l’intelligence car elle passe deux dimensions essentielles sous silence : l’affirmation des cultures et la volonté de puissance.

Le monde artificiel fabriqué par l’appareil médiatique a relégué la culture à un objet de musée : les hommes sont présentés comme interchangeables. Notre système économique, sentant bien que les cultures représentent un obstacle à l’échange des biens finit par nier l’altérité. Il cautionne ainsi l’idée selon laquelle le développement de l’islamisme reposerait exclusivement sur une frustration économique, en oubliant les causes religieuses de ce renouveau. Or l’enracinement dans une culture est loin d’être une illusion. Tout culture fixe en effet les normes d’intégration dans le groupe. Sans culture, l’être humain est un individu, avec elle il gagne le statut de personne. Elle lui fournit ses repères, ses modes d’action et sa pérennité. Disons-le : sa durabilité :

La culture est ce qui permet l’orientation dans le monde. L’orientation n’est pas un simple repérage, car si le repérage nous permet de savoir où nous sommes, l’orientation nous aide à décider où nous devons aller. Le culturel porte sur tout ce pour quoi il y a une bonne façon de procéder. Avec la culture, on introduit donc la notion de valeur [1].
 
Le facteur éthique

La culture implique la morale. C’est elle qui donne la notion du bien, du beau, du juste et du vrai, même si ces notions ne recouvrent pas le même sens sous toutes les latitudes. Aussi simplifions à l’extrême : la culture définit l’humain.

Aujourd’hui, la négation du facteur culturel a déjà débouché sur des échecs spectaculaires pour l’Occident.

Ceci est vrai pour les armées, qui s’exercent à faire la guerre sur des scenarii virtuels, comme si l’on pouvait conduire des combats indépendamment des civilisations dans lesquels ils s’inscrivent. Cette manie du jeu de rôle dans les grands états-majors débouche mécaniquement sur des désastres sur les théâtres d’opérations : de l’Afghanistan à la Libye en passant par la Syrie et l’Irak. Or, pour la plupart des pays non-occidentaux, la culture a une importance capitale. Il n’est que de regarder le taux de perte parmi les interprètes américains en Irak : les insurgés ont ciblé les passeurs de cultures autant que les chefs de section. C’était le meilleur moyen pour eux de réduire à néant leur adversaire.

Ces mêmes réflexions s’appliquent aux entreprises internationales où triomphent les procédures standardisées de négociation, utilisées de la même manière que l’on soit au Vénézuéla ou en Iran. Si on y ajoute la mobilité des cadres, qui restent deux ou trois ans en poste et leur confinement géographique dans des centres d’affaires où ils ne sont nullement en contact avec le pays réel, il s’en suit une perte nette d’influence. Qu’on le veuille ou non, la culture est une réalité. Elle n’est rien de moins que la sève des civilisations. Or, ces civilisations ont pour vocation de perpétuer la vie. C’est pour cette raison que la négation du facteur culturel se présente comme le premier pas vers la barbarie.

L’impact de l’« estime de soi »

D’autre part, la fascination pour l’économie nous fait oublier la volonté de puissance. Par exemple l’appropriation massive des terres ou Landgrabbing est analysée exclusivement en termes de placements économiques. Or la plupart des États, à moins qu’ils soient trop faibles pour exercer la puissance ou parce qu’il y ont renoncé, ont des stratégies politiques. Celles-ci peuvent être examinées au prisme de l’histoire. La stratégie chinoise actuelle fait étrangement penser à celle adoptée par la dynastie Tang dans les premiers siècles de notre ère lorsque la Chine centrale lança une formidable poussée vers la Caspienne et le Golfe persique.

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L’exercice de la puissance repose sur des critères objectifs qui ne sont nullement caducs. On peut en déterminer trois. En premier lieu, l’estime collective de soi, ou la force des valeurs culturelles et religieuses qui propulsent les collectivités émotives vers le martyre ou le djihâd. En second lieu, le dynamisme en matière d’innovation et de travail : la recherche et la créativité des minorités actives se présentent comme le fer de lance du développement économique. En troisième lieu, le dynamisme démographique prolongé sur des générations entières. Les Français actuels descendent génétiquement de 25 % des Français de 1789. Là encore, seule une minorité a la capacité de se projeter dans l’avenir par une démographie responsable, c'est-à-dire riche d’enfants. L’addition de l’estime de soi, des capacités d’innovation et de se projeter dans l’avenir a longtemps été le privilège de l’Europe. Mais les temps ont changé.

Les puissances durables sont d’abord culturelles

Chacune à leur manière, l’anthropologie et la géopolitique ont tenté de combattre une vision du monde réduite au choc des intérêts financiers. Toutefois, ces vues alternatives n’ont pas réussi à se conjuguer l’une à l’autre tout en intégrant le facteur économique afin de restaurer une véritable intelligence du monde auprès d’élites désorientées. La thèse que nous développerons dans cet ouvrage est la suivante : les civilisations durables s'appuient nécessairement sur une culture assumée. Il convient d’opposer aux nations géoculturelles qui puisent leur puissance et leur rayonnement dans leur identité profonde, des constructions techno-abstraites qui tâchent de compenser l’artificialité de leurs origines par le recours à la violence et à l’oubli. Les premières sont capables d’influence dans la longue durée et même au-delà de leur mort politique comme ce fut le cas pour l’empire romain.

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Même submergées par les invasions, les nations géoculturelles sont capables d’influence durable. Ainsi la Perse put irriguer le monde musulman pendant des siècles malgré son impuissance manifeste. Forte de sa démographie et de la préservation de ses élites, l’Inde contemporaine s’inscrit dans ce cadre. Elle s’oppose à ce titre aux constructions abstraites des clercs et des théoriciens, telles que les empires de Charles Quint, de Napoléon Ier, ou des Etats-Unis contemporains, dans lesquels l’absence d’unité culturelle se révèle le premier facteur de fragilité, et ce au-delà des tentatives factices d’homogénéisation.

9782940632367-200x303-1.jpgOr ce qui est vrai pour les empires ne l’est pas moins pour les entreprises, dont la durée de vie et la santé financière sont menacées par leur croyance au mythe techniciste. Ainsi en est-il au dernier stade pour les familles qui se perpétuent dans la longue durée lorsqu’elles adhèrent à des valeurs spirituelles forçant leurs membres à se dépasser ou à l’inverse s’atomisent en une multitude d’individus rivaux, attirés, tels des lucioles, vers le profit qui les calcinera. Les nations durables s’enracinent par conséquent dans des cultures qui peuvent être d’une variété inouïe, mais qui pour perpétuer la vie, doivent pouvoir se renouveler sans pour autant se renier.

La culture comme transmission de la vie

La stratégie géoculturelle consiste à puiser ses forces, y compris économiques, au sein de sa culture millénaire. La géoculture se révèle, par là-même plus qu’une nouvelle approche géopolitique ou historique, elle se présente comme la reconquête intellectuelle du vieux concept de civilisation, débarrassé de ses scories dominatrices, car seule la culture perdure lorsque les crises financières balaient les puissances économiques. Cette approche du monde dévoile des paradigmes que les économistes ne peuvent plus voir au travers des bilans chiffrés.

Avec ce prisme, les hiérarchies se recomposent, tant il est vrai que scruter les empires à l’aune de leur empreinte géoculturelle, c’est contempler l’âme du monde. Enfin, notre analyse veut contourner le matérialisme de Marx, figé dans son mécanisme brut[2], mais aussi le capitalisme mondialisé en bout de course, pour voir de nouvelles hiérarchies, plus discrètes, mais plus identitaires et donc pérennes. Fondement de la civilisation durable, l’approche géoculturelle fixe aux nations un objectif qui dépasse la domination économique, l’influence culturelle ou la puissance politique : il s’agit tout simplement de la transmission de la vie.

geoculture.jpgOlivier Hanne, Thomas Flichy de la Neuville

Géoculture, plaidoyer pour des civilisations durables
Lavauzelle, février 2015
116 pages, 17 €

_______________________________

[1] R. Brague, Modérément moderne, Flammarion, p. 201. En son temps, Abram Kardiner ne disait pas autre chose, The Individual and his Society, Columbia Univ. Press, 1939.
[2] « L’histoire n’est pas autre chose que la succession des différentes générations dont chacune exploite les matériaux, les capitaux, les forces productives qui lui sont transmises par toutes les générations précédentes », K. Marx, F. Engels, L’idéologie allemande, 1845. L’histoire ne serait donc que cela ?

 

Aux éditions Bios, le nouveau livre de Thomas Flichy de la Neuville:

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Pour toute commande: https://editionsbios.fr/

Une émission de Thomas Flichy de la Neuville

sur RT:

 

 

Hendrik de Man, The Right, & Ethical Socialism

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Hendrik de Man, The Right, & Ethical Socialism

“Socialism” is intrinsic to the “Right.” When journalists and academics refer in one breath to “liberalism, neoliberalism, and the Right-wing,” that attests to their ignorance, not to the accuracy of any such bastardization. Even at its most basic level of understanding, it seems to have been forgotten that in Britain there were Tories and Whigs in opposition. Now, Toryism has become so detached from its origins that there is indeed no distinction between British Conservativism, in the parliamentary sense at least, and Whig-liberalism. The same can be said for much of what is called often called “Right” across the world, but especially in the Anglophone states whose philosophy has been dominated by utilitarianism.

henrikdeman-233x300.jpgThe “Right” has a rich but obscured legacy that revolts against capitalism. The “Right” is restorative, and arises when a culture-organism begins to decay. The works of Thomas Carlyle, an essay, Chartism (1840), and the book Past & Present (1843) could be the ideological basis of a true British Right, in which Carlyle condemns free trade from a conservative position. In these, he considered the supposed panacea of universal franchise and decried the debased state of the Aristocracy, which should be replaced with an “aristocracy of merit.” Carlyle stated that free trade would be a harbinger of “social revolution.” (When Karl Marx later said the same, he meant it, contrary to Carlyle, in a positive sense.) Carlyle condemned “Mammon,” materialism, and the “money nexus” of the bourgeoisie, and stated that the problems of the British were fundamentally spiritual and moral, from whence a repudiation of the money-ethos that dominated Britain should proceed. Carlyle did not write in the same stream as the British utilitarian philosophers from whom liberalism arose. He wrote in a more Occidental sense in repudiating the trade and commercial mentality that had long pervaded British thinking, politics, and foreign policy; bourgeois and Whig, as Spengler and Werner Sombart pointed out. Yockey classified Carlyle among the few British philosophers writing from an “organic” perspective of history.

Marx, so far from repudiating that mentality, was intellectually in thrall to it, as Sombart and Spengler explained, and this identity of Marxism with British utilitarian and materialist philosophy resulted in a crisis of the Left during the close of the 19th century when socialist thinkers realized the inadequacy of Marx in truly rejecting capitalism and the bourgeois spirit.

Carlyle set the tone of his condemnation of capitalist Britain with the opening paragraph of Past & Present in a far more eloquent sense than that of Marx; although the Whigs masquerading as “conservatives” then and now regard such words as rabid socialism:

The condition of England, on which many pamphlets are now in the course of publication, and many thoughts unpublished are going on in every reflective head, is justly regarded as one of the most ominous, and withal one of the strangest, ever seen in this world. England is full of wealth, of multifarious produce, supply for human want in every kind; yet England is dying of inanition. With unabated bounty the land of England blooms and grows; waving with yellow harvests; thick-studded with workshops, industrial implements, with fifteen millions of workers, understood to be the strongest, the cunningest and the willingest our Earth ever had; these men are here; the work they have done, the fruit they have realized is here, abundant, exuberant on every hand of us: and behold, some baleful fiat as of Enchantment has gone forth, saying, “Touch it not, ye workers, ye master-workers, ye master-idlers; none of you can touch it, no man of you shall be the better for it; this is enchanted fruit!” On the poor workers such fiat falls first, in its rudest shape; but on the rich masterworkers too it falls; neither can the rich master-idlers, nor any richest or highest man escape, but all are like to be brought low with it, and made “poor” enough, in the money-sense or a far fataller one. [1] [1]

P1030768.jpgPreviously, in his essay Chartism, Carlyle had appealed not to class war but to class unity among fellow Britons, high-born and low, pointing out that the ruling classes did not even realize there was a problem to be solved, much to their own danger:

How an Aristocracy, in these present times and circumstances, could, if never so well disposed, set about governing the Under Class? What they should do; endeavor or attempt to do? That is even the question of questions: — the question which they have to solve; which it is our utmost function at present to tell them, lies there for solving, and must and will be solved.

Insoluble we cannot fancy it. One select class Society has furnished with wealth, intelligence, leisure, means outward and inward for governing; another huge class, furnished by Society with none of those things, declares that it must be governed: Negative stands fronting Positive; if Negative and Positive cannot unite, — it will be worse for both! Let the faculty and earnest constant effort of England combine round this matter; let it once be recognized as a vital matter. Innumerable things our Upper Classes and Lawgivers might ‘do;’ but the preliminary of all things, we must repeat, is to know that a thing must need be done.

Alas, in regard to so very many things. Laissez-faire ought partly to endeavor to cease! But in regard to poor Sanspotatoe [Irish] peasants, Trades-Union craftsmen. Chartist cotton-spinners, the time has come when it must either cease or a worse thing straightway begin, — a thing of tinder-boxes, vitriol-bottles, second-hand pistols, a visibly insupportable thing in the eyes of all. [2] [2]

In the early 20th century, Anthony Ludovici and others attempted to return the Tory Party to its origins, and his works, like those of Carlyle, remain as timeless foundations on which the Anglophone Right can return to its actual premises. The U.S. Right has its foundation in Federalism, the Hamiltonian concept of North American as a people-nation-state — as Yockey recognized — but often insists on looking to its opposite, the Jeffersonian-style Jacobinism that was enthralled by the French Revolution and would have thwarted the American states from ever becoming a nation.

Occidental Synthesis

The German economist Friedrich List, in contrast to the British philosophers, was condemning free trade from a conservative position at around the same time as Carlyle. He espoused autarchy, which he called the “national system.” This was anathema to Marx, who saw such ideologies as antithetical to the dialectical march toward communism.

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List critiqued free trade precisely on the grounds that Marx praised it; for its materialism, class divisiveness, and national dissolution. List wrote in his magnum opus:

The system of the school suffers, as we have already shown in the preceding chapters, from three main defects: firstly, from boundless cosmopolitanism, which neither recognizes the principle of nationality, nor takes into consideration the satisfaction of its interests; secondly, from a dead materialism, which everywhere regards chiefly the mere exchangeable value of things without taking into consideration the mental and political, the present and the future interests, and the productive powers of the nation; thirdly, from a disorganizing particularism and individualism, which, ignoring the nature and character of social labor and the operation of the union of powers in their higher consequences, considers private industry only as it would develop itself under a state of free interchange with society (i.e. with the whole human race) were that race not divided into separate national societies.

Between each individual and entire humanity, however, stands THE NATION, with its special language and literature, with its peculiar origin and history, with its special manners and customs, laws and institutions, with the claims of all these for existence, independence, perfection, and continuance for the future, and with its separate territory; a society which, united by a thousand ties of mind and of interests, combines itself into one independent whole, which recognizes the law of right for and within itself, and in its united character is still opposed to other societies of a similar kind in their national liberty, and consequently can only under the existing conditions of the world maintain self-existence and independence by its own power and resources. As the individual chiefly obtains by means of the nation and in the national mental culture, power of production, security, and prosperity, so is the civilization of the human race only conceivable and possible by means of the civilization and development of the individual nations. [3] [4]

This is the actual legacy of the Right. Not Locke, Mill, Spencer, Hobbes, van Mises, Hayek, or Rand.

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But such was the paradigm shift in politics during the Cold War, with disaffected Marxists entering en masse the ranks of the Cold Warriors against the USSR, that by the time the eminent American scholar Christopher Lasch had rejected neo-Marxism he could not find “genuine conservativism” in the USA. He could only find advocates of free trade, which he considered as destructive to tradition and the organic community as the Left. [4] [5]

What Lasch perceived in the early 1970s Oswald Spengler had seen in the aftermath of World War I: that the “scientific socialism” of Marx et al did not transcend capitalism, but reflected it, because both arose within the same Zeitgeist of British materialism and industrialism. [5] [6] As Lasch saw decades later, capitalism shares with the Left a common outlook against the traditional social order, which is the organic community. Carlyle had perceived this in 1840. After World War I, Spengler spoke of “Prussian Socialism,” and Otto Strasser of “German Socialism,” based on pre-capitalist German — and wider European — ethos. To Strasser, “socialism” is synonymous with “conservativism” because it harkens back to the pre-capitalist organic community. Marxism is within the same historical stream as liberalism, Marxism being “a doctrine whose liberal factors necessarily unfit it for the upbuilding of the socialist (i.e. conservative) future, and one whose program cannot but involve it in the decline of liberalism.” As Spengler had stated, Strasser reiterated that “this was simply due to the fact that the longing for socialism began to find expression at a time when the ego idea, liberalism, that is to say, was in the ascendant.” [6] [7]

The fundamental premise of the Right is the dichotomy described by German sociology, of Gemeinschaft versus Gesellschaft; the traditional organic community, or the “modern” doctrine of society as a contract between individuals for their material benefit. Sombart came to regard Marxism as rooted in the latter along with liberalism, as its only goal is to unite individuals for selfish material gain in the name of the proletariat, as liberalism does in the name of the bourgeoisie, which he regarded as the abysmal gulf between British bourgeois philosophy (including Marx) and that of the German (including Carlyle), which he delineated as a difference between the heroic spirit and the commercial or trader’s spirit. [7] [8]

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May 1940, de Man with Queen Elizabeth.

Corradini, head of the Italian Nationalist Association, stated at its first congress in 1910, nine years prior to the founding of Mussolini’s fascio, that Italy is a “proletarian nation,” and that “socialism” so far from serving the interests of the “proletarian nations” creates with its internationalism and class struggle a civil war within the social organism. [8] [9] Nine years later, at the Nationalist convention in Rome, Corradini described syndicalism as the means by which the organic social community (Gemeinschaft) can be established; creating “real collaboration, organic, unifying, and complete.” [9] [10]

When a synthesis began to arise from the late 19th century between the elements of the Right and Left, this was a process of the Left turning Right, while elements of the Right were returning to their actual — pre-capitalist — origins. The synthesis became the major “third force” in the world competing against communism and capitalism, and drawing many of the Left’s best thinkers who had already been realizing the limitations of “scientific socialism.”

Even if we consider the terms Left and Right at their most basic level — the seating arrangements of the French Assembly — it might seem odd today, when ideological terms have become obfuscated and origins forgotten, that those on the Right represented the maintenance of tradition, representing the monarchical and Catholic regime that retained a few vestiges of the traditional epoch; those on the Left stood for a bourgeois new order of laissez-faire trade. This bourgeois revolution is a primary part of the Left’s legacy, being considered as a necessary element of the dialectical process of what Marx called the “wheel of history.” [10] [11] It should be kept in mind that Marx, according to this dialectical outlook, stated that socialism could not proceed until capitalism and the bourgeoisie had replaced the vestiges of the traditional order, causing the ruination of peasants, artisans, burghers, and aristocrats. These ideas are expressed most clearly in The Communist Manifesto.

Advocacy of a return to the pre-capitalist order was vehemently denounced by Marx as “reactionism.” [11] [12] To the Rightist this is not regressive, but restorative, as the Right states that there are fundamentals that are timeless, and one might say emanating from an axis; while the “progress” of liberalism and “scientific socialism” is destructive fallacy. [12] [13] Hence, the Right is literally a conservative revolution insofar as “revolution” implies a return to origins. It also means that the liberal-capitalist order requires a complete overturn to restore those origins.

Role of the Bourgeoisie

The French Revolution of 1789 was pivotal and its impact has only increased over the world. From the French Revolution arose both liberal capitalism and the Left. The Revolution abolished the vestiges of the Medieval guilds in France under the Chapelier Law of 1791. These forefathers of “scientific socialism” enacted the free market, standards of production markedly declined, and there was widespread dissatisfaction with such “liberty.” Such was the concern at this destruction of the guilds that the National Assembly in 1795 reiterated they would not be revived, and the prohibition became Article 355 of the Constitution, which meant that a constitutional amendment would be required to reverse the law. In Revolutionary France, the guild era was recalled as one of happiness and plenty. No longer with stability, fraternity (despite the ironic slogan of the Revolution: “Liberty, Equality, Fraternity”), and a higher purpose that the guilds had offered, worker unrest was widespread. The supposed peoples’ representatives expressed concern at mounting worker “insubordination.” There was prolonged debate on the reconstitution of the guilds under Napoleon Bonaparte, but ultimately the laissez-faire radicals won. [13] [14] What replaced the organic community, however debased it had become by that time, was “civil society,” and the “social contract” between individuals, or what the Declaration on the Rights of Man & of the Citizen referred to as the “general will,” enforceable in the name of freedom by death. Joseph de Maistre criticized the Enlightenment notion that a nation could be built on such legalistic artifices that fail to reflect the spirit of a nationality. Of written constitutions as nation-building instruments, he wrote:

There never has existed a free nation which had not, in its natural constitution, germs of liberty as old as itself; and no nation has ever successfully attempted to develop, by its fundamental written laws, other rights than those which existed in its natural constitution. . . . No assembly of men can give existence to a nation. An attempt of this kind ought even to be ranked among the most memorable acts of folly exceeding in folly what all the Bedlams of the world might produce most absurd and extravagant. [14] [15]

Again, with de Maistre, the contrast is between the society that is organic and that which is contractual. Today, “civil society” is regarded as the desirable norm for the entire world.

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Crisis of the Left

There were Leftists who regarded the Marxist and other such forms of socialism as inadequate and historical analyses based on nothing more than economic relations as insufficient. Leftist thinkers, Sombart being notable among these, began to see “scientific socialism” — as Marx called it — as an appropriation of the bourgeois capitalist spirit for the proletariat rather than as a transcendence. World War I was the catalyst for the eruption of a discontent that had been growing within the Left. The war had proved that the patria readily transcended class conflict; that as Corradini had stated, the national struggle supplants sectionalism whether of the liberal-bourgeois or “socialist” varieties.

Professor Alfredo Rocco, Italian Minister of Justice (1925-1932), the primary architect of the future corporatist state, began politically as a socialist before joining Corradini’s Nationalist Association. He saw the strengthening of the proletariat as necessary for social cohesion. In his 1920 address to the University of Padua, inaugurating the academic year, he referred to history as one of organic social cycles of birth and decay. Within this, he develops the concept of “unceasing struggle” within every “social body” “between the principle of organization represented by the state and the principle of disintegration, represented by individuals and groups, which tend to disrupt it and lead to its decline and fall.” While the concept is Spenglerian, Rocco was drawing on the Italian philosopher Giovanni Battista Vico, who preempted Spengler by about 180 years — and here we have in Vico another forgotten philosopher of the Right.

211400.jpgRocco traced the disintegrative impact of liberalism and the role of the bourgeoisie in undermining the social organism — “an amorphous and disorganized mass” in an “individualistic reaction.” The doctrine was provided by the Salon intelligentsia espousing an imaginary “natural law” and by the Encyclopaedists, “and it came to a head politically in the explosion of the French Revolution.” Faced with the reality of governing and of foreign wars, the French revolutionary regime soon had to reimpose the authority of the state, culminating in the genius of Napoleon. Following this epoch there arose again bourgeois liberalism with its atomistic “liberty.” Rocco cogently defines the liberal regime in describing the situation that arose from the tumults of the 19th century:

[ind]From that time onwards, the claims of individualism knew no bounds. The masses of individuals wanted to govern the state and govern it in accordance with their own individual interests. The state, a living organism with a continuous existence over the centuries that extends beyond successive generations and as such the guardian of the imminent historical interests of the species, was turned into a monopoly to serve the individual interests of each separate generation. [15] [16]

To restore the social organism against the atomization of liberalism, Rocco urged the integration of the syndicates, or corporations as they were known in Italy since Classical Rome, as integral organs of the social body. Rocco pointed out that liberalism in the name of individual liberty had “destroyed those ancient and venerable organizations, the guilds and corporations of arts and crafts,” which were decreed as abolished on the night of August 4th, 1789 by the French National Assembly, and in the subsequent law of August 14th — 17th 1791. In Italy, the ban was soon lifted, but the corporations did not regain their standing. “Yet professional organization or syndicalism, as it is normally known, or corporatism, to use the more traditional Italian word, is a natural and irrepressible phenomenon to be found in every age. It existed in Greece as well as in Rome, and in the Middle Ages as in modern times.” The disjunction and indeed animosity that had emerged between artisan and owner under modern capitalism could be reconciled within corporatism.

Many Leftists, just as much within the victor states as the defeated, saw the war as a “defeat of socialism.” Lanzillo, a syndicalist on the staff of Mussolini’s socialist newspaper Popolo d’Italia from 1914, wrote in his book The Defeat of Socialism that contrary to socialist expectations, the proletariat of every nation eagerly fought for their national, not international, class interests. “Socialism based its arguments on the dialectical opposition of interests within individual countries, and war showed the possibility of reconciling those interests in the will to defend by force of arms a common heritage and common ideals.” [16] [17] This echoes Sombart’s 1915 work; although Sombart insisted that the “spirit” was uniquely “German,” after the war, it became universal among those who yearned for something more than a return to the decaying pre-war order.

Hendrik de Man and Socialism 

Hendrik de Man, leader of the Belgian Workers Party, went so far as to initially cooperate with the German occupation during World War II, seeing it as a blow at the bourgeois spirit of the prior century. Despite this, de Man is still regarded as an important theorist of socialism. His “neosocialism,” also known as “planism,” [17] [19] is a significant ideological development among the Francophone Left. De Man was among the leading Socialists of Europe, having worked with Rosa Luxemburg [20], Karl Liebnecht, Karl Kautsky, and Leon Trotsky [21]. After service in World War I he visited the Soviet Union, lived in Washington, and worked as a professor of economics at the University of Frankfurt.

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Marxism, de Man stated, reduces man “to the level of a mere object among the objects of his environment, and these external historical ‘relationships’ are held to determine his volitions and to decide his objectives.” Like many socialists who rejected Marx, World War I was a seminal event for de Man. He wrote in The Psychology of Marxian Socialism:

The war, in which I participated as a Belgian volunteer, shook my Marxist faith to its foundations. It is war-time experience which entitles me to say that my book has been written with blood, though I cannot myself be certain that I have been able to transform that blood into spirit. The conflict of motives whose upshot was that I, an ardent antimilitarist and internationalist, felt it my duty to take up arms against Germany; my disillusionment at the collapse of the International; the daily demonstration of the instinctive nature of mass impulses thanks to which even socialist members of the working class had their minds poisoned with the virus of nationalist hatred; my growing estrangement from most of my sometime Marxist associates, who went over to the bolshevik camp — thanks to all these influences conjoined, I was racked with doubts and scruples whose echoes will be heard in this book. [18] [22]

After the First World War, he withdrew from politics for several years to reflect on his thoughts and life. He conceded that what was required was not merely to “revise” or “adapt” Marxism, but to liquidate it. [19] [23]

In France, Socialist Party leader Marcel Déat, whose “neosocialism” was significantly influenced by de Man, anarcho-syndicalist Georges Valois, and Communist Party eminence Jacques Doriot came to such conclusions. The “British Fascism” of Sir Oswald Mosley had its programmatic origins in his days as a Labour Minister, and the fundamentals remained. Of this post-war situation for socialists, de Man stated:

It is not surprising that socialism is in the throes of a spiritual crisis. The world war has led to so many social and political transformations that all parties and all ideological movements have had to undergo modification in one direction or another, in order to adapt themselves to the new situation. Such changes cannot be effected without internal frictions; they are always attended by growing pains; they denote a doctrinal crisis. [20] [24]

cms_visual_1073992.jpg_1535106009000_293x450.jpgMarxism remained “rooted in the philosophical theories that were dominant during the middle decades of the nineteenth century, theories which may provisionally be summarised in the catchwords determinism, causal mechanism, historicism, rationalism, and economic hedonism.” [21] [25] So far from the bourgeoisie being increasingly proletarianized due to the crisis of capitalism, as Marx had predicted in The Communist Manifesto, de Man saw that “the working class is tending to accept bourgeois standards and to adopt a bourgeois culture.” [22] [26] “In the last analysis, the reason why the bourgeoisie is the upper class to-day, is that everyone would like to be a bourgeois.” [23] [27] Today more than ever it is apparent that the historical dialectic has not unfolded in the manner Marx predicted. The “cult of the masses” was an invention of bourgeois intellectuals including Marx, who were remote from the masses; [24] [28] a “relapse into the naivety of the outworn primitive democratic adoration of the crowd.” [25] [29]

In comparing the pre-capitalist guild era of the Medieval epoch with the capitalist era of production, de Man pointed out that

The essence of the charge brought by Marxism against capitalism is that the capitalist method of production has divorced the producers from the means of production. In actual fact, capitalism has done something much more serious; it has divorced the producer from production, the worker from the work. In this way, it has engendered a distaste for work which is often increased rather than diminished by an improvement in the material circumstances of life, and cannot be cured by any mere change in property relationships.

Especially conspicuous is the contrast between the industrial worker of to-day and the Medieval artisan as a guildsman. The handicraftsman of the Middle Ages might or might not be the owner of his house, his workshop, or his booth; his position might be a good one, financially speaking, or the reverse. But at least he was master of his own work. . .

The craftsman of the Middle Ages took delight in his work; he lived in his work; for him, his work was a means of self-expression. [26] [30]

De Man dealt directly with the workers, and often through his own lack of understanding was taught many lessons on the workers’ ethos that would be regarded as “reactionism” (as Marx puts it in The Communist Manifesto) by those on the Left too imbued with the bourgeois outlook to understand. At one such point, de Man alludes to the personal attachment tradesmen have to their own old toolboxes, an ethos that goes beyond the comprehension of Marxist doctrine (and an attitude that one can still observe among tradesmen and apprentices). [27] [31] He stated that Marxist theories about working-class solidarity lacked an ethos, and were mechanistic. They sought to build something merely on the basis of modes of production. This is the “economic man,” the “hedonist” and “egoist.” [28] [32] It is the same spirit of the merchant referred to by Sombart. The desire for solidarity was born not from this bourgeois outlook, but from the instinct that had existed during the Medieval era; of Christian ethos; that of “craft fraternity” defended by the guilds. [29] [33] Socialism, said de Man, should aim to revive a social ethos that was instinctive [organic], not mechanistic. [30] [34] He alluded to two postulants that serve as an ethical basis for this “new socialism”: “1. Vital values are higher than material values; and of vital values, spiritual values are the highest. 2. The motives of community sentiment are higher than the motives of personal power and personal acquisition.” [31] [35] Again, Sombart had said the same in his wartime appeal.

51zxhJ8I5JL._SX324_BO1,204,203,200_.jpgAn additional factor in the fallacy of Marxism was that especially since the First World War the proletariat had become more national and less international. [32] [36] Machinery and modes of production might indeed be international and what is today called globalization shows that capital is an internationalizing tendency, as Marx approvingly predicted. But people are more than their modes of production. [33] [37]

De Man saw the socialist movement as intrinsically national and the proletariat as more than a globule of putty to be molded for the purposes of production, whether by liberalism or Marxism:

The French revolution, which was the supreme struggle on the continent of Europe for the realization of the political demands of the bourgeoisie, was (so thought the revolutionists) to culminate in a universal rising of the peoples against the despots, and to make the Declaration of the Rights of Man the constitution of the whole human race. The Goddess of Reason, in whose honor the revolution set up its altars, was to become the deity of all mankind. [34] [38]

National sentiment is an integral part of the emotional content of the socialism of each country. It grows in strength in proportion as the lot of the working masses of any country is more closely connected with the lot of that country itself; in proportion too as the masses have won for themselves a larger place in the community of national civilization. At bottom, this partial absorption of socialist sentiment by national sentiment need not surprise us. We have merely to recognize that it is the return of a sentiment to its source. [Emphasis added]. Socialism itself is the product of the interaction between a given moral sentiment and a given social environment. It is not only the social environment which has a national character. The other factor, likewise, the moral sentiment, has primarily, in different peoples, a peculiar tinge, derived from a peculiar national past. [35] [39]

Hence, de Man recognized that socialism and tradition (that is “the Right”) are, so far from being antithetical, intrinsic each to the other.

Hendrik de Man was condemned as a “collaborator” after World War II and settled in exile in Switzerland. Like others condemned “traitors” and “collaborators,” he had remained in his country during the occupation to try and make something positive from the situation. When the German military occupied Belgium in June 1940, de Man issued a manifesto to the Belgian Workers Party stating that “For the working classes and for socialism, this collapse of a decrepit world, far from being a disaster, is a deliverance.” He had been Minister of Public Works (1934-1935) and of Finance (1936-1938). The failure to see his “Plan” implemented is reminiscent of a similar situation faced by Sir Oswald Mosley with his “Mosley Memorandum” to the Labour Government on the unemployment problem. Like Mosley, he saw that plutocracy could only be defeated by strong government action.

o4yw5i7LVt2nWwPOCyhdQLECBbk.jpgWhile other Belgian politicians fled the country and formed a government-in-exile, de Man served as de facto Prime Minister for over a year. In 1941, he co-founded with other trade union leaders the Union des Travailleurs Manuels et Intellectuels, which was intended as the basis of a corporatist state above party politics. However, German occupation prevented this from becoming a truly effective organization.

De Man soon fell out with the occupation authorities. Although remaining the primary adviser to King Leopold III and the Queen Mother, he left Belgium in 1941 after talks with the Reich failed to reach a satisfactory conclusion for Belgian sovereignty and he was banned by the occupation authorities from public speaking. He first lived in France, then Switzerland until his death in 1953.

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Notes

[1] [43] Thomas Carlyle, Past & Present (1843), Book I: “Proem,” Chapter I: “Midas.”

[2] [44] Thomas Carlyle, Chartism (1840), Chapter VII: “Not Laissez-Faire.”

[3] [45] Friedrich List, The National System of Political Economy (1841), Chapter XV: “Nationality and the Economy of the Nation.”

[4] [46] Christopher Lasch, “What’s Wrong with the Right? [47]Tikkun, No. 1, 1987.

[5] [48] Spengler in The Decline of the West, The Hour of Decision, and Prussianism and Socialism. See for the latter Spengler: Prussianism Socialism and Other Essays (London: Black House Publishing, 2018).

[6] [49] Otto Strasser, Germany Tomorrow (London: Jonathan Cape, 1940), Part III: “The Structure of German Socialism” (4) Marxism, 126.

[7] [50] Werner Sombart, Händler und Helden (Merchants and Heroes, 1915). It seems likely that Spengler was influenced by this book, and Yockey, whether directly or via Spengler. But not all Germans have the “heroic spirit,” and not all British that of the “trader.” In this dichotomy, Marx reflected the “British,” Carlyle the “German”; insofar as each state represented a rival Zeitgeist which conflicted in two world wars. It seems reasonable to conclude that the “trader” spirit, in defeating the “heroic,” was taken over from Britain by the USA after World War II.

[8] [51] Enrico Corradini, The Principles of Nationalism, Report to the First Nationalist Congress, Florence, December 3, 1910.

[9] [52] Corradini, Nationalism and the Syndicates, Rome, March 16, 1919.

[10] [53] Marx’s “wheel of history,” so far from being in the traditional sense, where a culture revolves metaphorically on an axis, in the Evolian sense, proceeds in a straight line called “progress,” until falling into the abyss.

[11] [54] Karl Marx, The Communist Manifesto (1848), “Bourgeois and Proletarians.”

[12] [55] Evola referred to the axial basis of civilization in Revolt Against the Modern World; Yeats rendered the idea poetically in “The Second Coming” (1920).

