Parution du numéro 454 du Bulletin célinien
Sommaire :
L’épigraphe de Voyage au bout de la nuit (Le chant de la Bérézina)
Entretien avec Jean Guenot (5e et dernière partie)
Guerre, antérieur à Voyage ?
Jean-Pierre Maxence, critique de Céline.
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Le monde multipolaire esquissé par Xi, Poutine et Modi à Samarkand
Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/mondo/il-mondo-multipolare-delineato-da-xi-putin-e-modi-a-samarcanda
L'assemblée de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Samarkand, en Ouzbékistan, a fait la une des journaux en raison de la rencontre entre Poutine et Xi Jinping, duo désormais identifié comme l'actuel axe du mal (avec différentes modulations).
Et il a été dit que Poutine a subi un nouveau camouflet à cette occasion, car il n'a pas bénéficié du soutien inconditionnel du président chinois, qui le condamnerait même à un abandon imminent du pouvoir.
Poutine - Xi : simul stabunt simul cadent
Cela fait partie de l'art de la guerre de présenter les adversaires comme des perdants et cette technique a été adoptée avec beaucoup d'effet dans la guerre d'Ukraine. Il suffit de penser à l'époque où, au début du conflit, tous les médias parlaient de la prétendue maladie incurable du tsar, ce qui a été démenti, mais seulement quelques mois plus tard, par le chef de la CIA.
Pourtant, malgré tout, il n'est pas courant de transformer ses espoirs en nouvelles certaines, comme c'est le cas ici. Mais, pour en revenir aux faits, il faut répéter que Xi et Poutine ont désormais un lien indissoluble, grâce aussi à la politique étrangère américaine qui les a longtemps mis tous les deux dans le collimateur, favorisant ainsi leur proximité, sachant bien que simul stabunt simul cadent.
À tel point que les deux présidents ont désormais modelé un horizon commun : renforcer l'élan vers un monde multipolaire, sortant ainsi de la sphère étroite de l'unipolarisme actuel, né après 1989 et alimenté par des guerres sans fin, qui soumet la planète à l'hégémonie et aux caprices cruels des États-Unis. Un horizon ouvertement déclaré même à Samarkand.
Pour donner une idée plastique de la proximité entre les deux pays, il y a eu aussi l'exercice conjoint des marines respectives dans le Pacifique, commencé, sous l'œil attentif de Poutine, dans la semaine précédant le sommet et poursuivi pendant la réunion de Samarcande.
L'Inde à l'OCS dans un monde polarisé par le conflit ukrainien
Mais, au-delà des relations entre la Chine et la Russie, il convient de souligner certains aspects de cette rencontre d'une certaine pertinence.
Tout d'abord, il s'agit certainement de la réunion la plus importante depuis sa création, comme en témoigne le fait que Xi y a assisté en personne, quittant son pays pour la première fois depuis le début de la pandémie.
Il convient également de noter que la présence de Narendra Modi est apparue plus importante à cette occasion qu'aux précédentes, précisément parce que la guerre d'Ukraine, qui polarise le monde, semble indiquer que la présence du président indien constitue une sorte de choix de camp.
Pas tant un choix pro-russe, mais un choix décisif - et on pourrait dire inébranlable (à moins d'une révolution de couleur à l'indienne) - en faveur de la perspective multipolaire soutenue par la Chine et la Russie.
Pas seulement : la présence indienne renforce cet apaisement avec la Chine qui avait déjà été mis en évidence avec le terme mis aux escarmouches entre les deux pays à la frontière himalayenne, qui avaient fait des dizaines de victimes des deux côtés. Un apaisement dans lequel les deux géants asiatiques acceptent de contenir leur rivalité - fondée sur le chevauchement de leurs projections géopolitiques respectives en Asie - afin de travailler ensemble sur la perspective multipolaire.
La relation entre l'Inde et la Chine est une question géostratégique cruciale pour le destin du monde, comme le montre la prudence avec laquelle l'Occident aborde les démentis de l'Inde à ses diktats sur l'Ukraine et autres, l'Amérique ne peut tout simplement pas risquer d'effilocher ses relations avec New Delhi, car cela jetterait les Indiens dans les bras de la Chine, ce qui ouvrirait la voie au "siècle asiatique", au détriment de l'hégémonie mondiale américaine/occidentale.
L'équidistance de la Russie par rapport aux grands rivaux asiatiques est également propice à l'apaisement, ce qui lui a permis de jouer un rôle de médiateur lorsque des problèmes sont survenus entre les deux pays (ce qui explique également le détachement apparent entre Xi et Poutine, qui est fonctionnel dans une perspective plus large).
La portée de l'OCS et l'Iran
Un autre point à souligner est la portée de l'OCS, qui, dans les médias grand public, est normalement abordée comme un organe géopolitique de faible importance mondiale.
Les différents participants donnent pourtant une idée de sa portée. Ses membres sont l'Inde, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Chine, la Russie, le Tadjikistan, le Pakistan et l'Ouzbékistan. Les États observateurs sont l'Afghanistan, le Belarus, l'Iran et la Mongolie, les partenaires de dialogue sont l'Azerbaïdjan, l'Arménie, le Cambodge, le Népal, la Turquie et le Sri Lanka. Et lors du sommet de 2021, la procédure a également été lancée pour accorder le statut de partenaire de dialogue à l'Égypte, au Qatar et à l'Arabie saoudite...
Un autre aspect important du sommet de Samarkand a été la signature de l'adhésion officielle de l'Iran à l'OCS, une nouvelle qui a fait le tour du monde, comme s'il s'agissait de quelque chose de sensationnel, alors qu'il ne s'agissait que d'une étape formelle, puisqu'en fait Téhéran était déjà un participant à part entière.
Téhéran avait jusqu'à présent évité cette étape, craignant qu'elle ne donne en quelque sorte à ses adversaires américains matière à renforcer leur pression contre le rétablissement de l'accord sur le nucléaire iranien. Maintenant que les États-Unis ont clairement fait savoir qu'une telle mesure n'est plus à l'ordre du jour, ils ont fait ce qu'ils voulaient faire depuis longtemps (nous reviendrons sur l'échec de la signature de l'accord nucléaire dans une autre note).
L'OCS et la détente dans l'espace post-soviétique
Aucune importance n'a cependant été accordée à trois aspects tout à fait positifs du sommet. Tout d'abord, au cours de la réunion, le Kirghizistan et le Tadjikistan ont convenu de mettre un terme aux désaccords qui avaient provoqué certains affrontements frontaliers entre les deux pays.
La seconde est qu'avant le sommet, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont trouvé le moyen de mettre fin aux affrontements entre les deux pays, notamment parce qu'Erdogan, qui soutient la position de l'Azerbaïdjan, ne pouvait pas venir à la réunion, où Poutine était présent, avec ce conflit non résolu, le Tsar étant irrité par la déstabilisation qu'il produit aux frontières de son pays (ce dont se réjouissent, en revanche, les néoconservateurs américains, comme l'écrit Responsible Statecraft et comme le souligne l'annonce par Pelosi de son prochain voyage dans la région, la présidente de la Chambre étant un vecteur délirant dans la propagation de conflits).
Le dernier aspect important du sommet concerne toujours Erdogan, qui, avant de partir pour Samarkand, avait exprimé son souhait de rencontrer Assad, si le président syrien se rendait à l'assemblée, ce qu'il n'a pu faire pour des raisons de sécurité.
Ceci a été rapporté par Reuters dans une note d'agence reprise par Haaretz, qui conclut de manière significative: "Toute forme de normalisation entre Ankara et Damas remodèlerait la guerre de Syrie qui dure depuis des décennies".
En effet, la Turquie a été l'un des parrains du changement de régime en Syrie et a été utilisée comme plaque tournante par des puissances étrangères qui l'ont alimenté en envoyant des miliciens, des armes et de l'argent par son territoire (un peu comme ce qui se passe en Ukraine, où les plaques tournantes sont plus dispersées et sous le contrôle total de l'OTAN).
La Russie et le dégel syrien
Mais à Samarkand, Erdogan a apparemment réitéré son intention, disant même qu'il était prêt à se rendre en Syrie pour rencontrer Assad. Et ce serait un coup fatal pour les partisans des guerres sans fin, qui ont rencontré leur premier échec en Syrie, après leurs succès en Libye et en Irak, Assad ayant survécu à l'assaut.
Ce qui est encore plus significatif, c'est ce qui est rapporté ailleurs dans la note, qui donne une idée de la façon dont une telle perspective n'est en aucun cas aléatoire : "Le rapport [sur l'intention d'Erdogan] a été publié après que quatre sources différentes ont déclaré à Reuters que le chef des services de renseignement turcs avait eu plusieurs réunions avec son homologue syrien à Damas ces dernières semaines, un signe des efforts russes pour encourager un dégel entre les États qui se sont opposés dans la guerre en Syrie".
Un tel dégel ne serait pas de trop pour le peuple syrien, qui souffre encore des conséquences de la dévastation et des deuils causés par la guerre et par les sanctions occidentales, qui pèsent encore tragiquement et de manière tout à fait arbitraire sur lui.
Malheureusement, beaucoup (qui sont puissants) de ceux qui s'arrachent aujourd'hui les cheveux pour le salut de la pauvre Ukraine ont participé - et participent - à la légion étrangère qui a alimenté la boucherie syrienne. Et ils feront tout pour empêcher le dégel susmentionné. Nihil sub sole novum.
Ps. Alors que le Kazakhstan accueillait l'assemblée de l'OCS, le pape François se trouvait également dans ce pays asiatique, en visite apostolique. Une simple coïncidence dans le temps, bien sûr, mais qui suscite autant de curiosité que d'intérêt.
18:52 Publié dans Actualité, Eurasisme, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ocs, eurasie, asie, affaires asiatiques, inde, russie, chine, politique internationale, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La revue de presse de CD
18 septembre 2022
EN VEDETTE
« Les Américains nous veulent obéissants et faibles politiquement »
Pour cet « Entretien essentiel », nous recevons à nouveau Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, dans le cadre d’un point sur le conflit en Ukraine. Dissensions entre pays d’Europe de l’Est appartenant à l’ex-URSS, absence de traçabilité des fonds occidentaux versés aux Ukrainiens, corruption et trafics de l’armement offert à l’Ukraine dans le monde, Eric Denécé revient également sur les ambitions américaines dans une Europe réotanisée. Déplorant l’absence de connaissances en histoire qui empêche les populations de prendre un recul analytique par rapport au « discours officiel des médias » dans cette « guerre de l'information », le spécialiste du renseignement décortique également l’influence des fact-checkeurs dans le traitement de l’information.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/videos-l-entretien-essentiel/er...
ALLEMAGNE
De quoi l’Allemagne est-elle le nom ?
Le chancelier Olaf Scholz qui a succédé à Angela Merkel a publié dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung une longue tribune dont l’essentiel a été traduit dans le journal « Le Monde » du 23 juillet dernier. Ce texte, travaillé et construit, prétend exprimer l’engagement allemand pour l’Europe et le monde d’après l’invasion de l’Ukraine. Il a été complété par un discours remarqué, fin août, sur l’avenir de l’Europe, par des déclarations du Président de la SPD, puis par une intervention voulue fondatrice de Mme Lambrecht, le 12 septembre, sur la nouvelle posture militaire de l’Allemagne. L’attention de tout parlementaire européen, notamment des membres de la sous-commission chargée de la Sécurité et de la Défense, devrait se porter sur ce texte, en raison de ce qu’il dit, de ce qu’il ne dit pas, et de quelques clarifications que la France doit apporter au discours allemand en construction.
hervejuvin.com
https://hervejuvin.com/de-quoi-allemagne-nom/
ARMÉNIE
Arménie / Azerbaïdjan, reprise de la guerre
L’armée azerbaidjanaise a déclenché dans la nuit du 12 au 13 septembre une offensive de grande ampleur sur différents points de la frontière avec l’Arménie, provoquant de graves dommages matériels et la perte d’une cinquantaine de soldats arméniens. Retour sur les événements et une mise en contexte des enjeux de ce conflit.
revueconflits.com
https://www.revueconflits.com/armenie-azerbaidjan-reprise...
DÉCONSTRUCTION
Dans son nouvel essai dont Le Figaro dévoile de larges extraits, le professeur émérite de philosophie à la Sorbonne voit dans le wokisme bien plus qu’une simple vague de « folie passagère » ou un snobisme intellectuel. C’est, pour lui, un authentique fanatisme : ses adeptes, profondément intolérants, déguisent des opinions en science et se croient tenus d’endoctriner.
fdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2022/09/13/jean-francois-brauns...
DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ
L’intelligentsia de gauche a toujours autant de mal à nommer les choses, et propage aussi des fake news. Un extrait de l’émission vaut son pesant de débilité. A ne pas manquer…
causeur.fr
https://www.causeur.fr/augustin-trapenard-grande-librairi...
Revue de presse RT du 4 au 10 septembre 2022
Exercice hebdomadaire de ré/désinformation. Cette semaine sur RT, la guerre hybride entre les occidentaux et le couple Russie-Chine qui bat son plein, les occidentaux toujours à la recherche de mesures punitives contre la Russie, alors que leurs peuples commencent à souffrir, la Russie qui déclare ouvertement couper ses livraisons de gaz à l’Europe et le reste du monde qui continue à dédollariser.
lesakerfrancophone.fr
https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-4-au-...
Sondages twitter : les médias face aux biais informationnels
Les médias ont pris une autre très mauvaise habitude : recourir régulièrement à des sondages twitter pour éclairer les débats sociétaux qu’ils abordent.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/09/11/438524-sondages-t...
Manipulation par l’image, Maria remplace Aylan
En avril 2020, l’OJIM publiait un article revenant sur la manière dont la mort tragique du petit Alan (ou Aylan) Kurdi sur une plage turque avait été instrumentalisée à des fins idéologiques. L’histoire bégaie et nous assistons à une manipulation semblable avec l’histoire de la petite Maria, syrienne de cinq ans, morte sur une île grecque après une piqure de scorpion.
ojim.fr
https://www.ojim.fr/manipulation-par-limage-maria-remplac...
La « harcelosphère », deuxième partie : des insultes et menaces au racisme et à l’antisémitisme
Depuis un peu plus de deux ans, un certain nombre de médecins, habitués des plateaux TV et érigés au rang de « spécialistes » de la Covid-19, sont aussi très actifs sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter. Dans le mépris du code de déontologie médicale, ces experts auto-proclamés, pourtant très peu capés en virologie et en épidémiologie, recours en guise d'arme de communication à un usage de la langue teinté d'arrogance et de suffisance mêlant l'insulte et la diffamation. Leur objectif : descendre en flammes quiconque s'oppose au discours officiel sur le Covid-19. Enquête et florilèges.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/la-harcelosphere-2-des-insultes...
ÉCOLOGIE (PUNITIVE)
Tyrannie énergétique et environnementale. Comment les Français se préparent et envisagent l’hiver ?
Après la tyrannie sécuritaire, après la tyrannie sanitaire, nous voici petit à petit sous le règne de la tyrannie environnementale et énergétique, sous prétexte de la guerre en Ukraine et de pénuries, mais aussi d’écologie punitive qui va ruiner petit à petit la population française.
breizh-info.com
https://www.breizh-info.com/2022/09/14/207885/tyrannie-en...
ÉCONOMIE
La novlangue économique au travail
Dernièrement, il y a eu cinq cas d'utilisation de la novlangue dans le plan économique qui méritent d'être analysés, car pour le lecteur de la presse mainstream, les mots le trompent, ils relèvent de la novlangue. De plus, celle-ci a atteint un point extrême où les mots dissimulent de terribles plans, un contrôle et une domination des masses impensables il y a seulement quelques années.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/09/10/l...
ÉNERGIES
Fermeture de Fessenheim : révélatrice de la faillite de l’État stratège
Le prix politique à payer pour Emmanuel Macron en France et vis-à-vis de l’Allemagne serait énorme, certainement plus que de mentir sans vergogne et tenter de faire oublier le passé.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/09/13/438576-fermeture-...
L’arnaque des énergies renouvelables
L’énergie est le cœur du développement des sociétés. Elle est le moteur de l’économie comme le montre l’accroissement du PIB en parallèle de la consommation d’énergie. Aujourd’hui, la société française s’est engagée sur la voie des énergies dites renouvelables, mais surtout fatales et intermittentes (EnRI), notamment éoliennes et panneaux photovoltaïques, conduisant à des scandales encore plus monstrueux. Le soutien inconditionnel des dirigeants politiques à ces « nouvelles énergies » (en réalité anciennes et déjà abandonnées) relève du type de fraude scientifique à la Lyssenko qui cache une spoliation des peuples.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/09/15/438761-larnaque-d...
ÉTATS-UNIS
52 % des Américains souhaitent la destitution de Joe Biden
Un sondage récent (Rasmussen – 1er septembre 2022) vient de dévoiler qu'une majorité (52 %) d'Américains souhaitent voir leur président Joe Biden destitué dans le cadre de la procédure de l'Impeachment. Sans surprise, 77 % des électeurs républicains se sont déclarés en faveur de la destitution, mais, fait marquant, un tiers des électeurs démocrates et la moitié des électeurs « indépendants » sont également en faveur de l'Impeachment de Joe Biden.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/politique-monde/52-des-americai...
FRANCE
« Macron, c’est un coup d’État mondialiste » : Florian Philippot sonne l’alarme contre les restrictions énergétiques
« Le macronisme, c’est le nom d’un processus chimiquement pur de prise de contrôle de la France par l’oligarchie mondialiste ». Le président des Patriotes Florian Philippot était l'invité sur notre plateau pour ce « Défi de la vérité ». Revenant tout d’abord sur la fake news diffusée par la chaine LCI, qui, accusant la « propagande russe », avait affirmé qu’une manifestation du samedi 3 septembre organisée par son mouvement n’avait jamais eu lieu, il dénonce ensuite le « scénario de la peur » sur lequel joue le gouvernement en lien avec les médias grand public à propos des pénuries à venir : elles sont le fruit de choix politiques conscients, rappelle-t-il. Constatant comme au cours de la crise du Covid-19 le recours à la même rhétorique - le « Nous sommes en guerre » d'Emmanuel Macron le 5 septembre - et aux mêmes dispositifs, à l'instar du Conseil de défense, M. Philippot met d’ores et déjà en garde contre les restrictions de liberté, telles la « police des températures » et le passe énergétique, qui pourraient faire surface au cours des prochains mois. Aussi, pour l’ancien député européen, face aux mesures coercitives « extrêmes » sur lesquelles planche l’exécutif, l’heure n’est plus à l’opposition timide et timorée : nous sommes entrés dans une « ère de radicalité ».
https://www.francesoir.fr/videos-le-defi-de-la-verite/flo...
Nucléaire : les mensonges s’ajoutent aux erreurs
Macron a récidivé, il s’est fâché tout rouge : « Qu’on ne vienne pas me chercher sur Fessenheim ! » Et si on comptait les mensonges et les absurdités et les revirements proférés sur le nucléaire par Macron et son gouvernement ? Le point avec Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne. (vidéo)
youtube.com
https://www.youtube.com/watch?v=VMt86braNiU&t=188s
GÉOPOLITIQUE
Podcast – Hervé Coutau-Bégarie, entre stratégie et géopolitique. Martin Motte
L’œuvre d’Hervé Coutau-Bégarie (1956-2012) est immense. Auteur de plusieurs dizaines d’ouvrages, fondateur de l’Institut de Stratégie Comparé et de la revue Stratégique, professeur à l’École de guerre, il a formé des générations d’officiers et de professeur. Dix ans après sa mort, émission en hommage au maître qu’il a été et qu’il est encore pour un grand nombre d’universitaires français et étrangers. Émission présentée par Jean-Baptiste Noé, en compagnie de Martin Motte, qui a travaillé avec Hervé Coutau-Bégarie et qui lui a succédé à la chaire de l’École de guerre.
conflits.com
https://www.revueconflits.com/podcast-herve-coutau-begari...
GRANDE-BRETAGNE
Mort d’Elizabeth II. Le point de vue de Éric Verhaeghe
La mort d’Elizabeth II donne lieu, dans le cartel des médias subventionnés, à l’habituelle tartine romancée sur une reine héroïque et irréprochable qui incarne tous les bienfaits de la monarchie face aux désordres de Républiques comme la nôtre. Cette rhétorique bien rôdée, et entièrement forgée par la monarchie britannique elle-même, a un immense mérite : elle permet d’éclipser les véritables interrogations stratégiques qui se posent sur la Couronne d’Angleterre, et sur la prétendue Elizabeth Windsor, qui est en réalité Elizabeth de Saxe-Cobourg-Gotha, allemande et issue d’une dynastie dont le fonds de commerce, depuis 1826, est l’affaiblissement de la France.
Le blog de Liliane Held Khawam
https://lilianeheldkhawam.com/2022/09/12/mort-delizabeth-...
IMMIGRATION
Quelques chiffres sidérants bien réels
fdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2022/09/14/allemagne-en-2021-37...
Attentats du 13 Novembre : la veuve de Samy Amimour, terroriste du Bataclan, a été rapatriée de Syrie en France
Cette femme de 25 ans a été rapatriée le 5 juillet dernier avec ses trois enfants. Elle a été mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et placée en détention provisoire. Dans son dernier courriel, elle avait aussi développé l’admiration qu’elle ressentait pour Samy Amimour. « J’étais au courant depuis le début, et j’ai encouragé mon mari à partir pour terroriser le peuple français qui a tant de sang sur les mains. (…) J’envie tellement mon mari, j’aurais tellement aimé être avec lui pour sauter aussi. »
leparisien.fr
https://www.leparisien.fr/faits-divers/attentats-du-13-no...
IN MEMORIAM
Hommage à François-Bernard Huyghe, l’un des plus fins analystes français de l’influence. Par Bruno Racouchot
François-Bernard Huyghe nous a quitté en ce début septembre à l’âge de 71 ans, des suites d’une longue maladie. Homme d’une immense culture, d’une hauteur de vue qui n’avait d’égale que sa simplicité et sa verve, François-Bernard Huyghe s’était imposé au fil des années comme l’un des meilleurs spécialistes français de l’influence, en tout cas l’un des analystes les plus avisés. Fidèle compagnon de route de Communication & Influence, il était aussi un ami personnel avec lequel je me sentais en totale symbiose. Son rire, son esprit caustique, sa connaissance amusée des méandres de l’âme humaine et de la comédie sociétale qui lui est consubstantielle, son amour des arts et des périples lointains en faisait un homme aussi atypique que noble. Fidèle en amitié comme à ses idées, grand voyageur, de la Terre comme des zones de l’intellect pur, il avait le panache et la profondeur d’un seigneur de la Renaissance italienne.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/09/11/h...
ITALIE
Vincenzo Sofo : « Nous sommes très optimistes »
Agé de 35 ans, Vincenzo Sofo est un des hommes politiques qui montent en Italie. Député européen depuis le 1er février 2020, l’époux de la Française Marion Maréchal a quitté la Ligue en 2021 pour rejoindre Fratelli d’Italia (Frères d’Italie), le parti national-conservateur de Giorgia Meloni, bien placé pour emporter les élections législatives qui se dérouleront le 25 septembre prochain. À dix jours de cette échéance majeure pour l'Italie mais aussi pour l'Europe, il nous livre en exclusivité son analyse sur les enjeux du scrutin, sur ses espoirs ainsi que sur les similitudes et les différences entre les deux paysages politiques français et transalpin.
bvoltaire.fr
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LECTURE
Titre :
Anthony Fauci, Bill Gates, Big Pharma. Leur guerre mondiale contre la démocratie et la santé publique, par Robert F. Kennedy, Jr. Résurgence, 640 p., 38,50 €.
Auteur :
Fils de Robert Kennedy, cet avocat très combatif s’insurge depuis de nombreuses années contre certains lobbies dont le seul but est de compiler d’énormes bénéfices au détriment des peuples. Il a ainsi regrouper autour de lui et de ses combats de nombreuses personnes provenant du cercle de scientifiques, journalistes, chercheurs, lanceurs d’alerte et avocats et cocréateur de l’association Children’s Health Defense.
Présentation :
Une enquête à charge très complète sur la façon dont Fauci, Gates, les Big Pharma et leurs séides exploitent leur emprise sur les médias, les revues scientifiques, les entreprises publiques et parapubliques clés, les agences internationales de renseignements, les scientifiques et médecins influents pour à la fois inonder la population d’une propagande effrayante sur la virulence de pseudo pandémie, museler le débat et censurer les voix dissidentes. En témoignent notamment plusieurs dizaines de pages sourcant l’enquête de l’auteur.
Extraits :
« Au cours de son demi-siècle en tant que pape de la santé des États-Unis, le Dr Fauci a joué un rôle central dans l’édification d’un monde où les Américains paient le prix le plus élevé pour les médicaments, mais dans lequel ils ont de moins bons résultats en matière de santé que les autres pays riches. Les effets indésirables des médicaments figurent parmi les quatre principales causes de décès dans le pays, après le cancer et les crises cardiaques. »
« Une caractéristique singulière des magouilles vaccinales de Gates – largement passée inaperçue jusqu’à récemment dans la presse mondiale – est un engagement sans faille à protéger les droits de propriété intellectuelle de l’industrie pharmaceutique. Lorsqu’on lui a demandé, dans une interview sur Sky News, s’il serait judicieux de partager la propriété intellectuelle et la recette des vaccins, Gates a répondu sans ambages : ‘’Non.’’».
« Mes quarante années de carrière d’avocat défenseur de l’environnement et de la santé publique m’ont permis d’acquérir une compréhension unique des mécanismes corrupteurs de la ‘’capture réglementaire’’, processus par lequel le régulateur devient redevable à l’industrie qu’il est censé réglementer. »
« Comme nous le verrons, le contrôle direct et indirect exercé par le Dr Fauci (via les NIH, la Fondation Bill et Melinda Gates et le Welcome Trust) sur quelques 57 % du financement mondial de la recherche biomédicale lui permet de recevoir ce genre d’hommage obséquieux de la part de chercheurs de premier plan, de maîtriser et diffuser le narratif médical dominant internationalement, et de renforcer l’idée qu’il serait la science incarnée. »
« La capacité de leurs suzerains de Big Pharma à faire pression sur les deux plus grandes revues médicales du monde, le NEJM et le Lancet, pour qu’elles cautionnent des recherches criminelles et publient simultanément des articles manifestement frauduleux au beau milieu d’une pandémie, témoigne de l’influence et de l’impitoyabilité hallucinante du cartel. Il est désormais communément admis que les fabricants de médicaments tiennent l’édition médicale, et que le Lancet, le NEJM et le JAMA sont totalement à leur botte. Le rédacteur en chef du Lancet, Richard Horton, confirme que ‘’les revues se sont transformées en annonceurs de l’industrie pharmaceutiques’’ ».