[13] [56] See Michael P. Fitzsimmons, “The Debate on Guilds under Napoleon,” The Proceedings of the Western Society for French History, Vol. 36, 2008.

[14] [57] Joseph de Maistre, Essay on the Generative Principle of Constitutions (1847), Preface.

[15] [58] Alfredo Rocco, The Syndicates & the Crisis within the State, Padua, November 15, 1920.

[ [43]16] [59] Agostino Lanzillo, The Defeat of Socialism (Rome, 1918), Preface.

[17] [60] Named after H. de Man’s “Labor Plan” of 1933 to deal with unemployment.

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[18] [61] Hendrik de Man, The Psychology of Marxian Socialism (New Brunswick, New Jersey: Transaction Books, 1988 (1928)), 12.

[19] [62] Ibid., 14.

[20] [63] Ibid., 19.

[21] [64] Ibid., 23.

[22] [65] Ibid., 25.

[23] [66] Ibid., 103.

[24] [67] Ibid., 35.

[25] [68] Ibid., 36.

[26] [69] Ibid., 65-67.

[27] [70] Ibid., 75.

[28] [71] Ibid., 127.

[29] [72] Ibid.

[30] [73] Ibid., 131.

[31] [74] Ibid., 189.

[32] [75] Ibid., 303.

[33] [76] Ibid., 313.

[34] [77] Ibid., 321. This cult of the Goddess of Reason was intended as a literal civic religion in Jacobin France to replace Catholicism.

[35] [78] Ibid., 325-326.

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[20] Rosa Luxemburg: https://www.encyclopedia.com/people/history/german-history-biographies/rosa-luxemburg

[21] Leon Trotsky: https://www.encyclopedia.com/people/history/russian-soviet-and-cis-history-biographies/leon-trotsky

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[43] [1]: #_ftn1

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[47] What’s Wrong with the Right?: https://web.archive.org/web/20040317084407/http://thor.clark.edu/sengland/previous%20features/a_dialogue_with_christopher_lasc.htm

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Le résultat des élections étasuniennes n’aura aucun impact sur la politique étrangère de ce pays

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Le résultat des élections étasuniennes n’aura aucun impact sur la politique étrangère de ce pays

Par Moon of Alabama

John Kiriakou, qui a dénoncé la torture pratiquée par la CIA sous le régime de Bush, met en garde contre la politique étrangère que l’administration de Joe Biden mènerait :

Littéralement, la dernière chose que je ferais serait d'exhorter quiconque à voter pour 
Donald Trump. Le président a été un désastre dans tous les sens du terme, en politique
étrangère comme en politique intérieure. Le pays ne peut pas supporter quatre années
supplémentaires de présidence Trump. Mais Biden n'est pas la panacée. C'est un
remplaçant de centre-droit. [..] Si vous pensez que les choses vont changer en politique étrangère sous la présidence
de Biden, détrompez-vous. Ce sera la même vieille politique expansionniste et
militariste que nous avions sous Bill Clinton et Barack Obama. Alors rentrez dans
l'isoloir avec les yeux ouverts.

À mon avis, Biden est plus à droite qu’au centre. Même son slogan de campagne est partagé avec les conservateurs britanniques.

Une administration Biden amplifierait les politiques hostiles envers la Russie et à la Chine et continuerait à faire pression pour un changement de régime au Venezuela, en Syrie, en Iran et au Belarus. Et ce, alors même que l’organe de l’orthodoxie de la politique étrangère américaine, le magazine Foreign Affairs, affirme que les changements de régime induits par les États-Unis n’atteignent jamais leurs objectifs :

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L'affirmation répétée de la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, à l'époque 
de la guerre en Irak, selon laquelle la poursuite par Washington de la "stabilité aux
dépens de la démocratie"
au Moyen-Orient n'avait produit aucun des deux était globalement

vraie. Mais il s'est avéré qu'elle avait un corollaire, à savoir que la poursuite de
la démocratie aux dépens de la stabilité pouvait également ne produire ni l'un ni l'autre,
mais que cela coûtait plus cher. ...
Les changements de régime tenteront toujours Washington. [...] La longue, diverse et

tragique histoire des changements de régime soutenus par les États-Unis au Moyen-Orient
suggère cependant qu'il faut résister à de telles tentations, comme à la plupart des
solutions rapides qui surgissent dans la vie et en politique. La prochaine fois que
les dirigeants américains proposeront d'intervenir dans la région pour renverser un
régime hostile, on peut supposer sans risque qu'une telle entreprise aura moins de
chance de réussite, sera plus coûteuse et plus lourde en conséquences involontaires
que ses partisans ne le réalisent ou ne veuillent bien l'admettre. Jusqu'à présent il
n’en a jamais été autrement.

photo-transmise-par-l-agence-officielle-syrienne-sana-du-president-bachar-al-assad-lors-d-une-interview-le-10-juin-2018-a-damas_6071054.jpg

De présidence en présidence, la politique étrangère américaine ne change jamais. Dans une récente interview, le président syrien Bachar al-Assad expliquait pourquoi il en est ainsi :

Question 9 : Vous suivez sans aucun doute la campagne présidentielle aux États-Unis. 
Espérez-vous que le nouveau président américain, quel que soit le nom du vainqueur,
révisera sa politique de sanctions à l'égard de la Syrie ? Président Assad : Nous ne nous attendons généralement pas à des présidents lors des
élections américaines, nous nous attendons à des PDG ; parce que vous avez un conseil
d'administration, ce conseil est composé de lobbies et de grandes entreprises comme
les banques, les fabricants d’armes et les producteurs de pétrole, etc. Donc, vous
avez un PDG, et ce PDG n'a pas le droit ni l'autorité de faire des changements ;
il doit juste exécuter. C'est ce qui est arrivé à Trump lorsqu'il est devenu président
après les élections - Journaliste : Il a été PDG pendant de nombreuses années auparavant. Président Assad : Exactement ! Il reste un PDG de toute façon. Il voulait suivre ou
poursuivre sa propre politique, et il était sur le point d'en payer le prix - vous
vous souvenez du problème de sa mise en accusation. Il a dû ravaler chaque promesse
faite avant les élections. C'est pourquoi je dis qu’il ne faut pas s’attendre à un
président, mais seulement à un PDG. Si vous voulez parler de changer la politique,
vous avez un conseil d'administration - ce conseil ne changera pas sa politique.
Le PDG changera, mais le conseil d'administration reste le même, alors n'attendez rien. Question 10 : Qui est ce conseil d'administration ? Qui sont ces personnes ? Président Assad : Comme je l'ai dit, ce conseil est composé des lobbies, donc ils
mettent en œuvre ce qu'ils veulent, et ils contrôlent le Congrès et les autres, et
les médias, etc. Aux États-Unis, Il y a donc une alliance entre ces différentes sociétés
qui ne pensent qu’à leurs intérêts particuliers.

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Caitlin Johnstone serait probablement d’accord avec ce point de vue. Elle affirme que les deux camps politiques aux États-Unis ne diffèrent guère :

Lorsque vous regardez la politique américaine, il semble qu'il y ait deux factions 
politiques principales qui sont en très fort désaccord l'une avec l'autre. "Divisé"
est un mot qui revient souvent. "Polarisé" en est un autre. ... Mais au delà des insultes et des débats passionnés, ces deux factions sont en fait
furieusement en accord l'une avec l'autre. Elles sont d'accord tout le temps. Elles sont d'accord pour que le gouvernement américain reste le centre d'un empire
mondial ; elles se contentent d'ergoter avec colère sur quelques détails concernant
la manière dont cet empire devrait être dirigé [...]. ... Sur toutes les questions qui affectent le plus gravement les personnes réelles à
grande échelle, ces deux factions politiques sont en accord total. Elles ne font
que déverser beaucoup de bruit et de fureur sur le minuscule 1% du spectre sur
lequel elles sont en désaccord. Ils ne permettent aucune discussion générale sur la question de savoir si l'empire
oligarchique doit continuer à exister ; toutes leurs questions, arguments et histoires
tournent autour de la façon dont il devrait exister. C'est ce qu'ils sont conçus pour faire. ...
La politique n'est pas réelle en Amérique. C'est un spectacle. Un spectacle de
arionnettes à deux mains pour distraire le public pendant que des pickpockets
le volent totalement. Si vous voulez voir les choses clairement, ignorez complètement le faux drame

du spectacle de marionnettes et concentrez-vous sur l'avancement du vrai débat :
que l'empire oligarchique centralisé aux États-Unis est corrompu au-delà de toute
rédemption et devrait être complètement démantelé.

Comment ne pas être d’accord avec ces points de vue ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

Can and Should Russia Stop the War in the Caucasus?

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Can and Should Russia Stop the War in the Caucasus?

This war is officially a war between Azerbaijan and the (unrecognized) Republic of Nagorno Karabakh (RNK) aka “Republic of Artsakh” (ROA) which I shall refer to simply as Nagorno Karabakh or “NK”. As is often the case, the reality is much more complicated. For one thing, Erdogan’s Turkey has been deeply involved since Day 1 (and, really, even much before that) while Armenia has been backing NK to the hilt since the breakup of the Soviet Union. It is even worse: Turkey is a member of NATO while Armenia is a member of the CSTO. Thus a war started over a relatively small and remote area could, in theory, trigger an international nuclear war. The good news here is that nobody in NATO or the CSTO wants such a war, especially since technically speaking the NK is not part of Armenia (Armenia has not even recognized this republic so far!) and, therefore, not under the protection of the CSTO. And since there have been no attacks on Turkey proper, at least so far, NATO also has no reason to get involved.

I should mention here that in terms of international law, NK is an integral part of Azerbaijan. Still, almost everybody agrees that there is a difference between NK proper and the kind of security zone the army of NK created around NK (see map)

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(note: the Nakhichevan Autonomous Republic is part of Azerbaijan)

The reality on the ground, however, is very different, so let’s look at the position of each actor in turn, beginning with the party which started the war: Azerbaijan.

Azerbaijan has been reforming and rearming its military since the Azeri forces got comprehensively defeated in the 1988-1994 war. Furthermore, for President Aliev this war represents what might well be the best and last chance to defeat the NK and Armenian forces. Most observers agree that should Aliev fail to achieve at least an appearance of victory he will lose power.

Armenia would have been quite happy to keep the status quo and continue to form one country with the NK de facto while remaining two countries de jure. Still, living in the tough and even dangerous “neighborhood” of the Caucasus, the Armenians never forgot that they are surrounded by more or less hostile countries just like they also remained acutely aware of Erdogan’s neo-Ottoman ideology which, sooner or later, would make war inevitable.

Iran, which is often forgotten, is not directly involved in the conflict, at least so far, but has been generally sympathetic to Armenia, primarily because Erdogan’s neo-Ottoman ideology represents a danger for the entire region, including Iran.

Turkey has played a crucial behind the scenes role in the rearmament and reorganization of Azeri forces. Just as was the case in Libya, Turkish attack drones have been used with formidable effectiveness against NK forces, in spite of the fact that the Armenians have some very decent air defenses. As for Erdogan himself, this war is his latest attempt to paint himself as some kind of neo-Ottoman sultan which will reunite all the Turkic people under his rule.

One of the major misconceptions about this conflict is the assumption that Russia has always been, and will always be, on the side of Armenia and the NK, but while this was definitely true for pre-1917 Russia, this is not the case today at all. Why?

Let’s examine the Russian position in this conflict.

First, let’s get the obvious out of the way: Armenia (proper, as opposed to NK) is a member of the CSTO and should anybody (including Azerbaijan and/or Turkey) attack Armenia, Russia would most definitely intervene and stop the attack, either by political or even by military means. Considering what Turkey has done to the Armenian people during the infamous Armenian Genocide of 1914-1923 this makes perfectly good sense: at least now the Armenian people know that Russia will never allow another genocide to take place. And the Turks know that too.

And yet, things are not quite that simple either.

For example, Russia did sell a lot of advanced weapon systems to Azerbaijan (see here for one good example). In fact, relations between Vladimir Putin and Ilham Aliyev are famously very warm. And while it is true that Azerbaijan left the CSTO in 1999, Russia and Azerbaijan have retained a very good relationship which some even characterize as a partnership or even an alliance.

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Furthermore, Azerbaijan has been a much better partner to Russia than Armenia, especially since the Soros-financed “color revolution” of 2018 which put Nikol Pashinian in power. Ever since Pashinian got to power, Armenia has been following the same kind of “multi-vector” policy which saw Belarus’ Lukashenko try to ditch Russia and integrate into the EU/NATO/US area of dominance. The two biggest differences between Belarus and Armenia are a) Belarusians and Russians are the same people and b) Russia cannot afford to lose Belarus whereas Russia has really zero need for Armenia.

On the negative side, not only has Azerbaijan left the CSTO in 1999, but Azerbaijan has also joined the openly anti-Russian GUAM Organization (which is headquartered in Kiev).

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Next, there is the Turkey-Erdogan factor as seen from Russia. Simply put, the Russians will never trust any Turk who shares Erdogan’s neo-Ottoman worldview and ideology. Russia has already fought twelve full-scale wars against the Ottomans and she has no desire to let the Turks trigger another one (which they almost did when they shot down a Russian Su-24M over northern Syria). Of course, Russia is much more powerful than Turkey, at least in military terms, but in political terms an open war against Turkey could be disastrous for Russian foreign and internal policy objectives. And, of course, the best way for Russia to avoid such a war in the future is to make absolutely sure that the Turks realize that should they attack they will be suffering a crushing defeat in a very short time. So far, this has worked pretty well, especially after Russia saved Erdogan from the US-backed coup against him.

Some observers have suggested that Russia and Armenia being Christian, the former has some kind of moral obligation towards the latter. I categorically disagree. My main reason to disagree here is that Russians now are acutely aware of the disgusting lack of gratitude of our (supposed) “brothers” and (supposed) “fellow Christians” have shown as soon as Russia was in need.

Most Armenians are not Orthodox Christians, but members of the Armenian Apostolic Church, which are miaphysites/monophysites. They are also not Slavs.

The ONLY slavic or Orthodox people who did show real gratitude for Russia have been the Serbs. All the rest of them have immediately rushed to prostitute themselves before Uncle Shmuel and have competed with each other for the “honor” of deploying US weapons systems targeted at Russia. The truth is that like every superpower, Russia is too big and too powerful to have real “friends” (Serbia being a quite beautiful exception to this rule). The Russian Czar Alexander III famously said that “Russia only has two true allies: her army and her navy”. Well, today the list is longer (now we could add the Aerospace forces, the FSB, etc.), but in terms of external allies or friends, the Serbian people (as opposed to some of the Serbian leaders) are the only ones out there which are true friends of Russia (and that, in spite of the fact that under Elstin and his “democratic oligarchs” Russia shamefully betrayed a long list of countries and political leaders, including Serbia).

Then there is the religious factor which, while crucial in the past, really plays no role whatsoever in this conflict. Oh sure, political leaders on both sides like to portray themselves as religious, but this is just PR. The reality is that both the Azeris and the Armenians place ethnic considerations far above any religious ones, if only because, courtesy of the militant atheism of the former USSR, many, if not most, people in Armenia, Azerbaijan and even Russia nowadays are agnostic secularists with no more than a passing interest for the “spiritual values which shaped their national identity” (or something along these lines).

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One major concern for Russia is the movement of Turkish-run Takfiris from Syria to Azerbaijan. The Russians have already confirmed that this has taken place (the French also reported this) and, if true, that would give Russia the right to strike these Takfiris on Azeri soil. So far, this threat is minor, but if it becomes real, we can expect Russian cruise missiles to enter the scene.

Finally, there are major Azeri and Armenian communities in Russia, which means two things: first, Russia cannot allow this conflict to sneak across the borders and infect Russia and, second, there are millions of Russians who will have ties, often strong ones, to both of these countries.

Though they are not currently officially involved, we still need to look, at least superficially, at the Empire’s view of this conflict. To summarize it I would say that the Empire is absolutely delighted with this crisis which is the third one blowing up on Russia’s doorstep (the other two being the Ukraine and Belarus). There is really very little the Empire can do against Russia: the economic blockade and sanctions totally failed, and in purely military terms Russia is far more powerful than the Empire. Simply put: the Empire simply does not have what it takes to take on Russia directly, but setting off conflicts around the Russia periphery is really easy.

For one thing, the internal administrative borders of the USSR bear absolutely no resemblance to the places of residence of the various ethnicities of the former Soviet Union. Looking at them one would be excused for thinking that they were drawn precisely to generate the maximal amount of tension between the many ethnic groups that were cut into separate pieces. There is also no logic in accepting the right of the former Soviet Republics to secede from the Soviet Union, but then denying the same right to those local administrative entities which now would want to separate from a newly created republic which they don’t want to be part of.

Second, many, if not most, of the so-called “countries” and “nations” which suddenly appeared following the collapse of the Soviet Union have no historical reality whatsoever. As a direct result, these newborn “nations” had no historical basis to root themselves in, and no idea what independence really means. Some nations, like the Armenians, have deep roots as far back as antiquity, but their current borders are truly based on nothing at all. Whatever may be the case, it has been extremely easy for Uncle Shmuel to move into these newly independent states, especially since many (or even most) of these states saw Russia as the enemy (courtesy of the predominant ideology of the Empire which was imposed upon the mostly clueless people of the ex-Soviet periphery). The result? Violence, or even war, all around that periphery (which the Russians think of as their “near abroad”).

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I think that most Russian people are aware that while there has been a major price to pay for this, the cutting away of the ex-Soviet periphery from Russia has been a blessing in disguise. This is confirmed by innumerable polls which show that the Russian people are generally very suspicious of any plans involving the use of the Russian Armed Forces outside Russia (for example, it took all of Putin’s “street cred” to convince the Russian people that the Russian military intervention in Syria was a good idea).

There is also one more thing which we must always remember: for all the stupid US and western propaganda about Russia and, later, the USSR being the “prison of the people” (small nations survived way better in this “prison” than they did under the “democratic” rule of European colonists worldwide!), the truth is that because of the rabidly russophobic views of Soviet Communists (at least until Stalin – he reversed this trend) the Soviet “peripheral” Republics all lived much better than the “leftover Russia” which the Soviets called the RSFSR. In fact, the Soviet period was a blessing in many ways for all the non-Russian republics of the Soviet Union and only now, under Putin, has this trend finally been reversed. Today Russia is much richer than the countries around her periphery and she has no desire to squander that wealth on a hostile and always ungrateful periphery. The bottom line is this: Russia owes countries such as Armenia or Azerbaijan absolutely nothing and they have no right whatsoever to expect Russia to come to their aid: this won’t happen, at least not unless Russia achieves a measurable positive result from this intervention.

Still, let’s now look at the reasons why Russia might want to intervene.

First, this is, yet again, a case of Erdogan’s megalomania and malevolence resulting in a very dangerous situation for Russia. After all, all the Azeris need to do to secure an overt Turkish intervention is to either attack Armenia proper, which might force a Russian intervention or, alternatively, be so severely beaten by the Armenians that Turkey might have to intervene to avoid a historical loss of face for both Aliev and Erdogan.

Second, it is crucial for Russia to prove that the CSTO matters and is effective in protecting CSTO member states. In other words, if Russia lets Turkey attack Armenia directly the CSTO would lose all credibility, something which Russia cannot allow.

Third, it is crucial for Russia to prove to both Azerbaijan and Armenia that the US is long on hot air and empty promises, but can’t get anything done in the Caucasus. In other words, the solution to this war has to be a Russian one, not a US/NATO/EU one. Once it becomes clear in the Caucasus that, like in the Middle-East, Russia has now become the next “kingmaker” then the entire region will finally return to peace and a slow return to prosperity.

So far the Russians have been extremely careful in their statements. They mostly said that Russian peacekeepers could only be deployed after all the parties to this conflict agree to their deployment. Right now, we are still very far away from this.

Here is what happened so far: the Azeris clearly hoped for a short and triumphant war, but in spite of very real advances in training, equipment, etc the Azeri Blitzkrieg has clearly failed in spite of the fact that the Azeri military is more powerful than the NK+Armenian one. True, the Azeris did have some initial successes, but they all happened in small towns mostly located in the plain. But take a look at this topographic map of the area of operations and see for yourself what the biggest problem for the Azeris is:

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Almost all of NK is located in the mountains (hence the prefix “nagorno” which means “mountainous”) and offensive military operations in the mountains are truly a nightmare, even for very well prepared and equipped forces (especially in the winter season, which is fast approaching). There are very few countries out there who could successfully conduct offensive operations in mountains, Russia is one of them, and Azerbaijan clearly is not.

Right now both sides agree on one thing only: only total victory can stop this war. While politically that kind of language makes sense, everybody knows that this war will not end up in some kind of total victory for one side and total defeat of the other side. The simple fact is that the Azeris can’t overrun all of NK while the Armenians (in Armenia proper and in the NK) cannot counter-attack and defeat the Azeri military in the plains.

Right now, and for as long as the Azeris and the Armenians agree that they won’t stop at anything short of a total victory, Russia simply cannot intervene. While she has the military power to force both sides to a total standstill, she has no legal right to do so and please remember that, unlike the US, Russia does respect international law (if only because she has no plans to become the “next US” or some kind of world hegemon in charge of maintaining the peace worldwide). So there are only two possible options for a Russian military intervention:

  1. A direct (and confirmed by hard evidence) attack on the territory of Armenia
  2. Both the Azeris and the Armenians agree that Russia ought to intervene.

I strongly believe that Erdogan and Aliev will do whatever it takes to prevent option one from happening (while they will do everything in their power short of an overt attack on Armenia to prevail). Accidents, however, do happen, so the risk of a quick and dramatic escalation of the conflict will remain until both sides agree to stop.

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Right now, neither side has a clear victory and, as sad as I am to write these words, both sides have enough reserves (not only military, but also political and economic) to keep at it for a while longer. However, neither side has what it would take to wage a long and bloody positional war of attrition, especially in the mountain ranges. Thus both sides probably already realize that this one will have to stop, sooner rather than later (according to some Russian experts, we are only talking weeks here).

Furthermore, there are a lot of very dangerous escalations taking place, including artillery and missile strikes on cities and infrastructure objects. If the Armenians are really pushed against a wall, they could both recognize NK and hit the Azeri energy and oil/gas infrastructure with their formidable Iskander tactical ballistic missiles. Should that happen, then we can be almost certain that both the Azeris and the Turks will try to attack Armenia, with dramatic and most dangerous consequences.

This conflict can get much, much more bloody and much more dangerous. It is thus in the interests of the entire region (but not the US) to stop it. Will the Armenian lobby be powerful enough to pressure the US into a more helpful stance? So far, the US is, at least officially, calling all sides for a ceasefire (along with France and Russia), but we all know how much Uncle Shmuel’s word can be trusted. At least there is no public evidence that the US is pushing for war behind the scenes (the absence of such evidence does, of course, not imply the evidence of the absence of such actions!).

At the time of writing this (Oct. 9th) Russia has to wait for the parties to come back to reality and accept a negotiated solution. If and when that happens, there are options out there, including making NK a special region of Azerbaijan which would be placed under the direct protection of Russia and/or the CSTO with Russian forces deployed inside the NK region. It would even be possible to have a Turkish military presence all around the NK (and even some monitors inside!) to reassure the Azeris that Armenian forces have left the region and are staying out. The Azeris already know that they cannot defeat Armenia proper without risking a Russian response and they are probably going to realize that they cannot overrun NK. As for the Armenians, it is all nice and fun to play the “multi-vector” card, but Russia won’t play by these rules anymore. Her message here is simple: if you are Uncle Shmuels’s bitch, then let Uncle Shmuel save you; if you want us to help, then give us a really good reason why: we are listening”.

This seems to me an eminently reasonable position to take and I hope and believe that Russia will stick to it.

PS: the latest news is that Putin invited the Foreign Ministers of Azerbaijan and Armenia to Moscow for “consultations” (not “negotiations”, at least not yet) with Sergei Lavrov as a mediator. Good. Maybe this can save lives since a bad peace will always be better than a good war.

PPS: the latest news (Oct 9th 0110 UTC) is that the Russians have forced Armenia and Azerbaijan to negotiate for over thirteen hours, but at the end of the day, both sides agreed to an immediate ceasefire and for substantive negotiations to begin. Frankly, considering the extreme hostility of the parties towards each other, I consider this outcome almost miraculous. Lavrov truly earned his keep today! Still, we now have to see if Russia can convince both sides to actually abide by this agreement. Here is a machine translation of the first Russian report about this outcome:

Statement by the Ministers of Foreign Affairs of the Russian Federation, the Republic of Azerbaijan and the Republic of Armenia

In response to the appeal of the President of the Russian Federation V.V. Putin and in accordance with the agreements of the President of the Russian Federation V.V. Putin, President of the Republic of Azerbaijan I.G. Aliyev and Prime Minister of the Republic of Armenia N.V. Pashinyan, the parties agreed on the following steps :

1. A ceasefire is declared from 12:00 pm on October 10, 2020 for humanitarian purposes for the exchange of prisoners of war and other detained persons and bodies of the dead, mediated and in accordance with the criteria of the International Committee of the Red Cross.

2. The specific parameters of the ceasefire regime will be agreed upon additionally.

3. The Republic of Azerbaijan and the Republic of Armenia, with the mediation of the OSCE Minsk Group co-chairs, on the basis of the basic principles of the settlement, begin substantive negotiations with the aim of reaching a peaceful settlement as soon as possible.

4. The parties confirm the invariability of the format of the negotiation process.

samedi, 10 octobre 2020

L’Europe doit s’inscrire dans la défense de l’espace

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L’Europe doit s’inscrire dans la défense de l’espace

Par Euro Libertes

par Michel Grimard, Président du ROUE

Face à la militarisation accélérée de l’espace par les super puissances, ce qui ne peut manquer d’inquiéter par l’aspect négatif généré sur l’équilibre des forces en présence, l’Europe ne peut rester passive. La domination de l’espace intègre désormais le volet confrontation. De récentes initiatives illustrent cette volonté de conquête et de puissance. En juillet, la Chine a procédé au lancement d’une sonde vers mars, dont les performances n’ont rien à envier à celles qui l’ont précédée. Pékin marque ainsi le degré technologique atteint, qui le hisse quasiment au même niveau que les États-Unis.

En juillet également, par l’intermédiaire des Émirats-Arabe-Unis, le monde Arabe est entré dans la compétition en lançant une sonde d’exploration de Mars. Même si une aide américano-japonaise les a confortés, l’exploit demeure. L’appareil, appelé « Al-Amel » (l’espoir), est de création émiratie. Le départ de deux astronautes vers la Station Spatiale Internationale, réalisé en mai par SpaceX, est un nouveau défi à l’Europe, via Ariane. Parfaitement abouti, il porte une double réussite, en s’affirmant comme un sérieux concurrent d’Ariane et en libérant les États-Unis de leur dépendance à la Russie. L’aspect pacifique, trompeur, de ces initiatives abrite un germe belliqueux.

Scruter le cosmos n’est plus la seule préoccupation des terriens. Ils ont malgré le traité de 1967 sur l’espace, qui bannit le déploiement d’armes de destructions massives, notamment nucléaires, commencé à le militariser. Si Washington a marqué sa volonté d’occuper une place prééminente dans l’espace, la Chine a montré qu’elle n’entendait pas être absente. Déjà, en janvier 2007, en procédant à un tir antisatellite et actuellement, avec le décollage de sa sonde pour explorer Mars. Garder leur totale liberté d’action dans l’espace est conforme à la politique spatiale des États-Unis, définie le 31 août 2006.

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Aussi parler de simple surveillance de l’Univers, comme le font les Européens, est périmé. La course qui conduit à la militarisation de l’espace, y compris sous l’aspect d’armes antisatellites, semble désormais difficile à contenir, surtout si cette présence spatiale apparaît comme un élément de défense absolument vital. Dépasser l’exploration est devenu la règle. En mars 2019, par un tir de missiles capable d’abattre un satellite dans l’espace, l’Inde a pris sa place parmi les pays détenteurs de ce record.

Récemment, la Russie s’est vue accusée par le commandement spatial américain d’avoir « conduit un test non-destructeur d’une arme antisatellite depuis l’espace ». Moscou a aussitôt rétorqué que le test n’était ni menaçant, ni contraire au droit international. Au-delà des polémiques, la militarisation de l’espace ne fait aucun doute.

Actuellement, les yeux des Européens, plus particulièrement de la France, se sont dessillés. Des déclarations ainsi que des actes, montrent que le danger et la nécessité d’y parer sont devenus une évidence. Après une longue période d’observation, teintée de naïveté, notre pays prend la mesure de l’importance que revêt le sujet.

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La ministre des armées, Florence Parly, semble avoir saisi tout l’enjeu de cette présence dans l’espace où s’accélère la volonté de domination. Elle a livré son sentiment en déclarant « Les menaces sont tangibles. Face à ce nouvel ordre des choses, nous devons être prêts ». Même constat, un an plus tôt en 2019, du Général Michel Friedling, commandant interarmées de l’espace « L’espace étant à la fois, un enjeu économique majeur et un milieu essentiel à la supériorité militaire, la coopération sera demain un champ de confrontation ». L’état-major de l’armée de l’air, désormais état-major de l’armée de l’air et de l’espace, a fait de cette dernière attribution, un domaine stratégique. La ministre des Armées, qui entend mettre en place les moyens de le sécuriser, a énoncé plusieurs dispositions en matière de surveillance et de défense. Développement du grand commandement de l’espace, basé à Toulouse, augmentation des investissements du secteur, dotation de caméras à 360 degrés, de satellites patrouilleurs, de lasers de puissance, notamment.

Malgré ses louables efforts, les investissements de la France dans le spatial militaire et civil sont bien en deçà des principales puissances championnes de l’espace. Ils représentent 12 fois moins que les États-Unis, 3 fois moins que la Chine et moins que la Russie. Les Américains qui demeurent dominants, entendent bien conserver leur position. Ils disposent encore de tous les moyens qui assurent cette suprématie, l’écoute, l’observation, la détection, la communication, le positionnement et l’alerte.

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L’Europe peut relever le défi en adoptant, notamment, deux dispositions. Premièrement, en dotant le spatial militaire d’investissements conséquents, à l’image du civil qu’elle a pourvu d’un budget de 14,4 milliards d’euros. Bien sûr, l’Agence Spatiale Européenne peut indirectement servir le côté militaire, mais elle est avant tout civile. Deuxièmement, en intégrant les différents systèmes des pays européens, relatifs à l’espace. L’importance de la mise en place de cette défense spatiale, pour l’indépendance de l’Europe, appelle à œuvrer selon l’esprit qui a prévalu pour l’ESA, à travers Ariane et Galileo. Toutefois la cohérence voudrait qu’à la défense éclatée de l’Union, se substitue une défense européenne unie et indépendante.

Particulièrement cruciale pour l’équilibre de la paix, l’espace ne peut échapper à une vigilance accrue de l’Europe.

Tradition primordiale et préhistoire

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Thierry Mudry

Tradition primordiale et préhistoire

Ex: https://www.blog-glif.fr

René Guénon, Frithjof Schuon et Julius Evola situaient dans la Tradition primordiale l’origine (supra-humaine) de tous les courants ésotériques, tant « occidentaux » qu’« orientaux ». La conscience de l’existence de cette Tradition s’était fait jour en Europe dès avant la Renaissance, en particulier chez Nicolas de Cuse comme le relèvent par exemple Antoine Faivre (L’ésotérisme, PUF-Que Sais-je ?, Paris, 1992) et Wilhelm Schmidt-Biggemann (Philosophia Perennis. Historical Outlines of Western Spirituality in Ancient, Medieval and Early Modern Thought, Springer, Dordrecht, 2004).

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Mais c’est Saint-Augustin dans ses Retractationes (première partie, chapitre XIII, 3) qui souligna que le christianisme est lui-même l’héritier de cette Tradition : « Ce qui se nomme aujourd’hui religion chrétienne, existait dans l’antiquité et dès l’origine du genre humain jusqu’à ce que le Christ s’incarnât, et c’est de lui que la vraie religion qui existait déjà, commença à s’appeler chrétienne. En effet lorsque, après sa résurrection et son ascension, les Apôtres se mirent à le prêcher et que beaucoup croyaient déjà, ses disciples commencèrent à être appelés chrétiens à Antioche d’abord, comme il est écrit. C’est pourquoi j’ai dit : « C’est de notre temps la religion chrétienne, » non pas qu’elle n’ait point existé dans les temps antérieurs, mais parce qu’elle a reçu ce nom dans les temps postérieurs. »

indexmedf.jpgLe préhistorien Max Escalon de Fonton (1920-2013), dans son article sur « Le cheminement chrono-géographique du concept trinitaire », publié par Connaissance des religions (nouvelle série, volume VIII, n°1, 1992, pages 21 à 35), avançait que « la Tradition primordiale n’est primordiale que si elle commence avec les premiers hommes, c’est-à-dire aux temps préhistoriques. L’Homme, au sens où nous l’entendons, ou Homme anthropologique, apparaît vers le trente huitième millénaire, faisant suite à l’Homme paléontologique, qui, lui, nous est totalement étranger ». C’est donc, selon Max Escalon de Fonton, dans la préhistoire, plus précisément dans le paléolithique supérieur, que la Tradition primordiale a pris forme ou qu’elle a été reçue par les hommes.

Avant d’explorer plus avant les écrits de Max Escalon de Fonton, il n’est pas inutile de rappeler que l’intéressé, directeur de recherches au C.N.R.S., directeur des Antiquités préhistoriques de Languedoc-Roussillon puis de Provence-Côte d’Azur, a contribué de manière décisive à renouveler la connaissance de la préhistoire du Midi, en identifiant notamment, au cours de ses recherches et de ses fouilles, plusieurs faciès culturels locaux comme le Castelnovien ou le Couronnien en Provence, le Salpêtrien ou le Valorguien en Languedoc.

Escalon de Fonton s’attachait à reconstituer au cours de ses fouilles et des comptes-rendus qu’il en faisait, la culture matérielle des hommes de la préhistoire à travers l’étude de leurs artefacts, outils, objets de décoration quand il en retrouvait (la plupart étaient en effet en os et en bois, et donc résistaient rarement aux outrages du temps), vestiges alimentaires et autres. Il replaçait les éléments recueillis dans leur contexte environnemental et chronologique pour connaître les conditions de vie des populations concernées et les distinguer d’autres populations, souvent mais pas toujours apparentées, qui avaient peuplé le site à d’autres époques.

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Mais Escalon de Fonton s’intéressait tout autant à la culture symbolique des hommes de la préhistoire. Même si cet intérêt transparaissait dans ses publications scientifiques, c’est essentiellement dans des revues comme Etudes traditionnelles et Connaissance des religions qu’il livrait plus spécialement ses observations et ses réflexions dans ce domaine.

A cet égard, Escalon de Fonton partageait l’analyse de son collègue l’ethnologue et préhistorien André Leroi-Gourhan sur l’art paléolithique, en particulier sur celui de la grotte ornée de Lascaux. Leroi-Gourhan, après avoir soigneusement étudié l’association et la répartition des espèces animales figurées dans la grotte, ainsi que celles des autres signes gravés, en avait déduit que l’ensemble de ces signes devaient être interprétés comme des symboles masculins ou féminins. Pour lui, et ses successeurs, il fallait désormais « considérer comme un acquis notable la preuve de l’existence, au paléolithique supérieur, non pas d’une magie de chasse mais d’une métaphysique véritable ».