« Au début de la pandémie de la lutte contre le SIDA, le Dr Fauci avait critiqué la FDA, la jugeant inhumaine, pour avoir exigé des études randomisées en double aveugle contrôlées par placebo au plus fort de la pandémie. Aujourd’hui, il fait ce qu’il aurait lui-même condamné en bloquant un traitement efficace simplement parce qu’il serait en concurrence avec son médicament coûteux protégé par un brevet – le remdesivir – et avec les vaccins. »
« L’utilisation de placebos dits ‘’toxiques’’ ou ‘’dopés’’ – également connus sous le nom de ‘’faux-cebos – est une astuce frauduleuse que le Dr Fauci et ses chercheurs en médicaments ont mise au point il y a plus de 40 ans pour dissimuler les effets secondaires indésirables des médicaments toxiques pour lesquels ils demandent une autorisation. »
« D’éminents virologues, dont le lauréat du prix Nobel Luc Montagnier, avaient souligné qu’un vaccin non stérilisant, ou ‘’non étanche’’, ne pouvait pas arrêter la transmission et ne parviendrait donc pas à stopper la pandémie. Pire encore : les personnes vaccinées, avait-il averti, deviendraient des porteurs asymptomatiques et des ‘’usines à mutants’’ produisant des versions de la maladie résistantes au vaccin, ce qui risquait de prolonger et d’intensifier la pandémie au lieu de l’abréger. »
« Les agents de santé ont administré plusieurs milliards de doses au cours des vingt-deux dernières années. Pourtant, en huit mois seulement, les vaccins COVID ont blessé et tué beaucoup plus d’Américains que tous les autres vaccins réunis en trois décennies. »
« En fait, la principale qualification de Tedros [Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS] pour le poste à l’OMS était sa loyauté entre Gates. Il avait déjà siégé aux conseils d’administration de deux organisations que Gates a fondées, financées et contrôlées : la GAVI et le Fonds mondial, où Tedros était le président de confiance du conseil d’administration de Gates. »
« |Deux journalistes d’investigation du Los Angeles Times] Piller et Smith expliquent en détail comment le détournement systématique par Gates des dépenses médicales internationales de l’Afrique vers ses vaccins de haute technologie, à prix élevé et souvent non testés, tue des bébés dans toute l’’Afrique. En donnant la priorité aux vaccins, Gates a asséché le flux d’aide étrangère qui était autrefois consacré à la nutrition de base, et qui finançait les dispositifs médicaux bon marché et fonctionnels susceptibles d’éviter de nombreux décès. »
« L’omniprésence de la CIA dans le putsch mondial des vaccins devrait nous faire réfléchir. Il n’y a rien dans l’histoire de la CIA, dans sa charte, dans sa composition ou dans sa culture institutionnelle qui trahisse un intérêt pour la promotion de la santé publique ou de la démocratie. […] Elle ne s’occupe pas de démocratie. La CIA fait des coups d’État. »
MONDIALISME/TOTALITARISME
Autocratie numérique : La surveillance des IA sonne le glas de la vie privée
Nous ne sommes même pas encore prêts à mesurer les retombées du tsunami qui nous tombe dessus sous la forme d’une surveillance par l’IA (intelligence artificielle), et pourtant, celle-ci est déjà en train de transformer notre monde en un lieu où la liberté est presque méconnaissable. La surveillance par l’IA tire parti de la puissance de l’intelligence artificielle et de la technologie de surveillance généralisée pour faire ce que l’État policier ne peut pas faire de façon efficace faute de main-d’œuvre et de ressources : être partout, surveiller tout le monde et tout ce qui existe, contrôler, identifier, cataloguer, recouper, croiser et participer à la connivence généralisée.
Tout ce qui était autrefois privé est maintenant à la portée d’un bon acheteur.
les-crises.fr
https://www.les-crises.fr/autocratie-numerique-la-surveil...
Des ONG liées à Georges Soros et à l’Open Society financent l’agitation contre la Pologne via l’UE
Récemment, quatre organisations d’extrême gauche ont engagé une procédure devant la Cour de justice européenne pour annuler la décision du Conseil européen d’octroyer à la Pologne des fonds dits « corona » qui doivent aider les pays qui en bénéficient à redémarrer après la crise sanitaire. « En Pologne et en Hongrie, il y a des gouvernements conservateurs qui refusent de mettre en œuvre l’agenda de gauche et pro-immigration de l’UE, et c’est évidemment une épine dans le pied de l’establishment libéral de gauche au sein de l’union », a déclaré l’eurodéputé Gerolf Annemans (Vlaams Belang).
OTAN
Réorganisation militaire de l'Europe du Nord
L'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'OTAN constitue une menace plus sérieuse pour la Russie que l'acceptation insignifiante de nouveaux membres de rang. L'élargissement de l'OTAN à la Suède et à la Finlande a déjà été décrit comme transformant la mer Baltique en eaux intérieures de l'OTAN. Cette affirmation n'est pas entièrement vraie. Car une partie de la Baltique appartient à la Russie et les îles Åland, qui font partie de la Finlande, ont un statut spécial. Mais il s'agit d'une autre question, à savoir l'intégration des capacités militaires, puisqu'en plus de l'OTAN, il existe une coopération en matière de défense entre les pays nordiques.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/09/10/r...
RÉFLEXIONS
Inciter ou imposer : la dérive du principe de précaution
Le principe de précaution défie la logique scientifique, est capable d’ignorer les faits, identifie l’incertitude à la peur, encourage une population apathique à croire qu’elle peut vivre sans risque.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/09/13/438582-inciter-ou...
Le diable s'habille-t-il en Pogba ?
La planète foot en tremble, l’opinion s’en amuse et la presse a beau parler d’une affaire rocambolesque, l’histoire est prise au sérieux par la justice et sème le trouble dans l’équipe de France à deux mois de la Coupe du monde au Qatar. Paul Pogba a-t-il demandé à un marabout de jeter un sort à Kylian Mbappé ? Le milieu de terrain a-t-il pu vouloir du mal à l’attaquant auquel il est censé faire des passes en or ? On n’a toujours pas la réponse à cette question.
laselectiondujour.com
https://www.laselectiondujour.com/le-diable-shabille-t-il...
RUSSIE
La « guerre économique » contre la Russie va-t-elle se retourner contre ses auteurs (2/3) ? par Jacques Sapir
Après avoir ainsi analysé l’évolution de la pratique des sanctions et de leur efficacité, il nous faut envisager le contexte général des sanctions qui ont été prises contre la Russie d’un point de vue économiques. La Russie est, en effet, sous le coup de sanctions économiques depuis 2014 et son intervention en Crimée. Ces sanctions ont été considérablement renforcées depuis le début des hostilités avec l’Ukraine le 24 février 2022, au point que le Ministre français de l’économie et des Finances a pu parler de « guerre économique » menée contre la Russie. Mais, la Russie est dans une situation plus favorable que de nombreux pays qui ont été frappés par des sanctions. Ceci pose la question de l’efficacité des sanctions et, au-delà, d’un possible « effet boomerang » de ces dernières.
les-crises.fr
https://www.les-crises.fr/la-guerre-economique-contre-la-...
SANTÉ/LIBERTÉS
« L’objection de conscience, position scientifique légitime face à la technologie ARNm à des fins vaccinales »
Dans le cadre des campagnes de vaccination de masse, les vaccins les plus utilisés dans les pays occidentaux sont basés sur l’ARNm. Certains pays ont imposé une vaccination obligatoire et de nombreux autres ont exigé un passeport vaccinal pour accéder aux transports publics et autres activités, produisant une discrimination systémique, une exclusion sociale, une ségrégation et une stigmatisation à l’encontre des personnes non vaccinées. Cet article vise à présenter plusieurs incertitudes scientifiques sur lesquelles, les objecteurs de conscience aux injections d’ARNm comme traitement préventif de la COVID-19, pourraient s’appuyer
Le blog de Laurent-Mucchielli
https://qg.media/blog/laurent-mucchielli/lobjection-de-co...
Soignants suspendus : un an de suspension sans salaire depuis le 15 septembre 2021
Mercredi 15 septembre 2021, suite à leur refus de recevoir le vaccin contre le Covid-19, des professionnels de santé - médecins, infirmière, aides-soignants - mais aussi des pompiers et autres personnels des hôpitaux, ont été interdits d'exercice. Un an après leur suspension, jour pour jour, nous avons contacté par téléphone plusieurs de ces soignants suspendus afin de se renseigner sur la manière dont ils vivent, voire survivent, depuis leur mise au ban des établissements de santé.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/societe-sante/suspendus-les-pro...
SUèDE
En Suède, la victoire des droites unies est une première historique
C’est fait ! Après trois jours de vérifications comptables tant les écarts étaient serrés, les résultats des élections législatives de dimanche dernier en Suède ont été annoncés hier soir, 14 septembre : la coalition de la droite libérale (Modérés, chrétiens-démocrates et Libéraux) et de la droite nationaliste (Démocrates de Suède, SD) a remporté 176 sièges, contre 173 pour la coalition de gauche sortante (en part des voix, le bloc de droite obtient 49,6 %, contre 48,9 % pour celui de gauche, un ensemble « rouge-vert »). Magdalena Andersson, premier ministre, a annoncé sa démission, effective ce jeudi 15 septembre. « Merci pour la confiance – maintenant nous allons remettre de l’ordre en Suède ! », a commenté sur Facebook le chef du parti des Modérés, Ulf Kristersson, artisan de la collaboration entre la droite et le SD. « Je commence maintenant le travail pour former un nouveau gouvernement efficace », a-t-il ajouté. Le président du Parlement va lui confier la mission de former une majorité, après des négociations entre partis. L’élection du nouveau chef de gouvernement n’interviendra qu’après le 27 septembre, date de la première session plénière du Parlement.
laselectiondujour.com
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UNION EUROPÉENNE
Le déclin de l'Empire allemand
L’Allemagne a été donnée en exemple par les technocrates européens depuis 30 ans. On a loué l’efficacité proverbiale, le pragmatisme politique d’une nation repentante qui avait résolument adopté des valeurs libérales. Katastrophe ! Depuis quelques semaines, le pays semble pris dans une spirale infernale. Le prix de l’électricité est multiplié par 14 par rapport à la moyenne des années précédentes. L’inflation devrait atteindre 10 % à la fin de l’année et l’euro a connu une chute historique. Pour la première fois depuis 1945, 62 % de la population allemande n’est pas satisfaite de son gouvernement… Freddie Sayers a reçu le sociologue allemand Wolfgang Streeck. Comment expliquer une crise aussi sévère et brutale ?
laselectiondujour.com/
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Troupes américaines à Vladivostok, 1919.
La guerre de 30 ans et la guerre de 100 ans des États-Unis contre la Russie
Par Alfredo Jalife Rahme
Récemment, j'ai affirmé: "Aujourd'hui, nous constatons de plus en plus l'importance cardinale et géostratégique de l'Ukraine, qui représente, selon les engouements chronologiques, une nouvelle guerre de 30 ans - qui aurait commencé en 1991, se serait poursuivie en 2014 et aurait atteint son paroxysme en 2022 - ou une guerre de 100 ans (https://bit. ly/3D3L91J ) qui vise la balkanisation et la désintégration de la Russie, sur base de l'axiome énoncé par le géographe britannique Sir Halford J. Mackinder en 1904 dans son livre Geography as the Pivot of History (https://bit.ly/3BrfXs5 )".
Au début de l'"Opération militaire spéciale" (selon Poutine) visant à dénazifier et démilitariser l'entéléchie qu'est Ukraine, j'ai postulé qu'il pourrait s'agir d'une nouvelle "guerre de 30 ans" - comme celle qui a opposé les protestants aux catholiques et s'est terminée par le traité de Westphalie de 1648 qui a donné naissance au concept de "souveraineté" qui est le pilier fondateur de l'ONU, aujourd'hui plus dysfonctionnelle que jamais (https://bit.ly/3RttkgQ ).
Récemment, le nonagénaire Kissinger, âgé de 99 ans, a soutenu que la guerre Russie-Ukraine pouvait être assimilée à une nouvelle "guerre de 30 ans" (https://bit.ly/3RQU5LW ).
Le très imprudent Michael Springmann, ancien diplomate, aujourd'hui avocat et commentateur américain réputé, a publié un essai inquiétant intitulé The 100 Year War : America's Attempts to Destroy Russia.
Springmann a à son actif trois révélations décoiffantes sur la politique étrangère pharisaïque du département d'État américain : 1) Il a accordé depuis son poste en Arabie saoudite, pendant les administrations Reagan et Papa Bush, plus de 100 visas aux terroristes djihadistes d'Al-Qaïda qui ont perpétré le très controversé 11 septembre 2001 (https://amzn.to/3x53Puf ). De toute évidence, Springmann a été défenestré par le département d'État ; 2) dans son livre volcanique Goodbye Europe ? Hello Chaos? : Merkel's Migrant Bomb (https://amzn.to/3B8N7eO ), il affirme que "la politique étrangère américaine a créé la crise" afin de "déstabiliser l'Union européenne en général et l'Allemagne en particulier" ; et 3) il avertit les Yéménites de ne pas faire confiance à Biden, qui a promis dans sa campagne de mettre fin à la guerre de l'Arabie saoudite au Yémen (https://bit.ly/3AUBVly ).
Dans son long essai sur la guerre centenaire entre les Etats-Unis et la Russie (soviétique ou non), il expose la "genèse" des cent ans de guerre depuis que le président démocrate Woodrow Wilson, en juillet 1918 - 14 ans après le livre de Sir Halford Mackinder, est intervenu "contre les bolcheviks, contre ce que l'URSS était en train de devenir" en envoyant "13.000 soldats américains" pour soutenir les "Russes blancs", c'est-à-dire les tsaristes, contre les "Russes rouges" bolcheviques. L'intervention de l'"Empire britannique" avec plus de 57.000 soldats et 5000 autres soldats canadiens était à ne pas manquer !
Springmann dévoile les contacts américains, en vue d'espionnage, avec des dissidents en Ukraine - lorsque celle-ci faisait partie de l'URSS - à la fin de la Seconde Guerre mondiale, indépendamment du fait qu'ils étaient alliés aux nazis. Il expose ensuite l'opération "Aérodynamique" de la CIA et sa machine de propagande depuis New York sous la couverture de Prolog Research Corp. avec le groupe ex-pro-nazi Bandera/Lebed. Par la suite, la CIA a déplacé ses agents en Ukraine avant le "coup d'État de 2014" perpétré par ses ONG bien huilées.
Il cite le journal mondialiste Guardian, très proche de George Soros, qui exulte que "la campagne américaine est derrière les troubles à Kiev" alors que la "révolution orange" était "une création américaine, un exercice sophistiqué et brillamment exécuté de branding et de marketing de masse occidental (https://bit.ly/3Bps6O2 )". Selon le cinéaste Oliver Stone, il s'agit de la "technique de soft power" appelée "Regime Change 101".
Springmann expose l'opération de censure massive menée par les États-Unis pour dissimuler le "meurtre de 14.000 Russes ethniques au Donbass" jusqu’en 2022, alors que l'OTAN s'était étendue des Baltiques aux Balkans.
Avec les enseignements d'Al-Qaïda, le tragique comédien khazar Zelensky a créé la "Légion internationale de défense du territoire" avec 20.000 combattants provenant de 52 pays, dont Israël". Et que diable fait Israël là-bas? La Russie ne le pardonnera pas.
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La guerre mondiale en cours et l'asservissement des peuples européens
par Luciano Lago
Source: https://www.ideeazione.com/la-guerra-mondiale-in-corso-e-la-sottomissione-dei-popoli-europei/
Les tensions internationales, les conflits et les changements qui se produisent dans le scénario mondial démontrent irréfutablement la phase de modification des équilibres de l'ordre international que le monde traverse.
On peut dire qu'une nouvelle guerre mondiale a commencé depuis longtemps en raison de la volonté des États-Unis, en tant que superpuissance hégémonique, de maintenir leur leadership perdu sur la scène internationale.
On pourrait imaginer une telle guerre comme une confrontation nucléaire entre les superpuissances, alors qu'aujourd'hui l'échange de coups se fait par des méthodes complètement différentes.
Aujourd'hui, les États-Unis cherchent désespérément à maintenir leur leadership par des actions destructrices non seulement contre leurs adversaires, mais aussi contre leurs alliés et ce, dans toutes les directions possibles. Cela est démontré à la fois par les nombreux conflits armés et les agressions dans le monde entier dont les États-Unis sont les instigateurs, et par les sanctions imposées aux pays qui ne veulent pas se plier aux directives de Washington et n'acceptent pas d'être les marionnettes de la superpuissance américaine. Sans compter que ces sanctions sont imposées en violation des normes généralement acceptées et sans l'approbation des organisations internationales.
Washington ne se soucie pas de la position de ces pays, et encore moins des effets dévastateurs que ces sanctions ont souvent sur leurs populations, mais impose au contraire ses diktats, se sentant l'arbitre et le gendarme du monde vis-à-vis de ceux qui ne se conforment pas à ses règles. Cependant, de plus en plus de pays contestent cette politique et se distancient des décisions des États-Unis et de leurs alliés sur la base de leurs propres intérêts nationaux, comme en témoigne le refus de la plupart des États du monde de se joindre aux sanctions contre la Russie.
Face à l'émergence de nouvelles puissances, Chine, Russie, Inde, les Etats-Unis tentent de marginaliser par le chantage des sanctions les pays qui refusent de s'aligner sur leur domination politique, financière et militaire mais se heurtent à un mur.
L'élite du pouvoir à Washington est déterminée à faire en sorte que le monde unipolaire le reste à jamais. C'est la meilleure condition pour les hégémonistes, car elle est optimale pour leurs affaires. Les monopoleurs savent qu'il n'y a rien de mieux qu'un monopole assuré pour toujours. Cette condition leur permet d'accumuler de nombreux bénéfices, d'imprimer des dollars à volonté pour financer leur niveau de consommation, de financer leurs guerres et de vivre sur le dos des autres.
Bien que la stratégie déclarée de la politique étrangère américaine ne désigne officiellement que la Russie et la Chine comme adversaires, la stratégie essentielle des États-Unis implique certainement que les alliés européens, aussi serviles soient-ils, sont également inclus dans la liste des concurrents de son monopole.
Washington a fait tout ce qui était en son pouvoir pour saper l'unité européenne sur la base du vieux principe "diviser pour régner", et a notamment cherché tous les expédients pour réduire la capacité de l'industrie allemande, considérée comme un concurrent des États-Unis.
Le plus grand danger pour Washington était celui d'une soudure entre la capacité industrielle et technologique de l'Allemagne et la puissance énergétique et minière de la Russie. Par conséquent, toute la politique étrangère des États-Unis visait à créer le fossé le plus profond possible entre la Russie et l'Europe.
Le conflit en Ukraine, incité et fomenté par Washington, sert cet objectif: rompre les relations avec la Russie et rendre l'Allemagne et l'Europe totalement dépendantes des États-Unis.
Avec cet objectif en tête, il était essentiel pour Washington de favoriser l'ascension de personnages profondément imbéciles et facilement manœuvrables tels que Ursula von der Leyen, Charles Michel et Josep Borrell à des postes de premier plan dans les institutions européennes, afin qu'ils puissent influencer la politique européenne dans le sens des intérêts des États-Unis et au mépris total des intérêts de l'Europe dans son ensemble, sans parler de leurs pays d'origine. Le contrôle exercé sur le concurrent potentiel des États-Unis, l'Allemagne, est encore plus grand grâce à son dirigeant faible et sans vergogne, Olaf Scholz, et aux efforts de lobbying anti-russes et pro-USA du Parti des Verts, une véritable cinquième colonne américaine en Allemagne qui prêche la guerre contre la Russie et accuse le gouvernement d'indécision dans la fourniture d'armes à l'Ukraine.
La campagne massive de propagande et de désinformation menée par les méga-médias du système a fait naître un fort sentiment de "russophobie" en Europe, qui a incité l'UE à répudier tous les accords économiques existants avec Moscou et à suspendre les importations d'énergie en provenance de Russie, ce qui a porté un grave préjudice à la compétitivité du système industriel européen, déstabilisé la situation politique et sociale des pays européens et réduit encore davantage leur compétitivité.
Exactement ce que Washington voulait et qui endommage irréversiblement l'économie européenne.
Les conséquences de la crise énergétique déclenchée par les sanctions contre la Russie, voulues par Washington, auront leur plus grand impact l'hiver prochain et nous verrons alors les protestations dans les rues et la répression des gouvernements prostitués aux intérêts américains. Ce sera le moment de vérité pour savoir si les peuples d'Europe seront capables de se réveiller de leur torpeur et de reprendre la défense de leurs propres intérêts.
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La Russie se tourne vers l'Asie
par Leonid Savin
Source: https://www.ideeazione.com/volgersi-ad-est/
La Russie est le pays du Soleil Levant, a déclaré le président russe Vladimir Poutine le 5 septembre lors d'une rencontre avec des militants au forum environnemental du Kamtchatka. Le même jour, le gouvernement russe a décidé de se retirer des accords jadis conclus avec le Japon sur la procédure des visites réciproques et des facilités sur les îles de Kunashir, Iturup et de la Petite Crête des Kouriles accordées aux citoyens japonais vivant sur ces îles et les membres de leur famille. Cet accord était en vigueur depuis 1999.
Le même jour, le Forum économique oriental s'est ouvert à Vladivostok, auquel ont participé de nombreux délégués non seulement de Russie, mais aussi d'autres pays, y compris des fonctionnaires de haut rang. Au même moment, les exercices militaires Vostok-2022 étaient en cours, impliquant cinq camps d'entraînement et les eaux de deux mers, la mer d'Okhotsk et la mer du Japon. Deux pays pourtant ennemis de longue date, la Chine et l'Inde, étaient impliqués.
Même isolés, ces événements semblent assez impressionnants. Et les décisions prises seront lourdes de conséquences. Bien que ce soit habituellement une façon de s'exprimer par des actions hostiles, dans ce contexte, il est possible de parler d'aspects positifs de la politique russe. La perspective s'ouvre de créer une autre ville en Extrême-Orient avec une zone économique libre. Des mesures de stimulation financière et économique sont mises en œuvre. D'autres perspectives s'ouvrent également pour l'activité économique à l'étranger.
Le Myanmar (dont les dirigeants étaient présents au forum de Vladivostok) prévoit d'acheter du pétrole russe. Dans le contexte de la diversification des approvisionnements énergétiques, le nouvel accord entre la Russie et la Chine sur le passage complet au rouble et au yuan dans les règlements mutuels est une nouvelle importante. La quantité totale de gaz naturel fournie passera à 48 milliards de mètres cubes par an. En comparaison, la capacité des deux pipelines Nord Stream est de 55 milliards de mètres cubes par an. Même si le volume total des approvisionnements de l'Europe et de la Turquie s'élève à 135,75 milliards de mètres cubes (chiffres pour 2020).
Ainsi, la Chine pourra acheter à elle seule plus de 30 % du volume de gaz européen. Cela indique un véritable virage vers l'Est. Plus précisément, vers l'Asie du Sud-Est, qui est en train de devenir le moteur de l'économie mondiale.
Il convient de noter que le concept de se tourner vers les pays asiatiques remonte à l'époque de l'Empire russe. La doctrine de l'"orientalisme" a été proposée par le prince Esper Ukhtomsky (photo). Dans son petit mais perspicace ouvrage intitulé "On Events in China: On the Relations of the West and Russia with the East", Ukhtomsky a noté l'importance de l'interaction avec les pays de cette région, les tentatives des puissances occidentales d'y semer la méfiance à l'égard de la Russie, et une incompréhension générale du potentiel de ces pays de la part des politiciens européens. Déjà à l'époque, Esper Ukhtomsky notait que la Chine ne dormait pas, comme le croyaient les impérialistes d'Europe occidentale, mais qu'elle s'éveillait au mouvement ; le pays était "si puissant et énorme qu'il est difficile d'imaginer ce qu'il deviendra dans quelques décennies" (ndt: le Prince Ukhtomsky est en quelque sorte un précurseur d'Alain Peyrefitte qui écrivit en français un livre qui fit, à l'époque, beaucoup de bruit, Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera...).
Comme nous pouvons le constater, les prédictions d'Ukhtomsky sont devenues réalité. Tout comme l'eurasisme, un autre mouvement idéologique né il y a un siècle parmi les émigrants blancs, est en train de devenir une réalité. Les Eurasistes ont critiqué la culture et la politique européennes décadentes pour leur nature explicitement raciste et ont proposé le concept de Russie-Eurasie en tant qu'unité culturelle et historique distincte, séparée à la fois de l'Europe et des cultures asiatiques uniques ayant leur propre identité.
Le renforcement de la souveraineté de la Russie, comme l'a noté Vladimir Poutine lors du Forum économique oriental, fait partie du concept d'eurasisme, d'autant plus que la Russie est le fleuron de l'Union économique eurasienne, qui vise à réintégrer l'espace post-soviétique. En tant qu'État souverain, la Russie souhaite renforcer ses relations avec les États également souverains sur la base du principe du respect mutuel. Les vassaux et les satellites des États-Unis ne veulent pas d'un tel scénario, car ils veulent que ces Etats se contentent du statut et du rôle de client qui leur a été imposé. Par conséquent, s'ils adhèrent encore et toujours aux mirages occidentalistes, ils continueront à perdre leur souveraineté, cette fois sous le prétexte de renforcer la défense collective contre la Russie (ou la Chine).
À cet égard, le président Poutine a déclaré que "l'épidémie a été remplacée par d'autres défis, également de nature globale, qui menacent le monde entier. Je fais référence à la frénésie des sanctions qui agite l'Occident, à ses tentatives flagrantes et agressives d'imposer des modèles spécifiques de comportement aux autres pays, de les priver de leur souveraineté et de les soumettre à sa volonté. Il n'y a rien d'inhabituel à cela: c'est une politique que l'Occident collectif mène depuis des décennies. Le catalyseur de ces processus a été le déclin de la domination mondiale des États-Unis en politique et en économie, associé au refus obstiné et à l'incapacité des élites occidentales à voir et à reconnaître les réalités objectives...
Des changements irréversibles, on pourrait dire tectoniques, se sont récemment produits dans le système des relations internationales... Nous n'avons rien perdu et nous ne perdrons rien. En termes de ce que nous avons gagné, je peux dire que le principal gain a été le renforcement de notre souveraineté, et c'est le résultat inévitable de ce qui se passe maintenant. Bien sûr, une certaine polarisation a lieu, tant dans le monde qu'au sein du pays, mais je crois que cela ne sera que bénéfique, car tout ce qui est inutile, nuisible et qui nous empêche d'avancer sera rejeté. Nous allons accélérer le rythme du développement car le développement moderne ne peut être fondé que sur la souveraineté. Toutes nos démarches visent à renforcer la souveraineté".
Enfin, tout ceci se déroule sur fond d'aggravation de la crise énergétique en Europe et d'une hausse significative de l'inflation aux États-Unis. Il est déjà clair que si la confrontation géopolitique collective de l'Occident avec la Russie se poursuit, il ne sera pas en mesure d'obtenir des ressources énergétiques bon marché, comme c'était le cas auparavant. L'absence de réserves suffisantes de gaz naturel détruira des secteurs économiques importants, tels que la métallurgie, les machines-outils, la transformation, la pétrochimie, réduira considérablement le secteur agricole en raison des prix élevés de l'électricité et des engrais, et affectera directement le bien-être des ménages. Il semble que l'Occident va bientôt sombrer dans le chaos et les ténèbres. Et la Russie continuera à se tourner vers l'Est, au sens large du terme.
Publié initialement dans Oriental Review.
12:27 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Eurasisme, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, russie, asie, chine, myanmar, affaires européennes, affaires asiatiques, politique internationale, eurasie, eurasisme, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'ordre du chaos au 21ème siècle
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2022/09/08/2000-luvun-spektaakkelit-ja-kaaoksen-jarjestys/
Résumons rapidement les événements du 21ème siècle, du drame terroriste du 11 septembre 2001 à la crise financière de 2008, qui ont conduit à la nécessité d'une "pandémie" en 2020, avec des confinements et des mesures restrictives. Le même jeu de politique économique se joue maintenant sous prétexte du conflit en Ukraine, qui sert de justification à une crise énergétique.
Tous les États sont plus ou moins volontairement impliqués dans ce jeu effrayant de démantèlement contrôlé de l'ordre ancien pour construire les centres de pouvoir de la "nouvelle normalité" qui, à mesure que la "quatrième révolution industrielle" progresse, révolutionneront la vie sociale, la politique et le système économique du monde.
Le public n'est pas consulté dans ce tourbillon de changements, mais, avec l'aide des politiciens, des experts et des (faux) médias du pouvoir, tout est présenté comme une "nécessité": on oblige les gens à se soumettre à des "conditions exceptionnelles" et à accepter pour argent comptant des "nouvelles" spéculatives sur les sacrifices futurs à consentirsur , la baisse inévitable du niveau de vie, sur les coupures de courant et les douches froides.
Malheureusement, tout n'est pas que théorie du complot, mais on peut arriver à ces conclusions en examinant les phénomènes tangibles qui se déroulent devant nous. La direction actuelle est conforme non seulement aux programmes de l'ONU, aux visions du Forum économique mondial, de Wall Street et des bourses de la City de Londres, mais aussi aux plans de l'OTAN et de l'UE.
Le grand slogan de l'administration Biden, le jargon maçonnique de "Build Back Better", semble poursuivre la doctrine du "conflit perpétuel" soutenu par le complexe militaro-industriel américain et le capitalisme destructeur, qui cherche à détruire l'ancien monde toujours plus vite. Du chaos émerge alors un nouvel ordre, l'Ordo ab Chao, comme le disent les ésotéristes de l'élite.
Comment ceux d'entre nous qui survivront à cette apocalypse pourront-ils renverser les anciens dirigeants ? Après tout, les gens ordinaires, les "mangeurs inutiles", selon les pouvoirs en place, ne sont même plus nécessaires, mais il faudrait radicalement amincir la population afin de "sauver le monde" pour la petite foule de psychopathes qui possèdent déjà tout. Bien sûr, on a encore besoin de sujets et de travailleurs humbles, mais pas dans les proportions d'aujourd'hui.
La croissance démographique, les ressources limitées et la surconsommation sont autant de menaces pour la planète. Avons-nous atteint les limites de la croissance et quelles en seront les conséquences ? Cette pensée "Linkola", qui ressemble à de l'écofascisme, combinée à la haute technologie, à l'eugénisme, à l'élimination des "inutiles" et à la survie darwinienne des "élus", semble s'être développée depuis longtemps derrière le masque de la "philanthropie" misanthropique du pouvoir de l'argent.
Est-ce que cela vous semble sombrement pessimiste ? On dit que la nuit est la plus sombre juste avant l'aube. Des temps meilleurs sont-ils encore à venir, même si à ce stade, les dissidents sont exclus des médias sociaux et que les opinions erronées peuvent même entraîner une peine de prison ?
Alors que nous sommes déjà entourés de tous les dangers possibles, est-il possible de ne plus avoir peur de rien ? Lorsque les gouvernements occidentaux augmenteront collectivement la misère de leurs citoyens, y aura-t-il une révolte populaire en Europe qui nécessitera encore de guillotiner les têtes des dirigeants les plus emblématiques de notre monde?
Ou bien la série de psychodrames de la société spectaculaire de l'Occident pourrait-elle culminer dans une "guerre des mondes" ? Aux États-Unis, les politiciens et les fonctionnaires ont commencé à parler de "phénomènes atmosphériques non identifiés", l'agence spatiale Nasa a annoncé qu'elle enquêtait sur les observations d'ovnis et le Pentagone a publié des rapports sur le sujet.
Lorsque tous les autres moyens auront été épuisés, des attaques terroristes aux dommages climatiques, un "ennemi commun" venu de l'espace apportera-t-il une paix plus durable sur Terre, où, comme les intellectuels du Club de Rome l'affirmaient déjà dans les années 1970, le pire virus et ennemi est l'humanité elle-même ?
Alors que le monde est en proie à la crise actuelle, on se demande quelles solutions existent. Sommes-nous condamnés à un optimisme cruel, vivant dans l'espoir d'un lendemain meilleur, alors que la réalité suggère le contraire ? Devons-nous sombrer dans le nihilisme politique ou nous engager dans une lutte pour la liberté, au moins dans le contexte de notre propre vie ?
18:55 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, chaos, ordre | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Rêve américain: le conflit en Ukraine poserait aussi des problèmes à la Chine
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2022/09/11/amerikkalaishaave-ukrainan-konfliktista-ongelmia-myos-kiinalle/
Hal Brands, spécialiste américain de la politique étrangère et partisan de l'atlantisme, affirme que "les mauvais résultats de la Russie en matière de combat posent également de sérieux problèmes à la Chine".
En lisant de telles analyses, il est bon de se rappeler que le chercheur regarde les choses à travers une lentille biaisée, celle de la politique étrangère et de sécurité américaine. Brands (photo) est également le co-auteur, avec Michael Beckley, d'un livre qui évalue l'escalade du conflit entre les États-Unis et la Chine dans un avenir proche.
Brands spécule et imagine que le président chinois Xi Jinping est probablement consterné que Poutine ait lancé une attaque aussi maladroite et incompétente contre l'Ukraine peu de temps après que Xi ait signé une déclaration d'"amitié illimitée" avec Poutine. Par ailleurs, on soupçonne que le Kremlin aurait informé les Chinois de ses plans à l'avance.
Du point de vue américain, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a causé des "revers stratégiques" à Pékin. Sous l'administration Biden, les États-Unis ont commencé à investir à Taïwan, les dépenses de défense dans la région indo-pacifique ont augmenté et la Chine a été menacée de nouvelles sanctions si Pékin venait à aider Moscou.
Toutefois, M. Brands estime que Pékin ne peut pas rester totalement inactif si la belligérance de la Russie en Ukraine prend un tournant défavorable à Moscou, car cela conduirait à tout le moins à une Russie affaiblie qui serait un allié moins utile et moins capable de distraire Washington.
À l'extrême, l'instabilité politique en Russie pourrait causer des difficultés pour le "partenariat stratégique" entre les deux pays, sur lequel Xi a tant investi, selon Brands. On craint également un effet domino, où les problèmes politiques du Kremlin se répercuteraient sur les pays partenaires de la Russie.
Selon M. Brands, la meilleure option des États-Unis dans la compétition contre la Chine est d'essayer de faire en sorte que la Russie ne gagne pas en Ukraine. Cela laisserait Xi dans une situation où il n'y aurait pas d'options faciles.
Le chercheur américain suppose que Poutine cherchera davantage de soutien de la part de la Chine si la position de la Russie se détériore. Si Pékin ne trouve pas le moyen d'apporter ce soutien, le partenariat entre les deux pays pourrait être fracturé. La Chine est-elle prête à soutenir plus ouvertement la Russie, même si elle souffre économiquement et politiquement de cette alliance ?
Officiellement, la Chine a mis l'accent sur une solution diplomatique comme voie vers le rétablissement de la paix, et la République populaire ne s'est pas rangée du côté de la Russie contre l'Ukraine, bien que certaines déclarations chinoises aient laissé entendre que l'Occident, et non la Russie, était l'instigateur ultime du conflit ukrainien. Comme la Russie, la Chine a critiqué les ambitions expansionnistes de l'OTAN.
Bien qu'un changement de direction ait été envisagé depuis des années, l'opération ukrainienne n'a fait qu'accélérer l'orientation de la Russie vers l'Asie, plutôt que vers l'Europe et l'Occident. S'exprimant lors du Forum économique oriental le 7 septembre, Poutine a souligné la "montée en puissance de l'Asie et du Pacifique" et a laissé entendre que l'Occident était "sur le déclin".
Ces dernières années, Poutine a signalé des "changements tectoniques irréversibles" dans les relations internationales. L'ordre libéral est en crise et le monde inflationniste est à bien des égards dans la tourmente: la crise ukrainienne fait également partie de cet enchevêtrement de problèmes.
La Russie peut-elle alors perdre la bataille contre les forces et les armements secrets de l'Occident, de l'OTAN, en Ukraine ? C'est le résultat espéré en Occident, où les médias ont salué chaque petit succès en Ukraine comme un tournant dans le cours des événements.
Pour autant, les mouvements opérationnels russes sont menés avec des effectifs très limités et aucun bombardier de type américain ne survole l'Ukraine. Le fait que le conflit se déroule selon les termes d'une crise économique et d'un démantèlement contrôlé du système actuel n'est pas quelque chose que dit Brands, en tant que répétiteur du récit politique dominant.
Vladimir Poutine et Xi Jinping se rencontreront prochainement lors de la réunion de l'Organisation de coopération de Shanghai à Samarkand, en Ouzbékistan, les 15 et 16 septembre. Les présidents se sont rencontrés pour la dernière fois en février lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'hiver de Pékin. Après les Jeux, la Russie a lancé son "opération militaire spéciale" en Ukraine et un nouveau rideau de fer est apparu pour diviser l'Est et l'Ouest.
18:36 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, politique internationale, chine, xi jinping, russie, ukraine, europe, asie, affaires européennes, affaires asiatiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le Parlement européen et la Commission dénient à la Hongrie le "statut de démocratie"
Source: https://www.unzensuriert.at/content/155465-eu-parlament-und-kommission-sprechen-ungarn-demokratie-status-ab/?utm_source=Unzensuriert-Infobrief&utm_medium=E-Mail&utm_campaign=Infobrief&pk_campaign=Unzensuriert-Infobrief
La Commission européenne et une majorité du Parlement européen ont fait preuve d'une autodiscipline incroyable en niant jeudi à la Hongrie le statut de pays démocratique. Un affront pour les citoyens d'un pays qui avaient accordé leur confiance à leur gouvernement lors d'élections libres et à une majorité écrasante. Les centralistes de l'UE menacent désormais de couper des milliards d'aides à la Hongrie.
Dans le même temps, ces mêmes personnalités politiques injectent des milliards d'euros en Ukraine et veulent même faire entrer ce pays dans l'UE. Un pays qui compte parmi les plus corrompus au monde et où les principes de l'État de droit sont très peu développés.
Les centralisateurs de l'UE déterminent ce qui est "démocratique"
Le député FPÖ et président du groupe parlementaire Autriche/Hongrie, Christian Hafenecker (photo), qualifie la résolution adoptée hier par le Parlement européen d'"acte arbitraire et d'affront inconcevable à la population hongroise, ainsi que d'ingérence illégitime dans les affaires internes d'un État souverain".
Pour Hafenecker, les centralistes bruxellois et leurs auxiliaires ont toujours eu en travers de la gorge le fait que le peuple hongrois soutienne majoritairement, lors des élections, une force politique et un gouvernement qui s'engagent pour le maintien de la souveraineté, de l'identité nationale et du socle de valeurs chrétiennes et occidentales de leur pays et de l'Europe. Il juge ainsi les motivations des deux instances européennes derrière cette décision.
Qu'est-ce qu'Ursula von der Leyen a à cacher?
Il est grotesque que ce soit la Commission européenne qui ose priver la Hongrie de son "statut de démocratie" et accuser son gouvernement de corruption. Un organe dont la présidente Ursula von der Leyen n'était même pas candidate en tête de liste lors des élections européennes, ce qui constitue une tromperie manifeste dont les électeurs européens sont victimes.
En outre, selon l'eurodéputé Harald Vilimsky (FPÖ), la présidente de la Commission devrait de toute urgence donner toutes les informations voulues sur son rôle personnel dans l'achat des vaccins. Selon Vilimsky, un rapport de la Cour des comptes européenne montre que la Commission ne veut pas donner de détails sur l'achat de ces vaccins auprès du groupe Biontech-Pfizer et que les messages SMS à ce sujet sont devenus subitement "introuvables" sur le téléphone portable de Mme von der Leyen.
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Elizabeth Windsor et Elizabeth Truss: un bilan intermédiaire
par Maxim Medovarov
Souce: https://www.ideeazione.com/elizabeth-windsor-ed-elizabeth-truss-risultati-intermedi/
Une évaluation sobre des capacités du système politique britannique dans une nouvelle phase de crise exceptionnellement aiguë du développement mondial s'impose.
Deux jours après avoir rencontré son homonyme et l'avoir confirmée comme Premier ministre, la reine Elizabeth II, minée par un stress excessif, a quitté ce monde. Il est difficile d'imaginer un moment plus symbolique et providentiel.
La Reine a commencé à régner sur le pays avec Churchill et l'a laissé avec Truss: la dégradation est évidente, mais le vecteur politique du premier et de la seconde est le même. Elizabeth II, en tant que monarque, n'a jamais été une figure décorative et a toujours été impliquée dans les affaires publiques bien plus que ce que l'on pouvait attendre d'elle. Même la première fois qu'il lui a parlé de politique, Churchill a été interpelé par la profondeur de ses connaissances.
Il ne fait aucun doute qu'Elizabeth II partage non seulement formellement (en tant que monarque qui ordonne l'usage de la force), mais en fait avec ses premiers ministres, la responsabilité de toutes les interventions, guerres, répressions et coups d'État dans le monde déclenchés par la Grande-Bretagne au cours des 70 dernières années. Le symbole de la complicité personnelle de la Reine dans les crimes de guerre a été sa prestation devant un piano volé au palais de Saddam Hussein. Et puis il y a eu et il y a Suez, les Malouines, l'Irak, la Yougoslavie, la Libye, la Syrie, l'Ukraine: partout l'élite britannique a laissé des marques sanglantes dans le monde au cours des 70 ans de règne d'Elizabeth II. Les réseaux sociaux en Argentine, en Iran, en Égypte se réjouissent aujourd'hui de la nouvelle de la mort de la reine.
Pour la société britannique elle-même, ce furent 70 ans de dégradation de la culture, de l'éducation, des infrastructures, de la protection sociale, des soins de santé et de l'économie. Aujourd'hui, les gens ordinaires et les villes du Royaume-Uni sont plus pauvres et plus ruinés qu'il y a seulement un demi-siècle. Un tiers de la population britannique est constituée d'immigrants ou de descendants d'immigrants, un fait qui se reflète désormais de manière éclatante au niveau du gouvernement et du parlement.
Le Commonwealth britannique s'est effondré sous nos yeux au cours des deux dernières décennies. L'Inde a même rompu ses liens symboliques avec Londres et mène une politique totalement indépendante. Les Fidji ont fait sécession du Commonwealth, la Barbade de la Couronne britannique. L'Australie et la Jamaïque abordent pour la première fois une discussion politique sérieuse sur la sécession, sur le rejet de la souveraineté britannique suite au prochain couronnement de Charles. Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à une sécession immédiate, mais le processus est en cours. En quelques années, Londres pourrait - si les circonstances extérieures le permettent - perdre non seulement ces territoires d'outre-mer, mais aussi l'Écosse et l'Irlande du Nord, devenant ainsi un royaume divisé.
Le décès d'Elizabeth II ne peut pas être simplement évoqué comme s'il s'agissait d'une simple question d'âge. Sa mère et son mari ont vécu plus longtemps qu'elle. Elle s'inscrit dans la tendance de l'année 2022, avec la grande guerre de libération en Ukraine et le glissement tectonique de l'économie mondiale vers la multipolarité, avec les décès symboliques de ceux qui incarnaient cette époque proche et révolue, de Jirinovski aux responsables de l'effondrement de l'Union soviétique. En l'espace de quatre mois, Chouchkevitch, Kravchuk, Burbulis, Bakatin et Gorbatchev sont morts les uns après les autres, ce qui ne peut être une simple coïncidence. Elizabeth II trouve logiquement sa place dans cette énumération nécrologique, tandis que les noms de Biden, Kissinger et Soros manquent encore à l'appel.
Elizabeth II était un symbole de l'atlantisme "doux". Il semble qu'elle n'ait fait des commentaires ouvertement anti-russes qu'une seule fois, il y a quelques années, dans un discours du trône devant le Parlement. Son rôle dans le système atlantiste était de représenter le "bon flic" face à ses premiers ministres. Aujourd'hui, les masques sont tombés et la catastrophe anthropologique vivante qu'est aujourd'hui la Grande-Bretagne, en la personne de Liz Truss, est harmonieusement complétée par le roi Charles III de Grande-Bretagne, caricatural et très mal aimé, qui a battu tous les records d'âge pour accéder au trône.
Le choix du nom de Charles pour le trône, d'une part, ramène pour la première fois la couronne britannique au souvenir des Stuarts et à ses racines écossaises. Bien qu'il n'y ait pas une goutte de sang anglais ou écossais chez Elizabeth et Charles, seulement du sang allemand et un peu de sang danois, tous deux ont pris soin de donner la priorité à l'Écosse dans leurs visites et leurs titres. Ce n'est pas une coïncidence si la reine a passé les derniers mois de sa vie au château de Balmoral, en Écosse.
D'autre part, Charles II (1766-1788) était le nom du prétendant au trône britannique, le légendaire favori Charles Edward Stuart, "Bonnie Prince Charlie", dont le monument se dresse même à Derby, en Angleterre. Dans cette optique, le choix par le nouveau roi du nom de Charles III révèle un accent délibérément provocateur de sa succession aux monarques libéraux et oligarchiques qui gouvernent les îles depuis 1689 et qui sont étroitement alliés à l'élite financière et politique de la City. Le Prince Charles a longtemps cherché à se créer une drôle de réputation de champion du traditionalisme, mais ces dernières années ont montré à quel point il l'était.
L'engagement du nouveau roi envers l'atlantisme et le mondialisme sera tout aussi ferme que celui du nouveau premier ministre. Mais une nouvelle ère se profile à l'horizon, une ère sans Gorbatchev, si vous voulez ; et les différences se manifesteront par une profonde crise politique intérieure, un effondrement énergétique et une rupture complète des procédures démocratiques, même apparentes (c'est déjà le troisième premier ministre à arriver au pouvoir sans élections générales et malgré la haine de la majorité de la population du pays).
Du point de vue de la Russie, il n'y a pas lieu de se réjouir ou de se désoler. Il est nécessaire de procéder à une évaluation sobre des capacités réelles du système politique britannique dans la nouvelle phase, extraordinairement aiguë, du développement mondial. Mais l'écrasante majorité de la population britannique, selon tous les sondages et enquêtes, n'est manifestement pas heureuse de voir Charles III devenir ou de voir Liz Truss ou Boris Johnson à la tête du gouvernement, ou de subir l'imposition autoritaire du programme LGBT ou de se voir administrer des factures astronomiques d'électricité et de chauffage. On ne peut que lui présenter nos condoléances.
18:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, angleterre, grande-bretagne, royaume-uni, élisabeth ii, liz truss, charles iii | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Bertrand de Jouvenel et la démocratie totalitaire
Nicolas Bonnal
Sous les menaces et les souffrances de l'invasion, observe Taine, le peuple a consenti à la conscription: Il la croyait accidentelle et temporaire. Après la victoire et la paix, son gouvernement continue à la réclamer: elle devient permanente et définitive; après les traités de Lunéville et d'Amiens, Napoléon la maintient en France; après les traités de Paris et de Vienne, le gouvernement prussien la maintient en Prusse.
De guerre en guerre, l'institution s'est aggravée: comme une contagion elle s'est propagée d'État en État; à présent elle a gagné toute l'Europe continentale, et elle y règne avec le compagnon naturel qui toujours la précède ou la suit, avec son frère jumeau, avec le suffrage universel, chacun des deux plus ou moins produit au jour et tirant après soi l'autre, plus ou moins incomplet ou déguisé, tous les deux conducteurs ou régulateurs aveugles et formidables de l'histoire future, l'un mettant dans les mains de chaque adulte un bulletin de vote, l'autre mettant sur le dos de chaque adulte un sac de soldat: avec quelles promesses de massacre et de banqueroute pour le 20ème siècle, avec quelle exaspération des rancunes et des défiances internationales, avec quelle déperdition du travail humain, par quelle perversion des découvertes productives, par quel recul vers les formes inférieures et malsaines des vieilles sociétés militantes, par quel pas rétrograde vers les instincts égoïstes et brutaux, vers les sentiments, les moeurs et la morale de la cité antique et de la tribu barbare, nous le savons...
Comme dans les démocraties le peuple paraît faire à peu près ce qu'il veut, on a mis la liberté dans ces sortes de gouvernements, et on a confondu le pouvoir du peuple avec la liberté du peuple.
Cette confusion est le principe du despotisme moderne. On peut, par des institutions sagement combinées, assurer la garantie effective de chaque personne contre le Pouvoir. Mais il n'y a point d'institutions qui permettent de faire concourir chaque personne à l'exercice du Pouvoir, car le Pouvoir est commandement et tous ne peuvent commander. La souveraineté du peuple n'est donc qu'une fiction et c'est une fiction qui ne peut être à la longue que destructive des libertés individuelles.
La volonté royale était connue pour celle du personnage couronné, de son favori, de son ministre: elle était par là humaine et particulière, de plain-pied avec les autres volontés. La volonté du Pouvoir démocratique se dit générale. Elle accable chaque individu sous le poids de la totalité des individus qu'elle représente, et opprime chaque intérêt particulier au nom d'un intérêt général qui s'incarne en elle.
La fiction démocratique prête aux régents l'autorité du Tout. C'est le Tout qui veut, c'est le Tout qui agit.
Soin dont Tocqueville a été l'observateur effrayé: « Les vieux pouvoirs locaux disparaissent sans se rajeunir ou être remplacés par rien, et partout à leur place le gouvernement central prend la direction des affaires. Toute l'Allemagne donnerait plus ou moins le même spectacle, je puis dire tout le continent. Partout on sort de la liberté du Moyen Age, non pour entrer dans la liberté moderne mais pour retourner au despotisme antique, car la centralisation, ce n'est autre chose que l'administration de l'empire romain modernisée.» Lettre à H. de Tocqueville dans OEuvres, t. VII, p. 322-323.
Sieyès :
La France ne doit point être un assemblage de petites nations qui se gouverneraient séparément en démocraties, elle n'est point une collection d'États; elle est un tout unique, composé de parties intégrantes; ces parties ne doivent point avoir séparément une existence complète parce qu'elles ne sont point des touts simplement unis, mais des parties formant un seul tout. Cette différence est grande, elle nous intéresse essentiellement. Tout est perdu si nous nous permettons de considérer les Municipalités qui s'établissent, ou les Districts ou les Provinces, comme autant de républiques unies seulement sous les rapports de force et de protection commune.
Tout pouvoir fait nécessairement la guerre aux tendances centrifuges. Mais la conduite du Pouvoir démocratique offre des particularités remarquables. Il se présente comme venant libérer l'homme des contraintes que faisait peser sur lui l'ancien Pouvoir, issu plus ou moins directement de la conquête. Pourtant la Convention guillotine les fédéralistes, le Parlement d'Angleterre écrase, sous des répressions qui sont parmi les plus sanglantes de l'Histoire, le séparatisme national irlandais, le Gouvernement de Washington déchaîne une guerre telle que l'Europe n'en avait pas encore vu pour étouffer les tentatives des États du Sud de s'organiser en corps séparé. Faut-il citer encore l'action de la République espagnole en 1934 contre la volonté d'indépendance catalane?
Loin que le peuple soit seul auteur des lois, il ne lui est même pas permis de se prononcer sur les plus générales, qui affectent le plus profondément son existence. Quoiqu'il existe un mode de consultation populaire, le référendum, qui a fait ses preuves en Suisse, le Pouvoir démocratique n'a garde d'y recourir.
Le vocable même d'intérêt particulier est alors devenu et demeuré une manière d'injure, évolution du langage qui reflète, pour peu qu'on y réfléchisse, la perpétuelle mobilisation de l'opinion sociale contre les fractions constituantes de la communauté.
431 L'Autorité n'est plus alors qu'un enjeu, elle perd toute stabilité, toute considération. Le caractère de ceux qui l'exercent va sans cesse s'abaissant jusqu'à ce qu'enfin le Palais du Commandement ait un occupant qui décide de ne point s'en laisser chasser: c'est le tyran.
434 Et le philosophe rangeait parmi les passifs « tous ceux qui pour la conservation de leur existence, leur nourriture ou leur protection, dépendent d'un autre particulier », c'est-à-dire qu'il aurait refusé le droit de vote à tout le personnel salarié d'une usine. Ce n'est pas, chez d'autres penseurs, l'indépendance mais le loisir qui est le critère des droits civiques. Et ici l'on sent l'influence d'Aristote: c'est le loisir de réfléchir aux affaires publiques qui fait le citoyen, point de loisir point de citoyen. On trouve chez Sieyès et même chez Rousseau comme un regret honteux des facilités que l'esclavage antique donnait à l'homme libre pour former une opinion éclairée.
440 L'avilissement de l'électeur et l'abaissement de l'élu ne sont encore qu'accidentels. Ils vont progressivement devenir systématiques. Des syndicats d'intérêts et d'ambitions se formeront qui, regardant l'assemblée comme une simple attributrice du Pouvoir et le peuple comme un simple remplisseur de l'assemblée, s'ingénieront à capter les suffrages pour investir des députés dociles qui rapporteront à leurs maîtres l'enjeu de toute l'opération; le commandement de la Société.
441 C'étaient de grands esprits, les Rousseau, les Jefferson. Les techniciens de la machine n'ont pas de si hautes prétentions; mais ils connaissent l'homme réel, qui veut de la chaleur, de la camaraderie, de l'esprit d'équipe, et qui est capable pour son clan de nobles sacrifices. Fondée sur une psychologie empirique, la machine réduit au néant et au ridicule les prétentions de la philosophie politique.
444 Loin d'éveiller la capacité citoyenne chez ceux qui ne la possèdent pas encore, on l'éteint chez ceux qui l'ont acquise.
Pour étouffer la curiosité que peut inspirer un orateur éminent du bord adverse, pour combattre l'envie de s'instruire par la connaissance d'arguments différents, pour anéantir cette gentillesse naturelle qui prédispose l'homme en faveur de son prochain, on fait vibrer la corde du loyalisme. C'est trahison de lire le journal de l'ennemi, de se rendre à ses réunions sinon pour couvrir sa voix et ensuite le réfuter d'après un canevas passe-partout. Car la bataille politique est une véritable guerre. Baudelaire s'étonnait déjà d'y trouver un langage militaire: « L'avantgarde de la démocratie ", « à la pointe du combat républicain ", et autres. Le poète avait raison. On a transformé les électeurs en soldats, en « militants ". C'est que leurs meneurs sont des conquérants du Pouvoir.
445 La machine a commencé d'écarter les intelligences et les caractères. Maintenant ils s'écartent d'eux-mêmes. Le ton et l'allure de l'assemblée vont s'abaissant. Elle perd toute considérationl . La puissance effective quitte d'ailleurs l'assemblée à mesure que les partis gagnent en consistance et en discipline. Si l'un d'eux dispose d'assez de sièges pour dominer l'assemblée, elle n'est plus qu'une chambre d'enregistrement de ses décisions. Dans ces conditions aucun gouvernement n'est possible que celui voulu par le parti, que celui du parti.
448 Ainsi la pratique des partis a fait passer la Souveraineté du Parlement à la Machine victorieuse et les élections ne sont plus qu'un plébiscite par lequel tout un peuple se remet entre les mains d'une équipe.
449 Les citoyens acceptent cette tyrannie et ne la haïssent que trop tard.
425 Mais on remarque que là même où la poussée du Pouvoir ne les dépossède point, les citoyens se déchargent eux-mêmes.
17:49 Publié dans Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théorie politique, philosophie politique, politologie, sciences politiques, bertrand de jouvenel, nicolas bonnal | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Pour la Wallonie et l’Ordre Nouveau: Pierre Hubermont
par Christophe Dolbeau
Source: Christophe Dolbeau, Les Parias, Ed. Akribeia (commandes: https://www.akribeia.fr/collaboration-vichy/2163-les-parias.html).
Le 10 mai 1940, les troupes allemandes pénètrent en Belgique et déferlent sur les Ardennes. L’assaut est irrésistible : la Wehrmacht entre à Bruxelles le 17 mai et le roi Léopold III capitule onze jours plus tard. Réalisée en moins de trois semaines, cette invasion n’est pas ressentie de la même façon par tous les sujets du royaume. Force est de dire que si une majorité de patriotes en est indubitablement catastrophée, une forte minorité s’en accommode plutôt bien. Aux premiers rangs de cette minorité figurent bien sûr les nationalistes et séparatistes flamands, tous les pro-fascistes du pays, mais aussi de larges couches du prolétariat. Dans son manifeste du 28 juin 1940, Henri De Man (1), le chef du Parti Ouvrier Belge, se montre d’ailleurs très clair : « Pour les classes laborieuses et pour le socialisme », écrit-il, « cet effrondrement d’un monde décrépit, loin d’être un désastre, est une délivrance ». Ce constat, nombre de gens de gauche et d’extrême-gauche le partagent et c’est donc sans grands scrupules qu’ils vont rapidement adhérer à la politique de collaboration. On sait le rôle capital que jouera en France la gauche collaborationniste (2) et l’on se souvient de gens comme Marcel Capron (3), Georges Yvetot (4), André Thérive (5) ou Pierre Hamp (6). Eh bien, il en sera de même en Belgique où plusieurs « célébrités » de gauche vont résolument s’engager en faveur de l’ordre nouveau. On connaît généralement bien les noms d’Henri De Man et Edgar Delvo (1905-1999), les responsables de l’Union des Travailleurs Manuels et Intellectuels (UTMI), mais beaucoup moins celui de Pierre Hubermont, journaliste et écrivain wallon qui paiera fort cher son soutien à l’Europe Nouvelle.