Il appartenait à Escalon de Fonton d’exposer de manière explicite le contenu de cette métaphysique des hommes de la préhistoire européenne. Dans l’article cité plus haut qui résume sa pensée, il écrivait : « Les grottes ornées du paléolithique supérieur d’Europe (environ 30.000 à 10.000 av. J.C.) sont des sanctuaires initiatiques (art sacré). Les idéogrammes (gravures, peintures, sculptures) expriment une métaphysique véritable dont la base est l’union des complémentaires. Dans cette démarche, il faut d’abord passer de la dualité des oppositions à l’unité du complémentarisme (retour au centre), puis, gravissant un degré dans l’ascension spirituelle, se hausser au niveau de la synthèse : la synthèse supérieure et les deux complémentaires expriment la dynamique trinitaire, laquelle symbolise la dynamique divine du Créateur ». On voit, précisait-il, au sein des grottes ornées constituées d’une suite de cavités, cette métaphysique se développer avec « une succession de panneaux, au cours d’un cheminement initiatique où croît la complexité, dans une dynamique de relation exprimée par la synthèse des deux complémentaires ».

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La grotte de Lascaux, avec sa succession de cavités figurant les divers degrés de l'initiation des hommes du paléolithique supérieur

La fin de l’ère glaciaire provoqua la disparition des animaux familiers aux hommes du paléolithique supérieur. D’autres symboles apparurent qui véhiculaient cependant toujours la même métaphysique (à travers l’opposition de la lune et du soleil par exemple, puis, au néolithique, à travers la symbolique du dépassement du cycle des quatre saisons et des quatre éléments).

Escalon de Fonton rapportait ainsi l’existence d’une Tradition primordiale formée dès le paléolithique supérieur et véhiculée sans interruption jusqu’à l’époque moderne sous des formes nécessairement changeantes.

Marseillais de naissance, il a su en discerner l’expression locale à travers un culte aux très anciennes racines, préceltiques et celtiques, le culte de la Vierge Noire , encore célébré chaque année à La Chandeleur (bien que son sens se soit progressivement perdu en même temps que le catholicisme oubliait ses aspects ésotériques) et à travers l’archi-confrérie réunissant les représentants des différents métiers et « ordres » de la ville qui participaient il y a quelques décennies encore à la procession solennelle de la Vierge Noire.

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« Cette archi-confrérie enseignait de façon simple, et pouvant être compris par tous, le symbolisme ainsi résumé : « Les personnes, les âmes, que nous sommes, avons un même principe – Dieu Créateur, l’Être. Or, Dieu, dans son absoluité, n’est contraint par aucune limite, aucune détermination. Il ne possède pas uniquement les possibilités d’Être ; il possède aussi toutes les possibilités de Non-Être. Manifestation et non-manifestation. Essence et Suressence. Cependant, ce qui pour l’humanité limitée à l’Être, semble une dualité, est, pour Dieu-Absolu, une Unité. Pour nous : cette unité est symbolisée par la Possibilité universelle qui comprend à la fois, et en synthèse, toutes les possibilités de manifestation et toutes celles de non-manifestation. La Possibilité Universelle est l’aspect passif de Dieu-Absolu ; son aspect actif n’étant conçu par nous que dans le silence internel.

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« On a donc : aspect passif = féminin. Au-delà de tout dualisme et de toute bipolarisation, donc de toute souillure = Vierge. Principe de tous les possibles, et, pour nous, du Principe créateur qui donne la vie = Mère. Principe de l’Incarnation du Verbe divin = Mère de Dieu. Principe célestiel, par conséquent, en amont du symbolisme des couleurs, mais devant rayonner comme la Nuit Mystique à son aboutissement, passage cyclique ascendant. La Nuit Supérieure, Le Noir de la non-distinction du Principe » » (« La Tradition des Vierges Noires », in Connaissance des religions, volume IV, n°1-2, 1988, pages 97 à 102).

Comme on peut le constater, à la lecture des articles d’Escalon de Fonton, la continuité entre ce culte, et d’autres similaires, et la démarche métaphysique des hommes du paléolithique supérieur est attestée à la fois par l’identité de leur contenu et par leur dimension initiatique.

Dans une telle continuité, la Franc-Maçonnerie vient bien évidemment prendre place pour peu qu’elle n’ait pas elle-même perdu le sens de l’Essentiel et, surtout, comme le rappelait Escalon de Fonton, celui du Suressentiel…

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Notre-Dame de la Consolation, Vierge Noire de Marseille, dans la crypte de l'Abbaye de saint Victor

(En haut: un cheval et un aurochs dessinés dans la grotte de Lascaux, symbolisant l'union des complémentaires)

L’escalade des tensions entre la France et la Turquie : entre guerre économique, jeux d’influence, désinformation et rivalités géopolitiques

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L’escalade des tensions entre la France et la Turquie : entre guerre économique, jeux d’influence, désinformation et rivalités géopolitiques

par Sophie Guldner

Ex: https://infoguerre.fr

A la suite d’un sommet réunissant les pays méditerranéens du sud, le Président Macron a tweeté le 10 septembre dernier « Pax Mediterranea ». Quelques jours plus tard, on apprenait que la France allait vendre des rafales à la Grèce. De ce fait, ce tweet a été accueilli avec scepticisme par de nombreux analystes d’autant plus que la France a répondu militairement par l’envoi de rafales et de navires de guerre à l’incursion dans les eaux territoriales grecques de navires turcs de prospection gazière, ce qui a suscité en outre l’inquiétude de ses alliés européens. En juillet dernier, Erdogan a signé un accord de coopération militaire avec le Niger, pays se situant dans la zone d’influence de la France, et a en outre intensifié sa présence économique dans ce pays dans le secteur minier et celui des infrastructures. L’affrontement actuel entre la France et la Turquie en méditerranée orientale est aussi le corolaire de rivalités géoéconomiques sur de multiples terrains.

Il revient d’analyser les causes de cette escalade qui combinent des intérêts économiques, des rivalités géopolitiques et des enjeux liés à l’agenda politique interne de ces deux dirigeants. Il revient également de mener une réflexion sur les stratégies déployées par ces deux Etats qui font appel à toute une gamme d’instruments :

  • Une démonstration classique de puissance fondée sur la capacité militaire ;
  • l’usage de la désinformation sur les réseaux sociaux émanant particulièrement de la Turquie et imitant le savoir-faire russe dans ce domaine ;
  • L’exercice d’une influence au sein de l’OTAN et de l’UE en vue de diviser ou de former un consensus.
  • La conquête de nouveaux marchés par la Turquie dans la sphère d’influence française en mobilisant des ressources idéologiques.

Cette analyse s’avère d’autant plus nécessaire que cet affrontement suscite de nombreux débats et polémiques sur les réseaux sociaux en particulier entre journalistes, chercheurs et diplomates que l’on peut qualifier de véritable guerre informationnelle tant les échanges sont vifs et les thèses contradictoires.

De manière schématique, deux camps se sont constitués autour de cette polémique :

  • D’une part, les partisans d’une politique de conciliation avec la Turquie. Ils s’opposent à l’escalade unilatérale de la France tant verbale que militaire avec un allié stratégique au sein de l’OTAN et louent la politique de médiation de la chancelière allemande ;
  • D’autre part, ceux qui sont favorables à la posture de fermeté à l’encontre de la Turquie tenue par la France du fait de la violation par cette dernière du droit international, de ses attaques répétées à l’encontre de la France et de sa « politique impérialiste » dans son environnement régional. Selon eux, la négociation avec la Turquie doit s’accompagner d’une politique dissuasive au plan militaire.

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L’affrontement entre la France et la Turquie en Méditerranée orientale s’inscrit plus largement dans un contexte régional tendu où s’affrontent des puissances régionales, ce qui se traduit par des conflits internationalisés en Syrie et en Libye. Et la guerre informationnelle susmentionnée porte plus globalement sur la stratégie française en Libye de soutien au générale Haftar contre le gouvernement d’union nationale (GNA) de tendance islamiste soutenue par la Turquie. De ce fait, il est nécessaire d’avoir en arrière-plan les rivalités de puissance dans la région pour comprendre les enjeux de cet affrontement en Méditerranée orientale.

Ces tensions ne sont pas nouvelles, l’offensive turque en Syrie avait déjà induit une montée des tensions entre les deux pays. Pour mémoire, Emmanuel Macron avait critiqué l’opération turque contre les kurdes du PYD dans le Nord de la Syrie, alliés de la France dans le cadre de la lutte contre Daesh et ayant joué un rôle de premier plan contre ce groupe terroriste. La Turquie considère que ce groupe kurde est terroriste du fait de son affiliation au parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). En réponse à la critique du Président français, le ministère turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu avait qualifié Macron de « sponsor du terrorisme ».

Dans cette nouvelle escalade des tensions en Méditerranée orientale, la France et la Turquie font appel à leur capacité militaire, d’influence voire de nuisance. Cet épisode s’accompagne en outre d’une escalade verbale très virulente tant du côté de la Turquie que du côté de la France. Le Président Turc jugeant le président français « incompétent », « arrogant » et « développant une politique néo coloniale ». Le président français caractérisant la politique turque « d’inadmissible » et de « responsabilité criminelle » sans aller jusqu’à attaquer personnellement le président Erdogan. Néanmoins, la France, tout en se lançant dans une surenchère verbale et en menaçant la Turquie de sanctions, continue à rappeler dans ses communiqués la nécessité de dialoguer avec la Turquie.

La Mer Méditerranée orientale est le théâtre de confrontations autour d’enjeux géoéconomiques et géostratégiques : des tensions autour de la délimitation des frontières et du partage des réserves de gaz, la gestion des flux migratoires et la sécurité de l’Etat d’Israël. En outre, la Libye est confrontée à un conflit internationalisé opposant le camp de la contre-révolution autoritaire dans le monde arabe qui comprend les Emirats, l’Arabie-Saoudite, l’Egypte et la Russie au camp de soutien à l’islam politique et, dans le cas précis de la Libye, au gouvernement d’union nationale (GNA), dans lequel se trouve la Turquie et le Qatar. Comme susmentionné, la France y a joué un rôle ambigu en soutenant le général Haftar au motif qu’il serait plus à même de combattre le terrorisme que le GNA de tendance islamiste et reconnu par l’ONU et en vue d’empêcher une vague de réfugiés libyens de déferler en Europe. Cette stratégie se double d’un alignement de la diplomatie française sur l’agenda politique émirati et saoudien dans la région. Enfin, le partage du pétrole libyen est également un axe de ce conflit.

Quels sont alors les enjeux de cet affrontement ? Commet expliquer une telle escalade verbale et militaire entre deux alliés au sein de l’OTAN ? Quels sont les leviers mobilisés par ces deux pays ? Qui sort vainqueur de cet affrontement ?

  1. Les multiples grilles de lecture de l’affrontement franco-turc

Une lecture géoéconomique de cet affrontement

Tensions autour de l’émergence d’un nouveau pôle énergétique en Méditerranée

La dimension de « guerre économique » des tensions autour du gaz de la méditerranée orientale est évidente. De fait, la Méditerranée orientale est devenue un pôle énergétique majeur après la découverte en 2009-2010 de gisement gazier ravivant les nombreux conflits frontaliers dans cette mer étroite où les zones économiques exclusives (ZEE) se chevauchent.

Les enjeux de ces tensions portent tant sur l’exploitation du gaz que sur son transport. Concernant le volet transport, la Grèce, Chypre et Israël ont signé un accord gazier qui prévoit la construction d’un gazoduc « East Med » visant à transporter du gaz naturel entre 9 milliards et 11 milliards de mètre cube depuis les réserves off-shore de Chypre et d’Israël vers la Grèce. La Turquie a été mise à l’écart de ce projet alors que, de son point de vue, sa position géographique entre l’Orient et l’Occident la prédestine à devenir un hub gazier et qu’elle a développé des ambitions dans ce sens. C’est dans ce cadre que la Turquie et la Russie ont formé un projet concurrent le « Turkstream » visant à acheminer en Turquie et en Europe du gaz en Russie.

En outre, un Forum du gaz de la Méditerranée orientale (EMGF) réunissant l’Egypte, Chypre, la Grèce, l’Italie, Israël, la Jordanie a été créé en vue de former des projets communs et de développer des infrastructures. La Turquie n’a pas non plus été intégrée à ce forum.

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Sur le volet de l’exploitation du gaz naturel, le Turquie a signé accord fin 2019 afin de s’octroyer une large part du gaz en méditerranée orientale. Elle vise à réduire sa dépendance au gaz, en particulier vis-à-vis de la Russie. La Grèce a répliqué par la signature d’un accord similaire avec l’Egypte en aout 2020, ce qui a constitué l’élément déclencheur de l’envoi par la Turquie d’un navire de prospection dans les eaux territoriales grecques et qui a débouché sur l’escalade militaire actuelle que l’on connait. Cette découverte de gaz sert les intérêts européens en ce qu’elle leur offre l’opportunité de réduire leur dépendance énergétique  à la Russie.

En outre, à l’annonce de la vente de rafales par le France à la Grèce dans ce contexte inflammable, des analystes ont considéré que cette vente était la cause de l’appui au plan militaire apporté par la France à la Grèce. Or même si elle est bien consécutive de cet appui, cette lecture mettant en avant exclusivement la défense des intérêts économiques de la France est à relativiser au regard de la pluralité des enjeux que révèle cette crise.

Enfin, le conflit en Libye où la France et la Turquie soutiennent des parties différentes présente un volet énergétique concernant le partage des réserves pétrolières libyennes. En conséquence, l’enjeu énergétique est un axe majeur de l’affrontement franco-turc.

La Turquie à la conquête de marchés au Maghreb et en Afrique subsaharienne

Au-delà des enjeux énergétiques, l’intervention de la Turquie en Libye vise également à renforcer les liens commerciaux entre les deux pays ainsi que la présence des entreprises turques en Libye. Cette ambition a été formalisée par un accord commercial entre les deux pays. La Turquie est devenue le deuxième plus grand exportateur en Libye après la Chine.

Enfin, la Turquie est en discussion avec la GNA pour implanter une base turque à Misrata afin de devenir une grande puissance en Afrique du Nord.  Les enjeux sont donc aussi géopolitiques comme cela sera analysé plus bas. Mais ce statut de puissance poursuivi en Afrique du Nord vise également à lui ouvrir l’accès aux marchés de l’Afrique subsaharienne, en particulier au Sahel où elle avance ses pions. Elle pénètre aussi la Corne de l’Afrique, ce qui suscite des tensions avec l’Egypte, les Emirats et l’Arabie Saoudite, en particulier en Ethiopie qui a un différend majeur avec l’Egypte autour de la construction du barrage de la renaissance sur les eaux du Nil. Du point de vue de certains analystes, cette  guerre économique en Afrique entre ces puissances a contribué à consolider l’alignement de la, politique étrangère de la France, des Emirats et de l’Egypte.

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La conquête de nouveaux marchés par la Turquie dans son environnement régional, en particulier en Afrique (Maghreb et Afrique Subsaharienne) s’intensifie depuis plusieurs années. Son isolement, consécutif du gel des accords d’adhésion avec l’Union européenne, constitue à l’évidence le principal moteur de cette stratégie de conquête qui inclut dans son périmètre la sphère d’influence de la France, ce qui constitut un facteur de tension entre ces deux pays.

La Turquie remporte des succès au Maghreb, en particulier en Algérie, où le pouvoir politique aurait développé « un tropisme turc ».  La Turquie a depuis l’époque Bouteflika investit dans le marché des infrastructures en Algérie. Elle compte alors 800 entreprises dans divers secteurs (BTP, textile, sidérurgie, agroalimentaire, énergie) et elle est le premier investisseur du pays si l’on exclut le secteur des hydrocarbures. Néanmoins, le France reste le premier pays exportateur en Algérie et la Turquie se situe loin derrière. Si les relations entre les deux pays se sont distendues pendant la période de transition du général Gaid Sallah proche de l’axe autoritaire émirati et saoudien, celles-ci sont de nouveau au beau fixe depuis l’élection du Président Tebboune qui a fait un voyage officiel en Turquie et qui cherche à prendre ses distances avec l’axe emirati et saoudien en Libye. En outre, le président Tébboune a été ministre de l’habitat pendant cinq années où il a eu à négocier avec des sociétés turques, et a dû être impliqué dans le passage de marché douteux. Enfin, se rapprocher de la Turquie est un moyen de se légitimer en interne dans une société où le sentiment anti-français est encore vivace et où le pouvoir y est contesté par un mouvement populaire le « hirak ». Enfin, de la même manière qu’en Libye, l’Algérie comme l’a affirmé le président Erdogan est  « l’un des principaux points d’entrée vers le Maghreb et l’Afrique ». Les ambitions d’Erdogan ne se limitent donc pas à ce pays ami.

En Tunisie, la Turquie a une réelle influence sur le plan culturel où elle y exporte ses séries, et où des instituts dispensent des cours de langue turque et où l’on mange des Kebabs et où la Sublime Porte inspire chez certains de la nostalgie. Son modèle politique a aussi été attractif auprès d’un pan de la population et du pouvoir lui-même qu’ils s’agissent du Kémalisme dont Bourguiba s’inspirait ou de celui de l’AKP qui a permis une forte croissance économique dans les années 2000. Néanmoins, sur le plan économique, la Tunisie souffre d’un déficit d’attractivité .pour les investisseurs turcs. Enfin, avec le Maroc, les relations sont éminemment moins chaleureuses, et des frictions entre les deux pays, notamment dues à un accord de libre-échange liant ces deux pays et déséquilibré en faveur de la Turquie, nuisent à leurs relations.

Face à la montée de l’influence turque dans la sphère d’influence de la France au Maghreb, la diplomatie française du point de vue de certains experts [1]ne permet pas de répondre au défi actuel. L’Union pour la Méditerranée crée en 2008 à l’initiative du Président Sarkozy est une coquille vide. Selon, Beligh Nabli (IRIS), l’absence de concertation de la France avec les pays européens en amont de sa création est la principale cause de cet échec, l’Allemagne aurait en représailles imposé que cette union inclut tous les pays de l’UE et non les pays du pourtour méditerranéen. Dans la même veine, l’initiative du Président Emmanuel Macron intitulé « le sommet des deux rives » qui s’est tenu à Marseille les 23 et 24 juin 2019 réunissant les pays de la rive sud et de la rive nord de la Méditerranée n’a pas eu l’écho escompté et est passé presque inaperçu. De la même manière, le travail de mémoire de la guerre d’Algérie confié à Benjamin Stora, aussi louable soit-il, ne suffira probablement pas à refonder les relations entre la France et l’Algérie[2].

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La France dispose de forces opérationnelles au sud du Maghreb, en Mauritanie, au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad ainsi que des bases militaires au Sénégal, en Cote d’Ivoire et au Gabon. Cela n’a pas empêché la Turquie et le Niger de signer un accord de coopération portant sur l’économie et la défense en juillet dernier par lequel la Turquie prend part à l’industrie minière, secteur hautement stratégique pour la France. Erdogan a également réalisé une tournée au Sénégal et en Gambie en janvier 2020. En Afrique Subsaharienne, la Turquie mobilise dans sa stratégie des ressources idéologiques. Le thème d’un néocolonialisme est l’un des éléments de cette stratégie. De fait, à l’occasion d’un sommet d’affaires Turquie-Afrique en 2016, Erdogan a mis en avant la formation d’un nouveau modèle de colonisation mis en place par l’Occident et les institutions internationales et a déclaré « nous autres Africains et Turcs incarnons la résistance à ce modèle ». Ce discours révèle que la Turquie a parfaitement assimilé la thèse de Bertrand Badie [3] selon laquelle le système international est « oligarchique » et dominé par les vieilles puissances qui imposent leurs normes « aux faibles », et que « l’humiliation » du faible permet de mobiliser contre la domination. De fait, ce discours montre une instrumentalisation de « la dénonciation du fort » [4]par la Turquie en vue de conquérir de nouveaux marchés. C’est en particulier en exploitant le sentiment anti-français que la Turquie étend son influence en Afrique. C’est certainement dans ce cadre qu’il faut comprendre les attaques actuelles de la Turquie contre la France autour de son passé colonial, et sur l’exploitation financière de l’Afrique.

A l’heure où la France est confrontée à la montée d’un sentiment anti-français au Sahel où elle est embourbée dans une guerre ressemblant par bien des aspects à la guerre en Afghanistan face aux Talibans, et à l’heure où elle connait au Sénégal une opposition dirigée contre ses intérêts économiques et ciblant ses entreprises (Orange) et où elle fait face à des mobilisations contre la monnaie CFA dont la réforme à minima annoncée en décembre dernier par Emmanuel Macron et Alassane Ouattara ne suffira probablement  pas à éteindre le sentiment anti-CFA en Afrique, le thème d’une nouvelle forme de colonialisme est porteur. Et la France doit réagir et ne pas négliger ces attaques informationnelles.

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Enfin, la Turquie mobilise également l’islam dans sa stratégie de conquête. Tel est le cas au Sénégal. Elle est devenue un partenaire économique de premier plan du Sénégal en particulier dans le secteur des infrastructures (participation à la réalisation du TER, gestion de l’aéroport international Blaise Diagne pendant 25 ans, construction du centre international de conférence Abou Diouf…). En outre, les relations commerciales entre ces deux pays s’intensifient. Selon Oumar Ba, professeur au centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris, le fait que ces « deux pays partagent le même islam sunnite » a contribué à consolider les relations économiques et commerciales entre ces deux pays. Ils sont tous les deux membres de l’Organisation de la Conférence islamique qui constitue un cadre d’échange privilégié. Le financement en 2018 par la fondation turque Diyanet d’une des plus grandes mosquées d’Afrique de l’Ouest au Ghana est un autre exemple de cette diplomatie mobilisant l’islam. A côté de l’islam, la Turquie mobilise d’autres registres tels que le sport qui est très populaire en Afrique. C’est le groupe turc Yenigun qui a la charge de la construction du complexe sportif de Japoma au Cameroun qui accueillera la coupe d’Afrique des nations en 2021. La Turquie a aujourd’hui établi un réseau de 41 ambassades en Afrique et possède 20 agences de l’agence de coopération TIKA et a densifié ses liaisons aériennes via sa compagnie Turkish Airlines. [5]

La Turquie à travers la poursuite d’une influence dans son environnement régional cherche également un soutien ou du moins une neutralité dans le dossier Libyen où elle est isolée. Toutefois, cette stratégie a ses limites et la réflexion d’Erdogan sur les « crimes coloniaux » de la France n’a pas particulièrement plu au pouvoir à Alger qui s’efforce à « afficher une neutralité de façade » en dépit de son soutien au GNA. Il propose en outre de jouer un rôle de médiateur.

Ainsi ce volet d’influence économique de la Turquie de l’Afrique Subsaharienne, en passant par le Maghreb et la Méditerranée orientale – ou cet encerclement cognitif Turc – est un axe de cet affrontement entre la France et la Turquie.

Néanmoins, une lecture exclusivement géo économique ne suffit pas à cerner tous les enjeux de cet affrontement. Il est nécessaire d’y superposer une grille de lecture géopolitique.

Une lecture géopolitique : des rivalités de puissance au cœur de l’affrontement franco-turc

La confrontation symbolique entre deux puissances

La Turquie, au même titre que d’autres puissances au Moyen-Orient (Iran, Emirats, l’Arabie-Saoudite), déploie une politique nationaliste que d’aucuns qualifient même d’impérialiste ou de « néo-Ottomane » en ceci qu’elle s’accompagne d’un expansionnisme en Syrie et en Libye mais aussi sur d’autres terrains comme susmentionné. Ce nationalisme est probablement porté par l’humiliation du traité mort-né de Sèvre qui visait à démanteler la Turquie. Elle résulte de manière plus évidente des négociations d’adhésion avec l’UE qui sont actuellement gelées et du rôle ambivalent de l’Europe à l’égard de l’adhésion de la Turquie. Enfin, cette affirmation du nationalisme turc repose également sur des causes internes en lien avec l’alliance de l’AKP et d’un parti ultranationaliste désormais nécessaire au maintien au pouvoir de l’AKP qui a perdu sa majorité.

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La délimitation des frontières est au cœur des tensions en Méditerranée orientale. Et la découverte de gisement de gaz vient alors raviver ces tensions. La Convention de Montego Bay sur droit de la Mer est complexe concernant la délimitation de frontières autour des iles. Des lors, cette délimitation requiert une négociation bilatérale entre les Etats de la région, ce qui n’est pas acquis compte tenu des tensions entre ces Etats (Israël/Liban, Grèce/Turquie, division de Chypre). En outre, la Turquie n’a pas ratifié cette Convention.

Pour les tenants de la position de fermeté avec la Turquie[6], l’appui militaire à la Grèce est justifié en ceci que l’UE doit montrer qu’elle est capable de défendre ses frontières extérieures. En outre, la France est une puissance en Méditerranée où elle possède un sous-marin d’attaque. Enfin, l’effacement des Etats-Unis dans la région octroie à la France le rôle de puissance stabilisatrice.

Pour les tenants de la posture de conciliation, l’appui militaire unilatéral de la France à la Grèce s’inscrit dans le contexte régional de rivalités entre puissances, en particulier en Libye. De leur point de vue, l’échec de la stratégie de la France en Libye après la défaite du général Haftar face au GNA soutenu par la Turquie est l’un des moteurs de l’implication au plan militaire de la France en Méditerranée orientale. Plus globalement, c’est le paradigme de soutien de la France à des partenaires « appartenant à l’école autoritaire »  (Sissi, Haftar, MBZ) qui est remis en cause. Et selon eux, les déboires de la France en Libye attestent de l’inanité de cette stratégie.  L’alignement de la position française sur celle des Emirats est masqué par la France, du fait de la politique autoritaire et peu soucieuse des droits humains des Emirats dont l’intervention au Yémen révèle de manière éclatante. Et cet échec de la diplomatie française en Libye alimente la virulence de la France contre la Turquie qui est dans le camp opposé. C’est d’ailleurs dans ce cadre que se comprend l’appui à la Grèce des Emirats, pays non méditerranéen, à travers l’envoi de quatre F16.

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Enfin, l’Irak, où la Turquie a lancé une offensive dans le Nord de grande envergure dite « Griffes du Tigres » et où elle est présente dans 35 bases irakiennes, est un autre terrain de rivalités entre les deux pays. Cette offensive turque serait au cœur de la volonté française de s’impliquer dans le pays, comme en témoigne la visite éclaire de Macron le 2 septembre dernier et son insistance sur son appui à la « souveraineté de l’Irak ». La France a également des intérêts économiques dans ce pays, en particulier dans le secteur pétrolier, et y voit une manière de retrouver une influence au Moyen-Orient bénéficiant du retrait américain.

La dimension de politique interne de cet affrontement

La politique extérieure d’un pays s’articule très souvent avec sa politique intérieure. Cette dernière est à prendre en compte dans l’analyse de l’affrontement entre la France et la Turquie.

De fait, la France a, par le passé, instrumentalisé l’adhésion de la Turquie à l’UE à des fins électorales. On se souvient du Président Sarkozy qui avait fait du refus de cette adhésion un thème de sa campagne électorale en vue de rallier l’électorat de l’extrême droite. Il est possible que la virulence des propos du Président Macron vise également à mobiliser l’opinion publique.

En outre, Bertrand Badie y voir une volonté d’Emmanuel Macron de restaurer la souveraineté de l’Union européenne et de se présenter comme le leader. Il note néanmoins que cette stratégie a des limites, en ce que le conflit en méditerranée orientale ne peut que se terminer par une négociation entre les Turcs et les Grecs, ce qui est susceptible de conforter le bien-fondé de la posture de médiation de l’Allemagne et de préserver, voire de consolider les intérêts économiques de cette dernière.

Côté Turc, cette instrumentalisation apparait clairement. De fait, le pouvoir de l’AKP est en quête de légitimité alors que la Turquie connait une crise économique et qu’il a perdu la ville d’Istanbul lors des dernières élections. Le sentiment nationaliste turc particulièrement ancré dans la société fait que même l’opposition en Turquie soutient le pouvoir dans son escalade avec la France[7]. Sa stratégie se révèle ainsi gagnante à ce stade sur le plan de la politique interne turque.

  1. Analyse des stratégies turques et françaises

Le recours à une démonstration de force

La stratégie de ces deux pays repose sur le hard power. La France a envoyé des rafales et des navires militaires pour dissuader la Turquie en réponse à l’envoi par la Turquie de navires de prospection escortés par des navires militaires.

La Turquie est la deuxième armée de l’OTAN en effectifs et de ce fait, elle connait son importance dans le système de défense. En outre, les Etats-Unis, depuis l’administration Obama, cherchent à se retirer de la région dans une stratégie dite de « pivot vers l’Asie ». Ceci s’est accentué sous la présidence du Président Trump. De ce fait, les Etats-Unis considèrent que la Turquie pourrait jouer le rôle de puissance stabilisatrice dans la région[8]. A ce titre, la Turquie jouit d’une influence au sein de l’OTAN et de l’UE.

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Quant à la France, elle propose à la Grèce une alliance militaire qui inclut un volet industriel. L’acquisition de rafales par la Grèce va donner un avantage à l’armée grecque sur l’armée turque dans les airs.

Plus globalement, la région de la méditerranée orientale connait une véritable course aux armements incluant tous les pays à l’exception de Chypre et du Liban.

A côté de ce volet militaire, la stratégie de ces deux Etats repose sur l’exercice d’une influence et sur l’instrumentalisation des rapports de force au sein de l’OTAN et de l’UE.

L’exercice de leur influence au sein de l’OTAN et de l’UE

La Turquie joue sur les divisions au sein de l’OTAN et de l’UE. Ankara peut se permettre une surenchère en Méditerranée orientale en ceci qu’elle est un chainon central du système de défense otanien en Méditerranée. Certains considèrent qu’elle « jouit d’une forme d’impunité au sein de l’OTAN ».

De ce fait, La Turquie mène une « stratégie de mise en tension »[9]en sachant que les Etats-Unis, qui ne voient pas d’un bon œil la montée en puissance de la Russie en Méditerranées Orientale et qui ont basculé dans une forme d’isolationnisme, ne semblent pas enclins à intervenir. De fait, les Etats-Unis, à travers une déclaration de Mike Pompéo, appellent à une résolution pacifique du conflit. Néanmoins, l’accord de coopération en matière de défense signé entre les Etats-Unis et la Grèce en janvier dernier vient signifier à la Turquie une mise à distance avec son allié privilégié dans la région.

Les Européens eux-mêmes sont divisés. De fait, l’affaire de la frégate française « Courbet » visée par des radars d’une frégate turque soupçonnée de violer l’embargo sur les armes en Libye est révélateur du faible soutien apporté à la France par ses alliés dans le cadre de l’OTAN mais aussi par les Etats membres de l’Union européenne dont huit seulement l’ont soutenue. Selon Cyril Bret, la position de la France est loin d’être majoritaire tant sur les symptômes du « brain dead » de l’Otan pointés par celle-ci que sur le plan des remèdes proposés.

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Cette absence de soutien franc à la France, en particulier émanant de pays de l’Union européenne, a diverses causes.

La première cause est liée à son soutien au général Haftar en Libye contre le GNA reconnu par l’ONU. En outre, les pays du sud de la Méditerranée, en particulier l’Italie, considèrent la Turquie comme un partenaire important dans la gestion des flux migratoires. L’Italie se situe en outre en Libye dans le camp de soutien au GNA. Les pays de l’Europe de l’Est considèrent également que la Turquie est un partenaire central au sien de l’OTAN dont l’un des volets est la lutte contre la menace russe. L’Allemagne considère aussi la question migratoire comme majeure et a en outre une large diaspora turque favorable à l’AKP et des intérêts économiques en Turquie. Si elle est alignée sur la France concernant les inquiétudes soulevées par l’expansionnisme de la Turquie, elle diffère sur la méthode et elle privilégie la négociation et les sanctions[10]. Enfin, la virulence de la rhétorique de Macron a pu susciter la méfiance au sein de ses partenaires. [11]

La France et la formation d’un front uni contre la Turquie

Si la Turquie joue sur les divisions au sein de ses organisations, la France cherche à former un consensus en vue de l’imposition de sanctions additionnelles à l’encontre de la Turquie à l’occasion du sommet européen des 24 et 25 septembre. De fait Emmanuel Macron a réuni en Corse les dirigeants du sud de la Méditerranée en vue de définir une ligne commune. Il a eu des propos très durs déclarant que la Turquie n’était plus un partenaire en Méditerranée.

Une communication virulente émanant de l’exécutif de ces deux Etats

Les deux présidents appuient leur stratégie d’influence d’une communication virulente.

Il n’est pas certain que cette stratégie soit gagnante côte française en ceci qu’elle suscite la méfiance chez ses partenaires, en particulier l’Allemagne mais aussi parmi les pays d’Europe du Sud et de l’est, qui voient avec inquiétude l’escalade entre deux partenaires au sein de l’OTAN. En outre, cette communication sert les intérêts politiques d’Erdogan en interne, le peuple turc étant réputé très nationaliste.

Enfin, la Turquie va encore plus loin en ceci qu’elle développe des méthodes de désinformation en imitant le savoir-faire russe en diffusant de fausses informations dans des langues étrangères.

La négociation

L’Allemagne a tenté d’opérer une médiation entre la Grèce et la Turquie. Si la Turquie a accepté cette initiative, les Grecs se sont montrés plus réticents, considérant qu’ils étaient sous la pression militaire de la Turquie mais aussi parce qu’elle se sent en position de force en ce que l’UE va probablement infliger des sanctions à la Turquie qui se trouve dans un relatif isolement. L’OTAN qui ne dispose pourtant d’aucun mécanisme de règlement des différends a proposé d’arbitrer ce conflit ce qui a été accepté par les deux parties.

Le retrait du navire de prospection turc des eaux territoriales grecques est de nature à apaiser les tensions actuelles et faciliter des négociations.

La mobilisation de ressources idéologiques par la Turquie

La politique expansionniste de la Turquie s’appuie sur des ressources culturelles (séries TV, nostalgie de l’empire Ottoman…) et sur des ressources idéologiques, à savoir l’islam (Sénégal), le sentiment néocolonial (Afrique) et le panturquisme.

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Une illustration de cette dernière ressource a été éclatante à l’occasion de la célébration  de l’anniversaire de la victoire seldjoukide de Manzikert contre l’empire Byzantin en 1071 qui a été accompagnée de discours nationalistes aux accents pan-turcs, proche d’un ethno nationalisme. Cette stratégie entre dans la volonté de redorer l’image de l’AKP. Mais ce panturquisme s’adresse également aux turcs à l’extérieur de la Turquie. A ce titre, la diplomatie éthno-nationaliste remporte quelques succès au Liban qui octroie la citoyenneté aux quelques milliers de Turkmènes dans le pays.

Le Liban où la Turquie cherche à prendre pied, profitant de la marginalisation de la communauté sunnite depuis que l’Arabie Saoudite s’est désengagée du fait d’un premier ministre sunnite, Saad Hariri, jugé insuffisamment ferme face au Hezbollah, pourrait constituer un nouveau terrain de concurrence entre la France et la Turquie à l’heure où la France revient sur le devant de la scène dans ce pays. La France considère que du fait de ses liens particuliers avec ce pays (histoire, diaspora, langue française), elle est la mieux placée pour peser sur la politique de ce pays en encourageant une meilleure gouvernance. La possibilité d’une nouvelle vague migratoire liée à la crise économique et institutionnelle au Liban est également un facteur de ce réengagement français.

Enfin, la normalisation des relations entre les Emirats et le Bahreïn et Israël sert la politique d’influence de la Turquie qui se présente comme la protectrice de l’islam sunnite et garante de la cause palestinienne aux côtés de l’Iran.

La France a-t-elle les moyens de cette diplomatie active ?

Ainsi, cet affrontement complexe, en ce qu’il mêle des enjeux économiques et politiques et qu’il a pour décor de multiples terrains, révèle une diplomatie active de la France. Néanmoins, du point de vue de nombreux analystes, la France en Afrique et au Moyen-Orient manque d’une stratégie de long-terme et d’une ligne claire[12]. En outre, sur le plan de la « guerre économique » en Afrique, la Turquie n’est pas la seule puissance à conquérir des marchés et la Chine représente un concurrent de taille. Enfin, il convient de se demander si la France a les moyens de cette diplomatie offensive et unilatérale face à la Turquie. A ce titre, le vente de rafale a la Grèce pose des difficultés à l’armée de l’air française qui fait face à un manque d’appareils permettant d’assurer toutes les missions extérieures de la France. Quant à la Turquie, en dépit d’une diplomatie active mobilisant tous les registres lui permettant de recueillir une neutralité, voire un soutien, sur le dossier Libyen (Algérie, Tunisie), une popularité croissante au sein de communautés marginalisées (sunnites du Liban, palestiniens) et la conquête de nouveaux marchés (Sénégal), il n’est pas certain qu’elle en sorte gagnante tant elle est isolée dans son environnement régional.

 

Sophie Guldner

Notes

[1] Didier Billon dans IRIS conférence Quels enjeux stratégiques en 2021, 15 septembre 2020

[2] Didier Billon dans IRIS conférence Quels enjeux stratégiques en 2021, 15 septembre 2020

[3] Bertrand Badie, Quand le Sud réinvente le monde, Essai sur la puissance de la faiblesse, La Découverte, 2018

[4] Bertrand Badie, Quand le Sud réinvente le monde, Essai sur la puissance de la faiblesse, La Découverte, 2018

[5] Le monde, en visite au Sénégal, le président turc confirme ses ambitions africaines, 30 janvier 2020

[6] Bruno Tertrais dans Cuture Monde : rentrée diplomatique, la France à la manœuvre : Méditerranée, Paris joue les gendarmes, 27 aout 2020

[7] Propos tenus par Ahmed Insel à l’antenne de France culture dans Méditerranée : la bataille du gaz

[8] Propose tenu par Dorothée Schmidt dans Affaires étrangères, Méditerranée : la bataille du gaz, 12 septembre 2020

[9] Propos tenus par Cyril Bret dans Affaires étrangères, Méditerranée : la bataille du gaz, 12 septembre 2020

[10] Drothée Schmidt dans dans Affaires étrangères, Méditerranée : la bataille du gaz, 12 septembre 2020

[11] Bruno Tertrais dans Cuture Monde : rentrée diplomatique, la France à la manœuvre : Méditerranée, Paris joue les gendarmes, 27 aout 2020

[12] Richard Banégas, la politique d’intervention de la France en Afrique vue d’en bas, Réflexions à partir du cas de la Cote d’Ivoire, Gallimard, « les Temps modernes », 2017, page 288 à 310

Die Arktis wird umkämpft

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Die Arktis wird umkämpft

Niklas Kharidis
Frödert Ulfsbörn

Ex: https://www.world-economy.eu

In den letzten Jahren ist die Arktis zunehmend zum Ziel der Interessen angrenzender Mächte geworden, aber auch der Länder, die geografisch sehr weit vom Nordpol entfernt sind.


Immer häufiger erheben Länder wie Dänemark, Norwegen, die Vereinigten Staaten und Russland, aber auch beispielsweise China, Ansprüche auf natürliche Ressourcen, auf bestimmte Gebiete, auf eine privilegierte Position im Seegebiet um die Arktis herum. Wenn Russlands Behauptungen in vielerlei Hinsicht durch die Länge seiner an die Arktis angrenzenden Küste gerechtfertigt sind, dann sind die Interessen von Ländern wie China oder Indien in dieser Region wiederum sehr umstritten.

Auch die Zunahme der NATO-Aktivitäten und der Konfrontationen in der Arktis kann nicht das Ziel der deutschen Politik sein, dies widerspricht den Interessen Deutschlands. Es kann nicht ausgeschlossen werden, dass die Intensivierung der Versuche, die eigene Präsenz in der Arktis zu erhöhen, zum Anstieg der Verteidigungsausgaben der europäischen Länder führen wird. Dies gilt insbesondere für Deutschland, das bereits unter dem Druck der Vereinigten Staaten steht, den Anteil des Militärhaushalts und die Beiträge zum NATO-Haushalt zu erhöhen.


Es muss daran erinnert werden, dass das Pentagon bereits 2019 die sogenannte Arktis-Strategie veröffentlicht hat. Diese Strategie konzentriert sich auf China und Russland. Natürlich geht es dabei um militärische Faktoren im Zusammenhang mit der Arktis: „China und Russland als zentrale Her­ausforderung für langfristige Sicherheit und Wohlstand der USA.“


In dem Strategiepapier steht dazu:


„The Arctic as a potential corridor for strategic competition: The Arctic is a potential avenue for expanded great power competition and aggression spanning between two key regions of ongoing competition identified in the NDS — the Indo-Pacific and Europe — and the U.S. homeland. U.S. interests include maintaining flexibility for global power projection, including by ensuring freedom of navigation and overflight; and limiting the ability of China and Russia to leverage the region as a corridor for competition that advances their strategic objectives through malign or coercive behavior.“

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Bereits 2013 skizzierte Barack Obama, der damalige Präsident der Vereinigten Staaten, seine Ziele in der Arktis. Während seiner Präsidentschaft wurde dieses strategische Dokument entworfen, in dem der Ausbau und die Entwicklung der arktischen Infrastruktur und, gleichzeitig, die Verstärkung der internationalen Zusammenarbeit bei der Nutzung und dem Verbrauch natürlicher Ressourcen in der Arktis beschrieben werden.


Experten der Stiftung Wissenschaft und Politik e.V. (SWP e.V.) berichten darüber ausführlich in ihren analytischen Papieren (sieh. Quellenangabe).


Die Bundesregierung hat wiederholt ihr Interesse einer Beteiligung an der Entwicklung der Arktis bekundet, aber all diese Aussagen gingen nicht über schöne diplomatische Formulierungen hinaus. Gleichzeitig betont Deutschland in jeder Hinsicht seine mangelnde Bereitschaft, die Arktis zu militarisieren. Und dies ist ein völlig korrekter Ansatz, der es ermöglicht, die natürlichen Ressourcen der Arktis in einer ruhigen Atmosphäre zu erschließen, ohne die Angst vor militärischen Konflikten zu schüren. Diese Position Berlins scheint ausgewogen und richtig zu sein und spiegelt den Wunsch Deutschlands wider - unabhängig vom Druck seitens der USA und Kanada - einen eigenen Platz in der Arktisfrage einzunehmen.

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In der Beschreibung der Situation mit der Arktis, die auf den Seiten des Auswärtigen Amtes zu finden ist, wird das Verhältnis der Bundesregierung durch folgende Formel ausgedrückt: „Die Bundesregierung plädiert für die Beibehaltung eines eindeutig defensiven Charakters jedweder militärischer Maßnahmen, um einer verstärkten Militarisierung der Arktisregion entgegenzuwirken.“


Überraschenderweise unterscheidet sich die Position der deutschen Verteidigungsministerin Kramp-Karrenbauer jedoch deutlich von den strategischen Plänen ihrer Regierung. Während einer Videokonferenz mit dem NATO Joint Warfare Centre sprach sich die Ministerin beispielsweise dafür aus, dass sich die Westliche Militärallianz künftig „intensiver mit der Region befassen“ sollte.


Dies ist eine merkwürdige Position der Verteidigungsministerin, zumal es nach Angaben der Bundeswehr in der norwegischen Stadt Stavanger bereits mehr als 40 deutsche Soldaten gibt. Es versteht sich von selbst, dass sie an allen Manövern in der Region teilnehmen, beispielsweise an dem Manöver "Cold Response 2020" in Nordnorwegen, das bereits im März begonnen hat. Aufgrund der Pandemie verlief es nicht vollständig wie geplant, dennoch nahmen Schiffe der Bundeswehr an den Manövern vor der Küste Islands teil. Laut der Zeitung „Junge Welt“ findet die Militarisierung der Arktis unter aktiver Beteiligung Deutschlands statt.


Es ist bedauerlich, dass Berlin dem Druck anderer Länder erliegt die Arktis zu militarisieren und sich an diesen Plänen mit der Bundeswehr beteiligt. Die Bundeswehr und ihre Marine befinden sich in einem militärtechnischen Zustand, der vieles zu wünschen übrig lässt. Nach Einschätzungen von Marine-Experten erfordert die deutsche Militärtechnik, einschließlich der Militärschiffe, seit langem eine gründliche Modernisierung oder einen kompletten Ersatz durch neue Ausrüstungsgegenstände.

Der Einsatz der Bundeswehr in der gegenwärtigen Situation, zur Deckung der Bedürfnisse der NATO, versetzt die militärtechnische Basis Deutschlands in die Position eines Landes, das an militärischen Manövern beteiligt ist, die den eigenen nationalen Interessen diametral entgegen stehen. Richtig und ausgewogen wäre eine Politik, die auf eine friedliche Entwicklung der Arktis abzielt, ohne eine harte Konfrontation zu provozieren, die die Situation in dieser Region und in der ganzen Welt verschlechtern würde.

Quellen:

  1. https://www.swp-berlin.org/10.18449/2019A56/

  2. https://www.auswaertiges-amt.de/blob/2239806/0c93a2823fcf...

  3. https://www.jungewelt.de/artikel/384010.arktis-berlin-mis...

vendredi, 09 octobre 2020

Options russes dans le conflit du Karabakh

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Options russes dans le conflit du Karabakh

Par The Saker 

Source The Saker

Avec les yeux de la plupart des gens rivés sur le débat entre Trump et Biden, le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie au sujet du Haut-Karabakh (NK) a reçu relativement peu d’attention en Occident. Pourtant, c’est une situation potentiellement très dangereuse.

Pensez à ceci : les Arméniens accusent les Turcs d’avoir abattu un Su-25 arménien au-dessus de l’Arménie – pas au dessus du Nagorno-Karabakh ! Si cela est vrai, certains diront que c’est une énorme nouvelle car cela signifierait qu’un État membre de l’OTAN a commis un acte d’agression contre un membre de l’OTSC [Collective Security Treaty Organization]

Cela signifie-t-il que la guerre entre deux plus grandes alliances militaires de la planète est inévitable ?

À peine.

En fait, il me semble que ni l’OTSC, ni l’OTAN n’ont beaucoup d’enthousiasme pour s’impliquer.

Prenons un peu de recul et mentionnons quelques éléments de base.

  • L’Arménie a suivi une voie anti-russe depuis la révolution de couleur soutenue par Soros en 2018.
  • L’Azerbaïdjan est clairement allié avec, et soutenu par, la Turquie – un pays actuellement dans des crises politiques, ou autres, avec à peu près tout le monde. Erdogan est clairement une planche pourrie perdante et on ne peut lui faire confiance en aucune circonstance.
  • En vertu du droit international, le Haut-Karabakh fait partie de l’Azerbaïdjan. Pour cette raison, l’Arménie ne peut pas faire appel à l’OTSC – tout comme le plaidoyer d’Erdogan pour le soutien de l’OTAN contre la Russie lorsque les Turcs ont abattu un Su-24M russe au-dessus de la Syrie a été rejeté par l’alliance.
  • Militairement parlant, l’Azerbaïdjan a l’avantage quantitatif et même qualitatif sur l’Arménie, même si cette dernière dispose d’un équipement moderne. Pourtant, comme aucune des deux parties ne dispose d’une force aérienne moderne, il n’est pas impossible que la Turquie ait envoyé des F-16 pour aider l’armée de l’air azérie, pour l’essentiel obsolète, à s’occuper des Su-25 arméniens.

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Découvrez l’immense complexe de l’ambassade américaine à Erevan et demandez-vous ce que font tous ces gars toute la journée ?

On aurait pu imaginer que la Russie se rangerait immédiatement du côté de l’Arménie chrétienne contre les Azéris musulmans, mais cette fois-ci, il y a des preuves que les Russes ont – enfin ! – tiré des leçons douloureuses de l’histoire, en particulier sur les « frères putatifs orthodoxes » de la Russie. La triste vérité est que, tout comme la Biélorussie sous Loukachenko, l’Arménie suit, depuis au moins 2018, le même type de parcours politique «entre deux chaises» que la Biélorussie. Je résumerais cette politique comme ceci : «tenir un cap politique anti-russe tout en exigeant le soutien de la Russie». Les Russes n’aimaient pas plus cela en Arménie qu’en Biélorussie. Mais la grande différence est que si la Russie ne peut pas se permettre de «perdre» la Biélorussie, elle n’a pas du tout besoin de l’Arménie, en particulier d’une Arménie hostile.

Cela ne veut pas dire que la Russie devrait soutenir l’Azerbaïdjan. Pourquoi ? Eh bien, cela n’a rien à voir avec la langue ou la religion et tout à voir avec le fait que l’Azerbaïdjan moderne est un protégé politique de la Turquie d’Erdogan, ce protégé est vraiment l’un des pays et des régimes politiques les plus dangereux, que la Russie devrait approcher avec la prudence d’un charmeur de serpents face à une vipère particulièrement méchante et imprévisible. Oui, la Russie doit s’engager à la fois avec la Turquie et l’Azerbaïdjan, ne serait-ce que parce que ces deux pays sont puissants, au moins dans un sens régional, et parce qu’ils sont presque toujours prêts à faire le pire, en particulier la Turquie.

Ensuite, il y a la question du rôle des États-Unis dans tout cela. Nous pouvons être à peu près sûrs que les États-Unis parlent aux deux parties en leur disant que tant qu’ils maintiennent un cap anti-russe, ils obtiendront le soutien de l’oncle Shmuel. Il y a deux problèmes avec cette attitude :

  • Les deux parties savent que les États-Unis parlent aux deux côtés
  • Quand les choses se gâtent, le soutien des États-Unis importe vraiment très peu

Je dirais même que toute escalade majeure du conflit prouvera aux deux parties que les États-Unis sont prolixes sur les promesses et avares de les tenir réellement. En revanche, la Turquie tient ses promesses. Oui, imprudemment et, oui aussi, en violation du droit international, mais quand même – la Turquie tient ses promesses et elle n’hésite pas à le confirmer.

Tout comme dans le cas de la Biélorussie ou de l’Ukraine, la Russie pourrait mettre fin à ce conflit, surtout si le Kremlin décide d’utiliser la force militaire, mais ce serait terrible en termes politiques, et je suis convaincu que la Russie n’interviendra pas ouvertement. D’une part, cette guerre est un cas clair de jeu à somme nulle dans lequel un compromis négocié est presque impossible à atteindre.

De plus, les deux parties semblent déterminées à aller jusqu’au bout, alors pourquoi la Russie devrait-elle intervenir ?

Il semble que rester un intermédiaire neutre est la meilleure et la seule chose que la Russie devrait faire pour le moment. Une fois la poussière retombée et une fois que chaque partie se rendra pleinement compte que l’oncle Shmuel est plus fort en paroles qu’en actes, alors peut-être que la Russie pourra, une fois de plus, essayer d’offrir une solution régionale, impliquant éventuellement l’Iran et excluant les États-Unis à coup sûr. Mais cela ne pourra se faire que plus tard.

À présent les deux côtés se sont bloqués chacun dans un coin du ring et semblent également engagés vers une victoire militaire totale.

Conclusion

Dans ce conflit, la Russie n’a ni alliés ni amis. À l’heure actuelle, les Azéris semblent gagner, mais si l’Arménie engage ses missiles Iskander ou reconnaît l’indépendance du Haut-Karabakh – ce que les Arméniens menacent maintenant de faire – cela tournera mal et une intervention turque deviendra possible.

Voyons comment – et même si – les États-Unis feront quelque chose pour aider Erevan. Sinon, il sera intéressant de voir ce qui se passera une fois que les Arméniens redécouvriront une vérité historique bien connue : l’Arménie ne peut pas survivre sans la Russie. Et même si les Arméniens arrivent aussi à cette conclusion, je recommanderais tout de même que la Russie fasse très attention en plaçant son poids derrière les deux camps du conflit, d’autant plus que les Azéris ont le droit international de leur côté.

En d’autres termes, je recommande à la Russie d’agir uniquement et exclusivement dans son propre intérêt géostratégique et de laisser toute la région découvrir à quel point l’oncle Shmuel peut vraiment apporter, ou pas, son aide. Plus précisément, j’affirme qu’il est dans l’intérêt de la sécurité nationale de la Russie de s’assurer que :

  • La Turquie reste aussi faible que possible le plus longtemps possible
  • Les USA restent aussi faibles que possible dans toute la région

À l’heure actuelle, la Pax Americana est aussi mauvaise dans le Caucase qu’elle l’est au Moyen-Orient. C’est bon pour la Russie et elle ne devrait rien faire qui puisse aider l’oncle Shmuel. Ce n’est qu’une fois que les États-Unis seront hors jeu, y compris en Arménie, que la Russie pourra offrir son aide et son soutien à un accord de paix entre les deux belligérants.

The Saker

Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone

Les marches des empires sous haute tension

Et de trois. Les drones turcs qui officiaient déjà en Syrie et en Libye survolent désormais le Haut-Karabakh, cette région montagneuse où les Arméniens affrontent les Azéris, soutenus par Ankara non seulement dans les airs, mais également au sol. Les supplétifs syriens à la solde de la Turquie, qui combattaient d’abord les Kurdes, ont migré vers la Tripolitaine libyenne puis aujourd’hui vers le Caucase, troisième front militaire pour le régime nationaliste de Recep Erdogan. 

Dans les mêmes contrées, Moscou pèse également de tout son poids, quoique moins offensivement qu’Ankara. En Syrie très officiellement pour soutenir coûte que coûte le gouvernement de Damas. En Libye, pour appuyer sans le dire ouvertement le régime du maréchal Haftar, sis en Cyrénaïque. La Russie est également une alliée historique de l’Arménie, quoi qu’elle maintienne aussi des relations de bon voisinage avec l’Azerbaïdjan, ancienne république d’URSS. Nous saurons certainement dans les prochains jours quelle attitude le grand pays orthodoxe adoptera dans le conflit du Haut-Karabakh. Une chose est sûre, la Russie et la Turquie ont montré en Syrie et en Libye qu’elles savaient s’entendre, nouant une étrange relation mêlant compétition et coopération, ce que le management nomme parfois “coopétition”. Pour la Syrie et peut-être plus discrètement pour l’Arménie, une autre grande puissance régionale est de la partie : l’Iran. La République islamique a su depuis longtemps maintenir des relations relativement cordiales avec la Turquie, tout en projetant ses ambitions géopolitiques le long de l’« arc chiite », avec, dans le cas syrien, l’appui russe, là aussi mêlé de rivalité.

Trois puissances régionales (dans le cas de Moscou également mondiale, vestige atomique de la Guerre froide) ; trois anciens empires. Ils se jaugent et rivalisent sans cesse, s’affrontent parfois, rarement directement, coopèrent souvent. Les points de friction qui deviennent objets de négociation se cristallisent naturellement dans leurs “marches”, le mot prenant ici un sens géopolitique. Les marches sont situées aux confins des empires et servent le plus souvent de zone tampon. Elles sont métissées et mélangées, ethniquement et religieusement. Leurs identités sont multiples, selon que l’on appartient à telle ou telle communauté, l’ensemble formant une mosaïque insaisissable. Pour un Européen de l’ouest, habitué à l’Etat-nation et à des frontières qui délimitent distinctement un dedans et un dehors, la notion de marche apparaît mystérieuse. Elles sont pourtant une réalité historique, souvent tragique. L’Arménie est un cas intéressant : elle est pour le coup un Etat-nation, mais est en même temps une marche aux confins des trois empires turc, russe et iranien. L’enclave arménienne du Haut-Karabakh en est la manifestation la plus criante.  

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Ces marches sont aujourd’hui sous haute tension au Levant. Les Etats-Unis se retirant progressivement du Moyen-Orient, les trois anciens empires se repositionnent derechef pour définir ensemble, mais au mieux de leurs intérêts, de nouveaux équilibres régionaux. Depuis 2015, la Russie tente de jouer les arbitres musclés, mais ouverts aux négociations. L’Iran, lui, joue un jeu plus solitaire pour consolider l’axe qui le mène à la Méditerranée. Quant à la Turquie, elle apparaît aujourd’hui comme l’acteur le plus véhément et le plus offensif de cette triade. 

Les actions géopolitiques de ces trois vieux empires sont le signe de la nouvelle multipolarité de notre monde. Des puissances moyennes déroulent leur propre agenda sur les ruines d’un monde bipolaire qui a vécu. L’Asie n’est pas en reste. Aux confins de la Chine, du Pakistan et de l’Inde, la tension militaire est à son comble dans la région disputée du Cachemire, autre mosaïque de populations au sang mêlé, où les armes résonnent de plus en plus, depuis des mois. Sans parler d’une autre marche chinoise, le Xinjiang, peuplé de Ouïghours contre lesquels Pékin exerce une emprise de plus en plus puissante.  

Etonnant paradoxe : en Europe, on ne cesse de vanter la diversité, les mosaïques, les mélanges, le métissage, mais le discours dominant ne sait comment penser ces “marches” géopolitiques, symboles d’une histoire longue et tragique qui n’entre pas dans les cases trop binaires du “droit-de-l’hommisme” ou du “néo-conservatisme”. Le vieux continent, du reste, n’échappe pas à ce phénomène des marches sous tension. Que l’on pense à l’Ukraine et, aujourd’hui, à la Biélorussie. Le schéma de pensée que l’on calque sur ces deux pays est souvent de deux ordres. D’un côté, le logiciel de la Guerre froide : il faudrait absolument que l’Ukraine devenue pro-européenne entrât dans l’OTAN pour endiguer la Russie. En 2014, certains intellectuels et politiques, qui, comme Cassandre n’ont pas été écoutés, ont senti le danger immense de jouer sur cette corde sensible qui n’allait qu’augmenter la douleur des Ukrainiens. “Ukraine”, en russe, signifie justement “marche”. Le nom même d’Ukraine aurait dû nous mettre en garde : jouer ce pays contre la Russie était incroyablement dangereux. L’histoire de ces cinq dernières années n’a fait qu’augmenter le syndrome d’encerclement russe. La seule solution sage aurait consisté à faire du rapprochement – heureux ! – de l’Ukraine avec l’Europe un pont vers la Russie. Encore aurait-il fallu, pour cela, que l’Europe eusse été indépendante des Etats-Unis, qui se refusent toujours d’en finir avec la Guerre froide. En l’occurrence, le maintien d’une logique bipolaire dans les relations Est/Ouest attise la tension qui existe dans les anciennes marches de l’empire russe. L’autre lecture trop courante est celle de la simple opposition entre démocratie et dictature. Car si la Biélorussie est bien une dictature et que l’on ne peut que souhaiter qu’elle ne le soit plus à l’avenir, elle n’est pas qu’un régime politique, mais aussi un pays, un peuple, une histoire, une culture composites, indissociablement liés à la Russie. Heureusement, jusqu’à présent, les Européens ont fait preuve de davantage de prudence qu’en Ukraine. L’avenir dira ce qu’il adviendra du régime dictatorial de Loukachenko. Mais une chose est sûre : la Biélorussie ne devra jamais servir de bouclier contre la Russie. Transformer une marche en un mur est un risque que l’on ne peut se permettre de prendre.

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Cette leçon devra aussi servir pour l’avenir, alors que le couple formé par les Etats-Unis et la Chine fait peser sur le monde le risque d’une nouvelle bipolarité à l’échelle internationale, laquelle ne sera pas forcément contradictoire avec le maintien d’une certaine multipolarité à l’échelle régionale. Samuel Huntington a trop souvent mal été lu : le père du “choc des civilisations” n’était pas partisan de l’ingérence militaire, mais bien au contraire d’une forme d’isolationnisme réfléchie. Selon lui, les Etats-Unis ne devaient pas intervenir partout dans le monde mais s’appuyer sur les grandes puissances régionales – chacune dominant une civilisation – pour déterminer un équilibre global qui soit le moins mauvais possible. Un projet qui, malheureusement, n’a pas été retenu. Il avait pourtant bien des qualités, à commencer par une forme de sage prudence. Aujourd’hui, pour le bien des Arméniens comme des Azéris, et plus globalement pour le bien de toutes les minorités du Moyen-Orient qui vivent dans les “marches” des vieux empires, l’Europe aurait peut-être tout intérêt à encourager, non sans fermeté, la formation d’un nouvel équilibre, le moins précaire possible, entre la Russie, la Turquie et l’Iran. Mais il nous faudrait pour cela abandonner notre vieille Guerre froide avec la Russie, en finir avec nos rêves d’une Turquie européenne qui existerait à notre image et arrêter de voir l’Iran comme un pays dont l’histoire aurait commencé en 1979. Bref, assumer un monde multiple, divers et fragile, à l’image de ses marches qui souffrent dans leur chair. 

*Alexis Feertchak, membre fondateur de Geopragma

John T. Koch: Thinking about Indo-European and Celtic Myths in the 2nd and 3rd Millenia

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John T. Koch:

Thinking about Indo-European and Celtic Myths in the 2nd and 3rd Millenia

 
 
The opening lecture from the 2016 Celtic Mythology Conference at the University of Edinburgh.
 

Louis-Ferdinand CÉLINE : Faut-il distinguer l'oeuvre de l'homme ?

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Louis-Ferdinand CÉLINE :

Faut-il distinguer l'oeuvre de l'homme ? (2020)

 

jeudi, 08 octobre 2020

La guerre du Haut-Karabakh est-elle déjà dans une impasse ?

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La guerre du Haut-Karabakh est-elle déjà dans une impasse ?

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

Sept jours après que l’Azerbaïdjan a lancé l’attaque contre le territoire du Haut-Karabakh tenu par les Arméniens, ce pays n’a pas avancé sur le terrain.
L’Iran et la Géorgie comptent sur leur territoire d’importantes minorités azéries et arméniennes.

Les hautes terres du Haut-Karabakh sont ethniquement arméniennes. Les districts en bleu clair étaient à l’origine azéris mais ont été ethniquement nettoyés pendant la guerre du début des années 1990.

La Turquie soutient l’Azerbaïdjan en lui fournissant des drones turcs et des mercenaires qui sont des « rebelles syriens modérés » amenés de Syrie et de Libye. Tous sont acheminés par avion en traversant l’espace aérien géorgien. D’autres mercenaires semblent venir d’Afghanistan. Du matériel supplémentaire arrive par la route, également par la Géorgie. Un autre partisan de l’agresseur est Israël. Au cours de la semaine dernière, des avions de transport militaire azerbaïdjanais ont volé au moins six fois en direction d’Israël pour revenir avec des drones suicides israéliens supplémentaires à bord. Ces drones Harop ont été largement utilisés dans des attaques contre des positions arméniennes. Un missile balistique à courte portée LORA, de fabrication israélienne, a été utilisé par l’Azerbaïdjan pour attaquer un pont qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie. Il y aurait également des avions de chasse F-16 pilotés par des Turcs en Azerbaïdjan.

La Turquie semble diriger les drones et les avions de chasse en Azerbaïdjan et au Haut-Karabakh par le biais d’avions de contrôle aérien de type AWACS qui volent en cercle à la frontière turco-arménienne.

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Le plan d’attaque que l’Azerbaïdjan avait à l’esprit lorsqu’il a lancé la guerre prévoyait de prendre des zones de plusieurs miles de profondeur par jour. Ce plan n’a pas survécu au premier jour de bataille. L’Azerbaïdjan a commencé l’attaque sans préparation d’artillerie importante. L’attaque au sol n’a été soutenue que par des frappes de drones sur les chars, l’artillerie et les positions de défense aérienne arméniennes. Mais les lignes défensives tenues par l’infanterie arménienne n’ont pas été endommagées par les drones. L’infanterie arménienne retranchée pouvait utiliser ses armes antichars et anti-infanterie à pleine capacité. Les chars et l’infanterie azerbaïdjanais ont été massacrés lorsqu’ils ont tenté de percer les lignes. Les deux camps ont subi des pertes importantes, mais dans l’ensemble, les lignes de front n’ont pas bougé.

Cette guerre semble déjà être dans une impasse. Ni l’Arménie ni l’Azerbaïdjan ne peuvent se permettre d’utiliser la puissance aérienne et les missiles balistiques achetés à la Russie sans le consentement de celle-ci.

Les attaques de drones ont été, pendant un certain temps, assez réussies. Un certain nombre de vieux systèmes de défense aérienne ont été détruits avant que les Arméniens n’en tirent la leçon et les camouflent. Les Azerbaïdjanais ont alors utilisé une astuce pour dévoiler les positions cachées de la défense aérienne. Des avions Antonov AN-2 radiocommandés, des reliques propulsées par hélices de la fin des années 1940, ont été envoyés au-dessus des positions arméniennes. Lorsque la défense aérienne a ensuite lancé un missile contre eux, un drone suicide a été immédiatement largué sur la position de tir.

L’astuce semble avoir marché pendant un jour ou deux, mais de telles attaques de drones sont désormais devenues rares. Des dizaines de drones ont été arrêtés avant d’avoir pu atteindre leur cible et l’Azerbaïdjan semble être à court de drones. Un clip musical bizarre que les Azerbaïdjanais ont posté montre quatre camions transportant chacun neuf drones. Il y avait peut-être plusieurs centaines de ces drones, mais probablement moins de mille. Israël est actuellement soumis à un strict confinement à cause de la pandémie. Le réapprovisionnement en drones sera un problème. Depuis, l’Azerbaïdjan a fait appel à plus d’artillerie lourde, mais il semble qu’il l’utilise principalement pour frapper les villes et les agglomérations, et non les lignes de front où cela serait plus utile.

On ne sait pas qui commande les troupes azerbaïdjanaises. Il y a quelques jours, le chef de l’état-major général de l’Azerbaïdjan a été viré après s’être plaint d’une trop grande influence turque sur la guerre. Cela n’a pas aidé. Deux attaques terrestres plus importantes lancées par l’Azerbaïdjan plus tôt dans la journée ont également échoué. Les Arméniens contre-attaquent actuellement.

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Dans notre précédent article concernant cette guerre, nous avions souligné les plans américains visant à « déborder la Russie » en créant des troubles dans le Caucase, comme c’est le cas actuellement. Fort Russ note : L'actuelle directrice de la CIA, Gina Haspel, a effectué des missions sur le terrain en Turquie au début de sa carrière, elle parlerait turc, et elle a déjà été chef de station à Bakou, en Azerbaïdjan, à la fin des années 1990. On peut donc supposer qu'elle a toujours des liens avec les élites du gouvernement local et du monde des affaires. L'actuel chef du MI6, Richard Moore, a également travaillé en Turquie, où il a accompli des tâches pour les services de renseignement britanniques à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Moore parle couramment le turc et il a également été ambassadeur britannique en Turquie de 2014 à 2017. Les chefs des services de renseignements des deux pays les plus puissants de l'Anglosphère sont des « turcophones » ayant des connexions en Turquie et en Azerbaïdjan. Il serait raisonnable de supposer qu'un conflit régional d'une telle ampleur qui se déroule actuellement, sous leur surveillance, est loin d'être une simple coïncidence.

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Avant que le président Trump ne mette fin au programme, la CIA avait utilisé la compagnie aérienne azerbaïdjanaise Silk Way Airlines, pour plus de 350 vols, afin d’acheminer des armes de la Bulgarie vers la Turquie et les remettre aux « rebelles syriens ». Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, n’est pas seulement une station de la CIA mais aussi un centre du Mossad pour mener sa guerre silencieuse contre l’Iran.

L’ancien ambassadeur indien en Turquie, M.K. Bhadrakumar, a écrit deux articles intéressants sur le conflit actuel. Dans le premier, il nous rappelle la révolution de couleur de 2018 en Arménie, qui, selon lui, cherchait à créer des problèmes à Moscou.

Je n’ai jamais vu les choses de cette façon. Même si l’actuel Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, a essayé de se mettre les puissances « occidentales » et l’OTAN dans sa poche, il n’a pas pu changer fondamentalement la politique étrangère de l’Arménie. Il y a cent ans, la Turquie, avec aujourd’hui la deuxième plus grande armée de l’OTAN, avait lancé un génocide contre les Arméniens. Ces derniers ne l’ont jamais oublié. Il était également certain que les relations avec l’Azerbaïdjan continueraient à être hostiles. Cela ne changera que si les deux pays se retrouvent à nouveau dominés par un empire. L’Arménie dépend autant que l’Azerbaïdjan du soutien en armes de la Russie, mais l’Azerbaïdjan a plus d’argent et paie plus pour ses armes russes, ce qui permet à la Russie de subventionner celles qu’elle vend à l’Arménie.

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Après que Nikol Pashinyan fut installé, et a tenté de se tourner vers l’« Occident », la Russie a fait la même chose qu’avec la Biélorussie, lorsque le président Loukachenko a commencé à conclure des accords avec l’« Occident ». Elle s’est tenue à carreau en attendant que l’« Occident » trahisse ses nouveaux partenaires. C’est ce qui s’est passé en Biélorussie il y a quelques semaines. Les États-Unis ont lancé une révolution de couleur contre Loukachenko et celui-ci n’avait pas d’autre choix que de se tourner vers la Russie. Aujourd’hui, l’Arménie est attaquée par des forces soutenues par l’OTAN et ne peut espérer aucune aide autre que celle de la Russie.

De même, l’Iran ne craint pas le nouveau gouvernement arménien d’Erevan. Il était préoccupé par les récents échanges diplomatiques de Pashinyan avec Israël, qui ont été effectués à l’initiative de la Maison Blanche. Mais cette inquiétude a maintenant été levée. Pour protester contre la récente vente d’armes par Israël à l’Azerbaïdjan, l’Arménie a rappelé son ambassadeur en Israël deux semaines seulement après l’ouverture de son ambassade dans ce pays.

Pashinyan devra s’excuser auprès de Moscou avant que la Russie ne vienne à son secours. Comme le relaie Maxim Suchkov : C'est intéressant : Evgeniy "le chef de Poutine" Prigozhin donne une courte interview pour exprimer son "opinion personnelle" sur le Haut-Karabakh. Quelques pistes : - Le Karabakh est un territoire azerbaïdjanais - La Russie n'a aucune base légale pour mener des activités militaires au Karabakh - il y a plus d'ONG américaines en Arménie que d'unités militaires nationales - Le Premier ministre Pashinyan est responsable de la situation - jusqu'en 2018, la Russie a pu faire en sorte que l'Arménie et l'Azerbaïdjan discutent du conflit autour d’une table de négociations, puis les États-Unis ont amené Pashinyan au pouvoir à Erevan et celui-ci se sentant le roi n’a pas voulu parler avec Aliyev Je me demande si les remarques de Prigozhin suggèrent qu'il serait réticent à déployer ses hommes en Arménie - si nécessaire ou si on lui demande de le faire - ou bien s'il ne fait qu'exprimer ses propres opinions ou si c'est une façon de faire délicatement entendre à Pashinyan que Moscou n'est pas content de lui... ?

L’intérêt de la Russie – et de l’Iran – est de geler à nouveau le conflit du Haut-Karabakh. Mais pour cela, il faut que les deux parties se plient à cette exigence. C’est pourquoi la Russie n’a pas d’objection à ce que l’Azerbaïdjan exerce actuellement une certaine pression sur Pashinyan. Mais elle ne peut pas permettre à l’Azerbaïdjan de remporter une victoire significative. Une de ses principales préoccupations sera de mettre la Turquie hors-jeu et cela nécessitera un soutien à l’Arménie. L’Iran a une stratégie assez similaire. Les États-Unis vont probablement essayer d’aggraver la situation et de compliquer les choses pour la Russie. Il est probable qu’ils disent en silence à la Turquie d’accroître sa participation à la guerre.

La Russie n’interviendra probablement que si l’une ou l’autre des parties réalise des gains territoriaux importants. À moins que cela ne se produise, elle laissera probablement la guerre se poursuivre dans l’espoir qu’elle s’épuise toute seule : Les conditions hivernales à venir, associées à la rudesse du terrain, limiteront les opérations militaires à grande échelle. De plus, les économies paralysées de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie ne leur permettront pas de maintenir une confrontation militaire conventionnelle prolongée.


Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

Révolution de couleur aux Etats-Unis

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Révolution de couleur aux Etats-Unis

par Paul Craig Roberts

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

Révolution de couleur aux Etats-Unis, mise en œuvre par le complexe militaro-sécuritaire, les médias et le Parti Démocrate.

J’ai établi que le complexe militaro-sécuritaire, avec l’aide des médias et des Démocrates, se propose de transformer l’élection de novembre en une révolution de couleur. La C.I.A. a beaucoup d’expérience en matière de révolutions de couleur, puisqu’elle en a déclenché dans plusieurs pays dont le gouvernement ne lui convenait pas. Comme nous le savons depuis les attaques de John Brennan (ancien directeur de la C.I.A.) contre le Président Trump, ce dernier déplaît lui aussi à la C.I.A. Du point de vue de cette agence, Trump ne diffère pas d’Hugo Chavez, de Nicolas Maduro, de Charles De Gaulle, de Manuel Zelaya, d’Evo Morales, de Victor Yanukovitch et de beaucoup d’autres.

Le Russiagate fut un coup d’État raté, suivi par un autre ratage: l’Impeachgate. Appréhendant la réélection de Trump, et se rendant compte qu’une fois réélu Trump serait en mesure de s’occuper de la trahison fomentée contre lui, l‘ »Etat profond » a décidé de le renverser par une révolution de couleur.

La preuve qu’une révolution de couleur est en cours est abondamment fournie par CNN, MSNBC, le New York Times, NPR(National Public Radio), le Washington Post et de nombreux sites internet ouverts par la C.I.A. et par les fondations et entreprises à travers lesquelles elle agit, tous œuvrant à expulser Trump du Bureau Ovale. Le public américain ne comprend pas à quel point les institutions d’une société libre ont été pénétrées et retournées contre la liberté. Tous ces médias, toutes ces organisations sont en train de faire croire aux Américains que Trump ne quittera pas sa fonction lorsqu’il perdra, ou volera les élections et qu’il faudra l’y forcer. Je reçois des emails de lecteurs britanniques et européens selon lesquels les médias d’Europe et du Royaume Uni préparent les esprits à accepter une révolution de couleur de la C.I.A. contre le Président Trump. Les médias et les politiciens européens et britanniques tiennent pour acquis que Trump ne pourra pas être réélu parce que :
  • c’est un agent de Poutine
  • il abuse de son pouvoir
  • il représente ces racistes que sont les « Trump deplorables »
  • c’est un coureur de jupons – « attrapez-les par le minou »
  • c’est à cause de lui que l’Amérique a le plus grand nombre de cas et de morts du Covid dans le monde
  • il ne soutient pas l’OTAN (une sinécure pour beaucoup d’Européens)
  • il nous est étranger, il n’appartient pas à l’Oligarchie (« Establishment »), « il n’est pas comme nous »
  • il a les cheveux orange (l’orange étant considéré comme une couleur vulgaire).
Vous pouvez allonger la liste à votre gré.

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Les médias américains, européens et britanniques envisagent deux scénarios qui établissent la nécessité d’une révolution de couleur pour chasser Trump de la Présidence:
  • Trump perd l’élection, refuse de quitter son poste et doit en être délogé, sinon c’est la mort de la démocratie.
  • Trump gagne frauduleusement l’élection et doit être chassé, sinon c’est la mort de la démocratie.
Aucun scénario n’imagine que Trump puisse l’emporter grâce au vote populaire. Cette éventualité n’est même pas envisageable. Selon les médias, Trump ne peut que perdre ou bien voler l’élection.

Comme les Antifas et les Black Lives Matter sont maintenant bien rôdés aux manifestations violentes, ils seront lâchés de nouveau sur les villes américaines dès qu’on apprendra que Trump a été élu. Les médias expliqueront que cette violence est nécessaire pour nous libérer d’un tyran, et ils encourageront la violence comme le fera le Parti Démocrate. La C.I.A. aura la certitude du bien fondé de cette violence.

Trump, isolé dans son propre gouvernement, lequel n’a pas été capable d’inculper le clan Obama pour avoir monté un coup contre le Président des États-Unis et tenté de le renverser – Barr et Durham représentent l’Oligarchie (« Establishment »), non pas le Président ni la loi – sera coupé de Twitter, Facebook et de tous les médias, presse comme télévision. Tout ce qu’apprendront les Américains et le reste du monde, c’est que Trump a perdu et doit partir, ou qu’il a gagné en trichant et doit partir. Il sera impossible pour Trump ou n’importe qui d’autre de réfuter ces accusations. Les Républicains, qui manquent d’intelligence comme de volonté, s’aplatiront. Les Républicains ne sont pas des gens combatifs. Ils croient que dénigrer le complexe militaro-sécuritaire est antipatriotique. Ce qui en fait des cibles faciles.

La C.I.A., le « National Endowment for Democracy », « Radio Liberty », etc. ont utilisé des révolutions de couleur contre d’autres qui faisaient obstacle à l’État américain de Sécurité Nationale. Seul Maduro leur a résisté victorieusement. Jusqu’ici.

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Le « Secret Service » a coopéré avec la C.I.A. et les chefs d’État Major dans l’assassinat du Président John F. Kennedy. Que pourra bien faire un Président Trump réélu lorsque le Secret Service refusera de repousser les Antifas et les Black Lives Matter lorsque ceux-ci feront irruption dans la Maison Blanche ? Il est hors de doute que le Secret Service est pénétré par la C.I.A. Sinon, comment le Président Kennedy aurait-il pu être assassiné ?

La démocratie américaine est sur le point d’être abolie à jamais, et les médias du monde entier présenteront cet événement comme étant le victorieux renversement d’un tyran.

Paul Craig Roberts

Traduit par J.A., relu par Hervé pour le Saker Francophone

Entre la Russie, les USA et la Chine, « l’Arctique est une guerre économique »

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Entre la Russie, les USA et la Chine, «l’Arctique est une guerre économique»

 
 
La banquise d'été en Arctique avait rarement autant fondu qu’en 2020, atteignant seulement 3,74 millions de kilomètres carrés, sa plus petite superficie enregistrée depuis 2012. Alors que la route commerciale du Grand Nord devient ainsi praticable, le brise-glace nucléaire russe Arktika, le plus grand du monde, sera bientôt mis en service. Les grandes puissances lorgnent sur la région, qui abrite 30% des réserves de gaz mondial. En quoi ce drame écologique renforce-t-il la guerre économique entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine ? Laurent Mayet, président du think-tank Cercle polaire et ancien représentant spécial des Affaires étrangères pour les questions polaires a répondu aux questions de Sputnik.
 
 
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Denazifying Savitri Devi

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Denazifying Savitri Devi

The very idea sounds absurd. Militant supporter of National Socialism, foundational figure of Esoteric Hilterism, the iron maiden known to academia — insofar as she is known at all — as “Hitler’s Priestess [1]”: dissociating Savitri Devi from her fanatical loyalty to Hitler’s Germany seems as futile as denazifying The Führer himself.

Beyond its futility, what purpose would it serve? There is no hope of rehabilitating Savitri Devi for general academic use. Any scholar who quotes her approvingly and without the perfunctory “danger warning” will certainly be ostracized by respectable peers. Even among the hard Right who take no offense at her National Socialism, pan-Aryanism, anti-Semitism, valorization of the S.S., and other taboo subjects, Savitri Devi is often regarded as a mystical fanatic. She is seen as something of a crank, whose bizarre depiction of Hitler as an avatar of Vishnu is typically amalgamated with Miguel Serrano’s [2] (far more mystifying) theories concerning Hitler’s survival, Ultima Thule, Nazi UFOs in Antarctica, and other occult arcana. Savitri Devi’s writings and activism are seemingly inseparable from the strange milieu of Esoteric Hitlerism, putting her beyond the pale not merely of respectable political discourse but even that of the most open-minded elements of the Right.

However, I believe it is possible and worthwhile to distinguish the timeless content of Savitri Devi’s thought from her particular devotion to National Socialism. My motivation for this endeavor is twofold. For one, on a selfish note, Savitri Devi had a profound effect upon my own thinking. Though I am not particularly attached to National Socialism or Esoteric Hitlerism, it is my belief that one can appreciate her ideas — without compromising them in some milquetoast liberal fashion — and still acknowledge the flaws in that particular political movement. Moreover, Savitri Devi was a lucid and powerful writer whose writings contain unique insights that remain significant to the application of True Right principles to the problems of the present.

savitrichild-233x300.pngSavitri Devi is particularly insightful in understanding the relationship between man and nature, which she views through the lens of her aristocratic ideal. It is this essential notion of biological and spiritual aristocracy that determines her views on the natural world, human types, and politics. While in her metaphysics she counted herself alongside Julius Evola and Rene Guénon as a proponent of “the Tradition,” she was unique in her concrete political preoccupations and attempts to actualize this ideal in a contemporary political state. This led to her vigorous and unflagging support for National Socialism, which she regarded as the only regime that could serve as a bulwark (even temporarily) against universal decay and preserve the spiritual and biological aristocrats of the earth.

I have some points of disagreement with Savitri Devi’s thought: her uncritical attachment to Adolf Hitler and National Socialism and her rejection of certain religious traditions, for instance. However, while these will be briefly addressed at the end of this essay, such quibbles are not the point. My aim is to distill from Savitri Devi’s oeuvre the essence of her thought, in order to demonstrate its lucidity, its highly original application of traditional principles to the present, and the fundamental truth it contains. While it is too much to expect the contemporary academy to treat such controversial figures fairly, it does behoove those on the Right — who are not burdened by such prejudices — to confront their thought and take it seriously.

The Religion of the Strong

Savitri Devi’s thought is fundamentally religious. Born Maximiani Julia Portas in 1905, from an early age she felt an affinity for nature, for Greek culture, and for the traditional folk religions of Europe. While she came to reject most exoteric religious traditions — particularly Christianity — for their apparent otherworldliness, veneration of weakness, and adulation of a nebulous “mankind,” she made it clear that a feeling of “true piety” was the essential ground to her thought. This she defined as “feeling and adoring ‘God’ — the Principle of all being or non-being, the Essence and the light as well as the Shadow — through the splendor of the visible and tangible world; through the Order and the Rhythm, and the immutable Law that is its expression; the Law that melts the opposites into the same unity, reflection of the unity in oneself.” [1] [3] Rather than maintaining a division between mankind and the rest of the world, or between the sacred and the profane, this religiosity is one in which “the sacred penetrate[s] life, all of life, as in traditional societies.”

Lest we perceive this as just another twentieth-century “spiritual but not religious” nature mysticism, Savitri Devi takes pains to associate it with authentic traditional thought. She portrays this outlook — variously called the “philosophy of the Swastika,” the “religion of the strong,” and the “religion of life and light” — as a return to the primordial Tradition, purified and shorn of its humanistic and foreign accretions. She approvingly quotes one scholar who describes Guénon’s thought as “Hitlerism minus the armored divisions” [2 [4]] [5] and describes the primordial tradition itself as follows: “This is not the philosophy of any man. It is, in the clear consciousness of the really great Ones who are capable of feeling it — from the oldest Aryan lawgivers of Vedic and post-Vedic India, down to Adolf Hitler today — the wisdom of the Cosmos, the philosophy of the Sun, Father-and-Mother of the earth.” [3] [6] Of the historical societies and religions that most perfectly embodied this creed, she included the European folk religions, Pythagoreanism, Hinduism, Buddhism, and her particular object of fascination, the solar cult of Akhnaton [7].

450155.jpgAnd what are the specific qualities of this religiosity, which she believed undergirds not only the authentic noble traditions of the ancient Indo-Aryan world but also the ideology of National Socialism? It is founded upon the belief in an everlasting cosmic law that binds all living beings. Cosmic energy is the fount of life and is particularly worthy of veneration, being symbolized for terrestrial mankind by the Sun. Man, being a “solar product,” cannot disregard these laws, particularly the laws that “regulate the art of breeding and the evolution of races,” as this will lead to physical and moral degeneracy — the ultimate “sin against the will of the Creator.” [4] [8] Indeed, the moralism and obsession with “original sin” she attributes to Christianity have no place here, “the only ‘sin’ being (along with all forms of cowardice and faithlessness) the sin of shameful breeding — the deadly sin against the race.” [5] [9] Thus, rather than the otherworldly emphasis of more dualistic religions, this religion of the strong stresses the physical aspect of life, the duty of mankind to preserve the health and vigor of both the individual and the race, as well as that of the earth as a whole. This is a religious and aesthetic duty.

While the cosmic law is universal in scope, it will express itself differently in different folk groups. Therefore, in opposition to the universalism she associated with Christianity, Islam, and modern liberalism, Savitri Devi upheld the importance of the folk-soul, folk religion, and ancestor worship.

The religion of the reborn Aryans must naturally have much in common with that of the pre-Christian European North, and with that, of similar origin and spirit, kept alive to this day, in India, in the tradition of the Vedas. It must be, before all, the religion of a healthy, proud, and self-reliant people, accustomed to fight, ready to die, but, in the meantime, happy to live, and sure to live forever, in their undying race; a religion centered around the worship of Life and Light — around the cult of heroes, the cult of ancestors, and the cult of the Sun, source of all joy and power on earth. Indeed, it must be a religion of joy and of power — and of love also; not of that morbid love for sickly and sinful “mankind” at the expense of far more admirable Nature, but of love for all living beauty: for the woods and for the beasts; for healthy children; for one’s faithful comrades in every field of activity; for one’s leaders and one’s gods; above all, for the supreme God, the Life force personified in the Sun. . . . [6] [10]

Though she would probably dislike the comparison, Savitri Devi’s metaphysical and religious outlook, her “religion of the strong” and “religion of life and light,” might be understood as a kind of idiosyncratic Neoplatonism. While some will doubtless accuse me of understanding neither Savitri Devi nor Neoplatonism, the parallels are clear: life is the unfolding of a divine order throughout the cosmos; creatures approach perfection in life the more they embody and understand the divine will in themselves; one’s place in the hierarchy of being is dependent upon one’s alignment with the divine order. While Savitri Devi’s understanding departs from classical Neoplatonism in explicitly stating the nonhuman participation in the divine order, this was always implicit (if underemphasized) in the classical formulation anyways. Neoplatonism has often been associated with a life-denying and ascetic outlook. However, while reserving their highest praise for the One from whom all things emanate, Neoplatonism nevertheless regards existence as an outflowing of the divine and venerates it as such. The philosopher Plotinus wrote an invective against the life-denying Gnostics [11] on just that subject.

Neoplatonism, as I’ve argued in a previous article [12], is a Western expression of monistic panentheism, which is the basic metaphysical outlook of the primordial tradition. Thus it is no surprise that Savitri Devi espoused a version of it, as she stated her alignment with “the Tradition” and sought to demonstrate how National Socialist ideology — as she understood it — was a weaponized expression of that tradition. This distinguishes her from the more purely biological and Darwinian elements among the Right (though her thinking is not without its flaws, as I discuss in the conclusion). It is to her understanding of the relationship between man and nature that we now turn.

Man and Nature

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You can buy Savitri Devi’s Gold in the Furnace here. [13]

Savitri Devi’s love for the natural world is one of the most noteworthy features of her writing. She seemed to hold particular admiration for big cats and ancient trees, the “aristocrats” of the natural world, but had a great compassion for animals and living beings of all types. She scorned humans who would destroy such beauty and innocence in the name of comfort, longevity, or fruitless curiosity. It is therefore unsurprising that, aside from her rather outré ideas concerning Adolf Hitler and the end of the world, Savitri Devi is most well known as a forerunner of “deep ecology” and a major Rightist proponent of animal welfare. However, it is necessary to dissociate her ideas on this subject from the more contemporary (and invariably Leftist) expressions of these positions. For it is in Savitri Devi’s articulation of a Rightist theory of nature and man — one that takes into account contemporary scientific knowledge while rejecting both egalitarianism and narrow humanism — that her greatest strength as a thinker lies.

The academic philosophy of deep ecology [14], as it has been developed by its major theorists such as Arne Naess, George Sessions, and Bill Devall, is premised upon the idea of “biospheric egalitarianism,” that there is no fundamental ontological divide between humans and nature. It also maintains that the wellbeing and flourishing of both human and nonhuman life on Earth have value in themselves, variously described as “intrinsic value” or “inherent worth,” and that humans consequently have no right to reduce the richness and diversity of life except to satisfy vital needs. Animal rights theories also typically begin with a notion of fundamental equality, and decry “speciesism” as an injustice in the same way they would condemn “racism” or “sexism” or the other sins of the modern age.

612710.jpgSavitri Devi, as a Rightist and proponent of Tradition, disdains such insipid and indiscriminate egalitarianism. Her nature is a world of order and hierarchy, blood and death, struggle and harsh beauty. She is outside the main current of Western thought in her refusal to place a nebulous “humanity” at the pinnacle of the Chain of Being. In her metaphysics (which is, again, akin to a version of militant Neoplatonism) there is a natural law of strength and beauty, and beings approach perfection insofar as they adhere more closely to that divine idea. Any being which expresses its nature most perfectly — be it a tiger or an oak tree, a butterfly or a man — approaches the pinnacle of the hierarchy for its particular species. Clear hierarchies exist, but rather than a single pyramid with the entire human race at the top (including the most diseased and depraved), we have several pyramids, of which humanity only constitutes one. Indeed, “in the eyes of the believers in quality. . . any Bengal tiger, nay, any healthy cat — any healthy tree; any perfect sample of manifested Life — is worth far more than an ugly,  degenerate human bastard. Alone man in his perfection — superior man ‘like unto the Gods,’ not the patched-up weakling that this conceited Age exalts — is to be looked upon as ‘the highest creature,’ ‘God’s image,’ etc. . .” [7] [15]

There is a sense, then, in which mankind’s pyramid does rise above the others, and might justify our species’ claim to be the pinnacle of creation. It is only the human ability to transcend its animal nature, concerned solely with self-preservation, that gives man any claim to a superior station in the Chain of Being: “The actual master races surely cannot allow themselves to think and feel as it would seem natural to man of a mean type. And the real master species, if any, is the one that puts its consistent nobility above any advantage.” [8] [16] Of what does this nobility consist? Something far more than the pursuit of happiness, or even universal human welfare:

But those who have the Word, father of thought, and among them the Strong especially, have something better to do than pursue “happiness.” Their supreme task consists in finding this harmony, this accord with the eternal, of which the Word seems initially to have deprived them; to hold their place in the universal dance of life with all the enrichment, all the knowledge, that the Word can bring to them or help them to acquire; to live, like those who do not speak, according to the holy laws that govern the existence of the races, but, this time, knowing it and wanting it. The pleasure or the displeasure, the happiness or the discontent of the individual does not count. Well-being — beyond the minimum that is necessary for each to fulfill his task — does not count. Only the task counts: the quest for the essential, the eternal, through life and through thought. [9] [17]

It is humanity’s misuse of its remarkable gifts — its consciousness and reason, its super-natural desires and unnaturally efficient means of attaining them — that poses such a threat the rest of life on earth. To have these gifts, and to use them for such low ends as obtaining mere comfort for the greatest number, strikes Savitri Devi as profoundly ignoble.

He who has the Word, father of thought, and who, far from putting it in service of the essential, wastes it in the search for personal satisfactions; he who has technology, fruit of thought, and who makes use of it especially to increase his well-being and that of other men, taking that for the main task, is unworthy of his privileges. He is not worthy of the beings of beauty and silence, the animal, the tree — he who himself follows their path. He who uses the powers that the Word and thought give him to inflict death and especially suffering on the beautiful beings that do not speak, in view of his own well-being or that of other men, he who uses the privileges of man against living nature sins against the universal Mother — against Life — and the Order that desires noblesse oblige. He is not Strong; he is not an aristocrat in the deep sense of the word, but petty, an egoist and a coward, an object of disgust in the eyes of the natural élite. [10] [18]

photo-drawings3.jpgSavitri Devi points to overpopulation as one particularly egregious example of the base triumphing over the noble. Her concern is not only with the ecological effects of overpopulation, nor with its effects on human survival. She observed that the growth in human population was enabled by industrialism and the development of medical technology, both of which permitted the survival of “more and more people who might as well never have been born.” [11] [19] This worked against natural selection and would lead to the crowding out of noble humans and animals “by human types that are qualitatively inferior to them but dangerously prolific and whose demographics escapes any control.”

Indeed, is not the prospect of a world destroyed by human overpopulation that truly disturbs Savitri Devi. Indeed, she appears to welcome the apocalypse. [12] [20] It is, rather, the triumph of a technological and communistic society, in which humanity has wholly mechanized the earth and driven the noble men and animals to extinction: “It would mean the intensified, and more and more systematic exploitation of living nature by man, on an ever-broadening scale. . . . [Man] would make the world a safe place for his own species, never mind at the cost of what ruthless exploitation of the rest of the living, both animals and plants . . . There would be one king of the earth: mankind; one slave: subdued living nature. Most hateful prospects!” [13] [21] Relatedly, her loathing of vivisection is based on indignation that innocent and noble animals should have to suffer in order to develop medical treatments that “alleviate the suffering of diseased humanity” or to satisfy the “criminal curiosity” of scientific researchers. [14] [22] However, Savitri Devi should not be classified among the anti-natalists and primitivists, insofar as she promotes higher birthrates for superior racial stocks, and a technology that genuinely enriches human life (more on this below).

It is important to note that Savitri Devi does not advocate “animal rights.” She does not believe in metaphysical rights of any kind, which are a liberal construct. Rather she teaches, for one, that respect is due to nonhuman creatures because we are all emanations of the same divine energy — but that it is our foremost duty to preserve the noblest specimens of mankind and nature. She also teaches that the higher man is characterized by the noble virtue of compassion: “Not merely to be ‘harmless’; not merely not to exploit, for human ends, any beast, and even the vegetable world as far as possible, but to extend our active love to all that lives; to do our utmost, even at our own cost, so that every individual creature, bird or beast, might continue to enjoy the sight of the sun, in health and beauty — these are our ethics.” [15] [23] We shall now examine how Savitri Devi envisioned the noble human type, and the kind of society that is most suited to encouraging its development.

The Higher Man

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Since there are vast differences between individuals in terms of their adherence to the cosmic law, there is a natural inequality of persons as well as races: “Man’s value — as every creature’s value, ultimately — lies not in the mere intellect but in the spirit: in the capacity to reflect that which, for lack of a more precise word, we choose to call ‘the divine,’ i.e. that which is true and beautiful beyond all manifestation, that which remains timeless (and therefore unchangeable) within all changes.” [16] [25] For Savitri Devi, the Aryan race (which, adhering to the classical definition, includes the Aryans of ancient India and Iran as well as certain European groups) is the highest manifestation of mankind, the one most attuned to the cosmic soul. As she writes of its Nordic branch, which she believed to be the purest Aryan remnant in the modern world:

That this Nordic race is a natural aristocracy, there is no doubt. First a physical aristocracy. To make sure of that, one need only look at its representatives, especially the purest Germanic types among the Germans and the Swedes, outwardly, perhaps, the finest men on earth. An aristocracy of character also, as a whole. One only has to live with Scandinavians, Germans, or real English people, after spending years amidst less pure Aryans, or totally different races, in order to find that out. An aristocracy of kindness, too — its most attractive sign of superiority. And this is a fact. The best proof of it is to be seen in the spontaneous sympathy which most pure-blooded Nordic children show towards animals, even before being taught to do so.” [17] [26]

Savitri Devi believed that National Socialism was a contemporary adaptation of the primordial tradition — the religion of the strong — uniquely suited for the Northern Aryan soul: “Hitlerism considered in its essence . . . is the religion of the Strong of the Aryan race, as opposed to a world in decline; a world of ethnic chaos, contempt of living Nature, the silly exaltation of ‘man’ in all that is weak, morbid, eccentrically ‘individual,’ different from other beings; a world of human selfishness (individual and collective), of ugliness and cowardice. It is the reaction of the Strong of this race, originally noble, to such a world.” [18] [27] Only among Aryan mankind, she believed, would the National Socialist ideology find any support. This is because it appeals to the finest elements of their character: selflessness, courage, fortitude, intelligence, the hunger for sacrifice, and the love of truth and beauty.

While she acknowledges that the majority of Germans would join the NSDAP for more mundane reasons, Savitri Devi was confident that the inner circles — particularly the notorious SS — would have constituted the core of a new Aryan-European nobility:

But these soldiers of the first hour would, little by little — along with the youths rigorously selected and hardened, in the “Burgs” of the Order of the SS, in the asceticism of the body, the will, and knowledge — form an aristocracy, hereditary from hence forth, strongly rooted — owners of vast family domains in conquered spaces — and itself hierarchized. They would, these members of the élite corps par excellence, among whom stood side by side the most handsome, the most valorous sons of the peasantry, the most brilliant academics of good race, and many youths representing the ancient and enduring German nobility, gradually meld themselves into a true caste, an inexhaustible reservoir of candidates for super-humanity.” [19] [28]

b7e719157ed6700c875135ef67c50214.jpgAll of this talk of Aryans, Hitler, and the S.S. is obviously inextricable from Savitri Devi’s passionate support for National Socialism. However, it is important to note that the recognition of an Indo-Aryan race, while frowned upon nowadays, has a long pedigree and is not invariably associated with Nazism. Moreover, while Savitri Devi did uphold the Aryan race as the highest human group, she was emphatic that other races (and indeed other species) possess the capacity for a perfect expression of their God-given folk-soul: thus it is necessary to “respect the man of noble races other than your own, who carries out, in a different place, a combat parallel to yours — to ours. He is your ally. He is our ally, be he at the other end of the world.” [20] [29] She envisions an alliance among the noblest individuals of each noble race in order to oppose to the deracinated and ignoble men who strive to destroy all that is holy and beautiful.

In short, Savitri Devi’s aristocratic ideal, while strongly associated with Aryan blood descent, entails many of the essential virtues of the traditional world: courage, truthfulness, noblesse oblige, and detached violence against the forces of evil. This ethos has parallels, of course, to the karma yoga of the Bhagavad Gita, by which Savitri Devi was clearly influenced; one also finds it in the Taoist wu-wei, or injunction to “act without acting,” and Meister Eckhart’s conception of detachment or Abgeschiedenheit. This ideal of noble behavior has ancient roots. And like the ancients, Savitri Devi taught that the cultivation of a higher human type can only occur within a favorable sociopolitical framework, an organic state wholly unlike the liberal societies of today.

On the State 

While liberal political theory maintains that the state’s role is solely to provide for the defense of life, liberty, and property, the classical conception of politics is far more expansive. The state is an expression of a folk-soul, and its purpose is to cultivate virtue, excellence, and a particular way of life. It is, moreover, an earthly mirror of the celestial hierarchy, and should therefore be organized in such a way that the higher values of spirit and honor reign over and direct more material concerns. Savitri Devi believed that this model of the state had been revived by National Socialism, whose leaders and soldiers had constructed a fortress of order and human excellence amidst the barren wastes of modernity. Though she believed the principles of National Socialism are those of the primordial tradition and therefore eternal, the movement itself is unique in being “the sole systematic attempt to build a state — nay, to organize a continent — upon the frank acknowledgment of the everlasting laws that rule the growth of races and the creation of culture; the one rational effort to put a stop to the decay of a superior race and to the subsequent confusion. It is the movement ‘against Time’ par excellence.[21] [30] While its ethos and goals are those of the ancient world, National Socialism adapted the struggle to the modern setting.

Though spiritual proponents of nature preservation are commonly denigrated as primitivists and Luddites, Savitri Devi strongly supports technology that is tailored to have a positive effect on the human spirit and minimal impact upon that natural world: “The society we call ‘ideal’ would be a very highly mechanized one, and electrified one, in which man himself would have to work only as little as possible.” [22] [31] A high level of technology was in fact essential in order to liberate a regenerate Aryan mankind from drudgery and provide a high quality of civilization; to defend the state against conquest by less scrupulous powers; to provide for the well-being of the Volk; and to enable mankind to gain greater knowledge of the natural world. This should, to her mind, be the true purpose of science, technology, and scholarship, not merely to prolong the existence of the unfit.

And we are far, far more grateful to the scholars whose discoveries in astronomy and higher physics, in philology and archaeology, etc., have enabled a few of the better men to live more richly, more intensely, more harmoniously, by opening to them new and more astounding sources of inspiration, than we ever will be to those so-called “benefactors of mankind” whose main work has resulted merely in keeping alive thousands of human beings neither good or bad, nor even physically beautiful, who could as well have died and made place for others at the best of times, as the rest of the living do.” [23] [32]

51YYO8aN2UL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgHer enthusiasm for certain forms of high technology coupled with a decisive rejection of liberal modernity places Savitri Devi within the current of “reactionary modernism [33],” alongside other thinkers associated with Fascism, National Socialism, and the German Conservative Revolutionaries. Unlike nowadays — where runaway technological growth has led to the diminishment of man and the tyranny of petty bureaucrats and corporate overlords — in Savitri Devi’s National Socialist state, technology would be in the service of higher values. In this respect, her thinking can be described as a kind of archeofuturism [34], in the manner of Guillaume Faye, in which the “foundational values” of hierarchy, justice, duty, spirituality, and folk traditions are revived in a highly technological society.

Aside from providing for the material welfare of the Volk and defending it against its enemies, the chief purpose of the classical state — as well as the state envisioned by Savitri Devi and the National Socialists — is to cultivate excellence, nobility, the full flowering of the race. It does this, in part, by promoting eugenics. Again, such a form of selective breeding was practiced in many societies of the ancient world, namely Sparta. But in the contemporary world, it is not sufficient simply to encourage more births for exceptional individuals. Due to the destructive effects of overpopulation on other animals as well as noble humans, births must be controlled.

The immediate step to take, therefore, all over the world, in order to raise the standard of human life everywhere . . . would be, logically, to stop the indiscriminate production of babies — to cease bribing people to have young ones, in the countries of moderate birthrate, unless, of course, these be of exceptionally fine racial stock, to encourage them to have none, or extremely few, in countries already burdened by overpopulation, especially if these be also of inferior racial stock. Less people would mean “more living space” for all men. And racial selection would mean a more beautiful and nobler mankind.” [24] [35]

This naturally entails a great degree of government intrusion into the reproductive lives of its subjects, particularly those deemed to be of inferior quality: “Indeed if the number of men is not to increase indefinitely, very strict regulations are to keep down the numbers of the inferior races lest the Aryan — the ruling race — be forced to have larger and larger families, merely in order to survive.” [25] [36] The negative side of this eugenics program, in advocating for which Savitri Devi is probably even more ruthlessly consistent than historical most Nazi ideologues, would include a broad campaign of sterilization and euthanasia to minimize these undesirable births.

On a more positive note, the state would take a strong interest in the education of the young, in order to cultivate nobility and excellence. Under National Socialism, this was the role of the Hitler Youth, which Savitri Devi wholeheartedly endorsed. The Hitler Youth provided the physical training and intellectual and moral formation to cultivate a new generation of dedicated elites:

All great movements put stress upon the training of youth. “Catch them young,” say the Jesuits. National Socialism has not merely “caught them young,” but has striven to create them; to prepare them, not only from childhood, or from birth, but from the very moment of conception, to be the embodiment of the highest idea of all-round manly perfection — of physical health and beauty; of moral health and beauty; of character; of sound and clear intelligence, firmly linked up with the whole of life; the human élite, from every point of view. [26] [37]

TipusTomb2.jpgTaken together, Savitri Devi describes her ideal state — her dream of National Socialism — as follows:

Modern civilization at its best, modern industry in all its efficiency, in all its power, in all its grandeur; modern life with all its comforts and, along with that, the eternal Heathendom of the Aryans; the religion of living — physical and supra-physical — perfection, of “God residing in pure blood” to repeat the words of Himmler; the religion of the Swastika which is the religion of the Sun; efficiency and inspiration; iron discipline coupled with enthusiasm; work, a parade; life, a manly hymn; military schools and up-to-date dwellings in the midst of trees; blast furnaces and Sun temples. That is the super-civilization according to my heart. That is, that always was my conception of true National Socialism applied in practice.” [27] [38]

This archeofuturist vision weds the modernist emphasis on high technology to an archaic state based on hierarchy, communal religion, and good breeding. While the National Socialist state was one of the more successful attempts to create such a society in the 20th century, thus earning Savitri Devi’s veneration, this cultivation of nobility and concern with eugenics is not confined to the Nazis. It is a feature of classical politics, notably in the Greek world, where it found expression in the ancient Spartan regime and the political theory of Plato. Among the ancients, it was likewise understood that confusion in breeding — the “regression of castes” — led to myriad social ills, ultimately resulting in the downfall of the state. Like the ancients, Savitri Devi was under no illusions about the permanency of any political solutions, at least not in the world as we know it. All things are swept away by the current of time, in order that others might be born.

The Kali Yuga and the Men Against Time

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One of Savitri Devi’s more unique contributions is how she situated the National Socialist enterprise in universal history. She subscribed to the cyclical theory of existence, and accepted that mankind presently found itself at the nadir of the cycle, known to the Hindus as the Kali Yuga.

In her opus The Lightning and the Sun [40], she posited the existence of three types of world-historical figures: “Men In Time,” who are unwitting agents of divine destruction to bring about the end of a cycle (Genghis Kahn, for instance); “Men Above Time,” whose advanced spiritual state places them outside the cosmic cycle altogether (Akhnaton, Buddha, Christ); and “Men Against Time,” who combine the transcendence of the Men Above Time with the ferocity of the Men In Time, and battle with detached violence to resist the decline. She placed Adolf Hitler in this last category. Following Germany’s defeat in the war, Savitri Devi rationalized that this defeat was inevitable as the forces of decline had become too great. It was a “heroic but practically vain attempt at ‘rectification’ . . . Despite all the power and all the prestige at his disposal, Adolf Hitler could not create — recreate — the conditions that were and remain essential to the blossoming of a Golden Age.” [28] [41] National Socialism’s defeat was simply the final push for a world already in ruins, eagerly awaiting its destroyer and liberator. Hence, Savitri Devi would (infamously) describe Hitler as an avatar of Vishnu, but not the ultimate avatar. This task is reserved to Kalki, who would come to bring an end to this dying world so that another might arise from its ruins.

It is difficult to say whether this is intended symbolically or if Savitri Devi actually worshipped Hitler as a demigod. Needless to say, her apparent deification of Hitler creates some obvious difficulties for anyone seeking to detach her philosophy from National Socialism. Moreover, her acceptance that we are at the end of a cosmic cycle, and that nothing can be done save to pray for the coming of Kalki the Destroyer, seemingly lends itself to nihilism and despair. It is at any rate not conducive to the great efforts now needed in the political and cultural spheres.

Regarding the potential for nihilism, it is important to remember that most traditional religious doctrines, and indeed even modern science, posit an inevitable end to life as we know it. How one reacts to this knowledge is dependent upon one’s personal equation. For some, it may lead to hedonism, selfishness, or destructive despair. For the noble, for the true Man Against Time, the likelihood or certainty of defeat on the temporal plane does not lessen his resolve. His action flows from the essence of being, the cosmic role he is meant to play, rather than any certainty of success. He therefore fights dispassionately against the forces of disintegration and chaos.