Écrivain prolétarien
De son vrai nom Joseph Jumeau, c’est le 25 avril 1903 que Pierre Hubermont vient au monde à Wihéries, à l’orée du bassin borain. Fils de Nicolas Jumeau et de Maria-Bernardine Abrassart, il possède un frère aîné, François, et aura bientôt une sœur prénommée Adolphine (Addy). Le grand-père, Charles, était mineur de fond et membre de la Ière Internationale, et quant au père, Nicolas, il est également mineur ; fondateur et animateur de la section locale de la fédération des syndicats du Borinage, c’est un socialiste convaincu qui sera conseiller municipal (1908) et finira même par être bourgmestre (1921). L’enfance de Joseph est assez grise pour ne pas dire carrément morose : il a dix ans à peine lorsque sa mère, atteinte d’une sorte de folie mystique, est internée, ce qui traumatise profondément le jeune garçon. Sage et studieux, il fréquente l’école moyenne (collège) de Quiévrain et suit peu après des cours de sténo-dactylo, en vue de faire une petite carrière de col blanc, sans doute dans les bureaux des charbonages. Peut-être un peu déçu et contrarié par cette perspective qui rompt avec la tradition familiale, Nicolas oblige alors son fils à effectuer quelques travaux manuels. L’adolescent sera donc successivement manœuvre maçon, sur le chantier de construction de la Maison du Peuple, puis porteur d’eau, foreur de puits artésien, chargeur de briques et enfin aide-opérateur de cinéma. Ces activités ne lui ôtent pas l’envie d’écrire et de raconter, inclination qui le pousse à adresser quelques petits textes, dont un conte, à L’Avenir du Borinage, organe officiel du Parti Ouvrier. Au journal, quelqu’un a dû deviner le potentiel du jeune homme puisqu’en août 1920, tout juste âgé de 17 ans, il est embauché comme rédacteur. Au contact quotidien de cette presse militante et des professionnels de l’écriture, sa vocation va vite se confirmer. En 1923, il signe son tout premier ouvrage, Synthèse poétique d’un rêve, un modeste recueil de vers libres auquel Les Nouvelles littéraires de Maurice Martin du Gard font l’honneur de consacrer un écho élogieux. C’est un signal encourageant mais encore timide. En fait, le véritable élan va lui venir de sa rencontre, en 1927, avec Augustin Habaru (1898-1944), un jeune journaliste communiste, collaborateur du Drapeau rouge et bras droit d’Henri Barbusse, qui l’entraîne vers la littérature prolétarienne, un domaine avant-gardiste et révolutionnaire.
Cette même année 1927, Joseph Jumeau, alias Pierre Hubermont, publie un court roman, Notre mère la houille, dans les pages de La Nation belge, suivi quelques mois plus tard, mais cette fois dans les colonnes de L’Humanité, de La terre assassinée. L’engagement pro-communiste du jeune écrivain ne fait désormais plus aucun doute. Sa technique d’écriture s’améliore et sa renommée s’affirme. Bien conscient de posséder un style original et soucieux de créer, face à la littérature bourgeoise, une vigoureuse littérature du prolétariat, parlant « le franc et rude langage du peuple » (7), il s’associe à plusieurs auteurs de sa génération et lance avec eux la revue Tentatives dont la grande référence sera le Manifeste de l’équipe belge des écrivains prolétariens de langue française. Né en avril 1928 autour de Charles Plisnier et Marc Bernard, tous deux futurs prix Goncourt, Augustin Habaru, Francis André, Benjamin Goriely (8), Albert Ayguesparse (9) et lui-même, ce magazine de littérature et de culture prolétarienne va durer un an, avant de se transformer en Prospections. Jugeant dès lors que la publication a trop tendance à s’embourgeoiser et à faire montre de complaisance envers le surréalisme, le dadaïsme et autres modes non-prolétaires, il quitte le groupe et s’en va explorer d’autres territoires. En fait, à cette époque, il vient de faire paraître Les Cordonniers, un petit texte d’une trentaine de pages, et se rapproche d’Henry Poulaille (1896-1980) qui milite en faveur d’une littérature faite par le peuple et pour le peuple. Plus radicaux que les populistes (André Thérive, Eugène Dabit), ils n’admettent dans leurs rangs, à la revue Nouvel Âge, que des auteurs vraiment prolétaires (10). Du 6 au 15 novembre 1930, Hubermont est à Kharkov, en URSS, où il participe à une mémorable Conférence internationale des écrivains prolétariens et révolutionnaires. Plus que pour les débats théoriques (qui verront la condamnation de ses amis de la revue Monde), il est surtout venu discuter d’un projet d’adaptation cinématographique de l’une de ses nouvelles, Au fond de la veine 6. Au final, l’affaire ne se fera pas car les Soviétiques voudraient modifier la personnalité de l’un de ses personnages (un délégué socialiste qu’ils tiennent pour un traître à la classe ouvrière), ce que l’écrivain refuse catégoriquement. Il n’a aucunement l’intention d’abandonner la littérature pour faire de la propagande…
L’année 1930 voit également la sortie de Treize hommes dans la mine, un court roman qui va lui valoir un renom international. Inspiré par la terrible catastrophe minière de Courrières (11) et par l’incident de Marcinelle (12), ce livre paraît à Paris, chez Georges Valois (13), mais il sera bientôt traduit en néerlandais, en anglais et en russe. L’écho du récit d’Hubermont est d’autant plus fort qu’un incident survient, au début du mois de mai 1931, à Hornu-Wasmes où six mineurs se retrouvent coincés par un éboulement au fond du puits n° 8, à plus de 900 mètres sous terre. Adapté par une radio américaine (1931), ce texte donne également naissance à Germinal, une pièce radiophonique qui sera diffusée, en mai 1934, par l’INR (14). Il suscite enfin l’intérêt du musicien français André Jolivet (1905-1974) qui compose, pour baryton et piano, une Prière des treize hommes dans la mine (1931) que l’on interprète encore de nos jours. Remarqué par tout ce qui compte dans le milieu de la littérature prolétarienne, Treize hommes dans la mine vaut à Hubermont une vraie notoriété. Il sort désormais de la marginalité. En 1932, il adhère au manifeste du « groupe des écrivains prolétariens » de Poulaille, signe une nouvelle, Première descente, dans l’hebdomadaire anversois Tout (15 janvier) et publie Hardi ! Montarchain, un ouvrage qui attire à nouveau l’attention du public et de la critique. Dans ce roman, il met en effet en scène quelques personnages caricaturaux, notamment deux sœurs jumelles, institutrices à Ciply, qui se reconnaissent et portent aussitôt plainte contre l’auteur. Défendu par nombre de publications, dont le Figaro, Pierre Hubermont sera jugé à Mons, en 1934, et condamné pour diffamation envers les sœurs Liénard, ce qui assure un regain de publicité à son livre… « Pierre Hubermont », écrit Jacques Cordier (15), « est bien connu chez nous par tous ceux qui s’intéressent à la vie des lettres belges d’expression française ». On le dépeint, ajoute-t-il, comme « sensible, doux et cependant enthousiaste et énergique lorsqu’il s’agit de réclamer non point la pitié ou la charité, mais la justice pour ceux qu’il aime … les frustrés, les simples, les travailleurs dont il a bien connu l’existence lourde d’angoisse et de peine ».
Entré au journal Le Peuple, organe central du Parti Ouvrier, Pierre Hubermont, auteur consacré (certains affirment même qu’il aurait reçu, en 1936, le Prix du Hainaut), fait désormais partie des grandes plumes de la gauche belge. Proche d’Émile Vandervelde (1866-1938), le fondateur de l’Internationale ouvrière socialiste, il demeure néanmoins très indépendant et n’hésite pas, le cas échéant, à s’écarter de la ligne officielle, ce qui ne va pas sans créer parfois des problèmes. C’est ainsi qu’un désaccord avec Arthur Wauters (16) entraînera son départ du Peuple. Ces péripéties n’entravent toutefois pas la poursuite de sa carrière littéraire. En 1934, il publie, aux Œuvres libres (n° 151, février 1934) Du côté des anges, livre qui sera bientôt réédité chez Rieder, sous le nouveau titre de Marie des pauvres. Il s’agit d’un roman très intéressant qui traite du mysticisme, de la sainteté illusoire et de la folie ; on pense bien sûr à la maladie de la mère de l’auteur. Dans la revue Esprit (17) Edmond Humeau résume le livre en ces termes : « Journal d’une petite fille qui, dans la misère, s’est prise d’envie pour sainte Thérèse, voudrait être Ermelinde de Brabant et lentement cède à la folie (…) L’histoire se passe dans le Borinage (…) Il y a l’atmosphère du pays noir, ses luttes et la désespérante misère que les hommes corrigent en s’abrutissant et les femmes en se résignant ». Toujours très libre, Pierre Hubermont multiplie les contacts les plus divers : déjà en relation avec André Thérive et Georges Duhamel, qui ont relu Treize hommes dans la mine (18), il assiste, en juin 1935, au Premier congrès international des écrivains pour la défense de la culture, et fréquente également, à partir de 1936, le Groupe du Lundi dont il est l’une des figures de proue, avec Robert Poulet (1893-1989) et Franz Hellens (1881-1972). Très éclectique, ce cénacle, où l’on croise Michel de Ghelderode, Marie Gevers, le poète Georges Marlow, Gaston Pulings et Paul Werrie (19), publie, le 1er mars 1937, un manifeste à la gloire de la « France littéraire » à laquelle il rattache les lettres belges francophones. Journaliste en vue, Hubermont assure une chronique littéraire dans Le Rouge et le Noir, tout en poursuivant son œuvre romanesque. En 1938, il fait paraître L’Arbre creux, roman peut-être moins percutant et moins engagé que les précédents mais qui lui vaut tout de même une critique plutôt favorable, notamment de la part de Robert Poulet et du libertaire breton Armand Robin.
Vedette de la Collaboration
Lorsque la situation internationale commence vraiment à se détériorer, quelques intellectuels diffusent un manifeste qui prône la neutralité belge et la défense des valeurs de l’esprit. Sollicité, en septembre 1939, d’adhérer au texte, Hubermont ne donne pas suite. Promu par Robert Poulet, Mil Zankin (Gabriel Figeys) et Gaston Derijcke (Claude Elsen), le manifeste n’obtiendra le ralliement que de treize signataires. Bientôt appelé sous les drapeaux, l’écrivain se retrouve ensuite aux premières loges, en mai 1940, lors de la triste « campagne des dix-huit jours » et c’est en direct qu’il assiste à la déroute de l’armée belge. Rendu à la vie civile le 1er août, il est alors contacté par Paul Colin (1895-1943) qui lui offre de se joindre à l’équipe du Nouveau Journal qu’il s’apprête à lancer. Théoriquement, le quotidien a reçu le discret assentiment du roi Léopold, ce qui garantit la parfaite probité de l’entreprise. Pierre Hubermont répond donc favorablement et rejoint la rédaction du journal dont le premier numéro sort le mardi 1er octobre 1940. Dans la nouvelle publication, l’écrivain intègre le service qui traite des questions sociales, sous la houlette de Paul Herten (1894-1944). Il ne s’agit donc pas, en soi, d’une prestation bien compromettante, mais c’est en s’associant à une publication aussi franchement collaborationniste que Pierre Hubermont franchit le Rubicon. Pour mieux comprendre sa démarche, peut-être faut-il garder à l’esprit que, disciple de Sorel, l’homme n’a rien d’un modéré ni d’un attentiste, et qu’il subit alors la forte influence d’Henri De Man, dont nous avons rappelé plus haut les propos sans ambages. Fils du prolétariat hainuyer, Hubermont est loin d’être foncièrement hostile aux Allemands et à cet égard, il est à l’unisson de nombre de militants de gauche. « Pour ces militants », note une historienne, « l’allégeance allait au pays qui avait le système social le plus avantageux pour la classe ouvrière, en l’occurrence l’Allemagne, mère-patrie de la social-démocratie ». L’ordre social nazi, ajoute-t-elle assez justement, était tout à fait susceptible de séduire les ouvriers du Pays noir « dont l’idéologie était sociale-démocrate à la mode allemande et dont le type de vie était très proche de ceux de la Ruhr ou de la Sarre ». Et elle souligne enfin que « mines et sidérurgie forgent une solidarité implicite qui va au-delà de tous les autres clivages » (20).
Quoi qu’il en soit, Pierre Hubermont entre dès lors de plein pied dans la Collaboration. Caractère indocile (21), il ne restera cependant que quelques mois au Nouveau Journal où il supporte mal la férule de Paul Colin et l’acidité proverbiale de Robert Poulet, le rédacteur en chef. C’est surtout à partir de 1941 que s’accentue son engagement, l’écrivain se ralliant désormais très ouvertement à l’ordre nouveau et à l’Europe nouvelle. En Allemagne, quelques auteurs prolétariens ont fait des choix similaires (22) et en Belgique même, plusieurs collègues d’Hubermont cèderont, à des degrés divers, à la même tentation (23). « Il partait », écrira sa sœur Addy (24), « de l’idée que la Belgique avait toujours été le champ de bataille des puissances européennes rivales et que la fin des guerres européennes, que l’unification de l’Europe, ferait ipso facto la prospérité de la Belgique ». « Une cause », ajoute-t-elle, à laquelle mon frère restait fanatiquement attaché, en dehors des questions d’humanisme, était celle de l’Europe. Il était d’ailleurs européen dans la mesure où il était humaniste, considérant l’Europe comme la patrie de l’humanisme ». Il voit le futur Reich européen comme la renaissance du vieux Saint-Empire romain germanique. Dans cette perspective, le romancier multiplie les gestes symboliques. René Simar, un professeur de Duffel, ayant fondé une Communauté Culturelle Wallonne (CCW) qui se propose « de recréer l’âme et la culture wallonnes, d’en affirmer et d’en exalter l’originalité », Hubermont y adhère et en devient le secrétaire général. Il en sera bientôt le président, poste auquel il succèdera au peintre et statuaire Georges Wasterlain (1889-1963), lui aussi fils de mineur. Dans ce cadre, Hubermont insiste tout particulièrement sur l’existence et la vitalité d’une culture germanique mosellane, très proche de la culture rhénane… Forte d’un bon millier de membres, répartis en treize « chambres », cette CCW est un groupe extrêmement dynamique qui organise cours de langue, expositions, concerts, récitals et conférences. Soutenue par quelques personnalités connues et quelques experts (comme le germaniste liégeois Adolphe Léon Corin), la CCW diffuse plusieurs publications de bonne facture telles que le mensuel Wallonie (25) et les hebdomadaires Chez Nous et Terre Wallonne (26). Elle anime aussi des journées culturelles wallonnes (en mars 1942 à Liège, en septembre 1942 à Charleroi, en juin 1943 à Dinant) qui témoignent d’un assez bon niveau, évitent l’écueil de la propagande primaire et obtiennent, en conséquence, un écho certain. À l’initiative de Pierre Hubermont, la CCW envoie par ailleurs des enfants en colonies de vacances en Autriche, et organise au moins deux tournées d’artistes wallons dans le Reich. Regroupant une dizaine de personnes, un premier voyage se déroule entre le 23 septembre et le 5 octobre 1941. Il sera suivi d’une grande exposition (35 artistes) ou Wallonische Kunst der Gegenwart qui se produit à Düsseldorf (février-mars 1942), Wuppertal (26 avril-24 mai 1942) et Aix-la-Chapelle (août 1942). Ces événements permettent à des gens comme les sculpteurs Georges Wasterlain et Raymond Scuvée (prix de Rome), ou les peintres Henri Matthy et Pierre Duquène de vendre quelques œuvres et de se faire connaître en Allemagne.
Sculptures de Georges Wasterlain.
Si la direction de la CCW constitue l’une des activités majeures de Pierre Hubermont, ce dernier n’en abandonne pas pour autant le journalisme. Lorsqu’il quitte le Nouveau Journal, c’est en effet pour entrer (novembre 1941) à La Légia, le nouveau quotidien de Liège, où il va dorénavant occuper le poste délicat de directeur politique. Succédant à La Meuse, dont elle récupère les installations, La Légia a commencé de paraître le 25 mai 1940 et a vite adopté une ligne clairement germanophile (ce qui ne l’empêche pas d’avoir une diffusion très honnête de 75.000 à 90.000 exemplaires). Afin d’éviter tout malentendu, précisons tout de suite que le titre ne fait aucunement référence à une quelconque légion (fût-elle « Wallonie »), mais bien à un petit cours d’eau local qui porte ce nom. Sous l’influence d’Hubermont, le ton du journal se durcit sensiblement. « Dans ses éditoriaux », écrit Raoul Folcrey (27), « Hubermont jette les bases idéologiques d’une collaboration germano-wallonne : défense de l’originalité wallonne, rappel du passé millénaire commun entre Wallons et Allemands, critique de la politique française visant, depuis Richelieu, à annexer la rive gauche du Rhin, défense de l’UTMI [Union des travailleurs manuels et intellectuels] et de ses spécificités syndicales ». Outre ces contributions à La Légia, l’écrivain anime une émission (Chronique de la vie wallonne) sur les ondes de Radio-Bruxelles, et collabore à diverses publications, comme l’hebdomadaire satirique Voilà et bien sûr Wallonie dont il est l’un des fondateurs. Dans cette revue, il n’est pas rare qu’il fustige « le cosmopolitisme d’inspiration juive qui s’infiltrait partout par la littérature ». Oublieux de son amour passé pour les lettres françaises, il lui arrive aussi de dénoncer la NRF et « le snobisme francophile ». Hormis ces thèmes opportunistes et un peu de circonstance, il reste bien évidemment très attaché à « un art pour le peuple et jailli du peuple » et demeure fidèle à ses idéaux socialistes (28). Ce qu’il appelle de ses vœux, c’est un État populaire belge qui permette aux cultures wallonne et flamande de s’épanouir dans le respect mutuel, et qui impose une certaine écologie, face au grand capital qui exploite les faibles et détruit les sites naturels. Et s’il soutient l’Allemagne, c’est parce que, selon lui, celle-ci réalise la vraie démocratie, qui part de la base et s’exprime au travers des organismes sociaux.
L’orientation politique de Pierre Hubermont est pleinement confirmée par son adhésion à la Société Européenne des Écrivains ou Europäische Schriftsteller-Vereinigung (ESV) qui voit le jour à Weimar, le 24 octobre 1941 (29). Placée sous l’égide du Dr Gœbbels et destinée à regrouper les écrivains favorables à l’Axe, cette association possède bien entendu une Section Wallonne et Belge de Langue Française (SWBLF) dont Hubermont sera le porte-parole et Guillaume Samsoen de Gérard le secrétaire. Le groupe connaît un certain succès et attire quelques personnalités comme le journaliste Pierre Daye, le dynamique abbé Norbert Wallez (30), Marie Gevers, Francis André, Marcel Dehaye, et le poète patoisant Joseph Mignolet (31). En 1943, le groupe prend le nom de Fédération des Artistes Wallons et Belges d’Expession Française (FAWBEF), mais Hubermont en demeure la cheville ouvrière. Son appartenance à cette société le conduit (ainsi que les écrivains flamands Ferdinand Vercnocke et Filip de Pillecyn) à se rendre, fin avril 1943 et à l’invitation des Allemands, sur le site du charnier de Katyn afin d’y assister à l’exhumation des victimes du NKVD. Lors de ce funèbre déplacement, il fera la connaissance de l’ancien Premier ministre polonais Léon Kozlowski (1892-1944). À leur retour de Biélorussie, les trois Belges donneront une conférence de presse à Bruxelles et Hubermont fera paraître un bref compte-rendu de huit pages (J’étais à Katyn ! Témoignage oculaire)-(32).
Maudit et impénitent
En fin compte, l’aventure collaborationniste de Pierre Hubermont s’interrompt brutalement le 23 septembre 1944, date à laquelle il est appréhendé par les libérateurs du royaume et incarcéré à la prison de Saint-Gilles. Tenu pour un traître d’envergure, avec la circonstance aggravante d’être ou d’avoir été de gauche, son avenir semble dès lors fort sombre. Transféré à Liège, il comparaît le 17 avril 1945 devant le Conseil de guerre local qui dresse à son encontre un réquisitoire implacable. Convaincu de l’innocence du grand allié soviétique, l’un des auditeurs militaires ira même jusqu’à lui reprocher « l’infâme reportage » (sic) qu’il a commis au sujet du massacre de Katyn… Hubermont est défendu par Pierre Nothomb (33) qui parvient, non sans adresse, à atténuer la responsabilité de l’accusé, en jouant notamment sur la démence précoce de sa mère et sur le fait que le futur romancier a tenté de se pendre lorsqu’elle fut internée. En tout état de cause, dextérité du plaideur ou scrupules des juges, Pierre Hubermont évite finalement le poteau d’exécution et écope d’un emprisonnement à perpétuité. Cette condamnation paraît aujourd’hui bien lourde mais au regard des pratiques judiciaires de l’époque (34), il s’agit d’un verdict plutôt clément. D’ailleurs, la peine sera bientôt commuée en 16 ans de détention et Pierre Hubermont sera libéré le 20 novembre 1950.
Lorsqu’il sort de prison, l’écrivain, à l’instar de la plupart des « inciviques », n’est qu’un pestiféré dont nul ne veut plus entendre parler. Il peut bien se remettre à écrire, il ne trouvera plus jamais d’éditeur. On sait par exemple qu’il achève, en décembre 1976, un ouvrage sur Katyn (Khatyn, ce n’est pas Katyn), mais ce dernier ne sera jamais publié ; le tapuscrit dort encore dans un placard des archives nationales (CegeSoma). La détention n’a cependant pas brisé l’ancien militant révolutionnaire. Il participe de temps à autres aux colloques sur la littérature prolétarienne qu’organise le jésuite Paul Feller (vétéran de la 2e DB), et on le retrouve, au moment de la grande grève de l’hiver 1960-1961, dans les parages du Mouvement populaire wallon (MPW). Sous le pseudonyme de René Lapierre, il contribue alors, discrètement, à Combat, le journal du mouvement, où il tient une rubrique intitulée « Vérité de granit ». En tout cas, très favorable à André Renard (photo, ci-dessous), le chef du MPW, il ne lui ménage pas son soutien. « André Renard », écrit-il (35) ainsi, dans La Révolution prolétarienne, « est apparu comme ayant l’étoffe d’un homme d’État prolétarien et européen (…) Ce gars, qui a une puissante personnalité, se dégage (à la faveur d’une grève prématurément engagée à l’encontre de son avis raisonnable et raisonné), se dégage du carcan de la lourde bureaucratie syndicale (…) Grâce à lui, une politique réactionnaire est ébranlée et un socialisme mal en point reprend pied dans un pays où il se mourait d’un excès d’engraissement dormitoire » (36). Comme on le voit, à l’approche de la soixantaine, l’écrivain prolétarien n’a rien renié de ses convictions de jeunesse.
Ces quelques manifestations de présence demeurent toutefois très marginales. Définitivement exclu des lettres belges en 1944, Pierre Hubermont n’obtiendra jamais aucun pardon. Il ne sortira plus de l’anonymat, et c’est dans l’oubli total et l’indifférence générale qu’il s’éteindra, le 18 septembre 1989, à Jette, dans la périphérie bruxelloise.
Notes:
(1) note 12, p. … (P.Daye)
(2) Par le biais notamment du Rassemblement national populaire (RNP), du Parti populaire français (PPF), du Parti ouvrier et paysan français (POPF) ou de la Ligue de pensée française.
(3) Ouvrier tourneur, Marcel Capron (1896-1982) fut maire communiste d’Alfortville puis député communiste de Sceaux. Secrétaire général du POPF, il sera condamné à deux ans de prison et à la dégradation nationale en 1944, mais sera amnistié en 1953.
(4) Ouvrier typographe, Georges Yvetot (1868-1942) fut un célèbre militant anarchiste et syndicaliste révolutionnaire. En 1942, il présidait le Comité ouvrier de secours immédiat (Cosi).
(5) Journaliste, professeur et écrivain, André Thérive (1891-1967) fut le célèbre critique littéraire du journal Le Temps et le fondateur de l’école dite « populiste ». Brièvement emprisonné à la Libération, il collaborera régulièrement à Rivarol, aux Ecrits de Paris, à Paroles françaises et Carrefour.
(6) Ancien pâtissier, chef de gare et inspecteur du travail, l’écrivain Pierre Hamp (1876-1962) fut un ami de Charles Péguy. Socialiste et pacifiste, il a consacré de nombreux livres à la condition ouvrière.
(7) Voy. Manifeste de l’équipe belge des écrivains prolétariens de langue française (février 1929), cité par Jacques Cordier dans « Pierre Hubermont, un homme dans la mire (1903-1989) », in Pierre Hubermont, Treize hommes dans la mine, Bruxelles, Labor, 1993, p. 137.
(8) D’origine juive russe, Benjamin Goriely (1898-1986) a traduit de nombreux textes de littérature russe et consacré plusieurs études au monde soviétique ainsi qu’au nazisme. Il collabora au Drapeau rouge mais aussi à la revue Esprit et à l’Encyclopédie de la Pléiade.
(9) Instituteur et poète, Albert Ayguesparse (1900-1996) sera membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises en Belgique.
(10) Pour être vraiment un « écrivain prolétarien », il fallait impérativement être né de parents ouvriers ou paysans, être autodidacte, et témoigner dans ses écrits des conditions de vie de sa classe sociale d’origine.
(11) Le 10 mars 1906 et suite à un coup de grisou, 1099 mineurs trouvèrent la mort à Courrières. Le 30 mars, treize hommes remontèrent vivants, suivis le 4 avril par un ultime rescapé.
(12) En 1928 et lors d’un éboulement accidentel, quarante hommes furent coincés durant plusieurs heures dans une galerie de mine à Marcinelle.
(13) Disciple de Georges Sorel, Georges Valois (1878-1945) fut le fondateur du Faisceau (1925) et du Parti républicain syndicaliste. Voy. Yves Guchet, Georges Valois, Paris, L’Harmattan, 2001 ; Jean-Claude Valla, Georges Valois : de l’anarcho-syndicalisme au fascisme, Paris, Dualpha, 2017.
(14) Institut National de Radiodiffusion (INR) ou radio d’État belge, fondée en 1930.
(15) Jacques Cordier, op. cit., p. 151.
(16) Arthur Wauters (1890-1960) fut directeur politique du journal Le Peuple, puis député, sénateur, plusieurs fois ministre et ambassadeur (Varsovie, Moscou).
(17) Voy. Esprit de février 1935, p. 848.
(18) Voy. Bernard Delcord, « À propos de quelques ‘chapelles’ politico-littéraires en Belgique (1919-1945) », Cahiers d’histoire de la IIe Guerre mondiale, Centre de recherches et d’études historiques de la IIe Guerre mondiale, n° 10 (Bruxelles, octobre 1986), p. 176.
(19) Ibid, p. 173.
(20) Voy. Elsa Van Brusseghem-Loorne, « La Libération et l’Épuration en Belgique », Le Crapouillot, n°120 (Paris, juillet-août 1994), p. 63.
(21) C’est pour cela sans doute que Jacques Willequet le décrit sèchement comme « un caractériel qui frisait le dérèglement cérébral et qui passa son existence à se brouiller avec tout le monde » – voy. J. Willequet, La Belgique sous la botte, Paris, Editions universitaires, 1986, p. 172.
(22) Par exemple Max Barthel (1893-1975), Karl Bröger (1886-1944), August Winnig (1878-1956) et Hans Zöberlein (1895-1964).
(23) Notamment René Baert (1903-1945), Constant Malva (1903-1969), Marcel Parfondry (1904-1968) et Fernand Jouan.
(24) Voy. A. Jumeau, Bon sang ne peut mentir, Bruxelles, 1949 – cité par Raoul Folcrey, « La Gauche et la Collaboration en Belgique: De Man, les syndicats et le Front du Travail », Vouloir-Archives EROE (en ligne) ou Le Crapouillot, n° 110 (Paris, septembre-octobre 1992), p. 20-22 [version abrégée du même article].
(25) Collaborent à Wallonie Jean Denis, Gaston Derijcke, Francis André, l’abbé Wallez, Gabriel Figeys, Marie Gevers, Marcel Parfondry et Marcel Dehaye.
(26) À Terre Wallonne (qui s’est d’abord intitulé Notre Terre Wallonne), on trouve les signatures de Gilles Anthelme (Francis Soulié), Fernand Jouan, André Combaire et Jules van Erck.
(27) Voy. supra Raoul Folcrey, Vouloir-Archives EROE (en ligne).
(28) « Ce gauchiste », écrit J. Willequet (op.cit, p. 172), « n’eut jamais que deux passions : la Wallonie et le sort de la classe ouvrière ».
(29) Voy. C. Dolbeau, « Weimar 1941-1942 : la Société Européenne des Écrivains », Tabou, vol. 25 (Saint-Genis-Laval, 2019), pp. 160-183.
(30) Directeur du quotidien Le Vingtième Siècle, l’abbé Norbert Wallez (1882-1952) était un admirateur de Mussolini. Correspondant régulier de Charles Maurras et Léon Daudet, il embauchera Hergé et Léon Degrelle dans son journal. Emprisonné en 1944, il sera condamné (1947 et 1948) à cinq ans d’emprisonnement pour collaboration.
(31) Voy. Bernard Delcord, op. cit., p. 181-182.
(32) Ferdinand Vercnocke fait de même et publie Ik was in Katyn.
(33) Sur ce personnage, voir Lionel Baland, Pierre Nothomb, Collection “Qui suis-je“, Puiseaux, Pardès, 2019.
(34) Si Robert Poulet, condamné à mort, finit par s’en sortir vivant, tel n’est pas le cas des journalistes René Baert, José Streel, Paul Herten et Jules Lhost qui sont passés par les armes.
(35) sous le nom de Pierre Hubermont.
(36) Voy. La Révolution prolétarienne (« mensuel syndicaliste révolutionnaire »), n° 465/164, octobre 1961, p. 11.
Bibliographie:
– La Révolution prolétarienne, n° 465/164 (Paris, octobre 1961).
– B. Delcord, « À propos de quelques ‘chapelles’ politico-littéraires en Belgique (1919-1945), Cahiers d’histoire de la IIe Guerre mondiale, Centre de recherches et d’études historiques de la IIe Guerre mondiale, n° 10 (Bruxelles, octobre 1986).
– J. Willequet, La Belgique sous la botte, Paris, Editions universitaires, 1986.
– R. Folcrey, « La Gauche et la Collaboration en Belgique : De Man, les syndicats et le Front du Travail », Le Crapouillot, n° 110 (Paris, septembre-octobre 1992) – repris sur le site Internet de Vouloir-Archives EROE.
– P. Hubermont, Treize hommes dans la mine, Bruxelles, Labor, 1993.
– Elsa Van Brusseghem-Loorne, « La Libération et l’Épuration en Belgique », Le Crapouillot, n° 120 (Paris, juillet-août 1994).
17:37 Publié dans Belgicana, Histoire, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre hubermont, histoire, wallonie, belgicana, belgique, littérature prolétarienne, littérature, littérature belge, lettres, lettres belges, seconde guerre mondiale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Peut-on encore railler le climat?
par Georges FELTIN-TRACOL
Si la combustion avait dégagé un bilan carbone neutre, on aurait déjà brûlé en place publique Christophe Galtier. Lors de la conférence de presse d’après-match du lundi 5 septembre dernier, l’entraîneur du PSG a effectué un impaire gravissime. En d’autres temps plus inclusifs et citoyens, il aurait été banni de la cité des Bisounours.
Un journaliste lui demande pourquoi les joueurs et leurs accompagnateurs, soit une soixantaine de personnes, ont voyagé en avion privé entre Nantes et Paris. Sur le ton de la boutade, Christophe Galtier répond qu’il envisage pour les prochains déplacements à l’extérieur d’utiliser le char à voile. Présent à ses côtés, le jeune attaquant vedette Kylian Mbappé ne se retient pas pour franchement rigoler. Quelle horreur ! Quelle indécence ! Quelle faute en éco-responsabilité !
Téméraires ou inconscients, l’entraîneur et le joueur ignorent certainement que dans l’Hexagone macronien de 2022, il est formellement interdit de plaisanter sur l’urgence climatique. Le propos comique de Christophe Galtier provoque une indignation intergalactique. Un tsunami de commentaires défavorables déferle sur les réseaux sociaux. Prompte à toujours donner des leçons, la caste politico-médiatique en rajoute volontiers. Élisabeth Borne elle-même, la ministresse des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, la mairesse de Paris Anne « 1,74 % » Hidalgo - et on en passe… - condamnent ce trait d’humour malicieux. Dans son édition du 7 septembre, un journaliste de Libération qualifie la scène d’« ignoble ». Pas moins ! La complicité de crime contre l’humanité pointe à l’horizon ! La libération de la parole et l’expression sans aucun tabou ne concerne pas tout le monde, ni tous les sujets. Nous le savions depuis longtemps; cela se confirme.
Dès le lendemain, devant la tempête médiatique déclenchée par une bande de bouffons, Christophe Galtier a présenté ses plus plates excuses. En 2010 au moment des élections régionales, le même Galtier avait désapprouvé l’affiche du Front National montrant des minarets sous forme de missiles. Dommage qu’il n’ait jamais revenu sur cette critique.
À l’heure où planent chez les bien-pensants la fin des piscines privées, des barbecues et de la viande à la cantine scolaire, tels des Salman Rushdie menacés par une secte météo protéiforme, Galtier et Mbappé ont commis en direct un blasphème climatique. Qu’attendent donc les groupes Verts au Palais-Bourbon et au Palais du Luxembourg pour déposer une proposition de loi pénalisant sévèrement tout outrage au climat et à la planète ? La lithosphère, le climat et la planète ne sauraient être raillés, voyons !
Le système médiatique d’occupation mentale bombarde en permanence l’opinion publique de considérations catastrophistes sur l’urgence climatique. Victimes de cette propagande délirante, les jeunes générations développent maintenant des symptômes inquiétants d’une nouvelle pathologie mentale : l’« éco-anxiété ». Par ailleurs, prendre en compte cette urgence climatique implique des initiatives à l’échelle planétaire en tant que « citoyens du monde ». Les utopies mortifères ne sont pas mortes. Elles prolifèrent dans la grande industrie du divertissement dont la médiastructure et la politique politicienne sont les annexes.
Cosmopolite, la religion climatique est aussi une eschatologie séculière. En dignes rejetons de Philippulus le Prophète dans l’album de Tintin, L'Étoile mystérieuse, les Verts crient à l’imminence de la fin du monde. À la différence des grands remplacements productif et démographique, il faudrait croire ce néo-millénarisme insensé.
L’équipe du PSG doit-elle prendre des TGV ? La SNCF peut-elle proposer des horaires aménagés, en particulier la nuit alors que se réalisent les opérations indispensables de maintenance des voies ferrées ? En outre, la circulation ferroviaire des voyageurs et des marchandises arrive à saturation. La thrombose menace le rail à cause du non-renouvellement massif des personnels, souvent partis en retraite, et de la fermeture de nombreuses lignes ferroviaires dont le maintien aurait permis le délestage du fret.
Les belles âmes qui s’offusquent de ce persiflage climatique bon enfant ont gardé un silence pesant quand un gars faisait cet été du jet ski au large du fort de Brégançon. Elles ont en revanche soutenu les fiestas fort peu climato-correctes de la Première fêtarde de Finlande, Sanna Marin. Elles se sont enfin tues en voyant les courses estivales de karting dans la cour de la prison de Fresnes. Si ces engins avaient une propulsion thermique, quelle a donc été l’empreinte carbone de cette sympathique journée d’animation sur la planète ?
Une sotériologie artificielle se diffuse dans tout l’Occident moderne globalitaire. Le dogme infaillible de l’Immaculé Climat s’impose dans les rédactions et les cabinets ministériels. Et gare aux nouveaux mécréants ! Le député végan et « panzoo-iste » de Paris, Aymeric Caron, et son homologue Vert, Sandrine Rousseau, n’hésiteront pas à sévir. On en tremble déjà !
GF-T
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La Suède détruit le cauchemar social-démocrate
par Enric Ravello
Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2022/09/suecia-destruye-la-pesadilla.html
Magdalena Andersson, Premier ministre suédois, démissionne après les résultats des élections législatives suédoises. La cause n'est pas le résultat de son parti, qui reste le premier parti du pays avec 30% (+2%), mais l'échec de sa coalition gouvernementale de gauche, qui se retrouve derrière le bloc droite+nationalistes, laquelle, avec 176 sièges, a la majorité absolue et la possibilité de former un gouvernement.
C'est le signe indubitable de l'échec du modèle social-démocrate qui, depuis les années 1970, s'est acharné à détruire la société suédoise et à la transformer en un cauchemar multiculturel (1).
Ces résultats ouvrent un processus de négociations. Étant donné que la majorité absolue est détenue par le bloc droite+nationalistes et que le résultat des élections reflète un rejet clair des politiques sociales-démocrates, il y a deux options et deux questions.
La première option - la plus logique - serait que Jimmie Akesson, leader des Démocrates suédois (SD), qui a remporté 21% des voix et est la force la plus représentative du bloc de droite en nombre de voix, soit à la tête du nouveau gouvernement. La deuxième option serait pour le leader du deuxième parti de droite, Ulf Kristersson des Modérés (17%), qui a subi lors de ces élections le raz-de-marée dans le bloc de droite en faveur des "Démocrates Suédois" (SD).
Pour savoir quelle option sera la dernière, il faut se poser deux questions: Akesson exigera-t-il d'être le nouveau Premier ministre? Le reste des partis de droite, libéraux, modérés et conservateurs, continuera-t-il à appliquer un cordon sanitaire contre ce qu'il est convenu, dans les médias mainstream, d'appeler l'"extrême droite", soit les SD ? Les chrétiens-démocrates sont les plus réticents à l'idée de le faire, des rumeurs indiquant qu'ils pourraient même soutenir un gouvernement social-démocrate si les SD n'arrivent pas au pouvoir.
Les négociations s'annoncent longues et intenses, et M. Akesson a fait des déclarations initiales en toute franchise et dans un esprit constructif, mais sans encore arrêter une position concrète:
"Deuxièmement, le peuple suédois a voté pour un changement de pouvoir. Les succès électoraux, tant pour le camp bleu-jaune que pour notre parti, impliquent une grande responsabilité envers les électeurs, et nous assumerons cette responsabilité de la meilleure façon possible et avec le plus grand respect. Il faut maintenant en finir avec la politique social-démocrate ratée qui, depuis huit ans, continue de mener le pays dans la mauvaise direction. Il est temps de commencer à reconstruire la sécurité, le bien-être et la cohésion. Il est temps de faire passer la Suède en premier. Les Démocrates suédois seront une force constructive et motrice dans ce travail".
Un processus commence maintenant pour pouvoir définir en détail comment l'équipe gagnante sera structurée et c'est un processus qui prendra le temps qu'il faut, tout cela afin de construire un nouveau gouvernement stable à long terme.
La formule du succès des SD est simple: être le seul parti qui ose pointer du doigt les conséquences désastreuses de l'immigration de masse, telles l'insécurité, la criminalité, le taux de viols élevés et le radicalisme islamique dans un pays où la gauche et la droite traditionnelle n'osaient pas dire un mot critique. Cette formule, associée à un processus interne de modération des formules, a fait passer les SD de 0,1 % en 1991 à 21 % aux dernières élections aujourd'hui.
Autres parties et tendances futures
Dans la section sur les autres partis, avec 1,4 % des voix, deux partis se distinguent par leurs positions et leurs positions antithétiques.
Le premier est Alternative pour la Suède (0,28%), une dissidence des SD, qui préconise une révision de tous les processus de légalisation et de naturalisation des immigrants et leur rapatriement. Si le vote anti-immigration s'est concentré sur les SD, le discours d'AfS augmente son soutien dans l'opinion publique suédoise. Dans une situation de radicalisation sur l'immigration, l'avenir dira si les SD durciront leurs discours ou si l'AfS parviendra à se développer au sein de l'électorat identitaire suédois. Beaucoup dépendra des performances des SD au cours des quatre prochaines années.
L'autre formation est le parti islamiste Nyans (0,44%) qui obtient des résultats compris entre 20 et 25% dans les banlieues de Stockholm et de Malmö. Nyans a été fondé récemment et est soutenu financièrement et logistiquement par le gouvernement turc (2). Sa croissance est due à une tendance claire: les immigrants musulmans, qui sont de plus en plus nombreux, se sentent politiquement et démographiquement plus forts et votent déjà directement pour leurs propres partis, délaissant les partis de gauche, qui recevaient traditionnellement leurs votes comme acquis ; la croissance des Nyans se fait aux dépens des sociaux-démocrates et des autres partis de gauche. C'est le vote ethno-religieux qui va changer la carte politique européenne. Aux Pays-Bas, DENK, un parti présentant les mêmes caractéristiques est déjà présent au Parlement néerlandais.
Notes:
1) https://www.enricravellobarber.eu/2021/06/rinkeby-como-paradigma-del-fracaso.html#.YyRNxLTP2Uk
2) https://www.enricravellobarber.eu/2021/06/nuevo-partido-musulman-en-suecia-apela.html#.YyRNf7TP2Uk
16:04 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique, actualité, europe, suède, scandinavie, affaires européennes, élections suédoises | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Hégémonie et contre-hégémonie de la norme juridique: vers une théorie juridique multipolaire
par Valentin Krotov
Source: https://www.ideeazione.com/egemonia-e-contro-egemonia-della-norma-giuridica-verso-una-teoria-giuridica-multipolare/
Si nous parlons d'hégémonie dans la politique mondiale, nous ne pouvons actuellement pas prendre l'influence hégémonique en considération sans aborder, en même temps, les mécanismes juridiques de l'hégémonie.
À cet égard, la théorie de Gramsci parle de l'exploitation spirituelle et culturelle de la classe ouvrière (du prolétariat) à travers des valeurs "bourgeoises", contribuant ainsi à l'embourgeoisement du prolétariat. De la même manière, la philosophie européenne, l'anthropologie européenne et la culture européenne sont devenues la source du droit international, de ses principes et de ses normes.
La formation du droit international dans sa forme moderne est un processus relativement récent. De plus, il n'y a pas si longtemps, dans les relations juridiques internationales, il y avait une division directe des peuples en "civilisés" et "non civilisés". Ce n'est que depuis l'adoption de la Charte des Nations unies en 1945 et jusqu'à ce jour que nous assistons à un ressac de l'arrogance directe des fondateurs du système moderne de relations internationales.
À cet égard, la théorie de l'origine du droit international a longtemps prévalu, selon laquelle le droit international s'est formé entre le 13ème et le 16ème siècles et s'est perfectionné en 1648 avec la paix de Westphalie, puis s'est étendu à d'autres nations et civilisations non européennes.
La nature néocoloniale du droit international est également toujours présente, car le modèle du système juridique international, dans son ensemble, est construit sur la logique civilisationnelle des États d'Europe occidentale.
La principale source du droit international est le traité international. La signification conceptuelle d'un traité international est que les sujets des relations internationales (les États) expriment mutuellement et librement leur volonté.
À son tour, l'État, en tant que partie d'un traité international, est un individu collectif (une personnalité internationale). Par conséquent, l'ordre international établi se présente comme le résultat d'un traité entre plusieurs États.
Si l'on regarde à travers le prisme de l'histoire et de la philosophie européennes, avant l'établissement de l'ordre mondial et du nouveau système de relations internationales, il y avait une "guerre de tous contre tous" (selon Thomas Hobbes).
Ainsi, dans les relations internationales avec leur structure conventionnelle (multilatérale) de traités internationaux, les idées de Thomas Hobbes, exposées dans son célèbre ouvrage Léviathan, ont été mises en œuvre.
Par conséquent, le droit international moderne est inconcevable sans la mise en conformité des systèmes juridiques nationaux avec les mêmes normes juridiques. Nous constatons que le droit international est plus que visiblement influencé par la philosophie européenne, c'est-à-dire que le droit international est un droit issu de l'ontologie européenne.
Montrons certaines des origines conceptuelles du droit international moderne.
1) Thomas Hobbes et la théorie du contrat social.
L'orientation anti-guerre du droit international moderne remonte au Pacte de Paris de 1928, un traité qui renonce à la guerre comme instrument de politique nationale. Le traité a été initié par le ministre français des Affaires étrangères Aristide Briand et le secrétaire d'État américain Frank Kellogg.
En particulier, l'activiste Jameson T. Shotwell incite Briand à conclure le traité anti-guerre. Shotwell a grandi dans une famille de quakers. Les Quakers étaient connus pour leur rejet de toute forme de violence et pour leurs vastes activités sociales visant à promouvoir les idéaux d'humanisme et de pacifisme dans la société.
Ainsi, une partie importante de la base du droit international reposait sur une option religieuse propre au christianisme occidental modernisé.
La base juridique de la sécurité internationale globale a finalement été institutionnalisée dans la Charte des Nations unies, qui proclame les principes garantissant le maintien de la paix et de la sécurité internationales, l'existence indépendante des États et le développement de la coopération internationale.
Aujourd'hui, les normes juridiques internationales sont l'incarnation du concept de stabilité hégémonique.
La version libérale de ce concept présente l'hégémonie comme un instrument de stabilité de l'ordre international et de sécurité internationale ; la destruction de cette stabilité, selon les idéologues libéraux, conduit à de nouvelles déstabilisations et à des guerres.
Par exemple, l'affaiblissement de l'hégémonie britannique a conduit à la déstabilisation de l'ordre international. Cette affirmation est étayée par les événements de la guerre mondiale de 1914, l'établissement de régimes fascistes en Europe et la Seconde Guerre mondiale. La prise de l'hégémonie mondiale par les États-Unis a conduit à la création du système de sécurité international actuel.
Le caractère libéral de l'hégémonie américaine souligne le fait que cet ordre mondial s'est positionné comme rationnel et le seul possible.
Depuis lors, la solution militaire des problèmes politiques est devenue d'importance secondaire, car l'agression ouverte est interdite par le droit humanitaire international, mais elle permet en fait de nouvelles méthodes d'expansion de l'influence grâce à la technologie des réseaux [1].
Dans le même temps, l'hégémon représenté par les États-Unis se permet d'ignorer les normes du droit humanitaire international, spéculant sur les valeurs de la démocratie et de la stabilité internationale tout en menant des interventions militaires, utilisant même les forces armées de l'Alliance de l'Atlantique Nord.
Cependant, l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine a suscité une forte condamnation de la part du bloc occidental parmi les pays de l'ONU et un blocus économique sans précédent, qui ne correspond en rien au droit économique international, mais constitue un outil politique anti-juridique dans la lutte pour le maintien de l'hégémonie.
2) L'établissement du capitalisme international comme norme économique mondiale.
Au début de la nouvelle ère de l'économie internationale, le passage de la coopération bilatérale entre États à la coopération multilatérale a joué un rôle important.
L'émergence de traités internationaux multilatéraux (conventions) est un trait distinctif de la forme moderne de la mondialisation, qui a contribué à la création de principes et de normes communs pour réglementer les relations du marché mondial.
Le développement de la mondialisation est directement lié à la propagation de l'économie de marché, qui a remplacé le système de commande et de contrôle établi dans les pays du bloc socialiste. Un facteur direct de la propagation de la mondialisation est l'effondrement de l'URSS et du bloc des États socialistes.
C'est ainsi que gagne le capitalisme mondial, qui dictera dorénavant ses conditions au monde entier.
Le principe de base de la mondialisation des marchés est le respect des "quatre libertés": la liberté de circulation des biens, des services, des capitaux et de la main-d'œuvre. La convergence des marchés donne naissance à des sujets interétatiques de droit international, qui créent un cadre juridique commun pour la coordination de la politique économique.
Les théoriciens libéraux du capitalisme international affirment que l'existence d'un État hégémonique libéral est l'une des conditions fondamentales du plein développement de l'économie de marché mondiale.
Au fil du temps, le développement du capitalisme mondial est devenu de plus en plus centralisé.
Ainsi, en 1947, les États-Unis ont lancé l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), qui est devenu la base de la formation d'une immense zone de libre-échange. De plus en plus de pays à l'esprit libéral ont rejoint la zone.
Entre autres choses, l'intégration politico-juridique est nécessaire parce que les États-nations perdent leur capacité effective à exercer un contrôle sur les marchés des matières premières et les marchés financiers qui ont depuis longtemps dépassé un certain territoire [3].
L'hégémonie capitaliste mondiale prend ainsi forme.
La justification éthico-juridique de cette hégémonie est la théorie des droits de l'homme, qui se veut universelle à l'échelle mondiale.
3) Les droits de l'homme en tant que doctrine politique et juridique hégémonique.
La doctrine moderne des droits de l'homme remonte à la Renaissance (14ème et 16ème siècles). Au cours de cette période, le concept d'humanisme a commencé à émerger, dans lequel le libre arbitre et la dignité de l'homme ont commencé à être interprétés comme expression de la bonté et de la ressemblance avec Dieu. L'âme est présentée comme quelque chose d'inconditionnellement noble et pur. L'homme est considéré comme déjà sauvé et rien ne peut défaire son salut. L'homme est ainsi placé au centre de l'univers et acquiert, du point de vue du droit, un statut juridique différent.
Les idées d'empirisme et de mécanisme comme forme de philosophie séculaire ont gagné en popularité dans le Nouvel Âge.
Empirisme - "philosophie de l'expérience", cette doctrine reconnaît l'expérience sensuelle de l'homme comme le seul moyen de connaître le monde. En tant que tel, il rejette le caractère sacré et l'expérience de la révélation.
Mécanisme - l'idée que la structure du monde est comme une machine globale.
Dès lors, le mécanisme et l'empirisme de la modernité contribuent à la désacralisation du monde et de l'homme (l'homme est un microcosme).
"La place de Dieu dans le monde, c'est l'esprit dans l'homme, la place de la matière dans le monde, c'est la place du corps en nous." - Sénèque, Lettres, 65, 24.
L'homme, quant à lui, est perçu comme un mécanisme et, en tant que tel, perd progressivement, au fil de l'histoire, sa subjectivité.
La personne est remplacée par un individu, et c'est l'individu qui devient le sujet des relations juridiques et aussi du droit international.
Toutes les notions conceptuelles (dignité humaine, droits de l'homme, valeur de l'individualité de chacun) ont une signification abstraite et donc purement technique.
La définition, le statut juridique et la signification de l'individu dépendent de l'évolution des circonstances politiques et des approches de l'interprétation du droit international.
La méthode doctrinale d'interprétation du droit, largement utilisée dans le droit international des droits de l'homme, permet d'interpréter les normes juridiques en fonction des tendances politiques immédiates.
C'est ainsi, par exemple, qu'est apparu le discours sur les "droits des LGBT", qui a été conceptuellement dérivé de la théorie générale des droits de l'homme et en est ensuite devenu une partie intégrante.
Les principaux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme sont la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966.
Ce sont ces deux documents qui constituent la base juridique de la création des garanties des droits de l'homme.
En élargissant la portée de ces textes, les instances internationales ont ainsi fait de l'homosexualité, déjà protégée par le droit international, un sujet de notoriété publique.
Le résultat est que le processus de normalisation de l'homosexualité, propre à la civilisation occidentale, est désormais au centre du discours du droit international.
À cet égard, nous portons notre attention sur la jurisprudence du Comité des droits de l'homme des Nations unies. En particulier, dans les affaires Toonen contre l'État de Tasmanie et Young contre l'Australie de 1992. Ces deux cas sont parmi les premières preuves officielles de l'existence d'un discours légalisé sur les relations homosexuelles.
En général, le discours sexuel est un sujet public depuis la révolution sexuelle aux États-Unis et en Europe (dans les années 1960 et 1970). La sexualisation de la société occidentale a fait entrer le côté intime des relations humaines dans la sphère publique et, comme nous l'avons vu dans la pratique du Comité des droits de l'homme de l'ONU, dans la sphère des relations internationales.
La participation d'un État à des groupements interétatiques a également pour effet de transférer certains de ses pouvoirs souverains. Cependant, aujourd'hui, la source des obligations internationales ne réside pas seulement dans les décisions juridiques des organes interétatiques, mais aussi dans les interprétations des normes des traités internationaux, qui constituent ensuite l'ordre juridique de l'État à travers les positions interprétatives des organes interétatiques, souvent les tribunaux. L'un de ces organismes est la Cour européenne des droits de l'homme.
En outre, la Cour européenne des droits de l'homme se considère autorisée à adapter les droits de l'homme reconnus en fonction de l'évolution de la société européenne, ce qui peut conduire à la reconnaissance de droits qui ne sont pas directement inscrits dans la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales [4].
À partir de la jurisprudence du Comité des droits de l'homme de l'ONU et de la Cour européenne des droits de l'homme, nous observons le phénomène de l'hégémonie juridique des États d'Europe occidentale. Cela se produit lorsque les particularités morales, éthiques et juridiques d'une civilisation particulière sont présentées comme communes à l'ensemble de la communauté mondiale, ce qui ne correspond pas au principe de l'égalité souveraine des États et aux particularités socioculturelles des différentes civilisations.
L'arrogance ontologique des architectes de l'ordre international traverse tout le système du droit international.
La communauté internationale se positionne comme la communauté exclusive, tandis que tous les autres États qui ne font pas partie de la Déclaration occupent une position inclusive. L'un des principaux mécanismes d'hégémonie en droit international est donc le prestige. Le prestige en tant que catégorie sociologique peut également être considéré dans le contexte du droit international.
A l'aube de la création des Nations Unies (la Société des Nations), l'anthropologue américain Melville Hescovitz et un groupe de scientifiques de l'American Anthropological Association ont publié un mémorandum, exprimant leur opinion sur le contenu de la Déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre 1948. "La déclaration devrait être fondée sur des normes universelles de liberté et de justice, sur la base du principe selon lequel <...> un homme n'est libre que s'il peut vivre à la hauteur de la conception acceptée de la liberté dans sa société" [5]. La déclaration est donc fondée sur le principe selon lequel <...> un homme n'est libre que s'il peut vivre à la hauteur de la conception acceptée de la liberté dans sa société.
Ainsi, alors que dans la théorie de l'hégémonie classique de Gramsci, la classe dominante veut convaincre toutes les autres classes qu'elle est fondée sur un consensus de classe (l'état du tout), le droit international moderne part du principe qu'il est le destin et le droit de toute l'humanité.
Cette stratégie du droit international, renforcée par les résultats bien connus de la guerre froide, a transformé toute la réalité géopolitique.
La Russie dans le contexte juridique international
En 1991, l'Union des républiques socialistes soviétiques a cessé d'exister et le Pacte d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle (Pacte de Varsovie) a été dissous.
Le monde bipolaire a donc cessé d'exister. Pour la même raison, la confrontation entre les deux approches du statut de la propriété, de la démocratie et du droit a cessé.
La défunte Union soviétique, puis la Fédération de Russie, ont signé un certain nombre d'instruments juridiques internationaux importants dans le domaine de la politique et des droits de l'homme, s'intégrant ainsi au contexte juridique et idéologique de l'Europe.
Ainsi, le parlementarisme, la démocratie légale des partis et le capitalisme sont devenus partie intégrante du système politique et économique de la nouvelle Russie.
La définition de notre État comme "État de droit" a établi un vecteur précis pour l'ensemble du système politico-juridique de la Fédération de Russie. Ainsi, d'une manière ou d'une autre, nous subordonnons le système politique de notre État à l'ordre juridique international (directement ou indirectement par le biais d'une législation nationale fondée sur des principes et des normes juridiques internationaux).
Cependant, l'Union soviétique s'est engagée sur la voie de l'intégration éthico-juridique avec l'Europe occidentale dès 1966, lorsqu'elle a signé les premiers documents internationaux dans le domaine des droits de l'homme : le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
Depuis lors, de la perestroïka jusqu'à récemment, la Russie a fusionné avec le monde global dans le contexte éthique et juridique.
L'ensemble du système constitutionnel, et par conséquent la législation sectorielle, est construit en fonction de ces obligations juridiques internationales.
En d'autres termes, l'ensemble du système juridique public et privé était fondé sur les valeurs et les idéaux politiques occidentaux. Cela est resté le cas aujourd'hui, mais a récemment commencé à évoluer vers la souveraineté de l'esprit-valeur, et donc du système juridique.
La situation a changé radicalement avec le début de l'opération militaire spéciale en Ukraine. Le déclenchement des hostilités a mis en évidence les contradictions entre la Russie et les pays d'Europe occidentale. L'une des conséquences du conflit a été le retrait de la Fédération de Russie du Conseil de l'Europe (une décision de j ure a été prise par le Comité des ministres du Conseil de l'Europe d'expulser la Fédération de Russie de l'organisation).
Le retrait de la Fédération de Russie de l'organisation pourrait, d'une certaine manière, servir à construire un modèle d'institutions étatiques et juridiques sur une base fondamentalement différente. En outre, le modèle existant présente des inconvénients importants, qui font l'objet de recherches par certains universitaires nationaux.