9780692371947_p0_v1_s1200x630.jpgAnd what are these forces? Savitri Devi names several malefactors throughout her writings: democratic demagogues, Marxist revolutionaries, vivisectionists, “the so-called ‘benefactors of mankind,’” modern artists, Christians, and the “Jewish world-community.” Savitri Devi viewed these corrupting figures as more-or-less unwitting servants of the darkness, and describes their mission thus:

It is an unholy purpose, the fulfillment of which would imply the dissolution of all races and of all genuine nationalities; of all natural communities, i.e., of all those that have a solid racial background . . . and the ever-tightening grip of a soulless money power — the power of the raceless, gifted with destructive intelligence — over increasingly bastardized and numberless masses of Menschenmaterial, possessing neither thought nor will of their own, nor the innocence and nobility of real animals. It is the purpose of the Forces of darkness, whose influence grows, whose free play becomes more and more free and shameless, and whose rule asserts itself as a more and more obvious reality, as history run; its fated downward course. It is the purpose of Time itself, as Destroyer of all creation; as Leveller and Denier.” [29] [42]

This battle is thus understood as a contest between higher powers, using humans as their material and pawns, a kind of “occult war [43].” Despite the high stakes, this perspective has the odd effect of depersonalizing the struggle. Savitri Devi, following the teaching of the Bhagavad Gita, states of the enemy that “it is not necessary to hate him. He follows his nature and achieves his destiny while being opposed to the eternal values. . . .  But — and precisely for this reason — [fight him] with detachment and all your power: the strong preserve a serene balance even in the most exultant fanaticism.” [30] [44] Given the heavily decayed state of the world, Savitri Devi insisted that great violence and brutality would be necessary to fight back the forces of darkness, and that any violence done for that purpose would therefore be sacred and justified.

Savitri Devi strongly admired the SS in part because she perceived it as the agent of divine retribution upon these forces of decadence. The men who comprised the SS were “the physical and moral elite of awakening Aryandom, the living, conscious kernel out of which and round which the yet unborn race of gods on earth — regenerate Aryandom — was to take shape and soul.” [31] [45] Their standards of racial purity, physical beauty, vigor, cleanliness, martial valor, and high character alone were sufficient to justify this high praise; the fact that their ideological underpinnings were those of a monastic warrior brotherhood fighting dispassionately against decadence was even more so. In fact, in Savitri Devi’s eyes, the S.S. takes on the form of a kind of weaponized Tradition, akin to the League of Shadows [46].

Savitri Devi summarizes her attitude towards the Kali Yuga and detached warfare, and their relationship to the primordial tradition expressed in National Socialism, as follows:

It is, I repeat, a Golden Age philosophy in the midst of our age of gloom; the philosophy of those who stand heroically against the downward current of history — against Time — knowing that history, that moves in circles, will one day forward their lofty dreams; the philosophy of those few who . . . prefer to fight an impossible battle and to fall, if necessary, but to feel, when the new dawn comes, that they have called it, in a way, through the magic virtue of action for the beauty of action; who, if the dawn is not to shine in their lifetime, will still act against the growing tide of mediocrity and vulgarity, for the sole joy of fulfilling the inner law of an heroic nature.” [32] [47]

Despite her praise for the warrior, Savitri Devi’s pessimism concerning the post-WWII world gives her little hope of successfully resisting the decay. She writes that there are few activities in modern life which are not wholly futile, beyond growing food, [33] [48] working to preserve the “elite minorities” of all races and species from extinction, showing kindness towards the innocent among the animal and human world, and “curs[ing] in one’s heart, day and night, today’s humanity (apart from very rare exceptions), and to work with all one’s efforts for its destruction.” [34] [49] One cannot help but notice that this overwhelming pessimism grows far more prominent in Savitri Devi’s postwar writings, after witnessing the destruction and humiliation of the last bastion of Aryandom on earth.

The Education of Maximiani Portas

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With respect to the purpose of this essay, I am forced to admit that it is impossible to imagine a Savitri Devi who is not a Nazi. The circumstances of her life, particularly her love for ancient Indo-Aryan culture, its perceived embodiment in Hitler’s state, and that state’s crushing defeat and humiliation, solidified her fanatical devotion as well as her hatred for the post-war order. But perhaps we can imagine how Savitri Devi’s outlook might have differed if this enthusiasm for National Socialism had not fully taken hold of her mind; if she had remained Maximiani Portas and not become Savitri Devi, the iron maiden, the eulogist and apologist of Nazi Germany, “Hitler’s Priestess.”

If we set aside the veneration of Nazism, I believe we could still preserve everything that makes Savitri Devi particularly valuable as a thinker, even to those who disagree with her devotion to Hitler:

  1. Her understanding of the primordial Indo-Aryan religion;
  2. Her conception of aristocracy within and among species, and insistence that humans have no claim to superiority unless they rise above their merely natural selves;
  3. Her injunction to preserve the noble elite of all species, and to treat the Earth and its myriad creatures with the kindness befitting the noble man;
  4. The need for a state based on classical principles that cultivates true physical and spiritual aristocracy, while utilizing modern technology to advance the goals and improve the lot of its people; and
  5. The recognition of universal forces of decay and the need to combat them with the detached violence of the Aryan warrior.

These are the ways in which Savitri Devi’s thought embodies the themes of an authentic traditional society and adapts them to the present. These are important and original observations that should be taken seriously by any Rightist.

And what of the rest? While I do not intend to offer a critique of National Socialism or Esoteric Hitlerism here, and while I have no particular quarrel with those who embrace these ideologies, I would argue that these are the weaker points in Savitri Devi’s thought. Her idealization of Hitler and the “actually existing” National Socialist state, while a bracing corrective to the propaganda barrage of the post-WWII era, have an element of the outrageous to them. I will not dwell on this point, as the critique of National Socialism from the Right [51] has been done by far greater minds than my own. I will simply say that upholding Hitler’s Germany as the purest expression of the primordial religion since the dawn of the age is hyperbolic, and ignores the many ways in which the regime compromised with modernity. This is not to deny it a certain grandeur, or indeed to deny that life under this regime would almost certainly be preferable to our current situation. Whether it deserves religious veneration is another matter.

JF_cover.jpgOn the subject of religion, Savitri Devi’s loathing of most traditional religions, particularly Christianity, appears to have been partly instinctive and partly informed by Nietzsche and later Nazi pronouncements on the subject. However, though she counted herself among the proponents of the Integral Tradition along with Evola and Guénon, her disdain for these world religions — the very vessels of the primordial religion — separates her from that milieu. Her countless criticisms of Christianity, in particular, are a somewhat tedious and clichéd amalgam of Nietzscheanism, biological racism, and neo-pagan hubris: Christianity “alienates its faithful from nature,” “teaches them the contempt of the body,” and betrays the “stench of the miserable and servile common man.” [35] [52] Moreover, she agreed with Hitler in regarding Christianity as “nothing but a foreign religion imposed on the Germanic peoples and fundamentally opposed to their genius.” Savitri Devi therefore longs for a return to pre-Christian Indo-Aryan paganism.

I’ve sought to address these misconceptions of Western Christianity elsewhere [53], arguing that it is neither foreign to the European soul nor simply a precursor of modern democratic liberalism. I have also argued [12], with Guénon and even Evola, that Western Christianity was a legitimate vehicle of the Traditional idea. Specifically addressing its supposed anti-natural bent, Savitri Devi (and many modern environmentalists [54]) accuse Christianity of human-centeredness and domineering attitudes towards the natural world. However, Christianity is theocentric, not anthropocentric. Its true focus is not on maximizing human numbers or comfort, but in living in accordance with the will of God. Indeed, as men have rejected the divine and natural order and cannot even master themselves, they hardly deserve to be masters of the world. A consequence of their fall from the primordial state is their profound lack of mastery, their physical and intellectual weakness, their susceptibility to natural disaster, sickness, death, and time. Ecological degradation is not an outcome of belief in Christ, but rather a consequence of the timeless and universal attitude of dull pragmatism, the plebeian outlook of the man whose chief concern is wealth and comfort at the expense of the sacred. It is not a feature of any genuine religion.

Ironically, by jettisoning most traditional religions in the name of returning to a primordial “religion of life and light,” Savitri Devi removes some of these traditional restraints on human behavior. Though the metaphysics are vaguely Neoplatonic due to her apparent opposition to transcendent divinity, her religion devolves into a kind of purely immanentistic pantheism, in which gods are simply the spirits of one’s ancestors and one’s folk-soul, and God and nature are synonymous. This mystical Darwinism and reverence for the strong, however, need not lend itself to a reverence for the noble Aryan and lion. It could just as easily involve the worship of the migrant waves in Europe, or the cancerous growth of the modern city, or indeed swarms of locusts, as they are also a part of “nature” and have proven their strength over the old ways and old masters of that land. There is not an objective standard from which to judge human behavior, since (as we know from history) people can judge purely “natural law” to mean all kinds of different things. In short, while Savitri Devi expresses many essentially correct metaphysical ideas, she errs in rejecting the transcendent traditional faiths in favor of what is basically 19th-century racialist pantheism.

page_1sdky.jpgFinally, there is a shocking inhumanity in Savitri Devi’s thought. In some ways, this can be quite refreshing to a modern reader indoctrinated in maudlin liberal humanitarian platitudes. She questions the value of modern medicine, which keeps countless people alive who are too sick and weak to contribute to their race or live purposeful lives. She straightforwardly endorses eugenics programs to maximize the wellbeing and numbers of healthy Aryans, and reduce those of more prolific but less noble bloodlines. The human and material costs of warfare in defense and expansion of Hitler’s Germany are fully justified due to its role as the vehicle of Aryan regeneration. Traitors should be executed without mercy. Though Savitri Devi sometimes questions the Holocaust numbers and narratives, more often than not she simply defends the execution of countless political enemies — among which she includes Jews — as not only necessary but laudable.

Savitri Devi prided herself on her ruthless consistency, her “appalling logic,” and there is no reason to doubt her sincerity. [36] [55] Admittedly, it does seem strange for a woman who spoke so warmly of nonhuman animals — who urged readers to “give an armful of grass to the horse or the weary donkey, a bucket of water to the buffalo dying of thirst. . . a friendly caress to the beast of burden” — to so utterly set such compassion aside when dealing with human beings. [37] [56] And it is not merely towards the enemy that her ruthlessness is directed. She seems to have believed that the sick and weak of her own people must be sacrificed in order to secure the dream of deified Aryandom.

This may be the price one has to pay. But it also entails an abrogation of the traditionally noble ideals, of European chivalry, which demands protection of the weak and defenseless, widows and orphans, children and the innocent. It ignores that members of a community have a responsibility to care for their own people, even the sick, old, fallen, and imperfect. Perhaps not to the insane lengths people go to today, but the obligation still remains. These are the spiritual values, the kindness and compassion of the Aryan race which Savitri Devi prizes so highly, without which its bloodline will cease to be associated with genuine nobility.

In her fury at the destruction and humiliation of Hitler’s Germany, in the fanaticism with which she took up its banner, in the sheer horror of the postwar years, Savitri Devi appears to have lost that element of humanity. She seems to have taken some pride in this fact. Nevertheless, she would also write that “the real superman, if any, is the man in whom boundless kindness to all creatures goes side by side with the utmost intelligence and power.” [38] [57] Perhaps if she had remained Maximiani Portas — the young European girl who loved ancient Greece, who loved the beasts of the forests and fields, who longed to see a rebirth of ancient Indo-Aryan civilization in all of its ancient glory — she might not have forgotten this sentiment.

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Notes

[1] [60] Savitri Devi, Memories and Reflections of an Aryan Woman. New Delhi: Savitri Devi Mukherji, 1976, ch. 8 [61].

[2] [62] Reflections, ch. 10 [63].

[3] [64] Savitri Devi, Gold in the Furnace: Experiences in Post-War Germany [65], ed. R. G. Fowler. Atlanta: Savitri Devi Archive, 2006, ch. 1.

[4] [66] Ibid.

[5] [67] Ibid.

[6] [68] Ibid.

[7] [69] Savitri Devi, The Lightning and the Sun [40]. Buffalo, New York: Samisdat Publishers, Ltd., 1979, p. 265.

[8] [70] Savitri Devi, Impeachment of Man [71]. Costa Mesa, California: The Noontide Press, 1991, p. 82.

[9] [72] Reflections, ch. 1 [73].

[10] [74] Ibid.

[11] [75] Impeachment, p. 113.

[12] [76] Reflections, ch. 12 [77], passim.

[13] [78] Impeachment, p. 147.

[14] [79] Lightning, p. 395.

[15] [80] Impeachment, p. 134.

[16] [81] Lightning, p. 5

[17] [82] Gold, ch. 1.

[18] [83] Reflections, ch. 1.

[19] [84] Reflections, ch. 9 [85].

[20] [86] Reflections, ch. 1.

[21] [87] Gold, ch. 1.

[22] [88] Impeachment, 150.

[23] [89] Ibid., 105.

[24] [90] Ibid., 145.

[25] [91] Ibid., 150.

[26] [92] Gold, ch. 9.

[27] [93] Gold, ch. 12.

[28] [94] Reflections, ch. 11 [95].

[29] [96] Lightning, 248.

[30] [97] Reflections, ch. 1.

[31] [98] Lightning, 374.

[32] [99] Gold, ch. 14.

[33] [100] Lightning, p. 4.

[34] [101] Reflections, ch. 11.

[35] [102] Reflections, ch. 8.

[36] [103] Savitri Devi, Defiance: The Prison Memoirs of Savitri Devi [104], ed. R. G. Fowler. Atlanta: The Savitri Devi Archive, 2008, 77.

[37] [105] Reflections, ch. 1.

[38] [106] Impeachment, 104.

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[1] Hitler’s Priestess: https://nyupress.org/9780814731116/hitlers-priestess/

[2] Miguel Serrano’s: https://religion.wikia.org/wiki/Miguel_Serrano

[3] [1]: #_ftnref1

[4] [2: #_ftnref2

[5] ]: http://k

[6] [3]: #_ftnref3

[7] Akhnaton: https://www.savitridevi.org/son-contents.html

[8] [4]: #_ftnref4

[9] [5]: #_ftnref5

[10] [6]: #_ftnref6

[11] life-denying Gnostics: https://plotinusarchive.wordpress.com/2-9-against-the-gnostics/

[12] a previous article: https://counter-currents.com/2020/09/integral-ecology/

[13] here.: https://counter-currents.com/2019/11/gold-in-the-furnaceexperiences-in-post-war-germany/

[14] deep ecology: https://openairphilosophy.org/wp-content/uploads/2019/02/OAP_Naess_Deep_Ecology_Movement.pdf

[15] [7]: #_ftnref7

[16] [8]: #_ftnref8

[17] [9]: #_ftnref9

[18] [10]: #_ftnref10

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[22] [14]: #_ftnref14

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[24] here.: https://counter-currents.com/2019/11/defiance-the-prison-memoirs-of-savitri-devi/

[25] [16]: #_ftnref16

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[29] [20]: #_ftnref20

[30] [21]: #_ftnref21

[31] [22]: #_ftnref22

[32] [23]: #_ftnref23

[33] reactionary modernism: https://www.cambridge.org/us/academic/subjects/history/twentieth-century-european-history/reactionary-modernism-technology-culture-and-politics-weimar-and-third-reich?format=PB&isbn=9780521338332

[34] archeofuturism: https://arktos.com/product/archeofuturism/

[35] [24]: #_ftnref24

[36] [25]: #_ftnref25

[37] [26]: #_ftnref26

[38] [27]: #_ftnref27

[39] here: https://counter-currents.com/the-lightning-and-the-sun-order/

[40] The Lightning and the Sun: http://www.savitridevi.org/PDF/lightning.pdf

[41] [28]: #_ftnref28

[42] [29]: #_ftnref29

[43] occult war: https://www.gornahoor.net/?p=3675

[44] [30]: #_ftnref30

[45] [31]: #_ftnref31

[46] League of Shadows: https://counter-currents.com/2012/07/christopher-nolans-batman-movies-weaponizing-traditionalism-transvaluing-values/

[47] [32]: #_ftnref32

[48] [33]: #_ftnref33

[49] [34]: #_ftnref34

[50] here.: https://counter-currents.com/and-time-rolls-on-order/

[51] from the Right: https://pdfs.semanticscholar.org/a697/746226cff370819e943d6708faa2b66beb2d.pdf

[52] [35]: #_ftnref35

[53] elsewhere: https://counter-currents.com/2020/09/michaelmas/

[54] environmentalists: http://www.cmu.ca/faculty/gmatties/lynnwhiterootsofcrisis.pdf

[55] [36]: #_ftnref36

[56] [37]: #_ftnref37

[57] [38]: #_ftnref38

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[60] [1]: #_ftn1

[61] ch. 8: https://www.savitridevi.org/M&R_chapter_8.html

[62] [2]: #_ftn2

[63] ch. 10: https://www.savitridevi.org/M&R_chapter_10.html

[64] [3]: #_ftn3

[65] Gold in the Furnace: Experiences in Post-War Germany: https://pvsheridan.com/Gold-in-the-Furnace.pdf

[66] [4]: #_ftn4

[67] [5]: #_ftn5

[68] [6]: #_ftn6

[69] [7]: #_ftn7

[70] [8]: #_ftn8

[71] Impeachment of Man: http://www.savitridevi.org/PDF/impeachment.pdf

[72] [9]: #_ftn9

[73] ch. 1: https://www.savitridevi.org/M&R_chapter_1.html

[74] [10]: #_ftn10

[75] [11]: #_ftn11

[76] [12]: #_ftn12

[77] ch. 12: https://www.savitridevi.org/M&R_chapter_12.html

[78] [13]: #_ftn13

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[84] [19]: #_ftn19

[85] ch. 9: https://www.savitridevi.org/M&R_chapter_9.html

[86] [20]: #_ftn20

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[94] [28]: #_ftn28

[95] ch. 11: https://www.savitridevi.org/M&R_chapter_11.html

[96] [29]: #_ftn29

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[102] [35]: #_ftn35

[103] [36]: #_ftn36

[104] Defiance: The Prison Memoirs of Savitri Devi: https://www.savitridevi.org/PDF/defiance.pdf

[105] [37]: #_ftn37

[106] [38]: #_ftn38

 

mercredi, 07 octobre 2020

Michaelmas: Of Harvest Festivals & Holy Warriors

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Michaelmas:
Of Harvest Festivals & Holy Warriors

Come out, ’tis now September, the hunters’ moon’s begun,
And through the wheaten stubble we hear the frequent gun;
The leaves are turning yellow, and fading into red,
While the ripe and bearded barley is hanging down its head.

— “All Among the Barley,” British folk song

September the 29th is the Feast of St. Michael the Archangel, traditionally known as Michaelmas. Though not as widely observed nowadays, in medieval and early modern Europe this feast — falling as it does around the autumn equinox — was important both as a holy day and as a harvest festival, the last day of summer and the growing season. Like other “quarter days” and seasonal observances, its traditional customs are a synthesis of Christian devotion and European folk traditions.

The word “harvest” comes from the Old English word hærfest [1], meaning “autumn.” In England, the harvest season traditionally began with Lammas (old English for “loaf-mass”) on August 1, which marked the end of the hay season. Lammas was a religious as well as an agricultural festival, the day when the first loaf of bread made from the flour of the new harvest would be brought to church to be blessed. The Gaelic festival of Lughnasadh commemorates the sacrifice of Taltiu, the mother of the sun-god Lugh, who died of exhaustion after clearing the fields of Ireland for planting. The Harvest Home [2] festival in old England, also known as “Ingathering,” occurred around the date of the autumn equinox. Neopagans and Wiccans celebrate the equinox under various names, “Mabon” being the most common (though the name itself is a neologism). And the American Thanksgiving [3], of course, is our version of a harvest festival, though coming significantly later in the year.

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In old England, Michaelmas marked the end of the harvest. It was the largest festival of the season, associated with country fairs and bonfires. It was a time for the settling of accounts and hiring new labor for the coming season, retaining strong association with hiring fairs even into the 20th century. It was customary at this time of year to feast on the “Michaelmas goose,” called the “green goose” or “stubble goose” because it fed on spring grass and was therefore leaner than its Christmas counterpart. In Scotland, celebrants made St. Michael’s Bannock from the cereals grown on the family land and cooked it on a lambskin, representing the fruits of the fields and the flocks. Blackberry desserts, such as pies and Michaelmas dumplings, were also traditionally prepared on this day. British folklore [4] relates that when St. Michael expelled Satan from heaven, the devil fell into a thorny blackberry bush and cursed its fruit. It is therefore considered unlucky to eat blackberries after Michaelmas, which commemorates the date of that precipitous fall.

The primary focus of this day in the Christian calendar, of course, is the commemoration of St. Michael, the warrior archangel who defeated the rebellious angels and cast Satan into the pit. He is venerated as the patron saint of soldiers, policemen, paramedics, and those in peril on the sea, and represents a figure in Christian history that is largely forgotten today: the holy warrior.

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Michaelmas therefore seems an opportune time to revisit the themes in Christian history and doctrine that pertain to the warrior caste of old Europe. I am well aware that many on the New Right have a negative perception of Christianity, and given the state of the contemporary Church this is unsurprising. Nor do I believe that Christianity is the panacea for the West, a return to which will put all to rights and “save us.” [5] However, while I do not hope to win any converts, I hope that this essay will at least serve as a corrective to some of the current misunderstandings of the Christian religion, the faith which has been at the heart of the European soul for over fifteen hundred years. In the conclusion, I will discuss the place St. Michael as an archetypal holy warrior, and his particular relation to the harvest time.

Christianity Critiqued from the Right

The Rightist criticisms of Christianity will be well known to readers. It is reputed to be a life-denying creed, promoting an ascetic “slave morality” that subverted traditional European societies, precipitated the downfall of Rome, and led inexorably to the universalist, humanitarian insanity of the contemporary Left. It is rooted in Judaism and Oriental mysticism and thus fundamentally alien to the European spirit. Its emphasis on the uniqueness and importance of the individual soul promotes destructive tolerance, pathological altruism, pacifism, and egalitarianism and therefore discourages adherents from fighting for their own interests and those of their people. And so on. Christianity, seen in this light, is the poison in the veins of the modern West. Its teachings may be appropriate for ascetic, world-weary priests and resentful lumpenproles, but it is totally alien to the heroic worldview of the warrior caste and the mighty men who built Western civilization.

This critique of the religion, most powerfully articulated by Nietzsche, is a compelling rebuke of the humanitarian pseudo-Christianity that developed in the nineteenth century, and which currently prevails in almost every major denomination in the West. However, it fails to account for the traditional form that Christianity took in the West for over a thousand years.

I would like to address some of the above criticisms, in an admittedly abbreviated fashion, in order to lay the groundwork for a specific discussion of the warrior caste. It is important to emphasize that the common feature of these critiques is that they regard Christianity as monolithic, and therefore alien to Europe, despite its long presence in the West and undeniable importance to Western development. This is born of a rationalist, Enlightenment tendency, buttressed by Protestant literalism and exclusive emphasis on the Bible (sola scriptura), to ignore the important fact that Christianity in the West developed into a distinct religion in its own right, and should therefore be distinguished from the version that arose in Palestine, or for that matter the versions that developed in Eastern Europe, Latin America, Africa, etc. Thus, this article particularly addresses Western Christianity, the faith of Christendom, historically identified with Catholicism but not necessarily exclusive to it. And Protestant criticisms aside, one does not have to agree with every decision or action by the papal Curia, or deny the existence of bad priests and decidedly unimpressive practitioners, in order to acknowledge the validity of the ancient doctrine and ritual. As it stands, however deeply flawed it may be, the Church is the last bastion of unbroken tradition and spiritual values in the Western world. It should become clear that there was once a fully functional and organic society that fully embraced the Christian religion, which permeated not just the lower and priestly classes but the warrior caste as well.

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The slavish ideas of the contemporary Left — radical egalitarianism, distributive justice, hedonism, democracy — play no part in historical Christian doctrine. To argue that traditional Christianity preaches this insanity is plainly wrong. To argue that it has become infected by such ideas is merely to admit that the Christian community is susceptible to subversion. But what faith community is not? Hinduism today is a shadow of its former self, with the traditional caste system all but abolished. It was itself subverted by Buddhism, which — however noble [7] its origins — is now regarded by Western adherents as nothing more than a mélange of meditation, self-fulfillment, and social justice activism. Neopaganism is infested by Leftists continually wringing their hands over potential racists in their midst, and the virile warriors of ancestral Europe would be disgusted by the limp-wristed Wiccans of today. While much of Christian practice throughout the West has indeed been corrupted into sentimental humanitarianism, this is due to a rejection of fundamental points of doctrine, not an inevitable consequence of them. The prevalent Left-wing perversion of Christianity essentially places its highest value upon mankind and strives to achieve an egalitarian utopia on earth: to “immanentize the eschaton [8],” as Eric Voegelin put it. The same applies to communism, socialism, and other Leftist ideologies that critics such as Nietzsche trace to Christianity.

Rightists who criticize Christianity’s “slave morality” believe (again with Nietzsche) that this is attributable to its Jewish roots. They argue that these ignominious origins render Christianity unsuitable for Europeans, and sometimes regard the whole religion merely as a Trojan Horse of Jewish subversion, an ancient prototype of the Frankfurt School. This is despite the fact that Christ himself criticized orthodox Jewry of his day for their dry legalism and rank hypocrisy; despite the fact that he was murdered by these same hierarchs; despite the fact that many of the earliest expositors of Christianity aimed their message at Gentiles, and taught that adherence to the Old Law was unnecessary and in some cases harmful; and despite the fact that until the 20th century and the promotion of “Judeo-Christianity” and evangelical fawning over Israel, Jews have been regarded as outsiders and viewed with suspicion throughout the West.

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Certainly, Christ emerged from a Jewish milieu (though his teaching was in opposition to the orthodoxy). And it is true that the Church has incorporated the Old Testament into its holy canon, and believes it to contain prophecies and prefigurations of Christ. However, Judaism is not the only religion to prophesize a future figure of divine justice and restoration, nor are such prophecies absent from Indo-Aryan religions: medieval Christians believed that the coming of Christ was also foretold by the Sibyl of Cumae and in Virgil’s Fourth Eclogue [9], and one can also point to the Hindu Kalki [10], the Buddhist Maitreya [11], and the Zoroastrian Saoshyant [12] as other manifestations of this universal idea. Much of the anthropological and metaphysical framework of the Hebrew Bible, the omniscient God locked in battle with a principle of evil, the fall of man due to manipulation by that power — is present in the Indo-Aryan Zoroastrian religion. In addition, Christian doctrine incorporated the truths of Greek and Roman philosophy (particularly Neoplatonism and Stoicism), and in practice and form Christianity has often taken on a regional character, owing much to European folk religion. Thus, Christianity can be seen as a synthesis of what is best in religion, adapted to the soul of Western man, and not merely as a heretical outgrowth of Judaism — whose influence is obviously significant, but should not be overemphasized. As it developed in the West, I would be so bold as to assert that Christianity is far more Greek and Frankish than Jewish in character.

Traditional Christianity did not deny differences among humans, individually or culturally. The equality of souls before God is the only respect in which people are the same. Otherwise, humans are clearly different in terms of gifts, virtues, and bloodlines. All men might be endowed with a soul, but what they choose to do with that divine spark determines their place in the chain of being. Those whose lives and actions are most aligned with the will of God are considered saints. This category does not just consist of monks, priests, and hermits, but also kings and warriors: Joan of Arc, Martin of Tours, Louis the Pious [13]. While no one has a right to the unbridled exploitation of another (which I hope most people will agree on), hierarchy exists for a reason and historical Western Christianity is quite comfortable with this notion. In addition to affirming the existence of earthly hierarchies, Western Christian tradition affirms and acknowledges the existence of valid ethnic, cultural, and racial distinctions [14]. These are not simply regarded as obstacles to be overcome, prejudices of a primitive and pagan age, but considered a divine gift in their own right. And as rulers have an obligation to protect their own people, traditional Christianity does not counsel or condone the sacrifice of one’s own subjects or citizens to a nebulous “humanity.”

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Finally, the notion that Christianity rejects all virility and places supreme emphasis on human comfort and welfare is patently false. Unlike modern Catholic Social Teaching, which is unfortunately infected by Liberation Theology, traditional Western Christianity prioritizes many things above the mere preservation of human life: the salvation of souls, the maintenance of social order, the administration of justice, the defense of the community against its enemies. In contrast to most contemporary Christian organizations, which have indeed succumbed to the Enemy and preach universalism, egalitarianism, and a degree of tolerance bordering on nihilism, traditional Christianity was characterized by a far more demanding and warlike mentality. The remainder of this essay will examine the historical manifestations of this warrior faith, beginning with Christ himself.

Christus Victor and the Church Militant

Critics of Christianity, as well as many of its contemporary adherents, depict Christ exclusively as a teacher of love, nonviolence, and resignation, who counseled his disciples to abjure the sinful world and patiently await the life to come. This characterization misses many significant aspects of Christ’s teaching expressed in the Gospels. Those who emphasize his nonviolence ignore his exhortation that he came not “to bring peace, but a sword [15];” his instruction to his disciples that “he who has no sword, let him sell his garment and buy one [16];” his praise for the faith of the centurion [17], and his violent expulsion of the moneychangers [18] from the Temple. Those who emphasize Christ’s love and doctrine of nonjudgment ignore his constant condemnations of the hypocritical Pharisees [19] as well as comments about separating the wheat from the chaff [20], the sheep from the goats [21]. Far from resignation, he counseled stoicism and endurance of hardship [22] to his apostles in furtherance of their mission: the total defeat of the Enemy.

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Indeed, the traditional understanding of Christ’s death was not simply an act of meek resignation, but a conscious and powerful rebuke to the forces of darkness. This known as the Christus Victor [23] view of atonement, which is arguably the oldest understanding of Christ’s death. While most Christians nowadays believe that Jesus died in order to slake God’s wrath against a sinful mankind (“for your sins”), the prevalent Christus Victor understanding is that Christ’s death and Resurrection liberated man from the powers of death, evil, Satan, and legalistic religion. Since mankind was severed from its connection with the divine (“the Fall”) in the material realm, God’s incarnation and death had to occur in this realm as well, in order to decisively defeat the powers that bind mankind and restore their potential for transcendence. The Resurrection thus represents the light’s triumph over darkness, the sanctification of the material world, and the restoration and elevation of the human soul and person. This is the idea of the triumphant Christ, Christ the King, which animated the early Christians and the faithful of old Europe. This is not a god of guilt and suffering and weakness, but of strength and self-overcoming. Christians are not simply to rely on Christ for salvation, but to follow their King’s example and transcend the merely human within themselves, to ascend to their natural role as viceroys and contemplators of Creation.

Thus, in contrast to the feminized understanding of Christ prevalent today, Western Christianity is a warlike creed, exhorting its followers to ceaseless combat [24] against “against principalities, against powers, against the rulers of the darkness of this world, against spiritual wickedness in high places.” C.S. Lewis encouraged Christians to regard the world as “occupied territory [25]” and themselves as secret agents: “Christianity is the story of how the rightful king has landed, you might say landed in disguise, and is calling us to take part in a great campaign of sabotage.” Hence the term “church militant.”

There is, I believe, no better modern depiction of this warlike, vigorous conception of Christ than the beautiful poem of Ezra Pound, “Ballad of the Goodly Fere [26]” (“fere” meaning “mate” or “companion”), which is worth reading in its entirety:

Ha’ we lost the goodliest fere o’ all
For the priests and the gallows tree?
Aye lover he was of brawny men,
O’ ships and the open sea. [. . .]

Oh we drank his “Hale” in the good red wine
When we last made company,
No capon priest was the Goodly Fere
But a man o’ men was he. [. . .]

I ha’ seen him drive a hundred men
Wi’ a bundle o’ cords swung free,
That they took the high and holy house
For their pawn and treasury. [. . .]

He cried no cry when they drave the nails
And the blood gushed hot and free,
The hounds of the crimson sky gave tongue
But never a cry cried he. [. . .]

A master of men was the Goodly Fere,
A mate of the wind and sea,
If they think they ha’ slain our Goodly Fere
They are fools eternally.

This ballad, of course, is derived from Northern European poetic forms, and excellently captures how Christianity was understood and adopted by ancient Europeans. This is the subject of the next section.

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Germanized Christianity and the Emergency of Chivalry 

Christianity spread throughout the Empire and became the state religion of Rome during the reign of Constantine, who issued the Edict of Milan [27] in 313 AD. The Nietzschean interpretation is that Christianity caused the fall of Rome by embracing ascetic and life-denying values, but it seems more plausible that its widespread adoption was a response to the collapse of Roman society and religion that had already begun. Attempts by Julian the Apostate to restore the ancestral tradition were unsuccessful because it had lost its vitality and was no longer widely accepted. Christianity remained the unifying force in the Mediterranean world even after the collapse of Rome, and was soon adopted by the invading Germanic tribes, some willingly and some by force. This naturally changed the form of Christianity in significant ways and gave birth to the Western Christianity of the Catholic Middle Ages.

It would be incorrect to say that this “Germanized Christianity” completely changed the character of the original creed, transforming a life-denying and pacifistic faith into a tool for social cohesion. As explained above, original Christianity is rife with martial imagery and exhortations, and never condemned war or government (“turn the other cheek” [28] is understood by almost all traditional expositors as a prohibition against destructive individual vengeance, rather than nonresistance to evil). Indeed, one of Christianity’s vehicles of transmission was the Roman soldiery [29], whose faith evidently did not prevent them from carrying out their duties. Constantine’s conversion reputedly occurred on the battlefield.

Nevertheless, the focus and external forms of Christianity did change radically once it was adopted by the Europeans. These changes are convincingly detailed in James Russell’s The Germanization of Early Medieval Christianity [30]. He argues that Eastern Christianity developed in a largely alienated and anomic urban milieu, and was influenced by the otherworldly ethos of the mystery religions prevalent in that area. In Northern Europe, it encountered a civilization that was heroic, magico-religious, patriarchal, pastoral-agricultural, and warlike. Missionaries to the Anglo-Saxons and Franks emphasized the role of Christ as a warrior God, akin to Wotan, allowing for the sanctification of warfare in the name of God. The cult of saints, relics, and holy places, as well as the proliferation of holy days and festivals, served to redirect the same devotion and festivals of the pre-Christian religions.

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Anglo-Saxon poetry provides a particularly stirring example of this warlike, syncretic Western Christianity, in such poems as The Dream of the Rood [31] and Beowulf [32]. The following quotation is from the Heliand [33], a ninth-century paraphrase of the gospels written in the style of an Anglo-Saxon epic. Here is Christ speaking to his apostles:

He promised them Heaven’s Kingdom and spoke to the heroes:
“I might also tell you, O My companions,
With true words, that you shall henceforth be
The light of this world, fair among warriors,
Over many folk, beautiful and sweet,
For the children of people. Your great works may not
Become hidden because of the heart with which you make them known.” (1389-94)

The highest social expression of Western Christianity is the code of chivalry, which tempered the ferocity of the Viking-Germanic warrior class and directed knightly endeavors to the service of the King, the Church, and the people, particularly the innocent and defenseless. The chivalric ideal is a synthesis of the warrior code of the classical and Northern world with the Christian ethic. Hence the “Nine Worthies [34],” the paragons of chivalry in the Middle Ages, features three representatives from the classical world, three from the Old Testament, and three from the medieval age (Charlemagne, King Arthur, and Godfrey de Boullion). This ideal of noblesse oblige, loyalty to Church and King, and martial valor in service of God formed the ideal foundation for the feudal system.

Since the Renaissance, it has been commonplace to criticize the medieval era as a period of darkness and fanaticism. And even those critics of Christianity who admire the Catholic Middle Ages, such as Evola, believe that it was great in spite of Christianity, rather than because of it. But even Evola acknowledged that Christianity had a “galvanizing effect” on the peoples of Western Europe:

In spite of everything, Christianity revived the generic sense of a supernatural transcendence. The Roman symbol offered the idea of a universal regnum, of an aeternitas carried by an imperial power. All this integrated the Nordic substance and provided superior reference points to its warrior ethos, so much as to gradually usher in one of those cycles of restoration that I have labeled Christianity is a part of the European soul, but refigured from its Asiatic and life-denying origins; Germanized, transformed into the motivating creed behind chivalry, Rhineland mysticism, Gothic statuary, French stained glass, King Arthur, etc. (Mystery of the Grail [35], p. 120)

However, again, it is necessary to emphasize that every element of the Christian religion that made the Middle Ages great was present from the foundation, and was simply amplified and developed by its contact with Germanic Europe. The life-denying resignation attributed to Christianity by Nietzschean critics did indeed arise in Europe in the form of Catharism, but this sect was denounced as heretical and ultimately destroyed [36] (quite unjustly). Feudalism, chivalry, mysticism, Gothic architecture, and holy warfare are all expressions of the Germanic spirit under the influence of Christianity, and to those who are not blinded by the secularism and humanism of the Enlightenment, these represent some of the highest achievements of Western civilization. This is nowhere more apparent than in the military monastic orders of the Crusades.