Le professeur Y. I. Skuratov, récipiendaire du titre de docteur en jurisprudence, conclut que "l'emprunt des institutions étatiques et juridiques occidentales, l'idéologie politique et juridique libérale sont devenus l'une des raisons de la déstabilisation du système juridique et politique national, de l'augmentation de la criminalité, de l'aliénation des gens vis-à-vis du gouvernement et de l'État... La modernisation de la société russe dans le courant de l'occidentalisation a causé de graves dommages à la culture juridique nationale..." [6].
À la lumière de la restructuration globale de l'ensemble de l'ordre mondial et de la destruction du modèle unipolaire, il est nécessaire de développer une nouvelle théorie juridique qui soit pertinente dans un monde multipolaire [7].
Vers une théorie juridique multipolaire
Les idées d'un autre marxiste célèbre (outre le susmentionné Antonio Gramsci), Georg Lukacs, peuvent être pertinentes pour la formation d'un droit mondial multipolaire.
Ce philosophe a largement contribué au développement du concept de conscience de classe.
Lukacs a présenté la conscience de classe comme un système de croyances partagé par ceux qui appartiennent collectivement à une classe socio-économique particulière.
Lukacs a également souligné que la conscience de classe n'est pas la conscience agrégée des individus d'une classe particulière, mais la conscience intégrale d'un groupe de personnes partageant la même position de classe.
D'autre part, le concept de conscience de classe dans le capitalisme selon Lukacs implique la présence d'une fausse conscience dans le prolétariat. Ces derniers n'ont pas une idée claire de leurs véritables intérêts et ne comprennent pas leur véritable position socio-historique et économique.
Tout comme la fausse conscience du prolétariat selon Lukacs, les peuples du monde moderne se trouvent aujourd'hui dans une fausse conscience, qui a abandonné sa propre identité afin de s'intégrer au système politique et juridique moderne.
Ainsi, la fausse conscience des peuples non-européens inclut le libéralisme en général et, en particulier, sa doctrine éthico-juridique des "droits de l'homme".
Il est possible d'opposer à la fausse conscience des peuples non-européens une "conscience de civilisation" qui correspondrait organiquement au code géopolitique, historique et culturel-religieux d'une civilisation particulière.
Il convient de noter que la base de la formation d'un ordre juridique multipolaire existe depuis des milliers d'années sous la forme des traditions juridiques de divers États et civilisations.
Pendant de nombreux siècles, de nombreuses régions du monde ont eu leur propre vision de l'homme, de la propriété, du crime et de la punition, qui s'est développée indépendamment du système juridique romano-germanique, mais elles disposaient en même temps d'institutions juridiques autonomes qui régulaient organiquement les relations sociales dans les sociétés non-européennes.
Notes:
[1] Voir pour plus de détails : Savin L.V. "Network-centric and Network Warfare. Une introduction au concept".
[2] Giplin R. L'économie politique des relations internationales. Princeton : Princeton University Press. 1987. 85.
[3] Ohmae K. La fin de l'État-nation : l'essor des économies régionales. N.Y., 1995 ; Scholte J.A. Globalization, First edition : A Critical Introduction. N.Y., 2000.P. 211-215.
[4] Voir : Mathieu B. Trouver un équilibre entre la protection de l'identité nationale et le respect des obligations internationales : la liberté d'expression face à des défis surmontables // Journal of Foreign Law and Comparative Law. 2021. Т. 17. № 1. С. 20 - 21.
[5] Déclaration des droits de l'homme, soumise à la Commission des droits de l'homme des Nations unies par le Comité exécutif de l'American Anthropological Association // American Anthropologist. 1947. № 49. P. 541.
[6] Skuratov Y. I. La nature eurasienne de la Russie et certains problèmes modernes de développement des institutions juridiques de l'État. - Ulan-Ude, 2012.
[7] Voir en détail : Dugin A. G. Théorie du monde multipolaire. Pluriversum. Tutoriel. - 2015.
15:21 Publié dans Actualité, Droit / Constitutions | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : droit, constitution, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Parution du numéro 454 du Bulletin célinien
Sommaire :
L’épigraphe de Voyage au bout de la nuit (Le chant de la Bérézina)
Entretien avec Jean Guenot (5e et dernière partie)
Guerre, antérieur à Voyage ?
Jean-Pierre Maxence, critique de Céline.
Thibaudat a lâché le morceau cet été : le détenteur des fameux inédits n’était autre qu’Yvon Morandat (1913-1972), celui que Céline appelle comiquement « mon occupant » puisqu’il emménage dans son appartement, réquisitionné par la Résistance, à la Libération. Ailleurs il évoque « celui qui occupe [s]on lit à Montmartre ». On savait que ce résistant, gaulliste de la première heure, avait placé le mobilier de Céline dans un garde-meuble. Et que celui-ci avait refusé de le récupérer contre le paiement des frais de gardiennage. On savait aussi que l’écrivain n’avait pas tenu à recouvrer ces manuscrits qui n’avaient, disait-il, aucun intérêt pour lui ¹. Ce qui ne l’empêcha pas de se poser en victime de Morandat. Mais se souvenait-il de tout ce qu’il avait laissé ? On ignorait par ailleurs que le nouveau locataire détenait aussi, dans une malle, des documents personnels de Céline dont des lettres, photographies et autres archives privées. C’est l’une des filles du résistant qui, via un ami de la compagne de Thibaudat, lui a remis le tout à l’aube des années 80. Il a donc détenu ces inédits pendant quarante ans. Il ne s’agissait en aucun cas de les remettre à Lucette Destouches car c’était « s’exposer à voir des documents gênants pour Céline disparaître ou être interdits de publication. » Il importait aussi de ne pas faire de cadeau à celle qui « avait déployé beaucoup d’efforts pour tenter de gommer l’ignominie antisémite de son époux » [sic]. On comprend aussi qu’il ne fallait pas entacher la mémoire de Morandat que de mauvais esprits eussent pu accuser de recel puisqu’il conserva par-devers lui, outre les manuscrits (que Céline déclina), des documents privés qu’il aurait pu lui remettre en mains propres lorsqu’il le rencontra, au domicile de Pierre Monnier, au début des années cinquante. Quid d’Oscar Rosembly ? C’est de toute évidence lui qui, en août 1944, subtilisa le manuscrit complet de Casse-pipe (plus de 800 pages, selon Céline), la version cédée par Morandat étant, elle, très lacunaire ².
Que sont devenus les manuscrits dérobés par Rosembly (car il y aurait aussi la version finale de La volonté du roi Krogold) ? Les ayants droit comptent-ils s’adresser au petit-fils de Rosembly, journaliste à Marseille, afin de savoir ce qu’il en est ? Guère d’espoir de ce côté puisqu’on se souvient qu’il tomba des nues lorsqu’il apprit, l’été précédent, les “exploits” de son grand-père. Comme on le voit, bien des zones d’ombre subsistent et, avec Céline, on n’est pas au bout de nos surprises. Toutes ces péripéties sont d’ailleurs très céliniennes. De même le fait que cette histoire suscite tant de commentaires imbéciles. Ainsi, à la suite de l’ineffable Roussin, l’ancien journaliste de Libération relève que, dans l’exposition organisée par Gallimard, la médaille militaire de Louis Destouches a été exposée sans que ne fût rappelé qu’il n’avait plus le droit de la porter par décision de justice. Cette hargne envers un auteur mort il y a 60 ans a quelque chose de fascinant…
• Jean-Pierre THIBAUDAT, « Céline, le trésor retrouvé. La piste Morandat », Mediapart, 10 août 2022. Neuf épisodes ont été publiés au total [https://blogs.mediapart.fr]
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L'espace instable entre l'ancien et le nouvel ordre
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2022/09/13/vanhan-ja-uuden-jarjestyksen-epavakaa-valitila/
Selon le diplomate et universitaire indien Shivshankar Menon, "une sorte d'anarchie se glisse dans les relations internationales" - non pas l'anarchie au sens strict du terme, mais plutôt "l'absence d'un principe central d'organisation ou d'un hégémon".
"Les États-Unis ont mené deux ordres après la Seconde Guerre mondiale", divise Menon (photo). Premièrement, "un ordre keynésien qui ne s'intéressait pas particulièrement à la manière dont les États géraient leurs affaires internes dans un monde bipolaire de guerre froide".
Dans les années 1990, c'était le tour de "l'ordre néolibéral dans un monde unipolaire", dans lequel une Amérique puissante ignorait complètement la souveraineté nationale et les frontières nationales des autres États quand elle le voulait.
Les deux ordres ont affirmé être "ouverts, fondés sur des règles et libéraux" et ont prétendu "défendre la démocratie", les soi-disant "valeurs du libre marché, les droits de l'homme et l'État de droit".
En réalité, ils étaient fondés sur la "domination et la coercition militaires, politiques et économiques" des États-Unis. Dans l'ère post-soviétique, la plupart des grandes puissances, y compris la Chine émergente, ont suivi, du moins dans une certaine mesure, les règles truquées de l'ordre dirigé par l'Occident.
Mais les événements de ces dernières années laissent penser que cet arrangement appartient au passé. Les grandes puissances, y compris les États-Unis, se comportent désormais, selon Menon, de manière "révisionniste", c'est-à-dire qu'elles poursuivent leurs propres objectifs au détriment de l'ordre international.
Ce révisionnisme se manifeste souvent par des différends territoriaux, comme ceux qui opposent la Chine à ses voisins, l'Inde, le Japon, le Vietnam et d'autres pays de la région maritime asiatique, et le conflit entre la Russie et l'Ukraine, qui est renforcée par l'alliance de l'OTAN.
Selon Menon, le révisionnisme se reflète également dans les actions de nombreuses autres puissances, "comme la suspicion croissante à l'égard du libre-échange aux États-Unis, le renforcement militaire d'un Japon autrefois pacifiste et le réarmement de l'Allemagne".
De nombreux pays sont mécontents du monde tel qu'ils le voient et cherchent à le changer à leur avantage. Cette tendance pourrait conduire à une géopolitique plus conflictuelle et à des perspectives économiques mondiales plus faibles.
Menon estime qu'à l'heure actuelle, "le monde est à la dérive". Dans l'espace instable actuel entre l'ancien et le nouvel ordre, les grandes puissances n'adhèrent plus à des principes et des normes clairs (on peut se demander si elles l'ont jamais fait).
De nombreux autres pays suivent leur propre voie. Le "principe de la souveraineté des États" est désormais invoqué pour mener une politique fondée sur la préférence des États, plutôt que la politique "fondée sur les valeurs" mise en avant par l'Occident (qui est, après tout, très fausse).
Ces dernières années, les États-Unis ont cultivé la rhétorique trompeuse selon laquelle le monde serait à nouveau défini par une confrontation entre deux blocs - le "monde libre" dirigé par l'Occident et les "États autocratiques". Les États soumis aux sanctions occidentales ont formé des partenariats stratégiques entre eux.
Alors que les anciennes normes et institutions s'érodent, des caractéristiques autoritaires sont déjà évidentes dans de nombreuses démocraties. Cette tendance s'est accélérée à l'époque de la pandémie, lorsque des restrictions à la libre circulation des personnes ont été imposées en raison de la crise sanitaire. "Les lois et règlements élaborés dans les circonstances exceptionnelles de la 'nouvelle normalité' permettent de renforcer le contrôle de l'État à l'avenir.
L'économie mondiale globalisée se fragmente en blocs commerciaux régionaux et la concurrence pour les avantages économiques et politiques entre les grandes puissances s'intensifie. Les pays doivent apprendre à se débrouiller dans cet entre-deux et se préparer à un avenir incertain.
"Une solution consiste à se tourner vers l'intérieur", analyse Menon. La Chine, l'Inde, les États-Unis et bien d'autres pays l'ont fait ces dernières années, en soulignant d'une manière ou d'une autre leur autosuffisance: la "stratégie de double circulation" de la Chine, la promesse de M. Biden de "reconstruire en mieux" et l'engagement de l'Inde, sous la direction du Premier ministre Narendra Modi, en faveur de l'aatmanirbharta, ou autosuffisance, en sont des exemples.
Si les pays veulent devenir plus indépendants économiquement, ils veulent aussi être mieux préparés militairement. Toutes les grandes puissances ont cherché à étendre leurs capacités de défense. Malgré les conséquences économiques de l'ère pandémique, les dépenses mondiales de défense ont dépassé les deux mille milliards de dollars pour la première fois en 2021.
Selon un professeur indien, une autre réponse à la situation actuelle est que les États forment des "coalitions ad hoc". La dernière décennie a vu l'émergence d'un certain nombre d'arrangements multilatéraux, tels que la Quad Alliance, les BRICS, l'Organisation de coopération de Shanghai et le regroupement I2U2 de l'Inde, d'Israël, des Émirats arabes unis et des États-Unis.
Chaque problème semble donner lieu à un nouvel acronyme. Ces arrangements servent des objectifs géopolitiques spécifiques et, bien qu'ils puissent contribuer à renforcer les relations bilatérales entre certains pays, ils ne se rapprochent pas des groupements de l'époque de la guerre froide.
De nombreux États de taille moyenne ou plus petite franchissent inévitablement les lignes de démarcation et cherchent à équilibrer leurs relations avec les grandes puissances. La réaction de l'alliance des pays d'Asie du Sud-Est (ASEAN) aux différends entre les États-Unis et la Chine et le développement des relations entre Israël et les monarchies sunnites du Golfe par le biais des "pactes abrahamiques" sont des exemples de cette tendance.
Plus récemment, de nombreux pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine ayant des liens étroits avec l'Occident ont résisté à l'envie de rejoindre le front des sanctions anti-russes, alors que le conflit gelé en Ukraine se réchauffait à nouveau. Ces pays ne manifestent pas automatiquement de la sympathie pour le jargon cynique sur les "valeurs" propagé par l'Occident.
Cet équilibrage et cette couverture encouragent la recherche de solutions locales aux problèmes locaux, qu'il s'agisse d'accords économiques et commerciaux régionaux ou de solutions négociées aux différends politiques. Le processus de mondialisation, qui estompe les frontières, est-il en train de se retourner contre nous ?
Si les grandes puissances remettent bruyamment en question la sagesse de l'ancien ordre, les pays plus faibles ont déjà perdu la foi en la légitimité et l'équité de "l'ordre international fondé sur des règles".
C'est particulièrement vrai pour les pays du Sud, qui ont vu l'ONU, le FMI, la Banque mondiale, l'OMC, le G20 et autres échouer dans leurs efforts. Aujourd'hui, plus de 53 pays sont menacés par une grave crise de la dette.
Alors que l'ancien ordre se désintègre et que le nouveau peine à émerger, le Prof. Menon estime que "les pays ayant une compréhension claire de l'équilibre des pouvoirs et une vision d'un ordre futur coopératif qui sert le bien commun auront un avantage".
Il est peu probable que l'équilibre des pouvoirs, qui évolue rapidement, fournisse la base d'un nouvel ordre stable avant un certain temps. Menon prévoit que les grandes puissances "se déplacent de crise en crise au fur et à mesure que leur insatisfaction à l'égard du système international et que la méfiance des unes à l'égard des autres grandit, comme une sorte de mouvement sans mouvement".
Le penseur indien est pessimiste quant à l'avenir. Menon note que "la capacité des grandes puissances s'est affaiblie en termes de gestion des relations étrangères, de gestion des crises, ou de capacité à résoudre les problèmes transnationaux".
Étant donné que les conclusions de Menon sont publiées dans Foreign Affairs, un journal du groupe de réflexion "Council on Foreign Relations" fondé par David Rockefeller, on peut se demander s'il ne suggère pas également que la solution réside dans une "gouvernance mondiale plus centralisée".
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Syndrome du Titanic : Ernst Jünger et la culture de la panique
par Nicolas Bonnal
A la fois prophète olympien et descripteur de la débâcle, Jünger prévoit notre anéantissement économique et anthropologique. Dans Soixante-dix s’efface, alors qu’il raconte des petits voyages (Maroc, Canaries) souvent décevants, le maître soudain catastrophé écrit :
« Les autos ruinent les villes ; le séjour devient une « saison en enfer » - les bruits, les gaz d’échappement, les dangers de mort. Quand on ne se fait pas écraser, on dépérit lentement. Même les îles lointaines en sont inondées. Sur les plages, les hôtels poussent comme des champignons, non isolément, mais par chaînes entières. Ils sont identiques, jusqu’à leurs trous de serrure ; leur modèle se trouve quelque part à New York ou à Tokyo. On estime par conséquent que le nombre des voyageurs va constamment croître, et qu’il faut, dans cette perspective, engager de plus en plus de personnel. Dans les îles, l’eau va aussi se raréfier. Fièvre du boom commercial. Qu’arrivera-t-il en cas de restrictions, de crise économique, de guerre ? L’évolution est irréversible. Un hôtel vide se change bientôt en ruine ; d’un garçon de restaurant, on ne refera jamais un berger. Viennent alors des paysages spectraux (p. 534).»
L’effondrement qui nous arrive dans les années 2020, et qui est autant subi que provoqué via le Reset, devient chez Jünger un syndrome du Titanic. Vingt ans avant, dans son livre le plus important pour les survivalistes, le Traité du rebelle donc, Jünger écrit :
« La peur est l’un des symptômes de notre temps. Elle nous désarme d’autant plus qu’elle succède à une époque de grande liberté individuelle, où la misère même, telle que la décrit Dickens, par exemple, était presque oubliée. »
Jünger évoque justement le Titanic ; on se souvient du succès effarant de ce film répugnant. Il écrit donc :
« Comment ce passage s’est-il produit ? Si l’on voulait nommer l’instant fatal, aucun, sans doute, ne conviendrait mieux que celui où sombra le Titanic. La lumière et l’ombre s’y heurtent brutalement : l’hybris du progrès y rencontre la panique, le suprême confort se brise contre le néant, l’automatisme contre la catastrophe, qui prend l’aspect d’un accident de la circulation. »
Jules Verne a bien montré que l’automatisme (la civilisation mécanique) croissait avec la peur. Voyez les 500 millions de la Bégum qui montre la montée du péril allemand sur fond de grosse industrialisation. Il y a une grosse promesse, raconte Jünger, mais elle croît avec un grand risque et une grosse trouille :
« Il est de fait que les progrès de l’automatisme et ceux de la peur sont très étroitement liés, en ce que l’homme, pour prix d’allègements techniques, limite sa capacité de décision. Il y gagne toutes sortes de commodités. Mais, en contrepartie, la perte de sa liberté ne peut que s’aggraver. La personne n’est plus dans la société comme un arbre dans la forêt ; elle ressemble au passager d’un navire rapide, qui porte le nom de Titanic, ou encore de Léviathan. Tant que le ciel demeure serein et la vue agréable, il ne remarque guère l’état de moindre liberté dans lequel il est tombé. Au contraire : l’optimisme éclate, la conscience d’une toute-puissance que procure la vitesse. Tout change lorsqu’on signale des îles qui crachent des flammes, ou des icebergs. Alors, ce n’est pas seulement la technique qui passe du confort à d’autres domaines : le manque de liberté se fait sentir, soit que triomphent les pouvoirs élémentaires, soit que des solitaires, ayant gardé leur force, exercent une autorité absolue. »
Jünger a vu le lien entre les mythes grecs et le progrès technique, comme Anouilh, Giraudoux, Domenach, Cocteau et quelques autres pendant et après la Guerre. Le Titanic n’est pas seul en cause. C’est aussi le syndrome du radeau de la méduse, épisode affreux de notre histoire et qui rappelle que la méduse nous transforme en pierres (en cœurs de pierre).
Jünger ajoute :
« Et nous finissons comme des bougies dans un tableau de Bosch :
On pourrait élever une objection : d’autres ères de crainte, de panique, d’Apocalypse ont suivi leur cours, sans que ce caractère d’automatisme vînt les renforcer, leur servir d’accompagnement.
Laissons ce point : car l’automatisme ne prend ce caractère terrifiant que s’il s’avère être l’une des formes, le style même de la fatalité, dont Jérôme Bosch donnait déjà une représentation incomparable. »
Mais Jünger souligne l’essentiel. Nous crevons de trouille et c’est la marque du monde moderne (la vie aurait dû rester un « risque à courir, pas un problème à résoudre », comme disait un Bernanos écœuré) :
« On constatera que presque tous, hommes ou femmes, sont en proie à une panique telle qu’on n’en avait plus vu dans nos contrées depuis le début du Moyen Age. On les verra se jeter avec une sorte de rage dans leur terreur, en exhiber sans pudeur ni retenue les symptômes. »
Umberto Eco dans un bel essai sur le moyen âge avait parlé du retour impromptu de ces grandes peurs. Flaubert avait déjà souligné dans sa correspondance la trouille liée à un simple épisode météo (voyez mon texte) ; et c’est aujourd’hui sur fond de paniques climatiques que nos élites et gouvernements veulent nous anéantir. On veut alors se cacher (collapsologues, catastrophistes, apocalyptiques, à vos bateaux, à votre or, à vos cavernes !) et Jünger ajoute presque humoristiquement :
« On assiste à des enchères où l’on dispute s’il vaut mieux fuir, se cacher ou recourir au suicide, et l’on voit des esprits qui, gardant encore toute leur liberté, cherchent déjà par quelles méthodes et quelles ruses ils achèteront la faveur de la crapule, quand elle aura pris le pouvoir. »
L’automatisme progresse évidemment avec la panique, et dans le pays qui reste le plus avancé, l’Amérique :
« La culture de panique va s’appesantir, là où l’automatisme gagne sans cesse du terrain et touche à ses formes parfaites, comme en Amérique. Elle y trouve son terrain d’élection ; elle se répand à travers des réseaux dont la promptitude rivalise avec celle de l’éclair. Le seul besoin de prendre les nouvelles plusieurs fois par jour est un signe d’angoisse ; l’imagination s’échauffe, et se paralyse de son accélération même. »
Jünger va même plus loin en dénonçant l'horreur télévisuelle qui crée péril russe, virus, Reset, dictature et pénurie (voyez mon texte "De Platon à Cnn"):
« Toutes ces antennes des villes géantes ressemblent à des cheveux qui se dressent sur une tête. Elles appellent des contacts démoniaques. »
Nous avons parlé du rôle narcotique de l’info dans un texte ici-même, en citant Platon, Théophraste, Fichte et Thoreau. Reprenons Thoreau :
« À peine un homme fait-il un somme d’une demi-heure après dîner, qu’en s’éveillant il dresse la tête et demande : « Quelles nouvelles ? » comme si le reste de l’humanité s’était tenu en faction près de lui. Il en est qui donnent l’ordre de les réveiller toutes les demi-heures, certes sans autre but ; sur quoi en guise de paiement ils racontent ce qu’ils ont rêvé. Après une nuit de sommeil, les nouvelles sont aussi indispensables que le premier déjeuner.
Dites-moi, je vous prie, qu’importe ce qui a pu encore arriver à quelqu’un, n’importe où sur ce globe ? »
Nous risquons toujours la guerre avec la Chine et la Russie, comme durant la Guerre Froide. Jünger remarque :
« Il est certain que l’Est n’échappe pas à la règle. L’Occident vit dans la peur de l’Est, et l’Est dans la peur de l’Occident. En tous les points du globe, on passe son existence dans l’attente d’horribles agressions. Nombreux sont ceux où la crainte de la guerre civile l’aggrave encore.
La machine politique, dans ses rouages élémentaires, n’est pas le seul objet de cette crainte. Il s’y joint d’innombrables angoisses. Elles provoquent cette incertitude qui met toute son espérance en la personne des médecins, des sauveurs, des thaumaturges. Signe avant-coureur du naufrage, plus lisible que tout danger matériel. »
Ce naufrage n’est pas très prometteur d’autant que la solution semble impossible : on combat pour la forme le minotaure au milieu des zombis. Jünger envoie promener le yoga, pourtant recommandé avec la Kabbale dans Sex and the City :
« Mais notre temps exige autre chose que la fondation d’écoles de yoga. Tel est pourtant le but, non seulement de nombreuses sectes, mais d’un certain style de nihilisme chrétien, qui se rend la tâche trop facile. On ne peut se contenter de connaître à l’étage supérieur le vrai et le bon, tandis que dans les caves, on écorche vifs vos frères humains. »
Reconnaissons que nous avons progressé. On les écorche moins vifs, on les bourre vifs et on les sur-informe vifs. Mais passons. Jünger encore pour conclure (si c’est encore possible) :
« Car nous ne sommes pas impliqués dans notre seule débâcle nationale ; nous sommes entraînés dans une catastrophe universelle, où l’on ne peut guère dire, et moins encore prophétiser, quels sont les vrais vainqueurs, et quels sont les vaincus. »
Ici il rejoint Mgr Gaume : pour ce dernier l’Apocalypse aurait lieu quand le monde serait unifié. Comme dira Guy Debord : « dans un monde unifié on ne peut s’exiler ». Les démons de Davos peuvent alors se rassembler comme à la fin du chant I de Milton et entamer l’œuvre de destruction et de dépeuplement.
Ernst Jünger défendait le recours aux forêts. Comme on sait aussi les montagnes-parcs nationaux sont bourrées de parkings payants et nous venons d’apprendre que dans les Pyrénées, la balade sera payante. On paiera un automate. Mais ne paniquons pas...
Sources:
Jünger – Traité du rebelle, le recours aux forêts – archive.org
https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/06/27/de-platon-au...
https://lesakerfrancophone.fr/monseigneur-gaume-et-le-car...
https://www.dedefensa.org/article/flaubert-et-notre-abrut...
21:52 Publié dans Actualité, Littérature, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ernst jünger, nicolas bonnal, panique, littérature, littérature allemande, lettres, lettres allemandes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La cour royale de Grande-Bretagne et les mots d'ordre mondialistes
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2022/09/09/britannian-kuningashovi-ja-globalistien-agendat/
Le décès de la reine d'Angleterre a été rapporté dans les médias du monde entier. Monarque qui régna plus de 70 ans, Elizabeth II, décède tout récemment au château de Balmoral en Écosse, unjeudi soir de septembre, à l'âge de 96 ans. Elle a bénéficié d'un grand succès populaire pendant la majeure partie de son règne - du moins c'est ce qu'on nous assure.
Certains disent que c'est l'Empire britannique qui a lancé le projet de mondialisation qui révolutionne le monde. Il est ironique que le décès du leader symbolique du Commonwealth soit pleuré par des personnes qui, dans le même temps, s'indignent du fait que leur île natale soit envahie par des immigrants venus des anciennes colonies, tandis que les Britanniques de souche seront bientôt une minorité dans leur propre pays.
Selon l'ordre de succession britannique, le fils aîné de la reine deviendra désormais roi. Né à Buckingham Palace en 1948, Charles est peut-être plus connu pour son mariage raté avec Lady Diana Spencer, qui est décédée dans un accident de la circulation à Paris en 1997, un an seulement après son divorce.
En tant que duc et prince de Windsor, Charles est dépeint en public comme un personnage maladroit mais aimable qui parle à ses plantes, aime l'architecture traditionnelle et protège la nature. Charles a même été considéré comme un "prince philosophe" antimoderne qui apprécie les religions du monde et est un partisan de l'école traditionaliste de la philosophie pérenne.
Mais dans une réalité plus dure, il est une noble figure de proue de l'empire mondialiste, où les manœuvres économiques et géopolitiques douteuses d'un petit groupe supranational sont hypocritement dissimulées derrière une façade philanthropique.
Combien se souviennent encore que c'est Charles, le futur roi du "développement durable", qui s'est prononcé en 2020 en faveur du "Great Reset" du Forum économique mondial ? Charles partageait l'idée de Klaus Schwab et de ses partenaires que la "pandémie" offrait une opportunité de changer fondamentalement le monde.
Dans la pratique, cela signifie que l'héritier du trône britannique - ainsi que les familles fortunées et la nouvelle figure de proue politique du Royaume-Uni, le Premier ministre nouvellement élu Liz Truss - continuera à combiner techno-féodalisme, faux écologisme et capitalisme d'entreprise.
Lorsque le père de Charles, le prince Philip, est décédé lors de la crise sanitaire en avril 2021, de nombreux journalistes sinistres se sont souvenus que le prince, qui cultivait les remarques désobligeantes et l'humour noir, avait un jour déclaré qu'il espérait être réincarné en un "virus mortel qui contribuerait à résoudre la surpopulation".
Comme de nombreux eugénistes de l'élite dirigeante, Charles a appelé à freiner la croissance démographique dans les pays en développement, et son fils, le prince William, a provoqué l'indignation avec ses commentaires sur la croissance démographique en Afrique. Étrangement, même à notre époque politiquement trop correcte, de telles déclarations racistes et éco-fascistes sont pardonnées assez facilement lorsqu'elles sont éructées par les membres des familles royales.
La cour royale britannique, avec son étiquette et son esthétique, peut apparaître aux monarchistes les plus ardents comme une "gardienne de la tradition", mais Elizabeth II et ses descendants promeuvent des agendas mondialistes depuis des décennies, des politiques d'immigration libérales aux programmes de l'ONU et aux politiques d'identité pour les minorités sexuelles.
Le futur roi Charles III continuera à jouer son rôle dans le maintien d'un empire mondial d'exploitation. La gestion de cet empire comprend des familles puissantes, des familles de banquiers, des membres de la royauté et des propriétaires de sociétés internationales et de conglomérats médiatiques, qui ne renonceront pas volontairement à leur pouvoir et à leurs plans, qui ont été affinés dans les sociétés secrètes des élites pendant des décennies.
15:16 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : royaume-uni, grande-bretagne, charles iii, mondialisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Werner Olles vient de fêter ses 80 ans: un social-patriote, un doux réactionnaire
par Siegfried Bublies
Source: https://wir-selbst.com/2022/09/12/werner-olles-zum-80-geburtstag-ein-sozialpatriotischer-ein-sanfter-reaktionar/
Les chemins de la vie ne sont souvent pas rectilignes, ils connaissent des hauts et des bas, des obstacles à surmonter, des bifurcations, des croisements, des pauses et aussi l'agitation d'une avancée constante, toujours vers de nouveaux horizons.
Lorsque Werner Olles a pris contact avec la rédaction de wir selbst en 1982, il y a exactement 40 ans, il avait déjà derrière lui un parcours qui l'avait mené à travers les catacombes de la gauche militante et révolutionnaire: adhésion au SDS en 1968, après sa dissolution, membre des "Panthères rouges", une organisation annonciatrice des "Cellules révolutionnaires" terroristes, séjour au Liban en 1969 avec une délégation du SDS dans un camp d'entraînement du Fatah, suivi d'une fuite avec l'aide de milices chrétiennes de la Falange pour revenir en RFA, rupture avec la gauche radicale en 1972 et membre du SPD de 1973 à 1977.
En revanche, l'équipe fondatrice de wir selbst venait du camp politique opposé, de l'extrême-droite: nous étions des nationalistes déçus, dégoûtés par le caractère rétrograde et la pauvreté intellectuelle de la Vieille Droite, nous cherchions des alternatives. C'est l'histoire toujours assez passionnante des "gens de gauche de la droite" et des "gens de droite de la gauche" qui se rencontrent et constatent que les points communs l'emportent sur ce qui les sépare. On pourrait alors se lancer dans une recherche intéressante pour savoir ce qu'il y a de commun. Il y a bien sûr des interfaces politiques et programmatiques évidentes, qui existent effectivement entre la vraie gauche et la vraie droite: une aspiration anticapitaliste un peu diffuse, un malaise face à la modernité et ses signes évidents de décadence, et un rejet de la faute sur l'esprit libéral de l'époque, qui ne connaît pas de traditions ni de valeurs transcendantes, mais seulement le marché, l'homme en tant que consommateur et l'hédonisme voulu et encouragé d'une société en décomposition.
Mais cela n'explique que partiellement la topographie du fer à cheval (Jean-Pierre Faye, Armin Mohler), où les extrémités gauche et droite du fer à cheval sont assez proches et où l'establishment, le centre méprisé, est à égale distance. Il faut toujours ajouter quelque chose d'individuel, quelque chose qui harmonise de manière presque magique les différentes expériences de vie dans des milieux politiques dissonants. C'est ainsi que Werner Olles nous a rendu visite pour la première fois (probablement en 1982) et, en tant qu'ex-gauchiste, il a tendu la main aux ex-droitiers avec simplicité et franchise : un homo politicus et un caractère fondamentalement honnête qui refusait la stigmatisation en raison d'une socialisation politique différente et qui, malgré des opinions différentes sur des questions particulières, a su apprécier notre idéalisme rebelle.
Werner Olles avait et a toujours une gaieté juvénile et contagieuse, qui n'admet que de légères touches de moquerie, mais qui parfois, lorsque les conversations évoluent vers un diagnostic de l'époque, montre aussi un fond d'humour noir. Cet homme extraordinairement érudit et cultivé avait une longueur d'avance sur nous, les plus jeunes, en termes de connaissances et d'expérience de la vie. A partir de 1982, il est devenu un auteur permanent de notre revue et aussi un compagnon de route et un conseiller amical. Son attitude douce et conciliante, son aimable modestie et son sens de l'humain ne doivent pas faire oublier que, sur les questions politiques existentielles, Werner Olles est d'une intransigeance, d'une dureté et d'une fidélité aux principes tout à fait inhabituelles. Un antilibéralisme prononcé, qui s'est affiné au fil des décennies dans l'amitié la plus étroite et l'échange intellectuel avec Günter Maschke, certainement le meilleur connaisseur de Carl Schmitt, doit être considéré comme une constante de la vie de l'homme politique et du publiciste Werner Olles.
Que personne ne s'y méprenne : Werner Olles est un amoureux de la liberté, un contempteur de la restriction de la parole libre, un adversaire des interdictions de penser, des entraves de l'État et des prescriptions langagières idéologiquement justifiées. Et c'est précisément pour cette raison qu'il est l'un des publicistes allemands les plus marquants qui affirment ouvertement leur hostilité au libéralisme - sous le couvert duquel se cachent le mondialisme, l'universalisme destructeur de la culture, l'exploitation capitaliste, le consumérisme et l'hédonisme.
Dans ce contexte, il est compréhensible que Werner Olles se soit consacré de plus en plus, au cours des deux dernières décennies, à des questions d'une importance supra-temporelle et qu'il ait retrouvé un accès à la foi chrétienne d'inspiration ultra-catholique. Dans un monde en décomposition, où les ordres, les traditions et les valeurs s'effritent, où les peuples et même les sexes humains sont dénigrés comme des constructions sociales, Olles cherche et trouve un appui dans le religieux, dans la certitude d'une toute-puissance divine. Comme cela n'est plus transmis par l'Église catholique officielle, Werner Olles s'est mis à la disposition des courants critiques envers l'Église, des courants sédévacantistes, en tant que publiciste et y trouve de plus en plus d'écho.
Depuis plus de 30 ans, Werner Olles travaille comme pigiste pour l'hebdomadaire conservateur Junge Freiheit. Ses critiques de livres, de magazines et de films y sont extrêmement populaires et sont déjà devenues une rubrique incontournable dans ce média intellectuel, phare des conservateurs allemands.
Depuis 2019, trois livres de Werner Olles sont déjà parus aux éditions Lindenbaum : Grenzgänger des Geistes (Écrivains oubliés, méconnus et bannis du XXe siècle, 2019), Feinberührungen (Contre le totalitarisme de gauche, 2020) et "Résistance ou émigration intérieure. Pourquoi nous nous battons" (2022).
Nous te félicitons de tout cœur, cher Werner, à l'occasion de ton 80ème anniversaire et te souhaitons de rester en bonne santé, d'être créatif et d'œuvrer de manière bénéfique pour le bien de notre peuple. Nous sommes fiers de t'avoir à nos côtés.
Pour toutes commandes: https://lindenbaum-verlag.de/
Werner Olles - un parcours de vie
Né en 1942 à Bensberg (Bergisch-Gladbach), il est le cadet de deux frères et sœurs plus âgés. Son père est fonctionnaire de la Reichsbahn, sa mère enseignante. Après plusieurs bombardements et mutations de son père, il vit temporairement dans le Pays des Sudètes (à Reichsstadt) et à Wilhelmshorst près de Berlin. De là, il s'enfuit à l'ouest en traversant le Harz de nuit et dans le brouillard. Scolarisation à Mechernich (Eifel). Après une nouvelle mutation de son père, il s'installe à Francfort-sur-le-Main en 1950. Après l'école primaire, il passe quatre années d'études au Freiherr-vom-Stein-Gymnasium, puis s'inscrit à l'école de commerce. Il suit une formation d'agent d'assurance et exerce le métier de rêve de nettoyeur de vitres et de bâtiments. De 1963 à mi-1964, il effectue son service militaire à Homberg/Efze et Fritzlar. Ensuite, il travaille à nouveau comme vitrier et nettoyeur de bâtiments. En 1968, il adhère au SDS, puis, après sa dissolution, devient membre des "Panthères rouges", une organisation annonciatrice des "cellules révolutionnaires" terroristes. En 1972, après l'attentat contre les Jeux olympiques, il se détourne de la gauche militante et révolutionnaire.
Il adhère à la SPD en 1973. Il démissionne en 1976 en raison de désaccords politiques. Travaille depuis 1975 à la bibliothèque d'un établissement d'enseignement supérieur. Démissionne du syndicat à la fin des années 1970 en raison du refus du secrétaire responsable de rédiger une résolution de solidarité pour le syndicat polonais Solidarnosc "par égard pour les collègues du DKP". Cela entraîne une prise de distance avec la gauche politique et ses mensonges éhontés sur la "solidarité internationale".
Au début des années 1980, rupture définitive avec la gauche. Contacts avec des cercles nationaux-révolutionnaires et activité de rédacteur et d'auteur dans des revues de la mouvance nationale-révolutionnaire et de la Nouvelle Droite (Wir Selbst, Aufbruch, Neue Zeit). Au milieu des années 1980, évolution vers la "droite", collaboration à "Nation Europa" jusqu'au début des années 1990. Depuis 1993, collaboration occasionnelle à Junge Freiheit, dont il est, jusqu'à aujourd'hui, collaborateur indépendant. Il a publié des articles, des critiques et des interviews dans Criticón, Eckartbote, Europa, Aula, Zur Zeit, Neue Ordnung, Catholica, éléments, Nouvelles de Synergies Européennes, Gegengift, Sezession, la revue littéraire Rabenflug, les magazines de cinéma Morgengrauen, X-Tro et XUN ainsi que des contributions régulières dans la revue catholique romaine sédévacantiste Einsicht. Contributions à des livres dans Bye-bye '68 (Graz,1998), Sobre la konservative Revolution (Barcelone, 2000), Ein Leben für Deutschland. Denkschrift für Wolfgang Venohr" (Berlin, 2005), ainsi que de nombreux articles dans Enzyklopädie des Phantastischen Films (Meitingen).
Dans les années 1990, conférences auprès de Burschenschaften et Landsmannschaften. Après s'être converti au conservatisme, se rapproche à nouveau du catholicisme traditionaliste ou sédévacantiste dans son rite préconciliaire.
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Le Jus Publicum Europaeum de Schmitt : un ordre européen pour le monde
Le continent au centre du monde, le no man's land à l'extérieur. Limiter la guerre en la faisant ailleurs
par Francesco Dalmazio Casini
Source: https://aliseoeditoriale.it/jus-publicum-europaeum-carl-schmitt-geopolitica-diritto/
"Vous dites qu'une bonne cause sanctifie même la guerre ? Et je vous le dis : la bonne guerre sanctifie toute cause."
Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra
La guerre est le concept central de toute relation entre entités politiques. Toute tentative de créer un ordre international passe nécessairement de la confrontation à la limitation du conflit. Aujourd'hui criminalisée, la guerre est maintenant dissimulée derrière les asymétries de la technologie de guerre moderne, parfois donnée pour morte mais jamais tout à fait expurgée dans sa forme ancestrale de violence de l'un contre l'autre.
Selon le père du réalisme Kenneth Waltz, les États mènent (et mèneront) leurs affaires "à l'ombre d'une violence dominante". Comme tout ordre, le Jus Publicum Europaeum décrit par Carl Schmitt dans Le Nomos de la Terre est issu d'une réflexion sur la violence. Sa genèse est liée à la limitation de la guerre en tant qu'acte d'extermination, dans le but de parvenir à une utilisation réglementée de l'instrument militaire. C'est une tentative de contenir sa portée destructrice et de canaliser les énergies les plus terribles, sous-produit de toute vie sociale, au-delà des limbes de l'espace européen.
Le jus est avant tout un ordre mondial, reposant sur des États qui se reconnaissent et se font la guerre d'une certaine manière. C'est la co-présence du droit et de l'ordre territorial visible, qui regarde la planète à travers le prisme de la centralité de l'Europe, la bipartitionnant en un monde européen et un monde non-européen.
Elle est née des cendres de la Res Publica chrétienne médiévale, qui a dû céder la place à la révolution spatiale inaugurée par l'ère des découvertes. Son histoire se déroule entre la fin du XVIIe siècle et la Première Guerre mondiale, lorsque l'ordre eurocentrique sera irrémédiablement compromis par l'entrée des États-Unis d'Amérique dans les affaires mondiales.
Les dates du début et de la fin de ce nomos coïncident avec la Paix de Westphalie de 1648, qui va construire l'unité exclusive du Jus publicum Europaeum, c'est-à-dire l'État territorial fermé, et la Paix du Cateau Cambrésis avec laquelle une partition provisoire de l'espace maritime est réalisée. Autour de ces deux dualismes, Terre et Mer et Europe/non-Europe, se développe tout le récit généalogique de Schmitt.
Le Jus Publicum Europaeum et l'État
L'acteur unique et exclusif du droit public européen est l'État. Fondé sur le principe cuius regio eius religio, l'ordre étatique représente le dépassement des "factions super-territoriales qui avaient inspiré les guerres civiles des 16ème et 17ème siècles". Les conflits motivés par la justa causa avaient montré leur visage le plus terrible lors de la guerre de Trente Ans, un conflit qui avait coûté entre 5 et 10 millions de vies.
En neutralisant les "brimades confessionnelles", l'État européen a désormais exclu la justice a priori du paysage du droit international. Avec l'élimination de la justa causa, l'accent a été mis sur la personne morale qui détient seule la décision en matière d'action politique - le domaine réservé de l'État. De cette façon, l'État européen devient "le premier produit de l'ère de la technologie, le premier mécanisme moderne de grand style, machina machinarum" (On Leviathan, p.69).
L'État qui a vu le jour depuis la fin du XVIIe siècle trouve sa formulation la plus célèbre dans le Léviathan de Hobbes, mais Schmitt souligne, plus encore que le penseur anglais, le sens spatial du nouvel acteur de la politique européenne. C'est en effet dans la confrontation de différents Léviathans que naît la réflexion de Schmitt, imprégnée d'un "primat de la géopolitique" qui la rapproche de la pensée des réalistes.
L'État occupe un territoire déterminé et se conçoit au sein d'un continent fragmenté en d'autres entités spatiales juridiquement souveraines. Le jus est un ordre pragmatique, inscrit dans l'espace et l'histoire, qui ne sépare pas l'implication géographique de l'implication juridico-politique. Elle existe parce qu'elle est immédiatement visible sur la carte et dans les marques imprimées sur le territoire qu'elle occupe.
Le discours de Schmitt est sous-tendu par la souveraineté absolue de l'État au détriment de tous les autres sujets qui habitent son territoire, qui ne seront voués à la prééminence et à la pleine subjectivité seulement avec l'avènement du libéralisme. Schmitt regarde l'État moderne à travers le prisme de la simplification interne selon un schéma stylistique déjà cher, une fois de plus, à l'école réaliste américaine.
En ce sens, Nomos der Erde est une "contre-histoire de l'État" (Galli). Schmitt rejette dans son intégralité le récit élaboré par la pensée moderne pour fournir une justification métaphysique de l'État, d'abord religieuse puis, avec le triomphe de l'hémisphère occidental, avec la sécularisation de la religion en une mission universelle.
Pour ce faire, il dépouille Hegel de cette critique qui situe les raisons de l'État dans l'empyrée, accusé de déformer la perspective de quelque chose d'essentiellement pratique: "Les formulations de Hegel, qui prétendent se perdre dans la dimension métaphysique, soutiennent en fait que c'est la forme d'organisation historique et concrète de cette époque - l'État - qui opère comme porteur du progrès compris comme rationalisation et limitation croissantes de la guerre" (pp.176). L'État, en bref, est une question de praxis, qui a vu le jour afin de déduire un ordre concret que seule "la décision pour la politique dans un espace territorial fermé, c'est-à-dire [la] décision pour la souveraineté de l'État" (Galli) pouvait assurer.
Des guerres en forme
Le juriste allemand convient que le sens fondamental du droit international est de parvenir à limiter la guerre. Le système de droit public européen atteint cet objectif par le paradoxe de la désidéologisation du conflit, devenu un instrument d'action géopolitique pleinement légitime.
En partant de la doctrine de guerre de l'Espagnol Ayala, la raison transcendante est expurgée de la vie politique des États européens et la qualité de la personne qui initie les opérations militaires prend une place centrale absolue. Le droit de guerre est en effet exclusif à la personne morale de l'État. Oubliant les factions supranationales des guerres de religion, dans lesquelles chaque partie revendiquait une justa causa de nature supérieure, le Jus Publicum Europaeum exige du conflit des caractéristiques purement formelles :
- La guerre devient maintenant une guerre de forme, une guerre en forme, et ce uniquement parce qu'elle devient une guerre entre des États européens clairement délimités territorialement, c'est-à-dire une confrontation entre des entités spatiales présentées comme des personae pubblicae, qui construisent sur le sol commun de l'Europe la famille européenne et peuvent se considérer mutuellement comme des justi hostes (p. 165)
- L'ennemi cesse d'être considéré comme un mal à anéantir et devient un autre sujet politique avec lequel la confrontation militaire est nécessaire et légitime le cas échéant. Plus précisément, la distinction entre l'agresseur-criminel et l'agresseur-légitime à se défendre tombe. Les États européens sont en fait des hostes equaliter justi, des ennemis mutuellement légitimes sur la base de la qualité de l'entité juridique qu'ils représentent.
La métaphore du duel, utilisée par Schmitt lui-même, est particulièrement appropriée : un duel, en d'autres termes, n'est pas juste parce que la cause juste y gagne toujours, mais parce que certaines garanties sont assurées dans la protection de la forme : la qualité des duellistes, le respect d'une certaine procédure et notamment l'utilisation égale des témoins.
Dans le Jus Publicum Europaeum, les magni homines, les grands léviathans, se tiennent face à face sans aucun droit de supprimer la juridicité de l'autre ou de le discriminer comme mauvais - tout au plus de prendre les armes contre le même dans un climat d'égale légitimité.
La guerre décriminalisée et déthéologisée conduit également à la dé-systématisation de la guerre elle-même. À l'heure des grandes guerres de religion, où l'ennemi est une entité maléfique à anéantir totalement, la neutralité des puissances tierces est inadmissible. Éviter de prendre position face à une guerre archétypale entre le bien et le mal reviendrait à sympathiser avec le mal et à prendre son parti.
À une époque où la guerre prend la valeur d'un instrument légitime de politique étrangère, la neutralité et l'intervention dans un conflit d'autrui sont des choix tout aussi légitimes qui sont laissés au calcul de puissance de l'État tiers. Au même titre que l'espace, le droit de guerre est partagé exclusivement entre les États souverains et reconnus de la famille européenne. Le pirate, le criminel et le rebelle ne jouissent pas de la qualité juridique de faire la guerre, les États entretiennent des relations avec eux par le biais du maintien de l'ordre et non de la guerre - ils ne sont pas considérés comme des ennemis, mais comme des "objets de poursuite et de répression".
Terre et mer
L'ordre mondial eurocentrique est étayé par les deux archétypes qui caractérisent la pensée schmittienne depuis le début des années 1940 : la terre et la mer. Bien plus que de simples principes géographiques, les éléments de terre et de mer sont pour Schmitt des éléments qui guident les positions politiques des pouvoirs qui les adoptent. Les puissances terrestres et les puissances maritimes ont chacune leurs propres concepts de guerre, de proie, d'ennemi et de liberté.
Cependant, il serait erroné de lire dans les pages de Nomos un projet, à la manière de Kant, de confiner les puissances maritimes, traditionnellement libérales et ouvertes à la conception mercantile de la politique, dans la subordination. Si Schmitt est et sera toujours un Allemand amoureux de son Allemagne, puissance terrestre par excellence, installée au cœur de l'Europe, au sein du Jus Publicum Europaeum, les deux éléments s'y côtoient en tension harmonique. À côté de l'Europe enclavée, en effet, le système de Schmitt voit l'Angleterre, élevée au rang de maître unique des océans, comme le stabilisateur et le contrepoids de la politique continentale:
- L'Angleterre devient ainsi porteuse d'une nouvelle vision maritime universelle de l'ordre eurocentrique, gardienne de l'autre aspect du Jus Publicum Europaeum, maîtresse de l'équilibre entre Terre et Mer. L'espace océanique échappe par nature à toute mesure terrestre : aucune frontière ne peut être tracée entre les vagues, tout comme il n'existe aucune division géographique claire entre les belligérants et les civils.
- La mer est le royaume de l'illimité par opposition au continent mesuré, ordonné et divisé. En Europe, la politique post-westphalienne est caractérisée par l'équilibre des forces, un ordre tectonique, bien illustré par l'affrontement en temps de guerre où des carrés d'hommes s'affrontent sur des terres frontalières. En revanche, les Flammes se caractérisent par le déséquilibre, par la guerre de course qui frappe le ventre de l'ennemi et préserve l'héritage du conflit d'anéantissement qui a précédé l'avènement du Jus.
Le raid de l'amiral néerlandais Michiel de Ruyter remontant la Tamise pour frapper la capitale même de l'Empire britannique, mettant le feu aux navires anglais à l'ancre, relève des guerres disciplinées du continent comme la terre relève de la mer. D'autre part, la victoire définitive des Anglais sur la mer a contraint la Hollande, avec le traité d'Utrecht, à une abdication totale de sa puissance maritime, dénaturant son essence et la forçant à une pénitence terrestre.
Après 1713, seule l'île britannique sera une puissance maritime, l'unique porteuse de la bannière des vagues, un non-ordre maritime qui, seulement dans sa polarité avec le reste de la terre, donne naissance au nomos de la terre et, finalement, au moderne.
Le Jus Publicum Europaeum et le monde
L'infrastructure du Jus est pour Schmitt quelque chose qui transcende le légitimisme artificiel des congrès et des conférences. Il est conscient que l'équilibre des forces en Europe est possible grâce à l'existence d'une "non-Europe" dont les États du Vieux Continent peuvent disposer à leur guise. Le reste du monde est la soupape de décharge de l'excès de pouvoir de l'État européen, l'endroit où il peut concrètement accumuler les bénéfices de sa force sans déclencher de changements catastrophiques dans le système.
Introduites comme une clause secrète dans le traité de Cateau Cambrésis, les lignes d'amitié marquent les limites au-delà desquelles le système de droit public européen cesse de s'appliquer. En particulier, la ligne de faille a été établie en 1634 par le roi de France au Tropique du Cancer : au-delà de cette ligne, la guerre cessait de répondre aux règles du Jus Publicum Europaeum.
Le seul principe qui est reconnu dans cet outre-mer est celui de la liberté des nouveaux espaces. Les Européens acceptent donc d'établir un "espace de guerre entre les puissances contractantes" où tout est permis. Avec la disparition du katechon, le pouvoir restrictif de la foi chrétienne commune, l'excès d'énergie cinétique a besoin des espaces illimités du nouveau monde pour expérimenter son potentiel sans donner lieu aux guerres systémiques qui ont sanctionné la fin de la Res Publica Christiana.
C'est dans cette polarité que Schmitt déploie l'aspect le plus intéressant et le plus controversé de sa pensée internationaliste. L'ordre européen est implicitement reconnu comme supérieur : le monde est une terre de conquête, voire de "gros gibier" (Galli). Au-delà de l'équateur se trouve le sauvage dont la subjugation par les armes européennes est la clé de voûte sur laquelle repose l'ordre continental.
L'existence même du titre juridique de découverte - le seul titre juridique reconnu dans le système de droit public européen pour l'appropriation de nouvelles terres - s'inspire fortement de la conception eurocentrique dans la mesure où il fait référence à la découverte de terres jamais visitées par les Européens et non par l'homme :
Du point de vue de ceux qui sont "découverts", la découverte n'est jamais légale: ni Colomb ni aucun autre découvreur ne s'est jamais présenté devant les princes des pays "découverts" avec un visa d'entrée. Les découvertes sont faites sans l'autorisation préalable du découvreur. Leur titre juridique consiste donc en une légitimité supérieure. Les découvertes ne peuvent être faites que par ceux qui, sur un plan spirituel et historique, sont suffisamment supérieurs pour comprendre la réalité découverte avec leur propre connaissance et conscience.
La philosophie de Schmitt, avons-nous dit, est une philosophie de dualismes. Contre la terre monte la mer, contre l'Europe le reste du monde. La non-Europe est le royaume de l'irrationnel et du non-ordre, une terre dépourvue de l'afflux ordonné du politique, articulée autour de communautés territoriales fermées et en conflit perpétuel - et le juriste refuse ici de reconnaître aux grands empires non-européens, qui s'y trouvaient, la pleine dignité de corps politiques souverains.
C'est ici que l'Européen a le droit de laisser libre cours à son élan vers le désordre et l'irrationalité et que se déroule le grand processus qui donne naissance à la Modernité. La forme et le fond, dans la modernité, sont liés mais perpétuellement divergents. Ce sont deux impulsions naturellement discordantes que la vie politique doit nécessairement s'efforcer de tenir ensemble.
Le souverain se voit confier la tâche de réaligner par une décision arbitraire le réel de l'idéal au sein de la communauté politique nationale. Le Jus Publicum Europaeum connaît, comme tout système d'organismes politiques, la même dérive : l'ordre est continuellement mis en danger par la déconnexion entre les règles du système et les actions chaotiques des différents Etats. C'est en cela que nous saisissons l'essence du moderne par opposition à l'ancien. Lorsque l'action du katechon échoue, les contraintes forçant les forces destructrices de l'action politique dans l'ordre chrétien sont brisées. Le besoin se fait immédiatement sentir d'un prisme, un joint de connexion qui empêche la déconnexion finale et réaligne les deux plaques de temps en temps.
Et c'est dans les terres au-delà de la mer que Schmitt situe la bouée de sauvetage de l'ordre européen. L'afflux perturbateur et nihiliste, l'âme noire de la modernité, est dirigé contre les communautés indigènes situées à des milliers de kilomètres, qui paient le prix de la sauvegarde d'une réalité ordonnée dans les frontières du Vieux Continent. C'est sur ce terrible secret que repose le sens de la guerre en tant que duel chevaleresque, ordonné et réglementé, que les États européens ont adopté dans le cadre du Jus Publicum Europaeum.
Francesco Dalmazio Casini
Archéologue, journaliste, passionné de géopolitique. Né à Rome, il y est revenu après un bref intermède à Milan pour paericiper au projet Aliseo. "J'aime rendre compte des conflits, des interactions et du facteur humain des acteurs internationaux. De temps en temps, je fais des paris dans les domaines de l'énergie, de la politique et de la logistique. En d'autres termes, j'aime expliquer ce qui se cache derrière ce qui se passe dans le monde. Une mission : apporter la culture de l'information approfondie (et lente) en Italie".
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Post-politique vs. politique existentielle
Darya Platonova Douguina
Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/post-politics-vs-existential-politics?fbclid=IwAR2JunF6yn5IUsupqgrlyBzbclznJcOqVCWNtCvSvYpaVxKxi0DOFemrUB0
Le 20ème siècle a été un siècle de rivalité entre trois idéologies. Certaines ont réussi à régner pendant plusieurs siècles (le libéralisme), d'autres pendant des décennies ou seulement quelques années (le communisme et le national-socialisme). Mais leur disparition nous semble évidente. Ces trois idéologies, filles de la philosophie des Temps Modernes, ont quitté l'espace de la politique. L'ère de la modernité a pris fin.
La fin de l'ère de la modernité
La mort du libéralisme ne semble pas aussi évidente que celle du communisme ou du national-socialisme. Francis Fukuyama proclame "la fin de l'histoire", c'est-à-dire la fin de la rivalité entre les trois idéologies et la victoire finale de la doctrine libérale. Mais le libéralisme n'a pas encore gagné... On peut s'en rendre compte en prêtant attention à la politique aujourd'hui. Si, dans le libéralisme classique, le sujet de la politique était l'individu (sa principale vertu était la liberté au sens négatif : décrite avec précision par Helvétius, "Un homme libre est un homme qui n'est pas enchaîné, n'est pas emprisonné, n'est pas intimidé comme un esclave par la peur du châtiment..."), aujourd'hui cet individu-là n'existe plus. Le sujet du libéralisme classique est éliminé de toutes les sphères, on se méfie de sa globalité; son identité, même si elle est posée négativement, est caractérisée comme une défaillance dans le fonctionnement du système virtuel global de la modernité. Le monde est entré dans le domaine de la post-politique et du post-libéralisme.