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The Holy War: Templars and Teutonic Knights

The culmination of Western chivalry is to be found in the campaigns of the Crusades. Aside from true atrocities such as the siege of Zara [37] and the sack of Constantinople [38], the Crusades represent one of the few genuine moments of pan-European unity and military effort in the name of a shared European ideal. It gave Europe many of its tales of chivalry, heroism, and martial valor. This is particularly true of the monastic military orders such as the Knights Templar. These holy warriors, drawn from several European peoples, wedded the ferocity of the Frankish and Teutonic warriors with the chivalry and devotion of the Christian ethic, and therefore represented the pinnacle of Western knighthood. As Bernard of Clairvaux, the mystic and founder of the Benedictine Order who supplied the Rule for the new order, wrote in De Laude Novae Militiae [39] (In Praise of the New Knighthood):

This is, I say, a new kind of knighthood and one unknown to the ages gone by. It ceaselessly wages a twofold war both against flesh and blood and against a spiritual army of evil in the heavens. When someone strongly resists a foe in the flesh, relying solely on the strength of the flesh, I would hardly remark it, since this is common enough. And when war is waged by spiritual strength against vices or demons, this, too, is nothing remarkable, praiseworthy as it is, for the world is full of monks. But when the one sees a man powerfully girding himself with both swords and nobly marking his belt, who would not consider it worthy of all wonder, the more so since it has been hitherto unknown? He is truly a fearless knight and secure on every side, for his soul is protected by the armor of faith just as his body is protected by armor of steel. He is thus doubly armed and need fear neither demons nor men.

The Templars were the ultimate warrior monks. Their lives were highly regimented, with the inner cadre of knights committing to celibacy, an austere diet with frequent fast days, and rigorous physical training and prayer. They fought with extreme conviction to liberate the Holy Land and defend the pilgrims and Crusader states established there. The knights who formed the core of the order were drawn from the nobility, but individuals of other ranks and marital status could join in auxiliary roles. Its strength and wealth became so great as to pose a threat to the King of France, leading to its annihilation on fabricated charges of heresy. The Teutonic Order [40] was also renowned for its combination of religious devotion and martial valor, and would form a central component of Prussian and German identity into the twentieth century.

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Evola, though critical of Christianity, held these orders in high regard. He seems to have regarded them as the last true bastions of tradition and initiation in the West, with their emphasis on the ascesis of action, military discipline, and self-transcendence through both the greater and the lesser (internal and external) Holy War. Based upon statements made during their trials, it appears that the Templars initiated their highest class of knights into an esoteric form of Christianity:

During the Middle Ages, the realization of the human personality was believed to consist either in the path of action or in the path of contemplation; the two paths usually referred to the Empire and to the Church, respectively. As is well known, this was Dante’s view. In its deeper aspect, Ghibellinism more or less claimed that through the view of earthly life as discipline, militia, and service, the individual can be led beyond himself and reach the supernatural culmination of human personality through action and under the aegis of the Empire. This was related to the character of a nonnaturalistic but “providential” institution acknowledged in the Empire; knighthood and the great knightly Orders stood in relation to the Empire in the same way in which the clergy and the ascetic Orders stood in relation to the Church. These Orders were based on an idea that was less political than ethical-spiritual, and partially even ascetic, according to an asceticism that was not cloistered and contemplative, but rather of a warrior type. In this last regard, the most typical example was constituted by the Order of Knights Templar, and in part by the Order of the Teutonic Knights. (Men Among the Ruins [41], p. 207)

These military monastic orders are similar in nature to King Arthur’s legendary court, particularly in the quest for the Holy Grail. The Grail legend is one of the most significant myths in the Western psyche, an amalgam of Celtic, Germanic, and Catholic themes, representing a striving for wholeness in the psychological, political, and spiritual realm. Sir Galahad, one of only three knights to achieve the Holy Grail and the most renowned for his purity and gallantry, was likely inspired by Bernard de Clairveaux’s conception of the holy warrior. He was, significantly, equipped with a white shield emblazoned with a vermillion cross — the very emblem of the Knights Templar.

Muscular Christianity

The last manifestation of this warlike spirituality is the nearest to us in time: the “muscular Christianity [42]” of the Victorian era and early twentieth century. Developed in response to the perceived effeminacy of the mainstream churches, muscular Christianity emphasized physical strength and moral courage as necessary to doing God’s will on earth. As Thomas Hughes [43] wrote in 1861, its adherents promoted “the old and chivalrous Christian belief, that a man’s body is given him to be trained and brought into subjection, and then used for the protection of the weak, the advancement of all righteous causes, and the subduing of the earth which God has given to the children of men.”

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In this rebirth of the Christian warrior ideal, which was largely developed in Anglo-American Protestant churches but also had its Roman Catholic manifestations (for instance, the Knights of Columbus [44]), emphasis was placed upon physical strength. Churches organized boxing clubs and scouting organizations to teach young men the rigors of combat and woodcraft. Rather than the plaintive, melancholy, or sentimental hymns sung in churches, these muscular Christians would sing [45], in the worlds of Charles Richards (1915), “songs of character, of service, of brotherhood, of Christian patriotism, of aggressive missionary spirit, of the practical Christian life.” It promoted active involvement in the din and strife of the real world, and was a driving force behind the Social Gospel Movement. Muscular Christianity essentially sought to operationalize the Lord’s Prayer, affirming “Thy will be done on Earth as it is in heaven.”

The essence of muscular Christianity was summarized by Theodore Roosevelt [46]:

If we read the Bible aright, we read a book which teaches us to go forth and do the work of the Lord; to do the work of the Lord in the world as we find it; to try to make things better in this world, even if only a little better, because we have lived in it. That kind of work can be done only by the man who is neither a weakling nor a coward; by the man who in the fullest sense of the word is a true Christian. . . We plead for a closer and wider and deeper study of the Bible, so that our people may be in fact as well as in theory “doers of the word and not hearers only.”

This muscular, activist model of Christianity that emerged in the Victorian era was far from perfect. In its engagement with politics, it could lend itself to abolitionism (think “Battle Hymn of the Republic”) just as well as to the chivalric ethos of the Second Ku Klux Klan. Its strong association with Progressive Era reforms likely hastened the decline of the mainstream churches into spiritually lukewarm appendages of the Left. The whole movement was indelibly tainted by the fact that it arose in a democratic and Protestant society and therefore lacked the elements of hierarchy and willing obedience that must characterize any true religious-military order. However, it was nevertheless a major motivating ethos behind the last generation of WASP elites who sought to maintain America as a traditional, hierarchical nation of European settlers. It also stands as the last movement to fully embrace the virile, warlike dimensions of Christianity in the contemporary West.

St. Michael: Archetype of the Holy Warrior

And there was war in heaven: Michael and his angels fought against the dragon; and the dragon fought and his angels, and prevailed not; neither was their place found any more in heaven. And the great dragon was cast out, that old serpent, called the Devil, and Satan, which deceiveth the whole world: he was cast out into the earth, and his angels were cast out with him.

— Revelation 12:7-9

This brings us back to the figure of St. Michael. In Christian tradition, he is an archangel — prince and “Archistrategos” of the heavenly armies, first defender of the Kingship of Christ, the invincible warrior who conquered the Dragon and all his minions and cast them into Hell. St. Michael is the archetypal holy warrior, perfectly aligned with his Lord’s will, fighting with detachment and iron determination against the Enemy, upholding Order against Chaos. He is also an archetypal dragonslayer in the Indo-Aryan tradition, akin to Thor, Saint George, and Beowulf. As one writer insightfully notes [47],

As a healer, warrior and peace-maker, St. Michael is the Archangel honored as the guardian and guide of the individual in his/her battle for the self. In historic Germanic tradition, Michaelmas was the time of strength, of exercising one’s will, pitted against those things that challenge and threaten to overwhelm the spirit. This retains at some cultural level the virtue of Wotan (Odhin) whose own resilience fought and conquered all, leading him to self-victory and triumph. In that historic culture, such challenge was manifest in the “worm” and in the most aged of depictions, the dragon beneath the spear of St Michael is more akin to a writhing worm than any dragon or later demonic “devil.” This spear inherited according to theology as that very same attributed to Wotan as the harbinger of destiny, and is thus the arrow of truth and the dispeller of all falsehoods, including self-deceit.

But that is not all. In addition to his martial association as patron of soldiers and policemen, St. Michael is also regarded as a healer, protector of the innocent, and guide at the hour of death. He therefore represents the constructive obverse of the warrior’s fury, that which makes the difference between a mere barbarian and a true knight: the ability to restore that which is broken. He is envisioned as the particular guardian of God’s people, specifically in Christendom. He was accordingly the most important saint in the Middle Ages, with monasteries in his name — such as Mont Saint Michel in Normandy — believed to ward off demons from the borders. He was also a patron of many of the Catholic nationalist organizations that arose in the twentieth century, most notably the Romanian Iron Guard, formally known as the Legion of St. Michael the Archangel [48].

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St. Michael embodies a primordial Indo-European archetype of the holy warrior, the knight and defender. This is well-understood. What of his association with the harvest, and the special seasonal significance of this festival of Michaelmas?

St. Michael’s association with the harvest began in the fourth century, when he was viewed as a guarantor of rain and consequently a patron of agriculture. One reason for St. Michael’s association with autumn, which marks the end of the growing season and the beginning of nature’s dormancy and symbolic death, is due to his role as a defender and guide. He is the divine light guiding man through the uncertainty of the winter months, steeling man for the battle against darkness, hunger, and cold that lie ahead.

I believe that an additional explanation for this association may be warranted. The harvest is a celebration of nature’s bounty, a feast of thanksgiving, a time of year when the fruits of the fields and forest are gathered and stored. But this requires effort, a separation of the wheat from the chaff, a winnowing out of what is unnecessary and harmful. This is also the role played by St. Michael as a guide to souls after death, and an essential quality of the holy warrior: to struggle against the baser impulses and make oneself a fitting servant of one’s people and one’s God. Moreover, the harvest requires effort not just in cultivation but also in defense. The world is a place of beauty and bounty, but it requires warriors to defend it against the wickedness and snares of the Enemy. The association of the holy knight St. Michael and the harvest feast reminds us that all that is good, pure, and holy on this Earth must be defended — by gods, angels, and above all by men, with all the strength that is in us.

At this time of year the aster blooms, known as the Michaelmas Daisy, one of the last flowers to appear before the onset of winter. Just as St. Michael is a protector against darkness and evil, just as the holy warrior defends his land, his people, and his gods against those who would destroy them, this simple daisy stands amidst the dying weeds and grasses, a burst of life in the approaching gloom. This is what all of us, we Knights of Old Europe, should aspire to be: symbols of light and beauty in the darkness, heralds and guardians of the coming spring.

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Article printed from Counter-Currents: https://counter-currents.com

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[1] hærfest: https://www.etymonline.com/word/harvest

[2] Harvest Home: https://www.countryfile.com/how-to/food-recipes/british-harvest-how-long-does-the-season-last-when-is-harvest-day-plus-history-and-traditions/

[3] Thanksgiving: https://counter-currents.com/2011/11/thanksgiving-day-as-a-harvest-festival/

[4] British folklore: https://picnicinakeldama.wordpress.com/2016/10/04/taking-stock-with-st-michael-bannock-blackberries-and-more/

[5] “save us.”: https://counter-currents.com/2013/07/why-christianity-cant-save-us/

[6] here: https://counter-currents.com/2020/09/graduate-school-with-heidegger-2/

[7] noble: https://counter-currents.com/2013/06/spiritual-virility-in-buddhism/

[8] immanentize the eschaton: https://en.wikipedia.org/wiki/Immanentize_the_eschaton

[9] Virgil’s Fourth Eclogue: https://en.wikipedia.org/wiki/Christian_interpretations_of_Virgil%27s_Eclogue_4

[10] Kalki: https://en.wikipedia.org/wiki/Kalki

[11] Maitreya: https://en.wikipedia.org/wiki/Maitreya

[12] Saoshyant: https://en.wikipedia.org/wiki/Saoshyant

[13] Joan of Arc, Martin of Tours, Louis the Pious: https://en.wikipedia.org/wiki/Military_saint

[14] ethnic, cultural, and racial distinctions: http://faithandheritage.com/2011/01/a-biblical-defense-of-ethno-nationalism/

[15] to bring peace, but a sword: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthew+10%3A34-42&version=NRSV

[16] he who has no sword, let him sell his garment and buy one: https://www.biblehub.com/luke/22-36.htm

[17] faith of the centurion: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthew+8&version=NIV

[18] violent expulsion of the moneychangers: https://en.wikipedia.org/wiki/Cleansing_of_the_Temple

[19] constant condemnations of the hypocritical Pharisees: https://www.biblegateway.com/passage/?search=matthew%2023&version=NIV

[20] the wheat from the chaff: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthew+3&version=NIV

[21] sheep from the goats: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthew+25%3A31-46&version=NIV

[22] stoicism and endurance of hardship: https://biblehub.com/matthew/10-22.htm

[23] Christus Victor: https://reknew.org/2018/11/the-christus-victor-view-of-the-atonement/

[24] ceaseless combat: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Ephesians+6:12&version=KJV

[25] occupied territory: https://merecslewis.blogspot.com/2010/11/invasion-of-enemy-occupied-territory.html

[26] “Ballad of the Goodly Fere: https://poets.org/poem/ballad-goodly-fere

[27] Edict of Milan: https://www.britannica.com/topic/Edict-of-Milan

[28] “turn the other cheek”: https://aleteia.org/2017/02/22/jesus-didnt-turn-the-other-cheek-neither-should-you/

[29] Roman soldiery: https://gatesofnineveh.wordpress.com/2012/04/20/christians-in-the-roman-army-countering-the-pacifist-narrative/

[30] The Germanization of Early Medieval Christianity: https://global.oup.com/academic/product/the-germanization-of-early-medieval-christianity-9780195104660?cc=us&lang=en&

[31] The Dream of the Rood: https://oldenglishpoetry.camden.rutgers.edu/dream-of-the-rood/

[32] Beowulf: http://csis.pace.edu/grendel/projs1d/CHRIST.html

[33] Heliand: https://www.ancient-origins.net/artifacts-ancient-writings/heliand-germanic-portrait-jesus-0011498

[34] Nine Worthies: https://www.gornahoor.net/?p=331

[35] Mystery of the Grail: http://cakravartin.com/wordpress/wp-content/uploads/2006/08/Julius-Evola-The-Mystery-of-the-Grail.pdf

[36] destroyed: https://www.ancient.eu/Albigensian_Crusade/

[37] siege of Zara: https://en.wikipedia.org/wiki/Siege_of_Zara

[38] sack of Constantinople: https://www.ancient.eu/article/1188/1204-the-sack-of-constantinople/

[39] De Laude Novae Militiae: https://history.hanover.edu/courses/excerpts/344bern2.html

[40] Teutonic Order: https://www.newworldencyclopedia.org/entry/Teutonic_Knights#:~:text=The%20Teutonic%20Knights%20have%20been%20known%20as%20Zakon,state%20of%20the%20Teutonic%20Knights%2C%20now%20Malbork%2C%20Poland.

[41] Men Among the Ruins: https://juliusevola.files.wordpress.com/2016/01/2-juliusevolamenamongtheruins.pdf

[42] muscular Christianity: https://www.artofmanliness.com/articles/when-christianity-was-muscular/

[43] Thomas Hughes: https://www.gutenberg.org/files/26851/26851-h/26851-h.htm

[44] Knights of Columbus: https://en.wikipedia.org/wiki/History_of_the_Knights_of_Columbus

[45] sing: https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=inu.32000013003910&view=1up&seq=3

[46] Theodore Roosevelt: http://www.oldandsold.com/articles24/speaking-oak-45.shtml

[47] notes: https://clantubalcain.com/2014/09/25/michaelmas-3/

[48] Legion of St. Michael the Archangel: https://counter-currents.com/2011/04/codreanu-and-the-iron-guard/

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Guerre au Haut-Karabagh. Entretien avec Hovannès Gervorkian

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Guerre au Haut-Karabagh.

Entretien avec Hovannès Gervorkian

 
 
Le Haut-Karabagh est de nouveau l'objet d'une guerre depuis l'offensive du 27 septembre. La présence turque est désormais certaine, avec l'envoi de drones, d'avions de chasse et de mercenaires.  Jean-Baptiste Noé reçoit Hovannès Gervorkian, représentant de l'Artsakh en France, pour faire le point sur ce conflit. 
 
Emission enregistrée le 1er octobre 2020.
 

Michel Maffesoli : La Nostalgie du sacré (conférence)

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Michel Maffesoli :

La Nostalgie du sacré (conférence)

 
 
Le 21 septembre 2020, le Cercle Aristote avait l'honneur de recevoir Michel Maffesoli pour une conférence autout de son dernier ouvrage "La Nostalgie du passé" paru aux éditions du cerf.
 
 
2020-04-maffesoli-nostalgie-du-sacre-5-5ec4edea1b69f.jpgPour aller plus loin :
➡️l'ouvrage de note invité : https://www.editionsducerf.fr/librair...
➡️ ABONNE-TOI CAMARADE
 

L’arnaque de la mobilisation médiatique pour la liberté d’expression

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L’arnaque de la mobilisation médiatique pour la liberté d’expression

par Éric DELCROIX

La grande presse française s’est unie pour publier un appel intitulé « Ensemble défendons la liberté ». Une « Lettre ouverte à nos concitoyens » en faveur de la liberté d’expression qui a notamment été publiée dans Le Figaro, sur une page entière (page 5), le 23 septembre. Or, cette publication est intervenue 5 jours après l’incarcération, à la prison de Fleury-Mérogis, de l’écrivain et essayiste Hervé Ryssen pour délit d’opinion (loi Pleven). Une négation de la liberté d’expression, tue par cette même grande presse, si prompte à défendre la légitime liberté de Charlie-Hebdo, d’ailleurs à l’origine de l’appel.

*

*  *

Quand L’Humanité subjugue Le Figaro

Le texte d’« Ensemble défendons la liberté » cite, dans sa solennité incantatoire, les articles 10 et 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 insérée dans le préambule de la Constitution. Je vais faire de même ici mais, en soulignant (caractères gras) ce qui est important pour comprendre le propos révolutionnaire pour ce qu’il est et qui ne garantit rien à personne…

Article 10 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. »
Article 11 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

En d’autres termes, la Déclaration de 1789 – quelque peu brouillonne il est vrai, ne sachant pas trop qui est homme et qui est citoyen, ce qui est droit naturel et ce qui est nomocratie (c’est-à-dire la toute-puissance de la loi formelle écrite) – est ici parfaitement adaptable à la sauce stalinienne qui fut si chère à l’Humanité, autre cosignataire…

De l’incantation révolutionnaire de 1789 à la Terreur

Naïf Figaro, dont les rédacteurs ne savent plus lire un texte pour ce qu’il dit et non pour son prestige historique et idéologique… Car, enfin, que reste-t-il de la liberté d’opinion, si elle ne doit pas « troubler l’ordre public établi par la loi » ? Que reste-t-il de la liberté d’expression « sauf à répondre de l’abus… dans les cas déterminés par la loi » ?

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ne garantit rien ici quant aux libertés qu’elle déclame, laissant la loi imposer n’importe quoi. Pas une ligne qui puisse froisser les mânes de Staline.

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Qu’attendent nos faiseurs d’opinion pour faire litière d’une Déclaration qui ne contient rien de tangible, hormis ses articles 7 et 17 ?
Le premier interdit la rétroactivité des lois, principe sur lequel la justice et le législateur s’assoient depuis le procès Barbie et la loi Taubira (2001), qui fait rétrospectivement de la traite négrière transatlantique un crime contre l’humanité.
Le deuxième proclame, quant à lui, simplement le droit de propriété.

Voilà pourquoi, comme Hervé Ryssen aujourd’hui, on peut être jeté en prison pour délit d’opinion, dans le respect littéral des droits de l’homme, comme on peut l’entendre à L’Humanité, avec la complaisance confraternelle du Figaro. Et pourtant les rédacteurs d’icelui devraient savoir qu’historiquement, derrière les droits de l’homme nous eûmes la Terreur…

Comme le disait Soljenitsyne, il se peut que le mensonge l’emporte, mais il ne doit jamais passer par nous !

Éric Delcroix

• D’abord mis en ligne sur Polémia, le 28 septembre 2020.

mardi, 06 octobre 2020

Alain Brossat : « Grand espace » et guerre froide

Un voyage en compagnie de l’infréquentable Carl Schmitt au pays de l’impérialisme universaliste

Alain Brossat, avec qui nous avions réalisé un entretien en juin dernier à l’occasion de la parution de son livre Hong Kong, le somnambulisme des mouvementistes (Éditions Delga), nous a fait parvenir cet article dans lequel il interroge l’actualité de la notion de « grand espace » forgée par Carl Schmitt, et la manière dont elle permet de saisir les enjeux contemporains de la nouvelle guerre froide qui oppose les États-Unis et la Chine, dont l’Asie orientale est l’un des principaux terrains de conflit.1)

51USNoSsgPL._SX329_BO1,204,203,200_.jpgLorsque Carl Schmitt écrit son essai consacré à la notion de « grand espace »1 (Grossraum) au printemps 1939, il entend manifestement mettre son talent et sa compétence de juriste au service des visées expansionnistes du Führer, en Europe de l’Est tout particulièrement, ceci quelques mois seulement avant l’invasion de la Pologne par la Wehrmacht. La notion de « grand espace » est destinée à assurer, autant que faire se peut, un fondement théorique et juridique à l’entreprise guerrière de Hitler, à la conquête d’un « espace vital » (Lebensraum) à l’Est de l’Allemagne. On pourrait dire pour aller à l’essentiel que le Grossraum promu dans cet essai au titre à rallonge, c’est l’habillage juridique du Lebensraum de teinte, elle, distinctement vitaliste2.

Comme le dit Schmitt lui-même, ce livre est écrit « selon des thèses et des points de vue déterminés, dans une situation déterminée », ce qui en résume parfaitement le caractère instrumental, engagé et partisan. Dans la mesure même où cet essai se place explicitement au service d’une cause politique, d’une entreprise conquérante à propos de laquelle un consensus s’est établi, dès les lendemains de la Seconde guerre mondiale et de la chute du IIIème Reich, pour la qualifier comme entièrement illégitime et criminelle, son statut dans l’espace de la recherche académique persiste à être, aujourd’hui encore, particulièrement litigieux. Impossible en effet d’emprunter la catégorie de « grand espace » telle qu’il la déploie dans cet essai en faisant abstraction de sa destination très explicitement nazie. Il faut donc constamment en « casser la coquille » nazie lorsque l’on tente de la remobiliser dans l’horizon d’une analytique du présent – et singulièrement des configurations nouvelles qui se dessinent en Asie orientale, dans le contexte de la nouvelle Guerre froide dont les États-Unis et la Chine sont les principaux protagonistes.

Il faut, pour ce faire, commencer par reconstituer le dispositif argumentatif et théorique mis en place par Schmitt pour élever la notion de « grand espace » à la dignité d’un principe du droit international. Conçu comme une notion dynamique, concrète, en prise directe sur l’actualité historico-politique du moment, le « grand espace » se présente comme l’opérateur du dépassement de la situation figée, léguée par le droit international du XIXème siècle, selon lequel l’équilibre entre les États ou les États-nations constitue le fondement de tout ordre international et la garantie première de l’effectivité du droit des gens. L’introduction de la notion de « grand espace » dans l’horizon du droit international est ce qui va permettre, dit Schmitt, de prendre en compte des dynamiques effectivement à l’oeuvre dans le présent, tout particulièrement celle où l’on voit « un grand peuple » (le peuple allemand évidemment) affirmer sa vocation à prendre l’ascendant sur d’autres peuples, manifester sa puissance et se destiner ainsi à faire valoir son droit à s’établir dans un « grand espace concret ».

41Slx8ar6bL._SX328_BO1,204,203,200_.jpgAvant d’en arriver à cette affirmation, Schmitt, de manière très habile, évoque ce qui, à ses yeux, constitue le premier exemple de formation d’un « grand espace » dans l’histoire moderne – la promotion par les États-Unis, dès les débuts du XIXème siècle, de la « Doctrine Monroe ». C’est là, dit-il, « dans l’histoire récente du droit international, le premier exemple, et le plus réussi à ce jour d’un principe du grand espace en droit international ». Donc le précédent doté d’une incontestable autorité que Schmitt va mobiliser afin de faire valoir les droits de l’Allemagne nazie à s’établir dans le « grand espace » qui lui revient, mais tout en dénonçant la perversion ou le détournement de l’esprit premier de la doctrine Monroe.

Le procédé est, on va le voir, d’une habileté d’autant plus diabolique que la critique argumentée par Schmitt est d’une acuité impressionnante, ayant résisté à l’épreuve du temps d’une manière si évidente que l’on en demeure accablé – comment un nationaliste-conservateur rallié au nazisme tant par calcul que par conviction (même si son nazisme se sépare sur bien des questions de celui des SS et autres idéologues et mythologues de l’aryanité) peut-il énoncer en 1939, dans un écrit destiné à donner un air de respectabilité juridique à l’hubris conquérante du Führer, une critique de ce qu’il appelle l’impérialisme universaliste dont le tranchant conceptuel continue de sauter aux yeux aujourd’hui même ? Tout se passe comme si, depuis que ce texte de circonstances a été écrit, le temps (le cours des choses) n’avait fait que travailler pour lui, s’acharner à en confirmer la qualité critique – lorsqu’il évoque le destin de la version originale du « grand espace » – celle dont les États-Unis ont été les promoteurs…

À l’origine, rappelle Schmitt, la Doctrine Monroe consista à déclarer une condition d’immunité : celle du continent américain tout entier face aux entreprises coloniales européennes. Il s’agissait bien d’affirmer, en effet, que « les peuples des continents américains (…) ne se sentaient plus les sujets des grandes puissances étrangères et ne voulaient plus être objets de colonisation ». Il s’agissait de proclamer leur sortie de l’orbite de l’histoire européenne, avec ses royaumes, ses empires, ses principes de légitimité monarchique et dynastique. La Doctrine Monroe, à ce titre, définit les Amériques comme un « grand espace » dont le propre est d’avoir rompu toute relation d’hétérogénéité avec les puissances européennes. Elle consiste, un pas plus avant, à faire des États-Unis le garant de la non-dépendance de ce « grand espace ». Simplement, une ambiguïté persistante existe à propos du statut même de cette « doctrine », remarque Schmitt : énonce-t-elle « un véritable principe de droit » ou bien est-elle « une maxime purement politique » mise en avant par le gouvernement des États-Unis en tant que celui-ci dispose des moyens d’en assurer l’efficience ? Cette sorte de « double nature » du premier « grand espace » est, nous le verrons, un enjeu de première grandeur dans la discussion portant sur cette notion même.

9780521115421.jpgRapidement, dans le cours de l’histoire des États-Unis, argumente Schmitt, la Doctrine Monroe a subi une décisive inflexion dont l’effet est le suivant : « Principe de non-intervention et de rejet des ingérences étrangères au départ, elle s’est muée en justification des interventions impérialistes des États-Unis dans d’autres États américains » – donc, le motif bien connu de l’Amérique centrale et l’Amérique latine comme chasse gardée de l’Oncle Sam… Et ici déjà, on voit que ce qui va l’emporter très vite, à l’usage, ce n’est pas la fondation d’un principe de droit international – donc doté d’une validité et d’une portée universelles – mais bien l’interprétation décisionniste de la Doctrine Monroe : « Ce que dit au fond la Doctrine Monroe, c’est au seul gouvernement des États-Unis d’Amérique qu’il revient de le définir [je souligne, AB], de l’interpréter et de lui donner sa sanction » (déclaration du Secrétaire d’État Hugues – 1923).

C’est à partir de ce tournant et sur sa lancée que la politique internationale des États-Unis va se réorienter en changeant d’échelle : en « falsifiant » la Doctrine Monroe, elle va abandonner son « principe d’espace continental et s’allie[r] à l’universalisme planétaire de l’Empire britannique » pour devenir une puissance mondiale et conquérante tendant à étendre la notion de « grand espace » à l’échelle de la Terre.

Et c’est ici que Schmitt va, si l’on peut dire, effectuer cette percée décisive dont l’effet est que son texte (de « circonstances nazies ») trouve un écho manifeste dans notre présent, ceci tout particulièrement dans cette partie du monde – en Asie orientale. Le changement d’échelle de la Doctrine Monroe entendue comme rationalisation ou mise en concept de la notion de « grand espace » a pour effet de s’énoncer désormais dans les tons universalistes et se transformer en dispositif d’intervention planétaire. Or, c’est là, note Schmitt à bon escient, que se situe le tour de passe-passe, que prend racine la falsification de ce qui constitue la disposition première, anti-coloniale, de cette doctrine : en dissolvant, dit Schmitt, une idée ordinatrice concrète, spatialement déterminée, dans des idées universalistes planétaires, la puissance états-unienne s’autorise à s’immiscer en toutes choses sous des prétextes humanitaires, à associer indissolublement « idéaux », « valeurs » et pan-interventionnisme.

9780415522861.jpgJe cite Schmitt: « Les notions générales universalistes applicables à la planète entière sont en droit international les armes typiques de l’interventionnisme ».

Cet énoncé présente une double caractéristique : d’une part, il s’inscrit distinctement dans une tradition qui est celle du discours anti- et contre-révolutionnaire inauguré par Edmund Burke lorsque celui-ci objecte à la proclamation de droits universels par la Révolution française que ceux-ci sont une vue de l’esprit – il n’existe, comme le dit Schmitt dans le même vocabulaire que Burke, que des droits « concrets » – ceux des Anglais, des Français, des Allemands, etc. Il n’est pas surprenant que, sur cette question primordiale, le crypto-nazi qu’est Schmitt mette ses pas dans ceux des théoriciens de la contre-révolution qui, tout au long du XIXème siècle, poursuivent la tradition burkienne – de Bonald, Donoso Cortès, etc. – ce qui en dit suffisamment long sur le genre de « révolution » dont se réclamaient les nazis.

Mais, d’un autre côté, il est incontestable, vérifiable à l’épreuve du siècle entier qui va du traité de Versailles (en tant que celui-ci est placé sous la houlette de Woodrow Wilson et des « principes » généraux qu’il proclame à cette occasion en même temps que se met en place le nouvel hégémonisme états-unien) aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, que le discours universaliste et les pratiques qui s’y associent dans le champ de la politique internationale sont, sous cette condition, le truchement de politiques constamment hégémonistes – celles de l’Empire américain et de cet Occident qui, tout particulièrement depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, lui fait cortège.

Le trait de cette époque, si l’on peut dire, c’est que l’universalisme référé aussi bien à la Révolution américaine qu’à la Révolution française y est constamment accompagné comme son ombre par sa falsification « interventionniste » et hégémoniste – et c’est sur ce point que la critique schmittienne fait constamment mouche et, à l’épreuve de la situation présente, apparaît comme n’ayant pas pris une ride : par quelque bout qu’on prenne l’affaire, les jeunes « mouvementés » de Hong Kong « adoptés » par Donald Trump et Boris Johnson au nom de la défense des idéaux, principes et valeurs universels (liberté-démocratie), ça sonne faux, horriblement faux

Et ce n’est évidemment pas une mince épreuve pour nous qui ne sommes pas précisément de ce bord, que ce soit ce crypto-nazi de Schmitt qui, avec une extraordinaire prescience, mette le doigt sur ce point d’effondrement perpétuel, cette faille irréparable du discours universaliste occidental qui se réclame et de la tradition des grandes révolutions de la modernité et de celle des « Lumières » – les guillemets s’imposent ici. Le constant amalgame des intérêts impériaux avec le nom de l’universel, c’est-à-dire les principes et les valeurs, ou bien encore avec ce que Schmitt appelle « la pérennité et l’intérêt de l’humanité » – une opération typiquement occidentale en tant qu’hégémoniste -, c’est là ce qu’il appelle impérialisme universaliste, un concept dont la pertinence a fait mieux, depuis qu’il l’a forgé, que conserver son éclat et son actualité. « La Doctrine Monroe, écrit Schmitt, est devenue sous Theodore Roosevelt et Woodrow Wilson une doctrine planétaire d’impérialisme universaliste ».

imagescsp.jpgComme quoi des concepts dotés d’une considérable force propulsive, propres à intensifier la pensée du présent, ce peut être dans le fumier d’un argumentaire plein de vice et de malice en faveur de la constitution d’un « grand espace » nazi, tout autant que dans tel vénérable traité de philosophie politique sanctifié par la tradition qu’on les trouve, aussi révoltante la chose soit-elle.

Cette sorte d’autopsie de la Doctrine Monroe à laquelle procède Schmitt en ouverture de son récit répond à un double objectif : d’une part faire du « grand espace » une notion essentielle pour penser les relations internationales au XXème siècle, par-delà la codification des relations entre États-nations. L’époque, affirme Schmitt, n’est pas celle des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’égalité formelle des États-nations, grands et petits, n’est qu’une fabulation peut-être utile mais assurément inconsistante, la notion de droits des minorités une vue de l’esprit inspirée par un humanitarisme bêtifiant, ou bien alors le truchement de calculs tortueux destinés à entraver la montée en puissance de tel ou tel « grand peuple »… Et c’est ici que se dévoile le second objectif de Schmitt : fonder en raison et en droit l’ambition du Reich nazi de se doter de son propre « grand espace » – en faisant valoir son droit de conquête en Europe orientale et centrale.

« Nous ne proposons pas une ‘Doctrine Monroe’ allemande », dit Schmitt, désireux de prévenir l’objection des démocrates européens et états-uniens prompts à soupçonner Hitler de vouloir redessiner les frontières de l’Europe à ses conditions, comme Woodrow Wilson l’avait fait, aux siennes propres, lors de la signature du traité de Versailles. Une affirmation que l’on ne saurait entendre comme une pure dénégation : en effet, la constitution d’un « grand espace » allemand, telle que l’entendent les nazis, repose sur des prémisses toutes différentes de celles qui inspirent l’impérialisme universaliste états-unien. Comme chacun sait en effet, les nazis ne sont pas universalistes pour un sou – leur idéologie de la supériorité raciale et des droits historiques ou naturels des Allemands, leur mystique du Volk reposent au contraire sur un particularisme exacerbé. Ce qu’ils entendent faire valoir, c’est leur droit propre, en tant qu’ils sont ce qu’ils sont (supposés être) à la différence et l’encontre, s’il le faut, de tous les autres – ceci au nom de la race, de l’inégalité des races, au nom des droits allemands et nullement au nom de principes généraux, abstraits, humanitaires et universalistes.

Le droit, dit Schmitt, ils sont fondés à le faire valoir en tant qu’ils sont un grand peuple : « Lorsqu’un grand peuple fixe de sa propre autorité la manière de parler et même de penser des autres peuples, le vocabulaire, la terminologie et les concepts, c’est là un signe de puissance irrésistible ». À l’exemplarité, telle qu’elle se trouve au fondement de la politique du « grand espace » à l’américaine (« faites comme nous, soyez démocrates, puisqu’il se trouve que, providentiellement, la démocratie est le seul des régimes politiques civilisés et le nôtre en même temps… »), Schmitt oppose la prise d’ascendant à l’allemande (« vous n’échapperez pas à l’emprise de notre pensée, de nos concepts, de nos mots, car ce sont les plus puissants, ils sont irrésistibles ! » [mes guillemets, pas ceux de Schmitt !, AB]).

61n5Ya0GHqL.jpgEn termes de puissance, ce qui correspond pour Schmitt à la notion de « grand peuple » en droit de revendiquer un « grand espace », c’est l’empire. Certes, ce concept se décline sous des formes singulières, substantiellement différentes les unes des autres – ainsi, « Reich, imperium, Empire, ne sont pas la même chose ». C’est qu’il importe à Schmitt de souligner le caractère unique du Reich allemand – une singularité absolue – « nous n’ignorons pas que l’appellation Deutsches Reich dans sa singularité concrète et sa majesté, est intraduisible » énonce-t-il fièrement. Mais en même temps, opération délicate, il faut bien placer l’accent sur le fait que le Reich nazi relève de la catégorie générique d’empire, dans la mesure même où le statut ou la condition d’empire est ce qui, pour Schmitt, donne accès à des prérogatives tout à fait particulières : « Sont ’empires’ les puissances dirigeantes porteuses d’une idée politique rayonnant dans un grand espace déterminé [je souligne, A.B] d’où elles excluent par principe les interventions de puissances étrangères. (…) Il est certain que tout empire possède un grand espace où rayonne son idée politique, et qui doit être préservé de l’intervention étrangère ».

Disant cela, Schmitt entend établir définitivement deux choses. Premièrement que l’on n’est plus, en 1939, dans le temps du système ou de l’agencement général fondé sur l’équilibre conflictuel des États-nations, que l’État-nation n’est plus l’unité de compte de la politique européenne, mondiale et, par conséquent, du droit international. Deuxièmement, que l’Allemagne, en tant que « grand peuple », empire affirmant sa singularité, est en mesure de revendiquer son « grand espace » propre, tel que précédemment défini. « Que cette idée reçue de l’État, concept central du droit international, ne réponde plus au réalisme ni à la vérité, on en a dès longtemps pris conscience. (…) Ces dernières années, l’Allemagne a ébranlé la domination du concept d’État sur le droit international en lui opposant le concept de peuple », écrit-il, rendant sa perspective tout à fait explicite.

Je me trompe peut-être, mais il me semble que je pourrais maintenant interrompre cet exposé, me tourner vers vous qui vivez en Asie orientale et dire : voilà, je vous ai tout raconté, c’était une fable sur votre présent, sur votre actualité, imaginée par un vieux nationaliste-conservateur allemand passé au nazisme et qui décrit parfaitement les conditions qui sont les vôtres – de te fabula narratur… Mais puisque la commande qui m’a été passée exige que je livre le film avec les sous-titres, alors, allons-y, et ne craignons pas de passer du régime de la fable à celui de l’analytique du présent, laquelle inclut des diagnostics et des pronostics…

Après la défaite de l’Allemagne et du Japon, les États-Unis parachèvent la constitution de leur « grand espace » à l’échelle globale, ce qui ne veut évidemment pas dire que celui-ci coïncide avec les limites de la planète. L’existence d’un autre empire, soviétique, fixe des bornes à leur expansion impériale, de même que, dans une certaine mesure, la persistance de zones d’influence héritées des empires coloniaux européens. Mais après la Seconde guerre mondiale, l’empire dit américain se globalise en ce sens qu’il se projette sur tous les continents et s’affiche plus que jamais comme un modèle universel en termes de formes de vie, de « valeurs » proclamées, de civilisation.

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Ce trait est particulièrement saillant en Asie orientale et dans le Pacifique où le « grand espace » états-unien est aussi bien terrestre que maritime et où il inclut toutes les sphères de la vie : le cas du Japon est, sur ce plan, exemplaire – les bases américaines, la démocratie parlementaire mais aussi le jazz et le bourbon. De même, le Pacifique devient pour les États-Unis ce que Schmitt appelle un « espace vital », comme la Méditerranée l’était pour l’Italie dans les rêves de grandeur de Mussolini. Avec cette « prise » (Nahme/Nomos) qu’effectuent les États-Unis sur le Pacifique après la victoire sur le Japon, la mer cesse d’être un élément rétif à la formation du « grand espace », « inaccessible à la domination humaine », dit Schmitt. Le Pacifique devient, pour les États-Unis, dans leur dimension impériale, « un espace de domination humaine et de déploiement effectif de la puissance ». L’extension du « grand espace » états-unien après 1945 vérifie l’assertion de Schmitt : « l’empire est plus qu’un État agrandi, de même que le grand espace n’est pas qu’un micro-espace agrandi ».

Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, plusieurs épisodes-clé ont jalonné le processus de délimitation du « grand espace » états-unien dans le Pacifique et en Asie orientale – la Révolution chinoise, la guerre de Corée, la guerre du Vietnam pour l’essentiel – le rapprochement terminologique et conceptuel opéré par Schmitt entre Ordnung (ordre) et Ortung (localisation) y manifeste sa pleine validité : tout « grand espace » produit un « ordre » (fonctionnant selon des règles) et cet « ordre » est localisé, c’est-à-dire jalonné, balisé (où l’on retrouve un des gestes premiers de la philosophie politique de Schmitt – le nomos dans sa relation au traçage d’une délimitation, d’une frontière).

Sous ce régime de l’« empire », le « grand peuple » qui déploie sa puissance dans le « grand espace » qu’il a délimité n’y exerce pas sa souveraineté selon la définition de ce terme que propose la tradition de la philosophie classique européenne, une souveraineté qui s’est affirmée au XIXème siècle comme la prérogative des États-nations – elle y fixe des règles et limites : ainsi, dans le « grand espace » états-unien Asie de l’Est/Pacifique, pas question qu’une entité ou un territoire bascule dans l’autre « camp » au temps de la Guerre froide, pas question que Taïwan redevienne partie intégrante de la Chine, qu’Okinawa ou la Corée du Sud cessent d’accueillir des bases « américaines », que les communistes s’installent au pouvoir en Indonésie, etc.

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Dans son essai de 1939, Schmitt énonce une sorte d’utopie naïve (ou peut-être faussement naïve), sinistre dans tous les cas, une involontaire dystopie, donc, plutôt qu’une utopie à proprement parler : celle d’un ordre planétaire fondé sur une répartition réglée en « grands espaces », en bref, un partage du monde opéré par les « grands peuples » qui auraient su s’imposer, un partage entre des empires lesquels, par définition, ne sauraient être nombreux. Il faut, dit-il, « inventer le concept d’un ordre du grand espace » – une figure qui ressemble à s’y méprendre au cauchemar d’Orwell, dans 1984 – le partage du monde entre des empires répondant aux doux noms d’Eurasia, Océania, Eastasia

La question première qu’élude l’utopie grossräumig de Schmitt est évidemment celle des points de contact et de recouvrement entre les « grands espaces » – et des conflits qui en découlent. La raison pour laquelle il oblitère ce problème est évidente : en 1939, il épouse le discours de paix dont le Führer enrobe sans relâche le Drang nach Osten dans lequel il s’est engagé après l’invasion de la Tchécoslovaquie et à l’aube de la campagne de Pologne, une diversion dont la signature du Pacte germano-soviétique « de délimitation des frontières et d’amitié » en septembre 1939 (dans les mots de Schmitt lui-même) sera la plus brillante et infâme des manifestations. Pas question d’afficher que le Reich s’apprête à mettre l’Europe à feu et à sang pour faire valoir ses « droits » à son grand espace ; il s’agit au contraire de décrire la formation de cet espace comme découlant purement et simplement d’un décret du destin historique, voué à trouver son débouché de la plus naturelle et pacifique des façons.

Or, ce que montre l’attaque surprise lancée contre l’URSS en juin 1941, à l’instar même du raid éclair mené par l’aviation japonaise contre Pearl Harbor, c’est que le régime des « grands espaces » n’est pas tant celui des justes répartitions que celui d’une perpétuelle lutte à mort placée sous le signe de la lutte pour l’hégémonie (un concept que je n’ai pas trouvé chez Schmitt, curieusement). Les « grands espaces » ne cohabitent pas heureusement, qu’ils soient terrestres ou maritimes (ou les deux), le fameux traité de Grotius sur le droit de la mer l’illustre parfaitement, à l’aube de la modernité politique et économique, en tant que sa rédaction découle directement du heurt de deux ambitions « grand-spatiales » – en Asie notamment, celle des Pays-Bas et celle de la Grande-Bretagne.

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Le concept de « grand espace » intensifie les enjeux de ce qui se subsume habituellement sous la notion de « zone(s) d’influence ». Il met crûment en lumière le fait que ce qui y est en jeu dans les répartitions qui s’opèrent sous ce régime, ce ne sont pas simplement des jeux d’« influence » mais bien des enjeux d’emprise, de territorialisation et d’exercice pratique de la puissance. Les États-Unis prennent en Indochine le relais du colonialisme français non pas pour y devenir « influents », mais pour tenter d’empêcher qu’y exerce son emprise le communisme entendu comme idéologie dont l’avers est un « grand espace » lancé à la conquête du monde. Ils se trompent du tout au tout quant à l’homogénéité de cet espace, sous-estiment les divisions et différends qui le minent, mais ce que met parfaitement en lumière la désastreuse guerre du Vietnam, c’est que le « grand espace », dès lors qu’il devient un opérateur réel – mais toujours caché, car à proprement parler inavouable – des relations internationales, contient en lui-même la guerre « comme la nuée porte l’orage » (Jean Jaurès).

En effet, c’est sous le signe de cette notion même, et d’elle seulement, qu’une puissance va pouvoir faire du conflit opposant deux factions dans un pays situé à plus de 11 000 km de ses côtes les plus proches (le Vietnam) un enjeu de sécurité vitale. Lorsque les gouvernants et les stratèges d’une puissance, lorsqu’un peuple (qui se voit comme « grand ») commencent à penser leur rapport au monde et aux autres puissances, aux autres peuples, selon les « logiques » du « grand espace », le seuil séparant les questions de politique intérieure et celles qui ont trait à la politique internationale tend à devenir flou, l’extérieur devient l’intérieur et, de ce fait même, des notions comme celles d’intérêt vital, de sécurité ou de danger vital vont tendre à devenir obsessionnelles en même temps qu’elles se globalisent – ce qui conduit les États-Unis à se projeter sur le théâtre vietnamien (comme naguère coréen) pour y défendre leurs « intérêts vitaux ».

Comme le rappelle Schmitt, la puissance doit se mettre en espace et pas seulement se territorialiser, se doter d’un territoire inscrit dans des frontières. La puissance est constamment portée à se désinscrire de son territoire en franchissant ses propres limites – l’intervention des États-Unis dans le conflit vietnamien, c’est exactement ça. Mais ce franchissement déterritorialisant n’est possible que parce qu’il s’opère sur « fond » de « grand espace » – depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, les États-Unis voient le Pacifique et l’Asie orientale jusqu’à la façade maritime de la Chine comme leur zone de sécurité, incluant un pays comme les Philippines et excluant l’avènement d’un régime hostile dans tout le sud-est asiatique.

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La chaîne d’équivalence construite par Schmitt entre « grand peuple », empire, puissance étatique et « grand espace » fonctionne parfaitement lorsqu’on la met à l’épreuve de la situation actuelle en Asie orientale et dans la zone occidentale du Pacifique. La montée en puissance de la Chine continentale au cours des dernières décennies suscite l’apparition d’une quête de « grand espace » inévitablement maritime en même temps que terrestre, un processus d’expansion qui, nécessairement, entraîne de périlleux « frottements » avec le grand espace établi dans cette zone au temps de la splendeur de la Pax Americana – dans cette région tout particulièrement.

Ces effets de friction (toujours susceptibles de s’enflammer) sont d’autant plus périlleux que l’une des puissances concernées et en déclin et l’autre en pleine ascension. D’une façon générale, lorsque la « mise en espace » de deux puissances étatiques débouche sur ce genre de heurt – cela produit des étincelles, mais tout particulièrement dans cette configuration où est en jeu non seulement la rencontre de deux « grands espaces » mais la position hégémonique à l’échelle globale. C’est la raison pour laquelle la Mer de Chine méridionale est aujourd’hui l’un des endroits les plus dangereux du monde et n’est pas près de cesser de l’être. Dans cette configuration où, chaque jour ou presque, des navires de guerre et des chasseurs-bombardiers de Chine populaire et des États-Unis se mesurent et se surveillent dans le détroit de Taïwan et en mer de Chine du Sud, il apparaît distinctement que la notion de « grand espace » permet de se tenir au plus près de ce qui est en jeu sur ce théâtre de crise en cours d’intensification : ce qui y est en jeu est bien davantage qu’un conflit classique entre deux États-nations. Il n’y est pas question de tracés de frontières, de territoires disputés entre l’une et l’autre puissance mais bien de spatialisation de la puissance dans un sens beaucoup plus général.

L’une des deux puissances impliquées dans le conflit s’active à construire un glacis maritime aux portes de son territoire, l’autre à préserver ses prérogatives impériales et hégémoniques dans un espace régional situé à des milliers de kilomètres de son territoire propre. Au reste, la confrontation en cours entre un « grand espace » en cours de formation et l’autre en cours de délitement a tout un arrière-plan fait de guerre économique et commerciale, et dont l’enjeu est la position de leader de l’économie mondiale.

En d’autres termes, et contrairement à ce que prétend Carl Schmitt lorsqu’il épouse le « discours de paix » de Hitler, le « grand espace » a pour vocation naturelle à se globaliser, se mondialiser, son développement est porté par une dynamique déterritorialisante qui fait sauter tous les verrous et tend à effacer toutes les frontières.

En ce sens, les ambitions de Pékin en Mer de Chine du Sud sont inséparables de ce qui se profile derrière les nouvelles « routes » chinoises s’ouvrant tous azimuts en direction de l’Asie du Sud-Est, de l’Asie centrale, l’Europe, l’Afrique…

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Il ne s’agit pas de dire pour autant que toutes les dynamiques à l’oeuvre dans le développement d’un « grand espace » se valent et se ressemblent – les ambitions chinoises en Mer de Chine du Sud couplées à la Belt and Road Initiative, ce n’est pas le remake de la Sphère de co-prospérité asiatique du Japon impérial, militariste et conquérant et pas davantage la copie conforme de la doctrine Monroe dans sa version impérialiste, hégémoniste et mondialisée. Simplement, mobiliser le concept de « grand espace » pour penser les conflits globaux d’aujourd’hui et les menaces de guerre qui pèsent sur la planète, c’est ce qui permet de comprendre que, comme Schmitt l’avait saisi dès 1939, nous ne vivons plus depuis belle lurette sous le régime de la conflictualité complémentaire des États-nations entendu comme « système », avec ses règles et ses conventions ; nous ne vivons pas davantage sous celui des « camps » comme au temps de la Guerre froide, mais bien sous celui des « grands espaces ». Fondamentalement, par exemple, l’échec de l’Union européenne qui n’est jamais parvenue à se constituer comme puissance et entité propre, autonome, capable de rivaliser, en politique internationale, avec d’autres puissances, c’est l’échec de l’ambition à former un « grand espace » reterritorialisé autour du vieux continent mais capable de rayonner dans le monde entier, en incarnant la capacité et la singularité d’un « peuple européen », d’une singularité européenne, ceci dans l’après de l’âge des empires coloniaux européens. Un tel peuple européen post-colonial(iste) a radicalement échoué à se former et, avec lui, son « imperium » et son « grand espace ».

Une formule comme celle que je relève dans Le Monde du jour même où j’achève la préparation de cette communication (3/07/2020) – « Des exercices militaires chinois autour de l’archipel des Paracels inquiètent le Pentagone » – ne devient intelligible que si on la réfère à la notion de « grand espace ». Dans son apparente banalité, cette formule ne prend son sens qu’en tant qu’elle se réfère implicitement à l’existence d’un « grand espace » états-unien s’étendant jusqu’aux confins maritimes de la RPC. Inversement, si la formule symétrique « Le ministère de la Défense chinois s’inquiète de la présence de navires militaires américains entre Key West et La Havane » est imprononçable et dénuée de sens, c’est à l’évidence qu’il n’existe pas de « grand espace » chinois s’étendant à proximité des côtes de la Floride. La notion de « grand espace » fonctionne ici comme ce qui accompagne le retour au réel. Le « réalisme » inspiré par Schmitt étant, dans cette configuration, ce qui s’oppose à l’« idéologique » – la fiction déréalisante selon laquelle toutes les souverainetés étatiques sont égales en droit(s) et donc en puissance. Si les États-Unis apparaissent fondés à « s’inquiéter » sans répit de garantir la souveraineté de facto de Taïwan, à s’alarmer de ce que les installations militaires chinoises sur des îlots situés en mer de Chine méridionale violent les droits du Vietnam, des Philippines, de Singapour et du Sultanat de Brunei (etc.), si la « liberté des mers » leur tient tout particulièrement à coeur dans cette zone, davantage sans doute qu’en d’autres espaces maritimes  (etc.), c’est bien que la notion de « grand espace » est, dans notre présent, plus fonctionnelle que jamais.

Mais c’est en même temps pour cette raison même que cette notion ne saurait figurer dans le lexique des chancelleries ni dans celui de la science ou la philosophie politique à l’occidentale – c’est en effet une notion dont l’effet premier est de « flouter » les lignes de partage entre ce qui est censé se situer au fondement du droit international considéré comme un acquis du progrès de la civilisation et notamment du rejet du « droit de conquête » – ceci tout particulièrement après la défaite des régimes militaristes et expansionnistes (Allemagne, Japon, Italie) lors de la Seconde guerre mondiale. La notion de « grand espace » est véridictionnelle très précisément en tant qu’elle disperse ces faux repères. Elle permet d’énoncer des diagnostics réalistes sur le présent et les dangers qu’il recèle, tout particulièrement dans cette région où se rencontrent les deux plaques telluriques du « grand espace » états-unien, usé mais nullement défait, et du « grand espace » chinois en voie d’expansion. Elle permet par conséquent d’imaginer aussi des pronostics d’avenir – pas tout à fait roses, dans leur réalisme même.

  1. 1) J’adopte la graphie « grand espace » afin de marquer qu’il ne s’agit pas simplement d’un espace qualifié de grand, mais d’un concept unitaire – j’aurais aussi bien pu opter pour grand-espace pour tenter de rendre le Grossraum allemand.
  2. 2) Le titre complet de l’essai de Schmitt est : Le droit des peuples réglé selon le grand espace proscrivant l’intervention de puissances extérieures – une contribution au concept d’empire en droit international (1939-1942, Krisis 2011).

Le cirque de la "collapsologie" - Collapsology Circus

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Le cirque de la "collapsologie"

Collapsology Circus

par Jacques GEORGES

Cet article s’intéresse à cette fraction particulière de l’écologie politique qu’on appelle « collapsologie ». Cette dernière fait florès un peu partout en Occident depuis quelques décennies. On peut la définir sommairement comme un courant intellectuel et politique, né à la fin du XXe siècle en Occident, annonciateur de catastrophes diverses menant à l’effondrement programmé, inéluctable et proche de la civilisation industrielle. Plus précisément, l’Institut Momentum (de gauche) le définit comme « le processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, etc.) ne sont plus fournis (à un coût raisonnable) à une majorité de la population par des services encadrés par la loi ». C’est une définition acceptable.

Le phénomène n’est pas en lui-même surprenant, car il n’est pas dépourvu de bases rationnelles et survient à une époque de grands changements créateurs d’angoisse dans de vastes portions de la population, mais son ampleur et sa distribution politique le sont. Ses conséquences politiques sont potentiellement considérables. Revenons brièvement sur chacun de ces trois points.

1/ Le phénomène n’est nullement surprenant. Les grandes peurs ont jalonné la vie des hommes en société depuis toujours. La forme actuelle remonte en gros à la fin des trente glorieuses (1945 – 1973), avec la borne remarquable du célèbre Rapport Meadows sur les limites de la croissance (un rapport qui a d’emblée passionné le résolu droitard que j’étais déjà !), dont la date de sortie (1972) coïncide presque avec celle du premier choc pétrolier (1973), qui fut aussi le premier coup de semonce sérieux à l’encontre de l’univers libéral, optimiste, expansif, à grosses bagnoles, léger et stupide des sixties. La naissance de ce mouvement sera confirmée en France lors de l’élection présidentielle de 1974 avec la candidature, qui sera peu comprise sur le coup, de René Dumont, un précurseur. Au niveau international le GIEC est créé en 1988.

Depuis, le phénomène a beaucoup prospéré, surtout (voire seulement) dans le monde développé, notamment dans le monde anglo-saxon et en Europe. À la base, on trouve des constats objectifs de limites de ressources difficilement contournables, dont un Jean-Marc Jancovici est le très brillant et cassant dénonciateur dans l’espace francophone. Les grandes divergences apparaissent avec les préconisations : la gauche vient avec son néo-malthusianisme sous le bras, la droite qui titille le GIEC sur l’origine anthropique du réchauffement climatique apporte ses prévisions de guerre civile. Chacun son univers, mais les conclusions sont convergentes : ça va barder !

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Tous ces mouvements tirent la sonnette d’alarme. L’écologie est mariée de naissance à une vision anti-humaniste et pessimiste du futur. Il s’agit d’une innovation, mieux, d’une rupture, pas seulement politique. Elle touche à tout, économie, politique, société, morale, anthropologie. Elle a des causes profondes : en toile de fond, ce qu’on appelle post-modernité (une modernité qui doute d’elle-même, mais continue de plus belle sur sa lancée) est marqué par une agitation vibrionnaire qui met à tout instant en péril tous les équilibres précaires d’un monde de plus en plus mobile, changeant, interdépendant et interconnecté. Le cœur battant de ce monde agité est la science et sa fille la technique, qui foncent droit devant elles sans regarder autour, libres de toute barrière politique ou morale, fofolles et inconscientes. Ces trublions dynamiques se soucient comme d’une guigne des bouleversements économiques, sociaux, politiques, idéologiques, démographiques, anthropologiques qu’elles charrient derrière eux : bouleversement des techniques et rapports de production, mondialisation de la production et des échanges, financiarisation de l’économie, monétisation des rapports humains, instantanéité et universalité de l’information, fragilisation de toutes les barrières et frontières, transhumances humaines transfrontières, transcontinentales et transculturelles, insécurité, évolution profonde des conceptions du monde, des désirs et de la morale, concurrence inter-religieuse, extension au monde entier du mode de vie occidental, recul au moins relatif de la puissance démographique, politique, économique, militaire, intellectuelle, artistique, religieuse des puissances occidentales dont le cœur historique est la vieille Europe. Simple résumé de quelque chose de très gros, très vivant, très divers, très bénéfique en surface et très dangereux en profondeur.

Le contexte humain d’aujourd’hui, chargé d’angoisse, est favorable aux révolutions mentales et à terme politiques. Ce bouleversement sans queue ni tête s’abat sur des hommes décérébrés et perdus, des individus paumés, des nostalgiques sans impact, ou des groupes rustiques et dangereux porteurs de solutions pires que le mal. Tout tourneboule, surtout les têtes, qui le plus souvent n’aiment pas le changement ou, croyant l’aimer, s’y perdent. La combinaison de la technique et du déracinement multiplie ruptures, désaccords et risques. Le risque est partout. La planète est devenue un grand volcan actif. À tout instant, une bombe nucléaire, la fusion du cœur d’une centrale nucléaire, des actes terroristes de grande ampleur, la pénurie d’énergie ou de matières premières, la montée des océans, les pénuries alimentaires, les épidémies, l’explosion de la zone euro, l’écroulement du dollar et la fuite devant toutes les grandes monnaies, les famines et émeutes, la guerre civile, la guerre ethnique, le délitement des services publics de base et de la sécurité civile peuvent survenir, presque n’importe où, presque n’importe quand, pour une infinité de motifs, suite à une infinité d’occasions, d’incidents même minuscules. Ces risques nouveaux s’ajoutent aux anciens, politiques, géopolitiques, bien connus et pas forcément mieux maîtrisés qu’au moment de la guerre du Péloponnèse ou de l’été 1914. À tes souhaits, cher lecteur !

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2/ Sa distribution politique est paradoxale. Un certain Olivier Rey, mathématicien et philosophe, a récemment publié un article très fin et convaincant sur ce sujet, en s’appuyant sur l’exemple américain. J’en reprends ici certains thèmes.

Le premier gros accès de pessimisme des années 1970 n’était à l’époque pas franchement connoté politiquement, quoique sa nature profonde fût évidemment conservatrice. C’était un thème nouveau, disruptif, planétaire et potentiellement culpabilisant, donc mécaniquement connoté à gauche, mais c’était aussi un rappel du réel, du bon sens et de la mesure, du temps long, du tragique de la vie, donc par nature très collé au réel et conservateur. Depuis cette époque, la dynamique de la Gauche étant partout incomparablement plus forte que celle de sa concurrente de l’autre bord depuis 1945, la Gauche a fini par s’approprier un thème de pure droite. Les collapsologues les plus connus appartiennent à la Gauche, à commencer en France par Yves Cochet, déclinologue intelligent mais masochiste, et Pablo Servigne, gendre idéal, esprit brillant, et gentil Bisounours qui nous annonce que nous fonçons dans le mur en souriant.

On connaît la Gauche, ou du moins une certaine Gauche, car il ne faut pas mettre tous les hommes de Gauche ou qui se définissent comme tels dans le même panier, sa tendance à salir tout ce qu’elle touche, à mettre de l’envie et de la hargne partout, à utiliser la démagogie, à distribuer des richesses dont elle pénalise la production, à faire preuve de générosité avec l’argent des autres, à fabriquer des moulins à vent, à rêver, à nier le réel, à bousculer le bon sens, à moraliser à contre-sens, à foutre la pagaille de façon irresponsable puis à se défausser. Ces tendances, elle les a tout naturellement mises au service de l’écologie à sa manière. Au fil des ans la Gauche a tourné Savonarole. Elle s’est penchée sans le savoir sur la gnose et le millénarisme, bouillons anciens toujours sur le feu, toujours prêts à accueillir de nouveaux ingrédients sulfureux : la vengeance de Gaïa, l’antispécisme, la haine du réel, toutes les déclinaisons possibles de la haine de soi. Pour corser la potion, elle a ajouté quelques grosses louches d’autres ingrédients qui n’ont rien à voir, comme la théorie du genre, le féminisme ou l’antiracisme. Elle a jeté sur le breuvage quelques gros grains de sel, type trou dans la couche d’ozone, miraculeusement disparu le jour où j’ai changé mon frigo. Bref, elle a fait de l’écologie une annexe très moche de la pensée libertaire la plus caricaturale, individualiste, petit-bourgeoise, souvent bisounours, parfois agressive, toujours irréaliste, hypocrite et malsaine.

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3/ Quelles conséquences en tirer pour un homme de droite ? J’en ai des tas, mais une prioritaire : travailler sérieusement à une alternative de droite de l’écologie.

La Droite a bien de la chance, car l’Histoire, rusée et friande en hétérotélies de toutes sortes, pourrait bien lui donner un coup de main. La Gauche qui a réussi l’exploit de s’approprier une cause et des mots d’ordre qui, en définitive et en profondeur, la nient, s’est collé sur le dos une maladie honteuse dont elle a des chances de crever : d’une part, le dieu de gauche Progrès en prend un vilain coup sur le museau, d’autre part elle renie avec clarté et véhémence les conséquences de tout ce qu’elle adore par ailleurs depuis toujours : le culte de la science et de la technique, les lendemains qui chantent, le bonheur pour tous tout de suite sur la terre plutôt qu’au ciel, la fraternité universelle, la négation des frontières, la société multiculturelle. Elle essaie désespérément de faire une salade du tout, mais l’art de la vinaigrette n’est pas donné à tout le monde, et la perspective finale de l’austérité pour tous n’enchante ni les gros bataillons gauchards bien de chez nous, ni les aspirants au bonheur du monde entier qui migrent en masse vers le Nirvana consommatoire. La Gauche est tombée amoureuse du malheur, elle fricote avec le tragique ! Le rose vire au violet ! Avec la collapsologie, la Gauche s’est foutu dans le pied une écharde qui risque fort de s’infecter !

Il existe bien entendu une pensée écologique de droite, très variée. Malgré l’optimisme vissé au corps de la droite BFM, façon Luc Ferry ou Nicolas Bouzou, les thèmes de la prolifération des risques et de la coupable hubris vont comme un gant à la pensée de droite la plus pure. Depuis Nietzsche, la Droite s’est fait un principe d’aimer le réel et le tragique de l’existence. Ce fait reste solide, même si la Droite s’est fait piquer le pessimisme dont elle avait longtemps (et sans effort, pour cause de dédain du camp opposé) gardé le monopole. Nous ouvrons là un très gros dossier à nombreux sous-titres : risques politiques et géopolitiques, nucléaires, militaires, sanitaires, démographiques, économiques, monétaires, climatiques, écologiques, etc., etc. Les raisons de s’inquiéter pour de bon ne manquent pas !

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L’écologie est en recherche d’un local politique durable, qui l’obligera à quitter le fond instable de la scène à gauche pour une avant-scène solide à droite. Elle y sera accueillie par une assemblée de têtes bien faites et de glorieux prédécesseurs, par exemple, pour l’ensemble francophone, Antoine Waechter, Laurent Ozon, Alain de Benoist, Piero San Giorgio, et dans un genre différent Guillaume Faye.

Le programme est vaste. La première priorité consistera à dépolluer l’écologie des corps étrangers et malsains que la Gauche y a artificiellement accrochés (égalitarisme, lutte contre les discriminations, antiracisme, féminisme, métaux lourds idéologiques divers). Son public aussi est à renouveler en profondeur, par l’appel sans complexe à tout ce qui est réellement traditionnel et identitaire, à commencer par les agriculteurs, les ruraux et les chasseurs (les « bons chasseurs » des Inconnus). Sa doctrine est à reprendre de façon très diverse et inclusive autour d’un cœur franchement conservateur axé sur le temps long, d’une certaine écologie profonde néo-païenne façon Alain de Benoist à une dose raisonnable d’écologie verte non subventionnée à la sauce libérale façon Laurent Alexandre. L’écologie de droite sera pure, profonde, diverse, lucide et active.

Quel programme ! Divers et contradictoire comme la vie !

Jacques Georges

00:53 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, catastrophisme, collapsologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Netanyahu and Erdogan in unlikely alliance against Iran in Nagorno-Karabakh?

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Netanyahu and Erdogan in unlikely alliance against Iran in Nagorno-Karabakh?

Historical enmity between the Ottomans and the Persians, and rivalry for control in various hot spots across the region, make it difficult for Turkey and Iran to create a lasting partnership

Anshel Pfeffer
Ex: https://www.haaretz.com

Azerbaijani cargo planes landing at Israeli air force bases in the Negev are a relatively common sight, attesting to the extensive arms deals between the two countries. But the frequency of arrivals and timing of Ilyushin Il-76 freighters – two of which landed at Uvda last Thursday, just two days before a major escalation in the ongoing conflict between Azerbaijan and Armenia, followed by two more on Tuesday and Wednesday – suggest both the preparation and replenishing of Azerbaijani forces for the latest bout of fighting around the Nagorno-Karabakh enclave, now in its fourth day.

The Israeli government has refrained from making any statements on the situation in the South Caucasus. Officially it isn’t taking sides, and it also has diplomatic relations with Armenia, which only two weeks ago opened its first embassy in Tel Aviv. Israeli officials stress quietly that “we have interests on both sides,” and Israel certainly won’t openly defy the Russian government, which is one of Armenia’s patrons (though it sells arms to Azerbaijan as well).

It’s not just the lucrative arms deals, which are reported to include drones, missiles and radar systems. Israel considers Azerbaijan a strategic ally. The kleptocracy on the Caspian is the source of much of the oil Israel purchases and, due to its geographic location, an extremely useful “backdoor” to its neighbor Iran for intelligence and other clandestine purposes – especially as the Shi’a-majority country is also resolutely secular and has long been suspicious of the revolutionary ambitions of the Islamic republic to its south.

But Azerbaijan’s ethnic ties are much stronger with another regional power, Turkey – which, according to reports from Nagorno-Karabakh, mainly from Armenian sources, is much more involved in this current escalation than in previous ones. The Armenians claim that Turkish drones are being used, that a Turkish F-16 fighter jet shot down one of its aircraft and even that Syrian fighters from the Turkish-backed Syrian National Army have been deployed there. Turkey has denied reports that it’s militarily involved, but is vocally supportive of Azerbaijan.

For the first time for a long while, Israel seems to be on the same side as Turkey.

Is this a temporary and coincidental common interest, or a sign that some elements of the old Israel-Turkey alliance still endure?

For the past 12 years, since Israel’s Operation Cast Lead in Gaza, relations between the two countries have been on a steady downward trajectory. In the first few years, there were those who still believed it was a temporary situation, due to Recep Tayyip Erdogan’s attempts to bolster his position in the region.

Today, though, the consensus in the Israeli security and intelligence establishment is that the increasingly autocratic Erdogan is an incurable antisemite and that as long as he’s Turkey’s leader, there’s no prospect for real improvement in those ties.

Despite Turkey itself still maintaining low-level diplomatic ties and extensive commercial relations with Israel, Erdogan fiercely condemned the recent “normalization” of relations and agreements between Israel and the United Arab Emirates and Bahrain. In recent years, Turkey has started hosting key Hamas leaders, allowing them to establish offices in Istanbul and even giving some of them Turkish citizenship. This is partly due to Erdogan’s desire to portray himself as the protector of the Palestinians and his own personal affinity with the Muslim Brotherhood movement, which lost its original base in Egypt after the 2013 coup against then-President Mohammed Morsi.

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The argument within the Israeli intelligence community over whether the break with Turkey is temporary and only due to Erdogan or whether it represents a deeper shift is still ongoing. To a large degree, it depends on the personal relations any specific official had with Turkish contemporaries in the past. For example, a senior officer in the Israel Air Force, who just over a decade ago was still training in Turkey’s airspace and continued maintaining ties with Turkish contemporaries through various NATO forums, said last year that he’s convinced “Turkey is not an enemy and will be a close ally again once Erdogan is gone.”

On the other hand, intelligence officials who have seen how Hamas operations in the West Bank are increasingly being directed from Istanbul – and how the Turkish MIT intelligence service has come under the control of Erdogan confidants who are inclined toward working closely with Iran – are convinced that even if Erdogan is forced to resign, or dies, his successors may well continue his policies.

“It will certainly take years for the relationship we once had to be restored,” one intelligence analyst said. “The test will be whether the Hamas offices are closed down.”

More than anything, it depends on Iran – which brings us back to Nagorno-Karabakh.

Despite overtures from both sides, the historical enmity between the Ottomans and the Persians, and the rivalry for control in various hot spots across the region, make it difficult for Turkey and Iran to create a lasting alliance.

Iran has been one of Armenia’s main supporters on Nagorno-Karabakh, creating for Israel an opportunity for back-channel dialogue with Erdogan’s Turkey and hopefully widening the rift between Ankara and Tehran.

For decades, Israel’s allies in the region were the non-Arab powers, Turkey and Iran, who joined Israel in the unofficial “alliance of the periphery,” which was decimated first by Iran’s Islamic revolution in 1979 and then the rise of Erdogan from 2003 onward. Now, Israel is closer than ever to the pro-Western bloc of Arab nations that include the UAE, Saudi Arabia and Egypt, which share Israel’s hostility toward Iran and Turkey, and is vying with them for regional dominance in a series of proxy conflicts in Syria, Yemen, Lebanon and Libya.

The arms shipments to Azerbaijan and the flare-up in Nagorno-Karabakh is a reminder that the periphery alliance may not be entirely dead.