La politique rhizomique
L'individu s'est transformé en rhizome, le contour du sujet s'est dissous en même temps que la foi en un Nouvel Âge ("Il n'y a pas eu de Nouvel Âge/de Temps Modernes !" proclame Bruno Latour, constatant dans la modernité les nombreuses contradictions et le non-respect de ses propres règles de fonctionnement - la constitution). "On est fatigué de la langue de bois", le logos de la modernité est moqué par la société liquide et fusionnelle de la postmodernité. Un nouvel acteur de la politique émerge : le post-sujet. Il pense de manière chaotique : les diapositives se succèdent dans sa tête à la vitesse de la lumière, interférant avec les stratégies classiques de pensée logique. La nouvelle pensée est celle d'un têtu chaotique, la pensée glitch. La politique se transforme en un pays des merveilles dans lequel l'acteur-Alice tantôt augmente, tantôt diminue dans le schéma psychédélique de la nouvelle post-rationalité.
La gauche et la droite contemporaines sont un exemple de ce schéma. La récente coalition de la gauche et de la droite contre le Rassemblement National en France après le premier tour des élections régionales a montré la fin du modèle politique de la modernité. Nous assistons à la fusion des valeurs de la gauche et de la droite, désormais unies par un virus libéral d'un nouveau genre. La gauche moderne commence à flirter avec le capital, défend activement les valeurs politiques de la droite (l'écologie par exemple) et la droite prend le visage comique des faux nationalistes.
Une caractéristique de la post-politique est le brouillage des contours de l'échelle de l'"événement". L'échelle se déplace de façon spectaculaire ("Alice grandit, Alice rétrécit"). La confrontation moderne entre le système et le terrorisme a été appelée par Baudrillard la Quatrième Guerre mondiale. Contrairement aux guerres précédentes - l'échelle mondiale 1-2, la troisième guerre mondiale - l'affrontement des deux pôles géopolitiques clés (États-Unis et URSS) - une guerre softpower, semi-médiévale, prête à devenir une guerre avec de nouvelles armes à tout moment ; la quatrième guerre mondiale - une guerre post-moderne dans laquelle l'ennemi et l'ami sont habilement imbriqués (le terrorisme devient une partie du système politique). La 4ème GM flirte avec l'échelle : sa principale caractéristique est le hasard, le chaos et l'arbitraire dans la définition de l'échelle de l'événement (le micro-narratif devient l'événement, les macro-narratifs sont ignorés). Un acte terroriste occupe une petite surface : un bâtiment, un couloir, quelques pièces ou quelques terrasses (micro-narration). Mais son importance est aussi grande que la bataille de Stalingrad (macro-narration).
Dans les guerres classiques, il existait des points de référence auxquels nous pouvions rattacher l'événement et sa signification. Dans le monde politique moderne, il n'y a pas de points de référence : c'est comme Alice au pays des merveilles. Il diminue, puis augmente, mais sa croissance "normale, idéale" est impossible à identifier (le chaos décrit par Deleuze dans La logique du sens). La logique du politique est abolie.
Les attentats terroristes (130 morts - Paris, vendredi 13 novembre 2015) ébranlent le "politique" plus que les guerres à grande échelle (Syrie). Cela montre que le monde entre dans une nouvelle phase : celle de la politique rhizomique. Pour comprendre la politique contemporaine, nous devons apprendre à penser en termes rhizomiques. Absorber le chaos.
La post-politique est un monde de technologie politique, 5 secondes de gauche, socialiste - 5 secondes de droite, républicain. L'identité change avec le clic d'une télécommande de télévision, la technologie. (Seule la question se pose : qui contrôle la télécommande, qui décide de changer la diapositive). Dans les termes de Martin Heidegger, la force principale de la post-politique moderne : la Machenschaft und Technè.
Une alternative à la politique rhizomique dans une situation où les idéologies sont mortes
Les écrits de Heidegger offrent une perspective particulière sur l'organisation du politique. Dans la société occidentale libérale, l'œuvre de Heidegger et surtout sa philosophie politique (qui ne nous est pas livrée explicitement) n'ont pas été suffisamment explorées. En règle générale, l'étude de la philosophie politique de Heidegger se réduit à une tentative de trouver chez le philosophe une apologie du fascisme et de l'antisémitisme (un exemple en est la réaction de la communauté philosophique à la récente publication des Cahiers noirs, particulièrement éloquente de la part de l'historien français de la philosophie Emmanuel Faye). Une telle interprétation ignore la dimension métaphysique de la philosophie de Heidegger et semble inutilement superficielle et déformer l'enseignement de Heidegger.
Martin Heidegger ne peut être interprété dans le contexte d'aucune théorie politique du 20ème siècle. Sa critique de la Machenschaft ne s'applique pas seulement aux Juifs (et non pas sur un principe biologique, mais métaphysique), mais aussi, dans une bien plus large mesure, au national-socialisme. En ce sens, nous pouvons dire que Heidegger représente une critique fondamentale du national-socialisme, dans lequel il voit des manifestations de la Machenschaft (par opposition au national-socialisme "spirituel", authentique - qui, selon Heidegger, ne s'est pas réalisé sous le régime d'Hitler).
Heidegger reconnaît une crise profonde des systèmes politiques. Appliquant l'histoire de l'être à l'histoire du politique, la politique apparaît comme un processus d'oubli progressif de l'être et d'approche de l'être. Le politique moderne n'a pas de dimension existentielle, il existe de manière inauthentique. Politique et ontologie sont inséparables, Platon l'avait déjà souligné dans la République en introduisant l'homologie entre le politique et l'ontologique ("la justice dans l'âme est la même que la justice dans l'État").
En appliquant la Fundamentalontologie au domaine du politique, nous pouvons suggérer que le politique peut exister de manière authentique et inauthentique. L'existence authentique de l'homme politique est son engagement envers l'être, l'inauthentique est sa préoccupation excessive de l'être, son oubli de l'être. L'état dans lequel l'homme politique devient authentiquement existentiel est hiérarchique. L'ontologique se tient au-dessus de l'ontique. L'authentique au-dessus de l'inauthentique. Les types de domination se situent sur une ligne verticale stricte : de la Machenschaft à la Herrschaft.
Dans la situation actuelle de crise du "politique", la politique existentielle mérite une attention particulière et nous semble une véritable alternative à la politique rhizomique. Elle nécessite une étude approfondie et un développement plus poussé.
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Top Gun - La propagande hollywoodienne pour l'armée américaine au cinéma
Alexander Markovics
Les Etats-Unis au milieu des années 1980 : après la médiatisation des crimes de guerre commis par l'armée américaine au Vietnam, un important mouvement pacifiste dans les années 1960 et 1970 et une vague de films anti-guerre comme Apocalypse now et Ceux qui traversent l'enfer ont ruiné la réputation des forces armées américaines. Mais un film a largement contribué à changer la donne : Top Gun, de Jerry Bruckheimer, avec Tom Cruise dans le rôle principal. Doté d'un budget de 15 millions de dollars, le film a rapporté 356,8 millions. Le grand succès du film est sans aucun doute dû en partie à l'US Navy qui, par le biais du DOD Entertainment Office, met des porte-avions et des chasseurs à la disposition de la production. Ce bureau du ministère américain de la Défense existe curieusement depuis 100 ans et a coopéré pour la première fois avec des cinéastes en 1927 pour le film Wings, sur les pilotes de chasse pendant la Première Guerre mondiale. Et la marine en a également profité : après la sortie du film en 1986, on a assisté à une augmentation de 500% du nombre de jeunes pilotes dans la marine, notamment parce qu'il y avait en même temps des recruteurs militaires devant les salles de cinéma.
Parallèlement, le ministère américain de la Défense contrôle ainsi les messages véhiculés par le film : l'ensemble du scénario doit être approuvé au préalable. Top Gun, avec ses scènes d'action rapides et ses manœuvres aériennes audacieuses, n'est donc pas seulement un bon film d'un point de vue technique, mais aussi un message publicitaire efficace en faveur de l'impérialisme américain. Il ne fait aucun doute que le film laisse un goût amer lorsque l'on sait que ce sont précisément les pilotes américains qui ont bombardé l'Irak, la Yougoslavie, la Libye et bien d'autres pays au cours des trente dernières années, causant la mort de millions de personnes. Trente-six ans plus tard, Tom Cruise et les forces armées américaines réitèrent cette manœuvre dans les salles de cinéma, cette fois avec le film Top Gun : Maverick. Cette fois encore, il s'agit essentiellement d'un film pornographique de guerre qui glorifie l'armée américaine de manière ridicule et dépeint une troupe qui place la camaraderie et l'abnégation au-dessus de tout. Si l'on considère le taux élevé de suicides dans les forces armées américaines, cela aussi se moque de la réalité.
Ce qui est intéressant dans ce film, c'est qu'il manque de contexte ou qu'il le laisse dans l'ombre : Top Gun Maverick ne prend même pas la peine de justifier la politique étrangère américaine. Un État voyou non identifié veut construire un réacteur nucléaire et l'escadron d'élite Top Gun doit le détruire lors d'une opération commando. Il n'y a pas de débat sur la motivation de l'État voyou à vouloir construire ce réacteur (peut-être pour pouvoir défendre sa souveraineté contre les États-Unis ou pour ne pas avoir à subir les sanctions énergétiques américaines?), et on ne montre pas non plus les protagonistes de l'État ennemi sans visage, qui ne servent que de chair à canon anonyme pour les as de l'aviation américaine. Du point de vue des Etats-Unis, de tels films peuvent être compréhensibles, mais seuls les maîtres du complexe de divertissement militaire d'Hollywood et de Washington savent pourquoi les spectateurs allemands et européens, qui ont également eu à souffrir des bombes américaines dans le passé, sont contraints de voir de tels films.
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L'Arthashastra de Kautilya : les origines orientales du réalisme politique
Le réalisme, un héritage politique et un grand aperçu de la philosophie indienne
par Matteo Borgese
Source: https://aliseoeditoriale.it/arthashastra-kautilya-india-realismo-politico/
"Une flèche tirée par un archer peut tuer un homme ou ne pas le tuer du tout, mais l'intellect utilisé par un homme compétent peut tuer même un bébé dans le ventre de sa mère".
Cette phrase attribuée à Kautilya, le premier théoricien du réalisme politique, est la preuve concrète qu'un certain type de pensée peut être la plus efficace des stratégies pour la survie d'une nation. Le réalisme politique ou 'Realpolitik' peut être résumé comme la théorie de la philosophie politique selon laquelle le maintien concret du pouvoir est central.
Pour le réalisme, les questions morales, éthiques ou religieuses ne sont pas admissibles lorsqu'il s'agit de la théorie du gouvernement d'un peuple. La signification plus large de Realpolitik est aussi claire pour ceux qui s'intéressent à la géopolitique que l'évolution que ce terme a subie tout au long de l'histoire occidentale. Les noms de Kissinger et de Bismarck vous seront sans doute familiers, mais en remontant encore plus loin dans l'histoire du réalisme, nous pouvons rencontrer des figures tout aussi connues qui se distinguent comme des précurseurs de la Realpolitik : Machiavel, à la Renaissance, et Thucydide, dans la Grèce classique.
Bien que ces grands penseurs aient défini avec leurs idées les concepts qui constituent le réalisme politique et qu'ils aient joui d'une grande considération en Occident, il faut se tourner vers l'Asie du Sud pour retrouver les origines, au moins littéraires et documentées, du courant de pensée réaliste. Kautilya, également connu sous le nom de Chanakya ou Vishnugupta, est l'auteur de l'Arthashastra, terme sanskrit traduit par le philosophe et orientaliste G. Maggi par "Code du pouvoir", un traité composé entre le 4ème et le 2ème siècle avant J.-C. sur l'art du gouvernement, couvrant des sujets tels que l'économie, la guerre, la gestion des infrastructures, la politique étrangère et, au sens moderne des termes, le renseignement et la sécurité.
La figure de Kautilya et le contexte historique
Kautilya vivait dans le nord de l'Inde à la fin du 4ème siècle avant Jésus-Christ. Il a étudié dans l'une des plus anciennes universités du monde antique, dans la ville de Taxila, et est considéré comme un "faiseur de roi" car il a déposé la dynastie régnante de l'époque, les Nanda, et a fait couronner le jeune Chandragupta Maurya (statue, ci-dessous), dont il est devenu le mentor, sur le trône du royaume de Magadha, ouvrant ainsi l'ère de l'Empire Maurya. Kautilya devient le conseiller du souverain Maurya, jouissant d'une influence extraordinaire sur les décisions à prendre dans la gestion de l'État.
Ce fut le premier des empires pan-indiens, grâce aux directives de Kautilya; la domination de Chandragupta s'est étendue en très peu de temps de l'actuel Pakistan au Bangladesh, englobant tout le nord de l'Inde et une partie du sud de l'Inde. C'est dans ce contexte que le conseiller de l'empereur Maurya a pu écrire l'Arthashastra. L'empire de Chandragupta comptait une population de 50 à 60 millions d'habitants, soit environ 35 % de la population mondiale de l'époque, et pouvait se targuer d'une puissance militaire hors du commun. On estime que l'armée comptait plus de 600.000 soldats et près de 10.000 éléphants.
Ils formaient l'épine dorsale de la puissance militaire de Maurya, et notre vision de la guerre moderne ne doit pas nous conduire à sous-estimer l'importance de ces animaux en tant qu'arme de guerre, aussi cruciale à l'époque que la marine ou l'aviation peuvent l'être pour les forces armées contemporaines aujourd'hui. Bien conscient de la puissance politique et militaire de l'empire Maurya, Kautilya s'est montré astucieux pour façonner un modèle durable en proposant à son souverain un système de gouvernement qui ne se limite pas à la guerre mais qui est complet et conforme à une pensée réaliste concrète et sans préjugés.
L'Arthashastra, le contenu du "Code du pouvoir"
La pensée de Kautilya est finement condensée dans son œuvre la plus célèbre, l'Arthashastra. Le traité est en fait la première preuve littéraire de la Realpolitik, et je n'en veux pas au Chinois Sun Tzu, dont les maximes, bien que d'une immense valeur, prennent une saveur presque philosophique lorsqu'elles sont - parfois de force - étendues hors du contexte de la guerre. Le traité était déjà connu de nombreux intellectuels du vivant de Kautilya et est devenu une lecture obligatoire pour les souverains après l'ère Maurya. Pourtant, le texte a été perdu pendant de nombreux siècles pour n'être redécouvert qu'en 1904, et peut aujourd'hui à nouveau jouir de la renommée qu'il mérite grâce aux traductions modernes.
Pour se faire une idée de l'Arthashastra et de ses 15 chapitres, on pourrait comparer l'œuvre à un ouvrage qui a eu une résonance extraordinaire en Occident dans le domaine du réalisme, comme Le Prince du philosophe florentin Niccolò Machiavel, déjà mentionné. Selon Weber, cependant, malgré la crudité de la pensée machiavélique, l'œuvre du Florentin est même "inoffensive" en comparaison de l'Arthashastra. Kautilya est surprenant par la modernité de son regard analytique qui voit dans "conquérir ou être conquis" la seule règle dans les jeux de politique intérieure et extérieure du gouvernement.
Dans le traité, le penseur indien construit une série de situations dans lesquelles il est nécessaire de s'attaquer à des instruments considérés, surtout dans la société de l'époque, comme "déloyaux" : cela va de l'utilisation d'espions, principalement des femmes chargées des assassinats, mais aussi des enfants et des mendiants sous couverture, à la manipulation de l'opinion publique au moyen d'activités de propagande et à la création ciblée de la dissidence et du mécontentement à l'égard des ennemis politiques. Bien que le terme "renseignement" n'apparaisse jamais dans le traité dans son sens moderne, ces types de mesures détaillées par Kautilya peuvent être définies comme des mesures actives et couvrent des actions ante litteram.
Une importance considérable est accordée à la guerre en tant qu'instrument concret de résolution des conflits qui est presque nécessaire pour atteindre la paix et le bien-être de la nation. Selon Kautilya, il existe trois types de guerre : il y a la guerre ouverte, qui est à éviter car elle est imprévisible et coûteuse ; ensuite, il y a la guérilla, qui est préférable à la guerre ouverte malgré le fait que les forces de l'ennemi sur le terrain sont inférieures ; et enfin, il y a la guerre basée sur l'utilisation d'espions, d'assassins et de propagande, qui est bien plus efficace et moins chère que les types précédents. Il convient de souligner que Kautilya, selon certains historiens, a poussé le contrôle des citoyens à l'extrême en utilisant des espions de l'Empire et que Chandragupta était un souverain craint, plutôt qu'apprécié, en raison de cette surveillance oppressive.
Un quatrième type de guerre que Kautilya expose provient de la conception culturelle hindoue qui considère l'art de la diplomatie comme un instrument de guerre inestimable. Pour le philosophe indien, en effet, dans la conclusion de pactes et de traités, les intentions des gouvernants sont dissimulées et leurs actions futures peuvent être lues. Pour prendre un exemple moderne, on pense au pacte Molotov-Ribbentrop entre l'Allemagne nazie et la Russie soviétique, dans lequel il était facile de lire entre les lignes comment le pacte était plus adapté pour gagner du temps en vue d'une rupture future plutôt que de représenter un accord solide dans le temps entre deux puissances qui étaient à l'époque en conflit idéologique et politique avéré.
L'héritage de Kautilya dans l'Inde contemporaine
Les capacités d'analyse de Kautilya, bien que peu communes pour l'époque, ne doivent pas faire oublier le contexte culturel de l'époque et l'importance de certaines valeurs religieuses dans la société hindoue. L'Arthashastra est chargé d'une composante éthique et morale qui, à première vue, sans une connaissance de l'appareil culturel complexe issu de l'hindouisme - et du bouddhisme - pourrait heurter la teneur du réalisme extrême de l'œuvre. La philosophie et la religion hindoues apparaissent puissamment dans le texte lorsque l'on arrive à la conclusion que le but ultime de la guerre, malgré les moyens "injustes", est la paix et le bien-être des citoyens.
La vision hindoue de Kautilya, dynamique et conforme à la culture hindoue, admet que la nature de l'homme est de faire la guerre puisque toute action pour la survie de la nation est un acte guerrier, plus ou moins manifeste. Dans ce conflit perpétuel, le souverain doit profiter de ses réalisations, non pas de manière hédoniste, mais plutôt en façonnant la prospérité et en aspirant à une société meilleure pour ses sujets. Kautilya est également le père de la théorie du mandala, un concept applicable en politique étrangère qui est souvent résumé par un diagramme. La théorie part de l'hypothèse que deux États voisins, ayant donc des territoires voisins, sont ennemis par nature.
Ce concept est évoqué lorsqu'on cite le proverbe "l'ennemi de mon ennemi est mon ami", un aphorisme que l'on a cru pendant de nombreux siècles être d'origine arabe, mais qui trouve au contraire son origine et sa confirmation littéraire dans l'Arthashastra. La théorie du mandala est une évidence si l'on pense à la politique asiatique de ces dernières décennies. La menace pakistanaise a en effet poussé l'Inde à intensifier ses relations diplomatiques avec l'Afghanistan, tandis que la menace chinoise a poussé le pays vers le bloc occidental et dans QUAD, l'alliance quadrilatérale avec le Japon, l'Australie et les États-Unis. Dans cet échiquier où les cases voisines constituent une menace pour la sécurité nationale, on voit bien que l'amitié cultivée par Modi avec la Russie de Poutine est d'une importance capitale.
Inconnu des Occidentaux depuis des siècles, Kautilya a toujours été présent dans la culture indienne en tant que maître de la stratégie et du réalisme politique, au point qu'il est coutume de dire que "tout est Arthashastra en Inde". Son nom a été donné à une rue du centre de Delhi, où se trouve le siège des services de renseignement indiens, ce qui souligne encore l'héritage que cette figure a laissé à l'Inde contemporaine. La Realpolitik ne semble donc pas être quelque chose qui a influencé les dirigeants indiens au cours de l'histoire, mais apparaît plutôt comme un produit de la culture hindoue, de l'art de la gouvernance et de la pensée philosophique raffinée, facteurs liés par le besoin intemporel de survivre en tant que culture et nation.
Matteo Borgese
"Né à Rome en 1996. J'ai fréquenté un collège classique, puis j'ai continué sur la voie de la croissance et de l'étude des sciences humaines qui m'a rapproché de plus en plus de la philosophie orientale. Je m'intéresse au sous-continent indien et à tout ce qui a trait à la culture et à l'histoire indiennes, anciennes et contemporaines. Passionné par l'histoire des religions, le mysticisme et la relation entre l'homme et le divin dans sa globalité, j'essaie de discerner les échos des doctrines philosophiques anciennes dans la politique contemporaine".
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David Engels réfléchit sur l'œuvre de Spengler : penser à l'avenir
Par Javier Navascués
Source: https://elcorreodeespana.com/hispanidad-y-geopolitica/558345695/David-Engels-reflexiona-sobre-su-obra-Spengler-Pensando-en-el-futuro-Por-Javier-Navascues.html
Le célèbre historien David Engels (né à Verviers, en Belgique, en 1979) est professeur en charge de recherches à l'Instytut Zachodni de Poznan (Pologne), où il se consacre à l'étude approfondie de toutes les questions liées à l'histoire intellectuelle occidentale et à l'identité européenne. Il est également président de la Société Oswald Spengler. Auteur d'un livre fondateur, intitulé Le declin, David Engels consacre également une grande partie de son ouvrage à l'esquisse d'une possible réforme des institutions européennes basée sur ce qu'il appelle "l'Hespérialisme", une combinaison profonde et rénovatrice du meilleur patriotisme européen avec le conservatisme culturel le plus élaboré. Auprès de l'éditeur espagnol Letras Inquietas, il a participé à l'ouvrage collectif Las 13 claves del Nuevo Orden Mundial.
Pourquoi Spengler a-t-il été le grand scrutateur de l'âme occidentale ?
Spengler est sans aucun doute l'un des plus grands philosophes de l'histoire de la civilisation occidentale. On peut discuter de la valeur de sa pensée métaphysique - il appartenait à l'école du vitalisme, qui se résume finalement à un dualisme très difficile à maintenir sur le plan de la logique - mais les parallèles factuels qu'il a découverts entre les grandes civilisations humaines comptent parmi les choses les plus importantes jamais écrites dans ce domaine. Personnellement, ce n'est pas tant l'analyse de l'histoire européenne que je qualifierais d'originale - dans une large mesure, ses contemporains la considéraient également comme telle - mais la découverte de son inévitable nécessité à la lumière de développements analogues dans d'autres cultures ; un double "éloignement" historique qui nous permet non seulement de voir l'Occident sous un jour entièrement nouveau, mais aussi d'aborder les civilisations non européennes dans une perspective complètement différente.
Il faut ajouter à cela la précision presque mathématique avec laquelle Spengler a également tenté de prédire l'avenir de l'Europe sur cette base ; une tentative qui doit être largement considérée comme vérifiée 100 ans après la publication du Déclin de l'Occident, où l'on annonçait le déclin de la population, le déclin du christianisme, le socialisme à plusieurs milliards de dollars, la pollution environnementale, le populisme, les migrations de masse, la montée des peuples non-européens (notamment d'Asie et du monde musulman), le pacifisme, l'extinction des villages, la fatigue spirituelle, la désindustrialisation, le leadership allemand sur l'Union européenne et bien d'autres encore, tandis que la guerre en Ukraine pourrait marquer le dernier chapitre du césarisme. Mes propres recherches sur Spengler sont donc guidées par deux impératifs : d'une part, en tant qu'historien, pour approfondir la pensée de Spengler par analogie (et la corriger à l'occasion), et d'autre part, en tant qu'Occidental du 21ème siècle, pour contribuer à façonner de manière analytique et essayistique notre propre présent à la lumière de la morphologie culturelle de Spengler.
Parlez-nous brièvement du mythe de Faust et de son application à l'homme européen, et donc de la nature faustienne.
Pour Spengler, chaque culture se caractérise par une vision du monde unique et inimitable, profondément ancrée dans son âme culturelle, une façon spécifique et inimitable de voir et de comprendre Dieu, l'Homme et le monde. L'Égyptien voit le monde comme une longue route menant directement au royaume des morts et à l'au-delà, l'Oriental comme un espace de destinée entièrement déterminé par l'incalculable arbitraire divin, le Grec et le Romain comme une collection de corps concrets et matériels, et l'Occidental comme un espace de puissance abstraite et infinie qui invite à atteindre constamment l'horizon, à se dépasser et à traduire tout ce qui existe en pouvoirs et en fonctions. Comme le légendaire Faust, l'Occidental est insatiable, insatisfait, intempestif, toujours aussi curieux que mégalomane. Son avidité de "plus" s'exprime aussi bien dans la dimension architecturale des cathédrales et des gratte-ciel que dans la dimension musicale de la polyphonie des orgues de salle et des grands orchestres symphoniques, dans la dimension politique des croisés et des conquérants que dans la dimension scientifique des voyages spatiaux et de la fission nucléaire. On aurait donc tort de considérer l'histoire comme une sorte de développement linéaire du progrès par rapport à l'état actuel des connaissances des Européens : la haute technologie est plutôt un pur produit de l'homme occidental (qui, pour sa part, est incapable d'apprécier à leur juste valeur nombre des grandes créations des autres civilisations) et disparaîtra avec lui dans le temps prévisible de quelques générations et périra à l'exception de quelques rudiments de technologie de simple application.....
Quelles solutions proposez-vous pour éviter ce déclin ?
Soyons francs : nous ne pouvons pas empêcher le déclin ; tout au plus pouvons-nous le freiner un peu et, surtout, essayer de le façonner de manière à pouvoir défendre notre honneur et maintenir notre civilisation comme cadre de vie le plus longtemps possible malgré sa pétrification naissante ; c'est le devoir que nous avons non seulement envers nos ancêtres, qui ont construit cette civilisation au prix de grands sacrifices, mais aussi envers nos descendants, à qui nous voulons la laisser aussi indemne que possible. L'Empire romain, la dynastie chinoise des Han ou les Ramessides égyptiens sont des exemples typiques de la manière dont une telle civilisation fossilisée a pu perdurer pendant de nombreuses générations, bien que sous une forme de plus en plus affaiblie et simplifiée, et transmettre son héritage aux civilisations ultérieures.
À cet égard, j'ai mis l'accent sur deux solutions dans mes différents ouvrages récents sur le sujet. Dans "Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe" (Ed. esp.: Madrid, EAS, 2019), j'ai montré des approches quant à la façon dont les individus peuvent rester fidèles aux idéaux de leur civilisation, même contre la résistance de toute une société, et les transmettre aux générations suivantes ; dans Renovatio Europae (Renovatio Europae. Por una renovación hesperialista de Europa; éd. esp.: Madrid, EAS, 2020) et mon dernier volume, Europa Aeterna (pas encore publié en anglais), j'ai exposé avec de nombreux co-auteurs l'idée politique de l'"hesperialisme", c'est-à-dire un patriotisme européen culturellement conservateur qui pourrait nous aider à surmonter notre crise actuelle et à initier la phase finale de notre civilisation sur la base de la connaissance des rouages de l'histoire.
El Correo de España n'est pas responsable des opinions de ses contributeurs, qui en sont les seuls responsables.
Javier Navascués
Directeur adjoint de El Correo de España. Présentateur de radio et de télévision, conférencier et scénariste. Il a été rédacteur sportif de El Periódico de Aragón et de Canal 44. Il a collaboré à des médias tels que EWTN, Radio María, NSE et Canal Sant Josep, Adelante la Fe, dont il a été le directeur, et Agnus Dei Prod. Acteur du documentaire Cura de Ars et d'une autre œuvre contre le marxisme culturel, John Navasco. Il a réalisé des vidéos virales telles que El Master Plan et El Valle no se toca. Il tient actuellement un blog sur le prestigieux portail InfoCatólica et participe occasionnellement à Somatemps, Ahora Información, Español Digital et Radio Reconquista à Dallas, au Texas. Il collabore avec le programme Javier Cárdenas sur OKDIARIO.
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